Ce qui doit arriver arrive !

Depuis 1997, nous défendons publiquement trois thèses extrêmement claires et précises.

Un système de changes flottants et de liberté totale des mouvements de capitaux entraîne mécaniquement une hausse de la dette globale par le mécanisme de la double pyramide de crédits. Dès que la dette globale dépasse 400%, on est certain que la prochaine grosse crise cyclique fera des dégâts abominables. Ce phénomène s'est vérifié avec le blocage du système interbancaire en 2007 et l'effondrement bancaire général de 2008. Comme l'avait dit Maurice Allais, au milieu des ricanements, "ce qui doit arriver arrive". C'est arrivé.

Un système de monnaie unique sans organes de pilotage et seulement deux règles de droit sur les déficits et l'endettement des états, avec abandon des outils de politique monétaire, est vulnérable. La crise précédente a précipité l'explosion du système. L'affaire grecque était prévisible : on se soigne pas une crise par la déflation et la dépression. Sinon, les peuples deviennent nerveux. "Ce qui doit arriver arrive".

Un Etat capturé par sa haute fonction publique qui cumule le pouvoir administratif et fiscal, le pouvoir politique et le pouvoir bancaire, tout en tenant dans ses mains directement ou indirectement les medias, conduit à la ruine et l'étouffement du citoyen, l'empêchement d'une économie libre et efficace et à la double tare d'un Etat pléthorique, bouffi et incapable, et d'une économie marchande rétrécie, qui survit péniblement au milieu des quolibets serviles d'une caste de cultureux subventionnés et sans vergogne."Ce qui doit arriver arrive".

Au final nous assistons  à la négation de la démocratie et à la formation d'une situation incontrôlable dont plus personne ne sait comment sortir, dans le monde, en Europe et en France. En cet été 2015 comment nier que ces trois analyses soient pertinentes ? Comment ne pas observer que rien ne se passe non plus pour sortir du piège.

L'amas de surplus monétaire accumulé par la Chine a eu pour conséquence dans un premier temps de permettre des achats de précaution qui ont laissé croire que le commerce international était encore vivant. En vérité les échanges internationaux ont baissé en 2014. Baissé ! Pour la première fois depuis la fin de la guerre de 40. Et la bulle de crédits née de cet amas en Chine même a fini par explosé avec comme manifestation première l'effondrement drastique de la bourse de Shangaï.

La reprise américaine est extrêmement molle. Elle est percluse de bulles alimentées par les déficits américains et les politiques de gonflement monétaire de la FED.

L'Europe est entrée dans une de ces phases d'incertitudes qui font le charme d'une organisation bancale et non démocratique, sous-traitant la monnaie et la finance à des experts.

La France est entrée dans le cycle détestable des glissades irrattrapables. La dette s'est gonflée subitement au premier semestre avec une rapidité stupéfiante, alors que "l'alignement des planètes" devait nous sauver. La peur recommence à régner en maîtresse dans l'esprit de tous ceux qui ont des "actifs" et notamment de l'assurance-vie.

Pas un mot dans le monde sur le retour à un système sérieux de politiques commerciales et financières concertées autour d'un système de changes fixes et ajustables. Pas un mot. Le FMI s'est encore une fois ridiculisé à contre-emploi en intervenant là où il ne devait pas le faire. Le résultat sera l'éjection de Mme Lagarde qui croit encore à ses chances électorales présidentielles françaises. L'espoir fait vivre.

En Europe on commence, timidement, à comprendre qu'une zone de monnaie unique sans système de pilotage est une incongruité dangereuse. Jeroen Dijsselbloem et son Eurogroup sont un cache misère sans aucune légitimité ni aucune prise sur rien. Les idées qui sont lancées sont soit la destruction de la zone Euro, soit le renforcement de la dictature bruxelloise, motivées par l'abaissement des Etats,  sous paravent d'un Parlement Européen pseudo démocratique qui a montré sa vacuité lors de la convocation de Psipras,  soit l'émergence d'un couple Franco-allemand, assurant les bonnes options pour l'ensemble de la zone.  Avec une France dans l'état où elle est, bonjour la fantaisie !  La seule vérité est qu'une zone euro doit avoir des institutions spécifiques à la fois techniques et démocratiques et distinctes de la Commission bruxelloise. En résumé, il faut un chancelier de la zone Euro, épaulé par un dispositif représentatif ad hoc assurant la démocratie effective du système.

La France, bouffée jusqu'à la racine par une fiscalité déshonorante pour l'esprit de résistance des Français, voit ses médias faire une place déraisonnable aux thèses du marxiste Picketty, auteur d'un succès de librairie mondial avec une étude qui examine l'assiette du voisin pour conclure que les nouveaux riches sont plus riches que les anciens nouveaux riches, ce qui prouvent que la dette doit être radicalement gommée en leur piquant tout ce qu'ils ont. Plus d'impôts, plus confiscatoires et encore plus ciblés, voilà la solution !  

En un mot aucune des causes de la crise majeure en cours n'est traitée. Au contraire chacune est soigneusement aggravée. Et l'on s'étonne que la crise perdure 8 ans après son déclenchement sans espoir de voir un jour prochain le bout du tunnel.

Ce qui doit arriver arrive. La vrille s'accélère et le sol se rapproche désormais très vite avec un risque de démantèlement complet des circuits économiques normaux.

 

Didier Dufau, pour le Cercle des Economistes e-toile.    

Commentaire
DvD's Gravatar Après les négociations entre l'Eurogroupe et la Grèce, il est maintenant probable que ce qui doive arriver est la fin de l'euro.

Le message clair et net est en effet le suivant : l'euro est une loi d'airain, toute dette est intégralement due et, en cas de réticence à consentir les sacrifices nécessaires, l'Eurogroupe fait office d'huissier pour saisir les biens nationaux, jusqu'au dernier en cas de spirale déflationniste faisant baisser les revenus plus vite que la dette n'est amortie.

Jusqu'ici, les partis anti-austérité (groupe qui inclut 100% des partis politiques français) pensaient pouvoir peser sur la politique économique et monétaire européenne. Il y a quelques années, on caressait même l'espoir de pouvoir émettre des emprunts européens garantis solidairement par tous les États membres. Sarkozy puis Hollande disaient qu'ils allaient faire pression sur Merkel pour donner la priorité à la croissance. On avait baptisé le pacte de stabilité "pacte de stabilité et de croissance" (que la France ne respecte pas, soit dit en passant...). On sait désormais que c'étaient là de douces illusions. La réalité vient d'apparaître crûment. Pour rester dans l'Euro, la compétitivité salariale de l'économie nationale (coût unitaire du travail * productivité du travail) doit s'aligner sur celle de l'Allemagne, ce qui suppose une thérapie de choc puisqu'il s'agit pour la France de rattraper un dérapage de plus de 40 ans dans l'autre direction. Le pays n'est pas préparé et encore moins consentant vu que les responsables politiques de tous bords lui ont toujours fait croire que ce serait possible de raser gratis demain.

Pour échapper à l'austérité, il n'y aura aucun autre moyen que d'échapper à l'euro. C'est l'implication - à méditer avec soin - de ce qui vient de se passer avec la Grèce.

Il est donc très probable que, tôt ou tard, l'euro implosera. C'est malheureux, mais ça donne une fois de plus raison à Le Pen. L'Eurogroupe vient effectivement d'enclencher le processus de destruction de l'Euro. Ça, c'est dans le meilleur des cas. Dans le pire des cas, le processus qui vient d'être enclenché mène à un conflit en Europe, probablement entre la France et l'Allemagne. On va rejouer la cigale et la fourmi, version indemnité de 1871-1873.

Comme la politique économique allemande implique des excédents de balance courante importants de l'eurozone sur le reste du monde dans le cadre actuel du système commercial et monétaire, il est également probable que les tensions montent avec des puissances non-européennes, en particulier la Chine et les États-Unis. C'est là que la stratégie allemande pourrait trouver sa limite car elle n'est pas aujourd'hui équipée militairement pour ce scénario.

Ce qui doit arriver arrive. L'histoire rime.
# Posté par DvD | 14/07/15 01:19
DD's Gravatar Il est clair depuis longtemps, et c'est une des raisons de l'entrée de ce cercle dans le débat public, en 97, que le traité de Maastricht impliquait que tout écart de compétitivité ne pourrait se corriger que par la déflation, solution que l'on considérait comme proscrite depuis 1929.

Sous l'influence de Mundell, on a considéré, à tort, que la fluidité totale des mouvements de marchandises, de personnes et de capitaux permettrait d'opérer des ajustements graduels. On a surestimé la puissance régulatrice des marchés. Et sous-estimé l'importance de l'Etat.

Il y a très peu de marchandises produites en Grèce, sinon le tourisme. L'ajustement par les marchandises est assez délicat à envisager. Pour les produits agricoles, la compétition est un vrai problème. Le marché est trop petit pour ouvrir des usines industrielles importantes. Comme la Corse, la Sicile, la Sardaigne, Chypre, Malte, etc. les économies méditerranéennes ont de grosses difficultés à trouver un schéma de développement équilibré. La productivité interne a beaucoup de mal à grimper.

Les mouvements de personnes jouent : la Grèce exporte sa jeunesse depuis des lustres.

Les mouvements de capitaux ne correspondent à rien faute d'investissement industriels et commerciaux lourds à financer.

La situation dans ces endroits structurellement pauvres est toujours politiquement explosive.

Les stratégies de croissance sont difficiles à élaborer. Utiliser les paysans chassés de leurs terres pauvres dans le textile et l'automobile ? Le pays est trop enclavé et pas assez peuplé. La Turquie est mieux placée. L'informatique et la médecine ? Oui, mais à condition d'exporter ces talents qui ne sont de toute façon qu'une élite. Athènes n'est pas Bangalore.

Donc c'est dur.

Les Grecs ont été longtemps un peuple de petits paysans qui se contentaient de peu et de petits commerçants, avec d'énormes monstres étatiques : avion, transport, énergie, poste, banque, assurance.

L'accès des "élites" aux postes tertiaires,s'est donc fait principalement par l'armée et l'administration et l'envahissement clanique (plus qu'oligarchique) des sociétés nationales.

Avec la concentration urbaine et la montée à l'université d'une part croissante d'une génération, la Grèce s'est retrouvée avec une classe de demi-intellectuels sans débouchés et une autre de déclassés du commerce et de la paysannerie, qui a fait pschitt dans les années soixante dix.

Lorsque l'Europe s'est présentée, personne ne s'est posé de question. On a déversé 100 à 150 milliards d'euros de fonds structuraux et divers sur une économie sans gros secteur privé (en dehors du shipping). Les emplois ont été presque exclusivement créées dans le secteur public. L'accès au crédit à très bas coût a stimulé l'ensemble et c'est comme cela que les villageois se sont retrouvées fonctionnaires dans les villes et les fils de familles cadres supérieurs dans l'Etat et les grands machins publics.

Les grands travaux et l'argent bruxellois ont favorisé la corruption.

On a donc ajouté sur du branlant des masses d'argent exogène et des principes de dénationalisation des grands groupes publics incompréhensibles pour les Grecs, habitués à une seule grande banque, une seule grande entreprise d'électricité, une seule grande entreprise d'assurance, une seule grande compagnie aérienne, une seule autorité portuaire etc.

On a appuyé sur de multiples freins tout en appuyant sur de multiples accélérateurs.

Tous ceux qui étaient au carrefour de la manne se sont enrichis ; la Grèce s'est équipée, souvent même suréquipée. Mais l'essentiel de la croissance du PIB était formé de la contrevaleur statistique du temps passé dans l'administration pléthorique mise en place. Pour calmer le jeu, les "élites" des deux grands clans ont cédé à toutes les revendications catégorielles. On a laissé l'urbanisme au bon soin des petits intérêts locaux. On a réduit partout les horaires de travail, surtout là où les touristes passaient (la réduction des amplitudes d'ouverture des musées et du Parthénon est une fable).

Le choc de la crise mondiale, sur un édifice aussi fragile et branlant, ne pouvait qu'être très désagréable.

La crise mondiale n'a pas été provoquée par la Grèce, mais elle a eu comme partout l'effet de ruiner le système bancaire. Le Crédit Agricole qui en avait racheté un bout en sait quelque chose. Le sauver et financer sa quote-part de la relance était totalement hors de portée d'un pays à la fonction publique pléthorique.

Les Européens ont considéré qu'ils devaient sauver le système bancaire et lui permettre de financer l'Etat Grec, mais au prix de mesures drastiques de réduction de la dépense publique et de hausses d'impôts majestueuses.

Cela revenait à raviver les plaies anciennes et accélérer la prolétarisation des paysans et des commerçants ruinés par la crise, tout en déstabilisant le facile pilier de secours qu'avait été le gonflement de la fonction publique et du secteur public, sous financement extérieur.

Siryza et Aube dorée sont les enfants de cette politique.

Mais le fond du problème n'est toujours pas l'Euro, mais que faire d'une économie méditerranéenne pauvre, pour qu'elle garde le rythme de croissance nécessaire.

Les péripéties actuelles signifient : vous ne pourrez plus le faire à crédit en gonflant un secteur public pléthorique et en distribuant l'argent via les retraites aux cinquantenaires qui se trouvent en difficultés.

Il faut trouver autre chose. Et en plus il faut rembourser vos dettes (enfin, au moins faire semblant comme tout le monde).

On peut penser que Tsipras, c'est un peu court, comme pilote de cette énorme mutation.

Quelle solution productiviste aurait pu proposer l'Europe ? Indépendamment même de la question de la dette, la difficulté est sérieuse et il faudrait interroger la Pythie, même si la réponse est compliquée à déchiffrer.

On observera que cette question n'a jamais été posée, sinon en expliquant que quelques dizaines de milliards permettront de financer des investissements. Mais quels sont les axes stratégiques ?

La question de l'Euro dans tout cela est très secondaire. S'il n'y avait pas eu l'Euro, les banques grecques auraient fait faillite. La Drachme se serait effondrée. L'activité aurait été déprimée et le poids débilitant de la dépense publique aurait été si écrasant que même la planche à billets n'aurait pas suffi. Et le pays serait aujourd'hui très mal. Moins endetté mais très mal. Et tout le monde s'en ficherait, en espérant pouvoir aller au soleil à meilleur compte.

L'Europe globalement a calmé les maux grecs mais sans réponse sur le fond. Avec l'euro on est passé du calmant, au dopage grave à la cocaîne de la dépense publique. On a désormais le retour des maux initiaux plus la cure de désintoxication .


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# Posté par DD | 15/07/15 11:44
Micromegas's Gravatar Cela fait du bien de lire quelque chose d'intelligent sur cette affaire grecque.
# Posté par Micromegas | 15/07/15 14:01
DvD's Gravatar C'est vrai, l'Euro n'est pas le seul ni même peut être le principal problème pour le développement économique de la Grèce (et de l'Espagne, du Portugal, de l'Irlande, des pays d'Europe de l'est devenus membres, etc).

Ce qu'on peut simplement dire de l'Euro, c'est qu'il n'a pas aidé, ni ces pays là, ni les autres pays membres relativement plus développés.

Pour les pays relativement moins développés, l'Euro n'a pas aidé : la monnaie unique a provoqué un afflux massif de capitaux des pays plus développés vers les pays moins développés de l'Eurozone, capitaux attirés par des taux d'intérêt supérieurs en l'absence de risque de change et pariant sur le rattrapage économique de ces pays. L'afflux de capitaux extérieurs - encore amplifié par l'effet multiplicateur des systèmes bancaires nationaux - fût très supérieur aux possibilités d'investissements productifs de ces économies. Ces capitaux se sont donc trouvés mal investis, que ce soit dans l'expansion du secteur public comme en Grèce, la consommation ou l'achat de biens immobiliers comme en Espagne ou en Irlande. Ces investissements non productifs financés à crédit n'ont pas généré le retour sur investissement adéquat pour couvrir le service de la dette. Ils ont donc fortement contribué à augmenter la dette de ces pays relativement à leur production. Ce sont bien ces dettes qu'il faut maintenant rembourser et qui fragilisent le secteur bancaire qui les porte.

Pour les pays relativement plus développés, l'Euro n'a pas aidé non plus : il est édifiant que les pays les plus durement touchés par la crise aient été les principaux bénéficiaires des fonds structurels européens ces dernières décennies (Espagne, Grèce, Irlande, Portugal), montrant ainsi l'inefficacité de ces dépenses à la charge des contribuables des pays les plus développés de l'UE. Ces investissements inutiles et à perte sont des freins pour le développement économique des pays membres relativement plus développés en ce qu'ils augmentent leur propre dette sans aucun retour sur investissement pour la rembourser. Ensuite, les banques des pays membres les plus développés ont largement participé à l'expansion du crédit dans les pays membres les moins développés et y ont perdu beaucoup, entraînant ainsi des restrictions de crédit et des plans de sauvetage à la charge de leur contribuable respectif qui ont entravé l'évolution de leur économie domestique.

Que ce soit pour les pays relativement moins développés de la zone Euro ou pour les pays relativement plus développés, l'Euro a apporté sur le plan économique des inconvénients qui semblent globalement supérieurs aux avantages. Sur le plan politique, il a largement rendu les gouvernements nationaux légitimement élus totalement impuissants, comme viennent de s'en apercevoir les grecs, mais comme il est aussi visible dans d'autres pays. Ces déséquilibres économiques internes à la zone Euro ont accentué les déséquilibres externes à la zone Euro résultant d'un système commercial et monétaire dysfonctionnel. Le résultat est que la dette de pratiquement tous les États membres est insoutenable, à l'exception de l'Allemagne qui a tout de suite compris les implications de l'entrée de la Chine dans l'OMC et a pris sous Schroeder les mesures nécessaires ensuite maintenues par tous les gouvernements allemands successifs (pendant que la France faisait l'inverse avec une faculté à se voiler la face qui laisse pantois).

Ce que montre la négociation récente entre l'Eurogroupe, la BCE et la Grèce est que le prix à payer pour une situation de dette insoutenable au sein de la zone Euro est très élevé. Il me semble ainsi inéluctable que les coûts de l'appartenance à l'euro vont rapidement apparaître largement supérieurs aux bénéfices pour un nombre croissant de pays. C'est pourquoi ce qui doit arriver, me semble-t-il, c'est que l'Euro soit sinon abandonné, du moins restreint à un plus petit nombre de pays avec un niveau de développement économique et une situation financière plus homogène que ce qui est le cas aujourd'hui. Il n'est pas évident que la France puisse faire partie de cet Euro restreint, sauf à réaligner la parité implicite du Franc français pour refléter la perte de compétitivité relative de la France vis-à-vis de l'Allemagne depuis l'introduction de l'Euro.

Bien sûr, sortir de l'Euro et retrouver sa monnaie nationale ne permet en rien de s'affranchir d'une saine politique économique. Cela répartira simplement un peu différemment le coût de résolution de l'excès de dette accumulé. L'éclatement de l'euro ne sera ainsi que la matérialisation au sein de la zone euro de la guerre des monnaies qui bat son plein actuellement au niveau mondial.

Évidemment, ces dévaluations compétitives généralisées seront in fine vaines car la plupart des pays au monde sont dans la même situation et il n'y a simplement pas suffisamment de pays solvables au monde pouvant absorber une partie de l'ajustement de dette des pays non solvables dans un délai raisonnable. Cependant, à ce stade de sauve-qui-peut où nous sommes rendus, cet argument pèsera peu dans la décision individuelle de chaque État.
# Posté par DvD | 16/07/15 08:34
Julien L.'s Gravatar Redoutablement argumenté. Il faut en convenir. L'Euro est néanmoins loin d'expliquer tout. Les fonds structurels sont liés à l'entrée dans l'UE pas dans l'Euro. Tous les Etats, Didier Dufau ne cesse de le rappeler, ont vu augmenter massivement leur taux d'endettement qu'ils soient ou non dans la zone euro. Le surendettement de 8 premières années du siècle n'explique pas l'ampleur de la crise grecque et il est principalement lié à trois ou quatre investissements majeurs (jeux olympiques, nouvel aéroport, autoroutes, nouveau musée de l'Acropole et autres investissements culturels majeurs). Hors de l'Euro, on peut se demander si la situation grecque ne serait pas aujourd'hui bien pire.
# Posté par Julien L. | 17/07/15 21:06
DvD's Gravatar C'est vrai, l'Euro n'explique pas tout et l'endettement relatif est en hausse dans de très nombreux pays hors zone euro. Ce que je dis simplement, c'est que l'Euro a dans un premier temps facilité la hausse de l'endettement dans les pays périphériques de la zone et qu'il complique aujourd'hui leur désendettement relatif. Cette asymétrie dans la gestion des déséquilibres internes à la zone euro me semble devoir conduire à l'éclatement de l'euro dans les années à venir. La Grèce n'est pas cruciale à cet égard. Plus lourd de conséquences pourrait être qu'un pays "core" qui s'appelle la France se trouve depuis 10 ans du mauvais côté de cette équation bien plus rigide que ce que les politiciens ont cru et fait croire. Les politiciens français sont maintenant coincés entre toutes leurs promesses incompatibles. Plus la France tarde à infléchir sa trajectoire, plus il est probable que la divergence avec l'Allemagne se résolve par l'éclatement de l'euro.
# Posté par DvD | 20/07/15 20:20
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Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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