Un commentaire sur le livre "Sortir du Désastre"

Cher Monsieur

Je suis de ceux qui ont commandé votre livre « Sortir du Désastre » lorsque vous avez mis en vente une édition de lancement pour les lecteurs WEB. J’aimerais vous faire part de mes impressions de lecture, près de six mois plus tard, alors que la campagne électorale a commencé et pris les allures que l’on connaît.

Ce qui m’avait surpris à l’époque c’est le mélange entre deux approches. Un aspect personnel fort et très prescriptif, et un aspect étude objective du type : voici le problème ; voilà les solutions possibles ; faites vos choix.

J’avais été assez choqué que livre s’ouvre sur un verbatim de l’action d’Emmanuel Macron qui se terminait par un quasi-diagnostic médical : ce monsieur est à la limite de la dinguerie caractérisée. Vous démontrez qu’elle l’a conduit à ne résoudre aucun problème de fond et à être un pompier pyromane. Tous les grands drames précédant la crise sanitaire ont été, selon vous, une conséquence directe de ses choix malencontreux. La crise sanitaire aura été finalement une chance pour lui. Vous annonciez une suite démagogique majeure en vue des élections, seul objet de son attention. Vous concluiez qu’il était déraisonnable de penser qu’aucun vrai problème ne serait jamais réglé ni avant ni après les élections et que la France sortirait abaissée définitivement d’un nouveau mandat comme Paris sortira détruit du second mandat Hidalgo. Surtout ne pas le renouveler !

Aujourd’hui, je pense que vous avez raison. Tous les livres qui sortent sur Emmanuel Macron décrivent une personnalité maladive sans affect, qui se croit supérieure à tout le monde, qui méprise les Français, qui souhaite dissoudre la France dans la « souveraineté européenne », et qui est uniquement préoccupé de lui-même et de son narratif, suffisant et insuffisant, et finalement sans autre projet que son élévation et sa gloire. Sans doctrine, sans vision, il cherche simplement à durer avant d’atteindre un niveau encore supérieur, probablement la présidence élue de l’Union Européenne qui marquerait le sommet de sa trajectoire. Le livre de Davet et Lhomme, le traître et le Néant, confirme totalement votre diagnostic en partant de centaines d’interviews de politiques. Ce que vous éclairiez uniquement en commentant des décisions et des attitudes effectives de sa courte histoire était confirmé par la quasi-entièreté du milieu politique lui-même.

Je suis désormais d’accord qu’Emmanuel. Macron ne peut ni ne veut nous sortir du désastre. Donc votre chapitre préalable était fondamental et juste. Si Emmanuel Macron avait été efficace et positif, il ne serait pas utile de penser à d’autres options.

Sur chacune des sept grandes politiques qui sont le support fondamental de l’avenir de la nation et de la France, vous avez certes pris soin de faire un état des lieux objectif avant de proposer les solutions possibles. Mais la radicalité des propositions faisait frémir. À chaque fois, vous touchiez un nœud gordien presque impossible à trancher.

Mettre fin à la bureaucratisation suppose de mettre fin à capture du politique par la haute administration travaillant désormais en famille (Exemples Wargon et Parly) et de rendre inéligible les énarques qui peuplent tous les partis. Une mesure raisonnable mais qui suppose que les énarques se fassent Hara-Kiri, ce qui est peu probable.

Vous montrez que le plus grand problème démographique français est la très faible natalité des femmes « d’origine indo-européenne », avec une perte de 400 000 à 500 000 enfants à naître du fait de l’avortement et des méthodes généralisées du planning familial, intégrées dès l’école dans l’esprit des filles. Mais comment dire désormais aux femmes qu’elles doivent prendre en compte dans leur vie personnelle une exigence collective de natalité ?

Vous revenez sur vos analyses habituelles de la déchéance économique industrielle et sociale de la France. Mais le résultat serait un retour à la croissance incompatible avec les obligations serinées sur la réduction des gaz à effet de serre.

Sur l’écologie vous montrez que l’on cache les budgets effarants qu’il faudrait prévoir pour concrétiser les décisions prises et leur caractère irréaliste, sauf à faire de la France un pays totalitaire violentant sa population et le tout pour un résultat climatique insignifiant. Mais l’hystérie écolo a gagné des parties entières de la population et a des effets électoraux certains. Comment agir sans passer aussitôt pour un climatosceptique et en subir l’immédiate proscription ? La peur du « qu’en-dira-t-on » paralyse la pensée et l’action.

Pour la sécurité vous montrez que si on ne change pas de paradigme, en laissant l’administration régler les actes illégaux dès leur commission, la justice n’intervenant qu’en second rideau, l’impuissance est automatique. Cela m’avait paru très dangereux. Là-dessus on applique ce principe pour le squat ! Donc c’est juste une question de généralisation… Il n’y a pas de question de principe.

Pour la justice vous êtes plus original encore en évoquant le mouvement « justicialiste » que vous voulez éradiquer car pour vous c’est la prolongation « du mur des cons » et la fin de la justice. Là vous êtes assez seul. Ce concept de justicialisme n’est pas dans le débat. J’avais également considéré vos développements sur le WOKE comme étranges, car je ne savais rien de ce mouvement qui s’est développé de façon largement occulte. Vous avez été totalement rejoint par les débats en cours et le Wokisme est au centre de féroces diatribes, à juste raison. Le danger est à nos portes et je n’en avais aucunement conscience.

Pour l’Europe vous souhaitez un changement d’orientation, en restant résolument dans une logique de l’Europe des nations et en refusant que ces institutions internationales soient le vecteur des courants actuels de destruction de la culture traditionnelle comme la « cancel culture ». On vient de voir avec l’affaire de la promotion des femmes portant le voile islamique par une institution internationale européenne, le conseil de l’Europe, que ce n’était pas un fantasme.

Votre livre prenait une tonalité « réactionnaire » ou réactionnelle plutôt intense qui me gênait et dont je me disais qu’elle ne serait pas acceptée par la population. Même si ces solutions étaient indispensables pour « sortir du désastre », il ne serait même pas toléré qu’on en parle.

Là-dessus la campagne électorale commence et pratiquement tous les sujets de votre livre font l’objet d’une actualité aussi soudaine que forte, largement à l’initiative d’Éric Zemmour, mais pas seulement. Les Français veulent cette fois-ci un vrai débat présidentiel et ne souhaitent plus que des mesures qui ont été pratiquées en France pendant des décennies soient diabolisées et sorties du débat public.

J’ai donc relu votre livre avec l’éclairage de ce qui s’est passé ces derniers mois et je suis bien obligé de constater que vous avez bien anticipé le besoin de radicalité qui enfle devant l’impuissance des autorités, et l’énervement devant le délire démagogique et électoraliste d’Emmanuel Macron qui littéralement achète le vote des Français à crédit. Je constate la banalisation des projets de durcissement des législations et des mesures sécuritaires, les réserves sur la volonté de l’Europe de dissoudre les nations, une nouvelle volonté de défense de l’Europe contre les entreprises islamistes et multiculturalistes, l’unanimité qui émerge sur la faiblesse des réformes économiques entreprises, la montée irrépressible de la contestation des éoliennes et le retour en grâce du nucléaire, le renouveau des exigences sur la préférence française pour les aides à la natalité et la solidarité nationale. Tout ce qui avait été banni des débats y est revenu ou est en train de le faire.

Votre livre montre une belle anticipation des débats actuels et n’est finalement pas transgressif. On revient en fait à une normalité qui a longtemps prévalu en France et qui ne sent prisonnier d’aucun tabou dès lors que bien des mesures ont été de règles pendant longtemps et que les nouveautés proposées concernent des domaines où le contexte est très différent d’hier, qu’il s’agisse du numérique ou de la perte de sens d’institution comme le droit des réfugiés. Je ne saurais trop conseiller aux candidats à la candidature de LR d’en tenir compte, s’ils veulent répondre aux interrogations actuelles de l’opinion française majoritaire.

Ce que l’on peut constater aujourd’hui, c’est une remontée du refoulé et une libération de la parole, avec des Français qui veulent que les discours publics deviennent à nouveau jointifs avec leur propre expérience vécue et débouchent sur de vraies solutions. Je suppose que le mélange de synthèse générale et de témoignages vécus avait ce rôle dans votre livre. Les Français sont totalement découragés et écœurés. Partout on ne parle que de partir et beaucoup l’ont déjà fait. Vous vouliez redonner la force d’agir et d’influencer, tout en aidant les partis à « oser la vérité » au lieu d’avoir peur de tout et surtout de passer pour des extrémistes de droite. Je suis avec vous dans cet effort.

La période électorale n’a pas encore développé sa vérité. Ce qui est sûr, c’est que toutes les problématiques fondamentales et les choix à faire sont dans votre livre.

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François Lemercier

Commentaire
Admin's Gravatar Nous nous permettons de publier avec l'accord de son auteur la lettre d'un lecteur attentif de "Sortir du Désastre". Elle nous a paru significative du décalage qui existait dans l'opinion entre la manière de penser qui régnait en début d'année et celle qui se développe avec la campagne électorale et qui donne plus de relief à la tentative de Didier Dufau de préparer les élites politiques à une conversion nécessaire.

Nous encourageons toutes les réflexions de ce type qui nous sont très utiles.
# Posté par Admin | 04/11/21 19:37
DvD's Gravatar J’en profite également pour vous remercier pour votre troisième livre.

Sur le fond, il peut paraître assez provocateur et décalé par rapport aux messages inlassablement assénés par les milieux politiques et médiatiques, tout au moins pour ceux qui les écoute encore. Mais il en phase avec les réalités quotidiennement vécues. A chacun donc de se faire une opinion quant à savoir si ce sont ces réalités qui sont choquantes ou bien leur simple constat et la formulation de leurs solutions. Tirer sur le messager n’a jamais été une solution, même si la facilité en fait systématiquement la solution préférée des petits démagogues et de leur innombrables perroquets.

Sur la forme, votre livre manquait hélas de finition, tout du moins la version que j’ai lu assez tôt. De trop nombreuses fautes de frappe dans les mots ou dans les dates, fautes d’orthographe, mots manquants et erreurs de ponctuation rendent sa lecture peu agréable et finalement nuisent quelque peu à la portée des arguments. La forme est la politesse du fond.

Le développement initial sur Macron est trop long. Bien sûr, il a un évident problème d’incompétence, d’arrogance et d’autoritarisme qui en fait un dirigeant inadéquat causant de lourdes pertes au pays, ce même comparativement à la classe des hauts fonctionnaires français, ce qui n’est tout de même pas peu dire vu les résultats affligeants de ces messieurs-dames depuis 50 ans. Cependant, c’est un livre sur le redressement de la France qui ne méritait pas à mon sens que près de la moitié soit consacrée à l’analyse psychologique de Macron.
# Posté par DvD | 06/11/21 10:05
DD's Gravatar 1.   Raison du livre
L’objectif du livre était de vaincre le silence des forces politiques dites de gouvernement, principalement à droite et au centre et leur indiquer les thèmes de la prochaine campagne présidentielle. LR n’osait plus dire un mot sur rien ce qui était tout de même assez curieux. Les centristes non associés à LREM et Emmanuel Macron, Il s’agissait donc d’analyser sur les très grandes questions nationales les problèmes réels et d’esquisser une liste de solutions possibles certaines étant recommandées comme indispensables d’autres évoquées comme des aspects ouverts à trancher. On voit que le silence chez les LR est tenace et laisse la place notamment à Éric Zemmour.

2.   Introduction d’une analyse de verbatim de l’action de Macron
Très vite les discussions ont porté sur les risques d’un ralliement d’une partie des élus notamment les énarques vers Macron. La question était : si Macron fait le boulot, pourquoi s’opposer ? La première partie a été ajoutée pour faire comprendre que Macron n’était pas la solution mais une partie du problème. Le thème central « Il ne règle aucun problème de fond mais il crée des difficultés qui lui sont propres comme pompier pyromane. » L’ennui, c’est qu’il était indispensable d’expliquer pourquoi et la clé est malheureusement une psychologie problématique. Macron est un garçon dangereux. On l’a vu à plusieurs moments du quinquennat, notamment quand il a décidé de laisser le terrain au virus anglais provoquant près de 20 000 morts dont la moitié était sans doute évitable. Il fallait aussi dessiner ce que serait son approche des élections à avenir et avertir sur les méthodes qui seront employées. Avec Macron on est sorti du cercle de la raison. Tout ce que nous voyons d’exécuter était prémédité depuis au moins deux ans. Il fallait aussi avertir les hommes politiques potentiellement candidat de ne pas « acheter » des solutions clés en main qui traînent dans les milieux politiques et qui sont toxiques. La suppression de la taxe d’habitation et le système de retraite à point étaient présentés par les mêmes traînes lattes à tous les candidats. Il ne faut jamais écouter ces vendeurs de sornettes. L’échec de Macron est aussi celui de ces marchands de rêve. On voit Hidalgo recycler des plans du même genre : réduction du temps de travail à 32 heures etc.
3.   Un livre mal fini
C’est malheureusement le cas à notre courte honte. Le fichier envoyé à l’impression n’était pas le dernier portant les ultimes corrections. Cette erreur n’a pas été remarquée à temps, l’impression n’ayant pas pu faire l'objet d’une relecture totale avant le bon à tirer faute de temps et de moyen. Nous sommes évidemment désolés de ces erreurs qui ont largement été provoquées par le correcteur orthographique qui crée parfois des corrections anormales qu’ils ne repèrent plus après et ne signalent pas. Pour les détecter il faut une procédure assez longue qui a retardé la fourniture de la version corrigée. L’erreur de fichier a été déplorable. Nous nous excusons pour ce mastic.
4.   Nous restons satisfaits d’un livre qui ciblait bien les questions critiques et qui préfiguraient bien deux aspects typiques de cette campagne
Toutes les questions soulevées sont bien au centre des débats.
La question démographique a même pris du relief avec la volonté de certains pays européens de redresser leur natalité native et celle de la Chine de revenir sur tous féministes comme le droit à l’avortement. C’était un point d’achoppement avec les responsables femmes. Elles interdisent d’évoquer quelque altération que ce sosie dans le paquet des « droits à » accumulés depuis 65 et dont les effets démographiques sont très sévères mais interdits de dénonciation.
Sur l’écologie où le silence était total à droite, la question des coûts, des délais, des méthodes et des résultats est bien au cœur de la campagne. On ne cache plus que les sacrifices risquent d’être terribles, que les éoliennes sont une fausse solution, que le nucléaire est un moyen essentiel. Malgré la COP de Glasgow. Le rouleau compresseur des bons sentiments commence à se déliter. C’était un des objectifs du livre.
Sur la justice, le Wokisme et la « cancel culture » n'étaient pas du tout dans les esprits lorsque nous écrivions le livre. Nous les voyions comme une plaie en train de s’étendre et de s’aggraver dans l’inconscience des élites. Certains ne voyaient pas pourquoi on devrait s’occuper d’un thème qui pouvait coûter des voix. Aujourd’hui c’est un des cœurs de la bataille. En revanche les explications que nous avons données de ce phénomène restent largement méconnues.
De même nous insistions sur le rôle excessif des cours judiciaires internationales, et la nécessité de faire jouer le referendum pour rétablir la souveraineté, une option reprise de partout aujourd’hui.
En revanche ce que nous appelons le « justicialisme » n’est pas cerné faute d’avoir un nom admis par tous sur le phénomène. Le « mur des cons » est toujours largement complété par des jugements lamentablement partiaux et la tentation de créer la loi par la jurisprudence d'extrême gauche toujours présente.
Une des suggestions sécuritaires les plus notables du livre était l’obligation de faire face à des délits de masse par l’action administrative plus que par l’action judiciaire, comme cela avait le cas notamment entre 1958 et 1963 pour faire face aux actions répétées du FLN et de l’OAS. Beaucoup de nos « pré lecteurs » trouvaient cette orientation dangereuse car une régression vis-à-vis des droits individuels et collectifs. Le droit pénal a été totalement détricoté depuis 1968 et d’énormes avantages donnés au délinquant. Ce qui a entraîné une poussée de la délinquance qui dépends directement du couvercle que l’on met aux dessus des activités criminelles. Revenir en arrière ne faisait que rétablir une situation préalable qui n’avait en fait rien de bien terrible mais qui était efficace. Devant le scandale des squats, qui sont des dizaines de milliers en France, ce qui est un scandale, absolu, le gouvernement a été obligé d’agir et il l’a fait en rendant l’action administrative préalable à l’action judiciaire, la justice ne venant qu’en second rideau ! Le scandale est devenu la loi ! Ce chapitre est redevenu audible.
En économie, tout le monde voit bien qu’on dispose d’une économie bouffée par les impôts et les charges et que nous ne pouvons pas être compétitifs dans ce cadre.
L’énorme Moloch administratif et le rôle néfaste de l’énarchie sont maintenant bien ancrés dans le débat politique grâce à la crise sanitaire, mais les solutions ne sont toujours pas discutées.
Le rôle de l’Europe et des institutions internationales pour imposer sans élections des solutions non souhaitées est désormais aussi dans le débat même si là aussi les propositions manquent.
Le livre n’a pas raté son rôle d’avertissement sur les thèmes majeurs de la campagne électorale et les prises de position à envisager.
5.   Nouveaux livres plus grand publics
Les conférences ont montré que ce qui était systématiquement débattu lors des questions concernait principalement les contradictions entre croissance économique et nécessité climatiques.
Nous avons naturellement rétabli un texte corrigé pour Sortir du Désastre. Faut-il le republier, en supprimant la première partie et en mettant à jour la seconde partie, comme certains nous le demandent. Ou devons-nous concentrer notre nouvel apport à la contradiction entre écologie et économie ?
C’est une question que nous posons à nos lecteurs.
# Posté par DD | 06/11/21 20:58
Siem's Gravatar Je viens de lire le livre de Marcel Gauchet "Macron les leçons d'un échec" et il est quasiment sur les mêmes analyses que celles faites dans votre livre. Lui part du diagnostic de son livre précédent et il est conduit par ses anciens thèmes. Votre livre est plus clinique : tel évènement tel interprétation, sans a priori. Gauchet veut croire qu'il ne s'agit que de conceptions et de pratiques politiques, sans jauger,les personnes et leurs travers. Mais à chaque page ces travers sont présents et le conduise à conclure sur une "caricature de fonctionnement démocratique". Toutes les refondations ont échoué, toutes les réinventions sont restées dans les limbes pour des raisons qui ne sont pas que politiques mais tiennent aussi à l'inspiration biaisée qui les a fait naître. Macron n'était pas là pour répondre aux besoins du pays mais à ceux de l'exaltation de lui-même. Chercher une politique chez Macron, c'est chercher des palmiers dans l'Antartique.
C'est pour cela qu'il ne doit pas être réélu. Et vous partagez avec Gauchet l'idée que pour sortir la France du gouffre, situation qu'il ne nie pas, il faut casser des tabous sur tous les sujets abordés en seconde partie de votre livre. Votre livre, avec les défauts cités, offre tout de même la seule approche complète qui permettrait de déclencher un sursaut français. Je le relis souvent aux gré des débats en cours. Vous êtes en plein dedans et souvent avec une analyse beaucoup plus profonde.
# Posté par Siem | 07/11/21 12:15
Jacadi's Gravatar De toutes les façons qu'on prenne le problème français, le cœur de l'affaire est l'impuissance. Le cœur de votre livre essaie de répondre à la question "comment sortir de l'impuissance". L'ennui, c'est que l'on est confronté très rapidement à des solutions extrêmement dures qui remettent en cause tout ce qui a été construit et déconstruit depuis 1968, alors que le Wokisme arrive qui est un super mai 68 d'inspiration maoïste et porteur de révolution culturelle. La destruction de l'état-nation, la dissolution de la civilisation européenne, l'effondrement de la culture française, la marginalisation économique et l'appauvrissement de la population française, aboutissent à l'impuissance totale de l'Etat français et la création d'une théâtre d'ombres politique, où manœuvrent des comédiens de pacotilles qui joue à Jupiter sans la foudre. Et voilà qu'on veut sauver la terre du réchauffement ! La perte de liberté devient totale au même moment que la peur devient le levier de base des petits ambitieux. En fait vous proposez de revenir aux méthodes anciennes qui ont permis à l'état français de faire face à pas mal de difficultés graves. L'ennui c'est qu'elles sont aujourd'hui considérées comme extrémistes alors qu'elles étaient totalement admises il y a cinquante ans parce qu'efficaces. Les Français ont toujours eu tendance à être de veaux. Ils sont devenus des moutons individualistes mais qui vont collectivement à l'abattoir. J'ai beaucoup aimé votre livre. Mais je crains que la situation ne soit irréversible.
# Posté par Jacadi | 08/11/21 10:47
Raphael's Gravatar Macron flatte son narcissisme et celui bien plus diffus qui est l'égoisme absolu, des gens ( je n'ose plus dire des français ) qui gobent son message . Le renoncement à tout message national, historique , collectif est le passe-partout , la clé magique qui ajoute la justification du " sens de l'histoire " à venir qui serait écologique-dénataliste-immigrationniste-anti autoritaire - anti èlitaire -anti libéral ; chacun des gobeurs se sent investi d'un égoisme sacré . Or sortir du désastre , ne pourra se faire qu'au prix d'un effort collectif et avec l'envie farouche de se redresser . Seul Zemmour incarne cette volonté. Il est probable qu'il arrive au 2.éme tour. Et là tout peut arriver .
# Posté par Raphael | 08/11/21 14:16
Siem's Gravatar Pour être complet j'aouterai au livre de Gauchet celui de vincent Jauvert sur "la Mafia d'état" qui est une belle illustration sur ce qui écrit sur" l'énarchie compassionnelle" dans le livre de Didier Dufau. On y voit des exemples à la fois de mélanges des genres surprenants, d'enrichissements fabuleux et de népotisme sans limite. Sauf qu'il ne suggère aucune solution.
# Posté par Siem | 08/11/21 17:54
DD's Gravatar C'est tout le problème. De nombreux livres sont des monographies sérieuses sur des difficultés qui s'accumulent sans jamais être traitées. Lorsqu'on essaie d'évoquer ne serait-ce qu'une liste de solutions efficace, l'effroi s'installe dans le dialogue. "Vous n'y pensez-pas !" "Mais vous ne pensez plus". C'est la grande caractéristique de LR, qui est clair sur les problèmes, obscur sur les solutions et près à reporter à plus tard la discussion sur tous les sujets qui fâchent. Le pauvre Michel Barnier s'est montré très clair : moratoire sur l'immigration mais tout le monde peut entrer tout de même, mais moins ! Il n'est pas gâteux, seulement conforme.

Le président actuel intervient pour ne rien dire et faire de la triangulation à droite, la gauche lui paraissant à terre. Il ne s'agit que de narratif et de com'. Les Verts sont plombés par leur volonté de mettre à bas le patriarcat et de se débarrasser du mal blanc et du mâle hétérosexuel, ce qui nuit à leur crédibilité écologique. On a beau se soulager avec des plaisanteries du genre "si tous les écolos arrêtaient de respiraient une heure, on n'aurait plus d'effet de serre", cela ne suffit pas.

Le phénomène Zemmour perdure et le non candidat atteinte près de 19% des suffrages tout en rassemblant des salles enthousiasmes où il parle sans note au milieu des Viva. Mais le programme et les moyens de la mettre en œuvre reste dans les limbes.

Personne dans le monde politique n'a l'air de se rendre compte que nous parvenons à un sommet de non dits programmatiques qui confine à la transparence politique totale et à sa copine l'impuissance absolue.

Partout on entend : "c'est fini je me barre de ce pays de c...". Les étrangers commencent à réaliser que même pour le tourisme, que Paris ce n'est plus ce que c'était.

Bref, parler solution est se faire traiter de polémiste, au minimum. La France était un pays intelligent qui a mis son cerveau en sommeil et se contente d'enregistrer le désastre.
# Posté par DD | 10/11/21 13:23
Siem's Gravatar On voit fleurir les livres portant des solutions radicales. Parfois amusante comme le désir d'implanter l'espéranto dans les instances européennes.

C'est la preuve que tout le monde passe du "on marche sur la tête" des années 2010 à "cela ne peut plus durer comme celà, sinon on est mort" d'aujourd'hui. Mais qui s'accompagne d'une passivité à peu près totale de la majorité des gens.

Il est peu probable que l'action embraie à partir de la base. Il faut que cela vienne d'en haut avec un homme ou une équipe qui décide de prendre les choses en main. Paradoxalement ce n'est plus la question de l'immigration et de la submersion musulmane qui bloque. Tout le monde a compris qu'il fallait débloquer la question constitutionnelle et qu'il fallait changer de braquet. Ce sont les autres questions clé qui sont encore dans la nasse.
# Posté par Siem | 11/11/21 17:44
DD's Gravatar Merci pour ces commentaires qui nous sont précieux. J'en retiens que la partie qui n'est pas réellement couverte dans les débats présidentiels actuels est le conflit entre la nécessaire réforme de l'économie, qui a pour but d'assurer la croissance de la prospérité, et les obligations en matière de réduction d'émission de CO2 dont personne n'ose dire le coût ni les contraintes, sans parler de la faisabilité.

Chacun pense dans son coin et le choc est inévitable et peut être terrible s'il n'y a pas une réflexion commune. Tout le débat porte sur les intentions et ce qu'on entend des moyens est si contradictoire ou erroné qu'on aimerait mieux n'avoir rien entendu. Nous sommes sur le chemin d'une décision de ne pas relancer Sortir du désastre, qui avaitle rôle très cadré de peser sur les choix électoraux des partis de gouvernements, mais plutôt de sortir un livre consacré uniquement au conflit entre écologie et économie, à partir d'extraits complétés, actualisés, précisés et parfois corrigés. Ce conflit forme la vrai trame de ce qui va se passer dans les dix ans à venir et cela peut tourner très mal.

Merci à tous.
# Posté par DD | 13/11/21 17:34
Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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