Erreurs évitables et déficits abyssaux : la fin de la désinvolture ?
En ce début d’automne, les mauvaises nouvelles tombent en France plus abondamment que les feuilles mortes.
On découvre soudain qu’un gouffre budgétaire s’est ouvert sous nos pieds dont l’ampleur est réévaluée d’heure en heure jusqu’à atteindre des niveaux improbables, alors que nous pensions remonter la pente depuis l’été 2022 et la fin du Covid. On visait un déficit budgétaire autour de 4 % du PIB en attendant les 3 % canoniques. Le chemin inverse a été emprunté de façon inopinée en 2023 et voici que le gouvernement tout soudain annonce des déficits de 5 % puis 6 % et peut-être 7 % pour 2025 ! Les économies de dépenses publiques devaient porter sur vingt milliards, puis trente, puis quarante. Nous voici à 60 milliards de ressources à trouver alors que nous sommes le premier pays du monde pour la fiscalité et les prélèvements de tout genre. Pire ; beaucoup d’économistes pensent qu’il faut obtenir environ 330 milliards d’euros d’économies budgétaires ou d’augmentation fiscales, en trois ans, pour revenir à une situation qui cesse de glisser vers les abîmes…
Il a fallu bien de la désinvolture pour avoir désinformé les Français aussi longtemps et aussi complètement alors qu’on les menace désormais d’une nouvelle raclée fiscale.
Il a fallu bien de la désinvolture vis-à-vis du monde paysan pour créer un cadre réglementaire et économique aussi précaire et démoralisant pour l’ensemble de la profession. Les caprices météo et les épidémies ont achevé le travail. Les récoltes sont historiquement basses, les élevages sont ravagés. Une société décide d’un trait de plumes de ruiner des centaines d’élevages laitiers. Et la Commission européenne ne pense qu’à revenir au « green deal » sans les concessions faites à la suite des manifestations paysannes européennes du début d’année.
Il a fallu bien de la désinvolture pour détruire notre base industrielle dans les proportions que nous constatons aujourd’hui avec une loi ZAN qui étouffe tout projet nouveau.
Il a fallu bien de la désinvolture pour détruire partiellement notre filière nucléaire et énergétique et mettre le pays dans la situation de payer son électricité à peu près deux fois plus cher que ce qu’il était possible d’envisager.
Il a fallu bien de la désinvolture pour laisser la natalité s’effondrer au point que le remplacement générationnel soit compromis. Si nous avions conservé le ratio naissance/population de 1970, nous aurions 500 000 naissances chaque année presque le double qu’actuellement.
Il a fallu bien de la désinvolture pour laisser une immigration de peuplement, majoritairement musulmane et souvent anti française, atteindre en 2023 les 500 000 entrées par an, alors que la revendication islamiste n’hésite pas à tuer et que certains veulent importer " l’intifada", c'est à dire la guerre ethnique et religieuse, en France même.
Il a fallu bien de la désinvolture pour laisser croire que les soldes migratoires effaceraient les soldes démographiques internes.
Il a fallu bien de la désinvolture pour laisser s’effondrer l’Éducation Nationale, la Justice et la Santé.
Il a fallu bien de la désinvolture pour laisser les médias publicsmettre en scène inlassablement des idéologues qui ont répété ad nauseam que la dépense publique illimitée était indispensable et que la dette n’avait jamais eu la moindre importance.
Il a fallu bien de la désinvolture pour faire dépendre tout notre développement économique futur d’une inculpation outrée du CO2 comme source principale des évolutions climatiques (une affirmation qui est aujourd’hui considérée comme aventurée et même carrément fausse par nombre de scientifiques incontestables). Se concentrer sur cette sottise empêche d’agir efficacement sur une multitude de difficultés écologiques qui restent sous-estimées.
Il a fallu bien de la désinvolture pour désigner les propriétaires immobiliers comme des vaches à lait inépuisables et accumuler sur leur tête l’IFI, les impôts fonciers, les impôts sur les plus-values, les impôts de succession, les blocages de loyers, les taxes sur les bureaux, les surtaxes sur les appartements vides, les interdictions de louer, le risque du squat et désormais des obligations réglementaires insupportables, provoquant dans un contexte de hausse des taux d’intérêt et d’inflation, une récession terrible du secteur, pouvant aller jusqu’à 50 % dans certains segments du marché.
Il a fallu bien de la désinvolture aux Français pour se laisser largement convaincre qu’ils pouvaient vivre mieux et travailler moins avec l’argent des autres.
Il a fallu bien de la désinvolture pour ne jamais évoquer la question des récessions à répétition. Pourquoi les énormes excédents et déficits de balances de paiements sont-ils si dangereux ? Pour une raison élémentaire : les milliards de milliards de dollars accumulés dans des pays excédentaires ne peuvent pas s’investir utilement, puisque les pays endettés perdent leur industrie et que celle du pays en excédent est déjà en pleine forme. Cet argent est donc employé dans l’immobilier étranger,dans les bourses internationales et dans le financement des dettes publiques et privées (un cercle vicieux). Les valeurs ne pouvant monter jusqu’au ciel, elles décrochent périodiquement en provoquant des récessions. Jusqu’en 1971, sous le régime de Bretton Woods, grands déficits et grands excédents étaient proscrits. Les récessions ont alors disparu, remplacées par de simples ralentissements, jusqu’à 1971. On connaît la suite.
Il a fallu bien de la désinvolture pour ne pas voir que l’Euro ne permettait plus les ajustements au sein de l’Euroland et que trois pays excédentaires représentaient près de 90 % des flux de la BCE, en général pour investir dans l’immobilier méditerranéen et diverses spéculations (dont on a vu la pérennité et la sagresse lors de la crise spécifique de l'Euro en 2011).
Il a fallu bien de la désinvolture pour laisser Mme Lagarde littéralement étrangler la croissance en 2023 par une élévation des taux d’intérêt disproportionnée, alors que l’inflation était totalement circonstancielle, importée et rapidement en voie de réduction.
Il a fallu bien de la désinvolture au président Macron pour se tenir coi sur ces questions et finir par candidater sur un projet monétaire anti occidental monté par les Brics et se voir claquer la porte au nez !
Il a fallu bien de la désinvolture pour provoquer une dissolution absurde et scandaleuse qui a entraîné le blocage du Parlement et la nomination du gouvernement précaire actuel, dont l’extrême faiblesse est la seule force.
Il a fallu bien de la désinvolture au gouvernement Barnier pour expliquer quasiment dans la même heure que la crise sera payée par 0,3 % de la population (une cynique astuce politicienne de garçon de bain) et indiqué qu’il allait prélever 4 milliards d’euros sur les 17 millions de retraités et augmenter des taxes sur l'électricité qui frapperont tout le monde.
Renoncer à la désinvolture, c’est indiquer aux Français qu’ils doivent, dans les trois à cinq ans qui viennent, produire environ 600 milliards de valeur ajoutée dont la moitié servira à sortir le budget de son impasse et à sauver le système social. Ce n’est possible que si on renonce aux t"rente-cinq heures" et à une retraite trop précoce qui nous a valu 75 % de la dette extravagante actuelle.
Renoncer à la désinvolture, c'est rétablir la démocratie, en rendant impossible le régime actuel d'Enarchie compassionnelle où les hauts fonctionnaires ont capté toute la vie politique, en rétablissant l'indépendance française sur les décisions fondamentales à son avenir, en mettant en tête des proccupations l'effondrement de la natalité et la destruction autoentrenue de l'enseignement, en supprimant la dictature d'un politiquement correct qui a sombré dans le deshonneur au sein de tous le système d'information publique et en contenant avec hauteur de vue le "gouvernement des juges".
Renoncer à la désinvolture, c'est s'interdire les politiques folles de gratuité, généralement non financées, les relances qui ne marchent pas en régime de changes flottants, la généralisation des catégories victimaires avec subventions et droits acquisitifs, la création de marchés entièrement dépendants de l'argent public, l'accumulation de strates administratives nationales et internationales, et le maintien sans révision des "crédits votés" à des politiques qui ont perdu leur intérêt ou ne rendent pas les services attendus à un coût raisonnable.
Oui, Français, osons enfin renoncer à la désinvolture !
Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef, aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants, explications sur le retard français, analyses de la langueur de l'Europe, réalités de la mondialisation, les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable. Association loi 1901 |
L'ennui de la situation est l'obligation de sortir, en même temps, de la colère, des dégâts, des mensonges alors que nous avons perdu notre indépendance et que nous sommes à la corde.
La désinvolture est la joie perverse d'être irresponsable. L'irresponsabilité se paie.
Luc Ferry ce jour sur LCI a proposé ses choix. Pour lui la politique doit d'abord se préoccuper des legs de la période à notre descendance. Il ne faut pas leur laisser une situation dégradée. Ce n'est pas du conservatisme pur mais du précautionnisme. Agissons pour que l'avenir ne soit pas pire qu'aujourd'hui, qui est formidable. Il faut que la vie dure plus longtemps en bonne santé, que les femmes se libèrent plus encore, qu'on comprenne mieux la laïcité, que l'esprit européen progresse et que nous enfants soient plus riches que nous, en sachant que le bonheur est une foutaise et l'individualisme narcissique une erreur métaphysique et politique.
Cela voudrait dire que nos actions et inactions actuelles ne devraient être gouvernées que par la perspective longue même si la prospective est une discipline pratiquement morte.
Démocratie, liberté, sécurité, propriété, natalité, santé, savoir, beauté et prospérité sont pourtant des objectifs à court terme, pour les générations actuelles et montantes. Creuser l'idée d'une civilisation de qualité n'a pas de frontière temporelle.
Le "Ici et maintenant" a fait partiellement le succès de l'Union de la gauche. Le socialisme a toujours gâché le présent et rendu l'avenir difficile, c'est vrai. Mais on peut définir un programme pour ici et maintenant qui ne soit pas une offense pour l'avenir. Au contraire.
- Les mauvais systèmes monétaires, imposés par les États-Unis ou créés par l'Union Européenne, ont rétabli le cycle des récessions et cassé l'investissement productif au profit de la spéculation.
- La mondialisation financière a permis aux États de se gorger de dettes et les nations les plus folles s'y sont livrées sans limite par démagogie électoraliste ou idéologie ou facilité
- Les pays industriels ont sous-traité la production en cherchant la pureté environnementale chez eux sans se soucier de détruire progressivement leur classe moyenne et de livrer à l'étranger ses meilleurs biens.
- La France a choisi de repos du guerrier, la dette et les dépenses publiques tout en sacrifiant son emploi.
- Ce sacrifice a fait monté les extrémistes, comme partout ailleurs en Occident.
- Nous avons donc une crise sociale, économique, budgétaire, financière, politique et morale qui impose que quelque chose change.
- Mais nous avons organisé notre impuissance et basculé dans une dénatalité mortifère en la célébrant.
- Le malaise est dans le pré, dans les banlieues, dans les grandes villes et dans les bourgs.
Les hauts fonctionnaires qui ont pris le pouvoir pour "arbitrer" la société sont dans l'incapacité de remettre le train sur des bons rails, parce qu'ils ont profité à mort des avantages à court terme de la situation et se sont comporté comme une caste intouchable qui n'avait à rendre des comptes qu'à elle même quitte à organiser une information fausse et trompeuse.
Le choix d'un personnage en difficulté mentale manifeste pour diriger le pays a fini dans le pire : le chaos institutionnel et désormais un président qui "décompense" et fait littéralement n'importe quoi.
On est au delà de la désinvolture. Bonjour les dégâts.