Un SCHEMA explicatif fondamental

Comprendre l'actualité économique et politique

Le graphique qui explique tout

 

Ce schéma n’est pas une statistique mais une approche de ce qui s'est passé depuis l’effondrement des accords de Bretton Woods en été 71. La référence, base 100 dans le graphique et ligne rouge, est la valeur d’un panel de biens dont la valeur est sinon stable du moins représentative d’une certaine permanence. À 50 %, on retrouve la valeur du m2 moyen dans cinq grandes villes du monde (New York, Tokyo, Londres, Paris et Shanghai). Les autres 50 % sont constitués d’or, de diamant, de terres rares et de pétrole. Les autres courbes sont bien connues. On a pris celles de la France depuis 1971. Après avoir été lissées par moyenne mobile sur dix ans, elles ont été réduites à une ligne droite et déflatée par l’indice de référence.

On voit apparaître l’évolution des courbes en « valeur stable de référence » (VSR) et non en monnaie. Les résultats sont spectaculaires et surtout expliquent bien des évènements actuels.

La monnaie : la valeur de la monnaie s’est effondrée. Le Franc (puis l’Euro) a perdu presque 97 % de sa valeur en VSR, comme le Dollar et pratiquement toutes les monnaies administratives.

Les prix : Les prix ont baissé plus vite que le revenu. Ce qui veut dire qu’il y a eu hausse du pouvoir d’achat apparent mais une baisse forte en VSR qui n’est pas perçue, les gens raisonnant en monnaie courante.

Les impôts : La fiscalité a cru plus vite que le revenu, ce qui a entraîné une régression fréquente du revenu net disponible. En s’accrochant au patrimoine des assujettis, l’impôt des personnes payant l’ISF a pu dépasser 100 % de leur revenu, ce qui était intenable à terme.

La dette : La dette en VSR a baissé compte tenu de l’effondrement de la valeur de la monnaie mais elle a cru plus vite que la fiscalité, et que le revenu. Les classes moyennes ont maintenu leurs dépenses par l’endettement, comme l’État.

Les gros patrimoines : étant investi largement en valeurs de référence, la valeur patrimoniale des très très riches n’a pas baissé en VSR.

Le luxe : le très grand luxe, comme toujours, a fui devant la fortune.

Les champions de la mondialisation, propriétaires d’entreprises mondialisées, ont vu leur patrimoine s'accroître, même en VSR

Quatre points spectaculaires : la baisse relative du niveau de revenu par rapport à l’immobilier ; la baisse du revenu moyen par rapport au patrimoine des « vainqueurs de la mondialisation » : le rôle phénoménal de la dette ; la hausse déraisonnable de l’impôt par rapport au revenu.

Une fois ce tableau en tête, on peut mieux analyser et les causes et les conséquences de ces évolutions.

La cause principale : La conjonction de l’effondrement du communisme et d’un système monétaire international déséquilibré.

Le système mis en place après 1971 (change flottant et liberté du commerce international) a permis à la Chine et aux autres pays sortis du communisme de rejoindre la mondialisation, sans aucune contrainte d’équilibre commercial. L’effet négatif sur le revenu a été massif dans les pays développés, alors que la mondialisation permettait aux gros salaires liés à la mondialisation de se maintenir. En faisant sauter l’obligation de maintenir des comptes équilibrés, les changes flottants ont permis à la Chine d’accumuler des excédents monstrueux alors que le système de Bretton-Woods aurait imposé une réévaluation. Le recyclage de ces excédents a provoqué une hausse phénoménale de l’endettement et l’effondrement de la valeur de la monnaie. Les crises à répétition liées également aux défauts des changes flottants, ont entraîné des dépenses d’état qui ont été payées par l’impôt et la dette.

Il faut ajouter l’effet de l’irrédentisme musulman et sa tentation terroriste, associée à sa longue maîtrise des puits de pétrole qui a naturellement eu un effet sur la croissance par la hausse induite du coût de l’énergie.

Les conséquences deviennent lisibles.

Lorsque, au moment des manifestations des Gilets Jaunes, on entend : « avant on était pauvres mais on s’en sortait maintenant c’est fini », cela tient à la hausse globale de pression fiscale (aggravée par la violence administrative et l’extension sans fin des mesures bureaucratiques coûteuses et dont l’effet n'est jamais évalué) et à la difficulté de se loger compte tenu du prix relatif de l’immobilier.

Les salariés ne parviennent plus à payer leur loyer sur leur revenu. Ils doivent donc emprunter à mort et les taux négatifs répondent à cette exigence.

En vendant leurs biens immobiliers pour des résidences plus modestes ou en région, les retraités disposant préalablement d’un patrimoine sont parvenus à s’en sortir. La chute de la natalité induit que les héritages sont relativement plus positifs s’ils sont en biens stables en VSR. Ils permettent aux héritiers une certaine aisance de consommation, compte tenu de la baisse des prix en VSR. Du coup les fiscalistes socialistes étatistes s'excitent à l’idée de leur piquer cet « avantage » dans la décrépitude générale.

L’extension du « populisme », c’est-à-dire du rejet des élites par la classe moyenne, tient au fait que la hausse relative du revenu par rapport au prix, une fois déduit les impôts et les frais incompressibles, est très faible pour les petits revenus. Savoir que les classes moyennes des pays ex-communistes se sont fortement enrichies les laisse parfaitement indifférent.

Ajouter à des perspectives de restriction à la croissance et à la mobilité, une politique de dépenses publiques nouvelles indéfinies avec des hausses fiscales associées gigantesques ne peut que provoquer que des réactions violentes de rejets. Tout le monde a compris que le bonneteau fiscal auquel s’amuse le gouvernement n’est pas une vraie baisse, la dépense publique augmentant plus que le revenu moyen. Une perspective de baisse massive des retraites ajoute nécessairement à la peur et à la colère. Plus personne n’a de perspectives positives.

La gauche fiscaliste, bureaucratique et antinationale, qui accepte des règles de mondialisation qui ne protègent pas, n’est plus admissible pour la classe ouvrière et les classes moyennes, notamment dans les zones en déclin structurel. Son adhésion à la dépression écologique aggrave les choses.

La droite mondialiste, celle qui n’a aucune explication des crises et aucune politique pour les prévenir, et qui laisse la concurrence ruiner le revenu des classes moyennes, tout en acceptant de céder la souveraineté à l’Europe en externe et à la bureaucratie énarchique à l’intérieur, n’est plus écoutée.

Le « macronisme » qui a été vu par une droite menacée et une gauche en désarroi comme une manière de protection contre le populisme de droite et de gauche n’a pas de solution. Il a provoqué une crise de confiance majeure en n’ayant aucune vision extérieure, et aucune prise en compte des causes fondamentales de la crise structurelle de la mondialisation démarrée en 1971 (au contraire, on se fait botter le c… par les États-Unis sans réagir) et en aggravant les mesures bureaucratiques violentes et coûteuses, tout en inquiétant l’ensemble des Français sur un projet de retraite d’inspiration bureaucratique et qui noie le poisson des vraies inégalités, dans un océan incertain et anxiogène de régression à long terme.

En raisonnant en VSR en non plus en monnaie courante, la situation s’éclaire avec une netteté frappante, aussi bien sur le terrain politique qu’économique et social.

 



Commentaire
DvD's Gravatar Très éclairant !

Toute direction politique qui n’a pas un diagnostic fondé de la situation mise en lumière par votre graphique, ainsi qu’un programme opérationnel et ayant reçu une large adhésion populaire pour y remédier est vouée à l’impuissance et à l’échec.

Ce n’est que trop visible en France.
# Posté par DvD | 21/12/19 12:27
T. Humbolt's Gravatar Venu sur ce site en suivant un lien sur Maurice Allais, je découvre ce graphique qui est en effet très éclairant. C'est si explicatif que je me demande comment il se fait que personne n'ait encore présenté les données fondamentales sous cette forme. Je n'avais pas pris conscience à ce point du rôle fondamental de la monnaie et de la chute du communisme dans tous les évènements actuels. Je pense que vous êtes en droite ligne de la pensée de Maurice Allais telle que je la comprends : inquiétude sur l'ouverture totale à la Chine et abandon de la protection à la frontière de l'Union Européenne ; Monnaie débridée. Je pensais sa pensée un peu outrée, mais, je révise ma position en vous lisant.
# Posté par T. Humbolt | 21/12/19 12:47
Siem's Gravatar Schéma passionnant en effet et parfaitement explicatif. Mais tout aussi problématique pour la pensée dominante.

Les tenants des États-Unis et d'un atlantisme soumis ne veulent pas entendre de critiques contre les changes flottants.

Les tenants de l'européisme fédérolâtre ne veulent pas entendre de critiques contre la politique de traités commerciaux de la Commission et contre les excédents allemands.

Les tenants du socialisme fondé sur l'impôt et la dette ne veulent rien entendre non plus.

Allez trouver des journaux (et des journalistes) capables de braver tout ensemble ces trois forces dominantes !
# Posté par Siem | 21/12/19 14:09
DD's Gravatar @T. Humbolt

Nous sommes dans la filiation de Maurice Allais. Nous avons rejoint le forum du Monde, alors sur Compuserve, en 1997, justement pour défendre ses thèses alors que le prix Nobel était présenté comme un vieux gâteux fasciste. Après, nous avons créé ce blog pour continuer. Ses thèses sont toujours d'actualité.

@Siem.

Ce blog a justement été créé parce que strictement personne dans le monde de l'économie officielle n'a intérêt à développer ces idées qui vous mettent directement en conflit avec toutes les forces qui comptent dans une carrière d'économiste.

Comme on ne pourra le faire très longtemps pour des raisons d'âge (tous les membres de notre groupe étaient déjà largement senior en 1997 et entrent désormais dans les frimas du très grand âge, comme Maurice Allais à la fin des années 90), nous essayons de consigner dans des livres la synthèse des idées que nous défendons et qui, aujourd'hui encore, ont du mal à faire leur trou en dépit de la pédagogie totalement congruente qu'offrent les évènements.
# Posté par DD | 21/12/19 17:51
marc durand's Gravatar Oui, la Chine est un problème, mais je ne les blame pas complètement:

Si j'ouvre une entreprise en France, j'aurais un potentiel de 66 millions de clients, avant meme d'avoir vendu un produit, j'aurais déjà reçu l'URSSAF et autres taxes a payer, en plus je ne peux pas ouvrir le dimanche, je ne peux pas travailler aux horaires que je veux ...............

Exemple concret j'ai repris une station service en SARL aux capital de 50 000 francs français en février, un mois plus tard je reçois une lettre des impôts pour la taxe professionnelle a payer de 1 million de francs, 20 fois mon capital, j'appel mon comptable, il fait annuler cette taxe puisque je n’étais pas la le 1 er Janvier, mais je l'aurai a payer l’année suivante.

j'ai travailler jusqu'en août, puis j'ai compris que je n'arriverais pas a payer la taxe l’année prochaine, j'ai arrêter mon activité, ca sert a rien de travailler pour payer l’État.

En Chine, ces problèmes n'existe pas, j'ouvre 7 jours sur 7, je travaille aux horaire que je veux.

Le 1er problème que je vois est la speculation immobilière, de ce problème découle, les augmentation de salaire et tout le reste.
# Posté par marc durand | 25/12/19 05:30
Jacques Rayman's Gravatar On arrive exactement aux mêmes conclusions en faisant une analyse en terme de "nombre de jours de travail moyen pour" qui est aussi une manière d'éviter l'illusion monétaire.

En monnaie, l'Insee arrive aussi à une baisse de pouvoir d'achat en monnaie depuis 2008 (plus de 400 euros).

La discussion intéressante porte sur la baisse plus rapide des prix que du revenu dans votre schéma. "Les prix à la consommation" de l'Insee sont de plus en plus contestés, notamment quand on tient compte à la baisse des effets d'enrichissement des produits, sans tenir compte à la hausse de la déqualification des produits et des services. Certes les téléphones sont de plus en plus puissants mais Liedl vend de plus en plus de produits dégradés en qualité pour baisser les prix. De même la qualité des équipements a beaucoup baissé même pour les grandes marques. On ne tient pas en compte l'obsolescence programmée.

Il n'est pas sûr que l'écart de votre graphique entre revenu et prix soit aussi important. Je ne suis pas loin de penser qu'il y a stagnation du pouvoir d'achat depuis 1975.

Il est certain que le produit disponible défini comme pouvoir d'achat moins dépenses administratives imposées a nettement baissé en France depuis 1975. La France est bien la championne de la tyrannie fiscale mais aussi de la tyrannie administrative.

La politique française (de droite comme de gauche), et le passage à l'euro, ont terriblement aggravé les conséquences des causes de la crise de longue durée que vous donnez.
# Posté par Jacques Rayman | 27/12/19 11:35
Jean Leridan's Gravatar Formidable graphique qui explique bien des choses. Bravo !
# Posté par Jean Leridan | 29/12/19 12:55
Philippe's Gravatar Excellent graphique auquel il manque le prix de l'Or
35$ l'once en 71 - 1580 $ en 2020 soit 45 fois plus .
Autre aspect : La Chine et l'Allemagne sont les grands accumulateurs d' excédents commerciaux.
L' accès de la Chine au WTO en 2001 est l' oeuvre de nos chers énarques. L Union Monétaire avec les Targets 2 qui permettent aux allemand d'accumuler les excedents sans les remettre au pot de la monnaie commune est un autre exemple de calcul politique a perte continuelle.L'important est quel 'idiot qui paye des impots en France la ferme .
# Posté par Philippe | 04/02/20 15:24
Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

Association loi 1901

  
BlogCFC was created by Raymond Camden. This blog is running version 5.9.002. Contact Blog Owner