En lisant M. Lemaire
Monsieur Lemaire, comme Monsieur Baroin, a écrit un livre sur son expérience ministérielle, aussitôt dans l'opposition. Ces livres n'ont aucun caractère informatif. Ils ont uniquement pour but de promouvoir la personnalité de leur auteur et de leur donner une épaisseur que leur action politique n'a pas véritablement permis d'étalonner.
Disons le d'entrée de jeu : le livre est plus dense et mieux écrit que celui de F. Baroin qui l'avait coiffé pour le poste de Ministre des Finances. M. Lemaire a un bagage intellectuel, une culture générale et une réflexion politique plus étoffée.
Malheureusement les deux livres ont le même défaut : ils montrent tous les deux l'impuissance des ministres.
M. Baroin flottait comme un ludion et s'agitait en tentant de faire le moins de vagues possible tout en restant dans le plus grand vague possible.
M. Lemaire est plus volontaire mais son rôle aura été celui d'un commis voyageur. Il s'est épuisé en avion, et en réunions où il faut convaincre. Convaincre de quoi ? Convaincre qui ? Pour quels résultats ?
La Cour de Justice Européenne ayant décrété que la politique d'aide sociale n'était pas de la responsabilité européenne selon les traités, il s'empresse de convaincre qu'il faut garder une politique mutualisée de charité publique alimentaire en Europe. Le rôle du dirigeant est d'arroser la clientèle. Mais voilà : la charité doit se faire sur une base nationale. Au lieu de le comprendre, le voilà en guerre. En vain. C'est bien de déclarer que l'Allemagne est bloquée par son prurit juridique, mais considérer qu'on doive violer les traités pour faire la charité avec l'argent des autres était absurde. Il aurait dit : je veux faire la charité un peu plus avec l'argent des Français, on l'aurait au moins entendu.
Plus sérieux est la question de la régulation des marchés agricoles. Nicolas Sarkozy voulait asseoir sa posture comme grand dirigeant mondial promouvant la bonté vis-à-vis des pauvres du monde et avait ouvert cette tête de chapitre. Pourquoi pas ? Même si le côté Sœur Theresa de nos politiques fait toujours un peu rire. De négociations épuisantes en négociations épuisantes on aboutit à un texte du G.20 dont l'effet aujourd'hui est … Est quoi justement ? Personne n'en sait rien et tout le monde s'en fout.
Tout le livre est ainsi empli de cette vacuité insidieuse qui fait du ministre non pas l'homme d'un diagnostic fort et d'une politique effective mais un négociateur, un homme lige, un représentant de catégories électorales chargé de les mettre en condition pour les prochaines élections. Il défend la dépense, la subvention, le mécanisme d'arrosage des intérêts, toujours compatissant, indéfiniment compatissant. .
Bruno Lemaire fait beaucoup parler Nicolas Sarkozy. S'est-il rendu compte qu'il en a fait une sorte de neu-neu incapable de parler un français un minimum correct ? On découvre que, dès la moitié du quinquennat, il a pris le style qu'on découvrira lors des élections de 2012 : faussement patelin ; centré sur lui-même ; pleurnicheur ; faux copain ; hagard. L'homme ne s'est jamais remis d'avoir été élu Président. Pathétiquement il essaie d'entrer dans le costume et s'épuise dans l'exercice sans réellement peser sur les choses, ouvrant inlassablement des têtes de chapitres, souvent avec une excellente intuition, et ne faisant que des courants d'air.
Comme on n'est jamais mieux servi que par soi même, M.Lemaire dresse son propre portrait, flatteur, en faisant parler les autres. Tous disent qu'il est un grand espoir, qu'il est le presque meilleur d'entre nous, qu'il doit se construire sa stature car elle sera formidable, qu'il aurait du être Ministre des Finances à la place du Ministre des finances, qu'il ne l'a pas été parce qu'il travaillait trop et qu'il était trop bon à l'Agriculture, et que et que.
Au final le livre de M. Lemaire pose la question de l'impuissance gouvernementale française et de son rôle de pure défense de la dépense publique.
Il est vrai qu'à la fin de la mandature Sarkozy, la question a été posée d'un recadrage massif des dépenses publiques. M. Lemaire agite les grelots sur un thème que nous avons traité sur ce blog : "faisons ce qu'il faut même si cela nous coûte l'élection ; au moins on aura fait notre devoir". Pourquoi ne pas supprimer les 35 heures ? Sarkozy refuse. Fillon fait remarquer à Lemaire qu'il y a dans les tiroirs un plan à 90 milliards d'économies. Et c'est lui qui lui dit : chiche !
Sur 2.000 milliards de dépenses, une réduction de 10%, absolument nécessaire, représente 200 milliards, sauf erreur de calcul. 90 milliards, ce n'est rien, quand on se tient à la hauteur des problèmes. Réduire de 4.5% la dépense publique est possible et nécessaire. Mais non. La peur électorale et le poids de la fonction publique dans les hautes sphères politiques fait qu'on s'en tiendra à un plan qui fait la part belle à l'impôt et exige pratiquement rien en matière de réduction de la dépense publique, comme nous le constaterons aussitôt sur ce blog.
Si bien que le père de famille nombreuse qu'est Lemaire en vient à exiger la dénaturation du système des allocations familiales française et à abandonner son statut de fonctionnaire pour prouver sa bonne volonté.
On ne demande pas aux hommes politiques des sacrifices personnels mais de créer des systèmes politiques et fiscaux durables et n'empêchant pas toute croissance. Le contre exemple est la mise en place de système comme le RSA qui fixe dans le non travail des centaines de milliers de personnes qui ont vite fait leur calcul, même si l'intention et inverse, ou comme celui des intermittents du spectacle, où des subventions à la presse en contrepartie du monopole des ouvriers du livre, où la PAC, ou la gratuité de l'université dans la misère de l'université ou etc.
Que Monsieur Lemaire nous dise : oui il faut mettre fin au blocage du développement portuaire français en supprimant le statut des dockers ; oui il faut mettre en faillite la SNCM et supprimer le statut des marins français ; oui il faut mettre fin aux statuts des cheminots qui rend absolument impossible toute rentabilité d'une compagnie de chemin de fer ; oui il faut réserver les statuts publics uniquement aux fonctions régaliennes (militaires, policiers, juges, haut fonctionnaires,) mais pas aux auxiliaires professionnels qu'ils emploient ; oui il faut supprimer la gratuité du petit risque, en ne subventionnant de dispensaires que pour les plus pauvres. Là il va toucher à des vaches sacrées qui coûtent des dizaines de milliards d'euros à la collectivité. Sans aucune contrepartie positive. Aucune.
Il ne suffit pas, Monsieur Lemaire, d'avoir été un excellent élève, d'avoir des capacités à l'évidence au dessus de la moyenne et même une haute idée de l'Etat et de la France. Il faut avoir du courage et accepté d'être vilipendé et traîné dans la boue par des cloportes. Regardez Charles de Gaulle, traîné dans la boue tous les jours par les socialistes et que le minable Hollande a voulu réduire à Pétain et Hitler via Papon avec sa commémoration de la provocation du FLN de 1961. Regardez Mme Thatcher que l'on enterre aujourd'hui sous les injures en France sous les fleurs au Royaume Uni en dépit du mépris de la gauche cultureuse anglaise. Le film qui la montre détruite par la maladie d'Alzheimer est une ordurerie comme on en voit peu. Laisser à jamais de la "Femme de Fer" l'image d'un "déchet" comme on dit au parti socialiste ! Et de crier à la délicatesse du traitement. Toutes les télé ont titré "mort d'une femme exceptionnelle mais contestée". Contestée !
Elle a dit à l'IRA : vous tuez. Vous voulez mourir une fois mis hors d'état de nuire. Mourez !*
Elle a dit aux syndicats qui avaient ruiné le pays : " Vous n'aurez pas ma peau. J'aurai la vôtre et le pays s'en trouvera mieux".
Elle a dit aux mineurs : "je ne subventionnerez pas malgré vos manifestations une activité sans espoir de rentabilité".
Elle a dit à l'Europe : "OK pour toutes vos conneries mais je ne réduis pas mes fonctionnaires pour nourrir ceux de la CEE". En ajoutant : "je veux qu'on me rende mon argent".
Elle a dit à ses fonctionnaires : "Vous êtes trop nombreux. Je n'en garderais que 700.000, en attendant 500.000".
Elle a dit aux Argentins : "Pas touche aux propriétés de la Couronne".
Et elle a mis ses actes en rapport avec ses paroles. Elle a eu une volonté. C'est cela que l'on conteste.
Elle a eu une volonté vis-à-vis de tous les prédateurs abusifs et a redonné une vitalité au Royaume-Uni.
C'est intolérable pour la gauche socialiste qu'elle soit anglaise ou française. Une volonté ! Vous vous rendez compte. C'est du fascisme.
Alors Thatcher est devenue dans tous les forums pratiqués par des gens de gauche "Thatcher la Salope", "Lady Pinochet" etc.
Que M. Lemaire s'inspire de l'exemple de Charles de Gaulle et de Margaret Thatcher. Il faut annoncer ce qu'on veut faire. Et le faire. En acceptant la boue qui sera répandue sur vous par toutes les forces de gauche et du centre coalisées.
Il ne suffit pas d'être grand, d'avoir des yeux bleus, de porter une haute ambition pour soi même. Il faut accepter d'être piétiné et vilipendé en clamant haut et fort les nécessités nationales, en les prenant par le bon bout.
Cher M. Lemaire, nous vous avons envoyé un petit livre qui résume les sept péchés capitaux de la politique française. Nous ne saurions trop vous conseiller de le lire. Vous verrez combien vous êtes loin de ce qu'il faut annoncer à la nation.
Vos indéniables qualités méritent d'être encouragées. Encore un effort !
Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef, aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants, explications sur le retard français, analyses de la langueur de l'Europe, réalités de la mondialisation, les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable. Association loi 1901 |
- obtenir du G.20 une stabilisation des grands marchés agricoles mondiaux : des dizaines de voyages et des heures de négociations un peu partout. Le G.20 vient de renoncer sous Hollande, maladif président qui croit qu'il faut qu'il défasse, défasse, défasse.
- soutenir l'utilisation des excédents agricoles européens pour les restos du coeurs alors que la cour de justice avait décidé que la charité n'entrait pas dans les attributiond e l'Union mais devait être menée par les Etats respectifs.
Bilan de Lemaire : zéro !
A quoi sert une ministre de qualité ?