Pris au piège de la démagogie

Dès les débuts de la campagne d’Emmanuel Macron nous avons souligné qu’il cherchait à être positif avec tout le monde, en accumulant les oxymores, et que sa volonté de répondre concrètement au consumérisme électoral constamment aiguillonné par la Presse l’avait conduit trop loin dans la voie de la démagogie et de l’achat de vote (http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2017/4/4/Prsidentielles-2017--Les-quatre-propositions-dmagogiques--les-plus-basses). Deux de ses promesses de campagnes figurent dans la liste des quatre mesures les plus déplorablement démagogiques de la campagne.

Le transfert intégral sur d’autres de 80 % de la taxe d’habitation n’a strictement aucune justification. Il est indéfendable, en morale démocratique, qu’un habitant ne contribue pas, à la mesure de ses moyens, au financement de sa collectivité de base qui apportent les services de proximité. Sinon on n’est plus un citoyen mais un parasite. C’est vraiment l’exigence minimum. Et il appartient au maire de la moduler et surtout d’éviter qu’elle ne soit trop élevée pour des services inutiles ou insuffisamment efficaces. Effectuer ce transfert pour 80 % de la population est une insulte crachée au visage et au portefeuille des 20 % autres, et à la conscience de 100 % des démocrates.

La hausse massive de la CSG, de 25 % sur les retraités, de 20 % pour les autres, est un coup de massue fiscal qui demanderait être justifié. À un moment où la conjoncture se tient enfin un minimum, et alors que le taux d’imposition est le plus haut du monde, on ne voit aucune raison de prélever à nouveau 20 milliards d’Euros sur les ménages. Cela n’a aucun sens.

S’il ne s’agit que de financer des cadeaux aux masses pour acheter le vote électoral, où est, à nouveau, la morale démocratique ?

Dire : « je donne du pouvoir d’achat aux salariés » est un abus de mot. Seule la croissance de l’économie et le retour au plein-emploi justifient la hausse globale des revenus. Les salariés du privé ont été les mieux servis, ces dernières années, du fait de la politique patronale qui a consisté à ne plus investir et à bunkériser l’activité existante, tout en acceptant des pertes irresponsables de compétitivité par une politique libérale de hausse des rémunérations. Voler l’argent des retraités dont le revenu net a constamment baissé depuis 8 ans pour en faire cadeau à d’autres, dont le revenu est en croissance, est un abus de pouvoir pur et simple. Christophe Barbier, qui joue au couteau sa place sur sa révérence et sa soumission totale au nouveau pouvoir, s’y est essayé inlassablement sur les chaînes de la TNT, et s'est ridiculisé à l’exercice. Quand il n’y a pas de bonnes raisons, sinon l'achat de votes, il n’y a pas de bonnes raisons. Inutile d’en chercher.

De voir s’échiner trois anciens membres du parti d’en face, ralliés sans vergogne à l’adversaire et empressés d’éliminer leurs camarades aux législatives (le propre du renégat), à tenter de trouver des justifications à ces mesures absurdes, sans même croire devoir démissionner du parti qui leur a permis de faire carrière, à quelque chose de passablement abaissant pour les Français, témoins obligés de cette farce abjecte.

Qu’ils ne parviennent pas à mettre en musique cette symphonie fiscale frelatée est plutôt réjouissant. Emmanuel Macron avait cru qu’en laissant la patate chaude aux ralliés de la dernière heure et aux traîtres de comédie, il pourrait s’en sortir sans se salir les mains. C’est raté. Il aura suffi que la vox populi fasse valoir qu’on en revenait à Hollande 2012, pour que parte de la coulisse un coup de pied occulte particulièrement ajusté et pour que « Jupiter » soit obligé de remettre les mains dans sa propre mélasse fiscalo-électorale.

Il le fait par une relance à pic totalement médiatique. Mais, comme dans le lit du Procuste, dès qu’il tire à droite, cela sort à gauche et réciproquement. Il n’y a rien à faire pour tirer partout « en même temps ». Comme dans les Westerns, on voit une jolie danse où les pieds se lèvent en cadence pour éviter les balles. Emmanuel Macron est le danseur, mais c’est lui qui a tiré les balles.

Espérons pour le pays qu’on ne passera pas trop vite du danseur au guignol. Quant aux Philippe et Lemaire, quel effondrement et quelle nouvelle honte !

Commentaire
Micromegas's Gravatar Voici que l'on annonce une baisse de 20 milliards de la dépense publique en 2018. Alors pourquoi augmenter de 20 milliards la CSG ?
# Posté par Micromegas | 11/07/17 21:50
Siem's Gravatar Vous avez raison. L'équipe Hollande a essayé d'acheter le vote en lâchant la dépense. L'équipe Macron lui a volé la vedette avec plus de promesses encore. Ces programmes sont illisibles en terme d'intérêt national et même de simple logique. Il aurait mieux valu que le Premier ministre propose la suppression des mesures démagogiques et en même temps leur financement inutile, tout en annulant toutes les mesures Hollande. Il aurait trahi une nouvelle fois mais pour la bonne cause. Que viennent faire dans cette galère quasi obscène d'incohérence la triplette venue des LR ? On les use avant de les jeter. Les voilà multipliant les retournements et les incohérences. Tout cela pour avoir épousé un plan de carrière de secours après s'être faits marginaliser dans leur propre camp.

On reprochait à Hollande de n'avoir aucune vision. C'était exact. Mais quelle est celle de Macron ? Régler sa dette aux électeurs achetables n'est pas une vision. Il était interdit de commenter le programme Macron qui n'a fait, pendant la campagne, l'objet d'aucune analyse. Ensuite il était interdit de le critiquer (interdit que vous avez heureusement foulé aux pieds). Les faits suffisent pour mettre par terre cette conception lamentable. Voir une certaine presse tenter de lui donner de la cohérence est cocasse.On fait tout ce qu'on a toujours affirmé qu'on ne ferait pas. Le bloc des Marcheurs est devenu celui des derviches. Quel renouveau !
# Posté par Siem | 12/07/17 10:28
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