Budgets irresponsables : bataille instructive entre deux hauts fonctionnaires

La crise démocratique déclenchée par la dissolution irresponsable voulue par l’énarque névrosé Emmanuel Macron a provoqué une conséquence imprévue : les déficits budgétaires et extérieurs permanents ont perdu leur écran médiatique et sont apparus en pleine lumière. Non seulement, ils étaient gigantesques et sans comparaison avec la situation des autres pays européens ou autres, mais leur dérive naturelle les emmenait vers une crise de la dette potentiellement désastreuse. L’idée que la gestion des gouvernements Philippe, Castex, Borne et Attal, sous la férule du Président et de son conseil, Alexis Kohler, avait été sciemment mensongère dans la durée, avec une prime pour l’Énarque Bruno Lemaire, resté sept ans aux Finances, s’est imposée aux yeux ébahis de l’opinion publique. Indirectement les hauts fonctionnaires qui ont capté tout le pouvoir politique ont été interpellés voire inculpés. Cette catégorie est-elle devenue une engeance et est-elle désormais incapable, irresponsable et irrespectueuse vis-à-vis de la Nation qu’elle envoie dans le fossé avec une désinvolture systématique et pratiquement atavique ? Le choc est rude.

Jacques de la Rosière accepte l’accusation et prononce le diagnostic : depuis des lustres la haute fonction publique, dont notamment les inspecteurs des finances, a fait son miel d’une affirmation : les déficits ne sont plus graves, puisqu’on peut les financer par l’emprunt indéfiniment, depuis l’ouverture mondiale des marchés de capitaux. L’important est de stimuler la demande et de couvrir à court terme les plaies sociales d’argent presque gratuit. Pourquoi se gêner puisqu’on peut le faire ? le résultat est naturellement des impôts hors normes, des dettes abyssales et des déficits extérieurs colossaux, avec un taux de chômage structurel élevé et des difficultés croissantes dans tous les secteurs régaliens, constamment sous la pression des déficits.

À 94 ans, Jacques de la Rosière a eu le temps d’être Directeur du Trésor, de la Banque de France, du FMI, de la BCE et de la Berd, ce qui lui donne une vision complète du terrain international et des latitudes nationales.

Il connaît parfaitement les mécanismes qui se sont mis en place après que les Américains eurent détruit les Accords de Bretton Woods au profit des changes flottants. De Jacques Rueff à Maurice Allais, ce système dangereux a été parfaitement analysé. L’accumulation des excédents dans une monnaie étrangère pose un dilemme au pays bénéficiaire : il n’a nul besoin d’investissements productifs puisqu’il est incroyablement compétitif. Investir dans le pays concurrent en difficulté ? Ridicule. Alors il faut placer l’argent dans des espoirs spéculatifs : la bourse et l’immobilier, et financer à moindre risque les États déficitaires. Les salles de marché s’ouvrent dans les banques dès 1975, date à partir de laquelle plus aucun budget français ne sera proche de l’équilibre ! Les États n’ont plus à gérer le cours de leur monnaie, les banques centrales ont pris le relais. La philosophie est de maintenir au plus bas les taux d’intérêt et au plus haut les « valeurs ». L’argent gratuit provoque le vol des épargnants qui ne reçoivent presque rien pour leur épargne qui est captée et détournée vers la spéculation. L’investissement productif s’étiole. Le chômage et la désindustrialisation s’accumulent dans les pays en déficit. Les comptes publics se dégradent. Mais les masses de capitaux disponibles permettent de financer les déficits étatiques. Alors, une fois de plus,  pourquoi se priver ? Une des raisons est à chercher du côté des récessions à répétition, qui creusent les déficits nationaux et entraînent des hausses de dettes majeures. L’Euro n’a pas plus de dispositifs qui permettent de réduire déficits et excédents. La BCE a été forcée par les récessions internationales et le krach de l’Eurosystème en 2011 à un laxisme total, symbolisé par le « quoi qu’il en coûte » de Mario Draghi. L’Europe et les pays occidentaux ont alors choisi d’abandonner la production à la Chine et aux Dragons d’extrême orient, à l’Inde, à la Turquie, au Mexique, sortant de la misère des centaines de millions d’habitants de cette sphère-là mais en cassant leur classe moyenne et en se privant de leur industrie et de leur agriculture.

La démagogie des politiques et la complicité d’une information malhonnête et construite dans les médias, ont conduit les Français à voter pour des mesures calamiteuses :  la surfiscalisation, les retraites trop précoces, les 35 heures, la généralisation des fausses gratuités. Le résultat est sous nos yeux interdits : tiers-mondisation, désindustrialisation, destruction de notre patrimoine de production agricole, crise du bâtiment, retraites perpétuellement déficitaires, classe moyenne en lambeaux, fonctionnaires indemnes, dépenses publiques effrénées et endettement massif et de moins en moins contrôlable.

Nous sommes au bout de ce chemin-là. Le gouvernement Barnier a eu raison pour la première fois d’affirmer qu’on était au bout de ce chemin et qu’il fallait désormais restaurer un esprit de responsabilité avant la chute. Si les marchés ne financent plus nous verrons notre PIB baisser d’environ 40 % avant de pouvoir reprendre sur de meilleures bases !

Que nenni ! affirme un ancien haut fonctionnaire au ministère des finances, un certain Louis Boillot, qui propose dans une tribune au « Monde », « d’associer les citoyens contribuables à un débat budgétaire sur les objectifs à atteindre plutôt que sur des ajustements comptables ». Cet illustre inconnu représente parfaitement les options socialisantes et étatiques des "trois corps de hauts fonctionnaires français qui forment une caste qui s'est approprié l’État", comme on dit à Marianne qui rappelle la définition d’une caste : « Groupe qui se distingue par ses privilèges et son esprit d'exclusive à l'égard de toute personne qui n'appartient pas au groupe ».

Pas de constats, pas de diagnostic, pas de chiffres, pas de prévisions dans l’article que le Monde met en valeur. Les faits, on s’en moque. Il s’agit de contrer le blasphème Barnier qui a découvert le pot aux roses des dérives budgétaires incontrôlables et l’a mis en pleine lumière.

Pour cela M. Boillot fait venir à la barre… des psychologues. La psychologisation de l’ennemi est une arme de propagande issue du monde soviétique. Comme l’affirmait Muyzenberg, la vérité et le mensonge sont sur un pied d’égalité dans un débat devant des gens ignorants des sujets. Il vaut mieux mentir et s’attaquer à l’adversaire par une accusation basée sur la psychologie ou l’injure excommunicatrice et infâmante.

Il va donc rechercher des doctrines initiées « en 1979 par les psychologues américains Amos Tversky et Daniel Kahneman (Prix Nobel d’économie 2 002), également développé par le sociologue Gérald Bronner dans La Démocratie des crédules (PUF, 2 013), l’ « effet d’ancrage » est un concept clé de psychologie comportementale. Il renvoie à la situation où les participants à une discussion ont tendance à ne se positionner qu’à partir de la position du premier qui s’est exprimé. Tous les processus de décision publique, des procès pénaux aux mécanismes de gouvernance locale, peuvent y être sujets ».

M. Louis Boillot est un lanceur d’alerte : attention des salopards qui connaissent les bonnes méthodes vous manipulent !

« Le gouvernement aura au moins réussi un effet d’ancrage puissant sur le débat public. Aujourd’hui, toutes les forces politiques et groupes de pression se positionnent sur la manière de trouver les fameux « 60 milliards d’économies pour 2025 », l’objectif annoncé par le premier ministre, Michel Barnier. Face à la situation financière dégradée, «  l’ ancre » a donc pris la forme d’une équation financière à une seule inconnue. En réalité, ces 60 milliards d’euros d’économies renvoient à un écart escompté pour 2025 par rapport à une situation où aucun effort budgétaire particulier ne serait fourni (« toutes choses égales par ailleurs . Le gouvernement présente donc plusieurs potions amères – ici un impôt en plus, là une baisse de dépenses – à partir d’un scénario bien choisi. Les oppositions y répondent par le refus de voter telle ou telle disposition – s’appuyant sur l’argument tautologique que celle-ci ferait des perdants – ou par des propositions alternatives de nouveaux impôts permettant de tenir jusqu’à 2025. Sans remettre vraiment en cause la dynamique générale ».

ET hop ! Passez muscade !  Les déficits publics et commerciaux depuis 1974 ? Les décisions de supprimer des prélèvements sans toucher aux dépenses qu’ils financent (taxe d’habitation, redevances pour les médias publics, cotisations sur le SMIC ? Chut. Les récessions à répétition ? Chut ! L’étouffement bureaucratique par une fonction publique gigantesque ? Chut !

«Ne voyez-vous pas que vous êtes victime d’un ancrage ! Bande de naïfs ! Des psychologues nobélisés vous l’affirment par ma bouche, nous dit ce Monsieur Boillot.

Que doivent donc faire les vrais conscientisés qui savent que les hauts fonctionnaires ont toujours raison. Simple : s’élever au-dessus des contingences vulgaires et le tripotage de la fiscalité. Au-dessus des faits, il y a l’ascèse et la montée dans les hauteurs de la politique des revenus.

La politique des revenus est une vaste foutaise née des suites de mai 1968 au sein de la haute fonction publique socialiste et étatiste lorsqu’on croyait encore, à gauche, à la planification soviétique.

Elle se présente toujours comme un choix de victimes expiatoires. L’argent des Français est à disposition des hauts fonctionnaires qui savent ce qu’il fut en faire.

« Est-il juste que les retraités aient en moyenne un revenu supérieur à celui des actifs ». Salauds de retraités ! Au lieu de s’interroger sur l’augmentation des revenus des actifs, entravés par la mondialisation en mode sous compétitif, par le poids des charges, par l’accablement des réglementations de tout genre, il faut s’attaquer à une partie de la population essentialisée comme abusive et kleptomane.

Le Monde qui ne cesse de militer contre l’essentialisation des femmes, des noirs, des juifs, des musulmans, des homosexuels, des immigrés, accepte sans difficulté qu’on essentialise les retraités. On peut les maltraiter collectivement comme une masse dangereuse. Et il faut le faire. À quel titre ? Les aigreurs de M. louis Boillot sont une raison suffisante, en s’appuyant sur une vision élémentaire de la morale et la justice. Que sait-il des parcours individuels, des mérites, des courages, des contributions positives ? « On s’en fout. Au hachoir fiscal et plus vite que cela ». Au passage frappons les héritiers. Encore des salauds abusifs. La propriété privée familiale ? Cela n’existe pas. Les épargnants : » ils mettent de côté 17 % de leur revenu. Intolérable. Il va falloir taper là-dedans ».

Oh oui ! On s’élève à des hauteurs suprêmes ! La phobie des retraités, des familles aisées, des héritiers, des épargnants, manière de voir les gens qui accompagne en général les catégories « essentialisés » mène la danse. On peut, suggère l’auteur, monter des comités citoyens qui, activement conscientisés par les hauts fonctionnaires non déviants, qui savent ce qui est bien et moral, et moyennant un conditionnement adéquat basé sur les travaux de psychologues comportementaux, pousseront à la haine sociale et à la maltraitance fiscale des autres avec frénésie.

Un peu comme Mme Hidalgo a demandé aux piétons et aux cyclistes s’ils étaient d’accord pour frapper les SUV !

La politique de revenu a toujours laissé entendre aux masses qu’elles pourraient trouver avantage à profiter de l’argent des autres. Il suffit de bien flécher la discussion : ancrer la discussion sur la taxation des riches avec sous-variétés. Pas même besoin de psychologues nobélisés pour justifier la pire démagogie régulée par la haute fonction publique qui garderait naturellement tous ses privilèges. M. Boillot ne semble pas savoir que les revenus à la retraite de MM Jospin, Juppé, Fabius, etc. sont en moyenne plusieurs dizaines de fois plus élevés que celle des anciens propriétaires de PME qui ont réussi à survivre quelques décennies. Et que les revenus d’activité de par exemple Madame Parly (2) ou Madame Wargon, sont indécemment plus élevés que le salaire moyen des Français actifs ordinaires (et des retraités moyens), en n’ayant accumulé que des échecs sanglants dans les fonctions où elles ont transité.

Jacques de la Rosière l’emporte par KO sur ce Louis Boillot caricatural dont les attaques sociales grotesques stigmatisent toute la caste à laquelle il appartient. Le Monde a perdu une bonne occasion de redorer son image perdue en n’ouvrant pas ses colonnes à un parasite social poly phobique et donc porteur de haines multiples totalement condamnables.

 

Didier Dufau pour le cercle des économistes e-toile

Erreurs évitables et déficits abyssaux : la fin de la désinvolture ?

En ce début d’automne, les mauvaises nouvelles tombent en France plus abondamment que les feuilles mortes.

On découvre soudain qu’un gouffre budgétaire s’est ouvert sous nos pieds dont l’ampleur est réévaluée d’heure en heure jusqu’à atteindre des niveaux improbables, alors que nous pensions remonter la pente depuis l’été 2022 et la fin du Covid. On visait un déficit budgétaire autour de 4 % du PIB en attendant les 3 % canoniques. Le chemin inverse a été emprunté de façon inopinée en 2023 et voici que le gouvernement tout soudain annonce des déficits de 5 % puis 6 % et peut-être 7 % pour 2025 ! Les économies de dépenses publiques devaient porter sur vingt milliards, puis trente, puis quarante. Nous voici à 60 milliards de ressources à trouver alors que nous sommes le premier pays du monde pour la fiscalité et les prélèvements de tout genre. Pire ; beaucoup d’économistes pensent qu’il faut obtenir environ 330 milliards d’euros d’économies budgétaires ou d’augmentation fiscales, en trois ans, pour revenir à une situation qui cesse de glisser vers les abîmes…

Il a fallu bien de la désinvolture pour avoir désinformé les Français aussi longtemps et aussi complètement alors qu’on les menace désormais d’une nouvelle raclée fiscale.

Il a fallu bien de la désinvolture vis-à-vis du monde paysan pour créer un cadre réglementaire et économique aussi précaire et démoralisant pour l’ensemble de la profession. Les caprices météo et les épidémies ont achevé le travail. Les récoltes sont historiquement basses, les élevages sont ravagés. Une société décide d’un trait de plumes de ruiner des centaines d’élevages laitiers. Et la Commission européenne ne pense qu’à revenir au « green deal » sans les concessions faites à la suite des manifestations paysannes européennes du début d’année.

Il a fallu bien de la désinvolture pour détruire notre base industrielle dans les proportions que nous constatons aujourd’hui avec une loi ZAN qui étouffe tout projet nouveau.

Il a fallu bien de la désinvolture pour détruire partiellement notre filière nucléaire et énergétique et mettre le pays dans la situation de payer son électricité à peu près deux fois plus cher que ce qu’il était possible d’envisager.

Il a fallu bien de la désinvolture pour laisser la natalité s’effondrer au point que le remplacement générationnel soit compromis. Si nous avions conservé le ratio naissance/population de 1970, nous aurions 500 000 naissances chaque année presque le double qu’actuellement.

Il a fallu bien de la désinvolture pour laisser une immigration de peuplement, majoritairement musulmane et souvent anti française, atteindre en 2023 les 500 000 entrées par an, alors que la revendication islamiste n’hésite pas à tuer et que certains veulent importer " l’intifada", c'est à dire la guerre ethnique et religieuse, en France même.

Il a fallu bien de la désinvolture pour laisser croire que les soldes migratoires effaceraient les soldes démographiques internes.

Il a fallu bien de la désinvolture pour laisser s’effondrer l’Éducation Nationale, la Justice et la Santé.

Il a fallu bien de la désinvolture pour laisser les médias publicsmettre en scène inlassablement des idéologues qui ont répété ad nauseam que la dépense publique illimitée était indispensable et que la dette n’avait jamais eu la moindre importance.

Il a fallu bien de la désinvolture pour faire dépendre tout notre développement économique futur d’une inculpation outrée du CO2 comme source principale des évolutions climatiques (une affirmation qui est aujourd’hui considérée comme aventurée et même carrément fausse par nombre de scientifiques incontestables). Se concentrer sur cette sottise empêche d’agir efficacement sur une multitude de difficultés écologiques qui restent sous-estimées.

Il a fallu bien de la désinvolture pour désigner les propriétaires immobiliers comme des vaches à lait inépuisables et accumuler sur leur tête l’IFI, les impôts fonciers, les impôts sur les plus-values, les impôts de succession, les blocages de loyers, les taxes sur les bureaux, les surtaxes sur les appartements vides, les interdictions de louer, le risque du squat et désormais des obligations réglementaires insupportables, provoquant dans un contexte de hausse des taux d’intérêt et d’inflation, une récession terrible du secteur, pouvant aller jusqu’à 50 % dans certains segments du marché.

Il a fallu bien de la désinvolture aux Français pour se laisser largement convaincre qu’ils pouvaient vivre mieux et travailler moins avec l’argent des autres.

Il a fallu bien de la désinvolture pour ne jamais évoquer la question des récessions à répétition. Pourquoi les énormes excédents et déficits de balances de paiements sont-ils si dangereux ? Pour une raison élémentaire : les milliards de milliards de dollars accumulés dans des pays excédentaires ne peuvent pas s’investir utilement, puisque les pays endettés perdent leur industrie et que celle du pays en excédent est déjà en pleine forme. Cet argent est donc employé dans l’immobilier étranger,dans les bourses internationales et dans le financement des dettes publiques et privées (un cercle vicieux). Les valeurs ne pouvant monter jusqu’au ciel, elles décrochent périodiquement en provoquant des récessions. Jusqu’en 1971, sous le régime de Bretton Woods, grands déficits et grands excédents étaient proscrits. Les récessions ont alors disparu, remplacées par de simples ralentissements, jusqu’à 1971. On connaît la suite.

Il a fallu bien de la désinvolture pour ne pas voir que l’Euro ne permettait plus les ajustements au sein de l’Euroland et que trois pays excédentaires représentaient près de 90 % des flux de la BCE, en général pour investir dans l’immobilier méditerranéen et diverses spéculations (dont on a vu la pérennité et la sagresse lors de la crise spécifique de l'Euro en 2011).

Il a fallu bien de la désinvolture pour laisser Mme Lagarde littéralement étrangler la croissance en 2023 par une élévation des taux d’intérêt disproportionnée, alors que l’inflation était totalement circonstancielle, importée et rapidement en voie de réduction.

Il a fallu bien de la désinvolture au président Macron pour se tenir coi sur ces questions et finir par candidater sur un projet monétaire anti occidental monté par les Brics et se voir claquer la porte au nez !

Il a fallu bien de la désinvolture pour provoquer une dissolution absurde et scandaleuse qui a entraîné le blocage du Parlement et la nomination du gouvernement précaire actuel, dont l’extrême faiblesse est la seule force.

Il a fallu bien de la désinvolture au gouvernement Barnier pour expliquer quasiment dans la même heure que la crise sera payée par 0,3 % de la population (une cynique astuce politicienne de garçon de bain) et indiqué qu’il allait prélever 4 milliards d’euros sur les 17 millions de retraités et augmenter des taxes sur l'électricité qui frapperont tout le monde.

Renoncer à la désinvolture, c’est indiquer aux Français qu’ils doivent, dans les trois à cinq ans qui viennent,  produire environ 600 milliards de valeur ajoutée dont la moitié servira à sortir le budget de son impasse et à sauver le système social. Ce n’est possible que si on renonce aux t"rente-cinq heures" et à une retraite trop précoce qui nous a valu 75 % de la dette extravagante actuelle.

Renoncer à la désinvolture, c'est rétablir la démocratie, en rendant impossible le régime actuel d'Enarchie compassionnelle où les hauts fonctionnaires ont capté toute la vie politique, en rétablissant l'indépendance française sur les décisions fondamentales à son avenir, en mettant en tête des proccupations l'effondrement de la natalité et la destruction autoentrenue de l'enseignement, en supprimant la dictature d'un politiquement correct qui a sombré dans le deshonneur au sein de tous le système d'information publique et en contenant avec hauteur de vue le "gouvernement des juges".

Renoncer à la désinvolture, c'est s'interdire les politiques folles de gratuité, généralement non financées, les relances qui ne marchent pas en régime de changes flottants, la généralisation des catégories victimaires avec subventions et droits acquisitifs, la création de marchés entièrement dépendants de l'argent public, l'accumulation de strates administratives nationales et internationales, et le maintien sans révision des "crédits votés" à des politiques qui ont perdu leur intérêt ou ne rendent pas les services attendus à un coût raisonnable. 

Oui, Français, osons enfin renoncer à la désinvolture !

Enfin un prix "Nobel" d'économie qui le mérite

"Le Nobel d’économie 2024 (plus précisément prix de la Banque de Suède en mémoire d’Alfred Nobel) a été attribué, lundi 14 octobre, à Daron Acemoglu (États-Unis/Turquie), Simon Johnson (Grande-Bretagne/États-Unis) et James A. Robinson (GB/États-Unis). Le trio est récompensé pour des travaux sur les différences de prospérité entre les pays."
 
On pouvait craindre que lesjurés de prix, très sensibles au wokisme et au politiquement correcte, continuera à se soumettre à cette idéologie mortifère et primerait des études sans intérêts reliées au féminisme ou à la diversité.
 
Daron Acemoglu et James A. Robinson ont publié un premier livre formidable, découvert par hasard "Les origines économiques de la dictature et de la démocratie".  Le second était encore meilleur : Why Nations Fail. Je ne sais pas s'ils ont été traduits. Mais je recommande aux anglophones de lire au moins le second.
 
Les exemples étudiés sont passionnants souvent totalement inconnus dans la littérature française et propre à dessiner facilement une charte des erreurs à ne pas commettre  si on tient à la propérité d'une nation.
 
Ils pourront bientôt ajouter la France dans la liste des nations qui ont sacrifié bêtement leur prospérité.
 
De tels livres se résument difficilement. Même si les auteurs essaient de tirer des lois générales, ils ne proposent pas de livre de recettes. Mais l'étude comparée de nombreux cas historiques fait apparaître des attitudes et des aptitudes qui vont tout conditionner. Souvent elles sont inscrites dans les insitutions officielles et les règles invisibles partagées. Au fil de la lecture, on voit une analogie évidente avec une situation qu'on a rencontré ou une mésaventure contemporaine.
 
Ayant voulu se comporter en historiens autant qu'en économistes, les auteurs se moquent des querelles idéologiques du genre néo libéralisme vs socialisme. Ils montrent des situations, leur dynamique, leurs résultats. Et quand les conclusions s'imposent elles sont toujours centrées autour de systèmes déviants manifestes. Par exemple on va parler de socialisme de prédation ou de capitalisme de connivence, sans considérer qu'en eux même capitalisme et socialisme sont mauvais. 
 
On voit bien qu'en France, à la suite de récessions et d'agressions diverses, venant de l'intérieur et de l'extérieur, socialisme de prédation et capitalisme de connivence ont pris leur aise, avec la bénédiction de l'Enarchie Compassionnelle et Bienveillante. Ce cadre exclusivement prédateur précipite le pays dans la ruine et le déclassement.
 
Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile

Quelques livres à lire sur la crise et ses solutions

Alors que la France se trouve confrontée à une des pires périodes de son histoire récente, avec des risques sérieux de chaos politique, économique et social, tenter d’en éclairer les causes et les moyens d’y échapper devient un exercice indispensable.

L’affaire dure depuis longtemps. Notre Cercle y a consacré trois livres : L’étrange désastre, La Monnaie du diable et Sortir du désastre, et 1 070 articles depuis que notre blog a été créé. Il avertissait dès juin 2008 de l’arrivée d’une crise terrible, annoncée pour septembre 2008, alors que l’inconscience était générale. Ce sera la pire récession mondiale des 75 dernières années.

La littérature économique non partisane et non idéologique sur les causes de l’effritement de l’Occident, la perte de boussole de l’Europe et le déclassement français a été faible et peu relayée dans les grands médias, concentrés entre des mains soucieuses de complaire aux puissants qui détiennent les pouvoirs et de maintenir un optimisme propice à l’activité commerciale de ses annonceurs. Certains ont même forgé le terme excommunicateur de « décliniste », une sale engeance, qui ne pensait qu’à dénigrer pour d’obscures raisons une situation finalement pas si grave que cela.

L’analyse critique des effets d’erreurs répétés depuis 1971 ne pouvait être que le fait d’auteurs de mauvaise intention qui ne méritaient pas qu’on les considère. L’américanisme de principe, l’européisme de bonne volonté, la mondialisation heureuse, le socialisme soft, l’écologisme hard, et des formes nouvelles de sociétalisme malthusien se sont donné la main pour enclencher des processus délétères qui ont fini par détruire la base de la prospérité générale. L’opinion était chargée d’adhérer malgré les dégâts de plus en plus visibles.

Aujourd’hui la réalité ne laisse plus de place au doute : l’Occident sous conduite américaine et agressivement mondialiste a perdu de son lustre, probablement de façon définitive ; l’Union Européenne tourne au fiasco, avec un classement économique qui s’effondre ; la France est en plein déclassement et se trouve confrontée à une crise de régime particulièrement inquiétante, avec un risque de chaos à court terme si elle ne parvient pas à maîtriser une dette qui s’affole alors qu’il n’y a plus de majorité parlementaire.

Nous sommes particulièrement sensibles à cette situation, puisque le Cercle a été créé à la fin des années quatre-vingt-dix justement pour alerter sur les erreurs économiques commises depuis 1971 et leur persistance. L’effritement de l’Occident, l’erreur européiste et le déclassement français nous paraissaient incompris et nous voulions alerter notamment sur les risques supplémentaires courus par notre pays, en pleine dégringolade.

La littérature économique publiée a été largement à côté de la plaque, car le plus souvent, constitué d’ouvrages américains traduits qui ne reflétaient que le débat entre néolibéraux et keynésiens. Les Américains étant à la source de la catastrophe générale, avec la décision de sortir des règles de Bretton Woods en faisant défaut sur ses obligations, les efforts livresques ont été très idéologisés entre une gauche particulièrement radicale sombrant bientôt dans le Wokisme et les promoteurs d’un système mondial régulé par les marchés et les banques centrales. L’européisme, largement basé sur l’américanisme a conduit l’édition à se concentrer sur les conséquences de Maastricht et de l’Euro. La chute de l’URSS a provoqué un déplacement de l’idéalisme militant qui est resté néanmoins totalement anticapitaliste et violent. De « Thatcher la salope » et « Reagan le clown » à Mélenchon et au révolutionnarisme bolivarien décidé à créer une intifada nationale, le combat idéologique en France s’est totalement perdu dans la grossièreté et la sottise. Des mouvements comme Attac ou les Économistes Atterrés symbolisent cette déviance. Davos en fait le pendant.

Autant dire que le brouhaha intéressé qui sévit depuis 50 ans n’a pas permis au plus grand nombre, et aux hommes politiques, de prendre conscience de la nature calamiteuse des processus en cours et que les Français, consternés, découvrent qu’on marche sur la tête et qu’on risque très gros sans avoir jamais avoir reçu une information pertinente des grands médias et des gouvernements. Certains parlent de désinformation volontaire et une Commission parlementaire sera sans doute formée sur ce thème.

Depuis quelques années, l’édition commence à comprendre qu’il faut donner de l’audience à des analyses sérieuses permettant de changer les attitudes et les politiques.

Premier livre à prendre en considération : Le virage manqué, 1974-1984 : ces dix années où la France a décroché, de Michel Hau et Félix Torrès. 2020, Aux éditions Les belles lettres- Manitoba. Les auteurs ne sont pas des économistes mais des professeurs agrégés d’histoire. On trouve beaucoup d’erreurs d’analyse économique dans le livre, passé totalement inaperçu, qui a néanmoins un immense mérite : rappeler que tout ce que nous vivons dépend d’un grand virage qui a eu lieu dans les dix ans qui ont suivi la crise de 1973 et donner nombre de statistiques qui éclairent les évolutions délétères dont on ne parvient pas à sortir. Ils voient très bien que la perte de l’investissement productif de longue durée est au cœur des déclassements qui se sont produits. « De 1968 à 1973 la formation de capital fixe avait continué à progresser plus vite que la consommation des ménages (6.5 % par an contre 5,39 %). À partir de 1974 c’est l’inverse ». On retrouve ces éclairs de vérité un peu partout dans ce livre imposant et bien référencé. L’essentiel de la critique porte sur une analyse classique de l’impossibilité en France d’envisager des réformes de structures du fait de diverses imprégnations dirigistes, socialistes, démagogiques. Le livre s’attarde sur le fait que le « Welfare state » a été mis à charge de l’entreprise et que cette configuration lui a fait rater la mondialisation et a entraîné la désindustrialisation massive. Tout cela est juste et fait comprendre pourquoi tout finit aujourd’hui dans la stagnation économique et le déclassement avec une dette abyssale qui peut faire chuter ce qui reste de l’édifice.

André-Victor Robert (l’Artilleur), a proposé : La France au bord de l’abîme. Les chiffres officiels et les comparaisons internationales. Ce gros livre de 450 pages, s’est donné comme mission de faire des constats sur tous les sujets qui fâchent et de les agrémenter lorsqu’elles étaient disponibles de comparaisons avec les autres. Cet aspect documentaire est ce que livre propose de plus précieux. On accède très vite aux chiffres critiques et c’est une aide considérable pour celui qui veut se pencher sur les difficultés de l’emploi, de l’immigration, de l’éducation nationale, du budget et des impôts etc. Ces chiffres sont presque toujours déjà connus mais il est bien qu’ils soient rassemblés et facilement consultables. L’analyse est du type « tel est la solution de bon sens au vu des faits » et ne creuse pas toujours les causes et les modalités de changement avec beaucoup de profondeur. Affirmer qu’il faut des professeurs mieux formés, plus de discipline dans les classes et le développement du goût de l’effort chez les élèves ne surprendra personne. Pas plus qu’une régulation de l’immigration basée sur le refus des clandestins, des progrès dans l’assimilation tout en réduisant l’attractivité comparative de la France ne paraîtra une recommandation d’une exceptionnelle originalité. Le livre a ses propres options : on oublie complètement le rôle des changes flottants dans les récessions mais on est très dur contre l’euro.

Le livre offre donc une énumération de mesures souvent présentes dans le débat public mais dont la nécessité est argumentée avec le secours des chiffres.

Jacques de la Rosière ancien dirigeant de la banque de France et du FMI signe pour sa part un petit livre percutant chez Odile Jacob : Le déclin français est-il réversible ? Pas de fioritures ni de grandes phrases : quelques chiffres clefs ; quelques raisons majeures ; quelques solutions inévitables ! Il n’y a pas dans ce texte une seule chose que nous n’aurions pu écrire sur ce blog. La vraie force de cette fessée magistrale, c’est la radicalité de la mise en cause. « Ni la conscience collective ni les médias ne réalisent l’intensité du mal qui nous ronge ». « Nous ne sommes pas loin de frôler la propagande ». « Sur ce fond de démission intellectuelle notre pays décline dangereusement ». « Le déclin est de notre fait ». Évidemment ce spécialiste ne manque pas de rappeler le rôle essentiel des questions monétaires et financières dans les mécanismes qui conduisent à l’effondrement industriel et aux déficits extérieurs. Les inondations successives de crédit entraînent des tsunamis d’importations mais ne financent pas l’investissement. « La France a systématiquement favorisé et stimulé la demande intérieure par une politique de déficits budgétaires et de hausse du crédit. » Le résultat inévitable : « la dégradation de la balance des paiements ». Après avoir rappelé tous les chiffres critiques sur la gestion budgétaire insensée que nous menons depuis des lustres, il cite Eurostats : « le déficit de nos administrations est entièrement structurel », par accumulation « de mesures discrétionnaires et non de mauvaise conjoncture ». Du coup « la croissance est compromise ». C’est dans les services votés qu’il faut frapper. On voit que le projet Barnier ne présente aucune remise en cause de ce type. On préfère comme d’habitude augmenter les impôts. Et on ne veut pas toucher à ce qui est vraiment grave : par exemple les engagements liés aux retraites des fonctionnaires de l’État et autres catégories publiques qui dépassent… 1 600 milliards d’euros. Une autre analyse surprendra bien des observateurs : « le fait pour les banques centrales d’avoir maintenu les taux d’intérêt à zéro en termes réel a significativement creusé les inégalités sociales. » La fin des contraintes de Bretton Woods a fait disparaître les « cordes de rappel » selon la terminologie de l’auteur, disons plus simplement la crainte de la dévaluation et les avantages de la dévaluation. L’adaptation monétaire étant exclue depuis l’euro c’est toute l’économie qui doit s’affaisser pour revenir dans les clous. Et personne n’a le courage d’une telle politique. « La mauvaise gouvernance pouvait fleurir ». L’accident Macron a marqué le sommet du genre. Arrêtons ce résumé sur la question qui est en pleine actualité : « Nos dépenses publiques de 1 500 milliards d’euros doivent être réduites à 1 293 milliards d’euros ». Notons également l’explication de la médiocrité de nos hommes politiques par l’extension des politiques d’argent facile. N’importe quel bavard imbécile est capable de distribuer de l’argent à tout va.

La lecture ne serait-ce que de ces trois livres interdit d’affirmer qu’on ne sait pas ce qu’il faut faire et où sont les failles dans l’action publique. La crise institutionnelle créée artificiellement par Emmanuel macron, le Jupiter de l’argent magique et de l’illusion que tout s’arrangera avec l’argent des autres, complique la situation. On voit bien que le plan Barnier est purement fiscal et ne marque aucune rupture.

Le glissement vers le pire continue.

Mais les solutions existent. Que les Français s’en saisissent au lieu de cautionner les pires démagogies.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile.

Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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