L’impuissance de M. Macron dans l’affaire Trump

A force de ne pas regarder les vrais problèmes, on se trouve bien dépourvu quand les faits se revanchent et que l’on se trouve aux abois.

Le règlement international dans ses multiples facettes est absolument clair : il est interdit d’avoir de gros excédents et de gros déficits.

Lorsque Donald Trump pointe les excédents allemands il a parfaitement raison du point de vue du droit international. Ces excédents sont abusifs et proscrits. Quand il pointe les mêmes excédents suisses ou Chinois, il a toujours raison.  Ces excédents sont totalement abusifs. Lorsqu’ils servent à acheter le capital des entreprises non ruinés par une concurrence déséquilibrée, ils apparaissent justement inacceptables. Trump n’a eu aucun mal à mobiliser le vice-président américain du FMI pour soutenir ses thèses. L’absence de gros excédents est statutaire au FMI.

Venir pleurnicher qu’on est des bons alliés et tout et tout, comme Bruno Lemaire dans le Figaro de ce jour, ne peut rien infléchir et nous fait passer pour des pleureuses. Prévoir une guerre commerciale n’a pas de sens : la vraie solution est que l’Allemagne cesse sa politique mercantiliste et réduit ses énormes excédents. Il ne peut donc pas y avoir de réaction franco-allemande homogène.  De même au Japon, en Corée, en Chine et dans tous les pays qui maintiennent des balances excédentaires supérieures à 3% de leur PIB.

La seule réponse pour Macron, est d’acter que les gros excédents sont interdits et sommer l’Allemagne de revenir dans les clous tout en rappelant à M. Trump, que les excédents sont le miroir des déficits et que les déficits américains sont également illégaux. Cette position aurait été plus facile à porter si les économistes officiels avaient correctement expliqué les conséquences malfaisantes des déséquilibres commerciaux et financiers.

 En vérité ce serait la responsabilité de l’ UNCED, du FMI et de l’OCDE, ainsi que de la commission de Bruxelles de rappeler ces vérités à tous. Ne pas l’avoir fait pendant près de 50 ans est leur grande faute impardonnable. Perseverare serait diabolicum.

Commerce et monnaie vont ensemble. Aucun traité commercial ne devrait être accepté avant une réforme globale du système monétaire international.

On comprend que pour le président Macron il soit plus difficile de mettre le nez des Chinois et des Allemands dans leurs excédents et des américains dans leurs déficits, que de faire un beau discours vain sur la Pnyka ou à la Sorbonne. Mais c’est la seule position tenable. Encore aurait-il fallu redresser les comptes extérieurs du pays et réduire la dépense publique au lieu de l’augmenter. Le donneur de leçon doit être impeccable.

De même la seule voie possible en Europe n’est pas de demander un budget fédéral faramineux dont personne ne veut. Il est de mettre en place des mécanismes qui rendront vaine l’accumulation d’Euro par un pays structurellement excédentaire.

 

 

 

 

 

Commentaire
Ange LERUAS's Gravatar Faire un commentaire dans un blog, n'est-il pas la raison même de ce blog pour ouvrir un débat ?

Ce dernier billet du cercle des économistes j'y souscris à 100 % quand est dit :

''À force de ne pas regarder les vrais problèmes, on se trouve bien dépourvu quand les faits se revanchent et que l’on se trouve aux abois.
Le règlement international dans ses multiples facettes est absolument clair : il est interdit d’avoir de gros excédents et de gros déficits.''

J'y souscris encore quand est dit :

''que les excédents sont le miroir des déficits''
C'est à dire que les excédents sont le reflet du miroir  des déficits ; ce qui laisse penser que la vraie réalité ce sont les déficits. Auquel cas : on doit agir sur les déficits pour qu'il plus d'excédents en reflet.

Où je diverge avec ce billet du cercle des économistes, dont l'auteur n'est pas cité, c'est qu'il n'est pas demandé aux nations en déficit de faire cesser cette situation mais aux nations en excédent de ne plus être en excédent.

C'est contre nature puisque celui qui souffre de la situation ce sont les nations en déficit (où les déficits est dû à plus d'importations que d'exportations  et le déficit des uns sont les excédents des autres).

Alors qu'il est de notoriété reconnus par tous que les nations ne doivent pas s'ingérer dans l'administration des autres nations : il est à se demander si les nations en déficits ont une légitimité de s'ingérer dans l'administration des nations en excédant pour qu'elle ne produise pas d'excédants.

Vous voyez le tableau de cette administration qui doit demander à sa population active de ne plus produire certains produits qui dépassent les capacités financières, tel jours, tel mois, pour tel pays déficitaire et pas pour l'autre et qui décide si c'est la firme X ou Y qui doit moins produire ?

Alors que la nation déficitaire pour importer plus qu'exporter sait -elle- ce qu'elle importe en surplus de ses exportations et qu'elle est capable de produire pour moins importer et avoir moins de déficit. Une nation déficitaire connaît aussi ce qu'elle peu produire en sus pour exportation et ainsi réduire son déficit.

Résultat, devant de telle réalité j'ai du mal à comprendre que l'auteur de ce billet, membre du cercle des économistes, ait pour préférence de demander au pays excédentaire qui ne sait pas quelles productions, pour chacun des pays déficitaire, il faut moins produire, alors que les pays déficitaires ( en mesure de produire davantage) et sachant quoi produire pour davantage exporter et moins importer ne ferait rien.
Il y a des contractions chez les économistes du cercle des économistes entre l'auteur de ce billet puis un autre économiste de ce cercle CSE qui lui sur le sujet me répond : « quand un pays a un déficit commercial, c'est qu'il y a une crise d offre ; donc tout part en importations. »
La crise d'offre provient du pays en déficit et non du pays excédentaire puis, ''tout part en importation'' ce n'est pas la production mais, les revenus disponibles pour cette offre de la population en déficit d'offre.
Reste à savoir comment CSE demande d'agir pour que cette offre ne manque plus. Ce ne peut être, pour lui, la suppression de l'offre des nations excédentaire qui peut être la cause du manque d'offre, comme le demande son collègue dans ce billet.

Dans ce conflit entre économistes du cercle des économistes chacun doit expliquer l'erreur de l'autre afin d'agir dans le bon sens, avec efficacité pour réduire les déficits chez les uns et les excédents chez les autres.

Pour ma part la correction de quelques mesures structurelles mise en place par nos élus suffit à résoudre ce PB et autant plus facilement si l'éducation aux réalités de notre vie en société nationale (que pourrait promouvoir le cercle des économistes) suit.

En effet répétons l'auteur de ce billet : «  Cette position aurait été plus facile à porter si les économistes officiels avaient correctement expliqué les conséquences malfaisantes des déséquilibres commerciaux et financiers ''
Ange LERUAS. 6 juin 2018
# Posté par Ange LERUAS | 06/06/18 21:50
DvD's Gravatar Certains leaders non américains essayent de faire passer la position américaine pour de l’isolationnisme et du protectionnisme. C’est une erreur de diagnostic (probablement volontaire et hypocrite de la part de certains) et une position non constructive en vue de la résolution des problèmes.

La position de l’administration américaine consiste à dire que le coût pour les États-Unis d’être le fournisseur en dernier ressort de demande mondiale via son déficit extérieur permanent est trop onéreux en termes d’endettement et de stagnation salariale et qu’il est temps que les pays excédentaires (au premier rang desquels l’Allemagne et la Chine) prennent le relais en laissant leurs économies domestiques se ré-équilibrer au profit de la consommation et au détriment de l’épargne et de l’investissement. Cette position est exprimée dans un style direct et clair qui passe pour de la vulgarité pour une pseudo élite intellectuelle pour qui l’ambiguïté raffinée est un art de vivre mais qui a le grand mérite d’être comprise par une immense majorité. La position américaine est non seulement totalement légitime domestiquement mais encore totalement légitime au regard du droit international qui stipule on ne peut plus clairement que les relations commerciales doivent être équilibrées.

Par ailleurs, les partenaires européens de l’Allemagne, au premier rang desquels la France, ont le même intérêt que les Etats-Unis et l’intérêt opposé à celui de l’Allemagne dans cette affaire.

Macron ne contribue rien d’utile dans la résolution de ces questions, se contentant d’une posture pro-européenne vide de contenu avec Merkel au G7 tout en remerciant peut être secrètement Trump d’oser faire le sale boulot à sa place en mettant enfin ces questions sur la table. C’est un peu court, jeune homme ! On pouvait dire.., oh Dieu, bien des choses en somme...
# Posté par DvD | 07/06/18 15:22
david Durand's Gravatar Billet très juste mais je suis très déçu de la conclusion
"Il est de mettre en place des mécanismes qui rendront vaine l’accumulation d’Euro par un pays structurellement excédentaire."
Ah ben oui mais lesquels de mécanismes ?
En zone euro, ce serait simplement grignoter les positions target 2 mais qui paye in fine ?

Eureka : J'ai trouvé une solution : En zone euro, revenir aux monnaies nationales car ce qui rend vain l'accumulation des déficits, c'est de dégrader les excédents en devise par la dévaluation (situation logique d'un trop lourd déficit).
Au niveau international, revenir à l''étalon-or ou définir une monnaie non nationale basée sur un panier de monnaie façon ecu (uniquement pour la compensation). On peut imaginer des choses : Les échanges bi-lateraux ne se font qu'en monnaie de l'acheteur, les échanges de devises sont limités à des transactions commerciales réelles, la spéculation est interdite. Au final good-bye le dollar mais c'est ce privilège exorbitant que les US ne lâcheront jamais.
# Posté par david Durand | 10/06/18 23:24
Ange LERUAS's Gravatar @ DvD et David Durand

Équilibrer excédent et déficit des nations nation quelle que soit la “philosophie” pour ne pas dire idéologie, c’est que le pays déficitaire produise davantage pour le pays excédentaire.
Dire que le produit excédentaire doit produire moins est idiot cela voudrait dire que la nation déficitaire n’a pas besoin de l’excédent de l’autre pour satisfaire le besoin de la population ce qui est rarement le cas.

Si nous prenons le cas des États unis l’acier et aluminium leur est nécessaire mais pour ne pas être en déficit il a été demandé au pays excédentaire de discuter et s’entendre sur des échanges de productions certains pays ont trouvé un compromis d’autres pas et pour ceux-là leurs excédents est taxé.

Le but n’est pas de les empêcher de produire mais réduire à la marge la production à hauteur de ce que pourront fournir les nations avec entente de façon à les amener à négocier ce que eux nations déficitaire vont produire en sus pour les nations excédentaires et ainsi réduire excédent et déficit.

Tout déficit d’une nation ne peut se réduire sans que cette nation produise davantage pour exporter beaucoup plus et importer moins.

Soit elle est capable d’importer moins (cas de la France qui structurellement à mis en place une technique de constructions des prix spécifique manquer de compétitivité à l’exportation et rendre attractif les importations) en supprimant les mesures structurelles qui l’empêche.
Soit elle est capable d’exporter davantage (cas de la France qui structurellement à mis en place une technique de constructions des prix spécifique manquer de compétitivité à l’exportation et rendre attractif les importations) en supprimant les mesures structurelles qui l’empêche.
Et en absence de mesures structurelles qui l’empêche : ce n’est que par la concertation entre nations d’échanges commerciaux : production contre production que les nations peuvent répondre à l’obligation d’équité où chaque nation doit produire pour les autres autant que les autres produisent pour elle.

La nation excédentaire ne peut utiliser son excédent que pour prêter à la nation déficitaire ou faire des acquisitions patrimoniales dans la nation déficitaire même avec surenchère puisque elle aura un retour sur investissement.
Donc la nation déficitaire à des marges de manœuvre limité qui devant le refus d’entente commerciale, se voit obliger d’adapter ses consommations non pas aux besoins de la population mais aux besoins dont la nation est capable de produire elle-même.
La solution de la taxe sur importation n’a de validité que pour les importations dont on peut se passer. Et la taxe en représailles aussi. Dans le cas contraire ce n’est qu'une intimidation pour s’asseoir autour de la table, sachant que la taxe ne fait qu'augmenter le prix d'une consommation intérieure réduisant la consommation d'une autre production : c'est un pari perdant-perdant puis gagnant-gagnant si cette taxe est convertie en une aide dans un secteur pour exporter davantage ou moins importer pour en fin de compte réduire excédent et déficit.
En économie rien ne se perd, rien ne se crée tout circule.

À taxer quelque chose il faut taxer les importations qui ne sont pas nécessaires à la nation déficitaire ou détaxer les productions à exporter.

Mais l’idéal c’est comme toujours dans tout conflit : la concertation.

Ange LERUAS 11 juin 2018
# Posté par Ange LERUAS | 11/06/18 16:26
ADMIN's Gravatar Nous sommes les "cercle des économistes e-toile". Il y a d'autres cercles économiques
# Posté par ADMIN | 11/06/18 19:16
DvD's Gravatar Ange, personne ne dit que les pays excédentaires doivent produire moins. Ce qui est dit est que les pays excédentaires doivent consommer domestiquement une plus grande part de leur production domestique, au lieu de l’exporter. Symétriquement, les pays déficitaires ne doivent pas réduire leur demande mais en effet produire domestiquement plus par rapport à leur demande intérieure, au lieu d’importer. Ce double mouvement, s’il est possible de l'opérer de façon coordonnée, est le meilleur moyen de réussir le re-équilibrage sans casser la croissance mondiale. Faire porter l’effort d’ajustement exclusivement sur les pays déficitaires est récessif et fortement déconseillé à ce niveau d’endettement mondial.
# Posté par DvD | 11/06/18 21:18
Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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