Défection américaine inattendue : pour l’Europe et la France, sortir de la nasse est impossible !

Depuis un siècle, l’Europe et les Etats-Unis n’ont jamais connu de relations tranquilles. Ces derniers ont empêché la France vainqueur de l’Allemagne en 1914 d’organiser la paix de façon durable, ce qui nous a valu Hitler, une défaite historique et une occupation sauvage vingt ans plus tard. L’éternelle gratitude que l’on doit aux alliés pour la libération de la France en 1944 est légitime. Mais il a fallu empêcher l’Amgot, c’est-à-dire l’imposition d’une monnaie américaine en France. Dès la fin de la guerre, la politique des Etats-Unis vise à détruire les empires européens. Elle bloque conjointement, déjà avec l’URSS, l’opération de récupération de nos droits sur le canal de Suez. Ensuite elle milite, toujours en liaison avec l’URSS, pour la destruction des empires, par la décolonisation, afin d’ouvrir ces marchés à leurs entreprises. L’Europe de Jean Monnet, pilotée par la CIA, a essentiellement pour but d’affaiblir la France, le Royaume uni et l’Allemagne, en les noyant dans un ensemble inoffensif. Surtout, le 15 août 1971, les Etats-Unis décident l’abandon unilatéral de leurs obligations monétaires internationales. Engagés à convertir à taux fixe le dollar en or, ils violent leur parole et l’argent des Européens et font sauter le système monétaire international décidé à Bretton Woods, accords qu’ils avaient déjà détournés à leur avantage par manœuvre astucieuse à la fin de la conférence, en imposant le dollar comme proxy de l’or dans le nouveau système.

Cette défaillance a conduit à l’énorme crise de 1973, au cartel pétrolier, et depuis, à une dégringolade ininterrompue des taux de croissance dans les pays développés, expliquée par les crises financières à répétition, moyennes, comme au début des années quatre-vingt et au début du siècle, extrêmement violentes, entre 1992-1994, puis en 2008-2009, dernière crise doublée par la crise de l’euro de 2011. Depuis cette date les pays européens vivent dans une stagnation de longue durée et depuis deux ans la France et l’Allemagne sont en récession, si on choisit, pour rendre les chiffres comparables, la méthode allemande de calculer l’inflation, sans que jamais un mot ne filtre dans la presse.

Le système des changes flottants sans aucune règle applicable aux grands excédents et aux grands déficits a provoqué pendant cinquante ans une suite de désastres économiques lamentables et créé une situation désormais pathétique, avec des niveaux de dettes ingérables.

Et voilà que, victimes également de ce système monétaire défaillant, les Etats-Unis de Donald Trump veulent une fois de plus frapper leurs partenaires de l’Alliance Atlantique au portefeuille pour régler ses propres problèmes. Soulignons l’incongruité de la position américaine qui veut à la fois battre monnaie mondiale et imposer le dollar, ce qui impose un déficit massif de sa balance des paiements, et taxer les excédents ainsi créés en contrepartie. Une parfaite injonction contradictoire. En refusant désormais de payer pour la sécurité de l’Europe et en essayant d’extorquer à l’Ukraine des ressources qui sont pour l’essentiel dans les zones conquises par la Russie, Trump se lance dans une seconde injonction contradictoire.

L’Europe à la fois abusive et portée à dépasser les limites des traités, et ectoplasme, de Mme Van der Leyen qui est structurellement alignée sur Washington et qui est devenue le vecteur du Wokisme, de l’immigration musulmane et africaine illimitée, du gouvernement des juges, et de l’explosion des nations par la création de régions autonomes, est devenue une machine soumise aux lobbies et créatrices de normes totalement asphyxiantes en tout domaine, d’une écologie anti-croissance encadrée par des échéances intenables, tout en laissant l’économie européenne décrocher par rapport au reste du monde. L’énorme extension du champ de l’Union a rendu la gouvernance problématique. Elle l’a rapprochée des frontières de la Russie qui a vu son glacis traditionnel fondre. L’Union Européenne s’est jointe aux Etats-Unis pour la réussite de la révolution Orange, un coup d’Etat tout de même. Elle a laissé le gouvernement ukrainien traiter brutalement les territoires de l’Est, russophones sinon russophiles provoquant la réaction que l’on sait, stoppée par les accords de Minsk, signés par Hollande et Merkel qui ont affirmé en rigolant qu’il s’agissait de gagner du temps pour armer l’Ukraine. La Crimée était récupérée au passage par Moscou sans presque coup férir.

Tout ceci n’était possible qu’à l’abri de l’Otan et des armées américaines, abri considéré comme éternel. Hollande du temps d’Obama, en Syrie, avait pourtant constaté que les Etats-Unis pouvaient lâcher l’Europe.

Le triomphe électoral de Trump a fait sauter les illusions. L’Europe seule est désarmée. Les Etats-Unis ont réclamé d’abord que l’Europe paie pour sa sécurité, ce qu’elle a commencé timidement à faire, avant de supprimer carrément la couverture militaire qu’elle assurait. Tout cela pour accentuer la pression sur l’Ukraine, sommée de cesser la guerre et d’accepter la pax americano-russe, c’est-à-dire la perte de ses provinces de l’Est.

Alimenter la guerre en Ukraine tout en essayant de minimiser sa vulnérabilité sur les multiples points de contacts avec la Russie est simplement impossible sans la couverture américaine.

La solution serait, selon les européistes, de créer une énorme dette européenne de 700 milliards d’euros permettant de se réarmer, de suppléer les Etats-Unis dans l’aide à l’Ukraine, de devenir autonome sur l’intelligence artificielle, tout en conservant le calendrier de décarbonation mis en place dans les conditions que l’on sait par M. Timmermans. On se contenterait de réduire un peu les contraintes écologiques. On n’est même plus dans l’injonction contradictoire mais dans la dinguerie pure.

Un point à noter qui a son importance : depuis sa réunification, l’Allemagne s’est autonomisée en Europe et revient à ses politiques anciennes notamment contre la France. Elle essaie depuis 25 ans de détruire notre énergie nucléaire. Les énormes excédents qu’elle accumule au détriment de tous ses « partenaires européens » et notamment de la France faussent totalement la gestion financière de la zone euro. Trois pays représentent 85 % des flux de la BCE, avec en tête l’Allemagne. Pratiquement tous les secteurs industriels français sont passés dans des mains allemandes. On voit que l’Allemagne prend ses décisions sans consulter personne, que ce soit l’accueil de plusieurs millions de Musulmans du Moyen-Orient et de la Turquie, ou de la brusque fermeture de ses frontières. Pour rappel, nous avons ici proposé un pacte de réduction des déséquilibres avec une taxe progressive sur les excédents, totalement ignorée par nos dirigeants dont la pauvreté d’esprit et de réflexion est consternante depuis bien longtemps.

Pour la France la situation est critique. Elle est dirigée par un foldingue narcissique et phraseur qui a bloqué les institutions politiques et qui parade en s’agitant dans le vide quand il ne va pas se faire rouler dans la farine et humilier à Washington ou à Moscou. Elle est soumise aux exactions de la « rue arabe » qu’elle a laissées se constituer et se fait humilier tous les jours par l’Algérie et les autres ex-colonies avec la bénédiction soumise d’Emmanuel Macron. Ses finances publiques sont dans un état désespéré et les hauts fonctionnaires qui ont capté toute la vie politique ne pensent qu’à de nouveaux impôts alors que nous sommes les premiers au monde pour les prélèvements. Notre balance commerciale est désespérément déficitaire.

Dans une telle situation que peuvent faire la France, l’Union Européenne et l’Europe au sens large ?

Pratiquement rien de ce qui aurait été efficace.

La France aurait dû rapidement sortir de son marasme politique actuel avec démission d’Emmanuel Macron, élection présidentielle et élections législatives. La seule force structurellement adaptée à la situation aurait été nécessairement de tradition gaulliste. Il ne dépendait que de LR de se reconstruire à l’époque des « conférences programmatiques » et ne pas se diluer plus longtemps dans le centrisme mou à la Lecanuet. La condition : éviter la soumission prolongée à Macron que symbolise le gouvernement Bayrou, après avoir débloqué la nécessaire loi budgétaire.

Militairement, il aurait fallu constituer une nouvelle alliance de défense européenne avec le Royaume-Uni, la Pologne, les pays baltes, la Finlande, éventuellement la Roumanie, avec renforcement des contingents sur la frontière russe. À plus long terme on peut imaginer que l’Allemagne rejoigne la coalition. Cette alliance militaire à très court terme avec deux puissances nucléaires et des forces au sol consistantes, aurait permis de faire face immédiatement à toute éventualité, quoi qu’il arrive en Ukraine et quelle que soit l’attitude américaine. Bien sûr, ces forces sont largement approvisionnées par les Etats-Unis et dépendant de beaucoup de systèmes américains. Mais rien n’interdisait les accords commerciaux pour les approvisionnements. Trump n’en est pas au point de renoncer à des achats européens, alors qu’ils représentent plus de 61 % des fournitures militaires de l’Europe.

Il aurait fallu prendre l’initiative sur le front financier et géopolitique, en proposant au monde une organisation monétaire basée sur les principes de Bretton Woods, mais sans le dollar, faisant une alliance entre Brics (sans la Russie), et Europe. Les piliers dans cette affaire auraient été l’Inde, la Chine, l’Amérique du Sud et les pays africains, sans les Etats-Unis. Les grands déficits et excédents auraient été bannis, règle qui aurait dû être imposée au sein de la zone Euro. Un nouveau Fonds monétaire mondial (FMM) aurait été constitué avec son siège à Paris pour faire respecter les règles de l’alliance monétaire mondiale. L’idéal aurait été d’obtenir l’accord du Japon et de la Corée du Sud. Mais leur dépendance aux Etats-Unis est telle que la chance d’un tel leur accord aurait été faible.

Dans les deux cas, ces nouvelles coalitions auraient eu du sens si elles avaient été montées par des états souverains disposant de leur monnaie. Hélas l’Europe a choisi de créer l’Euro, ce qui aurait impliqué la Commission, associant contre leur volonté des pays pro russe ou pro américain. La monnaie unique tue en fait tout espoir de mettre fin aux changes flottants dominés par le dollar ! Paradoxe !

Dans ces deux cas, les prétentions fédérales de l’Union européenne sont un obstacle à des solutions décisives pour faire bouger Trump.

Il est probable que l’Union européenne va une fois de plus prétendre évoluer vers un État fédéral souverain en profitant de la situation, d’une part en faisant entrer le militaire dans son rôle et ensuite en prétendant monter un plan d’emprunt massif pour faire pièce aux investissements américains, mais en restant dans l’OTAN et en faisant tout pour restaurer la « bonne entente » avec les Etats-Unis.

L’Allemagne bloquée à la fois dans ses exportations et ses approvisionnements serait néanmoins la championne du réarmement. Pays le plus peuplé, le plus central et bientôt le plus puissant en armement conventionnel, il deviendrait de facto le leader principal de l’UE. La France, même avec sa bombe atomique, est incapable de fournir une couverture de sécurité à l’ensemble de l’Europe continentale. Pour la France, c’est un désastre de plus. Elle va se retrouver avec une armée puissante à ses frontières dans cinq à dix ans. Retour du bon vieux temps.

 

La Russie peut-elle attaquer en Roumanie, en Suède ou dans les pays Baltes ? On a affirmé que Poutine avait tout raté en puisqu’il a réussi à faire entrer d’anciens pays neutres dans l’OTAN. Mais cette OTAN ne dispose plus désormais du chapeau américain. Un marché de dupes !

La France est dans une situation désespérée. Avec sa dette de 3 400 milliards, ses prélèvements de 1 650 milliards, qui sont égaux à la valeur ajoutée annuelle des entreprises commerciales et industrielles, sa démographie malade, sa transition énergétique destructrice avec la désagrégation de son industrie automobile et la crise immobilière, et depuis 2008 son état de stagnation voire de dépression économique, elle ne peut pas changer de politique militaire rapidement, même en prétendant être en guerre. Bercy ne voit dans la situation que des avantages : l’administration va pouvoir voler le capital accumulé des Français pour financer la dette en prétextant de l’état de guerre alors qu’on est en état de guère.

Politiquement Emmanuel Macron va prendre prétexte l’état de guerre pour tenter de se sauver de la situation ubuesque où il s’est mis tout seul. La table renversée par Trump bouleverse toute la vie politique en France.

Plus aucun parti n’a de programme. Ni même d’identité ou de projet. Les postures actuellement totalement formatées par des questions intérieures : immigration, sécurité, drogue, émeutes urbaines, Wokisme, prélèvements, sont totalement annihilées par les développements. Internationaux.

Le RN coincé par ses relations avec la Russie et son soutien à Trump, bientôt privé par la justice de Marine le Pen, a perdu tout discours.

LFI déconsidéré par son soutien au Hamas et aux dictatures sud-américaines, honni pour la virulence de son antisémitisme délirant, dont son égérie Rima Hassan est le plus parfait témoin, et prisonnier de son option pro russe, fille de son engagement trotskiste, n’est plus rien dans une situation où la perspective de guerre devient crédible.

Le couple Zemmour-Knafo maintient que le problème numéro 1 est la crise migratoire et continue son flirt avec Trump. Ses perspectives sont très incertaines.

Les Verts sont à découvert. Tout le monde a constaté que leur objectif était Wokisme, gauchiste, décroissant, révolutionnaire antitout, étouffant et idéologisé. L’écologie n’était qu’un prétexte et de toute façon la violence écolo n’est plus acceptable.

Le PS n’est plus rien. Comme le macronisme.

Il reste le Modem traditionnellement à la botte des Etats-Unis et européiste, dont on voit qu’il est aussi étatiste et socialisant. Sa vraie ambition est de détruire la Ve République. Toutes ses réformes visent à casser des mécanismes institutionnels.

LR ayant refusé de se structurer après les élections de 2022, est toujours un corps sans tête, largement dépecé, sans projet ni programme, alors qu’un « moment gaulliste » est en cours.

La politique n’est plus qu’une guéguerre féodale pour les postes entre princes, barons et comtes, dans le néant programmatique total. Postures, narratifs plus ou moins construits et éléments de langage de circonstances suffisent.

Quelles perspectives pour la France ? Silence général. Nous sommes en récession mais surtout n’en disons rien !

Deux vérités qui sortent de l'occultation : le drame de la dénatalité ; le drame de l'énarchie

et des marchés administratifs artificiels

Si quelqu'un t'a offensé, ne cherche pas à te venger. Assieds-toi au bord de la rivière et bientôt tu verras passer son cadavre. Lao Tseu.

C’est pareil en matière d’idées et d’observations de la réalité. Si l’information publique a été offensante pour la vérité, ne cherche pas à la dénoncer ! Vis une vie tranquille et tu verras la vérité passer à la télévision comme si les mensonges précédents n’avaient jamais existé.

Notre Cercle est en train de vivre un moment tout à fait exceptionnel où beaucoup des observations que nous ressassons et des critiques que nous formulons, qui ont été exclues de l’information officielle pendant des décennies, deviennent des évidences qui ne prêtent même plus à discussions.

Le premier sujet qui vient de connaître son assomption soudaine comme révélation éclatante est le drame démographique. Depuis des lustres nous considérons devoir critiquer la mise au rancart d’Alfred Sauvy et la honte qui baigne les messages des démographes officiels (et notamment de l’INED) qui ont d’abord affublé Michel Debré de l’entonnoir de la folie sur la tête et qui, pendant 50 ans, ont répété que la France n’avait aucun problème démographique et faisait mieux que tout le monde. Surtout ne pas contrarier le mouvement féministe, la pilule, l’avortement, le contrôle des naissances, la destruction du mariage, la dénonciation de la « dictature de l’enfantement » et autres fariboles. La natalité se maintenait presque par enchantement. En fait la natalité de familles immigrées arrivant en masse expliquait les apparences de bonne santé démographique alors que le constat de la réalité était depuis au moins quarante ans et surtout depuis le tournant du siècle, absolument catastrophique.

Il était depuis longtemps évident que nous perdions 500 000 naissances par an ! Depuis l’an 2000 jusqu’en 2025, c’est près de 12.5 000,000 enfants à naître qui se sont évaporés, deux fois les victimes de la guerre de 14 dont le récent anniversaire de l’armistice a montré les conséquences délétères. La chute des naissances ? Aucun impact négatif ! On l’occulte, on la nie, on la minimise. On n’anticipe aucune conséquence. Pas un mot dans les médias. Rien, sinon des polémiques sur l’immigration et le grand remplacement, le tabou absolu. Le briser était devenir l’émule des chambres à gaz et d’Oradour sur Glane.

Tout a changé après une publication : la baisse des naissances était telle en 2023 que le solde démographique était descendu à 47 000. Le chiffre qui vient de sortir d’un excédent démographique de 17 000 seulement pour 2024 sonne une forme de tocsin. À ce rythme, la population en France, avant solde migratoire, baissera dès l’année prochaine. Cela fait mauvais genre

En vérité la population de souche, disons celle qui descend des familles présentes en 1890, baisse probablement depuis 2005 environ. Toute la hausse de la population provient de l’immigration installée, par ses naissances, ou s’installant  depuis cette époque. Désormais elle ne tient plus qu’au solde migratoire annuel.

Il est intéressant que pendant cette descente aux enfers démographiques, on a vu le président Hollande réduire les allocations familiales et son successeur Macron constitutionnaliser le droit à l’avortement gratuit sans condition. Le réarmement démographique par l’accélération des spermatozoïdes a été annoncé par lui en 2024, un haut-commissariat à l’enfance en 2025. Paroles, paroles, paroles… M. Bayrou négocie un abaissement de l’âge de départ à la retraite qui est déjà de 2 à 5 ans inférieur à celui des autres pays comparables. Une parfaite dinguerie.

Autant dire qu’après l’occultation, la négation, la minimisation, l’exonération triomphe. Surtout ne pas toucher aux vraies causes. Les vaches sacrées restent sacrées. Même si le désastre est désormais bien présenté par le système médiatique.

L’article de Pierre Vermeren dans le Figaro du 17 janvier témoigne qu’un autre pan de mensonge vient de tomber. Depuis la création du Cercle nous dénonçons, dans une grande solitude, le triomphe de l’Enarchie Compassionnelle et Bienveillante, caste désormais saisie par le prurit du népotisme et soucieuse de s’enrichir par le développement d’un capitalisme de connivence basé sur les « marchés administratifs », l’intermédiation dans la vente des pépites économiques nationales, la prise de commissions sur la souscription de dettes démesurées, et la captation de rentes de situation.

Vermeren explique, de façon inutilement complexe, qu’une noblesse d’état s’est constituée qui pompe les rentes et accumule les privilèges comme à la veille de la chute de l’Ancien Régime.

Il voit bien que la richesse va à ceux qui ont mis en place ce que nous appelons nous « des marchés administratifs » et qui vivent en consanguinité avec l’énarchie et les grands prêtres du mondialisme. « Plus ce secteur se développe, plus le secteur indépendant s’asphyxie ; l’agriculture, l’artisanat, l’industrie et le commerce s’étiolent ».

L’ennui de l’analyse de Vermeren est qu’elle est juste sur les constats et fausse sur les causes. Il n’aime pas les grandes villes et il vaticine souvent contre les services et la consommation, donc la grande distribution, ce qui affaiblit ses démonstrations.

Tout le monde se souvient (malheureusement) du livre Paris et le Désert Français d’un géographe nommé Jean-François Gravier, dont l’argumentaire était proche de la débilité totale, mais la coïncidence avec ce que les gens voulaient entendre presque parfaite. Il a cautionné les jérémiades de la Province et capitalisé sur le rejet de la grande ville, impopulaire dans ce pays de paysans que fut la France. Bientôt il ne fallait pas refaire Paris en province avec les capitales régionales. Bouh les vilaines ! C’est encore et toujours la bible de Vermeren, comme Onfray ou Lisnard.

On trouve donc un paragraphe à peu près incompréhensible sur l’Île de France. « L’ingénierie de l’économie de rente a offert une profitabilité inespérée au temps de l’économie de production. Mais si cette « reconversion industrielle » a permis de maintenir l’Île de France en région la plus riche d’Europe, les dégâts sont considérables ». « En développant l’informatique, les autoroutes de l’information et la net-économie nous aurions obtenu une profitabilité très supérieure ».

Si les grandes villes se sont développées partout après-guerre, cela tient d’abord au fait qu’elles permettent de se saisir d’opportunités de croissance dans une économie de la connaissance et du service. Comme le disait le regretté Léon Chaix, cofondateur du Cercle : « la vraie misère est paysanne. La preuve les pauvres viennent en ville ! ». La ville est un incubateur ; une couveuse, une serre, un amplificateur d’activités et d’innovations.

Si le bon Pierre Vermeren voulait quitter son confort intellectuel qui nage dans le brouillon et l’approximatif, il serait obligé de mettre en cause, comme nous :

-            La captation de l’État, de la politique, à tout échelon, des grands groupes d’Etat, de la banque, de l’assurance et de la presse par l’Enarchie. N’ayant aucune connaissance technique, les hauts fonctionnaires ont fait de la finance en s’assurant une part du gâteau au passage. Et organisé par la réglementation, la subvention et la taxation, des dizaines de marchés administratifs qu’ils ont captée pour eux et leur progéniture.

-            L’écologie : elle a servi de prétexte à la multiplication des marchés administratifs tout en tuant l’industrie, l’agriculture et la construction.

-            L’européisme qui a justifié de démanteler et privatiser, au profit de groupes d’oligarques et donner beaucoup de moyens aux destructeurs de l’économie nationale

-            Le socialisme et la démagogie des slogans « les riches peuvent payer » ou « la dette ce n’est pas grave »

-            Le féminisme et la destruction de la natalité et de la liberté d’organiser librement l’entreprise en France

-            La démagogie basée sur les cadeaux au peuple, la gratuité et l’achat de vote électoral

-            La « cancel culture » et le Wokisme qui ont tué l’école et les universités.

-            L’insouciance monétaire qui a conduit à mettre en place des systèmes délétères.

-            Le mondialisme sans régulation qui a mis le travailleur français en concurrence inégale avec les pays arriérés décidés à s’en sortir.

L’ennui, c’est que là, on n’est plus protégé par un langage abscons et il faut faire face aux intérêts puissants de tous ces gens-là qui ne font pas de cadeaux.

La lucidité des constats si elle ne s’accompagne pas d’une démarche de vérité sur  les causes ne sert à rien.

Les chiffres noirs qui endeuillent l’avenir de la France

2023, 2024, 2025 : la trilogie sinistre ?

L’année dernière, à la même période, nous avons refusé de souhaiter une bonne année car les nuages noirs étaient tellement noirs et tellement nombreux qu’il était certain que l’année 2024 serait funeste. L’année 2 024 restera comme une des pires années de l’après-guerre. La responsabilité en revient à 100 % à l’incapacité maladive d’Emmanuel Macron. Réélu sans débat approfondi sur les questions cruciales qui se posent aux Français, la guerre en Ukraine et la tactique de communication lui ayant permis « d’enjamber » les élections présidentielles, la victoire a réarmé son narcissisme tout en le confrontant au vide politique qui le caractérise. N’ayant aucun bilan, en dépit d’un narratif qui bassine le pays du contraire, et ayant déjà ruiné les finances du pays, il n’avait plus le choix : il fallait faire au moins une réforme sérieuse qui ne soit pas un faux-semblant. En même temps il fallait éviter que les conséquences de sa désinvolture vis-à-vis des paysans, des retraités et des propriétaires provoquent des réactions incontrôlables par l’Élysée. Impossible de réellement conduire un pays si on cède à tout dans l’Union Européenne, où seul le président a un pouvoir de blocage, même partiel, si le commerce extérieur élargit ses déficits, avec une part décroissante dans le commerce mondial, si la production ne suit pas et si le chômage reste structurel. Car alors, le budget devient ingérable et les fonctions régaliennes ne peuvent plus être assurées.

Narcisse a alors voulu narguer et provoquer tout le monde en forçant une réforme des retraites qu’il avait lui-même dénigrée lorsqu’il défendait une réforme par points, impraticable, qui est tombée à l’eau après cinq ans d’atermoiements et non à cause du Covid. La preuve, il n’a pas repris le projet ! Jamais une réforme critique n’a été si mal préparée et si mal conduite, dans un climat hystérisé par le Président lui-même. La réforme sera imposée au forceps et entraînera une forme de révolte populaire sous forme de casserolades et de propos injurieux. L’attitude habituellement méprisante du chef de l’Était a fait le reste. Pour résister, il a organisé des opérations images ridicules, où le Président embrassait des bébés devant quelques femmes énamourées qui roucoulaient, entourées de caméras et pas de grand-chose d’autre. Gare aux photos à plan large… Le but unique : construire un narratif où le président voyageait partout au milieu des embrassades et des applaudissements, sans le moindre bruit de casseroles. En fait on a continué la seule politique constante qu’a jamais conduite l’équipe de l’Élysée : bâtir et sauvegarder le narratif hors-sol du président ! La France, pendant ce temps-là, pouvait s’enfoncer.

Préparer la suite, c’était marquer un changement de cap pour bénéficier de la prime attendue des élections européennes. Alors on demande à Attal et Séjourné de se « dépacser » pour être prêt au renouvellement de l’équipe gouvernementale, prévu en début d’année, au prix de l’évacuation sans délicatesse de Mme. Borne, jugée sinistre et incompatible avec l’image recherchée par le Président. Avant même que l’Ange Gabtiel et son joli minois ne soient nommés, l’ensemble de l’Europe agricole s’est mis en mouvement. Elle est ruinée par le Greendeal, construit en particulier par Pascal Canfin président de la commission de l’environnement au Parlement européen avec l’aide d’Emmanuel Macron, totalement responsable d’un « deal » qu’il aurait dû bloquer comme Président. On sait de quelle grotesque façon l’affaire s’est finie au Salon de l’Agriculture où le président a expliqué aux agriculteurs ce qu’ils devaient faire, bien caché par un parterre de CRS.

Dans ce maelström, personne n’a eu l’occasion de s’inquiéter les résultats budgétaires détestables (et minorés) de l’année 2023, plombant toutes les perspectives ni de s’inquiéter surtout les chiffres tragiques de la natalité, en forte baisse et laissant un solde démographique national presque ridicule de 46 000 personnes, avec la menace d’un chiffre négatif à très courte échéance.

Malgré les efforts de communication délirants pour essayer de faire de Gabriel Attal une esquisse de premier ministre, en vain, la campagne pour les Européennes se présentent bientôt sous les pires auspices. D’erreur de casting en erreur de message, la cote de l’inconnue choisie pour mener la liste européenne de Renaissance, nouveau nom des macronistes, ne cessera de chuter au point d’atteindre un niveau ridicule qui sera une terrible gifle pour un Narcisse blessé. On connaît la suite : une décision de dissolution vengeresse et irresponsable, six mois de chaos et une fin d’année lamentable où aucun des problèmes nationaux n’a pu connaître le début d’une solution. Le bilan de ce second quinquennat est, au bout de deux ans, accablant. L’accumulation des situations critiques est sans fin :

-        Crise institutionnelle depuis la dissolution folle d’Emmanuel Macron au sortir de son échec terrible aux Européennes

-        Crise démographique à un moment où les courbes de décès rejoignent les courbes de naissances, et pointent vers une baisse de la population

-        Crise de l’énergie avec des coûts extravagants provoqués par la casse de notre système nucléaire et la volonté européenne de pousser des énergies erratiques et incontrôlables.

-        Crise du secteur automobile prié de se convertir dans des délais farouches à l’électricité et démoli par les réglementations, les taxes, les injonctions diverses. On parle de 700 000 chômeurs de plus en Europe.

-        Crise inédite de l’immobilier, accablé de taxes, d’impôts, de réglementations extrêmes à mettre en œuvre dans l’urgence.

-        Crise de l’aménagement du territoire avec une loi Zéro Artificialisation Nette qui paralyse tout le monde.

-        Crise des finances publiques et du budget en déficit incontrôlable

-        Crise agricole, provoquée par des politiques coercitives malthusiennes fondées sur la folie bureaucratique, la jachère et la substitution des importations à la production nationale.

-        Crise sociale avec la stagnation des revenus et de l’emploi des classes moyennes provoquant une revendication hagarde de pouvoir d’achat.

-        Crise des politiques publiques, avec une Justice effondrée, une école en déshérence, une université qui a sombré dans le Wokisme le plus débilitant et un secteur de la santé ravagé par la bureaucratie tatillonne et l’étouffement syndical et financier.

-        Crise nationale, avec le développement de conflits raciaux et religieux que l’on croyait éliminés à jamais et l’envahissement des villes et des villages par des masses africaines et musulmanes qui haïssent pour beaucoup d’entre eux le pays d’accueil, et renient tous les principes qui fondent sa démocratie.

-        Crise sécuritaire, avec la multiplication des crimes de sang, la peur partout, le vol généralisé, la violence des jeunes, le refus de respecter quelles que règles que ce soit.

-        Crise de la drogue, avec un pays en voie de « mexicanisation » et un début de généralisation de la corruption des acteurs publics, par la peur ou par le gain.

-        Crise européenne, déclassée économiquement loin derrière la Chine et les États-Unis, et qui voit les institutions de l’UE échapper à tout contrôle, alors que des pays clés comme l’Allemagne et la France sont en récession.

-        Crise diplomatique, alors que flambe la guerre sur le sol européen.

-        Crise militaire où l’on constate que notre armée « échantillonnesque » qui tient tout entière dans le Stade de France, ne nous protège plus et serait incapable de mener une guerre de type classique plus de 2 jours.

-        Crise climatique, avec des phénomènes brutaux, dont l’explication « anthropique » laisse à désirer

-        Crise du système de retraite détruit par la démagogie d’un âge de départ intenable, par le vieillissement et l’absence d’enfants

-        Crise du système scolaire et universitaire.

On ne voit pas comment on aurait pu faire pire. La crise des institutions paralyse l’amélioration de la situation dans tous les autres domaines. La France va à vau-l’eau et coule doucement.

La France vient de vivre une année complète de paralysie gouvernementale. Le premier trimestre a été stérilisé par la crise agricole et le changement de gouvernement, le second par la préparation des élections européennes. On a géré les affaires courantes le reste de l’année 2024 et on recommence en 2025.

Certains tabous et mensonges tombent brutalement dans ces périodes de crise.

En deux ans le grand mensonge démographique a été balayé. Depuis des années les médias nous abreuvent de mensonges sur la situation démographique, bien aidés par des piliers de l’INED comme Le Bras et quelques autres. Tous les hommes politiques qui ont tenté de conserver une politique nataliste ont été présentés comme des fous. On se souvient de Michel Debré affublé d’un entonnoir sur la tête, symbole de folie. Alfred Sauvy a été marginalisé et son message occulté. Tout allait bien en France, alors que partout ailleurs les difficultés s’accumulaient. C’était une fable ! La pilule, le divorce facile, le pacs, l’avortement, le planning familial, un féminisme militant remettant en cause les femmes au foyer, l’intérêt du double salaire, le refus de considérer l’enfantement autrement que comme un acte individuel de la femme concernée, jusqu’aux délires actuels faisant de l’accouchement une « servitude », du sperme une substance toxique, de l’homme un violeur structurel, ont évidemment altéré en profondeur la natalité. La femme n’est pas une poule pondeuse et son rôle n’est pas de fournir de la chair à canon ! Qu’on se le dise ! En 2 024, on a constitutionnalisé le droit à l’avortement gratuit inconditionnel. À l’unanimité ! Alors qu’on sait que tout vote à l’unanimité est la preuve qu’on fait une sottise.

Sans remonter jusqu’aux années soixante-dix, remarquons que depuis le début 2000 on a procédé à 5 millions d’avortements à 700 euros l’acte, soit près de 3.5 milliards d’euros consacrés à éliminer des enfants à naître, pardon des « boules de molécules ». C’est plus que les pertes démographiques de la guerre de 14. Et on croit que cela n’a pas eu d’importance ?

Lorsqu’on compare le ratio naissances sur population de 1971 à celui de 2023, on voit qu’avec notre population actuelle nous devrions avoir 500 000 enfants DE PLUS par an que les naissances actuelles. Depuis l’an 2 000, nous avons perdu 12 500 000 naissances, dont 5 millions par avortement. Cela correspond à la population de l’île de France.

Ce désastre pouvait être constaté d’année en année depuis les années quatre-vingt. Pas un mot. Tout allait bien. Il a fallu qu’en début 2024 on constate pour 2023 que le solde entre naissances et décès était devenu ridiculement petit, annonçant un croisement des courbes et le non-remplacement générationnel à très court terme, pour que tout le monde se réveille. 2 024 s’annonce déjà pire que 2 023. Et il n’y a aucune raison que cela s’arrête. Déjà les statistiques par département montrent que dans les départements à faible niveau d’immigrés, les décès l’emportent sur les naissances et que les courbes s’écartent de plus en plus et très rapidement.

Globalement les décès concernent à 90 % des Français « de souche » et les naissances correspondantes en concernent moins de 60 %. Cela signifie que la population française traditionnelle diminue d’environ 300 000 personnes par an. Puisque la population continue de grossir par l’immigration, cela signifie qu’une substitution de population a bien lieu. Formulation totalement taboue.

Qu’importe, puisque la population augmente par l’immigration. Le problème est que la population immigrée a un taux de productivité faible et un taux d’emploi faible, donc un impact sur la production très faible. Outre les questions diverses que pose une immigration massive, elle ne suffit pas à compenser les pertes, tout en embolisant les services sociaux qui sont à l’agonie (urgences, logement d’urgence, HLM, préfectures) et en bousculant police, justice et système pénitentiaire.

Donc les résultats sont désastreux.

D’après le livre de Nicolas Baverez, Sursaut (l’Observatoire), immigration comprise, la population devrait augmenter jusqu’à 69 millions jusqu’en 2 044 et régresser ensuite. La part de plus de 65 ans passera les 30 % dès 2030. La population active stagnera autour de 30 millions.

Sur ces bases, tous les autres déclassements s’amplifient. Le rang de la France pour le PIB, le PIB par tête, la part des fonctionnaires, le montant de la dette, le déficit commercial, les parts de marché internationaux, tout s’aggrave. Les entrepreneurs, les ingénieurs et les chercheurs quittent la France, comme les personnes riches et les artistes : « Ce n’est plus en France que cela se passe ! », la phrase qu’on entend partout dans le monde.

Macron a tenté de tenir en soutenant la consommation par la dette. On est au bout de ce chemin. Son « idée », en fait cette facilité démagogique, de couper les financements naturels (taxe d’habitation, charges et impôts sur certains salaires) sans leur substituer d’autres recettes, a accéléré le développement d’une dette insoutenable.

Il devient impossible de recruter des salariés correctement formés. Les taux de chômage sont les mêmes qu’en 2007 avant la crise mais on crie qu’on a vaincu le chômage structurel alors que c’est un gros mensonge.

L’écologisme et ses prescriptions fondées sur un narratif scientifique incertain, manipulé par l’ONU et l’Union Européenne, ont un coût démesuré pour des résultats climatiques nuls. Les taxes, la bureaucratie et l’écologisme ont tué le marché immobilier. Agriculture et industrie sont en régression rapide et massive.

L’année 2025 s’engage sous des auspices catastrophiques, sans possibilité d’obtenir un gouvernement digne de ce nom et capable d’une véritable action de longue durée, alors que la France n’a plus de diplomatie, d’armée adaptée aux besoins, ni d’influence en Europe où l’Allemagne a pris le pouvoir ou en Afrique dont elle est éjectée manu militari au profit de la Russie et de la Chine !

Dire qu’Emmanuel Macron a amplifié tous les facteurs de déclassement est un euphémisme. L’ennui provient de l’absence de substitut crédible. Au fond du trou, on ne trouve que des vers de terre, pas les moyens d’un rebond. Pour le sursaut, M. Baverez, on attendra !

Les Français veulent plus de dettes, plus de vols fiscaux pour « les autres », moins travailler et moins longtemps, avec moins d’enfants et plus de gratuités. Les nourrir de démagogies systématiques leur va très bien et ils en redemandent. Vive les grèves et les manifs violentes ! Alors pourquoi se gêner ? On a les Macron qu’on mérite !

Bonne Année 2025 !

Le retour du mensonge économique décomplexé

Alors que la procédure budgétaire se termine, les postures politiciennes reprennent de plus belle pour sortir de là avec une image pas trop abîmée. Du coup, les interventions dans les médias reprennent tous les mensonges, toutes les approximations, tous les bidonnages habituels. C’est surtout vrai du côté de ce qui reste de Macronistes, qui tentent par tout moyen d’échapper à l’accusation d’avoir non seulement créé une crise institutionnelle grave mais d’avoir détruit peu à peu l’économie qu’ils déclaraient comme leur point fort. Dans ce processus, l’ancienne porte-parole Prisca Thévenot s’est mise en valeur. Il est vrai que pour elle il ne s’agit que de répéter avec détermination les sottises bien apprises et régurgitées pendant des années. On trouve également des intervenants sur les chaînes d’information de la TNT qui sont ou partisans ou totalement nuls en économie. Le mensonge qui a été le compagnon de toute la présidence Macron revient à toute force.

Quelques exemples :

-            Nous avons réduit le chômage structurel en France ! Pas de chance, le taux de chômage en juin 2024 était exactement le même qu’en juin 2008 juste avant la grande récession. En vérité la situation est pire car la France ne fait plus d’enfants et on a accepté une immigration de peuplement et non de travail.

-            L’attractivité de la France a été fortement améliorée comme en témoignent les investissements étrangers en France. Oui, il y a eu des opérations- image en ce sens incessantes, dès avant même que Macron se présente aux Présidentielles ! En fait, nos déficits gigantesques ont permis aux pays en excédent et aux grosses entreprises financières de solder beaucoup de ce qui nous restait d’entreprises efficaces ou non. L’affaire du Doliprane, après mille autres, a montré que les prédateurs raflaient et que la création de richesses en France n’était jamais au programme. Transformer une prédation incontrôlée mais sur laquelle quelques membres des élites administratives touchent, en investissement productif est sans doute le pire mensonge macronien car il a accompagné toute sa trajectoire jusqu’au désastre final.

-            Nous ne sommes pas en récession et notre politique de l’offre marche. Seuls les Allemands sont en récession depuis deux ans. La vérité : nous sommes exactement dans la même situation que celle des Allemands. En dépit de dépenses publiques phénoménales, la stagnation annoncée par l’INSEE de façon malhonnête s’est transformée avec les chiffres corrigés en récession. Le changement de premier Ministre puis la campagne hystérique pour les Européennes ont été entièrement montés pour cacher la réalité de la récession dans un brouillard de propagande hors-sol.

-            Le délire d’annonces de retour phénoménal de l’activité s’est fracassé sur la réalité des énormes restructurations de grosses entreprises, des milliers d’emplois supprimés, de la hausse vertigineuse des faillites. Le bâtiment et l’immobilier sont ravagés ; le secteur de l’énergie est ravagé ; l’agriculture est ravagée ; presque tous les faux marchés basés sur la subvention sont mourants ; le secteur automobile est entièrement asphyxié. L’Europe est largement en cause mais Emmanuel Macron, le seul qui pouvait bloquer certaines décisions intolérables, n’a rien fait. Sa responsabilité personnelle dans la crise immobilière est totale.

-            On nous répète que Macron a baissé les impôts. Jamais le niveau de prélèvements n’a été aussi haut avec des déficits inimaginables. Supprimer une forme de prélèvement sans toucher aux besoins qu’il finance, n’aboutit qu’à la hausse d’autres sources de prélèvements ou à de la dette.

-            On nous explique que la productivité du salarié français est supérieure à celle de l’ouvrier allemand. C’est une farce. En chargeant à mort pendant des décennies les prélèvements sur le travail, on s’est privé de tous les emplois à faible productivité et fait monter le chômage structurel. Les seuls emplois restant imposent une forte productivité. Les autres emplois ont été sacrifiés. Les coups de pouces au SMIC se sont arrêtés. Et les dirigeants depuis des lustres ont essayé de baisser les charges sur le travail en les déplaçant ailleurs dans l’économie. Cette politique de Sapeur Camembert, creuser un trou pour en boucher un autre, a toujours été un échec. L’énormité du secteur administratif local, régional et national, couplé à une réglementation démente, est une source de perte de productivité globale non maîtrisée et qui ne le sera jamais tant que les hauts fonctionnaires garderont le pouvoir politique.

-            Le fret ferroviaire est aussi l’occasion d’affirmer n’importe quoi. La crise de 73 a imposé que le gouvernement français se penche enfin sur le désastre de la gestion de la SNCF depuis la Libération. Giscard a accepté de lancer le TGV contre des réformes de fond et la fin de la gabegie dans les pratiquement tous les domaines. Il a fallu se séparer des agences de location de voitures, qui perdaient tout l’argent qu’on voulait, contrôler les filiales maritimes, qui perdaient au moins tout ce que les syndicats volaient, revenir sur les dessertes innombrables et sans rentabilité, et contempler le désastre du fret. Première règle : aucun propriétaire de camions ne laissera sa machine et son contenu à la CGT ! Seconde règle : un quai de fret pour les mouvements de marchandises lourdes (billes de bois, charbon, billes d’aciers, liquides divers, exige qu’il y ait encore des entreprises capables de les financer et de la rentabiliser, des horaires pour faire marcher les trains, des voies de liaison qui ne sont pas celles des TGV., etc. Et une rentabilité du service. Tout cela était manquant. La désindustrialisation se propageant et l’option du tout TGV inlassablement confirmée, le réseau de fret de la SNCF a été réduit comme une peau de chagrin et presque intégralement remplacé par des camions de plus en plus gros. La volonté non contrariée de l’Europe de casser les monopoles nationaux a fait le reste.

-            Une autre grosse ficelle de la propagande est de vouloir toujours associer moment de la prise de retraite et pénibilité. Héritage des grandes grèves Juppé du siècle dernier, l’idée de pénibilité, venue du centrisme mou, est venue s’installer dans le débat politique sur des bases totalement politiciennes. La pénibilité n’est là que pour permettre aux cheminots et autres employés des entreprises publiques de réseau de conserver leur privilège et de sauver un régime dérogatoire qui n’a aucune justification, sinon le chantage. Le travail sur la pénibilité est fait au jour le jour justement pour éviter les postes trop pénibles ou ayant une action pénalisante sur la santé et le vieillissement. Les lois du travail ont pratiquement tout résolu dans le domaine depuis des lustres. Le bon état à l’âge de la retraite n’est pas du ressort de la retraite. Quand en finira-t-on avec ce lâche message politicien totalement honteux et ridicule.

Un des intérêts du gouvernement Barnier était qu’il pouvait enfin libérer l’information de cette chape de plomb de sottises et de propagandes mensongères. La prise de conscience a partiellement eu lieu. La Macronie est en train d’organiser l’étouffement de ce message, en profitant de ne plus être totalement aux manettes. Les autres doivent s’organiser pour dire : stop au retour du mensonge ! Et appuyer vraiment là où cela fait mal. Les conseillers de Macron lui suggèrent depuis le départ qu’un mensonge répété et relayé, dans un pays sans connaissances économiques, devient une réalité perçue comme telle par l’électorat. Ce système doit être dénoncé férocement.

La réalité se venge toujours.

 

Didier Dufau

-             

Erreurs évitables et déficits abyssaux : la fin de la désinvolture ?

En ce début d’automne, les mauvaises nouvelles tombent en France plus abondamment que les feuilles mortes.

On découvre soudain qu’un gouffre budgétaire s’est ouvert sous nos pieds dont l’ampleur est réévaluée d’heure en heure jusqu’à atteindre des niveaux improbables, alors que nous pensions remonter la pente depuis l’été 2022 et la fin du Covid. On visait un déficit budgétaire autour de 4 % du PIB en attendant les 3 % canoniques. Le chemin inverse a été emprunté de façon inopinée en 2023 et voici que le gouvernement tout soudain annonce des déficits de 5 % puis 6 % et peut-être 7 % pour 2025 ! Les économies de dépenses publiques devaient porter sur vingt milliards, puis trente, puis quarante. Nous voici à 60 milliards de ressources à trouver alors que nous sommes le premier pays du monde pour la fiscalité et les prélèvements de tout genre. Pire ; beaucoup d’économistes pensent qu’il faut obtenir environ 330 milliards d’euros d’économies budgétaires ou d’augmentation fiscales, en trois ans, pour revenir à une situation qui cesse de glisser vers les abîmes…

Il a fallu bien de la désinvolture pour avoir désinformé les Français aussi longtemps et aussi complètement alors qu’on les menace désormais d’une nouvelle raclée fiscale.

Il a fallu bien de la désinvolture vis-à-vis du monde paysan pour créer un cadre réglementaire et économique aussi précaire et démoralisant pour l’ensemble de la profession. Les caprices météo et les épidémies ont achevé le travail. Les récoltes sont historiquement basses, les élevages sont ravagés. Une société décide d’un trait de plumes de ruiner des centaines d’élevages laitiers. Et la Commission européenne ne pense qu’à revenir au « green deal » sans les concessions faites à la suite des manifestations paysannes européennes du début d’année.

Il a fallu bien de la désinvolture pour détruire notre base industrielle dans les proportions que nous constatons aujourd’hui avec une loi ZAN qui étouffe tout projet nouveau.

Il a fallu bien de la désinvolture pour détruire partiellement notre filière nucléaire et énergétique et mettre le pays dans la situation de payer son électricité à peu près deux fois plus cher que ce qu’il était possible d’envisager.

Il a fallu bien de la désinvolture pour laisser la natalité s’effondrer au point que le remplacement générationnel soit compromis. Si nous avions conservé le ratio naissance/population de 1970, nous aurions 500 000 naissances chaque année presque le double qu’actuellement.

Il a fallu bien de la désinvolture pour laisser une immigration de peuplement, majoritairement musulmane et souvent anti française, atteindre en 2023 les 500 000 entrées par an, alors que la revendication islamiste n’hésite pas à tuer et que certains veulent importer " l’intifada", c'est à dire la guerre ethnique et religieuse, en France même.

Il a fallu bien de la désinvolture pour laisser croire que les soldes migratoires effaceraient les soldes démographiques internes.

Il a fallu bien de la désinvolture pour laisser s’effondrer l’Éducation Nationale, la Justice et la Santé.

Il a fallu bien de la désinvolture pour laisser les médias publicsmettre en scène inlassablement des idéologues qui ont répété ad nauseam que la dépense publique illimitée était indispensable et que la dette n’avait jamais eu la moindre importance.

Il a fallu bien de la désinvolture pour faire dépendre tout notre développement économique futur d’une inculpation outrée du CO2 comme source principale des évolutions climatiques (une affirmation qui est aujourd’hui considérée comme aventurée et même carrément fausse par nombre de scientifiques incontestables). Se concentrer sur cette sottise empêche d’agir efficacement sur une multitude de difficultés écologiques qui restent sous-estimées.

Il a fallu bien de la désinvolture pour désigner les propriétaires immobiliers comme des vaches à lait inépuisables et accumuler sur leur tête l’IFI, les impôts fonciers, les impôts sur les plus-values, les impôts de succession, les blocages de loyers, les taxes sur les bureaux, les surtaxes sur les appartements vides, les interdictions de louer, le risque du squat et désormais des obligations réglementaires insupportables, provoquant dans un contexte de hausse des taux d’intérêt et d’inflation, une récession terrible du secteur, pouvant aller jusqu’à 50 % dans certains segments du marché.

Il a fallu bien de la désinvolture aux Français pour se laisser largement convaincre qu’ils pouvaient vivre mieux et travailler moins avec l’argent des autres.

Il a fallu bien de la désinvolture pour ne jamais évoquer la question des récessions à répétition. Pourquoi les énormes excédents et déficits de balances de paiements sont-ils si dangereux ? Pour une raison élémentaire : les milliards de milliards de dollars accumulés dans des pays excédentaires ne peuvent pas s’investir utilement, puisque les pays endettés perdent leur industrie et que celle du pays en excédent est déjà en pleine forme. Cet argent est donc employé dans l’immobilier étranger,dans les bourses internationales et dans le financement des dettes publiques et privées (un cercle vicieux). Les valeurs ne pouvant monter jusqu’au ciel, elles décrochent périodiquement en provoquant des récessions. Jusqu’en 1971, sous le régime de Bretton Woods, grands déficits et grands excédents étaient proscrits. Les récessions ont alors disparu, remplacées par de simples ralentissements, jusqu’à 1971. On connaît la suite.

Il a fallu bien de la désinvolture pour ne pas voir que l’Euro ne permettait plus les ajustements au sein de l’Euroland et que trois pays excédentaires représentaient près de 90 % des flux de la BCE, en général pour investir dans l’immobilier méditerranéen et diverses spéculations (dont on a vu la pérennité et la sagresse lors de la crise spécifique de l'Euro en 2011).

Il a fallu bien de la désinvolture pour laisser Mme Lagarde littéralement étrangler la croissance en 2023 par une élévation des taux d’intérêt disproportionnée, alors que l’inflation était totalement circonstancielle, importée et rapidement en voie de réduction.

Il a fallu bien de la désinvolture au président Macron pour se tenir coi sur ces questions et finir par candidater sur un projet monétaire anti occidental monté par les Brics et se voir claquer la porte au nez !

Il a fallu bien de la désinvolture pour provoquer une dissolution absurde et scandaleuse qui a entraîné le blocage du Parlement et la nomination du gouvernement précaire actuel, dont l’extrême faiblesse est la seule force.

Il a fallu bien de la désinvolture au gouvernement Barnier pour expliquer quasiment dans la même heure que la crise sera payée par 0,3 % de la population (une cynique astuce politicienne de garçon de bain) et indiqué qu’il allait prélever 4 milliards d’euros sur les 17 millions de retraités et augmenter des taxes sur l'électricité qui frapperont tout le monde.

Renoncer à la désinvolture, c’est indiquer aux Français qu’ils doivent, dans les trois à cinq ans qui viennent,  produire environ 600 milliards de valeur ajoutée dont la moitié servira à sortir le budget de son impasse et à sauver le système social. Ce n’est possible que si on renonce aux t"rente-cinq heures" et à une retraite trop précoce qui nous a valu 75 % de la dette extravagante actuelle.

Renoncer à la désinvolture, c'est rétablir la démocratie, en rendant impossible le régime actuel d'Enarchie compassionnelle où les hauts fonctionnaires ont capté toute la vie politique, en rétablissant l'indépendance française sur les décisions fondamentales à son avenir, en mettant en tête des proccupations l'effondrement de la natalité et la destruction autoentrenue de l'enseignement, en supprimant la dictature d'un politiquement correct qui a sombré dans le deshonneur au sein de tous le système d'information publique et en contenant avec hauteur de vue le "gouvernement des juges".

Renoncer à la désinvolture, c'est s'interdire les politiques folles de gratuité, généralement non financées, les relances qui ne marchent pas en régime de changes flottants, la généralisation des catégories victimaires avec subventions et droits acquisitifs, la création de marchés entièrement dépendants de l'argent public, l'accumulation de strates administratives nationales et internationales, et le maintien sans révision des "crédits votés" à des politiques qui ont perdu leur intérêt ou ne rendent pas les services attendus à un coût raisonnable. 

Oui, Français, osons enfin renoncer à la désinvolture !

Enfin un prix "Nobel" d'économie qui le mérite

"Le Nobel d’économie 2024 (plus précisément prix de la Banque de Suède en mémoire d’Alfred Nobel) a été attribué, lundi 14 octobre, à Daron Acemoglu (États-Unis/Turquie), Simon Johnson (Grande-Bretagne/États-Unis) et James A. Robinson (GB/États-Unis). Le trio est récompensé pour des travaux sur les différences de prospérité entre les pays."
 
On pouvait craindre que lesjurés de prix, très sensibles au wokisme et au politiquement correcte, continuera à se soumettre à cette idéologie mortifère et primerait des études sans intérêts reliées au féminisme ou à la diversité.
 
Daron Acemoglu et James A. Robinson ont publié un premier livre formidable, découvert par hasard "Les origines économiques de la dictature et de la démocratie".  Le second était encore meilleur : Why Nations Fail. Je ne sais pas s'ils ont été traduits. Mais je recommande aux anglophones de lire au moins le second.
 
Les exemples étudiés sont passionnants souvent totalement inconnus dans la littérature française et propre à dessiner facilement une charte des erreurs à ne pas commettre  si on tient à la propérité d'une nation.
 
Ils pourront bientôt ajouter la France dans la liste des nations qui ont sacrifié bêtement leur prospérité.
 
De tels livres se résument difficilement. Même si les auteurs essaient de tirer des lois générales, ils ne proposent pas de livre de recettes. Mais l'étude comparée de nombreux cas historiques fait apparaître des attitudes et des aptitudes qui vont tout conditionner. Souvent elles sont inscrites dans les insitutions officielles et les règles invisibles partagées. Au fil de la lecture, on voit une analogie évidente avec une situation qu'on a rencontré ou une mésaventure contemporaine.
 
Ayant voulu se comporter en historiens autant qu'en économistes, les auteurs se moquent des querelles idéologiques du genre néo libéralisme vs socialisme. Ils montrent des situations, leur dynamique, leurs résultats. Et quand les conclusions s'imposent elles sont toujours centrées autour de systèmes déviants manifestes. Par exemple on va parler de socialisme de prédation ou de capitalisme de connivence, sans considérer qu'en eux même capitalisme et socialisme sont mauvais. 
 
On voit bien qu'en France, à la suite de récessions et d'agressions diverses, venant de l'intérieur et de l'extérieur, socialisme de prédation et capitalisme de connivence ont pris leur aise, avec la bénédiction de l'Enarchie Compassionnelle et Bienveillante. Ce cadre exclusivement prédateur précipite le pays dans la ruine et le déclassement.
 
Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile

Quelques livres à lire sur la crise et ses solutions

Alors que la France se trouve confrontée à une des pires périodes de son histoire récente, avec des risques sérieux de chaos politique, économique et social, tenter d’en éclairer les causes et les moyens d’y échapper devient un exercice indispensable.

L’affaire dure depuis longtemps. Notre Cercle y a consacré trois livres : L’étrange désastre, La Monnaie du diable et Sortir du désastre, et 1 070 articles depuis que notre blog a été créé. Il avertissait dès juin 2008 de l’arrivée d’une crise terrible, annoncée pour septembre 2008, alors que l’inconscience était générale. Ce sera la pire récession mondiale des 75 dernières années.

La littérature économique non partisane et non idéologique sur les causes de l’effritement de l’Occident, la perte de boussole de l’Europe et le déclassement français a été faible et peu relayée dans les grands médias, concentrés entre des mains soucieuses de complaire aux puissants qui détiennent les pouvoirs et de maintenir un optimisme propice à l’activité commerciale de ses annonceurs. Certains ont même forgé le terme excommunicateur de « décliniste », une sale engeance, qui ne pensait qu’à dénigrer pour d’obscures raisons une situation finalement pas si grave que cela.

L’analyse critique des effets d’erreurs répétés depuis 1971 ne pouvait être que le fait d’auteurs de mauvaise intention qui ne méritaient pas qu’on les considère. L’américanisme de principe, l’européisme de bonne volonté, la mondialisation heureuse, le socialisme soft, l’écologisme hard, et des formes nouvelles de sociétalisme malthusien se sont donné la main pour enclencher des processus délétères qui ont fini par détruire la base de la prospérité générale. L’opinion était chargée d’adhérer malgré les dégâts de plus en plus visibles.

Aujourd’hui la réalité ne laisse plus de place au doute : l’Occident sous conduite américaine et agressivement mondialiste a perdu de son lustre, probablement de façon définitive ; l’Union Européenne tourne au fiasco, avec un classement économique qui s’effondre ; la France est en plein déclassement et se trouve confrontée à une crise de régime particulièrement inquiétante, avec un risque de chaos à court terme si elle ne parvient pas à maîtriser une dette qui s’affole alors qu’il n’y a plus de majorité parlementaire.

Nous sommes particulièrement sensibles à cette situation, puisque le Cercle a été créé à la fin des années quatre-vingt-dix justement pour alerter sur les erreurs économiques commises depuis 1971 et leur persistance. L’effritement de l’Occident, l’erreur européiste et le déclassement français nous paraissaient incompris et nous voulions alerter notamment sur les risques supplémentaires courus par notre pays, en pleine dégringolade.

La littérature économique publiée a été largement à côté de la plaque, car le plus souvent, constitué d’ouvrages américains traduits qui ne reflétaient que le débat entre néolibéraux et keynésiens. Les Américains étant à la source de la catastrophe générale, avec la décision de sortir des règles de Bretton Woods en faisant défaut sur ses obligations, les efforts livresques ont été très idéologisés entre une gauche particulièrement radicale sombrant bientôt dans le Wokisme et les promoteurs d’un système mondial régulé par les marchés et les banques centrales. L’européisme, largement basé sur l’américanisme a conduit l’édition à se concentrer sur les conséquences de Maastricht et de l’Euro. La chute de l’URSS a provoqué un déplacement de l’idéalisme militant qui est resté néanmoins totalement anticapitaliste et violent. De « Thatcher la salope » et « Reagan le clown » à Mélenchon et au révolutionnarisme bolivarien décidé à créer une intifada nationale, le combat idéologique en France s’est totalement perdu dans la grossièreté et la sottise. Des mouvements comme Attac ou les Économistes Atterrés symbolisent cette déviance. Davos en fait le pendant.

Autant dire que le brouhaha intéressé qui sévit depuis 50 ans n’a pas permis au plus grand nombre, et aux hommes politiques, de prendre conscience de la nature calamiteuse des processus en cours et que les Français, consternés, découvrent qu’on marche sur la tête et qu’on risque très gros sans avoir jamais avoir reçu une information pertinente des grands médias et des gouvernements. Certains parlent de désinformation volontaire et une Commission parlementaire sera sans doute formée sur ce thème.

Depuis quelques années, l’édition commence à comprendre qu’il faut donner de l’audience à des analyses sérieuses permettant de changer les attitudes et les politiques.

Premier livre à prendre en considération : Le virage manqué, 1974-1984 : ces dix années où la France a décroché, de Michel Hau et Félix Torrès. 2020, Aux éditions Les belles lettres- Manitoba. Les auteurs ne sont pas des économistes mais des professeurs agrégés d’histoire. On trouve beaucoup d’erreurs d’analyse économique dans le livre, passé totalement inaperçu, qui a néanmoins un immense mérite : rappeler que tout ce que nous vivons dépend d’un grand virage qui a eu lieu dans les dix ans qui ont suivi la crise de 1973 et donner nombre de statistiques qui éclairent les évolutions délétères dont on ne parvient pas à sortir. Ils voient très bien que la perte de l’investissement productif de longue durée est au cœur des déclassements qui se sont produits. « De 1968 à 1973 la formation de capital fixe avait continué à progresser plus vite que la consommation des ménages (6.5 % par an contre 5,39 %). À partir de 1974 c’est l’inverse ». On retrouve ces éclairs de vérité un peu partout dans ce livre imposant et bien référencé. L’essentiel de la critique porte sur une analyse classique de l’impossibilité en France d’envisager des réformes de structures du fait de diverses imprégnations dirigistes, socialistes, démagogiques. Le livre s’attarde sur le fait que le « Welfare state » a été mis à charge de l’entreprise et que cette configuration lui a fait rater la mondialisation et a entraîné la désindustrialisation massive. Tout cela est juste et fait comprendre pourquoi tout finit aujourd’hui dans la stagnation économique et le déclassement avec une dette abyssale qui peut faire chuter ce qui reste de l’édifice.

André-Victor Robert (l’Artilleur), a proposé : La France au bord de l’abîme. Les chiffres officiels et les comparaisons internationales. Ce gros livre de 450 pages, s’est donné comme mission de faire des constats sur tous les sujets qui fâchent et de les agrémenter lorsqu’elles étaient disponibles de comparaisons avec les autres. Cet aspect documentaire est ce que livre propose de plus précieux. On accède très vite aux chiffres critiques et c’est une aide considérable pour celui qui veut se pencher sur les difficultés de l’emploi, de l’immigration, de l’éducation nationale, du budget et des impôts etc. Ces chiffres sont presque toujours déjà connus mais il est bien qu’ils soient rassemblés et facilement consultables. L’analyse est du type « tel est la solution de bon sens au vu des faits » et ne creuse pas toujours les causes et les modalités de changement avec beaucoup de profondeur. Affirmer qu’il faut des professeurs mieux formés, plus de discipline dans les classes et le développement du goût de l’effort chez les élèves ne surprendra personne. Pas plus qu’une régulation de l’immigration basée sur le refus des clandestins, des progrès dans l’assimilation tout en réduisant l’attractivité comparative de la France ne paraîtra une recommandation d’une exceptionnelle originalité. Le livre a ses propres options : on oublie complètement le rôle des changes flottants dans les récessions mais on est très dur contre l’euro.

Le livre offre donc une énumération de mesures souvent présentes dans le débat public mais dont la nécessité est argumentée avec le secours des chiffres.

Jacques de la Rosière ancien dirigeant de la banque de France et du FMI signe pour sa part un petit livre percutant chez Odile Jacob : Le déclin français est-il réversible ? Pas de fioritures ni de grandes phrases : quelques chiffres clefs ; quelques raisons majeures ; quelques solutions inévitables ! Il n’y a pas dans ce texte une seule chose que nous n’aurions pu écrire sur ce blog. La vraie force de cette fessée magistrale, c’est la radicalité de la mise en cause. « Ni la conscience collective ni les médias ne réalisent l’intensité du mal qui nous ronge ». « Nous ne sommes pas loin de frôler la propagande ». « Sur ce fond de démission intellectuelle notre pays décline dangereusement ». « Le déclin est de notre fait ». Évidemment ce spécialiste ne manque pas de rappeler le rôle essentiel des questions monétaires et financières dans les mécanismes qui conduisent à l’effondrement industriel et aux déficits extérieurs. Les inondations successives de crédit entraînent des tsunamis d’importations mais ne financent pas l’investissement. « La France a systématiquement favorisé et stimulé la demande intérieure par une politique de déficits budgétaires et de hausse du crédit. » Le résultat inévitable : « la dégradation de la balance des paiements ». Après avoir rappelé tous les chiffres critiques sur la gestion budgétaire insensée que nous menons depuis des lustres, il cite Eurostats : « le déficit de nos administrations est entièrement structurel », par accumulation « de mesures discrétionnaires et non de mauvaise conjoncture ». Du coup « la croissance est compromise ». C’est dans les services votés qu’il faut frapper. On voit que le projet Barnier ne présente aucune remise en cause de ce type. On préfère comme d’habitude augmenter les impôts. Et on ne veut pas toucher à ce qui est vraiment grave : par exemple les engagements liés aux retraites des fonctionnaires de l’État et autres catégories publiques qui dépassent… 1 600 milliards d’euros. Une autre analyse surprendra bien des observateurs : « le fait pour les banques centrales d’avoir maintenu les taux d’intérêt à zéro en termes réel a significativement creusé les inégalités sociales. » La fin des contraintes de Bretton Woods a fait disparaître les « cordes de rappel » selon la terminologie de l’auteur, disons plus simplement la crainte de la dévaluation et les avantages de la dévaluation. L’adaptation monétaire étant exclue depuis l’euro c’est toute l’économie qui doit s’affaisser pour revenir dans les clous. Et personne n’a le courage d’une telle politique. « La mauvaise gouvernance pouvait fleurir ». L’accident Macron a marqué le sommet du genre. Arrêtons ce résumé sur la question qui est en pleine actualité : « Nos dépenses publiques de 1 500 milliards d’euros doivent être réduites à 1 293 milliards d’euros ». Notons également l’explication de la médiocrité de nos hommes politiques par l’extension des politiques d’argent facile. N’importe quel bavard imbécile est capable de distribuer de l’argent à tout va.

La lecture ne serait-ce que de ces trois livres interdit d’affirmer qu’on ne sait pas ce qu’il faut faire et où sont les failles dans l’action publique. La crise institutionnelle créée artificiellement par Emmanuel macron, le Jupiter de l’argent magique et de l’illusion que tout s’arrangera avec l’argent des autres, complique la situation. On voit bien que le plan Barnier est purement fiscal et ne marque aucune rupture.

Le glissement vers le pire continue.

Mais les solutions existent. Que les Français s’en saisissent au lieu de cautionner les pires démagogies.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile.

Impôts et dépenses publiques : l'urgence absolue d'éviter le gouffre.

Nous avons toujours défendu sur ce blog un retour à la normalité fiscale en France. Nous considérons au vu des derniers chiffres cataclysmiques sur les différents déficits qu’il est inévitable de collecter un minimum d’impôts supplémentaires pour passer le cap. Ce paradoxe exige quelques explications. La première est la raison des déficits extravagants que l’on constate et les stratégies d’atténuation à disposition.

Les besoins budgétaires des sociétés qui ont voulu de créer un « welfare state » sont infinis. La volonté des politiques de satisfaire des demandes insatiables est de tout bord extrêmement forte.

Keynes, en légitiment l’idée que l’Etat devait suppléer les marchés et relancer la machine économique par la dépense publique, sert à justifier, en dehors de tout cadre rationnel, l’idée que la dépense publique est non seulement légitime mais indispensable, comme l’est le corps de hauts fonctionnaires chargé de réguler la manne et de diriger une méga structure administrative pour la distribuer.

L’idée égalitariste poussée à son extrême, prétend que tout le monde a le droit à la même chose et qu’il faut donc prendre ce qu’il faut aux « riches » pour satisfaire la quête de justice sociale. Le concept a été poussé, là aussi, jusqu’à son extrême. Un enfant doit avoir les mêmes facilités qu’un bourgeois pour les livres scolaires, les voyages initiatiques, les petits cours, etc. Les parents sont vus comme les agents infligeant à l’école les miasmes d’une inégalité choquante et doivent être laissés de côté. En France dans l’Éducation nationale, l’excellence et le respect de la langue ont tous deux été dénoncés comme des barrières à l’égalité. Les résultats de l’action publique ont alors cessé d’être positifs, du fait d’une recherche active du nivellement. La dégringolade dans les classements PISA a été rapide et auto entretenue, en dépit de budgets considérables.

Une nouvelle vague de dépense est née du succès des mouvements qui souhaitent venir en aide à l’altérité victimaire. La notion de victimes de la société a fini par s’ouvrir à de très nombreuses catégories de la population : les pauvres, les immigrés, les condamnés ayant fait de la prison, les jeunes délinquants, les femmes, les minorités sexuelles, l’étudiante et l’étudiante, Il ne s’agit plus d’une petite fraction de la population : on atteint près de 80 % des résidents ! Les besoins à satisfaire sont évidemment sans limite.

La tendance politique va être de créer pour ces populations des droits acquisitifs et multiplier de très nombreuses gratuités dans tous les domaines : logements, culture, alimentation, avortement et plus généralement médecine, avec disparition des « modérateurs » de consommation. Le droit-à, éventuellement constitutionnalisé, devient une créance invincible et perpétuelle sur l’argent des autres. On est passé ainsi de quelques milliers d’avortements à 100 000 puis 200 000 puis 300 000 et on va atteindre bientôt les 400 000. On finance à 100 % un acte dont le prix de revient complet dépasse les 1 000 euros, en pleine déconfiture des naissances. Le budget augmentera encore régulièrement de plusieurs centaines de millions d’euros. On trouve les mêmes mécanismes pour le droit opposable au logement, l’AME etc. Ce sont des droits à la gratuité qui provoquent un gonflement permanent de la dépense. On pensait que l’AME ne coûterait que quelques dizaines de millions d’euros : les immigrés clandestins ne sont-ils pas jeunes et dynamiques. On va bientôt atteindre deux milliards !

S’est ajouté dans les dernières années l’exigence climatique et le culte de la nature, devenue objet de droits. On réclame le remboursement d’une « dette écologique » (Sic) et la restauration de l’intégrité de la nature. L’inculpation du CO2 qui touche absolument toutes les activités humaines a lancé une quête d’économies d’énergie astronomiques dans absolument tous les domaines, sans certitude de résultats positifs pour le climat, mais d’un coût qu’on refuse d’évaluer honnêtement tellement il est élevé et croissant (le coût de l’économie d’émission supplémentaire est fortement croissant).

Nouveauté coûteuse : le concept « d’empowerment » qui renvoie sur les acteurs de la vie sociale et économique l’obligation de « faire le bien » qu’il s’agisse d’agir pour la diversité ou pour la réduction des pollutions. Cette méthode est une forme de « do it yourself » qui crée des devoirs et des coûts sans impliquer l’intervention autre que punitive des autorités. Cela devient une « dépense publique » invisibilisée. Cette méthode vient compléter d’autres techniques de camouflage de la dépense publique : le transfert aux associations, chargées de suppléer une administration dont les privilèges sont trop coûteux, l’obligation faite aux promoteurs de financer des politiques d’aménagements dont les coûts sont transférés de façon occulte aux acheteurs de logements ou de locaux professionnels.

Pour gérer cet immense déploiement de dépenses publiques il faut naturellement une énorme armature administrative. En France ce besoin a été encore amplifié par la volonté de créer de nombreux étages de décision qui dépendent les uns des autres : mairies, groupements, districts, régions, états, agences techniques diverses, institutions européennes, autres institutions internationales. Cette ambition a conduit à des hausses massives de recrutement, le plus souvent de personnels protégés qui ne peuvent pas être licenciés et qui seront à charge le reste de leur vie.

La question s’est donc posée dans tout l’Occident dès la Libération : comment financer cette énorme masse de dépenses qui n’a de limites que la disponibilité des ressources nécessaires.

La période qui va de la guerre à la crise de 1973 a connu une réponse simple : une très forte croissance qui a permis, notamment en France, la reconstruction puis l’extension du « welfare state ». La France se couvre d’hôpitaux, de lycées et collèges, d’ouvrages routiers et d’infrastructures de chemin de fer. La fiscalité et en forte hausse mais on reste dans des limites non pénalisantes : les prélèvements sont entre 32 et 35 % du PIB.

À partir de la crise mondiale de 1973, extrêmement grave, et de l’apparition d’une rançon pétrolière exigée par les pays pétroliers coalisés, avec une hausse délirante du prix de l’énergie, la croissance rapide s’arrête, les comptes tournent au rouge, la pression fiscale augmente ainsi que l’inflation.

En France le septennat de M. Giscard d’Estaing est un formidable moment fiscal, alors que dès 1975, le budget est en déficit important (et il n’y aura plus jamais de budget équilibré jusqu’à aujourd’hui). On impose la TVA, la taxation des plus-values, la non-déduction de nombreuses dépenses de l’I ou de l’IR. On sait que le projet d’un impôt sur la fortune était en préparation en cas de réélection ! C’est également l’époque où l’on contingente l’offre : le numerus clausus en médecine devient draconien. Des professions complexes, comme les architectes et les chirurgiens, cessent de pouvoir s’enrichir par divers procédés d’encadrement de leurs actes. La haute fonction publique s’empare des postes politiques.

Les Etats-Unis et le Royaume-Uni lancent un moment de révolte à la fin des années 1980. Ronald Reagan et Margaret Thatcher remettent en cause leur « welfare state » et cassent la résistance aux réductions de dépenses, en s’attaquant notamment à la pression des syndicats. D’autres pays suivront comme la Suède, la Hollande, le Canada, l’Australie et la Nouvelle Zélande.

La France se singularise par une politique inverse intenable. Les gouvernements socialistes de M. Mitterrand gaspillent l’argent public et cassent la compétitivité de l’industrie française. Le gouvernement Jospin commence à détruire l’industrie nucléaire et prend la pire décision possible : les « 35 heures » sont associées à la retraite à 60 ans, aussi bien dans le secteur public et dans le secteur privé. Le cumul de ces mesures anti productives aboutit à la désagrégation de l’industrie et aux déficits extérieurs et intérieurs permanents.

L’euro pèse également sur la croissance française depuis 1984. Les deux récessions mondiales sévères de 1992-1993 et 2008-2009, complétée par la crise purement européenne de 2011 affectent durablement les possibilités de croissance. La très forte augmentation des taux d’intérêt de la BCE, dont Mme Lagarde s’est vantée en 2022-2023, va être la cause première de l’effondrement du secteur immobilier et pousser l’Union Européenne vers une stagnation économique de longue durée. L’Euro nous protège est un slogan qui n’a plus de sens aujourd’hui.

Résultat de ces évolutions : le financement de dépenses publiques massives par la croissance cesse d’être possible. Ne restent que les prélèvements et la dette ou chercher de réelles économies. Les grandes orientations de dépenses décrites au début de cette note continuant à provoquer une fuite en avant qui devient de plus en plus automatique et incontrôlable, prélèvements et dettes ont littéralement explosé.

Une autre source de financement qui a été longtemps à la mode depuis l’effondrement de l’URSS en 1989, est l’idée des « dividendes de la paix ». On diminue drastiquement le budget et les effectifs de l’armée, qui devient en France une armée légère et mobile pour des opérations « coups de poing » à l’extérieur de nos frontières, et qui cesse d’être capable de mener un conflit traditionnel de haute intensité. Le parapluie nucléaire est réputé suffisant. La guerre d’agression des Russes en Ukraine a montré les limites de cette conception. Les autorités militaires, en phase de réduction générale des budgets, ratent diverses novations militaires, notamment les drones et la lutte contre les agressions numériques.

Autre idée proposée notamment par la gauche socialiste : « taxer les riches ». On croit qu’imposer très fortement les entreprises, la fortune et les hauts revenus aura un effet magique. Dans la pratique, notons que les Socialistes feront principalement l’inverse. La création de la CSG par M. Rocard et de la CRDS, est typique : cette fiscalité devenue gigantesque touche tout le monde. La recette de TVA dans les 15 dernières années est passée de 161 milliards d’euros à 286. La CSG, CRDS est passée en dix ans de moins de 99 milliards d’euros à 156 milliards soit une hausse massive en dix ans. Ces 442 milliards d’euros concernent tout le monde. La droite en revanche n’a pas hésité à créer des impôts très ciblés : Le gouvernement Fillon surimpose les hauts revenus. Aucun des gouvernements dits « de droite » n’est revenu sur l’ISF. On sait qu’aujourd’hui avec « la taxation des morts », les impôts sur la succession, les impôts sur la fortune, les impôts sur la cession du patrimoine, la taxe foncière, la taxe sur l’enlèvement des ordures, même pour un simple parking, la taxe sur les bureaux, la taxe sur les locaux vides, etc. la France a fini par devenir le premier pays du monde qui écrase d’impôts à ce point son capital immobilier. « Ils ne peuvent pas partir » ! Tel est le slogan à Bercy. Sauf que beaucoup de ventes forcées ont pour clients des étrangers qui eux ne paient pas les mêmes impôts que les Français. Vendre le capital de la France à des étrangers pour se financer est une conception détestable.

L’intégration des revenus financiers dans l’IR voulue par le président Hollande a eu des conséquences immédiates : le taux marginal d’imposition des fruits de l’épargne a atteint, cumulés avec la CSG-CRDS près de 60 %. Avec les rendements très bas du capital, dus aux crises successives et aux inondations monétaires associées, ce taux marginal spoliateur a eu des conséquences immédiates : pour ceux qui sont frappés par l’ISF à plus de 1 %, le rendement effectif de l’épargne est devenu nul ou négatif.

Surprise ! L’argent a commencé à fuir la France, d’autant plus facilement que la liberté des mouvements de capitaux a été instaurée dans l’Union Européenne.

Nous vivons nécessairement mal dans un pays où la dépense publique égale la valeur ajoutée des entreprises commerciales. Du coup le scénario d’augmentation des prélèvements mis en œuvre aussi bien par la gauche, le centre ou la droite s’est durablement installé : on commence par afficher des mesures symboliques contre les riches et on finit par des mesures qui frappent directement ou indirectement la majorité des ménages français. Les gouvernements Macron utiliseront à fond cette technique.

La réduction de l’ISF est « vendue » au public en « supprimant » la taxe d’habitation, qui touche pratiquement tout le monde. Il n’y a pas de réduction de la fiscalité locale, seulement un transfert. Ce jeu de bonneteau n’a que des inconvénients. La taxe d’habitation est un impôt de proximité décidé par les maires, qui est plutôt bien accepté. Participer en fonction de son empreinte sur la ville aux dépenses municipales dont on bénéficie au quotidien est parfaitement normal. Si on trouve que les coûts sont excessifs, il suffit de voter pour une autre politique.

Ces services étant maintenus, ils doivent bien être payés. La taxe d’habitation n’est pas supprimée mais transférée. Sur qui ? Ce n’est pas dit ! Les mairies augmenteront leur recette en tapant sur la taxe foncière qui explose. À Paris, Mme Hidalgo qui a promis de ne pas hausser les impôts augmente la taxe foncière de plus de 50 % ! On maintient la taxe d’habitation pour les maisons de campagne. Ceux qui en profitent le moins paieront plus que ceux qui en profitent le plus. Une démagogie anti-riche proche de l’abjection totale s’est installée. Et de rire ! Voyez que je ne suis pas le « président des riches ».

En revanche la « flat tax » sur les revenus du capital et la suppression d’un impôt sur le capital financier, sont deux mesures indispensables à mettre au crédit d’Emmanuel Macron : l’épargne financière était en train de quitter la France. Son court passage chez Rothschild avait alerté très concrètement M. Macron sur les conséquences.

Mais là encore, pour se garder de l’accusation de « président des riches » qui est un des leviers médiatiques traditionnels des mouvements de gauche, on accable les propriétaires immobiliers qualifiés de rentiers. Ils se trouvent que les énormes déséquilibres financiers liés aux systèmes monétaires défaillants provoquent un besoin de recyclage des excédents, devenus monstrueux, des balances des paiements. La seule piste est la bourse et l’immobilier. Les bourses sont dépendantes des récessions périodiques qui sont revenues hanter l’Occident depuis 1973. L’immobilier parait une valeur sûre. Les prix en unité monétaire flambent mais pour le propriétaire de l’appartement, seuls les impôts sur le capital flambent : lui a toujours le même appartement !

Les villes profitent à plein de la manne de la fiscalité immobilière qui leur permet de dépenser sans faire appel à des impôts plus sensibles.

En même temps on crie haro sur le retraité, considéré comme un abusif et dont le nombre explose par le vieillissement de la population. La CSG pour eux est augmentée de 26 % dès l’arrivée au pouvoir de M. Macron.

Le krach immobilier qui va s’étendre un peu partout en Occident et particulièrement en France va avoir d’immenses conséquences. Sa cause principale est naturellement la hausse des taux d’intérêt provoqués par les politiques restrictives des banques centrales après le retour d’une inflation massive liée à la guerre en Ukraine et à la crise sanitaire. Elle se cumule en France avec la concentration des mesures fiscales portant sur le capital : taxes foncières ; IFI ; droits de timbres ; droits de succession etc. L’ajout de contraintes de réduction massive et rapide d’émission de CO2, sera le coup de grâce. L’extension réglementaire devient littéralement ahurissante. Le secteur bascule dans une récession générale extrêmement violente, avec des baisses d’activité pouvant aller jusqu’à 50 % dans certains segments. Le dernier rapport de l’INSEE justifie les déficits par cette baisse d’activité la montée des déficits. Sans dire qui en est responsable.

Le propriétaire immobilier comme vache à lait disparaît ! Encore une source facile de financement de la dépense publique qui s’évapore.

Reste l’endettement. Le passage à l’euro permet d’éviter les tourments qu’a connus le gouvernement Mauroy avec son contrôle des changes radical et les dévaluations successives du Franc. En apparence, on peut emprunter à la BCE sans limites malgré la pression des pays européens peu enclins à cet exercice. Après la crise spécifique de l’Eurozone en 2011, M. Draghi qui remplace M. Trichet indique qu’il fera « ce qu’il faut quoi qu’il en coûte » pour sauver l’Euro. Les inondations monétaires vont permettre à la France d’emprunter sans limite au point que son endettement atteint désormais plus de 3 200 milliards d’euros, dont 1 200 milliards depuis l’arrivée de M. Macron.

Ici aussi, on a atteint le bout du chemin. La gabegie des dépenses aux frais des générations futures, a gonflé le montant des intérêts à verser (ne parlons pas du remboursement) jusqu’à devenir quasiment le premier poste budgétaire.

Cette facilité n’est désormais plus disponible.

Un à un, les robinets qui devaient financer des dépenses délirantes se sont fermés. On arrive au bout d’un chemin.

Pour ne pas avoir à assumer son échec sanglant lors de la procédure budgétaire de 2024 et après avoir subi un revers électoral violent aux Européennes, Emmanuel Macron a choisi de renverser la table avec une dissolution folle qui ne pouvait que bloquer la situation politique et créer une crise de régime. Réaction passionnelle d’un malade mental ou piège d’un petit machiavel déchaîné ? Qu’importe : c’est un drame !

La question budgétaire est désormais aux mains d’un gouvernement dirigé par un parti de droite minoritaire, alors que tous les expédients et autres astuces politiciennes sont désormais impraticables.

Comment peut-on sortir du piège de dépenses publiques intenables alors que le pays est désormais à bout de nerfs et s’inquiète pour son épargne et le niveau de ses pensions ? Avec deux forces aux Parlements proposant un programme d’autodestruction du pays menant tout droit au chaos définitif ?

L’essentiel des difficultés françaises provient spécifiquement de deux mesures totalement démagogiques : les 35 heures qui ont cassé la compétitivité des entreprises exportatrices, provoquant un déficit extérieur colossal et jamais vu, tout en rendant impossible le bon fonctionnement des services publics, et la retraite à 60 ans qui est le responsable principal de l’endettement massif de l’Etat (75 % de la dette). C’est le grand legs de F. Mitterrand avec Maastricht, l’abolition des frontières et la fin de l’indépendance française.

Nicolas Sarkozy a fait semblant d’agir, avec un premier effort sur les retraites privées. Emmanuel Macron a tergiversé pendant six ans avant de tenter une augmentation de l’âge de la retraite au forceps sur des bases qu’il avait lui-même condamnées, avec des réactions sauvages des syndicats et de la rue. Rien n’a été fait pour revenir sur les 35 heures, sinon interdire les 32 heures pratiquées par certaines mairies…

Pour éviter un krach à la grecque ou à la libanaise, aujourd’hui, il faut trouver à peu près 300 milliards de ressources nouvelles, en cinq ans, soit par diminution des dépenses soit par des impôts nouveaux. Oui, la France est confrontée au risque d’un effondrement économique massif. Rappelons que le PIB grec a baissé de plus de 30 % après le krach.

La presse a détaillé les différentes modalités possibles de cet effondrement. Notons seulement que si la voie de l’emprunt massif est fermée, et si donc on ne peut pas faire « rouler » la dette, on se retrouve dans l’impossibilité de payer la fonction publique, les juges, le monde médical, les enseignants, les militaires et les retraites. En plus il faut rembourser le capital de la dette !

Le gouvernement Barnier retombe dans les mêmes affres que l’on connaît depuis les années 1980 : trouver des mesures symboliques contre les riches pour faire passer une diminution introuvable de dépenses intenables. Soyons clair : la disparition ou la réduction les niches fiscales et autres mesurettes de ce type sont totalement dérisoires. Les médias acceptent de parler la langue du ministre du budget en utilisant le vocable de « dépense fiscale » pour des exemptions qui ont été concédées lors de la création d’impôts ou de leur aggravation massive. Pour les fonctionnaires du Budget tout l’argent des Français appartient à l’Etat puisque, sans lui, il n’existerait pas. Le revenu net est une concession révocable. Ne pas le taxer est une « dépense fiscale », la concession d’un revenu qu’on n’a pas pu encore saisir. Cette conception intéressée rejoint l’idée socialiste qui veut que la propriété privée ne soit qu’un abandon précaire et révocable de la propriété de l’Etat. Bonjour la dictature ! La propriété est un droit constitutionnel pour de bonnes raisons. L’effondrement de l’Union Soviétique n’a servi à rien.

La « taxation des riches » ne peut pas atteindre les niveaux de ressources recherchés sans provoquer une fuite générale de l’assiette de l’impôt. Toutes les mesures « symboliques » ne masqueront pas la nécessité de taper lourdement sur la classe moyenne supérieure qui paie l’essentiel de l’impôt en France, si on veut épargner le plus grand nombre par démagogie ou crainte de troubles sociaux.

La seule solution, au vu des montants astronomiques à trouver, est d’une part de s’attaquer aux dépenses publiques de façon soutenue et d’augmenter temporairement de façon faible mais générale les grands impôts existants (IR, CSG et TVA). De même, on peut imaginer de généraliser la taxation forfaitaire aux revenus immobiliers et d’augmenter légèrement le taux des deux taxes forfaitaires d’un ou deux pour cent.

Ces augmentations seront sans conséquences graves sur l’activité à condition qu’on retarde l’âge de la retraite à 66 ans et qu’on rétablisse la durée du travail à 40 heures par semaine. De même on peut créer deux tranches supplémentaires pour les revenus supérieurs à 500 000 euros par an, sans que les effets soient perceptibles.

Ce noyau dur indispensable n’est pas populaire. Mais c’est le seul disponible.

Il faut surtout suturer toutes les hémorragies de dépenses provenant de libéralités sans limites ni frein.

Les mesures les plus efficaces sont :

Le non-remplacement de fonctionnaires partant à la retraite, cohérent avec le retour aux 40 heures

La suppression du statut de fonctionnaire jusqu’à la catégorie A au profit d’une contractualisation. L’emploi à vie, c’est fini.

Quatre jours de carence universels pour les absences de courte durée.

Le rétablissement d’un reste à charge pour le petit risque 15 à 20 %.

La fin de la gratuité totale dans les multiples domaines où on l’a instauré.

Le report des réglementations les plus coûteuses en vue de la décarbonation totale de la vie économique et familiale.

La réduction significative des allocations pour les étrangers (AME, aides au développement etc.).

La taxation du revenu des grandes associations.

L’interdiction des cumuls de rémunérations publiques par les hauts fonctionnaires qui ne pourront cumuler emploi de fonctionnaire et emplois politiques.

La réduction drastique du nombre des agences qui se sont multipliées.

La réduction du mille-feuilles administratif et politique.

La suppression d’institutions qui doublonnent avec les institutions européennes.

La suppression du système de financement des Enr qui est ruineux.

La suppression des politiques sans intérêt comme les Frac au ministère de la culture. Il ne s’agit pas de diminuer les subventions mais de les supprimer complètement. Il en existe des dizaines qui consomment 500 000 euros par ci, 1 million d’euros par là.

Faut-il désindexer les retraites et l’IR ? Ce sont des mesures discriminatoires et attentatoires à la confiance, et elles sont violentes. Elles représentent des baisses de revenus disp

De la nuisance des « marchés administratifs » à la mésaventure du Gouvernement Barnier.

Étendons pour les besoins de la démonstration la notion de marché administratif à toute activité qui dépend directement de la réglementation et/ou de l’argent public. Ils ne sont pas nés de la confrontation directe d’une demande et d’une offre privées, mais des impulsions et des contraintes de la puissance publique. Nous constatons aussitôt que la presque totalité des emplois sont accrochés au service de tels marchés. L’État a réussi à glisser son doigt, puis sa main, puis ses gros paturons dans pratiquement tous les secteurs. Ils sont devenus accros à un dégrèvement, à une subvention, à un financement particulier de la commune, du département, de la région, de l’État et de l’union européenne. Et ils sont entièrement dépendants d’un changement de règles bureaucratiques ou d’oukases provenant des milliers d’agences de régulation qui sévissent en France.

Évidemment pour « réguler » ces marchés ventripotents il a fallu créer une bureaucratie de plusieurs millions d’administratifs qui a son coût, ses exigences et ses lubies. La haute administration en a profité pour mettre la main sur le politique et créer des instances qui permettent de s’affranchir des limitations de salaire et de multiplier les cumuls de rémunérations publiques.

La réglementation a fait exploser les « dépenses contraintes ». Nous avons déjà discuté sur ce blog de la beauté du « revenu net, net, net ». Il faut lui enlever les charges sociales, les impôts et taxes et les dépenses contraintes. Selon les cas, il ne reste que 50 à 20 % du revenu. Dans le silence général. Il n’y a pas de statistiques sur la question et désormais l’INED ou l’INSEE acceptent la « désinformation utile » et des présentations falsifiées. Voir par exemple la disparition de la statistique la plus importante pour suivre l’état de l’économie : la valeur ajoutée du secteur marchand dont on dispose les chiffres le 15 du mois suivant. La dernière estimation publiée de cet indicateur vital : 2 021 ! Félicitations à tous !

Ces marchés administratifs couvrent absolument toutes les activités.

Les Fonds régionaux d’action culturelle achètent des œuvres par l’intermédiaire des galeries d’art qui dépendent du flux de recettes correspondant. Ces œuvres d’art n’ont en général aucune vraie valeur et tout cela s’apparente à un marché aux voleurs. Pour permettre à quelques élus de jouer au Médicis du pauvre, on gaspille l’argent public exactement pour rien. Il n’y a plus de grands peintres en France depuis que le marché de l’art est devenu administratif.

Le Centre des monuments nationaux a vu, entre 2014 et 2023, ses ressources augmentées de 157 %, soit un total de 220 millions d'euros : 135 millions d'euros supplémentaires en dix ans, y compris pendant la période de COVID et alors que les emprunts explosaient. Emmanuel Macron est directement responsable de cette dérive.

La presse est entièrement entre les mains de l’État et de l’argent public. On subventionne les journaux sans lecteurs, les sites internet des grands journaux , la formation, les licenciements, la distribution… Que resterait-il de Libé sans ces subventions ? France Inter est entre les mains de voyous gauchistes qui paradent en toute impunité.

Ne parlons pas du statut des intermittents du spectacle et plus généralement du cinéma entièrement dessiné par l’argent public. Le théâtre subventionné de gauche est devenu une plaie financière béante.

Tout le secteur de l’énergie et du transport dépend de l’argent public. Actuellement pour le pire.

Tout le secteur de la construction dépend de l’argent public. Et Macron l’a détruit sans vergogne en ruinant tout le monde parce qu’il avait décrété que l’immobilier c’était mal ! Sauf quand il s’attribue abusivement l’usage de la Lanterne !

Toute l’agriculture dépend de la réglementation et de l’argent public.

Ne parlons pas de la santé et de l’enseignement. Nous l’avons analysé sur ce blog : les ARS sont un foyer parkinsonien du type Frac mais avec près de 10 mille fonctionnaires, à 80 % des femmes et pour beaucoup des épouses de fonctionnaires. On a fini par voir le ministre de la santé cohabiter avec son conjoint à la tête de la plus grosse des ARS. Pourquoi se gêner ? Le népotisme énarchique est une dimension du déclin de la démocratie en France. On aurait mieux fait de créer 18 000 postes de médecins et d’auxiliaires médicaux.

Etc. Ad libitum et illimitum.

Cette extension illimitée des marchés administratifs a poussé à instituer une fiscalité hors norme et une dette démesurée. Associée aux cadeaux électoraux au peuple qui réduisent drastiquement la production dans un environnement ouvert et concurrentiel, cette pratique d‘emprise de la haute fonction publique sur tous les départements de la vie économique a débouché sur une impasse structurelle dont on ne peut plus sortir sans immenses réactions.

Toute réduction des subventions casse un marché administratif, met en difficulté des entreprises et des emplois, donc globalement des revenus. Sauf naturellement ceux des administratifs qui ont la garantie de l’emploi comme leurs maîtres.

La haute fonction publique s’étant emparé de tous les leviers politiques, il est naturellement impossible de toucher au bloc administratif. Les réductions se font toujours sur le capital et le revenu privé, en aggravant la situation.

Ce merveilleux système que nous dénonçons inlassablement est actuellement en état de faillite après avoir entraîné le déclassement massif de la France dans tous les compartiments de la vie économique et sociale. Et on voit qu’une Van der Leyen se permet d’humilier la France sans aucune réaction de la tête de l’État. Déclassement et marginalisaton.

On demande maintenant à un cadre segondaire d’un parti qui a fait 5 % des voix aux élections législatives de sortir le pays de l’impasse. Il annonce aussitôt qu’il va conserver des membres du gouvernement précédent, associés directement au désastre et augmenter les impôts tout en n’annonçant rien pour réduire le système d’encadrement administratif autre que verbalement.

Son projet consiste à accorder aux Macronistes la moitié des postes de ministres. Il indique qu’il veut conserver Mme Dati qui aurait pu supprimer à la culture d’un trait de plume les Fracs et réformer le statut du cinéma et des intermittents du spectacle. Rien que sur ce ministère on peut obtenir très facilement 10 milliards d’euros d’économie sans que personne ne soit réellement touché dans le pays. Elle est donc activement responsable de la perte de contrôle des finances publiques. Il est vrai qu’elle a voulu changer de ministère ! En vain.

En fait ce gouvernement a été modelé par le président désavoué, alors que rien n’obligeait Michel Barnier à l'accepter. Ce dernier parle de dette écologique, alors que les oukases de Bruxelles ont eu des impacts délétères sur les finances publiques françaises. Il évoque plus de justice fiscale, l’autre nom de l’augmentation de la pression fiscale sur les mêmes vaches à lait.

Le couple Retailleau à l’Intérieur et Migaud à la Justice, sous la tutelle d’un président qui refusera tout referendum permettant de rétablir la souveraineté française sur l’immigration et sur les sanctions pénales, n’a strictement aucune chance de changer quoi que ce soit à une réalité sécuritaire abjecte.

On retrouve la promotion d’inconnus et de copains-copines sans réel poids politique.

Européisme, fiscalisme, écologie anti économique, étatisme paralysant, ça, c’est du chargement qui va nous sortir de l’impasse budgétaire, économique, sociale et sociétale !

On parle de sincérité et de vérité alors qu’on reste dans la gestion du pays par des Macronistes socialisants aidés par des auxiliaires de droite qui ont laissé s’enfoncer le pays jusqu’à la limite extrême du naufrage définitif.

La vérité est qu’il faut augmenter toutes les durées du travail et mettre fin à la gratuité de la vie à base d’allocations de la naissance à la mort. On connaît la solution : centraliser les aides et les rendre temporaires, conditionnelles et révocables. Elles peuvent alors être désindexées sans dommage.  Et rendre le système de subventions à la personne et  public et transparent. Il faut mettre fin à la dérive de l’assistanat.

La vérité est que la sécurité ne sera assurée en France que par le retour de la Cour de sûreté de l’État, la « débadintérisation » et les sanctions graduées qui peuvent aller jusqu’à la perte des droits sociaux et ultimement de la nationalité pour les délinquants récidivistes qui plongent dans le trafic de drogue, les émeutes, les agressions contre les forces de l’ordre, la propagande pour la prise de pouvoir islamiste…

La vérité est qu’Il faut démanteler les marchés administratifs et l’énorme machine administrative mise en place pour la gérer. Il faut en particulier que les hauts fonctionnaires ne puissent pas gagner plus que leur salaire statutaire, et qu’on supprime tous les cumuls de rémunérations publiques. Leur retraite doit être la retraite statutaire sans ajouts. Évidemment cela risque de changer le revenu de Monsieur Fabius ou celui de M. Hollande ou celui de M. Juppé. Mmes Parly ou Wargon seront moins riches. Et alors ? L’économie sera immédiate et s’élèvera à plusieurs dizaines de milliards d’euros. Instantanément. Sans rien changer au dynamisme national. Et naturellement il faut faire sortir du statut de la fonction publique toutes les catégories A et inférieures. Tout doit être contractualisé avec possibilité de licenciement.

Revenons sur le cas Hollande ; il cumule plusieurs retraites, jouit du statut très rentable d’ancien président de la République et touche désormais son budget de député. On aimerait bien qu’un journaliste fasse le calcul de la facgture pour les Français et la présente aux Français. Ce Monsieur depuis son entrée à l’ENA a toujours vécu de l’argent public et se présente en cumulard indécent qui ne craint pas de se mettre sous les ordres  et désordres de M. Mélenchon tout en disant le contraire.  Et personne ne s’insurge.

Voici que Mario Draghi, après une génuflexion aux États-Unis, propose de passer au fédéralisme intégral avec 750 milliards de dépenses publiques européennes chaque année et une fiscalité propre pour les institutions européennes ! Et la france ne se retrouverait pas avec plus d'impôts et plus de dettes ?

Les deux partis protestataires qui exploitent le désastre économique et social auquel la France est confrontée interdisent toute action gouvernementale d’ampleur.

Les verrous énarchiques, européistes, socialistes, écologiques, islamiques, wokistes, corporatifs et mondialistes sont tous bien fermés.

Le mépris qui nimbe l’image grotesque du président actuel de la République, désavoué par les électeurs et rendu infâme par la destruction des équilibres financiers du pays et le blocage du Parlement, pèse des tonnes sur la santé mentale et politique de la nation. Elle compromet l’avenir du pays.

Pauvre France. On ne met pas au pouvoir des Mitterrand, des Rocard, des Jospin, des Fabius, des Hollande et des Macron sans conséquences gravissimes.

Puisse les Français le comprendre un jour ! La désinvolture, à ce niveau, est de l’imbécillité pure et du masochisme. Toujours plus pour obtenir toujours moins ! Quelle intelligence !

Le pseudo-gouvernement Barnier a été construit par Emmanuel Macron pour ne rien faire d’utile et pour disparaître sur un bruissement de vent politique. Michel Barnier a laissé faire. Il ne peut même plus prétendre situer sa démarche dans une logique quelconque.

Il lui fallait marquer son indépendance totale vis-à-vis du président déchu et de son parti, souligner l’état morbide de la situation française, justifiant qu’on ne reprenne aucun ministre du gouvernement précédent. Il fallait choisir dans les groupuscules qui soutenaient le macronisme, les personnalités ayant marqué sinon leur dissidence au moins leur réserve. Il fallait imposer LR à la justice et l’intérieur pour pouvoir refaire une chaîne pénale digne de ce nom.

On a préféré la petite magouille politicienne. Le nouveau gouvernement est donc perçu comme la continuation du précédent et d’une droite qui au pouvoir se croit obligée d’être de gauche.

Caramba encore raté !

On a ouvert la porte à une prise de pouvoir de Mme Le Pen en laissant la rue et les médias publics à M. Mélenchon qui ne pense qu’à créer les conditions d’une guerre civile. Le super bonheur !

Qui peut surmonter une forte envie de vomir ?

Tout cela est insupportable et impardonnable.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

 

Le bel été 2024

Lors des vœux de fin d’année nous avions fait montre du plus sombre pessimisme. La situation de la France, de l’Europe et du monde nous paraissait grevée par les plus sombres perspectives. Le déclin de l’Occident était évident. Il a voulu mondialiser ses entreprises et exploiter à fond la main-d’œuvre des pays pauvres. Il a transféré son industrie, assommé ses classes moyennes, ruiné tous les équilibres financiers et sociaux pour courir derrière une chimère qui se retourne contre lui. Le doux commerce est impuissant contre les dictatures les plus brutales. L’union Européenne a voulu transférer la richesse des pays les plus développés pour élever le niveau de vie dans les pays de l’est et du sud qui étaient très en retard. Dans le contexte global, c’était une double peine pour les pays les plus développés, chargés finalement de sortir de la pauvreté des millions de gens ailleurs que chez eux. La France, prise en main par la haute fonction publique qui est étatiste, interventionniste et socialiste presque par défense corporative a fait le choix de réduire sa natalité, la durée du travail, en poussant la dépense publique, la fiscalité et la dette à des sommets insurpassables. Les services publics sont en sureffectifs, dépensent à tout va et… ne fonctionnent plus. Le déclassement est général : enseignement ; PIB par tête ; revenu ; brevets… La natalité s’est effondrée.

Tout cela avait été parfaitement prévu par Alfred Sauvy et Maurice Allais dont nous avons tenté de reprendre le message sur ce blog. Sauvy avait été marginalisé dès de début des années quatre-vingt. Allais délivrera son message d’avertissement alors qu’il avait presque cent ans ! Il sera renvoyé à sa géhenne sans ménagement.

Installer un système de changes flottants totalement déséquilibré offrait la certitude de crises à répétition : 1973-1974, 1988-82, 1992-1993,1998-2001, 2008-2009… Les récessions n’ont pas cessé de s’enchaîner avec des effets délétères notamment en France où elles ont été payées uniquement par le secteur privé productif.

Installer la Chine au cœur du dispositif commercial international était une folie. On enrichissait une dictature infâme et dangereuse en tuant sa propre industrie.

Vouloir casser les nations européennes dans un semblant de système fédéral privait les politiques nationales de moyens d’action indépendants, ralentissait toutes les décisions, et les rendait dépendantes de l’influence américaine, des ONG et des bureaucraties. La surenchère écologique avec des délais de « transition » non étalonnés par des études d’impact et lancés à la cantonade de façon irresponsable par des démagogues format Timmermans, qui avait besoin du vote écolo pour ses ambitions personnelles en Hollande, est tragique. L’effondrement énergétique qui a suivi a été révélé par l’invasion russe en Ukraine qui a montré à la fois la collusion des élites européennes avec les ressources russes, et l’imbécillité profonde de la réforme voulue par l’Europe du marché de l’énergie.

Dans la foulée de la crise financière mondiale de 2008 et de celle, européenne de 2011, la gauche socialiste française a pris le pouvoir et a tout aggravé. Elle a décidé non seulement de baisser culotte devant les exigences de l’Oumma islamiste, mais de se recentrer politiquement dans l’antisémitisme fanatique et assumé. Elle ne parle que d’actions contre les riches et d’impôts encore plus stupéfiants contre ceux qui produisent. En choisissant d’importer le mouvement d’autodestruction venu des États-Unis qu’on appelle Wokisme, elle aggrave le désarroi moral des Français actifs et décidés à bâtir sur les fondements laissés par des grands hommes et de grands penseurs pour se livrer à des contestations mortifères, débouchant sur la « cancel culture », un suicide culturel et social totalement fou.

La sottise narcissique du pervers narcissique que la gauche a fait élire président en 2017, a fini de détruire les équilibres français. La dissolution, acte ultime du Narcisse blessé qui tue le système qui l’a imposé au pouvoir par morve et dépit, a créé une situation politique désastreuse, dans un pays qui est sous surveillance européenne pour ses déficits et qui ne fait exactement rien pour sortir du piège où l’a fourrée la démagogie névrotique de la gauche et ses hauts-fonctionnaires d’élite.

La guerre est désormais présente partout, nourrie par la richesse transférée par l’Occident à des pays violents et dictatoriaux. La Russie gorgée de ressources captées par des voyous envahit l’Ukraine, détruit la Géorgie, menace les Pays baltes. La Chine gorgée par les milliers de milliards de dollars  accumulés grâce à l’ineptie du système de changes flottants menace et corrompt partout. La Turquie dopée par les transferts de production européens menace l’Europe. Ses drones ont détruit la présence chrétienne dans le Haut Karabakh où elle se maintenait depuis des millénaires. Sans un mot de l’Europe ! Le nettoyage ethnique est correct lorsqu’il est pratiqué par des pays musulmans. Des centaines de milliers de morts s’accumulent en Afrique dans l’indifférence générale. On fait d’un tueur génocidaire comme Kagamé quasiment un héros.

Dans ce contexte magnifique, le bel été des médailles olympiques est un écrin qui permet, en France, de penser à autre chose. Il suffit d’un mouvement de main méprisant pour rejeter les horribles nouvelles qui s’accumulent sans aucune réaction de personne.

Routine du désastre énergétique : le prix spot de l’électricité en Europe était au début du mois d’Août à 34 euros le MWh, avec un prix de rachat par EDF de 72 euros et un prix pour les particuliers de 200 euros… Un racket et un suicide. On donne par ce mécanisme des milliards d’euros aux producteurs d’ Enr en ruinant EDF, mais la facture est rejetée sur les Français et leurs entreprises. Les Enr produisent une énergie folle au moment où on n’en a pas besoin. L’Europe a condamné à des milliards d’euros d’amendes la France pour son retard dans les Enr. Des décisions radicales mais simples permettraient de revenir en une seconde au tarif de 100 euros pour les particuliers redonnant à nos industries un peu de compétitivité et aux Français du pouvoir d’achat. Non : L’Europe, c’est sacré ! Les tabous sont faits pour être respectés.

Routine de la dette qui s’accumule à raison de centaines de millions d’euros par jour, avec la stimulation des jeux olympiques entièrement financés par la dette pour des sommes non encore définitives et qui dépasseraient les dix milliards d’euros.

Routine de l’effondrement démographique, avec une nouvelle baisse des naissances de près de 3 % au premier semestre.

Sur ce fond permanent, des éclairs menaçants zèbrent le ciel immaculé des médailles.

Une banque luxembourgeoise ne peut plus garantir le remboursement des fonds qui lui ont été confiés. Des dizaines de milliers d’épargnants sont sous la menace de perdre leur patrimoine. On disait que le Luxembourg était un endroit sûr, en tout cas plus sûr. Le craquement commence dans le pays considéré comme le plus sûr. Chut !

Le Japon connaît un accident boursier comme on n’a jamais vu, avec une baisse de 12 % en une journée suivie aussitôt d’une hausse de 11%. La bulle qui avait emporté le cours de certaines valeurs technologiques perce avec des reculs monstrueux. Cela rappelle la bulle de 2006-2007.

L’Angleterre réagit à un effroyable attentat qui voit une classe de danse de petites filles décimées par un fils d’immigré du Rwanda ! L’immigration musulmane asiatique et africaine est devenue tellement énorme en Angleterre avec tellement de drames à la clé, que la légendaire patience britannique n’a plus tenue. La télévision française ne montre que de sages Anglais qui affirment leur amour pour les musulmans, « nos voisins » qu’il s’agit de défendre contre « l’extrême-droite ». Évidemment ! Le Royaume-Uni a connu de sales moments mais jamais le massacre d’une classe de danse au couteau. Comme la ratonnade de Crépol, le crime marque un tournant dans l’acceptation d’une immigration africaine incontrôlée et qui détruit tous les repères.

En Nouvelle Calédonie quelques milliers de Kanaks ont détruit pour plusieurs milliards d’euros de biens divers. Rien ne bouge. Les désordres continuent.

En France même, des équipements de la SNCF ont été détruits par des terroristes français. Le sabotage et l’action directe sont de nouveau au programme. Surtout ne pas parler d’extrême gauche. C’est sûrement une provocation de Darmanin comme l’a affirmée une jeune sotte récemment !

Ne parlons pas des développements des différentes guerres en cours qui comme toujours en été prennent leur essor.

Faut-il rappeler que nous n’avons pas de gouvernement en France, que les questions de fond ne sont plus abordées, et que le moyen et long terme ont disparu des radars. La seule question qui est débattue est la taxation des riches pour passer le cap du budget 2 025. Ah ! La joie et le bonheur du retour d’un ISF complet, des impôts immobiliers extravagants ! Créons la taxation mondiale qui permettrait de taxer les Français partout dans le monde, sauf s’ils abandonnent leur nationalité. Pouvoir ruiner les « riches » sans possibilité de fuir et se cacher ! Le rêve français.

Mme Van der Leyen a été renommée à la tête de la Commission et a aussitôt affirmé que les atermoiements liés à la révolte agricole du début d’année n’étaient plus de saison. Le « green deal » sera remis en place comme prévu initialement et tant pis pour les paysans. M. Pascal Canfin, le si nuancé écolo, a d’ailleurs été nommé coordinateur des politiques écologiques. Les élections européennes, qui sont une farce anti démocratique, n’ont servi à rien.

Cette année 2024 continue de déployer les effets désastreux de causes chéries des élites dévoyées et aveugles, dans le monde, en Europe et surtout en France. Cela craque partout aux coutures. Lorsque l’explosion aura lieu, on nous expliquera à nouveau que rien n’était prévisible.

Bravo à tous !

 

Didier Dufau pour le Cercle des Économistes e-toile.

 

 

 

 

 

 

La courbe de Dufau

De nombreuses questions nous sont parvenues sur la question de la « courbe de Dufau. » Nous avons demandé à Serge Hansen qui a creusé cette question d’en faire une rapide synthèse. Article original : http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2023/8/30/Une-autre-manire-danalyser-la-situation-conomique-mondiale

 

Ce qu’on appelle la courbe de Dufau, ou graphique de Dufau et qu’on devrait appeler les courbes de Dufau, est une approche de présentation statistique qui évalue toutes les séries économiques en « valeurs de référence » et non en monnaie plus ou moins purgée de l’inflation selon des méthodes différentes d’une institution à une autre.

Le premier concept est celui de valeur de référence. Pendant longtemps, l’or a tenu cette fonction avec ou sans association à l’argent. Certains ont proposés l’énergie et notamment le pétrole comme unité de valeur. Mais ces produits ont tous des variations de cours qui dépendent ou de considérations techniques ou d’effets institutionnels. Pour parer cet inconvénient, Didier Dufau a proposé de prendre un panier de produits représentatifs de la richesse. Par exemple, on peut associer le prix du m2 dans le triangle d’or à Paris, un panel de métaux rares, ou la valeur moyenne de certains produits de luxe. On peut construire des indices nationaux, régionaux ou globaux.

La première question est la faible dispersion espérée des évolutions des différents panels pour garantir que la valeur de référence construite est bien stable. On appelle cela la sensibilité de l’indice. Le calcul montre que le choix du panel interfère peu avec les résultats. La prise en compte d’éléments variés dans le panel donne globalement à peu près les mêmes résultats. En faisant varier dans des proportions raisonnables les composants de l’indice et leur poids dans l’indice, on ne modifie pas les conclusions que permet de tirer leur application aux grandes séries économiques.

En déflatant toutes les séries économiques avec l’indice retenu de valeur de référence, on obtient des courbes très différentes de celles qu’on publie généralement. Si on prend par exemple l’immobilier, il évolue de façon stable alors que les courbes en monnaie courantes flambent. Un appartement est un appartement. Il n’a pas changé de valeur intrinsèque, même si la monnaie a été dévaluée massivement par ailleurs.

En revanche toutes les séries classiques, PIB, revenu, valeur de la monnaie, piquent du nez en valeur de référence. Une vraie croissance verrait ces séries monter en valeur de référence, prouvant une augmentation de richesses incontestables. Si toutes baissent, cela veut dire qu’on vit dans un système de monnaie fondante. Nous vivons depuis 1973 dans un système de monnaie fondante accélérée. La plupart des monnaies ont perdu de 90 à 95% de leur valeur estimée en valeur de référence depuis 1970.   

La comparaison des courbes estimées en valeurs de référence permet de tirer des conclusions très claires. On constate que l’essentiel du gain de revenu est lié à la baisse des prix des produits de consommation courante ! La mondialisation a fait baisser dans des proportions drastiques le prix de nombre de produits en activant une population gigantesque et très peu chère, dans des pays où la réglementation n’était pas contraignante. On ne voit pas bien ce phénomène lorsqu’on utilise des séries classiques l’inflation masquant beaucoup de chose. Il est évident en valeur de référence.

Dans les pays développées le revenu a baissé en valeur de référence (oui baissé !) mais les prix des produits de consommation courante ayant encore plus baissés, compte tenu de la mondialisation, le revenu disponible apparent a augmenté, masquant la baisse en valeur. En revanche, le revenu nde permet plus au plus grand nombre d’accéder à des biens durables dont la valeur est restée constante. Pour stabiliser leurs recettes certains états ont cherché à taxer les produits à valeur constante. L’ISF en est un des bons exemples.

Les courbes de Dufau permettent aussi de comprendre certains dangers de la fin de la globalisation. Le prix des biens de consommation courante sont renchéris en valeur de référence et peuvent croiser la courbe des revenus. Le maintien du pouvoir d’achat passe alors par une redistribution monétaire et non plus par le travail, l’échange et la production. Les hausses massives de prix liés à la guerre ou aux épidémies jouent le même rôle. La hausse des coûts de productions associées aux politiques dites « climatiques » ou « écologiques » jouent aussi dans ce  sens.

Du coup les mouvements « populistes » dans les pays développés s’expliquent aisément. Ainsi que la tentation de s’emparer des biens de valeur de référence stable pour la taxation ou la redistribution. Mais cela contribue à leur disparition ce qui détruit en profondeur le pays qui se lance dans ce périple sans retour.   

Les courbes de Dufau sont un instrument magique pour mieux comprendre instantanément les enjeux de la période. La méthode est décapante et permet d’échapper aux illusions monétaires. Mais elles gênent les dirigeants habitués à des présentations ambiguës ou justifiant des démagogies faciles.

Dire à un dirigeant politique : il n’y a de croissance réelle qu’en valeur de référence, est une manière de lui mettre le couteau sous la gorge. Imposer aux organismes statistiques d’introduire des estimations en valeur de référence serait de salut public.

Hélas personne ne veut s’y risquer.

Eléments pour comprendre la descente aux enfers française

Pendant que les politiciens s’amusent, la dégringolade économique s’étend dans le silence des médias.  Souvent la question revient dans les conversations : pourquoi nous sommes-nous enfoncés ainsi ? Les réponses sont presque toujours à côté de la plaque et traduisent la perméabilité aux narratifs usuels plus qu’une connaissance, même minimum, des faits.

Beaucoup des difficultés actuelles proviennent de décisions prises à la Libération. Le programme du CNR, Conseil national de la résistance, très à gauche, si glorifié qu’il soit aujourd’hui, a considéré qu’il fallait mettre en œuvre le plan Beveridge d’état providence mais en chargeant les entreprises et non les particuliers.  

-            1. L’impôt sur le revenu a toujours été le moins progressif et le moins lourd de tous les pays homologues, ce qui surprend toujours les expatriés français. Et le nombre d’assujettis n’a cessé de diminuer, jusqu’à devenir inférieur à la moitié des contributeurs potentiels.

-            2. La sécurité sociale a été mise prioritairement à charge de l’entreprise avec une multitude de taxes annexes et de contributions locales ou spécialisées, avec la double conséquence d’un manque systémique de rentabilité en interne et d’une absence remarquable de compétitivité vis-à-vis des autres pays n’ayant pas fait cette erreur. On s’étonne toujours du taux ridicule de chômage des Suisses : mais la sécurité sociale est à la charge principale des particuliers qui paient chaque mois une contribution très forte mais qui peuvent choisir leur organisme de rattachement. Il n’y a pas de Moloch comme l’Urssaf.

-            3. L’égalitarisme forcené a voulu que tous puissent bénéficier des mêmes avantages que les fortunés. Il a donc fallu imposer la fortune durement pour redistribuer un peu. Ce faisant on a frappé l’investissement qui est la clé de l’emploi. En considérant de plus en plus  que l’élitisme favorisait le bourgeois, on a tué progressivement l’école. Sans emploi qualifié, pas de croissance saine.

-            4. La volonté d’assurer la « gratuité de la vie », de la naissance à la mort, avec des allocations maternelles à l’enfance, puis l’allocation vieillesse, puis des aides aux étudiants, puis aux immigrés, puis à tout le monde, avec le RSA, a détruit le ressort de l’emploi. On peut vivre sans rien faire de la naissance à la mort en France pourvu qu’on se contente d’une consommation comprise entre 700 et 1.000 euros par mois.

-            5. La crise démographique n’est pas à imputer, elle, au CNR. Grâce à des gens comme Alfred Sauvy, la politique française a été nataliste jusqu’au début des année 70. Le retournement  a été provoqué par le « féminisme libérateur», 500 000 enfants en moins chaque année tout de même, et  a privé de bras l’économie, qui, du coup, les a cherchés à l’extérieur. Echec : l’immigration n’a pas été fléchée vers l’emploi mais vers le regroupement familial assisté. Cela n’a donc servi à rien d’autre que d’aggraver l’endettement.

-            6. La crise politique s’est accentuée à partir du moment où la haute fonction publique a réussi à dominer totalement la sphère politique. Ce mouvement initié dès la défaite de Quarante, imputée aux parlementaires ignorants et médiocres, s’est installé dès la IVe République et s’est amplifié dans la suivante, avec comme symbole le duo Giscard-Chirac, et son aboutissement tragique avec Macron et des hauts fonctionnaires sans représentativité   passant de la direction d’une société d’autobus public à la tête du gouvernement et retour.

-            7. L’idée qu’il fallait travailler le moins possible s’est installée avec la retraite à 60 ans et les 35 heures, sans vouloir comprendre qu’on baissait automatiquement les revenus de près de 20 % par rapport aux autres et qu’on privait de ressources la pompe à fric branchée sur l’activité des entreprises, tout en détruisant la balance commerciale.

-            8. Des secteurs entiers de l’économie sont passés sous l’autorité de la « tutelle » qui les a transformés en marchés administratifs. Les ports français ont ainsi connu une croissance de moins de 2% quand tous les ports européens voyaient leur trafic augmenter de 100 %. Tout le secteur de l’écologie climatique est noyé par des marchés artificiels pilotés par l’argent public ou parapublic. Le bâtiment est totalement sous l’influence de réglementations folles.

-            9. L’état moloch a décidé d’abandonner de plus en plus de missions à des ONG et des sociétés non commerciales, créant un secteur social démesuré, parfaitement maquereauté et inefficace, détruisant peu à peu les services publics. L’informatisation a été déplorable sauf à la DGI et le passage à Internet raté presque partout dans le domaine public.

-            10.Progressivement ruiné par ses dépenses, l’État a alors décider de transférer directement sur les Français le soin de mettre en œuvre des politiques contraignantes avec obligation de résultat sous peine de sanctions considérables. On a vu apparaître le concept de revenu net-net-net, c’est-à-dire net des charges sociales, net des impôts, et net des contraintes imposées.

-            11. On a ainsi abouti à ce que la dépense publique ajoutée à la dépense privée imposée, excède la valeur ajoutée des entreprises. Plus de 100 % en effet ! Ce qui explique un endettement de 3 200 milliards d’euros et toujours en expansion. Quand on dépense la totalité de la valeur ajoutée des entreprises, impossible de ne pas emprunter.

-            12. Pour corser l’affaire, on a mis les entreprises et leurs salariés en compétition avec le monde entier. L’industrie a sombré la première. Le reste suit.

-            13. La politique d’Emmanuel Macron a tout aggravé, en multipliant les cadeaux électoraux ciblés à des catégories. « Personne ne vous a donné plus que moi », voilà le narratif qu’il voulait tenir à quiconque dans la rue. Et il a fini en cassant le cadre politique par dépit. En transférant la taxe d’habitation sur les Français surtaxés, il a poussé la démagogie aux limites de la déraison. On ne supprime pas des impôts quand on ne fait que transférer des financements. Et la progressivité structurelle de l’impôt français en cas d’inflation et de croissance même ralentie garantit un taux de prélèvement constamment croissant. Ce mécanisme a fait passer la dépense publique de 25% à plus de 50% du PUB  en un demi-siècle.

-            14. La construction européenne a été le prétexte d’un début de  destruction de quelques points forts français comme le nucléaire et l’agriculture, tout en aliénant totalement la décision politique.

Le résultat, on le connaît. Chaque Français était plus riche que n’importe lequel de ses voisins en 1967, aux termes du « miracle français ».  Il est maintenant déclassé, avec un tiers à un demi de revenu moyen de moins, en attendant pire. Ne parlons pas de la menace que fait peser la dette et les risques de survenue d’une situation à la grecque ou à la libanaise !

Et il ne s’agit ici que des causes internes d’effondrement. Les crises à répétitions provoquées par les changes flottants et la rançon exigée des producteurs de pétrole n’ont rien arrangé, pas plus que le transfert de richesses vers la Chine, L’inde, la Turquie. L’Occident global flanche et l’Union Européenne est conquise par les ONG wokistes et islamistes.  Bravo à tous !

La grande question est évidemment de trouver le moyen d’en sortir. Nous avons essayé dedégager des pistes dans notre livre Sortir du Désastre. Écrit trop vite dans la perspective des élections présidentielles, il a été mal relu et a laissé la place à de nombreuses imperfections de texte. Mais sur le fond, il n’y a rien à y changer.

Certains s’étaient étonnés de la place démesurée à leurs yeux accordés à la dénonciation de l’esprit et des résultats de l’action d’Emmanuel Macron. On voit aujourd’hui que c’était prémonitoire. Il ne fallait pas réélire cet irresponsable. Plus personne ne doute qu’il fait partie du passif dont il faut se débarrasser.

Sur les treize autres causes, on voit la difficulté qu’il y a à agir. Comme en Grèce ou comme en Union Soviétique, casser le système imposera une phase initiale très dure.

Dire à la dizaine de millions de personnes qui vivotent aux crochets des autres que c’est terminé et qu’il leur appartient de trouver du travail et 400 à 500 euros par mois pour financer la sécurité sociale comme en Suisse, est un risque politique évident.

Dire aux nombreuses entreprises qui survivent dans le cadre de marchés administratifs subventionnés par l’État que c’est fini, est un risque politique et économique évident.

Dire aux syndicats des grandes entreprises publiques que la cogestion abusive, c’est fini, c’est un risque évident pour la paix civile.

Dire aux hauts fonctionnaires qu’ils doivent rester dans la sphère publique et ne peuvent accéder à la sphère politique ou privée qu’en démissionnant, c’est une belle aventure.

Dire aux Français que la retraite est à 67 ans au taux plein et la durée du travail normale de 40 heures par semaine, y compris dans les différentes fonctions publiques, cela peut difficilement être applaudi par les personnes concernées.

Affirmer aux milieux financiers anglo-saxons que les changes flottants et le privilège du dollar cela suffit, bon courage.

Dire aux juges et aux cours que les droits de l’homme sont l’affaire des politiques et pas des juges, pas si facile.

Dire à l’Europe qu’elle doit demeurer dans le cadre strict des traités et de la subsidiarité en évacuant de ses instances tout l’entrisme des ONG et l’influence Woke ou communautarisme, c’est mal parti.

Dire aux femmes que le sperme n’est pas un liquide toxique, l’enfantement n’est pas seulement une torture physique et élever des enfants une tyrannie sociale et qu’elles ont une responsabilité vis-à-vis de la collectivité, courage fuyons !

Dire au monde des enseignants politisés que leur rôle est d’améliorer la performance des élèves et non pas de jouer les nounous et les guides politiques, dans un nouveau cadre porté vers l’élitisme et la sélection des meilleurs, cela va tanguer !

Dire aux délinquants de tout âge et de toute condition que le laxisme et la compréhension, c’est fini et que désormais ils jouent leur peau ou le reste de leur vie dans la misère, il faudra pour cela s’essuyer les pieds sur le badintérisme qu’on veut panthéoniser.

Tous les nœuds gordiens se sont entrelacés pour éviter qu’on ne les tranche. 60 % des élus à l’Assemblée Nationale sont membres de mouvements protestataires mobilisés contre les résultats déplorables mais qui n’ont que des solutions vengeresses qui aggraveraient la situation. Le marais central est surtout décidé à ne rien dire et ne rien faire tout en essayant de sauver la carrière des barons et leurs divers et nombreux petits avantages.

La crise n’est pas que parlementaire. Elle est nationale, européenne et occidentale. Mais la France y a mis du sien pour qu’elle soit de plus en plus grave.

Il suffit de constater les réactions dans tous les camps, y compris ceux qui vous sont proches lorsque vous faites des propositions de bon sens sur des sujets graves.

En matière de sécurité on peut par exemple revenir sur à la pratique ancienne d’un seul procès d’assises. Le double procès n’a strictement rien apporté sinon des revenus pour les avocats et des embouteillages pour la justice. On doublerait sans frais la capacité de juger et on débloque la situation actuelle, sans aucune conséquence négative.

On peut même rétablir la peine de mort pour les meurtriers en série, les meurtriers de policiers et les incendiaires qui tuent six personnes pour des raisons de guerre des gangs de trafiquants de drogue. Coût zéro. Et on retourne la peur vers les assassins. De même vous pouvez engager la responsabilité des juges qui font de la politique et dissoudre le syndicat de la magistrature déshonoré par le « mur des cons » et définir un crime de justicialisme (détournement de pouvoir spécifique à des fins politiques en refusant d’appliquer les lois et en créant d’autres interprétations sur le terrain) jugé par une nouvelle Cour de sûreté de l’État. De même on peut interdire à des associations d’ester et réserver ce droit aux seules victimes.

Tout cela a existé longtemps et montré son efficacité sans vrais inconvénients. Cela ne coûte rien sinon aux délinquants et aux avocats pénalistes. On a mis fin aux exactions de l’OAS et du FLN et d’Action directe. La pression terroriste islamique, l’extension du narcotrafic, les destructions urbaines massives et les ratonnades anti blancs, peuvent-elles être maîtrisées autrement ? Non !  Le mol édredon judiciaire et l’invocation des mânes de Badinter n’ont jamais entravé le moindre crime et quand la massification du crime a commencé, elle est très difficile à éliminer. Parlez-en aux 85.000 victimes annuelles d’agression au couteau !

Essayer de proposer cela au sein d’un des partis existants en France ! Impossible ! Alors vous dites : que proposez-vous ? La réponse est toujours la même : rien, chut ! Vous ajoutez : alors cela va continuer ? Oui chut ! Il faudrait que les médias se taisent car ils poussent au crime en le révélant… N’oublions pas ce qu’écrit aujourd’hui même Wikipedia sur le livre de Laurent Obertone sur la France Orange Mécanique, écrit en 2013 : C’est un « essai contesté et controversé qui fait beaucoup penser à Éric Zemmour ». Le lecteur doit savoir que c’est un livre réprouvé et indigne qui unit le lecteur à des gens immondes comme Zemmour. Beurk ! Le jugement de valeur l’emporte sur l’information.

Des actes élémentaires réprimant efficacement des crimes abjects sont considérés comme tabous, sans la moindre alternative.

Vous prenez nos treize causes d’effondrement et vous aboutissez exactement à la même situation. Il est strictement interdit de remettre en cause… les causes !  C’est sacré, c’est tabou. En revanche, hurler contre les conséquences, c’est facile et recommandé.

On en revient à Créon et au fait que le pouvoir cela tache souvent et que c’est parfois un peu plus que sale. Comme la guerre. Il n’y a pas de guerre propre. On ne demande pas aux dirigeants d’être des saints aux mains blanches mais de réduire l’effet des tares, les actes des malfaisants, et les conséquences de diverses démagogies perverses.

Nos politiques sont désormais des fantômes impuissants qui s’accommodent de cette impuissance et ne formulent plus de projets. Ils préfèrent honorer des valeurs et jouir des postes conquis tout en excommuniant les oppositions ramasse-colère.

La France enfermée dans des dogmes n’est pas seulement en voie de paupérisation et de marginalisation. Elle peut s’effondrer et ne plus jamais se remettre.

L’Union Soviétique était exactement dans la même situation. Nous avons souvent ici cité l’exemple de l’agriculture. On y a tenté de multiples expérimentations pour mettre fin à l’inefficacité de l’agriculture. Elles ont toutes réussies. Elles ont toutes été arrêtées car elles contrevenaient aux dogmes et en montraient la stupidité.  Aujourd’hui Ukraine et Russie sont redevenues des greniers à blé dès l’effondrement du communisme.

Le couple dogmes paralysants- effondrement par la dette est un chemin parfaitement balisé.

La France est bien sur le toboggan.

 

Le naufrage de l’extrême centre : le faux diagnostic de Jean-Louis Bourlanges

M. Macron fait de l’acrobranche au-dessus de la mêlée politique depuis sa première élection, en balançant à l’occasion des noix de coco sur tout ce qui se trouve en dessous. C’était consternant mais on faisait, dans les médias, semblant de croire que « Jupiter » était un président de la République. Soudain, il change de munition et troque les noix de cocos pour des grenades dégoupillées. Au sol c’est la débandade. Le camp macroniste est réduit de près de moitié au Parlement avec des centaines de soutiens du Président sur le carreau et tenus en route pour Pôle Emploi, si tel est encore le nom de l’institution. La colère monte de partout. Les responsables de groupe ne décolèrent pas. Beaucoup de cadres centristes cessent de considérer que Macron est leur chef. Tous les échecs successifs pointent vers la personne d’Emmanuel Macron, l’homme le plus détesté de France et désormais même de la mouvance centriste qui voit en lui une personnalité consternante à dimension psychiatrique.

Et voilà que ce dément revient à Paris, après une réunion de l’Otan où il a dû faire profil bas, pour ricaner et assommer son camp d’une nouvelle claque : « Renaissance donne un spectacle désastreux ». Évidemment puisque Renaissance en majorité désormais pense que Macron nous a offert un spectacle désastreux. Ce degré de mépris et de cynisme est proprement ahurissant. Mettre au tombeau un mouvement qu’on a affublé du nom de renaissance, c’était déjà fort, mais ajouter : « j’irai cracher sur vos tombes » est d’une élégance ahurissante.

L’interview fleuve de Jean-Louis Bourlanges dans le Figaro du juillet 2024 essaie d’expliquer le désastre du Centre. Et il pointe aussitôt vers Emmanuel Macron. L’erreur est d’avoir recherché l’unité d’un mouvement vertical et centralisé sans permettre aux identités composantes de former des groupes. Comme si un Macron avait besoin de reconnaître des factions alors qu’il est Jupiter omniscient et omnipuissant. C’est un infâme partisan du « parti unique ». Une contradiction dans les termes avec le gentil groupement de partis pleins de douceur et de bonne volonté que doit être le centrisme. Avoir mis 7 ans de réflexion à constater la faille n’est pas un bon point pour M. Bourlanges. Il est vrai que la soupe était bonne.

Macron aurait ainsi donné du corps à une notion d’extrême centre qui se retourne contre lui. Le concept d’extrême centre est évidemment un oxymore. Créé par Alain-Gérard Slama le mot a été capté et le concept travaillé bien plus tard par un certain Pierre Stora qui a réussi à faire admettre sa paternité abusive sur le mot par Wikipedia.

L’extrême centre est entre les mains « des maîtres de certitude qui agitent les clés de la Raison et de la Morale pour monopoliser le pouvoir au détriment du jeu normal de la démocratie », disait Slama.

Le Centre extrémiste se veut la mesure de toute chose et chasse du cercle de la raison ceux qui ne partagent pas leur idéologie de l’à peu près et du réversible. Certains objets politiques sont sacralisés : L’Europe ; l’Otan ; l’étatisme socialisant mais pas trop ; la proportionnelle et les combinaisons gouvernementales façon troisième et quatrième république. Tous les autres doivent être exclus de la réflexion. À force d’évacuation des difficultés, les extrêmes à droite et à gauche deviennent menaçants. Le centre devient alors un extrême centre défensif qui aggrave tout.

Les observateurs constatent que cet extrême centre vient de s’effondrer en mettant le pays sous la menace des deux autres extrêmes, avec, pour les électeurs un travail compliqué pour les sortir du jeu. L’extrême droite est désormais hors de la perspective immédiate du pouvoir. L’élimination de LFI est le travail en cours.

Pour Jean Louis Bourlanges, le centre doit sortir immaculé de la séquence.

Son article commence par lui attribuer les Trente Glorieuses ce qui est parfaitement abusif. Rappelons que le centre a été radicalement exclu de tout le processus qui a conduit aux accords de Bretton Woods qui ont mis fin aux errements de l’entre-deux-guerres et permis une croissance rapide sans récession entre 1947 et 1971 date où les États-Unis sont alors sortis brutalement des Accords provoquant la grande récession de 1973, la chute du dollar et la création d’un cartel pétrolier qui a tout aggravé. Mais comme les différentes variantes de centristes sont toutes inféodées aux États-Unis, cette mauvaise manière tragique des Américains ne sera jamais dénoncée. « La vraie barrière n’est pas entre la droite et la gauche modérées mais entre celles-ci et ceux qui regardent vers Moscou ou Caracas. ». L’Atlantisme est tout ce qui compte. De Gaulle, connais-pas ! On croirait lire du Lecanuet. Et donc vive une Union européenne sacralisée, dépassement idéal des vieilles nations épuisées.

« Ce sont les libéraux, les démocrates-chrétiens et les socialistes qui ont su offrir aux Français et aux Européens un niveau de liberté, de justice sociale et de sécurité géopolitique, sans précédent dans l’histoire ». Giscard le centriste poussera la dépense publique au plus haut tout en accablant d’impôts les Français. Mitterrand détruira l’économie française qui ne se remettra jamais du Programme Commun de gouvernement. Jospin finira le travail avec les trente-cinq heures. Maastricht entraînera la dépossession des parlementaires français et la tutelle du pays, avec au bout du compte la terrible récession de 2008 et celle spécifiquement européenne de 2011. En cinquante ans de centrisme et de socialisme, sous-direction américaine et européiste, la France a vu son PIB par tête chuter par rapport à tous les autres pays au point d’être devenu un pays en voie de sous-développement. Rappelons qu’en 70 nous avions quasiment rattrapé le revenu par tête des États-Unis, que nous dépassions celui des Britanniques et des Allemands, et même de la Suisse. Actuellement le revenu suisse est le double du nôtre, celui du Luxembourg du triple, celui des Allemands de 30 % plus haut et celui des Américains 50 %. Même les Britanniques nous ont dépassés.

Notre auteur n’a rien compris à la réaction anti socialiste qui s’est produite partout en Occident, sauf en France, à partir de la fin des années soixante-dix. Le pouvoir accablant des syndicats, la dépense de redistribution portée à des niveaux intolérables, la gestion bureaucratique constamment aggravée, des impôts prohibitifs, ont fait exploser le modèle socialo centriste. La France, seule, a continué avec le résultat qu’on voit de prôner le toujours plus social sans substrat de production et de compétitivité.

Les sept années macronistes ont été perdues. Elles se terminent dans le mépris et la dette. Pas de quoi se vanter, M. Bourlanges. Le déclassement a nourri la montée aux extrêmes.

Non ! affirme notre centriste qui cherche des dizaines d’excuses à ce désastre. « La crise est anthropologique » marquée par l’affaiblissement structurel de l’Europe, la crise de la foi religieuse ou sociale, la promesse d’apocalypse climatique, les mutations technologiques incessantes, la crise de la transmission, l’isolement numérique, la fragmentation de la société. Tout cela crée l’angoisse, l’insatisfaction et finalement le populisme et la violence ».

Voilà : c’est dit. La crise, ce n’est pas nous. Elle s’impose à nous.

Notons l’absence de deux mots-clés : la dénatalité (nous avons perdu 500 000 naissances autochtones chaque année) et l’immigration (500 000 étrangers qui débarquent chaque année). Comme il ajoute qu’il ne faut pas commettre de déni de réalité, cela commence bien !

« Ce n’est pas notre faute ». Alors qui sont les responsables ?  Les autres, tous les autres. « Le bloc central est un aigle aux ailes rognées sur sa droite et sur sa gauche ». Les socialistes ne font pas leur boulot et la droite de gouvernement non plus, abandonnant l’excellence centriste à son triste sort. Le bloc central ne peut avoir tort, c’est une victime de ceux « qui veulent jouer dans leur bac à sable ».

La solution : la proportionnelle et le retour à l’instabilité de la IVe République.

Plus nulle comme analyse du désastre et de la défaite macroniennes, on ne peut pas trouver.

La défaite de Macron et sa mise hors-jeu, comme celle du centrisme qui lui est associé, montre que ce qui reste de parlementaires centristes après la dérouillée voulue par Macron doit désormais se sortir des griffes du Président en voie de marginalisation et s’aligner sous l’aile de la seule force qui garantit la solidité des institutions : les fondateurs de l’actuelle république. Le centre éclaté en minuscules chapelles sans autres idées communes que la dépense publique, l’Europe et la soumission atlantiste, doit venir à Canossa et conforter le passage de témoins à une droite de gouvernement qui seule peut empêcher que le pays ne s’effondre sous le poids des dépenses socialistes et les conséquences de durées de travail ridicules, sur fond de vieillissement de la population et de submersion migratoire qui sature tous les services publics désormais en déshérence.

La révolution libérale qu’on aurait dû faire dans les années 1970-1990 pour rester au sommet, et que beaucoup de pays même socialistes ont faite, reste à faire en France, après 45 ans de retards désastreux, qui ont poussé à l’ampleur des votes extrémistes.

Ils osent appeler cela « programmes »

La France est en difficulté depuis 1 968 et surtout 1 973.

Après 25 ans de croissance forte qui a vu la France accumuler les excellents résultats sur tous les fronts (démographie, industrie, commerce, agriculture, divertissement, sécurité, paix, santé, équipements), la France des grandes villes a considéré qu’il était temps de s’en prendre définitivement à la « bourgeoisie » et ses « horreurs » et d’achever l’Église catholique qui y mettait du sien depuis Vatican II.

Juste au moment où la France était saignée par une rançon pétrolière scandaleuse et périlleuse, l’élite culturelle qui tient l’opinion via des médias de plus en plus investis par la Pub putassière et les idées « progressistes », entre les mains de l’État et de quelques milliardaires, a décidé de jouer le jeu de la fin de l’indépendance française et de la prospérité française et de la sécurité en France et de la natalité française, et de l’identité française.

Sur tous les fronts où la France avait réussi à retrouver des couleurs, une cinquième colonne indéfinie nourrie de marxisme débile et de démagogie facile s’est employée à tout inverser. Au lieu de maintenir et d’amplifier les acquis, la rage de les détruire s’est emparée des « élites ».

On a tué la natalité. Nous avons perdu 500 000 naissances en 2023 par rapport à 1970. En dix ans la population proprement française de deux villes comme Paris disparaît.

On a tué l’industrie et on essaie d’achever l’agriculture.

On a tué la prospérité : le revenu des Français est au tiers de celui des Luxembourgeois, la moitié des Suisses, les trois quarts des Américains (alors qu’on était quasiment revenu à parité).

On a démantelé la répression de la délinquance, avec Badinter et toutes les lois bannissant jusqu’à l’hypothèse de la prison. La grande folie du justicialisme a emporté la sécurité des citoyens. Il fallait désormais frapper le grand bourgeois et foutre la paix aux délinquants.

On a tué la démocratie en transférant pratiquement tout le domaine de la loi à l’Union européenne, en acceptant la constitution d’un gouvernement des juges et en poussant des associations délétères, les prétendues ONG, à construire la loi à la place des citoyens dans des enceintes extérieures à la France.

La haute fonction publique a réussi à capter entièrement le champ du politique et expulsé tout ce qui n’était pas conforme au « cercle de la raison », en multipliant les déraisons. Giscard pousse la fiscalité au plus haut. Rocard aggrave les dépenses publiques en plein cycle haut de la conjoncture internationale, au moment où il fallait commencer à rétropédaler sérieusement. Jospin croit que sa destinée et le souvenir de son passage sur terre passent par la sottise des 35 heures qui va liquider la compétitivité du pays et il flingue par opportunisme électoral la base nucléaire de la politique énergétique française. En prime il accepte l’entrée de la Chine dans l’OMC dirigé par un socialiste français. Il est tout surpris de ne pas entrer au Grand Paradis Des Dieux Socialistes et d’être viré par le peuple comme un malpropre. Chirac avec Juppé et Villepin sombrent dans le centrisme mou, l’européisme intensif et la bureaucratie administrative et fiscale.

On découvre que Sarkozy n’avait aucun programme et que tous les éléments de langage qu’il brassait étaient des attrape-nigauds. Ce faisant il tue l’UMP devenue LR et bientôt plus rien du tout. Il garde l’ISF, les 35 heures, et retouche à la marge la retraite à 60 ans, sans remettre en cause le pouvoir des syndicats dans le secteur public qui reste privilégié dans tous les domaines. Il est dégagé par la crise de 2008, mondiale, qu’il n’a pas compris et celle de 2011, proprement européenne, qu’il n’a pas vu venir.

Débarque Bidochon, un Énarque connu pour ses petites blagues et ses escapades en Vespa. Il est incapable de gouverner. Il aggrave donc toute la fiscalité, notamment avec l’intégration des revenus du capital dans le revenu fiscal où ils sont frappés à un taux marginal si élevé qu’il ne reste plus qu’à fuir le pays pour les grands capitaux. Espérer un rendement de 2 % frappé de 80 % d’impôts, avec plus de 2 % d’inflation, et 1 % d’ISF en prime, c’est renoncer à tout investissement et envoyer les « riches » investir ailleurs.

Le sinistre quinquennat gâché par les dissidences et les attaques islamistes, montre qu’à gauche, l’idéologie a explosé avec les deux bombes à retardement que sont l’alliance avec les islamistes de Mélenchon et le retour de l’Action directe, le tout mélangé au nitrate d’ammonium formé par l’indécente Cancel Culture Woke et l’écologie anticapitaliste de destruction massive.

L’idée se fait jour au sein de l’Enarchie triomphante que la seule défense, c’est de se cacher derrière l’Union Européenne et de souder les sociaux-démocrates résiduels et le centre, tout en acceptant des traîtres venant de l’ancienne majorité gaulliste. L’énarchie étatiste et socialiste opte en faveur d’Emmanuel Macron qui prétend représenter un hypercentre, marqué par des mesures de libération économique (la réduction de l’ISF aux seuls biens immobiliers et la Flat Tax sur les revenus mobiliers). On annonce même l’élévation de l’âge de départ à la retraite, la réduction des allocations-chômage, la moralisation de la vie publique, etc. L’attrape-nigaud est un cadeau au peuple comme toujours : la suppression de la taxe d’habitation, seul impôt touchant tout le monde et une économie directement sensible pour l’électeur.

Depuis 1981, la règle est bien établie : ne jouer que les Présidentielles et toujours présenter un « cadeau au peuple » de belle qualité. Hausse massive du SMIC et Retraite à 60 ans, 35 heures, défiscalisation des heures supplémentaires, Suppression de la taxe d’habitation. Pour le reste, ne jamais travailler en profondeur, entre deux élections et en liaison avec les militants, les mesures à prendre pour cesser de s’enfoncer dans tous les domaines.

Avec Macron la prise du pouvoir par l’Enarchie est totale : les trois premiers ministres successifs sont énarques ; le ministre des Finances est énarque. Le reste… Quel reste ?

La « Flat Tax » était indispensable. Plus aucun investissement n’était possible ! L’IFI est déjà une demi-mesure. Il fallait supprimer l’ISF et inclure les revenus immobiliers dans la taxation forfaitaire. Mais on spécule sur la haine du possédant qui s’enrichit en dormant pour faire passer la flat tax.

Toutes les autres mesures s’avéreront détestables et contre-productives.

Pendant 5 ans le gouvernement cherchera comment on peut mettre en place une « retraite par points » considérée comme miraculeuse. En vain ! C’était un pari de songe creux qui traînait dans les arrière-cours mais qui faisait moderne et dynamique pour les crétins.

L’interdiction du cumul des mandats allait transformer le Parlement en chambre hors sol où toutes les conneries pourront être dites sans vergogne, avec des députés de la majorité vides de toute représentativité et de connaissances politiques utiles.

La suppression de la taxe d’habitation, le seul impôt réellement juste et universel, tournera au n’importe quoi avec un transfert massif sur l’impôt foncier qui s’ajoutera à l’IFI pour provoquer la crise du bâtiment.

Ne parlons pas de la reprise du plan énergétique de Hollande et le massacre de l’énergie atomique.

Lorsque la réélection sera en vue, Macron distribuera pour près de 80 milliards d’euros de « cadeaux catégoriels au peuple » et éludera le premier tour pour se concentrer sur la lutte contre le fascisme au second.

Tout cela finira dans la stagnation économique, les déficits sociaux et commerciaux, une impasse budgétaire effarante et une dette abyssale de plus de 3 000 milliards d’euros avec la baisse des notes des instituts de notation. Plus une mise en demeure de l’Union Européenne sur les déséquilibres des finances publiques françaises.

La vérité toute nue est éclatante : Emmanuel Macron n’avait aucun programme de gouvernement seulement un plan média pour prendre le pouvoir. L’expérience constante est que le pouvoir conquis n’est pas le lieu où un programme peut s’élaborer, pour peu qu’on le désire.

Jean Cau disait : « au pouvoir, on n’agit pas, on réagit ». Et on essaie de survivre.

Lorsqu’on regarde le déroulement de la campagne législative en cours, on voit que les programmes sont inexistants. Comme pour les Européennes le pays veut coller une raclée à l’abruti qui par vanité et même par folie a décidé de se lancer dans un bras de fer narcissique avec le peuple. Le RN qui avait promu repoussoir en chef, pour faciliter la réélection sans discussion d’un homme qui au fond de lui-même se sait incapable, est désormais l’instrument de la claque phénoménale que le pays veut à nouveau asséner « au gamin immature qui se croit tout permis et pérore sur un tas de fumier ». Autant dire que son programme n’a aucune importance. Ce n’est qu’un rassemblement d’éléments de langage ciblé visant des clientèles. La perspective d ‘une arrivée au pouvoir conduit à arrondir les angles. Rien de plus.

Du côté de la « gauche », un « comité de sales gueules » rameutées par le sinistre Mélenchon, au mieux cinq personnes, veut en profiter pour prendre des places et se faire un peu d’argent. Le programme est un ramassis de slogans plus indignes les uns que les autres, dont le mantra est comme toujours basé sur la haine : « Bourgeois, on aura ta peau. Riche, on aura ton fric. » L’effondrement de l’URSS n’aura servi à rien ni le dévoilement des massacres terrifiants et stériles conduits par les révolutionnaires devenues des dictateurs sanglants. Une coalition d’intérêts électoraux joue à la révolution en se déshonorant. Que reste-t-il de François Hollande, qui se rallie à un homme qui joue son destin sur l’antisémitisme d’une rue arabe chauffée par la guerre à Gaza ?

Les Français veulent se venger. La croissance s’est envolée. Les services publics essentiels sont cul par-dessus tête. Les entreprises sont étranglées. La natalité s’est évanouie. Le discours public est infâme à l’école et au sein de l’université. Et on veut leur coller sur le dos la « restauration de la nature » et le « sauvetage du climat » tout en sabotant leur culture et leurs mœurs. Et ils jugent que la submersion incontrôlée du pays par des Noirs et des Arabes le plus souvent musulmans changent radicalement l’identité du pays. Désormais on viole des femmes de 90 ans ! On arrache les bijoux de cou des vieilles dames dans la rue et jusque dans les lieux d’habitation. On viole des enfants de 13 ans parce qu’elles sont juives. On accepte des ratonnades antifrançaises. On tolère le développement de cartels de la drogue. On refuse de sanctionner. Le pays par saccades est à feu et à sang. Et l’armée française se fait virer d’Afrique sans réaction par des putschistes cupides qui bradent leur pays à la Chine et à la Russie en échange de leur garantie de survie.

Eh oui, les Français violentés et appauvris veulent se venger. Ils attendent depuis trop longtemps qu’on prenne en charge les difficultés du pays avec de vrais programmes établis au sein de partis de gouvernement réfléchis et allant au fond des choses et dont on sait qu’ils seront mis en œuvre loyalement avec le désir de réussir.

Le mouvement issu du gaullisme est dénaturé par des politiciens sans envergure et il n’a pas su entreprendre ce travail. Plus il rétrécissait, plus le nombre d’écuries présidentielles augmentait. « Seules les Présidentielles comptent et j’ai mes chances ». Pour quoi faire ? Heu ! Heu ! Il séduit aujourd’hui 7 % des électeurs, disent les sondages. Il est écartelé. Bref il est quasi mort. L’extrême centre est antinational. La social-démocratie est lessivée faute d’accepter de faire les constats nécessaires et de renoncer à la haine de l’autre qui est son fonds de commerce et à l’idée qu’il suffit de ruiner les gens qui réussissent pour tout régler. Le mouvement est mort.

Reste la vengeance. Elle s’oriente d’abord contre le président de la République, violent en parole et méprisant, de surcroît incapable et qui veut gagner son bras de fer narcissique contre le pays réel.

Avoir créé cette situation disqualifie à vie la parenthèse ‘Macron’qui n’aura été qu’une odieuse bouffonnerie depuis le début et dont on ne voit pas très bien l’épilogue.

Tant qu’un parti sérieux n’aura pas défini un vrai programme de sortie de crise et de déclassement permettant d’obtenir des résultats et de restaurer la confiance entre le pays et les dirigeants, le désordre continuera.

Les médias prétendent décortiquer des programmes. Il n’y a aucun programme nulle part. Seulement des éléments de langage et de la communication électorale qui n’ont exactement aucune signification réelle.

Il ne s’agit pas d’une élection mais d’une convulsion.

Imposer un tel stress au pays, ce n’est pas gouverner. C’est prouver sa folie. Ne jamais réfléchir en profondeur aux solutions, par peur de son ombre électorale, du qu’en-dira-t-on, des initiatives du voisin, de l’état de droit supposé, des règles européennes ou autres bloquants du même tabac, est la garantie de la carence future de l’action gouvernementale.

Et de l’effondrement continuel du pays.

Aux sources de l'écologie anticapitaliste et malhonnête - L'ozone et le Giec. (suite et fin)

Les années 1985-1992 vont voir un basculement complet des conceptions et des actions en matière d’environnement, une discipline qui va éclater radicalement entre trois domaines :

-          La lutte traditionnelle contre les pollutions : on corrige au fur et à mesure les difficultés provoquées par la production et la consommation.

-          L’idéalisation de la nature et du monde animal, qui s’incarne dans la lutte pour la biodiversité, pour elle-même, et dans celle pour la « restauration » de la nature, victime digne d’intérêt indépendamment de son utilité pour l’homme. 

-          Le nouveau domaine de la lutte contre le dérèglement climatique dont l’urgence est justifiée par le risque de disparition du vivant sur terre à court terme.

L’irrationalité, la violence et le sectarisme extrême vont s’installer et s’amplifier constamment dans les deux derniers segments, au fur et à mesure de leur triomphe d’abord auprès des instances internationales puis, un peu plus tard , par  l’exploitation systématique des catastrophes météorologiques constamment expliquées par un allégué « dérèglement climatique ».

On a vu en première partie que les conventions environnementales  précédentes ont déterminé que la sphère terrestre était en équilibre fragile qui pouvait être déstabilisée par l’action humaine et que dans ce cas une réponse universelle devait être mise en place pour rétablir la situation. Deux évènements, suscitées par la même équipe, vont concrétiser cette approche : le protocole de Montréal sur l’ozone et la création du GIEC.

Tout part du Canada où un certain nombre d’activistes se regroupent autour d’un certain Maurice Strong.  De la fin 1970 à la fin 1972, il est secrétaire général de la Conférence des Nations unies sur l'environnement. C’est un homme de conviction et d’influence. Il connait par cœur et les institutions onusiennes, et le circuit des donateurs milliardaires, tout en pratiquant les arcanes politiques. Depuis de longues années, diverses études s’intéressaient à la diminution de l’épaisseur de la couche d’ozone. Pas de certitudes avérées au départ mais un risque déjà très clair : sans ozone les risques de cancer seront importants. On sait déjà que des substances agissent en laboratoire sur l’ozone. Voilà le moyen d’installer sur la peur un consensus international.

 « Ayant présentes à l'esprit les études qui se déroulent concernant la couche d'ozone », une conférence plénipotentiaire est organisée à Vienne (mars 1985). Elle ne décide rien mais stipule qu’il faut faire de nouvelles recherches et protéger la santé humaine.  Le petit groupe canadien s’empresse d’utiliser cette première victoire pour mettre en route la négociation du protocole de Montréal. Il s’agit d’interdire toutes les substances ayant un impact sur l’ozone (CFC etc.).  Ces substances sont remplaçables et n’impactent que très peu d’acteurs. Il est donc facile de demander leur remplacement. Les coûts sont très faibles et très localisés. Par rapport aux risques cités, difficile de ne pas être d’accord. D’autant plus que la Nasa découvre, pendant les travaux, un « trou dans la couche d’ozone », avec belles photos en prime. L’affaire fait le tour du monde. Le protocole de Montréal est aussitôt signé en septembre 1987. Le monde entier paraphera (cela ne coûte rien). La lutte réussie contre le trou dans la couche d’ozone devient une légende qu’on enseigne aux enfants sans discontinuer depuis. Il faut bien ancrer dans l’esprit des jeunes que l’industrie peut créer des dégâts mondiaux et que l’action des organisations mondiales appuyées sur la science permet d’obtenir des résultats formidables.  « L’histoire de la couche d’ozone continue à montrer l’exemple, déclare en 2024 Tina Birmpili, chef du secrétariat de l'ozone hébergé par l’ONU Environnement, organisme sous lequel se trouve le protocole. Il est la preuve de ce qui peut être fait lorsque nous écoutons les scientifiques et que nous mettons nos différences de côté afin d’agir pour la planète. Mais cela ne doit pas être une exception ».

Le leitmotiv est bien installé. L’affaire quitte l’actualité jusqu’en novembre 2022 où la Nasa découvre que le trou de l’Ozone n’a jamais été aussi grand ! La plupart des médias refuse d’en informer leurs lecteurs, sauf parfois en tout petit. Ils attendent la réaction du laboratoire chargé de la question, qui reçoit des subventions très importantes pour surveiller le trou et qui n’a rien vu venir.  La réponse se fera attendre des mois. Une note précisera que c’est le réchauffement climatique (sic) qui explique le trou devenu énorme en concentrant malencontreusement les gaz à effets de serre qui mettent du temps à disparaître ! Le laboratoire demande plus d’argent pour parfaire ses recherches ! En 2024, ces dernières semaines, c’est la sarabande des médias : oui le trou de l’ozone se referme et disparaîtra…dans trente ans. Ouf ! On peut rechanter la belle chanson sur la merveille politique qu’aura été la convention de Montréal. Comme il n’y a qu’une seule source, personne ne vérifiera rien. Espérons que le trou de l’ozone ne prendra pas une ampleur disproportionnée en 2052 expliquée par la dernière lubie de l'époque...

Revenons à Strong et son réseau. Le succès de Montréal lui démontre qu’il est temps de passer à la vitesse supérieure. On va étendre la méthode « ozone » au « CO2 anthropique » et pour cela créer le GIEC.

Nous reprenons ici un court extrait d’un texte paru sur le site Vérité et Climat :

« Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) est un organisme créé par l’ONU après sa résolution 43/53 de décembre 1988 qui mentionnait « l’évidence que le réchauffement climatique pourrait être dû à la croissance des gaz à effet de serre ». Il a été créé pour « mieux comprendre les fondements scientifiques des risques liés au changement climatique d’origine humaine. ». D’après l’article premier de la convention qui l’a créé, « on entend par changements climatiques des changements du climat qui sont attribués directement ou indirectement à une activité humaine. » Les causes naturelles étaient exclues. Dès l’origine, sa mission obligeait donc le GIEC à ignorer les causes naturelles du réchauffement climatique, et à systématiquement écarter tous les scientifiques, informations et articles qui en faisaient état. Les représentants des 195 pays qui l’ont créé, généralement des fonctionnaires des ministères de l’Environnement de ces pays, approuvent ses rapports à l’unanimité. Ils n’ont pas le choix. Aucune dissidence n’est tolérée. Tous doivent professer une foi quasi-religieuse en deux affirmations simples :

  1. Les émissions humaines de CO2, dues à la combustion des combustibles fossiles (charbon, pétrole et gaz), ont causé la totalité de l’accroissement depuis 1850 du taux de COde l’atmosphère, un accroissement de 280 à 420 ppm, soit 140/420 = 33 % du taux actuel.
  2. Cet accroissement du taux de CO2 est la cause de la totalité du réchauffement climatique depuis 1850 (environ 1°C). »

Fin de citation.

Notons la date : 1 988. Membre fondateur du GIEC, Strong est désigné secrétaire général du Sommet de la Terre, et préside ainsi la Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement, à Rio en 1992.

On voit l’influence d’un seul homme sur tout le processus. Le coup double ozone & CO2, c’est lui ! On est très, très loin des peuples et des opinions publiques. Tout cela se passe entre diplomates et délégués écologiques, grands donateurs milliardaires, mondialistes heureux comme Schwab, qui préside à Davos le forum éponyme, grandes ONG mondialisées, politiciens bien introduits et ambitieux comme Al Gore.   Les sherpas du G7 « vendent » aux présidents concernés les idées qui règnent dans ces milieux, à cheval sur la science et la politique internationale. C’est par le G7 que se décide en vérité le GIEC.

Le fait dramatique et porteur d’immenses conséquences détestables est très clair et facilement vérifiable :   l’objet statutaire de l’institution est de mettre en cause les conséquences de l’activité des hommes sur le climat et elles seules. Ce n’est pas une réflexion sur le climat qui est organisée par le GIEC en finançant tous les aspects de la recherche scientifique, comme on le croit généralement. Le GIEC ne finance que les études mettant en lumière des causes anthropiques et exclut radicalement tout examen des causes naturelles de l’évolution du climat.  Evidemment lorsqu’on interroge les scientifiques subventionnés à ce seul effet, ils répondent tous sans exception que « oui le changement climatique a une cause anthropique ». Sinon l’arrêt des subventions du GIEC serait automatique. « La science a parlé » ? Non. Les scientifiques que nous payons exclusivement à mettre en cause l’homme ont parlé. « Nos subventions ont parlé ».

C’est pour cela que le Cercle des économistes e-toile défend l’idée minimale d’une conférence climatique officielle ouverte à toutes les recherches scientifiques et pas seulement à celles prétendant mettre en cause la seule responsabilité anthropique qui est préjugée par le statut du GIEC. Une suggestion maximale est la dissolution du GIEC actuel et la construction d’une nouvelle instance de synthèse de tous les travaux sur le climat sans le cadrage limitatif qui est à son origine.

Ce que l’on va constater ensuite, c’est la mise en cause parfois ignoble de tous ceux qui travaillaient sur le climat en suivant d’autres chemins. Traditionnellement la température terrestre est expliquée par des phénomènes cosmologiques et physiques. Le rôle du soleil et de son positionnement, des mouvements erratiques de la terre en fonction de son parcours, des phénomènes comme les tâches solaires, et sur terre l’activité sismique, ou l’arrivée inopportune de météores sont au cœur des recherches. Les géographes localisent les bons effets de l’agriculture sur la température et les erreurs terribles qui poussent à la désertification, comme en URSS où l’écologie a été totalement ignorée au nom du productivisme scientifique marxiste.

Non seulement ces chercheurs vont être écartés des subventions mais ils vont être vilipendés et traités de tous les noms quand ils vont critiquer l'absence de sérieux de l'inculpation du CO2 dans l'étude du climat. Il suffit de voir le traitement infligé à Maurice Allègre puis à Vincent Courtillot pour en prendre pleine conscience. Valérie Masson Delmotte est une centralienne qui a rejoint le CEA (qui a été forcé d'accueillir des écolos dans ses équipes et d'ajouter l'écologie à sa vocation). Elle va être l’injurieuse en chef et le Fouquier Tinville dans cette affaire.  Remarquée par Jean Jouzel , contempteur du capitalisme, un des piliers du GIEC, elle devient coprésidente du Groupe 1 pendant huit ans de 2015 à 2023, elle va animer des mobilisations de masse dans les journaux de gauche pour casser l’influence de deux spécialistes historiques des sciences de la terre et de sa couronne gazeuse qui ont remarqué très vite les mensonges éhontés qui sont publiés par les scientifiques subventionnés par le GIEC. On y retrouve notamment la hausse des mers à des niveaux ridicules qui sera démentie par les faits, et la négation du rôle utile du CO2 et le fait qu’il a atteint dans le passé des proportions beaucoup plus importantes sans effets majeurs sur la température. Plus personne ne défend ces élucubrations aujourd’hui. Dans l’hystérie qui commence à recouvrer cette partie de la science, l’institut de Physique du Globe qui représente la tradition de la recherche voit ses deux directeurs traités de tous les noms, et mis au banc de déshonneur. Cette exclusion aura lieu un peu partout en Occident.  On casse tous les scientifiques de renom au nom d’une nouvel classe de scientifiques mieux conscientisés. Les femmes sont très souvent à la manœuvre dans cette « cancel culture ».  Elles jouent facilement le rôle de passionaria, surnom aussitôt accordé à Mme Masson Delmotte. Pour ceux qui voudrait une confirmation récente, qu’ils analysent le rôle d’une historienne de l’art, Laurence Bertrand Dorleac, devenue présidente de la FNSP qui pilote Sciences-Po où sa spécialité n’était jusqu’ici non présente, dans l’exclusion de Pascal Perrineau... 

Le refus absolu de tenir compte d’autre chose qu’une explication anthropique par le CO2 va finir par créer une très forte et durable réaction qui elle-même sera contrée par une propagande « politiquement correcte » abjecte faisant de tout contestataire un « platiste », un complotiste, un climatosceptique intéressé, une nullité scientifique, une horreur dont la parole ne doit pas être reproduite en attendant d’être sanctionnée. Diabolisation et parfois nazification des incroyants  sont à l'ordre du jour dans les milieux "progressistes" avec dressage de piloris.

Revenons à 1992. Maurice Strong et son clan triomphent avec la conférence de RIO de 1992 et ils vont faire tout basculer pour trois décennies dans la folie et la rage de la propagande officielle et dans les décisions délirantes. Lui trône en majesté au milieu de 120 chefs d’Etat et il a rassemblé des milliers de représentants d’ONG et de groupes de pression.  Il ne faut pas hésiter à relire les principes proposés.

PRINCIPE 1 : Les êtres humains sont au centre des préoccupations relatives au développement durable. Ils ont droit à une vie saine et productive en harmonie avec la nature.

PRINCIPE 4 : Pour parvenir à un développement durable, la protection de l'environnement doit faire partie intégrante du processus de développement et ne peut être considérée isolément.

PRINCIPE 5 :  Tous les Etats et tous les peuples doivent coopérer à la tâche essentielle de l'élimination de la pauvreté, qui constitue une condition indispensable du développement durable, afin de réduire les différences de niveaux de vie et de mieux répondre aux besoins de la majorité des peuples du monde.

PRINCIPE 6 : La situation et les besoins particuliers des pays en développement, en particulier des pays les moins avancés et des pays les plus vulnérables sur le plan de l'environnement, doivent se voir accorder une priorité spéciale.

PRINCIPE 8 : Afin de parvenir à un développement durable et à une meilleure qualité de vie pour tous les peuples, les Etats devraient réduire et éliminer les modes de production et de consommation non viables et promouvoir des politiques démographiques appropriées.

PRINCIPE 10 : La meilleure façon de traiter les questions d'environnement est d'assurer la participation de tous les citoyens concernés, au niveau qui convient. Au niveau national, chaque individu doit avoir dûment accès aux informations relatives à l'environnement que détiennent les autorités publiques, y compris aux informations relatives aux substances et activités dangereuses dans leurs collectivités, et avoir la possibilité de participer aux processus de prise de décision. Les Etats doivent faciliter et encourager la sensibilisation et la participation du public en mettant les informations à la disposition de celui-ci. Un accès effectif à des actions judiciaires et administratives, notamment des réparations et des recours, doit être assuré.

PRINCIPE 11 : Les normes appliquées par certains pays peuvent ne pas convenir à d'autres pays, en particulier à des pays en développement, et leur imposer un coût économique et social injustifié.

PRINCIPE 12 : Les Etats devraient coopérer pour promouvoir un système économique international ouvert et favorable, propre à engendrer une croissance économique et un développement durable dans tous les pays, qui permettrait de mieux lutter contre les problèmes de dégradation de l'environnement. Les mesures de politique commerciale motivées par des considérations relatives à l'environnement ne devraient pas constituer un moyen de discrimination arbitraire ou injustifiable, ni une restriction déguisée aux échanges internationaux. Toute action unilatérale visant à résoudre les grands problèmes écologiques au-delà de la juridiction du pays importateur devrait être évitée. Les mesures de lutte contre les problèmes écologiques transfrontières ou mondiaux devraient, autant que possible, être fondées sur un consensus international.

PRINCIPE 13 : Les Etats doivent élaborer une législation nationale concernant la responsabilité de la pollution et d'autres dommages à l'environnement et l'indemnisation de leurs victimes.

PRINCIPE 14 : Les Etats devraient concerter efficacement leurs efforts pour décourager ou prévenir les déplacements et les transferts dans d'autres Etats de toutes activités et substances qui provoquent une grave détérioration de l'environnement ou dont on a constaté qu'elles étaient nocives pour la santé de l'homme.

PRINCIPE 15 : Pour protéger l'environnement, des mesures de précaution doivent être largement appliquées par les Etats selon leurs capacités. En cas de risque de dommages graves ou irréversibles, l'absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte pour remettre à plus tard l'adoption de mesures effectives visant à prévenir la dégradation de l'environnement.

PRINCIPE 16 : Les autorités nationales devraient s'efforcer de promouvoir l'internalisation des coûts de protection de l'environnement et l'utilisation d'instruments économiques, en vertu du principe selon lequel c'est le pollueur qui doit, en principe, assumer le coût de la pollution, dans le souci de l'intérêt public et sans fausser le jeu du commerce international et de l'investissement.

PRINCIPE 17 :  Une étude d'impact sur l'environnement, en tant qu'instrument national, doit être entreprise dans le cas des activités envisagées qui risquent d'avoir des effets nocifs importants sur l'environnement et dépendent de la décision d'une autorité nationale compétente.

PRINCIPE 20 : Les femmes ont un rôle vital dans la gestion de l'environnement et le développement. Leur pleine participation est donc essentielle à la réalisation d'un développement durable.

PRINCIPE 21 : Il faut mobiliser la créativité, les idéaux et le courage des jeunes du monde entier afin de forger un partenariat mondial, de manière à assurer un développement durable et à garantir à chacun un avenir meilleur.

PRINCIPE 22 : Les populations et communautés autochtones et les autres collectivités locales ont un rôle vital à jouer dans la gestion de l'environnement et le développement du fait de leurs connaissances du milieu et de leurs pratiques traditionnelles. Les Etats devraient reconnaître leur identité, leur culture et leurs intérêts, leur accorder tout l'appui nécessaire et leur permettre de participer efficacement à la réalisation d'un développement durable.

PRINCIPE 23 : L'environnement et les ressources naturelles des peuples soumis à oppression, domination et occupation doivent être protégés.

Nous donnons ces textes parce qu’ils sont très révélateurs. Les principes des conférences précédentes sont rappelés mais l’évolution est frappante : on se fiche de la science. Le principe de précaution emporte tout. La loi doit réprimer et les états doivent organiser l’accès aux tribunaux aux ONG.  Désormais tout le monde a le droit à une vie saine et si les Etats ne font pas ce qu’il faut ils doivent être condamnés. La nouvelle jurisprudence de la CEDH s’appuiera sur ces principes pour condamner la Suisse qui n’a pas compté le volume de gaz à effet de serre … en 2024. La propagande devient indispensable. Elle doit être développée pour mobiliser…les femmes (coucou les wokistes) et les jeunes. Le prêchi prêcha bien intentionné va s’épanouir.  Des termes comme « élimination » apparaissent : les Etats devraient réduire et éliminer les modes de production et de consommation non viables et promouvoir des politiques démographiques appropriées. On ne précise pas ce qu’est une production et une consommation non viable ni une politique démographique inappropriée.  On veut éliminer l’excès de bébés là où il en a trop. Retour du malthusianisme le plus infect.

Sanctions et propagande sont les deux mamelles de la nouvelle action pour l’environnement. Ce n’est pas la science qui commande. Fini l’encouragement libéral à trouver des solutions. Il faut imposer un narratif et sanctionner. L’écologie répressive vient de naître. Elle n’a plus à composer avec les oppositions scientifiques. En prime des juges, la coercition sociale est souhaitables par les "peuples" eux-même (c'est la conception wokiste de l'empowerment, largement reprise du maoïsme où les enfants des mandarins étaient sollicités de crever les yeux de leurs pères en public pour montrer le chemin du salut révolutionnaire. Du Garde rouge au Khmer vert, le chemin est bien balisé).

On dira : mais où est la mise en cause du CO2 et le réchauffement climatique ? Pas d’inquiétude : Strong a prévu un cheminement spécial : la Convention Cadre des Nations-Unis sur les Changements Climatiques.  Ses définitions sont comme, pour le statut du GIEC, totalement biaisées.  On entend par « changements climatiques » des « changements de climat qui sont attribués directement ou indirectement à une activité humaine ». Pas question de prendre en compte des changements climatiques d’origine naturelle. Pas d’échappatoire, l’homme seul est coupable et c’est à ses faits et gestes qu’on va s’attaquer.

Il s’agit bien de la suite de l’opération réussie à Montréal par Strong et ses amis qui étendent à tous les gaz non encore surveillés les mêmes procédures obligatoires. « Toutes les Parties établissent des inventaires nationaux des émissions anthropiques de gaz à effet de serre non réglementés par le protocole de Montréal et les mettent à disposition.  Ils établissent des plans nationaux visant à atténuer les conséquences de l’émission de gaz à effet de serre non réglementés par le protocole de Montréal ».

On impose le financement de la science (encadrée) et de l’endoctrinement (encadré) du grand public et d’abord les enfants avec des programmes obligatoires à construire à cet effet. Evidemment c’est l’Occident développé qui est chargé de payer pour les pays en développement. Et il faut naturellement mettre fin à tous les obstacles commerciaux qui nuiraient aux pays en développement… Mondialisation du commerce et lutte contre les gaz à effet de serre doivent aller de concert. Contradiction ? Pas du tout ! On verra le résultat après l’entrée de la Chine dans l’OMC.

Pour les initiés s’ouvrent d’énormes marchés administratifs subventionnés qui vont faire quelques fortunes remarquables. Des ONG, des politiciens, des milliardaires, de grandes entreprises vont se battre pour capter cette manne.

On ne s’étonnera pas d’apprendre que Maurice Strong est un corrompu. Il démissionne de ses fonctions à l’ONU avant d’être condamné pour avoir reçu 988 885 $ d’argent détourné. Plus tard on apprendra qu’AL Gore a gagné plus de 330 millions de dollars avec ses différentes sociétés chargées d’exploiter le filon ouvert à RIO. L’énorme lobby des énergies renouvelables et ses ONG associées sont à la fête.   

Il faut constater que c’est en 1992 que se structure définitivement le thème de la protection de la diversité biologique et de restauration de la nature sauvage abîmée par l’ignominieuse humanité.  Le prétexte du développement saute.  La nature est une victime. Notre devoir est de lui porter secours. Les moyens peuvent être violents comme contre le nazisme. La réclamation victimaire pour des non humains entre dans l’histoire. Les animaux et les insectes deviennent des sujets de droits. Pas question d’ironiser : un professeur de droit qui se moque de cette tendance sera éjecté de l’université à Paris ! Contester devient un délit ! Finie, la liberté de parole et de jugement !

La particularité de RIO est là : la fin de la liberté de penser, le mensonge et l’irruption de la répression.

Article de Jérôme Fourquet - Seconde partie 2000-2024

La période 2 000 – 2 011 va se révéler tragique pour le pays.

La crise boursière du début des années 2000 signe la mort des ambitions de Lionel Jospin, qui a fini par indisposer les électeurs. Il se voulait de la lignée des saints socialistes qui ont donné au peuple des droits nouveaux, Jaurés, Blum, Mitterrand et maintenant lui ! Il est balayé comme Jocrisse, trotskiste trop longtemps caché, borné et antipathique. Ceux qui l’ont connu au début des années soixante se souviennent de sa haine contre les bourgeois et surtout leurs héritiers, entre deux saluts à Krasucky ! Il finira dans un appartement bourgeois dans un hôtel particulier rive gauche, une maison à l’île de Ré et des régalades au restaurant du Dôme. Plus bourgeois, tu meurs. Et fort riche. Mais seulement avec de l’argent public. Un sale type envieux et cupide qui a lourdement aggravé la ruine de la France.

Chirac, qui préférait Jospin à tout autre, ne sait pas quoi faire de sa victoire facile contre le Pen. Il confirme son tropisme centriste et l’abandon de toute volonté particulière. Il reconstitue avec Villepin une doublette énarchienne à la tête de l’État. Il n’a plus de pouvoir monétaire. Les européistes poussent à adopter une constitution fédéraliste autour de ce qu’on appelle, à tort, une constitution que Giscard est chargé de rédiger. Le temps est à l’effacement des frontières, à l’extension des limites de l’Europe, à la liberté de circulations des hommes, des capitaux, des marchandises et des services. La spéculation financière internationale s’emballe. L’industrie française finit de sombrer. On cherche à tout prix à faire baisser le coût du travail. On met fin aux coups de pouce au Smic. On commence à envisager la défiscalisation et l’exonération de charges sociales sur les bas salaires. Surtout on voudrait permettre à la jeunesse de trouver du travail en créant un SMIC jeune, facilitant l’emploi des centaines de milliers d’adolescents laissés pour compte et commençant à entrer dans la spirale de la violence et de la drogue.

L’attentat contre les tours jumelles de New York marque un tournant. L’Oumma s’est donné un mouvement de conquête à partir du mouvement de Ben Laden enfant du conflit soviéto-afghan puis de Daesh. Le Moyen Orient devient critique ! L’Iran triomphe et arme les mouvements anti-israéliens.

La Chine devient l’usine du monde. Une entreprise qui n’est plus mondialement compétitive est bientôt morte. L’industrie française fond jusqu’à quasi disparaître.

Chirac devient le Grand Méchant Mou, et s’enfonce dans la dépression puis la maladie. Les conséquences des 35 heures, de la retraite à 60 ans, de la surfiscalité, des politiques restrictives de l’Euro, de la dénatalité, d’une immigration incontrôlée commencent à être tragiques. La France dégringole dans tous les classements.

La période est marquée par la passivité centriste. Chirac a théorisé la fragilité du pays. Il ne fait plus rien. « Facho Chirac » est devenu « le roi fainéant » !

Il ne remet rien en cause des stupidités jospiniennes. Juppé s’est grillé les doigts avec l’annonce d’un changement du système de retraite à la SNCF qui a provoqué la grève la plus longue qu’on ait connue dans la période moderne. On ne l’y prendra plus. Le RPR devenu UMP est devenu un parti invertébré, sans doctrine et noyé par le centrisme. On ne voit plus très bien les frontières avec le PS qui conserve son monopole sur les médias et l’Éducation Nationale.

La France sombre doucement sans rien dire et sans se fâcher. Les tares accumulées montrent leurs effets délétères sans que personne ne bouge. Il serait bien aventureux de voir dans la période le règne de l’état guichet. C’est surtout un état impuissant qui ne voit pas que se forme un prolétariat provincial qui ne survit de facto que par les allocations publiques. On se dirige vers les Gilets Jaunes et la France Périphérique angoissée et nerveuse.

La foudre tombe à Wall-Street. La crise majeure annoncée par notre « prix Nobel » d’économie national, Maurice Allais (et par nous-mêmes), étale ses effets à la mi-septembre 2008. Ils sont terrifiants. La France, économiquement désarmée, est anéantie financièrement et économiquement. Il faut déployer tous les mécanismes de survie. Trichet à la BCE résiste et crée artificiellement une sur-crise européenne en 2011. C’est la Bérézina. Sarkozy qui n’avait pas voulu entendre les avertissements portant sur la gravité de la crise à venir, trahit ses électeurs et fait venir une bande de socialistes au pouvoir pour préparer sa réélection. Il ne tient aucune de ses promesses sur l’ISF, les 35 heures et la retraite à 65 ans, mais promeut Kouchner !

Hollande est facilement élu avec un programme grotesque qui fait la part belle aux écologistes, à la fiscalité répressive, au sociétalisme. Tous les services publics s’effondrent. Les riches partent en courant. Les retraités qui le peuvent filent au Portugal pour fuir les impôts et la vie chère. Les attentats musulmans massacrent des centaines de Français. La délinquance triomphe. Le socle de l’énergie nucléaire est cassé et commence à sombrer. La loi SRU et le blocage des loyers montrent le retour de solutions dont tout le monde sait qu’elles sont contre-productives. La bureaucratie explose avec des textes de plus en plus coercitifs. Il y a tant de victimes à protéger, de « droits-de » à brider, de « droits-à » à distribuer !

Hollande, surnommé élégamment Bidochon, dévalorise la présidence française au-delà de toute limite. La droite, déconsidérée par Sarkozy et ses trahisons, n’en profite pas.

La place est libre pour un opportuniste. Emmanuel Macron est élu sur la double promesse de faire les réformes fiscales que Sarkozy n’a pas voulu faire et de revenir sur les excès socialistes et fiscaux de Hollande et du PS, travaillés par des dissidents gauchistes et l’émergence d’un parti Vert copié sur l’Allemagne et qui promeut une écologie anticapitaliste faisant la part principale aux revendications sociétalistes des minorités.

Inutile de revenir sur le bilan des sept années de sa présidence. Le déclassement est généralisé et aucune des causes du malheur français n’a été contrariée.

L’énarchie compassionnelle triomphe avec la nomination de deux énarques puis d’une femme fonctionnaire au poste de premier ministre. Il est considéré comme normal pour un haut fonctionnaire d’être président d’une société publique d’autobus et de métro puis chef de gouvernement. Ou de faire le chemin inverse.

L’action publique est cette fois-ci conforme au scénario de Jérôme Fourquet : un guichet ouvert, quoi qu’il en coûte. La tactique électorale d’Emmanuel macron est claire : pouvoir dire à chaque français « j’ai fait pour toi plus que quiconque avant moi ». Le clientélisme électoral devient sans limite. Il est aggravé par la crise sanitaire après l’affaire des Gilets jaunes et avant la guerre en Ukraine.

Les élites découvrent, tout d’un coup, l’état de la France « périphérique » et la montée de la pauvreté. Beaucoup en province survivent grâce aux allocations et aux activités soutenues par la dépense publique. On s’est beaucoup préoccupé des banlieues sans se rendre compte qu’une France tranquille était en train de sombrer dans la pauvreté.

Le pays découvre avec le Covid que ce qu’on leur présentait comme le système médical le meilleur du monde est totalement en déshérence. Les médecins y ont perdu le pouvoir au profit des dizaines de milliers de fonctionnaires. L’intenable gratuité a fini par ruiner le système. D’autant plus qu’on ouvre le guichet à des étrangers même en situation irrégulière. La « sécu » est une gabegie et en même temps un échec de plus en plus grave, l’accès aux soins de qualité devenant de plus en plus difficile.

La guerre en Ukraine montre la nullité militaire du pays qui n’a pu les moyens d’une guerre classique de forte intensité et s’est fait virer à coups de pied au derrière de l’Afrique. L’inflation prend à revers les banques centrales qui sont obligées de déclencher une récession pour éviter la perpétuation d’une inflation majeure.

Macron est en fait un impuissant qui ne survit que par la com’ et l’endettement massif. « Tu pues la mort » lui dira un manifestant énervé lors d’une opération image menée en province pour mettre fin aux casserolades. Du coup il constitutionnalise le droit à l’avortement et prépare un droit au suicide assisté par l’État…

Une fois de plus, regardons les causes majeures de la situation désastreuse où se trouve la France au terme de la période 2013-2023.

-            La crise structurelle des deux systèmes de changes internationaux, les changes flottants et les dysfonctionnements de la monnaie unique sont centraux. On a jugulé les banques en multipliant les contraintes administratives et bureaucratiques et en réduisant les libertés. Mais les tares sont toujours là.

-            L’Europe a ajouté une couche supplémentaire de réglementation notamment en faisant la promotion du malthusianisme écologique. La France a voulu surajouter sa propre bureaucratie. Les lois Wargon doivent être systématiquement déconstruites pour avancer.

-            Le niveau de vie relatif des Français a décroché.

-            Il n’y a plus d’enfants dans un pays vieilli.

-            L’insécurité est devenue incontrôlable aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur.

-            Il n’y a plus de majorité de gouvernement et la montée des extrêmes bat tous les records. Ils détiennent plus de la moitié des votes du corps électoral.

La responsabilité personnelle d’Emmanuel Macron est directement engagée. Fourquet ne le dit pas expressément, alors que la politique du guichet, c’est largement lui qui l’a portée aux niveaux insensés actuels, notamment l’année précédant sa réélection aux présidentielles avec près de 75 milliards de cadeaux au peuple.

Soyons clairs : en ne mettant pas en avant les vraies causes du désastre et en refusant de désigner clairement des coupables, l’article de Fourquet est finalement parfaitement creux. S’il n’y a pas de causes ni de responsables, il n’y a pas de solutions. L’article ne propose aucune mesure, sinon de mettre fin à une politique de guichet dont il ne voit pas pourquoi elle a été mise en œuvre ni par qui, spécifiquement.

La déchéance française est tellement avancée, l’impuissance de l’État français est tellement majeure, avec des pouvoirs néfastes tellement difficiles à vaincre et installés dans des sinécures abusives tellement difficiles à prendre, et les forces extérieures sont tellement contraignantes, qu’il est difficile d’envisager un plan de redressement acceptable pour un pays saccagé par tant d’années d’impéritie et qui flirte maintenant avec le tiers-monde.

Trois récessions mondiales majeures et trois autres moins graves, des dizaines d’années de socialisme débridé, la menace des écologistes anticapitalistes et de l’extrême gauche, l’envahissement islamique, la perte de souveraineté en Europe, la déconfiture des services publics alors que l’énarchie compassionnelle a pris le pouvoir politique et renoncé à sa vocation première, la dénatalité, relayée par le Wokisme, voilà les causes de notre effondrement. La France a des ennemis faciles à désigner et des mesures à prendre pour éviter qu’ils ne lui nuisent. Cela suppose des inculpations précises, une vision claire des causes et un plan d’action sans faiblesse.

L’article de Jérôme Fourquet ne prépare rien de tout cela. Il ne s’agit plus d’être faussement neutre et de disculper tout le monde en inculpant une mauvaise habitude qui arrange tout le monde. Mais de comprendre que le pire est à venir si nous ne réagissons pas. En dénonçant une France à bout de souffle l’article donne certes un peu d’air à ceux qui depuis des lustres avertissent dans le désert. Mais il faut aller beaucoup plus loin.

Le désastre a des causes. C’est sur elles qu’il faut agir.

Il n’est que temps ! L’écroulement guette.

 

Didier Dufau, pour le Cercle des économistes e-toile.

Le faux diagnostic de Jérôme Fourquet sur la fin du " modèle français" Décrire ne suffit pas.

Il faut connaitre les causes et l'histoire. Première partie 1970-2000

L’époque ne s’intéresse plus aux économistes depuis la crise de 2008. On se souvient des propos de feu la reine Élisabeth d’Angleterre : « à quoi servent les économistes s’ils ne prévoient pas les crises ». Du coup le terrain a été occupé par les philosophes, les sociologues, les spécialistes des sondages et les géographes. À eux d’essayer de comprendre la société dans ses profondeurs comme dans ses excroissances.

Certains ont connu une belle notoriété comme Christophe Guilui. Il analyse la fuite de la classe ouvrière résiduelle vers le FN et la crise des Bonnets rouges puis des Gilets jaunes. Il forge le concept de « France périphérique » qui fait florès.

Jérôme Fourquet est un spécialiste des sondages, avec une formation dans un IEP de province et un DEA de géographie qui, à force de commenter ceux de l’IFOP, a fini par devenir un personnage médiatique décryptant la nouvelle société française. Il a, lui aussi, forgé sa terminologie autour du concept « d’archipélisation de la société ». Le livre qui explicite la notion et l’a particulièrement révélé comme penseur global et pas seulement commentateur de sondages est L'Archipel français : une nation multiple et divisée (Prix du livre politique 2 019), éditions du Seuil, février 2019, 384 P. (ISBN 978-2-02-140603-0).

Son dernier ouvrage, La France d'après : Tableau politique, Paris/impr. en Italie, éditions du Seuil, octobre 2023, 560 p. (ISBN 978-2021542493) a été abondamment cité dans la presse et les médias radiotélévisés.

Il vient de signer un très long article (deux pages entières du Figaro, ce qui est rare), dénonçant la faillite d’un modèle qu’il juge avoir dominé la politique française « quel que soit le gouvernement » : « L’état Guichet, un modèle à bout de souffle dans une France qui a cessé de produire ».

Il clôt par cette réflexion, qui se veut définitive, la phase d’indignation qui a suivi l’annonce d’un déficit budgétaire indécent de 5.5 % du PIB qui avait révélé une France incapable de sortir de son addiction pour la dépense publique et le bilan économique décevant d’Emmanuel Macron. Les résultats étaient exactement le contraire de ceux annoncés.

L’avantage des commentateurs des instituts de sondage, c’est leur apparente scientificité et neutralité. Ils révèlent une matière première sans eux inaccessible. Grâce leur soit rendue !

Le terrible diagnostic d’un modèle français tombant en quenouille a donc fait un grand effet et il a été repris et commenté à peu près partout. Venant d’un observateur neutre et nimbé de science sondagière, la vérité ne pouvait plus être contestée. La France est KO ! On ne pourra pas aller beaucoup plus loin avec le modèle qu’il nomme le « stato consumérisme ». L’avantage est de présenter un modèle méta politique : il est valablement explicatif sur des dizaines d’années avec des dizaines de gouvernements différents.

La leçon vaut pour tous les partis politiques de gouvernement sans exception. Donc aucun d’entre eux n’est vraiment responsable. Vive la neutralité. Comme les commentaires de sondages, le texte peut être lu par tout le monde sans se fâcher.

Ce n’est pas comme si on avait condamné le néolibéralisme, le socialisme, l’européisme, l’écologisme ou toute autre frange idéologique de l’opinion. Stato consumérisme, c’est plat, lisse, sans adhérences fâcheuses. On peut y aller.

Il n’y a rien à dire sur les longues descriptions des résultats désastreux qui défigurent la France. L’auteur reprend des chiffres souvent cités et que tout le monde connaît, notamment les lecteurs des ouvrages pour l’IFRAP d’Agnès Verdier-Molinié et … ceux de ce blog. L’originalité est de lier tous les développements sous une même bannière explicative : on a choisi de consommer et non de produire et cela se termine mal. Conclusion : il va falloir relever le défi de la réindustrialisation et tordre le cou à l’obsession du pouvoir d’achat. « Le guichet est fermé ! ».

Le constat n’est pas original. Il ne peut pas faire de mal. Le statut de l’auteur lui permet de le faire connaître au plus grand nombre de façon consensuelle. Parfait !

Eh bien non, ce n’est pas parfait et même en partie trompeur. Le constat lénifiant ne peut pas encourager les vraies solutions. Pourquoi ? Parce que les causes ne sont pas évoquées. On décrit, on nomme, on qualifie. On n’explique pas. Du coup on ne prend pas de risque, mais on ne risque pas non plus de trouver des solutions !

La lecture mélange tout allégrement, les périodes, les circonstances, les gouvernements comme s’ils avaient tous la même caractéristique : défendre le consommateur et lui seul quitte à ruiner la production et les équilibres fondamentaux.

M. Fourquet n’est pas économiste et ne connaît pas bien l’histoire des 55 dernières années qui forment pour lui une espèce de magma homogène de mesures consuméristes constantes. Ces « choix collectifs ont traversé ces dizaines d’années sans être remis en cause ». Quand les a-t-on formalisés et qui ? Silence : on parle des quarante dernières années, mais aussi des cinquante. La fin du siècle est semble-t-il critique. Tout flotte dans le flou.

Finalement aucune des vraies causes de difficultés françaises n’est réellement évoquée. Le silence sur les causes semble d’or. Du coup on sombre dans un verbiage incantatoire décalé des réalités.

Commençons par les années soixante-dix. Fourquet n’a littéralement rien compris à la période 1973-1980.

La destruction par les Américains du système de Bretton Woods provoque la chute du dollar et une crise économique sévère, larvée et américaine jusqu’en fin 1972 et mondiale début 73. Fin 73, en réponse à l’effondrement du cours du dollar, un cartel pétrolier se forme qui assomme le monde d’une augmentation outrancière du prix du pétrole. L’inflation explose et les économies occidentales se grippent encore plus.

Pour la France le coup est inopiné et violent ! Giscard et Chirac tentent une relance « keynésienne » sans savoir que la technique ne marche pas en système de changes flottants. L’expérience échoue et on appelle Raymond barre qui n’est pas exactement un pro consumériste. La purge fera perdre les élections présidentielles, d’autant plus que les États-Unis lancent une politique sévère de lutte contre l’inflation qui provoque une récession mondiale à partir de 1980.

La capture de la politique par les hauts fonctionnaires, un régime que nous appelons « l’énarchie compassionnelle », est désormais installée. Giscard ne pense que fiscalité. Elle va exploser. TVA, plus-value, etc. L’ISF était dans les tiroirs de Giscard. Ce sont les énarques de Mitterrand qui la mettront en place… Ils ne pensent qu’à des mesures administratives. L’autorisation préalable de licenciement est une erreur bureaucratique prodigieuse. Le but est d’éviter après les affres de mai 1968 l’apparition de formes révolutionnaires alors que la coalition socialo communiste menace de prendre le pouvoir. La multiplication des mesures « sociétalistes » et l’ouverture à une gauche modérée sont également une volonté politique d‘assouplir les tensions nées à gauche en mai 1968. Il faut « se réconcilier avec la société et les jeunes ». La théorie du bloc central chère à Minc prend forme. Giscard entend gouverner au centre.

Mais derrière ces approches politiciennes, qui sont du domaine du discours, Giscard apporte une réponse très forte au chantage des pays pétroliers : l’atome et le TGV ainsi que des investissements industriels dans tous les secteurs en retard (téléphonie, informatique etc.). Où voit-on une politique consumériste ? Où voit-on une politique dominée par le court terme ? Giscard a travaillé pour le demi-siècle à venir.

Les années soixante-dix sont politiquement sous la pression du gauchisme soixante-huitard, et économiquement sous la domination américaine qui impose les changes flottants, une inflation démente et la pire récession depuis 1929 ! Le tout est aggravé par la poussée des pays arabes pétroliers et leur volonté d’écraser Israël quitte à faire sombrer le monde entier dans le terrorisme.

Impossible de retrouver dans la période un « modèle d’état guichet ». Bien sûr, il y a de la démagogie. La possibilité de passer deux ans au chômage avec 90 % du salaire est une erreur dramatique. Dans l’entreprise américaine où je suis devenu directeur général adjoint, je dois faire face à la demande d’un ingénieur en chef qui exigence de bénéficier du nouveau licenciement économique. Il pourra finir à Nantes ses études de doctorat tout en faisant le moniteur de voile sur les plages en été et le moniteur de ski en hiver. Mon refus est vu comme de la malveillance : c’est l’État qui paie. Pourquoi refuser ? Les clients ? Rien à battre. Ne rien foutre pendant deux ans en gagnant plus qu’en travaillant, cela ne peut se refuser.

La poussée féministe en faveur du divorce, de l’avortement et du contrôle des naissances lance la destruction de la natalité française, alors que le regroupement familial provoque une invasion migratoire. Plusieurs fonctions régaliennes critiques font les frais des restrictions imposées par la récession. La santé connaît un numerus clausus très restrictif avec laminage de la fortune des médecins et surtout des chirurgiens. L’armée devient une armée de métier pour éviter les « comités de soldats » qu’essaient d’imposer Edwy Plenel et les trotskistes révolutionnaires ainsi que le droit de grève. L’éducation nationale sombre avec le collège unique de M. Haby. La sécurité publique sombre également avec la généralisation du justicialisme dans les tribunaux et la création du syndicat de la magistrature.

Jean Royer se fait un nom en dénonçant l’abandon de la poursuite des délinquants notamment mineurs, et la politique de l’excuse systématiquement mise en place dans les tribunaux. Il ne veut pas de la pornographie et dénonce la pédophilie qui à l’époque est portée par quelques intellectuels de gauche, dont Cohn Bendit pour qui la sexualité des jeunes est réprimée à tort. Il est aussitôt classé fasciste et coursé à chaque manifestation publique par l’extrême gauche, un peu comme Zemmour aujourd’hui. Il est effaré par l’exode rural et le développement de la grande distribution qui tue le commerce de centre-ville en province. La loi Royer lutte contre l’extension des grandes surfaces. Pas de chance pour Jérôme Fourquet, le gouvernement mène dans ce domaine une politique anti consumériste qui verra bientôt le fils Leclerc se lever contre « cette attaque contre le pouvoir d’achat ».

Si on hiérarchise les causes du désastre que sera cette période, on aboutit à cette liste :

-            L’instauration des changes flottants qui provoquent à nouveau des récessions mondiales majeures périodiques et font chuter la croissance à long terme. Merci les États-Unis.

-            La poussée violente des états musulmans, avec le cartel pétrolier et le terrorisme mondialisé

-            Le dévoiement de la cinquième République où le domaine politique est absorbé par les hauts fonctionnaires (l’énarchie compassionnelle) qui ne pensent qu’en termes de taxes et d’impôts, de règlements, de subventions

-            La pression sociétaliste gauchiste et socialo communiste.

Alors oui, des mesures démagogiques sont prises (contrôle stupide des prix, blocage des loyers, les deux années de chômage à 90 % du salaire, l’autorisation administrative de licenciement.) Il fallait faire face dans la panique aussi bien au choc de la récession qu’à la pression politique.

Giscard a multiplié les erreurs graves mais personne ne peut l’accuser d’avoir bradé la production, les transports, et l’industrie. La grande distribution naît à la fin des années soixante, en pleine phase de croissance pour étendre la prospérité à toutes les couches de la population désormais propriétaire de voitures et bancarisées et les gouvernements tentent de freiner le mouvement. La hausse massive du pétrole ne va pas faire du bien à la grande distribution. Les fusions de la fin des années soixante-dix marquent la difficulté du secteur. Quant à l’agriculture, devenue la principale activité de la Commission européenne, elle fait l’objet de réformes à cause de la récession. L’extension des jachères date de là. La grande préoccupation européenne devient monétaire. Que devient le système de péréquations européen en système de changes flottants et comment résister au dollar ? L’ouverture de la finance à la spéculation date du milieu des années soixante-dix avec l’ouverture des grandes salles de marché. Le bâtiment lui s’effondre et ne reprendra vie qu’à la fin des années quatre-vingt.

L’analyse simpliste de Jérôme Fourquet est totalement inappropriée pour la période 73-80. Elle n’a même pas de sens. Elle ne désigne aucune des sources de malheur. Elle ne permet aucune prise de conscience. Elle n’incrimine aucun des acteurs ou des modes de pensée responsables. L’auteur ne tient pas compte de la réalité historique au profit d’une construction intellectuelle artificielle.

Giscard le Fat se fait photographier en bellâtre en maillot de bain sur le bord de la piscine de Kingston à la Jamaïque, alors qu’il y signe l’acceptation de la mort des accords de Bretton Woods qui ont été la condition des « trente glorieuses ». Là, il faudrait sortir la mitrailleuse. Pas un mot de Fourquet pour qui le rôle crucial du système monétaire international est visiblement inconnu.

Si on prend la période 1981-1993, c’est en gros le règne mitterrandien. Mitterrand est un politicien habile et sans scrupule et, humainement un pourrisseur. Il va détruire l’économie française et la société française, aussi bien que son entourage et finalement provoquer le déclassement durable du pays et la perte de sa prospérité comme de son indépendance.

Le Programme Commun, est simplement dément. On nationalise à 100 % des secteurs entiers qu’il faudra dénationaliser plus tard. L’énarchie s’empare de tous les leviers économiques et politiques. L’entreprise est saccagée par la fiscalité et les lois Auroux. La justice se met à enfermer les cadres et les dirigeants d’entreprises à larges poignées. L’ISF est mis en place. La fuite des capitaux commence et ne s’arrêtera plus. On détruit l’hôpital en voulant casser du mandarin. L’emprise de la bureaucratie commence. Tous les secteurs publics ou parapublics sont livrés aux syndicats. Les réglementations explosent.

Dès 1984 après de multiples dévaluations, l’ordre est donné à la banque de France de préparer le passage à la monnaie unique en pratiquant une politique monétaire restrictive. En contrepartie on lâche tout dans le domaine sociétaliste. Surtout on réduit la durée hebdomadaire de travail et on avance de cinq ans l ‘âge de départ à la retraite. On cesse quasiment de réprimer la délinquance en dénonçant la prison criminogène, et on s’enivre de la suppression de la peine de mort. La délinquance explose et ne sera plus jamais contrôlable. La corruption embrase toute la vie politique. Il n’y a qu’à se servir. M. Defferre fête chaque nouveau milliard gagné à Marseille. Et de rire.

Le bilan économique est tragique. Toutes les industries traditionnelles sombres : textile, sidérurgie, le Nord et la Lorraine sont désormais sinistrés à perpétuité. Je suis dans le restaurant où Fabius fête au champagne sa nomination comme premier Ministre. À son arrivée tous les convives marquent leur mépris en tapant sur leur verre. L’après-midi il est venu à la télévision pour pleurer sur la fin de la sidérurgie lorraine… Pleurs au journal télévisé, champagne une heure après ! Les braves gens !

Politiquement Mitterrand crée la fortune de Le Pen, un de ses anciens copains, qu’il enfonce profondément dans le flanc de la droââââte. On rigole bien à l’Elysées. Pas dans le pays. Ce sera la cohabitation. L’énarchie de droite prend le pouvoir avec Chirac et Balladur. Cette période sera la dernière où les grandes préoccupations nationales seront prises un peu en compte par le pouvoir politique. On supprime l’ISF et remet à peu près en place une vraie gouvernance. Mais on ne touche pas à la bureaucratie et aux mesures délirantes. Le sociétalisme reste en place. L’affaire du décès de Malek Oussékine et la révolte étudiante gâchent les chances électorales de Chirac à la présidentielle suivante. L’école peut finir de sombrer.

Le second septennat de Mitterrand est une simple horreur. Il est malade et ne fait plus rien que d’essayer d’avoir un bilan européen. Maastricht devient la grande affaire et avec elle la perte définitive de toute indépendance pour la France. On laisse la place à la finance. Les Oligarques commencent à fleurir. Mitterrand se flatte d’avoir été le dernier président de plein exercice ! Et il est déifié par une coterie !

Le bilan économique des deux septennats est terrifiant. La France n’est plus compétitive et embarquée dans la concurrence internationale avec des fers aux pieds. L’élévation de Bernard Tapie avant sa chute brutale symbolise des années fric, où la spéculation est partout et l’économie nulle part.

Le désordre international lié aux changes flottants continue à faire ses dégâts. Une nouvelle énorme crise financière est en formation. Elle explose en 1992-1993. Elle est sauvage. La France subit un nouveau choc terrible, plus fort qu’en 1973, sans cette fois-ci de réaction sur les prix du pétrole. Mais elle est terriblement affaiblie par 11 ans de mitterrandisme socialo communiste. C’est la catastrophe. La gestion de Rocard a été pitoyable et il a poussé la dépense publique et la fiscalité au plus haut pendant la phase haute du cycle. La récession laisse hagard ses successeurs.

Retour à la situation de 73-74, mais en pire. La France est littéralement ruinée et sommée après le référendum sur le traité de Maastricht de préparer l’Euro et un nouveau moment fédéral européen. Chirac se fait élire et pousse Juppé et ses mesures purement bureaucratiques. Chirac dissout à contretemps et se voit infliger 5 années Jospin et une « dream team » fantasmée qui ruine définitivement l’école, l’entreprise, la sécurité, le bourgeois. L’instauration des 35 heures alors que l’OMC s’ouvre à la Chine et que la mondialisation des échanges devient le mantra de l’époque signe le déclassement radical inéluctable du pays. Il n’y a plus d’hôpital public asphyxié par la bureaucratie. L’éducation nationale sombre définitivement. L’immigration sauvage s’amplifie sans limite. La fiscalité est oppressive. Le secteur nucléaire est attaqué. L’écologisme anticapitaliste est promu. La désindustrialisation triomphe avec la nomination d’un l’énarque socialiste à la tête de l’OMC. Les socialistes commencent à théoriser la perte de la classe ouvrière à remplacer par le nouveau prolétariat : les immigrés musulmans.

Si on regarde les grandes causes du désastre de la période, on retrouve :

-            Les changes flottants, source de récessions mondiales toujours plus graves

-            Le socialisme et les cadeaux au peuple

-            L’extension de la variante malthusienne et antinucléaire de l’écologisme

-            Le triomphe de l’énarchie compassionnelle

-            Le poids de la perspective de création de l’euro qui implique des finances répressives et des taux d’intérêt forts.

En attendant, toutes les fonctions régaliennes sont en grande détresse ; justice, éducation nationale et recherche, sécurité intérieure et extérieure, rayonnement de la France, santé, tout est en train de sombrer. La natalité est en berne, l’immigration au plus haut. On a commencé à détruire notre socle nucléaire, le seul avantage compétitif qui nous reste. Superphoenix est arrêté.

Voilà ceux qui détruisent le pays et sa prospérité.

Le Cercle des économistes e-toile se crée à ce moment pour dénoncer ce qui s’annonce : un désastre.

Il ne s’agit pas de dénoncer un système de guichet mais directement les erreurs tragiques qui vont signer le déclassement tragique du pays.

-            La mondialisation déséquilibrée avec deux systèmes monétaires défaillants le futur euro et les changes flottants

-            Une France dont la démocratie a été captée par l’Enarchie et la bureaucratie, acceptant un étatisme et un fiscalisme délirants

-            Le reliquat de socialo gauchisme et la poussée sociétaliste débilitante qui tue la natalité et laisse le pays envahi par une immigration incontrôlable.

-            Une poussée malthusienne liée à l’écologie qui menace toute croissance.

Cela va tout de même bien plus loin qu’un simple modèle de guichet « statoconsumériste ». C’est le pouvoir d’achat lui-même et la croissance qui sont gravement menacés. La France est en danger.

(à suivre)

Géopolitique et changes flottants

Géopolitique et changes flottants
Le Président français vient de rencontrer M. Xi Jin Ping. Un des sujets abordés a été le terrible déficit commercial entre la France et la Chine, et la pression majeure que la Chine exerce dans toutes les disciplines et marchés associés de la décarbonation : éoliennes, photovoltaïque, voiture électrique, équipements électroniques lourds.
La somme des déficits bilatéraux en 2022 et 2023 a atteint 100 milliards d’euros, des chiffres records. Rappelons que de 2010 à 2019 la France n’a exporté que 119.4 milliards d’euros de marchandises et de services. Nous avons donc accumulé dans les deux dernières années un déficit l’équivalent au montant de nos ventes de la décennie précédente.
C’est proprement dément ! Aucun économiste ne peut justifier des écarts pareils.
Comme il n’y a plus de régulation internationale des soldes inter-états comme du temps de Bretton Woods, les dirigeants français ont très respectueusement demandé que la Chine fasse quelques efforts pour rétablir l’équilibre des échanges. La Chine à part quelques simagrées de circonstance, a répondu : faites mieux économiquement si vous le pouvez et surtout n’emboîtez pas le sillage des États-Unis qui nous a désignés désormais comme son adversaire principal.
Le Président français est resté coi. Que dire quand on n’a jamais même esquissé une réflexion sur les causes de la situation détestable où se trouve la France, non compétitive et accumulant les déficits intérieurs et extérieurs de plus en plus délirants ?
Le problème de la Chine est l’extraordinaire collecte de devises américaines que le système monétaire des changes flottants a permise. Dans le système précédent, les États étaient responsables de leurs excédents et de leurs déficits. En cas de trop gros excédents il leur aurait été demandé de réajuster la valeur de leur monnaie. En cas de trop gros déficits, il fallait qu’ils restaurent leur compétitivité et par accord mutuel, ils pouvaient dévaluer mais sous contraintes du FMI avec un plan de redressement.
Pour que le système tienne, il fallait que le dollar revienne à l’état de monnaie normale et ne soit plus la source de la monnaie internationale ou que la tenue de son rapport à l’or soit garantie par une politique américaine adéquate.
Les États-Unis ne l’ont pas voulu. Le système de Bretton Woods a explosé et on est passé, à la demande de l’Allemagne, aux changes flottants, où les taux de changes sont dirigés par le marché et contrôlés par les banques centrales.
Les résultats ont été immédiats : des énormes excédents correspondant à d’énormes déficits ; des taux de change ne reflétant en rien les exigences d’un commerce international sain ; des flux monétaires gigantesques au-dessus des frontières et le rôle crucial des mouvements de capitaux et des nouveaux modes de collecte et d’emploi de l’épargne.
Lorsque l’Allemagne a accumulé des excédents gigantesques, personne n’a protesté. Mais lorsque le dollar s’est effondré les excédents ont fondu en valeur et l’Allemagne s’est trouvée devant de gosses difficultés à la fin des années quatre-vingt. Le Japon a pris le relais avec les mêmes résultats dans les années quatre-vingt-dix. La Chine a pris le relais, accumulé des milliers de milliards de dollars d’excédents et s’est retrouvée avec la crainte que la valeur de ce magot ne fonde.
Plus aucune règle internationale n’impose à la Chine de maintenir un commerce équilibré avec une nation qui de plus n’a plus de monnaie qui lui soit propre. Tout le monde sait que l’Euro est trop bas pour l’Allemagne et trop haut pour la France, sans aucun moyen d’ajustement simple.
La France en est réduite aux incantations. Son déficit vis-à-vis de la Chine est extrême et non maîtrisable.
Xi Jin Ping s’est donc contenté de se faire caresser les bras (Macron n’a pas essayé le ventre comme avec Lula, un progrès tout de même), tout en maintenant son sourire énigmatique.
Le président français s’est agité médiatiquement pour aucun résultat concret.
Une France prisonnière de l’Euro dans un système de change flottant ne peut retrouver de la compétitivité qu’en réduisant fortement la part du secteur public et en augmentant le temps de travail. 40 heures hebdomadaires, 5 semaines de congé et départ à la retraite à 66 ans ? Probablement et abandon du statut de fonctionnaire pour la contractualisation, comme en Suisse avec abandon des emplois à vie ; identité des régimes sociaux entre secteur privé et public. Renvoi du financement de la sécurité sociale sur les particuliers et abandon de la notion de gratuité. Séparation entre la haute fonction publique et les grands postes politiques.
Une France reconstruite autour de ces mesures aurait une chance de restaurer sa compétitivité et ses balances extérieures, en dépit des deux systèmes monétaires malsains dans lesquels elle baigne. Elle pourrait parler haut et fort. Mais cela implique une phase de repli temporaire avant de reprendre la marche en avant.
Une classe politique entièrement dominée par les écuries d’Énarques n’y consentira jamais. Jamais !!!
Le déclassement français a encore de beaux jours devant lui. Et les présidents gesticulateurs et impuissants feront les moulins à vent devant les puissants, Europe ou pas Europe.
Cela fait maintenant 50 ans que cela dure. Sans la moindre prise de conscience. Avec le refus obstiné des médias d’offrir une fraction de leurs colonnes à une contestation de l’énarchie compassionnelle, d’un euro qui maintient et amplifie les déséquilibres et des changes flottants et leurs conséquences déplorables.
La France avance les yeux bandés en disant « jusqu’ici cela va encore » même si le déclassement s’aggrave d’année en année.
Les excédents de l’Allemagne lui ont permis de racheter une fraction considérable des entreprises françaises et pas seulement de se perdre dans l’immobilier espagnol, portugais ou grec. Les excédents ont entraîné le Japon dans sa situation actuelle de stagnation. La Chine est dans une situation branlante, à la fois capable de tout acheter et de se lancer dans des investissements colossaux mais fragilisée par le risque de perte de valeur de son stock de réserves si le dollar s’effondre. Elle a acheté des tonnes et des tonnes d’or qui atteint les sommets alors qu’on ne parlait que de démonétiser l’or à partir de 1971, à l’initiative des États-Unis. « La relique infâme » a encore quelques beaux jours devant elle.
La guerre en Ukraine a déstabilisé ce monde désarticulé, tuant la croissance mondiale.
Et pour couronner le tout, l’idée que l’homme était en train de tuer la vie sur terre à court terme s’est emparée des institutions internationales qui exigent de respecter des contraintes extravagantes, qui tournent à l’autodestruction, sur des bases scientifiques plus que fragiles malgré la propagande à caractère religieux qui entoure les conclusions du GIEC.
Autant dire que la France n’a aucune marge de manœuvre pour mener une politique indépendante visant son propre intérêt. En perdant la possibilité de dévaluer, elle ne peut agir rapidement sur les soldes extérieurs.
Tout cela pèse in fine sur le revenu des Français.
Le 10 mai 2024 les télévisions s’émeuvent des larmes d’une femme âgée qui s’adresse au faux angelot nommé récemment premier Ministre pour son minois et qui se plaint de devoir de retravailler à pas d’âge parce qu’elle ne s’en sort plus.
Aucune n’approfondira le « pourquoi » de cette situation. Pourtant la visite concomitante de Xi Jin Ping offrait une bonne occasion de tirer quelques fils explicatifs.
L’incurie macronienne n’a d’égal que la cécité volontaire (ou pire, involontaire) des grands médias.
Pendant ce temps-là la France s’enfonce. Gavés de propagande et d’opérations de communication, les Français applaudissent les mesures qui les ruinent ou se réfugient dans le vote protestataire. On peut légitimement parler d’une forme de déchéance que les historiens ne manqueront pas de relever.

Petites observations témoignant de grandes transformations économiques

L’économie est tout entière une question d’observation et de mesures. Sans statistiques, pas d’économie réfléchie et informée. Sans compréhension de la statistique, pas de compréhension de l’économie. Sans accès aux données et à la méthode de collecte, on ne sait finalement rien.

La Chine en donne une preuve parfaite. Les grands systèmes publics étant aux mains de l’État, l’observation indépendante est très difficile s’il ne garantit pas la fiabilité de la collecte, la stabilité des méthodes d’analyse et la publication des résultats.

De plus, l’information étant fournie d’abord sous forme d’estimations qui seront perfectionnées et validées, ou non, bien plus tard, la presse se fait fort de donner des certitudes exclusivement sur les premières estimations et ne corrige jamais le tir lorsqu’on connaît les vrais chiffres. Les différences sont parfois très nettes.

Comme la diffusion des constats est effectuée en la noyant d’éléments de langage le plus souvent trompeurs, exagérant des résultats positifs insignifiants ou gommant les résultats désastreux, le grand public ne comprend en général rien à ce qui se passe. Il flotte dans l’océan de la com’ comme un bouchon ou ne tient compte que des effluves de slogans. Le cynisme des dirigeants leur offre des justifications bidonnées qui s’effondrent quand on les creuse. Emmanuel Macron est le roi du verbiage exonérateur de ce type. Ce n’est « jamais de sa faute ». "Il a tout fait bien". Et c’est néanmoins la catastrophe.

L’affaire est aggravée par l’idée que l’opinion, par son pessimisme, peut avoir un effet économique négatif. Certains jugent légitime de manipuler l’opinion pour améliorer les résultats économiques effectivement très liés à la confiance. l’INED ou l’INSEE ou les experts officiels sont donc sommés de farder la réalité pour la bonne cause. Et la Cour des comptes se flatte de fournir ces constats après les discussions au Parlement !

Il est devenu très difficile de conduire une réflexion économique indépendante et très facile de créer des structures de manipulation des esprits comme l’OFCE qui profitent du brouillard pour défendre des postures. Structure socialiste intégrée à la haute administration étatiste via Sciences Po, ses thèses sont constantes : l’impôt et la dette c’est bien. Vive la création de postes de fonctionnaires. Vive la dépense publique. Non au capitalisme et au libéralisme.

Pendant des années notre Cercle a eu accès à une source de données tout à fait extraordinaire ; la proportion d’entreprises du secteur de la mécanique ayant des commandes en hausse et de celles ayant des commandes en baisse. La corrélation avec l’indice de la production industrielle est parfaite avec deux mois d’avance sur la réalité de l’activité et deux à quatre mois avant que les autres méthodes donnent une vision approchée de la réalité. Cet indicateur nous a permis d’annoncer très à l’avance l’arrivée et surtout la gravité des récessions de 1992-1993, du début du siècle et de 2008.

L’Insee obtient presque la même chose avec des enquêtes d’opinion auprès les services d’achat, mais la corrélation est plus floue. Il est désormais difficile d’obtenir la statistique la plus simple sur la valeur ajoutée des entreprises du secteur commercial. Vous n’obtenez sur le Net que les résultats de 2021 Trois ans de retard ! Alors qu’on dispose déjà des résultats des deux derniers trimestres 2023. Ce qui permettrait de trancher la question de la récession en cours.

Nous commençons en France à être dans la situation de la… Chine, où on ne peut comprendre ce qui se passe qu’en croisant des bouts de statistiques dont on ne connaît ni les sources ni les méthodes et qui contredisent souvent les affirmations officielles. En 202 la valeur ajoutée des entrerpises de plus de deux personnes était de 991 milliards d'euro. En 2023 la dépenses publique a été de 1607 milliards. La valeur ajoutée n'ayant pas cru de 60% en 2022 et 2023, on voit que l'Etat dépense plus que ce l'entreprise crée de valeur. Sans doute 25 à 40% de plus. Ne permettons plus de connaitre les chiffres officiels en temp réel. Sinon quels hurlements !

Paradoxalement, des observations anecdotiques permettent parfois d’alimenter des raisonnements économiques approfondis.

Dans les années soixante on a trouvé la conjonction suivante :

-         Le dollar valait 35 dollars l’once

-         Le journal le Figaro coûtait 35 cts (le Monde 50 cts)

-         La glace une boule à l’entrée du jardin du Luxembourg valait 35 cts (deux boules 50 cts)

-         Les chaisières dans le même jardin collectaient 35 cts pour une chaise (50 cts pour un fauteuil)

Quelle est la situation 60 ans plus tard et quelles conclusions en tirer ?

L’once d’or est passée de 35 dollars à 2 200 dollars

Le Figaro est passé de 35 cts de franc à l’équivalent de 2 500 cts de francs, à égalité avec le Monde (qui est rentré dans le rang)

Il n’y a plus de vendeurs de glace ni de chaisières au jardin du Luxembourg.

1 dollar vaut 1/2 201 d’once d’or. Le Franc 1/2 500 de Figaro. Les monnaies n’ont pas simplement perdu de la valeur, elles ont perdu toute valeur. Car perdre progressivement plus de 99 % de sa valeur veut dire un évanouissement, pas simplement une dévaluation.

Nous vivons, nous dit-on, dans un système de monnaies flottantes. Pas du tout ! Nous sommes dans un système de monnaies fondantes. Et cela vaut aussi bien pour la monnaie du monde que pour la nôtre et celle de l’Europe. En vérité toutes les monnaies du monde fondent à leur rythme et s’évanouissent.

La disparition des chaisières et des marchands ambulants de glaces s’explique en France par la « smicarisation » des rémunérations et des coups de pouces au SMIC. Une mesure prétendument sociale a interdit tout emploi qui n’atteint pas une certaine productivité. On a supprimé dans la courbe qui lie emploi et coût du travail, tous les postes à gauche du trait correspondant au salaire minimum chargé. Et récolté un chômage structurel ingérable de plusieurs millions de personnes, surtout en stimulant l’arrivée de millions d’immigrants dont l’espoir d’emploi, à leur niveau de productivité, est « à gauche de la césure de la courbe ».

D’où l’explication du paradoxe apparent d‘un manque de salariés disponibles (à la productivité voulue) et d’une masse de chômeurs qui se compte en millions. Et la stupidité du commentaire macronien sur « l’emploi qu’on trouve en traversant la rue ». Et le crétinisme de ceux qui répètent que la France est formidable car elle a un taux de productivité élevé. La France a l’emploi (et le chômage) que lui impose un coût du travail administré et imposé. On comprend mieux le travail au noir et l’explosion des petits métiers à la limite de la légalité (ce qu’on appelle l’ubérisation) qui permettent d’employer des gens qui ne peuvent pas fournir la productivité imposée. Du coup on cherche à régler la question en « déchargeant et détaxant » les bas salaires. En vérité on ne fait que transférer les charges sur d’autres en aggravant la pression fiscale globale avec les mêmes effets sur l’emploi via la réduction de la consommation et de l’investissement. Nous sommes en pleine imbécillité. Et cela se voit comme le nez au milieu de la figure à partir de constats minuscules. Si, pour être encore plus stupide, vous mettez votre industrie en compétition avec les pays à très bas salaires vous aggravez la situation en faisant disparaître votre industrie. Comme c’est malin ! On comprend aussi l’escroquerie macronienne qui prétend avoir résolu l’affaire et permis des taux d’emploi formidables, alors qu’aucune des causes du chômage structurel n’a été réellement éliminée.

On comprend mieux aussi, en partant de ces toutes petites observations, pourquoi le Bitcoin est si bien valorisé en dollar. C’est l’espoir qu’indépendant des États, ce soit une valeur moins fondante bien que capricieuse.

On comprend mieux aussi la fausse flambée du logement. Le logement n’a pas vu sa valeur fondre aussi vite que la monnaie. C’est tout. Et on entend des sots qui crient « la baisse du logement, enfin ! ».

Comme nous l’avons décrit dans un article précédent, si on les évalue en « valeur permanente de référence », les différentes courbes économiques prennent un tout autre aspect et induisent des raisonnements radicalement différents.

Un autre point important : les monnaies ayant la mauvaise idée de fondre, la mesure de l’inflation devient un élément critique. On a choisi en France un indice qui tente de limiter au maximum le constat de l’érosion monétaire, notamment en virant l’impact de la hausse des coûts du logement. La différence est très marquée par exemple avec l’indice allemand, qui, lui, en tient compte : pratiquement 1 %. La conséquence est qu’on dit que l’Allemagne est en récession alors que la France est stable à zéro %. Avec l’indice allemand elle connaîtrait exactement la même récession !

Une des grandes tares de notre période est certainement la perte d’honnêteté et de crédibilité de l’information économique publiée, remplacée par des injonctions vertueuses et les manipulations de la communication politique. La Chine vient d’annoncer que les économistes ne seront laissés libres que s’ils ne critiquent rien et qu’ils se montrent optimistes et louangeurs. La France s’en inspire.  Du coup, la connaissance économique étant quasi nulle dans la population (la formation économique dans le cycle scolaire est un simple épisode de propagande anticapitaliste !) et même au sein des élites, le champ de la bêtise a pris une extension phénoménale.

On le voit tous les jours pendant cette campagne pour les Européennes. On peut appeler cela démagogie, incompétence, cynisme ou idéologie, le constat est le même. Il est consternant. Et le déclassement économique et social de la France se poursuit.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Quel vote utile pour les Européennes ?

Les élections européennes sont depuis l’origine une curiosité. Le système démocratique européen est un sujet de consternation depuis toujours, sauvé par son « originalité », et par la passion européiste née des conséquences deux guerres mondiales.

Le traité de Maastricht et surtout le traité de Lisbonne ont radicalement changé l’esprit et le rôle des institutions.

Jusque-là, la Communauté était une coalition d’états mettant des ressources en commun pour gérer des espaces communautarisés. La Commission étudiait les dossiers. Les États contrôlaient les membres de la commission et sa présidence, ainsi que le contenu des ordonnances. Un parlement pipeau était là pour donner une coloration démocratique à l’ensemble. Composé de délégations d’états, si les chefs d’État s’étaient mis d’accord, le Parlement suivait sans faire d’histoires.

Le système marchait à peu près bien. L’idée était de supprimer les barrières purement nationalistes et de développer un espace économique commun, tout en affirmant que tout membre d’un pays de l’union serait traité dans un autre pays de l’union avec exactement les mêmes droits que les nationaux sauf pour les élections régionales et nationales. L’énorme progrès, inespéré, était que chaque citoyen d’un pays membres disait aux autres citoyens européens « je ne te crains pas, soit chez nous avec les mêmes droits et devoirs que nous ». Droits de séjour automatique, droits de déplacement sans limite, droits de contracter civilement et commercialement, étaient garantis quitte à respecter le droit des pays. Ces nouveaux droits étaient automatiques. Pas besoin de procédures ou de visas.

En revanche, chaque Etat était libre de ses lois et le but n’était pas d’unifier la totalité des politiques possibles. Tout n’était pas parfait. La Commission avait toujours tendance à aller au-delà de son champ d’action selon le principe que tout est dans tout. Un commissaire pouvait s’opposer à un projet mené par plusieurs états au nom de l’exclusivité qui était concédé à son pouvoir ans un domaine précis. La tentation de mettre en place une bureaucratie pléthorique avec des doublons majestueux vis-à-vis des institutions nationales, et de relancer sans cesse la machine à faire des normes de plus en plus strictes n’a pas réellement été contrée.

Le seul domaine où la politique des états a été centralisée a été l’agriculture et depuis le début, cela grince et cela coince.

Les pouvoirs nationaux restaient forts et le système démocratique de chaque nation permettait d’orienter les politiques et l’organisation de la société nationale, conférant aux élus un rôle nécessaire et aux débats une efficacité.

Le prurit européiste des forces qui veulent les États-Unis d’Europe sur une base totalement fédérale l’a finalement emporté, Giscard accordant des élections européennes au suffrage universel tenues le même jour dans toute l’Europe. Mitterrand accélérera vers le fédéralisme en abattant les frontières et en créant la monnaie unique. Puis vint le déni de démocratie du traité « constitutionnel » mené par Giscard et rejeté par le pays mais rétablit par le traité de Lisbonne.

Depuis, la confusion est structurelle et tout le monde a perdu la main.

La Commission comme le Parlement peuvent se saisir de n’importe quelle question, et s’asseoir sur les traités, si les chefs de gouvernements sont d’accord. Tout l’espace politique devient partagé et les élus nationaux perdent leur pouvoir. Les électeurs s’en détournent. Pourquoi élire des impuissants ?

Des mouvances majeures venues de l’étranger se sont installées en passant largement  par l’Europe :

-            La tentation de l’ONU via le GIEC de créer les conditions d’une dictature écologique démente et destructive des acquis de la civilisation

-            Le mouvement Woke et la « cancel culture » visant à abaisser les pays occidentaux et l’homme blanc hétérosexuel au profit de catégories prétendument victimisées.

-            L’immigrationnisme forcené notamment en faveur de l’immigration musulmane.

-            L’américanisme financier et la vente à la découpe du patrimoine industriel européen

-            Le démantèlement du secteur de l’énergie

-            Le démantèlement des politiques étrangères nationales

-            L’élargissement sans limite du nombre des pays membres

-            Le contournement du droit social avec l’emploi massif éventuellement aux conditions du pays d’origine de millions de personnes venues des pays de l’est.

-            La mise sous tutelle des gouvernements nationaux par la voie juridique et le chantage aux fonds structuraux.

-            L’entrisme fou des ONG dans les structures institutionnelles de l’UNION.

Surtout, face à la crise sanitaire du Covid puis l’agression russe contre l’Ukraine, la présidente de la Commission, voulue par M. Macron, s’est comportée en chef d’Etat fédéral  en dehors de tout cadre et sans respecter quelques règles que ce soit.

Ces évolutions franchement délétères et parfois allant au-delà de l’odieux (désigner le foulard islamique comme une preuve de liberté au moment où l’Iran tuait les femmes qui refusaient le voile, interdire à M. Orban d’éviter la propagande homosexuelle dans les écoles primaires, condamner la France à des pénalités pour retard dans l’implantation d’éoliennes avec le plus haut taux d’énergie décarbonée du monde) ont largement tué la bonne  volonté européenne des électeurs des pays membres. Elles changent radicalement le rôle des parlementaires européens.

Pendant longtemps les représentations nationales confortaient l’action de leur nation telle que menée par le pouvoir exécutif (président et chef de gouvernement), malgré le fait que la proportionnelle intégrale laisse une grande place aux « sensibilités ». Mais aucune sensibilité n’étant plus que minoritaire dans la minorité nationale et dans les regroupements libres et artificiels, mis en place pour se partager les postes institutionnels du parlement, rien de cela n’avait d’importance.

Tout système proportionnel est entre les mains des chefs de partis. Ils ont tous considéré que ces élections n’avaient aucun contenu programmatique et qu’il leur fallait régler des questions internes : constituer une tirelire (FN et Modem), éloigner des concurrents, aider quelques éclopés du suffrage universel à traverser le désert et anticiper un niveau de retraite inespérée. Globalement la proportionnelle permettait de compter la force respective des partis, sans que cela ait la moindre conséquence sur les élections postérieures.

Dans le cadre européen post-traité de Lisbonne, beaucoup de choses changent. Les personnalités choisies ont des postures très différentes vis-à-vis des mouvances venues de l’étranger, même au sein des partis, les conséquences nationales des décisions prises au parlement couvrent tous les domaines de la vie quotidienne et des politiques possibles. Le vote devient compromettant ! Le choix au sein de certaines listes de personnes militantes qui rejoignent des plans étrangers contre l’intérêt de leur pays et la ligne de leur parti devient critique. On a vu Pascal Canfin tenter de tuer l’agriculture française au sein du n’importe quoi macroniste. Choisir des présidents d’ONG qui ont par ailleurs table ouverte à Bruxelles comme parlementaire dépasse le cadre national habituel. C’est vrai dans tous les domaines qu’il s’agisse d’écologie, de Wokisme, d’immigration etc.

L’électeur est devant divers paradoxes. Il faut qu’il vote parce que le parlement a un rôle à jouer et décide de questions très concrètes. Ne pas voter revient à laisser le champ libre aux mouvements idéologiques transnationaux. Mais voter ne veut rien dire sauf pour les partis partisans du Wokisme et de l’écologie anticapitaliste qui voteront tous les textes mis au vote par une Commission largement perméable à ces mouvances.

Les partis sont tous plus ou moins embêtés par cette élection bizarre.

Le RN n’a aucun programme propre à éclairer ses votes au Parlement européen. Il veut se compter comme force de réaction antisystème en France comme en Europe. Parti de la collecte protestataire confirmé voire éternel, , il n’a même plus besoin de le dire.

Les socialistes veulent prouver qu’ils sont désormais plus forts électoralement que LFI. L’ambition est purement politicienne et nationale.

Le parti Zemmourien attend quelques ressources pour ses cadres faute de députés et de sénateurs. Il lui suffit de placer sa perspective contre le Wokisme, l’immigrationisme et l’européisme « délirant » dans une optique de défense des intérêts vitaux de la France. La cible : LR et les abstentionnistes. L’ennui est de s’être laissé envahir par d’anciens du FN et d’avoir mis deux personnalités ex-lepénistes en tête de gondole dont une fille le Pen. Zemmour se retrouve avec des dissensions internes et un positionnement à droite de Le Pen, ce qui nuit gravement à son entreprise. Parti avec 7 % des voix selon les sondages, il navigue un peu trop près des 5 % et l’absence d’élus pour ne pas s’inquiéter.

Emmanuel Macron par principe n’a pas de doctrine critique vis-à-vis de l’européisme ni d’aucune des forces importées. Sa liste a constamment voté avec les socialistes et été moteur dans les causes Wokistes et écologistes. Il a cautionné toutes les décisions énergétiques ou autres qui ont fait beaucoup de mal au pays qu’il dirige. Il milite pour l’extension sans limites du nombre de pays membres et il a fait voter par ses troupes le vœu du passage à des traités désormais fédéralistes sans minorité de blocage pour les gouvernements. Il a ainsi nourri son dossier de liquidateur de la France au service de l’Europe, en vue d’une ambition postprésidentielle éventuelle en Europe. En même temps il a voulu casser le vote RN en changeant de discours : ne plus parler de la collaboration et des Nazis au profit de la trahison en faveur de Moscou ! Reste à savoir qui trahit le mieux et le plus radicalement les intérêts français.

Pour LR les élections européennes sont un terrible casse-tête. LR n’est plus dans le trio de tête des partis politiques, systématiquement devancé par les Macronistes, le RN, la Nupes et même souvent les socialistes ou les centristes seuls. Sa liste part de bas et n’a aucune dynamique de victoire. LR est classé par l’opinion dans les « also run » comme disent les Anglo-Saxons spécialisés dans les « lame ducks » !

Son candidat, Xavier François Bellamy, vu comme un problème lors des précédentes élections est considéré cette fois-ci comme une chance. Il s’est démené comme un beau diable sur des sujets importants : il a fait dérailler la campagne ignoble en faveur du foulard islamique ; il a permis de requalifier l’énergie atomique comme source décarbonée digne d’être financée, il a dénoncé nombre de détournements des débats loin des traités. Personne jusqu’ici n’avait autant travaillé à Bruxelles. Sa parole est claire et éduquée. Il est rarement surpris à dire des bêtises. C’est beaucoup et peu à la fois. Son problème, c’est Mme Van der Leyen et le PPE, un parti où LR compte peu On ne saurait se risquer à compter les votes du PPE en faveur de mesures douloureuses pour la France et contraires aux espérances de M. Bellamy. Curieusement il ne veut pas enfourcher la question du vœu (voté par le PPE aussi) pour un changement des traités dans un sens fédéral. Son projet d’états associés de préférence à une entrée dans l’Union n’a aucune chance d’aboutir. Ce mélange nuancé de « je suis pour » et de « je suis contre » est totalement incompréhensible pour l’électeur. L’ami Bellamy est donc obligé de développer un langage complexe qui n’est pas de nature à peser facilement sur le vote. Il le fait avec ténacité, qualité et « bravitude ». On verra ce qu’il en sort. Jusqu’ici il reste à 6-7 % ce qui est insuffisant.

Éric Ciotti avait très justement expliqué lors de son triomphe à la tête de LR que son parti était la seule hypothèse d’alternance utile en 2027 car c’était le seul parti de gouvernement réellement alternatif, ce que devaient démontrer des conférences thématiques au plus près des militants sur les grands sujets nationaux. Toute cette bonne volonté s’est enlisée. LR n’a de doctrine sur rien et se trouve embarrassé par un combat parlementaire biscornu qui l’use autant que son adversaire principal ; Il n’a rien de lourd ni de sérieux à proposer. Le parti a continué à se faire dépecer.

Cela n’offre aucune aide à M. Bellamy. Sa seule chance de décoller dépendra du rejet de la candidature Van der Leyen, mais aussi de sa prise en compte des grands problèmes de l’Union avec une vision forte. C’est loin d’être gagné.

Pour les Français, la vraie nécessité est de contrer l’emprise récessionniste liée à l’écologie anticapitaliste, de contrer le courant wokiste et immigrationniste porté notamment par Macron, et d’éviter le passage au fédéralisme intégral. Il faut donc réduire voire éliminer les Verts et les macronistes. Sinon gare aux conséquences !

À ce titre, l’élection de cette année a en-effet une importance particulière.

La « société durable » : le nouveau masque de l’anticapitalisme primaire

Depuis mai 1968 on sait qu’il y a une composante « révolution culturelle » dans la gauche internationale. On la croyait disparue depuis que l’horreur des crimes des Khmers Rouges a été jugée génocidaire, comme, enfin, les atrocités commises par Lénine, Trotski et Staline, notamment en Ukraine. La reconnaissance désormais générale des massacres ahurissants qui ont accompagné le règne de Mao a laissé le maoïsme en lambeaux. Bien sûr certains se flattaient, encore récemment, fume cigarette à la main, d’avoir fourni des petites occidentales blondes au Grand Timonier. Et de glousser ! Mais l’effondrement plus général du communisme avec la fin de l’URSS n’a pas arrangé les choses. La pulsion de destruction de la société existante pour une utopie motivante pour les assassins de masse ne trouvait plus trop à s’employer.

On l’a vu un peu renaître avec le culte de l’ignoble Prachandra ou les horreurs des Farc, un temps sacralisés par le journal le Monde. Mais même ces rigoles de crimes abjects ont fini par lasser à l’extrême gauche et dans les milieux germanopratins. L’Europe de l’élimination du « bourgeois » est encalminée, trouvant un bien faible refuge dans la culture subventionnée.

Aux États-Unis, la radicalité a toujours été plus forte qu’en Europe. Depuis le maccarthysme, il n’y a plus eu de parti Communiste. En Europe, il fixait la limite à ne pas trop dépasser. On savait quand on entrait dans l’ignoble et dans le crime. On faisait semblant de croire que la parole mensongère de Jean-Paul Sartre, entre deux masturbations au premier rang du cinéma porno de la rue Delambre, avait une valeur quelconque et lui-même faisait semblant de croire que l’URSS était un bienfait. Un temps étrange.

Rien de tel aux États-Unis. L’inspiration n’est pas socialiste. Les militants poursuivent le Bien de façon presque religieuse. La coercition sociale est un moyen habituel comme l’éjection de la société, ce qui n’était pas du tout le cas en Europe où le souvenir des guerres de religion a très longtemps laïcisé et étatisé la contestation. Le bannisement était banni.

La lutte pour la reconnaissance de la responsabilité occidentale de la Shoah y a été un énorme succès. La série télévisée Holocaust a déclenché un véritable tsunami d’émotions. La tragédie des exterminations juives voulues par Hitler, qui dans l’immédiat après-guerre ne pouvait pas être distinguée des massacres et exactions commises sur l’ensemble de la population française, chaque Français ayant une claire conscience des pertes et des souffrances infligées par l’occupant nazi, a été singularisée sous le nom de Shoah. On cessa de parler de « système concentrationnaire » appliqué par les Nazis, le Japon, l’URSS et la Chine à quantités de segments de population. Accompagnée par la production de nombreux films et livres, la Shoah devint le fait le plus important de la seconde guerre mondiale et la responsabilité des populations non juives fut lourdement stigmatisée. Un livre comme celui de Paxton a développé l’idée que l’ensemble des Français, sauf quelques justes, et tous les gouvernements du Maréchal Pétain, s’étaient en quelque sorte lavé les mains du génocide, et que la responsabilité collective était la cause de "l’énormité" des massacres. La communauté juive devenait non pas la victime d’Hitler mais celles des mauvaises pensées antisémites occidentales. L’aspect pénitentiel coIlectif après une telle "complicité" est devenu envahissant. Le devoir de mémoire et de pénitence s’est imposé dans les médias et l’édition, où la Shoah est devenue un compartiment de la production littéraire. Politiquement, en ont résulté des conséquences juridiques dont on voit aujourd’hui qu’elles sont fâcheuses : on a aggravé les peines lorsqu’il s’agissait d’une victime juive ; la « provocation à la haine » est devenue un délit l La contestation de certains faits historiques a été interdite. Ces trois mesures étaient totalement contraires aux principes Républicains d’égalité. Tous les citoyens sont égaux en droit et personne ne l’est un peu plus que les autres. La liberté de parole est considérée comme fondamentale. Le délit de provocation à la haine est contestable. Généralisé il revient à réduire la population au silence. Culpabiliser toute la population française jusqu’à la fin des temps était plus que contestable. La demande d’indemnisation des victimes non plus directes mais de la Communauté juive comme telle plusieurs décennies après la guerre est également totalement exorbitante des règles usuelles. De plus l’enseignement public a été chargé de perpétuer la lutte contre l’antisémitisme en exaltant l’émotion autour de la Shoah. Elle est devenue si dominante dans l’enseignement de l’histoire qu’on verra certains livres scolaires d’histoire consacrer 50 pages à l’extermination des Juifs d’Europe centrale et deux lignes à l’extermination des Koulaks, en insistant qu’ils avaient été la victime d’eux-mêmes, alors que ce dernier massacre a tué près de 10 millions de personnes. Une guerre mémorielle inégale s’est mise en place tournant au combat idéologique, ce qui ne pouvait que nuire à la cause juive à long terme, comme l’a très bien vu Éric Zemmour.

La conséquence la plus nécessaire a été la prise de conscience de la singularité du génocide juif et de l’obligation d’en finir avec un antisémitisme latent notamment dans les milieux catholiques peu favorables au peuple qui avait tué Jésus !

La conséquence la plus problématique a été la création d’un statut de victime officielle avec des protections juridiques    particulières exorbitantes du droit commun et une propagande scolaire envahissante.

Le Wokisme américain, sans limite, va généraliser l’optique victimaire. La conséquence on la voit très clairement :

-          Généralisation des catégories de victimes

-          Réclamation du même statut victimaire que les Juifs : loi contre la haine, recherche active des vilains et exclusion sociale, peines supérieures lorsqu’on s’attaque aux victimes concernées, endoctrinement scolaire et dans les médias publics et actions répétées "politiquement correctes"  en vue de faire tomber les préjugés, indemnisation des « communautés ».

Comme il n’y avait plus d’Hitler, il a fallu culpabiliser quelqu’un : ce sera l’homme blanc hétérosexuel, devenu la cause de tous les malheurs ayant accablé nos nouvelles « victimes ».

Au nom de la lutte contre l’oppression, il fallait opprimer les oppresseurs, et dans l’optique puritaine et plus généralement protestante propre aux Anglo-Saxons surtout aux États-Unis et au Canada, ne pas hésiter à les bannir de tout espoir de survie dans la « communauté des bons et des bienveillants ». Le bannissement social et la ruine ont remplacé le génocide comme instrument de promotion d’une société purifiée. Plus question du slogan « il est interdit d’interdire ». Ceux qui ne veulent pas répéter les vérités sacrées doivent être chassés. On a vu revenir les piloris maoïstes mais sans arrachage des yeux. Les déchaînements ad hominem veulent la mort sociale du dissident lynché. Au malheureux de savoir si cette mort sociale doit se traduire par un suicide. Cette forme d’action politique était largement inconcevable pour une certaine gauche française qui voulait bien la révolution mais sans les Sorcières de Salem. Faute de grives on prend des merles. Et faute de Marx et Lénine, il lui a bien fallu se satisfaire de Savonarole.

Curieusement, la réclamation écologique, basée sur la déification d’une nouvelle victime, la nature sacralisée, dont l’homme prédateur est exclu, est venue s’ajouter à la liste des combats contre les vilains.

Là aussi on retrouve une culpabilisation larvée de tout le monde, dont on ne peut se laver qu’en devenant un adepte sectaire luttant contre le capitalisme prédateur. L’homme est coupable au tribunal des oiseaux, des insectes, des gros mammifères, des poissons. Honte à lui qui signe en plus son suicide en tuant le vivant !

Apparaît aujourd’hui un nouveau concept qui permet d’unir toutes les réclamations anticapitalistes mais sans les massacres. Une forme de stalino-mao-centrisme ! Il permet de crier à nouveau : « tous, tous, tous ensemble contre le capitalisme » et pour une nouvelle société mythique : la société durable.

Ah ! ce merveilleux concept de « société durable » qui fait tomber toutes les oppositions et ouvre à nouveau de belles perspectives soviétiques ! Le capitalisme étant infect et destructeur, il ne peut pas durer. Donc il faut le remplacer. C.Q.F.D. ! La destruction du capitalisme devient à nouveau le moyen de construire la cité radieuse, car seule la cité radieuse peut durer. Et comme tout le monde se mobilise pour le durable afin de sauver l’espèce et le monde vivant, les petits oiseaux et les éoliennes deviennent le moyen d’adhésion de masse aux moyens les plus brutaux de chirurgie sociale, sans même avoir à invoquer Marx, Lénine, Mme Ceaucescu, Che Gevara ou quiconque. Seulement l’abbé Pierre,Coluche et Angela Davis.

Pour ne pas reprendre la terminologie un peu usée du gauchisme, un nouveau vocabulaire s’élabore, autour du terme de transition, remplaçant celui de révolution. La révolution c’est violent. La transition c’est gentil. Gentil mais indispensable. La nouvelle doctrine propose un nombre presque infini de transitions, au nom desquelles on peut tout détruire progressivement par la brutalité étouffante des lois et par le « shaming » et le « naming ». Adieu les libertés et la propriété au nom d’un bien supérieur ! Tellement supérieur ! Et en prime, il n’est plus nécessaire d’essayer de justifier des massacres effarants. Le must ! Voici donc le révolutionnarisme qui s’empare :

-          De La transition énergétique. Adieu logement et voiture.

-          De la transition démographique : adieu bébés et vive la submersion des immigrés

-          De la transition naturaliste : vive les animaux et au pilori l’homme satanique

-          De la transition multiculturelle : la culture de l’altérité exige qu’on sacrifie la sienne propre

-          De la transition de genre : la question clé devient l’avenir glorieux du transgenre

-          De la transition visant la fin du privilège occidental qui a causé l’esclavage et la colonisation. Ceux-là, c’est-à-dire, nous, cela suffit !

-          De la transition visant l’égalité absolue sans laquelle rien n’est durable : la révolte contre la plus grande richesse de l’autre est légitime car elle compromet l’avenir apaisé de la société.

-          De la transition visant la fin des esprits libres et le respect absolu du « logos transitionnel ». À quoi sert la liberté de penser si elle n’est pas asservie au bien commun et compromet la durabilité de la société magique ? Une antique question posée depuis le début des religions.

-          De la transition visant la fin de la propriété qui aliène le bien commun. Il faut en finir avec la passion d’avoir. Avoir c’est se saisir d’une partie de la nature et du bien commun pour de viles satisfactions individuelles.

-          De la transition visant la fin des nations et le nationalisme qui aliène les peuples, du moins en Occident. Ailleurs, on s’en fout ! Même si des dictatures nous menacent.

 Toutes ces transitions sont l’occasion de remettre au goût du jour des recettes bien connues du bloc soviétique, le tout aligoté avec des pratiques bureaucratiques bien de chez nous. Surtout elles permettent de faire croire à tout sympathisant de l’une ou l’autre de ces transitions qu’il faut voter pour une coalition mêlant toutes les formes actuelles de luttes LGBT, wokiste, avec en prime le reliquat du socialisme et des partisans de l'action violente pour la nature.

On retrouve toutes les dimensions du slogan « du passé faisons table rase », mais par une transition, pas par une révolution. On retombe dans une société de la religiosité et du catéchisme. Les grenouilles de bénitiers médiatiques sont devenues harceleuses de réseaux sociaux. La théologie de révolution cède la place à une théologie de la transition.

La transition vers le meilleur des mondes se drape dans les oripeaux idéologiques de la marche vers la « société durable » !

En vérité, c’est un pur suicide mais assisté par les bons sentiments et dans la joie et la bienveillance active. Le Dieu Baal n’a qu’à bien se tenir.

La décroissance n’a pas de fin heureuse, la dépopulation n’a pas de fin heureuse, la jachère agricole ne porte aucun espoir, l’égalitarisme dans la pauvreté,  on a vu le résultat dans le bloc soviétique, la démoralisation des hommes et leur avilissement ne mènent pas aux lendemains qui chantent, la baisse de l’influence occidentale ne mène pas à la paix, la perte du droit de propriété permet de tuer la liberté, et les génuflexions devant l’islamisme ne sauraient en changer la nature. La coercition sociale est une horreur et le retour des tribunaux de la pensée n’ouvre pas sur un avenir radieux.

La « société durable », telle qu’elle sert de devanture aux mouvements anti bourgeois et anti capitaliste, est l’exemple d’oxymore le plus pur. La « société durable » c’est le nouvel « habit neuf des héritiers du président Mao ».

L’aspect auto régressif de ce système de pensée est prouvé par le retour de bâton qui touche la Shoah. L’invraisemblable crime contre l’humanité commis par le Hamas le 7 octobre 2023 a été classé en acte de résistance par les militants Woke des universités américaines comme par la Nupes mélenchonienne. Un nouvel antisémitisme massif est sorti du Wokisme exigeant qu’on libère un nouveau peuple martyr de substitution, le peuple palestinien. L’islam est violent et le statut de dhimmi n’est peut-être pas le plus joyeux ? Qu’importe ! L’Oumma veut soumettre l’ensemble du monde ? Qu’importe ! Le mouvement victimaire se retourne contre lui-même et glorifie le bourreau à la tronçonneuse qui découpe des enfants et envoie la vidéo à ses parents pour passer un moment festif exceptionnel !"Bravo mon fils, comme tu découpes bien" !

Plus d’enfants, plus d’amour, plus de prospérité, plus de croissance, plus de culture, plus d’histoire, plus de futur… La « cancel culture » a mis tous les vautours noirs ou rouges d’accord. Sur la table rase, ne construisons plus rien. Le meilleur des mondes, la société durable, c’est la mort de l’humanité ravageuse, cette singularité anti naturelle et maudite depuis toujours. Cette idéologie suicidaire entend dépasser les gouvernements et s’imposer par l’intermédiaire d’organisations internationales occidentales ; ONU, Union Européenne, l’OMS, le GIEC doivent l’emporter sur les États, survivance du passé honteux de l’humanité.

Pour les esprits libres et les défenseurs de la trajectoire majestueuse de l’humanité, le temps de la bataille pour les libertés, pour les progrès dans tous les domaines et pour la prospérité, individuelle et collective, revient. Elle passe par une remise en cause du détournement du concept de « transition » pour contraindre et détruire. La grande urgence est là. La pulsion de destruction de la société existante pour une utopie motivante a retrouvé de l’élan.

La société du râble à qui on fait le coup du lapin n’est pas durable.

Il faut mobiliser contre cette nouvelle pieuvre attentatoire à tout ce qui a fait l’intérêt de la pensée française et de son apport à la civilisation et qui nous mène au néant.

Didier Dufau pour le cercle des économistes e-toile.

Pompes fiscales cachées et fausseté du taux de prélèvement

La France dirigée par « l’énarchie compassionnelle et bienveillante » est la championne du monde des prélèvements. Le haut fonctionnaire qui a pris la main sur le politique se croit investi des mêmes pouvoirs que l’ancienne royauté : arbitrer la société entre les seigneurs et les gueux. Bien sûr, il souhaite pour lui-même dépasser sa condition et cumuler les avantages de sécurité de la fonction publique, les possibilités de notoriété et d’honneur du pouvoir politique et l’argent des parcours aux marges du politique et de l’économique. Avoir épousé une riche héritière est le summum. Sinon, le népotisme suffit à mener une carrière confortable et assurer au ménage des revenus plus que confortables.

Quand on est aussi bien installé dans l’État, l’arbitrage de la société devient une distribution d’argent à tout va et l’art du prélèvement correspondant une seconde nature. Le toujours plus règne et atteint rapidement des sommets car l’endettement permet de dépasser toutes limites. La passion pour l’Euro des hauts fonctionnaires, tient à cette merveille : les excès de dépenses sont découplés de la valeur de la monnaie. C’est ainsi que de Giscard en Chirac, de Balladur en Jospin, de Hollande en Macron, les prélèvements comptés comme tels sont équivalents à 100 % de la valeur ajoutée des entreprises et l’endettement à plus de 3 000 milliards d’euros., soit à peu près deux fois cette même valeur ajoutée des entreprises.

Le plus intéressant dans cette affaire de détournement massif d’argent privé tient à ceci : la somme comptabilisée dans les prélèvements est minorée. Sans que personne n’en fasse état. N’oublions pas que l’Enarchie tient la presse ! On l’a encore vu récemment quand le Conseil d’Etat à fait de la chaîne BFM, 100 % macroniste, la référence de la télévision objective ! Au contraire le pouvoir passe son temps à expliquer qu’il baisse les impôts, alors que les recettes prélevées ne cessent d’enfler.

Donnons un exemple d’imposition cachée qui n’est pas comptabilisée dans les prélèvements publics et atteint des sommes colossales. La construction d’un bâtiment est désormais un exercice fiscal : vous construisez bien pour la cible commerciale que vous visez mais on vous impose de fournir un contingent massif de logements sociaux à prix cassé, si vous voulez avoir le permis de construire. Le promoteur récupère sa marge sur le prix du m2 du marché libre. Ce surcoût est un prélèvement opéré au moment de l’achat, mais il n’est pas prix en compte dans le calcul des prélèvements. Tout investissement un peu important dans une commune est l’occasion d’exiger la prise en compte d’un certain nombre d’aménagements publics.

On demandera le financement de trottoirs, de pistes cyclables, de routes, d’équipements publics etc. Tous ces surcoûts sont des prélèvements. Aucun n’entre dans le chiffre INSEE des prélèvements. Pas plus que nombre de « dépenses contraintes » qui servent uniquement à faire payer par le particulier tel ou tel bout de la dépense publique. Lorsqu’on construit une éolienne, en général inutile et sans rentabilité globale pour le pays, mais pour satisfaire des exigences idéologiques de l’État, ou de l’Union Européenne, la perte de valeur pour les immeubles avoisinants est très forte. Dans bien des cas, le bien ne devient plus vendable. Cette variation de valeur du stock immobilier est un prélèvement qui n’est pas compté dans les statistiques. La perte de valeur des immobilisations industrielles du fait de la délocalisation forcée ou fortement encouragée par les contraintes fiscales et administratives n’est pas plus comptée dans la valeur des prélèvements. La variation de la valeur du capital est une dépense. On apprend cela en première année de comptabilité.

Lorsque par une hystérie bureaucratique vous excluez des centaines de milliers de logements de la location, vous diminuez drastiquement leur valeur. Cette perte en capital est un prélèvement.

Même l’IFRAP qui mène un juste combat pour faire reconnaître des chiffres de dépenses publiques généralement cachés n’a pas encore entrepris d’évaluer l’ampleur de ces prélèvements-là. Il est vrai que la variation de valeur des actifs est plus difficile à comptabiliser que les flux fiscaux monétarisés.

Ces mécanismes s’ajoutent aux effets de la croissance et de l’inflation dans le cadre d’un système de prélèvement globalement progressif. Mécaniquement les flux d’imposition croissent plus vite que le revenu et aggravent la pression fiscale. En toute candeur, ces plus-values devraient être restituées aux contribuables puisqu’elles ne correspondent à aucune logique explicite. Pourquoi la croissance devrait-elle faire croître les recettes de l’état plus vite que le revenu ? Une décision statique de justice fiscale se transforme en vol systémique de la richesse privée par l’État ! Dans le silence quasi général.

Un autre mécanisme de prélèvement particulièrement hypocrite est l’annonce de « suppression d’impôts » qui ne sont en fait que des transferts.

La « suppression de la taxe d’habitation », sommet de démagogie irresponsable, dont se vante M. Macron et qui devrait lui valoir la Haute Cour, revient à faire financer des dépenses qui elles ne sont pas réduites par d’autres que les bénéficiaires des services municipaux. On découple la dépense et son financement, ce qui est évidemment la source de tous les abus. Qui paie ? Évidemment ceux qui paient le plus d’impôts et qui se retrouvent avec une charge supplémentaire. Du socialisme à bas bruit, au nom d’une démagogie de la pire espèce. On a basculé un impôt sur le flux de dépenses municipales en impôts sur le stock, modifiant la valeur du stock. Là encore ce prélèvement n’est pas compté dans la dépense publique.

Une autre pratique énarchique qui consiste à « défiscaliser » et à « décharger » telle ou telle catégorie de revenu, est un simple transfert de charges sur la fiscalité générale. C

Ces derniers temps, le transfert se fait sur la dette. Mais elle n’est qu’un impôt différé. Si ce transfert était constaté en impôts immédiats les sommes apparaîtraient pour ce qu’elles sont : un prélèvement public massif. Il est vrai que cette mesure est devenue obligatoire tant était grotesque le mécanisme d’augmentation forcée du SMIC. Il favorisait plus les collecteurs de cotisations et d’impôts que le salarié lui-même et poussait les coûts du travail si haut, que le résultat était un chômage structurel massif. La transformation du Smig en Smic et la politique démagogique des « coups de pouce » démagogiques, ont tué l’emploi en France. Depuis l’entrée dans l’Euro et l’ouverture à la concurrence mondiale, cette démagogie n’est plus soutenable.

La dépense n’étant pas réduite, on a opéré qu’un transfert de financement et nous avons toujours un chômage structurel massif quoiqu’en disent les thuriféraires du pouvoir énarchique. Le sous-emploi de masses immigrées qui ne peuvent pas trouver à s’employer au coût actuel de l’heure de travail provoque un développement massif de la pauvreté, l’effondrement de notre balance commerciale, l’hystérisation de la dette…

On a pris l’habitude en France de chiffres bidonnés et stérilisés par la caste des hauts fonctionnaires qui ont pris le pouvoir politique et veulent toujours rester le plus longtemps possible masqués. Le grand mensonge démographique commence à s’effilocher : la France avait la plus belle fécondité en Europe. En fait la dénatalité est la même que partout ailleurs à l’effet migratoire près. Le grand mensonge fiscal est de même taille. Le taux de prélèvement en France n’est pas de 47-48 %. Il est très supérieur à 50 % du PIB. Et comme on sait que les coûts de la fonction publique et autres intervenants payés par la dépense publique entrent dans le PIB, à hauteur de 25 %, et plus si on tient compte des marchés purement administratifs, qui correspondent à une dépense forcée, on voit que le ratio par rapport à la richesse effectivement créée par l’économie privée est colossalement supérieur.

Comme nous l’écrivons depuis au moins 1997, si on rapprochait la dépense publique, complétée des parties cachées, de la valeur ajoutée des seules entreprises commerciales françaises, hors finance et entreprises individuelles, on dépasserait largement les 100 %. Ce qui veut dire que l’apparence de revenu est liée totalement à l’endettement massif. Dans un tel système si l’endettement n’est plus possible, le pays meurt d’asphyxie.

Le système imposé par l’Enarchie compassionnelle et bienveillante n’est pas « durable ». Les risques sont très supérieurs à ceux du réchauffement. La tentation actuelle est de piller la valeur patrimoniale accumulée pour survivre encore une minute. C’est un suicide programmé.

La règle d’or des finances publiques devrait être : la dépense publique et les impôts doivent suivre rigoureusement le rythme de la croissance. Pas un sou de plus.

La règle d’or de l’organisation publique devrait être : séparation absolue du monde politique et de la haute fonction publique. Les hauts fonctionnaires sont au service de la politique et ne peuvent capter la politique.

En ces temps où on parle de réforme de la Constitution, voici deux règles constitutionnelles qui mériteraient d’être instituées d’urgence.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

L'économie française en proie aux harceleurs de médias

Une déviance peu compréhensible en France

La révolte des paysans en Europe et aussi en France a marqué qu’une catégorie de la population vilipendée en permanence par des associations de plus en plus influentes et violentes, n’en pouvait plus et réclamait à tout le moins une pose. Tous les mouvements de détestation de l’homme et de déification de la nature s’unissent autour des mêmes réclamations : la décroissance ; les interdictions ; le flicage.

Comment vivre dans un tel réseau d’insultes, de contrôles et de contraintes diverses sur fond de réduction d’activité, de subventions rationnées et conditionnées, et finalement d’appauvrissement ?

Devant les risques essentiellement pour lui-même, le pouvoir a aussitôt reculé et ce qui était impossible une minute avant l’est devenu une seconde après. Soit ! C’est comme cela qu’un pays qui avait dit ans de retard prend dix ans d’avance, à moins que ce soit l’inverse.

Le calme est revenu dans les campagnes.

Le lendemain que constatons-nous ? Le retour du harcèlement sur les médias, intense polymorphe, sans contradicteurs. Les grenouilles de bénitier coassent partout avec violence contre les vilains sans aucune opposition. C’est qu’il faut reprendre la main. Pas question que les paysans viennent remettre en cause une emprise d’autant plus totale qu’elle est odieuse et irrationnelle. On voit pousser à nouveau le sermon culpabilisant, comme la mauvaise herbe.

Les « scientifiques engagés » ont aussitôt expliqué que les pesticides et autres produits tuaient la terre. Et qu’on avait délivré un permis de tuer aux paysans. Tous ces braves gens vivent de l’argent prélevé sur les autres et n’ont jamais rien produit. Ils mangent les produits de l’agriculture comme tout le monde. Mais il faut qu’ils bavent.

Les traqueurs de routes et d’autoroutes, se sont rassemblés autour de leur idole Greta Thunberg pour dire combien l’artificialisation des sols était honteuse. Ceux qui ne sont pas venus en avion étaient là avec leur voiture. La source d’artificialisation des sols et du plateau littoral est la construction d’éoliennes et de plaques photovoltaïques. Mais là, pas de problème. Artificialisons pour la bonne cause ! Qu’on déforeste pour installer des champs de plaques solaires ne les gêne pas du tout. Que ces plaques viennent de Chine, avec travail des enfants, électricité au charbon, dictature et une absence remarquable de droits sociaux ne gênent personne chez les harceleurs. Les trajets sur des milliers de kilomètres avec des navires qui polluent individuellement plus que la pollution annuelle de la nouvelle autoroute, aucun problème.

M. Badinter vient à décéder, très âgé. C’est plus qu’un concert d’hommages. Une prosternation universelle avec des propos tellement outranciers qu’on en a mal pour lui. On peut penser ce qu’on veut de la peine de mort. Juger que Fourniret après le meurtre immonde de tant d’enfants martyrisés dut survivre, en coûtant près d’un million d’euros par an aux citoyens honnêtes, est une option qui peut tout de même se discuter. Se flatter que l’état ne tue pas ceux qui tuent sans excuse est un choix. Le vrai problème est ailleurs : dans l’explosion de délinquances devenue incontrôlables et la croissance concomitante du nombre de victimes. Ceux qu’on appelait les « badinters », les truands multirécidivistes qui n’hésitaient plus à tirer sur les flics, sont devenus non plus l’exception mais une véritable populace. Les caïds de la drogue commencent à l’emporter sur les forces de l’ordre comme en Amérique latine et dans certains pays d’Europe. Mais vite, il faut panthéoniser notre héros et présenter une réserve, un désaccord, autre chose qu’une approbation soumise vous classe dans le camp des Nazis récidivistes. L’école de la magistrature de Bordeaux, siège de tant de déviations et perversions de la justice a honoré le héros en grande pompe. Sous sa tutelle morale, elle va pouvoir continuer son travail de sape en faveur de tout ce qui ruine la société « bourgeoise » et justifier qu’on sanctionne la « bourgeoisie pourrie » de préférence aux truands.

Et il a la question de la baisse de la natalité. Le Bras et ses amis ont fait carrière dans la dénonciation du « natalisme » et n’ont jamais varié. L’effondrement démographique n’existait pas. Nous faisions mieux que tout le monde. Au pire les femmes faisaient-elles leurs enfants plus tard. Pas de quoi s’inquiéter. Et voilà que les chiffres ne peuvent plus être maquillés ou habillés des ritournelles tranquillisantes. On se souvient que chez Michel Polac en 1978 on affichait comme le faisait depuis longtemps le Canard Enchaîné, Michel Debré avec un entonnoir sur la tête : un fou, puisqu’il voulait une natalité normale. Si on enlève les naissances et les décès de familles maghrébines et plus généralement africaines, la population française baisse. Oui baisse. Et baisse vite. Très vite. Par centaine de milliers de personnes, pas par milliers ou dizaines de milliers.

La natalité, c’est un combat mené par Alfred Sauvy que nous avons repris dans ces colonnes depuis 2008. Ce matin sur LCI on parlait d’Elon Musk et la question cruciale venait d’être posée : est-il un fasciste ? Aussitôt une jeune chroniqueuse prend la parole : « bien sûr qu’il est un fasciste, il est nataliste ». La natalité est contre le droit des femmes. Inutile de citer les tombereaux de déclarations du même type dans tous les médias et dans l’édition. Il s’agit de lutter contre la « dictature de l’enfantement ». La « reductio ad uterum » est du nazisme pur et une attaque en règle contre l’émancipation de la femme. La constitutionnalisation du droit de tuer les fœtus pratiquement désormais à quelques stades de leur développement que ce soit, est la seule chose qui compte. Un enfant ? Pour une femme ? Beurk ! Vous voulez la réduire à un organe ?

Il y aurait désormais des hommes enceints ! À eux de jouer ? la révolte des femmes contre leur fonction familiale de mère et collective de survie de l‘humanité est la première cause de la dénatalité. Les arguties sur les difficultés d’avoir un enfant qui coûte trop cher sont ridicules. On avait des enfants alors qu’on gagnait dix fois moins ! L’excuse ne tient pas. La dénatalité est le fruit pourri du féminisme outrancier que plus personne n’ose accuser pour échapper à l’accusation de non-respect de la femme et de nazisme larvé. L’enfantement est la marque sinistre du corps violé de la femme. Point stop ! Ne pas répéter cette ignominie vous classe à la droite de l’ultradroite qui est à la droite de l’extrême-droite.

Emmanuel Macron, confronté à la mort programmée de la population native de la France se croit obligé de prendre le sujet par le tout petit bout de la lorgnette. C’est le manque de fertilité qui est la cause, pas les femmes. Il va s’occuper de la question du spermatozoïde paresseux. C’est de son niveau. Un simple défi médical. Surtout ne pas engager la responsabilité des associations féministes ni de l’avortement massif. Et les associations en rajoutent : si le spermatozoïde est paresseux, c’est à cause du capitalisme et de l’agriculture « croissantiste » ! Plus de contrôles des agriculteurs moins d’engrais et de pesticides, et cela va flamber, les naissances !

Non ! réplique une autre association : regarder les immigrés, ils font encore des enfants malgré les néonicotinoïdes. Le problème c’est que le gosse occidental émet plus de CO2. Il faut donc cesser de faire des enfants en Occident pour sauver la terre. Et ce genre de sottise a fini par percer dans la population.

Le harcèlement par les adeptes triomphant de la disparition de l’homme immonde est inlassable. La machine à créer de la culpabilité et à harceler les consciences ne s’arrête jamais.

Le résultat, on le voit : déclassement, vieillissement, autodestruction. La joie qu’ils expriment à l’idée des tourments qu’ils causent n’a d’égale que la passivité des autres qui les laissent faire.

Le même jour où une femme âgée s’est fait agresser et arracher ses bijoux de cou par un mineur isolé africain, 12 policiers municipaux interceptaient à 50 mètres de là les automobilistes dépassant 30 km/h. Mme Hidalgo avait averti : la police municipale ne serait pas armée et ferait respecter les règles d’étouffement de la circulation automobile. Encore un harcèlement sans fin, puisqu’il y a deux à trois millions de délinquants de ce type chaque jour.

Et juste une semaine plus tôt, Mme Van der Leyen, la présidente de la Commission avait montré les dents. L’élimination du CO2, ce sera pour 2040, pas 2 050.

Et aujourd’hui même les gazettes bruissaient de l’audace des trois belles âmes qui avaient « empotagé » une nouvelle œuvre d’art dans un musée.

La hauteur des consciences de média n’a jamais été plus proche du niveau médian des fosses à purin.

Après les débordements de moraline débile, la bêtise suicidaire a un bel avenir devant elle.

La France de Voltaire s’est éteinte, comme celle de Boileau, comme celle de Bossuet. Donner à réfléchir en élevant, a cédé aux faux prêtres donneurs de leçons qui abaissent, flétrissent et ruinent.

L’indigné professionnel est toujours un Jocrisse cherchant à trouver le pouvoir d’un Savonarole.

Qu’au moins on se souvienne du destin de Savonarole.

En attendant les Harceleurs sont une des causes potentielles les plus graves de destruction de l’économie en France  et en Europe.

Une vision vécue de l’histoire récente de l’agriculture

Qu’on me permette de parler d’agriculture à partir d’une expérience vécue. De 1945 à 1961 j’ai bien connu une ferme située à un peu plus de cinquante kilomètres de Paris.

Trois champs d’un hectare environ. Un pré humide avec une grande mare à grenouilles. Dix vaches. Deux bœufs, pour le tombereau qui transportait les pommes, les betteraves et les épis de maïs. Deux chevaux, Black et Papillon, pour tirer différents instruments agraires, la charrette à foin et un cabriolet permettant d’aller à la ville. Des poules en pagaille et quelques canards. L’eau est au puits. Il n’y a pas d’électricité mais des lampes à pétrole. Un ouvrier agricole en permanent, George, et deux journaliers pour l’été, La Loupe, un noble tombé dans l’alcool à la suite d’une déception amoureuse, qui conservait des photos du château familial, façon Guermantes, et Le Méchant, un costaud râblé qui ne tenait pas l’alcool et devenait violent. Une seule chambre non chauffée. Les ouvriers agricoles dormaient dans le foin dans les granges et se lavaient au puits. Une cuisine avec une cuisinière à charbon. Deux coffres importants entre les granges pour stocker la pomme de terre au noir, et un autre pour le charbon.

Les instruments quotidiens sont le broc, les sabots, les ligatures de bottes, qui servent à tout et notamment de ceintures, le fouet et le papier tue-mouches. Les toilettes sont un cabanon en haut du clos qui sur un demi-hectare reçoit le fumier (non enfoui, d’où les mouches) et permet de cultiver un jardin potager d’importance. Des hirondelles et des moineaux partout.

Les recettes quotidiennes sont fournies par le ramassage du lait et des œufs. Une vache produit entre 2,000 kg et 2,500 kg de lait par an, soit soixante à quatre-vingts litres à traire tous les jours à la ferme. On retrouve une trentaine d’œufs tous les jours. De temps à autre un veau arrive après l’intervention d’un taureau qu’on a fait venir à cet effet. Il ne sera pas vendu et on récupérera sa viande le plus souvent, après l’avoir emmené chez l’équarrisseur du village (qui bientôt disparaîtra). Lorsqu’il s’agit d’une génisse, elle est envoyée à l’engraissement et revient en du temps pour remplacer une vache vieillissante. On achète peu de choses : le pain, le vin, les rouleaux de papier tue mouches, des produits de toilettes, du fil et des aiguilles. Parfois du tissu. Le fromage est fait maison. Mais les fruits, même les pommes, sont achetés au marché. Les pommes à cidre sont récoltées et le pressoir est loué une ou deux journées pour en faire du cidre (et un peu de gnôle sous l’œil vigilant du fisc).

On ne vit pas mal à la ferme, compte tenu de l’autoconsommation, mais le revenu monétaire ne dépasse pas l’équivalent de 200 euros par mois et par personne. Il n’y a pas de retraite. Pas de vacances. Pas de droits sociaux. De toute façon tout le monde meurt avant 60 ans. Dans la plaine riche des alentours, trois ou quatre exploitations dépassent à peine les quarante hectares.

Des exploitations de ce type il y en a des dizaines de mille en France

Il va se passer bien des choses :

La myxomatose qui va décimer les lapins qui ne reviendront jamais à leur volume précédent.

Le tracteur, qui va changer les conditions d’exploitation et l’engrais qui l’accompagne, car seule la productivité améliorée permet de le financer.

Le vélomoteur Motobécane qui va faire découvrir la ville aux filles qui vont alors déserter les campagnes.

En 20 ans toutes les petites exploitations vont fermer et les petites surfaces incommodes mises en jachère, En trente ans les surfaces correctes vont être cédées pour faire des lotissements. Les grandes fermes elles s’étendent et commencent à dépasser 80 hectares puis cent hectares, avec une forte mécanisation et beaucoup d’engrais. Les tracteurs deviennent des engins étonnants qui peuvent traiter 5 hectares par jour puis dix, en tractant des engins de plus en plus larges. Ils travaillent la nuit. Les rendements explosent.

Les élevages laitiers se spécialisent avec les meilleures espèces, la stabulation et les trayeuses, avec des productions de lait de plus 6 tonnes annuellement par vache avec trayeuses automatiques. La fée électricité et les adductions d’eau ont fait leur chemin. Le nombre d’exploitation est divisé par deux puis par quatre puis par dix. Le revenu monétaire des paysans devient plus important et la finance fait son entrée à la ferme.

L’exode rural vide littéralement les campagnes où la population vieillit et où on manque de femmes. On va les chercher à l’étranger, de plus en plus loin. On crée une retraite sans aucune cotisation, ce qui créera par solidarité un détournement de rentes très important qui pèsera sur la retraite des autres, qui cotisent, eux.

Tout le monde a compris que rester à la campagne, c’est accepter la paupérisation relative. Le revenu de ceux qui restent monte du fait de la productivité mais surtout par l’élargissement et la spécialisation des exploitations.

Comme disait mon ami Léon Chaix, spécialiste agricole s’il en fut : la vraie misère est agricole. La preuve est qu’on part pour la ville. Ceux qui idéalisent la petite exploitation agricole des années 1 880 et qui persistait encore en 1950, n’y vivraient pas.

De là : le changement d’ampleur et de ton du syndicalisme agricole et les grandes manifestations bretonnes parfois violentes menées par Alexis Gourvennec en 1961 et l’arrivée de Pisani et Chirac dans le décor pour mettre en place de nouvelles structures coopératives et des filières de ventes à l’étranger, allant jusqu’à creuser un port pour attaquer le marché britannique !

Pour l’état, très interventionniste dans le monde agricole depuis des siècles, la « politique agricole » devient un problème. Les systèmes de garantie de prix, genre ONIC, pour le blé, commencent à flancher : tous les silos sont pleins et les marchés extérieurs commencent à être également saturés. Ils ne permettent plus de se débarrasser des excédents à bon prix. En les bradant on fait grandir l’écart de prix entre le marché français et le marché mondial. Les producteurs étrangers se rebellent ! De Gaulle impose que l’agriculture ne soit pas laissée hors du marché commun et qu’on y mette les mêmes garanties de prix qu’en France.

Le plan Mansholt marque une première certitude : le revenu paysan ne rattrapera son retard que si on crée des exploitations optimales donc bien plus grandes. On veut créer des fermes à plusieurs pour atteindre des tailles critiques. Les petites exploitations sont condamnées. En même temps on suggère qu’il faut ramener les prix européens plus près des prix mondiaux et on cherche à augmentation la pression de concurrence en important plus, en particulier de la viande. C’est un choc culturel tant l’attachement à la petite ferme traditionnelle est grand.

Mais l’opération réussit, pas toujours par fusion des terrains et des fermes. Des cas d’associations entre deux familles se multiplient notamment dans le Sud-Ouest où l’enfant unique a déjà fait des ravages au XIXe siècle Cela ira assez loin, compte tenu des aides sociales qui se multiplient. Je connais un cas où deux exploitations familiales de 80 hectares sont mises en commun en attendant le mariage des deux enfants des paysans. On ne se marie pas tout de suite pour toucher la subvention de femme isolée, en plus pour chacun des enfants, du RMI de l’époque. Les enfants travaillent au noir en hiver comme moniteurs de ski pour des groupes anglais dans les Alpes et travaillent au noir en été au bord de la mer. Quand les parents cesseront leur activité il sera bien temps de se marier et de reprendre l’exploitation. Des scouts parcourent les campagnes pour les informer de leurs droits et protections.

Mai 1968 crée les conditions des évènements du Larzac qui fait apparaître les premiers contre-modèles gauchistes et anti productivistes violents.

En 1992 se produit le grand choc. L’Europe ne veut plus subventionner les produits mais les paysans. On passe de l’aide au prix à l’aide à la personne. Déjà des préoccupations environnementales pointent leur nez. Le paysan devient un assisté dont l’activité ne cessera plus d’être sous la surveillance des fonctionnaires et de Bruxelles, où la PAC est le premier budget. Sa production est limitée. Des obligations réglementaires commencent à pleuvoir avec le flicage qui va avec. La grogne ne cesse de monter. Mais le paysan n’a aucune chance d’échapper : son revenu ne dépend plus de lui.

En 2013, le cadre est affiné pour faire des économies avec plus de sélectivité dans les aides à la personne. Puis les écolos fascistes prennent le pouvoir en France et à Bruxelles. On impose de plus en plus de contraintes aux exploitants jusqu’à réduire leurs surfaces, en exigeant plus de jachères tout en ouvrant en grand la concurrence à des produits qui n’ont pas les mêmes règles restrictives de production. Les prix de ventes ne permettent plus de couvrir les coûts et la concurrence internationale emporte jusqu’à 50 % de la consommation, beaucoup via les hypermarchés, dont les centrales sont à l’étranger.

Le cumul de l’idéologie de la concurrence, de la volonté de réduire le coût de la PAC, de l’idéologie des écologistes punitifs et malthusiens, des défenseurs de la nature sacrée contre l’homme épouvantable et prédateur, et de la bureaucratie a fait exploser le système.

On demande de surcroît à la ruralité de déboiser pour mettre des panneaux voltaïques et de supporter l’implantation d’éoliennes géantes, tout en exigeant avec la loi ZAN que les bourgs cessent de s’étendre. Des sauvages protestent violemment et détruisent les semences modernes et les bassines de retenues d’eau après avoir interdit les OGM.

L’arrivée de populations délinquantes de l’est et du sud voit se développer le vol dans les champs et les attaques de fermes isolées.

Les campagnes deviennent folles. comment ne pas le comprendre ?

Sur les 53 milliards de la PAC, environ 10 milliards sont donnés à un monde paysan de 350 000 personnes, soit en moyenne 30 000 euros par exploitation. Il est difficile d’aller beaucoup plus loin.

La situation est inextricable. Au nom de la « restauration » de la nature et de la lutte contre le « dérèglement » climatique on veut tuer l’élevage et réduire la productivité, tout en important en masse des produits agricoles internationaux (sans préoccupations pour la nature et le climat), tout en paralysant tout le milieu rural par une supervision bureaucratique digne de l’URSS. Affirmer qu’en faisant cela, on lutte contre le « libéralisme » excessif des paysans est tout de même un peu gros.

L’avenir de toute façon est à des exploitations de types capitalistes avec des salariés agricoles travaillant avec les mêmes normes que dans tous les autres métiers, qui seront soit des permanents soit des saisonniers, capables de financer les rétentions d’eau et les matériels actuellement nécessaires dans un métier qui devient de plus en plus numérique et capital intensif.

La revendication de hippies alternatifs qui veulent faire du bio sur des petites surfaces prêtées sans frais avec des subventions intégrales européennes ou nationales est parfaitement ridicule.

En revanche la question de la fertilité des sols soumis à des intrants chimiques importants et potentiellement dévastateur est un vrai problème. C’est là que la recherche doit progresser et sur le diagnostic et sur les solutions, loin des paniques artificielles organisées par des ONG.

Pour l’agriculture française la solution existe. Elle a été mise en œuvre par la Nouvelle-Zélande confrontée à une poussée extravagante des subventions associées à des résultats désastreux pour les paysans soumis à d’infinies tracasseries. En quelques années les paysans sont redevenus riches et les subventions d’Etat ont été divisées par quatre. Qu’est-ce qui s’est passé ? On leur a dit : débrouillez-vous et faites ce que vous voulez mais sans l’aide de l’État !

Le plus simple aujourd’hui est de tenir le même langage au monde paysan. Supprimons la PAC, la loi Zan, la loi Egalim etc. Démantelons les obstacles à la vente des terrains agricoles et le malthusianisme du statut de paysans. Et demerden-sie sich ! Que les meilleurs gagnent. Et unifions toutes les normes de qualité des produits à l’entrée sur les marchés qu’ils soient alimentés de l’intérieur ou de l’extérieur de l’Union.

Rendez-vous dans 5 ans.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Des voeux problématiques pour 2024

Fin 2022, nous avons décidé de ne pas souhaiter de bons vœux sur ce site car nous anticipions une année 2023 désastreuse. La pitoyable attitude d’Emmanuel Macron lors de l’élection présidentielle, où tous les problèmes chauds du pays ont été évacués, puis son incapacité à réfléchir à sa situation de président sans majorité au Parlement, son obsession de lui-même et de son narratif, sa certitude narcissique que rien ne pourrait l’engager à composer avec rien ni personne, en multipliant les cartes forcées et les manœuvres, tout montrait que l’année 2023 serait marquée par des désastres majeurs.

Comment simplement tolérer le stupéfiant déni de réalité d’un Président du genre « tout va bien ; Madame la marquise », refusant absolument de prendre la mesure des maux accablant le pays, des lourdes difficultés connues par des nombreux segments de la population, de l’impuissance publique caractérisée liée aux abandons de souveraineté à l’Europe et à l’Otan, à l’extérieur, au gouvernement des juges à l’intérieur. On savait qu’il ne ferait rien face au refus de la loi un peu partout, alors que des doctrines importées infectent la réflexion publique et détruisent le fonds culturel français. Eh oui : Il laisserait faire le recul et l’abâtardissement de la langue française, comme il l’avait fait pendant son premier mandat.

Comment simplement tolérer le recul de l’influence diplomatique et géopolitique de la France, de la honte militaire associée au renvoi ignominieux de nos armées des pays africains traditionnellement amis de la France, à la honte pire encore qu’a été l’absence de toute réaction armée à l’enlèvement, le viol et le meurtre de nombreux Français par le Hamas

Comment simplement tolérer l’incapacité à agir vite pour rétablir une offre énergétique ample et peu coûteuse, alors que l’énergie nucléaire a été démolie lors du premier quinquennat macroniste ?

Comment simplement tolérer que les gouvernements voulus par E. Macron aient continué à accroître fiscalité et prélèvements alors que nous étions déjà champions du monde toute catégorie, tout en déclarant que leur action faisait baisser les impôts ?

Comment simplement tolérer qu’on ne veuille pas constater l’effondrement démographique et le vieillissement navrant de notre population, par ailleurs noyée par une immigration de peuplement massive, hostile à sa culture et embolisant à la fois les services sociaux et l’ensemble du système policier et judiciaire, avec des progrès stupéfiant des narcotrafics ?

Comment simplement tolérer une stagnation de la croissance tout en criant victoire sur le front de l’emploi, alors que dès le milieu de 2022 on voyait bien que les faillites étaient en forte hausse et que le marché du travail était totalement dysfonctionnel ?

Comment simplement tolérer une vacuité narcissique tellement outrée qu’elle aggrave pratiquement tous les drames nationaux, avec des opérations image débiles ?

Jamais la coupure entre le pays réel et une poignée d’Énarques gérant d’abord les intérêts de leur caste, quitte à promouvoir tout et le contraire de tout par opportunisme cynique, n’avait été approfondie avec une telle violence, morgue et mépris.

Comment sur de telles bases espérer une année 2023 un minimum digne d’espoir ? C’était impossible.

La réalité a été impitoyable.

2 023 a été l’année où la dépense publique a grimpé à plus de 58 % d’un PIB incluant la dépense publique, avec un record extravagant pour les prélèvements. Depuis l’arrivée d’Emmanuel macron, la hausse en valeurs courantes est de près de 500 milliards d’euros ! Quant à la dette, elle atteint 3 200 milliards alors qu’elle était fin 2017 à 2 000 milliards, soit 1 000 milliards d’euros d’augmentation ! Seulement ! L’INSEE a renoncé à publier les chiffres estimés de la valeur ajoutée des entreprises. Elle ne donne fin 2023 que des chiffres antiques et qui n’ont plus de signification. Si elle le faisait on verrait que la dépense publique est quasiment égale à la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand ! Heureusement pour les Français qu’on s’endette. Est-ce soutenable ?

2 023 sera l’année la pire en matière démographique, avec des naissances historiquement basses et égalant à peine le nombre des décès. En même temps on a battu tous les records d’immigration, alors que des quartiers entiers, par centaines, sont maintenant hors de la République et sous une loi musulmane de fait. Dans ces quartiers les naissances musulmanes représentent souvent plus de 90 % des naissances totales, alors que pour la France entière, les naissances musulmanes atteignent déjà 40 % du total. Aucune politique n’a été définie et appliquée pour contrer ce phénomène qui n’annonce rien de bon.

2 023 aura été l’année où les conséquences d’une immigration massive et incontrôlée auront été les pires. Des bandes de gamins sont la source de violences de rue inacceptables avec près de 45 000 coups de couteau infligés à des personnes se trouvant sur le territoire français. Les narcotrafiquants à Kalachnikov se sont désormais emparés de milliers de points de deal provoquant des dizaines d’assassinats et des situations honteuses. Naturellement les émeutes urbaines de juin 2023 marqueront un tournant tragique avec des milliers de destructions de biens publics y compris des écoles, des pillages partout, des violences dans les plus petites villes. Pas la moindre leçon n’a été tirée de ces évènements.

2 023 a été une année de stagnation économique finissant en récession.

Quand on analyse les réalités constatées dans tous les secteurs, c’est la Bérézina.

2 023 aura vu l’épanouissement d’un désastre majeur dans le logement et la construction. les effets délétères cumulés de la hausse des taux d’intérêt, des mesures d’étouffement bureaucratique de la construction, de hausse générale des taxations patrimoniales, notamment à Paris (62 % seulement !), des contraintes réglementaires écologiques, des lois malthusiennes comme la loi Wargon promouvant (dans le silence général) le Zéro Artificialisation nette, une stupidité que nous avons été ici, au Cercle, les seuls à fustiger lorsqu’elle est passée, ont fini par causer l’effondrement des projets, des mises en chantiers et des commercialisations. Dans la mentalité malade de notre président, l’immobilier est une horreur et les propriétaires des gens à saquer indéfiniment. Quand on pense à tous les petits riches qui ont chanté des années durant : Macron nous protège, on ne peut que rire (jaune) aux larmes.

2 023 aura vu la pire tentative de destruction de l’agriculture française. La fin d’année voit une campagne généralisée d’inversion de tous les panneaux de signalisation dans les territoires pour stigmatiser des politiques « qui marchent sur la tête ». Depuis sa lâcheté devant les exactions de la gauche fascisante mobilisée contre l’extension de l’aéroport de Nantes, les nervis de l’extrême gauche Savonarole ont renoué avec une violence inouïe à Sainte Saulve, près du chantier d’autoroute nouvelle dans le Sud-Ouest, près du chantier de transport ferroviaire vers l’Italie, en même temps que se multipliaient sans sanction les actes dits de « désobéissance civile » qui marquent la fin de l’autorité publique. L’anarchie règne en France.

2 023 aura vu la pire extension du refus de certaines institutions de s’inscrire dans le cadre légal et républicain, l’autonomisation de fonctionnaires militants devenant une sorte de règle « normale », sans jamais aucune sanction. Que ce soit au sein de la télévision publique, au sein de la justice, au sein des universités, au sein de certaines municipalités, le refus d’appliquer la loi est devenu commun. L’indécence du syndicat de la magistrature, de la réunion des présidents d’université, de la mairie de Paris, a atteint des sommets indépassables sans aucune réaction du président de la République et du premier ministre. Par soumission larvaire au gauchisme, on laisse l’effondrement des attitudes républicaines se multiplier.

2 023 aura vu l’explosion d’un antisémitisme forcené, alimenté par le virage islamogauchiste des partis socialistes et révolutionnaires coalisés avec « l’escrologie verte ». La « rue arabe » remplace l’occupant nazi pour accepter des philippiques et des comportements antisémites qui avaient disparu. Voir les chaînes publiques se mettre au service du Hamas et de l’antisémitisme le plus primaire lève le cœur. Évidemment le Président et le premier Ministre ont laissé faire, le premier refusant même de participer à une manifestation unitaire nationale de dénonciation de l’antisémitisme. Au passage, les Français ont pu constater que le Wokisme américain était devenu antisémite et avait gagné les grandes écoles et l’université française après les campus américains.

2 023 aura vu un recul aggravé dans le classement Pisa qui tente d’étalonner les systèmes d’enseignement. Le pédagogisme, le Wokisme, la dictature des syndicats socialistes, le laxisme macronien, auront vu la situation perdurer et s’aggraver. Alors on a brutalement changé de casting, un homosexuel jeune et de belle apparence, se substituant à la « cancel culture » noire à la tête du ministère de la Destruction de l’éducation nationale. Il a interdit les Abaya. La France est en extase. Il peut maintenant se mêler à la grande compétition entre homosexuels pour la mairie de Paris : Belliard, Beaune, Bournazel, Brossat, le club des B risque désormais de se faire coiffer par Attal. Il est vrai que la confraternité « gay » à Paris est confrontée à quelques tourments. La plaque d’hommage municipal posée en mémoire de l’homosexuel promoteur inlassable de la pédophilie, Guy Hocquenghem, s’est retournée contre Madame Hidalgo, toujours dans l’outrance ignorante des conséquences, qui a dû l’enlever honteusement et en catimini. Comme tout cela est inspirant comme disent les Wokistes !

2 023 aura vu une soumission aux oukases délétères de l’Union Européenne et des transgressions européistes des grandes juridictions internationales. Les délires de Mme Van der Leyen, se croyant président d’une Fédération Européenne par anticipation et multipliant les prises de position délétères dans des domaines non prévus par les traités, n’ont pas été contrariés par M. Macron. Des ordonnances dans tous les domaines ont été acceptées qui mettent la France en grande difficulté. Comble des combles, M. Macron a exigé que ses troupes au Parlement européen votent un vœu pour la transformation totale des institutions européennes en États-Unis d’Europe, avec extension à 35 des pays membres. Pas un mot naturellement dans les médias français. Les débiles franchouillards n’ont pas à savoir. On leur imposera la potion au moment favorable. La destruction ultime de la France millénaire est carrément « en marche » dans l’indifférence générale.

2 023 aura vu naturellement la volonté d’Emmanuel Macron mal réélu de sa seule faute, essayer de prouver qu’il était réellement aux manettes. En dehors des singeries de communicants comme la CNR, les conventions citoyennes et les réunions de Seine Saint Denis, sans parler des clowneries à Marseille, deux terrains de bataille ont été choisis, où tout ce petit monde croyait pouvoir piéger la droite et triompher certes sans gloire mais suffisamment pour faire semblant d’exercer le pouvoir encore quelque temps. La réforme de la retraite est devenue un effroyable gâchis avec des manifestations monstres et hystérisées, à cause d’une réforme bâclée, injuste, parfois ignoble qu’il va falloir reprendre rapidement. Voler les réserves des retraites privées est une infamie impardonnable. Le secteur public et l’administration conservent l’essentiel de leurs privilèges absurdes et inéquitables. L’Enarchie compassionnelle ne lâchera rien de l’emprise injuste et délétère de l’Administration ; résultat, on verra un président ne pouvant aller nulle part sans casserolades, multiplier les opérations images dans des cadres préservés des foules, le montrant caressant la tête d’enfants joyeux au milieu de mères de famille énamourées et de vieux messieurs respectueux, avec brigade d’applaudissement partisane en prime. La politique de communication de Staline et de Ceaucescu ! On en est là ?

2 023 aura aussi vu le président entravé vouloir piéger la droite avec une loi minuscule de contrôle de l’immigration illégale, prétendument chargée de prouver que le Président se soucie des Français, désireux à plus de 70 %, de mettre fin à l’envahissement africain et nord-africain. Évidemment il ne s’agissait que de com’ et de jeu politicien. L’ennui est que l’affaire de l’âge de départ à la retraite avait été un minimum analysé par l’opposition. « Bis repetita ne placent pas toujours ». Le Président, la première ministre et le ministre de l’Intérieur se sont trouvés eux-mêmes piégés par le Parlement et obligés de voter un compromis dicté par les sénateurs LR. Les voilà aussitôt en marche pour ruiner cet accord en attendant des juges qu’ils fassent capoter les ajouts républicains. Jamais la crédibilité des institutions n’avait été foulée pareillement aux pieds. Naturellement rien ne changera dans les flux migratoires. Emmanuel Macron s’est félicité du pack immigration voté à Bruxelles qui lui impose d’accepter un quota d’immigrés arrivés illégalement en Europe. Et lui-même impose désormais la ventilation des immigrés africains et musulmans dans les villages. Le fait que des immigrés arabes aient organisé une « ratonnade anti française », avec meurtre, lors d’une fête de village ne l’a pas troublé.

2023, dans les ultimes semaines, aura vu les communicants de l’Élysée essayer de sauver une ultime fois avant les vœux de fin d’année la réputation et l’image du Président (l’opération est à recommencer tous les deux mois). Une interview psychédélique dans l’émission la plus médiocrement gauchiste et flagorneuse de la télévision publique lui a permis de jouer un épisode de « la vie rêvée des anges ». Il a tout fait bien. Tout va bien ! Il va pouvoir pérorer sur l’unité de la nation et les annonces fulgurantes qu’il va faire en janvier. Comme on est avide de les entendre !

Qu’attendre de 2024 en France ? Le recyclage des reliefs des repas pour faire du compost et fabriquer du méthane ? Si on pouvait en faire autant avec un certain fumier politicien qui s’accumule, on pourrait cesser d’importer du pétrole !

Quelle descente aux enfers, tout de même !

Avec d’un côté une nouvelle crise économique et de l’autre une crise démocratique majeure, sans parler de la crise environnementale et démographique et sociale et sociétale, et financière et économique, et agricole, et scolaire, et sécuritaire, et culturelle, et sanitaire et énergétique etc., 2 024 s’annonce très bien.

Si Emmanuel Macron parvient à imposer le projet d’Union Fédérale à 35 « länders », la France aura disparu sous nos yeux ! Dès 2024, possiblement, et avant 2027 de toute façon.

Difficile de formuler à nouveau de bons vœux pour les Français pour l’année qui vient. Alors souhaitons tout de même le meilleur pour la France, qui, consolons-nous comme on peut, a été coutumière des miracles de dernière seconde.

Utinam !

Didier Dufau pour le Cercle des Économistes e-toile.

L'Union Européenne : une bureaucratie sans limite et dominée par les ONG

Alors que les élections européennes se profilent, l’évolution de l’activité de la Commission et du Parlement européen ne laisse pas d’inquiéter.

Rappelons d’abord que les élections européennes ne sont pas démocratiques.

Une élection démocratique permet aux électeurs d’orienter de façon décisive la politique menée. Les électeurs français ne pèsent quasiment rien dans l’assemblée et la proportionnelle divise les élus en fragments totalement impuissants à faire bouger une question quelconque. De toute façon le programme parlementaire est inconnu au moment du vote des députés européens. Il est quasi totalement entre les mains de la Commission. Les électeurs votent pour des fantômes avec étiquettes. Ils n’entendront plus parler de rien jusqu’aux prochaines élections.

Rappelons aussi que la presse française ne couvre pas ce qui se passe au sein des instances européennes. Les ordonnances sont votées sans que le pays ne soit mis au courant des enjeux. On verra plus tard lors de la transcription. On constate alors le désastre pour la France mais on vous explique que c’est voté depuis longtemps et qu’il est impossible de revenir en arrière.

C’est pourquoi notre cercle demande que les projets d’ordonnance soient discutés, préalablement au vote du Parlement européen, par le Parlement français. Le but est de permettre à la classe politique française de se positionner explicitement sur les questions posées et d’en informer les électeurs français, pas d’entraver le mécanisme européen.

Rappelons ensuite que la notion de subsidiarité, qui a toujours été un attrape-nigaud, a totalement disparu et que les instances européennes se saisissent de tout sujet même très en dehors des champs définis par les traités. Consulter les ordres du jour de l’Assemblée européenne fait dresser les cheveux sur la tête. On y débat de tout et n’importe quoi sans que l’électorat français n’en ait la moindre connaissance. Comme tout est dans tout (et réciproquement) la Commission et le Parlement peuvent aller dans toutes les directions et toujours avec une vision bureaucratique de réglementation.

Rappelons enfin que dans ce magma infâme le rôle des ONG est hyperbolique. ONG et institutions européennes vivent en symbiose, sous la domination des instances de l’ONU et des ONG américaines. Toute l’action de ces lobbies vise à faire rendre gorge à tel ou tel ou à faire « avancer l’agenda » des grandes ONG internationales.

Le Wokisme, l’islamo-gauchisme, l’écolofascisme, s’étalent sans vergogne et finissent par inciter à voter des ordonnances totalement iréniques dans leurs motivations et étouffantes dans la vie courante, dans le cadre d’une idéologie dont les électeurs français n’ont pas à savoir. La communication qui émerge est toujours favorable aux décisions européennes. Les opposants sont des ringards résiduels qui doivent être  évincés par les bons européens conscientisés.

L’Europe est devenue une sacristie ou des curés de papier autoproclamés font de la morale frelatée retranscrite dans des règlements abscons, coûteux et le plus souvent parfaitement inutiles. Que l’Europe soit la zone du monde à la traîne dans tous les secteurs économiques ou autres, ne gêne personne. Le puceau mystique et le Savonarole se donnent la main pour tout étouffer, tout couvrir de moraline, tout empêcher, tout taxer, tout compliquer et pour créer des piloris.

Tout ce petit monde parle anglais, ce qui fait que personne en France ne comprend ce qui se passe au moment où cela se passe.

L’Europe institutionnelle a deux ennemis : les nations et l’entreprise. Tout est donc fait pour les empêcher de nuire… aux institutions européennes.

Voici donc la présidente de la Commission, la navrante imbécile abusive qu’est Mme Van der Leyen qui se croit présidente des États-Unis d’Europe et se permet de saturer les circuits diplomatiques de ses initiatives et propos délirants, sans jamais en référer à qui que ce soit.

Voici donc les Commissaires en folie cherchant à doter les institutions d’une fiscalité qui soit propre à l’Europe et indépendantes des États constituants. La démagogie suinte de toute part. Il suffit de savoir qu’un abruti stipendié propose un impôt de 2 % sur les milliardaires pour bien cerner la qualité de la réflexion. Ne vous inquiétez pas :  l’Europe sera payée par les riches, pas par vous !

Voici donc les Commissaires poussant à l’intégration massive de nouveaux membres : l’Albanie, tellement démocratique, le Kosovo cette rognure de pays arrachée à la Serbie par les Américains en contrepartie d’une base militaire, etc. Et naturellement, il faut intégrer l’Ukraine et la Géorgie et la Moldavie, sans décourager la Turquie, dont le chef prétend diriger l’Oumma contre l’Occident mécréant !

Voici surtout les réglementations de détail contre les entreprises et les particuliers au nom de l’écologie, du féminisme outrancier, de la haine de l’Occident voué à la pénitence, etc.

Si on veut juste avoir une idée des résultats auxquels on aboutît, il suffit de lire les publications européennes sur le Net puisque la presse n’en parlera pas. Prenons l’exemple du CSRD.

Vous ne savez pas ce qu’est le CSRD ? Normal. C’est fait pour !

Plongeons dans cette littérature extravagante :

« Qu’est-ce que la CSRD ?

« La CSRD représente une expansion significative du reporting obligatoire en matière de développement durable pour les entreprises. Jusqu’à présent, l’actuelle directive sur les publications d’informations non-financières (Non Financial Reporting Directive ou NFRD) concernait 12 000 entreprises. Dès son entrée en application à partir de 2024, la CSRD impactera progressivement 40 000 sociétés européennes et 10 000 non-européennes. La directive étendra le périmètre de la taxonomie européenne et obligera les entreprises à communiquer sur de nombreux indicateurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).

Les objectifs de la CSRD

Pilier essentiel de la stratégie de finance durable de l’UE, la CSRD vise à orienter les flux d’investissements vers les entreprises durables, afin de garantir la réalisation des objectifs du Pacte vert européen (Green Deal), c’est-à-dire :

  • Atteindre la neutralité climatique d’ici 2 050 (objectif zéro émission nette),
  • Protéger et restaurer les écosystèmes,
  • Passer d’une économie linéaire à une économie circulaire
  • Parvenir à zéro pollution au sein de l’UE.

Le niveau d’investissement durable requis pour atteindre cet objectif ne peut être atteint que si les gestionnaires d’actifs et les banques disposent de plus d’informations sur les performances en matière de développement durable des entreprises dans lesquelles ils sont susceptibles d’investir. C’est sur ce point que la CSRD entre en jeu, en créant un socle de reporting complet, transparent et uniforme au niveau de l’UE pour les entreprises. Ce cadre contraignant s’appuie sur des référentiels internationaux, tels que la TCFD, le CDP et la taxonomie de l’UE, trois sujets sur lesquels EcoAct possède une expertise approfondie. »

Le prototype d’un monstre bureaucratique, bourré d’acronymes, aux intentions presque divines et impossibles à mettre en œuvre sans frais délirants dans les entreprises, obligés de passer par des sociétés d’audit aux tarifs extrêmement élevés et faisant partie des lobbies en place à Bruxelles.

Coût pour une PME : au minimum 60 000 euros ! Naming et shaming pour celles qui résistent. Pour les institutions financières, prison si on finance des projets non admis par les écologistes professionnels et leurs ONG. Et évidemment des amendes gigantesques collectées au profit des institutions européennes.

Qui a voté pour ce magma sordide d’intérêts privés croisés avec ceux des ONG et des fonctionnaires européens ? Qui a voté pour ce climat de haine et de surveillance ? Qui a voté pour cet étouffement ?

L’Europe vous protège ! Elle laisse des militants et des fonctionnaires étouffer les nations et leur économie dans une totale impunité. Il n’y a jamais de vote populaire pour empêcher ces délires.

À la télévision vous ne verrez sur les chaînes publiques qu’un défilé de zozos acquis à la cause qui expliqueront leur émerveillement devant les contraintes imposées aux entreprises. Ils n’y ont en général jamais travaillé. Les femmes représentent plus de 80 % des invités, allant de la starlette propagandiste du bien révélé et de sa petite personne, à la vieille militante usée sous le harnois des revendications perpétuelles contre les méchants patrons. S’il doit y avoir débat, ce sera la vieille règle socialiste : trois pour et un seul anti marginalisé. Voir dimanche dernier sur Euronews : trois femmes pour un pauvre type réduit à la portion congrue et châtié par la meute. Évidemment l’organisatrice du débat pousse du bon côté contre le vilain. Tout cela avec nos impôts naturellement. Et en anglais.

Le plus drôle, c’est qu’après avoir sévi à la Commission, certains commissaires tirent leur révérence pour candidater dans leur pays avec l’aura de l’Europe. Timmermans a asservi son poste de commissaire à l’obligation qu’il se faisait d’amadouer les Verts néerlandais pour devenir président du conseil ! Le voici en campagne ! Et allez tous vous faire voir chez Plumeau. Moi d’abord !

On a donc tout : l’absence de démocratie ; la soumission aux États-Unis et aux ONG ; la haine de la démocratie et du débat au profit d’un faux bien intégré dans une bureaucratie inlassable et féroce, plus le délire de la personnalité comme avec Mme Van der Leyen, plus les petits calculs politiciens.

Tableau !

L’électeur français dans tout cela ? Essayez de demander à un député européen ce pour quoi il a voté ! La plupart du temps il n’en sait même rien. La place est chiante mais financièrement fantastique. Alors vite à la soupe !  Quelles rémunérations ! Partiellement détaxées qui plus est. Quelle retraite !) on va crier au miracle européen pour être réélu (pardon : pour être renommé via la direction de son parti, chargée du nantissement des privilégiés de l’équipe dirigeante).

L’Europe  est dirigée de facto par des militants dont les querelles sont transformées en bureaucratie par une armature de fonctionnaires européens et une « coupole » de hauts fonctionnaires français ayant pris le pouvoir en famille, toujours au détriment de la France qui travaille et qui se voit assommer de règles contradictoires et d’obligations de preuves de soumissions aux oukases de Savonarole, et aussi de frais colossaux, de menaces diverses etc.

On ne calcule jamais les conséquences en termes d’emplois et de rémunérations et de fiscalité, et de dynamisme etc.

Des obligations cadencées sans aucune étude d’impact : voilà la méthode. Et des obligations déclaratives associées à des sanctions ubuesques.

Le bourgeois et l’entreprise sont essentialisés comme mauvais par nature et devant être enchaînés au bien commun par l’impôt, les réglementations et les dépenses contraintes, sous menaces de piloris, de sanctions financières et de répressions plus brutales comme la prison.

Pendant ce temps-là, Emmanuel Macron qui, seul, a le pouvoir de s’opposer ou de faire évoluer les élucubrations européistes, soit directement soit par l’action gouvernementale, se tait sur tous les sujets concernés et laisse faire quand il ne va pas faire des génuflexions appuyées devant la Cour de Justice ou la CEDH.

Il fait distribuer actuellement  sur les marchés un tract sur lequel on le voit en jeune homme souriant adulé par les foules avec comme titre : l’Europe qu’on aime ! Celle qui s’occupe des femmes, de la nature et de la santé et qui protège les frontières.

Ahurissant comme la vérité ou la réalité n’existent pas pour ce garçon. On se cale dans une image et c’est tout. Et on explique que c’est une image sainte. Oser dire que l’Europe lutte contre l’immigration et qu’elle protège nos frontières, qu’elle garantit notre sécurité en Ukraine, que 40 % du plan de relance est financé par l’Europe (La France va payer ces 40 % plus une cinquantaine de pourcents supplémentaire au profit des autres), tout en se flattant ouvertement qu’elle promeut une zone LGBT, certainement cruciale pour la réputation de la France. L’ennui des postures c’est qu’elles interdisent les actions nécessaires. Macron cède donc sur tout en Europe comme il ne cesse de ménager la chèvre et le chou en France.

Du coup le slogan « Une France plus unie dans une Europe plus forte » est un véritable oxymore. Jouer les têtes à claques avec cette constance est tout à fait remarquable !

On voit tous les jours les tranchées béantes de la division intérieure, aussi bien avec les horreurs de juin 2023 qu’avec la poussée antisémite actuelle, contre laquelle E. Macron n’a pas voulu manifester.

Quant à l’Europe, elle est devenue le continent malade et à la traîne, avec en son sein, une France démolie qui n’est championne que des prélèvements obligatoires et des contraintes ahurissantes. Dans une ambiance de retour aux guerres de religion. Quel bilan !

Et tout ce petit monde va droit à la récession en chantant et en expliquant que ceux qui klaxonnent sont des vilains et des méchants.

On s’étonnera sans doute que l’abstention soit record lors des prochaines élections européennes. On ne s’étonnera pas que l’élection n’ait servi qu’à préparer la bataille entre RN et LREM, avec une victoire valorisante pour le RN, qu’on devait remiser dans les poubelles de l’histoire.

Pourquoi nier que tout cela est misérable et honteux ?

Quo non descendam ? Le projet macronien résumé en une phrase.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

PS : Pour les curieux, nous donnons ci-dessous l’adresse web de l’ordre du jour de l’Assemblée européenne pour cette semaine.

Rappelons que l’objet principal de la création du marché commun était de créer une zone de coprospérité permettant de performer par rapport aux autres continents.

https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/OJ-9-2023-11-20-SYN_FR.html

On notera en particulier qu’on va discuter de la modification des traités telle que l’envisage la Commission.  Pas un mot en France, pas un débat alors que l’affaire est critique. La seule chose qu’ont retenu les médias dominants : le rejet de l’interdiction du glyphosate, rendu obligatoire par la réaction ferme des états agricoles en particulier la Hollande, mais évidemment sans aucune action de la France. Macron et Borne sont silencieux. Les partis politiques français regardent ailleurs.

Le dernier livre d’Henri Guaino : forces et limites

« À la septième fois les murailles tombèrent ! » Le titre du dernier livre d’Henri Guaino (aux Editions du Rocher) est excellent. Il correspond au contenu du livre et crée une inquiétude de départ propice à mettre le lecteur dans une attente fébrile. On aurait pu également choisir : au bord du gouffre ; il est moins une ; dernière station avant l’apocalypse, Les derniers mètres du Titanic…

Le livre décrit et dénonce l’effondrement permanent du pays depuis des lustres et veut avertir que si on continue sur cette lancée, la disparition de la France comme nation, comme grande puissance et comme vecteur universel de civilisation va disparaître à très court terme.

Conjurer l’effondrement définitif, voilà l’ambition.

Après avoir lu le livre nous avons relu le commentaire que nous avions fait d’un grand article du même Henri Guaino, conseiller de Nicolas Sarkozy, en plein dans les suites de la crise de 2008 et de son surgeon proprement européen de 2011. Formidable : rien n’a changé. Même discours et mêmes critiques.

http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2011/9/9/Larticle-dHenri-Guaino-dans-le-Monde-du-9-septembre-2011

Henri Guaino a cette caractéristique d’être un Gaulliste non pas de gauche mais qui refuse de solidifier l’aventure dans une affirmation uniquement droitière. Il considère que la création de la Cinquième République, privée de ses dépendances extérieures et rattachée au projet global Européen, est une pensée civilisationnelle où le rôle de la France aurait pu et dû être magnifié. Il constate 65 ans après que le pays est devenu une collection de territoires, qu’il n’y a plus de nation, que le recul économique est évident, que l’Europe s’est écartée du schéma français et a écarté la France de son schéma, que la mondialisation est devenue une tiers-mondialisation de la France, que partout le pays perd pied et que l’ambiance est mortifère.

Il suggère que la cause principale est l’esprit de table rase complété par une approche comptable des questions étatiques. Au lieu de bâtir sur les acquis, on veut tout détruire pour faire autrement. La longue litanie des « tables rases » engagées est la meilleure partie du livre. Ce n’est pas une approche « conservatrice » mais un rappel précieux à concilier le passé et la modernité.

Pourquoi les élites françaises ont-elles cédé aux sirènes de la table rase, partiellement prônée par le « cercle de raison » portant les idées médiatiques dominantes ? C’est là que l’analyse reste faible.

Le rôle délétère des crises économiques et financières, dont le mécanisme n’est pas réellement expliqué, n’est pas compris par Henri Guaino. L’organisation foireuse qui les provoque n’est pas de caractère idéologique mais tient entièrement à la domination américaine. Elle ne ressortit pas de la philosophie mais des relations de force géopolitiques. Si on ne comprend pas que les déséquilibres majeurs de balances de paiements, avec des déficits et des excédents ahurissants, conduisent automatiquement à une financiarisation désastreuse qui travaille pour elle-même sans orienter l’épargne vers l’investissement productif, que les bulles financières artificielles ont vocation à exploser, et que le sous-investissement implique la déchéance des services publics, le déclassement de la classe moyenne, et des poussées de dettes extravagantes, on ne sait rien proposer pour en sortir.

Henri Guaino recentre alors ses critiques sur « l’approche comptable » qui veut que l’on déshabille l’état et qu’on réduise son rôle social. Il reprend la critique du néolibéralisme qui a triomphé avec Reagan et Thatcher et a dominé le monde. Mais il ne veut pas trop se mettre du côté des économistes atterrés et des socialistes antilibéraux. Alors on parle d’approche comptable et on dénonce l’obsession de la droite à vouloir réduire le rôle de l’État. On retrouve le discours que veut incarner Aurélien Pradié : ne pas oublier le social et ne pas se présenter seulement sous la forme d’un rabot antisocial.

Henri Guaino refuse de voir que la fusion des hauts fonctionnaires d’état et de l’élite politique en une caste homogène préoccupée, de plus en plus en famille,  à consolider et étendre ses privilèges, a entraîné à la fois une hausse terrifiante de la dépense publique et la déréliction des services, au profit d’attributions d’avantages divers sans cesse plus généreux à des clientèles sans cesse plus nombreuses. Quand on ne veut pas voir cette réalité, presque tout le reste vous échappe. Il suffit d’écouter un Macron pour voir qu’à chaque sortie il annonce une nouvelle dépense, un nouveau cadeau au peuple, une nouvelle promesse qui ne sera pas tenue de baisse des impôts. La bureaucratie a tout envahi depuis que le couple Giscard-Chirac a pris le pouvoir et l’Enarchie compassionnelle avec eux.

Le poste de premier Ministre est un poste administratif. On y est nommé après une direction de société d’autobus et avant de trouver une autre sinécure. On a ainsi swappé le poste de premier ministre et celui de président de la RATP entre Borne et Castex, sous la houlette de l’énarque Macron et de son conseiller énarque.

La justice n’est plus « républicaine » et s’est autonomisée. Mais Henri Guaino ne comprend pas et ne nomme pas le mal. Le justicialisme est une doctrine et une pratique qui devrait être criminalisée et extirpée. Ici, pas de solutions ni d’analyses. Simplement des constats.

Le livre de Guaino est comme un torrent au milieu des rochers, et on le descend en canoë en évitant avec la pagaïe de se noyer. Mais il n’a pas d’introduction, de développement et de conclusion. On est dans le commentaire, pas dans l’action. Bien sûr on peut espérer que les commentaires déclencheront une réflexion salutaire, mais sans points d’appui programmatiques, on voit mal comment.

La vraie bataille, pour le camp politique dans lequel Henri Guaino bataille, est programmatique. Qu’est-ce qu’on doit faire ? Quelles forces contraires doit-on vaincre et comment ? Quelles sont les grandes actions pilotes capables de bloquer la descente aux enfers ?

N’espérez pas trouver dans le livre des éclaircissements précis sur ces questions vitales.

On retrouve les lacunes de l’article de 2012 alors que l’auteur conseillait Nicolas Sarkozy.

Sans programme précis et sans porter le fer sur des tares bien identifiées, il ne se passe rien.

Compilation n'est pas raison et encore moins action.

Le livre d’Henri Guaino participera peut-être à une meilleure prise de conscience qu’on se laisse entraîner au gouffre par passivité intellectuelle et refus de réagir. Mais il n’aide pas vraiment à reformuler un projet concret pour redresser la France.

Dommage !

 

Didier Dufau, pour le Cercle des économistes e-toile.

 

Soliloquer sans comprendre

Moraliser sans apprendre,

Est une oeuvre de curé

élégamment désespérée.

Prophétiser mais sans agir

Anesthésier sans  ouvrir

N'est pas oeuvre de médecin

et laisse aller le destin.

 

Il y a des trous dans les mémoires politiques de Franz Olivier Giesbert

Disons-le franchement : jamais nous n’aurions créé le Cercle des Économistes e-toile si nous n’avions pas tous le sentiment en 1997-1998 que nous allions sombrer pour de bon si la politique française ne changeait pas de cap immédiatement. Clarifier les causes de l’effondrement qui s’est accéléré dans les 25 ans suivants a été le fil rouge de ce site. Aujourd’hui, plus personne ne conteste l’effondrement. Il est vrai qu’il touche tous les domaines.

Un des obstacles qui ont empêché la prise de conscience nécessaire a été la grande presse, dont FOG a été un des acteurs les plus notables, mais qui a participé au désastre presque malgré lui. On ne peut pas faire une grande carrière sur fond de catastrophe, sans en avoir été au moins un peu le complice.

Aujourd’hui il se fait le chroniqueur de l’effondrement, du fait de la place d’observateur privilégié qui a été la sienne. Sans s’en rendre compte, il finit par cautionner les causes des conséquences qu’il fustige.

Le cœur de l’affaire, est sa volonté de ne pas remettre en cause le système de caste qui s’est mis en place, l’énarchie compassionnelle et bienveillante, comme nous la baptisons ici, qui est un des trois causes majeures de notre glissade délirante, avec la tiers-mondisation heureuse et les désordres monétaires internationaux, sur fond de crise démographique nationale et d’abandon de notre identité, autonomie et originalité au sein de l’Euroland.

La capture de longue durée du pouvoir politique par la caste des hauts fonctionnaires, une spécificité exclusivement française (elle est interdite partout ailleurs) n’a pas été la cause unique de la déchéance mais un de ses facteurs nécessaires. Le haut fonctionnaire, étatiste (on dit keynésien) et socialiste (ont dit : arbitre neutre de la société) ne sait que réglementer, subventionner et imposer. Il cultive la dépense publique et la dette. Que nous soyons noyés par la bureaucratie et leader mondial de la fiscalité et de la dette 50 ans après que le couple Giscard-Chirac a inauguré le cycle de domination totale de la vile politique par l’énarchie n’est pas surprenant.

FOG a été le complice de cette prise de pouvoir. Son interview dans le FIGMAG du 27 octobre le prouve à chaque ligne ou presque.

« Pour Rocard et pour Juppé, j’ai beaucoup de considération. C’étaient des hommes d’Etat ». Justement non ! C’étaient des petits mecs qui se sont vus plus grand qu’ils n’étaient et qui ont fait beaucoup de tort au pays. Juppé crée le numerus clausus médical qui explique largement la situation actuelle de la médecine. Rocard a soutenu toutes les sottises et a profité de la haute conjoncture lorsqu’il était ministre pour accabler le pays de dépenses et d’impôts, dans l’imprévision la plus totale des conséquences qui ont été tragiques lors de la crise de 92-93.

« Lionel Jospin avait beaucoup de qualités à commencer par une réelle intégrité ». En gros s’il a été tragiquement destructeur c’est à cause d’Aubry. Tout cela est complètement faux. Lionel Jospin était un terrible aigri dans sa jeunesse, du fait de la collaboration de son père au régime de Vichy et son serment à Pétain. Il vomissait à 20 ans le bourgeois et l’héritier. Il ne jurait que par Henri Krasucky. Et il militait en secret dans la mouvance trotskiste, preuve d’une malhonnêteté de fond : il lui fallait se cacher pour devenir haut fonctionnaire. Rocard s’est lui vanté d’avoir porté les valises du FLN sous le nom de Servet. Pour la réelle intégrité on repassera !

La seule chose qui motivait le jeune Jospin était la revanche sociale et la preuve de sa prédestination. Les 35 heures avaient pour but d’en faire au moins le Blum des temps moderne. Là où Blum symbolisait les congés payés, Mitterrand la retraite à 60 ans, il y aurait Jospin et les 35 heures. Les 35 heures ce n’est pas Martine Aubry, mais Jospin, en recherche d’un acte symbolique fort pour se présenter aux Présidentielles. Il n’a pas compris son échec. Et il remâche sa déception en mangeant du homard au restaurant du Dôme, en jouissant de son appartement de luxe dans un hôtel particulier de la rive gauche et en allant dans sa maison à l’île de Ré. Bourgeois : « regarder mon mérite ! Je suis comme vous mais pas par héritage. Mais tout l’argent avec lequel je vis est celui de vos impôts et le pactole est sérieux vu tout ce que je cumule ».

Décidément pour l’intégrité on repassera.

Mitterrand est le prototype du pourrisseur. Il a tout pourri autour de lui et en particulier le socialisme. C’est son plus haut fait d’armes. Le programme commun de gouvernement était une horreur autant qu’une erreur. Exemple achevé du séducteur catastrophique pour qui se laisse piéger, il piégera FOG qui ne s’en est toujours pas remis. Il n’y a rien à sauver du Mitterrandisme. Le seul bénéfice que lui trouve la gauche est qu’il a peuplé tout l‘appareil d’état de socialistes qui le tiennent encore aujourd’hui, souvent en famille.

« Comment ne pas aimer Chirac ? » affirme FOG. On est passé de Facho-chirac au Grand Méchant Mou sans transition autre que l’ambition électoraliste. Il a fait élire Mitterrand, ce qui n’est pas particulièrement réjouissant et une fois au pouvoir à Paris, il s’est comporté en satrape inactif. À l’Élysée, il a renoncé à toute action corrective, choisissant des premiers ministres sans intérêt : Juppé qui l’enverra dans le décor avec la dissolution et les grandes grèves de la SNCF, Raffarin qui ne fera rien (Raffarien) et Villepin qui fera un discours à l’ONU sur demande de Chirac et mettra tout le monde dans la rue avec un Smic-jeune, bureaucratique et inconscient. On retrouvera cela avec Philippe et les Gilets jaunes.

FOG veut « réévaluer » Sarkozy et Hollande. Bon courage !

Sarkozy, alerté par nos soins de l’imminence d’une énorme crise économique à venir, a préféré crier que la croissance avec lui aller retrouver des nombres à deux chiffres ! Crétinos ! Il a fait venir Kouchner aux affaires étrangères, pour quêter un peu de soutien socialiste et pomper un peu de sa popularité médiatique frelatée. Zut, c’était le prototype de l’antigaullisme. On verra dans une affaire sordide qu’il était d’un métal plutôt répugnant.

Quant à Hollande ! Il s’est cru malin et il n’a été que ridicule.

Dans les deux cas il n’y a rien à réévaluer.

Quant à l’Europe : « Je ne me reconnais pas dans l’Europe de Charles Michel et d’Ursula van der Leyen. Elle est devenue un oxymore : une passoire dirigiste ».

Mais la faute à qui, cher FOG, sinon à la brochette de vos déplorables amis, dont Emmanuel Macron symbolise à lui seul tous les défauts cumulés et la marche vers l’effacement français définitif ?

« Il me semble qu’il n’y a jamais eu autant d’ectoplasmes et de zombies dans le paysage que sous Macron ». C’est vrai mais vous ne dénoncez pas l’essentiel : le triomphe de la caste des intouchables hauts fonctionnaires qui bloquent désormais toute entrée civile dans le monde politique exécutif.

Le plus drôle est que ce numéro du FIGMAG donne une parfaite illustration des méthodes de la caste énarchique. On y trouve un panégyrique saugrenu de Mme Pannier Runacher qui a été dépassée dans toutes les fonctions qu’on lui a confiées et s’en ait sorti en flottant comme un bouchon sur les vagues successives. Fille de haut fonctionnaire bientôt énarque comme il se doit, elle fait une carrière immédiate dans les cabinets ministériels. Tout d’un coup un article élogieux dans le Point attire l’attention du microcosme sur la prochaine élévation de la gamine. Et la voici secrétaire d’État puis bientôt ministre. L’article du Figaro annonce de nouvelles promotions.

L’exemple témoigne de l’intimité entre média et la classe politique. FOG, sans s’en rendre compte, pousse la démonstration à des sommets amusants.

Le moment est au triomphe des « filles-de », issues de la classe dirigeante socialiste et si possible énarchique : Aubry, Wargon, Runacher, Touraine, Parly 2, après la grande période des épouses et des maîtresses. (Hidalgo, Ségolène,…), Toutes ces demoiselles ont eu très tôt des rémunérations exceptionnelles de 300 000 à 1 million d’euros par an. Le cumul des statuts divers garantit des retraites pharamineuses.

Allez : Papa et Maman sont contents !

Pendant ce temps-là, la France s’effondre.

Oui, il y a des trous dans les mémoires de Franz Olivier Giesbert, témoin privilégié de la tutelle exercée par le pouvoir sur les grandes carrières journalistiques (qui ne sont possibles que si elles ont commencé à gauche).

 

 

La faiblesse actuelle de l'édition économique : un exemple.

Les leçons d'un live très décevant : "Quelle économie politique pour la France ?"

Les économistes n’ont pas la cote. L’affaire des subprimes, la récession de 2008 puis la crise de l’Eurozone de 2011, leur ont fait un peu de tort. La gauche les considère comme des libéraux irresponsables, sauf s’ils réclament des hausses majeures d’impôts sur les riches et des dépenses publiques majestueuses. Les verts considèrent qu’ils vont tuer la terre et l’humanité avec leur croissance idiote. Les droites RN et zemmourienne considèrent qu’ils sont favorables à l’immigration, ce fléau. Quant aux droites centristes, on ne sait pas trop, sinon qu’ils seraient plutôt pour une société de liberté et de propriété ne faisant pas fi de l’augmentation de la production et de la diminution des impôts. Les économistes de cette mouvance se mettent aussitôt à dos et la gauche et la droite de la droite.

On comprend que les économistes passent un sale moment. Il était d’autant plus intéressant de s’intéresser à un livre prétendant définir ce que devrait être la politique économique de la France. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés face au livre de MM. Yves Perrier et François Ewald, préface de d’Hubert Védrine, « Quelle économie politique pour la France » aux éditions de l’Observatoire.

Il aurait fallu être un peu plus méfiant. Dès la page de couverture, on pouvait détecter quelques indices que l’affaire était mal engagée. D’abord les deux auteurs ne sont pas des économistes, encore moins des économistes chevronnés habitués à se colleter avec le chaos économique qui règne depuis quelques décennies. L’un a créé une entreprise financière Almundi, l’autre est un philosophe, un peu particulier, puisqu’il s’agit de philosophie politique. Le préfacier est un ministre de Mitterrand qui a mis l’économie française par terre qui est un grand habitué des phrases creuses et des postures d’autant plus avantageuses qu’elles ne s’appuient sur rien. Le titre enfin est un peu bizarre. Non, il ne s’agit pas du choix d’une politique économique mais d’une économie politique. Les auteurs pensent que cette inversion est d’une formidable audace. En vérité le titre aurait dû être : notre proposition d’une autre philosophie d’organisation pour notre système économique.

L’idée est énoncée sur la première page de couverture : pour un nouveau pacte « état-entreprise-citoyen ».

On pourrait résumer l’ambition en ces termes : « Nous allons vous montrer, en rappelant une longue histoire économique que si l’état, la nation et les entrepreneurs tirent dans la même direction c’est formidable et la France retrouvera sa prospérité ».

Tout le monde constate que l’État en France est obèse et incapable, ruiné et ruineux, pire encore devenu impuissant par différents mécanismes, dont l’Union Européenne, la régionalisation, la captation du pouvoir par les juges, la formation d’une énarchie compassionnelle assurant le contrôle et de l’état et de l’économie et de la politique. Le résultat se voit dans le déclassement économique de la France.

Tout le monde constate que la nation est en train de voler en éclat sous le coup des migrations excessives et qu’elle est éclatée en chapelles qui s‘ignorent.

Tout le monde constate que les entreprises en France sont en difficulté et seules celles qui ont réussi à prendre des parts de marché mondiales survivent ou celles qui vivent en symbiose avec l’état. Notre capitalisme sans capitaux grevé d’impôts et taxes et sur réglementé ne fonctionne pas. Surtout quand on demande à des entreprises surchargées de combattre contre des pays émergents immenses et dont le coût de la main-d’œuvre est très bas.

Dès le départ on sent bien que l’union des mutilés ne risque pas d’aller très loin, si on n’a pas une vision très précise de la causalité et des responsables de ces mutilations.

Les auteurs se sont donc lancés dans une grande fresque d’histoire économique contemporaine.

Surprise, leur choix est de cumuler des banalités en citant à l’occasion un livre plus significatif que les autres. Aucune force analytique, aucune analyse des causes en profondeur, aucune étude des forces en présence. Les systèmes économiques se heurtent ou s’enchaînent sans qu’on sache trop pourquoi. La compilation est totalement descriptive. On a l’impression que les chapitres ont été écrits par différents auteurs ce qui entraîne l’apparition de nombreuses contradictions. Cette compilation sans étude des mécanismes, cette accumulation de faits non expliqués en profondeur, ce magma de situations dont on ne comprend pas pourquoi elles surviennent, offrent une description parfaitement creuse.

On a l’impression que tous ces chapitres ont été écrits en lâchant la bride à ChatGPT dont la particularité est de rester largement neutre sur les causalités, et dans le politiquement correct de surface.

Bien sûr on va privilégier les moments fastes qui servent la thèse des auteurs. Ah le beau modèle rhénan qu’il nous faut importer d’urgence ! Mais l’Allemagne était considérée comme l’homme malade de l’Europe à la fin des années quatre-vingt et est aujourd’hui une puissance qui fait déraper toute l’Europe. Une organisation n’est pas bonne en soi. Tout dépend de la politique qu’elle mène dans un champ mouvant de circonstances. La politique mercantiliste de l’Allemagne menée à l’instar du Japon a été très problématique. Des échanges aussi fortement déséquilibrés ont provoqué des conséquences détestables.

Il vaut mieux que tout le monde soit content de pousser dans le même sens et qu’il y ait une confiance et une unité de vue entre les politiques représentants les citoyens, les entreprises et l’état. C’est d’une rare banalité de le penser. Mais tout dépend du moyen pour y arriver. Hitler avec le national-socialisme avait parfaitement réussi cette unanimité joyeuse du citoyen, des entreprises et de l’état. L’Union soviétique se vantait des mêmes résultats prodigieux.

En France aujourd’hui l’Enarchie règne en famille sur l’État et la représentation politique, tout en assurant sa tutelle, en liaison forte avec les syndicats, sur les entreprises. Les citoyens sont intégrés de force dans le schéma par l’impôt et la réglementation et la fabrication de la bonne opinion par les médias. Le citoyen n’a plus qu’un rôle formel. Aucun budget n’a été voté à l’équilibre depuis 49 ans. Et la CFDT vient de lâcher le gouvernement énarchique sur les retraites. Les pactes socialos bureaucratiques ont tous explosé du fait des résultats épouvantables.

Et les initiatives bouffonnes qui essaient de restaurer le dialogue avec les citoyens ne marchent pas.

On laisse le livre avec beaucoup de frustration. Sa faiblesse analytique et son préjugé pour le modèle allemand nous laissent face à des vœux pieux sans consistance et… aucune politique économique.

Les vrais enjeux ne sont pas traités par un livre qui, finalement, n’apporte rien.

Malheureusement, il n’est que trop représentatif du vide actuel de l’édition en matière économique.

Comment comprendre la sanctification de Jacques Julliard par la presse classée à droite

Le Figaro, Le Point, Marianne etc;

Ce n’est pas faire injure à Jacques Julliard de remarquer qu’il a toujours été une personnalité journalistique et politique plutôt de second plan. Il est vrai que l’effondrement assez général du niveau journalistique ces derniers temps fait automatiquement remonter la qualité relative des journalistes d’avant. Posez la question autour de vous : on peut le regretter mais personne ne le connait en dehors des milieux étroitement parisiens.

Comme une partie des journalistes très engagés à gauche dans les années 70, à l'exemple de François Olivier Giesbert, a évolué vers la presse « bourgeoise » et a pris ses marques dans des journaux dits « de droite », on pourrait dire qu’ils saluent une dernière fois leur copain de jeunesse. Et passer à autre chose !  

Non : le dithyrambe est tel qu’on doit s’interroger un peu plus, surtout quand on observe que les hommes politiques qui actuellement sentent un peu la sacristie à droite suscitent des réserves marquées, qu’il s’agisse de Bruno Retailleau, de FX Bellamy ou même de Philippe de Villers. Le bénitier n’est apprécié que lorsqu’il est « de gauche ». Il suffit de voir E. Macron se précipiter à Marseille pour se faire voir avec le Pape, un jésuite dont certains disent qu’il reste proche de la théologie de la libération dont on se souvient qu’elle voulait voir en Jésus un Lénine en mieux.

Pour comprendre ce mystère,  rappelons ce que J. Julliard écrivait il y a peu dans le Figaro et que nous avions commenté sur ce site ( http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2021/8/17/Lpouvantable-article-de-Jacques-Julliard-dans-le-Figaro)

Il n’y a de bonnes manifestations de masse que de gauche. Une manifestation qui ne l’est pas est préfasciste ou fasciste

Il y a un bon et un mauvais peuple. L’infaillibilité du peuple n’a pas de fondement rationnel. Il n’est souverain que lorsqu’il est éclairé. Sinon ce n’est qu’une populace.

Les gilets jaunes sont une horreur incompréhensible, mélange d'anticapitalistes pré marxistes (l'erreur absolue) et de populistes ravagés. Il s’agit d’un ramassis d’imbéciles (belle citation de Bernanos, penseur Chrétien qui sert à l’occasion, qui déclare que « l’expérience accumulée par les imbéciles pèse d’un poids immense sur le monde »).

Quand on se drape dans le drapeau français, on lui donne « des couleurs louches, sectaires et comme factieuses »

La laïcité, la République et la nation sont passées à droite pour leur plus grand malheur. (La droite salit ce qu’elle touche. Mais le chèque des employeurs de la presse de droite est immaculé. NDLR).

« Il y a pire que l’anarchisme prolétarien de l’extrême gauche, c’est l’anarchisme petit-bourgeois, un libéralisme d’enfants gâtés ».

Face à ces sornettes idéologiques teintées de gâtisme,  lisons ce qu’écrit Oliver Giesbert dans le Point daté du 14 septembre 2023 sur le « merveilleux J. Julliard » :

« Que sera notre vie sans J. Julliard » ? Il a été « l’honneur des intellectuels français ». Il a su rester « socialiste-conservateur-libéral » et a juste un peu dérivé vers le « révolutionnarisme-réformiste-conservateur ». En ce sens il est « l’Incarnation de l’esprit français », et son socialisme « pourrait enfin renouveler et prolonger dans l’humanité l’esprit du Christ ».

Rien que cela ! Jésus n’était juste qu’une esquisse avant l’arrivée de Saint Julliard !  Que ceux qui ne croient pas à ces sornettes n’imaginent pas que les Giesbert et autres thuriféraires leur laisseront le terrain libre. Ils réagiront. « Qu’ils se le tiennent pour dit » !

Brrr, on a peur ! Et on ne savait pas qu’on était passé à côté « d’un homme de gauche » devenu un « géant » en persistant à l’être, et dont la jeunesse attendrait frénétiquement la parole comme celle du Messie. On lisait dans son œil « le chagrin de celui qui n’a plus de famille (le socialisme et la gauche - NDLR) en dehors du refuge que lui accordait la droite républicaine ».  Diable, la crèche socialiste a été sauvée par le bourgeois et le beauf !

Le Monde ne s’est pas fait prier pour le dire : « Aux funérailles, les absences sont au moins aussi remarquables que les présences. Il n’y avait presque personne pour dire les années de rêve et de conquête, celles de la fureur des années 1970 et 1980, celles de la deuxième gauche de Michel Rocard, de la révolution sociale et non marxiste, de l’autogestion, du réformisme réel. […]. Pas un seul compagnon de route de la Rocardie. »

Nous avons écrit un article sur l’affaire LIP pour justement expliquer cette disparition. Tout était bidon dans la mouvance socialiste tendance protestante (Rocard, Jospin) et catholique (façon Mgr Gaillot, Maurice Clavel et Julliard). L’autogestion était une perruque qui s’est envolée au grand vent de l’histoire, comme la notion de « patron-mais ». Rocard a déçu comme Premier Ministre, alors qu’il a bénéficié d’une conjoncture très favorable, et ruiné le pays en se lançant dans des dépenses folles tout en ouvrant grand la fiscalité confiscatoire. Delors s’est révélé d’une grande médiocrité sous Mitterrand et a finalement fui le pouvoir en France en sachant qu’il n’avait rien à proposer. L’européisme lui offrait de bien meilleures perspectives. Sa fille, avec Jospin, a contribué à tuer la compétitivité française de façon honteuse. Le déclassement de la France est largement le résultat de cette mouvance malsaine qui avait toujours un arrière-goût de moralisme abusif et de confessionnal.

Tout ce petit monde a cassé le pays assis sur un petit fond de vertu chrétienne et les deux pieds dans la méga bassine socialiste. Politiques désastreux mais curés autant que possible ! Du soft Wokisme avant l’heure !

Alors pourquoi ces révérences délirantes, cette glorification enflée, cette exhortation incongrue à idolâtrer un second couteau tombé dans l’errance ?

Après l’effondrement militaire de mai 1940 et la Collaboration pétainiste avec Hitler, il fallait pour les enfants ambitieux de la bourgeoisie, à l’époque encore très catholique, être de gauche et anti-bourgeois. Mais pas communiste, sauf pour ceux qui s’étaient réellement compromis dans le nazisme et qui voulaient le faire oublier.  A partir de 1947 et la répression par Jules Moch des grèves organisées par les Communistes, le PC marquait la limite à ne pas dépasser à gauche. Mais la SFIO de Guy Mollet s’est retrouvée embourbée dans la guerre d’Algérie. On a donc vu se dessiner dans la bourgeoisie cultivée de gauche le goût de la transgression à gauche du PS mais loin du PC. Jospin dont le père avait été pris dans le pétainisme ambiant par pacifisme est devenu trotskiste caché. Rocard déclare avoir porté les valises du FLN, une trahison, mais qui avait surtout un impact d’image : de gauche mais pas mollettiste. Dans la mouvance catholique aussi, certains ont vu une ouverture : socialiste mais non communiste et non Molletiste, à la recherche des dépassements permettant de créer un « socialisme réel ». Beaucoup étaient fonctionnaires et certains hauts fonctionnaires. Mai 1968 accélère le mouvement et promeut ceux qui avait 20 à 25 ans en 1960. A l’ENA les noms de promotion témoignent de la gauchisation du corps : Saint Just, Robespierre, Jaurès, Blum, Guernica…

Se crée alors un politiquement correct de gauche. Être de droite, c’est être un fasciste qui ne veut pas se l’avouer. Mitterrand, un spécialiste des coups pourris, promeut Le Pen comme repoussoir. La droite est sommée de ne pas sombrer dans les extrêmes.

Cela va marcher pour des décennies au fur et à mesure que cette génération triomphe.

La seconde gauche soutient les nationalisations ringardes en grinçant que 51% du capital au lieu de 100% aurait suffi. On n’est pas des cocos tout de même ! Ils accepteront les dénationalisations (à 100%) qui suivent peu après et qui créent des Oligarques.

Elle pousse aux élévations massives de taxes et d’impôts tout en règlementant tout.

Elle s’engouffre dans l’Union Européenne et son obsession pour les libertés économiques absolues de mouvements de capitaux d’hommes, de services et de marchandises.

Elle accepte l’entrée de la Chine dans l’OMC.

Les entrepreneurs se retrouvent avec des boulets aux pieds en concurrence avec le monde entier.

La France perd sa monnaie, son industrie, son emploi et sa classe moyenne déclassée et smicardisée.

Alors la classe ouvrière quitte la gauche pour le vote protestataire. Et les révoltes commencent qui sont incompréhensibles pour cette caste qui croit avoir tout fait bien pour les « petits pauvres ». Le PS s’effondre avec Hollande et se coupe en deux : le gros de troupes passe au Wokisme, aux luttes LGBT et à l’islamo-gauchisme. Le monde d’un Julliard s’effondre. Il ne peut pas se retrouver dans les « sottises infectes et dangereuses » de la NUPES.

Rocard est mort. Jospin profite du homard au restaurant du Dôme, de son appartement dans un hôtel particulier du 7ième ou dans sa villa de l’île de ré. Plus bourgeois, tu meurs ! Et il ne comprend pas que plus personne ne l’écoute. La sociale démocratie révolutionnaire conservatrice des enfants du bon Dieu est morte et enterrée sous ses mauvais résultats.

Emmanuel Macron a tout fait pour accélérer la chute. Le pays est désormais totalement déclassé, surendetté, surfiscalisé, explosé façon puzzle, en perte de vitesse dans tous les domaines. Les dirigeants sont devenus impuissants du fait du gouvernement des juges1, des dissidences sur le terrain, des mécanismes de l’Union Européenne. Tout ce que soutenait Jacques Julliard, sans le soutenir tout en le soutenant a montré son caractère délétère..

Une nouvelle génération d’éveillés veut sauver la terre en s’attaquant à l’humanité et à la culture dominante, favorable à la croissance.  

Le protestantisme français comme le catholicisme se sont effondrées. Il n’y a plus de communisme pour borner la sottise et l’intolérable à gauche.

La droite qui avait accepté de pactiser avec la gauche et s’était installée dans la révérence du politiquement correct de gauche pour sauver les meubles, est embarquée dans le naufrage. Elle tente, en sanctifiant Saint Julliard, de créer un poteau un peu solide pour se raccrocher et continuer dans sa sujétion tout en s’attaquant à l’extrême gauche mélenchonienne et woke.  

Mais le poteau est planté dans la vase.

L’étatisme social-démocrate implicite de la haute fonction publique, teinté de charité payée par les autres, commence à trembler.  Les jacqueries on ne sait pas vraiment comment faire. Il va bien falloir un jour rétablir les libertés de penser, de posséder, de réussir, et la responsabilité de chacun dans ce qui lui arrive plutôt que justifier l’acharnement à faire payer par les autres ce qui est de la responsabilité de chacun.

Au moment où les nuages s’accumulent sur la France, on ne peut pas oublier que la mouvance incarnée ces vingt dernières années par Jacques Julliard a contribué lourdement à cette descente aux enfers et a regroupé trop « d’idiots utiles » complices de l’effondrement français. Au passage le catholicisme s’est effondré, et l’islamogauchisme a considéré qu’il n’avait même plus besoin d’idiots-tes utiles plus ou moins rallié-es. Ils avaient tout ce qu’il fallait dans leur rang.

Il ne faut pas non plus oublier que l’idéologie de la déconstruction des « dominations » s’est mariée avec le puritanisme anglo-saxon pour donner le Wokisme, la cancel culture, et la coercition sociale.

Le mariage entre religion et politique a toujours été source de fanatisme au nom de la vertu.  Julliard n’était pas un Savonarole hystérique en dépit de ses aphorismes radicaux et de sa participation au bain de boue infligé au père LIP. Les nouveaux sont de vrais dresseurs de piloris.

Il faut leur faire barrage.

Qu’ils se le tiennent pour dit !

 

Didier Dufau

1. La Cour de Cassation vient de "faire la loi", en décidant de la question des droits à la retraite pendant les congés maladie. Une question qui aurait dû dans une démocratie normale être tranchée au parlement par des élus.

Une autre manière d'analyser la situation économique mondiale

Un des drames de la réflexion économique est qu’elle manipule des valeurs consolidées en monnaie courante corrigées de l’inflation. Ce choix assez naturel masque la plupart des problèmes et provoque des incompréhensions majeures.

En géométrie, on aime bien les « transformées ». Aussitôt une figure en apparence très compliquée se simplifie et des démonstrations limpides peuvent être conduites. En économie aussi, il importe de se libérer des habitudes et de revoir les évolutions des grands agrégats en des unités de valeur différentes.

Appelons « valeur de référence » un panier d’objets qui représentent depuis toujours le bien patrimonial « qui ne ment pas », parce qu’il est rare. Mettons-y l’or, et éventuellement un autre métal rare, une matière première de nécessité absolue, disons le pétrole, et le m2 dans une ville monde (Paris, Londres, Tokyo, New York…). Le panachage est toujours arbitraire, mais on est surpris que les résultats ne dépendent pas tellement du choix des ingrédients de notre indice et de leur proportion quand on déflate les séries économiques sur une assez longue période, par exemple le demi-siècle.

Le graphique ci-dessous, fait à main levée, est une approximation grossière du résultat ( Nous suggérons aux nouveaux doctorants en économie de faire ls calculs exacts en imaginant quelques paniers de valeurs de référence).  Le graphique présenté commence en 1973 et se termine en 1922.

La ligne rouge fixe la valeur de référence par construction constante.

On voit que les prix courants s’effondrent sur une longue période calculée en valeur de référence.  Depuis 1971 et la fin du système de Bretton Woods, on est entré dans un système de monnaie fondante alimentée par les émissions massives de monnaies banques centrales et aussi par l’ouverture totale à la concurrence des pays très pauvres à forte population, et/ou à ceux des pays maintenus dans la déroute économique par le communisme pendant des décennies.

On voit également qu’en valeur de référence le PIB baisse, avec des accélérations dans la baisse à chaque crise décennale, 1973, 1992, 2001, 2 008… Les objets de luxe ont toujours l’air de fuir devant le revenu. Mais depuis 1973, la chute est devenue réellement importante. Une sacoche Hermès à deux soufflets est passée de 10.000 francs à 16.000 euros ce qui en francs fait plus de 100.000 Francs. Il ne reste plus que 10% de la valeur de la monnaie française par rapport à 1970. Le titre Hermès se porte très bien !

Comme les prix se sont effondrés plus encore, le pouvoir d’achat, qui a aussi baissé en valeur de référence, n’a pas baissé en valeur courante. Pour simplifier, il a augmenté en proportion de la baisse des prix liée aux importations chinoises.

En revanche, la hausse de l’immobilier est presque entièrement gommée dans notre graphique.  L’immobilier a conservé sa valeur intrinsèque.

Ce qui se passe à partir de 2020 c’est le blocage de la production et la désarticulation des flux de la mondialisation. On libère des sommes gigantesques de monnaies banque centrale sans production. La courbe des prix vient à croiser celle du PIB et efface toute hausse de pouvoir d’achat et au-delà. C’est ce qui explique l’irruption des mouvements violents, Gilets Jaunes, refus de la réforme des retraites etc.

Tant qu’on ne comprend pas la machinerie qui s’est mise en place à partir de l’instauration des changes flottants et de la suppression de l’obligation de contrôler les grands déficits et les grands excédents, on ne peut dire que des sottises majestueuses à partir d’apparences bizarres qui flottent allégrement dans une caverne platonicienne légèrement déjantée.

L’acceptation des grands déficits américains, pour fournir la monnaie internationale d’usage, entraîne automatiquement la création d’excédents équivalents. Le pays qui les accumule ne sait pas quoi en faire, puisqu’il est déjà hypercompétitif et en excédent. Le pays déficitaire voit ses entreprises chavirer et en manque de liquidité ne peut pas investir. Le système se retrouve en sous-investissement productif permanent. Les liquidités excédentaires cherchent des emplois qui ne se trouvent que dans des opérations financières et boursières, en un mot dans la spéculation, et dans des stratégies de défense patrimoniale comme l’immobilier.

Bien sûr, le transfert de la production vers les pays pauvres entraîne une hausse formidable du niveau de vie dans ces pays (au moins 400 000 000 de personnes sorties de la grande pauvreté depuis 50 ans) tout en enrichissant parfois de façon extravgante la petite élite qui s’est placée dans les circuits de la mondialisation et du recyclage des masses financières.

Les classes moyennes occidentales sont les premières victimes : la croissance s’arrête et le pouvoir d’achat ne dépend plus que des produits importés à bas prix.Cela ne suffit pas vraiment.  Il faut développer le crédit et les subventions pour maintenir une forme de croissance et une apparence de continuité dans la société d’abondance. La dette et les impôts deviennent critiques. Lorsque, comme en France, le système fiscal est globalement progressif on aboutit à cette situation intenable où il faut 1.9 % d’augmentation de la dette pour obtenir 1 % de hausse du PIB qui provoque une hausse de 1.7 % de hausse des impôts et prélèvements !

Jusqu’en 2020, une crise décennale venait purger les bulles financières provoquées par les excédents de balances de paiement. Les banques centrales rechargeaient la machine sans inflation grâce aux importations à bas coûts en provenance de la Chine et des pays à salaires extrêmement bas. On avait une inflation monétaire sans inflation des prix à la consommation, mais une hausse de la valeur de l'immobilier et de la bourse. La classe moyenne s’en sortait en allant chez Liedl puis Aldi, et en s’endettant sur des dizaines d’années !

La crise sanitaire puis la guerre en Ukraine ont détruit cette machinerie faussement vertueuse. Utiliser les banques centrales pour compenser le revenu perdu par la disparition de la production, alors que la perturbation des circuits logistiques de la mondialisation devenait critique, ne pouvait qu’entraîner une forte inflation non compensée par les importations à très bas prix. Le choc de la guerre sur les coûts énergétiques et la disponibilité de biens agricoles, a aggravé une situation déjà intenable. La poussée massive des prix commence trois-quatre mois avant le début de l’invasion Russe en Ukraine.

L’inflation excessive  a aussitôt obligé les banques centrales à freiner des quatre fers provoquant aussitôt des perturbations supplémentaires en mettant en défaut les entreprises trop endettées, les banques ayant prêté pour des opérations spéculatives et les pays qui avaient choisi la dette à outrance comme la France.

Pour corser la situation, une peur millénariste a été insufflée à partir de mouvements idéologiques américains relayant des passions anti capitalistes en déshérence depuis l’effondrement de l’Union soviétique et une religiosité également en jachère depuis l’effondrement du christianisme. Elle a diabolisé l’humanité et sacralisé la nature et l’animal. L’homme prométhéen avait volé le feu de l’Olympe et mit le feu à la terre. Il massacrait la faune sauvage sans vergogne et vidait les sous-sols de tout ce qu’il jugeait utile. Le CO2, qui touche absolument toutes les activités humaines, est devenu le vecteur de condamnation de la race humaine outrecuidante et folle. Démarrée aux Etats-Unis, l’idée saugrenue et scientifiquement fausse d’une influence radicale du CO2 sur le climat, au point de cuire la terre et de la faire se noyer sous l’élévation massive du niveau de la mer, s’est imposée dans les mouvements radicaux américains puis, peu après la conférence de Rio qui voulait dénoncer le rôle de l’homme sur l’avenir de la nature, dans les mouvances internationales et dans la tête des élites dirigeantes de nombreux pays. La propagande a été si forte, si générale, portée pendant si longtemps qu’une peur panique s’est emparé des esprits au pont de créer un état de sidération individuelle et d’hystérie collective. On se rappelle qu’à Carthage, lorsque le climat faisait des siennes, notamment avec des sécheresses calamiteuses, les élites offraient leurs filles vierges et pubères en sacrifice au Dieu Baal. Le spectacle de ces pauvres enfants drogués avant le supplice et brûlant allègrement dans des brasiers terrifiant était censé émouvoir les Dieux, une idée fréquente dans les sacrifices religieux, depuis l’origine de l’humanité, tout en calmant la révolte des administrés vis-à-vis des familles dirigeantes.  Aujourd’hui, sous l’influence des ONG, les instances internationales se sont mis en tête de réussir en quelques années une conversion totale des activités en supprimant toutes celles émettant du CO2. Ils ont eu surtout de l’écho en Europe où les gouvernements multiplient les règlements malthusiens et les dépenses contraintes infinançables. Et cela au moment même où le coût de l’argent pénalise les états ultra-dépensiers. C’est évidemment une totale folie irrationnelle, qui apparaîtra comme telle quand soudain les yeux se décilleront et que le sortilège s’évanouira, ce qui est le destin des peurs millénaristes. Mais que de dégâts sont à craindre ! 

On stigmatise allègrement les propriétaires « qui ont profité de la hausse phénoménale de l’immobilier ». Et on croit qu’ils pourront payer pour toutes les folies en cours. En termes d’unités de valeur de référence, les prix sont restés stables. Il est tout de même simple à comprendre que le propriétaire qui a acheté un appartement disons entre 1970 et 1990 a toujours le même appartement en 2023 et n’a pas augmenté ses possessions. En revanche il a perdu beaucoup de revenus avec tous les prélèvements accumulés sur l’immobilier : IFI, taxe foncière, frais de « notaire »,... , et l’accumulation des frais liés à des contraintes réglementaires effroyablement coûteuses. En revanche les étrangers, qui ne paient pas les mêmes taxes et qui se sont enrichis avec la mondialisation ont racheté une bonne part de l’immobilier le plus luxueux. Et l’État leur a consenti dans certains cas des dégrèvements fiscaux pour se faire. Bravo !

Les entreprises françaises qui n’ont pas fait faillite ont été rachetées par les entreprises des pays accumulant des excédents. Les Allemands ont racheté une part colossale du patrimoine d’entreprises Français. Sous-investissement, délocalisation, transfert de la propriété vers l’étranger ont été de règle depuis quarante ans !

Le secteur public a lui-même été ravagé par le sous-investissement. Certes on peut trouver des tee-shirts à quelques euros dans les surfaces commerciales qui cassent les prix, mais l’hôpital a souffert, la recherche s’est étiolée, les armées vivent de bouts de ficelles, les prisons nécessaires n’ont jamais été construites, les ponts ne sont plus maintenus sur les routes secondaires, la SNCF ne fonctionne plus, les aérogares sont devenues non fonctionnelles, l’université n’a plus que des locaux quasiment insalubres, les postes diplomatiques ont fondu, et plus rien ne marche.

On voit en observant ls courbes du graphique tout le risque qui pèse sur la « réindustrialisation ». Les prix nationaux de production en l’état des législations, sont de 2 à 10 fois ceux des produits importés. Sauf dans des cas très spéciaux, la relocation ne peut pas marcher sans d’énormes changements fiscaux et réglementaires. Au moment où les flux d’articles à bas prix se tariront, la courbe des prix recroisera celle du PIB et éliminera le pouvoir d’achat !

La seule solution pour l’Occident, qui globalement souffre des mêmes maux, avec moins d’acuité dans les pays où les dépenses et la dette ont été maîtrisées depuis 1990, est de revoir le mode d’organisation du système monétaire international et de l’Euroland. Il faut éviter les excédents systémiques et les déficits endémiques. En éliminant les déséquilibres, on retrouvera une logique de la production et de l’emploi plus maîtrisable. Notamment il redeviendra possible de parler en termes d’investissement productif et plus seulement en termes d’augmentation de la valeur des titres.

C’est le message fondamental que suggère le « graphique de Dufau », comme disait mes élèves. Je regrette d’en avoir réservé le commentaire à mes conférences. Il mériterait d’être recalculé avec plus de soin et utilisé à plus grande échelle pour sa vertu d’explication limpide de la situation mondiale . Quand la folie déclenchée par les gourous de la décarbonation totale à réaliser de toute urgence sera retombée, et en espérant que le champ de ruines ainsi créées ne soit pas trop étendu, il sera temps de penser à retrouver un peu de raison et de reconstruire un système mondial des échanges plus rationnel fondé sur l’équilibre des flux, plus que sur des rapports de force destructeurs même pour les pays qui croient posséder des capacités de domination.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile



Impuissance des électeurs. La question des fuites démocratiques

De nombreuses évolutions problématiques ont aggravé la distance entre dirigeants et électeurs. On peut les appeler des « fuites démocratiques ».  Elles ont des conséquences très fâcheuses. Elles doivent être rebouchées.

 

La première fuite démocratique est le développement de l’Europe institutionnelle qui, à partir du traité de Maastricht, a capté une part croissante du domaine de la loi, la représentation nationale se devant d’inscrire les ordonnances dans la législation nationale sans les altérer. Un parti national n’aaucune influence sur le contenu des ordonnances qui seront proposées à sa guise par la Commission et votées par le Parlement européen, où les groupes partisans nationaux sont totalement noyés dans la masse, pourquoi se préoccuper de savoir si le programme convient au pays. Il ne sait même pas ce qui se passe à Bruxelles.

La seconde fuite démocratique est la capture du domaine journalistique et culturel, politique, économique et financier par la haute administration, déviation antidémocratique que l’on appelle ici l’Enarchie Compassionnelle et Bienveillante. Il en est résulté un blocage fondamental de la représentativité et l’impossibilité pour l’électeur de peser sur les choix fondamentaux. Une forme de caste a fini par s’emparer des partis de gouvernements, désormais en famille. Elle bloque toute carrière politique d’intrus venant du terrain en monopolisant les grands postes.

La tentation de la régionalisation a entraîné également un dessaisissement partiel du gouvernement. Son absence d’objet important stérilise le vote. La gestion matérielle des écoles ne mobilisent pas les foules.

Le droit a connu une double évolution également préjudicielle à la vie démocratique par les élections.  Les cours constitutionnelles ont pris le pouvoir législatif en interprétant les préambules consacrés aux droits de l’homme. En s’appuyant les unes sur les autres, CEDH, cours de justice Européenne, Conseil d’État, cour de Cassation, ont retiré aux parlementaires le monopole de l’effort nécessaire pour traduire concrètement t les espoirs portés par le concept de droit de l’homme et s’arrogent la mission de juger toutes les lois à l’aune des droits de l’homme, préférant toujours l’individu au groupe et empêchant souvent de régler efficacement diverses difficultés. Ces aspects sont désormais assez bien nommés et connus. Le suivant, pas du tout !  Une déviance judiciaire, au plus près des justiciables, la doctrine « justicialiste », s’est largement imposée dans le monde des juges. Elle prétend s’autonomiser par rapport à la loi par l’action syndicale, des tentatives jurisprudentielles ou des jugements politiquement orientés, et promeut une action discriminatoire en fonction de personnes mises en cause. Il devient difficile de savoir comment seront mises en œuvre les règles votées par le Parlement et même si elles le seront. On se souvient du refus général d’appliquer les peines planchers mises en place par la majorité qui soutenait Nicolas Sarkozy.

Devenir ministre est certes une belle promotion politique. Mais l’heureux promu constate vite une impuissance presque totale. Au dernier remaniement, les chefs de cabinets ont été choisis avant les ministres ! Du coup l’Enarchie triomphante ne considère pas anormal de choisir comme Premier ministre une fonctionnaire dirigeant une société d’autobus publique, et de la remplacer ce poste par le précédent premier ministre, également fonctionnaire. Personne ne relève cette stupéfiante situation. On ravale la nation à la RATP ! Et personne ne moufte ! La politique ne peut pas se réduire à un jeu de chaises musicales entre les différents postes politiques et administratifs.

Du fait de l’emprise quasi absolue aujourd’hui de la haute administration sur les choix politiques et leur mise en œuvre, la fiscalité, la dette et la réglementation détaillée et pointilleuse sont devenues le moyen d’expression préféré voire exclusif du gouvernement. Tout devient délit de façon tellement envahissante et contraignante que partout les amendes pleuvent et les décisions administratives contraignent. À tel point que tout le monde devient plus ou moins délinquant. On compte à Paris plusieurs millions de trajets automobiles tous les jours, qu’il s’agisse d’habitants intra-muros, de banlieusards ou de touristes. Qui peut dire qu’à chaque trajet le respect des 30 km/h a été effectif ? Voilà aussitôt des millions de délinquants routiers ! Ne parlons pas des cyclistes… l’incivilité qui pédale.

Tout est devenu pénal : les relations entre les différents moyens de transport, entre salariés et patrons, entre homme et femme, entre adultes et enfants, entre salariés et patron.

Des associations outrancières et maximalistes s’appuient sur des lois indéfiniment contraignantes pour faire régner une « pression sociale » illégitime et injuste, amplifiée par les réseaux sociaux et le vide politique.

La liberté et la fraternité se sont fracassées sur cette pression bureaucratique et idéologique délirante.

La démagogie ouverte des cadeaux catégoriels a tué l’idée d’une égalité des droits et des devoirs.

Des droits acquisitifs excessifs distribués sans contrepartie, accompagnés par l’abandon de toute répression des violences de masses venues des banlieues envahies par des millions d’immigrés Africains, près de 400 000 arrivées par an, ont conduit à la perte de contrôle de nos finances, de la délinquance et des services publics.

La dépense publique atteint l’équivalent de 56 % de la richesse produite, avec un financement qui repose majoritairement sur un tiers de la population assommée de prélèvements divers, et il faut trois mois pour avoir un passeport ou un rendez-vous avec un ophtalmo, et des mois voire des années pour obtenir un jugement, ou une réponse administrative sur des sujets qu’on a indéfiniment compliqués.

Le président Macron et Mme Borne, habitués des résidences publiques, ont décidé de faire passer sans crier gare une loi présentée ainsi : « Nous ne devons plus laisser la seule loi de l'offre et de la demande, conjuguée à la cupidité humaine traditionnelle, créer une bulle d'enrichissement de quelques-uns. Il faut un changement fondamental de paradigme sur le droit de propriété ».

Et hop : Foin d’un des droits de l’homme sacralisés par la Constitution

La nervosité a fini par gagner toute la population agacée dans tous les actes de la vie par des contraintes et des exactions excessives. La violence a fait des progrès spectaculaires dans la société. La révolte des « gilets jaunes » est venue d’une taxe et d’une interdiction de trop.

On comprend que s’est créé un énorme vide entre la population souveraine et une sphère politique tenue par une caste qui la gère désormais en famille.

La presse ne joue plus son rôle d’information et de médiation. Elle est tenue par huit milliardaires qui tous dépendent de l’État. L’énorme secteur public de l’information a été totalement colonisé par la gauche depuis la prise de pouvoir par F. Mitterrand. Tous les « déviants » ont été virés. Les équipes « de gauche » se sont installées en force d’une façon indéracinable et exclusive. Du coup la presse est devenue la caisse de résonance des opérations image de la petite caste dirigeante étatiste et socialisante, et de la propagande gauchiste. Elle a désormais décidé de purger le pays des esprits critiques. La liberté de penser et de s’exprimer connaît un recul inouï. L’affaire des vaccins contre le Covid a été très démonstrative.

Toutes ces évolutions posent de graves difficultés aux partis politiques de gouvernement. Ils doivent faire face à la triple accusation d’impuissance, de démagogie et de d’illégitimité démocratique. Comme il n’y a plus de carrière politique intéressante possible, sauf rare exploit, pour des non-fonctionnaires, dans les partis de gouvernement, les amateurs sont partis dans les partis « antisystème » qui eux ont ouvert la porte au peuple de base. On trouve peu d’Énarques au RN ou à LFI.

L’exceptionnelle réussite de la manipulation tentée par Emmanuel Macron qui a choisi d’unifier la Caste sous sa houlette et de lui permettre de prospérer en famille, est à souligner. Il est vrai que les nuances entre Chirac et Jospin, Fabius et Juppé, Rocard et Villepin, Hollande et Copé, etc. sont impossibles à définir. Ce sont des nuances de postures et de narratifs mais personne ne sait quelles différences programmatiques les séparent. S’il existe un expert capable de démêler ce qui distingue Mme Pécresse de Madame Borne, ou M. Wauquiez de Monsieur Philippe, cela prouverait qu’on a progressé dans le domaine de la microscopie de l’infiniment petit.

En réunissant tous les Énarques opportunistes et carriéristes, Emmanuel Macron a vidé de l’intérieur et le PS et LR.

Comment s’étonner que le triomphe pendant 50 ans de l’étatisme socialisant sans limite, qui est la religion commune des hauts fonctionnaires, ait produit une bureaucratie hors normes dans tous les domaines, une première place pour la fiscalité et les taxes, un excès de dettes colossal, le tout paradoxalement accompagné de la faillite des services publics et de tous les domaines régaliens sous la pression d’une immigration incontrôlée ?

Suturer les fuites démocratiques qui découragent l’électeur et l’empêche d’influencer les politiques conduites est une des urgences nationales critiques.

 

Qui est responsable des dérives de l’Union Européenne et que faire ?

J’appartiens à la génération des Français nés pendant la guerre de 40 et pour qui la construction d’un ensemble européen pacifique avait un sens. Dans le petit ensemble des six pays fondateurs, dont un morceau d’Allemagne, pouvoir annoncer à tout membre de ces nations : « je ne te crains pas et tout membre d’une nation membre sera traité exactement comme un national sans aucune discrimination » était un acte fort et digne d’être soutenu voire fêté. De même, choisir de supprimer toutes les mesures sciemment discriminatoires dans les échanges de biens, de services, de capitaux et de personnes, dans l’ensemble ainsi constitué, était un bienfait.

En revanche, il n’était pas question d’abandonner les identités nationales, ni de fondre les législations, en privant chaque état de la possibilité de mener une politique nationale ou diplomatique spécifique. Organiser une coexistence pacifique, marquée par des projets communs et l’élimination de procédés anticoncurrentiels douteux, ne signifiait pas que les législations dussent être unifiées dans tous les domaines et qu’elles soient transférées à une instance « fédérale ».

Bien entendu, le projet européen de Monnet était entièrement soutenu et financé par les Etats-Unis dont l’objectif, après-guerre, était comme depuis des décennies, d’en finir avec les empires européens et d’assurer leur domination économique, monétaire, diplomatique et militaire. Mais réduire l’ambition des membres de la communauté économique européenne à la seule ambition de devenir une colonie américaine serait caricatural. Le Général de Gaulle, dont les difficultés avec les Etats-Unis sont connues, prendra de nombreuses mesures de correction de la trajectoire européenne, avec l’introduction au forceps de l’agriculture dans le schéma communautaire et, en France, il imposera la sortie du commandement intégré de l’OTAN. Mais il acceptera le traité de Rome et le marché commun qu’il créait.

On dira : il s’est trompé : Les autres pays étaient purement et simplement atlantistes et n’avaient nulle envie de contester leur vassalité. Le Bundestag videra de leurs substances les accords passés entre Adenauer et De Gaulle. Dès que le Général s’est attaqué au dollar, il s’est retrouvé avec une « révolution étudiante » à domicile, le premier exemple d’une « révolution de couleur » comme on dit maintenant. La volonté américaine d’imposer sa loi rejoignait la nécessité pour l’Allemagne de faire profil bas après les exactions sans nom de la période hitlérienne alors que le pays était coupé en deux.

Il reste que la volonté d’en finir avec des querelles tournant régulièrement au massacre depuis des décennies, et de mépriser les exaltations nationalistes du type Hitlérien et Mussolinien, basées sur la violence et les exactions guerrières, était profonde et partagée dans le cadre des six pays fondateurs.

En 1967, le mélange d’atlantisme et d’européisme fédéraliste qui régnait en Belgique ou en Italie, sur fond de lutte contre l’expansionnisme de l’URSS et du « socialisme réalisé » existait sous forme d’une faction « centriste », symbolisée un temps par Lecanuet. Directement soutenue par les Etats-Unis partout dans la CEE, cette mouvance était active. Mais elle n’était pas dominante.

L’Europe restait le champ d’initiatives de mises en commun, sans perte d’une vie politique nationale, et sans volonté de nivellement. L’idée de « construction » de l’Europe ne signifiait pas « création des Etats-Unis d’Europe inféodée aux Etats-Unis ». Mais l’approfondissement de règles et d’associations utiles et la volonté, là où c’était nécessaire de laisser plus de libertés concrètes aux membres des pays unis

Permettre à un « étranger » de contracter librement dans tous les domaines ne va pas de soi. Aboutir à ce qu’il puisse s’installer partout en Europe, s’y loger, y créer des entreprises, s’y marier, y trouver un emploi, y ouvrir un compte en banque, payer ses impôts, léguer, exporter, importer, de façon libre et transparente sans procédures bureaucratiques éternelles, ce n’est pas simple. Réussir ce pari demandait du temps donc « une construction ». Bien sûr, il était possible d’obtenir des visas d’installation et d’arriver au même résultat sans structure multinationale.

La création d’un « espace de bonne volonté », concernant un ensemble de pays appliquant rigoureusement les mêmes règles aux étrangers communautaires qu’à ses nationaux, hors l’élection, et promouvant les relations faciles entre eux, ne pouvait nuire.

On voit bien après le Brexit, que le retour des visas, des pièges réglementaires, des barrières diverses, a détruit une bonne partie de ces bénéfices concrets de liberté et de facilité.

Mais il y a eu le Brexit et il ne s’est pas produit sans raison.

Les traités de Schengen et de Maastricht ont cassé l’optique communautaire, associant des pays restant libres de leurs options politiques et sociales internes, pour une unification législative, monétaire, économique et sociale envahissante. Plus de frontières, plus de monnaie, une langue anglaise comme base linguistique unifiée, plus de droit, les instances juridiques de l’Union décidant d’interpréter les principes de la déclaration des droits de l’homme, et l’obligation de transcrire dans la loi nationale toutes les règles régies par des ordonnances européennes courant par grignotage la totalité du spectre de l’action législative, cela signifie-t-il qu’il n’y a plus ni Etat autonome ni Nation ? Non, mais il faut pour résister à la pression une force politique à la tête de l’exécutif français particulièrement puissante. Si cette force ne s’applique pas alors oui, l’indépendance nationale et la vie nationale s’étiole et peut disparaître.

Giscard et Mitterrand ont voulu que la France entre intégralement dans un schéma européen contraignant. Chirac a cédé en faveur du traité de Maastricht. Et aucun n’a voulu montrer une quelconque résistance aux dynamiques ainsi créées.  La vie politique française s’est effondrée aussitôt. Le sinistre Macron n’en fait pas mystère : la France, son drapeau et autres oripeaux de l’ancien temps, il n’en veut pas. Avoir commencé son quinquennat en allant faire sa révérence aux instances juridiques collectives, annonçait la suite : le drapeau européen seul à l’Arc de Triomphe ou sur la tour Eiffel, puis l’obligation des mairies d’afficher le drapeau européen ; l’affirmation d’une « citoyenneté » européenne ; les discours en « pidgin english » à tout propos ; l’abandon du Français en Europe et de plus en plus dans le champ de l’université, de la pub, des actes légaux etc. Tout le monde sait qu’il fait tout pour lui donner accès à son rêve d’après : devenir président élu de toute l’Europe.  C’est pour cela qu’il s’est opposé à son arrivée au pouvoir au projet d’élection du président de la Commission au suffrage universel.  Remplacer la présidente tournante par une présidente permanente, cela seul serait digne de son ego. Personne ne sait qu’il a profité de la présidence tournante de la France pour organiser partout des consultations de la jeunesse qui ont fait valoir qu’il fallait « un président élu pour l’Europe ». Cette ambition explique l’incroyable abandon des intérêts français au profit d’autres pays de l’Union et le refus de s’opposer à quoi que ce soit dans le processus des ordonnances européennes.

Avant lui, la forfaiture démocratique de Nicolas Sarkozy faisant voter à l’Assemblée les mesures que le non au traité « constitutionnel » européen avait rejetées ne cesse de produire ses effets délétères. Tout est désormais de guingois et les forces délétères qui ont prévalu jusqu’à la guerre de quarante reprennent du service.

Le symbole de l’impuissance des institutions se trouve d’abord dans l’élection au Parlement européen. La campagne électorale n’a en général aucun sens. Et d’abord que veut-on dire lorsqu’on parle de « sens » dans une élection ? Précisons-le : une élection a un sens si elle permet de dire à la majorité ce dont elle ne veut pas ! Ce qui veut dire que les enjeux doivent être connus et qu’une majorité peut apparaître, qui conditionnera l’action de l’exécutif. Rien de tout cela n’est possible au Parlement européen. Les enjeux ne sont pas connus puisque les textes qui seront débattus seront proposés principalement pour ne pas dire exclusivement par la Commission qui a entière liberté dans ce domaine. Les élus, découpés en petits groupes par la proportionnelle, et souvent choisi sans critère politique clair par les partis, ont une place ridicule dans le parlement. Que peuvent faire 40 personnes dans un hémicycle de plus de 700 membres ? Comme ce ne sont pas des partis globaux avec des programmes globaux qui se présentent aux votes, aucun choix d’option n’est effectué par l’électeur. Il ne sera pas informé de ce qui est discuté à Bruxelles. Il ne saura même pas ce qu’a voté la liste qu’il a retenue ni même si elle a voté de façon commune. Il ne réalisera les conséquences de l’action de la Commission que lorsqu’il faudra retranscrire dans le droit national. Et on lui dira que la décision étant prise il est trop tard pour se réveiller et dire non.

Dans le processus, seul le Président de la République peut bloquer puisque tout projet finit par l’accord des exécutifs. Si, comme le président actuel, il a décidé de dire oui à tout sans baragouiner, l’électeur français voit l’Europe diriger sa vie sans même pouvoir s’exprimer. Même s’il le voulait, il aurait beaucoup de mal à bloquer une mesure qui a été avalisée d’abord par la Commission puis par le Parlement, en général sous l’influence des grandes associations et de la diplomatie américaine.

Comme l’Europe institutionnelle s’est affranchie des traités pour intervenir dans tous les domaines et avec un luxe de détail invraisemblable, la gouvernance française passe pour totalement impuissante même et y compris pour des décisions de la vie quotidienne la plus élémentaire et pire encore pour les décisions nationales critiques.

On voit que les instances européennes viennent de régenter dans un sens catastrophique l’activité agricole française, de supprimer les voitures thermiques à court terme, de manifester sa mauvaise humeur contre l’énergie nucléaire, de promouvoir le voile islamique comme preuve de liberté, en même temps que le droit européen interdit toute maîtrise des flux migratoires et des règles du commerce extérieur. L’Allemagne devenu le mastodonte de l’Europe reprend son rôle abusif en Europe centrale et ses excédents déments faussent totalement la gestion de l’Euro (les flux allemands représentent près de 80 % des flux de la BCE !). Sa représentante à la tête de la Commission se croit présidente des Etats-Unis d‘Europe et s’agite sans mandat sur des questions qui ne sont pas de sa compétence comme la guerre en Ukraine. En même temps l’Union Européenne finance les mouvements wokistes en France y compris à l’université et dans les régions et municipalités !

The Economist nous apprend qu’Emmanuel Macron a décidé en catimini de changer radicalement les options traditionnelles de la diplomatie française en Europe très réticente à de nouveaux élargissements. L’intégration de l’Albanie, du Kosovo, de la macédoine du nord, de la Serbie, si elle le souhaite, ne saurait plus un problème. Aucun des médias français n’en parle alors que toutes les chancelleries ne bruissent que de ce revirement complet.

En fait Emmanuel Macron persiste dans la préparation de son job d’après : être le président élu de l’Europe entière. L’appoint de ces micro-états sera nécessaire ! L’intérêt de la France dans toute cette évolution majeure : nulle ! Même l’Ukraine est désormais acceptable comme membre à terme de l’Union. La question turque reste sous le boisseau. Son intégration demeure possible.

Ces évolutions délétères imposent une révision de la vision européenne de la France et cet exercice s’impose aux partis en France notamment à LR qui a décidé de refonder les axes programmatiques fondamentaux de son action politique.

Si par principe, les dérives de l’Europe sont considérées comme des acquis et leur dénonciation comme un populisme de beaufs à béret et baguette, l’effondrement démocratique français est au bout du chemin. François Asselineau explique avec constance qu’on ne peut pas « changer l’Europe ni changer d’Europe », fruit d’un arbitrage complexe indestructible, et que le Frexit est la seule solution, comme les Britanniques l’ont bien compris. Ses arguments ne sont pas nuls. Il se moque avec raisons de toutes ces volontés affichées lors des élections européennes de proposer une « autre Europe » plus ou moins fantasmagorique : plus verte, plus sociale, plus féministe, plus modeste, moins américaine, etc. ad libitum. Quand une élection n’a pas d’enjeux, autant s’agiter dans l’affichage d’autant plus grandiose que le silence retombera dans la seconde qui suivra la promulgation des résultats.

Xavier Bellamy, une des rares pensées politiques en Europe, explique que les instances européennes dépassent en permanence les compétences que leur donnent les traités.  Il cite le fait que le Parlement a voté 51% de résolutions hors du cadre des traités. Il donne de nombreux exemples significatifs où la Commission est parti dans des réglementations drastiques à partir de filaments de raisonnement hyper fins les rattachant très indirectement aux traités. Dans le même discours, il exonère les instances européennes en affirmant que ce sont les Etats qui le demandent. C’est donc la gouvernance nationale qui est coupable et lorsqu’elle s’exonère elle s’accuse.

Comment empêcher institutionnellement que l’Europe puisse ainsi grignoter les compétences nationales lorsqu’un hurluberlu européiste accède à la présidence française et laisse faire ou incite à de dessaisir de la souveraineté nationale ?

Existe-t-il réellement un chemin qui permette de redonner de l’indépendance au projet politique français quoi qu’il arrive sans pour cela sortir de l’Euro et de l’Europe ? Doit-on accepter qu’une clique de hauts fonctionnaires s’approprie tous les pouvoirs résiduels, en associant des inconnus interchangeables aux postes subalternes, tout en concédant tout à l’Union Européenne et ses instances, avec des élections qui ne décident jamais de rien sinon le « ranking des clans » comme on dit à Bruxelles.

Il n’y a plus de vie intellectuelle et artistique en France, dans un climat d’hyperfiscalité débilitante qui nous prive de liberté et de capacités économiques et sociales. La chanson française qui était la plus active dans le monde en 1960 n’existe pratiquement plus. Alors que dans les années cinquante la France comptait une pléiade d’écrivains de renom international, il n’y a plus que le malheureux Houellebecq. L’université française est quasi morte. L’étranger européen n’y vient plus, préférant le Royaume Uni, le Canada et même l’Espagne, quand les Etats-Unis ne sont pas accessibles financièrement, pour former ses élites. La vie politique se résume aux éléments de langage des médias conformes et aux pitreries grotesques et dangereuses d’un Mélenchon. On ne trouve plus un journal français dès qu’on sort de l’hexagone et l’étude du français est en train de sombrer partout.

Le constat est terrible : il n’y a plus de vie politique, devenue impossible, puisque la haute fonction publique ne veut rien lâcher de son emprise désormais totale et teintée de népotisme caractérisé et finalement accepte de se délester sur l’Europe de pratiquement toutes les questions importantes. Rien ne gêne plus un haut fonctionnaire que d’être responsable !

On voit bien que la renaissance française passe d’abord par la destruction du monopole politique construit par la haute fonction publique qui paralyse la démocratie et le retour à une pratique européenne qui réduit le champ des délégations au seul contenu explicite des traités, quitte à prendre les initiatives juridique et organisationnelles qui rendront cette orientation pérenne et indépendante du choix du président. On n’échappera pas à des réformes institutionnelles nationales visant clairement les modalités d’interaction avec l’Europe. Nul n’est besoin de changer les traités européens ni d’enclencher un Frexit. La bataille est en France et sera la bataille de la France.

On voit moins bien quelle force politique dans le pays parviendra à imposer cette action. Ce devrait être un devoir pour un parti comme LR héritier du gaullisme. En ayant choisi Valérie Pécresse comme candidate aux dernières élections présidentielles et en annonçant Laurent Wauquiez pour la prochaine, après que Chirac a accepté Maastricht et que Sarkozy a trahi le non au referendum « constitutionnel » européen, LR montre que la perspective n’est pas évidente.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

 

Les élites françaises ont-elles détruit la France ?

Plus personne n’a de doute aujourd’hui. La France n’a plus de véritable existence en tant que nation et en tant que projet identifiable.

C’est devenu un territoire d’où la population originelle s’efface par la dénatalité, où l’agriculture et l’industrie s’évaporent, où l’enseignement de la langue et de la culture se meurt lentement, où le niveau de vie est en état de baisse relative, où la sécurité intérieure n’est plus assurée.

Près de vingt millions d’habitants sont venus d’Afrique ou sont nés en France des familles immigrées correspondantes, sans trop de désir d’intégration avec pour une part notable et croissante d’entre eux, la haine au ventre contre les Français et le désir de se servir sur la bête par tout moyen.

En même temps la haute fonction publique a capté entièrement le pouvoir politique, économique, financier et médiatique, et entend continuer à se partager le pouvoir résiduel en famille. Cette caste a haussé la pression fiscale et les charges sociales au premier rang mondial tout en créant une bureaucratie effarante.

La venue au pouvoir présidentiel du lamentable Macron a été concomitante de la généralisation de chienlits multiformes et incontrôlables.

La gestion de Paris est une chienlit. Elle est actuellement organisée par une Espagnole qui a percé dans les alcôves de la direction du PS, épousé un énarque et demeure protégée par le clan. Emmanuel Macron lui a permis d’être réélue lorsque son candidat s’est autodétruit. Cette chienlit dure depuis 23 ans ! Et il n’y a aucun signe d’un quelconque ralentissement. Rendre irréversible les billevesées qui permettent de solidifier une pseudo-majorité, qui n’est qu’un regroupement de passions morbides et intéressées, voilà toute l’affaire. Et crève la ville lumière ! Cette chienlit se retrouve à Lyon, à Lille, à Bordeaux, à Grenoble, à Marseille, à Rennes, à Nantes. L’armature urbaine du pays est en voie de liquéfaction. Il n’y a strictement rien de positif à espérer de ses évolutions.

La gestion de la couronne de ces grandes villes est pire encore. Au prix de dizaines de milliards de subventions et d’allocations jetées par les fenêtres, on a cru possible d’y installer des immigrés africains, maghrébins d’abord, puis d’Afrique centrale, par millions. La délinquance et les trafics y sont la règle en même temps que l’islamisme y a pris un pouvoir désormais indéracinable. Les masses sont telles qu’elles sont devenues incontrôlables et y font ce qu’elles veulent quand elles veulent, désormais soutenues par une gauche opportuniste qui voit son salut dans l’exploitation de ce fumier, quelles qu’en soient l’odeur et l’absolue contradiction avec des « valeurs de gauche » brandies d’autant plus haut qu’elles sont en bas, totalement à l’abandon. L’État exalte son action à Marseille, action qui est liquidée en une nuit d’émeutes.

La gestion des campagnes est désormais soumise à la pression de bandes de voyous bien décidées à créer une chienlit totale. Le « zadisme « est-il autre chose qu’une forme de chienlit ? Un simplet, dans une « agence nationale », interdit un produit et risque de bloquer l’exportation de millions de tonnes de blé. Petite émotion et on contourne le problème sans le résoudre en attendant la prochaine initiative débilitante ! L’Europe qui en a « marre de payer pour l’agriculture française » annonce une réduction de l’activité agricole en France ! Pas de réaction de l’État français.

La gestion des transports est tout aussi calamiteuse. On a vu que l’activité portuaire a augmenté de 100 % depuis 1990 en Europe et de 1 % en France. L’industrie automobile est aux abois. Le transport ferroviaire est une catastrophe financière et technique. Les autoroutes sont une vache à lait sous-traitée aux copains. La France n’est même plus capable de tenir ses engagements sur l’aménagement des relations ferroviaires avec l’Italie. Des petits groupes de débiles bloquent des rues, des périphériques, des autoroutes, dans une chienlit manifeste. Pas de réaction de l’État français.

La gestion de la production d’énergie a été laissée à des incapables qui n’ont cessé de la massacrer et d’y créer le désordre et la confusion. La source nucléaire dont la production potentielle était de 500 TWh chaque année a été bridée pour ne représenter qu’à peine la moitié, alors qu’on dépense des sommes obscènes à accumuler des éoliennes et des panneaux solaires qui produisent de l’énergie à des moments où on n’en a pas besoin et n’en produisent pas toujours quand il en faut, déséquilibrant et la gestion des réseaux et les exportations rentables d’énergie et la gestion courante de l’équilibre des besoins. Avoir poussé au 100 % électrique en coupant par deux la production d’électricité est le genre d’exploit que l’énarchie compassionnelle et bienveillante est capable de réaliser, sans même anticiper la chienlit résultante. Le défilé des « c’est-pas-moi-c’est-l’autre » de ce politiciens idéologues ou issus de la bureaucratie la plus lâche, à la Commission d’enquête sénatoriale, est un documentaire sur l’irresponsabilité misérable des « élites » concernées.

Inutile de trop creuser la question des fonctions régaliennes de l’État. La chienlit y est partout.

L’armée française tient tout entière dans le Stade de France et serait incapable de tenir plus de quatre jours face à une agression un peu intense. La première action du nigaud qui préside le pays a été de virer le général qui signalait qu’on était à l’os dans les casernes. Il a aussitôt appelé la copine de caste, Parly II pour diriger l’armée avec le résultat que l’on sait : on s’est fait virer à coups de pied dans le derrière du… Mali, par… Prigogine ! Le taux de disponibilité des appareils de toute nature qui équipent nos forces est proche de zéro dans à peu près toutes les disciplines militaires. Le renseignement est par terre. Les Allemands se moquent ouvertement de la France qui s’abaisse à essayer de lui refiler ses perles résiduelles. La racaille dévalise les armureries. La gendarmerie est partout dépassée sauf pour les amendes de circulation sauf dans les zones de franchise abandonnées aux tribus. Comme le dit un observateur un doigt caustique : « on n’a plus d’état-major mais un état majorette surtout impliqué dans l’intégration confortable des femmes, des homosexuels et des transgenres dans les dortoirs ».

La santé publique : on a vu. Bureaucratie et syndicalisme ont conduit à la chienlit généralisée et à une violence d’Etat étonnante durant la période « Covid » avec abandon de tous les grands principes. Comment croire que la politique voulue face au Covid ait été : « restez chez vous et prenez du Doliprane » ! Le système est totalement ruiné par une gratuité intenable. Les pertes sont abyssales. La régression médicale commence à se voir très sérieusement. Partout c’est la chienlit, notamment aux urgences.

L’école et l’université ? N’insistons pas. L’université est pratiquement morte tuée par le wokisme. On y enseigne plus qu’une moraline frelatée et la soumission. Vols à répétition, occupations, etc. La chienlit est partout. Quant aux écoles maternelles ou aux études secondaires, mieux vaut ne pas en parler. La féminisation Neu-Neu, socialisante et Wokiste, règne sans limite, en symbiose avec les associations homosexuelles et les groupes de pression d’extrême-gauche, voire islamo-gauchiste. M. Macron a voulu montrer qu’il pérennisera cet égout en nommant un noir indigéniste à la tête du ministère. Son seul objectif est de créer la même chienlit dans l’enseignement privé que dans l’enseignement public…

La justice ? Le « mur des cons » n’a pas été détruit. Il n’y a plus de justice organisée en France. Le multirécidiviste triomphant est le héros d’un monde qui marche sur la tête. Ne pas réprimer ; ne pas mettre en prison ; s’attaquer d’abord aux cols blancs : salauds de bourgeois blancs. La délinquance généralisée, les pillages, les trafics en tout genre, les émeutes accompagnant une absence permanente de respect des lois, le crime à un niveau délirant, qu’est-ce que cela sinon une chienlit organisée ? Jouir sans entraves ! CRS-SS ! Non à la répression ! C’est gagné et on voit le résultat.

L’administration civile : incapable de fournir un passeport ou une pièce d’identité dans un délai raisonnable. Ne parlons du reste !

Les corps préfectoral et diplomatique sont liquidés par un président démiurge qui s’enivre de son propre pouvoir de destruction de la République française et de ses institutions.

Il est vrai que son objectif avoué est la dissolution de la France dans l’Europe, objet de son ambition suprême. Français ! Vous n’existez pas : vous êtes des individus indifférenciés dans la masse des populations qui grenouillent sur le sol européen. On panthéonise Monnet, un agent américain, une charmante danseuse américaine noire, un étranger militant communiste tué par les Allemands. L’idée qu’il puisse y avoir un « grand homme français » est passée dans l’idée des dirigeants français, obsédés par l’altérité heureuse. En revanche l’histoire française cesse d’être valorisée et devient un pot de chambre dont le contenu doit être déversé sur la tête de la jeunesse pour que jamais plus, elle ne pense à son surmoi historique français.

On a créé des régions parfaitement inutiles pour complaire à l’exigence européiste de destruction de l’État national. Ces nouvelles bureaucraties sont d’abord des planques publiques qui permettent de faire de l’argent sans responsabilité, en exaltant la démagogie. Jamais autant de Français vivent au crochet de l’État à ne rien faire d’utile que depuis l’instauration des régions ! La région, c’est une chienlit institutionnelle et structurelle. Cela ne rapporte rien et cela coûte très cher.

La citoyenneté abandonnée a laissé la place à un électoralisme sans objet sinon de fournir des places et de l’argent à des gens qui n’en valent pas la peine et entendent être élus par la démagogie la plus basse. Personne ne veut plus voter pour des vandales heureux de se faire un peu d’argent et de gloriole dans la chienlit générale.

Les dirigeants vivent au-dessus de ces chienlits multiples dans un état d’impuissance désormais visible et risible. Des médias dominants sous influence tentent de rendre invisible cette réalité d’une chienlit maîtresse de tous les lieux et construisent un mensonge dominant favorable à la caste dirigeante. Ils annoncent en permanence que le président Macron protège la France et les Français, et que s’il tripote régulièrement avec extase des noirs torse nu et siffle des bouteilles de bière dans les vestiaires, c’est la preuve de sa classe éclatante au service de tous les Français. Certains esprits régressifs et insensibles à cette épatante grandeur, considèrent qu’une chienlit narcissique verbeuse et irresponsable règne à l’Élysée.

Au moins y a-t-il une forme d’unité et de congruence dans ce qui reste de la France : la chienlit partout, du plus bas au plus haut, à tous les étages.

Giscard avant Mitterrand l’avait bien compris : exploiter personnellement et laisser courir ! Chirac l’a théorisé : le pays étant fragile, il était important de ne rien faire. Sarkozy a sombré en recrutant Kouchner et en voulant s’inscrire dans le bon sentiment général. Il a fini avec un bracelet électronique au pied, prisonnier à la maison. Hollande a voulu n’être rien et y a parfaitement réussi. L’ambition des places (et surtout de la place suprême) est devenue le cœur de la politique. Qu’importe si c’est pour présider à un désastre. La France, on s’en fout !

La conjonction de l’unique passion pour le poste de président, et des idéologies transnationales dominantes (écologisme, wokisme, européisme, mondialisme) ou nationales (étatisme, clientélisme, argent facile, fiscalisme, bureaucratie), conduit à la destruction de l’identité nationale, de la démocratie et de la prospérité.

Nous pouvons répondre à notre question initiale :

Oui la France a bien pourri par la tête et le triomphe de l’énarchie a été un facteur aggravant majeur, en empêchant les réactions du corps de la nation par la voie électorale. Née au lendemain de la déroute de mai quarante, la volonté de la classe des hauts fonctionnaires de mettre la main sur le pouvoir politique pour conduire « une vraie politique nationale de qualité », l’Enarchie a fini par être le levier principal  de la déroute actuelle.

Ce n’est pas le moindre paradoxe de la situation.

Petit résumé de l'état de la France

Au même moment où se déchaîne la communication du Président Emmanuel Macron, en pleine exaltation du « en même temps » sur à peu près tous les sujets qui se présentent, sans jamais dire après l’énoncé des objectifs contradictoires, comment on fait, il est intéressant de sortir du bol de Com’ pour regarder froidement dans les yeux la situation économique française. L’étalage délirant des « je veux » est tellement ridicule qu’il vaut mieux se concentrer sur les aspects critiques du statut économique français.

Pour 1 Euro de PIB nouveau en France il faut 1.8 euros d’emprunt.

Pour 1 euro de PIB en plus, le fisc ramasse 1.6 Euros de prélèvements. C’est le FIPECO cité par Jean Pierre Robin dans le Figaro qui le dit.

Tout est dit. Sauf le pourquoi !

Vous pouvez compléter avec la baisse du revenu par tête depuis 1981, relativement à la moyenne des autres pays développés, la montagne bureaucratique et règlementaire qui est montée jusqu’au ciel, les dépossession des propriétaires, l’effondrement des services publics, et tous les autres chiffres résultats.

Un pays qui se prélasse comme champion des prélèvements et de la dette tout en tuant ses productions, ne peut pas avoir d’autres résultats.

L’impôt est globalement progressif en France, comme nous l’avons démontré cent fois sur ce blog et l’élasticité du PIB à la dette pharamineux. Tant que ces mécanismes n’auront pas été réparés, la France s’enfoncera. Tant que la haute fonction publique aura également capté la politique, la presse, l’économie, la banque etc., et l’administration, et dirigera tout dans notre pays, rien ne changera.

C.Q.F.D.

Rien n’est compliqué dans cette affaire.

Le retour des grandes lubies économiques

Un symptome post crise !

Le langage magique a encore de grands jours devant lui. La capacité de certaines officines au service soit de pouvoirs extérieurs soit d’idéologies délirantes, à propager des idées fausses gagées sur de fausses autorités ou celle d’officiels soucieux de leur carrière est tout à fait remarquable et par leur durée, parfois des décennies et par leur impossibilité à accepter tout débat. Cette propension invincible a ceci de désagréable que ces sottises interdisent d’établir les bons diagnostiques et les mesures salutaires.

Une des raisons pour laquelle notre petit club d’économistes s’est formé à la fin des années 1990 était de lutter contre le projet de taxe Tobin. Non pas que Tobin fût, pour nous, une personnalité problématique. Bien au contraire, c’était un analyste monétaire très fin, dont les analyses ont été évacuées et trahies pour ne garder que l’idée de la taxe. Il l’a lui-même affirmé !

Nous avons commencé à expliquer dès la fin du siècle dernier la réalité de la réflexion de Tobin : les changes flottants sont une catastrophe. Pour éviter le pire, si on ne revient pas sur cette organisation désastreuse, il faut domestiquer les flux financiers à court terme par une taxe terrible qui les étouffe.

À chaque crise financière, on a vu ressortir la taxe Tobin des placards.

En 2009 après que les méfaits du système des changes flottants eurent créé une nouvelle « crise pire que celle de 1929 », Sarkozy avait fait le malin, déjà avec Stiglitz comme conseiller, en parlant de taxe Tobin. On a vu la suite… Rien !

Nous avions alors précisé la position unanime de notre cercle :

http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2009/12/19/Taxe-Tobin--la-position-du-Cercle-des-conomistes-etoile

Cela fait 26 ans qu’en dépit de toutes les preuves, de toutes les conséquences connues des erreurs systémiques imposées par les Américains et les Allemands en 1971, les économistes dans la mouvance des Américains et des cercles associatifs autour de l’ONU refusent de débattre du vrai problème pour promouvoir des expédients détournés du rôle qui leur était assigné par leur promoteur. Il est vrai que doter des organismes mondialisés de ressources indépendantes des nations, sinon pour la collecte des fonds, on comprend que cela aiguise les appétits. On constate le même phénomène à l’échelon des instances communautaires européennes. Obtenir des ressources propres distribuées à des associations avec lesquelles on a des relations très étroites, avec des jeux de chaises musicales entre dirigeants d’ONG et postes politiques, c’est le pied !

On notera dans les Échos du 6 juin 2023 l’article : « Le capitalisme de papier va-t-il partir en fumée ? » rédigé par un des éditorialistes du journal. Très justement, il fait droit à ce constat élémentaire : les émissions de monnaies banques centrales et de monnaies bancaires ont fait grimper les valeurs nominales des actifs (immobiliers et financiers) plus vite que le PIB. Il explique que ce mouvement s’est beaucoup accéléré dans les 20 dernières années. Parfait ! Mais pour la cause exacte, vous repasserez un jour quand on aura le temps d’y réfléchir. Les trois crises financières de 1997 à 2003 et les deux crises financières mondiales de 2008 et européennes de 2011 ont conduit à la fois à des récessions sévères et à des inondations de monnaie prodigieuses. Elles s’ajoutaient à la crise de 73, puis celle du début des années quatre-vingt puis celles de 92-93, toujours noyées sous la création de monnaies banques centrale. La même cinématique s’est répétée pendant 50 ans, sans qu’on y touche. Pourquoi ces inondations n’ont-elles pas créé d’inflation après la purge américaine du début des années 1980 ? L’arrivée de la Chine et l’ouverture mondiale à la concurrence ont évité toute inflation dans les biens de consommation courante. Pas d’inflation possible pour les prix à la consommation. L’argent est donc parti dans la survalorisation des actifs et évidemment de façon accélérée du fait de la montée de la Chine dans les échanges et de la gravité des dernières récessions.

La vérité est encore pire que cela : si au lieu de valoriser les actifs en utilisant les monnaies, on prenait un indice de valeurs de références (un panier de valeurs comportant des matériaux rares, l’immobilier de luxe et le pétrole, par exemple), il deviendrait évident que les salaires ont stagné voire baissé, mais pas le pouvoir d’achat du fait de la baisse des prix (en valeur de référence) encore plus rapide. En revanche les biens réels se sont réévalués mais, en valeurs de référence, très peu.

Le système a étrillé la classe moyenne dans les pays occidentaux sans véritablement enrichir les propriétaires (ils ont toujours le même bien).

Lorsqu’on inverse la grille de référence au lieu de se concentrer sur le bas de l’échelle, bien qu’elle se manifeste de façon tonitruante dans la rue, on fait une fixette sur la valeur patrimoniale et on dit des sottises. « Un logement qui doublé de prix n’engendre pas une production deux fois plus grande » ; Une entreprise deux fois plus chère en bourse n’est pas deux fois plus efficace ». Et alors ? N’importe quel bien qui coûte deux fois plus cher du fait de l’inflation n’apporte pas deux fois plus de satisfaction ! Ces truismes n’ont pas de sens. Nous n’avons pas un « patrimoine de papier », formule simpliste et trompeuse. Nous avons eu une inflation concentrée sur les biens durables, les prix à la consommation étant tenus en respect par le transfert de l’industrie mondiale à la Chine et aux pays pauvres. Du jour où, du fait du Covid, l’inflation des moyens de paiement a porté sur le maintien du revenu sans production en contrepartie, alors que les réseaux de transport étaient partiellement arrêtés, une inflation générale s’est produite, avec une baisse immédiate et visible du niveau de vie.

Les « experts » du McKinsey Global Institute, cités dans l’article des Échos, n’ont absolument jamais voulu se pencher sur les méfaits des changes flottants et ont constamment promu la mondialisation et le transfert à la Chine de l’industrie (des autres pays et partiellement des États-Unis), tout en acceptant que l’on abuse du dollar roi. Les solutions proposées excluent toujours de réformer les changes flottants. Résultat : des scénarios qui n’ont pas de sens et qui s’apparentent à du verbiage, un peu façon ChatGPT.

L’amusant est que l’article mitoyen titre : « Pas de transition climatique sans capital ». Alors : il faut plus de capitalisme de papier ? Tout cela est profondément affligeant.

Le pire reste l’éditorial de David Barroux : « Immobilier, vive la crise » bien que la construction neuve s’effondre (dans l’immobilier une baisse de 10 % est un retournement, de 20 % et une récession, de 30 % un effondrement). Pendant ce temps-là Mme Hidalgo propose un PLU basé sur l’arrêt de la construction et la conversion des bureaux en logements, la hausse de la taxe foncière, le blocage des loyers, la hausse des « frais de notaire », et la préemption systématique des logements mis en vente. Et la législation « climatique » conduit à envisager des dépenses démentes (parfois près de 10 fois les dépenses courantes). Rappelons que les logements ont été maintenus dans l’ISF et que les loyers sont intégrés plein pot dans le revenu imposable. L’occasion de rappeler que l’État s’est gavé sur la hausse de l’immobilier et que le pouvoir d’achat des propriétaires a baissé à proportion de la hausse des impôts et des taxes. Quant à celui des locataires, on verra quand ils pourront se loger.

On voit que ce n’est pas la mondialisation financière qui pose un problème aujourd’hui mais la gourmandise et le goût bureaucratique de l’état et des autorités locales. Cela s’appelle ruiner les locataires et les bailleurs ! Les Vivats sont de trop.

Quant aux taux d’intérêt, leur hausse soudaine à contretemps provoquant l’arrêt des prêts immobiliers et de gros s ressacs bancaires, ils sont la preuve de l’impasse où sont les banques centrales qui dans un système de changes flottants étaient censées réguler les marchés financiers. Elles ne peuvent pas à la fois gérer la guerre en Ukraine, la crise climatique, les récessions liées aux changes flottants et les conséquences d’une gestion folle du Covid.

L’économie mondiale ne peut fonctionner correctement si les échanges sont totalement déséquilibrés avec des excédents et des déficits monstrueux. La première conséquence est la disparition de l’investissement au profit de la spéculation : les pays en excédent sont compétitifs ils n’ont pas besoin d’investir dans la production. Les pays en déficits empruntent pour financer leurs déficits et n’investissent pas puisqu’ils sont en manque de compétitivité. Le sous-investissement devient permanent. L’argent va dans les bourses et l’immobilier et pas dans les prix puisqu’ils sont capés par les bas coûts de la Chine. On parle de sous productivité, au lieu de sous-investissement, éludant la cause pour faire le constat de l’effet. Au bout de quelques années une récession vient nettoyer les positions intenables. On appelle les banques centrales qui assument la perte pour les autres et on recommence. Ce système ne marche pas et ne peut pas marcher correctement.

La demande globale est d’abord de la responsabilité des États ainsi que l’évitement et la correction des récessions. Il n’y a eu aucune récession de 1948 à 1972. Seulement des ralentissements. Avec le plein-emploi et un enrichissement permanent des populations.

Nous avions dit qu’on entrait à partir de 2018-2019 dans le risque d’une récession de moyenne importance. L’arrosage inouï fait pour lutter contre le Covid a supprimé ce risque, ce qui nous a fait écrire qu’il n’y aurait pas de récession en France en 2022 contre l’avis quasi général. Je ne crois pas qu’il y aura un collapsus à court terme, sauf évènements imprévisibles sur le front Ukrainien. Tout le monde est gorgé de liquidité et les exportations chinoises ont repris et pèsent à nouveau sur les prix.

En revanche des circonstances locales peuvent provoquer des incertitudes graves et des situations de blocage avec des retournements conjoncturels. Les banques finançant à tombeau ouvert les sociétés numériques ont pris un coup de chaud. La méfiance des actionnaires et déposants du Golfe a eu la peau de Crédit Suisse. Les banques centrales ont déstabilisé l’industrie bancaire et le crédit, au risque de créer une récession ici ou là après avoir financé pendant deux ans des salariés qui ne produisaient pas !

Il n’y a plus de logique économique et aucune raison de se réjouir : la sottise est à la fois du côté d’Attac et des Échos. En même temps ! On peut tout de même s’inquiéter un peu !

Quand on lit que les écologistes femmes expliquent qu’il ne faut pas faire d’enfants pour sauver la terre, que des journaux économiques « informés » se réjouissent de la crise immobilière, que des bavards de TNT expliquent que ChatGPT va interdire tout emploi et qu’il faut passer aux 32 heures et peut-être 28, pour partager le travail qui restera, que les politiques indiquent qu’on va pouvoir « réindustrialiser » en créant du pouvoir d’achat, alors que l’effet sur les prix sera certains, et que les éoliennes sont la solution pour fournir de l’électricité sans dire ce qu’on fait pendant les phases d’intermittence, on reste interloqué. Il faut avaler que pour éliminer toute empreinte carbone en 2050, il suffira d’aligner 60 milliards d’euros par an soit au total 1 400 milliards, alors que changer totalement le parc automobile coûtera automatiquement plus de 2 mille milliards et qu’il faudra financer le reste, oui, quand on lit tout cela on peut dire que les lubies monstrueuses de bêtise satisfaite sont en pleine forme et qu’on ne risque pas de les voir disparaître à court terme.

Revenons à la taxe Tobin et notons qu’elle revient à chaque crise du système : 1 973-4, 1 993-4, 2 003-4, 2 013-4, 2 023-4. Surtout ne pas revenir sur les changes flottants ! La taxe reste un cache-misère intellectuel façon string qui laisse voir des zones intellectuelles franchement peu appétissantes au milieu des tatouages idéologiques.

Quand on voit les éditorialistes des Échos boire la même eau que Attac, il faut s’inquiéter des effets durables du marasme de la réflexion économique de base, sous la pression de ceux qui croient y avoir intérêt.

Amis économistes, posez-vous cinq minutes, oubliez votre carrière cinq secondes, respirez un bon coup et observer sans œillères la réalité. Et arrêter de cautionner n’importe quoi ! C’est ici et maintenant qu’il faut réformer le système monétaire international, sans attendre que cela tourne au pire à nouveau.

 

Didier Dufau

Pour le cercle des économistes e-toile.

La nouvelle Saint-Barthélemy des propriétaires qui s’annonce

En France on adore jouer les Sans-Culottes et chanter « ça ira, ça ira, les Aristos à la lanterne », et s’endormir en rêvant que l’on tient par les cheveux la tête séparée du corps de Marie-Antoinette, tout en suivant avec enthousiasmes les cérémonies royales britanniques. Mais on n’aime pas non plus être bourgeois, alors que l’essentiel de la population vit dans des villes. Plus récemment on a mis les paysans sur la sellette et les gens de l’Administration et des ONG leur infligent une mort lente à la chinoise, jusqu’à détruire des points d’eau en pleine sécheresse.

Le prurit révolutionnaire qui charrie tous les bas instincts, avec un contentement de soi incontrôlable et le sentiment réconfortant de baigner dans une unanimité rafraîchissante et exonératoire, celle qui unit aussi bien le Vert LGBT++++, le socialiste conscientisé à fond, le Communiste le moins primaire, l’extrême-Centriste le plus mou, le Zadiste le moins illuminé, le Normalien le plus frais émoulu et l’Énarque le plus compassionnel et bienveillant, l’Européiste le plus radicalement ouvert aux mondes, même à aux dépens de ses concitoyens et naturellement tous les types de Macronistes (preuve que l’ectoplasmie s’incarne), reste naturellement centré sur la haine méprisante sur propriétaire : « salauds de riches ! ».

Le riche n’est pas celui qui vit comme un prince nourri, logé, transporté par l’argent des autres, et qui ne crée rien sinon des contraintes pour les autres, tout en jouissant d’un bon réseau qui lui permet de passer par des postes bien rémunérés dans le privé pour quelques années (700 000 euros par an, ce n’est pas à négliger) puis revient comme Ministre, puis se replace dans des agences (à nouveau à plusieurs centaines de milliers d’euros), avant de gagner pour les plus astucieux, des postes où on cumule un pognon de dingue à l’âge où tout le monde est à la retraite, avec de surcroît des avantages en nature le plus souvent engrangés sans publicité excessive. Les têtes de MM. Jospin, Fabius, Juppé, ou de Mmes Parly, Wargon, Oudéa-Castera, ne sont jamais offertes au billot. Macron a bien compris la leçon et plus vite que Chirac qui a fini hébergé par un milliardaire libanais mais qui avait commis l’erreur du Château de Bity. Lui ne présente aucun patrimoine. Les milliards du passage chez Rothschild ? Évaporé !

Le riche n’est pas non plus l’artiste de cinéma, le peintre, le joueur de football, ou nulle autre vedette des médias. Les plus immenses fortunes leur sont pardonnées. Ils peuvent jouir à droite en bourgeois arrivés s’ils parlent à gauche avec conviction et frénésie. Il suffit de contempler le spectacle donné par les récipiendaires de palmes à Cannes et de Césars où on voudra. Tous vomissent aussitôt sur la richesse, la droite, et se mettent sous la protection de la défense des petits pauvres et des exigences mêmes les plus outrées des gauches malfaisantes. Comme l’avait un jour énoncé Jack Lang, peu après avoir emménagé place des Vosges, un lieu où il est assez difficile de loger sans moyens ; Reprocher à un socialiste d’être riche est absurde : il a double mérite, d’avoir réussi et aussi de rester socialiste. M. Mélenchon est bien d’accord. Être révolutionnaire bolivariste en signant son IFI est une satisfaction, certes un peu masochiste, mais jubilatoire tout de même.

Le riche impardonnable, c’est le propriétaire, surtout s’il a hérité. Lire depuis une vingtaine d’années les écrits de nos économistes français bien en cour et adulés dans les médias est très parlant. Il n’y a pas que Picketty ou Pisany-Ferry. Le vilain, c’est le propriétaire structurel du discours dominant en France depuis des lustres. Ne parlons pas des ONG, qui, quelle que soit la cause, considèrent que l’argent n’est pas un problème, puisqu’il n’y a qu’à le prendre là où il est sur le patrimoine des propriétaires.

On sait l’importance de l’emprise marxiste et communiste en France. On sait moins l’histoire du communisme soviétique, même si la vérité commence à percer par bribes. Les paysans ont été souvent les principaux soutiens de la révolution bolchevique. Avec au bout du chemin la perspective d’arracher un bout de terres aux latifondistes et aux boyards. La faucille avec nous. Ils sont devenus propriétaires et donc des koulaks. Lorsque Staline a voulu leur reprendre le bien volé à la révolution pour payer l’industrialisation à marche forcée, autant que par idéologie, ils n’ont pas vraiment compris. Staline en a exterminé 10 millions ! La faucille est restée au drapeau avec quelques gouttes de sang subliminales. La Chine semble avoir fait mieux. Quand la femme de Mao avait des règles douloureuses ou quand elle était folle de rage de voir son mari s’envoyer en l’air avec les blanches fournies opportunément par Philippe Solers qui vient de disparaître sous les compliments les plus mirifiques (on peut s’interroger sur les commentaires s’il avait fourni des femmes noires à Hitler !), elle allait monter les tentes d’un tribunal populaire et tuait un petit lot de paysans. Ça calme les nerfs Lucien a tout écrit sur ces scènes. Et les massacres de paysans n’ont jamais manqué à chaque nouvelle révolution en Afrique ou en Amérique du Sud.

En France les Zadistes et des Animalistes, ont repris à leur compte l’action violente contre les salauds de paysans propriétaires qui tue le climat et la biodiversité. Ils peuvent bien crever la bouche ouverte ! C’est une fois de plus pour la bonne cause.

Aujourd’hui, c’est tous les propriétaires immobiliers qui sont ciblés. Non seulement ils sont infects avec les locataires mais ils polluent la terre de leur émission de CO2. Il va falloir qu’ils crachent au bassinet. Quoi qu’ils leur en coûtent ! La loi ZAN interdit de construire en province (pardon dans les territoires !), Merci Mme Wargon ! Les loyers sont bloqués (on dit « régulés »), à Paris et dans les zones en tension. Les propriétaires doivent effectuer l’expertise de leur « passoire thermique » et on donne des notes. S’ils ont une mauvaise note ils ne peuvent plus augmenter les loyers quelle que soit l’inflation ! Les copropriétés doivent elles-mêmes faire réaliser des audits énergétiques globaux, sachant que les travaux, dont ils n’auront pas la décision, seront à faire de façon cadencée obligatoire. La commission européenne et le Parlement européen ont été encore plus loin. Si vous vendez votre bien et qu’il n’ait pas la note maximale A, le vendeur devra déduire de la valeur de la transaction la valeur des travaux nécessaires. Il ne reste pratiquement rien du droit de propriété, en ville comme à la campagne !

Emmanuel ne s’y est pas trompé : il est arrivé en détaxant la fortune mobilière et en s’acharnant sur la fortune immobilière et les retraités qui la possèdent. Possession vaut rente ! On se souvient qu’un économiste atterrant français proposait d’ajouter au revenu imposable les loyers que le propriétaire n’avait pas à payer ! Payer de l’impôt sur de l’argent qu’on n’a pas perçu, cela n’a pas fait vraiment frémir. Pas plus que les taxes sur les taxes, comme sur le pétrole. La haine justifie la déraison. Et réciproquement.

Aujourd’hui, une nouvelle fasse de destruction du capital immobilier est en cours au nom de la survie de la terre. C’est mieux encore que le triomphe de la révolution. Il ne s’agit pas de financer le paradis mais d’éviter l’enfer ! Qui osera protester. Les dégâts provoqués par les premières mesures sont désormais visibles. Les propriétaires loueurs vendent ou renoncent à louer ou passe à des formules de location type AIRBNB ou touristique qui leur évite les tracas. On ne trouve plus de logements à louer. Comme on ne trouve plus non plus de crédit pour acheter, les marchés sombrent. Le marché de la construction neuve de maisons individuelles est en chute libre. L’investissement dans l’immobilier locatif de logement s’effondre également. Des locataires de plus en plus nombreux voient leur contrat interrompu. La crise du logement devient voyante. On entre dans un cycle de destruction de la valeur du parc immobilier.

Ce n’est pas le premier. Il faut lire absolument le livre fondamental de J. Marseille, l’argent des Français chez Perrin. Certes il est écrit en 2009, mais pour une histoire qui couvre près de 200 ans, cela n’a guère d’importance. Ce qu’il étale devant les yeux ébahis du lecteur c’est l’incroyable maltraitance des propriétaires immobiliers depuis 1880, jusqu’au milieu des années quatre-vingt-dix qui a vu la valeur des logements s’envoler, jusqu’au recul de 2022. Pas question de résumer ici tous les faits accablants passés en revue.

Fixons quelques seulement repères. La valeur des successions était de 33 860 euros en 1902, 11 655 en 25 et 5 760 en 1949. En un demi-siècle la valeur patrimoniale au décès a été divisée par six. En 1954 les immeubles bâtis avant 1 870 représentaient 37 % du parc global et près de 40 % à Paris. De 1914 à 1935, celui qui aurait mis sa fortune dans la pierre aurait perdu 50 % du rendement de son investissement ! En 1939 le nombre de logements vétustes a dépassé le nombre de 2 800 000 contre 150 000 en 1911. Les charges fiscales portant sur la propriété bâtie s’élevaient à 14,1 % du revenu net imposable en 1914, 44 % en 1937. L’Abbé Pierre est le descendant direct des mesures prises contre les propriétaires « comme si la punition infligée aux détenteurs de patrimoine se retournait contre l’ensemble de la population », écrit l’auteur. L’énorme effort de construction d’après-guerre et les « Trente glorieuses » n’ont produit qu’une correction mineure du déclassement immobilier. « En 1975 la fortune privée moyenne par habitant, 41 495 euros, ne représentait que trois années de revenu national contre 9 années en 1900 ». On sait que Giscard a aussitôt créé un impôt sur les plus-values et envisageait, en cas de réélection, un impôt sur la fortune, qui sera mis en place par Mitterrand.

Néanmoins, la valeur du parc de logement a connu un formidable rattrapage dans les quarante dernières années. Jacques Marseille a calculé qu’en 2009, la valeur immobilière était au niveau de ce qu’elle aurait été si depuis 19 100 elle avait suivi la progression des revenus. On est en fait revenu à la normale, là où les Picketty de service voient une prédation énorme et abjecte des spéculateurs éhontés !

Il serait néanmoins un peu juste de ne voir dans la hausse des valeurs immobilières que l’effet d’un rattrapage « normal ». L’arrivée des changes flottants a entraîné une poussée gigantesque des inondations financières, produisant des crises à répétition. À partir des années quatre-vingt, ces inondations n’ont pas eu d’effets inflationnistes sur les prix à la consommation du fait de la mondialisation et de l’ouverture du commerce aux pays sous-développés. Le transfert partiel et parfois presque totale de l’industrie des pays développés vers ces pays a permis d’importer à bas prix et de faire pression sur les salaires. L’épidémie de Covid a montré que dès que ce flux pas cher était enrayé les prix explosaient surtout si on payait les gens à ne rien faire comme s’ils avaient travaillés !

L’argent ne s’investissant plus en Occident dans la production, il s’est dirigé vers les bourses et l’immobilier dont les prix se sont envolés, d’autant plus que le coût du crédit était devenu extrêmement faible. C’est la principale explication du mouvement de rattrapage qui n’a aucune cause interne. Au contraire, en taxant les plus-values et la valeur des immeubles, l’état a augmenté de façon prodigieuse ses recettes fiscales au détriment des propriétaires soumis par ailleurs à des dépenses forcées de plus en plus onéreuses. Ce qui fait qu’investir dans le logement n’a pas de rentabilité en France. Avec à Paris, avec la hausse annoncée de 62 % de la taxe foncière et les lois climatiques, elle est devenue potentiellement nulle et menace de devenir négative !

Au lieu de s’acharner à vomir sur les possesseurs de logements, les politiques devraient comprendre que ce qui se prépare c’est une nouvelle Saint-Barthélemy économique des propriétaires de même ampleur de celle qu’on a connue au vingtième siècle qui s’annonce, et une nouvelle crise massive et de longue durée du logement.

Grand Mensonge Écologique et bureaucratie délirante

Nous avons évoqué dans une série d’articles comment l’information française était fabriquée et comment des mensonges parfois délirants avaient été imposés aux malheureux citoyens français. Ils sont considérés comme des veaux sans intérêt destinés à baisser la tête sans protester. Ils doivent absorber de grosses doses de mensonges dès le plus jeune âge et se contenteront plus tard de répéter des slogans de communicants, nervis modernes de l’étatisme et du sociétalisme gauchard.

Nous avons été également le seul groupe de réflexion qui a, continûment et sans concession, critiqué le triomphe délétère de « l’énarchie compassionnelle et bienveillante », qui a vu se constituer une caste népotique tenant à la fois le domaine de l’administration, ce qui est normal, et celui de l’ordre politique, ce qui ne l’est pas. Le résultat a été une dérive bureaucratique insensée et une montée continuelle de la dépense publique, des impôts, et de la dette. Le triomphe de l’Enarchie a été symbolisé par l’arrivée de Giscard à la Présidence et de Chirac au poste de premier ministre. Depuis, plus aucun budget n’a été en équilibre. La dette atteint 3 000 milliards d’euros, cinquante ans plus tard. Tous les services publics sont effondrés. L’Etat a perdu tout pouvoir, écartelé qu’il est entre l’Union Européenne et les collectivités locales, tout en ne respectant aucun des engagements pris avec chacun de ces pouvoirs de plus en plus gourmands.

La crise sanitaire a été l’occasion, pour le plus grand nombre, de prendre conscience des effets terrifiants de cette déchéance bureaucratique que, nous-mêmes critiquons depuis 1997…

Le mensonge a été permanent mais surtout, il s’est amplifié de façon délirante alors même que l’épidémie s’éteignait. Emmanuel Macron a osé déclarer qu’il voulait « emmerder » ceux qui résistaient au mensonge et virer les membres du corps médical qui n’obtempérait pas à ses oukases. Rappelons qu’il affirmait que le vaccin empêchait la diffusion du virus alors que toutes les études scientifiques déclaraient déjà le contraire. On n’a pas entendu d’excuses quand la vérité a fini par s’imposer à tous. On vient juste de réintégrer les membres du corps médical empêchés d’exercer !

Les Français ont eu tout le loisir de découvrir comment toute la médecine avait été surbureaucratisée, avec près de 35 % de ses effectifs employés exclusivement à des tâches administratives alors que le nombre de médecins s’évaporait, ceux qui étaient encore là étant accablés de sujétions et de tâches déclaratives avec un tarif de consultation au dixième du tarif d’intervention d’un plombier. En même temps les déserts médicaux s’étendaient à toute la France. En même temps il devenait presque impossible d’obtenir une consultation dans quelques domaines que ce soit à moins de trois mois. En même temps des spécialités médicamenteuses se trouvaient brusquement indisponibles. D’abord quelques cas, puis des dizaines en 2016, puis des centaines en 2022.

Du coup la CSG-RDS qui était censée financer ce désastre majestueux grimpait à des hauteurs pharamineuses et devenait un peu trop voyante. Comme cela ne suffisait pas on a été cherché des recettes alternatives partout. Les dépenses de sécurité sociale au sens large dépassent maintenant les 600 milliards d’euros, soit un doublement en 20 ans !

La démagogie régnante a voulu qu’on baisse de la part des cotisations des salariés dans le financement du régime général, passée de 23,9 % en 1980 à 12,8 % en 2000 et 8,9 % en
2 021. Parallèlement, la CSG représente 25,6 % des recettes du régime général en 2022 sur les revenus de remplacement (8 % en 2019, contre 4 % en 2000 et 5 % en 2009).

Les bureaucrates ont voulu que les cotisations salariales sur le travail baissent voire disparaissent sur les bas salaires, en transférant les sommes fortement accrues sur les retraités, la consommation et surtout, sur la consommation (14 % en 2019 contre 4 % en 1985), sur les revenus du capital (4 % en 2019, contre 0,8 % en 1985).

Comme le dit un rapport officiel :

« Fixés à un taux global de 17,2 % depuis le 1er janvier 2018, les prélèvements sociaux sont :
– la 
contribution sociale généralisée (CSG) de 9,9 %
– la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS) de 0,5 %
– le prélèvement social au taux de 4,5 %
– la contribution additionnelle au prélèvement social de 0,3 %
– le prélèvement de solidarité de 2 %. »

Pour atteindre ce niveau global, les prélèvements sociaux ont vu progressivement chacune des contributions qui les composent augmenter. C’est en particulier le cas de la CSG, créée par la loi de finances pour 1991 à un taux originel de 1,1 %. Son niveau a par la suite été relevé à 2,4 % en 1993, 3,4 % en 1997, 7,5 % en 1998, 8,2 % en 2005 et 9,9 % compte tenu de la hausse de 1,7 point de CSG voulue par Emmanuel Macron ».

La grosse ficelle : une hausse de 1.7 %, des taux, de 20 %, des recettes.

En fait une grosse partie des taxes, impôts et cotisations affectées a été transférée d’un prélèvement explicite (taxe d’habitation, cotisations sociales) à des impôts diffus payés le plus souvent par une minorité de Français ou sur la consommation payée par tous.

La caste des hauts fonctionnaires étatistes et pour beaucoup socialistes, a donc à la fois réduit les prestations et augmenté les recettes, tout en augmentant massivement le nombre de bureaucrates et en créant des agences qui permettent de bien vivre aux frais de la princesse : les limites de rémunération des hauts fonctionnaires n’y existent pas permettant de gagner « un pognon de dingues », pourvu qu’on ne déplaise pas « au-dessus » ! Une idée assez étrange de la démocratie sociale.

Cet exemple caricatural d’une politique de hauts fonctionnaires cupides, portée pendant des décennies avec un collapsus presque total au bout du chemin, sert de modèle depuis quelques années à une autre folie bureaucratique totale : la maîtrise des troubles climatiques.

Nous avons été pratiquement les seuls à décortiquer en temps réel et au moment où les décisions étaient prises, les mesures délirantes prises dans le secret des rapports entre tutelle et professionnels. Les conférences que nous avons pu faire sur le sujet nous ont montré une incroyable imprégnation du caractère religieux pris par ces questions. Le bourrage de crânes a été si fort et si prolongé, avec une action en France dès la maternelle, qu’il n’y a plus de citoyen : le veau est devenu un taurillon sectaire. Celui qui questionne les objectifs et les moyens de l’action climatique sont clairement ou des hérétiques à faire brûler sur des échafauds ou des malfaisants adeptes des « fakes news » qui veulent assassiner la terre.

En vérité, contrôler le chantage exercé par les pays pétroliers, réunis en cartel pour exiger une rançon exorbitante aux pays non producteurs, impose depuis 1973, une action continue pour réduire la consommation de pétrole. Cette action a été menée avec constance. Les domaines les plus difficiles, l’immobilier et la voiture, ont connu de nombreuses initiatives, qui sont essentiellement passées par des normes pour les constructions neuves, des interdictions de circuler pour des véhicules très polluants, et des incitations à faire mieux dans le bâtiment.

La situation a totalement dérapé avec l’arrivée de l’énarque Macron et de ses premiers ministres tous hauts fonctionnaires non techniques. Emmanuel Macron a toujours été obsédé de gouverner avec une poignée d’énarques travaillant en secret dans son immédiate proximité, tout en accordant des ministères à des personnalités d’affichage, comme Nicolas Hulot ou Barbara Pompili. Ils ont fini par se faire condamner pour inaction climatique.

Un vrai virage a été pris avec la nomination d’une Enarque, fille d’une Enarque travaillant avec Mme Hidalgo, une référence, et d’un polytechnicien, M. Stoleru, politicien à toute main et résistant fort bien aux changements politiques. Ce parfait produit de la caste est Mme Wargon.

Nous avons commenté en dû temps les extravagances de la dame, comme le montre cette longue liste.

La hiérarchie des causes de l’effondrement français (16 avril 2023 13:20)

(Désolés, pas de Bons Voeux possibles pour 2023 avec ceux qui nous dirigent vers le précipice. (6 janvier 2023 13:20)

Écologie délirante : entre boy scoutisme et bureaucratie (6 septembre 2022 15:23)

Et voici l’écologie pénitentielle coercitive. Elle ne s’arrêtera plus (26 août 2022 13:36)

Régime d’assemblée et Ve République - Il faut réformer d'urgence (5 août 2022 20:25)

Christian Gerondeau : l'indispensable trilogie sur la religion écologique (24 juillet 2022 11 h 55)

Oh ce joli Week-End de mai ! (2 juin 2022 00 h 27)

Passe-CO2 : le délire commence à se voir un peu trop ! (25 mai 2022 16:15)

Et voilà le passe-CO2 ! Merci qui ? (6 mai 2022 10:13)

Comprendre la destruction bureaucratique de la France (10 février 2022 19 h 05)

Sonnez Buccins,résonnez Trompettes : un nouveau service public est créé en date du 1er janvier 2022 (25 octobre 2021 11:25)

 Quand l’indécence bureaucratique et énarchique s’étale sans vergogne (17 octobre 2021 14:11)

"Super Pinel" , Hyper Bureaucratie, Népotisme énarchique (1 septembre 2021 11:54)

De quelques tares de l’époque et de l’analyse du Pr Maffesoli (27 juin 2021 10:02)

La fausse réforme de l’ENA (10 avril 2021 12:20)

Nous avons même écrit le livre Réconcilier Économie et Écologie, deux trains lancés l’un contre l’autre sur la même voie, dont la parution a été malheureusement compromise par la crise sanitaire, pour avertir les Français des folies qui se tramaient dans leur dos. En France comme au sein de l’Union Européenne gangrenée par les pires agents de Greenpeace.

 

Livre disponible sur la librairie en ligne de notre cercle : https://librairie-e-toile.fr

Aujourd’hui tout éclate. La loi ZAN, une folie qui a étendu la loi littorale à la France entière est remise en cause, car elle interdit toute relocalisation industrielle, ce qu’a pu vérifier M. Édouard Philippe qui a voulu cette loi. Cet ex-premier ministre a été le premier a mis la France à feu et à sang avec une série de mesures bureaucratiques prises sans concertation et gâchant la vie des Français.

Mme Borne, wokiste, féministe et écologiste affichée, se devait d’accélérer dans la sottise et la folie. Elle a confié à France stratégie, un ramassis de socialistes caricaturaux obsédés par les inégalités et le développement de la fiscalité et des dépenses publiques, le soin de demander à M. Pisani Ferry, un macroniste dont les rapports hystériques sont généralement sollicités pendant les périodes électorales et mis aussitôt au panier (un sort qu’il accepte parce qu’il se connaît), un rapport sur l’incidence économique de l’action pour le climat. Ce gugusse indique qu’il faut « taxer les riches » pour financer les centaines de milliards qui doivent être dépensés. Naturellement sans dire un seul mot sur l’impact sur la température moyenne du globe qui sera, selon tous les calculs sérieux, nuls au mieux !

Rappelons simplement l’ampleur de la coercition qui s’exerce déjà sur les propriétaires immobiliers et les perspectives folles déjà inscrites dans la loi.

-          Les propriétaires loueurs doivent faire établir une note écologique pour leur appartement et ne peuvent pas augmenter les loyers si la note est inférieure à E. Plus tard la note exigible sera plus forte.

-          Les copropriétés doivent selon un échelonnement arbitraire, faire exécuter un diagnostic thermique et énergétique qui va définir les travaux à faire pour être conforme aux normes les plus strictes. Il est prévu une exécution forcée selon un calendrier cadencé. Il s’agit naturellement de montants disproportionnés.

-          M. Amèrement et son directeur de cabinet, ancien directeur de Greenpeace Allemagne et foldingue de décroissance heureuse, ont fait voter au Parlement européen une directive encore plus folle : les propriétaires qui n’auront pas exécuté les travaux requis se verront privés en cas de vente de la contre-valeur des travaux restant à faire.

Vive le droit de la propriété !

Rappelons qu’en France, nous avons l’IFI, l’ISF immobilier, et des taxes foncières formidables. À Paris, la taxe foncière augmente de 62 %. Les revenus fonciers n’ont pas été plafonnés comme les revenus financiers avec une « flat tax » de 30 %. On arrive vite à 40 % d’IR et plus. Quand on déduit l’impôt sur le revenu, les charges de l’immeuble, l’IFI, les impôts et taxes locales, le rendement finit par être négatif. À Paris, les loyers sont en plus plafonnés. La contrainte est totale. Les lois du marché ont été totalement bannies.

Rappelons que l’immobilier appartient le plus souvent à des veuves ou tout le moins des retraités. Macron a opportunément augmenté leur CSG de près de 20 % en arrivant à la tête de l’État. Pourquoi se gêner ?

Évidemment quand on est logé à vie par l’État, cela paraît moins lourd !

Il fallait tout de même oser demander un rapport proposant d’aggraver la fiscalité sur l’immobilier !

Rappelons que les hauts fonctionnaires se sont fait une spécialité d’exiger des travaux monstrueux aux propriétaires :

-          Un ascenseur détruit par les habitants d’un HLM provoque un drame : tous les ascenseurs doivent être changés partout en France à grands frais !

-          Un enfant se noie dans une piscine : toutes les piscines doivent être mises aux nouvelles normes quoiqu’il en coûte.

-          Une nappe phréatique est polluée par un propriétaire indélicat : toute la législation change et impose des investissements massifs même quand tout marche très bien. Pire : la loi « littoral » et la loi sur l’eau se contredisent : il est impossible de savoir ce qu’il faut faire. Allons-y pour envoyer le vilain bloqué en correctionnelle ! Les lois contradictoires ne gênent jamais les fonctionnaires. Surtout quand on a créé un corps d’inspecteur que les propriétaires doivent payer. On voit l’ambition et la dignité de ce poste de petit flic. Les amendes sont évidemment supersoniques !

-          Des dispositifs de chauffage sont interdits.

-          Maintenir ceux qui existent devient un casse-tête.

-          Là encore les contradictions s’accumulent : il faut mettre en œuvre des pompes à chaleur subventionnées. Chouette ! Zut, elles sont interdites en zone « littoral ».

On sait par ailleurs que le calfeutrement du bâti n’a exactement aucune efficacité. Tous les rapports le montrent et surtout l’expérience allemande qui a dépensé plus de 1 000 milliards d’euros pour calfeutrer 40 % environ de son parc immobilier, pour une baisse de moins d’1 % de la consommation d’énergie (produite largement par des centrales à charbon, après la pénurie de gaz russe). Le bilan carbone est nul pour une dépense délirante.

Et il faut que la France y passe ? L’Allemagne l’exige.

Nous sommes dans la folie totale. On annonce des dépenses vertigineuses qu’on minore pour ne pas affoler :

-          Le calfeutrement général du bâti pour obtenir des notes B ou A coûterait au minimum 2 000 milliards d’euros selon notre propre chiffrage ! Il est souvent préféré d’annoncer des dépenses annuelles, en général fortement minorées. On dira par exemple que cela ne coûtera que 60 milliards par an ! Ce qui fait tout de même 600 milliards sur dix ans.

-          Tout le monde a bien compris que changer les 41 millions de voitures thermiques, dont le prix moyen a été calculé récemment à 55 000 euros pièce, cela fait 2 200 milliards d’euros.

Nous-mêmes estimons entre 8 et 12 mille milliards le coût de la décarbonation totale en France, à emploi égal.

En face de cette dépense inouïe qui représente les deux tiers de tout le capital accumulé en France depuis les Gaulois et environ 10 années de valeur ajoutée des entreprises, on n’indique aucun objectif de baisse des températures.

Ceux qui ont fait le calcul en utilisant les modèles du Giec aboutissent à un effet sur la température globale absolument ridicule. Les voitures interdites vont se retrouver en Afrique à qui l’industrie va continuer de vendre des voitures thermiques neuves ! Effet nul sur la température. Pour le bâtiment, l’effet direct est de moins d’un pourcent sur l’énergie mise en œuvre selon les résultats constatés en Allemagne. L’impact sur la température globale sera inexistant comme il l’a été en Allemagne de façon prouvée.

Mais on affole le monde avec le chiffre d’une hausse possible de « 4 degrés » sans dire par rapport à quoi et à quand, et sans faire un lien analytique entre les mesures décidées et un éventuel impact sérieux. On se contente d’un raisonnement primaire : tonnes de CO2 évitées, gains automatiques en termes de chaleur mondiale, avec des modèles mathématiques dont on sait qu’ils ne donnent pas de résultats fiables : pour une quantité de supplément de CO2, l’impact sur la température varie de 1 à 7 selon les modèles !

Comme on ne constate aucun gain lié au schéma théorique, on invente un chiffre sur la hausse qui aurait été évitée ! La preuve que cela marche c’est que cela aurait pu être pire !

 

out cela est de la folie pure ! Surtout dans un pays endetté jusqu’au cou et bientôt en faillite et ruiné.

Avec une colère sourde partout dans le pays qu’Emmanuel Macron hystérise par son comportement.

Est-ce que tout cela peut vraiment durer ?

La première victime est évidemment le marché locatif, suivi par la construction neuve, devenue d’un coût astronomique. Plus personne n’arrive à se loger en ville, dans les capitales régionales et dans la Capitale, où An Brossat a annoncé de sa tendre voix 40 % de logements sociaux, soit l’équivalent de 8 arrondissements sur 20, la plupart récupérés sur le logement « bourgeois » existant. Na ! Le PLU égrène des centaines d’adresses où les ventes seront préemptées pour virer les natifs et accueillir les migrants. D’une façon générale tout ce qui touche au logement social a été concédé au Parti Communiste avec un nombre considérable d’intervenants en provenance des banlieues communistes. Prendre au bourgeois la corde qui va les pendre, on en est resté là chez Mme Hidalgo…

À Paris, on fait fuir la population en s’attaquant de façon délirante à la voiture et à la propriété. D’ores et déjà ! Ce sont des dizaines de milliers d’habitants qui partent vidant les jardins d’enfants et les écoles

La coalition de fait entre l’Union Européenne, la classe des hauts fonctionnaires en France, et la coalition communiste, socialiste et Verts va totalement détruire l’immobilier français des grandes villes.

Encore bravo à tous ! La période restera dans l’histoire comme celle d’une destruction urbaine comme on en a rarement vu dans l’histoire depuis Néron, sauf pendant la grande peste et les grands incendies urbains du Moyen Âge.

Et tout le monde aura honte et se demandera comment on a pu en arriver là !

 

 

Sortons-nous du Grand Mensonge ?

Si on pense au XXe siècle, on est automatiquement saisi par l’ampleur de la croissance et de sa généralisation. Du point de vue économique, c’est un peu le siècle du miracle. Quand on se place du côté géopolitique, c’est d’abord celui des immenses massacres et de l’industrialisation de la destruction humaine, accompagné de vraies tentatives réussies de faire respecter les droits de l’homme :  fin de l’apartheid en Afrique du Nord, succès de la campagne des droits civiques aux États-Unis, émancipation des femmes en Occident, décolonisation et effondrement de l’Union soviétique. Du point de vue de la science, le bilan est plus mitigé qu’on ne croit, le XIXe siècle ayant été particulièrement fécond, mais jamais on n’avait été aussi loin dans la technique.

Jusque-là tout va (presque) bien.

Du point de vue intellectuel, l’information de masse devait diffuser la connaissance. Depuis Gutenberg, la technique de diffusion de l’information est censée briser les obstacles à la réflexion libre et à la remise en cause des oukases irrationnels d’où qu’ils viennent. La radio, le cinéma, la télévision et internet étaient censés exalter cette course à la vérité.

Hélas, le vingtième siècle a été celui du Grand Mensonge médiatique !

Pratiquement dans tous les domaines l’information a été « construite » en fonction d’intérêts idéologiques ou politiques servant des puissances dont les bonnes intentions étaient affichées et les désastres associés occultés ou minimisés. Il est intéressant de noter que la France a partiellement participé au concours de mensonges. Mais, en général, elle a été particulièrement maltraitée par des mensonges venus d’ailleurs sans faire beaucoup d’effort pour rétablir la vérité.

Le mensonge du XXe siècle est grand parce que composé d’une masse de gros mensonges, les pires d’entre eux étant gigantesques, et qu’ils ont été accompagnés d’une pluie de mensonges de moindre ambition. Ils donnent par leur accumulation l’impression d’un tapis de mensonges sur lesquels les opinions publiques ont généralement glissé comme des pets sur une toile cirée, mais qui ont fini par casser la crédibilité du système médiatique et de la classe dirigeante

Beaucoup des mensonges du siècle passé sont en train de se déchirer et de s’étioler du fait de leur propre nécrose ou des critiques enfin reconnues de quelques contempteurs tenaces. Certains mensonges sont orphelins des puissances qui en avaient besoin. On les ramasse comme des feuilles mortes.

Doit-on penser que cette obsolescence est le début d’un recul des grands mensonges ? Rien n’est moins sûr. La suite est si inquiétante  qu’il est bon de s’arrêter un instant sur cette question rarement posée mais dont la réponse éclaire l’actualité et les perspectives économiques.

Le seigneur des mensonges est évidemment celui qui postule la fécondité de la violence révolutionnaire permettant en tuant une partie de la population de créer un homme nouveau et d’instaurer le paradis sur terre. Culte de Robespierre et de Saint Just, et occultation du génocide en Vendée et des massacres invraisemblables commis à Paris ; culte de l’horreur absolue qu’a été la Commune ; culte de la révolution soviétique avec l’acceptation d’une vision entièrement mensongère de ses réalisations et occultation de tous les génocides socialistes. Suppression des libertés au nom d’une « liberté réelle » abrogeant toutes les relations de domination, sauf pendant la « transition » vers le paradis où il faut massacrer les récalcitrants qui empêchent sa survenue  par bêtise ou ignorance et renâclent à l’expression des bienfaits mensongers de l’accouchement révolutionnaire.

Nous avons signalé sur ce blog l’éclatement de certains des mensonges annexes : une histoire totalement truquée de la guerre d’Espagne, avec le cas majestueux de Guernica où toute l’histoire officielle est inventée ; le refus jusqu’il y a quelques jours de considérer Holodomor comme un génocide, qui plus est, générique, en ce sens qu’il a été pris pour modèle pour de nombreuses répétitions.

Personne n’a voulu ni ne veut s’attarder sur l’ampleur de l’horreur ainsi couverte par le mensonge organisé : 100 à 150 millions de morts ; des milliards de vies mutilées et gâchées. Une ignominie sans nom. L’abomination des abominations.

Le culte infâme porté par une intelligentsia déshonorée à Alain Badiou, thuriféraire des pires massacres ou la considération déplacée portée aux travaux tout aussi innommables de la dénommée Annie Lacroix-Riz montrent qu’il demeure un plaisir énamouré à défendre certains propagandistes du crime de masse qui se sont sanctuarisés dans les plus hautes instances de l’université. Il suffit de lire les deux fiches  Wikipedia qui les concernent. Toutes deux sont des hymnes abjects à leur gloire, qui permettent de se rendre compte de l’intense influence délétère de ceux qui veulent encore enchanter la gloire de mensonges criminels.

Pour ceux qui veulent aller plus loin sur ce thème qu’ils lisent cet article de 2010 :

http://lcx.e-toile.fr/index.cfm/2010/2/8/Philosopher-sur-un-tas-de-cadavres-et-dans-une-mare-de-sang

« Alain Badiou est aussi un homme de constance et de fidélité. Parmi les figures intellectuelles du maoïsme français des années 1970, il est un des rares à n’avoir pas jeté aux orties ses convictions d’alors ». Un nazi impénitent serait chassé de l’idée même d’une expression publique. Un maoïste impénitent qui a justifié et glorifié des millions d’assassinats est considéré comme un exemple formidable de fidélité.

On voit que le Grand Mensonge de la violence révolutionnaire féconde n’est pas vraiment en train de se dissiper. L’université française et l’ENS se sont déshonorés si longtemps que maintenant il ne reste presque plus rien de leur dignité. L’institution est pratiquement morte et se veut un conservatoire du marxisme-léninisme le plus honteux, fière que ses pires maîtres influencent encore des sots attirés par l’odeur du sang un peu partout dans le monde.

Une partie notable de ce grand mensonge est de ne pas voir que le national-socialisme est une partie de l’histoire socialiste. Même violence ; même méthode ; mêmes crimes ; souvent les mêmes mots et les mêmes hommes. Que ce soit la Russie ou la Chine, il s’agit toujours d’un nationalisme d’abord avec la violence socialiste en prime et en cache-misère. Mao, Staline, Poutine, Xi Jin Pin, Ho Chi Minh, Prachandra, Pol Pot, Han Sen, Hitler, Mussolini, Mengiststu, Maduro, Kagame, mêmes combats. Certes l’URSS est tombée. Mais les thuriféraires de ses méthodes et ambitions n’ont pas désarmé.

À côté de cette immense voile de mensonges et de crimes, le Mensonge américain paraît véniel. Il n’empêche qu’il existe.

Les États-Unis sont devenus une puissance dominante dès 1914, avec une férocité implacable et curieusement armée par la religion. Cette société de protestants qui ont réussi sait être violente tout en exaltant le bien pour lequel elle est censée se battre. Le prédicateur coexiste avec le prédateur.

L’influence américaine baigne dans un tissu de mensonges particulièrement tenaces.

Tout commence avec Woodrow Wilson qui affirme en se lançant enfin du côté de la France lors de la guerre de 14 : « Pourquoi Jésus-Christ n’a-t-il pas persuadé le monde jusqu’à présent de suivre ses enseignements ? C’est parce qu’il a enseigné l’idéal sans songer aux moyens de le mettre en œuvre. Voilà pourquoi je propose les moyens pratiques pour enfin les réaliser ». Elémentaire, non ? Les États-Unis comme bras armé de Dieu, il fallait oser le dire ! Et on a vu la suite.

Le contingent américain n’a eu en 1918 aucune influence autre que symbolique sur l’issue des combats militaires. Il était trop peu nombreux, peu armé et malade. Certes il a fait comprendre aux chefs de l’armée allemande que la guerre d’attrition était perdue d’avance. Affamée par le blocus, la population commençait à se révolter et les offensives de la dernière chance avaient totalement saigné l’infanterie. En Europe centrale leur front s’effondrait. Grâce à la naïveté angélique de Wilson, les dirigeants Allemands ont gagné lors des négociations de paix et leur victoire diplomatique a créé les conditions de la guerre de quarante. Le grand mensonge anglo-saxon, repris intégralement par l’Amérique, a été d’affirmer que le traité de Versailles était une horreur française, et de refuser de le ratifier. Curieusement c’est l’économiste Keynes qui a été le levier de cette opération en prétendant que les réparations s françaises étaient intolérables, en même temps qu’on empêchait de verrouiller la frontière à l’ouest du Rhin pour se prémunir contre de nouvelles aventures tudesques.

Du fait des Américains, la France s’est retrouvée seule pendant tout l’entre-deux-guerres et a dû subir une occupation radicale en 1940. Il faudra de nombreuses années avant que les Américains n’entrent en guerre du côté des Britanniques, avec la volonté farouche de s’emparer de surcroît de tous les éléments extérieurs de l’Empire français et d’obtenir l’accès à tous les marchés de l’Empire britannique.

Lors de l’opération Overlord, un nom révélateur, comme le dit Onfray, Roosevelt considérait les Français comme les Italiens ou les Autrichiens. Une monnaie d’occupation, l’AMGOT, devait être imposée au pays.

Les Accords de Bretton-Woods étaient une excellente chose avec un défaut structurel : c’était un étalon de change dollar qui exigeait que les États-Unis maintiennent la valeur du dollar en or.

Le Plan Marshall était une nécessité mais on oublie toujours de dire qu’il s’agissait de prêts qu’il a fallu rembourser et que les prêts étaient liés : il fallait acheter américain.

En 1971, les États-Unis libèrent unilatéralement le dollar de ses obligations et provoquent la crise du pétrole et le retour des crises financières à répétition, dont ils entendent faire financer la réparation par les autres.

La guerre d’Irak est menée sur la base d’un mensonge tellement gigantesque qu’on en rit encore dans les chancelleries.

L’Union européenne est conçue dès l’origine comme un moyen de détruire les anciennes puissances européennes. Tout le monde sait que jean Monnet était payé par la CIA. On voit bien que la Commission Européenne est totalement dans la mouvance américaine et de l’OTAN.

Il n’est pas question de comparer l’enveloppement américain à l’horreur sans-limite du socialisme révolutionnaire. Certes la Normandie a été ravagée par le débarquement, et les Américains ne sont pas venus pour nos beaux yeux, mails la Libération a eu lieu. L’élan des Trente Glorieuses est largement dû à l’action américaine. Mais tout a commencé à partir en vrille à partir de 1971. L’Union soviétique a été contenue et a fini par s’écrouler, mais par gourmandise les Américains se sont mis entre les mains de la Chine qui les a roulés dans la farine. Le cartel pétrolier n’a pas été brisé parce que les Américains considéraient qu’ils avaient les moyens de faire face, eux. La diplomatie des « révolutions de couleur » a remobilisé l’Ours Russe, pendant que l’Islamisme devenait terroriste et conquérant avec Khomeini, après que le Shah d’Iran a été abandonné par les Américains.

Tous ces ratés ont été enveloppés dans un nuage de mensonges intéressés dans lequel nous flottons encore. C’est qu’en face il y avait le grand mensonge socialiste. Alors va pour le petit mensonge américain, maladroit mais si bien intentionné. « L’antiaméricanisme est le socialisme des imbéciles ». Tout force non socialiste se devait de révérer les États-Unis.

La France pour sa part n’a eu qu’une construction bien modeste de mensonges officiels éhontée. L’instauration du colonialisme par la gauche française à partir de 1 890 a provoqué un halo de mystique sur la vocation civilisatrice de la France dans son Empire.   Il s’est déchiré en moins de 15 ans après la Libération, pour être remplacé par un grand mensonge « décolonial » bien plus tenace.

Aujourd’hui la France vacille parce qu’à la fois les anciens mensonges tardent à s’effacer et que de nouveaux apparaissent auxquels elle ne veut pas résister.

Le grand mensonge WOKE est une nouvelle gale. Les États-Unis exportent désormais une hérésie qui est une dictature de terrain pour des Savonarole infâmes et une plaie intellectuelle inguérissable. On impose à chaque individu de faire une révérence à des concepts tarés sous menace de mort sociale, et on demande aux institutions de s’autodétruire. C’est le retour du cléricalisme sous ses formes les plus abjectes.

On reboucle sur la déclaration de Wilson : nous sommes le bras de Dieu ! Mais les sorcières ne sont plus à Salem !

Le grand mensonge écologique est lui aussi d’essence religieuse. L’homme est mauvais. C’est un imposteur et un malfrat qui tue sa mère, la nature. Il s’agit de le punir de son outrecuidance. Le CO2 anthropique conduit à un réchauffement calamiteux qui ne sera arrêté qu’en stoppant les usines, le transport, la consommation. Là encore, les « conscientisés » tentent d’imposer aux « beaufs de la croissance » leurs ordres délétères, en faisant feu de tout bois et en mentant effrontément.

Le grand mensonge actuel est celui de la bonté de la pulsion de mort qui s’est emparée des nations occidentales, qui glorifient l’effondrement de leur natalité et se suicident allégrement, tout en acceptant de battre leur coulpe par l’aveu pitoyable de prétendus vices indurés qui leur imposent de disparaître dans la joie et l’exaltation.

La « cancel culture » sociologique et la « cancel culture » écologique sont des pulsions de mort à vocation sacrificielle.

Le sectarisme pénitentiel manipulé par des Gourous a toujours existé. L’automutilation aussi. La particularité du moment c’est son triomphe en Amérique du Nord et auprès des instances européennes, universitaires et journalistiques. La pénétration du monde de l’entreprise est très avancée. On en vient à nommer des surveillantes des bonnes pensées. La ligue de vertu est remboursée par la sécurité sociale ! Le contrôle de la vertu devient un poste de travail. La génuflexion devant des oukases moraux devient une nécessité de survie professionnelle. Tout cela pour créer un homme nouveau encore plus utopique que les modèles précédents, en supprimant radicalement la liberté. Pas de liberté pour les ennemis de la vertu telle qu’on la professe. « On » ? Un salmigondis de tarés réunis en groupes de pression qui promettent aux veufs du communisme et aux veuves de la religion chrétienne une rédemption facile et un réemploi de leur sotte soumission. Lutter contre des dominations par de nouvelles dominations avec ses servitudes nécessaires, tel est le grand mensonge qui s’installe. Il sera dur à éradiquer, car il ne pourra l’être qu’en retournant contre lui les armes dont il abuse et dont les âmes éprises de liberté et de sagesse détestent l’emploi. Faudra-t-il organiser La mort sociale des adeptes de la coercition sociale radicale ?

On assiste à une extension délirante du sectarisme millénariste au sein même de la société organisée, comme un cancer qui ronge des organes fondamentaux jusqu’à leur défaillance. Rien de plus difficile à éradiquer que le mensonge sectaire.

« Le tournant du siècle a réveillé les peurs millénaristes d'un certain nombre de croyants du monde entier. Si la croyance en une fin du monde prochaine n'est pas dangereuse en soi, des tragédies ont mis en évidence que certains groupes tels que Heaven's Gate, en Californie, L'Ordre du Temple Solaire en Suisse, en France et au Québec, ou, en mars 2000, Le Mouvement pour la Restauration des Dix Commandements de Dieu, en Ouganda, ont développé une doctrine apocalyptique avec la mort au bout du chemin ».

Le croyant sectaire animaliste qui assure urbi et orbi que l’ours réintroduit dans nos forêts peut bien « tuer des hommes, ce n’est pas bien grave » (sic), car d’autres bestioles tuent plus encore, ne rencontre que l’air énamouré de la personne qui l’interview. Il est le pendant de cette nouvelle race d’écervelés qu’on appelle désormais les « égo-cocos » qui prétendent que tout ce qu’ils ont est à eux et intouchable, et toutes les allocations qu’ils touchent un dû, mais que tout le reste est un « bien commun » auquel ils ont aussi droit. Indignés, mais intéressés. La croyante féministe sectaire qui laisse entendre que les 600 000 à 700 000 femmes qui ont été violées par la soldatesque au Congo et alentours ces dernières années ne sont pas plus à plaindre que les femmes mariées qui sont routinièrement contraintes à céder au désir de l’homme infect non encore déconstruit, rejoint l’imbécile sectaire qui détruit le marché immobilier et la possibilité de se loger au nom des passoires thermiques. Tous ces sectarismes ont le même ressort : emmerd… quelqu’un et le faire avec violence. En général pour créer une situation invivable et finalement mortelle pour tous sans jamais tenir compte des réalités.

Le grand mensonge Européiste affirme : l’Union Européenne et l’abaissement des nations correspondant, c’est la paix ! Et explique « en même temps » : « la seule urgence européenne est de réarmer ! »  L’Europe ce serait donc la guerre et non la paix ?

Une société éclatée qui ne pense plus qu’à s’auto détruire et à brûler des sorcières est le contraire exact de l’esprit français depuis la Renaissance. Une nouvelle résistance commence. La mise à bas des grands mensonges qui nous ont emprisonnés depuis un siècle est le début du combat : l’hydre du mensonge a beaucoup de bras.

Pour survivre à ce qui se prépare, le délitement général par l’action des ligues de fausse vertu, il va falloir que la France trouve en son sein des ressources critiques dont on peut malheureusement penser qu’elles s’épuisent.

Le terrain politique ravagé que tous les Français peuvent constater quelque soit leurs convictions est la marque de la tension et des mélanges entre le Grand mensonge du siècle passé et celui des nouvelles ligues de vertu. Le Front national et la Nupes en sont réduit à des en même temps électoraux idéologiquement contradictoires. Le centrisme égotiste signé Emmanuel Macron se veut un « en même temps » totalement vérolé par le mensonge et des contradictions insurmontables qui étaient déjà amorcées par Nicolas Sarkozy, et qui continuent de dissoudre le LR.

Le résultat est naturellement le rejet d’un champ politique aussi frelaté, réduit aux injonctions contradictoires et à l’impuissance. On ne peut pas se moquer de la jeunesse avec ce genre de facéties : « dis-moi pour qui tu mens, je te dirais qui tu es !».

L’avenir n’est pas aux « black blocks » ni à la désobéissance civile, mais à l’union de ceux qui veulent observer avec justesse le monde qui s’offre et en maîtriser avec réalisme les contradictions, au profit du plus grand nombre, sans se faire piéger par la sottise sectaire et l’attrait des Grands Mensonges sous la lune.

Un très grand livre :" Une contre histoire de la colonisation française" de Driss Ghali

La liberté et l’intelligence courent le monde. Sauf dans les universités où coulent surtout la pensée unique socialiste et ses slogans. Cela a toujours été vrai de la Sorbonne et pratiquement de toutes les universités occidentales depuis 1945. On y préfère généralement un prêt à penser commode même faux à toute réflexion véritable. Parfois l’intérêt prime la vérité ou la passion ou même les deux.

Plusieurs études historiques universitaires ont été des puits de mensonges sur des sujets sensibles : la guerre d’Espagne ; les génocides socialistes comme Holodomor en Ukraine ou l’extermination des paysans chinois ; la colonisation…

Ce sont toujours des particuliers indignés qui prennent en main le travail nécessaire à rétablir un peu de vérité, d’ouverture, de respiration, sur ces sujets maudits. On leur reproche toujours les mêmes défauts : ils ne sont pas historiens professionnels ; ils sont tendancieux ; ils sont à la solde de je ne sais qui. Bref, ils sont à jeter dans les poubelles de l’histoire.

Jusqu’à ce que le vent change et que la vérité soit reconnue : ce qu’ils disaient était exact, censé, précis, descriptif et analytique.

Sur tous les sujets sensibles on trouve des auteurs qui ont été rejetés, mais qui ont réussi à percer un petit trou dans la muraille.

Kravchenko avait définitivement réglé son compte au stalinisme avant même Soljenitsyne.

Simon Leyss avait définitivement mis fin au culte de l’horrible criminel de masse, Mao Tsé Tong.

Pio Moa a définitivement coupé le cou à l’hydre colossale qui accumulait des mensonges éhontés sur l’histoire de la guerre d’Espagne.

Impossible de revenir en arrière. Le mensonge n’est qu’un mensonge. Il vit jusqu’à ce qu’on n’accepte plus de le tolérer. Et on trouve toujours une âme pure pour cette exécution. Lorsque l’œil est dessillé, il voit toujours la même réalité objective. Quel que soit l’observateur. Quelle que soit la violence perverse du tricheur qui croit encore devoir propager des slogans frelatés et intéressés.

Ce qui frappe, c’est le changement radical de l’opinion publique. Pour avoir, moi-même, écrit le seul livre français seulement consacré à Holodomor, refusé par tous les éditeurs sans exception, qui y voyaient comme une corruption du slogan socialiste dominant et « une forme d’auxiliariat des nazis petliouristes » (sic), j’ai vécu la dureté du combat contre ceux qui ne voulaient pas de la qualification de génocide. Mon ami Léon Chaix s’est fait virer de Wikipédia pour avoir porté cette idée On a vu le Parlement européen refuser la qualification de génocide en concédant le crime contre l’humanité. Sarkozy et Kouchner n’ont pas voulu entendre parler de génocide. Crime contre l’humanité d’accord. Mais pas génocide. La guerre en Ukraine a tout balayé. Tout le monde est d’accord pour qualifier Holodomor de génocide. L’affaire est close. C’était bien un génocide. On ne discute plus et on ne discutera plus. Tous savaient qu’ils mentaient. Mentir n’a plus d’objet.

Le livre de Driss Ghali est de la même veine. Il casse des mensonges indurés qu’on est censé ressasser comme des vérités absolues. Sa contre histoire de la Colonisation française est ce qui a été écrit de mieux sur le sujet depuis cinquante ans. Son livre est naturellement vomi au sein de l’université française et de l’Éducation nationale, alors qu’il devrait y être une bible.

Je ne connais pas l’éditeur, Jean-Cyrille Godefroy, mais grâce lui soit rendue d’avoir édité Driss Ghali.

Quelle est la force du livre de Driss Ghali ? Un rappel exact des faits et une analyse lumineuse des évolutions.

Qu’on me pardonne un souvenir personnel. En 1958, l’arrivée du Général de Gaulle s’est accompagnée dans les premiers temps d’une floraison d’images de fraternisation et de glorification de l’Algérie française. Parti dans un collège anglais à Tunbridge Wells, pour fortifier mon anglais, notre prof occasionnel était un de ces produits d’Oxford qu’on ne peut qu’admirer. De discussions passionnées sur la colonisation en discussions passionnées sur la décolonisation, j’en vins à son argument : la fraternisation n’était pas bidon, beaucoup d’Algériens étant à juste titre attachés à la France, mais l’indépendance était inévitable et viendrait vite.

Je retrouve dans le livre de Ghali toute la finesse de ces discussions impromptues et qui toutes pointaient que la colonisation s’est toujours imposée pour de mauvaises raisons et n’a jamais touché le cœur de la civilisation des peuples ou peuplades occupées. Les grandes puissances européennes se devaient d’avoir des colonies et un Empire parce que c’était facile et parce que sinon un autre le ferait.

La France battue par les Allemands en 1 870 et privée de l’Alsace et la Lorraine se devait de retrouver un moral et des vertus militaires. La gauche de l’époque a considéré la colonisation comme le moyen le plus simple. Paradoxe déjà relevé par Éric Zemmour, la colonisation, c’est la gauche ! Pour l’essentiel la colonisation française a eu lieu entre 1 880 et 1 914.

Cet aventurisme coûtait peu s’il s’agissait de briser les pouvoirs en place dans des sociétés souvent atroces, miséreuses et profondément injustes. En cassant des dominations et des pratiques odieuses, elles libéraient certains tout en ravalant d’autres. La France a toujours trouvé des alliés sur place justement chez ceux des peuples ou des groupes humains qui étaient maltraités depuis des lustres.

Mais il ne fallait pas prétendre apporter la civilisation. La France n’avait pas les ressources pour s’occuper du terrain et des gens. Les colonies françaises étaient à peu près vides de richesses. Le peuplement colonial a toujours été ralenti par l’inappétence des candidats, devant le peu de perspectives à espérer et le nombre des dangers à endurer notamment médicaux.

Les politiques coloniales ont toujours été des pratiques de comptoirs où seules comptaient les populations européennes, personne n’ayant le moindre moyen d’aller en profondeur dans les territoires, sauf quelques saints saisis d’évangélisme ou de recherche scientifique.

Lorsqu’après-guerre, sous la double pression des Américains et du communisme, les colonies devinrent l’objet de véritables politiques de développement, on comprit rapidement que la France n’en avait pas les moyens et que les dégâts de la défaite en Asie et en Europe avaient déconsidéré définitivement le colonisateur.

La décolonisation a donc été presque partout extrêmement facile, avec partout des élites plutôt bienveillantes pour l’ancien colonisateur. Bien sûr il ne fallait réclamer son éviction par la force. La Tunisie comme le Maroc ont payé le prix de répressions ponctuelles mais violentes. Mais en dehors de l’Algérie et du Vietnam, la fin de la colonisation s’est faite facilement.

En Asie l’affaire était devenue difficile du fait de l’humiliation de la France par les Japonais. L’action des communismes n’arrangeait pas les choses. La guerre s’est produite entre puissances étrangères qui ne représentaient pas et de loin la majorité des populations autochtones (ou indigènes comme on voudra). La France gagnera la guerre en Algérie à un prix démesuré pour les deux camps. L’indépendance sera octroyée dans les formes à des forces vaincues qui ne l’ont jamais digéré et se mirent aussitôt à multiplier les pires crimes. La France perdra pied en Indochine, bientôt remplacée par les Américains « décolonisateurs » pris à leur propre piège et bientôt écartés.

Pour la France, la colonisation a finalement été une mauvaise affaire globale mais avec des bénéfices qui ne sont pas ceux qu’on croit.

La colonisation a été une bénédiction lors des deux guerres mondiales en mobilisant des ressources humaines coloniales dont l’absence n’aurait pas permis de participer autant à la victoire. Pour le reste cela n’a été qu’une suite de désillusions et de coûts.

Pour les colonies elles-mêmes, le bilan est à la fois plus profond et moins circonstanciel, mais tout aussi ambigu. La France n’avait pas les moyens d’aller très loin dans la modernisation de la vie des populations sous protectorat. Elle manquait déjà de bras en métropole et elle a dû faire face à trois guerres terribles entre 1 870 et 1 940. Son implication n’a jamais pu aller très loin en faveur du gros de la population locale qui a été largement laissée à ses coutumes et modes habituels de fonctionnement. En revanche elle a réussi à créer par exemple en Afrique noire des élites favorables à la présence française et qui ont un temps regretté le désengagement trop rapide de leur mentor. Ils ont organisé une « décolonisation tranquille ».

L’auteur ajoute à l’histoire de la décolonisation, celle d’après qui voit les ex-populations colonisées coloniser à leur tour leur ancien tuteur en créant des diasporas qui vivent plus intensément que leurs aînés dans des comportements hostiles au pouvoir mais hors de chez eux. Les occupants, ce sont eux. Ils ne veulent pas s’assimiler et provoquent des difficultés chaque jour plus graves. Beaucoup se comportent contre les Français de souche sur leur territoire national, comme s’ils menaient un combat décolonial chez eux… D’autres défendent farouchement une France qui leur permet d’échapper au désastre qu’aura été la gestion des états anciennement décolonisés ravagés par les mafias, l’armée, le vol et l’extorsion, les guerres, l’Islam armé, avec une corruption massive et débilitante.

L’auteur montre avec juste raison que plus la gestion souveraine a été nulle après la décolonisation dans les pays « libérés » plus on souffle la haine du colonisateur. C’est frappant en Algérie où l’armée a tout pris, captant à la fois la rente pétrolière, et les meilleures terres de la Mitidja et se maintient, après une guerre civile atroce avec les islamistes, par la violence et la corruption tout en dénonçant inlassablement les Français. Rappelons que le Maghreb est indépendant depuis près de deux générations. Les combattants des années 55 à 60 sont tous morts ou presque et seuls quelques parents très âgés peuvent encore parler des années cinquante. Encore dix ans, et il ne restera plus personne qui peut se dire témoin de l’ancienne histoire coloniale qui devient une mémoire détournée, fantasmatique et intéressée.

Les repentances hémiplégiques ne servent aucune bonne cause pense l’auteur qui écrit : « au lieu de cracher sur des cadavres bien froids, hissons-nous à la hauteur des monstres qui dégradent l’humanité ici et maintenant ». « À la repentance il faut répondre par la transparence : tout dire, tout mettre sur la table, le meilleur comme le pire. La vérité est l’antidote au venin de la repentance ». « La vérité ou la guerre civile, telle est l’équation du moment » « L’histoire n’a pas commencé avec la colonisation et ne s’est pas terminée avec la décolonisation. Le mythe de la virginité rompue est une foutaise comme la thèse de la persistance d’un traumatisme colonial après les indépendances ».

Pour finir, dit l’auteur, la colonisation est une mauvaise idée qui a eu des effets inespérés. L’urgence actuelle est de régler les difficultés actuelles pas de ressasser des slogans avec cynisme et mauvaise foi. Ces difficultés sont urgentes et graves et peuvent unir tous les camps assoiffés de vérité et de progrès.

« Un livre épatant qu’éclabousse l’esprit dans ces temps de misère où la bassesse est reine » aurait dit Luther.

Didier Dufau

La hiérarchie des causes de l’effondrement français

Tout le monde est désormais bien conscient que la France dégringole. Le dernier livre de l’IFRAP dénonce le scandale d’une pression fiscale encore aggravée et d’exactions inouïes contre les propriétaires  qui s’accompagne de l’effondrement de toute la sphère publique (éducation, justice, sécurité, santé, etc.) alors que nous avons perdu notre industrie, condamné nos activités portuaires à la stagnation, saigné notre agriculture, prolétarisé la classe moyenne, et laissé se créer un cancer de l’immigration dévastateur pour toute notre politique sociale et pour l’identité nationale. Il faut savoir que cette condamnation n’est pas récente. Le septennat de Giscard sera fiscal de bout en bout. La France était à genoux après le double septennat de Mitterrand. Dès le milieu des années quatre-vingt-dix tous les maux actuels étaient clairement identifiés et la suite annoncée. Et nous avons continué à sombrer au point que les Français sont désormais dans la crise de nerfs permanente. La République livrée aux casseurs et aux incendiaires est désormais en danger.

Pour ceux qui suivent la vie économique et publique depuis plusieurs décennies, cette constance dans la destruction est un sujet récurrent depuis la récession de 1973. La dégringolade n’a jamais été empêchée et n’a fait que s’amplifier, aboutissant au discrédit des partis dits de gouvernement et à la montée de l’ensauvagement de la vie sociale et politique.

Quelles sont les causes profondes de cette inversion dramatique de la trajectoire française considérée comme miraculeuse jusqu’à la crise de 1973 et pourquoi n’ont-elles pas été jugulées ? Quiconque s’avise d’avoir une ambition politique se devrait d’avoir une idée claire sur ces questions. On voit bien que ce n’est pas le cas.

La cause première et fondamentale est la destruction des accords de Bretton Woods et l’instauration des changes flottants. C’est celle qui n’est jamais citée. Cette erreur monstrueuse d’organisation internationale est la cause première de tous les malheurs du temps. Les raisons en sont simplissimes. Ce système permet la création de déficits et d’excédents symétriques totalement effarants. Les excédents sont replacés dans les pays en déficits et la boucle ne cesse de s’amplifier jusqu’à ce qu’une crise financière se produise. 1 973 est la première crise mondiale depuis 1929. Ensuite se sont enchaîné les crises du même type, une crise moyenne succédant à une crise grave pour aboutir à la grande dépression de 2008. La France ne s’est jamais remise de la crise de 1973 ni de celle 1993. Celle de 2008 a signé notre dégringolade définitive.

Personne ne veut ni ne peut changer ce système international frelaté et qui n’a jamais fonctionné qu’au prix de récessions provoquant un ralentissement de la croissance économique. La raison : les Etats-Unis qui croient encore que l’avantage du dollar mérite les difficultés que tout le monde connaît y compris aux Etats-Unis. La domination des Etats-Unis est telle que personne ne fera carrière en économie sans soumission aux changes flottants et au rôle primordial du dollar. La contestation larvée vient des grandes dictatures de l’ancien monde communiste, la Chine et la Russie, avec les conséquences géopolitiques que l’on voit.

Certains diront : c’est la mondialisation qui est en cause et l’ouverture totale à la concurrence libre et non entravée des mouvements d’hommes, de capitaux, de services et de marchandises. Elle a permis de transférer toute l’industrie à l’Asie et aux pays les plus pauvres, avec des entreprises et des capitaux profitant honteusement de l’écart entre les salaires des pays développés et ceux des émergents. La classe moyenne a été sacrifiée. La pression migratoire sur les salaires s’est ajoutée. Le World Economic Forum est le symbole de cette mondialisation faite au détriment des pauvres en Occident.

Oui, l’entrée de la Chine dans l’OMC a été dénoncée notamment par notre petit groupe d’économistes dès les discussions de 1997.

Mais le fond de l’affaire est à chercher non pas dans la mondialisation mais dans la mondialisation non équilibrée. Si le système permet à certains d’accumuler des excédents prodigieux, cela veut dire que les produits ne s’échangent pas contre des produits et que le travail ne s’échange pas contre du travail. Donc les pays déficitaires voient leur classe moyenne s’effondrer. Seuls les pays ayant la capacité de mener des politiques mercantilistes peuvent résister, ou encore le pays qui fournit sa monnaie nationale au monde.

Pour les pays peu productifs et ayant succombé aux formes diverses du socialisme, le système devient extrêmement pénalisant. Ce qui a entraîné des révisions déchirantes en Suède, en Australie et en Nouvelle Zélande, au Canada, au Royaume uni etc. La compétitivité nationale devenait critique, sinon plus de classe moyenne !

La France a choisi de se lancer dans le programme Commun socialo-communiste totalement à contretemps, puis à bloquer toute réforme avant de retomber dans le socialisme jospinien, puis le délire du PS sous Hollande, tué par la dissidence des radicalisés qui triomphera ensuite avec la Nupes.

On voit où cela nous a mené.

La deuxième cause fondamentale de nos difficultés provient de l’extorsion de fonds pratiqués par les pays producteurs du pétrole coalisés pour mettre en coupe réglée les pays dépourvus de pétrole. Il est toujours amusant de constater qu’on a décrit une situation mondiale « libérale » alors qu’elle est soumise à un monopole cartellisé pour le cœur de ses ressources énergétiques.

Pour la France, la prédation pétrolière est devenue dès novembre 1973 un drame fondamental. Nous sommes rançonnés depuis 50 ans, et le poids de cette rançon est colossal. Pour la payer il fallait être plus productifs que jamais et essayer de se libérer le plus possible du pétrole.

Pompidou a compris que la seule solution était de développer le nucléaire et de réduire autant que possible la consommation de pétrole. Giscard a continué cette politique que même Mitterrand n’interrompra pas. Malheureusement cette politique a été gâchée à partir du gouvernement Jospin Voynet. Le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur le pourrissement désastreux de la politique nucléaire peut être lu par qui veut. C’est une véritable tragédie dont les conséquences dramatiques sont désormais visibles.

On peut faire l’histoire française de la tentative de se libérer de la rançon pétrolière sans prendre en compte une seconde la question écologique. Paradoxalement les options prises pour le nucléaire étaient les meilleures sur ce terrain-là mais de façon involontaire. Il restait deux domaines non maîtrisés : l’automobile et le chauffage des bâtiments. Ce sont les deux éléments fondamentaux du capital des Français, ceux qui demandent des années de travail et des dettes lourdes pour le constituer. Il était nécessaire de rester prudent et progressif. On a désormais sombré dans la folie sur ce sujet avec les lois Wargon et les ordonnances européennes inspirées par le GIEC. Rançon plus folie, un vrai triomphe !

La prédation des pays pétroliers, malgré tous les efforts, a pesé radicalement sur la prospérité du monde et celle de la France. On voit que celle des fournisseurs de gaz est tout aussi problématique, sachant que nous avons refusé de tirer profit de nos gisements de gaz de schiste…

La troisième cause du désastre français est interne : le triomphe de « l’énarchie compassionnelle et bienveillante ». À la suite d’un travail commencé sous Pétain, accéléré par les mêmes à la Libération, continué sous la Quatrième et triomphant sous la cinquième, la caste des hauts fonctionnaires a fini par s’arroger la totalité du pouvoir administratif, politique, économique et financier en France. Une caste népotique s’est constituée qui verrouille tout et dirige tout. Cette anomalie est uniquement française. Partout dans le monde occidental libre, on a réussi à cloisonner le monde de l’administration et la politique. Nous renvoyons à nos nombreux articles sur la question pour comprendre l’ampleur du mouvement et de ses conséquences. Le couple Giscard-Chirac est la marque d’un premier triomphe qui ne cessera plus, jusqu’à la caricature macronienne avec ses premiers ministres énarques de seconde zone, Philippe, Castex et Borne. Que personne dans la PQN n’ait souligné le caractère minable jusqu’à l’incroyable d’un système qui veut qu’on choisisse comme premier ministre un ancien président de la RATP et qu’on choisisse comme président de la RATP un ancien premier ministre est la preuve d’un effondrement mental caractérisé. On gère la République comme le métro parisien et réciproquement ? Le népotisme a-t-il besoin d’être prouvé quand on voit la carrière des maîtresses ou des filles de notables hauts fonctionnaires. Exemplaire est La carrière météoritique et catastrophique pour le pays de la fille de Lionel Stoleru, politicien à toutes mains, et d’une énarque haut fonctionnaire chez Hidalgo. Elle n’a jamais travaillé réellement et a connu les rémunérations les plus folles très tôt. Après avoir été Ministre, elle est présidente très bien rémunérée d’une juteuse agence. Le cas de Florence Parly, dite Parly 2, est pire encore. « Fille de » richissime à force de missions surpayées de courte durée (et ratées) dans des boîtes sous influence politique comme Air France et la SNCF, elle devient Ministre des Armées, un beau mandat réussi puisque les forces armées françaises se sont fait jeter du Mali à coups de pied dans le derrière et aux termes duquel tout le monde admet qu’on ne serait pas capable de mener une guerre de haute intensité pendant plus de quatre jours. Elle vient d’être recasée « dignement » avec un beau sac d’or après avoir raté la présidence d’Air France KLM. Les Hollandais sont moins fascinés par l’énarchie que les Français. Il faudra attendre une édition du Canard Enchaîné pour le savoir : « La reine des pantoufleuses : après s'être déjà recasée chez Air France, la SNCF, Altran, Ingenico ou encore Zodiac, l’ancienne ministre des armées, Florence Parly pantoufle, cette fois, chez Ipsos et à la Caisse des dépôts. » Avec les rémunérations ad hoc.

On comprend pourquoi les hauts fonctionnaires sont motivés à conserver leurs privilèges et figurent en nombre parmi les Français membres du 0.1 % les plus riches.

Voir récemment M. Jospin se goinfrer au restaurant du Dôme, lui qui cumule des avantages financiers gigantesques et une retraite somptueuse, après avoir tué l’économie du pays avec les 35 heures pour égaler Mitterrand dans les cadeaux définitifs au peuple, lève un peu le cœur. Il vit dans un hôtel particulier rive gauche, rue du Regard et dispose d’une maison à l’île de ré, ce qui est déjà bien pour un contempteur du bourgeois mais qui prend tout sel quand on sait qu’en 1961 ce trotskiste caché, obligé à faire attention à cause de la collaboration vichyste de son père, ne cessait de dégoiser contre les riches, les enfants de riches, les bourgeois répugnants etc. À l’époque Krasuki était son exemple. Il faut dire que par rapport à lui c’est un héros : immigré juif d’une famille communiste polonaise, il a été résistant et a connu la déportation dans des conditions très dures dont il survivra grâce à l’organisation communiste des camps, avant de revenir comme ouvrier, syndicaliste et de monter dans la hiérarchie de la CGT. En 61 il est directeur de Voix Ouvrière. Le trotskiste caché fait commerce de son admiration pour le futur leader gréviculteur de la CGT. Cela le distancie heureusement de la collaboration. Mais en fait son slogan intime était : « Pousse-toi de là que je m’y mette ».

Emmanuel Macron n’est qu’une pustule sur une plaque cancéreuse très large. Il a fait croire aux Enarques de gauche qu’ils auraient un meilleur avenir avec lui Président et aux Enarques de droite que se rallier à son panache trouble leur vaudrait des avantages. Les Français, lassés des guerres imbéciles et loin de leurs préoccupations, entre Chirac et Giscard, Chirac et Balladur, Jospin et Fabius, Copé et qui voudra, Pécresse et Wauquiez, se sont dit qu’un vent nouveau soufflait chez En Marche. En vérité, c’était un vent encore plus nocif. En multipliant les enjambements et les astuces, et en noyant le pays sous une pluie désastreuse de chèques politiciens, Macron a éludé tout vrai dialogue avec le pays sur les grands problèmes nationaux. Ce Narcisse problématique n’a d’objectifs que pour lui-même et se moque du pays et de ses habitants. Dès qu’il prend une mesure négative, le pays s’insurge.

Un gouvernement aujourd’hui est un noyau d’Enarques intouchables entouré de fusibles ou de guignols ou d’utilité. Ces gens ne connaissent que l’impôt et les taxes, la réglementation, les subventions, et surtout pas de vagues. Le courage est mauvais pour la carrière d’un haut fonctionnaire qui n’agit qu’avec le consensus de ses pairs et leur réassurance.

Aujourd’hui l’ensemble des services publics sont en déshérence avec des coûts et des effectifs administratifs stupéfiants pour des résultats déplorables. Alors qu’il s’agit de la tâche première des hauts fonctionnaires. Ils ont tué la Santé sous les réglementations et l’asphyxie des postes administratifs. L’enseignement public est également détruit, alors que le budget par élève et le nombre de profs par élève est supérieur à ce qui se fait partout en Europe. La Justice n’est plus là. L’armée est en difficulté avec des matériels de plus en plus en retard. Ne parlons pas de la diplomatie et de la francophonie, quasiment abandonnée !

Tous ces abusifs paradent ailleurs que dans des postes administratifs et ils y font n’importe quoi, sans être contrôlés ni sanctionnés. Avoir réussi à générer une croissance de 1 % dans nos ports quand le monde a connu partout une croissance de 100 % ne gêne personne. Un crétin décide d’empêcher 11 millions de tonnes d’exportation de blé. Il reste en place. L’impunité dans l’incapacité est la base de l’énarchie compassionnelle. J’étais dans le restaurant le soir où Fabius fêtait dignement sa nomination comme premier Ministre alors que la veille, ministre de l’Industrie il pleurait sur la disparition des industries lorraines et la fermeture des mines de fer ! Pleurs et champagne. Le « en même temps » déjà. Tout le monde dans la salle frappait son verre avec une petite cuillère pour marquer son mépris pour le Jocrisse. Quarante ans plus tard il est Président du Conseil Constitutionnel avec des enfants embringués dans des affaires que certains jugent douteuses. Rien à f… de l’opinion publique. Les places et l’argent, plus les honneurs même si les résultats sont catastrophiques.

La caste a fini par détruire la classe moyenne et rendre la fiscalité totalement intolérable. Et cela continue sans vergogne. « Vive la Nupes et Mme Le Pen qui nous permettent de rester au pouvoir ! », voilà tout le programme !

Reste le dernier élément du quarteron du désastre : l’Union Européenne. Tant que la « construction » européenne était la mise en commun de politiques de six pays, dans les domaines où elle était souhaitable, elle ne rencontrait guère de critiques. Avec le passage à l’Union Européenne fédéraliste, élargie à 27 membres et conquérant la quasi-totalité du spectre de l’action gouvernementale directement ou indirectement, y compris les préambules constitutionnels, la monnaie, le budget, la gestion diplomatique, l’écologie, les relations économiques internationales, les normes environnementales, on est passé à autre chose où les quelques défauts d’une optique communautaire sont devenus les gros désastres de l’abandon de souveraineté.

Nous l’avons souligné sur ce blog des dizaines de fois. Toute la production des ordonnances et des normes se fait hors de France sans aucune discussion en France. La presse se moque de ce qui se passe à Bruxelles. Les élections européennes n’ont aucun sens, puisque personne ne sait ce qui sera débattu dans l’enceinte de l’Assemblée, qui sera proposé par la Commission, qui, une fois nommée, fait absolument tout ce qu’elle veut. Aucun groupe politique français ne peut influer réellement sur le sens d’un vote. Seul le président de la République peut à la rigueur bloquer un texte jugé nuisible. Aucune étude d’impact n’est faite sur aucune ordonnance. Si l’ordonnance n’est pas transposée, ce sont des sanctions. Si on ajoute le poids des lobbies notamment des ONG internationales, la dépendance totale aux désirs américains dans moult domaines et le gouvernement des Juges européens qui peuvent se mêler de tout en interprétant la déclaration européenne des droits de l’homme, on voit que l’exécutif français n’a pratiquement plus d’autonomie. La politique de liberté totale des mouvements d’hommes de capitaux et marchandises au sein de l’Europe élargie et en signant sans discontinuer des traités de libre-échange avec le monde entier, a laminé la classe moyenne. L’Euro est un système qui autorise les excédents monstrueux de l’Allemagne et se montre intransigeant pour les pays pauvres et déficitaires. Aggravation des distorsions intracommunautaire, rôle délirant de la BCE, avec des émissions de liquidité stupéfiantes, tout est anormal au sein de la zone Euro. L’Allemagne réunifiée y jour le rôle principal sans tenir compte de ses voisins. La récession spéciale en Europe en 2011, c’est elle. Le traitement délirant contre la Grèce, c’est encore elle qui avait déversé ses excédents sans prudence dans tous les pays du « Club Med ». Les difficultés de négociations avec la Chine, c’est encore l’Allemagne qui seule en Europe a une balance excédentaire avec ce pays. La crise énergétique actuelle : c’est la faillite de la politique allemande d’énergie intermittente qui la rend dépendante d’une énergie pilotable importée russe puis américaine.

Tous ceux qui ont un œil sur la classe ouvrière et la classe moyenne savent qu’elles ont été laminées après Maastricht.

Tous ceux qui ont un œil sur l’immigration, savent que le corset juridique mis en place par l’UE empêche d’agir.

Désormais l’Union entrave plus qu’elle n’aide. Elle a eu un effet politique délétère. Plus personne n’ayant le pouvoir d’agir réellement de façon indépendante sur aucun sujet, le Président devient un grotesque impuissant qui ne fait plus que de la Com’. Les partis de gouvernement ne servent plus à rien. Ils ne peuvent même plus construire et assumer sans rire un programme quelconque : ce n’est pas eux qui décideront.

Alors les intérêts français sont en déshérence. La croissance est morte remplacée par une longue stagnation. Les masses populaires ne voient plus de progrès dans leur vie mais une suite de remise en cause des démagogies passées, sans se rendre compte que seule une volonté farouche de productivité, de travail et de qualité leur permettrait de sortir du gouffre.

Les quatre forces que nous dénonçons, toutes abusives, auront mis la France dans la violence, la colère et le dégoût d’elle-même. Emmanuel Macron aura été, du fait de ses travers psychologiques et son absolu mépris pour la France et les Français, le catalyseur de l’effroi national devant le naufrage.

Une fois le diagnostic fait, les solutions sont délicates à mettre en œuvre.

Il est quasi impossible d’imposer un retour aux changes fixes avec une monnaie de référence distincte de celle d’un état, alors que la mondialisation ne peut perdurer qu’avec un retour aux règles de Bretton Woods modernisées et intégrant la Chine, la Russie et tous les grands pays commerciaux du monde. Mais on peut tout de même engager le débat et pousser à la solution. L’Europe peut corriger les déséquilibres internes en pénalisant les grands excédents.

Il faut inlassablement continuer la politique de réduction de la rançon pétrolière, qu’on croit à la crise climatique ou pas. Cela passe en France par le rétablissement de la filière nucléaire et une politique plus sage et plus progressive que celle que la cléricature écologique nous impose en matière de décarbonation.

Il faut créer une séparation franche entre la haute administration et les autres secteurs de la vie politique et économique. « Nul ne peut être élu dans une institution qui détermine ses conditions professionnelles ». « Les doubles rémunérations sont interdites ». Et il faut introduire un contrôle des résultats des politiques conduites par les hauts fonctionnaires, tout en brisant le népotisme. C’est le plus facile

Il faut enfin retrouver tout ou partie de la décision souveraine sur les questions vitales pour le pays. Certaines mesures peuvent être prises sans changer les traités. D’autres non. Dans les deux cas, il faut dire lesquelles et se mettre en position de gagner.

Si un Président se fait élire sans avoir une réflexion publique sur ces quatre causes de notre dégringolade, il ne sert qu’à activer le ressentiment et les colères. La crise politique actuelle est explicable totalement par ce constat : sur aucune des quatre causes, Emmanuel Macron n’a d’analyse publique ni de politique. Le pays s’attend donc légitimement à des effondrements ultérieurs et cela laisse du champ à tous les trublions et desperados du gauchisme révolutionnaire.

Il faut agir.

Ce n’est pas en disant : « je vous protège de Mme Le Pen ».

Ce n’est pas en réprimant à outrance.

Ce n’est pas en prenant des postures.

Ce n’est pas par la Com’.

Ce n’est pas en faisant des chèques ciblés.

Ce n’est pas en détruisant l’enseignement privé ni en permettant le suicide assisté, pour détourner l’attention.

C’est en s’attaquant bravement et sagement aux quatre sources de la déchéance française.

Qui aura ce courage tranquille ?

Une victoire tardive mais fort instructive

L’Assemblée nationale a fini par reconnaître que le massacre effroyable commis par l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques en Ukraine entre 1932 et 1934, était bien un génocide.

Avec mon ami Léon Chaix nous avons mené ce combat sur le WEB depuis 1997.

Léon était un haut fonctionnaire international spécialiste de l’agriculture. Il a toujours voulu écrire sous pseudo et nous respectons ce choix.  Toute son expérience lui avait appris des leçons très précises qui tranchaient avec celles en cours dans les milieux dirigeants et ses aphorismes étaient très clairs dès le départ.

-        La vraie misère est paysanne. La preuve, c’est que les campagnes se vident pour la ville.

-        Le socialisme a toujours considéré que les paysans étaient des ennemis impossibles à rallier et les plus grands crimes commis en son nom ont toujours frappé en priorité les paysans.

-        La faucille est incompatible avec le marteau.

-        L’intelligentsia a toujours considéré les paysans comme des primitifs attardés.

-        Les activistes de l’écologie vomissent les paysans

-        Les femmes en découvrant les facilités de la vie en ville ont précipité l’exode rural.

-        La gauche n’a toléré les paysans en Amérique du Sud que pour les enfants-soldats et la culture des drogues dures.

-        Le socialisme est la source principale de l’appauvrissement des pays qui se sont dégagés de la colonisation et leur absence de décollage.

-        Le socialisme a promu la violence et les violents partout où il a triomphé et créé aussitôt une économie de prédation irréformable sans convulsion.

Les 25 ans qui ont suivi n’ont fait que confirmer la solidité de son analyse.

Le massacre des paysans en URSS notamment en Ukraine a été un modèle de génocide qui a resservi partout où les révolutions socialistes ont eu lieu, avec un nombre de victimes hommes femmes et enfants vertigineux, plus de cent millions d’âmes.

Lorsque nous nous sommes rencontrés, Léon et moi, les préoccupations portaient principalement sur la crise des pays développés, avec la terrible récession de 1992-1993 et la politique d’abandon de l’industrie en France. L’agriculture, tout le monde s’en foutait en France. L’affaire avait été concédée à la CEE et les hauts fonctionnaires qui dirigeaient le pays considéraient en majorité que l’Europe en réduisant les dépenses pour l’agriculture rendait service à tout le monde.

Pour le Cercle que nous avons formé à son initiative, Léon apportait une vision qui nous manquait et l’expérience d’un acteur de toutes les actions mondiales menées en faveur de l’agriculture, leurs succès et leurs échecs.

Il avait créé une petite association qui menait des actions en Ukraine exclusivement en milieu rural. En 2 000, une paysanne y disposait d’un revenu disponible de 50 euros par mois environ ! La médecine et notamment la dentisterie étaient totalement absentes.

Au départ il avait un camion avec un cabinet de dentiste et des livres, des crayons et des cahiers pour les écoles. Ensuite il avait aménagé un cabinet médical et deux postes de dentisterie. Les queues dans les villages ukrainiens se formaient aussitôt et bientôt plusieurs centaines de gens attendaient. Son aventure s’est arrêtée lors d’un glissement de terrain provoqué par des pluies diluviennes qui l’a emporté et son camion avec lui.

Ensemble nous avions entamé une longue lutte pour la reconnaissance d’Holodomor en agissant sur les forums et sur Wikipédia. Personne ne voudra se souvenir des réactions haineuses que le fait d’associer simplement le mot génocide avec socialisme ou communisme pouvait susciter.

Léon avait défini la séquence défensive du génocidaire : occulter tant qu’on peut, nier quand on ne peut plus occulter, minimiser quand on ne peut plus nier, s’exonérer quand l’ampleur du phénomène atroce s’établit. Elle n’est pas propre aux génocides socialistes. On retrouve la séquence en Turquie sur l’affaire arménienne ou au Japon sur les exactions en Corée et en Chine. .

On ne s’imagine l’ampleur de la désinformation. Dans le livre d’histoire de mon fils, à Henri IV vers 2006 des dizaines de pages sur la Shoah, deux lignes sur le massacre des paysans ukrainiens en expliquant qu’ils étaient les premiers responsables de la famine qui les a décimés. Les victimes l’étaient d’abord d’elles-mêmes.

Léon sera viré de Wikipédia comme un malpropre. Le quarteron de censeurs communistes qui sévissaient pour empêcher tout article noircissant l’URSS a obtenu sa peau parce qu’il avait donné toutes les informations nécessaires sur Holodomor. Même le nom déplaisait à ces messieurs. Déjà dire la vérité ne pouvait être que l’œuvre de trolls au service de la mouvance ukrainienne nazie qui avait liquidé les juifs et commis tant de crimes en Ukraine. Crime contre l’humanité d’accord. Mais génocide : non !

Lorsque l’Ukraine libérée du joug russe a voulu faire reconnaître Holodomor comme un génocide, elle s’est heurtée à la Russie et ses affidés mais aussi à Israël qui, longtemps, a considéré qu’il n’y avait pas d’autres génocides que la Shoah. Il a fallu le massacre des Hutus par les Tutsis pour que soit admise l’idée que d’autres pouvaient avoir été victimes de génocides.

Sur le forum du Monde, en 1998, de nombreux intervenants pensaient encore que Katyn avaient été commis par les Allemands et vilipendaient quiconque bravait cet interdit. Alors évoquer Holodomor, un génocide ! Pas question. Lorsque les Polonais ont découvert à Bykivnia dans la banlieue de Kiev, les restes de nombreuses victimes de Katyn, le pape est venu sur place bénir les lieux. Pratiquement pas un mot dans les médias français. L’énorme charnier caché de la Guépéou avait reçu plusieurs centaines de milliers de cadavres, hommes femmes et enfants, tués après les millions de morts de la famine artificielle, par les services secrets staliniens. Ils ont tué environ 700 000 personnes jusqu’à l’entrée en guerre, en 1942 !

Dans le guide vert sur l’Ukraine et Kiev, un long texte sur le ravin de Babi Yar, où la population du  Shetl juif de Kiev a été massacré, et pas un mot sur Bikivnia. Nous avons écrit à l’éditeur pour signaler cette anomalie. 15 ans après, elle n’est toujours pas corrigée. S’il vient à tomber sur ce texte, qu’il médite que le temps est sans doute arrivé.

Une des graves erreurs de Nicolas Sarkozy et de l’étrange ministre des Affaires étrangères, le regrettable Kouchner, qu’il avait choisi, est d’avoir refusé absolument de reconnaître le génocide qu’est l’Holodomor. Cela avait la couleur du génocide, le goût du génocide mais ce n’était pas un génocide. Vive le génocide Canada Dry ! Honte à eux !

C’est à ce moment que je suis parti à Kiev pour rassembler toute la documentation sur Holodomor et écrire la seule monographie française sur le sujet, au format Que sais-je. Elle sera refusée par tous les éditeurs sollicités.

Les Français dans leur ensemble considéraient que les Ukrainiens étaient des Russes comme les autres. Ceux qui se piquaient d’en savoir un peu plus que les autres étaient amenés à conclure que depuis la révolution russe et les exactions des nationalistes ukrainiens notamment envers les Polonais et les Juifs, l’Ukraine était un pays bizarre avec des tendances nazies caractérisées. « Les victimes sont aussi des bourreaux, alors cela va bien comme cela ». Poutine a repris la chanson pour justifier par la chasse aux Nazis l’invasion brutale de son voisin rétif qui savait à quoi s’en tenir sur les bonnes intentions du nouveau Tsar biberonné à la mode du KGB.

Finalement le Parlement européen, en deux fois, puis les Allemands ont reconnu le génocide qu’était Holodomor. La France vient de s’aligner sur l’Allemagne, via un vote de l’Assemblée nationale. L’article de Wikipédia a été partiellement mis à jour mais reste toujours aussi cauteleux, la majorité du texte ayant pour but d’instiller le doute sur la qualification. Il y a quelques semaines Patrick Martin-Genier, expliquait sur LCI où il intervient très souvent comme « expert », que Holodomor n’était pas un génocide… On a les experts qu’on peut.

Désormais l’affaire est acquise pour tout le monde. C’est bien un génocide. Le Canard Enchaîné a donné son onction dans son dernier numéro. Encore une dizaine d’années et Le Monde fera un quatre- page sur le génocide indignement ignoré ! Après tout Simon Leys n’a attendu que 45 ans.

Il n’y a eu aucune réaction à la reconnaissance par l’Assemblée nationale. Seuls deux députés communistes ont voté non ! Stalinien un jour, stalinien toujours. Être hop ! Ce qu’il ne fallait pas dire était devenu la nouvelle vérité en une nuit !

Il aura fallu l’énorme émotion provoquée par l’invasion russe pour que se taisent tous ceux qui bloquaient les évidences. L’opinion a basculé définitivement.

Ce n’est pas la première fois. On se souvient qu’encore en 1960 la très grande majorité des Français était pour l’Algérie Française. Aujourd’hui non seulement plus personne ne l’est mais pire encore croit que la majorité était contre à l’époque…

La vérité est un combat et les méthodes de construction de l’opinion restent une question d’actualité. Il reste encore très difficile de faire valoir des réalités essentielles face à une opinion dite dominante mais en vérité construite par quelques-uns.

Aujourd’hui Léon Chaix aurait savouré la victoire de la vérité sur Holodomor, mais la manière dont sont traités, en France, les paysans et l’agriculture serait pour lui un sujet de rage. Jamais il n’aurait pu imaginer qu’on se tue pour une retenue d’eau et que des petits roquets urbains prétendument écologiques et en fait socialistes et gauchistes, puissent s’en prendre avec une telle violence à la paysannerie. On lui aurait dit que la France avait désormais une balance agricole négative, il ne l’aurait pas cru.

Quand le communisme a disparu en Russie et en Ukraine, ces deux pays sont devenus le grenier à blé du monde comme ils l’étaient avant la révolution russe. C’est bien la preuve que le « système socialiste réalisé » était le premier responsable de la catastrophe agricole. L’ennui est que l’on retrouve la même haine du koulak et la volonté de détruire la paysannerie dans les mouvements prétendument écologiques mais qui sont tous du rouge le plus vif et s’inscrivent dans l’idée d’un nouveau système agricole régressif qu’ils veulent accélérer, toujours au nom du salut de l’humanité.  Un nouveau combat commence contre ces nouveaux ignobles qui trompent à nouveau des naïfs, mentent comme ils respirent, détruisent l’économie et asphyxient la démocratie. Le bolchevique a troqué ses tenus rouges pour le vert intense de Savonarole (il fut un temps, jardinier à Bologne avant de se lancer dans la « cancel culture » avec le fameux Bûcher des vanités). La différence est cosmétique. Le résultat tout aussi déplorable.  La « cancel agriculture » n’est pas un avenir plein de promesses.

Il faut que d’autres Léon Chaix se lèvent et crèvent ce nouvel abcès. La vérité est un combat. La sottise violente est une hydre qui repousse toujours. Les « soft lies » de la Commission européenne et des ONG soi-disant écolos sont moins tragiques que les crimes commis au nom de la réalisation ici et maintenant du socialisme mais tout aussi délétères.

 

Didier Dufau

Président du Cercle des économistes e-toile.

Deux articles très détonnants dans le Figaro du 3 avril 2023

On connaît Nicolas Baverez : diagnostic dur, style serré, pensée précise. On ne peut pas dire qu’il n’a pas vu les terribles dérives qui ont mené à la désagrégation du pays. Il en reprend la litanie cette fois à l’échelon européen en fonction des derniers rebonds de l’actualité. Face aux initiatives russes, américaines, chinoises, l’Europe a montré sa vulnérabilité et ses faiblesses. L’union européenne a concédé sa recherche scientifique et sa sécurité aux États-Unis, sa production à la Chine (18 % de ses importations contre 6 % naguère), son énergie largement à la Russie. C’est bien une terre franche ouverte à la mondialisation. « Au total l’Europe est en passe de devenir une zone de décroissance démographique et de stagnation économique ». Surtout depuis qu’elle s’est mis en tête d’abandonner à toute vitesse les énergies carbonées, seule au monde à cette vitesse et intensité, (c’est-à-dire, au passage, sans le moindre espoir d’obtenir un résultat climatique quelconque).

Ce sont bien les instances européennes qui ont conduit ce mouvement forçant de gré ou de force tous les pays de l’Union à s’inscrire dans ce mouvement régressif et soumis aux intérêts des autres. Ce sont elles qui ont imposé l’Euro sans créer les conditions d’un fonctionnement correct, notamment en laissant l’Allemagne accumuler des excédents déplorables. Ce sont elles qui importent le Wokisme et autres folies venues des États-Unis. Ce sont elles qui ont milité pour l’entrée de la Chine dans l’OMC.

Lors que Nicolas Baverez dit « est en passe », il faut remarquer que cette « passe » dure depuis vingt ans et plus. En matière démographique cela fait plus de 50 ans que la décroissance est engagée pour arriver à l’indigence des naissances actuelles compensées par l’immigration principalement africaine massive et non contrôlée. Sans que la question soit mise sur le devant de la scène par les médias tétanisés. L’Union Européenne n’a jamais formulé une exigence nataliste. Au contraire elle promeut les doctrines LGBT etc. avec une frénésie démentielle.

Là où le raisonnement dérape, c’est quand, après avoir souligné que le statu quo était problématique, et que le processus de décision était lourd et lent, l’auteur préconise de passer à l’Europe fédérale à l’américaine. Sous-entendu : il faut supprimer la souveraineté des anciennes instances nationales, dont le devenir est d’être une collection de territoires indépendants de l’état central national et dialoguant avec le pouvoir fédéral. Même l’impôt devra devenir fédéral

Les États-Unis d’Europe devront reconfigurer le grand marché, mener une politique industrielle ambitieuse dans le numérique et le climatique, affirmer le droit européen, exporter l’euro, et créer un pilier européen de l’Otan. C’est-à-dire, dans le cadre de l’OMC, du système de changes flottants et de liberté des mouvements d’hommes et de capitaux, continuer exactement comme maintenant en empêchant toute politique nationale. Et la France devra se réformer et démanteler sa forteresse sociale pour permettre l’opération.

On retombe dans : l’Europe fédérale ne marche pas il faut plus d’Europe fédérale inféodée aux États-Unis et à l’Otan. Voici le Figaro devenu un organe du fédéralisme européen.

Cette orientation 100 % centriste est accentuée par un second article de l’inévitable Jacques Julliard qui vient nous parler sur une page entière de sa nostalgie pou la social-démocratie. Il y a toujours une passion dans la gauche chrétienne pour Rocard, Delors, Strauss Kahn, la « dream team » de Jospin, et même le « plateau Mitterrandien ».

Tout est dans ce vocabulaire. Mitterrand était un pourrisseur qui pour prendre le pouvoir a détruit la croissance pour de longues années et l’indépendance de la France probablement pour toujours avec le traité de Maastricht. On vit encore sous les soubresauts de cette politique égocentrique et destructrice. La réforme de la retraite en est une preuve factuelle. Grâce à Mitterrand, Jospin et Hollande, la France est par terre dans tous les domaines. Mais il faudrait glorifier la social-démocratie ! Autre phrase type : le socialisme reste socialement utile après la chute des régimes autoritaires qui s’en réclamaient « de façon frauduleuse ». Il y aurait donc un « vrai socialisme » détourné par des vilains qui avaient l’inconvénient de brider l’initiative individuelle. Rappeler qu’ils ont massacré plus de 100 millions de personnes et qu’ils continuent à asservir pas loin de 2 milliards d’humains serait malvenu. Va pour le bridage des initiatives. C’est doux et faux comme un discours de Macron qui « pense juste et agit en sens contraire ». Car il ne fait pas assez droit à « l’aspiration sous-jacente de tous les mouvements sociaux actuels ». En route vers les 32 heures et la retraite à 59 ans, seul chemin du progrès social ? « Nous n’avons fait que savourer les douceurs du déclin ». Heureusement avec le retour de la planification et de la social-démocratie nous serons sauvés.

Le lectorat du Figaro a dû changer subrepticement pendant ces trois dernières années pour que la ligne du journal soit devenue socialiste (le vrai socialisme bien sûr) et européiste (le vrai fédéralisme bien sûr).

On croit rêver. Les idées qui ont tué la France et projeté dans le déclin deviennent l’apanage du seul journal de droite français. « Tu quoque » !

Bientôt il faudra mettre Lecanuet au Panthéon à côté de Monnet ! Et s’affirmer gaulliste !

Le livre d’Alexandra Henrion Caude

Albin Michel a eu l’heureuse initiative de donner le moyen de s’exprimer longtemps et en détail à une généticienne qui n’a guère été vue dans les médias principaux mais qui s’est exprimée assez souvent sur les plateformes du net, sans jamais pouvoir le faire suffisamment, dans une matière parfaitement inconnue du grand public : la biologie moléculaire. À un moment où l’ensemble des autorités médicales et internationales chantaient la gloire des « vaccins à ARN messager », cette généticienne apportait un commentaire inquiet qui, dans l’ambiance de peur panique liée au Sars-Cov-2 passait pour une dissidence et même pire une complaisance complotiste motivée par la recherche d’une gloriole indue. En gênant la protection de l’humanité des conséquences d’une pandémie hautement mortelle, c’était en fait une tueuse inconsciente méritant l’excommunication et la mise à l’écart des « médias généralement considérés comme sérieux », un concept qui a perdu pas mal de sa pertinence ces derniers temps.

Comme souvent les scientifiques de laboratoires, la belle Alexandra n’avait pas un sens de la communication très évident. On comprenait qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. Mais quoi ? Elle s’est d’abord fait connaître en soutenant que le virus pouvait avoir été « construit » de la main de l’homme. On avait déjà compris qu’à Wu Han un laboratoire s’essayer à construire des virus à efficacité renforcée. Ajouter ce qu’on apprendra comme s’appelant « spike » à n’importe quel virus lui donnait une capacité à pénétrer l’organisme fortement accrue. « Si on avait voulu créer un virus performant on aurait construit un virus ressemblât beaucoup au Sars-Cov-2 ». L’hypothèse de la fuite accidentelle de ce laboratoire prenait de l’ampleur.

Ensuite le discours contestataire s’est porté sur le produit à ARN-messager créé dans des conditions d’abaissement de toutes les règles de précaution pour faire face à l’urgence., qu’on a présenté comme un vaccin moderne, très représentatif des progrès de la biologie moléculaires et représentant « une chance phénoménale » pour l’humanité menacée. Le génie humain sauvait l’humanité d’une méchanceté de la nature. Spécialiste de la question, la généticienne a voulu alerter sur les risques de cette technologie dont elle avait connu les limites depuis longtemps. L’humanité ne se sauvait pas mais prenait un risque peut être majeur et définitif en tentant de prévenir la maladie par l’injection ce produit à des centaines de millions de gens voire l’humanité toute entière. Elle relevait de temps à autre les méfaits constatés et l’inefficacité du produit, en alertant notamment aux risques de la vaccination des femmes enceintes et des enfants. En l’absence de connaissance du domaine, le grand public était incapable de comprendre ce message qui paraissait une fois de plus dissident dans le flot massif des soutiens à la vaccination de masse, toujours centré sur le même discours ; si c’était dangereux on le saurait. Circulez, il n’y a rien à voir.

Malgré les efforts des chaînes du NET comme Sud Radio, le format ne permettait pas de comprendre la querelle de spécialistes. Le format du livre le permet.

Bien sûr ce n’est pas un manuel de vulgarisation de la biologie moléculaire et le lecteur ne sortira pas expert à la fin de sa lecture, mais l’auteur donne les éléments qui permettent de comprendre son inquiétude devant l’usage massif d’un produit potentiellement dangereux et surtout inefficace présenté comme une panacée.

L’ennui pour la pensée dominante qui a lancé ce projet gigantesque, c’est que toutes les affirmations qui le justifiaient se sont révélées fausses et, pire encore, mensongères, car très vite les erreurs ont été constatées et mises sous le tapis.

Aujourd’hui la majorité des affirmations contestées se sont révélées exactes et ne sont plus niées par personne. Tout le monde a vu que ce produit ne permettait pas d’éviter la transmission, n’empêchait pas d’être infecté à répétition, donc n’éradiquait pas la maladie. Pire encore, il créait de nombreuses complications, allant jusqu’à tuer des jeunes qui n’avaient rien à craindre de la Covid et provoquant de nombreux drames pour les femmes enceintes et les enfants. En un mot le « médicament à ARN messager » n’était pas un vaccin et aggravait plutôt la situation, les pays les plus vaccinés étant ceux qui ont été les plus infectés avec le plus grand nombre de morts.

Le livre accumule les démonstrations pour prouver de façon très convaincante qu’on a sciemment professé des mensonges éhontés pour convaincre la population de se faire injecter. Le livre sort au moment où on rétablit les médecins et auxiliaires médicaux dans les droits dont on les avait privés au nom de mensonges désormais totalement avérés, sans tenir compte de craintes qui elles aussi sont devenues des réalités.

Les lecteurs découvriront la longue liste de ces mensonges et nous ne la reprendrons pas ici. Une des réalités qui a été cachée au grand public et que l’auteur de ces lignes a découverte avec une certaine stupéfaction, est l’absence d’efficacité de toutes les tentatives antérieures de soigner avec des injections de capsules à ARN messager. Les 12 tentatives ont été un échec radical. On a essayé contre des cancers et contre des virus : à chaque fois le bide ! Difficile de ne pas comprendre la crainte des conséquences d’une spécialiste du domaine. Un autre aspect a été, pour tous ces essais et très vite pour le « vaccin », la floraison de complications qu’on ne connaissait pas à ce taux-là avec les vaccins traditionnels. Introduire des molécules dont on ne sait pas ce qu’elles vont réellement faire en touchant au « coffre-fort de la vie », l’ADN, ne peut pas se faire sans de terribles précautions. On les a toutes abandonnées tout en distribuant des éléments de langage totalement faux : L’ARN injecté restait dans le muscle où l’injection avait été faite : faux. Il ne survivait que quelques instants : faux. Il ne se disséminait pas : faux encore, on en a retrouvé partout y compris dans des endroits dangereux comme le cerveau, le foie et toutes les glandes. C’est cette diffusion incontrôlée qui explique l’ampleur et la variété jamais vue des complications. Cycle menstruel des femmes déréglé, lait devenant vert chez les femmes allaitantes, péricardite, accidents cérébraux comme les AVC, troubles du foie. Beaucoup de ces complications ont été mortelles. Plus de 40 000 morts ont été déclarés, ce qui est peu par rapport au nombre d’injections mais qui est terrifiant quand on sait que beaucoup de ces gens ne seraient pas morts de la Covid.

Mme Henrion Caude montre bien que le virus peut altérer l’ADN et que toutes les preuves sont désormais là, lorsque le pire mensonge des laboratoires qui le savaient a été d’empêcher que cela se sache. En agissant sur l’ADN on modifie pour des siècles le moteur interne de l’humanité et pas pour son bien. Et on n’a rien pour le remettre en l’état ex ante.

Pour l’auteur les laboratoires ont pour de l’argent, énormément d’argent, en fait pour créer une poignée de nouveaux milliardaires en dollars, on a joué aux apprentis sorciers et tout reste à découvrir des conséquences. En jouant à la roulette avec l’humanité, les dirigeants politiques ont failli gravement. Ils ont été influencés d‘en haut par des instances internationales et des lobbies, et ils ont exercé une incroyable violence contre la population pour qu’elle se fasse injecter, tout en construisant une information totalement faussée à une échelle inédite.

Une question reste non documentée et avec une réponse indécise : les injections ont-elles permis d’éviter les formes mortelles, comme les perroquets le répètent à l’infini ?

Aujourd’hui plus personnes ne veut se faire injecter. La presse ne met plus en première page le nombre d’infections ni de décès. Le Covid est censé être une affaire réglée. L’information ne passant plus, l’opinion ne pense plus à rien. 7,1 % seulement des 80 ans et plus ont reçu une dose de vaccin depuis moins de 3 mois alors que l’épidémie est repartie avec plus de 2000 hospitalisations pour Covid par semaine et que ce segment représente la majeure partie des 135 morts constatés par semaine, soit 1 % environ de la mortalité globale ordinaire.

Un des aspects imprévus du livre c’est qu’il donne un exemple d’hystérie qu’on retrouve dans d’autres domaines comme en particulier celui du réchauffement climatique où on fait absolument n’importe quoi en dehors de tout contrôle des citoyens, à partir du jeu des lobbies infectant tout le processus de décisions d’instances internationales.

L’hystérie et l’extravagance de solutions irrationnelles sont bien la maladie du moment. La démocratie devrait être le vaccin. Le jeu des instances internationales, des lobbies et des juges la rend inopérante. La aussi on a touché au cœur battant de la France.

L’économie française devient ainsi l’enjeu d’erreurs majeures de politique sanitaire ou écologique qui la ruinent radicalement. Dans le moment très particulier que traverse le pays, marqué par une irritation particulièrement aigüe d’une partie notable de la population, la responsabilité de la dépossession subie par la nation depuis 1992 est majeure. L'exécutif français dépossédé ne craint pous d'instrumentaliser sans vergogne des peurs moyennageuses. L'ensemble suscte des radicalités boursouflées misés au service d’utopies mortifères ou de sottises invraisemblables.

Succès et chute du « néolibéralisme » ? Le type même d’une histoire falsifiée.

On pourrait sans doute évacuer la question du néolibéralisme en considérant qu’il s’agit d’un vocable de mépris inventé par la gauche socialiste ecclésiastique qui sait y faire pour dévaluer les idées qui la contrarient en créant des mots repoussoir. Libéralisme, c’était punissable de tous les péchés, mais le mot liberté y affleurait, et il fallait faire attention. Bien sûr, la liberté aussi pouvait être déplorée : « la liberté du renard dans le poulailler » a beaucoup servi. La puissance médiatique de la gauche est telle depuis 1945, que même les plus libéraux sont obligés à des contours, des prudences, des « je suis bien d’accord avec vous, c’est mal, mais tout de même ». Lorsqu’on a demandé à un membre de Renaissance si la politique du gouvernement était libérale, sa réponse a été très clairement obscurcie par le politiquement correct de gauche : « je n’aime pas ce mot qui est trop connoté ». Marion maréchal a dit à peu près la même chose il y a peu lors d’une longue interview. Libéralisme ? Attention, champ de mines ! Un peu comme « grand remplacement » est devenu une expression symbole d’un dérèglement de l’attitude tournant au fascisme invétéré, nourri par la xénophobie fanatique, le racisme induré et la glorification des années immondes qu’on croyait disparues.

Néolibéralisme est bien le type de vocable super connoté par la gauche vomitive et utilisable uniquement dans une phrase de dénonciation. Un peu comme un technocrate est un fonctionnaire vu par un poujadiste, un néolibéral est un prosélyte des libertés vu par ATTAC.

Il serait dommage d’en rester là. Les pensées dominantes sont en train de changer et il est important de mesurer la réalité et l’ampleur des glissements. Les historiens et les sociologues adorent prendre des bouts épars et en faire une parfaite construction, presque une volonté, appuyée sur un complot s’il s’agit d’un mouvement jusqu’ici marginal qui s’impose dans des circonstances mal comprises.

Alors aujourd’hui la mode est de s’interroger sur l’étonnante percée des idées libérales dans les cinquante dernières années et leur reflux soudain. Comme c’est aujourd’hui la règle, c’est dans le monde anglo-saxon qu’il faut chercher les initiateurs de cette réflexion. En France on ne pense qu’après et en réaction. Il eût été préférable qu’on s’y colle avant. Mais bon, on n’a plus d’universitaires de qualité. Ils se réservent pour les combats du Wokisme tels qu’ils étaient menés aux États-Unis il y a trente ans. Au moins cela les change de la glorification de la Commune.

Depuis « Rise and fall of the roman empire », la mode est aux « rise and fall » de tout et n’importe quoi. Gary Gerstle est un peu devenu le spécialiste du genre en histoire économique américaine. Après « Rise and Fall of the New Deal Order » il a écrit « Rise and Fall of Neoliberal Order ».

Il fallait s’attendre à un livre du même genre en France. David Cayla, présenté généralement comme « économiste hétérodoxe » (comme s’il y avait une économie alternative…), a sorti fin 2022 « Déclin et chute du Néolibéralisme » chez De Boeck Supérieur.

Impossible de savoir ce qui différencie vraiment un hétérodoxe d’un non orthodoxe, et un non orthodoxe anti libéral d’un socialiste bon teint. Il est vrai que les économistes étant désormais considérés comme des pestiférés, il faut prendre quelques précautions pour continuer à être entendu.

Notons au passage la difficulté d’être et de dire !

Serge Audier, un brillant normalien naturellement anti productiviste (du moment que son traitement public à la Sorbonne tombe régulièrement) avait ouvert la voie avec une série d’ouvrages sur le néolibéralisme. Une vraie obsession :

· Le Colloque Lippmann : aux origines du néo-libéralisme, Lormont,

- Néo-libéralisme(s) : une archéologie intellectuelle, Paris, Grasset,

- Penser le néolibéralisme : le moment néolibéral, Foucault et la crise du socialisme, Lormont, Le Bord de l'eau,

La difficulté est évidemment, dans le foisonnement des idées qui ont contesté le triomphe du New deal puis du Keynésianisme, avec des mouvements de pensée très hétérogènes, de trouver une unité puissante capable de créer la matrice d’une nouvelle domination intellectuelle embrassant et embrasant le monde y compris les socialistes de la New left aux États-Unis, ceux de la Deuxième gauche en France et ceux du blairisme au Royaume Uni.

Pour la gauche marxiste caricaturale, le sort du néolibéralisme est vite scellé : un complotisme financé par le grand capital et qui a réussi à pénétrer les arcanes du pouvoir élitiste, par dol, en imposant une doctrine de pouvoir obligatoire et généralisée via le lobbyisme et l’entrisme dans les lieux de pouvoirs. En gros, le néolibéralisme est un sale virus, échappé d’un laboratoire sordide, inoculé par ruse par des complotistes et dont il est difficile de se débarrasser mais heureusement, il est en train de mourir de sa propre vilenie. Si on n'obtient pas un prix de civisme après un tel travail de « démystification », voire de « démythification » et de nettoyage d’une poussée de pourriture, c’est évidemment à désespérer de tout et marquerait la force résiduelle du virus !

La droite n’en parle pas. Comme d’habitude. Prendre le risque d’une idée ! Vous n’y pensez pas !

Du coup, le domaine est plein de faux débats et d’erreurs terrifiantes.

La « généalogie » ou « l’archéologie » de n’importe quel système de pensée est devenue un exercice à la mode. À gauche, on mêle allègrement tout et n’importe quoi pour prouver des racines qui expliqueront l’arbre. Au prix de contorsions subtiles :

-        Sur le tronc du libéralisme, le néolibéralisme est-il un surgeon ou une totale mutation conduisant, par glissements successifs, du bien possible au mal exemplaire ?

-        Le néolibéralisme a-t-il réussi du fait de l’effondrement communiste, entraînant la chute de l’URSS et au capitalisme d’état en Chine ? Vu de gauche, le mal ne peut provenir de la chute de la bien-aimée URSS. Donc la généralisation de solutions moins collectivistes ne peut être que le fruit d’une intrigue complotiste. C.Q.F.D. !

Pour avoir participé pendant cinquante-cinq ans aux débats récurrents sur la science économique, il va de soi que cet esprit de système visant un complot machiavélique mondialisé ne correspond à rien de ce que j’ai pu connaître en France, en Europe et aux États-Unis. Il suffit de dépasser l’âge de 70 ans pour se rendre compte qu’on parle, dans les médias, des périodes que vous avez vécues dans votre jeunesse et que vous avez cru vivre passionnément, selon un « narratif » qui n’a que peu de rapport avec votre expérience. Aussi bien dans les généralisations que dans les épisodes montés en neige, vous ne reconnaissez pas cette histoire alléguée et reconstruite. Les mentalités collectives ont du mal à se transmettre et à être conservées. Le schématique l’emporte sur le réel.

Quiconque a lu avec attention « la théorie générale » de Keynes, sait que cela branle un peu partout dans le manche et qu’il était parfaitement normal que des auteurs le remarquent et en fassent la critique. Moi-même dès la première année de fac, je mettais en difficulté sans le vouloir le chargé de TD qui croyait expliquer les crises périodiques selon la doctrine keynésienne par la course-poursuite de l’épargne et de l’investissement, en faisant remarquer qu’épargne et investissement étaient égaux par construction, il était difficile de concevoir qu’ils puissent se courir après. Une bêtise assez populaire à cette époque-là et qui n'a plus cours aujourd’hui.

De même affirmer que les changes flottants étaient une doctrine à la mode au moment où elle a été mise en œuvre, est une énorme contrevérité. À part Milton Friedmann qui en avait fait une vague apologie dans un livre lointain, personne ne défendait vraiment les changes flottants. C’était une bizarrerie qui pouvait s’expliquer momentanément par des circonstances particulières, mais sinon, ce ne pouvait être qu’une erreur funeste. Pour s’en convaincre, prendre aux États-Unis le bréviaire des élèves d’économie qu’était le Samuelson ou en France le cours de Raymond Barre, et voir que les changes flottants y sont traités par prétérition ou en un quart de page… sur mille et quelques.

Ce n’est pas parce que « de vilains complotistes néolibéraux, intoxiqués par l’effroyable ami de Pinochet, le sinistre Milton Friedmann» que les changes flottants ont été instaurés mais parce que les États-Unis ne voulaient plus des contraintes de Bretton Woods et entendaient n’en faire qu’à leur tête. Qui se rappelle que ce sont les Allemands qui ont promu le flottement et que pendant longtemps la solution n’a été présentée que comme transitoire ? Friedmann a alors servi de caution intellectuelle et les banques centrales ont même cru devoir tenir compte de ses suggestions. Elles sont vite revenues en arrière. Aucun des avantages avancés par Milton ne s’est réalisé. Au contraire. Les changes flottants sont un abus de pouvoir des États-Unis et une erreur économique internationale. Pas un complot.

Alors on pourrait singer nos sociologues de pacotille et affirmer : « le néolibéralisme n’est pas le libéralisme habituel mais une doctrine prescriptive qui cherche à détruire toutes les institutions collectives visant le bien commun par l’application de l’idéologie des marchés libres et sans entraves. La destruction des changes par les complotistes américains vendus au néolibéralisme a permis les folies bancaires et rendu impuissant les états dont les élites n’avaient plus le choix que de s’adapter aux règles du néolibéralisme, la nouvelle gauche plongeant avec délices dans les méandres de la finance internationale garantie par les banques centrales au mépris des peuples ». Une belle carrière d’économiste à Libération et dans les chaînes publiques de télévision serait ouverte ! Mais quel rapport avec la réalité historique ?

Si l’Union soviétique s’est effondrée ce n’est pas à cause d’un complot néolibéral, mais sous le poids de ses tares intrinsèques. Et elle a bien fait ! Il suffit de regarder l’agriculture ! 75 ans de pénuries puis, après l’effondrement, la Russie et l’Ukraine en moins de 30 ans, sont devenus le grenier du monde ! Satanés complotistes néolibéraux !

Si l’Union Européenne a choisi, en créant un marché intérieur libre, de s’appuyer sur la liberté de circulation sans entraves des mouvements d’hommes, de capitaux et de produits ou services, c’est parce que telle est la règle à l’intérieur de chaque état et on a souhaité la généraliser dans la communauté. On ne peut pas intellectuellement concevoir un marché unique couvert de barricades.

Si Margaret Thatcher a voulu sortir le Royaume-Uni du socialisme, c’est d’abord parce que le pays ne pouvait pas supporter d’une part le poids de la hausse massive des coûts du pétrole et aussi le poids d’une économie administrée végétative et en pleine anarchie syndicale. Si Tony Blair a continué dans la même direction, c’est tout simplement parce que le RU rattrapait son retard.

Si la Chine s’est organisée autour d’un capitalisme débridé et sans entraves dans le cadre d’une dictature politique, c’est, ici encore, à cause du décrochage dramatique qui a suivi l’époque maoïste et la hausse des coûts du pétrole. Pas besoin de la main invisible du complotisme néolibéral. Quand le géant Chinois s’est aperçu qu’il était dépassé par la seule Corée du Sud, et bientôt par tous les tigres de la région, il a compris que son destin était scellé si un changement radical n’était pas opéré.

Si les Américains ont décidé de laisser la Chine entrer dans l’OMC, c’est par cupidité : ils pensaient que les entreprises qui tiendraient le haut de pavé dans le monde seraient celles qui domineraient le gigantesque marché chinois soudain ouvert. L’erreur, que nous avons dénoncée sur ce blog sans relâche, c’est que, sans correctif monétaire, des déficits et des excédents gigantesques en résulteraient qui ruineraient les classes moyennes des pays développés. Maurice Allais a écrit, à cent ans, un livre pour avertir le monde. On l’a traité de tous les noms ! Et c’était le Monde qui s’y collait avec tout le soutien de la « dream team » de Jospin. Pas de fantasmatiques néolibéraux !

Si après avoir nationalisé à 100 % tout et n’importe quoi, Mitterrand et ses socialistes ont commencé à tout dénationaliser y compris les vielles entreprises nationalisées depuis ou l’avant-guerre ou l’immédiat après-guerre, c’est simplement parce que sinon le traité de Maastricht n’aurait eu aucun sens. L’européisme imposait qu’on ne retrouve pas des molochs nationaux face à face, armés par des États. Pour le meilleur et pour le pire !

En France le néolibéralisme n’a jamais eu le moindre pouvoir. On voit que Sciences Po est un conservatoire du bureaucratisme et du keynésianisme, son surgeon économique, l’OFCE étant le défenseur permanent et absolu des impôts, de la dette et de la dépense publique. Ce sont les associations pro Wokistes qui y ont gagné, pas de dangereux complotistes néolibéraux.

La liberté d’immigration en Europe des Africains est dans tous les programmes de gauche alors que l’Europe se devait de défendre ses frontières contre l’immigration illégale. L’individualisme « marchandisé » est plutôt à rechercher du côté du Wokisme que de la réflexion économique libérale.

Il serait sage de se concentrer sur l’économie avec des yeux libres de préjugés, plutôt que se gargariser de mots autour du faux concept de néolibéralisme, qui n’est bien qu’une arme verbale de propagande d’inspiration un tantinet stalinienne dans son usage courant actuel.

Pour des raisons d’argent et de puissance, certains grands pays ont choisi des cartes biseautées qui les avantageaient, pensaient-ils. Au bout du jeu les résultats ne sont pas là. La panique conduit à des tentatives de retour en arrière. Ce n’est pas la fin d’une doctrine, ni d’une pratique, mais le constat d’un échec qu’il va bien falloir surmonter. L’illusion d’un financement de déficits perpétuels par la dette monétisée auprès des banques centrales est désormais intégrée par les élites, même si les grandes masses ne l’ont pas encore tout à fait admis. L’illusion qu’en prélevant dans le revenu d’autrui, on pourra indéfiniment financer son train de vie, n’existe pas réellement. « Les riches paieront » est le genre de simplismes qu’on aime bien répéter dans les manifs pour se défouler. Mais tout le monde sait que cela n’a jamais marché nulle part. En revanche c’est une adresse à ceux qui ont réussi à faire face : « ne nous laissez pas tomber, on a le pouvoir de vous nuire ! »

Faut-il leur répondre ?

Oui !

Mais, malheureusement, il n’y a plus de partis de gouvernement pour tenter de créer les évolutions nécessaires. On sait ce qu’il faut faire, mais les leviers manquent pour faire bouger les choses. Macron donne le sentiment de mépriser la base et de ne servir que lui-même et ceux qu’on imagine être ses amis financiers. Le PS et mort. La deuxième gauche est enterrée. LR préfère la lutte entre énarques pour la présidentielle et surtout se taire sur tout pour ne rien compromettre. Le néant d’abord, la réflexion plus tard ! Succès garanti…

Il ne reste que l’exécration en bas et des demi-sel de la sociologie caricaturale dans les allées du pouvoir et des médias, de l’écologie pervertie et de l’étatisme keynésien. La pensée  socialiste, qui est restée dominante en France tout en gagnant les États-Unis, mais qui a perdu beaucoup de sa séduction, cherche nerveusement à retrouver un peu de légitimité. Que cette gauche puisse croire qu’en terrassant par les mots un diable artificiel monté en marionnette, le néolibéralisme, construit à la va-comme-je-te-pousse comme l’auteur de tous les maux, indique assez l’ampleur de la déroute morale et intellectuelle dans laquelle elle se complaît.

Sa domination résiduelle dans tous les lieux où se construit l’opinion laisse peu d’espoir que la France cesse sa dégringolade dans le sous-développement et la soumission. Son succès aux États-Unis et par ricochet dans les institutions européennes sous forme d’un écolo-wokisme destructeur et outrancier couplé à une volonté de puissance, laisse le monde occidental dans un état étrange qui remet en cause la stabilité et la prospérité du monde.

Là est le vrai risque à dénoncer.

Et de vrais risques de marginalisation pour ceux qui le feront.

Un peu de courage intellectuel et de vérité, s’il vous plaît !

Un article formidablement révélateur du Financial Times

L’actualité est sympathique pour ce blog. Elle nous permet d’aborder des thèmes fondamentaux qui ont été à l’origine de la formation du Cercle des économistes e-toile. Après le drame de la démographie française et les méfaits de l’énarchie compassionnelle, il est temps de commenter une réalité jamais traitée : la quasi-identité de destin économique déplorable de la France et du Royaume Uni qui souligne l’évidence d’une cause commune. Malgré les différences apparentes très fortes entre un pilier du néolibéralisme fortement anti syndical et rétif à l’assistanat et un pilier de la bureaucratie socialisante, entre un pays qui a choisi le Brexit et un pays aplati devant Bruxelles, entre un pays aligné sur Washington et un pays qui fait semblant de goûter les effluves résiduels du gaullisme diplomatique, l’évolution globale depuis 1971 est globalement la même. Les mouvements profonds l’emportent sur les apparences idéologiques ou les traditions nationales.

Vérifions que l’évolution économique et sociale a bien été la même. Le Financial Times nous apporte tous les éléments de réponse grâce à l’excellent article de Tim Harford, dans d’édition du 22 janvier 2023. Son titre dit déjà beaucoup : « Est-ce que la vie au Royaume-Uni est réellement aussi mauvaise que les chiffres le suggèrent ! Oui, absolument ! ».

Tim Harford a écrit trois livres absolument formidables, « The Undercover Economist » en 2007, « Freakonomics « en 2009, et « Why Nations fails », son chef-d’œuvre de connaissances et de réflexion en 2013.

Son approche est exactement celle qui nous a motivés à créer le Cercle des économistes e-toile : couvrir des domaines abandonnés, en montrant qu’on y trouve beaucoup de faits majeurs dont l’explication est indispensable et que les clés de l’avenir y sont présentes dans l’indifférence générale. La différence est qu’il le fait dans la presse et plus encore dans une presse anglo-saxonne où beaucoup de ses réflexions défient la pensée dominante.

Il a un peu dérivé vers le « spectacle » ces derniers temps avec :

Fifty Things That Made the Modern Economy (2 017). Little, Brown. ISBN 978-1408709115

The Next Fifty Things that Made the Modern Economy (2 020). The Bridge Street Press. ISBN 978-1408712665

How to Make the World Add Up : Ten Rules for Thinking Differently About Numbers (2 020). Little, Brown. ISBN 978-1408712245

Ces livres sont en fait des compilations de « podcasts » télévisés de 9 minutes sur une variété d’objets qui ont révolutionné notre vie courante et dont on n’imagine pas la puissance. C’est amusant et curieux, et correspond à l’humour anglais, un peu dans le style du patron qui candidate dans sa propre entreprise.

Le côté « Entertainment » n’est pas à négliger mais manque un peu de fond, ce qui n’est pas le cas de l’article dont nous parlons.

Après avoir cité une étude qui donne des prévisions peu amènes (la perte récente de 7 % du revenu moyen ne sera pas corrigée avant cinq ans), il démontre que ce qui devrait réellement nous épouvanter est moins le désordre circonstanciel actuel mais la longue descente aux enfers des dernières quinze années qui n’ont pas vu de croissance mais une longue stagnation qui contraste avec le quasi-doublement de 1978 à 2008 suivant le triplement entre 1948 et 1978. Au lieu de voir son revenu augmenter le travailleur britannique constate que depuis 15 ans il ne bouge plus, alors qu’il croissait de 40 % en moyenne tous les trente ans depuis l’après-guerre. En un mot : "Amis britanniques vous êtes entrés dans une phase longue de stagnation structurelle dont vous ne parlez pas alors que vous vous inquiétez pour des difficultés certes agaçantes mais momentanées".

Il souligne avec gourmandise qu’un bon gouvernement est celui qui propose d’excellents services publics, une pression fiscale basse et un endettement faible. Comme en France,  il est bien obligé de constater que c’est exactement l’inverse qui se passe depuis de longues années et qu’il est strictement impossible même de l’espérer. L’hôpital est par terre en France, comme l'est le NHS, le service national de santé. Le reste est à l’avenant. Là où on connaît une vraie différente, elle n’est pas de nature mais de proportion. Notre auteur signale que la dépense publique est plus haute de 4 points de PIB par rapport à la moyenne des périodes précédentes, mais le taux n’est que de 37 %. En France il est de 47 % ! On se souvient que le Général de Gaulle voulait dans les années soixante qu’il reste autour de 32 % et que ni Pompidou ni Giscard (surtout ce dernier), n’ont voulu respecter ce vœu. Et la situation est la même au Royaume Uni et en France pour l’école et les services sociaux.

Ne parlons pas de la dette. La situation est catastrophique dans les deux pays avec une dette qui monte inexorablement, des intérêts dont le service n’a jamais été aussi haut dans l’histoire et des déficits majeurs partout et jamais comblés.

Le résultat est le développement de la pauvreté à la base avec une partie croissante de la population qui a du mal à finir le mois. Une étude a montré qu’un quart de la population ne parvenait plus à mettre 10 livres de côté chaque mois, alors que la proportion était de 3 à 8 % il y a quelques années. Près de 10 % de la population déclare avoir eu faim à un moment ou un autre dans les trente jours précédant l’étude.

L’auteur remarque que des pays comme la Suisse, la Norvège et les États-Unis ont désormais un revenu très supérieur à celui des Britanniques qui a chuté de façon relative sinon en valeur absolue. Comme en France où la situation aux frontières est devenue caricaturale, comme nous l’avons prouvé ici dans de nombreux articles. Pour marquer l’opinion il montre que le revenu des dix pour cent les moins riches est plus bas qu’en... Slovénie !

Le paradoxe affirme Tim Harford est que nous ne sommes pas en récession que l’emploi est au plus haut et qu’il ne faut rien attendre d’un retournement conjoncturel formidable. L’affaire est bien structurelle et non conjoncturelle. Et le devoir des politiques est de l’acter et de la comprendre pour commencer à prendre les mesures structurelles qui s’imposent.

Tout le monde voit bien que c’est exactement la même situation en France alors que les dosages idéologiques médiatiques sont extrêmement différents dans les deux pays.

L’auteur n’ose pas aller jusqu’au diagnostic et aux suggestions de redressement. Mais un autre article dans le même journal quelques pages plus loin, fournit une clé d’interprétation.

Un premier graphique montre la baisse tendancielle du PIB depuis la crise de 2008, par rapport à la tendance 1990-2007 qui était déjà en baisse. Le Japon et l’Allemagne ont bien résisté avec une baisse inférieure à 15 %, la France est à 20 % de baisse et le Royaume Uni à 30 % comme l’Italie. La baisse de la productivité a été très forte en France dans les dix premières années du siècle, mais dans les dix suivantes, l’effondrement a surtout eu lieu aux États Unis, en Italie et au Royaume-Uni.

Regardons les choses avec un peu plus de hauteur :

La crise commence au tournant des années 1970 avec une forte baisse de la croissance qui s’accélère à partir des années quatre-vingt-dix qui s’effondre depuis 2008. La productivité devient structurellement problématique à partir du début du siècle. En fait cette réalité est vraie pour tout le monde avec des différences de situation mais autour d’un même mouvement général dans les pays développés.

La raison principale est l’introduction des changes flottants qui permet les énormes déficits et les excédents de même ampleur. Il s’est ensuivi une suite de récessions périodiques de plus en plus graves (73-74, 92-93, 2 008 2 009) avec des crises intercalaires moins sérieuses mais qui ont eu leurs conséquences. La crise de 2008 a particulièrement ravagé les pays les plus engagés dans la folie financière, les États-Unis et le Royaume-Uni, alors que l’introduction de l’Euro provoquait des crises structurelles dans les « pays du Club Med ». L’ouverture totale du commerce mondial à la concurrence de pays à très bas de revenu, sans obligation d’équilibre des balances extérieures, a détruit les classes moyennes dans les pays développés. Les pays sages et compétitifs ou jouant le rôle de havre fiscal, comme le Luxembourg, ont mieux résisté. Ceux qui ont joué à fond la carte démagogique de l'état providence, sont les plus atteints.

Nous retrouvons là le triptyque que nous dénonçons depuis 25 ans et dont l’évocation était strictement interdite dans les pays anglo-saxons. Il est bon que le Financial Times grâce à un de ses meilleurs journalistes fasse déjà le constat du désastre. Il ne reste qu’à donner les explications de fond. Quand le fait est acté il n’a pas rare que l’explication suive. Et on parvient généralement à écarter les explications creuses (Covid, riches qui ont fait sécession et autres tue l’esprit).

Rappelons que tout cela a été déjà été écrit dans notre livre l’Étrange Désastre, il y a maintenant huit ans !

Tout le système de « welfare » mis en place après-guerre n’est possible qu’à deux conditions : une bonne natalité et une croissance continue. Les forces qui à l’heure actuelle tuent à la fois la natalité et jusqu’à l’espoir d’une croissance militent en fait pour la destruction de l’État Providence. Ce qui se vérifie dans l’actualité française avec la question des retraites, dont le système de répartition est directement indexé sur la croissance et sur la pyramide des âges. Sans croissance et sans enfants, il saute et gare aux tâches !

Pourquoi et comment le RPR et le PS ont-ils sombré ?

Une des grandes curiosités du temps a été l’effondrement concomitant des deux grands partis de gouvernement français, le PS, dominant dans les années cinquante, hégémonique dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, puis à partir de 2012, le RPR, sous divers acronymes, l’étant dans les années soixante et soixante-dix, puis dans les années 2000. On peut dire que tous les gouvernements de 1956 à 2017 ont été dominés par l’un de ces deux partis, soit près d’un demi-siècle. L’explosion radicale se produit en une seule élection, les deux partis laissant la place à cette variante du néant qu’on appelle momentanément et par politesse le « macronisme ».

Les politologues aiment bien expliquer les grandes ruptures par des effets circonstanciels venant aggraver des difficultés de fond, offrant des possibilités de promotion à des acteurs sortis du néant et qui s’en saisissent soudain. Les partis de droite ont tendance comme les partis de gauche à se madériser au pouvoir et ils finissent par être tournés par les extrêmes. Le parti radical a été remplacé par le PS, qui aujourd’hui est tourné sur sa gauche par le mélenchonisme. L‘UNR à fini, de mutation en mutation, en parti centriste tourné sur sa droite par le RN. Rien de nouveau sous le soleil ! Circulez il n’y aurait rien à voir ! Une analyse sans doute un peu courte !

La rupture de la Quatrième République par le gaullisme a été favorisée par la crise algérienne devant laquelle les gouvernants semblaient impuissants. La rupture socialiste de 1981 a été favorisée par la récession majeure de 1973-1974 et la répétition des chocs pétroliers. Le premier effondrement socialiste se produit avec la récession mondiale de 1992-1993. La crise de 2008-2009 ,accompagnée de son surgeon européen en 2011, liquide Sarkozy et Hollande en léger différé.

On notera le rôle des crises périodiques dans les alternances. Mais alternance n’est pas effondrement et élimination. Les catastrophes venues d’ailleurs peuvent conforter des gouvernements et des majorités. Alors que s’est-il passé ?

On est obligé d’envisager le rôle de facteurs de décomposition internes. La pomme pourrit par le ver qui s’y est introduit. PS et LR auraient -ils été pourris par le même ver ?

Quand on cherche, on trouve. Le triomphe de « l’énarchie compassionnelle », a provoqué la même autodestruction à l’intérieur des deux partis.

La tentation de ne pas laisser le pouvoir à des politiciens militants élus généralement grâce à la pire des démagogies et qui ne connaissent rien à l’ensemble des disciplines nécessaires à une bonne gestion de la nation, qu'il s'agisse de la diplomatie, de la sécurité publique, de la politique industrielle, de la macroéconomie, de l’aménagement du territoire, est ancienne. Elle s’est activée dans le camp des hauts fonctionnaires entre les deux guerres. Pour simplifier disons qu’elle s’active de façon intense à la suite de la déroute en quinze jours des armées françaises en mai juin quarante. Les mêmes hauts fonctionnaires qui conseillaient le front populaire se sont retrouvés dans le premier gouvernement Pétain puis au conseil national de la résistance pour organiser la grande prise en main de la République par leur caste. Blum, Pétain, de Gaulle, ce n’était pas important. Il fallait réorganiser la haute administration de la France et prendre le pouvoir politique. La sécurité sociale et le keynésianisme deviennent le credo unitaire de la haute fonction publique non technique. La création de grands monopoles publics s’affirme dans la banque, la gestion portuaire, le chemin de fer et l’énergie, l’aviation et la construction aéronautique civile et militaire, l’information etc. L’organisation de l’économie en « fascios », toutes les professions étant rattachées à « la Tutelle », commencée sous Pétain, n’a pas cessé de s’approfondir ensuite, la distribution d’argent supposant automatiquement le contrôle des hauts fonctionnaires. La partie proprement régalienne qui aurait dû être l’apanage de la haute fonction publique, deviendra marginale dans l’encadrement total de la société dès la fin des guerres coloniales.

L’assaut pour la domination politique commence avec Mendes France puis Bourgès-Maunoury et Félix Gaillard. Il se renforce avec Giscard qui devient envahissant dès le début des années 1960. Pompidou promeut une garde de jeunes hauts fonctionnaires, Chirac, Toubon, Charbonnel, Guéna, avant les Juppé, Séguin, Balladur, Villepin, Copé etc. D’autres rejoindront la gauche, souvent après quelques hésitations (Fabius, Hollande, Jospin, Rocard, Ségolène Royal, Aubry, Guigou, Bianco…). Le triomphe absolu arrive en 74 avec le couple Giscard Chirac. Il ne cessera plus. Il devient caricatural avec Macron et ses premiers ministres Philippe, Castex ou Borne. Les cinquante dernières années ont été pilotées presqu’intégralement par des hauts fonctionnaires, même quand le président ne l’était pas (exemple de Sarkozy).

Ce phénomène impose de comprendre comment ce microcosme fonctionne.

La haute fonction publique se considère comme une société de secours mutuel et de réassurance. L’important est de ne pas se faire prendre à découvert par une erreur magistrale, une action stérile, une opération qui a mal tourné. Il faut éviter tout écrit qui pourrait compromettre, toute phrase qui pourrait vous dénoncer, toute circonstance qui pourrait vous mettre en difficulté. La règle : pas d’idée ; pas d’expression qui ne soit pas ambiguë, à double sens et en fait totalement neutre, inodore et sans saveur. Parler pour ne rien dire. Ne rien dire pour ne pas se compromettre. Mais le faire avec art et toujours après avoir pris soin de ménager ses arrières, d’avoir eu le viatique des piliers de la caste, de savoir qu’en cas d’ennui on sera rapidement sauvé.

Les hauts fonctionnaires ne connaissent que peu de moyens d’action : la taxation et les impôts ; la dépense et la règlementation ; la bureaucratie régulatrice.

Ils détiennent un privilège phénoménal : celui d’être prémuni de tout risque électoral et de tout risque économique. On peut donc faire carrière dans la politique et au moindre ennui revenir doucement dans la haute fonction publique.

L’autre avantage extrême est de ne jamais être sanctionné pour un échec. Chacun étant alternativement acteur et contrôleur, il faut réserver l’avenir et de soi-même et de la caste. Paul Antoine Martin dans un ouvrage récent rappelle par exemple que l’activité des ports français a crû de 0.25 % quand le commerce international a explosé avec une croissance de 100 % ! Un échec et un drame national ! Aucune importance pour la carrière des hauts fonctionnaires concernés. Il faudrait avoir, en plus, tué père et mère pour être lâché par la secte pour résultats catastrophiques.

La subversion du PS et du RPR par les Énarques a été rapide et totale. Des querelles de chefs sont arrivées très vite en leur sein entre anciens élèves de l’ENA. On se souvient de la guerre entre Jospin et Fabius, entre Chirac et Giscard, puis Balladur. Le RPR comme le PS sont devenus des nids d’équipes présidentielles énarchiques en lutte les unes contre les autres ou contre les intrus. Le militantisme s’est bloqué net, chacun sachant qu’il n’avait aucune chance de monter vers les sommets politiques s’il n’était pas haut fonctionnaire, sauf quelques cautions d’apparence, en général jetables. Les hauts fonctionnaires se sont mis en tête de tout conquérir, de la mairie la plus humble à la région la plus ample, sans par des institutions européennes. Avec des réticences : c’est loin du centre vital, Bruxelles. L'affaire Loiseau a bien montré que la morgue du haut fonctionnaire à la française, adorée en France dans le microcosme,  plaisait moins ailleurs.

Même si l’idéologie et les préférences doctrinales existent entre membres de la classe des hauts fonctionnaires, la tradition est de les gommer au service de l’État, où une certaine forme de neutralité est requise. Dans la pratique tout le monde partage des convictions communes : rôle intense de l’État et keynésianisme, interventionnisme, bureaucratie, fiscalité et taxation sans limite, Europe, soumission à l’étranger puissant, exclusion des questions difficiles, immigration, absence de prises de risques et conformisme etc.

Trouver des différences entre Mme Guigou et M. Copé, entre MM. Juppé et Macron, entre M. Castex et Mme Borne relèverait de l’entomologie au microscope électronique de dernière génération.

Les partis de gouvernement sont devenus des lieux de chasse pour écuries énarchiques présidentielles, faisant, d’équipes en équipes, à peu près la même politique. Jusqu’à ce que les circonstances, en l’occurrence une prestation présidentielle de F. Hollande minable, permettent à un Macron de proposer l’Union des Énarques Politiques derrière lui. Aussitôt on a vu, de droite comme de gauche, le ralliement des écuries soucieuses de ne pas passer cinq ans voire dix dans l’opposition. Les partis de gouvernement se sont comme vidés de toute substance, non pas cannibalisés par quelques tribus aux dents longues, mais par simple émigration massive des hauts fonctionnaires désirant se regrouper avec la caste dans un mouvement unitaire ad hoc.

La pensée de M. Macron est l’incarnation presque parfaite de la mentalité de la caste : aucune conviction sur rien ; « en même temps salvateur » ; parler pour ne rien dire ; tergiverser indéfiniment dans l’ambiguïté, pas d’objectifs pour le pays mais, pour lui-même, une intrigue permanente ; réassurance européenne ; bureaucratisation cynique ; impôts et taxes accrus en disant le contraire ; plan com’ prioritaire ; satisfaction des besoins du clan, avec de fausses mesures en sens contraire pour donner le change.

L’effondrement français qui s’est produit à partir de 1974, lorsque l’Enarchie a pris le pouvoir au sein des partis de gouvernement est considéré comme une « fake news » par la caste et la doctrine officielle dans le milieu interdit toute remise en cause. Toute idée contraire ne peut être émise que par de vilains populistes d’extrême droite ou d’extrême gauche.

Il est vrai que Marine Le Pen, après avoir cru bénéficier de l’apport de l’énarque Philippot l’a expulsé du mouvement et lui a évité d’être évidé à terme comme les partis de gouvernement. Le mouvement Vert s’est appuyé sur des associations certes de gauche voire d’extrême gauche mais avec des militants étranges, généralement homosexuels et/ou tarés, appuyés sur des financements venant de l’étranger. Les Enarques n’y ont pas trouvé leur place. Non pas qu’il n’y ait pas d’homosexuels dans la caste, on l’a bien vu avec l’évolution de Sciences-po. Et ne parlait-on pas du "conseil des tatas "! Chez les Verts, la pression LGBT a fait du tort aux carrières de mâles blancs hétérosexuels, jusqu’au caricatural comme à Paris. Ce n’était pas admissible au sein de la caste.

Un des aspects peu agréables de l’évolution de l’énarchie compassionnelle (et désormais bienveillante) est à trouver dans une double évolution récente :

-        Le népotisme incroyablement accéléré par la parité, avec création de carrières improbables pour des enfants ou des maîtresses.

-        La montée de l’esprit de lucre, avec la création d’agences nationales qui permettent de dépasser toutes les limites de salaires des services publiques, les parcours juteux pendant quelques années dans des fausses sociétés privées,(comme Air France ou la SNCF), des banques, ou des sociétés d’assurances. Un autre symptôme est le développement du lobbying  (Cf. Édouard Philippe) ou des postes dans des cabinets de conseils ou d’avocats ancrés dans le carnet mondain des collègues hauts fonctionnaires.

Aujourd’hui LR vit toujours une bataille entre Enarques, Laurent Wauquiez étant redevenu le « candidat annoncé » d’un parti dirigé par Éric Ciotti, qui se refuse absolument d’avoir la moindre idée et le moindre programme pour ne pas lui créer d’obstacles futurs dans sa lutte annoncée av ec Edouard Philippe.  Le PS, lui, n’est quasiment plus rien. Ses dirigeants, noyés dans la NUPES n’ont plus aucun discours audible. Le triomphe de l’Enarchie a tué et LR et le PS. La folle Hidalgo produit typique de l’énarchie copulatoire, et la petite bande de débiles profonds qu’elle a réunie autour d’elle pour assassiner la Capitale, symbolise la déchéance du PS. La querelle non soldée Wauquiez – Pécresse symbolise la déchéance de LR et l’impossibilité qui est la sienne de se reconstruire réellement.

On est en train de vivre la fin de l’illusion des Inspecteurs des finances de 1938-1940. La prise de pouvoir par la haute fonction publique accompagne la déchéance du pays en l’accélérant, alors qu’elle était censée l’empêcher.

Les désordres dans la filière de formation des hauts fonctionnaires annoncent que la nouvelle génération sera encore moins capable de faire face aux nécessités nationales.

Un des défis français sera de relever le gant, puisque cette voie autrefois prometteuse s’avère une impasse.

La mesure constitutionnelle à prendre est toute simple : interdire d’abord qu’un fonctionnaire puisse être élu dans une assemblée qui fixe ses conditions d’emplois et ensuite les doubles rémunérations publiques, l’une administrative l’autre politique. C’est une règle qui existe à peu près partout dans les pays occidentaux. La situation française est totalement dérogatoire aux règles habituelles concernant la haute fonction publique.

Reste à trouver le moyen de rassembler des forces suffisantes pour faire passer la mesure et construire au moins un parti à idées et à ambition programmatique, cherchant l’arrêt de la chute et le redressement, avec un minimum de courage et de crédibilité.

Ceux qui ont pu penser un temps que LR pourrait devenir ce vecteur politique en sont pour leurs frais. Ciotti se charge de conserver un minimum de cohérence et de durée pour mettre Wauquiez en situation. Plus question de programme, d’idées, de rénovation en profondeur. Vivoter au parlement et ne rien faire qui pourrait accélérer la casse, en verrouillant tout ! Et c’est tout !

Entre la Nupes, Renaissance, le RN, Reconquête dont Zemmour a commis l'erreur de faire le croupion du RN, et un parti LR tellement attentiste et anémié qu’il en devient larvaire, la France semble tout de même assez mal partie.

Difficile de l’accepter. Alexandre Jardin après une excellente description de la chute en cours croit au printemps des magiciens, après mise à l’écart de la « paléo-bureaucratie qui ne pense qu’à alourdir les codes, empiler les normes, ciseler des masses de décrets, multiplier les injonctions contradictoires » pour finir par un grand ratage catastrophique. Il espère que les maires « qui conservent un lien réel avec le fleuve puissant du peuple sorti de son lit » seront la solution.

Michel Onfray appelle également une révolution des saints démarrant par le bas, au plus près de la démocratie locale, après dissolution de l’Europe de Maastricht.

Les deux pensent également que si cela pète ce sera « le crépuscule des technos et du centralisme », même si Front Populaire attache plus de poids à un souverainisme précis, celui de la constitution gaulliste non modifiée, qui permet de « sculpter le peuple ». Pour ce mouvement le risque létal serait le démantèlement européiste, une forme de tilt.

D’autres imaginent que la contrainte écologique et les innovations numériques vont mener tout droit à une variété de dictatures partielles et une régulation étatique ou sociale fanatique permettant de limiter la casse climatique.

Autant dire qu’après l’échec énarchique, la promotion des sculpteurs de peuple, des adeptes des magiciens et des Savonarole climatiques, l’avenir français s’annonce étrange.

Pulsion d'autodestruction au LR

L'économie française en deshérence face aux calculs politiciens

Une opération de bourrage crânes de grande ampleur est lancée dans les médias qui consistent à convaincre LR de voter la loi sur les retraites. Pas un seul média écrit ou parlé qui n’encense un parti cohérent qui votera une loi nécessaire en toute responsabilité et qui marque l’intelligence de dirigeants certes soumis mais pour la bonne cause.  Le Figaro, l’Opinion, les Echos par exemple en remettent tous les jours sur ce thème grandiose.

La réforme des retraites est nécessaire, sans conteste possible et il est tout à fait clair qu’elle ne passera pas sans le vote LR. L’affaire n’est pas close pour autant. A court terme, elle est surtout nécessaire à Emmanuel Macron qui sait que s’il ne fait pas quelques réformes symboliques, du même bois que la réduction du champ de l’ISF, un tabou que les LR n’ont pas osé transgresser avec Sarkozy, il sera tout nu face à son absence de majorité au Parlement.

La mise en première urgence de la loi sur les retraites et la sécurité est le piège imaginé par l’équipe Macron pour tuer LR. En les enfermant dans l’alternative « collaboration ou irresponsabilité », ils savent qu’ils jouent sur du velours.

La vraie tactique était, pour LR, de mettre une condition préalable à sa collaboration : le retour à un marché national de l’énergie ne dépendant plus du système totalement artificiel et désastreux pour la France mis en place à Bruxelles. Exiger à une loi sur l’énergie permettant de revenir à un coût national autour de 100 euros le MWh, sachant qu’on le produit à moins de 50 euros, est la seule urgence absolue, toute la vie économique et sociale en dépendant étroitement.  Cette urgence est comprise par tous en France et il n’y a plus une seule voix pour défendre le démantèlement du système français opéré par l’Union Européenne sous influence allemande et par idéologie néolibérale impulsée de l’extérieur, par les lobbies de la mondialisation heureuse confortant les intérêts américains, et par la logique propre de la construction européiste d’abaissement des systèmes nationaux.  

Même si, encore une fois, c’est le malheureux Sarkozy, père des nombreuses erreurs qui ont découragé durablement les électeurs traditionnels du RPR, qui a accepté ce système débile, il n’est plus un seul commentateur pour le soutenir. L’horreur absolue des conséquences et l’absence à peu près totale de justifications rationnelles ont fini par cristalliser l’opinion. Même le grand Jocrisse qui fait le Guignolo à la tête de l’Etat a été obligé d’annoncer lors de ses vœux qu’il changerait le système.  

Il suffisait de le prendre au mot et de rétablir la bonne échelle des urgences. LR ne peut se redresser qu’en proposant une alternative fondamentale à l’absence de décence globale et d’efficacité de la politique voulue par M. Macron depuis des années.  Exister en politique cela veut dire pour un parti, penser, agir et savoir manœuvrer pour contrer les initiatives des forces politiques hostiles.

Après 5 ans d’atermoiements, la loi sur les retraites peut encore attendre six mois. Quant à celle sur la sécurité elle est pourrie par des dragées au poivre qui la rende problématique.

Il était extrêmement facile de mettre en place le contrefeu indispensable :  une conférence de presse avec Ciotti, Marleix et Retailleau à la même table, annonçant à la fois qu’ils chercheront à améliorer des lois nécessaires sur la retraite et la sécurité en dû temps  mais qu’ils exigeaient que l’urgence de la réforme de l’énergie soit prise en compte préalablement et sans attendre.

Tous les Français savent que la vraie urgence est le prix de l’énergie qui liquide le pouvoir d’achat et nourrit l’inflation. Les dirigeants LR auraient suivi sans difficulté. La posture sociale des LR aurait été conforté ainsi que son poids auprès des PME du quotidien, tout en ayant le soutien des grandes entreprises. Mme Borne aurait été prise à contrepied et obligé d’expliquer pourquoi des mesures indéfiniment retardé devraient passer avant l’urgence absolue du moment. Dur, Dur. Macron serait passé pour ce qu’il est, pris au piège de son pseudo engagement européen et de ses propres annonces.

Tout le débat actuel serait centré sur une question vitale qui exige simplement du courage.

Au lieu de cela, LR passe pour des mollusques, collabos dans l’âme et qui prendront leur part des révoltes populaires contre les lois-piège mises en avant par E. Macron.

LR associe sa réputation au chaos social qui s’annonce et s’enfonce dans la même stratégie qu’Edouard Philippe.  Le ralliement à Macron était responsable et je me prépare pour la suite. Sauf que Philippe n’a pas de troupe au Parlement.

C’est la mort politique assurée à termes maintenant assez courts.

Curieux pour un Gaulliste de voir la pulsion de mort s’imposer sur tous sujets en France. L’esprit général privilégie l’euthanasie, l’assistance au suicide, l’avortement, le divorce, la glorification des transgenres stériles, la destruction des hommes blancs hétérosexuels en préalable à celle de la race humaine, coupable de tout. Voici venu le temps de la contestation de la démocratie au profit de l’action directe, des actions factieuses, de la soumission au pire, de l’élimination des vieux devenus inutiles (Attali), de la création d’un purgatoire sur terre avec sociétés de vertu et compliance obligatoire et organisée. On crée des postes de surveillantes de vertu dans les entreprises avec licenciement immédiat des insoumis. Un cléricalisme presque pire que celui des Mollahs, si possible, se met en place pour tuer à la racine et dans les branches tous les comportements et les pensées déviantes. La vérité permise est contrôlée par des magnats possédant des réseaux sociaux.

Au lieu de s’emparer de la nécessaire pulsion de vie et de résistance, LR se dissout dans l’insignifiance des querelles de personnes et de postures, sans idée, sans programmes, sans leaders, et dans la collaboration suicidaire avec  un régime aux abois.

Plusieurs voix se sont élevées pour affirmer que LR se suicidait en direct. On peut le craindre en effet.

En tout cas voici LR empêtré dans la tourmente pour six mois au moins et sans aucune perspective de reconstruction.

Refabriquer un programme complet et solide et montrer des capacités manœuvrières politiques étaient la seule voie raisonnable de redressement.

Désolé de constater que la pulsion de mort a encore frappé.

Désolés, pas de Bons Voeux possibles pour 2023 avec ceux qui nous dirigent vers le précipice.

L'année 2022 a démontré toutes les difficultés que les Français ont bien voulu laisser s'accumuler sur leur tête. Avec Anne Hidalgo et Emmanuel Macron, les dirigeants qu'ils se sont laissés imposer ont été à leur maximum d'indifférence morbide, de nullité triomphante, de perversité infecte. Le résultat : la situation des Parisiens et des Français  n'a jamais été plus abîmée et fragile  avec des risques effarants pour 2023 entièrement provoquées par les erreurs de dirigeants indignes. A PARIS règne une vraie folle qui ose tout et finira par tout détruire.  A l'Elysée règne un vrai guignol qui croit que gouverner c'est plastronner et manipuler l'opinion, en laissant faire toutes les politiques anti françaises. Il finira de ruiner tout le monde.

Quand on pense que la première mesure annoncée par M. Macron en 2023 a été la gratuité des préservatifs pour les adolescents et que la plus forte suggestion de Mme Hidalgo é été d'ouvrir des pistes à vélos à Kiev, comme ne pas considérer que la petite caste énarchique est devenue  folle ?

Nous disons depuis 1979 au Cercle des économistes e-toile que la France était désormais mal partie.  La destruction du pays depuis cette date n'a pas cessé. 25 années de descente aux enfers. Tout ce que nous écrivions, angoissés, sur le forum du Monde à cette date, se retrouve en pire aujourd'hui. Tout sans exception ! 

Les Français, peuple vieilli qui ne fait plus d'enfants, se divise désormais entre les paniqués et les colériques. Plus de compétitivité, plus d'énergie, plus d'industrie, plus d'agriculture, plus de santé, plus de justice, plus d'école, plus d'armée, plus de police, plus de sécurité, des dettes délirantes, des impôts et des règlementations terrifiants,  et voici les voeux de notre président soliveau ! Une honte parfaite !

En guise de voeux pour 2023, nous donnons une traduction du langage codé de cette allocution honteuse à faire vomir les moins démocrates et patriotes  des Français. En faisant le voeu que plus jamais on entende un apeuré dire : "il nous protège"  ou un désespéré affirmer : "mais qui d'autre".

S'il reste encore un seul Français qui pense, après l'année 2022, que l'Enarchie est une chance, que l'Europe nous protège, que le couple franco-allemand fonctionne, que les américains pensent à autre chose qu'à leurs intérêts, que l'écologie militante est une solution, que le vélo est l'avenir du Parisien, et que la France s'en sortira en élisant des minables comme ce Macron et cette Hidalgo, alors ce pays est foutu.

Qu'on ce réveille enfin. Ces déchets politiques doivent être renvoyés à leur néant. La france ne peut pas finir comme celà ! Il ne peut pas y avoir de bons voeux personnels dans un tel égoût. Nous n'avons plus vingt ans devant nous. C'est aujourd'hui qu'il faut réagir.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

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Traduction des voeux du Présient Macron en bon français.

« Mes chers compatriotes »

Traduction : Idiots de Français

« Les cérémonies de vœux obligent à parler d’un futur qu’on ne connaît pas, dont nous savons pourtant avec certitude que nous devrons l’affronter ».

Traduction : Parlez pour ne rien dire, c’est mon exercice préféré. Je n’ai jamais su où j’allais.

« Je ne perds jamais de vue cet impératif d’unité de la nation que nous formons »

Traduction : « Je sais, mes bêtises divisent le pays. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas vous rallier à mon absence de panache ».

« Si nous cédions à l’esprit de division qui nous presse de toute part, nous n’aurions à peu près aucune chance de nous en sortir »

Traduction : je sais que je suis strictement incapable de montrer un chemin hors des difficultés. Alors c’est à vous de le trouver.

« Alors je nous souhaite donc de vivre 2023, autant que possible, en pays uni et solidaire, reconnaissant la place de chacun et respectueux de tous »

Traduction : ne me critiquez pas et respectez-moi, même si 2 023 sera, de ma faute, particulièrement pénible à vivre en France.

Nous venons de « sortir avec beaucoup de difficultés d’une épidémie planétaire,

T : « J’ai exploité à mort le Covid pour éviter tout débat sur mon bilan, créant à l’assemblée des débats stériles et insultants pour les récalcitrants en début d’année. Ne me parlez pas de mon bilan sanitaire puisque c’était un choc « planétaire ». Ne me parlez pas non plus de ma gestion de l’hôpital. Je n’ai fait aucune réforme et promu dans mon nouveau gouvernement l’incapable qui en savait trop sur nos défaillances pour le laisser vaticiner ».

« Nous aurons à affronter en quelques semaines d’inimaginables défis : la guerre revenue sur le sol européen après l’agression russe jetant son dévolu sur l’Ukraine et sa démocratie

T : La guerre en Ukraine m’a permis une réélection facile et sans débat. Chouette ! Quelle chance ! De toute façon je n’avais rien prévu. Je n’ai aucune politique étrangère depuis que je suis arrivé au pouvoir. Ni d’ailleurs de ministre des Affaires étrangères sérieux. Je crie Europe, Europe, Europe et cela me suffit. Pour le reste, je parade avec les grands d’une façon plus ou moins digne et tout le monde me trouve ridicule. Pour les Français c’est bien suffisant.

« Nous aurons à affronter une effroyable crise énergétique »

T : J’ai détruit la filière nucléaire et laisser faire par facilité toutes les destructions commencées sous Jospin et continuées sous Hollande. J’ai même réussi à faire du mécano financier contre les intérêts français, cédé Alstom dans des conditions douteuses, détruit EDF pour satisfaire Bruxelles. Fric, et myopie, sans m’occuper de l’intérêt de la France et des Français. J’ai effectivement mis les Français et les industriels français dans une merde noire. Mais puisqu’on vous dit que c’est la guerre en Ukraine ! Ouf ! Je suis nul mais je peux encore cacher ma nullité en la renvoyant sur la responsabilité des autres ! Chouette ! Et en plus il n’y a eu aucun débat sur la politique énergétique ni pour la Présidentielle ni pour les législatives ! La France n’a plus la moindre indépendance et ne peut plus influer sur le cours des choses. Chouette ! Si ces crétins pensent que je vais revenir sur le système européen ridicule qui nous fait acheter de l’énergie à 600 E quand on la produit à 27 E ils se trompent. Mon projet personnel en Europe d’abord.

 « Nous aurons à affronter une crise alimentaire menaçante »,

T : Pour satisfaire l’Europe et les écolos j’ai systématiquement détruit la filière agricole, après l’industrie. Premier pays producteur historique en Europe nous sommes maintenant déficitaires. J’aime détruire s’il est nécessaire de satisfaire des intérêts qui peuvent me nuire. Les Français de toute façon, je m’en fous. Ma survie politique d’abord.

« Qui aurait pu prédire la vague d’inflation »

T ; Tous les économistes sérieux. Quand on dépense des centaines de milliards généralement empruntés, sans rien produire, on récolte de l’inflation. J’ai endetté le pays pour deux générations au moins. Mais j’ai été réélu. Alors ? Que me reproche-t-on ? La guerre me sert de paravent. Formidable !

« Qui aurait pu prédire la crise climatique aux effets spectaculaires encore cet été dans notre pays ? »

T : Cela fait simplement plus de trente  ans que Chirac a déclaré que la terre brûle et qu’on s’en moque. En tout cas moi je m’en moque. J’ai collé la Wargon pour prendre des mesures de dingues dont les gens n’ont pas senti l’importance. J’ai tout fait pour casser le marché immobilier pour rien. Je déteste les propriétaires immobiliers. Pour le reste j’ai laissé l’Europe empoisonner toutes les perspectives de croissance avec un plan de dingue pour 2 035 et 2 050. C’est une folie. Je m’en fous. C’est l’Europe ! Mon seul rôle est de faire du greenwashing au max. Le reste ce n’est pas mon affaire.

« Pourtant, au fil de ces saisons de dangers, ce qui est demeuré constant, une fois encore cette année, est notre capacité collective à relever ensemble ces défis »

T : J’ai tout laissé filer, mais ce « nous » fera très bien pour rejeter mes échecs sur le pays. C’est « nous » qui aurons échoué. Ah ! Ah ! Ah ! Bande de neuneus !

« Durant cette année, la France a porté avec l’Europe la voix du droit et de la liberté pour soutenir l’Ukraine ; des milliers d’entre vous ont fait œuvre de solidarité en accueillant, dans nos villes et nos villages, des réfugiés fuyant l’invasion russe ».

T : Je n’avais aucune politique claire sur le glacis russe. J’ai laissé faire les États-Unis et leur toutou européen. J’ai totalement abandonné les positions diplomatiques gaullistes que je hais. Tout le monde me trouve ridicule. Je fais n’importe quoi, comme divulguer des conversations privées qui ont fait de moi un paria diplomatique. Mais je m’en fous. Quelques photos dans Gala et hop !

« La solidarité nationale, financée par les contribuables français, a permis d’atténuer la hausse des prix de l’énergie pour chacun, de sauvegarder nos entreprises, de protéger particulièrement les revenus des plus modestes d’entre nous ».

T ; J’ai emprunté à mort et augmenté tous les impôts sans que vous puissiez vous en rendre compte facilement puisque j’ai réduit l’ISF en IFI et supprimé pour la majorité des Français la taxe d’habitation. La réalité c’est que nous sommes toujours le pays le plus fiscalisé du monde, et mes sottises énergétiques font que les industriels français vont payer leur énergie trois fois plus que leurs concurrents ! J’ai honte de parler de « solidarité nationale » pour justifier ces folies. J’ai choisi la démagogie, la facilité, la dette et les impôts pour sauver ma peau électorale et la suite de mes ambitions. J’ai été solidaire avec mes ambitions. Pas plus. Et je vous emmerde tous, les Franchouillards que j’insulte à chaque fois que je m’exprime à l’étranger.

« Grâce à notre action collective, nous avons soutenu la croissance, contenu l’inflation à des niveaux inférieurs à ceux que connaissent nos voisins, et porté le chômage à son plus bas depuis quinze ans ».

T : Comme dans tous les pays le rebond de croissance a été rapide à un moment où tous les circuits étaient encore désorganisés. La comparaison avec les autres ne nous est pas favorable sauf sur l’inflation que nous avons contenue en poussant à mort nos capacités d’emprunt et de redistribution. L’ennui c’est que nous sommes au bout de ce chemin de dette astronomique. J’emploie le « nous » pour vous associer à cette faillite. Ce ne sera pas moi le responsable mais nous donc vous. Comme je suis malin !

« À chaque épreuve, l’Europe nous a permis d’agir plus vite et plus fort ».

T ; Je travaille à mon job d’après, président élu par tous les pays de l’Union devenue totalement fédérale. Toutes les politiques européennes mettent la France à genoux. Mais ne comptez pas sur moi pour m’y opposer. Je suis le pire cabri qu’on puisse trouver. Mais la France, je m’en fous totalement.

« Ainsi, pendant les six premiers mois de cette année, alors que la France présidait le Conseil de l’Union européenne, nous avons pris les décisions pour réduire de plus de moitié nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, nous avons acté une taxe carbone à nos frontières pour protéger nos industries et notre planète, nous avons ensemble décidé de créer un impôt minimal sur les grandes multinationales pour lutter contre l’évasion fiscale, et nous avons ensemble commencé à mieux encadrer les grandes plateformes du numérique. »

T : Celui croit que c’est moi qui ait fait tout cela pendant ma « présidence » au conseil européen est un débile mental. Je n’aurai pas été là, rien n’aurait été changé. Les décisions prises sont catastrophiques pour la France où aucune étude d’impact n’a été présentée. Si les pauvres couillons de Français savaient ce qui les attend !

« Et malgré toutes ces crises, tous ces défis, 2 022 fut aussi, pour nous tous, une année démocratique intense au cours de laquelle vous avez renouvelé notre Assemblée nationale et où vous avez, lors de l’élection présidentielle de ce printemps, décidé de me confier un nouveau mandat de cinq ans à la tête de notre nation, ce qui m’honore et m’oblige »

T : Bien que je n’aie rien anticipé, rien fait de bien, multiplié les démagogies pitoyables, laissé aller tout à vau l’eau, en me contentant de faire de la com’, j’ai réussi à éviter tout débat et à être réélu sur la peur. Et je n’ai plus de majorité au parlement. La France est en morceaux. L’abstention a été catastrophique et plus personne n’a confiance dans les hommes politiques. La seule chose intense, c’est le rejet des élites qui dirigent. Mon seul rôle maintenant c’est de durer en essayant de manœuvrer pour ne pas me retrouver dans une impasse totale. Alors n’oubliez pas Français que c’est vous qui m’avez mis sur le pavois. Alors aidez-moi à y rester !

« 2 022 fut aussi une fois encore une année de rayonnement artistique, culturel, sportif de notre pays, avec deux Prix Nobel, et tant de grands moments de création et de sport. De tout cela, de tout ce que nous avons ensemble accompli »

T : Les papouilles à Mbappé n’ont pas suffi pour que je récupère les retombées des mérites des autres. Encore un effort !

« Je crois que cette année 2023 est d’abord celle de questions que je sais inquiétantes, et de crises une fois encore à affronter. »

T : Vous avez vu que j’affronte les crises merveilleusement. Je vous protège. Si vous croyez ces conneries alors je suis sauvé !

« Aura-t-on des coupures d’électricité ? Continuons à économiser l’énergie, comme nous le faisons depuis quelques mois, c’est entre nos mains ».

T : Je vous ai foutu dans la merde mais « nous », c’est-à-dire vous, vous êtes seuls responsables si cela foire un peu plus, espèces de ringards pétochards.

« Aura-t-on des augmentations du prix de l’énergie ? Dès demain, vous aurez des aides adaptées, en plus du bouclier tarifaire déjà mis en place, de telle sorte que la pérennité de votre activité, de nos emplois et de notre compétitivité puisse être assurée. Et, à chaque fois qu’il le faudra, le gouvernement adaptera ses réponses comme il l’a fait à chaque instant. »

T : Je marche au chéquier mais la dette est astronomique. Alors j’annonce de nouvelles folies de dépenses ciblées. Je viens d’offrir la gratuité des préservatifs, alors vous voyez comme je pense à tout et à tous dans le détail. Je suis le pire démagogue mais c’est vous qui paierez les pots cassés. Alors de quoi vous plaignez-vous ? La facture arrivera un peu plus tard. Mais j’aurai gagné trois minutes de pouvoir en plus. C’est tout ce qui compte.

« Surtout, nous accélérerons les solutions pour sortir de nos dépendances et avoir un prix de l’électricité qui correspond à son coût de production. »

T : Je ne vais pas vous dire qu’elles existent ces solutions depuis que je suis au pouvoir et que je n’ai rien fait. Comment je vais faire ? Je n’en sais rien puisque les Allemands ne veulent pas. Mais autant parler d’intention même si les moyens sont absents. Oui je suis un Jocrisse. Et alors ? Cela marche avec les Français.

« Covid, là aussi nous pourrons faire face. D’abord, grâce à l’usage raisonnable et adapté des gestes barrières contre le virus, que nous avons appris. Ensuite, grâce à la vaccination qui a montré son efficacité ; et j’incite ce soir tous nos compatriotes de plus de 70 ans en particulier à faire leur rappel ou à se faire vacciner, si ce n’est pas déjà fait. Enfin, en testant, en séquençant, en établissant les contrôles aux frontières. »

T : Lavez-vous les mains et moi je m’en lave les mains. Mais je mets un contrôle aux aéroports pour ne pas recommencer les sottises de 2020 ! La com’ d’abord.

« Devra-t-on travailler plus longtemps en 2023 ? Il nous faut travailler davantage. L’objectif est de consolider nos régimes de retraite par répartition, qui, sans cela, serait menacés, car nous continuons de financer à crédit ».

T : J’ai raté la réforme des retraites pendant 5 ans et j’ai aggravé diaboliquement la dette. Là je n’ai pas de majorité au Parlement donc je dois piéger LR. Si cela passe ce sera ma réforme. Sinon c’est la faute de LR. Le piège est fameux. Notez que moi qui n’ai plus aucun souci de retraite et qui pourrait finir mes jours dans l’opulence sur argent public, j’emploie le « nous » à nouveau. Comme si je devais travailler plus ! Bande de gogos !

« Dans la longue histoire de notre nation, il y eut des générations pour résister, d’autres pour reconstruire, d’autres encore pour étendre la prospérité conquise. En ce qui nous concerne, il nous revient d’affronter ce nouveau chapitre d’une rude époque, et au-delà des urgences de cette année, que je viens pour partie de mentionner, d’avoir la charge de refonder nombre des piliers de notre nation, qu’il s’agisse de notre école, de notre santé, de nos transports, de l’aménagement de notre territoire, de nos industries, et j’en passe. »

T ; Évidemment j’ai tout laissé s’effondrer depuis que je suis aux manettes en mettant des incapables aux postes régaliens. Il n’y a plus d’hôpital, d’école, de justice, de sécurité. C’est sûr qu’avec Pap NDiaye l’école va renaître ! J’ai tout de même réussi à ne pas dire : on va se réinventer ! Je m’améliore. Jouer les Résistants, c’est un peu culotté. Mais s’il y a des gens qui y croient ! Franchement, ces Français, on les manipule trop facilement !

« Je nous souhaite pour 2023 par notre travail et notre engagement d’œuvrer à refonder une France plus forte, plus juste, pour la transmettre à nos enfants ».

T : Des enfants ? Quels enfants. Je sais bien que nous avons abandonné 500 000 naissances chaque année. De toute façon je n’aurai jamais d’enfants. Je ne compte que sur l’immigration africaine. Nous n’avons jamais été plus faibles, moins justes, et j’y contribue fortement. Notez ce « nous ». Je suis vous et vous êtes moi. Sauvez-vous, sauvez-moi !

« Restons fidèles à nos valeurs, toujours. Intégrons mieux par la langue et le travail, protégeons les combattantes et les combattants de la liberté, comme celles et ceux qui viennent d’Iran ou d’ailleurs, mais gardons le contrôle de nos frontières, de l’unité de la nation ».

T : Le contrôle de nos frontières on l’a vu avec l’OCEAN VIKING. Quel baratin cynique ! Je le sais ! je sais aussi ce que vous voulez entendre et que vous attendrez longtemps, très longtemps la moindre esquisse de début de commencement d’une solution.

« Nous bâtirons aussi une nation productive et écologique « à l’échelle industrielle ». Et après la loi visant à accélérer le déploiement des énergies renouvelables, la loi sur le nucléaire marquera le lancement de la construction de nouvelles centrales sur notre territoire ».

T ; Quel baratin ! Je fais tout et le contraire de tout, en même temps. Espérons que cela marchera encore le temps qu’il faut avant qu’on ne me vire à coups de pied au derrière.

« Être aux côtés de celles et ceux qui sont en situation de handicap ».

T : Ouf ! J’ai failli les oublier ceux-là.

« Nous avons aussi commencé de raviver la confiance dans notre Éducation nationale, notre santé en nous appuyant sur l’énergie et le dévouement de nos enseignants et de nos soignants. Nous poursuivrons avec ardeur durant l’année qui s’ouvre, par des choix clairs, forts, et un travail au plus près du terrain ».

T ; Tout s’effondre et il faut que je caresse les agents de l’État qui sombrent dans la déprime. Une petite caresse et on pensera à autre chose. Prendre les Français pour des idiots débiles et consternants, cela m’amuse trop !

« Une société plus juste, elle l’est aussi sur le plan social. Pas par plus d’impôt, non. Ni en léguant plus de dettes aux générations suivantes. »

T : l’union des contraires en même temps. En cinq ans j’ai tout ravagé. Mais j’ai été réélu. Alors ? Cela marche. Continuons notre baratin. Sans jamais chercher un résultat quelconque. Je n’ai pas d’objectifs pour le pays. Mon seul objectif, c’est moi !

« Protéger nos enfants, protéger notre information libre et indépendante, l’ordre libre et juste qui permet aux citoyens d’être heureux : voilà quelques-uns des combats de notre époque. Nous sommes tenus de nous en saisir. »

T ; J’adore ce « nous » qui veut dire « vous ». L’ordre juste : je fais du Ségolène. J’ose tout. Je fais même du Hollande en utilisant la même figure de rhétorique, l’anaphore : « c’est bien par notre travail et notre engagement » répétée inlassablement. Mettre mes pieds dans les pas de ces deux abrutis que j’ai dézingués sans pitié, quelle jouissance !

« En somme, en 2023, nous aurons à consolider pas à pas notre indépendance énergétique, économique, sociale, industrielle, financière, stratégique et à renforcer notre force d’âme, si je puis dire ».

T : « nous » c’est-à-dire « vous » vous aurez à vous taper le boulot que je n’ai pas fait pendant cinq ans et que je ne ferai pas plus dans les cinq ans à venir. J’ai dit tout ce que les gens voulaient entendre d’après mes communicants. Cela devrait suffire. Les Français sont des veaux disait de Gaulle. Je me sens très gaulliste dans les mots et très macronien dans les maux.

« Depuis 2017, nous menons ce combat pour que notre Europe rassemble ses forces. Pour qu’à 27, nous soyons plus forts ».

T ; Ici, nous voulons dire « moi ». Je travaille à mon job d’après. La France ce n’est plus rien et je n’en ai strictement rien à faire. Mais l’Europe me tend les bras et mon job d’après. J’y arriverai. Même s’il faut dire autant d’âneries pour débiles que dans ce discours de communicants pour crétins rédhibitoires. Je vous méprise tous. Vive moi !

PS : Ah mes photos dans l’avion en James Dean de sous-préfecture. Quel pied ! D’accord quelques psychiatres perspicaces ont détecté que j’étais un malade mental plus grave que ce qu’ils croyaient et ne s’améliorant pas. Mais si je ne prends pas mon pied, à quoi sert ce cirque ? le cynisme ne me suffit pas. Comme pour Hollande rue du cirque. Sauf que pour moi, le miroir suffit et la photo de moi-même. C’est drôle ces Français qui se croient protégés par Narcisse ! Ce sont eux qui se suicident, pas moi. Narcisse vaincra !

L’effroyable passivité française face aux urgences énergétiques

Nous savons tous que les Verts nous ont conduits dans le mur en imposant la quasi-destruction de la filière de l’énergie atomique. Ils ont fichu en l’air le présent et le futur, notamment en supprimant les efforts lancés sur la piste du surgénérateur. Aussi bien Phoenix que les projets plus récents comme Astrid ont été purement et simplement abandonnés. Les savants et ingénieurs qui portaient le savoir français ont été priés d’aller se faire voir ailleurs. Les hauts fonctionnaires, qu’ils s’agissent de Jospin, de Hollande ou de Macron, ont préféré à l’intérêt général des manœuvres politiciennes misérables pour quêter des voix prétendument écologiques. Ah ! Les belles carrières inespérées pour des dérisoires : Mamère, Voynet, Hulot, Duflot, Pompili, De Rugy, ont eu des postes trop grands pour eux pour eux et leurs bêtises s'avèrent désespérantes pour le pays. Les conséquences ont été destructrices et calamiteuses.

L’Union Européenne par sa propre dynamique de destruction des Etats et des nations et son hubris fédéraliste a contribué de deux façons à aggraver la situation : elle s’est fait le relais de l’ONU et des ONG, sans le moindre filtre et le minimum de réflexion nécessaire. Lorsqu’on voit que la décision de supprimer le moteur thermique s’est faite sans aucune étude d’impact, on croit rêver ! Dominée par l’Allemagne réunifiée qui s’est lancée également dans des coalitions avec les Verts, et totalement asphyxiée mentalement par les pouvoirs accordés au nom de la liberté de circulation des biens, des capitaux et des personnes, elle a poussé l’idéologie de la concurrence à l’extrême en voulant créer un marché libre de l’énergie dans des conditions totalement artificielles. C’est comme cela que l’Union Européenne sous menace d’amendes terrifiantes a imposé le démantèlement d’EDF et la création d’un système de prix basé sur le coût marginal du gaz ! Une invraisemblable sottise dictée par la volonté de puissance de l’Allemagne autant que par l’idéologie européiste, un coktail tragique.

Aujourd’hui les masques sont tombés. Les Verts sont des contempteurs du capitalisme et du patriarcat, rien d’autre. Le marché libre de l’énergie est une farce. L’Allemagne a fait des choix totalement déments, en associant éoliennes et gaz russes. Ils sont obligés de pousser les centrales à charbon et lignite, les plus polluantes.

La France où l’énarchie compassionnelle a liquidé les industries, sacrifié la compétitivité, creusé les déficits et  la dette, créé une fiscalité délirante, se retrouve avec une énergie trois fois plus chères que tous ses concurrents et au risque de perdre des centaines de milliers d’entreprises et des millions d’emplois !

Rappelons que la France qui produit de l’énergie à 50 euros le MWh va être obligée de payer plus de 325 euros le MWh, parfois jusqu’à 500 euros pour ce même MWh. Sans aucune autre raison que l’idéologie et la mauvaise foi de l’Union Européenne et de l’Allemagne.

C’est un suicide industriel national annoncé. On devrait voir le gouvernement arc-bouté à la recherche de solutions et prêt à prendre les décisions éventuellement très en rupture avec la bienopensance européiste.  Mais rien, asolument rien ne se passe. Le président s’amuse à voleter en avion d’un point à un autre et à essayer par des papouilles à récupérer la popularité de certains footballeurs ou soldats valeureux. Mme Borne attend la voix de son maître et les éléments de langage fabriqués dans l’officine présidentielle ad hoc. On annonce que l’Europe va sans doute, un jour peut-être, modifier quelques parties avariées du monstre qu’elle a créé, non sans avoir d’abord imposé une baisse drastique des émissions carbone. De toute façon on pourra se défausser sur l'Europe du mécontentement populaire.

Donc rien ne se passe. Borne dort sur le dossier en attendant Godot. M. Macron  accumule les opérations image. La catastrophe, elle, arrive, comme une avalanche qui vient juste de décrocher du manteau neigeux.

Le RN caresse ses chats. Les membres de la Nupes s’entre-dévorent. LR sans aucun programme commun persiste dans ses querelles de personnes. M. Retailleau, battu aux élections à la présidence de LR écrit dans le Figaro un article incendiaire et personnel sur la question des retraites (sur laquelle il a des principes, alors que le parti n’a pas de programme collectif), sans se rendre compte que l’urgence n’est pas là.

Il faudrait bien qu’un parti d’opposition responsable exige deux lois fondamentales immédiates :

  1. Le retour à une stratégie nationale de l’énergie permettant d’obtenir une énergie à 100 euros maximum le MWh dès janvier, avec remise en service immédiate des réacteurs bloqués par une précaution excessive sur une corrosion sans importance à court terme sur un circuit secondaire (fait sans le dire et partiellement par peur des cris sur les risques pris en termes de sécurité)). S’il faut une attitude de la chaise vide à Bruxelles, c’est le moment de le faire. Le masochisme a ses limites et les menaces d’amende gigantesque doivent être repoussées du pied avec mépris.
  2. La réforme du droit de grève selon les critères généralement admis dans le monde libéral occidental, qui ne permet pas la grève dans des entreprises à caractère de monopole et dont l’activité est fondamentale pour le pays. Permettre à la CGT de faire grève de la maintenance dans les usines atomiques et de bloquer la production et la diffusion de l’électricité ne peut pas être autorisé. Ce sont de pures trahisons de la sécurité nationale.

Ensuite, et ensuite seulement, on pourra passer à la question des modalités du système des retraites.

Mettre les urgences dans la bonne séquence et forcer le gouvernement à agir rapidement sur la question vitale posée actuellement au pays serait le rôle crucial d’un mouvement gaulliste cherchant prioritairement le salut national.

Sans cette pression, Emmanuel Macron, prisonnier de son ambition européiste personnelle, et indifférent aux pays, ne fera rien d'autre que de manipuler grossièrement la population. La séquence "peur panique des coupures et des délestages" , campagne civique, puis on rassure tout le monde, est sans doute un nouverau chef d'oeuvre de communication de crise. On a tenu trois mois. Et on a reculé le temps du mépris absolu.

Si on se contente de cette attitude vicieuse et déplacée, on passera vite de la passivité incompréhensible à la passivité criminelle, digne de la haute cour ! La France n'acceptera pas cinq années comme 2022 ! En pire.

 

Cercle des économistes e-toile

Jours de travail perdus à la SNCF

Les vrais chiffres

Le Figaro a fait paraître un intéressant article comptant le nombre de journées de travail perdues par la SNCF du fait d'une emprise excessive des syndicats gréviculteurs, encouragés par leur position stratégique pour la vie des Français.

Il s'agirait de 30 millions de jours perdus. C'est beaucoup ! C'est lamentable ? C'est inique d'accord !

Mais une fois de plus c'est regarder le problème par le petit bout de la lunette. Le vrai chiffre important est ailleurs et bien pire : la SNCF a traîné depuis 1947 un sureffectif perpétuel, dépassant pendant des décennies 300.000 salariés. Un drame national en même temps qu'une calamité pour l'entreprise.  Là le nombre de jours perdus pour l'économie française est de l'ordre de 3.000 millions, soit cent fois plus que les jours perdus par les grèves.

Le 1% était scandaleux. Mais les 99% ont été une longue honte qui a été nourrie par la totalité des gouvernements depuis 1947.

La Sncf a toujours fait l'objet d'un traitement de faveur qui continue. On risque de manquer d'électricité. Une manière d'éviter le pire serait de ralentir les TGV. Pas question ! Un TGV à 300 km/h, c'est 20 KWh par kilomètre. On évoque le chiffre de 10 millions de Km parcourus chaque année par les TGV. Il est assez facile de calculer la consommation d'énergie électrique. Sachant que revenir temporairement à 150 km/h diviserait la facture par 4, on vérifiera que l'économie est tout de même solide.

On pourrait aussi demander aux voitures électriques de rester au garage.

C'est curieux, on pense surtout à limiter la vitesse sur autoroute pour tous ceux qui ne roulent pas à l'électrique.

Les débats en France, sont toujours, un poil, biaisés. 99% de fantaisies bien construites imposées par les médias. 1% de vérité !

Bravo !

Bécassine et la méga bassine.

Sottise et contextualisation

Lorsqu’on examine les réclamations violentes portées par les mouvements autoproclamés de sauvegarde de la terre contre les méchants inconscients qui veulent la tuer et avec elle toutes les beautés animales de la création, on trouve toujours des prémisses acceptables, presque raisonnables. Mais dès qu’on creuse un peu, on entre dans le monde fantasmagorique de la bêtise délirante aux conséquences navrantes voire abominables.

Prenons le discours hostile aux « méga bassines », ces retenues d’eau destinées à l’agriculture. « Pourquoi devrait-on accepter que l’on crée à grands frais des retenues d’eau pour 12 agriculteurs qui n’en paieront rien, au mépris des zones naturelles qui seront gâchées et perdront une partie de leur diversité, 12 exploitants qui iront chercher l’eau dans les nappes phréatiques, qui est un bien commun qui devient rare, au détriment du reste de la population et tout cela pour fabriquer du maïs qui sert à l’élevage de vaches qui pètent et qui rotent, et produisent du méthane, le pire gaz à effets de serre, aggravant la crise climatique provoquée par l’homme en stimulant une surconsommation dommageable aux individus comme à la planète ».

Tout cela paraît plutôt raisonnable. La grande presse, toujours mobilisée pour servir le bien de l’humanité, a repris ce discours avec une bienveillance totale et répétitive, sans aucune discussion ni réserve.

Créer un écosystème fondé sur la subvention et pas sur la rentabilité est discutable.

Détruire des biens communs mal renouvelables, comme l’eau des nappes phréatiques pour des intérêts particuliers est discutable.

Investir tant d’argent public pour 12 personnes, c’est discutable.

Manger trop de viande est bien mauvais pour la santé, c’est indiscutable.

Il serait impossible de fournir de la viande à l’ensemble de la population mondiale si elle monte à 10 ou 12 milliards d’individus, c’est indiscutable.

On pourrait en rester là, empêcher de construire la bassine et partir se coucher, heureux et le cœur léger d’être aussi bon et conscientisé, dans un nid douillet en centre-ville !

Un détail reste à régler : pourquoi toutes les autorités de régulation ont-elles choisi après moult discussions et arbitrages de se lancer dans l’opération récemment contestée violemment et pourquoi s’apprêtent-elles à multiplier ces équipements ?

Là intervient le gros mot qui fait peur : contextualisation. Toute action s’inscrit dans un contexte. Ignorer le contexte interdit de comprendre (cum prehendere) la situation et des évidences peuvent alors devenir des sottises éhontées, source de comportements ignominieux.

Considération n° 1 : L’Union européenne est la première puissance agricole mondiale. En 2019, la production agricole du continent représente environ 418 milliards d’euros, selon un rapport de la Commission européenne. L’État y contribuant le plus est la France (18 % du total de l’UE), suivie de l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, les Pays-Bas, la Pologne et la Roumanie. Ensemble, ces sept États membres représentent plus des trois quarts de la production agricole totale de l’UE.

L’agriculture est donc un secteur stratégique pour l’Europe et pour la France. Attention !

Considération 2 : Céréales, produits laitiers, bovins vivants, sucre, les grands postes d'exportation ont régressé face à une production étrangère qui progresse en qualité et volume. Pour la première fois depuis la guerre, le solde des échanges agroalimentaires de la France avec le reste de l’Union européenne est devenu négatif, selon l’Inra. Avec 38,1 milliards d’euros d’exportation (21,7 milliards hors UE) en 2018, l’hexagone est parvenu à un plateau (+2 % depuis 2011) alors que les importations en provenance des pays voisins ont progressé de 24 % (38,4 milliards d’euros).

La France perd des parts de marché agricole et sa compétitivité internationale baisse. Attention !

Considération 3 : Depuis 1950, la surface agricole utilisée (SAU) de la France recule (- 17 %). Le nombre de paysans est passé de 1 400 000 à 400.0000 entre 1960 et aujourd’hui. Dans les 20 dernières années le recul de la population vivant de l’agriculture a été de 50 %. La désertification de régions entières est devenue préoccupante. Pour conserver un revenu comparable à celui des urbains, les agriculteurs sont obligés à un double mouvement : étendre la taille des exploitations et devenir plus productifs. Les femmes ont largement déserté les campagnes et l’âge moyen des exploitants est de 50 ans. À chaque décès, la propriété se concentre. À horizon court, près de la moitié des exploitants va disparaître et le remplacement n’est pas acquis.

Les 12 agriculteurs seront 6 en 2040, 3 en 2060, 2 en 2 080 et 1 en 2100, horizon bien connu des écologistes du Giec. Ou zéro à court terme si on ne laisse pas un chemin d’augmentation de revenu aux exploitants. En vérité, l’évolution est plus compliquée que cela : l’exploitation familiale est remplacée par des entreprises qui embauchent des salariés permanents ou saisonniers. Le nombre des salariés agricoles baisse beaucoup moins que celui des exploitants familiaux. Le culte du paysan familial, petit exploitant sacré et protégé par les juges et le régime quasi communiste mis en place à la Libération est une foutaise. La ferme où l’auteur de ses lignes allait dans les années cinquante possédait trois hectares dans des zones difficiles, 2 chevaux de trait et 10 vaches. Les trois champs sont en jachère, les vaches et les chevaux ont disparu et la ferme est devenue une part de lotissement. En 10 ans la taille d’une exploitation moyenne est passée 55 à 69 hectares. En 2050, on sera sans doute à 100 hectares gérés par une entreprise ou un ou groupement quelconque. En 2100, l’exploitation de moins de 200 hectares sera l’exception.

Considération 4 : 450 milliards de m3 d’eau pleuvent sur la France en un an dont 10 % environ sont prélevés. Une retenue d’eau comme celle qui est contestée à Sainte Soline contient 627 868 m3. On peut penser qu’environ 200 retenues d’eau de ce genre seront mises en place en France dans les 5 années à venir, qui concerneraient 140 millions de m3 soit 0,3 % de la ressource pluviométrique annuelle. C’est minuscule. Si les retenues n’existaient pas il faudrait prendre tout dans la nappe phréatique ! Ou arrêter l’exploitation.

Considération 5 : la construction de retenues d’eau est acceptée en contrepartie de nombreuses conditions portant à la fois sur les aménagements complémentaires et les conditions de l’exploitation, afin d’obtenir des produits plus sains en abîmant moins le territoire agricole et les environs.

Résumons-nous : l’agriculture est un des gros actifs européens et français. Ce trésor s’érode et en France il est menacé par une mauvaise compétitivité, l’exode rural, et la prolétarisation de l’exploitation familiale traditionnelle. Dans ce contexte, il devient nécessaire d’organiser une gestion de la propriété et de l’utilisation des ressources différente du modèle historique, avec des entreprises agricoles de grandes tailles garantissant le revenu des acteurs, des moyens productifs et une meilleure récupération des eaux pluviales. Sinon, c’est l’effondrement d’une activité nationale stratégique et la généralisation de zones agricoles prolétarisés et désertées. Une meilleure capture de l’eau de pluie est indispensable en temps de réchauffement climatique, en même temps qu’une amélioration des pratiques.

Une politique de retenue d’eau est donc raisonnable et ses inconvénients pratiquement nuls. Ne pas le faire serait une catastrophe qui ruinerait un peu plus le pays sans raison valable. Toutes les filières agricoles ont leur intérêt et doivent être renforcées le plus possible.

La contextualisation permet de recentrer les débats sur les questions fondamentales. Ce qui, à vue de nez était de l’ordre de la réflexion légitime, avec une vision plus large, devient une option désastreuse à éviter absolument. Quand, de surcroît, ces sottises sont exprimées avec des violences inacceptables et provoquent des blessés et des dégâts, on entre dans le monde de l’ignominie anti démocratique et la haine des Savonarole, exploitée par des mouvances anticapitalistes d’extrême-gauche, hostiles à la liberté et à la prospérité, qui reprennent à leur compte l’action des troïkas lancées par Staline contre le monde paysan. Rappelons qu’entre 1929 et 1934, ces salopards ont tué environ 10 millions de paysans et ruiné l’agriculture de l’Ukraine et de la Russie pour 75 ans. Le régime communiste est tombé : l’agriculture est redevenue triomphante.

On part d’un meilleur régime alimentaire avec moins de protéines animales et le respect des grenouilles et des vers de terre, et on en revient à l’histoire du pire génocide du XXe siècle !

C’est tout le problème écolo : on passe de Greenpeace et la prétendue défense globale du bien de l’humanité à EELV et l’extrême gauche anti capitaliste, révolutionnaire et violente, en trompant Bécassine qui ne sait pas trop reconnaître des mégas fascistes de la plus belle eau !

Reprenons en chœur : « Bécassine c’est ma copine. Elle en veut, des mégas bassines ! »

Couple franco-allemand et dysfonctionnement de l’Euro

L’Allemagne vaincue, déshonorée, ruinée et coupée en deux de 1945 n’est plus depuis longtemps. Sous l’influence de Keynes, l’habitude qui était de se servir sur le dos du vaincu pour se rembourser des dommages commis par l’ennemi ne s’est pas appliquée. Les dettes allemandes ont été réduites et étalées pour ne pas faire de mal à la reconstruction du pays. Les Allemands de l’Ouest ont joué, comme les vaincus japonais, la carte du commerce et de la production, en s’appuyant massivement sur les Américains. Ne plus avoir de frais militaires, qui sont un fardeau économique lourd, était un avantage crucial. La stratégie a été mercantiliste dès les premiers gouvernements allemands d’après-guerre. Sans en faire une théorie publique.

Les dirigeants allemands ont accepté la perspective que lui offrait la « construction de l’Europe », parce qu’elle lui permettait de sortir de l’indignité qu’avait été le régime nazi génocidaire. Tout a marché parfaitement bien tant qu’on n’était en régime de changes fixes et ajustables. On réévaluait le Mark de temps à autre tout en conservant une forte productivité associée à un accord tacite entre classe ouvrière et patronat.

Deux ruptures à caractère géopolitique, la fin du régime de Bretton Woods et l’effondrement de l’Union Soviétique allaient changer radicalement la donne.

Sa politique mercantiliste sous changes fixes lui permettait d’accumuler des capitaux, de disposer de taux d’intérêt bas, et un change élevé réduisait le coût des importations. C’était bon pour le plein-emploi et pour une croissance solide et pérenne. Certes l’obligation de maintenir l’équilibre des changes lui imposait des revalorisations monétaires, mais contrôlées et assez faciles à absorber, compte tenu du laxisme de la gestion de ses concurrents. Le passage aux changes flottants allait avoir deux conséquences fâcheuses pour l’Allemagne. La première c’est l’effondrement du cours de change du dollar, alors qu’elle accumulait prioritairement des dollars. Ses réserves sont durement dévaluées et son système bancaire, très fragile, souffre. Personne ne se souvient que l’Allemagne au tournant des années quatre-vingt est « l’homme malade » de l’économie européenne.

Le coût du pétrole s’est envolé. L’énergie devient chère alors qu’elle est absolument nécessaire pour faire tourner l’industrie allemande. C’est à partir de cette date que l’Allemagne commence à regarder vers l’est et à entretenir des relations suivies avec l’URSS, commerciales mais aussi financières, à un moment où le modèle soviétique vacille et a besoin de cash. Gorbatchev arrive et il sera l’objet de tous les soins de l’Allemagne qui gagne le gros lot de la réunification allemande. L’Allemagne redevient la puissance dominante en Europe, simplement pour des effets de taille, sous tutelle américaine pour tout sauf pour le commerce et l’énergie.

On aime raconter en France que F. Mitterrand, inquiet de la réunification allemande, l’a accepté en contrepartie du sacrifice par l’Allemagne de sa monnaie. La monnaie unique était déjà l’obsession française dès 1982-1983. Et dès le traité de Lahaye, signé par G. Pompidou en 1969, l’idée d’une monnaie européenne était annoncée et les plans en ce sens se sont succédé. L’Allemagne a toujours été non seulement d’accord mais active en ce sens. Pourquoi ? La monnaie unique serait nécessairement moins forte que le Mark et permettrait donc d’avoir un avantage compétitif dans le commerce mondial. Mais il enchérirait l’énergie. Il fallait donc trouver des accords avec des fournisseurs pas trop exigeants. Et il était nécessaire de changer le système social pour éviter une croissance des coûts internes. Ce sera le plan Schroeder. Surtout depuis qu’on avait accepté que la Chine entre à l’OMS. L’Allemagne pourrait vendre dans l’immense territoire chinois mais son industrie mécanique devait rester hypercompétitive.

En dépit des coûts de la réunification, l’Allemagne devient alors le poumon économique hégémonique de l’Europe, accumulant les excédents, finançant tout et n’importe quoi en Europe, notamment en Grèce et en Espagne, exploitant les ex-pays de l’est pour leur main-d’œuvre, qui compense leur effondrement démographique. La BCE est une machine allemande où 80 % du trafic financier et monétaire concerne l’Allemagne. L’union européenne agira comme un agent de recouvrement pour l’Allemagne quand la crise de 2008 mettra par terre les économies espagnole et grecque. Sans pitié.

Sur le plan diplomatique elle retrouve son influence. C’est elle qui fait pencher la balance en faveur de la Croatie quasi-protectorat de toujours et fait frapper la Serbie, un ennemi de toujours.

Lorsqu’après Fukushima elle abandonne l’énergie nucléaire, ce n’est pas seulement pour répondre à la pression des Grünen. Le gaz russe est là et il n’est pas cher. La Russie a d’énormes réserves d’à peu près tout ce dont l’Allemagne a besoin pour maintenir sa domination industrielle et commerciale. Alors youpee ! Schroeder entre au Board de la plus grosse société de domaine de l’énergie russe. Un symbole.

Elle a besoin de main-d’œuvre. Elle ouvre les vannes de l’immigration intra-européenne, mais aussi extra-européenne, turque, syrienne et africaine et laisse le Wokisme pénétrer par toutes les ouvertures.

Ainsi calée, l’Allemagne a pu surmonter la crise de 2008.

Le modèle allait devenir en porte à faux avec la guerre en Ukraine, la privation du gaz russe, et la prudence revenue vis-à-vis du commerce avec des dictatures, sapant les bases du mercantilisme allemand.

Dans tout cela que représentait le « couple franco-allemand ». Pratiquement rien. L’Allemagne a mené sa politique sans avoir réellement besoin de la France jusqu’à la réunification et en s’en moquant ouvertement après la réunification.

Tant que l’ignominie nazie pesait sur son image, il lui a fallu faire des génuflexions. Mais pas trop prononcées tout de même. Le général de Gaulle lui-même allait connaître une forte désillusion Sa politique de réconciliation était très bénéfique pour l’Allemagne, Le Général en contrepartie voulait que la France soit le cavalier et l’Allemagne le bourrin. Il n’y arrivera pas. Giscard né en Allemagne voulait quasiment l’effacement de la France dans une Europe fédérale dominée économiquement par l’Allemagne et où la France aurait le primat diplomatique. Ces billevesées seront anéanties avec le sourire par l’Allemagne. On a vu que Kohl acceptera une photo symbolique à Verdun main dans la main avec Mitterrand. Le petit mec avec le grand costaud. Un symbole. Tous les puceaux mystiques français se sont exaltés. Les Allemands ont eux obtenu leur réunification peu après.

Le couple franco-allemand est une idée européiste et française pas allemande. Les Allemands considèrent qu’ils n’ont pas besoin de la France, désormais même pas sur un plan symbolique.

L’idéologie fédérale européenne a besoin du couple franco-allemand. Si la France et l’Allemagne ne parviennent pas à s’entendre alors toute l’opération perd son sens. Les trois guerres franco-allemandes suffisent à justifier que « l’Europe c’est la paix » mais à condition que l’entente franco-allemande soit étroite. L’idée des comités pour l’Europe fédérale a été d’abord de mettre en commun des éléments de discorde possible, avec la CECA, puis Euratom puis le marché commun. Tout cela valait pour l’Europe des six avec une Allemagne coupée en deux dont une seule partie participait. Avec une Allemagne réunifiée la chose prenait mauvaise figure, alors on a intégré tous les pays possibles afin de noyer un peu la puissance allemande. Mais une décision cruciale a été prise : accepter que la taille respective des pays serve de jauge pour les postes à l’Assemblée européenne. L’ennui, c’est qu’il y a 84 millions d’habitants en Allemagne contre 67 en France. L’égalité du couple a été brisée. La voix de la France est devenue faible dans les institutions européennes, avec abandon de facto du français comme langue d’usage.

Pendant que les européistes français criaient « Europe, Europe, Europe », comme un cabri, tout en glorifiant le couple franco-Allemand, les Allemands laissaient dire, prenaient le pouvoir économique et dominaient l’Europe centrale, tout en maintenant leur politique mercantiliste, en en continuant à accumuler des réserves qui lui ont permis de racheter à peu près toutes les entreprises intéressantes en Europe et en particulier en France. Sans que jamais personne ne puisse faire passer un message dénonçant cette folie.

Dire que nous avons eu le rôle du cocu dans cette affaire, est peu dire !

Dès la prise du pouvoir par l’Enarchie, à partir du couple Giscard-Chirac, avec une litanie de dirigeants fonctionnaires de gauche, Fabius, Rocard, Jospin, Villepin, Hollande, Macron, Castex, Borne, l’option choisie au sein de cette petite élite sera l’immigration pour tenter de rattraper les effectifs allemands, la fiscalité démentielle qui fera de la France le premier pays au monde pour les impôts et les prélèvements, la disparition de l’industrie remplacée par la bureaucratie, un secteur social pléthorique, et les mesures de réduction du travail outrancières (35 heures et retraite précoce). Avec des déficits colossaux, un endettement massif et l’américanisation quasi-totale de la société, le Français étant laissé à l’abandon.

Macron est évidemment le symbole de cette folie. Nous avons les déficits commerciaux les pires de notre histoire et une dette abyssale avec un chômage structurel plus haut qu’ailleurs et une industrie lessivée !

Inutile de dire que cette situation pèse plus que les discours grotesques à la Sorbonne ou sur la Pnyka. Pour les Allemands la France est devenue un nain vaniteux et un gestionnaire méprisable, avec son président qui gazouille et qui papouille en se mettant à dos et les Italiens, et les Belges, et les Hollandais, et les Autrichiens, et les Polonais, et les Tchèques, et les Danois, etc. Cause toujours mon lapinou gaulois et laisse les gens sérieux faire ce qu’ils ont à faire. La mal gouvernance française est symbolisée par la présidence de Macron et par la direction catastrophique des capitales régionales par des monstres d’imbécillité qui tuent l’image de la France, et la marginalise dans le camp des pays en décrépitude rapide.

Les Britanniques ont rapidement compris qu’il n’avait rien à gagner dans une Europe allemande, cassant définitivement la dynamique européiste.

Il n’y a pas, il n’y a jamais eu de couple franco-allemand, mais une politique allemande profitant du côté « puceau mystique » de certains dirigeants français.

Aujourd’hui la situation est limpide. Le modèle allemand est pris au piège. Sa politique énergétique entièrement basée sur les éoliennes et le gaz russe, un couple tragique, s’effondre avec un risque terrible de voir rapidement son industrie asphyxiée par les prix du MWh et l’absence d’énergie disponible, notamment de gaz. Situation insupportable qui impose une politique très forte.

Que faire ? C’est tout simple : utiliser les énormes excédents monétaires accumulés par mercantilisme systématique, avec rançonnement financier des pays d’Europe, tous en déficit vis-à-vis de l’Allemagne, pour protéger l’industrie allemande et elle seule. Faire cavalier seul, c’est l’habitude de l’Allemagne en toute impudence et en toutes circonstances depuis la réunification.

Le choc des 200 milliards mis sur la table par l’Allemagne pour elle-même, sans une seconde de considération pour ses partenaires européens, est un énorme pavé dans la mare des illusions européistes et de la doctrine du couple franco-allemand base du fonctionnement de l’UE.

Ce choc est aggravé d’une part par l’annonce que l’Allemagne entend recréer l’armée la plus puissante d’Europe en se fournissant uniquement chez les Américains et après avoir tenté de mettre la main sur tout le complexe militaro-industriel français, répétant la manœuvre faite avec Airbus.

La France pour l’Allemagne est dirigée par un freluquet dérisoire, d’une naïveté confondante, et qui n’aime que parler dans le vide, sans action concrète dans quelque domaine que ce soit. Cela lui a permis d’obtenir la destruction d’EDF et la mise en danger de l’industrie nucléaire française qui donnait un avantage compétitif à la France, avec ce marché européen fou de l’énergie basé sur le coût marginal du gaz allemand. L’Allemagne ne veut pas du nucléaire français peu cher à côté de ses frais énergétiques devenus terrifiants depuis le blocage des approvisionnements russes. Les discussions sur la « taxonomie » des énergies « vertes » ont été un combat pour la sauvegarde du modèle français menacé de destruction par l’Allemagne et l’Europe. Il n’est pas terminé.

Le projet d’Emmanuel Macron d’abandonner la politique étrangère à la majorité des pays européens, totalement atlantiste et entre les mains des Américains, d’y ajouter le siège de la France aux Etats-Unis, la privant de son droit de véto, et de passer à l’élection au suffrage universel de tous les pays de l’Union marque une volonté de faire disparaître à peu près totalement la France du concert international.

Les Européistes affirment : en créant un vrai fédéralisme en Europe, la puissance allemande sera intégrée et maîtrisée dans les mécanismes fédéraux. C’est le moment de faire le grand saut.

On retrouve toute la force d’illusion qui mène le projet européen depuis le début. Notons au passage que le dysfonctionnement radical de l’Euro qui consiste à laisser l’Allemagne et deux autres pays à accumuler des stocks de devises, n’a jamais été dénoncé sinon par nous-mêmes, au Cercle des économistes e-toile. Il nous offre une démonstration formidable de sa nocivité avec ce plan de remploi des excédents par l’Allemagne pour son seul intérêt. Tout le monde a accepté une situation anormale sans rien dire et voit aujourd’hui que l’anomalie est sérieuse. Nous avions proposé de taxer les excédents avec une échelle progressive. L’aurions-nous fait que l’Allemagne serait aujourd’hui dans la nécessité de jouer collectif. Les mauvaises institutions sont toujours à la source de catastrophes.

Reste à savoir ce qui peut être fait aujourd’hui pour éviter que l’Allemagne ne devienne un problème européen encore plus grave. Seul un redressement forcené de la France semble pouvoir donner un début de solution. On n’en prend pas le chemin.

PS : Renaud Girard est un des journalistes de la PQN les plus favorables au « couple franco-allemand ». Il est intéressant de lire son article du jour (25 octobre 2022). Il constate que l’Allemagne a désormais changé de logiciel et choisi de devenir un géant politique en accord avec sa place de « puissance dominante en Europe », label donné par Washington, avec une première technologique militaire, le projet Européen sky shield décidé sans informer la France, comme bien d’autres initiatives. Après avoir souligné les liens privilégiés entre Giscard et Schmid, Mitterrand et Kohl, Chirac et Shrôder, il voit que les Allemands n’arrivent pas, depuis Merkel, à prendre les dirigeants français au sérieux. Il pense que c’est à cause des Français. Pour nous, La réunification est la vraie raison et cela dure depuis plus de trente ans maintenant ! Sa conclusion : que la France soit belle et elle pourra aller au bal avec le cousin germanique. On peut penser que c’est un peu juste. On a quitté le monde de la séduction, il y a bien longtemps. L’Allemagne avait besoin de la France pour se dédouaner des crimes hitlériens commis avec le soutien général du peuple allemand. Tout cela est de l’histoire ancienne. On revient aux constantes géopolitiques : L’Allemagne assure désormais sa tutelle sur toute la Mittel Europa. En ménageant la Russie.

La France ?

« verdammt französisch »

Didier Dufau pour le cercle des « économistes e-toile ».

L’option problématique du tout électrique

En matière d’énergie, toute l’histoire de l’humanité est marquée par l’exploitation simultanée de nouvelles formes d’énergie. La croissance économique est entièrement corrélée à la disposition d’énergie et à son coût. Énergie abondante et peu coûteuse ? Croissance. Énergie rare et coûteuse ? Décroissance. Cette réalité est indiscutable. C’est une loi fondamentale de notre condition humaine.

Lorsque la production de pétrole a été cartellisée et que son prix est devenu le fruit d’un racket, l’économie mondiale est entrée dans une ère de croissance ralentie. Pour les pays qui comme la France n’ont pas de pétrole et peu de gaz, la situation est devenue critique. Le réflexe a été de construire une industrie nucléaire importante. En fait trop importante. Il fallait caler la ressource sur la pointe de consommation, ce qui veut dire de longues plages de surcapacités inutilisées. Alors, principalement sous Giscard, on a poussé à une certaine surconsommation électrique dans les transports et dans le bâtiment. Bien sûr le but était de limiter le recours aux énergies importées, en réduisant le chauffage au fuel d'un côté et les coûts en kérosène du transport aérien en poussant le transport rapides alternatif, le TGV.

Le chauffage par le sol et la très haute vitesse des trains, après la disparition des locomotives utilisant charbon et diesel, ont été des sources d’utilisation massive d’énergie électrique, tournant au gaspillage. Mais cela créait un fond de consommation constant de jour comme de nuit, favorable à l’amortissement des centrales nucléaires. L’excès de production offrait également des possibilités d’exportation des excédents. Moins d’importations, plus d’exportations, une indépendance nationale renforcée et une énergie pas chère, le pari n’était pas pascalien. On pouvait annoncer qu’il serait gagnant et il l’a été. Si la désindustrialisation a eu lieu, l’énergie n’est pas en cause mais les politiques menées en France, (dont le Cercle des Économistes e-toile a dénoncé dès sa création les effets délétères).

La France s’est retrouvée au début des années quatre-vingt avec une industrie nucléaire légèrement surdimensionnée avec des secteurs poussés à une haute consommation. Mais on savait que le développement de l’informatique comme on disait alors, du numérique, comme on dit maintenant, ainsi que la généralisation de l’équipement de maison, allait exiger de plus en plus d’électricité. La surcapacité n’était que temporaire et offrait un prix compétitif qui serait de toute façon favorable à la croissance.

Il serait faux de penser que les considérations écologiques n’aient pas eu d’influence dans les années soixante-dix. C’est à ce moment qu’on crée le premier ministère de l’environnement. Les normes de construction neuves sont toutes revues pour obtenir une meilleure isolation. Les industries sont chassées de la capitale par la Datar et envoyées en province. Ce qui impliquait plus de transports… mais la polluion urbaine pouvait baisser drastiquement.

Lorsque le « programme commun » est mis en place qui va ruiner le pays, la situation énergétique de la France est presque excellente. Quelles sont les réserves ?

Le coût du TGV, en termes d’infrastructures, est colossal et impossible à amortir, sauf sur un minuscule tronçon entre Paris et Lyon. Le transport de marchandises par la SNCF est progressivement abandonné. La mentalité, les statuts et les sureffectifs sont tels que les énormes déficits s’enchaînent depuis la création de la SNCF. Mais le TGV n’arrange rien. Une ligne TGV comme Paris Strasbourg est structurellement déficitaire et la recette comptée nette est négative et ne permet même pas d’envisager d’amortir les frais colossaux de la création et de l’entretien de la ligne qui, après l’effondrement des industries lorraines, traverse un quasi désert économique.

Dans l’immobilier le chauffage par le sol est rapidement arrêté, mais on oublie de mettre en œuvre une politique d’isolation des immeubles anciens. On pense qu’une énergie électrique abondante et économique suffit. On recommencera plus tard avec les subventions aux pompes à chaleur. Installer ces systèmes sans isoler en même temps de bâtiment concerné est un piège. En cas de pic de chaleur ou de froid, la consommation devient gigantesque en général au moment où on approche des pics de consommation. Le reste du temps la baisse de la facture permet des écarts dans la frugalité.

Un des trous dans la raquette est le transport routier qui consomme une bonne partie de l’énergie fossile importée. La France complète à grands frais sa couverture autoroutière et passe au diesel, en même temps que la vitesse est limitée et les normes de consommation et de pollution des voitures mises en place. Pas de développement sans autoroutes ! On ne voit pas deux inconvénients : le coût d’investissement est très important ; l’utilisation moyenne hors des périodes vacancières est faible ; elle est le fait des camions ; les voies françaises servent beaucoup à un transit international nord sud, vers l’Espagne et l’Italie et sud nord. La logistique par les canaux est quasi abandonnée.

La situation énergétique est donc satisfaisante mais marquée par les contradictions et fragiles. Ses deux faiblesses principales sont le manque de fiabilité de la SNCF dirigée de fait par la CGT et qui prend en otage les clients, ce qui est la source principale de l’abandon du transport de marchandises ferroviaire qui entraîne le développement massif du transport par camion, et le manque de volonté de progresser dans l’isolation du bâti ancien.

Le second choc pétrolier n’a pas eu du tout les mêmes conséquences que le premier. La France est à l’abri d’un choc énergétique pour de longues années et peut envisager l’avenir avec confiance.

Elle va commettre plusieurs erreurs majeures : le programme commun socialo communiste, l’abandon de la souveraineté monétaire, l’abandon de la souveraineté dans les échanges internationaux, l’abandon de sa souveraineté énergétique. Ouverte à tout vent sans moyen de réagir, elle va perdre sa compétitivité et son industrie, s’engouffrer dans le piège d’une dette incontrôlable, associée à ses déficits internes et externes qui explosent.

La conséquence va être un manque tragique de capacités d’investissement, l’accumulation des politiques contradictoires et le démantèlement de sa filière nucléaire, en même temps qu’une folie écologiste, initiée par Greenpeace à l’ONU submerge toutes les instances internationales sur le thème de l’urgence climatique et la mort de la terre à cause des méfaits de l’homme omnipotent et de la course à la consommation.

Dans la pratique, on veut que tout le transport devienne électrique et l’UE interdit le moteur thermique pour la production de voiture neuve dès 2 035 tout en envisageant la conversion totale du parc pour 2 050. La France ne peut rien faire. Elle a délégué totalement la politique énergétique et son président ne veut pas contredire l’Europe pour des raisons que nous avons explorées ailleurs sur ce blog.

Le tout électrique avec abandon de toutes les autres énergies est une folie furieuse si l’on exclut l’énergie nucléaire, abandon exigée par les mouvements qui sont à la source de la panique mondiale sur le réchauffement anthropique. Tous les calculs montrent que nous aurons à peine la capacité d’augmenter de 20 % notre capacité de production électrique d’ici 2035 et à peine plus en 2 050. Impossible d’alimenter ce qui existe et une croissance quelconque !

Aujourd’hui toute la mythologie sur les éoliennes et les panneaux solaires s’effondre, simplement parce que tout le monde voit qu’il faut l’accompagner d’une énergie pilotable que seul le nucléaire peut fournir si on veut garder un minimum de souveraineté énergétique.

Pour les promoteurs de la guerre contre l'économie, le gaz serait la solution. Éolienne plus gaz était le cocktail magique que les Grunen allemands avaient mis en place en Allemagne, mais au prix d’une dépendance totale vis-à-vis de la dictature russe.

La guerre en Ukraine a fait sauter tout cela. Plus de gaz, plus d’énergie en Allemagne et des coûts électriques qui s’envolent d’autant plus qu’une organisation absurde a été mise en place en Europe.

À 287 €/MWh, cours spot de ce jour, avec un marché à terme pour 2023 à 400 euros, l’ensemble des utilisateurs d’électricité sont KO. Rappelons quel était le coût du MWh il y a une dizaine d’années. « D'après la Commission de Régulation de l'Énergie (CRE), les prix moyens de l'électricité sur les marchés de gros ont connu une hausse de 10,4 % en 2010 par rapport à 2009, pour atteindre 47,5€/MWh ». Rappelons également qu’au plus gros de la panique, le cours spot a atteint 1 100 euros, vingt fois plus que dix ans plus tôt !

Créer une économie dépendante à cent pour cent de l’électricité dont le cours au moindre accident géopolitique peut être multiplié par 10  ou même 20 n’est pas sérieux, même si la diversification des sources de fabrication de l’énergie électrique minimise partiellement la difficulté.

De même appliquer une idéologie de marché « concurrentiel » sur un tel marché, basé sur des réseaux unifiés et d’anciens monopoles d’Etat, comme l’a voulu l’Union Européenne, avec création de mesures totalement artificielles et en liant le prix de l’énergie d’une filière dans un pays avec celle d’une autre énergie ailleurs était une absurdité. Ce n’est pas être ultragauchiste de l’affirmer. La France est obligée de payer son énergie au prix du gaz en Allemagne qui n’en pas ! Et l’Allemagne l’empêche la France de sortir du piège pour maintenir sa domination commerciale.

Le pire, c’est l’attitude de l’abominable Maire de Paris, Mme Hidalgo qui veut augmenter massivement le prix de la vapeur produite et distribuée par le CPCU à Paris qui n’a strictement aucun rapport avec les prix spot du gaz allemand ! Il est vrai qu’avoir ruiné Paris la pousse à rechercher à tout va des hausses de recettes. Bien entendu la hausse ne sera vraisemblablement applicable qu’aux « bourgeois » !

Globalement, quelles que soient les erreurs collatérales, la destruction de notre industrie nucléaire par des fous furieux nous ruine littéralement.

La course accélérée à l’éolien ne mène qu’à une dépendance encore plus grande au pilotable qui n’est plus disponible à bas coûts à courts termes.

Le plus comique ou tragique, comme on voudra, serait l’obligation d’exiger que les vélos et les voitures électriques restent au garage, qu’on ralentisse les TGV à 100 km/h, et que l’état pilote directement via les compteurs Linky le chauffage et l’éclairage dans les logements.

On voit que le tout électrique exige aussi l’interdiction des grèves dans le secteur de la production électrique. Qui peut admettre que trois grévistes puissent couper la totalité de la production ou de la distribution d’électricité ?

La SNCF est obligée d’augmenter massivement ses tarifs qui vont rapidement devenir prohibitifs. Entre janvier et avril de cette année, l'Insee calcule une hausse de 15,3 %, en même temps que les déficits de l’entreprise deviennent abyssaux.

Le plus délirant est l’invective des Grünen allemands qui expliquent que si l’Allemagne souffre, c’est parce que la production nucléaire française est insuffisante ! « Scheisse mensch, erinnere dich an Fessenheim“.Ceux qui annoncent qu’il faut une petite voiture électrique pour les usages courants à la campagne et des vélos électriques dans les grandes villes, le TGV étant la solution pour les vacances, et ils sont très nombreux ces dernières heures,sont particulièrement pertinents !

Au prix de la voiture électrique et de l’électricité, il est sûr que le populo va se précipiter.

Les convaincus disent : c’est temporaire, c’est la guerre en Ukraine. Après notre vérité sera la vérité mondiale et éternelle.

La vérité immanente est différente : il faut un mix énergétique et permettre non une réduction de la production d’énergie mais une hausse. Il faut donner du temps au temps mais lancer d’urgence les études d’impacts que l’Union européenne n’a pas voulu faire. Si le gain en température de la politique actuellement suivie est nul, ce que tout laisse envisager, il est inutile de se ruiner pour rien.

Si on veut accélérer sur les éoliennes, alors il faut se mettre à exploiter le gaz de schiste ! Et cesser d’enrichir de façon grotesque les entreprises qui ont capté ce marché purement administratif.

Si on veut mettre le paquet sur l’isolation des logements, alors il faut mettre fin aux pertes délirantes de la SNCF, et augmenter la productivité globale du pays pour trouver les ressources nécessaires, en commençant à réduire drastiquement la bureaucratie, en augmentant le temps de travail et en réduisant les transferts sociaux délirants en France. Il faut spécifiquement abaisser la fiscalité sur le bâti pour permettre aux propriétaires de financer l’isolation et non faire exactement le contraire avec l’IFI et la hausse des taxes foncières, tout en réduisant le gain locatif par le blocage des loyers. Oui, il faut fFaire l’exact contraire et ce constat donne une idée de l’effondrement de la réflexion politique en France et la nullité qui règne dans les milieux politiques.

Si on veut limiter la circulation des camions dont on sait qu’ils ne rouleront jamais à l’électricité et que le seul substitut est l’hydrogène avec des coûts déments et des risques d’accidents graves gigantesques, il faut mettre une taxe carbone aux frontières et sortir le transport ferroviaire de marchandise des mains de la CGT.

On voit que nous sommes passés d’une situation relativement bonne et cohérente en 1980, en dépit des crises financières liées aux changes flottants et du laxisme post-soixante-huitard, à un champ de mines où les contradictions se multiplient, les gaspillages sur des marchés purement administratifs explosent, la dépendance à l’extérieur devient calamiteuse, et où les conséquences sociales s’aggravent de façon inquiétante.

Avec un exécutif totalement prisonnier de ses propres contradictions, suffisances et insuffisances, l’avenir est sombre.

Le tout électrique est mort en Ukraine ! Il faut une indépendance énergétique nationale avec un mix énergétique varié qui permet une certaine autonomie des citoyens. Certaines des tares françaises doivent être enfin corrigées. Se donner uniquement des objectifs de moyens sans tenir compte des résultats et des dégâts collatéraux est absurde. Le faire dans des délais intenables est une folie. Nous devons faire très attention au tempo, alors que nous sommes un des pays qui présente le bilan carbone le meilleur.

La France a gâché ses chances à cause de passions politiques malsaines et aujourd’hui obscènes. Il aurait suffi de maintenir l’effort nucléaire pour passer le cap actuel sans graves difficultés. La tentation du tout électrique reste néanmoins une idée fausse car irréalisable et même, par certains de ses aspects, peu souhaitable. Le citoyen doit garder des possibilités de choix pour ne pas être mis totalement sous tutelle.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Comment analyser les grèves actuelles ?

La possibilité pour des salariés de faire grève, c’est-à-dire de cesser le travail sans licenciement, pour faire pression sur la direction d’une entreprise, en contrepartie de l’absence de rémunération, est une soupape indispensable notamment pour les grands rassemblements de salariés de la révolution industrielle. Ce « droit de », donc cette liberté, a été acquis finalement assez vite et il est devenu constitutionnel à juste titre. Revenir sur cette liberté exigerait une révision de la constitution tout à fait inutile.

Comme toutes les libertés, elle s’exerce dans le cadre des lois qui l’organisent. Ces lois ne sont pas arbitraires. Une liberté ne peut pas bloquer d’autres libertés. Elle ne permet pas de créer des dommages collatéraux excessifs. Il n’y a pas de liberté sans limites. On retrouve pratiquement toujours les mêmes dans la majorité des pays démocratiques. Sauf en France, on va le voir et essayer de comprendre pourquoi.

Premier principe : la grève ne peut concerner que les revendications propres aux salariés d’une entreprise.

            Corollaire 1 : une grève ne peut pas concerner des revendications extérieures à l’entreprise.

Corollaire 2 : nul salarié d’une entreprise ne peut compromettre l’image de son entreprise dans des grèves et des manifestations qui ne la concerne pas.

Corollaire 3 : les grèves de solidarité sont interdites.

Corollaire 4 : l’appel à des grèves générales est interdit.

Second principe : une grève ne peut pas avoir un coût supérieur à l’avantage réclamé. En un mot, on ne peut pas ruiner une boîte ou la nation par des grèves ou trop longues, ou trop fréquentes ou ayant trop de conséquences négatives pour les tiers. Certaines techniques de grèves qui limitent à l’extrême le coût pour les grévistes tout en ruinant radicalement l’entreprise ne sont pas tolérables. Un exemple : recourir massivement aux arrêts maladie et abuser du droit de retrait pour bloquer la production tout en étant indemnisé par l’entreprise. Au passage, les médecins complices et les juges complices doivent voir leur responsabilité recherchée.

Troisième principe : les services publics ne peuvent pas être interrompus par des grèves, quel qu’en soit le motif. De même les services dépendant principalement d’argent public ne peuvent faire grève que dans des conditions précises et restreintes. Il y a bien longtemps qu’on a compris qu’on ne peut pas mettre des gens pour garder un pont et les laisser rançonner ceux qui veulent le traverser.

Quatrième principe : les fonctionnaires, dont l’emploi est garanti, dans aucune partie de la fonction publique ou des services associés, n’ont le droit de grève. On ne peut pas bloquer l’État.

Cinquième principe : les exactions syndicales contre les biens et les personnes doivent être empêchées et sanctionnées, avec un pouvoir de décision laissé aux préfets et non aux juges pour stopper immédiatement les actions illicites. Les juges ne seront appelés que pour contrôler éventuellement l’action des préfets.

Sixième principe : aucune occupation d’usine, vols de matériel, blocages des entrées n’est acceptable, ni même aucune menace de le faire.

Septième principe : seuls des adultes peuvent faire grève. Des syndicats de mineurs scolaires sont totalement exclus.

Huitième principe : l’indemnisation des jours de grève est illicite, car sinon, il n’y a plus de symétrie dans les dommages.

Les lois correspondantes n’ont pas empêché l’exercice du droit de grève au Royaume-Uni, en Allemagne ou aux États-Unis. Elles ont permis de les pacifier et de concentrer la négociation sur des points précis et, un minimum, raisonnables. Elles prévalent depuis des lustres dans les pays les plus démocratiques du monde.

Mais pas en France.

Si un piquet de grève de 25 personnes bloquait l’accès d’un dépôt de carburant aux États-Unis, ce serait l’emprisonnement immédiat avec licenciement et indemnité colossale pour chacun d’entre eux et l’inculpation avant dissolution du syndicat qui jouerait ce jeu-là.

Appeler à une grève générale est un acte de sédition politique qui découle d’une doctrine politique antidémocratique qui veut qu’en dehors du vote et donc d’une volonté exprimée, des voies de fait puissent être commises contre la nation et la démocratie. Ces appels devraient être sanctionnés durement par une Cour de sûreté de l’État.

Le paradoxe juridique français est que tous les principes rappelés figurent peu ou prou dans les textes qui traitent du droit de grève. Mais que depuis 1968, on fait comme s’ils ne s’appliquaient pas, au moins un temps. Comme si la bonne grève devait légitimement violer la loi et d’autres libertés constitutionnelles, mais seulement pour un moment. Ce politiquement correct juridiquement parfaitement incorrect est à la base de la construction médiatique de la couverture des grèves. Des micros-trottoirs sont mobilisés d’une part pour faire valoir qu’une grève qui gêne le grand public le gêne effectivement, satisfaisant la concession que le pouvoir de nuisance s’exerce bien, mais aussitôt dix interviews d’otages expliquent que « c’est dur mais il faut bien qu’ils se défendent ». Cela s’appelle « construire l’information » dans le sens d’une déformation des textes de lois. Mais en contrepartie de cette construction propitiatoire, on veut croire que cela ne va pas durer. Si cela dure alors on construit l’indignation. Cette comédie est en place dans les médias depuis près de 50 ans maintenant.

Dans un monde économique où la concurrente libre et totale a été organisée en Europe, les PME françaises accablées de charges que les autres pays n’imposent pas à leurs producteurs, ont du mal à ne pas couler ou à ne pas partir. Déclencher des grèves signifie la disparition de l’entreprise. Les grèves qui restent concernent les sociétés en faillite que l’on dépouille impunément de ces dernières ressources. Donc il n’y a pas de grèves dans la quasi-totalité du secteur industriel et commercial privé, malmené et en difficulté en France. Les grèves concernent essentiellement des grandes entreprises liées à l’état. Contrôleurs aériens, EDF, SNCF, RATP, Air France, Musées, hôpitaux, ports, écoles etc. Hier c’était dans le charbon et l’acier, les banques et les assurances nationalisées.

Le démantèlement des grands réseaux dans le cadre de l’Union européenne en fausses entreprises indépendantes, avec privatisation d’EDF ou de la SNCF, laisse croire que les grèves rentrent dans le cadre classique de la grève en entreprise dont l’État n’a pas à se préoccuper. Cette sottise a été répétée comme élément de langage par le gouvernement après que le président lui-même a prétendu que ce n’était pas son affaire… jusqu’au moment où c’est redevenu son affaire, avec réquisition etc.

La fourniture d’électricité est un devoir national qui ne peut être laissé entre les mains des salariés qui travaillent dans les entreprises de production ou de distribution. La mobilité est une liberté constitutionnelle. On ne peut pas prendre en otage des populations ou l’État démocratique.

Les hauts fonctionnaires détestent les conflits sociaux et cèdent facilement : ce n’est pas leur argent et ils essaieront de rattraper le coup plus tard. Un président de la SNCF ou d’EDF sera jugé sur le fait que la « paix sociale » est acquise quitte à ruiner l’entreprise ou les Français. Il faut dépasser ce simple constat. C’est un véritable système qui s’est mis en place.

L’Enarchie compassionnelle qui est dominante depuis le couple Giscard-Chirac à la tête de la nation a considéré que les syndicats devaient bénéficier d’un rôle législatif. Le but : permettre des « avancées » par la loi là où la grève n’était pas possible ou souhaitable. On a vu des syndicalistes venir se former à Sciences-po et les lois passent au tamis des syndicats « constructifs » non révolutionnaires. Pour permettre néanmoins le jeu de la symbolique de la grève, comme soupape d’évacuation des tensions, on laisse faire les grèves des grands réseaux, mais cela doit rester dans une certaine limite.

L’activité des entreprises a fait l’objet de textes de plus en plus détaillés de plus en plus « politiquement corrects », de plus en plus tyranniques, avec une administration sévère pour les faire appliquer, l’Inspection du travail.

Le sommet de cette déviance est l’instauration des 35 heures par les Énarques Jospin et Aubry sans aucune vraie négociation. Cette mesure qui a détruit la compétitivité des entreprises françaises au moment où on ouvrait totalement les marchés à la concurrence mondiale, n’a pas été qu’une folie économique globale. Cela a marqué que l’énarchie considérait qu’elle avait la main sur tout le champ de la négociation sociale, le dialogue social devant aboutir à des objectifs qu’elle fixait sinon la loi le remplacerait.

C’est comme cela que la haute administration s’est emparée aussi bien du champ politique que du champ social et se croit autorisée, en tant que corps, naturellement étatiste et « arbitral », à se substituer aux acteurs normaux de la discussion sociale.

Les syndicats ne s’attachant pas trop à la défense des minorités, la haute administration a fait entrer dans ce mécanisme exorbitant, niant toute réelle démocratie, le droit des femmes, des handicapés, des immigrés, etc.

La négociation sociale a perdu de ce fait l’essentiel de son intérêt, tout étant géré par les Énarques qui ont mis la main sur la politique. Notamment toutes les discussions qui avaient lieu dans les « branches » via des conventions collectives ont cessé d’être utiles. Le Smic a remplacé les minima de branche qui traînent loin derrière. Les tribunaux ont pris dans le processus des pouvoirs exorbitants. Les syndicats ont largement été dépassés par les associations, et notamment par les associations internationales.

De même que les néo-féministes veulent un homme déconstruit, la haute administration veut une entreprise également déconstruite, vertueuse, propre sur elle, inclusive, citoyenne, etc.

Les partis politiques sont totalement shuntés. Ce n’est plus là que cela se passe. Les grands partis traditionnels « de gouvernement » ont été subvertis par l’énarchie, et ont fait exactement la même politique. Au bout du chemin, on a vu arriver l’unification des Énarques de tous les bords par Macron et la gestion du pays par une poignée d’entre eux, s’appuyant sur la maîtrise quasi-totale des médias chargés de construire l’information utile à leurs projets.

Les grandes grèves ne sont plus que des moments symboliques pour faire croire aux travailleurs-travailleuses qu’ils ont encore leur mot à dire. L’énarchie et l’européisme contrôlent tous les processus et les textes.

La vérité est qu’il appartiendrait à la classe politique d’agir en revenant sur les déviances post-soixante-huitardes et elle pourrait adopter une version doctrinalement exacte du droit de grève. Les grands réseaux devraient être traités comme tels et non comme des fausses entreprises privées du monde concurrentiel. Et les tribunaux ne pourraient pas continuer à servir d’auxiliaires de la Révolution en affichant des têtes de patrons sur les « murs des cons » des syndicats de juges politisés. Phagocytée par l’Enarchie, elle ne le peut pas et les programmes politiques se sont progressivement vidés en même temps qu’ils devenaient quasiment les mêmes.

On le voit bien au LR, où on se bat sur les postes, mais où toute réflexion programmatique est bannie. On le constate au PS vidé de substance, une fois que les « bons » Énarques ont rejoint Macron. La politique est devenue un théâtre d’ombres.

Le résultat, on l’a vu : la disparition de l’industrie en France. La fuite des grandes fortunes. La fuite des cerveaux. L’hyper fiscalité. L’hyper bureaucratie.

Du coup revenir à une législation normale du droit de grève, au dialogue de branche et à la négociation au sein de l’entreprise n’est pas considéré comme utile. La tutelle étroite de l’État a remplacé tout cela qui est devenu une sorte de décor. L’immigration et l’Europe, avec la mise en compétition avec le monde entier, sont les compléments naturels de la capture de l’ensemble de la politique par l’Enarchie. Le droit de grève est frelaté en France mais cela n’a plus d’importance. Les grèves nationales purgeront l’atmosphère. Et tant pis pour les dégâts. La dette n’est pas faite pour les chiens. Les Français peuvent subir.

Emmanuel Macron est le parfait représentant de cette vision totalement déviante de la démocratie et du dialogue social.

On tire le fil de la déviance du droit de grève et on aboutit comme toujours aux méfaits de l’énarchie « compassionnelle et bienveillante ».

Revenons à la situation du moment. Le principal bénéficiaire de l’inflation est l’État. Il engrange des recettes sur la hausse de l’énergie et bénéficie de la progressivité globale du système fiscal. Et c’est l’impéritie gouvernementale qui est la principale cause des difficultés.

On voit très bien ce que serait une gouvernance convenable du pays :

-        Ne pas laisser la politique de l’énergie entre les mains de l’Europe sans aucun contrôle des impacts nationaux.

-        Remettre de l’ordre dans le droit de grève pour le rendre conforme aux règles habituelles dans toutes les démocraties

-        Fixer les marges d’interprétation du système judiciaire

-        Appliquer la loi.

-        Anticiper les conséquences de ses inconséquences.

Les erreurs accumulées, aussi bien dans la politique énergétique antinucléaire, que dans les taxations abusives des entreprises, les exactions judiciaires contre les entrepreneurs, l’abus de prélèvements, la destruction des services publics, les lois pro-grévistes, la réglementation étouffante et la domination de la politique et de l’État par une classe de hauts fonctionnaires, se paient très cher aujourd’hui. Emmanuel Macron est l’exact symbole et organisateur de cette politique contraire aux intérêts de la nation française, et le principal responsable de la situation détestable à laquelle les Français sont confrontés.

Une autre politique aurait pu être efficace. Rien de ce qui nous arrive n’était inévitable. Les Français lors des dernières élections ont préféré cautionner la déviation antidémocratique du système politico économique français.

Les Français sont-ils irresponsables et la démocratie impuissante ? Ou l’Enarchie triomphante a-t-elle contraint les votes par la manipulation des organes médiatiques qui créent le cadre du bien et du mal dans lequel les Français sont censés débattre et se débattre ?

C’est à cette question que devraient s’attacher les analystes politiques.

Macron : une chance pour lui-même, pas pour la France

Alors que la France s’enfonce un peu plus dans les différences déchéances qui l’accablent, on ne peut échapper à la question de la mal gouvernance qui s’y est installée depuis tant d’années et qui prend, avec Emmanuel Macron, réélu facilement pour un second mandat, une ampleur nouvelle.

Ce résultat est paradoxal, tant le premier mandat a été négatif pour le pays. L’étonnante absence de résultats pourrait être considérée comme décevante mais circonstancielle. Ce serait charitable mais éluderait le fond du problème. Des échecs constants à peu près dans tous les domaines sont présentés comme des exploits mirifiques voire quasiment inespérés dont la contestation ne peut provenir que d’un esprit incompétent ou chagrin. Non seulement l’échec n’est jamais admis mais il est transformé en succès certes partiel mais obtenu face à l’adversité du moment ou aux conséquences d’un passé qui se vengerait dans le présent. 

Comment ne pas voir qu’on est très au-delà des dérobades habituelles. La politique annoncée cherche seulement à obtenir un effet médiatique ou électoral à court terme, en s’inscrivant dans la préoccupation du moment. Les résultats n’ont pas d’importance en eux-mêmes. Il est inutile d’analyser les échecs pour corriger le tir vers une cible de circonstance. Il n’y a jamais d’échec, puisqu’il n’y a pas de volonté d’obtenir un résultat quelconque, mais une posture utile à un moment donné. La blanche colombe virevolte au-dessus du marécage, en évitant les coups de fusils. Le but est de survivre jusqu’au lendemain et personne ne doit s’interroger sur la direction imprimée à chaque cabriole.

A part la transgression fondamentale qu’ont été la conversion de l’ISF, rétrécie en IFI, et la suppression de l’imposition forfaitaire des produits de l’épargne financière, l’annonce réformatrice macronienne a disparu dans les méandres du n’importe quoi et de l’insignifiance, alors que la jactance et les caprices devenaient les ressorts fondamentaux de l’inaction présidentielle surmédiatisée.

Rappelons sans se lasser l’incroyable liste des échecs régaliens et l’aggravation des risques pour notre pays qui commence à trembler sur ses bases.

-        Corruption : Le nouveau président s’est drapé dans l’idée qu’il fallait mettre fin à la corruption. Dans la pratique l’ennui a commencé dès le premier jour avec son allié centriste prisonnier d’un scandale dans l’utilisation détournée de l’argent européen. La campagne de type « mani pulite » s’achève sur l’inculpation du Ministre de la Justice, une première dans l’histoire de la Vème République et celle du principal conseiller et porte-parole du Président, celui qu’on appelle son second cerveau. L’interdiction du cumul députation et mairie a décharné la vie politique, les députés devenant des inconnus hors sol et largement dépourvus de rôle réel, et les Maires s’accrochant à leurs pouvoirs excessifs et les renforçant. Echec total. 

-        Militaire : Nous sommes virés par un « roi nègre » putschiste qui introduit des mercenaires russes pour remplacer la France. Notre armée vit avec des bouts de chandelles. Nous serions incapables de faire face à un envahissement russe. Nous sommes désormais totalement vassalisés. Notre industrie militaire est saccagée et le risque de soumission à des tiers prend corps. Echec total.

-        Diplomatie : Pas un succès. Le français et la France culturelle reculent partout. On ferme en masse les institutions françaises qui faisaient notre influence. La formation des diplomates est cassée. La France ne  joue aucun rôle utile en Ukraine et se fait tancée par tout le monde tout en laissant à Mme Van der Leyen un pouvoir qu’elle n’a pas statutairement. Echec total.

-        Finances publiques : la démagogie a entraîné une hausse gigantesque des dettes dont on doit payer les intérêts démesurés aujourd’hui. Et nous restons le premier pays du monde pour les prélèvements. Echec total.

-        Santé : l’hôpital est effondré et tout le système médical est à bout de souffle. Le virus n’a fait que mettre en lumière le phénomène. Aucune réforme de fond. La situation s ‘aggrave. On meurt sur des civières faute de traitement aux urgences. Echec total.

-        Education nationale : nous nous effondrons dans tous les classements de la maternelle à l’université. Le Wokisme envahit tout et la science disparait au profit de propagandes partisanes idéologiques importées. Macron n’a même pas osé interdire l’écriture genrée. Il a cédé sur tout ce qui concerne les transgenres. La drogue, la pornographie et les jeux addictifs gangrènent la jeunesse. Et on nomme un indigéniste américanophile noir comme ministre. Echec total.

-        Energie : tout l’effort construit depuis un demi-siècle a été ruiné. Echec total.

-        Climat : la France est condamnée pour inaction et la souveraineté française a disparu. On se lance sous l’influence de l’ONU et de la Commission européenne, dans une « transition » dont personne n’a évalué les conséquences pour la France. Aucune étude d’impact et « on accélère », avec la destruction programmée d’industries entières.  Echec total.

-        Agriculture : la France était le grenier agricole de l’Europe. Elle est désormais en déshérence et perd son rang chaque année un peu plus. La France est devenue importateur net de denrées agricoles ! Echec total.

-        Sécurité : échec total.

-        …

Les perspectives ne sont guère réjouissantes. On ne voit pas ce qui pourrait aller mieux dans les trois années à venir sans quelques changements radicaux. Mais on voit s’esquisser ce pourrait aller plus mal.

Les manigances présidentielles s’ajoutent aux inquiétantes menaces de Poutine, au lieu d’armer la résistance aux chocs multiples qui s’accumulent. 

Si, comme il se confirme tous les jours, l’ambition unique d’Emmanuel Macron est d’être le premier président élu d’une union européenne fédérale, et que la politique étrangère de l’Europe, à sa demande, est définie par la majorité atlantiste, la France en tant qu’état souverain qui compte par son passé et ses traditions gaullistes disparaîtra. Il s’agit bien d’une politique létale pour une certaine idée de la France.

La France risque de disparaître en tant qu’Etat souverain, désossée en tant que puissance industrielle et agricole, détruite financièrement et économiquement, épuisée socialement, territorialisée bêtement, avec des tentations séparatistes, colonisée par une immigration incontrôlée, socialement à bout, culturellement bouffée par les outrances américaines et politiquement livrée aux extrêmes.

Penser qu’une telle constance dans l’échec, avec des conséquences d’une telle amplitude, est indépendante de la psychologie problématique de celui qui a réussi à se placer sur le pavois est tout de même un peu aventuré. L’élévation de Macron se fait sur l’abaissement de la France. Certains diront : ce n’est que concomitant. D’autres qu’il y a un lien de cause à effet.

On peut craindre que ces derniers aient raison. Non, Emmanuel Macron ne nous protège pas : Il mène une quête psychologique personnelle qui le rend indifférent au pays et propice aux échecs majeurs sur la quasi-totalité des questions nationales. Ses failles lui font envisager sans frémir la fin de la France comme nation libre et souveraine. Il la laissera au milieu du chaos sans frémir.  

Bâtir une alternative est l’urgence du moment. En espérant que la nation ne disjoncte pas avant qu’elle ne soit prête.

Quand le journal le Point divague avec des économistes socialistes

Le Point vient de faire paraître une intervention d’Olivier Blanchard et de Jean Tirole, « pour en finir avec les bobards ». Il est utile de faire quelques remarques pour en finir avec les jobards, qui dans la presse, croient qu’ils sont des économistes de référence.

Olivier Blanchard le dit clairement : il est plus à gauche que Macron qui suit une stricte politique à la Hollande gaucharde mais pas trop qui explique les 3 000 000 milliards de dettes, l’effondrement des services publics, des déficits extérieurs jamais vus, 85 milliards d’achats de votes pour la réélection etc. Jean Tirole n’ose pas l’avouer aussi directement  mais il est tout aussi socialiste, comme en témoigne ses suggestions.

En fait ces deux-là n’ont eu de carrière que par leur révérence aux idées dominantes. Ils ont dit oui à toutes les erreurs qui ont été faites et justifient qu’on en commette d’autres.

Écoutons ces augures :

-        Il ne faut pas mettre fin à la mondialisation, sinon on va perdre un facteur de croissance. Toutes les voies de réapprovisionnement sont en difficulté et la vulnérabilité vis-à-vis de partenaires dictatoriaux est devenue patente. Les classes moyennes occidentales sont au bout du rouleau. Mais chut ! On ne change pas un système qui perd.

-        Le dollar va être menacé dans son hégémonie. OK mais on aimerait des précisions sur les conséquences.

-        « Il est important de souligner que l’Europe importe une grosse partie de son énergie » ; Il fallait au moins un O. Blanchard pour nous prévenir. Et en effet, il faut savoir qui va payer. Les truismes les plus énormes sont les plus beaux. Il va falloir réduire notre consommation assez vite. De combien et pour quel résultat ? Pas un mot. Yaquafaukon.

-        Il faut augmenter les impôts des plus riches. Ben voyons !

-        Il faut laisser les prix jouer leur rôle de répulsifs de la consommation. OK. C’est le choix de la Suisse.

-        Il faut créer une taxe carbone pour accroître le répulsif mais pas à la frontière parce que cela va être compliqué ! Les entreprises françaises seraient donc seules à la payer en concurrence avec le monde

-        Il ne faut pas indexer les salaires sur les prix. OK on sait où cela mène. Mais attention aux retraites.

-        Il ne faut pas bloquer les prix. OK. Tout le monde le sait sauf les démagogues.

-        Pas de taxe additionnelle sur les profits sauf pour Total-énergies. Pourquoi elle seulement ?

-        Le problème n’est pas qu’on dépense trop mais mal (rappel : nous sommes les champions du monde de la fiscalité et des charges et tous nos services publics sont effondrés).

-        La cote d’alerte pour notre dette n’est pas atteinte. On peut investir avec de nouvelles dettes. Et allons-y ! Jusqu’où ?

-        La dette italienne ne posait pas de problème avec Draghi et en posera avec tout autre. Vade retro Meloni l

-        Les banques centrales devront se poser la question : réduire l’inflation ou non. Belle analyse originale…

-        La réforme de l’ISF a été une erreur. Pardi ! Les riches doivent payer.

-        Mais vaut mieux taxer les multinationales ! Au boulot ! Elles peuvent partir, elles.

-        Il faut inciter les Français à travailler plus longtemps en réduisant les maladies chroniques et en augmentant la formation. Les fonctionnaires tremblent déjà ! Les éboueurs et les employés de piscine de la mairie de Paris aussi.

-        Il faut mettre en œuvre la réforme des retraites par point. Après cinq ans d’atermoiements et de crispations, qui ont montré la quasi-impossibilité politique de mettre en œuvre une réforme aussi globale, ils en sont encore là !

-        Il faut des incitations financières pour travailler plus longtemps. Ah oui ! Mais lesquelles ? Mais surtout pas de pression pour retourner plus vite au boulot.

-        Où sont passés les travailleurs de l’hôtellerie-restauration ? Une fois qu’on saura,  on pourra trouver des réformes. En attendant ne touchons pas à l’indemnisation du chômage. Le fait de conserver 5 millions de chômeurs alors que les entreprises ne trouvent personne quand elles recrutent ne pousse ces gens à aucune réflexion. Un petit budget de recherche est toujours bon à prendre. Vive la dépense efficace…

-        Il faut faire correspondre les formations aux besoins de l’entreprise. Super ! Quels experts !

-        Vive la taxe carbone réservée aux Français. Bis repetita.

-        Il faut des interdictions pour lutter contre le réchauffement. Voici qui est clair. On peut avoir la liste ?

-        Croire que la transition n’affectera pas la croissance est espérer le beurre et l’argent du beurre. D’accord. Mais quelle perte de croissance et de prospérité ? Chut ! Et pour quels résultats sur la température ?

-        La « carte carbone » signée Piketty est impraticable. La taxe carbone donnera à l’état de l’argent à redistribuer. Taxer, taxer, taxer… mais plus simplement.

-        Taxons les riches mais avec des moyens simples. Ben voyons, il n’y a pas d’impôts en France.

-        Il faut augmenter l’impôt sur l’héritage et la transmission. Il faut redistribuer le capital financier pour répartir le capital culturel. Encore et toujours. Salauds de riches. Importons des millions d’immigrés et le capital des riches permettra de les mettre à niveau. Chouette !

-        Le programme de la Nupes conduit à la sortie de l’Europe. Donc c’est mal. Socialiste d’accord mais pas contre l’Union Européenne. Ce serait le seul problème ?

 

Les résultats économiques de la France sont désastreux. L’indigence de nos économistes officiels socialistes n’y est pas pour rien. Nous présenter ce tissu de banalités et de pétitions de principe en faveur de la mondialisation, de l’Union européenne, des taxes, et des impôts sur les riches comme un livre de référence écrit par des économistes de classe mondiale est le plus grand bobard du Point.

Et voici l’écologie pénitentielle coercitive. Elle ne s’arrêtera plus

Le chaos de la décroissance est au bout du chemin

Ça y est ! Les lois anti-propriétaires commencent à s’appliquer. Les propriétaires qui louent un bien immobilier sont tenus à prouver leur vertu et c’est à eux de faire les frais de la transition énergétique. Bien sûr l’enflure mortifère des actions mises en œuvre par des filles de famille issues de l’énarchie et de la nomenklatura d’Etat a été à la hauteur de leur irresponsabilité. Bien calées dans les rémunérations étatiques et ses avantages, capables par leur réseau de virevolter dans des organisations sous dépendances, elles pouvaient y aller franco. Sauver la terre pour ces fillettes privilégiées et garanties de fortes rémunérations et avantages de leur adolescence jusqu’à la fin de leur vie, méritait tous les sacrifices des autres. La bureaucratie a trouvé dans l’écologie le moyen de carrière avantageuse et de domination sans égale de la société.

Mmes NKM puis Wargon ont été avec quelques autres les promotrices de cette action coercitive. Mme Panier-Runacher, énarque et épouse d’énarque, est chargée de la transition énergétique, donc de l’application de toutes les règles coercitives déjà engagées et sans pouvoir de conception puisque toute la politique énergétique est dirigée de Bruxelles. Les ministres français sont là pour faire avaliser les directives européennes et ne mettent leur grain de sel qu’en compliquant et aggravant les choses par des décrets ineptes et ravageurs.

Voici donc les appartements désormais labellisés comme poubelles thermiques de plus ou moins bonne qualité et les coercitions commencent : interdiction de maintenir la valeur locative en fonction de l’inflation ; bientôt interdiction de louer. Pourquoi le locataire bénéficie-t-il d’un avantage de revenu au nom de l’écologie ? Personne ne l’a jamais expliqué. Pourquoi priver d’argent celui qui doit faire les investissements d’isolation ? Silence ! La logique imbécile de gribouilles administratifs torturés par ses années à l’ENA ?

Naturellement les modalités sont totalement folles. Tout étant irrationnel et injuste dans cette affaire, les décrets ont tout aggravé. Il faut faire étalonner son bien. L’ennui, lorsque vous le faites faire par deux « experts » différents, vous avez deux appréciations différentes et pas qu’un peu. En fait tout est arbitraire dans la procédure et totalement éloignés des réalités de terrain. Il faut des cohortes délirantes de testeurs de les « former » à une discipline vaseuse à l’extrême conçue par des imbéciles stipendiées à cet effet et qui en ont remis dans la sottise et la complexité. In fine vous laissez à un technicien à la formation et à la compétence approximatives le soin de décider si le locataire gagnera de l’argent et si le propriétaire sera lésé. Avec une inflation de 10 % par an on voit les dégâts. Rappelons que les périodes d’hyperinflation ne sont pas toujours courtes : pensons aux années soixante-dix. Imaginons la situation au bout de trois ans. Le locataire se retrouve avec une ristourne de 30 % sur son loyer. Le loueur a perdu un tiers de la valeur locative. Sur un dire de vérificateur en général incapable structurellement d’appliquer utilement les décrets. Où est la justice ? Où est le sérieux ?

« Il n’a qu’à faire les travaux d’isolation, ce connard de propriétaire abusif qui jouit d’une poubelle ! » Cette jolie phrase trouvée sur les réseaux sociaux trahit la pensée profonde de beaucoup Français. Rien à cirer des gens qui ont un patrimoine, ne serait-ce qu’une poubelle thermique ! Qu’ils paient ou qu’ils vendent !

Mais là les affaires se compliquent joliment. Vous pouvez transformer votre appartement en bunker thermique, et même en producteur net d’électricité, vous n’aurez pas votre beau certificat d’honneur de propriétaire citoyen conscientisé et labellisé, digne de recevoir une rémunération décente de votre investissement. La dépense thermique prise en référence est celle de l’immeuble. Si vous êtes seul à faire les rénovations nécessaires, aucun moyen d’avoir une bonne lettre. Les copropriétaires occupants n’ont aucun intérêt à faire des travaux gigantesques non rentables. Cela revient à interdire la location dans les immeubles collectifs où ils sont majoritaires.

Ne vous inquiétez pas, les textes seront aggravés pour faire sauter ce bouchon un jour ou l’autre. En attendant, les propriétaires vendent après avoir mis fin aux locations. Il devient de plus en plus dur de trouver une habitation en location. Pour acheter, les conditions de crédit deviennent très restrictives. Les prix du neuf eux sont aggravés de plus de 10 %, hors inflation, par les contraintes nouvelles imposées aux constructeurs. Les prix déjà inaccessibles grimpent encore un peu plus. Allons, en route en chantant vers une crise du logement !

Mais non disent nos Énarques étatistes (ils le sont tous peu ou prou par vocation ou intérêt). On va faire des logements sociaux. Ceux-là ont tous les budgets nécessaires pour se mettre aux normes écolos. Ce sont les bourgeois qui paieront. Ces salauds de propriétaires auront la triple peine, perdre de la valeur locative, perte sur le prix de vente et impôts aggravés sur le revenu. Parfait ! Une belle société qui fait face avec astuce à ses besoins sociaux et écolos ! Quand verra-t-on l’ENA adhérer à la Nupes ?

L’ennui c’est que le parc de « poubelles thermiques » appartient généralement à la classe moyenne moyenne et inférieure. Souvent le bien leur est revenu par un petit héritage et ils ont payé des droits. Parfois ils se sont endettés pour des années pour avoir un revenu de complément pour leur retraite. Mais avec les emprunts ils sont à la limite. ILS SONT PARFAITEMENT INCAPABLES DE PAYER ET LE CERTIFICAT ET LES TRAVAUX D’ISOLATION. Si les revenus locatifs baissent, ils sont coincés et doivent vendre. Adieu le petit patrimoine, et le revenu de complément ! Quand on connaît les perspectives de la France en matière de retraite, personne ne rit. L’Énarque s’en fout. Il aura lui une très belle retraite publique agrémentée de tous les ajouts faits à l’occasion de pantouflages ou d’allers et retours au gouvernement et au parlement.

Ils ont une réponse toute faite : « on a créé sur le modèle de la sécurité sociale une administration nouvelle tout entière dévouée à fournir des ressources aux propriétaires nécessiteux : Ma prim’renov ».

Indépendamment du nom racoleur et grotesque pour publiciste déjantée, constatons qu’une nouvelle branche administrative a poussé sur le dos des Français et de leurs revenus. Des cohortes de fonctionnaires vont aider les pauvres propriétaires, façon gilets jaunes, à passer le cap. Les budgets prévus sont tellement lourds et les résultats tellement incertains que la Cour des Comptes frémit d’horreur. Elle exige des évaluations régulières ! Personne n’a chiffré de façon convaincante les gains en Co2 des efforts demandés aux loueurs de logement. Encore moins en température. Rassurons tout le monde, il est exactement nul.

Des dizaines de milliards d’euros et de nombreuses vies gâchées vont joncher le parcours anti propriétaires de nos énarques adorés, bienveillants et indispensables. Ce n’est pas la triplette Macron (qui ne possède rien et n’a pas employé les fortunes qu’il a gagnées chez Rothschild pour créer du logement locatif), Borne et Panier-Runacher, qui peuvent simplement imaginer qu’il y a un problème.

Pertes de valeur, rancunes et haine, impôts, bureaucratie violente, régression pour aucun résultat. Ce n’est pas pour demain. C’est ici et maintenant ! Et les veaux broutent ce qu’il leur reste d’herbe en courbant l’échine. Et ils seront tout surpris quand ils seront frappés, eux qui se croyaient à l’abri. Quoi ? Cela ne concerne pas que les autres. Ils iront alors à la Nupes ou au FN.

La transition énergétique bidon nous enferme dans la triplette : parti bureaucratique, partis contestataires. Il n’y a rien de positif à attendre de cette horreur.

Ce premier acte de l’écologie coercitive et dommageable sera suivi de bien d’autres de plus en plus punitifs et de plus en plus ruineux, au fur et à mesure que l’inefficacité sur la réduction des difficultés climatiques sera de plus en plus avérée et que la ruine guettera le système. Nous venons de mettre le pied dans la machine à broyer définitivement le pays.

C’est aujourd’hui qu’il faut réagir.

Premier acte de santé écologique : mettre fin à l’énarchie compassionnelle bienveillante, écologique et népotique, en interdisant aux hauts fonctionnaires l’accès aux fonctions politiques. Écarter les Borne, les Macron, les Panier Runachier, les Wargon de l’espérance du pouvoir est le seul moyen que les questions qui touchent aussi radicalement le corps social soient correctement traitées.

S’ils avaient travaillé toute leur vie au service de l’économie, donc de la collectivité, pour disposer d’un petit logement et éventuellement d’un studio en location, encore en cours remboursement des crédits, pour améliorer leur faible retraite, ils sauraient ce qu’on pense quand on voit se construire en face de chez soi des logements sociaux bien isolés et quasi gratuits pour immigrés au chômage statutaire, que son quartier est devenu la proie des vols et des provocations islamiques, avec des tirs de bombes d’artifice, et qu’on doit payer pour isoler son propre appartement et perdre la location bienvenue qui mettait un peu de beure sur les épinards, alors qu’on est évidemment exclu des subventions qui ne couvrent qu’une fraction infime des coûts, quand il est possible de faire les travaux.

Après avoir dépensé pour 85 milliards de cadeaux électoraux, Emmanuel Macron est descendu de son jet ski et prend la pose du tragédien pour dire aux Français que la fête est finie et qu’il va falloir qu’ils travaillent, eux, pour payer les différentes factures accumulées par sa gestion et qu’ils auront, eux, à subir les efforts de la transition énergétique, et la guerre en Ukraine.

Le manque de scrupule, la morgue et le mépris de ce président problématique dépassent l’entendement. Les Français, nés malins, applaudissent leur sauveur ! On les a fait voter en stimulant leur peur. On va les faire payer en stimulant leurs craintes. Tableau !

Français, n’ayez pas peur. Il faut stopper le mécanisme infernal qui se met en place et qui ruinera définitivement la France et ce qu’on appelle de plus en plus inexactement les Français.

Santé : Petite histoire d’une décadence programmée

Impuissance et démagogie des ministres de la santé

Un journal du soir a eu la très bonne idée de questionner une brochette de ministres de la santé qui ont accompagné ces quarante dernières années l’effondrement de l’hôpital français et plus généralement du système de santé. On est épaté, à chaque ligne, par l’impuissance benoîte qu’exsudent ces propos glaçants de bonne conscience. Le numerus clausus ? Le diable initial mais qu’on n’a jamais voulu vraiment annuler. La tarification à l’acte à l’hôpital ? Quelle horreur ! Mais on l’a gardée. L’Europe qui nous impose la « fin du trou de la sécu » ! Mais on a gardé ! Le secteur privé : la source de bien des maux, fin des gardes, corporatisme. Mais attention à la puissance électorale des médecins. Le secteur public : une guerre infâme des mandarins, alors il a fallu que Sarkozy s’en mêle et impose le directeur fonctionnaire et tout puissant au risque d’une bureaucratisation qui « nous a fait prendre dix ans de retard ». Mais on n’a rien fait pour changer quoi que ce soit dans les dix ans suivants. Les revendications salariales avec la cogestion avec les syndicats revendicateurs ? Justes et excellentes mais Bercy ne voulait rien entendre. Alors on n’a rien fait sinon accepter les 35 heures et la retraite précoce pour la fonction publique hospitalière et tardive pour les grands chefs, avec beaux reclassements dans des sinécures publiques pour les médecins collaborant sans réticences avec l’Enarchie.

Nous avions des ministres formidables et bien intentionnés, mais que faire contre Bercy, Bruxelles, le vilain secteur privé, les affreux mandarins, les présidents touche à tout, la volonté de transformer l’hôpital en entreprise de marché… Alors inutile de faire valoir des réalités dommageables : une masse de médecins et de lits d’hôpital unique au monde mais un taux d’activité constamment déséquilibré bien que fort ; la bureaucratisation excessive avec des taux d’administratifs dans le système de santé de 10 points supérieurs au reste des pays comparables ; les méfaits de la gratuité généralisée ; et l’ouverture des soins gratuits et même des prothèses au monde entier ; un coût extravagant.

De 1974 à 2022, les équipes politiques ont toutes fait la même politique. C’est donc que quelques forces telluriques sous-jacentes ont influencé durablement les pouvoirs de façon coercitive.

La première est naturellement le changement radical du rythme de la croissance à partir de 1971. L’accroissement très rapide de la richesse pendant les Trente Glorieuses dans un système d’impôt progressif a noyé de ressources les gouvernements, notamment à partir de 1958. L’argent a coulé à flots et permis de créer un nombre colossal d’hôpitaux eux-mêmes colossaux (« les cathédrales des temps modernes ») et de multiplier les effectifs, les recherches et les équipements dans le secteur médical.

Simultanément la démagogie s’est emparée du dossier car elle était facilement financée dans un moment où les découvertes scientifiques permettaient à la médecine de traiter efficacement de plus en plus de maladies, de mieux en mieux identifiées et comprises. Le nombre des médecins a littéralement explosé. Nous sommes toujours aujourd’hui le pays ayant le plus de médecins pour 100 000 habitants (plus de 6 contre une moyenne de 5 en Europe et 3 dans les pays un peu développés) et celui avec les plus larges capacités hospitalières (même si les cathédrales sont amiantées…) et une dépense de soins par habitant supérieure à quasi-tout le monde. « En France, la dépense de santé au sens international (DCSi) – qui recouvre la CSBM mais également les dépenses de soins de longue durée, de prévention et celles liées à la gouvernance du système de santé – s’établit à 11,3 % du PIB en 2018 [1], soit 1,4 point de plus que la moyenne de l’UE 28 ». La France dispose malgré toutes les mesures prises depuis 50 ans de deux fois plus de lits disponibles que les États-Unis et le Royaume uni.

Cette énorme machine construite pendant les Trente Glorieuses va être remise en cause par la stagnation économique qui suit la destruction des Accords de Bretton Woods, qui provoque la crise de 1973 qui ravage le monde et provoque la crise du pétrole qui elle-même change radicalement le cours de la croissance.

La France qui n’a pas de pétrole, est prise à la gorge. L’inertie fantastique du système de dépenses publiques empêche d’arrêter le train en quelques mois. La récession frappe et tous les comptes tournent au rouge. On découvre avec horreur qu’en système de changes flottants les relances keynésiennes ne marchent pas. Plus jamais le secteur médical ne retrouvera le flot d’argent qui l’a inondée pendant trente ans. C’est cette transformation-là qui est le cœur des difficultés subséquentes. C’est naturellement l’explication fondamentale et elle n’est pas donnée.

Deux autres forces systémiques se mettent en place qui vont aggraver les conséquences du changement de contexte économique.

La première est l’arrivée à maturité et au pouvoir de « l’Enarchie Compassionnelle ». La haute fonction publique a enfin réussi à capter la politique en plus de l’État. Le symbole de ce triomphe est le couple Giscard, Chirac. L’ENA gouverne et tient absolument tout. Elle ne sait que céder, arroser de subventions, fiscaliser et réglementer et éventuellement bloquer. Cela ne cessera plus jamais.

La seconde est la généralisation de la gratuité. La santé doit être totalement gratuite et tous doivent avoir exactement les mêmes accès aux soins, sans tenir compte de rien d’autre. On dirait aujourd’hui : quoi qu’il en coûte. Or on sait quelle est la tare inséparable de la gratuité : le gaspillage, les comportements irresponsables, l’envol des coûts, la répression de producteurs, la répression des malades, la ruine générale du système. La bataille de la gratuité a eu lieu pendant la Quatrième République autour de celle du « petit risque ». Elle n’a jamais cessé d’être menée, aboutissant à la prise en charge gratuite de la santé des étrangers venant à se trouver en France et mille autres générosités coûteuses.

La dénatalité, qui se marque dès le milieu des années soixante-dix et le vieillissement de la population, vont également jouer le rôle d’un tsunami lent, entraînant à la fois une hausse de besoins médicaux de tout en réduisant la part des actifs dans la société, donc les moyens de payer.

Si on se place en 1976, la France est au bord du gouffre sanitaire. On ne peut plus payer ! Personne n’a rien anticipé, analysé, prévu, préparé. On va donc détricoter le système de santé à la petite semaine, dans le silence le plus complet des hommes politiques et des médias qui vont devoir illustrer un mensonge de plus en plus flagrant : « nous avons l’hôpital et le système de santé le plus performant du monde ».

Lorsqu’en 1971, un premier numerus clausus est institué en fin de première année d'études médicales, il s’agit de canaliser les entrées qui explosent avec l’arrivée des classes nombreuses. Les autorités médicales prétendent que la masse va empêcher la qualité de l’enseignement. L’objectif reste la qualité de l’enseignement et des soins.

Avec le plan Barre, l’esprit change. Le fait que nous soyons le pays disposant du nombre de médecins par habitant le plus élevé du monde est jugé anormal avec un nombre de lits colossal et le plus souvent mal géré par des collectivités locales parfois irresponsables. Les syndicats médicaux n’aiment pas la concurrence, ce qui crée une connivence. Et le trou de la sécu devenait béant. « Claude Got, conseiller technique des décrets d'application de la loi de 1979 sur la réforme des études médicales, publiés en mai 1980, et instaurant véritablement l'application du numerus clausus dans l'admission aux études de santé françaises ». Il faut réduire la course à la dépense dans le secteur médical et on pense qu’en réduisant l’offre, et en encadrant les rémunérations, on réduira la demande. Une erreur courante dans un système de gratuité. La répression de la dépense va être un chantier continu jusqu’à nos jours. Pour donner une idée de l’encadrement des rémunérations, on peut prendre l’exemple de la lettre-clef K opératoire, celle des chirurgiens, dont le tarif depuis que la convention médicale a vu le jour dans les années soixante, n’a pas du tout suivi le coût de la vie au point qu’il faudrait le multiplier par quatre pour revenir au niveau de 1965. Les médecins sont une corporation très disparate qui, en vérité, s’est très mal défendue, contrairement aux dentistes, profession homogène, qui ont réussi à rester hors des pattes de la sécurité sociale. Dans la durée, la profession s’est féminisée, les femmes acceptant des salaires plus faibles, mais en refusant les horaires qui ne permettent pas de maintenir une vie familiale. Adieu les gardes et les sujétions d’antan. On retrouve la même situation que dans l’Éducation nationale ou la Justice. Certaines branches de la médecine très contraignantes ne trouvent plus assez de candidats. Le ministère de la santé et les ARS vont développer une bureaucratie à 80 % féminine mais au plus haut de la hiérarchie des salaires publics (quasiment tout le monde en catégorie A), dont on sait qu’ils n’ont pas été divisés par quatre !

Le trou de la sécu et la surmédicalisation française ne reculant pas, rien ne changera pendant les 40 années suivantes, jusqu’à l’effondrement récent provoqué par l’épidémie de Sars-cov-2 et la panique qui s’est ensuivie.

Avant cela, l’arrivée, avec l’élection de F. Mitterrand, de la coalition socialiste communiste va stopper tous les efforts macroéconomiques jusqu’au « tournant de la rigueur », mais personne n’osera toucher au numerus clausus dont le problème est qu’il ne réduit pas l’effectif au travail pendant toute une génération qui vieillit jusqu’au jour où elle part à la retraite. Alors il n’y a plus personne. C’est la situation actuelle.

En revanche on s’attaque au mandarinat ! Les chefs de service sont déclarés divas capricieux et « fascisants ». Heureusement tous les projets les plus dramatiques des excités du PS seront mis progressivement à la poubelle : tous les chefs de service étaient socialistes ou presque ! En revanche la cogestion avec les syndicats est quasiment instituée comme dans l’Éducation Nationale. C’est avec Juppé que la bureaucratie commence à s’implanter. Mais c’est avec Jospin que les 35 heures viennent mettre part terre l’hôpital. Il est intéressant de noter qu’aucun des ministres conviés par le journal Le Monde n’a osé parler de la durée du travail alors qu’une bonne partie des difficultés vient de là. Les chefs de service sont mis sous tutelle avec des services aux horaires devenus rigides avec des réglementations et des normes coercitives. On verra à Saint Malo un chirurgien recoudre un malade en cours d’opération, avant de faire les actes importants, parce qu’une infirmière a décidé de partir à la fin de son horaire légal ! On arrête un service complet parce qu’il manque un médecin ou une infirmière. En même temps on ferme les services qui n’ont pas « assez d’activité » et on veut créer un grand service public du transport médical pour aller vers les nouvelles usines à traiter. Une pure folie de type Gosplan ! Il faudra la révolte des taxis pour mettre fin à cette tentative d’esprit soviétique.

Le gros des pleurnicheries dans l’article porte sur la tarification à l’acte. C’est le prototype du faux problème. Dans un système administré, et marqué par la gratuité des soins aux malades, les prix ne jouent pas leur rôle de régulateur. Ce sont de simples conventions pour redistribuer les budgets. Parler de rentabilité des hôpitaux publics est aussi stupide que parler de bénéfices à la SNCF !

Si vous rémunérez une équipe sans se préoccuper des actes qu’elle fait, le risque est le farniente qu’il faut compenser par des régulations délicates. Si vous le faites à l’acte, sans se préoccuper de rien d’autre, vous voyez les actes se multiplier et les mieux rémunérés plus vite que les autres. Il faut là aussi contrer ces dérives par des régulations nécessaires.

La dualité entre secteur public et secteur privé aggrave les choses. Le secteur privé est toujours rémunéré à l’acte ou au traitement qui est une série d’actes. Qu’il s’agisse de médecins de ville ou de cliniciens. La concurrence se fait sur la qualité, les prix étant uniformisés. La vraie responsabilité de la clinique, c’est d’obtenir des intervenants de grande réputation qui assurent l’activité et l’image de l’institution. Mais il aura nécessairement spécialisation, multiplication des actes et concentration sur les actes les mieux rémunérés. Il faut donc chiffrer la valeur des actes. Il n’y a pas de choix, puisqu’ils sont remboursés intégralement.

Dans le secteur public qui ne peut pas refuser de patients et qui doit couvrir tout le spectre des affections possibles, la situation est différente mais aucune doctrine n’est franchement meilleure qu’une autre. La meilleure est sans doute d’affecter un budget à un service, associé à un contrôleur de gestion indépendant et mettre en œuvre une politique de comparaison des résultats (benchmarking) avec les services comparables.

Mais la facturation à l’acte reste indispensable pour les services utilisant des matériels et les journées d’hospitalisation, la question étant ce qu’on facture, le lit et son assistance ou le lit et le traitement dans le cadre d’un forfait.

Le pire système est de fixer des canevas de traitement fixes contrôlés du début à la fin par ordinateur avec un contrôle bureaucratique permanent, en laissant la bureaucratie parasiter la totalité du système en créant des arrêts pour décision bureaucratique dans tous les processus.

Ce qui frappe dans l’article, c’est l’impuissance des Ministres. On ne comprend pas le contexte et les causes. On réagit dans la panique à chaque récession qui ruine les recettes. On comprime et on bureaucratise, sans jamais s’attaquer aux causes. Et on est toujours dépassé. La bureaucratie réagit en fixant des normes encore plus sévères et en réduisant les lits sous différents prétextes, tout en cherchant des solutions absurdes d’étatisme comme le service public des transports à l’hôpital. On crée des émeutes. Alors on lâche un peu, on cède et on reprend. Rien n’avance. Et on finit par un monde hospitalier où chacun ne cherche plus qu’à se garer des accidents tout en gagnant le plus possible ou en travaillant le moins possible, et en se localisant dans les endroits les plus valorisants.

Du coup les politiques ont accepté leur impuissance et ont choisi de l’accompagner par de la démagogie en étendant les droits-à, tout en réduisant l’offre par des contingentements, des regroupements, des durées de travail réduite, des effectifs contraints etc. On aboutit à cette situation ubuesque où nous avons un service de santé pléthorique, ruineux et surdimensionné mais qui fonctionne mal, maltraite les professionnels et les malades et donne une impression de manque à tous les étages.

En cela le secteur médical rejoint la totalité des services publics, hypertrophiés, ruineux, bureaucratisés, noyés et inefficaces, travaillant peu d’heures, et qui ponctionnent une part grotesquement élevée des ressources nationales. On ne peut pas avoir des services publics qui marchent lorsque les prélèvements, à l’échelon national, représentent quasiment la valeur ajoutée globale des entreprises.

Si vous voulez un bon service de santé, il faut d’abord de la croissance et de l’argent, avec un maximum de responsabilisation de tous les acteurs et une forte concurrence des institutions. Si tout est gratuit et qu’il n’y a plus de croissance, avec une emprise bureaucratique et normative envahissante, vous n’avez plus de système de santé mais un machin déréglé qui ne fonctionne que parce qu’il y a quelques saints à quelques carrefours.

Notons que la prétendue « transition écologique » va créer un nouvel âge de restrictions avec une probable décroissance, qui aura encore plus de conséquences terribles sur le secteur médical. Ce troisième âge de la médecine depuis la guerre de Quarante s’annonce comme une terrible régression ! Le Dr Raoult dénonçait inlassablement qu’en matière de recherche médicale la France était devenue un pays du tiers-monde. Ce n’est que le début ! Les Français tiennent incroyablement à leur santé. F. Fillon a commencé à faiblir dans les sondages lorsqu’il a dévoilé qu’il voulait réduire drastiquement le mammouth médical. On a vu la facilité d’E. Macron à attiser et exploiter électoralement la haine des non vaccinés par des foules inquiètes d’être contaminées.

Les Français veulent sauver l’environnement et la terre avec ferveur. Ils adorent les causes de leurs futurs malheurs en glorifiant les restrictions écologistes Ils ne se rendent absolument pas compte de ce que cela signifie comme réductions… des dépenses de santé !

Trente glorieuses ! Cinquante piteuses ! Cent calamiteuses ? Avec une classe politique et médiatique dominante totalement dépassée et impuissante, forcée au mensonge systématique (le plus souvent par omission) et qui a concédé sa souveraineté à des instances internationales incontrôlables, le chemin de la décadence médicale est fort bien balisé.

Christian Gerondeau : l'indispensable trilogie sur la religion écologique

La fin de l'intox du GIEC

Lors que le 4 août 2021 j’ai abordé dans une conférence la question écologique, avec des interrogations fortes sur les idées dominantes défendues par le GIEC, les réactions ont été surprenantes ou terriblement pédagogiques comme on voudra. Il était facile de démontrer avec des opérations élémentaires dignes d’un élève de 7e et sur la base de chiffres qu’il suffisait de vérifier sur internet en trois secondes, que la politique proposée était strictement inutile d’un côté et impossible à mener de l’autre. Des réactions violentes se sont produites dans l’assistance, un phénomène jamais rencontrées depuis des années que je fais des conférences. Des jeunes filles indignées se sont levées et ont quitté la salle. Des adultes que je connaissais pour raisonnables ont durci leur visage en marque de réprobation. On entendait des « il ment », des « c’est faux », des « c’est scandaleux » etc. J’aurais expliqué à une assemblée de musulmans fanatiques que Mahomet était un farceur, la réaction n’aurait pas été plus vive ! Une partie de la salle ne voulait pas entendre ! Le dogme était sacré. L’écologie était clairement devenue une religion qui ne pouvait tolérer les sceptiques. À l’époque, le premier livre iconoclaste de Christian Gerondeau n’était pas encore paru (La religion écologique - L’Artilleur). La revue Causeur avait refusé de prendre un petit article sur le coût de la suppression du moteur thermique. Cette conférence a été un déclic. Les calculs les plus simples et les moins contestables étaient considérés comme faux et de mauvaise foi. « Je ne veux pas le savoir ». Vingt-cinq ans de propagande incessante avaient suggestionné et décérébré une partie très importante de la population qui ne voulait plus revenir sur son engagement, même au prix de la sottise la plus crasse.

J’ai donc entrepris d’écrire un livre explicitement centré sur les risques économiques de l’écologie prônée par le GIEC (Réconcilier Économie et Écologie – Deux trains lancés l’un vers l’autre sur la même voie, aux éditions du cercle des économistes e-toile). Malheureusement l’hystérie autour d’une nième vague de Covid et la volonté de Macron « d’emmerder les Français » rétifs à la nième vaccination n’a pas permis d’organiser quoi que ce soit et le sujet a été évacué totalement des élections présidentielles, puis législatives, entièrement préempté par l’Union européenne qui a imposé sans aucune étude d’impact la suppression du moteur thermique en 2 035.

Le temps était revenu d’aborder la question écologique. Malheureusement la guerre en Ukraine a, à nouveau, faussé toute la donne. Néanmoins, nous avons décidé de relancer le livre, encouragé par la parution de deux nouveaux livres de Christian Gerondeau, qui a complété son premier livre par « Les 12 mensonges du GIEC » et surtout l’indispensable « La voiture électrique et autres folies » que nous conseillons à tous les lecteurs de ce blog tant les chiffres donnés sont importants.

« Comment briser le mur de mensonge érigé par les tenants de la doxa aujourd’hui régnante qui les cache aux yeux du monde car ceux-ci ont tout fait, jusqu’à présent avec succès, pour empêcher toute confrontation avec ceux qui les contestent, parfois présentés comme des « adeptes de la terre plate » alors qu’ils portent la voix du bon sens »

J’aurais pu écrire la même phrase. Ce blog depuis presque 15 ans pose inlassablement la question de la défaite de la vérité sur un grand nombre de sujets économiques, monétaires, sociaux, historiques et écologiques. L’opinion se forme dans une toile d’araignée de mensonges ahurissants qu’il est interdit de balayer.

Nous avons vu dans un précédent article l’ampleur titanesque et forcenée du tissu de mensonges qu’est la présentation de la guerre d’Espagne en France. Un tel niveau de désinformation est presque égalé sur la question écologique. La France et l’Europe de l’Ouest sont devenus les nouveaux « pays du mensonge déconcertant » ! Comme c’est glorieux !

La force de Christian Gerondeau est qu’il prend les faits et présente des graphiques exacts. Ensuite il compare avec les affirmations du GIEC. Et on constate des présentations volontairement tronquées, disons même truquées, des changements d’unités qui ne permettent plus de comparer, des affirmations sans preuve, des attitudes de Savonarole énervé, des injonctions contradictoires, de la littérature de pure propagande, des mesures outrancières et débiles, la démoralisation des jeunes, la génération de comportements délirants chez des esprits fragiles.

Chaque jour démontre l’effet démoralisant des sottises intéressées du GIEC. Un homme annonçait hier encore devant les télévisions énamourées qu’il allait se faire stériliser pour ne pas encombrer la planète d’enfants gâtés qui provoqueraient le réchauffement climatique ! Lorsque la folie devient la règle, il est temps de quitter la nef des fous. Malheureusement il n’y a pas de véhicule de secours. Il faut donc bien attaquer de front les sottises mensongères du GIEC et s’attaquer aux abrutis qui ont cru bon par grégarisme inculte de mettre en application leur plan de régression mortelle de l’économie mondiale.

Les Français ne le savent pas encore, mais le temps est venu de faire sauter le carcan de l’inepte concept de la transition écologique avant la ruine définitive du pays et l’instauration d’une quasi-dictature climatique quand la situation sera devenue ingérable.

Il faut savoir que l’intoxication des consciences est telle que ce sera un travail politique colossal et il est compréhensible qu’aucune force politique ne veuille prendre le risque de s’approprier, même si c’est une nécessité nationale cruciale. L’opinion veut du greenwashing et on lui en sert des tonnes. Les entreprises ont décidé de ne pas résister et vomissent leur torrent d’inepties vertes ou LGBT pour soigner leur image et éviter d’être vilipendées par des dizaines d’associations militantes inondées d’argent.

Il va falloir braver toutes les forces « du bien » qui, dans les médias, les arcanes du pouvoir, à l’ONU, au sein de l’UE, et dans l’administration française qui cogère le pays avec des associations de fanatiques, accablent l’opinion de mensonges et de menaces intenses et diversifiées.

C’est beaucoup plus simple de se couler dans le politiquement correct pour gagner des places, du pouvoir et de l’argent. Aux États-Unis et dans de grands groupes mondialisés en Europe, on fait déjà signer des déclarations par lesquelles on se déclare parfaitement au courant des difficultés de genre ou climatiques, et qu’on adhère totalement à la nécessité d’être inclusif et de sauver la planète. Pas question de montrer de la tiédeur et de ne pas hurler avec les loups quand il faut éliminer un récalcitrant. En URSS, il fallait prouver sa parfaite connaissance du marxisme-léninisme pour postuler à quoi que ce soit. S’il fallait signer des formules comme Allah est le seul Dieu, tout le monde crierait à la dictature. Dans le domaine LGBT et écologiste, cela parait une simple bonne idée.

Le GIEC est désormais une institution non scientifique déconsidérée par quiconque s’intéresse au sujet. Christian Gerondeau n’a pas de difficulté à montrer les tricheries utilisées par cette machine à travestir.

Calculer la masse de CO2 autour de la planète en « ppm », unité incompréhensible du grand public et les flux de création de CO2 en tonnes ne permet aucune comparaison. C’est fait exprès. Car dès qu’on parle en tonnes on voit que le stock de CO2 est tel que la suppression des flux de CO2 liés à la voiture en France n’en représente que le 10.000ième ce qui interdit tout espoir d’un effet quelconque sur le climat, même en utilisant les modèles les plus extravagants du GIEC.

De même trafiquer la courbe sinusoïdale de l’évolution de la température terrestre, qui oscille avec une périodicité d’environ 60 ans depuis des lustres, en droite quasiment verticale est un exploit dans la malhonnêteté tout à fait remarquable. Là aussi la tricherie est volontaire. La préméditation est impossible à cacher.

Comme nous l’avons fait également, avec une autre approche, Christian Gerondeau apporte la preuve que la disparition du moteur thermique en Europe ne se fera pas parce qu’il est tout simplement impossible. Nouveauté, Il prouve en s’appuyant sur l’aveu d’Elan Musk, que la voiture électrique est incompatible avec un réseau d’autoroutes et la volonté d’aller en famille en vacances… Désormais les Californiens riches prennent leur quatre-quatre pour aller en vacances un peu lointaines !

Comme nous le faisons sur ce site en critiquant ouvertement toutes les mesures prises par Mme Wargon, Christian Gerondeau n’a pas de difficulté à prouver que la conversion du parc de bâtiments en blockhaus thermiques est un gâchis infernal et strictement inutile.

La partie le plus intéressante et originale est celle qui démontre qu’en réalisant une maintenance finalement peu coûteuse du parc de centrales atomiques existantes, il est parfaitement inutile d’en construire d’autres. Nous avions nous-mêmes rappelé que Giscard avait lancé le TGV et le chauffage électrique des nouveaux immeubles parce qu’il anticipait que les centrales nucléaires produiraient un excès d’électricité. Et il est vrai que nous avons exporté de l’énergie pendant des décennies jusqu’à ce que le programme nucléaire sous la pression des Verts tourne de l’œil. Gerondeau rappelle que depuis 2000 la consommation d’électricité baisse en France, ce que personne ne sait car personne ne le dit dans les médias. Les capacités nucléaires étaient donc de plus en plus excédentaires. Construire la Hague n’avait en fait aucun intérêt. Cette baisse de la consommation électrique est due à un simple phénomène de saturation des marchés maintenant que tout le monde est équipé en réfrigérateur, lave-linge, lave-vaisselle, télévision et autres applications électroniques. Elle est là pour durer.

Le programme ruineux de construction d’éoliennes a créé quelques super fortunes opportunistes avec de l’argent public c’est-à-dire les impôts payés par les autres, mais en forçant à utiliser en priorité l’énergie éolienne, on a freiné les centrales qui ont fini par fonctionner de façon bancale. On n’avait aucunement besoin de cette nouvelle source d’énergie.

De même le pays se ruine avec ses politiques ferroviaires à l’échelon régional et local autant que national. L’investissement est colossal, la recette comptée ridicule. Le tout ne fonctionne qu’à perte. Et on affirme, encore un mensonge, que la SNCF peut faire des bénéfices, alors qu’elle entraîne chaque année au minimum 14 milliards de pertes et qu’elle est responsable d’une grosse partie de la dette colossale du pays. Là aussi, nous avons écrit sur ce sujet dans tous nos livres et plusieurs articles sur ce blog. Notons que ce n’est pas Mme Borne qui va changer le cours des choses. Elle est entièrement mouillée dans la politique folle des transports que nous avons connue.

On voit que dès qu’on part des réalités, les vues convergent. Les constats sont les constats.

La nécessité aujourd’hui est de contrer la religion d’état qu’est devenue la religion écologiste qui s’est imposée d’en haut, à partir des quelques fanatiques Verts allemands, d’abord à l’ONU puis dans les instances européennes puis partout dans les médias. Il faut gagner une bataille de faits et d’opinion.

Et bien sûr il faudra ensuite bâtir une stratégie alternative, car des difficultés écologiques, il y en a, principalement des risques de pénuries, et il faut les anticiper. Construire une croissance plus équilibrée, moins intensive en destruction de ressources non renouvelables est un bon objectif. Il est nécessaire de réserver les ressources rares qu’il nous reste à des investissements bien choisis et optimisés, de même que les obligations réglementaires doivent être soigneusement pesées. Le gaspillage éperdu et intenable actuel, sans aucune efficacité, doit être totalement arrêté. Nous risquons un collapsus économique irrattrapable créant de surcroît un chaos politique difficile à maîtriser.

Le risque des politiques écologistes irrationnelles menées à la suite des gourous allemands de la décroissance heureuse est d’une part de succomber aux mesures folles de transition qu’on veut imposer sans raison au pays mais aussi de décourager de faire les réformes économiques et sociales nécessaires pour retrouver la prospérité, stagnante depuis 1981.

On voit que LR pourrait tenir là une opportunité de retrouver un rôle fondamental dans la défense et l’illustration de la Ve République. Les trois autres mouvements sont trop engagés dans la dégringolade actuelle pour pouvoir freiner et plus encore moins imaginer un demi-tour.

Mais qui osera en son sein se dresser avec le drapeau de la révolte et engager une bataille de fond pour informer le grand public, faire apparaître l’imbécillité honteuse de la voie qu’on impose à la France, et la nécessité de faire autrement ?

Gageons que le projet inique de l’union Européenne de faire payer aux Français les erreurs allemandes au nom de la solidarité en bridant leur consommation et leur consommation d’énergie, sera un puissant levier. La politique allemande menée depuis que les Grünen se sont imposées au pouvoir en Allemagne est une absurdité dommageable que les Allemands doivent assumer seuls. Personne ne les a forcés à organiser une dépendance organique de la Russie et du gaz, tout en poussant une politique démente de création d’éoliennes intermittentes. Que les auteurs de cette sottise l’assument et ne cherchent pas à mouiller les autres à leur place.

Jusqu’ici, il paraissait seulement important d’attirer l’attention sur tel ou tel aspect problématique de la politique écologique imposée par le GIEC. Mais au vu des conséquences de plus en plus dramatiques et de la folie qui règne désormais, il faut aller plus loin.

Un grand plan de redressement national passe OBLIGATOIREMENT par un changement de cap radical en matière d’action écologique. C’est l’urgence nationale des cinq prochaines années.

 

Didier Dufau

Les effets pervers de l’impôt progressif

Il est des vérités que vous pouvez ressasser indéfiniment. Elles glisseront sur l’opinion comme la pluie sur une aile de canard. Personne n’en tiendra jamais compte, alors que l’effet sur « la vie quotidienne des Français » et « le pouvoir d’achat » est absolument fondamental.

Si on peut pardonner de citer quelques expériences personnelles, la première fois que j’ai été confronté aux effets pervers de l’impôt progressif ne date pas d’hier. Lorsqu’en 1969 je travaillais ma thèse sur la prévision à long terme, j’étais un peu déconfit de constater qu’elle était à peu près impossible, sauf partiellement, dans le domaine démographique. En revanche il était facilement prévisible que la progressivité fiscale entraînerait mécaniquement une hausse de la part des impôts dans le PIB.

En fait il s’agit d’une loi d’airain ; un pilier ; une réalité impossible à masquer.

Si vous mettez en place une fiscalité non proportionnelle au PIB, c’est-à-dire avec alourdissement plus que proportionnel en fonction du revenu, en cas de croissance économique la part de l’impôt augmente que vous le vouliez ou non si vous ne créez pas de mesures de correction.

Ce mécanisme est aggravé par l’inflation, la progressivité s’appliquant à la hausse fictive du revenu.

Il l’est aussi par un mécanisme un peu plus subtil mais à peine : la croissance est toujours une succession de phases d’accélération et de récession. Après l’arrêt des politiques de stabilité mise en place par les accords de Bretton Woods, le cycle récessions, emballements est revenu, au départ avec une inflation forte. Les phases d’emballement ont entraîné des croissances très fortes des recettes fiscales, justifiant des dépenses insensées : c’est le mécanisme de la « cagnotte ». Les mauvais dirigeants en ont toujours profité pour dépenser à tout va. Mais la récession suivante mettait tous les comptes à découvert : la progressivité joue aussi à l’envers. Du coup il fallait emprunter et éventuellement aggraver la fiscalité. Lors de la reprise suivante la double progressivité jouait : celle de base plus celle des nouveaux impôts avec une aggravation immédiate du taux de prélèvements.

Le Général de Gaulle a demandé à George Pompidou de conserver le taux de prélèvement autour de 32 % et il a commencé à s’énerver lorsqu’il a atteint 35 %. Il est vrai que la croissance était de 3.5 à 4 %, ce qui entraînait une croissance de la recette fiscale de près de 7.5 %. Giscard était du côté de la fiscalité aggravée. Mai 1968 allait mettre l’exigence de Gaulle à la poubelle. Le Septennat Giscard sera entièrement un septennat fiscal avec l’effet de l’inflation (à 15 %, soit 20 % de recettes fiscales en plus), du reliquat des trente glorieuses et un accablement permanent d’impôts nouveaux. Arrive alors le programme Commun d’aveuglement et de fiscalité. La pression fiscale dépasse les 40 puis atteint 45 % du PIB.

Le tournant reste le gouvernement Chirac Balladur de première cohabitation. Pour la première fois, le gouvernement supprime des impôts et cherche à réduire la dépense publique devenue folle. Catastrophe, Mitterrand et réélu. Nous aurons bientôt Rocard, l’imbécile le plus surestimé de l’histoire récente, qui va profiter de la reprise forte de la croissance pour non seulement encaisser les surplus fiscaux de la progressivité revenue à sa pleine production mais créer des impôts supplémentaires lourds et débrider totalement les dépenses. Un total inconscient révéré par quelques idiots pour des raisons obscures. C’est le pire gouvernement de la cinquième république. Tout est aggravé. Lorsque la récession arrive en 93, tout explose. Balladur est obligé de laisser filer la dette. Chirac se trompe sur tout et avec Juppé ne voient pas arriver la reprise de 97. Ils dissolvent l’assemblée à contretemps. Jospin gâche les dernières chances du pays de revenir à la normale. Il encaisse tous les fruits de la haute conjoncture en matière fiscale tout en réduisant le temps de travail et en aggravant les relations du travail. La cagnotte fait son entrée dans le langage commun. Tous les énarques socialistes se vautrent dans la dépense à tout va.

Le taux de prélèvement finira par culminer à 47.5 % du PIB en 2020. L’INSEE en reste à 45 % mais son calcul est biaisé. Celui d’Eurostat est plus complet et donc meilleur.

Il faudra la terrible récession de 2020 à 2022 pour faire revenir le taux autour de 44 % avant de remonter malgré les rodomontades d’Emmanuel Macron qui met en avant ses baisses d’impôts en trompe-l’œil et en attrape gogo. La reprise rapide de la croissance par simple rebond, accrue par une poussée jamais vue de l’endettement et de la dépense publique, provoque une croissance massive des rentrées fiscales, 20 % plus rapide en 21 comme en 22 que la croissance du PIB.

Le « fiscaliste caché » a encore frappé. La pression fiscale est à nouveau sur le chemin des 45 % (INSEE), 48 % (Eurostat) en attendant mieux.

Cela fait désormais un demi-siècle qu’à titre personnel je cherche à convaincre

-        Qu’un système progressif doit être accompagné par des stabilisateurs automatiques de la pression fiscale

-        Qu’un retour à l’organisation mise en place à Bretton Woods pour éviter le stop and go et la succession de croissances trop rapides et de récessions est souhaitable.

-        Qu’il faut mettre un terme à l’anomalie française de « l’énarchie compassionnelle », les hauts fonctionnaires tenant à garder perpétuellement le mécanisme qui aggrave la pression fiscale.

Ces trois mesures vont ensemble. Elles forment l’armature de la démarche de notre cercle.

Rappelons que les trente glorieuses sont basées sur un taux de prélèvement de 20 à 25 % qui était déjà considéré comme excessif. Un Etat fort n’a pas besoin de plus de 20 % du PIB pour faire face à ses besoins régaliens en régime de paix. 47 % c’est de la démence pure. On ne cherche plus à produire mais à arracher des parts du gâteau fiscal. Tout le monde attend le Godot de la cagnotte. Un peuple de feignasses qui attend tout de l’argent des autres en créant les conditions du déclassement économique et social du pays donne une image de lui-même proche de l’abjection.

D’autant qu’il est assez facile d’imaginer des solutions.

Le retour à la proportionnalité, seule réellement constitutionnelle, est une première solution. Un impôt unique de 20 % est un choix radical mais efficace.

Si on tient à conserver la progressivité, il suffit de mettre en place des mécanismes compensateurs :

-        La surcroissance des recettes peut être donnée à un fonds souverain, qui restituera tout ou partie de l’argent à l’état en cas de récession et d’inversion du mécanisme fiscal. Ce fonds ne devra pas dépasser une certaine importance et l’argent de l’excédent doit être restitué. L’ennui de la solution est qu’il stérilise une partie des revenus de la croissance et fausse l’équilibre économique.

-        Tous les seuils peuvent être automatiquement corrigés du taux de croissance. La progressivité demeure mais au profit de l’État.

-        Etc. Il y a des milliers de formules.

Ce n’est pas ce que le débat public fait apparaître. La course au faux pouvoir d’achat distribué par l’État reste l’obsession psychiatrique de la société française alimentée par l’information construite voulue par l’Enarchie.

Personne ne veut voir que l’effondrement de la Santé, de la Justice, et de l’Enseignement accompagne non pas une volonté de rigueur, mais la conséquence même du taux de 47 % de prélèvement. Quand on prélève pour des dépenses improductives la moitié du PIB, et qu’on ajoute 3 000 milliards de dettes, il est impossible que quoi que ce soit ne fonctionne. Impossible !

La question posée par les mécanismes délétères associés dans la durée de la progressivité n’est pas dans le débat public et n’y viendra pas.

50 ans de censure des débats sur ce sujet ont prouvé que la haute administration ne lâchera jamais.

Suicide français ?

Oui !

Le Français né malin…

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile



La fin de la souveraineté française

Le Parlement Européen vient d’entériner le plan de la commission d’arrêter toute vente de voitures utilisant un tant soit peu des énergies « thermiques ».  Associé à d’autres mesures concernant la construction et l’utilisation des espaces libres, tout aussi radicales, ce plan conditionne de façon colossale tout l’avenir des Français. Toutes les politiques nationales vont être fracassées par les aléas de ce plan de conversion absolue. .

Une élection présidentielle vient d’avoir lieu en France. Le sujet n’a pas été abordé. L’électeur ne savait même pas ce qui se tramait à Bruxelles. Les grands médias n’ont parlé de rien, comme il est d’usage pour les questions européennes.

Une élection législative est en cours. La question de la transition énergétique et de ses conséquences ne sera pas abordée. C’est tranché. Il ne s’agira que de retranscrire ce que le vote, démocratique, du Parlement Européen aura décidé.

Résumons-nous : la politique la plus problématique pour la vie des Français, avec des risques terrifiants échappe à tout débat national ou présidentiel ou législatif. L’évacuation de toute discussion est jugée normale, puisqu’il faut être européen.

On nous avait dit : la présidence française va tout changer. L’immense Macron va prendre en main l’avenir de l’Europe dans ses petites mains fébriles. Il n’a pas dit un mot, pendant toute sa présidence qui se termine à la fin du mois de ce projet pharaonique. Mais même Mme Morano, cette grande figure de la politique française profonde et enracinée, a expliqué que l’Europe, c’était formidable : le chargement des téléphones mobiles sera désormais alimenté par les mêmes câbles standard. Un acquis formidable pour la fameuse « vie quotidienne » des Français, un des objectifs phénoménaux de la présidence française de l’Union Européenne.

Aucune étude d’impact de l’interdiction des moteurs thermiques et des solutions hybrides n’a été proposée ni d’ailleurs faite.

Pourtant la question des estimations est facile à cadrer. Si on conserve, sans chercher de croissance, le niveau d'activité et de déplacement actuel les chiffres sont astronomiques  :

-        Industrie automobile française : 4 mille milliards d’euros

-        Utilisateurs de voitures : 2.2 mille milliards d’euros

-        Production de 500 térawattheures d’électricité : dépend du mix entre nucléaire et éoliennes. Coût minimum 2 mille milliards d’euros.

-        Réseau de transport de l’électricité : doit être doublé. Coût impossible à évaluer en l’état car il dépend du mix de production dont on ne connait rien. Plusieurs centaines de milliards d'euros au minimum (et la loi exige désormais que les cables soient enterrés !).

-        Bornes de recharge : il en faudra des … millions.  Coût : plusieurs dizaines de milliards.

-        Impact sur la balance des paiements ? Tragique. Rien de qui est nécessaire aux batteries n’est produit en France.

-        Bilan carbone des actions de conversion : terrifiant. Pour le lithium nécessaire, il va falloir creuser l’équivalent d’un trou de cent kilomètres de diamètre sur 200 mètres de profondeur. Avec des engins au fuel… Un bon début

-        Impact sur l’émission de CO2 de la transition : énorme mais non évalué.

-        Baisse de la température anthropique : nulle à un horizon de 50 à 100 ans

-        Les voitures d’occasion thermiques n’étant pas détruites, le parc continuera de tourner quelque part dans le monde. Effet sur le CO2. : nul.

Rappelons que la valeur ajoutée annuelle des entreprises françaises est d’environ 1.400 milliards d’euros.  D’ici 2035, compte tenu des circonstances actuelles, guerre en Ukraine, pandémie en Chine, hyper inflation, on espère obtenir 15.000 milliards de valeur ajoutée cumulée, et ce serait déjà un exploit. Et entre 50%  et 60% de cette somme serait à consacrer à la conversion décidée ?  C’est évidemment impossible sans ruiner les Français.

Il y a un loup.

La vérité est simple : on va vers une réduction massive du nombre d’automobiles et un contingentement massif des transports, avec une hausse ravageuse des impôts, l’argent magique commençant à manquer.

Le niveau de vie et les libertés d’aller et venir vont être drastiquement réduits. Une horreur programmée qu’on s’interdit de dévoiler.

C’est pourquoi le plus grand silence politique accompagne ces décisions européennes en France. Discuter de la transition serait un blasphème ; Faire apparaître les conséquences, un risque politique trop grand, ne serait-ce qu’en démontrant que la démocratie française est strictement inutile au processus puisque tout est décidé ailleurs.  Alors silence ! Tabou européiste et tabou écologiste se donnent la main pour que les débats soient évacués, en dépit du caractère terrifiant du projet.

Où est passé la souveraineté nationale ?

Emmanuel Macron continue sa politique d’achat de votes en alignant, aujourd’hui encore et après l’avoir fait continument depuis janvier 2021, les promesses catégorielles délirantes. Mais les directives économiques européennes à respecter viennent d’être signées. Elles annoncent une politique d’austérité renforcée, avec un désendettement obligatoire et l’obligation d’avoir une croissance des dépenses publiques moins fortes que celles des impôts ! Rappelons qu'en 2021 les impôts ont cru beaucoup plus vite que le PIB ! Sans aucun commentaire sinon l'article passé sur notre blog.

Pas un mot dans la presse.

Il sera bien temps d’affirmer au moment des décisions douloureuses que tout cela date d’il y a longtemps, que tout le monde était d’accord et qu’il faut respecter l’Europe notre protection contre la guerre et notre petitesse dans ce monde de brutes.

La presse chantera la chanson avec empressement.

Est-ce que c’est bien démocratique ? Ben oui puisque c’est voté par le Parlement après des élections libres. L’argument semble imparable. Il ne l’est pas, pour une raison simple : l’élection européenne ne se fait jamais sur un programme, donc ne laisse aucune occasion aux électeurs de choisir entre des des options. Le programme c’est la commission et la commission seule qui en décidera. Elle en a le monopole absolu. On votera donc sur ce qu’ellevoudra bien présenter. Le député européen fraîchement élu ne sait absolument pas de quoi il aura à juger. Il a été choisi par son parti et les Français ont voté sur des étiquettes partisanes. Le parti n'a pas pu formaliser une réponse ou une analyse et il est impossible de vérifier auprès de l’électorat si son point de vue est admis. La France ne représente qu’une part ridicule des députés et ne peut pas y faite valoir ses singularités éventuelles. De toute fa çon la minuscule phalange française est divisée par le vote à la proportionnelle en chapelles nombreuses et incompatibles, alors que les partis, on devrait dire les « étiquettes », ont fait le choix de présenter soit des politique victimes du suffrage universel soit d’européistes convaincus.  L’électeur dans un tel système ne peut orienter et encore moins décider d’aucune politique.  Du coup la presse n’a pas à se saisir du moindre sujet. De toute façon le choix profond de l’électorat ne compte pas. Pas la peine de le démontrer au quotidien.

La solution était évidente pour éviter ce déni démocratique : envoyer 77 députés élus au Parlement français voter au Parlement européen, après que les directives ont été discutées au Parlement français, assurant à la fois la connexion avec le peuple et la vérification que la France n’y perd pas, avec une bonne couverture de la presse. Que se passerait-il si le vote européen était défavorable au choix français. On verrait aussitôt que l’Europe n’est pas la bénédiction assurée. La crise serait immédiate entre l’intérêt français décidé démocratiquement et l’intérêt dit européen décidés par d’autres.  Alors on a fait de ces élections européennes frelatées un prétexte démocratique et une fête européiste. Et après le silence tombe.

Ces mois de débat électoraux ont montré de façon caricaturale, d’abord que le gouvernement français était impuissant, ligoté par le gouvernement des juges et  dominé par les instances européennes supranationales. Aucune mesure de sauvegarde nationale n’est possible. Le pouvoir français a été capturé par des camarillas familiales de hauts fonctionnaires qui servent leur intérêt de carrière et d’argent. Les partis sont des attrape-tout qui ne servent qu’à accorder des places sans débattre de rien. Aucune politique dans aucun domaine n’est réellement discutée nulle part.

Les observateurs remarquent la désagrégation nationale. Comment en serait-il autrement. Il n’y a plus de pouvoir régalien et l’économie est laissée à des instances supranationales.

On va vers une abstention de plus de 50% au premier tour et de 60% au second tour, aux élections législatives. A quoi sert de voter pour des guignols impuissants sinon en matière fiscale ?

Les Français ne peuvent orienter quoi que ce soit par leur vote. La démocratie ce n'est pas voter. C'est pouvoir orienter la politique par son vote.  Méprisés par des démagogues cyniques qui au pouvoir les achètent avec des promesses minables (chèque menstrues pour les étudiantes, chèque mangas pour les adolescents, chèque, chèque, chèque…) et dans l’opposition font de la surenchère minable contre des victimes expiatoires en annonçant de nouveaux chèques encore plus gros. Les Français ont à la fois honte de l’image qu’on leur renvoie d’eux-mêmes et des propositions qu’on leur fait. Ils se détournent du vote. Quoi de plus normal ?

C’est comme cela qu’un grand peuple meurt. Le plan de « transition » voté par le Parlement européen accélérera la mise au tombeau.  

RIP.

 

Didier Dufau

 

Le drame de la désindustrialisation en France

Jean-Pierre Robin, un des derniers journalistes ayant de véritables compétences économiques, pose parfaitement la question dans le Figaro daté du trente mai 2022 : « les déboires industriels de la France se comparent à la défaite de quarante ». Il cite l’ouvrage de Nicolas Dufourq qui note qu’en vingt ans la France a perdu la moitié de ses usines. Depuis 2008, 936 usines de plus de 50 salariés ont fermé.

On pourrait en effet envisager un tribunal pénal pour ce crime contre l’humanité productive. Il est agréable pour notre cercle de voir que ses diagnostics sont totalement confirmés. Ceux qui nous lisent régulièrement savent que nous défendons la thèse que trois causes externes et trois causes internes expliquent la dégringolade annoncée, ré-annoncée, ré-ré-annoncée pendant 25 ans sans aucun écho, tant l’élite dirigeante était imperméable à toute observation et analyse utiles.

Nous disions (avec Maurice Allais) :

-        Que les changes flottants permettaient l’accumulation de déséquilibres provoquant régulièrement des récessions sévères et de plus en plus sévères. Il a fallu la récession de 2008, attribuée bêtement aux subprimes, pour qu’on commence à réfléchir un peu. On n’a pas voulu toucher à la racine du problème alors on a complètement bureaucratisé et enfermé l’activité des banques.

-        Que l’Euro a un caractère structurellement récessif, ce qu’on a vu en 2011, avec la crise spécifique de la zone Euro et qu’il fallait ajouter un mécanisme permettant d’éviter les macro excédents comme les macrodéficits. On n’a rien fait de structurel. On a simplement violé toutes les règles initiales pour permettre à la BCE de créer des flots délirants de monnaie sans contrepartie de production.

-        Que l’entrée de la Chine dans l’OMC et une politique d’ouverture totale à la concurrence des pays à bas salaire allaient liquider l’industrie et déclasser la classe moyenne des pays développés, dans le cadre des systèmes monétaires défaillants. L’affaire est désormais évidente pour tout le monde.

Mais si le monde occidental s’est mis à croître moins vite que le reste du monde, que l’Europe a commencé à aller moins vite que le reste du monde occidental, il y avait aussi cette composante française qui nous mettait à la traîne dans l’union européenne.

C’était la preuve qu’il y avait une composante proprement française de la décrépitude économique.

Nous avons alors insisté sur les trois causes fondamentales du déclin spécifiquement français, qu’on pourrait reformuler ainsi :

-        L’énarchie compassionnelle, c’est-à-dire le développement d’une classe dirigeante de plus en plus népotique, incapable de comprendre les questions de productions, tournée vers les solutions bureaucratiques et l’encadrement millimétriques des activités, et obsédée par la fiscalité intensive.

-        Le socialisme, marqué par le pouvoir donné totalement aux syndicats, la chasse aux patrons et au capital, et la distribution de « droits acquisitifs », ces fameux droits-là opposables qui impliquent de plus en plus de gratuités infinançables. La « gratuité de la vie » et la machine à distribuer les « cadeaux au peuple » à crédit a rendu la redistribution sociale française unique au monde par son ampleur, comme la dette, étant entendu qu’on y incluait le monde entier.

-        Le féminisme outrancier qui entraînait la disparition des enfants dans la population native et créait une crise démographique telle qu’il devenait indispensable d’importer des millions d’immigrés.

Ces trois causes se cumulent facilement. L’étatisme adore le socialisme, le féminisme et toutes les incitations à augmenter son rôle.

On constate qu’avec Macron, l’énarchie népotique, compassionnelle et bienveillante a complètement détruit la démocratie. Il a dépensé 40 milliards en 2021 et quarante milliards en 2022 pour se faire réélire sans faire campagne. Pendant cinq ans il a gouverné avec une poignée de condisciples. Toutes les conséquences ont été aggravées. Aucune vraie réforme n’a été entreprise. Le pays a sombré dans l’abstention ou le vote vomitif. La déchéance est totale.

La démagogie des gratuités et des droits-à a tout emporté avec un syndicalisme de blocage et de destruction. Encore hier une grève de la RATP, exprès lors d’un grand moment festif a aggravé la destruction de la finale de la coupe d’Europe de football. Tout le monde s’en fout. On attend les jeux olympiques d’un pied syndical ferme ! Thatcher avait compris, elle, qu’il fallait remettre les syndicats à leur place de façon ferme et définitive. Le désordre atteint désormais toutes les couches de la société.

Le féminisme a tourné au Wokisme et au fascisme ordinaire, avec le développement de la coercition sociale qui exclut tout opposant à une forme ou une autre de politiquement correct. La presse, la loi, les juges veillent à ce que tous les angélismes destructeurs produisent tous leurs effets. Le gauchisme a emporté toutes les digues d’un socialisme un doigt raisonnable. Il n’y a

plus d’ordre public mais un lacis d’ignominies quotidiennes, sur fond d’écologisme primaires anti économique, de disparition de la natalité, de sans frontiérisme absolu, d’amour de la mort de tout ce qui est un petit peu discipliné et actif.

Ce qu’omet, provisoirement j’espère, l’ami Jean Pierre-Robin, c’est que la conjonction des six causes foncières avec le triomphe de l’écologie religieuse, mortifère, intouchable et sacrée, ne va pas faire renaître l’industrie mais tuer l’ensemble de l’économie. Nous sommes à la veille d’une régression phénoménale que personne ne veut voir, comme on ne voulait pas voir la mort imminente de l’industrie, comme on ne voulait pas voir la mort de la filière nucléaire, abandonnée et déclarée nuisible depuis des lustres.

Les grands prêtres de l’écologie sacrée vont annoncer demain avec une pompe à faire frémir les mânes de l’Église romaine catholique, que le moteur thermique aura disparu en 2035, soit moins de treize ans. Aucun chiffrage des coûts, aucune idée sur les financements, aucune estimation du gain de température globale.

Les calculs que nous avons faits montrent qu’il faut doubler la création d’électricité pour alimenter un parc identique de voitures faisant la même quantité de kilomètres. Le budget global est d’environ de 6 milliards d’euros pour la France soit 5 ans environ de valeur ajoutée des entreprises. L’impact sur la pollution est nul puisque, si les voitures thermiques sont interdites de circuler, elles ne sont pas détruites et vont partir vers l’Afrique où elles produiront la même pollution.

Nous allons donc fêter des objectifs intenables et sans résultats sur le réchauffement avec une outrance de « green washing » et de bonnes intentions affichées. Ah que nous nous voyons beaux dans notre miroir aux alouettes !

La Datar dans les années soixante-dix a viré toutes les industries de Paris intra-muros. La planification à la française les a envoyées en province où elles ont toutes disparu. Paris a perdu 200 000 habitants, ouvriers et salariés de l’industrie avec leur famille. La tarée Hidalgo continue sur la lancée et va encore vider un peu plus la capitale avec des projets qui atteignent le sommet des contradictions et de la folie verte atrabilaire.

Alors, un tribunal pénal pour sanctionner la mort économique de la France ? Une idée à creuser, comme on creuse la tombe de notre prospérité depuis 50 ans.

 

Didier Dufau

L’article de Jean Peyrelevade sur la « renaissance de la social-démocratie ».

  1. L’article constate la perte de cohérence de la gauche et son incapacité à revenir au pouvoir. Mais n’en donne aucune explication. La société est déclarée fracturée mais le rôle des politiques socialistes en faveur de cette fracturation n’est pas évalué. Idem pour le déclin de l’économie, idem pour les déficits des finances publics. Comme si « Touche pas à mon pote », le programme commun, puis la poussée de dépenses publiques du gouvernement Rocard puis la folie des 35 heures, puis la débauche de mesures prises par les gouvernements du quinquennat Hollande, n’avaient pas joué leur rôle. Du coup on affirme que la social-démocratie est la solution sans apporter la moindre preuve. C’est une pure pétition de principe.
  2. L’article souligne que le pouvoir est capté par une « minorité réduite ». Mais il n’y a pas d’analyse de cette minorité réduite : il s’agit essentiellement de la génération socialiste promue par Mitterrand et qui prospère en famille, en s’appuyant considérablement sur l’énarchie compassionnelle et les équipes rassemblées par Delanoë. Il s’agit d’une caste socialiste-compatible, étatiste, bureaucratique, fiscaliste, européiste, partiellement genrée. L’homogénéité est dans l’illibéralisme et la préférence social-démocrate pour la fonction publique. La fusion récente de la haute fonction publique qui tient l’état, et les équipes qui tiennent la politique, est la cause des maux soulignés. Ce qui n’est pas diagnostiqué.
  3. Macron est un social-démocrate qui a tout centralisé entre ses mains en violant l’esprit et la lettre de la constitution. On peut dénoncer la pratique sans demander le retour au septennat et la déconnexion des élections présidentielles et législatives.
  4. La décentralisation est un sujet compliqué. Dire qu’il faut simplifier et généraliser la décentralisation n’a pas de sens global. Il faut regarder dans le détail. C’est aussi sot que d’affirmer qu’il faut faire tout remonter à Bruxelles. La vérité est que l’État est désormais largement impuissant, écartelé par le haut et par le bas ; cette impuissance est une des causes principales de la crise démocratique. Ne pas évoquer les moyens de retrouver de la puissance souveraine sur les grands sujets et au contraire toujours favoriser ce qui aggrave la difficulté n’est pas une approche sérieuse.
  5. Il faut passer d’un capitalisme actionnarial à un capitalisme de codécision écrit M. Peyrelevade. En route pour les fadaises Woke. Les entreprises agissent dans un véritable réseau de contraintes judiciaires et administratives. Leur donner une responsabilité politique pour éviter les fractures sociales est indécent : il appartient aux politiques de gérer l’unité du pays, pas aux agents économiques qui peuvent agir à leur guise dans le cadre des lois. En leur demandant d’assumer le travail de l’État, on prouve seulement que le socialisme et la social-démocratie sont impuissants sur cette question. Ajouter qu’on les prive de leur capacité de décision au profit de comités sociaux va encore plus loin dans l’impossibilité de tenir les objectifs de réindustrialisation, de retour à la compétitivité, etc. qu’on déclare indispensables par ailleurs.
  6. Le rapport suggère d’améliorer la formation des Français. Mais rien n’est dit des causes de l’effondrement de l’Éducation nationale qui sont très liées au travail de sape des socialistes qui ont cautionné les lubies « déconstructives » des gauchistes excités et de leur association.
  7. Il faut en revenir à la planification centrale pour tenir compte des tâches exorbitantes de l’époque : réindustrialisation, transition énergétique, recréation de services publics fonctionnels. On contredit les propos précédents sur la décentralisation.
  8. La crise climatique exige de baisser le niveau de consommation des Français y compris les plus pauvres qui vont souffrir. « Il ne faut pas faire rêver les Français sur des hausses utopiques de niveaux de vie ». Mais il faut néanmoins les protéger et avec eux les travailleurs indépendants. Comment ? En augmentant les impôts par une réforme fiscale « structurelle » ! L’adjectif n’a pas de sens et propose une manière édulcorée d’affirmer que les riches doivent payer. C’est une idée tellement éculée qu’il faut changer le vocabulaire. Alors que les petits riches sont les plus taxés du monde ! Mais le symbolique évitera la révolution. Alors le grand retour de l’ISF est nécessaire, structurellement ! Naturellement. Le sauvetage de notre patrimoine commun exige la taxation du patrimoine ! Ça, c’est de la pensée sociale-démocrate moderne. Alors que les propriétaires vont être soumis à des contraintes extrêmement coûteuses, il faut en plus les taxer à mort et les priver des ressources nécessaires à la tâche de conversion énergétique des immeubles ! Très rocardien, comme objectif !
  9. Naturellement il faut renforcer l’Union Européenne, aller vers un fédéralisme plus profond, et élargir ses ressources et ses responsabilités. Cela va en effet renforcer la crédibilité des élites et l’information des Français. Tout sujet transféré à l’UE, et ses exécutifs non élus, quitte la presse et sort du débat national. Cela va certainement renforcer la démocratie.

Conclusion

Il est facile de constater que M. Peyrelevade est prisonnier des conceptions qui depuis Giscard et Mitterrand, ont détruit la prospérité française et conduit aux désastres polymorphes actuels. On peut noter le peu de différences avec le programme Macron, aux seules postures électoralistes et de triangulation près. Cette tentation social-démocrate et européiste habite totalement Macron et explique ses très médiocres résultats sur la majorité des grandes difficultés nationales.

Notons que le rapport est incapable de parler des 35 heures et de la retraite, deux mesures « techniques » mais qui sont tout de même importantes, non ? Tout est noyé dans le verbiage.

Au total ? Au total, rien. Du blabla et du néant. Du vrai rocardisme suranné et pitoyable.

Les dix sujets nationaux critiques

"Quels sont selon vous les dix grands sujets nationaux critiques ?"

Cette redoutable question exige quelques clarifications préalables.

Pour les tenants convaincus d’une idéologie forte, la mise en œuvre de ses commandements est toujours prioritaire, mais ne parle qu’aux tenants de cette idéologie.

Pour les tenants d’une forte nostalgie, le retour aux moments bénis même fantasmés est prioritaire, mais ne parle qu’aux nostalgiques. Si on en appelle d’un grand déclassement, ou d’un grand effondrement, la bonne situation antérieure devient automatiquement un objectif en soi et appelle des tactiques réactionnaires ou de restauration.

Dans les urgences nationales, certaines sont circonstancielles et n’ont pas vocation à perdurer, même si elles concernent des faits gravissimes. La pandémie, ou la guerre de réannexion des pays libérés de l’emprise soviétique menée par la Russie sont des phénomènes graves dont il importe évidemment de peser les conséquences et les stratégies d’évitement.

Quiconque a participé au débat politique sait que la première question est toujours : d’où parles-tu et dans quelle intention ? L’analyse d’une erreur, l’observation critique d’un phénomène et de ses conséquences ou l’explication raisonnée d’un échec ne sont pas considérées, et généralement, au mieux, ramenées à l’expression de remarques techniques de spécialistes.

L’évacuation des grandes questions nationales du débat présidentiel est très significative. Les grands partis ne veulent traiter que de ce qui leur amène des votes et ne veulent froisser que leurs concurrents les plus dangereux. Alors ils ne parlent de rien et se contentent d’une compétition de personnalités autour de quelques lieux communs bien connotés.

Nous-mêmes sur ce blog avons considéré que nous devions observer les réalités, les comprendre et en tirer des conclusions, à charge pour chacun, en fonction de ses propres convictions d’en faire ce qu’il croit bon.

Par conséquent, pour nous, la question s’entend ainsi : quelles sont les grandes évolutions qui ont, pour le pays et pour les Français, un pouvoir de nuisance par rapport à des objectifs généralement acceptés. Quand ces évolutions sont, ou ignorées ou mises sous le tapis, ou incomprises, il nous paraît utile, dans la limite de nos propres capacités d’analyse, d’en faire l’exposé.

Voici donc dix grandes évolutions ou absences de d’évolution que nous trouvons fâcheuses et qui, selon nous, devraient commander, de la part des politiques, un constat, une réflexion, une politique.

-          L’effondrement démographique national

La dénatalité et le vieillissement de la population sont des poisons terribles. Après la défaite de 1 870 et celles de 1914, les autorités de droite comme de gauche, ont mené des politiques proactives pour redonner un dynamisme démographique au pays. Cette ambition a progressivement été abandonnée au profit d’approche individualiste et de préoccupation de genre. Les femmes proprement françaises (disons dont la lignée était là en 1 890) ne font guère plus de 1.4 enfants en moyenne et la population, non seulement, vieillit mais disparaît progressivement. Toutes les actions de promotion de la natalité, considérée par les féministes comme des actions sexistes qui ravalent les femmes à leur statut indigne de poule pondeuse, qu’elles récusent, ont été progressivement réduites au profit de la promotion de l’avortement et du planning familial. Peu de Français savent que par rapport à 1970 nous perdons environ 500 000 naissances potentielles par an. Elles sont compensées par l’immigration et la surnatalité des populations en provenance des pays à forte natalité. Mais cette solution, indolore et même bénéfique au départ, finit par poser de nombreux problèmes. Compter sur des étrangers qui parfois ont une culture incompatible avec la nôtre ou difficilement miscible, pour résoudre une difficulté nationale, est tout de même une lâcheté. Le vieillissement est extrêmement coûteux et crée des situations dommageables : on l’a vu avec le Covid qui a frappé fort en France principalement du fait du nombre de personnes de plus de 60 ans. Il s’accélère, laissant entrevoir de très graves difficultés dans beaucoup de domaines.

-          Les crises financières à répétition.

Depuis 1971, la France a subi des récessions sévères à répétition -73-74, 81-83, 92-93, début des années 2000, 2008-2009 avec un complément en 2011, toutes provoquées par des explosions financières. La manière dont a été gérée la crise du Covid a provoqué une récession provoquée, d’une autre nature. Ces crises ont eu un coût démentiel pour le pays et l’ont profondément atteint. Comprendre le mécanisme de ces crises et empêcher le retour des récessions devrait être une sorte d’urgence nationale provoquant des réflexions nombreuses et approfondies. Après tout le chômage et la pauvreté ne sont pas considérés, par personne, comme des avantages. On voit que tout cela est laissé hors du débat politique et que l’action gouvernementale ne s’attaque pas aux causes. On réduit les symptômes. Pour nous, c’est une honte. Nous avons bien ici deux difficultés majeures : les méfaits du système monétaire international et ceux du système de monnaie unique non régulé.

-          La crise démocratique et ses composantes.

Les deux campagnes dernières campagnes présidentielles ont été tellement minables et leurs résultats ont été si lamentables que plus personne ne nie la crise démocratique. Elle a plusieurs composantes principales :

- L’énarchie compassionnelle : la confiscation, désormais en famille, de la politique par une caste de hauts fonctionnaires ne permet plus de s’écarter des idées dominantes au sein de cette caste : étatisme, surfiscalité, normes contraignantes, bureaucratie, déficits, dépenses publiques outrées

- L’évacuation du débat français des questions désormais transférées à l’Europe.

- Le gouvernement des juges

- Le poids excessif des ONG et des institutions internationales qui développent leur propre idéologie sans frein.

- L’appauvrissement du débat, le vide de la presse sur certains sujets, les outrances judiciaires, le fanatisme, la méfiance contre les élites, le constat de l’impuissance des représentants du peuple et des gouvernements, la sur représentation des altérités et des préoccupations étrangères, en sont la résultante. La colère, le dégoût ou l’indifférence deviennent des éléments dominants et permanents du jeu politique et interdisent le jeu sain et normal de la démocratie. On finit avec plus de votes extrémistes que de votes raisonnables et les votants centristes sont animés par la peur. Lamentable !

-          La crise climatique

Nous ne sommes pas de ceux qui nient qu’il y ait une évolution climatique préoccupante, même si le caractère religieux qu’a pris la question est particulièrement perturbant. Nous avons donc à produire une action qui concilie à la fois, la nécessité d’une réduction décisive des différentes pollutions, défensive contre les différents risques de pénuries, et respectueuse des nécessités de la croissance.

Concilier économie et écologie est le grand défi du temps. On n’en prend pas le chemin.

La question pose des difficultés techniques, des problèmes de gouvernance, et une exigence de rythme. On ne discute de rien. On risque de terribles mécomptes.

-          La crise de la mondialisation

On a voulu ignorer les alertes tonitruantes de Maurice Allais sur les conséquences d’une ouverture totale des industries occidentales, européennes et naturellement françaises, à une compétition sans frein avec les pays émergents à très bas salaires. Conformément aux avertissements, la France a perdu son industrie et le revenu des classes populaires a stagné. La réaction populiste a été trop ample et trop générale pour que le moindre doute puisse subsister. Nous-mêmes sur ce site avons inlassablement alerté sur les dangers d’ouvrir l’OMC à la Chine et de laisser les frontières économiques totalement ouvertes. Nous avons totalement négligé le risque du retour de la Russie aux méthodes de l’URSS. Commercer et devenir dépendant de dictatures infâmes n’est pas sans inconvénients

-          L’effondrement des politiques publiques

Cet effondrement est désormais parfaitement reconnu alors que pendant longtemps il a été caché, nié et minimisé. Il est la résultante des autres crises et de la tentative imbécile de créer le socialisme en France, avec le programme commun puis les inepties de Jospin puis la catastrophe du quinquennat Hollande. Il touche aussi bien les fonctions régaliennes de sécurité intérieure et extérieure et de justice, que la santé, comme on l’a vu, l’enseignement public et les universités. Pour juguler cet effondrement, il faut agir sur tous les autres problèmes évoqués, qui ont tous une résultante sur les politiques publiques, et sortir du socialisme et de la démagogie de « droits-à ».

Telle est la vision que nous avons développée au sein de notre Cercle des sujets nationaux critiques

Il va de soi que les dernières évolutions radicales comme le Covid ou la guerre en Ukraine, sur un terreau aussi problématique, distendent un peu plus les parties qui brinquebalent depuis longtemps, l’inflation et la récession risquant à très court terme d’avoir des conséquences très graves, qu’on imputera naturellement à ces deux accidents mais qui sont surtout graves en France du fait des erreurs que nous accumulons sans réaction depuis des lustres. Les cinquante ans qui viennent de s’écouler n’ont pas été la période la plus glorieuse de la politique française.

Banques centrales, vertu et inflation !

Dans un système d’information aussi « construit » que le nôtre, le flux de la communication a pour but principal de protéger l’échafaudage politique et social dominant, ce qui est parfaitement normal. Les sociétés peuvent être convulsives mais pas suicidaires. Le bureau des légendes est bien en place sans qu’on sache très bien séparer ce qui est de la propagande pure, de l’erreur ou de la simple facilité. Une difficulté plus récente provient de la multiplicité des bureaux des légendes : entre ce qui provient de l’ONU et des ONG rattachées, financées par une multitude de sources, ce qui est émis par les institutions européennes en général en proximité avec les précédents, et la chanson proprement nationale qui elle-même a tendance à rejoindre les précédentes.

Nous avons déjà traité mille fois sur ce site de la question de la surcharge du rôle des banques centrales dans la gestion de l’économie d’abord puis de la société. Depuis l’abandon des disciplines de Bretton Woods, à l’initiative des États-Unis qui souhaitaient pouvoir profiter à fond du privilège du dollar roi, ancre du système monétaire mondial, les états ont cessé d’être les régulateurs des flux financiers et commerciaux au profit des banques centrales indépendantes. Précédemment les échanges devaient être équilibrés et les grands déficits et excédents étaient bannis. C’était le rôle des États nationaux avec un censeur et un assistant, le FMI. Nous avons montré notamment dans notre premier livre l’étrange désastre que les énormes déficits et excédents qui en ont résulté ont provoqué des crises à répétition (1973, 1992, 2 008 pour les plus graves). À chaque récession les banques centrales ont lâché la création monétaire pour maintenir la valeur des actifs, provoquant les conditions d’une crise plus grave un peu plus tard. La mondialisation de la production permettant de baisser les prix de fabrication, l’effet sur l’inflation était jugulé au prix d’une stagnation du revenu salarial des classes moyennes dans les pays riches, partiellement compensée par les prix bas des produits désormais importés, et d’un écart de plus en plus grand avec les possesseurs d’actifs dont la valeur était gonflée artificiellement par la création monétaire des instituts d’émission.

On notera que tout le monde s’acharne sur les effets : écarts entre riches possédants et pauvres travailleurs, stagnation du pouvoir d’achat et chômage important dans les pays développés, montée des populismes, mais refuse obstinément de voir la cause principale : les changes flottants et la disparition des contraintes internationales en faveur de l’équilibre des balances commerciales et de paiements.

Le point d’orgue de cette organisation tragique a été évidemment la crise de 2008 doublée par la crise Trichet de la zone Euro de 2011. On a noyé la faillite du système financier par des créations monétaires fabuleuses qui n’ont pas eu d’effet sur l’inflation d’abord à cause de la crise économique provoquée par la panique financière et aussi du fait de la relance du commerce extérieur par des accords de libre-échange nombreux. Mais l’absence d’inflation est principalement dû à ce fait tout simple que la banque centrale a simplement sauvé les banques par un jeu d’écritures tout en demandant aux gouvernements de cadenasser l’activité des banques pour éviter de nouvelles dérives. Les banques sont devenues des institutions contrôlées à vocation vertueuse. Les banques centrales devenaient des mères la vertu.

Du coup on a cru que les banques centrales pouvaient noyer de monnaies nouvelles toutes les grandes questions sociales et sociétales et pas seulement les crises boursières et financières à répétition.

En provenance des États-Unis et des grandes Organisations Non Gouvernementales, s’est créé un mouvement très fort présentant la nécessité de lutter farouchement contre le réchauffement climatique, de donner le pouvoir aux femmes, d’exalter les minorités et d’abaisser les puissants historiques, en fait le mal blanc hétérosexuel. Comme tous les mouvements idéologiques jusqu’à la religiosité, on a vu apparaître d’insupportables Savonarole éructant des outrances diverses, mais surtout la création par les instances internationales et cascadant sur les nations, d’un courant d’injonctions qu’il était interdit de discuter et qui imposait à tous le devoir de chanter la bonne chanson et d’agir en conséquence.

On a donc nommé des femmes à la FED et à la BCE, les deux banques centrales les plus puissantes. Mme Lagarde a parfaitement compris le message : la voilà qui déblatère sur sa mission « principale » pour laquelle « elle se mobilisera totalement » qui est l’émancipation de la femme partout et notamment en Afrique et au Moyen Orient ! « Marraine de FinanciElles, qui regroupe treize réseaux de femmes de la finance, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) a réaffirmé ses convictions lors la journée de débats organisée le 16 novembre pour les 10 ans de l’association ». C’est que la banque centrale peut conditionner ses prêts aux banques en fonction du sexe de leur président, de l’inclusivité inscrite dans leur politique de prêt et dans leur pratique managériale, de la qualité écologique de ce qu’elles financent. Une véritable dictature de la vertu sans autre loi que la pression sociale et sa soumission aux courants dominants venant des ONG.

Pour faire bonne mesure elle invite Greta Thunberg et s’engage dans le mouvement qui veut contraindre la finance à être verte pour être vertueuse. « Pire, du point de vue de l'orthodoxie allemande, la nouvelle présidente de la BCE a aussi proposé début septembre devant le Parlement européen, ce qui serait une disruption majeure : que la BCE intègre le changement climatique dans les objectifs de sa politique monétaire. Elle s'est évidemment attirée en réponse une volée de bois, vert évidemment, de la part du président de la Bundesbank pour qui une telle orientation, qui permettrait pourtant de doper le marché naissant des « obligations vertes », serait "contraire aux traités européens ».

On pourrait dire : voilà une femme politique consciente des nécessités à plus long terme de sa carrière politique pas une vraie banquière centrale ! Ou mieux encore : voilà une femme conscientisée qui a compris que tout devait être mis en œuvre pour mettre fin à la domination du mâle blanc hétérosexuel et sauver la terre du réchauffement. Ou plus vicieusement : c’est la condition pour devenir premier ministre de Macron. Le ralliement à Macron de Muselier, dont le couple fréquente avec celui de Lagarde l’île Maurice avec délectation, d’où le bronzage permanent des deux, laisse penser qu’elle aura besoin d’un ministre sympa.

Malheureusement, l’évolution vers la vertu en toc dépasse le cas des individus qui gèrent ces institutions. On va le voir avec la crise exogène provoquée par le virus Sars Cov 2. Pris à revers par une crise sanitaire totalement non anticipée malgré les épisodes à répétition des décennies précédentes, sida, vache folle, H1N1, Ebola…, avec une gestion initiale menée en dépit du bon sens après avoir été trop influencée par la manière dont la Chine avait traité l’infestation, les gouvernements occidentaux ont arrêté la production en confinant les activités économiques de façon exagérée. Ils ont demandé à nouveau aux banques centrales de financer la perte de revenu correspondant. L’hélicoptère à monnaie a décollé. L’ennui, c’est qu’il ne s’agissait plus d’un jeu d’écritures entre banques centrales et banques d’affaires, sous la houlette de l’Etat bienfaiteur, mais d’une vraie perte de richesse produite. Créer des signes monétaires en masse, sans produire en contrepartie, a une conséquence automatique : l’inflation. Elle ne s’est pas vue tout de suite dans les prix du quotidien du fait de la récession des marchés alors que la valeur des biens immobiliers et des actifs financiers s’envolait. Mais dès le retour à une situation plus normale, l’inflation s’est installée comme nous l’avions anticipé. Oh Surprise !

Le graphique que nous joignons à ce billet est tout à fait explicite. L’inflation démarre fort à partir de juin-juillet 2021, pas avril 2022, neuf mois avant tout de même ! Les propos lénifiants sur une inflation frictionnelle temporaire dans l’attente du retour à la normale en quelques mois se sont heurtés à la réalité irréfragable. Les prix s’envolaient du fait de l’écart entre production et distribution de monnaie à gogo ! Une loi économique que tous les économistes apprennent en première année d’université.

Là-dessus, voici le nouveau président Biden qui demande au Congrès de lancer un plan de reprise démentiel sur fond d’inondation monétaire préalable ! Et l’inénarrable président Macron déchaîne l’achat de votes et suscite une épidémie de mesures de distribution de prébendes pour être réélu, à des niveaux jamais vus, tout en essayant d’éteindre le feu inflationniste par des mesures de blocage des prix artificiels et des expédients. Un feu roulant d’artifices et de faux-semblants. Tout en expliquant qu’il avait créé une croissance jamais vue et réduit le chômage comme un fortiche. Ce village Potemkine économique ne pouvait que voler en éclat. En ajoutant qu’il allait mettre son prochain quinquennat sous le signe de la planification de la transition énergétique dont le coût est prodigieux et l’impact sur la production récessive, il se livrait à la monstration exemplaire des clous du cercueil économique qu’il allait construire, tout en faisant suinter son féminisme essentiel et son goût pour la promotion des minorités. Mme Lagarde et la BCE avec nous !

Pour une France endettée quasi à trois mille milliards d’euros et non compétitive, avec des comptes publics effondrés dans les déficits, entrant en inflation intense, la question était déjà en septembre 2021 : qui va financer toute cette débauche de destruction de richesses et de dépenses improductives ?

La conséquence de l’opération russe en Ukraine a été l’explosion des prix de l’énergie, la création de pénuries massives, la désorganisation de presque tout. Puis l’arrêt brutal de la croissance. Un premier trimestre à zéro de croissance alors qu’on chantait le miracle d’une croissance à un taux de 8 % jamais vue depuis la guerre grâce à la politique subtile d’Emmanuel Macron !

Voici les banques centrales sollicitées de financer le réarmement de l’Occident, le financement de la crise énergétique et la conversion de l’économie pour sauver la terre, la promotion de la femme et des minorités, la couverture sociale et la sauvegarde de l’Etat providence, alors que l’inflation explose. Contradictions ? Non : Impasse totale. La seule mission statutaire de la BCE est de conserver l’inflation dans les limites de 2 % !

La crise en Ukraine donne la mesure des conséquences des politiques de réduction de l’offre énergétique. Coût démesuré, financement impossible, inflation aggravée, pertes de revenus, pénuries massives, etc.

Certains délires récents dans la presse font désormais franchement rire. On se rappelle cet article du Monde où un penseur cosmo planétaire suggérait que la BCE fournisse des milliards (sans jamais espérer un remboursement) à Airbus pour que l’entreprise cesse toute activité aérienne et se recentre sur des productions écologiques ! Alors que les seules forces économiques françaises sont le luxe, le tourisme, l’aviation et plus généralement les transports.

Cette France qui a voulu jouer en 1981, seule dans le monde occidental, la grande tragédie du socialisme réalisé au même moment où le monde entier abandonnait cette sottise, est désormais, en politique intérieure, encerclée par les extrêmes, et à l’extérieur dans une situation humiliante avec une menace sur sa survie même comme grande puissance.

Qui fait confiance à la petite camarilla qui détient le pouvoir pour sortir le pays de l’ornière où il est enlisé ? Prêt à rien et capable de tout, prêt à tout et capable de rien, Macron réélu triomphalement sans vrai combat, est pris au dépourvu.

Même si la guerre en Ukraine ne dérape pas et s’arrête assez vite, ce qui n'est pas la projection commune, on ne voit pas trop comment la sortie de crise peut être indolore, sauf à revenir aux quarante heures, à réduire les congés payés, à instituer la retraite à 67 ans pour tous, tout en étalant dans le temps la conversion énergétique et en réduisant drastiquement l’emprise bureaucratique des administrations et l’ampleur des redistributions. Peut-on remettre vraiment la France au travail et espérer qu’elle fasse des réformes critiques qu’elle refuse obstinément depuis 50 ans, avant qu’une récession sévère ne se produise, alors qu'aucune des questions critiques n’a été traitée pendant la campagne électorale et qu’on a laissé croire que le faire pousser le pouvoir d’achat était le rôle central du Président de la République ?

The Economist constate soudain que les banques centrales sont saturées de missions politiques et sociétales qui ne sont pas de leur rôle statutaire et exige qu’on en revienne à l’économie et seulement à l’économie. C’est le bon sens. Mais il lui reste à faire le pas décisif : on ne peut pas confier la régulation de la mondialisation à des banques centrales. Ce sont les États qui doivent être à la manœuvre et dans des cadres mutualisés contraignants.

La plus grande vertu est de ne pas faire des banques centrales une forme nouvelle de sacristie. La plus grande sagesse est de laisser à la loi et au débat le soin de fixer le champ des libertés, et non de détourner les fonctions des institutions techniques pour qu’elles conditionnent la vie des gens selon les canons du politiquement correct selon le bon vouloir de leur gouvernance, choisie sur les mêmes critères du politiquement correct.

La banque centrale « woke », face à Poutine, au désordre mondial, et surtout à l’accélération de l’inflation, c’est fini.



Opération Solidarité avec les réfugiés ukrainiens

Notre cercle a décidé d'aider les réfugiés ukrainiens en diffusant sans droit d'auteur ni frais le Livre de Didier Dufau sur Holodomor, la première monographie en langue française sur le grand génocide qu'a subi l'Ukraine au début des années 30 et qui a été occulté, nié, minimisé pendant des décennies par l'intelligenstia française.

 

Le livre est mis en diffusion en mode pdf pour 10 euros  sur notre librairie en ligne :

 

librairie-e-toile.fr
 
 
La recette sera entièrement reversée aux associations s'occupant des réfugiés en France.
 
Nous comptons sur votre générosité et la diffusion de cette initiative qui aura également le mérite de faire connaître au plus grand nombre,  en détail, un massacre inouï qui explique aujourd'hui la résistance acharnée des Ukrainiens .
 
Merci d'avance à tout. 



Impuissance de la vérité ?

Notre cercle a été construit autour de quelques vérités à défendre et qui ne l’étaient pas.

Nous nous sommes reconnus dans le même combat contre des erreurs tragiques et manifestes.

-        Les changes flottants sont une mauvaise solution qui provoque des déséquilibres insurmontables et entraînent des crises financières à répétition. On a cru qu’on pourrait régler les difficultés avec les banques centrales et en encadrant de façon routinière l’activité des banques. On constate que jamais les dettes des banques centrales n’ont été plus élevées, que jamais l’inflation n’a été plus menaçante et que les banques centrales sont paralysées dans le dilemme hausser les taux et provoquer une récession majeure, laisser courir avec une inflation majeure. Accessoirement, institutions non élues, il leur appartient de diriger la vie de chaque citoyen sans aucun débat public. La vérité toute nue qu’il fallait ne pas continuer à s'enfoncer dans cette erreur n’a jamais pu émerger dans le débat public, bloquée non pas par une doxa dominante, personne ne soutient vraiment les changes flottants, mais par l’influence des États-Unis et la soumission des élites françaises. Ceux qui comme nous comptaient sur la pédagogie des crises à répétition en ont été pour leurs frais. La crise de 73 a été attribuée au cartel pétrolier, alors que la réaction du cartel provient de la crise ! Une inversion commode. La stagflation qui en a résulté a été cassée par une récession au début des années quatre-vingt pour déboucher sur la crise de 92-93, gravissime, attribuée cette fois-là à la guerre en Irak… La crise du dollar de 98 a été attribuée aux pays émergents jusqu’à ce qu’elle touche les marchés financiers spéculatifs américains, ruinant quelques épargnants au passage. La solution trouvée a provoqué une hystérie financière qui s’est terminée par l’énorme crise de 2008. Et on voit où on en est aujourd’hui. Et pas un mot nulle part, pour essayer de comprendre la dynamique des évènements et tenter de remettre en place un système cohérent.

-        L’Eurosystème est un système récessioniste. Tout le monde le sait et la crise de 2011 en particulier en Grèce est venue opportunément le démontrer. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a aucun mécanisme qui permet d’assurer la maîtrise des déficits et des excédents de balances commerciales et de capitaux. Les exportations allemandes sont devenues égales à la valeur ajoutée des entreprises françaises et leurs excédents sont colossaux sans aucune réaction des autres. Les seules mesures contraignantes concernent les pays en déficit. Mais déficits et excédents vont ensemble. Les pays en déficit disposent d’une monnaie unique trop élevée pour rétablir leurs exportations, et les autres d’une monnaie trop faible. Cela fait maintenant 22 ans que tout le monde le sait et s'accommode d’une dépendance aux excédents allemands totalement contre-productive. Le résultat : tous les pays en difficulté ne survivent que par la dette. Jusqu’au jour où… Et il n’est plus loin. Il n’y a rien à faire. Les élites ne veulent rien savoir, rien dire, rien faire. Chut ! Fuyons en avant et on verra bien !

-        Un libre-échange déséquilibré avec la Chine que l’Occident laisse devenir l’usine du monde était une folie dénoncée dès 1997-1998. Il ne pouvait en résulter que l’écrasement des classes laborieuses des pays développés. Maurice Allais l’a prouvé de façon éclatante sans jamais être contredit. On a simplement marginalisé sa parole. Tout le monde voit le résultat.

Ces trois vérités fondamentales forment-elles le socle d’une réflexion profonde, d’une mobilisation féconde, d’une demande de réorganisation globale permettant de sortir de l’enchaînement permanent des conséquences dramatiques ? Pas du tout ! Silence dans les rangs. Surtout ne rien faire, ne rien dire, ne rien penser ! L’impuissance de la vérité est absolue.

De notre part, 25 ans de combat pour rien ! Sinon le témoignage que ces vérités ont été vivantes dans les marges du système. Quelles perspectives s’offrent à elles ?

La France est désormais dirigée par un bouffon narcissique ridicule, syndic d’une caste énarchienne qui a capté le pouvoir en famille et qui compte bien le garder, qui se satisfait d’une gestion égotiste et électoraliste de son narratif, sans aucun effet autre que dérisoire sur les grandes questions du monde. L’alignement sur l’Allemagne et sur l’union européenne interdit tout discours sérieux et toute remise en cause efficace des tares de l’Eurosystème. L’alignement sur les États-Unis ne permet pas de remettre en cause l’organisation monétaire mondiale ni la désindustrialisation provoquée par la Chine. Cela conduit à une impuissance verbeuse et obscure, du genre « se réinventer » ou « inventer des politiques singulières ». Depuis 5 ans, on a dû déjà se réinventer une centaine de fois. Mais le verbe renaît comme le chiendent. Il est si commode. Mais il ne peut rien sur les réalités, comme toutes les poudres de perlimpinpin médiatiques.

Si la vérité est impuissante, force est de constater que postures et impostures offrent sans doute des bénéfices électoraux mais accusent l’impuissance de l’État qui a accepté de les bénir, aggravent les risques et rendent de plus en plus difficile la recherche de solutions !

La Suisse et la crise sanitaire. Petite comparaison avec la France.

Rappelons pour commencer que toutes les mesures de restrictions sanitaires sont levées en Suisse. Le masque est requis dans les seuls transports. À ce stade la crise sanitaire est considérée comme terminée et le bilan peut en être fait :

PIB : À la fin du troisième trimestre 2021 le pays avait déjà retrouvé son niveau d’avant crise et le PIB a gagné 1 % depuis, en dépit de la vague Omicron. La France devrait retourner son niveau d’avant crise en fin de premier semestre 2022. Une petite année de retard.

Exportations : Elles atteignent un niveau record (260 milliards) en croissance de 15.6 %. France, balance commerciale : 85 milliards de déficit, record historique. La France étant à peu près huit fois plus peuplée que la Suisse, elle devrait avoir un niveau d’export de 8 x 260 = 2 080 milliards de Francs suisses d’exports. Elle n’a que 500 millions d’euros, soit 490 millions de francs suisses environ. On n’est pas légèrement moins bon mais quatre fois moins bon.

Chômage : à 2.3 % avant la crise il est de 2.6. (8.1 % en France).

Inflation : 1.5 % en 2021 contre 5 % dans la zone euro.

Capacité de dépenses des Suisses : identiques à l’avant-crise avec des réserves importantes de croissance.

Dettes : depuis le début du siècle la dette a été progressivement réduite de façon intelligente permettant d’agir pendant la crise sans risque de dérapage. La dette brute de la Confédération s'élevait à quelque 109 milliards de francs à la fin de l'année 2021, ce qui correspond à une augmentation de 5 milliards par rapport à l'année précédente. NB : la dette de la France a elle augmenté de 700 milliards d’euros depuis l’arrive d’E. Macron. Pour atteindre quasiment 3 000 milliards d’euros.

La Suisse est, avec le Danemark et la Finlande, le pays qui a le mieux étalé la crise sanitaire et ses conséquences économiques.

Rappelons que « la Finlande est discrètement parvenue à maintenir des niveaux d'infection cinq fois inférieurs à la moyenne de l'Union européenne, et un taux de décès parmi les plus faibles du continent ». 2?329 morts contre 134 000 en France pour une population de 5.5 millions, contre 67 millions en France. Avec le taux des Finlandais nous n’aurions eu que 30 000 morts environ.

On voit l’exploit réalisé par Emmanuel Macron et dans la gestion sanitaire de la crise et dans sa gestion économique.

Du même tonneau que ses exploits diplomatiques au Liban, au Mali, en Australie et en Ukraine.

Et on nous demande de nous extasier ! Faute de quoi nous serions des esprits chagrins et négatifs.

Banque mondiale : PIB par tête en 2020

France : 39 030,40 $

Suisse : 87 097,00 $

 

Voir un problème dans ces chiffres serait, en effet, malvenu

Une facilité condamnable : décharger et défiscaliser des revenus sans toucher à la dépense.

Transférer n'est pas réduire !

Que la France soit devenue le leader mondial de la fiscalité et qu’il faille ambitionner de régresser dans ce classement mondial là, pas de doute ! De même, faire payer à l’entreprise l’essentiel du secteur social en ouvrant le pays à la concurrence mondiale, où pratiquement aucun pays ne pratique cet exercice, est une folie. Baissons donc les impôts sur les particuliers et les charges sur les entreprises !

La vérité est que personne ne prétend les baisser et tous proposent seulement de les transférer. C’est la grande mode depuis maintenant des décennies avec un résultat globalement tragique sur ka dette, le sous-investissement, l’emploi, le revenu et… les impôts.

Si on veut des résultats, il faut baisser le besoin de financement d’abord et ensuite, et ensuite seulement, organiser la collecte des financements le plus intelligemment possible.

Nous avons un état moloch, avec des effectifs pléthoriques et aucune des administrations ne fonctionne bien. C’est un premier paradoxe. Tout le monde peut comprendre qu’il faut d’abord savoir pourquoi, dans chaque secteur de la politique publique, on aboutit à une situation aussi déplorable.

Dans le secteur de la justice on a levé le couvercle répressif qui était mis sur la délinquance par une justice très sévère jusqu’en 1968. En plus on a judiciarisé des pans entiers de la vie sociale, économique et politique qui ne l’étaient pas. La délinquance a flambé et le besoin de jugements aussi. On a alourdi toutes les procédures et on a permis de rejuger la chose jugée aux assises (coût jamais évoqué). L’immigration de masse a conduit également à une augmentation de la délinquance. La justice est noyée alors que la délinquance est au plus haut. Pour réduire la pression, il faut agir sur la répression et le champ de la délinquance. Tout en revenant à des jugements définitifs en première instance aux assises sauf vice de ceci ou de cela. Et il faut réussir l’informatisation du système. Comme on fait tout l’inverse, le secteur est noyé, inefficace et gangrenée par la politique et l'idéologie.

Dans le secteur de la médecine on a développé une pression bureaucratique délirante tout en freinant l’expansion des personnels médicaux, en réduisant les lieux de soins, en modifiant la médecine de ville, tout en généralisant la gratuité et l’achat de produits au rabais dans des pays à bas salaires. Il faut à l’évidence réduire le personnel administratif, réduire les actes inutiles par une franchise médicale sur le petit risque, et augmenter le nombre des soignants. Il faut aussi changer la collecte des fonds correspondants. Le système suisse est le meilleur : les particuliers paient directement leurs cotisations maladie à des caisses agréées et concurrentes. Ce n’est pas le rôle des entreprises. Pas de monopole public ; une pression des assurances pour contrôler les frais médicaux ; les particuliers font attention à ne pas réclamer n’importe quoi car l’effet est immédiat sur leur facture. C’est entre 400 et 500 euros par mois et par personne, avec des tarifs bas pour les enfants (une centaine d’euros). Les cas d’exonérations ou de réduction sont étroitement restreints temporairement aux cas douloureusement problématiques. Le grand âge et l’absence d’enfants créent des difficultés comme partout mais le moindre citoyen comprend les problématiques.

Dans le secteur de l’enseignement, on a voulu toute une génération au bac et pourquoi pas à la maîtrise, rendre toutes les classes mixtes, caserner les collèges et les lycées, tout en acceptant de faire venir dans les classes des cohortes massives d’immigrés en provenance de dizaines de pays étrangers et en refusant la sélection. On a assigné à l’école le soin d’inculquer des thèmes sociétalistes et moralisateur, biaisés par la gauche, au détriment de l’enseignement lui-même et des disciplines. Le système est par terre. Il faut faire baisser la pression migratoire, éliminer la pression sociétaliste et rétablir la sélection. Il faut également réduire le côté non-enseignant de l’école : voyages, sorties, périscolaires. Et concentrer les disciplines au lieu d’en ajouter constamment. On a fait tout le contraire. Avec des résultats dramatiques.

Sans action d’abord sur les politiques suivies, impossible de réduire le besoin de financement.

Pour la retraite, la réduction de la durée hebdomadaire de travail et les retraites prises avant 65 ans se sont cumulées avec l’augmentation de la durée de vie pour rendre la situation ingérable. Si on travaille moins longtemps on perd des recettes. Si la dépense, elle, augmente massivement on se ruine, car le résultat ce sont des cotisations en hausse et de la dette si on n’ose pas les augmenter. Inutiles de transférer les cotisations si on n’étend pas la durée du travail et si on ne retarde pas l’âge de départ en retraite.

Affirmer : « je ne fais rien parce que les Français ne veulent pas mais je supprime les cotisations et la fiscalité sur tel ou tel revenu » revient à transférer des cotisations ou des dépenses individualisées sur l’impôt général. Comme on ne veut pas toucher à la TVA (parce que les Français ne veulent pas) alors c’est l’impôt sur le revenu qui trinque qui n’est payé que par 47 % des Français. Comme pour la taxe d’habitation. L’IR ou la dette récupèrent le bébé et l’eau du bain. Ce débat fondamental est escamoté.

On a déjà basculé sur la fiscalité générale toutes les cotisations sur les bas salaires, ce qui est totalement injuste ET inefficace. On veut étendre à l’infini des transferts de ce genre par démagogie. C’est totalement absurde ET inique. Pas un candidat qui ne se livre à ce petit exercice ! Pas un mot de contestation dans la presse et dans les médias. Et on ne réduit aucune dépense par une rectification des politiques menées.

On nage dans la démagogie pure et on déshonore la politique.

Revenir à la semaine de 40 heures et passer à la retraite à 67 ans pour tous, voilà la première action à mener.

Redonner la responsabilité de la politique médicale aux médecins à l’hôpital dans le cadre d’un simple contrôle de gestion, chaque service gérant son budget, est obligatoire, comme l’est le démantèlement de tout le contrôle tatillon et exhaustif préalable et a posteriori des actes, avec un retour de la responsabilité médicale.

Rétablir une responsabilité des assurés sur leurs dépenses avec la hausse du reste à charge pour le petit risque est tout aussi nécessaire pour éviter les visites gratuites de pur confort, et l’utilisation abusive de la carte de sécurité sociale.

Rétablir le couvercle sur la délinquance comme avant 1970 et réduire le champ pénal tout en sanctionnant le justicialisme et en simplifiant la procédure pénale, est une nécessité absolue. Quand quelqu’un se noie, on le sort de l’eau d’abord et on ne songe pas à augmenter la taille de ses poumons.

Etc. Etc.

Ce n’est pas si difficile de construire un programme de sortie du déclassement.

Si on veut optimiser les modes de collecte des fonds nécessaires, il faut transférer la CSG en partie sur les particuliers comme en Suisse et en partie sur la TVA pour les exonérations sociales ciblées, ce qui permet de faire assumer une partie des frais par les produits importés. Idem pour certains impôts de production qui ne sont directement associés à une production effective. De même il faut supprimer les impôts qui coûtent plus cher que ce qu’ils ne rapportent. IFI et impôts sur les successions sont symboliques et peuvent être totalement supprimés provoquant un choc de confiance et une envie d’investir en France et de créer du capital et de la production. Ils représentent 1.6 % des prélèvements ! Moins que la perte de valeur de la monnaie chaque année.

Une telle politique n’est possible que si le monde politique n’est pas dirigé par une cohorte de hauts fonctionnaires étatistes et socialisants travaillant en famille sur plusieurs générations. Un minimum de profondeur démocratique suppose que ce sont des citoyens ne dépendant pas des subsides de l’état pour leur carrière qui doivent proposer ou voter les lois. Les fonctionnaires doivent montrer leur compétence en trouvant les voies et les moyens d’influencer les dirigeants politiques et de mettre en œuvre correctement les décisions prises. Nul ne peut donc être élu dans une instance qui fixe sa rémunération et les moyens de son activité. Et nul ne peut recevoir deux rémunérations de l’État.

Cela fait maintenant depuis plus de 20 ans que tout ceci est ressassé et devrait être mis en œuvre. Pendant 10 ans la droite ne l’a pas fait et pendant 10 autres la gauche ne l’a pas fait.

Et en privé tous disent : il n’y a pas de doute c’est ce qu’il faut faire. Sinon on continuera à sombrer.

Oui : tous. Mais…

L’énarchie préfère conserver ses privilèges. On a le grand combat entre Macron et Pécresse, énarque l’un et l’autre, avec l’exutoire commode Le Pen. La haute finance compte sur l’Europe pour contrôler ce qui doit l’être. La dette permet de faire taire les pires démagogues. L’émigration est plus facile à organiser que de susciter un renouveau des naissances indigènes.

Eric Zemmour joue à son tour le jeu des exonérations et des défiscalisations sans toucher aux besoins de financement. L’audace sur l’immigration dans la continuité démagogique sur le reste…

Comment corriger un débat présidentiel si débilitant ?  D’où peut venir le salut français et la fin d’une autodestruction débilitante ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Avons-nous doublé le PIB français entre 1980 et 2021 ?

Particularité amusante, le PIB français en euros de 2021 est à peu près le même que celui de l’année 1980 en francs. Autour de 2.400 milliards. Cela pose un intéressant problème de comparaison. De combien a été notre croissance en quarante ans.

Pour s’en tenir aux chiffres officiels l’affaire est facile : compte tenu de la dérive des prix à la consommation, le PIB actuel est le double du PIB de 1980. Nous serions deux fois plus productifs qu’à l’époque.

Certes, cela ne représente, sur 40 ans qu’une croissance annuelle minuscule, de 1.74% en moyenne.

Ces chiffres emplissent de malaise. Comment se fait-il que Marianne ait pu calculer une paupérisation absolue en quarante ans d’une partie des effectifs de l’administration ? Comment se fait-il que les pauvres se sentent plus pauvre que les pauvres de l’époque ? Comment se fait-il qu’avec deux fois plus de richesses, nos services publics ne fonctionnent plus correctement, le chômage soit si haut, notre compétitivité si nulle, notre endettement si fort, nos impôts si élevés ? Pourquoi le PIB par tête suisse est-il désormais deux fois celui de la France alors que les deux pays étaient en gros à parité en 1980 ?

On sent qu’il y a quelque chose qui cloche. Mais quoi ?

Pour établir la valeur absolue d’une monnaie, nous avions l’habitude au Cercle des économistes e-toile d’utiliser un indice de référence composite, tenant compte du cours de l’or, du pétrole, des terres rares, du m2 vendus en centre-ville dans plusieurs grandes capitales du monde, du Franc suisse et du Deutschemark puis de l’euro.   Sans refaire avec toute la précision voulue l’actualisation de cet indice (arrêté en 2012 après la crise de l’Euro), nous arrivons à un glissement d'environ 8 fois de la valeur de l’indice, au lieu des 3.2 fois de l’indice de l’Insee.

Comme le rapport entre euro et franc est de 6,55957, si la croissance de l’indice de référence est supérieure le PIB a baissé, s’il est inférieur, le PIB a cru.

En unité de valeur constante, le PIB français a donc sensiblement baissé, ce qui est plus compatible avec les nombreuses défaillances que l’on a constatées pendant ces derniers quarante ans.

Le PIB par tête doit tenir compte d’une hausse de la population de 55 à 67 millions.

Comme l’a écrit récemment l’excellent Robin dans le Figaro, l’indice de l’Insee est très peu pondéré par l’immobilier, les actifs boursiers etc.  Celui de l’Allemagne est nettement plus inclusif. Si on prend l’indice allemand le taux de croissance baisse sensiblement. On perd quasiment 1 point de croissance qui tombe à 0.8% par an.  Et on ne double plus l Compte tenu de la croissance de 20% de la population, le PIB par tête n’a plus cru que très faiblement, presque de façon imperceptible. 

L’indice de prix est politiquement construit pour connaitre l’évolution du pouvoir d’achat à court terme, avec des effets juridiques, économiques et sociaux importants pas pour déterminer la valeur de la monnaie. Au-delà de quelques années la distorsion de l’offre de produits rend l’indice peu significatif. Pratiquement la moitié des produits consommés aujourd’hui n’existaient pas il y a quarante ans ou n’avait pas les mêmes caractéristiques. On n’est pas riche de la même chose à quarante ans d’intervalle. Pas de TGV, pas de PC, pas de téléphone portable, pas d’internet, pas de voitures électriques, pas de domotiques, pas du tout la même gamme de traitements et de produits médicaux, pas de tourisme massif à très bas coût, etc. Les services à la personne étaient beaucoup moins coûteux. La fiscalité et les dépenses contraintes étaient plus faibles que maintenant.  On compare sur des périodes de quarante ans des consommations sans rapport.

Un poste de travail informatique coûtait 10.000 F en 1880, en télétraitement. Un petit portable 1000 fois plus puissant ne coûte que quelques centaines d’euros.  Mais beaucoup de produits agricoles coûtent désormais plus de 10 fois leur prix d’alors. Comment arbitrer cela dans un indice ? C’est possible sur quatre cinq ans, pas sur quarante ans.

La force productive du pays doit s’apprécier en tenant compte du chômage, des déficits extérieurs et de la dette.  Il n’y avait pratiquement pas de dettes ni de chômage en 1980, même si cela commençait à déraper. Nous avons 3.000 milliards d’euros de dettes et le chômage oscille en permanence entre 8 et 11%. Notre balance commerciale comme le budget de l’état sont en déficit permanent, de façon abyssale. Notre industrie est passée de 24% du PIB à 12.

Nous croyons légitime dans ses conditions de considérer que la puissance économique de la France est pratiquement la même qu’en 1980 et non pas le double.  Nous avons connu une formidable stagnation.  La seule force qui a favorisé la production est le taux d’emploi des femmes qui a fortement augmenté, celui des hommes, lui, baissant légèrement. Le pouvoir d’achat a pu être maintenu par des importations à bas prix en provenance de Chine et des pays émergents. Mais les citoyens des pays qui n’ont pas voulu d’une expérience socialiste et bureaucratique ont vu leur rémunération décoller par rapport à celles des Français, jusqu’à doubler en Suisse et presque tripler au Luxembourg.

Décidemment non, nous ne pouvons pas affirmer que nous avons doubler notre PIB en quarante ans. La vérité c’est que nous avons connu un déclassement et une paupérisation, relative le plus souvent, mais aussi absolue dans bien des cas.

Nous n’avons pas non plus cherché comprendre les grandes crises mondiales et à s’en protéger. Ceux qui ont fait carrière entre 19770 et 2000 ont connu deux crises mondiales fortes (73-74 et 92-93). Ceux qui ont commencé en 80 également : 92-93 et 2008-2009.  Ceux qui ont démarré en, 1990 en ont connu trois, avec celle du Covid. Les « millénials » en sont à deux, comme ceux qui ont commencé en 2010, qui risquent eux d’en connaître probablement quatre.

La leçon que nous devons en tirer est qu’il ne fait pas bon être tenté par le socialisme à l’intérieur. C’est la recette de la paupérisation. Mais, et c’est celle qui n’est jamais tirée, il faut aussi réformer le système monétaire international qui permet des crises mondiales périodiques qui avaient disparu après-guerre avec une système coopératif de changes fixes mais ajustables par accord général.

On notera que la campagne électorale n’aborde ni la question de sortie du socialisme ni celle d’une diplomatie de la prospérité. Et tous appellent une politique verte qui risque de massacrer la croissance et le pouvoir d’achat, alors que l’énormité de la dette accumulée par E. Macron ne nous permet plus d'emprunter suffisamment pour financer la conversion énergétique.

Le Français, né malin… 

Catherine Nay : un livre indispensable

"Tu le sais bien, le temps passe" souvenirs souvenirs 2

De toutes les journalistes qui, dans la foulée de Françoise Giroud, « bouchon » pour les intimes, se sont lancées à l’assaut des hommes politiques, Catherine Nay est la plus remarquable. Elle n’a pas choisi comme d’autres de s’attaquer comme maîtresses à des hommes aussi douteux que Mitterrand simplement dans l’espoir d’avoir de hauts postes pour elles-mêmes. Ce côté promotion-canapé a toujours été considéré comme efficace mais vulgaire mais là il prenait une tournure odieuse du fait de l’hypocrisie de dames qui une fois placées se comportaient en dames d'œuvre du socialisme et comme armature d’un camp du bien aussi cupide que parfaitement fantasmagorique. Il est vrai que les hommes politiques sont en général généreux et offrent à leurs maîtresses des cadeaux qui ne leur coûtent rien. De conseiller municipal à maire, voire de député à sénateur, de places diverses dans le privé à de hauts titres dans la fonction publique, ils ont un large choix.  

La belle et distinguée Catherine n’a pas voulu manger de ce pain là et a conservé son métier qu’elle a exercé avec subtilité et finesse dans la durée, tout en créant un foyer sûr et propice à une vie familiale de qualité. Albin Chalandon était au cœur du système sans chercher à en être le chef.  Il était soigné de sa personne et attentif à sa forme. Les deux formèrent un beau ménage et un ménage beau.  

Le journalisme mène à tout à condition d’en sortir, tout le monde sait cela. En choisissant de persister dans sa passion, le chemin de Catherine Nay l’a conduit à des livres qu’on aurait tort de considérer comme légers ou anecdotiques.

J’ai rencontré Catherine Nay une seule fois, dans un avion aujourd’hui disparu mais qui portait la marque du génie français, la Caravelle, sur un trajet Paris-Clermont-Ferrand. La particularité de l’avion est qu’il disposait de six sièges en vis-à-vis, comme dans le train, en première. Nous étions l’un en face de l’autre, ce qui pour moi était l’occasion d’un voyage plus gracieux que d’habitude. En ces temps là il y avait peu de femmes en avion, en semaine, ce qui était plutôt triste mais pas de mioches pleurnichards non plus, ce qui ménageait les nerfs.  Elle venait d’écrire Le Rouge et le Noir, sans doute un des meilleurs livres sur François Mitterrand et à un moment où on n’osait pas tout dire. Avec celui de Péan et l’analyse au vitriol d’Onfray, dans sa comparaison avec De Gaulle, il forme une trilogie qui ne laisse rien de caché de ce qu’est un « pourrisseur de première », selon l’expression d’Alexandre Sanguinetti.  Peu avant l'atterrissage, je lui glissais un petit mot : « Toutes vos observations très négatives sur le personnage sont justes, mais vous n’oserez jamais dire qu’il écrit comme un cochon !».  Le comité des thuriféraires de Mitterrand a fait publier sur fonds publics les lettres amoureuses du sieur à Catherine Langeais, la bobonne du petit écran des années RTF. Ceux qui y jetteront un œil comprendront ce que je veux dire. Juste avant de descendre l’avion, la délicieuse ouvrit le billet. Un froissement de la joue, pour une esquisse de sourire, et une œillade millimétrique signèrent la fin de la lecture, avant de disparaître. Du grand art. Une Française de classe comme on n’en trouve de moins en moins.

Il faut absolument lire « Tu le sais bien, le temps passe. Souvenirs, souvenirs » dont le tome 2 vient de sortir. D’abord pour la photo. Yeux baissés, figure hiératique, attitude perdue dans le passé. Une fois de plus du grand art.

Mais surtout pour le contenu. Catherine Nay a tout vu et a tout entendu. Et a tout jugé. Et comme il le fallait.  Pour ceux que le destin de la France intéresse, les années 1990 restent le moment du grand tournant. C’est l’époque où même pour le plus humble des observateurs la France va sombrer dans le déclin irrémédiable. La crise mondiale de 72-73, la plus sévère à l'époque depuis celle de 1929 signe définitivement et explicitement le caractère détestable des changes flottants. La question de l’Europe devient critique avec un choix mortel proposé à la France d’entrer dans la financiarisation excessive, les échanges déséquilibrées, les contraintes mortelles de Maastricht. Il devient possible de sortir du socialisme ruineux accepté par inconscience par les Français. L’élection de Jacques Chirac aurait dû être le moment du grand redressement et du rétablissement d’une France conforme à l’espoir gaulliste. Ce sera tout l’inverse. La France sombrera et nous vivons encore sous l’eau depuis cette descente aux enfers.

L’énarchie compassionnelle, à l'extérieur et ruinée par les conflits de personnes, à l’intérieur, est au pouvoir. On va voir ce qu’on va voir. Les hommes clés de la période sont tous énarques : Chirac, Juppé, Seguin, Rocard, Jospin, avec un froufroutement de jeunes énarques dans les alentours. La génération des gaullistes historiques a totalement disparue. Le communisme s’est effondré. Que vont-ils faire ? Effondrer le pays pour des lustres.

Le livre de Catherine Nay est fondamental parce qu’il montre les ressorts humains de cette déchéance. Ce panier d’énarques est un panier de crabes et il n’a pas mis le destin français en tête de ses préoccupations.  Il est frappant de constater que toutes les personnes citées sont des hommes mal finis. On retrouvera cette caractéristique avec Hollande et Macron. Chirac ne s’aime pas et ne sait pas trop où il est. Juppé est structurellement aigri et ne parvient pas à un équilibre rayonnant, alors qu’il avait tout pour réussir aussi son développement personnel. Ne parlons pas de Seguin, le prototype de l’homme émotif et intelligent, pathétiquement en manque d’affection et qui doute de lui. Rocard n’a jamais réussi à tuer le père. Il reste le « fils de », protégé, qui fait semblant d’être un vrai révolutionnaire et qui en bafouille. Jospin ne s’est jamais remis de la collaboration de son père, au nom d’un pacifisme déplacé. Je l’ai connu au début des années soixante, avec ses deux copains Allègre et le mari communiste braillard d’une de mes amis d’enfance. Il vomissait le bourgeois à gros bouillon et croyait en Krasucki tout en étant trotskiste caché. Plus personne ne sait qui est Krasucki.Jospin voudra laisser son nom à gauche avec les 35 heures. Il signera le déclassement définitif de la classe ouvrière française et finira avec un bel appartement, rive gauche, rue du Regard et une maison sur l’île de ré. Plus bourgeois et plus antisocial tu meurs !

Le grand mérite du livre de Catherine Nay est de montrer ce petit milieu en action et comment il va tout gâcher.  Il y a eu trois moments énarchiques de destruction du pays : le couple Chirac-Giscard, la période dont on parle et la période Macron.  Ce continuum de la déroute française est entièrement contenu dans le vase clos des conflits d’énarques hautains et incertains, au sommet dans la carrière et au plus bas du problématique dans la personnalité. Il est aussi important de comprendre les ressorts psychologiques en action que décrit le belle Catherine, que d’en faire une analyse technique, économique ou politique.

Nous-mêmes, avec ceux qui deviendront les piliers du Cercle des économistes e-toile, avant d’etre gagnés par l’âge, nous nous sommes mobilisés dès 1997 pour combattre l’effet des erreurs de ce groupe funeste sur l’avenir français. Nous avons voulu attirer l’attention sur les méfaits des changes flottants et la certitude d’une crise majeure, que nous avons prévu pour 2008 et qui a bien eu lieu, sur l’erreur d’organisation de l’Euroland qui lui donnait un caractère récessioniste et nous eurent la sur-crise de 2011- 2012. Nous avons prévenu que l’entrée de la Chine dans l’OMC viderait la France de son industrie, ce que personne ne nie plus. En interne nous dénoncions un état obèse qui déjà fin 90 ne marchait plus. L’école était déjà par terre, la justice effondrée, les services extérieurs en lambeaux, l’armée réduite aux bouts de ficelles, la natalité par terre. Il y a 25 ans ! Rien de nouveau. Dette et impôts, associés à la bureaucratie et aux transferts sociaux démesurés et autres cadeaux, comme la retraite à 60 ans et la durée de travail à 35 heures, désarmaient la compétitivité française.

Le livre qui va sortir incessamment d’Agnès Verdier-Molinié, Le vrai État de la France, fait un tableau ravageur de la situation ravagée de l’économie et de l’état français. Ce n’est que la suite d’un tableau qui pouvait déjà être fait à la fin de la décennie 90.

La clef de cette déchéance est finalement la prise de pouvoir en France par une caste énarchique, étatiste et socialisante, de Giscard à Macron, qui a tué le pays en cinquante ans. Ne pas comprendre que la première mesure institutionnelle à mettre en œuvre est de créer un mur solide entre la haute administration et la politique, est se condamner à ne rien comprendre aux causes de la déchéance française.

Pourquoi ne pas réformer le droit de grève

et mettre fin à une exception française délétère ?

La France est à nouveau l’otage des syndicats extrémistes, notamment et pas seulement, l’otage de la CGT. La ville de Marseille est envahie d’ordures. Les conducteurs de trains ont menacé de faire grève pendant les vacances. Les électeurs craignent que le programme Pécresse soit l’occasion de mouvements violents des syndicats de fonctionnaires, parce qu’elle a proposé de trancher dans les effectifs sous contrat public.  Les syndicats pèsent d’un poids excessif sur la politique française.

Madame Thatcher avait osé dire : « je ferais sortir le Royaume-Uni du socialisme ». Parmi les toute-premières mesures bienfaisantes qu’elle a prises, et qui ne sont plus remises en cause, figurent celles qui concernent le droit de grève. Le droit de grève est constitutionnel et depuis longtemps, partout en Occident, mais toutes les grèves ne sont pas licites et acceptables. Une assez grande diversité existe dans le cadrage, mais le cadrage lui-même existe et il est assez ferme.  Sauf au RU d'avant Thatcher et en France, encore aujourd’hui. Nul pays n’avait été aussi loin dans le laxisme que le RU de Wilson, puisque le syndicalisme était la base du mouvement travailliste. Les limitations imposées par Thatcher sont parfaitement démocratiques et justifiées. C’est pour cela qu’elles durent. On les retrouve à peu près partout dans le monde. Sauf en France, le pays de la gréviculture hystérique.

Premier principe : la grève ne peut pas poursuivre d’objectifs politiques.

            Corollaire 1 : une grève ne peut concerner que des revendications propres à l’entreprise.

Corollaire 2 : nul salarié d’une entreprise ne peut compromettre l’image de son entreprise dans des grèves et des manifestations qui ne la concerne pas.

Corollaire 3 : les grèves de solidarité sont interdites.

Corollaire 4 : l’appel à des grèves générales est interdit.

Second principe : une grève ne peut pas avoir un coût supérieur à l’avantage réclamé. En un mot, on ne peut pas ruiner une entreprise ou la nation par des grèves trop longues ou trop fréquentes ou ayant trop de conséquences négatives pour les tiers. Certaines techniques de grève qui limitent à l’extrême le coût pour les grévistes tout en ruinant radicalement l’entreprise ne sont pas tolérables. Un exemple : recourir massivement aux arrêts maladie et abuser du droit de retrait pour bloquer la production tout en étant indemnisé par l’entreprise. Au passage, les médecins et les juges complices doivent voir leur responsabilité recherchée.

Troisième principe : les services publics ne peuvent pas être interrompus par des grèves, quel qu’en soit le motif. De même, les services dépendant principalement d’argent public ne peuvent faire grève que dans des conditions précises et restreintes. Il y a bien longtemps qu’on a compris qu’on ne peut pas mettre des gens à garder un pont et les laisser rançonner ceux qui veulent le traverser.

Quatrième principe : les fonctionnaires, dont l’emploi est garanti, n’ont le droit de grève dans aucune partie de la fonction publique ou des services associés.

Cinquième principe : les exactions syndicales contre les biens et les personnes doivent être empêchées et sanctionnées, avec un pouvoir de décision laissé aux préfets et non aux juges pour stopper immédiatement les actions illicites. Aucune occupation d’usine, aucun vol de matériel ou blocage des entrées n’est acceptable, ni même aucune menace de le faire. L’action préfectorale doit être immédiate pour prévenir et faire cesser ces délits, sans attendre une décision judiciaire. Les sanctions doivent être immédiates et effectives. Les juges ne seront appelés que pour contrôler éventuellement l’action des préfets.

Les lois nouvelles n’ont pas empêché l’exercice du droit de grève au Royaume-Uni et elles ont permis de les pacifier et de concentrer la négociation sur des points précis et, un minimum, raisonnables. On notera que ces règles prévalent depuis des lustres aux États-Unis, en Allemagne, et dans les pays les plus démocratiques du monde.

Alors pourquoi pas en France ?

Pourquoi les politiques considèrent-ils ce sujet fondamental comme tabou ? Ce n’est même pas une question de gauche ou de droite. Les pays socialistes interdisaient toute grève, comme les pays fascistes, dirigés par d’anciens socialistes. Avoir un droit de grève qui s’exerce dans un cadre légal normal n’a rien de choquant. L’anormal c’est de voir qu’à la télévision et dans les radios d’état on présente la mutinerie qui a eu lieu lors d’un voyage du paquebot de France, avec emprisonnement des passagers et détournement du bateau pendant plusieurs jours, comme un haut fait sympathique, qui n’a donné lieu à aucune répression.  L’enseignement gauchiste dispensé dans le parcours scolaire milite dans le même sens. Tout le monde en est venu à considérer comme normal qu’il faille demander en justice l'expulsion des grévistes qui occupent un lieu de travail ou qui bloque un entrepôt.  Aux Etats-Unis, une occupation d’usine provoquerait aussitôt une action de force avec l'expulsion des occupants avec la violence nécessaire et de rudes condamnations… des grévistes.

La France doit revenir à une législation normale de la grève.  Aucun candidat n’a mis cette mesure élémentaire à son programme. Cela mesure la terreur dans les partis de droite d'affronter les dogmes illégitimes du socialisme anti démocratique.

La vraie question sur l'avenir de la France

Le meilleur thermomètre pour mesurer les évolutions économiques de long terme est la production intérieure par tête (PIB). La comparaison est un peu délicate car il y a eu un changement de monnaie et une érosion continue de la valeur de chacune des deux monnaies successives. Les spécialistes arrivent facilement à surmonter ce genre de difficulté et les résultats sont sans appel : le PIB par tête est quasiment le même fin 2020 que celui de 1980. Quarante années de stagnation !

Il ne faudrait pas croire qu’il s’agisse d’un constat récent ou établi par des commentateurs approximatifs, marginaux ou contestataires. Par exemple DG Trésor, qui dépends du ministère des Finances publie le 13 juin 2014 une note qui fait le point sur l’évolution des quarante dernières années et qui précise froidement : « la position de la France située en 1975 au-dessus de la moyenne des pays de l'OCDE, est maintenant en-deçà de la plupart des grands pays développés ». Au plus haut sommet de l’Etat on sait parfaitement que la France est en déclassement de longue durée sans que cet état de fait ne provoque la moindre émotion. Personne n’en tire la conclusion qu’une urgence politique s’impose pour mettre fin à cet effondrement relatif. Sans surprise, la situation depuis n’a fait que se dégrader. La France s’enfonce.

L’hebdomadaire Marianne a effectué les calculs pour certaines catégories d’enseignants et est parvenu à des résultats pires encore : leur revenu a baissé ! Stagnation générale, recul par rapport aux autres nations et paupérisations absolues catégorielles forment l’histoire économique récente. Toutes les catégories professionnelles, et pas seulement les infirmières et les enseignants, constatent que la rémunération en France est moindre qu’en Allemagne, qu’en Suisse, qu’aux États-Unis, qu’en Grande Bretagne… Les Français ont voulu connaître une expérience socialiste à rebours du monde entier. Le coût de cette lubie a été démesuré. Pendant ces quarante années les économies ont continué à croître dans les pays correctement gérés. Nous sommes désormais au 29e rang mondial pour le PIB par habitant à 43 551 dollars, selon le classement du FMI. La Suisse est passée de 20 000 dollars en 1980 à 86 000 dollars aujourd’hui, soit plus de 400 % de hausse, et un résultat final exactement le double de la France ! Ne parlons pas du Luxembourg qui a atteint 109 192 dollars. Nous sommes dépassés par presque tout le monde en Europe : l’Allemagne, la Grande Bretagne, la Suède, la Finlande, les Pays bas, l’Irlande, la Belgique… L’expérience socialiste prolongée nous a conduits à un terrible déclassement qu’il est impossible désormais d’occulter, de nier, de minimiser et dont il est impossible de s’exonérer.

 L’année 1980, base de notre comparaison, était particulièrement difficile. Toute la décennie précédente avait été marquée par les conséquences du désordre monétaire international provoqué par la politique américaine et notamment sa conséquence sur les coûts pétroliers. Un second choc pétrolier avait été subi deux ans avant. La situation s’était tellement dégradée que Raymond barre avait été appelé pour faire face à un déficit du budget de 15 milliards de francs, un déficit du commerce extérieur de 10 milliards et un besoin d’endettement de 15 milliards. En se comparant à l’année 1980, on prend un point bas de l’histoire économique récente. Qu’on soit resté aussi bas est consternant.

Comme Pierre Antoine Delhommais en fait la remarque malicieuse dans le Point du 18 novembre 2021, le déficit du budget actuel de la France est de 197 milliards d’euros, celui de la balance commerciale de 90, et le besoin de financement par la dette de plus de 200 milliards. Ceux qui veulent vraiment se rendre compte de la dérive, peuvent convertir en francs les déficits actuels (il suffit de multiplier par 6,55957) et les comparer à la situation que voulait corriger Raymond Barre. Attention au vertige !

On considérait la situation critique alors que le déficit était à 1.8 % du PIB, contre 8.4 % aujourd’hui, la dette à 16 % du PIB contre 110 %, le chômage à 3.8 % contre 8 %. Et M. Macron aurait le droit de se présenter en triomphateur qui a remis la France sur pied ? Alors qu’on est au fond du trou ?

Oui les quarante années qui ont suivi la mise en place du programme commun de gouvernement qui a assuré le destin électoral de François Mitterrand, constamment aggravé ultérieurement par les gouvernements Mauroy, Rocard, Jospin, Ayrault, Valls, Philippe et Castex, ont été un véritable désastre. Les gouvernements de droite, arrivés au pouvoir en général dans la foulée d’une récession mondiale, comme Balladur, Juppé et Raffarin, n’ont eu ni la latitude ni souvent le courage de lancer une politique difficile de grand redressement, alors que le corps social était ballotté par les crises successives et rétif. Le gouvernement de cohabitation dirigé par Jacques Chirac de 1986 à 1988 est le seul à avoir tenté d’enrayer la chute. Mitterrand sera réélu. L’opportunisme électoral voudra, au sein des dirigeants de tous bords, qu’on ne se batte plus contre une opinion publique dirigée par une idéologie néfaste mais dominante et que l’on cherche à l’étranger, par la construction européenne renforcée, le moyen d’éviter les conséquences les plus délétères pour les grandes entreprises. On ajoutera la perte de souveraineté et de la fierté nationale au déclin économique et social.

Le déclassement économique est indiscutablement une composante majeure du malheur français tel que l’a examiné brillamment Marcel Gauchet d’une façon plus globale et auquel il a consacré deux ouvrages qui font l’unanimité aujourd’hui parmi les élites et s’impose comme la caractéristique nationale principale.

Triste réalité : ce malheur français a été voulu avec un certain acharnement par les Français eux-mêmes.

Les Français montrent désormais par des signes nombreux qu’ils ont compris le déclassement économique que la France a subi depuis la victoire de l’Union de la gauche en 1981. Les ouvriers ont déserté aussi bien le parti communiste que le parti socialiste. Ce dernier le lui a bien rendu en ne s’intéressant plus qu’aux fonctionnaires, aux populations immigrées et aux folies de nouvelles radicalités totalitaires, violentes, masochistes et autodestructrices. Les jacqueries des Bonnets rouges puis des Gilets jaunes ont montré qu’il ne fallait pas aller trop loin dans les contraintes à imposer à des populations paupérisées.

La France, aujourd’hui, veut que la descente aux enfers s’arrête et se cabre devant une idéologie dominante dans les médias qui reste figée dans les dogmes du socialisme de 1980. Mais, au-delà de la crispation déclarée « populiste » par les élites médiatiques, comment faire alors qu’un alarmisme écologique extrême pousse à des amputations drastiques des moyens de la croissance ? Comment éviter un malheur économique sans fin ?

Telle est la vraie question posée aux électeurs pour cette nouvelle élection présidentielle.

Sélection LR : les aspects regrettables du débat sur BFM

On savait qu’un débat sur BFM balancerait entre l’insipide et l’odieux. La direction de cette chaîne impose un soutien indéfectible à Emmanuel Macron, pour les raisons de gros sous de la maison mère, avec des faux journalistes aboyeurs comme la dénommée Malherbe, qui a fait de son agressivité sélective la forme ultime de son travail de propagande active pour le politiquement correct, sur le modèle France-Inter.

On voyait bien, qu’une fois de plus la seule préoccupation des organisateurs, était de tenter d’amalgamer LR et Zemmour ou Le Pen pour pouvoir classer tout ce petit monde dans l’extrême droite fascisante qui nous ramène aux heures sombres etc. Tout le temps passé à essayer de décoller le sparadrap Zemmour sera autant de gagné pour éviter d’aborder les vrais problèmes.

LR est tout aussi responsable de la situation. Lorsqu’on écoute les concurrents, on voit bien qu’il n’y a que des différences artificielles de « sensibilité » sur les grands problèmes de l’heure et qu’ils sont obligés de forcer le trait pour se distinguer. En revanche « valeurs » et « sensibilité » empêchent de présenter des choix clairs au pays. On croyait en écoutant Christian Jacob qu’un travail de fond excellent et radical avait été fait au sein du parti LR et que le programme LR était là et bien là. Personne n’a vu le début de ce programme commun approfondi dans les débats. Du coup rien de fondamental n’est tranché et sur tous les sujets on a vu que les candidats disant presque pareil mais différemment et que les grandes options qui fâchent étaient prudemment laissées de côté.

Il fallait évidemment que sur les sept ou huit questions fondamentales où les nœuds gordiens sont tellement serrés qu’ils empêchent toute politique sérieuse, LR fasse des conventions thématiques publiques tonitruantes avec, sur chaque sujet une politique tranchée susceptible d’être promue et défendue par tous les candidats potentiels. À raison de 15 jours par grandes questions nationales, les Français auraient pu voir de quel métal était composée l’offre LR et quel avenir ses candidats proposaient aux Français.

Au lieu de cela on voit un concours de beauté, où aucune ligne directrice politique ferme ne se dégage et où aucune des grandes causes du déclassement français n’est abordée à la hauteur nécessaire.

La stagnation de 40 ans imposée à la France par le choix du programme commun et les options internationales que nous subissons n’a fait l'objet d’aucune analyse. Il fallait acter que certains choix gouvernementaux de droite s'accommodant finalement des dérives socialistes, européistes et mondialistes étaient délétères et qu’il fallait désormais revenir à une politique sévère de correction.

Croire que les classes populaires n’ont pas compris que le socialisme conduit à la misère, que l’européisme qui prône l’ouverture aux salariés pauvres des pays de l’est et du sud et à une immigration massive les mettait en difficulté et que le mondialisme qui les expose directement à la concurrence des travailleurs pauvres chinois leur nuisait, est pour le moins un aveuglement.

En ne s’attaquant pas de front à ces trois défis, on se coupe automatiquement des masses populaires et on laisse leur vote à d’autres. Les sondages parlent d’un taux de soutien de 2 à 5 % de LR dans les classes populaires. Dans le monde des fonctionnaires et des associations, le soutien est à peu près du même ordre. Chez les jeunes à qui on n’offre aucune perspective, c’est à peine mieux. Il reste qui ?

LR ne s’en sortira qu’en donnant des preuves qu’il a compris et qu’il a le diagnostic, le pronostic et le traitement.

On n’a entraperçu chez l’un ou chez l’autre des éléments du diagnostic, du pronostic et du traitement, mais si peu et de façon si timide que personne ne sait la politique qui sera suivie avec la force du soutien des militants.

Nous avons un pays dirigé exclusivement par des hauts fonctionnaires qui ont capté la politique, mis sous tutelle tous les « sachants » ayant une compétence professionnelle, en médecine, dans l’enseignement, dans toutes les fonctions régaliennes et créé une bureaucratie effarante et disproportionnée, unique au monde, qui étouffe tout le monde. Jamais des présidents énarques entourés par une bande d’énarques ne toucheront à ce monopole mortifère. La preuve en a été administrée pendant dix ans d’abord par Hollande puis par Macron. Alors on ne propose plus de hauts fonctionnaires comme candidats. Et on explique comment on va redonner du sens aux politiques publiques et du pouvoir aux vrais professionnels disposant d’une capacité technique.

Au lieu de se laisser piéger par un discours inquiétant pour les fonctionnaires en poste, plein de menaces et d’imprécation, il n’est pas trop difficile d’affirmer que les fonctions régaliennes de l’état sont effondrées et qu’elles doivent être restaurées, redonnant du sens à ceux qui choisissent les fonctions d’état, et libérant les autres de tutelles infernales.

Que faut-il à la France dans le domaine sanitaire : réduire à 15 000 au lieu de 18 000 les fonctionnaires catégorie A, à 3 000 euros nets par mois, et fournir du travail à 5 000 infirmières de plus à 2000 euros nets par mois, ou proposer l’inverse ou même maintenir le statu quo ? L’arbitrage est entre les fonctions purement administratives et les fonctions opérationnelles. C’est vrai aussi pour la police, pour la justice, pour l’école, pour l'université, pour l’armée…

Il n’est tout de même pas bien sorcier de réconcilier l’appel urgent de Juvin à sauver l’hôpital public et les services publics en général et le besoin de dégraisser le mammouth, en réduisant la pression fiscale et réglementaire sur le pays.

Le débat sur le pouvoir d'achat a été lamentable avec un concours Lépine de mesures de transfert de charges pour faire apparaître une générosité sociale illusoire. En fait tout le monde est d’accord pour renvoyer les charges sociales sur la CSG, la TVA et l’impôt sur le revenu. Ce qui veut dire qu’on transfère sur ceux qui paient le plus d’impôts la gratuité des soins, les retraites trop longues, les transports indéfiniment allongés, l’habitat social gonflé à mort, et les mille actions financées actuellement par les cotisations patronales et salariales. Du coup la hausse de la pression fiscale devient obligatoire et massive, alors qu’on laisse entendre qu’on va la limiter. Quelle différence avec la politique socialiste de transfert sur les plus actifs et l’impôt de la satisfaction électoraliste de tous les besoins des gens qui espèrent ne pas  gagner leur pain à la sueur de leur front ? Nous sommes bien le dernier pays authentiquement marxiste-léniniste du monde, avec une droite qui se coule dans les raisonnements et pratiques de cette idéologie mortifère !

Aucun auditeur de la séance de sélection d’hier soir ne sortira de là en ayant compris que la France s’est tuée depuis 1981 avec un programme marxiste-léniniste débilitant, une captation de la démocratie par la haute fonction publique et l’envahissement de la bureaucratie.

Aucun électeur n’aura compris ce que LR propose pour en sortir. Emmanuel Macron est exactement sur la même ligne !

Cela vide l’exercice de toute valeur.

Une fois de plus on pourra regretter que LR n’ait pas mis la priorité sur le programme et laisse un simple concours de beauté montrer son insignifiance.

Pour sortir du piège, il faudra que le candidat retenu, quel qu’il soit, reprenne à son compte la question du programme national, soutenu par tous, y compris les alliés de LR, qu’il faut au pays, en acceptant que ses propres conceptions ne soient pas nécessairement prioritaires et en voulant arriver à un consensus sur une politique énergique de grand redressement dans son camp avant de la proposer au pays. Cela peut se faire en trois mois laissant tout le temps nécessaire à un rush électoral final convainquant.

Utinam…

Elections : Le retour des énormités dans l’argumentation économique

Pour un observateur qui a suivi la vie nationale depuis cinquante ans, soit comme Professeur ou comme économiste, le retour des mêmes erreurs, avec les mêmes arguments, la même nullité d’analyse et la même mauvaise foi est spectaculaire et légèrement décourageante.

On pourrait en faire un catalogue, une taxonomie, avec brevet de démagogie imbécile à la clé. Savoir que ces sottises peuvent jouer un rôle dans une élection majeure sans que leur indécence antidémocratique ne soit jamais relevée du fait de l’ignorance économique crasse de beaucoup de journalistes, est plus une souffrance qu’un amusement. Alfred Sauvy avait fait l’essentiel du travail avec son livre « Mythologie de notre temps » – Persée – 1967. Mais cela repousse comme le chiendent.

Les journalistes appellent marronniers ces articles qui reviennent chaque année à la même période et qu’on reprend sans scrupule en modifiant trois mots. Il y a des marronniers électoraux qui refleurissent à chaque élection majeure et là, on ne change même pas trois mots. On se vautre sans vergogne dans la joie de dire n’importe quoi.

L’une des plus belles sottises est de faire valoir que la France a une formidable productivité, presque la meilleure du monde et que du coup on pourrait augmenter les salaires sans difficultés pour récompenser ce triomphe du salarié français.  Il est vrai que les statistiques indiquent une forte productivité moyenne. Mais pourquoi ?  L’emploi et les salaires dépendent de la productivité. A chaque niveau de productivité correspond un niveau d’emploi. Les charges sur le travail sont telles en France, que les emplois correspondant à des travaux de faibles productivités ne sont pas possibles, sauf au noir. C’est pour cela que nous avons 5 à 6 millions de chômeurs, un chômage structurel qui ne baisse jamais au-dessous de 6.5% dans les phases de haute conjoncture, alors que des pays qui ont une politique différente arrivent à 3-4%.  Il va de soi que si vous supprimez la tranche d’emplois à faible productivité, la moyenne de l’emploi qui reste est d’une valeur supérieure à celle de ceux qui ne l’on pas fait.  Si vous enlevez les petits dans le calcul de la moyenne de taille d’une population, elle sera plus haute que dans celle d’une population qui ne fait pas cette soustraction !

La France a peu d’emplois car elle ne permet que les emplois productifs, mais cela ne veut pas dire qu’elle est compétitive.  Les autres pays ont ces mêmes emplois productifs plus tous les autres et ces derniers leur offrent une compétitivité accrue. Vérification est faite en regardant les chiffres de nos déficits extérieurs qui sont constants et majeurs.  Les gouvernements, faute de vouloir remettre en cause les charges inouïes qui pèsent sur le travail et les entreprises, ont essayé des mesures artificielles comme la « suppression » des charges sur les salaires au SMIC. En fait on a repoussé le paiement des sommes concernées sur d’autres. Une politique de type sapeur camembert où on creuse un trou pour en complet un autre.  Avec des résultats indigents.

La forte productivité moyenne apparente du travail moyen en France est un indicateur sinistre parce qu’il marque la mutilation d’une partie très importante de l’emploi possible.

Comme souvent en économie, c’est contre intuitif. Mais se vautrer dans des explications fausses jusqu’au débile qui ne peuvent qu’aggraver le chômage structurel et les déficits de compétitivité a quelque chose de fascinant. Lorsqu’un débat s’engage sur les multiples scènes de la TNT, la question qui se pose est toujours : qui va dégainer une sottise économique majeure le premier. On peut faire des paris. Quand le rouquin de LFI est là, Adrien Quattenens si je ne me trompe, on est sûr qu’il va gagner. Il débite les marrons électoraux les plus frais avec la violence la plus extrême. La bêtise devient rougeoyante sur les grands écrans plasma.  Le front est tellement bas qu’on se demande s’il s’agit de simple bêtise ou d’un cynisme rare. S’il était le seul ! Malheureusement les erreurs majuscules dans le domaine économique deviennent des éléments de langage répétés inlassablement par des perroquets.

On pourrait dire qu’entendre des sottises de la part d’un dirigeant du seul parti trotsko-bolivarien d’Europe, n’est pas bien grave et que le retrouver dans la bouche d’Emmanuel Macron est tout de même plus grave. En expliquant que la formidable productivité du travailleur français associée à son plan de 30 milliards d’euros d’investissement sur dix ans, on va pouvoir réindustrialiser le pays, il nous sort un narratif trompeur d’une extrême qualité démagogique. C’est justement parce que le travail à faible productivité a été banni en France, alors que l’économie était ouverte au monde entier, qu’on n’a plus d’industries !

Oui, constater qu’une erreur aussi grave et fondamentale est faite depuis les ors de l’Elysée jusqu’aux fondrières les plus profondes du communisme trotskiste, a quelque chose de fascinants. Il parait qu’il y a un conseil d’analyse économique auprès du Premier Ministre.

En lisant Marianne…

Il est toujours intéressant de lire les revues qui se veulent iconoclastes. Bien sûr, de tout temps, et surtout avec J.F. Kahn, la ligne principale était : « Vous vous rendez compte Mme Michu », ce qui ne nous emmenait pas très loin dans la contestation et plutôt loin dans la rengaine des râleurs et des grognons sans importance. Mais bon ! Natacha Polony se vit en grande penseur du monde moderne et ne dit pas que des sottises, entre exploitation diverses de poncifs et vraies informations longtemps mises sous le boisseau.

Revoilà Jacques Julliard qui n’en démord pas. Vive la gauche qui doit redevenir la gauche en cessant de « considérer l’électeur de gauche comme un pur animal économique ». Elle doit donc parler de l’immigration, mais en prônant les sommets et les plus grandes exigences, en évitant la juxtaposition des groupes ethniques et en intégrant. Il n’y a plus qu’à 

 « Ah si la gauche écoutait ses électeurs », ajoute-t-il. L’ennui c’est que la gauche a d’abord été absorbée par le socialisme et s’est calé sur le marxisme tout en acceptant toutes les dérives révolutionnaires. Plus de 100 millions de morts assassinés plus tard et quelques milliards de vies gâchées plus tard, avec en prime l’effondrement de l’URSS et la conversion au capitalisme d’Etat de la Chine, le socialisme est mort comme idéologie positive.

L’ennui est que les socialistes ont eu le culot d’abandonner les questions sociales et les ouvriers au profit des différentes altérités. Les électeurs censés être défendus par les partis de gauche se sont donc échappés vers l’abstention ou Mme Le Pen.

Cet abandon est largement du à des politiques soutenues par… Julliard, notamment dans le domaine européen et dans celui de l’accueil indéfectible des immigrés.

Ce n’est pas seulement le PS qu’il faut fustiger, M. Julliard, mais vous-même et JF Kahn avec vous !

Une excellente étude sur la baisse de revenu d’une partie des fonctionnaires.

Le tableau publié en page 11 devrait servir de bible à tous ceux qui veulent comprendre un peu la situation du pays. Oui, il est parfaitement vrai que de nombreux fonctionnaires ont perdu du pouvoir d’achat dans les quarante dernières années, et que c’est dans la masse centrale que les pertes ont été les plus grandes, la haute fonction publique se gobergeant, de plus en plus en famille, avec de nombreuses rémunérations annexes et des allers et retour dans le secteur nationalisé ou dans les entreprises en grande dépendance de l’État, et la partie basse ayant été assez généreusement revalorisée.

Les faits étant établis il aurait été bon de ne pas se tromper dans leur interprétation.

Premier constat : les fonctionnaires ne sont pas les seuls à avoir perdu du pouvoir d’achat. Nous n’avons cessé de répéter que le PIB par tête était exactement au même niveau en France entre décembre 1980 et décembre 2020. Quarante ans de stagnation ! On ne voit pas pourquoi la fonction publique aurait échappé à la tendance générale.

Second constat : c’est la politique démagogique mise en place par Mitterrand et son programme commun qui a ruiné la croissance française. Nous avons d’abord cessé de rattraper le niveau de vie américain, puis, grâce aux trente-cinq heures et autres transferts sociaux et étouffements bureaucratiques, nous avons commencé à décrocher tout seul comme des grands.

Troisième constat : les effectifs des différentes fonctions publiques et des emplois directement liés à l’état, comme dans les associations subventionnées ont explosé. La régionalisation a été le vecteur principal mais aussi le déplacement des fonctions régaliennes vers les associations. Quand on multiplie les effectifs à production constante, on baisse la rémunération moyenne. C’est mathématique.

Quatrième constat : le développement effarant de l’immigration et des obligations qu’elle implique a provoqué un déploiement permanent de ressources qui ont manqué pour le reste. S’il faut construite une ville comme Paris tous les cinq ans pour accueillir le monde entier, et des populations qui ne veulent pas s’assimiler et entrent en dissidence économiques et politiques, comment faire pour dégager des ressources pour l'administration de base ?

Cinquième constat : si on met nos entreprises en compétition avec le monde entier avec les charges les plus hautes du monde et les contraintes réglementaires et sociales les plus féroces, l’activité économique fiche le camp et prive le pays des moyens de revaloriser les fonctions d’appui.

Sixième constat : l’administration, quelque qu’en soit l’objet, suit les lois de Parkinson avec délectation. Si l’administration de la santé a fini par disposer de près de 18 000 femmes fonctionnaires de catégories A, la plus élevée, alors qu’il aurait peut-être mieux valu avoir 3 000 docteurs 6 000 infirmières de plus, ce n’est pas par hasard. La bureaucratie est devenue pléthorique du fait du triomphe de « l’énarchie compassionnelle et bienveillante ».

Septième constat : ce sont les GOPE européens, définis pour sauver l’Euro, qui imposent les restrictions en matière d’administration. Vive l'Euro d’accord, mais au moins qu’on en cite les effets, au lieu de les renvoyer sur d’autres.

Marianne occulte chacune de ces causes, pour ne pas gâcher le message subliminal : « le néolibéralisme né de Thatcher et Reagan » est la source de tous nos maux.

L’Administration n’a pas été victime d’un quelconque néolibéralisme français (des noms ! des noms !) mais largement des dérives de la Haute administration largement socialiste, immigrationniste, européiste, réglementariste, fiscaliste et bureaucratique

Pour finir : Que de merveilleuses trouvailles dans les dessins d'humour publiés en masse dans le journal, en particulier les deux de la page 61 que je laisse au lecteur le plaisir de découvrir.

Un anniversaire bâclé : la destruction des Accords de Bretton Woods.

Dans un mois exactement, le 15 août, le monde fêtera l’anniversaire de la décision économique la plus néfaste de la seconde partie du XIXe siècle : l’abandon de facto des accords de Bretton Woods qui avaient été conclus 27 ans auparavant. À part Jacques Rueff, personne n’avait perçu la gravité d’une manœuvre qui allait signifier rien de moins que la fin des Trente Glorieuses et pour la France un basculement qui finira par le grand déclassement que la crise sanitaire en cours a rendu évident au plus grand nombre.

Pour ceux que cela intéresse, nous avons traité de cette tragédie dans deux livres, d’abord l’Étrange Désastre* qui retrace la déchéance économique provoquée par l’abandon des disciplines de Bretton Woods, puis dans La Monnaie du Diable* qui fait l’histoire géopolitique de la monnaie de 1919 à 2019. Il nous était apparu lors de conférences que personne ne comprenait la question monétaire et ne se souvenait plus de Bretton Woods. Il faut dire que le seul livre paru en Français sur cette question, écrit par un des participants français, datait des années cinquante. Il ne restait plus dans l’esprit général que quelques simplismes. Au mieux.

Rappelons ici quelques éléments marquants.

Au moment où l’issue d’une guerre mondiale terrifiante paraissait désormais inéluctable, l’effondrement des forces de l’Axe étant manifeste partout, une négociation s’est conclue qui avait commencé… en juin 1940 entre Britanniques et Américains. Tout le monde a oublié qu'après l’effondrement militaire de mai quarante, l’Allemagne a proposé ses conditions de paix et d’organisation monétaire de l’Europe, Hitler cherchant à terminer la guerre à l’ouest par un accord honorable avec le Royaume-Uni. Le plan Funk, avec ses variantes dues à Goering et quelques autres pouvoirs dissidents (le régime nazi était loin d’être monolithique et les factions en guerre intestine presque tout le temps), mettait en place deux organisations parallèles : l’Europe, selon des schémas qui ressemblent beaucoup à ce qui sera mis en place plus tard, et un système monétaire européen basé sur une monnaie pivot, évidemment le Reichsmark et un système de compensation très proche du système actuel.

J.-M. Keynes, sollicité de trouver des arguments pour contrer la propagande autour du plan Funk, surprendra ses commanditaires en expliquant que les principes du plan allemand (la compensation) étaient formidables, même si les modalités étaient malhonnêtes (les nazis ayant la volonté de ne jamais solder ses positions déficitaires) et qu’il fallait qu’il soit pris en compte par les bientôt alliés ! Churchill impose, de peu, la poursuite d’une guerre totale « jusqu’à la victoire », même en cas d’envahissement du territoire anglais, mais doit rapidement obtenir des fonds car il n’a pas les ressources pour poursuivre la guerre seule. Pendant quatre ans, les questions financières cruciales immédiates mais aussi l’organisation future du système monétaire feront l’objet de débats et de discussions plus ou moins houleuses. Les pays alliés et la France combattante y seront associés. Après le débarquement réussi en Normandie à l'ouest, l’effondrement allemand face à l’opération Bagration à l’est, les reculs définitifs du Japon en Extrême-Orient, Roosevelt, qui lance sa dernière campagne électorale, sent le besoin d’un grand succès diplomatique et organise la conférence dit de Bretton Woods, un grand hôtel dans la fraîcheur des montagnes proches de New York. L’endroit a été choisi pour permettre à J. M. Keynes de participer (il souffre de problèmes péri cardiaques aujourd’hui bénins grâce aux antibiotiques mais insolubles à l’époque).

La conférence cherche à résoudre deux difficultés : ne pas recommencer les erreurs commises à la fin de la guerre de 14-18 qui conduiront d’un côté aux troubles allemands (la grande inflation, l’arrivée des nazis) et Japonais (l’étranglement pétrolier) et aux deux guerres de revanche, et de l’autre à la crise de 1929 et ses suites. Première idée, développée par Keynes dans les années vingt, est qu’il ne fallait pas ruiner et maltraiter les pays vaincus, en dépit des immenses pertes qu’ils avaient infligés aux pays vaincus, mais au contraire leur permettre de revenir le plus vite possible dans l’effort productif global. C’était une idée neuve et qui aura les conséquences les plus heureuses pour les deux pays vaincus qui deviendront des mastodontes économiques en contrepartie d’être longtemps des nains diplomatiques.

La seconde idée, toujours fournie par Keynes était la nécessité d’une organisation multilatérale permettant de gérer la coordination des politiques monétaires afin qu’une crise dans un pays ne soit pas amplifiée au point de déboucher sur une crise globale. Des changes fixes mais ajustables raisonnablement, par négociation, l’aide aux pays en difficulté de balance de paiement par des prêts mutualisés, la création de liquidité internationale en cas de crise grave, un organisme de contrôle et d’animation, le Fonds monétaire International, tel était l’idée de manœuvre.

La troisième idée était celle du financement de la reconstruction et des aides financières, avec la création de la banque Mondiale et l’élaboration d’une stratégie d’aides mutualisées pour accélérer le développement.

Tout cela était extrêmement nouveau et a passionné tous les participants qui ont joué le jeu de bonne foi.

La conférence a dérivé assez loin des idées de Keynes lorsqu’il s’est agi de fixer la référence de la base monétaire commune. Le retour à l’étalon or pur était impossible pour une raison élémentaire : tout l’or était aux États-Unis qui n'entendaient pas le voir quitter Fort Knox et qui produisaient à peu près la moitié de la richesse mondiale. On a donc établi un étalon de change-or, où le dollar était l’étalon et l’or l’ancre de l’étalon. Cela voulait dire que les États-Unis assumaient une responsabilité particulière : garantir par sa politique économique globale (interne et externe) le respect de la parité dollar-or. C’était une gageure, car le système donnait aux États-Unis le pouvoir de régler tous ses déficits éventuels de façon indolore dans sa monnaie, et la fourniture de dollars au monde supposait de créer un déficit structurel de la balance des paiements.

Les États-Unis développaient également une autre politique purement personnelle : la disparition des colonies et leur régime protégé, pour obtenir de nouveaux débouchés. Il faudra la décision de Churchill de refuser d'aller à Bretton Woods dans un tel cadre pour que le président des États-Unis renonce à imposer immédiatement la disparition de la préférence impériale britannique.

Les Accords étaient imparfaits. L’aide à la reconstruction s’avérera totalement insuffisante, les monnaies françaises et anglaises s’effondrant radicalement. Du coup, il faudra inventer en urgence le plan Marshall et la Bird se concentrera sur les ex-colonies des pays européens sommés de décoloniser, l’assistance au développement passant des pays colonisateurs aux institutions mondiales. Ce qu’ils feront tous dans les 20 ans suivants la conférence. Surtout, après dix années de redémarrage brillant, le besoin de dollars était moins net, le Japon et l’Allemagne ayant tendance à accumuler les dollars émis généreusement puis de façon irresponsable par les États-Unis. Irresponsable du point de vue de la structure des accords de Bretton Woods qui imposaient de respecter la valeur or du dollar.

Les plans grandioses de réformes intérieures américaines et d’actions extérieures (espace, guerres du Vietnam, « containment » de l’URSS) ont induit une telle cavalerie monétaire que rapidement l’avenir de l'étalon de change-or s’est révélé précaire. On se souvient de la conférence du général de Gaulle, restée célèbre, exigeant le retour à l’étalon or. En fait J. Rueff ne voulait pas le retour aux mécanismes de ce système qui implique que des récessions permettent le retour aux équilibres perdus. Le slogan de Bretton Woods : « non aux récessionnistes » était un mantra généralement partagé, même chez les tenants de l’orthodoxie monétaire passée. Ce qui était demandé, c’est que la référence du système ne soit plus le dollar mais l’or, les États-Unis étant remis sur un pied d’égalité avec les autres nations. Tous les autres principes de Bretton Woods notamment l’existence de règles et l’obligation de les respecter, et, surtout, les mécanismes de compensation et d’aides mutualisées pour éviter les récessions à répétition.

Les Américains ont alors élaboré une réponse nationaliste absurde qui ne pouvait aboutir qu’à des mécomptes : « mes déficits sont de VOTRE responsabilité ». « Moi je fais ce que je veux et c’est à vous de faire les efforts nécessaires pour réduire mes déficits », ce qui est strictement impossible, si la première puissance du monde, détentrice de la monnaie de transaction du monde, lâche les dépenses sans limite. La première page de Time magazine, donnée ci-dessous, traduit assez bien les éléments de langage américain : « vous êtres des vicieux qui cherchaient à me ruiner et à me dépecer comme des rats à casque nazi ». Les Européens tenteront de manipuler le marché de l’or pour que la dévaluation du dollar n’apparaisse pas trop. Mais toutes les béquilles finiront par casser et ce sont les Allemands, las d’importer de l’inflation américaine, qui mettront fin à la mascarade en proposant les changes flottants et en refusant d’appliquer les règles de compensation prévues dans les Accords. La réponse le Nixon sera le refus d’appliquer les engagements que les États Unis avaient pris de repayer en or les dollars accumulés par les autres pays. Tous les créanciers ont été floués. Ils croyaient détenir une créance or, ils se sont retrouvés avec du papier.

Lorsque le Wall Street Journal évoque, dans son numéro du 5 juillet, la fête des « 50 ans de la révolution du système monétaire », il précise qu’elle a été rendue nécessaire « par la concurrence féroce des produits manufacturés du Japon et de l’Allemagne ». Féroce veut dire déloyal naturellement. On ne doute pas que la « révolution » a été bénéfique même si on admet que la flottaison rend les choses un peu instables, complexes et imprévisibles tout en provoquant l’apparition d’une économie baudruche basée sur des gains de casino et les crises bancaires fréquentes, alors qu’elles avaient disparu. C’est que les changes flottants ont permis « de s’adapter rapidement » par exemple aux variations des prix du pétrole ! Prix qui ont explosé après l’introduction des changes flottants et la chute vertigineuse du dollar ! De qui se moque-t-on ? Ils auraient permis de créer de « l’interdépendance » alors qu’on a brisé l’interdépendance structurelle du système de changes précédent, et éviter des guerres (lesquelles ?). Donc Nixon a pris des décisions judicieuses… mais qui montreraient tout de même leurs limites cinquante ans après, parce que tout le monde en a marre du terrorisme monétaire, financier et légal américain. La solution judicieuse serait désormais périmée.

Ce qu’il fallait faire entre 1973 et 1976, c’est une réforme des accords de Bretton Woods qui sauve l’essentiel : les règles de non-déficits et de non-excédents majeurs, la coopération interétatique pour éviter les récessions, la surveillance. Une occasion majeure formidable de créer un système sain et durable a été perdue à cause de l’attitude américaine. L’inconvertibilité temporaire s’est muée en Accords de la Jamaïque, à Kingston, au bord d’une piscine, où le fat Giscard s’est rengorgé en faisant des effets de maillots de bain, un non-système basé sur le chacun pour soi et les changes flottants sous pression américaine, dont les conséquences vont être tout simplement dramatiques.

Dès 1973, le monde connaît une première récession mondiale, « la pire depuis 1929 », et une chute du dollar qui conduit les pays producteurs de pétrole aux actions de cartel que l’on connaît. Mais la crise de 1973 n’a pas été une crise pétrolière. Celle-ci a été une conséquence aggravante. Les énormes déficits et excédents entraînent la création d’une économie financière déconnectée de l’économie générale. La spéculation s’impose partout. Les prêts aventurés massifs finissent toujours par s’effondrer. Les crises financières ne vont plus cesser, avec un épisode sanglant en 1992-1993 une nouvelle fois « la pire depuis 1929 », jusqu’à la grande crise de 2008, qui flanque par terre l’économie occidentale et dont les conséquences se font encore sentir.

Les États-Unis mettre en œuvre quatre politiques :

-        Le TFTEA : C’est une loi Obama qui sera appliquée sans faiblesse par Trump et qui est toujours de bras armé de Biden. Son principe : mes déficits sont nécessairement la faute des pays en excédents et pas de la mienne. Ce sont des ennemis déloyaux qui s’en prennent à la substantifique moelle des États-Unis et qui doivent être châtiés. On en revient à la caricature de Time magazine sur les cloportes qui se nourrissent abusivement sur le dos des Américains.

-        L’encadrement dingue des activités de banques, la suppression d’une partie des paradis fiscaux, les sanctions démesurées imposées par l’extériorisation des lois américaines. L’activité des banques de dépôts et la liberté des déposants se retrouvent totalement ligotées. Mais pas celle des fonds de pension et autres « funds » américains !

-        La remise en cause des principes multilatéraux sur lesquels le monde fonctionnait depuis 1945.

-        L’obligation pour les banques centrales de créer des milliers de milliards de dollars pour compenser les pertes accumulées par le système des changes flottant, avec des taux d’intérêt qui finiront par être négatifs.

C’est dans ce contexte totalement artificiel, injuste, déséquilibré jusqu’à l’absurde et précarisé, que va se produire la crise sanitaire, avec une perte de production surcompensée par la création monétaire des banques centrales, le gonflement dément de l’encours de dettes globales et des conflits latents entre tous les pays et tous les blocs.

Pour aggraver le tout, les Fédéralistes européens, au lieu de créer un pôle de stabilité monétaire basé sur une unité de compte commune et un système de type Bretton Woods, imposent la monnaie unique qui ne permet aucun ajustement sauf à pratiquer des récessions plus ou moins contrôlées, et en dépouillant les nations de toute souveraineté.

Le monde vit donc avec deux systèmes monétaires dysfonctionnels qui imposent des récessions périodiques, tout ce que voulaient éviter les membres de la conférence de Bretton Woods. Les « récessionnistes » sont à la manœuvre, assistés par des explosions de création monétaire des banques centrales. Et le monde n’est plus qu’un champ de combats douteux sur fond de ruine générale du monde occidental.

Ne parlons pas de la France devenue un territoire pour dirigeants lamentables et antinationaux, qui se font filmer avec l’air triomphant parce que Mme Van der Leyen a dit oui à un de leur plan et font semblant de diriger un pays éventré et en pleine déliquescence.

Après la crise financière et la crise sanitaire se présente le délire d’une politique écologique aussi ruineuse que sans effet sur le climat, qui peut achever de mettre le pays à genoux et a le potentiel de créer dans un horizon assez proche une situation à la libanaise.

Face à ces perspectives sinistres, les seules personnes habilitées à parler économie sont Picketty, l’obsédé fiscal maladif, Blanchard, le soumis qui n’a jamais été capable au FMI de faire valoir les méfaits des changes flottants, et Tirole, un prix « Nobel » d’économie qui pense que l’impôt aggravé sur les successions est la solution pour un pays déjà leader mondial des impositions.

Rencontré fortuitement lors de l’enterrement de Gabriel Milesi, Jean Hervé Lorenzi était très content : tout allait bien ! Ce qui sera la tonalité des journées d’Aix en Provence. La BCE crache au bassinet ; l’argent coule à flots pour la haute finance ; l’État peut se goberger dans des dépenses extravagantes ; M. Macron peut faire face à toute contestation en arrosant les clientèles à gros bouillon. La reprise va être majestueuse ! Tout va bien Madame la Marquise. Les propositions faites au terme de ce Davos du pauvre sont d’une indigence rare. Aucune discussion sur les structures dysfonctionnelles de la monnaie et du commerce international. Il faut former la petite enfance, généraliser la garantie jeune (permettant de boucler la gratuité de la vie de la naissance à la mort), alléger les contraintes européennes, coopérer pour la cybersécurité, baisser les impôts sur la production, garantir les placements privés dans l’industrie, augmenter les annuités de cotisation à la retraite mais en étant généreux avec des catégories sensibles, et augmenter les bas salaires. C’est gentil, totalement insignifiant, ruineux pour l’État (pas grave, il y a la BCE, on peut y aller). Et surtout aller franchement vers la neutralité carbone en 2050, sans avoir chiffré le moins du monde ni les coûts de la décarbonation (ce qui devrait être son rôle prioritaire), ni l’efficacité sur la moyenne des températures mondiales. Du politiquement correct total et du politiquement économique insignifiant comme d’habitude. L’important c’est qu’il ait du monde à Aix et que tout le monde reste béat d’optimisme.

Vive la crise en chantant. Avec la destruction de Bretton Woods c’est aussi à la destruction des grands économistes à la française (Jacques Rueff, Maurice Allais, Alfred Sauvy) qu’on a procédé. Tout le monde s’amuse dans les médias à souligner l’extraordinaire baisse du niveau intellectuel des dirigeants français. Pour les économistes officiels français, ce n’est plus une baisse mais un anéantissement.

À moment où la campagne présidentielle s’ouvre, on peut craindre qu’elle soit totalement détournée de sa fonction naturelle : permettre aux électeurs de bien apprécier la situation et d'arbitrer entre les solutions.

C’est dommage. L’anniversaire de la destruction des accords de Bretton Woods offrait pourtant une excellente occasion de faire comprendre au pays pourquoi le PIB par tête se traîne en France fin 2020 au même niveau qu’en 1980 et de lui présenter les axes d’une politique de grand redressement. .

Didier Dufau

 

*Ces deux livres sont disponibles à la librairie en ligne du Cercle « e-toile « à l’adresse https://editions-e-toile.fr/



De quelques tares de l’époque et de l’analyse du Pr Maffesoli

Il est amusant de lire et d’écouter le Pr. Maffesoli expliquer que nous sommes dans une période qui marque la fin d’une époque, au sens grec des deux mots. La modernité perdrait définitivement ses oripeaux :

L’individuel laisserait la place au « nous », et, en un mot, on passerait des « droits de » de l’individu, aux « droits à » de groupes.

La rationalité serait délaissée au profit de l’émotionnel. L’image et l’exaltation utopique l’emporterait sur les faits bruts et leur raffinage par la pensée.

Le progressisme et l’idée de l’homme puissant allant collectivement constamment vers une société meilleure par la démocratie, alimentée par le débat, serait caduque et remplacée par on ne sait trop quoi entre vitalisme et constantes de l’humanité animale.

Notre professeur déclare observer et ne pas juger cette destruction du « modernisme », de noter l’émergence « obligée » de soulèvements (mais sans les encourager) du type de celui des gilets jaunes, qui aurait été provoqué par la contradiction entre des élites bloquées dans le modernisme et l’instinct vital des différentes « tribus » qui se seraient reformés. Ces élites seraient en fait mortes et ne le sauraient pas.

Cette analyse est apparemment  corroborée par de nombreux « faits massifs », comme le record d’abstention aux dernières élections départementales et régionales. 2/3 d’abstention sur des listes incomplètes du fait du record de non-inscription de personnes pouvant voter, phénomène jamais dénoncé, et dans des lieux où une grande quantité de population n’a pas le droit de vote, cela veut dire des élites politiques élues par une fraction dérisoire des populations vivant sur un territoire. La perte de sens démocratique est délirante.

Pour avoir voulu être assesseur lors du dernier vote, les observations qu’on peut tirer de l’expérience sont étonnantes. Le bureau de vote est dans une école où 95% des élèves sont d’origine étrangère, principalement africaine et principalement noire. Une seule personne noire s’est présentée dans l’isoloir. Pas deux : une.  Ce n’est plus un contraste. C’est un abîme.  Le personnel politique du bureau de vote ne se différencie pas par les idées. Ils sont jeunes, ambitieux, sympathiques et ne savent rien. Absolument rien. Ils répètent des mantras, censés être représentatifs de leurs « valeurs ». La discussion de la jeune femme socialiste (?) tenant le bureau, cadre dans une instance sociale, et d’un jeune homme, en voie d’être cadre dans un machin se voulant dans le coup, et se retrouvant à LREM, a porté sur le salaire net d’un conseiller de Paris et d’un conseiller régional. Ajouter à son salaire (médiocre) deux rémunérations publiques électives vous fait doubler votre rémunération totale, sans grand travail supplémentaire, même s’il faut participer à quelques corvées. Aucun des deux ne formulent aucune critique de rien. L’important est de faire carrière et de ne pas être éjectée. Donc surtout pas d’idées. Pas de risque.

Dans tous les partis, la peur d’exprimer quoi que ce soit tenaille. Surtout ne rien dire. Laisser les affiliations « naturelles » jouer sans rien dire, mais en accumulant les postures. Jouer les valeurs et les signes, en se calant sur l’émotion, sur le nous, sur la société que « nous » voulons. Le fait que l’on aille vers l’abîme ne gêne personne : c’est comme cela ! On ne va pas entrer dans ce trou noir et proposer quoi que ce soit.

En revanche les élites dirigeantes resteraient bloquées dans le rationalisme, et autres attributs du modernisme décadent et provoqueraient des « soulèvements » successifs de la part de telle ou telle tribue.  

Ils seraient donc vains d’essayer de mettre un peu de raison et de respect des électeurs dans la politique, et absurde de penser l’avenir pour qu’il soit « positif ». L’homme est un animal inconscient et plutôt mauvais en soi qui courre à sa perte dans la festivité en étant sensible au marketing de la marginalité et du non essentiel.

L’avenir serait donc à une bestialité, neu-neu, au sein d’archipels bestialisés, soudés par des appartenances, et mus par les passions de mini foule et non par la raison, se soulevant de temps à autres contre une cléricature enfermée dans la rationalité, la promotion de l'individualisme et le progressisme.

L’écologie telle qu’elle est transcrite dans la politique est une assez belle illustration de ces hauts concepts professoraux.

Tout est faux ou controuvé lorsqu’on entre dans le détail de cette querelle politique qu’est l’écologie délirante. Le livre essentiel de Christian Gérondeau (La religion écologique) le prouve facilement. Il est inattaquable. Première imbécillité : le CO2 mortifère à court terme de la planète. Nous avons un stock de CO2 dans l'atmosphère qui est extrêmement bas, quasiment le plus bas de l’histoire vivante de la planète. Au temps des dinosaures et de la luxuriance de la végétation, le stock était 250 fois plus gros.  Là où il était à mille nous sommes à quatre et on nous explique qu’en passant à 6 ou 8, la terre serait morte…  Deuxième imbécillité : l’homme est responsable de l’accumulation de CO2 dans l’atmosphère et donc de la mort de la planète. En vérité les activités humaines n'ajoutent qu’un pour cent par an à la masse de CO2 existante. Par conséquent, réduire de moitié notre production n’aura aucun effet significatif sur le stock. Et le stock doublerait-il, il serait toujours 125 fois plus petit que ce que la terre a connu pour le plus grand bonheur de la vie. Car le CO2 est notre meilleur fertilisant. Troisième imbécillité : la corrélation CO2, température, pertes d’espèces vivantes, serait prouvée. Elle ne l’a jamais été. C’est la hausse explosive des populations dans certaines parties du monde, comme le Nigeria et les pays musulmans, qui pose problème, et les pratiques désastreuses mises en œuvre par ces populations pour survivre, alors qu’elles sont mal pourvues en énergie. Mais là, c’est le silence.  Quatrième imbécillité :  nous pouvons atteindre la « neutralité carbone ». En fait c’est totalement impossible et cela n’arrivera pas. D’abord parce que seule l’Europe se sent obligée de tenter ce pari stupide, et notamment l’Allemagne qui s’est enfoncée dans une impasse dramatique qui ne peut que provoquer un « backlash », un effet retour imposé par les nécessités. Cinquième imbécillité : les énergies renouvelables peuvent représenter la totalité des productions énergétiques. Tout examen un peu rationnel prouve que c’est strictement impossible. Elles peuvent atteindre mondialement au maximum 15 à 20 pour cent de l’énergie électrique qui elle-même est une fraction minoritaire du besoin énergétique global. Sixième imbécillité : convertir tout le parc automobile et tout le chauffage à l’électricité mène directement à une pollution en CO2 pire que l’ancienne et à des frais tellement énormes qu’ils ne seront jamais supportables économiquement. Septième imbécillité : la perte de productivité crée de l’emploi. Huitième imbécillité : les Français qui sont en avance mondiale sur la question du CO2 doivent faire plus que les autres et tuer leurs paysages, artificialiser leur plateau continental, et détruire la beauté construite par des générations, pour atteindre des objectifs sans intérêts et ruineux, tout en perdant tout emploi et toute liberté.

Nous sommes face à une escroquerie et contrairement à ce que dit le Pr Maffesoli, cela provient des élites, pas du terrain. Dans cette affaire, elle a totalement renoncé au progrès, à la rationalité et à l’individualisme, qui sont selon lui les dimensions du modernisme. L’escroquerie écologique a été montée à l’ONU, désormais tenue par les ONG et par Greenpeace, s’est amplifiée par la transmission des instances internationales, puis par les états. En Europe la BCE, la Commission Européenne, les grandes agences internationales sont les fers de lance de l’offensive pour « la transition vers le zéro carbone ». Cette folie vient d’en haut et elle est amplifiée par des élites dirigeant par la peur.

Il en est de même du Wokisme et de la Cancel culture, créés aux Etats-Unis et relayés par toutes les instances internationales comme LA VERITE qu’il faut imposer au monde, via leurs dirigeants et une masse médiatique contrôlée qui aboie aux ordres.

En France, le pays et la majorité de sa population a des aspirations différentes et on cherche à leur imposer des vues qui ne sont pas les leurs. Le slogan, au ras de l’électeur, c’est « liberté et prospérité ». La perte des libertés est colossale et celle de la prospérité suit.

Les crises des bonnets rouges et des gilets jaunes ne sont pas liées au conflit entre modernisme finissant et nouveau monde. Dans un pays où le PIB par tête est quasi le même qu’en 1980, 40 ans de stagnation, la perspective d’une perte massive de revenu, de liberté, de vie et d’autonomie a été ravageuse. La bureaucratie qui dirige la France n’a rien vu parce qu’elle ne peut rien voir. Si toute la politique se résume à 100 personnes issues de la haute administration, cannibalisant une classe politique devenue népotique du fait de la « parité », qui a permis aux enfants de l’énarchie de prendre le pouvoir sans effort (pensons à Marisole Touraine, Parly II, Wargon, etc), on retrouve en pire les cent familles, car passer un examen administratif c’est moins méritant que de créer une industrie et des millions d’emplois.

Les nécessités du moment sont la rationalité, pour contrer les erreurs gigantesques de l’écologie, la nation, pour éviter le naufrage de l’éclatement tribal et la perte du sentiment national, la restauration de la liberté  formelle, en empêchant les dresseurs de piloris et le Klux Klan Woke, mais aussi de la liberté réelle fondée sur la prospérité, en cassant toutes les forces qui ont conduit à la stagnation, avant de s'engager directement dans l’effondrement volontaire, ce qui demande de réfléchir un peu et de faire de la politique.

M. Maffesoli, la France aujourd’hui a besoin de Descartes et de ce que vous appelez le modernisme. Le premier acte est de virer Macron qui symbolise l’effondrement et le déclassement du pays et la ridiculisation de la France, et le second de forger des politiques fondamentales sur les grandes questions clés, en refusant oukases irrationnels et les politiques autodestructrices et malthusiennes, et folies pures et simples, tout en développant une diplomatie de la prospérité.

L’urgence n’est pas de théoriser un changement d’époque vers un magma autodestructeur qui s’imposerait « volens nolens », alimentée par des peurs irrationnelles créées par une oligarchie minuscule venant d’en haut et vivant à l’écart de la démocratie. Nous n’avons pas à avoir peur de la démocratie. Les Français savent très bien ce qu’ils veulent et ils attendent qu'on les respecte et qu’on leur tienne un langage de vérité. C’est aux partis de gouvernement de le vouloir au lieu de s’affoler à l’idée d’avoir seulement une idée.  On a vu que l’aventurisme narcissique d’Emmanuel Macron ne débouchait sur rien sinon le pire. Il faut rebâtir une aventure collective. Et sortir du trou. On ne saurait trop conseiller au professeur Maffesoli de contribuer à ce mouvement de sauvetage plutôt que de commenter le naufrage.  

Retour de l’inflation et assèchement administratif des liquidités

L’avantage de la pandémie de Sars-Cov-2 est qu’elle nous force à pénétrer dans des territoires inconnus qui mettent nos réflexes mentaux et nos habitudes de pensée à l’épreuve. Avec les océans de monnaie créés par les banques centrales occidentales, qui se comptent en milliards de milliards de dollars ou d’euros ou de tout ce qu’on veut, nous sommes techniquement en inflation et même en inflation délirante.

Lors de la crise des changes flottants de 2008 et lors de la crise sanitaire, les États ont réagi à une perte de valeur en 2008 et 2009, et à une perte de production et de revenu en 2020 et 2021 par la création de monnaie. La première inflation monétaire n’a pas eu d’effets sur les prix à la consommation, du fait de la profondeur de la récession et de l’ampleur de la mondialisation mais a fait jaillir les prix de la bourse et de l’immobilier. Régler des questions de valeurs monétaires des actifs par des émissions de monnaie, on peut dire qu’on restait dans la logique financière.

Compenser des pertes de production et de revenu avec de la monnaie, là, le pari était plus osé. Plus de monnaie et moins de production, il n’y a pas de théories économiques qui n’expliquent  qu’on aboutit tôt ou tard à une hausse du prix des produits et une baisse de pouvoir d’achat de l’unité monétaire. Certes, l’absence de marché, du fait des confinements et autres couvre-feux, expliquait que l’argent créé reste sur les comptes en banque. Mais la réouverture des marchés et le redémarrage des affaires se devaient de lancer la hausse des prix.

Un point qui n’a pas été vu est la dislocation des « chaînes de valeur » et l'explosion du maillage logistique mondial. On n’en a pas bien mesuré la survenue faute d’expérience, même si certains événements avaient alerté sur les conséquences graves de pénuries imprévues parce que liées à des accidents, genre Fukushima. L’extension et le fractionnement de la chaîne de production, avec une politique de « just in time », fragilisent l’économie en cas de difficulté même ponctuelle et bien plus en cas d’explosion générale, et encore plus quand ces disruptions ne touchent pas tout le monde en même temps.

Ce qu’on voit aujourd'hui, ce sont d’immenses ruptures de stocks et des pénuries graves d’objets et de force de travail. À chaque redémarrage dans un pays ou dans un métier, l’entreprise se trouve confrontée à la difficulté de recruter et de trouver les intrants nécessaires à son activité. Les caisses sont pleines de liquidité, par exemple en France, et le crédit ne manque pas, mais on ne dispose plus de ce qu’il faut pour travailler.

L’affaire du muguet du 1er mai est très intéressante. En France, l’affolement avait conduit à ne pas accepter la vente de muguet en 2020. La production s’est effondrée et en 2021, on n’a pas eu assez de muguet pour faire face à la demande et les prix ont fini par flamber (jusqu’à 40 % de hausse en certains endroits), dès que la pénurie a été patente, et il n’a fallu que quelques heures pour la constater. Tous les fleuristes qui ont rouvert sont bien décidés à rattraper le temps perdu en augmentant les prix, mais tous ont eu la fâcheuse surprise de conter que les prix en Hollande, plaque tournante du marché, avaient augmenté massivement. Il sera instructif de suivre le cours des fleurs et le comparer à 2019.

Dans le bâtiment, c’est bien pire. Les artisans sont couverts de boulot, car l’argent est là et les propriétaires anciens ou nouveaux de maisons secondaires profitent des circonstances pour leur donner un coup de jeune, et les rendre plus confortables s’ils doivent y séjourner plus souvent du fait des rebonds de la pandémie. Et là, catastrophe. Les produits manquent. Tous. Du sable au bois, en passant par le cuivre, l’acier et le zinc. Les hausses sont dans la fourchette de 40 à 50 % ! Et les artisans ne trouvent plus de compagnons du fait que beaucoup ont quitté le métier ou préfèrent encore rester dans le cocon de l’assistanat. Du coup les contrats anciens ont perdu leur équilibre, les prix fixés n’ayant plus de sème, les délais s’accroissent, certains chiffres d’affaires sont arrêtés par les pénuries et poussent les trésoreries vers le bas. Dès qu’un projet a réussi à rassembler tous les facteurs de production, la facture pour le client est très élevée. On manque encore de chiffres, mais un rapide examen de quelques dossiers montre une hausse de près de 20 % sur les dossiers nouveaux.

Dans de nombreux domaines de l’industrie, les entreprises doivent faire face à des pénuries, notamment de matières premières et de puces. Là, la répercussion sur les prix est plus difficile compte tenu de la compétition mondiale. Mais dans un secteur en pénurie parce que la Chine, par exemple est le principal fournisseur de matières premières, comme les métaux rares, et réserve ces produits à ses propres industries, les fournisseurs américains et européens ne peuvent pas vendre et les produits chinois sont beaucoup plus chers car seuls disponibles.

Dans l’hôtellerie-restauration, trouver du personnel est devenu difficile et les chaînes d'approvisionnement, durement et longuement atteintes par la fermeture du secteur, ne peuvent pas fournir. Les hausses de prix en terrasse sont inévitables dès le mois de mai même si l’hôtellerie est, elle, obligée de rétablir sa clientèle et ne peut pas le faire en haussant ses prix. En Europe le prix de revient d’une canette de Coca Zéro, sortie d’usine, était entre 20 et 30 Cts d’euro, avec des prix de ventes entre 80 cts et 120 cts. En 2021, ces valeurs ont augmenté de près 50 % !

La disponibilité d’immenses réserves financières du fait de l’inflation des moyens de paiement permet à toutes les hausses de prix de trouver leur contrepartie. Donc, oui, il y a bien une inflation des prix et pas seulement des actifs de placement.

On dira : il s’agit d’une inflation frictionnelle liée à la crise et elle se résorbera avec un retour à la normale des chemins logistiques. De toute façon la mondialisation maintient l’obligation, notamment en France de ne pas augmenter les salaires, sauf à perdre encore des parts sur le marché mondial. Pas d’inflation des salaires, pas d’inflation des prix à la consommation durable.

Sans doute. Pas plus qu’il n’y a de doute qu’une partie des ressources créées ex nihilo par les banques centrales vont être utilisées à payer plus cher des prestations et des produits. Cela devrait conduire les autorités à être prudentes dans leur politique de reprise des revenus qu’elles ont lâchées au cœur de la crise. On ne saurait trop les inviter à ne rien faire de tel pendant les deux prochaines années. Un certain ajustement inflationniste est nécessaire pour sortir des conséquences de-là pandémie et d’une certaine façon est déjà acquis même s’il n’est pas encore manifeste. Donner un coup de faux administratif sur les liquidités alors que l’inflation latente se révèle peut conduire à une situation économique et sociale inacceptable.

Le livre de Michel Hau et Félix Torrès, « Le Virage Manqué », entre décapages et dérapages

La société des Belles Lettres a eu la bonne idée d’éditer l’ouvrage de deux membres éminents de notre université qui ont l’avantage d’être d’une génération proche de celle des membres de notre petit groupe et qui ont donc tout connu de l’époque qu’ils décrivent : 1974- 1984 (ce qui laisse la place pour une suite). Ils cherchent dans cette histoire une clef qui permette de comprendre nos difficultés actuelles.  Pour avoir commis une livre, « l’Etrange désastre » qui traitait en partie de cette période, je trouve excellent que l’on revienne inlassablement sur les causes du naufrage économique français et il est vrai que les années soixante-dix ont été un moment critique.

Les auteurs ont connu tous les événements dont ils parlent. En plus de leurs études, ils ont nécessairement une impression existentielle du sujet. Les auteurs de notre génération tiennent pour acquis des connaissances et des faits qui se sont totalement en fait évaporés dans les limbes de l’oubli collectif et qui demandent aux jeunes générations un effort de connaissance alors que beaucoup laisse aller leur imagination et pensent selon les préjugés de l’époque actuelle.  Les aider à une connaissance fondée est essentiel surtout quand on le fait honnêtement et à des fins explicatives.

Le livre est construit de manière simple et efficace : Il développe une thèse centrale, véritable fil rouge sur lequel va s’accrocher un inventaire d’une particulière exhaustivité de toutes les attitudes et de toutes les politiques qui en justifient la justesse et l’importance.

La thèse est connue et déjà généralement acceptée. Beaucoup trouvent opportun de la laisser sous le tapis ou de ne pas trop insister, « pour ne pas décourager ce qu’il reste de Billancourt » ? C’est-à-dire rien. Qu’affirme le livre : en voulant faire concourir les entreprises françaises dans une compétition mondiale totale avec des boulets aux pieds, les dirigeants français ont ruiné l’industrie du pays. L’avantage de ne servir qu’une seule idée dans un livre est que le clou finit par être bien enfoncé dans la tête du lecteur. Le risque est évidemment de vouloir trop prouver et d’ignorer des facteurs tout aussi importants pour la compréhension de la période couverte.

Pour les auteurs, le décrochage s’explique par l’accumulation de charges sur l’entreprise, qui l’ont empêché d’être compétitive à l’extérieur. Le keynésianisme des élites politiques françaises plus la démagogie socialiste sont les causes de cette évolution mortifère. Seul Raymond Barre, dont les auteurs sont visiblement énamourés, aurait pu remettre les choses en place avant qu’il ne soit trop tard. Mais l’élection de Mitterrand a tué la seule chance de changer de cap. Le grand virage se place dans les années 1974 -1975, où Giscard et Chirac se lancent dans une relance keynésienne folle sans se rendre compte qu’un monde nouveau était en train de s’installer et qu’il fallait se mettre en situation de s’adapter intelligemment, ce que beaucoup de pays ont fait mais pas la France qui au contraire, a pris le chemin contraire et l’a payé de sa prospérité.

L’ouvrage vaut pour la compilation qu’il propose des propos et des mesures qui ont conduit certains à ne pas prendre le bon virage et d’autres à le faire. C’est une bibliothèque de référence à lui tout seul. Pour celui qui s’intéresse à l’histoire des idées et des pratiques économiques dominantes en France depuis 1974, c’est un travail monumental et formidable. Bravo !

Sur le fond, il n’y a strictement aucun doute que la France a voulu un système de concurrence mondiale tout en empêchant ses entreprises d’y gagner. Ce qui est une politique schizophrène manifeste, de longue durée, partagée par tous les grands dirigeants successifs et impardonnable, nul doute là-dessus. La compétitivité d’une économie est largement liée à la manière dont elle est gouvernée. Tout a été fait pour que l’entreprise française lutte avec des handicaps insurmontables.

Ce diagnostic est en fait partagé par presque tout le monde et depuis longtemps. Il faut dire que les résultats sont particulièrement navrants depuis également très longtemps. Nous sommes le pays en tête de classement mondial pour les dépenses de redistribution et la fiscalité, mais notre revenu moyen a stagné en valeur absolue et s’est étiolée par rapport à presque tous les autres pays. Nous avons un moloch étatique phénoménal et plus aucune fonction régalienne ne fonctionne. La Justice, la police, l’enseignement national, la santé, tout est à plat. L’armée fonctionne avec des bouts de ficelle et dans la dépendance.  L’entreprise doit vivre avec les charges les plus lourdes du monde, des salariés qui travaillent souvent peu, qui sont souvent absents et qui partent tôt à la retraite. Les soldes extérieurs sont catastrophiques. Nous n’investissons quasiment plus. Le chômage devenu structurel est à des hauteurs extrêmes. Les Français méprisent désormais leurs élites politiques. Oui la France a décroché et elle est même tombée. La crise sanitaire n’a rien arrangé. A-t-elle point que l’avenir est désormais très incertain avec des risques de collapsus importants.  

L’originalité du livre est d’avoir très justement réparti la responsabilité aussi bien sur la droite que sur la gauche. L’effondrement des deux partis de gouvernement dominants jusqu’en 2017 a assez prouvé que les électeurs français s’étaient approprié le constat.

Le livre vient donc au secours d’un constat désormais largement partagé dans l’opinion publique, en donnant au citoyen qui le voudra, le moyen de mieux comprendre « comment on en est arrivé là ». On sait malheureusement qu’il y aura toujours en France une fraction de la population pour penser qu’étatisme et socialisme sont les mamelles nécessaires de la politique française et que la démagogie empêchant de s’attaquer trop directement à l’électeur, c’est toujours sur le créateur de richesses que l’on s’abat. L’expérience de l’action des gouvernements depuis 2001, période non couverte par le livre, montre que tous ont été conscients qu’il fallait décharger l’entreprise, tous, mais qu’ils n’ont jamais pu aller très loin dans cette direction, tant le pays est peu disposé à en accepter les conséquences. La France est dans une impasse. Et ce n’est pas la crise sanitaire qui a entraîné une poussée invraisemblable des aides publiques tout en prouvant la nécessité de réinvestir dans la santé et les politiques régaliennes, qui offrira de sitôt un terreau favorable à des réformes fondamentales.

Le risque est donc grand que le livre passe aux oubliettes, écarté avec une belle unanimité par des factions politiques qui toutes considèrent que la conquête du pouvoir passer par des cadeaux sociaux au peuple.

Comme nous l’avons dit d’entrée de jeu, le livre, centré sur une explication unique, occulte certains faits ou néglige certaines situations, ce qui poussent les auteurs à des commentaires un peu trop à l’emporte-pièce ou à ne pas comprendre certaines dynamiques fondamentales.

Les auteurs expliquent que les Trente Glorieuses ne le sont pas tant que cela et que beaucoup d’erreurs y trouvent naissance. La dynamique politique de l’Etat providence, dite keynésienne, qui a poussé à des dépenses sociales publiques excessives, ne s’explique que par la crise de 1929 et les effets de la guerre. On a soldé l’avant-guerre dans l’immédiate après-guerre. La pression soviétique qui menaçait les démocraties européennes de l’intérieur et de l’extérieur imposait également une action sociale qui évite le succès du communisme. Comme la guerre avait liquidé les fortunes, l’argent ne pouvait être trouvé que sur la valeur ajoutée là où elle apparaissait : dans l’entreprise.

Il aurait été intéressant que les auteurs analysent un peu plus pourquoi cela n’a pas empêché une croissance d’une rapidité historique. Une réponse est timidement tentée : les Trente Glorieuses seraient le fruit d’une circonstance particulière : l’exode rural qui a donné des bras par millions aux forces nouvelles de l’économie. Cela nous change des affirmations surjouées qui font soit de la reconstruction, soit de la quasi-gratuité du pétrole, soit du développement de la « bagnole, soit du Plan Marshall, la raison également fortuite et de court terme de la croissance rapide d’après-guerre. Cela reste un simplisme. 

Les auteurs ont choisi de laisser totalement de côté, comme on le faisait chez les économistes dominants des années 1960, la notion de cycle et le rôle de l’organisation monétaire. Tout à leur démonstration que ce sont les contraintes réelles, au sein de marchés réels, qui ont provoqué la bascule de 74-75, ils ne voient pas l’extraordinaire importance d’une part des accords de Bretton Woods dans la croissance internationale d’après-guerre, ni réciproquement le rôle de leur destruction dans la crise du début des années 70. Si la relance de Giscard Chirac a échoué, c’est parce qu’en régime de changes flottants, toute relance finit par un chaos monétaire et doit être arrêtée d’urgence. De même, tout à sa mono explication par les charges publiques sur les entreprises, des malheurs du temps, les auteurs minimisent le poids sur la croissance de la hausse drastique du prix du pétrole. Du coup toute leur analyse des années 75-76 manquent de poids, car si ce qui est montré n’est pas faux, la démonstration est largement décalée des vrais mécanismes à l’œuvre.

De même il est impossible de comprendre la période sans tenir compte de mai 68 et de la poussée d’une influence socialiste qui menace de tout emporter. Les vents contraires politiques ont joué un rôle et il était évident que tout gouvernement se devait d’en tenir compte.  Les poussées ultérieures de dépenses publiques seront d’abord conditionnées par les crises mondiales décennales à répétition, alors que les auteurs décrient les analyses relatives aux crises périodiques. Ces crises touchent gravement, plus que la France, l’Allemagne, début 80, le Japon, début 90, les économies émergentes début 2000 et tout le monde en 2008.  Mais la France en subi à chaque fois les conséquences politiques après les affres économiques.

Ces lacunes affaiblissent partiellement le propos du livre. L’option prise de monter en épingle un seul phénomène considéré comme central a cet inconvénient.

On aurait aimé que soit analysée plus profondément la terrible difficulté de revenir en arrière. Décharger l’entreprise c’est d’abord charger les particuliers sauf à réduire drastiquement les dépenses publiques. On a vu avec les APL ce que provoquait le transfert de quatre euros ! Tous les gouvernements, quelle que soit leur orientation politique, savent très bien depuis Maastricht qu’ils doivent restreindre les déficits publics. Ils ne le font pas parce que la caste qui a pris le pouvoir, l’Enarchie Compassionnelle, ne veut pas le faire au détriment des fonctionnaires et de leur propre pouvoir.  Ils respectent les GOPE, les ordres budgétaires de la Commission Européenne, mais sans jamais toucher aux effectifs proprement administratifs. On l’a vu dans le domaine de la santé où on a réduit l’offre de soins mais jamais l’effectif pléthorique de 16.000 femmes fonctionnaires de catégorie A du ministère de la santé, qui, elles, ne soignent pas. Les différentes crises périodiques ont été supportées uniquement par le secteur privé, jamais par le secteur public. De même les hauts fonctionnaires qui nous dirigent ont laisser supporter à la SNCF un sureffectif de plus de 350.000 personnes pendant des décennies et ont baissé les bras à la première longue grève, lorsqu’ils ont souhaité recadrer, un peu,  cette machine à faire des pertes et à trahir les usagers.

Le livre de Hau et Torrès est indispensable par sa belle compilation des mentalités qui rendent aveugles et des erreurs politiques qui ont été commises.  Envoyer  au casse-pipes nos entreprises dans la compétition mondiale en les chargeant à mort est bien une dimension de la folie française qui a conduit la France là où elle est.  La démonstration reste trop partielle pour bien cerner les mécanismes qui conduiront à la forme de chaos économique actuel.

Aujourd’hui il faut aller plus loin. Hollande avec le CICE et la loi El Khomry, Macron avec ses propres lois et ses promesses électorales, ont tout deux essayé, bien que socialistes, de faire baisser les charges sur les entreprises et de leur rendre la compétition moins déloyale. Le premier a vu la dissidence d’une partie de ses troupes. Le second a connu les Gilets Jaunes et les black blocks. La France est depuis gouvernée par les GOPE européens qui fixent ce qu’on attend d’elle comme réformes. Les Français ont le sentiment qu’une politique de rigueur permanente imposée par l’Union Européenne brise leur système de santé et de protection sociale. Les électeurs donnent la prime aux extrêmes ou à l’abstention.  Ils méprisent désormais des élites qui ne les protègent plus. L’opposition se voit sommée par quelques jeunes loups d’entrer dans le grand jeu de la démagogie et des promesses inconsidérées, façon hausses imassives du Smic et « restauration du pouvoir d’achat ». Pourquoi ne pas proposer « l’abaissement de l’âge de la retraite des travailleurs manuels, la recréation de l’autorisation administrative de licenciement, le retour de la garantie à 90% pour deux ans des allocations chômage, l’élargissement du champ de la Sécurité sociale à n’importe qui, le relèvement du minimum vieillesse. Face à la crise qui s’installe, au chômage qui progresse, l’Etat Providence ne doit-il pas renforcer sa protection ? »  C’était le programme travailliste à la française de Chirac en 1975 ! Il reste des nostalgiques. Quant à Macron il a repris à son compte le plan vanté par Giscard : "la planification, qui doit rester l'outil essentiel de notre développement économique à moyen terme, doit connaître une profonde adaptation dans ses méthodes et ses objectifs… Le Plan devra assurer à la fois la modernisation de notre appareil productif, le développement des équipements collectifs, une meilleure utilisation des ressources publiques et une accentuation de nos efforts en vue d'une meilleure répartition des richesses… La finalité profonde du Plan devra être de rendre les Français plus heureux." Il suffirait d’ajouter la réduction du réchauffement climatique pour que le propos soit totalement actuel.

Les mentalités qui ont provoqué les défaillances de 74-75 sont encore bien vivaces. Ne parlons ni de Mélenchon ni de Le Pen ! 

Trouver la martingale politique qui permettra de sortir de cette impasse, au-delà du diagnostic, est la vraie énigme du moment.

Les exactions monétaires américaines continuent

Depuis disons la guerre de 40, la monnaie est un levier de puissance diplomatique pour les Etats-Unis et utilisé sur le mode massue. La taille de la massue n’a cessé de grandir et le matraquage est devenu délirant. L’Union Européenne, au lieu de « faire la force », est couchée et regarde son maître avec un regard de chien battu mais consentant. La France de Macron est totalement inexistante comme toujours. Tout à son narratif de malade mental, le président Français passe son temps à tomber et à s’extirper des pièges qu’il ne cesse de semer sous ses pieds, un spectacle de pompier pyromane qui laisse pantois ses malheureux concitoyens. Son obsession des présidentielles de 2022 le rend aveugle et sourd à tout ce qui est important et urgent.

Entre quarante et quarante-quatre, le Trésor américain prépare la conférence qui aura lieu à Bretton Woods de construction d’un nouvel ordre monétaire et économique mondial fondé sur un étalon de change dollar et l’interdiction de toute entrave à la puissance commerciale américaine. Churchill se cabre lorsqu’on veut faire payer l’aide américaine par la disparition de la préférence impériale. Il gagne en menaçant de ne pas paraître à Bretton Woods !

En faisant du dollar la clé du système, les accords de Bretton Woods signent un défaut majeur qui va finir par devenir destructeur. Rapidement, les Américains qui disposent d’un avantage « dissymétrique » comme on dit maintenant, en abuse et des tensions apparaissent dès 1958. La valeur entre or et dollar vacille. Les Etats-Unis exigent que ses partenaires gardent en vie artificiellement la parité du dollar ! Eux se lancent dans la frénésie de Kennedy : plan civil extrêmement coûteux, guerre au Vietnam, course à la lune. En 71, tout craque. Les Etats-Unis font défaut sur leur engagement à l’été 1971. Ils imposent les changes flottants, c’est-à-dire un étalon flottant dollar, qui se révéleront une catastrophe. Plus aucun engagement multilatéral ne contient les grands déficits et les grands excédents. Les Etats-Unis imposent une financiarisation débile de l’économie mondiale, avec domination des banques américaines. De crise en crise on aboutit à la catastrophe de 2008 !

Au lieu d’acter le caractère malsain et générateur de crises des changes flottants, les Etats-Unis, ivres de leur puissance empêtrée, décident que leur droit s’imposera au monde. Une de fois de plus leurs déficits extérieurs ne sont pas de leur fait. Les vilains ce sont les autres, les pays en excédent. En vérité il est impossible de fournir des dollars au monde entier sans mettre sa balance des paiements en déficit. Les excédents sont les contreparties du déficit ! Les deux vivent en symbiose.

Les Américains s’en moquent : ils se croient les plus forts et font du dollar la justification d’exactions contre ses propres alliés. Le droit américain est considéré comme le droit international avec des milliards de sanctions imposées un peu partout, les procureurs américains devenant des piliers de la guerre économique extérieure menée par les Etats-Unis. Ils créent avec le TFTEA une législation qui permet en permanence de condamner les partenaires excédentaires des Américains.

C’est comme cela que les Allemands et subsidiairement les Français, ont été condamnés à des sanctions économiques astronomiques, après la Chine.

Le Temps d’aujourd’hui précise que c'est désormais le tour de la Suisse : « La publication du rapport semestriel du Trésor américain était prévue cet automne. Il est tombé mercredi et n’a pas pris grand monde de court en annonçant que, cette fois-ci, la Suisse entrait bel et bien dans sa liste noire des pays manipulateurs de devises. Trop d’interventions sur le marché des changes, trop de déséquilibres dans les flux financiers et commerciaux entre les deux pays. Voilà ce qui a poussé Washington à sanctionner la Suisse, mais aussi le Vietnam. »

Nous avons été pratiquement les seuls à dénoncer la désastreuse loi TFTEA, votée sous Obama, dès 2015, cinq ans déjà, qui installaient cette machine à extorsion de fonds international.

La pure violence du rapport de force règne depuis sur les relations économiques internationales. En cinq ans, les médias dominants ont été pratiquement totalement silencieux sur le TFTEA. On sait désormais, qu’ils ne cherchent pas vraiment à informer la population mais à construire ou déconstruire ce que ses membres pourraient penser. La crise sanitaire et les campagnes de mensonges organisées, sont passées par là.

Si les Etats-Unis se comportaient mal, c’était la faute de Trump le populiste. Pas de chance, la loi TFTEA datait d’Obama et continue à s’appliquer le jour même où Biden est nommé président des Etats-Unis.

Le déni médiatique continue donc. Macron n’a jamais osé prendre position sur les sanctions américaines contre la France., ce qui l’aurait obligé à parler des défauts de l’Euro et de l’excédent global de la zone Euro, ce qui aurait troublé son « narratif » de débile. Le pseudo « couple franco-allemand », serait également sur la sellette du fait des excédents ahurissants de l’Allemagne au sein même de l’Euroland. « Crève la France plutôt que mon narratif » est donc le modus operandi de ce précisent qui ne préside rien d'autre qu’à sa réélection.

On a donc vu l’insignifiant ministre des affaires étrangères soigner une lettre oiseuse avec son homologue allemand pour faire leur soumission à Biden. Ces bourgeois de Calais vont la corde au cou demander qu’on les épargne. Une honte pure ! Le témoignage d’une Europe lavette avec une France lavette. Ils vont à Canossa comme d’autres allaient à Sigmaringen. Tout cela est à vomir.

Rappelons donc l’essentiel de notre article prémonitoire de 2017, en regrettant que le débat public n’ait pas flambé sur ce scandale absolu que sont la loi TFTEA et l’abjecte relation de force qu’impose le Big Stick américain.

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Personne en France ne connaît la Section 701 du Trade Facilitation and Trade Enforcement Act de 2015. Le TFTEA est sans toute la législation américaine la plus significative de l’effondrement du monde rooseveltien mis en place à la fin de la guerre de quarante. Il annonce Trump avant Trump. Si vous en parlez, sans préciser les dates, vous constaterez la même réaction : « Ce Trump quel sale type, il est en train de tout casser ». L’ennui est qu’il s’agit d’une loi Obama. La seule nouveauté est l’annonce par Trump qu’il va s’appuyer sur ses dispositions pour attaquer les pays avec qui les Etats-Unis ont un déficit afin de pouvoir les soumettre à des sanctions diverses.

Il est à noter qu’aucun organe de presse français, ni aucun des médias radiodiffusés ou télévisés n’ont jamais parlé de ce texte, en dépit de son caractère totalement abusif, nationaliste et hystérique. Seul Le Temps aura eu la bonne idée de soulever ce lièvre, parce que la Suisse se retrouve aujourd’hui dans le collimateur.

Que dit donc ce TFTEA ?

La loi prévoit des outils de reporting et de monitoring qui permettent de mesurer et de sanctionner les pays qui pratiquent une politique de change que les Etats-Unis considèrent comme nuisibles aux intérêts américains. En fait, compte tenu du caractère structurellement déficitaire des comptes extérieurs américains, la seule question qui est examinée est la sous-évaluation alléguée de certaines monnaies. Le but est de forcer le « partenaire » en excédent à prendre lui-même des mesures visant à brider son excédent vis-à-vis des Etats-Unis.

Les pays qui ne se soumettent pas peuvent faire l’objet plusieurs types de sanctions :

- Arrêt des financements américains

- Arrêt des achats dans le pays

- Action auprès du FMI

- Blocage des négociations commerciales tant que la question monétaire n’est pas réglée

Un conseil de neuf membres est chargé de faire des observations en fonction des statistiques et des faits relevés.

Ce texte a été voté définitivement le 24 février 2016 et donc a force de loi depuis un an exactement.

Ce texte en apparence peu problématique pose deux questions fondamentales :

- Il appartient normalement au FMI de surveiller les relations monétaires internationales. Pourquoi faut-il qu’un pays particulier double son action ?

- Les statuts du FMI condamnent et les gros déficits et les gros excédents. Pourquoi a-t-on toléré qu’ils enflent pendant quarante-cinq ans et pourquoi les Etats-Unis ne parlent-ils que des pays en excédent ?

Même si le texte fait sa génuflexion devant les règles du FMI, il montre que les Etats-Unis sont prêts à imposer leur propre interprétation et veulent pouvoir agir de leur propre chef en dehors de tout contexte multinational. C’est une violation totale de l’esprit du monde voulu par Roosevelt à la fin de la seconde guerre mondiale. Le multilatéralisme est remplacé par l’analyse et l’action unilatérales des Etats-Unis.

Les Etats-Unis ne retiennent des statuts du FMI qu’une seule face : les gros excédents vis-à-vis d’eux. Mais ils laissent de côtés les gros déficits. Or les gros excédents et les gros déficits vont ensemble et ils sont le fruit à la fois de décisions dans le pays excédentaire et dans les pays déficitaires. Une politique équilibrée est d’agir sur les deux côtés à la fois. La loi viole les statuts du FMI tout en faisant semblant de les appliquer. Plus hypocrite, on ne peut pas !

C’était au FMI d’agir. Il en a les moyens. Mais depuis l’abandon des accords de Bretton Woods, après la voie de fait commise par les Américains qui ont refusé d’honorer leur engagement de conversion en or des créances internationales en dollar, ce qui s’appelle un défaut, les changes flottants sont censés fixer le cours des devises. En vérité le marché des devises est totalement entre les mains d’un très petit nombre d’opérateurs comme quelques scandales récents l’ont montré, et la flottaison créée une instabilité artificielle.

Si les résultats ne sont pas conformes aux intérêts américains, c’est, pour les Etats-Unis, qu’un pays voyou trouble le libre jeu du marché. Tout cela est une fable puisque le dollar est la monnaie du monde et finance les transactions internationales. Il faut donc un déficit américain pour fournir la liquidité internationale. Ce défaut est structurel et non lié à l’action de vilains à sanctionner.

Les Américains se croient suffisamment forts pour avoir le beurre et l’argent du beurre : la monnaie internationale qui leur permet de financer leur déficit dans leur monnaie ; l’obligation pour les autres de corriger inlassablement la contrepartie de ce laxisme abusif. De même qu’ils se savaient assez forts pour imposer au monde le non-remboursement en or de leurs dettes. Au passage, si un pays quittant l’euro proposait de rembourser sa dette internationale dans sa monnaie nationale, ce serait faire exactement comme les Américains en 1971.

Conformément à la loi les autorités américaines viennent de produire leur première revue du comportement de leurs « partenaires ». On peut le lire à l’adresse ci-dessous.

https://www.treasury.gov/resource-center/international/exchange-rate-policies/Documents/2016-10-14%20%28Fall%202016%20FX%20Report%29%20FINAL.PDF

Plusieurs pays ont été ciblés dont la Suisse et l’Allemagne. On sait que Schaüble, le ministre des finances allemand, a déjà répondu au rapport en expliquant que le change de l’Euro lui échappait complètement. La BCE est indépendante, n’est-ce pas ? La Suisse, elle, déjà lourdement sanctionnée à plusieurs titres par le gouvernement américain, s’inquiète sérieusement.

Très clairement une guerre est en cours qui vise à imposer aux partenaires créditeurs des Etats-Unis d’accroître de facto leurs importations américaines.

Plus grave, les Américains se flattent d’avoir imposé leurs vues aussi bien au FMI, que dans les différents G, G7, G8, G20, ainsi que lors de la discussion de plusieurs traités comme le Traité Transatlantique.

Nous considérons cette soumission à la puissance américaine comme choquante et inacceptable.

La bonne réaction devrait être la suivante :

- Nulle monnaie nationale ne peut être la monnaie de facto du monde, car sinon les déficits deviennent automatiques

- Les changes flottants ne fonctionnent pas et ont permis d’énormes excédents et d’énormes déficits conjoints, en violation des statuts du FMI. L’idée que les marchés donnent une image pure et vraie des changes est totalement fausse et le sera toujours quand une banque centrale peut émettre un montant de monnaie supérieur au PIB d’un pays et que l’Etat collecte plus ou moins la moitié du PIB.

- L’effort doit venir également des pays en déficits et de ceux en excédents

- Il faut recréer un système monétaire basé sur les changes fixes et un mécanisme automatique de sanction des grands excédents et des grands déficits. Par exemple 15 % de l’excédent serait prélevé par le FMI et 10 % des déficits. Les sommes collectées serviraient à alimenter un fonds de stabilisation permettant de vaincre toute spéculation.

- Ce même mécanisme doit être instauré au sein de la zone Euro : avec une pénalisation un peu plus forte compte tenu de la difficulté des ajustements (on ne peut plus dévaluer). Des pénalités de 30 % pour les gros excédents et 15 % pour les pays avec de gros déficits seraient raisonnables.

En attendant, il faut cesser de passer tout accord commercial tant que l’objectif monétaire n’est pas atteint. C’est pour cela que l’affaire du CETA est grave. La France et l’Europe n’ont rien fait ni rien dit et cette soumission a empêché que la question monétaire soit posée.

Les Etats-Unis ne peuvent pas dire que l’Europe n’a pas le droit de lier monnaie et commerce : leur propre texte institue cette règle !

Il y a bien là une voie de sortie de la crise.

Personne dans les médias français n’en parlera. Je ne suis même pas sûr que, dans les allées des pouvoirs européens, il existe une seule personne sensibilisée à cette problématique. Ignorance et soumission sont les tétons de la France et les mamelles de l’Europe.

 

 

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Onfray, de Gaulle et Mitterrand, bonheur de lecture

Michel Onfray est un essayiste méticuleux qui manie le scalpel avec un précision chirurgicale et n’hésite pas à commenter ce qu’il trouve avec une longue jubilation, même si le spectacle n’est pas très ragoutant et si le constat ne plait pas à la famille.

Il avait ainsi dépecé Freud, comme on enlève les pattes d’un virus tenace, et lui avait ôté ses moyens d’infester la terre entière. Il ne demeure plus que de rares variants. La souche est morte. C’était nécessaire. Merci M. Onfray ! 

En choisissant François Mitterrand comme cadavre exquis, Michel Onfray montre un goût un peu coprophile, le personnage n’ayant jamais cessé de provoquer des pincements de nez. Quinze jours après sa mort il n’en restait rien sinon un Institut Mitterrand dont l’étrange action sera de publier les lettres lourdingues du satrape éponyme à Mme Catherine Langeais, speakerine un peu mémère des années 60, en belle reliure pleine peau payée par le contribuable. Tous ceux qui ont observé, même deux minutes, M. Mitterrand, sans en espérer quelque chose, ont perçu aussitôt le pervers narcissique de compétition, champion modèle pour sa phénoménale capacité à pourrir tout ce qu’il touche, femmes, hommes, institutions, idéologies, sans discrimination.

La seule vertu du « beau François », est d’avoir déshonoré le socialisme français qui ne s’en est jamais remis depuis et dont les instances partisanes se trouvent désormais éparpillées façon puzzle. 

Michel Onfray ne pardonne pas à Mitterrand d’avoir ainsi infecté la cause. Il a donc ressorti le scalpel, accompagné d’un lance flammes pour carboniser jusqu’aux plus petits déchets. Curieusement il n’a pas pris appui sur les beautés du « vrai » socialisme pour démontrer la vilénie du personnage qu’il dissèque. Son révulsif, son miroir, son éclairage, ce sera le Général de Gaulle, ce qui au passage est bien la preuve que le socialisme, empêtré dans ses crimes et ses ruines, abandonnés par les états violents qui se réclamaient de lui, n’offre guère de visages engageants qui puissent, par contraste, prouver l’abjection de l’ancien président de la République qui s’en réclamait.

Le dépeçage de l’ancien secrétaire du PS, faux socialiste et vrai homme d’extrême droite, faux résistant et vrai pétainiste, n’apporte rien qu’on ne sache déjà. Il manque même quelques détails sulfureux sur la période de la IVème. En revanche le talent de l’auteur et sa précision font merveille et ordonnent le tableau des bassesses et des ignominies de son sujet d’observation, rangées avec la rigueur des meilleurs entomologistes. Les formules heureuses jaillissent des tripes éventrées comme un sang joyeux et régénérateur. Jamais un homme de droite n’aurait pu passer le kärcher de façon, aussi convaincante. Plus aucun jeune curieux de socialisme français ne pourra sortir de ce livre intact. Certes deux générations de hauts fonctionnaires socialistes se sont gobergés dans les palais de République, avec l’argent des contribuables, pendant presque cinquante ans, poussant femmes et enfants. Certes M. Macron a maintenu leurs sinécures. On a vu avec la crise sanitaire l’efficacité de ce petit monde. Princes et princesses du palais des vautours n’étaient que des incapables cyniques. Dis-moi qui t’as offert ta sinécure,  je dirai qui tu es !  

Michel Onfray tue une seconde fois Mitterrand mais épargne les Mitterrandistes. Il est vrai que le premier a bradé la souveraineté et la prospérité française, alors que les autres n’ont fait que se nourrir des vers grouillant sur ce grand cadavre à la renverse qu’est devenue la France post mitterrandienne. Jack Lang, Jacques Attali et Laurent Fabius jouissent encore des faveurs octroyées par un Mitterrand antisémite, antisémitisme qu’Onfray montre précoce et permanent jusqu’au dernier souffle.  Cela doit encore le délecter, le compagnon de route de la Cagoule.

Comparer de Gaulle à Mitterrand n’est pas flatteur pour le premier nommé. Il faut lire ce qu’Onfray écrit du Général en oubliant cet aspect déplaisant. On trouve alors un vrai texte de référence, documenté, original et puissant sur ce qu’a représenté De Gaulle dans l’histoire française récente. Il mérite d’être donné à lire à notre jeunesse, en lui conseillant de ne pas trop se préoccuper de la carcasse qui pourrit sur le bas-côté.  

Le vrai contraste est entre cette analyse brillante de l’action du Général de Gaulle et la réalité d’aujourd’hui. Les Centristes, les Socialistes et les Chiraquiens ont gaspillé puis liquidé l’héritage. La France n’est plus souveraine. Elle est percée de partout. Elle stagne et s’endette. Elle est dirigée à nouveau par un Président à la psychologie problématique qui engendre le chaos, alors que les circonstances ne sont tout de même pas si propices à multiplier les erreurs. 

Le livre d’Onfray laisse vierges les solutions de l’espoir.

Que pourrait-il sauver de l’histoire mitterrandienne qu’il raconte ? Les trois ans où, selon l’auteur, Mitterrand a été socialiste, ont été un désastre économique dont on ne s’est toujours pas totalement relevé. Onfray a du mal avec les résultats lamentables de cette gestion « vraiment socialiste » qu’il passe sous la table en trois lignes peu convaincantes. 

Penser l’avenir en se replongeant dans l’inspiration qu’offre la Geste du Général de Gaulle est un travail qui reste à faire. Les utopies socialistes antérieures au marxisme, proudhoniennes ou autres, girondines ou pas, ne sont pas mortes par hasard et sont de fausses solutions. Comment Michel Onfray ne l’aurait-il pas compris.  C’est sur d’autres bases qu’il faut sauver la France des maux radicaux qui la guettent.  

Retour de l’inflation ? Une possibilité sérieuse, si…

 Après l’inflation générale à deux chiffres qui a suivi les hausses massives du prix du pétrole imposées par le cartel des pays producteurs, fin 1973, et la sévère récession aux Etats-Unis du début des années 80 provoquée par la volonté des Etats-Unis d’y mettre fin, il est généralement admis qu’il n’y a plus de risque d’inflation. La bourse, l’immobilier et les matières premières rares, ont vu leur prix s‘envoler mais ces biens n’entrent pas dans l’indice des prix à la consommation. En France, l’inflation ne dépasse pas les 2% depuis près de 30 ans.

La résolution de la crise bancaire, financière et monétaire de 2008 a imposé mondialement une inondation de monnaie banque centrale (près de 15 mille milliards de dollars dans le monde) à laquelle se sont ajoutées près de 50 mille milliards de dettes privées supplémentaires, sans inflation des prix à la consommation. Rappelons que la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand en France était avant l’épidémie de Covid d’un peu plus de mille deux cents milliards d’euros et que la dette avait grimpé jusqu’à près de 2.000 milliards d’euros.  En créant de la monnaie globalement à hauteur de plus de quarante fois la valeur de la production marchande française, le monde n’a pas connu d’inflation ! Un peu fort de café tout de même, surtout quand on relit toute la littérature économique sur l’inflation qui sert de base à l’enseignement de l’économie dans nos écoles et universités. Une pareille inflation de moyens de paiement aurait dû se retrouver dans les prix ! Cette bizarrerie ne fait pratiquement l’objet d’aucune étude sérieuse. Un nouveau credo s’est installé : la nouvelle économie ne connait pas l’inflation et le Covid ne changera rien à l’affaire, même si on essaie de compenser des pertes abyssales de production par des distributions de monnaies artificiellement créées.

Ce nouveau credo se doit d’être interrogé. Les sommes mises en jeu pour faire face à la crise sanitaire et sa durée sont tellement incertaines que nous risquons de graves surprises.

Un des premiers aspects qui saisit le regard est évidemment la survenue finalement assez fréquente ces dernières années de crises d’hyperinflation.  Le Liban en connait une en ce moment même. Mais l’Amérique du Sud et l’Afrique en ont porté un témoignage important. Maduro au Venezuela et Mugabe au Zimbabwe ont provoqué deux effondrements monétaires suivi d’une hyperinflation et de la réduction drastique de la production, avec ruine de la population et exode massif. L’Argentine n’est pas passé loin. Plus de 50 états ont une inflation fortement augmentée comparée à la situation d’il y a 6 ans. La hausse des prix n’est pas « à venir ». Elle est déjà parmi nous avec parfois des hausses considérables. Très peu de pays connaissent une baisse de l’inflation. En général ce sont des pays qui ont mis en place une politique stricte de désinflation comme l’Iran, dont l’inflation avait atteint plus de 40%.  Une vingtaine de pays vivent une inflation de plus de 10%.

Dès maintenant, l’inflation dans le monde est souvent forte et parfois désastreuse. Il est vrai qu’elle touche des pays habitués à une mauvaise gestion ou des pays accidentés par des tensions politiques ou militaires. Peut-on alors prétendre que l’inflation a été éradiquée pour les pays développés sérieux et ne demeure que dans les pays à problèmes de gouvernance récurrents ?

En France, l’inflation moyenne sur les 12 mois de l'année 2018 a été de 1.85%, en nette augmentation par rapport à 2017 (1%) et 2016 (0.2%). L’inflation est basse mais en hausse importante et continue jusqu’à la crise sanitaire. En Chine l’inflation en juillet 2020 est supérieure à 2.4% en dépit de la crise de Covid qui a asséché l’activité, alors que le taux de toute l’année 2017 était inférieur à 1.50%. 

Avant la crise sanitaire la pression sur les prix était réelle mais avec des résultats très faibles, la BCE ne parvenant même pas à obtenir l’objectif de 2% d’inflation pour l’ensemble de la zone Euro !

Il importe de comprendre pourquoi, si on veut apprécier, par contraste, la situation créée par la crise sanitaire.

La source de l’inflation monétaire depuis 1971 et l’abandon des changes fixes est bien connue : le système de changes flottants permet aux Etats-Unis d’accumuler des déficits phénoménaux, qu’équilibrent des excédents tout aussi importants au Japon et en Allemagne, puis en Chine et dans les autres Dragons asiatiques. Ces excédents sont recyclés dans les pays déficitaires et une double hélice de dettes se crée qui ne cesse de s’accélérer. A un moment elles deviennent problématiques et on a une crise financière et une récession associée. Ce mécanisme a été vérifié en 1973-74, 1981-1982, 1992-1993, 2002-2003, 2008-2009. La cause étant occultée ou niée, personne ne réforme quoi que ce soit et cela recommence.  A chaque fois des milliers de milliards de monnaies banque centrale sont émises que l’on retrouve dans la valeur des actifs mais pas dans les prix. Pourquoi ? Parce qu’on a ouvert l’économie mondiale aux exportations des pays à très bas salaires à partir des années 80, avec une formidable accélération à partir de la crise de 90. La différence de niveau de vie était telle et la main d’œuvre disponible tellement nombreuse que la Chine et les ex-pays socialistes ont pu capter une part majeure de la production mondiale dans la mesure où les énormes déficits extérieurs ne gênaient plus personne. Du coup les salaires ont été bridés dans les pays développés obligés de faire face à cette nouvelle compétition. Or l’inflation rampante s’accélère toujours par la hausse incontrôlée des salaires. Les récessions décennales provoquées par le système des changes flottants ont aussi pesé lourdement sur les salaires, le cumul d’un chômage de masse structurel et conjoncturel n’était pas vraiment propice à des accélérations salariales. 

Pour l’Europe la construction de l’Euro a imposé une politique financière rigoureuse (notamment depuis 1983 en France) et la stabilité de l’euro impose un contrôle des budgets par la Commission de Bruxelles. L’euro ne permet plus à la France de compenser sa sous-compétitivité accrue vis-à-vis de l’Allemagne par la dévaluation. Le rééquilibrage de la compétitivité passe obligatoirement par une dévaluation relative des salaires. En France les folies socialistes sur la durée de travail, l’âge de la retraite, la pénalisation des relations du travail et le délire de la dépense publique et donc de l’impôt, pèsent également très lourd sur les entreprises et le pouvoir d’achat.

Dans ces conditions les créations de monnaies se sont retrouvées dans les marchés financiers et dans l’immobilier. Les prix immobiliers ne sont pas pris en compte dans l’indice des prix. Donc pas d’inflation !

La crise de 2008 était pour l’essentiel une crise de surinvestissement boursier, bancaire et immobilier. La bulle a explosé créant un trou béant dans les comptes des banques. Les banques centrales ont créé 15 mille milliards de dollar de monnaie pour sauver le système bancaire. Un trou financier se trouvait ainsi compensé par une création financière. Il s’est agi en quelque sorte de jeux d’écritures assez virtuels. Evidemment la récession post éclatement de la bulle, elle, a créé du chômage et une pression à la baisse sur les salaires empêchant tout emballement inflationniste.

Les mécanismes décrits n’ayant pas été corrigés, la pression à la hausse sur les prix à la consommation est restée très faible. La petite hausse constatée dans les pays occidentaux a été provoquée par la reprise économique mondiale ou des circonstances de marché ou des tensions politiques. Jusqu’à l’arrivée de l’épidémie de Sars-Cov-2, le risque d’inflation était nul en France.

Les pays qui ont connu une hyperinflation sont pour l’essentiel passé par trois phases :

-        L’effondrement de la monnaie sur le marché des changes

-        L’effondrement conjoint de la production

-        La création de monnaie administrative en quantité astronomique.

Ce n’est jamais une inflation rampante qui s’est tout d’un coup emballée. Le Liban donne une parfaite image de ce mécanisme. L’effondrement monétaire à précédé l’hyperinflation.

Il faut garder en tête ce mécanisme. La mauvaise gouvernance et des taux de dettes astronomiques peuvent casser les changes dans un système de changes flottants non régulés et provoquer un effondrement économique. C’est un risque qui n’est pas négligeable pour la France.

Comment la crise sanitaire vient-elle s’insérer dans ce système inchangé ?

L’énorme différence tient à la nature de la crise. On a supprimé l’essentiel de la production pendant deux mois et des secteurs vont tourner avec un chiffre d’affaire fortement réduit pendant des mois. Les calculs les plus savants parlent d’une perte annuelle de production autour de 10%. En fait il ne faut pas oublier que le secteur public entre dans le calcul du PIB. S’il a réduit sa « production » (on parle de 17%, ce qui est énorme) il n’a en rien réduit ses rémunérations qui seules sont prises en compte par les statistiques de PIB.  La baisse globale de 10% sur le PIB global d’environ 2.500 milliards est à imputer sur la seule économie marchande dont la valeur ajoutée est de 1.250 milliards.  Les 250 milliards de pertes de production s’appliquent donc à ces 1.250 milliards. La perte est de 20%, pas de 10%.

Ces pertes ne sont pas toutes définitives, une partie des décisions d’achat ont été simplement différés et on fait l’objet d’un rattrapage pendant l’été. Mais une grande partie de la production perdue l’est définitivement. Le revenu correspondant à cette production n’est pas apparu. Il a été largement compensé par des versements d’état. Mais il est facile de comprendre que le circuit économique ne se boucle pas.  Une partie de l’argent versée va chercher ses produits à l’étranger, aggravant les déficits commerciaux français qui ont flambé depuis le confinement. D’autres achats se sont concentrés sur des secteurs en déficits de production et de stocks où ils ont déclenché une hausse des prix. Les autres secteurs, qui captaient une part importante du revenu, comme les voyages, l’hôtellerie, les sorties culturelles, ont été boudés par la clientèle par crainte du virus. La perte de recettes est massive. Les stratégies de prix ont été très variés : certains ont fait des offres attractives en baissant leur prix. D’autres ont eu une stratégie de réduction de leur offre en montant leur prix.  100 milliards d’épargne à court terme se sont immobilisés dans les comptes en banques et les bas de laine, à hauteur de la perte de confiance dans l’avenir. Si ces sommes venaient à se déverser sur les marchés, les tensions sur les prix seraient immédiates faute de production et de stock.   

Cette situation est susceptible de durer jusqu’à la fin 2020 et sans doute aussi en 2021. On commence à voir les prix déraper dans certains secteurs. Il n’est pas impossible qu’en continuant longtemps de compenser le revenu de production en l’absence de production, une certaine inflation se déclenche.  La hausse du chômage est censée jouer en sens inverse en pesant sur les salaires, ainsi que les importations. Si ce schéma est exact, les hausses seront donc plutôt ponctuelles et dépendant de la situation mondiale des marchés.  

Le consensus est qu’il y aura une certaine hausse de l’inflation mais relativement contenue et de nature à faire diminuer le coût des dettes  et à grignoter le surplus de pouvoir d’achat distribué sans production correspondante.  

Sauf en cas d’accident systémique ! L’énormité des dettes supportées par les Etats peuvent à tout moment provoquer une crise de confiance mondiale et des mouvements incontrôlables. La rupture des changes dans un pays parti à la dérive y apporterait dans la minute une énorme inflation. On dira qu’en France et en Europe l’Euro nous protège ! Mais si l’Italie et la France connaissent le même krach que la Grèce, l’Eurozone sautera.

A contrario il n’y a pas pour la France de relocalisation massive possible de production compte-tenu de la non-compétitivité du pays dans le cadre de l’Eurozone. Il faudrait pour cela une dévaluation et un contrôle des échanges, des instruments dont nous nous sommes volontairement privés. L’Euro s’apprécie vis-à-vis du dollar, ce qui est totalement incompatibles avec la relocalisation. On ne pourra relocaliser qu’à base de subvention en creusant les dettes et en créant des distorsions dans la compétition. Ou en prenant l’argent sur les pensions des retraités et en resurtaxant les « riches ». Tout cela n’a rien de durable. Les Enarques croient pouvoir jouer à ce jeu de bonneteau qu’ils pratiquent depuis 1983 avec les résultats que l’on sait. L’Europe fédérale, à ce jeu, ne protège plus que les pays excédentaires, et accable les pays qui se sont laissé aller à casser leur compétitivité comme la France.

Lorsqu’on voit la masse des difficultés anciennes et l’énormité des complications nouvelles, la persistance de systèmes inefficaces, dysfonctionnels et  chaotiques, l’inadaptation des politiques qui sont menées sur la base de réflexes d’un autre temps (comme la relance keynésienne en système changes flottants dont on sait qu’elle ne marche plus depuis celle de Chirac en 1975), l’irrationalité des contraintes que l’on accepte aux noms des petits oiseaux et du réchauffement climatique, le fait que partout on ne respecte plus aucun des principes avec lesquels on a justifié l’édification des nos institutions économiques, on ne peut qu’être troublé.

La prévision devient un exercice impossible. On en est réduit à constater des « surprises ». Aux Etats-Unis une de celles qui fait parler aujourd’hui c’est une hausse des prix soutenue et imprévue, largement liée à la hausse des produits importés du fait d’une dévaluation assez forte du dollar.   Même si le raisonnement permet de juger qu’en Europe une inflation sérieuse est difficile à imaginer, la complexité de la situation, l’inadéquation des politiques, la persistance des erreurs d’organisation, l’impossibilité de certaines réformes indispensables, tout laisse penser que quelque chose peu lâcher. Et cela pourrait bien être le niveau des prix avec une inflation beaucoup plus forte qu’anticipée.

La France peut-elle redémarrer ? Une vue d'en-bas.

La France se découvre ruinée, avec une économie disloquée. Le Covid n’a fait qu’accuser les béances. Le nouveau gouvernement parle de relancer l’industrie et de faire passer le local avant l’international. Pour cela il faudrait être compétitif. Mais pourquoi diable ne le sommes-nous pas ? Pas de solutions sans une analyse des causes. Evidemment le débat est esquivé.

La petite histoire que nous allons raconter est une histoire vraie qui date d’un peu plus de deux ans. Elle témoigne mieux que toute analyse microéconomique savante des causes profondes, au plus près des PME, des difficultés françaises.

Cet entrepreneur est spécialisé dans la menuiserie métallique. Il possède deux entreprises. L’une en proche banlieue tient boutique et fournit les particuliers et les artisans. Elle gère un stock et salarie six personnes. L’autre est en banlieue plus lointaine et fabrique des profilés et des solutions clés en main. Elle alimente la boutique en fonction des demandes enregistrées.

Un jour la mairie, prise d’une frénésie verte, qui a beaucoup d’analogie avec la diarrhée de même couleur, change la voirie. A gauche une voie de bus et taxis et à droite une double voie de vélos. Plus de voiture ; plus de camionnettes. Impossible de livrer le magasin ou pour les clients de venir retirer leurs commandes. Naturellement la mairie n’a fait aucune étude d’impact. « Il faut en finir avec la dictature du moteur et sauver la planète » a hystérisé l’adjointe aux « modes de déplacements pacifiés ». « Comment est-ce que je livre mon magasin et mes clients » est venu demander l'entrepreneur. Réponse : « Les intérêts particuliers doivent céder devant l’intérêt général. Il faut savoir dans quelle société et dans quel monde nous voulons vivre ».

L’entrepreneur ne peut que quitter les lieux. Il propose à ses salariés de venir travailler au siège de sa seconde entreprise. Deux acceptent immédiatement. Les trois autres refusent et pour mettre la pression font venir l’inspection du travail. Il constate que le magasin n’a pas de toilettes pour hommes, pour femmes et pour handicapés. Les transgenres n'ont pas encore le droit à un trîone ad hoc ! Constat : si on respecte les normes, il ne reste pas 10 m2 dans le magasin pour travailler. Et les handicapés ne sont pas artisans en menuiserie métallique en général. Amende. L’un des salariés veut une indemnité de licenciement de 70.000 euros. Il avait été trois ans en arrêt maladie payé par l’entreprise et n’était revenu que depuis trois mois ! On sait que cette règle de paiement indéfini des absents pour longues maladie est une des filières d’escroquerie salariale les plus fréquentes et a causé bien des drames. Pour soutenir son combat, il se plaint à l’inspecteur du travail de n’avoir eu aucun de vêtements et chaussures exigés par les normes. Il faut à l’entrepreneur retrouver le reçu qui prouve qu’il a donné l’argent nécessaire au salarié qui en fait l’a encaissé et n’a jamais acheté lesdites affaires.  La secrétaire prétend qu’elle est employée comme réceptionniste et non comme secrétaire et exige une indemnité compensatrice. Voyant qu’elle n’arrive à rien elle se met en arrêt maladie.

L’entrepreneur dépose le bilan de l’entreprise engluée après avoir récupéré le stock et laisse dans la cour une camionnette âgée et  en panne qu’il aurait fallu mettre à la casse à grands frais. Un liquidateur est nommé. Finalement la faillite coutera plus de 300.000 euros à l’état. Les trois salariés se retrouvent au chômage. Ajoutez les coôts d'indemnités sur deux ans pour avoir la facture de l'Etat.  L’escroc qui ne payait pas son loyer a fini par être expulsé. En fin de droit il est à la rue. Les deux autres cherchent aussi du travail…deux ans plus tard.

Les deux salariés qui ont accepté de bouger se mettent sous statut d’entrepreneur individuel et reçoivent chacun une prime de plusieurs dizaines milliers d’euros de création d’entreprise. Ils font le même travail qu’avant avec leur ancien patron. Mais chacun a retrouvé de la souplesse. Et l’Etat s’est montré généreux.

L’ennui est que le dépôt, plus lointain est moins fréquenté. Pour intervenir à Paris, grâce à Mme Hidalgo, c’est plus long et plus cher. L’entrepreneur a ouvert un nouveau dépôt en périphérie d’un ville moyenne de province. Il espère que cela compensera sa perte de chiffre d’affaire.

Le magasin est tjours vide deux ans après. La mairie s'active pour obtenir des fonds de l'Etat eet de la région dans le cadre de la "reconquête des centres villes". Elle songe à racheter les lieux pour en faire un local  mis gratuitement à disposition des innombrables associations qui lui servent à nourrir des copains et des agents électoraux.

Au total, le coût pour l'Eat dépassera certainement les 500.000 Euros, alors que l'entreprise disparue faisait à peu près ce chiffre d'affaire et versait des sommes importantes en impôts et taxes de toute nature. Si on tient compte disons de 5 ans d'activité perdue et coûts d'entretien du local, la perte dépasse le million d'euros. Et hop ! Pour être complet il faudrait ajouter les tourments des autres magasins de la rue et le coût de réfection de la chaussée. Chômage, impôts, dettes, pour dix vélos à l'heure dans la rue concernée. "On  s'en fout on a été réélu", avec une abstention de 65% et 12.5% des inscrits !

Et le Covid est arrivé. L’entrepreneur a été réactif. Il s’est lancé dans toute la France dans la mise en place d’hygiaphones et des séparations. Il a fallu négocier près de trois semaines pour obtenir le droit de circuler partout en France. Certains salariés ont exigé d’être mis au chômage partiel à ne rien faire alors que l’entreprise croulait sous les demandes. Il a fallu passer contrat avec une entreprise d’ex-Yougoslaves pour avoir des ouvriers détachés spécialisés. 

L’entrepreneur a fini par licencier deux salariés « qui ne voulaient pas risquer leur vie pour le profit du patron ». Il continue avec ses travailleurs détachés. L’affaire est aux prud’hommes.

Mitterrand et les socialistes ont donné le pouvoir aux salariés de dire non à tout. Ils en abusent et ne se rendent pas compte qu’au bout du chemin ils sont perdants. Les lois ont rendu intolérablement complexe presque tout. Les mairies prises par le prurit verts tuent l’activité sans même s’en soucier.

Les relations entre citoyens, élus et fonctionnaires sont devenues également impossibles.

L’entrepreneur est pris dans des relations conflictuelles artificielles à tout moment en interne ou en externe. Pour survivre il est obligé à se mettre lui-même dans une situation de combat et de jouer les défauts des lois.  A la fin tout le monde tire sur la ficelle.

Les deux victimes : l’état, sollicité de toute part et l’emploi national. Des histoires comme celle qui vient d’être racontées, il y en a des milliers chaque année en France. Pas des dizaines, des milliers. Certaines tournent très mal. Avec des suicides de patrons et salariés (jamais de fonctionnaires ni d’élus locaux) et des violences inédites. Les nouvelles lois en faveur des minorités compliquent encore les choses. Dès le début d’un conflit, on parle viol ou racisme. Gérer une entreprise devient insupportable. Les juges prennent toujours le parti des salariés ou de l’état. Tout est devenu pénal.

Et dès que l’entreprise gagne un peu d’argent le fisc se radine et les syndicats se mettent en branle (si l’entreprise a plus de 20 salariés). 

Pendant longtemps, les mairies étaient plutôt favorables aux entreprises. L’arrivée des Verts et des hystériques de l’écologie a tout changé. A Paris les artisans ne peuvent plus travailler ! Les magasins et restaurants sont restreints à une zone de chalandise piétonnière et périclitent. On ne va au théâtre à vélo.

Avec le Covid, la société est sortie en état de léthargie. Plus personne ne veut travailler.

Naturellement, cet état des lieux ne sera jamais fait. La démagogie du droit de retrait et du « je fais ce que veux et pas ce que tu veux, infect patron !» est partout à l’œuvre. La vague de démagogues nouveaux ou la confirmation électorale des étouffeurs municipaux traditionnels comme à Paris annoncent encore plus de difficulté pour ceux qui veulent entreprendre et créer de la richesse.

Alors on parlera de relocalisation et bablabla. Mais rien ne sera fait pour reconstruire une base entrepreneuriale solide. Faisons confiance à nos Enarques, qui se veulent les arbitres des élégances sociales et qui ne cessent de créer des normes intolérables et ingérables, creuser les déficits et empêcher la prospérité.   

Revenu moyen des Français : le même qu'en 1980

40 ans de perdus

La France intellectuelle dominante est depuis des lustres un bouillon d’anticapitalisme fervent, tendance socialiste cassoulet avant-guerre puis marxiste-léniniste, ou franchement communiste dans l’immédiat après-guerre, avant de sombrer dans le trotskisme et le maoïsme, désormais un peu passés de mode et remplacés depuis peu par un écologauchisme, teinté d’indigénisme et de n’importe quoi du plus bel effet. Les virus varient comme chacun sait, et le bouillon de culture socialiste français, désormais ensemencé par le radicalisme des campus américain plus que par la révolution cubaine, est propice aux plus extrêmes mutations.

Les Français n’ont pas de chance avec leur idéologie progressiste (mais anti progrès )  dominante. Bercés par ses recommandations, Ils se croyaient super malins de danser au son de l’accordéon dans les usines au moment où Hitler réarmait et se proposait d’envahir le pays. Il le fera en 15 jours chrono. C’était exactement il y a 80 ans. Bravo ! Ils se proposaient en mai 68 de changer la vie et tuer la société de consommation, et ils eurent la crise de 1973-74 qui allait faire durablement dérailler la croissance. On leur a dit : c’est le moment de passer à autre chose et de devenir européens. Et l’Europe les a asphyxiés et ruinés en acceptant de jouer le jeu financier international qui mènera à la crise de 2008. Depuis quelques temps, toujours avec les mêmes guides, ils voulaient tuer l’économie au profit théorique de la nature et la nature leur a envoyé un virus qui a tué l’économie.

Cet art dans l’appel à la catastrophe est tout à fait remarquable. Le Français, né malin, aime le désastre et la flagellation. Il l’appelle de ses vœux avec insistance. Il suffit de décompter le nombre ahurissant d’abrutis qui profitent de la crise sanitaire pour se faire valoir en gourou cosmoplanétaire et empestent les médias officieux ou officiels de leurs invectives et imprécations pour faire avancer leur fortune.

Tous, naturellement, sont « anticapitalistes ».

A ceux qui croient que le socialisme extrémiste, dans l’ensemble de ses représentations, est un vrai bonheur national, il suffit de produire une seule statistique : celle du revenu moyen des français.

Les chiffres suivants proviennent tous de l’Insee.

En 1960 le revenu moyen d’un Français était de 9.900 Euros par an.

En 1980, malgré la crise de 73, malgré Giscard et l’accumulation de ses erreurs (autant de concessions aux intellectuels de gauche), il était passé à 19.300.

Soyons simple :

-        Le revenu moyen des Français a doublé en 20 ans.

En 1990, il était à 20.900. Stagnation complète. Mitterrand était passé par là. Ajoutez Jospin et Aubry, les 35 heures et autres sottises et, en 2004, il était à 22.900.

Nous en sommes, fin 2019, autour de 23.440 avant le coronavirus et nous allons perdre en gros 10% de cette somme dans l’année. On sera à la fin de l’année 2020 autour de 20.000, soit quasi exactement là nous nous en étions quand Mitterrand est arrivé.

Restons simple :

-        Quarante ans pour rien !

La France n’a plus rien, plus d’industrie, plus de système de santé, plus de diplomatie, plus d’action culturelle extérieure, plus de justice, plus de sécurité, plus d’enseignement, une armée qui marche avec des ficelles et qui n’ose plus frapper. Ne parlons pas de la créativité culturelle, devenue une révocul pour débiles mentaux et attardés de salles subventionnées et désormais de festivals annulés, jouée par des intermittents du spectacle qui sont des permanents de la mangeoire publique.  Mais attention : nous sommes parvenus à des sommets insurpassables en matière de bureaucratie, de dettes, d’impôts, de dépenses publiques, de chômage.  Là, nous sommes les champions du monde. Incapables, ruinés, asphyxiés, marginalisés, mais contents avec en plus une société en voie de destruction (on dit archipélisation dans les milieux bien élevés). Notre chômage incompressible est un des plus haut du monde et il va à nouveau exploser autour de 12 à 13%.

Mais nous sommes heureux : n’étions-nous pas près de 66% accrochés au budget de l’état au second mois de la crise sanitaire ! Formidable. Une acmé jamais espérée ! Et notre bienaimé Président l’a dit, l’Allemagne va nous prendre sur sa remorque ! En matière de dettes nous devenons de vrais Argentins avant de tenter le bolivarisme. Encore un effort et la seule dette publique représentera près de trois ans de production marchande !

Alors que nous rattrapions jusqu’en 1980 le revenu moyen par tête des Américains, le programme commun de la gauche et la démagogie inlassable de Mitterrand ont cassé le ressort. Nous revoici en dessous de 50% du revenu des Américains que nous plaignons tous les jours pour l’horreur de leur situation. Nous sommes semés par les Allemands qui ont cru de 15% de plus que nous en 20 ans, en partant de plus haut.  Nous disons stagnation mais la vérité est dans la comparaison internationale :  nous vivons une paupérisation relative depuis 39 ans et une paupérisation absolue cette année.  

Alors, tout soudain, un gouvernement constate que les infirmières françaises sont moins payées que la moyenne des infirmières européennes. Mais, Messieurs du Gouvernement, c’est toute la France qui est dans ce cas, sauf la caste des hauts fonctionnaires, qui a continué, le plus souvent en couple, à arrondir son pécule, en cannibalisant la politique et ce qui reste d’entreprises publiques. N’avez-vous pas entendu parler des Gilets jaunes ?

Il n’est pas très difficile de repérer un malfaisant dans nos médias dès la première phrase. « Il faut savoir la société que nous voulons ». Cela vous pose. C’est que vous voulez quelque chose et que vous savez quoi. Quelle force, quelle énergie et quelle bonté, car naturellement, ce que nous voulons, c’est empêcher ces épouvantables capitalistes, cupides, de ruiner les pauvres et la terre ! Le bonimenteur est toujours soit quelqu’un du monde médiatique qui a fait fortune sans trop se fatiguer et qui veut encore un moment de notoriété et de pouvoir, soit un prébendier sur fonds publics en mal de reconnaissance, d’argent et de pouvoir. Ces doctrinaires ou ces opportunistes ne parlent jamais de la stagnation totale du revenu par tête depuis 40 ans mais recommande avec frénésie les moyens d’y parvenir. Quand vous leur faites remarquer que depuis qu’on suit leurs recommandations, le pays ne progresse plus et que la misère gagne, hop ! la ritournelle ressort : « il faut savoir la société que nous voulons ». Comme si les pauvres voulaient rester pauvres au nom du socialisme et des petits oiseaux.

Le pire entendu dans les derniers 15 jours sur nos chaînes télévisées est le fait d’un immonde personnage doublé d’un illustre inconnu (une aubaine pour les chaînes d’information continue) , expliquant aux commentateurs énamourés qu’il fallait que la BCE donne (sic) trois ans de chiffre d’affaire à Airbus pour que l’avionneur se convertisse « à quelque chose d’utile » et qu’après ce serait formidable. Ce crétin (que dire d’autre ?) rayait de la carte tout transport aérien, tous les sous- traitants d’airbus, tout notre approvisionnement en devise, en inventant l’argent sans prix donné par les autres, sans une seule idée des produits à fabriquer, des coûts énergétiques et de la pollution correspondante. Il a péroré ainsi de longues minutes dans le silence des autres.  Un chef d’œuvre d’annihilation totale de la réflexion par la pensée magique. Et personne ne lui a botté les fesses.

Il faut dire que pour nos nouveaux gourous, tout ce qui reste de la force industrielle de la France doit disparaître : les avions et leurs moteurs, le spatial, le nucléaire, l’automobile, après la pharmacie, les télécommunications, la mécanique, les ordinateurs, les logiciels mondialisés … La crise sanitaire n’est pas un drame mais une opportunité ! Vive la peste ! Viva la muerte !

Un autre exemple effarant est celui de Mme Hidalgo qui à Paris, n’a jamais prononcé le mot « travail » depuis 20 ans. Il est vrai qu’elle était inspectrice du travail et que du travail il n’y en a plus guère à inspecter. Mieux vaut créer des pistes cyclables pour embêter les automobilistes, et arroser lourdement les associations pour être réélue. Travail, travail, travail, et quoi encore ! La dette est passée à Paris, en 20 ans, de rien à 8-9 milliards, en attendant mieux. Pourquoi se gêner ?

Dans 40 ans, à ce rythme-là, les Français de souche ne seront plus majoritaires chez eux et leur revenu aura baissé de moitié par rapport aux autres nations. La stagnation est une chose. La dégringolade et la disparition en sont une autre. Est-ce bien là « la société française que nous voulons » !

Qu’on ne dise pas : c’est impossible ! Les Français viennent de vivre 40 ans de stagnation de revenu moyen et de paupérisation relative sans même s’en rendre compte et sans que personne d’ailleurs ne le lui rappelle. Cet exploit de longue durée n’avait jamais été réalisé depuis 1789 ! Pas un seul journaliste n’a osé simplement le dire même furtivement. Pas un seul. Pas un seul homme politique. Pas un seul parti.

La crise sanitaire est un désastre et ceux qui en sont morts nous rappellent sa gravité. Sur un plan national ce n’est rien à côté du désastre mental, social, politique et économique qu’aura été le gauchisme socialiste post soixante-huitard, le triomphe de l’énarchie compassionnelle, la dissolution nationale dans un européisme soumis aux américains, l’acceptation de systèmes monétaires internationaux et européens dévoyés et finalement l’institution d’un système qui n’est plus vraiment démocratique, où souveraineté, libertés publiques et droits de propriété sont en voie de dissolution.

Français, comprenez ce qui vous arrive ! Reprenez-vous ! La course à l’abîme n’est pas votre vocation. Vous avez été autre chose tout de même. Un peu de courage, un peu de lucidité ! Rien de tout cela n’est obligatoire.   

La défaillance française de production médicale

Exiger sans comprendre : la recette de futurs désastres

Bossuet, dans la magnifique langue de son siècle, a fait un sort au ridicule qui consiste à chérir les causes des conséquences dont on se plaint. Les sondages portant sur « ce qui doit changer » nous alertent à nouveau sur la permanence de ce piège. « Il faut rapatrier la production de médicaments en France » est sans doute l’assertion qui se discute désormais le moins.

Tant mieux ! Nous-même la répétons depuis des lustres dans ces colonnes. Nous l’avons illustrée dans notre livre « L’Etrange Désastre » comme le symbole d’un effondrement français calamiteux.  Mais voilà : comme nous portons cette cause depuis longtemps nous savons bien quels sont les mécanismes qui ont provoqué ce qui est dénoncé, et l’extrême difficulté de les entraver et surtout de changer l’horlogerie des rouages qui les explique.

Cette expatriation dommageable de la quasi-totalité de la production des médicaments principaux paraît très simple à régler. « Messieurs des labos, à vous de jouer ! Relocalisez, bande de cupides qui avaient choisi d’importer pour vous faire des c… en or ».  L’injonction-dénonciation est facile. Les perroquets se sont engouffrés. En fait tous les labos savent produire les principes actifs. Ce sont les excipients et toute la chaîne de conditionnement, d’emballage, d’étiquetage, de logistique, qui ont été totalement sous-traités, sauf pour certaines spécialités où même le principe actif est abandonné, comme la pénicilline.

En vérité, l’expatriation des productions est liée en premier lieu à l’imposition bureaucratique des génériques, sans droits, avec des règles composition plus lâches et moins contrôlées, dans tous les pays à sécurité sociale et notamment en France, au moment même, seconde difficulté, où l’ouverture totale des frontières dans le cadre de l’OMC à la Chine et à l’Inde était imposée.

Si les médicaments sont « gratuits », c’est-à-dire payés collectivement et non par les usagers, la ruine du payeur et la gabegie de la consommation conduit automatiquement à des mesures extrêmes. Quand Fidel Castro a voulu instaurer la gratuité du pain, l’état cubain n’a bientôt plus pu financer cette folie. Alors il a fusillé quelques consommateurs abusifs qui nourrissaient leurs cochons avec du pain gratuit et quelques paysans « profiteurs et accapareurs ». Et il a tout abandonné devant le bain de sang qui se profilait.  Comme en France on ne peut plus décemment fusiller quiconque, on a préféré imposer les génériques et exigé des laboratoires qu’ils baissent leurs prix au plus bas de l’offre mondiale.

C’est donc la production nationale de médicaments qu’on a fusillée. En même temps, on a bien été obligé de constater qu’il y avait un abus consternant de prescriptions de médicaments et on a commencé à contraindre le consommateur. Campagne de pub sur le fait qu’on était le premier pays consommateur de médocs, restrictions sur la prescription d’antibiotiques, popularisation d’idées fausses comme l’inutilité de prendre des antibiotiques contre les maladies virales, interdictions ou limitations, imposées aux médecins, de prescrire et aux pharmacies de délivrer, autre chose que des génériques, déremboursement des médicaments de marque etc.

La pandémie de Sars-Cov-2 a souligné que l’accès à des fournitures extérieures majoritairement fabriquées en Chine et en Inde était aléatoire.  Mais les ruptures de livraison existent et se multiplient depuis des années, dans l’indifférence générale, avec exactement les mêmes raisons que ce qu’on a vu pour les masques : les surenchères diverses sur les prix et les conditions de paiement de tel ou tel pays privent les autres des produits commandés. Comme la France s’appauvrit relativement et que sa bureaucratie est incapable de flexibilité, les ruptures augmentent.  CQFD ! Ce qu’on appelle un cercle vicieux.  

Dans l’Etrange Désastre, nous dénoncions les deux sources de cette calamité :

-        Le choix d’une mondialisation fondée non plus sur le rattrapage des pays émergents mais sur la substitution de localisation des productions permettant de créer des oligopoles mondiaux en déplaçant toutes les productions vers la Chine, devenue, dangereusement, l’atelier du monde.  Cette optique, associée aux changes flottants qui permettent tous les déséquilibres, a été imposée par les Etats-Unis, qui se croyaient devoir être le vainqueur de cette conquête, et mis en musique par l’Union Européenne qui lui est bassement inféodée.

-        La gratuité du petit risque, qui crée une gabegie intenable et entraîne des comportements bureaucratiques répressifs sur l’offre et le demande.

Une telle dénonciation ne pouvait trouver d’éditeurs grands publics tant l’information est cadenassée en France. C’est donc les Editions du Cercle qui l’ont diffusée.  Le verrouillage de l’information en France a été cruellement illustré par la crise sanitaire. Tout le monde a désormais compris. On n’entend, en France, qu’une information préparée, anesthésiée, filtrée, épépinée, moraliste, conformatrice, sectatrice, castratrice. Elle n’a pour but que de rendre bien-pensant et docile le populo. L’affaire des masques inutiles tant qu’on n’en avait pas, obligatoires sous peine d’amende exorbitante dès qu’on en a eu un peu, est fulminante et infâmante. Tout est possible. Les bornes de l’information contrôlée étant dépassées depuis longtemps, il n’y a plus aucune limite.

Du coup, il est inutile d’espérer qu’on aborde les grandes questions posées par le rapatriement de la fabrication des médicaments en France.

  1. Accepte-t-on de supprimer la gratuité presque totale de la couverture du petit risque et à 100% de maladies au long cours ? (Pour l’anecdote c’était le thème de notre premier billet en juin 2008 sur ce site, 12 ans déjà !).
  2. Accepte-t-on de rétablir la liberté dans les prescriptions dans le cadre d’un tarif de responsabilité qui différencie les remboursements ?
  3. Accepte-t-on de mettre fin au ARS et au triomphe de la bureaucratie à la soviétique dans le domaine médical ?
  4. Accepte-t-on de renforcer le poids de la médecine et de ramener celui de la science à des proportions plus justes ?  On a vu qu’au nom de la science on ne recherchait plus que des molécules nouvelles hyper chères, avec cette dichotomie totalement ahurissante entre une élite médicale politisée (socialiste) cherchant fortune auprès des grands labos et une bureaucratie ruinant les grands labos.
  5. Accepte-t-on de sortir de la politique européenne d’ouverture totale des frontières et de concurrence absolue ?
  6. Accepte-t-on de sortir de la tutelle américaine ?
  7. Accepte-t-on de mettre fin aux changes flottants qui permettent tous les déséquilibres ?
  8. Accepte-t-on de multiplier par quatre le prix des médicaments en France ?

Pour l’amusement, il est facile de faire le constat des réponses des différents partis qui luttent politiquement en France.

  1. Non général ! Socialisme et féminisation de la société l’imposent.
  2. Non à gauche ! Heu à droite !
  3. Heu général !
  4. Heu général !
  5. Oui général sauf chez les européistes à tout crin !
  6. Oui général !
  7. Heu général !
  8. Non général !

Entre ignorance, réflexes pavloviens, idéologie, appétit de consommation médicamenteuse et soucis de sa petite santé, il n’y a aucune politique sérieuse, touchant aux causes, qu’il soit possible de mettre en œuvre en France.  Aucun des gourous dénonciateurs que la période a fait pulluler ne se saisira avec réalisme du problème. Bien trop complexe et dangereux.

Alors on va faire semblant, avec un lot de demi-mesures, le tout noyé dans une com’ orientée expliquant que le problème est réglé. L’Europe spécifiera des domaines stratégiques, avec les stocks afférents. On réouvrira quelques ateliers témoins. Les chaînes d’infos passeront des reportages édifiants où on verra quelques machines sortant à toute vibrure des milliers de pilules avec un commentaire chargé d’émotion et de reconnaissance. Peut-être même une bienveillante caméra accompagnera un Président, premier de cordée, pendant une visite en tenue médicale Gucci dans le dit laboratoire et qui fera ensuite une analyse de cinq heures des bienfaits de la relocalisation heureuse, avec bronzage intensif, œil bleu renforcé et zozotement gommé.

Et stop !  

Dormez tranquille !

Sauvy ! Reviens ! La réflexion démographique se meurt, comme la natalité française !

La démographie est aujourd’hui plus que jamais un terrain miné, ce qui n’aurait pas surpris Alfred Sauvy qui, le premier et dès l’entre-deux guerres, a été confronté à l’envie de non-dit et surtout à la propagation d’erreurs tragiques mais que certains souhaitaient entendre et diffuser.

Les statistiques démographiques sont aujourd’hui ou interdites ou torturées lorsqu’on évoque le vieillissement et le « grand remplacement », c’est-à-dire la substitution de la population indigène par des groupes venus massivement d’ailleurs et qui sont d’ores et déjà devenus majoritaires dans certaines parties de la France. Certains groupes, dès qu’ils sont majoritaires, écartent les mœurs locales et veulent imposer leurs propres conceptions dont certaines sont plutôt éloignés du modèle français de démocratie et de liberté.

La négation démographique pèse lourd dans les phénomènes politiques et économiques. Elle crée des contradictions insurmontables entre doctrines et effets de l’application des doctrines. Elle obère gravement la manière d’observer et d’interpréter la réalité. Certains démographes sont devenus d’incontournables « menteurs compulsifs » et imposent l’histoire rêvée que le politiquement correct du moment exige, qui est actuellement « de gauche ». Donc les faits sont « fascistes », comme on disait à l’Odéon en 1968, et ne doivent pas empêcher de penser bien. Vis à vis de telle réalité la gauche bien-pensante, à la remorque des socialistes révolutionnaires (Trotskistes et Communistes résiduels, Marxistes indécrottables, hyper-gauchistes, Verts anti-capitalistes, Anarchistes violents, technicien de la révolution pour la révolution,  ex-Maoïstes regrettant leur jeunesse où ils applaudissaient aux exécutions de masse en Chine de « mandarins » par leur propre enfant et la Révolution Culturelle…) a toujours appliqué la séquence popularisée par Léon Chaix : occultation, le plus longtemps possible, négation, quand on ne plus cacher, minimisation quand on ne peut plus nier et exonération quand les faits s’étalent dans leur splendeur. Cette manière de faire protège son magistère et sa domination de l’opinion.

Nous sommes de ceux qui ne comprennent pas vraiment pourquoi on devrait accepter une telle obfuscation de l’observation et de la réflexion sur des faits de sociétés majeurs.

Le plus gros mensonge est d’avoir fait croire pendant des décennies que la natalité « française », contrairement aux autres pays se maintenait fort correctement. L’Italie, le Japon, l’Allemagne et les pays de l’Est récemment libérés du joug communiste faisaient figure de cas maladifs, avec  des taux de fécondité très en dessous des seuils de renouvellement de la population, et des baisses effectives de la population globale dans certains pays, très visibles comme au Japon.

En vérité, le phénomène a été exactement le même en France pour les Français de souche. Comment le savoir puisque les statistiques de ce type sont interdites ? Rien de plus simple. Certains sites de généalogie présentent des statistiques totalement publiques sur les lignées proprement françaises, c’est-à-dire sur les noms de famille prévalents en France depuis 1890. En suivant la natalité de ces lignées, on obtient des évolutions frappantes par leur convergence.

On connait par exemple pour les dix noms les plus répandus actuellement en France et l’évolution des naissances par tranches de 25 ans (1890-1915, 1916-1940,1941-1965, 1966-1990). Malheureusement il manque la séquence 1990-2015, le site (philae)  ayant voulu montrer les résultats sur un siècle seulement.

Pour les confinés curieux qui ont du temps à utiliser intelligemment, il suffit de prendre soit les 10 premiers noms, soit les 100 premier, soit cent noms au hasard, et de faire les additions et les comparaisons.  Nous l’avons fait et il n’y a pratiquement pas de variations dans les résultats. Il est donc peu probable qu’en faisant une addition exhaustive ont trouve une variation significative.

Donnons ici les résultats sur les dix premiers noms puisque tout le monde peut faire la vérification en moins d’une demi-heure.

C’est une population d’environ 1.200.000 personnes que l’on peut suivre sur un siècle. L’étiage 1890-1915 est très bas, avec moins de 210.000 naissances en une génération. Le malthusianisme du XIXe siècle est bien connu. Il a été accusé par la grande stagnation de la fin du siècle, après la défaite de 1870 et la perte des réserves d’or de la France, qui a permis à l’Allemagne de fonder le Mark, mais assommé l’économie française.  Après la saignée de 14-18, la courbe des naissances se redressent de 25% avec autour de 262.000 naissances. Ce n’est pas un « boom » mais les mesures natalistes et les alertes démographiques commencent du fait des pertes de la guerre et du grand nombre de femmes qui ne peuvent pas trouver mari. « Sans doute, l'opinion française n'a-t-elle pas encore saisi la liaison étroite, directe, entre les difficultés aiguës que nous connaissons actuellement et le mal chronique, indolore à ses débuts, qui nous touche depuis plus d'un demi-siècle... » écrit Sauvy, sans distinguer entre la première et la seconde partie de ce demi-siècle. Le boom arrive entre 1941 et 1965, avec plus de 355.000 naissances soit une hausse de près de 40% sur le quart de siècle précédent et près de 70% par rapport à la fin du 19e siècle.

Rappelons qu’il s’agit de lignées proprement françaises, portant les noms les plus portés il y a plus de cent ans et probablement depuis plusieurs siècles. La lignée des Martin remonte aux Romains !  

Que se passe-t-il entre 1966 et 1990 ? Le chiffre baisse ! On ne constate plus que 321.000 naissances. La baisse est de 10%, ce qui peut paraître faible. Compte tenu de la diminution de la mortalité, il est probable que le nombre de membres des lignées concernés à continué de croître. Mais la chute a commencé, sous l’effet de mai 1968, de la légalisation de l’avortement, de la destruction du mariage, de la « pilule » qui permet la liberté sexuelle des femmes sans le risque d’enfantement et de l’action des mouvements féministes qui refusent que la femme soit considérée autrement que comme un homme comme les autres et exigent qu’elle s’éloigne des nécessités de l’enfantement et de la famille. Dès les années 70, on ridiculise le discours nataliste. Michel Debré est caricaturé avec un entonnoir sur la tête comme un foldingue du « natalisme » qui renverrait les femmes à leur rôle primaire de poule pondeuse et à leur fonction sociale de maîtresse du gynécée.  Les démographes qui dans la foulée de Sauvy, avaient souligné l’importance d’une natalité forte sont écartés au profit des servants du nouveau discours.  Il n’y a aucun problème démographique ! Pas d’inquiétude ! Certes les femmes ne font plus d’enfants aux âges habituels mais elles le feront plus tard. Ce discours tenu par exemple par Le Bras dès le début des années 80 s’est sublimé sur la côte Ouest des Etats-Unis où les post modernistes suggèrent que les femmes congèlent leurs ovules pour faire des enfants lorsqu’elles seront à la retraite !

La femme au foyer se retrouve bientôt seule, sans repères sociaux et ridiculisée par les journaux féminins qui jusque-là valorisaient ses tâches traditionnelles. Des journaux comme Marie-Claire migre vers les bons conseils érotiques et abandonnent les aiguilles à tricoter, comme les recettes de cuisine. Cosmopolitain, sous inspiration féministe américaine, est une revue entièrement tournée vers les exigences de la nouvelle femme qui se comporte comme un homme, trompe son mari sans vergogne, se réalise sur tous les plans, aspire à l’égalité des salaires plus qu’à créer une atmosphère aimante dans sa famille, etc. Le taux de divorce augmente rapidement et atteint près de 50% des ménages mariés à Paris dès les années 80 (on n’en est aujourd’hui à près de 75%) . Giscard est passé par là et Mitterrand accélère la cadence.

Ce changement de paradigme est l’explication majeure de la chute de la natalité, alors que la mortinatalité, encore forte au lendemain de la guerre, devient très faible.

Une baisse de la natalité de notre échantillon parait faible mais le taux de 10% est trompeur car le nombre des femmes en âge de procréer ayant augmenté de 40%, on aurait dû retrouver une hausse, même plus faible. . En fait le trou entre la valeur qu’aurait donné la prolongation de la tendance précédente et le chiffre réel se situe sans doute entre 40 à 50%. Il s’agit bien d’une rupture significative et d’une grande ampleur.

On ne connait pas les chiffres de l’échantillon pour la période 1990 à nos jours, mais on sait quel a été le désastre global. Selon l’Insee le « taux de natalité » qui était de 20.6 pour mille en 1950 et passé à 11.8, soit une baisse de moitié. L’indicateur de fécondité est descendu à 189 venant de 294, en tenant compte des naissances de mères immigrées, donc là encore il s’agit d’une baisse de près de 50% pour les autochtones. Tout s’est accéléré.  On sait les mesures antinatalistes assumées prises par Hollande et Macron. Désormais et depuis désormais plusieurs années, le nombre des naissances globales baisse, de plus en plus lourdement, alors que les chiffres tiennent compte de la surnatalité des familles immigrées venues par le regroupement familial, l’immigration légale et illégale.

La rupture constatée en 1990 est donc devenue « une descente aux enfers » et il est désormais certain que la population globale de notre échantillon a commencé sa baisse et pas seulement celui de ses naissances. Ajoutons que la surmortalité des personnes âgées due au Sars-Covid-2 va frapper principalement les populations enracinées qui ont plus subies le vieillissement que les nouveaux entrants.  

Si on tient à une bonne appréciation démographique, il faut donc admettre qu’on assiste aujourd’hui à la réduction progressive mais accélérée des lignées françaises anciennes, qui ont dû atteindre leur pic autour de l’an 2000, au profit des populations immigrées puisque la population globale continue à augmenter en France. La seule incertitude n’est pas de savoir si les populations natives deviendront minoritaires mais si elles le seront en 2060 ou en 2100.

Il reste à déterminer si la substitution de population dans une ancienne « patrie » devenue un « territoire » avec des archipels ethniques ou culturels en tension, est une bonne perspective ou non. Le politiquement correct du moment exige qu’on affirme que oui mais ne veut pas qu’on sache que l’affaire est en cours, sorte d’hommage du vice à la vertu. L’instinct patriotique stipule que non, mais est encouragé à se taire. Il y aurait quelque honte passéiste à s’en prévaloir. Un tel déchirement est pénible car ce débat n’a rien de vénéneux et porte sur des aspects réellement fondamentaux de ce qui fonde l’organisation sociale, la nation et le régime politique.

Il est clair qu’un pays qui se ferme et ne fait plus d’enfants va faire face à de graves inconvénients. Au Japon, les économistes ont déjà calculé que certaines villes ne pourront bientôt plus faire face à leur entretien. Comme les grands châteaux qui étaient fait des villes associées à un régime social sont tombés en désuétude puis en ruine, des villes entières subiront le même sort.  Au Japon la population a baissé d’environ 2.000.000 de personnes depuis son pic, soit une ville comme Paris. L’Allemagne a une population stagnante et même légèrement déclinante depuis longtemps. La population de la Turquie qui était à peu près le quart de celle de l’Allemagne il y a cinquante ans est désormais quasiment la même. En termes de pouvoir politique et de diplomatie, l’effondrement démographique a un impact violent, comme on le voit dans les discussions Merkel Erdogan.

 

Du point de vue des libertés individuelles, il n’y a guère débat. La possibilité offerte à chacun de ne se pas se heurter à des interdictions de séjour et de contrat est une extension des possibilités de se réaliser. C’était le fondement de la Communauté européenne : « Je ne te crains pas, voisin européen et je t’accorde chez moi, les « droits de » qu’exercent à mes propres citoyens ». Il y a juste un hic : « est-ce qu’il est légitime que je ne te craigne pas ? »  Le Royaume-Uni entrant que nation souveraine a jugé au vu de l’expérience qu’il y avait beaucoup à craindre.

Du simple point de vue économique, il n’y a pas plus de question non plus. L’économie ne distingue pas le genre, la nationalité, l’origine ethnique des acteurs, qu’ils produisent, consomment ou épargne. Dans un pays en épuisement démographique, l’apport quantitatif de l’immigration peut être très bénéfique, avec un vieillissement global retardé, l’élargissement du marché intérieur, la disposition de plus de salariés, une plus grande énergie, liée à la jeunesse. La baisse de la natalité comme au Japon, a des effets au début très favorables (le capital se retrouve dans moins de mains, avec un effet richesse), mais à terme, on tombe obligatoirement dans la régression économique.  Là aussi, il y a juste un hic : que le pays reste concurrentiel et conserve son plein emploi, sa croissance et ses réserves de précaution.

Du coup le débat se déplace sur le terrain du système politique et social. Faut-il des politiques publiques et si oui, comment résistent-elles à une extinction graduelle de la population soit à la substitution d’une population par une ou plusieurs autres ?  La question est d’autant plus forte si on a construit un état-providence, qui risque de devenir un open bar pour le monde entier.   

Si le système social pousse à l’intégration immédiate de l’immigration par le travail avec une volonté de minimiser les inconvénients d’une immigration de peuplement, dans une économie compétitive et florissante, réticentes à distribuer le fruit du travail des uns pour satisfaire le besoin de consommation des autres, mêmes inactifs, le doigt est constamment sur la jauge et sur les flux, l’immigration peut être un moyen de compenser les chutes de naissances. Mais faut-il abandonner tout objectif nataliste national de redressement de la fécondité et laisser aller les choses jusqu’au remplacement de population ?  

En choisissant l’offuscation au détriment de la réflexion, les politiques Français stérilisent un débat fondamental et certains peuvent penser que la France a perdu toute chance de convertir l’immigration en force complémentaire de son propre dynamisme au nom d’une forme de nihilisme individualiste porteur des pires maux.

Aujourd’hui le pays voit son « stock » dévitalisé, comme disent les éleveurs de chevaux, et remplacé progressivement par un stock extérieur qui n’a pas été mis en position d’être pleinement utile à la nation, alors qu’il subit de plein fouet les effets délétères de ses options socialistes ou social-démocrates, bureaucratiques et gauchistes, en matière de santé publique, d’éducation, de justice, d’activité économique, de fiscalité et d’endettement etc.

C’est sur cette base démographique hasardeuse que le pays, ruiné, affronte le drame humain vécu par la partie âgée et l’effondrement économique en cours, du fait du Sars-Cov-2, dans l’imprévoyance totale de ses dirigeants.

Il est regrettable que les préoccupations démographiques qui, sont une réalité profonde à larges effets et qui impacte la plupart des grandes questions nationales, soient à ce point mis sous le boisseau et écartées du débat public, alors qu’elles conditionnent largement la conception des politiques à conduire.

L’étonnante convergence des idées économiques et monétaires saugrenues

Profitons des derniers instants où l’on peut parler économie avant que le coronavirus emporte tous les esprits. Nous vivons une de ces périodes d’après récession, dont on sait qu’elles sont propices aux repentances, aux remises en cause, à l'aggravation des tensions de toute nature et à la libération des esprits excités. Ce qui était foldingue avant devient naturel après et réciproquement.

Faute d’avoir compris (ou voulu admettre) les causes de la crise de 2008, et de son intégration dans la séquence de crises à répétition depuis 1971, on a assisté à une fuite en avant dans les solutions officielles les plus aventurées, débouchant sur une stagnation tellement molle que le monde entrait en récession sans même s’en rendre compte. Quand on n’agit pas sur les causes, on est obligé à des mesures symptomatiques comme disent les médecins, ou non conventionnelles comme disent les banquiers centraux.

Les écoles de management se sont mises à la charité expressive et à dégouliner de bons sentiments, les banques ne s’occupent plus d’argent mais de causes gracieuses, baignant dans le politiquement correct le plus gras. On invite Mlle Tombèrent à Davos. Le vert est mis partout, en même temps que la cause féministe. Il faut sauver dans les larmes de la compassion la mondialisation, qui comme Sophie, connaît de bien grands malheurs, évidemment totalement imprévisibles.

Le coronavirus arrive juste à temps : c’est lui qui aura provoqué la récession et peut-être aidé à cacher cette vérité sournoise : quand on remplace une crise de conjoncture par une crise de structure, les résultats ne sont jamais à la hauteur des espérances.

Du coup les aventuriers de l'économie foldingue se sentent des ailes et on assiste à une formidable convergence des idées économiques radicalement disruptives avec un début d’intégration dans les réflexions officielles.

Quelles sont les lignes de pensées qui convergent :

-          Les jetons électroniques à prétention monétaire, basés sur le mode de gestion de fichiers décentralisés et dupliqués sur le WEB, dit de « chaîne de bloc », comme le Bitcoin, ont partiellement sombré dans la mauvaise réputation tant les vols, les escroqueries, et les manipulations de marchés ont été virulents. Mais voilà que les banques centrales se sentent l’envie de créer des monnaies électroniques officielles.

-          Les banques dont la frénésie de prêts spéculatifs a largement contribué à la gravité de la crise se voient à la fois confortées dans leur envie de supprimer le cash, qui est une « fuite » qui les gêne dans leur circuit monétaire et les rend dépendantes des banques centrales. En même temps leur pouvoir de création monétaire est menacé et leur rôle même est vu par certains comme inutile, puisque l’intelligence artificielle partagée sur le Net permettra de sélectionner les risques et donc les placements bien mieux que les comités de crédits bancaires dont on a vu les limites.

-          La taxation des flux financiers, et non plus des transactions économiques, autrefois appelées taxe Tobin, et reprise par tous les mouvements d’extrême gauche depuis au moins 20 ans, se conjugue avec la perte de recettes des flux d’achat passant par le Net, et l’endettement désespéré des Etats, pour renaître comme moyen magique de régler tous nos problèmes.

-          Le revenu universel de base, considérée au départ comme un moyen de résoudre la question immanente de l’inégalité dans une économie marquée par la globalisation des bénéfices et le nivellement des niveaux de vie entre Nord et Sud, s’étend comme solution générale à tous nos problèmes y compris écologiques et de santé publique.

-          Le bon Milton Friedman avait discuté naguère de la possibilité de faire voler un « hélicoptère à monnaie », image résumant une politique de distribution directe de monnaie par les banques centrales non plus aux banques (on a vu que cela ne marchait pas) ou à l’état (on a vu à quel niveau d’endettement on se retrouve) mais aux ménages.

Quel est le produit intellectuel de cette convergence ?

-          Le revenu universel ne serait plus versé par redistribution fiscale mais par la création de monnaie par les banques centrales. L’hélicoptère à monnaie financerait le revenu universel. En fonction de la conjoncture le versement serait plus ou moins généreux. Plus de dettes, puisque cela serait de la monnaie perpétuelle donc plus d’intérêts à payer par les Etats. On pourrait simplifier les politiques de redistribution devenues des monstres de complication. Certains disent même : le revenu universel remplace toutes les autres aides. Maintenant que vous avez l'essentiel et que vous pouvez vivre, débrouillez-vous pour l’accessoire. On assiste du coup à la rencontre saugrenue des pires socialistes et des libéraux absolus.

-          Les banques centrales supprimeraient le cash en imposant une monnaie électronique d’état. Chaque résident se verrait imposer un portefeuille électronique, substitut des comptes en banque, dotés par exemple dans la zone Euro d’EuroBits (si on ose dire, en ces temps de grivoiserie). Toutes les transactions deviendraient lisibles par l’état qui du coup pourrait supprimer tous les impôts pour les remplacer par une taxation progressive sur le niveau des mouvements de fonds. On sait que de tout temps les Etats ont essayé de se brancher sur une ressource universelle et facile à capter, impôt sur le sel, impôt sur l’énergie etc. Là nous aurions un impôt sur la monnaie. Tobin est enfoncé dans les profondeurs de sa naïveté : Moloch est arrivé, en se pressant et en pressurant. Plus de fraude possible ! L’impôt est versé dès que l’argent rentre (la philosophie actuelle) mais aussi dès qu’il sort. Fortiche !

-          Les banques offriraient non plus du crédit mais des instruments de placement en concurrence avec les produits de même nature disponibles par le Net. Les agences bancaires de toute façon sont vouées à disparaître.

-          Les flux avec les pays étrangers pourraient être surtaxés dès que les échanges deviendraient déséquilibrés. Il suffirait d’augmenter la taxe sur la monnaie en fonction de l’origine des produits : fastoche !

-          Le FMI pourrait même créer sa monnaie électronique transnationale basée sur un panier de valeurs de références et imposer aux banques centrales de faire leurs transactions réciproques et vis-à-vis de la BRI ou du FMI dans cette monnaie qui n’impose pas de gestionnaire commun. Tout cela serait géré sur la blockchain. C’est une idée que nous avons évoquée sur ce blog depuis longtemps, en l’associant avec un retour aux changes fixes et ajustables.

Cette nouvelle utopie commence à faire chauffer les esprits au sein des gouvernements, des banques centrales, des professeurs d’économie en mal de reconnaissance, des associations onusiennes en mal de fiscalité non conventionnelle, des socialistes de différentes nuances de rose et de rouge, de certains penseurs libéraux. En gros : est-ce réalisable et est-ce que les résultats seront à la hauteur des espérances sociales, écologiques, étatistes, écologiques de notre âge transhumaniste de dernière génération ?

Vous avez quatre heures ! La meilleure réponse aura le prix Nobel d’économie (ou ce qui fait fonction)  et un lot de masques anti-coronavirus.

Didier Dufau pour les cercle des Economistes E-toile

2019 : L’année du Grand Ressentiment ?

C’est la période des bilans. Commençons par ce blog. Le tableau des résultats est donné ci-dessous. L’article « Plus cela change plus c’est la même chose » a maintenu sa hausse verticale et dépasse désormais largement les 8 000 lectures. Un vrai symbole ! Le soutien que nous portons à la mémoire de Jacques Rueff et de Maurice Allais se retrouve dans la fréquentation des articles que nous leur avons consacrés (au total près de 25 000 lectures cumulées pour l’ensemble des articles). Nous sommes heureux que quelques milliers d’étudiants aient recherché des réflexions indépendantes sur des questions essentielles comme le rôle de la monnaie et des banques, les sources du chômage structurel ou l’histoire économique récente. Nous atteindrons le chiffre de 2 000 000 de lectures dans quelques semaines, ce qui est très encourageant pour un site sans publicité, ni photos, ni vidéo, sans parrainages politiques ou commerciaux, et sans autre motivation que d’explorer certaines réalités souvent mal traitées par la presse habituelle, gagnée de plus en plus par le vice de la « reconstruction orientée du réel » et l’abus de la réflexion étrangère au détriment de sources françaises.

Merci à tous ceux qui trouvent matière à réflexion dans les écrits des « Economistes e-toile » et nous soutiennent de leurs lectures et commentaires. Bonne année 2020 !

Plus généralement, comment qualifier l’année 2019 ? Qu’est-ce qu’elle nous annonce pour 2020 ?

Nous pensons que l’année 2019 fut, en France, celle du Grand Ressentiment. Elle est atypique par l’ampleur, la généralité et l’intensité de la défiance qui s’est exprimée de toute part contre le président Emmanuel Macron. Le mouvement initial des Gilets Jaunes a traduit d’une façon inédite une rancune de fond devant la baisse du pouvoir d’achat en termes réels, provoquée par la compétition directe avec 900 000 millions de travailleurs pauvres libérés du « socialisme réalisé », le caractère ruineux de la bureaucratie et de sa diarrhée réglementaire dans tous les domaines, et l’insolence méprisante d’un jeune président-Zorro, dont les scènes photographiées avec drag-queens à l’Elysées et voyous torse nu dans les îles, ont été trouvées déshonorantes par beaucoup. Traiter avec légèreté la misère du monde, comme il en avait pris l’habitude, n’a pas arrangé les choses.

D’autres catégories ont partagé ce ressentiment et en particulier les syndicats qui ont été vexés d’avoir été moins efficaces que les Gilets jaunes pour arracher des milliards à la collectivité et ont voulu montrer leurs muscles. Ils ont retenu, comme les Gilets Jaunes, les leçons de Notre Dame des Landes : le nouveau président cède lorsque les conflits s’éternisent et deviennent violents. L’impuissance d’E. Macron devant les taxations abusives de Trump, l’indifférence de la Commission Européenne à ses suggestions, ou l’éviction de la France des grandes questions diplomatiques du moment, ont gâché un peu plus son image. Un Président se doit d’avoir une présence régalienne. La colère a d’abord grossi par mille arroyos et quelques grosses rivières, puis elle s’est exaltée de sa réelle dynamique, pour finalement s’enliser dans la récupération partisane et les déviances inacceptables de son propre spectacle.

Roger Scruton dans son livre fondamental, l’Erreur et l’Orgueil (L’Artilleur) a parfaitement analysé la question politique posée par le ressentiment. « Quand les mouvements de gauche prennent le contrôle » [] « le ressentiment perd sa cible spécifique » et devient la proie de ceux « qui ne cherchent pas à négocier au sein des structures existantes mais à s’approprier les pleins pouvoirs dans le but d’éliminer les structures elles-mêmes », en s’opposant « à toute forme de médiation, de compromis et de débat ». Plus pertinent, on ne peut pas ! On en est là.

Tout le monde annonçait à grands cris et force livres et éditoriaux, une crise mondiale majeure qui n’a pas eu lieu. La relecture des articles de fin d’année 2018 est comme d’habitude extrêmement jouissive quand on aime se moquer des prévisions ratées. Et nous avons connu une année de relative prospérité économique (une croissance molle mais continue) accompagnée de hausses de salaires et des gains de pouvoir d’achat. Énorme paradoxe, les entreprises n’arrivent à recruter suffisamment malgré des millions de chômeurs. Ces bons résultats n’ont pas été perçus et ont été accompagnés paradoxalement par un redoublement de la rage nationale contre les « zélites mondialisées ». Une bulle immobilière s’est malgré tout gonflée à un point qui n’est plus justifiable économiquement que par l’effet de politiques extrêmes, comme les taux négatifs de la BCE. Aurait-on, par une politique monétaire « non conventionnelle », échangé le risque d’une crise conjoncturelle rapide contre celui d’une crise structurelle plus lointaine ?

C’est sur le front écologique que les mentalités ont été le plus chahutées. Le basculement d’une écologie politique, tendance fumiste ou léniniste, dans la « collapsologie urgentiste hystérique », accouche d’émotions profondes qui peuvent conduire les exécutifs, à tous les échelons, à mener des politiques de grande niaiserie, qui peuvent n’être que ridicules, mais qui peuvent aussi se révéler dramatiques pour le travail, le revenu et la vie personnelle d’une grande partie de la population et surtout celle qui est aux limites de la pauvreté.

Jean Baptiste Say disait : « La plus belle pensée, la plus neuve, la plus utile n'obtiendront jamais en public autant d'applaudissements qu'une niaiserie convenue ». Voir que la France est devenue le parangon extrémiste de la « niaiserie convenue » est difficilement supportable. Le mot « travail », obligatoirement associé à celui de mobilité et de consommation, donc de pression sur le bilan carbone, a disparu du langage politique, comme en témoigne la « campagne » actuelle pour la mairie de Paris, verte comme une prairie normande. On semble attendre dans les milieux politiques locaux, tendance médaille Field, que quelque « start-up » bien inspirée invente le sabot-pédale connecté à la 6G permettant au parisien cycliste et permaculteur de sauver son jardinet pédagogique d’intérieur et les kangourous australiens, tout en entretenant une santé éblouissante en renonçant au travail « aliénant » et à la surconsommation.

Au sein de notre cercle, nous préférons Philippe le Bel à Saint Louis et Say à Pisani-Ferry. Nous n’acceptons pas que la pensée générale, politique et économique, sombrent dans l’accessoire et l’inepte. Nous ne tolérons pas les effets de domination, donc de soumission, qui interdisent de dénoncer des erreurs, qui marginalisent l’expression des solutions nécessaires et qui en interdisent la mise en œuvre. Comme si des politiques irrationnelles et fondées uniquement sur des relations de force (ou des petits calculs) et qui finissent en catastrophe pour tout le monde devaient et pouvaient échapper à une réflexion critique ! Qui est entièrement convaincu que l’explication de la crise de 2008-2009 a été donnée de façon complète ? Qui est confiant que, sur la base de ce diagnostic, a été élaborée une politique efficace pour sortir de la crise et éviter de nouveaux épisodes dangereux ?

Que sera 2020 pour le monde ? La « mondialisation heureuse » finit de s’effilocher avec la crainte d’une épidémie virale mortifère en provenance de la dictature Chinoise, dont on sent bien qu’elle trahit les espoirs mis dans l’ouverture sur le monde occidental qu’on lui a offerte. L’incapacité de l’Europe à formuler une politique positive pour la France dans pratiquement tous les domaines où elle s’est attribué le monopole de la conception et de l’action devient un peu voyante, surtout avec l’éclairage du Brexit. L’approche exclusivement politicienne de Macron marquée par la seule volonté d’être réélu et de marquer l’histoire, finit de crisper le pays. De la même façon que la morgue d’Anne Hidalgo et l’étonnante médiocrité de ses équipes, ont empoisonné durablement la Capitale. Les incapables, en tout domaine, se cachent toujours derrière des projets plus grands qu’eux. Gageons que les grands projets délirants vont s’épanouir pendant la campagne électorale à Paris !

En France, il va bien falloir calmer le jeu. L’éviction de l’équipe Hidalgo et l’échec de LREM et des Verts à Paris seraient un bon début. Le pays réel peut démontrer que le temps n’est pas à l’exaltation écologiste ni aux manœuvres politiciennes les plus grossières, encore moins aux différents types de « révolutions ». Sinon on peut craindre une évolution du ressentiment symbolique vers une violence destructrice. La colère est mauvaise conseillère. Depuis toujours, nous disons : attention à la colère des peuples. Mais on ne peut avertir sans suggérer. Alors, malgré l’âge qui frappe nos membres fondateurs et en réduit trop rapidement le nombre et l’activité, nous continuerons en 2020 à nous battre, à notre place modeste, pour que les grands sujets restent dans le domaine de réflexion de ceux des Français qui n’ont pas renoncé à comprendre et à agir, même et surtout quand il faut se heurter durement à la pusillanimité ambiante.



Un bilan de l'entrée de la Chine dans l'OMC

L’année 2020 commence bien avec la lecture d’un ouvrage anglais gentiment offert par un ami : « China, Trade and Power », écrit par Stewart Paterson, un illustre inconnu, dans une maison d’édition à compte d’auteur !   Paterson fait partie de ces gens qui, comme les membres de notre petit groupe e-toile, ne se retrouvent pas dans l’économie officielle. Après une formation économique supérieure, il a eu des responsabilités à travers le monde et notamment en Asie. Il connait le terrain, « voit ce qu’il voit » et considère qu’il est important de le commenter. Les non-dits et les soumissions ont totalement anesthésié les articles d’économie dans les médias. Ce n’est pas vrai qu’en France.  Alors pourquoi se taire ?

Auteur sans marquage évident, il est impossible de se livrer à cet exercice dont les Français raffolent : d’où parle-t-il ? Est-il légitime ? Il faut uniquement se concentrer sur ce qui est écrit. Ce que tout le monde devrait faire et qu’on ne fait plus en France depuis longtemps, où le procès d’intention est de règle et où la parole n’est acceptée que si elle a été préalablement légitimée et son auteur jugé digne de s’exprimer, quelles que soient la précision et l’exactitude de son discours.

Le livre est une monographie sur un sujet tout simple : l’admission de la Chine au sein de l’Organisation Mondiale du Commerce, le 11 décembre 2001, a-t-elle été une bonne chose, dont les résultats sont conformes aux espoirs qui avaient justifié cette admission ?

C’est un sujet que nous avons traité à plusieurs reprises dans ce blog (par exemple : Faut-il traiter la Chine en interlocuteur "normal" ? ( http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2018/11/23/Fautil-traiter-la-Chine-en-interlocuteur-normal-). Nous sommes donc très heureux de connaître la réaction d’un « anglo-saxon », même marginal et hors de la pensée économique officielle. On notera l’absence totale de couverture du sujet dans les médias et dans l’édition française.

Les premiers chapitres racontent le processus qui a conduit les Etats-Unis à promouvoir la Chine dans l’OMC.

Première remarque : la France est totalement absente et de la réflexion et de la décision. Pendant qu’un couple d’Enarques nocifs s’entendaient à ruiner le pays (Chirac et Jospin), la France n’avait pas droit au chapitre, l’affaire étant réservée à la seule Commission Européenne qui détient par traité le monopole absolu des discussions commerciales. L’affaire n’a eu aucun retentissement médiatique en France, la question ne concernant pas directement les politiques français. De tradition, les grands quotidiens français ne couvrent pas les affaires européennes. Un pays sans souveraineté ne s’occupe plus des grandes affaires du monde et n’a plus d’officiels qui s’en préoccupent, à l’exception de deux ou trois spécialistes délégués auprès de Bruxelles. La France, sur les grandes questions mondiales économiques et monétaires, a, au mieux désormais, l’influence du Luxembourg. Jean Monnet a gagné. L’Europe a châtré totalement les ex grands empires européens et les Américains règnent en maîtres absolus. La politique, la presse et l’université ne préparent plus à la maîtrise des grandes questions du monde. On s’occupe des inégalités hommes-femmes en basse Lozère, en pleurant avec Greta Thunberg sur les malheurs de Gée…

Seconde remarque : la cupidité des grandes entreprises américaines l’a emporté sur tout le reste. Être leader mondial supposait de tenir le marché Chinois et ses centaines de millions de consommateurs. La bave qui coulait aux commissures des managers de grands groupes mondialisés a tout emporté. Aucune autre considération ne devait être prise en compte.  C’est le gouvernement démocrate de Clinton qui une fois de plus allait tout céder au Big Business et aux cartels financiers. L’idée dominante : la Chine, une fois embarquée dans le commerce international et la croissance de la consommation, ne pourra plus être une dictature et se libéralisera. Un ordre libéral s’installera partout dans le monde. « Nous créerons par le commerce une nouvelle harmonie mondiale ». Et nos trusts seront encore plus forts. Donc les Américains plus riches. Les oppositions sont venues des ONG et des syndicats habitués à l’outrance perpétuelle. Du coup leurs réserves ont été noyées dans la masse de leurs « déchaînements habituels » et n’ont pas trouvé d’oreilles attentives. Le fait que la Chine soit une dictature infecte ne devait pas troubler. « En entrant dans l’OMC, elle devra respecter des règles. On mettra fin aux scandales justement dénoncés : dumping, vols des brevets, copies illicites, produits toxiques, fraudes à tout va ».  Comment traduit-on « wishful thinking » ?

En France une voix s’est élevée,  dont ne parle pas le livre (La France, c’est où ?) : celle de Maurice Allais qui a dénoncé une mesure dont on pouvait comprendre immédiatement qu’elle irait magistralement contre les intérêts des ouvriers français et qu’elle entraînerait un chômage massif. Bien avant notre auteur, il avait compris que faire entrer dans la compétition 750 millions de travailleurs potentiels payés le prix d’un bol de riz, sans que les entreprises n’aient à se préoccuper de quelques charges ou règlements que ce soit, ne pouvait pas avoir d’effets bénéfiques pour les salaires et l’emploi en Occident, et surtout en France où les salaires étaient grossis de charges uniques au monde qui en doublaient le coût pour les entreprises. On sait qu’il a été traité en vieux machin fasciste par la PQN française, notamment Le Monde. Les politiques l’ont totalement ignoré ou vomi. 20 ans après, tout le monde voit qui avait raison. Qu’on ne dise pas qu’en France, il n’y a pas eu d’alerte et « qu’on ne savait pas ». Le risque était gigantesque, les pares-feux inexistants. Les constructeurs de l’opinion publique française avaient décidé que les Français n’avaient pas à le savoir ou s’en inquiéter. De toute façon la décision était à Bruxelles.

L’ouvrage regarde ensuite les effets de la décision. Ils sont terribles pour l’Occident et son économie, et incroyablement favorable au Parti Communiste Chinois.

A partir du 11 décembre 2001, date de l’admission de la Chine à l’OMC, la fausse sécurité offerte par le traité entraîne un déversement hystérique de capitaux et de partenariats qui permettent à l’économie chinoise de devenir l’atelier du monde. Mais le Parti Communiste Chinois a bien étudié son affaire. La seule chose qui l’intéresse sont les investissements dans les produits d’exportation. Pas question de laisser le moindre accès à son marché intérieur qui est totalement bridé et sous contrôle. La banque, l’assurance, les marchés publics restent totalement entre les mains du Parti. Le message est : enrichissez-vous en créant les conditions d’une exportation massive. On garantit aux entreprises des conditions sociales inexistantes, des impôts et des taxes faibles, des règlementations laxistes et une population illimitée de travailleurs dénués de tout. L’auteur rappelle que dans certaines parties de la Chine en 2000, certaines familles de paysans n’avaient même pas de quoi vêtir toute la famille. Les vêtements étaient portés alternativement. Les enfants se noircissaient le corps au charbon pour faire semblant d’avoir un pantalon et une chemise ! Le genre d’information interdite de publication en France où le communisme, malgré ses crimes et ses conséquences sociales abominables, devait rester une option noble et possible, majorité plurielle oblige.

Le PCC a voulu une industrie exportatrice massive et rien d’autre. L’argent gagné sera utilisé à calmer le peuple et à conforter le régime tout en lui permettant de se réarmer lourdement et de retrouver une place géostratégique perdue depuis des siècles.

Le livre décrit très bien comment les Communistes s’y sont pris. Nous renvoyons le lecteur à cette partie du livre.

Les résultats ont été stupéfiants et totalement imprévus en Occident. Les chiffres laissent songeur. « Les exportations ont cru au rythme de 30% par an pendant les six années suivant l’adhésion. La part de la Chine dans la production industrielle du monde a été quadruplée. » En dix ans la Chine est devenue l’exportateur mondial numéro 1 devant les Etats-Unis. Les seules exportations dépassaient en 2010 le PIB de 2000. Elles sont passées de 300 millions de dollars à 2.500 milliards en 2014. Le PIB est passé de 1.700 milliards à 11.500 milliards de dollars. Rappelons que le PIB français est actuellement autour de 2.500 milliards de dollars. La Chine a créé quatre économies françaises en 20 ans !

Les Etats-Unis comptaient pour 6% de la population et 37% du PIB mondial en 1969. En 2016 sa part du PIB mondial était réduite à 25%. Elle s’est encore réduite depuis.

La Chine a réussi à capter 25% des bénéfices de la croissance mondiale de 2001 à 2008 et 50% dans les années suivantes jusqu’à aujourd’hui.

L’industrie occidentale a perdu près de 25% de sa production industrielle en 16 ans. En fait dans certains secteurs l’érosion a été encore plus forte. Les Etats-Unis qui pensaient que les exportations vers la Chine de produits américains permettraient de supprimer ses déficits extérieurs se sont retrouvés avec des déficits encore aggravés.

Le triomphe communiste chinois a été total. Le régime a réussi son pari de justifier sa terreur par ses bons résultats, alors que la gauche française  ne cesse d’expliquer que la seule justification du capitalisme « est ses bons résultats pour la classe ouvrière ». Il fallait simplement remplacer capitalisme par « communisme parasitaire accroché au capitalisme mondial » pour être dans le vrai. Du coup, aucune des évolutions attendues vers plus de liberté et plus de rapprochement avec le modèle occidental ne s’est produite. Au contraire, comme on pouvait s’y attendre, la Chine utilise sa nouvelle puissance pour s’imposer dans le concert mondial et faire plier ses voisins à ses vues.

Ajoutons au livre les développements les plus récents : Il y a quelques jours, la Chine participait à des manœuvres dans le golfe persique avec l’Iran et la Russie, au même moment où elle réduit les habitants de Hong Kong à quia.

Les yeux ne se sont décillés que tard et partiellement aux Etats-Unis. Les études américaines ont fini par faire droit à quelques idées évidentes : la Chine totalitaire n’a respecté aucune des règles de l’OMC et les Etats-Unis ont perdu leur influence dans le processus multilatéral de cette institution. Le vol des brevets a continué sans limite et l’obligation de sociétés mixtes a permis de récupérer toute la technologie occidentale qui passait par là. Les achats d’Etat faits avec les dollars accumulés ont tous été léonins : « on vous achète mais vous transférez la technologie ». L’économie de la Chine n’est toujours pas une « market economy » au sens de l’OMC. Le rôle de l’Etat et du parti est écrasant et la sécurité juridique est nulle. La finance locale est entièrement contrôlée par l’Etat et ne finance que des plateformes d’exportation. La consommation interne est négligée. On mobilise partout des paysans pour en faire des ouvriers à bas prix.  Les considérations raciales jouent comme le montre l’exemple récent du travail forcé des musulmans.

L’illusion aura été qu’une dictature meurtrière, ayant commis les pires massacres de la seconde partie du XXème siècle, dont l’atroce génocide des paysans lors du Grand Bond en Avant, les crimes de masse de la Révolution Culturelle et le massacres des étudiants de Pékin sur la place bien connue, jouerait selon les règles. Le marché intérieur a été largement fermé. Tout l’effort a porté sur une politique mercantiliste de captation de la richesse occidentale pour la mettre au service du Parti Communiste Chinois et servir des intérêts nationaux et socialistes. Face à une telle dictature, que compte l’OMC ?

Il est facile de comprendre que la déloyauté chinoise n’est pas accidentelle. On s’est illusionné par cupidité en croyant qu’un état de droit et une compétition honnête était possible en Chine. L’Etat Chinois a partout imposé un partage de technologie avec possibilité ultérieure de concurrencer le fournisseur. Il a maintenu une offre de travail artificiellement peu coûteuse et l’a spécialisée dans la capture de l’industrie mondiale.

Les effets macroéconomiques du mercantilisme chinois ont été tragiques. Il a entrainé une déflation continue en Occident, aggravée en Europe par la création de la zone Euro. Il a poussé à un gonflement sans limite de la création monétaire artificielle et sans autre objet que la spéculation faute d’opportunité d’investissement dans les pays déficitaires. L’apparente contradiction entre déflation salariale et inflation monétaire n’en est pas une. Si, par la disparition de près du quart de l’industrie occidentale, vous maintenez des salaires très bas et si votre compétitivité est constamment mauvaise, les prix des biens de consommation ne peuvent pas monter. Au contraire ils baissent. En valeur de référence (panier de biens rares), la baisse est très forte. Comme la monnaie perd toute valeur, les prix en valeurs faciales ne donnent pas l’impression de baisser mais les produits qui sont incorporés dans la valeur de référence montent prodigieusement. Voir l’or, les terres rares et l’immobilier de grandes villes.

Il est impossible de s’adapter à une telle pression. Détruire les systèmes sociaux issus de l’après-guerre de 40 n’est pas une solution acceptable.  Les conséquences politiques sont commentées aujourd’hui tous les jours. Les « élites » qui ont laissé faire ce massacre industriel sont perdues de réputation. Les grandes entreprises qui avaient cru triompher dans la mondialisation et qui sont désormais en difficulté face à leurs concurrents chinois, qui ne jouent pas avec les mêmes règles, en reviennent.

Dès le TFTEA du temps d’Obama, les Etats-Unis se préparent à une contre-attaque. C’est Trump qui la mène devant, à la fois les excédents démentiels chinois et la fermeture de facto de leur marché intérieur. Mais il réalise que les Chinois ont du répondant. Il est tard, peut-être trop tard. Les réserves chinoises en dollars se comptent en millier de milliards. Elles permettent d’acheter des bonnes volontés un peu partout.

Le projet de route de la soie est la confirmation que Pékin ne souhaite qu’une chose : maintenir sa domination dans les exportations, sans faire droit à sa demande intérieure. L’argent afflue hors de Chine dans des zones ciblées qui craquent facilement. Des pays ruinés par la concurrence chinoise accepte qu’on investisse sur leur sol sans se soucier de comprendre que cela va aggraver cette situation !

La situation devient intolérable sur tous les plans, moraux, sociaux, économiques et politiques. Même l’Allemagne est obligée de se fâcher quand elle constate que les Chinois utilisent leurs immenses réserves pour tenter d’acheter les perles de son Mittelstand.

En manipulant sa monnaie, la Chine peut contrer les taxes américaines qui n’ont aucun effet sinon de rendre les économies occidentales plus fragiles. Big business craint la récession. Les articles intéressés se multiplient, expliquant que contrer la Chine est un combat perdu d’avance, que taxer les exportations chinoises perturbe les exportations américaines, que les excédents sont un signe de noble compétitivité, etc.

Des personnages stipendiés jouent à fond la carte chinoise. On le voit avec Raffarin en France. Beaucoup font semblant de croire que les objectifs de l’entrée de la Chine dans l’OMC progressent. Mais non. Xi joue la même carte violente et truquée indéfiniment. Il craint d’être viré des marchés mondiaux. Alors il pratique la séduction adossée à ses réserves et montre ses dents militaires. Trump n’a pas de réponse. Il annonce en ce début d’année un accord réglant toutes les questions en suspens. Ce n’est qu’une nouvelle illusion, si ce n’est pas qu’un minuscule calcul électoral.

Sur tous les sujets Trump a facilité le diagnostic et compliqué la solution. L’Iran, la Russie, la Turquie, la Chine, la Corée du Nord s’amusent presque à montrer son indigence stratégique, tout en espérant que la force réelle des armes américaines ne se déclenchent pas vraiment. Et tout le monde se fiche du diagnostic. L’affaire Suleiman (l’assassinat ciblé d’un général des gardiens de la révolution iranienne par un drone américain) montre que les illusions sont partout et que la puissance américaine n’est pas un vain mot.

L’Europe est totalement absente. L’Allemagne qui pratique la même politique mercantiliste que la Chine ne peut pas la condamner. Elle lui vend machines et voitures. L’Europe n’existe plus dans la géopolitique mondiale. La France s’enfonce dans le bourbier des grèves politiques et des manifestions de « Gilets Jaunes ». Elle se débat entre déficits intérieurs et extérieurs, dettes et chômage. Elle est devenue l’exemple repoussoir d’un leader mondial de la fiscalité abusive avec un niveau de criailleries gauchistes qu’on ne trouve plus guère que dans certains pays d’Amérique du Sud travaillées par le castrisme et le révolutionnarisme bolivarien.

Toutes les monographies ont le même inconvénient. Au bout de l’effort, l’auteur finit par tenter de tout expliquer par son thème majeur.  Souvent en outrant les raisonnements. L’auteur n’a pas de vision globale des difficultés économiques depuis l’été 1971. Il n’a pas de théorie générale de la crise. L’affaire de l’intégration de la Chine dans l’OMC est un sous phénomène dans un phénomène plus large qui n’est pas analysé. C’est au moment de trouver des solutions que la carence apparaît nettement. Que faire ?

L’auteur considère qu’il suffirait d’imposer à la Chine de pratiquer les changes flottants pour que cela aille mieux.  Il ne comprend pas que le non-système monétaire international, imposé par les Etats-Unis et qui lui a permis de participer à la grande fête des fonds de placements, est basé sur l’idée que « tout le monde fait ce qui veut et que le meilleur gagne », sachant que l’alimentation en dollars du monde suppose des déficits américains et donc des excédents quelque part. Le mercantilisme chinois n’aurait pas été possible en régime de changes fixes et ajustables sous surveillance du FMI quand les grands déficits et les grands excédents étaient proscrits. Les Etats-Unis n’ont pas voulu accepter cette contrainte et ont fait sauter le système. Ils s’aperçoivent que les Allemands et les Chinois après les Japonais, les Coréens et quelques autres ont fini par leur tailler des croupières.  La fin des systèmes de « socialisme réalisé » a considérablement aggravé les choses en empêchant de réguler le rattrapage. 

Paterson ne comprend pas la dimension monétaire globale de la crise et sans réforme du système monétaire international, il n’a pas de solution autre que d’exclure la Chine au prix d’une récession mondiale forte.

Son livre est une lecture indispensable, puisque ce sujet n’a fait jusqu’ici, à notre connaissance, l’objet d’aucune enquête aussi fouillée. En révélant indirectement l’effondrement géopolitique de la France, et la mort de la réflexion globale des journalistes de la PQN et des élites universitaires, il rend spécialement service aux Français.  En montrant que l’Euro a aggravé les choses, il est également fort utile.

Malheureusement il démontre aussi que les meilleurs esprits anglo-saxons n’ont toujours pas compris les méfaits du système des changes flottants et qu’il n’y aura pas de solution aux effets tragiques justement soulignés des excédents chinois sans retour à un système organisé des changes et des relations commerciales. Monnaie et commerce sont les deux faces d’une même réalité. 

En laissant la monnaie aux banques centrales et le commerce à l’OMC, on a créé une fausse dichotomie ingérable. Il n’y a pas de bon commerce sans bonne monnaie. Et réciproquement.

Et il n’y a pas de bonne coopération économique possible avec une dictature socialiste génocidaire.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

  

 

 

 

 

 

 

Un SCHEMA explicatif fondamental

Comprendre l'actualité économique et politique

Le graphique qui explique tout

 

Ce schéma n’est pas une statistique mais une approche de ce qui s'est passé depuis l’effondrement des accords de Bretton Woods en été 71. La référence, base 100 dans le graphique et ligne rouge, est la valeur d’un panel de biens dont la valeur est sinon stable du moins représentative d’une certaine permanence. À 50 %, on retrouve la valeur du m2 moyen dans cinq grandes villes du monde (New York, Tokyo, Londres, Paris et Shanghai). Les autres 50 % sont constitués d’or, de diamant, de terres rares et de pétrole. Les autres courbes sont bien connues. On a pris celles de la France depuis 1971. Après avoir été lissées par moyenne mobile sur dix ans, elles ont été réduites à une ligne droite et déflatée par l’indice de référence.

On voit apparaître l’évolution des courbes en « valeur stable de référence » (VSR) et non en monnaie. Les résultats sont spectaculaires et surtout expliquent bien des évènements actuels.

La monnaie : la valeur de la monnaie s’est effondrée. Le Franc (puis l’Euro) a perdu presque 97 % de sa valeur en VSR, comme le Dollar et pratiquement toutes les monnaies administratives.

Les prix : Les prix ont baissé plus vite que le revenu. Ce qui veut dire qu’il y a eu hausse du pouvoir d’achat apparent mais une baisse forte en VSR qui n’est pas perçue, les gens raisonnant en monnaie courante.

Les impôts : La fiscalité a cru plus vite que le revenu, ce qui a entraîné une régression fréquente du revenu net disponible. En s’accrochant au patrimoine des assujettis, l’impôt des personnes payant l’ISF a pu dépasser 100 % de leur revenu, ce qui était intenable à terme.

La dette : La dette en VSR a baissé compte tenu de l’effondrement de la valeur de la monnaie mais elle a cru plus vite que la fiscalité, et que le revenu. Les classes moyennes ont maintenu leurs dépenses par l’endettement, comme l’État.

Les gros patrimoines : étant investi largement en valeurs de référence, la valeur patrimoniale des très très riches n’a pas baissé en VSR.

Le luxe : le très grand luxe, comme toujours, a fui devant la fortune.

Les champions de la mondialisation, propriétaires d’entreprises mondialisées, ont vu leur patrimoine s'accroître, même en VSR

Quatre points spectaculaires : la baisse relative du niveau de revenu par rapport à l’immobilier ; la baisse du revenu moyen par rapport au patrimoine des « vainqueurs de la mondialisation » : le rôle phénoménal de la dette ; la hausse déraisonnable de l’impôt par rapport au revenu.

Une fois ce tableau en tête, on peut mieux analyser et les causes et les conséquences de ces évolutions.

La cause principale : La conjonction de l’effondrement du communisme et d’un système monétaire international déséquilibré.

Le système mis en place après 1971 (change flottant et liberté du commerce international) a permis à la Chine et aux autres pays sortis du communisme de rejoindre la mondialisation, sans aucune contrainte d’équilibre commercial. L’effet négatif sur le revenu a été massif dans les pays développés, alors que la mondialisation permettait aux gros salaires liés à la mondialisation de se maintenir. En faisant sauter l’obligation de maintenir des comptes équilibrés, les changes flottants ont permis à la Chine d’accumuler des excédents monstrueux alors que le système de Bretton-Woods aurait imposé une réévaluation. Le recyclage de ces excédents a provoqué une hausse phénoménale de l’endettement et l’effondrement de la valeur de la monnaie. Les crises à répétition liées également aux défauts des changes flottants, ont entraîné des dépenses d’état qui ont été payées par l’impôt et la dette.

Il faut ajouter l’effet de l’irrédentisme musulman et sa tentation terroriste, associée à sa longue maîtrise des puits de pétrole qui a naturellement eu un effet sur la croissance par la hausse induite du coût de l’énergie.

Les conséquences deviennent lisibles.

Lorsque, au moment des manifestations des Gilets Jaunes, on entend : « avant on était pauvres mais on s’en sortait maintenant c’est fini », cela tient à la hausse globale de pression fiscale (aggravée par la violence administrative et l’extension sans fin des mesures bureaucratiques coûteuses et dont l’effet n'est jamais évalué) et à la difficulté de se loger compte tenu du prix relatif de l’immobilier.

Les salariés ne parviennent plus à payer leur loyer sur leur revenu. Ils doivent donc emprunter à mort et les taux négatifs répondent à cette exigence.

En vendant leurs biens immobiliers pour des résidences plus modestes ou en région, les retraités disposant préalablement d’un patrimoine sont parvenus à s’en sortir. La chute de la natalité induit que les héritages sont relativement plus positifs s’ils sont en biens stables en VSR. Ils permettent aux héritiers une certaine aisance de consommation, compte tenu de la baisse des prix en VSR. Du coup les fiscalistes socialistes étatistes s'excitent à l’idée de leur piquer cet « avantage » dans la décrépitude générale.

L’extension du « populisme », c’est-à-dire du rejet des élites par la classe moyenne, tient au fait que la hausse relative du revenu par rapport au prix, une fois déduit les impôts et les frais incompressibles, est très faible pour les petits revenus. Savoir que les classes moyennes des pays ex-communistes se sont fortement enrichies les laisse parfaitement indifférent.

Ajouter à des perspectives de restriction à la croissance et à la mobilité, une politique de dépenses publiques nouvelles indéfinies avec des hausses fiscales associées gigantesques ne peut que provoquer que des réactions violentes de rejets. Tout le monde a compris que le bonneteau fiscal auquel s’amuse le gouvernement n’est pas une vraie baisse, la dépense publique augmentant plus que le revenu moyen. Une perspective de baisse massive des retraites ajoute nécessairement à la peur et à la colère. Plus personne n’a de perspectives positives.

La gauche fiscaliste, bureaucratique et antinationale, qui accepte des règles de mondialisation qui ne protègent pas, n’est plus admissible pour la classe ouvrière et les classes moyennes, notamment dans les zones en déclin structurel. Son adhésion à la dépression écologique aggrave les choses.

La droite mondialiste, celle qui n’a aucune explication des crises et aucune politique pour les prévenir, et qui laisse la concurrence ruiner le revenu des classes moyennes, tout en acceptant de céder la souveraineté à l’Europe en externe et à la bureaucratie énarchique à l’intérieur, n’est plus écoutée.

Le « macronisme » qui a été vu par une droite menacée et une gauche en désarroi comme une manière de protection contre le populisme de droite et de gauche n’a pas de solution. Il a provoqué une crise de confiance majeure en n’ayant aucune vision extérieure, et aucune prise en compte des causes fondamentales de la crise structurelle de la mondialisation démarrée en 1971 (au contraire, on se fait botter le c… par les États-Unis sans réagir) et en aggravant les mesures bureaucratiques violentes et coûteuses, tout en inquiétant l’ensemble des Français sur un projet de retraite d’inspiration bureaucratique et qui noie le poisson des vraies inégalités, dans un océan incertain et anxiogène de régression à long terme.

En raisonnant en VSR en non plus en monnaie courante, la situation s’éclaire avec une netteté frappante, aussi bien sur le terrain politique qu’économique et social.

 



Comment on a démoralisé les Français

Nous sommes sur le chemin d’un nouvel échec majeur d’un couple d’Enarques. Après Giscard-Chirac, après Chirac-Juppé, voici Macron-Philippe !

Intelligents, bien formés aux questions politiques et de management d’un Etat, bien intentionnés, propres sur eux et sans convictions politiques partisanes trop marquées, calés sur la recherche du bien commun bureaucratique, interchangeables dans toutes les configurations politiques dites « responsables », les Enarques qui ont choisi la carrière politique ne parviennent pas à comprendre pourquoi et comment ils se plantent lamentablement avec une si belle régularité, avec des conséquences si pénibles pour la nation.

 L’Enarque Minc l’a dit ce matin : Philippe, au sein d’un discours formidable, a fait une erreur inadmissible. Il a parlé « d’âge pivot » franchissant une « ligne rouge » syndicale qu’il fallait absolument respecter. La langue fourche et patatras. La CFDT non élue doit diriger le pays ? Non ! Mais il faut farder, ruser, faire de la sémantique etc.

Il nous semble que l’explication est tout de même un peu plus profonde que çà.

Premier repère : les trois échecs viennent après trois crises économiques graves. La récession de 73-74, celle de 92-93 et en fin celle gravissime de 2008 -2009 forment le décor des trois échecs. Malheur circonstanciel et fortuit ? Non : les crises étaient toutes les trois évitables. A-t-on entendu un mot des trois couples cités expliquant la cause des crises, désignant les responsables, et définissant les lignes d’une correction possible des erreurs fâcheuses qui les ont provoquées ? Jamais. Nous prétendons ici qu’il s’agit d’une faute impardonnable. Ces crises sont la cause première de tous les désordres qui frappent le pays. Ne pas tenir un discours crédible sur les causes des crises à répétition qui ont ravagé le pays et ne rien proposer de crédible pour y mettre fin signent le caractère illégitime et artificiel des équipes qui se déclarent dirigeantes et qui ne dirigent rien. Les « élites » politiques, qui se positionnent comme capables, offrent le constat qu’ils sont impuissants, donc incapables.  

Second repère : les trois échecs surgissent après trois séquences de trahison. Chirac trahit les siens et Giscard trahit son projet en humiliant Chirac. Chirac se présente comme le réducteur d’une fracture sociale et l’homme capable de mettre fin aux excès du socialisme destructeur, et il trahit toutes ses paroles. Avant lui Balladur avait aussi trahi sa parole en trahissant Chirac. Juppé lui trahit le gaullisme pour faire entrer le centrisme en force dans le mouvement. Macron trahit Hollande pendant que Philippe trahit son camp. Le pays profond constate les dégâts et s’emplit d’un mépris qu’on ne veut pas voir ni explorer, naturellement, mais qui devient himalayen.  Ces écuries d’opportunistes sont non seulement des incapables mais ils ne s’intéressent qu’au pouvoir présidentiel et aux postes et se permettent toutes les trahisons.  A la démoralisation économique s’ajoute la démoralisation politique.

Troisième repère : les trois échecs s’imposent après des hausses délirantes de la fiscalité. Le septennat de Giscard aura été un septennat purement fiscal. La TVA, les plus-values, la fin du forfait, la hausse de tous les taux et l’extension de toutes les assiettes forment le décor de l’échec giscardien. L’échec de Chirac-Juppé provient après une bordée de hausses fiscales impulsées par Rocard et que Juppé entend aggraver.  L’échec de Macron-Philippe suit les hausses imbéciles du quinquennat Hollande et le triomphe de l’énarchie qui a fini par faire de la France le premier pays du monde pour les impôts et les prélèvements. Macron propose un jeu de bonneteau démagogique plus qu’une véritable réduction. A la démoralisation économique et la démoralisation politique s’ajoute la démoralisation fiscale.

Quatrième repère : Les trois échecs viennent à la suite de concessions qui réduisent l’indépendance nationale gravement. Giscard va faire des effets de maillot de bain autour d’une piscine à Kingston en même temps qu’il cède tout aux américains qui imposent l’étalon dollar et la financiarisation excessive du monde, tout en annonçant que la France, moyenne puissance, doit s’effacer dans l’Europe. La suite montrera qu’il voulait une vraie disparition nationale de la France.  Chirac renonce à bloquer l’évolution vers l’Euro qui est un abandon national majeur qui interdira à la France toute autonomie économique, diplomatique et politique et qui la mettra dans la dépendance totale de l’Allemagne, elle-même dans la dépendance totale des Etats-Unis. Macron crie « Europe, Europe, Europe », comme un cabri, et annonce une forte augmentation de la fiscalité européenne au moment même où le Royaume-Uni cesse de contribuer… A la démoralisation économique et la démoralisation politique et la démoralisation fiscale s’ajoute la démoralisation nationale.

Cinquième repère : les trois échecs proviennent après que les dirigeants ont prouvé leur volonté de rester dans le cadre d’un socialisme burlesque, démagogique et à contre-courant. Pas d’ennemi à gauche ! Ce socialisme de fond s’accompagne d’un goût éhonté pour la bureaucratie qui envahit tout à des niveaux jamais vus. Giscard fausse toute l’économie du bâtiment par une efflorescence des règles totalement ahurissantes. Le droit du travail sous Chirac-Jospin devient un traquenard, Chirac faisant savoir que Jospin est son meilleur premier ministre. Les lois kilométriques de Macron et leur génuflexion devant toutes les exigences des comités Théodule empoisonnent le pays. La surgescence d’une contrainte écologique débilitante, à laquelle on cède aussitôt aggrave les choses. Il devient impossible d’agir et de réussir en France, pays où tout est interdit et où toute réussite est vilipendée à des niveaux qui n’ont été atteint qu’en Union Soviétique. A la démoralisation économique et la démoralisation politique et la démoralisation fiscale et la démoralisation nationale s’ajoute la démoralisation individuelle : je n’ai plus d’espoir de réaliser une vie pleine car le socialisme tue la « vie des autres » et aussi la mienne.    

En France, le moi et le surmoi sont atteints, corrodés jusqu’à la racine.

Les Gilets jaunes ont fait passer le message : « Macron tu es un guignol. Tes impôts, tes règlements, tes amendes tu peux t’asseoir dessus. » Jupiter est descendu de son rêve pour causer au peuple comme un Fidel Castro d’opérette. Les syndicats font passer le message : « Macron tu es un guignol. Tes réformes tu peux t’asseoir dessus ». Les très riches sont partis et n’ont pas l’intention de revenir. L’Europe lui a signifié : rien à faire de tes bouffonneries.  Les Etats-Unis frappent la France à coups redoublés.

La France était un pays à l’arrêt avant même que des voyous décident de le bloquer radicalement. Plus d’enfants, plus de qualité, plus de compétence, plus de services publics, plus de langue, plus de respect pour rien. Un effondrement pratiquement total qui nous voit rejoindre le niveau d’un pays du tiers monde dans l’ébahissement de nos amis étrangers qui voient l’exemple français disparaître dans un marécage méphitique.

Le Français, né malin…

« Il pleut de la boue »

On connaît la phrase de Luther : « Es regnet drecks », traduit généralement par : « il pleut de la boue ». Tout ce qui tombe du ciel n’est pas toujours sanctifié ! Pour ceux qui ont connu, en Europe centrale, la double ignominie du nazisme et du communisme, l’expression était d’une banalité quotidienne. La violence et la rancune, la haine et la bêtise, la bassesse et l’envie, sont les composantes de cette boue collective.

Ventilées par le vent mauvais d’une crise économique ouverte en 1973 et qui n’en finit pas, ces réactions méphitiques emportent l’ambiance en ce début de mois de décembre 2019. Il « pleut de la boue en France », plus que jamais.

Dîner, il y a quelques jours avec un préfet en fonction. L’état de la France est présenté comme catastrophique et aux limites de l'incontrôlable. L’effondrement de la Justice et de l’école, allié à la crise économique, entraîne la République dans les abysses.

Les « territoires perdus de la République » sont déjà passés à autre chose. Devant des crimes et des délits, la justice a choisi de ne plus sévir. Par idéologie, en partie. Par manque de moyens d’incarcération. En partie. Mais surtout désormais par peur. On ne veut plus réprimer de peur de l’embrasement et les voyous sont armés. Il y a des dizaines de milliers d’armes dans ces territoires dont beaucoup de Kalachnikov. Et la peur de la police a disparu. Le juge déclare routinièrement au prévenu : « Est-ce que vous savez que vous risquez 15 ans de prison pour vos actes ? Je vous condamne à 2 ans ». Et le condamné ne fera pas de prison. En revanche la profession se défoulera sur un Balkany qui sera condamné pour crime de fraude fiscale à 5 ans ferme et pour recel de fraude fiscale à également 5 ans ferme. 10 ans pour la même faute, découpé en deux. Alors la police a des ordres. Laissez faire les rodéos. Ne cassez pas les trafics. Ne réprimez pas les Barbus. Laissez la drogue financer le djihadisme. On déverse des subventions indécentes à de fausses associations qui sont de vrais nids de délinquants. La paix sociale, la paix sociale. Envoyez le mol édredon. Alors aujourd’hui que d’autres secteurs se sont mis en branle, on panique que les fameux territoires entrent en sécession violente. Car on n’a pas les moyens de faire face.

Les « Gilets jaunes » ? Personne n’a vraiment voulu vraiment en étudier la sociologie. Ce sont tous des petits patrons, des indépendants, des salariés du secteur public, des femmes isolées qui ne vivent que de subventions, des Rmistes professionnels. On a parlé de l’essence, des amendes, de la perte de services publics. On a oublié un détail : tout ce petit monde vit à crédit et ne se prive en fait de rien. La « télé gilet jaune » est un concept un peu particulier mais couvre une réalité que tout le monde connaît : on achète à crédit les plus gros modèles de télé. Parce qu’on le vaut bien. Et à crédit. La « voiture gilet jaune » est presque toujours un SUV. Qu’on regarde les modèles à succès de Peugeot. Parce qu’on le vaut bien et à crédit. Si vous touchez au prix de l’essence, à la vitesse, aux amendes, aux impôts, dans un monde à la limite du surendettement vous créer une réaction terrible. Avec des gens qui veulent vous faire la peau.

Les privilégiés des services publics ? Tous savent que leur situation est totalement anormale et qu’ils vivent en parasites sur le dos d’un pays ruiné par la crise et les années Giscard-Mitterrand. Ce parasitisme était toléré tant que le salaire moyen dans ces secteurs était fortement inférieur aux salaires du privé. Mais lorsque sous l’influence d’un côté, de la crise économique larvée de longues durées qui a frappé d’abord les salariés du privé, et de l’autre du socialisme mitterrandien et de l’ivresse de « l’énarchie compassionnelle », les rémunérations publiques ont commencé à dépasser puis à larguer les rémunérations privées. Alors que tous les services publics sombraient, la tolérance à l’abus a brusquement cessé. Le vieillissement a aggravé les choses. Tout le monde voit bien qu’un retraité de la RATP gagne trois à quatre fois plus qu’un retraité moyen du secteur privé, alors qu’il a cotisé beaucoup moins, avec une retraite beaucoup plus longue. L’injustice est radicale. Mais on a accepté de ne pas réprimer le détournement de pouvoir de syndicats qui utilisent les biens publics mis à leur disposition pour les retourner contre la nation. Comme on a tout cédé récemment aux Gilets Jaunes, les syndicats du secteur public veulent leur revanche et sont prêts à aller loin probablement jusqu’à l’insurrectionnel pour qu’on les prenne aux sérieux. Ils savent qu’il n’y aura pas de répression.

Il ne manque au tableau que l'insurrection des banlieues.

Si cela part sur les trois fronts, notre préfet est formel. On ne sait pas faire.

Alors il faut souhaiter qu’il ne pleuve que de la boue.

 

Un cycle infernal français : démagogie, dépenses publiques, dettes, communication niaiseuse,

reprise des dettes

Belle négociation à la SNCF, il y a quelques mois, qui se termine par… la reprise de la dette de la SNCF.

Belle négociation avec les hôpitaux publics français qui se termine par… la reprise de la dette des hôpitaux publics.

La SNCF se prépare à une grève désastreuse, début décembre, ce qui créera de la dette alors qu’on vient de reprendre la précédente.

Nul doute que le procédé sera le même dès que le gouvernement aura bien cédé sur tout aux syndicats de la santé publique.

Le caractère particulier de l’affaire hospitalière est qu’on avait dit aux dirigeants d’hôpitaux publics : « soyez responsables ! L’argent public n’est pas infini. Il importe que vous assuriez la cohérence entre besoin et ressources, sachant que le niveau de ressources que nous vous garantissons est parmi les plus élevés du monde ».

Dans ce cadre, certains hôpitaux ont été très bien gérés et d’autres ont laissé filer leurs dettes sans vergogne, considérant qu’ils n’avaient pas à se laisser impressionner par la peur du qu’en-dira-t-on des instances politiques, qui en France sont les mêmes que les instances administratives.

En reprenant les dettes des mauvais gestionnaires, Emmanuel Macron ridiculise les bons et signe la déresponsabilisation totale des dirigeants de la sphère médicale. Simultanément il se moque des contraintes globales qu’impose un trop haut taux de dettes nationales. Il s’abaisse ainsi au niveau d’une Hidalgo et des équipes qui ont porté la dette à Paris à 7 milliards d’euros en attendant mieux, tout en doublant la pression fiscale locale. Pourquoi se gêner ?

La France continue de se laisser aller à la pire démagogie tout en ne réglant aucun problème de fond, une stratégie qui lui a permis de devenir championne du monde des prélèvements tout en voyant la totalité de ses services publics sombrer dans la déréliction.

Les causes des difficultés du service public des hôpitaux sont faciles à comprendre et toute l’action de communication des pouvoirs et des médias consistent à éviter de les voir. Pourquoi ? Parce qu’elles impliquent des politiques dont on se sent incapables, soit parce qu’elles nous échappent, soit parce qu’on ne veut pas les mener.

Première vérité : les ressources du secteur de la santé dépendent directement de la prospérité du pays. Un pays qui va de crise en crise, qui n’est plus compétitif et qui n’a plus de poids pour provoquer les changements globaux qui sont nécessaires, qui est gangrené par des prédations massives a, nécessairement, dans un contexte de vieillissement et de technicité accrue des traitements, un drame à gérer.

Pour l’éviter, il faut avoir une politique macroéconomique de croissance c’est-à-dire d’abord exiger des réformes lourdes dans le système mondial et européen des monnaies et des échanges. Des crises telles que celle de 2008 et 2011 sont totalement destructrices. Pas de santé publique saine sans économie globale saine. Une des fautes de l’Enarchie Compassionnelle qui nous dirige depuis 50 ans est d’avoir baissé pavillon dans ce domaine macroéconomique. Les changes flottants et la monnaie unique sont des échecs sanglants, mais il ne faut JAMAIS en parler ni rien proposer. Si les besoins croissent de 2 à 4 % par an et les ressources globales de 1.2 à 1.5 %, vous aurez mécaniquement une difficulté gravissime à surmonter. On ne peut pas sortir de cette réalité : une médecine de plus en plus coûteuse suppose une croissance rapide des revenus globaux, afin de consacrer les sommes nécessaires la stabilisation et l’extension des progrès médicaux. Il n’y a pas de décroissance heureuse dans le domaine de la santé publique !

Seconde vérité : les causes internes de la crise des hôpitaux proviennent principalement de décisions politiques intenables qu’on ne souhaite pas remettre en cause.

-          Gratuité des soins et de plus en plus de la périphérie des soins (transport, hébergement, etc.).

-          Bureaucratie gigantesque et hypercentralisation provoquant des rigidités insurmontables

-          Réduction massive de la durée de travail des personnels médicaux

-          Omnipotence des syndicats et disparition d’une vision sacrificielle des métiers médicaux issue du temps où on soignait autant la détresse et la misère (morale, sociale, physique) que la maladie.

-          Envahissement par des « patients » étrangers

-          Absence de médecin du fait du numerus clausus

-          Disparition de la médecine de dispensaire

-          Réduction de la médecine de ville

Nous avons abordé souvent le thème de la destruction sociale par la gratuité. Les politiques publiques de gratuité, sauf dans des cas très précis et fort peu nombreux, aboutissent nécessairement à la répression de l’offre et de la demande, et au mécontentement général, car les ressources gratuites conduisent automatiquement à des gaspillages terrifiants et non finançables.

La bureaucratie française est sans limite. Nous avons, en matière de santé publique, un système soviétique, avec tous les défauts d’un système soviétique

La réduction, d’en haut, de la durée de travail hebdomadaire a tué l’hôpital français. Cela a été prouvé par mille études. Elle a été aggravée par le laxisme en matière d’absences et la féminisation massive du corps médical (arrêts maternité – Obligations maternelles – approche du métier différente) . La retraite trop précoce a fini le travail.

La syndicalisation a provoqué une forme de cogestion basée sur l’interdiction d’interdire et de diriger fermement. Elle permet les mobilisations massives et les luttes collectives pour arracher toujours plus d’avantages à un État dirigé par des fonctionnaires qui lâchent tout systématiquement.

L’envahissement de notre système par des prédateurs étrangers a trop fait débat pour insister ici, sauf pour dire que ceux qui savent, savent que c’est bien pire que tout ce qui a été avoué par les médias. Le système bureaucratique de la santé a un intérêt objectif à servir gratuitement n’importe qui pour obtenir plus de revenus et plus de moyens. L’envahissement se fait avec la complicité assez générale des médecins publics et des ARS.

Le numerus clausus est une des nombreuses sottises de Giscard. Cette décision est fondée sur un double calcul : pour les médecins, la réduction de l’offre permet de maintenir de hauts revenus ; pour la SS, cela permet de contenir les actes vus comme à la discrétion du médecin : une forme de répression du producteur par euthanasie ! Ce genre de mesures a toujours des conséquences désastreuses. Elles sont pleinement visibles.

La notion de dispensaire était très importante : elle permettait de « dispenser » une médecine aux catégories les moins fortunées, ou spéciales, dans des conditions de coût et d’exercice adaptées. Par idéologie on a voulu un accès généralisé à une médecine « bourgeoise » uniforme. Le résultat se voit aux Urgences.

La médecine de ville a été ruinée par différents dispositifs globaux ou spécifiques. Deux exemples auxquels on ne pense jamais : le blocage de la circulation à Paris, associé à une tarification indigne, a fait quasiment disparaître la médecine à domicile. La hausse prodigieuse des coûts immobiliers par rapport aux honoraires médicaux empêche l’installation de cabinets médicaux en ville. Paris est devenu un désert médical !

Comme on le constate, chacune de ces réalités a été construite par les politiques. Personne ne veut réellement corriger ces constructions désastreuses comme on l’a dit soit par impuissance soit par démagogie.

Ce naufrage ne nous permet pas d’aborder de façon raisonnable les deux évolutions très favorables que sont le vieillissement et le meilleur traitement des maladies et des malades. Atteindre 80 ans en bonne santé, cela aurait fait rire en 1950. Aujourd’hui, plusieurs milliers de personnes de plus de 90 ans conduisent encore leur voiture !

La technicité entraîne des coûts aggravés au fur et à mesure que de nombreuses maladies deviennent l’objet d’un traitement. Les traitements s’améliorent avec parfois des médicaments extrêmement chers. En sens inverse, la démographie baisse et la prévention réduit des risques qui étaient auparavant très présents. Mais de façon très inégale avec parfois des remontées brusques dans certaines pathologies. La chronicité pose un défi supplémentaire puisque certains traitements vont accompagner un « malade » pendant 20 ou 40 ans.

L’avenir est donc à la fois très prometteur (dans ses résultats) et très préoccupant (dans son mode de production et de financement).

Une bonne maîtrise de la santé publique suppose d’abord une bonne économie générale, un état non prédateur qui n’étouffe pas la croissance et une gestion quotidienne souple et correctement financée.

Si, dans le monde entier, et spécifiquement en Europe, de mauvais systèmes monétaires provoquent des crises à répétition, si, comme en France, les erreurs économiques s’accumulent et si l’organisation des soins est soviétisée, alors le système de soins se dégrade, accumule dettes et déficits, traite de moins en moins bien et s’effondre doucement mais sans fin.

On observera que la dégradation ne provient pas au premier chef du personnel hospitalier même si des mutations démographiques compliquent les choses.

Des évolutions, qui auraient été indolores à un rythme lent, deviennent des casse-tête à un rythme élevé. Comme le disait récemment un ami chirurgien, « la probabilité d’être traité par un noir, un Arabe, un étranger ou une femme devient très grande, pour la même raison que les curés sont désormais noirs dans l’Église catholique française ! Cela ne change pas nécessairement les traitements, mais sûrement le climat général et surtout la confiance des malades ». Une partie de la clientèle des hôpitaux publics fuit vers des cliniques privées, exactement comme une partie des Français privilégient les écoles privées. Alors qu’en vérité les difficultés de recrutement y sont exactement les mêmes, du fait du profil de la démographie française.

Il faut en finir avec la gratuité totale, c’est-à-dire le transfert sur la collectivité des dépenses individuelles. Le petit risque ne doit pas être couvert à 100 % si on veut que le gros risque reste accessible au plus grand nombre. Sauf cas rares, il appartient à chacun de gérer ses transports. Créer un service national de gratuité des transports hospitaliers est une folie furieuse. Mieux vaut financer un scanner que l’accès gratuit à l’hôpital par taxi pour tous ! Arrêtons le misérabilisme. Les maladies au long cours genre diabète 2 ne doivent pas être remboursées à 100 %. L’étranger doit faire financer par son pays l’accès au soin en France, sauf lorsqu’il cotise à un système français. La prévention doit être une priorité nationale. Il n’est pas choquant que les assureurs paient en totalité les soins associés aux accidents, et qu’il y ait un malus pour les intoxiqués (fumeurs de substances diverses, alcooliques, etc.).

Si on déclinait l’ensemble des mesures de ce genre on aboutirait à des économies comprises entre 50 et 80 milliards d’euros par an. Ce n’est pas rien.

Mais c’est surtout par une réorganisation du système que les gains les plus importants seraient faits.

Quelqu’un qui se présente aux urgences pour avoir un certificat médical ou une consultation doit être systématiquement éjecté des urgences hospitalières. Il faut séparer les urgences « maladie » et les urgences « blessures » ou « crise », où le patient ne tient pas debout, qui ne peuvent pas se gérer de la même façon.

En Suisse, dans une station de sport d’hiver, vous n’allez pas aux urgences pour une fracture simple, mais dans un cabinet. Il y en a toujours plusieurs et l’un fait la garde de nuit pour les fractures par glissages. À Paris une entorse ou une petite fracture est toujours gérée par les urgences. Alors qu’on pourrait les faire traiter routinièrement par des cabinets privés spécialisés. Plus généralement, il faut prévoir des structures par spécialité dans les grandes villes, avec un débouché ultérieur garanti sur des lits de traitement ou de convalescence hospitaliers. Ce système où tous les services d’urgence font tout avec réorientation après attente désespérée pendant des heures est absurde.

Les grippes et les malaises cardiaques doivent être également pris en compte dans des structures spécialisées. Il est absurde de faire venir en masse des grippés dans des services d’urgences où traînent des malades fragiles qui vont attraper la grippe et parfois en mourir.

Il y a beaucoup trop de rigidité entre les services. Un service qui marche au ralenti ne cédera jamais un lit ou une infirmière à un service momentanément saturé. Chacun dans son silo. Les normes sont de plus en plus kafkaïennes. On peut fermer un service entier parce qu’il manque une infirmière. Un service en sous-emploi peut gonfler l’occupation des lits en hospitalisant des personnes dans l’attente d’examens qui auraient pu être faits avant l’hospitalisation. Les litiges interpersonnels prenant une place souvent disproportionnée. Les syndicats jouent un rôle d’activateur de conflits et de rigidité. À la fin, tout le monde est découragé du bien.

Moins de normes, plus de souplesses, moins de bureaucratie, plus des responsabilités, moins de blocages syndicaux, moins d’ARS, moins de présence des politiques, moins de rigidités dans les définitions de poste et dans l’organisation quotidienne du travail, moins de vols, moins de gabegie, plus d’autorité, plus de cohérence dans les politiques suivies, tout cela est possible et indispensable. Si la pharmacie centrale n’a pas les médicaments qu’il faut au moment utile, si les instruments ne sont pas stérilisés au bon moment, si le savon manque pour se laver les mains, bref si l’intendance ne suit pas, les conséquences sont sévères et coûteuses. La logistique est critique dans un hôpital et bien trop souvent l’intendance ne suit pas. Une bonne part des maladies nosocomiales y trouve sa cause.

Les politiques ont renoncé à réellement intervenir pour remettre sur pied le système français.

Ils ont accepté le poids excessif des syndicats. Ils ont voté le numerus clausus. La bureaucratisation a été poussée d’abord par eux avec une vision d’énarque compassionnel. Ils ont réduit le temps de travail et poussé aux gratuités. Ils ont organisé la saturation des systèmes de soin.

Et ils cèdent sur tout après avoir fait un peu de cinéma. Macron a fait semblant de reprendre en main les abus massifs constatés dans le domaine des soins aux étrangers en situation irrégulière ou sans droit, tout cela pour préparer le terrain à la reprise des dettes hospitalières par l’état donc par l’impôt, tout en lâchant sur à peu près tous les sujets mis en avant par les syndicats.

Le résultat est à prévoir : plus d’impôts dans le pays leader mondial des prélèvements ; donc moins de prospérité et moins d’argent pour la santé ; et une constriction larvée des soins gratuits puisqu’on ne parvient pas à dégager les ressources suffisantes. Accompagnée d’une dette à nouveau croissante, jusqu’à la prochaine reprise par l’État.

Où est la nouveauté de la politique Macron ? On en revient au cycle énarchien de base : démagogie, fausse réforme, baisse rapide de culotte, n’importe quoi, bla bla bla, dette, impôts.

Pourquoi il faut interdire la LIBRA

Nous n’aurions pas du donner comme titre «  la monnaie du diable » à notre dernier livre. Il aurait parfaitement fait l’affaire pour un livre sur la Libra. Le diable, c’est Mark Zuckerberg , considéré désormais universellement comme un « morveux délétère et dangereux » (dangerous and deleterious brat), mais assis sur un stock d’usagers qui se comptent en dizaine de millions, et diffuseur d’applications devenues d’immenses monopoles transnationaux, défiant toutes les règles démocratiques, aussi bien dans le domaine du droit de presse, du droit des gens, de la vie privée, de la politique politicienne et de la fiscalité.  La « montagne de sucre », traduction du nom du créateur des réseaux sociaux, s’est non seulement transformé en tas d’or mais en inquiétude universelle, quand le cynisme du personnage est devenu évident lors  du grossier détournement des données personnelles des utilisateurs de Facebook  à des fins politiques (l’affaire cambridge Analitica). L’aveu par un des créateurs de Facebook, Roger Mc Namee qu’insensiblement l’idéal initial, mettre les gens en contact, s’est transformé en  fourniture de drogue dure injectée de force pour faire du fric, a fini de ruiner la réputation du patron milliardaire (près de 80 milliards de dollars de fortune personnelle). « Facebook doit capter et accaparer l’attention de l’utilisateur, ce qu’il fait en usant de techniques de modification du comportement qui exploitent principalement le phénomène d’addiction, comme semble l’étayer un faisceau de preuves croissant. La modification du comportement et la dépendance allaient jouer un rôle primordial dans l’histoire de Facebook. » « Si t’es pas likée, t’es morte » dit une jeune femme interviewée  à la suite d’un suicide d’adolescente, rendue dépendante à l’émotion narcissique et sociale de Facebook.

Pilote d’un engin de mort individuelle et de massacre à la tronçonneuse de la démocratie, comme vecteur de chouannerie universelle, acheteur compulsif des systèmes concurrents pour obtenir un monopole mondial  hors de portée des concurrents et au dessus des gouvernements ,  le jeune Mark  pousse les feux pour « enfermer les internautes dans des « bulles de filtres », un concept théorisé par Eli Pariser, fondateur d’une association politique progressiste américaine. L’utilisateur se retrouve confortablement installé dans un univers qui lui est familier, sur un petit nuage de contenus en accord avec ses opinions et ses croyances. La contradiction n’a pas droit de cité. » Il n’est pas le seul. Google fait exactement la même chose, enfermant l’usager dans ce qu’il cherche ou a cherché.  Et les groupes d’activistes fermentent en circuit fermé dans leur bulle d’activisme de plus en plus délirant.

«  Les plateformes technologiques, y compris Facebook et Google, bénéficient de la confiance du public, qui est intrinsèquement liée à la réputation que les précédentes générations de sociétés technologiques se sont forgée en une cinquantaine d’années. Elles ont profité de notre confiance en usant de techniques sophistiquées pour exploiter les faiblesses de la psychologie humaine afin de collecter nos données personnelles et d’en tirer profit, mais aussi pour façonner des modèles commerciaux n’offrant aucune protection aux utilisateurs. »

C’est dans ce contexte qu’il faut aborder la question de la Libra, dernier projet d’une « montagne de sucre » bien décidé à aller au bout de son pouvoir et à caraméliser son portefeuille.

La Libra n’a rien à voir avec par exemple le Bitcoin et ce qu’on appelle à tort des cryptomonnaies.

Le Bitcoin est un jeton internet qu’un groupe de mafieux a décidé de transformer en machine à fric  en dupant des gogos.  Le marché est tenu par une douzaine de personnes qui détiennent plus de 60% du stock et manipulent les cours sans vergogne. Tous les essais de faire croire à un minimum de vertu et d’utilité du Bitcoin ont échoué.  Tout le monde a compris que comme monnaie privée, l’entreprise était impossible : il faudrait faire cuire la terre, ce qui n’est pas à la mode en ce moment.  Depuis que les interdictions et les contrôles des bourses de conversion en monnaies légales se sont multipliés, l’anonymat, le socle de valeur en fait du système,  est quasi mort. Les vols et les escroqueries ont fini par décourager même les plus forcenés des crédules.

Le Libra n’a rien d’un vecteur de spéculation. L’idée n’est pas de s’enrichir par la création de jetons substitutifs aux monnaies officielles  vendus à des gogos.  Bien au contraire toute l’approche est fondée sur l’idée que le cours serait stable par rapport à un panier de monnaies. Quel serait alors l’intérêt de l’opération présentée par tous moyens comme neutre et gentillette ?  L’idée est très simple : c’est de faire tomber l’interdiction absolue faite aux banques de connaître et de conserver la connaissance de l’utilisation que font les déposants de leur argent.  Une banque n’a pas le droit d’exploiter votre carte de crédit pour faire la liste de vos achats et vendre cette masse de données à des gens qui l’exploiteront.

Le détenteur des réseaux Facebook, Whatsapp, etc. sait exactement ce que vous aimez, ce que vous faites, que vous dites, dans tous les domaines sur lesquelles vous êtes amenés à vous exprimer. Mais il ne sait pas ce que vous consommez exactement.  Avec la Libra, Mark Zuckerberg sera capable de « faire sauter » la loi bancaire et obtenir de vous suivre au jour le jour dans chacun de vos actes d’achats, d’investissements, de ventes etc. Un totalitarisme parfait de la surveillance des comportements individuels.

Nous ne sommes plus dans le domaine monétaire, mais dans la « mass data » exploitée par l’intelligence artificielle pour exercer un contrôle total sur les comportements individuels et les influencer dans un sens favorable à la fortune des promoteurs. Il faut passer au niveau supérieur  dans l’enfermement des internautes dans une bulle de filtres encore plus manipulatrice.

Si on se place du point de vue de l’utilisateur de la Libra, la question est : pourra-t-il être séduit et le système peut-il être un immense succès ? La réponse est oui.  A partir du moment où l’utilisateur dispose d’une garantie de valeur de la monnaie  et d’un lieu de conversion simple et sécurisé, sachant que la blockchain a fait la preuve de sa solidité, utiliser la Libra peut être extrêmement avantageux et il est certain qu’une fraction notable des bientôt 100 millions d’utilisateurs des réseaux concernés pourraient l’utiliser effectivement.  D’un point de vue strictement économique, si la contrevaleur des jetons Libra en monnaies administratives est conservée dans des comptes destinées à assurer sa stabilité, cela ne peut pas perturber les politiques économiques et monétaires.  Sauf qu’il est peu probable que ces comptes ne soient pas gérés et ne rapportent pas aux promoteurs des gains  associés à un risque de placement. Le danger est plutôt dans les comportements de fuite devant la monnaie. La détention de Libras localisés nulle part et convertissable en ligne partout y compris dans des lieux non couverts par le droit,  peut avoir un effet économique majeur par transfert d’épargne hors d’un pays en difficulté, accentuant la difficulté. Les promoteurs affirment que ce serait un effet non désiré et qu’ils ne recherchent pas cela du tout. Et c’est vrai.

Le danger de la Libra est que cela peut parfaitement marcher et rendre des services à des dizaines de millions de gens et par effet boule de neige atteindre des nombres d’usagers terrifiants.  Et le réchauffement climatique alors ?   La création du Libra n’utilise pas la technique du minage qui est la raison de l’horreur climatique de la solution Bitcoin.  Cette critique là tombe. Le fait d’entraîner une augmentation massive des réseaux internet en revanche a bien un impact climatique.

Reste donc la question clé : peut-on accepter que les données d’achat de dizaines de millions d’utilisateurs passent dans les mains d’un type comme Zuckerberg et de ses séides ?  La réponse et évidemment non. Il faut interdire la Libra simplement par application de l’interdiction absolue de connaître, de conserver et d’exploiter les données privées des utilisateurs de la monnaie, sous quelque forme que ce soit.

La crainte de beaucoup, en voyant des réseaux de cartes de crédit rejoindre le projet Libra, était justement de savoir s’ils ne venaient que pour obtenir le droit d’exploiter les données individuelles qu’ils collectent. Certains se sont même demandé s’ils n’avaient pas commencé à le faire en fraude du droit bancaire, du fait des trous législatifs dans la sphère mondiale où ils offrent leurs services. 

Une première réponse a été donnée par le retrait de ces réseaux du projet Libra dès que le principe d’interdiction de collecter l’usage d’une monnaie a été réitérée par les autorités américaines. On se demandait bien  ce qu’ils allaient faire dans cette galère.

Le Libra est un projet dangereux parce qu’il peut réussir, si les législateurs acceptent de le laisser s’installer. Il a une finalité désastreuse par son mercantilisme totalitaire.  Il faut donc l’interdire et le faire le plus vite possible.

Mais il faut aussi réfléchir au fait qu’une monnaie de type Libra, entre des mains officielles et sans visées mercantiles désastreuses pour les libertés,  pourrait avoir des résultats magnifiques aussi bien en terme de facilité des échanges que de stabilisation monétaire.  Beaucoup de banques centrales pensent à créer des jetons internet.  S’il s’agit simplement de jetons d’état, comme celui de Maduro ou celui en projet en Chine,  le but n’est que de séduire les gogos et d’utiliser l’appétit de gains pour faire rentrer des devises. Ce sont des monnaies mercantilistes qui ne valent guère mieux que les monnaies privées mercantiles fondées sur l’idée d’intoxiquer l’utilisateur individuel.

En revanche, si autour du FMI, se recréait un système de changes fixes et ajustables par consensus, opération que nous réclamons depuis des lustres tant le système des changes flottants est désastreux, et qu’une émission de jetons FMI librement négociables sous internet soit organisée,  d’abord entre banques centrales puis généralisée au grand public avec un support officiel dans tous les pays membres, sous contrôle des autorités monétaires,  là les choses seraient totalement différentes. Nous demandons la création d’un Mondio depuis des lustres. Ajoutons lui une  vraie cryptomonnaie . Là nous aurions une réelle révolution et dont on peut penser qu’elle aurait un impact des plus bénéfiques. Comme disait Copernic (bien avant Gresham), la mauvaise monnaie chasse la bonne, et les monnaies nationales ne serviraient guère qu’à payer le fisc !  Nous aurions une monnaie mondiale stable et capable de faire pression sur les délires monétaires locaux.  Cette opération serait bénéfique mais pas suffisante. Il faudrait la compléter d’un contrôle des gros excédents et des gros déficits.

Le seul bénéfice du projet de Libra est de stimuler la réflexion sur une reforme intelligente du système monétaire international.

Actualité saisissante d'un livre de 1934

Les leçons des grandes crises sont souvent les mêmes

L’avantage des grandes crises économiques, si on nous permet cette expression, est qu’elles ébranlent quelques certitudes et permettent des remises en cause qui sont souvent nécessaires, dans des domaines qui ne sont pas qu’économiques.

On le constate tous les jours en ce moment. L’interprétation des remises en cause est aidée lorsqu’on se penche sur ce qui s’est passé après la précédente grande crise mondiale, 1 929.

Un des livres les plus intéressants de la période et qui connaîtra un grand retentissement, ne serait-ce que par l’effet qu’il aura sur la pensée constitutionnelle du Général de Gaulle, est « L’heure de la décision », 1 934 – Flammarion, d’André Tardieu.

George Mandel et André Tardieu sont les deux personnalités remarquables des années trente par leur lucidité et leur courage. Tous deux ont parfaitement compris ce que signifiaient l’élection d’Hitler et le risque de désastre qui pouvait s’en suivre. Tous deux ont essayé, au pouvoir, avec les moyens limités qui étaient les leurs, d’agir avec fermeté. Tous deux étaient de droite et opposés à toutes les formes de socialisme violent, qu’il s’agisse du socialisme des ligues, du national-socialisme ou du communisme. Tous les deux ont considéré que le Front Populaire désarmait la France alors que l’Allemagne réarmait et que « le temps n’était pas à jouer de l’accordéon dans les cours d’usines mises à l’arrêt par des occupations illégales quand Hitler finissait de réarmer l’Allemagne et de créer une armée mécanique ».

Tardieu sera victime d’une attaque cérébrale et se retirera très diminué à Menton, où il n’aura plus d’influence avant de mourir en 1945. Mandel a été assassiné par la Milice peu avant la Libération.

Le fait d’être un opposant résolu au socialisme vaudra à Tardieu d’être totalement ostracisé. La reconnaissance de ses qualités est (très partiellement) en cours. Natacha Polony l'a fait alors que la gauche socialiste est quasiment hégémonique dans les médias, notamment publics. Bravo ! La lecture du Figaro du jour annonce un livre de Maxime Tandonnet, ce que nous ne savions pas lorsque nous avons écrit ce billet. Cet intérêt soudain se comprend. Relire Tardieu est plus qu’intéressant, par ce qu’il nous permet de comprendre de la situation actuelle.

1)      Crise économique et institution

André Tardieu réagit à la crise qui ravage le pays après avoir mis par terre l’économie mondiale, en exigeant une réponse institutionnelle. Le thème de l’impuissance des élites, comme aujourd’hui, est très prégnant dans l’opinion de l’époque. Ayant été trois fois Président du conseil et trois fois renversés après de trop courts mandats, il a tous les éléments en main pour comprendre que l’impuissance est d’abord institutionnelle.

Il demande cinq réformes :

-          La possibilité pour l’exécutif de dissoudre l’assemblée

-          L’abandon de l’initiative des dépenses des chambres

-          L’instauration du référendum

-          La séparation de la politique et de la haute administration

-          L’interdiction pour les fonctionnaires et aux juges de faire grève et d’avoir des positions politiques publiques.

Le Général de Gaulle mettra en œuvre les trois premières suggestions dans la Constitution de 58. Il ne s’attaquera pas aux deux dernières. En revanche il fera du président élu au suffrage universel le pilier de l’exécutif, une solution que Tardieu n’a pas envisagée.

La dissolution sauvera les institutions en 1968, sera détournée de son sens après l’élection de Mitterrand, pour synchroniser la majorité présidentielle et parlementaire. Elle sera appliquée par Chirac à mauvais escient en 1997.

Le referendum sera combattu par la gauche comme plébiscitaire, jusqu’à sa renaissance soudaine avec le mouvement des Gilets Jaunes. L’échec du referendum sur la prétendue « constitution européenne » a singulièrement refroidi les amateurs dans les partis de pouvoir, au prétexte que les électeurs votent contre le pouvoir en place mais pas pour la question posée (ce qui est un faux argument).

Sarkozy, avec la complicité de Copé, a malheureusement remis au goût du jour l’initiative des dépenses par l’Assemblée dans le cadre d’une « coproduction législative » dont on voit en ce moment même tous les dangers.

L’absorption de la politique par l’Enarchie est totale. Le quinquennat a fait de la dissolution un accompagnement automatique de l’élection présidentielle qui a pour but d’accorder la chambre et le président.

Le petit monde la politique politicienne a réussi à stériliser les réformes indispensables que seuls des évènements d’une extrême gravité avait réussi à faire accepter.

2)      Sur l’économie et les causes de la crise

« Les États-Unis s’habituaient à ne vivre que de crédit et de spéculation » « En bref les Etats Unis ont été les premiers responsables de la crise ». « Ils ont pratiqué l’inflation maxima du crédit, non pas même au service de la production mais pour des fins spéculatives ». Ils ont « exporté leurs dollars chez les emprunteurs les moins sûrs et stimulé les pays les plus disposés à abuser de l’emprunt ». « Ils ont livré le dollar aux hasards de change et rompu les amarres avec l’or ».

« On nous a dit « le redressement de l’équilibre budgétaire demande des mesures immédiates » Or qu’est-il arrivé ? Dix-huit mois ont passé à attendre l’immédiat ».

« L’excès du machinisme a provoqué l’abus de crédit, la surcapitalisation des entreprises, le dérèglement des rapports économiques. Le capital de spéculation, substitué au capital d'épargne, n’a plus voulu connaître les bornes du débouché ». « Choisir entre les vices du néocapitalisme et les vices du néocommunisme me répugne ». « Notre époque ne semble capable de supporter ni les maux ni les remèdes ».

« Les classes moyennes ont succombé. » La faute en revient aux « partis de gauche grandement servis par les fautes et maladresses des parties conservateurs ». « La fiscalité radicale-socialiste contre-pied de celle de la Révolution française a développé la fraude et la spéculation. Quant à l’économie dirigée, qui n’est autre chose que l’étatisme, elle a paralysé les initiatives individuelles et mis les budgets en déficit chronique ».

« On a fabriqué un Français moyen qui n’est pas le français normal mais un Français dont on a développé les défauts et amenuisé les vertus ». « La matière financière ne touche les masses que lorsque la chute du Franc trouble les relations entre créanciers et débiteurs ».

Pratiquement toutes ces phrases pourraient être reprises aujourd’hui, à une observation près. Dans la mentalité de l’époque les crises étaient d’abord une conséquence de la surproduction. Il est facile de comprendre que dans une économie agricole les surproductions ont un effet direct sur les prix et les revenus. On attendait de restrictions quantitatives le retour à un prix tolérable pour les paysans qui formaient la majorité de la population active. Ce raisonnement a longtemps survécu à la diminution croissante de la part de l’agriculture dans le PIB. D’où le raisonnement tenace: machinisme = performance = surproduction = crise. De nos jours on sait que la productivité n’est pas un vecteur de crises conjoncturelles.

En revanche Tardieu voit bien dans la finance américaine la cause du dérèglement de tous les mécanismes de financement. Elle est débridée depuis la guerre du fait de l’afflux d’or suivant la guerre de 14, qui a provoqué une grande création monétaire en interne. Les changes flottants qui ont suivi dans les années vingt, ont aussi poussé à des gains spéculatifs majestueux (dont Keynes profitera pour faire une petite fortune). Les changes flottants sont déjà vus comme un grave problème, mais sans doute plus par habitude de l’étalon-or, considéré en France par nos politiques de tous bords comme une valeur de référence absolue et le mode normal de fonctionnement d’un système monétaire international, que par l'analyse fine des conséquences des gros déficits et des gros excédents.

Un autre aspect, que l’on retrouve dans tous les écrits de l’époque, est le refus du machinisme et de la consommation considérés comme des excès qu’une vertu supérieure devrait condamner. La TSF joue le rôle des réseaux sociaux actuels, la production intensive paraît une sorte de délire qui gâche toute la beauté ancestrale du monde. Le modernisme en tout est vu comme une aberration d’enfant gâté etc. Un certain conservatisme moralisant renaît à l’occasion des grandes crises… Voir la situation actuelle !

Tardieu écrit : « Notre régime de tolérance illimitée, de non-résistance au mal, répond-il aux traditions de la force individualiste qui a dominé les révolutions intellectuelles et économiques d’où l’âge moderne est sorti ? » « Nous sommes les liquidateurs forcés des abus dont le libéralisme et le matérialisme ont marqué le dernier siècle ». On croirait lire la PQN française.

3)      Sur les abus politiques des fonctionnaires

On voit aujourd’hui de façon quotidienne et éclatante que les juges, les employés de services publics, notamment les enseignants, les « journalistes » radio et télé du secteur public, les syndicats de fonctionnaires, font de la politique à leur propre compte, sans vergogne, au mépris de toute règle et même de la loi, vue comme le reflet momentané d’un rapport de force qu’il s’agit de faire évoluer.

Nous écrivons cet article juste au moment où les cheminots et leurs syndicats ont détourné la loi stupide sur le droit de retrait pour créer une grève totalement illégale faite pour gêner le maximum d’usagers. La loi est stupide car jamais qui que ce soit qui cherche « à éviter un danger imminent et grave » en s’éloignant d’un lieu de travail n’a jamais connu le moindre ennui. Ce texte permet à des personnels mal embouchés et des syndicats voyous de menacer la prospérité de leur entreprise en toute impunité. C’est d’ailleurs pour cela qu’il a été voté dans la foulée de l’élection de Mitterrand. « Il s’agit de contester la toute-puissance patronale en affermissant un contre-pouvoir des salariés » indique un défenseur des lois Auroux du 23 décembre 1982. Comme plus tard la prise en compte de la pénibilité pour les retraites, ou les abus liés au chômage des intermittents du spectacle, il s’agit de gages politiques, en vue d’une hypothétique « paix sociale », dont on sait que ce sont des absurdités et que la loi ne servira que des abus. Une fois entérinées ces lois sont impossibles à amender.

Relisons ce qu'écrit Tardieu, qui trouve un écho frappant aujourd’hui :

« Il y a pour les fonctionnaires un problème administratif et un problème politique. Le premier est posé par le refus des agents publics d’accepter dans leurs relations avec l’État, en contrepartie de droits spéciaux des devoirs spéciaux. Le second naît de leur prétention d’être des citoyens comme les autres et bien qu’échappant à la bataille des partis de se mêler à cette bataille sans mesure ni réserve ».

« Le droit à la propagande politique hors de la fonction et dans la fonction même y a été revendiqué et usurpé » par les syndicats qui ne respectent pas « les principes sur quoi sont fondées la patrie et la république ».

Les instituteurs affirment qu’ils « feront une grève générale même en cas de guerre défensive. Contre la Constitution on substitue aux pouvoirs publics nés de la loi la dictature d’une organisation anonyme de classe ». « Un jour c’est la fédération CGTU des fonctionnaires qui demandent l’instauration du régime soviétique, et un autre c’est la SFIO qui invite le corps enseignant à se dresser contre la défense nationale ». « Tout instituteur sait que c’est sur lui seul qu’il doit compter pour former une génération d’élèves qui pourront achever la désagrégation du capitalisme ».

« Les fonctionnaires chez qui le socialisme est entré par le syndicat vont devenir dans le sein de l’État avec l’autorité qu’ils empruntent à l’État les plus actifs propagandistes de cette doctrine ». « Certains fonctionnaires administrent contre l’État ».

« Pour 40 millions d’habitants on arriva vite à 1 million de fonctionnaires ».

Mise à jour : On est passé de 40 à 66 millions de Français, soit 55 % d’augmentation, et à plus de 5 millions de fonctionnaires et assimilés, sans compter les associations réalisant des politiques publiques. Soit une multiplication par 6. Une croissance dix à douze fois plus rapide que celle de la population.

« Le législatif, inventé par nos grands-pères pour contrôler et freiner la dépense, en est devenu l’accélérateur ». « Le mal est chronique, plus accentué seulement quand le pouvoir appartient aux gauches, où s'intègrent les plus puissantes des oligarchies dépensières ».

Mise à jour : la dépense publique dépasse aujourd’hui la valeur ajoutée des entreprises du secteur industriel et commercial (hors banques et entrepreneurs individuels).

« Dès avant son élection le candidat est sommé de se livrer aux oligarchies mendiantes ». Il ne s’agit plus que de « piller le budget au profit de quelqu’un ou de quelque chose ». Jules Ferry : « le budget est une immense gamelle où chacun vient puiser à son tour ». « On a oublié l’origine du mandat qui est de défendre le contribuable pour se mieux consacrer au renouvellement de ce même mandat qui veut la satisfaction de certains électeurs aux dépens de certains contribuables ». « Proposer les dépenses que ne les payant pas réclament les ordres mendiants apparaît à l’élu comme son outil de travail ».

La notion « d’ordre mendiant » mériterait de revenir à la mode, tant il est justifié par la situation contemporaine.

4. Sur la défense de la nation

« Une grande offensive est en cours contre notre civilisation et pour défendre cette civilisation la France a besoin d’être en bon état ».

« Il faut restaurer un minimum de dignité électorale, un minimum de moralité publique, un minimum d’ordre financier ».

« Jamais gouvernements et peuples n’ont été moins qu’aujourd’hui aptes à la compréhension mutuelle ».

« Si nous ne voulons nous trouver un jour devant l'un de ces faits accomplis [qui ruinent le pays N.D.L.R.] il faut affirmer notre volonté de vivre en État puissant et libre, disposé aux transactions mais rebelle aux soumissions ».

« Il est de règle en tout pays que les hommes de gauche arrivent au pouvoir par suite de difficultés financières et qu’ils les portent en quelques mois au point d’extrême acuité ».

« Il n’est pas d’exemple qu’un régime socialiste ait jamais réussi ».

Le drame socialiste « est d'oublier le péril extérieur ».

Inutile d’insister pour vérifier que toutes ces citations pourraient être reprises aujourd’hui quasiment dans les mêmes termes.

Tardieu affirme que l’on ne gagne rien à oublier que « la vie des peuples est réglée sur trois idées : « patrie, légalité, propriété » ».

La patrie est en danger, contestée par les européistes qui veulent la disparition des nations et un État fédéral européen (d’où le Brexit) et par le « grand remplacement » associé à l’islamogauchisme.

La légalité : Elle est foulée aux pieds tous les jours. L’affaire du droit de retrait précité suffisant à le prouver.

La propriété : elle est mise en pièces par tous les bouts (réglementation, fiscalité, voies de fait non poursuivies).

5. Quelques conclusions

L’aspect institutionnel reste brûlant. Les réformes du général de Gaulle ont été largement affadies. Ce qui n’avait pas été jugulé a pris une extension épouvantable. Ce qui était reproché aux députés est désormais généralisé :

-          L’Europe

-          Les régions et les municipalités

-          La présidence de la République,

sont toutes devenues des sources de démagogies budgétaires incontrôlables. Le cas du Brexit est typique : comment réagir à la disparition des ressources en provenance du Royaume Uni ? En révisant à proportion des dépenses ? Pas question : il faut des recettes nouvelles ! À Paris, la mairie a augmenté de 90 % la taxe foncière et porté à bientôt 7 milliards la dette de la ville. L’élection du Président au suffrage universel pour 5 ans crée une urgence de réélection qui pousse à la démagogie la plus totale, à l’affichage de fausses réformes dérisoires et transforme le Président en assistante sociale.

Il faut, comme nous en défendons le principe depuis longtemps, séparer la haute fonction publique et la politique. L’Enarchie doit être empêchée. Si on appartient à un corps de l’État, on ne peut pas être à la tête d’un exécutif. De même, la procédure budgétaire doit être entièrement revue aussi bien pour le Parlement que pour les collectivités locales. Les « gratuités » doivent être interdites. Les lois qui créent des obligations financières majeures pour des catégories de Français à l’exclusion des autres, doivent faire l’objet de procédures spéciales. Le referendum d’initiative populaire doit être imposé dans les communes, notamment en cas de hausse du budget supérieur à l’inflation. Les niveaux d’endettement doivent être contrôlés partout, tout dépassement de plafond devant faire l’objet d’un vote voire d’un referendum.

Le démantèlement de l’autorité de l’état par des fonctionnaires et des salariés d’établissements publics, ou d’entreprises en situation de monopole, qui se sont accordé le droit de saboter la vie sociale et économique du pays tout en dominant la presse, à 95 % socialisante, est désormais tel qu’il va falloir que la nation assure son indépendance et sa souveraineté par des mesures fortes. Le justicialisme des juges (j’utilise mon poste pour faire avancer la cause socialiste), la partisanerie des journalistes des entreprises publiques, les blocages continuels organisés par les syndicats des entreprises publiques, le détournement de pouvoir des « enseignants » qui se croient obligés non pas de transmettre des savoirs et des savoirs faire mais de former des Français socialisants jusqu’à l'anticapitaliste militant, avec en prime une pointe de politiquement correct à l’américaine, les excès des syndicats de fonctionnaires et des entreprises publics doivent être empêchés.

Les grandes crises provoquent des réflexes conditionnés pas toujours porteurs de grand sens mais elles stimulent aussi des prises de conscience et une pédagogie.

Ce que montrent le livre et l’expérience d’André Tardieu, c’est le caractère potentiellement désastreux à terme de l’inaction, qui est tentante. On le voit aujourd’hui avec les taxes sans réponse de Trump, les crimes sans réponse de l’Islam politique, l’incapacité d’agir au Moyen Orient, la dette qui enfle démesurément, les prélèvements qui croissent toujours et dont nous sommes devenus les champions du monde.

André Tardieu nous avertit des conséquences négatives du pillage continu de la nation par les « ordres mendiants institutionnels » et de la destruction des valeurs essentielles que sont le patriotisme, le goût de la propriété, les libertés et notamment la possibilité d’une volonté positive d’agir dans la qualité. Il rappelle le droit fondamental à ne pas être bombardé dès l’école (et constamment ensuite par les médias) par une propagande socialiste débilitante. Actualisons le propos en soulignant que nos vies n’ont pas à dépendre à ce point des Gafa, et d’un" Internet de la pourriture", avec un État qui se cache derrière Internet plus qu’il n’en use pour réduire ses coûts de fonctionnement.

Le retour vers le passé est aussi un retour vers un futur.

Octobre 2019. Quelques Instantanés (Suite)

1.       Hôpital de Saint Malo. Un patient arrive souffrant du ventre. On détecte un problème classique de vésicule biliaire. L’opération commence. Elle ne se terminera pas « faute de temps et de personnel ». On ne découpera qu’une partie de l’organe malade avec une opération à suivre pour le malade « quand on aura le temps et les moyens ». C’est que l’inspection du travail est puissante. Dépasser un horaire d’infirmière ou de brancardier, cela ne se passera pas comme cela. Et l’ARS du coin a créé des tonnes de normes. Pas question de continuer une opération si le taux de ceci et le pourcentage de cela ne sont pas respectés. Et que les urgences sont saturées et en grève. Leçon :

    Tout le monde se fout du patient

    Il n’y aura aucune sanction

    Deux opérations au lieu d’une seule coûte la peau des yeux

    Quand on tue la médecine de ville, on sature les urgences qui ne peuvent plus se concentrer… sur les urgences

    La médecine ne se gère pas avec des réglementations bureaucratiques

    Avoir voulu organiser la gratuité à 100% du petit risque ne permet pas de faire face aux gros risques.

    Les 35 heures à l’hôpital ont été une folie

    La réputation de l’hôpital de Saint Malo est foutue pour 20 ans.

    Ce scandale n’atteindra jamais les journaux télévisés qui informent les masses qui ne font droit en boucle qu’aux manifestants des syndicats hospitaliers

2)            Eric Zemmour s’est fait la spécialité d’expliquer qu’il n’y a pas de différence entre l’islam et l’islamisme, en affirmant qu’il s’agit uniquement d’une question de rapport de force, en particulier démographique. Dès que les Musulmans se trouvent en situation de force, ce n’est pas un gentil islam qui s’impose mais l'islamisme violent. Il en voit la preuve dans le fait que toutes les frontières de l’Islam brûlent. Il professe également que l’islam n’est pas seulement une religion mais une organisation sociale dont les préceptes sont contraires aux principes de la République française. Aussitôt des meutes se forment pour demander son exclusion de tous les journaux français où il peut travailler. Motif : il stigmatise les Musulmans. Pas de chance, un musulman égorge au même moment quatre fonctionnaires de police. Après avoir répété à l’envi qu’il s’agissait d’un fou, la presse bien-pensante finit par admettre qu’il s'agit d’un musulman fanatique. La réalité a rejoint la diatribe d’Eric Zemmour, énoncée d’une façon, il est vrai, un peu apocalyptique, voire messianique. Leçon :

        La liberté d’observer et de dire ce qu’on voit,et de le théoriser, est interdite en France, patrie supposée de la liberté d’expression.

        La réalité n’existe pas. Elle doit être transformée par les communicants pour la rendre politiquement correcte.

        Ce n’est que quand la coupole autorisée donnera le top départ qu’on pourra dire la vérité, les anciens lanceurs d’alerte restant diabolisés.

        Tout ce système a été mis en place par les Communistes dès la fin des années vingt et, longtemps contré en France, il a été repris par la presse dominante et prophylactique.

        Il fusionne aujourd’hui avec le goût du « shaming » en provenance des Etats-Unis. Faire honte en groupe et chasser le vilain par des huées et la proscription sociale ! Autrefois tout l’instinct français s’opposait à cette vision propre au puritanisme le plus étroit.

        Réentendre Khomenei : l’Islam doit être imposé par la violence à la terre entière car c’est la seule vérité et la demande de Dieu. Il est clair que depuis qu’il a réussi à impulser cette guerre, l’expansionnisme totalitaire musulman est une réalité qui doit être combattue comme telle.

        La grande faiblesse zémmourienne est de déchaîner de façon difficilement acceptable la suspicion sur toute la population musulmane et de mettre en cause radicalement les droits de l’homme qu’il propose de mettre entre parenthèses pour purger l’abcès musulman. Par quelles méthodes ? Heu ! Heu !

3)            Le projet de refonte des alentours de la tour Montparnasse est présenté par les Anglais qui ont gagné le concours d’urbanisme lancé par la Mairie de Paris. Le représentant du cabinet retenu montre surtout qu’il s’ait parler le sabir verdo-Hidalgien. Les coulées vertes, les transports doux, les ambiances apaisées, les forêts vierges seraient des exemples d’une approche « Hausmannienne » ! Le grotesque prend du relief avec l’accent anglais. En vérité le projet prévoit une formidable densification au profit des propriétaires actuels du centre commercial à détruire (en particulier la Macif). On casse la halle pour créer une rue bordée d’immeubles de huit étages (contre deux aujourd’hui). On a conservé l’immeuble carré, énorme, du CIT et ajouté 7 petits CIT avec une voie piétonnière au milieu. En fait on veut et on va créer un énorme bouchon sud-nord, en plein cœur de la rive gauche, en supprimant la rue du Départ et en transformant en cul-de-sac l’avenue Edgar Quinet, l’avenue du Maine et la rue du Commandant René Mouchotte. Les riverains sont sacrifiés à cette densification bouchon, dont l’intérêt est uniquement mercantile pour les promoteurs et électoraliste pour l’équipe Hidalgo. Une personne dans l’assemblée indique qu’elle n’aura désormais plus de soleil dans son appartement. Réponse du cynique affairiste Missika : vous n’aurez qu’à vous plaindre en justice. Leçon :

            L’équipe Hidalgo Missika n’aura pensé qu’à densifier et « marchandiser » la capitale tout en ruinant la ville par des dettes inconsidérées. Partout les projets sont soit des imbécillités festives soit des densifications dévastatrices qui commencent, en effet, à être condamnées par la justice.

            Le mépris total du riverain est la règle systématique.

            Les effets pervers l’emportent aussitôt et toutes les fausses bonnes intentions affichées se transforment en horreurs (voir la rue Mouchotte).

            Un urbaniste anglais qui croit faire de l’haussmannien en bloquant les circulations et en créant « une jungle » doit croire que le prochain Brexit lui donne les droits de dire et de faire n’importe quoi sur le continent.

            Des espaces immenses et non clos avec bosquets, zones vertes et recoins cachées, façon jungle, sont un appel formidable aux villages de tentes qui améliorent tant le nord de Paris.

            Tout l’accès gare par moyen motorisé se fera par le sud dans des conditions dantesques pour les riverains de la gare, dont les voies de circulation sont réduites des deux tiers.

            Un urbaniste qui croit, comme M. Nadjovski, qu’une famille avec valises part en vacances à vélo, doit être enfermé dans la même chambre à Sainte-Anne que le chef des cyclo-fascistes municipaux.

            La presse française et notamment parisienne est totalement silencieuse sur ce nouveau scandale, comme d’ailleurs tous les partis politiques parisiens. La Tour Montparnasse étant un objet de détestation, tout ce qui vise à faire autre chose est sacré. L’ennui, c’est qu’elle reste et qu’elle sera même plus haute pour payer les transformations qu’on lui impose !

 4)           Une énorme manifestation anti GPA et PMA, et d’une façon générale, opposée à une société « posthumaniste » où tout est possible, se déroule à Montparnasse. La couverture des chaînes de la TNT est d’une parfaite malhonnêteté. BFM en parle tardivement et pour quelques minutes seulement et accompagne des images partielles par des commentateurs opposés à la manifestation. Tous les éléments de langage visent à minimiser et condamner la manif. La journaliste qui couvre la manifestation sur LCI doit répondre à cette question : y-a-t-il un peu de monde... Depuis plusieurs jours cette chaîne annonce qu’il n’y aura personne. Pas de chance, il y a du monde, difficile de le nier. Alors la malheureuse explique qu’on n’aura pas les chiffres avant la Saint Glin-glin, donc pas de réponse alors qu’on voit des dizaines de milliers personnes qui défilent. La presse en France doit avoir un rôle prophylactique pour empêcher les Français de mal penser. Leçon :

                Dans les années cinquante on avait l’Observatore Romano, maintenant on a la presse française bien-pensante. Le progrès est modeste.

                Une chaîne qui, comme BFM, a suivi inlassablement le plus petit défilé de Gilets jaunes dans la moindre sous-préfecture montre dans l’affaire un aspect révélateur. Elle se concentre sur la question de la démission de Castaner, sans doute un sujet fort (la chasse à l’homme, depuis l’affaire Fillon, est la seule chose qui excite vraiment la presse décadente).

                Pauvres journalistes qui doivent prouver leur discipline dans la malhonnêteté dès les premiers pas dans le métier.

5)            L’Assemblée vient de voter une loi qui permet à toute femme se trouvant sur le territoire français de se faire financer une insémination artificielle pour avoir un enfant de père inconnu. En même temps, selon la formule de base du macronisme, une action est entreprise pour mettre frein aux « abus » de l’immigration et notamment pour tenter de limiter le gonflement des dépenses de l’AME, l’aide médicale aux étrangers en situation irrégulière, qui viennent de dépasser allègrement le milliard d’euros. Tous les hospitaliers savent que d’ores et déjà des milliers d’immigrées femmes exigent des traitements contre l’infertilité pour avoir au plus vite des enfants nés sur le sol français. Désormais elles demanderont une PMA remboursée. Eh oui : une si bonne idée doit être accessible à toutes donc gratuite. Leçon :

                    Le « en même temps » est une farce, car il permet toutes les contradictions

                    Un business nouveau et lucratif financé sur fonds public vient d’être créé.

                    Quand les bornes sont franchies, il n’y a plus de limites.

                    À noter que de plus en plus de Français font cloner leur animal de compagnie (un seul chat ou chien pour la vie, c’est cool !). À quand un être cher ?

                    La justification est toujours la même : cela se fait ailleurs alors pourquoi pas nous ? La loi française est dans la dépendance de la loi des autres du moment qu’ils ont cédé le plus vite à des groupes de pression.

 

 

 

Sur chacun de ces sujets chacun peut avoir les idées qu’il veut. Ce n’est pas notre sujet. Ce qui est révélateur dans toutes ces affaires, c’est l’emprise de la démagogie qui exige que l’on cède à toutes les demandes de minorités agissantes, que l'on étouffe toute contestation non souhaitée par la pensée dominante, en manipulant l’opinion plutôt qu'en l'éclairant, et que l’on gaspille l’argent public dans des gratuités intenables qui se retournent contre la population. Cet état de fait signe à la fois la ruine des Français et la restriction des libertés. Les dirigeants français, dont le pouvoir a été drastiquement réduit, ne savent plus gérer que des préoccupations de sous-secrétaire d’État à la population civile, en général en cédant sur tout et en ruinant la nation. Du coup la haine et l’intolérance sont partout. Les effets pervers règnent en Maître.

Dans les années cinquante et soixante, triomphaient André Gide et Roger Peyrefitte (parmi cent autres) en littérature, Chazot dans la danse, Brialy et Jean Marais dans le cinéma, Jean-Louis Bory dans le journalisme et l’éducation nationale, Sagan en littérature après Colette. L’homosexuel-lle ne se mariait pas mais marquait le paysage par son talent. À la satisfaction générale. C’est fini !

Dans les années cinquante et soixante, des chirurgiens dévoués et compétents, souvent servis par des religieuses à peine diplômées mais consciencieuses et intelligentes, opéraient de façon remarquable sans compter leur temps. À Dinard le Chirurgien Forget n’aurait jamais arrêté une opération de la vésicule biliaire « par manque de temps » et il n’aurait jamais fait face à un « problème de personnel » en arrêtant brusquement une opération. On a supprimé son unité pour non-conformité aux règles au profit de l’hôpital de St Malo. La compétence et la conscience professionnelle ne s'en sont pas trouvées améliorées.

Cela ne veut pas dire que c’était « mieux avant », mais qu’une dimension de la vie d’un pays est le goût du travail bien fait et le talent, une autre la liberté et la compétence. Sur tous ces fronts-là, on constate non pas un affaiblissement mais un effondrement. La bigoterie des sous-doués et des hystériques emporte le pays sous nos yeux ébahis. Il n’y a plus de compétences, d’effort, de résultats, seulement un moralisme de pacotille, enseigné dès l’école, indifférent à la réalité et contraire à la force passée du pays. Un « aquobonisme » devant la tâche de redressement nécessaire s’est installé qui signale une perte de volonté nationale particulièrement inquiétante parce qu’elle est radicale et qu’on peut craindre qu’elle ne soit définitive.

 

On dira : vous sombrez dans le « déclinisme ». Pas du tout, la grande affaire est de le conjurer. Et cela passe par des prises de conscience.

 

Vous avez dit conscience ? Alors là, vous êtes en plein déclinisme passéiste ! Silence. Ça suffit comme ça...


 

 

 

 

Octobre 2019 : quelques instantanés significatifs

1)      Examen de la vente d’un studio à Paris : l’acquéreur dispose d’un prêt (300.000 E) supérieur à ce que touche le vendeur en net (270.000 E). Il y a près de 30.000 euros de frais. Le dossier de vente fait près de 300 pages. Merci Mme Duflot et la loi Alur. Notaire, agents immobiliers, et syndics se sucrent sur l’abus de paperasserie. Leçon :

  1. La bulle immobilière à Paris ressemble à la bulle de 1992 où les banques prêtaient non seulement le prix d’achat à 100% mais les frais et une partie de la plus-value espérée. 
  2. L’amortissement d’un tel achat ne peut se faire sur la location compyr tenu  de la loi sur les loyers. Restent Airbnb et l’espoir d’une plus-value.
  3. Le blocage de la construction par Mme Hidalgo qui préempte tout alimente la spéculation
  4. Avec des taux d’emprunt à 1%, la tentation est grande pour un jeune cadre d’investir en empruntant sans capital sur 25 à 30 ans.  L’IFI qui devait prévenir le goût pour l’immobilier n’a eu aucune influence, sauf de doubler les recettes fiscales de l’ISF sur la partie immobilière.
  5. On était censé détricoter la loi Alur et ses folies bureaucratiques. Rien à faire en régime d’Enarchie Compassionnelle.

2)      Un juge rouge décide que l’état de nécessité justifie des actes illégaux qui visent à ridiculiser le président de la République. Leçon :

  1. Le justicialisme, cette doctrine de gauche qui veut qu’un juge doit utiliser les fonctions qu’il a réussi à obtenir dans l’Etat pour servir la cause et non pas le droit, est une des tares récurrentes du système judiciaire français et doit être réformé sans pitié. Il prive le législateur de toute légitimité et la victime de toute défense.
  2.  « Le gouvernement des juges » est une des causes du Brexit et alimente une rumeur de sortie de la Grande Bretagne du cadre juridique non seulement de l’Union Européenne mais aussi du conseil de l’Europe.  
  3. La renonciation au droit du sol en Italie part du même sentiment.
  4. Les peuples veulent retrouver une souveraineté juridique perdue de l’intérieur et de l’extérieur.

3)      Orange à qui l’installation d’une box sur fibre optique a été commandée, va commettre une suite ininterrompue d’erreurs plus ahurissantes les unes que les autres, concernant aussi bien la fourniture des matériels que leur installation.  Trois erreurs de livraison (dont une livraison en province pour une installation à Paris) puis trois erreurs de rendez-vous (avec un appel d’un installateur errant en Charente Maritime !). Au final l’installateur qui trouve enfin le bon endroit constate que c’est un câblage Free et que le nécessaire n’a pas été fait auprès de cette entreprise avant de venir installer. Installation retardée…d’un mois supplémentaire. Au total près de trois mois pour installer une box alors que tous les câblages sont faits !  Leçon :

  1. Orange a atteint le degré absolu de la désorganisation
  2. Le client est resté un usager à qui on peut tout faire subir.
  3. Le bourrage de raccordements sur les câbles entraîne des écarts immenses avec les performances théoriques des réseaux.
  4. Les programmes qui tournent sur la box n’ont d’intérêt que pour Orange et peuvent déranger gravement le client.  Si le Wifi est saturé les programmes ne marchent plus.  
  5. La dénationalisation des esprits prend plus de temps que celle du capital.

4)      La réduction de l’ISF aux seuls biens immobiliers, a fait l’objet d’une « évaluation ». Il appert que le coût de la mesure est moitié moindre que ce qu’on a annoncé, que la part de taxation de l’immobilier a un rendement doublé. En évitant le départ fiscal de centaines de « riches » qui sont restés dans le système fiscal français, la mesure n’a en fait pas eu de conséquences pour le budget.  Leçon :

  1. Le fisc reprend toujours ce qu’il a donné
  2. On exige une évaluation pour une baisse d’impôts sur les riches jamais pour une hausse même massive (par exemple plus de 40% sur l’IR en quelques années, ou un doublement de l’impôt foncier à Paris).
  3. La suppression de l’ISF n’a pas à être « justifiée » par des questions d’efficacité fiscales. Cet impôt était par nature innommable et honteux.   Supprimer une saloperie discriminatoire et spoliatrice pour une catégorie de la population se justifie en soi par respect des Français. C’est l’éthique démocratique qui est en cause.

5)      La réforme des retraites est justifiée, elle, pour des raisons éthiques alors que le problème fondamental est économique.  Un système unifié serait une opération de justice. En vérité il est très facile de savoir où sont les avantages les plus iniques. Les hauts fonctionnaires peuvent cumuler leur retraite statutaire et mille autres retraites acquises dans l’exercice d’une fonction élective, à la tête d’entreprises d’états, ou après un saut dans des entreprises privées.  Rendre la retraite statutaire prorata temporis serait un premier pas rapide à faire. Les fonctionnaires ont un système beaucoup plus généreux que les salariés du privé. Rendre les conditions identiques ne représente pas un énorme effort.  Pour le reste tout le monde sait qu’il faut revenir a minima à un départ à 65 ans et plus sérieusement à 67 ans. Leçon :

  1. L’Enarchie qui gouverne ne veut pas remettre en cause ses privilèges est espère un traitement de faveur pour encore très longtemps en se cachant derrière les autres catégories de personnel public.
  2. On complique pour noyer le poisson, alors que ces complications ne sont nullement nécessaires et encore moins souhaitées. C’est la méthode Macron avec ses lois kilométriques
  3.  Affirmer que la réforme a un but de justice alors que ce sont les déficits qui comptent et le coût démesuré d’une retraite à 60 ans est de la tactique politicienne débile.
  4. Une fois de plus les réserves de la retraite des cadres et des professions libérales seront volées malgré les dires contraires.
  5. Rappelons que les Cadres, s’ils avaient pu librement cotiser à un système de retraite par capitalisation, auraient aujourd’hui, pour les mêmes versements, près du double de pension avant impôt!

6)      On a donné au FMI une présidente bulgare et pour cela on a changé les règles d’ancienneté. L’institution sera toujours dirigée dans les faits par les Etats-Unis et par une femme, selon la grande règle des minorités agissantes : dès qu’on a eu un poste, on le conserve.  Leçon :

  1. Créé pour gérer les changes fixes et ajustables, le FMI n’a pas de rôle réel en régime de changes flottants.
  2. Le poste de directeur général est donc de pure représentation.
  3. Le FMI ne sert plus qu’à des bricolages diplomatiques et symboliques.

7)      La bourse frémit dans l’hystérie la plus totale. Elle atteint les plus hauts et dégringole aussitôt. Ce n’est plus de la « volatilité » mais de la peur panique. Si les robots des ETF déclenchent leurs triggers, on va vers une baisse très brutale.  Leçon :

  1. Les déversements massifs de liquidités banque centrale ont permis une spéculation boursière intense.
  2. La spéculation massive finit toujours assez mal.

8)      Greta Thunberg, six ans d’âge mental, poursuit la France en justice, en déformant de haine sa pauvre figure, alors qu’en matière de gaz a effets de serre elle a une des meilleures situations mondiales.  Leçon :

  1. La sagesse ancestrale veut qu’on ne confie pas à un enfant le soin de faire honte à des adultes et encore moins à des nations.
  2. C’est maintenant que Greta a du souci à se faire et pour elle-même. Apparemment elle a des parents indignes.

9)      Donald Trump taxe sans vergogne l’Europe en fonction de son bon plaisir après avoir rendu impossible tout jugement de l’OMC (en bloquant la nomination des juges).  Les dommages pour la France seront sérieux.  La guerre commerciale fondée sur un constat monétaire (l’existence d’excédents faramineux au profit de l’Europe), et la France est piégée dans l’affaire à cause des Allemands ! Leçon :

  1. Les excédents sont condamnables dans tous les traités d’après-guerre. Il aurait été bon Que l’Europe s’en avise en temps utile. Mais chut !
  2. La responsabilité allemande est écrasante. Mais chut !
  3. Le système des changes flottants est responsable. Mais chut !
  4. L’Eurosystème est responsable. Mais chut !

 De chut en chut jusqu’à la chute finale ?  

Monnaie : les analyses désespérantes des économistes appelés par les médias

Pour les économistes reconnus par les médias, la période est extrêmement difficile. Le tourbillon qui engloutit toute la phraséologie habituelle et les avis convenus les met dans l’obligation de rester dans le coup sans trop se contredire, ce qui ne va pas sans sévères contorsions. Quand on a cautionné pendant des lustres un système qui a périclité, en couvrant ce qu’il faut bien appeler des imbécillités d’un vernis scientifique,sans jamais se lasser, on sait que les journaux vous resteront ouverts (l’habitude), mais il faut tout de même un sens des transitions assez marqué pour se rétablir dans le nouveau monde incertain qui se met en place en matière de conception économique.

En rendant compte des débats du colloque du 23 au 24 septembre sur la monnaie, le Monde en donne à nouveau de beaux exemples.

Barry Eichengreen est américain et reconnu dans le domaine de la monnaie. La presse française adore les économistes américains, surtout de gauche comme Stiglitz qui tient la vedette en toutes circonstances et sur tous les sujets, aussi bien au Figaro qu’au Monde, mais n’importe quel technicien peut faire l’affaire pourvu qu’il ait une petite aura dans son pays.

L’excellent Barry commente la suggestion de Mark Carney, ancien gouverneur de la banque centrale du Canada et de la banque centrale britannique, une curiosité intéressante, de créer une « monnaie synthétique hégémonique » pour remplacer le dollar. On aurait aimé que la presse française informe les Français de cette suggestion. Mais non. Comme les Soviétiques apprenaient les nouvelles par leur réfutation dans la Pravda, on ne connaît les analyses vraiment intéressantes que par le commentaire postérieurs et autorisés des économistes en cour.

Carney a compris qu’un système monétaire mondial fondé sur une monnaie nationale est une hérésie. Cela ne marche pas. Cette hérésie a fait sauter les accords de Bretton Woods et est en train de dynamiter les changes flottants, avec dollar comme monnaie de réserve. Il a expliqué qu’un pays qui voit son poids fondre dans l’économie mondiale ne peut pas satisfaire les besoins monétaires d’une économie mondiale qui croit plus vite qu’elle. On a tellement entendu que l’or ne pouvait plus servir de base monétaire mondiale car les besoins de l’économie excédaient la croissance des extractions, que cet argument est imparable pour contrer les tenant des changes flottants autour du dollar.

Carney conclut qu’il faut une monnaie internationale représentative d’un panier de valeurs de référence. Il dit donc ce que nous cessons de répéter sur ce blog. Il faut un étalon monétaire stable, incontestable et représentatif de valeurs certaines. Les DTS en sont une approche. Mais avec les changes flottants, ils synthétisent des valeurs flottantes et ils ont été mis au frigo. Carney propose un saut technologique pour que cet étalon monétaire puisse devenir une vraie monnaie, utilisable principalement entre banques centrales et pourquoi pas plus si affinité.

Au lieu de discuter directement cette idée importante, Eichengreen la compare à la Libra, le projet de monnaie privée proposée par Facebook, qui lui aussi se base sur un panier de valeurs de références fortes pour asseoir sa crédibilité. Il a beau jeu de prouver qu’il n’y a aucun lien solide entre la création de Libras et la fourniture des liquidités internationales nécessaires. Le dollar restera le maître du jeu. Les dangers inacceptables extra-monétaires de la Libra rendent sa légalisation problématique. Alors faut-il compter sur des DTS mis à la mode numérique ? Eichengreen avance qu’une transaction en DTS numériques serait plus coûteuse qu’en dollars. Il n’explique pas pourquoi et s’égare dans des considérations sur la création de cryptomonnaies par les banques centrales qui rendrait moins coûteuse les transactions et atténuerait sans la supprimer l’hégémonie du dollar. Voilà donc la suggestion de Eichengreen : que les banques centrales créent des cryptomonnaies ! Et qu'on laisse le dollar régner en flottant !

Agnès Bénassy-Queré française est une économiste primée par le Monde en 2000. Elle explique que les droits de douane agissent plus sur les soldes commerciaux que la monnaie. D’après ses calculs il faudrait une dévaluation de 66 % du dollar pour rétablir l’équilibre avec la Chine. Ce qui revient à dire que le flottement des monnaies dans des marges contraintes ne sert à rien. Mais cette conclusion ne sera pas tirée. En revanche elle constate : « quel bonheur de réaliser des transactions internationales dans une seule monnaie qui resterait stable par rapport à un panier de monnaies souveraines ! »

Mais là on entre dans une contradiction immédiate : les dévaluations c’est inefficace mais c’est efficace. On le voit bien avec l’Euro qui ne permet pas d’ajuster les économies de l’euroland. Du coup on s’échappe en condamnant la Libra.

Pour se sauver, il reste à lire les réflexions d’un jeune économiste primé lui aussi mais en 2008. Il explique que l’hégémonie du dollar a d’importantes conséquences, du genre négatives surtout depuis que la place ses États-Unis dans le PIB mondial régresse. Mais pas de chance l’Euro ne peut pas jouer le rôle du dollar. Pas plus que le Libra. Alors ? Alors rien.

Essayons le dernier article d’un certain Lorenzoni de l’université Northwestern de Chicago. Un américain au nom européen, c’est cool. L’article est prudent. L’auteur ne prend rien à son compte. Il fait droit à des explications qui « tiendraient » (conditionnel) à des analyses que l’on va citer mais qu’on n’endosse pas. Il fait bien car la première est la sottise microéconomique habituelle qui veut que le taux de change ne soit que la résultante de comportements individuels cumulés. Partant de là on décrit des mécanismes théoriques peu convaincants qui conclut que quoiqu’on ne fasse rien ne se corrige de toute façon. Nous voilà bien avancés.

Quand on lit entre les lignes on voit apparaître surtout deux points importants :

-          Les changes flottants ne fonctionnent pas et les mesures qu’on peut prendre dans ce cadre sont inefficaces.

-          Le monde a besoin d’une monnaie mondiale non nationale (un rêve).

Mais bon, n’en tirons aucune conséquence !

Dans Marianne n° 1175, Christian Stoffaes, président d’un conseil d’analyse économique franco-allemand, ce qui n’est pas rien, en appelle à la convocation d’un nouveau Bretton Woods. L’ennui, c’est que plus personne ne sait ce qui s'est décidé à Bretton-Woods et pourquoi le système a explosé (une des raisons pour lesquelles nous avons écrit notre dernier livre : La Monnaie du Diable). Et on part finalement dans les quetsches en expliquant « qu’on ne rétablira pas les changes fixes ». Alors on fait quoi ? Heu ! Heu !

Tout ce petit monde constate avec la plus grande exactitude que les changes flottants ne marchent pas. Ils expliquent avec précision pourquoi. Et dès qu’il faut sauter le pas, c’est-à-dire convenir qu’il ne reste plus qu’une seule solution : revenir aux changes fixes et ajustables par consensus autour d’un étalon extra-national avec interdiction des grands déficits et des grands excédents, alors ils calent tous. Pas question de briser le tabou ultime.

Pauvre PQN et pauvres journaux français, réduits à cette extrémité de cautionner des tabous et incapables de trouver en eux la volonté de sortir de cette purée économique inconsistante et lâche. Au moins Alain Minc, lui, s’est fâché. On ne comprend pas que la PQN reste ainsi prisonnière d’une cage de verre qui se pulvérisera au premier choc. Dans les années trente, la stratégie militaire française était également prisonnière d’un tabou : parler d’offensive était offensant. On a perdu la bataille des Ardennes en 5 jours. Plus personne ne comprend le tabou qui empoignait les esprits.

Les effets délétères de la crise de 2008 continuent à ravager le faux consensus préalable, sans que les officiels n’osent franchir le pas. Il y a une heure, le niveau de l’inflation européen a été connu : la hausse des prix n’est que de 0.9%, en baisse en dépit des arrosages de la BCE. Quand cela ne marche pas, cela ne marche pas.

Il faut se débarrasser des tabous.

Nous, nous disons qu’il faut revenir à des changes fixes et ajustables par consensus avec un étalon extra national. C’est la seule solution.

 

Didier Dufau pour le Cercle des « économistes e-toile »

Un spectacle rare : l’explosion en plein vol d’une idée dominante trompeuse et abusive

Le martyre des inconditionnels de la politique américaine

Nous vivons une période intéressante. Pour les astronomes, l’explosion d’une supernova a toujours été une expérience excitante. Pour une économiste, l’explosion radicale d’une idée dominante, que l’on conteste est un spectacle à la fois réjouissant. Mais aussi  consternant : il était si clair que tout cela n’était pas durable.

Les « Trente Glorieuses » n’ont pas été le fruit du hasard. Elles ont été construites. Puis détruites. Cette destruction n’a pas été l’effet d’un mouvement de doctrine. Ce n’est pas une profonde réflexion économique partagée qui a conduit à changer la pensée et les pratiques, mais simplement un mouvement de mauvaise humeur des Américains qui avaient décidé d’utiliser leur monnaie et leur puissance à d’autres fins que la prospérité générale.

L’idéologie qui avait mené à l’organisation de Bretton Woods était le fruit d’une précédente révolution idéologique : l’étalon or et la passivité des états en cas de crise n’étaient simplement plus possibles après la guerre de 14 et la crise de 29.  La monnaie n’étant plus fondée sur un étalon en métal précieux, il fallait trouver un moyen de réguler les échanges avec des monnaies administratives nationales multipliable pratiquement à l’infini sans frais.

Une nouvelle idée dominante a été forgée à Bretton Woods en juillet 1944 qui voulait que les échanges internationaux fussent bénéfiques si et seulement si les échanges étaient équilibrés et tant que les Etats évitaient de se faire la guerre avec des dévaluation ou des restrictions artificielles (taxes, réglementations, contingentements) des échanges. Le rôle des Etats était pris en compte : ils devaient s’abstenir de pratiques contreproductives, mais on les imaginait capable de réguler globalement l’économie pour éviter ce déficits et excédents dommageables. Pour mettre tout le monde d’accord, on a créé le FMI, destiné à prévenir les attitudes à risques et à corriger les erreurs résultantes au mieux de l’intérêt de tous. Et nous eûmes les Trente Glorieuses. Bravo !

Lorsque les Etats-Unis en juillet 71 ont fait sauter les accords de Bretton Woods et plus encore lorsque les accords de la Jamaïque, à Kingston, ont été signés, il n’y avait pas d’idéologie sous-jacente, seulement la matraque du maître.  Comme personne ne se plait à jouer les valets de façon trop ouverte, on a bricolé une nouvelle vulgate, pour donner un semblant de rationalité à ce qui n’était qu’une voie de fait et un ensemble de soumissions.

L’idée dominante s’est construite doucement, en s’appuyant globalement sur les théories de l’école libérale autrichienne, qui par réaction au socialisme interventionniste qui avait dominé l’après-guerre, prônait la liberté des marchés et plus concrètement sur les théories de Milton Friedman, seul défenseur un peu élaboré des changes flottants à cette époque.  L’Etat était l’ennemi qui gâchait tout. Il fallait le museler. La finance serait le fait des marchés les plus libres et ouverts possibles et pour ce qui est des banques, ce sont les banques centrales, indépendantes qui réguleraient le marché. 

En soi, détruire la vulgate keynésienne, que Keynes aurait condamné, qui veut qu’on augmente en permanence la dépense publique tout en contraignant les forces productives par la réglementation, la justice et les syndicats, ne posait pas de problème. On a vu le Royaume-Uni s’effondrer littéralement sous Wilson, ce qui a entraîné la très nécessaire réaction thatchérienne qui a remis le pays dans le sens de la croissance.   Milton Friedman est un auteur prodigieusement intéressant et un de ceux qui connaissent vraiment bien les questions monétaires. Comme Keynes est un penseur économique de premier rang.  L’ennui est qu’ils ont donné des arguments à des margoulins politiques qui se sont attribués leur réflexion pour mener des politiques désastreuses.

Le Miltonisme s’est effondré pratiquement en même temps que le keynésianisme.  La FED, après avoir tenté de suivre les idées de Milton Friedman les a abandonnées radicalement. Dès la crise de 92-93, on savait que les avantages théoriques du système des changes flottants étaient illusoires. Les ajustements n’étaient pas progressifs mais très brutaux. Il fallait plus de réserve pour éponger les à -coups. Les soldes n’étaient jamais épongés et les déséquilibres croissants. Les changes flottants, ce ne marche pas. Plus graves, ils créent des crises endogènes.

Mais tous les messages et avertissements envoyés par les économistes clairvoyants comme Rueff ou Allais ont été mis sous le boisseau ou ridiculisés.  C’est la force d’une vulgate : elle élimine tout ce qui la contrarie. Ce qui fait que l’effondrement régulier de la croissance depuis 1971, la montée massive des dettes, la survenue de récessions de plus en plus graves n’ont pas joué leur rôle pédagogique.

On a fait semblant de croire à des tas de sottises et de faux semblants pendant des années. Jusqu’à l’énormité de la crise de 2008 et désormais le changement de stratégie des Etats-Unis. Ils ont balayé tout ce fatras qui apparait pour ce qu’il est : un sac à vent rempli d’approximations plus ou moins intéressées répétées ad libitum par des perroquets.

Sous les choc des tweets de Donald Trump, les suiveurs inconditionnels des Etats-Unis commencent à changer de musique, pendant que d’autres tiennent à conserver leur dignité en lâchant la vulgate qu’ils promouvaient inlassablement mais petits pas par petits pas. Tout dans tout, la dépouille de la vulgate commence à faire tâche sur le sol ensanglanté des guerres trumpiennes. La lecture des journaux, notamment FT et The Economist, les deux vecteurs principaux de la vulgate, devient assez cocasse.

Quels sont les vaticinations les plus significatives ?

Une première option est de faire semblant de croire que les accords de Bretton Woods sont encore opérationnels et menacés par Trump.  

Martin WolF s’est ainsi lancé dans une longue défense du système actuel, en le présentant comme une continuité positive de 1944 à nos jours. L’artifice est un peu gros : la période est coupée en deux : 27 ans de croissance exceptionnelle, sans crise et depuis 71 une baisse continue de la croissance avec des crises d’intensité croissante jusqu’à l’explosion de 2008. Du coup on gomme tout ce qui est à réformer. Et on ne comprend rien à la réaction électorale populiste. Et en final on concède qu’il faut trouver un nouveau modèle.

Une autre optique est de valoriser l’esprit de Bretton Woods mais de dénoncer les grandes organisations Banque mondiale, OMC, FMI, comme sclérosées et à réformer. La vérité est simple : une organisation comme le FMI était là pour gérer des changes fixes et modifiables, sachant qu’on présumait que les Etats étaient capables de réguler ses flux commerciaux et financiers extérieurs.  Si les Etats sont hors-jeu et les banques centrales les seuls acteurs publics tolérés, le FMI n’a plus de sens. Il a perduré dans son être mais par la force de la bureaucratie. Il ne devient pas trop difficile d’alimenter moult articles qui expliquent que ces institutions antiques doivent être profondément réformées voire disparaître. Gilian Tett, la journaliste de FT qui écrit comme un cochon et tire de son stylo une bêtise plus vite que son ombre perd son temps à expliquer qu’il faut les supprimer et les replacer par … du « networking ». Il est vrai qu’aux Etats-Unis la Chambre de Commerce pense que le FMI empêche le business et le dit ouvertement.  Alors pourquoi pas de réseautage.

Contradiction, les mêmes milieux économiques proches de Trump commencent à considérer que le libre-échange, cela commence à bien faire. « Ras de bol de faire du commerce avec des voyous et à notre détriment ». On dirait du Natacha Polony dans le texte évoquant le libre-échange. Inutile d’essayer d’expliquer que ce sont les échanges déséquilibrés qui posent problèmes pas le libre-échange lui-même. La coopération et le libre-échange, à la poubelle ! Sauvons nos classes moyennes martyrisées !

Les mêmes qui vous expliquaient que les Etats n’étaient plus à même de contrôler leurs changes et que cette activité était vaine car impossible, vous expliquent que la Chine manipule sa monnaie et depuis toujours. Donc, on peut ! Et longtemps !

Les mêmes qui vous expliquaient que les banques centrales pouvaient gérer l’inflation, vous expliquent maintenant qu’elles s’avèrent incapable de revenir vers l’objectif de 2%. On ressort les constats de l’économiste américain Lucas, il y a 60 ans, qui avait déjà constaté l’impuissance des seules banques centrales face à l’inflation.  

On demande à la FED de faire baisser le dollar alors qu’on cinq minutes avant on nous expliquait que les énormes masses financières en jeu rendaient l’opération impossible et que seuls les changes flottants permettaient les ajustements.

Et les Trésors Publics ? Ils ne peuvent rien les malheureux, ou tout, c’est selon. Evidemment la politique monétaire est partout gérée par l’Etat, sauf en Europe où les différents journalistes qui se sont penché sur la question ont des vues différentes.  C’est la BCE qui gère dit l’un. Mais de facto car c’est contre ses statuts, dit l’autre. Pas du tout, dit un troisième, elle gère l’inflation (inexistante). Aucun n’a l’air de savoir que c’est l’Eurogroupe, en tant que collectif qui doit mener au jour une politique monétaire en se réunissant tous les sixièmes jeudis du mois. En cas de guerre des monnaies, c’est peut-être un peu embêtant, non ? On fait quelque chose ? Ben, non. Il faudrait changer les traités. Et c’est long. La guerre aura déjà été perdue depuis longtemps.

Trump aura ainsi fait voler en éclats en quelques tweets une vulgate intellectuellement controuvée factuellement décalée et même, concrètement, désastreuse, qui avait été créée par les suivistes de la politique américaine pour justifier la destruction des accords de Bretton Woods. 

Les esprits espiègles ne peuvent que constater que si toute variation de change dommageable est le fruit d’une mauvaise action et non pas un heureux ajustement du marché, il vaut mieux retrouver un système de changes fixes et surveillés, avec consensus préalables pour les ajustements !

Les esprits s’échauffent aussi vite que la planète et pour le lecteur, les contradictions sont devenues telles dans le domaine économique qu’il en est réduit à penser qu’il n’y a pas de sciences économiques, seulement des guignols et des Etats irresponsables et en conflit ouvert.

Il serait plus simple que tout le monde comprenne que les changes flottants ont conduit d’abord à la contraction de la croissance puis à une crise sévère et à la stagnation générale, puis à l’exaspération des tensions, puis à la guerre commerciale et maintenant à la guerre des monnaies.

Entre le constat qu’on ne pourrait pas revenir à l’étalon or et la création d’une nouvelle organisation monétaire internationale, il a fallu deux guerres et 20 ans. Espérons que nous saurons aller plus vite.

Pour notre part, cela fait plus de 20 ans que nous expliquons avec une constance digne d’une meilleure écoute que ce que nous voyons aujourd’hui est le résultat obligé des concepts illusoires et des faux-semblants mis en place après le coup de force de 1971.

En vérité si le diagnostic se cristallise, tout peut aller très vite. On sait ce qu’il faut faire. J Notre association offre La Monnaie du Diable 1919-2019 à tout dirigeant en manque de solutions qui s’intéresserait à la question !

Didier Dufau, pour le cercle des « économistes e-toile ».

Désarroi et controverses sur le système monétaire

Les économistes officiels, les journalistes et les politiques aux abois

Plusieurs événements ont conduit à une réanimation soudaine des querelles autour des questions monétaires. Les postes de direction de la BCE et du FMI sont à pourvoir. La FED vient d’annoncer une politique encore plus accommodante et la BCE a aussitôt suivi le mouvement, évoquant de nouvelles libéralités en septembre. Pas question de laisser s’affaiblir le dollar, la guerre des monnaies suivant la guerre commerciale ! La menace de taxation du vin français, contrepartie de la taxation des GAFA, sur fond de condamnation des grands excédents, matérialise l’animosité qui s’est substitué à l’esprit de coopération.  Les vestales qui rallument chaque année à Washington la flamme de Bretton Woods ont été rejointes à l’occasion du 75ièmeanniversaire, par d’autres commémorations, dont celle, en anglais (!?!), organisée par la Banque de France. La tonalité est une nostalgie prononcée pour une époque où la coopération multilatérale et le souci collectif de la croissance avait porté ses fruits. Conscients de l’émergence de ce climat potentiellement contraire à ses intérêts, la finance débridée a lancé de nombreux contre-feu, notamment dans le FT, soulignant le caractère caduc des accords de Bretton Woods et des institutions associées. En même temps beaucoup s’inquiètent de l’incapacité des banques centrales à sortir le monde du marasme et du peu d’effets positifs des intérêts négatifs.

Les esprits se débrident un peu. Enfin ! En vérité, assez peu, comme nous allons le voir, l’accumulation des contradictions les plus étranges ne faisant pas peur à la majorité des intervenants officiels dans ce déballage.

Comme personne ne rappelle le contenu des accords, et d’ailleurs ne le connait réellement, le débat est obligatoirement assez fumeux. Rappel en deux mots :  

Bretton Woods se caractérise par deux mesures fondamentales et une erreur magistrale.

-        Première mesure fondamentale : les changes sont fixes et de la responsabilité des états qui doivent surveiller les flux de marchandises et de capitaux.

-        Les grands excédents et les grands déficits sont interdits. En cas de défaillance d’un pays, on l’aide pour éviter une récession générale des échanges. Un organisme,  le FMI, est là pour prévenir et guérir les dérapages.

L’erreur magistrale est d’avoir fait d’une monnaie nationale l’étalon mondial. Certes la conversion en or était de droit.  Mais le système ne pouvait durer que tant que le pays en question considérait la gestion de sa monnaie comme fondamentale pour le monde, sans aucune négligence.

Rien n’empêchait les Etats-Unis de considérer qu’ils avaient d’autres objectifs à atteindre.  Ce qu’ils firent, à trot ou à raison. L’explosion du système était au bout du chemin et elle s’est produite en été 1971, avec le refus des Etats-Unis d’honorer leur parole de rembourser en or toute présentation de créances en dollars, un peu comme si les Grecs refusaient de rembourser leurs dettes en euros autrement qu’en drachmes nationaux. 

Première conséquence : il est impossible de revenir aux accords dans la forme de 1944. Se contenter de dire : « revenons à Bretton Woods », est une marque d’ignorance et d’irréflexion.

 Seconde conséquence : le passage aux changes flottants marque la fin des Accords. Ceux qui laissent entendre qu’ils sont encore actifs témoignent d’un manque de connaissance flagrant.

Les changes flottants sont l’exact opposé de la formule de Bretton Woods. Les Etats sont censés ne plus être responsables de rien, au profit des acteurs financiers, sous la houlette des banques centrales.  Si les taux de changes se fixent selon les lois du marché, les banques centrales ne doivent pas interférer sur les cours.

Que se passe-t-il si les flux se déséquilibrent et que des déficits et des excédents majeurs se produisent ? C’est censé ne pas de produire. En tout cas les Etats n’ont pas à se soucier de la « vérité des marchés ». Si les flux sont déséquilibrés, soit. Et ils l’ont été en permanence depuis l’été 71.

En vérité, nous sommes en pleine fiction. Tout le monde sait que la monnaie est l’enfant adultérin du sabre et du goupillon, et cela dès sa création huit siècles avant JC. Le goupillon a faibli (pas partout, voir la finance islamique) mais pas le sabre.  C’est d’abord pour battre l’URSS que les Etats-Unis ont mis en l’air les accords de Bretton Woods. Aujourd’hui Trump constate que les changes flottants et la diplomatie du dollar ne permettent pas de protéger suffisamment les Etats-Unis. Ils se sont décidés pour des voies de fait commerciales.

Eh oui, monnaie et commerce vont ensemble ! Les disjoindre est une sottise. On se vautre dans cette erreur dans toutes les discussions sur le Mercosur et le CETA. Ce n’est pas le libre échange qui pose problème mais le fait que l’Europe n’utilise pas les négociations commerciales pour réformer le système monétaire.

La vraie décision américaine fâcheuse est le TFTEA, comme nous l’avons amplement souligné dans ces colonnes. Cette loi passée par Obama, pas par Trump, lie rigoureusement commerce et monnaie. Un excédent monétaire est vu par ce texte comme une attaque commerciale déloyale, vérité du marché ou pas vérité du marché des changes ! Les Américains qui ont imposé les changes flottants ne croient même pas aux discours théoriques qui ont accompagné cette voie de fait.

Trump facilite le diagnostic et complique la solution. Il a raison de souligner que les grands excédents sont interdits par les grands traités et notamment par les statuts du FMI, ce qui explique la gêne de l’institution et la faiblesse des réactions de Mme Lagarde devant les menaces américaines. Il a tort de croire qu’il peut continuer de faire du dollar la monnaie du monde, puisque ce rôle implique des déficits américains incontrôlables. Ou le dollar devient une monnaie de même rang que les autres ou les déficits sont structurels. Et il n’y pas de solution sur les bases du TFTEA qui devient une simple machine de guerre unilatérale.

C’est cette position qui devrait être celle de l’Europe. Son silence est tonitruant. Macron, ses Gilets Jaunes et ses déficits ne peut que rester muet, comme l’Allemagne qui accumule des excédents interdits et indécents.

Pour bien aborder ce débat, il faudrait, préalable indispensable, régler une question économique fondamentale. Qu’est-ce qu’on « bon » système monétaire international ? Cette question n’est strictement jamais abordée dans la presse et dans les études économiques officielles. Elle porte trop d’enjeux politiques.

Notre réponse est parfaitement claire : un bon système monétaire international est celui qui interdit les grands déficits et les grands excédents et qui prévient et corrige vite les dérapages dès leur constat.

Evidemment, pour comprendre cette assertion, il faut résoudre deux autres questions fondamentales :

-        Quels sont les inconvénients des grands excédents ?

-        Quels sont les inconvénients des grands déficits ?

Malheureusement, ces deux débats ne sont pas menés. Le silence est quasiment total. Et malgré nos efforts pour tenter de les faire vivre dans la PQN française, il est là pour durer. Personne ne veut prendre le risque de porter ces questions et en particulièrement pas les Etats qui sont en excédent ou en déficit. Critiquer les grands excédents est s’en prendre à l’allié allemand. Critiquer les grands déficits est s’en prendre à l’allié américain. Forfaiture ! Silence les inconscients ! Vous devez avoir « un calendrier caché » ou des « objectifs sournois » pour mettre ce serpent de mer sur la table d’opération.

« D’où parlez-vous ? Vous n’êtes rien. Qui vous paie ». Etc. Certains ont même fait valoir que le nom de notre cercle : économistes e-toile, était un plagiat volontaire pour nous faire passer pour Le Cercles des économistes ! On aurait su, on aurait choisi « club des économistes e-toile ».  Il aurait été certes courtois, pour le Cercle des économistes, de ne pas préempter le nom de tous les autres cercles possibles. Cercle des Economistes Officiels Français aurait très bien fait l’affaire. Il n’y a pas, à notre connaissance, un Cercle des Boulistes qui s’indignerait de l’existence du Cercle des Boulistes de la Ciotat ou de Romorantin !

Avoir appris, à l’occasion de la publication de notre livre, La Monnaie du Diable 1919-2019, que nous étions « suspects », est un des aspects les plus inattendus et saugrenus de cet effort éditorial.

En France ce ne sont pas les faits, les idées, les démonstrations, les études qui comptent mais le pedigree de ceux qui les publient et le clan auquel on peut rattacher leurs auteurs.

« Votre livre attaque la finance et le néo-libéralisme ! » « Votre livre attaque le keynésianisme ! » « Vous renvoyez tous les prophètes à leur crédo en essayant de donner des explications qui collent à la réalité ». « Mais qui êtes-vous donc pour prétendre avoir une réflexion disjointe de celles des clans officiels ? »

 L’économie est devenue une affaire quasi religieuse avec deux sectes opposées qui vivent en bonne inintelligence et font de la chaleur dans les médias et jamais la moindre lumière.

Désolé, la science économique sait parfaitement pourquoi les grands déséquilibres sont nocifs.

Si les échanges sont équilibrés, alors les produits s’échangent contre les produits et le travail contre le travail. Il ne peut pas y avoir de soupçon que l’échange nuit aux travailleurs d’un pays au profit de ceux de l’autre. On voit la pertinence de cet aspect  à un moment où le rattrapage des populations victimes du communisme se fait au détriment des classes moyennes et populaires des pays occidentaux.

S’ils ne le sont pas, cela veut dire que la vente s’est faite contre de l’argent qui s’accumule chez le vendeur. La boucle économique ne se referme pas. Il manque au pays déficitaire une partie de la contrepartie de sa production. Tant que le déséquilibre est temporaire, les mécanismes financiers peuvent jouer un rôle apaisant. Mais s’il dure, alors le pays qui accumule d’énormes excédents permanents assèche les ressources financières du pays déficitaire qui doit recourir à l’emprunt. Le pays en excédent n’ayant pas l’emploi de la monnaie administrative des autres pays est tenté de la replacer. Mais dans quoi ? Les pays déficitaires sont en difficulté de compétitivité. L’occasion d’investir dans la production est faible. La spéculation devient le réemploi presqu’obligatoire.

On a connu cela depuis l’instauration des changes flottants, et dans l’indifférence officielle, les grands excédents japonais, allemands, puis coréens et chinois. L’économie est devenue baudruche et a fini par exploser.  

Oui : il est légitime que les statuts du FMI et les grands traités internationaux postulent que les Etats doivent veiller à empêcher toute dérive vers les grands excédents et les grands excédents.

Les changes flottants sont un système déplorable parce que justement ils ne permettent pas l’ajustements des soldes commerciaux et financiers. Milton Friedman avait théorisé le contraire, mais cinquante ans de pratique et de constat, ont mis à bas son espérance.

La mère des batailles économiques serait aujourd’hui de renoncer aux changes flottants. On pourrait espérer que des milliers d’économistes à travers le monde soient courbés sur ce travail et la recherche de solutions. La question n’est même pas posée. Les changes flottants sont un totem et un tabou ! La raison en est simple : les Etats-Unis veulent ce système, et notamment ses banques mondialisées devenues non seulement dominantes mais exclusives. Même s’ils constatent les dégâts politiques dans leur propre pays. Le lien n’est toujours pas fait.  FMI, OCDE, banques centrales, tout le monde se couche. Sinon, fini les récompenses flatteuses et les avancements rémunérateurs.

Le drame se complique encore quand on constate que l’Eurosystème ne répond pas non plus à notre critère de qualité : il ne permet pas et ne permettra jamais de corriger les grands déficits et les grands excédents. Pour aggraver le tout, on a accepté ce que les accords de Bretton Woods avaient pour objectif principal d’empêcher : des politiques violentes d’ajustement par la déflation et la régression économique. Si les négociateurs de Bretton Woods revenaient parmi nous ils seraient consternés. Voir le triomphe de tout ce qu’ils avaient décidé d’empêcher serait trop pour eux. Il y a tout de même des limites !  

Notons qu’un système de changes imposés et non ajustables et un système de changes flottants sont totalement contradictoires. La simple logique suggère que si l’un est bon l’autre ne l’est pas. Ils ne peuvent pas être bons en même temps. En revanche ils peuvent être nocifs en même temps, ce que démontre largement l’histoire des 20 dernières années.   

Le constater est ajouter une strate d’ennemis jurés et impitoyables. Imaginer qu’on puisse analyser les faits pour œuvrer à la mise en place d’une solution homogène et positive est totalement inimaginable dans le climat hystérique qui prévaut.  

« Vous devez être « villiériste », au mieux, lepéniste, au pire, anti européen, anti-euro, anti-tout. En tout cas un vil populiste. Ou un esprit troublé. Un fou peut-être ? Vous n’avez pas compris que les peuples européens adorent l’Euro ! »

Fa Tutto !

Pour un observateur économique objectif et qui cherche la cause des difficultés et les remèdes, il n’y pas le choix aujourd’hui.

Il faut faire valoir l’urgence monétaire et l’obligation de réfléchir à un nouvel ordre commercial et financier qui nous sorte des contradictions insolubles, de la crise permanente, de la stagnation de longue durée, de l’effondrement du revenu des classes moyennes inférieurs, des tensions au sein de l’Europe, des crispations transatlantiques, et du danger Chinois.

Nous pensons qu’il n’y a pas plus d’urgence critique que d’élaborer une diplomatie de la prospérité qui réunisse dans une même bassine et les questions commerciales et les questions monétaires. Pas de bon commerce international sans bon système monétaire.

C’est sur ces bases que nous allons réfuter certains articles publiés dans FT et qui tendent à justifier le maintien des changes flottants malgré cinquante ans de pertes de croissances, de gonflement des dettes et de crises à répétition et de plus en plus graves.  

Didier Dufau pour Le Cercle des Economistes e-toile

Chassez la monnaie, elle revient au galop !

Les menaces de Trump sont commerciales mais elles proviennent de déséquilibres monétaires dus à un système monétaire international défaillant. On accable Trump de sarcasmes et on oublie de parler de la cause des troubles sous-jacents. Et voilà que ce « voyou » de Zuckenberg, affreux jojo qui a révolutionné la vie des femmes connectées avec son programme Facebook, en vendant leurs émois connectés aux publicitaires, veut accroitre sa puissance en créant avec quelques associés de poids une monnaie internationale alternative : la Libra.

L’Euro a été radicalement chassé des débats européens. Trichet parade et exulte : tout le monde aime l’Euro ! Et voilà que l’Italie crée des « miniBots » qui vise à compenser l’assèchement monétaire imposé par les excédents allemands. Eh oui : l’Eurosystème est dysfonctionnel et exige des réformes profondes.

Cerise sur le gâteau, voilà qu’une partie des pays africains membres du franc CFA veulent créer une zone monétaire du type Euro, mais sans la garantie française (et sans aucune réflexion sur les défauts d’une zone de monnaie unique). L’ECU faisait trop européen, on a choisi ECO comme nom de la devise unique.

Jamais la créativité monétaire n’a été aussi grande, une marque traditionnelle de situation internationale trouble, ce qui laisse supposer que les monnaies actuelles ne jouent peut-être pas leur rôle de façon totalement satisfaisante.

Nous ne parlerons ici que des « minibots » italiens, réservant les autres initiatives à des commentaires ultérieurs.

Lorsque Varoufakis, en Grèce, a imaginé un moyen de contourner l’asséchement monétaire organisé pour faire fléchir son pays (pour servir d’avertissement aux autres, notamment à l’Italie et à la France) il a imaginé une solution complétement farfelue. Il aurait étudié le cas de l’Argentine, il aurait trouvé des solutions plus faciles. Le « currency board » argentin conditionnait la création de monnaie à un solde positif de la balance de paiement en dollar. Quand la hausse phénoménale du dollar s’est accompagnée de la dévaluation massive du real brésilien, son principal client, l’assèchement monétaire a été immédiat et radical. La seule solution pour l’Etat était de créer des reconnaissances de dettes pour payer salaires et fournisseurs et accepter le paiement des taxes et des impôts avec ces billets.  L’Etat argentin étant fédéral, cela a un peu compliqué les choses et on a vu de nombreuses « monnaies alternatives » voir le jour, dont la plus symbolique était l’« Argentino », même si les Patagones et équivalents représentaient des sommes bien supérieures. Les conséquences ont plus tard été fort fâcheuses avec ruine des créanciers internationaux, échec de la politique de sauvetage du FMI, abandon du « currency board », retour à un peso effondré.  Le cycle antérieur au currency board a repris et le Peso argentin est à nouveau sous sauvetage du FMI, après des années de gouvernement argentin pourri.  Le rapprochement de l’affaire argentine et du cas italien est aussi marqué par l’affaire du corralito. La BCE, via l’exemple fait en utilisant la Grèce comme cobaye, peut à tout moment contingenter les comptes des banques italiennes. Ce contingentement est exactement la même chose qu’un corralito sauf que dans le cas argentin, la mesure visait à revenir à un peso dévalué et flottant, alors qu’en Italie il ne s’agirait, pour les fonctionnaires européens, que de forcer le passage à une politique massivement déflationniste sans changement systémique de l’Eurosystème.  

L’idée d’imprimer des bons du trésor ressemblant comme un frère à un billet de banque est-elle une simple menace ou le début d’une politique de contournement des règles récessives de l’euro ? Le vote du parlement italien ressemble plus à une provocation qu’à un véritable changement de politique. Salvini met la pression mais sur qui ? La Commission ? La BCE ? Le conseil des chefs d’états ? Le conseil des ministres des finances ?

Tant que les Allemands ne seront pas amenés à cesser leur politique d’assèchement de la liquidité européenne, avec des excédents littéralement monstrueux par rapport aux comptes extérieurs des autres pays de l’Euro, l’Europe et la BCE n’auront aucune légitimité pour imposer la récession aux pays en difficultés. Selon nous, la menace italienne est légitime. La réaction italienne est entièrement le fruit d’une anomalie de construction de l’Eurosystème et les politiques récessionnistes sont illégitimes.  Bien sûr, ce fait évident est nié au nom de la conservation de l’Eurosystème « adoré » par les Européens, morts de trouille de voir leur épargne anéantie. Un système qui ne fonctionne que sur la peur et la menace est inviable à terme.

La vraie réponse à la mini provocation italienne serait un vrai projet de réforme de l’Eurosystème.

Si l’état italien met en circulation une reconnaissance de dettes pour payer les salaires, les subventions et les entreprises, tout en acceptant de les reprendre à leur valeur faciale pour payer les impôts, il créera effectivement une seconde monnaie légale en Italie. La mauvaise monnaie chassant la bonne, l’Euro ne servira bientôt plus que comme monnaie d’épargne. Il suffira au trésor d’accepter la conversion des minibots en argent liquide (pièces et monnaies) pour que rapidement l’ensemble de la circulation se fasse par les mini bots, les grandes transactions restant en euros. Cela ne veut pas dire que l’euro s’effondrera. Mais cela ne réglera pas la crise italienne pour autant : les exportations en valeurs euro resteront contraintes, l’emploi restera en difficulté. De même qu’en Argentine les monnaies internes n’ont pas résolu la question de la différence de change avec le real brésilien premier client du campo argentin. Les banques italiennes ne pourront pas accepter des dépôts en minibots. La BCE l’interdira formellement sous peine de bloquer le réescompte des banques italiennes. Alors ?

Toute cette affaire ne mène en vérité à rien, car aucun des dysfonctionnements de l’Eurosystème ne font l’objet de correction et on ne règle que la difficulté de trésorerie de l’état italien. Les minibots ne sont qu’un expédient. L’économie italienne restera étranglée par le cours trop élevé pour elle du change de l’Euro. La récession sera atténuée en libérant la trésorerie des entreprises. C’est tout. L’épreuve de force entre un état démocratique et des institutions non démocratiques serait un cauchemar avec le double risque d’une hystérie européiste baignant la politique menée contre l’Italie et une perte de confiance généralisée dans l’Euro.

Mieux vaudrait réformer l’Eurosystème de façon profonde, au lieu de de hurler à « l’amour » des Européens pour l’euro et au « néofascisme » italien. La monnaie est une question technique mais elle est au cœur « de la vie quotidienne » des Européens.  La cantonner dans les mains de spécialistes serait une erreur majeure, un peu comme livrer la médecine aux psychanalystes freudiens.

Monnaie, commerce, épargne, exportations, prospérité sont indissociables. Il faut en Europe une diplomatie de la prospérité qui embrasse aussi la question monétaire qui ne doit pas être laissée à la discrétion des banquiers centraux.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile.

 

Ps : de tête les excédents Target de l’Allemagne doivent actuellement avoir dépassé les 1.000 milliards d’euros, soit pratiquement un an de valeur ajoutée des entreprises du secteur industriel et commercial français !). L’Italie, toujours de tête, mais chacun pourra vérifier, doit avoir une dette Target autour de 600 milliards. Ces déséquilibres sont effroyables, à tous les sens du terme. Ce sont eux qui doivent faire l’objet d’une reforme de fond. On ne peut pas durer indéfiniment comme cela. L’explosion et l’implosion de l’Eurosystème sont au bout du chemin. Merkel peut trembler… car l’Allemagne y perdra ses retraites.  

 

 

 

Nouveau livre de Didier Dufau : La Monnaie du Diable 1919-2019. Opération spéciale en avant-première

En avant-première et pour les lecteurs du blog du Cercle des Economistes e-toile, les Editions du Cercle mettent en vente au prix exceptionnel de 25 euros le nouveau livre de Didier Dufau :

 

La Monnaie du Diable

1919-2019

La France piégée dans la guerre des monnaies

 

Pour commander le livre, il vous suffit d’envoyer un chèque de 25 euros au nom du : « Cercle des économistes e-toile (Didier Dufau) » à l’adresse de notre diffuseur :

 

Cercle des économistes E-toile

Attention Mme Sophie Defyn

c/o La Maillière

4, Av. Jules Janin

75016 Paris.

 

N’omettez-pas de donner vos coordonnées d’adresse pour l’envoi.

Pour l’étranger il faudra ajouter les frais de port et un paiement par virement est possible.

Si vous souhaitez une dédicace de l’auteur, indiquez-le dans votre courrier en précisant le prénom et nom de la personne à qui la dédicace est dédiée.

Si au contraire vous souhaitez rester anonyme, comme il est traditionnel sur le Web, notez bien que les noms ne sont pas transmis au Cercle des économistes e-toile et restent chez le diffuseur pour le temps de l’envoi.

Compte-tenu du petit nombre d’exemplaires réservés à cette opération, seules les premières demandes pourront être servies.

Vos commentaires de lecture sont bienvenus sur cette page.

 

ADMIN



La Monnaie du Diable : le sommaire

SOMMAIRE

 

Préface de l’auteur

 

Première Partie : Les Trente Glorieuses

 

L’hôtel du Mont Washington

Le « moment » particulier des mois de juin, juillet et août 1940 et l’efflorescence soudaine de solutions monétaires en Europe

Les effets psychologiques du choc militaire

Le plan allemand d’organisation de la « nouvelle union européenne »

Un accueil plutôt bienveillant en Europe

John Maynard Keynes entre en scène

Le rêve de Morgenthau et le projet de Harry White

Les tractations jusqu’à Atlantic City

La France à Bretton Woods

Des projets préparatoires à la conférence de Bretton Woods et à la création du FMI

Les Trente Glorieuses

Le vice caché et la fin des Accords de Bretton Woods

Les pressions de M. Roosa

Jacques Rueff et la révolte monétaire du Général de Gaulle

Nixon et la fin des Accords de Bretton Woods

Premières leçons des Accords de Bretton Woods

Conclusion : Mars met Hermès KO !

 

Deuxième Partie : la crise

 

Les trois clefs explicatives de la période 1971-2018

Qu’est-ce que « la crise » ?

Les causes fondamentales de la crise

Les changes flottants

Le dégel et la dissolution du bloc communiste

La décision aventurée de créer l’Euro

L’Euro, monnaie commerce, monnaie puissance ou monnaie « zombie » ?

2008, l’allumette des « subprimes » fait sauter l’économie mondiale devenue baudruche

Sauver le Titanic

Et Trump est arrivé

1971-2018 : le faux triomphe du dollar roi

 

 

 

 

Épilogue : se placer sous l’aile du dieu Hermès ?

 

La zone euro est-elle réformable ?

-          L’Eurosystème, une drôle d’organisation

-          Hypothèse 1 : une transition vers le système de Keynes

-          Hypothèse 2 : La sanction automatique des grands excédents

-          Hypothèse la plus probable : les renforcements fédéralistes

-          Conclusion sur l’Eurosystème

Peut-on se débarrasser des changes flottants ?

Et si on ne changeait rien ?

 

Conclusion

Annonce du prochain livre de Didier Dufau : La monnaie du Diable

Le vice caché de la mondialisation

La Monnaie du Diable

Deux vices cachés de la mondialisation

Par

Didier Dufau

Dossier de présentation

L’auteur

Didier Dufau est Diplômé d’Etudes Supérieures de sciences économiques (Panthéon), de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris et de l’Institut européen des affaires (Insead Fontainebleau). Sa carrière s’est partagée entre l’enseignement et le conseil stratégique. Il a été le conseiller de très grandes entreprises françaises (UAP, Monoprix, Galeries Lafayette, CGE, Banque de France, Sncf, La poste…).  Il a notamment été Maître de conférences pendant près de 20 ans à l’IEP Paris, et dirigé la société de conseils SOFIA pendant près de trente ans. Il est actuellement à la tête de la petite cellule de réflexion économique « e-toile » qui publie un blog (1 630 000 lectures depuis sa création). Il est l’auteur de L’Étrange Désastre, le saccage de la prospérité, un essai sur les causes profondes de la crise de 2008 et du marasme contemporain, paru en octobre 2015 (ISBN 979-10-95148-00-5).

Le Livre

Origine : lors des nombreuses conférences organisées à la suite de la parution de l’Étrange Désastre, l’auteur a constaté à quel point les audiences étaient ignorantes de l’histoire économique du siècle passé, et avides de connaissances. Tout le monde connaît le nom de la Conférence de Bretton Woods et en ignore presque totalement l’histoire et le contenu. Il est vrai qu’il n’y eut qu’un seul livre publié sur cette séquence diplomatique mythique en français et c’était dans les années cinquante ! Progressivement le contenu de ces conférences s’est orienté vers la comparaison entre les modalités des Accords et les systèmes actuels. Et la question suivante est devenue rituelle : pourquoi avons-nous abandonné les Trente Glorieuses ? Peut-on revenir aux principes qui avaient si bien réussi ? À force de répondre à ces questions, un livre s’est esquissé puis imposé. Après trois ans de recherches, il est écrit.

Le thème : L’étalon or a été la victime collatérale de la guerre de 14-18. On a essayé de le rétablir mais en vain. Après 20 ans de désordres économiques et monétaires plusieurs tentatives ont été faites de créer un nouvel ordre, compatible avec le triomphe des monnaies administratives multipliables facilement à l’infini. Mais la monnaie est un diable qui ne se laisse pas facilement domestiquée. Après la tentative avortée des vainqueurs allemands en juin juillet 1940, la solution américaine à Bretton Woods a apporté une solution remarquable, mais qui contenait un vice de construction dramatique. L’explosion aura lieu en 1971, date à laquelle les États-Unis ont imposé les changes flottants. Pourquoi ? Et en quoi ce nouveau système a-t-il été à la source d’une répétition de crises graves jusqu’à la grande récession de 2008 ? L’Europe a créé une solution de monnaie unique qui ne convainc pas et qui ressemble étrangement à la tentative d’organisation monétaire mise en place par les Nazis en juin juillet 1940. Pourquoi ce choix bizarre et en quoi le système a-t-il aggravé la crise en Europe ? Quelles réformes permettraient-elles de mettre fin aux deux dysfonctionnements conjoints du système monétaire international et du système monétaire de l’Eurozone ? Une grande conférence du type de Bretton Woods est indiscutablement souhaitable, mais qu’elles pourraient être les solutions sur la table ? Le diable qui fait capoter toutes les tentatives monétaires peut-il être tenu à distance ?

Actualité du thème :

-          Les désordres actuels font dire aux commentateurs que seules des décisions radicales portant sur les structures même de la mondialisation permettraient de sortir des réactions populistes qui ont profondément altéré le cours de la démocratie en Occident. Jamais ils ne disent lesquelles. Ce livre est une forme de réponse. Il dit où il faut agir, comment et pourquoi il est si difficile de le faire.

-          Donald Trump s’est engagé dans un combat pénible pour ses alliés, autour d’une idée forte : les excédents massifs de certains pays sont illégaux et nuisent aux États-Unis. En vérité ils nuisent au monde entier. Mais ils sont la contrepartie des déficits abyssaux américains, ce que le Président américain ne veut pas voir. En ce sens Trump facilite le diagnostic et complique la solution. Il est important, aujourd’hui même, de comprendre pourquoi et de mettre les concepts en ordre.

-          Alors que l’organisation multilatérale mise en place après-guerre finit de s’effilocher, il est intéressant de juxtaposer ce qu’on pensait à cette époque et ce qui se dit et se fait aujourd’hui. La comparaison est suffocante !

Nature du livre : Le livre explique le passage d’une croissance forte et rapide à un ralentissement ponctué de crises pour finir par une récession majeure et une stagnation douloureuse. Il fait remonter des faits oubliés ou méconnus pour mieux comprendre le présent. Il donne des clefs d’interprétation à tous ceux qui cherchent à comprendre les troubles de l’époque et qui s’intéressent aux réformes possibles. Le livre reste grand public à la fois dans sa conception et son écriture. Il éclaire nombre de débats en cours sur l’Europe, les projets d’E. Macron, la mondialisation.

Écriture : L’auteur écrit d’une plume alerte. La technicité est gommée et lorsqu’elle est nécessaire, elle est expliquée sans jargon. Des décennies d’enseignement ont permis à l’auteur de développer des qualités de clarté qui permettent à tout « honnête homme » de se saisir des questions évoquées.

Réactions du comité de lecture

-          « Passionnant » (unanimité).

-          « Au cœur profond des grandes questions du moment »

-          « Des surprises, dans presque tous les chapitres ».

-          « Certains rapprochements avec le passé sont stupéfiants ».

-          « Une bouée de sauvetage pour comprendre des questions qui ne sont pas traitées aussi précisément dans la littérature économique actuelle ».

-          « J’ai changé ma vision de certains évènements que je croyais comprendre ».

-          « Stupéfait par la culture économique de l’auteur et sa maîtrise de sujets que la plupart des économistes fuient avec énergie ».

-          « L’auteur invente un nouveau genre littéraire : le polar économique ».

-          « Le livre met les mots précis sur ce que nous ressentons tous de façon diffuse.  Et tout devient clair. »

-          « Un livre courageux qui mettra en fureur les marxistes et les ultra-libéraux. Partir des faits et non des écoles en compétition est la marque des vrais économistes ».

-          « On sort différent de la lecture de ce livre rare et ravageur pour la sottise ambiante »

2018 : l’explosion des contradictions !

Sur beaucoup de sujets, l’année 2017 s’était terminée de façon plus qu'interrogative. Trop de contradictions, sur trop de sujets, laissaient supposer qu’à un moment ou à un autre, les voiles se déchireraient, laissant apparaître l’incohérence de trop de situations. Les fils à nu ont provoqué de nombreux courts-circuits.

À l’international, tous les foyers de tension se sont enflammés éclairant un nombre étonnant de faux-semblants.

La Chine de Xi Jin Pin est bien une dictature agressive à vocation impérialiste. Toute l’année 2018 a vu le leader assurer son emprise sur l’appareil et opérer une conversion brutale de l’orientation du pays, bien décidé à faire valoir immédiatement sa nouvelle puissance économique. Sa dernière phrase de 2018 a été de menacer Taïwan d’une colonisation militaire ! L’idée saugrenue que la Chine était rentrée de bonne foi dans le jeu gentillet de la mondialisation est désormais caduque.

Les États-Unis se sont comportés comme des cow-boys et Donald Trump se trouve bloqué dans quasiment toutes ses initiatives, ou ses « tweeteries », comme on voudra. Le monde d’après-guerre qui se déglinguait depuis 1971 sans qu’on ose le dire trop franchement est désormais enterré.

La Russie s’est beaucoup agitée, stabilisant la Syrie et déstabilisant l’est européen. Il fallait bien viriliser le Satrape pour détourner le pays de ces immenses difficultés.

L’Arabie Saoudite est apparue pour ce qu’elle était. Une dictature moyenâgeuse, foyer d’un intégrisme du même acabit. Les objectifs tyranniques de l’Iran sont devenus évidents, foyer d’un intégrisme tout aussi rétrograde mais mortellement opposés au précédent. Israël et sa politique de force et d’annexion se trouvent affaiblis. Les Kurdes sont menacés par la Turquie. Et les États-Unis sont rentrés chez eux. La Turquie était, paraît-il, un allié avec, paraît-il, un régime politique islamo-démocrate sur le modèle chrétien-démocrate. Tout cela fait rire aujourd’hui.

L’Europe a montré son inexistence politique, diplomatique et militaire.

L’Amérique du Sud a fini de crever de l’influence révolutionnaire imposée par l’URSS et Cuba pendant des décennies. Les prises de pouvoirs des socialistes non violents ont sombré dans la corruption et la mauvaise gestion de l’économie. Les socialismes violents ont trouvé avec Maduro et son régime « chaviste » leur parc d’attractions : misère, fuite de la population par millions, disparition des soins,  hyperinflation… Et le  soutien des « forces socialistes de progrès » françaises ! L’article de Wikipédia sur le Venezuela, décalque de la propagande chaviste, est une merveille de propagande, typique d’une belle aventure qui sombre pour avoir été noyautée.

L’ONU ? Quelle ONU ? Le multilatéralisme a continué de s’évanouir.

L’économie mondiale était présentée à la fin de 2017 comme en pleine forme et devant retrouver toute sa vigueur d’antan, la crise de 2007-2017 étant désormais surmontée. Ravagée par les déséquilibres majeurs, et soutenue par des mesures d’inondations monétaires, l’économie mondiale a brinquebalé. La question était de savoir si l’étouffement des banques avait mis fin au cycle du crédit ou si la période d’euphorie, de type 97-99, avait été simplement retardée par la profondeur de la crise et pourrait commencer à se déliter en 2018. On peut penser que l’effondrement boursier de fin d’année donne un début de réponse. Nous aurons sans doute en 2019 une perte de croissance de moyenne importance.

L’année 2017 s’était terminée sur le triomphe des prétendues « cryptomonnaies ». L’année 2018 se termine sur l’avilissement de ce marché qui a perdu 85 % de sa valeur et probablement le reste de sa crédibilité. Les jetons internet cryptés sont des jetons internet cryptés ! On chantait l’ubérisation de la société. On ne parle plus de l’ubérisation de la société. On préfère entonner de nouvelles chansons comme le triomphe de l’intelligence artificielle. Il est vrai qu’on ne parle plus de programmation mais de codage, plus d’informatique mais de numérisation. Les vieilles Lunes de la fin des années soixante-dix tournent toujours autour de la sottise 3.0.

En France, le charme mystérieux de la victoire d’Emmanuel Macron s’est évaporé. Trois bêtises insondables ont fait rouler plus bas que terre la réputation du président : les drag-queens à l’Élysée, pour la fête de la musique, la présence douteuse du beau et viril Benalla au cœur de l’Élysée, la photo extatique aux bras de deux petites frappes au doigt d’honneur dressé. Pire que la photo grotesque de Hollande sur son scooter ! La politique étrangère du Président, mélange de discours creux et de mises en cause violentes, se retrouve bloquée partout. La déception à l'étranger est immense tant l’attente d’un président digne était forte et l’espoir mis en Macron intense. Sa politique intérieure a été mise à bas par les conséquences mêmes de son programme électoral, totalement démagogique et intenable. Chef de la Caste, il a cru pouvoir établir une république énarchique basée une augmentation massive de la pression fiscale, les finasseries du « story telling », et l’exaltation des mesures de contraintes sociales par la bureaucratie. Son premier ministre, copié-collé d’Alain Juppé, n’a pas arrangé les choses. Les grandes réformes menées au pas de charge n’ont été que symboliques et ont évité les grands choix décisifs. Détricotées par Bercy, qui a étalé dans le temps les mesures d’achat de vote à l’exception de la réforme de la fiscalité du capital et de l’épargne, il est vrai absolument capitale, la politique électoraliste dite de « pouvoir d’achat », a sombré dans les virevoltes peu convaincantes. La taxe d’habitation est le seul impôt qui s’impose à tous. Vouloir en exonérer 80 % de la population était ouvrir une boîte à chagrin. Demander aux retraités de financer la hausse des salaires de salariés au travail était habile électoralement, débile dès qu’il s’agit de gouverner. Sur fond de crise européenne et après 10 ans de baisse du PIB par tête, cette politique a engendré les Gilets Jaunes. On découvre que les Marcheurs sont une scolopendre. Et que la France est à feu et à sang. L’Énarchie manœuvre. Et rien ne répond.

Un des aspects idéologiques les plus frappants est la remise en question radicale de la pratique  par les médias d’une bien-pensance débilitante. La reconstruction permanente de la réalité par un discours médiatique de gauche stérilisant, ignorant et malhonnête ne passe plus, d’autant qu’il a été largement phagocyté par le « politiquement correct » américain, qui est totalement contraire à la tradition française. L’hystérisation par les réseaux sociaux et les télévisions d’information (! ?!) continue, qui avait été révélée par la campagne présidentielle, s’est encore développée et aboutit à la sorte de prise de conscience qui précède les remises en cause. La presse est ruinée et déconsidérée. Le mouvement, commencé par l’effondrement du journal Le Monde perdu de réputation par Edwy Plenel, touche désormais tout le monde. Or la démocratie a besoin pour s’exercer que les grandes questions soient traitées honnêtement et largement, dans un souci de vérité. Nous avons là un débat qui concerne aussi la « blogosphère ».

L’évidence des difficultés provoquées par la surexploitation des ressources naturelles et l’importance des rejets de l’activité humaine s’est imposée en 2018. On est passé du scepticisme volontairement ignorant, à une véritable religion de la Planète Terre, avec la frénésie de catéchumènes toujours prêts à faire brûler quelques nouvelles sorcières. L’écologisme politique qui a toujours été grotesque et bouffi en France a vu ses sectateurs s’armer de l’idée que leurs « ennemis » étaient en fait des tueurs de l’humanité qu’il fallait traiter comme tel. L’agression des bouchers par les « Véganes » est un de hauts faits de 2018. Il suggère que la raison n’aura guère de place dans les débats futurs. La voie fiscale et réglementaire (ruineuse) s’est révélée être une impasse sociale.

Les contradictions ont agi et interagi si fortement en 2018, que les scènes mondiale, européenne, française, sur tous les plans politiques, idéologiques, économiques, diplomatiques et sociaux, se retrouvent bouleversées avec peu de perspectives claires et heureuses.

Inquiétudes et incertitudes sont la marque de ce début d’année 2019.

 

Bonne Année à tous nos lecteurs et commentateurs. Merci de votre fidélité.

 

PS : Le nombre de lectures (ou hits) cumulées a atteint 1 600 000, avec un rythme annuel d’environ 300 000.

 

 

 

 

 

 

 

 

 



L'Eurosystème : 20 ans (et pas toutes ses dents).

L’Eurosystème est un truc assez bizarre dont peu de gens connaissent bien la construction. Il faut parler de monnaie de nom unique. La France a appelé sa monnaie Euro, comme chaque membre du système. Mais en fait il s’agit à chaque fois de monnaie nationale. Les banques centrales nationales demeurent. Par convention, le passage à ce nouveau nom a coïncidé à un changement de parité avec la monnaie d’ancien nom national. Par traité chaque membre du système a décidé d'accepter sans limitation toute monnaie portant le nom d’euro pour sa valeur faciale et le système s’est vu doté d’une chambre de compensation appelée Banque centrale Européenne. Par extension on a chargé cet organisme de la politique d’émission commune puis de la surveillance des banques systémique.

Pour éviter que les tensions internes ne viennent faire exploser le système on a décrété des règles macroprudentielles relatives aux déficits budgétaires et au taux d’endettement. Et on a confirmé les règles de 1973 : la BCE ne peut pas financer directement les États. Les États sont en concurrence avec les entreprises pour se financer et devront payer ce qu’il faut. Le seigneuriage a été donné aux banques. Pour que la pâte devienne homogène, le principe de la liberté de circulation des marchandises, des hommes et des capitaux a été érigé en dogme.

Ce système est très proche de celui du Dr Schlotterer, présenté en juillet 1940 au bénéfice de l’Allemagne nazie. Il prévoyait que toutes les monnaies européennes seraient compensées dans une instance ad hoc. Les changes seraient fixes. La zone n’aurait pas de droit de douane. Un économiste français a même proposé que dans ce cadre on crée une monnaie de même nom : l’Europ. Cela ne s’invente pas. Par rapport à l’Eurosystème, il n’y a que deux vraies différences : les états pouvaient réajuster leurs changes en cas de dérapage et les soldes de compensation devraient se régler. En bon nazi, Schlotterer pensait que l’Allemagne avait les moyens de jamais rembourser ses déficits de compensation…

Lors le gouvernement britannique a eu connaissance de ce plan, il a demandé à l’illustre économiste Keynes d’en faire la critique immédiate. La réponse fut un peu shocking. Keynes trouvait toutes les vertus au système Schlotterer et proposa d’en écrire une version honnête. Dans la pratique, tout le monde devait liquidait ses positions à un moment ou à un autre, mais on aidait les pays en déficits à faire l’effort de retour dans les clous sans trop de douleur, tout en pénalisant les pays trop excédentaires. Keynes avait trop bien vu, comme Rueff les dégâts provoqués par les trop gros excédents pour ne pas les condamner. Sinon les changes étaient fixes ; l’étalon n’était pas national ou métallique mais nominal : le Bancor.

À Bretton Woods, le plan White d’étalon de change or, avec une monnaie pivot nationale l’emporta. Pour exploser en 1971.

L’Eurosystème est donc très proche du projet Schlotterer et du projet Keynes.

Avec deux énormes défauts :

-          Aucun membre n’est requis de solder ses positions qui s'appelant en volapük européen Target 2.

-          Il n’est pas possible de dévaluer ou de réévaluer.

L’encadrement du système ne prévoit que des mesures budgétaires ou des ratios de dettes. Mais les flux internes dépendent de bien d’autres facteurs, comme les politiques salariales ou la durée du travail. Lorsque Jospin a décidé une politique malthusienne en France quand Schroeder et Harz mettaient en œuvre la politique inverse, euro ou pas, budget ou pas, endettement ou pas, les déséquilibres sont rapidement devenus monstrueux.

Le drame s’est noué quand il a fallu les réduire. L’impossibilité de dévaluer a imposé des politiques de déflation massive et de grandes rigueurs.

Au moins devions nous être tranquilles en cas d’attaques spéculatives : le risque sur la monnaie était nul. En fait les spéculateurs oints attaqués les taux de refinancement des États.

Lorsque l’explosion de l’économie baudruche, alimentée par le système des changes flottants et l’abandon des disciplines de Bretton Woods, les banques européennes se sont retrouvées en faillite et il a fallu que la BCE fasse tout ce qu’elle avait dit qu’elle ne ferait jamais. Plusieurs milliers de milliards d’euros de création monétaire en plus ont permis de donner du temps au temps. Dix ans après, cette politique dite de Quantitative Easing s’achève, mais les banques sont loin d’avoir apuré leurs portefeuilles de crédits « non performants ». On a soigné une crise de solvabilité par une réponse de liquidité. Et on a prêté beaucoup aux États, les taux d’intérêt finissant par devenir négatifs, du jamais vu.

Pour dresser les pays qui auraient pu faire sauter la confiance, on n’a pas hésité sur les moyens : la BCE arguant de ses craintes sur le système bancaire grec a cessé de refinancer ces dernières en ne laissant au déposant qu’un filet de liquidité à retirer chaque jour. La leçon visait aussi et peut-être surtout la France. Du coup la peur règne sur l'épargne européenne.

Le grand perdant dans l'opération sera le contribuable et le client des banques assujettis de mille manières et volés au coin d’un bois par des frais grotesques et sans justification.

Certes l’Eurosystème a duré puis survécu. Qu’on se souvienne des philippiques contre les « contractionnistes » à Bretton Woods et le refus « définitif » de politique de déflation monétaire et budgétaire violente ! Et qu’on les compare à ce qui a été fait en Europe entre 2010 et aujourd’hui.

L’impossibilité de dévaluer et de réévaluer a montré toute sa nocivité.

Pire encore, aucune convergence ne s’est produite entre les économies et certains pays ont accumulé d’énormes excédents dans Target 2 et principalement l’Allemagne en dépit des interdictions diplomatiques. Cette politique mercantiliste a pompé toutes les liquidités des pays en déficits. Elles ont été placées dans des actifs spéculatifs et perdues. Ou elles ont servi à racheter des entreprises notamment en France alors que l’Allemagne rechigne à voir la Chine, qui a mené la même politique mercantiliste, lui chiper son Mittelstand.

Le fait qu’on ne puisse pas ajuster les soldes de Target 2 est un énorme défaut.

Tout le monde savait au même de Maastricht que l’Europe mettait la charrue monétaire avant les bœufs économiques. On se disait qu’on réajusterait un peu plus à chaque crise dans le sens fédéraliste. Ce qui a été fait en partie, notamment en centralisant le contrôle bancaire.

L’enfant mal né est devenu bancal en grandissant. Tout le monde a bien compris qu’on ne pouvait pas en rester au système actuel.

Pour nous la solution est simple :

-          Créer une instance de COORDINATION de toutes les politiques influant sur les échanges internes et externes. Un chancelier de la zone Euro, doit conseiller l’Europe dans ces choix et définir la politique monétaire et de change.

-          Stériliser de façon automatique et progressive les très gros excédents et obliger les pays déficitaires, tout en les aidant, à revenir dans les clous.

Une autre solution qui a les faveurs des européistes dogmatiques est de créer un immense impôt européen pour mener des politiques de convergences centralisées. Macron a défendu cette idée.

Dans le climat anti impôt du moment, et alors que l’Europe est privée de ressource par le Brexit, cette démarche est impossible à faire passer. Il est plus simple de créer une instance de coordination et un automate de stérilisation des excédents de Target 2.

Si cela ne marche pas, soit pour des raisons de révoltes politiques devant la stagnation, soit pour des raisons purement monétaires et économiques, il sera bien temps de passer la marche arrière, qui n’est pas si compliquée.

Il suffira que chaque nation redonne un nom propre à sa monnaie, tout en la déclarant échangeable à taux fixe et qu’on mette en place un vrai système de compensation avec règlement des soldes. Après quelque temps, quatre à cinq années, afin d’apurer en douceur les en-cours en Euro, on admettra des dévaluations ou des réévaluations concertées, encadrées pourrez éviter les dérapages.

Dans tous les cas, l’Europe devrait militer pour une diplomatie de la prospérité qui imposerait le retour à des changes fixes et ajustables dans le monde, avec un étalon mondial extra-national. Vive le Mondio !

Il faudra bien en finir un jour avec les désordres provoqués par l’abandon des monnaies métalliques et le triomphe des monnaies administratives reproductibles à l’infini. Une solution stable, après 100 ans d’expériences partielles et remises en cause par leur maître d’œuvre, ne doit plus se faire attendre plus longtemps. Les changes flottants et la spéculation à tout va, cela suffit !

Rien n’est plus urgent que mettre fin au dysfonctionnement du système de change global et à celui de l’Eurosystème.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

 

La faute première d’Emmanuel Macron

Pour ceux qui, comme nous, cherchent à alerter sur les effets délétères de certains dysfonctionnements globaux de l’organisation économique et sur les travers de la mal gouvernance, il n’y a aucune joie à constater que « ce qui doit arriver arrive ». Au contraire, il est parfaitement évident que les récessions les plus graves provoquent des troubles durables et activent des mouvements réactionnaires ou réactionnels comme on voudra qui mettent en cause les institutions politiques.

Nous avons écrit il y a bien longtemps que les « printemps arabes » étaient fils de la crise. Les réactions électoralistes partout dans le monde vers ce qu’on appelle « le populisme », et le durcissement des régimes peu démocratiques pour y faire face, sont des formes du même phénomène.

Si tous ces mouvements « facilitent le diagnostic », ils « compliquent la solution ». Dans le gilet jaune seules les bandes blanches réfléchissent. Aucune solution réellement positive ne peut sortir des petites têtes et des gros bras qu’on exhibe à la télévision au milieu des excités politiques d’extrême gauche et d’extrême droite, et à qui on cherche à faire éructer un programme et qui n’ont rien d’autre à dire que « crachons sur les riches » et « écoutez-nous ou on casse tout ».

Les émeutiers, c’est une longue tradition, n’entendent rien, ne comprennent rien et ne savent causer que des dégâts. La révolution française, ce sont des massacres et des génocides où on tuait des gens pour ce qu’ils étaient et non pas pour ce qu’ils avaient fait. On est passé directement de Robespierre à Bonaparte. La Commune, c’est une ignominie qui s’est terminée dans le sang. Le Front populaire s’est terminé par l’Occupation et la collaboration où se sont retrouvés pratiquement tous les excités du socialisme violent. Mai 1968 a débouché sur un déclin irrattrapable du pays qui n’a plus compté dans le monde depuis. Le mitterrandisme s’est terminé dans le fiscalisme délétère, le chômage de masse permanent, et l’abandon de la souveraineté française dissoute dans une union Européenne qui se montre assez peu décidée à payer les frasques politiciennes françaises.

Seulement voilà :

-          Si les instances internationales spécialisées, comme le FMI et l’OCDE, refusent d’alerter sur les dysfonctionnements manifestes du système global, si un pays, les États-Unis, refuse d’écouter par passion pour son intérêt national propre, si personne ne veut voir ni expliquer que la croissance baisse régulièrement depuis 1971 et que les crises s’aggravent chaque fois plus, alors cela finit par la crise de 2008, totalement prévisible malgré les dénégations de ceux qui se sont bouché les yeux et les oreilles pour faire carrière ou parce qu’ils sont des économistes politiciens.

-          Si l’Europe se construit sous forme d’un monstre administratif où le pouvoir est abstrait, piloté par des inconnus apatrides non élus, autour d’une monnaie unique dont personne, au pouvoir, n’a voulu voir les défauts majeurs et dont personne ne peut plus prévoir un avenir radieux, avec comme mode de fonctionnement la menace de la BCE sur les comptes bancaires des particuliers et des entreprises, tout en ouvrant les frontières à tout va,

Alors aucune « solution » n’est possible.

L’Union Européenne s’est vue comme un bouclier contre la crise et a dû subir une crise financière spécifique en lieu et place qui a aggravé la crise initiale. Les Élections Européennes n’ont jamais eu le moindre sens, puisqu’il n’y a ni programme ni responsabilité à la clé. C’est la Commission non élue qui choisit le programme d’action qui sera proposée (elle seule a le droit d’initiative). Personne ne sait à l’avance ce qu’il sera. Les parlementaires avalisent massivement parce qu’ils ont été candidats pour la plupart parce qu’ils étaient « proeuropéens » et que les majorités dans cette assemblée n’ont aucune armature. Les autres institutions n’ont pour but que d’imposer un gouvernement des juges qui empêchent les initiatives nationales qui vont contre l’idéologie globale de liberté absolue des mouvements de personnes, de capitaux et de marchandises, à l’intérieur comme vis-à-vis de l’extérieur.

On voit bien que les prochaines élections européennes n’auront aucun sens pour quiconque en France. Le projet macronien qui est de se présenter comme le parangon de la vertu européenne contre les vilains, s’est effiloché sur les ronds-points et dans les diatribes avec l’Italie et quelques autres ! Comment dit-on « french bashing » en italien ? On n’a jamais vu cela depuis l’avant-guerre de 1940. Les salves de Salvini sont reprises et amplifiées par tous les journaux du pays.

L’énarchie qui règne en France, baignée dans un reliquat de vomissements soixante-huitard (qu’on pense au « Mur des cons » que la justice fait semblant de juger ces jours-ci), et incapable de revenir sur les formes diverses du gâchis mitterrandien, repris et amplifié par Jospin et Hollande, a fait de la France « l’homme malade de l’Europe ». De Giscard-Chirac à Macron-Philippe, l’énarchie s’est complu dans l’augmentation de la dépense publique. Elle s’enorgueillit d’avoir fait de la France le champion du monde des prélèvements, tout en effondrant les services publics. La France est devenue une forme de repoussoir à l’étranger. L’incapacité du pouvoir français à faire respecter la loi fait craindre le pire en Europe. La crédibilité du pays est devenue à peu près nulle.

Les Énarques ont cru qu’ils pourraient garder le pouvoir en appuyant la geste macronienne. Dès la parution du livre Révolution, il était certain que l’aventure finirait mal.

Certains avaient des doutes dès le départ sur Emmanuel Macron, pour des raisons tenant plus de l’analyse psychologique que de l’étude du programme. Ce beau gosse, marié à sa prof deux fois plus âgée que lui, à l’époque, et suspecté d’homosexualité, leur faisait anticiper le pire.

Pour ceux qui résistaient à l’emprise d’un psychologisme que la singularité du cas pouvait en effet enflammer, certains signes étaient encourageants : il piétinait les icônes socialistes, n’hésitait pas à avoir un diagnostic ferme sur certaines des tares nationales et proposait un style direct qui ne manquait pas de panache. Il n’était fermé sur rien, contrairement à la plupart des socialistes du gouvernement et paraissait devoir un tant soit peu accélérer les mises à jour nécessaires.

Le livre programme de Macron, Révolution, sera un choc. Malgré le chic guévariste du titre, c’était déjà du pur « storytelling ». C’est un livre attrape-tout marqué par l’électoralisme et un affichage diffus de mesures contradictoires, où on affirme un « en même temps » qui deviendra célèbre, mais qui masque plus qu’il ne révèle. « Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ! » On connaissait. Nous avons cessé, le jour même de cette lecture, d’espérer du macronisme.

Nous venions d’écrire sur ce blog, alors que la campagne présidentielle allait commencer : « on ne peut que regretter l'inertie mise à sortir de la crise économique provoquée par des institutions internationales et européennes dysfonctionnelles. Il faut se méfier de la colère du peuple d'abord et avant tout parce qu'elle donne du grain à moudre aux activistes des "avant-gardes" menant des combats d'arrière-garde, en pariant sur le pourrissement judiciaire, culturel, national, politique, économique et social du pays ».

Le 19 novembre 2016 nous écrivions un article encore plus explicite : « attention à la colère des peuples ». Il y était écrit : « Depuis huit ans déjà nous supplions les grands dirigeants occidentaux de faire" attention à la colère des peuples". Le "bénign neglect" n'est pas seulement dans l'attitude américaine vis-à-vis du dollar. Il l'est aussi dans l'attitude des "élites gouvernementales" et leur support dans les médias vis-à-vis des classes populaires et des nouveaux entrants sur le marché du travail, pas seulement en Occident. Le retard colossal de niveau de vie accumulé par les pays ex-socialistes a créé une telle différence de coût avec l'Occident capitaliste et libéral, qu'il était tentant de l'exploiter. Mais cela ne pouvait pas se faire au détriment des masses dans les pays industrialisés. Il fallait que le rattrapage nécessaire se fasse par imitation, non par substitution. »

Un peu plus tard nous mettions en garde contre la réaction énarchienne menée par l’équipe de hauts fonctionnaires entourant E. Macron : « La novation tout à fait extraordinaire que révèle l'affaire Fillon, est la cristallisation de l'inquiétude de l'Énarchie devant la défiance populaire et sa volonté de maintenir son pouvoir coûte que coûte au mépris de tout respect démocratique. L'Énarchie montre, soudain et explicitement, un caractère factieux. »

Avant le vote nous reprochions amèrement au candidat Macron deux mesures folles :

« L’idée d’Emmanuel Macron d’exonérer 80 % de la population de la taxe d’habitation est de l’achat de vote pur et simple. Affirmer que seul 20 % de la population doit la payer est indigne. Créer une république censitaire à l’envers est la certitude d’aller vers le chaos ».

« La suggestion, par le même Macron, que la hausse des rémunérations des salariés ne sera pas obtenue par un progrès de la production mais par la taxation des retraités est également de l’achat de vote. La spoliation fiscale ciblée n’a pas pour but de concourir aux charges de la nation mais de donner de l’argent à des masses électorales ».

 

Cela ne pouvait que tourner mal. D’abord parce qu’il y avait des victimes expiatoires et qu’on leur cachait l’énormité de la hausse. Ensuite parce qu’on suggérait qu’on pouvait enrichir une catégorie de la population en lui transférant le revenu d’une autre. « Y a ka prendre à Pierre pour habiller Paul ».

Après la nomination d’E. Philippe, nous confirmions :

« Puisqu’on entre dans le concret de la nouvelle gestion publique, il devient néanmoins nécessaire de revenir sur la malfaisance et la mauvaise inspiration de certaines mesures. Il ne s’agit pas de combat électoral mais de simples réflexions économiques et « citoyenne » comme on dit aujourd’hui. Parmi les mesures honteusement démagogiques développées pendant cette campagne, deux ont été portées par le nouveau Président énarque et son Premier Ministre énarque vient d’indiquer qu’il allait les mettre en œuvre bien qu’il les ait combattues lorsqu’il n’était pas en marche vers une jolie promotion. La première est une vraie honte : pour avoir une sucette à proposer aux salariés, donc aux personnes en emploi, une forme de privilégiés en ces temps de chômage de masse, la démagogie électorale sans scrupule a conduit à proposer de transférer les cotisations salariales maladie et chômage sur… les retraités. La seconde mesure électoraliste honteuse est l'exonération de taxe d’habitation pour 80 % des assujettis. Il s’agit du même registre électoraliste : il faut donner du cash aux classes nombreuses pour répondre à la question clé de l’électeur consumériste : « que ferez-vous pour mon pouvoir d'achat » ? Que la majorité des Français ne paient en apparence aucun impôt direct, voilà l’idée ! On récupère tout sur la CSG et la TVA, impôts invisibles. Tel est le rêve des Inspecteurs du Trésor depuis des lustres. On taxe à mort les riches, qui ne peuvent pas fuir, en épargnant les très-très riches, plus mobiles, et on libère, en apparence, « les masses » de tout effort fiscal. »

Le 7 juin : « L’affaire de l’exonération de charges sociales salariales et de l’exonération de l’impôt local n’a aucun intérêt national et n’aura que des effets négatifs à court, moyen et long terme. »

La révolte sera armée psychologiquement lorsqu’il s’agira de désindexer les retraites, avec cumul avec hausse de la CSG, alors que Edouard Philippe avait, dès son arrivée, essayé de renvoyer en fin de quinquennat l’exonération de taxe d’habitation. Finalement elle sera phasée sur l’ensemble du quinquennat.

La révolte sera chauffée dans les provinces par la disparition programmée de la taxe d’habitation qui a entraîné une fronde des maires et « du terrain ». Le tout aggravé par Edouard Philippe qui a cru bon, par décret divin jamais discuté, de diminuer la vitesse à 80 km/h, gênant des millions de provinciaux parfaitement conscients que cela ferait s’envoler les amendes automatiques. Qui en effet explosèrent.

La mise en œuvre d’une fiscalité prohibitive sur le carburant avec annonce de l’interdiction de certains modèles de voitures ou de chaudières,  et la promesse que cela allait encore augmenter massivement pendant des années, ont déclenché la révolte.

La gestion de la première année du couple Macron Philippe, aura été un record absolu d’augmentation d’impôts, aucune économie, des contraintes administratives multipliées, 45 000 fonctionnaires en plus, et une dépense supplémentaire annoncée chaque jour.

La baisse du pouvoir d’achat pour tous, c’est maintenant ! Alors que la baisse de l’ISF et de la fiscalité sur l’épargne c’était aussi tout de suite.

Merci pour l’émeute !

Les solutions mises en avant pour calmer les émeutiers sont du pur jus énarchique : des exonérations de charges ou d’impôts ciblés, avec des versements cash. Mais in fine qui paiera ?

Les récupérateurs d’extrême gauche ont vite trouvé le slogan : ISF !

Puisqu’on peut augmenter le niveau de vie des uns en prenant aux autres, allons-y !

Tout le « storytelling » de Macron se retourne contre lui. Obligé de reconnaître que son système ne tient pas et s’en excusant platement, il donne raison à tous ceux qui, comme nous, pensaient qu’il était délétère et dangereux. Aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, son approche en trompe-l’œil (et trompe couillons) s’effondre.

La difficulté est maintenant d’en finir avec les Gilets Jaunes, les émeutiers, les pillards, alors qu’en plus le terrorisme s’exerce.

Le vice de l’élection présidentielle tous les 5 ans c’est de pousser au clientélisme électoral répétitif. Il faut avoir une réponse sur le pouvoir d’achat indépendamment des résultats de la production effective. La tentation du cadeau au peuple est très grande chauffée par les médias où on met le candidat devant un panel de Français qui disent : regarder comme je suis malheureux, qu’allez-vous faire pour moi ?

Cela se termine par plus de dépenses publiques, plus d’impôts, et une grogne fiscale générale.

La Saga Macron dans sa variante électorale initiale est terminée. Il lui faudra sans doute sacrifier Edouard Philippe qui a beaucoup fait pour casser le « storytelling » de son chef par une attitude juppéiste d’étatisme mécanique et sans pitié absolument consternant. Il a été choisi comme fusible pour reporter sur la droite les tourments prévisibles du pouvoir. Abandonné par des poids « lourds (?) » de son gouvernement et sans réserve de personnalités politiques de poids, le Président n’a personne sous la main pour le remplacer, même si Bayrou pense le contraire, lui qui se voit en sauveur du sauveur.

Il faudra bien que le cliquet politique s’enclenche pour éviter que la rue reste à l’émeute. Un couple d’Énarques, dont l’un des membres virevolte et satisfait son goût du théâtre, et l’autre décline, à tous les temps, un programme purement étatique étalé dans toutes les directions, cela n’a pas marché et ne marchera pas.

Admettons tout de même que tout cela était révisible et presque automatique. Donc évitable.

Qu’on ne parle pas de surprise, même si le moment et la forme étaient imprévisibles.

Ce qui doit arriver arrive

Retour sur l'article "Plus cela change, plus c'est la même chose"

Alors que la France s'enfonce dans la révolte, il est intéressant de republier ce que nous écrivions il y a exactement un an. L'article : "plus cela change plus c'est la même chose" a été lu plus de 4.100 fois. Difficile de ne pas relier le diagnostic qu'il faisait de la réalité d'aujourd'hui.

- Il montrait que la pauverté s'étendait et que la hausse de la fiscalité et l'extension des mesures coercitives prises à la volée par les hauts fonctionnaires qui ont capté le poouvoir politique créait une situation inacceptable.

- Il insistait sur la question de la voiture et du logement, à la quelle les classes populaires et moyennes étaient attachées  étaient matraquées.

- Il dénonçait l'hystérie médiatique irresponsable qui avait été manifeste avec l'affaire Fillon et que l'on a retrouvé avec l'affaire Benalla puis la couverture inflammatoire des exactions depuis le début de l'affaire des Gilets Jaunes.

- Il notait que la vindicte contre "les riches" était la seule réponse aux interrogations qui remontaient du terrain.

- Il regrettait que les élections étaient vidées de tout sens.

Le train bureaucratique a continué sa route : 80khm/h, contraintes partout, privations de liberté caractérisée, hausse record des prélèvements, nouvelles privations de revenu pour les retraités, bavardages, échecs diploimatiques, la diplomatie étant réduite à un bavardage...

Ce qu'on pouvait craindre est arrivée, selon des modalités et à une date imprévue. La révolte des Gilets Jaunes, comme Trump, "facilite le diagnostic et complique la solution". Faire rentrer le dentifrice dans le tube n'est jamais facile. Croire qu'on va s'en sortir en hystérisant la révolte contrfe les riches est ridicule.  Evidemment, les révoltés n'ont pas de solutions, ni diagnostic de la situation. "Des sous Manu et qu'on arrête de nous emmerder". Tous les socialistes révolutionnaires sont à la manoeuvre pour exploiter "la révolte du peuple". Nos Lénine de sous- préfecture se voiuent aux portes du pouvoir. Ils n'(ont qu'un seul pouvoir : aggraver la situation.

Hélàs, comme disait maurice Allais, que personne n'a voulu entendre, "ce qui doit arriver arrive". La France, elle, sombre. Suicide d'un nation dominée par une classe énarchique  qui n'a rien vouolu entendre et qui a mis par terre sa prospérité, son identité, son rayonnement  et ses institutions démocratiques. Qu'on ne dise pas qu'on ne savait pas.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile

 

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PLUS CELA CHANGE, PLUS C'EST LA MEME CHOSE !

A un moment où une sorte d’extase s’empare des médias français, il est intéressant de se poser quelques questions sur l’état réel du pays.

On connaît le livre de Robert Escarpit, le Littératron,  Flammarion, 1964, chef d’œuvre méconnu de la littérature politique dont l’actualité ne saurait être trop soulignée.

Un ordinateur est gorgé des phrases que les Français adorent entendre. On choisit un individu à peu près débile et on le présente à une élection. Il se contente de débiter les phrases creuses recombinées par l’ordinateur. Il est élu haut la main.

Toute ressemblance avec la campagne d’Emmanuel Macron et le vote massif pour les inconnus de LREM ne saurait être qu'accidentelle.

L’ère des bons sentiments intéressés, la bienveillance obligatoire, le politiquement correct, le ressassement médiatique des mêmes slogans jusqu’à l’indigestion par des journalistes-perroquets, le resserrement de la richesse autour des obligés du pouvoir, la confiscation du dit-pouvoir par la noblesse étatique, ont pris une extension telle qu’il est presqu’interdit aujourd’hui de ne pas chanter les louanges du jeune Dieu qu’un destin heureux a mis à la tête de la France en le nimbant d’une vertu essentielle, la Baraka. En deux coups de serre cuillère et en un coup de Trump, il a restauré l’image de la France, enchanté l’Europe, réglé la question du Liban et recréé une dynamique économique basée sur l’optimisme et la confiance, en dépit des croassements des Insoumis déprimés par l’effondrement des mobilisations syndicales abusives et de quelques retraités grognons échaudés par la hausse massive de la CSG.  

Quelle est réalité de la situation, telle qu’on peut la voir quand on s’affranchit de considérations politiques, des transports psychologiques et des manipulations médiatiques ?

Elle est d’abord dans le ralliement presque total au « macronisme » de toute la communauté politique fermée des hauts fonctionnaires. Celui d’Alain Juppé, après celui de son protégé, Philippe, clôt la série. Symétriquement, la diabolisation de l’Enarque Wauquier, qui a le mauvais goût de ne pas se rallier, va bon train. La France vit l’acmé de l’Enarchie Compassionnelle.

Cela veut dire des impôts. En masse. 26% d’augmentation de la CSG, ce n’est pas un grignotement. Mais un coup de massue. Une hausse minimisée comme d’habitude en ne parlant que de la hausse des taux sans parler des montants globaux concernés. Regarder ma main droite : 1.7%. Ne regarder pas ma main gauche, encore des dizaines de milliards de prélèvements de plus.  Et dans les municipalités, privées des recettes de la taxe d’habitation du plus grand nombre ? Hausse de 2% dans beaucoup d’entre elles « pour compenser ». 2% ? Non, bien sûr ! Cela c’est l’augmentation du taux. Mais quel est le taux qui s'accroît ainsi : ah il était à 14% ? 2/14 = 14,28% d’augmentation. Pour ceux qui conserveront l’impôt. Merci pour eux. Pas un mot de protestation. Les retraités concernés n’ont droit qu’au silence. Ils ne sont pas représentés. « Ce sont des privilégiés qui se sont gavés tout en tuant la planète et en endettant leur progéniture», énoncera doctement sur les antennes une jeune sotte de LREM particulièrement inspirée.  Qu’ils ne se plaignent pas !

Cela veut dire du chômage. En masse. L’Insee a donné les chiffres. Ils sont malheureusement sans complaisance. Depuis l’élection de Mitterrand, la France a perdu 2.8 millions d’emplois dans le secteur marchand, principalement dans l’industrie. Et a recruté 2.7 millions de fonctionnaires sans productivité. Les hauts fonctionnaires qui dirigent la France ont fait face aux crises internationales et aux mesures prises par les socialistes élus par réaction à ces crises, les deux tares majeures de l’époque pour la France, en recrutant des fonctionnaires et en taxant. Dans la pratique les faits sont plus graves que cela. Compte tenu de l’augmentation de la population, le manque à gagner en termes d’emplois privés se situe quelque part entre 5 et 10 millions. Comment s’étonner que nous ayons 7 millions de pauvres et 5 millions de chômeurs ? Les chiffres publiés sur le chômage du troisième trimestre montrent …une augmentation. Quant aux prélèvements, ils atteindront un record en 2017 et égaleront le niveau de la valeur ajoutée du secteur marchand non financier. 100% de prélèvements ! Et ne parlons pas de la dette qui a encore augmenté massivement.

Pour faire passer la pilule on recourt aux mêmes astuces qu’en 2012 : l’injure et la mise en accusations des « riches ». Pas un instant de répit sur tous les médias. Il faut détacher l’infâme étiquette que la gauche tente de coller sur le dos du Président-gourou : Président des riches ! Vous vous rendez compte !  Macron fait du Hollande sans vergogne.  Mais sans injurier nominalement tel ou tel. Sacré progrès ! Alors qu’une des causes du Brexit est l’indignation du gouvernement anglais devant la prétention des instances judiciaires européennes de l’empêcher de supprimer les droits civiques aux condamnés aux plus lourdes peines, on voit des députés LREM, sortis tout droit du Littératron, variante 2017, proposer de supprimer les droits civiques des fraudeurs fiscaux.  C’est qu’il ne s’agit pas de voleurs de pommes, M’sieurs-dames, mais des plus grands délinquants de l’époque.  Qu’on se le dise et qu’on lise les Panama’s papers !  

De tous les bords, lors de la campagne, les candidats, tous les candidats,  y compris Emmanuel Macron, ont répété qu’ils avaient compris que les Français étaient accablés de normes, de règles, d’obligations ruineuses ou étouffantes. A peine élus, le discours change. L’isolation des appartements ne sera plus seulement encouragée mais imposée, car « les propriétaires n’ont pas à faire subir des frais de chauffage exorbitants aux locataires », comme l’affirme sur tous les antennes une ancienne socialiste ralliée à LREM et bien décidée à améliorer l’image sociale du chef.  Satané propriétaire, « tu vas voir ta gueule à la récrée ». Quant à la bagnole, ce symbole infect du beauf petit bourgeois, nécessairement petit bourgeois, acharné à défendre son surmoi mécanique, fini le diesel. « N’espère pas revendre la voiture que tu as mis tant de temps à t’acheter ».  Retour au prolback à vélo, gapette et pinces de pantalon incluses, pendant que les bobos qui le peuvent rouleront en voiture électrique coûteuse. « Les jeunes ne sont pas attachés à la propriété mais à l’usage ». Fini l’esprit de propriété bourgeoise. On va pouvoir fêter dignement les 50 ans de mai 68 ! Mais quelqu’un possède bien ce dont on fait usage et il n’entend pas y perdre…

Le nouveau mal français, aux Editions de l’observatoire, par Sophie Coignard et  Romain Gubert, fait le même constat.  Entre les observations de Peyrefitte d’il y a près de 50 ans, et la réalité d’aujourd’hui, il n’y a eu ni prise de conscience ni changement. Les exemples s’accumulent chapitre après chapitres.  Des livres déprimants de ce type, les divers éditeurs en ont produit des milliers depuis Giscard. Pour rien. Ils ne servent à rien. Les élus, une fois en place, veulent avoir la paix avec leurs subordonnés. Alors ils lâchent tout et n’importe quoi. Ne pas compromettre la réélection ! Incapables d’agir sur quoi que ce soit, ils multiplient les petits avantages.  Le Point de cette semaine faisait le recensement des avantages grotesques accordés par des municipalités à leurs salariés. On y travaille peu et pas souvent, tout en bénéficiant de mille petits avantages et de quelques gros privilèges.

La seule solution envisageable, pour un politicien français, c’est d’arracher aux propriétaires et aux riches les conditions de sa réélection. Vive l’impôt ! Si on essaie de revenir à la normale : on prend aux pauvres. Il faut dire qu’ils n’ont jamais été aussi nombreux. Pour le reste, rien ne compte. Plus rien ne marche en France. Tout le secteur public est à peu près effondré. Le j’menfoutisme est partout. Pas moyen d’espérer qu’un transport public fonctionne correctement. La banque est devenue un champ de ruines, pourri de formulaires et d’exactions contre le déposant.  Plus personne ne parvient à faire travailler correctement des salariés de plus en plus souvent étrangers, mal formés, sans éducation et rétifs. Les ascensoristes ne gèrent plus que des incidents. Les garagistes ne savent plus réparer les voitures. Les sociétés informatiques sont noyées sous les bogues. On vole et on agresse partout, généralement sans aucune sanction.  Les rues sont immondes. La compétence part à l’étranger. Une « décivilisation » s’est mise en place.

Et inlassablement le même cri retentit : « salauds de riches ; salauds de propriétaires ; vive l’impôt ; il faut savoir la société que l’on veut et nous voulons une antisociété ». La séquence budgétaire en France de septembre à décembre, est le moment à la fois le pire, tant l’espace médiatique est polluée par la propagande fiscaliste,  et le plus révélateur de ce que ce pays est devenu : un vagissement indigne, sur fond de déréliction économique désormais probablement irrattrapable. 

L’Enarchie Compassionnelle a ruiné le pays. Le triomphe de la manœuvre Macron lui permet de survivre en s’exaltant : jamais le pays n’est à ce point entre les mains des hauts fonctionnaires. Jamais la désinformation du grand public n’a été plus totale. Jamais la paralysie n’a été plus grande. Jamais les vrais problèmes n’ont été moins évoqués. Sous le joug des Enarques, la France « dénonce ses porcs » et accueille, les bras ouverts et la bouche close  les centaines de djihadistes de retour d’exactions et de crimes abjects en Syrie et en Irak.  Des victimes, parait-il ! Qui elles aussi dénoncent le porc.

L’Europe, à la suite du monde, connait une petite reprise. La France est incapable d’en profiter. Impossible de recruter malgré les millions de chômeurs. Impossible d’exporter. Et cela justifie de ne rien réformer sérieusement.  Alors les déficits se creuseront, alors que mécaniquement ils sont censés se réduire.

Pour finir, nous publions ci-dessous une photo qui résume parfaitement l’état de la France. Elle a été prise au musée Pompidou, dans le local des toilettes hommes. On y voit trois portes.  La première porte est celle qui donne accès aux toilettes des fonctionnaires, car en France, les fonctionnaires ont le droit à des toilettes spéciales, comme pour  les régimes de retraite.  Pas question de se mélanger, culotte baissée,  avec le vulgaire. Pas question d’attendre. La seconde porte concerne les handicapés. La compassion par les toilettes, il n’y a que cela de vrai. La troisième est destinée au vulgum (lotus) pecus. Mais les toilettes ne fonctionnent pas. Et cela fait plusieurs semaines que cela dure.  Et tout le monde s’en fout.

A quelle heure le musée Pompidou ouvre-t-il ses portes un samedi lors d’un grand Week-End où Paris est plein d’étrangers ?  A 11 heures. On suppose que l’on est en train de négocier 14 heures, avec une fermeture à 16 heures…

Rien ne presse. Si on ose dire. De toute façon, les musées se mettent en grève lors des périodes de pointes touristiques. Alors …

Ainsi va l’Enarchie Compassionnelle triomphante en France et ainsi meurt un grand pays.

Le « macronisme » sera-t-il une nouvelle perte de temps ?  L’automne 2017 en France ressemble un peu trop à l’automne 2012 pour qu’on ne s’inquiéte pas.  

« Plus cela change, plus c’est la même chose » énonçait doctement le Littératron.



La première défaite de l’Énarchie Compassionnelle

Attention à la colère du peuple, disons-nous depuis 1997.

En 1974, il s’est instauré en France une oligarchie administrative, les énarques de droite (Giscard-Chirac-Balladur-Juppé-Séguin, Toubon, Wauquiez…), alternant avec les énarques de gauche (Fabius-Rocard-Jospin-Hollande-Aubry), et finalement les énarques de partout et de nulle part (Philippe-Macron). Aujourd’hui, même l’opposition populiste est peuplée d’énarques, comme Dupont Aignan, Philippot, Asselineau etc.

Il aura fallu attendre 2018, c’est-à-dire 44 ans pour que ce système qui se croyait invincible connaisse sa première défaite en rase campagne.

Une démocratie qui se réduit à des combats entre militant de l’Ena est nécessairement bancale. L’Énarchie Compassionnelle comme nous appelons ce régime est fondée sur une idéologie : l’énarque a le droit d’arbitrer la société et de « dépasser les clivages habituels ». Il le fait avec les deux moyens qu’il connaît : la dépense publique et les impôts.

Cinquante ans après, les effectifs publics sont tellement gigantesques, et le système de redistribution tellement enflé, que plus personne ne peut les payer. La France est championne du monde des prélèvements. Et aucun service public ne fonctionne plus correctement.

On dira : vous oubliez Mitterrand et le socialisme qui ont fait un mal considérable au pays. C’est vrai. Mais même le socialisme a été phagocyté par des énarques et de plus en plus médiocres, à tel point que le pauvre Hamon a disparu des radars politiques aux dernières présidentielles.

Certes Nietzsche a dit avec justesse : « La décision des socialistes de trouver le monde laid et mauvais a rendu l'émonde laid et mauvais ». Il suffit pour s’en convaincre de contempler le désastre de la gestion socialiste de Paris, avec la flambée des impôts, des dettes, des dépenses en même temps qu’on stérilise les investissements du passé, qu’on laisse pourrir les équipements existants et qu’on pousse la marchandisation et la densification pour financer la création d’appartements à 12 000 euros le m2 pour loger une clientèle immigrée captive. Et le féminisme outrancier, les immigrés de seconde génération et la pédérastie militante ont plus d’influence que les anciens élèves de l’ENA. Paris est devenu une ville laide et rongée par la délinquance, envahie par les touristes, les mendiants et les traîne lattes de toute obédience.

Craint celui qui se dit ton bienfaiteur et qui agit contre ton goût, ton esprit, ton intelligence et ta dignité. C’est pire qu’un Tartuffe : un lamentable pervers polymorphe incapable de sentir, un Narcisse amoureux de lui-même et qui se sent injurié par la moindre critique, un incapable qui n’entend apporter de réponse qu’aux questions où il a une réponse, en général toute faite.

Où un pervers cynique, Comme Mitterrand qui se moque du monde et qui y trouve plaisir, qui détruit avec la satisfaction que son successeur n’aura rien de ce qui lui a été octroyé par le peuple et qui considère que son destin, et la publication de ses lettres d’amour, vaut bien la ruine du pays.

Voici donc le système par terre. Dire aux retraités : « vous êtes des privilégiés ; on va vous imposer plus, réduire vos pensions par l’inflation, et taxer vos déplacements, augmenter radicalement les coûts de votre maison, et vous empêcher de prendre votre voiture, indéfiniment, car les taxes écolos vont augmenter indéfiniment et massivement pour votre bien », ne gênait ni Philippe, ni Macron, et encore moins les ralliés de 25e heure, le fourbe Le Maire et le guignol Darmanin. C’était autrement plus facile que de réduire le champ d’une étatisation délirante. Alors les retraités se sont mis en marche. Et ils sont près de 15 millions. Ah zut !

Dire aux artisans, aux mille et une personnes qui travaillent soit à leur compte, soit au petit bonheur la chance dans les régions sinistrées : « l’écologie, c’est pour ton bien, alors raque à mort et restreint toi encore plus », cela ne les a pas gênés non plus.

Dire à ceux qui passent leur vie sur la route pour leur travail : « on limite la vitesse à 80 km/h pour ton bien et on va faire bombance avec une augmentation massive des amendes », on était prêt à l'assumer vaillamment. On était même fier comme Artaban de tant de courage.

On l’est moins. Les réseaux sociaux permettent les mobilisations et les émeutes. On l’a vu dans tout le monde arabe, mais on a cru que, comme c’était des Arabes, c’était autre chose.

Alors une année à accroître encore la dette, les dépenses publiques et le taux de prélèvement, a créé un terrain miné. Prétendre que désormais non seulement on allait continuer au nom de l’écologie et de l’Europe (et son nouveau budget pharamineux, alors qu’on n’a pas considéré qu’il fallait réduire le niveau des dépenses européennes après le départ des Britanniques) mais qu’on allait s’attaquer aux biens que les Français ont eu tant de mal à se procurer, la voiture et le domicile, a fait exploser le baril de poudre.

Vous avez dit inconscience ? La bonne conscience fiscale des Énarques a toujours été de l’inconscience.

Alors voilà que tout ce qui compte d’économistes dans l’équipe Macron, les Pisany Ferry, les Aghion, se mettent à crier c homme des cabris : faites payer les riches. Vive l’ISF. Sus à ses salopards ! Détourner la colère du peuple sur des boucs émissaires, c’est le principe même de toute monarchie et de toute oligarchie. En URSS ou en Chine, l’habitude était de jeter aux chiens quelques oligarques pour donner à la meute quelque chose à se mettre sous les crocs.

On a ruiné le pays avec ce genre de sottise. Plus personne ne peut investir avec une imposition marginale sur le revenu de plus de 65 % et d’une imposition globale qui pouvait être proche ou supérieure à 100 %. Il était légitime de supprimer l’ISF et de revenir à une taxation plus raisonnable des revenus d’épargne. Le faire en taxant les retraités à la CSG était une sottise. Nous l’avons écrit ici même dès novembre 2017.

L’Énarchie a voulu un narratif pour calmer les masses. Ils ont récolté les Gilets Jaunes.

Emmanuel Macron, mal conseillé par des économistes partisans et nullissimes, et prisonnier de ses propres « narratifs », n’a pas profité de l’embellie conjoncturelle internationale pour réduire drastiquement la dépense publique dès la première année et rétablir la compétitivité du pays. Il a mené de petits combats sur des questions non prioritaires. Augmenter l’âge de la retraite, réduire le champ de l’action de l’État, plafonner les très hauts salaires de la fonction publique, qui se sont emballés, rétablir les quarante heures par semaine pour tous, telles étaient les urgences de la première année, empêcher l’envol des subventions à des catégories de population non prioritaires, revoir les dysfonctionnements européens et exiger que la perte des recettes britanniques soit compensée par une baisse du budget européen, mener une diplomatie de la prospérité en évitant que les pays à gros excédents ne provoquent crises financières et chômage de masse, voilà où on l’attendait.

Bavasser sur la Pnyka, c’est bien : l’écho est venu des ronds-points, symbole d’une des folies du temps et d’une tenue ridicule dont l’achat été imposé par l’Europe (norme européenne EN 471) à des dizaines de millions de gens, au nom de leur bien supposé, grand symbole avec les horodateurs normalisés et les drapeaux bleus, des bienfaits radicaux de l’Union Européenne.

Et maintenant ? On va où ?

Supplique

Laissez-nous vivre !

De temps à autres sonne une heure de vérité. Le complet malentendu entre la classe de hauts fonctionnaires qui a usurpé le pouvoir en France et le pays « profond » ne pouvait pas indéfiniment perdurer sans réactions. Le « dégagisme » de l’élection présidentielle signifiait que le pays en avait assez de la surenchère d’énarques de gauche contre les énarques de droite. Ce message a été gommé par les conditions lamentables de l’élection. Aujourd’hui les Français qui manifestent après une nième augmentation d’impôts « pour votre bien » sont traités de fascistes et les hauts fonctionnaires au pouvoir tente de désamorcer ce qu’ils appellent la grogne en rejouant le second tour de l’élection présidentielle et en proposant des petits cadeaux au peuple.

Et curieusement, ces Français disent : on ne veut pas de votre argent et de vos bonnes idées. Laissez-nous vivre et bas les pattes ! C’est déjà assez dur comme cela, alors que toutes les décisions que vous avez prises depuis 1973 l’ont été à notre détriment. Vous nous avez mis en concurrence avec la Chine et les pays à très bas salaires ; nous n’avez vu arriver aucune crise ; vous avez créé des millions de postes de fonctionnaires ou de salariés subventionnés dans les associations ; vous avez constamment aggravé les privilèges de l’administration ; vous avez constamment accru le domaine de l’action publique ; vous avez encadré nos vies avec un détail et une persévérance digne d’une meilleure cause. Les libertés en France se sont réduites comme une peau de chagrin. 

Vous vous êtes cru malin de chevaucher la mondialisation financière, à notre détriment puisque nous sommes en déficit partout depuis 1973.  Vous avez cru astucieux de créer Europe, Europe, Europe, comme un cabri, et vous voulez même créer un impôt européen gigantesque. Vous avez laissé entrer des millions d’immigrés pauvres, en déstabilisant tous les systèmes sociaux et en leur accordant des avantages phénoménaux, comme ces logements à 12.000 euros le m2 dans les zones les plus chères de Paris ; Plus aucune administration ne fonctionne ; La justice  est débordée par la délinquance qu’elle ne poursuit même plus ; les armées jouent leur rôle avec des bouts de ficelles et les munitions fournies par l’étranger ; notre diplomatie a disparu depuis longtemps ; on tue dans nos villes .

Et maintenant voilà que vous enfourchez les thèmes écologiques pour vous attaquer à nos biens, qu’il s’agisse de nos maisons et de nos voitures et de notre travail, au moment même où vous décidez de donner des droits hystériques à toutes les minorités qui le demandent.  

Foutez-nous la paix !

Tout est dur dans nos vies.

Nous n’avons plus de médecins proches et ils sont de plus en plus étrangers ; les médicaments essentiels sont de plus en plus souvent en rupture de stocks ; les vols sont répétés avec des voyous jamais condamnés malgré des dizaines d’exactions ; notre travail et notre revenu, faible, demandent une énergie et une détermination sans faille, alors que nous voyons trop de petits malins vivre uniquement avec l’argent public. Chaque jour, près de chez nous, une entreprise ferme, concurrencée par des produits chinois à prix cassés vendus par Amazon ou la grande distribution.  Chaque jour l’école, l’hôpital, l’administration s'éloignent un peu plus. Vous exigez de passer par Internet alors que les réseaux sont totalement insuffisants et les progiciels publics immondes de bêtises, de bugs, d’incompréhension des besoins des usagers. Avoir un passeport et une carte d’identité, c’est quatre mois ! Perdre son permis de conduire : quatre à six mois ! Il n’y a plus personne qui réponde dans les services administratifs, bien qu’ils soient souvent pléthoriques. On y travaille peu, avec un absentéisme insoutenable, et une présence le plus souvent à côté de la machine à café.

Sur tous les sujets où on vous attend, sécurité, dynamisme économique, santé, école, vous n’êtes pas là ou de moins en moins là.  Mais pour les amendes, les contrôles, les impôts, les taxes, c’est tous les jours la fête.

Alors oui, bas les pattes !

Et démission ! Retournez dans vos administrations et essayez d’y être un peu utile., au lieu de nous pourrir la vie en gros et en détail.

 

Pcc Un Gilet Jaune

Faut-il traiter la Chine en interlocuteur "normal" ?

La Chine exerce une vraie fascination sur les intellectuels de gauche occidentaux (eh bien au de-là) depuis des décennies. Amélie Nothomb, dans la gens écrivassière, est sans doute le seul exemple de ferme lucidité vis-à-vis d’un empire qui impressionne depuis toujours par le nombre. Pour elle, aimer la Chine pour son gigantisme, c’est à peu près aussi intelligent que détester le Vanuatu pour son nanisme ; une erreur de perspective dommageable !

Le Parti communiste chinois détient le record absolu des massacres et des génocides. La révolution, puis le grand bond en avant, puis la révolution culturelle, puis les guerres d’annexion, puis la répression des populations, ont provoqué plus de 60 millions de morts (certains avancent des chiffres très supérieurs). Des milliards de vies ont été radicalement gâchées. La dictature communiste reste féroce et totalitaire, comme elle l’est depuis de la prise de pouvoir par Mao. La répression sanglante des étudiants à Tien An Men, le 4 juin 1989, a bien montré qu’il ne s’agit pas, pour les « libéraux et pragmatiques » qui ont succédé au criminel génocidaire Mao, d’aller dans le sens de la démocratie.

N’espérez pas, comme pour Hitler et le national-socialisme, une chaîne spécialisée sur le maoïsme. Il faut tout de même se souvenir que les occupants de la Sorbonne en mai 1968 avaient déployé une immense bannière avec le portrait de Mao, à une époque où les massacres allaient bon train en Chine. Pendant des années la gauche révolutionnaire a bassiné le pays avec « le petit livre rouge », sorte de bréviaire du génocide opportun et nécessaire, et avec la « révocu », la destruction de la bourgeoisie et des forces de domination. Quinze Shoahs ne les ont pas effrayés. Comme disait Aragon : versons le sang de la purification. Quelques éminents maoïstes sévissent toujours sur les chaînes de télévision, entourés d’une aura que l’odeur des cimetières chinois et des camps de la mort du Lao Gaï ne semblent pas gêner. Un écrivain pornocrate a fait son « outing » maoïste en expliquant qu’il fournissait de la poulette occidentale blondissime au Grand Timonier. Sourires gênés dans les rédactions et l'édition. Mais pas plus. Imaginons qu’il ait fourni Pinochet ou Hitler ! Le légendaire fume-cigarette séduirait moins.

Lors que réalisateur René Viénet présente son film « Chinois, encore un effort pour être révolutionnaires ! » à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes dans les années soixante-dix, il est occulté ou vilipendé par la critique de gauche. Il déclarera : « Il était difficile à l’époque de remettre en cause l’aura de Mao Tse Dong ». Simon Leys mentionne l'intervention, dans les deux cinémas qui projettent le film, de perturbateurs du « social fascisme à caractère féodal » au moment précis de la projection des manifestations d'avril 1976 où le peuple chinois décida « d'enterrer le Grandiose Timonier avant même qu'il ait rendu l'âme », voilà ce que nos biens pensants ne sauraient accepter. Le retour de Simon Leys dans la catégorie des bons auteurs acceptables dans la communauté des croyants de gauche n’aura lieu qu’en 2018, signé par une double page dans le Monde.

Les massacres socialistes créent des joies morbides chez les adeptes mais ne mènent pas la création de richesses. Les réalistes chinois ont fini par débarrasser le pays du « romantisme » de la révolution totale où les fils crèvent les yeux des pères devant des foules extatiques et sous les applaudissements d’une gauche occidentale énamourée. Une fois « la bande des quatre » éliminée, la réalité était claire : les Tigres et Dragons, tout comme le Japon avaient fait leur décollage et l’économie chinoise était à peine digne du PIB de la Lozère ! Sous la direction de Deng XiaoPing, la Chine décide de rattraper son retard économique.

Les Américains et notamment le business américain se montrent à nouveau victimes du « syndrome chinois » et croient que le temps est venu d’aider la Chine à revenir dans le jeu. Ils se font d’immenses illusions. Les Chinois ont constaté qu’ils ne pouvaient même pas « donner une leçon au Vietnam », lors du conflit frontalier qui tourna à leur désavantage. Le pays a besoin de richesses pour reprendre rapidement leur rang militaire. Le régime ne cédera rien en termes de démocratisation. En revanche il permettra au pays de suivre la voie du Japon, de la Corée, de Formose. Il ne s’engage pas « à jamais » à respecter les droits démocratiques à Hong Kong, restituée à la fin du siècle, mais pour cinquante ans. Et on voit que la dictature chinoise commence à serrer le lacet à peine 20 ans plus tard. L’accord n’est qu’un écran de papier qui sera déchiré en dû temps. C’est-à-dire dès que la puissance militaire aura été rétablie au niveau suffisant. Taïwan n’a qu’à bien se tenir, car le retour dans le giron chinois reste un objectif prioritaire.

La Chine est parvenue a devenir l’atelier du monde du fait de la cupidité américaine et de celles des grandes entreprises qui ont voulu croire que « qui tenait le marché chinois tenait le marché du monde ». L’ennui est que la Chine a pris toutes les précautions pour éviter que les entreprises étrangères ne dominent leur marché intérieur. En forçant les étrangers à partager le capital des filiales en Chine, en volant les secrets industriels, en refusant toute législation sur les copies illicites, le Parti Communiste a réussi à éviter une colonisation économique par les Occidentaux.

L’intelligence chinoise a compris que les défauts du système monétaire international leur donnaient des chances supplémentaires d’aller vite en abusant de l’arme monétaire. Dans le cadre des accords de Bretton Woods, la Chine aurait dû respecter certains équilibres et rendre sa monnaie totalement convertible. Il lui aurait été interdit d’accumuler des milliers de milliards d’excédents. Puisque la règle implicite était : « que chacun se débrouille et que le meilleur gagne », la Chine s’est mise en position de gagner en tablant sur la cupidité des capitalistes occidentaux et l’évanouissement du pouvoir de régulation des institutions internationales.

En faisant miroiter l’énormité de leur marché et en gérant leur monnaie de façon offensive, les Chinois, nourris par un déversement de capitaux internationaux gigantesques et la faiblesse insigne des salaires, ont réussi leur coup. Ils ont accumulé de quoi reconstituer d’une part une influence économique et d’autre part et surtout leur puissance militaire. Sur tous les fronts de la guerre militaire possible, les Chinois sont sur la crête : les armes, l’espace, l’intelligence artificielle, les guerres numériques, etc. Du coup la Chine se retrouve en querelle frontalière avec tous ses voisins sans exception. Le Japon est poussé au réarmement nucléaire.

L’exaltation nationaliste, arme obligatoire de tous les socialismes violents, qui sont tous peu ou prou des pratiquants du national-socialisme hyperbolique, a été renforcée par des opérations de prestige, comme les jeux Olympiques mais aussi par des opérations bien moins exaltantes comme les campagnes anti japonaises.

Les excédents majeurs de la Chine ont eu des conséquences économiques dramatiques. Ils ont nourri la transformation de l’économie mondiale en économie baudruche, les dollars en excédents étant reversé sur le marché américain et amplifiant la dette dans des proportions déraisonnables, en interne comme ailleurs, selon les règles de la double pyramide de crédits de Jacques Rueff. La gravité de la crise de 2008 trouve une large part de ses causes dans les excédents abusifs chinois.

Après l’éclatement de la crise, la Chine a vu ses circuits financiers et économiques perturbés. Elle a été morte de trouille à la perspective de perdre la valeur de ses avoirs en dollars. Elle s’est donc lancée dans des investissements de précaution, en investissant notamment dans de nombreux achats de matières premières et de produits agricoles. Certains pays comme l’Argentine ou le Brésil ont profité de cette manne improbable, leur laissant croire qu’ils avaient réussi un décollage économique alors qu’ils bénéficiaient seulement d’un spasme de précaution du géant chinois. Du jour, où le rétablissement de la conjoncture internationale l’a rassuré, ces achats ont ralenti ou cessé projetant ces pays dans la crise.

La stratégie chinoise est désormais de mettre la main sur des terres arables, comme en Afrique où les dirigeants corrompus ont laissé la Chine s’octroyer des richesses importantes qui passent désormais totalement sous le nez des populations mais engraissent les décideurs. Un peu partout la stratégie est de mettre la main sur le capital d’entreprises d’importance critique, notamment dans l’énergie et les transports. Rien dans les règles économiques mondiales n’autorise un pays à accumuler des capitaux par une politique mercantiliste qui tue les entreprises adverses puis à racheter les pépites des autres avec des devises accumulées.

Les Allemands ont tout d’un coup constaté que son Mittelstand était la proie des investisseurs chinois. Ils se sont rebiffés sans voir qu’eux-mêmes pratiquaient la même politique notamment vis-à-vis du voisin français.

Les investissements massifs dans les ports et les communications, avec par exemple le rachat de la moitié du port d’Athènes ou celui de l’aéroport de Toulouse, les tentatives (bloquées) de rachat de port aux États-Unis, les investissements autour d’une nouvelle « route de la soie », vont dans le même sens.

L’Europe est obsédé par les traités de libre-échange et a les mains liées du fait qu’elle accepte les énormes déficits de l’Allemagne réunifiée, qui exporte comme un malade vers la Chine ses machines-outils et ses voitures de luxe. Elle a laissé faire les Chinois au-delà du raisonnable. Elle a perdu les marchés critiques comme celui des panneaux solaires en acceptant des politiques de dumping choquantes. Mais bien d’autres domaines économiques sont concernés.

On voit maintenant en France des achats stratégiques de terrains agricoles, en dépit de toute l’armature quasi communiste qui règle la propriété paysanne en France (Le Modev est une institution communiste !). Cela concerne aussi bien le lait que les vins.

La France est désormais considérée par les Chinois comme un pays sous développé où l’on peut se servir.

Pire encore, les pays de l’est qui ont intégré l’Europe après la chute de l’URSS, ont quémandé l’appui Chinois pour équilibrer le pouvoir de Bruxelles.

Autant dire que la Chine est désormais un pays déstabilisant qui provoque de multiples tensions, alimente l’instabilité financière et commerciale, concentre une puissance risquée pour ses voisins et l’Occident, tout en présentant un visage avenant.

On peut penser ce que l’on veut du style de Donald Trump, mais en cassant le fil des illusions qui lient les Occidentaux à la Chine, il rend un grand service à tout le monde. Naturellement, il n’a pas voulu comprendre que les excédents chinois étaient l’image inversée de ses propres déficits et que ceux-ci sont directement liés au rôle mondial (voulu par les États-Unis et dont ils tirent privilège en payant leurs déficits dans leur propre monnaie). Mais l’anomalie des excédents excessifs de la Chine est un problème réel. Xi Jinpin est obligé de mettre sur la table des offres mirifiques, comme cette ouverture aux achats chinois pour une valeur de 30 mille milliards. Il cherche à monter une organisation commerciale et de coopération asiatique, afin de créer une alternative aux Occidentaux. Bref, il joue ses cartes.

En même temps ses services secrets sont partout à la manœuvre pour piller tout ce qui peut l’être, déstabiliser les concurrents, et tirer avantage du laxisme européen, notamment. Il se dit même que la bulle qui a touché le Bitcoin a été fomentée par ces mêmes services secrets qui ont trouvé là un moyen de récupérer des milliards de dollars sans vraiment se fatiguer. Les principales fermes à Bitcoins sont en Chine alors que l’emploi du Bitcoin y est interdit ! Comme c’est curieux !

Il faudrait être bien innocent pour croire que la Chine est le parangon de la coopération et du multilatéralisme. Elle n’a pas encore acquis suffisamment de puissance économique et militaire pour ne pas avoir à concéder. Elle annonce plus qu’elle ne concède. Le marché chinois est totalement verrouillé en dépit des apparences ; le vol de secret industriel continue ; la guerre électronique continue ; le système de la double propriété dans les faits continue ; les excédents ne cessent de gonfler. Il n’y a pas un jour sans un article soit sur une manipulation des services secrets chinois, soit sur une répression sordide en Chine. Xi Jinping mène une répression de la corruption ? Dans tous les pays communistes depuis 1925, le renforcement du pouvoir central se fait par ce moyen qui offre une soupape pour calmer le peuple. Il a remis le Parti Communiste au centre du pouvoir. Il s’est mis en position de conserver le pouvoir à vie et crée les bases d’un culte de la personnalité. Il réprime même les étudiants marxistes alors qu’il a organisé des commémorations monstres pour le bicentenaire de la naissance du Grand Karl. « Le socialisme aux caractéristiques chinoises » est un national-socialisme féroce à l’intérieur (demandez aux peuples colonisés) et d’une grâce hypocrite à l’extérieur.

Il fallait mettre le commerce avec la Chine sous conditions et notamment celle de ne pas accumuler d’excédents excessifs. L’obligation de faire des sociétés mixtes a été une occasion de vol réitéré de secrets de fabrication occidentaux. Il faut interdire le rempli des excédents chinois dans le rachat de terres ou d’entreprises (essayez d’acheter de la terre en Chine). L’erreur de Trump est de reprendre la politique d’expansion du commerce américain sur le thème : achetez-nous plus ! Ce n’est pas la bonne méthode. Ce qu’il faut c’est limiter un certain nombre d’activités chinoises à l’extérieur tant que des garanties sérieuses ne sont pas obtenues notamment sur des questions géopolitiques graves.

L’Europe dans cette affaire est dans une position intenable. Les positions libres-échangistes religieuses de la commission lui interdisent de prendre la Chine pour ce qu’elle est : une dictature avec des objectifs pas gentils du tout. La différence de position de l’Allemagne et des autres pays est telle qu’aucune diplomatie n’est possible.

Sans changer le système monétaire radicalement afin d’éliminer la possibilité d’accumuler d’énormes excédents et d’énormes déficits, c’est l’impasse.

L’esquisse d’une solution devrait venir du FMI. Mais sa présidente est à la fois coincée par la domination américaine, la mauvaise volonté chinoise de rejoindre les règles du FMI et sa propre volonté de regarder ailleurs et de mettre ses priorités du côté de l’aide aux femmes dans les pays sous-développés qui n’est pas dans les prérogatives du FMI.

La France n’a pas de pouvoir du fait de sa situation économique lamentable. Le président MACRON peut parler sur la Pnyka ou à la Sorbonne sur le mode lyrique. Que peut-il faire avec un pays déficitaire de tous les côtés, gangrené par la dépense publique de masse, champion mondial des impôts, meurtri par un chômage incoercible et à la remorque financière du monde ?

La voix de la France est d’autant plus fluette qu’elle ne dispose d’aucune crédibilité économique, coincée qu’elle est entre une école quasi marxiste qui ne réfléchit qu’en termes d’inégalités et « d’affranchissement » (au sens marxiste, c’est-à-dire au prix d’une perte quasi-totale d’autonomie des agents économiques) et une école plus libérale qui n’a accès à aucun média, sauf à titre homéopathique et qui, de toute façon, refuse d’aborder les questions monétaires internationales qui, chacun le sait dans les médias, font baisser de 80 % l’audience des émissions qui s’y risquent.

Nous sommes donc dans une impasse. Une vraie impasse ! Certains voudraient en sortir en faisant reculer Trump mais pas la Chine ! Parfaite sottise contre-productive. La vérité est qu’il faut démolir le fond de l’impasse et construire une nouvelle route.

Pas de solution sans une réforme sérieuse du système monétaire international et une louche plus longue pour négocier avec le pays le plus dictatorial du monde, qui foule aux pieds toutes les valeurs de liberté et dont l’objectif est des plus clairs : la puissance militaire par la guerre économique ! Au moins ne nous donnons pas le rôle idiot du bisounours utile.

 

PS : profitons de l’occasion pour énoncer une évidence qui semble échapper à nos médias nationaux. La Corée du Nord est dans la même situation que la Chine de 1978. Son dirigeant adulé cherche à rejoindre les Tigres et les Dragons et de restaurer une puissance économique…et militaire. Notamment pour résister à …la Chine.

L’histoire contemporaine : disruption ou continuité ?

Un débat fondamental

Certains refusent absolument de considérer les points de ressemblance entre la période d’entre-deux-guerres et la situation actuelle, tout comme les mêmes refusent de voir dans la guerre de 40 la suite logique de la guerre de 14.

On peut imaginer que l’histoire soit totalement libre et que les mouvements qui s’y produisent soient toujours sui generis. En un mot l’histoire serait toujours différente et il serait vain de rechercher des constantes, des enchaînements, des retours en arrière voire des retours de bâtons. Ceux qui proposent ces interprétations sont tous du même bord, en général à l'extrême gauche, très majoritaire dans l’université française, dans les matières historiques et économiques, en contradiction totale avec la pensée intéressante qui se développe à travers le monde. La fixation marxiste en Amérique du Sud et en France est tout à fait étonnante, 40 ans après l’effondrement du « socialisme réalisé ». Pour ces courants de pensée, des vilains qui auraient pu être contenus et qu’il importe de vaincre encore aujourd’hui, étaient à l’œuvre et rien n’était automatique. La seule continuité est la nécessité des luttes contre le beauf, le fasciste, le Versaillais et le « lecteur du Figaro Magazine ». Cet effondrement de la pensée universitaire dans un prêchi-prêcha politique débilitant et partisan est une des marques du « suicide français ».

Si on s’en tient au dernier siècle, la continuité est totale entre l’introduction du virus bolchevique en Russie par les Allemands soucieux de libérer des forces à l’est pour vaincre à l’ouest, la révolution allemande qui pousse les militaires prussiens à rechercher un armistice très rapide, la répression du spartakisme, la montée du fascisme en Italie et du national-socialisme en Allemagne, les excès de la révolution bolchevique de Lénine à Staline, avec la multiplication des massacres de masse et des génocides, les tensions politiques entre socialistes et droite libérale repoussée sur sa droite et la guerre de 1940.

La guerre de 14-18 changes totalement la donne économique et monétaire. Les troubles monétaires post « grande guerre » expliquent largement la crise de 1929 qui aggrave tout. Ils se croisent avec les mouvements politiques cités précédemment. Le monde occidental ne parvient pas à retrouver une organisation correcte dans une optique de monnaie de papier multipliable à l’infini par les États et d’accumulation gigantesque de dettes.

La convergence entre les troubles sociaux, économiques et politiques, nimbée par la violence issue de la guerre de 14 et de la révolution bolchevique, finira bien par provoquer la Guerre de Quarante.

Alors, bien sûr, il y a des surprises et des gambits qui ont fait tourner le sens de l’histoire de façon imprévisible. La paix a été ratée à Versailles du fait des Alliés de la France qui n’ont pas souhaité que le vainqueur prenne une place trop grande en Europe. Mais Clémenceau fait ralentir les troupes alliées victorieuses partout pour ne pas avoir à réprimer la révolution qui s’annonce en Allemagne. L’armée allemande s’en est chargée. Mais du coup l’Allemagne n’a pas été dépecée comme il aurait fallu en séparant la frontière rhénane et la région de Munich du bloc prussien. La destruction de l’Autriche-Hongrie aurait pu être évitée dans les modalités extrêmes retenues. De même le retrait des États-Unis de la SDN, qu’ils avaient portée sur les fonts baptismaux, a été une immense surprise qui a changé bien des choses. À beaucoup de moments dans les vingt ans qui séparent les deux guerres on constate que des virages ont été pris qui auraient pu être évités ou négociés autrement. Hitler a été totalement surpris lorsque les Français et les Anglais lui ont déclaré la guerre en 39. Il pensait pouvoir digérer ses conquêtes comme toutes les précédentes, et se ruer vers les ressources de l’est européen afin de se constituer l'hinterland nécessaire à la conquête du monde. Il s’en est fallu de bien peu pour que la paix ne soit signée par l’Angleterre après la défaite de la France. La personnalité de Churchill a joué le rôle principal. On pourrait dire que « Jamais l’avenir d’un si grand nombre n’a dépendu autant d’une seule personne ». Les auteurs d’un film récent sur Churchill ont été obligés d'inventer une scène baroque dans le métro londonien pour faire coïncider la ténacité de Churchill avec celle ainsi exaltée du peuple anglais.

Bien sûr l'histoire n’est pas un flux mécanique d’événements qui s’enchaînent de façon obligatoire. Mais il y a des constantes et des mouvements qui se répètent. Certains aspects de la situation actuelle s’apparentent à la situation de l’entre-deux-guerres, mutatis mutandis.

Le discours et la méthode Mélenchon, pour prendre un sujet mineur, sont le décalque des positions d’un Marcel Déat pour le fond et de style de Jacques Doriot pour la forme. On retrouve parfois les mêmes mots et même quasiment les mêmes phrases.

Dans le cas des monnaies et des échanges, on retrouve les mêmes troubles face à un système monétaire international qui ne sait plus comment gérer les immenses créations de monnaies, depuis que la création monétaire est devenue quasi totalement administrative, et qu’il n’existe plus de régulation des grands excédents et des grands déficits. Il n’y a pas de bon commerce sans bonne monnaie.

Quand les banques centrales sont conduites à émettre, des dernières années, plus de 15 mille milliards de dollars de monnaie administrative qui servent de support à la création de plus de 60 mille milliards de dettes supplémentaires, c’est que le système monétaire global est une fantaisie. « Donald Trump simplifie le diagnostic et complique la solution ». Les énormes excédents Chinois, Allemands, Japonais etc. sont interdits par les grands traités internationaux mais tout le monde s’en moque depuis la fin des Accords de Bretton Woods. Ils ont provoqué la crise de 2008 et sont à l’origine des querelles commerciales actuelles.

La révolte des classes moyennes en Occident, qu’elle prenne des formes électorales ou celle de jacqueries, ressemble partiellement à celles de l’entre-deux-guerres, le socialisme révolutionnaire en moins, depuis qu’on sait qu’il ne mène à rien, sinon au crime et à la misère.

On retrouve en France, les dégâts provoqués par la dénatalité dans les années trente. Rappelons que la France était dans l’entre-deux-guerres un pays dont la population baissait, en dépit de l’afflux de nombreux immigrés fuyant soit les révolutions à l’est soit le fascisme italien, soit le nazisme, soit le franquisme, soit les massacres turcs. Qu’on se rappelle Mitterrand criant « Haro sur les Métèques » dans les années trente ! Les aspects démographiques sont tout aussi importants aujourd’hui. Il est clair que la population blanche baisse en France de 100 000 à 150 000 unités chaque année, avec une perspective de remplacement des autochtones par les populations immigrées venant d’Afrique dans les 50 années qui viennent. Depuis trois ans, le décrochage de la natalité globale mène à la baisse de population connue en Allemagne et au Japon.

L’ordre rooseveltien est en train de s’effacer totalement. L’ONU est décrédibilisé comme les sont le FMI et la banque mondiale. Le multilatéralisme s’effondre. L’Union européenne est traversée par des courants qui poussent à sa destruction. Les peuples veulent reprendre la main sur leurs responsables nationaux. La coupure entre dirigeants et pays profond est, comme dans les années trente, extrêmement profonde, ce qui conduit à des réactions violentes. Cette désagrégation conduit à l’apparition de « seigneurs de la guerre », façon Poutine ou Erdogan, comme de voix tentées par l’exaltation prophétique sans influence sur la réalité. Il y a du Briand chez Macron !

Pour les économistes conséquents, la question centrale doit être celle de la monnaie et des systèmes monétaires. La crise globale actuelle n’est pas due seulement aux troubles consécutifs aux dysfonctionnements du système monétaire international et à la gestion de la zone Euro. Mais elle en est le noyau dur, et c’est là qu’il faut agir pour obtenir un vrai socle de renouveau.

Il est intéressant de noter que les premières réformes imposées par les vainqueurs, à la fin de l’entre-deux-guerres, d’abord par les Nazis après leur victoire surprise en France puis par les Américains à Bretton Woods dès que la victoire est devenue certaine, à Bretton Woods, ont été des réformes monétaires. Les idées qui ont bouillonné en juin et juillet quarante, sous pression nazie, se sont retrouvées dans les débats de Bretton Woods, sous pression américaine, et la rupture de ton imposé par Donald Trump réactualise les débattre d’alors. Certaines des suggestions qui se discutent en Europe sont comme la réplique de certains débats de juin quarante. Les conflits et suggestion de l’époque portent leçon actuelle par leurs résurgences.

Tout se passe comme si la stabilisation d’un système monétaire mondial après la généralisation des monnaies fiduciaires d’état avait fait surgir des idées-forces constantes, qui traversent le cisèle, qui n’avaient jamais pu s’exprimer totalement du fait des relations de pouvoirs, les conflits entre puissances majeures cassant ce qui avait pu être mis en place de bon et alimentant des remises en cause continuelles et des politiques défectueuses. Ne peut-on pas, en faisant apparaître le lien fort entre les meilleures idées et des meilleures pratiques qui ont traversé le siècle, définir une véritable organisation monétaire, financière et commerciale mondiale ?

Notre prochain livre à paraître en 2019 portera justement sur cette question. Il nous semble que nous disposons là d’un terreau très riche pour envisager un avenir positif.

Didier Dufau pour le Cercle des Économistes E-toile.

 

 

 

 

 

Gilets Jaunes et Énarchie Compassionnelle

Les « réseaux sociaux » ont croisé un mécontentement de fond qui a mis dans la rue avec des gilets jaunes 200 à 300 mille citoyens français. Il s’agit bien d’une forme inédite de jacquerie, évènement improbable et imprévisible. Option 1 : « Une révolte ? Non, Sire, une révolution ». Option 2 : « Un énervement, Sire ; même pas une émotion ». On verra bien.

Mais que les explications sont faciles à trouver. Internet est souvent le moyen de mesurer les passions qui secouent un pays. Il révèle des attitudes et des ressentiments. Le billet le plus lu sur ce blog, ces derniers mois, dans des proportions réellement anormales était intitulé : « Plus cela change, plus c’est la même chose » (http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2017/11/21/Plus-cela-change-plus-cest-la-mme-chose). Cet article qui date d’exactement un an a atteint 3 955 lectures alors que l’article le plus lu après lui n’en dépasse pas 1 000.

Ce sentiment est d’abord le fruit d’une élection présidentielle escamotée. Il n’y a pas eu de campagne électorale, sinon, de façon partielle, au moment des primaires. L’échec de Juppé et Sarkozy signifiait qu’à droite on voulait une vraie rupture, notamment dans le domaine fiscal et économique. Le trouble à gauche paraissait suicidaire (http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2017/1/5/Socialisme--la-dcomposition-dlirante).

La réaction populaire très négative aux projets allégués de réforme de la sécurité sociale avait sonné une sorte de tocsin. Le pays devenait plus que chatouilleux sur ses droits. La santé, c’est sacré, surtout si on est pauvre.

Ensuite tout s’est arrêté. L’affaire Fillon a bloqué tous les médias dans le délire et l'antinazisme bidon a créé un faux débat ridicule au second tour, aggravé par l’effondrement radical de la candidate du FN lors du débat, surprise à dire littéralement n’importe quoi en matière monétaire. Le résultat a été un record d’abstentions.

Il faut garder à l’esprit que depuis 2008, le revenu par tête française a constamment baissé. Nous verrons bientôt si c’est encore le cas en 2018. Le phénomène est majeur. La première crise de ras-le-bol fiscal, dite des bonnets rouges ou des pigeons, selon les modalités qu’on privilégie, avait montré que le pays n’acceptait plus d’être tondu ras par des hauts fonctionnaires politiciens. L’Énarchie est d’abord un excès fiscal majeur. Son triomphe a valu à la France d’être le pays le plus taxé du monde. Bravo ! Mais gare ! Il est interdit de trop insister sur la grogne fiscale dans les médias (gavés de subventions publiques). Les Français savent compter. Le décalage entre la chanson des médias et le ressenti de la population est devenu abyssal.

Dans la confusion de la campagne présidentielle, les Français ne se sont pas rendu compte des dangers de la démagogie du candidat Macron qui avait choisi cyniquement une option « d’achat de vote » sans vergogne. Le pays a peu réagi à une hausse de la CSG qu’on leur présentait comme microscopique et ciblée alors qu’elle était massive et générale. Mais l’idée de ne plus pays de charges sociales sur le salaire ni de taxe d’habitation, a fait saliver les babines. D’autant qu’on gratifiait le pays de nouveaux remboursements gratuits pour les lunettes et les sonotones.

Cette démagogie a payé à court terme mais c’est révélé désastreuse aussitôt après l’élection.

Ces mesures ne pouvaient pas avoir d’effet économique majeur parce qu’elles ne renforçaient pas la compétitivité. Il fallait comme nous l’avons indiqué, transférer sur la TVA une partie des charges patronales (celles concernant la maladie) et cesser de parler de charges salariales et patronales pour un concept de charges sociales uniques. L’effet aurait été celui d’une minidévaluation. En supprimant complètement l’ISF sans se laisser aller à un « storytelling » débile qui sépare la bonne finance et la vilaine tentation immobilière, on ajoutait une prime à l’investissement. Dans la phase haute du cycle où nous sommes depuis 2016, cette politique aurait permis des résultats immédiats. Les indispensables mesures que sont la taxation forfaiture des revenus du capital (qui aurait dû être étendu à la rente immobilière) et une moindre pénalisation des relations sociales dans l’entreprise, dans un contexte favorable d’intérêts très bas et de prix du pétrole au plancher, auraient aidé à obtenir des résultats encore meilleurs

Au lieu de cela, le Trésor a repris la main et a commencé à jouer au bonneteau fiscal en matraquant les propriétaires, les retraités et les automobilistes.

Au lieu des cadeaux attendus (bêtement), les Français, notamment dans la France la moins bien dotée en matière de revenu et d’emplois, ont vu une dégelée d’impôts, taxes et oukases divers pleuvoir sur leur vie quotidienne.

Pour les classes moyennes, la voiture et la maison sont les deux actifs fondamentaux. Ils sont achetés à crédit. Le poids des remboursements pèse lourdement sur le ménage et crée une dépense fixe incompressible importante.

Si on aggrave les impôts en période de hausse des cours internationaux, du pétrole, en annonçant que cette aggravation continuera et s’amplifiera dans les années suivantes, tout en précisant que la voiture qu’on a ou qu’on vient d’acheter perdra bientôt toute valeur à la revente, alors que l’emprunt court, on crée une haine farouche. Ajoutons un Oukase jamais débattu nulle part qui réduit de 10 km/h la vitesse sur route, et vous touchez à l'intime une grosse partie de la population, surtout en province où les points ont commencé à disparaître à grande échelle (d’après les on-dit, chaque utilisateur régulier de sa voiture en province aurait déjà perdu deux points depuis la mise en place de la mesure).

Quand vous alourdissez massivement les coûts de chauffage, annoncez qu’il faudra remplacer la chaudière au fuel qui sera interdite à court terme, tout en imposant des normes hypercoûteuses, tout en aggravant les impôts locaux et l’IFI (l’exonération de taxes d’habitation étant réparti dans le temps pour ceux qui l’espèrent), vous reperforer l’intime des ménages.

La bagnole et la maison sont les deux armatures du bonheur populaire. C’est la garantie de ne pas être à la rue et de pouvoir travailler. Sans maison ni voiture, on entre dans la précarité.

Pour les retraités qui voient la CSG augmenter massivement, qui constatent que les retraites ne sont pas revalorisées, alors que l’inflation repart, que leurs coûts d’habitation augmentent et que leur voiture va bientôt leur être arrachée (alors qu’ils n’ont aucun moyen de faire face à la hausse de coûts des nouvelles voitures fortement aggravées par une fiscalité verte débridée), alors que l’IFI rode sur le patrimoine qu’ils ont pu accumuler, la situation est infâme.

Les médias ont tort de voir uniquement l’aspect « pouvoir d’achat » ; L’aspect « patrimoine » est tout aussi important. Pour les ménages pauvres ou au bas de l’aisance, les deux réalités sont confondues.

Macron s’est mis dans les pas de Hollande. « C’est Hollande sans l’extrême gauche » répètent les observateurs, avec un tabassage fiscal initial encore supérieur. Naturellement, aucun des Énarques qui nous gouvernent n’a songé à baisser la dépense publique. Au contraire on l’augmente !

Devant la grogne, ils ressortent le vieux truc de la compassion et de l'insuffisance de communication. L’Énarchie compassionnelle n’est pas un vain concept. Cela fait maintenant 45 ans que cela dure. Edouard Philippe en est l’acteur le plus caricatural. Droit dans ses bottes comme son mentor Juppé, il décide seul souverainement de mesures qui impactent directement la vie des Français. La limitation à 80 km/h, c’est lui. L’impôt à la source c’est toujours lui. La suppression à terme des chaudières et des voitures diesel, c’est encore lui. L’Énarque est l’arbitre de la société. Face à la grogne il propose des subventions, augmentant à la fois les impôts et les cadeaux, (une technique qui a tué le bâtiment). Toujours la même méthode. On impose et on lâche du lest. Ensuite on déclare que le lest est une dépense fiscale qu’il faut supprimer. La technique, institutionnalisée depuis juillet 1940 et la création de la direction du Trésor, est parfaitement au point.

Le joli pronunciamiento réussi par l’Énarchie, les achats de votes cyniques mais réussi du candidat Macron, le retour aux pratiques détestables qui ont conduit la France dans le déclin et la dérive fiscale absolue, collent si étroitement à l’équipe d’énarques qui gouvernent qu’ils ne peuvent pas s’en dédouaner sur un quelconque bouc émissaire. Le gilet jaune leur colle au dos comme la tunique de Nessus.

La jacquerie peut s’étioler et finir en eau de boudin. Mais désormais un fond de haine traîne dans toutes les couches de la population contre les dirigeants fonctionnaires qui accaparent le pouvoir et considèrent que les biens et le revenu des Français leur appartiennent et qui pensent pouvoir multiplier les contraintes contre leurs administrés. Elle est là pour longtemps.

Comme nous l’avons déjà écrit souvent, c’est l’immense erreur de LR d’avoir mis à sa tête un Énarque, antipathique de surcroît. La droite ne peut se reconstituer qu’avec un autre modèle de gouvernance que celui proposé depuis 1974 avec Giscard et Chirac, et repris aujourd’hui par Macron et Philippe.

Au moment où Énarchie et anarchie se rejoignent, il n’y a plus d’opposition raisonnable possible.

Quel gâchis ! La seule solution durable serait l'éviction d’Edouard Philippe et de l’équipe qui gère les finances (Le Maire et Darmanin) et leur remplacement par de nouvelles têtes capables de porter un message de retraite fiscale. Un nouveau Monory, qui s’était révélé excellent.   Sinon, on peut craindre que ce soit Macron qui soit totalement démonétisé et conduit plus ou moins rapidement à la paralysie.  

Agnès Verdier-Molinié : « en marche vers l’immobilisme »

Agnès Verdier-Molinié, la directrice de l’Ifrap, publie chez Albin Michel : « En marche vers l’immobilisme ».  C’est le quatrième volet de notre réflexion sur la malgouvernance en France, après la mise en cause de la gestion de la Capitale Française par le groupuscule rassemblée autour d’Anne Hidalgo, les éléments de réflexion sur le « destin français » d’Eric Zemmour, et les inquiétudes démographiques et civilisationnelles autour d’un « grand remplacement »exprimées par L. Obertone.

L’Ifrap est une institution que nous approuvons et soutenons et dans sa démarche et dans ses résultats. Beaucoup de ce que nos intuitions suggèrent ou font craindre se trouve confirmé par les études de l’Ifrap. L’équipe est bien informée et sa directrice est une fille crane et courageuse qui n’hésite pas à se livrer à un exercice d’expression publique qui lui vaut insultes et crachats. Il faut du courage dans ce genre d’entreprise et la tenace Agnès en a. Bravo !

Le livre confirme ce que nous avons anticipé dès la campagne électorale d’E. Macron. On fera peu et relativement insignifiant, même si quelques mesures vitales seront tout de même prises. Pour l’essentiel, l’équipe d’Enarques réunie par l’Enarque Macron aura plus de mal à se sortir des conséquences de sa démagogie électorale,  et à se dépatouiller des médias, qu’il ne passera de temps à atteindre les objectifs quantifiés qui avaient été annoncés pour contrer les annonces de F. Fillon.

Sept ministres dont trois d’Etat ont démissionné, dans des conditions le plus souvent bizarres voire franchement déplorables, soit parce qu’ils étaient rattrapés par leurs propres turpitudes après avoir appelé à laver plus blanc que blanc, soit parce qu’ils voyaient bien que la fine équipe d’énarques qui dirigeaient tout ne leur laissait aucun espace d’action. Quant aux programmes, on voit qu’ils sont d’abord et avant tout des affichages, la réalité révélant une suite infinie de petites mesures ou de demi-mesures. 

Il était strictement indispensable de revenir sur l’ISF et de remettre une taxation forfaitaire sur l’épargne. Au lieu de défendre ces mesures simplement  en expliquant que les gouvernements socialistes avaient été trop loin et que les effets pervers étaient accablants et irresponsables, E. Macron a tenté de justifié une demi mesure de libération fiscale sur l’épargne en accablant l’immobilier. C’était du n’importe quoi démagogique. Il a tenté d’expliquer qu’il donnait du pouvoir d’achats aux pauvres, avec les mesures d’achat de votes démagogiques sur les cotisations sociales des salariés et la suppression de la taxe d’habitation sur une partie des assujettis. Cette farce se retourne contre lui au point qu’il vient dans son dernier discours d’avouer qu’il n’était pas en son pouvoir d’enrichir et de rendre heureux chaque Français !

Ce que montre le livre de notre auteur, c’est que dans le fatras de mesures qui ont été prises, rien de permet d’atteindre les objectifs affichés. Non, il n’y a pas de baisse des prélèvements ; non il n’y a pas de baisse de l’endettement ; non les réformettes prises n’ont pas les effets prévus car presque toutes laissent la place à des préoccupations corporatistes qu’on considère normal de prendre en compte. Le nombre des fonctionnaires ne baissent pas. Les syndicats bloqueurs bloquent toujours à peu près tout. On voit avec l’affaire qui secoue la tête de FO que les mauvaises habitudes ont la vie dure : népotisme, détournement de l’argent public, méthodes infectes.

Les économies sont fictives. Le prélèvement à la source est un voyage en Absurdie administrative. La réforme du CESE est une farce (l’auteur dit un trompe-l’œil). Les abus dans les collectivités locales sont toujours majeurs. AVM a beau jeu de montrer que dans la ville natale du Président, Amiens l’absentéisme est toujours stratosphérique : 49 jours ouvrés, s’ajoutant à un temps de travail quotidien faible et une durée annuelle très basse. Quand, de façon régulière, une partie des salariés publics ne travaillent que 6 mois payés 12, avec une rémunération moyenne supérieure à celle du privé, nous ne sommes plus en république.  L’accès aux données est toujours aussi bloqué. On ne doit pas savoir. Quant on voit que le président du syndicat FO, principal syndicat de la fonction publique, se met en congé maladie parce qu’on a découvert quelques unes de ses turpitudes, on comprend tout.

La grande affaire qui s’annonce est la réforme des retraites. Tout le monde sait que le système de retraite des fonctionnaires est totalement abusif. Le livre donne les chiffres et ils sont à frémir d’indignation : les fonctionnaires ont un avantage de 21% en montant  par rapport au privé, avec une retraite moyenne de près de 28.000 euros contre 22.000 pour le privé. Et la manière dont la réforme est conduite aboutira nécessairement sur un nouveau « trompe l’œil ».

Les « rentiers de la République laissent les citoyens dans l’illusion du redressement économique. Avec le risque majeur de dérouler le tapis rouge aux populistes autres bonimenteurs ». « Nous vivons en plein choc de complexité avec ce qui va de pair, l’opacité reine ». « Le risque est de dégoûter nos concitoyens de la démocratie ».

C’est là qu’on rejoint la malgouvernance parisienne, parodie de démocratie, les livres de Zemmour et d’Obertone et plus encore celui de Yascha Mounk « le peuple contre la démocratie (L’observatoire),». « Pour sauver la démocratie, nous avons besoin d’unir les citoyens autour d’une vision commune de leur nation, de restaurer leur espoir en l’avenir économique  et des rendre plus résistants aux mensonges et à la haine qu’ils rencontrent tous les jours sur les réseaux sociaux ». Nous-mêmes, depuis 1977, ne cessons de répéter dans l’indifférence générale : « attention à la colère des peuples ».  La malgouvernance générale et les dysfonctionnements économiques jamais réparés ont un coût qui n’est pas seulement économique.

Maintenant les avertissements viennent de partout. Il est bien tard.

 

Laurent Obertone, et la fin programmée de la France blanche

Laurent Obertone s’est fait connaître par un livre choc et méritoire : La France orange mécanique. Il démontrait de façon convaincante que la sécurité des Français n’était plus assurée et que le développement de la délinquance et de la « sauvagerie » avait atteint de tels niveaux que le phénomène devenait incontrôlable. C’était l’époque où les gouvernements et la presse étaient obsédés d’occulter, de nier, de minimiser les faits et d’en exonérer les auteurs, en enveloppant le tout d’une explication psychologisante : le-la « bourge de base » avait un sentiment d’insécurité mais tout montrait qu’il s’agissait là d’un sentiment. Sentiment malvenu car sans aucune réalité et probablement nourri par la xénophobie et le racisme ordinaire du « beauf » français à tendances pétainistes et pro nazis etc. La ritournelle est connue. L’ennui, c’est que la méthode de l’auteur était imparable : collecter toutes les informations sur la situation réelle et les mettre bout à bout pour dresser un tableau sans fard de la réalité. Ce que le lecteur des feuilles province savait de sa situation locale, l’auteur l’a généralisé à la région et au pays tout entier. Avec trois constats fracassants :

-          La violence était de plus en plus évidente et atteignait des sommets, notamment contre les femmes blanches, avec plus de 100 000 viols par an

-          Lex crimes et délits étaient à plus de 75 % le fait de l’immigration africaine et maghrébine.

-          Les juges ne condamnaient pas. Il est vrai que c’était l’époque du « mur des cons » (que l'on va d’ailleurs juger bientôt), et du « justicialisme » qui décrétait que l’immigré devait toujours avoir la prime sur l'autochtone.

Ce livre a dérangé à la fois les dirigeants de la presse écrite, radiophonique et télévisée, habitués à l’idée que leur rôle était de favoriser le « vivre ensemble » en minimisant tout ce qui pourrait « stigmatiser » et mettre le feu aux poudres, la haute administration désireuse de pas avoir ce bébé sur les bras, d’autant que cet enfant illégitime de la République leur aurait coûté leur réputation, et les dirigeants politiques conscients d’être à peu près impuissants face au « gouvernement des juges », dont les sources sont le Conseil d‘État, le Conseil constitutionnel et, la Cour de Justice Européenne et la CEDH. Le terrain étant occupé par le Front national, le risque était également politique.

L’acceptation de l’impuissance devait être effacée par quelques éructations contre les fâcheux qui la mettaient en évidence. Les cultureux gauchistes subventionnés (nous nous excusons du double pléonasme) de leur côté renforcèrent leur pression en faveur du bon immigré contre le vilain blanc machiste et dégénéré. Le bourgeois à dénoncer des années soixante-dix a laissé la place au mâle blanc dénaturé qui se devait d’être régénéré par des apports immigrés, auprès desquels il fallait prendre une posture d’excuse et d’accueil.

Exit Obertone et Orange Mécanique dans les poubelles de l’actualité maquillée des médias. Il a donc repris le flambeau avec deux livres plutôt mauvais sur l’aspect orwellien de la réaction des dirigeants politiques et médiatiques, puis sur les risques de guérilla urbaine. N’est pas Houellebecq qui veut !

Le revoici avec un livre qui renoue avec la méthode de son premier livre : une compilation journalistique bien faite des faits et des analyses relatifs à l’immigration de pauvreté de masse. Le but est de répondre à des questions majeures du temps, non pas sur la base des intentions ou des désirs, mais des faits. Est-ce que le grand remplacement a lieu ? À quelle vitesse ? Quand sera-t-il effectif ? Est-il bénéfique ? Les mesures prises pour contenir les conséquences sont-elles efficaces ? Il est de fait que ces questions ne sont traitées ni par les instances gouvernementales, ni par les universités, ni par les journaux. Plus curieusement, il est interdit de les traiter et les mesures sont prises tous les jours pour empêcher toute étude sérieuse permettant de connaître la réalité.

L’idée que la population européenne blanche puisse être éliminée par la population africaine noire et maghrébine est ravalée à une hypothèse purement raciste qui déshonore qui ose aborder la question. « Si c’est la réalité, ainsi soit-il, pauvre xénophobe et sale raciste ! » Du coup l’écart entre ce que montrent les médias et la réalité n’a pas cessé de se transformer en immense fossé. Le gouffre est tellement énorme qu’il devient comique ou tragique, comme on voudra.

La France interdite essaie, comme la France orange mécanique, de faire ressortir des faits largement occultés, enfouis, et disséminés dans des centaines d’études jamais citées ni jamais synthétisées dans la presse. Le travail est remarquable par l’ampleur des recherches dépouillées et par le caractère sourcé de tous les faits mis en évidence.

La question cruciale est évidemment démographique. L’étude des composantes de la population étant interdite, la recherche a pris des détours astucieux pour parvenir à répondre à cette simple question : quelle est la part de la population d’origine indo-européenne dans la population installée en France, son évolution et la prévision qu’on peut en faire dans les quelques années et décennies à venir.

Voici les chiffres qui devraient faire consensus : la population non indo-européenne représente aujourd’hui autour de 20 % de la population française métropolitaine. Inégalement répartie sur le territoire français, elle représente dans de nombreuses parties du territoire plus de 75 %, avec une éviction croissante des populations blanches. De façon dynamique on passe de 2 millions de personnes non indo-européennes en 1970 à 12 millions en 2020. Cette multiplication par six est camouflée sous le vocable mensonger imposé par les médias et les politiques de « stabilité de l’immigration ». L’auteur compare ces chiffres avec deux des Français de souche installés dans les anciennes colonies qui n’ont jamais dépassé 1.5 millions de personnes et jamais plus de 10 % de la population totale. On parle de « colonie de peuplement » pour l'Algérie, avec 10 % de non autochtones. Pour l’auteur les Français autochtones sont donc victimes d’une hypercolonisation de peuplement. D’après l’INED et l'INSEE, de 1999 à 2015 la population française de souche a augmenté de 4.6 %, les Turcs de 40 %, les Maghrébins de 46 % et les Africains subsahariens de 138 %.

La grande question est la suite des évènements : va-t-on vers une augmentation de la proportion d’émigrés africains et maghrébins et jusqu’où ? La réponse est naturellement dans le différentiel de fécondité entre population indo-européenne et africaine, et dans l’évolution des nouveaux flux d’immigration. Grâce aux enquêtes épidémiologiques traçant la drépanocytose, une caractéristique non présente dans les populations indo-européennes, au moment des naissances, on sait que la part des naissances dépistées comme porteuse de cette caractéristique raciale est passée de 25 % en 2006 à près de 40 % en 2016. En Ile de France elle est désormais autour de 75 %.

La triste vérité est que le taux de fécondité des femmes françaises blanches baisse comme partout ailleurs et se situe entre 1.2 et 1.4, comme en Italie, en Pologne ou au Japon. Le nombre de femmes blanches en âge de procréer baisse continûment et en secret. Nous avons alerté sans cesse sur ce mouvement mortifère. Le cumul des deux évolutions impose une baisse des naissances qui est très marquée. Près de 100 000 bébés blancs manquent à l’appel en dix ans à peine.

Les projections font peine à lire. On est sûr désormais que la France dans 20 ans aura perdu 3.72 millions de natifs. 100 000 natifs sont remplacés chaque année  par 150 000 divers dès maintenant. « À ce rythme-là les natifs européens seront minoritaires en 2 060 ». C’est-à-dire en une génération. On assiste à la disparition du peuple Français qui sera consommé avant la fin du siècle. La France sera devenue un territoire africain et maghrébin.

C’est devenu la situation générale en Europe qui elle aussi est frappée de disparition programmée, dans sa composition ethnique historique.

Ces faits, car il s’agit de faits et non d’élucubrations xénophobes et racistes, posent la question du « destin national » comme l’écrit Zemmour. On peut ou non considérer que la question est grave sur une base individuelle. Mais il est difficile de ne pas poser la question à l’ensemble de la nation au même où il est encore possible de renverser la tendance.

Obertone ouvre le débat sur des bases larges : cette émigration est-elle inéluctable ? Il montre que non. Est-elle bénéfique ? La réponse est encore non sur presque tous les critères. Peut-on la rendre bénéfique par des versements sociaux de plus en plus colossaux. Eh bien non ! Au contraire les déversements d’argent permettent à une part massive de la population qui s’installe de vivre sans travailler en quémandeur agressif et leur évite d’avoir à s’intégrer et accepter les règles de la société qui les accueillent qu’ils détruisent allégrement.

Du coup voilà l’auteur obligé de dénoncer le « socialisme », cette idée qui veut qu’une partie de la population doive vivre avec l’argent des autres, au moins le temps où les autres n’ont pas disparu. « En offrant de profiter de la nation sans s’y fondre, le socialisme renforce la communauté et la communauté devient un droit dans le droit ». « L’état providence est le meilleur moyen d'accélérer la réclusion sociale, la destruction d’une société hétérogène, et l’effondrement du capital social, en figeant quantité d’individus dans leur attente parasite ». « L’asociabilité n’est plus honteuse mais elle est attractive et branchée ». « C’est bien le socialisme inconditionnel qui crée le ghetto ». On déverse des sommes de plus en plus gigantesques sur des quartiers qui ne changent pas. Au contraire les zones à problèmes se multiplient à l’infini. « Pas question de changer une politique qui perd : l’avenir sera fait d’investissements, de rénovation, de social. Donc de communautarisme, d’allocataires et d’émeutes ». « Être social avec des asociaux, c’est être antisocial » démontre avec moult exemples l’auteur du livre. « La loi perd en importance, l’état en respectabilité, ses serviteurs en estime, la république en dignité. La non réciprocité devient une tentation générale ».

La corrélation entre le grand remplacement et la lourdeur constamment aggravée des impôts paraît évidente à Obertone. Le contrat fiscal se détruit à proportion de la destruction du contrat national.

Mais c’est évidemment la vie quotidienne traditionnelle qui est totalement détruite. « « Le vivre ensemble » avec une hétérogénéité massive détruit peu à peu l’attractivité d’immeubles, de rues, de quartiers, puis de villes entières, de département et enfin de pays ».

Les conséquences politiques de la montée de l’africanisation de la France sont aussi examinées par le livre. La régularisation massive et rapide des entrées clandestines (le plus souvent on entre avec un visa court et on reste et on attend la régularisation) et la naturalisation expéditive des nouveaux arrivés permettent d’enrichir le capital électoral de certains partis. « Cela renforce le lien entre le socialisme, l’assistanat et l’immigration. L’immigration et l'assistanat votent socialiste, le socialiste vote l’assistanat et l’immigration. Le tout devient irréversible ». « Le monstre s’auto alimente ».

Le livre reprend la question de la sécurité. « Fin 2017 il a fallu 170 000 policiers et gendarmes pour « sécuriser » le réveillon. Ils étaient 100 000 en 2016, 55 000 en 2014, 35 000 en 2009 et 28 000 en 2007. Aucun doute nous allons vers l’apaisement ».

On repasse aussi en revue toutes les analyses de la France Big Brother pour tenter de comprendre pourquoi les faits sont niés et cachés, les leçons des politiques inefficaces jamais tirées, la culpabilisation de l'autochtone toujours aussi abusive, les crimes des immigrés toujours excusables.

« Tous les indicateurs montrent que l’immigration de masse n’est pas une chance pour l’Occident » démontre l’auteur dans plusieurs chapitres successifs très documentés.

Il s’attaque alors à un problème beaucoup plus large : la disparition des Blancs sur la planète. La démographie ici encore est dirimante. La logique des taux de natalité est imparable. On parle de la disparition d’un milliard d’humains blancs, au moment où la population mondiale atteindra les 10 milliards ! Obertone cite les mille et une occasions où les principaux intervenants sur les télévisions se sont félicités de cette disparition, le plus souvent en accablant les Blancs de tous les maux du monde. « Vive le métissage » est le leitmotiv des médias. « Les thèses racialistes à la mode n’ont pas besoin de preuve. Le métissage est bon voilà tout ». Et dire le contraire serait une insulte aux nombreux métis qui le vivraient très mal. « Je critique cette idéologie parce qu’elle me semble comme toutes les autres hypocrites, absurde et totalitaire ». Si nous sommes tous égaux, pourquoi le métissage serait-il un mieux ? Le métissage suppose que l'homogénéité est moins bien et que le blanc de souche est un inférieur. Quelle valeur de la République soutient ce gendre d’élucubration ?

Pourquoi diable les « élites » se comportent-elles ainsi ? Ce sont les pages les moins convaincantes. L’auteur une explication psychologisante qui vaut ce qu’elle vaut. Il souligne aussi le bénéfice social et économique qu’il y a à seriner la bonne cause du vivre ensemble. La contre diabolisation n’est pas plus convaincante que la diabolisation pratiquée par les adeptes de la fin heureuse de la France blanche. Dire : arrêter l’immigration de masse africano-maghrébine est possible et si on ne le fait pas, c’est parce qu’on est un malfaisant qui se croit une âme supérieure ne fait rien avancer du tout. « La plupart de nos journalistes et universitaires se comportent comme ces éponges de mer qui, une fois fixées sur leur rocher, mangent leur propre cerveau, devenu inutile ».

La réalité est plus simple : pour arrêter le flot massif d’immigrés « indésirables », il faut déjà en définir les critères. Celui de la race et de la couleur de peau est problématique, en soi, il s’agit d’un racisme, bien intentionné peut-être mais un racisme tout de même. Il s’agit de la survie de ce que nous sommes. Si la survie est en jeu pourquoi ne pas transcender l’interdit du racisme ? Tel est la thèse sous-jacente de l’auteur. « Sinon c’est la guerre civile » dit Zemmour. Actuellement les traités et la Constitution empêchent de mener de telles politiques. Il faut donc sortir des traités européens et changer la constitution dans un sens clairement xénophobe et raciste. Affirmer que c’est une attitude facile à endosser n’est rien moins qu’exagéré.

L’auteur a beau jeu de montrer que les racistes anti-blancs n’hésitent pas dans leurs propos extrêmement violents et que cette violence verbale est partout dans les médias, sous applaudissements. Mais comment devenir raciste pour contrer les méfaits de l’antiracisme outrancier et raciste ?

On cherche à contourner le dilemme moral en soulignant que les thèses immigrationnistes font monter les populismes. Le danger populiste devient une arme contre le danger de submersion !

« Rien n’est impossible sauf si nous décidons que cela l’est. Et quand la survie de la nation est en jeu, la Constitution suivra », écrit l’auteur. Mais il se garde bien d’énumérer les mesures à prendre.

Si on le fait, la situation commence à se durcir pas mal :

-          Interdiction de régulariser des personnes entrées clandestinement ou restée en France au terme de leur visa et expulsion immédiate avec interdiction de visa à vie.

-          Suppression de toutes assistances médicales sauf urgences avec remboursement par le pays d’origine.

 

-          Exclusion de la solidarité nationale des étrangers non indo-européens

-          Non-naturalisation des personnes non indo-européennes

-          Expulsion des délinquants avec regroupement familial inversé (toute la famille d’un terroriste seraient par exemple expulsée)

-          Expulsion pour comportement contraire aux traditions nationales et injurieux vis-à-vis de la France et des Français

-          Expulsion des logements sociaux avec obligation de se loger dans le secteur des loyers libres.

-          Interdiction d’envoyer des capitaux vers le pays d’origine.

-          Nationalité obtenue par la loi du sang…

-          Aggravation des peines lorsque commises par un étranger

-          Expulsion des enfants et des adolescents

-          Interdiction du vagabondage et de la mendicité

-          Sanctions collectives en cas de révolte urbaine.

-          Camps de travail sévères pour les étrangers qui ont détruit leurs papiers

-          Exclusion du champ médiatique et universitaire des défenseurs de l’immigration africaine de masse.

-          Frexit

-          Abandon de la CEDH

-           

En gros, un étranger africain qui moufte et ne travaille pas est expulsable ; s’il est délinquant il peut perdre la nationalité qu’on a pu lui accorder antérieurement. On sort la sanction des mains de la justice pour la rendre à l’administration.

Toutes ou partie de ces mesures sont mises en œuvre dans des pays que nous respectons, comme Israël par exemple .

Certains imaginent plus.

L’auteur se garde bien d’entrer dans cette discussion. Il préfère morigéner les Français blancs eux-mêmes qui ne font plus d’enfants, rêvent de quitter la France, ou se résignent sans réagir. Et il ne cherche pas à comprendre ce que seraient les conséquences de toute nature de mesures efficaces. « Il n’est pas question de remplacer un délire progressiste par un autre délire ». On voudrait avoir plus d’explications.

Il est peut-être utile ici de faire intervenir deux expériences personnelles.

Parti à l’étranger cet été, le chauffeur de taxi était noir (un sympathique haïtien). L’hôtesse Transavia pour l’enregistrement des bagages était noire. Le contrôle de sécurité était opéré par une triplette noire (deux femmes et un homme). La caissière du marchand de journaux était noire. La serveuse du café était noire. L’hôtesse dans l’avion était noire. Au retour : idem. Ajoutons que les caissières du G20 pour acheter un en-cas étaient également noires. 100 % noires !

Aller en métro à la Courneuve où se trouvent les archives du ministère des Affaires Étrangères est une aventure du même type. À partir de la station Chatelet l’intégralité des passagers n’est pas indo- européenne. Mais oui, encore 100 %

Sur la passerelle qui rejoint l’école de la rue Vercingétorix à la gare Montparnasse, le 5 octobre 2018, un enfant blanc supplie un gamin noir de jouer avec lui. Réponse du petit négrillon : « de toute façon je ne joue pas avec les Français ». Ladite école, à quasiment à 100 %, reçoit des élèves de couleur. Du coup plus un blanc ne veut y mettre ses enfants, quand ils en ont. La ségrégation n’est pas univoque.

Le grand remplacement ne concerne pas seulement la banlieue parisienne. Grâce aux efforts de la municipalité de paris, dirigée par des immigrés indo-européens, pour le coup, des quartiers entiers du Paris intra muros virent leur cuti.

Il serait donc malhonnête d’affirmer que le livre affirme des choses fausses ou que nombre de ses observations ne soient pas pertinentes. Ce qu’il décrit est bien ce qui se passe et son livre est même largement en dessous de la réalité, car les évolutions vont désormais très vite. Un recrutement d’hôtesse d’accueil : pas une réponse indo-européenne ! Un recrutement de codeurs ? Pas une candidature « blanche ». Une demande en intérim de personnel de sécurité : pas une candidature blanche. Idem pour les caisses en magasin. Nous parlons de Paris intra muros.

L’auto destruction démographique de la population autochtone est un fait très avancé . Elle n’est pas due à l’immigration ! La consomption française est largement endogène. Elle est la même que celle du Japon, de la Pologne, ou même de l’Allemagne.

L’ennui de notre époque est que nous sommes confrontés à des difficultés que nous pensons inéluctables et sans solutions :

-          Le drame écologique potentiel qui porte sur la survie même de la terre

-          Le drame démographique dans de nombreux pays qui entraînent soit un dépérissement grave soit une submersion par des allogènes

-          Le drame économique qui voit l’organisation économique du monde fondée sur des modalités qui brisent la croissance et la prospérité.

Sortir par le haut de ces drames est possible mais demande de telles remises en cause que nous ne nous en croyons plus capables. Nous cédons facilement à l'inéluctable.

Il est intéressant de noter que sur ces trois sujets, les dirigeants français actuels n’ont aucune politique significative. Ils se contentent de subir. Il est vrai que si la prise de conscience des difficultés inhérentes au réchauffement de la planète, l’épuisement des ressources et l’envahissement par les déchets nocifs est faite, les solutions pertinentes sont loin d’être évidentes (les énergies renouvelables et la réduction des transports ne peuvent pas  être la solution), et que le grand remplacement commence à faire des dégâts électoraux, les deux drames que sont le dysfonctionnement du système monétaire international et celui de l'organisation économique européenne ne sont même pas perçus.

Ce sont des dimensions fortes de la mal gouvernance occidentale.

Hidalgo : la prise en grippe (espagnole)

La démission de Bruno Julliard, promu au PS pour sa conduite de grèves de scolaires, l’animation des CAL et la direction du syndicalisme étudiant politisé, caution « jeunes » du minuscule appareil Hidalgo et symbole de l’homosexuel marié, est moins symptomatique par elle-même que pour la manière dont elle a été accueillie par la Maire de Paris et ses sbires. On connait la manie de l’excommunication et du pilori qui défigure la gauche depuis sa fusion avec les extrêmes gauches communistes et trotskistes. Le pauvre Bruno Julliard est donc devenu, selon les extraits donnés par la presse :

-          Un « sale petit ambitieux qui comme les rats quitte le navire pour rejoindre Macron »

-          Un « traître de comédie » qui se désolidarise par opportunisme d’une politique qu’il n’a pas cessé de cautionner.

-          Un « lâche », dont « la démission ne témoigne pas d’un grand courage dans l’adversité ».

-          Une forme de « néant » (« même pas un Hulot », c’est dire ;  Ce qui rappelle Mme Chirikou dénonçant l’extrême brutalité de ses opposants d’extrême gauche ; N’avaient-ils  pas été jusqu’à la comparer à une « Rachida Dati de gauche » ?

-          Un « agresseur caractérisé et isolé » animé par la volonté de nuire et la haine 

-          Un « fou » qui a des « problèmes psychologiques ».

-          Un « paumé ».

-          Un « inconnu ».

-          Un « bourgeois » qui retrouve son milieu et ses inclinations pétainistes. 

-          Un traître à la « classe ouvrière » poignardant dans le dos les progressistes.

-          Un « type violent et sournois ».

-          Un ambitieux frustré « qui n’a pas eu sa Rolex à quarante ans et qui considère qu’il a raté sa vie ».

-          « Un type qui refuse mon autorité et qui doit faire face à sa conscience.  Un déloyal qui craque avant la bagarre ». (Mme Hidalgo)

-          …

Ces insultes, toutes extraites de différents journaux, ne sont pas le fait exclusif des « porte-flingues » de l’équipe municipale, mais aussi de Mme Hidalgo elle-même, pour qui les propos injurieux et les pleurnicheries victimaires, sont une habitude. Le plus souvent réservées à une opposition inexistante (Mme Hidalgo aime le shadow-boxing), ces injures violentes déclassent cette municipalité en secte et l’abaissent autant que les échecs à répétitions des initiatives mises en œuvre de façon non concertée et violente.

Mme Hidalgo, française récente, avait choisi un noyau dur lui-même composé d’étrangers devenus récemment français et sans passé national ni même parisien : l’homme de communication Jean Louis Missika et l’homme sans communication, un certain Nadjovski, connu pour avoir « un petit vélo dans la tête ». Pour le reste elle s’était calée avec des nominations politiciennes : Un fils d’ancien dirigeant de la LCR, communiste de banlieue monté à Paris et homosexuel marié (une véritable icône de la bien-pensance) ; plus quelques comparses censés représenter qui, l’aile gauche du parti socialiste, qui, les associations homosexuelles ; qui les artistes engagés ; qui les copains ; qui l’animation de la clientèle du PS.

Les Parisiens n’ont pas vu que les mairies locales étaient, elles, laissées à des hommes et des femmes d’extrême gauche. Ils ont voté pour une femme et des bobos et ils ont récolté ce qui se fait de pire en partisans( anes) exaltés-es vindicatifs-ives.

Comme toutes les sectes, celle montée par Hidalgo est fondée :

-          Sur l’excès de pouvoir permanent du chef, enfermé et solitaire, qui considère que « ses » troupes doivent marcher au pas de l’oie espagnole.

-          Sur le secret.

-          Sur le n’importe quoi.

-          Sur les changements de cap à 180°.

-          Sur la communication la plus dévoyée. On déforme le vocabulaire pour masquer les objectifs réels ou les résultats désastreux des mesures prises.

-          Sur l’absence totale de dialogue avec les représentants de la population concernée avec une imagination dans la fausse concertation digne d’un meilleur objet. Faire dire ce que les « gens » veulent à de faux enquêteurs qui ne tiennent compte que des « éléments de langage » préétablis qu’il s’agit de faire passer pour la volonté des Parisiens, demande un peu de savoir faire. « On fait de la politique et on n’a pas besoin d’être idiot ». On pourrait aussi être honnête, disons intellectuellement, mais c’est un mot qui n’existe pas à la ville de Paris, où le faux semblant et la tromperie arrogante sont de règle.

On le voit par exemple sur les initiatives grotesques censées être symboliques comme ces « Urinalgos », ces pissotières fleuries qui voient des hommes se débraguetter en public et pisser devant les badauds effarés.  Quel pédéraste inspiré a-t-il inventé cette saloperie ? Toujours est-il que France 3 a trouvé le moyen d’interviewer un touriste italien totalement émerveillé par l’audace dégoulinante de cette innovation sordide. Evidemment personne n’a sollicité l’avis des Parisiens ni avant la mise en œuvre de ces urinalgos ni après. « J’ai de l’instinct politique » affirme Mme Hidalgo, un instinct « forgé par ses rencontres avec des intellectuels et des artistes ».  Et des énurésiques.  L’instinct hidalgien l’a conduit à tout oser. On se rappelle la phrase d’Audiard sur « ceux-celles qui osent tout ».  L’urinalgo est l’œuvre suprême de Mme Hidalgo, celle qui restera comme son écusson, son symbole, l’exemple parfait de sa gestion municipale, vulgaire, énervée, déplaisante, capricieuse, perverse, déplacée et finalement ruineuse car ces pissotières d’un nouveau genre finiront nécessairement à la poubelle (ou à Beaubourg).

Le propre des dirigeants inaptes est de se cacher derrière des projets plus grands qu’eux et de promouvoir des « audaces » d’autant plus perverses qu’elles sont conduites par des gens qui se croient tout permis. Naturellement ces projets sont menés dans la précipitation et le secret, afin de créer des faits accomplis irréversibles, avec pléthore d’effets pervers que l’on nie et qu’on laisse s’épanouir. Les protestations sont considérées comme des fautes impardonnables de vilains réactionnaires infects qui s’opposent pour des intérêts particuliers ou parce qu’ils « sont » ce qu’ils sont, des machistes, des amoureux de la bagnole, des bourgeois, des homophobes, des racistes, des xénophobes, des pétainistes d’extrême droite, des pinochétistes et des génocidaires qui ne pensent qu’à Hitler, ... la « reductio ad hitlerum » est un réflexe mécanique, chez Mme Hidalgo.

La réélection est la seule motivation. Elle qui s’est beaucoup enrichie et qui, selon les rumeurs et témoignages, se fait construire un appartement Bd Raspail de 300m2 dont la valeur de marché est de 4.500.000 Euros, sans familles noires de 15 enfants sur le palier, sans centre de shoot à l’étage, sans clochards devant la porte, sans bandes de voyous dealers dans les couloirs. Mme Hidalgo aime les sorties avec les grands et les riches de ce monde. Cela flatte son côté « immigrée qui a réussi ». Bien sûr sa carrière doit tout à son intimité avec quelques énarques bien placés et pas grand-chose à des succès professionnels antérieurs qui auraient prouvé une compétence quelconque. Elle se pousse du col dans les réunions internationales et rêve d’un triomphe encore plus grand : la présidence de la République française, alors que ses administrés préféreraient la voir ambitionner un poste de conseiller municipal à, par exemple, Valladoid , si elle en est capable.

Pour continuer à jouer dans la cour des grands, elle ne compte plus sur l’alcôve mais la démagogie la plus totale. Voici un livre qui répète : la santé c’est moi. Alors qu’aucune de ses mesures n’a eu un effet quelconque sur la santé des Parisiens. Au contraire jamais on n’a compté autant d’accidents à Paris du fait de la généralisation des deux roues et la suppression des feux rouges qu’elle impose.  Mais là silence sur les chiffres. Elle ne voulait pas de jeux olympiques, la voici en tête des fans ; elle ne voulait pas de police municipale, elle parle déjà de les armer ; elle bloque les rues, avenues et boulevards en divisant par deux le nombre des voies de circulation, mais elle impose des centres commerciaux gigantesques et la création d’hôtels qui imposeront une circulation de camions et de cars aggravés. L’incohérence est partout. La raison nulle part. Seulement des petits calculs politiciens. Attitude et inaptitude ; posture et imposture !

La voilà bien seule : Missika, son Maître Jacques, lorgne vers Macron et se concentre sur la promotion de son livre ; Le communiste homosexuel marié, Ian Brossat, se recase au Parlement de Strasbourg après avoir ruiné la ville par ses rachats d’immeubles effroyablement coûteux pour installer des immigrés dans les beaux quartiers. « Il me reste mes maires de quartiers », affirme Hidalgo : souvent des idéologues psycho-rigides et narcissiques qui se sont vu attribuer des places inespérées et qui savent aujourd’hui qu’elles n’ont plus d’avenir électoral, après avoir multiplié les décisions détestables et rendus fous leurs concitoyens.

Que dit Bruno Julliard : la gestion « instinctive », entièrement faite de petits calculs d’Hidalgo et de grands désastres qui ruinent des siècles d’investissement et d’effort, « témoigne d’un déficit d’échange et d’écoute dans la prise de décision. C’est aussi vrai dans le rapport aux Parisiens. Un maire doit rassembler pour avancer. Les crispations générées par nos choix sont inévitables. Face aux mécontentements  j’ai eu l’occasion de regretter  un déficit d’humilité  et de compréhension. J’y vois un manque d’authenticité  dans le rapport à l’altérité démocratique ».

En un mot Mme Hidalgo est une virago qui veut n’en faire qu’à sa tête et qui se moque totalement des conséquences de ces actes, tout en insultant toute personne qui émet une réserve et une critique. 

Résultat plus personne ne moufte et les maires locales deviennent à leur tour des viragos sournoises qui se cachent et ne cherchent même plus à prendre à bras le corps les conséquences sinistres des foucades de leur patronne, conséquences souvent aggravées par leurs propres délires, comme dans le XIVème arrondissement de Paris, devenu une sorte de ZAD (Zone à Détruire) où les habitants sont devenus des PMR (Parisiens à mobilité réduite), majoritairement immigrés, abandonnés aux provocations islamistes, aux clochards, aux bandes de voyous, aux camions  et à une saleté repoussante.  Au nom de l’urbaculture et des petits oiseaux.

Rien n’est plus important que l’alternance à Paris. Près de 21 ans de gestion par la gauche socialiste puis l’extrême gauche, ont changé le visage de Paris et pas en bien.  La saleté est partout. Les chaussées, percées de partout par les nids de poule, sont laissées à l’abandon. Les trottoirs sont noyés sous les mauvaises herbes, la pisse de chien (pas seulement) et les chewing-gums, les Roms en famille, les clochards et les deux roues en stationnement illégal. Les équipements publics sont en panne et jamais réparés. Partout des travaux délirants bloquent la circulation et gâchent la vie de quartier. Les étrangers regrettent d’être venus dans une ville qu’on leur annonçait comme « lumière » et qui est devenue indigne de son passé. Il a fallu mettre une cellule psychologique pour les touristes japonais frappés au cœur par la saleté et l’insécurité. Les transports privés sont devenus très lents ou dangereux. Les transports publics sont des égouts. Les rats sont partout.

Les rats et les urinalgos, quel legs aux Parisiens et à la Capitale de la France !

La mal gouvernance municipale parisienne et la maltraitance des administrés par des malfaisants qui se cachent constamment derrière des causes exaltées, qu’ils ne font jamais progresser du fait d’une mentalité qui les rend inaptes à toute réelle réflexion et à toute modeste concertation, est une des dimensions du « suicide français ».

Mme Hidalgo et ses équipes laisseront une ville abîmée, répugnante, répulsive et une population écœurée qui ne reconnaît plus dans ce qu’elle devient, et dont un nombre croissant de ses membres traditionnels ne songent plus qu’à partir, laissant la place aux embouteillages monstres, aux immigrés et aux touristes. Des équipes municipales pléthoriques et inefficaces abandonnées aux mains des syndicats, un budget délirant et une dette abyssale sont la conséquence logique de cette absence totale de sérieux et de dignité des dirigeants municipaux. L’esprit partisan de manipulateurs qui ont rodés leur ascension dans les mouvements trotskistes, communistes ou socialistes, interdit tout espoir d’amélioration.

On pourrit toujours par la tête. Pas besoin de dicton chinois pour le constater. Paris, capitale de la France, doit être sauvé. Si la Capitale est abaissée plus avant, alors c’est tout le pays qui sombrera avec elle.

Fluctuat et Mergitur.

Sirius



Le New York Times est-il devenu socialiste ?

Un des charmes des Etats-Unis est que le Communisme n’y a pas été admis et que le socialisme y était un gros mot. En fait, l’absence de communisme avait un gros inconvénient : il n’y avait pas de limite à gauche. En Europe, on savait que dès qu’on entrait dans la dialectique communiste on était dans l’erreur meurtrière. Ce garde-fou n’existait pas aux Etats-Unis. Le politiquement correct, une forme de la bondieuserie militante, qui fait sourire en Europe ( Disons qui faisait sourire) a pu aller à des extrémités qui paraîtraient extravagantes en Europe.  Les « Liberals » étaient l’extrême gauche locale. Ils faisaient même peur aux Démocrates.

Trump est arrivé et avec lui un déchaînement haineux exceptionnel, notamment dans les colonnes du NYT qui, du coup, a pris des couleurs assez étranges. Il est intéressant d’analyser l’édition internationale du 28 août de cette année 2018.

Michael Kazin y signe un article en page opinion qui exige de la repentance pour la répression des mouvements anti guerre lors de la convention démocrates de 1968. Les soixante-huitards américains étaient des pacifistes. Ils étaient marginalisés à l’époque. Ils tiennent la presse aujourd’hui.

Dans la même page, l’éditorial est une longue critique de la politique « pro riche » du gouvernement qui annonce de nouvelles crises. Les Etats Unis ont accepté de ruiner leur classe moyenne pour l’enrichissement du 1% richissime et se faisant, ils ont privé chaque citoyen de 70.000 dollars chaque année.  Conclusion : en faisant la belle vie aux Américains les plus aisés, le gouvernement met en danger la prospérité de tout un chacun. Salaud de riches !

Toujours dans la même page, se termine un article fort long d’un certain Giridharadas demandant qu’on suspecte les riches entrepreneurs qui parlent de changement, alors qu’il ne s’agit que de faux changements. Les vrais, ceux qui comptent, doivent être faits par les politiques sociales. En accordant trop aux riches, ils gagnent dix fois plus que les gains qu’ils proposent aux autres. Tout ce cinéma est donc bidon. Non à la charité et aux fausses bonnes idées managériales, vive le socialisme d’état.

La page 4 est totalement utilisée à vitrioler Trump et ses sbires.

En éditorial de première page, le journal donne une belle apologie du socialisme comme vecteur de liberté. Le socialisme est un espoir, un rêve auquel Saunders a donné un squelette politique. Jusqu’ici la gauche américaine avait accepté que les démocrates cherchent à utiliser les moyens du capitalisme et des marchés pour créer la richesse globale permettant une redistribution. Mais c’était faute d’alternative. Maintenant les magazines imprimés ou sur le web évoquent ouvertement les nationalisations, les conseils ouvriers, et ces thèmes font le débat électoral. L’article qui plonge ses arguments dans Marx et Engels conclue bravement que l’avenir appartient à la classe ouvrière pour qui le socialisme est la porte ouverte à la liberté, la « liberté socialiste ».  

Il faudra en parler aux Venezueliens qui fuient à toute jambes en ce moment même les nationalisations et les comités ouvriers de M. Maduro, ou aux Cubains qui n’ont rien compris à la liberté socialiste.  

Un autre article encourage les spécialistes en intelligence artificielle à ne pas travailler pour l’armée (alors que tous les spécialistes chinois dans la matière appartiennent à l’Armée Populaire).

En un mot au NYT, c’est la lutte finâââ-leu !

Mélenchon : sors du corps de cette rédaction !

Deux expériences socialistes très pédagogiques

Le retour des hyperinflations

Dans un monde de changes flottants qui s’internationalise brutalement depuis 1971, certaines expériences font figure de leçons de choses monétaires.

Le Zimbabwe, de tous les pays de l’Afrique australe, est celui qui est sorti de la guerre d’indépendance avec les meilleures chances de prospérité. L’ex-Rhodésie est un pays riche. Salysbury, devenue Harare, sa capitale, est une ville charmante, bien desservie et moderne. L’agriculture est prospère, équilibrée entre production vivrière et productions exportatrices. Elle couvre les besoins alimentaires du pays et peut même participer aux plans mondiaux de fourniture assistée de nourriture. Sa place dans la vente de tabac sur le marché international est importante. Le pays est, malgré les drames de la guerre d’indépendance, comme une sorte de Suisse africaine avec un climat favorable et de très bonnes terres.  Les ressources naturelles sont gigantesques et intéressantes parce que largement inexploitées, en dehors du zinc et de l’or, dont on sort des tonnes chaque année d’un sous-sol prodigue. Robert Mugabe, le dirigeant du parti dominant qui avait guerroyé contre les colonisateurs britanniques, et représente l’ethnie principale, se pose en modéré et dispose dans les milieux de gauche, notamment français, d’une mansuétude tout à fait exceptionnelle.  La transition est bien organisée par la Grande Bretagne, avec une apparence de bonne volonté générale qu’on retrouvera plus tard en Afrique du Sud.

Tout le monde croit un instant que la transition vers une démocratie qui tienne compte de la majorité noire sans rejet de la minorité blanche va bien se passer. Le rêve ne durera pas.

Le « progressiste » Mugabe va se transformer rapidement en tyranneau africain caricatural, riche à milliards et cherchant d’inlassables réélections par la force et les exactions. Tout commence par un génocide atroce, la race minoritaire qui avait fourni sa quote-part du mouvement indépendantiste est décimée. La Corée du Nord fournit, contre rémunération, les cadres techniques militaires de ce génocide. Par intérêt personnel, l’équipe Mugabe se mêle de la guerre au Congo en contrepartie de mines (une mine de zinc lui est offerte à titre personnelle !) et d’argent. Le régime s’attaque ensuite aux Blancs, propriétaires de la majorité des exploitations. On en tue une partie tout en expropriant les autres. Les meilleures terres sont confisquées par la famille de Mugabe et des dirigeants proches. Les milices du Zanu-PF, le parti du président, sont dirigées par un reître répondant au nom évoczteur de « Hitler ». Evidemment tout s’écroule. Les mines ne produisent plus. Les champs deviennent stériles. Entre un quart et un tiers de la population fuit le pays et sa misère pour tenter sa chance ailleurs.  La planche à billets est mise contribution.  L’inflation qui oscillait entre 20 et 50% passe soudain le cap de 100% en 2001. On est à plus de 1000 % en 2006, 66.000 % en 2008 et finalement 80 milliards % en novembre 2008. Le tout forme le plus bel exemple d’hyper inflation depuis celle qui a ravagé l’Allemagne un siècle plus tôt. Les institutions internationales chargées à la fois d’éviter les génocides, d’aider au développement et d’assurer la stabilité monétaire ont été totalement impuissantes.  Le régime vend alors des pans du pays à la Chine, pour maintenir les revenus somptuaires de ses dirigeants. Gorgée de réserves en dollars, grâce aux changes flottants et l’acceptation par la communauté internationale de ses énormes excédents, réserves dont elle craint la volatilité, la dictature communiste Chinoise s’installe et commence à récupérer les richesses du pays, pratiquement sans utiliser aucune main-d’œuvre locale. Le dollar devient la monnaie du pays. Mugabe, devenu un vieillard sénile, sera forcé à la démission lorsque sa femme, beaucoup plus jeune, entendra lui succéder. Ce sera un des responsables du génocide initial qui parviendra au pouvoir.

Retenons les caractéristiques de cette histoire : génocide et crimes contre l’humanité, fausse démocratie et vraie dictature, appel à des dictatures communistes pour installer son pouvoir, épuration ethnique et sociale, corruption absolue, ruine du pays, crise humanitaire, émigration de masse des populations, hyperinflation, et finalement affermage partiel du pays à la Chine pour sauver la fortune des dirigeants. Cette descente aux enfers sera presque totalement occultée par la presse française, jusqu’à un revirement récent, Robert Mugabé trouvant en permanence des soutiens actifs auprès de la presse de gauche, plus soucieuse de stimuler la repentance occidentale vis-à-vis des « victimes de la colonisation blanche, génocidaire et inexcusable » que de faire connaître et condamner les dérives ignobles d’une figure idéalisée du tiers-mondisme africain.

On retrouve exactement les mêmes caractéristiques dans l’évolution de la situation du Venezuela. Le pays est extrêmement riche. Il dispose de réserves pétrolières gigantesques. Son potentiel agricole est excellent, avec des possibilités vivrières pour la consommation locale et des produits d’exportation. La hausse vertigineuse des prix du pétrole après 1973 offre au Venezuela la possibilité d’une prospérité unique.  Après l’élection de Chavez, un ancien dirigeant des mouvements révolutionnaires communistes, le pays se lance dans la construction d’un « socialisme bolivarien » assis sur la rente pétrolière.  Le chavisme détruit progressivement la démocratie et la propriété privée. Il arme des milices. Les entreprises étrangères sont nationalisées. La destruction de la production, le développement de l’insécurité, les exactions répétées du pouvoir, finissent par avoir raison de la prospérité du Venezuela. Chavez a fait appel à la dictature cubaine pour épurer l’armée et en contrôler les rouages de commandement. Les nouvelles entreprises nationalisées sont incapables de maintenir la production. Rapidement tout manque dans un pays où la rente pétrolière permettait naguère de fournir à la population les produits de première nécessité qui n’était pas produit localement. Lors que le cours du pétrole s’effondre, le régime est pris de panique. Chavez décide de s’affranchir de toutes les règles et institutions internationales. Il quitte le FMI et met la banque centrale sous tutelle du gouvernement. La planche à billet commence à tourner à plein régime. Les prix enflent en même temps que les pénuries s’aggravent. A sa mort, le pouvoir passe à son adjoint Maduro qui aggrave tout.  Il met fin de facto à la démocratie en imposant une chambre constitutionnelle dictatoriale, élue dans des conditions telles que les députés pro-régime ne pouvaient être que majoritaires. La misère commence à s’installer en même temps qu’une émigration de masse commence. Plus de deux millions de personnes fuient un pays où la sécurité disparait. La criminalité explose. Les meurtres sont quotidiens. Le gouvernement est aux abois. L’inflation s’installe et s’emballe. Elle tourne à l’hyper inflation à partir de 2017. En 2018, elle atteint un million de pourcent. Les dirigeants « socialistes bolivariens » se tournent vers la Chine qui fournit les dollars nécessaires à la survie du régime, contre pétrole et matières premières.  Contrairement à Mugabe, Maduro décide d’innover en créant à l’été 2018 une « crypto-monnaie », le Petro, dont le prix unitaire est celui d’un baril de pétrole, et un Bolivar dit souverain « basé » sur le Pétro. On en est là, avec une crise humanitaire et une émigration qui déstabilise les pays voisins, notamment le Brésil et la Colombie.

On notera aussi ici le soutien indéfectible des médias socialistes et tiers-mondistes français à cette nouvelle expérience socialiste tragique et criminelle, au point qu’un candidat à l’élection présidentielle française de 1917 crut devoir se déclarer un partisan farouche de la « révolution bolivarienne ».  

Il est vrai que les deux « expériences » socialistes présentent d’autres parentés : même ruine du pays ; même destruction de la démocratie ; même émigration ; même recours aux militaires de dictatures communistes pour mater le pays (Corée du nord ou Chine) ; même hyperinflation ; même recours final à une Chine gorgée de dollars par ses énormes excédents ; même haine des pays occidentaux qui avaient fait la richesse des deux pays ; même impuissance des institutions internationales.

Ces deux histoires sont sordides. En dehors des aspects idéologiques et politiques de ces désastres, une réflexion s’impose sur les conséquences du système monétaire international boiteux qui a été mis en place et l’effondrement des institutions multilatérale mises en place par Roosevelt. L’évolution interne des deux pays est certes dictée principalement par les mouvements politiques qui s’y déroulent et la logique de destruction de l’économie et de la démocratie qui est le propre de ces expériences socialistes radicales, mais le système global, totalement déséquilibré, qui s’est mis en place à partir de 1971, a aussi un rôle. Les deux pays étaient parfaitement insérés dans l’économie mondiale et prospères. Ils étaient membres des institutions internationales. Merveilleusement dotés par la nature pour triompher dans la mondialisation, ils devraient être aujourd’hui des exemples de réussite sociale et économique. L’intégration des populations noires et indiennes et leur promotion sociale auraient été faciles à réaliser dans le cadre des Trente Glorieuses.  

Le fait que le monde soit entré dans un système qui a vu une baisse constante du taux de croissance mondial, le déchaînement de crises périodiques de plus en plus graves et la concentration d’excédents massifs dans certains pays, ont eu des conséquences aggravées dans les pays ayant fait le choix d’un socialisme radical. Les crises ont permis l’arrivée démocratique de partis qui ne l’étaient pas ou ont entraîné les dictateurs à rechercher des moyens de faire face à des pertes qui affectaient directement leur fortune et leur maintien au pouvoir. Les deux hyperinflations surviennent après que le chaos sur la scène internationale se soit installé. La Chine n’aurait pas pu mener sa politique actuelle si on lui avait interdit d’accumuler des excédents monstrueux en dollars.

Logiquement, les pays qui ont réussi à sortir du socialisme ont vu leur niveau de vie augmenter et ceux qui ont été forcés à y entrer se sont retrouvés dans la misère.  

Les institutions multilatérales se sont montrées totalement incapables de juguler l’effondrement démocratique et économique des malheureux pays concernés. L’ONU, la Bird, le FMI, le Tribunal Pénal international ont été aux abonnés absents.

Les deux exemples cités sont aussi symptomatiques d’une double faillite du système monétaire international et de du multilatéralisme. Ces deux drames méritent mieux qu’une simple dénonciation de dirigeants-voyous et de leur idéologie délétère. Une économie mondiale mieux organisée et une action internationale plus ferme, excluant de ses instances les nations tentées par ces expériences et interdisant à ses membres tout commerce et aides financières, auraient permis de sauver du drame humanitaire généralisé que l’on constate les populations civiles sacrifiées.

Ce blog a dix ans

Nous fêtons le dixième anniversaire de ce blog, créé en 2008 à la suite d’une première approche, lancée 11 ans plus tôt sur le forum du Monde, avec les mêmes ambitions. En 1997, nous pensions que l’économie était mal traitée dans la presse dominante et que Maurice Allais n’avait pas été compris. Une crise grave était en préparation dans l’inconscience générale, alors qu’une « économie baudruche » s’était installée sur les décombres des Accords de Bretton Woods. L’Europe de l’Euro étaient en marche avec des risques très sérieux, totalement minorés ou ignorés. La France s’enfonçait doucement alors que triomphait ce que nous appelons l’Enarchie Compassionnelle, sous l’effet du poids excessif de la dépense publique, d’une perte de compétitivité massive liée aux 35 heures, de l’étouffement des entreprises soumises à la dictature des juges, de la taxation confiscatoire des « possédants » et du bannissement des « riches ».

L’opinion telle qu’elle était exprimée dans la presse semblait incapable de sortir d’un discours obscurantiste déplorable mêlant les reliques de la domination marxiste à gauche et les délires du « politiquement correct » issu des universités américaines. Le gauchisme et la posture antibourgeoise étaient désormais la doctrine dominante et obligée chez les journalistes, avec de moins en moins de freins. Le forum est une technique qui vous informe très vite des mouvements d’opinion et dès 1999 l’exaltation de la haine, reconnue aujourd’hui comme la marque des « réseaux sociaux », était perceptible, rendant très difficile les dialogues positifs. Les concours de postures valorisantes et moralisantes, sans valeur et sans morale sous-jacentes, avec appel à la meute contre les vilains, étaient déjà parfaitement perceptibles en 1997. 20 ans après, ils ont pris une ampleur démentielle, tuant radicalement toute réflexion de bonne foi et construite sur les faits et non sur des actes de foi ou des marques de soumission idéologiques.

Incapacité de comprendre les dangers des changes flottants et des grands déséquilibres, incapacité à comprendre la crise argentine et plus généralement la crise appelée à tort des pays émergents, incapacité à voir venir l’effondrement du début des années 2000, incapacité à voir les conséquences délétères des 35 heures, incapacité à comprendre le caractère dépressionnaire de l’Eurosystème, incapacité à juger la politique Schroeder à sa juste valeur, incapacité à comprendre l’effet sur la classe ouvrière occidentale de la promotion des peuples anciennement soumis au communisme, incapacité à comprendre que les marchés ne règleraient pas tout et que la finance était devenue folle, tout cela était manifeste entre  1997 et 2005 mais très mal compris. Les éructations chauffées à blanc et les analyses sous prismes idéologiques déformants, témoignent de l’état mental de ceux qui s’y laissent aller, mais ne disent rien sur les réalités.

L’abandon à plusieurs reprises des historiques du forum du Monde, empêchant de faire le lien entre des projections et la réalité, a contraint notre petit groupe à se réunir et à créer un site spécialisé. L’arrivée d’une crise majeure de type 1929 était tellement aveuglante que nous voulions l’annoncer sans ambiguïté. C’est ainsi que nous avons publié notre bulletin de conjoncture semestriel qui était sans équivoque. Nos dernières interventions sur le forum Le Monde prévenaient Nicolas Sarkozy qu’il ne fallait pas annoncer qu’il allait redresser spectaculairement la croissance car il aurait rapidement à traiter une crise majeure et une récession dont on sentait qu’elle serait encore plus grave que celle de 1992-93 qui avait déjà été très forte. Nous avons envoyé une lettre en ce sens à son staff. Sans effet naturellement. Nous en avons publié l’essentiel dans un ultime message sur le forum du Monde, où il était encore récemment consultable.

Dix ans après sa création, notre blog fait l’objet chaque année d’environ 260.000 lectures. Il a dépassé 1.500.000 lectures cumulées.

Les articles les plus lus répondent à trois types de préoccupation :

-        L’explication de la crise et de ses développements

-        La présentation des pensées de Jacques Rueff et Maurice Allais, totalement ignorées par la presse et l’université, alors qu’elles sont remarquablement pertinentes pour comprendre les évènements

-        Les articles qui complètent et précisent « des questions de cours » souvent mal traitées dans l’enseignement scolaire et universitaire actuel avec parfois l’enseignement d’erreurs « magistrales ».  La monnaie est en particulier un domaine très mal enseigné.

Un des thèmes majeurs que nous avons constamment enrichi d’analyses et de témoignage se résume dans cet avertissement : « attention à la colère des peuples ! » Nous considérions (et nous persistons dans cette analyse) que le refus absolu de voir les causes et donc d’anticiper les conséquences auraient de graves conséquences sur la majeure partie de la population des pays occidentaux et qu’il fallait donc se préparer à des réactions sévères.  Savoir lesquelles étaient plus difficiles.  On voit que la colère s’est défoulée par le canal politique avec l’arrivée de gouvernements folkloriques et /ou populistes dans un grand nombre de pays européens, les explosions de colère dans les pays arabes, le renforcement des autocrates sans scrupules et indifférent à l’opinion mondiale, le Brexit et finalement l’élection d’un Trump à la présidence des Etats-Unis, qui donne à la notion de « leader du monde libre » des couleurs passablement grisâtres.

L’impossibilité à gauche de se dégager des analyses gauchistes qui laissaient miroiter que les difficultés seraient riches de possibilités de prise du pouvoir et à droite à s’élever au-dessus de médiocres soumissions au diktat américain, laissait l’analyse de la crise qui sévit depuis 1971 totalement orpheline. Les rares autorités officielles qui oseront se lever pour défendre la thèse qu’on ne pouvait plus continuer comme cela, en fait uniquement Maurice Allais, seront balayées à gauche comme à droite et ensevelies sous un fumier de mépris d’épaisseur majestueuse.

Une organisation mondiale défectueuse, dont les institutions communes, totalement dégénérées ne tenaient plus leur rôle, et dont les règles étaient violées tous les jours, se cumulait à une organisation européenne de la zone euro problématique et potentiellement récessionniste, dans l’indifférence générale, sinon des combats faciles à gagner contre des trublions sans solutions alternatives. La France, elle, faisait le choix suicidaire de la dépense publique sans limite, des impôts confiscatoires, des gouvernances locales hystériques et désireuses d’en découdre avec leurs propres électeurs « pour leur bien » et de frapper durement les autres dans leur vie quotidienne, de la chasse aux « dominants » en mettant la justice au côté des « dominés » ou prétendues tels.

Le justicialisme, le gauchisme judiciaire issu de mai 1968 qui veut que le juge prenne toujours la défense de la femme contre l’homme, du salarié contre le patron, du piéton contre l’automobiliste, du malade contre le médecin, de l’acheteur contre le vendeur, du locataire contre le propriétaire, etc., a été renforcé par des lois dites « d’affranchissement » qui ont bloqué toutes les possibilités de relations équilibrées dans la société. La puissance agissante, qui est la source de tout dans une nation, car il n’y a pas de progrès sans polarisation des efforts ni de polarisation des efforts sans un minimum d’autorité, a été partout entravée. Les relations sociales sont devenues impossibles. Avec l’arrivée des « réseaux sociaux » s’ajoutent une coercition « sociétale » qui réduit les anciens « papas morale » et les « mères-la-vertu » à des exemples de discrétion et de câlinerie. Jamais la réprobation morale, basée sur aucune morale, mais les lubies du temps, n’a été plus valorisante pour ceux et celles qui en emplissent leur bouche. Avec à la clé un spectacle de plus en plus grotesque et décourageant. Il ne faut plus de signe religieux dans l’espace public mais une symbolique pédérastique doit être peinte le long des passages piétons, dans un « quartiers pédé », alors qu’on interdit les concentrations sur la base d’affinités au nom de la mixité. Il ne faut plus de courses de taureaux ni de chasses au renard, mais on accepte que 400 loups tuent 12. 000 brebis. Il faut plus d’ouverture mais moins de circulation. Les handicapés doivent être mêlés dans des classes qu’ils ne peuvent pas suivre et qui, dans les configurations ethniques des banlieues noires et arabes, génèrent des situations disons incontrôlables et déplorables pour tous, en dépit de création de dizaines de milliers de postes « d’accompagnants » mal pourvus et sans doctrine.  Comme le « chante » un rappeur :

« Les Gaulois nous envoient leurs tarés ;

Tarés les Gaulois, tarés les Gaulois.

Fuyons l’école et vive la rue. 

Fuyons l’école et vive la rue.  

Ils n’ont rien à nous donner,

Nous devons tout arracher. 

Fuyons l’école et vive la rue.

Fuyons l’école et vive la rue ».

 

Et vive la mixité.

Pour un observateur français, la situation est particulièrement délicate. Les dysfonctionnements mondiaux et européens peuvent être décrits mais, il n’existe aucun levier pour lever les obstacles. L’effondrement français peut être dénoncé dans ses nombreuses composantes, mais les forces politiques en présence et les effets de dominations idéologiques qui prévalent dans la presse, ne permettent aucune vraie réaction. Les Français ont glorifié l’impuissance et la soumission. Maintenant qu’ils sont et impuissants et soumis, accablés de chômage, d’immigration sauvage, de dettes et d’impôts, sous la pression, dans la rue, des « sociaux-fachistes » et, dans les médias, des « christo-cocos », quelle voie de sortie vers le haut ?

Cette situation force l’analyste économique à s’éloigner de temps à autres de l’économie pour étudier les fantaisies malsaines de l’idéologie et de la politique.

Dix ans après, est-ce que certaines de nos thèses ont progressé ? Ce n’est pas tant notre force de conviction qui est en cause. Nous n’avons jamais pensé à autre chose qu’à une forme de témoignage actif, en espérant que les réalités auraient leur propre force de démonstration.

Le nouveau président a impulsé un retour en arrière sur la judiciarisation des relations sociales et un début de démontage de l’appareil de destruction fiscale mis en place par ses collègues énarques dans les 30 années précédentes. On n’est pas au milieu du gué. Peut-être au dixième du chemin à parcourir pour retrouver une situation acceptable. C’est un mieux.

Trump a été un révélateur « facilitant le diagnostic et compliquant la solution ». Désormais les grands déséquilibres sont sur la sellette. Le lien n’a pas encore été fait entre énormes déficits et énormes excédents, ni entre énormes excédents et création d’une économie baudruche, ni entre économie baudruche et explosion économique de 2008, mais cela vient.

Le malaise est complet entre les projections européistes grandioses de M. Macron et la triste situation d’un Juncker allant à Canossa et à New York pour voir Trump la queue basse et le verre haut. Il est obligé de défendre les excédents allemands qui sont indéfendables ! L’Europe est prisonnière des excèdents Allemands. La France est taxée au nom des excédents allemands. Que signifie encore le couple franco-allemand ? Des réformes majeures sont indispensables pour rendre l’Europe audible dans le monde et confortable pour ses membres. Personnes n’a su détailler lesquelles, parce que justement, la première d’entre elle est de trouver un moyen automatique et contraignant de ne pas accumuler de gros déficits ni de gros excédents.  Ne pas le faire revient à un combat idiot entre démantèlement de l’Union Européenne ou saut fédéraliste refusé par les peuples.

Personne ne sait comment contrer Trump, parce qu’il a en partie raison. Les grands excédents Japonais, Allemands, Chinois sont condamnables. Au lieu de chercher à savoir comment les inactiver, les grandes institutions habituées depuis quarante ans à la soumission et au viol de leurs propres statuts, se taisent.

Les économistes officiels se complaisent toujours dans la pusillanimité et les discussions microbiques sur des points de détail qui ne peuvent fâcher personne. Le reste du temps ils s’insultent selon des lignes de fractures idéologiques. Ils sont inaudibles. Cela dure depuis longtemps, mais maintenant cela se voit.

Notre satisfaction est d’avoir correctement détecté et analysé les mouvements des grandes plaques tectoniques qui sont le soubassement des faits économiques et sociaux de ces 20 dernières années.

On se rapproche aujourd’hui du moment où il faudra bien cesser de ne rien voir et de rien faire.

Le Monde : un article "collectif" d'économistes officiels décalés des vraies réalités et problèmes

C'est presque toujours le cas.

Nous n’avons jamais été très favorables aux suppliques de collectifs d’économistes. Si une idée est bonne elle n’a pas besoin d’être cautionnée par des masses de catéchumènes. Les arguments d’autorité sont rarement pertinents. L‘histoire montre qu’en France ces protestations collectives publiées par Le Monde ont toujours cherché à cautionner des âneries et à promouvoir des mesures politiciennes ou corporatistes.

Les économistes ne peuvent intervenir dans le champs politique que pour apprécier les risques ou avantages d’une mesure particulière pour la prospérité générale et notamment d’avertir sur les effets pervers. L’économie n’est pas une discipline simple et ses lois sont souvent contre-intuitives. Par exemple : la productivité ne tue pas l’emploi, ce que le non initié ne peut pas comprendre puisqu’il ne voit que la perte d’emploi immédiate et localisée. Ils n’ont qu’une fonction de conseil et d’expertise. Le conseil et l’expertise ne gagnent pas à la collectivisation ni aux tracts. 

On se souvient qu’une collection d’imbéciles motivés par des considérations purement politiciennes avaient cru devoir saluer le passage aux trente cinq heures comme une mesure formidable. Dès qu’elle a pu développer ses effets, c’est-à-dire à partir de 2001, cette mesure a contribué à enfoncer la France dans les déficits extérieurs et intérieurs, sans espoir de solution. Quant aux résultats sur l’emploi qui devaient être mirifiques, nous en sommes toujours autour de 10% de chômeurs, des millions de personnes, souvent enfermées depuis des années dans la trappe à pauvreté. Aucun des signataires ne souhaitent d’ailleurs triompher en se vantant de sa participation à cet exercice techniquement malhonnête et politiquement un tantinet putassier, puisqu’intéressé par des places à prendre alors qu’on savait le résultat garanti comme déplorable.

Ce côté « places à prendre », « carrières à faire » et « budgets à trouver » est maintenant une des « impropriétés » les plus lourdes de la démarche des « collectifs ». Ils veulent collectivement qu’on leur crée une boutique subventionnée au nom d’une bonne cause. L’exemple de ce qui s’est passé pour le climat obsède tout le monde. Des budgets massifs, des passages à la télé, des décorations, des voyages…

On a ainsi vu des géographes exiger une COB immigration, des économistes vouloir la création d’un institut qui irait voir les produits financiers créés par les banques etc…

Dans le cas qui nous intéresse, il s’agit plus prosaïquement de « briser des tabous ». C’est le rôle nouveau et imprévu des économistes, du moins de ceux qui, par magie, sont immunisés contre le risque vulgaire de se soumettre à des tabous. Cette prétention à considérer que les mauvaises mesures ne sont pas le fruit de conflits d’intérêts, de pressions de lobbies, et d’influence des idéologies est assez drolatique.

Pour briser des tabous européens il faut réunir des économistes immunisés venant des quatre coins du monde et pas seulement d’Europe. 5 sur 16 des signataires viennent de l’extérieur de la zone euro ce qui leur permet une juste appréciation des choses. Evidemment, pas de Bulgares, de Grecs, de Lettons, de Polonais ni de Tchèques. Pas plus de représentants des pays du Club Med.

Nos pétitionnaires sont tous des européistes à tout crin en goguette pour appuyer les efforts de l’homme de la Pnyka et de la Sorbonne pour une relance de l’Europe, et qui cherchent à émerger auprès du pouvoir ou à consolider leur rôle existant. Des économistes officiels donc, de ceux qui n’ont pas vu venir la crise et qui, comme Pisani-Ferry n’ont jamais été en manque de suggestions grotesques comme de rétablir dans l’assiette imposable « l’économie de loyers » dont bénéficient les propriétaires de leurs logements !

Qu’affirment-ils dans leur article de la page « idées » du Monde du 11 juillet 2018 ?

D’abord qu’une « véritable union bancaire » est en vue depuis qu’on a brisé le tabou qui bloquait la garantie européenne des dépôts. Mais qu’il faut aller plus loin en brisant un autre tabou, « l’excessive concentration des dettes publiques détenues par les banques nationales ». En quoi est-ce un tabou ? Personne ne se croit obligé de l’expliquer. Ni d’ailleurs pourquoi il faudrait que ces dettes soient portées par des banques non nationales.  A l’heure actuelle une bonne partie de ces dettes a été renvoyée sur la BCE par les banques européennes pour se sauver de la faillite.   Créer un titre de dette publique européen garanti de façon centralisée aurait l’effet pervers de laisser les pays aimant le déficit public comme la France ne plus craindre les réactions négatives des marchés. Le seul bénéficiaire serait le trésor français.  Proposera-t-on qu’ils soient portées par des banques non européennes pour être logique avec le concept de malfaisance pour les banques européennes de porter de la dette européenne ? Si certains pays ne veulent pas de la garantie collective, ce n’est pas parce qu’ils sont victimes d’un tabou mais parce qu’ils ne veulent pas payer pour les pays laxistes qui comme la France nourrissent un déficit public depuis près de 50 ans. 

Il faudrait ensuite revoir les règles budgétaires de l’Union. On sait que les milieux européistes les ont fait voter pour presqu’aussitôt après les déclarer « stupides » et demander d’aller plus loin. Là encore où est le tabou ? Il ne s’agit que d’une tactique partisane. On a mis la charrue avant les bœufs et maintenant que la charrue est cassée pour avoir été abondamment piétinée, on affirme qu’il faut aller encore plus loin. C’est la crise de 2008-200x qui a fait exploser le système et l’a conduit pour se sauver à des politiques coercitives déplorables. Pour les auteurs, « la crise ? Connais pas !». Il faut simplement donner plus de pouvoirs aux économistes qui font carrière dans les conseils budgétaires.  « Des places, du pognon et vite » !

Le troisième tabou concernerait « la stabilité macroéconomique ». Cela devient plus intéressant mais que veulent dire ces termes ? Rien. L’article est vide de réelles suggestions et se contente de commenter des projets plus ou moins élaborés, comme une assurance chômage européenne, ou de déplorer que le recours au MES soit « stigmatisant ». Pas plus de « tabou » que de beurre en branche dans tout cela. Mais nos signataires sont prêts à mettre leur science au service de l’approfondissement des sujets en cours de débat. C’est gentil de leur part.

Rappelons ici les vrais enjeux. La récession mondiale qui a développé ses effets notamment en Europe est le vrai phénomène à comprendre pour en supprimer la cause. Aucun système européen quel qu’il soit aurait supporté ce choc facilement et nous n’en sommes toujours pas sorti. Un article du jour, de Reuters,  signale que le système bancaire allemand est encore malade et tarde à guérir. Rien d’utile ne peut être défini sans d’abord proposer de réduire les causes. Il deviendrait alors possible de réduire les conséquences.  Comme d’habitude l’article des économistes officiel n’a RIEN A DIRE sur ce sujet.

La principale faiblesse de l’Eurosystème est qu’il ne permet pas de juguler les énormes excédents de certains pays membres, alors que ces excédents sont mortifères. Ce sont eux qui expliquent notamment les difficultés du système bancaire allemand. Ces banques ont drainé l’épargne européenne et faute de réemplois en Allemagne, déjà hyper compétitive, ni dans les industries européennes (en désinvestissement, puisque non concurrentielle vis-à-vis de l’Allemagne), elles l’ont réinvestie, ainsi que la création monétaire bancaire associée, dans la spéculation, en Europe et dans le monde. Les landesbanken sont quasi mortes de leur excès de subprimes. Les investissements immobiliers inconsidérés en bordure de Méditerranée pèsent encore dans les comptes de toutes les banques d’investissements. La Deutsche Bank, comme la Dresdner et un quarteron d’autres banques plus modestes, ne s’en sortent que très difficilement du fait de leurs engagements dans le shipping et dans bien des projets exotiques et aventureux. Reuters indique qu’elles craignent de ne pas passer les nouveaux crashtests de la BCE.

La question de ces énormes déséquilibres n’est même pas évoquée, alors qu’elle est pleine d’actualité avec la visite proche de Donald Trump dont la réclamation vis-à-vis de l’Allemagne porte justement sur ses énormes excédents alors que ce pays ne paie pas sa sécurité et mène une politique mercantiliste agressive désagréable pour tout le monde et interdite par tous les traités internationaux.

Le refus par les économistes officiels ou universitaires de porter le regard sur les questions réellement brûlantes, la pusillanimité affichée et intéressée, sont deux tares récurrentes. Elles trouvent une nouvelle illustration dans cet article collectif totalement débranché des réalités importantes.

Navrant mais typique.

Macron : la difficile levée des hypothèques électoralistes

Le problème des processus électoraux est toujours la liquidation des promesses inconsidérées qu’on se croit obligé de faire, surtout quand on a fait sien le mantra : « j’ai dit ce que je ferai et je le fais », une grave erreur de gouvernance.

Cela parait loin aujourd’hui mais la faute démagogique originelle du candidat Macron, du point de vue national, même si le résultat électoral a été obtenu, est d’avoir faussé le vote avec deux promesses qui étaient deux achats de votes caractérisés, moralement et politiquement condamnables .

-          La suppression de la taxe d’habitation, pour 80 % de la population, afin de « donner du pouvoir d’achat », était une infamie que nous avons dénoncée comme telle dès son annonce. Elle lançait une dynamique incontrôlable, faussant des principes simples et admis (on doit contribuer au moins tous aux charges locales du lieu où l’on vit), des principes constitutionnels (égalité devant l’impôt, autonomie des collectivités locales) et creusant des déficits tous azimuts.

Emmanuel Macron ne parvient pas à dominer cette dynamique qui avale toutes ses tentatives de déboucher sur quelque chose de convenable. Il est coincé par le Conseil Constitutionnel qui n’admet pas que l’impôt soit payé par seulement 20 % des contribuables locaux ; il est coincé par le trou financier creusé, les tentatives de le compenser par des taxes nouvelles ayant périclité. La dette va s'accroître.

-          Le transfert des retraités vers les actifs est le genre de solution qui n’a aucun fondement rationnel. Dire, dans un pays où on a imposé un système de répartition qui veut que les actifs paient pour les retraités, que les retraités doivent restituer l’argent pour donner du pouvoir d'achat à ceux qui travaillent est une parfaite incohérence. Soit on recule l’âge de la retraite, avec une baisse des cotisations, soit on associe baisse des cotisations et baisses des retraites, soit on fait les deux, mais on ne prend pas le chemin injuste et stigmatisant qui a été choisi par pur électoralisme. Les retraités voient le pouvoir d’achat de leurs retraites baisser chaque année du fait de la non-indexation des retraites. Le retour d’une inflation supérieure à 2 % signifie une accélération de cette baisse. Agiter de surcroît, la perspective de la baisse importante des pensions de réversion, seules ressources des femmes qui ont choisi de rester au foyer, et qui sont généralement très basses, revient à ajouter l'infamie à l’électoralisme. On sait que la natalité baisse et que le remplacement des générations ne se fait plus, même avec les classes immigrées que l’on a massivement fait venir. Dire aux jeunes femmes : travaillez car sinon vous n’aurez pas de retraites est un message plus que discutable. Tout le monde sait, en matière de retraite, qu’il faut passer la date de départ à 66 ou 67 ans tout de suite, et supprimer tous les régimes spéciaux qui ne correspondent pas à des sujétions très particulières (essentiellement l’armée et la police). Au lieu d’attaquer bille en tête ces sujets cruciaux, le gouvernement a d’abord augmenter de façon totalement inconsidérée la CSG et il tente de faire passer l’idée que la hausse de pouvoir d’achat est bien effective pour la clientèle électorale qu’elle a séduite, en dépit du passage au prélèvement à la source, une redoutable imbécillité imposée par le Trésor et qui n’a aucun intérêt national.

L’achat de votes a été efficace. Les gogos ont voté. Mais ces mesures étaient malheureuses et il est politiquement moral qu’elles se retournent contre les équipes qui ont cru bon de les mettre en œuvre.

Comme d’habitude les élections présidentielles ont coûté entre 30 et 40 milliards d’euros aux Français et 2 018 après 2 017 verront encore une augmentation de la dépense publique et de la pression fiscale. Il est même annoncé que la période 2 017-2 018 verra une augmentation des impôts supérieure à la période 2 012-2 013, chef-d'œuvre de bouffonnerie antiéconomique de F. Hollande.

Ce désastre qui pèse naturellement sur tous les comportements actuels et pèsera encore plus dans le futur, ne peut pas être effacé par des exercices de Com’.

Toute la gymnastique présidentielle actuelle dans ce domaine est désarticulée.

Le service national d’un mois est une farce sinistre.

La construction de piscine à Brégançon est ridicule.

L’effort vers les d’jeuns lors de la fête de la musique était grotesque.

L’idée que la télévision publique a pour objet de développer le politiquement correct et proposer des images d'Épinal bien intentionnées, a été considérée comme une copie servile et inutile de l'Amérique. À juste titre.

La révision constitutionnelle tourne au ridicule avec des inclusions qui n’ont pas lieu d’être et l’absence des vraies réformes qui changeraient réellement quelque chose. Nous proposons depuis des lustres d’ajouter deux lignes :

-          Nul ne peut être élu dans une assemblée qui détermine sa rémunération et ses conditions d’emplois

-          Nul ne peut recevoir deux rémunérations de l’État ou des organismes recevant des fonds publics.

Morigéner les Italiens et accueillir au compte-gouttes des migrants, alors que l’Europe sombre dans l’insignifiance, était ridicule.

Le projet de budget européen massif, dont Merkel aurait actouillé le principe sous bénéfice d'inventaire, est injouable tant que la France maintiendra ses déficits budgétaires et commerciaux, et tant que les réformes fondamentales de la zone Euro n’auront pas été mises en œuvre.

La réponse à Trump, à Poutine et à l’ensemble des tyranneaux du moment (de Damas à Pékin) patine dans le verbiage et dans l’inefficacité à peu près totale. Le couple tant vanté Franco-Allemand se bloque du fait de l’excédent commercial allemand supérieur à 8 % qui est totalement contraire à la légalité internationale, et de l’absence presque totale de réduction de la dépense publique en France.

L’idée se développe que Macron parle trop là où il est impuissant et n'agit pas assez là où il en a le pouvoir.

On raconte dans les médias que les troupes LREM sont désorientées, car elles ne comprennent plus où l’on va. Elles ont bien raison. La liquidation boiteuse de promesses électoralistes ne fait pas une politique. Les beaux discours dans des lieux inspirés non plus. Emmanuel Macron a pris trois demi-mesures indispensables mais trop faibles :

-          Il a supprimé partiellement l’IF et liquidé l’intégration des revenus du capital financier dans l’impôt sur le revenu. Ces deux mesures étaient strictement indispensables. Vous n’investissez plus quand on vous prend les deux tiers du gain potentiel et que le résultat résiduel sera repris pourcent par pourcent le reste de votre vie. Tout le monde comprend qu’il aurait fallu totalement supprimer l’ISF et sortir les revenus locatifs de l’IR avec les mêmes règles que pour les revenus du capital financier. L’opposition entre capital financier bénéfique et capital immobilier néfaste est totalement ridicule. Tenter de raconter et justifier médiatiquement cette histoire est un effort désespéré et perdu d’avance.

-          Les socialistes depuis Mitterrand, avec aggravation sous Jospin et Hollande, ont bloqué les relations entre employeurs et salariés, sous prétexte d’un affranchissement qui n’avait pas de sens, en mettant les juges au côté des salariés abusifs. Emmanuel Macron a partiellement levé cette mise sous tutelle abusive. Mais là encore, trop peu, tout en cédant à la démagogie des ONG partisanes.

-          Le statut de cheminots qui permet de maintenir des sureffectifs démesurés qui tuent l’entreprise devait être supprimé. On ne l’a fait que pour les nouveaux entrants. Ce qui est une demi-mesure. Même si elle va « dans le bon sens ».

Les difficultés de la France sont si importantes, avec un risque si grand de retour de bâton violent dès qu’on quittera le sommet du cycle conjoncturel, et que les taux d’intérêt se remettront à la hausse, qu’il est plus que regrettable que les grandes mesures de fonds n’aient pas été prises.

-          Oui, il faut revenir aux quarante heures

-          Oui, il faut passer l’âge de la retraite à 66 ou 67 ans, tout en alignant tous les régimes de retraite sur celui du privé, sauf rares exceptions.

-          Oui, il faut revoir le droit de grève et le financement syndical

-          Oui, il faut empêcher que les municipalités puissent endetter massivement leurs administrés tout en poussant à des niveaux absurdes les prélèvements locaux, comme à Paris.

-          Oui, il faut réduire drastiquement le nombre des contrats de fonctionnaires, en renvoyant à la contractualisation l'ensemble des personnels actuels, sauf le 1 à 2 % d’encadrement stable qu’il faut maintenir et renforcer.

-          Oui, il faut réduire de plus de 250 000 unités en cinq ans les effectifs publics et parapublics.

-          Oui, il faut réformer lourdement le financement du chômage qui maintient trop de personnes trop longtemps dans la trappe à pauvreté subventionnée.

-          Oui, il faut réformer la couverture du petit risque et réduire les abus de la gratuité (personnes allant voir 30 ou quarante fois par an un médecin sans être malade ; abus d’arrêts de travail, médecine du travail inutile et trop coûteuse ; etc.).

-          Oui il faut réformer la gouvernance soviétique du secteur médical en France, avec un gonflement gigantesque des postes fonctionnels au détriment des postes opérationnels.

-          Oui, il faut déplacer massivement le financement de la sécurité sociale de l’entreprise vers les ménages, comme en Suisse. Un citoyen doit savoir dès le départ qu’il aura à payer quoi qu’il en pense et sa taxe locale et sa sécurité sociale mutualisée.

-          Oui il faut supprimer le SMIC national et revenir à des minima par branches et régionalisés, négociés par les parties prenantes, supprimant toute tentation d’augmentations politiques.

-          Oui, il faut transférer sur la TVA une bonne part des charges patronales.

-          Oui il faut baisser massivement les taux et étendre à tous l’assiette de l’IR.

-          Oui il faut se mettre en position de mener une diplomatie de la prospérité ce qui implique d’avoir des propositions de réformes lourdes de la zone euro (avec confiscation des trop gros excédents) et du système monétaire international.

-          Oui, il faut reprendre une politique nataliste en France.

A cela devrait s’ajouter quelques mesures de souveraineté afin de pouvoir retrouver la possibilité d’agir au lieu de subir.

-          Oui, il faut revoir le code de la nationalité et le code des étrangers, pour permettre une véritable intégration sans substitution de population, tout en palliant partiellement la crise de natalité.

-          Oui, il faut mettre fin au « gouvernement des juges », au « justicialisme » et à la pénalisation sans fin de la vie courante des Français.

-          Oui, il faut donner au souverain le pouvoir de surpasser les règles énoncées par le CEDH

Au lieu de se lancer franchement sur ces pistes où des réformes massives sont indispensables sous risques proches d’effondrement lors du retournement de conjoncture et de la hausse des taux, Emmanuel Macron fait du surplace tourne en rond. Sa boussole s’affole. Ses partisans sont désorientés. Les citoyens attendent, avec de moins en moins de bienveillance.

Macron paie sa campagne électorale démagogique et comme Hollande, la mollesse des réformes entreprises sous fond d’emprise aggravée de l’Énarchie Compassionnelle et de fiscalité aggravée de façon démentielle. Il doit donc s'exprimer devant le Congrès pour fixer un nouveau cap. Gageons qu’il essaiera à nouveau de gommer son image de « président des riches », et qu’il cédera à ceux qui lui demandent de marcher sur une jambe de droite mais surtout une jambe de gauche. Malheureusement la jambe de gauche est un pilon qui s’enfonce dans la bouillasse de la pauvreté et du chômage. Et la droite, affolée d’avoir été éjectée par des mesures totalement démagogiques qu’elle n’avait pas osé suggérer, tente de se relancer par plus de démagogie encore, comme ce coup de pouce au Smic qui a fait tant de mal à l’emploi dans ce pays.

Nous ne pouvons que lui suggérer d’ignorer ces approches de petite politique. La vraie question est de sortir la France de ses tares anciennes et de faire face aux nouvelles menaces qui sont déjà actives.

Plus questions d’enfantillages.

Une présentation (très) troublante

Il est toujours dangereux de faire des transformés. Ayant, lors du Bac, à l’épreuve de géométrie dans l’espace, fait une transformée qui ramenait les douze questions suivantes à des cas d’égalité des triangles et réduisait l’épreuve à un exercice de 15 minutes, l’auteur de ces lignes s’est récolté un deux pour « solution déloyale et hors programme » qui n’a pas fait de bien à la mention. En vérité c’était dans le programme. Mais bon !

Nous allons tout de même proposer un changement d’échelle de mesure des séries économiques récentes.  Nous considérerons comme unité de référence la valeur pondérée d’un M2 moyen dans les 5 plus grandes capitales du monde, d’un kilo d’or, d’un baril de pétrole et d’un kilo des principales matières premières industrielles. La série correspondant à ce panier de référence servira à « déflater » les grandes séries économiques.

Si nous faisons cette conversion, alors l’évolution du prix du m2 de logement est pratiquement stable et reste proche d’un. Le prix des actifs boursiers est autour de 1 pour la bourse américaine mais 0.5 pour la France. Ce qui veut dire que s’ils n’ont rien fait, les propriétaires de titres boursiers français ont vu la valeur de leur avoir coupée en deux. Les rémunérations des grands patrons internationaux ont enregistré une hausse de 30% environ.  Les salaires moyens eux ont pris une sérieuse dégelée et ne sont plus qu’à 45% de leur valeur initiale en France et à peine mieux aux Etats-Unis.

La mise en concurrence des industries et des salariés occidentaux avec la Chine, l’Inde, les pays de l’est, etc. a été payé chèrement par les salariés occidentaux. Les plus riches ont maintenu leurs avoirs là où le capital n’a pas été lourdement ponctionné. En France tout le monde a beaucoup perdu.

Ce changement d’unité permet d’éviter les cocoricos ridicules des boursicoteurs qui annoncent qu’on a retrouvé le niveau d’avant crise. Il suffit de retirer la hausse des prix à la consommation pour se rendre compte que cette affirmation est totalement ridicule en, terme de pouvoir d’achat.  

L’Etat français a essayé de compenser la perte de valeur réelle de la production en captant le capital et en le vendant à l’étranger, tout en accumulant des emprunts. C’est un choix détestable puisqu’en fait, il a ruiné tout le monde.

Le populisme est le nom de la rancœur accumulée par cette baisse massive en valeur réelle des salaires.

Cette conversion d’unité de référence a le mérite de montrer l’ampleur de la Bérézina économique de ces quarante dernières années et que rien n’a été résolu.

Il faudrait enfin radicalement changer le cadre des relations économiques et monétaires internationales.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Argentine : monnaie et mensonges

La monnaie argentine est à nouveau sur le toboggan.  Comme d’habitude, l’examen de cette nième catastrophe monétaire ne fait pas l’objet d’une vraie analyse mais de postures. L’historien-économiste officiel Mario Rapoport en donne une nouvelle illustration. Il ment effrontément dans son analyse du passé comme dans son explication du présent.

Prenons le premier mensonge avéré qui concerne l’effondrement monétaire de la fin de siècle dernier. Les marxistes tiers-mondistes et les nationalistes argentins, deux composantes essentielles de l’opinion publique argentine, se sont mis d’accord pour affirmer que le FMI et les monétaristes américains, Milton Friedman en tête, le « pinochétiste » bien connu,  étaient la cause de ce grand malheur.  Tout le monde sait que nous ne faisons pas beaucoup de concessions au FMI depuis l’abandon des accords de Bretton Woods et que nous contestons beaucoup des suggestions de Milton Friedman et notamment sa défense des changes flottants.  Dans le cas d’espèce, il faut les réfuter les accusations qui les concernent.  

Il faut savoir qu’au début des années 70, l’inflation était telle, et la volonté d’en gérer les effets par des blocages divers tellement folklorique, qu’on en était arrivé à des situations totalement ridicules. Par exemple le prix des voitures étaient bloqués mais pas celui des volants. On vendait donc, à part, la voiture, au prix bloqué, et le volant, au prix libre, et le volant valait le même prix que la voiture. Naturellement on imposait que le volant soit acheté en même temps que la voiture. Le pays était hors de tout commerce international autre que de troc (on appelait cela la « compensation »)  et le marché des capitaux était totalement local, personne ne voulant risquer un sou dans une économie de ce type.

Pour mettre fin à cette situation et après les évènements politiques que l’on sait, les jeunes dirigeants formés à l’étranger qui prirent le pouvoir, au tournant des années 90,  décidèrent de mettre en place un « currency board », en s’appuyant sur les suggestions d’un économiste américain qui n’avait rien à voir avec Milton Friedman. L’idée, radicale et exotique, était d’éviter par ce moyen le retour à un financement monétaire exagéré de la dépense publique par la banque centrale.  Ce système très particulier et dangereux, imposait une parité fixe entre peso et dollar, la création de monnaie étant régulée par la balance des paiements. Le système a commencé par marcher très bien. L’inflation a cessé. Les exportations ont repris. L’Argentine est entrée dans la finance internationale avec de nombreux investissements étrangers. La prospérité a commencé à s’installer. Il faut savoir que l’essentiel des ressources d’exportation  provient, en Argentine, du Campo et qu’elles se finançaient depuis toujours en dollar, compte tenu de la faiblesse récurrente du peso. Peu à peu, les grands commerçants ont cessé de mettre leur fortune à l’abri aux Etats-Unis et une certaine normalité s’est installée en Argentine.

Qu’est-ce qui a fait sauter le système ? Les changes flottants. Dans un système de changes fixes, du type Bretton Woods, le « currency board » avait une chance. Lorsque le dollar a été projeté vers les sommets avec la crise faussement appelée « des pays émergents », les monnaies faibles ont successivement dévalué. Le real brésilien s’est effondré. Du coup, les prix, en dollar, des produits du campo devinrent impraticables pour exporter vers le Brésil, principal débouché. L’arrêt des exportations a provoqué l’arrêt de la création monétaire. Une déflation mortelle s’est installée en Argentine, avec des contournements folkloriques comme l’Argentino.

Pour essayer de tenir malgré tout, le temps que le dollar redescende, ce qu’il ne manquerait pas de faire, les autorités ont demandé l’aide du FMI qui au départ ne voulait pas y aller. Le « currency board » n’avait jamais été son idée. Et il n’y avait aucune logique à compenser un défaut structurel par des mesures conjoncturelles, traditionnellement associées à une déflation contrôlée, alors que le pays était déjà en déflation. Le currency board n’a pas de porte de sortie. On sait y entrer mais non en sortir, comme dans le cas de l’Euro.  La seule solution était une dévaluation massive du peso pour rendre à nouveau compétitif le campo. Les comptes en dollars ont été convertis de force en compte en pesos, après un épisode de « corralito » qui ressemble beaucoup à la situation imposée aux banques grecques, contingentant les sorties en numéraires. Puis on a tout cassé. Les investisseurs étrangers ont perdu très gros, de nombreux argentins ont été ruinés par la perte de la quasi-totalité de leurs avoirs, mais la dévaluation a permis de relancer les ventes du campo. Après un moment d’euphorie, le populisme a repris ses droits et nous sommes arrivés à nouveau à la situation traditionnelle en Argentine, après le règne détestables des Kirchner, qui se sont formidablement enrichis (les mauvaises langues les décrivent comme « pourris jusqu’à l’os », ce que nous nous ne permettrons pas de penser),  d’un pays sans monnaie avec fuite des capitaux et dévaluations ravageuses.   Et qui fait appel au FMI qui n’a strictement aucune autre solution à proposer, sauf à alimenter un puits sans fond, que de mettre sous contrôle la dépense publique.

Plutôt que de s’interroger sur les vraies causes des difficultés argentines, une ambiance populiste et socialiste qui n’accepte que des dépenses publiques non financées et espère s’en tirer avec l’argent des autres, après avoir vilipendé les investisseurs et les donateurs, avec une frénésie médiatique anticapitaliste, et une corruption majestueuse, les économistes officiels se croient constamment obligés par nationalisme étroit, d’entrer dans un travail de dénonciation totalement arbitraire de boucs émissaires étrangers. Diabolisation et mauvaise foi sont les deux mamelles de cette attitude qui ne mène strictement à rien.

L’Argentine est d’abord la victime d’elle-même et ensuite du système des changes flottants. Le FMI qui avait, rappelons le, comme seul rôle, de gérer les changes fixes, n’a rien à faire dans ce contexte.  Nous sommes à nouveau dans une phase de dollar fort. Les taux d’intérêts américains remontent. Le FMI ne dit rien. Mme Lagarde se contente de discours sur la libération des femmes dans le monde. On ne sache pas que la femme argentine soit particulièrement maltraitée. En intervenant en Argentine, le FMI servira à nouveau de bouc émissaire et permettra d’évacuer la tension politique liée à la gestion économique désastreuse qui y prévaut. Alors on veut que le FMI donne de l’argent, sans espoir de retour et surtout sans conditions. « Aboule le fric et tais-toi, pour la suite on te conchiera et on verra ce qu’on fait ». Voilà le résumé exact de la pensée forte de ce M. Rappaport.

Les journalistes français, conditionnés aux dénonciations du FMI, et capables de répéter comme des perroquets les pires articles de propagande, pourvu qu’elles sentent bon l’anticapitalisme primaire tiers-mondiste (il n’y a plus de couverture correcte de la situation de l’Amérique Latine depuis plus de soixante ans dans les journaux français,  le ton des élégances étant donné par le Monde Diplomatique dont on connaît l’inspiration fraîche, joyeuse et totalement indépendante du marxismes léniniste tiers-mondiste), répètent et répéteront encore les analyses des Rappaport du moment, sans jamais se soucier ni des réalités locales, ni des aspects délétères de la propagande qui règnent sur tous les sujets économiques dans ce continent, ni des mensonges caractérisés qui y sont régulièrement diffusés.

Dans un système mondial de changes flottants, il ne sert à rien de demander à la collectivité mondiale de financer un pays dont la politique malsaine, faite toute entière de dépense publique incontrôlée, conduit à une fuite devant la monnaie. Il faut exiger une réforme du système mondial des changes et imposer des règles de gouvernance strictes aux pays qui ont fait du laxisme pseudo social un mode de fonctionnement permanent.

Plus précisément la bonne attitude serait de s’opposer aux dérives de la politique mondiale des Etats-Unis et à la « chienlit socialisante et populiste », comme on commence à le dire devant les jolies photos des Black Blocs. Comment voulez-vous qu’un économiste officiel se risque dans une telle aventure qui le met en face des deux puissances majeures du moment ?  Et plus encore, un journaliste…

Des idées qui progressent

Depuis désormais plus de 20 ans nous défendons publiquement de façon constante une thèse fondamentale :

-          Il n’y a pas de bon commerce sans bonne monnaie

-           Il n’y a pas de bonne monnaie sans un équilibre relatif des balances de paiement.

Le système des changes flottants imposé par les Etats-Unis après l’effondrement des Accords de  Bretton-Woods a conduit à l’abandon de règles fondamentales d’équilibre économique au profit d’un système spéculatif  dont tous les rouages ne pouvaient que se gripper. Enormes excédents commerciaux et  énormes déficits de balances de paiement ont transformé le monde en une économie baudruche dont la vocation était d’exploser un jour ou l’autre. Comme l’écrivait Maurice Allais, « ce qui doit arriver arrive ».  C’est ainsi que nous avons défini la crise comme la composante de trois évolutions :

-          Une baisse tendancielle du trend

-          Une aggravation des récessions « décennales »

-          Une montée permanente de la dette globale,

Et tenter de démontrer que cette crise avait une cause principalement monétaire.

Nous avons prévenu depuis 1977 : attention à la colère des peuples, car la stagnation économique, la baisse du pouvoir d’achat, et le chômage déstabilise les sociétés.

Il a fallu l’explosion de 2008, parfaitement annoncée et prévue, et la montée électorale des « populismes » pour que, soudain, ces réalités éclatent à la figure de dirigeants tétanisés mais englués dans la routine.

Nous avons prévenu, les premiers, sur les dangers du Tafta (pratiquement jamais commenté dans les medias français)  et l’offensive américaine, qui s’appuyant sur les principes des statuts du FMI, entendait rétablir de force, avec des taxations lourdes, leurs équilibres extérieurs.  C’était bien avant l’arrivée de Trump.

Le style cow-boy de Trump n’a fait que révéler un peu mieux les forces sous jacentes. Trump a parfaitement raison, comme l’avons déjà écrit ici, de considérer que les excédents Chinois sont extravagants et que les excédents allemands ne sont pas convenables. Là où il est incohérent est qu’il ne voit pas qu’ils sont largement la conséquence des énormes déficits extérieurs américains.  Si on veut que le dollar soit la monnaie du monde alors le déficit américain est automatique puisque c’est lui qui alimente la liquidité mondiale. Il faut donc changer de système et proscrire toute monnaie mondiale qui soit une monnaie nationale. Là Trump n’est plus d’accord. C’est pourquoi nous professons que Trump « facilite le diagnostic mais complique la solution ».  

Hier, c’est Macron, recevant son prix Charlemagne de bon élève du fédéralisme européen, qui a dénoncé publiquement, et en la présence même de Mme Merkel, les excédents allemands et suggéré qu’elle abandonne son « fétichisme » des excédents de balances de paiements, soulignant que cet excédent avait pour conséquence un dommage pour ses partenaires.

Voici donc les excédents extravagants de balances commerciales et de paiement politiquement et diplomatiquement mis en cause. Vingt ans que nous attendions ce moment.

La faiblesse de ces annonces est double :

-          Il n’y a pas d’explication de la nocivité des ces déséquilibres et de lien causal effectué avec la récession explosive de 2008 et ses suites difficiles

-          Il n’y a pas de schéma d’organisation proposé qui mette fin au double dysfonctionnement du système monétaire international et du système de l’Eurozone.

Dans notre premier livre sur le sujet, «L’Etrange Désastre », nous nous sommes attachés à répondre en détail à la première faiblesse.

Dans notre second livre à paraître, nous cherchons à dégager les lignes d’un nouvel ordre monétaire mondial congruent avec un nouveau système européen, en le replaçant dans l’histoire monétaire internationale des 100 dernières années.

Didier Dufau

Mai 1968 et la monnaie

Cette question n’a jamais été réellement posée jusqu’ici, mais ne manque pas d’importance.

En mai 1968, les autorités n’ont réussi à terminer la grève quasi générale qu’en lâchant les accords de Grenelle qui ont eu pour conséquences immédiates la dévaluation du Franc, afin de reprendre le plus vite possible les avantages intenables qui avaient été concédés et ne pas mettre totalement hors-jeu l’industrie et l’emploi français.

Épreuve écrite :

Que se passerait-il dans des circonstances similaires du fait qu’on ne peut plus dévaluer une monnaie nationale ?

Vous avez quatre heures.

Épreuve orale :

Depuis 1967 de Gaulle ferraillait dur contre le dollar et le Gold Exchange Standard et pour qu’on en revienne à l’étalon-or. Les évènements de mai allaient le mettre immédiatement hors course. S’en était définitivement fini d’une revendication française en matière de système monétaire international. Certains complotistes ont vu dans ces manifestations l’effet de la CIA justement pour pérenniser le rôle du dollar.

Que se serait-il passé si la situation était restée normale ? De Gaulle et Rueff auraient-ils pu provoquer une réforme du système monétaire international et éviter l’explosion de 1971 ?

Vous avez une heure.

La maladie de la cagnotte

Il est intéressant de noter que personne collectivement n’apprend jamais rien. L’erreur comme le chiendent repousse inlassablement et il n’y a pas de désherbant spécialisé.

Prenons cette affaire de cagnotte, l’exemple même d’une illusion d’optique tout à fait remarquable.

L’activité est cyclique. La fiscalité française est progressive. La conjoncture est bonne et les recettes prennent l’ascenseur pendant que l’économie prend l’escalier. La pression fiscale globale augmente. Personne n’a jamais voulu publier ce multiplicateur mais il est intégré dans tous les modèles de prévision fiscale fonction de l’activité.

Pendant les récessions le phénomène inverse se produit. Les recettes freinent brusquement et quand la récession est grave elles s’inversent.

L’État considère toujours que le maximum de recettes atteint est un acquis perpétuel. Donc ses sbires qui tiennent le pouvoir, ce que nous appelons l’Énarchie Compassionnelle, exigent aussitôt des hausses d’impôts massives pour compenser. Cet effet de cliquet est structurel dans Ve République du fait de la mainmise des hauts fonctionnaires, toutes couleurs politiques fondues, sur la politique.

Lorsque l’effet de ces nouveaux impôts s'ajoute aux précédents, lors de la phase d’expansion suivante, l’argent coule à flots dans les caisses. On le dépense aussitôt. Et le cycle repart.

Ce mécanisme est splendidement apparent notamment depuis 1973. C’est comme cela que la dépense publique dépasse désormais la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand non financier. Et que notre dette publique dépasse de deux fois cette valeur ajoutée, une situation qui explique l’énormité de notre chômage et de notre pauvreté.

Le couple Macron-Philippe, avec le coadjuteur Le Maire et l'idiot utile Darmanin, a décidé d’augmenter sauvagement les recettes fiscales, conformément à cette habitude funeste. La phase de haute conjoncture internationale arrive avec retard et moins d’élan que d’habitude mais elle arrive. Le résultat est évidemment un flot énorme de recettes supplémentaires, d’autant plus violent que ces loustics ont littéralement matraqué le pays avec des hausses de taux phénoménales.

On a déjà montré que la hausse du taux de prélèvement sur la CSG déductible était de plus de 40 % ! Mais il y a mieux. Le malus sur l’achat de voiture est passé de 0 à 140 euros pour un taux de CO2 de 126 unités. De 90 à 353 pour un taux de 131, soit une hausse légère de 392 %. Si vous atteignez 162 Unité, la taxe passe de 3 313 à 4 460, une toute petite somme qui a fait passer le coût des voitures de cette catégorie au-dessus de 30 000 euros. À partir de 180 unités, vous voilà dans le monde de rêve des voitures qui paient plus de 9 000 euros de malus et même 10 500 au-delà de 191. Les SUV à la mode sont désormais tous passés au-dessus de 45 000 euros ! Comme il y a actuellement une frénésie d’achats de voitures, combinaison du cycle automobile et du niveau très bas des taux de crédit, le rendement de cette taxe est gigantesque.

La voiture et le logement sont les deux équipements les plus lourds et évidemment les plus taxés.

Pour être juste cette manie de la conservation de toute recette et donc de toute dépense acquise est aussi le fait des collectivités locales et des institutions internationales.

Voyez l’Europe : le Royaume Uni s’en va. Cela fait un trou dans les recettes. Pense-t-on à ajuster les dépenses ? Pas du tout. Les dirigeants de l’UE exigent de nouvelles ressources et une hausse « très importante des impôts européens » que Macron leur a promis à l’avance.

Voyez les mairies. Les recettes sont ponctionnées. Va-t-on baisser la dépense. Pas du tout. On va augmenter de 200, 3000, 500 % les amendes de stationnement, taxer jusqu’à 1 000 euros les cabanes à lapins, augmenter massivement la taxe foncière. Réduire la dépense ? Jamais ! Non Mais ! Peut-être va-t-on laisser filer l’entretien des routes… Quand les inconvénients seront devenus visibles, il sera bien tant de faire un « impôt nids-de-poule ».

Lorsque la BCE a décidé de récupérer le contrôle des principales banques européennes, elle a recruté comme un malade. Les banques centrales elles n’ont pas adapté leurs effectifs à la perte des contrôles nationaux. « Quelle horreur ! Vous êtes dingues ».

Les élections présidentielles ont été dominées par la question de la réduction des effectifs publics et des postes subventionnés. Le résultat : la hausse de ces effectifs est très importante en 2017 et le restera en 2018. À fin 2018 jamais les recettes publiques n’auront atteint de tels sommets.

Pendant ce temps-là, les politiciens démagogues regardent la cagnotte et crient : « donner là, donner là, donner là ! Nos clientèles attendent ».

Le revenu et le capital des Français ne leur appartiennent pas. C’est une concession qu’on leur fait et il faut qu’ils paient pour en disposer. Vive l’impôt ! Il faut savoir la société que nous voulons ! Des bonnes intentions sans recettes massives affectées, cela n’a pas de sens. Il faut 1 % du PIB pour la Culture, le Handicap, le Sport, les Femmes, la Pureté de l’eau, la Pureté de l'air, les Maternelles, les Homosexuels-lles, la Francophonie, l’aide aux pays sous-développés, la promotion de l'artisanat, la sauvegarde des fermes authentiques, la sauvegarde des cirques, la suppression des trous noirs téléphoniques, ad libitum. Il faut 4 % du PIB pour l’Armée, la Justice, le logement, le rail, l’Europe… Il faut 40 % du PIB pour la sécu et 40 % l’Éducation nationale.

C’est sûr

Quand vous serez autour de 300 % du PIB, arrêtez-vous et reposez-vous un peu. Ah zut vous avez oublié le 4 % pour la recherche scientifique et le 1 % pour le développement du codage dans les maternelles ! Et puis attendez, nous allons avoir les jeux olympiques, le championnat du monde de football et celui de rugby.

Le plus drôle est qu’il ne se passe pas une journée sans qu’un abruti vienne dans les médias en fonction de l’actualité pour souligner combien les ressources manquent pour à peu près tout et qu’on ne s’en sortira pas sans une hausse vertigineuse des ressources à dépenser sur le sujet. Mais oui, n’oublions pas : il faut créer un quatrième risque pour les petits vieux. Quant à nos prisons elles sont infectes, nos hôpitaux, nosocomiaux, nos passages à niveau, dangereux, nos urgences, saturées, nos greffiers, submergés, nos bombes, achetées à l’étranger, nos migrants, mal traités,

Le plus consternant est qu’il ne se passe un jour sans qu’un démagogue ne suggère une nouvelle gratuité. Mme Hidalgo qui s’est construit patiemment une réputation de démagogue, d’idéologue et d’allumée gauchiste capable de tout, propose, ce jour, la gratuité des métros et des bus. Il faut dire qu'ayant supprimé les voies de circulation et de stationnement, monté à des sommets hystériques les PV de stationnement, et n’ayant augmenté aucune capacité de transport public, elle ne peut rabattre le troupeau que vers des métros saturés, où les femmes se font pincer les fesses et où la pollution aux particules fines est dix fois plus élevée qu'en surface, et des bus erratiques et inconfortables. Le proposer la veille d’une grève perlée des transports montre un sens de l’opportunité qu’il faut souligner.

La gratuité, tout le monde sait cela, c’est ce qui coûte le plus cher. Séparer le coût de la consommation, c’est la source principale du gaspillage. « Puisqu’on vous dit qu’il faut savoir la société que vous voulez ». Bien entendu une société où tout est gratuit est une société où personne n’a rien, sauf la nomenklatura qui la dirige.

Alors, dans les années quatre-vingt-dix, on disait : La justice est effondrée ; l’armée tient avec des bouts de ficelles ; l'éducation nationale est sur le toboggan. L’hôpital tient, mais jusque quand ?

Maintenant on dit : la justice est effondrée ; la diplomatie extérieure et l’action culturelle française à l’étranger sont effondrées ; l’Éducation nationale est effondrée ; l’Université est effondrée ; la médecine libérale est presque totalement effondrée ; L’hôpital est très malade ; les Ephad sont effondrés ; Les Armées sont au bout du rouleau ; La police est dépassée par les évènements et les zones de non droits s’étendent ; la prison est effondrée (les matons demandent qu’on les défende des prisonniers) ; la formation professionnelle est effondrée ; l’industrie est effondrée ; l’art a quitté la France ;

La « transformation » est en cours paraît-il. « On a interdit aux juges de ruiner les entreprises et aux députés d’employer leurs proches. Tout de même ce n’est pas rien ». Tout cela est évidemment dérisoire et tient plus de la comédie politicienne que du destin national.

On sait parfaitement ce qu’il faut faire :

-          Interdire à un fonctionnaire d’être élu dans une chambre qui vote ses conditions d’emploi.

-          Interdire le versement de deux rémunérations publiques à la même personne.

-          Modifier la procédure budgétaire pour que le budget ne soit augmenté que du montant de la croissance moyenne du PB dans les trois précédentes années.

-          Pour les régions et les collectivités locales, ne permettre une hausse du budget complémentaire qu’en fonction de la hausse de la population.

-          Les grands équipements locaux ou régionaux doivent être contrôlés par une chambre spécialisée du parlement.

-          Interdire toute gratuité, une prestation devant toujours être gagée sur un droit acquis par cotisation. Coller 20 ans de prison ferme à quiconque en proposera une.

-          Plafonner le taux d’endettement des collectivités locales et des administrations et des dépendances de l’État. Coller 20 ans de prisons à ceux et celles qui endettent leur ville pour des décennies.

-          Consigner les plus-values fiscales des périodes de vaches grasses pour les réutiliser pendant les périodes de vaches maigres.

Mais qu’on ne parle pas de miraculeuse cagnotte qui permettrait tout soudain de faire du social à tout va ! C’est de l’escroquerie.

Et de la bêtise crasse.

Observations sur la répression des inégalités de salaires "genrées"

Les débats sur l’égalité sont toujours passionnels ; ceux sur l’égalité hommes femmes encore plus. Les droits formels s’appliquent à tous et toutes sans exceptions. Les réalités concrètes dépendent moins de la loi que de bien d’autres considérations. Les hommes ne sont pas des femmes et réciproquement. Le chemin de vie des uns n’est pas ceux des autres. Leur contribution à la survie biologique de l’espèce est radicalement différente. Leur statut dans la société n’a jamais été identique. Est-ce que l’histoire et l’économie ont des éléments à nous apporter pour sortir des simplismes habituels ?

Les femmes ont toujours travaillé et beaucoup. Mais leur sphère de travail était en dehors des circuits marchands. Le mariage était leur vocation et dans ce cadre elle sortait de la production marchande comptabilisée dans le PIB. Le célibat n’était pas bien vu et les hommes célibataires considérés comme d’affreux égoïstes et était l’objet d’une répression sociale douce mais ferme. En fait la situation n’était pas exactement conforme à cette image d'Épinal. Dans les faits entre la sortie de l’école communale jusqu’au mariage, la majorité des femmes travaillait. À la campagne, on travaillait tout le temps. Dans le petit commerce la femme travaillait presque toujours. Les Catherinettes qui ne trouvaient pas mari à 25 ans, travaillaient également, comme toutes celles qui avaient choisi un métier artistique. Elles pouvaient se retrouver dans des organismes à caractère religieux si leur situation était sans issu. Ne parlons pas de celles qui « s’en sortaient » de façon plus triviale.

Ce faisant les salaires féminins et masculins n’avaient strictement aucun rapport. Dans un très grand nombre de cas le revenu des femmes était un revenu de redistribution et non un salaire, en très grande majorité, même dans les ménages ouvriers.

La société faisait devoir aux hommes de travailler et d’épouser, et de nourrir la famille. Les entreprises familiales (agriculture, commerce, artisanat, petits métiers des villes) occupaient encore, dans les années quarante, plus de trois familles sur quatre. Ne parlons pas de la bourgeoisie aisée où l’on considérait que le travail des femmes était absurde, comme d’ailleurs leur besoin de faire des études supérieures, attitudes qui n’ont pas toutes disparu.

Trois phénomènes vont littéralement disloquer ce système millénaire.

Le premier est l’exode rural. Il commence en France sur une base massive avec l’arrivée du tracteur et des engrais qui changent la productivité dans l’économie rurale et de la mobylette… Cette dernière permet d’aller loin du village jusqu’au bourg et même à la ville. Les adolescentes rêvent de quitter la campagne et le font. En France cette révolution se fait au milieu des années cinquante, juste après la myxomatose. Comme le disait le Père Lucas, Raoul pour les intimes, à Bazainville en 1957 : « Pourquoi voulez-vous que cela marche si les lapins et les poulettes ont disparu ? C’est la mort programmée des villages ». Il avait vu juste.

Du coup un exode de femmes se met en place qui commence dans la France hercynienne, la moins productive du fait de sols ingrats (Vosges, Bretagne, Massif Central) qui conduira à un emploi massif de gens de maison dans les villes et, malheureusement, au développement d’une prostitution « régionale » autour des gares. Se constitue dans les villes et les banlieues une réserve féminine de travail qui est très mal vu des mouvements ouvriers et des syndicats, parce qu’elle « pèse sur les salaires ». Toutes les arrivées de migrants sont mal vues par les personnes en place. De plus les hommes regimbent car on leur fait devoir d’épouser et d’assurer la matérielle du ménage. Comment maintenir ces devoirs si la femme leur fait concurrence au travail ?

Le second phénomène est la guerre de 14-18 et la disparition ou la mutilation de trois classes d’âge masculines. Cela veut dire que trois classes d’âge féminines ne vont pas trouver « chaussure à leur pied ». Le mécanisme familial traditionnel ne fonctionne plus. Dans les faits ce sont près d’un million de personnes qui sont concernées. On sait que l’industrie de guerre a beaucoup fait appel aux jeunes femmes. Un problème de reconversion considérable se fait jour, et peu après la crise de 1929 frappe. En même temps les métiers tertiaires se développent à toute vitesse dans l’entre-deux-guerres et offrent des débouchés réels, d’autant que beaucoup de métiers nouveaux sont quasiment réservés aux femmes.

Donnons un exemple : le développement du grand commerce (Monoprix et Prisunic entre les deux guerres) voit se créer d’énormes services centraux. Le transport et le stockage sont réservés aux hommes pour des raisons qu’on peut considérer comme évidentes. Le travail administratif qualifié et non qualifié aux femmes. Les services sont dirigés par des mesdemoiselles. De plus en plus âgées. Elles sont assistées par des « secondes » et tout le personnel est féminin et très jeune. La très grande majorité quitte avant 25 ans, au mariage. Ce ne sont pas de petits services. La comptabilité fournisseurs, marchandises et générale des grands magasins et magasins populaires occupent près de 10 000 femmes à Paris en 1970. Les vendeuses dans les magasins forment des légions encore plus importantes. Toutes les grandes villes connaissent le même phénomène. Les caissières de supermarchés sont toutes des femmes, jusque très récemment.

Ces cohortes féminines ont permis le développement de ces secteurs commerciaux. La comparaison avec les salaires masculins n’a strictement aucun sens, puisqu’il n’y a pas d’homme dans ces métiers. Les salaires sont relativement faibles en valeur absolue par rapport aux hommes pour une raison simple : l’équilibre du marché. Il y a plus de demandes de travail que d’offres du côté des femmes et c’est l’inverse du côté des hommes. Les faibles salaires permettent un emploi féminin de masse et le développement d’activités qui sinon auraient été bridées. Les syndicats veillent à ce que les métiers soient bien séparés. Pas question de femmes à la SNCF dans l’effectif de « roulants ». D’ailleurs peu de femmes le souhaitent. Pas question de femmes non plus dans les métiers du bâtiment. Là encore, peu le souhaitent.

Ce phénomène durera longtemps, même dans les métiers nouveaux. En informatique les femmes investissent la perfo-vérif et la codification, les hommes la salle informatique et la manipulation des bacs à cartes perforées, avec un travail de nuit peu souhaité par les femmes. Encore en 1980, la vérification des radios chez Kodak, qui se fait « au noir » était un monopole féminin. Pas question de mélanger hommes et femmes dans le noir !

Même dans les métiers où la confrontation directe des hommes et des femmes est possible, les écarts de salaires perdurent parce que la disponibilité aussi bien quotidienne que de carrière n’est pas la même et qu’il y a plus de femmes pour postuler que d’hommes. Ce sera le cas notamment pour les analystes-programmeurs pendant très longtemps. En revanche dans les métiers de démarchages commerciaux, les femmes ont souvent des commissions supérieures aux hommes du fait d’une séduction supérieure de clients en général masculin et âgé. La vente de matériels de bureau, de matériels médicaux et d’encarts de publicité est largement conquise par les femmes, qui sont majoritaires et gagnent plus que les hommes.

Parler d’égalité homme femme n’a strictement aucun sens dans toutes ces évolutions. En fait ce sont les lois du marché qui règnent. On a voulu « marchandiser » le travail des femmes. Les choses s’ajustent. Les hommes et les femmes sont, en fait, rarement en concurrence. Ni les uns ni les autres ne le souhaitent.

La dernière évolution majeure est la mesure de Giscard qui détruit le mariage en autorisant le divorce à tout va. Cela brise totalement le système de protection de la famille. Les femmes peuvent se retrouver du jour au lendemain sans rien. Les hommes craignent que leur femme cède aux tentations qu’offre une vie loin de la maison. Les femmes qui ont choisi de « rester à la maison » s’ennuient, sont isolées et passent pour des gourdes. Elles se mettent à chercher du boulot. Leurs filles se lancent dans les études et les métiers dont beaucoup se féminisent à toute vitesse. Le droit, l’éducation, la médecine deviennent des secteurs à dominante féminine. Les Urssaf et autres administrations sociales sont des fiefs féminins. Du coup les hommes ne recherchent plus les métiers « gâchés », à leurs yeux, par l’arrivée massive d’une concurrence qu’il juge anormale. Mais puisqu’on ne demande plus aux hommes de se marier et de protéger le gynécée ! La recherche de postes stables dans l’administration est l’exercice de base de beaucoup de jeunes femmes dans les provinces comme à Paris. L’État est d’accord car c’est moins cher… La féminisation accompagne la prolétarisation des métiers d’enseignants.

Au carrefour de ces trois évolutions, dans un contexte de baisse de la croissance et de crises, il était inévitable que les différences de salaires soient importantes. Aujourd’hui s’ajoute la question de l’immigration. La question des différences de rémunération et de statut entre homme et femme se complique d’une question ethnique. Les stratégies d’emplois qui étaient différentes entre hommes et femmes se teintent de choix de vie où l’origine du collègue prend une place sérieuse.

L’Europe s’y met. Le travail détaché en Europe est de plus très majoritairement masculin. Les Chantiers de l’Atlantique emploient de masses d’étrangers masculins et relativement peu de femmes. L’immigration africaine est majoritairement masculine et les femmes africaines se placent dans des métiers de service à la personne où les hommes ne sont pas. Les métiers de sécurité absorbent une part importante des hommes noirs et là, pas de femmes.

Vouloir, au milieu de toutes ces tendances forcer les entreprises à prouver qu’elles pratiquent l'égalité des salaires est une simple concession démagogique et politicienne à des mouvements militants et n’a de sens que pour les métiers « normés » où l’interchangeabilité des hommes et des femmes, aussi bien à court terme qu’à moyen terme est possible. Les hommes infirmiers ont le même salaire que les femmes, mais les brancardiers sont des hommes ! Les enseignantes et les enseignants ont le même salaire, mais il n’y a plus d’hommes et les femmes laissées seules devant les jeunes, disons, turbulents de l’immigration exigent « des hommes, des hommes ». Au mieux cette politique répressive se retournera contre les femmes comme d’habitude, parce qu’on alignera sur les salaires les plus bas, là où l’offre nouvelle de bras est la plus grande.

L’activité économique préfère que les femmes travaillent : deux revenus font plus de clientèles et deux fois plus de travailleurs pèsent sur les coûts. C’est gagnant-gagnant. Mais les hommes et les femmes ont des stratégies économiques différentes. Les carrières ne s’insinuent pas dans les mêmes lieux et ne suivent pas les mêmes motivations, même si l’Unisexe s’est largement répandu. On peut le voir avec l’exemple de l’emploi homosexuel qui s’est largement spécialisé dans l’antiquité et l’art, les médias et la politique. Les minorités ont toujours des stratégies spéciales.

Il y aura donc toujours des différences de salaires et de rémunérations « genrées ». Mais différences ne veut pas dire inégalités. La violence bureaucratique ne peut que compliquer les évolutions en créant des frustrations qui auront, elles aussi, des conséquences. On retrouve les mêmes mécanismes que dans la politique de mixité sociale forcée.

Les causes du drame de la SNCF

On peut faire remonter le drame de la SNCF à différents moments : la crise de 1929 dont une des conséquences sera les difficultés financières sévères dans les industries de réseau comme le chemin de fer, dont les frais fixes sont importants et la recette très dépendante de la conjoncture ; la manie planiste du Front populaire et ses nationalisations qui voient un État laxiste, nécessairement laxiste, dépenser sans compter et épuiser les ressources du pays ; la guerre de 40 qui verra, lors de la préparation du débarquement et son exécution, une destruction systématique des gares et des ponts, après que les Allemands aient volé une grande part du matériel ; le choix politique de laisser la SNCF au Parti communiste et à sa dépendance Cégétiste à la Libération… Les clous dans le cercueil n’ont pas manqué.

La particularité de la France est de subir des crises économiques importées et d’y répondre en votant pour le socialisme qui aggrave les choses. Les Français adorent la double peine. Ils l’ont fait après la crise de 1922 en élisant le bloc des gauches et en 1936 avec le Front Populaire. Ils recommenceront après la crise de 1973 qui amènera Mitterrand, la crise de 1992 qui amènera Jospin et celle de 2008 qui nous vaudra Hollande. À chaque fois l’affaissement de la France en aura été accéléré. Et cela fait quatre-vingts ans que cela dure.

Quand on voit les choses avec un esprit uniquement pratique, une mesure aura été particulièrement dramatique : rendre impossible le licenciement des salariés de la SNCF. Il ne faut pas oublier que besoin de reconstruction et recrutement communiste aidant, la SNCF payaient directement ou indirectement 750 000 personnes en 1946, dont environ 500 000 cheminots. À l’époque, la SNCF était le premier employeur de France avec l’Éducation Nationale.

L’ennui, c’est que l’électrification du réseau et la poussée de l’automobile allaient conjuguer leurs effets pour réduire de façon drastique les besoins de personnels. Dès les années cinquante, la SNCF est obligée de porter un excédent de personnel supérieur 100 000. Bien sûr le personnel va diminuer mais très lentement et par mise à la retraite, rendant le régime de retraite incroyablement déficitaire.

Le résultat sera parfaitement conforme à ce qu’on pouvait imaginer : des déficits majeurs permanents ; la restriction constante du réseau ; le maintien de services inutiles pour conserver un maximum de personnes au travail et plus généralement aucun effort de productivité ; les déficits majestueux ; un sous-investissement constant ; aucune adaptation aux évolutions du marché.

« En même temps » l’organisation se dualise. D’un côté la Direction centrale, polytechnicienne pour l'essentiel, et les différentes équipes qui gèrent les silos de pouvoirs ; de l’autre le terrain, laissé à la cogestion syndicale.

La direction centrale s’emploie à empêcher toute concurrence, interdit la fabrication de camions et limite drastiquement les lignes d’autocars. Il faut « protéger la SNCF ». Mais la voiture et l’avion prennent leur essor. Contre la voiture, on a résisté des années à la construction d’un réseau d’autoroutes, fierté d’abord de l’Allemagne mais aussi de l’Italie avec l'Autostrada del Sol. Pompidou cassera ce tabou et la création d’un réseau d’autoroute devient un fait majeur. De même l’avion décolle comme moyen de transport de masse dans la même période, avec l’avion à réaction civil.

Devant ces évolutions qui ringardisent une institution qui non seulement commence à crouler sous les dettes mais aussi apparaît de plus en plus coûteuse et dépassée, les ingénieurs poussent à la création d’un réseau à haute vitesse, et s’inquiètent des projets d’aérotrain de l’ingénieur Bertin qu’ils s'évertueront à tuer dans l’œuf. D’autre part ils veulent tenir de nouveaux secteurs comme la location de voitures, la messagerie, tout en gérant des excroissances maritimes comme la SEALINK et la SNCM etc. Avec la mentalité cheminote ! Le résultat : des déficits géants.

Alors que l’exploitation quotidienne sombre, les équipes de direction exigent du pouvoir politique la création d’un TGV. Cela se passe juste au moment de l’arrivée de Giscard et… de la crise du pétrole.

Giscard a la réaction d’un énarque polytechnicien : oui à la technique mais gérez mieux et proposez des économies significatives. Une forme de Oui-Mais caractéristique du personnage.

Comme chacun sait le besoin d’énergie croît de façon exponentielle avec la vitesse. Passer de 140-160 km/h à 300-320, multiplie les frais d’exploitation par plus d’un facteur quatre. Il faut un réseau nouveau à construire en parallèle de l’ancien, car on ne peut pas techniquement aller à ces vitesses nouvelles sur l’ancien équipement au sol et il ne faut pas arrêter le transport marchandise et voyageurs. Il faut prévoir des budgets d’équipement insensés dont on sait dès le départ qu’ils ne peuvent pas être amortis. Les technos de la SNCF alliés aux hauts fonctionnaires de l’ENA vont décider de passer outre avec des conséquences dramatiques.

Pendant les dix ans d’investissements initiaux la SNCF va faire diminuer son effectif d’environ 40 000, au profit du régime de retraite… Des lignes non rentables sont fermées (pas toutes puisque pratiquement toutes sont déficitaires…). Les villes de passage et les départements desservis sont mis à contribution. On vend Europcar. Le fret s’effondre car on ferme de très nombreuses voies desservant des sites industriels. Par exemple le bois qui transitait majoritairement par le fer passe au camion. La messagerie commence à flancher. Les quelques efforts faits ne compensent pas la hausse du coût de l’énergie. Stop ou encore ? Ce sera encore, malgré la certitude d’un puits sans fond financier.

Avec l’arrivée de Mitterrand, les effectifs, qui diminuaient régulièrement augmentent à nouveau On passe de 248 à 252 000. Les socialistes ont rouvert des puits de mines dans le Nord, à la même époque en dépit de leur absence totale de rentabilité ! Cela durera deux ans. Les 4 000 cheminots recrutés pour la vie pèseront pour 25-30 ans dans les comptes de la SNCF et pour la même durée dans ceux du système de retraite, alors qu’on n’en avait absolument pas besoin. Une décision politique de gaspillage électoral à 10 milliards d’Euros. Pour les mines, il faudra dépenser 200 000 F pour liquider chaque poste créé ! Et allons-y !

Évidemment tout cela n’a qu’un temps. La direction de la SNCF est confiée à des socialistes bon teint et de plus en plus à des Énarques. La direction financière prend une place croissance. L’État, après des rapports alarmistes de la Cour des Comptes, exige dès 1984 que l’on mette en place une comptabilité analytique notamment dans les filiales. Comme des accidents ont commencé à endeuiller le réseau, la SNCF est obligée de se pencher sur le « vieux réseau » celui qui n’intéresse pas sa superstructure. Il va naturellement se retournez vers l’État pour se faire payer l’investissement nécessaire à la sécurité.

Pendant deux décennies la SNCF va continuer à fourguer les filiales non rentables, réduire son réseau, augmenter massivement ses prix, laisser tomber ou quasiment ses réseaux urbains, gonfler ses déficits et sa dette, tout en réduisant par transfert sur le régime de retraite ses effectifs à un rythme de limace. Vingt ans après les exigences d’effort de Giscard on a toujours 185 690 cheminots. Pour situer les idées, la « recette comptée » c’est-à-dire l’argent frais payé par les usagers, ne permettrait dans le privé, pour l’industrie du transport, que de justifier 45.0000 salariés. Le calcul du chiffre d’affaires est un peu alambiqué à la SNCF du fait de multiples « compensations » payées par l’état. La vérité est simple : on a toujours 100 000 salariés de trop. Et un peuple de jeunes retraités absolument démentiels.

Cet effectif travaille peu, moins de 28 heures pour les roulants, à peine 32 heures pour les autres, quand on tient compte de l'absentéisme et des décharges syndicales. En fait tout le monde s’en fiche, puisque de toute façon on ne peut pas licencier. Alors autant calmer les troupes avec le temps de travail, les heures syndicales, les jours d’arrêts maladie, les autres absences et divers avantages.

Seulement voilà, la crise de 1992 frappe le pays et met l’État dont les finances ont été désagrégées par Mitterrand et ses petits camarades socialistes, dans une situation désastreuse et très dangereuse. Balladur n’a pu que faire jouer les « amortisseurs sociaux » et lâcher la dette. Chirac, élu sur la réduction de la fracture sociale, est obligé d'envisager des plans drastiques de retour dans les clous, et cela d’autant plus que le Traité de Maastricht impose ses contraintes.

On aura Juppé et les grèves historiques que l’on sait, avec baissage de culotte généralisée et aucune réforme de la SNCF. On ne fera qu’abandonner les filiales et partiellement l'entretien des voies et du matériel roulant qui devient dégoûtant, tout en concentrant un investissement infinançable sur le TGV.

La pire décision sera d’investir dans le TGV Est, vers Strasbourg. L’investissement est colossal ; la recette d’exploitation ridicule en comparaison. En dépit de tout le lobby formé par la SNCF et les grosses entreprises qui fournissent le matériel parvient à sauver le plan d’extension des lignes TGV. La dette s’envole. Les Énarques arrivent de plus en plus nombreux. Ils y ont un double avantage : ils pourront cumuler les retraites et obtiennent des salaires mirifiques (pensons aux 52 000 euros par moi de Parly 2). Les directeurs nommés par l’État ont une consigne claire : pas de tensions sociales.

En même temps l’Europe au nom de la concurrence libre et non faussée exige que la SNCF perde son monopole. Sarkozy nommera un socialiste, membre actif de la communauté homosexuelle énarchique, pour mettre en place un plan d’apparence avec la transformation de la SNCF en Epic. Recommence la grande rigolade de la reprise de la dette par l’Etat pour créer les conditions d’une entreprise faisant des bénéfices et vouée à la bonne gestion !

Arrive la crise de 2008 et tout explose à nouveau. L’arrivée de Hollande a le même effet que celle de Mitterrand : les effectifs réaugmentent ! La hausse est légère : 152 652 en 2012 contre 152 454 en 2011.

Avec Pepy les pépins graves s’accumulent. Les accidents se multiplient. Le réseau francilien sombre. Les régions qui ont repris stupidement l’exploitation des lignes locales se sentent flouées : les raccordements au TGV se font à la discrétion de la SNCF ; il est impossible de rentabiliser les lignes avec le personnel détaché par la SNCF. Certaines régions vont faire des folies furieuses : Dieppe la communiste rachète les bateaux de Seafrance et le terminal anglais de Newhaven : les pertes abyssales s’enchaînent dénoncées avec ferveur par la Cour des Comptes. Rien n’y fait. Des rames vides circulent dans l’indifférence des électeurs. Le TGV commence à perdre beaucoup d’argent en dépit d’une gestion reprise de celle des avions. Il n’y a plus de prix. La complexité est partout et l’usager ne comprend plus rien.

Les lignes secondaires sont désormais le terrain de retards phénoménaux. Les accidents se multiplient. Les rames sur le réseau secondaire sont immondes, les pannes innombrables. Pépy a consigne de calmer le jeu. Il se lance dans la Com’ et s’avère pleurer très bien à la télé quand les drames surviennent ou faire du passionnel médiatique quand tout est paralysé. Beaucoup traitent le Président de roi de la com’ et d’incapacité chronique, mais ce n’est qu’un impuissant, puisqu’il a ordre de ne rien toucher qui puisse relancer les grèves de 1995, ce qui explique sa longévité, malgré la faillite.

Pour rire un peu rappelons que Hollande ira malgré tout jusqu’à proposer de créer une ligne de TGV desservant Tulle ! Le délire total. Lorsque le Président de la République est un guignol, les présidents d’Epic le sont aussi. Ces choses-là sont fractales.

Lorsqu’en 1997 j’écrivais sur le forum du Monde qu’il fallait supprimer d’urgence le statut de cheminots et faire descendre les effectifs de la SNCF au plus près des possibilités de recettes, c’est-à-dire autour de 100 000 personnes, les réactions furent, disons, énergiques. Vingt et un ans après on en est probablement entre 135 000 et 150000, preuve à la fois qu’une réduction massive était possible et qu’on est encore en sureffectif.

La comédie reprend comme en 2008 avec Macron. Comme avec Sarkozy, revient le thème d’un changement de statut. Pourquoi pas une société anonyme ? Et l’idée de limiter l'obscénité du statut de cheminot à ceux qui l’ont, les nouveaux arrivants devenant des contractuels. Comme toujours lorsque des projets de réforme de la SNCF sont engagés la presse est inondée d’informations qui montrent la nécessité de ne rien faire. Par exemple le bon peuple apprend que la SNCF ne parvient pas à recruter assez de conducteurs de trains ! Un comble : c’est normalement l’emploi roi. Et pourquoi réduire les effectifs alors qu’on manque de conducteurs ?

Parce qu’on est en présence d’un sophisme.

Il est sûr que si on recrute un garçon de 25 ans, (les filles trouvent majoritairement que les contraintes d’horaire d’un conducteur sont incompatibles avec une vie de famille), qu’on le forme pendant 5 ans, et qu’il part à à 52, la durée de vie active devient ridicule : à peine 25 ans en moyenne. Si on ajoute une durée de travail qui est proche, dans les faits, de 24 heures en moyenne seulement par semaine, disposer à tout moment du nombre de conducteurs nécessaires devient une gageure. D'autant qu'il y a désormùais mille combines pour ne pas aller au travail sans risque. Ne pas se présenter à l'heure dite pour un conducteur ou un contrôleur est pratiquement sans danger. La discipline n'existe plus depuis longtemps. Il faut dire que travailler dans des trains où on est seul et obligé de gérer des pannes continuelles n’a rien de folichon. Se voir confronter à des suicides, des accidents aux passages à niveau et la mort de migrants morts d’avoir pris trop de risques, n’a rien d’agréable.

Le délitement de l’entreprise pèse obligatoirement sur tous les postes de travail et la colère des « usagers » est désormais incontrôlable. Le plus curieux est la difficulté de trouver des candidats aptes : les nouvelles générations ont les oreilles défoncées par les sons trop forts dans leurs oreillettes, dans les salles de cinéma et de concert comme dans les boîtes de nuit. Or il faut avoir de l’oreille pour conduire des trains rapides. D’autre part la proportion de fumeurs de cannabis est excessive. Les destructions du niveau à la sortie de l’école ont leurs conséquences : il faut tout de même savoir lire et comprendre des textes, souvent réglementaires. L’éducation nationale n’arrive même plus à fournir en nombre suffisant des jeunes capables d’être conducteurs de train ! Encore bravo aux « pédagogistes » et à ceux qui à la télé, tels Ardisson ou Ruquier, militent pour ringardiser ceux qui lutte contre ile cannabis.

Par démagogie, on n’a même pas osé mettre fin à la SNCM, ce puits sans fonds irréformable. En même temps on a multiplié les investissements à l'étranger pour faire Entreprise mondialisée leader sur son marché, avec des rentabilités, disons, incertaines. Et on a augmenté les rémunérations de façon massive. C'est le grand avantage des EPIC : on peut faire ce qu'on veut en matière de rémunération. la respiration du portefeuille, pour les Enarques, est bien mieux ventilée.

Aujourd’hui on arrive au bout du chemin de croix. La France ruinée ne peut plus supporter une SNCF ruineuse. Il faut évidemment comme tous les autres l’ont fait partout à travers le monde, revenir à un contrat de travail normal tenant compte simplement des spécificités du métier dans le cas des roulants (mais pas des personnels administratifs). Il faut pouvoir réduire encore de 50 000 à 60 000 l'effectif de l’entreprise et changer le régime de retraite et la durée de travail, sachant que si on revient à la normale et à la concurrence une bonne partie des roulants pourra être repris hors du cadre SNCF.

Le plan Macron, comme le plan Sarkozy, est très en deçà du nécessaire. On voit poindre les demi-mesures et les compensations ruineuses. Ramener la dette SNCF dans le giron de l’État nous fait sortir des règles de déficit européennes tout en ruinant un peu plus l’Etat. L’idée d’un donnant donnant est absurde parce que la SNCF veut le beurre social et l’argent de la modernisation, ce que l’État n’a plus les moyens de faire. Alors on abandonne le tout TGV, sans que la modernisation du trafic local soit réellement confortée. Alors on propose la demi-mesure d’un abandon du statut pour les nouveaux entrants. Le nouveau conducteur recruté à 25 ans partira à la retraite six ans après la secrétaire de 20 ans recrutée un an plus tôt sous statut de cheminot ancien. Juste ? Alors, on ne parle que de pénibilité pour faire durer le régime de retraite absurde des cheminots et assimilés dans le nouveau système global.

Comme pour la loi Macron 1, dont le bilan n’a jamais été fait, comme pour la réforme du Code du travail, la nouvelle réforme sera l’occasion d’un nouveau bras de fer et n’aboutira après toutes les crispations qu’on peut prévoir qu’à des réformes de principes sans grandes conséquences sur les tares du système actuel, parce qu’on aura cédé dans l’arrière-cour des négociations pour éviter un blocage du pays.

Il est intéressant de relire les communiqués triomphant de Mme Parly alors directeur des finances de la SNCF en 2016.  Ils sont disponibles sur Internet.  Deux ans après on explique exactement l'inverse, alors que la conjoncture est meilleure. Où est madame Parly ? La communication autour de la SNCF est toujours du "foutage de gueule".Qu'on se rappelle les mirifiques projets de transport par rail des remorques de camions qui traversent la France pour aller vers l'Italie et l'Espagne ? Des semaines de promotion à la télé. Sauf qu'aucun proporiétaire de remorque ne voudra jamais la confier à la CGT ou à SUD Rail. Qu'on se rappelle également toutes les palinodies autour de l'écologie.  L'affaire Notre Dame des landes a bien montré que le rail est en fait moins écologique que l'avion ! L'usure des rails quand un TGV passe envoit tellement de particules fines que tous les projets sont bloqués quand il y a des vignobles ou même des vaches en grand nombre : le lait et le vin perdent leur qualité ou deviennent dangereux à consommer.

Certains voient dans le dépôt de bilan de la SNCF la seule solution. Espérons qu’on ne soit pas obligé d’en arriver là. À court cela n’arrivera pas : deux des ministres énarques de Macron ont fait leur fortune en travaillant à la SNCF. Les Énarques aiment bien cet abreuvoir.

Dans 10 ans, cela sera peut-être obligatoire. Ce n'est pas l'employé de la SNCF qui est en cause, ni même la majorité des cadres. La cogestion entre des démagogues à la tête de l'Etat et des régions, les intérêts de l'Enarchie, les ambitions de la technostructure, et l'absolue indifférence aux usagers ont été la cause des deux tares de la SNCF, le surinvestissement permanent et l'impossibilité d'adapter les effectifs au marché. Une recette efficace pour ruiner n'importe quelle entreprise.

 

Didier Dufau pour le cercle des Economistes e-toile

Le cycle décennal a-t-il disparu ?

Le cycle « décennal » est une des réalités les plus ancrées de notre histoire économique moderne, c’est à dire depuis l’émergence d’une économie capitaliste basée sur le crédit bancaire.  On suit sa trace depuis au moins deux siècles.  Pour s’en tenir aux dernières cinquante années, on passe de la crise de 73-74, à celle du début des années 80,  de la récession sévère de 1992-93 à la crise du début des années 2000  et finalement à la crise dramatique de 2008-2009.

Le schéma était parfaitement répétitif : une crise molle après une crise forte, un démarrage aux Etats Unis et dans les pays les plus engagés dans le commerce international qui se répandait ensuite à travers le monde, un choc boursier et bancaire qui se communiquait à l’économie réelle.

Naturellement il ne faut pas imaginer un cycle économique avec l’esprit de la mécanique. Les périodes ne sont pas strictement de dix ans. L’intervalle des crises peut se situer entre 6 et 12 ans. Les mécanismes sont toujours un peu différents, parce qu’une crise survient en général là où on l’attend pas.

Depuis Clément Juglar qui est le premier à s’y attacher, on sait que la cause principale des crises est le crédit bancaire. Dans une période d’euphorie, les agents sont pleins d’optimisme et surinvestissent. L’expansion est financée par le crédit bancaire. Mais le surinvestissement guette. Lorsque l’offre a dépassé trop la demande, certains crédits se trouvent aventurés et ne peuvent plus être remboursés. Les banques vacillent, le crédit se bloque, les pertes d’accumulent. L’économie connait une dégringolade jusqu’à ce que les pertes soient absorbées. Elle repart alors du fait de son dynamisme intrinsèque.

L’erreur de Juglar, souvent répétées depuis, a été de croire que l’économétrie permettrait de prévoir les crises. Ses modèles se sont plantés justement parce que l’affaire est largement psychologique et que chaque crise est légèrement ou profondément différente de la précédente dans ses conditions de déclenchement et ses modalités de détail. La structure de l’économie change et les problématiques internes se déplacent. Le cycle se situe toujours dans un contexte politique, économique, administratif, qui évolue. Difficile de comprendre la crise de 29 sans tenir compte de la guerre de 14. Les crises récentes ne sont pas sans liens avec le système monétaire international.  Ce n’est pas la même chose qu’une économie où les états ne dépensent pas plus de 20% du PIB et une autre où ils dépensent 58%. De même une économie basée d’abord sur l’agriculture, n’est pas exactement la même qu’une économie de l’information.

Il n’empêche que les crises décennales sont principalement endogènes. Les idées dominantes, mais fausses, de notre époque, sur jouent le rôle des « cygnes noirs » et des chocs externes. La « disruption » a explosé dans le vocabulaire de la crise pour dédouaner les vraies responsables et leur permettre de maintenir des systèmes dangereux et explosifs. Elles sont même doublement endogènes. Le rôle du crédit et de son cycle psychologique est majeur. Chaque marché a son propre cycle. Le cycle du bâtiment est un cycle long. Le cycle de l’automobile est associé au marché du renouvellement. Il est plus court.  L’équipement de maison a aussi sa périodicité qui correspond au vieillissement et au jeu des générations.  En fait presque tout est cyclique dans les marchés. Que l’on pense simplement aux saisonnalités. On peut imaginer une théorie des cycles qui ressemble à celles des vagues : la houle et le vent peuvent s’annuler ou se conjuguer et parfois générer une vague scélérate qui balaie tout.

Entre les variations de contexte et les vagues internes à chaque marché, qui sont en constante transformation (le boom de la téléphone mobile n’a pas exactement les mêmes conséquences que celui du chemin de fer au XIXème siècle), il est parfaitement normal que le cycle décennal ait toujours présenté des variances assez profondes.

Les seuls points récurrents : le décalage entre les crédits souscrits et la capacité des marchés à rentabiliser les investissements faits, avec des conséquences bancaires majeures ; la correction violente et universelle des marchés financiers ; le désordre dans le commerce international.

Avec l’abandon des disciplines de Bretton Woods, le monde a vu revenir les crises dures. Les énormes déséquilibres de balances de paiements, par le jeu des doubles pyramides de crédit décrites par Jacques Rueff, nous ont fait passé progressivement à une économie baudruche, avec un ralentissement constant du rythme de la croissance et tous les 20 ans une crise extrêmement sévère (73-4, 92-3, 08-09 ).

La dernière a même été si sévère et la récession si profonde, qu’elle a changé radicalement les conditions habituelles de la réflexion économique. « Cette fois ci ce n’est plus la même chose ».  Elle a pris complètement à revers les économistes qui comme Rogoff considéraient que le cycle n’existait plus et qu’on avait trouvé la clé d’une croissance heureuse, permanente et  sans crise, et aussi  toutes les politiques mondialisantes basées sur des marchés ouverts, régulés par les seules banques centrales, et supposés s’ajuster moins brutalement quand on leur lâchait totalement la bride.  

La seule politique économique globale qui pouvait être menée sans casser tous les codes de la mondialisation américaine était d’étouffer les banques tout en alimentant les Etats en argent gratuit pour faire face à des endettements publics devenus monstrueux. Cet endettement supposait que la fiscalité soit augmentée également massivement. On a donc vu pendant 10 ans une économie mondiale entièrement entravée par les dettes, les pertes bancaires à écluser progressivement et les impôts. La peur étant partout et l’espoir nulle part, nous avons connu une économie vacillante et incohérente où la spéculation restait la maîtresse du jeu et l’investissement un fantôme.

La peur d’une nouvelle crise bancaire qui n’aurait pas pu être jugulée et qui aurait tout emporté a provoqué la mise en œuvre d’un étouffement bancaire absolument invraisemblable. Tout mouvement de fonds est épié et dénoncé. Il faut justifier toute entrée d’argent et toute sortie. Les banques ont été autorisées à taxer l’usager en même temps qu’on imposait le passage par les banques pour tout mouvement de fonds, même faible. L’argent des banques centrales a été canalisé vers les Etats pour leur permettre de respirer.  Les taux très bas ont rallumé partout la spéculation et la hausse des marchés financiers,  surtout aux Etats-Unis, sauvés partiellement par leur rôle d’émetteur de la monnaie mondiale et la moindre sujétion de leurs banques. Le Financial Times de la semaine dernière a publié d’excellents graphiques qui montraient que la monnaie créée n’allait que très partiellement vers l’économie réelle sous forme d’investissement industriels ou commerciaux. Les sociétés côtés préféraient convertir leur cash en hausse des cours par annulation d ‘actions plutôt que de l’investir.  

La reprise d’après récession se produisait en général trois à quatre ans après la pointe de la récession. Elle pouvait être assez rapide.  Il a fallu cette fois-ci attendre 2015-2016 pour voir se rallumer les feux d’une reprise, soit sept à huit ans. Un retard de trois-quatre ans, avec des taux de croissance ridicules de 1 à 2%. 2017 a vu une accélération de cette reprise, avec le rallumage de deux moteurs essentiels : le commerce international et l’investissement productif. Mais c’est la reprise de l’immobilier qui a dessiné l’essentiel du mouvement de hausse du PIB, du fait des taux d’intérêt historiquement faibles. Et les banques centrales se sont vite inquiétées de l’arbitrage des grandes entreprises empruntant à tout va du fait du différentiel entre le coût du capital et celui de la dette. Les banques centrales appuient donc en même temps sur le frein et sur l’accélérateur. Plus aucune décision n’est prise en fonction des marchés mais uniquement des opportunités d’argent gratuit.  

Quels que soient les déséquilibres, les grands instituts prévoient comme d’habitude une bonne prochaine année et une année suivante encore meilleure. Les modèles de prévisions étant toujours basés sur des projections fondées sur les évolutions du passé récent, que l’on corrige de façon stochastique, quand cela va mieux cela va toujours aller encore mieux. Nous voici donc avec des prévisions très favorables pour les deux années qui viennent, l’OFCE allant jusqu’à prévoir cinq années de croissance continue et créatrices en emplois.

Du coup, où est passé le cycle décennal ? Est-il mort et enterré ?

Dans un premier schéma nous avons imaginé que le scénario habituel pourrait provoquer une accélération de la croissance en 2016-2017 avec un ressac en fin d’année. Nous l’avons corrigé en allongeant la séquence. Dans cet esprit, le cycle aurait été simplement déplacé dans le temps. La reprise ayant trois ans de retard, la mini récession « décennale » aurait elle-même trois ans de retard. Sachant que l’intervalle moyen est de 8.8 ans, nous passerions à 11/12 ans, ce qui nous amène plutôt à 2019-2020.  C’est plus que notre dernier recadrage qui envisageait un risque de mini correction conjoncturelle entre 2018 et 2019, ce qui est incompatible avec les prévisions du FMI, de l’OCDE, de la BCE, bref de tout le monde.  Si l’OFCE a raison, qui ne voit aucun recul pendant de longues années, il n’y aurait pas retard du cycle mais disparition du cycle.

Faut-il croire à la disparition du cycle ?

On ne peut pas nier que certains arguments sont solides. Comme nous l’avons vu le moteur des crises est l’exubérance bancaire et un optimisme qui se débride totalement. Or le moteur bancaire a été totalement étouffé par la réglementation et le poids des pertes accumulées. Il n’y a pas (pas encore) d’euphorie. Curieusement, les investisseurs mondiaux se sont mis à croire au cycle et voient dans le décalage entre la valorisation boursière et le niveau des cours une cause d’inquiétude. Deux ingrédients majeurs d’un renversement de cycle manquent.

Bien sûr la réactivation d’une croissance tirée par le commerce international ( entre 4 et 5% en 2017) relance les risques de déséquilibres majeurs de balances de paiements, avec leurs effets habituels de création monétaire sans contrepartie, en même temps que l’absence de la récession attendue pour 2017-2018 est de nature à faire renaître l’idée qu’un monde nouveau sans récession est en train d‘advenir. On peut également remarquer que les contraintes bancaires ont provoqué le développement d’une finance extra bancaire non régulée et mal connue qui a également ses propres dangers.

Comme toujours si un craquement doit se produire, il prendra les observateurs par surprise. Réciproquement la grande surprise serait qu’une croissance continue et forte se mette en place pour de longues années, sans le moindre cahot.

A ce stade nous préférons encore parler de cycle différé. Mais l’affaire devient intéressante.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile

“Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes.”

Lorsqu’en 1997, j’ai sorti cette citation de Bossuet sur le forum du Monde, elle n’était pas aussi connue qu’aujourd’hui, reprise qu’elle l’a été, par exemple, par Eric Zemmour. Il est amusant ou consternant, comme on voudra, de se rappeler qu’elle accompagnait une réflexion sur certains sujets qui sont aujourd’hui encore au cœur de l’actualité.

-          Le SMIC

Le SMIC est une machine à créer du chômage structurel. Il fallait rester dans la philosophie de SMIG par branche et décentralisée par bassin d’emplois. Pourquoi ? D’une part pour laisser ces discussions au dialogue entre patronat et syndicats salariés. En transférant la fixation des minima aux gouvernements, on privait de matière première le dialogue social et on se mettait entre les mains de la démagogie. Les démagogues du « coup de pouce » n’ont pas tardé à se manifester et le salaire a cessé d’être le prix d’équilibre du marché du travail. Cela d’autant plus qu’on n’a pas cessé de le « charger », avant de cesser les coups de pouces devant les conséquences, et de le « décharger » artificiellement, en transférant les charges à d’autres. Le coût de la vie n’est pas du tout le même en province et à Paris et dans les autres zones de haut revenu. La conjoncture varie. Il est tout à fait normal que les décisions soient prises à l’échelon le plus opérationnel où le contact avec la réalité est le plus net.

-          La retraite

Il fallait revenir le plus vite possible à la retraite à 65 ans puis la porter à 67 ans. Cela fait maintenant quarante ans qu’on tergiverse. En ruinant le pays et maintenant les retraités, soumis à la double peine CSG augmenté de 26 % et inflation qui remonte à 2 %. 28 % de baisse de revenu en une année ! Et ceux qui avaient investi dans la pierre pour compléter leur retraite seront massacrés. Bravo pour la justice sociale !

-          La gratuité de la sécu

Tout le monde devrait savoir que la fausse gratuité, en vérité la séparation entre les payeurs et les bénéficiaires, aboutit automatiquement à un déchaînement des dépenses qui devient vite intolérable. Il suffit de se remémorer « la gratuité du pain » édictée par Fidel Castro pour montrer que le socialisme c'était la fin de la faim. Au bout de trois jours, les paysans ont commencé à donner du pain à leur cochon et d’une façon générale la demande s’est envolée. Le gouvernement n’a plus pu payer. On a condamné à mort et exécuté quelques paysans et quels consommateurs abusifs, et on a mis fin au système. Ce type de gratuité a toujours le même effet : constriction du producteur et disparition de l’offre ; débordement de la consommation que le payeur public ne peut plus payer. Ajouter une organisation soviétique et vous mettez par terre le secteur où s’exerce la gratuité. Voici donc qu’il n’y a plus de médecins, qu’on attend des mois une visite chez les spécialistes, que les erreurs médicales deviennent légion, qu’on accouche à 40 km de chez soi, que tous les médicaments sont produits à l’étranger selon des normes qu’on préfère ne pas trop regarder de près (L’Inde et la Chine ont désormais le monopole des excipients et d’une bonne partie des molécules), alors que les populistes vomissent la mondialisation (sauf quand elle permet de retarder l’explosion de la sécu).

L’attaque de Juppé contre la partie sécu du plan Fillon a montré que toucher à cette vache sacrée avait des effets électoraux monstrueux. Alors laissons mourir en paix le remarquable système de soins mis en place depuis le XIXe siècle.

-          L’orthographe

Depuis mai 1968, elle est « fasciste » et le moyen de la « reproduction sociale » et « du gonflement des inégalités ». À peine 10 ans après 68, à l’Institut d’Etudes Politiques de paris, les maîtres de conférences et professeurs ont reçu une directive de la direction exigeant de ne plus tenir compte des fautes d’orthographe. Maintenant on ne veut plus de dissertation parce que les élèves n’ont pas été instruits de cette discipline. Il est vrai que les dernières que j’ai pu corriger présentaient des défauts incroyables : jusqu’à 50 fautes dans 8 pages ; pas de plan ; des fautes de français à n’en plus finir ; des mots à la place d’autres. Quand on se rappelle des règles « zéro pour 5 fautes », « pas de correction après la dixième faute », cela faisait bizarre.

Nous avions dit en 1997 que le système scolaire était dans une spirale descendante, les nuls engendrant de plus nuls encore dans le corps enseignant. Aujourd’hui la masse des « enseignants ignorants » veut mettre à l’index ceux qui ont de l’orthographe et qui sont un reproche quotidien ! On s’est effondré dans tous les classements. Et les demi-intellectuels (demi est plutôt emphatique) de gauche qui peuplent les médias continuent à chanter à tue-tête : « reproduction sociale » et « gonflement des inégalités » pour critiquer et empêcher toute mesure de redressement.

Sur ces quatre sujets la classe médiatique et les politiques ne veulent pas céder, alors que le gouffre s’est ouvert sous leurs pieds (chômage délirant, déficits abyssaux, déserts médicaux, ruine des retraites, dégringolade culturelle absolue et relative).

Tout était connu il y a vingt ans. Mais dès 68, il y a un demi-siècle, on savait quelles seraient les conséquences. Comme on savait que le déchaînement de la pornographie et de la libération sexuelle se retournerait contre les enfants et les femmes. Il y a eu Dutroux et la réaction contre la pédophilie. Désormais on « dénonce son porc » et on fait des reportages télévisés sur les « frotteurs du métro », en même temps que les suprémacistes musulmans dénoncent la société occidentale corrompue et fait sécession.

Mais oui, l’immense Bossuet, probablement le dernier grand maître de la langue française, qui savait dire en dix lignes ce qui prend un livre entier aujourd’hui, avait raison. Dieu rit peut-être. Pas nous !

Perseverare diabolicum !

Amen.

La pauvreté et immigration de pauvreté

Le pourquoi du grand silence des économistes

Peut-on parler de la pauvreté et de l’immigration de pauvreté sans provoquer aussitôt des crispations idéologiques et partisanes majeures qui rendent toute réflexion partagée impossible ? C’est un de ces sujets qui vous amènent au point Godwin en un instant. Nous savons les risques d’incompréhension que nous prenons, à vouloir aborder ce thème.

Toute l'économie politique est basée sur la création de richesses : lorsque la richesse globale augmente, la pauvreté recule. On ne parle plus alors de pauvreté absolue mais seulement de pauvreté relative, par nature impossible à corriger, puisqu’elle glisse avec le taux de croissance par sa définition même. On est toujours le pauvre de quelqu’un. Lorsque des mesures politiques sont prises pour réduire la production globale, la pauvreté augmente. Réciproquement la création de richesses se produisant quelque part et pas ailleurs, provoque immédiatement une inégalité de la richesse par tête. On en a déduit presque partout depuis l’accélération de l’enrichissement économique des nations, c’est-à-dire depuis au moins 200 ans, qu’il fallait accepter cette inégalité quitte à la corriger pour ne laisser personne dans la misère. Ce qui a été fait pratiquement dans tous les pays développés, même si les modalités divergent.

Depuis la révolution française et surtout depuis Marx, certains ont considéré qu’il fallait liquider les classes possédantes pour permettre à la masse de quitter l’état de pauvreté, l’égalité étant le seul vecteur de la vraie richesse. L’URSS et les différentes républiques populaires ont tenté de mettre en œuvre cette idée. Avec les résultats que l’on sait : 100 à 150 millions de morts, des milliards de vies gâchées et un effondrement complet dans les années 1980, la Chine se convertissant à un capitalisme d’état, sous férule dictatoriale, et l’URSS disparaissant. L’Inde et l’Indonésie, qui végétaient en pratiquant une sorte de socialisme d’État mâtiné d’archaïsmes divers, ont également décidé de se lancer dans l’économie de marché.

En une trentaine d’années, 1 000 000 de personnes qui étaient maintenues dans la misère (moins de 55 euros par mois), sont sortis de l’extrême pauvreté dans les ex-Républiques Populaires et dans les pays qui suivaient les recettes soviétiques.

L’extrême pauvreté est encore très générale en Corée du Nord. L’immonde Mugabe, star de la gauche socialiste tiers-mondiste, a ruiné son pays et réduit son peuple à la misère. En Amérique du Sud, Chavez et Maduro ont ruiné un pays riche, le Venezuela, et ont réduit à la misère des centaines de milliers d’habitants.

On en conclura que le « socialisme réalisé » aura été un vecteur effroyable de misère et que la meilleure solution aura été d'en sortir, en espérant que les derniers pays victimes puissent le faire assez vite.

La misère est, sinon, essentiellement le fruit des guerres internes ou externes. En Europe, dans les zones de combat comme l’est de l’Ukraine ou le Kosovo, pseudo-État dirigé par des criminels sordides et avérés, la pauvreté s’est accrue, provoquant l’exode des Kosovars (ce qui est un comble pour des gens à qui on a attribué le pays d'une autre nation) et des tensions extrêmes sur les marges de la Russie.

En Afrique et au Moyen Orient, les deux sources de pauvreté généralisée ont été les guerres islamistes et les guerres tribales. Pour simplifier, tous ceux qui poussent à la guerre extérieure ou intérieure sont les responsables principaux de la pauvreté. Dès que l’on quitte le socialisme, le terrorisme et le bellicisme, la prospérité revient peu à peu.

Il est vrai que ces constats sont rarement faits dans la presse française, les journalistes considérant que, pour avoir les postes qui rapportent gros, il faut faire sa révérence aux thèses gauchistes les plus rétrogrades, syndrome d’un « complexe de gauche » qui n’a jamais été guéri en France. Cela pourrait n’être que ridicule. Malheureusement les idéologies violentes s'enchaînent : après le socialisme violent et criminel, voici, avec les mêmes procédés, l’islamisme violent et criminel où la barbarie insigne est assumée, avec les mêmes méthodes, parfois avec les mêmes suppôts, comme le montre l’exemple d’un Edwy Plenel qui a glissé du socialo-fascisme à l'islamo-fascisme avec la facilité du « Pied Rouge » trotskiste sûr de lui-même et dominateur.

Désormais la mouvance socialiste ne parle plus de pauvreté mais d’égalité. Le socialisme militant n’est plus une lutte contre la pauvreté (un thème qui a été laissé à l'Abbé Pierre et aux Restos du cœur) mais un combat contre les riches. Le nouveau Doriot, un certain Mélenchon, a hier encore hurlé à la mort des riches « dont la France n’a pas besoin », avec les accents de Staline dénonçant les Koulaks, avant d’en tuer une dizaine de millions. Et la presse s’extasie. Le pauvre Merluche (soumis à l’ISF tout de même) était, paraît-il, déprimé. Une larme de compassion, SVP, pour un cyclothymique bipolaire qui parle si bien. Le voilà requinqué d’avoir incité de la façon la plus outrancière à la haine sociale. La presse applaudit cette magnifique résurrection par l’abjection hystérique.

Pas les pauvres. Ils n’espèrent rien de notre Chavez national. Ils ont raison.

Est-ce que cela clôt la question ?

Certainement pas.

Une source indiscutable de la pauvreté est à chercher dans la violence des crises périodiques. Ces crises internes au capitalisme financier doivent être comprises, prévenues et jugulées. C’est une des vocations de blogs de chercher les causes et les solutions. Ce qu’a prouvé le socialisme « réalisé », c’est l’influence de l’organisation. Une organisation défectueuse crée de la pauvreté. Nous prétendons que les crises récentes ne sont pas « intrinsèques » ni « constitutives » du capitalisme financier, mais le résultat de défauts majeurs d'organisation, provoqués par des conceptions erronées, en général fille d’objectifs politiques d’où l’économie est en tout ou partie absente.

Dénoncer les dysfonctionnements et proposer des remèdes est, pour nous, le propre de la réflexion économique et la seule qui peut conduire à la réduction de la pauvreté et la misère là où elle demeure, tout en sachant qu’il s’agit d’une condition nécessaire mais pas suffisante.

En dehors de ces phénomènes globaux, il peut exister des modalités d’organisation de détail plus ou moins défavorable à la sortie de la pauvreté.

L’État, en France, ne sait pas gérer la pauvreté. Il se débarrasse de la question sur des associations par un arrosage financier qu’il répugne à contrôler, et en abandonnant la répression des attitudes anciennement dites « asociales ». La mairie de Paris loge désormais des clochards au milieu des HLM, ou dans des appartements de luxe rachetés à prix d’or, faisant deux victimes, les voisins et le clochard lui-même qui est en général totalement incapable de s’assumer dans un tel cadre. La carte de paiement qu’on leur donne est appelée par eux-mêmes : le « RSA-pinard ». Et ils campent devant les supérettes où ils viennent acheter leur boisson favorite.

On sait que près de 2 millions de jeunes traînent hors de toute activité ou scolaire ou de travail. Ces « disoccupati » sont à l’origine d’une délinquance dite « légère » mais qui n’est plus ni poursuivie ni sanctionnée. L’assistanat permet de maintenir ces groupes hors de la vraie pauvreté mais pas hors de la rue.

En Europe, la règle a été qu’il fallait traiter les Européens étrangers comme ses propres citoyens. L’élargissement de l’Union Européenne aux ex-pays socialistes de l’est du continent a provoqué un afflux de pauvres. Il y a six millions de Roms ou équivalents entre la Hongrie, la Roumanie, la Bulgarie et les pays voisins. Leur migration n’a pas cessé notamment depuis l’an 2000. En France le nombre de bidonvilles Rom croît régulièrement : 100, puis 200, puis 400 et plus de 500 aujourd'hui, avec près de 500 000 Roms. Il n’y a plus une boulangerie ou une supérette sans son mendiant Roms, en même temps que s’étalent sur les trottoirs les plus fréquentés des grandes villes des « familles » entières, alors que quêter avec enfants est strictement interdit. Lorsqu’un bidonville crée un abcès trop grave, on le détruit. Il se reconstruit un peu plus loin. Il y a plus de mendicité aujourd’hui à Paris qu’à Calcutta ! Au rythme actuel nous aurons 1 million de Roms en France dans 20 ans. L’Allemagne, la Suisse, l’Italie connaissent des situations comparables. Un tiers des populations Roms d’Europe centrale se sont déplacées vers les parties riches du continent. Dans un silence de plomb. Pas question d’évoquer cette migration forcenée pour ne pas être accusé de racisme et de promotion de nouvelles chambres à gaz. Chut !!! Les gouvernements Hongrois, Bulgares et Roumains sont aux anges. Ne restent au pays que les riches chefs de clans et gangs, dans des palais somptueux. Les subventions européennes peuvent être détournées à d’autres objets. Chut !!!

Dans le monde, l’ONU a déclaré que la natalité n’était pas de la responsabilité des États et qu’il appartenait aux migrations « souhaitables » de réduire les tensions qu’une surnatalité provoquait. On voit donc des États africains qui laissent se développer une natalité galopante qu’ils ne peuvent plus et ne veulent toujours pas maîtriser. On sait qu’en 2050, à ce rythme, l’Afrique aura 1 milliard d’enfants de plus et qu’environ 400 millions chercheront à sortir de la misère obligée en migrant vers l’Europe, qui, elle s’enfonce dans la dénatalité généralisée. Les dispositifs d’aide sociale ne peuvent absolument pas absorber un tel afflux. On a vu qu’en France, on était totalement incapable de régler correctement un afflux de 500 mille pauvres en vint ans. Et que les populations, partout en Europe, n’étaient pas d’accord pour ce « grand remplacement de population ». Le cas de l’Allemagne et les difficultés de Mme Marcel sont aussi clairs que les réactions « populistes » en France, en Pologne, en Hongrie, en Autriche, etc.

Le transfert de la misère dans un contexte où il est interdit d’interdire et où l’économie mondiale ne connaît plus de croissance rapide est un des grands enjeux du temps. D’autant plus en Europe qui croît encore moins que le reste du monde. D’autant plus en France qui est à la traîne du reste de l’Europe. On vient d’y connaître 8 années de baisse du revenu par tête, la montée du chômage à 4 ou 5 millions et le développement d’un groupe de 7 millions de personnes économiquement fragiles. L’afflux d’immigrants pauvres est évidemment très mal vécu. La pauvreté importée met à l’épreuve toutes les tentatives faites pour maîtriser la misère locale et crée évidemment une « dé civilisation » qui se voit tous les jours dans la rue et dans les déficits publics.

L’économie ne fait pas de différence entre les races, les religions et les nationalités. Un afflux de nouveaux entrants est toujours considéré par les économistes comme favorable dès lors que les entrants deviennent producteurs et épargnants et investisseurs et consommateurs. L’important est qu’ils travaillent. En économie, « plus on est de fous plus on rit », plus on est nombreux plus on échange, plus on est riche, lorsque l'augmentation de population est graduelle et son insertion organisée. L’erreur de Malthus, qui ne l’avait pas compris, est désormais bien assimilée. C’est sans doute ce qui explique la mise en accusation de « l’économisme » par des gens qui regrettent, comme Eric Zemmour, le grand remplacement, mais aussi par les écologistes qui voient dans la hausse de la consommation la mort de la Terre.

La démographie est la partie la plus riche en mythes de toute l’économie politique. Alfred Sauvy l’avait bien compris. On voit tous les jours s’étaler dans la presse l’idée que la productivité crée du chômage, que les solutions chères sont les meilleures car elles créent de l’emploi. La numérisation et les robots, avec l’intelligence artificielle, tueront l’emploi hurlent les imbéciles qui sont incapables de remarquer que les pays où le chômage est le moindre sont ceux qui ont le plus informatisé leurs processus et qui ont le plus grand nombre de robots.

Le problème n’est pas dans l’emploi détruit mais dans celui qui n’est pas créé. Un pays qui voit l’État confisquer 100 % de la valeur ajoutée des entreprises ne peut pas créer les emplois nouveaux nécessaires en nombre suffisant.

La France, contrairement à ce qu’on croit, est un pays sous-peuplé, n’en déplaise à tous les malthusiens qui croient que nous y sommes trop nombreux. L’exode rural et la dénatalité ont conduit en partie à la désertification de certaines zones mais surtout à cette réalité délicate : l’existant ne peut plus être financé, dans la mesure où le niveau de vie des intervenants fonctionnaires ou non doit être augmentée régulièrement.

C’est la raison principale du manque de rentabilité des trains régionaux, de la poste, des agences bancaires, des métiers médicaux, des commerces. À ces causes s’ajoutent naturellement des évolutions aggravantes : la Sécurité Sociale qui veut paupériser les généralistes et centraliser les spécialistes, le régime insupportable financièrement des cheminots, le grand commerce qui s’est installée dans les banlieues des villes moyennes, la hausse du coût du pétrole, les DDT ex DDE qui gâchent l’argent public en enlevant puis remettant les haies et en créant des ronds-points, l’organisation soviétique de la campagne avec les Modev et la ruine des propriétaires terriens, accélérée par les décisions de justice à sens unique, Les églises ferment faute de paroissiens mais aussi de vocations. L’écologie fascisante qui prône un immobilisme total et le blocage violent de tout équipement régional, joue également son rôle détestable pour conduire à la déréliction des villages et des provinces.

On comprend que tous les maires des petites villes et leur population veulent simplement vivre aux crochets de l’État. Si le nombre des fonctionnaires locaux et régionaux a explosé, c’est largement pour ces raisons. Ce qui n’a fait qu’aggraver les choses. Le goût pour la maison Sam’suffit a joué également son rôle. Le pays est mité de constructions qui imposent des déplacements en voiture et un approvisionnement hors des centres-villes. La population française est partiellement responsable de ses propres problèmes. Une des raisons du chômage de masse en France est l'impossibilité de recruter dans de nombreux villages de France, parce qu’il n’y a plus assez de naissances, que les jeunes sont partis et que l’immigration est absente. On a trop de jeunes immigrés dans les banlieues pas assez dans les provinces. L’imbécillité de la politique de Mme Hidalgo qui charge certains quartiers parisiens d’immigrés (35 % dans le 14e arrondissement de Paris par exemple), alors qu’il faudrait les envoyer dans les villes petites et moyennes françaises, est remarquable d’inconséquence.

Le Japon, qui est passé de la baisse de la natalité à la baisse de la population, étudie depuis plusieurs années les conséquences dramatiques sur l’impossibilité d'entretenir le bâti et les structures existantes. Il refuse toute immigration. Jusque quand ?

Concluons. Traiter les questions de pauvreté et d’immigration pauvre est comme passer une charrue dans un champ de mines. Comptons le nombre de faits évoqués dans ce simple message qui peuvent déclencher d’horribles polémiques.

-          Le meilleur moyen de sortir de la pauvreté est de sortir du socialisme

-          La transplantation de l’ensemble des Roms des pays centraux vers la France et les pays riches conduit à une forme de dé civilisation

-          La technologie n’est pas la cause du chômage

-          On manque de bras en France qui est dépeuplée dans la plus grande partie de son espace

-          La Sécu aggrave les choses en massacrant l’offre de soins

-          Le goût de la maison individuelle aggrave tout

-          La grande distribution est inévitable dans une France rurale dépeuplée.

-          Il faudrait plus d’immigrés en province dans les villes moyennes.

-          On n’en saura pas accueillir en Europe les 400 millions de nouveaux Africains.

-          La surfiscalité aggrave tout

-          Le système monétaire est dysfonctionnel

-          L’euro est un système également dysfonctionnel

-          …

Il y a là de quoi se faire assassiner vingt fois. Ou cent ou mille ! De tous les côtés. Aucun ménagement à attendre :

-          Des socialistes

-          Des Libéraux

-          De l’extrême gauche

-          Des Verts et assimilés

-          De l’extrême droite

-          Des racistes et xénophobes

-          Des féministes

-          Des anti racistes

-          Des européistes

-          De Zemmour

-          Des fonctionnaires

-          Des paysans

-          Des Américains

-          Du monde de la finance

-          Des Européistes

-          Des organisations syndicales

-          Des maîtres-penseurs

-          Des banquiers et des maîtres de la finance

-          De l’Inspection des finances

-          .

Cela finit par faire beaucoup.

Donc les économistes officiels ne peuvent que se taire. Et ils le font très bien. Le thème de la pauvreté est réservé au tiers-monde « ruiné par la globalisation » alors que c’est l’inverse. En France on s’étripe sur les inégalités par déciles ! Vive les études sur le microcrédit, les monnaies « citoyennes » et les initiatives microlocales d’autosuffisance et les toilettes sèches.

Donc les démographes ont déserté le terrain se contentant comme Le Bras d’alimenter le politiquement correct dominant en études malhonnêtes tant les partis pris sont prégnants.

Donc les politiques grattent les plaies sans chercher de vraies solutions.

Une honte intellectuelle et nationale, mais des blocages invincibles.

Anniversaire du blocage financier de 2007 : toujours les mêmes erreurs

En dix ans aucun progrès dans la compréhension des mécanismes du désastre

On pourrait penser qu’avec le temps, la crise de 2008 aurait été comprise dans la totalité de ses dimensions et qu’on éviterait, 10 ans après le blocage du marché interbancaire dès l’été 2007, anticipant la récession globale, les mêmes fausses explications et les mêmes simplismes qui ont été la règle dans les instances officielles et, par contagion, dans la presse. Le côté amusant de l’affaire est de voir coexister un commentaire débile et sa réfutation sous forme graphique dans mille exemples publiés dans le même journal ou dans les diverses publications du jour. Comme si les chiffres étaient une décoration et qu’il n’importait pas de faire le lien entre l’histoire qu’ils racontent et le commentaire.

On ne veut accabler personne et surtout pas les journalistes : ils travaillent avec les interprétations fournies par les instances officielles, mais certains parviennent à un degré de représentation des erreurs ambiantes qui mérite d’être honoré.

Prenons par exemple, parmi plusieurs autres du même tabac, l’article de François Vidal dans Les Échos du 7 août.

Première erreur : la crise a été provoquée par « la bombe à fragmentation des subprimes américaines » (sic). Les subprimes, représentent 600 milliards de dollars de dettes difficiles à recouvrer. Au final, on trouvera 300 milliards de pertes. C’est grave. Coupable même, tant les risques associés aux mécanismes et aux pratiques de ce marché étaient visibles. Mais la perte globale internationale  est de 10 000 à 12 000 milliards de dollars. C’est ce désastre qui allait mettre les banques mondiales au tapis, pas les subprimes. Les subprimes ont joué le rôle de l’allumette. C’est bien ce marché qui a bloqué les relations interbancaires. Mais la bombe était ailleurs et c’est l’explosion de la bombe qui a fait mal. Si HBOS et Lloyds ont liquidé 67 000 salariés sur 135 000, ce n’est pas à cause des subprimes. Si RBS a fait de même (69 000 sur 135 000 également) ce n’est pas pour cela non plus. Si les banques centrales ont gonflé de 12 000 à 13 000 milliards de dollars leurs en-cours et proposé des intérêts négatifs sur une longue durée, du jamais vu historique, ce n’est pas pour couvrir 300 milliards de pertes, couvertes facilement  par le Trésor américain et les amendes internationales que les États-Unis ont imposées aux banques mondiales.

Deuxième d’erreur : « des progrès spectaculaires ont été faits pour domestiquer la planète finance ». N’ayant aucune idée des sources du délire financier qui s’est emparé de la planète en question, le commentateur ne peut que répéter des banalités faciles. Rappelons que la crise est associée aux énormes déficits américains et excédents croisés au Japon, en Chine et en Allemagne. Par le mécanisme de la double pyramide de crédits démontrés par Rueff et Allais, on sait que ces énormes flux financiers et monétaires ont provoqué l’apparition d’une économie baudruche où l’argent n’allait plus principalement aux investissements productifs mais à des spéculations sur des possibles gains en valeur. Le haut de bilan a remplacé le compte d'exploitation.  Et la spéculation généralisée s’est envolée à des sommets intenables. On a depuis essayé d’étouffer l’amplificateur bancaire qui a été la principale victime de l’explosion mais on n’a rien touché des causes. Aujourd’hui encore l’Allemagne la Chine et le Japon ont accumulé environ 1 000 milliards de dollars de bons du trésor américain.  Ces flux ont les mêmes conséquences. La planète finance n’est en rien domestiquée. Elle panse ses plaies et a le plus grand mal à purger ses pertes accumulées dont l’essentiel a été caché pendant des années. L’Europe a été trop loin dans la mise en place de règles constrictives dont les banques américaines se sont libérées très vite, ce qui leur a permis de revenir à une meilleure situation. La finance grise a repris une bonne partie de la spéculation faite par les banques de dépôts, les banques universelles et les banques d’affaires. L’auteur de l’article le souligne. Mais il ne voit pas que des bulles existent partout. Elles exploseront comme d'habitude. Le journal Les Échos le confirme lui-même dans la même édition en citant le fait que le Nickel a vu son cours augmenté de 18 % depuis juin. La preuve explicite que « la planète finance est domestiquée » !

Troisième erreur : « En Europe la création de l’union bancaire et la correction des déséquilibres de la zone euro ont renforcé la solidité du secteur ».

L’union bancaire n’a rien renforcé du tout. Les instances fédéralistes ont profité de la crise pour pousser leur avantage et imposer une réforme qui n’apporte rien de fondamental sinon plus de pouvoir européen et moins de responsabilités nationales. Quant aux déséquilibres de la zone Euro, il suffit de voir, en interne, les excédents de l’Allemagne, jamais plus importants (voir un de nos articles récents), pour vérifier qu’il n’y a eu aucune correction. En externe ce n’est pas mal non plus. Le déficit de la zone euro vis-à-vis de la Chine est 146 milliards d’euros en 2016 !

Quatrième erreur : « C’est toujours sur les épaules d’une poignée de banquiers centraux que repose le sort de la finance comme de l’économie mondiale ».

L’illusion que les marchés fonctionnent bien sous la houlette bénéfique des banques centrales est une des sottises du temps. Les équilibres macroéconomiques ne dépendent que marginalement des banquiers centraux. Ils sont de la responsabilité des États et des politiques économiques et sociales menées, ainsi que du cadre institutionnel global. Si ces politiques sont non coopératives (ou coopérative uniquement dans les mots) et poussent à de graves déséquilibres, et si les institutions n’imposent pas les comportements correctifs nécessaires, alors c’est l’économie dans son ensemble qui devient dysfonctionnelle. Le fait que les banquiers centraux soient à ce point sollicités montre bien que le système global est vicié et pas autre chose.

Rappelons un dernier chiffre : le déficit commercial des États-Unis vis-à-vis de la Chine est de 347 milliards de dollars en 2016. Cet afflux de dollars a mis en branle une bulle de crédits en Chine que tout le monde constate. Comme les dollars eux-mêmes sont replacés finalement aux États unis, ils y créent une bulle de création monétaire qui explique la hausse historique des bourses locales et la meilleure santé des institutions financières américaines, au prix de placements toujours aussi spéculatifs. La crainte commence à entourer à nouveau le dollar. Voici que l’Euro remonte. Merci pour les équilibres et l’action régulatrice des banques centrales.

À force de ne jamais faire les bons diagnostics, on finit par n’écrire que des bêtises sans rapport avec les réalités.

Consternant.

Edmund Phelps : « La Prospérité de Masse » - Odile Jacob

Une pensée réellement originale et utile totalement étrangère en France

J’ai croisé pour la première fois les travaux d’Edmund Phelps à la fin des années soixante. La thèse de doctorat que je préparais concernait la prévision à long terme. Plus j’avançais dans ce travail, moins il m’apparaissait que cet exercice fut, sinon utile, du moins possible. Comme mon directeur de thèse vivait de la passion de l’époque pour le futur, les tensions grandissaient. Le travail universitaire est ainsi fait qu’il me fallait trouver des études extérieures corroborant les hypothèses désagréables que j’avais émises. Il n’y en avait pas. Sauf un texte d’un certain Edmund Phelps qui expliquait très justement que l’économie concurrentielle était fondée sur l’imagination et la rupture et que toute prévision longue n’avait strictement aucun sens, ce que la suite allait prouver au-delà de toute contestation. Cette référence entraîna le retrait immédiat de mon directeur de thèse, peu soucieux de travailler contre son gagne-pain. La connaissance n’est pas la seule mamelle de l’Université, ni l’objectivité et le courage intellectuel. La mode de la futurologie est passée depuis longtemps. RIP.

Edmund Phelps a, lui, continué à montrer une capacité à s’investir dans les grands problèmes économiques sans préjugés ni révérences excessives aux anciens. On reconnaît les grands maîtres à ce qu’ils s'attaquent aux grandes questions. Quel était le drame intellectuel de la science économique à la fin des années soixante ? Deux branches contradictoires de la discipline s’étaient développées en parallèle : la microéconomie et la macroéconomie. Pour simplifier, l'économie basée sur le modèle Pareto-Walrasien, et l’économie keynésienne fondée sur le jeu de variables globales. Les professeurs d’économie prudents, comme Raymond Barre en France ou Samuelson aux États-Unis, se sont contentés, dans leurs manuels, de faire coexister les deux mondes sans tenter de les réconcilier. Dans le premier tome de son manuel Barre explique que les crises ne sont pas possibles car les marchés réagissent pour « revenir à l’équilibre ». Dans le second il explique comment on jugule les crises… Edmund a essayé pour sa part de fusionner les deux mondes et de montrer comment on pouvait tenter de créer une explication microéconomique de la macro. On peut juger qu’il n’y a pas totalement réussi. Mais il a ouvert de nombreuses portes, et partiellement démonté les thèses keynésiennes. C’est cet effort qui lui a valu un prix Nobel mérité (ce qui est rare), car il a réellement influencé la manière de penser l’économie, tout du moins hors de France.

Son dernier livre, Prospérité de Masse, chez Odile Jacob, porte toujours la marque des grands. La question la plus importante du moment est bien la prospérité générale. La crise de 2008 et la stagnation qui a suivi ont frappé les esprits et les petits penseurs se sont tous lancés dans des explications abracabrantesques sur la fin d’un monde livré aux robots, aux codeurs et à Uber qui ne pouvaient que créer les conditions d’une régression misérabiliste.

Edmund Phelps considère à juste titre qu’il faut d’abord comprendre la nature exacte de la rupture totale avec le monde ancien qui s’est produite, selon lui, de façon différentielle, au XIXe siècle et qui a provoqué l’énorme croissance subséquente.

Il va le faire de façon plutôt iconoclaste par rapport aux grandes machineries historiques qui ont cours. Il n’hésite pas à contredire de nombreux grands auteurs comme Marx, Keynes mais aussi Schumpeter ou Max Weber, ce qui surprendra des lecteurs habitués à entendre des louanges constantes sur ces deux auteurs.

Le traducteur n’a pas dû s’amuser. L’auteur n’a pas la rigueur conceptuelle des grands philosophes et il a du mal à forger les mots qui vont avec ses concepts (et réciproquement). Ne donnons qu’un exemple, mais il y en a beaucoup d’autres : l’auteur distingue le capitalisme marchand et une économie « moderne » très différente qui s’est imposée dans quelques endroits privilégiés après elle. Il ne peut plus employer le mot capitalisme pour qualifier ce nouvel état, puisqu’il préexiste dans un état différent. D’où ce concept de « modernité » qui s’appuie sur un mot-valise et creux qui dessert son propos. Heureusement si l’esprit anglo-saxon ne porte pas aux rigueurs conceptuelles kantiennes, il n’interdit pas de se faire comprendre, même si c’est au prix de très nombreuses redites et de quelques abus de mots.

Décrire et expliquer les conditions de cette économie moderne voire « résolument moderne » est l’objet premier du livre. Démontrer que la force culturelle de cette économie est essentielle et qu’il faut la renforcer encore pour construire une prospérité de masse en est le second but. Constater que c’est le contraire qui a été fait depuis les années soixante aux États-Unis donne, pour l’auteur, l’explication de la stagnation actuelle.

Nous laissons au lecteur le soin de lire et de digérer ces analyses qui le surprendront tant les concepts sont loin de ce dont il a l’habitude. L’auteur cite beaucoup d’auteurs américains qui sont de parfaits inconnus en France. Il pratique un américanocentrisme typique des auteurs américains pour qui l'économie est d’abord celle des États-Unis

S’il prend soin de passer le cap de la surprise et de la nouveauté totale, le lecteur accédera à de très nombreuses idées intéressantes. Nous y attachons de l’importance parce qu’elles recoupent beaucoup des observations que nous faisons nous-mêmes, si on nous pardonne ce narcissisme déplacé. Inutile d’en faire l'inventaire exhaustif ici, mais comment ne pas comprendre que la ville, la démographie nombreuse, l’esprit critique, l’imagination, la volonté de réussir sa vie, le rejet des corporatismes d’état, le sens de l’avenir, la réflexion libre, le plaisir de l’action collective avec des résultats, le sentiment du bien commun, la « vie belle », le goût pour les fruits du succès, la fierté d’une innovation réussie, l’acceptation de voir des situations acquises se perdre, sont les moteurs indispensables du dynamisme économique. Comment ne pas accepter l’idée que le système économique le plus juste est celui qui permet au plus pauvre d’être le moins pauvre possible. La prospérité est le fruit d’une acceptation collective que l’innovation et la productivité permettront de faire mieux que le conservatisme et l’étatisme.

Comme nous, Edmund Phelps refuse les explications simplistes ou mécanistes. Non l’explosion économique des cent dernières années n’est pas principalement liée aux grandes inventions. La connaissance n’est pas seulement celle des sciences mais aussi l’expérience accumulée sur le terrain par des millions de personnes qui apprennent patiemment les mille et une règles essentielles à la maîtrise des domaines que l’imagination et le rêve ouvrent en permanence à l’esprit d’entreprise. Les grandes masses ne jouent pas le rôle qu’on affirme trop légèrement. L’accumulation de capital ne suffit pas à provoquer la prospérité. Le gonflement étatiste de la demande globale ne suffit pas à créer de la croissance etc. « L’Europe tuera son économie aussi longtemps qu’elle s’accrochera à sa conviction qu’une économie corporatiste peut produire une stabilité et une harmonie inaccessibles au capitalisme sans rien perdre de son dynamisme ». Edmund Phelps n’est pas favorable à ce que nous appelons « l’énarchie compassionnelle », dont le triomphe électoral récent en France nous laisse sceptique.

Trois évènements qui ne sont pas cités dans le livre viennent corroborer le caractère populaire de ce qu’il appelle l’économie d’innovation et de dynamisme, l’économie « moderne ».

Lors de la chute du mur les socialistes démocratiques de l’Europe de l’Est ont cru leur temps arrivé : le visage humain du socialisme allait séduire les foules énamourées. Toute la jeunesse s’est précipitée dans la joie de l’autonomie et du dynamisme personnel, cherchant les libertés d’agir en toute autonomie, loin des verbiages d’un état moralisateur. À Cuba, la possibilité d’avoir un tant soit peu d’autonomie loin des haut-parleurs de la propagande castriste a fait naître des milliers de micro-entreprises. En France, Huber a vu l'émergence d’une classe de fils d’immigrés sans diplômes heureux d’agir en toute autonomie. Le 9.3 s’est retrouvé avec de l’espoir.

La pulsion de l’autonomie, de la construction de soi-même, de l’imagination de son cadre professionnel, du travail intellectuel de maîtrise d’environnements nouveaux, offrant à l'esprit de nouveaux vecteurs d’application, là se trouve le cœur du dynamisme de l’économie prospère. A contrario : le « retour à l'obsession prémoderne du patrimoine, […] a poussé toute une génération à dédaigner la créativité, l’exploration et la découverte. Avec l’émergence d’une culture prémoderne et médiévale des droits acquis, de la suffisance, du conformisme et de la dépendance vis-à-vis du groupe, on a assisté à un déclin du vitalisme et du « faire » ».

Donc du dynamisme endogène.

Les idées d’un Phelps ne sont jamais présentes et encore moins discutées en France dans les médias qui se contentent de ressasser des idées pré calibrées et de juger en fonction de cases prédéfinies. Lire Phelps est un exercice contre la sclérose. Les imbéciles à œillères idéologiques le classeront stupidement dans les « libéraux » incoercibles, ce qu’il n’est pas. Phelps n’est pas Ayn Rand. Il n’hésite pas à contredire Von Mises et Hayek. Nos contempteurs, si jamais ils se commettaient à lire le livre, seraient étonnés du nombre d’institutions et de comportements, propres au capitalisme actuel, que l’auteur condamne. Il analyse de très nombreuses évolutions, notamment financières, qui vont dans le sens de l’étouffement du dynamisme, du renforcement des situations acquises, du refus des remises en cause progressistes des manières de faire.

Est-ce à dire qu’Edmund Phelps est totalement convaincant ? La grande faiblesse du livre est de ne pas prendre acte de la bascule du début des années soixante-dix. Il voit bien qu’il y a un avant et un après, mais il n’explique pas pourquoi. Il glose énormément sur les conséquences et les comportements qui ont renforcé les difficultés, mais il n’analyse pas les causes. Le système monétaire international est totalement absent de ses réflexions. Même s’il admet que certaines institutions sont dysfonctionnelles, il ne voit pas que les changes flottants et les déséquilibres monstrueux de balances de paiement sont à l’origine de pratiquement tous les maux de détails qu’il souligne. De même il laisse de côté totalement la question de l’énergie et celle de l’écologie et du développement durable.

Cela tient à son parti pris ancien d’expliquer le macroéconomique exclusivement par le microéconomique. Cette tentative a largement avorté sur un plan universitaire et théorique. Maintenir cet angle de vue inexact lui interdit l’analyse de grandes erreurs dommageables dont beaucoup sont la cause des phénomènes qu’il dénonce.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile.

Le "macronisme" vu d'un pays voisin

La réserve montrée vis-à-vis du phénomène Macron nous a valu un certain nombre de critiques. Nous avons demandé Sylvain Dieudonné que nos lecteurs historiques connaissent bien, d’utiliser sa neutralité belge pour proposer un point de vue dégagé des passions proprement françaises.

 

La France ne manque pas de bons analystes politiques et nul doute que le phénomène Macron, qui a balayé le champ politique français avec une belle intensité, offrira à leur talent un champ de travail pour de longues années. Pour les Européens membres de l’Union, les questions de politique intérieure des autres pays membres ne sont pas déterminantes. Le niveau économique extrêmement bas de la France pose en revanche un problème collectif. Il n’y a aucun doute que de nouvelles difficultés françaises feront disparaître l’Euro et provoqueront une sorte de tsunami également mais moins agréable.

De ce point de vue l’approche « macronienne », fourmillante et ambiguë, discursive et posturale, séductrice jusqu’à l’enflure marketing, tout en prétendant aller au fond des choses, pose une difficulté. Les difficultés sont des rocs. François Hollande a vu ses discours initiaux se déchiqueter sur des maux plus forts que les mots.

Il est intéressant d’isoler ces écueils qui sont autant de défis incertains compte tenu du flou dans la bonne volonté générale qui s’est exprimée.

Premier défi : Macron est vu comme le produit d’une caste, la bourgeoisie d’État, qui s’est associée à la haute bourgeoisie de la finance et des affaires, qui détient le pouvoir médiatique en partage avec l’État. Il doit nécessairement s’en distancier pour ne pas paraître rapidement comme un factotum. La prise de distance sera-t-elle d’apparence ou non ? Telle est la question. On peut attendre Macron à quelques virages :

-          Va-t-il décloisonner la haute fonction publique et la séparer étroitement du politique ? Les grands corps sont trop nombreux, surannés, trop figés sur les classements de fin d’études et dotés de privilèges extravagants, dont le vulgaire n’a même pas idée. Va-t-il réformer ?

-          Va-t-il réduire le champ de l’action publique et son intensité qui sont excessifs en France et réduire réellement les effectifs des fonctions publiques ? Une baisse de 2 % en 5 ans est évidemment d’une très grande modestie. Mais peut-on faire même aussi peu sans allonger le temps de travail des fonctionnaires ?

-          Va-t-il réduire les incroyables subventions publiques accordées à la presse et aux journalistes ou continuer à arroser le secteur en favorisant la poignée de dirigeants qui tient le secteur privé tout en réduisant les ambitions déraisonnables et les partis pris d’un secteur public bouffi et constamment en expansion ?

Sur tous ces sujets le nouveau Président a commenté, tournicoté, envisagé des pistes, slalomant entre les piquets en accumulant les oxymores, liés par des « en même temps » qui font sa réputation dialectique. Va-t-on, comme pour le droit du travail vers des demi-mesures où on ne prend aucune option de clarté idéologique mais seulement des arbitrages « pragmatiques » qui ne changent pas grand-chose ?

On dira : ces questions sont certes des écueils mais on peut les traiter comme des bancs de sable, où on s’enlise durablement.

Second défi : le courage fiscal. La folie des hauts fonctionnaires, et en particulier dans la variante socialiste, est d’avoir poussé les prélèvements à des niveaux intenables et de l’avoir uniquement concentrée sur la fraction aisée de la population. Macron a aggravé les choses en proposant des mesures démagogiques d’achat de vote, alourdissant violemment la CSG, sans effet sur la compétitivité des entreprises. L’exonération de la taxe d'habitation, autre mesure sans aucun intérêt économique et destructeur d’unité nationale, n’a qu’un objectif électoral mais va déstabiliser beaucoup de choses. Avoir renoncé à supprimer l’ISF est une autre marque de lâcheté électoraliste.

Macron peut encore violer ses promesses. Ce serait bien. Il ne le fera probablement pas. Les conséquences seront nécessairement funestes.

Compte tenu de la dégradation des comptes publics en dépit de la petite reprise actuelle, qui fait rentrer de la TVA et de la CSG, les marges sont inexistantes. La crainte est que l’on continue la méthode « hollandaise » : étrangler là où on peut et où on a un prétexte de le faire, sans faire aucune réforme de fond.

Les Enarques français sont les rois de la défausse. Ils savent renvoyer sur les autres les difficultés du pays, qu’ils les aient créées ou non.

Troisième défi : l’influence internationale. On voit généralement le nouveau chef de l'Etat bien armé dans cet aspect du combat pour la prospérité. Mais comme le Cercle ne cesse de le dire, nous vivons dans un double désastre :

-          Le système de changes flottants et de déséquilibres systématiques imposés par les États-Unis depuis 1971

-          L’organisation de la zone Euro que nous jugeons depuis l’origine comme dysfonctionnelle.

Sur ces deux plans Emmanuel Macron n’a rien analysé, rien proposé. C’est le silence total. Et que se passera-t-il en cas de crise ?

On demande aux Français de la confiance. Mais comme pour François Hollande, on ne voit rien de déterminant dans le programme du nouveau Président et la seule carte que l’on joue est l’espérance d’une reprise mondiale durable. Pour beaucoup, le programme Macron, c’est Hollande moins les Frondeurs, un social-libéralisme sans véritables marqueurs de changement où l’on noie le poisson avec beaucoup d’eau tiède... Surtout pas d’aspérités !

Emmanuel Macron a obtenu un chèque en blanc, avec une cohorte de « marcheurs » qui sur tous les sujets précis n’ont aucune réponse claire et partagée. « On verra. Faites confiance. La bonne volonté par-delà les clivages entre gauche et droite, est bien là ».

Que peut dire l’observateur étranger à un pays ami qui en appelle ainsi à la foi dans un messie ?

Rien d’autre que « wait and see ».

 

Sylvain Dieudonné pour le Cercle des économistes e-toile.

Statistiques : éviter le fétichisme autour des chiffres annoncés dans la presse

Assurer l'autonomie de l'INSEE

Un des aspects les plus crispants de la discussion économique publique est cette double difficulté d’interprétation des statistiques :

-          Peu de gens connaissent la manière dont elles sont conçues et beaucoup font donc des contresens parfois gigantesques dans l'interprétation des chiffres publiés.

-          Les chiffres sont en général des estimations qui s’affinent progressivement et au final la chanson n’est pas toujours la même, même si l’air ressemble. La politisation de l’INSEE laisse toujours planer le doute sur la manipulation des chiffres. Le changement de mode de calcul permet souvent de brouiller un peu plus les pistes, même s’il est bien intentionné. Du coup, entre prévisions, prévisions corrigées, estimations, estimations corrigées et calculs définitifs, on constate des différences parfois très considérables.

Méconnaissance et incertitudes comptables rendent donc l’interprétation des statistiques publiques, dans la sphère médiatique et politique, particulièrement hasardeuse et parfois trompeuse.

L’INSEE vient de donner les chiffres définitifs et les estimations de l’évolution du PIB depuis… 2 014.

Cela veut dire que depuis 3 ans nous vivions avec des chiffres provisoires sur la valeur de l’indicateur essentiel de la vie économique.

Jusqu’ici, le gouvernement socialiste se vantait d’une croissance en pleine accélération : 0.8 en 2014 et 1.2 en 2015. En vérité, la croissance était atone à 1 %., avec une montée infime à 1.1 % en 2016. Alors que la reprise était partout sensible danse monde, la France montrait un électroencéphalogramme absolument plat, totalement atypique par rapport aux autres sorties de récession depuis 1945. On se souvient qu’à quatre reprises, les annonces faites étaient : une année en reprise avec accélération l’année suivante. Ce discours optimiste a été systématiquement démenti par les faits. Mais il a bercé la nation, pendant qu’on la lessivait fiscalement, ce qui était le principal.

La période en cours, est en matière de conjoncture, une phase haute du cycle équivalente aux années 1988-1991, 1997-2000, 2006-2007. La seule différence est dans la faiblesse des taux de croissance, notamment en Europe et surtout en France, asphyxiée par la pression fiscale.

Après une accélération finale, la suite est, en général, une contraction de la croissance. La précédente ayant été très forte, celle à venir serait modérée. Après une phase de stagnation aussi importante, il est impossible qu’il y ait un énorme krach. Les bourses risquent évidemment une correction assez forte. Mais l’activité elle-même ne devrait connaître qu’un ralentissement pas une véritable récession, les bulles spéculatives qui exploseront étant pour l’essentiel purement financières et monétaires et n’ayant que peu de corrélations avec le crédit aux entreprises. Ces dernières ont très peu investi, préférant accumuler du cash et racheter leurs actions pour maintenir les cours (et la valeur des stock-options).

La conjoncture française, qui suit la conjoncture mondiale avec un effet retard et une décote, s’améliore très doucement mais va être étouffée par la hausse massive de la CSG exigée par Macron, une erreur colossale. Bien sûr le Trésor a fait que la CSG soit un impôt complexe et largement incompréhensible. Mais si on s’en tient à l’essentiel, l’Inspecteur des finances Macron veut faire passer le taux de 15.5 à 17.2 %, soit une hausse de 11 % environ (sous réserve des modalités de détail), avec un taux marginal de prélèvement de près de 67 %. Il aurait été mille fois plus sage de laisser tranquille la CSG et d’augmenter la TVA, avec un impact sur le prix de marchandises importées relativement faible, et une petite amélioration de la compétitivité prix de l’économie française. Cela aurait un poil dopé nos exportations et aurait permis de réduire notre déficit commercial.

L’effet de la CSG sera extrêmement négatif sur la demande, les fonctionnaires et les retraités étant les plus frappés, en même temps que tous les investisseurs qui se retrouveront avec des rentabilités marginales, après inflation, négatives !

Rappelons que la CSG frappe le revenu disponible net-net et que l’impôt sur le revenu frappe la part saisie par la CSG. La CSG est un « impôt sur l’impôt », le summum de la prédation du Trésor, la merveilleuse trouvaille de l’Inspection des finances en majesté. Le revenu net-net est celui qui reste une fois payé les impôts et les frais fixes de logement. Pour beaucoup des ménages concernés, la hausse prévue aura un impact de plus de 10 % sur le revenu disponible. Pour quelques dizaines de milliers d’entre eux, la perte sera supérieure (parfois très supérieure) à 20 %.

Il s’agit bien d’un nouvel écrasement fiscal, qui sera masqué par des exonérations pour les « faibles revenus », la démagogie habituelle. Ajouté à la hausse de l’inflation (dont on ne tient pas compte avec la CSG), les effets sur le revenu disponible seront majeurs, surtout pour les retraités. De cela, pas un mot dans la presse.

Que l’Enarchie ait choisi de porter à des taux confiscatoires un impôt qui taxe du revenu déjà taxé et du faux revenu lié à l’inflation, ne choque absolument personne. Comme on ne fera aucune correction du champ déraisonnable de « l’action publique » (le terrain de jeu des énarques), comme on ne veut pas toucher au temps de travail d’une administration pléthorique, et comme la petite reprise de croissance va faire jouer la progressivité globale de l’impôt, on va vers un nouveau début de quinquennat fiscalement aggravé. Macron n’a rien compris aux excès des deux premières années du quinquennat Hollande où il était le principal conseiller économique et où il a cautionné une augmentation démentielle de la pression fiscale. Le but est toujours le même : augmenter les impôts au début pour faire un geste électoral pour la réélection. Plus cela change, plus c’est la même chose !

Au total, on voit que la presse ne permet pas au pays de se faire une véritable idée de ce qui se passe. Les chiffres du PIB ne sont ni compris ni mis en perspective intelligemment et on a vu qu’ils ont servi à tromper le pays en vue des élections. On voit aussi que la présentation des hausses d’impôts en point et non pas en vrai pourcentage (pour la CSG 1.7 au lieu de 11 %), est une nouvelle tromperie.

Pour éviter ces dérives, il n’y a qu’une solution : sortir l’Insee du périmètre gouvernemental et en faire une institution autonome rattachée au Parlement ; rendre toutes les statistiques accessibles gratuitement aux institutions universitaires d’économie et à toutes les institutions privées d’analyse de la conjoncture ; faire en sorte que les tableaux de bord publiés et les documents genre « l’économie Française » puissent voir leur contenu discuté publiquement afin de faire ressortir les vraies informations utiles et pas seulement ce qui arrange l’Inspection des Finances.

L’idéal serait de prévoir des sessions de formation à l'interprétation des chiffres pour les journalistes (notamment de télévision) afin qu’ils évitent de servir le communiqué comme des porte-voix débiles et asservis, alors même qu’ils se piquent de faire du « décryptage » (alors qu’il s’agit le plus souvent d’une simple désinformation).

L’Euro : le mistigri de la campagne présidentielle

Qui l’eût cru ? La campagne a basculé sur une question technique monétaire. Tous les commentateurs et les hommes politiques l’avaient répété à l’envi : marre de l’économie et de l’économisme. On n’élit pas un roi républicain sur une question ménagère. Surtout ne pas parler du quinquennat désastreux, notamment ses deux premières années, de F. Hollande. Déplorer le chômage à chaudes larmes, surtout quand il augmente de plusieurs dizaines de milliers d’unités la semaine décisive de la campagne. Mais s’élever au-dessus de ces tristes contingences. Oublier aussi la dette !

Et voilà que M. Dupont Aignan rejoint Mme Le Pen et qu’il demande qu’on revienne sur la sortie de l’Euro, article pivot du plan de la candidate pour sortir du marasme. Il est vrai que les Français (les journalistes disent : les retraités, cela fait plus jeunes, car on sait que la jeunesse n’a peur de rien) avaient la crainte de l’exemple grec : la BCE perdant confiance dans les banques françaises et ne les alimentant, après une fuite des capitaux hors de France, qu’à hauteur de quelques dizaines d’euros par jour et par déposants.

Il fallait donc que la candidate s’explique sur les méfaits de l’euro et les moyens de les juguler sans sortir de l’euro tout en en sortant. Un chewing-gum politique et économique assez difficile à mâcher en public qui a naturellement fait la joie de son adversaire qui, lui, pouvait, selon sa technique de positivité européenne assumée, s’exonérer de toute réflexion sur le sujet.

On a vu le résultat lors de la crise d'épilepsie mutuelle qu’on a appelé « débat », entre les deux candidats sélectionnés lors du premier tour de l’élection censément présidentielle.

Le plus consternant tient tout entier dans le fait que cette question est effectivement fondamentale et que l’indigence des deux clowns tristes dont on parle n’a pas permis qu’on l’aborde comme il aurait fallu.

L’organisation de la zone Euro est effectivement dysfonctionnelle. Elle doit être absolument corrigée si on ne veut pas que tout explose un jour ou l’autre au détriment de tous. Le fonctionnement actuel pèse effectivement lourdement sur la situation économique de la France.

L’indigence du débat et la malignité des combattants n’ont pas permis de comprendre pourquoi ni d’envisager les options qui s’offraient. Le nihilisme du combat de rue l’a emporté sur une réflexion qui est très nécessaire et qui va se révéler pendant les années qui viennent une des clés d’analyse des difficultés qui s’annoncent.

Mme Le Pen a raison : l’Euro pose problème. M. Macron aurait été bien venu de le reconnaître. Elle n’a pas su dire pourquoi. Il n’a pas cru devoir dire pourquoi. La méconnaissance et la tactique politicienne ont étouffé la vérité.

Le traité de Maastricht a mis la charrue avant les bœufs, et les bœufs ont démoli la charrue. Créer une monnaie unique avec comme seul garde-fou deux règles ne concernant que les États (3 % de déficit et 60 % de dette publique par rapport au PIB) était se lancer dans un pari impossible. Le faire alors que le système mondial est fondé sur les changes flottants et l’absence de coopération institutionnelle en matière d’échange et de monnaie, était un autre pari. Ces deux paris ont été perdus.

Le système mondial s’est étouffé en 2007 et a sauté en 2008. La crise européenne a suivi, avec pour conséquence le traité « Merkozy », toujours en activité et une ambiance déflationniste pesante jusqu’à l’insupportable, avec une extension drastique du contrôle européen sur les systèmes bancaires et les budgets. Il est clair que pour beaucoup de pays, la double peine est sévère : perte de souveraineté et perte de prospérité, sous la férule de la Commission Européenne et de la BCE.

Il n’y a qu’Emmanuel Macron pour feindre de croire que tout cela n’a pas d’importance et que « l’euro nous protège ». On sait que sa solution est un nouveau saut dans le fédéralisme absolu. Créer un gouvernement véritablement européen avec un budget européen et une répartition des mannes par le Parlement européen vers les régions des anciens états souverains européens, voilà la solution. C’est celle des milieux européistes et de certains groupes de pression dominants dans les sphères dirigeantes. Ceux qui ont créé l’Euro avec le traité de Maastricht le savaient bien : on créait un truc bancal mais il permettrait de détruire finalement la résistance des nations en rendant nécessaire un nouveau pas dans l’intégration politique. Ce calcul a été vu et dénoncé. L’affaire s’est jouée à peu. Dès 2005, les peuples ont commencé à dire NON, notamment celui de la France qui a refusé la pseudo-constitution européenne.

L’Euro est donc une affaire d’abord politique avant d’être économique. C’était le levier pour aller vers le fédéralisme européen alors que personne n’en voulait vraiment.

Mais c’est aussi une réalité économique particulièrement vicieuse. Une monnaie unique pluri nationale ne peut fonctionner que si les économies restent en équilibre chacune vis-à-vis de l’autre. Dans des régimes où les États ont pris une place déraisonnable de la dépense, la microéconomie ne donne aucune garantie que cette harmonie se produira ou se maintiendra, même si les États renoncent aux gros déficits budgétaires et à l’endettement massif. Supprimer tous les obstacles à la libre circulation des personnes, des produits et des capitaux ne pouvait suffire. Le croire est d’une grande naïveté. Refuser d’organiser ces trois libertés et sanctionner toutes les tentatives partielles en ce sens ne pouvait qu’aggraver la situation : « non seulement cela ne marche pas mais on ne peut rien faire ». Défaillance et impuissance sont les mamelles de la colère des peuples.

La question était déjà rendue difficile par l’intégration dans l’Union de pays soumis au joug socialiste pendant des décennies et en très gros retard économique. Elle st devenue insoluble dès le départ quand on a vu les deux États principaux, L’Allemagne et la France, choisir deux voies totalement incompatibles. Le plan Jospin d’étouffement des relations sociales et de passage aux trente-cinq heures était rigoureusement contradictoire avec le plan Schroeder de compétitivité renforcée.

Le résultat n’a pas tardé : il n’y a eu aucune convergence des économies et le développement d’un excédent phénoménal en Allemagne et d’un déficit phénoménal en France.

Lorsqu’un pays est victime d’une attaque mercantiliste après avoir étouffé son économie par des mesures politiciennes démagogiques et déplorables, les conséquences sont évidentes :

-          Des centaines de milliards de capitaux sont aspirées hors du pays déficitaire et le plongent dans la déflation et la dette. Donc dans les pressions salariales, le sous-investissement, et le chômage.

-          Des centaines de milliards aboutissent dans les caisses du pays mercantiliste qui ne sait rien en faire en local puisqu’il est déjà sur compétitif. Alors il le prête, et se lance dans des spéculations dangereuses. Au premier revers conjoncturel ces banques se trouvent très mal. Le système bancaire allemand est en ruine. Réciproquement les pays emprunteurs se trouvent dans l’impossibilité de rembourser. Voir le cas Grec.

Les pays en faillite sont obligés de se retourner vers le pays dominant pour quémander « une petite seconde M. le bourreau ». Il y met des conditions. Et on a le traité Merkozy et une ambiance contractionnisme délétère.

Bien sûr les banquiers, façon Macron, peuvent faire des produits gigantesques en faisant circuler les excédents vers les pays déficitaires, et en jouant sur les peurs qui provoquent des mouvements de capitaux moutonniers et finalement captifs.

Affirmer qu’on va faire ce qu’il faut en interne comme dans le plan Fillon et dans une moindre mesure dans le plan Macron laisse entendre que la solution est toujours dans le pays déficitaire. Ce qui est faux.

La vraie solution est de rétablir les équilibres. Cela ne peut se faire qu’à deux conditions :

-          Des mécanismes institutionnels qui poussent à la convergence

-          Une gestion commune de la convergence qui ne dépend ni des trois libertés ni des deux seules conditions de gestion publique du traité de Maastricht.

Il appartenait aux deux candidats de s’appuyer sur ces deux réalités.

Emmanuel Macron n’en a rien fait pour masquer son tropisme européiste. Sortir d’une certaine ambiguïté aurait été dangereux pour son élection.

Marine le Pen n’avait pas la compétence pour comprendre et exprimer clairement les alternatives.

Le silence est désormais retombé sur la question de l’Euro. Et pourtant elle continue de se poser et pèsera lourd dans les prochaines années. M. Trump a décidé d'attaquer l’Allemagne sur ses excédents en s’appuyant sur la législation TFTEA passée par Obama. L’Allemagne se cache derrière l’Euro. La situation est intenable au sein même du camp occidental. Quant à la France elle n’atteindra pas 8 millions de chômeurs sans casse politique définitive. Et rien ne dit que dans les 18 mois qui viennent il n’y aura pas un nouveau ressac économique international.

L’Euro et ses dysfonctionnements sont un sparadrap collant dont on ne se débarrassera pas comme cela.

Sottise et dissimulation ne sont pas une solution. Une fois de plus : attention à la colère des peuples.

Didier Dufau pour le Cercle des Économistes E-toile

Les vraies causes de l'asthénie française

et leur ignorance par les candidats

Alors que la campagne électorale française pour la présidence de la République entre dans sa phase hystérique, il n’est pas mauvais de rappeler les causes de l’asthénie française et la distance abyssale qui sépare les programmes des candidats des réalités qui comptent. La complexité est plus apparente que réelle dans le diagnostic, la difficulté se trouvant dans la capacité de bâtir une solution qui échappe largement au cadre national. Il est normal dans ces conditions que les arguments de campagne fuient devant un constat qui les présenterait largement comme des impuissants. Il l’est moins, en revanche, que les mesures proposées, tournent le dos aux nécessités, pour se contenter d’un électoralisme débilitant ou pour s’assurer le service de lobbies qui les servent par intérêt.

Le cœur du réacteur est le fait désormais acté et illustré par le FMI que depuis 1971 le taux de croissance n’a cessé de décroître au point que, de crises gravissimes en crises gravissimes, l’ensemble du monde en soit arrivé à une quasi-stagnation. Notre explication du phénomène, tel que présenté dans notre livre, L’Étrange Désastre, met en avant le rôle de l’abandon des disciplines de Bretton Woods, l’acceptation de phénomènes de domination avec les énormes déficits et excédents qui les accompagnent, le tout aggravé par l’instabilité créée par les changes flottants. La mondialisation déséquilibrée et spéculative n’assure plus que l’échange se fasse travail contra travail. Les conséquences sur la structure et le niveau de l’emploi sont désastreuses en même temps que s’installe une « économie baudruche » explosive, qui ne sert qu’une minorité d’intérêts installés aux carrefours des mouvements financiers.

La solution n’est pas compliquée en principe mais difficile diplomatiquement : il faut sanctionner les grands déficits et les grands excédents et le plus possible stabiliser les monnaies et les changes. Le moyen le plus léger est de créer une sanction automatique de ces grands déséquilibres, à charge pour les États de les maîtriser, tout en respectant au mieux les règles nécessaires de la microéconomie et le bienfait des échanges.

Pour une nation donnée, le défi est d’importance : elle n’a en général pas le quantum d’action nécessaire pour provoquer les changements nécessaires. Il lui faut s’engager dans une « diplomatie de la prospérité » dont elle n’a ni l’habitude ni les certitudes intellectuelles, les dirigeants ne comprenant généralement pas « de quoi on cause » et n’étant pas servis par des économistes le plus souvent rendus serviles par les besoins de leurs carrières officielles, ou perdus dans leurs appartenances idéologiques. La crédibilité de l’action internationale d’une nation est corrélée à sa performance économique et sociale, à sa vitalité intellectuelle et sa maîtrise des grands sujets du temps. Il lui faut aussi avoir des alliés et une tradition d’influence. Autant dire qu’une nation qui est totalement dans les choux n’a aucun rôle utile à jouer. Et si ses structures, ses dirigeants, son président, n’a aucune idée directrice pertinente, la carence est totale.

La Communauté Économique Européenne n’a pas su réagir utilement au défi de l’explosion des Accords de Bretton Woods. Dès la fin des années soixante, elle a envisagé qu’une Union Économique et Monétaire lui permettrait de résister aux désordres que créait la volonté américaine de dominer le monde par l’emploi déraisonnable du dollar et une pratique non collaborative. D’échecs en échecs, elle a fini par se rallier à l’idée d’une monnaie unique, mais sans créer les conditions d’organisation nécessaires à son bon fonctionnement. Soumise aux conséquences des crises globales, elle a fini par sombrer dans le « contractionnisme » délirant, dénoncé inlassablement lors de la conférence de Bretton Woods comme le contraire absolu de ce qu’il fallait faire. Le résultat se lit dans le chômage de masse dans une partie de l’Europe et l’énormité des déséquilibres internes de la zone. De facto, l’organisation de l’Union Européenne, surtout depuis son élargissement qui pose des difficultés décisionnelles insurmontables, et celle la zone Euro, totalement dysfonctionnelle, exigent des corrections profondes et rapides qui là encore se heurtent aux difficultés intrinsèques d’une diplomatie.

Naturellement si le pays qui cherche à mener cette diplomatie n’a aucune vision de ce qu’il faut faire et se trouve dans le trente-sixième dessous, faute d’avoir essayé de gérer au mieux la situation, ses chances de se faire entendre sont quasi nulles.

Pour nous, la solution est exactement la même qu’à l’échelon mondial : il faut proscrire les grands excédents et les grands déficits, et rendre la sanction de leur apparition quasi automatique afin que les états concernés prennent spontanément les décisions d’ajustement nécessaires. Il est indispensable que les principes d’une solution mondiale et ceux d’une solution européenne soient exactement les mêmes. On ne peut pas, pour un économiste, défendre un concept différent pour le tout et la partie. Cette incohérence est mortelle pour la crédibilité. Il faut donc aboutir de façon urgente à des mécanismes européens automatiques de sanction des grands déficits et des grands excédents, afin de mettre fin à des exercices déflationnistes destructeurs et sans issue, tout en respectant les libertés économiques fondamentales.

La France pour sa part a réagi de la façon la plus stupide au choc de l'explosion des Accords coopératifs de Bretton Woods. À chaque récession elle a fait venir au pouvoir des socialistes qui ont aggravé les conséquences de la crise en étouffant l’économie et ruinant l’État et les Français. Le désastre du Programme Commun de Gouvernement rendu possible par la victoire du pervers narcissique Mitterrand, un pourrisseur impénitent, a fait décrocher la France qui rattrapait les États-Unis depuis 1950. La crise de 92-93 a fait venir Jospin qui a étouffé les relations sociales tout en asphyxiant l’économie avec les trente-cinq heures. La crise de 2008-2009 a fait venir le sinistre gouvernement Hollande qui a poussé l’incompétence jusqu’à des sommets de l’hystérie fiscale et détruit toutes les capacités d’investissement privées nationales, vendant les entreprises françaises à l’encan et faisant fuir des centaines de milliers de familles. Le rétropédalage final n’a fait que détruire son assise électorale sans permettre un vrai et durable redressement.

Du coup quelles sont les chances d’un pays ainsi maltraité de se redresser et de conduire une diplomatie de la prospérité ?

Les résultats sont tellement déplorables avec en prime une baisse de la natalité qui nous ramène aux années trente, que la révolte gronde et se traduit à la fois par l’émergence du Mélenchonisme et la dynamique du Front national, deux mouvements antimondialisation et antieuropéen.

Les trois libertés de circulation des personnes, des capitaux et des produits sont remises en cause radicalement faut d’avoir été organisée de façon appropriée et faute d’avoir corrigé à temps les dysfonctionnements globaux et européens.

Mme Le Pen n’a aucun avis sur lesdits dysfonctionnements. Elle fait simplement chauffer les mauvais sentiments mais sans débouchés pratiques autres que son succès électoral. Elle capitalise dans tous les milieux touchés par le chômage, la perte d’identité nationale, les impôts confiscatoires, le surendettement, et la peur du déclassement ou son expérience. Cela fait du monde. Son défi est de faire apparaître une cohérence économique et diplomatique pour parvenir aux 50 %. Le propos de son électorat et plutôt d’affirmer aux autorités nationales, européennes et mondiales que cela suffit comme cela et qu’ils ne marchent plus dans la combine. En faisant courir un frisson dans le dos des dirigeants européens et de la petite élite qui les sert, il espère qu’ils changent et prennent en compte leur révolte. C’est d’ailleurs le seul rôle positif de Mélenchon et Le Pen. L’avertissement sans frais avant le vrai chaos.

M. Macron, lui incarne le rejet d’un affrontement droite gauche qui depuis 1971 n’a conduit qu’à des surenchères, des concessions aux radicaux et à l’impossibilité de solutions raisonnables. Mais le vide intersidéral de son discours commence à faire tache.

- Il n’a produit aucun diagnostic de la situation

- Il chante, voir hurle, façon cabrette, vive l’Europe, vive la Mondialisation, vive la Finance, vive tout et tous, et surtout vive moi. Ce qui est tout de même un peu court.

- Il n’a élaboré aucune grande orientation de solution et donne l'impressionne « couvrir » tous les défauts de la mondialisation financière et du contractionnisme européen, avec des changements tellement marginaux qu’ils ne peuvent pas rassurer ceux qui voient leur déclassement, celui de leur village, de leur région et de leur pays.

Son programme est un mélange de reprises de toutes les démagogies du passé (comme la détaxation des heures supplémentaires et l’extension de la gratuité des soins) avec quelques achats de votes nouveaux (l’exonération e 80 % de payeurs de la taxe d’habitation, le transfert de l’argent des retraités aux travailleurs), baignant dans un discours évaporé, et coulant de bons sentiments. Tel quel il n’a aucune chance de changer la situation française et ne peut que l’aggraver, sauf pour une toute petite minorité dont il est le factotum empressé et intéressé.

Il n’a défini aucun élément d’une diplomatie de la prospérité.

Il a compris qu’il pouvait être élu sans tout cela.

Sans doute a-t-il également compris qu’un Président de la République, aussi gavé de pouvoirs soit-il, n’a pas celui de changer réellement les choses et que le destin individuel est un objectif plus abordable que celui de la nation, de l'Europe et du monde. Et qu’il durera au baratin avec l’aide des médias.

Est-il temps pour lui et dans la seconde phase de la campagne puis dans le cadre des élections législatives de faire l’effort d’insérer les vrais problèmes et les vraies solutions dans son projet ? Et en a-t-il la volonté, alors que cela ne semble pas nécessaire au succès de sa petite aventure personnelle ?

Brice Teinturier et les noirs reflets de la démocratie française.

Anatomie du désengagement politique des Français

Brice Teinturier est bien connu pour ses passages sur la TNT où il commente la vie politique à la lumière des sondages.  Il fait paraître un livre qu’on n’attendait pas et qui frappe dur dans un secteur peu médité par les politologues : le repli désenchanté d’une partie importante et croissante de l’électorat qui trahit une « crise de la démocratie ».  La revendication de la reconnaissance du bulletin blanc est une des traductions  de cette volonté active de ne plus élire. Ce n’est plus le slogan « élections piège à c… ». Mais selon l’auteur : « Plus rien à faire, plus rien à foutre ». Le livre s’arrête fin 2016 et l’auteur doit regretter qu’il ne couvre pas les trois derniers mois  qui a fait monter le phénomène à une hauteur astronomique avec le risque d’une élection présidentielle peu significative. Il est probable que le président nouveau sera élu avec une adhésion personnelle de moins de 15% des inscrits.

L’auteur constate l’apparition d’une classe de Français qui ont accepté de céder à la défiance radicale, au mépris et à la colère, au point de se désengager totalement du processus électoral. Les primaires, malgré le fort score de la variante à droite, aura été un échec « qui ne change rien au malaise démocratique ». S’il avait connu la suite au moment d’écrire son livre,  il est probable que ce n’est pas le mot « malaise » qu’il aurait employé. La France électorale est nerveusement à plat, alors que le monde politique, médiatique et judiciaire est entré dans une phase d’hystérie maladive et sinistre qui lui vole l’élection présidentielle.

Au lieu d’être le moment où les Français choisissent une ligne politique pour cinq ans et les objectifs et moyens d’une action collective, le déchaînement de l’ignominie bien au-delà des habituelles nécessités de la catharsis politicienne nationale,  l’élection est devenue un égout à ciel ouvert. Les électeurs consternés se pincent le nez et refusent le spectacle. Ce n’est pas qu’ils n’ont « rien à faire » de ces outrances. Ils sont simplement choqués jusqu’à la moelle.      

Pour l’essentiel, l’extravagance sordide et dangereuse de cette situation trouverait sa cause  dans la double crise « du résultat » et de « la vacuité », dans un contexte marqué par l’effondrement du monde médiatique.  

La dénonciation  des deux crises du résultat et de la vacuité, avec tentative d’y suppléer, est une des missions de ce blog. La question nous intéresse.

La crise du résultat est tout entière dans le déni d’explication de ce que nous appelons La Crise : une baisse continue du trend de croissance depuis 1971, avec une aggravation du poids de la dette globale et des crises périodiques de plus en plus graves. Les crises extérieures ont, en France, fait venir régulièrement au pouvoir des gouvernements socialistes qui ont aggravé les choses tout en trahissant leurs promesses abusives.  Au final, la France est gravement frappée par le chômage et la partie qui ne l’est pas sommée de partir pour ne pas être ruinée par les impôts. Une situation ubuesque qui désespère le pays et qui justifie en effet son mépris des élites administratives et politiques, devenues identiques,  depuis la prise du pouvoir par l’Enarchie Compassionnelle. L’Europe, vue comme une solution magique, s’est développée contre l’avis du peuple, et justifie des politiques de coercition et de déflation dont le monde croyait s’être débarrassé en 1944.

L’auteur, naturellement, ne donne aucune explication de la crise du résultat. Il se contente d’en mesurer les conséquences.  Ce qui fait la jointure avec la seconde crise : celle du sens, qu’il nomme « crise de la vacuité ».

Nous l’avons illustrée ici à de nombreuses reprises (Voir par exemple : http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2016/1/8/C-dans-lair--lart-de-commenter-sans-jamais-expliquer)  .

L’auteur en donne une double explication :

-          Une première, globale, que n’aurait pas désavouée Eric Zemmour, sur le consumérisme débridée qui entraîne le citoyen consommateur dans la bassesse commerciale et la perte de valeur et de transcendance.   

-          Une seconde, spécifique, qui est l’effondrement du monde médiatique dans le néant vulgaire.

La crise médiatique est bien analysée. La sondagite, admet-il, peut être malsaine et manipulée. La religion du buzz conduit à l’hypertrophie de l’émotion et du n’importe quoi, pour attirer une part d’audience dans un PAF désarticulé où personne ne parvient plus à disposer d’une part réellement significative et rentable.  La « juniorisation » trahit « une industrie où les gains de productivité ne sont pas à la hauteur de la baisse des prix ».  Les outrances conduisent à la « délégitimation » de tous et de tout. Et en particulier des politiques, qui sont devenus des objets de dérision et d’attaques grossières dans une sorte de défoulement facile justifié par la « crise du résultat ». Pas besoin d’écouter longtemps les médias pour constater qu’au fur et à mesure qu’ils n’expliquent plus rien les « journalistes »  et les animateurs d’émission se transforment en Savonarole au petit pied et en moralistes de pacotille.

Pourquoi se lancer dans un travail de fond qui ennuie quand on peut se contenter de quelques injures et de quelques propos démagogiques encadrés par des applaudissements provoqués pour se donner la stature de chevalier du bien ?

Le monde politique ne sait pas comment se dégager de cette tourbe. On voit donc s’épanouir  des herbes politiques fofolles qui croissent un temps sur la bonne volonté des gogos. Et qui pourrissent aussi vite qu’elles ont poussé.

Comme souvent, l’analyse, dans ce livre,  est meilleure que les propositions.  Comment éviter que le citoyen écœuré ne se désengage totalement devant la malhonnêteté, l’insignifiance et la malfaisance d’une vie médiatico-politique à ce point déjetée ? Les quelques esquisses de participation citoyenne évoquées sont tellement loin du quantum de changement qui serait nécessaire, qu’on peut craindre qu’elles ne conduisent qu’à plus d’accablement encore.

La vérité profonde est que la capacité de faire, en France, est totalement inhibée par les dysfonctionnements du système global et de la zone Euro, que la France, faute de souveraineté, ne sait plus dégager de véritables élites,  que la capture du monde politique par la haute fonction publique, qui tient par ailleurs la finance et les médias, crée un blocage qui tourne maintenant au pronunciamiento,   que les solidarités nationales ont été dissoutes par une immigration excessive et se sont perverties en confiscation fiscale, que le politiquement correct a fini par tuer la liberté d’expression, que le vieillissement est tragique,  que nous assistons à l’évacuation de la génération-68 à bout de souffle, que le marxisme léninisme qui avait infesté l’université et l’école se meurt dans les convulsions et que plus personne n’a confiance en l’avenir.

L’image la plus précise de la France est celle des clochards bunueliens de Viridiana qui se masturbent  en picolant dans des robes de mariées : le sordide de la dérision et du désordre  de la part de déclassés.   

Oui, les élections actuelles sont sordides.  Sordides, les manœuvres du Président sortant empêché de se représenter par sa propre médiocrité, ses mensonges et ses échecs. Sordide l’hystérie médiatico-judiciaire qui empêche le déroulement serein de la campagne électorale. Sordide le pronunciamiento des énarques de toute obédience qui ne veulent pas perdre un pouvoir abusif et qui se retrouvent tous derrière un inspecteur des finances astucieux et qui joue délicieusement de la flûte.

Le tableau noir mordoré  dressé par Brice Teinturier, malheureusement, n’est qu’un tout petit bout de la toile à la Breughel qu’est devenue la scène politique, économique, sociale, judiciaire et médiatique française.

Requiescat in Pace ?  « Plus rien à faire, plus rien à foutre » ?

Jamais !  

Le coût délirant des erreurs monétaires

Pour le prouver, inutile de remonter trop loin dans le temps, encore qu’une grande part de l’histoire mondiale depuis l’antiquité soit déformée par les questions monétaires.

Le XXe siècle est suffisamment éclairant pour prouver le rôle de la monnaie non pas comme voile , comme l’ont assuré les classiques et néoclassiques, mais comme  ferment des drames de  l’économie et de l’histoire.

La guerre de 14-18 a entraîné le développement massif des monnaies fiduciaires d’État, avec une concentration de l’or aux États-Unis. Que faire de cette création monétaire aussi artificielle que gigantesque ? Par habitude de pensée, la majorité des pays ont voulu revenir à l’étalon-or. La fixation d’un taux de la Livre en or irréaliste a plongé le Royaume-Uni dans des affres économiques déplorables. C’est une des grandes erreurs de Churchill. Le coût pour les Britanniques a été fort lourd. La volonté des États-Unis de ne pas faire jouer les mécanismes de l’étalon-or, a provoqué des troubles qui ont fini par la crise de 1929, crise de pure spéculation. Les erreurs des banques centrales ont fait de cette crise une terrible dépression. La réponse malheureuse des gouvernements français du début des années trente a provoqué une déflation coûteuse qui a amené le Front Populaire puis l’effondrement de 1940. L’Allemagne a voulu résister aux « réparations » en faisant fondre sa monnaie. Mal lui en a pris. Elle sera ruinée durablement par une hyperinflation modèle du genre qui fera venir Hitler et, à peine dix ans plus tard, la destruction de plusieurs générations de jeunes allemands et d’une large partie du pays historique.

La réforme de Bretton Woods était excellente à de nombreux points de vue mais elle comportait un défaut majeur : elle faisait d’une monnaie nationale le pivot du système.Le systèmel ne pouvait survivre que si les États-Unis menaient une politique financière raisonnable et la maintenaient dans la durée. Ils choisirent le « benign neglect », ce qui peut se traduire, à ce niveau de responsabilité par « l’indifférence criminelle ». Ils dévaluèrent le dollar par rapport à l’or en 71 (nous en sommes à 96 % de dévaluation aujourd’hui) et imposèrent les changes flottants à Kingston. On connaît le résultat : ce que nous appelons « La Crise » : baisse tendancielle continue du trend, dettes en hausse fulgurante, sévérité des crises périodiques. Le monde a dû encaisser trois crises gravissimes et une multitude d’autres épisodes parfois tragiques. L’économie baudruche a fini par exploser en 2008 provoquant des ravages politiques à la mesure des dégâts, notamment dans les pays développés.

Ce à quoi on assiste aujourd’hui, c‘est aux effets tragiques du non-système monétaire imposé en 1976 à Kingston par les États-Unis.

Les États-Unis se considéraient victimes des empires européens sous Roosevelt et ont entrepris de les casser. Ils se sont vus à nouveau comme des victimes en été 1971. Et ils ont cassé ce qu'ils avaient eux-mêmes créé : les Accords de Bretton Woods. Maintenant qu’ils voient que la compétition sous régime de changes flottants ne tourne pas à leur total avant, ils veulent encore casser le système des échanges, cette fois-ci en s’attaquant au libre-échange qui était leur mantra depuis les années trente.

Le G20 a été l’occasion officielle de l’affirmer au monde. On pourrait l’appeler le : « G20 % à vous imposer ». Mieux encore, les États-Unis commencent à s’en prendre au FMI. Déjà sous DSK, les fantaisies du chef du FMI avaient été extrêmement mal vues. Il ne s’agit pas ici de ses performances hôtelières mais de l’engagement hors de toute légalité du FMI dans les affaires intérieures de la zone Euro. Aujourd’hui, un certain Bill Huizenza, illustre inconnu, parlementaire au Capitole, dénonce l’aide du FMI à l’Europe et menace de clore le financement américain de l’institution s’il n’a pas gain de cause.

Le FMI qui par dépendance quasi-totale et soumission aux États-Unis a accepté tous les viols de ses statuts, se voit récompenser par des menaces et un chantage financier explicite.

Le concept de « commerce juste », avec coup de gourdin à la clef est le même que celui d’utilisation juste du dollar qui a valu des milliards de dollars d’amende à la plupart des grandes banques européennes, et cette "juste" conséquence que tous les grands financements internationaux échappent désormais aux banques non européennes.

Nous avons souligné que le TFTEA, la base législative qui permet au gouvernement américain d’agir, est la pierre angulaire de cette invraisemblable action de force. Dans l'indifférence générale il faut bien le dire. La loi n’a pas été prise par Trump mais Obama.

Les changes flottants et la création d’une finance internationale dérégulée, au seul profit des grandes multinationales américaines, ont fini par détruire totalement l’œuvre de Roosevelt. Ne faisons pas de ce grand président un total altruiste. Malgré tout il avait des valeurs et un certain degré d’altruisme. Le multilatéralisme n’aurait pas eu ce développement sans lui. Il n’en reste plus rien.

La violence de l’attaque américaine met en porte à faux tous les gouvernements  favorables aux États-Unis. L’Allemagne et le Japon qui vivent dans la soumission depuis 1944 se retrouvent floués une nouvelle fois. Pour l’Allemagne il lui est même impossible de réévaluer sa monnaie. Les fédéralistes européens, longtemps soutenus par les États-Unis désireux de casser les empires européens, sont également fort mal. Ils risquent d’apparaître pour ce qu'ils sont : de simples auxiliaires de la finance américaine.

Les désordres monétaires prennent une fois de plus leur rançon. Faute d’avoir réformé à temps la gestion de la zone Euro, et l’avoir laissé à la connivence de la Banque Centrale Européenne, dirigée par un Goldman Sachs, les méfaits du système, qui sont  les mêmes que ceux des changes flottants, l’apparition de déséquilibres internes gigantesques et maîtrisables sans déflation forcenée, l’Europe risque de se trouver attaquée de l’extérieur et de l’intérieur. Beau résultat !

Décidément oui, la monnaie compte. Mais il ne faut pas compter sur elle quand on organise mal sa création, son investissement, son change et son emploi par la puissance publique.

Le seul espoir d’éviter cette séquence mortifère aurait une réaction conjointe du G20, du FMI, de la BRI et de l’OCDE, en 2008 et 2009. Il fallait revenir d’urgence à un système coopératif d’échanges, interdisant effectivement les grands déficits et les grands excédents, stabilisant les monnaies, encadrant l’activité bancaire, le tout basé sur les changes fixes et une unité de compte internationale indépendante d’une monnaie nationale.

Peut-on le faire à chaud aujourd’hui et pire encore demain, lorsque le bâton américain aura commencé à casser des dos et marqué de façon honteusement indélébile l’incroyable sujétion générale aux diktats américains ? Ce qu’on risque c’est l’achèvement de la dislocation du commerce mondial, déjà bien avancé, l’explosion de la zone Euro et le retour à des guerres de change et de commerce.

La France, qui a choisi une sorte de suicide national, en se laissant couler dans le béton socialiste et fiscal, risque elle-même la dislocation.

Bravo à nos « élites » politiques et administratives.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

La seconde explosion du pseudo système international des paiements et des échanges

La taxe d'équilibre de 20% des Etats Unis remet tout en cause

Il n’aura pas fallu attendre longtemps. La menace d’une taxe sur les importations de 20 % imposée unilatéralement par les États-Unis est désormais brandie sans vergogne. Nous avons souligné dans deux articles sur le TFTEA, qui n’ont pas soulevé d’intérêt, que la menace arrivait à toute vitesse, qu’elle ne venait pas originellement de Trump mais de l'administration Obama et que le débouché serait sanglant.

La tête fermée de Merkel lors de son entretien avec Trump et le comportement brutal de ce dernier donne de la chair et du sang à ce qui n’était qu’une inquiétude abstraite. Comme en 1971, les États-Unis sont prêts à brûler ce qu’ils ont adoré pour leur seul avantage.

Ce sont les Américains qui ont imposé les accords de Bretton Woods qui donnait un rôle pivot au dollar, sous réserve qu’il maintienne sa valeur vis-à-vis de l’or. Cet accord n’avait de valeur qu’à cette condition. Quand cette contrainte les a gênés, ils ont fait défaut en injuriant tout le monde et imposé les changes flottants qui revenait à un étalon dollar compte tenu des habitudes prises.

La nouvelle orthodoxie voulait que la monnaie soit désormais une « marchandise comme les autres » (Ah ! Ah ! Ah !) et que les trois libertés de mouvements des hommes, des marchandises et des capitaux se chargeraient de mener le monde à l’optimum de croissance grâce à la bonne allocation des capitaux aux meilleurs investissements.

L’Occident s’est incliné en grommelant devant le diktat américain. Il en est résulté quarante années de déclin de la croissance, de crises de plus en plus violentes, d’envolée des dettes globales, et, compte tenu de la circonstance historique de la chute des régimes socialistes qui maintenaient dans la ruine quelques milliards de personnes, une compétition violente entre pas pauvres et pays riches. Le tout a mené malgré tous les avertissements à une économie baudruche qui a fini par exploser et à une fracture sociale dont le débouché politique s’est imposé justement après l'explosion économique. Les pays qui comme la France ont voulu jouer au socialisme se sont retrouvés avec un chômage de masse, des dettes invraisemblables et la perte de leur industrie. Depuis 8 ans le niveau de vie par tête baisse, horreur qui ne s'était jamais vue depuis 1945. Au passage la France est sortie de l’histoire et sa voix ne compte plus, noyée dans les pleurs de rire.

L’Allemagne a eu dans tout ce processus un rôle ambigu. C’est elle qui a empêché tout règlement des difficultés financières internationales des années 69-71. L’effondrement des accords de Bretton Woods doit beaucoup à leur rejet viscéral d’une inflation importée. Mais ils ont refusé de quitter leur position de toutou politique et militaire des États-Unis. Une attitude d’esclave capricieux plus que de pays responsable de l’Union Européenne. Elle a maintenu sa volonté d'asseoir sa puissance sur des exportations massives et des comptes extérieurs excédentaires. Fin 1980, elle se retrouvait dans une très fâcheuse situation (pire que celle de la France). La réunification lui a posé de lourdes difficultés qu’elle a en partie redirigées vers ses partenaires européens puis dominées par un programme (le plan Schroeder) qui visait à lui redonner une compétitivité massive. Compte tenu d’un Euro réglé trop bas pour elle, elle a pu multiplier ses exportations et ratisser tous les capitaux européens tant ses excédents commerciaux vis-à-vis de ses partenaires de l’Union sont massifs. Ne sachant pas quoi faire de ses capitaux accumulés hors de toute raison, elle a investi en masse dans les « subprimes » et dans l’immobilier de loisirs en Grèce, au Portugal, en Espagne, tout en rachetant un nombre colossal de PME françaises. Et ses banques ont financé les États fragiles qui offraient de bons taux d’intérêt. Le système bancaire allemand s’en est retrouvé quasiment en faillite après 2008.

Le Japon ayant été secoués par deux graves récessions (92 et 2 008) et son économie désarticulée par le tremblement de terre de Kobé puis par le drame de Fukushima, le pays a vu ses énormes réserves accumulées par une politique d’excédents anormale subir des pertes gigantesques qui ont imposé des renflouements à proportion et qui en font le pays où le budget est le plus endetté. La Chine et les Dragons ont pris le relais et se retrouvent avec d’énormes excédents dont ils ne savent que faire, sinon désormais acheter le capital des entreprises de leurs partenaires, ce qui ne passe pas.

Les énormes excédents Chinois, Japonais et Allemands, ainsi que ceux des pays pétroliers ont ruiné l’économie mondiale et posent problème. L’éléphant américain écrase le problème en l’obscurcissant.

Ils remettent en cause les libertés économiques dès lors que leur puissance permet de passer outre.

La vérité est qu’ils cherchent à résoudre le problème fondamental des changes flottants : non seulement ils ne garantissent pas que les échanges seront équilibrés au moins à moyen terme, mais encore ils nourrissent les déséquilibres. La meilleure image est celle d’un pont en caoutchouc : ses oscillations finissent par faire verser les lourds convois du commerce au fond du ravin au même moment où les nigauds se flattent de sa « souplesse ».

La taxe d’équilibre que propose Trump est le corollaire des déséquilibres des changes flottants. Si le change et les prix ne jouent plus leur rôle, embarqués qu’ils sont dans des tourbillons financiers internationaux incontrôlables, ne restent plus que les béquilles douanières.

À l’intérieur de la zone Euro, où le même problème se pose mais à l’envers du fait d’une absence totale de possibilité d’ajuster les changes, la taxe d’équilibre est aussi une des solutions possibles. Elle a l’inconvénient d'entraîner une guerre sans fin, au jour le jour, et de mettre fin au multilatéralisme. L’autre faiblesse est de toucher les marchandises sans toucher aux capitaux.

Le seul moyen de revenir à une solution durable, collaborative et poussant au maintien des équilibres est de réformer, dans le monde, et dans la zone euro, le mode d’organisation des balances des paiements.

C’est ce plan que nous sommes en train d’élaborer et que nous présenterons dans notre nouveau livre à paraître d’ici un an. La déconfiture du système des changes flottants, comme celle d’une zone de monnaie unique sans coordination et institution correctrice des déséquilibres internes, que nous ne cessons de commenter publiquement depuis maintenant 20 ans, est désormais actée et sans espoir de solution dans le statu quo.

Les soubresauts actuels, malheureusement, s’ils signent ce constat de décès, ce qui est bien, ne font qu’emmener vers de nouveaux gouffres.

Jamais il n’a jamais été plus urgent pour le monde et l’Europe de réformer de façon congruente et positive leurs systèmes monétaires. Jamais il n’aurait été plus gratifiant pour la France et son prestige qu’elle soit en tête de cette diplomatie de la prospérité. On voit où elle en est.

Nous tenons là l’enjeu du siècle. Et une fois de plus, par soumission, par frivolité, par incompétence, aucune des forces qui devraient être en première ligne ne se mettra en branle. Pas un article de presse ou de revue n’aborde au fond cette grave affaire. Le TFTEA n’a fait l’objet d’aucun commentaire de presse depuis deux ans. La remise en cause des changes flottants non plus. On commente la casse et les réactions. On n'explique rien. La Presse qui annonce que son rôle est d’effectuer « les mises en perspectives nécessaires » trahit cette mission tous les jours et toutes les semaines. Les revues prisonnières de leurs maîtres et de leurs habitudes refusent tout article sur ces sujets.

Ne parlons pas de la « campagne pestilentielle » française.

L’indispensable combat doit continuer. Déjà, plus personne ne peut considérer que la situation actuelle et ses débordements en cours, puissent continuer. La nécessité d’une meilleure vision devient cruciale.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile



L’organisation de l’Europe, clé du débat présidentiel ?

Plusieurs lignes de fracture traversent les élections présidentielles délirantes de 2017 en France.

La question institutionnelle est posée : faut-il, ou non, revenir sur le système majoritaire mis en place en 1958 et restaurer une forme, nouvelle ou non, de régime des partis, à la façon des Troisième et Quatrième Républiques ? Un président fort, au-dessus d’un grouillement de partis issus de la proportionnelle, serait-il en position de faire dégager les majorités d’idée pour traiter les questions de bien commun ? Ou appartient-il à la Nation de définir une ligne politique claire dont un président élu au suffrage universel devra assumer le succès ou l’échec ?

Emmanuel Macron a donné un débouché électoral à cette question institutionnelle. Le pays doit la trancher au premier tour : on continue avec la cinquième République et le système majoritaire ou on change de régime politique.

Notre position personnelle est qu’il faut qu’une ligne politique claire soit tranchée par le pays et appliquée dans les circonstances très difficiles qu’il traverse. Par conséquent, il ne faut pas ajouter une difficulté politicienne et institutionnelle à nos malheurs.

Au cas où le pays trancherait en ce sens au premier tour, la ligne politique à trancher au second serait celle de l’Europe.

Le Brexit a montré qu’un peuple peut décider de revenir au système national traditionnel, généralisé depuis le XIXe siècle. La France veut-elle de ce retour ? L’option du saut fédéraliste étant totalement hors de propos dans l’état actuel de l’opinion et de la situation en Europe, et le statu quo n’étant pas acceptable compte tenu des résultats sécuritaires, économiques et sociaux calamiteux, la seule voie alternative au Frexit est la double réforme de l’Union Européenne et de l’Euro.

Autant le flot d’imprécations sur l’Europe impressionne par son ampleur et sa vigueur, autant les idées de réformes sont quasiment inexistantes dans le débat actuel.

Le problème d’une réforme, c’est qu’elle implique à tout le moins un diagnostic de ce qui va et ne va pas, l’élaboration d’un plan d’action et l’appréciation des chances de sa mise en œuvre. Ces trois questions fondamentales sont traitées de façon si sommaire que le péremptoire a remplacé l’intelligent.

Premier constat : la situation de la France est à ce point mauvaise que nous n’avons aucun intérêt à subir les troubles d’une sortie de l’Euro et de l’Europe. La minuscule embellie conjoncturelle actuelle s’accompagne d’une croissance correspondante de nos déficits extérieurs et de celui de la balance des paiements. Le ressac en cas de crise monétaire sera réellement difficile à supporter pour l’économie française. Tous les scénarios mènent à une perte en capital phénoménale, en plus d’une récession soignée, réduisant le revenu. La France ne s’est jamais vraiment remise de la crise de 74. Autant ne pas penser au temps qu’il faudra pour qu’elle digère un tel coup dans l’état où elle est.

Second constat : les autorités françaises n’auront aucune influence extérieure tant qu’elles n’auront pas fait aboutir un effort maximum de redressement économique. À ce jour, seul le plan Fillon offre une chance raisonnable de faire bouger les lignes favorablement et suffisamment.

Faut-il, tant que la France a la tête sous l’eau, s’abstenir de définir une vision d’évolution à moyen et à long terme ? Ou faut-il contrer les voix qui poussent à la destruction par un projet positif crédible ?

L’idée fondatrice de l’Europe institutionnelle est que chacun des pays de l’Union accepte de considérer les citoyens des pays unis comme les leurs. « Je ne te crains pas ! Et je m’engage à tout faire pour que tu n’aies rien à craindre de moi ». Ils disposent exactement des mêmes droits, en dehors du droit de vote souverain, que les citoyens autochtones. Le second volet, de la même inspiration, est que les États s’abstiennent de toute mesure nationale visant à obtenir un avantage sur le dos des autres. Le troisième volet crée un « extérieur », avec les citoyens duquel les relations sont un peu ou beaucoup plus compliquées en fonction du pays concerné.

La Commission avait essentiellement pour but de mettre en œuvre non pas un moignon de gouvernement fédéral, ni un processus d’unification détaillée, mais l’élimination des obstacles artificiels mis par chaque État pour se protéger des autres et la proposition de politiques harmonisées à chaque fois qu’on pouvait espérer des effets bénéfiques sérieux. On a cru devoir créer un Parlement européen pour donner une vague caution démocratique à l’affaire. Ce n’était pas nécessaire et coûte beaucoup pour un bénéfice démocratique quasiment nul.

Même s’il est d’usage de dauber sur le champ beaucoup trop étendu des directives, avec un souci du détail qui tient plus de la nécessité d’employer une fonction publique pléthorique que de respecter les règles de la subsidiarité, ce travail de bénédictin n’a pas de vrais inconvénients, tant qu’il ne sert pas une volonté d’abaisser les institutions nationales et d’affirmer des pouvoirs politiques excessifs et qu’il ne gonfle pas le « mille-feuilles » administratif.

Cette philosophie générale ne posait pas trop de difficulté dans l’Europe des six. L’ouverture à tout le continent, après la chute de l’URSS, doublée d’une ouverture aux migrations non souhaitées en provenance d’Afrique, du Moyen orient et d’Asie a augmenté les facteurs de craintes. La défiance se cristallise sur quelques sujets précis.

-          Des minorités habituées à vivre de mendicité et de trafics ont vu s’ouvrir l’accès à des pays riches et ont entrepris d’y installer leur emprise. Voir un mendiant devant chaque épicerie ou boulangerie et la création de centaines de bidonvilles hideux aux portes des grandes villes n’est pas du goût de tout le monde.

-          Des populations jeunes et appauvries par des décennies de « socialisme réalisé » dans les pays de l’Est ont cherché du travail partout où ils l’ont pu. La directive Bolkenstein a donné à ce flux une dimension étrange : on pouvait quasiment s’abstenir des règles salariales du pays de destination.

-          Les pays musulmans d’Europe, que ce soit le Kosovo dirigé par d’anciens responsables de trafics parfaitement ignobles, ou la Bosnie Herzégovine, voire même la Bulgarie ne sont pas souhaités au sein de l’Europe pas plus que la Turquie. La crainte est partout présente que la machine à étendre l’Union puisse conduire à des ouvertures non désirées par une majorité des populations.

-          Mme Merkel a accepté l’arrivée de centaines de milliers de migrants qui ont libre accès aux autres pays, au moment même où l’irrédentisme musulman et la violence de ses luttes internes provoquent un solide haut-le-cœur

Il est certain qu’il faut faire tomber la défiance, sinon, tout le projet européen peut être emporté.

-          L’Europe doit unifier sa politique d’immigration extérieure et faire respecter son territoire. Si un pays accepte pour des raisons diverses des étrangers sur son sol, il doit être clair qu’il appartient au pays de premier accueil de s’en débrouiller et qu’ils ne doivent pas avoir accès à l’ensemble des autres pays. L’Europe a les moyens d’imposer à tous les pays émetteurs de migrants qu’ils récupèrent leurs nationaux en cas de rejet de leurs demandes.

-          La question des transhumances internes de populations pauvres ne cherchant qu’à survivre par la mendicité et l’exploitation des droits sociaux doit être explicitement posée. La législation sur le vagabondage, la mendicité, le squat,  et la migration illégale ne doit pas être laissée entre les mains de la CEDH ou de la CJUE.

-          Que l’on accompagne la vente d’un équipement ou d’un logiciel en faisant travailler des personnels aux conditions sociales du fournisseur n’a pas d’inconvénient. Si la directive Bolkenstein s’était contentée de cela, il n’y aurait pas de difficulté. Mais on ne peut pas laisser venir des légions de travailleurs sur des projets aux conditions des pays d’origine, sauf cas particuliers avec accord préalable explicite des autorités du pays d’accueil.

Exclure la perspective fédéraliste, au profit d’une Europe des nations, dont le centre serait le Conseil et non la Commission, avec un plan simple et clair sur les questions précédentes seraient de nature à réduire de beaucoup les défiances actuelles. Renoncer pour un temps à toute extension serait sage.

La question de l’Euro est autrement plus difficile. Il est clair que la création d’une monnaie unique sur la base d’un traité ne prévoyant que des restrictions normatives globales et aucun organe de gestion, alors que les politiques nationales restaient libres dans presque tous les domaines, a été une grave erreur que les pays membres ont payée cher.

L’idée fausse sous-jacente était que si on laissait s’exercer les trois grandes libertés (échanges de biens et de service, liberté des mouvements de personnes, liberté des mouvements de capitaux), tout en neutralisant les folies budgétaires possibles, l’économie s’unifierait et que la croissance serait optimale.

La réalité a été tout autre. Les déséquilibres entre les pays n’ont pas cessé de s’aggraver au lieu de se réduire, avec des taux d’inflation différents, des écarts de taux d’intérêt, des taux de chômage anormaux, la crise globale venant donner un grand coup de butoir dans l’ensemble et obligeant la BCE à mettre en œuvre des mesures désespérées de création monétaire forcenée alors que des corsets étaient appliqués aux pays les plus en difficulté. Les déséquilibres de balances de paiement ont provoqué une double hélice de crédits dommageable de 2000 à 2008, complétant la bulle globale. Le tout a explosé en 2008-2009. Le « contractionnisme » budgétaire consécutif aux traités a ruiné la croissance pour longtemps dans plusieurs parties de la zone.

Ces réalités sont inacceptables. Il était aberrant de laisser par exemple la France sombrer dans le non-travail avec les mesures Jospin, DSK, Aubry, tout en laissant l’Allemagne mettre en œuvre le plan Schroeder.

Certains proposent un Ministère des finances européen. Nous préférons un Coordinateur européen de l’ensemble des politiques qui concourent à la stabilité des balances commerciales et de paiement, et la création d’un mécanisme automatique de retour à l’équilibre des balances des paiements, par prélèvement automatique sur les balances trop excédentaires et sanctions automatiques pour les pays trop déficitaires.

Le coordinateur piloterait trois structures légères, la BCE, le fonds de stabilisation européen et un centre de coordination des politiques, en liaison avec les parlements nationaux. Tout cela serait hors du champ de la commission et du Parlement européen. De toute façon la pression de Trump sur les excédents allemands et les inquiétudes des Allemands sur le réemploi en achat de capital allemand des excédents chinois créent une situation intenable dans la durée. Il faut donc profiter de ces circonstances pour proposer une réorientation générale de la gestion des soldes de balances de paiement au sein de la zone Euro et le faire de façon congruente avec une réforme du système monétaire international. Nous appelons cela une « diplomatie de la prospérité ». Si les candidats se montrent trop flous, et ne prouvent pas qu’ils comprennent ce qui ne marche pas dans le mode de gestion actuel de la zone Euro, alors gare à l’électorat.

Les questions liées à l'évasion d’assiette fiscale provoquée par certains membres de la zone et les questions de sécurité collective, à la suite d’une part des pressions de l’Otan sous domination américaine, et d’autre part l’injustice de voir la France payer seule pour des mesures extérieures de lutte contre Daesh, peuvent également faire l’objet d’une réclamation politique.

Actuellement, on est loin du compte. Si c’est François Fillon qui arrive au second tour, comme nous l’espérons, il ne peut pas se contenter des grandes lignes floues qu’il trace actuellement, donnant certes un ton, mais sans vraiment entrer dans le dur. Si, c’est Emmanuel Macron, dont l’entourage est entièrement constitué de fédérolâtres européistes, on peut craindre que sa « youpi attitude » ne mène à rien d’autre qu’une explosion électorale anti-européenne.

Le moral des Français en 2017

L'économie d'une nation n'est pas seulement la résultante de forces économiques agissant dans un cadre institutionnel plus ou moins approprié. Elle dépend aussi des humeurs politiques et du moral de la nation en tant qu'ensemble politique et économique. On parle d'économie politique, l'économie pure étant un support intellectuel mais pas un instrument d'analyse complète de la réalité. Le moral, c'est la force qui, bien orientée, pousse à l'optimisme et à l'action. Démoraliser un pays, c'est le désorienter au point que, ne sachant pas où il va, et se heurtant partout à d'insaisissables obstacles, il cède à tous les vents mauvais de l'histoire.

Cette évidence a conduit à la mise en place d'enquêtes d'opinion des entrepreneurs, autour du concept de confiance, et plus largement à des études généralement confiées aux services secrets sur le moral global de la nation.

Voici ce que pourrait être ce genre d'étude sur le moral des Français en 2017.

Depuis la chute de l'URSS, peu de gens croient qu'il existe encore des foyers de subversion en France. Ils considèrent que le ressort est cassé et que tous les mouvements "révolutionnaires" sont désormais morts ou totalement déliquescents.

Ils se trompent. Mai 1968 a vu l'autonomisation du révolutionnarisme par rapport à l'URSS et c'était 20 ans avant la chute de l'URSS. Fondée sur le refus du monde "bourgeois" considéré comme intrinsèquement pourri, sur la condamnation du capitalisme, vu comme une force d'asservissement du prolétariat, la revendication révolutionnaire autonome, généralement portée par des mouvements trotskistes ou anarchistes, l'idéologie révolutionnaire qui souhaite depuis Babeuf faire capoter la société bourgeoise honnie, n'avait aucune raison d'être arrêtée par la chute de l'URSS qui était vue, de tout temps, dans cette mouvance, comme une déviation criminelle de petits-bourgeois fascisants profitant de l'arriération de la Russie.

La vraie rupture est venue de l'échec des mouvements armés dans la décennie 70. L'action directe est désormais exclue. Ce n'est pas une exclusion de principe mais d'opportunité. Il ne reste donc plus qu'une seule voie d'action : la subversion de la société bourgeoise afin que, vidée de toute substance et résistance, elle tombe comme un fruit blet.

La mouvance, dans toutes ses composantes, compte entre 5 000 et 10 000 adeptes ou anciens adeptes en France dont près de la moitié est active. Elle a des relais à travers le monde sous des formes très variées, dans des organismes pénétrés par entrisme. Elle dispose d'une doctrine d'action peaufinée par près de 150 ans d'écrits et de pratique.

Les techniques de pénétration, d'influence et de subversion pratiquée par l'Union Soviétique, depuis son lancement par Münzenberg, un génie de l'agit-prop, perfectionnées et pratiquées pendant soixante-dix ans, ont créé un terreau meuble. Elles n'ont pas été perdues par tout le monde.

L'idée de manœuvre est de s'attaquer aux maillons faibles de la société et de la subvertir de telle façon que la société perde toute capacité de réaction. Une émission récente sur Lénine a montré parfaitement comment les noyaux d'activistes subversifs peuvent faire basculer des situations qu'ils n'ont même pas créées.

Au milieu des années soixante-dix, les activistes révolutionnaires se sont scindés en trois groupes.

- Les partisans du retrait qui sont partis ailleurs soutenir d'autres combats (Voir par exemple Beni Levy de la Gauche Prolétarienne, converti dans le judaïsme fondamentaliste), ou qui ont essayé de faire fortune dans les affaires, ou qui se sont installés dans des carrières universitaires avec la volonté de défendre des thèses particulières mais sans envie ni programme de subversion. On les retrouve dans des travaux de démoralisation des Français, comme un récent livre d'histoire collectif qui conchie l'histoire de France, ou les travaux d'une géographe qui réduit la France à néant, et les mille et sociologues ou démographes qui débinent la France en permanence.

- Les partisans de la voie parlementaire qui ont intégré les rangs des partis, et en très grand nombre le PS. Voir par exemple Dray, Meyer, Jospin, etc.

- Les activistes non repentis qui ont considéré que là où ils étaient, ils pouvaient utiliser les moyens à disposition pour pourrir la République, mettre en œuvre les techniques de démoralisation du pays et permettre un jour ou l'autre une forme ou une autre de révolution. On les retrouve un peu partout dans la fonction publique, la magistrature, l'édition, le cinéma, les mouvements pseudo-écolos violents, les "gangs antifa" et le journalisme ou la présentation d'émission de télé, dans les partis mais masqués.

Ce dernier groupe ne s'est jamais "rangé des voitures". Au contraire ses membres ont trouvé dans la crise de l'économie et l'affaissement des relations sociales qui en est résulté des moyens d'action multipliés.

Leur cible est toujours la même depuis Münzenberg et Gramscy : les ventres mous de la démocratie.

- l'armée

- Les élèves des lycées et collèges

- Les immigrés clandestins

-. La presse.

- La justice

 

Les ouvriers comptaient naguère mais plus maintenant, compte tenu de la désindustrialisation du pays. L'immigré clandestin a remplacé le prolétaire de naguère. Terra Nova en a fait une théorie.

 

On sait peu que J. Chirac a été obligé de mettre fin à la conscription pour bloquer la tentative (menée par Edwy Plenel et quelques autres) de syndicaliser le contingent et de le manipuler. Dans l'état d'esprit de 68, le contingent était une proie facile.

- Les élèves des lycées et collèges ont été noyautés et il est assez facile de faire marcher les scolaires en utilisant de pseudo" émotions" et la simple envie de monôme. On a vu l'action des meneurs lors de l'affaire Léonarda et elle reprend ces derniers jours. Les parents n'aiment pas qu'on frappe leur enfant.

- Pour les immigrés clandestins, il suffit de suivre les provocations du Dal pour comprendre la méthode. L'émotion est, là aussi, le levier qui permet d'actionner la provocation puis la soumission.

- La presse est vulnérable car on la sait payée depuis très longtemps. Elle est à peu près totalement noyautée, ce qui explique l'incroyable chasse à cours actuelle contre Fillon basée sur de simples soupçons d'un pseudo-délit sans importance et monté en mayonnaise.

Le pire secteur gangrené est naturellement à chercher dans le système judiciaire. Il fallait éliminer les juges style Jean Royer, c'est-à-dire répressifs pour les délits dits du "petit peuple" et orienter la justice vers la condamnation du bourgeois et des élites politiques ou économiques.

La première manifestation de leur emprise a été l'arrivée du "justicialisme" dans les prétoires. Cette doctrine infâme considère que ce ne sont pas les faits, les circonstances et la loi qui déterminent le jugement mais l'identité et la condition des mis en cause, la loi pouvant être bafouée sans vergogne. On connaît la rengaine : le faible doit toujours l'emporter sur le fort quelles que soient les circonstances. La femme a raison contre l'homme, le salarié contre le patron, le piéton contre l'automobiliste, le locataire contre le propriétaire etc.

La seconde a été le refus de reconnaître comme vol le pillage des magasins en libre-service, réputé "intégré dans les marges".

La troisième a été le refus de condamner des excès syndicaux (comme le piratage du paquebot France, piratage condamné pendant longtemps à …la pendaison !) et de toute forme de viol de la propriété dite "bourgeoise.", comme le squat.

La quatrième a été de refuser de condamner l'entrée clandestine dans le pays, le vagabondage et la mendicité organisée avec ou sans enfants, avec ou sans infirmes.

Ce refus de poursuivre et de condamner certaines catégories de délinquants, tout en donnant raison à des catégories contre d'autres, s'est accompagné d'une volonté de condamner le bourgeois, suspecté d'être un "délinquant en col blanc" natif et bien pire que le "voleur de pomme".

On a donc arrêté et parfois mis en prison pour de longues semaines des centaines de patrons ou cadres supérieurs au prétexte d'accidents du travail qui naturellement créent une légitime émotion. L'ignominie sous-jacente a été de faire cesser le lien entre les faits et le comportement des inquiétés. Dans une société du bâtiment, un jeune cadre est nommé à Paris le vendredi. Il fête sa promotion, signe les délégations et le lundi se présente à l'agence de province où il est désormais directeur. À peine arrivé, il est embarqué par la police et envoyé en détention provisoire par un juge rouge. Un ouvrier, qui n'avait respecté aucune des consignes de sécurité, était venu travailler de son propre chef sur un chantier le dimanche, pour refaire une tâche qu'il avait ratée. Il était tombé de l'échafaudage et s'était tué. Drame tragique mais dans lequel le malheureux nouveau directeur n'avait exactement aucune responsabilité et pour des travaux dont il n'avait même pas connaissance. Le lien entre le dommage et lui était inexistant, une des conditions traditionnelles dans tous les droits de monde depuis l'antiquité pour inculper. Le type même d'inculpation "ès qualités" qui pose toujours problème là où croit devoir l'appliquer.

À partir de cette floraison d'inculpations fantaisistes, naturellement cachée derrière la nécessité de mettre un frein aux accidents du travail, la procédure pénale a été enseignée dans les écoles de commerce. Toutes les opérations dangereuses ont été confiées à des sociétés sous-traitantes, souvent fantômes, afin de protéger les dirigeants des grands groupes.

C'est l'époque où pratiquement tous les films français présentent le dirigeant privé comme un voyou acoquiné avec des politiques soumis et achetés. Toute une législation est mise en place par Mitterrand pour rendre impossible l'autorité dans l'entreprise. Les prud'hommes commencent à piller sans vergogne les ressources des entreprises. L'entreprise étant systématiquement mise en difficulté même dans les cas les plus explicites de mauvais comportements d'un salarié, la peur de recruter s'empare de l'économie française. L'intérim et les CDD explosent. En même temps la justice refuse ou de poursuivre ou de condamner des attentats physiques contre les cadres supérieurs. Un arrêt célèbre à Nantes explique qu'il était normal qu'un gréviste crève un œil de cadre vu son juste mécontentement. L'idée que la "violence de situation" explique des "violences de fait" est typiquement une mesure de subversion qui remet en cause tout l'ordre social.  À Nancy on ne condamnera pas le viol de deux étrangères lors des émeutes liées à la fermeture de certains sites de production d’acier. La "juste colère sociale" justifie l'absolution qui crée un sentiment de dissolution totale de la société et une démoralisation fondamentale. Si les femmes peuvent être violées impunément, alors il n'y a plus de société, ni de sécurité, ni de justice. À Calais, la Justice refusera d'instruire sérieusement le probable assassinat d'un contrôleur de gestion qui en savait trop, retrouvé avec une blessure à la tête au fond d'un bassin, alléguant un possible suicide. Il ne fallait pas, semble-t-il, mettre en colère les syndicats.

Contre les propriétaires, on prend parti pour les titulaires de faux contrats de location, et on refuse l'expulsion de squatters qui se sont installés en fraude dans un appartement. Les propriétaires cessent de louer, provoquant une pénurie de logements.

La démoralisation du pays est confirmée par la condamnation des victimes et non des criminels dès lors qu'il arrive des ennuis au délinquant. L'affaire Legras est significative. Un voleur est tué par un commerçant las de voir sa boutique pillée à répétition et d'avoir été physiquement menacé et frappé à plusieurs reprises. Il est emprisonné. Des cas encore plus grotesques ne parviennent pas aux oreilles du grand public. Une femme dispose dans sa propriété d'une piscine. En son absence elle est utilisée et vandalisée par une bande de jeunes délinquants connus pour des larcins continuels dans les villas de cette ville de vacances. Une loi somme, à la même époque, les propriétaires de protéger leur piscine pour éviter les noyades. La propriétaire confie à une entreprise le soin de réparer la piscine devenue fuyarde et d'entamer les travaux de sécurisation. La piscine est vidée. La bande entre de nuit dans la propriété et entend sauter dans l'eau. L'un de ses membres plonge dans la piscine sans voir, de nuit, qu'elle était vide et se tue. La propriétaire, absente des lieux est arrêtée à son domicile au prétexte qu'elle aurait fait exprès de vider la piscine…

Les exemples pourraient être multipliés. Il n'y a plus aucun respect pour la propriété privée. La subversion l'a emporté par l'entrisme d'extrême gauche pratiqué au sein de la justice, en complicité avec les politiques gauchistes et le secteur culturel complice.

La destruction de la société civile en faveur du délinquant ou du malfaisant ne suffisait pas. Il fallait s'attaquer à la démocratie. On a vu une offensive des juges dits "rouges", contre les édiles, devenus responsables de tout, puis contre les hommes politiques de second rang, puis contre les ministres, les préfets, et suprême bonheur les Présidents de la République.

L'action des juges rouges se fait sentir aussi bien au siège, par des jugements disons surprenants, et surtout par les juges du parquet. Tant que les cours d'appel étaient constituées de juges normaux, les errements étaient cassés. Mais la pénétration des cours d'appel a changé la donne. Maintenant, les avocats savent qu'il faut viser uniquement la cassation tant les cours d'appels sont contaminées. Et lorsque la cour de cassation le sera à son tour, il n'y aura plus de justice en France.

Quant aux juges d'instruction, ils disposent de tellement de pouvoir qu'ils peuvent faire à peu près tout ce qu'ils veulent et d'autant plus facilement qu'ils réussissent à se constituer en meute. Un très petit nombre de juges peut faire des dégâts colossaux. La méthode est connue :

- Violation systématique du secret de l'instruction considéré comme une entrave bourgeoise à la vérité

- Thèmes d'inculpation outranciers et choisis pour leur caractère déshonorant. Poursuite sur des délits flous comme l'abus de bien social, ou le détournement d'argent public, la faillite par moyens ruineux, etc.

- Moyens d'investigation sans limite non plus pour prouver un délit mais pour en trouver un possible même ténu.

- Refus d'instruire et de tenir compte.

- Utilisation du calendrier, de la mise en examen, de la mise en prison préventive…

 

La syndicalisation, sous le contrôle de petits groupes subversifs, a été évitée de justesse dans l'armée et non dans la justice. On a vu, avec le Mur des Cons, ce que les juges "rouges" pensaient des victimes et des justiciables. Quand des gens chargés de défendre la société injurient ses membres et manifestent leur mépris collectif contre des victimes ou des cibles sociales ou politiques, il n'y a évidemment plus de justice. Surtout quand ce syndicat a table ouverte dans les médias publics.

Ce qui vient de se passer avec le Parquet financier et la nomination du juge Tournaire, dont la tête de Savonarole fanatique devrait être publiée plus souvent dans les médias, pour l'édification des masses, est l'étape supérieure de la subversion. C'est la République qui a été punaisée sur le Mur des Cons. Des centaines de parlementaires font travailler un membre de leur famille. Un seul est attaqué. Si tous l'étaient, à partir d'une loi des suspects décrétés par Mediapart, les In rocks et le Canard Enchaîné, que resterait-il de la République ?

La France est désormais un pays ruiné et subverti où il n'est plus possible de posséder, d'agir ou de parler. Tout pouvoir est vilipendé. Toute entreprise est entravée. Sa population est remplacée par des immigrants non souhaités ; son école est quasiment morte ; son économie est durablement affaiblie ; sa langue est à l'encan ; sa "culture" n'est plus qu'un vaste dégueulis gauchiste (Py, Ribes, Tavernier, Mouchkine, Arditi…) subventionné ; sa presse n'existe plus, coincée entre des patrons milliardaires (dont l'argent est de plus en plus à l'étranger) et une camarilla de pseudos journalistes qui ne peuvent faire carrière qu'en épousant des thèses gauchistes. L'obligation dans une carrière de passer par les médias publics, tenus totalement depuis Mitterrand par la gauche culturelle extrémiste, entraîne une soumission à la meute. Le rachat par des financiers étranges et amis du pouvoir socialiste qui leur offrent leur pouvoir contre réciprocité, de chaînes de télévision et de journaux, rappellent fâcheusement le règne des Oligarques dans les ex pays de l'EST. Quant à la justice, on voit qu'elle est, désormais, dans certaines de ses parties, quasiment aux mains d'une poignée de justiciers gauchistes militants.

En France, personne ne peut plus sortir des griffes démoralisantes qui l'enserrent. Depuis dix ans le leitmotiv, partout dans la société, est "on marche sur la tête". Marcher sur la tête est l'objectif même de la subversion.

Les opportunistes qui, comme Hollande ou Macron, veulent le poste de président par pur narcissisme et sans aucune envie de ne rien faire de précis, sinon de régner un temps et de bénéficier à vie de beaux privilèges, sont obligés de se soumettre. La droite, elle est interdite de pouvoir, tous les moyens d'état pouvant être mis en marche contre elle par les militants infiltrés alliés avec des politiciens sans scrupule dont les intérêts sont purement électoraux.

Hollande a été sans cesse sous la pression des gangs de délinquants politiques qui tiennent la zone d'aménagement du futur aéroport de Nantes et tout autre lieu où un investissement public d'importance est prévu. La démocratie locale est empêchée. La guerre civile froide engagée par la CGT contre la loi El Khomry a été l'occasion pour des bandes armées de faire des destructions ravageuses et sans limites. L'instrumentalisation des banlieues a montré son pouvoir. L'école est constamment sous la pression des grèves politiques de scolaires encadrés par des agitateurs professionnels. Le « culturel » est tenu par les intermittents du spectacle et les gauchistes militants qui règnent sans partage "une sébile dans une main et une grenade dans une autre", façon Rufin, l'exemple même du gauchiste démagogue travaillant sur l'émotion.

Les subversifs ont eu la peau du socialisme dit démocratique, en même temps qu'ils tentent d'empêcher la droite de revenir à jamais aux manettes.

Jamais le trouble n'a été plus grand dans le pays qui ne se reconnaît ni dans sa presse, ni dans son école, ni dans sa justice, ni dans son économie, ni dans son État. Ce trouble n'est pas spontané. Il provient largement des quelques milliers de subversifs qui ont décidé d'une action directe dans leur environnement et investi tous les secteurs fragiles de la société.

Il n'y a pas de complot, pas de cellule dirigeante, pas de mafias organisées. Simplement des cellules cancéreuses qui pullulent, se rejoignent, se gênent, se confrontent, parfois s'annihilent, mais qui créent le climat nauséabond dans lequel les forces militantes incertaines et les bons sentiments irréfléchis peuvent être manipulés et orientés, dans les partis et hors les partis, dans les médias et dans la jungle internet, dans l'État et dans l'illégalité la plus totale. La dénaturation de toutes les institutions (le mariage, la prison, les frontières, la nationalité, la propriété…) est le fait à la fois de l'action de subversion et de l'orientation forcée des programmes politiques de gauche. On a vu que la résistance de la mouvance sociale-démocrate a été liquidée avec la non-représentation de Hollande et l'élimination de Valls. Le corps social s'étiole et sombre. La société disparaît. La décomposition avance.

Des forces de résistances existent. L'offensive islamiste a réveillé les consciences et fait apparaître des limites. L'explosion de la délinquance syndicale a provoqué une réaction judiciaire : les cégétistes qui ont molesté un dirigeant d'Air France ont été un peu embêtés. la droite empêchée d'élection présidentielle dénonce maintenant de façon ouverte la subversion d'une partie des juges. La combustion des policiers ne plaît pas trop au pays.

Mais tout le monde voit qu'elles sont très faibles isolées, sans suite. Et qu'il est relativement facile de les contrer.

L'effondrement du communisme a paradoxalement permis à la subversion anarchiste révolutionnaire ou marxiste léniniste et trotskiste de gagner du terrain car le risque d'être considéré comme une 5ème colonne de l'URSS a disparu. La politique du pire l'a emporté sur la gestion raisonnable de la société avec au bout du chemin, la volonté de faire gagner Le Pen pour susciter un mouvement antifasciste de masse qui peut ouvrir le champ à une nouvelle expérience de socialisme anticapitaliste violent.

Rappelons ce qu'a été l'action de démoralisation des pays occidentaux qui forme le terreau de la subversion actuelle, en relisant le témoignage essentiel de Yuri Bezmenov, ex-agent du KGB, qui en a averti l'Ouest dès 1985 :

Le bloc socialo-communiste :

• a sciemment mis en œuvre une politique globale de manipulation de l’opinion et des élites au niveau mondial.

• a conditionné les écoliers et étudiants occidentaux aux idéaux socialistes sur au moins trois générations. Cette tâche représentait selon lui 85 % de l’activité du KGB.

* a systématiquement recruté tous les faiseurs d’opinion à l’ouest pour l'influencer, dans le but de déstabiliser le monde non-communiste.

* a conditionné et “dé-moralisé” (perte des valeurs) des pans entiers de la société, devenus les “idiots utiles” du socialisme.

D'où ce commentaire un peu actualisé d'un spécialiste : Cette action permanente et gigantesque permet bien de comprendre pourquoi, en 2017, nous devons encore composer avec une gauche lunaire, pourquoi autant de profs formatés continuent de saper des générations d’écoliers, collégiens, étudiants etc. et pourquoi la lutte contre le socialisme marxiste, malgré toutes les preuves de sa nocivité, est toujours à l’ordre du jour.

En fait les communistes n'ont bien réussi qu'en Amérique du Sud, aux États-Unis et en Europe, avec le cas particulier de la France qui a été très contaminée du fait de son amour de la violence depuis la révolution française et de la glorification des exactions de la Commune. L'Afrique et l'Asie ont été très rétives.

Contrairement à ce qu'on croit, la France n'en a donc pas fini avec le socialisme anti-démocratique et violent.

Dans ces conditions on ne peut que regretter l'inertie mise à sortir de la crise économique provoquée par des institutions internationales et européennes dysfonctionnelles. Il faut se méfier de la colère du peuple d'abord et avant tout parce qu'elle donne du grain à moudre aux activistes des "avant-gardes" menant des combats d'arrière-garde, en pariant sur le pourrissement judiciaire, culturel, national, politique, économique et social du pays.

Ceux qui ont cru qu'on pourrait contourner le problème par l'Europe et la mondialisation, qui rend impuissante les politiques nationales et "les masses", n'ont fait qu'aggraver le problème. Ils sont désormais l'objet d'une accusation qui devient crédible de noyautage et de subversion comme la mouvance socialiste par les subversifs aux mêmes, ce qui doit les amuser.

Entre la démoralisation du peuple de gauche par l'Europe et la mondialisation, et celle du peuple de droite par les mouvances révolutionnaires marxistes, trotskistes, anarchistes, ou léninistes, doublées par un extrémisme criminel musulman, on comprend que le moral des Français ne soit pas au plus haut ces derniers temps.

 

Comprendre les dangers et l'incongruité du TFTEA Clarifions certains points.

Quelques points essentiels

Pour apprécier la législation prise, il y a un an, pendant la présidence Obama, dont Trump entend tirer toutes les conséquences internationales, il faut garder en tête quelques repères cruciaux qui sont certes un peu techniques mais donnent la mesure de ce qui est en train de se mettre en place et  cadrent les conséquences souhaitables et/ou probables .

1. Dans les échanges internationaux les balances créditrices et débitrices  s'équilibrent. Si on ne veut pas d'excédent, il ne faut pas de déficit. S'il n'y a pas de déficits, il n'y a pas d'excédents. Globalement les échanges se font à soldes nuls.

2.Les accords de juillet 1944 forment toujours aujourd'hui  le cadre légal des relations économiques internationales. Ils stipulent qu'il ne doit y avoir ni gros excédents, ni gros déficits. Un déséquilibre est acceptable mais il doit être corrigé. Il ne peut y avoir de déficits permanents ni d'excédents permanents.

3. Cette législation provient d'un consensus général des économistes après les avanies de la crise de 1929. Les troubles monétaires jouent un rôle crucial dans les échanges de biens et de services et rendent problématiques les mouvements de capitaux. Chaque nation signataire s'engageait à ne pas se lancer dans des guerres monétaires et ne pouvait modifier le change de sa monnaie que par consensus.

4. Une situation constamment déficitaire d'un pays le met en grave difficulté car il ne parvient pas à se procurer les devises nécessaires à ses achats. Il doit donc  freiner son économie pour  limiter ses importations et l'ajustement pèse sur la conjoncture mondiale. Ceci n'est vrai que pour les pays dont la monnaie n'est pas de facto ou de jure la monnaie mondiale. Celui qui émet la monnaie mondiale peut indéfiniment financer ses déficits. Ce privilège est dangereux car réduire l'activité est toujours politiquement et socialement  coûteux. La tendance est donc de se moquer des déficits, de les ignorer et de les faire durer indéfiniment.

5. Un situation excédentaire présente également des risques considérables pour l'économie mondiale.  Le pays qui a structurellement, à un niveau de change donné, un excédent commercial ne sait pas quoi faire d'utile à la production des devises qui l'accumule. Il les replace. La contrepartie de ces crédits est de la dette. Comme ces actifs sont au bilan des banques, elles peuvent augmenter leurs en cours de prêts.  Comme les pays déficitaires ont besoin de prêts, compte-tenu des capitaux qui sont partis en masse à l'étranger, une double hélice de crédits se met en place et dans le ou les pays excédentaires et dans les pays déficitaires. Des bulles financières se créent et on entre dans une économie baudruche marquée par la violence des crises d'ajustement du crédit, l'effondrement des bulles spéculatives, et la peur qui s'empare de tous les agents.

6. Ces constats étaient très présents à l'esprit des négociateurs de Bretton Woods car les 20 ans précédents d'errances de changes et de déséquilibres  avaient porté leur leçon.

7. Les accords de Bretton Woods avaient un vice de structure. Ils faisaient du dollar la monnaie internationale, à égalité avec l'or. L'ancre en or avait pour but d'empêcher les Etats-Unis de faire n'importe quoi. Car à tout moment les états membres pouvaient demander la conversion de leurs avoirs en dollars en or et à un cours fixé. Mais rien n'était prévu si les Etats Unis décrétaient une politique de négligence et laissaient filer leurs déficits. Nixon a levé l'ancre en rendant le dollar inconvertible en or. C'était une action unilatérale correspondant à un défaut. Pas un acte pensé par des économistes sérieux.

8. Le système de change flottant et de liberté absolu des mouvements de capitaux, censé donné la valeur des devises sur des marchés vastes et libres, a permis l'extension sans limite des déséquilibres. Les excédents et les déficits sont devenus gigantesques et immaîtrisables. La crise de 2007-2009 a vu l'explosion du système. Il ne s'en est toujours pas remis.

9. Contrairement à ce qu'ils ont réussi pendant des lustres, les Etats Unis n'ont plus été en mesure, à partir de 2008, d'exporter leur crise aux autres. On a donc vu progressivement  monter de l'impatience devant les énormes excédents Japonais, Chinois et Allemands.

10. Comme les Etats-Unis ont décrété que les changes seraient fixés par les marchés libres et non entravés, sans manipulation monétaire, et comme ils trouvent toujours aussi pénible de ralentir leur économie pour lui permettre de réduire les déficits, ils sont prisonniers d'une vision idéologique qui leur fait imaginer que leurs déficits sont l'effet des manipulations monétaires des autres, notamment ceux des grands pays excédentaires. Le vice de raisonnement est que le marché des devises est tout sauf un pur marché où les prix se forment idéalement. Les banques centrales et quelques géants financiers influent majestueusement sur les cours qui n'ont rien de spontané. La possibilité de collecter toute l'épargne du monde pour spéculer sur les cours entraîne par ailleurs des effets sur les qui n'ont strictement rien à voir avec l'économie réelle. Rappelons qu'un pays comme la suisse a émis en quelques semaines l'équivalent de la valeur du PIB suisse. Et que la BCE a en quelques années créé ex nihilo plus de 10 mille milliards d'euros. Croire que le cours de change est la résultante bienheureuse des millions de transactions des agents économiques est une supercherie.

11. On commence à reconnaître que les énormes déséquilibres sont néfastes. Mais comment forcer les grands pays excédentaires à agir alors qu'ils voient ces excédents comme la preuve de la force de leur économie ? Et comment forcer l'émetteur de la monnaie du monde à restreindre ses déficits alors qu'ils sont liés au privilège d'émission ?

12. La vraie solution serait de revenir à des changes fixes, établis par rapport à une unité monétaire mondiale indépendante d'une nation particulière  avec des sanctions financière quasiment automatiques et pour les pays excédentaires et pour les  pays déficitaires. C'est la seule juste et durable. Les Etats ont intérêt à rester proches de leurs équilibres. Le travail s'échange contre le travail. la croissance des uns ne se fait pas au détriment des autres.

13. La difficulté de mise en place de cette solution est purement politique. La politique prime tout. Les Etats-Unis ont considéré qu'ils avaient la puissance nécessaire pour imposer que les ajustements soient exclusivement  exigés des pays excédentaires. Ils interprètent de façon  hémiplégique les règles internationale en considérant que leurs déficits ne sont de leur fait mais résultent  des excédents illicites des autres. Le TFTEA est la législation stratégique permettant cette action coercitive.

14. L'ennui est qu'elle est vouée à l'échec tout en risquant de provoquer des contre mesures du reste du monde.  Si le dollar reste la monnaie du monde l'accès à cette monnaie est entièrement lié aux déficits américains. Le rôle monétaire mondial du dollar rend impossible la résorption des déficits. En forçant les pays excédentaires à freiner leurs exportations, les Etats Unis créent de la dépression  globale. Tout est faux dans ce système parfaitement anti économique et contraire à la législation internationale.

15. Le TFTEA est donc une très grave menace pour l'Europe et l'Asie et plus généralement pour la prospérité générale. Il faut donc tuer cette sottise avant qu'elle fasse trop de dégâts. Dans un premier temps, cela veut dire que l'Europe doit mettre en place une législation équivalente ciblant les pays structurellement déficitaires. L'Asie également. Et la situation étant devenue bloquée, il faut mettre en place une grande conférence internationale pour décider d'une solution raisonnable.  Malheureusement, l'Europe doit régler auparavant les graves déséquilibres internes de la zone Euro qui la rongent et provoquent des ravages.

16. Nous considérons que la bonne séquence est la suivante :

- Protester contre le TFTEA, et mettre en place une contre législation européenne tout en bloquant toute discussion commerciale tant que l'affaire n'est pas réglée.

- Régler la question d es déséquilibres internes de la zones euro avec un jeu de pénalités pour les pays excédentaires et déficitaires.

- Imposer en alliance avec les pays d'Asie une réforme du système monétaire international.

Au préalable il faut que la France redresse son économie pour redevenir un interlocuteur valable.

Tout le monde voit que les candidats à la présidence de la République sont très conscients der leurs responsabilités dans ce domaine fondamental…

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Pire que le CETA, le TFTEA

Les Etats-Unis veulent se substituer aux institutions multilatérales

On a vu que la traité commercial avec la Canada a poursuivi son chemin européen dans le dos des gouvernements et des peuples, pour être avalisé par le Parlement Européen. Rappelons que lors des élections européennes aucun des candidats n’a exposé de programme. On a voté pour des étiquettes. Etiquettes sans véritable sens, puisque le Parlement Européen cherche une certaine unanimité gauche-droite. Aucun des candidats élus ne s’est présenté en chantant « vive le CETA ». Ou quoi que ce soit d’autre. A droite, ils ont dit : « Je suis de droite et très européen, c’est pour cela qu’on m’a choisi comme candidat ». A gauche ils ont dit : « Je suis de gauche et très européen ». Idem pour les différentes nuances de centristes, toute fédéralistes. Jamais la moindre question sur le programme.

Rappelons que M. Hollande s’est opposé au CETA ainsi que toute la gauche auto-présentée comme « vraiment de gauche » ainsi que la droite de Fillon à Mme Le Pen. Le seul candidat aux prochaines élections présidentielles françaises  qui a souscrit au CETA sans même savoir ce que contenait le traité est M. Macron, qui a annoncé un soutien inconditionnel à l’Europe et à l’Euro avec des cris éraillés que d’aucun, naguère, aurait comparé à ceux du plus scabreux des cabris.

Il est intéressant de constater l’inexistence pendant ce processus de tout article ou émission dans les médias français, qui, de fait, ne couvrent pas le travail des institutions européennes.  Au moment où le CETA était discuté, une émission publique comme C’est dans l’air a traité 18 fois sur 20, sur le mode chasse à l’homme, le dossier de Mme Pénélope Fillon et jamais du CETA, comme si cela n’avait aucune importance.  Il faut dire qu’aucun des grands rapports économiques qui sont tombés récemment n’ont fait l’objet de la moindre analyse un peu poussée.

Il semble que pour les journalistes français, à quelques exceptions près, la question la plus importante soit aujourd’hui d’apprécier les effets électoraux de l’alliance phénoménale celée par un inconnu nommé Jadot et un ancien ministre, de toute petit envergure,  démissionnaire d’un gouvernement Hollande, ou de peser les risques et avantages électoraux, pour M. Macron, du ralliement d’un vieux ouistiti de la politique politicienne dont l’actif électoral est d’avoir pulvérisé façon puzzle les formations politiques qu’il était parvenu à diriger. Jouer au petit cheval électoral est sans conteste plus amusant que s’attaquer aux questions nationales et internationales les plus graves. 

C’est sans doute pour cela que personne en France ne connait la Section  701 du Trade Facilitation and Trade Enforcement Act de 2015. Le TFTEA est sans toute la législation américaine la plus significative de l’effondrement du monde rooseveltien mis en place à la fin de la guerre de quarante. Il annonce Trump avant Trump. Si vous en parlez, sans préciser les dates, vous constaterez que interlocuteurs ont tous la même réaction : « Ce Trump quel sale type, il est en train de tout casser ».  L’ennui est qu’il s’agit d’une loi Obama. La seule nouveauté est l’annonce par Trump qu’il va s’appuyer sur ses dispositions pour attaquer les pays avec qui les Etats-Unis ont un  déficit afin de pouvoir les soumettre à des sanctions diverses.

Il est à noter qu’aucun organe de presse français, ni aucun média radio diffusé ou télévisés n’ont jamais parlé de ce texte, en dépit de son caractère totalement abusif, nationaliste et hystérique. Seul Le Temps aura eu la bonne idée de soulever ce lièvre, parce que la Suisse se retrouve aujourd’hui dans le collimateur. 

Que dit donc ce TFTEA ?

La loi prévoit des outils  de reporting et de monitoring qui permettent de mesurer et de sanctionner les pays qui pratiquent une politique de change que les Etats-Unis considèrent  comme nuisibles aux intérêts américains. En fait, compte tenu du caractère structurellement déficitaire des comptes extérieurs américains, la seule question qui est examinée est la sous-évaluation alléguée de certaines monnaies. Le but est de forcer le « partenaire » en excédent à prendre lui-même des mesures visant à brider son excédent vis-à-vis des Etats-Unis. 

Les pays qui ne se soumettent pas peuvent faire l’objet plusieurs types de  sanctions :

-       Arrêt des financements américains

-       Arrêt des achats dans le pays

-       Action auprès du FMI

-       Blocage des négociations commerciales tant que la question monétaire n’est pas réglée 

Un conseil de neuf membres est chargé de faire des observations en fonction des statistiques et des faits relevés.

Ce texte a été voté définitivement le 24 février 2016 et donc a force de loi depuis un an exactement.

 

Ce texte en apparence peu problématique pose deux questions fondamentales :

-       Il appartient normalement au FMI de surveiller les relations monétaires internationales. Pourquoi faut-il qu’un pays particulier double son action ?

-       Les statuts du FMI condamnent et les gros déficits et les gros excédents. Pourquoi a-t-on toléré qu’ils enflent pendant quarante cinq ans et pourquoi les Etats-Unis ne parlent-ils que des pays en excédent ?

Même si le texte fait sa génuflexion devant les règles du  FMI, il montre que les Etats-Unis  sont prêts à imposer leur propre interprétation et veulent pouvoir agir de leur propre chef en dehors de tout contexte multinational. C’est une violation totale de l’esprit du monde voulu par Roosevelt à la fin de la seconde guerre mondiale. Le multilatéralisme est remplacé par l’analyse et l’action unilatérales des Etats-Unis.

Les Etats-Unis ne retiennent des statuts du FMI qu’une seule face : les gros excédents vis-à-vis d’eux. Mais ils laissent de côtés les gros déficits. Or les gros excédents et les gros déficits vont ensemble et ils sont le fruit à la fois de décisions dans le pays excédentaire et dans les pays déficitaires. Une politique équilibrée est d’agir sur les deux côtés à la fois. La loi viole les statuts du FMI tout en faisant semblant de les appliquer. Plus hypocrite, on ne peut pas !

C’était au FMI d’agir. Il en a les moyens. Mais depuis l’abandon des accords de Bretton Woods, après la voie de fait commise par les américains qui ont refusé d’honorer leur engagement de conversion en or des créances internationales en dollar, ce qui s’appelle un défaut, les changes flottants sont censés fixer le cours des devises. En vérité le marché des devises est totalement entre les mains d’un très petit nombre d’opérateurs comme quelques scandales récents l’ont montré, et la flottaison créée une instabilité artificielle.

Si les résultats ne sont pas conformes aux intérêts américains, c’est, pour les Etats- Unis, qu’un pays voyou trouble le libre jeu du marché. Tout cela est une fable puisque le dollar est la monnaie du monde et finance les transactions internationales. Il faut donc un déficit américain pour fournir la liquidité internationale. Ce défaut est structurel et non lié à l’action de vilains à sanctionner.

Les Américains se croient suffisamment forts pour avoir le beurre et l’argent du beurre : la monnaie internationale qui leur permet de financer leur déficit dans leur monnaie ; l’obligation pour les autres de corriger inlassablement la contrepartie de ce laxisme abusif. De même qu’ils se savaient assez forts pour imposer au monde le non remboursement en or de leurs dettes. Au passage, si un pays quittant l’euro proposait de rembourser sa dette internationale dans sa monnaie nationale, ce serait faire exactement comme les Américains en 1971. 

Conformément à la loi les autorités américaines viennent de produire leur première revue du comportement de leurs « partenaires ». On peut le lire à l’adresse ci-dessous.

 https://www.treasury.gov/resource-center/international/exchange-rate-policies/Documents/2016-10-14%20%28Fall%202016%20FX%20Report%29%20FINAL.PDF

Plusieurs pays ont été ciblés dont la Suisse et l’Allemagne. On sait que Schaüble, le ministre des finances allemand,  a déjà répondu au rapport en expliquant que le change de l’Euro lui échappait complètement. La BCE est indépendante, n’est-ce pas ?  La Suisse, elle,  déjà lourdement sanctionnée à plusieurs titres par le gouvernement américain, s’inquiète sérieusement.

Très clairement une guerre est en cours qui vise à imposer aux partenaires créditeurs des Etats-Unis d’accroître de facto leurs importations américaines.

Plus grave, les Américains se flattent d’avoir imposé leurs vues aussi bien au FMI, que dans les différents G, G7, G8, G20, ainsi que lors de la discussion de plusieurs traités comme le Traité Transatlantique.

Nous considérons cette soumission à la puissance américaine comme choquante et  inacceptable.

 

La bonne réaction devrait être la suivante :

 

-       Nulle monnaie nationale ne peut être la monnaie de facto du monde, car sinon les déficits deviennent automatiques

-       Les changes flottants ne fonctionnent pas et ont permis d’énormes excédents et d’énormes déficits conjoints, en violation des statuts du FMI. L’idée que les marchés donnent une image pure et vraie des changes est totalement fausse et le sera toujours quand une banque centrale peut émettre un montant de monnaie supérieur au PIB d’un pays et que l’Etat collecte plus ou moins la moitié du PIB.

-       L’effort doit venir également des pays en déficits et de ceux en excédents

-       Il faut recréer un système monétaire basé sur les changes fixes et un mécanisme automatique de sanction des grands excédents et des grands déficits. Par exemple 15% de l’excédent serait prélevé par le FMI et 10% des déficits. Les sommes collectées serviraient à alimenter un fonds de stabilisation permettant de vaincre toute spéculation.  

-       Ce même mécanisme doit être instauré au sein de la zone Euro : avec une pénalisation un peu plus forte compte tenu de la difficulté des ajustements (on ne peut plus dévaluer).  Des pénalités de 30% pour les gros excédents et 15% pour les pays avec de gros déficits seraient raisonnables.

En attendant, il faut cesser de passer tout accord commercial tant que l’objectif monétaire n’est pas atteint. C’est pour cela que l’affaire du CETA est grave. La France et l’Europe n’ont rien fait rien dit et cette soumission a empêché que la question monétaire soit posée.

Les Etats Unis ne peuvent pas dire que l’Europe n’a pas le droit de lier monnaie et commerce : leur propre texte institue cette règle !

Il y a bien là une voie de sortie de la crise.

Personne dans les médias français n’en parlera. Je ne suis même pas sûr que, dans les allées des pouvoirs européens, il existe une seule personne sensibilisée à cette problématique. Ignorance et soumission sont les tétons de la France et les mamelles de l’Europe.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

La tragique actualité d'Alfred Sauvy

Il est probable que plus personne ne connaisse Alfred Sauvy. Socialiste, il n’en croyait pas moins aux vertus de la rationalité. Très vite, il avait été confronté aux erreurs monstrueuses d’analyse économique de ses amis, reprises en chœur par le gros du peuple et de leurs dirigeants. Mythologie de notre temps – Paris 1965 : Payot est son essai le plus abouti. Tout dirigeant et tout citoyen souhaitant comprendre un minimum les phénomènes économiques devraient le connaître par cœur. Les mythes économiques ont ceci de commun avec le chiendent qu’ils repoussent inlassablement si on ne les arrache pas avec énergie. Et plus personne ne le fait. Le délire qu’est devenue l’élection présidentielle s’accompagne d’une floraison d’erreurs grotesques mais généralement admises. Tout le savoir et toute l’énergie que la crise de 1929 avait permis d’accumuler pour éviter les drames économiques semblent perdus.

D’un côté, les grandes institutions, prises à revers par les décisions américaines de l’été 1971, totalement contraires à leurs statuts, se sont trouvé une religion de substitution dans le culte des trois libertés de mouvement (produits et services, personnes, capitaux) et s'emploient à les promouvoir sans en canaliser aucune et sans tenir compte des réactions des peuples devant les conséquences (crises financières à répétition, endettement colossal, perte de croissance, identités nationales malmenées, démocratie vidée de son sens). De l’autre, les peuples ont perdu confiance et se laissent aller à toutes les erreurs, encouragés par des démagogues de tout poil, dont le point commun est une ignorance économique abyssale ou une parfaite malhonnêteté intellectuelle.

Alors, il est bon de relire Sauvy, comme cela, en cachette, comme on lisait jadis des livres licencieux dans les petits endroits, car s’afficher avec de tels écrits ne peut être considéré aujourd’hui que comme la preuve de multiples péchés. Chut !!!

Faisons quelques incursions dans la licence en citant quelques phrases de L’économie du diable Calmann-Levy, 1976, au titre si merveilleusement précurseur. L’auteur avait 78 ans. Comme Maurice Allais, il a vu dans son grand âge que l’on avait perdu le contact avec la réalité et qu’on en revenait bêtement à tous les drames qui avaient stimulé sa révolte intellectuelle et sa vie de travail après la crise de 1929.

« Comment a-t-on pu tomber si bas dans la non-connaissance ? S’agit-il de la peur de l’opinion, de la crainte de plus en plus vive d’être traités de technocrate. Il ne semble pas ; la sincérité jointe à l’impuissance joue un grand rôle dans cette attitude ».

Peut-on écrire une phrase plus actuelle. L’impuissance devant les trois grandes composantes de la Crise, la perte de croissance, les crises périodiques dévastatrices, et la montée d’une dette délirante, et leurs résultats, le chômage de masse, la fiscalité sans limite et la baisse du revenu par tête, est le moteur principal des dérèglements politiques et médiatiques que l’on constate aujourd’hui. L’argument populaire le plus général en faveur des Le Pen est qu’on ne les a pas essayés et que tous les autres ont échoué. La Youpi politique de Macron est l’autre versant du même sentiment d’impuissance.

-        Vous aimez le blanc ? Youpi !

-        Vous aimez le noir ? Youpi !

-        Mais, attendez, le noir n’est pas le blanc ! Que voulez-vous ?

-        Il faut que le noir aime et respecte le blanc et que le blanc aime et respecte le noir. On transcende et Youpi !

Et cela sur tout sujet. La transcendance, dans ce cas, est la fille adultérine de l’impuissance.

Si Alfred Sauvy avait pu voir à quel niveau de non-connaissance on est tombé, il considérerait que les erreurs de la période de son livre étaient des bluettes !

Écoutons-le encore :

« Poussée par l'opinion, par les syndicats et par l’ignorance générale, et malheureusement par des experts, la politique dévie dans le sens de la pauvreté ».

Nous en sommes à environ dix millions de pauvres trente ans après. L’économie du diable est bien installée. Les syndicats ont donné leur pleine mesure en 2016. Les experts, on en a étudié quelques-uns sur ce blog, sont toujours plus nombreux à pérorer dans l’insignifiance et dans la recherche d’honneurs médiatiques garantis par la conformité à l’erreur commune ou l’évitement des sujets qui fâchent. Quant à la politique, il suffit de lire les propos d’un Hamon, pour constater que la pauvreté généralisée est son mantra.

« La soumission générale au visible et au superficiel, dans une époque scientifique qui entend partout pénétrer le fond des choses, atteint ici une intensité exceptionnelle ».

Qui peut nier que le mot soumission est la clé de l’époque en France ? Avec le « complotisme », il forme le couple tragique qui danse en tourbillon dans les médias nouveaux comme désormais dans les anciens.

Quand, dans la même phrase, un candidat explique que les robots créent désormais la richesse et qu’il faut la redistribuer par la force de l’Etat et non plus par les exigences du travail, tout en expliquant qu’un impôt contre les robots est indispensable, que personne ne parte d’un rire homérique et qu’au contraire, des éditorialistes s’extasient devant la promotion d’un penseur poly cosmique du niveau Ceaucescu au moins, démontre qu’en matière « d'intensité exceptionnelle » le bon Alfred n’avait pas encore tout vu.

Quand inlassablement, d’abord dans les camps écologiques et maintenant à peu près partout, on soutient que les solutions sans productivité sont les meilleures car elles garantissent la création d’emplois nombreux, et que pas une seule voix autorisée ne s’élève pour crier sa honte devant tant de sottise, le bon Alfred n’aurait même pas pu l’imaginer.

« L’extrême sensibilité de l’opinion au fléau du chômage crée les conditions d’un bourgeonnement d’illusions. Mythologie, croyance, dogmes malins sont une seconde nature. La réalité n’est pas simplement éloignée des apparences, elle est à l’opposé », écrit Sauvy qui ajoute : « L’erreur durcit en dogme ». Qui pourrait le nier aujourd’hui ?

La mythologie se voit, selon Sauvy, dans trois aphorismes jamais contestés que tous considèrent comme allant de soi :

-        Le chômage est un phénomène nouveau nourri par l’industrie (on dirait aujourd’hui, nourri par la mondialisation)

-        Il est alimenté par le progrès technique qui remplace l’homme par la machine (on dirait aujourd’hui : « par les robots, le numérique et Uber »)

-        « Le nombre d’emplois existant sur le territoire est limité et a même tendance à diminuer. Tout au plus reste-t-il le même grâce à la création de postes de fonctionnaires et la production d’armement ».

Conclusion : « Dans ces conditions, tout accroissement de la population est défavorable ». Le malthusianisme devient le fondement de la vie politique. La réduction des aides familiales ces dernières années et la baisse corrélative des naissances sont un des marqueurs de la politique de M. Hollande. Mais aussi de l’époque. Sauvy avait tout vu.

Autre constat fondamental qui reste d’une actualité évidente :

« Toute somme, privée ou publique, consacrée à payer des improductifs paraît réduire le chômage, alors qu’elle l'entretient au comptant et l’augmente à terme proche ». Rappelons que Sauvy est socialiste ! Mais il est sérieux. L’improductivité n’a JAMAIS créé de l’emploi. Au contraire elle a TOUJOURS créé du chômage. Qu’on analyse sous cette lumière la proposition de revenu universel sans travailler !

Le livre consacre des réflexions sur les économistes publics : fuite devant l’analyse de la réalité ; tendance à l’échappement dans la mathématique ; contradictions permanentes pour complaire à l’opinion et ne pas trop risquer dans des propositions certes vraies mais contraires à ce que les donneurs de mission attendent. D’où ce constat terrible : « L’impuissance des économistes s’accentue constamment ». Les économistes sont devenus en 2017, pour l'opinion publique, comme les ordres mendiants naguère, « innombrables et inutiles à la foi ». Tout était écrit dès 1976 !

Sur mille autres sujets actuels, Alfred Sauvy développe des idées qui aujourd’hui, en France, ne peuvent même pas être exprimées :

-        « Quelle que soit la durée moyenne du travail l’égalité n’est pas recommandable ni dans le temps, ni entre les branches. Toute rigidité est cause de chômage. Si aucune soupape ne fonctionne, l’équilibre se fait par le chômage ».

-        Le service militaire est une cause de chômage car il stérilise des classes d’âge qui ne peuvent plus produire. Comme les emplois s’échangent contre des emplois, la perte économique est immédiate et s'aggrave des coûts de fonctionnement (les coûts ne créent pas d'emplois s’ils ne créent pas de produits). Autant pour ceux qui défendent le service civil comme une manière de régler le chômage des jeunes.

-        L’auteur dénonce déjà la « tragédie des impôts locaux ». En 76, ces impôts avaient déjà été multipliés par quasiment cinq en francs constants en 18 ans. La tendance ne s’est pas inversée dans les quarante années suivantes. Au contraire on a constaté une véritable explosion des dépenses, des recrutements et des prélèvements. La régionalisation a été une source de croissance démente des budgets improductifs. Sauvy démontre aisément que cette évolution est antisociale et la source d’une hausse massive du chômage. Quel économiste officiel reprend aujourd’hui ses démonstrations et alerte inlassablement sur ces dérives alors que tout était écrit ? L’hyper chômage actuel est largement l'enfant de la décentralisation et de la poussée des dépenses des collectivités locales. « Placés devant les faits, les plus soucieux du bien public hésitent à admettre une vérité aussi dure ». D’où ces inlassables discours sur le caractère heureux de la création de fonctionnaires en région « pour faire face au chômage » et la véritable révolte contre les propositions de F. Fillon proposant de s'attaquer enfin sérieusement à cette cause majeure de chômage.

Le message principal de Sauvy a toujours été l’inadaptation entre structure d’emploi souhaitée et structure d’emploi offerte, et surtout le malthusianisme dans sa définition réduite : l’étouffement démographique et le vieillissement de la population. « Quant aux générations creuses qui naissent en ce moment (1 976) elles seront accablées de lourdes charges de vieillesse et ne trouveront ni les ressources ni les ressorts pour reconstituer une jeunesse. Le cycle du vieillissement sera, dès lors implacable ».

Quarante ans après, nous y sommes en plein. Comme disait Maurice Allais « ce qui doit arriver arrive ».

Rueff, Sauvy, Allais, ces grandes voix ont toutes expliqué une fraction de notre désastre. Elles sont certes des voix du passé et accessoirement de polytechniciens (aujourd’hui honnis comme membres des élites mondialisées). Il est à noter que tous les trois ont fait, en leur temps, des choix non naturels pour leurs corps en choisissant de s'attaquer à la crise de 1929 qui pour eux étaient le scandale majeur de leur temps et à l’économie qui était encore moins une science qu’aujourd’hui. Tout n’est pas à retenir dans leurs réflexions. Mais on y trouve, quand on les relit tous, de quoi comprendre tout, ou presque, de nos délires contemporains et de leurs conséquences.

Trump : une dénonciation raisonnable des énormes déséquilibres mondiaux ?

Non car il ne voit pas que les Etats-Unis en sont la cause...

Depuis 1997, date à laquelle nous avons commencé à nous exprimer en public, nous ne cessons de répéter : "attention à la colère des peuples". Reprenant le message de Maurice Allais et avant lui de Jacques Rueff, nous avons tenté d'avertir que les dysfonctionnements graves du système monétaire international et l'idéologie de l'ouverture maximale aux libertés économiques sans aucune organisation régulatrice, sinon quelques producteurs de règles marginalisés et sans importance pratique, menaient à une crise économique permanente et à la colère des peuples.

Nous avons défini la crise comme la conjonction de trois évolutions destructrices : la baisse du trend de croissance, la violence de plus en plus grande des crises périodiques et l'envolée de la dette. Nous avons condamnée la création d'une "économie baudruche" résultant du recyclage des énormes déficits et excédents extérieurs que les autorités mondiales ont laissé se perpétuer en dépit des statuts formels du FMI, article 1, et des nombreuses explications de la crise de 1929 basées sur le développement de tels déséquilibres.

Alors oui, les déficits monstrueux sont bien au cœur du problème économique mondial.

Lors que Trump "cuicuite" que ces déficits sont intolérables et met en cause l'Allemagne et la Chine, voire le Mexique et le monde entier, il touche un nerf à vif. Mais réaction inflammatoire n'est pas raison. Les excédents monstrueux sont la contrepartie des déficits américains monstrueux. Et il y a déficits monstrueux parce que le dollar est la monnaie du monde et que les Etats-Unis abusent de ce privilège depuis 1971. En faisant sombrer pour des raisons exclusivement politique et militaire les accords de Bretton Woods et en détachant le dollar de l'or, tout en annonçant que leur puissance leur permettrait une politique sans frein de "benign neglect", en bon français de négligence criminelle, ils sont les premiers responsables de  l'instauration d'un système qui ne tient pas compte des leçons de la crise des échanges mondiaux de 1918-1940 et qui ne pouvait que s'effondrer. 

Il appartenait aux pays européens et aux autres pays du monde de protester contre le système des changes flottants et des hyper déséquilibres. Ils ne l'ont pas fait. Pour les alliés des Etats-Unis, par soumission pure et simple. Cela a donné les accords de la Jamaïque source de toutes les difficultés ultérieures. Quant aux pays libérés du socialisme, le modèle allemand et japonais leur a paru le meilleur : construire leur croissance sur la captation de la production mondiale  en profitant de la pauvreté de leur travailleur, en accumulant les excédents  contrepartie des déficits américains.

Au lieu d'avoir cherché une croissance homothétique, on a pratiqué une croissance substitutive. L'Allemagne a totalement capté l'industrie mécanique en Europe et verrouillé une grande partie de ce secteur dans le monde entier. L'Inde et le Pakistan ont capté  des secteurs entiers du textile et du médicament.  Le Japon tient des secteurs industriels entiers, comme les motos, la photo et l'électronique grand public. La Chine est devenue l'atelier du monde. Cette politique a accru les déséquilibres et la vulnérabilité économique.

Les énormes excédents, alimentés par les énormes déficits américains, ont créé une liquidité effarante parce qu'il fallait bien faire quelque chose des dizaines de milliers de milliards de monnaie accumulée. La finance internationale les a recyclés dans les pays déficitaires provoquant une montée inexorable de la dette globale. Ne trouvant plus à s'employer dans la création de richesse, les dettes ont alimenté des "créations de valeurs" détachées de la production. Bien sûrs ces bulles ont toutes fini par éclater.

La situation de Trump est impossible. Il ne peut  dénoncer que les excédents des autres alors qu'ils sont jumeaux des déficits américains. Il ne peut en aucun cas envisager une réorganisation du système monétaire mondial  basé sur l'introduction des changes fixes et  l'interdiction des grands déficits autant que des grands excédents, avec création d'une monnaie de compte internationale différente du dollar.

Donc tout cela ne peut conduire qu'à des désordres et des discordes.

La réponse de l'Allemagne est parfaitement débile : "si nous avons des excédents, c'est à cause de la BCE et du change trop bas de l'Euro. Rien à voir avec nous". Mais pas un mot sur les excédents monstrueux de l'Allemagne au sein même de la zone Euro.

La révolte électorale des peuples occidentaux vivant en démocratie a eu comme conséquence de mettre à nu la cause principale de la crise : les énormes déficits et excédents croisés que l'on retrouve aussi bien dans la zone Euro que dans le monde. A ce jour cela n'a eu comme conséquence que des propos sur la responsabilité des autres de la part des Etats coupables, puissants, sûrs d'eux-mêmes et dominateurs.

Il est clair qu'on ne peut en sortir que par la création d'un système global qui pousse structurellement à l'équilibre des échanges, donc au retour de changes fixes mais ajustables avec une tension internationale pour agir dès que les déséquilibres se forment.

Il appartient au FMI de mettre en avant l'article 1 de ses statuts et de proposer les voies et moyens d'un retour à un système équilibré.

Il aurait été aussi nécessaire que la France porte la voix de la raison. Mais dans l'état où elle se trouve, probablement le plus navrant  de son histoire récente, elle préfère discuter des préférences sexuelles d'un certain Monsieur Macron, dresser des piloris médiatiques débiles, pousser l'exaspération de tous, trouver d'une extrême intelligence que l'on dise dans la même phrase que les robots ouvrant une période où le travail humain ne trouvera plus de rôle et qu'il faut distribuer un revenu universel et taxer les robots, c'est-à-dire supprimer la source de la production redistribuée, où les hauts fonctionnaires violent leur mission pour sauver leurs privilèges, où les juges violent le droit qu'ils sont chargés d'appliquer et où les policiers enfoncent mais par accident une matraque télescopique  dans le fondement des délinquants.

Jamais la France n'aura été plus inutile au monde, prolégomènes d'une sorti e de l'histoire aussi médiocre que ses dirigeants, ses journalistes, ses hauts fonctionnaires, ses enseignants d'université et que la mentalité publique  qui prévaut .

Jamais le monde aura été plus près du diagnostic de la crise et plus loin de la solution.

Des chiffres catastrophiques

Le risque est désormais l'effondrement


 

 

 

L'Enarchie contre la République

Affaire Fillon : un coup d'Etat ?

Depuis des lustres nous luttons contre cette déviation française que nous appelons l'Enarchie Compassionnelle.

Nous considérons que la capture du politique par la haute administration a introduit un biais anti démocratique qui est à l'origine de l'extension sans fin de la sphère publique, de la dépense publique, de l'impôt et de la dette. Pour éviter que cela ne continue ainsi, nous avons proposé de tout temps deux mesures radicales :

- l'interdiction d'être élu dans une assemblée qui fixe votre rémunération et conditions d'emploi.

- l'interdiction de recevoir deux rémunérations de l'Etat.

L'Enarchie a vu sa domination aggravée par son emprise sur la sphère bancaire. Les médias sont devenus directement la proie de l'Etat, avec une expansion sans fin de son champ (voir la création de la télé France-info juste au moment de la campagne présidentielle avec des journalistes intégralement marqués à gauche. Les médias restant sont devenus la proie des banques, donc, indirectement, des hauts fonctionnaires. Le CSA est présidé par un ami de promotion à l'ENA du Président de la République. Du coup l'Enarchie s'est instituée en système de tutelle pratiquement complet. La pensée, l'investissement, le revenu et le patrimoine des Français sont entièrement contrôlés par la Haute Administration française.

Cela nous a valu depuis Giscard, une suite ininterrompue de premiers ministres et de président provenant de l'ENA. Chacun a la liste en tête. N'y revenons pas.

La novation tout à fait extraordinaire que révèle l'affaire Fillon, est la cristallisation de l'inquiétude de l'Enarchie devant la défiance populaire et sa volonté de maintenir son pouvoir coûte que coûte au mépris de tout respect démocratique. L'Enarchie montre soudain et explicitement un caractère factieux.

Cette conclusion s'impose inexorablement quand on analyse l'origine, la nature et le sens de l'attaque politique menée contre François Fillon.

Il n'y a plus guère de doute sur l'origine de l'opération. On se souvient qu'au début du quinquennat de M. Hollande, un certain nombre d'attaques ad hominem avaient été préparées dans le bureau même de M. Hollande. Un article de Franz Olivier Giesbert  avait été très explicite sur cette dérive jamais vue. Jusque là, le pouvoir laissait jouer des officines et ne se mêlait pas de piloter en direct des attaques personnelles. A cette époque le conseiller du Président était M. Macron. On a vu avec l'affaire Jouyet, déjà montée contre Fillon, que l'habitude était invétérée. L'Enarque Jouyet a accepté de mentir sur ordre de l'Enarque Hollande, déjà pour casser politiquement Fillon.

L'information sur les rémunérations versées par les députés, dans le cadre d'une procédure légale de financement de leur action politique, est entièrement connue du Trésor qui sait tout depuis l'origine de la loi qui l'a instituée. Par convention tacite cette information est considérée comme confidentielle, afin d'assurer la séparation des pouvoirs. La politique coûte cher. Le Parlement a des droits et ses membres disposent de mécanismes pour couvrir leurs frais de représentation et d'action politique. L'exécutif, normalement, n'a pas à interférer dans le travail du législatif. Les députés et les sénateurs ont la liberté d'employer comme ils le jugent bon les budgets alloués.  Sauf acte pénal phénoménal, la Justice, toujours au nom de la séparation des pouvoirs ne cherche pas à connaître de l'action politique des parlementaires.

Seul le Président de la République pouvait couvrir le viol de cette règle républicaine. La règle elle-même est plutôt normale. Rappelons le, l'action politique a un coût. En revanche si tous les députés sont menacés de divulgation de leur mode d'organisation par les hauts fonctionnaires politisés du Trésor, la République en prend un coup. L'équipe Hollande-Macron a violé une règle importante  et a forcé la collaboration de l'administration des finances et notamment celle d'agents du Trésor.

L'Enarque François Hollande a donc monté avec l'Enarque Emmanuel Macron, et son ami et collègue de promotion l'Enarque Gaspard  Gantzer  un dossier constitutif du viol du secret parlementaire de facto imposé par la séparation des pouvoirs, à partir des informations fournies  par l'Enarque Thomas Cazenave en liaison avec les hauts fonctionnaires du Trésor. Le Mardi 9 Janvier, Gaspard GANTZER a remis le dossier au Canard Enchaîné. Un certain nombre de journalistes ont été mis dans la confidence ainsi que des juges socialistes nommés par Mme Taubira au Parquet financier. Pour donner plus d'importance au dossier, le Canard Enchaîné avait été envoyé préalablement sur la piste de la propriété de François Fillon afin d'accréditer l'image d'un satrape richissime vivant au château. Des journalistes de France Inter avaient été pareillement sollicités pour monter un relais avilissant autour de cette information. C'est ainsi qu'on entendit une "humoriste" belge expliquer que "la révolution n'avait pas assez tué" et qu'il restait encore des Ci-devants à raccourcir. Une énorme campagne de presse a été enclenchée par ailleurs, tous azimuts.

Cette campagne ne sert que la candidature d'Emmanuel Macron, qui, dans l'affaire, avilit son action. En marche, d'accord, mais pas de cette sinueuse façon. Nous avons toujours pensé que la candidature Macron était préparée depuis longtemps par  F. Hollande, avec deux débouchés possibles :  rabattre les centristes vers Hollande s'il pouvait tenter sa candidature ou permettre aux Hollandais de conserver le pouvoir via la candidature Macron dans le cas contraire.

Il n'y a donc aucune interrogation sur la source de l'opération, son bénéficiaire et ses acteurs.

Il n'y en a guère plus sur la nature de l'opération qui a été menée.

L'équipe Fillon a jugé qu'il s'agissait d'un coup d'Etat. Le mot est fort. Mais il n'est pas totalement inadapté. Violer le principe de séparation des pouvoirs, d'autonomie et de responsabilités des parlementaires peut être légitimement considéré comme une atteinte aux principes de la République. C'est l'équivalent d'un pronunciamiento militaire, version civile. La forfaiture des fonctionnaires du Trésor  qui ont accepté de jouer le jeu de la transmission d'informations confidentielles est du même ordre que celle de colonels félons mettant leur troupe à la disposition d'une junte. L'énormité des relais dans les banques liées au pouvoir et aux journaux sous dépendance bancaire directe, démontre que cette opération a été conçue d'entrée de jeu comme une mobilisation de toute la haute fonction publique et de ses affidés dépendants. De même qu'on avait vu toute une presse relayer les injures initiées dans le bureau de François Hollande contre Bernard Arnaud puis Depardieu, les mêmes ont remis le couvert puissance 100. L'immensité des ramifications du coup, son caractère totalement contraire à la démocratie, s'agissant d'empêcher le déroulement normal d'une élection présidentielle,  et le dévoiement d'une partie importante du saint des saints de la haute fonction publique,  font de cette attaque  un acte d'une gravité extrême de nature de porter un coup très dur au pays et à son caractère démocratique.

Maintenant qu'on sait qui a conçu ce coup et quelle est sa nature, il devient facile d'analyser les objectifs sous-jacents de l'opération.

L'Enarchie compassionnelle était en danger. L'effondrement national qui a vu la France sombrer dans à peu près tous les domaines a conduit à l'élimination des Enarques des partis à chaque fois que le peuple a pu s'exprimer. A droite, Copé et Juppé ont été sèchement renvoyés à l'automne. Le choix de Hamon marque la fin de la primauté énarchienne au PS. Il est intéressant de noter que dans les deux camps, ce sont des attachés parlementaires sortis du rang avec des diplômes modestes (droit pour Fillon, Histoire pour Hamon). qui l'ont emporté. L'Enarque Huchon a été éliminée lors des régionales à Paris.

Le mouvement anti élite est largement la conséquence du mépris et du ressentiment nourris par les Français vis-à-vis des privilèges de la fonction publique et de son élargissement sans limite, sa morgue, ses dettes et sa fiscalité. Les pertes qu'ont dû  rembourser les contribuables touchent tous les secteurs publics et la banque. L'Enarchie a pillé l'usager et le contribuable au-delà de toute raison.

La candidature de François Fillon représentait un danger mortel pour l'Enarchie : convergence obligée des systèmes sociaux avec le système général, réduction massive des missions publiques, sabrage des effectifs de fonctionnaires et surtout, affront innommable, l'annonce qu'on toucherait à l'organisation des corps de l'Etat, inutilement nombreux et fractionnés.

François Fillon n'est pas devenu l'homme à abattre principalement pour des raisons politiques ordinaires, mais parce qu'il annonçait la fin du régime anormal de capture de la démocratie française par les hauts fonctionnaires devenus féroces ponctionnaires.

Le "coup" tenté par Hollande et Macron, est toute proportion gardée, de même nature que celui qui a frappé Erdogan en Turquie. Les militaires turcs n'ont pas accepté de voir leur domination définitivement enterrée. Les hauts fonctionnaires français n'acceptent pas de perdre le pouvoir politique en France.

S'ils réussissent, c'est la mort définitive de la France comme pays libre, démocratique et créatif  qui s'annonce. L'étranglement fiscal du pays continuera pour faire vivre quelque temps le monstre bureaucratique français et les privilèges extravagants des fonctionnaires. On verra une fuite hors de France de toute la bourgeoisie créative qui le peut et le développement incontrôlable du chômage que les hauts fonctionnaires tenteront d'inactiver politiquement par des lâchers d'argent indécents.

Le programme d'Emmanuel Macron correspond très exactement aux objectifs du "golpe". Avec lui  l'énarchie restera au pouvoir. Aucune réforme des différentes bureaucratie n'aura lieu. Le champ de l'Etat ne sera pas réduit. Il faudra simplement sauver les apparences.

Le pacte passé avec la Banque et de très grandes fortunes (voir la position d'un Cicurel, qui préfère un arrangement fiscal dans le silence des cabinets et pas de réformes qui troublent l'ambiance) veut que Macron fasse les quelques réformes nécessaires pour éliminer ce qui pénalise les très gros intérêts transnationaux. On se financera sur les retraités, sur le capital immobilier et sur le vol de l'assurance vie. Ce qui s'annonce  pour les classes moyennes et supérieures, pour les retraités, pour les propriétaires immobiliers, est catastrophique. Crève le pays pourvu que la haute fonction publique reste intouchée et alliée avec le grand capital international source de reclassements ultimes fructueux.

On ne saurait trop conseiller à François Fillon de résister et de tout mettre en œuvre pour parer le coup sans fioritures et bien le comprendre pour en dénoncer la vraie nature auprès des électeurs.

Il a commencé à réagir hier. Il devrait aller plus loin et  assumer :

- que la politique a un coût et que les moyens légaux mis à disposition  sont de la seule responsabilité des parlementaires.

- que la séparation des pouvoirs est indispensable.

- qu'une forfaiture a été commise par des fonctionnaires du Trésor dont la responsabilité sera recherchée.

- que François Hollande a une fois de plus montré son goût pour la transgression  mais que c'est désormais la démocratie qu'il transgresse

- que Macron est l'agent de la réaction des énarques politiques en voie d'élimination du jeu démocratique

- que sa mission est de permettre la restauration de l'énarchie et que son programme est de faire payer cette ignominie anti démocratique  par les retraités et par les propriétaires immobiliers.

- que le résultat sera la mort de la France en tant que pays libre et indépendant. 

Au-delà de sa personne, c'est la démocratie qui est en cause. Il en est devenue le défenseur, volens nolens. La "youpi  démagogie" de Macron qui lui fait crier comme un cabri Vive l'Europe, Vive les régions, Vive les indépendantistes corses, bretons, ou basques,  Vive les musulmans et le muticulturalisme, Vive l'émiettement parlementaire, Vive la proportionnelle, Vive tout , est un piège électoral grossier.

Il n'y a pas d'avenir pour la France avec Macron et l'Enarchie compassionnelle restaurée au pouvoir. De même que le général de Gaulle a eu raison de mettre fin au pronunciamiento militaire de Salan, Challe, Zeller et Jouhaux , il faut que le Peuple Français mette fin au coup de force réactionnaire de l'Enarchie.

Mais qui aurait cru la haute fonction publique politisée du côté socialiste capable d'un prononciamento ? Et avec des moyens aussi détournés et sordides ? Et qui aurait cru qu'autant de journalistes, dans autant de media, ne soient plus que des aboyeurs heureux de leur laisse et frétillant dans l'ignominie au service des petits maîtres qui les nourrissent ?

Il y a bien un suicide français.

PS : quelques articles évoquant l'Enarchie Compassionnelle

 

Le dernier livre de l'IFRAP : "Ce que doit faire le (prochain) président" (25 janvier 2017 13:46)
Faut-il supprimer l'ENA ? (3 septembre 2016 15:35)
Michel Rocard : l’enterrement d’une illusion (12 juillet 2016 10:58)
J. Peyrelevade : un éclair déchire le ciel bleu de l’Enarchie (10 mai 2016 11:08)
France 1974-2015 : les leçons d'un désastre. (2 mai 2016 10:51)
Retour sur le chômage structurel en France (2 avril 2016 12:24)
Economie, primaires de la droite et élections présidentielles (29 mars 2016 11:47)
Deux mots à Bruno Lemaire (4 mars 2016 12:59)
L’inaction : une maladie française ? (26 février 2016 09:26)
La France, entre blocage et utopies. (3 février 2016 19:19)
Deux illusions tenaces (1 novembre 2015 18:39)
En relisant les mémoires de J. Chirac (5 août 2015 17:05)
L'étrange malédiction de Valéry Giscard d'Estaing (30 mai 2015 09:54)
Xavier Fontanet : « Pourquoi pas nous ? » (23 septembre 2014 13:49)
Economie Française : le palmarès des incapables (18 juillet 2008 16:32)

Le dernier livre de l'IFRAP : "Ce que doit faire le (prochain) président"

Un livre à lire et à compléter

On connaît Agnès Verdier-Molinié qui a réussi à s'imposer dans le paysage audiovisuel français, ce qui, sur ses thèses, est un exploit et directrice de l'Ifrap, institut créé par Bernard Zimmern en 1985, dynamique et créatif polytechnicien et auteur qui restera pour son ouvrage clé : À tout fonctionnaire son chômeur.

Oui, elle a bien du mérite quand on voit le traitement qui lui est réservé sur les médias sociaux socialistes. Deux légères citations :

"On n'en peut plus de cette femme au "sourire" ironique, cassante, méprisante qui crache sur ceux qui la font vivre, nous. Odieuse ! Pourquoi Yves Calvi l'invite-t-il aussi souvent alors que, d'avance, nous savons qu'elle ne fera que cracher son venin".

"Lobbyiste ultralibérale, je ne vois pas ce que cette virago vient faire dans une émission du service public qu'elle hait tant. Verdier-Molinier est une idéologue camouflée en soi-disant experte économiste".

"Je ne connais pas cette personne, mais après les "pleurs" (signal de surchauffe) vient en moi l'agacement (je suis polie !). Insupportable de voir cette "journaliste" coiffée de ce sourire amusé / méprisant en arrière-plan de l'intervenant ! Insupportable !!! Merci au cadreur ! Impossible de rester impassible devant ce sourire dédaigneux, moqueur…"

"Ultralibéralisme et réaction font souvent bon ménage. En présentant Agnès Verdier-Molinié comme une experte et en ne l’interrogeant que sur les thématiques qui constituent son fonds de commerce (impôts, syndicats, fonctionnaires, etc.), les médias contribuent à dissimuler que les marottes des libéraux ne poussent pas dans le ciel des idées. Elles servent les intérêts des dominants qui, s’ils veulent librement s’enrichir, ont tout intérêt au maintien de l’ordre social. Elles s’accordent, en outre, parfaitement avec un point de vue ultraconservateur qui voit la main de dieu derrière le libre jeu du marché."

Pour une certaine gauche, le seul fait de s'exprimer sur "le services public" doit être strictement réservé à la gauche pro étatiste et toute autre proposition est indécente.

Pauvre Agnès, traitée de virago pour ne pas avoir viré à gauche, avec des commentaires sur son physique, qui semblent être une pratique normale dans ce petit monde.

Pas de discussion : élimination par la meute hurlante. Voilà le niveau du débat socialiste depuis que la doctrine est morte au champ de déshonneur des massacres et des génocides socialistes et que le socialisme de gouvernement a prouvé qu'il ne produisait que de la misère et des chômeurs. Il faut simplement se réchauffer à l'idée qu'on est quand même les bons et que les autres sont des vilains. Des suppôts du grand capital, qui ne pensent qu'à aliéner les pauvres et ruiner les travailleurs pour accumuler des profits indécents, tout en étant "fille de ", catho rétrograde etc.

Depuis que le socialisme a subverti la gauche et qu'il s'est effondré dans le sang des massacres et les larmes du chômage de masse, il a chassé et Voltaire et la bonne foi, et l'observation, pour devenir une religion de la haine de l'autre cultivé entre soi dans l'injure permanente.

Le livre d'Agnès Verdier-Molinier est pour eux une sorte d'insulte : Le livre est bourré de faits.

Des faits lourds, solidement plantés dans le désastre français. Comme on ne veut pas les voir il faut tuer l'observateur qui a l'audace de les monter du doigt. Fuir la réalité à tout prix. Parce qu'il ne faut pas désespérer Billancourt. Où il n'y a plus un seul ouvrier.

Alors nous disons : il faut lire ce livre en entier et avec soin. Car tout ce qu'on y trouve est vrai et trace un dessin d'un France en plein naufrage bureaucratique et démagogique dont le destin, au train actuel est de se fracasser sur la falaise grecque.

le champ d'analyse de l'Ifrap est restreint : l'abus commis en permanence par le système politico-administratif. Mais les conséquences sont plus générales :

- l'effondrement régalien que nous dénonçons depuis des lustres

- une organisation spéciale abusive pour des fonctionnaires qui ont capté le politique et qui ont organisé deux sociétés, la leur, et celle des autres, avec des règles et des institutions totalement différentes. Chômage, rémunération basse et aléatoire, conditions de vie difficile, retraites incertaines pour ceux qui vivent au feu de la concurrence internationale. Garantie d'emploi à vie ; avantages de retraites, de logements, privilèges nombreux, revenu indépendant des crises, pour les autres. Cette organisation duale forgée sous Pétain et aggravée à la Libération, sous la pression et des communistes et des hauts fonctionnaires, a coupé radicalement la France en deux.

- fausse gratuité distribuée par la bureaucratie qui ruine consciencieusement tout le monde.

- hyperfiscalité démentielle.

- effondrement de l'économie et de la création.

Conseillons à ceux qui veulentse rendre compte de ce dernier point, d'aller au salon de Villepinte : pas un Français. Que des Italiens, des Espagnols, des Allemands, des Nordiques. Il en se passe plus rien en France. Toutes les entreprises ont été étouffées ou les créateurs sont partis ailleurs. Un seul mot, lancinant : "il ne se passe plus rien en France".

Parmi les causes de l'effondrement français, l'étatisme incontrôlé de l' "Enarchie compassionnelle" tient une place effarante. Macron en est le dernier représentant, qui fuit comme les autres toute réalité, inventant la "youpi politique" pour faire perdurer cet abus.

Le livre tend un miroir aux Français, à leurs élus, à leurs fonctionnaires. Et montre de façon imparable qu'on peut faire mieux, pour beaucoup moins cher, avec beaucoup moins de monde.

L'avantage de l'Ifrap est la solidité des études Tout ce qui est écrit est vrai et frappé du coin du bon sens. Évidemment l'idée d'un programme clé en main pour les élus est un peu provocatrice. La politique est l'art de rendre possible ce qui est nécessaire. Ce n'est pas si simple.

L'ensemble des maux français ne se retrouvent pas dans le livre. La bureaucratie, la captation par les hauts fonctionnaires, les blocages syndicaux et les dérives des élus locaux sont une chose. Le "red tape", comme disent les Anglo-Saxons, est un thème qui séduit toujours parce qu'il renvoie à des responsabilités bien délimitées. Gare à la tentation du bouc émissaire. On peut certes faire mieux, d'abord en faisant moins sciemment mal et en faisant aussi autrement. La recherche d'une meilleure performance est légitime. Mais il ne faut pas perdre le bébé dans l'eau du bain versée.

Une grande part des maux que connaît le France est importée. Les deux systèmes dysfonctionnels que sont le système monétaire international et la gestion de l'Euro pèsent d'un poids massif. Une partie de la dérive administrative française, provient de la nécessité d'en juguler les effets.

C'est ce que nous répétons à l'équipe Fillon. Il faut une diplomatie de la prospérité. Et sur ces sujets il n'y a aucune ligne, dans le livre de la belle Agnès au sourire de Joconde, sur ce que doit faire le (prochain) président.

Un livre à lire,…et à compléter.

En écoutant Patrick Artus.

Patrick Artus partage avec Jacques Généreux cette idée particulière que pratiquement tous les économistes sont des ânes, surtout ceux qui les accusent de ne pas être toujours raisonnables. Dans le cas de notre conférencier sa ténacité à ne pas prévoir la crise de 2008, à nier les risques associés aux subprimes, puis à vouloir croire que la crise était déjà finie au second trimestre 2008, avait laissé une trace bigarrée sur l'image de sa compétence et de son désintéressement (la banque qui l'emploie ayant évidemment salement trempé dans la finance dangereuse). Il était intéressant de voir si plus de réflexion et de modestie avaient justifié le maintien de sa large sollicitation comme commentateur de l'économie. La réponse a été rapide et claire. L'immodestie et la morgue demeurent inaltérées et la pertinence est toujours aussi aléatoire.

Passons sur l'attitude. À la lueur du Brexit et de l'élection de Trump et de quelques autres candidats au comportement saugrenu, la question était de savoir si la mondialisation avait changé et changerait encore.

La réponse exposée est toute simple : la mondialisation n'a changé qu'à la marge et ne changera pas. Pour l'Euro, il est clair qu'on ne peut pas en sortir. Ce serait une catastrophe même pour l'Allemagne qui verrait ses créances dévaluées et qui devrait donc baisser le niveau de ses retraites. Quant aux échanges internationaux, on peut juste noter qu'une partie de la politique de fragmentation de la chaîne de valeur était modestement remise en cause avec la volonté, exemple Michelin, de faire en sorte que la production se rapproche des débouchés.

Quant au trouble de la classe moyenne dans les pays occidentaux, il ne vient pas de la mondialisation condamnée abusivement mais du progrès technique qui, inéluctablement réduit les métiers intermédiaires et l'encadrement au profit d'une bipolarisation intenable entre une poignée d'inclus et une masse de petits boulots prolétarisés. Tout cela pour finir par un éloge, sans soutien politique, de M. Benoît Hamon, pour avoir posé la bonne question : faut-il couper la relation entre travail et niveau de vie ?

Patrick Artus n'est pas un mauvais orateur. Il est tellement sûr de lui qu'on le suit avec une certaine confiance. Néanmoins, le malaise s'est installé et s'est aggravé tout le temps du discours jusqu'à une forme d'exaspération finale.

Pourquoi ? Parce que la démonstration omettait l'essentiel. Il y a bien eu une explosion en 2008. Elle a eu des conséquences gigantesques. Le drame pointait bien un système global dysfonctionnel. Pas un mot. Pour Patrick Artus, avant c'était bien et pas dangereux et maintenant c'est fini, on est à nouveau dans la normalité. Ce qui est vrai du monde l'est aussi pour l'Euro. "Je ne dirais pas que ce fut une bonne idée, mais on ne peut pas en sortir". Là encore aucune analyse des aspects dysfonctionnels, seulement un peu d'ironie sur les "populistes". Il est vrai que les "sachants" officiels, ces derniers temps, ont prouvé leur capacité de prévoir et de prévenir… On peut détester le discours anti-élite, mais tant de morgue vis-à-vis de ceux qui s'interrogent sur les défauts, donc sur les solutions, montre qu’une partie des "élites mondialisées et mondialistes" est dans l'aveuglement total.

La gêne croissante pendant toute la conférence sera alimentée justement par le sentiment qu'on ne traitait pas les vrais sujets et qu'on évitait les questions qui fâchent, accumulant les banalités sans danger ou les observations superficielles.

En refusant sciemment ou non, par intérêt professionnel bien compris ou non, de voir les causes profondes des désordres, des économistes comme Patrick Artus se condamnent à n'être que des commentateurs approximatifs. Les événements arrivent. On ne sait pas ni pourquoi ni si c'est bien ou mal, ni si c'est à corriger ou à encourager. Ils flottent dans le firmament du commentaire comme les yeux dans le potage. C'est comme cela, puisque je vous le dis. Et ceux qui s'agitent autour des conséquences sont des grotesques. Point final.

Cette absence totale de diagnostic conduit inéluctablement au commentaire impuissant. Du coup l'économiste ne sert plus à rien et l'économie paraît une science sans objet ni prescription.

Dire que cette conférence fut une déception est peu dire. L'intérêt d'économistes de ce genre est quasi nul et même contre-productif. On peut se tromper, ne pas voir arriver une crise, ne pas en comprendre les ressorts, ne rien comprendre de la suite. D'accord. Mais alors on remet la main à la pâte et on ne ressort de son bureau qu'avec des analyses précises de son échec et des suggestions de correction. Et on n'explique pas que les autres économistes sont des nuls.

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*  *

Juste un commentaire sur une des questions posées lors de cet exposé : L'emploi "intermédiaire" est-il condamné ?

On connaît cette thèse qui est ressassée un peu partout. Le nouveau capitalisme, pour la première fois de son histoire, produirait un progrès éliminant l'emploi et, dans l'emploi, la source de stabilité qu'était le "middle management ". Le sujet de l'exposé étant l'évolution de la mondialisation, la responsabilité de cette dernière était-elle en cause ou l'affaire était-elle irréversible ?

La réponse du conférencier : oui le middle management est condamné et ce n'est pas du fait de la mondialisation, mais du progrès technique. L'assertion n'est fondée sur aucun argument. L'auteur étant favorable à la mondialisation, il suffisait de la laver d'autorité de tout opprobre.

L'ennui, c'est que cela ne tient pas la route. Creusons un peu.

Lorsqu’on regarde les créations de postes dans tous les pays gagnants de la mondialisation, on a vu se développer une énorme classe moyenne (des dizaines de millions de personnes) avec l'apparition d'une classe de cadres et de professionnels qualifiés en tout point identique à ce qu'on trouvait dans les pays occidentaux. Quand on crée des milliers d'entreprises il faut automatiquement de l'encadrement et des techniciens qualifiés et la hausse du niveau de vie s'est faite justement dans ce segment. Le plus drôle, c'est qu'à un autre moment de son intervention, Artus en convient. Il trouve que l'inégalité est consubstantielle au développement et touche tous ceux qui vont s'élever en participant à la création économique et pas seulement le 0.1 % de la population qui détient les nouvelles entreprises.

Le progrès technique ne peut pas avoir deux faces : destructeurs de métiers d'encadrement ici, créateur ailleurs. Cela n'a pas de sens.

La mondialisation dans la forme qu'elle a prise a donc bien eu un rôle dans l'élimination partielle de l'emploi intermédiaire dans les pays développés.

Du coup tombe à plat tout le discours malthusien habituel sur le progrès économique qui ne serait plus riche en emplois, les robots, Uber etc. Les canuts lyonnais avec nous ! Cette vision peut être vigoureusement contestée. Comme on l'a vu, il est inepte de proposer une explication qui vaut en deçà des Pyrénées et pas au-delà. Si l'emploi a disparu dans les pays développés avec les conséquences sur les classes moyennes, ce n'est pas dû principalement aux technologies. Les robots ne fonctionnent que si des ingénieurs et des techniciens sont là pour les concevoir, les mettre en œuvre efficacement et les maintenir. Tous ces postes sont qualifiés. De même le succès de l'économie collaborative n'est réel que lorsque la législation sociale ne l'a pas rattrapée. Dès l'instant où les locations défiscalisées disparaissent et que l'organisateur du collaboratif devient employeur, il ne reste plus grand-chose du côté disruptif de ces innovations.

Il se trouve que The Economist de la semaine publie un article très fouillé sur les perspectives de l'industrie. Les graphiques publiés démontrent exactement l'inverse des assertions de Patrick Artus : l'industrie représente une partie stable de l'économie chez les émergents et s'effondre dans le monde développé. Si le progrès technique frappait d'anorexie l'emploi, on le verrait aussi bien chez les émergents que chez les développés. Donc, une fois de plus, la mondialisation est en cause.

La vraie analyse est que le développement des pays émergents ne s'est pas fait selon un modèle reproductif ou homothétique mais substitutif., ce qui n'a été possible que parce qu'on avait abandonné toutes les règles sacralisées dans le statut du FMI, article 1, à savoir qu'on n'accepte pas les gros déficits et les gigantesques excédents.

Si dans les pays développés le sous-emploi s'est installé, il a frappé tout le monde, cadre ou pas cadre, middle management comme ouvriers. En Pologne la catégorie qui s'est le plus rapidement enrichie est justement celle des techniciens supérieurs et des cadres intermédiaires. Les salaires qui étaient une fraction minime de ceux des Français sont maintenant à 80 % du salaire français, à parité de pouvoir d'achat !

Si l'emploi s'est congelé dans les pays développés, c'est d'abord parce qu'il y a eu un énorme transfert d'investissement hors de ces pays et surtout parce que l'économie financière mondialisée est devenue baudruche avec une part spéculative délirante. Du coup les capitaux n'ont pas été canalisés vers la production mais la recherche spéculative de "valeur monétaire", en même temps que les récessions successives ont provoqué des chocs durables sur les investissements et l'emploi. L'énormité de la dette a conduit également à un freinage des investissements dans la production de biens et de services.

Par conséquent, une mondialisation fondée sur les changes flottants, à un moment où le dégel communiste a mis brutalement sur le marché de l'emploi des centaines de millions de travailleurs potentiels, ainsi que les déficits et les excédents de balances de paiement délirants qui en ont résulté, sont LA cause majeure de l'effondrement de l'emploi des classes moyennes dans les pays développés et de la réaction politique que cela provoque.

Patrick Artus répond que l'investissement n'a jamais été aussi élevé aux Etats-Unis ces derniers temps. C'est vrai et on peut même ajouter que les exportations chinoises se sont effondrées., forçant les Chinois à utiliser les réserves non plus pour importer mais pour acheter du capital à l'étranger, ce que regrette, à juste titre, notre conférencier qui voit là une source d'accumulation capitalistique qui ferait que la Chine posséderait à terme le capitalisme mondial. Si on regrette l'effet, il faut incriminer la cause. Et là P. Artus reste sec.

Avec des taux à zéro et des placements financiers sans rentabilité, il est normal que l'investissement reparte. Il le fait dans la pierre (bulle) mais aussi dans la production. Et il reste en partie en Occident parce que désormais tout le monde dans les milieux patronaux a pris conscience que le risque politique devenait potentiellement destructeur de l'industrie et du commerce. L'expérience a également montré que la dispersion logistique, dans un système de flux tendu, avait un coût exorbitant. Si un composant est en difficulté toute la chaîne est arrêtée. Les bruits de botte sont l'ennemi de la dispersion industrielle. Lorsque le tsunami a détruit une partie du Japon proche de certaines centrales atomiques, des milliers de produits dépendants de la fabrication de composants logés dans le coin ont cessé d'être produits, provoquant des manques à gagner phénoménaux.

La crise de 2008 a rebattu les cartes et continue de le faire. Aux comportements de panique ont succédé des comportements de précaution. Aux comportements politiques d'acceptation ont succédé des volontés de rupture.

Il est indispensable de repenser et la mondialisation et la gestion de l'Euro. Le progrès technique dans cette affaire n'est pas en cause. Mais l'organisation, ses principes, ses modalités.

Le rôle des économistes est d'éclairer les voies et moyens de ces évolutions indispensables. Pas de conforter l'existant en glosant de façon morose sur ceux qui prônent un certain nombre de changements indispensables.

La mondialisation non coopérative et déséquilibrée est une supernova qui a explosé. Il est inutile d'en chanter les vertus. Elle est mortellement touchée et les spasmes actuels n'ont rien de rassurants si on ne fait rien pour lui donner un débouché différent.

La gestion de la zone Euro ne peut plus rester en l'état. Il est absurde de prôner le statu quo.

Là sont les vrais territoires de l'économie en 2017.

Les naissances françaises en chute libre

Nous risquons sur les bases actuelles de finir l'année à moins de 700.000 naissances, soit 100.000 naissances de moins qu'en 2010.

Nous retombons dans la situation d'avant guerre.

Le début de la fin d'une exception française et une véritable catastrophe nationale.

La grande surprise des récentes élections

Le charme des élections est le nettoyage des mentalités qu'elles permettent. Des époques se ferment, d'autres naissent.

L'élection de Trump traduit de façon sévère la déception économique et sociale d'une globalisation où le bénéfice des grands groupes mondialisés, dégagés de toutes entraves, s'accompagne d'une stagnation redoutable dans les pays développés. Perfectionner à l'infini les trois libertés de mouvements de capitaux, de marchandises et de personnes, vocation que se sont attribuée de multiples organisations internationales et différents groupements d'élites qui se considèrent transnationaux par intérêt et par philosophie, n'est plus le mantra des peuples.

Le Brexit marque la volonté populaire des Anglais de ne plus voir le pays envahi par des hordes d'étrangers et de retrouver sa souveraineté sur les questions d'organisation de la société. Le Royaume-Uni, théoriquement le grand vainqueur de la mondialisation financière, ne trouve pas son compte dans l'exclusif succès de la City, surtout quand il se traduit par des pertes abyssales et une montée sans précédent du chômage, des dettes et des impôts.

La remarquable percée de François Fillon, grande surprise des primaires pour ceux qui ne veulent rien voir, dans un autre genre, marque la fin de la complaisance de la droite pour une gauche, dont l'assujettissement au marxisme-léninisme s'étiole sans fin depuis la chute de l'URSS, et dont la nécessité politique a disparu depuis qu'elle a abandonné sans vergogne les classes populaires. L'énarchie compassionnelle marquée par l'étatisme envahissant, la complaisance vis-à-vis des fonctionnaires et de leurs syndicats, la fiscalité confiscatoire, s'est mariée trop longtemps avec un "sociétalisme pour bobos post-soixante-huitards", venu des Etats-Unis. Appuyé sur des slogans creux, le "politiquement correct de l'altérité", avec la glorification de l'autre, censé porter toutes les vertus, et la culpabilisation du cœur de la nation, considéré comme un ramassis de "beaufs moisis", a fini par faire sombrer la nation dans le chômage de masse, le remplacement de la population, un niveau de dettes insupportables, l'exil des entrepreneurs et des familles aisées et le développement de hordes de personnels à statut dont le poids est devenu insupportable.

Le choix final de la "primaire de la droite et du centre" tranchera la question de savoir si la droite persiste dans sa soumission au politiquement correct gauchiste et sa complaisance vis-à-vis de la haute fonction publique, transpartisane, arquée sur ses propres privilèges extravagants et prête à tous les compromis sur le dos de la nation pour conserver lesdits privilèges.

Peut-on encore accepter qu'une caste administrative se soit approprié le champ du politique, multipliant les conflits d'intérêts, en cherchant sa survie dans le discours politiquement correct, les cadeaux au peuple et la fiscalité confiscatoire ? la France a globalement choisi pendant quarante ans de financer par la dette une extension démentielle des effectifs publics. Nous avons montré ici que la situation française s'apparente à celle de la Grèce avec les mêmes effets. Et un risque pour l'énorme masse des fonctionnaires de se retrouver en première ligne en cas de hausse des taux d'intérêt. Les retraités grecs de la fonction publique ont subi deux réductions successives de près de quarante pour cent de leurs retraites. Les écoles et les hôpitaux ont cessé d'être approvisionnés. Quand un état n'a plus d'argent, il n'a plus d'argent et les premiers à souffrir sont les fonctionnaires. Qui peut douter que nous nous rapprochons tous les jours de la falaise grecque ?

Il est donc tout à fait normal que l'arbitrage se fasse à droite autour de la question en apparence "comptable" des effectifs rémunérés exclusivement par l'état. Il faut ajouter aux effectifs sous statuts des fonctions publiques, les contractuels et surtout les innombrables employés des associations qui se sont substituées à la fonction publique pour exécuter des politiques publiques.

La croissance des effectifs salariés des associations a été longtemps supérieure à celle des fonctionnaires proprement dits. On parle d'un recrutement sur 20 ans de plus de 1 200 000 personnes.

Ce phénomène se voit bien quand on regarde le cas de Paris : 55 000 fonctionnaires plus 20 000 salariés d'associations entièrement financés par la Ville. 75 000 personnes pour gérer une ville de 2 000,0000 d'habitants, alors que Tokyo se contente de 12 000 employés municipaux pour 12 000 000 d'habitants. Et Paris est devenu une porcherie repoussante, sans autre attractivité qu'un tourisme qui se dérobe du fait des attentats et de l'état lamentable de la ville.

Plus généralement, l'emploi nouveau se concentre sur les lieux de retraite agréables d'un côté, et les grandes villes universitaires de l'autre. Certaines villes de province ne vivent plus que des activités financées par l'argent public. Limoges et surtout Vienne, visitée récemment, sont typiques d'une évolution extrêmement dangereuse. Si l'Etat fait face, comme en Grèce à une asphyxie financière, ces villes seront étranglées. Et, on en trouve désormais des dizaines.

Il est normal que le conflit entre Fillon et Juppé se cristallise sur la question des effectifs de la fonction publique. Fillon devrait profiter du ralliement de Bruno Le Maire pour annoncer dès aujourd'hui la séparation de la politique et de la haute fonction publique en proposant comme nous le demandons depuis 20 ans que nul ne puisse recevoir deux rémunérations de l'Etat et qu'on ne puisse pas être élu dans une assemblée qui fixe votre rémunération et vos conditions d'emplois. L'intégration de la fonction publique dans la sécurité sociale normale est indispensable. On sait que les hauts fonctionnaires ont commencé sous Pétain à construire un système pour les autres en évitant soigneusement d'en faire partie. Il faut ajouter la suppression du statut d'emploi à vie, sauf pour des catégories très spéciales de hauts fonctionnaires dont l'emploi doit être protégé des alternances brutales, en gros la catégorie A + . Dans ce moignon résiduel, il faut réduire drastiquement le nombre des statuts différents. On doit également empêcher la cogestion des ministères par les syndicats qui n'ont strictement aucune raison de définir les politiques publiques. Le droit de grève doit disparaître dans les fonctions publiques, comme cela se fait partout ailleurs. On ne peut pas à la fois donner des statuts protecteurs à des personnes à qui on confie l'Etat et leur permettre de se retourner contre l'Etat.

À partir de ce socle, il deviendrait possible de réduire le périmètre de l'Etat à des politiques publiques essentielles.

On sait que pour Juppé, qui était en communion totale d'idée avec Rocard, un tel programme est intolérable. Mais il a tort de le dire impossible. L'attrition des effectifs sous contrats d'état peut concerner plus d'un million d'équivalents temps plein. Le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux, permet, joint à une augmentation du temps de travail et à un allongement de l'âge de la retraite, d'atteindre l'objectif de réduction globale du nombre de personnes intégralement payées par l'Etat tout en assurant le nécessaire rajeunissement de la pyramide des âges de la fonction publique. Bien sûr ce sont des chiffres globaux. La pyramide des âges n'est pas la même dans toutes les parties de l'appareil d'Etat. Certains secteurs doivent être poussés d'autres réduits plus brutalement.

Cette politique est difficile, parce que la hausse de la durée de travail va entraîner des coûts à court terme élevés. Mais on oublie de dire qu'un poste de salarié à vie du secteur public implique aujourd'hui le paiement d'une retraite d'en moyenne 25 ans. 500 000 emplois publics en moins, c'est la possibilité de payer 500 000 personnes pendant 25 ans avec le même budget étatique. Comme la dette des retraites d'Etat n'est jamais évaluée et publiée officiellement, le grand public ne comprend pas que le recrutement de 2 000 000 de personnes sous contrat public a eu des effets monstrueux sur l'emploi non public, la croissance et l'endettement. Il vaut mieux avoir cinq millions de fonctionnaires travaillant un peu plus que cinq millions cinq cent mille. C'est meilleur pour la dette, c'est meilleur pour l'emploi, c'est meilleur pour la productivité globale, c'est meilleur pour le pouvoir d'achat, c'est meilleur pour réduire la pression fiscale, c'est meilleur pour la rémunération des fonctionnaires et leur avenir professionnel

Le pays peut-il continuer à être dirigée par un haut fonctionnaire lorsqu’on sait qu'il faut absolument corriger les effets pervers délétères de quarante années d'énarchie compassionnelle ?

Une fois ce problème tranché, il faudra s'attaquer aux deux grandes questions totalement absentes du débat en cours.

La première est le rôle de l'Euro dans la déréliction française. Ce sera le combat du second tour de la présidentielle. Il ne pourra pas être escamoté. Faut-il comme le disent Mme Le Pen et M. Dupont Aignan, sortir de l'Euro ? Ou peut-on se contenter de réformes plus ou moins profondes de la gestion de la zone Euro ? On trouve là un champ de réflexions considérable. Il va bien falloir en parler au fond. Le "Hourra Euro !", c'est fini.

La seconde est le rôle du système monétaire international dans la crise à un moment où les Etats-Unis prétendent avec Trump faire marcher ses alliés à la baguette et remettent eux-mêmes en cause les bases du système actuel. Il est compréhensible que les primaires de la droite et du centre aient escamoté la question. Il va bien falloir, volens nolens, qu'elle se retrouve au centre de l'agora à un moment ou à un autre.

Changer la "globalisation" ?

L'explosion en plein vol de l'économie baudruche qui a gonflé inlassablement à partir de l'abandon des disciplines de Bretton Woods en 1971 a eu comme première conséquence, que nous n'avons cessé de souligner dès 2008 et qui a été totalement sous-estimée par les commentateurs, l'arrêt des financements internationaux, chaque banque cherchant son salut dans son pré carré national et ses autorités de tutelles. L'arrêt de l'énorme spéculation sur les matières premières internationales, y compris le pétrole, associé au repli des banques, a désorganisé les flux commerciaux usuels.

Comme souvent, les mentalités ont été en retard sur les faits. On demande de partout une "pause dans la globalisation" alors qu'elle est largement arrêtée depuis plusieurs années !

Tout le monde n'a pas été aveugle :

"Le ralentissement prononcé de la globalisation est en partie conjoncturel, lié aux effets de la crise, ainsi qu’au ralentissement de l’économie chinoise". « Il est aussi le résultat de la multiplication des barrières aux échanges et du protectionnisme ainsi que des limites atteintes par la baisse des coûts du transport », ajoute Thomas Held, auteur d’un article annonçant en 2012 que « la déglobalisation a commencé ».

La campagne réussie de Donald Trump, venant après le Brexit, met à mal une autre vue conventionnelle : la "mondialisation néolibérale" aurait été une exigence des "Anglo-saxons". Pour une bonne partie des observateurs dans les médias ou les institutions officielles, "l'horreur de la globalisation" est née de l'élection de Thatcher et Reagan. Et on nous annonce une "horreur de la déglobalisation" associée à l'élection du "monstre" Trump…

Du coup, voilà qu'on demande de partout une "nouvelle globalisation". En France et à gauche, c'est Picketty qui s'y colle dans un article du Monde.

Pour lui il ne faut pas revenir au temps des replis, identitaires et économiques, mais lier les négociations multilatérales commerciales avec "des objectifs plus élevés". Le commerce : pouah ! Mais, puisqu'il en faut, assujettissons à son développement des objectifs dignes d'une humanité supérieure. Dans son esprit, la lutte contre le réchauffement climatique et les inégalités.

Il se trouve que nous-mêmes proposons depuis très longtemps de lier l'ouverture des échanges internationaux à une  autre réforme : celle du système monétaire international. La solution est logique : un achat est toujours constitué d'un mouvement de monnaie et d'un mouvement de marchandise. On ne peut pas s'intéresser à un seul pan de la transaction, en imaginant que la monnaie est un "voile", une huile de graissage, permettant de faciliter les échanges. Si les échanges sont très déséquilibrés cela veut dire que des stocks d'excédents monétaires se forment et on sait très bien, notamment depuis Rueff, qu'ils provoquent des doubles hélices de crédits et poussent l'économie mondiale dans le fameux mode baudruche que nous avons connu pendant quarante ans, avec explosion finale. On doit donc associer le développement des échanges internationaux avec des institutions et des règles qui permettent la stabilité relative des changes, l'absence de spéculation désordonnée sur les monnaies, et l'atténuation des déséquilibres des échanges. Oui, CETA et TAFTA auraient dû être associés à une refonte du système monétaire international.

Pour Picketty, obsédé par le contenu de l'assiette du voisin, ces questions ne se posent pas. Les inégalités sont le problème fondamental. Mais voilà, la globalisation a provoqué  une réduction des inégalités :

« La globalisation a fortement réduit la pauvreté dans le monde et accru le niveau de vie dans tous les pays ouverts aux échanges, en particulier en Suisse. C’est elle qui a permis d’atteindre les objectifs de développement des Nations unies », renchérit Martin Eichler, chef économiste de BAK Basel.

Il est très difficile, pour un socialiste, de constater que les Républiques Socialistes de l'Est et de l'Orient avaient réduit leurs peuples à la misère de masse. Lorsque ces régimes sont tombés, comme l'URSS, ou se sont profondément réorganisés, comme la Chine et l'Inde, un énorme écart est apparu entre les niveaux de vie occidentaux et ceux de ces pays. Une femme vivant à la campagne en Ukraine ne gagnait pas plus de 100 euros par mois ; une paysanne collectivisée chinoise pas plus de 50. La fin des guérillas communistes dans les pays pauvres d'Afrique et d'Amérique du sud, a également permis une reprise de la prospérité. On a donc assisté à un rattrapage économique dans toutes ces nations qui s'est traduit globalement par une réduction massive de la pauvreté et des inégalités. Il faut vivre dans une bulle obsessionnelle pour ne pas voir que la globalisation est, historiquement, une baisse massive des inégalités mondiales  et que ce rattrapage a eu pour conséquence des difficultés certaines pour les secteurs ouvriers occidentaux, mis en concurrence avec des pauvres bien décidés à rattraper leur niveau de revenu et de consommation. On peut analyser en partie le rejet de la mondialisation dans les pays développés comme une révolte des classes moyennes mises en concurrence avec les parties plus pauvres du monde. Si on n'avait pas connu 75 ans de socialisme, le besoin de rattrapage aurait été moindre et les tensions en Occident moins sensibles. C'est malheureusement le genre de constat , en dépit de l'énormité de son évidence, qui ne peut pas être simplement imaginé par un socialiste marxisant.

Non M. Picketty la question de la mondialisation n'est pas la création d'immenses inégalités, puisque ce sont les immenses inégalités imposées par le socialisme violent qui s'estompent avec la globalisation !

Quant au réchauffement climatique, il tient à tellement de comportements qui n'ont rien à voir avec les échanges commerciaux, qu'on ne voit pas ce qu'ils devraient faire dans une négociation commerciale. On retrouve là la tentation permanente des ONG de l'ONU de faire de la morale avec des instruments qui n'ont rien à voir. On l'avait déjà constaté avec la taxe Tobin, sujet technique, transformé, avec mauvaise foi, en instrument de financement de toute une série d'objectifs d'abord sociaux puis écologiques. Dans sa dernière formulation elle devrait permettre de financer la transition énergétique des pays du sud. Sortir le monde de la pauvreté d'un claquement de doigt n'est plus à la mode !

La COB 21 a démontré que des conférences internationales ad hoc avaient leur efficacité. Pourquoi détourner d'autres négociations pour traiter des mêmes questions ? Lorsqu’on parle d'échanges de produits, il est vrai que les normes de production interviennent, qu'elles soient de santé publique ou sociales (travail des enfants par exemple). Mais les négociations actuelles entre Occidentaux concernent essentiellement le secteur des services qui n'a aucune influence climatique avérée. Quant à la Chine, la question actuelle est de savoir s'il faut lui reconnaître le statut d'économie de marché, avec des conséquences de compétition aggravée et dans le système actuel, un risque aggravé de déséquilibres massifs. L'écologie n'a pas sa place dans cette discussion. En revanche les énormes excédents chinois, leur formation et leur emploi, ainsi que le choix de la monnaie internationale à utiliser en Europe pour échanger avec la Chine, sont des thèmes de discussions aussi majeurs que totalement mis à l'écart. Là est le scandale.

Il faut associer la relance de l'économie internationale à une refonte profonde du système monétaire international, avec condamnation effective des gros excédents et des gros déficits. Mais, décidément non. Il ne faut pas fourvoyer les discussions sur le commerce international et la globalisation des échanges dans des discussions qui ressortissent d'un autre registre.

Si on avait, dès le changement de stratégie économique de la Chine, imposé un contrôle de l'équilibre des échanges commerciaux et évité les énormes déficits américains et leurs excédents symétriques en Chine, la Chine aurait cru un peu moins vite et en contrôlant mieux sa pollution et les classes moyennes américaines auraient moins souffert, avec un dérapage moindre des inégalités de rémunérations. Les classes moyennes européennes aussi. Ce qui vaut pour la Chine vaut aussi pour tous les pays à rattrapage.

Réformer le système monétaire va donc dans le sens d'une moindre pollution et de moindres inégalités dans les pays développés. C'est à cette bataille-là que Picketty devrait se joindre, car là est le chemin.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile

Les charges sociales dans la tourmente des élections présidentielles

Il y a dans toute élection une part de défoulement. Une élection est une soupape, pas seulement le choix d'une ligne politique. Et parfois, le défoulement vaut ligne politique, comme on le voit trop souvent ces derniers temps.

La question devient épineuse lorsqu'un pays doit faire face, comme en France, à l'obligation de réformes de structures complexes, socialement sensibles mais indispensables. Prenons par exemple le cas du défaut majeur de la structure fiscale française qui est d'accabler la production au point de lui faire perdre toute compétitivité. Après guerre, la France était ruinée et n'avait plus d'épargne. On a chargé l'entreprise de financer des politiques publiques parce qu'il n'y avait peu d'autres ressources disponibles. Ceci était tolérable tant que l'épargne nationale n'avait pas été reconstituée et tant que l'ouverture commerciale et financière au monde n'avait pas été réalisée. D'autant plus que les mesures prises à la Libération sur le chômage et les retraites n'avaient pas de conséquences immédiates : nous étions en phase de plein-emploi et les retraites, ce serait pour bien plus tard. Les maladies n'exigeaient pas les traitements coûteux que l'on connaît aujourd'hui. Les salaires, dans les hôpitaux, étaient bas, très bas.

Ce système s'est trouvé en décalage avec l'ouverture généralisée des marchés et après 25 ans de rattrapage de prospérité. Dès les années soixante-dix la question était posée d'un changement majeur des assiettes fiscales concentrées sur l'entreprise.

Le rôle des politiques est de" rendre possible ce qui est nécessaire". Il leur appartenait, à cette époque, de mettre en branle et de conduire à terme l'élimination des financements de circonstance. Le but de ces redéploiements était et reste un bénéfice pour tous, pas une réduction de droits pour les uns ni un cadeau pour d'autres. Giscard a bien compris la nécessité de généraliser la TVA mais il a vu l'affaire comme un supplément de recettes permettant de calmer les conséquences de mai 1968 et pas du tout comme une occasion de soulager la production. L'arrivée de Mitterrand et le délire fiscal socialiste qui en est résulté ont bloqué pour une génération les évolutions nécessaires avec comme résultat une hausse continue du chômage.

Le travail reste donc à faire presque entièrement.

Comment insérer des préoccupations de reclassement fiscal majeur dans le processus électoral, notamment présidentiel ?

On a vu que les gouvernements nommés par M. Hollande, qui n'avait rien abordé de ces questions lors de sa campagne électorale, ont tenté une première réforme, l'élimination progressive du financement partiel de la politique familiale par l'entreprise. Compte tenu des faiblesses du Président le résultat a été le blocage du pays et l'effondrement de sa cote à 4 % d'opinions positives ! Les programmes des candidats à la primaire de droite ont, sur ce sujet, des velléités, mais ils sont grevés d'une part par le goût des postures du côté de certains d'entre eux et celui des simplifications stupides du côté des journalistes, l'électorat étant lui-même incapable de se saisir de la complexité des questions posées, faute d'information préalable. Allons au fond des choses ! Faut-il réformer les charges sociales pesant sur l'entreprise, sachant qu'il s'agit essentiellement de transferts d'assiettes, et peut-on le faire de façon bénéfique et consensuelle ?

Il existe trois types principaux de charges sociales sur les entreprises :

- Des charges contributives dont la nature et le montant sont fonction du salaire brut reçu et directement liée à la personne. C'est le cas de la retraite, de l'assurance chômage et des régimes complémentaires de santé.

- Des charges distributives qui n'ont qu'un but : alimenter un pot commun de ressources dans lequel les institutions publiques plongent pour financer des politiques publiques.

- Des assurances liées à l'activité de l'entreprise elle-même, comme la couverture des accidents du travail.

Dans le premier cas, il s'agit de cotisations ou de primes, dans le second d'impôts dont l'assiette est basée sur une partie de la valeur ajoutée de l'entreprise et payée par elle, sans rapport direct avec ses activités, dans le troisième de frais de gestion qui ne sont pas concernés par les réformes car très normalement du ressort de l'entreprise.

Seules les charges distributives ont vocation à être renvoyées sur d'autres formes d'imposition. On peut parfaitement prétendre que c'est l'ensemble des revenus des Français qui doit financer les libéralités en matière d'allocations familiales et de maladie (à l'exception des maladies professionnelles et des accidents du travail). On peut même ajouter la formation en alternance. En France l'éducation est gratuite sauf pour l'apprentissage, ce qui est pour le moins anormal (et anti social). On n'a pas demandé à l'entreprise de financer l'éducation nationale. Alors pourquoi la famille, la construction, la maladie ou l'apprentissage ?

La cohérence voudrait que ces politiques publiques soient financées par l'impôt général et pas spécifiquement par l'entreprise.

Rappelons qu'en 2016, les cotisations concernées étaient sur le salaire brut :

- 0,30 % pour la contribution solidarité autonomie ;
- 12,84 % pour l'assurance maladie depuis le 1er janvier 2016. Elle plafonnait à 12,80 % depuis 1992 ;
- 5,25 % pour les allocations familiales ;
- 0,10 % pour l'aide au logement. Avec les charges liées à l'apprentissage et d'autres charges du même type, on arrive à la louche à environ 20 % de la masse salariale brute.

Compte tenu que celle-ci est d'environ 60 % de la valeur ajoutée en moyenne, si on devait tout transférer, on aboutirait, à la très grosse louche, à une réduction d'environ 12 %.

Ces coûts n'entreraient plus dans le prix de revient et cela permettrait une meilleure compétitivité à l'export. Les charges sont actuellement payées par l'entreprise dès que le salaire est versé. S'il s'agit d'une dépense d'investissement, un impôt est prélevé même si cet investissement n'a pas encore été productif. S'il échoue, la perte s'en trouve aggravée d'autant. Dans toutes les autres formes de prélèvement, l'imposition se fait sur un gain effectivement réalisé. On ne taxe plus un revenu potentiel mais un revenu réel. La mesure est donc logique et favorable aux investissements.

Vers quel autre impôt doit-on transférer ces charges ? Il s'agit bien de transfert et pas de suppression puisque les besoins qu'elles financent ne sont pas supprimés, dans aucun des programmes.

Il n'en existe que trois : l'IR, la CSG et la TVA.

Les bénéficiaires étant les résidents, il serait logique que l'IR et la CSG soient sollicités.

Néanmoins, la TVA a l'avantage de faire payer une partie de ces cotisations lors d'achats de produits étrangers et donc favorise la compétitivité. Le chômage de longue durée et les coûts de reconversion de bassin pouvant être partiellement associés à la concurrence étrangère, qui par ailleurs bénéficie au consommateur, solliciter la TVA n'est pas absurde.

La bonne solution serait sans doute d'affecter la moitié du transfert à la TVA. Mais il y a de quoi débattre sur ce pourcentage.

Pour ne pas écraser les ménages, cela suppose qu'on réduise massivement la dépense publique générale. Il faut associer une réduction de dépense d'au moins 50 milliards d'Euros à cette réforme pour qu'elle soit simplement supportable dans l'ambiance fiscale actuelle.

Quelles seraient les conséquences d'une telle réforme ?

Les entreprises, notamment celles de main-d’œuvre, recouvreront des marges considérables et pourront soit ajuster leurs prix pour être plus compétitifs, soit choisir d'investir, soit donneront une meilleure rémunération (elle-même imposée, réduisant la perte fiscale) aux acteurs. Les artisans et les auto entrepreneurs n'auront plus à payer autant de frais fixes étouffants. L'emploi à domicile sera facilité. L’assistance à la vieillesse impotente également.

On peut espérer des conséquences de long terme favorables à l'emploi, la balance commerciale et l'investissement, et donc également à la recette fiscale.

Peut-on prouver ces bienfaits et les estimer ? Non, avec les méthodes d'évaluation actuelles. Basées sur des modèles macroéconomiques qui n'utilisent que des masses consolidées, tout transfert de charge montre une conséquence nulle, par construction. On n'y tient aucun compte des effets comportementaux à l'échelon du particulier ou de l'entreprise, ni des échanges internationaux. La réduction de la dépense publique y est vue comme une baisse de la demande globale avec des effets déplorables sur l'emploi (le revenu non prélevé étant grevé d'une épargne d'autant plus importante que la réduction de financement porte plus sur les riches !).

Plus ennuyeux encore, l'entreprise baignant dans un système global, il se peut que les événements extérieurs gomment les résultats.

Associée à une hausse du temps de travail et une dévaluation de la monnaie, dans une conjoncture porteuse, la réforme peut produire des résultats spectaculaires. Mise en œuvre en pleine stagnation ou de récession, elle n'aura aucun effet conjoncturel. À l’inverse, l'effet sur les prix de la mutation d'une partie de l'assiette vers la TVA sera quasi nul dans une conjoncture comme celle qui prévaut aujourd'hui. Une fois la réforme installée, les prix ne seront plus influencés.

Inutile d'attendre d'une réforme structurelle une relance conjoncturelle. Les bénéfices ne seront pas immédiats. La mise en œuvre dépendra du climat général des affaires. Les deux dernières périodes très favorables ont été celles des gouvernements Rocard et Jospin qui ont bénéficié tous les deux d'une conjoncture internationale incroyablement porteuse. Malheureusement le premier a aggravé de façon effroyable la dépense publique et la fiscalité, et l'autre a étouffé durablement les entreprises par la réduction autoritaire du temps de travail et la judiciarisation excessive des relations du travail.

L'expérience malheureuse conduite par M. Hollande prouve que "donner et retenir ne vaut". Le transfert partiel des charges familiales, avec réduction ciblée des allocations familiales, après avoir injurié les patrons, tenté de leur appliquer des mesures fiscales vexatoires et pris mille mesures anti-business, dans une conjoncture molle et avec des modalités d'une absurde complexité, n'a pas prouvé que le transfert était une mauvaise chose, au contraire, mais a confirmé qu'on ne pouvait pas mener des politiques contradictoires en même temps, surtout quand une partie de cette politique n'a jamais été annoncée ni même préparée par une concertation ouverte et construite, et qu'on l'abîme en prenant en parallèle des mesures de principe, comme l'inversion des bases du droit du travail, qui n'étaient absolument pas nécessaires pour mener à bien la réforme et qui ont joué le rôle de chiffons rouges.

Le nouveau président devra donc aller plus loin dans cette direction, tout en sachant que l'échec précédent grève lourdement la bonne volonté des parties prenantes, et que ces mesures ne seront pas à elles seules constitutives d'un "choc de confiance", sauf si la conjoncture globale s'y prête, ce qui est loin d'être prouvée. L'expérience allemande montre que le plan du début 2000 n'a commencé à porter des fruits qu'à partir de l'entrée de la conjoncture mondiale dans la phase de croissance ébouriffée qui a précédé l'effondrement de 2008. Ensuite, les bienfaits de la réforme ont rendu la sortie de crise plus facile.

L'autre mesure structurelle caressée par les politiques est la suppression "totale" des charges sociales sur les bas salaires, présentée comme une panacée en matière d'emploi. Qu'en penser ?

Pour les prestations individualisées et basées sur la cotisation, on ne voit pas le sens d'une exonération. En matière de retraite on acquiert des droits, le plus généralement, selon son nombre d'années de cotisation et leur montant. La réforme de structure ici est de supprimer tous les régimes spéciaux et de mettre en œuvre, pour la retraite de base, un système unique par point, chacun étant libre de son système complémentaire (individuel ou collectif). Quelle est la justification de faire supporter à la collectivité, par l'impôt, les privilèges accordés à une catégorie qui n'arrive pas à autofinancer son privilège ? Ce qui est vrai pour la retraite des cheminots l'est tout autant que pour le chômage des intermittents du spectacle. Mais même dans le cas général, on ne voit pas pourquoi le financement de droits individuels à la retraite de millions de salariés au SMIC devrait être mis sur le dos des autres. La retraite est un dispositif de prévoyance pas un exercice de solidarité. Cette dernière doit s'exercer et s'exerce effectivement par d'autres moyens.

Pour cette partie des charges, nous serions plutôt favorables à supprimer la notion de cotisation patronale pour une notion de salaire différé. Cela permettrait de remettre un peu de logique dans les discussions sur ce sujet. Si on veut augmenter le salaire net autrement qu'en augmentant le salaire brut, il devient évident que le départ à la retraite doit être plus tardif, qu'on doit être moins généreux avec certaines formes de chômage etc. Il faut arbitrer entre le disponible actuel et le disponible futur. Plus la décision se rapproche de la personne concernée et moins l'impôt des autres est concerné, mieux le système s'équilibre. On dira : que devient le paritarisme ? Autre chose…

Moins on laissera les syndicats salariaux et patronaux gérer de politiques publiques, le mieux tout le monde se portera. En revanche il ne faut plus les priver des négociations sur les salaires, les conditions de travail, la durée du travail. On ne voit pas pourquoi ils devraient s'immiscer dans la gestion de la maladie, de la construction, de la politique familiale. En revanche on leur a retiré de facto la discussion de branches sur les minimas salariaux et c'était une grande erreur. Qu'on leur rende ce pouvoir. Revenons aux salaires minima par branche et par région discutés par les partenaires sociaux. Et pourquoi pas, en-effet, une plus grande liberté dans l'entreprise pour les modalités.

Il serait bon que tout le monde s'accorde à trouver totalement indécent que les politiques, lors d'élections nationales, jonglent avec les salaires minima et les exonérations de cotisation.

En matière de charges sociales, il faut construire un système rationnel de longue durée, favorable à l'emploi et à la compétitivité. L'adjectif rationnel est ici le mot-clé. Le "court terme" et la démagogie politicienne n'ont pas de sens dans ces affaires.

Le rôle des politiques, et donc des programmes électoraux notamment présidentiels, est de fixer les grands principes. Plutôt que de rester dans le vague ou d'aller trop loin dans des détails, les candidats devraient énoncer les principes rationnels de la politique fiscale à conduire. Faire comprendre la nécessité de supprimer le financement d'un certain nombre de politiques publiques par l'entreprise n'a rien de particulièrement difficile. Définir ces politiques publiques et montrer sur quelles autres assiettes, moins dommageables, on peut asseoir les financements n'est guère plus compliqué. La division droite gauche est en fait sans signification sur ce dossier, comme le sont les fausses divergences des candidats à la "primaire de la droite et du centre".

Ajoutons que ces plans particuliers doivent s'insérer dans un système global lui-même construit pour une croissance pérenne et que les réformes nationales ne peuvent prendre leur efficacité que si on supprime les dysfonctionnements de la zone Euro et du système monétaire international.

Malheureusement, en France, il n'existe plus d'agora où le débat d'idées puisse avoir lieu, sous l'égide de la raison et non des passions partisanes malsaines agitées par des démagogues. Où sont les lieux où peuvent se forger les concepts utiles, les approches consensuelles, les débats qui pacifient ? Le résultat est qu'on finit par demander dans l'urgence des rapports à des experts incertains qui débouchent sur des mesures à l'emporte-pièce non comprises par le pays et déchiquetées par les médias et les partenaires sociaux.

Regrettons-le.

Le CETA c'est assez !

Rien n’illustre mieux la dérive des institutions internationales depuis la fin des accords de Bretton Woods que le CETA, le traité de libre échange élargi entre l’Union Européenne et le Canada.  On dira : « que viennent faire ici des Accords qui ont été mis par terre par les Etats-Unis en 1971 ? ». La réponse et toute simple.

Les Accords de Bretton Woods avaient deux faces intimement mêlées : une face monétaire et une face commerciale. Comme la tête de Janus, ces deux faces formaient un tout. Pas de bon commerce sans bonne monnaie. Pas de bonne monnaie sans progrès des échanges.

Lorsque le pan monétaire s’est effondré en 71 et qu’on a abandonné au n’importe quoi le système monétaire international, tous les fonctionnaires internationaux et les économistes associés ont eu un peu honte. On entrait par soumission au Maître, dans un monde inconnu et probablement malsain puisque tous les manuels d’économie à cette date ridiculisaient les changes flottants comme un dispositif d’urgence, intrinsèquement dangereux et à n’utiliser que faute de mieux.

Les lois de l’évolution ont leur logique et la volonté de survie des organisations qui n’avaient strictement plus aucun sens, comme le FMI, créé pour réguler les changes fixes et empêcher les comportements récessionnistes, les a conduit à approfondir le contraire de ce qui les faisaient vivre jusque là. Adieu l’idée que la croissance et le plein emploi soient des responsabilités d’Etats responsables ! Adieu la surveillance des grands déséquilibres ! Après quelques années d’incertitudes, le marché est devenu une forme de bible et la globalisation l’évangile. Créer des marchés « libres et parfaits » est devenue  la mission dirimante

On a concédé aux banques pratiquement tous les bénéfices du seigneuriage, en interdisant aux Etats d’être financés directement par les banques centrales dont  la fonction de régulation  est devenue critique, toute récession ou menace de récession devenant une crise du manque de liquidité banque centrale. Tous les marchés financiers et monétaires ont été libérés, intégrés dans la stratégie de création monétaire des banques, et mondialisés. La suite était prévisible : les énormes déficits et excédents commerciaux ont provoqué des flux spéculatifs massifs et le développement incontrôlé d’énormes masses de dettes spéculatives ; les effondrements périodiques de plus en plus graves et l’arrêt progressif de la croissance, les investissements utiles étant éliminés au profit de l’alimentation d’une économie baudruche constamment plus proche de l’auto destruction. Celle-ci s’est produite en 2008.

Pour le commerce, il ne restait qu’à perfectionner les trois libertés de mouvements des marchandises, des capitaux et des personnes.

Les Etats-Unis n’avaient pas besoin du mouvement des personnes. C’est l’Europe qui s’y est collé, à l’initiative des fédéralistes européens, et d’abord de Delors et des siens. Le Brexit, principalement fondé sur le dégoût d’une immigration incontrôlable, a marqué l’échec définitif de cette utopie.

Restaient à mettre en œuvre les libertés financières et commerciales.

La crise de 2008 et son origine purement financière ont bloqué désormais tous les processus d’ouverture. Les Chypriotes se sont vus voler leurs dépôts. Les Grecs se sont retrouvés avec quelques dizaines d’euros accessibles sur leurs comptes. Aujourd’hui ce sont les contrats d’assurances vie qui sont menacés, l’Etat français se préparant à bloquer toutes les ventes si nécessaire. Il n’y a plus de liberté financière. Tout est cadenassé. Les banques à qui on avait concédé tout le seigneuriage ont en plus été dotées du moyen de taxer l’usage de comptes bancaires dont on imposait l’usage. C’est ainsi que la BNP ose envoyer à une association qui a 800 euros de cotisation par an, un courrier par lequel elle indique qu’elle prélèvera 40 euros de tenue de compte par mois. Pour le seul service d’encaissement des chèques  de cotisations, elle engouffrera la moitié des recettes de ladite association !    Quand les bornes sont franchies, il n’y a plus de limite. Tout cela pour compenser les taux d’intérêts négatifs de la BCE sur les dépôts obligatoires des banques ! Mesure prise pour essayer de sortir des effets délétères des milliers de milliards de pertes des banques emportées dans le maelstrom d’une économie baudruche !

Que reste-t-il à faire aux institutions internationales après l’abandon de Bretton Woods en 71 ? A perfectionner encore et encore le libre-échange des biens et des services, tout en évitant les sujets qui fâchent en se donnant les moyens de soigner leur image en reprenant tout le politiquement correct des ONG. A « l’énarchie compassionnelle » française correspond une « élitomanie compassionnelle » internationale.   

Au terme du processus et alors que les économies occidentales sont par terre, voici donc le CETA, le TAFTA, fariboles diplomatiques convenues  destinées à pousser les avantages de la massification commerciale et culturelle  au format américain.

Si l’Etat Français était encore debout avec un minimum de respect de lui-même, il aurait défini une doctrine sur ce que devrait être sa diplomatie économique extérieure et le Président de la République l’aurait exprimée à haute et intelligible voix.

Pas un mot. Ni des instances politiques, ni encore pire de la presse. Les Français ont découvert le CETA parce que les Wallons se faisaient insulter pour avoir demandé à voir si leurs exigences, formulées naguère, avaient été respectées.  Quand on dit qu’ils ont découvert le CETA, on veut dire l’enveloppe des accords. Parce que, pour le contenu, il n’y a pas de place dans les médias. Les candidats à l’élection primaire de la droite et du centre ne savent même pas ce qu’il y a dans l’accord. Il faut dire qu’il était interdit de le savoir pendant tout le cours des négociations. Et que de toute façon il est trop tard pour faire quoi que ce soit. L’accord est juste à enregistrer. 

Comme pour tous les textes européens, tous, absolument tous, une fois qu’ils ont suivi le processus plus ou moins secret, plus ou moins opaque, qui mène à une décision obscure, s’y opposer devient un acte d’hostilité à l’Union Européenne et assez rapidement  un retour à Hitler. Pas de politique ; pas de technique ; rien ! Sinon un torrent de moraline amorale qui vise à subjuguer et à interdire d’autorité toute réaction.  

La seule chose que l’on sache, c’est que des accords ont été pris dans le dos des peuples  et qu’ils les empêcheront de réagir aux conséquences. Car une fois signés, les accords sont définitivement hors du champ de la politique. Il faudrait l’unanimité des pays de l’Union ! Les Eurolâtres expliqueront que rien n’est la faute de l’Europe et que tous les maux  proviennent de l’attitude indécente des politiciens nationaux qui se dédouanent sur l’Europe de leurs propres péchés. Les souverainistes affirmeront qu’il faut retrouver tous les pouvoirs pour que simplement les problèmes soient posés officiellement et les solutions discutées au fond avant de laisser des négociateurs explorer quels sont les compromis possibles.

Aucun homme politique français ne sait si les accords du Ceta sont bons ou mauvais. Comment pourraient-ils le savoir ? Si le Président de la République se tait, ce n’est pas seulement parce qu’il est pris par ses conversations privées sur tout et rien avec des journalistes, mais aussi parce qu’il ne sait pratiquement rien d’un processus qui s’est joué dans son dos.  

Pour notre part, la vérité est ailleurs. On ne peut pas négocier des accords bilatéraux dans des matières commerciales sans discuter monnaie en même temps.

Ni Tafta, ni Ceta, sans réforme préalable du système monétaire international et sans diagnostic réel de l’effondrement des taux de croissance depuis 1971.  Cette attitude est l’acte fondateur d’une diplomatie de la prospérité. On ne peut parler de libre échange, qu’en précisant ce qui se passe si des déséquilibres majeurs se produisent et les moyens que l’on consent de mettre en œuvre pour les corriger. A quoi rime de baisser de 1 point des droits de douane lorsque le change de la monnaie d’un des pays peut perdre 10 ou 20% de sa valeur en un demi-milliardième de seconde ? A quoi sert d’ouvrir le négoce libre et sans entrave avec un pays ou une zone en très grand excédent ou déficit courant ?

Ce préalable levé, il faut comprendre que certaines formes de production et de consommation, voire d’activités ludiques  touchent à l’identité nationale, et que les règles ne sont ni techniques ni définies pour bloquer les produits étrangers, mais parce qu’elles comptent pour la nation, souvent depuis des lustres et n’ont aucune incidence européenne ou mondiale. Elles forment un corpus inentamable par des négociateurs apatrides. La pêche, la chasse, la tauromachie, les fromages ont été successivement en première ligne européenne et ont provoqué des traumatismes. Les gouvernants nationaux se sont retrouvés à découvert  à chaque fois et dans l’obligation de justifier des décisions qu’ils n’avaient jamais ni discutées ni même connues, les processus européens chevauchant parfois plusieurs  majorités successives.   

Avec le CETA comme le Tafta, les grandes entreprises notamment anglo-saxonnes et plus particulièrement américaines, entendent pouvoir, par des arbitrages extra-nationaux, vaincre en dehors des parlements des législations vues comme des obstacles à leur expansion. On n’est plus dans le libre échange, mais dans l’interdiction de légiférer dans des sphères où la législation nationale peut être considérée comme absolument légitime.

Ajoutons les attitudes ouvertement agressives comme l’autorisation donnée aux entreprises américaines de ne pas rapatrier leurs bénéfices mondiaux et de laisser leur trésorerie dans des paradis fiscaux, pour mieux vaincre leurs concurrents étrangers, en profitant de l’opportunisme de certains petits pays, et la mondialisation devient un objet de crainte et de mépris de la part des nations.  

Dans un pays comme la France où les pouvoirs du Président sont les plus étendus de la sphère démocratique,  son silence sur tous les sujets qui fâchent et son évaporation sur tout ce qui dépend de l’Europe et l’international,  revient à un véritable abandon de poste. Les candidats à la « présidentielle » devraient prendre la mesure de leurs futures responsabilités et avoir une claire conscience des difficultés que leur abstention peut provoquer.  La campagne électorale doit faire apparaître ce que sera la « diplomatie de la prospérité » de la France.

Plus largement, il faut que les institutions internationales se rendent compte que leur rôle n’est pas l’organisation du « village global » loin des peuples, dans le secret de leurs propres ambitions et dans la soumission aux lobbies américains.

Il faut associer les Etats, piliers des politiques économiques, dans un système structurellement coopératif, plutôt que d’essayer de dissoudre les Etats à demi ou totalement vassalisés par les Etats-Unis par des accords de libre-échange poussés jusqu’au sein du cœur de la légitimité nationale et  arbitrés par des tribunaux privés dans un système monétaire structurellement non coopératif.

Il faut ancrer à nouveau la politique internationale, en permettant une coopération multilatérale organisée sur la base de l’égalité des droits et des devoirs.

L’ancre la plus importante est la monnaie. Il faut revenir d’urgence à un système coopératif en matière monétaire internationale, basé sur les changes fixes et ajustables avec responsabilité des Etats sur leurs déficits et excédents. C’est la seule vraie priorité mondiale.

Un président de la République française digne de ce nom devrait avoir en tête cet article pivot de toute diplomatie de la prospérité. Et refuser tout nouvel accord international économique avant que ce précédent ait été levé.

C’est comme si c’était fait !

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

En écoutant Claudia Buch

"Le comité scientifique consultatif du Comité européen du risque systémique a relevé de nombreux signes de surcapacités dans le secteur bancaire européen, en particulier une forte hausse du volume de crédit par rapport à la performance macroéconomique. En fin de compte, un secteur financier surdimensionné peut avoir une répercussion négative sur la croissance économique réelle."

Cette phrase, énoncée par la vice-présidente de la Bundesbank est tout à fait intéressante. Elle aurait pu être répétée tous les ans depuis 1971, c'est-à-dire depuis que l'on a dynamité tous les contrôles macroéconomiques des balances extérieures (commerce et paiements). L'économie mondiale est devenue une" économie baudruche" comme nous en avons fait la théorie pendant des lustres. De crises en crises, de baisse de croissance en baisse de croissance, d'endettement massif en endettement insoutenable, la baudruche a fini par exploser. Nous vivons dans un système non réformé et mis à plat par la dernière crise, entre perpétuation des anciens maux et épongeage des effets du collapsus de 2008.

Alors oui, chère Claudia, la baudruche recommence à se remplir, tout en fuyant de toute part. Mais là n'est pas l'important. Ce qu'on attend de vous c'est d'indiquer les causes au long cours de la situation. Et là vous êtes muette comme une carpe allemande par grand froid.

Votre constat serait important si vous ajoutiez : les excédents allemands alimentent une création monétaire malsaine par recyclage dans des circuits financiers non directement connectés à la production, des gains qui proviennent d'un excès de compétitivité prix. Alors vous pourriez ajouter qu'il faut prévoir en zone Euro des mécanismes de pénalisation de ces excédents. Les excédents seraient taxés et enlevés du système financier au profit de l'investissement productif dans les pays en perte de compétitivité. L'Allemagne aurait alors intérêt à relancer sa consommation, relever ses salaires, pousser ses importations intra-européennes, perdant en compétitivité mais faisant croître la prospérité générale sans imposer de lourde récession à ses partenaires.

Que Claudia Buch se souvienne des suggestions allemandes de chambre de compensation faite en été 1940. Bien sûr, c'était de sales nazis qui voulaient mettre en place un système dont ils espèrent tirer parti par la force en ne régularisant jamais leurs positions. Mais "une variante honnête" comme disait Keynes serait sans doute la meilleure solution aujourd'hui.

Pour couvrir le dispositif, chère Claudia Buch, il faudrait même aller un peu plus loin : imposer un système de ce genre à l'échelon mondial en proposant de taxer les grands déficits et les grands excédents. Du coup la politique européenne d'ajustement n'entraînerait plus de risques globaux.

Il ne faut pas seulement dire que le roi économique est nu. Il faut l'habiller.

Et la "fashion week" doit commencer au plus tôt aussi bien au sein des banques centrales que des grandes instances économiques internationales.

Qui peut ne pas être lassé de voir que le seul courage autorisé dans les instances dites "de régulation" est de dénoncer un fait sans jamais voir l'image globale ni proposer de solution.

D'accord si vous vous lanciez dans ce travail vous seriez virée dans la minute de votre poste. Mais vous êtes universitaire. Vous avez l'indépendance. Cela vaut tous les honneurs. Sans doute préférerez-vous une carrière du type de celle qu'a connu votre prédécesseur, Beatrice Weder di Mauro, dont la carrière a été éclatante mais entièrement dans les jupes américaines et n'a, pas plus que vous, osé s'attaquer aux questions qui fâchent et notamment celles qui mettraient en colère les maîtres de Washington.

Au-delà de son énoncé, la phrase de Claudia Buch met en lumière la manière dont les économistes sont soumis aux diktats américains. Le but de ces déclarations n'est pas de promouvoir les réformes nécessaires mais de contrer Mario Draghi qui est considéré par les Américains comme dangereux puisqu'il fait baisser l'Euro par rapport au dollar. Elle permet également de se valoriser par rapport au board de la Bundesbank qui prône un certain rigorisme, tout en admettant les énormes excédents allemands. le tout sous couvert d'examiner les risques systémiques pouvant toucher la finance.

Tout cela finit toujours par des invitations au Groupe Goldenberg, rassemblement des "élites politiquement compatibles avec l'idée américaine de la globalisation" et tremplin pour les plus belles affectations.

Il faudrait qu'en matière économique l'opportunisme atlantiste cède un peu la place à une réflexion de fond et des études de réformes un minimum sérieuses. Les nominations sur la base du "genre" et non de la compétence, aggravent encore les phénomènes traditionnels de soumission. On l'a vu avec la nomination de Mme Lagarde à la tête du FMI, "parce que c'était au tour des femmes". Aussitôt tout risque de pensée non conforme est bloqué pour des années.

Et l'économie baudruche perdure indéfiniment avec des discours de régulation qui, au mieux, ne servent que de cache-misère pour masquer le vide de toute réflexion approfondie sur des réformes de structure.

L'économiste "mainstream" et le garde rose

Quiconque a fréquenté les forums, puis les réseaux dits "sociaux", sait qu'il est impossible d'échapper à la frénésie d'une nouvelle race de moralistes électroniques : le garde rose. Son rôle ? Chasser le "fasciste" et en purger le Web. Pour déterminer le fascisme supposé de l'interlocuteur, l'important n'est pas tant ce qui est dit mais l'appartenance supposée de celui qui le dit. Les arguments n'ont aucune importance. La réalité non plus. La seule question qui compte : renforce-t-il notre camp, qui est celui des bons, des justes et des "conscientisés", ou est-il un obscur crétin égaré dans la bêtise de droite, ou découvre-t-on  un "vrai fasciste" qui s'attaque, au nom du mal absolu, aux valeurs du camp socialiste dominant ? Au pauvre débile non encore formaté, on condescend à montrer son erreur qu'il doit vite concéder. Sinon il entre dans le camp des irréductibles. À ceux-là, la "reductio ad hitlerum" est immédiate et assortie de toutes les techniques de mises au pilori. S'il persiste encore : appel à la meute des partisans pour lui passer une correction par le nombre plus que par la qualité des arguments. Cette bêtise de dévots violents est symptomatique d'une "lélinosphère" débridée qui a besoin d'une "fachosphère" pour se sentir à l'aise. L'effet Godwin est devenu la base du non-débat.

En France en particulier la mouvance socialiste n'admet pas que l'économie puisse lui donner des leçons. L'échec du régime communiste soviétique a créé une sensibilité particulière, en ne laissant vivante qu'une seule branche de l'alternative idéologique entre capitalisme et socialisme. Tout économiste qui se situe dans la sphère du capitalisme est donc potentiellement un ennemi et rapidement un "fasciste". Impossible de discuter du poids de la fiscalité, de la malfaisance des réductions autoritaires de temps de travail, de la judiciarisation excessive des relations contractuelles, de la nocivité des grèves politiques, de l'efficacité des aides sociales, des effets de l'immigration sur la vie sociale et économique. Seuls ceux qui ont fait la preuve absolue de leur appartenance ont le droit d'échapper aux plus sinistres condamnations. Mais si votre visa est validé alors vous pouvez suivre tous les méandres de la bonne conscience de gauche même dans ses révolutions à 180°. L'important est de ne pas remettre en cause le primat moral de la gauche socialiste et intolérante. Peu importe ce qui est admis à tort éventuellement par le groupe à un instant donné, l'important est de ne pas attaquer le groupe et de bien lutter contre un diable extérieur à vouer aux gémonies. On peut garantir alors qu'on est bien campé aux yeux de l'Oumma socialiste dans le formidable camp du bien.

Pour le chercheur scientifique, cet esprit partisan de masse n'impose pas seulement de supporter les flots d'injures "social racistes" de partisans grotesques, mis aussi de résister à des chasses à l'homme et de lutter contre des exclusions. Lorsque les syndicats politisés du secteur public s'y mettent, les carrières tremblent. On se rappelle le sort du cameraman qui avait osé filmer le "mur des cons" du Syndicat de la Magistrature. On se souvient moins que l'auteur d'une étude de l'Insee sur l'absence d'effet réel des 35 heures sur l'emploi a subi une campagne de la CGT interne d'une violence inouïe et a vu sa carrière mise en danger.

Cette dictature des esprits, construite sur le vilipendage, les piloris et les pressions syndicales, relayée à l'occasion par les politiques et toujours par les médias de gauche ou sous dépendance morale de la gauche, explique en partie la faiblesse des études économiques en France et la quasi-nullité de l'expression économique des économistes officiels. "L'économiste mais" est devenu l'équivalent du "patron mais" de Neuschwander, dont le succès chez Lip est bien connu. Il y avait déjà rue Saint Guillaume dans les années soixante une librairie dont la devanture n'affichait que des livres d'économie "anticapitalistes". L'OFCE rattachée à Sciences-po est devenue l'officine de la béatitude socialiste. Les interventions permanentes de ses membres dans les médias (Eric Heyer et Henri Sterdyniak en particulier) ne sont qu'un long panégyrique de la politique de M. Hollande, quand elle est clairement socialiste, une critique acerbe, dans le cas contraire, une défense idéologique des réductions de durée de travail, une illustration des beautés et bontés de la dépense publique, de l'innocuité de la dette, et la solidité cachée de la conjoncture, en dépit de la vilaine Merkel. Tout changement de direction à la tête de l'OFCE crée une mobilisation contre le risque de "dérive droitière" ou "néolibérale", comme on l'a vu avec la nomination récente d'un conseiller… d'Arnaud Montebourg. Les divisions du PS y sont plus importantes que la science économique. Il n'est pas étonnant qu'Éric Heyer ait été en tête de gondole pour s'opposer à la prétention de Jean Tirole à faire valoir des "lois économiques scientifiques" parce que vérifiées par les études publiées et les chiffrages sérieux. Pour lui, il n'y a pas de sciences économiques "dures". Seulement un discours à coloration politique. Il s'agit de pulvériser celui du camp du mal avec des arguments qui appartiennent plus au registre du café du commerce socialiste qu'à celui de la science. Mais puisqu'on vous dit qu'il n'y a pas de science économique !

L'amour fou des journalistes, des éditeurs et des politiques pour les économistes américains "de gauche" témoigne de cette même réalité politico-psychologique. Paul Krugman et Joseph Stiglitz sont "nécessairement" des Prix Nobel d'Économie à entendre et à écouter. Le premier se signale dans les colonnes du New York Times, depuis des lustres, comme le contempteur intraitable et officiel du Parti Républicain  ; Le second est un théoricien de l'inefficacité des marchés, milite contre l'Euro au nom de Tsipras, et a injurié, en prime, quelques membres du FMI. Il fustige à longueur de livres le "néolibéralisme". Le passeport est suffisant pour leur concéder toute la place dont ils sont dignes dans les médias français. On a vu Sarkozy faire un pont d'or à Stiglitz pour essayer de se faire accepter, comme le lui recommandait la douce Carla, par les milieux socialo-bobos qu'elle fréquente. Les économistes atterrés, Alternatives économiques, sont d'autres exemples du goût français pour une économie propagandiste et partisane assumée.

On comprend l'énervement des économistes qui cherchent à établir des lois économiques solides par des méthodes scientifiques classiques et qui se font "conchier", désolé, il n'y a pas d'autre mot, lorsqu'ils établissent un résultat qui fâche les thuriféraires des politiques "vraiment socialistes" et donc, glorieusement  "anticapitalistes" et "antilibérales".

Le livre de Pierre Cahuc et d'André Zylberberg est exemplaire de cette révolte. Le titre peut en paraître choquant au départ."Le négationnisme économique". Le négationnisme est un concept qu'on retrouve plutôt sur les questions de génocide que dans les combats pour une réflexion libre en économie. Le début du livre trouble aussi quand il ne s'applique qu'à rechercher dans l'action de Jean Paul Sartre les ferments d'un goût pour l'engagement politique marxisant poussant à une prégnance antiéconomique purement idéologique. Les auteurs constatent que l'économie socialiste engagée, dominante dans la France universitaire, n'est qu'une application à leur domaine de l'action de Lyssenko dans celui de l'hérédité. Ce n'est pas gentil. Mais suffisamment près de la réalité pour susciter un tir de barrage de tous ceux qui se sont sentis visés et qui ont voulu moucher le livre dans la presse qui assure depuis toujours le conditionnement de "l'opinion",  du moins telle qu'on la juge convenable dans le microcosme germanopratin de gauche.

Le Monde a ainsi publié un article réactionnel d'un certain Hautcoeur expliquant que le scientisme était l'ennemi de la science et que l'anthropologie, c'est-à-dire, pour lui, la description orientée par l'esprit partisan, était un devoir. Pour conclure, on l'aurait parié, que l'économie était chose trop sérieuse pour la laisser aux économistes et que l'esprit scientifique contribuait "à la montée des violences" (sic). Un paragraphe de plus et on atteignait le point Godwin. Les auteurs répliquèrent avec raison dans la colonne d'à côté que "faire croire que seuls les autoproclamés hétérodoxes ont un regard critique sur leur profession est une escroquerie qui empêche tout débat serein et informé sur un grand nombre de sujets essentiels pour notre avenir". "La mise en scène d'une coupure "scientifique" entre les soi-disant orthodoxes et les autoproclamés hétérodoxes n'est qu'une arme stratégique dans le champ des confrontations politiques" clament avec raison Cahuc et Zylberberg.

La vérité à laquelle les auteurs n'accèdent pas,  est que l'incapacité des économistes officiels à prévoir la crise et à en juguler les effets pose une double question.

- L'une est le poids politique et idéologique qui pèse sur les médias pour empêcher tout débat sur des questions où les pressions sont très fortes. Aucun économiste officiel ne peut espérer une carrière à la Commission européenne, à l'OCDE, au FMI, sans se soumettre aux thèses pesantes que les Américains souhaitent faire valoir dans la durée. Impossible d'y critiquer les changes flottants par exemple ni les grands déficits et excédents. En France, l'expérience de la révolte de Maurice Allais a montré qu'on ne pouvait s'insurger contre la pensée dominante dans les instances européennes et françaises qu'à son détriment, même quand on a eu raison.

Oui la réflexion économique est bâillonnée de toute part. La création de ce blog est une des manifestations de ceux qui veulent pouvoir alimenter le débat sans être constamment bloqué, paralysé, inquiété. Il faut faire entrer le réel dans le débat. Il faut des débats.

- L'autre est que l'économie est une science en souffrance compte tenu des nombreuses difficultés théoriques et pratiques qui lui rendent la vie difficile. Il n'y a plus d'orthodoxie parce que les grandes questions sont ignorées et qu'il n'y a pas de volonté commune de trouver les réponses. Les exemples de résultats scientifiques donnés par le livre de Cahuc et Zylberberg sont microbiques. Ils touchent des domaines secondaires. Cela ne remet sans doute pas en cause la méthode mais certainement le champ d'application. Le macroscope est aussi utile que le microscope.

La pensée économique n'a besoin ni de la tutelle américaine ni des piloris des "gardes roses", ni même les anathèmes d'un Buisson et de la droite intégriste contre" l'économisme", prétendument triomphant. Science sans indépendance ni liberté d'expression n'est que ruine de l'âme. Mais une science sans résultat global probant est un sujet d'inquiétude. La Reine d'Angleterre a raison.

Si les chiens se déchaînent, c'est que le grand corps de l'économie est malade, donc à merci. Mais ils risquent d'en faire un cadavre pas vraiment exquis.

La réflexion économique est indispensable. Il est faux d'affirmer qu'elle ne permet aucune prévision. Nous avons pris le risque sur ce site de toujours associer une réflexion à une prévision raisonnée. Nous avons prévu la crise de 2008 et dit quand, quelle intensité et pourquoi. Nous avons annoncé à l'avance l'échec du RMI ou de la RGPP et même de l'optique retenue en 2009 par le G20. Nous avons montré pourquoi la campagne présidentielle ignoble de 2012 déboucherait sur le n'importe quoi et l'absence de résultat. À chaque fois, la prévision a  été assise sur un raisonnement et l'observation des faits. Nous regrettons d'avoir été largement les seuls a faire cet effort d'exposition publique. L'économie officielle en France, en Europe et dans les instances officielles se montre sur presque tous les sujets incroyablement taiseuses ou se contente  de rétro-analyses sans danger. La plus grande difficulté est aujourd'hui l'autisme économique, qui se traduit par l'évitement des grandes questions et la soumission aux groupes de pression et pire encore à l'air du temps. Et qui laisse le champ libre au n'importe quoi politicien et idéologique. Les auteurs ont partiellement raison d'invoquer les mânes de J. P. Sartre : le Garde Rose vit entre le paraître et néant.

L'économiste et le garde noir

C'est entendu. Dans la France de Voltaire, version an 2000, la proscription existe. Certains livres sont à ignorer car ils sont la production du diable. La grosse étude de Patrick Buisson, serait de la bassesse, de l'outrance, de la trahison, de la fiente de charognard, au mieux un vague brûlot dicté par le ressentiment, ou la vengeance d'un éconduit. Tous ces qualificatifs, qu'on avait déjà entendus au temps de la sortie des livres de Mme Trierweiler et de M. Zemmour, sont extraits des médias des deux derniers jours. Le résultat sera un triomphe en librairie, comme pour les deux autres. Les interviews-dézinguage s qui interpellent l'auteur avec les mêmes injures cent fois répétées n'abordent jamais le contenu lui-même de l'ouvrage et vous forcent à la lecture. C'est heureux, car le livre révèle certains aspects très actuels de l'opinion vis-à-vis des grandes questions économiques.

Buisson propose une réflexion conservatrice très proche des auteurs du dix-neuvième siècle qui voient dans l'apparition de la République une rupture avec les affinités supérieures qui forment la vraie France et les finalités nationales supérieures qui seules justifient le sacrifice de soi. "La postdémocratie avachie et déracinée, étrangère à l'héritage comme au patriotisme, n'a rien à opposer au double péril que représente la finance globalisée et l'islam radicalisé". Pour l'auteur la "cause du peuple" est celle d'une population marginalisée pour qui le supplément d'âme religieux et national était essentiel. À partir du moment où l'assistanat est ouvert sans distinction à tous, les "bénéficiaires" perdent la notion de lien national. Que peut bien encore signifier être français si le "capital d'autochtonie se trouve galvaudé et les droits attachés à la citoyenneté étendus à l'autre sans distinction". Ce sont, au sein du peuple, ceux qui sont sans capital qui réagissent le plus à la perte du capital particulier qu'est la solidarité nationale. Comme Zemmour, comme Villiers, un trio d'amis, Patrick Buisson plaide pour la restauration d'une mystique nationale française en phase avec les aspirations profondes du peuple mais en rupture avec les élites gouvernantes soucieuses d'électoralisme à court terme et de communication compassionnelle, dans un monde globalisé où l'argent est roi.

Pour l'économiste, le livre est une ordalie. Il se voit chargé de promouvoir "l'économisme", cancer avancé des sociétés libérales elles-mêmes avancées, de tomber amoureux d'une courbe de croissance, de vouloir l'instauration d'une vulgaire société de consommation qui pousse à de nombreuses formes d'aliénation, de servir l'état nounou qui fait disparaître les attachements fondamentaux au profit d'un clientélisme odieux et mortifère, d'avoir choisi le mondialisme dévorant et indifférencié qui tue le peuple et l'asphyxie de faux besoins et qui l'abaisse, tout en le ruinant par la concurrence. Le livre est une longue vaticination contre l'idée de progrès en général et de progrès économique en particulier.

Arguant de sa parfaite connaissance du peuple analysé dans ces profondeurs par les techniques sondagières, il cherche à prouver que les trois libertés fondamentales de circulation des hommes, des produits et des capitaux sont refusées par le noyau dur du pays et que les limiter sert "la cause du peuple". L'Union Européenne qui a fait de l'indifférenciation en son sein sa règle fondamentale, a détruit les protections indispensables au bonheur du peuple et plus particulièrement de ses pauvres. La globalisation a achevé le travail en créant, de surcroît une guerre des civilisations.

Du sondage au conseil du prince, du conseil du prince à l'action, on voit se dessiner un projet : si vous voulez être élus, il faut récuser les trois libertés fondamentales et s'écarter du capitalisme libéral.

Ce projet a raté. Sarkozy n'était finalement pas le bon cheval. Marie-France Garaud avait déjà dit cela de Chirac. C'est le drame des conseillers. Ils essaient de remplir des outres vides ! Mais la sonde mise au sein de l'opinion des classes populaires fait jaillir un fond de ressentiment qui est bien réel et pose problème.

Depuis des lustres nous avertissons qu'il faut prendre garde à la colère des peuples. Quarante ans de baisse de la croissance, de crises périodiques plus violentes, de gonflement inouïe de la dette et du chômage mettent nécessairement en branle des réactions dures dans les tréfonds. Le livre de Buisson montre qu'à côté d'un anticapitalisme de gauche se constitue un anticapitalisme de droite, tout aussi virulent, et qui était très présent dans les années vingt et trente. C'est la crise de 1929 qui avait permis à toute une série d'auteurs constamment cités par Buisson, d'émettre sur le capitalisme des jugements aussi accusateurs que péremptoires.

De ce point de vue, le livre est d'une lecture nécessaire. Le consentement au capitalisme n'est acquis ni à droite ni à gauche. Le consentement au libéralisme est facilement rejeté et à droite et à gauche.

À côté du garde rose milite le garde noir. L'un et l'autre attendent la faute du capitalisme pour avancer leurs propres solutions qui les unes et les autres sont anti-croissance et propagent des idées antiéconomiques. Il faudrait ajouter à notre galerie les gardes verts qui théorisent la décroissance heureuse. Pour tous ces gens l'économiste est un pelé et un galeux en ce qu'il cherche à accroître la richesse globale sans trop s'occuper du reste : la protection de la terre, la souffrance sociale, la déperdition du sens profond de la vie. Le daltonien n'y voit que des nuances de gris. Le sage des nuances de vert-de-gris.

La seule réponse est la croissance équilibrée. Elle seule permet de dégager les ressources techniques nécessaires pour lutter contre certains maux écologiques, les ressources matérielles pour lutter contre la pauvreté et les réserves nécessaires pour donner du sens à sa vie en toutes circonstances. La croissance économique est quoi qu'on en dise chez les militants des trois couleurs un facteur de paix et de civilisation. La "politique de civilisation" promue par Patrick Buisson ne peut se fonder sur un anti-économisme primaire.

Il reste évident que la vie ne se résume pas à l'économie, que les relations humaines ne sont pas qu'économiques, que le potentiel électoral n'est pas exclusivement dans la production de richesses et d'emplois. La politique économique n'est pas le tout du politique. L'économie n'est pas une religion et ne forme pas le creuset des nations. L'intérêt n'est pas l'alpha et l'oméga de l'existence individuelle ou en groupe.

Ce que montre le livre de Buisson, comme l'ensemble des glissements mentaux, politiques et diplomatiques actuels, c'est le danger d'avoir fait disparaître la coopération entre états dans le domaine des changes et de la monnaie en refusant férocement de voir les conséquences pendant quarante ans, tout en poussant dans le moindre détail l'élimination de tous les mécanismes permettant à une forme de surmoi national de limiter les conséquences sociales et culturelles d'une compétition micro-économique des libertés individuelles débridées et macroéconomiques d’État jouant la relation de puissance.

Curieusement, le livre d'Henri Guaino, l'autre conseiller de Sarkozy, arrive, par d'autres voies, à la même conclusion.

Plutôt que de diaboliser le livre, les politiques devraient plutôt le méditer. Ce sera d'autant plus facile qu'il est plutôt drôle et bien écrit, si l'allitération est la littérature.

Certains diront que la dénonciation d'une attitude où la promesse électorale n'a pas vocation d'être tenue mais simplement affichée pour gagner, où le court terme l'emporte sur le temps long, où l’expédient est préféré à la réforme de structure, où la conviction est liée à la validation par les sondages d'opinion, où le vote et finalement utilisé à contrer la volonté du votant, forme l'essentiel du livre.

Pour nous, c'est surtout la condamnation implicite de la nécessité d'une politique de la prospérité qui fait le livre. Il traduit la volonté politique explicite d'assujettir la consommation et la production, et par extension, toutes les relations contractuelles individuelles à un sur moi national. Il faut s'opposer à ce scénario "noir".

Pour nous l'affaire est claire : empêcher que la force des libertés individuelles contractuelles ne s'exerce au sein de la communauté nationale ou au dehors est un mauvais projet. Mais, si la Liberté se chérit, les libertés s'organisent. Si on le fait mal ou pas du tout, c'est l'ensemble des libertés qui sont exposées.

La France, pays d'idéologie, voit s'agiter des gardes rouges, noirs et verts. Au nom d'idoles qui sont la révolution créatrice de l'homme nouveau, la cause du peuple fondamental mythifié, ou celle d'une terre martyrisée. Ce bouillon moléculaire s'active en même temps que le désastre économique fait monter la chaleur des "passions tristes".

Il y a urgence à faire baisser la pression.

OMC : une erreur tragique de diagnostic

L'OMC a enfin donné les chiffres clé d'un désastre que nous annonçons depuis longtemps : la contraction de la croissance du commerce international qui perd son rôle de leader de la croissance mondiale :

- Le commerce international croîtra très faiblement (1.8 %) en 2016 moins vite que la croissance globale des PIB qui est elle-même très faible (entre 2 et 3 %). La croissance moyenne du commerce avait été de 6 % depuis la chute de l'URSS

- L'investissement transfrontalier a été multiplié par sept pendant la période pendant que le commerce n'était multiplié que par trois.

Ces indicateurs racontent toute l'histoire : l'économie "baudruche" est bien installée en 1990 et s'amplifie après avec des croissances de mouvements de capitaux sans rapport avec la production proprement dite. Elle a explosé en 2008.

Mais l'OMC va faire une erreur de diagnostic magistrale. Certes, l'effondrement de la croissance du commerce internationale est lié à la crise de 2007-2009, mais il est totalement faux d'affirmer qu'il s'agisse de la "première crise de la mondialisation".

La myopie est singulière.

Son premier inconvénient est d'éviter tout diagnostic de la crise de 2008. D'où serait venu cet accident ? Uniquement des "excès de la finance dérégulée". En catimini voilà revenir l'explication bécassine de la crise par les "subprimes". Rappelons que les subprimes, c'est 600 milliards de dollars d'en cours problématique dont 400 ont été peu ou prou récupéré, alors que le trou global était quelque part entre 12 mille et 15 mille milliards de dollars et qu'il a fallu le combler en faisant monter la dette globale des Etats à plus de 60 mille milliards de dollars (soixante fois le niveau de l’économie marchande française annuelle pour donner du corps à ces chiffres monstrueux).

La récession de la fin des années 2000 est de même cause et nature que celle du début des années quatre-vingt-dix et que celle du début des années soixante-dix. Les difficultés de la Chine sont de même cause et nature que celles du Japon après 92-93 et de l'Allemagne après 73-74.

La baisse tendancielle du trend se fait décennie après décennie depuis 1971, en même temps que la bulle de dettes enfle à proportion., avec des crises financières périodiques de plus en plus graves pour digérer les pertes financières des spéculations hors sol.

La situation actuelle est la queue d'une comète dont la tête est l'abandon des disciplines de Bretton Woods et le flottement généralisé des monnaies. En imposant au monde que des excédents et des déficits extérieurs monumentaux soient possibles, les Américains ont enclenché les mécanismes de double hélice de dettes décrite par Jacques Rueff avec une telle continuité et une telle ampleur qu'une récession majeure ne pouvait que se produire. Maurice Allais nous avait prévenus avec une grande précision et une parole prophétique : "ce qui doit arriver arrive".

Ce à quoi on assiste est l'effondrement du système des changes flottants. La liberté absolue des mouvements de capitaux, de marchandises et de personnes, sans gouvernement mondial ou sans actions coordonnée des Etats pour les canaliser est une erreur majeure qui se retourne contre ceux qui l'ont imposée au monde. Crise financière, crise migratoire et crise du commerce international nous rappellent une loi fondamentale : la liberté se chérit mais les libertés s'organisent.

Monnaie et commerce vont ensemble. Pas de bon commerce sans de bonnes monnaies. Unifier le système monétaire dans un schéma de devise dont la valeur est défendue par les Etats, avec des possibilités exceptionnelles de dévaluer par consentement mutuel, avec interdiction des grands excédents et des grands déficits, et interdiction des attaques spéculatives massives contre la valeur des monnaies, est la seule solution. Si cela implique un certain niveau de contrôle des flux financiers, pourquoi pas.

Les déplacements de population doivent être tout autant contrôlés. Si les prévisions des démographes sont justes, l'Afrique va devenir si peuplée qu'il faudra vers 2 050 que l'Europe accueille environ 400 millions de migrants maghrébins et africains. On ne peut pas laisser chaque Etat laisser sa démographie exploser tout en attendant des autres qu'ils supportent les conséquences. Chaque Etat doit être responsable de lui-même dans le cadre d'une responsabilité partagée et surveillée par tous. Comme pour les monnaies.

L'intégrisme des marchés, sous domination américaine, a conduit, comme tous les intégrismes, à dévaluer les principes sur lesquels ils se fondent. Il n'y a pas de marché monétaire sain. Le marché des capitaux est dans un état lamentable. Le marché des produits est à l'arrêt. le marché du travail est en lambeaux.

Le libéralisme n'est pas un djihad ! Mais une forme collaborative de créer de la richesse et de la liberté. Où et la liberté si, comme en France, des dizaines de milliers de citoyens sont obligées de payer les impôts en cédant leur capital après avoir donné tout leur revenu ? Où est la liberté quand le nombre de personnes payées par la collectivité est de deux fois le nombre de ceux qui travaillent ? Où est la liberté quand certains maires prétendent imposer la présence des immigrés "jusque sur le palier des riches". Où est la liberté quand la masse du peuple n'a plus d'espoir autre qu'un tirage de loto heureux ? Où est la liberté lorsque les élites d'un pays doivent s'expatrier pour faire leur vie, avec tout ce que cela implique de renoncement ? Et s'il n'y a plus de liberté, ni de propriété (cette liberté en dur) comment espérer la prospérité.

La bataille mondiale actuelle n'est pas celle de la finance et des subprimes. Mais le retour à un système monétaire et financier sain, coopératif et organisé, qui ramène la finance à l'investissement et non à la spéculation sur des bulles artificielles, qui ramènent les échanges à l'équilibre sans brider la hausse, qui interdisent les déficits et les excédents majeurs (dans le monde mais aussi dans la zone Euro), ainsi qu'une cogestion de la démographie. Un pays peut être contraint par la collectivité, pour le bien commun, à limiter ses déficits financiers, commerciaux et démographiques. Un pays peut être contraint par la collectivité, pour le bien commun, à restreindre ses excédents commerciaux, financiers et démographiques.

Tout l'enjeu de la décennie à venir est de trouver les bonnes modalités de cette organisation volontariste et collaborative, entre Etats réputés égaux en droit et souverains, des grands équilibres fondamentaux. Alors que la grande erreur collective, à l'instigation des Américains, une fois le système monétaire de Bretton Woods mis par terre, aura été de démanteler toute organisation concertée de canalisation des libertés et de tenter d'affaiblir les Etats autres que les Etats-Unis.

Le faux combat entre Keynes et Milton Friedman

Au fur et à mesure que la stagnation s'étend et se prolonge, les querelles s'aggravent entre spécialistes. Au point que certains livres parlent de négationnisme économique" et que d'autres vouent aux gémonies le "néolibéralisme" en des termes d'une violence toute soviétique.

Une bonne partie de la querelle oppose keynésien et partisan de Milton Friedman. Aucun de ces deux économistes ne doit être installé sur un piédestal ni voué aux gémonies. Ils ont apporté l'un et l'autre une vision qui a changé la manière de penser l'économie et l'action économique. Ils ont, chacun, encore des leçons à donner, mais sans doute pas celles qu'on a retenues jusqu'ici.

Le combat de Keynes est profondément inscrit dans l'avant-guerre. Ses deux thèmes de prédilection auront été d'éviter d'exiger des réparations exagérées aux vaincus, au terme de la guerre de 14, et d'éviter les politiques "contractionnistes", notamment celles qui exigeaient que l'on revienne à l'étalon or. Il ne voulait pas non plus de monnaie nationale ayant un rôle mondial dans le système monétaire international. Il a théorisé qu'en cas de crise, les marchés ne se réparaient pas spontanément et que la crise entraînait plus de crise. Il fallait d'une façon ou d'une autre éviter une contraction indéfinie de la "demande globale".

Le modèle Walraso-parétien est quant à lui le chef-d'œuvre théorique néoclassique qui, partant d'une situation éventuelle de déséquilibre, essaie de montrer que les marchés permettent spontanément de revenir à l'équilibre. Il a ceci de particulier qu'il fait de la monnaie un simple intermédiaire ne pesant pas réellement sur les échanges. Milton Friedman aura rappelé par tous ses écrits que ce n'est pas le cas et que la monnaie compte. Mais il a aussi théorisé que la monnaie était une marchandise comme les autres qui devaient se valoriser par le marché, même si les banques centrales avaient un rôle à jouer. Alors que Keynes ne voyait pas l'intérêt d'une fluctuation fréquente dans la valeur respective des monnaies, tout en en admettant la nécessité occasionnelle.

La coexistence de ces deux doctrines est délicate. La solution trouvée par les professeurs d'économie est, depuis les années soixante, de séparer tout à fait artificiellement la macroéconomie, qui rend hommage à Keynes et "donne le moyen de juguler les crises", et la microéconomie où c'est Walras qui triomphe, accompagnée depuis plus récemment par des développements regroupés autour du concept de "finance" ou "finance de marché".

Personne, même avec des équations sophistiquées, n'a réellement réussi à intégrer les deux raisonnements. Raymond Barre avait réussi dans son manuel à régler la question en créant un tome I pour la microéconomie et un tome II pour la macroéconomie. Que le lecteur se débrouille à faire le lien !

Le message keynésien a partiellement été entendu à Bretton Woods et après Bretton Woods. L'affaire des réparations a été expédiée dans les années cinquante selon les prescriptions keynésiennes (avec une extraordinaire compréhension vis-à-vis de l'Allemagne) ; tout le monde a considéré qu'il fallait faire attention à la demande globale. En revanche le système de Bretton Woods a totalement contredit Keynes. Le dollar est devenu la monnaie de référence, contre son avis. On n'a pas pénalisé, par des mécanismes automatiques, les gros déficits et les gros excédents même si on les a mis hors la loi dans les statuts du FMI. Ce système de changes fixes et ajustables, avec des aides multilatérales en cas de difficultés pour éviter le blocage des échanges internationaux supposait, pour durer, que les Etats-Unis fassent l'effort de rigueur pour maintenir la crédibilité du cours du dollar en or. La guerre froide, la course à l'espace et le programme interne aux Etats-Unis du parti démocrate, ont eu raison de leur sagesse et le système a explosé en 1971. Keynes avait raison. Il aurait bien mieux valu baser le système sur une unité de compte extérieure aux nations et mettre en place des mécanismes plus sévères pour éviter les grands déficits et les grands excédents.

Les Américains ne l'ont pas voulu parce qu'ils pensaient bénéficier du rôle mondial du dollar comme monnaie de réserve et de transaction internationale. En un mot : payant leurs déficits dans la monnaie qu'ils créaient, on pouvait y aller franco !

Le système des changes flottants n'avait jamais eu aucun théoricien. Ils n'étaient pas évoqués dans les manuels, sauf en quelques lignes, pour en montrer le caractère marginal et dangereux. On a alors fait monter en première ligne Milton Friedman qui avait eu la singularité d'en parler dans un écrit de jeunesse passé jusque-là totalement inaperçu et qui était devenu un grand connaisseur universitaire de l'histoire des monnaies. On a connu ce moment singulier où les décisions ayant été prises par le pays dominant contre la théorie pour son seul avantage apparent, on a popularisé une théorie marginale pour en faire le credo de référence du monde occidental.

L'idée de Milton Friedman était que la monnaie était un bien comme un autre et que sa valeur devait s'établir sur un marché. "Seul le marché sait quel est le bon prix d'une monnaie". Qu'un politique, un expert, un fonctionnaire, ou un collège quelconque s'arrogent le droit de fixer un cours de change est une prétention totalement inepte.

Cette vision arrangeait tout le monde dans la mesure où il n'y avait plus de choix, puisque la monnaie de référence depuis la guerre, le dollar, "flottait". En vérité, il s'effondrait et de 71 à 74 on a connu un chaos monétaire jamais vu. La panique nous voilà ! Le résultat fut la récession de 1973-1974. La baisse entraînant la perte de recettes des pays pétroliers, un cartel se mit en place qui prit des décisions radicales qui aggravèrent la situation. Il n'a pas fallu attendre longtemps pour constater que les théories de Milton Friedman ne marchaient pas. La FED entreprit, un temps de croire qu'il fallait suivre l'idée monétariste de Friedman sur l'émission de monnaie banque centrale. Les résultats furent pitoyables et on stoppa vite l'expérience.

Quant au reste de la doctrine de Milton Friedman, aucun des avantages théoriques des changes flottants (moins de réserves de changes, ajustements plus progressifs, moins de volatilité, meilleure allocation du capital mondial, etc.) ne se réalisa jamais. C'est exactement le contraire qui se produisit. On décréta que si la théorie ne marchait pas, c'était parce que le marché n'était pas parfait. Il fallait donc "perfectionner" les marchés. C'est ce qu'on fit dans les années quatre-vingt pour aboutir finalement… à la terrible crise de 92-93.

On a alors attribué cette crise "aux ordinateurs" puis à la guerre d'Irak et on a considéré que les marchés étaient encore trop corsetés. On a alors tout débridé. Pour aboutir à la faillite de LTCM et la crise de 98, pure crise des changes flottants, attribuées naturellement, puisqu'on ne voulait revenir sur l'idéologie justifiant les changes flottants, à des "cronies" des régimes émergents puis à des voyous dans la banque. C'était la crise de trop pour les théories de Friedman. Plus personne ne s'y référa dans la gestion courante des monnaies.

Les Etats-Unis ayant été sauvés par le privilège du dollar et les émissions terrifiantes de leur banque centrale, on considéra que tout était bien et on fit la théorie que les déficits américains croisés avec les excédents chinois étaient, avec Internet et la suppression des besoins de stocks grâce au "just in time", un nouveau paradigme de croissance perpétuelle sans cycle. Pour tomber dans la crise cyclique de 2001-2003 ! Greenspan ouvrit toutes les vannes, se rappelant le diagnostic de Milton Friedman sur l'ineptie de la gestion de la FED au début des années trente. Pour voir le système s'effondrer en 2008.

En même temps, les gouvernements constataient que les relances dites keynésiennes ne marchaient pas. Toutes les relances tentées depuis 71 ont échoué plus ou moins brutalement. La dernière, concertée autour du G20 a conduit à la stagnation et aux intérêts négatifs ! Elle n'a pas mieux réussi que la relance Chirac de 74 qui aboutit… au plan Barre.

En un mot les vulgates simplifiées des idées de Keynes ou de Milton Friedman ne peuvent plus conduire la réflexion sur les actions à mener. La référence à Keynes n'a plus de sens quand, dans certains pays, la dépense publique dépasse 100% de la valeur ajoutée des entreprises privées non financières et que la masse des dettes est à quatre fois la valeur ajoutée des entreprises privées. C'est le cas de la France. Milton Friedman n'a plus de pertinence quand les banques centrales peuvent créer 15 mille milliards de monnaies banque centrale en quelques mois. Le cumul de leurs deux influences, mixées dans les structures et les politiques économiques, a été la création d'une dette globale insoutenable et l'entrée de l'économie mondiale dans la stagnation de longue durée.

Les marchés étant incapables de digérer les dettes dans le cadre d'une économie baudruche dégonflée par un collapsus gravissime, il faut bien que les Etats s'en mêlent. Ils ont cru pouvoir le faire par l'intermédiaire des banques centrales et on voit le résultat. Ils ne peuvent plus le faire par le budget, compte tenu des taux d'endettement pharamineux qui prévalent. Relance budgétaire et monétarisme débridé sont dans l'impasse. Ce qui ne veut pas dire que Keynes et Friedman soient totalement périmés et inactuels.

La seule voie qui reste ouverte à l'économie mondiale est celle des réformes de structures.

 Il faut remettre en place un système monétaire international cohérent et rigoureux où les Etats garantissent la valeur d'échange de leur monnaie et où les normes déficits et excédents sont proscrits. Des mécanismes d'aides et de pénalités doivent être mis en place pour éviter que les corrections ne soient trop pénalisantes pour l'économie. Les soldes de balances extérieurs doivent être comptés en une monnaie de compte extranationale, gérée par une chambre internationale de compensation, avec centralisation les débits et les crédits, et pénalisation des gros excédents et des gros déficits. Aux Etats de se débrouiller pour tenir la valeur de leur monnaie, sachant que des dévaluations seront possibles de façon concertée. S'il faut contraindre certains flux, notamment de capitaux à court terme, et bien tant pis !

Cette solution marquerait sans doute un avantage pour Keynes qui a été très loin dans l'élaboration d'un schéma de ce genre et une défaite pour Milton Friedman puisque les changes flottants seraient supprimés. Mais, au sein des nouvelles institutions, le dégonflement progressif de la dépense publique là où elle a été trop loin devra de toute façon avoir lieu et rien n'empêchera la gestion économique microéconomique la plus libérale. Avantage à Friedman.

Cette orientation faciliterait la réduction des difficultés spécifiques de la zone Euro, bien cernées par Milton Friedman. Les pays excédentaires étant globalement pénalisés, la recherche par des pays comme l'Allemagne d'une compétitivité externe abusive n'aura plus d'intérêt. La stabilité globale des cours de change externes permettra à la zone Euro de travailler dans un environnement mondial plus stable. Et rien n'interdit d'appliquer les règles d'une chambre de compensation européenne pénalisant les grands excédents et les grands déficits internes.

Ce système impose la coopération étroite des pays sur une base paritaire. Cette coopération n'existe plus que sous une forme verbale et abâtardie depuis que les Etats Unis ont voulu garder les privilèges du dollar. Aboutir à un système pénalisant les gros excédents n'est pas facile. Il sera extrêmement difficile à faire gober aux pays ayant décidé d'accumuler d'énormes excédents (pays pétroliers ou pays comptant sur leur compétitivité extrême pour récupérer massivement des dollars).

On peut donc discuter de la faisabilité d'une telle réforme. C'est une affaire politique. On a vu à quel niveau de blocage et d'insignifiance on est arrivé au récent G20 en Chine.

Mais aucune autre voie de sortie de la crise n'existe. Délivrer de l'argent banque centrale "par hélicoptère" n'aura aucune conséquence durable, comme toutes les relances, parce que les échanges étant structurellement déséquilibrés, les déséquilibres s'aggraveront, rendant la situation rapidement intenable. Les taux négatifs n'auront qu'un temps.

Il n'est plus temps d'opposer Keynes et Milton Friedman.

Il faut créer d'urgence un système global, basé sur la coopération structurelle des Etats (et pas seulement verbale), la stabilité des taux de change et la proscription des grands déséquilibres (avec sanctions automatiques à la clé), en vue de permettre la meilleure croissance possible sans délires financiers et monétaires, et sans politiques "contractionnistes".

La politique étant de rendre possible ce qui est nécessaire, Messieurs les Politiques au travail !

Il est intéressant de noter qu'aussi bien en Europe qu'aux Etats-Unis où des élections se préparent, les candidats n'évoquent absolument jamais ces sujets qui sont absolument cruciaux pour mettre fin à la stagnation en cours.

Pour s'en tenir à l'actualité, le "Pavé Lemaire", contrat de législature présidentielle détaillé proposé par Bruno Lemaire, malgré son volume (près de mille pages) et son poids (proche de 4 kg), ne dit rien de ces questions. Pas une ligne, pas un mot. Rien. Il faut s'adapter et devenir compétitif pour concourir efficacement dans un système même si ce système est malade et provoque des crises terribles dont on ne se remet qu'extrêmement difficilement. Aucune "politique étrangère économique". La partie relative à la gestion de la zone Euro est très faible même s'il propose une nouvelle structure européenne de coordination, comme nous le proposons nous-mêmes, mais sans réels objectifs et sans politique étrangère. La question des déséquilibres internes est évoquée mais sans aucune suggestion pour y remédier.

Le Plan Fillon, qui est moins détaillé mais plus solide sur bien des aspects, ne propose pas, ou du moins pas encore, de "diplomatie économique européenne ou française".

Nicolas Sarkozy, le nez sur les sondages dont il espère qu'ils lui diront ce qu'il faut dire, n'évoque jamais ces questions et son atlantisme de principe lui fermerait la bouche de toute façon.

Alain Juppé ne semble avoir rien à dire du tout sur la question. Sa stratégie est quasi uniquement d'image, pas d'action.

Ne parlons ni de F. Hollande, ni du PS qui ont, l'un et l'autre, démontré par cinq années de vacuité totale que le trou rose de leurs réflexions économiques nationale, européenne et internationale était sans fond.

La comédie narcissique et éructative de Mélenchon ne fait pas une politique.

Marine Le Pen trouvera dans le livre de Stiglitz condamnant l'Euro une ample matière à soutenir ses thèses (la cupidité de l'auteur finit par aller complètement à l'encontre de ses options socialistes). En dépit de sa volonté d'adoucir son image dans la ouatine pour "casser le plafond de verre" de l'accès au pouvoir, sa politique en cas de victoire entraînera que les Français se retrouveront avec 60 euros par jour à sortir de leur banque et pas plus. À la grecque.

Le prochain Roosevelt capable de motiver le monde à changer d'ère et d'air en réformant de fond en comble le système de coopération mondiale dans le domaine économique et monétaire ne sortira pas des élections présidentielles françaises. Sauf surprise de dernière minute.

Lorsqu'on voit le néant de la campagne présidentielle américaine, on comprend que ni Trump ni Clinton ne sont capables des hauteurs de vue nécessaires.

Tout cela a commencé très mal et peut finir encore plus mal.

Pour les économistes cela devrait être l'occasion de sortir des faux débats et de se concentrer sur les vraies réponses. Il faut relire Keynes et Friedman, et il faut dépasser leurs messages respectifs, en prenant chez l'un comme chez l'autre les idées pertinentes et en laissant tomber ce qui n'a pas marché ou qui a été détourné de son sens originel. Et il faut que les économistes du monde entier comprennent que leur mission première est de comprendre pourquoi depuis 71 la croissance du revenu par tête s'est effondrée, partout, dans les mêmes proportions.

L'ONU, le FMI, la Banque mondiale l'OCDE, la BRI, les grandes banques centrales, le comité Nobel, la Commission Européenne, l'Eurogroupe, le G20 devraient s'unir pour proposer un grand symposium sur l'analyse de ces causes et les solutions. C'est leur rôle de penser et de panser le monde. Et cela commence par un diagnostic commun.

Ce ne sera pas un "Bretton-Woods", puisqu'aucune décision ne sera prise sur des projets préalablement ficelés, comme en juillet 1944. Mais c'est la seule solution pour sortir de l'impasse actuelle qui fait que les économistes officiels de chaque institution ont la bouche scellée par des considérations de carrière et qu'aucune piste globale capable de dépasser les réactions nationalistes étroites n'est tracée.

Puisqu'il est actuellement impossible de se réunir pour agir, qu'au moins on fédère les énergies mondiales pour comprendre.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Le Baltic Dry Index ne mentait pas

Nous avons attiré l’attention ces dernières années sur l’arrêt du commerce international depuis l’effondrement de septembre 2008. Nous considérions que les quelques mouvements qui subsistaient étaient essentiellement des achats de précaution de la Chine, soucieuse de ne pas perdre son tas de dollars accumulés au-delà de toute raison, avec, en épiphénomènes, quelques spéculations douteuses.  En un mot nous considérions que le crédit international était mort et que les investissements délirants faits sur l’hypothèse qu’il n’y aurait pas de limite à l’envolée des échanges  internationaux étaient en grand danger.

Nous avons récemment  commenté l’effondrement du Baltic dry index tombé en dessous de son indice d’origine. Il est aujourd’hui à 5% ce son plus haut !95% de chute.  Certains, sur la foi de rapports intéressés dans la presse (et non, l’information n’est pas sans biais dans la PQN !), se demandaient si cette chute des prix ne masquait pas une croissance en volume.

Les chiffres publiés hier  montrent qu’il n’en était rien du tout. Les armateurs sont à l’agonie. Les pertes dépassent 10 milliards de dollars sur quelques entreprises seulement.

En vérité si on cumule tous les types de pertes sur les investissements dans l’équipement des ports et des flottes, la perte globale pour les banques et les sociétés d’investissement est supérieure à 100 milliards !

Comme toujours la presse cite les chiffres sans tenter de creuser les explications qui restent à la surface des choses.  La crise du secteur est toute entière le contrecoup de la folie des années 1997 à 2009 permise par un système qui accepte les énormes excédents et les gigantesques déficits.  Rappelons que les imbéciles avaient théorisé le fait que les excédents chinois et les déficits américains étaient le nouveau paradigme d’une croissance éternelle sans crise… On pouvait investir sans limite !

On voit le résultat. On se rassurera : les propagandistes de cette idée fausse sont toujours aux postes de commandes des grandes institutions et ont gardé leur place dans l’amour des médias.

Du coup, ils n’ont aucune solution à proposer.

Ce n’est qu’en revenant à un système des échanges mondiaux basés sur des équilibres managés par les Etats, avec défense de parités monétaires fixes mais ajustables, qu’on pourra retrouver une croissance pérenne et équilibrée des échanges internationaux.

Les changes flottants, c’est-à-dire le n’importe quoi  général, associé à des déséquilibres effroyables, n’a fait que créer une économie baudruche explosive.  C’est ce constat que le G.20 chinois en cours devrait acter.

Il ne le fera naturellement pas.  Laissons les équilibres macro-économiques sous le tapis et travaillons à supprimer quelques contraintes microéconomiques, aux cris mille fois répétés de « coopération », « dialogue », « synergi e », « entente »…

C’est une imposture. Il n’y a pas de coopération dans un système structurellement non coopératif. Seulement des mots. Et des maux.

 

Didier Dufau pour le Cercle des economistes e-toile

Le libre-échange remis en cause ?

Le dernier pilier des certitudes de l’après-guerre est-il en train de s’effondrer ? La crise de 1929 avait prouvé que les mesures de limitations de la libre circulation des marchandises n’apportaient aucune solution et aggravaient la situation.

On voit aujourd’hui que Donald Trump n’hésite plus à rompre avec ce credo porté inlassablement  par la diplomatie américaine depuis le début des années quarante.  De nombreux mouvements politiques portent un message de restriction, à gauche comme à droite.  La protection de l’emploi national par des mesures de réduction ou de blocage devient un thème de campagne un peu partout.  

Faut-il ou non s’engager dans cette voie ?

Comprenons d’abord quelle est la source de ce mouvement d’opinion. La baisse tendancielle de la croissance depuis 1971 et l’entrée depuis 2008 dans une période de stagnation durable qui voit  le revenu par tête baisser dans de nombreux pays de façon continue, est cette source. La « classe moyenne » est en première ligne dans cette déréliction. C’est elle qui fait les élections. On ne peut pas prétendre diriger un pays contre la prospérité du plus grand nombre, malgré tous les discours écolo-récessionnistes.

Le problème est que, globalement, il est impossible d’engager un vrai débat sur les causes de cette spirale néfaste de longue durée.  Trop d’intérêts et d’habitudes pèsent sur les esprits.  La disparition des débats de fond dans la presse et leur extrême difficulté dans les médias  radio et telé-diffusés, conduit à une impasse de communication : en écoutant les experts qui servent le fond de jus intellectuel et économique  , on a toujours pris les bonnes mesures pour avoir une croissance rapide et les résultats vont dans le sens inverse. Surprise –surprise ! Alors, les unes après les autres, les bases du consensus s’effondrent dans la méfiance et la colère, mettant en cause des « élites coupables ».

Cette évolution navrante est totalement évitable. Quelle est l’erreur qui pèse sur le monde depuis 1971 ? On a fait disparaître des pratiques intergouvernementales l’obligation d’équilibrer les balances extérieures. Associé à un système de monnaies administratives flottantes, émises en masse prodigieuse, cet abus a fait passer l’économie en mode baudruche, avec des explosions successives de plus en plus graves.

La vérité économique élémentaire est qu’on ne peut avoir dans la durée des pays en fort excédent  et d’autres en fort déficit. Le recyclage des excédents et le financement des déficits  poussent à au gonflement de la dette globale qui finit par exploser.

Ce n’est pas le libre échange qui est en cause. Mais le libre-échange déséquilibré dans des proportions systémiques. Le commerce et la monnaie vont ensemble. Pas de bon commerce sans bon système monétaire. Croire que par une magie microéconomique toutes les situations de déséquilibres se résoudront automatiquement en laissant jouer les libertés économiques élémentaires, sans aucune harmonisation des conditions générales de l’activité n’est pas le fruit d’une réflexion économique sensée, basée sur les faits. Mais un acte de foi et il faut tordre la perception de la réalité pour le soutenir.

La première mesure à prendre à l’échelon de la planète est de revenir aux conditions organisationnelles qui permettent qu’aucun état ne se lance dans des politiques déséquilibrées. Sans être immédiatement sommé de revenir à un certain équilibre, avec une aide collective  pour éviter les trop gros coups de freins.

Evidemment, c’est politiquement difficile de dire aux Etats-Unis : le privilège (douteux) du dollar, c’est fini, comme  les déficits effarants qui l’accompagnent. Ce n’est pas plus aisé d’imposer aux Chinois et aux Allemands  un corset qui interdit les énormes excédents. De même les pays pétroliers ne pourront utiliser leur rente qu’en achat de marchandises et non en mouvement de capitaux.

Cette difficulté politique explique pourquoi le système dysfonctionnel  en place perdure, malgré les preuves répétées depuis 50 ans de sa nocivité.

Mais, il n’y a pas d’alternative comme disait Thatcher avec son TINA (There is no alternative).  Que les grands acteurs, victimes de leur propre impéritie, en viennent à proposer d’achever le malade plutôt que d’essayer de le soigner est tout de même un peu difficile à admettre.

La France qui a sombré dans le n’importe quoi de longue durée et qui en paie le prix amer, n’a plus aucune influence mondiale et a perdu les rênes de son destin.

Les instances mondiales, dans la dépendance américaine, sont silencieuses, ou poussent de si petits cris, qu’on ne peut les entendre.

L’Europe a mis en place un système absurde qui permet aux pays à excédents démesurés de maintenir leurs débiteurs la tête sous l’eau au détriment de l’ensemble.

Tout cela est anti économique à un niveau qui frôle le grotesque et ne peut se justifier.

Delenda est ! Donnez-nous un levier ! Si la raison pure ne suffit pas, que faire ?

La prospérité s’organise

Nous sommes de ceux qui inlassablement défendent l’idée que la prospérité est aussi et même surtout une question d’organisation. Cette dimension est constamment sous-estimée. 

L’actualité du jour nous en offre d’éclatantes confirmations.

La Russie est en passe de devenir, en 2016, la première nation exportatrice de blé. Pendant toute la période soviétique, elle a souffert de déficits souvent dramatiques. Pour l’observateur ; cela devrait être l’occasion d’une leçon d’économie appliquée. Au lieu de cela, comme d’habitude, on n’évoque que le soleil des uns et les inondations des autres. Naturellement, la météorologie joue son rôle en agriculture. Mais l’organisation est beaucoup plus importante. Après avoir liquidé par la famine près de 10 millions d’habitants des campagnes, dont près de la moitié dans la seule Ukraine, l’instauration du système soviétique de production agricole a provoqué un désastre permanent pendant pratiquement 75 ans. A chaque fois que des réformes ont été tentées, elles ont marché. A chaque fois, elles ont été abandonnées par idéologie.  L’abandon du système soviétique a aussitôt permis de restaurer l’agriculture. En deux décennies, la Russie, comme l’Ukraine, ont retrouvé leur productivité agricole traditionnelle. Qui se souvenait encore  qu’elles avaient été des régions considérées comme des « greniers à grains » de l’Europe.  L’organisation est fondamentale.

Sur un mode différent, l’actualité nous offre un exemple tout aussi parlant. Le Régime Social des indépendants, le RSI, est un échec bureaucratique total. Le système ne fonctionne pas et ne fonctionnera pas. Avoir voulu construire une administration bureaucratique unique sur le mode soviétique a eu les résultats qu’on pouvait craindre. Si on veut d’autres exemples, il suffit de lister toutes les âneries de Mmes Duflot et Touraine, qui ne savent penser qu’en termes de bureaucratie, d’interdictions, de contraintes, de méfiance, de malfaisance…  Mme Hidalgo, possédée par le même prurit, croit également au bénéfice de la contrainte violente et de la prédation.  Ces sottes, toutes passées par le tamis de l’idéologie partisane la plus élémentaire et la plus sectaire, ne peuvent même pas imaginer, comme les hiérarques du PC soviétique, qu’on puisse agir autrement. Les résultats sont naturellement désastreux à court terme et le seront plus encore à moyen terme, si des corrections urgentes ne sont pas mises en œuvre. Confirmation avec l’abandon de certaines des imbécillités de la loi Duflot par Macron et une petite reprise du bâtiment.

Le Point, sous la plume de Delhommais, nous donne à réfléchir sur les principes de l’ordolibéralisme (à ne pas confondre avec l’orthocapitalisme)  qui s’oppose aux versions les plus débridées du keynésianisme, et qui au départ, s’opposait frontalement à l’idée national-socialiste que l’économie appartenait à la nation et que tous les acteurs devaient lui être subordonnées.   Malheureusement l’histoire économique du Troisième Reich n’est pas enseignée ni commentée dans les circuits scolaires et universitaires, en dépit de très belles études.  On survalorise généralement l’action de Schacht et la sortie du chômage dans l’Allemagne de Hitler. La vérité est plus prosaïque. L’Allemagne, comme la première guerre l’avait montré, n’a pas les ressources, notamment alimentaires, pour mener des guerres longues.  C’est la disette puis des débuts de famines qui ont conduit l’Allemagne à la défaite de 1918. L’erreur initiale et insurmontable d’Hitler, est d’avoir cru qu’il pourrait, grâce à des coups parfaitement assénés, le blitzkrieg, en concentrant toutes les ressources sur des points névralgiques, accéder à des ressources extérieures suffisantes. Le pari a marché contre la France. Ensuite, tout fut une suite de désastres, malgré des pillages éhontés et criminels. Qui se souvient par exemple qu’après avoir suppléé Mussolini qui était vaincu en Grèce, Hitler a volé toutes les ressources en nourriture de ce pays, provoquant une famine monstrueuse, dont le souvenir ne s’est toujours pas effacé et qui ressurgit aujourd’hui même dans les revendications de Tsipras vis-à-vis de l’Allemagne.  En vérité, l’économie allemande avait failli capoter plusieurs fois entre 32 et 39. L’économie nazie est un échec pas un succès comme beaucoup le croient.

Le combat des ordo-libéraux  contre la folie national-socialiste, parente de la folie socialiste soviétique, est intellectuellement très riche et il est heureux qu’il soit enfin décrit et commenté en France, pays ruiné par un sous-keynésianisme fiscalisé de haut fonctionnaire, au sein d’une zone Euro déficiente et d’un système monétaire global malade.  « La liberté économique ne relève pas d’un ordre spontané ». En effet ! Comme nous ne cessons de l’écrire,  la liberté se chérit mais les libertés s’organisent. Cet « mantra » devrait être enseigné partout dans les Universités économiques. Il faut en effet fixer un cadre macro économique sain pour permettre aux libertés économiques de donner leur plein effet. Les dimensions macro économiques doivent être maintenues dans certaines proportions pour ne pas grever la prospérité. Déficits internes aberrants, fiscalité confiscatoire, réglementations paralysantes, cadres sociaux intolérables, réquisitions abusives de la puissance publique, contraintes s’apparentant au servage, ne permettent pas la prospérité, seulement la déchéance économique et sociale.

Sur le plan extérieur, il faut maintenir les grands équilibres. Depuis que nous avons abandonné cette règle fondamentale, nous constatons la baisse tendancielle de la croissance, la montée globale de la dette, des crises périodiques de plus en plus dévastatrices.

Le contresens serait de croire que l’Etat n’a pas de responsabilité. Il en a  et en particulier celle de maintenir dans la durée les grands équilibres.

Le cumul d’un étatisme débridé et d’une absence de règles macro-économiques, ne font pas une économie libérale prospère mais un désastre économique.

On évoque les  analyses de l’école de Fribourg en se concentrant  concentrée sur le cas d’un pays isolé. Mais les observations de bon sens de cette école s’applique aussi à l’international. L’international doit aussi avoir des règles d’organisation macro économiques solides. L’organisation de la zone Euro qui permet à l’Allemagne de disposer d’excédents démentiels est fautive. La sur-réglementation bruxelloise, associée à l’absence de règles globales macro-économiques ne créent pas un ordo libéralisme, mais un pseudo  ortho-capitalisme supranational à la dérive.   L’organisation  du système monétaire international qui permet les excédents et déficits permanents et excessifs, au détriment de la prospérité générale, est tout aussi fautive et ce n’est pas en créant de nouvelles normes transnationales micro-économiques, façon Traité Transatlantique qu’on réparera cette tare.

Décidemment oui : il n’y a pas de prospérité sans une bonne organisation collective.  Qui en parle ? Les vraies réformes nécessaires d’aujourd’hui ne sont pas micro-économiques. Elles concernent les équilibres intra étatiques et inter étatiques.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile

Stagnation économique mondiale : l’impatience monte au Figaro !

Il est rare que la presse quotidienne nationale donne le ton de l’opinion publique. Les médias dits « sociaux » sur Internet sont, et de loin, la vraie caisse de résonnance des émotions qui traversent les couches de la population. Les journaux de la  PQN confortent  en général les tendances de leur lectorat en considérant que leur fonction politique (et leur avenir commercial)  tient à ces caresses incestueuses.

L’article de Jean-Pierre Robin  dans la livraison du 12 août 2016, est tout à fait remarquable. Il est un de nos derniers journalistes économiques de qualité, depuis que les Patrons de presse ont commis l’erreur énorme de confier les rubriques économiques à  quelques universitaires officiels aussi outrecuidants qu’insignifiants,.

Le Figaro n’est pas connu pour la contestation économique de la mondialisation et entend  défendre « le système » contre des attaques considérée assez généralement comme de gauche. N’attendons pas de ce grand journal traditionnaliste de se lancer dans des philippiques contre le « néo libéralisme forcené et destructeur » ni d’ouvrir ses colonnes à la condamnation des « Oligarques » qui forment le fond de panier idéologique du « rectosomnambulisme marxo-gauchistes à tendance verbeuse, incantatoire et amante de piloris» qui fait la joie des soixante-huitards septuagénaires français, pourvu qu’ils aient été sensiblement enrichis par l’argent public  depuis cinquante ans.

Alors, lire que  « l’économie mondiale est plombée par l’impuissance de ses dirigeants politiques » est un mouvement de plume d’autant plus fort qu’il est plus rare.  Voilà une forme de « contestation des élites » pour le moins inattendue.  D’autant que l’article insiste : partout, dans ce qu’il est convenu d’appeler le monde occidental, les dirigeants sont désavoués. Ailleurs ce n’ezt guère mieux.L’Afrique sombre comme l’Amérique du sud dans la mal-gouvernance (c’est-à-dire la corruption généralisée).    Sur les 20 personnages qui vont se réunir au G.20 de Hangzou, en Chine, « ceux qui peuvent se targuer du leadership à l’intérieur même de leurs frontières nationales se comptent sur les doigts d’une main ».

« La crise », un concept qui serait bon de clarifier, a fini par corroder le bon vouloir des peuples les plus démocratiques et la patience des journalistes les mieux disposés.

Jean-Pierre Robin insiste là où cela fait mal. Le diagnostic est clair et il met d’entrée de jeu le curseur sur le défaut majeur du système : une situation absurde  « avec d’un côté des pays qui accumulent des excédents extérieurs  vertigineux atteignant 3 à 8.5% de leur PIB et de l’autre des économies en déficit de 2.6% à 5.2% ».

Et oui ! Là se trouve, en contradiction avec toutes les chartes, statuts et accords internationaux, la cause principale des difficultés où nous nous trouvons. Nous en avons fait la preuve détaillée dans notre livre « L’étrange désastre » que l’on voudra bien nous pardonner de citer.  Malheureusement l’article omet de dire quand et pourquoi ce système insane et contraire aux traités  a été accepté et, selon quelles modalités ses défauts  sont  reliés à nos malheurs.

L’article aurait mieux fait de s’arrêter là et de creuser. Il aurait alors pu conclure que l’abandon des disciplines de Bretton Woods sous la pression américaine était la source principale des difficultés et qu’il faut revenir sur le non système monstrueux qui a été mis en place au seul profit des Etats-Unis, profit d’ailleurs douteux, et de plus en plus jugé comme tel par les économistes américains eux-mêmes. Là est la source directe des trois composantes universelles de la crise : l’endettement phénoménal, les crises périodiques de plus en plus sévères, et la baisse du trend jusqu’à la quasi-stagnation actuelle.

Au lieu de cela l’auteur préfère citer toute la litanie des déséquilibres dénoncés par le FMI qui sont, pour le coup, des conséquences et non pas des causes : écarts de revenu entre gagnants et perdants de la mondialisation, endettement des Etats, réaction crispée des populations devant des réformes de structures dont elles ne voient pas le but sinon de s’adapter à une système malade.

L’auteur revient à l’essentiel sur la fin : « Les déséquilibres actuels sont contre productifs » ; « Les disparités nationales sont pénibles pour les pays et collectivement nuisibles pour la croissance mondiale ». Mais bien sûr ! Il insiste sur l’incapacité des dirigeants « pâlichons » à sortir de la défaillance où ils sont chez eux et de l’incapacité de coopérer internationalement. Il explique que du coup, ils ont tout délégué aux banques centrales qui sont, en vérité, impuissantes.

L’article conclut sur « les inconséquences de nos soi-disant maîtres du monde ».

Tout cela est exact et significatif : l’impatience gagne devant la léthargie générale sur fond de crise illimitée qui entame la stabilité politique du monde  et le fait entrer dans une phase extrêmement dangereuse. Même les parties les plus conservatrices de l’opinion commencent à s’inquiéter. On ne peut pas continuer comme cela.

Nous, nous l’affirmons depuis  des années. Qu’on relise simplement sur ce site le message : http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2008/7/6/Crise-conomique--les-quatre-erreurs--viter

Huit ans déjà !

Disons à J-P. Robin que la dénonciation des dirigeants ne suffit pas. Il faut comprendre pourquoi on en est là et pourquoi l’espère de pseudo « ordo-libéralisme » qui a été mis en place à Kingston en Jamaïque, en 1976, doit être abandonnée.  

Le nœud de la solution passe par l’obligation faite aux Etats (pas à la masse des producteurs, des financiers  et des consommateurs)  de tenir un taux de change fixe, mais ajustable et d’éviter et les grands déficits et les grands excédents.  Telle est la clé de voûte de toute solution. Le système monétaire international doit être stable et ne doit pas dépendre d’une monnaie nationale.

Commençons par là et le reste s’ordonnera.

Cher Jean-Pierre Robin, ouvrez donc les colonnes de votre journal à ces idées fondamentales. C’est là où est la vraie audace et où il faut vaincre de vraies difficultés, tant la soumission aux ordres américains est difficile à surmonter.  Vous verrez alors que les fantômes politiques qui se réunissent le 5 septembre en Chine sont peu différents de  tous les ectoplasmes qui n’osent jamais entrer dans les débats de fond  par peur d’y perdre… leur plume.

Nous aimerions tant vous aider. Nous savons, après vingt-cinq ans de combat, que si le diagnostic est désormais presque partagé par tous ceux qui se posent honnêtement la question, le passage à l’acte demande tellement de courage qu’il y a peu de chance qui se produise.

Dommage et merci tout de même pour cet article encourageant !

Un dernier mot pour rappeler que votre article omet de parler de la zone Euro qui souffre encore plus des énormes déficits et excédents internes de ses membres.

Depuis que nous sommes passés à un système de « fiat  money » et d’interventionnisme massif des Etats dans l’économie (rappelons que la dépense publique française excède notablement la valeur ajoutée des entreprises françaises du secteur non financier), la stabilité du monde dépends de la politique conjointe des Etats et de leur banque centrale qui ne peut être bâtie qu’autour d’un concept simple : les excédents comme les déficits doivent être prévenus, bannis, sanctionnés internationalement  afin d’obtenir des politiques étatiques cohérentes et collaboratives. Tout le contraire de ce qui se passe actuellement.

Quand on fait l’inverse de ce qu’il faut, on obtient les résultats inverses de ceux qu’on pourrait espérer.  Nos dirigeants ne sont impuissants ou défaillants que parce qu’ils ne veulent pas, ou ne peuvent pas, porter ce message fondamental.

Et effectivement leur impuissance ou leur défaillance conduisent le monde au chaos.  Il ne suffit pas d’être impatient. Il faudrait aussi commencer à être pertinent et, dans le contexte actuel, courageux.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

Les Américains commenceraient-ils à réaliser que la crise existe ?

Comme les économistes officiels européens ont un bœuf sur la langue dès qu’il s’agit d’économie, tant leur soumission est totale aux oukases venant d’Outre-Atlantique, seule garantie pour eux d’avoir accès aux médias et aux postes internationaux, on en est réduit à guetter aux Etats-Unis les signes d’une remise en cause du « benign neglect » habituel sur les causes de la crise.

Jusqu’ici, à quelques rares exceptions que nous sommes permis de citer sur ce blog, la crise n’était pas à l’ordre du jour des Américains. Certes la récession de 2008-2009 a été douloureuse, mais c’était la faute des vilains. On allait les taxer voire les coffrer.  Après tout irait mieux. Le système était parfait. Mystérieux « at times » mais parfait. Liberté du commerce, liberté des mouvements financiers, puissance des marchés, tout était là pour juguler les vilains états dépensiers et permettre au monde de retrouver une vive croissance.  Quiconque lit la littérature économique américaine, a lu des tombereaux d’inepties de ce genre depuis quarante ans.

Et voilà que dans son édition du 8 août 2106 le New York Times découvre que depuis 1971, la croissance baisse continument et que nous en sommes à une phase de stagnation terrible qui a pris à revers toutes les prévisions économiques des "meilleurs experts". Il y a quelque chose de rafraîchissant dans cette candeur. Cela ne fait que quarante ans que le phénomène est enclenché et voici qu’on le découvre dans un grand média américain. Il est vrai que la Banque mondiale a produit un graphique (voir ci-dessous) tout ce qu’il y a de parlant ;  Nous essayons d’en publier du même genre depuis des lustres et c’est une des bases de notre livre « l’Etrange désastre »  dont l’objet n’’est rien d’autre que de donner les causes de ce mouvement de baisse de longue durée.

Autant dire qu’il était intéressant de lire l’article. Déception : rien sur les causes. L’auteur se contente de constater que « les récurrentes erreurs de prévision prouve que les experts n’ont pas compris ce qui n’allait pas ».   Les experts officiellement en place dans les instances sous domination américaine, sont certainement dans ce cas. Nous aurons la coquetterie de penser que le jugement ne vaut pas pour tous les économistes. Il est probable que Maurice Allais est un parfait inconnu pour notre journaliste fouineur.

Inutile de chercher dans l’article des pistes de recherche sur les causes de cette baisse de longue durée de la croissance.  L’auteur se contente de banalités sur la baisse de la productivité (automatique lorsque la croissance baisse et que la récession frappe) et du temps de travail. Internet ne serait pas porteur de création de richesses et d’emploi (c’est le thème à la mode).  Bref, c’est la faute à personne et le capitalisme est comme cela, une succession d’accès de croissance et de périodes de relâchement.

S’il avait fait commencer son graphique dix ans plus tôt, il aurait vu que l’inflexion s’est produite à une date bien précise. : 71-72. Il aurait peut-être eu la curiosité de se demander ce qui avait bien pu se passer qui pourrait expliquer l’inflexion constatée.  Et il serait tombé sur l’explication majeure : on a changé de système monétaire international et le nouveau, absurde et non coopératif, a créé une économie baudruche avec ses trois composantes, déséquilibres massifs alimentant des bulles financières à proportion, récessions aggravées, dettes immenses irrécouvrables. Il aurait alors constaté que l’explosion de 2008 n’a été suivie d’aucune mesure de correction mais simplement de mesures conservatoires, essentiellement portées par les banques centrales et les Etats,  qui, au prix de plus de 60.000 milliards de nouvelles dettes et d’un écrasement fiscal délirant, ont tenté de sauver ce qui pouvait l’être.

Ne demandons pas l’impossible. Le NYT vient de constater que le système s’étouffait dans la durée. D’ici quelques années, on en viendra sans doute à s’attaquer aux causes. Tous les débuts sont difficiles. Mais au moins, il y a un début.

Au XIXème siècle, quand une difficulté tenace bloquait la connaissance, on créait un prix pour stimuler les réflexions.  Pourquoi le FMI, ou le Congrès Américain, ou la Commission Européenne l’OCDE, ou l’Académie Française ne créerait pas un prix pour la meilleure réponse à la question : pourquoi le taux de croissance n’a cessé de baisser depuis 1971 ?  Si cela s’avère impossible, demandons au Comité  Nobel de changer les modalités de son prix d’économie. Au lieu de récompenser des américains politiquement correct en économie, façon Krugman ou Stiglitz qui n’ont ne strictement rien apporter à la science, qu’elle accorde son prix aux meilleures réponses aux questions clés qui se posent à l’économie moderne. Au moins il y aurait une réflexion sur les grandes tendances qui font difficulté et une vraie compétition pour y voir clair.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.



La France face à la crise - les 8 dernières années

On connait généralement une première approximation des résultats d’une année, avec six mois de retard, avec corrections des années précédentes. L’occasion est bonne regarder derrière son épaule.

Le chiffre le plus important pour définir le dynamisme des entreprises est la valeur ajoutée des entreprises non financières du secteur marchand. On se rappelle que cette valeur était en 2008 d’un peu plus de 1.000 milliards d’euros. En 2016, l’INSEE annonce provisoirement  1.109 milliards. Malgré la récession mondiale, les entreprises ont créé près de 100 milliards de richesses nouvelles. La croissance exacte en 8 ans est de 8.19%, soit un taux de croissance annuelle absolument ridicule qui s’apparente à la stagnation.  Il est à noter que sur la période plus  70 milliards ont été à des transferts sociaux et 40 milliards à des augmentations d’impôts sur le revenu.   En un mot l’Etat a tout pris et plus encore puisque la dette, elle, s’est envolée.  Simultanément la dette publique est passée de 1.300 milliards en 2008  à 2.300 environ en 2015, soit un accroissement de 1.000 milliards.

Il est vrai que l’ensemble des dépenses publiques ont augmenté de 12% quand celle de la production ne l’a fait que de 8% sur la période 2008-2015. Les dépenses de fonctionnement proprement dites ont,-elles, augmentées, de 11%. Ce qui veut dire que sur l’ensemble de la période, il n’y a eu aucun ajustement de la dépense  de l’Etat pour lui-même au rythme de la croissance.

Il est clair que les dramatiques massacres à la petite semaine commis par des  musulmans hystérisés qui se sont répétés ont éliminé l’économie de la campagne présidentielle pour 2017.

Mais il serait tout de même bon que l’on inscrive sur le fronton des édifices publics ces quelques considérations  :

-          La dépense publique avec 1243 milliards d’Euros dépasse la production marchande  de près de 100 milliards.

-          La dette d’Etat va bientôt atteindre le double de la même production.

-          Tout le surcroît de production passe en dépense publique.

La France pourrait-elle surmonter dix années de plus comme celles qu’on vient de vivre ?  La réponse est non.  C’est im-pos-sible !

Toutes les équipes de campagnes devraient  être  dans la recherche désespérée d’un nouveau modèle d’action publique avant l’effondrement fatidique. Pour le candidat Hollande, « tout va mieux » et « je tiens ma campagne : conchier Sarkozy et les plans de réformes de la droite qui vont faire peur ». Un programme de Bidochon politicien de sous-préfecture, Lou Ravi de lui-même,  qui devrait passer en Cour de Justice de la République pour démagogie aggravée et achat de vote.  A droite seul Fillon a pris la mesure de la menace. Mais la presse ne cesse de répéter qu’il est « inaudible ». Les autres sont dans l’image et la posture à court terme.

Quant à la presse, elle se contente de répéter les éléments de langage du gouvernement sur la réforme de l’impôt désormais payé à la source. L’impôt c’est bien. La dépense publique est nécessaire. Même le FMI e dit. Allons-y gaiement !  La campagne présidentielle risque de nous coûter à nouveau 40 milliards d’euros de sottises démagogiques diverses et de retarder de deux à trois ans les possibilités de changer le cours des choses. D’autant que la récession décennale arrive.  La phase de « haute » conjoncture de l’économie marchande se termine. Là où en dépassait les 7%, on est à 2.5% sur l’année finale précédent le renversement. En un mot la phase dynamique a été  faiblarde et ses gains entièrement captés par l’Etat. Le renversement conjoncturel sera faible. Mais il étranglera un peu plus l’économie française qui risque de se retrouver dans la situation grecque.

Ne parlons pas du risque politique.

Rappelons que personne ne songe plus, nulle part,  à donner une explication de la « crise » que nous définissions comme la conjonction  d’une baisse tendancielle de la croissance, de l’aggravation des crises périodiques et de la monté colossale de la dette. Aucune réforme n’est à espérer du système monétaire international qui est le moteur de la crise globale ni de la gestion de l’Euro qui marque la stagnation européenne.  Et la France s’apprête à nouveau à révérer son merveilleux système l’écrasement fiscal qui lui interdit toute sortie durable de ses  tourments. Comme on sait le Français est né malin.

Bravo à tous !

La fin de la vision rooseveltienne du monde ?

Roosevelt avait une grande ambition : créer les conditions d’un monde meilleur d’où les guerres seraient bannies, où le droit remplacerait les exactions et les conflits entre  Etats nationalistes et autoritaires, où un système collaboratif basé sur la liberté dans les domaines monétaires et économiques empêcherait les crises. Le multilatéralisme serait la règle. Les Etats-Unis avaient raté le coche de la SDN. Ils se attraperaient avec l’ONU, la charte des droits universels, le FMI, la Banque mondiale, …

Une des conditions, dans l’esprit de l’équipe de Roosevelt, était de mettre à bas les « empires » européens et asiatiques, sources de conflits à répétition et de faire disparaître leurs colonies. L’Empire Britannique et l’Empire Français, bien qu’alliés aux Etats-Unis, devaient être dissous, l’Allemagne et le Japon étant définitivement déclassés dans un statut de nains politiques et diplomatiques qui ne leur laisserait que l’échappatoire de la sphère économique et commerciale. Le Plan Morgenthau initial, à l’initiative de son adjoint Harry White, était de renvoyer le clos germanique à une exploitation bucolique de ses ressources agricoles…

Bien sûr, il ne s’agissait pas de laisser les intérêts américains à l’encan. Les Etats-Unis deviendraient le leader du monde. Mais Ils assumeraient leurs responsabilités. Ce qu’ils feront  notamment contre l’URSS, vu comme le dernier « empire du mal », même s’il n’était pas considéré comme tel par nombre de collaborateurs de Roosevelt et était encore, Roosevelt vivant, un allié.

Ce plan était assez noble, et les Etats-Unis assez forts, pour qu’il s’impose longtemps encore après la mort de son géniteur.

Que deviendrait l’Europe ? L’objectif était d’aboutir à la création d’une union européenne fédérale faible, entre anciens empires démembrés à l’intérieur (décentralisation voir scission de régions) comme à l’extérieur (décolonisation), avec des bases militaires américaines partout. Jean Monnet, agent des Etats-Unis en Europe, sera chargé de mener à bien le projet et d’y amener les Européens. Il s’appuiera, partout en Europe,  sur la Démocratie Chrétienne et une partie des socialistes, avec le soutien financier et politique de la puissance américaine.

L’Empire britannique deviendra le Commonwealth. La France sera contrainte à une décolonisation totale. L’Allemagne divisée, sera occupée pour longtemps.

Restait à mettre en place le projet des Etats-Unis d’Europe, structure fédérale sur le modèle américain et alliée inconditionnelle des Etats-Unis…

Aujourd’hui, il ne reste en Europe que les reliquats nerveux d’anciens empires. En dépit de la réunification allemande, les grandes nations européennes d’antan sont édentées et subverties de l’intérieur comme de l’extérieur par les mouvements libres et massifs d’hommes, de marchandises et de capitaux. Les Etats-Unis sont la seule grande puissance.

Roosevelt aurait-il  gagné ?  

On peut se tapoter le menton. Surtout si on pose les deux questions clés : 

Question 1 : L’objectif du « projet européen » est-il toujours de créer l’Europe supranationale de Jean Monnet dans le cadre d’un fédéralisme mou et d’un régionalisme fort, chargé d’achever l’éclatement des anciennes grandes puissances européennes et les noyer dans une nuée de micro-états afin d’obtenir une soumission totale à l’impérium américain ?

Question 2. : Si la réponse à la question 1 est non, quel est l’objectif de l’Union Européenne ?

Evidemment des questions aussi directes ne sont jamais posées. Et les réponses ne sont jamais apportées. Si les dirigeants européens ne veulent pas s’embarrasser d’une vision explicite, exprimée, expliquée et assumée, le travail se fait en souterrain dans la conscience des peuples avec des « surprises démocratiques », en même temps que les attitudes des uns et des autres deviennent des contorsions de plus en plus paradoxales et que les organes européens se grippent les uns après les autres.

Considérons simplement ce qui se passe en ce moment même.

Le premier ministre britannique, Cameron, avait considéré qu’il fallait absolument exclure le Royaume-Uni du « toujours-plus » fédéral européen. Il a obtenu l’accord des autres pour ne pas souscrire aux clauses « d’approfondissement » vers plus de fédéralisme. L’honnête courtier des Etats-Unis en Europe, rôle qui le valorise dans sa relation « spéciale » avec les Etats-Unis, voulait bien continuer son chemin européen mais sans l’aboutissement fédéral qui était inscrit en pointillé (sans tapage médiatique de la part des négociateurs) dans la plupart des traités. Sacré paradoxe tout de même.

Les Britanniques, consultés par referendum, ont été plus loin : ils veulent rester ce qu’ils sont et quitter l’appareil institutionnel de l’Union Européenne. Du coup les Américains sont inquiets, d’abord parce qu’ils perdent un réseau d’influence au cœur même de l’Europe.  Le retour de flamme national des britanniques met à mal l’espérance rooseveltienne.  Kerry sera envoyé dans la minute en Allemagne pour vérifier si la soumission y restait totale, en dépit des effets moraux et politiques de sa réunification. Si l’Allemagne décidait de retrouver un rôle autonome, après le départ du RU de l’UE, l’impérium américain serait fortement endommagé. Il semble qu’il ait reçu tous les apaisements nécessaires.

 

Il ne faut pas oublier que le Brexit vient après le rejet du projet de « constitution européenne » par des nations fondatrices de la première Europe des 5 (La France et la Hollande ont dit non) et l’absolue volonté des anciens Pays de l’Est de ne pas se diluer à nouveau dans une structure fédérale. Ils veulent l’aide européenne et la souveraineté nationale, le beurre et l’argent du beurre, plus les beaux yeux de la fermière sous la forme de la sécurité de l’Otan vis-à-vis de leur ancien colonisateur. La domination soviétique y a toujours été vue comme une domination russe.  Poutine fait tout pour leur donner raison.

Certains partisans de l’Europe de Monnet et de Schumann regrettent finalement le traité de Lisbonne. En passant de la Communauté Européenne à l’Union Européenne, les peuples se sont retrouvés trop violement dans la lumière de l’élimination programmée et définitive de leur nation. Le Conseil Européen a finalement pris le rôle principal, remettant en cause les « coups d’état » (selon Giscard) successifs de la Commission et du Parlement Européen désireux de s’autoproclamer respectivement « gouvernement » et « assemblée législative » d’une union fédérale. 

Il est vrai qu’un Conseil Européen des chefs d’Etats et de Gouvernements, à 28 ou 27, est une structure difficile à faire vivre, qui met en valeur  le rôle des grandes puissances tout en énervant les petites, le tout s’accordant pour diminuer le rôle du Président de la Commission, lui-même tenté de se croire chef suprême du « gouvernement » fédéral  européen.

Juncker, qui poursuit les rêves de Delors et se veut le pivot de l’Union Européenne, se retrouve en conflit ouvert avec les chefs d’Etat. Mme Merkel qui ne voulait déjà pas de Barnier, ne supporte plus Juncker et ne se fait pas prier pour le faire savoir. Elle veut le mettre à la « retraite anticipée ».  Déjà, lors des discussions avec la Grèce, certains participants avaient demandé : « Que fait là le Président de la Commission ?». Ajoutons que la Slovaquie qui prend la tête de la présidence tournante des 28 entend « mettre fin aux tendances fédéralistes et restaurer la souveraineté des Etats ».

Tout le monde a compris que le Brexit mettait fin aux tractations pour un traité transatlantique et peut-être même au traité en fin de négociation avec le Canada. Le Brexit a donné un coup sévère à l’Atlantisme.

Du coup, on peut se demander ce qui reste de la grande pensée mondiale de Roosevelt.

L’organisation multilatérale économique mise en place à Bretton Woods a été détruite en 1971 par les Etats-Unis eux-mêmes qui pensaient qu’ils s’en sortiraient mieux avec un étalon dollar de fait dans un système de changes flottants. Ce système délirant s’est partiellement effondré en 2008 et personne n’a encore cherché à en rebâtir un meilleur.  

L’organisation fédéralo-européiste atlantiste initiée par Monnet est en train de s’effondrer à son tour. Le mouvement vers un système fédéral à l’américaine en Europe est arrêté. Partout le nationalisme ou ses formes dérivées repartent.

L’ONU tourne à vide, incapable de mettre un terme à la violence arabe stimulée par le ressentiment des défaites face à Tsahal et aux méthodes de l’occupation israélienne, et totalement dépassée par l’inflammation du monde musulman contre l’Occident. La conquête par la Russie de la Crimée et la guerre artificielle alimentée par Poutine en Ukraine laisse l’ONU impuissante. La Chine réarme, après que les Etats-Unis en ait fait bêtement l’usine du monde,  et conduit le Japon à chercher à se doter de l’arme atomique. Obama a eu le prix Nobel de la Paix avant même de prendre les rênes des Etats-Unis et il a largement désengagé les Etats-Unis de leurs responsabilités mondiales.

Le Royaume-Uni a quitté le vaisseau européen à la dérive après trop d’extensions et trop d’erreurs d’organisation. L’après-guerre est bien fini. L’ère rooseveltienne aussi.

Nous sommes dans un monde multilatéral à reconstruire, un système monétaire et financier international à reconstruire, une alliance occidentale à reconstruire, une Europe à reconstruire.

La guerre et la puissance américaine avaient permis  d’imposer des schémas multilatéraux globalement bénéfiques mais contenant des biais en faveur des Etats-Unis ou d’alliés privilégiés qui ont créé des faiblesses qui ont fini par les faire éclater un à un.

Un monde globalement en paix, malgré les quelques incendies qui demeurent, et globalement interconnecté,  peut-il se reconstruire sur une base multilatérale sans leader et sur un principe de parité et non plus de soumission ?

Dans cette nouvelle architecture à créer que doit et peut être le « projet européen » ?

Ne cherchez pas dans les programmes des candidats potentiels à l’élection présidentielle française ni dans les déclarations du Président français, du Premier Ministre ou du Ministre des Affaires Etrangères (si, si, il y en a un !).

L’état du monde ne permet pas d’affronter de face ces défis colossaux, dans le cadre de l’ONU, pratiquement complètement marginalisé.

Que faire ?

La priorité est de refonder la zone Euro. Elle ne peut pas fonctionner sur les bases actuelles et si on ne fait rien elle explosera entraînant de très fâcheuses conséquences. Rien n’est plus urgent que de créer un coordinateur des politiques économiques et sociales européennes, que nous appelons un chancelier de la zone euro, indépendant des structures de l’Union Européenne actuelle. Au sein de cette zone, il est indispensable qu’une chambre de compensation veille à l’équilibre des échanges et que les grands excédents comme les grands déficits soient sanctionnés. Les pénalités saisies sur les balances excédentaires permettront d’alléger la charge de redressement des pays déficitaires. Ce serait une sorte de plan Keynes sans la possibilité de dévaluer et avec une monnaie unique déjà en place.

 

La seconde priorité est de reconstruire un système monétaire international basé sur la responsabilité des Etats vis-à-vis de leurs grands équilibres. La seule vraie solution est un système de changes fixes  et ajustables et une organisation de surveillance et de coordination, qui, comme celle proposée pour la zone Euro, pénalise à la fois les pays à grands excédents et les pays déficitaires.

Dans les deux cas, l’obstacle principal n’est pas intellectuel ou technique. Il tient à l’omnipotence de l’Allemagne en Europe et des Etats-Unis dans le monde. S’ils veulent bloquer, alors la seule réponse est de tout bloquer. Vous ne voulez pas jouer le jeu collectif, ce dernier s’arrête. Et on attend.

Si ces deux restructurations sont faites, on y verra plus clair pour la suite. La nécessité d’équilibrer dans la durée les balances des paiements  réduira automatiquement la nuisance des certains mouvements de capitaux et de marchandises. Il n’est pas si difficile de rendre positifs les mouvements de personnes : libre circulation réservée aux nationaux en Europe ; reconduite à la frontière automatique avec demande de visa ultérieure pour les personnes se livrant à des trafics et à la mendicité (re pénalisée comme le vagabondage) ; renforcement des contrôles extérieurs à la zone ; impossibilité de bénéficier de la « gratuité de la vie » avant au moins cinq ans de contributions à l’économie du pays ; détachement de personnel à l’étranger dans des conditions plus précises ; réforme de la définition et des modalités du droit d’asile. Négociation collective éventuellement forte, avec les pays d’émigration systématique (l’Europe ne peut pas accueillir les 400 millions d’Africains en surnombre qui sont anticipés d’ici à 2050). .

La Commission ne doit plus se prendre pour le gouvernement de la future Europe fédérale subliminale. Elle ne doit avoir aucune influence sur la zone Euro qui ne concerne qu’une fraction de ses membres.  Elle doit être une structure légère chargée d’assister le Conseil Européen et non pas une structure lourde chargée d’étudier des lois dans pratiquement tous les domaines et de les faire appliquer. Le Parlement Européen devrait devenir un Conseil économique et social européen chargé d’étudier des questions européennes et de donner des avis.  Le  champ d’action de ces institutions européennes est purement économique : marché unique,  agriculture et aides structurelles hors zone Euro.

La Commission ne doit avoir aucun rôle spécifique ni aucune relation avec les régions, qui dépendent de leur état respectif.  

L’extension de la zone Euro sera retirée du pouvoir de la commission.  Les impétrants ne seront acceptés que s’ils entendent s’intégrer à la zone euro et feront l’objet d’une décision d’opportunité par le Conseil Européen et lui seul.

Les modalités d’associations de pays étrangers avec l’Europe Unie seront simplifiées et unifiées, au bénéfice de la zone. Elles seront  ajustées en fonction des intérêts de la zone Euro notamment en matière de stabilité monétaire globale et de traitement des déséquilibres commerciaux. Les pays ayant d’énormes excédents de balance de paiement avec la zone seront interdits d’investissement direct dans la zone Euro. 

Et on reprend la marche en avant, pas à pas.

Evidemment cette démarche met en cause quelques principes : liberté absolue et totale de tous les mouvements de capitaux, de personnes et de marchandises ou services ; abandon au moins temporaire de l’optique fédéraliste. Limitation du regroupement familial. Limitation du gouvernement des juges.

Mais c’est le seul moyen de redonner un pouvoir de décision aux dirigeants et de retrouver la confiance des peuples.

 Si on ne fait rien, en refusant de lever les ambiguïtés fédéralistes, en se détournement de réfléchir aux causes des crises financières extérieures à répétition, en refusant de voir que le plan « Merkozy », utile à court terme, ne mène à rien dans la durée, en s’interdisant de canaliser et d’organiser les libertés fondamentales,  gare à la prochaine crise décennale (qui arrive) et au caractère explosif des forces de désagrégation en mouvement.

L’ère rooseveltienne est morte, même si nominalement les institutions globales sont toujours là ainsi que l’esprit général de liberté. Elles sont devenues inefficaces parce qu’elles étaient déséquilibrées, ou parce qu’elles ont été vidées de leurs substance ou parce que l’esprit de collaboration a purement disparu sous l’effet des rapports de force.

Un énorme travail attend, en temps de paix et sans le soutien d’un hégémonisme, les hommes de bonne volonté pour retrouver le fil d’une vision positive de l’organisation de l’Europe et du monde, fil qui est actuellement emmêlé et en grande menace de se rompre.

France et Royaume-Uni : des situations similaires

Quiconque suit les affaires britanniques ne peut que constater la très considérable identité des difficultés qui assaillent les deux pays. En fait, les situations politiques, économiques et sociales sont similaires.

Le cœur de l'affaire est l'incapacité des politiques à expliquer le ralentissement permanent du trend de croissance et la gravité des crises périodiques qui touchent de plein fouet non pas seulement "le quotidien des gens", mais l'esprit public général. Aucun citoyen n'aime être confronté à un déclin, même relatif, de sa nation, sans comprendre pourquoi et sans que des réactions ne se fassent jour. Perdre sa foi en l'avenir et celui de ses enfants au milieu d'un discours toujours lénifiant qui explique que les mesures prises sont géniales et le cadre général créé est le meilleur possible, est insupportable.

Quelles que soient les politiques d'ajustement suivies, dont certaines n'ont pas de résultats comme en France, et d'autres en ont, mais au prix de contraintes nouvelles et fortes, la perte de confiance dans les "élites dirigeantes" est la même. Quand on perd confiance, on devient craintif et nerveux.

La politique tourne à l'aigre, avec comme toujours, des victimes expiatoires.

Charles Moore dans le très conservateur Daily Telegraph souligne que jamais le Royaume Uni n'a été confronté à autant de difficulté "sans jamais les traiter au fond". Le Royaume a subi la même crise qu'en France, pire même au départ du fait de sa place dans la finance mondiale. Comme en France personne ne s'est précipité pour expliquer pourquoi cette crise avait eu lieu ni comment on en prévenait le retour.

Le rôle des politiques n'est peut-être pas l'expertise mais ils doivent lui demander de se manifester. S'il n'y a aucune explication sérieuse, prise en charge par les hommes politiques avec une vision de ce qu'il faut faire, rien ne peut se passer bien. Tous les dossiers deviennent contentieux. L'hystérie s'installe.

Le référendum a vu se créer une situation d'hystérie au Royaume Uni, comme la France vit avec hystérie la loi El Khomry et les affaires de zadistes.

L'hystérie commence quand la raison faiblit.

Cameron n'a pas joué sa carrière et l'avenir de son régime à la roulette. Il a refusé de s'attaquer à la question centrale : pourquoi la crise de 2008 ; comment on en sort ; comment on évite d'y retomber. Du coup toutes les questions annexes se sont infectées. Comme la gangrène gagnait, il a eu recourt à des remèdes de chien, d'abord sur la question écossaise puis sur la question européenne. Il a gagné puis perdu. Tant va la cruche à l'eau…

Hollande a de la même façon refuser de prendre partir sur les causes réelles de la crise et les moyens de la traiter. D'abord il n'y avait pas de crise, simplement un terrible héritage ; ensuite on allait voir ce qu'on allait voir. Il en est à 12 % de satisfaits de son action et on démolit les hôpitaux dans la rue à coups de barre de fer , là où il se voyait en "pacificateur".

L'Union Européenne n'est pas la cause de la crise. Mais certains de ses dysfonctionnements en ont aggravé les effets et compliqué la solution.

La bonne politique, au Royaume Uni comme en France, était de partir sur une analyse objective de la situation économique et la recherche d'un diagnostic et de solution, marginalisant les autres préoccupations.

Sinon, compte tenu de la gravité des conséquences de l'effondrement de 2008, on ne pouvait aboutir qu'à ce que l'on voit : les gouvernants sont déjugés et la rue s'en donne à cœur joie.

La Général de Gaulle avait dit à l'école de guerre (de mémoire) : "dans une bataille, le chef doit avoir une idée claire de l'essentiel et y concentrer toutes ses forces de conception et d'exécution".

Quand le chef s'investit dans des batailles secondaires et laisse sans réponse les grandes questions stratégiques, la défaite est assurée.

Cameron, comme Hollande, se sont concentrés sur des aspects fantomatiques de la crise larvée qui conduit l'Occident à la stagnation, en attendant pire. La question de l'Union Européenne, comme celle de la préséance des sources de droits sociaux, sont des arroyos totalement secondaires. L'immigration et le"red tape" européen sont des irritants, (islamisme et terrorisme à part) mais n'ont pas d'effets réels sur la marche de l'économie.

Quand on combat dans les buissons pour ne pas avoir à affronter les dangers de la grande route, il ne faut pas se plaindre des conséquences.

Hommage à Raghuram Rajan

Raghuram Rajan, Raghu pour les intimes,  est gouverneur de la banque centrale de l’Inde (Reserve Bank of India). Il vint de refuser de faire un second mandat. Cela s’est passé un 18 juin et cela résonne comme un appel. Il n’a pas été démissionné pour incompétence. Au contraire, il a été probablement le meilleur gouverneur de banque centrale de ces dernières années.

Raghuram était l’ancien Economiste en chef du FMI et il savait exactement de quoi il parlait.

Sa compétence et son autorité économique, qui n’étaient pas seulement une image de com’, comme pour DSK,  lui ont permis de sortir l’Inde de trois de ses tares habituelles : une inflation trop forte, des déficits intérieurs et extérieurs exagérés et un cours erratique de la Roupie. Rappelons la période : la pire pour les relations financières et monétaires internationales. Rappelons aussi le résultat : la meilleure croissance mondiale, bien avant la Chine !

Mais voilà, Il avait compris que le système monétaire international, basé sur les changes flottants et le n’importe quoi, était fou et forçait une guerre des banques centrales ridicule et contreproductive. Il ne l’a jamais dit aussi clairement. Les banquiers centraux ne font pas cela. Mais la restriction était évidente.

Alors les pressions ont commencé pour l’éjecter.

Raghu s’était fait connaître dès 2005 pour un rapport prémonitoire qui prenait à contrepied les inepties propagées par « la triplette tragique », Robert Rubin, le politique, Alan Greenspan, l’énigmatique, et Larry Summers, le vociférant, et annonçait l’explosion de 2008.

 “Here was a telling moment in 2005, at a conference held to honor Greenspan’s tenure at the Fed. One brave attendee, Raghuram Rajan (of the University of Chicago, surprisingly), presented a paper warning that the financial system was taking on potentially dangerous levels of risk. He was mocked by almost all present — including, by the way, Larry Summers, who dismissed his warnings as “misguided.”

Larry Summers l’a même carrément insulté en le traitant de « Lubbit », un terme qui s’applique aux fofolles qui épousent une pensée sans substance par pur snobisme.

Raghu n’a jamais caché depuis les réserves que lui inspirait le fait qu’aucune réforme n’avait suivi l’effondrement. Il est l’un des rares économistes de qualité ayant eu le courage de dénoncer les défauts structurels de la mondialisation basée sur la fuite en avant monétaire. Son livre,  Fault Lines: How Hidden Fractures Still Threaten the World Economy?, publié en Août 2011, et qui n’a eu exactement aucun écho en France, démontrait très précisément que les explications par les « subprimes » et de gangstérisme financier manquaient un tantinet de profondeur.

 “Rajan shows how the individual choices that collectively brought about the economic meltdown--made by bankers, government officials, and ordinary homeowners--were rational responses to a flawed global financial order in which the incentives to take on risk are incredibly out of step with the dangers those risks pose”.

Il faut aller plus loin que la simple dénonciation d’individus déviants.  Les agents économiques sont rationnels même dans un système irrationnel. Le problème est dans les défauts du système, pas dans la mentalité des agents économiques.

Il a rappelé à de nombreuses reprises que, dans le système financier existant, il est impossible de connaître la valeur fondamentale des actifs. L’économie n’a donc plus de boussole. Les investisseurs deviennent des guêpes frappant contre une vitre.

Comme beaucoup d’économistes soucieux du tiers monde, Raghu croit beaucoup que l’inégalité croissante est largement responsable de la crise, aussi bien celle qui apparait au sein des pays émergents, que celle qui s’est installée aux Etats-Unis et celle qui persiste entre pays émergents et pays industrialisés. Voir sa conférence fondamentale : (https://www.youtube.com/watch?v=GW7wu3uyz9g).

Sans nier l’impact des inégalités,  nous-même mettons plutôt l’accent sur l’effet délétère des grands déficits et des grands excédents qui imposent le retour des excédents de balance des paiements sur le marché financier des Etats-Unis et la hausse consécutive des en-cours bancaires, provoquant l’apparition d’une économie baudruche et des crises de plus en plus graves. Il n’est pas nécessaire de partir des inégalités aux Etats-Unis pour comprendre qu’une nation qui paie ses déficits dans sa monnaie n’aura aucun frein à les accroître jusqu’à l’explosion finale.   Mais il n’a pas sous-estimé le rôle des bulles financières répétées ni les effets des grands excédents et des grands déficits.

Il a parfaitement démontré que les politiques d’exportations forcées avec des monnaies dévaluées et les super excédents entrainaient à terme une économie locale anémiée et un Etat asphyxié. Il a moins bien vu que le débiteur américain était aussi capable de ruiner périodiquement le créancier (Allemagne en 74, Japon en 1992, Chine, en ce moment même). Mais au moins il a produit ce qu’on attend d’un économiste : une explication basée sur des observations et des mécanismes et non sur des pétitions de principe et des postures.

Naturellement, les éléments de langage relatifs à l’exclusion de Raghu Rajan font valoir uniquement des querelles internes à la politique indienne et l’énervement du nouveau dirigeant indien, Narendra Modi, face à la volonté de la banque centrale de nettoyer les bilans des banques et de mettre fin aux prêts « politiques » , et sa réticence à baisser de façon irresponsable les taux d’intérêt.

Ces querelles existent. Mais derrière ce conflit, il reste l’hostilité des tenants de la mondialisation à l’américaine basée sur la suprématie du dollar et la violence extérieure de son droit pénal.  Elle a laissé Raghu sans soutien.

En dépit du « lip service » politiquement correct en faveur d’un tiers-mondiste sérieux et soucieux d’efficacité sociale, Raghu a fini par être un homme seul en dépit de la justesse de ses vues et l’efficacité de son action opérationnelle.

Dommage. Car il a prouvé que la réflexion économique n’était pas seulement américaine et qu’elle devait même s’écarter de la vulgate de sa propre école (Chicago).

Et hommage, pour avoir prouvé qu’il était nécessaire de regarder plus loin que le bout de son nez. Espérons qu’il pourra à terme devenir président de l’Inde en dépit des graves  passions qui divisent ce pays.

Ce serait un allié idéal pour une réforme du système monétaire international.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile.

Place de l'économie dans les élections présidentielles

Beaucoup de commentateurs dans la presse et dans la littérature de débats, se plaignent de la place prise par l'économie dans le débat public. Ils ont forgé le terme d'économisme pour définir ce qu'ils voient comme une maladie du débat démocratique. La vie est tellement plus "complexe et riche" que ce qu'en laisse voir l'économie…

Nous contestons ce triomphe de l'économisme.

Discutant récemment avec un ancien journaliste économique du Monde, il est clairement apparu que le journalisme économique a largement disparu de la presse quotidienne. Il y avait au Monde, naguère, de fortes plumes économiques. "Paul Fabra en savait autant que n'importe lequel de nos ministres des finances". Ce qui est exact. Si on regarde le Monde actuel, il n'y a plus aucun journaliste de cette culture économique. Au Figaro il reste JP Robin. Le Point conserve Delhommais. Et c'est tout. La télévision a fait monter Lenglet, qui porte une parole économique éclairée, mais sinon se contente d'invités.

En s'interrogeant sur cette évolution, le rôle néfaste du Cercle des Économistes, pas le Cercle des économistes e-toile, non, celui qui a pris le nom générique de façon un tant soit peu abusive, est vite apparu. Ce Cercle a réussi à imposer l'idée que seuls des universitaires à gros diplômes (au moins l'agrégation) avaient le droit de causer dans le poste ou d'écrire dans les colonnes. Du coup on a cessé de recruter des journalistes économiques de qualité dans la presse.

L'ennui, c'est que pour pouvoir pontifier dans la durée, Messieurs les professeurs ne pouvaient pas prendre de risques réels. Ils ont essentiellement conforté, rassuré, éteint les inquiétudes, etc. À nous les beaux et lucratifs "ménages" dans les banques, les médias, les conférences ad hoc etc. L'ennui, c'est qu'ils n'ont absolument rien vu venir d'une crise que certains d'entre eux ont niée jusqu'après qu'elle se soit déclenchée. Les économistes, dans l'esprit public, ont perdu toute crédibilité.

Alors les banques n'invitent plus d'économistes "officiels", généralement universitaires, lors de leurs raouts et si certains médias le font encore, personne ne les écoute.

La crise a presque liquidé les faux prêtres économiques de l'entre-soi universitaire.

D'une certaine façon, c'est bien. Un coup de balai nettoie toujours un peu.

L'ennui, c'est que plus personne ne croit plus que l'économie soit une science et qu'elle ait quelque chose à nous dire de notre avenir national. Alors que la stagnation du pouvoir d'achat alliée à la montée de la dette, des impôts et du chômage frappe durement les Français.

Les politiques sont spontanément très hésitants à parler d'économie. La plupart d'entre eux n'y comprennent rien. Aucun ne souhaite s'exprimer sur des sujets où il n'y a que des coups à prendre. Constatons qu'aucun d'entre eux n'a donné ne serait-ce qu'un début d'explication crédible de l'effondrement de 2008, ses mécanismes et les manières d'éviter que les mêmes causes provoquent les mêmes résultats désastreux.

Les Ministres des Finances sont en général des politiques (Barouin ou Lagarde pour Sarkozy ; Moscovici ou Sapin pour Hollande) dont les compétences économiques sont à peu près inexistantes. La politique est conduite par le Trésor, dans ce qui reste de responsabilité gouvernementale. Tout le reste se passe ailleurs.

L'Universitaire, qui avait pris une place abusive, étant déconsidéré, les médias vidés de journalistes compétents, la classe intellectuelle dans le rejet de "l'économisme" et la classe politique dans le refus d'exprimer et diagnostic et thérapeutique, faute de personnel compétent, on comprend que l'économie ne risque pas d'être traitée de façon convenable dans les élections qui s'annoncent.

Comme en 2002, 2007, 2 012 pour s'en tenir qu'à ce siècle. Avec les résultats que l'on voit.

Nous pardonnera-t-on de dire que c'est un drame national ?

Le PIB : le pire indicateur de conjoncture (2)

Un des aspects fascinants de l'information, comme elle est pratiquée en France, est l'utilisation d'indicateurs imprécis et impossibles à interpréter convenablement. Lorsque les commentateurs se fient aux chiffres après la virgule, on quitte définitivement le domaine du bon sens pour celui du n'importe quoi.

Le PIB est l'exemple même de l'agrégat dangereux et qui doit être manipulé avec la plus extrême prudence. Quiconque a une petite expérience de l'exploitation des statistiques dans le temps sait que cet indicateur est un conglomérat de sous-ensembles dont les composants restent longtemps estimés. Avant que toutes les estimations se transforment en constats, il faut au moins deux ans. La variation d'estimation des composants peut aller jusqu'à 0,5 pointsparfois plus. Ce qui veut dire qu'une hausse de 0.1 % peut se transformer en baisse de 0.2 %, ou qu'une hausse de 1 % peut passer à 1.5 %.

Si l'Insee était sympathique, il produirait un comparatif mois par mois des estimations et des rectifications. Cela tuerait dans l'œuf toute tentative de tenir des propos définitifs sur des chiffres incertains qui n'indiquent même pas des tendances (on peut avoir des inversions ou des accélérations), sinon avec un sage retard de deux ans. Cela ouvre aussi la porte à des manipulations. L'INSEE étant peuplé de fonctionnaires "de gauche", en fait socialistes voire communistes, avec des pressions syndicales sur l'information (on se rappelle de l'affaire des trente cinq heures où les syndicats ont exigé le licenciement d'un analyste qui ne couvrait pas de louange la mesure), la sagesse est de ne lire les chiffres du PIB qu'avec deux ans de décalage et ne pas compter sur eux pour comprendre la conjoncture.

Autre considération : la conjoncture au sens strict ne concerne que le secteur marchand, puisque la dépense publique est budgétée chaque année et engagée pour des décennies. L'indicateur de conjoncture le plus avancé est le montant des commandes. ou mieux, comme nous l'avons déjà démontré sur ce site, le solde des clients en hausse de commande et des clients en baisse.

Cet indicateur est d'une fiabilité absolue. Il ne dépend pas du nombre de jours ouvrés par mois, qui posent de nombreuses difficultés de comparabilité dans le temps et qu'on corrige plus ou moins bien, ni de simples impressions. Un écart de deux à trois jours luvrés sur 20 jours, représente une variation importante, parfois de plus de 10 %. On se rend compte que les virgules dans ce cas-là n'ont pas grand sens.

Il faut bien se rendre compte qu'un indicateur basé sur un différentiel de commande est extrêmement sensible, c'est-à-dire que ses évolutions sont très fortes, donc visibles comme le nez au milieu de la figure. On peut passer d'un écart de clients en hausse par rapport aux clients en baisse de -20 à +10. Lorsqu’une inversion a lieu, on la voit bien et on la voit vite. Lorsqu'il y a accélération de la croissance on le voit aussi très bien. Dans le secteur de la mécanique on est passé début 97 d'un ratio de 40-60 à 60-40 en deux mois, marquant un surprenant retournement qui annonçait les très bons chiffres mondiaux des trois dernières années du siècle, en dépit de la crise dite faussement des "pays émergents" (il s'agissait d'une hausse maladive du dollar et des bourses américaines dans le système malade des changes flottants qui a asséché brutalement les marchés spéculatifs hors des Etats-Unis).

La conjoncture étant désormais, dans le secteur privé, entièrement internationalisée, la corrélation de l'indicateur avec ceux de l'étranger donnerait des résultats hyperfiables, rapides et faciles à interpréter. Mais il n'est pas tenu par l'Insee qui se contente de l'opinion des chefs d'entreprise, beaucoup moins fiable et qui ne tient pas bien compte des variations saisonnières. Eurostat est totalement défaillant.

L'interprétation des chiffres doit également se faire en comparant avec la phase du cycle.

Nous sommes dans l'accélération traditionnelle de fin de cycle décennal, avec une perspective de coup de frein d'ici 2018, net mais moins brutal qu'en 2008. Il est donc bon de faire des comparaisons avec les croissances de même nature. Les chiffres  actuels, un peu partout dans le monde développés, sont généralement inférieurs à 2,5 % n'ont rien à voir avec les hausses de 3.5 à 7 % des cycles précédents.

Nous sommes dans une reprise extrêmement lente, par rapport aux tendances habituelles à ce stade du cycle, plus lente et plus tardive en France qu'ailleurs.

En s'exaltant sur une variation d'estimation de 0.1 %, la presse fait ce qu'elle peut pour donner du sens à une information qui pour le moment n'en a pas vraiment. Rappelons qu'il suffit d'augmenter de 5 % les fonctionnaires dont la "production" est comptabilisée dans le PIB pour faire varier l'indice de plusieurs fractions de point !

La croissance, c'est facile : il suffit d'engager en masse des fonctionnaires. Le PIB monte. En même temps que la dette. Au final le retour aux réalités est terrible. Le chiffre du PIB doit toujours être corrigé de la variation de la dette globale.

Rappelons que les dépenses publiques continuent à croître en France, comme la dette. Le caractère effectif de la hausse de quelques fractions de points du PIB est donc impossible à analyser comme une amélioration franche, durable et saine de notre production.

Le coup de frein qui s'annonce et les redressements de comptes qui seront obligatoires après la gabegie électoraliste en cours, risquent de gommer ces hausses dès 2018. La décennie 2 010 sera pour la France une décennie de baisse globale du pouvoir d'achat, de destruction globale d'emploi et de stagnation économique. Peut-être allons-nous battre les années trente !

Nous entrons dans la parenthèse enchantée des périodes électorales où tout va mieux et va aller encore mieux. Nous le faisons les deux pieds dans les poubelles non ramassées, les grèves à répétition dans les secteurs protégés, le désordre général et les attentats.

 

En lisant Jacques de Larosière

« 50 ans de crises financières » est un titre accrocheur (Merci Odile Jacob !) mais parfaitement trompeur. Le lecteur s’attend à un ouvrage sinon technique (encore que…) du moins très précis sur les décisions fondamentales prises dans les cinquante dernières années qui ont conduit au désastre actuel. Jacques de Larosière n’est pas un simple observateur. Il a été au cœur du réacteur. Il était donc plus qu’important  d’avoir et son témoignage et son jugement sur ce qui a été défait de façon aussi inconséquente, avec des conséquences aussi dramatiques. Sa carrière couvre quasiment exactement la période qui a vu « La Crise » s’installer et devenir pratiquement insurmontable. Il n’a pas été simplement le compagnon du désastre mais un de ses acteurs majeurs.

Au lieu de cela, nous avons une courte et creuse autobiographie d’un personnage aussi parfaitement  lisse que pourrait l’être un prototype de haut fonctionnaire français ayant cumulé à la satisfaction générale tous les hautes fonctions nationales et internationales possibles. Une carrière si belle suscite le respect. Ce fut parfait ! Bravo !

Tous les poncifs du genre défilent avec distinction. L’épouse remarquable, les enfants superbes, les interlocuteurs délicieux, dont beaucoup deviennent des amis, les séparations émouvantes avec les employés-modèle à chaque départ d’une haute fonction. Et la pêche à la mouche ou au thon avec quelques grands de ce monde qui aurait pu valoir trois phrases amusantes à Pêche, Chasse et Nature.

L’ennui, c’est qu’on nous a annoncé des analyses perforantes sur les causes de 50 ans de crises financières. Et qu’on ne trouve pas dix pages dans tout le livre sur les questions clé que pose le passage de l’économie mondiale en mode baudruche jusqu’à son effondrement en 2007-2008. Allons, soyons généreux : 100 lignes dignes du titre. C’est peu.

Pour nous, la question centrale à laquelle nous cherchions une réponse sérieuse était la suivante : comment a-t-on pu signer les accords de la Jamaïque qui ont provoqué le désastre. C’est à partir ce moment que l’économie a basculé dans le n’importe quoi  et qu’a été institutionnalisé la baisse constante du trend, la montée de l’endettement global à des niveaux intenables et les crises périodiques de plus en plus sévères. Les accords signés à Kingston, c’est l’erreur absolue, le poison lent instillé dans les artères de l’économie mondiale,  la source de tous nos maux actuels, même si l’Europe a aggravé les choses avec l’organisation inepte de la zone Euro et la France ajouté ses propres délires fiscaux.

Qui était le « sherpa » chargé de préparer ces accords ? Jacques de Larosière ! Alors, qu’a-t-il à dire ?

« Le groupe des dix désireux de trouver une solution décida de s’en remettre à la France et aux Etats-Unis ». « Jeune directeur du Trésor depuis juin 1974, je fus chargé de la négociation côté français ».

A l’hôtel du Mont Washington, à Bretton Woods, en juillet 1944, la France n’était rien. Le rapport Istel et Alphand avait été écarté d’un revers de la main dès les premières phases préparatoires un an plus tôt et la délégation française  luttait pour faire reconnaître sa représentativité. Elle n’eût aucun poids, en dépit de l’envoi d’un éminent représentant du Trésor (déjà), et l’arrivée tardive de Pierre Mendès France.  Pour construire la prospérité, nous n’étions pas là. Pour la déconstruire, nous étions en tête de cordée !

« Mon interlocuteur était le banquier Ed Yeo, sous-secrétaire d’état au trésor […] une force de la nature animée d’une énergie débordante ».

C’est là une grande tradition tactique américaine. Ils envoient au front des pitbulls qui n’ont qu’un leitmotiv : ce qui est bon pour les Etats-Unis est bon pour le monde, et une seule consigne : vous ne signerez que ce qui peut passer au congrès. On est plus dans le diktat que dans la négociation.

Il aurait été intéressant de savoir ce que furent les grands thèmes de cette négociation, les affrontements éventuels sur  les objectifs et les moyens. On ne trouvera qu’une seule ligne : «  nous finîmes par trouver un accord   juste avant la réunion du Groupe des Dix qui se tînt à Rambouillet le 17 novembre 1975 ». Fermer le banc tout est dit. On est bien content.  

On sait que M. Giscard, fit un peu plus tard, à Kingston, au bord de la piscine  où se pressaient Gérald Ford et les autres grands dirigeants, une exposition de sa plastique en maillot de bain qui fut très commentée.  On est encore plus content.

Continuons de lire notre négociateur :

« Les Accords de la Jamaïque mettaient fin au régime des parités fixes, légalisaient le flottement et abolissaient le statut officiel de l’or. Néanmoins quelques signes étaient donnés où la France voulait voir la volonté d’une certaine discipline : - la politique devait s’exercer sous la « ferme surveillance » du FMI ; - Le retour à terme à un système de parité fixes mais ajustables était envisagé comme un objectif.

Mais force est de reconnaître que ces vœux restaient théoriques.

En regardant ces évènements avec le recul du temps, je ne me sens pas particulièrement fier des résultats de la négociation. La réalité était que le flottement était libre. L’illusion était que cette liberté pourrait être contrôlée et constituer un « système ». On a sous estimé à l’époque la portée de l’effondrement du système de Bretton Woods. On a vu à l’usage combien le flottement des monnaies a encouragé le laxisme budgétaire et monétaire dont les effets cumulés nous écrasent aujourd’hui. Comment imaginer qu’un tel régime de liberté incontrôlée puisse être compatible avec une coopération économique mondiale et avec la stabilité du système financier. Bien que trop rarement dénoncé, cette enchaînement de conséquences de la décision d’août 1971 est à mon sens à l’origine de nombre des déséquilibres structurels d’aujourd’hui  ».

C’est tout ? Oui c’est tout.

Il serait fort injuste de tenir rigueur au « jeune directeur du Trésor » d’avoir ainsi négocié le plus grand désastre économique depuis 1929.  Que faisait le Ministre des finances de l’époque ? Où était Jean-Pierre Fourcade, inspecteur des finances, ami de Giscard, la dernière coiffure en brosse de la République et l’heureux concepteur de Bison Futé, qui fera une longue et lucrative carrière comme sénateur maire inamovible dans l’ouest parisien ? Il a publié en 2015 des mémoires qui passèrent totalement inaperçues et qui ne disent rien sur le sujet. Que faisait Giscard, qui en définitive porte la responsabilité principale. Sous De gaulle  il naviguait en pleine ambiguïté. Il pouvait désormais parler en maître. Il n’a rien dit, rien fait ? Où étaient l’Europe  et les européistes ?

Les Etats-Unis ont imposé leur point de vue sans opposition autre que marginale, feutrée et pusillanime. On retrouvera le pitbull Yeo un peu plus tard pour torpiller une idée du FMI « tendant à créer un compte de substitution » où les dollars auraient été changés en DTS, évitant que l’accumulation des balances dollars générées par les déficits n’induise une création monétaire débridée.  « C’était peut être la dernière chance d’assainir le système monétaire international ».

La totale docilité des européens et plus généralement des pays de l’Alliance Atlantique vis-à-vis des Etats-Unis est une tragédie. Elle dure encore. Il est vrai qu’aucune belle carrière internationale ne serait possible sans être totalement soumis. Pour un fonctionnaire, habitué à servir le souverain, la soumission est en quelque sorte institutionnelle.  Le souverain décide, le fonctionnaire exécute. Lorsque, de plus, le souverain n’a plus de souveraineté, il s’exécute d’autant plus vite.

La mansuétude que l’on peut accorder au sherpa des accords de la Jamaïque n’est pas de mise quand on s’attache à l’action du directeur général du FMI qu’il fut peu après.

Le directeur du FMI est indépendant, extrêmement bien payé, et a le pouvoir de parler et d’agir. Bien sûr, il n’est que directeur et le conseil d‘administration est là. Mais tout de même. Le FMI a un rôle statutaire dans l’avertissement des grands de ce monde sur les dysfonctionnements économiques et monétaires. Le système des changes flottants ne marche pas, n’a jamais marché et ne marchera jamais. Il appartenait au FMI de surveiller les mouvements croisés liés aux déficits et aux excédents immenses, d’étudier leurs conséquences, et de prévenir le monde. Personne ne pouvait empêcher le directeur général de mobiliser ses économistes (les plus chers payés du monde) pour voir, comprendre, faire savoir et alerter. Rien de tout cela ne fut tenté. Jacques de Larosière indique qu’il écrivit à titre personnel quelques avertissements sur les conséquences néfastes de la montée de l’endettement.  On croit rêver. Lorsqu’on dirige une institution multilatérale extrêmement bien dotée et chargée d’alerter sur les risques économiques et monétaires mondiaux, on ne se contente pas d’écrire des « pamphlets » qui « n’eurent aucune influence ». Il est vrai que le bon Yeo invita notre auteur à pêcher en famille le « blue fish » à Cape Cod. Ce n’est pas parce qu’on est pêcheur qu’on n’est pas pécheur. Jacques Rueff avait tout dit sur le péché monétaire de l’Occident.

Il se trouve que Larosière est encore dans le coup d’un autre gros dysfonctionnement structurel : la création d’une zone euro sans organe de direction. Il signe le rapport Delors et s’en dédouane en précisant : « On a parfois reproché à ce rapport d’avoir esquivé la question de l’indispensable coordination économique entre membres de l’Union. En fait le document soulignait bien l’importance de cette coordination. Mais le comité avait été chargé de faire des recommandations sur les aspects monétaires de l’union et non sur son organisation économique ». Là aussi l’auteur explique en détail pourquoi la solution est très mauvaise et n’hésite pas à souligner tout le mal d’une solution qu’il a signée. Il s’en dédouane un peu facilement. Comme dans la négociation avec Yéo, on se contente de vague réserves dont on sait qu’elles ne sont là que pour faire beau car elles sont virtuelles. C’est bien d’écrire en 2016 qu’une zone monétaire unique impose une gestion macro économique différenciée et une coordination. Mais un peu tard !

Nous passerons sur le reste des missions qui ont été confiées à notre auteur, notamment à la Berd, où il nettoiera les écuries laissées un peu sales par J. Attali, à la Banque de France où il sera sévèrement accroché par la Justice dans l’affaire du Crédit Lyonnais comme responsable de la Commission bancaire et qui finira sa carrière en soutien de Michel Pébereau et de la banque universelle.

Pour nous l’importance de Jacques de Larosière ne tient pas à son action passée, mais à sa dénonciation hic et nunc des trois dysfonctionnements qui font l’objet de nos travaux et combats publics  depuis vingt ans :

-          Oui, la crise actuelle est due aux cinquante années de désordre monétaire provoqué par l’abandon des disciplines de bretton Woods. Il est bien qu’un des grands acteurs de l’action publique nationale et internationale le dise enfin haut et fort.

-          Oui un système de monnaie unique sans coordinateur est une absurdité dangereuse.

-          Oui un pays comme la France qui refuse toute réforme structurelle et s’enfonce dans l’hyper fiscalité et  le socialisme anti économique est mal parti.

On nous dit parfois que nous sommes seuls à nous battre sur des positions qui seraient étonnantes, hétérodoxes, marginales et peut être même saugrenues.

Si le récit historique contenu dans les micro-mémoires de Jacques de Larosière  est consternant, son diagnostic lui est pleinement valable et mérite d’être amplifié.

Les idées que nous défendons ne sont pas marginales. Elles forment le cœur d’un consensus qu’il est facile de constater dans les discussions privées et pratiquement impossible de faire admettre à des dirigeants lorsqu’ils sont aux affaires.

La vérité est qu’il n’y a pas d’alternative.

Oui il faut mettre fin au flottement des monnaies et à l’absence de système coopératif dans le domaine de la monnaie et de la finance internationale.

Oui il faut un Chancelier de la zone Euro, appuyé sur un dispositif démocratique fort et coordonnant tous les aspects de la vie économique et sociale conditionnant la valeur de la monnaie (et non un gouvernement économique de la zone euro).

Oui, il faut réformer de fond en comble le système économique et social français avant qu’il ne s’effondre définitivement.

Grâce soit rendue à Jacques de Larosière de souligner la pertinence de ces trois thèses.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile.

J. Peyrelevade : un éclair déchire le ciel bleu de l’Enarchie

Jean Peyrelevade publie « Journal d’un sauvetage » (Albin Michel - 6 mars 2016). Le livre fait l’effet d’une explosion d’Exocet sous la ligne de flottaison des « élites politico administratives », en un mot de l’Enarchie. Revenir, après un quart de siècle, sur les circonstances d’un sauvetage de banque finalement raté, était-il, en soi, indispensable ? Sans doute. L’occasion est rarissime de suivre de façon aussi précise et détaillée le fonctionnement de l’Etat Moloch alors que l’un de ses plus illustres serviteurs a conduit à la faillite un des fleurons de l’histoire mondiale de la banque (Le Crédit Lyonnais était avant la guerre de 14 le premier établissement bancaire mondial, mais oui !).

Il ne faut pas bouder son plaisir. Le livre se lit d’une traite. L’auteur a le talent d’écrire nettement et sans fatiguer le lecteur.  Il a sollicité et affiné  sa plume pour peindre des tableaux au vitriol de certains protagonistes de l’affaire. Règlement de comptes ? Un peu, heureusement, tant les excès ont été effarants.  Le déroulé implacable des évènements met en lumière les énormes dysfonctionnements d’un système où les mêmes hommes tiennent le politique, le législatif, l’administratif, la banque et indirectement, les médias.

Depuis 20 ans nous poursuivons le même combat contre ce que nous appelons l’Enarchie Compassionnelle. Nous essayons de donner mille exemples des effets malsains de ce système consanguin et anti démocratique, mais surtout source d’un gaspillage indécent. Le récit de Peyrelevade est, de ce point de vue, d’une limpidité telle qu’on n’imagine pas qu’il puisse rester une seule personne adepte d’un tel système après avoir fini la lecture.

La société des hauts fonctionnaires est un système féodal où il est impossible de mettre en cause qui que ce soit, et où aucune des institutions mises en place pour exercer des contrôles  ne fonctionne.  Les pires erreurs ne sont jamais sanctionnées. Inlassablement, les grandes affaires sous contrôle de l’Etat périclitent et jamais la moindre leçon n’en est tirée.

Il n’y a donc aucune raison pour que de nouveaux désastres ne viennent pas s’ajouter aux précédents. La faillite de Dexia est en effet pire que celle du Crazy Lyonnais. Les pertes abyssales d’Areva, les difficultés de l’ex EDF,  les pertes massives et  récurrentes de la SNCF, les villes mal gérées comme Paris ou Montpellier, les mille et uns abus commis sans vergogne avec l’argent public ont tous la même cause.

Un système où les hauts fonctionnaires cumulent tous les pouvoirs et où les sanctions ne viennent jamais ne peut pas se porter bien.  La complicité avec les syndicats s’installent aussitôt, au nom de la paix sociale et les coûts s’envolent après qu’on ait tout lâché en matière de congés payés, de recrutements, de temps de travail, d’avantages exorbitants, d’indiscipline non sanctionnée.  On place les proches et les copains. On multiplie les postes de hauts dirigeants bien rémunérés pour des tâches pas toujours très claires.  Les auditeurs ne peuvent rien dire : c’est la politique de l’Etat ! Les carrières n’ont plus de rapport avec l’efficacité dans l’accomplissement des missions. D’ailleurs il n’y a plus de réelles missions. On est. On ne fait pas.

Le récit de Peyrelevade est implacable. On ne peut pas réformer un tel système. Il faut le supprimer. C’est la raison pour laquelle nous nous époumonons à réclamer la séparation du politique et de l’administratif, de la banque et de l’Etat, de la presse et de la banque.

Jean Peyrelevade voulait prendre la tête d’un Crédit  Lyonnais privatisé après séparation des actifs douteux liés au passé. Le système français est tellement bridé, que lorsqu’on privatise, la capture du patrimoine national se fait entre oligarques indéboulonnables qui tiennent entre leurs mains pratiquement à vie tous les grands projets nationaux pour des lustres, et la presse quotidienne en prime. Pensons à Michel Pébereau à la BNP, qui est l’exemple parfait de la chose et des actes associés (comme le vidage du directeur du Monde, après un article documentée sur la « pieuvre Pébereau »). On peut malheureusement imaginer que si l’auteur du livre avait réussi à être son pendant au Crédit Lyonnais, il en serait encore le président et le livre n’aurait pas été publié.

Si Peyrelevade passe au rayon X (il a fait Polytechnique) l’establishment de l’Inspection des Finances, n’est-ce pas en partie parce qu’on lui a barré l’accès au Naos du Grand Temple ?   

D’autres faiblesses structurelles du raisonnement des élites financières, administratives et politiques sont révélées par ce livre, sans que l’auteur ne s’en rende compte.  Jean Peyrelevade ne connait pas la notion de cycles économiques et n’a pas analysé le type d’économie qui s’écroule en 93 en France.  Le système bancaire français à cette date est touché dans son ensemble par l’explosion de la bulle immobilière notamment dans les bureaux. Des dizaines de milliards ont été investis hors de toute raison  dans une bulle terrifiante. Partout dans le monde. Les pertes du Crédit Lyonnais ne sont pas seulement liées à la folie des grandeurs de Jean-Yves Haberer.  Son successeur,  une fois aux manettes,  sera confronté, sans qu’il l’anticipe, à une absence prolongée de résultats du fait de la crise du système global. Il se trompera dès le départ sur l’ampleur des pertes du passé et constamment sur celles de la gestion courante.

On touche là la grande faiblesse de nos responsables : ils n’ont pas compris les énormes dysfonctionnements de l’économie globale, basée sur les changes flottants et le recyclage d’énormes excédents. Peyrelevade comme les autres. Nous l’avions déjà constaté au moment où il souhaitait dialoguer sur le net, une expérience qu’il abandonnera presqu’aussitôt. Le livre, indirectement, nous le démontre à nouveau.

L’inconvénient de cette incompréhension est une concentration excessive sur les hommes et le schéma franco français. Le Lyonnais a sauté comme Lehman Brothers et comme bien d’autres, faute d’avoir compris qu’elles chevauchaient une baudruche explosive. L’inconscience les a tuées.

On voudrait être sûr que l’inconscience des causes globales de la crise puisse venir un jour au premier plan des réflexions des grands auteurs. Jean Peyrelevade a manqué le coche mais  a fait œuvre magistrale pour rendre manifeste l’incroyable perversité du système français de confiscation du pouvoir administratif, politique, bancaire et médiatique par une clique minuscule et ses conséquences dramatiques en terme de perte de démocratie et de gaspillage d’argent public. Grâce soit rendue à ce livre pour cette seule raison. On n’avait jamais été plus loin dans la démonstration.

Et que les Français comprennent enfin qu’il ne faut pas élire un Enarque à la présidence du pays. Adieu Hollande ! Adieu Juppé ! Sinon le système dysfonctionnel et inefficace dénoncé si précisément dans le livre perdurera indéfiniment.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

France 1974-2015 : les leçons d'un désastre.

France 1974-2015 : les leçons d'un désastre.

Nous reprenons ici les intéressants calculs de DVD sur la période 1974-2015 qui devraient être affichés au fronton de toutes les mairies de France.

« « Évolution de la population française de 74 à aujourd'hui : Population totale : +12 millions ; Population active : +10 millions.

- Emploi total : +4.4 millions, dont

- Emplois agricoles : -1.4 millions

- Emplois marchands non agricoles : +2.6 millions, dont +2.3 millions de CDD, intérimaires et stagiaires

- Emplois non marchands : +3.2 millions, dont +0.9 millions de CDD, intérimaires et stagiaires

Chômeurs (toutes catégories) : +5.3 millions

Dépenses des administrations publiques en % de la valeur ajoutée du secteur marchand : de 59 % en 1974 à 93 % en 2015

Dette publique en % de la valeur ajoutée du secteur marchand : de 29 % en 1974 à 158 % en 2015

Un "étrange désastre", en effet, qui a consisté à fabriquer constamment pendant 40 ans des emplois publics (+2,1 m), des travailleurs précaires (+3,2 m) et des chômeurs (+5,3 m)"".

En quarante ans, la France a réussi à mettre au chômage ou dans la fonction publique l’essentiel de sa nouvelle population. Un échec économique impressionnant. En 1997 nous écrivions :

« Le gonflement absurde des effectifs publics s’est accompagné en France du délabrement de plus en plus complet des services publics. La justice est à genoux. L’Éducation nationale est en pleine déroute. Nos services diplomatiques extérieurs, notamment culturels, s’écroulent. Le secteur médical se clochardise et devient de plus en plus malthusien. La police n’arrive plus à faire face. Nos armées s’ajustent aux baisses de budget continuelles et ne fonctionnent qu’avec des bouts de ficelles ».

C’était juste avant le plein effet des 35 heures qui a tout aggravé et avant la récession de 2001. Lorsqu’on faisait ce constat, le forum du journal Le Monde s’animait de centaines de réponses injurieuses. Aujourd’hui, qui ose nier que nos services publics sont dans une extrême difficulté ? Nous avons simultanément encalminé notre secteur marchand et abîmé nos services publics, jusqu’au point où le revenu par tête baisse continuellement et que le bateau national tangue dangereusement.

L’explosion de l’économie baudruche internationale, en 2007-2008, a laminé un pays qui était préalablement en grave difficulté. Le désir de la nomenklatura publique française et européenne de sortir des conséquences de cette crise par la fuite en avant monétaire et surtout par l’impôt, alors que la France connaissait une fiscalité hors norme et hyperconcentrée, a fini le travail. La France est exsangue. Les « riches » sont partis. Le pays a explosé en groupes querelleurs. La déprime nationale est à son comble.

Évidemment, on peut toujours affirmer que ces propos sentent à plein nez le « déclinisme nauséabond », que la France est riche de toutes ses énergies et que la sortie de crise est « round the corner ». D’ailleurs, tout ne va-t-il pas mieux, en dépit des propos « irresponsables » du FMI qui souligne que les banques centrales sont presque au bout de leurs pouvoirs et que rien n’est réellement reparti de façon équilibrée et dynamique ?

Avant même d’en tirer des conséquences électorales pour 2017, la grande question, est : la faute à qui ?

Une première explication est d’en faire la faillite d’une génération, la génération des soixante-huitards.

Une seconde est d’affirmer que l’Enarchie compassionnelle qui s’est mise en place au début des années soixante-dix a consciencieusement ruiné le pays.

Une troisième est de remarquer que ce sont les crises à répétition qui ont fait le maximum de dégâts et que la réaction socialisante qui a suivi chaque récession a aggravé tout ce qui pouvait l’être.

Évidemment, on peut combiner les trois explications.

Parler d’une génération coupable est à la fois tentant et délicat. Cela revient à dire que les Français sont responsables, en tout cas une partie majoritaire d’entre eux. Que mai 1968, son gauchisme invétéré, sa dénonciation perpétuelle de la bourgeoisie, son refus des réalités, son mépris du « beauf » français réduits à la condition de vil collabo, de sale colonialiste, de persécuteur de juifs, d’esclavagiste récurrent, de raciste anti-noir, d’islamophobe, de xénophobe, sa détestation du capitalisme et de la consommation, n’aient pas été un cadre motivant de conquête économique, c’est plus que clair. L’idéologie dominante a été constamment marquée par la dénonciation de l’argent, de la réussite, de la connivence entre riches et pouvoir,… L’apparition du bobo urbain, friqué, fonctionnaire, apparatchik ou communiquant, ne marquait pas vraiment une ambition économique tournée vers l’activité marchande. Beaucoup d’autochtones français se sont tournés là où le système scolaire leur montrait le chemin : vers les emplois publics, laissant le travail artisanal et industriel aux populations immigrées. Pas de formation manuelle ni d’apprentissage pour nos enfants ! Tous des demi-intellectuels dans des postes protégés !

Le symbole de cette génération est sans doute le très brillant Michel Le Bris, pur exemple de la force ascensionnelle de l’ancienne école, qui, au sortir d’HEC se lance un temps dans la Cause du Peuple jusqu’à la case prison, renonce à une carrière d’écrivain et monte une petite affaire familiale sympathique (l’organisation du festival des « étonnants voyageurs ») mais avec une subvention de près d’un million d’euros chaque année. Il en est à faire du chantage à la ville de Saint Malo pour conserver ses subsides et le travail de sa fille. Lui qui dégoisait ad infinitum sur ces salauds d’héritiers, ces fils de bourgeois qui bénéficiaient honteusement des apports familiaux se retrouve en pater familias soucieux de l’avenir de son héritière de fille à la tête du festival en sécurisant par tout moyen les dotations d’argent public ! La révolution mène à tout.

Pour ceux qui ne sont pas dans les fonctions publiques et leurs bordures, combien, comme lui, vivent à cheval sur un cocktail de recettes privées (modestes) et de recettes publiques (massives) ? La régionalisation a été la source principale, avec le développement des organisations non gouvernementales et le culturel subventionné (merci Djack !), de l’emploi gris, semi-public et semi-privé. C’est plus de 2.5 millions d‘emplois qui ont été ainsi créés, entièrement entre les mains des politiques et dépendant des impôts. Sans parler des intermittents du spectacle !

Comment s’étonner que, sur un fond culturel de cette nature, les Français aient disparu de la bagarre pour les nouveaux marchés ? Les grands projets publics ont tous fini par un désastre, du plan calcul, au Concorde, de la téléphonie au nucléaire. Et il n’y a plus d’entreprises françaises dans la plupart des nouvelles technologies. Notre industrie a fondu en quarante ans. Nous étions de toutes les innovations : cinéma, aviation, publicité, pharmacie, grande distribution. En perdant l’électronique, l’informatique, le numérique après la mécanique et la chimie, nous nous sommes coupés du dynamisme des marchés de production.

« Les faits sont fascistes » déclamait un imbécile à l’Odéon en 68. Les Nuits Debout déclarent le « Rêve général », au milieu de violences aussi gratuites que répétées alors qu’on est en régime d’état d’urgence. L’Odéon est à nouveau occupé. Ce n’est pas une parenthèse qui s’ouvre, comme en 68, mais une parenthèse qui se ferme. Le communisme a disparu. Le trotskisme, dont la France était le dernier repaire, disparaît à son tour dans d’ultimes sursauts. Et il ne reste pas grand-chose du socialisme après la chute de l’URSS dans le monde et encore moins en France, après Jospin et Hollande.

Le repliement des « Français de souche » vers la sécurité et la tranquillité, encouragé par le système scolaire et les intellectuels subventionnés, tout en laissant le secteur du travail dur et exposé pour l’essentiel aux immigrés européens ou venus du monde entier, a indiscutablement pesé sociologiquement et politiquement. Le résultat a été un remplacement de population non seulement dans des banlieues au chômage et laissées à la délinquance, mais surtout dans le reliquat du système productif. La France qui travaille dans le privé est de plus en plus « colorée ». Inutile de chercher ailleurs les raisons de la montée d’un Front national nouvelle manière qui est à la recherche de la clientèle des « petits blancs du secteur public et parapublic » et des ouvriers prolétarisés de l’industrie auxquels l'immigration fait concurrence. La tentative, à gauche, de s’annexer l’immigration (voire Terra nova) avait les mêmes motivations sociologiques.

La droite a été prise au dépourvu par cette évolution qu'elle n'a ni vue ni comprise. Elle ne sait plus très bien où est sa clientèle électorale et hésite entre la tentative de reconquérir les électeurs du Front National (Sarkozy, Buisson, Vauquiez) ou celle des bobos (NKM, Juppé, Raffarin).

Dans les grands centres, l’entreprise vit en symbiose avec les immigrés de la seconde et troisième génération et, à l’extérieur, avec des marchés mondialisés. Elle est prise en ciseau entre la droite anti-immigration et la gauche anticapitaliste, avec en prime les contraintes d'un marché unique européen ouvert à tous les vents.

Mai 1968 a conduit à une impasse politique et sociologique totale, avec une économie marchande supposée triomphante mais en fait laissée à un quasi-abandon. Comme le dit un ancien Ministre des Affaires étrangères : « il serait temps de passer par une phase de lucidité ». Aussi horrible que l’idée peut sembler à une partie de la population, le redressement économique de la France passe par la réconciliation des Français issus d’un peuplement ancien avec les Français issus de l’immigration récente, et la réconciliation du système scolaire et culturel avec l’entreprise et le travail professionnel, tout en cantonnant les fonctionnaires au régalien. Ce n’est pas gagné, compte tenu du rejet général d’un islam redevenu revendicateur et violent, et du poids démesuré d’un secteur culturel, scolaire, universitaire, médiatique et politique intellectuellement et socialement aux abois mais soucieux de conserver ses sinécures de plus en plus violemment. La « déradicalisation » à opérer doit être tous azimuts.

C’est justement parce que la majorité des Français ne se reconnaît plus dans ces hystéries, que la rupture générationnelle des mentalités est en train de s’opérer. Mai 1968, c’est bien fini ! La demande de renouvellement des têtes illustre largement sur ce constat. « On ne recommence pas comme avant ; il faut d’autres têtes et d’autres mentalités au pouvoir ».

Évidemment, les tenants de l’ancien mode de pensée dominant ne lâcheront pas le morceau aussi facilement. On le voit avec le questionnaire qui fait la joie actuelle des médias : les Français croient à la lutte des classes ! Marx est de nouveau populaire en France ! Le succès du libre de Picketty sur le capital est un autre symbole de cette renaissance marxiste. Les mêmes sondages montrent que les Français sont heureux dans la même proportion dans leur entreprise. Contradiction ? Carlos Ghosn, le double PDG de Nissan et Renault se verse un double salaire : il est aussitôt qualifié d'« indécent », comme les revenus des joueurs de football et autres triomphateurs de l'économie du spectacle et de la publicité. Le thème de l’inégalité qui monte est commenté inlassablement, avec illustration des caprices des super-riches etc. On attise la haine sociale avec un plaisir évident. La lutte des classes veut dire qu’il va falloir singulariser un ennemi de classe et le réduire à quia. « Les salauds au sens sartrien du terme » vont bientôt être de retour.

En France la seule inégalité qui monte est celle entre les chômeurs et les Français protégés par une rente publique. Les riches sont partis ou ont été appauvris. Le rendement des hautes tranches du revenu est en baisse de plus 40 % depuis 2012. La classe ouvrière, elle, a fondu. La lutte des classes n’est plus entre patrons et salariés. La compétition entre les populations pauvres du monde qui émergent au développement et les producteurs mieux pourvus de l’Occident, elle, est en pleine effervescence.

Considérer que l’avenir de la France qui s’est mise dans un corner économique largement de son fait et des mentalités devenues dominantes, est de stimuler l’affrontement entre ce qui reste d’entrepreneurs et de salariés, est le genre de folie collective qui fait douter de l’avenir du pays.

On ne saurait minimiser l’impact de la psychologue collective et des évolutions sociologiques sur l'état du pays. Il nous semble cependant que d’autres facteurs ont joué de façon plus directe.

L’explication par la « défaillance des élites » est celle qui tient le haut du pavé médiatique. Elle évite de se poser les questions que nous venons de rappeler. Se défouler sur un bouc émissaire est agréable, surtout quand on ne définit jamais « les élites » ni la nature de leur trahison, ce qui est bien pratique.

L’Enarchie Compassionnelle, comme nous préférons appeler la classe dirigeante française, s’est mise en place en France à partir de 1974 avec l’arrivée de Giscard et de Chirac aux commandes. Elle ne l’a plus jamais quittée depuis, en dépit de l’élection de F. Mitterrand en 1981 et de N. Sarkozy en 2007. Elle règne par la fusion entre le domaine de l’administration et celui de la politique. Les fonctionnaires ont conquis la sphère démocratique et votent les lois qui les concernent. Les hauts fonctionnaires ont un pouvoir total parce qu’il n’est plus contraint par les dirigeants politiques censés représenter l'ensemble du pays : ce sont globalement les mêmes. Le haut fonctionnaire en France se croit dirigeant politique de droit divin, parce qu’il n’est pas vulgairement intéressé comme les vils mercantis. Il se croit chargé "d’arbitrer la société ". Il en est résulté un interventionnisme pointilleux dans toutes les relations civiles, avec volonté d’empêcher le fort et de valoriser le faible tout en arrosant les conflits de subventions et de réglementations tatillonnes. Pour cela, il fallait des impôts encore des impôts et toujours des impôts. Après quarante de ce régime la France étouffe sous les réglementations et les Français sont étranglés par une fiscalité invasive, généralisée, complexe et spoliatrice. Préférence pour le chômage, soumission aux syndicats, accompagnement de tous les « politiquement corrects » voilà quel est l’oxygène de la haute fonction publique depuis le club Jean Moulin.

La soumission aux Etats-Unis et à l’Union européenne est une obligation intégrée par la haute fonction publique, quelles que soient les conséquences. De nombreux postes bien rémunérés et défiscalisés sont à la clef. Se heurter à la toute-puissance américaine et ne pas crier Europe, Europe, Europe comme un cabri ne peuvent que ruiner les plus belles espérances. Fuir les grandes responsabilités et les concéder à l'étranger est la garantie de ne pas être pris dans un détestable maelström. Il y a une fainéantise et une fuite devant les responsabilités proverbiales au sein de la haute fonction publique, qui se sent des droits mais aucuns devoirs.

La politique ayant permis de drainer beaucoup d’argent, surtout depuis la régionalisation, cumuler politique et carrière administrative est à la fois rémunérateur, valorisant et sans aucun risque. Comme la haute fonction publique coiffe les grandes entreprises et la banque, elle tient aussi les médias. La majorité des médias chantent donc en permanence la gloire de notre fonction publique "que le monde nous envie" et masque allègrement le déchet productif et social que cette domination sociale implique.

Devant le désastre devenu patent de nos résultats économiques, le climat change. Pas un jour sans la dénonciation des élites administratives et politiques françaises. On la retrouve aussi bien dans le livre sur le redressement du Crédit Lyonnais, le dernier exemplaire de Marianne, moult articles dans Le Monde et le Figaro. Les Français croient toujours que les Hauts fonctionnaires sont les mieux formés aux affaires publiques et tout candidat « de la société civile » (traduisez : non-fonctionnaire), part avec un immense handicap. Les élections présidentielles de 1917 sont bien parties pour voir s’affronter le FN de Marine Le Pen sous influence de l’énarque Philippot, les Républicains représentés par l’énarque Juppé, le symbole même de l’espèce, et le PS toujours avec l’énarque Hollande à sa tête.

Le bavardage anti-élite est juste un défoulement. Bien que la séparation de la haute fonction publique et de la politique soit absolument indispensable, pour restaurer une nation souveraine, une société prospère et des individus plus libres et plus autonomes, ce changement radical est encore largement illusoire. Le verrou et solide.

Il n’en reste pas moins que la responsabilité de l’énarchie compassionnelle dans l’état de la France est majeure. Les remèdes sont faciles : deux articles dans la Constitution.

- N nul ne peut être élu dans une assemblée qui décide de ses conditions d’emploi ;

- Nul ne peut recevoir deux rémunérations de l’Etat.

Vous réservez un statut aux seuls fonctionnaires de catégorie A et vous fusionnez la pléthore des sous statuts actuels pour permettre la plus grande fluidité dans les carrières. Les reins de l’Enarchie compassionnelle seront brisés en un instant. Et cela ne sera que justice.

Reste une dernière cause : les crises à répétition et de plus en plus grave, avec baisse tendancielle de la croissance et montée d’un endettement global catastrophique. Pour nous, c’est le vecteur majeur de la déréliction française. Les crises ont poussé les Français à rechercher en masse la sécurité du secteur public, et la garantie de l’argent public, quitte à sacrifier les faibles (immigrés, jeunes, vieux et femmes). On a abouti au taux d’emploi quasiment le plus faible du monde développé. Un rapport récent illustre bien cet aspect délirant de la situation française que nous dénonçons continûment depuis près de 30 ans maintenant. Il aura fallu attendre ce temps et un organisme international, pour que le fait surgisse enfin dans le débat (et disparaisse en 15 minutes). Rappelons qu’il manque 5 à 10 millions d’emplois dans le secteur marchand français : un handicap intolérable !

Après chaque crise la pression fiscale a monté, sans jamais vraiment baisser pendant les phases de haute conjoncture. Le phénomène n’a pas empêché le développement d’une dette publique insoutenable et d’une dette privée irrécupérable.

Surtout la gravité croissante des crises a permis aux socialistes d'exploiter les mécontentements et de prendre le pouvoir. Ils ont tout aggravé à chaque fois. Le Programme Commun de Gouvernement socialo communiste, une singularité qui fait encore rire dans les cours d'économie politique partout dans le monde sauf en France, a bloqué définitivement le rattrapage en cours à ce moment-là du niveau de vie américain par les Français. Les folies Rocard ont ruiné l'économie et l’Etat. Celles de Jospin ont tué la compétitivité française. Les folies fiscales de début de mandat de Hollande ont aggravé la situation jusqu'à la limite de l'irréversibilité. La France a besoin de sortir définitivement du socialisme, mais elle ne pourra le faire que si le capitalisme international est profondément réformé pour éviter les crises à répétition qui l’aident à venir au pouvoir bien que le socialisme soit fondamentalement minoritaire.

Abandon de la mentalité soixante-huitarde, séparation du politique et de la haute administration, réforme du système monétaire international et de la gouvernance de la zone Euro, sont les conditions pour que les quarante ans qui viennent soient l’occasion d’un réel redressement. Toucher les mentalités, les structures et la gouvernance est un effort surhumain. La probabilité est plutôt que la France continue sa sortie de l’histoire, dans le dolorisme amer et les faux-semblants. Ou sombre carrément dans le chaos.

L’exemple des pays arabes, du Venezuela, de la Grèce, du Zimbabwe, de l'Espagne, montre qu’un peuple qui lâche prise tombe extrêmement bas. En cas d’effondrement, la situation devient paradoxale : ceux qui auront tenté de se protéger dans le giron de l’argent public seront les victimes les plus touchées. Quand il n’y a plus d’argent, il n’y a plus de secteur public. C’est toute la cohorte des cultureux subventionnés, des fonctionnaires, des employés des associations qui trinqueront les premiers. Et le plus gravement. Et avec toute leur parentèle.

Le fond du défi français est d’arriver à convaincre ces groupes qu’ils sont tellement menacés qu’ils ont intérêt à changer de cap, même s’il leur en coûte un doigt. La stratégie de Hollande-Macron est de les convaincre que les concessions au privé permettront de les sauver et que, sans elle, ils sauteront. Mais que le PS est leur ami et que nul ne veillera plus à leur avenir. Une fusion avec Juppé et NKM les réjouirait. On « changerait pour que rien ne change ». La « recomposition » politique en France est une idée qui séduit la base sociologique qui a cherché le salut sous l’égide de l’argent public.

Les nécessités exigeraient plutôt que les Français admettent que le socialisme est minoritaire en France (moins de 20 % des suffrages, toutes tendances confondues) et qu’il convient de s’en débarrasser définitivement, tout en visant à court terme de faire aussi bien que les meilleurs et à moyen terme d’obtenir les réformes nécessaires en Europe et dans la sphère économique internationale. Cela suppose que le FN ne l’emporte pas sur la droite ou qu’il mette beaucoup d’eau dans son vin raciste pour permettre une convergence de son poids politique avec celui de la droite dite classique. Un certain chemin a été fait sur cette voie. Mais on est loin du compte.

L’idée d’un redressement possible grâce à une vraie politique de rupture, menée par la seule droite dite " de gouvernement", est actuellement incarnée par François Fillon. Certains pensent qu’il lui manque et le gabarit caractériel et les gros bataillons. C’est surtout l’ampleur de son message qu’il lui faut corriger. Il ne peut pas se contenter d’un diagnostic national étriqué. Il faut qu’il porte une vision plus forte aussi bien des causes de l’effondrement français dans les quarante dernières années que des dimensions internationales des réformes à faire.

En tout cas, il est clair que le vrai thème des élections à venir sera celui de l’avenir de la France : que voulons-nous être dans 40 ans ? Sachant que pendant les quarante ans passés nous nous sommes effondrés. La prolongation des tendances du passé nous conduit effectivement à un suicide national caractérisé.

Il ne faut surtout pas revivre les élections de 2012 qui ont été aux limites de la médiocrité et de l’inconscience, avec des pointes d’abjection démagogique parfaitement hideuses. Une partie des forces politiques se battront pour que rien ne bouge : ce sera l’option Juppé Bayrou NKM Valls et Macron, pour simplifier, axé sur la défense du secteur protégé public et parapublic. Une autre, autour de Fillon ou de Lemaire, marquerait qu’on saute dans une nouvelle pratique, appuyée sur une meilleure compréhension sociologique et avec un cap économique solide à l’intérieur et réformateur à l’extérieur.

Il est rare qu’une élection soit réellement décisive. Vu l’échec monstrueux des quarante dernières années, il faudrait que celles de 2017 le soient et dans un sens qui  permette au pays de sortir des rails suicidaires qui le mènentt à l’abîme depuis quarante ans.

Retour sur le chômage structurel en France

La loi El Khomri et les déchaînements qu'elle provoque sont fort instructifs. Nous redonnons ci-dessous l'article de fond sur le pourquoi du chômage structurel de la France, écrit en 2012, juste après l'arrivée de F. Hollande au pouvoir. Il n'y rien à en retirer.

Devant la catastrophe provoquée par sa politique initiale, qui aggravait tout, Hollande a compris qu'il fallait rebrousser chemin. On verra dans les débats actuels beaucoup de références aux idées exprimées dans l'article. Mais il n'a aucune légitimité ni majorité pour mener une politique exactement inverse à celle qu'il avait annoncée.

Nous avions conclu de façon désabusée :

"Nous allons donc consolider le non-emploi en France, sur fond de crise aggravée. Certains croient que la pyramide des âges, marquée par le vieillissement de la population, va nous sauver. Moins de candidats à l'activité, donc plus de chances de trouver du boulot pour ceux qui restent ! C'est exactement l'inverse. Sauvy l'a parfaitement démontré.

Le chômage structurel va donc encore croître et embellir, désagrégeant le tissu social".

Trois ans et demi après, nous y sommes en plein et les syndicats socialistes ainsi que toutes les mouvances "vraiment socialistes"  sont vent debout contre le moignon de réforme proposé par leur chef.

Pour ceux que le chômage structurel intéresse et accessoirement pour les candidats au remplacement de Hollande à la tête de l'Etat, nous nous devons de renvoyer à une lecture complémentaire : celle du livre de Bernard Zimmern "A tout fonctionnaire son chômeur", chez Odilon Media et notamment à sa quatrième partie "La classe dominante" (ISBN 2 84213 027 S). Le livre a été écrit il y a presque 20 ans. Il n'a pas pris une ride. Nous mettons en graphique joint le tableau de l'annexe 8 qui montre la corrélation directe entre effectif de la fonction publique et chômage.

Bernard Zimmern montre qu'un emploi de fonctionnaire de plus créé un chômeur de plus. Ce ratio était un mantra de Raymond Barre dans les années 70. En vérité, avec la crise, et compte tenu du vieillissement de la population française, nous avons déterminé dans notre livre L'étrange désastre, qu'on en était arrivé à un ratio plus près de 2 chômeurs de plus pour une création de poste de fonctionnaires.

La grande question est finalement la suivante : pourquoi les prises de conscience ne sont que si partielles et n'aboutissent finalement à rien ? Nous avons notre réponse "L'Enarchie Compassionnelle", un système oligarchique qui empêche toute réforme et qui dépasse de loin la question socialiste (le socialisme est mort avec la chute de l'URSS et la conversion au capitalisme de la Chine). Bernard Zimmern fait exactement la même analyse avec d'autres mots. Il décrit l'omnipotence d'une nouvelle classe dominante qui appuie son pouvoir sur l'absence de contrôle, le secret et la maîtrise des médias. Il propose de sortir de la bureaucratie oligarchique avec trois séries d'action : réapprendre à la fonction publique à vivre en démocratie, ce qui suppose d'en reprendre le contrôle, et de dégager toute l'activité économique de l'emprise de l'Etat.

Le drame psycho politique socialiste actuel montre qu'il est IMPOSSIBLE de faire conduire une telle politique par des hauts fonctionnaires. Dans la livraison du Point de cette semaine, Franz Olivier Giesbert se livre à une déclaration d'amour totalement débridée à Alain Juppé. S'il avait voulu montrer la dépendance absolue de la presse, même en apparence critique vis-à-vis de l'Enarchie, il n'aurait pas pu faire mieux.

Pour assoir son pouvoir l'Enarchie a besoin de dominer les esprits par la propagande et l'intox. La presse est dans un tel état financier qu'elle ne peut que jouer le jeu. Elle ne survit que par l'argent public. L'esclave lèche constamment la botte du maître. C'est vrai dans la presse écrite, mais plus encore dans les médias radiophoniques et télévisés. Pratiquement toutes les sociétés de presse sont possédées par des milliardaires dépendant directement de l'Etat ou par l'Etat lui-même directement ou indirectement. On peut se moquer de l'Ukraine ou de la Russie.

Il est vrai que les medias ont besoin de l'émotion pour vendre. L'émotion conduit à la l'indignation et appelle l'action de l'Etat. Il suffit d'entendre les sujets serinés dans les radios ce matin même : scandale de non-dénonciation de pédophilie à Lyon, scandale de la retenue d'une enfant envoyée sans droit en France, scandale de la brutalité policière, scandale des armées qui violent en Centrafrique, scandale de la mal Bouffe et de son Héro décédé, scandale des abattoirs, scandales…Avec toujours la même antienne : que fait l'Etat ! Vite plus d'argent, vite plus de réglementations, vite, plus de sanctions

"L'une des grandes fibres qu'aiment à faire jouer les médias : la compassion", écrit Zimmern. Mais oui. C'est pour cela que cette association "classe dominante de fonctionnaire - presse compassionnelle" nous a suggéré le vocable d'Enarchie Compassionnelle. Les journalistes sont presque tous à gauche (et même pour la "vraie gauche") et la presse presque en totalité pour "plus d'Etat", avec glorification permanente de notre glorieux système social français qui est si fragile qu'on ne doit pas y toucher sinon il va s'effondrer.

L'échec de la microtentative de l'énarque Hollande et de ses compagnons de la promotion Voltaire, pour atténuer l'effet d'étouffement de l'économie des mesures qu'eux-mêmes et leurs congénères ont prises et surtout essayer de faire perdurer un système qu'ils dominent, dont ils veulent garder les privilèges insensés et dont ils ont compris qu'il était en train de sombrer, démontre qu'il ne faut pas élire à la tête du pays un nouvel Énarque.

La cote sondagière de Juppé est totalement artificielle. Toute la presse est pour Juppé et matraque qu'il est seul "en position". L'esclave a besoin d'un nouveau maître qui ne mettra pas fin aux subventions et continuera à assurer sa survie. Les instituts de sondage vivent du pouvoir et seulement du pouvoir. Qu'on relise dans le dernier livre du Maître du Puy du Fou, les lignes consacrées à son traitement médiatique et à la manière dont sa cote a évolué dans les sondages. Tout est lumineux dans ces lignes.

Pour l'observateur un peu attentif, il existe un signe de l'aplatissement général de la presse devant l'énarque Juppé, nouvel espoir de l'oligarchie et futur garant des ressources de la presse.

Lorsqu'un journaliste connu s'attaquera aux conditions dans lesquelles Alain Juppé, à l'instar de ses commensaux, a obtenu le niveau de retraite qui est le sien ainsi qu'aux conditions de son revenu et de sa fortune, alors on pourra dire que quelque chose a changé en France.

Qu'on réduise la question à celle-ci : combien de temps Alain Juppé a-t-il travaillé dans son corps administratif. Sa retraite a-t-elle été versée prorata temporis des droits économiques acquis, ou à 100% statutaire ? Combien d'autres retraites cumule-il ? Que seront sa fortune et son revenu à la fin de son mandat présidentiel éventuel ? Est-ce que cette privilégiature est justifiable et doit être conservée ?

Si Juppé est haut dans les sondages ce n'est que parce que les mouches ont changé d'âne et que l'énorme cohorte des fonctionnaires a remis son destin entre ses mains plutôt que dans celle de Hollande et que les médias se chargent de l'avant vente, comme ils se chargeront, un temps de l'après vente. Un temps parce que les conséquences sur le chômage seront telles, faute de mise au pas radicale de l'oligarchie, que l'émotion de la presse sera sollicitée et qu'il faudra promouvoir un autre Juppé.

Et le chômage dans tout cela ? La presse comme l'énarchie compassionnelle s'en moque éperdument.

18 ans après le livre de Zimmern rien n'a changé, sinon une hausse majeure de la précarisation et du chômage qui est au maximum historique. On attend encore 20 ans ?

Ou on casse ce système suicidaire ?

 Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

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Le Chômage structurel en France

http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2012/6/2/Le-chmage-structurel-en-France

Il existe en France un chômage structurel important qui a commencé à s'installer à partir de 1968 et qui a atteint aujourd'hui des proportions gigantesques.

Si on regarde le cycle économique de 8-10 ans, on s'aperçoit que désormais, en phase haute, on ne parvient pas à descendre au-dessous de 7 % de chômage (définis en termes officiels). En phase de récession on monte à 10 %. En un mot les taux de croissance les meilleurs ne permettent pas de baisser de plus de trois points le chômage. Les catégories au chômage sont toujours les mêmes : les faibles (jeunes, vieux, immigrés, femmes).

Autre regard sur la même réalité, le nombre de salariés dans l'économie française se situe entre 15 et 16 millions selon les statistiques et les définitions. Pour une population de 65 millions d'habitants nous devrions, aux taux usuels rencontrés dans les pays comparables, en avoir entre 22 et 27 millions. Il nous manque donc structurellement entre 5 et 10 millions d'emplois salariés.

Dernier regard sur la même réalité, on constate qu'il y a en France environ 7 millions de personnes en âge de travailler qui vivent en général dans la pauvreté aux marges du système, le plus souvent aux crochets de l'état.

Cette situation est évidemment dramatique et explique en partie le poids de la dépense publique, de la dette, des déficits extérieurs, etc.

Quelles sont les explications possibles de ce chômage structurel ?

1. La préférence pour le non-travail et le travail public

- La préférence pour le non-travail

Bien que l'habituelle compassion explique que le chômage est toujours subi, il est tout à fait clair que la décision de travailler ou non est largement rationalisée par les ménages concernés. On l'a vu avec l'échec du RSA. Différentes populations préfèrent une vie certes modeste mais sans travail, plutôt que les risques et peines d'une situation où l'on travaille sans gagner plus et en perdant divers avantages. On évoque des ménages étrangers qui viennent pour les allocations diverses : ils gagnent généralement plus à ne rien faire en France qu'à travailler dans leur pays. Mais la majorité des ménages qui font ce calcul sont bien français. Une des catégories les plus importantes est formée par les femmes isolées avec enfants qui s'installent dans une vie presque entièrement subventionnée sans chercher de travail sinon au noir.

À l'autre bout de l'échelle on trouve des ménages qui font le choix temporaire de la non-activité en profitant des allocations reçues. Il est devenu très rentable en France de se faire licencier avec des fortes indemnités, qui jusque récemment n'étaient même pas considérées comme des revenus dont non soumises à impôt. On voit donc des cadres même supérieurs, même surdiplômés, même dans des âges de pleine activité, se mettre en année sabbatique payée par les indemnités pour une voire deux années.

- La préférence pour l'emploi public

C'est devenu depuis la crise de 74 la tare française. L'essentiel des gros bataillons de l'université cherche son salut dans l'emploi public. Le clientélisme régional et le népotisme jouent dans le même sens dans les provinces. Le député, le conseiller général, le conseiller régional, le maire sont devenus les pourvoyeurs d'emplois locaux où l'on travaille peu pour des rémunérations plus que sérieuses. On sait qu'à Paris les fonctionnaires travaillent environ un jour ouvrable sur deux et qu'on peut se poser des questions sur la réalité de ce travail. Quand on est 50 000 à faire un travail qui n'exigerait pas plus de 15 000 emplois, on ne se foule pas trop. Mais le jardinier municipal de Toulouse n'est pas non plus cassé par un travail excessif. Surtout quand la chasse est ouverte ou quand il faut aller aux champignons.

Cette préférence est symbolisée par le nombre des candidats, et leur niveau, qui concourent aux examens pour certains postes publics. L'ampleur des candidatures pour être postier, avec de nombreux bac +4 ou 5, en témoigne. On forme jusqu'à 25 ans et à grands frais des gens dont l'aspiration est de porter des lettres de boîte en boîte. Du temps de "jour de fête", c'était l'idiot du village qu'on mettait à ce travail par compassion. Maintenant à moins d'une maîtrise de psychologie, il n'y a rien à faire pour avoir le poste !

Une règle de pouce veut qu'un emploi public tue deux emplois privés. Il faut évidemment le financer et qui paie sinon in fine le système non public ? Le secteur public ne se nourrit pas en autarcie.

Le résultat est connu : nous avons un secteur public totalement disproportionné qui consomme une part déraisonnable de nos ressources. La régionalisation a de plus permis un empilement de doublons administratifs sans limite. Près de deux millions d'emplois publics ont été créés depuis 1974 quand on tient compte des postes dans les associations directement subventionnées par les politiques. En même temps l'emploi marchand a quasi stagné.

 

2. Le SMIC et la surfiscalité

- Le SMIC et les coups de pouce

Nous renvoyons aux autres articles que nous avons écrits sur ce blog sur la question du SMIC. Un salaire minimum n'est pas en soi une catastrophe. S'il a pour but la protection contre certaines formes de prédations, il est même indispensable. La France avait mis en place, sous l'influence de la droite, un salaire minimum garanti, qui était indexé sur l'inflation et régionalisé. Ce système ne posait pas de problème. En maintenant un avantage de compétitivité il favorisait la décentralisation. Et l'abus restait sous contrôle avec une borne suivant l'inflation. Ce filet de sécurité n'était pas le plus important. Ce sont les accords de branche qui fixaient, en fonction des réalités du terrain, les salaires minima professionnels qui étaient réajustés par négociation en cas d'accord général des parties prenantes.

Le drame viendra du changement de philosophie : le salaire minimum ne devait plus être simplement une sécurité mais un moyen de politique de revenu et un élément majeur de l'énarchie compassionnelle et de la démagogie politique avec les célèbres "coups de pouces". La droite, car c'est toujours la droite qui a été à la manœuvre dans ces affaires, a alors pris toute une série de mesures dramatiques pour l'emploi. L'indexation n'a plus été faite sur les prix mais sur la croissance. Le salaire minimal est devenu national. Chaque élection a été l'occasion d'un cadeau national aux salariés. Du coup près du tiers des salariés du privé se sont retrouvés au SMIC ! Toute la hiérarchie des salaires s'est trouvée écrasée. Les conventions collectives se sont trouvées déclassées, les salaires conventionnels traînant très loin en dessous des valeurs du SMIC. Le dialogue social sur les salaires a disparu. "Tous smicards", tel était le slogan vécu par les salariés.

L'ennui c'est que le salaire étant l'assiette de très forts prélèvements, le salaire net du smicard était accompagné d'un coût du même montant en charges. Le "double fiscal du salarié français" coûtait aussi cher que le travailleur.

Pour le politique c'était tout bénéfice : il passait pour un gentil et "achetait" le vote des petits salariés. Dans le même temps il réduisait les déficits de la sécurité sociale et engrangeait des ressources fiscales.

Le coup de ciseau sur l'emploi était phénoménal. Pendant trente ans, jusqu'à la détaxation partielle des bas salaires, cette machine à créer du chômage structurel a fonctionné à plein régime.

 

- L'hyper fiscalité

Nous venons de voir que l'emploi salarié était, de tradition en France, surtaxé. La France ruinée par la guerre ne pouvait prélever que sur la richesse en train de se faire. Elle a pris l'argent à la source : sur l'entreprise.

Tant que le prélèvement global est resté à 30-35 % du PIB, l'effet sur l'emploi n'était pas trop grave. Mais nous sommes passés après le septennat fiscal de Giscard et après le programme commun de gouvernement socialo communiste à 45 % du PIB. L'énormité de ce prélèvement, compte tenu de sa concentration sur l'entreprise et l'entrepreneur, a rendu impossible toute politique de développement économique et réduit comme une peau de chagrin les capacités d'emplois nouveaux.

Compte tenu de son coût le poste de travail devait désormais être fabuleusement productif pour se justifier.

Et l'entrepreneur avait de moins en moins de ressources disponibles pour son entreprise.

Le capitalisme français était devenu un capitalisme sans capitaux et sans emploi. Inutile d'aller très loin pour comprendre pourquoi il manque 5 à 10 millions d'emplois salariés en France et que nous n'avons pas de Mittelstand à l'allemande, un réseau serré de grosses PME de 500 à 5 000 emplois. Et oublions les PME exportatrices.

 

5. La surprotection de l'emploi salarié et les 35 heures

Une des curiosités françaises est le goût pour le salarié, objet de toutes les tendresses alors que le travailleur indépendant est laissé à la dureté des conditions. L'idée, grotesque, que le salarié est dans une situation de domination et doit grâce à la puissance publique se dégager de ce servage par des mesures outrancières de protection a fait des ravages. Au lieu que l'entreprise soit un lieu de contrat libre, entre un employeur disposant temporairement d'un emploi possible et d'un employé désireux de le satisfaire pour la durée possible, c'est devenu un enfer où tout engagement vaudrait à vie sauf indemnisation délirante, étant bien entendu que le salarié aurait toujours raison et ne pourrait pas être réellement commandé, sous peine de risquer la prison pour harcèlement moral.  

La situation est d'autant plus grotesque que l'emploi est concentré pour les raisons dites plus haut sur la qualification, seule condition de la compétitivité, et que le drame des entrepreneurs a toujours été et reste de trouver des collaborateurs compétents et motivés, alors que les talents ont tendance à sauter d'une entreprise à l'autre. La mondialisation a aggravé le phénomène, la compétition pour les talents devenant mondiale.

Un chef d'entreprise aujourd'hui n'est pas un garde-chiourme s'appuyant sur des porions pour exercer d'abusives pressions sur de malheureux esclaves. Il remet sans arrêt sur le métier la composition d'une équipe gagnante sur des marchés en hyperconcurrence.

Les tracasseries administratives et sociales sans limites qui accablent l'entreprise ont eu immédiatement un effet pervers : la fin des CDI ! Les contrats à durée indéterminée ont rétréci au profit des solutions temporaires : CDD, intérim, faux stagiaires, travail au noir etc.

Quand l'emploi est laissé à l'appréciation des fonctionnaires-juges, il n'y a plus de politique de l'emploi, mais un sauve-qui-peut général.

Du coup on retrouve à la marge des conditions d'exploitation exécrables, l'absence d'emplois conduisant les candidats au travail à accepter l'inacceptable. Qui ne connaît des stagiaires (le stage est devenu obligatoire dans le cursus universitaire, fournissant une masse de candidats) travaillant 12 heures par jours et sollicités sous peine d'exclusion de venir travailler gratuitement la nuit, le samedi, le dimanche et les jours fériés ? Certaines entreprises ont ainsi créé des parcs à stagiaires corvéables à merci faisant du travail à bas prix à la place d'emplois normaux. Quel progrès ! Ne parlons pas des parcs à intérimaires etc.

Sur les 35 heures, mesure dramatique et dont nous ne cessons de payer le prix, nous ne reviendrons pas ici. Tout est dit et connu.

Encore bravo à tous ceux qui ont conduit ses politiques ! Le non-emploi a gagné : le manque à gagner en création d'emplois se compte par millions, pas par dizaines. Mais les manques à gagner ne se voient pas et sont donc hors du champ médiatique et politique.

 

4. Les conséquences d'une mondialisation sans écluses

L'ouverture totale à la concurrence des pays à bas salaire qui a été le credo invincible des européistes depuis 1973 a été particulièrement problématique pour la France dont la fiscalité pesait majoritairement sur les entreprises. Elle s'est retrouvée sans possibilité de combattre à armes égales avec les autres.

Ajoutons les contraintes d'un Euro globalement flottant et néanmoins globalement surévalué et le drame de l'emploi français est noué.

Il nous reste un quarteron d'entreprises internationales qui font l'essentiel de leurs bénéfices à l'étranger, avec des rémunérations folles pour leurs dirigeants. Et une cohorte éparse d'entreprises étranglées, globalement sans trésorerie, avec des taux de marges très faibles, harassées par les normes, les contraintes, les réglementations, les surprotections, dont les propriétaires sont accablés d'impôts qui les forcent à vendre leurs biens et à ne pas investir, alors que la crise les ruine et que le crédit devient impossible.

Alors les usines ferment les unes après les autres. Le patrimoine français passe aux mains de l'étranger.

Le Français, né malin applaudit des deux mains et crie vive l'impôt ! non à l'entreprise privée ! vive l'état ! vive les postes de fonctionnaires !

La France, elle, crève.

 

Peut-on hiérarchiser les causes du non-emploi massif que connaît la France avec ce manque à gagner colossal de 5 à 10 millions d'emplois marchands ?

On l'a vu. Toutes ces causes se combinent pour créer un chômage structurel que même la croissance ne pourrait entamer sérieusement.

Pour le réduire il faudrait donc frapper tous azimuts et simultanément.

- Il faut revenir à une notion de salaire minimum de protection négocié par branche et hors des pattes des énarques qui nous gouvernent. La politique salariale doit être laissée à la libre négociation entre les partenaires sociaux sans intervention de l'état.

- Il faut revenir à une notion de l'emploi très simple : l'entreprise ne doit que le salaire du salarié tant qu'elle peut l'employer. Les indemnités de licenciement, qui sont une aide sociale au reclassement, doivent être fixées nationalement à trois mois indépendamment de toute autre considération. Si l'entreprise veut aller plus loin pour finaliser une sorte de "golden hello" propre à fidéliser les talents qu'elle emploie, c'est son choix et cela doit rester à la libre appréciation des parties.   

- Il faut indemniser le chômage de façon temporaire et non pas pérenniser les aides permanentes au non-emploi.

- Il faut transférer sur la consommation l'essentiel des charges qui pèsent sur l'emploi

- Il faut réduire la part du secteur non marchand dans l'emploi et donc impôts et dettes.

- Il faut revenir aux quarante heures, ne pas hésiter pour une retraite par points à 67 ans et laisser le reste aux discussions au sein de l'entreprise.

- Il faut un tarif extérieur commun intelligent aux frontières de l'Europe

- Il faut un Euro compétitif.

- Il faut réduire massivement l'état (central et région) et les institutions de sécurité sociale. Faisons baisser les besoins de financement public qui capturent l'essentiel des ressources du pays et le forcent à vendre ses actifs à l'étranger.

- Il faut arrêter la gestion par des normes absurdes qui, comme dans le cas de la poule pondeuse, conduise à casser l'emploi pour rien de sérieux.

Diverses mesures ont été dans le bon sens ces dix dernières années. Mais il y en a eu si peu et si timides !

Le nouveau gouvernement arrête toutes les mesures timides prises par le gouvernement précédent ou en prend leur contre-pied (retour sur la retraite à 62 ans, fin de la RGPP, recrutement massif dans l'éducation nationale etc.). On accélère la décentralisation. On reparle des coups de pouces "raisonnables" au SMIC. On se lance dans des "ratonnades fiscales" contre les "riches".

Personne n'a honte.

Nous allons donc consolider le non-emploi en France, sur fond de crise aggravée. Certains croient que la pyramide des âges, marquée par le vieillissement de la population, va nous sauver. Moins de candidats à l'activité, donc plus de chances de trouver du boulot pour ceux qui restent ! C'est exactement l'inverse. Sauvy l'a parfaitement démontré.

Le chômage structurel va donc encore croître et embellir, désagrégeant le tissu social.

 



La sortie de crise n'est pas pour tout de suite

"Une trentaine de représentants de haut niveau de pays membres et non-membres du G20 planchent sur les défis que représente la finance internationale à Paris, ce jeudi", annonce le Figaro.

Il y aura du beau monde. Le ministre des Finances britannique ou encore le gouverneur de la Banque centrale chinoise Xiaochuan Zhou… Au total plus d'une trentaine de représentants de pays membres et non-membres du G20 (qui regroupe les vingt principales économies développées et émergentes), ainsi que les principales organisations internationales comme le Fonds monétaire international (FMI)".

Depuis l'abandon des disciplines mises en place à Bretton Woods en juillet 1944, les réunions d'experts n'ont jamais cessé. Elles sont même ritualisées. Réunion des gouverneurs de banque centrale, réunion de Ministres des Finances, réunion des chefs de gouvernement, réunion des chefs d'Etat, aucun niveau n'est épargné par la réunionite. Depuis 1971, il y en a eu des centaines. Et pendant ce temps-là les trois grands malheurs économiques constitutifs de la crise se sont approfondis :

- Baisse décennale continue du trend mondial

- Gravité aggravée des crises périodiques

- Inversion de la courbe de l'endettement global jusqu'à ce qu'elle atteigne des sommets impossibles à maintenir sans drame.

Le nombre de ces réunions comme leur inefficacité est un des phénomènes les plus intéressants et préoccupants de la mondialisation. Il marque que l'appel rituel à un "nouveau Bretton Woods" n'a aujourd'hui plus de sens. C'est Bretton Woods tous les matins !

Quel est le nœud du problème ?

On a déconstruit en 1971 un système de coopération organique pour finalement bâtir en 1976, à Kingston, en Jamaïque, un non-système, traduisant un rapport de force géopolitique et masqué par une ritournelle de progrès basé sur les trois libertés du commerce, des mouvements de capitaux et des mouvements de personnes. À chaque déboire, on rappelle le mantra et on cherche aller encore plus loin dans la déconstruction de tout l'encadrement qui permettrait à ces trois libertés de s'exercer sans drame. Avec, à chaque fois des résultats contraires aux objectifs affichés.

Le monde diplomatique, en matière économique, vit dans une double soumission. Soumission aux Etats-Unis et à ses dépendances comme la Commission de Bruxelles. Soumission à l'idéologie dérivée qui veut que les libertés ne doivent pas être organisées, sinon au profit du plus fort.

Le système mis en place est structurellement non coopératif et la réunionite ne cherche qu'à masquer ce fait en évoquant sans cesse et la nécessité de la coopération et celle de ne jamais mettre en place une canalisation des désordres provoqués par cette coopération purement verbale sur fond de guerre des monnaies.

En matière de développement économique international, il n'y a pas de main invisible heureuse guidant les marchés comme l'Esprit Saint et permettant l'optimisation globale des ressources et des investissements.

On n'est pas en face d'individus mais d’États qui désormais ont en main l'essentiel des ressources. Les monnaies ne sont plus des biens tangibles extérieurs aux Etats mais des abstractions gérées par des administrations.

Les Etats ont des objectifs. Les superpuissances, des objectifs géostratégiques mondiaux. La destruction des accords de Bretton Woods a permis aux Etats Unis de gagner la guerre froide contre l'URSS. "Ce n'est pas Philippe qui a gagné la guerre mais l'or de Philippe" dit-on d'une guerre contemporaine de la création des monnaies. La monnaie est historiquement l'enfant bâtard du sabre et du goupillon. Bretton Woods avait été une tentative partielle de sortir de cette logique en disant aux Etats : vous n'êtes pas seuls au monde et votre monnaie est aussi notre problème. Elle doit être sortie de l'arsenal des conflits entre Etats.

Les monnaies ont été mises au râtelier et la surveillance du râtelier accordée au FMI.

Ce qui s'est passé en 1971, c'est tout simplement l'ouverture du râtelier et l'autorisation donnée à chacun de faire ce qu'il pouvait faire des armes. Et que le meilleur gagne.

Comme on ne pouvait pas le dire comme cela, on a baigné le retour à la non-coopération structurelle dans un pathos hyperlibéral faisant fi du fait que les libertés s'organisent, surtout lorsqu'elles concernent des mouvements transnationaux. Une des conséquences a été l'affaiblissement structurel du FMI et la montée en puissance des banques centrales dont on sait qu'elles sont en fait impuissantes à arbitrer des conflits géostratégiques. Comme nous le répétons sans cesse, les banques centrales ne savent régler, comme les psychanalystes, que les problèmes qu'elles ont elles-mêmes créés. Elles sont un faux-semblant et on voit bien qu'elles ne peuvent que s'engager dans une politique d'expédients de plus en plus contraires aux principes affichés. L'échec du G.20 est également significatif. Son seul résultat a été de mettre au pas la place financière Suisse et d'imposer Fatca à tous, un objectif de la puissance américaine, avec en prime des sanctions délirantes contre les banques européennes, qui sont désormais hors courses dans les grandes opérations de la finance mondiale. En imposant par la force la loi américaine à tout utilisateur du dollar, le gouvernement des Etats unis a levé le masque. "Le dollar est notre monnaie et votre problème" disait Connally, un secrétaire d'Etat américain des années soixante-dix. Nous n'en sommes plus là. Le message subliminal actuel est :" Notre monnaie est notre instrument de puissance internationale et nous voulons vous y soumettre. Notre crainte est le Yuan. Le dollar va nous permettre de mener la guerre contre la Chine. Il nous faut un traité transatlantique pour avoir les mains libres en Extrême Orient. Nous le négocions avec nos féaux à la Commission".

Face à cette brutalité, les réactions ouvertes  sont inexistantes en Europe, devenue un mouton bêlant et qui n'a pas réagi à Fatca, qui s'est soumise humblement face aux exactions contre les banques européennes, et qui négocie le dos courbé le traité transatlantique.

L'Allemagne et le Japon sont des nations soumises au diktat américain sans même la moindre discussion.

On a lu dans le Monde un article d'une douceur angélique du gouverneur de la banque centrale de l'Inde pour évoquer l'idée que peut-être un peu plus de coopération serait nécessaire.

Seule la Chine résiste et on a vu à Shanghaï, comme on le verra aujourd'hui, que certains se cachent derrière la Chine pour tout de même faire un peu changer les choses. 

La réunion d'aujourd'hui sera comme d'habitude un hymne aux masques idéologiques de la domination américaine sans aucune perspective de coopération structurelle. On grattouillera aux marges en regrettant que rien ne marche comme prévu mais sans oser affronter les Etats-Unis bille en tête. Comme ces derniers n'ont pas voulu qu'on les gratouille en profitant de la résistance chinoise, ils n'ont envoyé qu'un sous fifre à la réunion parisienne.

Il ne sera pas facile de faire le bilan de la réunion : il n'y aura pas de communiqué. On saura si le grenouillage de Paris a eu des conséquences lors de la prochaine réunion des chefs d'Etats à Hangzhou, en septembre. les petites manoeuvres ne font pas les grandes décisions.

"Il n'y a pas d'alternative" : il ne peut pas y avoir de collaboration dans un système structurellement non coopératif. Il ne peut pas y avoir de projet commun dans un système de soumission globale, d'échappatoires idéologiques hypocrites ou de petites manoeuvres de couloir. Il ne peut pas y avoir de retour à la prospérité sans explication des causes de la crise sévère qui perturbe le monde depuis 2007.

Nous voyons bien que l'analyse des causes est un exercice quasiment interdit. Le FMI, l'OCDE, le G.20 se sont bien gardés de faire l'exercice. Les Etats se sont tus. Les Etats-Unis ont dit : "voyez, nous,  nous y arrivons ; c'est vous les nuls, quand vous n'êtes pas des gangsters". Et ils ont maintenant sur le dos Trump et Sanders. Le complexe militaro-financiaro-industriel n'a plus la cote. Les citoyens américains ont bien compris qu'ils étaient un simple enjeu de pouvoir et que la politique menée avait certes des avantages pour certains chez eux, mais que les gros bataillons ne s'y retrouvaient pas.

La France est représentée par l'Énarque Sapin, ami du président énarque Hollande, qui, tous deux, ont intégré au plus profond d'eux-mêmes qu'ils n'avaient aucune prise sur rien, sinon leur carrière, et qu'il fallait filer doux en silence, surtout après avoir mis le pays par terre par impéritie militante. La France est dans un tel état qu'elle ne peut plus avoir de diplomatie économique. Le seul mot de France évoque encore aujourd'hui à l'étranger les impôts à 75 % et les 35 heures. Nous sommes un repoussoir ridicule. La réunion aura lieu au milieu de grèves absurdes, vu l'état actuel du pays, avec cette dimension comique des fédérations socialistes de parents d'élèves (dominées à 100 % par des socialistes fonctionnaires), prétendant accompagner leurs doux adolescents menés par la FIDL (dominée à 100 % par des mouvances socialistes d'adultes fonctionnaires ou espérant le devenir) dans la révolte contre des mesures qui ne concernent pas les fonctionnaires.

Ces grèves ont d'ailleurs un sens très précis : "nous allons perdre les élections de 2017 mais nous vous prévenons : le troisième tour "social" vous empêchera d'agir. Comme d'habitude, en dépit de vos postures de Matamor". L'emploi dans tout cela est un prétexte. Avis aux virils candidats aux primaires "de droite et du centre", ou aux candidates virilisées par "une greffe de c…", comme le dit la fofolle NKM, candidate à tout et à rien, dont le dernier livre est absolument vide de la moindre étincelle de réflexion sur les sujets majeurs que nous évoquons ici, comme tous ceux de ses concurrents à l'exception de celui de Fillon qui a compris que l'emprise américaine allait désormais trop loin mais qui n'a pas encore défini une vraie alternative.

En cette veille du premier avril, le poisson est déjà de sortie. Et sa tête montre de vilains signes de putréfaction.

La mondialisation-soumission, et son échec économique de longue durée, l'Europe soumise et ouverte à tout vent, avec son échec économique de moyenne durée, et la France du n'importe quoi qui n'a plus prise sur rien, et recule constamment sur le front économique depuis l'alignement giscardien à la Jamaïque puis les mesures d'étouffement prises par la coalition socialo communiste de 81, aggravées par Jospin puis Hollande, ne forment pas un joli spectacle.

Nous ne sommes pas près de sortir de "la crise" née en 1971.

Du Canard enchaîné au cygne martyrisé

Du Canard enchaîné au cygne martyrisé

Le Canard enchaîné  daté du 23 mars 2016 se livre, par l’entremise de Jean-Luc Porquet, à un exercice que nous pratiquons de temps à autres : aller rechercher dans le passé des attitudes et des positions qui se retrouvent presqu’identiquement de nos jours.

Il déterre un vieil article du 24 mars 1975 publié dans l’Obs sur le thème : « la relance pourquoi faire ? ». L’auteur, André Gorz,  était un auteur intéressant même s’il n’était pas l’intellectuel le plus connu du moment et, dans le cas, il écrivait sous pseudo. L’objet de son ire : condamner l’espoir que la croissance permettrait d’obtenir le plein emploi. « La croissance a abouti à l’impasse ». « L’alternative n’est pas entre la prolongation de la crise présente et le retour de la croissance  destructrice et gaspilleuse du passé. Ce retour est impossible. Faire croire le contraire est pure démagogie ».  Ses solutions : « une transformation de la société à tous les niveaux », la baisse du temps de travail et l’utilisation de techniques écologiques « employant peu de capitaux et beaucoup de main d’œuvre ».

Cet article méritait d’être déterré à plusieurs titres.

Qui a enseigné pendant des décennies s’amusera de l’impossibilité ontologique des intellectuels, des politiques et notamment des jeunes étudiants à considérer que « les problèmes » ne sont pas toujours « modernes », exigeant une « adaptation à des temps nouveaux ».  La contestation de la société de consommation et donc de production a commencé dans les années soixante avec les enfants du baby boom gavés de biens de toute sorte et n’ayant pas connu la faim. On se souvient des prédictions apocalyptiques, début 70,  annonçant la disparition du pétrole dès les années 80 (c’est toujours dix ans après que la catastrophe arrive pour ce genre de prévisionniste).  Le vert qui se portait à droite avant guerre (relire les églogues du Mitterrand de l’époque) est passé à gauche dans les années soixante.  Les philosophes, à l’époque, citant Platon,  étaient en pointe pour exiger une réforme de la société fondée sur le loisir et non sur le travail « qui dégrade ». Si la société ralentissait et se contentait de ce qu’elle avait, en s’organisant comme dans un joyeux phalanstère, le paradis s’installerait sur une terre sauvée de la surexploitation et de la pollution. Déjà les premières analysent mettant en cause le « bougisme » pointait leur nez. On n’imaginait pas des migrations de masses ni des substitutions de population dans le phalanstère. La société était statique et idéalement close sur ses propres solutions. 

Cet article mettra dans l’embarras tous les adeptes du « pas de croissance » dès que sera posée la question suivante : Que se serait-il passé si la croissance avait cessé en 1976 ?   Pas de micro-informatique, par d’internet, pas de téléphones portables, pas de médicaments décisifs, ni les mille face du «progrès » etc. Quand on bloque la croissance, on ne sait pas ce qu’on perd.

Une seconde question s’impose immédiatement après : comment règle-t-on la question de la pauvreté dans le monde sans croissance ? Nous avons certes connu une baisse du trend pendant ces quarante dernières décennies, mais la croissance annuelle a été malgré tout, en moyenne, supérieure à 2% en France sur l’ensemble de la période, entraînant une hausse très importante du niveau de vie. Qui veut revenir à celui de 1976 ? Et la pauvreté dans le monde a beaucoup reculé. Des centaines de millions de personnes en sont sorties.

Ne parlons pas de la fameuse « réorganisation sociale à tous les niveaux ». Personne ne sait mettre un contenu crédible et même simplement acceptable sur cette profession de foi.  

N’insistons pas sur l’idée saugrenue, déjà dénoncée sur ce blog,  que les solutions coûteuses et improductives créent de l’emploi, sottise qu’on entend tous les jours ces derniers temps, y compris dans la bouche des politiques de droite.

Pour nous, la question intéressante est ailleurs. La relance giscardo-chiraquienne de 74 allait se révéler un grave échec.  Il n’a pas été analysé à l’époque et ne le sera pas par les économistes officiels dans les décennies suivantes. Une loi économique nouvelle venait de s’inscrire durement dans les faits  : en système de changes flottants, les relances ne fonctionnent pas et rapidement les gouvernements sont obligés de revenir en arrière pour tenir leurs finances.  Cette loi fondamentale est passée inaperçue. Toutes les relances ultérieures ont connu ce destin partout où elles ont été mises en œuvre. Pas une seule exception. La relance coordonnées et massive de 2008-2009 a mis partout les finances publiques et privées dans une situation intenable. Huit ans après on en est toujours à tenter de faire face par des expédients de plus en plus artificiels.

L’abandon de la réflexion est encore plus grave et fondamental que ça, puisqu’il porte sur la crise de 73- 74 elle-même. On l’a évacuée comme « crise du pétrole » provoquée par le vilain cartel des pays pétroliers. Comme je l’ai démontré, je crois, dans mon livre, l’Etrange Désastre, la crise du pétrole est la fille de la crise économique et non sa mère. 

Comme on ne veut pas voir que la crise est liée à une erreur tragique de gouvernance internationale, on impute ses conséquences à tous les dadas à la mode et on pousse les pions de théories moralisantes,  sociales ou politiques,  qui n’ont aucun rapport explicatif avec « la crise ».

Cette dernière s’aggrave, faute d’un accord général sur le  diagnostic correct et de thérapeutique adaptée. Ces théories deviennent de plus en plus hystériques, à mesure de la croissance du chômage et des difficultés économiques.

C’est là qu’on passe du Canard au cygne. Il faut savoir que les déjections des cygnes sont totalement incompatibles avec les prairies pour vaches. Les paysans suisses ont été confrontés à l’expansion du nombre des cygnes et ont commencé à les chasser de leurs champs. D’où une campagne complètement hystérique de certains écolos helvètes visant à sanctionner les promoteurs de la « shoah des cygnes ». La « reductio ad hitlerum » du producteur de lait dans les alpages, est-ce bien raisonnable ?   On est passé d’une réflexion sur la consommation et l’organisation d’une société frugale  à une guerre émotionnelle de dénonciation de « génocides ».

Quand l’intellect faiblit, la passion occupe tout l’espace. 

« Perseverare cretinissinum » conclut l’article.

D’accord !    Mais les "crétins" ne sont pas nécessairement ceux qu’on croit.

Des chiffres terrifiants mais significatifs

Nous ne cessons d'alerter sur la gravité de la crise économique proprement française. Nous refusons les facilités trompeuses qu'offre l'emploi du PIB pour évaluer la situation. Nous préférons la valeur ajoutée des entreprises du secteur industriel et commercial de plus d’une personne, qui est désormais près de 1 300 milliards d'euros.

L'Insee vient d'en donner une analyse.

"Sur les 3,3 millions d'entreprises (non agricoles et non financières) que compte la France, 3 000 étaient réellement au cœur de l'économie. De fait, elles concentrent 52 % de la valeur ajoutée, 70 % des investissements et 83 % des exportations!

Dans le détail, ce noyau dur d'entreprises réalise une valeur ajoutée de 986 milliards d'euros, « soit plus de la moitié de la valeur ajoutée de l'ensemble de l'économie ». Elles emploient 5,1 millions de salariés. À l'opposé de ces 3 000 entreprises, 3 millions d'entreprises contribuent assez peu à la valeur ajoutée et aux investissements."

L'important est naturellement de tirer les leçons de ces chiffres. Elles sont accablantes.

On ne voit pas comment ces 3 000 entreprises peuvent faire quelque chose de significatif pour les 6 millions de chômeurs. On notera que l'effectif des fonctions publiques est supérieur à leur effectif salarié.

Ce chiffre est à comparer aux départs des familles fortunées, généralement appuyées sur ces grandes entreprises : entre 20 000 et 30.000, selon un décompte (officieux et d'une fiabilité discutable) basée sur l'évaporation des déclarations de revenus supérieures à 100 000 euros.

Le goût français pour la fonction publique, la dépense publique, la dette et les impôts a radicalement tué notre société d'entrepreneurs.

On constatera également le caractère dérisoire des lois Khomry et Macron, qui était déjà notable  pour le CICE et autres fariboles hollandaises.

Il suffit que 20 % des entreprises de ce groupe disparaissent, soit par rachat étranger, soit par faillite, soit par délocalisation, pour que des centaines de milliers d'emplois soient encore perdues, dans le cœur même du réacteur économique. Malgré la reprise européenne de fin de cycle, ridicule par rapport aux autres épisodes du même type ces quarante dernières années, la tendance s'accuse.  

Sur fond de palinodies politiciennes tellement médiocres qu'on ne peut plus parler que de honte nationale.

Inlassablement, depuis 1997, nous rappelons que le nombre de salariés dans un pays comme la France (66 millins d'habitants) devrait être au-dessus de 25 000 000 si on disposait des ratios d'emploi salarié des pays les plus dynamiques. Globalement on nous annonce 16.5 millions fin 2014, dont on voit que le tiers se trouve dans 3 000 entreprises. C'est totalement dérisoire. L'énarchie compassionnelle et l'indigence de la gestion publique depuis les années soixante-dix ont coûté son économie privée à la France.

Rappelons qu'il n'y a pas un seul salarié du secteur marchand privé dans le gouvernement actuel composé uniquement de fonctionnaires et d'apparatchiks politiques.

Nicolas Baverez ajoute à l'endettement public de plus de 2.100 milliards, la dette connue correspondant aux retraites publiques qui est du même ordre. Mais il pourrait se contenter d'ajouter la dette privée et il arriverait à plus de 4 mille milliards selon l'Insee et près de  8.000 milliards selon McKinsey et la Deutsche Bank., chiffres dont  on se sait pas s'ils tiennent compte de la créances certaines des retraites publiques. En un mot : c'est encore plus grave que ce que vous croyez, cher Nicolas !

Là encore, la vraie question est de comprendre comment on en est arrivé là. Car ces ratios ne sont pas que français et c'est lorsque le monde a dépassé en moyenne un niveau de dettes de  400% du PIB que l'économie baudruche a explosé.

La singularité française est l'existence d'un noyau tout aussi dur d'économistes socialistes (sans trop le dire, mais tout le monde sait) qui tiennent à peu près tous les postes universitaires et leurs diverses succursales, qui viennent inlassablement au secours de la dépense publique, des impôts, des mesures d'asphyxie économique, et qui ont sorti la France du débat économique pour une servilité politique de mauvais aloi. Ceux là trouvent les chiffres cités normaux et sans danger.

On voit sur la TNT des  Henri Serdyniak  s'emporter inlassablement contre toute critique sur le niveau de la dépense publique. Encore ! Encore ! Eric Heyer se répand partout où il peut expliquer que toute libéralisation du marché du travail est une horreur absolue.  On constatera avec horreur qu'ils sévissent dans une institution dépendant de Sciences Po. Emile Boutmy et Leroy Baulieu doivent se retourner dans leur  tombe. Comme si l'institut d'études politiques se devait d'être inlassablement les propagandistes du plus d'état, du plus de dépenses publiques  et du plus d'impôts.

Un pays pourrit toujours pas la tête. La défaillance des élites universitaire explique pour les chiffres terrifiants que nous avons commentés ne provoquent aucune réaction publique.  Ceux qui devraient être le fer de lance de la réflexion, ont mis leur carrière au service de petits intérêts politiciens et idéologiques.

L'OFCE , où sévissent Heyer et Serdyniak, est censé avertir de la conjoncture. Il a été incapable de voir le gonflement de la dette globale mondiale. Il n'a pas vu arriver la crise. Il a été incapable de prévenir les politiques. Cet institut ne sert aucune recherche économique utile. C'est une machine à décérébrer.  On voit qu'on a des tas de pistes pour réduire la dépense publique. Par exemple supprimer ce "machin".

Mais il est loin d'être le seul. Rappelons que les 1xx signataires de l'appel en faveur des 35 heures  à la fin du siècle dernier, mesure qui a fait tant de bien à notre pays,  sont tous dans des postes économiques  officiels. Ils sont des rats dans le fromage de la dépense publique et ils n'ont rien compris ni rien appris.

Baltic index : Est-il significatif ?

On lit et on entend dans les milieux qui se croient au top de la compréhension du monde qu'il ne faut pas s'occuper du Baltic Dry Index qui ne serait pas significatif compte tenu des énormes investissements faits dans le domaine du chargement maritime, bien au delà des nécessités.

Les deux graphiques que nous donnons ci-dessous prouvent exactement le contraire. Bien sûr les indicesde prix sont plus volatils que les statistiques en volume, mais cette sensibilité ne les rend pas inutiles, bien au contraire.

Nous avions appuyé en partie en juin 2006 notre prévision qu'une crise gigantesque allait se produire justement en analysant d'une part l'énormité de la poussée des prix, absolument intenable et d'autre part sur la violence du retournement prévisible.

En début 2015, nous avions alerté que "l'alignement des planètes" qui générait à l'époque des espoirs infinis (certains écrivaient même que Hollande était un génie d'avoir prévu que la courbe du chômage allait s'inverser toute seule en 2015 lui offrant un trône pour cinq ans de plus !) était sans doute intéressant mais que l'atonie du commerce international était un signe inquiétant. Croisé avec d'autres indicateurs comme celui des prix marchands, cette évolution marquait que nous étions en plein dégonflement de l'activité de panique des Chinois qui avait animé le commerce international résiduel de ses actions de précaution vis à vis du dollar. La baisse du pétrole s'inscrivait non pas dans le cadre d'un surplus d'offre comme tous les analystes moutonniers l'affirmaient en s'appuyant sur le phénomène du schiste américain  mais d'abandon de la demande spéculative, comme pour l'ensemble des matières premières.

En un mot, 2015 était encore une année de résorption de la crise violente de 2008, dont le premier effet était, comme nous l'avons écrit dès la fin 2008, le blocage du commerce international. Les émergents n'ont connu de belles croissances post 2008 que parce que la Chine sécurisait son stock de dollar en achetant partout des vivres et des matières premières. Les Etats-Unis s'en sortaient mieux que les autres parcequ'ils payaient tout en dollars, leur monnaie émise ad libitum. L'Allemagne profitait à plein de la dévaluation de l'Euro et des déficits des autres pays de la zone euro. En un mot : le désordre post récession,  les défauts structurels du système monétaire mondial et de l'euro et la malgouvernance de certains pays clés, s'alliaient non pas pour séparer des pays vertueux et admirables  et des pays du Club Med et de l'indécence économique, mais pour générer des spasmes qu'il ne fallaient pas confondre avec des sursauts de l'économie.

Il semble en ce début d'année, que cette analyse ait été la bonne. Les spasmes continuent, avec des révisions constamment à la baisse de la croissance.

Sommes-nous entré dans la phase de récession "décennale" mondiale ? Rappelons qu'elle commence TOUJOURS par un choc boursier aux Etats-Unis. Le Dow Jones est à un niveau totalement surévalué et intenable, reflétant la trouille des investisseurs mondiaux et le repli dans la cour du château du seigneur. On y est pas tout à fait. Mais cela se rapproche.

Hélàs.

Et aucune réforme de quoi que ce soit n'est en vue. L'idée même que ces réformes soient nécessaires n'existe médiatiquement nulle part. Les deux seules réflexions en cours au FMI, qui trône sur ce désastre et manque totalement à ses devoirs, concernent le perfectionnement du système  : rendre le Yuan bien flottant, réussir le traité transatlantique sur plus de libre échange. Les Etats-Unis en restent à leur doxa : sanctionner les vilaines banques qui ont pu faire croire que le système était mauvais. Le Ru tente de sauver leur poumon financier qui respire les bulles comme d'autres la marijeanne.  Les Allemands profitent. L'Europe stagne dans la douleur et la morosité, à peine troublée par quelques farces et attrapes maghrébines, et l'aimantation des migrants. La France s'enfonce dans le chômage, les dettes et l'abaissement politicien de troisième ordre. 

Jamais le décalage entre la simple observation des faits et la réflexion publique, noationale, européenne et mondiale n'a été plus grand.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile

 



2015 : une nouvelle année « Hollandibilis ».

Eric Zemmour signe un billet dans le Figaro Magazine où il se réjouit que la question « qui sommes-nous ?» remplace celle de « combien gagnons-nous ?». « Les questions économiques avaient imposé leur diktat au politique transformant les politiques en administrateurs et en hommes de spectacle ».

On ne voit pas trop pourquoi l’économie aurait transformé les hommes politiques en « guignols de l’info ».  L’évolution des médias suffit seule à expliquer cette mutation. On ne voit surtout pas pourquoi l’urgence économique se serait tout à coup évanouie.

La vérité est que les politiques évacuent systématiquement l’économie du champ électoral.Les deux dernières élections présidentielles en témoignent. Nicolas Sarkozy ne voulait pas voir venir la crise et annonçait des croissances mirobolantes grâce à son « américanisme », un peu comme le facteur Tati faisait des tournées « à l’américaine » dans Jours de Fête. François Hollande expliquait la crise par les erreurs de son prédécesseur, ce pelé et ce galeux, et entendait revenir en deux coups de cuillères à pot à la prospérité française en sanctionnant la finance, en faisant payer les riches et en ne signant pas « tel quel »le traité Merkozy.  Il est clair que les élections prochaines verront une nouvelle fois les réalités économiques évacuées du débat public.  Sauf pour Eric Zemmour qui prétend que « tous ces grands esprits entendent qu’on parle à nouveau du chômage d’économie, de fiscalité ».

L’année 2015 signe une défaite nouvelle pour François Hollande sur à peu près tous les aspects de l’intérêt national mais surtout sur le front économique. Ceux qui pensaient que l’année Horribilis de 2013 aurait servi de leçon en sont pour leurs frais. Nous avons eu 2014 puis 2015, une nouvelle année Hollandibilis, en dépit de tous les espoirs, soulignés à grands coups de trompettes médiatiques, que suscitaient le passage à une politique de l’offre et « l’alignement des planètes » (dévaluation de l’euro, baisse des prix du pétrole, baisse des taux d’intérêt, plan d’investissement européen…).Tous les indicateurs économiques marquent des aggravations : déficits extérieurs, dépenses publiques, prélèvements, emploi marchand, dettes, chômage, prix, construction etc. La déflation, crainte en début d’année, s’est installée, avec encore une baisse des prix pour le dernier mois connu.

Le candidat puis président  Hollande l’avait annoncé sans vergogne : « Je distribuerai en fin de mandat ».  Il débite désormais son chapelet de mesures électoralistes. Inlassablement, il accumule les gracieusetés payées par les autres. Il le fait en restant totalement indifférent à l’état courant de l’économie. Il le fait avec un mépris total des conséquences à moyen et long termes. On ne voit pas très bien où Zemmour a vu Hollande en « administrateur ». Alors que l’économie stagne, il cadre sa réélection par des mesures démagogiques ciblées prévues longuement à l’avance et qui aggraveront tout. 

La généralisation du tiers payant est la mort de la médecine libérale, puisqu’elle fait des médecins des otages absolus des décisions de rémunération déléguées à la Sécurité sociale, organisme bureaucratique dirigée par les syndicats, incapable de se réformer et ruinée, qui se moque totalement du niveau de vie des médecins tant qu’il n’est pas en dessous du plus faible des salaires du plus mal classé de leurs apparatchiks. On les prive même de leur liberté d’appréciation en matière médicale en les subordonnant à des instances administratives régionales meublées d’incompétents (c’est pour cela qu’ils ont choisi ce métier). Leur paupérisation est programmée. Qu’importe que désormais les queues et les délais s’allongent partout en France et qu’on parle désormais de déserts médicaux. La gratuité, c'est-à-dire le paiement par les autres, entraîne toujours la répression des producteurs, la surveillance des consommateurs, la ruine des financeurs, et la raréfaction des produits et services.    

La réduction autoritaire et le blocage des loyers imposés par la loi imbécile d’une certaine Duflot, qui pense que sa nullité agressive lui vaut mérite et la pousse vers les sommets de l’Etat,  aura les mêmes conséquences à terme que les lois de 1948 : la raréfaction des logements à louer ; l’aggravation du mal logement ; des tensions partout. Associées à des surtaxations extravagantes, les mesures annexes de la loi imposent de nouvelles règles extrêmement coûteuses, qui ont provoqué la chute des mises en chantier. Alors on a aggravé la violence contre les propriétaires. On parlait de freiner l’activisme idéologique des lobbies malthusiens en matière de normes coûteuses, voilà que le mois de janvier voit mille règlementations se mettre en place qui font flamber le coût des copropriétés : Collectivisation des mutuelles de santé avec une hausse des coûts importantes pour tout le monde, (employeurs comme salariés), au seul profit des assureurs, devenus des assistants du Trésor ; paperasserie et obligations nouvelles des syndics qui font flamber les honoraires ; obligations médicales diverses, comme la pose en pleine vue de défibrillateurs dans les porches...   Ici encore on pare les conséquences à court terme en prenant des mesures radicales comme une hausse prévue par Mme Hidalgo de 100% de la taxe d’habitation sur les résidences secondaires (alors qu’elle avait annoncé qu’elle n’augmenterait pas les impôts !) ou les projets de taxe d’habitation sur les maisons non habitées. Bien relire la phrase : on taxe un habitant même quand il n’existe pas.  Les socialistes traversent toutes les logiques et mettent à bas tous les principes pour faire face aux conséquences de l’imprévision des conséquences de leurs propres décisions, en aggravant tout. C’était la « logique » folle de l’Union Soviétique, où chaque nouvelle décision, imposé par les conséquences des précédentes,  violait tous les principes et faisait de la vie quotidienne un enfer délirant.

La « gratuité de la vie » est un grand must socialiste. « A chacun selon mes besoins électoraux » est le leitmotiv. Après l’extension des allocations aux 18-25 ans, voici qu’on subventionne les petits salaires. La rémunération n’est plus fonction de l’utilité sociale du poste mais de l’idée que se fait le Président de ses besoins électoraux. Ce n’est plus l’économie qui, par son progrès, fait grimper les rémunérations ni le mérite des uns et des autres. On emprunte ou on taxe pour redistribuer non plus aux personnes vulnérables ou empêchées, ce qui est l’essence même de la sécurité sociale, mais pour faire grimper artificiellement la rémunération de certaines catégories électoralement nombreuses. On a compris que les « coups de pouces au Smic » ruinaient les entreprises et l’emploi. Alors on donne directement de l’argent public sans impacter de façon trop visible l’entreprise. Cet argent est néanmoins pris quelque part. Soit sur les générations futures, par l’emprunt qu’il faudra bien rembourser un jour, au moins payer les intérêts ; soit sur les « riches » qui sont déjà tondus à zéro et qui, en net après impôts, gagnent désormais souvent moins que les nouveaux « damnés de la terre ».  Les « riches » fuient ou cessent d’investir. Mais qu’importe. Personne n’osera plus toucher à ces allocations qui, comme la prime de Noël, la prime de rentrée, ou autres libéralités démagogiques, verront des réclamations éternellement à la hausse que les politiciens professionnels se feront un plaisir de satisfaire dans l’espérance de quelques voix de plus. L’achat de vote est désormais bien installé dans les mœurs.

En France plus des deux tiers des résidents de plus de 18 ans attendent des autres leurs revenus et le financement de leurs frais de santé.  Rappelons tout de même les chiffres : 15 millions de retraités en 2016 plus 6 millions de chômeurs, plus 2 millions de personnes ne travaillant pas et vivant d’allocations, soit tout de même  23 millions de personnes ne travaillant pas du tout. Ajoutons presque 6 millions de fonctionnaires et près de 2 millions d’employés des associations financées par l’argent public, qui dépendent pour tout leur revenu de l’Etat et maintenant 6 millions de « salariés pauvres » pour une parti. A ces 14 millions de personnes il faut ajouter la paysannerie avec ses 30.000 euros de subventions par exploitation, et mille métiers subventionnés de milles façons. Quarante millions de Français adultes en tout ou partie accrochés à la mangeoire publique. Raisonnable ?  

Tout cela payé par 200.000 à 1 million de personnes encore un peu prospères ?

Cette France quasi totalement socialisée où le revenu par tête baisse continûment, où l’emploi marchand est aujourd’hui à 15, 848 millions de salariés, soit le même chiffre qu’en 2001 et le tiers du nombre des personnes inactives qui vivent de redistribution, où tous les problèmes s’aggravent, où plus rien ne marche vraiment (c’est de plus en plus le « n’importe quoi généralisé » du fait de l’impossibilité de disposer d’une force de travail compétente, motivée et organisable), où la rue est devenue un égout, cette France s’enfonce inexorablement, gangrénée par une démagogie (et non par l’esprit gestionnaire, Monsieur Eric Zemmour) tellement cynique qu’elle s’assume comme telle en rigolant et qu’elle touche en cascade tous les échelons de l’Etat.

En fait les politiciens français ne « gèrent » plus rien, parce que la France qu’ils dirigent se ridiculise tous les jours par ses résultats économiques grotesques, parce qu’elle ne pense plus rien, parce qu’elle n’est en pointe sur aucun débat économique, sur aucune querelle d’organisation.

Les prix baissent. Nous sommes donc en déflation, malgré les immenses inondations monétaires de Mario Draghi. Pourquoi ? Silence. L’Allemagne empoche de fabuleux excédents. Tout le monde sait que dans une zone de monnaie unique si un pays accumule des excédents massifs, surtout si la zone est globalement excédentaire, alors des pays doivent avoir des balances hyper déficitaires qui poussent à la déflation. Peut-être quelqu’un, dans ce gouvernement de « gestionnaires » pourrait rappeler que les excédents massifs sont interdits par les statuts du FMI et devraient l’être par ceux de l’Eurozone. Pas un mot. C’est la Commission Européenne qui s’inquiète dans la plus totale impuissance. Où est la France ?

La conjoncture mondiale est partout extrêmement difficile. La valse des monnaies est permanente. Tout est déréglé. En dehors des Etats-Unis et de l’Allemagne, plus quelques pays africains, la crise est partout. La panique est partout. Le FMI finit par corriger ses perspectives de croissance mirobolantes… à la baisse.  2016 sera une année « décevante ».  Quel plan d’action ? Quelles propositions de la France ? Quelles propositions du FMI ? Les énormes quantités de monnaies créées par les banques centrales ont réanimé les spéculations, ce qui a profité aux  Etats-Unis, qui paient leurs dettes dans leur monnaie. La hausse des intérêts aux Etats-Unis risquent de polariser un peu plus les flux de capitaux flottants, au détriment de tous. Après que l’élan de la petite reprise des affaires exportée par les Etats-Unis  se sera évanoui, le risque d’un à-coup conjoncturel de moyenne importance entre juillet 2016 et juillet 2018 devient fort. Qu’elle est la stratégie de la France ?

Bien sûr, on trouve dans l’opposition, notamment du côté de François Fillon, des gens qui pensent économie et redressement.

Ils ont bien compris qu’il fallait agir sur les grandes masses vivant de subventions qui coulent la France. Ils picoreront dans la longue liste des « mesures indispensables » :

-          Réduire le nombre des retraités par une hausse importante de l’âge du départ à la retraite et un alignement de tous les régimes sur celui des salariés du privé. Et probablement baisser le niveau des retraites.

-          Réduire le nombre des chômeurs en créant un cadre répulsif pour ceux qui veulent profiter du chômage sans véritablement chercher un emploi.  Des allocations temporaires, dégressives et plafonnées sont la seule solution.

-          Réduire le nombre des fonctionnaires et leur coût. Ce qui suppose des mesures très dures : baisse autoritaire des salaires de tous ceux qui ont eu des croissances de salaire supérieures à la croissance moyenne dans les deux dernières années, suppression du statut de fonctionnaire pour toutes les catégories inférieures à la catégorie A. Plafond d’emplois administratifs dans les régions en fonction des effectifs administrés. Réduction autoritaire des niveaux d’interventions. Suspension du GVT, qui fait croître automatiquement la masse salariale privée. Non indemnisation de l’absentéisme excessif…

-          Réduire les transferts sociaux qui sont les plus élevés du monde, notamment en mettant fin à des politiques aussi coûteuses que celle de la mixité sociale où l’on préempte des logements extrêmement coûteux pour y mettre des Roms, des clochards  et des réfugiés, ou des copains, ou encore  mettre fin au système des intermittents du spectacle, parmi mille autres mesures.  

-          Supprimer la gratuité du petit risque pour concentrer les paiements mutualisés sur les traitements lourds.

-          Revenir sur la subventionnite qui fait que pratiquement tous les secteurs économiques sont accompagnés de subventions publiques : culture, transports, agriculture, journalisme, …

-          Interdire les subventions aux associations de complaisance et réduire au strict nécessaire les financements associatifs inefficaces (exemples : supprimer les Frac ; réorienter la formation professionnelle, etc.).

-          - …

Une telle politique est nécessaire mais elle extrêmement dure et touchera nécessairement des personnes et des entreprises qui vivent en symbiose avec l’impôt dans le contexte fiscal et subventionnaire actuel. On a réduit l’enveloppe des ressources allouées aux collectivités locales : on a mis en faillite bien des entreprises des travaux publics ! La grille des emplois résiduels a tellement été tordue par les subventions et les effets fiscaux qu’un redéploiement des effectifs devra s’effectuer en cas de réduction des subventions. Il prendra du temps. Exactement comme en Union Soviétique quand le système s’est effondré. Autant dire qu’une telle action de redressement est politiquement impossible, s’il n’y a pas de croissance globale, en Europe et dans le monde.

La France doit donc avoir une « diplomatie de la prospérité » et abandonner son suivisme exonératoire et râleur actuel. On n’en trouve aucune trace dans les programmes électoraux d’aucun des postulants aux prochaines élections présidentielle. F. Hollande ne peut pas développer une telle diplomatie du fait de sa démagogie ridicule sur le front économique intérieur et de sa dépendance sur le front des actions militaires extérieures (on ne sait même pas fabriquer en  nombre suffisant les bombes qu’on envoie sur la Syrie !).

L’accumulation des années « Hollandibilis » rend inexorable à plus ou moins long terme un collapsus de type grec. Mais un redressement brutal sans croissance extérieure imposerait une souffrance importante au pays, souffrance vaine si les dysfonctionnements de la zone Euro et du système monétaire international, causes de la crise, ne sont pas traités. Mais souffrance moindre que celle qu’imposerait aux plus faibles un effondrement économique de type grec. Rappelons que si l’Etat se trouve sans ressources, tous les subventionnés se retrouveront sur le carreau. En même temps que les services publics essentiels.

Alors ?

François Hollande a fait le pari que l’Europe ne saurait accepter la chute de la France, qui effondrerait tout l’édifice européen. Jusqu’ici il n’a pas eu tort : Mario Draghi fournit l’argent de l’insouciance. On évite toutes les réformes de structures et on pratique un « achat de vote » forcené avec l’argent emprunté. La frénésie fiscale ciblée et quelques rabotages de dépenses  permettent de tenir les déficits dans des limites finançables au coût actuel du crédit. Mais le moyen terme est ignoré, comme le long terme. La vulnérabilité est constamment aggravée. Au moindre redressement des taux d’intérêt, l’Etat français sera étranglé.

Il fallait profiter des taux très bas pour commencer à casser la machine à subventionner. On fait l’inverse depuis 2012. Obtenir de l’Europe et du G.20 une politique progressive de sortie des erreurs de structures qui ont provoqué le collapsus de 2008 dans le monde et la crise spécifique européenne à partir de 2011, était une vraie nécessité. Le silence est assourdissant.

Sans crise majeure il faudra attendre les élections présidentielles de 2017 pour prendre un virage économique sérieux, ce qui promet dix huit mois de quasi stagnation. Le coût du quinquennat de François Hollande aura été désastreux.

Les Vœux du Président de la République ont été ce que pouvait craindre Eric Zemmour : on a évité de parler de la France et de son identité, c’est vrai. On a félicité les Français, comme la nounou félicite la petite Lulu d’avoir bien mangé sa soupe. Et on a parlé « gestion ».

Mais, une fois de plus, tout était « bidon » : de la soupe de politicien manipulateur ivre des conseils de ses « spin doctors ».   Le candidat Hollande a annoncé qu’il obtiendrait une baisse des statistiques du chômage lui permettant de se représenter en mettant 500.000 chômeurs en formation, des centaines de milliers d’autres dans le  Service civil, et des centaines de milliers d’autres en apprentissage (que la gauche a rendu quasiment impossible en France). A aucun moment il n’a dit ni le coût ni l’origine des fonds ni le mode d’organisation. Sa seule obsession est électoraliste. Son seul moyen, des financements publics pour des emplois artificiels et  précaires. Sans absolument rien réformer.

L’économie réelle, celle où l’on créé de la vraie richesse, de vrais emplois, de vraie carrières, a été encore une fois éliminée du discours politique. Ne parlons pas d’une action extérieure économique.

La France disparait des écrans radars de l’économie, en même temps que l’économie disparaît des radars des medias. Les seuls commentaires que les medias diffusent se concentrent sur la question grotesque  de savoir si le président sortant qui trône sur ce désastre a augmenté ou non ses chances de gagner les prochaines élections présidentielles en tchatchant dans le poste et en mimant l’air du chef de guerre.   A croire que les journalistes ont fini par se convaincre que plus aucune réforme économique n’était possible en France : elle toucherait trop de monde. En parler toucherait trop d’auditeurs et tuerait l’audimat. Faudra-t-il en passer, après l’effondrement inévitable, par une période de 10 à 20 ans de galères pour revenir à un semblant de prospérité et de lucidité publique ?

Non M. Zemmour, il n’y a jamais eu de « diktat de l’économie ». Les palinodies politiciennes n’ont jamais fait une politique économique. Nous sommes dans une forme de désert intellectuel et politique tout azimut. Le vrai devoir n’est pas tant de se plaindre que l’économie impose ses urgences, que de constater qu’il n’y a aucun plan économique sérieux, ni en France, ni en Europe ni même dans le monde, alors qu’il y a urgence. Chacun va à la catastrophe en sifflotant. Comme disait Maurice Allais : « ce qui doit arriver arrive ».  S’il y a « suicide français », c’est d’abord par l’économie qu’il se commet. S’il y a dislocation de l’Europe, c’est d’abord par l’économie qu’elle se produit. Et si le monde n’est plus coopératif, c’est fondamentalement parce qu’on a aboli toutes les structures obligatoires de coopération économique.

Bonne année 2016 !

Retour sur ce que disait l'Express en septembre 2009 pour juguler la crise

Au moment où les illusions d’une reprise franche, massive et riche en emplois s’estompent, preuve que la crise n’a pas été totalement comprise et que les mesures prises n’ont pas eu les effets escomptées, il est intéressant de revenir sur ce que disait la presse à la rentrée de 2009, alors que la récession était à son maximum, après s’être développée depuis juillet 2007. 

Prenons par exemple l’Express n° 3038, qui annonce « Crise : plus jamais ça ». « Après deux ans de chaos,  la nécessité de repenser le capitalisme s’impose ». « Les idées neuves commencent à émerger ».  L’Express  a sollicité quatre intellectuels de renom pour esquisser la forme que pourrait prendre demain le capitalisme ».

Pour Philippe Aghion, membre du CAE et de la commission Attali, marques de renom s’il en est, « les pays comme la France […] ont mieux résisté que le Royaume-Uni ou les Etats-Unis qui ne disposaient pas de stabilisateurs automatiques ».

On voit six ans plus tard où l’on en est. La France a le double de chômeurs, sa dette devient incontrôlable, et son taux de croissance est moitié moindre.

Il préconise une intervention massive de l’Etat dans la régulation bancaire et même dans les décisions au jour le jour comme les rémunérations. Il omet de signaler que toutes les banques sont en faillite virtuelle et ne cherche pas à savoir pourquoi. Ce sont finalement les banques centrales qui sauveront les banques en leur permettant d’emprunter à coût nul et de prêter aux Etats, le gain servant progressivement à amortir les pertes. Le processus est loin d’être terminé, comme on le voit avec les restructurations massives de nombreuses banques, contraintes de dégonfler rapidement et leurs en-cours et leurs effectifs. En revanche une législation incroyablement tatillonne a été mise en place qui est étouffante, sans que les restructurations majeures n’aient été faites (séparation des banques de dépôts et des banques d’affaires ; arrêt des cotations en continu ; encadrement des mouvements de capitaux à court terme, stabilisation des changes, …).

Les autres suggestions sont d’une parfaite banalité (fiscalité punitive, avec la fusion de la CSG et de l’IR, surtaxe sur les très riches, formation et recherche, environnement, protection nationale des sources de croissance mais dans le cadre des règles du marché unique). On ne craint jamais les oxymores  et la résolution des contraires par le verbalisme.

Rendons hommage aux membres du CAE : ils ont eu suffisamment d’influence pour faire avancer leurs idées. Les banques sont corsetées ; les Français sont fiscalement pillés ; on ne parle que d’environnement source des progrès et de l’industrialisation future. Et nous sommes dans la situation où nous sommes.

Pourquoi ce contraste, tout de même un peu fâcheux ? La raison est simple : il n’y a aucun diagnostic des causes de la crise. Pas un mot sur le grand retournement de la dette globale à partir de 1971 et sa montée jusqu’au-delà de 400% du PIB presque partout. Pas un mot sur les défauts d’organisation de la zone Euro. Pas un mot sur les défauts d’organisation du système des changes. Pas un mot sur l’excès de dépenses publiques françaises.

Alors on glose sur des thèmes sans danger de carrière. Et on ne propose que des banalités sans effets sur la réalité tout en prétendant « réformer le capitalisme ». On voit que cette philosophie est encore de règle dans les milieux de l’économie officielle et qu’elle nourrit les politiques de tout bord.

L’Express en appelle alors à un certain Richard Senett, de la London School of Economics. « Le développement des idéaux de performance et d’autonomie fait que ces gens pensent ne pas avoir été à la hauteur ». Ces gens sont ceux qui ont vu leur carrière hoqueter à cause de la crise. Dans les années 70, nous avons personnellement réorganisé une société de gestion d ‘archives d’entreprises. Lourde réalité : divorces et suicides sont la conséquence des faillites dans beaucoup de ménages. Les femmes cherchent un protecteur. S’il flanche, elles partent. La grande nouvelle ! Après trois récessions destructrices les drames se sont succédé. La vraie question est d’éviter les graves dépressions économiques. Pas de « réhabiliter la notion de métier », ni de « concentrer l’action syndicale sur les questions de santé », pour que le salarié puisse acquérir de la « continuité narrative ».

Notons- le, un nouvelle fois : l’absence totale de diagnostic de la crise est criante. Les autorités ont bien compris le message de Senett. Nous voici avec la notion de dossier  professionnel continu du salarié, censé faire face à la discontinuité des carrières.  Au moment où le rêve de tous est de devenir fonctionnaire, un « métier » où la « continuité narrative » est assurée. Mais pas la valeur ajoutée.

Le périodique appelle alors à la barre le « Philosophe de service ». Depuis Platon, la corporation méprise l’activité commerciale et la production. Très bien payé comme professeur « travaillant » (horresco referens) très peu à l’université de Lausanne, ce curé des temps modernes (le prêche sans le sacrifice) nous assène : « il faut arrêter de penser que l’enrichissement matériel est une fin en soi ».  Faites l’expérience : proposez à ces olibrius un retour au niveau de vie moyen de l’URSS, pour ne pas remonter au XIXème siècle. L’œil devient vitreux, le discours se raidit :   « Il est scandaleux que les professeurs soient aussi peu reconnus dans la société de consommation : des sous, des sous ! ».

Mais force est de constater que ces discours moralistes portent et nous voilà à l’aube de la COB21. La croissance détruit la planète. "Salauds de capitalistes avec leurs économistes suppôts qui sont des génocidaires pires qu’Hitler."

La solution : « forcer les chambres hautes à se consacrer aux seuls enjeux de long terme avec une approche qualitative et non monétaire ». La monnaie, pouah, c’est sale et ça tâche.

Les désordres actuels sont liés à une organisation monétaire défaillante On voit la pertinence de tout cela. On imagine que ce brave garçon envisage d’être un des nouveaux sénateurs. Il pense si « politiquement correct » ! Et faire la morale, dans l’opulence, il n’y a que cela de vrai.

Voici pour finir la saga des penseurs de la refondation capitaliste un directeur de recherche au Centre d’études européennes de sciences-po. Que faire ? C’est tout simple. Permettre aux Brics de prendre toute leur place dans les institutions mondiales. L’Europe sera marginalisée et l’Occident aussi, mais ce n’est pas grave. Il faut supprimer le droit de veto à l’ONU. La gouvernance du FMI doit être réformée.

L’auteur remarque justement qu’ « il est anormal que le FMI n’ait pas pu jouer son rôle d’alerte » et qu’il n’a servi qu’à relayer les exigences américaines. Mais il ne dit pas que le FMI, créé pour réguler un système de changes fixes n’a pas de rôle autre que de sous-diplomatie américaine à trois balles,  dans un système de changes flottants.

La crise est une de fois de plus associée à une dérégulation excessive des marchés financiers, sans voir que cette dérégulation est consubstantielle à un système de changes flottants. Il faut bien que les marchés s’exercent pour fixer la valeur respective des monnaies. On a vu récemment Mme Lagarde se réjouir que la Chine libéralise un peu la gestion de sa monnaie dans la perspective de la mise sur le marché du Yuan.

Huit ans après, l’émancipation de la Chine, le retour de la Russie sur le plan international, rend tout ce verbiage inopérant. L’Occident est toujours de toutou des Américains qui détruisent allègrement leurs concurrents bancaires européens et s’emparent de la finance mondiale comme jamais (100% des grandes syndications sont pilotées par des banques américaines) ; Le soft power a montré son impuissance en Ukraine et au Moyen-Orient.  Les bruits de bottes deviennent un peu sonores et des millions de personnes déplacées viennent ajouter à la crise globale, sur fond de stagnation économique de longue durée.

Au total, la pertinence des quatre sauveurs du monde capitaliste se révèle totalement nulle et à côté de la plaque. Aucune réflexion sur les vrais problèmes :

-          Le dégel du monde communiste qui met sur le marché des centaines de millions de salariés au moment même où tous les marchés sont ouverts à la puissance américaine.

-          Les désordres monétaires internationaux liés aux changes flottants et à l’abandon des grandes disciplines de balances de paiement, avec notamment la montée d’un endettement incontrôlable.

On ne parle que normes aggravées, là où il faudrait engager le fer sur des questions d’organisation et de politique au jour le jour.

Pas un mot sur l’Europe et le feu qui couve dans les déficits associés à la politique de relance, à la crise, et à la garantie des pertes bancaires. Pas un mot sur la FED ou la BCE.

Bref,  une absence totale de  pertinence et une compréhension du monde d’une nullité abyssale.

On constatera que ces caractéristiques restent très actuelles. Ces quatre articles n’ont pris aucune ride et pourraient être resservis tel quel. La réflexion sur les causes de la crise et les vraies solutions est toujours à peu près inexistante dans les analyses présentées dans les médias et, plus grave, dans la littérature économique technique. Faire de la morale facile (à bas la finance, vive l’écologie, vive le travailleur qu’il faut protéger, vive les pays émergents) l’emporte aujourd’hui sur les préoccupations d’efficacité qui passent par la connaissance pertinente et l’action ciblée.

Le « triomphe de la volonté » n’est toujours pas à l’ordre du jour. La pénitence sous les anathèmes de pseudo-penseurs intéressés reste la règle.

Nous entrons dans la neuvième année de crise  avec pour la France, rappelons ces quelques chiffres :

- Un prélèvement public supérieur à la valeur ajoutée des entreprises du secteur industriel et commercial  de plus d’une personne.

- 7.5 millions de pauvres (près de 10 millions selon certains).

- 5.500.000 de chômeurs (certains disant 6 millions)

- Le plus faible taux d'occupation des femmes, des jeunes, des immigrés et des personnes âgées de tous les pays d'économie comparable

- Deux millions de personnes ne cherchant pas à travailler et à la gamelle publique.

- 2.200.000 milliards de dettes publiques et à peu près le même niveau  de dettes privées, soit quatre fois la valeur ajoutée des mêmes entreprises.

- 15 millions de retraités prévus pour 2016.

- 5.5 millions de fonctionnaires et on recrute.

- 15.5 millions de salariés.

- Un budget pour 2016 en hausse avec maintien du taux de prélèvement champion du monde. Une hausse massive des impositions locales.

- Une fuite continue des fortunes, des jeunes, des techniciens.

- Une baisse continue de la construction malgré la croissance de la population.

- Un investissement des entreprises historiquement mou.

- Un commerce international stagnant.

Globalement la guerre ravage le Moyen-Orient et les marges est de l’Europe. Le Japon réarme. La Chine devient exigeante. La Chine, le Brésil, la Russie sont en grave difficulté, comme la majorité des membres du Brics. La reprise américaine est la plus lente jamais vue depuis 120 ans.

Tout va très bien Madame la Marquise ! Le désastre économique est total mais puisqu’il est enveloppé de moraline facile, tout semble sous contrôle.

Il ne faudra pas 40 ans pour que nos enfants trouvent cette période particulièrement consternante.

Une erreur majeure de perspectives

De nombreux livres paraissent qui tentent d'expliquer les difficultés économiques du moment par les évolutions supposées de la production. Le numérique tuerait l'emploi. "L'uberisation" de la société déboucherait sur un chômage structurel. La destruction du tertiaire n'alimenterait pas de quaternaire. Etc.

Où est l'erreur ? Dans ce fait élémentaire qu'au dessus de notre PIB se trouve une couche quatre fois plus épaisse de dettes. Les désordres actuels proviennent de cette couche ingérable de dettes, pas de la structure de la production ni de son évolution.

Considérons le fait majeur qui inquiète aujourd'hui même : le retour de la baisse des prix en Europe et dans bien des parties du monde. Est-il lié le moins du monde à Uberpop ou aux nouvelles technologies ? Pas du tout. En revanche la destruction monétaire provenant du dégonflement nécessaires des en-cours bancaires est un mécanisme tout ce qui a de plus pertinent pour expliquer la déflation des prix.

Les observateurs à courte vue mettent en avant la baisse du pétrole comme facteur principal de la baisse des prix et ajoutent que le gaz de schiste en est le vecteur. Le moindre approfondissement de l'observation montre que toutes les matières premières ont connu la même baisse. C'est l'arrêt du commerce international et l'abandon de la politique de sécurisation de son stock de monnaies mises en réserve par la Chine qui explique cette décroissance subite, pendant des politiques de spéculations pratiquées antérieurement.

Ces baisses ne proviennent pas de la production mais des mouvements spéculatifs antérieurs permis par la création monétaire prodigieuse des décennies précédentes et le non contrôle des déficits et des excédents majeurs de  balances des paiements.  

Le monde aimerait se débarrasser d'un stock de dettes vertigineux mais ne se met pas en position  d'enclencher des mécanismes concertés de croissance. Le résultat est la stagnation, le chômage et la déflation.

Uberpop  et ses confrères n'ont rien à voir avec ces mouvements majeurs qui portent sur des milliers de milliards d'actifs plus ou moins faisandés.

En se concentrant sur des exemples marginaux d'évolution des produits et des productions, beaucoup des analyses publiées perdent le contact avec les réalités massives et ne produisent rien de  probant. C'est comme ci de subtils analystes voyant des villages entiers emportés par des crues gigantesques expliquaient le désastre par la forme du toit des nouvelles maisons ou la nature des nouveaux matériaux de construction.

La crue destructrice est le phénomène économique majeur. La numérisation de l'économie pas plus que sa mécanisation ou son électrification ou l'accroissement de la part psychologique dans la valeur des produits, ou la saturation des besoins, n'est la source structurelle d'une hausse du chômage. En revanche quand vous avez 400% de dettes par rapport au PIB avec une durée moyenne de l'en cours de 5 ans et un taux d'intérêt de 5%, le remboursement du principal et le paiement des intérêts prendrait 100% du PIB. Impossible !   Cà, c'est une vrai vecteur de chômage et de difficultés.

En se concentrant sur 1% du PIB (la part des nouvelles technologies problématiques) au lieu de s'attaquer aux 400% de dettes, toutes les subtiles analyses qui triomphent actuellement dans les medias ne sont qu'un vain exercice. Ce n'est pas la paille qui volète autour de certains marchés nouveaux qu'il faut analyser mais la poutre qui est plantée au cœur de l'économie et qui empêche son cœur de battre.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile

En Grèce : La victoire électorale de Tsipras

Les Grecs vont dans les îles pour voter. La société est largement restée clanique, bien que la moitié de la population soit concentrée à Athènes et au Pirée. Cette journée-ci est particulière : le pays élit un nouveau parlement, à la demande de Tsipras qui souhaite une nouvelle majorité, ajoutant une nouvelle palinodie démocratique à toutes celles qui ont marqué les derniers mois. À Athènes, seules les affiches de Tsipras et de son parti sont visibles. Elles sont omniprésentes. Où est donc passée l'opposition, présentée comme faisant jeu égal dans les sondages ? "Ils n'ont plus d'argent et ne peuvent plus payer d'affiches", dit la rumeur. Et Tsipras qui avait perdu le premier face-à-face contre l'opposition a gagné le second. Sondage exprès dans les taxis : Tsipras est un baratineur. "Bla bla bla", le geste illustre la parole, avec un doigt qui bat sur les lèvres. Mais Il va être réélu : "On s'en fiche. De toute façon on se fiche de tout, ici. Depuis que nos comptes en banque ont été bloqués, on sait que le chantage européen est invincible. Une fois de plus, nous sommes à merci". Il est vrai que l'histoire moderne de la Grèce ne manque pas de situations analogues. Le pays a-t-il jamais été totalement indépendant ni même simplement autonome ?

À Athènes, la ville est triste. Les restaurants du Pirée sont quasi vides. La nouvelle architecture des restaurants a fait perdre tout charme à l'endroit. Seuls quelques restaurants réputés pour leurs prix bas sont fréquentés. La sublissime terrasse de l'Hôtel d'Angleterre témoigne de la crise : il reste quelques places libres, un Week-End. L'autre attraction hôtelière, l'hôtel Hilton ressemble à un Titanic abandonné. Les bords de la piscine étaient le lieu de rencontre du tout Athènes et la terrasse du dernier étage  le rendez-vous de la jeunesse dorée. L'hôtel est sinon mort aujourd'hui, au moins sinistré. Les commerces souffrent partout dans la ville avec un nombre affligeant de magasins fermés, offrant des alignements de rideaux de fer tagués et souillés de mille manières.

En revanche la ville affiche bravement les énormes investissements qu'elle a faits depuis deux décennies. Un aéroport Venizelos dont la piste est la plus longue du monde, indispensable caractéristique, bien sûr. La gestion a été confiée à une société allemande. Elle doit près d'un milliard d'euros de taxes à l'Etat grec. Elle refuse de payer tant que les dettes allemandes ne seront pas remboursées… Une magnifique autoroute ignorée des Grecs, qui évitent les péages. Un musée disproportionné. Des équipements colossaux, nécessaires aux Jeux Olympiques, inoccupés et laissés à l'abandon car trop chers à entretenir.

Dans les îles, rien ne semble avoir réellement changé. Sauf l'ambiance, qui a disparu. Les restaurants sont vides. Les boutiques sont vides. Il est vrai que c'est la fin de saison, mais avec tous ces électeurs d'un jour, on aurait pu penser à plus d'agitation. Le tourisme du quatrième âge ne s'est jamais aussi bien porté. Mais les cheveux blancs ne font pas une ambiance. La hausse du dollar a fait revenir quelques Américains. Des détails frappent. Les prix sont très élevés pour les touristes. Chacun cherche encore à tirer le maximum de ceux qui sont venus en croyant à la bonne affaire.

Le gérant de la paillote unique qui équipe cette crique magnifique, qui a gardé tout son cachet, se perd dans la contemplation d'une feuille d'impôts. 1 250 euros à payer poux le mois d'août. C'est la première conséquence de l'accord avec les créanciers de l'été. Sous les parasols, trois clients, alors qu'il fait un temps resplendissant. La recette de la journée pour un dimanche : 75 euros. Ils sont trois sur l'affaire. La discussion est facile :

- "Nous ne sommes pour rien dans les excès de l'Etat. Nous n'avons rien demandé à personne. Et voilà qu'on nous ruine".

- "1 250 euros, ce n'est pas la mort, pour le mois le plus actif de l'année".

- " Nous payons déjà une redevance pour exploiter les lieux qui est très élevée. Notre saison est très courte. Ce qu'on nous prend aujourd'hui, c'est ce qui nous permet de passer l'hiver, où il ne se passe rien".

- "Que faites-vous en hiver ?"

- "Seulement des petits boulots d'entretien de villas, et on s'occupe de nos arpents agricoles familiaux, quelques chèvres, quelques ruches et trois dizaines d'oliviers. Et de notre petit potager. Dans les îles, depuis toujours, on vit, mais chichement. L'essentiel vient du continent. Avec ces taxes, on ne pourra plus payer. il va falloir s'expatrier en hiver, mais pour aller où et faire quoi ?"

- "Les élections ?"

- "Tout le monde s'en moque. Ils feront tous la même politique et elle ne sera pas grecque".

L'île a changé. Une route magnifique en fait le tour, payée par les fonds européens. Les voitures sont interdites, sauf les taxis et quelques utilitaires. Quarante kilomètres compliqués, en bord de mer, parfaitement asphaltés, sur une belle largeur de 6 à 8 mètres. Pour les deux roues. Le paradis du cycliste. Difficile financièrement à entretenir. Elle commence à s'abîmer au rythme des orages, sauvages dans la région. Quand vous faites le tour de l'île vous croisez un ou deux camions autorisés, une dizaine de deux roues et une paire de taxis. Parlons-en de ces taxis. Ils sont six et désormais surveillés de façon sévère. Ils vous fourrent le ticket de reçu dans la main ostensiblement. Pas question de se faire prendre à ne pas donner de ticket. Et de perdre son business. La répression a commencé avec l'accroissement des taxations.

Les résultats électoraux s'égrènent. Tsipras est en avance, puis largement en tête , puis finalement grand vainqueur. Les Grecs ne peuvent plus voter pour la droite et la gauche traditionnelles. Ils ne se sentent en rien responsables des décisions qui ont été prises au sommet pendant des années et qu'on leur demande de financer avec leur prospérité et leur vie. Tsipras ne fait plus peur. La sortie de l'Euro paniquait le pays. Il a cédé. "OK ! Il n'avait pas le choix". La droite ne craint pas Tsipras. Elle croit dur comme fer que sa présence a été décidée en haut lieu, c'est-à-dire par les nouvelles puissances tutélaires alliées aux grands intérêts économiques grecques. Ils préfèrent que la potion soit administrée par l'extrême gauche. Cela évitera les grèves et les insurrections. La gauche ne craint pas plus Tsipras. Laissons le faire. On verra bien. On n'en attend exactement rien, dans le pays, ni à droite ni à gauche.

Personne ne comprend pourquoi les banques sont en faillite et encore moins l'injustice de prélèvements fiscaux qui provoquent une descente aux enfers du revenu disponible.

La France ? On s'en désole. On l'admirait. Plus maintenant. Elle est devenue une nouvelle Grèce dirigée par des médiocres, aussi médiocres que les politiciens grecs, c'est dire. Louis XIV, Napoléon et le Général de Gaulle, toute cette grandeur est finie. Elle a été colonisée par des vagues migratoires africaines et des vagues de sous-culture politiquement correctes anglo-saxonnes. Sa voix est voilée et n'éructe que ce que la paternelle Amérique lui permet de dire. Elle ne dit plus rien à personne et à peine à elle-même. On l'admirait. On la plaint. "Nous les Grecs, on a connu cela aussi ; c'est votre tour".

Et voilà que des masses d'Arabes et d'Africains débarquent de partout dans les îles grecques proches de la Turquie, par dizaines de milliers. On les rapatrie à Athènes. Par dizaines de milliers. Et seulement une fraction quitte le pays vers la Macédoine et les autres chemins vers l'Allemagne ou la Suède. Que va-t-on faire des autres ? Les Albanais, ils volaient, ils violaient, mais au moins ils étaient travailleurs. Schengen nous a valu les Roms qui montrent maintenant leurs escarres dans tous les lieux touristiques. Et voilà un nouveau déferlement, alors que nous sommes ruinés.

"Ce monde est devenu fou. On marche sur la tête. Que vont devenir nos enfants ?"

Les Grecs ne se sentent ni responsables ni coupables. Tout cela est passé au-dessus de leur tête. Mais pas au-dessus de leur porte-monnaie.

Allons, va pour Tsipras ! Au point où on en est…

Une émission stupide et malhonnête sur Arte

L'un des supplices récurrents de notre société moderne est l'émission répétée, dans les médias, d'erreurs gigantesques, de fausses évidences, de raisonnements fondés sur rien d'autre que l'émotion ou d'affirmations dictées par des postures idéologiques invétérées.

On peut cumuler : les postures idéologiques s'appuient sur l'émotion et les fausses évidences avec peu de considération pour les réalités. Lorsqu'on demande d'analyser des faits uniquement à des partisans, on est même certain de récolter ce type de bruit de fond détestable.

On attend des médias, en économie, qu'ils confrontent, qu'ils cherchent des mécanismes, qu'ils fassent entrevoir des enchaînements, en les dégageant de la gangue de la nullité, de la méconnaissance ou des influences. Chercher uniquement l'audience par l'émotion  ou créer des tribunaux d'opinion, est un exercice déplorable.

Prenons un exemple tout chaud.

Une émission d'Arte était consacrée, dans la soirée du 15 septembre 2015, à la dette. Quels intervenants français ? Karine Berger, socialiste PS, tendance excitée, Bernard Maris, socialiste RIP, tendance Charlie. Sur un sujet fondamental et compliqué, on appelle deux "personnalités" socialistes, l'une péronnelle péremptoire, l'autre bavochon chwingommant, et toutes deux "anticapitalistes" à tout crin. Les deux membres de l'Ehess sollicités n'ont fait que de la figuration inintelligente en émettant vite fait bien fait des banalités affligeantes.

Automatiquement, et il faut insister sur le caractère automatique, l'émission aura comme thèse récurrente qu'un prétendu abandon par l'Etat de la monnaie a conduit à ce que les Etats deviennent la proie des financiers. La dette est provoquée par les banksters. Les banques peuvent créer de l'argent. Elles le font sans limite et sans raison. Dans le bon vieux temps on emprisonnait les créanciers. Qu'on recommence ! Vive le Moyen-Age ! Renationalisons et tout ira bien !

Le départ était prometteur : le reportage part avec justesse de l'abandon des accords de Bretton Woods comme source indiscutable de l'inversion de la courbe de la dette mondiale. Mais aussitôt, première lacune, on ne parle que de la dette des états. La notion de dette globale ne sera jamais explicitée ni même citée. Le rapprochement sera fait avec le PIB mais sans expliquer le contenu du PIB. Pas question de faire apparaître le niveau de la dépense publique par rapport à la valeur ajoutée du secteur marchand commercial. Seconde erreur, on ne fait aucune liaison entre ce qui est abandonné des disciplines de Bretton Woods et la hausse de la dette.  C'est une création spontanée. Les banques se mettent à faire n'importe quoi comme cela. Et voilà, c'est arrivé ! Les mécanismes ? On sait pas. Ah si : on a dénationalisé les banques !  En France les banques de dépôts principales étaient nationalisées depuis la guerre et ne seront dénationalisées qu'à partir de la moitié des années 80. En 81, tout le système bancaire a été nationalisé à 100% par Mitterrand. Le reportage ne parlera pas du Crazy Lyonnais et son endettement imbécile, alors que la banque était publique. Dans le reste du monde libre, les banques étaient déjà libres depuis longtemps, avec des exceptions comme les landesbanken en Allemagne qui seront désétatisées dans le cadre de l'arrivée de l'Euro, comme les banques françaises. L'émission constate  une renverse de la dette au début des années 70 qu'elle explique par ce qui s'est passé 15 à 20 ans plus tard. Comprenne qui pourra. Pauvre téléspectateur !

L'effondrement du système bancaire, et la grande crise qui a suivi, sont, une fois de plus expliqués, par les subprimes, marque d'une folie bancaire dominant les Etats, le "système" cherchant à se sauver en prêtant à de nouvelles victimes, pauvres si possible.

Encore deux erreurs :

- la création des subprimes est une opération socialiste montée par les démocrates, sous Clinton, en 96, et contrôlée par des organismes semi publics ou publics, comme Fanny Mae et Freddy Mac. Rien à voir avec un marché de prêts conforme aux canons libéraux.

- la boule mondiale de crédits sans flux d'amortissement était de 12.000 milliards de dollars en 2007. Les subprimes non performantes ne dépassaient pas 600 milliards dont finalement 300 milliards seront récupérés. Les subprimes ont été l'amorce qui a fait sauter la bombe. Pas la bombe elle-même.

Au final, la réalisatrice, Laure Delesalle, a fait passer le message qu'il fallait nationaliser le crédit tout en expliquant que la crise était due à un système de crédits…créés par l'état à des fins sociales ! "Laure Delesalle attache autant d’importance à l’esthétique et à la mise en image qu’à la qualité du message, la rigueur et la clarté du contenu scientifique", fait-elle savoir. Elle parait croire que la clarté et la rigueur proviennent spontanément du choix de personnalités de gauche ou de professeurs retraités de l'Ehess. Ne comprenant pas elle-même de quoi elle parle (elle a fait l'école Camondo, ce qui est très bien mais assez loin de la discipline traitée), on imagine qu'elle a cru choisir des personnalités indiscutables sans nécessairement savoir que le casting était vicié ; Ou alors elle a retenu ceux qui allaient dans le sens de ses sentiments et affections politiques. Là, c'est l'émission qui a dérapé.

Il ne reste qu'une émission qui n'a rien appris aux téléspectateurs et qui n'a pas permis de comprendre quoi que ce soit. Elle n'a ajouté que de la confusion. Les promoteurs de ce genre d'émission ne se rendent pas compte du mépris qu'ils génèrent non seulement chez ceux qui ont quelques connaissances mais aussi dans la masse des spectateurs qui sortent de là sans avoir le sentiment d'avoir compris quoi que ce soit, mais qui ont eu la forte impression qu'on les a pris pour des imbéciles… Sauf la poignée de militants qui sont contents de retrouver leurs préjugés, avec de belles images.

On aimerait un peu plus d'exigence du côté d'Arte.

Maintenant, on est bien d'accord que ce n'est pas gentil de s'attaquer aux saltimbanques. La faute initiale est dans l'absence d'une offre d'explication intelligente du côté des universitaires. La défaillance y est aussi navrante que durable.

Ce n'est pas vrai qu'en France :! Il suffit de citer le commentaire lumineux  d'un certain Cédric Tille, professeur de finance à l'EHEID de Genève : "«Les marchés vont redécouvrir ce qui était normal jusqu’à l’éclatement de la crise financière en 2008, l’importance des fondamentaux macroéconomiques».

L'éclatement de la bulle financière en été 2007 (et non pas 2008, la faillite de Lehman Brothers n'a été que le prolongement du blocage du marché interbancaire), alors que l'endettement global dépassait partout 400% , est bien la preuve qu'on avait totalement oublié l'importance des fondamentaux macroéconomiques ! Comment rembourser principal et intérêt à ce niveau de dettes ? Toute l'histoire de 1971 à 2007 est celle de l'oubli de plus en plus total des fondamentaux économiques ! En fait la "finance" comme discipline, s'est établie sur cet oubli. Avant on parlait d'économie.

Quand les professeurs émettent de pareilles âneries, les saltimbanques ont peu de chance d'échapper à la sottise ambiance. Mais ils peuvent éviter les partis pris politiques.  

Parution du livre de Didier Dufau : L'étrange désastre - Le saccage de la prospérité

Le Cercle des Economistes  E-toile (CEE*) crée un département « édition",  avec pour vocation  l'édition de livres économiques susceptibles de faire avancer les solutions de sortie de crise et populariser  les propres thèmes développées par le cercle.  

Pour lancer cette activité, nous sommes heureux d’annoncer la parution à l'automne, du livre de Didier Dufau,  un intervenant que les lecteurs de ce blog connaissent bien :

Didier DUFAU

L’Etrange Désastre

Le saccage de la prospérité

Avec une préface de Gabriel Milesi.

300 Pages

Aux Editions du Cercle des Economistes e-toile.

ISBN 979-10-95148-00-5

Octobre 2015

 

En avance de publication, un pré-tirage  particulier a été réservé aux lecteurs de ce blog,  au prix spécial de 19.90 Euros + frais de port, soit 25 Euros pour la France. Pour obtenir le livre il suffit d'envoyer un chèque  libellé à l’ordre du Cercle des économistes e-toile,  à  l'adresse suivante :

Cercle des économistes E-toile

Attention Mme Sophie Delfyn

c/o La Maillière

4, Av. Jules Janin

75016 Paris.

N’omettez-pas de donner vos coordonnées d’adresse pour l’envoi.

Compte-tenu du petit nombre d’exemplaires réservés à cette filière,  seules les  premières demandes pourront être servies.

Un compte Facebook va être  ouvert pour recueillir vos commentaires,  auxquels nous attachons la plus grande importance.

Pour toute demande d’information à l'auteur,  écrire  à  l'adresse : ddufau@e-toile.fr

 

Le secrétaire général

E E-F



La fonctionnarisation de la France depuis 1973 : une fausse solution.

La montée de la fonctionnarisation est-elle une conséquence obligatoire de la défaillance progressive du système économique occidental depuis 1971 ?

D'abord, il y a bien eu une relative défaillance du système économique puisque la croissance n'a cessé de  baisser durant les quatre décennies suivantes, avec des crises périodiques de plus en plus violentes et la montée d'un endettement global intolérable.

La question est de savoir quelle est la cause de cette contre performance. C'est la seule vraie grande question économique du moment.

Face au ralentissement, dans un pays dont l'économie se féminisait et avec une population vieillissante, la demande de protection a été très forte, depuis 1973. Les concours de recrutement de postiers ont vu affluer les bac plus 5 dès les années 80. La volonté d'une masse de petits diplômés de l'enseignement supérieur d'aller se caser notamment dans les administrations locales a été considérable, aggravée par l'esprit anti capitaliste des années 70.

La réponse politique, tous partis confondus, a été de satisfaire cette demande.

Si l'économie n'était pas entrée dans cette spirale désastreuse la demande de postes protégés dans l'administration aurait-elle été plus faible et l'offre moins généreuse ? Probablement. Une pression  socialisante exclusivement politique aurait-elle suffi à aller jusqu'à ces niveaux ?  Probablement pas.

Mais cela peut se discuter.

Il  y a eu, en France, convergence puis  confusion du politique et de l'administratif avec l'émergence de l'énarchie compassionnelle (Giscard, Chirac puis la suite après la crise de 73, alors que mai 68 avait délégitimé la production, la consommation, la croissance, l'entreprise, le travail etc.

S'agit-il d'une révolution par la tête,  les élites administratives coupées des réalités économiques  capturant le pouvoir politique de leur propre mouvement  ? Il est sûr que le mouvement Jean Moulin allait ouvertement dans cette direction et c'était pendant les "Trente Glorieuses".  Quand Chirac théorise dans une note à Giscard, en 1974,  que l'important n'est pas de réduire le champ de l'administration et qu'il est d'éviter les mouvements de rue, il réagit avec son instinct politique. Le peuple a peur. Il ne faut pas le traumatiser. Il faut le rassurer. Il veut de la sécurité et de l'administratif protégé. On va lui en donner.  Il se voit en "travailliste à la française" et la droite lui donne le pouvoir. Tout cela va prendre avec Mitterrand des proportions grotesques. N'oublions pas que son affiche électorale montre un village niché dans son vallon. Il sera réélu, simplement sur une perspective de ni ni. C'est-à-dire de passivité tranquille. Le peuple n'a pas été trahi. Il a été écouté. Il voulait de la sécurité, des postes de fonctionnaires et que  l'impôt sur ceux qui travaillent paye  tout cela.

Cela a accusé la réduction de la croissance française déjà entraîné par la baisse de la croissance mondiale.  Un magnifique exemple de cercle vicieux que Chirac, devenu  président , n'a pas voulu casser ,  après la crise de  92-93, pas plus que Sarkozy et encore moins Hollande.  

Les hauts fonctionnaires français de gauche comme de droite ont été débordés par l'évolution qui a saisi le monde après 1978 : ouvrir le monde aux diverses libertés de contracter , de circuler, de s'établir,  pour relancer les échanges et la croissance, généralement considérée comme  cassée en partie par la rente pétrolière. Et ils ont fini par se mettre en tête du mouvement, notamment via l'Europe. Ce faisant,  ils ont abandonné toutes les protections économiques et mis les ouvriers français sous le feu du prolétariat mondial. 

C'est la cause principale de l'échec final de Mitterrand, du suicide de Bérégovoy,  de la victoire surprise de Jospin et de les défaite surprise, du non au referendum, de l'appel et du renvoi de Sarkozy,…

Le problème, c'est que les contradictions sont maintenant au sommet et pratiquement insurmontables. 5.5 millions de chômeurs et 5.5 millions de fonctionnaires, 2 à 3 millions de personnes à la gamelle qui ne travaillent pas, , 14.5  millions de retraités, la baisse du revenu par tête continue depuis 2008, le remplacement  de la population native par des populations allogènes ayant leurs propres mœurs et religions, et revendiquant désormais le haut du pavé, un prélèvement sur la nation qui égale la production de richesses par le secteur privé, la destruction des fortunes et l'exode de milliers de foyers, pendant qu'on en fait venir des dizaines de milliers de l'étranger pauvres,  témoignent d’une situation désormais impossible.

Les socialistes sont par terre et se cherchent une voie de survie par un retour en arrière terrifiant : Corbyn, Podemos, Syrisa... C'est : mort à l'Euro, mort aux économistes, mort au capitalisme. Mais qui garnira la gamelle ? La saisie des biens des riches ? On vient de voir que cela ne marche pas.

La droite est par terre. L'organisation générale des échanges et du système monétaire international est défectueuse et elle est incapable d'en mesurer ni les causes ni les efforts nécessaires pour en sortir. Et elle doit politiquement servir la demande de précaution du pays.

Les élections de 2012 avaient montré un combat d'incapables et d'impuissants, compensant leur incapacité et leur impuissance par des fuites en avant dans la démagogie et l'ignominie. Le plus malinb et le plus vicieux a gagné et a aussitôt provoqué une aggravation odieuse de la situation avant de changer de direction à 180°. Personne ne croit au discours d'un Juppé ou d'un Sarkozy.  Personne n’écoute plus les fariboles de Hollande.

Juppé paraît plus propre sur lui et plus rassurant que Sarkozy et Hollande réunis. Il tient la corde car il rassure un pays qui a toujours et encore besoin d’être rassuré. Fillon ne décolle pas car le parti de la pétoche nationale ne veut pas de changements radicaux. Encore quelques minutes M. le Bourreau !

Les Français se défoulent sur les élites parce qu'ils savent bien que c'est le peuple français lui-même qui s'est lancé dans cette fuite nécrosante dans la sécurité aux frais d'autrui. Et qu’ils en ont honte.

Les socialistes sont désormais hors course. On sait qu'ils ne protègent plus rien et que si cela continue ainsi  les fonctionnaires français vont subir le coup de rabot grec : licenciement et baisse drastique de revenu.

La droite n'a pas  de légitimité faute d’avoir  expliqué pourquoi le trend est abîmé depuis 40 ans, pourquoi les crises sont de plus en plus graves, pourquoi le niveau de dettes est aussi insoutenable, partout dans le monde.  On ne peut pas être "pro business" et ne pas expliquer pourquoi la forme d'organisation actuelle de l’économie ne marche pas.

Les opérations de com' et de dénonciations politiques ne suffisent pas.

Le peuple français est encore malléable, car il veut s'en sortir. Mais il veut une perspective donc des explications et un chemin de sortie de crise un peu balisé. On ne pourra le faire sortir de ses réflexes de peur que par l'entraînement de la raison et une force prospective crédible.

Le drame de la droite et de la gauche française est que ces deux tendances sont également impuissantes et ne tiennent aucun discours autre que du calibrage électoraliste dommageable. Les imbéciles militant dans chaque camp croient que la solution viendra de ce que la droite sera "vraiment de droite" et la gauche "vraiment de gauche".  Braiements de gauche et braiements de droite n'ont en fait aucune importance. Les exaltations partisanes d'incapables et d'abrutis n'intéressent plus les Français.

Ils veulent désormais des solutions, et pas simplement des impôts, des souffrances et des contraintes.

L’ennui,  c’est qu’il n’y a pas de solutions sans contraintes.  Les fonctionnaires sont maintenant à peu de temps de subir une triple amputation :

-          La séparation entre sphère politique et sphère de la haute fonction publique  sera  bientôt inévitable.  

-          La disparition des statuts de fonctionnaires au dessous de la catégorie A est da              ns les tuyaux

-          La fin de la retraite statutaire remplacée par une retraite par point, et alignée sur les règles du privé ne pourra pas être différée très longtemps. .

En dix ans les effectifs de fonctionnaires  doivent être dégonflés de près d’un million. On peut le faire doucement et sans dommage trop grave.  Sinon ce sera le collapsus à la grecque.  Quand un état ne peut pas payer, il ne peut pas payer.  Les fonctionnaires sont les premières victimes.  L'horloge tourne.

La reconversion  sera acceptée si l’économie privée redevient prospère.  Ce qui suppose que l’on mette fin au saccage de la prospérité que l’on constate depuis quarante ans.  Sans un discours clair sur les causes de la déréliction progressive de l’économie occidentale, sur les remèdes  et sur les modifications à apporter à une série d’institutions internationales, les promoteurs d’une politique claire de suppression des béquilles sur lesquelles les Français s’appuient ne peuvent pas gagner  d'élections.

Il faut faire arriver à comprendre que le mouvement plus que le blocage, que l'offensive et le dynamisme, plus que la défensive hargneuse, que la prise de responsabilité  plus que la demande de protection, sont les moyens d'une nouvelle sécurité sociale. 

Convaincre un petit gros coincé dans une paroi raide et qui ne sait plus ni avancer ni reculer, que son salut passe par la reprise de la grimpée vers le haut, en mobilisant tout ce qui lui reste d'agilité et de force, est difficile.

Il  n'y a personne pour lui lancer une corde. S'il laisse la nuit arriver, il tombera.

Les changes à nouveau en folie.

L'idée centrale qui fonde l'essentiel des thèses de ce blog n'est pas difficile à comprendre : les grands déséquilibres de balances commerciales et de paiements, dans un monde où les Etats ont pris une part de lion dans l'économie et où la monnaie est imprimée à volonté par les dits Etats et n'obtient son pouvoir libératoire que par les Etats, provoquent des crises financières d'autant plus difficiles à maîtriser que les déséquilibres sont plus grands.

Tout système qui limite le plus structurellement possible les grands déséquilibres est bon. Ceux qui les aggravent sont mauvais.

Le système des changes flottants mis en place, par force, lorsque les Etats-Unis ont voulu se débarrasser des contraintes des Accords de Bretton-Woods, qui pourtant étaient déjà déséquilibrés en leur faveur, ne marche pas, n'a jamais marché et ne marchera jamais.

Le système de monnaie unique, si rien n'est fait pour ajuster les déséquilibres internes, ne marche pas, n'a jamais marché et ne marchera jamais.  

S'agissant de relations entre Etats souverains et puissants, qui peuvent être tentés  de tordre les relations économiques et monétaires à leurs avantages réels ou supposés, les accords diplomatiques mous et les belles déclarations d'amour à la stabilité ne peuvent pas être efficaces. Il faut créer des systèmes institutionnels solides avec des correctifs puissants.

Au sein de la zone Euro, comme nous avons essayé de le montrer dans nos articles précédents, il faut un chancelier de la zone Euro, dont le travail est de mesurer, prévenir, et corriger les déséquilibres internes et externes.

Les accords de Bretton Woods étaient de bons accords, car il forçait les Etats à respecter la valeur réciproque des monnaies. Certes ils étaient imposés par une puissance dominante qui les appliquait à son avantage mais ils imposaient une discipline structurelle et des principes, ainsi qu'un maître chien : le FMI, et un porteur de carotte, la BIRD.

Les principes de base étaient d'une grande simplicité :

- Tout le monde gagnera à l'extension des échanges internationaux.

- Il faut donc permettre à tous d'accéder à ces échanges, ce qui impose qu'on puisse les financer avec des moyens de paiements reconnus.

- Les monnaies étant nationales et gouvernées par les Etats, les Etats ont une responsabilité vis-à-vis des tiers lors d'un échange international.

- Les produits doivent s'échanger contre des produits pour ne pas créer de distorsions graves des marchés du travail et permettre à la loi des débouchés de fonctionner ; cet échange doit être les plus équilibré possible.  

- Si une crise intervient qui met en cause la crédibilité d'une monnaie, la collectivité se saisit de la question, pour permettre au pays en cause de revenir à l'équilibre et maintenir son accès au commerce international, sans entraîner les autres dans ses difficultés.

- L'objet direct de l'intervention collective est d'empêcher des mécanismes contagieux de déflation de s'enclencher.

- L'aide du FMI est certes coercitive, pour éviter les défauts à répétition, mais son but reste positif : stopper des phénomènes récessifs cumulatifs.

Le système est à la fois structurellement coopératif et largement auto régulé, puisque chaque pays a la responsabilité de surveiller ses balances extérieures.  

La double organisation des changes flottants dans le monde et de la monnaie unique sans organisation de pilotage en Europe, a signé le retour de la déflation comme moyen d'ajustement des déséquilibres, donc du chômage de masse et des dettes incontrôlables.

Au début de l'année 2015, tout le monde glorifiait "l'alignement des planètes", la conjonction miraculeuse d'un Euro très dévalué et d'un prix du pétrole en chute libre "grâce au gaz de schiste américain". Nous écrivions : attention le commerce international est à zéro ; la baisse du pétrole n'est qu'un détail des baisses massives qui touchent toutes les matières premières.

Les chiffres connus signalent que le commerce international a finalement baissé de près de 4% en 2014. Depuis l'été 2008, il est à l'arrêt et n'a un peu remué que lorsque la Chine, inquiète de voir le dollar se déprécier et son stock de devises et de placements en dollars perdre de la valeur, a converti sa monnaie en "valeurs réelles", c'est à dire acheté un peu n'importe quoi à travers le monde. De même, les remontées du terrain montraient qu'en France le commerce de détail était à l'arrêt et dans une situation pire qu'en 2009. L'Insee vient de confirmer que le PIB y a connu une croissance zéro au second trimestre 2015.

Aujourd'hui on mesure avec la dévaluation soudaine du Yuan que la Chine, qui avait promis de rétablir progressivement une valeur de sa monnaie plus compatible avec l'équilibre des échanges mondiaux, ne pouvait pas supporter la baisse totalement extravagante de l'Euro et celle du Yen, tout en suivant la hausse du dollar.

Tout le monde voit les avantages d'une dévaluation pour soi même. Personne ne voit les inconvénients. Gare aux réactions des autres et aux effets négatifs d'une dévaluation en interne, rarement signalés.

Ils sont pourtant massifs.

L'Europe, pour installer l'Euro dans le concert des nations, a voulu, pendant deux décennies, imiter la politique allemande de la Buba et avoir un Euro fort. Il a été trop fort trop longtemps et a ruiné une partie de l'économie européenne qui a été transférée en Chine et en Inde. Il est brutalement dévalué passant de 1.40 à 1.10, soit une chute de plus de 20%. Quelle est la conséquence immédiate ? Tous les importateurs sont obligés de répercuter une hausse de coûts immédiate de même ampleur et tous les distributeurs, c'est-à-dire le grand commerce et les boutiques, prennent un coup de ciseau effroyable. Ils ne peuvent pas répercuter la hausse des produits qu'ils vendent ni leur substituer une production locale car cette dernière a été purement et simplement éliminée pendant 20 ans. Alors on voit les grands magasins parisiens perdre leur marge et accumuler des pertes de plus en plus lourdes et de grandes chaînes de diffusion faire faillite ou s'en approcher. La consommation freine également brutalement.

Paradoxalement, la stagnation du secteur marchand en France au second trimestre est l'effet direct de la…dévaluation massive de l'Euro.

La Chine ne trouve plus de débouchés en Europe et voit ses exportations s'effondrer. La croissance ralentit fortement. Les pays qui exportaient en Chine, comme l'Allemagne sont touchés. La bourse de Shanghaï, gonflée par les masses de liquidités inemployées accumulées en Chine, s'effondre, le décalage entre économie réelle et financière devenant trop important. En même temps la déflation générale sur les marchés de matières premières déséquilibrait le marché du gaz de schiste aux Etats-Unis avec ces presque 600 milliards de dettes, fragilisait tous les pays dépendants du pétrole et déstabilisait un peu plus les marchés financiers. L'agriculture, notamment en France, qui est de plus en plus une industrie d'exportation (ou sensible aux importations, ce qui revient au même), se retrouvait aussi à découvert comme le montre le marché du porc.  

On ne pouvait pas démontrer plus radicalement que la croissance n'est possible que dans le respect des grands équilibres. Faute d'un système cohérent, globalement admis et surveillé, les échanges internationaux dans une ambiance de liberté sans limite des mouvements de capitaux, de marchandises et de personnes, deviennent incontrôlables.

Cette leçon n'est évidemment présentée nulle part. Et particulièrement pas dans la presse française, ce qui est dommage. Le comble du ridicule est à trouver dans la presse anglo-saxonne qui s'émerveille des dévaluations successives du Yuan, preuve, selon elle, que la Chine va enfin entrer de plein pied dans le flottement des monnaies dirigé par la spéculation internationale et les banques américaines.  

Ah ! Enfin un flottement total et général ! La joie profonde, l'extase de la finance "moderne".

Débloquons, débloquons !

Et bien oui, on débloque. Et on bloque à nouveau la croissance, seule moyen de sortir de la crise de surendettement global qui paralyse le monde et qui a été la conséquence directe du système des changes flottants par le mécanisme de la double pyramide de dettes détaillée par Jacques Rueff en son temps, et dénoncé à nouveau par Maurice Allais à la fin du siècle dernier. Ils nous manquent ces deux là ! .

On fait enfourner du sucre à un diabétique, en lui criant : formidable ; encore ! Et on s 'étonne que les vaisseaux craquent et que des amputations suivent.  

Heureuse période ; période des imbéciles heureux.

Si vous avez entendu un seul homme politique, au gouvernement ou dans l'opposition, faire cette analyse en France, vous avez gagné le grand prix des acouphènes.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

En relisant les mémoires de J. Chirac

Il y a quelque chose de fascinant à lire les mémoires de Jacques Chirac (Chaque pas doit être un but – Mémoires – Editions NIL – 2009).  Usuellement, les mémoires des grands hommes politiques permettent de comprendre comment certains grands problèmes ont été abordés, pourquoi certaines solutions ont été adoptées ou refusées, les compromis qu’il a fallu faire, les tensions entre les grandes influences etc. ici rien. 485 pages de vide. On sent que le livre a été écrit par une plume, qu’on ne lui a pas confié grand-chose et qu’il a fallu se plonger dans les écrits et les programmes pour documenter la vie du grand homme.

La trace de Chirac se trouve principalement dans les règlements de compte. M. Giscard passe un vilain quart d’heure ! Et dans cette citation de George Suffert :

« M. Chirac est fascinant non par ce qu’il a de compliqué mais par ce qu’il a de simple. Il est ambitieux. C’est tout ».

Le Grand Jacquot, qui a voulu cette citation,  semble entièrement d’accord ! Et ses mémoires rendent compte exactement de cela : une ambition et une vie dont tous les actes n’ont que ce but, la servir. Le titre du livre est bien choisi.

Au passage on voit comment s’est nourri « l’énarchie compassionnelle » que nous dénonçons comme une des grandes tares de la France des quarante dernières années.

Première exigence : la survie. Dans une lettre à Giscard il écrit :

« C’est, avec une action insurrectionnelle fondée sur un large mécontentement que nous n’aurions pas su déceler  ou réduire à temps, le seul accident qui peut mettre  en péril notre réforme », écrit-il à Giscard, en évoquant les actions permanentes lancées par le Président pour tenter de liquider l’UDR, prédécesseur du RPR que Chirac créera un peu plus tard.  On retrouvera cette obsession d’arroser la rue, à la première récrimination, chez Sarkozy et aujourd’hui sous Hollande.

Ici le mot réforme est une litote. Il faut lire « notre pouvoir ». Car de réformes il ne saurait y en avoir qui touche à l’Etat, à l’Enarchie, à la fonction publique. Dès le début des années 70 la vision chiraquienne est formée.

« Ma conviction est que jamais un ordre intelligible clair et rationnel ne sera rétabli face à une administration devenue  aussi tentaculaire que paralysante sans une prise de conscience émanant de la nation toute entière ».

Si la nation ne dit rien, il ne faut rien faire. Donc on ne fera rien car on ne lui posera jamais la question.

« Réduire les attributions de l’Etat me parait largement illusoire ». « Ce serait se payer de mots que d’envisager une déflation administrative ». « Il est tout aussi vain de croire qu’un gouvernement se rendra maître de tous les services qui dépendent de lui ». « Il apparait inévitable de renforcer encore la règlementation en matière de protection de l’environnement et de prévention contre les dangers de certaines activités industrielles ».

Ne rien faire est légitime car réformer l’Etat est illusoire, et la demande de plus de sécurité est forte. La constitutionnalisation du principe de précaution est en germe.

En même temps il s’agit d’être social. C’est le second terme de l’énarchie : la compassion sociale.

« Je ne me suis nullement senti en désaccord avec son (Chaban Delmas) discours réformiste sur la nouvelle société imprégnée des idéaux d’un travaillisme à la française que je défendrai moi-même 7 ans plus tard ». On retrouvera le thème lorsqu’il s’agira d’écarter Balladur lors des élections présidentielles du début 90 par le slogan « réduire la fracture sociale ».  

Déjà lorsqu’il était secrétaire au budget d’un gouvernement sous la présidence du général de Gaulle, se place une anecdote très révélatrice et de la volonté de ne jamais réduire le volume de l’Etat et de prendre des mesures prétendument de « justice sociale ».

Chirac rencontre De Gaulle :

« Un accroissement de la pression fiscale semble à première vue inévitable. Le Général de Gaulle exclut toute décision de cet ordre. M’interrogeant sur le niveau actuel de la pression fiscale, 34.7% du PIB, il me demande de la ramener à 33%. »

Au lieu de cela Chirac provoque un tollé en proposant une hausse des droits de succession : « Je n’ai pas jugé choquant que l’Etat en prenne une part plus équitable ».

Les mots sont importants : l’équité vis-à-vis de l’Etat suppose qu’on prenne plus aux possédants lorsqu’ils meurent.

Notons au passage que De Gaulle, souvent présenté comme un épouvantable étatiste, souhaite baisser l’emprise de l’Etat sur la nation. Nous n’en sommes plus à 34.7% mais à plus de 50% ! Temps bénis !

Bien sûr le socialisme, en tant qu’idéologie prédatrice, va beaucoup contribuer à l’aggravation de l’empreinte fiscale française, mais les mémoires de J. Chirac nous rappellent que l’énarchie compassionnelle est le véritable moteur de la captation par la haute fonction publique de la quasi-totalité de l’accroissement de richesse produit par les Français.

Le septennat raté de Chirac, puis son quinquennat mollasson, rendront évident la passivité chiraquienne en matière de réforme et son souci de l’accroissement régulier de la pression fiscale, de la dette et de l’emprise de l’Etat sous toutes ses formes.

 Sur le plan économique, il était intéressant de connaître l’avis de Chirac sur deux mesures capitales pour l’avenir.

-          Les Accords de la Jamaïque qui légalise le système de changes flottants ; Comme nous cessons de le répéter, ces accords sont à la base de la baisse régulière du trend et de l’aggravation des crises périodiques. Le saccage de la prospérité a été décidé à la Jamaïque en janvier 1976, Chirac étant premier Ministre et conduisant la politique de la nation. Qu’en disent les « mémoires » ? Rien ! Rien du tout. Pas un mot.

-          La relance Chirac sera un terrible échec.  En régime de changes flottants, les relances donnent un coup de fouet et ruinent aussitôt la monnaie et les finances publiques. Il faut vite revenir en arrière. Les mémoires se flattent du volontarisme affiché mais pas un mot sur l’échec, ses causes, les leçons à en tirer.

Chirac était un cavalier, un hussard, énergique, drôle et sympathique. Mon « bulldozer »  dira Pompidou. Mais il était vide d’objectifs, notamment économiques, au-delà de son ambition personnelle. Il est assez effarant de penser qu’il sera premier ministre ou président 16 années entre 1974 et 2007. Il est compréhensible que cette présence ait signifié une hausse constante de la dette, des prélèvements et du champ de l’action publique. « On ne remet pas en cause des avantages acquis » !

Il reste vrai que son gouvernement de cohabitation sera un des meilleurs sur le plan économique. Quelle est la part de Chirac et celle de Balladur, son ministre des finances venu avec  sa camarilla de jeunes ambitieux, dans un résultat qui le mènera malheureusement à l’échec électoral et lui fera aussitôt regretter les mesures prises?  On peut craindre que « le pauvre Jacques » n’ait pas eu trop son mot à dire et qu’il s’y soit facilement résigné. Mais ce serait injuste de ne pas le créditer de ce bon gouvernement.

Chirac, Rocard, Juppé, Jospin, Villepin, Hollande sont presque des clones. Seuls les trois B, Barre, Bérégovoy, Balladur, ont œuvré pour un peu de libéralisme.

A l’heure où les sondages mettent Alain Juppé sur le pavois présidentiel, alors que dettes, fiscalité, et réglementations tatillonnes tuent la France, la leçon mérite sans doute d’être méditée.  Sa quasi unité de pensée  et ses nombreux pas de deux avec Michel Rocard, qui, lui, peut se flatter d’avoir dirigé le pire gouvernement de la période, laissent peu de chances à ce qu’il s’élève au-dessus de ce qu’il est de tout temps.

Que faire de la zone Euro ?

L’Eurosystème est une des rares institutions internationales construites dans les 30 dernières années.  Elle est mal née.  Les motifs qui l’ont porté sur les fonts baptismaux sont relativement incertains.  Certains ont voulu « avancer dans la construction européenne ».  A tout prix, selon un sens étrange de l’urgence européenne. L’abandon des disciplines de Bretton-Woods et le flottement des monnaies avaient bloqué les projets d’Union monétaire européenne mis en avant lors de la conférence de La Hayes, en 1969.  Les différents serpents monétaires ayant été balayés, les européistes se sont mis à considérer que seule une monnaie unique résisterait à la spéculation internationale conduite par les Américains et plus généralement les Anglo-saxons.  Les banques centrales européennes ont commencé dès le début des années 80 à considérer que le projet était quasi certain d’être mis en œuvre. La Banque de France s’y prépare dès le milieu des années 80, en totale indépendance des alternances politiques. Les fédéralistes européens considéraient que c’était l’étape suivante indispensable, celle qui créait une situation irréversible. Depuis Jean Monnet, l’idée fédérale s’inscrit dans une tactique qui veut que les faits accomplis économiques contraignent  le politique jusqu’au fédéralisme promis. On met donc la charrue économique avant les bœufs politiques. En espérant que les bœufs piétineront suffisamment la charrue pour qu’on soit obligé « d’avancer » (« L’Europe avance par crise ») mais pas assez pour la casser.

Des discussions, nombreuses, ont eu lieu dans ces milieux, pour savoir comment faire. Très peu sur les conditions de réussite d’une monnaie unique et les contraintes d’organisation dans la durée.  Aucune sur l’opportunité de monter un tel système. L’ardente obligation européenne imposait d’avancer.  Le marché unique et la monnaie unique s’imposaient « naturellement ».  Cela se terminera par le rapport Delors, source de tous les maux.  Au passage le JDD  de ce dimanche nous a commis deux pages hagiographiques sur J. Delors au moment même où les vices du système mis en place sont devenus manifestes !  Il est vrai que les Européistes viennent de primer  Delors pour contrer le mauvais climat qui règne en Europe depuis que la monnaie unique a été installée.  

Ne faisons pas à ce « père de l’Europe de la monnaie » l’injure de penser qu’il ne savait pas que le système qu’il proposait était problématique. Il n’y a pas un économiste sérieux, connaissant un petit peu les questions monétaires, qui ne sache qu’une monnaie unique est une construction politique qui ne peut réussir qu’avec un pouvoir central fort.  Mais il fallait « avancer ». On a fait semblant de considérer qu’une zone de monnaie unique pourrait fonctionner si on libérait totalement les mouvements de capitaux, de marchandises et de personnes.  Les marchés s’occuperaient d’harmoniser les déséquilibres éventuels. Les Etats devaient être mis en muselière. Pour cela il suffisait de deux règles juridiques : pas de déficit budgétaire supérieur à 3% du PIB et pas d’endettement public de plus de 60% du même PIB. Pour préparer la fusion monétaire, les systèmes devaient converger vers ces objectifs.  Et roulez bolide ! Bien sûr cela ne marcherait pas parfaitement mais on profiterait de la première crise pour faire avancer l’intégration et restreindre la souveraineté des Etats.

Les adeptes de Milton Friedman  encensèrent le maître qui avait annoncé que l’Euro ne durerait pas trois ans et que les changes flottants étaient la seule solution.  Depuis des lustres les économistes américains expliquent que les Européens croient bêtement à la « stabilité » et que les vrais amoureux du business sont pour le mouvement. Après tout le dieu Hermès a des petites ailes aux pieds.

Sans voir que les changes flottants avaient fini par créer une économie baudruche qui ne demandait qu’à exploser. Asphyxiés par leur propre mythologie, ils pensaient que la souplesse du roseau était la garantie d’une flexibilité heureuse sans se rendre compte que le système était pervers de façon endogène et voué lui-même à l’autodestruction. L’aveugle insultait gaiement le paralytique.

Autre point commun, tous ces économistes pensaient que le cycle n’existait plus, qu’on savait le juguler, que  Greenspan était un génie et que la crise de 87 était due aux ordinateurs, pas aux effets délétères de la montée de l’endettement global  qui déjà dépassait les 300% à la fin des années 80.

Le « génial économiste » Mitterrand.  (Il n’était pas seulement le Dieu de la politique politicienne en ce temps-là, ce qui avait tout de même fait un peu  ricaner même une Françoise Giroud) avait prédit que l’acte unique allait permettre une formidable croissance en 92-93 Nous eûmes à cette date la pire crise conjoncturelle depuis 1929 ! 

Cela ne fit réfléchir personne. Ni sur les méfaits du système des changes flottants, ni  sur le caractère un peu dangereux de créer une lac de fixité au milieu d’un océan de flots monétaires internationaux  déchaînés.  Pour les jeunes générations, il est intéressant de souligner qu’à cette date, Il était impossible, strictement impossible, de faire passer quoi que ce soit dans la PQN qui remette en question les changes flottants et l’idée d’une monnaie unique ou la contradiction entre les deux formules.  Maurice Allais le fera un peu plus tard et recevra la bastonnade que l’on sait. On trouva même d’astucieux économistes pour défendre, en même temps,  l’idée que les changes flottants mondiaux et celle d’une monnaie unique européenne étaient toutes deux excellents en même temps. La flagornerie ne craint pas les oxymores.

En avant pour le traité de Maastricht et une institution structurellement bancale.  Aucun vrai débat technique sur la manière de gérer une zone monétaire.  Seulement un affrontement entre souverainistes et fédéralistes.  De même que le débat sur le système monétaire international, lorsqu’il avait lieu, c’est-à-dire presque jamais, ne consistait qu’en un échange d’horions idéologiques entre marxistes (cachés en « keynésiens ») et « néo-libéraux », c’est-à-dire en adepte de la liberté financière à tout va. 

La faiblesse du dispositif se voyait à l’examen d’une seule question : qui gérerait le change dans le nouveau système ?  Extraordinaire  exemple d’un instrument, capital à l’échelon national, qui disparaissait soudain à l’échelon européen. La BCE n’était pas chargé des changes mais du niveau des prix. L’ « Eurosystem » disposait d’un « Eurogroupe », un aréopage d’une vingtaine de ministres des finances, présidé par un « président de l’Eurogroupe » sans pouvoir, sous le contrôle d’un conseil des chefs d’état de la zone euro.  C’est lui qui serait chargé de la gestion du change. Mais comme on considérait que les changes flottaient naturellement et que seuls les marchés étaient chargés de donner la valeur de l’euro, la question ne se posait pas.  De toute façon les moyens techniques de gestion du change ne dépendaient pas de l’Eurogroupe.  Les Etats avaient perdu tous les leviers de la politique des changes et des taux d’intérêt mais personne n’en avait réellement hérité. Curieux, non ? Et cela ne choquait absolument personne. Lorsqu’on évoquait la question devant un politique il répondait invariablement : « C’est étrange en-effet, mais c’est une question technique et nous avons d’excellents techniciens de la finance ».

La grande question d’une zone de monnaie unique avec des Etats indépendants est la gestion des écarts dynamiques de productivité, de prix  et de compétitivité. Nous-mêmes avons inlassablement dénoncé un système qui faisait de la déflation-dépression le seul moyen d’ajustement. Les fédéralistes pro-euro répliquaient que l’ouverture totale des marchés intérieurs suffirait à entraîner mécaniquement les ajustements nécessaires.  Nous disions qu’avec des Etats qui prélevaient entre 40 et 100% de la valeur ajoutée des entreprises, la notion de marché tout puissant était tout de même un peu aventurée.  Les politiques publiques non ajustées pouvaient avoir des effets pervers catastrophiques. « Nous avons d’excellents conseils et une haute administration de qualité partout en Europe. Ils savent ce qu’ils font ! »  Fermez le ban !

Et justement voilà que le gouvernement Jospin  asphyxie l’entreprise française par des réglementations étouffantes et étrangle l’économie avec les 35 heures.  Peu après l’Allemagne fait l’inverse avec le plan Schroeder.  La compétitivité relative de la France s’effondre. Personne ne dénoncera la contradiction  comme une source de difficulté à venir pour la zone euro.

La chute des dictatures en Europe, a conduit à une extension inconsidérée de l’union Européenne. Et ces pays fragiles entendaient entrer dans l’euro pour des raisons purement politiques.  On croit devoir faire droit à leurs demandes.  Comment laisser à la porte la Grèce loin de Papadopulos, le Portugal débarrassé de Salazar et l’Espagne, d’où Franco a disparu ?  Et ces pays de l’est qui frappent  soudain désespéramment à la porte ?

On a chargé la barque de l’Euro, déjà bancale par construction. Le navire a pris de la gite dès le départ et elle a été aggravée par des politiques incompatibles.

La mini récession du début des années 2000 a aussitôt fait prendre conscience que les règles de droit étaient incompatibles avec la conjoncture. On parla de « règles idiotes ». Pour un système fondé uniquement sur deux règles, ce n’était pas très encourageant pour la suite. Surtout quand les pays qui jugeaient ainsi étaient l’Allemagne et la France, les deux piliers !

La Grèce commence à souffrir dès 2002-2003. De même la finance internationale est en crise après l’effondrement boursier du début du siècle.  Cela branle de partout et la FED commence ses inondations monétaires.  Le taux de dettes globales commence à s’approcher à peu près partout de 375%. Certains pays en sont déjà à plus de 700%.

L’effondrement du dollar projette l’euro à des sommets et aggrave la crise en Europe qui entre en stagnation.  Mais les politiciens sont heureux de ne plus avoir à surveiller le taux de change. Ils trouvent cela merveilleux et ne cessent de le dire dans les médias.  Donc ils peuvent emprunter et ils le font sans retenue, ou laisser leurs banques et autres agents économiques emprunter.   Personne ne surveille les taux d’endettement globaux de chacun des pays.  Au printemps 2008, le taux moyens d’endettement global dépasse 425% dans l’OCDE. Différents pays sont à plus de 1000% ! Dès décembre 2006 nous prévoyons l’effondrement certain  pour 2009-2010. Début 2007 nous rapprochons cette prévision à 2009, puis la crise de liquidité bancaire de l’été 2007 nous la fait avancer à l’automne 2008. En décembre 2008, nous annonçons un krach pour septembre 2008.

L’hystérie financière générale laisse penser qu’on est à nouveau dans une phase économique formidable. Personne n’écoute.

L’Euro se porte assez bien : la crise du dollar le dope sur les marchés de change ; les taux d’intérêt ont convergé. Tout cela parait solide, même si certaines voix s’élèvent pour dire que le respect des règles n’est plus assuré. Tout le monde fait ce qu’il veut. 

Lorsque l’effondrement financier a lieu, avec l’abandon à la faillite de Lehman-Brothers, tout le monde croit que « l’Euro nous protège », y compris les Islandais qui sont en faillite grave.  L’Euro, c’est solide. La crise est venue des Etats-Unis et l’Euro a bien résisté.

Jusqu’à ce que la spéculation s’attaque aux taux d’intérêt des pays dangereusement endettées de la zone Euro (Grèce, Islande, Portugal, Espagne, Italie).  Et là, c’est aussitôt la Bérézina.

L’organisation de la zone Euro, inexistante, n’a aucun moyen de faire face ; Il faut improviser d’urgence. Ce sera la suite ininterrompue de « sauvetages » avec des « mécanismes » forgés à la va vite et qui conduiront aux récents évènements grecs.

Lorsque nous écrivions dans les années 90, que la régulation se ferait dans la déflation, personne ne se rendait compte réellement ce que cela voulait dire. Avec l’affaire grecque, la fermeture des banques, la perte de 25% du Pib et toutes ses choses, l’affaire devient diablement concrète.

Où en sommes-nous aujourd’hui ? Le vrai problème reste la crise mondiale. Le système des changes flottants ne marche pas, n’a jamais, marché et ne marchera jamais. Mais personne ne songe à le modifier. C’est l’explosion de ce système défectueux qui a déstabilisé l’Eurosytem. Pas l’inverse. Mais l’Eurosystem a démontré qu’il n’était pas armé pour faire face autrement que par des mesures détestables qui enflamment les haines sociales et nationales. Le politique devient le pire ennemi de la zone euro.

Les euro-fédérolâtres considèrent que somme-toute, ils ont gagnés. La crise a permis de faire des progrès dans l’abaissement des Etats nationaux. Les banques sont supervisées désormais par la BCE. La Commission a reçu des pouvoirs élargis.  Le système global est sous contrôle maintenant que l’amplificateur bancaire a été mis sous tutelle étroite. La BCE a mangé son chapeau allemand et « fait ce qu’il faut » pour sauver la zone Euro. Donc tout va bien : militons désormais pour une forme fédérale de contrôle de l’économie européenne !

Les souverainistes poussent à la destruction immédiate de la zone Euro dont les mécanismes de sauvetage nous ont endetté pour des millénaires et empêchent toute politique nationale de sortie de crise.  Les marxistes exigent également la fin de la tutelle bruxelloise pour pouvoir enfin mener une politique de « relance sociale par la planche à billets ».  Façon Chavez.

Hollande, toujours à sa copie servile du parcours mitterrandien, se pose en créateur d’un nouveau système fédéral avec budget unique, parlement spécial, etc ; La dette ? On s’en fout ! Le respect des règles de Maastricht ? On s’en fout ? Le chômage ? On s’en fout. Proposons comme Mitterrand une fuite en avant européiste.  

Foutaises !

Il faut un « chancelier de la zone euro », assisté de comités parlementaires issus des parlements nationaux, avec une compétence d’investigation, de recommandation et de maîtrise de la politique monétaire et financière au jour le jour. Il aura pour mission de faire revenir le monde à un système de changes fixes et ajustables. C’est lui qui décidera du taux de change et de la politique des taux d’intérêt. Il sera à la fois le FMI interne de la zone, le pilote des instruments monétaires mis en commun et le conseiller en matière de politiques budgétaires, économiques et sociales pour tout ce qui concerne les écarts de compétitivité et les ajustements nécessaires.

Si ce poste avait existé dès 1997, il aurait évité que les Français et les Allemands se lancent dans des politiques incompatibles avec une monnaie unique, freiné les bulles immobilières dans la zone, empêché les glissements budgétaires de type français ou grecs.  Il n’aurait pas empêché le choc de la crise des changes flottants mais il serait là pour exiger une évolution radicale pour des changes fixes et ajustables. On n’aurait pas eu besoin d’appeler le FMI. Et les dérapages ayant été maîtrisés un certain nombre d’instruments collectifs auraient pu se mettre en place, comme des bons du trésor européens.

Est-ce encore aujourd’hui la solution pertinente ? Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Mais le climat a été tellement dégradé et la méfiance portée à de tels sommets que la faisabilité de la réforme devient très aléatoire.

Un certain nombre d’idées ont tout de même fait leur chemin. La première est que toute organisation de la zone euro doit être propre à la zone euro et ne pas dépendre de l’UE. La deuxième est que les parlements nationaux doivent être associés et pas le Parlement Européen. La troisième est que la BCE doit être aussi responsable de la croissance. Ensuite il faut un pilote avec les instruments ad hoc.

C’est toujours agréable de voir que des idées proposées depuis 20 ans finissent par entrer dans la discussion publique.

Il existe cependant de fortes différences entre notre projet et ceux que l’on voit surgir. Le Chancelier doit être pour nous un coordinateur et un conseiller et non pas un « gouvernement économique ».

L’espèce de frénésie fédérolâtre qui a saisi les télévisions françaises, notamment celles de la TNT, depuis l’annonce présidentielle est proprement ahurissante. Alors que le système vient de subir une crise historique on voit réapparaître toutes les bouches à feu du fédéralisme, dans des émissions qui font de la surenchère,  sans la présence d’aucun contradicteur. Sur le thème « on a échoué parce qu’on n’a pas été assez loin  dans l’union», voilà toute la mouvance de ceux qui veulent voir disparaître les Etats européens et notamment la France, en train de présenter le catalogue complet des mises en commun. Le « saut qualitatif européen » devient un must. Même si ses contours sont totalement flous. Et qu’on ne voit pas clairement où serait des avantages, généralement présentés comme magiques par la vertu de la sainte Trinité bruxelloise. Tout s’arrangerait comme par miracle. On pourrait tout faire. Du social, de l’écologique, de la science, du progrès économique.

De l’autre côté du spectre, les souverainistes posent la question : Et pourquoi ne pas abandonner l’Euro purement et simplement ? Tout deviendrait miraculeusement simple. En tout cas on ne serait pas obligé de payer pour les autres dans des conditions antidémocratiques (pauvres grecs victimes des vilains prêteurs). Et on pourrait faire enfin ce qu’il faut, notamment avec notre création monétaire,  sans être constamment entravés.

Les deux miracles fédéralistes et souverainistes sont des illusions.

L’abandon de l’Euro ? Il n’y a pas de méthode  pure et simple d’abandon, même si doctrinalement rien ne s’y oppose vraiment. Chaque état membre crée une monnaie sur la base d’une unité nouvelle = un euro et indique qu’il remboursera ses dettes dans cette monnaie. Et on voit ce qui se passe. Très probablement une relance des comportements de précaution et un blocage temporaire mais général des affaires, avec une poussée de l’inflation dans les pays les plus endettés qui monétiseront aussitôt les déficits publics. En France les fonctionnaires qui dirigent le pays considéreront qu’il n’y a plus d’efforts à faire. Le marché des changes sera fortement secoué. Les balances commerciales danseront la samba. Et il faudra dix ans pour que l’économie-monde et celle de l’Europe s’en remettent. Lorsque les Etats Unis sont passés du dollar gagé sur l’or au dollar flottant, une opération très semblable, il a fallu 15 ans pour digérer le choc. En fait, on ne s’en est jamais vraiment remis, du fait des défauts du nouveau système de changes flottants.  Car ces nouvelles monnaies flotteront, sinon où est l’avantage de liberté dans la manière de gérer son stock de dettes ? On aggravera les effets délétères du système des changes flottants et aucune réforme dans ce domaine ne sera plus jamais possible à horizon raisonnable, l’échec de l’euro servant de repoussoir perpétuel.

Conserver la gouvernance actuelle ? On voit que cela ne marche pas et que cela coûte très cher à tous, tout en créant les conditions d’un rejet populaire massif.

La seule véritable solution est la coordination, qui maintient la souveraineté des pays tout en les associant, avec un mécanisme d’éviction du club si un pays considère qu’il doit suivre une voie incompatible avec celle des autres.

Le coordinateur doit disposer des moyens statistiques communs, et de pouvoirs d’investigation du type de ceux du FMI, qui n’a pas à intervenir à l’intérieur d’une zone de solidarité monétaire.  Il faut établir  un pouvoir de recommandation et une procédure de « reconsidération », au cas où une mesure serait proposée par un pays qui pourrait être jugée comme incompatible avec la prospérité générale.  Cette administration ne devrait pas être logée à Bruxelles mais à Paris, puisque la BCE est en Allemagne et que ces deux pays sont les plus importants du club. Des procédures d’association des parlements nationaux sont indispensables, mais pas sous forme d’un Sénat européen, structure lourde et complexe dont le rapport avec le Parlement Européen resterait à préciser.  Un délégué par parlement par pays membre suffirait, dans chacune des trois chambres qui devraient être créées : chambre sociale, chambres budgétaires et fiscales, chambre économique et monétaire.  Tout doit rester léger.  Et naturellement, le conseil des ministres des finances et celui des chefs d’Etat serait l’instance d’arbitrage final en cas de divergences graves.

Le « chancelier de la zone euro » aurait un domaine propre qui est celui de la politique monétaire, en liaison avec la BCE  et aurait la mission de faire évoluer le système monétaire international, avec comme objectif  le retour à un système de changes fixes et révisables.

Cette évolution serait moins traumatique pour les souverainistes que la création d’une machinerie fédérale  disproportionnée. La coordination ex ante ne pourrait avoir que des avantages et mènera naturellement  à des instruments financiers collectifs susceptibles d’éviter les méfaits de spéculations hasardeuses. Elle conduira à plus de stabilité dans le monde et une meilleure prise en considération des points de vue européens, notamment vis-à-vis du « benign neglect » américain.

Tout renforcement collectif, de toute façon,  supposera que la France cesse d’être l’homme malade européen, avec une gestion désastreuse basée sur l’asphyxie fiscale et la dépense publique outrancière à crédit.

Le plus grave reproche que l’on puisse faire à F. Hollande est d’être l’obstacle principal à toute évolution. Qu’il fasse de la surenchère fédéraliste, sous les vivats de ceux qui font semblant de croire  qu’il a « sauvé » l’Europe lors de l’affaire grecque,  est sans doute  de bonne tactique politicienne. La vérité est qu’en ruinant le pays comme il le fait sous le poids d’une fiscalité intenable, d’une dépense publique obscène,  et d’une démagogie de tous les instants, il rend impossible toutes les évolutions nécessaires.

Rarement l’imposture d’un Hollande audacieux et stratège, conduisant l’Europe au succès,  n’aura été plus majestueuse. Ce n’est pas parce que des medias se couvrent de ridicule en la véhiculant qu’il faut s’y vautrer.

Il serait curieux que l’Allemagne accepte plus de fédéralisme  avec une France en dehors des clous du traité « merkozy ». Si elle persiste à conserver un déficit budgétaire de près de 4% de PIB et une dette proche de 100% du PIB, il ne peut rien se passer de réellement important, sinon des constructions institutionnelles loin des peuples et qui ne mangent pas de pain, ou des initiatives très partielles sur la fiscalité ou autres. Il faudrait de même que le cas grec soit réellement réglé. Tout le monde pense que la purge actuelle ne règle rien, surtout sous la houlette de Tsipras et de son équipe. Et il faut attendre que les Italiens, les Espagnols et les Portugais aient éliminés Beppe grillo, Podemos et tous les « mélenchoniens » potentiels. On a construit sur du sable avec Maastricht, mais on ne construira pas sur de la vase.

La solution plus légère d’un coordinateur avec des pouvoirs propres dans des domaines actuellement à l’abandon, comme la politique de change, la politique des taux d’intérêts, et la politique des crédits, la politique de convergence des compétitivités, peut s’enclencher plus facilement.  Mais il est probable que sa condition préalable soit le départ de F. Hollande et l’élection, en France, d’une équipe capable de lourdes réformes de structure à la tête du pays.

Le paradoxe du moment est qu’on exalte le « nouveau Hollande européen »  au moment où le meilleur service qu’il pourrait rendre à l’Europe serait de démissionner.

Ce qui doit arriver arrive !

Depuis 1997, nous défendons publiquement trois thèses extrêmement claires et précises.

Un système de changes flottants et de liberté totale des mouvements de capitaux entraîne mécaniquement une hausse de la dette globale par le mécanisme de la double pyramide de crédits. Dès que la dette globale dépasse 400%, on est certain que la prochaine grosse crise cyclique fera des dégâts abominables. Ce phénomène s'est vérifié avec le blocage du système interbancaire en 2007 et l'effondrement bancaire général de 2008. Comme l'avait dit Maurice Allais, au milieu des ricanements, "ce qui doit arriver arrive". C'est arrivé.

Un système de monnaie unique sans organes de pilotage et seulement deux règles de droit sur les déficits et l'endettement des états, avec abandon des outils de politique monétaire, est vulnérable. La crise précédente a précipité l'explosion du système. L'affaire grecque était prévisible : on se soigne pas une crise par la déflation et la dépression. Sinon, les peuples deviennent nerveux. "Ce qui doit arriver arrive".

Un Etat capturé par sa haute fonction publique qui cumule le pouvoir administratif et fiscal, le pouvoir politique et le pouvoir bancaire, tout en tenant dans ses mains directement ou indirectement les medias, conduit à la ruine et l'étouffement du citoyen, l'empêchement d'une économie libre et efficace et à la double tare d'un Etat pléthorique, bouffi et incapable, et d'une économie marchande rétrécie, qui survit péniblement au milieu des quolibets serviles d'une caste de cultureux subventionnés et sans vergogne."Ce qui doit arriver arrive".

Au final nous assistons  à la négation de la démocratie et à la formation d'une situation incontrôlable dont plus personne ne sait comment sortir, dans le monde, en Europe et en France. En cet été 2015 comment nier que ces trois analyses soient pertinentes ? Comment ne pas observer que rien ne se passe non plus pour sortir du piège.

L'amas de surplus monétaire accumulé par la Chine a eu pour conséquence dans un premier temps de permettre des achats de précaution qui ont laissé croire que le commerce international était encore vivant. En vérité les échanges internationaux ont baissé en 2014. Baissé ! Pour la première fois depuis la fin de la guerre de 40. Et la bulle de crédits née de cet amas en Chine même a fini par explosé avec comme manifestation première l'effondrement drastique de la bourse de Shangaï.

La reprise américaine est extrêmement molle. Elle est percluse de bulles alimentées par les déficits américains et les politiques de gonflement monétaire de la FED.

L'Europe est entrée dans une de ces phases d'incertitudes qui font le charme d'une organisation bancale et non démocratique, sous-traitant la monnaie et la finance à des experts.

La France est entrée dans le cycle détestable des glissades irrattrapables. La dette s'est gonflée subitement au premier semestre avec une rapidité stupéfiante, alors que "l'alignement des planètes" devait nous sauver. La peur recommence à régner en maîtresse dans l'esprit de tous ceux qui ont des "actifs" et notamment de l'assurance-vie.

Pas un mot dans le monde sur le retour à un système sérieux de politiques commerciales et financières concertées autour d'un système de changes fixes et ajustables. Pas un mot. Le FMI s'est encore une fois ridiculisé à contre-emploi en intervenant là où il ne devait pas le faire. Le résultat sera l'éjection de Mme Lagarde qui croit encore à ses chances électorales présidentielles françaises. L'espoir fait vivre.

En Europe on commence, timidement, à comprendre qu'une zone de monnaie unique sans système de pilotage est une incongruité dangereuse. Jeroen Dijsselbloem et son Eurogroup sont un cache misère sans aucune légitimité ni aucune prise sur rien. Les idées qui sont lancées sont soit la destruction de la zone Euro, soit le renforcement de la dictature bruxelloise, motivées par l'abaissement des Etats,  sous paravent d'un Parlement Européen pseudo démocratique qui a montré sa vacuité lors de la convocation de Psipras,  soit l'émergence d'un couple Franco-allemand, assurant les bonnes options pour l'ensemble de la zone.  Avec une France dans l'état où elle est, bonjour la fantaisie !  La seule vérité est qu'une zone euro doit avoir des institutions spécifiques à la fois techniques et démocratiques et distinctes de la Commission bruxelloise. En résumé, il faut un chancelier de la zone Euro, épaulé par un dispositif représentatif ad hoc assurant la démocratie effective du système.

La France, bouffée jusqu'à la racine par une fiscalité déshonorante pour l'esprit de résistance des Français, voit ses médias faire une place déraisonnable aux thèses du marxiste Picketty, auteur d'un succès de librairie mondial avec une étude qui examine l'assiette du voisin pour conclure que les nouveaux riches sont plus riches que les anciens nouveaux riches, ce qui prouvent que la dette doit être radicalement gommée en leur piquant tout ce qu'ils ont. Plus d'impôts, plus confiscatoires et encore plus ciblés, voilà la solution !  

En un mot aucune des causes de la crise majeure en cours n'est traitée. Au contraire chacune est soigneusement aggravée. Et l'on s'étonne que la crise perdure 8 ans après son déclenchement sans espoir de voir un jour prochain le bout du tunnel.

Ce qui doit arriver arrive. La vrille s'accélère et le sol se rapproche désormais très vite avec un risque de démantèlement complet des circuits économiques normaux.

 

Didier Dufau, pour le Cercle des Economistes e-toile.    

Grèce : Zeus aveugle ceux qu’il veut perdre.

Tout est bancal dans l’affaire grecque.

Première anomalie : que vient faire le président de l’Union Européenne dans toute cette affaire ?  Les traités ne disent rien sur son rôle dans la gestion du surendettement des pays membres.

Seconde anomalie : s’agissant d’un pays de la zone Euro, où des règles existent qui interdisent à un Etat de dépasser 60% d’endettement public et 3% de déficits budgétaires,  règles qui sont  violées par certains membres importants et depuis longtemps,  où sont les instances de régulation spécifiques de la zone Euro ? Cette anomalie explique la première.

Troisième anomalie : que vient faire le FMI dans cette galère ? Il est destiné à aider un pays en manque de devises pour lui permettre de retrouver sa place dans le commerce international.  A l’intérieur de la zone Euro,  il n’a pas réellement de rôle institutionnel.

Quatrième anomalie : les traités interdisent à la BCE d’aider les Etats et la banque centrale est sur-engagée vis-à-vis de la Grèce. Et elle est le principal acteur dans le bras de fer en cours.  Ses émissions de monnaie sans limite permettent à la fois de parer les conséquences d’une sortie de la Grèce et de déclencher une chute successive de dominos, et de menacer de ruiner en un instant les banques grecques.

Du fait de cette création monétaire illimitée, les intervenants dans les médias surjouent inlassablement de l’idée qu’un Grexit ne serait finalement pas important.  Cela ressemble aux communiqués de guerre qui expliquent les défaites par des retraites stratégiques hautement pensées par le commandement, avant la magnifique contre offensive.

En un mot on nous explique que la BCE serait capable de sauver sans difficulté les 98% de la zone Euro en laissant tomber les 2% que représente la Grèce.

Pauvres Grecs qui ne savent plus où ils sont. Ils ont vidés leurs comptes en banque pour sécuriser leur épargne ailleurs. 

Le secteur public grec, organisé autour de familles, de clans, de villages, s’était gobergé d’une façon ridicule ; il s’aperçoit soudain qu’il dépend de l’économie la plus basique. Il a pris le pouvoir politique avec Tsipras. Mais ce dernier ne peut plus le payer. Alors il pense tous à ruiner les créanciers.  Qu’importe la faillite pourvu qu’on ait l’ivresse publique !  Toput rapport avec la situation française ne saurait être qu’une coîncidence !

 Les plus sages des Grecs savent qu’ils ont été trop loin et qu’on les emmène n’importe où.  Quand les bornes sont passées, il n’y a plus de limites.  Tous les talents qui le peuvent partent ou sont partis. Le petit commerce fait le dos rond et attend les touristes en résistant au fisc. Les immigrants clandestins arrivent  en masse.  Les tensions montent.

L’interdiction d’interdire tous les mouvements d’hommes, de marchandises et de capitaux  rend tout incontrôlable. Le non voulu et le non souhaitable l’emportent sans freins. Le gouvernement grec est impuissant.  En plus il a le front bas.  Michel Jobert  prétendait qu’un ministre des affaires étrangères ne choisissant pas ses interlocuteurs, il fallait qu’il s’attende à dialoguer avec de tristes figures . Il devait penser à Tsipras et Varouflakis, petites frappes politiciennes dignes  du Kosovo ou de l’Albanie.

Le plus grotesque est  la prétention de Varouflakis de mettre ses connaissances en théorie des jeux  au service d’un chantage qu’il pense réussir. Il n’a pas compris que ses propos de voyous  n’ont rien à voir avec la théorie des jeux et beaucoup avec la forfanterie  du débile.

 Si la Grèce sort de l’Euro, la zone euro sera réellement menacée. Le Portugal et surtout l’Espagne et la France passeront en première ligne.  Le risque est désormais réel à court terme.  Le projet européen tout entier sera en grand danger d’effilochage généralisé.  La BCE a certainement solidifié le jeu de dominos mais tout cela est tellement hors normes et artificiel  que la solidité à moyen terme est loin d’être acquise.  Oui, Tsipras et ses androïds peuvent nuire sérieusement à la zone Euro.  Mais pas au point qu’un chantage extrémiste puisse réussir.  On est dans la théorie des jeux de c…

Ce n’est pas comme cela qu’il fallait s’y prendre.  La Grèce avait de quoi présenter un solide dossier sur les dommages créés par  l’organisation défectueuse de la zone Euro et les principes ineptes et dangereux de sa conception.  Lui avoir imposé la perte de 25% de son PIB  est à charge de l’Eurozone.  Il lui appartenait de faire valoir cette défaillance et de trouver, en Europe, des soutiens pour un changement radical d’organisation. Le chantage et les postures politiciennes extrêmes n’étaient pas nécessaires.  Rappelons qu’en 2011, il fallait 40 milliards pour « sauver la Grèce ».  Et maintenant la BCE émet plus de 1.000 milliards d’Euros pour sauver l’Eurozone de la Grèce…  La débilité n’est pas qu’à Athènes.

Une occasion de rappeler certains principes :

-  On ne gère pas une zone de monnaie unique entre Etats nominalement souverains avec seulement des règles juridiques malthusiennes. Il faut une instance spécifique de coordination. Un chancelier de la zone Euro.

-  Une banque centrale  ne peut pas être laissée seule à gérer la politique monétaire qui dépend de l’autorité politique. Si cette autorité n’existe pas et si la banque centrale n’a qu’un objectif de stabilité des prix, tout le monde finit par manger son chapeau et violer tous les traités.

-   La liberté  des mouvements de capitaux, de marchandises et de personnes doi toujours être canalisée pendant les périodes de crise.  

-         - Les instances européennes ont été conçues comme des organes hostiles aux Etats.  Elles récoltent désormais la monnaie de leur pièce : des petits Etats mal gérés qui leur sont hostiles et font du chantage. L’hostilité aux Etats finit toujours par tourner à l’hostilité entre les peuples.  Si l’Euro conduit à gérer les crises en effondrant les économies nationales, les peuples n’en voudront plus. 

- Le  schéma rooseveltien puis, plus généralement américain,  d’une Europe de nains  où les anciennes  grandes puissances seraient démantelées et phagocytées dans un ensemble de petits pays affidés, aboutit à une impasse. Surtout quand les nains sont malades.

- Le FMI était là pour aider, en système de changes fixes et révisables par concertation,  les pays en difficulté à rejoindre le peloton sans entrer en récession ouverte.  Il n’a plus aujourd’hui qu’un rôle de technicien de la camisole de force, ridicule et inefficace.  Comme déjà en Argentine.

Le désordre intellectuel associé au n’importe quoi institutionnel, pavé de bons sentiments à l’intérieur et borné par les mauvaises intentions  des autres à l’extérieur,  ne conduit jamais au bonheur des peuples.

Toute la pensée économique depuis 1929 était d’éviter les  dépressions économiques et voilà que la Grèce a perdu 25% de son PIB ! En attendant encore mieux des fronts bas qui dirigent actuellement le pays.

Une horreur ? Oui !  Mais surtout un scandale. On ne peut pas continuer à saccager la prospérité  en se contentant d’expédients gérés par des organisations bancales ou dévoyées, laissant les peuples meurtris à la merci de mesures à l’emporte pièce et de baratineurs enivrés par leur propre nullité. 

Européisme (Juncker)  et gauchardisme (Tsipras)  sont face à face. Deux vides arrogants s'attirent et se répulsent.  Ils sont les deux noms d'un même désastre.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile

En finir avec la banque universelle ?

La crise en cours, liée à l'explosion d'une accumulation monstrueuse de dettes déconnectées de la production, pose obligatoirement la question de la réorganisation bancaire. Même si, comme nous le pensons, le système bancaire a servi d'amplificateur d'une création monétaire provoquée par les défauts du système monétaire international, il n'en reste pas moins que le système bancaire est en faillite virtuelle depuis 2006 et ne donne une impression de vitalité que par des injections tellement massives de liquidité qu'elles en deviennent psychédéliques. L'économie baudruche a une composante bancaire extrêmement forte.

La position officielle des institutions internationales et du G.20 est celle des Etats-Unis : le système est parfait. Des vilains se sont mal comportés. On les sanctionne et tout sera pour le mieux dans le meilleur des mondes. On encadre les crédits de façon drastique avec des conditions  en capital de moins en moins tenables et l'amplification cessera. Comme la caution des banques est nationale, on replie  le champs d'action des banques sur le pré-carré national.

La médecine est purement symptomatique.  La cause principale de la crise n'est pas traitée.

L'affaire de la Deutsche Bank est tout à fait symptomatique des conséquences. Comme la BNP et le Crédit agricole en France , l'UBS et le Crédit Suisse, et quelques autres, un peu partout, cette banque a essayé d'être universelle en regroupant tous les métiers.

Aujourd'hui elle est confrontée à la perspective d'une scission du métier de banque d'affaires de ses activités de réseaux  tout en payant une fois de plus des amendes vertigineuses pour avoir participé à des fraudes massives sur le Libor.

La question est intéressante car si on traitait réellement les causes de l'économie baudruche,  l'activité de marché serait réduite de façon drastique.  Le monstre actuel serait réduit à une banque d'affaire restreinte avec, de façon disjointe,  des activités de réseaux peu rentables et sous la crainte des peurs des déposants.  Alors les hésitations sont grandes. Les activités de marchés ayant été totalement relancées par les différents  QE, la tentation est de réaliser des gains majeurs distribués à un petit nombre avec la banque d'affaires et de se débarrasser des tristes activités de banques de dépôts. Vu le faible coût de l'argent, la collecte par les réseaux devient peu rentable et non critique.

Si on se place du point de vue de l'intérêt général, l'enrichissement d'une poignée de dirigeants et de professionnels sur des activités spéculatives de marché n'a strictement aucun intérêt. Si en plus cette activité menace les dépôts et les contribuables, elle est même nocive.

Un autre aspect est la nécessaire augmentation de la productivité des activités de réseau. La renationalisation d es réseaux empêchent des économies d'échelle.  Il ne reste que le renvoi sur le client du travail fait en agence, la suppression du chèque, l'élimination de la monnaie papier, et l'augmentation des tarifs  comme idée de manœuvre. Avec l'idée d'utiliser le parc existant d'agence pour vendre tout et n'importe quoi.  Le réseau cesse d'être une banque pour devenir un système local de services à la personne, dans la sécurité, l'assurance, la communication etc.

Sortir de cette situation suppose le démantèlement des banques universelles,  l'efficacité s'alliant à la morale publique puisqu'une banque universelle  est automatiquement le lieu obligée de conflits d'intérêts insurmontables.  Le Cas de HSBC est de ce point de vue plus que démonstratif. Les autorités britanniques imposent la scission des  métiers. HSBC menace. Mais HCBC n'a plus la main.  

La réforme du secteur bancaire doit se penser dans le développement de banques de métier spécialisées et capables de profiter des sources de productivité liées aux systèmes informatiques et des économies d'échelles liées à l'internationalisation.  

Les catégories de risques et les fonctions de contrôle et de garanties de l'Etat doivent être sériées par métier.

Premier échelon : les banques de paiement : elles ne sont là que pour conserver les dépôts et les faire circuler avec un coût minimum.  Ce sont des sociétés de services. Elles sont rémunérées par le paiement à l'acte avec une tarification soumise à la concurrence. Aux entrepreneurs de savoir s'il faut se "virtualiser" complètement (tout sur le net)  ou mélanger cette activité avec la rentabilisation des agences par de multiples services non bancaires.  Cette activité ne présente pas de risque systémique.  Elle peut s'internationaliser et accompagnera l'ubiquité qui marque l'esprit du temps. Du paiement sur le net à la mobilisation de son cash partout à travers le monde, de nombreuses révolutions techniques sont à inventer et à exploiter.

Ces banques n'ont aucune activité de crédit qui  devient  de la responsabilité des "banques de crédit".  La banque de dépôt traditionnelle est donc divisée en deux métiers différents : la banque de paiement et la banque de crédit.  La banque de crédit travaille uniquement sur argent emprunté. Les particuliers peuvent placer leur réserve en fonds à court terme porteurs d'un risque petit et d'une rémunération peu élevée.  Le profit provient pour la banque de la différence de coût entre l'argent emprunté et de l'argent prêté. Rien que de très classiques. Toutes les structures sont possibles, selon les types de financement.  La surveillance des risques de crédit se fait comme actuellement par les banques centrales.

Toutes les activités de marché sont externalisées vers des banques d'affaires qui, elles,  n'ont aucune couverture de risque publique. Si elles perdent c'est pour les actionnaires et les souscripteurs. Eventuellement pour les banques de crédits qui pourraient leur faire des prêts, si on les y autorise.

Les activités de placements et de gestion de fortune sont  également séparées du reste pour éviter les conflits d'intérêt.

Comment un tel système réagirait-il au maintien des sources d'une économie baudruche ? Les paniques bancaires seraient éliminées. Les dépôts dans les banques de paiements appartiennent au déposant pas à la banque. Si la banque de crédit connait des difficultés, cela touchera ceux qui ont mis de l'argent dans des bons de souscription. S'il y a équilibre entre les durées des bons et des crédits, le système sera plus stable (fin des paniques dues à une trop importante "transformation").  Au pire, les banques centrales refinanceront les banques de crédit si les particuliers thésaurisent dans les banques de paiement les avoirs précédemment placés dans les banques de crédit.  La peur n'est plus chez le déposant mais que le distributeur de crédit.   

Les pertes de la banque d'affaires ne sont plus l'affaire des états.  Qu'elles se débrouillent. !

Si, en plus, on met fin aux sources de l'économie baudruche, c'est-à-dire au flottement général des monnaies et des classes d'actifs, avec interdiction des grands déficits et des grands excédents, on retrouvera une situation saine  où chaque métier aura ses objectifs proches de la création de la valeur ajoutée de production au lieu de ne viser que des augmentations de valeur de spéculation.

Le système sera plus facile à superviser. Il pourra à nouveau s'internationaliser sur des bases claires.

Les échanges internationaux sont à l'heure actuelle à un étiage historiquement bas. Il suffit de voir où en est le Baltic Index pour s'en rendre compte.  

En France depuis le Front populaire puis Pétain, la banque est totalement cartellisée et vit en symbiose avec l'Etat qui lui fournit ses dirigeants, ses règles du jeu favorables et ses garanties. Elle adore le système de la banque universelle.  L'inspection des finances est trop intéressée à ce double jeu entre Etat et Banque pour que des réformes soient possibles. Les banques universelles sont tellement puissantes qu'elles musèlent la presse et le politique.

Une caractéristique nationale malthusienne et centrée sur une micro "élite"  se met une fois de plus en travers des nécessités supérieures.

Il faut mettre fin au système des banques universelles. La législation doit accompagner un mouvement qui de toute façon est inéluctable, comme le montre le dilemme de  la Deutsche Bank ou celui de HSBC.  La banque de papa c'est finie. Et cela doit finir en France.  

Retour vers le futur : 1987 !

Tout le monde l’a oublié. En octobre 1987 un tourbillon monétaire et financier ravagea la finance mondiale.  L’épisode montrait clairement que le système monétaire et financier mis en place par les accords de la Jamaïque conduisait au désastre. L’économie baudruche  connaissait sa première explosion entièrement endogène.

La crise décennale qui avait frappé le monde quelques années auparavant était de mode mineur  par rapport à celle de 74, sauf aux Etats-Unis où Volcker avait décidé de casser l’inflation et sortir de la stagflation.  Avec succès.  L’excès de liquidité restait manifeste globalement avec une poussée de la dette globale mondiale.  Mais les économies avaient commencé à se rétablir sauf en France où la politique désastreuse de Mitterrand avait provoqué le chaos, avant qu’une première reprise en main ait lieu avec Fabius.

La cohabitation théorisée par Balladur et mise en œuvre par Chirac permettait la mise en place d’une stratégie de rupture qui allait marcher du point de vue strictement économique.

Toute ressemblance avec la situation de 2015 n’a rien de fortuite. La folie Hollande des deux premières années a conduit à un revirement à 180° mais pas à une rupture.  La posture est entièrement politicienne.  Et la droite est confrontée à l’obligation de mettre en forme  un programme de rénovation nationale sévère, comme elle l’état en 1986.

En 87, le recul sur le Plan Devaquet de rénovation des universités avait entraîné une resucée de désordres sociaux, façon Mai 68, les syndicats du secteur public tentant d’exploiter la faiblesse du gouvernement.  La cohabitation avait permis à F. Mitterrand de jeter autant d’huile que nécessaire sur les braises.  La situation était à la fois politiquement et socialement fort difficile. Et voilà qu’une crise financière gravissime frappait le monde.

Pourtant, à la réunion du FMI de septembre 1987, l’optimisme est général.

En France,  la politique suivie par Balladur avait permis :

-          De réduire les déficits en dépit de baisses d’impôts importantes comme la suppression de l’IGF (paradoxe pour les étatistes) . Le budget de 87 faisait apparaître un gain de 10 milliards de Francs par rapport aux prévisions !

-          De rétablir largement la compétitivité (par une dévaluation)

-          De relancer l’investissement qui croissait désormais plus vite  en France que chez ses voisins

-          De réduire l’inflation grâce à la suppression du contrôle des prix (nouveau paradoxe apparent pour les étatistes qui pensaient qu’ils allaient s’envoler).

-          De relancer le dynamisme de nombreux secteurs grâce aux dénationalisations.

La rupture avec le socialisme semblait bien marcher.

En même temps, Edouard Balladur constatait l’étroitesse de ses marges de manœuvres :

«  Nous ne pouvions relancer l’économie sous peine de creuser les déficits de toute nature et de mettre en péril la monnaie ; nous ne pouvions diminuer la demande intérieure pour stimuler les exportations, sous peine de ralentir la croissance  et d’aggraver le chômage ».  

En régime de changes flottants avec liberté absolue des mouvements de capitaux, les relances se heurtent immédiatement à une crise financière et budgétaire qui impose de se mettre debout sur les freins. L’expérience de 1974 avait été retenue.

La politique de libéralisation et de retour à la confiance permettait néanmoins de progresser.

C’est là qu’il est intéressant de relire Edouard Balladur  (Passion et longueur de temps chez Fayard -1989).

« Les partenaires de la France ne voulaient pas prendre au sérieux les dangers de la situation monétaire ; dès le début septembre, les taux d’intérêt avaient augmenté aux Etats-Unis comme en Allemagne. Cela risquait de détruite le fragile équilibre né des accords du Louvres conclus six mois plus tôt.  A Washington l’Allemagne refusa de s’engager à baisser ses taux, et les Américains à qui revenait la présidence de séance, firent en sorte que la question ne fut que brièvement évoquée, comme si elle avait été réglée directement entre les Allemands et eux. Constatant la vanité de mes efforts pour faire entrer dans les faits la concertation internationale décidée au Louvre, je déclarai à mes collègues qui si le Japon et l’Allemagne ne renonçaient pas à augmenter leurs taux d’intérêt, nos accords risquaient de voler en éclats. Je n’eus aucun succès ».

On peut déjà tirer deux conclusions :

-          Dans un système global de changes flottants qui est structurellement fondé sur la non coopération, tous les accords multilatéraux sont des farces qui ne résistent pas à la volonté de confrontation des intérêts nationaux chez les pays forts.  Le G.20 est aujourd’hui exactement  la confirmation de ce fait. Les conférences annoncées à grand fracas comme démontrant la coopération de tous sont au mieux des alibis. Le plus souvent des tromperies.  

-          La France, si elle est seule, est incapable de faire entendre sa voix. Le "programme commun de gouvernement" avait fait perdre à la France tout crédit. Même si tout le monde se félicitait du nouveau cours des choses, la réputation et l’influence de la France avaient été durablement ratiboisées.

L’annonce, le 15 octobre 87, d’un déficit extérieur américain en forte hausse  provoqua une hausse des taux d’intérêt aux Etats-Unis et la baisse brutale  corrélative de la bourse (100 points  en une seule journée, le 16 octobre).  Le Secrétaire d’Etat au trésor américain commença à invectiver l’Allemagne menaçant de ne plus appliquer les Accords du Louvre.   Le climat s’alourdit à tel point que la bourse perdit 10% à Londres, 7% à Francfort et 5% à Paris. Le 19 octobre Wall Street perd 22.6% en une séance, Tokyo 14.6%, 24% à Paris, 31% à Francfort et 20.3 à Londres.

Pire que le Vendredi noir qui avait ouvert la grande dépression de 1929.

Edouard Balladur commente : « Dans les affaires économiques et monétaires du monde, la France compte peu parce qu’elle s’est laissée aller trop longtemps. Elle aurait la possibilité de faire aussi bien que l’Allemagne, de peser le même poids. Elle en a les moyens. Rien ne justifie d’avantage à mes yeux l’effort de renforcement économique de notre pays : il y va de son audience internationale, de son avenir même ».

Les  inepties économiques de F. Hollande aujourd'hui ont justement cette conséquence : nous sommes un pays ridiculisé et incapable de parler haut dans le monde, même lorsque nous avons des arguments forts à faire valoir. 

« La France n’avait aucune responsabilité dans la crise alors qu’elle en subissait durement les conséquences ».  On retrouvera exactement cette même situation en 2008.

E. Balladur continue : « Il fallait désormais s’attacher à créer un véritable système monétaire international, avec ses automatismes, ses sanctions s’imposant à la volonté des Etats».

Il écrit ce que nous nous égosillons à dire sur ce blog depuis des lustres.  Contrairement à ce que beaucoup croit, les grands politiques ont été capables de voir et d’anticiper les réformes profondes à faire du système monétaire international.    Aujourd’hui ce n’est plus le cas. La nullité et l’inconscience règnent aussi bien du côté socialiste que du côté de la droite.  

Depuis  que ce blog est ouvert, nous essayons de mettre les faits de notre côté, en espérant un effet pédagogique de la crise. « Les faits sont les meilleurs éducateurs » affirme lui aussi Edouard Balladur.

On peut craindre qu’il ne soit, comme nous,  un peu optimiste.  « Je crois que nous vivons dans un monde  où l’idée que les monnaies doivent avoir entre elles des parités aussi stables que possible n’est toujours pas acceptée ».  Cette faillite intellectuelle est toujours là.  Le retour à un vrai système monétaire international  est partout un « non sujet ».

On a choisi, en 1987, le secret d’accords cachés entre banquiers centraux et gouvernement pour sortir du coup de chaud boursier. Mais sans analyse des causes. Les mesures prises seront une inondation monétaire qui, renforcera l’économie baudruche et permettra de faire gonfler les valeurs boursières.

Une fois encore, tout rapport avec la situation actuelle ne saurait être que fortuite...

« Cela montre l’infirmité  du système monétaire dans lequel nous vivons : il n’évite un mal que pour tomber dans un autre ».

A part Maurice Allais aucun économiste n’a tenté de donner du corps théorique à ce constat indiscutable.

En 1992 se déclarait la crise périodique décennale, variante dure, qui toucha durement l’Europe et la France en 1993. L’explosion de la baudruche monétaire n’avait pas été plus prévue alors qu’elle devenait évidente.

Les économistes anglo-saxons mirent le coup de chaud boursier sur le compte des ordinateurs, et la crise de 92 sur le dos de la guerre du Golfe. Evacuer les crises pour qu’elles ne passent que pour des effets « exogènes » a été le leitmotiv des économistes, des politiques et des journalistes. Seul Maurice Allais relèvera le flambeau à pas d’âge. Et il sera moqué puis vilipendé.

Ce que montre la situation actuelle, c’est que rien n’a réellement changé depuis 1987.

Nous avons vécu la crise du dollar de 1998, appelée faussement mais opportunément « crise des pays émergents et des cronies », ajoutant l’odieux au ridicule, suivi par la crise périodique « douce » du début des années 2000, corrigée à l’aide d’un gonflement de l’économie baudruche jamais vu.   

Puis à nouveau une crise financière liée à l’explosion d’une montagne de dettes,  précédant un écroulement économique d’ampleur historique.

Et les sots croient toujours que la reprise est là, l’incident clos et la nécessité de réformer le système monétaire  international  peu évidente.

Revenir à 1987 est bien un retour vers le futur.

Les Etats-Unis, L’Allemagne et, désormais, le Japon et la Chine, sont toujours dans une perspective de guerres des monnaies, quoi qu’il en coûte au monde et à eux-mêmes. 

La France, elle, s’est ridiculisée un peu plus avec le drame de la gestion purement électoraliste et politicienne du Président Hollande.  Ce n’est pas les deux heures de spectacle politicien lamentable qu’il vient de donner sur Canal + qui rassureront.

En se lançant à nouveau dans l’achat de vote le plus grossier, il a démontré l’abaissement, on peut le craindre, définitif du niveau politique en France.

La France ne peut même plus tenir de discours sur les grandes questions économiques du monde.

Mitterrand avait été un pourrisseur. Ses inconséquences, son narcissisme et son cynisme économique,  ajoutés à sa fuite en avant européenne, ont, d’une part, stoppé définitivement  le rattrapage du niveau de vie américain par les Français et, d'autre part, leur a fait perdre tous moyens d’action sur leur destin. Hollande n’est qu’un continuateur.

Les Français n’ont aucune idée de l’ampleur de ce qu’il faudrait faire pour sortir de ce piège mortel.

Il est vrai que le climat général est en France à l’optimise béat : il fait beau ! Un si joli ciel  bleu ne saurait annoncer des tourmentes. 

Pendant la montée des périls, François Hollande croit qu’il a toutes ses chances aux prochaines élections présidentielles et la droite discute d’un nouveau nom du parti leader de l’opposition.

L’histoire sera sévère !

Le bilan économique de 2014 s'affine

A l'automne 2013, après un an et demi de délire tous azimuts, de campagnes d'insultes menées de l'Elysée,  de hausses d'impôts délirantes, de mesures coercitives contre "la bourgeoisie honnie" et les vilains entrepreneurs, renards en liberté dans le poulailler socialiste, la politique socialisante de M. Hollande s'était fracassée sur la révolte des "bonnets rouges".  Et, toute honte bue,  il avait fallu rebrousser chemin. Le changement de politique fut annoncé lors des vœux le 31 décembre 2013 et concrétisé lors d'une conférence de presse psychédélique où un président surpris au lit avec une starlette et qui avait du "virer la légitime pas si légitime" hors du palais présidentiel,  sous anesthésique, relooké de frais avec une teinture noir corbeau et des lunettes de notaire , avait expliqué qu'il brisait les tabous socialistes pour se lancer dans une "politique de l'offre" basée sur l'accroissement de la fiscalité des ménages aisés au profit de la trésorerie des entreprises.

Un an plus tard, où en est-on ? Les chiffres sortent les uns après les autres.

Le taux de chômage dépasse les 10% (10.4% selon les derniers chiffres de l'Insee, un record), avec près de 200.000 chômeurs supplémentaires.  Alors que les pays les mieux gérés sont redescendus autour de 5%.

Les déficits publics n'ont pas été réduits et au contraire se sont aggravés avec un taux supérieur à 4% (alors qu'il fallait redescendre à 3% en …2013). L'Allemagne présente des excédents.

La dette atteint les 2.000 milliards d'euros, et les des dépenses publiques 1.000 milliards d'Euros environ,  alors que la valeur ajoutée des entreprises de plus de 1 personne du secteur non financier peine à dépasser 1.200 milliards.

Les prélèvements cumulés sur le pays atteignent 90 milliards supplémentaires en cumulés depuis l'arrivée des socialistes au pouvoir. L'Etat emprunte à peu près cette somme chaque année. Les Français sont donc punis fiscalement ici et maintenant. De plus  on aggrave la pression sur les générations futures.

L'immobilier a sombré dans la crise et la construction neuve est à son plus bas depuis des décennies grâce à des lois imbéciles (Pinel et Duflot).

Le revenu par tête a de nouveau baissé.  

Le nombre de résidents gagnant moins de 777 euros par mois a encore augmenté.

Qu'a donc fait cette présidence depuis 18 mois ? Rien, sinon des bavardages , de la comm'et des opérations politiciennes.

On a changé le gouvernement. M. Valls a remplacé l'insignifiant M. Ayrault qui n'aura laissé aucune trace.  M. Valls, minoritaire dans son parti, est en recherche perpétuelle d'une légitimité qu'il tente de conforter par des éclats politiciens et des mouvements de menton. On assiste donc peu après la formation de son premier gouvernement à une première crise qui voit l'exclusion de trois ministres frondeurs. Sans majorité certaine depuis qu'il a perdu l'appui des communistes et de l'extrême gauche, puis des écologistes, puis des frondeurs de son propres parti, il en vient à utiliser le 49.3 honni pour faire passer une loi sans importance mais censée marquer la nouvelle orientation sociale libérale du gouvernement.

Tout le monde a pu voir que cette loi dite "Macron" était d'une pauvreté absolue.  Son impact sur la croissance a pu être chiffrée à +0.1%. Un pas dans la bonne direction, certes, mais de type lilliputien. Elle va maintenant servir encore de fond de débat jusqu'à l'été.  Dans cette loi la seule mesure représentant une vraie rupture est l'autorisation théorique du transport interurbain en autocar. On verra ce qu'il en restera dans la pratique en 2016 et surtout 2017.  

En fait M. Hollande, comme dit le secrétaire du PS, M. Cambadelis, "fait de la politique".

Le canevas initial était d'assommer d'impôts les Français, surtout aisés, et de les priver le plus possible des prestations publiques, pour se débarrasser de la pression de Bruxelles, puis de lâcher la bride dans la seconde partie du quinquennat afin de se représenter,  aidé par des "achats de votes" massifs, le tout enveloppé  dans un brouillard "sociétaliste" et "républicain" , censé mettre dans la poche du président toutes les associations et "pacifier" la société.

Le fiasco est total.

La société est tellement apaisée qu'elle a choisi de faire du FN le parti majoritaire (les intentions de vote pour les prochaines élections évoquent le fait qu'un tiers des électeurs voteraient Le Pen, un taux historique), remettant radicalement en question un  multiculturalisme fondé sur le dénigrement national permanent et les revendications communautaristes qui la choque dans ses profondeurs.   Le PS a perdu la classe ouvrière. Parmi  les candidats aux prochaines élections dites départementales il n'y a pas un seul ouvrier sur les listes d'un parti qui était naguère la section française de l'internationale ouvrière.  Il faut dire qu'en France végètent des millions de personnes au dessous d'un revenu  mensuel de 1000 Euros et que l'emploi ouvrier disparait.

L'Europe et tellement apaisée par les enfumages successifs de l'ancien député de la Corrèze,  qu'elle somme la France d'agir enfin  par des mesures de réduction de la géométrie de l'Etat obèse et inefficace qui écrase le pays et l'empêche de se redresser.  Les pertes gigantesques d'Areva, près de 5 milliards tout de même,  soulignent un peu plus la déréliction des sociétés nationales, EDF faisant payer ses retraites abusives  aux salariés du secteur privé, la SNCF sombrant dans le n'importe quoi,  les organismes de transports publics régionaux étant des gouffres insondables pour des prestations dont l'intérêt n'est jamais évalué. Pour les Ministères, c'est encore pire. L'Education Nationale est en détresse aggravée. La Santé est un secteur en voie de dégringolade programmée. La justice est sinistrée depuis tellement longtemps qu'on ne voit même plus l'ampleur de la casse. La police est en plein désarroi et on tire à la Kalachnikov à Marseille quand le premier ministre y apparait.  L'armée, est trop sollicitée et fait de son mieux avec pratiquement des bouts de ficelles. Ne parlons plus de l'enseignement !

On ne s'indigne même pas que le Conseil de l'Europe s'occupe des fessées aux bambins, pendant que la Russie annexe  une partie de l'Ukraine dans des conditions abjectes de guerre civile.  Et on se gaussait  des idiots qui débattaient du sexe des anges pendant que les barbares étaient à leurs portes !

La position de la France en Europe a été réduite àune portion plus que congrue. Elle est marginalisée dans toutes ses institutions et ne pèsent plus, sauf lorsqu'on peut embarquer avec elle Mme Merkel. .

La défense de la culture française est partout battue en brèche dans le monde. La France elle-même cesse défendre en interne sa langue et sa culture.

Peut-on simplement imaginer un désastre pire ?

Qui aurait simplement osé croire qu'on en serait là au début 2015 ?  Sur la seule lancée des mesures fiscales prises 'ici aux élections présidentielles c'est à nouveau 90 à 100 milliards d'Euros qui vont être prélevés de force sur la nation par ce pouvoir dénaturé.  On attend 200 à 300.000 chômeurs de plus.  La dette dépassera les 10% du PIB.  Aucune réforme structurelle réelle n'est même envisagée.

Pendant ce temps là un président responsable de ce désastre  pavoise et pérore, tout heureux d'être là où il est  et où il n'aurait jamais du être, requinqué par des attentats qu'il n'a pas su éviter, triomphant sur les ruines fumantes  de l'économie du pays et tremblant d'espérance que la croissance des pays courageux et non conduits par des guignols, le sortira d'affaire et lui permettra de retenter  sa chance aux élections présidentielles. Il chante "la reprise est là" comme il l'a fait tous les ans depuis son élections. Il est vrai qu'elle est là : chez les autres !

Est-ce que les Français savent simplement l'effort qu'il faudra faire pour sortir de ce drame ? Auront-ils compris ce que coûtent l'élection de démagogues, incapables, impréparés et nocifs ? Ou choisiront-ils la surenchère dans ce domaine, avec le Front National ?

Une fois de plus, des erreurs économiques majeures, et on connait le triptyque que nous dénonçons comme responsable de la crise qui nous frappe, n'ont servi qu'à provoquer  des secousses politiques aggravantes, en donnant leur chance à des politiques démagogiques, égotistes et finalement parfaitement stupides. 

Les leçons de l'histoire ne sont jamais retenues.

En attendant les Français vont se venger aux prochaines élections départementales.

Nous avions dits que l'année 2015 serait constamment dans un aller et retour entre ressentiments et signaux optimistes.

Les attentats, l'élection de Syrisa et bientôt le triomphe électoral du FN , devenu premier parti de France,  marquent les effets du ressentiment.    

Les signes que le monde est entré dans les deux années de croissance accélérée de fin de cycle se multiplient. Mais la reprise est faible et  déséquilibrée dans le monde, encore plus faible dans la zone Euro et inexistante pour le moment  en France.  Le vent ne suffit pas à faire avancer le bateau, et encore moins dans la bonne direction. Il faut des voiles. On a cassé le mat et affalé les voiles en France. Le courant peut nous propulser et nous donner l'impression d'avancer, justifiant de  rien faire d'autres que des gestes électoralistes.

Le retour de bâton sera d'autant plus fort lorsque la crise décennale frappera, même si ce sera la variante "faible" qui s'annonce. Rappelons que la reprise qui a suivi 1968 a sombré dans la crise de 73-74 ; celle de la fin des années 80 dans les affres du programme commun, celle de la fin des années 80 dans la crise de 92-93, celle de la fin du siècle dans la crise de 2001-2002, celle des années 2005-2007 dans la crise en cours.  La dernière phase de reprise avait connu des taux de croissance ridicules en France.

Ce n'et pas parce que le cycle  a une phase haute qu'il ne faut pas réformer le système monétaire international, la gestion de la zone Euro et  la folie démagogique française.

Nous le disions en 1999, à ceux qui pensaient que le monde avait trouvé le chemin d'une croissance perpétuelle, que l'Euro était une promesse d'un avenir heureux et que la France jospinienne avait été dirigée par une "dream team".

Seize  ans après nous sommes obligés de le répéter à ceux qui pensent que l'organisation monétaire et financière  mondiale est juste parfaite, maintenant que la crise "d'exubérance" est surmontée,  que la BCE ,ne peut être l'organe de pilotage exclusif de la zone Euro, et qu'il suffit de rien faire en France pour que les problèmes se règlent par magie.

Décidément certaines leçons fondamentales  ne seront jamais tirées !

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Deux mots sur la dette française

L'INSEE vient de présenter dans ses Tableaux la dette françaises hors intitutions financières à fin 2013.

Notons d'abord le retard à fournir des chiffres cruciaux. 14 mois, c'est bien trop. Le chiffre devrait être connu et publié dans les deux mois, au pire d'un trimestre sur l'autre.

Notons ensuite que l'on oublie les dettes du secteur financier qui sont extrêmement difficiles à bien cerner et à consolideer avec la quote part de dettes de la BCE.

Au 4.500 milliards de dettes, hors secteur financier doit s'ajouter les dettes cumulées du secteur financier. Les quatre pincipales banques françaises ont une dette cumulées (non consolidée) de plus de 6 000 milliards. 

On en est déjà à plus de 10 000 milliards, sans compter la BCE et le reste du réseau des institutions financières françaises.

Ce qui veut dire que notre taux d'endettement global est  bien supérieur à 400% du PIB et croit encore.

Ce chiffre doit être rapproché de la production des entreprises de plus de 1 personne du secteur non financier qui était fin 2013 autour de 1.200 milliard d'euros.

Croire que la production privée française va permettre de rembourser les dettes encourrues par les agents économiques français et la banque centrale européennes est une triste fadaise.

Face à cette réalité, le gouvernement Valls présente la loi Macron, dont l'effet sur la croissance du secteur privé non financier doit être environ d'un dixième de pourcent de PIB. Il aurait aussi bien fait d'attaquer la dette avec un cure-dent.

Un jour, on s'étonnera....

 

 

 

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Réflexion sur le SMIC (suite)

Il manque généralement un élément dans la discussion sur le salaire minimum : l'existence ou non d'une population miséreuse. Ce qu'on oublie dans le riche Occident, c'est que les deux tiers de l'humanité vit avec moins de 150 Euros par mois, c'est-à-dire dans la situation qui prévalait en France au XIXème siècle et qui s'y est maintenue, dans bien des contrées, jusqu'au début des années 50. Pour avoir bien connu la campagne à moins de soixante kilomètres de Paris en même temps que les quartiers populaires comme l'était à l'époque la rue Mouffetard, je témoigne qu'une majorité de personnes n'avaient pratiquement rien à elles, sinon une valise en carton et quelques vêtements. Les ouvriers agricoles qui louaient leurs bras avaient une tenue du dimanche et couchaient dans les granges. L'alcoolisme était omniprésent. Dans les troisièmes cours de la rue Mouffetard, on vivotait, avec juste de quoi meubler un chambre, sans l'eau courante et sans sanitaire, et souvent sans électricité (la lampe à pétrole et le broc en fer blanc étaient des objets précieux).  Encore moins le gaz. Etre abonné au gaz était une distinction qu'on affichait sur sa carte de visite et les immeubles équipés portait fièrement l'inscription "gaz à tous les étages".

Existe-t-il un socle de pauvreté qui empêche toute croissance rapide ? Certainement !. La protection des femmes et des enfants pauvres et leur éducation gratuite ont été reconnues en Allemagne puis en France dès le milieu du XIXème siècle. On a ajouté le logement. Puis la garantie d'un certain niveau de salaire en cas de travail. Jamais le "marché du travail" n'a été un pur marché. Les salaires n'ont jamais suivi, même au dix-neuvième siècle, les fluctuations de l'économie dont les dépressions atteignaient souvent 30% à 40% de baisse du PIB . Personne ne licenciait pour réembaucher moins cher, lorsqu'on avait les moyens de l'embauche. On préférait déjà licencier pour se retrouver au niveau de la demande, mais sans toucher réellement aux salaires. D'où la question de la misère. Les paysans qui avaient quitté la terre pour l'industrie n'avaient pas de capital et souvent aucun autre logement que celui de l'employeur (satané paternaliste !). En moyenne la croissance était de 1% par an. C'était donc très difficile d'organiser un filet de protection. Les deux guerres et la crise de 29 n'ont pas permis de progresser beaucoup sinon dans les mots.  

C'est la forte croissance d'après guerre qui a permis de garantir d'abord "le minimum vital" aux femmes et aux enfants, étant entendu que des conventions collectives devaient permettre de garantir un salaire de base en croissance au bas de l'échelle mais compatible avec la compétitivité.

Les minima sociaux prennent leur intérêt au moment du décollage des économies. Le fordisme correspond exactement à la même idée. A partir du moment où on se détache des minima de subsistance, il faut que les masses participent pour que la croissance s'accélèrent. Que cela passe par l'Etat, le paternalisme bien compris et la charité, ou tout autre moyen, il n'y a pas de décollage sans instruction publique, soutien des familles (de la femme et des enfants) et croissance des très basses rémunérations avec effet de cliquet en cas de récession.

La Borsa Familia brésilienne est typique de cette approche : on donne une allocation conditionnelle à des mères de famille (pas au père qui est prié d'aller bosser), la condition étant de mettre ses enfants à l'école et de faire attention à la santé de tous  (et de ne pas tremper dans les trafics). L'Inde et la Chine arrivent à la période où la massification des marchés intérieurs exigent la mise en place de mécanismes de ce genre. Une des erreurs les plus graves du FMI en Afrique est d'avoir exigé de supprimer la gratuité de l'enseignement public de base et des soins dans certains pays en difficulté. Il est vrai que ces pays avaient calqué leur système sur celui de l'ex colonisateur sans en avoir encore les moyens.

Minima sociaux et gratuités publiques sont indispensables à l'accompagnement du décollage économique.

Maintenant regardons les faits en face. La borsa familia, c'est moins de 70 Euros par mois. La surveillance des soins se fait par des infirmières, pas par des médecins. L'enseignement primaire dans les campagnes au Brésil est très inégal. Les populations indiennes sont encore loin d'être couvertes. Le décollage se traduit par l'urbanisation. Sans aide et sans travail il est impossible de vivre honorablement dans les villes. Urbanisation et soutien social vont de pair.

Passons maintenant de l'autre côté du miroir. Si les instruments de lutte contre la pauvreté sont détournés pour devenir des instruments politiciens après le décollage, on aboutit à des absurdités. Les gratuités et les transferts sociaux  comptent actuellement en France pour environ 1/3 de la richesse produite (alors que la dépense publique représente 100% de la valeur ajoutée des entreprises non financière de plus de une personne). Lorsqu'on compare le SMIG envisagé en Suisse et celui de la France, ils ne sont pas tellement éloignés si on rajoute la salaire net, le salaire différé, les prestations assurées et les gratuités.

On ne peut pas comparer la borsa familia  de 67 Euros avec une garantie familiale d'environ 3.000 Euros (quand on compte tout). Il n'y a pas seulement changement d'échelle mais aussi de nature.

La sortie de la misère est favorable à la croissance. Des taux de prélèvements qui représentent pratiquement 100% du PIB marchand  ne le sont pas.

On ne peut donc pas raisonner sans tenir compte du niveau de développement.

Il faut dénoncer en France l'extension déraisonnable de l'emploi public ou quasi public (associatif subventionné et sociétés à statuts), la hausse déraisonnable du champ des gratuités, le détournement du politique par des "cadeaux au peuple" qui sont empoisonnés et se retournent contre le peuple, la hausse déraisonnable des impositions qui aboutissent à arrêter l'investissement et l'emploi.

Il faut encourager le décollage des économies où la misère est encore largement présente, par le soutien familial, l'éducation primaire généralisée et une garantie de salaires pour les postes les plus bas, alors que l'urbanisation s'accélère.

Le système qui consiste à massivement investir dans les pays en développement en transférant les machines et la totalité des productions vers des marchés aux ressources humaines très pauvres et inépuisables, au lieu d'un développement maîtrisé et "homothétique", fait exploser les systèmes sociaux avancés sans les recréer ailleurs. Tout devient déséquilibré, aussi bien dans les pays qui subissent l'avalanche d'investissement et se retrouvent avec des réserves inutilisables, et dans les pays développés qui perdent d'autant plus pied qu'on essaie de rétablir par des transferts publics ce qui aurait du venir de l'économie.

La mondialisation aurait du se faire par le rattrapage économique progressif des pays anciennement socialistes et non par le transfert massif des capitaux et des productions vers les pays dictatoriaux ou par le gonflement d'une rente pétrolière obscène par bien des côtés .

En l'état, la France a été beaucoup trop loin dans le gonflement politique des "cadeaux au peuple" avec des résultats catastrophiques pour tout le monde. Il est donc légitime de s'interroger sur une meilleure gouvernance sociale. Ce n'est pas la même chose de manquer de tout et d'avoir des fins de mois difficiles, bien nourri, bien soigné, logé, souvent  bien, bien éduqué, avec une voiture, la télé et le téléphone portable. Bien sûr il existe un quart monde qui est très difficile à résorber, soit que l'immigration illégale empêche le fonctionnement normal des garanties sociales ou les faussent, soit que des problèmes psychologiques ou sociologiques lourds entrent en jeu. Mais ceux qui sont au contact de ces difficultés savent que ce ne sont pas la hausse du SMIC ou l'extension de la gratuité hors de toute limite qui permettront d'y faire face.

A la grande surprise des ignorants, la croissance mondiale et la lutte contre la pauvreté ont comme première condition une organisation économique et financière mondiale équilibrée. Le social passe par la stabilisation des changes et la maîtrise des mouvements de capitaux, l'équilibre des balances commerciales, la sortie de l'économie "baudruche" et un certain degré de contrôle des flux migratoires. Et en aucun cas par la démagogie politique dans les pays riches.

Les "capitalistes sauvages" et les "socialistes en peau de lapin" adorent le système actuel qui permet, aux uns, des plus-values nominales purement financières qui les comblent et aux autres, une usurpation politique commode qui leur permet de s'assurer des places, de l'argent et des honneurs.

Lorsqu'on regarde les réalités du moment on constate qu'une première étape du rattrapage des pays très peuplés qui stagnaient dans des organisations marxistes ou quasi marxistes a été réalisée. L'erreur aura été de croire du côté des socialistes qu'on pouvait continuer à perfectionner  les transferts sociaux  et l'encadrement des dominants au sein des pays développés en même temps que se produisait ce rattrapage. Du côté du capitalisme à l'anglo-saxonne, l'erreur aura été de penser que la mondialisation justifiait un débordement de dettes et de créations monétaires, avec transfert total de certaines productions vers les pays  émergents. Ces deux postures ont aggravé tous les déséquilibres, ralentit le trend, rendu les crises périodiques progressivement plus dures et finit par faire exploser la sphère financière.

On voit bien, avec le recul, qu'il aurait fallut faire l'inverse.  Assurer le décollage et un début d'organisation sociale solidaire dans les pays émergents et freiner l'étouffement fiscal et social dans les pays développés, tout en interdisant les grands déficits et les grands excédents.

L'énormité du réservoir de main d'œuvre chinois et des nouveaux marchés à ouvrir dans ce pays a créé des tentations qui ont tout déstabilisé. Il eût mieux valu que la Chine connaisse une croissance moins rapide sans accumulation d 'excédents gigantesques, avec organisation en interne des schémas sociaux qui permettent le transfert des campagnes vers les villes de la plus grande partie de la paysannerie et une croissance interne régulière, en éliminant les poches de très grandes pauvreté.

Les pays développés y auraient gagné une moindre pression sur les salaires et les marchés de l'emploi.

Tout ceci n'était possible que dans le cadre d'un système monétaire organisé, basé sur des changes concertés et l'interdiction des grands déséquilibres de balances commerciales et des capitaux. On aurait une hausse du trend global, au lieu de la diminution progressive constatée, une moindre perte d'emplois dans les pays développés, une réduction de l'importance des crises  périodiques de crédit.

Il n'y a pas d'autres priorités aujourd'hui que de recréer ce cadre, sachant que les mesures sociales de support du revenu, de santé, de formation minimale,  doivent d'abord être mises en œuvre dans les pays en voie de développement, dont elles sont une des conditions de l'éradication de la misère, et que les pays développés doivent d'abord assurer le plein emploi,  sachant que le revenu moyen atteint exclut la grande pauvreté si on a du travail, en dépit des nouvelles réalités autour des "travailleurs pauvres".  

L'Allemagne a compris qu'il fallait à la fois le plan Schroeders et la résorption des poches de misères issues de la RDA, avec éventuellement un SMIG définit par les Länders pour aider à la manœuvre.

L'erreur de la France est d'avoir fait le choix de la fonction publique et de la dépense publique, avec mise en place d'un corset fiscal et réglementaire débilitant, en détournant les mécanismes sociaux de leur fonction pour leur faire jouer un rôle électoral. Elle a récolté un chômage structurel gigantesque, l'étouffement des relations économiques et sociales, la fin de l'investissement.

Le rattrapage des pays pauvres, moral et nécessaire, supposait une stratégie de la part des pays riches. En France et en Europe, elle n'a jamais été élaborée. Les instances internationales, du FMI à l'ONU en passant par la BIRD, ont cru que les pays en voie de développement étaient un thème de charité publique. On a vu se multiplier les "Mère Thérésa", enchaînées aux multiples ONG qui vivent en symbiose avec les organismes multilatéraux.

L'ouverture organisée des frontières et le retour des pays communistes dans le giron du développement capitaliste exigeait une attitude fort différente. C'est la croissance interne avec  les organisations sociales internes correspondantes qui assurent le décollage, les investissements industriels (et non financiers) des pays qui peuvent épargner assurant le financement initial et l'apport de savoir faire.  La charité des organismes internationaux n'est pas nécessaire. Elle n'a d'ailleurs jamais prouvé son efficacité. En retour le déplacement des investissements vers les pays émergents supposaient une croissance temporairement moins rapide  dans les pays développés. Il fallait surtout ne rien alourdir pendant cette phase de transition. 

La France n'a pas eu de stratégie. Elle a fait exactement le contraire de ce qu'il fallait faire.

L'Europe des fédéralistes a proposé une politique de type "puceau mystique" qui n'était absolument pas à l'échelle des enjeux. Il y avait mieux à faire qu'à créer Schengen et l'Euro,  et il fallait une stratégie précise pour intégrer les pays de l'Est abîmés par 50 ans de "socialisme réalisé".

La place de Londres et Wall Street ont cru que le débridement de la finance mondiale et une création monétaire extravagante leur permettrait de gagner beaucoup d'argent à bon compte. Ils ont créé une économie baudruche qui ne se remet pas d'être percée de partout.      

L'absence de vision stratégique et d'organisation adaptée, a conduit au grand n'importe quoi.

Les organisations mondiales ne s'occupent plus que de préoccupations émotionnelles ; l'Europe s'est dissoute dans le néant des états minuscules triomphants mais sans levier d'action ; Les Etats-Unis, la Chine , le Japon, la Russie  et l'Allemagne réunifiée sont dans une perspective désormais purement nationaliste.

La France est sortie de l'histoire par le portillon des cloportes.

Le grand reproche  que l'on peut faire  aux deux derniers Présidents français est de s'être satisfaits de l'effondrement du pays, et à l'intelligentsia de s'être épuisée dans des querelles gauche-droite totalement à côté de la plaque. La responsabilité de la gauche socialiste est d'avoir constamment vécu les yeux dans le rétroviseur, cherchant à prendre des revanches sur les batailles perdues du XIXème siècle avant de penser aux caractéristiques du XXIème. La responsabilité de la droite est d'avoir été constamment en état de réaction contre la gauche sans jamais proposer une perspective stratégique claire et de n'avoir jamais proposé sa vision du monde et les moyens pour la France de tirer son épingle du jeu.

Le drame de Hollande est d'être arrivé au pouvoir sans avoir la moindre idée de ce qu'il fallait faire. Il n'avait qu'un canevas politicien en vue de se gagner les élections et de pouvoir se représenter à la prochaine. Cette préoccupation n'a aucun intérêt pour les Français. N'ayant aucun vision sur rien et fuyant jusqu'à l'idée d'en proposer une (on s'expose en exposant), il a fait une campagne de cadeaux au peuple et d'injures de l'adversaire. Il a complètement raté son quinquennat. Il en est aujourd'hui à chercher une majorité ! Il est paralysé par sa propre impéritie et la défection de ses troupes pour la seconde partie de quinquennat.  

Le drame de Sarkozy est identique. On ne lui demande pas une stratégie électorale pour 2017.  Le pays veut savoir ce qu'il faut faire pour sortir de l'ornière. Il a bloqué tout débat sur son quinquennat raté pendant trois ans. Il n'a toujours pas présenté ne serait-ce qu'une seule idée stratégique pour l'avenir. Il semble s'en être rendu compte puisque, ce matin, sur une radio, il a annoncé que la création d'un programme de sortie de crise était sa "seule" préoccupation, sa candidature aux présidentielles n'étant envisageables que s'il était le mieux placé pour gagner, ce qui n'était pas encore acquis.  

Le drame de la vie intellectuelle française telle qu'on la perçoit par ses organes dominants d'édition et de presse est qu'elle ne contribue en rien à l'éclairage des enjeux stratégiques. Les clivages idéologiques sont tellement sclérosés que l'oxygène ne circule plus dans les neurones de la "Grande Nation", au moment où on en aurait le plus besoin. 

Le débat sur le SMIC aura été une des nombreuses preuves de cette sclérose.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

Le rapport sur la dette du cabinet McKinsey

Deux mots à Jean-Christophe Mieszala, patron de McKinsey France.

Le cabinet McKinsey est avec la Deutsche Bank un des rares organismes qui ont cherché à cerner la dette mondiale et son évolution.

Malheureusement dans un cas comme dans l'autre on ne sait rien de la méthodologie employée et les chiffres doivent être pris tels qu'ils sont avancés sans être trop sûr qu'ils correspondent à une réalité parfaitement analysable.

Une occasion de plus de dénoncer l'incurie des organismes officiels qui produisent des visions partielles et souvent contradictoires des dettes. On sait que la notion de dette est compliquée, que les définitions diffèrent d'un organisme à l'autre, que les risques de cumuls de données qui devraient se consolider sont nombreux. Il est dans l'ordre des choses que le concept de dette globale soit unifié officiellement  à travers le monde, que la collecte des chiffres constituants soit organisée sur des bases comparables et rapides, et que ces chiffres clignotent sur le fronton de tous les édifices publics concernés par la dette.

La seule dette à peu près définie est celle contractée par les Etats. Elle seule attire l'attention des médias. Ils font avec ce qu'on leur donne !

Merci donc à ces organismes privés de faire l'effort statistique minimal, bien que de qualité incertaine.

Que nous dit le rapport de McKinsey.

«Il était largement attendu que les économies, à l'échelle mondiale, se désendettent. Cela ne s'est pas produit. Au contraire, la dette a continué d'augmenter presque partout, en valeur absolue, et en valeur relative au PIB».

Selon nos propres analyses, la crise de 2007-21xx est d'abord une crise de la dette, qui a dépassé presque partout 400% du PIB, chiffre dont nous avons démontré qu'il était intenable sans énormes cahots financiers. Sur cette masse de dettes dé-corrélées de la production, une perte de 12.000 milliards de dollars environ est apparue. Pour la colmater, on a choisi de créer de la dette nouvelle.

Le rapport McKinsey conforte nos analyses en chiffrant l'accroissement de la dette globale à 57 mille milliards de dollars, soit à peu près cinq fois la perte encourue, et un surcroit équivalent à 17% de PIB.

La structure de cette dette a changé.

L'endettement des ménages n'a crû «que» de 2,8 % par an, à un rythme beaucoup plus raisonnable que les 8,5% d'avant la crise.

Le rythme d'accroissement annuel des dettes du secteur financier est passé de 9.4% à  2,9 %.

Celui des entreprises a en revanche progressé, atteignant 5.9%, l'effet de levier entre taux d'intérêt et taux de profit constituant une aubaine remarquable. L'opération récente de Microsoft est significative : la société a lancé une souscription d'obligations massive alors que la société regorge de trésorerie, permettant le rachat d'actions pour obtenir un ratio bénéfice par action plus avantageux. La dette ne sert toujours pas à mieux se corréler avec l'investissement mais à créer et distribuer des plus-values financières. Nous avions déjà analyser exactement la même opération faite en 2009, donc il y a près de 6 ans ! Plus cela change , plus c'est la même chose.

(voir : http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2009/5/12/Que-penser-de-lemprunt-obligataire-de-Microsoft-)

Si on ne fait aucune réforme, on ne change aucun comportement.

L'endettement des Etats, lui, a augmenté sans limite. «En fait la dette publique a explosé depuis 2007, au rythme d'une croissance de 9,3 % par an, contre 5,8 % avant la crise»,

Les Etats comptent pour 25 mille milliards dans l'augmentation de 57 mille milliards de dollars.

Le rapport fait une analyse géographique de ce chiffre qui montre des poussées de dettes notamment en Asie, mais surtout signale des pays développés qui sont en risque de ne plus contrôler la hausse cumulative de leur dette : l'Espagne, le Japon, le Portugal, la France, l'Italie et le Royaume-Uni.

En France, souligne le rapport,  "Il faudrait, d'ici à 2019, réaliser un effort d'austérité budgétaire de 2,5 % de points de PIB, ou parvenir à engranger une croissance annuelle de… 4 %". Ce qui est jugé impossible, compte tenu que deux des leviers habituels (inflation et dévaluation) ne sont plus disponibles et que trop de pays doivent se désendetter en même temps".

En un mot, c'est l'impasse, comme la crise Grecque le démontre tous les jours.

Le rapport est incapable d'élaborer des plans de sortie de crise, parce que, s'il fait des constats, il n'en analyse pas les causes.

Il ne sait pas pourquoi les rythmes de croissance des dettes privées (ménages entreprises et institutions financières) augmentaient à des rythmes aussi décalés de la croissance du PIB avant 2007 (le rapport fait la césure en 2008 mais la crise commence en 2007 avec la blocage du marché interbancaire).

Cette absence totale de diagnostic est ravageuse. La conclusion est une divagation sur les éventuelles manipulations et jeux d'écritures magiques qui permettraient de gommer les dettes ou les rendre inactives. Ces martingales n'existent pas.

La vérité est beaucoup plus simple : il faut sinon stabiliser la dette du moins faire en sorte que l'ensemble des acteurs ne fassent pas grimper la dette de plus de 2 à 3%, avec un taux d'inflation globale de 2 à 3%. Il faut donc que les entreprises recommencent à investir et stoppent leurs manipulations purement financières et que les Etats cessent d'accroitre  le rythme de croissance de leur dette pour revenir également à des taux inférieur à 3%.

Il faut dégonfler doucement l'économie baudruche et non pas souffler du vent dans le ballon crevé comme le font les banques centrales.

Le premier acte est de mettre fin à la machine infernale qu'est le système actuel de changes flottants et de revenir à un horizon monétaire stable et concerté à travers le monde, avec interdiction des excédents et des déficits majeurs. Il faut que les systèmes locaux dysfonctionnels soient réparés. C'est le cas de la zone Euro gérée uniquement avec des critères juridiques sans instances de pilotage. C'est aussi le cas des Etats qui ont gonflé au-delà de toute limite leur taux de prélèvements et de dépenses publiques comme la France.   

Croire aux solutions magiques n'a pas de sens; Messieurs de McKinsey. Le chemin à prendre est celui emprunté en 1944 après les accords de Bretton Woods : créer les institutions et les méthodes permettant une forte croissance et un peu d'inflation pour éliminer un stock de dettes qui dépassait aussi à cette époque 400% du PIB.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

Un chiffre à connaître...et à méditer

Les exportations de l’Allemagne en 2014 s'élèvent à  1134 milliards : à peu près le montant de la production française des entreprises de plus de une personne du secteur non financier.

L’Allemagne exporte la même valeur que ce que la France produit et que l'Etat français dépense.

Comment réformer les systèmes monétaires dysfonctionnels ?

L'organisation monétaire internationale est viciée. Le chaos monétaire en cours qui voit les monnaies ou plonger ou s'apprécier dans des proportions massives (plus de 20% dans un sens ou dans l'autre, ce qui ne peut pas correspondre à des réalités économiques fondamentales), comme les cours de matières premières, avec des effets collatéraux parfois sinistres, comme la ruine renouvelée de collectivités territoriales françaises ayant souscrit des emprunts à clause de cours de change, les difficultés de l'industrie suisse soumis à une perte de termes de l'échange catastrophique qui entraînera une récession, ou la ruine de pays entier comme la Russie et le Venezuela, qui y avaient mis du leur, il faut bien le dire.

Le système monétaire est faussé de façon très différente selon les zones, parfois même de façon paradoxale , ce qui ne facilite pas la compréhension et la recherche de solution.  

1- Globalement le système des changes flottants, sans coopération autre que des bonnes paroles échangées lors de conférences le plus souvent stériles, avec liberté totale des flux de capitaux entre les principaux Etats, aboutit à des désordres financiers gravissimes. La manifestation principale de la malfaisance de ce système tient au gonflement permanent depuis son instauration en 1971 du ratio Dettes globales sur PIB, qui a dépassé allégrement les 400% pratiquement dans tous les pays développés, un taux intenable qui transforme le monde en économie baudruche. Nous avons mille fois expliqué ici les mécanismes qui lient le gonflement de la dette globale aux déficits/excédents monstrueux et cumulatifs de balances de paiement. Nous avons également décrit les conséquences directes du gonflement constant du taux de dettes sur le trend et sur la sévérité des crises périodiques.

2 - L'unification monétaire d'une zone plurinationale, sans organisation ad-hoc, et en se contentant du respect préalable de taux de déficits budgétaires et d'endettement public, devenus des normes plus ou moins strictes en droit, plus ou moins respectées dans les faits, montre des faiblesses importantes :

- Aucune convergence économique spontanée et durable ne s'est produite. Les facteurs constitutifs d'une valeur réaliste de taux de change ne peuvent se résumer aux taux de déficit et d'endettement publics. La contradiction majeure entre le plan Jospin et le plan Schroeder a provoqué par exemple une déséquilibre effarant dans les relations économiques franco-allemandes. S'il n'y a plus de change explicite entre deux zones divergentes, le rééquilibrage ne peut plus se faire que par la récession plus ou moins contrôlée de la plus faible ou la relance concertée dans la plus forte qui perd alors son avantage vis-à-vis de zones extérieures.

- L'insertion d'une zone monétaire unifiée mais sans organe de gestion commune du change, autre qu'une Banque Centrale dont les statuts précisent bien que ce n'est pas la mission, dans une zone de changes flottants, avec liberté totale des mouvements de capitaux, multiplie les difficultés. L'explosion de l'empilage mondial de dettes finançant exclusivement des spéculations sur des hausses nominales de valeur de "classes d'actifs" a provoqué un stress violent partout mais particulièrement dans la zone Euro soumis soudain à un risque de dislocation. N'ayant plus aucun instrument entre leurs mains, et devant le risque de disparition de l'Euro et ses conséquences imprévisibles, les responsables n'ont pris que des mesures d'urgence visant à sauver l'Euro et éviter une panique générale, au prix d'une forte récession dans de nombreux pays et d'une stagnation de longue durée pour les autres.

Pratiquement huit ans après le début de l'effondrement de l'empilage de dettes, nous en sommes toujours au même point. Aucune réforme n'a été faite du système monétaire international ni de la gestion de la zone Euro. L'économie spéculative est toujours en place au niveau mondial avec son cortège de bulles explosives. La récession est toujours le seul moyen d'ajustement dans la zone Euro.

Donc on en sort pas.

Le diagnostic fait, est-il si difficile de proposer une voie de sortie ?

Trois possibilités s'offrent aux dirigeants du monde.

1 - La première est le statu quo. On sait que les deux organisations mondiale et européenne sont viciées et incompatibles, mais on passe outre quelles que soient les conséquences. Pourquoi choisir cette passivité ? Essentiellement parce que personne n'aime se déjuger. Après avoir justifié pendant quarante ans un système, en expliquant, à chaque crise, que c'était "la faute à Jules", il est délicat de lâcher le bréviaire. Certains pays pensent que le système est dans leur intérêt particulier (La Chine, le RU, les EU, pour les changes flottants), d'autres qu'il est dans leur intérêt commun supérieur (les tenants de la construction d'une Europe fédérale). Se déjuger et se retrouver confronté à la hargne des fédéralistes européens et des tenants de la finance internationale débridée (qui tiennent la presse et les Etats endettés), c'est plus que téméraire.  Donquichottesque ! On aboutit à une impasse qui est celle où se trouve l'économie mondiale et qui n'ouvre la voie qu'à la perpétuation de ce qu'on connait depuis quarante ans : une baisse continue du trend, des crises périodiques graves, un chômage massif, un endettement incontrôlable, des boursouflures spéculatives tous azimuts.  C'est le chemin qui a été pris. A tort !

2 - La seconde solution est de casser l'un ou l'autre des deux sous-systèmes viciés.

Variante 1 : On garde les changes flottants  et la liberté totale des mouvements de capitaux et on casse la zone Euro. On ne règle aucunement la cause principale de la crise globale. On espère qu'en recouvrant leur souveraineté monétaire et à coup de dévaluations, les économies européennes retrouveront leur équilibre et leur croissance. On rêve surtout que la transition ne sera pas en elle-même une source d'aggravation de la situation. Outre le coup d'arrêt radical porté au projet de construction européenne, qui laisse la primauté monétaire absolue au dollar et au Yuan, il faudra subir les coûts du désassemblage des monnaies. Il se comptera en centaine de milliards d'euros ! Aucun scénario n'a été avancé qui permette d'éviter une perte colossale de valeurs d'actifs, quelle qu'en soit la modalité.

Variante 2 : on garde la zone Euro, si possible en modifiant son mode de gestion, et on met fin aux changes flottants. On revient à l'idée de Bretton-Woods : les grands Etats s'arrangent pour tenir leurs balances de paiements et maintiennent le plus possible la valeur de change de leur monnaie. On ne réajuste que de façon concertée et par petites touches. Naturellement on corrige quelques erreurs structurelles de la solution de Bretton-Woods. Le FMI n'a plus de tuteur privilégié ; les monnaies ne sont pas définies par rapport à une monnaie nationale. En Europe, un poste de Chancelier de la zone Euro est mis en place avec pour rôle principal la gestion du taux de change définis dans le cadre du système de changes fixes mais ajustables et pour rôle interne de corriger ou empêcher les divergences excessives de politiques économiques, sociales et fiscales, tout en soldant le passé.   

Le résultat prévisible d'une telle action serait de sortir de l'économie spéculative, de relancer le commerce international sur des bases saines et d'éviter les politiques de récession en Europe. Il est possible d'envisager une hausse du trend de croissance, un réduction de l'intensité des crises périodiques et une réduction progressive du taux de dette globale, sans déflation calamiteuse.

- Solution 3 : on casse les deux systèmes viciés. On passe au système de changes fixes mais ajustables aussi bien dans le monde qu'en Europe.  Notons que la  variante 2 de la solution 2 est le passage obligé avant de pouvoir envisager cette solution 3. Si on a stabilisé le monde et la zone Euro dans le monde, il devient plus facile de reconfigurer la zone Euro en recréant des écluses monétaires là où elles s'avéreraient nécessaires.

Notre préférence va à la création immédiate d'un système de changes fixes et ajustables, nouvelle manière, avec conservation initiale de la zone Euro, dont on aurait réformé la gouvernance par la création d'un poste de chancelier de la zone Euro.  C'est la solution la moins coûteuse et la plus prometteuse. Elle est facile à mettre en œuvre techniquement. On ne voit pas très bien ses inconvénients. Personne, en tout cas, ne les a décrit.  Elle permet toute évolution ultérieure, y compris la reconfiguration de la zone euro avec sortie éventuelle de pays incapables de trouver leur bénéfice dans  un système de monnaie unique. On peut même envisager à terme, quand les rattrapages de niveau économique (il fallait bien remettre à niveau les économies autrefois socialistes) auront homogénéisé les économies, qu'on revienne à des libertés de mouvements de capitaux plus franches.

La difficulté est politique et concerne la réticence des Etats-Unis, qui voient son avantage à conserver au dollar le rôle de monnaie mondiale et du RU qui voit son bénéfice à faire "turbuler" les flux de capitaux artificiels générés par le système de changes flottants.

Seule l'Europe  est capable de faire bouger les lignes.

- D'abord en refusant tout traité de libre échange avant que le préalable monétaire ne soit levé.

L'existence d'un chancelier de la Zone Euro aurait une influence décisive. Il parlerait d'une voix autrement puissante que celle de M. Hollande ou de Mme Merkel. Le bloc européen détient une part de l'économie mondiale supérieure à celle des Etats-Unis et de la Chine. Contrairement à ce que quelques sots affirment, ni les Etats-Unis ni la Chine ne peuvent se passer de l'Europe.

- Ensuite en sortant mieux qu'elle ne le fait de la crise actuelle, grâce à une politique intelligente et non punitive qui ne peut pas se mettre en place sans coordinateur.

- Enfin en promouvant un diagnostic correct de la crise actuelle et en faisant valoir que les tares du système des changes flottants sont aussi le pire risque pour les Etats-Unis et l'économie mondiale, comme l'histoire des quarante dernières années le montre.

La France aurait pu avoir un rôle majeur dans ce processus qui aurait été digne de ce qu'elle fut naguère. Il aurait fallu qu'elle fasse des choix politiques un peu moins démagogiques et ne s'enfonce pas dans le n'importe quoi politicien de longue durée. Voir Monsieur Hollande tenter désespérément d'exister, après avoir multiplié les enfumages et les échecs, en se mettant à la remorque d'un certain Tsipras, est une source de dégoût et de honte pour ceux qui ont connu une France gouvernée et à son rang.

- L'effondrement moral de la France dans un politiquement correct asservissant et débilitant aidé par des médias soumis à la fois à la pression commerciale, aux effluves du communautarisme à l'américaine, et aux idéologues post socialistes curetonisés issu du maoïsme ou du communisme et soucieux de créer un "homme nouveau" par destruction (on dit "déconstruction", c'est plus doux) des bases "bourgeoises" de la société,  et qui véhiculent une idéologie totalement contraire et hostile à ce qui a fait la force historique du pays ;

- Sa déréliction politique qui voit des profiteurs à la petite semaine accaparer le pouvoir, son argent et ses plaisirs par la démagogie et la comm' ;

- Son effondrement économique provoqué par l'idéologie et la démagogie politique ;  

ne sont pas seulement un désastre national.

Ces trois tares empêchent l'Europe de fonctionner bien et de se réformer. L'Allemagne était prête à remettre en cause certains de ces dogmes pour permettre une relance institutionnelle et économique en Europe. Elle l'a fait partiellement. Il aurait fallu, pour aller plus loin, que la France se montre à la hauteur et ne s'enlise pas dans les déficits. Deux ans et demi de finasserie socialiste à la Hollande ont tout aggravé : le chômage (500.000 chômeurs de plus malgré près de 500.000 contrats aidés, avec hausse du rythme des sorties d'emplois entre 2013 et 2014), les déficits  et la dette publique, les faillites, la fuite des hommes et des capitaux. La politique  de la France, qui se met à la remorque de Tsipras et de Podemos, est une trahison pour l'Europe, que marquent bien la nomination d'un ministre des finances ayant échoué lamentablement (M. Moscovici) comme Commissaire Européen, le recyclage d'une nullité incapable de gérer même le PS, comme Ministre des relations européennes, et l'envoi d'une majorité lepéniste à l'Assemblée européenne.

L'effondrement Français empêche la réforme du système monétaire européen et rend impossible tout rôle utile de l'Europe dans la réforme du système monétaire international alors que la réforme ne peut être initiée que par l'Europe. Il est à noter que M. Hollande s'est précipité pour défendre l'idée du traité de libre échange entre l'Europe et les Etats-Unis (toujours lâcher devant plus fort que soi et ondoyer), alors qu'il aurait du en faire le pivot d'une action réformatrice du système monétaire international. Quand on est faible et nul, on ne peut que pratiquer la politique du chien crevé au fil de l'eau en expliquant que la force du courant est la preuve d'un dynamisme intact.

Il fallait une France forte, pour permettre une réforme européenne et mettre l'Europe en position de négocier la réforme du système monétaire international qui est indispensable.

On touche ici une des raisons pour lesquelles les idées exprimées ici, qui ont été validées par les faits pendant 8 ans de suite, sans aucune fausse note, ne peuvent pas déboucher facilement dans le débat national. Remettre en cause le système monétaire international non seulement vous met en première ligne contre certaines influences anglo-saxonnes (qui tiennent la finance et les medias)  mais vous force à critiquer le projet européen autrement directement que par l'approche souverainiste (qui ne fait peur à personne)  et la déréliction politique de la France. Cela fait beaucoup.

Mais c'est indispensable.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

 

2015 : pour qui sonne le glas ?

Dimanche dernier le glas a sonné. La France  directement atteinte en son tréfonds s'est réunie. Nous avons décidé de cesser tout commentaire pendant une semaine. Mais les grands deuils sont aussi la condition d'un sursaut si l'indignation et le chagrin n'interdisent pas l'action. Même si on n'a guère envie de revenir sur ce que fut la désastreuse année 2014, il importe d'en tirer quelques leçons.  

La question, en 2013, était de savoir si l'optimisme de commande des autorités était justifié alors que le budget de 2012 emmenait la France droit à l'échec économique. Nous avons eu la réponse  : une année Hollandibilis et horribilis se terminant par la révolte des Bonnets Rouges et l'annonce d'un changement important de politique. Le socialisme se transformait, au PS, en social-démocratie avec un siècle de retard ! Les augures intéressés avançaient que l'année 2014 serait enfin celle de la reprise. Les journalistes de cour accumulaient les sarcasmes contre les "déclinistes" et les spécialistes de la déprime nationale qui ne voyaient ni le monde, ni l'Europe et encore moins la France en grande forme. Fustiger les Cassandre est un marronnier qui refleurit chaque année à la période des vœux.  En début d'année, tout allait donc bien, Madame la Marquise. 2014 serait meilleur et la "boite à outils" mise en place par le chef des socialistes montrerait ses effets lumineux.

Seulement voilà : les faits sont têtus.

Le monde a encore connu, en 2014, une année désastreuse. Certes les Etats-Unis, appuyés sur une monnaie nationale qui est aussi la monnaie du monde (à plus de 80%) et un dynamisme pétrolier probablement temporaire mais indiscutable, sont repartis en croissance  et dans une moindre mesure la Grande Bretagne.

Au global, le commerce international est à l'arrêt, les flux financiers sont toujours déréglés et spéculatifs, et l'économie baudruche, percée de partout, et regonflée artificiellement par des injections gigantesques de monnaies banque-centrale n'est qu'une Montgolfière ballotée dans des cieux tourmentées.

Ce sera le cas tant qu'un nouveau système monétaire international ne sera pas mis en place.

L'exaltation juridique et nationaliste des Etats-Unis a conduit à la mise en œuvre de Fatca, une loi inique et grotesque qui a une conséquence imprévue : plus aucune banque mondiale ne veut ouvrir de comptes aux détenteurs de passeport américain. Les double-nationaux abandonnent leur nationalité américaine en dehors du pays. La volonté des Américains de faire croire que la crise est le fait de "méchants" les a conduit à infliger des amendes grotesques à des banques américaines mais aussi étrangères, portant sur des dizaines de milliards de dollars. Le système ne peut pas être mauvais, seulement les personnes ! En même temps, les entreprises américaines colonisaient le monde sans pratiquement payer d'impôts. Cette dualité intolérable est là pour durer. Elle n'a pas empêché la Chine de devancer les Etats-Unis, sur certains critères, comme première puissance économique mondiale. La faiblesse d'Obama, fait prix Nobel de la paix dès son premier jour de mandature pour lui rogner les dents et lui lier les mains, entraîne par ailleurs l'effondrement de la puissance  américaine, permet à Poutine d'annexer une partie de l'Ukraine et de créer la guerre civile dans l'est du pays, stimule la volonté des Japonais de retrouver leur puissance nucléaire et pousse le ressentiment musulman au delà de l'inhumanité absolue.  

Un désastre économique a toujours des conséquences politiques déplorables.

Du coup, le pétrole que les écologistes nous annonçaient à 200 $ le baril se retrouve à moins de 50, ruinant les pays rentiers dont la Russie et le Venezuela. L'Arabie Saoudite, alliée surprenante des écologistes les plus sectaires, expulse plusieurs millions de personnes "allogènes" et fait patiemment fermer toutes les exploitations pétrolières coûteuses de ses concurrents. Les imbéciles qui prétendaient que la crise du pétrole était simplement un fait de marché lié aux excédents temporaires de production, doivent constater que toutes les matières premières sont en repli avec parfois des baisses pires que celles du pétrole. C'est l'abandon radical de la spéculation sur les cours de matières premières, liées aux mesures de contrôle mises en place aux Etats-Unis qui est à la source du renversement total des perspectives. La manière dont la spéculation a été conduite par quelques fonds et grandes banques est, elle, clairement délictueuse.

La réaction judicaire américaine a donc des effets contradictoires : elle arrête des modalités de spéculations dévoyées, tout en empêchant les grandes réformes nécessaires !

Le désordre international est donc un peu plus profond en fin d'année 2014 qu'il n'était en fin 2013. Il suffit de constater ce qui se passe actuellement sur le front monétaire international pour constater des désordres que l'on peut qualifier d'inouïs. La BNS a tué les spéculateurs du Forex. L'Euro s'effondre comme de nombreuses monnaies alors que la BCE annonce qu'elle va faire exactement tout ce qui était jusque là interdit. Il ne restera rien du chapeau dont s'était affublé M. Trichet.   

L'Europe de la zone Euro, étranglée par ses politiques déflationnistes, asphyxie par contagion ses principaux clients. L'année 2014 aura été celle de la consolidation à un niveau très bas. Faute des institutions de gestion nécessaires à une zone de monnaie unique, l'illusion qu'une reprise serait possible uniquement par la grâce d'un président de la BCE non conformiste, s'est dissipée dans les nuées. Depuis huit ans, nous crions inlassablement qu'une Banque centrale est comme la psychanalyse, incapable de soigner quelques maux que ce soit, sinon ceux qu'elle a créés.  

L'Europe est à la traîne. Les élections européennes ont été un théâtre d'ombres, permettant aux pays les plus petits de s'arroger l'essentiel des places contre les piliers européens que sont la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni. L'idée Rooseveltienne d'une Europe lavette dont les nations puissantes auraient été noyées dans un lac de petites nations sans envergure et ficelées par une bureaucratie aux ordres, est désormais en place. Le choix comme président de la Commission d'un ancien chef du Luxembourg, état microbique dont le jeu est de s'enrichir en favorisant fiscalement les grandes multinationales étrangères et notamment américaines, est plus que significatif. Le risque de dissolution des grandes forces européennes a été aggravé par le referendum écossais, légal, et le referendum catalan, illégal. Si les grandes puissances historiques sont dissoutes dans des micros ensembles, elles n'auront plus aucun moyen de mettre en commun les ressources nécessaires à ne serait-ce que leur défense nationale.  L'Angleterre seule, sans l'Ecosse et le pays de Galles ne peut plus avoir d'armée significative.  L'Espagne sans la Catalogne et le pays basque non plus. Pas plus qu'une Italie coupée en deux. Ne parlons pas de la France, si l'Alsace, la Lorraine, la Bourgogne, la Corse, la Bretagne, la Savoie, la Normandie, le Jura, l'Auvergne, la Guyenne-Gascogne, le Pays basque, "l'Occitanie", la Picardie, les Flandres  et le Comtat-Venaissin venaient à acquérir leur autonomie. La dissolution de l'Europe en micro états de dimension vicinale est la mort de l'Europe tout court.

A l'occasion des élections européennes, le Parlement s'est permis un "coup d'Etat" (selon l'expression de VGE), liant le résultat du vote et la présidence de la Commission. Pourquoi se gêner ?  Quant aux résultats de ces élections en France, on l'a vu : après une campagne électorale creuse et même, pour l'essentiel, carrément inexistante, où les grands Partis se sont contentés d'ajouter quelques recalés du suffrage universel direct à leurs européistes qualifiés, le Front national a emporté la mise, sur fond d'abstention débilitante, entraînant une réaction de marginalisation de la France dans toutes les institutions. Ce qui veut dire que l'idéal européen est en lambeaux, et que la France a les pieds pris dans les déchets.

Quant à la France ! Commencée dans le vaudeville, l'année présidentielle a enchaîné sur des convulsions politiciennes grotesques, avec la disparition sans gloire du gouvernement Ayrault, puis une crise gouvernementale de l'équipe suivante, sans causes nationales sérieuses, aboutissant à l'éviction de deux ministres, dont le ministre de l'économie, parti aussitôt apprendre la gestion dans une école de management ! Le scénariste le plus délirant n'aurait pas osé imaginer une histoire aussi débile.

Comme chacun sait, l'histoire est tragique. Voici qu'un Français a été décapité dès son arrivée sur un sol arabe, sans aucune réaction du gouvernement et dans la foulée, des musulmans en folie foncent dans les foules françaises à Noël. Des centaines de musulmans nominalement français mais qui ne se considèrent pas comme tel, partent massacrer, violer, terroriser dans les pays où l'islamisme, enflammé par les conquêtes et exactions occidentales puis israéliennes depuis des décennies et nourri par la rente pétrolière, a été libéré par des Occidentaux malavisés des régimes forts qui le contenait.

F. Hollande qui pensait se faire une image de chef en envoyant ses troupes contre l'Islam à l'étranger se retrouve avec un second front intérieur, alors que, suivant les recommandations de Terranova, il avait fait du terreau musulman son électorat privilégié. A peine a-t-il recommencé à le courtiser en proposant l'élection des étrangers aux municipales que deux frères délinquants séduits par la violence illimitée islamiste et le surmoi qu'elle permet aux faibles d'esprit, entraînés au Yémen par Al Qaïda, mais qui sont représentatifs d'une forme d'irrédentisme musulman proprement national qui s'amplifie depuis des années, massacrent toute la rédaction d'un journal marginal mais sympathique et qu'un troisième tue à répétition aux portes de Paris de façon synchronisée. L'arrogance d'une fraction croissante des enfants d'immigrés musulmans vis-à-vis des "gaulois", leur volonté de ne pas s'assimiler, leur revendication identitaire et religieuse dans la cité, dans l'armée et dans l'entreprise, la provocation vestimentaire ou alimentaire permanente, le refus d'accepter le contenu républicain et national de l'enseignement public, la tendance à la délinquance de ses jeunes, le romantisme du combat armé sans règle humanitaire depuis la guerre de Yougoslavie, attisé par la conscience d'une domination démographique dans certains territoires de la République Française, créent les conditions d'une guerre civile larvée.  En nous embarquant dans des guerres religieuses au Moyen-Orient et en Afrique, nous n'avons fait qu'attiser un feu qui couve depuis des années.

On a accepté de changer l'enseignement de l'histoire et les règles de l'école pour ne pas fâcher les élèves musulmans, on a toléré que l'hymne national soit sifflé en masse au Stade de France, on a trouvé expédient de substituer aux Français dans les logements sociaux des millions d'étrangers n'attendant souvent de la France que des indemnités, on a chanté inlassablement aux Français qu'ils étaient des "beaufs" et des "salauds au sens sartrien du terme". La veille des assassinats politico-religieux des frères Bouaki, la télévision passait le film de Tavernier, "Coup de torchon", présentant les Français au temps des colonies comme des porcs bons à être saignés par un justicier pas très propre sur lui. "Français vous avez des devoirs vis-à-vis de ceux qui vous tuent, car vous avez péché". Déjà, le jour où des avions démolissaient les tours jumelles de New York, le fameux "11 septembre", un excité s'exaltait à condamner les Français sur France-Inter pour l'affaire de Sétif ! Rappelons qu'Hollande lui-même a tenu à stigmatiser, il y a moins d'un an, la répression d'une manifestation interdite du FLN de 1961, à une époque où les commissariats étaient protégés des exactions des Fellaghas par des guérites en béton. Les autorités n'avaient pas voulu laisser la rue et le haut du pavé au FLN. Pas plus qu'elles n'avaient voulu que l'OAS y fasse régner la terreur. Sans faiblesse et même sans pitié.

Nous voici avec un 7 janvier 2015, où les menaces contre la liberté d'expression et de pensée ont été mises à exécution par des musulmans dignes justement du FLN, de l'OAS ou d'Action Directe. Ce passage à l'acte ouvre une autre période de l'histoire française.

Sur le terrain économique, les cartes sont désormais étalées. La France finit l'année avec des déficits aggravés, des dettes aggravées, un chômage aggravé en nombre et en durée, des faillites record, une construction à des niveaux ridicules, des familles ruinées par les impôts, des jeunes, des patrons, des retraités et des entreprises en fuite vers l'étranger. La réponse est une loi poudre-aux-yeux promue par un certain Macron qui fait du tort aux professions que les socialistes n'aiment pas et qui n'a strictement aucun intérêt économique autre qu'anecdotique ou politicien, comme on voudra.

L'important, pour tout ce petit monde, est la stratégie politique présidentielle de M. Hollande qui n'intéresse pourtant que lui-même et ses clans mais qui doit s'imposer aux Français. Surtout pas de réformes sérieuses qui pourraient coaliser des masses ou des énervés disposant d'un pouvoir d'agitation. Alors on ne redéfinit pas à la baisse  les missions du moloch étatique : la fonction publique et toutes les mille-et-unes organisation publiques et parapubliques, c'est électoralement sacré. La SNCF s'effondre ? Tant pis. EDF et le CEA forment un Etat dans l'Etat de plus en plus nul et coûteux. On s'en fiche. Les intermittents du spectacle ? Le déficit de leur régime extravagant de financement par les autres de leur temps d'inactivité est sanctifié, sacralisé et "sanctuarisé" ! Mais oui, le Premier Ministre a parlé de sanctuaire. Les déficits démagogiques, c'est malsain mais c'est saint !  Alors qu'il ne s'agit que d'un abus délirant responsable du tiers des déficits de la branche chômage pour un nombre ridicule, mais en forte augmentation, de bénéficiaires. On se pince, mais tout cela est vrai.

"L'achat de vote" recommence. On rajoute aux impositions déraisonnables et spoliatrices, portant sur les réussites, l'impôt que l'on supprime à "9 millions de foyers" ! Raisonnable et républicain ?

On perfectionne les gratuités, notamment dans le domaine de la Santé, afin de rendre les situations vraiment inextricables, au prix d'une dérive bureaucratique de qualité soviétique . Il ne s'agit rien de moins que de supprimer les libertés médicales. Les médecins, qualifiés et utiles, devront demander, avant de lancer des traitements, l'autorisation préalable à des sous-fifres sous-qualifiés, planqués dans ces usines à incapables que sont les Agences Régionales de la Santé. Leur rémunération dépendra du bon vouloir de bureaucrates dont la compétence peut s'apprécier tous les jours, à la mesure de nos déficits et des désordres de plus en plus graves qui agitent le domaine. Une occasion de plus de rappeler que tout le secteur dit social est entre les mains de pseudos-cadres, marqués politiquement, sortis d'enseignements le plus souvent très faibles, ivres d'un pouvoir à peu près totalement incontrôlé, ayant acquis une presque totale indépendance et nourris par des prélèvements constamment croissants. Pour eux : "la crise connait pas". Le gouvernement Valls reflète assez bien cette sous-bureaucratie politisée, sans mérite et sans valeur, à qui on a laissé trop de pouvoir. Autant dire que l'année 2015 s'engage sous les meilleurs hospices !

La France est désormais plus qu'engagée dans le maelstrom du déclin. Son revenu par tête a encore baissé en 2014. Son rang économique aussi. Ce n'est pas le pseudo pacte de responsabilité qui changera quoi que ce soit. Ce dispositif est purement politicien et n'a pour but, malheureux mais évident, que de renvoyer sur les entreprises l'échec socialiste et lui permettre d'avoir quelque chose à dire pour faire réélire son chef. Quo non descendam ?

Voilà le monde largement à l'arrêt économiquement et sous la pression de musulmans fanatisés en armes sur plusieurs continents. Pendant que la France pleure 17 morts, Boko Haram vient d'en tuer 2.000, en rasant 16 villages, avec vieux, femmes et enfants, pratiquement sans un mot dans la presse française. L'Europe est en pleine dérive. La France renifle des effluves de guerre civile. Elle flirte avec la déréliction économique irrattrapable, avec un président requinqué par le sursaut d'unité nationale des Français et  qui frétille de bonheur déplacé de pouvoir s'exprimer sans être aussitôt sifflé. Après tout le massacre historique que l'on vient de connaître a été évité en Belgique et subi en France. Le succès de la police de doit pas grand-chose au Ministre de l'intérieur qui indiquait en été 2014 : "Ce n'est pas un délit de prôner le djihad" (RTL - 5 Août 2014), ni une garde des Sceaux, incapable d'assurer le suivi judiciaire de condamnés dangereux à qui elle cherchait à éviter une "prison qui empêche la réinsertion".   

Politique et économie sont liées. Lorsqu'on atrophie l'économie par idéologie et esprit politicien, on met aussi en cause la stabilité politique d'un pays. Et lorsqu'un pays pourrit par sa tête politique, son économie souffre aussitôt. Peron a mis l'Argentine par terre. Chavez a ruiné le Venezuela. Papadopoulos a abaissé la Grèce et aggravé ses tares traditionnelles. Castro a laminé Cuba. Mugabé a tué et affamé son peuple. Le FLN a fait de l'Algérie un pays intolérable que fuit sa jeunesse. L'Iran des Mollah est une infection. Poutine ruine la Russie.  

L'économie française se défait par la politique. L'échec économique défait la France. L'équipe que dirige M. Hollande, a prouvé en deux ans et demi qu'elle n'était pas au niveau des missions qui devraient être les siennes, et qu'elle n'a pas les moyens de sortir le pays de l'ornière dangereuse où il se retrouve.

L'unanimité des bons sentiments dans le chagrin et la pitié est une bonne chose, à laquelle nous nous sommes associés totalement. Les moments d'unité nationale sont trop rares pour les bouder.

Elle ne pourra pas longtemps faire oublier qu'aucun Français digne de ce nom ne peut  admettre que la France en général et son économie en particulier tombent si bas. Le drame de l'insurrection musulmane djihadiste qui s'enracine en France et risque de s'étendre et de s'aggraver encore, sur un terreau social dégradé, s'ajoute au drame que sont les résultats économiques de 2012, 2013 et 2014.

Puisse les Français comprendre dans leur tréfonds national que la vocation de la France n'est pas l'effondrement économique, la déréliction sociale, la dégénérescence du politique dans la démagogie clientéliste et la comm', la dissolution nationale dans une Europe croupion, et l'épuisement dans une variante larvée de " guerre des civilisations".

Un cycle historique qui a vu la France s'enfoncer si bas doit se refermer. Et un autre commencer. Il implique une autre vision de l'organisation mondiale, de la construction européenne et de que doit être la France.

L'échec économique global, l'échec européen et l'échec français ont tous les trois des causes précises. On ne peut en rester là.

Nous avons écouté le glas. Maintenant il faut entendre le tocsin !

 

PS : Nous donnons ci-dessous, comme chaque année, les résultats de la fréquentation de ce blog qui a dépassé 690.00  lectures cumulées de personnes différentes, soit une hausse de 190.000 en un an (grosso modo le nombre des chômeurs supplémentaires en France. Espérons qu'il n'y a pas de corrélation !).  Trois articles font leur apparition dans le palmarès des articles les plus lus. Ils touchent à l'essentiel et nous sommes heureux que leur importance soit ainsi reconnue. La question de l'organisation bancaire est centrale. "L'étrange nature du dépôt bancaire" est désormais un thème qui retient l'attention, bien que le chemin reste long vers les banques de paiements et les spécialisations bancaires que nous préconisons. Les observations de J. Rueff sur les doubles pyramides de crédit sont fondamentales pour comprendre la situation actuelle. Nous nous réjouissons de les populariser ici. Plus surprenant notre bulletin de conjoncture de juin 2008, annonçant clairement la crise, a fini par retenir l'intérêt des lecteurs avec 6 ans de retard. Nous avons ici prévu une crise dure et longue en temps voulu, malgré tous les propos des nigauds qui ne cessent de répéter que cette crise était imprévisible. L'important n'est pas la gloriole du "je vous l'avais bien dit" mais de comprendre les chemins de cette prévision et le diagnostic qu'elle sous-tend. Plus que jamais, nous persistons et signons :

- Il faut mettre fin aux changes flottants et recréer un système monétaire international coopératif.

- On ne peut pas gérer une zone de monnaie unique uniquement avec des normes. Il faut créer une chancellerie de la zone Euro distincte de la Commission de Bruxelles.

- L'asphyxie fiscale française est un désastre auquel il doit être mis fin.



Contresens sur le concept de "zones monétaires optimales"

La monnaie est une terre fertile en inepties de toute sorte. Une des sottises du moment est tout à fait remarquable : elle consiste à partir de la pensée de Robert Mundell, un sage parmi les sages, hostile aux changes flottants (ce qui nous le rend sympathique), et favorable à l'Euro, pour "prouver" que l'Euro est condamné par les économistes. C'est une thèse que l'on retrouve pratiquement chez tous les contempteurs de l'Euro, d'un commentateur comme Eric Zemmour à des hommes politiques comme Mme Le Pen ou M. Dupont Aignan.

La science économique aurait défini, par son meilleur prix Nobel sur le sujet, les règles de création d'une bonne zone de monnaie unique. L'Europe ne répond pas à ces règles. Les Zélotes de l'Euro, niant la science pour la foi, aurait péché contre l'esprit et créé "un monstre intenable et dangereux".

Tous ceux qui ont suivi, ne serait-ce que d'un œil, tout le débat économique sur la création d'une union monétaire dans la CEE savent que Robert Mundell a développé ses idées pour permettre de la construire. Il est un des pères de l'Union Monétaire Européenne. Paradoxe, tout de même, de voir que les arguments du principal promoteur de cette union soient considérés comme la preuve "scientifique" de son impossibilité, même si la couverture médiatique des débats économiques de fond en matière de système monétaire international, est, de tradition , quasiment nulle.

Il faut d'abord relever une erreur tout aussi grotesque. On affecte de penser dans les milieux médiatiques que la monnaie unique est le fruit de la pensée profonde de M. Mitterrand, qui aurait arraché le DeutschMark à l'Allemagne et à M. Kohl, pour prix de sa réunification après l'effondrement du bloc socialiste. Cette fable a été dénoncée récemment par l'ancien ministre des Finances d'Helmut Schmidt. A juste titre.

La préoccupation concrète d'une monnaie européenne remonte aux premiers effets des défauts structurels des accords de Bretton-Woods et de la licence prise par les américains dans la gestion du dollar.  De tensions en tensions on ira jusqu'à la rupture du lien avec l'or, en été 1971 et à la mise en place du désastreux système des changes flottants.

Cela fait plus d'un demi siècle que les Européens se posent la question de l'unité monétaire de l'Europe. Ces efforts se concrétiseront à La Haye, en 1969, où seront signées d'une même plume la création d'une union monétaire européenne et l'entrée de la Grande Bretagne dans la CEE avec ses pays compagnons.

Avant même cette conférence, les experts se sont affrontés sur l'opportunité d'une monnaie unique. L'affrontement est oublié aujourd'hui, mais il fut rude. Les principaux opposants étaient les économistes… allemands. Parmi les partisans de l'unification : Robert Mundell.

L'examen des conditions optimales d'un rapprochement monétaire entre zones économiques est un exercice de l'esprit qui a simplement pour but de déterminer les mécanismes qui jouent dans ces relations. Il s'agit bien ici de régions, pas de nations. Par un travers commun à trop d'économistes (L'influence du modèle Walraso-parétien n'a pas fini de faire des victimes), Mundell  part  d'un "déséquilibre" modifiant un état précédent réputé équilibré. Et regarde ce qui se passerait selon les différents régimes monétaires.  Dans un but pédagogique, pourquoi pas, après tout. Il montre comment réagit le système en faisant varier différents paramètres et cherche à savoir dans quelle configuration la monnaie unique serait le plus efficace.

En simplifiant à l'extrême, on peut réduire les facteurs favorables à deux catégories :

- Des arguments purement micro-économiques

- Des arguments politiques.

Les arguments économiques sont du genre tautologique : si tout est pareil alors, la monnaie peut l'être aussi. Si rien n'est pareil, c'est plus dur. Si les économies qui fusionnent ont la même structure, sont bien imbriquées et connaissent une bonne fluidité intra-zone des facteurs de production, alors une monnaie commune posera moins de difficulté que s'ils sont totalement divergents en terme d'exportation, de consommation et de production et que les facteurs de production sont figés.

Les arguments politiques sont néanmoins l'essentiel : la monnaie doit être gérée ainsi que tous les facteurs qui en conditionnent la valeur. Sice pouvoir existe les divergences du terrain pourront être gommées et on peut envisager une monnaie unique. Après tout, pratiquement aucunes zones monétaires existant dans les années soixante n'étaient homogènes : ni l'URSS, ni les Etats-Unis, …ni la zone Franc.

De toute façon, selon Mundell, tous les systèmes économiques et financiers (notamment les taux d'intérêt)  finiront par converger si la monnaie est unifiée et pilotée intelligemment : la dévaluation n'est qu'un expédient, agréable du point de vue politique, mais sans grand effet à moyen terme sur le fond. Les inter-relations entre les économies, de plus en plus imbriquées, rendent d'ailleurs l'avantage à court terme d'une dévaluation de plus en plus réduit.

Pour Mundell, une conclusion s'imposait : les Américains font n'importe quoi et la politique du dollar est menée contre les intérêts à long terme de l'Europe. Il faut contrer cet hégémonisme qui contribue au désordre monétaire mondial en créant l'Union Monétaire Européenne. Pour que ce la marche, il faut fluidifier la circulation des facteurs de production et créer les institutions ad hoc.

En lisant Mundell, une conclusion s'impose : il faut à l'Union Monétaire Européenne une politique commune solide au dessus d'un marché libéré de ses entraves.

Tout de suite après la conférence de La Haye, le système monétaire de Bretton-Woods s'effondre et on entre dans la Danse de Saint Guy des monnaies.

La tentative de l'ECU, European Currency Unit, est un échec, détruite par la spéculation permise par les américains. Le Serpent monétaire explose. Les penseurs européens en concluent qu'il faut créer une monnaie unique pour éviter tout interstice où la spéculation puisse s'insérer. Elle doit faire masse pour exister face au dollar.

Les années 80 verront donc les Européens favoriser la fluidité des mouvements de facteurs de production au sein de l'Europe, vue comme un préalable, et à créer les conditions d'une monnaie unique.

C'est l'époque où nous-mêmes recevions mission de créer un système de comptabilité analytique à la Banque de France pour permettre de piloter une fabrication des billets compétitive lorsque les grands marchés d'impression de la monnaie unique seront lancés. A cette date personne n'envisageait ni l'effondrement de l'URSS ni la réunification de la RDA (et Chirac était au gouvernement).

Bientôt Delors propose de marcher vers le marché unique, en même temps que les bases de l'Euro sont négociés.

On oublie que, dans les années 80, la RFA avait besoin de digérer l'énorme perte de changes sur les dollars accumulés par ses excédents commerciaux du fait de l'effondrement du dollar. Dans les années 90, il lui faudra digérer l'absorption de la RDA. Alors qu'on fait de l'Allemagne le Raminagrobis trop content d'entrer dans le poulailler européen, ses économistes étaient plutôt sur la réserve.

Elle viendra à l'Euro en acceptant toutes les mesures de libéralisation des mouvements de facteurs de production, mais avec une réticence marquée vis-à-vis de l'unification des politiques monétaires et économiques.

C'est ainsi qu'a été construit le compromis de Maastricht :

- Monnaie unique mais sans organe de gestion autre que la BCE et deux critères de gestion : 3% de déficit public au maximum et pas plus d'endettement public que 60% du PIB. Pour bien faire on a ajouté la nécessité de prouver sa vertu dans le cadre d'une procédure d'adhésion marquée par le respect de différents critères de convergence.

Les idées de Mundell ont triomphé à moitié. La fluidité des facteurs de production a été mise en œuvre. La politique solide unifiée est restée dans les limbes. Les fédéralistes, façon Delors, savaient bien que le système était boiteux, mais pensaient qu'en mettant la charrue avant les bœufs, les inconvénients forceraient les ajustements institutionnels dans le mouvement. "Nécessité fait loi et l'Europe se construit de crises en crises" !

En dehors de la BCE, dont les objectifs sont définis de façon trop restrictive, avec juste un taux d'inflation comme mesure, et un fantomatique Eurogroupe longtemps présidé par le non moins fantomatique Juncker, il n'y a pas d'organe de gestion de la zone Euro.

Mundell a certainement surestimé la capacité de marchés libres, dans un cadre monétaire unique, à converger. Les Allemands ont exigé une convergence préalable. Mais beaucoup ont triché, comme la Grèce. Et rien n'était prévu pour la suite. C'est comme cela qu'on a vu le plan Jospin (35 heures et relations sociales coercitives, avec effondrement de la compétitivité ) s'affronter au plan Schroeders (redressement de la compétitivité avant tout). Et tout le monde se moquer des règles 3/60.

Une autre faiblesse de l'approche de Mundell est de s'appuyer trop sur la micro économie (les comportement de production et de consommation de micro acteurs) et pas assez sur les réalités globales, notamment la création d'une économie baudruche où le taux d'endettement est devenu massif et la finance totalement débridée.  

La construction de l'Euro aura donc une influence dépressive pendant tout le temps de l'obtention des critères d'adhésion, et conduira certains pays à gonfler trop facilement leur endettement public à partir de 2000.  Comme Mundell l'avait prédit les taux d'intérêt ont bien convergé rapidement, mais ils ont attisé l'endettement, rendant l'Europe vulnérable à un retour de conjoncture. Il n'a pas compris que la finance, faute de s'attaquer aux monnaies, jouerait avec le taux d'intérêt des emprunts d'Etats, avec le potentiel de les ruiner et de faire sauter l'Euro. Le résultat :

- Les pays de la zone Euro  ont divergé avant la crise (entre 2000 et 2008) et l'endettement global et public a trop augmenté

- La crise a mis à nu l'absence de politique commune et d'organes de pilotage de l'Union qui a réagi le dos au mur en violant toutes ses règles et en provoquant une récession sanglante dans le sud de l'Europe : chaque pays ne peut s'ajuster que par la déflation.

- L'Europe sort tard et mal de la crise, sans avoir crevé l'abcès du mode d'organisation d'une zone monétaire unique.

Aujourd'hui, il est parfaitement ridicule d'utiliser la théories de Mundell sur les zones monétaires optimale pour justifier la sortie de l'Euro.

Il faut au contraire perfectionner l'approche de Mundell :

- Oui il faut un Euro pour contrebalancer la puissance du Dollar et bientôt celle du Yuan (qui n'entrait pas à l'époque dans le champ de vision de Mundell).

- Non les ajustements ne se font pas tout seuls

- Il faut une instance de pilotage des la zone Euro (ce que nous appelons un Chancelier de la zone Euro) que nous voyons distinct de la Commission Européenne. La difficulté démocratique impose, contrairement à ce que pense VGE, une retouche institutionnelle, avec des organes de contrôles venant des parlements nationaux. Démocratie oblige.

- Compte tenu du système mondial de changes flottants et de finance sans contrôle, le pilote doit se voir confier des instruments qui ne sont pas seulement ceux de la BCE.

- Il faut militer pour la fin des changes flottants et de la licence de certains pays d'accumuler excédents et déficits massifs.

Cela suppose que la France cesse de s'enfoncer dans le désordre et le n'importe quoi. Il ne faut pas non plus craindre d'éjecter la Grèce, si les réformes s'y révèlent impossibles.  

La création de nouveaux organes et de nouveaux instruments ne peut se faire qu'après retour de certains pays laxistes à un minimum de sérieux. De ce point de vue là, la politique débile de F. Hollande est le principal obstacle au passage au stade d'organisation convenable de la zone Euro.

On voudra bien comprendre que la théorie des zones monétaires optimales de Mundell n'est en rien un argument contre l'Euro. C'est l'inverse. Et que cinquante ans après sa formulation il est simplement nécessaire de l'adapter aux leçons de l'histoire et surtout à celles des défauts du système de change mondial  et de la crise économique en cours.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.  

Mammouth étatique et hyper fiscalité : qui nous en débarrassera et comment ?

Comme tous les lecteurs de ce blog le savent, nous défendons la thèse que la crise qui nous accable est due à trois causes :

- Un système monétaire international dangereux qui a conduit à la création d'une "économie baudruche", qui est percé désormais de toute part, et qui ne sait comment se débarrasser sans trop de casse de 10 à 12.000 milliards de dollars de crédits irrécouvrables.

-Un système européen qui grève les coûts et entrave les recettes avec une zone euro sans cabine de pilotage qui ne peut s'ajuster que par la déflation et qui entraine le monde dans ses difficultés.

- Une hyper-fiscalité française débilitante qui a ravagé son industrie, provoquant un étiolement presque complet du terreau d'entreprises, un sous investissement chronique, une perte de compétitivité extrême, et un clivage intenable et explosif entre les 20 millions de ménages qui travaillent et qui paient et les vingt millions de ménages qui  attendent l'essentiel de leur revenu de la redistribution étatique.

Le système monétaire international n'a pas été réformé. Au contraire il a été conforté.

La gestion de l'Europe et de la zone Euro n'a pas été réformée. Au contraire ses défauts ont été durcis.

Quant à la France, on voit que le choix a été fait depuis 2008 d'une absence totale de réformes de fond, qui aurait desserré l'emprise démente de la corporation des administrateurs de l'Etat, des Régions, et du Social,  sous la houlette de ce que nous appelons l'énarchie compassionnelle, aggravée aujourd'hui par l'agrégation d'une flopée de petits apparatchiks de parti, passés directement des débats enfumés des AG ou des Cal à des responsabilités d'Etat, sans avoir jamais travaillé.  

Nicolas Sarkozy n'a pas voulu voir arriver la crise en 2007, en dépit des avertissements. Son calendrier présidentiel était entièrement "courtermiste" et politicien.

- Ouverture à quelques cupides de gauche, pour se caler au centre et gêner le camp socialiste ( qui n'aura pas de mal à déconsidérer les "rénégats") .

- Ouverture à l'écologie avec le Grenelle d'environnement (qui finira dans le milliard d'euros perdu dans les portiques et l'autre milliard d'euros perdus dans la subvention d'électricité alternative sans avenir).

-Ouverture sociale vers les non-employés avec le RSA payé par une surimposition des revenus financiers (de l'achat de vote démagogique).

- Ouverture sociale vers les employés avec les heures supplémentaires défiscalisées ( de l'achat de vote démagogique) .

- Ouverture syndicale vers la CGT, dorlotée, à qui on fait de nombreux cadeaux, comme la pénibilité pour les retraites, un rapprochement des régimes spéciaux payés plus cher que la situation avant réforme, une modification du droit de grève indolore dans les transports, etc. (politique stérile qui sera engrangée par la CGT sans aucun retour d'ascenseur)

- Ouverture vers les fonctionnaires avec l'ajout à leur salaire de finalement 75% des économies liées au non renouvellement d'un départ à la retraite sur deux  ( ce qui fera que les fonctionnaires protégés de Bercy verront leur rémunération croître trois fois plus vite que celle des salariés du privé !)

- Ouverture vers les restaurateurs avec la baisse d'une TVA qui ne s'imposait pas (complexe de Zorro).

- Ouverture vers les très riches  avec un plafonnement de l'ISF avec chèque de remboursement pour le millième le plus riche).

- Ouverture vers l'entreprise avec une réforme des 35 heures (qui n'en sera pas une).

- Ouverture vers la presse en déversant les subventions (il se fera "conchier" en remerciement par la plupart des journalistes).

- Ouverture vers tous les mécontentements en déversant de l'argent publique (comme pour les marins pêcheurs).

- Ouverture vers les personnes âgées en réduisant l'impôt sur les petites successions (achat de vote).

La règle : pas de drame ; pas de blocage de la rue. L'important est la réélection, donc pas de rejet massif. Et il  en faut pour tout le monde et pour toutes les sensibilités.

On voit qu'il s'agit d'un programme purement électoraliste qui a pour seul  but de pouvoir se représenter en ayant de quoi répondre à toutes les clientèles : "on a fait quelque chose pour vous".

La crise violente de 2008- 2009, qu'on n'a pas voulu voir venir, balaiera tous ces petits calculs qui auront ajouté des centaines de milliards de dettes aux centaines de milliards de dettes que la crise entraînera mécaniquement, sans rien régler sur le fond.

De panique en panique, on signera le traité Merkozy, qui renforce l'impuissance dépressionniste de la zone Euro, on surtaxera les riches, et on finira, in extremis, par créer une TVA sociale bâclée alors qu'elle était indispensable dès le départ.

Au final :

- Rien n'aura été réformé du système monétaire international qui est confirmé dans sa nocivité.

- Rien n'aura été réformé de l'absence de cabine de pilotage de la zone euro.

- L'hyper-fiscalité n'aura été atténué qu'un temps, le taux de prélèvement en fin de mandat rejoignant quasiment celui du début de mandat.

Aucun des maux structurels du pays n'a été réellement attaqué à la racine. Des centaines de milliers de chômeurs supplémentaires se sont ajoutés. Les faillites se sont multipliées. Les seuls gagnants sont les secteurs super protégés, fonctionnaires des finances, entreprises publiques).

Le calcul politicien se verra comme le nez au milieu de la figure : la première phase de la campagne voit Nicolas Sarkozy chercher à dérouler ce qu'il a fait, tenter de  prouver sa fibre sociale, son cœur écolo, son âme socialisante de gauche.  Son adversaire ridiculisera cette tactique en lançant son impôt à 75% : "Qui est l'ami des riches , hein !".  Il faudra changer de campagne en cours de route, signe d'échec quasi obligé, et foncer dans la surenchère anti-européenne (verbale) , anti-immigré (verbale) et anti-délinquance (verbale), la fumeuse ligne Buisson (un conseiller aimant enregistrer le verbalisme sur magnétophone).

Le mandat Hollande sera de la même eau : un calcul purement politicien. Le pouvoir est à prendre. Soyons assez espiègles et malins pour le prendre. On en jouira et ce sera bien le principal. Pour le reste, nous avons une superbe martingale électorale : "Pendant deux ans et demi on fait payer les riches, ensuite on distribue". On essaie de ne mécontenter aucune des forces qui peuvent mobiliser dans la rue (idem Nicolas Sarkozy 1 qui copiait déjà Chirac 2) et on masque notre impuissance en lançant des réformes sociétales majeures qui nous marqueront à gauche, puisqu'en matière économique, il n'y a rien à espérer.

Le gouvernement Ayrault sera la catastrophe que l'on sait : envolée du chômage et de la dette ; abandon de toutes les esquisses de réformes précédentes. Ruine fiscale des familles aisées. Plus de 10.000 foyers payant plus de 100% d'impôts sur le revenu. La révolte fiscale. Dix millions de personnes, jusqu'ici exonérées, payant l'impôt. L'arrêt de la construction et le marasme immobilier. Les engagement européens jamais tenus. Aucune vraie réforme de structure (seulement des privations de prestations "universelles" ciblées sur les familles aisées , notamment familiales).  

Hollande a mobilisé tout le monde contre lui et finit l'année 2013 avec 13% de satisfaits, l'étalage de sa vie de patachon et dans le mépris général. La fonction présidentielle est déconsidérée ; la France devient un objet de risée mondiale ; elle est marginalisée en Europe ; l'économie s'effondre.

Le Président semble ravi d'être là !

L'année 2014 commence avec un nouveau plan de marche. Il est tout aussi électoraliste que le précédent. L'important est de se retrouver en position éligible en fin de mandat et donc d'avoir des arguments tout en en privant l'adversaire.  Une fois encore, on est dans la continuité de Nicolas Sarkozy.  

On lève l'hypothèque "de droite" du PS en faisant venir Manuel Valls, 5% aux primaires du PS, et un certain Macron, banquier socialiste de gauche (un pléonasme en France). L'idée : transférer la responsabilité du malheur sur les entreprises à qui on aurait fait des "cadeaux faramineux". Rattraper le coup avec les masses surtaxées tout en aggravant encore l'hystérie fiscale portant sur les familles aisées. Montrer grâce à la "triangulation" (l'exécution foireuse d'une partie du programme de droite) qu'il n'y a pas de solution à droite. On conserve les Belkacem et les Taubira pour bien marquer qu'on reste sur les bases sociétalistes initiales qui plaisent tant aux "bobos" spécialisisés dans l'auto-flagellation nationale.  Au moment de l'élection, Hollande apparaîtra dans toute sa gloire "de gauche" après avoir déconsidéré les idées "de droite" :

- "Bien sûr il y a eu la crise mais j'ai résisté à l'Europe qui voulait nous faire "démolir le modèle français"

- Bien sûr j'ai fait payé les riches. C'est autant que vous vous n'avez pas payé.

- Bien sur, les résultats sont désastreux mais c'est la faute aux patrons qui n'ont pas joué le jeu malgré les énormes cadeaux que je leur ai faits.

- Regarder nos adversaires : ils veulent vous faire payer, vous les immigrés, vous les fonctionnaires, vous les petits.

- Je vous protège et je vous protégerai encore".

Les discours sont déjà écrits !

Les sous-entendus sont clairs.

"Peut-être que dans deux ans la conjoncture sera meilleure et je pourrais parader avec un début de résultats. Sinon, on verra. La perspective de ne pas être présent au second tour jouera en faveur du sortant. Alors, Moi, Hollande, je suis prêt."

Le choix de Sarkozy comme leader de l'UMP pose à la "droite républicaine"  un redoutable défi.

A-t-il enfin compris les enjeux de réforme du système monétaire international et est-il prêt d'aller à la bataille sur ce thème ? Rien ne le laisse présager.

A-t-il enfin compris qu'il fallait une reforme forte des structures de pilotage de la zone Euro et un chemin pour y parvenir ? Il n'en laisse rien paraître.

A-t-il enfin compris qu'il fallait restructurer l'Etat en profondeur et réduire drastiquement son emprise sur la richesse nationale ?

Les défis sont considérables. Baisser les impôts alors que ce sont les "riches" qui ont pris des augmentations délirantes et dévastatrices des patrimoines ?  Lorsque  Jospin avait été confronté à ce défit, il avait créé la PPE : la baisse ne doit pas concerner ceux qui avaient subi la hausse par un mouvement inverse et symétrique. On redonnera l'argent pris aux riches…aux pauvres. Vite un chèque. On maintient les pauvres dans la trappe à pauvreté et on bloque le capital et l'entreprenariat ! Si l'impôt doit globalement baisser, on fait comment ? Seuls sont qui ont surpayés seront-ils concernés ? Pour le moment c'est le grand silence.

Restructurer la dépense publique : mais c'est faire mal à des clientèles  (presse, agriculteurs, fonctionnaires) car ce ne sont pas les ROMs et plus généralement les étrangers qui sont le gros du problème de la dépense publique.

Et il faudra répondre à la manœuvre de Hollande : "on a déjà fait tous les cadeaux aux riches et cela ne marche pas . En plus ils veulentvous faire du mal" !

La réunification de l'opposition républicaine autour de Nicolas Sarkozy était-elle la meilleure des solutions ? Rien n'est moins sûr, même si désormais l'opposition est légitimement structurée.

L'erreur de Juppé est de n'avoir aucun programme et simplement de jouir du moment de grâce que lui accorde les sondages. Il faut contrer la parodie électoraliste de M. Hollande dès maintenant pour l'empêcher de fonctionner. Sans parti c'est quasi impossible. Arriver en restant flou pour être élu sur sa bonne mine seule est un pari, à notre avis, perdant.

L'erreur de Fillon est d'avoir raté son coup en 2012. Il aura certes un programme, et on peut le penser, plus puissamment réfléchi que celui des autres. Mais il n'aura pas contré Hollande comme chef de parti  et aura le plus grand mal à ne pas voir ses principales idées pillées par les différents clans.

Reste donc Nicolas Sarkozy. Il lui faudra plus qu'un petit guide électoraliste à court terme comme en 2007. On peut se dire que ne visant aucune réélection à la fin du prochain mandat présidentiel auquel il aspire, il a une carte à jouer vis-à-vis de l'opinion : "je suis là pour l'intérêt supérieur de la nation". On voit la posture mais pas trop la stature.

S'il ne joue que la carte forcée : "je suis en position d'être élu et j'y parviendrais", on retombe dans le petit opportunisme, façon Hollande.

La solution peut venir des échecs électoraux à venir de la gauche socialiste, qui, lessivée aux régionales et aux cantonales, se retrouverait, en quelque sorte,  hors-jeu, en dépit des manigances politiciennes de François Hollande. Une élection par défaut et sans grosse campagne permettrait au chef de l'opposition, quel qu'il soit, de battre Marine le Pen et de proposer, après l'élection, un programme gigantesque de restructuration du pays.   

Mais dans quel état sera la France d'ici 2017  !

Une leçon de la chute des prix du pétrole

Dans un système des changes flottants, la valeur respective des monnaies n'est pas seule à flotter. Toutes les valeurs "d'actifs" flottent également. Et les variations sont d'autant plus fortes que la création monétaire, par les banques centrales ou par les banques commerciales, a été plus massive. Dans une économie "baudruche", comme nous appelons la situation créée après l'abandon des disciplines de Bretton-Woods, toute "classe d'actifs" est alternativement à la veille d'une spéculation à la hausse ou à la baisse.

Dans le cas du prix du pétrole, qui viennent de s'effondrer, la conséquence sur les interprétations fréquemment avancées, est intéressante.

Première erreur : Parler d'un hausse perpétuelle du cours de l'or noir est un non sens. On peut invoquer une hausse tendancielle, guère plus. Nous aurons la charité de ne pas citer les bons auteurs qui voyaient le cours du Brent à 300 dollars le baril en 2014 avant la disparition du pétrole en 2020 (leurs prédécesseurs de 1970 voyaient cette disparition dans la décennie 1990 et au plus tard en 2000). La spéculation sur les cours du pétrole au milieu de la première décennie du siècle avait été tellement forcenée qu'une correction était quasiment obligatoire. Elle a été retardée par les achats chinois qui ne savaient plus quoi faire de leurs excédents de dollars. Et le krach spéculatif a fini par se produire. Cette règle est valable pour toutes les "commodities", y compris l'or qui n'est pas seulement une matière première.

Seconde erreur : croire que le pétrole fait la conjoncture. Les cours du pétrole sont dans la dépendance de la conjoncture pas l'inverse. Beaucoup de commentateurs ont cru devoir expliquer "la crise", depuis 1973, par l'évolution des cours du pétrole. La récession de 73-74 aurait été la conséquence de la guerre israélienne et de la hausse massive des cours du brut qui a suivi la défaite arabe. En vérité c'est la crise monétaire et de change provoquée par l'abandon de la référence à l'or par Nixon qui a provoqué les excès pétroliers pas l'inverse. Plus généralement, faire dépendre exclusivement de la rente pétrolière, qui s'est créée à ce moment là, le gonflement général du taux d'endettement de l'économie mondiale que l'on a constaté depuis 71, est une erreur de jugement.

La fin des "trente glorieuses" n'est pas expliquée par l'évolution du marché pétrolier, pas plus que cette période de forte croissance ne peut se réduire aux besoins de la reconstruction, ou à l'explosion d'un marché particulier. Combien de fois entend-on que la grande croissance a été uniquement le fruit de l'expansion du marché automobile associée à un pétrole pas cher ! Et que désormais tout cela est fini et qu'il faut songer simplement à organiser la baisse démographique  et économique pour songer à un bonheur brut dans l'abstinence.

La conjoncture est entièrement guidée par le crédit et l'investissement. Toutes les crises du cycle sont des crises de crédit, en particulier les phases de crises dures (74, 93, 2009). C'est parce que les mécanismes de régulation monétaire ont été détruits en 1971, que les crises périodiques sont de plus en plus graves. Le phénomène de la double pyramide de crédits, associé mécaniquement aux déficits et excédents monstrueux de balances de paiement,  a fait passer le taux d'endettement moyen à plus de 400%. Dès lors le dégonflement de la baudruche était impératif. Il se produit depuis 2008. Et il touche les marchés de biens, que ce soit l'immobilier, l'or ou le pétrole, en dépit des créations gigantesques de liquidité que les banques centrales ont impulsé (près de 10 mille milliards de dollars tout de même). Un autre mot pour la même chose : la déflation ! Seule une croissance forte dans une cadre plus que légèrement inflationniste et collaboratif permettrait d'éviter une phase de déflation désastreuse. Il n'y a plus de cadre ni de réel collaboration. La déflation est là : surprise, surprise !

La monnaie n'est pas un "voile" sans importance. Monnaie et crédit sont la base de la conjoncture. pas le pétrole.

Un système monétaire international nocif  fabrique des phénomènes conjoncturels désastreux. le système des changes flottants est une erreur calamiteuse.

Delenda est  !

L'effondrement du cours du pétrole, en effondrant en passant les théories absurdes qui font du pétrole la clé de tout, devrait ouvrir les yeux.

Devrait…

 Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

La fausse "exemplarité" du marché des devises

Parmi les lubies de l'époque, et cela dure depuis la libération complète des mouvements de capitaux en 1990, figure l'exemplarité du marché des changes, présenté un peu partout et en particulier dans les cours d'économie financière, comme le parangon d'un marché quasiment parfait, permettant une confrontation à la seconde de millions de décisions  d'achat et de vente, et l'allocation optimale des ressources, en liaison avec le marché des taux d'intérêt.

Depuis cette époque nous ne cessons de répéter que cette doctrine est totalement aveugle aux réalités.

Le marché monétaire est l'exemple même d'un marché doublement imparfait :

- Il est dominé par quelques banques centrales qui peuvent intervenir avec des moyens tels que les changes n'ont que le sens qu'on veut bien leur donner (ou qu'elles veulent bien qu'on leur donne). On l'a vu avec la banque centrale suisse, qui a émis presque la valeur d'un PIB national pour arrêter la hausse des cours du Franc Suisse. On l'a vu avec l'émission de monnaie de la Banque centrale du Japon qui a noyé de liquidité les marchés pour faire baisser le Yen. Ne parlons pas de la FED et maintenant de la Banque Centrale Européenne qui ont émis près de 10.000.000.000 de dollars de monnaie gagée sur rien du tout en 7 ans.

- Les opérateurs au quotidien sur le marché des changes sont très peu nombreux et peuvent se coaliser facilement pour monter des coups permettant des gains faramineux en quelques heures ou quelques jours. Les gains sont minimes en taux mais les capitaux mobilisés sont tels et la durée des opérations si courte,  que les rendements sont extravagants.

Que constate-t-on aujourd'hui ?

- La condamnation des principales banques ayant manipulé le cours de certaines monnaies clés permettant de fixer des "trackers" sur lesquels on a pris des positions spéculatives à très court terme. On se rappelle que le Libor avait déjà été manipulé de la même façon. Cours de change et taux d'intérêt ont donc été constamment manipulés pendant vingt cinq ans. Merci pour l'allocation optimale des ressources !

- La danse de Saint-Guy actuelle des monnaies dont les cours sont manipulés par les banques centrales ou les Etats, ou de celles qui ont été affectées par des éclatement de bulles spéculatives. Le cours du pétrole, entièrement dominé par la spéculation, a fini par s'effondrer,provoquant aussitôt la chute de monnaie surévaluée comme par exemple le Rouble russe, lui-même victime de faits politiques. Le Real brésilien se porte mal du fait de l'arrêt des achats chinois qui avait permis une spéculation éhontée sur les "classes d'actifs" brésiliens dont la monnaie. L'Euro a fortement baissé par rapport au dollar du fait de l'action de M. Draghi.

Encore une fois, où voit-on un marché libre, liquide et parfait ?

De toute façon dans une économie boursouflée par la création monétaire massive, que nous avons appelé "baudruche", les marchés de capitaux n'ont aucun sens "réel". L'argent ne se place pas dans des projets de production mais dans des espoirs de gains en capital sur des valeurs nominales dépendant directement des émissions monétaires.

Tant qu'on n'a pas mis fin au mécanisme qui permet un gonflement des crédits  hors de tout contact avec les investissements de production, et qu'on laisse les banques centrales se faire la guéguerre monétaire, enveloppée dans l'encens des réunions périodiques sacralisées et pseudo consensuelles, les sanctions juridiques n'ont aucun sens.

La seule solution est d'en revenir à l'essentiel : les Etats doivent être rendus responsables de l'équilibre de leurs balances extérieures et du change de leur monnaie, avec des mécanismes de contrôle et d'aide pour limiter les effets des ajustements éventuels.  L'énergie est trop importante pour qu'on en laisse le prix flotter au gré de la spéculation. Il faut revenir à un système de monnaie internationale de référence, gagée sur des valeurs réelles, dont le pétrole mais aussi l'or, avec des monnaies au change fixe et ajustable par rapport à cette monnaie internationale.

Cette organisation, conforme aux statuts du FMI et aux accords de la Havane, mais corrigée par rapport au système de Bretton-Woods (suppression de la référence obligée au dollar, parité des droits et des devoirs au sein du FMI, intégration des grandes valeurs économiques de référence comme l'énergie, interdiction du "short" sur les monnaies, interdiction de la cotation continue), est la seule capable de mettre fin à l'économie baudruche et de canaliser le dégonflement de la masse d'endettement global qui frôle toujours aujourd'hui dans l'OCDE les 400%.

Cette réforme est SINE QUA NON.

Vouloir faire croire que la crise est circonstancielle et liée à l'action condamnable de quelques malfaisants est, au mieux, une naïveté.   

La crise a éclatée en juillet 2007. Sept ans après, l'empilage de dettes n'a pas été réduit. Le marché des monnaies est en pleine folie. "L'allocation optimale des ressources" est, comme la fameuse main censée la guidée "clairement invisible". En revanche la stagnation perdure ; les désordres perdurent ; le chômage s'étend ; les politiques économiques restent de pure panique.

Et pas un mot de la part des responsables pour faire le constat de ce sinistre tableau ni prendre la moindre mesure corrective. Où est M. DSK, l'ancien président adulé du FMI ? En train de tenter de se sortir d'un engagement fumeux dans la spéculation internationale. Où est Madame Lagarde ? En train de tenter de se libérer de son inculpation dans l'affaire Tapie. Où est le Président de la République Française ? En train de tenter de se sortir des mille et pièges qu'il dresse et dans lequel il tombe avec un certain plaisir. Où est M. Juncker, le Président de la Commission Européenne ?  En train de tenter de se sortir de l'affaire des avantages fiscaux donnés aux multinationales par le Luxembourg qu'il dirigeait, au détriment des autres pays d'Europe. Où est Poutine ? En train de reconquérir par la force une partie de l'Ukraine. Où est M. Abe ? En train de tenter d'interpréter la Constitution Mac Arthur pour construire la bombe atomique. Où en sont les Chinois ? En pleine exaltation du national-socialisme Han. Où est M. Obama ?  Qui est M. Obama ?

L'esprit de coopération économique et monétaire international a totalement disparu, noyé dans le "libre" marché des capitaux et la perte de toute réflexion économique collective sérieuse.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

L'état du monde en octobre 2014

Toutes les prévisions gouvernementales suivent, à peu près, le même cheminement : aujourd'hui, cela va mal, mais la reprise arrive l'année prochaine et dans deux ans ce sera magnifique. La reprise est toujours "au coin de la rue". Rien n'aurait donc changé depuis Hoover ? Lorsqu'on relit les analyses d'octobre 2013, on constate que l'année 2014 était annoncée comme un excellent cru économique et que l'année 2015 serait encore meilleure. Nous étions sceptiques.

Cet optimisme de circonstance s'est fracassé, comme d'habitude, sur des réalités plus puissantes que les vagues espoirs, plus ou moins honnêtes, de dirigeants déboussolés.

La difficulté de l'économie mondiale tient au fait qu'une masse de dettes délirante s'est accumulée en quarante ans, à un niveau tel que la production ne peut pas en assurer le remboursement et permet à peine le paiement des intérêts. Nous en sommes toujours, pour les pays de l'OCDE, à un taux de dettes globales situé quelque part entre 380 et 420% du PIB. Par rapport à la valeur ajoutée des entreprises de plus de une personne du secteur marchand non financier, le taux doit être plus proche de 800% que de 700%. Ce qui veut dire que les banques sont toujours virtuellement en faillite et que les détenteurs "d'actifs" sont dans l'angoisse permanente d'en perdre une partie plus ou moins conséquente.

Le mouvement naturel du commerce est entravé par cette situation d'enflure qui provoque des comportements de défense aussi bien des Etats que des banques, des entreprises et des particuliers. Qui dit défense dit contraction et repli. Les Etats ruinent leurs citoyens par l'impôt et/ou leurs entreprises par la contraction de la demande et des moyens d'investissement. Les entreprises restent infiniment prudentes, faute de marchés. Les énormes liquidités déversées sur les banques ne servent qu'à chercher les reliquats de plus-values ou les mini-bulles spéculatives que ce ruissellement peut engendrer.

L'examen du "Baltic dry index" montre un électroencéphalogramme commercial absolument plat, alors que les bourses ont grimpé un petit peu, en même temps que certains secteurs immobiliers comme en Irlande, à Berlin ou à Londres. Nous sommes toujours dans le type d'économie que nous avons qualifié de "baudruche", avec un ballon gonflé à l'hélium des banques centrales mais qui fuit de partout. Cette situation où tout le monde a le pied sur le frein pendant que les banques centrales appuient sur l'accélérateur est propice à tous les dérapages, surtout quand elles lâchent l'accélérateur. 

La volonté de la Chine de ne pas perdre trop sur son stock de dollars a animé, un temps, les marchés internationaux avec des achats de produits agricoles et de matières premières. La remontée du cours du dollar du fait de l'action de la BCE qui a fait fondre un peu l'Euro, a réduit cette pulsion. Alors tous les cours baissent. Déjà la menace d'une diminution du Quantitative Easing de la FED avait déréglé le marché des changes. Si le dollar remonte, les flux spéculatifs se réorientent. C'est la beauté des changes flottants avec refus de maîtrise des excédents et des déficits massifs de balances de paiements et liberté absolue des mouvements de capitaux. Les décisions ne sont plus corrélées aux productions et consommations mais à des spéculations massives sur des interprétations comportementales.

Le problème est que les Etats-Unis ne joueront pas le rôle qu'ils ont tenu à la fin des années 1990. Le retournement du change du dollar avait provoqué l'accélération de la spéculation sur les bourses américaines, confortée par la bulle sur le compartiment NTIC du Nasdaq,  et une spéculation sur le dollar lui-même, en même temps qu'une énorme création monétaire des banques d'affaires et commerciales, basée sur le recyclage des excédents Chinois et Allemands,  avait provoqué une flambée conjoncturelle très intense. Rien de tout cela n'est plus possible aujourd'hui. Les banques ont besoin de dégonfler leurs bilans et la consommation est asséchée par les impôts, notamment en France et plus généralement en Europe.

La chute des cours du pétrole prend acte du fait que la spéculation sur les cours n'a plus aucun rapport avec la consommation effective. Toutes les autres matières premières suivent le même chemin, sauf l'or qui frémit devant de nouveaux risques d'explosion de la zone Euro.

Alors, oui, nous sommes encore dans la phase "haute" du cycle, mais la hauteur en question est réduite par l'obligation générale de réduire les déficits publics et les en-cours bancaires. Le seul aspect positif est que la récession décennale devrait être modeste, la correction des excès de crédits se réduisant à la digestion d'erreurs spéculatives de petite amplitude. Sauf, naturellement si la baudruche perce massivement du fait de politiques trop gravement inconséquentes ou d'évènements extérieurs gravissimes. 

L'Afrique dont la croissance a été plutôt bonne du fait de l'arrivée massive de capitaux internationaux à bas prix et par les achats multiples de la Chine,  commence à tousser. L'Europe est toujours plus ou moins stagnante. Et les Etats-Unis, faute de marchés extérieurs, voient la reprise économique, réelle, s'étouffer lentement.  

Cette situation inquiète les grands maîtres de la spéculation internationale. Ils ont fini par conclure que les positions allemandes bloquaient tout le système et empêchaient de faire des affaires. Depuis juin 2014 les rumeurs signalent qu'ils vont provoquer une correction assez forte des marchés d'action, qui n'avaient pourtant grimpé en moyenne que d'une dizaine de pour cent en deux ans. Le but n'est pas très compliqué à comprendre :  provoquer la crainte d'une récession en l'Allemagne, où le système bancaire est très abimé, puis d'un nouveau Krach. Il fallait, pour que l'opération réussisse, que les indices cautionnent l'opération. On a attendu octobre pour la déclencher car tous les chiffres d'activités sont dans le rouge ou l'orange foncé et des aléas pèsent sur la fin de l'aide à la Grèce, et celle du Quantitative Easing de la FED. Les petites guerres en Europe, en Afrique  et en Orient ajoutent au climat. La baisse soudaine des bourses, amplifiée par les programmes informatisés, joue le rôle d'un avertissement. Tout est trop artificiel, trop lié aux banques centrales. Mais il faut que ces dernières ne renoncent pas à la création monétaire et que l'Allemagne cesse ses blocages.

Sans tomber dans le "complotisme", l'avenir nous révélera sans doute, comme d'habitude, que quelques dizaines de financiers se sont réunis dans un endroit sympa et discret en cette saison, comme Colorado Springs, pour réfléchir à l'avenir.

Ceux qui sont accrochés à la baudruche ne veulent pas d'un dégonflement cataclysmique. Ils pensent désormais qu'il faut que l'économie réelle reparte. Sans croissance, il est impossible de sortir de la situation. Ce en quoi ils n'ont pas tort.

L'expérience montre que le seul moyen d'obtenir une relance concertée qui ne sombre pas immédiatement dans les crises monétaires et financières est de recréer un système de changes fixes et défendus par des Etats conscients de leur responsabilité dans ce domaine. L'expérience des années 1944 à 71 montre qu'on peut, en même temps, faire baisser l'en cours de dettes global et créer une forte croissance.

Si on était dans un système de changes ajustables, le Yuan aurait été fortement réévalué, le Dollar dévalué, le DM fortement réévalué et le Franc fortement dévalué, mais de façon concertée, avec un fort accent mis sur la production et la productivité.  Une fois le nouvel équilibre institué, les entrepreneurs et les financiers auraient eu un horizon stable pour rechercher non pas une spéculation  artificielle sur une bulle monétaire ou immobilière quelconque mais des possibilités de flux de recettes liées à l'activité croissante.

L'action des banques centrales, associée à des traités intercontinentaux ne suffit pas, si on conserve un système de changes flottants avec irresponsabilité des Etats sur leurs excédents et déficits. "Nous sommes au bout des politiques monétaires", disent les banquiers centraux.

C'est le grand paradoxe de la situation actuelle. Les grands spéculateurs viennent de le faire savoir, avec leurs moyens : cela ne marche pas ; changez ! Mais pour que cela marche, il faut leur ôter un champ immense de la spéculation : les taux de changes et les taux d'intérêt. Et, de toutes façons, il faudra que l'endettement global redescende en dessous de 250%. Venant de 400 %, ce n'est pas simple et la crainte de la déflation ne sera jamais vaine dans les années à venir, comme depuis… 2007.

Face à cette évolution, l'Europe Unie est, comme toujours, ailleurs. Le gouvernement de nains qu'on appelle la Commission, conglomérat de représentants de pays minuscules, dirigée par un Luxembourgeois dont le pays vit de l'évasion fiscale, et sans programme connu, finit de jouer sa parodie de spectacle politique, dans son théâtre de démocratie factice.  Elle négocie en secret un accord transatlantique dont les peuples et même les gouvernements n'ont pas le droit de connaître les tenants et surtout les aboutissants.

La France de Hollande est la France de Hollande. Un immense cratère de démagogie dans laquelle la fortune historique de la France s'engloutit peu à peu. Ce minuscule président brise les tabous qui ne coûtent pas cher et permettent de durer, un peu, sur fond de ruine générale. Sa seule boussole est de tenir pour avoir une sortie un minimum honorable. Pour cela il ne faut pas que dans la rue se "coagulent les mécontentements" et que le flot d'emprunts coûte plus cher. C'est que la France doit emprunter chaque année 30% de la valeur ajoutée des entreprises non financières de plus de une personne, alors qu'on prélève chaque année, en impôts, la valeur de cette production ! Alors on aggrave encore les impôts mais sur ceux qui ne peuvent pas tenir la rue. Les familles, les "riches". On brûle la chandelle par les deux bouts. Ceux qui paient l'essentiel de l'impôt n'auront plus les mêmes droits que ceux qui en paient peu ou pas. Pour eux les services et prestations publiques seront "modulés", traduire : réduits ou supprimés ou rendus plus chers qu'aux autres,  en fonction du revenu brut. Mais pas du net !  Tous ceux qui connaissent la déclaration de revenu et d'ISF de la classe moyenne supérieure savent qu'elle doit puiser dans ses réserves pour payer l'impôt. Le net est souvent négatif. Cela ne les empêchera pas de payer plus cher pour les services de la Ville de Paris, dit Mme Hidalgo, maire très satisfaite d'elle-même et d'une gestion si dispendieuse que personne ne sait plus comment la financer. Boucler des budgets extravagants exige toujours plus de prélèvements. Il y a tant de mines prêtes à exploser que la situation n'est pas près de s'inverser (voir par exemple les incroyables dérives du grand auditorium de la Villette, impossible à rentabiliser et même à simplement occuper sauf à cannibaliser de façon mafieuse les autres enceintes, comme la Salle Pleyel).  

Entre panique et calcul politicien, la "France se suicide". Effectivement. C'est pour cela que les débats sur la consistance de ce qui faisait la force des Français et de la France est si vif. La ruse et la palinodie ont remplacé l'effort national concerté et partagé équitablement. Il suffirait d'une hausse à 4 ou 5% des taux d'intérêt pour qu'elle tombe dans le gouffre grec, et l'Europe à sa suite, provoquant un ressentiment mondial contre l'ineptie française, là où il y avait, naguère, envie et admiration.

Il ne manquerait plus que la Corse, le pays basque, la Bretagne, la Savoie, l'Alsace Lorraine, la Bourgogne, nos "possessions" extérieures, et le Comtat Venaissin, naturellement,  fassent sécession pour que nous ne soyons plus rien du tout.

Ce qui donne le ton de cet automne climatiquement doux, économiquement cruel et politiquement désastreux, c'est que les trois réformes indispensables, le retour à un système de monnaie fixes et de balances extérieures coordonnées, la construction d'un système européen respectueux des peuples et dont les ajustements économiques relatifs ne se font pas par la récession provoquée, la reconstruction d'une France dynamique et élitiste soulagée d'une fiscalité aberrante, ne connaissent strictement aucun progrès ni sur le plan théorique ni sur le plan pratique.

Qui peut s'étonner que sept ans après le démarrage de la phase chaude de la crise, avec le blocage en été 2007 du marché monétaire interbancaire global, le monde, l'Europe et la France en soient toujours, respectivement, à la stagnation, au blocage et à la nécrose ?

Didier Dufau pour les Cercle des Economistes E-toile.



Faut-il vomir les « élites » ?

Les Français sont fâchés. Des impôts confiscatoires et ruineux, une croissance inexistante, un chômage de masse, la crainte de l’avenir, pour eux-mêmes et surtout leurs enfants,  ont eu raison de leur sérénité.

Une bonne partie de cette mauvaise humeur se retourne contre les « élites » défaillantes, nécessairement défaillantes. N’était-ce pas leur rôle de faire en sorte que le navire national  navigue bien et arrive à bon port ? Et le voilà encalminé sur des hauts fonds, en attendant éventuellement de sombrer. L’annonce par l’INSEE d’une prolongation de la stagnation dans l’année qui vient et par l’Unedic de l’arrivée de 150.000 nouveaux chômeurs,  ne laisse aucun espoir. Nous aurons prélevé pour rien 60 à 70 milliards d’Euros sur les Français. La dette explose. Le taux de déficit public par rapport au PIB reste au-dessus de 4%.  L’impasse budgétaire est toujours aussi élevée. Aucune réforme de structure n’est engagée et le livre de Mme Trierweiler ne laisse aucun doute : M. Hollande ne veut pas se mettre à dos les organisations syndicales  et ne fera rien sinon de l’agitation  malsaine contre des boucs émissaires ou des groupes de Français diabolisés pour une raison ou une autre mais sans capacité de bloquer le pays.

On aboutit  à ce commentaire radical d’Éric Zemmour, dans une livraison récente du Figaro.

« Éric ZEMMOUR. - À mon sens, il y a un fil rouge de l'histoire de la France et de l'Europe depuis la Révolution de 1789 : les élites n'ont jamais digéré la souveraineté populaire. L'Europe a été le moyen de s'en débarrasser. Quand Philippe Séguin en 1992 explique que Maastricht sera l'anti-1789, il a raison. Qui gouverne aujourd'hui? Une oligarchie européenne façonnée par l'oligarchie française. Il y a derrière toute une élite. Il faut lire à ce sujet l'analyse de Rawi Abdelal de la Harvard Business School, qui explique que ce sont des Français, MM. Lamy, Delors, Camdessus, qui ont inventé cette libéralisation du mouvement des capitaux. Lawrence Summers, conseiller de Bill Clinton, décrit ce mouvement en des termes très clairs : «Ces élites sans patrie qui ont fait allégeance à la mondialisation économique et à leur propre prospérité plutôt qu'aux intérêts de la Nation.» À partir de là, les gouvernements ne peuvent plus gouverner. Ils n'ont plus la souveraineté monétaire et n'ont plus le moyen de contrôler le capitalisme libéralisé. Ils sont donc devenus des pantins. Donc quand on leur dit qu'il faut réformer, ils ne réforment que dans les intérêts de cette oligarchie. »   

Faut-il remonter ainsi jusqu’à la rupture qu’aura été la Révolution française ? 

Il suffit de prendre en compte le grand mouvement idéologique qui a embarqué la société française après mai 68, mélange d’influence américaine et d’idéologie marxisante libérée du communisme.

Du « ni Dieu ni Maître » pré-marxiste, on est passé à une théorie de la libération qui postule que toute répression et toute domination doit être condamnée ontologiquement, avec une traduction dans la condamnation du passé des « dominants », et élimination future de tout mécanisme de contrainte, au nom des dominés.

George Pompidou avait très bien perçu le danger du « non à toute répression ». On n’est pas sorti de Normale Sup sans quelques réflexes.  Dans un entretien à la télévision qui avait fait un flop mémorable, il avait rappelé que toute volonté implique une contrainte. Une volonté de civilisation entraîne une contrainte au minimum morale et éventuellement plus lourde encore lorsqu’elle est menacée.

Lors de son investiture, il s’était engagé à « maintenir la dignité de la France ». Comme animateur du conseil des ministres, il rappelait toujours qu’il ne fallait pas rapetasser  mais penser et anticiper les problèmes, avec la volonté d’agir fermement pour les surmonter. L’action supposait la réflexion collective dans la conception  mais l’unité dans l’exécution. A plusieurs reprises, il avait souligné que ce sont les Français qui font la France et que le rôle de l’Etat était d’abord et avant tout de les aider.

En résumé : un Etat décidé et actif dans ses attributions, dignes dans ses représentants mais au service des Français et de l’unité nationale. En cas de difficulté, tout le monde s’y mettait. Et en cas de succès tout le monde en profitait avec une prime pour ceux qui étaient le plus en difficulté.

Tout cela allait se dissiper après lui pour quasiment disparaître avec le président actuel.  Plus de cap, plus de dignité, plus d’unité nationale, les Français étant divisés entre bons et mauvais, au point que la répression fiscale chasse une partie des élites du pays.

La vraie question n’est pas de savoir, comme le pense Eric  Zemmour, comment de nouveaux vilains ont voulu se venger de 1789, mais pourquoi et par quels mécanismes nous avons sombré de 1974 et 2014, au degré d’abjection où se trouve désormais le pays.

La nouvelle théorie de la libération postulait au début des années 70,  que le faible avait toujours raisons contre le fort. Il fallait donc supprimer les structures de domination et empêcher leur « appareil de répression ».

C’est par la Justice que le pourrissement est venu. Elle ne devait plus être « au service de la répression bourgeoise ».

Nous avons eu l’avantage d’entendre une nouvelle race de procureurs et de juges expliquer qu’il fallait favoriser le dominé contre le dominant donc favoriser

-          la femme contre l’homme

-          l’enfant contre les parents

-          l’élève contre le maître

-          le salarié contre le patron,

-          le pauvre contre le riche,

-          le locataire contre le propriétaire

-          le fonctionnaire contre l’Etat

-          etc.

Les lois ? On s’en moque. On est passé de la Justice, juste appréciation de l’application des lois dans des cas d’infractions particulières, au justicialisme, emploi de la force publique contre des réprouvés idéologiques en fonction de leur condition.

La production culturelle a cherché à démontrer que le bourgeois était un simple « salaud au sens sartrien du terme ».

Tous les films des années 70 montrent des bourgeois corrompus qui évitent la sanction de leur faute, manipulent le pouvoir politique et les juges,  ou violent les petites filles.

En même temps des actions provocatrices se multiplient pour « supprimer le respect  dû aux valeurs et aux personnes bourgeoises ». Gramsci avec nous !  Dans l’affaire du paquebot France les syndicats piratent le navire et prennent en otage  les passagers.  Interdiction de sanctionner, même une prise d’otages, si elle est d’origine  syndicale. Rappelons que ce genre de comportement est condamné à la pendaison, cinquante ans plus tôt. Lorsqu’en Moselle, des syndicalistes violent deux touristes et mettent le feu à divers bâtiments, aucune sanction ne suit.  Un tribunal refuse de sanctionner un gréviste qui avait crevé l’œil de son patron pendant une « occupation » d’usine. « Sa colère était légitime ».  L’affaire Lip montre un Fred Lip  ridicule et odieux. Un véritable massacre d’image totalement abusif.  On s’amuse à encenser le vol des montres effectué par Piaget, un syndicaliste sympathique totalement dépassé par l’arrivée de dizaines d’intellectuels de gauche dans les locaux occupés. Le musée automobile des frères Schlumpf est littéralement volé. L’affaire du notaire de Bruay-en-Artois  présente un bourgeois caricatural comme un violeur de petite fille et un assassin. Un notaire !

Il ne faut pas croire que ce mouvement se soit arrêté.  Le film « Intouchables » montre un bourgeois rendu impuissant par sa propre sottise (donc tolérable)  et sauvé par un noir de banlieue, tous les infirmiers blancs étant profondément nuls et ridicules.  Un film sur les bonnes espagnoles montre des patrons bourgeois intolérables qui les laissent croupir dans la m…, l’homme bourgeois mais repentant, étant sauvé par l’amour d’une prolétaire espagnole.  La grève des intermittents et les élucubrations qu’elle a suscitée lors des différents festivals a permis d’entendre comment  les « cultureux conscientisés et subventionnés » voyaient leur rôle : « dénoncer la domination économique bourgeoise et émanciper le peuple de leur emprise ».  « Si tout cela n’est pas politique ! lance Olivier Py. Si le théâtre n’est pas une victoire sur le monde marchand, sur un monde qui ne donne pas la parole aux gens, qui ne sont que des objets qui achètent des objets ! »   (Avignon 2014).  « Ces gens-là » n’ont pas la parole mais doivent payer et vite et beaucoup ! Fournir la corde avec laquelle on va les pendre symboliquement !

Les hauts fonctionnaires créent de leur côté « l’énarchie compassionnelle ». Elle s’appuie sur le mouvement sous-jacent mais l’interprète à sa manière. Le haut fonctionnaire, et lui seul, est détaché des considérations malsaines de l’argent. Lui seul est en charge de l’intérêt général. Il lui revient donc d’arbitrer la société.  On va arbitrer donc tous les conflits  On retrouve la litanie des fausses oppositions :

- femmes contre hommes, jusqu’à l’aboutissement d’une parité  imposée

- pauvres contre riches : jusqu’au financement du non travail à vie

- voleurs contre volés : jusqu’à la non sanction jusqu’à deux ans de prison ferme

- salariés contre entrepreneurs, avec des lois qui finiront par bloquer l’entreprise et l’emploi

- locataires contre propriétaires, avec des lois qui finiront par tuer le marché de la location

- l’immigré contre le national, avec l’affaire Léonarda en point d’orgue

Etc.

L’énarchie compassionnelle permet à une minorité restreinte de hauts fonctionnaires de capter l’Etat et le politique. Naturellement, arbitrer veut dire arroser les tensions d’argent pris au citoyen.  Donc on développe  une fiscalité dévoyée qui finit par être confiscatoire et par faire fuir les entrepreneurs et les familles aisées.

La conjonction d’un mouvement idéologique post-soixante-huitard, de la cupidité d’une classe intellectuelle soucieuse d’argent public et d’une haute administration désireuse de prendre le pouvoir, explique l’évolution constatée. Inutile de remonter à 1789 qui avait vu le triomphe de la bourgeoisie contre la noblesse et le clergé.  Qui seraient donc les nostalgiques du pouvoir perdu ? Le clergé catholique ? Il n’existe presque plus, comme d’ailleurs la noblesse. Alors les bourgeois ? Alors qu’on est justement en pleine réaction anti-bourgeoise. Cela ne tient pas debout.

Un autre élément, extérieur celui-là, provient de la politique extérieure des Etats-Unis, voulue par Roosevelt, animée par Cordell Hull et mise en place par une administration sûre d’elle-même et dominatrice.  L’idée est de casser les puissances européennes. Elles doivent d’abord décoloniser. Puis se fondre dans un ensemble multinational qui privilégiera les régions. C’est le rôle assigné à Jean Monnet.  Il faut casser les anciennes « grandes puissances européennes ».  De même qu’on avait tué l’Autriche-Hongrie, il fallait dissoudre l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni dans un magma dont elles ne se relèveront jamais.

Le piège se referme doucement. Le referendum Ecossais, le mouvement des « Bonnets Rouges », les indépendantismes corse, basque, catalan, la liquidation de la Tchécoslovaquie, l’éclatement de la Yougoslavie, le séparatisme belge, sont renforcés par l’idéologie européiste et l’action de l’Union Européenne qui prétend avoir un rapport direct avec les régions par-dessus les Etats. On aboutit à la Commission actuelle où les grands Etats sont totalement noyés dans la représentation des petits. Le président de la commission et 7 vice-présidents sur 8, sont les mandataires de tout-petits pays sans aucune importance stratégique et capables de rien sur le plan international.  

L’Union Européenne a adopté l’idéologie américaine de liberté absolue des mouvements de marchandises, de personnes et capitaux. Les américains  n’appliquent pas cette idéologie pour eux-mêmes. Mais elle sert leurs intérêts à l’extérieur. Le tarif extérieur commun saute dès le début des années 70. On en est au traité de libre-échange transatlantique, dont les citoyens ne doivent rien savoir tant qu’il n’est pas arrêté.

L’affaire de l’Euro est plus complexe. Contrairement  à l’idée véhiculée par de nombreux commentateurs qui font de l’Euro une création de F. Mitterrand, l’Union Monétaire Européenne remonte à la conférence de La Haye, en 1969, si nous ne nous trompons pas. D’ores et déjà, on appelle dans les milieux européistes à l’unité monétaire. Le projet sera retardé par la rupture des Accords de Bretton-Woods. L’Euro n’est en rien une volonté américaine ou anglo-saxonne. C’est un levier voulu par les européistes qui savent que l’Union monétaire impliquera automatiquement, à plus ou moins long terme, l’union économique et donc politique. Il est clair que l’Euro a privé les pouvoirs nationaux de l’essentiel de leurs prérogatives régaliennes.  Un Etat qui ne contrôle ni son budget ni sa monnaie n’est pas un état mais un croupion.

Sur ce point Zemmour a parfaitement raison.

La conjonction des différents mouvements idéologiques, corporatistes, européistes, a fini par dissoudre toute volonté nationale.

Lorsque M. Hollande prétend « réconcilier » les Français, il commence par insulter différents boucs émissaires et prend à bras le corps le salut :

-          des homosexuels

-          des fusillés de la guerre de 14,

-          des prostituées dont il faut sanctionner le client

-          des délinquants prisonniers maltraités par la prison

-          des fainéants de l’administration libérés de la contrainte  d’une journée de franchise

-          des immigrés

-          des locataires indélicats

-          des roms

-          …

La relance politique de M. Valls vise à masquer de nouvelles hausses fiscales ciblées en s’attaquant directement aux taxis, aux notaires (encore), aux huissiers, aux pharmaciens et autres « salauds de riches ».

L’idée républicaine du « tous ensembles », à proportion de ses moyens, s’est vue abandonnée au profit  de l’idée fascisante  du : « seuls les riches paieront ».  La famille, vue comme une institution bourgeoise résiduelle, est la cible première des mesures de rabot. La famille, base de toute société ...

On aboutit à cette situation qu’une femme seule qui gagne 8.000 euros par mois termine avec 1000 euros disponibles et devra payer à Paris crèches, cantines et activités avec un surcoût lié à sa rémunération avant impôt…On brûle la chandelle fiscale par les deux bouts. Féminismes et socialisme, où est votre victoire ?

Dans le même temps le peuple a été privé du droit de décider lui-même du détail de l’application des droits de l’homme, au profit de la CEDH, constitué majoritairement de juges provenant d’Etats microscopiques, qui n’ont pas craint de juger contraire aux Droits de l’Homme la condamnation d’un quidam qui,  ayant insulté le chef de l’Etat, avait été "sanctionné" par une amende de 70 euros !

Comment s’étonner que la France connaisse un léger problème d’identité quand on demande aux Français qu’ils se repentent :

-          De la colonisation

-          Des guerres nationales

-          De l’esclavagisme

-          De la répression sociale

-          D’avoir été majoritairement catholiques

-          D’avoir été dominés par une classe bourgeoise abusive

-          De leur rejet des immigrés

-          De leur volonté de sanctionner les criminels

-          D’être des « Français de souche »

-          D’être des parents violents

-          Ou des maris tueurs

-          …

Il leur est demandé de ne plus avoir aucune volonté nationale.

Alors la délinquance explose, alors des musulmans exaltés coupent la tête d’un ressortissant français, alors la rue devient un lieu infect pourri de mendicité et de vols à la tire, alors il n’y a plus d’emplois, plus d’usines, plus de croissance, plus de fierté, plus rien.

Oui, on assiste bien au suicide d’une nation.

Mais s’agit-il d’une trahison des élites ?

Ce qu’une idéologie a fait une autre peut le défaire.

La dérive justicialiste  s’est brisée sur le « mur des cons ». Le culte des minorités s’est fracassé sur la défense de la famille,  venue d’un corps social qui considère qu’on ne peut pas trifouiller la millénaire filiation. L’abaissement devant les revendications multi-culturalistes se heurte aux décapitations musulmanes.  L’effacement national dans une Europe du « soft power », c’est-à-dire de l’impuissance essentialiste, révulse car l’action diplomatique traditionnelle des grands Etats n’est pas relayée. L’Union prétendument « européenne » qui laisse faire, sans pouvoir bouger autre chose que des lèvres gercées, les manœuvres de Poutine ou qui subit sans broncher les dictats américains (Fatca, Traité transatlantique etc.), n’a pas besoin d’élites. L’impuissance peut se contenter de tristes incapables, comme hier Mme Ashton ou M. Rompuy, et aujourd’hui deux nouvelles insignifiances, qui feront à nouveau rire le maître du Kremlin, le nouveau calife Musulman ou Obama.   

Le Français se retrouve nu et à découvert dans un monde où il n’a plus de rôle. Dirigé actuellement  par des fonctionnaires et des militants  socialistes pitoyables, des incapables verbeux et intolérants, bouffés par des ambitions misérables et les idéologies sus décrites, il se trouve ruiné et au chômage.  Avec aucune perspective sinon plus d’impôts, plus de chômage, plus de dettes.

Voici la France à nouveau en campagne électorale, avec des journalistes qui expliquent qu’il ne faut pas avoir de programme mais créer une belle image par un bon positionnement com’, des européistes qui expliquent que l’abaissement de la France est tout à fait normal ou qu’il faut créer Europa, des cultureux subventionnés qui expliquent qu’il faut encore et toujours en finir avec le bourgeois, et des fonctionnaires et des salariés sous statuts qui bloqueront toute réforme, crève le pays.

Refaire les élections de 2012 qui furent  les pires qu’on puisse imaginer et augurer malheureusement de la suite sinistre que nous connaissons ?

La vérité est qu’il faut reconstituer une élite et non pas la condamner comme coupable de la crise actuelle.  Il faut à nouveau accepter d’avoir des pouvoirs et de supporter les contraintes de leur exercice, pourvu que ce soit pour le bien général.  Donc qu’il y ait un cadre de responsabilité où ce bien général puisse être piloté.

La question des minorités agissantes n’est rien par rapport au retour d’une masse populaire en position de compétence et d’action.

L’hyper-protection de pseudo-dominés n’est plus la question du jour.  L’énarchie compassionnelle est hors sujet. Le développement d’un secteur public tellement hypertrophié qu’il dépasse désormais en taille le secteur privé puisqu’il s’assure de plus 100% de la valeur ajoutée des entreprises non financières de plus d’une personne, avec un million de fonctionnaires territoriaux recrutés pour pratiquement rien en quelques années, est hors-jeu. Le détournement des ressources nationales au profit d’immigrés ou d’étrangers toujours plus nombreux et souvent inemployables ne peut plus être une cause centrale.

Il faut donc régler deux difficultés cruciales : une faillite démocratique qui touche la France l’Europe et l’ensemble du monde ; une faillite économique qui touche également la France, l’Europe et  le monde.  

En France la question démocratique sera réglée en empêchant la haute fonction publique de coloniser le politique. Nul ne doit être élu dans une assemblée qui fixe son salaire et ses conditions de travail. Nul ne doit être élu plus de deux mandats. Nul ne peut toucher plus d’une seule rémunération publique. Il ne faut plus faire fuir les actifs qui réussissent, redonner du pouvoir aux décideurs, éventuellement en rognant sur les protections déraisonnables accordées abusivement aux salariés et à leurs syndicats et qui sont  vecteurs d’impuissance. Ceci est vrai dans le privé comme dans le public.

En Europe, il faut briser la surreprésentation des petits pays. La Commission doit être composée au prorata des populations et non pas selon la règle du « un pays, un commissaire ».  Les pays sans budgets de défense et sans armée doivent être tenus de financer la sécurité commune sur la base d’une contribution per capita.

De même le collège des juges de la CEDH doit être pourvu au prorata des tailles de pays. Il est intéressant de noter la composition de la présidence et des vice-présidents de cette institution : Président, Luxembourg, vice-président n° 1, Andorre, n°2, Italie, n°3 Lettonie, n°4 Liechtenstein, n°5, Monaco !  Toute ressemblance avec la composition de l’UE ne serait que pure coïncidence ! Evidemment, cela n’a aucune importance de mettre un juge du Syndicat de la magistrature qui joue aux fléchettes sur un « mur de cons » sous la dépendance d’un « juge » du Liechtenstein, nommé par copinage par Hans-Adam II, Prince  fantomatique d’un coin de terre vivant de la fraude fiscale.  Mais on comprend que le Premier Ministre britannique s’étrangle en voyant ce curieux aréopage décider du statut civil des criminels condamnés à des années de prison, en lieu et place du peuple britannique.  

A quel titre le microscopique Luxembourg préside-t-il la Commission et le CEDH ? En quoi un représentant du Liechtenstein est-il qualifié à imposer ses vues personnelles alors qu’il ne représente absolument rien, (pour le coup rien du tout), à des peuples de plusieurs dizaines de millions d’habitants ?

Qu’est-ce que l’on veut, à la fin : que la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni soient représentés par leurs régions principales dans une Europe à 100 membres ? Alors la Corse, la Bretagne, la Savoie, le Pays de Galles, la Bavière, la Sicile  etc. auraient un commissaire à Bruxelles et un juge à la CEDH ? Chaque représentant prendrait à son tour la « présidence de l’Union » ?

Le Royaume-Uni et la France, démembrés, n’aurait plus aucune armée possible, plus aucun poids diplomatique, plus rien d’états souverains mobilisant des élites.

Tout cela est risible. Et rendrait encore plus  l’Europe inexistante et impuissante. Atomisée façon puzzle.

Il faut réformer profondément les institutions Européennes. L’idée de Roosevelt d’édenter l’Europe en noyant les grandes nations dans une flopée de petites ne doit pas être conservée.

Dans la zone Euro, il ne faut plus admettre qu’on fonctionne sur la base de deux « normes » sans aucun instrument de pilotage et sans pilote. Nous appelons de nos vœux un « chancelier de la zone Euro », appuyé sur des instances de contrôle démocratique spécifiques.

Dans le monde, on ne peut plus admettre l’organisation monétaire actuelle. Les Etats doivent redevenir responsables vis-à-vis des autres de l’équilibre de leurs balances extérieures. Donc avoir des cadres compétents et responsables.

En un mot il faut des élites, les plus compétentes possibles. Oui des ELITES, des vraies ! Avec des pouvoirs. Les élites, qu’elles soient militaires, sportives, artistiques, médicales, scientifiques, administratives ou civiles,  sont faites pour progres

Xavier Fontanet : « Pourquoi pas nous ? »

Voici encore un excellent livre (Les Belles Lettres – Fayard), d’un excellent auteur. En un temps où le mépris des élites est un insigne qui se porte bombé sur la poitrine des imbéciles, il a tout pour être vomi : fils d’un Ministre du Général de Gaulle, chrétien démocrate quand il fallait être christo-coco-claveliste pour plaire à l’intelligentsia,  diplômé du MIT, patron à succès, professeur à HEC. Son livre est parfait. Pas une ligne qui ne soit frappée au coin d’un bon sens promu au rôle de pilote de la République.

L’auteur n’hésite pas à partir de l’observation des faits. Quel scandale ! De ce fait il recoupe des dizaines de points sur lesquels nous nous exprimons nous-mêmes depuis 1977.  Curieuse impression de se relire tant les propos qui sont tenus ont été les nôtres depuis 20 ans.

Il ne théorise pas l’Enarchie compassionnelle, mais il remarque que la dérive étatiste a commencé avec Giscard, même s’il ne le cite pas nommément.

Il voit bien qu’il y a eu un avant et un après la césure du début des années 70. Très justement il ne l’impute pas à la crise  pétrolière.  

Il remarque que le secteur public est désormais plus gros que le secteur privé et que cette dérive vers un Etat  obèse  et tentaculaire mais impotent a progressivement anémié tout le secteur marchand. Il montre bien la corrélation entre obésité publique et anémie marchande. En monopolisant les ressources l’Etat empêche l’innovation et l’investissement. L’emploi public tue l’emploi privé.    

Il sent bien  que l’hystérie fiscale récente, s’ajoutant au gonflement excessif précédent,  est en train de tuer le pays.

Il prend le temps  de démontrer avec soin que la plupart des arguments socialistes en faveur de la dépense publique, et contre l’entreprise ne mènent qu’à une société d’assistés de plus en plus dépendants, se partageant un gâteau qui diminue, dans une société de plus en plus divisée et haineuse.

Il refait l’histoire des pays qui justement ont pris le contrepied de cette approche délétère et ont été très loin dans la restauration d’une société de responsabilité et de dialogue. Les leçons du Canada, de la Nouvelle Zélande, de la Suède ou de la Suisse sont tirées avec beaucoup de précision.

Tout cela était parfaitement connu dès 1977. Et on a eu Jospin qui a tout aggravé. Et on a eu Chirac qui a dit non à toute évolution dans le sens indiqué et même Sarkozy, dont il note qu’il n’a pas donné suite au rapport Attali. Puis l’inconsistant  Hollande et sa fuite en avant dans l’hyper-fiscalité et la manœuvre politicienne de bas étage et l’abaissement abyssal de la dignité présidentielle.

On retrouve la grande question : pourquoi ces idées, élémentaires et constamment prouvées, n’ont pas de champ d’application en France ? Pourquoi crie-t-on au génie économique d’un DSK qui a théorisé et cautionné les 35 heures puis nié l’arrivée de la crise comme Président du FMI ? Pourquoi la télévision publique se croit-elle tenue de faire appel à des « penseurs » comme l’animateur d’On n’est pas couché et son faire valoir débile, qui cautionnent constamment  toutes les idées fausses ? Comment ce fait-il que la société se montre incapable d’assimiler un message aussi élémentaire, à droite comme à gauche ? 

L’auteur n’aborde pas ces questions. Il croit à la seule vertu de l’observation et du bon sens. Grave erreur.

L’explication est-elle sociale ? La société est désormais totalement dépendante de l’Etat et ne veut entendre que ce qui pousse à l’extraction de l’argent résiduels des « autres » pour survivre, sans se rendre compte que le boa se mange lui-même ?  En donnant une citation de F. Bastiat qui décrit ce processus, l’auteur semble pencher pour cette hypothèse

Est-elle économique : la France ayant fait le choix du tout Etat se trouve incapable d’affronter un monde ouvert et se recroqueville sur les impôts et les subventions pour tenir encore trois minutes de plus ?

Est-elle idéologique ? La France, terre ancienne d’un marxisme larvé, a-t-elle réellement  considéré au fond d’elle-même qu’il fallait se débarrasser des oripeaux de la bourgeoisie sûre d’elle-même et dominatrice, jusqu’en 68,  et qui est désormais présentée comme honnie, esclavagiste, colonialiste, nationaliste, belliciste, antisémite, raciste, méprisante pour les femmes, les pauvres, les immigrés, les délinquants et d’une façon générale « les autres » ?  En un mot : des fascistes ! C’est la France « Taubira-Belkacem » du Chagrin et de la Pitié. Sa repentance implique un repli morose sous la houlette de faux prêtres de la « réconciliation » et des tenants de la fin des « dominations ». Adieu le « pouvoir de la volonté ». Adieu la croissance criminelle qui tue la planète. 

L’auteur ne tranche pas ces questions fondamentales et prend soin d’indiquer « qu’il ne prend appui sur aucune théorie politique ou économique ». Le simple bon sens, voilà la clé.

Mais pourquoi diable le simple bon sens ne suffit-il pas ?

Suggérer que Giscard n’aimait que l’Etat et lui imputer personnellement  le tournant des déficits est tout de même un peu court, même si sa responsabilité dans certaines des décisions les pires (le non financement de l’Etat par la banque centrale, les accords de la Jamaïque)  est massive.  Critiquer le manque de courage des gouvernements de droite et le manque de sagesse des gouvernements de gauche ne nous avance guère.

Il faut faire à ce livre les mêmes reproches qu’à celui du petit De Closets. En ne contemplant que les faiblesses internes de la France on manque les conséquences dramatiques des séquences internationales qui se sont succédé depuis la fin des Accords de Bretton-Woods.  

L’analyse de la crise repose selon nous  sur trois piliers :

-          L’amoncellement de déséquilibres extérieurs monstrueux qui ont provoqué l’inversion de la courbe descendante de l’endettement global  et  le gonflement des dettes à des niveaux progressivement intenables.  Les crises périodiques de type décennal ont été de plus en plus graves.  74, 93 et 2008 sont d’intensité croissante. Pourquoi ? Le trend a baissé. Pourquoi ? Et pas seulement en France.

-          L’Euro n’a certes pas créé les conditions de la crise d’endettement mais en a terriblement compliqué la gestion jusqu’à l’aggraver. L’inorganisation de la zone Euro a imposé des politiques de déflation et de récession pour réajuster les économies, un processus qui n’est pas terminé.  Et qui est déprimant.

-          L’énormité de la dépense publique en France et le développement d’un secteur sous perfusion d’impôts de taille supérieure à celle de l’économie marchande est bien un aspect déterminant du drame français.  C’est un point que nous n’avons cessé d’illustrer.

L’auteur ignore bravement les deux premiers piliers.

Sans vouloir fournir trop d’excuses aux gouvernements français, il faut bien noter qu’ils ont été presqu’en permanence confrontés aux effets d’une récession forte. C’est vrai pour Chirac, trois fois, en 74, en 86 et en 95. C’est vrai pour Bérégovoy et Jospin en fin de mandat, pour Sarkozy puis Hollande.  

Bien sûr il y a eu les immenses erreurs  de Giscard, obsédé par l’impôt, qui signera un septennat fiscal et « sociétaliste »,  l’erreur cynique du Programme commun du lamentable Mitterrand  qui arrêtera définitivement le rattrapage par les Français du niveau de vie américain, et qui sera doublée par le même de deux drames majeurs : Schengen et l’Euro. Les mesures dommageables de Rocard (RMI et retour de l’ISF), celles de Jospin (complication inextricable des lois sociales et 35 heures) puis les gesticulations et l’hyper fiscalité de F. Hollande,  complètent un tableau  globalement étatiste, fiscaliste, antiéconomique  et aux résultats sinistres. 

Mais il est vrai que pratiquement six années sur dix pendant quarante ans ont été consacrées à faire face aux conséquences de crises périodiques toujours plus fortes, tout en considérant qu’il fallait laisser la liberté totale des mouvements de capitaux, de personnes, de marchandises et de services sans aucune instance de régulation européenne ou mondiale. Alors l’énorme bloc étatique français , ses dettes et  son arrogance, sont obligés de plier devant la compétition des pays développés dynamiques et des  pays en rattrapage, tout en accumulant les charges d’une immigration incontrôlable. Jusqu’ici, la réaction a été de le protéger le Moloch et de l’étendre en poussant les impôts  à des sommets impossibles à maintenir.  

On aimerait que l’auteur intègre ses raisonnements franco-français dans ce flux historique international.  Sa réponse implicite : ce n’est pas la peine puisque des pays, dans ce même cadre global, ont réussi  à s’en sortir par des mesures simples et adaptées. Alors « pourquoi pas nous ? ».

Il oublie de dire que les expériences canadiennes, suédoises et néozélandaises ont été  menées après la crise de 92, appuyées par une forte dévaluation et ravivée par l’expansion rapide de la fin des années 90.   La France ne peut pas dévaluer. Il n’y a aura pas de reprise mondiale forte avant un bon moment.

D’autre part, dans chacun de ces pays, un consensus a été créé en faveur des réformes, avec un fort support bi-partisan, notamment d’une partie des travaillistes.  Ils n’ont pas cherché à tergiverser comme le malfaisant Hollande, divisant gravement le pays, parfois de façon insultante, pendant deux ans et demi  et se déclarant in fine, contre une fraction notable de son parti et ceux de sa coalition, « social démocrate » et partisan de la théorie de l’offre, tout en rejetant sur l’entreprise, à qui on ferait « d’énormes cadeaux » , la responsabilité de la sortie de crise pour se refaire une virginité électorale en vue des prochaines présidentielles.

Alors que faire ? Bien sûr, toutes les mesures préconisées par Xavier Fontanet qui ajoute son livre aux 177 autres que nous avons recensés depuis 1976 qui disent exactement la même chose, sont parfaitement justifiées. 

Oui il faut un grand consensus national  en faveur d’une société des « devoirs de » et non plus des « droits à » ! Oui il faut « dégraisser le mammouth » ! Oui il faut casser le désir tentaculaire de l’Etat de prendre beaucoup à tous et presque tout à quelques uns  pour s’occuper de tout et plutôt mal ! Oui il faut une France d’entrepreneurs !

Cent fois oui !

Mais comment ?

Dans un affrontement droite-gauche s’appuyant sur l’effondrement du socialisme français ? Avec des grèves insensées comme celles de 97 ? Des mouvements de scolaires  excités ? Une surenchère lepéniste ? Des guerres extérieures ?

C’est, si on comprend bien, la perspective sarkosiste.  Permettre de reconstituer un mouvement de masse le plus large possible pour lancer une rupture véritable et passer dans un nouvel état de la société française fondée sur la responsabilité individuelle et l’abandon du non travail subventionné.  Les approches trop sages de Juppé et Fillon sont en effet incapables de créer le mouvement de fond capable de porter une pareille révolution.  Travail d’image pour l’un, de fond pour l’autre, avant un débat militant puis une campagne électorale nationale sont insuffisants pour créer le mouvement indispensable.

Sarkozy a-t-il l’élévation et la capacité de rassemblement nécessaire ?  Peut-on rassembler la partie  pragmatique de la gauche, alors que Hollande est en train de gâcher totalement cette perspective ?

La question n’est plus aujourd’hui de savoir ce qu’il faut faire.

On doit repenser le système monétaire international. On voit que la dernière réunion du G.20 sombre à nouveau dans l’insignifiance des grandes annonces et des réformes microbiques.

On doit repenser l’Europe des Etats minuscules paralysant les grandes Etats. La nouvelle composition de la Commission Européenne est l’exemple même d’une caricature d’Europe.  Si l’Europe doit être la dissolution des grands Etats dans un regroupement de 100 régions, elle est morte.  L’affaire Ecossaise a montré la résilience des grandes nations. Mais elle a lancé un cycle de revendications régionalistes particulièrement néfastes.  Le drame Ukrainien montre une Europe sans dents.  L’idée américaine portée par Jean Monnet d’une Europe éparpillée façon puzzle, sans grands états, mais divisée en une poussière de micro régions courant d’air,  fédérée dans une union Européenne faible et sans influence, sous protectorat militaire américain, est désormais « à portée de main ».   Est-ce bien cela que nous voulons ?

On doit aussi repenser la France. Et là, toutes les réflexions de Xavier Fontanet, redites parfaitement présentées  d’idées mille fois exprimées,  ont leur pertinence. 

La grande question est : COMMENT ! 

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

Trois drames en cours.

Mugabe, sinistre vieillard, ancienne icône de la gauche conscientisée, et tyranneau sanguinaire, avait déjà défrayé la chronique en assassinant quelques blancs, en en volant quelques milliers d'autres, en créant les conditions d'une famine et en prenant la responsabilité de la dernière hyper inflation connue. Il vient de passer un contrat avec une société israélienne pour truquer les élections bidons qui donnent une apparence de légitimité à son pouvoir absolu. Ce contrat a été payé "rubis sur l'ongle"… en diamants volés. Le système monétaire international progresse.

Il est vrai qu'en Namibie, un exemple de démocratie à l'occidentale, la petite oligarchie formée au carrefour du tribalisme et du capitalisme entend bien désormais éviter les inconvénients de l'anarchie créative associée au libéralisme politique et économique. Son gouvernement vient de demander à la Chine, le pays bien connu des droits de l'homme, de construire son nouveau régime juridique. La Chine veut s'emparer des ressources de l'Afrique en utilisant les excédents majeurs de devises fortes accumulées grâce aux défauts du système monétaire international et qui représentent un multiple du PIB de nombreux pays africains. Pour cela elle est prête à rendre des services, comme celui de supprimer la démocratie. Le système monétaire qui a permis cela est sûrement parfait.

Puisqu'on parle de la Chine, notons qu'elle vient de passer avec l'Argentine des accords  bilatéraux à dimension monétaire, économique et politique marquée. On sait qu'une bizarrerie fait qu'un "hedge fund" qui avait racheté à bas prix de la dette argentine entend désormais se faire rembourser et a obtenu d'un juge américain une condamnation du gouvernement argentin à se faire. On se rappelle que l'Argentine, détruite par un péronisme irresponsable (il fallait éviter Evita !), avait tenté de s'en sortir en créant un "currency board", où sa monnaie était strictement liée à la monnaie américaine alors que le système mondial était fondé sur le change flottant.  Ce système aurait pu fonctionner dans un régime de changes fixes mais ajustables. Dans un système de changes flottants, la hausse verticale du dollar à la fin des années 1990 avait mis à l'arrêt les exportations argentines et brésiliennes. Le Brésil avait craqué le premier, dévaluant fortement sa monnaie, le Real. L'Argentine, dont le Brésil était le principal partenaire, s'était retrouvée à sec de devises donc en état de déflation monétaire radicale. Le "currency board" avait explosé et les créanciers de l'Argentine furent ruinés.  Voilà donc la Chine qui crée des accords de swap avec ce pays privé désormais d'accès au marché international des capitaux. Elle fournira des dollars à l'Argentine en contrepartie de quoi ? Ben heu ! On ne sait pas trop. L'explication publique : nourrir la Chine grâce aux exportations du "campo". Elle pouvait le faire en achetant directement en dollar la production. Alors quoi ?  Evidemment, le but est de sortir une partie des ressources de l'Argentine du "marché" pour le réserver à la Chine. Le système monétaire qui a permis cela est sûrement parfait.

Ces trois exemples sont pris dans le même numéro du Temps, journal suisse dont on ne dira jamais assez la qualité, du moins le lundi, jour des articles sur la finance et l'économie. Pour l'observateur le moins averti, ces signes témoignent que le système monétaire des changes flottants est non seulement responsable de la grande crise de la dette que nous connaissons mais destructeur de toutes les valeurs de liberté qui ont été portées par l'Occident.

On dira : vous exagérez l'exemplarité du Zimbabwe, de la Namibie et de l'Argentine ! Tout cela est du détail, et concerne des pays sans importance.

Tout de même. La Rhodésie était la Suisse du continent africain. L'Argentine est restée longtemps le symbole même de la richesse. La Namibie était le rare exemple d'une démocratie réussie en Afrique.  Avoir permis à une dictature communiste de capter les réserves de devises mondiales et l'industrie occidentale pour la laisser pourrir toutes les situations, ou autoriser un pays qui se réclame des valeurs occidentales, et vit du support américain, à pratiquer des transactions en diamants à finalité douteuse avec une dictature africaine caricaturale, sont la preuve d'un désordre international total.

Quand il n'ya plus d'ordre monétaire, il n'y a plus d'ordre politique. C'est une des lois de l'histoire.

La France au bord de la falaise grecque ?

Au bord de la falaise…grecque

 

la rentrée politique  baigne  dans le vaudeville. La réputation et la crédibilité du Président de la République ont sombré définitivement, selon les spécialistes. Que cela ne fasse pas oublier qu'une tragédie économique est en train de se jouer dans l'arrière plan, au moment même où le tissu national achève de se déchirer.

L'économie française est au bord de la falaise. Valls propose de faire un grand pas en avant …

Plus rien ne bouge en France dans le domaine économique. Tous les projets sont arrêtés depuis un an. L'immobilier a plongé. L'industrie complète sa récession profonde. Les services sont en berne. L'agriculture est en danger et crie à l'aide. Le chômage crève tous les plafonds. Le Ministère des Finances vient de déclarer qu'il renonçait aux économies prévues. Aucun des engagements européens ne sera tenu. L'Europe regarde la France avec inquiétude. Si elle sombre dans la situation grecque, tout le monde en est sûr, c'est la fin de l'Euro. Alors Mario Draghi ouvre les vannes d'un Quantitative Easing qui n'ose pas dire son nom. Alors Angela Merkel grogne, mais cède. Mais plus personne ne sait comment cela va tourner. La crise était finie. La voilà de retour, plus âpre que jamais. Le bord de la falaise est là, et c'est une falaise grecque. Comme George Papandreou, Hollande hésite à plonger et se tortille.

Sarkozy et Merkel l'avait finalement poussé dans le vide.

Personne ne poussera la France dans le vide.

Mais elle peut y tomber toute seule. La procédure budgétaire est bloquée. Plus personne ne sait comment la boucler. Tout le monde sait qu'il va falloir mentir, tricher, manœuvrer l'opinion et les organismes de surveillance. La France ne peut plus payer son train de vie étatique depuis longtemps, mais en dépassant 200% de la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand, la dette est désormais incontrôlable. On a commencé à ruiner "les riches". Les vrais riches quittent le navire. Alors on va écraser la partie aisée de la population qui ne peut ou ne veut pas partir. Ce n'est qu'un leurre. Quand les Français aisés toussent, la France pauvre crache ses dents. Dix millions de Français à la gamelle et dans la dépendance de l'argent public sont en danger de perdre tout ou partie de leurs moyens de subsistance. On leur a livré en pâture une démagogie anti-riches. Cela ne nourrit pas. Ce qui reste de la classe ouvrière est chez Marine Le Pen. Les "sans-dents" ont des crocs politiques. En attendant les crocs de boucher ?

La question se déplace désormais de l'économique vers le national. La posture électoraliste de François Hollande était d'affirmer que les riches paieraient. Le mensonge se retourne contre le démagogue. Tout le monde paie et durement, dans son patrimoine mais aussi dans sa vie. Voici ce reliquat  de président qui déclare lors d'une réunion de l'Otan, le lieu rêvé pour ce genre de déclaration, qu'il est "le président des pauvres", sans doute pour faire pendant à la caricature qu'il a faite de son concurrent comme "président des riches".  Personne ne se veut pauvre en France. Les Français ont traduit : "je suis le président de la pauvreté pour tous". Ils n'ont pas besoin d'un succédané d'abbé Pierre pour diriger le pays. Mais cela fait tellement de temps que les socialistes se comportent en curé.  Drôles de curés, toujours en chaire, rarement au sacrifice. Deux ministres fraudeurs fiscaux tenaient pour le PS la commission de lutte contre la fraude fiscale. Normal ! Où auraient-ils été mieux protégés ? Le Parti Communiste, à la Libération, s'était ainsi gonflé de nombre de collaborateurs et d'attentistes douteux. Où pouvait-on être mieux protégés que dans le parti des 50.000 fusillés avec à sa tête un mécano de chez Messerschmitt ? Alors la piétaille se révolte contre le Pape indigne. "Il faudrait le destituer" affirme dans le privé un Ministre important du gouvernement Valls.  Comme si la question de l'homme était la plus importante, voire la seule importante.

En cultivant le dégoût de l'histoire et des composantes de la nation, la gauche socialiste n'a pas créé un nouveau monde français apaisé, pur et limpide. Lors d'une réunion d'adolescents la question est posée : "que comptes-tu faire plus tard ?" Tous, absolument tous, ont déclaré qu'ils chercheraient un avenir hors de France. Tous. On annonce que les Juifs français font leur Alya par gros bataillons et sont ceux qui alimentent le plus le "retour" vers Israël. Toute la couche entreprenante est en mouvement, pas seulement celle-là. La culpabilisation des Français comme nationalistes, impérialistes, colonialistes, antisémites, racistes, sexistes, esclavagistes, et capitalistes soucieux de faire suer le burnous d'une classe ouvrière dominée, a crevé le tissu moral de la Nation. Hyper fiscalité punitive, hyper protection punitive du salarié, hyper protection déraisonnable des fonctionnaires, des personnels à statut, des femmes seules, des immigrés, des laissés pour compte, des petites mains du spectacle, etc. ont créé une situation intenable. A force de voir les Français en victimes, le socialisme larvé à la française en a fait des victimes.

Tout le monde a compris que le vol définitif des classes aisées ne changera rien à la condition de toutes ces catégories. La "stigmatisation" d'un prétendue "islamophobie" tombe à plat devant l'évidence de la barbarie du nouveau Califat constitué avec l'argent de nos amis les Cheiks gavés de rentes pétrolières et  à qui nous faisons des ponts d'or noir en France, pendant que les banlieues islamisées trafiquent et nourrissent le djihad. De Kelkal à Merah, le chemin de la défiance française n'a pas longtemps sinué.    

En Grèce, les fonctionnaires ont vu leur salaires et pensions baisser de près de 40% ! Les femmes sont hagardes. Les hommes à la rue. La salariés ? A merci. Les dockers qui restent filent doux sous la férule chinoise au port du Pirée. Partout la haine : haine de l'Albanais immigré ; haine des élites gouvernantes ; haine des armateurs ; haine de Merkel, "la nazie". Certains sites la présente nue avec une petite moustache… Des partis extrêmes sont au bord du pouvoir et de l'affrontement. Seuls des aides européennes évitent la guerre civile.

La France peut-elle suivre ce chemin là ? Non, car l'Europe n'a pas les moyens de payer ce qu'elle paie pour la Grèce. L'effondrement de la France au bas de la falaise grecque signifie la fin de l'Euro et de l'Europe.

Alors l'Europe va céder. Le triomphe de Merkel est factice. La nomination de Moscovici  la Commission en est un marqueur. L'acceptation que Draghi viole tous les principes de la Buba, dévalue l'Euro fortement,  et se lance dans le "quantitative easing" en est un autre. Le renoncement à obtenir de la France qu'elle tienne ses engagements en sera un troisième.

France en déshérence, Europe qui renie tous ses principes et viole tous ses traités, nervosité militaire dans l'ancien bloc soviétique, Russe ou Chinois, auto-destruction des nations vivant de la rente pétrolière, Etats-Unis aux abonnés absents, avec aucune réforme d'envergure du système faussé et lui aussi auto-destructeur des changes flottants.

Le pire n'est pas encore là. Mais la menace du pire est désormais crédible.

On mesure à nouveau l'incroyable erreur des deux premiers G.20 qui n'ont pas compris les causes de la crise  et ont laissé croire qu'en réaffirmant sa foi dans le système intenable mis en place à Jamaïque, il se réparerait tout seul, pourvu qu'on ouvre grand les vannes monétaires, qu'on relance à tout va, qu'on châtie les traders et les banquiers et qu'on modifie les règles comptables.   

Le seul avantage de ce désastre est dans sa pédagogie : la malfaisance du système des changes flottants et de la liberté totale des mouvements de capitaux, d'hommes et de marchandises, alors que chaque pays fait ce qu'il veut,  est désormais prouvée même si elle n'est pas encore actée. Les absurdités du système monétaire de l'Euroland ne peuvent plus guère être cachées. Le cycle ouvert par Mai 68 se referme en France. Le socialisme, même dégagé du communisme et de ses crimes, cela ne marche pas et aggrave tout. La France finit d'en faire la preuve par zéro, alors que les pays anciennement socialistes l'ont compris depuis au moins tente ans. On progresse.  

Encore faudrait-il que ces leçons soient assimilées et les corrections nécessaires appliquées. On en est loin.

Le pire n'est jamais sûr.

Mais le drapeau noir flotte sur la marmite. Les sièges de commandement sont vides. La falaise approche.



L'économie baudruche

Les physiciens admettent parfaitement qu’un même objet puissent avoir des états différents et que les lois qui règlent son comportement peuvent être différentes selon ces états. L’état solide à ses lois, l’état liquide un jeu nouveau de propriétés, l’état  gazeux  est spécifique.

L’ennui de la science économique est qu’elle postule un seul jeu de lois et ne distingue pas des états  différents, avec leurs lois propres et leur transition.

Nous prétendons ici que les lois économiques qui s’appliquent varient en fonction de certaines variables fondamentales. Prenons par exemple l’endettement global. Une économie qui présente un niveau d’endettement global de 50% ne se comporte pas comme une économie qui a atteint un taux de 400%. Ce sont deux mondes assez différents avec des comportements différents, des évènements différents,  des manifestations  diverses différentes.

L’équivalent de l’état gazeux pour une économie  est la forme très particulière que peut prendre le capitalisme lorsque la production et l’emploi cessent d’être le cœur des relations économiques.

Cet état se met en place lorsque la dette globale (la somme nette de toutes les dettes : secteur financier y compris l’institut d’émission, particuliers, entreprises, état) devient un multiple important  du PIB. On peut estimer qu’un ratio dettes sur PIB marchand de plus de 300% marque l’établissement de cet état  économique un peu particulier.

Lorsqu’on en arrive là, la dette ne peut plus être remboursée par les  revenus de production. En imaginant une maturité moyenne de la dette de 5 ans et un taux d’intérêt de 5%, il est facile de calculer qu’on devrait employer  75% de la production pour rembourser le capital et payer les intérêts. Ce qui est naturellement impossible.  Par conséquent le système financier, bien qu’en apparence gorgé de liquidité et de profits, est en faillite virtuelle.

Cette économie  gazeuse ou baudruche, comme on voudra,  est par construction instable et vouée à une forte correction.  Une des responsabilités publiques les plus importantes est donc, pour l’Etat, d’établir le ratio dette globale sur PIB marchand et de le  surveiller de près. Lorsqu’on entre dans l’état baudruche, il est tard pour éviter les risques d’explosion. On ne pourra que les atténuer par une succession d’artifices.

L’observateur constatera que ce chiffre n’est ni établi de façon certaine ni suivi de façon régulière. En France on connait la dette de l’Etat, selon diverses méthodes d’évaluation. On sait qu’il existe des techniques pour la réduire ou la masquer. Mais au final, dans la durée, on la connait bien, même si elle est dispersée entre de nombreux échelons administratifs et que la question des engagements à terme de l’Etat est en général passée sous silence.     Par exemple la retraite des fonctionnaires est une dette de l’état vis-à-vis de ses ayant-droits.  Toutes les obligations à terme de payer (définition élémentaire d’une dette) ne sont pas intégrées dans les chiffres de dettes publiés. On se contente en général de regrouper les engagements de rembourser aux banques. En un mot, la valeur des prêts.

Ce chiffre est important mais ne décrit qu’une partie de l’histoire.  Un pays peut connaître un en- cours de prêts de 200%  du PIB marchand et une masse d’obligations à terme  autres,  de valeur globale équivalente. 

En France la seule dette publique vis-à-vis des prêteurs  représente 200% de la valeur ajoutée annuelle des entreprises (de plus de 1 personne) du secteur commercial  non financier.  Il faut lui ajouter les dettes des particuliers, qui sont à peu près à 100%,  celles des entreprises elles mêmes et celles des institutions financières et de la banque centrale (sous forme de quote-part des dettes de la BCE). On dépasse allègrement les 400%. C’est à dire que la production marchande ne peut en aucun cas payer les intérêts et les remboursements.

Pour s’en tenir aux prêts du secteur bancaire, on peut s’interroger sur la possibilité qu’ils excèdent les capacités économiques d’un pays. Les banques ne sont pas folles. Elles ne peuvent pas sciemment créer les conditions de leurs propres faillites.  Pourtant elles le font. Par quels mécanismes ?  La réponse tient entièrement à la manière dont une banque envisage le remboursement.  Elle ne se préoccupe en rien de la valeur ajoutée de la production marchande. Elle regarde quelle sera la source du gain  potentiel et la nature des sécurités qu’elle va prendre sur l’emprunteur. Si, par exemple, l’emprunteur vise une plus value en capital et est prêt à donner une caution sur un bien « réel » en sa possession, un comité de crédit peut se laisser tenter.

La marque d’une économie baudruche est justement que la part des prêts consacrés à la recherche d’une plus value, et non pas à un profit sur production, gonfle considérablement jusqu’à devenir majoritaire. 

La spéculation immobilière est typique  comme le prêt pour investissement boursier. Mais il est des formes de recherche de plus value plus complexes.  Financer le rachat d’une société pour permettre son démantèlement  et l’exploitation des plus values comptables latentes,  racheter un portefeuille de créances douteuses dans l’espoir d’obtenir une liquidation favorable,  pratiquer le « day trading » sur toutes les classes d’actifs  qui s’y prêtent, notamment les devises et les matières premières, toutes ces activités ne se justifient que par la recherche d’une plus value, c'est-à-dire une variation de valeurs d’actifs, sans considération pour la production et l’emploi.

Ces activités sont licites et sont pratiquées à tout niveau de l’endettement global. L’économie baudruche est caractérisée par le fait qu’elles deviennent majoritaires. Elles ne peuvent devenir majoritaires que si un phénomène de bulle cumulative et généralisée s’est mis en place.

Une question fondamentale est de comprendre comment on entre dans une économie baudruche. S’agit-il d’un mouvement spontané ou d’un défaut d’organisation ?  Les acteurs de la transformation sont-ils des « salauds » ou des  « imbéciles » ?

L’histoire des cinquante dernières années donnent la réponse : un défaut d’organisation donne du champ aux comportements spéculatifs, sans pour autant qu’on  doive les juger comme fautifs : ils sont rationnels dans le cadre créé.

Les changes flottants ont eu cette double conséquence que se crée un moteur spéculatif automatique, puisque toutes les classes d’actifs voient leur valeur changer de milliseconde en milliseconde et qu’un carburant nourrit la hausse : l’apparition de déficits et d’excédents de balances de paiements colossaux  génère du crédit de façon incontrôlable. L’instabilité intrinsèque d’un tel système provoque des dégringolades qu’on a jugées bon de soulager par une création débridée de monnaie banque centrale.  La liquidité est partout. Elle permet des revalorisations d’actifs qui nourrissent à leur tour le crédit.  La production n’a pas de rapport direct avec cette création monétaire et financière permanente.

Comme nous n’avons cessé de le répéter le phénomène économique majeur sur lequel l’essentiel de la recherche économique devrait se pencher est la courbe en U de l’endettement global depuis 1944. On est passé au sortir de la guerre d’un état où l’endettement se trouvait autour de 400% pour retomber à moins de 200% en 1971. Puis on est repassé en moyenne au dessus de 400%   en 2006.

C’est l’abandon du système de Bretton Woods, le Gold exchange standard, où toutes les monnaies se définissent par rapport au dollar et le dollar est évalué en or, qui a provoqué le basculement des économies de production, caractéristiques des trente glorieuses,  vers l’économie baudruche.

Toute l’histoire économique internationale contemporaine est marquée par cette évolution de plus en plus intenable vers une économie financière déconnectée de la réalité productive. 

Comment sort-on d’une économie baudruche ? Par la crise. Comment sort-on de la crise ? Jusqu’ici on a tenté de le faire en regonflant artificiellement la baudruche, sans toucher aux défauts de construction qui lui ont permis de prospérer puis d’exploser.

Nous pensons cette politique erronée.

Il faut d’abord juguler les causes de l’entrée dans l’économie baudruche pour espérer en maîtriser la sortie.

Nous venons tout juste de fêter le septième anniversaire de l’explosion de la crise « chaude » avec le blocage du marché monétaire interbancaire de juillet 2007.

Sept ans de malheur !

Et aucune réforme n’est venue, sinon l’étouffement de l’amplificateur de création monétaire que sont les banques et une poussée irresponsable de la répression fiscale.  

L’économie baudruche, son mode de formation, son mode d’expansion, ses distorsions internes dans la répartition des richesses, et son mode d’explosion, restent un  secteur vierge de la science économique moderne. Alors qu’il s’agit de l’effort essentiel auquel  les économistes doivent s’attacher aujourd’hui. La recherche universitaire, et les travaux des grandes institutions (FMI, OCDE, INSEE, banques centrales)   devraient d’urgence s’orienter dans ce sens.

Pour notre part, nous avons  écrit un livre à paraître, « La Parabole de l’Esquimau - Les trois causes de la crise et autres vérités dérangeantes», dont c’est le thème principal.

Espérons que son message sera compris et que des travaux   plus officiels suivront. Il n’y a aucune raison pour que la crise dure 7 ans de plus ! 

 

Didier Dufau pour le cercle des économistes e-toile.

Langue de bois à la BRI et économie-baudruche.

Nous aimons bien la Banque des Règlements internationaux qui a presque compris que l’économie mondiale fonçait dans le mur en 2007 et au premier semestre 2008, alors que le FMI s’enfonçait dans l’erreur, sous la tutelle nonchalante de DSK, entraînant la majorité des gouvernements dans la passivité morose.

L’ennui avec  les responsables de la BRI, est leur tradition de frôler l’essentiel sans jamais l’atteindre vraiment.

Le dernier rapport est de cette eau-là.  Il dénonce trois dangers qui sont réels.

Le premier est d’avoir peur de la finance et de retarder toute action visant à la mettre sous contrôle par peur des réactions sur les marchés.

Le second est pour les gouvernements d’espérer que l’argent presque gratuit des banques centrales leur permettra de retarder indéfiniment les réformes nécessaires, en maintenant un haut niveau de dettes publiques.

Le troisième est la surestimation du pouvoir des banques centrales et du potentiel naturel et automatique de sortie de crise.

Il signale que la seule solution est dans une collaboration très étroite et la prise de conscience que les relations économiques croisées des nations ont une extrême importance.

On reconnaîtra ici un certain nombre de nos thèmes préférés. Nous disons depuis longtemps que les banques centrales sont comme les psychanalystes : elles ne savent soigner que les maladies qu’elles ont créées. De même nous ne croyons pas à la bienveillante main invisible des marchés financiers et monétaires libres, en régime de changes flottants. Enfin nous développons l’idée que ce sont les énormes excédents et déficits croisés de balances extérieures qui ont provoqué la hausse du taux global d’endettement depuis le retournement de 1971-72.

Nous ne cessons d’affirmer que le G.20 a fait un pari pascalien en ne réformant rien du système monétaire international en 2008 et 2009. Et qu’il l’a perdu.

On ne sort pas de la queue de la comète récessive de 2008-2009 parce qu’aucune des mesures globales nécessaires n’a été prise.

Ce que le BRI n’ose pas dire, c’est que pour atteindre les trois objectifs qu’il se fixe il faut prendre une décision majeure : mettre fin aux changes flottants et réactiver les règles du traité de La Havane et du Statut du FMI,  qui interdisent les excédents et les déficits massifs de comptes extérieurs.

Si les Etats redeviennent responsables de la valeur externe de leur monnaie, alors ce ne sont plus les marchés qui s’en chargent. Et ils doivent être tenus en laisse. Le premier objectif est atteint.

Les grands équilibres macro-économiques n’ont jamais été de la responsabilité solitaire des banques centrales. Tous les moyens de l’Etat moderne doivent concourir à l’exercice. Un mix raisonnable entre politique monétaire, politique budgétaire et fiscale, et politique sociale doit être construit.

Le FMI redevient, dans un tel système, l’observateur naturel des déséquilibres croisés et doit y mettre fin.

Du coup la coopération internationale devient le mode de fonctionnement normal de l’économie monde.

Faute d’aller aussi loin qu’il serait nécessaire, la BRI passe pour un mauvais coucheur qui empêche les bonnes nations éprises de keynésianisme de créer de la monnaie et de la dette sans limite, seule solution pour redémarrer la croissance dans la joie et le bonheur pour toute une couche d’économistes de la facilité.

Nous proposons d’appeler « économies baudruches » les économies qui dépassent 300% de dettes globales par rapport au PIB. Dans de telles économies, rien ne se passe selon les théories valables pour des économies où on ne dépasse pas 100 à 150% d’endettement global.

Dans une économie-baudruche  les règles d’investissement habituelles ne fonctionnent pas. La raison en est simple : les gains de production (le compte d’exploitation) ne permettent pas de rembourser le principal et les intérêts. Par conséquent la dette qui est créée ne peut se justifier que de deux façons :

-          Par l’absence de tout espoir de remboursement : on crée de la dette perpétuelle par création monétaire

-          Par l’espoir d’une plus-value, ce qui suppose une bulle sur une classe quelconque d’actifs.

On comprend que tous ceux qui sont accrochés à des rémunérations d’Etat prêchent pour le financement monétaire de déficits publics de plus en plus monstrueux.

On comprend aussi que tous ceux qui ne peuvent espérer de gains sur crédits  que sur une plus-value d’actifs, poussent à un gonflement perpétuel de l’alimentation monétaire par les banques centrales.

Lorsqu’une récession cyclique « normale » touche une économie globale  non encore boursouflée, et organisée autour de changes fixes, ouvrir temporairement le déficit budgétaire et financer l’activité par la création monétaire est efficace.

Le faire dans un système de changes flottants où tous les mouvements de capitaux sont libres et les décisions portant sur les changes non coordonnées,  alors qu’on reste autour de 400% de dettes globales par rapport au PIB, comme dans le G7, ne conduit qu’à une fuite en avant sans fin avec des déséquilibres persistants.  Cela fait maintenant 7 ans qu’on a ouvert toutes les vannes. Sans autre effet que d’avoir stabilisé le taux de dettes global à son niveau le plus élevé tout en ayant mis les Etats sous oxygène fiscal pour ne pas être étouffés par des dettes qui continuent à croître.

L’économie réelle reste anémiée, asphyxiée par les dettes et la fiscalité. L’argent ne va pas vers la production. Seulement vers des potentiels de plus-values sur classe d’actifs sensibles à l’alimentation monétaire ou vers les Etats pour payer leurs dépenses courantes.

En indiquant que le maintien d’une politique de fuite en avant dans la dette et la dépense publique incontrôlée grâce à une  sur-alimentation en monnaie banque centrale, sans aucune vraie réforme,  ne conduit à rien de bon,  la BRI a raison et naturellement attire toutes les critiques des Martin Wolf, Krugman etc. qui voient de tout temps la solution miracle dans le déversement de milliers de milliards en  monnaie banque centrale dans les marchés et dans les budgets d’état.

Son tort est de ne pas aller jusqu’au bout du raisonnement : il faut mettre fin à la liberté absolue des mouvements de capitaux et la subordonner à la gestion ordonnée de changes fixes mais ajustables, avec interdiction des déficits et des excédents massifs de balances extérieures. A partir du moment où les Etats sont responsables de leurs comptes extérieurs, la fuite en avant dans les déficits n’est plus possible,  les gains de plus-value se réduisent, un horizon économique apparait qui permet d’envisager à nouveau des investissements et  une reflation coordonnée a une chance de fonctionner au service de l’activité et non pas de la spéculation.

La deuxième erreur de la BRI est de croire qu’il existe deux types de cycles différents : les cycles courts « commerciaux » de 8 ans et les cycles financiers » de 20 ans environ. En fait il n’y a qu’un mécanisme cyclique de 8 -10 ans avec des crises alternativement dures ou molles. Lorsque le souvenir d’une crise dure est dans la tête, les excès de crédit restent mesurés : la crise sera faible. Lorsqu’on a oublié ce qu’est une crise dure, et il faut 15 à 20 ans pour cela, soit l’apparition d’une génération ignorante aux commandes,  l’emballement des crédits devient extrême et le réajustement est important.  Cela fait plus de 200 ans que cela marche comme cela.

Les économistes et responsables de la BRI sont sur le bon chemin. Il faut qu’ils acceptent de faire un pas de plus en avant. On se souvient que dans le film « les aventuriers de l’arche perdue », l’accès au Graal supposait de marcher avec confiance sur une passerelle invisible.

Certains croient qu’abandonner les changes flottants  serait un saut dans le précipice.  Ce n’est pas le cas. Dès que le premier pas aura été fait, la passerelle s’illuminera et on sortira enfin de cette crise actuellement sans solution dans le cadre actuel.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile.

Crise économique, guerres et révolutions.

L'histoire des années 30 est encore tellement prégnante que le lien entre dépression économique et guerre est presqu'automatique.

La crise que nous connaissons est indiscutablement très sévère. Elle dure. Elle est tout sauf terminée. Elle met en cause sinon le capitalisme du moins certaines de ses modalités.

Les "printemps arabes", pour autant que le concept soit totalement clair, ont été indiscutablement provoqués par la récession économique mondiale. Même les évènements ukrainiens, d'un genre tout à fait différent, sont les enfants de la récession et de la déréliction économique du pays, sous l'effet de la prédation Ianoukovitch. Les tensions en Extrême-Orient sont indiscutablement liées à l'accès au pétrole et à la rente correspondante qui devient vitale dès lors que l'expansionnisme par les exportations flanche.

Pour autant, les drames des années trente sont-ils à nos portes ?

Les deux déterminants majeurs de la situation qui prévaut au début des années trente sont d'une part les effets psychologiques et matériels de la guerre de 14-18 et d'autre-part la montée en puissance du socialisme violent vu par certains  comme l'alternative souhaitable au régime capitaliste.

L'Allemagne qui se donne à Hitler a perdu la guerre et a perdu son épargne lors de la grande inflation du début des années 20. Elle a subi une tentative de révolution socialiste. Elle doit des réparations importantes notamment à la France. Elle a des voisins qui sortent d'une guerre qui s'est terminée par le traité de Brest-Litovsk mais qui reste larvée. Le traité de Versailles a reconstruit de façon dangereuse les ruines de l'empire allemand et l'empire d'Autriche-Hongrie. Partout les nationalismes sont excités.

La violence en Union Soviétique n'est pas liée à la crise de 29. Lorsque les héritiers de Lénine finissent de se déchirer pour le pouvoir absolu et que Staline lance son grand tournant, Hitler n'est pas au pouvoir et la crise de 29 n'a pas commencé.  On sait que de 28 à 33, le "socialisme réalisé" va tuer près de 10 millions de personnes, dont le moitié en Ukraine  et dans le glacis européen. Le prurit socialiste, gratté par les révolutionnaires dépendant de l'URSS, saigne partout provoquant des réactions violentes.  Le fascisme comme le national socialisme repose sur les mêmes critiques du capitalisme que le communisme, avec le même goût pour la violence, le même soucis de l'agit-prop, l même contestation de la religion. Les hommes qui dirigent ces mouvements viennent presque partout du socialisme, à l'instar de Mussolini et de Doriot.   

Le monde a découvert le rôle de l'information de masse, le rôle de le puissance industrielle. Manipuler les masses et vaincre par la puissance industrielle devient l'axe de la réflexion politique.

L'Angleterre reste la principale puissance mondiale mais les Etats-Unis l'ont rejoint et ont le potentiel de la dépasser.  L'Allemagne et le Japon ont un potentiel industriel important. La France, au sommet de sa puissance n 1930, va tout perdre en 10 ans, minée par sa démographie déclinante depuis un siècle, les pertes de la guerre de 14, et son retard dans le commerce et l'industrie. C 'est encore un pays de paysans, avec une frange urbaine et industrielle brillante mais réduite. Elle vit sur l'élan de son passé.

La crise de 1929 a été provoquée par les conséquences de la guerre de 14. D'énormes paquets de dettes ont été accumulés. Les créanciers américains disposent de l'épargne du monde et ne savent plus trop quoi en faire. Ils vont se lancer dans la pure spéculation. Il n'y a plus de marché mondial suffisant pour que le placement de leurs réserves monétaires puissent rapporter suffisamment. L'argent se place là où des espérances de plus values semblent exister. La boule se met à rouler.  

Jusqu'à ce que cette effervescence se heurte au fait que la bulle se nourrit d'elle-même c'est-à-dire de rien. Et on aura le Krach de 29. L'épargne américaine est ruinée. La crise enchaîne ses effets sur un pays peu préparé et sans filet de sécurité sociale.

Par le biais des dévaluations compétitives et des fermetures de frontières  au commerce,  la crise se généralisera. Elle touche l'Europe durement seulement à partir de la dévaluation britannique. Le gros des difficultés  portera sur les années 33-35. Entre 30 et 32, on est dans une phase de contagion progressive. On croit encore en 32 que la France ne sera pas touchée !

C'est dans ce contexte que Hitler arrivera au pouvoir fin 32. En costume de ville. Les Allemands y voient d'abord une volonté et un potentiel de redressement national. Ils voient la revanche possible vis-à-vis d'une défaite refusée qui a rogné leur souveraineté sur des territoires majoritairement allemands, la fin des désordres intérieurs fomentés par les mouvements socialistes, anarcho-syndicalistes ou communistes, une protection contre la possibilité d'agressions venant de l'est.

Le national-socialisme et d'abord l'enfant de la défaite et de la crainte de Staline et du communisme. La crise de 29 n'a joué qu'un rôle d'adjuvant.

On voit qu'aujourd'hui la situation est très différente.  En dehors de quelques guerres marginales, chauffées par l'URSS, essentiellement dans les pays anciennement ou nouvellement  colonisés, le monde a connu la paix.

One ne peut comparer une époque où on venait de sortir d'une guerre mondiale "totale",  d'une intensité jamais vue, avec des destructions inouïes rendues possibles par la puissance  industrielle,  avec un monde qui a vécu en paix pendant 3/4 de siècle.  

L'hypothèque socialiste a été levée, avec la disparition par auto dissolution interne de l'URSS et la conversion de la Chine au capitalisme sauvage.

La crise économique sévère que nous connaissons touche un monde pour l'essentiel paisible et embourgeoisé, qui est dix fois plus riches et qui dispose de filets sociaux importants.

Le seul nationalisme dangereux est celui des Hans. La conversion de la Chine au capitalisme internationaliste tient plus à la montée en puissance du Japon, des Tigres et des Dragons  qu'à une conversion au libéralisme. Les dirigeants chinois ont compris que s'ils laissaient  faire, la Chine serait bientôt un nain économique et militaire dans la région. La conversion au capitalisme est d'abord une volonté de retrouver la place de la Chine dans la région. L'imbécillité européenne et américaine et d'avoir soutenu de façon exagérée cette passion nationaliste. En transformant la Chine en atelier exclusif  de l'occident, les Etats-Unis et leurs alliés ont commis une faute majeure par myopie et angélisme.  

La Chine est désormais en querelle avec les Tibétains, colonisés et martyrisés, les Ouïgours, colonisés, marginalisés et réprimés, avec la Russie du fait de la colonisation de l'Est russe par les paysans chinois et de difficultés territoriales traditionnelles et  avec  tous ses voisins. Le Japon "réinterprète" sa Constitution, avec une seule idée en tête : la bombe atomique ! 

En dépit de ce climat, on ne voit guère ce qui pourrait se traduire par une véritable guerre. Le Japon est surtout inquiet de relancer une économie qui se traîne depuis que ses créances en dollars ont été anéanties au début des années 90, ruinant son système bancaire.  La Chine tremble de voir ses réserves  en dollars disparaitre et sa situation intérieure se dégrader du fait de la stagnation du commerce international. Les deux pays sont en dénatalité accélérée. La démographie joue contre l'idée même de guerre. Reste l'imprévisible Corée du Nord, mais qui est désormais lâchée par Pékin.

La Russie ? C'est un nain politique et elle le restera. Elle n'a pas d'économie et son capitalisme de prédation ne marche pas. Sans la rente énergétique, le pays n'est rien.  Son immensité accuse ses difficultés démographiques. L'affaire Ukrainienne ne saurait masquer ces réalités profondes.

L'Inde et le Pakistan forme un couple en colère l'un contre l'autre avec des bombes nucléaires par-dessus le marché. Si le Pakistan se risque à une attaque atomique préventive, il disparait aussitôt. Une telle attaque ne sera de toute façon pas liée à la situation économique globale.

L'Afrique est traversée par des tensions très diverses,  avec un pays, le Nigéria, qui est en passe de devenir le plus peuplé du monde et le plus instable. Il ne semble pas qu'il puisse y avoir de terreau pour une guerre mondiale.    

Reste le Moyen-Orient et la folie religieuse qui domine tout, aidée par la rente pétrolière. L'IRAN, Israël,  bientôt l'Arabie saoudite, ont la bombe atomique.  Shiites, sunnites, et juifs, une fois dotée de la bombe, règleront-ils leurs problèmes en s'auto détruisant ? C'est possible, mais cela n'a rien à voir avec la crise mondiale. Au contraire, cette dernière, en réduisant la rente pétrolière, joue un rôle…pacificateur.

Que le monde reste une poudrière, avec des conflits un peu partout, c'est évident.

Que l'on soit dans une situation du même type qu'au début des années trente est une autre affaire.

La crise a multiplié ses effets politiques. Cela continuera.  Aucune des conditions ne sont remplies pour qu'elle provoque une déflagration mondiale comme celle de la fin des années 30.  Nous en sommes à la septième année depuis le blocage du marché interbancaire. L'équivalent de 1937, si on veut à tout prix faire un parallèle. Hitler était déjà au pouvoir depuis cinq ans !  Un accord militaire secret avait été noué depuis longtemps avec Staline pour contourner les effets du traité de Versailles. Staline avait déjà  pris le pouvoir de façon absolue. Le pacte germano-soviétique se préparait. Deux dictatures sanglantes  préparaient à marché forcée leurs futures exactions. Où sont les puissances équivalentes aujourd'hui ?  

On ne refait pas l'histoire.

Il faut dénoncer cette crise économique majeure qui n'en finit pas. Il faut surtout souligner quelles en sont les causes et pourquoi  elle dure ainsi.

Voir tous ceux qui ne l'avaient pas prévue jouer les super Cassandre du future conflit mondial comme exercice de rattrapage a quelque chose de désolant et de ridicule.

Cette crise était évitable. On peut en sortir. Il faut pour cela la comprendre et mettre fin aux sources réelles de difficultés.  On ne le fait pas pour des raisons politiques obsolètes. Le socialisme fiscalo délirant  "hollandais" n'est pas la solution. L'Europe de l'Euro sans organe de pilotage monétaire extérieur réel et sans concertation forte des pays membres n'est pas la solution. Les changes flottants et l'acceptation de déficits et d'excédents  monstrueux de balances extérieures  ne sont pas des solutions.

La réflexion économique et politique doit être concentrée sur les conditions d'une réforme sensée permettant de surmonter les problème d'organisation actuelle. L'architecture monétaire et financière mondiale doit être repensée et  reconstruite.  

Préparons- nous à cela plutôt qu'à la troisième guerre mondiale .

Le grand tournant de 1988 !

Nous faisons régulièrement des retours dans le passé. Il éclairent le présent. Prenons par exemple la campagne de Jacques Chirac en 1988. Elle est intéressante parce que nous sommes juste à la césure de l'histoire économique mondiale, européenne et française.

Mondialement :  La crise du début de la décennie 1980 a été sévère aux Etats-Unis du fait de la volonté de la FED et de son gouverneur de "casser" l'inflation. Thatcher et Reagan ont par ailleurs imposé un nouveau style à la gestion de l'Occident. L'Afrique et certains pays émergents comme le Mexique, sont encore dans les affres de la frénésie de prêts publics fondés sur la rente pétrolière recyclée, mais les Tigres et les Dragons asiatiques décollent. C'est le moment Japonais. Le monde entre dans la phase haute du cycle décennal.

En Europe l'idée de l'Euro comme monnaie unique s'est imposée et on la prépare. Ceux qui pensent que l'Euro date de la chute du mur et des accords entre Kohl et Mitterrand se trompent absolument. L'Euro monnaie UNIQUE est sur les rails dans les cénacles européens.

En France le gouvernement de cohabitation Chirac-Balladur a commencé à se débarrasser des pires dérives du désastreux Programme Commun de la gauche, avec des dénationalisations, la fin de l'IGF, l'ISF initial, et a commencé à stabiliser le chômage.

Nous sommes là réellement à un moment clé.

La croissance est là. Des réformes utiles vont devenir possible. La question monétaire internationale  est posée ainsi que celle de l'Europe.

Selon le diagnostic qui sera fait et en fonction des résultats électoraux, l'avenir sera très différent.

Si les Etats-Unis admettent de revenir à un système monétaire organisé qui proscrit les grands déficits et les grands excédents et assure la coordination des politiques économique dans le cadre d'un système de monnaies stables mais ajustables par consensus en cas de dérapage, l'économie casino qui s'est mise en place au milieu des années 70 cesse et une croissance régulière et équilibrée devient possible.

Si l'Europe dans ce cadre monétaire stabilisée, met en place un système de monnaies coordonnées avec des solidarités un peu plus serrées qu'à l'échelon international, elle évite le piège de la monnaie unique, qui interdit tout ajustement autre que par la déflation, sauf organisation fédéralisée des politiques économiques.

Si la France continue de se libérer des imbécillités du programme Commun et modernise son Etat, en stabilisant sa pression fiscale,  elle peut revenir dans la compétition internationale et réduire son chômage tout en améliorant sa croissance.

Quelles sont les propositions de Jacques Chirac lors de la campagne présidentielle de 88. Il suffit de relire son livre "Une ambition pour la France", publié par Albin Michel.

"Où que nous regardions nous ne voyons que désordre :

- Désordre commercial entre les pays riches qui accumulent des excédents gigantesques  et d'autres pays, tout aussi riches qui vivent dans le déficit chronique,

- Désordre monétaire  depuis que l'erreur de quelques techniciens et la faiblesse de certains Etats  ont ait entrer le monde dans l'ère des changes flottants qui ne valent rien de bon à personne".

Chirac refuse également la transformation de l'Europe en simple zone de libre échange ouverte à tout vent.

"Rien ne serait plus dangereux que d'offrir à nos concurrents, asiatiques ou américains, l'espace désarmé d'une vaste zone de libre échange."

Mais il annonce la monnaie unique étayée par une Banque centrale Européenne.

"La Communauté doit être un système monétaire complété et achevé  où circule peu à peu une monnaie unique émise par une banque centrale commune".

Pour qu'elle fonctionne, il faut " reconstituer un ordre international avec les disciplines, les automatismes et les sanctions que cela implique dans la gestion des parités monétaires".

Déjà le programme présidentiel annonce qu'il faut que l'Etat se renforce sur ses missions régaliennes et se dégage du reste. Il faut réduire le chômage qui est à 2.500.000 grâce à la formation et à la recherche scientifique. La compétitivité de la France, mise à mal, doit être restaurée (déjà).  

Arrêtons-nous là. Nous pourrions, de façon plus ou moins comique, monter que tout le programme actuel de Valls est une resucée verbale, presque mot à mot, du programme du candidat de droite de 1988 sur le plan intérieur. Ce n'est qu'anecdotique

Plus intéressant : pourquoi les aspects les plus bénéfiques de ce programme n'ont-ils pas accroché l'opinion et pourquoi le monde, l'Europe et la France se sont-ils enfoncés dans un système qui ne pouvait qu'exploser ?

Le bon virage n'a pas été pris.

Nous sommes certes à la veille de la crise décennale de 92-93, qui sera pire que sa devancière de 74 et prendra le titre de pire crise depuis 1929, avant que notre crise actuelle ne lui reprenne le ruban bleu.  Elle aurait pu servir de déclencheur. Mais c'était trop tard : Greenspan venait de se lancer dans un programme d'inondation monétaire après la prétendue "crise des ordinateurs" qui avait fait chuter lourdement le Dow Jones. La guerre du Golfe était gagnée. Les Etats-Unis étaient triomphants. La campagne pour Maastricht était partie.  

La chute de l'URSS, la conversion de la Chine et de l'Inde au capitalisme internationalisé, le triomphe du consensus de Washington, l'extension rapide du champ de l'Union européenne ont créé un "momentum" de fuite en avant qui interdira toute réflexion jusqu'au blocage du système bancaire international en 2007 et son effondrement en 2008.

C'était bien en 1988 qu'il fallait agir. La France s'étant sortie du grotesque retour en arrière mis en scène par Mitterrand pour se faire élire en 1981, elle avait encore de l'influence. Elle pouvait peser.  

Les Français décidèrent cette folie que sera la réélection de Mitterrand. Perseverare diabolicum. Les Français ont considéré qu'il fallait purger le syndrome socialiste français qui s'était enkysté puis enflammé après 1968, en laissant toutes ses chances à une variante partiellement atténuée, comme on désactive un virus. Mitterrand comprendra le message et "lèvera l'hypothèque Rocard".  On en est  désormais à la social-démocratie et au social libéralisme… Encore un effort et le socialisme aura été évacué.  Mais le processus va coûter cher à la France;

Le gouvernement Rocard bénéficie de la phase haute du cycle qui le gorge de ressources fiscales automatiques. Aucune réforme n'est faite. On remet en place l'ISF. On crée la CSG. On troue la coque avec des prestations qui enfermeront une partie des Français dans une trappe à pauvreté. Avec Delors et Beregovoy, on débloque l'option "finance folle" et on crée le chemin d'une liberté totale des mouvements de capitaux, de produits, de services et de travailleurs  en Europe. Le Traité de Maastricht est voté sans aucune réforme préalable du système monétaire international et sans institution de pilotage. Que des sottises !

A la fin du second septennat de Mitterrand, toutes les causes de l'effondrement futur sont réunies :

- Plus de réforme du système monétaire international

- Europe ouverte à tout vent et libéralisme absolu des mouvements sous domination allemande.

- Français fiscalisés à mort

- Préférence pour le chômage et l'assistanat.

Chirac se résoudra au "ni-ni". La violence de la crise de 92 le conduira à "réduire la fracture sociale". La cohabitation Jospin ajoutera les 35 heures et l'étouffement de l'entreprise. Sarkozy évoquera la "rupture" sans la faire. Hollande finira le travail dans le n'importe quoi délirant. L'Europe de l'Euro sombrera dans les politiques de récession et de déflation. Pendant que le monde passera de 250 à 400% de taux d'endettement global et finira par succomber sous le poids de la dette imbécile accumulée.

C'était bien en 88 qu'il fallait agir en profitant de la volonté de Thatcher de ne pas passer sous les fourches caudines de l'Allemagne, de la présence de Schultz aux finances américaines, qui n'était pas un partisan des changes flottants en dépit des rodomontades de Reagan (qui parlait plus qu'il n'agissait) , et en profitant de la phase de croissance du cycle pour réformer en profondeur la France.

Est-ce que Chirac élu aurait eu la force de ce changement de perspectives, à la tête d'une France qui n'était pas encore "sortie de l'histoire" et effondrée dans la gaudriole, le "sociétalisme" politiquement correct, la fiscalité confiscatoire et la paralysie économique ?  

On ne le saura jamais. Notons tout de même que les idées que nous défendons ici, le retour au changes fixes et ajustables, l'interdiction des déficits et des excédents monstrueux de balances extérieurs, la réforme d'un pays qui a développé de façon exagérée et intenable le champ de l'action publique tout en bloquant les processus productifs par une fiscalité délirante et un enfermement administratif incontrôlé et suicidaire, ne sont pas des idées saugrenues, sorties d'un esprit embrumé ou d'un soliloque atterrant.

Elles étaient au cœur du débat français en 88, avant d'être évacuées du discours public devenu un exercice de communicants au service d'écuries présidentielles où la posture et les petites ambitions l'ont emporté sur la recherche du bien commun et d'un avenir français digne de son passé.    

Remarquons aussi que les risques d'une zone Euro sans organes de pilotage dans un système global de changes flottants étaient totalement ignorés.  Nous en sommes encore là avec le traité Merkozy, 25 ans plus tard.

L'histoire est éprouvante !

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Conjoncture mondiale flageolante

L'inquiétude que nous exprimions en décembre 2013 et en janvier 2014 sur l'état de la conjoncture, à contrecourant des propos très optimistes qui étaient répétés dans la presse et relayés par les politiques, était malheureusement fondée.

Il n'y aura pas eu de reprise générale mondiale au premier semestre. La croissance est partout plombée. Le stock de dettes douteuses est encore si élevée que les banques ne peuvent pas relayer la croissance. La perspective des stress tests "réalistes" en Europe pèse sur les comptes des banques. Les pénalités phénoménales imposées par le gouvernement américain plombent encore un peu plus la situation.

Le secteur financier a perdu en huit plus de 100.000 salariés à travers le monde. L'hémorragie continue.

Quelques pays ont tiré leur épingle du jeu du fait d'un certain besoin de renouvellement de l'équipement. Pour beaucoup, il s'agit d'un renouvellement de machines retardé par la crise. Après 8 ans d'immobilisme, il était impossible de conserver un parc de machines obsolètes. C'est le même mécanisme qui touche le parc des voitures. Il ne peut pas vieillir indéfiniment (sauf à Cuba !). Le commerce international reste bas. La reprise de 2013 était principalement due aux achats de précaution des détenteurs de dollars.

Les pays très exportateurs à natalité basse comme l'Allemagne et le Japon sont confrontés à des difficultés internes croissantes du fait du vieillissement de la population et désormais du risque de contraction démographique.

La rente pétrolière étrangle toujours l'économie mondiale, mais les bénéficiaires voient leurs revenus stagner.

Tous les facteurs qui militent contre la croissance, démographie, rentes abusives, paralysie bancaire, excès de dettes notamment publiques, ajustement par la dépression en Europe,  sont pleinement actifs.

Ils empêchent la phase haute du cycle de se matérialiser. Comme dans les années 2006-2008 en Europe, où cette phase a été très molle, mais cette fois- ci c'est le monde entier qui est frappé. On risque d'entrer dans la crise décennale après un épisode de "haute conjoncture" particulièrement médiocre. C'est ce qui s'était passé en 1938.

Vent de panique à Bercy ?

L'argent ne rentre pas. Les avertissements circulent tous azimuts. Les augmentations d'impôt ont "tué" la base imposable. On va vers six mois de stagnation économique presque totale au premier trimestre 2014 qui met sous pression toutes les bases imposables tout en poussant à la dépense publique.

Seul le retour des petites fortunes qui ne sont plus protégées par le secret bancaire apporte des recettes en hausse. Mais les grosses ne rentrent pas. Les gros détenteurs sont partis rejoindre leur magot. L'inverse aurait été de meilleure politique. On sait que 10% des détenteurs de comptes à l'étranger possède environ 90% de la valeur. On a fait revenir 90% des petits détenteurs avec à la clef, lorsque les décomptes seront définitifs, près de 10 milliards d'Euros d'impôts cumulés recouvrés. On a raté les 50 milliards qui étaient à portée de mains. Et quelques milliards sont partis avec les exilés. Résultats nets ?  Rassurez vous, ils ne seront JAMAIS publiés.

Les mesures démagogiques annoncées  par Valls vont encore compliquer l'équation, si elles sont finalement votées après les élections européennes.

Le collectif de juin 2014 s'annonce problématique. 

L'économie française semble continuer à virevolter dans la spirale : plus d'impôts, moins d'activité, moins d'assiettes, moins de rentrées fiscales, plus d'emprunts, hausse des taux etc. On va droit vers les 100% d'endettement public, sans moyen d'infléchir le courant, sinon en 2014 du moins en 2015. 2014 verra une nouvelle baisse du revenu par tête et une nouvelle baisse de l'emploi marchand privé. On bat tous les records historiques (faillites, salaires impayés, baisse des investissements étrangers, effondrement des constructions neuves, ...).

7 ans après le début de la crise !

A noter : nous entrons dans la phase "haute" du cycle !  Dans la décennie 2000, cette phase (2006-2008) avait été très médiocre en France et s'était fini en drame. Dans la décennie 2010, la croissance va être encore plus médiocre. Et le retournement de conjoncture, en général entre deux et quatre ans près l'entrée en phase haute, n'arrangera pas les choses, même si un nouvel épisode de type 2008 n'est pas probable.

Il faut une nouvelle architecture économique en France. Ce n'est pas l'équipe navrante de petits apparatchiks socialistes de cellule qui nous gouverne qui sera capable de la concevoir et de la mettre en oeuvre avec succès.

Elle va faire "de la politique" selon l'expression du secrétaire du PS. Ce n'est pas ce qu'on lui demande.

Les grelots sonnent à Bercy. Mais c'est le tocsin qu'il faut sonner en France.

Eloge de l'écluse

La vie est un flux d'énergie. La vie économique est un flux de production, qui s'est transformé en flux de monnaie et en flux de consommation ou d'épargne. Un flux de production est lui-même un flux des facteurs de production : capitaux, travailleurs, matières premières ou intermédiaires. Freiner les flux réduit l'énergie et l'économie. Le froid absolu est quand rien ne bouge plus.

Le courant passe toujours lorsqu'il y a une différence de potentiel. Le courant économique n'échappe pas à la règle. Les facteurs de production sont aimantés vers les lieux où le besoin se fait sentir. La production s'aimante vers les lieux où les facteurs sont abondants et peu chers.

Les capitaux sont aimantés par les rendements élevés, tempérés par le risque.

Toutes ces images sont à la base de l'idée que la liberté absolue de circulation des biens, des capitaux et des personnes est le fondement d'une économie dynamique et prospère.  

Une autre image, parfaitement traduite par le modèle walraso-parétien, est que l'exercice libre des flux naturels réduit les différences de potentiel et ramène à l'équilibre. Si des blocages circonstanciels ont créé des différences de potentiel importantes, la libération des forces contenues sera bénéfique et amènera automatiquement un nouvel équilibre assurant le plein emploi des ressources.

Le rôle de la technologie et de créer de nouvelles différences de potentiel. Les start-up le savent bien. Il faut des barrière à l'entrée pour permettre de maintenir la différence de potentiel et produire les bénéfices escomptés suffisamment longtemps.

En économie la différence de potentiel est la plus value escomptée. Pas de plus-value en vue,  pas de flux économique.

La méta doctrine qui baigne depuis 40 ans les règles internationales est qu'il faut laisser entièrement libre les acteurs économiques, producteurs, consommateurs, épargnants, afin que la totalité des gains potentiels puissent être obtenue. Le guide, dans la recherche de la plus value, est naturellement le prix. Les marchés fournissent les prix qui orientent la recherche des plus values et ils doivent être laissés totalement libre. Le prix des facteurs de production (monnaies, capitaux,  salaires, matières premières, produits demi finis) doivent être laissés le plus libre possible ainsi que les prix des produits de consommation.

Alors la croissance sera à son optimum.

L'ennui est que depuis qu'on a entrepris de mettre en œuvre cette doctrine mondialement et surtout dans le cadre de l'Union Européenne, on constate qu'à chaque décennie le trend de croissance a baissé un peu plus. Les tenants de la doxa étaient prêts à accepter que leur doctrine se traduise par plus de volatilité. Pas à une baisse du rythme de la croissance qui devait être optimisé donc accru par rapport à la situation antérieure.

Quelle explication donner à cet inquiétant paradoxe ? Il n'y a que deux voies d'exploration possibles. Soit la doxa est fausse. Soit la pratique est entravée.

Il est parfaitement juste de penser que le flux est fonction de la différence de potentiel. Ce qui ne l'est pas est l'idée qu'il est inutile de canaliser l'énergie  et de la laisser libre de passer de son état latent à son état exprimé dans n'importe quelles conditions. Une libération trop violente de l'énergie latente est destructrice.

L'eau descend les pentes. Il n'y a aucun doute la dessus. Mais il vaut mieux la canaliser pour éviter que des événements torrentiels emportent tout. Un barrage est ennuyeux : il bloque. La vanne libère, avec le débit souhaitable.

Il faut exploiter les différences de potentiel mais éviter qu'elles ne deviennent explosives.

Naturellement si on  pompe l'eau du canal à des fins différentes de celles qui ont conduit à la création du canal, on l'assèche et il ne fonctionne plus. De même si on l'encombre de rochers qui empêchent l'eau de circuler.

L'exercice, difficile en économie, qui traite d'objets psychologiques et sociaux, est de bien identifier les prédateurs et les empêcheurs, tout en clarifiant bien la nature des pentes et des écluses. Et il faut veiller à ce que les dispositifs embellissent l'environnement et ne le détruise pas.

Promouvoir la liberté absolue des mouvements de capitaux, de personnes et de marchandises (qui comprennent aussi les services), en comptant exclusivement sur les différents marchés pour éclairer les rationalités nécessaires, est aussi stupide que d'espérer que la pluie fertilisera naturellement les cultures de façon optimum sans organisation de l'irrigation.

De ce point de vue le laisser-faire  promu et mis en œuvre par  l'Union Européenne est désastreux. Il empêche toute organisation rationnelle et confond ruissellement sauvage et irrigation.

Oui l'idéal de liberté qui veut que chaque pays de l'Union dise aux citoyens des autres pays membres : "Nous ne vous craignons pas et nous vous traiterons comme nous nous traitons nous-mêmes" doit être défendu. C'est un progrès humain extraordinaire.  Ne pas croire que ce progrès doive  être canalisé, et que la route doive être rendue carrossable, est la marque d'un juridisme absurde et destructeur.  

Le risque du n'importe quoi essentialiste est d'aboutir à des régressions de civilisation. Déstructurer une civilisation, qui a construit un jeu de règles sociales fondées presque toujours sur des solidarités et des respects, donc des contraintes acceptées du fait de l'affectio societatis,  base des nations, ne saurait être un progrès.

Il n'est même pas sûr que la convergence soit un objectif louable. Des collectivités peuvent souhaiter des règles qui leur soient propres. C'est la base même du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. La tolérance, qui est la faculté d'accepter que d'autres pratiquent d'autres règles, n'est possible qui si des flux torrentiels ne viennent pas tout emporter.  

On pourrait penser qu'une forme de neutralité sociologique et politique de l'économie rendrait la difficulté de la "mondialisation" moins grande dans ce domaine. Ce serait à nouveau une grave erreur. Toute économie est politique. Que reste-t-il de l'économie lorsqu'on enlève la dimension budgétaire et règlementaire de l'Etat, et les lois sociales ?

Dans la pratique, on voit bien les erreurs qui ont été faites.

Croire qu'on pourrait laisser les changes absolument libres et les taux d'échanges des monnaies guidées par les marchés, a été une erreur monstrueuse. Nous avons vu que cela permis à certains états d'accumuler des déficits ou des excédents illimités avec des conséquences immédiates sur le taux global d'endettement qui s'est mis à grimper jusqu'à dépasser les 400%, ce qui était intenable. L'inondation monétaire a fini par provoquer des dégâts irréparables.

Il faut une canalisation.  

Pour le monde, un système de changes fixes mais ajustables, avec interdiction des grands déficits et des excédents colossaux, est le seul convenable aujourd'hui.

Pour l'Europe une monnaie unique avec des Etats indépendants, poursuivant leurs politiques internes sans considération des autres, est une contradiction interne.  Soit on en revient à un système de monnaie de compte unique avec des monnaies nationales rattachées selon un mode fixe mais ajustables, la solution que nous défendions au moment de Maastricht, soit on crée un chancelier de la zone Euro, avec des formes de contrôles démocratiques à définir et une articulation à imaginer avec les politiques nationales.  Avoir supprimé les instruments de politique monétaire à l'échelon des nations sans les utiliser à l'échelon européen est une faute lourde. 

Dans les autres domaines de l'économie, notamment les mouvements des personnes, des marchandises et des capitaux, il faut également mettre en place des canalisations, éventuellement temporaires, mais qui évitent des concurrences intenables, des phénomènes de destruction sociale ou des régressions de civilisation.  

La France, elle, ne peut pas, dans le même mouvement, accepter l'ouverture totale des mouvements de personnes, de marchandises et de capitaux  et continuer à croire qu'elle peut construire un château de cartes social totalement contradictoire.

La notion de solidarité nationale s'efface dans un cadre  de liberté absolue des mouvements de personnes à l'échelon européen et mondial.

Une des victimes de la liberté absolue des mouvements de capitaux, de marchandises et des personnes est la gratuité institutionnelle. Le prix est un élément de canalisation. L'absence de prix crée un flux éventuellement torrentiel. La gratuité de l'école, la gratuité des soins, la gratuité de la vie des personnes en état d'inaptitude au travail et maintenant la gratuité de la vie des personnes en capacité de travailler, crée automatiquement des appels migratoires qui mettent à l'épreuve les systèmes concernés.

On voit bien que les défis du moment proviennent pratiquement tous de la nécessité de préserver le dynamisme associé aux libertés fondamentales, qui permet d'exploiter les différences de potentiel donc de créer du flux économique, tout en canalisant les forces qui s'exercent et remettent en question des modes d'organisation antérieurs qui peuvent être jugés légitimement comme nécessaires.

La désaffection profonde pour les élections au Parlement Européen provient naturellement du fait que l'institution joue contre toute canalisation et promeut un juridisme essentialiste destructeur sans jamais tenir compte des conséquences. Le fait que les partis n'ont pas proposé le moindre programme est révélateur. Personne ne sait de quoi le Parlement va causer, pas plus de quoi il a causé lors de la dernière session. Et pour cause : toute l'initiative des directives est entre les mains de la Commission. Cette initiative ne peut pas être attribuée au Parlement Européen. Les Parlements doivent  contrôler, améliorer et voter les textes. Ils ne peuvent en avoir l'initiative car cela tournerait aussitôt à la pétaudière. Peut-être faudrait-il la transférer au Conseil Européen, la Commission n'ayant qu'un rôle d'élaboration et de contrôle.

L'important est qu'il y ait en Europe un architecte, un constructeur des écluses nécessaires, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur.

L'organisation est aujourd'hui l'élément critique. Il faut défendre l'idée d'un système monétaire basé sur des monnaies fixes mais ajustable. Quelle est en Europe l'institution qui doit prendre en main ce projet et qui a la visibilité internationale nécessaire ?  

Qui est chargé de gérer les nécessaires convergences et qui garantit les nécessaires différences culturelles et civilisationnelles  issues de l'histoire des peuples et auxquelles ces peuples tiennent ?   

Le scrutin sera désastreux pour l'idée européenne parce qu'il n'y a pas de réponse à ces questions dans le champs politique et institutionnel actuel.

Les libertés s'organisent. Que vienne le temps des organisateurs  et vive les écluses ! 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

 

Prévoir les crises ou bâtir des scénarios ?

L’affaire est lancinante. La plupart des organismes officiels chargés de la prévision économique n’ont pas prévu la crise et ont même mis parfois du temps à reconnaître qu’elle existait : la notion de « trou d’air » n’est pas faite pour les chiens. 

Depuis la fameuse algarade lancée par la Reine d’Angleterre, nombreux sont les organismes ou les économistes qui se croient obligés d’aller de leur explication.

L’OCDE vient à son tour de faire son Mea Culpa Maxima, non pour la prévision de l’entrée de crise elle-même mais pour la suite des évènements, marquée  par une minoration de la prévision  des effets de la crise elle-même et une surestimation des possibilités de reprise.    

« Il a été extrêmement délicat de prévoir la chronologie, l’ampleur et les conséquences de la crise financière.  Parmi les difficultés spécifiques figuraient

 

-          L’identification des déséquilibres et autres phénomènes  non viables à l’entrée dans la crise,

-          La détermination du moment de leur résorption et des effets probables sur l’activité réelle.

 

Plusieurs éléments ont accentué ces difficultés :

 

-          L’interpénétration exceptionnellement rapide et profonde entre les sphères réelle et financière dans les différents pays,

-          La variabilité accrue de la croissance économique par rapport à la période antérieure à la crise, l’absence de données actualisées pour de nombreux facteurs financiers importants et la compréhension limitée des liens macro-financiers.

-          Tous ces éléments sont venus s’ajouter aux difficultés habituelles inhérentes à la formulation de prévisions autour des principaux points de retournement de l’activité économique ».

 

OECD (2014), “Prévisions de l’OCDE pendant et après la crise financière: un post mortem”,  Note de politique économique du département des affaires économiques de l'OCDE, No. 2, 3 février 2014.

 

 

En vérité l’OCDE, comme la plupart des institutions de prévisions, se sont trompés sur la sortie de crise pour les mêmes raisons qui expliquent qu’ils n’ont pas compris l’arrivée de la crise elle-même.

 

 

Prévoir l’arrivée de la crise n’était pas très difficile à condition d’avoir deux clés en main. La première est l’admission qu’il existe un cycle financier et bancaire quasi décennal ; la seconde qu’il est impossible de dépasser durablement un certain niveau d’endettement global. Une fois ces critères en tête, il était facile, comme nous l’avons fait, d’envisager une crise sévère en 2009-10 dès fin 2006, et dès le blocage du marché interbancaire en juillet 2007, de prévoir que la crise commencerait, plus tôt : nous avions écrit «  dès septembre 2008 ».

 

Avec un taux d’endettement global de plus de 400% pour l’ensemble des pays de l’OCDE et parfois de plus de 700%  et même de plus de 1000%, l’orage était inévitable. Un tel taux est parfaitement intenable. Il fallait simplement guetter les signes de l’explosion. On a su dès la fin 2006 que les prix de l’immobilier baissaient aux Etats-Unis une première depuis 1929, et que le marché hypothécaire, basé sur une hausse constante de ce prix allait être durement impacté. Dès l’été 2007 on pouvait constater que le marché interbancaire était arrêté. Les premières faillites bancaires ont commencé dès janvier 2008. Il ne fallait pas être grand clerc pour annoncer qu’une crise sévère allait frapper au plus tard en septembre 2008.

 

La vraie question devient : pourquoi les prévisionnistes officiels n’ont-ils pas eu ces réflexes et cette démarche ?

 

La réponse n’est pas non plus très compliquée.

 

-          La dette globale n’est pas un indicateur normalisé qui parait clairement avec toutes ses composantes dans les statistiques de base. Reconstituer la dette globale est un exercice difficile et le faire pour plusieurs états est encore plus redoutable. En France l’INSEE ne présente que des résultats partiels avec des échelles différentes. L’endettement des ménages sera rapporté au Revenu national. L’endettement de l’Etat au PIB. Celui de la banque centrale ne sera pas présenté du tout. Comment le rapporter au PIB national ?

 

-          Non seulement la dette globale n’est pas bien connue mais la théorie n’a pas donné d’outils pertinents pour en faire l’analyse. Quel niveau de dettes globales peut-on accepter ? Quelles sont les conséquences d’une dette globale trop haute ? La seule dette réellement analysée est la dette d’Etat. Pourtant il n’est pas indifférent de comprendre les effets d’une situation où la banque centrale possède une dette de 50% du PIB, le système financier à nouveau 50%, les ménages près de 100%, les entreprises 75%  et l’Etat près de 100%.

 

-          Il est de bon ton de nier l’existence du cycle décennal. Ce cycle existe depuis 200 ans et peut être décrit extrêmement facilement. Mais voilà : depuis le début des années 70, l’étude du cycle a disparu. Elle implique qu’il existe des facteurs endogènes, principalement dans le secteur financier, qui provoquent régulièrement des difficultés. On n’a voulu voir que des « chocs externes ». Imbibés du modèle walraso-parétien, les économistes en cour expliquaient comment, après un ébranlement extérieur, les choses revenaient miraculeusement à « l’équilibre » pourvu qu’on laisse libre cours aux forces du marché.

 

-          Le secteur financier et la banque sont des champs mal traités de la science économique. La plupart des économistes n’y comprennent exactement rien. La monnaie et notamment la monnaie internationale sont des mystères pour probablement 99% des économistes officiels qui ne savent même pas lire un bilan bancaire.  Les crises décennales se détectent d’abord dans les bilans bancaires qui ne sont qu’en apparence équilibrés. Bien sûr il y a toujours une créance en face d’une création de monnaie de banque. Mais que vaut-elle ?  Quand la valeur s’écarte d’un flux de trésorerie enraciné dans le PIB pour s’auto justifier par des anticipations de sur-valorisation d’actifs, on entre dans la fantasmagorie.  Le château de cartes devient de plus en plus branlant. L’économiste de base ne le voit pas et prend la carte branlante pour une brique solide.

 

-          Une des méthodes les plus sûres de ne pas comprendre le cycle est de s’asphyxier avec des constats idiots du genre : « Il y a eu 154 crises financières et boursières en 10 ans » ! Ce ne sont pas les aléas des bourses qui comptent mais le comportement global de l’économie. Le profil d’une crise décennal ne peut pas se manquer.

 

-          Le crédo en faveur des changes flottants, merveille des merveilles, et de la sagesse des marchés de capitaux flottants, interdit toute compréhension de la double pyramide des crédits mise en lumière par J. Rueff. Les flux sont bons et rationnels par nature et cette bonté ne peut être altérée que par de mauvais comportements.  Le FMI était organisé par pays. Les relations inter pays, notamment via la monnaie et les flux de capitaux, n’étaient tout simplement pas prises en compte car incompatibles avec l’organisation du travail des économistes de l’organisation de Washington.

 

Il est parfaitement normal qu’une crise décennale explicable par les désordres  monétaires internationaux  et l’enflure d’une dette croisée phénoménale, associés à des déficits et excédents eux-mêmes colossaux et jamais dénoncés, ne soit pas anticipée et comprise par des économistes qui ne croient pas au cycle et ne connaissent pas le monde bancaire.

 

C’est parce qu’ils n’ont rien compris aux causes de la crise que les experts de l’OCDE se sont si largement trompés sur l’évolution postérieure. Le crédit crunch international a été phénoménal. Le refinancement des banques entre elles s’est trouvé gelé. Le financement du commerce international s’est purement et simplement arrêté. Toutes les banques sont revenues à toutes jambes dans leur pré carré national. L’arrêt des financements et le blocage du commerce international n’ont pas été compris et leurs conséquences ont été minorées.  Les paniques successives n’ont certes pas rendu la prévision facile.  En considérant qu’il s’agissait d’une crise « comme les autres » qui se géreraient comme d’habitude avec des injections de monnaie et des déficits budgétaires, les experts n’ont pas vu la réelle nature de la crise.

 

Depuis 1974, on sait que les relances keynésiennes ne fonctionnent pas. Depuis les inondations Greenspan, on sait que juguler les crises par des émissions massives de liquidité ne fait qu’armer la prochaine crise. Tous les économistes officiels ont fait semblant de ne pas le voir.

 

Revenons sur l’auto diagnostic de l’OCDE.

 

 

-          « L’identification des déséquilibres et autres phénomènes  non viables à l’entrée dans la crise » a été défaillante ».

 

C’est de la langue de bois.  Un endettement global de 400% était clairement intenable. L’OCDE doit être plus explicite : pourquoi ne l’avoir pas compris et dénoncé ?  

 

 

-          « La détermination du moment de leur résorption et des effets probables sur l’activité réelle ».

 

L’arrêt du marché interbancaire signifiait une crise de liquidité phénoménale pour le système bancaire  en même temps qu’il annonçait un tout aussi phénoménal credit crunch. L’arrêt des crédits a une conséquence immédiate sur « l’économie réelle ».  

 

-           « L’interpénétration exceptionnellement rapide et profonde entre les sphères réelle et financière dans les différents pays »,

 

L’interpénétration est une constante depuis au moins 150 ans ! La réalité n’a pas foncièrement changée. Mais on ne voulait pas la voir, ce qui est bien différent.

 

-          « La variabilité accrue de la croissance économique par rapport à la période antérieure à la crise, l’absence de données actualisées pour de nombreux facteurs financiers importants et la compréhension limitée des liens macro-financiers ».

 

Phrase redondante vis-à-vis de la précédente. L’absence de compréhension des liens macro financiers se traduit en bon français par : « on ne connaissait pas l’économie de la monnaie que nous avons totalement sous estimée ».

 

-          Tous ces éléments sont venus s’ajouter aux difficultés habituelles inhérentes à la formulation de prévisions autour des principaux points de retournement de l’activité économique ».

 

Cette phrase est très discutable. Il est plus facile de repérer les changements de cap négatifs que quoi que ce soit d’autre. Nous-mêmes avons prévu sans difficultés les crises de 74, de 93, de 2001 et de 2008.  Pour cela il faut en guetter les signes en connaissant bien les causes du cycle décennal bancaire. 

 

Les méthodes et les modèles existants sont toujours des extrapolations de composantes majeures du PIB en partant pour l’essentiel du passé. On extrapole toujours une continuation jamais une rupture. La seule alerte valable aurait été de bien comprendre que les déficits et excédents massifs de balances extérieures  étaient condamnables « per se ». Du coup il fallait s’attaquer aux Etats-Unis. Qui aurait osé à l’OCDE ?

 

Quels conseils donner à l’OCDE ?

 

-          D’abord se doter des outils statistiques et intellectuels pour bien connaître la dette globale, son évolution et ses conséquences pratiques sur le cycle des affaires.

 

-          Ensuite réintégrer l’économie bancaire dans l’analyse de l’économie générale

 

 

-          Enfin faire justice des erreurs d’organisation : l’organisation des changes internationaux est un non sens économique dangereux, comme l’est l’organisation de la zone euro.

 

On ne peut pas être bon  prévisionniste si on n’est pas d’abord un économiste généraliste compétent.

 

La crise actuelle est d’abord une crise de l’intelligence. JP Robin dans le Figaro a ajouté quelques commentaires sur :

 

-          Le grégarisme des experts.

 

Pour m’être personnellement brouillé avec B. De Jouvenel parce que je contestais la méthode Delphi d’anticipation du futur par accord des experts, je ne doute pas que le grégarisme soit un défaut. Mais le grégarisme n’est pas la cause des erreurs. C’est l’ignorance et la méconnaissance qui sont ennuyeuses et qui doivent être corrigées.  On peut faire des diagnostics généralement partagés et justes !

 

-          Rôle des « cygnes noirs »

 

Il y a toujours eu des ignorants pour prétendre que le chaos règne et que les équations de Schrödinger seraient sans doute très utiles pour faire face aux situations détestables que nous vivons. La crise que nous connaissons serait en fait le fruit d’une « vague scélérate » imprévisible qui aurait tout balayé à l’improviste. Les faits explicatifs sont tellement évidents, patents, répétitifs et sans ambigüité que l’on préférerait que l’esprit s’attarde à l’examen des mécanismes simples avant d’aller chercher des aléas tarabiscotés comme facteur explicatif. 

 

 

-          L’imprévisibilité des politiques publiques. 

Dans un mode d’organisation  économique où les Etats capturent l’essentiel du PIB,  et concentre via la banque centrale, le budget et les actions sectorielles tous les moyens de la conjoncture,  ce qu’ils vont faire ou ne pas faire compte évidemment beaucoup.  Du coup ce n’est plus la prévision qui compte mais le scénario.

Là on touche l’essentiel. Le but de l’OCDE n’est pas de faire de la prévision mais de proposer des scénarios qui permettent d’éviter les conséquences d’erreurs d’organisation ou de politique. L’économiste ne peut pas ne pas être normatif. Prévoir pour prévoir n’a pas de sens pratique et n’a exactement servi à rien.

L’OCDE doit devenir un lieu d’intelligence économique, pas nécessairement de prévision.

Comme je l’ai dit lors d’une de mes conférences chez nos amis anglos-saxons il y a quelques années : « rebrain not retrain ». Le désastre ne servira à quelque chose que si on passe à niveau supérieur d’analyse et de connaissance. Les améliorations cosmétiques des méthodes de prévision n’ont aucune importance.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile

Croissance, vous avez dit croissance ?

Article paru dans le Figaro du samedi 19 -Dimanche 20 juillet 2003.

TENTONS UNE CROISSANCE RAPIDE

par

Didier Dufau - Economiste

Une croissance de 3% sur le long terme est facile à obtenir. Les trente dernières années perçues  comme catastrophiques par rapport aux trente précédentes qualifiées de "glorieuses" le prouvent : la croissance a été de 2,9%.

Et si on cherchait à faire mieux ?  Par exemple 3,5% ? ce taux assure un doublement tous les vingt ans. 25 millions de personnes au travail produisent dix mille milliards de francs par an , soit quatre  cent mille Francs par tête. Pas mal. Mais dans vingt ans nous en produirions, au taux proposé, huit cent mille puis un million six cent mille , etc. De quoi soulager quelques misères.

Cette croissance un peu rapide impose de desserrer trois freins catastrophiques :

- l'accroissement mécanique du poids des prélèvements

- le désordre associé aux changes flottants

- l'étroitesse de la population active.

En matière d'impôts il existe des lois incontournables. la première dispose que lorsque l'impôt est progressif  la croissance provoque mécaniquement la hausse de la part de l'Etat dans l'économie. Ce phénomène et aggravé par la caractère cyclique de l'activité qui produit, dans la phase de haute conjoncture, des recettes fiscales en très forte augmentation, alors que, dans la phase  de récession, l'Etat  refuse de voir sa dépense diminuer et hausse les prélèvements, effet de cliquet très bien illustré par le traitement Juppé des effets de la crise de 1993. Le pire, c'est lorsqu'on crée des impôts nouveaux aussi en période de forte conjoncture. Pensons à la création  de la CSG et à la "réhabilitation de la dépense publique" par le gouvernement Rocard et aux "cagnottes" du gouvernement Jospin.

Le résultat aura été, en France, où l'impôt est globalement progressif  et l'énarchie puissante, une montée extravagante de la dépense publique  et des taux de prélèvements.  Certains diront : ce taux n'a jamais dépassé les 46%, ce n'est donc pas si grave. Là, il faut bien comprendre que la comptabilité nationale enregistre les coûts de l'Etat comme de la production. Voyonbs les conséquences sur un exemple. Robinson, seul sur son ile, puis de l'eau au puits  et cueille des noix aux cocotiers du coin. Admettons que cette production vaille 100. Un fonctionnaire armé débarque  et prend tout. La comptabilité nationale dira :

- production marchande = 100

- prestation de sécurité de l'Etat = 100 (coût du fonctionnaire)

- PIB = 200

- Taux de prélèvement égale 100/200 = 50%.

Seconde loi : quand l'Etat prend tout, le taux de prélèvement est de 50%.

Les Français sont soumis à des prélèvements confiscatoires. Les petits salaires sont l'occ&asion d'une ponction globale de 55 à 60%. Les revenus modestes, spoumis à l'impôt sur le revenu, de 60 à 70%. les hauts revenus de 70 à 85%.

Si l'ISF s'ajoute, on atteint facilement 90%  et pour quelques dizaines de milliers de personnes plus de 100%. On oblige donc les plus taxé à vendre leur patrimoine. A qui ? A l'étranger.D'où la troisième loi : lorsque l'impôt force à céder des biens , il n'y a pas de redistribution mais financement  de l'Etat par vente à l'étranger  du patrimoine national.

La capitalisation boursière est actuellement à près de 40% dans des mains non françaises et chacun sait que des pans entiers de notre immobilier sont en train d'être transférés à des non-résidents.

En trente ans les taux de prélèvements ont été portés au maximum  et ont fourni à l'Etat des ressources gigantesques immédiatement dépensées. Ce qui ne l'a pas empêché de faire passer l'endettement de 20 à 60% d'un PIB qui a presque doublé  pendant la période concernée.

Un complète folie.

L'Etat devra admettre de n'augmenter les recettes que proportionnellement à l'accroissement de la richesse des Français. Il doit jouer la carte d'une croissance forte  mais en compensant l'effet de la progressivité sur l'accroissement de son poids dans l'économie.

Sinon l'asphyxie de la croissance , déjà trop visible, sera consommée.

Le choix de J. Chirac tel qu'annoncé le 14 juillet de baisser les impôts  et de ne pas faire jouer l'effet de cliquet est historique en France. Il va dans le bon sens.

Autre cause d'inquiétude pour la croissance : les changes flottants. Depuis l'explosion du système de Bretton-Woods, charpente des fameuses "trente glorieuses", le taux de croissance diminue chaque décennie sous l'effet de désordres monétaires répétées. Faire passer les lourds convois du commerce international sur des passerelles monétaires en caoutchouc mou est absurde.

Agitées de soubresauts incontrôlables, amplifiant tous les déséquilibres, ces passerelles saugrenues  envoient au fond du précipice  des pans entiers de la croissance mondiale.

Toutes les crises des trente dernières années  sont associées à des variations brusques  du cours des monnaies principales.  La crise dite à tort "des pays émergents",  comme l'explosion du "currency board" argentin, ont une origine monétaire. L'énorme bulle financière qui s'est créée  à partir de 1999 et dont l'explosion  réveille le spectre  de 1929, est un effet direct des changes flottants qui ont auto-entretenu une folle spéculation sur le dollar, se surajoutant à un "exubérance boursière" déjà excessive.  Les déficits américains s'accumulent, financés par la création monétaire et les déplacements de capitaux irrationnels.  Ils représentent, pour les Etats-Unis, un "plan Marshall à l'envers" très lucratif. Les créanciers, eux, sont régulièrement ruinés, explication principale de la stagnation japonaise et de la langueur allemande.

Il n'y aura pas de retour à une croissance mondiale forte  sans réforme équilibrée du système monétaire international.  la France est en pointe vers une gouvernance mondiale équilibrée. Elle doit l'être aussi dans le domaine monétaire.

Reste le frein démographique. Alors qu'au sortir de la guerre, les idées dominantes, merci Alfred Sauvy, ont été productivistes et natalistes, les trente dernières années  ont vu le retour des pratiques malthusiennes. Immigration zéro, indifférence à la dénatalité, réduction du temps de travail, préférence pour l'emploi public, ont dominé les pratiques gouvernementales.

Dans la durée ce petit jeu a été incroyablement délétère.  L'emploi salarié dans le secteur marchand atteint à peine 16 millions de personnes pour une population supérieure à 60 millions. Avec le ratio des Etats-Unis  ou de la Grande Bretagne, on dépasserait les 25 millions ! Un manque à gagner de 10 millions d'emplois ! Notre moteur économique concurrentiel est certes performant mais il est devenu ridiculement petit.

Croire que le départ à la retraite des "baby boomers" fera diminuer le chômage  est une de ces illusions arithmétiques qui font le charme de l'ignorantisme malthusien.  La réduction de la population active  va exaspérer  la compétition entre secteur public  et privé pour des ressources  rares et encore réduire  la taille du moteur.

Il faudra pour échapper à cette fatalité non seulement prolonger la durée du travail  mais faire basculer une part importantes des effectifs publics  vers le secteur marchand.  On voit comme les esprits y sont préparés !  

La France se retrouve devant des choix décisifs. les erreurs des trente dernières années  ne lui sont plus permises. Pourquoi ne pas virer de bord avec résolution ?  Pourquoi ne pas choisir les disciplines et surtout les promesses d'une croissance rapide ? Pourquoi ne pas tomber amoureux d'un taux de croissance ? Par exemple 3,5%...

Il semble que sous l'impulsion du Président de la République un changement radical soit en train de se produire en ce sens. Dans cette conjoncture déprimée, c'est une excellente nouvelle."

 

 

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Commentaires, 11 ans plus tard…

 

L'article précédent a été écrit en juillet 2003, après la crise dite des NTIC,  alors que J. Chirac, réélu, voulait donner à son quinquennat une dimension nouvelle. Dans la pratique, le quinquennat Chirac sombrera dans la "défense des avantages acquis", pendant que Schröder, en Allemagne, prendra les mesures nécessaires pour remettre l'Allemagne en état de réussir dans la mondialisation. La dette et l'emploi public ne cesseront d'augmenter en France. La question du système monétaire international ne sera pas posée. Il n'y aura aucun desserrement de l'emprise malthusienne avec maintien des 35 heures et de la préférence pour l'emploi public, notamment dans les régions. Les socialistes s'empareront de près de 60% des mairies et de la quasi-totalité des gouvernements régionaux Les effectifs municipaux grimperont sans aucun contrôle en 14 ans de près de 800.000 !Nicolas Sarkozy proposera une rupture qu'il ne fera pas ou à moitié comme on voudra.

La crise, à connotation 1929, ne pourra pas être évitée.

Elle aboutira à de nouveaux blocages en France, à une hausse délirante des impôts, et finalement à un total revirement qui voit M. Hollande, comme M. Chirac, évoquer une accélération de la croissance grâce à un nouveau "pacte".

 

Nous sommes, mutatis mutandis,  dans une situation un peu comparable à celle qui nous avait conduit à proposer cet article au Figaro.  Le G.20 vient justement , à Sydney, de proposer une relance de 2% de plus du 1.5% du moment, soit une croissance de 3.5%, le même chiffre que nous avions proposé en 2003.

Si nous avions à réécrire l'article pour soutenir cette ambition, on ne voit pas vraiment ce qui serait à en retirer.

L'absence de toute référence à l'Euro dans l'article de 2003  peut surprendre. La raison en est simple. A cette date, la gestion de l'Euro était naissante et on annonçait un relâchement des contraintes qui avaient été nécessaires pour instaurer la monnaie unique. On discutait d'une gestion expansive de la zone euro et on annonçait une vision plus ouverte des contraintes du traité de Maastricht. La question de l'Euro, du coup, se ramenait plus globalement  à celle des changes et du "malthusianisme" ambiant, la rigueur excessive de la BCE pouvant s'analyser comme un malthusianisme , associé à la défense des petits vieux, assis sur leur épargne sacrée, dans une Europe très vieillissante, notamment en Allemagne et en Italie. 

 

Aujourd'hui nous affirmons qu'il n'y aura de sortie de crise durable que si été seulement si

- Mondialement, on réforme le système monétaire international,

- En Europe, on dote la zone Euro d'un pilote et d'une cabine de pilotage, avec un œil actif sur le cours du change

- En France, on casse la croissance hyperbolique de la dépense publique, de la dette et des prélèvements.  

Il est intéressant de mesurer les chances d'une reprise de la croissance à cette aune. 

 

De son côté quelles mesures proposent donc  le G.20 ?

 

1.  "Les pays membres du G20, qui représentent quelque 85% de l'économie mondiale, se sont fixé pour objectif de doper la croissance de deux points de pourcentage supplémentaires d'ici à 2018, en "développant des politiques ambitieuses mais réalistes".

"Cela représente plus de 2.000 milliards de dollars en termes réels et permettra la création de nombreux emplois", ont souligné les ministres des Finances et les banquiers centraux lors de cette réunion préparatoire au sommet des chefs d'Etat qui se tiendra en novembre à Brisbane (Australie).

Pour la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, cet objectif "peut être atteint, voire dépassé" à condition "de mettre en œuvre les réformes identifiées" dans chacun des pays concernés."

La principale erreur ici est formulée par Mme Lagarde. La reprise serait l'affaire individuelle de chaque état faisant en son sein les efforts demandés.  On retrouve la folie d'un FMI dont les analystes sont cloisonnés par pays et ne voient rien du risque global. DSK en fera deux fois l'aveu. "Le FMI ne s'est pas intéressé aux interactions ni aux phénomènes de contagion".  Ce que dit Mme Lagarde est dans le droit fil des défauts déjà signalés. Cela tient à la structure par pays du FMI. Les décloisonnement n'ont pas eu lieu.

Du coup il n'y a aucune réflexion sur les défauts structurels du système monétaire international. En revanche on espère une coopération dans une structure non coopérative ! Ce qui est de l'ordre de l'oxymore.

«L’engagement pris à Sydney par le G20 à communiquer systématiquement les actions de politique monétaire pour mieux gérer leurs effets collatéraux est aussi capital. Un dialogue au niveau mondial et une meilleure communication sont indispensables pour préserver la stabilité financière. Les membres du G20 se sont aussi engagés à prendre les mesures qui s’imposent pour gérer les pressions déflationnistes et inflationnistes. Le FMI appuie ces efforts et se tient prêt à aider ses pays membres en offrant ses avis de politique économique ou, le cas échéant, un financement."

Les pays émergents sont priés de mettre fin à leur inflation, afin "de ne pas déstabiliser les changes". Ce qui signifie que les désordres monétaires en cours sont de la responsabilité des pays victimes pas des mouvements de capitaux erratiques et de la politique des banques centrales et notamment de la FED.  C'était exactement le discours de 1998 où les difficultés dans les pays émergents étaient mises sur le dos du "cronyism" des dirigeants de l'époque.

En revanche, il faut que les pays excédentaires relancent. Ce qui est juste. Mais pourquoi sont-ils excédentaires et qu'a-t-on fait pour empêcher ce mouvement ? Si la coopération est nécessaire pourquoi ne pas l'institutionnaliser ?  Les marchés règnent mais les gouvernements doivent être plus communicants plus transparents. A quoi tout cela rime-t-il ?

Certains observateurs ont parlé d'un changement de ton, de cap et même de logiciel avec l'introduction d'une dose de keynésianisme.

Il faudrait que l'investissement public et privé reparte à la hausse. Mais seulement dans les pays qui ne glissent pas sur la pente de l'inflation  et la lutte contre la déflation ne doit pas passer par plus de dettes…

Où sont les politiques "ambitieuses et réalistes " ?

La vérité du G.20 est ailleurs. Les autorités internationales s'inquiètent de voir se profiler un "triple dip". Le commerce international est à l'arrêt. Les achats de précaution stratégique de la Chine se sont arrêtés. Les crédits internationaux sont encore 40% plus bas qu'avant la crise.  La déflation menace en Europe alors que l'inflation s'est installée dans les pays dépendant des achats chinois. Nous sommes encore et toujours dans la gestion de la panique.

Le FMI s'est trouvé légèrement pris à revers par la découverte d'une erreur de tableur dans les démonstrations sur lesquelles l'institution se fondait pour demander plus d'austérité. Alors elle crie : "vive la croissance".

Les pays "émergents" s'indignent de voir que la politique de la FED a des effets immédiats chez eux. Il fallait les calmer. Ce qui est fait en parlant de croissance.

Le Japon avait inquiété avec sa politique d'intervention directe sur les changes. On lui demande d'être plus coopératif. Qu'au moins il prévienne ! Mais s'il prévient, rien ne marchera…

Il n'y a aucune mesure structurelle ni aucun changement d'idéologie. On pare au plus pressé politique. On espère doper le moral des uns et des autres.

Mais personne n'est tenu à rien et les défauts structurels perdurent. 

 

2.Le temps :  "La semaine dernière, le yuan chinois s’est déprécié comme jamais depuis septembre 2011. C’est le cas du moins pour le CNH, ou la version «offshore» de la monnaie qui est échangée à Hongkong, et qui a perdu presque la valeur d’un point de pourcentage face au dollar américain. Parallèlement, le yuan «onshore», ou CNY, la monnaie utilisée en Chine continentale, s’est aussi fortement déprécié, de moins d’un demi pour cent. Cette différence de fluctuation, du fait que l’écart entre CNY et CNH évolue rarement d’une semaine à l’autre, a peut-être été encore davantage perçue.

Qu’est-il en train de se passer? Tout le monde sait que, si les taux journaliers du CNH et du CNY peuvent librement légèrement fluctuer dans des fourchettes étroites, toute évolution plus importante des taux de change est le fruit d’une action tout à fait intentionnelle de la Banque populaire de Chine et du gouvernement chinois.

La réponse semble donc se trouver du côté du massif «carry trade» qui a vu le jour au cours des dernières années et que les autorités chinoises tentent d’éradiquer. Le problème, au vu du fait du large contrôle des capitaux chinois, est qu’il est très difficile pour les opérateurs chinois du continent d’obtenir des fonds en dollars américains pour effectuer un échange. Mais quand la volonté est présente, il existe un moyen. Et ce moyen implique toute une série complexe de transactions financières, dont des garanties stockées dans des entrepôts d’emprunts sur le continent chinois pour des emprunts en dollars américains. Ces marchandises, ayant ensuite fait l’objet de fausses exportations vers Hong­kong, ont été vendues là-bas à des entités offshore qui ont renvoyé les fonds en Chine. De cette façon, ces fonds pouvaient être ainsi détenus en CNY. Ce type d’opération est probablement à l’origine des indications erronées données par les chiffres importants de l’excédent commercial de la Chine ces dernières années.

Cette opération de carry trade contribue à expliquer pourquoi la monnaie chinoise a continué de s’apprécier ces derniers mois (avant son plongeon de la semaine passée), alors même que d’autres monnaies des marchés émergents se dépréciaient massivement. Pour l’instant, le yuan chinois est probablement l’une des devises les plus surévaluées du monde, jusqu’à 30% selon un des analystes de Lombard Street Research".

 

Si vous avez entendu le G.20 dénoncer la surévaluation du Yuan, vous avez gagné.

3. Au final :

- La France est toujours écrasée d'impôts et de prélèvements et aucune économie sérieuse n'a encore été annoncée précisément par M. Hollande ou son gouvernement.  Relance keynésienne en France par l'investissement public, à 100% d'endettement public ? Rions mes Frères !

- La zone Euro ne fait toujours pas l'objet d'une quelconque gestion. La BCE va s'amuser à teststresser les banques systémiques ! C'est poétique et c'est tout.   

- Le monde vit toujours dans le système de change désastreux qui a présidé à la terrible récession dont on peine à sortir.

Le G.20 qui s'était ridiculisé en 2009 en ne proposant que des mesures dérisoires (les bonus, la comptabilité, les agences de notation, les paradis fiscaux et autres babioles), cf nos articles de l'époque, en est toujours à la douce pusillanimité et aux paroles rassurantes "pour faire revenir la confiance".

Pendant ce temps là des écologiques injurient les "vieillards à cheveux blancs qui pensent encore en terme de croissance".

Zeus aveugle ceux qu'ils veut perdre. Il est sacrément efficace !

Mauvaises nouvelles

1. La France voit ses exportations baisser en 2013.

Ce chiffre vient compléter la longue liste des échecs de François Hollande et de son gouvernement de fonctionnaires socialistes éperdus d'idéologie. La perte de compétitivité associée à l'absence de toute réforme, en même temps qu'on assommait d'impôts les producteurs, a réclamé son dû. Il est tragique.

2. Le commerce international est à l'arrêt. Le rebond de croissance du milieu 2013 n'a pas tenu. Le tableau ci-dessous est parlant, quelque soient les réserves que l'on porte à la pertinence du BDI index. Les prix du fret international sont au plus bas.  Il est clair que la pointe d'activité de 2012 a été totalement associée à la politique d'achat de la Chine, en grand danger de perdre ses réserves, et à la spéculation sur les matières premières. L'arrêt de cette politique a fait s'effondrer les marchés de matières premières et a bloqué la croissance des échanges. Il est juste de remarquer que ce phénomène explique aussi en partie la contreperformance de la France en matière d'exportation.

3. La spéculation sur les monnaies et les mouvements erratiques de capitaux à court terme entraînent à nouveau les devises et les économies des pays émergents vers le bas. M. Baverez commet, dans son dernier article, l'erreur de croire que ces mouvements sont sains et sont la traduction des difficultés des pays émergents, alors que ces derniers étaient encensés quelques mois auparavant. C'est l'histoire de 98 qui recommence : la crise était une crise des changes flottants, liées à une double spéculation sur le dollar et la bourse américaine ; on a parlé d'une crise des pays émergents accusés de "cronyism" chronique. Non Monsieur Baverez les mouvements de capitaux à court terme ne correspondent pas à des logiques de fond de l'économie mais à des lubies auto-réalisatrices. Dans un système de liberté totale des mouvements de capitaux à court terme, la recherche spéculative entraîne des mouvements endogènes particulièrement pernicieux. Cela dit, cela n'excuse pas l'Argentine !

4. Le referendum Suisse est un coup de tonnerre pour l'Europe en même temps qu'un mauvais signe pour l'économie Suisse. En souhaitant remplacer la liberté totale de travail et d'installation en Suisse par un système de quotas, la Suisse marque sa mauvaise humeur vis-à-vis de l'Europe qui a largement détruit son système bancaire et compliqué la survie de sa prospérité. Elle rappelle un principe qui nous  est cher : la régulation la meilleure est celle des écluses qui permettent à la fois de faire respecter des principes (l'eau coule) et des contraintes (elle n'emporte pas tout). Toute les agences internationales de l'eau le savent : la coopération et la régulation sont la seule méthode pour ne pas entrer en guerre le long du bassin. Maintenant tout est affaire de raison : il appartiendra aux Suisses de se montrer sages dans la manœuvres de l'écluse. Viviane Redding, l'épouvantable abrutie, qui est Commissaire  européen depuis trop longtemps et qui ne rate jamais une occasion de se taire, vient de menacer la Suisse de représailles. Cette posture est grotesque. Le PPE s'honorerait à n'en point faire sa candidate au poste de Commissaire Européen. Dans la phase délicate qui s'ouvre les excitées et les fanatiques sont à remiser dans un coin sombre.  La Suisse finira par entrer dans l'Union Européenne et même dans la zone Euro mais il faut pour cela qu'elles se réforment. Il nous faut plus de réformes sensées en Europe et moins de fédérolâtrie agressive.  

 

5. Le système bancaire européen sortira-t-il intact des stress tests organisés par la BCE ? Certains annoncent déjà que différentes banques allemandes seront en difficultés et qu'au final plusieurs banques européennes ne passeront pas le cap. Il est clair que le système bancaire des pays excédentaires est obligé de replacer les excédents quelque part et qu'il le fait généralement à risque. On se rappelle que les Landesbank avaient utilisé leur dotation de privatisation essentiellement en subprimes, l'affaire se cumulant avec la précédente pour rendre extrêmement vulnérable le système bancaire allemand. La Deutsche Bank semble pour sa part se faire une spécialité des coups douteux.  L'Allemagne se trouve donc en première ligne.  Rappelons tout de même que lorsque les en-cours globaux de dettes représentent plus de 4 fois le PIB, la "résistance" du système bancaire est illusoire. Le remboursement et l'amortissement d'un tel niveau de dettes est impossible.

Les stress tests seront donc une fois de plus de la poésie pure. Tout le jeu est de faire rouler la boule jusqu'à ce qu'elle diminue de taille. Pas de l'arrêter.

6. L'apprentissage aura été en forte baisse en France, du fait d'une part de la conjoncture et d'autre part d'une baisse drastique des financements (près de 20%) associée au dégoût traditionnel des socialistes pour les formations non intellectuelles. Pour eux : mieux vaut faire traîner des élèves incapables de lire et écrire dans le système classique  jusqu'à ce qu'ils décrochent définitivement d'eux-mêmes et se mettent à traîner. Argument imparable du bobo : est-ce que tu mettrais ton enfant dans le circuit d'apprentissage ? Non Alors ?  Le résultat est la baisse perpétuelle du niveau de l'enseignement et la sortie chaque année depuis la loi Haby de dizaines de milliers d'enfants du système scolaire sans aucune formation utile.

On aboutit à cette situation où la moitié de la population est à la charge de l'autre.  Pendant ce temps là l'urgence gouvernementale est à manipuler l'enseignement en maternelle pour que les petites filles puissent être des petits garçons comme les autres !  On ne veut pas que la moitié de la population soit à la charge de l'autre, sur la base du genre,  comme dans l'ancien régime de la famille traditionnelle.  Certains trouveront le paradoxe amusant.

6. Le revenu par tête a encore baissé en France en 2013.

Au total rappelons nos suggestions constantes depuis 5 ans :

Il faut mettre fin  aux changes flottants et à la liberté totale des mouvements de capitaux à court terme.  On voit qu'après avoir provoqué une crise gigantesque, le système persiste à exercer ses effets pervers et compromet les chances d'une sortie de crise réussie.

Il faut une gestion effective et quotidienne de la zone Euro avec des écluses intelligentes sur les mouvements de capitaux, de biens et de personnes.

La France doit sortir de sa folie anti-bourgeoise, anti-entreprise et antiéconomique qui se traduit par une dépense publique délirante, la dette et les impôts qui vont avec,  et une désocialisation rampante mais généralisée.

Il est intéressant de constater que si les dirigeants actuels paradent autour du Pacte de responsabilité, censé marquer leur virage vers plus de réalisme, aucun n'a donné la moindre indication sur la source des économies de 50 milliards d'Euros annoncées par le Président. Le temps passe ! En revanche on n'a jamais fait autant de chaleur autour de sujets sociétaux ou idéologiques de bas niveau.  

A force de faire l'inverse du nécessaire, on ne sort pas de la crise. A force de préférer la chaleur à la lumière on reste dans la sottise asphyxiante.



Le coût économique en Occident du socialisme violent

Pendant 75 ans  une partie des Terriens s'est occupée principalement de faire naître un "homme nouveau", échappant à la triple détermination dénoncée par Marx comme source de tous les conflits : la nationalité, la religion et la propriété. Cette utopie a été la plus tragique de toute l'histoire de l'humanité avec des milliards de vies gâchées par la pauvreté et le dénuement moral, des centaines de vies mutilées par la répression (spoliations, prisons, déportations, pertes de parents, etc.), et entre 100 et 150 millions de morts, dont près de la moitié dans des famines effroyables, la plupart du temps provoquées en toute connaissance de cause, qui ont touché hommes, femmes et enfants de façon indiscriminée.

Rien n'a poussé dans cette énorme flaque de sang.  Le système s'est effondré sur lui même et a disparu, détruit de l'intérieur  par les "socialistes réalisés de la seconde génération". RIP !

Une des questions qui n'est jamais posée est celle de savoir combien cette détestable expérience a coûté aux autres nations qui ont réussi à échapper, parfois de peu,  à cette malédiction.

Quel est l'effet du commerce international sur la croissance et celui de son absence sur de longues périodes ? En maintenant des millions d'êtres humains dans un niveau de pauvreté et de dénuement presque total, le socialisme a considérablement freiné, non seulement la production et la consommation intérieures mais aussi les possibilités d'importation et d'exportation des pays libres. Si la théorie qui veut que la croissance soit tirée par les échanges est vraie, et elle fonde aujourd'hui toute la mondialisation, cette asphyxie des échanges a nécessairement eu un effet sur la richesse globale.

- De combien la croissance européenne aurait-elle été accélérée si les pays de l'Est et la Russie avaient pu suivre la même courbe de développement que les pays européens occidentaux au sortir de la guerre de quatorze? 

- De combien la croissance mondiale aurait-elle été accélérée si la Chine et les autres pays de l'orient communistes avaient suivi la courbe de développement du Japon et des autres "tigres asiatiques" ?

- Que nous coûte aujourd'hui la brusque irruption de tous ces pays dans le concert des nations commerçantes et qu'est-ce que cela peut nous rapporter ?

Il est curieux que ces graves interrogations ne fassent jamais l'objet de la moindre investigation directe tant le manque à gagner pour l'humanité a été gigantesque et tant les difficultés résultantes restent fortes.

Les théories économiques portant sur les relations monétaires ou économiques internationales sont quasiment les premières à avoir été abordées par la réflexion économique et pourtant ce sont les parents pauvres aujourd'hui d'une discipline qui a réussi à approfondir beaucoup de concepts dans un cadre national sans parvenir à les étendre de façon convaincante à l'international. Cela se voit dans les niveaux de l'enseignement aussi bien en France qu'à l'étranger. Depuis 1960 tout ce qui concerne l'international dans l'enseignement est aussi nul que controuvé, le tout étant parfois enveloppé dans un vocabulaire abscons pour masquer le délabrement général.

L'échange per se ne crée aucune richesse puisque les valeurs qui s'échangent sont par définition de valeur identique : la désutilité marginale pour le vendeur équivaut à l'utilité marginale pour l'acheteur. Le commerce n'est utile à la valeur que parce qu'il est l'intermédiaire entre production et consommation. Comme la monnaie, qui en est le lubrificateur presqu'obligé, le commerce est un adjuvant. La théorie des adjuvants n'est jamais la plus fouillée.

La théorie du commerce international est presqu'entièrement fondée sur l'avantage comparatif et la spécialisation mis en avant par Ricardo.  En mettant sur le marché leurs avantages compétitifs les pays créeraient une richesse supérieure. Spécialisés, ils optimiseraient leur capacités de production et donc la richesse générale.

Dans la pratique les choses ne se passent pas exactement comme cela. Les marchés nationaux sont largement homothétiques, ou fractals, comme on voudra et non pas spécialisés. Dans un système de libertés économiques, l'imitation et la réplication sont des forces beaucoup plus actives que la spécialisation. Les pays passent par des niveaux de développement à peu près similaires, avec des effets de rattrapage. Les rattrapages permettent des croissances rapides. Lorsqu'ils faut trouver les chemins de la productivité par l'innovation, l'itinéraire est plus tortueux. L'innovation se produit par bouffées.

Le commerce international ne fait que très marginalement le jeu des spécialisations. En vérité il crée des effets de taille  et des contagions.  Le premier pays qui a réussi à atteindre un certain seuil d'organisation productive tire les autres.  La liberté permet à l'innovation de circuler.  Le libre échange est d'abord la libre circulation de l'innovation et de la productivité. C'est par ce biais qu'il contribue à la croissance. Et cette contribution est cruciale. Les remises en causes du libre échange sont justement condamnées car elles condamnent la productivité, l'innovation et le passage d'un niveau économique à un autre.

L'expérience socialiste violente et conséquente de 75 ans a bloqué la diffusion de l'innovation et de la productivité.

Son effet, notamment en Europe, aura été de freiner l'expansion potentielles des entreprises qui avaient une prise majeure sur l'innovation.  En utilisant le différentiel de niveau de vie, donc de consommation, donc de production, donc d'importation, on peut chiffrer le manque à gagner des entreprises de l'Ouest à près de 100%, rien qu'avec son plateau économique oriental.  Ce manque à gagner pèse extrêmement lourd dans la compétition mondiale actuelle.

On peut convertir le raisonnement sur le revenu induit. Compte tenu de la part moyenne des entreprises exportatrices dans le PIB, le revenu moyen n'aurait pas été le double de ce qu'il est. Mais l'effet revenu aurait été tel que le niveau de vie moyen serait supérieur d'un tiers au moins à ce qu'il est aujourd'hui dans l'Europe de l'Ouest.

L'ouverture brutale de ces marchés permet certes aujourd'hui d'énormes rattrapages. Mais l'ampleur des déséquilibres a un coût. On le voit particulièrement avec la Chine qui dispose d'une masse gigantesque de travailleurs disponibles bien que de faible productivité et qui de ce fait déforme le chemin vers la croissance global et le rend beaucoup plus âpre.

Le socialisme aura donc eu un coût du fait d'un manque à gagner prolongé de production dans les pays occidentaux et du fait de son effondrement brusque et des phénomènes de déséquilibres qui l'accompagne. Il a été une nuisance économique lors de sa formation, pendant son règne et après son effondrement ! La totale ! Tout cela se chiffre en milliers de milliards d'Euros. La quintette tragique, Marx, Engels, Lénine, Staline et Mao, aura non seulement été la source d'un massacre ahurissant mais elle aura coûté presqu'aussi cher, en Occident,  que les effets des désordres du système monétaire international.

Reste à s'occuper du désordre du système monétaire international !   

Chomage : le pire est arrivé. Pourquoi ?

Comme prévu tous les indicateurs de 2013 qui nous arrivent sont catastrophiques. Celui du chômage tourne à la catastrophe incontrôlable.

461.380 chômeurs catégorie A de plus en deux ans.

2.000.000 de chômeurs de longue durée.

Durée au chomage : 555 jours.

Sorties du chômage en emploi : <50%

Près de 5 millions de chômeurs toutes catégories.

L'insee annonce un taux de chômage supérieur à 11% pour l'été 2014.

Nous finirons par avoir les taux d'emploi par classe d'âge. Ils seront catastrophiques. La France est parmi les pays industrialisés comparables le pays qui emploie la plus faible partie de sa population. 

Le blocage interbancaire s'est produit en juillet 2007. La crise ouverte s'est manifestée à la mi-septembre 2008.

La reprise artificielle de 2010 n'était pas durable et a conduit à une rechute sanglante. En système de change flottant les relances budgétaires et monétaires débouchent systèmatiquement sur des échecs :

- Relance Chirac après la crise de 73 aboutit au Plan Barre

- Relance Balladur après la crise de 92 aboutit au Plan Juppé

- Relance Fillon après la crise de 2008 aboutit au plan Fillon-Ayrault de 2012-2013.

A chaque fois on tape les 10% de taux de chômage, on fait grimper la dette et le taux de prélèvements explose.

A chaque fois les résultats sont plus graves : crise plus longue et plus profonde.

Ces crises ne sont pas innocentes : des millions de personnes au chômage, des dizaines de milliers d'entreprises au tapis, des dizaines de millions de personnes appauvries, en France.

Ne pas voir que ces phénomènes sont à analyser dans la longue durée, et non pas comme phénomènes de pure conjoncture est une grave erreur. Les gesticulations politiques sont un épiphénomène, même si, dans le cas Hollande, on ne comprend pas bien le prurit injurieux qui a marqué les premiers 18 mois de son mandat, pour aboutir à un revirement presque complet. 

Les graves quesstions économiques restent toujours :

- Pourquoi le trend est-il constamment ralenti ?

- Pourquoi les crises décennales sont-elles toujours plus violentes ?

- Pourquoi voudrait-on que cette évolution tragique change quand aucun dirigeant d'institutions nationales ou internationales ne cherchent à avancer d'explication de ces deux phénomènes ? 

Malgré tous le mépris affiché par certains sur la croissance et les relations à caractère économique d'une façon générale, la décroissance est un malheur certain qui touche des millions de foyers. Ces épreuves sont réelles pas virtuelles.On peut parler pour la France d'une tragédie nationale.

Rappelons que pour nous les trois causes de la situation sont :

- Pour le monde, un système monétaire défaillant qui permet des déficits et des excédents mosntrueux qui poussent à un gonflement démesuré de la dette globale ; la masse de ettes aventurées expliquent la sévérité des crises et la mollesse de laz croissance globale.

- Pour la zone Euro, un système de monnaie unique sans pilote ni cabine de pilotage est un non sens qui implique que tous les ajustements se fassent par la déflation et la récession.

- Pour la France, la préférence hystérique pour l'impôt et la dépense  pubique la rende plus vulnérable et provoque un chômage de masse et cette situation folle et incontrôlable d'un état qui consomme plus que ce que produisent les entreprises (de plus d'une peersonne et du secteur commercial) et qui a fini par créer une situation intolérable où la moitié de la population vit au crochet de l'autre et où la dette publique risque de dépasser rapidement 100%du PIB officiel et 200% de la valeur ajoutée des entreprises.

L' absence de toute réforme du système monétaire international, le renforcement de la gestion par la norme en Europe et la bouffée de folie fiscale supplémentaire française expliquent que la crise perdure et prend, pour la France, la forme d'une déchéance sociale aussi profonde.

Dépenses publiques : les cinq non-dits

On pourrait penser que tout a été dit et redit sur la dépense publique, son mode de formation, les méthodes pour la maîtriser et le champ d'application des réductions. Il n'en est rien. Si la dépense augmente sans cesse au point de représenter l'équivalent de la valeur ajoutée des entreprises, situation absurde et dangereuse s'il en est, qui pousse en permanence à une spoliation fiscale exacerbée et sans issue, c'est bien parce que son mode de formation n'est pas réellement compris. Pas de diagnostic sur les causes, pas de thérapeutique efficace.

Comme dans d'autres domaines, c'est à la source qu'il faut réduire les dérapages. Considérer que la démocratie pousse les élus au n'importe quoi et que la démagogie est la seule cause de toutes les glissades  n'est pas nécessairement faux, mais l'idée est peu opérationnelle. On ne voit pas ce qui changerait la psychologie des élus ! Le péché originel peut être aussi mis en cause. Mais que faire ?

Depuis le premier livre d'alerte de Bloch-Morhange (La révolte des contribuables la fiscalité sous Mitterrand, Editeur : ALBATROS; Le Figaro (1983)), des centaines d'ouvrages ont tenté de cerner les causes de la dérive des dépenses publiques et ont proposé des solutions. Tous sont excellents, parfaitement documentés, rationnels. Et pourtant rien n'y fait. Cela grimpe sans fin.

N'y aurait-il pas quelques mécanismes sournois dont l'action ne serait pas bien perçue (ou négligée) et qu'il conviendrait de bien comprendre pour les mieux maîtriser ?

Nous en voyons  cinq.

L'effet conjoint du  trend et de la progressivité

L'effet complémentaire  du cycle  

L'effet de la financiarisation outrancière

Le goût pour les fausses gratuités

La confusion du pouvoir politique et du pouvoir administratif

Faute de s'attaquer à ces cinq causes, si possible en même temps, on n'aboutit à rien, comme l'échec de la RGPP et de son succédané "hollandais", la MAP,  l'a montré. On sait que le Président de la République  actuel a réussi, depuis 2006, l'exploit d'exalter l'esprit d'économie, sans en mettre en œuvre aucune, malgré des objectifs sans cesse revus à la hausse. A la dernière conférence de presse c'est 50 milliards d'Euros d'économie sur la dépense publique à trouver …d'ici 2017, qui ont été jetés à la crédulité de l'opinion,  alors qu'ils avaient déjà été annoncés aux autorités européennes il y a plusieurs mois.

Rappelons qu'à fin 2017 la dépense publique cumulée depuis janvier 2014 aura été de l'ordre de 5.000 milliards. S'il s'agit d'éviter 50 milliards en cumulé, cela fait 1% d'économie. Si on parle en glissement,  on aboutit à 100 milliards, soit 2%.  Grandiose ! Et il faut parler de "véritable révolution", "d'effort jamais vu" ou de "retour du complexe de Zorro" pour arriver à une résultat aussi minable !

Examinons les forces favorables à l'expansion de la dépense publique que nous sous-estimons généralement dans le débat français.

La croissance à long terme, qu'on appelle le trend, est une réalité. Au dix-neuvième siècle la croissance était d'environ 1% par an. Au XXème siècle, en dépit des deux guerres et de la crise de 1929, on a été plus près de 3.5%, même si les résultats des études divergent en fonction du champ de l'observation choisi.  3.5% représente à peu près  un doublement de la richesse en 20 ans.  Cette réalité se télescope avec  un fait majeur, notamment en France : l'impôt est progressif. La conséquence est simple : la croissance implique automatiquement, sans aucune décision de personne, une croissance plus rapide des recettes fiscales. La part de la recette publique croit constamment dans le PIB. On peut s'interroger sur ce phénomène : une mesure dite "de justice fiscale", statique ou instantanée comme on voudra,  a-t-elle pour but de transférer toujours plus de richesses vers l'Etat ? 

Notons qu'il suffit qu'un seul impôt soit progressif pour que la masse globale des prélèvements le soit. En France, nous avons multiplié les impôts progressifs : l'Impôt sur le revenu est violemment progressif. L'ISF est fortement progressif. La TVA elle-même est progressive puisqu'une part croissante de la consommation change de catégorie avec le développement de la richesse globale. En un mot, la part des produits dits "de première nécessité" diminue constamment en fonction de la croissance. Le résultat est une imposition nettement progressive qui "prend l'ascenseur quand le PIB prend l'escalier". D'une année sur l'autre, le mouvement est presqu'imperceptible, mais dans la durée, la capture par l'Etat d'une part croissante de la richesse supplémentaire produite devient majeure.

Ce n'est pas propre à la France. Tous les pays à fiscalité progressive sont dans cette situation. Beaucoup ont compris qu'il fallait "rendre au contribuable" la sur-rente provoquée par la progressivité. Les ressources de l'Etat doivent être proportionnelles au PIB et non pas progressives. L'effet de la progressivité doit resté cantonné à un arbitrage fiscal entre riches et pauvres plutôt que d'alimenter perpétuellement en hausse le moloch étatique.     

Cette idée est totalement absente en France où on considère que toute plus value fiscale est bonne à dépenser. C'est même très commode de le faire puisqu'il n'y a pas à changer les taux d'imposition et que l'argent est rentré tout seul. La procédure budgétaire institutionnalise la prise en compte de la rente de progressivité puisqu'on définit arbitrairement un chiffre de croissance, généralement surévalué, qui implique une hausse plus rapide des recettes que la croissance du PIB, et qu'on ajuste les dépenses aux recettes.

La seule solution : constitutionnaliser le fait que la progressivité ne doit pas servir à accroître le revenu de l'Etat et que les excédents doivent être rendus sous une forme ou une autre. On notera que depuis que la réduction de la dépense publique est en débat, cette déviance de la progressivité n'est jamais évoquée et ne fait l'objet d'aucune suggestion dans aucun parti.

L'effet complémentaire du cycle est évident. Le trend n'est pas constant. La conjoncture connait des phases molles et des phases d'accélération brutale. Lors de ces dernières la progressivité joue à plein. On voit alors le rendement de l'IR dépasser 7%, comme sous Rocard, rythme d'un quasi doublement en dix ans (et pas 20 comme le PIB). Des flots d'argent coulent dans les caisses. La tradition française est, pour le gouvernement, de tout dépenser de la manne en question.  

Le phénomène a pris un tour tangible pour l'opinion avec l'affaire de la cagnotte, à la fin du siècle dernier : après le coup de massue fiscale de Juppé, les socialistes arrivés au pouvoir de façon impromptue à cause d'une erreur politique majeure de J. Chirac, aggravent sans raison la fiscalité. Le cumul des deux hausses entraînent un afflux massif d'argent lors de la phase haute de la conjoncture mondiale à partir de 1997. Au lieu de rendre la plus value fiscale aux Français, DSK annonce que le taux d'imposition baissera avec la croissance qui diluera la cagnotte, c'est-à-dire énonce une énorme sottise, puisque l'impôt est globalement progressif et s'accroit avec la croissance !  Dire n'importe quoi n'a pas entaché sa réputation de grand économiste !

Un dernier aspect, lui aussi sous-jacent, automatique et donc mal perçu par l'opinion est la conséquence d'une économie de plus en plus financiarisée. Comme on l'a mille fois dénoncé ici, la dette globale s'est envolée à partir de 1971 et s'est déconnectée du PIB "réel". Ce n'est plus la valeur ajoutée de l'activité qui a fait la richesse mais les plus values sur la valeur des actifs. Appelons cela les bulles financières. Compte tenu de l'extension des impositions portant sur le capital, les plus values et les transactions sur le capital, les plus values fiscales se sont envolées pendant les phases d'ébriété des marchés. C'est ainsi qu'à Paris le maire a disposé d'énormes ressources liées à l'immobilier qu'il a dépensé sans vergogne ("et je ne m'excuse pas" ! dira Delanoë). Ce ne sont même plus des impositions sur le PIB mais sur la mousse des excès financiers.  Il est évidemment aberrant de financer des dépenses régulières sur l'effet provisoire des bulles financières. D'autant que, lorsqu'elles éclatent, les moins values fiscales deviennent également somptueuses.

Trend, cycle et financiarisation ont pour conséquence obligatoire une hausse constante de la pression fiscale. L'Etat engrange dans les phases hautes et …refusent de limiter la dépense lors des phases basses. Il augmente les impôts pour maintenir la dépense, qui est devenu le revenu d'une partie de la population. C'est le fameux effet de cliquet ("ratchet effect" en anglais).

Ces trois mécanismes dont nous devons rappeler qu'ils sont pratiquement invisibles et peu présents dans les esprits, sont la base même de la croissance des prélèvements, alors que personne n'a pris réellement de décision, sinon celle de se laisser glisser quand tout va bien et de maintenir la dépense quand tout va mal.  

Ces trois mécanismes étant compris, on peut évoquer les deux autres qui sont plus directement associés à des intérêts particuliers qui s'opposent à l'intérêt général.

La perversion de la fausse gratuité est un énorme vecteur de difficulté fiscale.  Nous appelons fausse gratuité le fait de dissocier l'acte de consommation de l'acte de paiement. Il y a bien consommation, donc coût et destruction de biens, mais ce n'est pas celui qui en tire le plaisir ou rassasie tel ou tel besoin, qui paie. La conséquence d'un système de fausse gratuité est toujours un coût exorbitant pour la collectivité.

La gratuité du pain institué par Fidel Castro à Cuba, peu après sa prise de pouvoir, est tout à fait exemplaire des effets pervers multiformes de la gratuité.  Le socialisme se devait de supprimer la faim. Tout le monde aurait du pain. Le pays était assez riche pour fournir du pain à tout le monde. Donc le pain est devenu gratuit. Qu'est-ce qui s'est passé ? En moins de quelques mois on donnait du pain aux cochons.  L'Etat qui achetait les grains et payait la transformation s'est vu confronté à des besoins de financement toujours croissants. Il a donc taxé le grain et commencé à réprimer les paysans qui, aussitôt, cessèrent de produire. Bientôt on eut des masses de prisonniers et plus de pain. La famine n'était pas loin. Il fallut abandonner la "gratuité" du pain.

Il n'est pas difficile de voir ces mécanismes à l'œuvre avec notre sécurité sociale, la gratuité des transports etc. La santé et les transports ont en France pris une part démesurée  du PIB. Plus personne ne pense même arriver jamais à l'équilibre. Il n'est pas un jour où une bonne âme ne songe à exiger une nouvelle gratuité. On aboutit à des déficits incurables et à un régime presque policier qui décourage tout le monde. Lorsque Madame Touraine explique aux médecins qu'ils doivent gagner, après dix ans d'études, le quart du taux horaire d'un plombier, le phénomène devient évident. La gratuité encourage les consommateurs indélicats et décourage les producteurs. Il faut donc être extrêmement prudent avec la fausse gratuité. L'essentiel des difficultés actuelles de la France vient du caractère devenu quasiment incontrôlable des dépenses dont le paiement est collectivisé. Le mécanisme introduit un effet politique déplorable : une partie de la société devient débiteur de l'autre et chaque partie du corps social entre en conflit avec l'autre.  Il faut naturellement associer à la gratuité totale, les gratuités partielles qui font, par exemple,  que dans le même immeuble certains auront le même appartement à des coûts de location différents. Pas de meilleur système pour engendrer la haine sociale !

Autre mécanisme délétère de grande importance en France : la capture du pouvoir politique par le pouvoir administratif. Il faut évidemment empêcher que les fonctionnaires qui bénéficient de l'argent public, votent leur budget. D'une façon générale il faut empêcher que ceux qui touchent de l'argent de la République votent leur propre rémunération ou leur propre chiffre d'affaire ou la rémunération de leurs collaborateurs.  

Sinon, les lois de Parkinson s'appliquent sans limite. Nous avons donné sur ce blog l'exemple des Frac. Il suffit de voir l'évolution comparée du nombre des agriculteurs et des effectifs du Ministère de l'Agriculture pour comprendre que la loi de Parkinson est une loi d'airain. On peut aussi méditer sur certaines administrations provisoires comme l'Epad, un "machin" qui survit à la disparition de son objet depuis au moins trente ans.

Plus grave encore est l'extension à l'infini du champ d'application des œuvres de l'Administration. Nous avons décrit et condamné ici trop souvent "l'énarchie compassionnelle" pour ne pas avoir à insister. Si les hauts fonctionnaires veulent "arbitrer la société" parce que, seuls,  ils se considèrent comme dépositaires  de l'intérêt général, il n'y a bientôt plus un geste de la vie courante qui ne dépende pas de leur vigilance intéressée. Arbitrer, c'est arroser les conflits d'argent public et créer des postes de fonctionnaires pour tenir l'arrosoir.

Une des difficultés actuelles de la réduction de la dépense publique est qu'il faut à la fois réduire le champ de l'action publique et réduire le coût des acteurs dans chacun des champs. La haute fonction publique qui a mis la main sur le pays ne tient ni à réduire ses prérogatives ni à augmenter la productivité des services, sources d'ennuis syndicaux dommageables pour une carrière sympathique.

Si on ajoute les institutions internationales, l'Europe communautaire, la décentralisation, la pression vers plus d'effectifs et plus de missions devient un enchevêtrement impossible à démêler. On ne peut pas réduire le mille-feuilles administratif avec les personnes mêmes qui en profitent.

On voit bien que le Parlement français est actuellement pour l'essentiel constitué d'élus qui dépendent quasiment tous, pour leur carrière,  de la dépense publique. Ne parlons pas du gouvernement actuel qui est presque pire, de ce point de vue, que le gouvernement Jospin.

Lorsqu'on laisse la politique économique de la France entre les mains d'un professeur d'allemand,  (qui le parle comme une vache espagnole) qui n'a pratiquement pas exercé (heureusement !)  et d'un prof de maths, M. Eckert, qui n'est toujours pas revenu d'avoir eu un diplôme universitaire avant de se lancer dans la politique, on est sûr que cela va être glorieux et parfaitement utile à la société et aux entreprises…

On voit que les mesures à prendre ne sont pas simples et qu'elles ne pourront l'être qu'après des ajustements institutionnels profonds.

Les règles constitutionnelles suivantes sont à créer :

- Nul ne peut être élu dans une assemblée qui vote sa rémunération

- Nul ne peut toucher deux rémunérations de l'Etat ou d'institutions dépendant de l'état pour son financement.

- Les dépenses budgétaires ne peuvent excéder le budget de l'année précédente augmenté du taux de croissance constaté, sauf vote à la majorité de 66% des membres du Parlement, et pour un temps limité.

- Les bonis de recettes fiscales doivent être restitués aux Français et ne peuvent être utilisés pour accroître la dépense publique.

Une fois ce cadre mis en place les recettes détaillées dans les milliers de livres qui suggèrent des réduction de dépense auront une chance d'être mises en œuvre.

Certains diront : encore des mesures institutionnelles alors qu'il aurait suffi d'un peu de vertu associée à un peu de courage ! D'autres ajouterons : les marchés sont impitoyables avec les démagogues. Laissons les faire !

Soixante années d'expérience démontrent bien que si on ne rectifie pas les institutions, tout continuera comme avant, quelque soit la supervision des Commissaires européens et la puissance des marchés.   Ce qu'on appellera "réduction de la dépense" sera seulement une réduction des allocations publiques pour les populations sans pouvoir de nuisance politique. Alors que la priorité absolue et immédiate est de ramener de 25 à 20% du PIB le coût de l'appareil d'Etat, en restituant ces 5% à l'entreprise.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile.

500.000 lectures sur ce blog

Nous avons créé ce blog en juin 2008, parce que nous étions lassés de voir que nos commentaires sur les forums principaux, notamment celui du Monde, étaient régulièrement purgés, ce qui rendait impossible ce à quoi nous tenions par-dessus tout : mettre les faits de notre côté alors qu'ils nous donnaient raison dans la durée.

Depuis 2006, sur ces forums et dans nos bulletins de conjoncture, nous annoncions l'arrivée d'une crise très sévère sur la base d'un raisonnement très simple : le cycle impose, tous les huit à dix ans, une crise qui est alternativement molle et sévère. Depuis l'abandon des disciplines de Bretton-Woods et l'installation d'un système de changes flottants, les crises ont tendance à être constamment plus fortes du fait du gonflement global de l'endettement. Avec des taux d'endettement supérieurs à 400% dans les pays de l'OCDE, taux intenables, les crises de crédit seraient nécessairement plus graves. La crise décennale du début des années 2000 avait été plutôt légère. Nous étions mûrs pour la crise sévère. Il n'était pas difficile d'annoncer, dès 2006,  avec logique et confiance, que nous allions traverser la plus grave crise depuis 1929, et nous avons correctement prévue dès l'été 2007 le déclenchement de la crise ouverte pour l'automne 2008.  

En juin 2008, les journaux s'interrogeaient enfin : allions-nous connaître une récession ? A tous nous avons écrit que "oui, nous allions avoir une récession", et qu'elle serait terrible. Auparavant nous avions écrit au candidat Sarkozy qu'il ne fallait pas annoncer une croissance accélérée pendant son quinquennat car sa mandature serait gâchée par la crise la plus sévère depuis la guerre.

Nous ne pensions pas à une crise de type 1929, mais plutôt à une crise de type 1992-93 aggravée. Ce n'est que si les Etats ne faisaient pas leur travail que nous risquions de voir revenir les années sombres de la décennie 1930.

Notre idée était qu'il fallait intervenir sur les trois causes majeures des difficultés :

- Mondialement, il fallait réformer le système des changes pour restaurer la responsabilité des Etats vis-à-vis de leurs grands déficits ou excédents ce qui impliquait un abandon au moins partiel des changes flottants et de la liberté totale des mouvements de capitaux à court-terme.

- En Europe, il était urgent de créer une instance de gestion de la zone Euro, dans un cadre plus directement démocratique que celui de l'Union Européenne, avec la création d'un poste de Chancelier de l'Union Monétaire, situé à Paris, et  disposant d'un pouvoir d'intervention sur les "trésors" nationaux  et les marchés des changes, en même temps qu'il s'assurerait que les économies locales ne divergent pas trop.

- En France, il fallait réduire le Moloch administratif mis en place depuis des lustres au nom d'une "énarchie compassionnelle" promue et imposée par des hauts fonctionnaires disposant à la fois du contrôle médiatique, du pouvoir bancaire, du pouvoir administratif et du pouvoir politique. Leur étiquette politique n'avait pas de réelle importance. Les alternances n'étant jamais de vraies ruptures, la France avait fini par devenir une société coupée en deux entre les bénéficiaires de rentes publiques et les productifs.

Aucun élément de ce diagnostic n'a été retenu par les responsables politiques, à aucun des trois échelons. Et aucune action dans le sens de nos recommandations n'a été mise en œuvre. Avec au bout du compte, cinq ans de récession ou de stagnation, et de nombreux drames sociaux.

La doctrine des changes flottants de monnaies administratives gérées par des fonctionnaires et  dont la valeur est étalonnée par les marchés reste la doctrine officielle, en dépit de sa responsabilité dans  la survenue et la gravité de la crise.

Les Européistes ont  profité des évènements pour dépouiller les pouvoirs de contrôle des banques anciennement exercés par les Etats membres au profit de la BCE. Etats membres ou Etats démembrés ? Rien n'a été fait pour empêcher la logique dépressive des réajustements intra-européens. Le change de l'Euro reste à la merci des initiatives des autres, sans réaction de l'Europe.  

Les hauts-fonctionnaires se sont appuyés, en France, sur la crise, pour aggraver dramatiquement la fiscalité au point de quasiment tuer le secteur marchand qui a subi seul, comme d'habitude, les conséquences de la récession.

Les résultats globaux, européens et français sont dramatiques.  L'échec des politiques menées n'a conduit à aucune remise en cause des comportements, des idées et des modes d'organisation responsables de la crise.

Pour autant qu'on la comprenne, car elle n'est jamais vraiment explicitée, la pensée des grands dirigeants mondiaux, européens et français est à peu près la suivante :

- Oui il faut un peu plus de coopération dans le monde. Les banquiers centraux se voient. Ils coordonnent leurs politiques en secret. Le G.20 permet des évolutions concertées. Le secret bancaire a été globalement levé. Les banques sont sous tutelle très étroite. Cela suffit pour que l'action des banques centrales soient seules nécessaires et efficaces. Donc ne changeons rien à notre chanson même si les paroles sont un peu décalées par rapport à la musique.

- Oui il faut un peu plus de coopération en Europe. Mais la discipline doit être la source du renouveau. D'où le traité "Merkozy". C'est la Commission qui fera régner un certain ordre dans les finances publiques des uns et des autres. Comme les banques sont ou seront sous tutelle de la Banque centrale, on peut désormais dormir tranquille. Il est parfaitement inutile de changer et de chanson et de musique.

- Oui il faut baisser les prélèvements en France. Les Vœux du Président, en ce début d'année 2014, sont explicites. Il y a trop d'impôts et qui pèsent trop sur les entreprises. La monnaie unique nous a "protégés". Nous n'avons plus à nous préoccuper de la défense de notre monnaie ni même de la défense de nos banques. Tout cela est parti vers les institutions européennes. L'énarchie pourra se perpétuer dans une certaine irresponsabilité pourvu qu'elle respecte grosso-modo le traité. Selon le clan au pouvoir on soulignera "l'efficacité économique" ou "la justice sociale", mais ce sera, comme depuis 1974, la même politique, d'abord "sociétaliste",  pour faire semblant d'exister. Giscard avait commencé ; Hollande a porté l'exercice à des sommets difficilement égalables.  Sur toutes les autres questions, et notamment le contrôle des effets pervers de la libre circulation des hommes, des marchandises et des capitaux, qui est hors de portée des "dirigeants" nationaux, l'action politique se résumera  à de la com' et à la fiscalité.

Autant dire que rien n'a changé, sauf à la marge. Après six  ans de crise sévère qui a vu des dizaines de millions de personnes perdre leur emploi et des centaines de millions d'autres perdre une partie de leur épargne et de leur revenu, avec des pays entiers envoyés au tapis comme la Grèce et le Portugal, le taux d'endettement global des pays de l'OCDE a cessé de grimper mais reste autour de 420% du PIB. C'est un taux intenable. Comme nous l'écrivions, "le hanneton pousse sa boule de crottin mais se fatigue". Ce taux intolérable, pèsera comme d'habitude depuis 1971, sur le taux de croissance (le Trend) et sur la gravité des crises à venir.

Le cycle décennal n'en sera pas supprimé pour autant. Nous entrons aujourd'hui dans la phase "haute" du cycle. Comme nous étions entré dans la phase haute du cycle en 97, après la crise de 92-93, et en 2006 après la crise de 2001. Nous ne nous en apercevons pas car la reprise est très faible et ses taux de croissance associés, ridicules. En 97 la reprise avait été très forte parce que les besoins avaient été comprimés très fortement et que le système avait réagi par une croissance délirante de l'endettement global. En 2006 la reprise avait été médiocre, avec des taux de croissance sinistres en Europe et en France. Nous pensons que le scénario sera plutôt de ce type là, car l'envol du crédit n'est plus possible lorsqu'on traine une dette globale de 420% du PIB. Ceux qui disposent d'avantages compétitifs marqués et les pays en rattrapage,  en profiteront plus que les autres  !

Le Baltic Index marque une reprise du commerce mondial. Cette reprise est encore à un niveau très bas mais l'orientation est sans équivoque.

On va donc vers trois ans de croissance globalement molle avec une atténuation des stigmates de la crise précédente.

Rien n'ayant été réglé sur le fond, ce n'est pas le schéma de 1945 qui va se mettre en place. Rappelons qu'on 1945 l'endettement global était partout supérieur à 400%, sauf aux Etats-Unis qui avaient concentré les créances et les actifs monétaires du monde. En 25 ans, le taux d'endettement avait été réduit à moins de 200%.

Evidemment, pendant cette période, nous n'avions pas de changes flottants mais des changes ajustables mais administrés, avec contrôle par le FMI, sauf pour les Etats-Unis qui faisaient déjà ce qu'ils voulaient et allaient finalement faire sauter le système. Une Europe supranationale gérée par des fonctionnaires non élus n'existait pas, non plus que la monnaie unique.  La France bénéficiait d'un taux de prélèvement global inférieur à 35% du PIB ce qui permettait un dynamisme entrepreneurial réel et sérieux.

Toutes les leçons de cette période ont été oubliées.

Le capitalisme débridé mené par les Etats forts permettra une croissance mondiale faible et déséquilibrée mais réelle, bien que ponctuée de crises graves parfaitement inutiles et évitables. Les doctrines stupides et fausses sur la bonté naturelle des marchés monétaires et financiers resteront inentamées. Gare à ceux qui, dans l'économie officielle, prendraient le risque de s'y attaquer ! Fini les jolies carrières, les postes grassement rémunérés et les récompenses publiques !  

L'Europe continuera son chemin un ton au dessous. A la remorque des autres et sans politique économique extérieure, sa croissance sera faible et ponctuée de crises locales. La bureaucratie européenne ne lâchera rien. Personne n'a le pouvoir de lui faire lâcher prise.  

La France se félicitera de son "trip" à la Péron. On se souvient que cet abruti avait réussi l'exploit de transformer un des pays les plus riches du monde en cauchemar économique. La triste question est de savoir si nous vivrons un péronisme larvé façon Evita ou énervé façon Chavez. Les hauts-fonctionnaires français ne lâcheront rien. Personne n'a le pouvoir de leur faire lâcher prise.  

La reprise, même insignifiante,  gommera toutes les idées de réformes structurelles.

Paradoxalement, la crise n'a pas été assez forte pour que soient remis en cause les Credo  les plus  néfastes, à la différence de ce qui s'est passé après 1929. L'idéologie de base restera la même : "Vive les changes flottants ! Vive l'Europe supranationale ! Vive l'Euro ! Vive l'impôt ! "

Rendez-vous entre 2024 et 2027 pour la prochaine grande crise décennale !  2008-2009 avait été pire que 1992-1993, qui avait été pire que 1973-1974.  Il se peut que la sévérité radicale de ce qui se passera permette enfin un changement des doctrines et des organisations. Souhaitons le pour la fin de carrière de nos enfants, et pour l'avenir de nos petits enfants !  

Mais nous aurions préféré que la pédagogie de la crise actuelle suffise enfin et que les modes d'organisation néfastes soient éliminées avant un autre désastre.  

Nous espérons que ce blog, qui vient d'atteindre le nombre inespéré de 500.000 lectures, permettra aux économistes qui s'intéresseront à la période de découvrir que toute la séquence 2007-2014 était parfaitement prévisible et lisible, qu'elle porte des leçons importantes et qu'il serait bon d'en tirer parti.

Très modestement, nous pensons avoir eu constamment raison, parce qu'à chaque fois, sur toutes les questions clés, nous avons annoncé à l'avance des conséquences qui se sont effectivement développées selon les modalités et dans les délais que nous avions indiqués.

Nous avons voulu fournir des clés d'interprétation que la grande presse et la plupart des publications ou des économistes "autorisées" fuient comme la peste, soit parce qu'ils ne les comprennent pas (analyser les faits est très fatigant), soit parce que l'effort d'explication n'est pas danger pour des carrières ou des financements officiels.

Il est inutile d'avancer une quelconque théorie du complot. Il existe une pensée dominante, informe mais dominante. La crise est d'abord scientifique et intellectuelle avant d'être politique. Les erreurs sont souvent  le fait de "chevaliers du bien" qui n'ont pas compris que l'enfer est pavé des meilleures intentions. 

Oui les libertés économiques sont fondamentales. Mais il faut des écluses et des canaux pour éviter les débordements. Les mouvements de marchandises, de personnes et de capitaux  doivent s'inscrire dans des processus contrôlables. 

Oui l'Union Européenne est une idée généreuse et bien orientée, mais sa construction ne peut pas être fondée sur le démantèlement des Etats européens, et une pratique d'offuscation des peuples qui veut qu'on mette la charrue systématiquement avant les bœufs pour forcer des changements dont les peuples ne sont pas nécessairement friands. Au prix de désordres désastreux. 

Oui la solidarité est nécessaire. Mais aboutir à l'asphyxie économique n'est pas une solution et prendre plus de 100% du revenu d'un citoyen est la mort de l'idée républicaine. 

Il serait agréable de se dire qu'il suffit d'éclairer un camp politique et que sa victoire électorale permettra de passer de la connaissance à l'action. Le problème est que l'alternance est nécessaire et qu'il faut que les partis de gouvernement se convainquent, aussi bien l'un que l'autre, des remises en cause nécessaires. La pensée a fui aussi bien l'UMP que le PS.  L'idée d'intérêt général s'est évaporée. Les carrières politiques  sont devenues des affaires de  clans appuyés sur des hommes de communication exaltant des postures et manipulant de l'opinion.

Le "sociétalisme" et les chasses à l'homme, pas plus que le "complexe de Zorro",  ne font une politique.  

Ce qui est vrai pour les élections présidentielles le reste pour les élections locales.

On le verra lors des prochaines élections municipales. Lors des dernières à Paris, la campagne avait parlé de tout …sauf de Paris. Il est facile de prévoir que le "débat" portera sur ces questions fondamentales : "NKM fait-elle trop la sucrée ?", à gauche, et "Hidalgo n'est-elle pas une ex-inspectrice du travail qui a choisi de se sucrer", à droite. Attention les diabétiques ! Le tout sur fond de boboïsme militant et d'affaire Dieudonné. Passionnant !

L'Europe n'est plus, et depuis longtemps, un foyer de réflexion transnationale permettant de dépasser les clivages politiciens. Le budget spécifiquement européen qui intéresse vraiment les européistes est celui de la propagande. Tenir l'opinion tout en exploitant les occasions  pour arracher quelques pouvoirs aux Nations, voilà l'obsession. Quel intérêt pour les peuples ? Les élections européennes sont le plus souvent l'occasion de régler des comptes politiques nationaux, sur fond d'abstention record. Personne ne parle du bilan de la précédente législature et n'a la moindre idée du programme de la prochaine. La double question de l'organisation technique de la zone Euro et de la démocratie européenne devrait être au cœur des débats électoraux. Gageons qu'il n'en sera rien et que tout tournera autour de la question de savoir quel parti est le premier en France.

Quant aux cercles de discussion mondialisés, il sont entièrement dominés par les Etats-Unis d'un côté et de l'autre par les groupes de pression, sur le mode ONG, qui défendent leurs prés-carrés dans la mouvance des financements de l'ONU et/ou des lobbies.  Introduire de la lumière dans ces sources de chaleur intenses mais intéressées est quasiment impossible. Il n'y a plus aucune réflexion économique collective désintéressée.

Alors que réflexion collective et coopération rationnelle seront toujours les mots-clés d'une humanité supérieure.

La crise économique que nous avons annoncée et que nous commentons depuis cinq ans et quelques mois est le témoin le plus direct de l'échec d'une approche mondiale non coopérative fondée sur des intérêts mal compris et laissant de côté toute observation économique un peu savante, pour se satisfaire du statu quo pervers que des idéologies molles ou infondées mais politiquement pratiques, appuyant des relations de force, ont créé depuis 1971.  L'ineptie d'une telle démission morale, intellectuelle et politique est masquée par un activisme déplacé sur tout ce qui est facile, dérisoire et insignifiant.   

Tout reste à faire.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.



RSA : la double escroquerie

Nous avons dénoncé sur ce blog, et cela dès sa création, l'erreur qu'était la création du RSA. Il n'y avait strictement aucune chance que ce système marche. Nicolas Sarkozy voulait une mesure sociale phare "de gauche", pilotée par un "homme de gauche" pour assurer sa réélection. Il avait recruté pour se faire une nullité ambitieuse, Martin Hirsch.  Ce dernier ne ménagera pas sa peine pour faire passer une mesure qui est en fait une double escroquerie.

La première escroquerie est fiscale. Pour financer le RSA, il fallait des recettes nouvelles. On a donc taxé un peu plus le revenu de l'épargne des Français. Les chiffres annoncés : 2.5 MdE. Dans la pratique la recette récurrente est de 6.5 MdE.  Comme d'habitude on a menti aux Français en minorant les conséquences d'un impôt nouveau. Et les dépenses effectives du RSA ne dépassent pas 1.5MdE. C'est l'histoire de la vignette pour les vieux qui recommence. L'argent est parti ailleurs.  

Deuxième escroquerie : celle qui a consisté à annoncer qu'on sortirait de la pauvreté 2 millions de personnes (propos tenus mille fois par Martin Hirsch). En fait on a presque doublé le nombre de personnes indemnisées. Actuellement on en est à 2.2 millions de personnes. RTL ce matin, interrogeait les intéressés : tous étaient au RSA depuis 3 ans ! Les statistiques évoquées parlent de 8% de sortie du RSA sans qu'on sache exactement les causes de ses sorties.

Tout cela était inscrit dans le code génétique de cette mesure politicienne faussement généreuse. Nous l'avons dénoncée dès le départ parce que les lacunes étaient manifestes. S'agissant d'une "mesure généreuse" les médias applaudissent, par principe, au départ et se taisent jusqu'à ce qu'un nouveau projet soit proposé quelques années ou décennies plus tard. Alors on se déchaîne sur les anciennes modalités pour justifier le changement.  

La radio cite ce matin deux  critiques …que nous retrouvons identiquement dans notre papier de l'époque.

- Il y a trop d'avantages connexes attachés au statut de RMiste ou de RSastre pour en sortir facilement. Nous ajoutions : c'est tellement difficile d'arriver à tout obtenir qu'une fois qu'on y a réussi, on ne va pas tout remettre en cause pour…gagner moins, de façon précaire, avec l'angoisse de recommencer tout le processus dans quelques semaines. RTL évalue l' avantage connexe entre 1.500 et 2.500 Euros par an, en  sus des indemnités du RSA.  La mendicité, le travail au noir et diverses activités délictueuses permettent éventuellement de compléter le tout (toutes les prostituées de la rue Saint Denis étaient au RMI à peine un an après la création de la chose par Rocard…).  

- Lorsqu'une crise décennale dure se profile, on sait que le nombre des indemnitaires va augmenter massivement. Lorsqu'on est sage, on s'arrange pour faire face à l'afflux et on ne s'occupe pas de revaloriser les rentes de ceux qui, déjà, ne travaillent pas.   

En fait, sous le couvert de bons sentiments, alors que l'ambition était politicienne chez Sarkozy (moi Président de gauche,  vous vous rendez compte !)  et carriériste chez Hirsch (moi, Ministre, vous vous rendez compte !),  on a enfermé des populations dans l'assistanat de longue durée, qui était déjà le défaut majeur du RMI, dont le "I" (pour insertion) a toujours été quasiment inexistant.

Rappelons que toutes les politiques de charité sont excellentes lorsqu'elles sont :

- Provisoires : elles aident à passer un cap difficile

- Ciblées : tout le monde ne mérite pas d'être aidé

- Assorties de conditions : la personne aidée doit y mettre du sien

- Modulées pour tenir compte de l'état de la conjoncture : les périodes de vaches grasses ne sont pas les périodes de vaches maigres.

- Différenciées en fonction des populations concernées : on ne doit pas traiter de la même façon des populations dont "l'employabilité" est très différente.

- Unifiées et globalisées : toutes les aides doivent être accessibles au même guichet avec une possibilité d'offrir le jeu le plus adéquat, dans le cadre d'un budget global.

- Décentralisées : les commissions d'attribution et de suivi doivent coller au terrain et connaître la clientèle.

- Transparentes : tout le monde doit pouvoir savoir ce qui a été accordé à qui.

- Contrôlées : les abus doivent être durement sanctionnés.

Sinon, on ne fait qu'affirmer un droit à vivre aux crochets des autres indéfiniment.

Il est à noter que F. Hollande ("Moi Président"… et je n'en suis toujours pas revenu !") a repris exactement le même schéma en créant la "garantie jeune" qui permet de rester désormais dans l'assistanat pendant toute sa vie.

"Plus ça change plus c'est la même chose" avait déjà  remarqué Jean-Baptiste Alphonse Karr il y a un siècle et demi . La démagogie parlementaire dénoncée du temps de la Troisième et de la Quatrième République est passée à l'échelon présidentiel, la réduction à 5 ans du mandat, confortant cette tendance.

Le Français, né malin et charitable, est content mais cocu, qu'il soit payeur ou bénéficiaire.

2013 : l'« annus hollandibilis »

Comme il était prévisible, l’année 2013 aura été, en France,  un complet désastre économique. Sur absolument tous les critères, on constate une aggravation.

Nous serons à très court terme, si nous ne le sommes pas déjà (les rectifications statistiques prennent souvent jusqu’à deux ans !), à près de 11% de chômeurs et de 100% de dettes publiques par rapport au PIB. La compétitivité française n’a pas été restaurée, stimulant les déficits extérieurs. L’investissement productif est au plus bas, la fuite des actifs au plus haut. La trésorerie des entreprises est quasiment inexistante, et les faillites ont explosé. Les grandes entreprises ont multiplié les licenciements collectifs, éliminant jusqu’à 4% des postes de travail.  Des secteurs économiques entiers sont sinistrés, avec des chutes de chiffres d’affaires  allant jusqu’à 30%.  Le revenu par tête a baissé.

Cette catastrophe prend tout son relief lorsqu’on compare cette macabre évolution avec celle des autres pays comparables de l’OCDE, où la tendance à la reprise est affirmée et où le chômage est repassé souvent sous la barre des 7%.  Les Etats-Unis ont connu une forte croissance.

Bref, dans une Europe qui est à la traîne du reste du monde, la France décroche.

Les prévisions 2014 sont dans la continuité : un décrochage aggravé. 

On peut expliquer ce mauvais résultat par les obligations dépressives du traité Merkel-Sarkozy, qui impose de revenir rapidement dans les règles de Maastricht au prix de sanctions aggravées et qui a donné à la Commission des pouvoirs de coercition nouveaux et difficiles à éluder. Quel que soit le clan au pouvoir, il aurait  bien fallu  respecter la parole donnée.

Par calcul politique, François hollande a tenu à prendre une posture hostile jusqu’à la vindicte aux 10% de la population qui forme le socle économique de la nation.  La tradition républicaine veut qu’on sorte collectivement d’un mauvais pas et qu’on n’insulte pas les citoyens. Hollande, appuyé par un gouvernement fantoche et une majorité parlementaire excitée, dont le parangon est M. Eckert, a voulu multiplier les mesures ciblées les plus odieuses. L’impôt a été le vecteur principal de cette vindicte, aboutissant à des prélèvements supérieurs à 100%  pour près de 10.000 Français.

Constamment bloqué par les instances de régulation juridique et notamment le conseil constitutionnel, F. Hollande  a voulu prouvé sa détermination hargneuse en contournant les jugements pour faire le tort qu’il souhaitait aux catégories ciblées. Il fallait que quelqu’un paie pour les 75% d’imposition promis aux hauts salaires. Réintégrer les plus-values latentes des contrats d’assurance vie dans les revenus à prendre en compte dans le plafonnement obligé de l’ISF est contraire à tous les principes, l’argent étant non disponible. Les juges ont sanctionné la mesure.  La vengeance est en cours d’élaboration.  La fiscalité est la kalachnikov de ces pseudos révolutionnaires qui sont de vrais populistes sectaires. François Hollande ne fait que suivre l’exemple de B. Delanoë le maire de Paris qui a doublé les impositions sur le capital en affirmant « et je ne m’excuse pas ».

Cette violence verbale et fiscale a bloqué le pays. Elle a compromis l’efficacité même des mesures d’austérité prises.

L’augmentation des impôts n’a pas eu le rendement espéré : il manque près de 10 milliards d’Euros au bout de l’année. L’argent a fui et s’est caché. On peut ruiner les gens une fois. Pas deux.    La trajectoire de réduction des déficits publics, bien orientée après les mesures fiscales déjà concentrées sur la population aisée, mais sans abus ni injures,  prises par l’équipe Sarkozy-Fillon,  a été bloquée.   

Le gros mensonge de l’innocuité de la politique fiscale pour les classes moyennes et populaires a volé en éclats, avec des millions de nouveaux contribuables à l’impôt sur le revenu et les hausses massives de TVA  (passer de 7 à 10% la TVA moyenne est une augmentation de  42,86%, pas de 3%).

Il a bien fallu en passer par là : saquer fiscalement les ménages pour tenter de restaurer la compétitivité des entreprises. Indiscutablement c’était nécessaire. Mais que de temps perdu et surtout, pourquoi avoir choisi des modalités aussi complexes que le CICE ?

La posture politicienne hystérique et l’esprit incroyablement administratif qui ont teinté de façon indélébile l’action du gouvernement, sous l’aiguillon de F. Hollande,  ont été totalement contreproductifs. Elle masque des évolutions certes insuffisantes mais utiles, comme l’assouplissement partiel des relations sociales ou la réforme minimaliste des retraitées du privé (qui n’a évidemment  rien touché aux avantages abusifs des retraites publiques). De même, on peut considérer comme un bon point l’obtention de délais pour revenir dans la norme européenne.

Sachant qu’il était prisonnier des traités, F. Hollande a choisi l’offensive et l’offense pour « tenir » le temps que l’austérité fasse un minimum son effet et que la reprise mondiale tire le pays hors du pire. Il a asphyxié le terrain médiatique avec des réformes sociétales ciblant de prétendues « victimes » du système capitaliste et bourgeois.

Il a donc pris des mesures en faveur :

-          Des Roms (la circulaire Valls)

-          Des homosexuels (en offrant le « mariage » à leurs organisations militantes les plus actives)

-          Des fonctionnaires abusant des arrêts de travail (alors que le jour de carence avait montré son efficacité)

-          Des élèves décrocheurs

-          Des drogués (en leur offrant une salle de shoot)

-          Des  présidents de collectivités locales abusifs

-          Des voleurs condamnés et emprisonnés

-          Des prostitués, « réifiées » par leurs clients

-          …

Ne fallait-il pas « pacifier » une société à domination bourgeoise « victimisant » ses enfants ?

Ce « sociétalisme » offrant à tous les groupes militants des satisfactions concrètes devait masquer la politique d’austérité et permettre la victoire aux municipales, où le PS est dès le départ en situation de force, d’une part en faisant monter le Front national et d’autre part  en s’assurant des clientèles.

En un mot François Hollande a fait de la politique en sachant qu’il n’avait aucune marge dans le domaine économique. L’ennui est qu’il a empoisonné l’esprit public et ses manœuvres politiciennes (imposées de facto sans jamais les justifier par une ligne ou un cap quelconque) ont fini par aggraver la situation économique.  

Le drame, pour la Nation, est que cette inspiration politicienne a fini par faire perdre deux ans au moins à la France. Il se peut qu’on découvre désormais le « nouveau Hollande », celui qui a compris qu’il fallait surtout reconstituer la société productive privée.

Les derniers dix-huit mois ne plaident pas pour une évolution de ce sens. On a concédé des mesures absurdes et dangereuses comme l’augmentation des effectifs publics, le compte « pénibilité » la « gratuité de la vie » entre 20 et 25 ans.  On a choisi de réduire la dépense publique non pas en s’en prenant à l’appareil qui le gère et qui est hypertrophié, mais en supprimant des allocations de façon ciblées. On n’a pas recadré le champ des missions de l’Etat qui s’est développé de façon excessive dans tous les azimuts depuis 50 ans. « L’énarchie compassionnelle » est toujours triomphante.  

Rappelons que pour nous la crise est due à trois causes :

-          Un système monétaire international défectueux. Le silence de F. Hollande a été sur ce sujet tonitruant.

-          Une gestion européenne par la norme qui transfère à des institutions non élues des instruments dont ils ne se servent pas. Où est la politique des changes ? Le silence de F. Hollande a été sur ce sujet tonitruant.

-          Une hypertrophie maladive de la fiscalité française liée à la capture du politique par la haute fonction publique. F. Hollande l’a incroyablement aggravée en la rendant encore plus anti productive.

Alors oui, la dimension proprement « hollandaise » de la gestion économique en 2013 en a fait inutilement une « annus horribilis ».

Il lui reste trois ans pour rectifier le cap. Mais en a-t-il seulement conscience et, si oui,  la volonté personnelle ?

Une gestion purement politique, avec comme seul objectif la réélection, n’est pas ce qu’il faut à la France.  Il est à craindre que l’esprit déplorable de l’élection présidentielle de 2012 persiste. Comment changer des travers qui vous ont fait gagner ?

Mais c’est la France qui perd.

 

 

 

 

 

 

 

Le blocage incompris du marché interbancaire Chinois

Le 8 mars 2009,  nous avions tenté de faire comprendre que la CHINE était plus un problème qu’une solution (voir   http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2009/3/8/Non-la-Chine-ne-nous-sauvera-pas-). A cette époque, dans le désarroi intellectuel général, certains commentateurs « autorisés » avaient repris les inepties de quelques analystes qui pensaient que les réserves chinoises allaient servir à relancer l’économie mondiale.  

Il y aura toujours, en toute époque, et à tout moment, de fins esprits pour croire que l’abondance de liquidité est la garantie d’une reprise rapide de l’activité. La Chine était gorgée de liquidités : la reprise serait là  et se ferait par-là ! En vérité, la Chine, après le Japon, après l’Allemagne, découvrait que l’accumulation d‘actifs en dollars la rendait vulnérable à des pertes abyssales. Elle allait donc gigoter dans tous les sens pour ne pas trop perdre, déstabilisant de nombreux marchés sans permettre de vraies reprises des échanges.

Il ne faut pas confondre panique et commerce.

Aujourd’hui les mêmes analystes restent sans voix : pourquoi le système bancaire chinois, gorgé de liquidité, est-il en grand danger ? Ils n’ont pas la clé d’interprétation d’un phénomène qu’ils ont pourtant devant les yeux depuis 2007, et qu’ils n’ont jamais voulu comprendre.

Alors ils développent les mêmes arguments que lors de la crise appelée à tort « des pays émergents ». On se souvient qu’à l’époque il était de bon ton de critiquer le « cronyism » supposé des systèmes financiers émergents. S’ils étaient en crise, c’était de leur faute et ils n’avaient qu’à mettre de l’ordre dans leur système. En fait la crise de 98 était une crise du dollar dans un environnement de changes flottants et de mouvements de capitaux à court terme totalement libres. Craignant l’Asie et surtout le Japon après le tremblement de terre de kobé, les spéculateurs étaient revenus en masse sur le dollar provoquant une double spéculation sur le dollar et sur la bourse américaine, notamment pour les valeurs technologiques. Rien à voir avec la gouvernance des banques des pays émergents qui seront VICTIMES dans cette affaire et traitées en voyous.

D’où la conclusion de l’article du Monde : « selon les analystes seules de vraies réformes structurelles du système bancaire…avec épuration des créances douteuses  et lutte contre la corruption, permettront d’éloigner vraiment le risque de crise ».

On a envie de demander à Marie Charrel, qui signe l’article, qui sont ces « analystes ».  On sait bien que ce sont les mêmes qu’en 1998 : les analystes des banques anglo-saxonnes en général et des banques américaines en particulier qui prêchent pour leur paroisse.

 

La crise actuelle en Chine est exactement du même type que la crise de 2007 dans les pays de l’OCDE. Le marché interbancaire s’est bloqué, comme en juillet 2007, au moment où les banques ont soudain compris que leurs partenaires étaient vulnérables et que tout prêt était en danger de ne jamais être remboursé. En 2007, après des mois d’incompréhension, la cause avait été trouvée : « ce sont les subprimes » !  Comme nous l’avons rabâché depuis, les « subprimes » ont joué le rôle d’allumettes mais la masse explosive venait d’ailleurs et était ailleurs.  

Notre thèse, reprenant les observations de Jacques Rueff, était que le blocage provenait de la double hélice de crédits qu’avaient permis le système des changes flottants, associés à la liberté totale des mouvements de capitaux.

Si un pays accumule des déficits colossaux, un autre pays accumule des excédents colossaux. Que faire de ces excédents ? La tentation est de les replacer dans le système bancaire du pays déficitaire. La nouvelle liquidité reçue génère une augmentation du crédit dans le pays déficitaire qui le devient de plus en plus. L’augmentation des actifs bancaires dans le pays excédentaire y permet le développement du crédit. L’endettement global ne cesse plus d’augmenter.

Pour les pays de l’OCDE, le taux d’endettement global est passé de moins de 200% à plus de 400%, créant une situation d’explosion, en dépit des purges périodiques provoquées par les crises décennales fortes (73-74, 92-93).

Regardons la réalité chinoise : le Monde du 24 décembre 2013, reprenant les informations du FMI,  la montre dans fard. « Les prêts classiques et les « crédits non traditionnels » s’élèvent aujourd’hui à 200% du PIB contre 130% en 2008 ». L’effet de la double hélice de crédits, en l’absence de toute réforme, continue à s’exercer. L’endettement américain a été soutenu par le « Quantitative Easing » aux Etats-Unis. La Banque de Chine  lâche 300 milliards de Yuan pour éviter le blocage du marché interbancaire Chinois. Le parallélisme est saisissant, même si les faits sont décalés du fait de l’administration stricte de la finance chinoise par les autorités.

La Chine confrontée à la fois aux risques de ses avoirs en dollars et aux effets de la création monétaire induite par les excédents est en difficulté.

Automatiquement en difficulté.

Il ne peut y avoir de surprise.

Les changes flottants sont un système nocif qui n’a jamais marché, ne marche pas et ne marchera jamais. C’est cela que la réflexion devrait commander d’écrire à Marie Charrel. Elle ne le fera pas. Elle tient à sa place. On peut la comprendre.

Mais quel désastre intellectuel !

Quand Mario Draghi joue à Trichet...

Question du JDD de ce dimanche 15 décembre 2013

 

"L'Euro a fortement augmenté face au dollar ? Que faites vous pour le faire baisser et le rendre plus compétitif ?"

 

Réponse de SuperMario :

 

" Je n'ai pas envie de spéculer sur la bonne parité euro-dollar. Nous n'avons pas d'objectif de change. Mais je reconnais qu'un taux de change élevé a des conséquences sur la croissance et sur l'inflation en Europe".

 

Nous revoilà dans la langue de bois qui était l'aspect le plus consternant des discours de M. Trichet.

 

Pour l'observateur, c'est plus qu'une leçon de chose.

 

On vous dit dans la même phrase :

 

- les changes c'est important pour la compétitivité et la croissance. Implicitement cela veut dire que le taux de change de l'Euro est surévalué.

- Mais je ne vais rien faire car ce n'est pas mon objectif statutaire, tout juste une préoccupation si l'inflation revenait. 

Les nations de la zone Euro se sont séparé d'un instrument de gestion de crise. L'Europe en a interdit l'usage et aucune institution n'en a plus la maîtrise.

Pour M. Draghi, c'est le marché libre des changes qui fixe la valeur des monnaies car le flottement des monnaies, c'est bien ! C'est sans doute pour cela que l'Europe de l'Euro a interdit toute possibilité de flexibilité monétaire en son sein !

On accumule les oxymores ou les contradictions : le flottement c'est bien mais l'unicité monétaire aussi !  Le change s'est important mais je ne dois pas m'en occuper. 

Pendant ce temps là le RU a dévalué et s'en tire pas mal ; les Etats-unis ont dévalué et ne s'en tirent pas mal. Le Japon vient de s'y mettre et ce n'est pas mal non plus.

 

Les autres,  ce sont les autres.

 

Combien de temps cette vision calamiteuse va-t-elle  continuer ?

 

Rappelons que la France ne suivra pas docilement l'évolution héllénique ou ou lusitanienne. 

 

Il faut que le noeud gordien qui entraine cette véritable anorexie mentale que l'on constate sur la gestion du change de l'Euro finisse par être tranché.

Qui osera ? 

 

 

 

Désastreuse unanimité !

Règle : un vote unanime au Parlement est toujours une sottise.

Pourquoi ?

Il n’y a pas de pièce qui n’ait son revers. Le « logos » n’est utile que si l’esprit critique fonctionne. Toute mesure génère nécessairement son lot de critiques, de réserves, d’avertissements. Le propre de la raison est d’apporter une lumière partielle. Aucune théorie scientifique, même la plus étayée et la mieux  élaborée,  n’est à l’abri d’une remise en cause.  Alors, une mesure politique…

Quelle est la cause de l’unanimité ?

L’émotion.

Le cœur lie le cerveau et le paralyse. La peur de se « distinguer », de paraître comme une brebis galeuse,  de s’éloigner du groupe des gentils, de la collectivité du « politiquement correct » est le plus sûr moyen de ne pas réfléchir.

Application : l’unanimité pour l’écotaxe.  La pollution, c’est le mal. Les camions, ils ne sont pas sympas. Sauver la planète, quel idéal plus haut ?

Certes les Verts n’ont pas voté le texte mais parce qu’ils étaient plus d’accord que les autres avec la mesure.  Les médias ont mis en scène cette touchante unanimité. Le bien, le beau, le grand, ont dégouliné comme la lave de l’Etna dans la presse après le « Grenelle de l’environnement »  (« faire Grenelle », c’est beau, c’est bon, c’est généreux, c’est social, c’est chou tout plein…, alors que les décisions prises ont été catastrophiques).

Personne n’a rien dit des modalités exactes de la mesure.

-          Qui avait annoncé qu’on passerait un contrat de près d’un milliard d’euros à une firme italienne ? Qui l’a dit quand on l’a fait ?

-          Qui a dit que la maintenance du système couterait entre 30 et 40% des sommes collectées ?

-          Qui a parlé de la floraison de portiques de long des routes ?

-          Qui a parlé de la non-floraison des portiques dans les autoroutes à péages ?

Tout cela, les bons Français n’avaient pas à le savoir. N’y avait-il rien à dire ou à redire ?

Un impôt doit être large dans son assiette, de faible taux,  ne pas être cumulatif et finalement  perturber le moins possible l’économie.  Voilà un impôt étroit dans son assiette, lourd, car tous les va et vient sont taxés, d’un rendement minime.

On dit d’accord, on viole toutes les règles mais c’est pour obtenir un changement de comportement de l’économie. Si le changement est acquis la base de l’impôt se réduit. S’il ne l’est pas, c’est juste un impôt de plus.  Dans tous les cas, il y a des perdants.

 Le fondement politique et fiscal était donc parfaitement contestable.

Le choix de la technique de recouvrement aussi. Supprimer les frontières pour imposer des barrières d’octroi, était-ce bien le but de la construction européenne ?  Une vignette annuelle  à l’entrée en France aurait suffi.  Vouloir un traçage individuel de tous les mouvements  est une fois de plus très contestable sur plusieurs plans.

Le fondement économique d’une mesure malthusienne n’est pas plus assuré. Réduire la circulation des marchandises  alors que le fondement de l’Europe est La liberté de circulation est pour le moins un paradoxe.

Lorsque Sarkozy a choisi de tenter de mettre en œuvre la mesure, il est apparu tout de suite que ce serait impossible dans un contexte  de crise qui a vu l’activité baisser et beaucoup d’entreprises en difficultés, le tout s’ajoutant à une perte de compétitivité majeure depuis l’instauration des 35 heures.

Avoir voulu l’imposer,  150 mesures d’aggravation fiscale plus tard, sans aucune sérieuse réduction des dépenses de la sphère publique,  était délirant.

La Bretagne est en difficulté, mais ni plus ni moins que les autres parties de la France. Il se trouve que la Vendée et la Bretagne sont des pays excentrés qui ont beaucoup misé sur l’entreprise. La production doit être compétitive et s’exporter.  Le transport est critique.

Lorsque vous fabriquez des madeleines, il faut collecter des œufs et du lait, et ensuite il faut les diffuser partout en Europe.  Il faut des centaines de camions et de camionnettes pour que la logistique fonctionne. Vouloir taxer les allers et retours c’est vouloir taxer la respiration. Comme toutes les taxes sont cumulées, la marge trinque : Ouest France parle de 15 à 20%. A Paris on minimise : 10%.

Prendre 10% de la marge d’entreprises qui ont la marge la plus faible d’Europe, c’était de la folie.

Les bretons ont sorti les fourches.

On veut faire, avec le diésel,  ce que les Rois ont fait avec le sel : une gabelle.  Les bretons n’ont jamais accepté la gabelle et en ont été  historiquement exonérés !

La maladresse politique s’est ajoutée au reste.

On nous bassine sur le fait que la Slovaquie  a mis en place de système sans problème grave. Oui mais la Slovaquie a longtemps eu une flat-tax de… 19%.  Le gouvernement social-démocrate de Bratislava a certes décidé d’y  mettre fin mais les entreprises paient 23 %, les ménages les plus aisés 25 %.

Nous, on sait que les prélèvements sont égaux à la valeur ajoutée des entreprises !

Alors on accable les Bretons. Roland Cayrol, qui avec l’âge s’est découvert une passion pour Hollande (qui lui permet de conserver son fromage), a mis sa réputation une fois de plus au service du Président.  Naguère, il nous avait expliqué que l’image du gouvernement était atteinte mais pas celle du président, foi d’expert.  On a vu ce qu’il reste de cette affirmation.

Maintenant la crise est la faute des Bretons.

Quand une entreprise fait faillite, ce n’est jamais à cause du contexte créé par les politiques. C’est toujours de la responsabilité du patron qui sort de là essoré jusqu’à la moelle et en ayant perdu toutes ses économies.  La famille Peugeot a été injuriée par un ministre du redressement pour avoir laissé l’entreprise aller vers la faillite. 

Alors pourquoi pas les injures d’un Cayrol ? Les paysans bretons ont voulu faire du productivisme « cheap ». Ils polluent comme des malades. Ils sont responsables de leur modèle économique de voyous.

Toutes les bouches à feu du PS ont repris ces critiques acerbes et ces dénonciations, par exemple Bernard Maris, l’économiste tendance Charlie-Hebdo.

Pensez-donc : les Bretons élèvent des porcs qu’ils exportent ! Ah les salauds ! 300.000 porcs !  Ils ne sont même pas capables de les transformer sur place. Il faut que les usines issues des combinats soviétiques, énormes machines avec des  dispositifs écologiques embryonnaires, sauf quelques usines modèles, toujours citées, fassent le travail avec du personnel payé au lance-pierres.

Essayez-donc de créer quelque part en France une méga-usine de traitement de 300.000 porcs avec des milliers d’ouvriers venant de Roumanie ou de Tchéquie !

D’accord,  on peut mettre une puce sous la peau des travailleurs de l’est pour qu’on puisse les suivre sous des portiques adéquats.

On le voit bien : cette écotaxe aurait du faire l’objet d’un débat approfondi.

L’unanimité est un piège.

La leçon à tirer des événements : Il faut proscrire l’unanimisme.

Le logos est une dialectique. Les Grecs le savaient bien avant les Bretons !  

La révolte des « bonnets rouges » : un tournant ?

Depuis des mois, la question qui se pose est la même : comment sera arrêtée la descente aux enfers que conduit, avec un mélange inédit de désinvolture rigolarde, d’inconscience matoise, de malfaisance idéologique et de rouerie politicienne, un président d’une exceptionnelle médiocrité,  un gouvernement d’incapables, et un parlement d’apparatchiks socialistes excités et ivres de leur propre victoire.

Ce n’est pas tout d’aller dans le mur en klaxonnant et en plastronnant. Encore faut-il identifier le mur.

Beaucoup ont cru aux grandes manifestations syndicales menées par la CGT communiste contre l’austérité. Mais le Parti Communiste est mort. Les crimes des régimes dont il se réclamait et qui le finançaient sont désormais tellement connus qu'ils  lui interdisent tout retour.  L’abandon des ouvriers par les partis qui parlaient en leur nom a fait le reste. La conversion du PS au gauchisme soixante-huitard, s’appuyant sur les immigrés et les minorités agissantes,  dans l'indifférence  aux dures réalités du moment,  ne date pas d’aujourd’hui.  Depuis Jospin, le PS pense qu’il suffit de faire des « cadeaux aux salariés », sous forme de temps de travail réduit ou de surprotection juridique pour faire accepter la domination d’une classe de hauts-fonctionnaires sûrs d’eux-même et dominateurs.

Quatre millions de chômeurs et une dizaine de millions de pauvres à la dérive plus tard, le pseudo ouvriérisme socialiste n’est plus qu’une illusion évaporée.

L’assistanat ne permet pas la mobilisation. Ces masses paupérisées sont passives dans l’attente du chèque.  

La révolte ne pouvait pas non plus venir des quelques centaines de milliers de familles aisées volées au coin du bois, vilipendées sans cesse par des medias largement dominés par des bouches-à-feu partisanes  engagées à gauche, et traitées en boucs émissaires. Sarkozy, sans le dire, leur fera payer la crise en priorité, pour donner du corps à son « ouverture à gauche »  et ménager ses chances de réélection.  Sa prétention à tourner la gauche par la gauche sera réduite en poussière par le coup de la tranche à 75%. Hollande, lui, n’hésitera pas à affirmer que les « riches » paieraient et à mettre en œuvre ce joli programme, à la fois antirépublicain  et mensonger. Ceux qui en ont eu et les moyens et le courage, sont partis. Depuis le début de la crise, en 2007, plus de 100.000 départs !  

Il y eu la révolte des « pigeons » qui finirent par être pigeonnés.

Restait la France qui travaille et qui se lève tôt, pris en tenailles par la concurrence inégale organisée par l’Europe et ses folies réglementaires d’un côté et l’hystérie fiscale à motif idéologique des Verts et des Roses de l’autre.

C’est la Bretagne des paysans et des PME de l’agro-alimentaire qui a craqué en premier. L’impôt de trop sera l’écotaxe.  Quand on essaie de survivre par le travail dans le Finistère, Finis terrae,  mettre des barrières fiscales au transport est une provocation. Surtout quand on a mis ses productions et ses producteurs sous la pression des pays pauvres d’une Europe qui est, elle, centrale, et qui se moque bien des écologistes.  

Alors on a vu apparaître les Bonnets rouges.  Ils évoquent une révolte fiscale. Oui fiscale. Le cochon de payant, dépecé par des fonctionnaires  moralisateurs,  ne supporte plus les contraintes, le racket, la ruine d’efforts continuels.

Depuis des mois les préfets bretons  sont alertés. Ils ont  donné des ordres d’armement aux gendarmes mobiles.  On craint des jacqueries.  Voilà les forces de l’ordre tentant de sauver un portique fiscal, symbole parfait de l’oppression  et de l’enfermement.  « Tu as le droit de bouger mais sous un portique qui te trace et me permettra de te taxer ».  Les Bretons refusent de passer tête basse sous le portique. Deux hommes ont été gravement blessés : l’un voit son pronostic vital en cause ; l’autre a perdu une main.  

Nous disons ici, depuis longtemps, que la France n’est pas la Grèce et qu’elle n’acceptera jamais  la déflation  et la destruction de ce qui reste de son économie.

La révolte des Bonnets Rouges n’est pas qu’un incident. Il sera traité comme tel par les médias aux ordres.  Le gouvernement et Hollande vont lâcher du lest et arroser un peu la région pour faire croire qu’ils ont compris.  Ils pensent que la fermeté marchera, comme elle a permis de mettre fin aux marches d’opposants au mariage homosexuel.  En ajoutant quelques concessions de pure forme.

Ils confondent un mouvement moral et la défense de la vie quotidienne de dizaines de milliers de paysans et de petits entrepreneurs, dont les salariés sont proches et non pas hostiles comme des fonctionnaires socialistes l’imaginent.

Mutatis mutandis, la révolte des paysans et des PME bretons est de même nature que la révolte des « koulaks » ruinés par Staline.  Il faudra qu’il en massacre 10 millions et qu’il en déporte 30 millions, pour maîtriser la révolte. 

Le gouvernement ferait mieux de comprendre qu’il se lance dans un combat dangereux.

Il  assassine par bêtise, idéologie et combinaison politicienne, l’activité, le revenu et l’épargne  de travailleurs rudes et courageux.  La révolte a commencé.  Hollande et ses séides ont raison de s’inquiéter.  

Armer les garde-mobiles n’est pas la solution.

Nous sommes tous des « bonnets rouges ». 



Echos de la "Mhollandie"

Nous cherchons toujours à donner en temps réel des notes d'ambiance. Plusieurs années après, on a oublié  ce qui agitait l'opinion publique. Un "instantané" est intéressant à relire quelques années plus tard.

Ce qui ressort des conversations, des commentaires et des études témoigne toujours de la même colère : les secteurs publics protégés abusent et continuent d'abuser sans vergogne, les politiciens continuent de dépenser à tout va par idéologie ou clientélisme. Pendant ce temps là le secteur privé, soumis à des concurrences inégales compte tenu du poids des contraintes et des charges qui pèsent sur lui, se délite, avec un accroissement phénoménal des faillites et la destruction de centaines de milliers d'emplois, pendant que tous ceux qui contribuent encore à la réussite du pays sont ratiboisés par un fisc obsédant et sans pitié, chargé de voler l'épargne et le revenu des actifs pour satisfaire le complexe syndicalo-administrativo-politicien.  

Le terme de Mhollandie, repéré sur un site WEB est assez juste : il symbolise assez bien le mélange de mollesse et de comportement de  mollah qu'exprime la politique de M. Hollande.

Le vol fiscal est tel que la haine commence à affleurer dans les propos. Les Français ont compris que l'impôt confiscatoire n'est pas le fruit d'une nécessité nationale mais la conséquence d'un laxisme ou d'une volonté idéologique de prédation, quand il n'est pas la conséquence d'un abandon de souveraineté désastreux qui, en interdisant d'interdire, rend toute solution impossible.

Depuis septembre 2013 un tabou a sauté : les partis politiques et les télévisions évoquent le "ras le bol fiscal" des Français. La spoliation fiscale, appelée aussi répression fiscale, est telle qu'elle est  devenue un thème électoral.  Nous avons synthétisé ci-dessous une vingtaine de propos, d'articles, de commentaires radio ou télévisés du même jour, qui marquent bien ce qui est dans la tête des Français ou de l'opinion publique telle qu'elle s'exprime.  

"La France a cette caractéristique d'être gouverné par des fonctionnaires. M. Hollande, le Président, fils de bourgeois "fasciste",  selon la phraséologie de son camp, n'a jamais travaillé. Pour se dédouaner de ses origines, il adhère, étudiant, à la version communiste de l'Unef.  M. Ayrault, le premier ministre,  est un professeur d'allemand du secondaire, nourri au christianisme marxiste. M. Eckert est un fils de brigadier de gendarmerie qui ne s'est toujours pas remis d'avoir eu l'agrégation de mathématiques et qui, lui aussi, est un prof du secondaire. En tant que président de la Commission des finances de l'assemblée, il fait la pluie et le beau temps sur le budget. Visage lourd, esprit balourd, il porte la haine hargneuse sur son visage de socialiste vautour à tête de veau. Une seule certitude l'habite : il faut casser du bourgeois avec la Kalachnikov fiscale. Tout "avantage" qui baisse l'impôt des "riches" est une horreur. Le quotient familial : à supprimer pour les riches. L'exonération des biens culturels de l'ISF ? Un cadeau aux riches. Les facilités données à l'emploi domestique ?  Un super cadeau fait aux bourgeois esclavagistes. L'assurance-vie : encore un cadeau excessif. La justice fiscale, c'est quand il n'y aura plus de riches. L'impôt n'a qu'une seule fonction : détruire la bourgeoisie. C'est bien la fonction que Marx assignait à la progressivité."

 

"Hollande a multiplié à la fois les impôts et les subventions démagogiques. Sans réflexion sur les conséquences mais avec une cohérence venimeuse. Ce gouvernement de nullités hargneuses est quelque-part entre une Zazie, cette délicieuses peste qui voulait  "faire chier les mômes ", ici les "bourges", et un débile de cellule qui ne voit son engagement que dans la haine de l'ennemi social.  Ils veulent que leur passage crée des situations "irréversibles". Aucune idée du bien collectif sinon qu'il faut collectiviser les biens. "Savonarole", "Talibans", "Chemises roses", "Khmers verts", pour reprendre les quelques noms d'oiseaux que leurs excès leur valent un peu partout, ils ont toujours la bave aux lèvres dès qu'il faut parler de la droite (prononcer droââââte avec une moue de mépris  ) et considèrent qu'ils sont là pour faire le ménage dans les avantages honteux que le capital abusif et ses servants ont arraché au peuple, tout en servant les parties de la population que la bourgeoisie est censée exécrer : les homosexuels, les drogués, les condamnés multirécidivistes, les Roms, les beurs…".

"La crise n'a pas été pour eux un problème mais une opportunité : on pouvait utiliser l'impôt sans limite à des fins de destruction sociale et de construction du paradis socialiste."

"Après 18 mois de folie et deux budgets d'agression fiscale, les résultats commencent à se faire sentir. La sourde colère contre la répression fiscale qui mine la société française depuis longtemps déjà est désormais dans le domaine public. Elle a  conduit à l'exil nombre de "riches", pas si heureux que cela de se voir taxer entre 80 et 200% de leur revenu en attendant de se faire rafler une lourde part de leur patrimoine ! Les médias, jusqu'ici,  tentaient de cacher la spoliation fiscale en criant par la voix de quelques gugusses embossés dans le "service public" des "vive l'impôt"  aussi vibrants qu'hypocrites (ces socialistes de medias gagnent souvent plus 50.000 Euros… par mois !). Les invités de gauche, toujours majoritaires dans les débats des chaînes publiques, tentent toujours et encore, de justifier la dépense publique (productive, nécessairement productive) en se cachant derrière les infirmières et les agents de police. Cela ne marche plus. Quand un Vauzelle défraie la chronique par l'emploi fréquent, voire systématique, d'un hélicoptère pour ses déplacements, que partout l'argent public sert de petits intérêts au nom des grands principes, que le clientélisme outrancier a supplanté la recherche du bien commun, il est difficile de se cacher derrière son petit doigt social."

"L'hyper-fiscalisation française est le premier moteur du vote extrémiste.   La DGI est l'agent électoral de la petite entreprises familiale lepéniste. Même cette sonnette là n'est pas entendue."

"Alors la révolte commence à gronder. Et ces Messieurs n'ont plus qu'à lâcher des subventions pour calmer le jeu. La subvention d'aujourd'hui est le chômeur et/ou le spolié fiscal de demain. Une vis sans fin vers l'abîme."  

Un commentateur d'une radio du matin a fait, ce jour, exaspéré, la liste des gratifications nouvelles semées à tout vent par M. Hollande ou M. Ayrault.

"J'ai calculé que tout cela, décidé en moins d'une semaine, représentait plus d'un milliard d'Euros de dépenses nouvelles."

M. Eckert, lui,  a expliqué sur plusieurs média, qu'il fallait mettre les riches à la diète en supprimant "tous les immenses avantages" qui leur ont été concédés abusivement. "Toutes les prestations devront être sous conditions de ressources et tous les impôts, quels qu'ils soient, rendus fortement progressifs. Si on le suit, les "riches" paieront plus pour des prestations qu'ils ne toucheront plus".

"Un mur infranchissable sera ainsi dressé entre une France qui paie et une autre qui reçoit.  Pourquoi infranchissable ? Parce que le passage de la catégories des pauvres aidés à celle de cochon de payant, 100% pur porc,  sera tellement couteux et difficile que les bénéficiaires ne tenteront jamais de franchir l'obstacle".

Ce même jour, les médias et la gauche mobilisés contre l'ambitieux Valls, montaient en épingle l'expulsion d'une famille Rom, les Dibrani, couple avec 5 enfants, entré clandestinement en France et expulsé après épuisement de tous les recours.

Ecoutons la rumeur qui gronde :

"Personne, parmi les politiques,  n'a songé à calculer ce qu'une telle famille, logée, nourrie, vêtue, soignée, éduquée, assistée juridiquement, a coûté aux  Français. Les estimations faites sur différents sites, vont de 30.000 à 50.000 euros par an. C'est donc un séjour à 100 ou 150.000 euros qu'ils ont réussi à faire payer aux Français. Pas mal ! Le nombre de famille Kosovars actuellement en demande de statut de réfugié, est de 2.084, soit une dizaine de milliers de personnes. Deux à trois cent millions d'Euros à obtenir des imposables français, soit environ l'impôt sur le revenu du million de Français au plus bas de l'échelle fiscale. Et M. Hollande vient d'accepter le même jour d'accueillir 6.000 Syriens. Encore 200.000.000 d'Euros à prévoir."

"Les Français qui travaillent commencent à se lasser des prélèvements et crient  : "des sous, Hollande" ! Mais il a tout piqué et tout dilapidé. Il n'a plus rien à prendre dans les poches des Français"

"Les pompiers viennent d'obtenir quelques sucettes. Florange aura un institut de recherche sur une sidérurgie qui a quitté les lieux."

"Hollande a réussi à se mettre à dos la Bretagne, dont le conversion de la démocratie chrétienne au socialisme rosâtre de rosaire avait permis le succès du PS en région. De taxes en taxes et de règlements excessifs en règlements abusifs, les filières agro-alimentaires font faillite. 3000 salariés au chômage cette semaine ; dix mille personnes à la gamelle publique et… 15 millions d'euros versés en urgence".

Tout d'un coup, les medias se mettent à réfléchir, sous la pression de ces évènements lamentables :  

"C'est la faute à l'Allemagne ! Elle n'a pas d'enfants et fait venir dans les pays de l'est allemand, en reconversion d'années de communisme destructeur, des roumains travailleurs aux conditions roumaines pour exécuter les tâches nécessaires à l'élevage et à la transformation du cochon. Et l'agro-business breton, en perte de compétitivité,  s'effondre. "

"En France, on préfère vénérer des Roms kosovaro-je-ne-sais-quoi, comme le prouvent des scolaires manipulés et encadrés par les associations et les syndicats de gauche, stimulés en sous-main par quelques barons socialistes désireux de couper l'herbe sous le pied du Ministre de la parole intérieure. Que Walls valse !  Et il faut bien former les futurs leaders du PS de demain".  

"La France a choisi, en élisant le sieur Hollande, de perdre son leadership dans le vin : nous sommes désormais dépassés par l'Italie et l'Espagne. Son leadership dans la filière porcine s'évanouit : nous sommes dépassés par l'Allemagne. Dans le poulet, il y a longtemps qu'on a laissé le champ libre  au Brésil ; etc. "

"La Berezina n'est pas seulement industrielle ou agricole.  Nous battons les records de dépôts de bilan et de liquidations judiciaires dans tous les secteurs et même les services! "

"Surtout, ne touchons pas aux vaches sacrées !  Les régimes spéciaux qui bénéficient aux employés et aux cadres grassement rémunérés d'EDF sont totalement abusifs. L'abus résulte du chantage exercé par les syndicats de ce monopole longtemps de droit, aujourd'hui de fait, contre la nation. L'exemple même d'une abjection anti-démocratique, antisociale et antiéconomique".

"On sait que le régime spécial des salariés d'EDF a été intégré dans la CNAV. Le surcoût des avantages phénoménaux concédés aux retraités de cette entreprise devait être compensé par l'Etat. Il manque selon la Cour des Comptes 1.300.000.000 d'Euros ! Les privilèges sont donc payés par les plus pauvres retraités.  Les humbles qui reçoivent en retraite moins que les minima sociaux sont mis à contribution pour fournir aux maîtres-chanteurs le droit exorbitant de partir à la retraite à 55 ans, avec 75 à 80% de leur dernier salaire, contre 40 à 50% pour les salariés du privé, dont on prend  pour assiette la moyenne des 25 dernières années.   Quand ce ne sont pas les autres  retraités, ce sont les usagers qui paient, quelque soit leur revenu : la CTA est une taxe sur la consommation spécialement conçue pour financer les privilèges de retraite des maître-chanteurs. 

Et ce n'est pas tout. Le Comité d'entreprise se voit affecter 1% du chiffre d'affaire d'EDF ! Les coûts pétroliers se sont envolés et avec eux la prime, qui dépasse tout ce qu'on peut imaginer. Rappelons que cette prime temporaire était la contrepartie d'un avantage donné aux emprunteurs nationaux. L'avantage aux épargnants a disparu depuis des lustres. Sa contrepartie perdure et elle n'est plus la contrepartie de quoi que ce soit".

"La Cour des Comptes a montré que le Comité d'entreprise, incontrôlé, gérait ces sommes principalement pour le compte des syndicats et du Parti Communiste. La CGT a été renvoyée en correctionnelle pour une gestion glauque qui a entraîné, en plus des 500.000.000 d'Euros par an de subvention, 150.000.000 d'euros de pertes.  Détournements de fonds et abus divers, comme dans tous les CE des entreprises publiques, sont la grande règle, jusqu'ici en toute impunité comme il se doit. La délinquance en col rouge ne pose aucun problème aux juges qui dressent des "murs des cons". Attendons le jugement ! "

"Les gouvernements auraient pu prendre des mesures simples pour mettre fin à ces avantages démentiels. Il faut voir qu'aux taux actuels de prélèvements, le revenu marginal taxable qui permettrait en net de disposer de 14% de revenu net en plus comme pour GDF, entre CSG et IR, serait de 25% supérieur au salaire effectif. Au lieu d'accorder que l'âge de la retraite EDF passe de 55 à 57, en 2023, date à laquelle la retraite à taux plein pour de nombreux Français sera à 67 ans,  il aurait pu établir une trajectoire de rattrapage qui fasse converger les dates en dix ans au lieu de maintenir l'avantage relatif.  Pour le 1% scandaleux, plusieurs mesures graduées auraient pu être prises. La plus simple est la fiscalisation de l'avantage.  On aurait pu compter la  CSG à 15,5% et un forfait fiscal global à 30%. L'Etat aurait récupéré 45.5 des sommes abusivement distribuées. Variante, l'avantage imposable des bénéficiaires aurait été calculé au prorata des salaires et ajouté à leur déclaration de revenu (+7% pour EDF et +14% pour GDF en moyenne). Là on serait à près de 50% de rattrapage. Une autre presqu'aussi facile à mettre  en œuvre est le plafonnement de l'avantage. On donne une norme unique pour tous les CE, par exemple un plafond de 2% de la masse salariale. On peut aussi et plafonner et fiscaliser. Ou supprimer totalement l'avantage en sachant que les avantages en nature (les tarifs électriques hyper-favorables : autour de 10% de la valeur normale et mille autres avantages, notamment le logement) coûtent déjà près de 200.000.000 Euros. Evidemment, des gouvernants qui n'ont que le mot justice sociale à la bouche, n'en ont rien fait malgré les objurgations de la Cour des Comptes. Les tarifs d'EDF explosent. Il est vrai que les rémunérations y grimpent à un rythme double de celui connu dans l'industrie et le commerce privée."

" Les fonctionnaires locaux ne sont pas affectés le moins du monde par la crise. On a vu, globalement, leur taux d'absentéisme progresser et dépasser les 20 jours par an. Le laxisme complet des municipalités et des régions,  en matière de gestion du personnel coûte à la Nation près d'un milliard d'Euros. Mais les centaines de milliers de fonctionnaires recrutés, prétendument pour assurer les fonctions décentralisées (il n'y a eu aucune réduction d'effectif en central) , sont un gaspillage pire encore. Ce sont des milliards d'Euros à prévoir pour nourrir cet excédent inutile de "Jean-foutre". Le calcul n'est pas difficile à faire : en moyenne 60 ans de versement d'un coût de 50.000 euros par an et par fonctionnaire. 700.000 x 60 x 50.000 = 2.100 milliards d'Euros. On est riche en France ! Le record est à Paris. Delanoë a recruté 15.000 fonctionnaires de plus pour une ville déjà totalement équipée, qui dispose maintenant de 55.000 employés municipaux là où 20.000 suffiraient selon les normes internationales. Naturellement la croissance de l'impôt foncier parisien a été gigantesque, le double d'une moyenne nationale déjà excessive. "Et je ne m'excuse pas" a déclaré cyniquement le satrape rose."

"On a organisé le temps des scolaires rendus libre par la réforme Peillon en mettant en place des "activités périscolaires" au nom ronflant mais au contenu débile. Mon enfant a désormais un cours de "nutrition". J'en suis à mon troisième dessin de carotte !"

Ainsi va la France en ce chaud mois d'octobre 2013.  

Nos enfants apprécieront.

A l'étranger, notre cote remonte fort, comme le montre cette caricature qui vient de nos amis Suisse.

Il s'est passé, pour la France, une véritable rupture d'image dans le monde et un rejet inédit du politique en général et du politique socialiste en particulier. L'ampleur de la colère et du rejet est devenu une variable économique importante.

 



Une si jolie petite crise de changes !

Rien n’est plus amusant que l’hypocrisie générale que l’on trouve dans la presse et dans les déclarations officielles des uns et des autres quand une crise concernant des monnaies, et mettant en cause directement le  système monétaire international basé sur les changes flottants, balaie le monde.

Dans les milieux anglo-saxons le commentaire est toujours le même : c’est la faute de la victime ! En 1998, la précédente crise des changes provoquée par une hausse rapide du dollar, l’explosion des systèmes de changes de nombreux pays  a été expliquée par le règne des « cronies » dans les gouvernements des pays concernés.  On l’a appelé : crise des pays émergents  alors qu’il s’agissait d’une crise liés  aux  capitaux mobiles dans un système de changes flottants, une nième crise du Dollar.

Dans les autres parties du monde on constate et condamne une instabilité « chronique », « dévastatrice », « incontrôlable », « irrationnelle », et on aspire à un peu de calme. Les plus audacieux parlent de « guerre menée par le dollar contre le monde », de « déviation non coopérative », « d’absurde guerre des monnaies ». Chacun de nos lecteurs remettra ces fortes assertions dans la bouche de leur auteur.  Il suffit de lire le journal. On en trouve tous les jours.

Et voilà qu’à Saint-Pétersbourg se tient un G.20, chargé de la prospérité économique du monde.

Devant la manifestation si éclatante que le système des changes flottants est dysfonctionnel,    il a sans doute mis immédiatement une réforme en chantier.

Pas du tout ! Après que le mot « stabilité » a été chanté dans les vingt langues avec la tête de circonstances, personne n’a cru devoir signaler que si les changes sont flottants, ils flottent, c'est-à-dire qu’ils subissent les foucades des capitaux à court terme qui vont et viennent dans l’irrationalité la plus totale.

 Il suffirait donc d’un mot de M. Bernanke pour que la crise frappe les pays dits « émergents », sans doute parce que leur monnaie plonge.  De même qu’une phrase de M. Draghi avait changé radicalement le climat financier en été 2012.

La langue qui tue et la langue qui adoucit seraient la « magna ratio » de l’économie mondiale. On voit comme tout cela est sérieux.

La Chine a confirmé qu’elle laisserait flotter un poil sa monnaie dans l’espace limité de la zone franche de Shanghai.

Vive les changes flottants et  à bas les changes qui changent brutalement !  Chantée dans la même phrase par les membres du G.20, la chanson est tout de même un peu contradictoire.

On nous disait : avec les changes flottants, on verrait des transitions beaucoup moins brutales. Jamais les transitions n’ont été plus brutales (voir le triste destin de la Roupie indonésienne) .

On nous disait : on n’aurait moins besoin de réserves de changes. Et voilà que les Brics veulent créer un fond commun de gestion de réserves de change, indépendamment du FMI. Et tous les commentateurs d’expliquer que la crise sera surmontée  parce que les pays en question ont accumulé, instruits par la crise précédente, d’énormes réserves de changes.

Comme tout cela est rationnel et cohérent.

Au passage, celui qui découvrira dans la presse française une observation sur les méfaits des changes flottants, en tant que système,  éprouvera la joie de la découverte d’espèces  hyper –rares.

Pour les amateurs de mythes et de tabous, la séquence monétaire en cours donne une leçon de chose particulièrement remarquable.

Les changes flottants, même en pleine crise mondiale des changes, ne peuvent pas être remis en cause dans un média qui a son quant-à soi.

Le système est au dessus de toute critique.  Cela ne trahit pas la nullité des journalistes mais le fait que personne n’a envie de colleter avec cette difficulté et qu’ils n’ont rien à colporter ni à commenter.  Le silence de l’Eurogroupe sur cette crise est tonitruant, comme d’habitude. M. Moscovici, lui a autre chose à faire : augmenter gravement les impôts en jurant que c’est pour la dernière fois et que cela ne touchera que 10% de la population.

Et on découvre que le nombre de personnes exonérées d’IR s’est fortement réduit et que des petits retraités qui tirent le diable par la queue vont devoir s’acquitter d’un impôt sur le revenu d’un mois de revenu.

Quelle est la bouche la pire : celle qui ment ou celle qui se tait ?

A notre avis les deux sont consternantes. Mais le cumul du mensonge et du silence pour un Ministre des Finances Français, ce n’est guère glorieux.

Encore quelques mois et on s’apercevra que la crise des « pays émergents » bis a eu quelques conséquences sur la situation française.  Sans  doute vers le moment où, ayant prélevé près de 100 milliards d’Euros d’impôts supplémentaires (10% de la valeur ajoutée des entreprises non financières) tout en laissant aller la dette publique à près de 100% du PIB et 200% de la même valeur ajoutée des entreprises non financières que nous aimons prendre en référence, les spécialistes de la Com’ gouvernementale  chanteront les immenses victoires  économiques  de la France.

Rappel : nous prétendons que nous sommes victimes de trois organisations dysfonctionnelles :

-          Un système de changes flottants structurellement néfastes

-          Une Europe de la monnaie unique sans organe de pilotage des changes et de la monnaie à l’échelon européen

-          Une France étouffée par une dépense publique et une fiscalité déraisonnables.

On notera que rien n’a été fait pour réduire les inconvénients de ces trois dérives. On compte plus que jamais  sur des  Commissaires  pour gérer l’Europe par la surveillance de normes.  Les impôts battent tous les records historiques en France. Les changes flottants ? Ah bon, ils flotteraient ? Et alors ?

A force de faire l’inverse de ce qu’il faudrait, on entre dans la septième  année de crise depuis le blocage du marché interbancaire en Août 2007 !  Bravo à tous !

Qu'est-ce qu'une monnaie électronique ?

Nous continuons l'examen de certains concepts bancaires qui sont souvent mal compris. Après nous être interrogé sur la nature assez particulière du contrat de dépôt bancaire, nous examinons ici la "monnaie électronique". C'est un terme que l'on retrouve un peu partout cet an-ci avec des emplois parfois incertains voire carrément fantaisistes.

Une monnaie électronique est une monnaie scripturale dont la preuve de la valeur est enregistrée sur un support magnétique.

Une monnaie est dite scripturale quand le témoin de valeur n'est pas un objet ayant une valeur intrinsèque, c'est-à-dire un bien consommable ou tangible. Un lingot d'argent a une valeur indépendante de tout rôle monétaire. Une pièce de monnaie en or, en argent, ou en alliage comme l'électrum, est depuis son invention par les Rois Lyciens au septième siècle avant JC, le prototype d'une monnaie métallique.

C'est avec la lettre de change et le billet de banque que nait la monnaie scripturale. Le billet est une reconnaissance de dette d'une banque. Le transfert du billet transfère la reconnaissance de dette. L'obligation de la banque vis-à-vis du déposant de pièces métalliques est consignée sur le billet.  La signature de la banque sur le billet légitime la valeur. Le mécanisme est le même pour la lettre de change, sauf que les dépôts n'ont pas été faits au même endroit.

Dans les deux cas le témoin de valeur est une écriture certifiée  sur un papier.

L'invention du chèque et du virement ne change pas fondamentalement le mécanisme : le témoin de valeur reste simplement dans les comptes de la banque. Pendant tout le temps où ces comptes ont été tenus manuellement, il s'est agi de lignes d'écritures sur un support papier. Les dépôts étaient des "monnaies de papier".

L'informatisation des comptabilités bancaires transforme le support du témoin de valeur : la ligne est stockée sous forme d'abord de cartes perforées puis de supports magnétiques. A partir de là, la monnaie est électronique car stockée sur un support électronique. L'informatisation permet de faciliter les virements de comptes.

L'arrivée de la carte bleue ne change rien. La carte fournit un élément prouvant la légitimité du débiteur, puis, avec le développement de la télétransmission, il permet de certifier la réalité du stock de valeur dont le virement est demandé et d'activer l'opération.

Ni le chèque, ni la carte bleue ne sont de la monnaie. Ce sont des instruments qui permettent de donner des ordres sur le compte où est stockée la monnaie.

L'arrivée des téléphones portables, dans la mesure où ils sont des terminaux de paiement, ne change pas non plus le fond des choses. La monnaie est toujours stockée sous forme de ligne magnétique sur les ordinateurs du banquier. Seul le moyen de passage d'ordre est modifié.

Si on s'arrête ici, on constate :

- que pratiquement toute la monnaie est désormais scripturale. Même la monnaie divisionnaire l'est : le support métallique qui porte le symbole témoin de valeur  n'a pas réellement de valeur intrinsèque. Il arrive que la pièce coûte plus à produire que sa valeur faciale mais la rondelle métallique n'a en elle-même qu'une valeur monétaire et pratiquement aucune valeur de consommation ou d'industrie. C'est, pourrait-on dire,  un billet non pas en papier mais en métal pas cher.

- que l'essentiel de la monnaie, celle qui se trouve sur les dépôts bancaires, est magnétique  et cela grosso modo depuis les années soixante.

On voit bien que la "monnaie électronique" existe déjà depuis plus d'un demi-siècle et qu'elle forme depuis cette date le gros de la monnaie.

Ceux qui parlent d'une innovation récente sont-ils des ignorants ? Au-delà de l'abus de mot, ce que recouvre généralement le vocable de monnaie électronique innovante est d'une part le porte-monnaie électronique et d'autre part les monnaies scripturales qui ne dépendent pas d'un intermédiaire de confiance.

Ne confondons pas portefeuille électronique  et moyen de paiement passant par l'électronique. On l'a vu dans le cas du téléphone portable, ce n'est qu'un terminal permettant de passer des ordres. Il ne contient pas de monnaie.

En revanche on peut imaginer que le témoin de valeur ne soit plus stocké dans les ordinateurs de la banque mais sur une ligne électronique contenu dans un dispositif extérieur à la banque. Dans ce cas la monnaie quitte bien la banque pour se retrouver sur le dit support.

Il faut alors bien distinguer deux modes de gestion de cette monnaie voyageuse.  Dans le premier cas, le dispositif est mis à disposition par un intermédiaire de confiance qui garantit le paiement effectif qui sera fait en cet monnaie. C'est le cas de toutes les cartes à puces, émises par un organisme bancaire,  sur lesquelles un transfert de valeur, garanti, a été fait à partir d'un compte de banque. Le récipiendaire de l'écriture électronique pourra faire valoir son droit à conversion dans son compte auprès de l'intermédiaire de confiance.  Des banques ont mis en place pour de petites sommes des systèmes de ce genre à travers le monde. L'idée est de diminuer au maximum le besoin pour elle de convertir en monnaie banque centrale (disons pour simplifier des billets) les dépôts dont elles ont bénéficié.    

Ces systèmes connaissent à ce jour un rôle marginal pour des besoins souvent liés au transport (exemple de la carte Monéo en France). Le terminal de paiement mobile est probablement la solution que préféreront les banques. Elles n'aiement pas que la liquidité sorte de leurs comptes ! 

Une idée plus originale en cours d'expérimentation est de créer une monnaie électronique sans intermédiaire de confiance. L'originalité ne tient pas au fait que la monnaie soit électronique mais qu'elle se dispense d'un intermédiaire de confiance.

Comment rendre crédible, pour un tiers, le témoin de valeur dont se prévaut un payeur et que le tiers va recevoir sous une forme électronique, si une institution de confiance ne garantit pas peu ou prou la réalité des droits de tirage ? Cela parait une gageure et pourtant des systèmes sont en cours de mise en place, sans qu'on sache s'ils prendront réellement de l'extension.

L'idée de manœuvre est de remplacer la banque par un logiciel sinon inviolable du moins suffisamment sûr, logé avec ses fichiers sur le WEB d'une façon insaisissable et indestructible, qui permette non pas de conserver mais d'authentifier les témoins de valeur libellés et les titulaires de comptes dans l'unité de compte gérée par le système. Le témoin de valeur serait une ligne conservée sur n'importe quel dispositif pouvant accéder via Internet au programme de validation des droits et d'exécution des ordres.

Au moment d'une transaction, la ligne serait présentée au programme qui serait à même d'attester que le titulaire est légitime et que le montant est bien disponible. Les difficultés techniques sont redoutables. Car la confiance ne pourra venir que de procédés cryptographiques particulièrement pointus.

Il n'est pas question ici de rentrer dans le détail des techniques utilisées. Ces techniques sont de toute façon les mêmes ou presque que celles qui sont utilisées pour sécuriser les cartes bancaires et les portemonnaies électroniques mis à la disposition par les groupements bancaires.

En revanche il est intéressant d'analyser les différents défis qu'il faut relever pour mettre en place un tel système.

- Le premier est évidemment qu'il ait un intérêt quelconque pour des utilisateurs. A quoi peut bien servir  un système totalement décentralisé, sans intermédiaire de confiance ?  

Il n'y a que trois justifications importantes.

La première est d'éviter un risque sur la banque.

La seconde est de parer un risque sur la monnaie.

La troisième est de se prémunir d'un risque sur la confidentialité de la transaction. 

Une banque peut faire faillite et ses dépôts peuvent être saisis en tout ou en partie comme on l'a vu à Chypre il y a quelques semaines. La confiance dans l'intermédiaire de confiance est relative.

Le risque sur la monnaie est assez clair aussi : les monnaies officielles, qu'ils s'agissent de monnaies nationales, comme le Dollar ou la Roupie,  ou de monnaies plurinationales comme l'Euro, sont gérées directement ou indirectement par des Etats qui les manipulent.

L'affaire Argentine de la fin du siècle passé a montré qu'un compte bancaire pouvait être bloqué avec conversion obligatoire (l'affaire du Corralito). On parle régulièrement du risque d'éclatement de la zone Euro. La sécurité des systèmes de monnaies étatiques n'est pas assurée, sans même parler de l'inflation.

La confidentialité des transactions bancaire n'existe plus. Les Etats peuvent suivre à la trace tout ce que vous faites de votre argent. Il n'y a plus de vie privée. On sait que le secret bancaire est désormais une vieille lune.

L'idée d'échapper à Big Brother ou à des banques qui font n'importe quoi de votre argent et ne sont plus capables de satisfaire à l'obligation de restitution de votre dépôt à première demande, sous une forme qui vous agréé  et dans une monnaie sûre, n'est donc pas absurde.

- Une deuxième question est le caractère licite des transactions faites. Sur ce point, il faut noter que la licéité d'un achat tient au produit ou au service payé pas au moyen de paiement. Si vous troquer de la cocaïne contre des voitures de luxe, vous n'avez pas utilisé de monnaie, mais vous avez conclu une affaire illégale. Le troc n'est généralement pas interdit. On ne peut pas interdire en démocratie un outil sous prétexte qu'il peut faire l'objet d'utilisation illicite. Sinon il faudrait interdire tous les couteaux au prétexte qu'ils servent à des meurtres et des assassinats et les voitures parce qu'elles participent à des braquages.  Le raisonnement vaut pour la fraude. Ce n'est pas le transfert monétaire qui est le fait générateur d'une fraude, par exemple à la TVA, mais l'achat lui-même.

Conclusion : il est impossible de condamner a priori un système de paiement alternatif sans intermédiaire de paiement sous prétexte qu'il pourrait servir à des fraudes, sauf à éliminer jusqu'à l'idée qu'une société puisse être libre. Le fiscalo-fascisme est une tendance forte des sociétés dites libres, à Etat surdimensionné, qui doit être fermement combattue.

- Le véritable enjeux est la "faisabilité" du système. Comme jeu intellectuel et pédagogique sur la monnaie, l'exercice est excellent car il permet de passer en revue toutes les dimensions de la monnaie.

Le plus amusant est qu'un tel système a été mis au point et a déjà derrière lui plusieurs années d'existence : le système "Bitcoin".

Des spécialistes des logiciels cryptés ont créé une nouvelle unité de compte, le Bitcoin, monnaie sous forme de zéro et de un,  qu'il est possible d'acheter et de vendre sur des bourses et avec laquelle on peut transférer de l'argent d'un point à un autre du monde en toute confidentialité et éventuellement acheter et vendre des produits et des services.

La liaison avec des monnaies officielles se fait comme les autres devises sur une forme de marché de change : l'offre et la demande de Bitcoin en devise autre sont arbitrés sur une plateforme de marché.  La question cruciale : est-ce que le marché va être assez liquide pour que puissiez à tout moment récupérer tout montant de Bitcoin en monnaie officielle qui a seule cours légal dans les différents Etats. Rappelons que le cours légal est le dispositif de droit qui permet à une monnaie d'éteindre toute forme de dettes y compris fiscales. On ne peut pas payer ses impôts dans une unité de compte qui n'est pas légale et dans une forme monétaire non réglementaire.

Ces bourses sont le point faible du système. Dans la pratique plusieurs bourses de Bitcoin ont explosé provoquant des pertes financières et de confiance. Elles ont un coût. L'argument selon lequel le virement en Bitcoin ne coûterait rien est faux. L'accès à l'achat et à la vente du Bitcoin coûte, même si le transfert électronique des fonds est effectivement peu gourmand en ressource marginale.  C'est celui du transfert d'une ligne de texte sur Internet !         

Le risque technique n'est pas non plus totalement négligeable. Les programmes de cryptage ont été faits par une collectivité de programmeurs qui en connait les algorithmes et qui peut à volonté vider les portefeuilles en ligne. L'algorithme est de confiance mais pas le groupe qui le met en œuvre.  On retrouve le problème des cartes de crédit. La fraude peut exister et c'est l'organisme qui gère le système qui assume le risque et le répercute aux usagers sous forme d'un coût d'abonnement à la carte. Personne n'est là pour faire face aux fraudes dans le système Bitcoin et il y a eu quelques cas de pertes de Bitcoins de ce fait.

Le risque légal n'est pas non plus négligeable. Le principe du système est de reposer sur une relation entre particulier sans intermédiaire. La loi ne peut donc saisir un intermédiaire et doit, comme tous les systèmes "Peer to peer", entrer dans l'intimité des foyers si elle veut contrôler. L'exemple est la loi Hadopi qui interdit l'échange sous forme électronique des copies achetées de films et de musiques, alors même que la copie privée est autorisée.

La loi peut interdire d'échanger des Bitcoins. Dans un système de liberté, c'est difficile à envisager. Sur quelles bases juridiques interdire à deux personnes consentantes qui peuvent ne pas ressortir d'un même Etat, d'échanger des signes électroniques dont la valeur n'est pas fixée en monnaies légales ?  Aucune loi n'existe dans le monde en ce sens dans les pays démocratiques. Mais comme on y constate  l'expansion continue du "fiscalo-fascisme", on peut se demander : jusqu'à quand ?  Big Brother grandit toujours !

Le dernier risque est que ce marché soit tellement incommode et volatile qu'il décourage les usagers. Le côté pédagogique du Bitcoin a stimulé diverses formes de spéculations. On a vu se développer un marché des options sur ce marché des changes très particulier et apparaître des spéculateurs très techniques. Le résultat a été une bulle des cours  qui a fini par exploser, avec une perte de confiance  du "marché". La technique d'émission des Bitcoins, la délivrance d'un paquet de Bitcoin à chaque nouvel entrant jusqu'à un nombre fini de Bitcoins, est très pensée mais folklo. Elle privilégie de façon excessive les premiers entrants  et elle crée une rareté artificielle sur la fin. C'est malin pour faire venir les "prime movers" et retenir les "late movers" mais finalement cela limite gravement le système. Il faudrait à terme créer des Bitcoins2 et 3 etc. On sait depuis Copernic que les mauvaises monnaies chassent les bonnes.

Les monnaies électroniques sans intermédiaire de confiance autre qu'un logiciel libre permettant des transactions "peer to peer" resteront encore des phénomènes limités pour longtemps mais ce sont un laboratoire pour ceux qui s'intéressent à la monnaie et au logiciel libre.  

Pour terminer rappelons l'essentiel  : la monnaie sous forme de ligne sur support électronique n'est pas nouvelle et représente l'essentiel de la monnaie en circulation.  C'est la monnaie électronique sans intermédiaire de confiance autre qu'un logiciel libre mettant en relation  des individus sur une base paritaire,  qui est l'innovation.  

Au passagerappelons notre  propre définition de la monnaie : une monnaie est un dispositif permettant de stocker et d'échanger de la valeur de façon liquide. La liquidité du dispositif est définie par sa commodité dans les transactions, commodité elle-même définie par la sécurité de la preuve de la valeur et la facilité d'usage. Le Bitcoin par exemple est bien une monnaie mais dont la liquidité peut-être problématique. La monnaie la plus liquide est celle qui n'exige aucune conversion pour éteindre la plupart des dettes.  En France c'est le billet de banque émis par la BCE.  Compte tenu des limitations portées à l'usage du billet il serait faux de donner une définition du type : "qui permet toujours d'éteindre toute dette sans aucune conversion". Il faut convertir le billet en monnaie de compte pour payer de grosses sommes.

Les puristes qui veulent que le terme de monnaie ne doive s'appliquer qu'à une forme monétaire totalement  liquide (le reste étant de la quasi monnaie) ont une difficulté : il n'y en a plus aucune !

 

Didier Dufau pour les Cercle des économistes e-toile

Bêtise et sottises

La bêtise est la chose au monde la mieux partagée, comme chacun sait. Elle demande un petit effort de définition. Le concept dérive de l'observation de comportements dont les résultats sont négatifs, et de qui supporte les mauvaises conséquences.

Vous pouvez prendre des décisions

- qui vous font du mal mais qui ne nuisent à personne d'autre.  C'est le crétinisme.

- qui font mal aux autres et qui vous font du bien. C'est la délinquance

- qui font mal aux autres sans vous faire du bien : C'est la malveillance.

- qui vous font du mal et du mal aux autres. C'est la vraie bêtise.

La question qui se pose aujourd'hui est de savoir dans quelle case placer la politique suivie par M. Hollande.

Difficile de ne pas remarquer que pratiquement toutes les mesures prises depuis un an entrent peu ou prou dans l'une ou l'autre de ces cases, avec une nette prédilection pour la dernière.

Juste pour clarifier les choses avec des cas concrets :

- L'affaire Cahuzac est l'exemple parfait de crétinisme (mettre un fraudeur fiscal  à la tête de la lutte contre la fraude fiscale  restera dans l'histoire)  .

- L'affaire Depardieu  est un cas de délinquance (injure publique… pour tenter d'exploiter politiquement  un bouc émissaire récalcitrant)

- L'imposition à plus de 100% de 8000 Français est de la malveillance pure, comme les 75% (gain national  ridicule pour la collectivité, conséquences majeures pour les intéressés; la bonne règle est de faire l'inverse : minimum de peine pour les contribuables maximum de résultats pour la nation).

- Casser l'économie pour faire grimper le chômage me parait exemplaire  de la dernière catégorie. Dans le cas des Verts, à qui il fallait réserver un peu place dans le palmarès : Bloquer les loyers avec tous les effets pervers connus  est pas mal non plus dans le genre.  

Quelles sont par ailleurs les sottises les plus manifestes que l'on entend aujourd'hui ? Le Palmarès est difficile tant les propos candidats sont nombreux.

- La crise a été provoquée par les subprimes

- Les énergies vertes étant plus coûteuses, elles créeront de l'emploi

- La réforme des régime spéciaux a été faite. Circulez il n'y a plus rien à voir

- Les déficits américains et les excédents chinois sont un bienfait pour le monde

- Les pays émergents tireront l'Europe de sa léthargie

- Le day-trading informatisé est excellent car il crée de la liquidité sur les marchés

- Delanoë n'a pas augmenté les impôts à Paris

- La crise financière est terminée

- La crise de l'Euro est terminée

- Hollande a un cap et un plan mais ils sont  si subtils qu'il faut beaucoup de finesse  pour les percevoir.

Mai 2013 : note d'ambiance

On se souvient que la conjoncture immobilière a basculé en septembre 2006, que les premières banques ont commencé à vaciller fin 2006-début 2007, que les marchés s'agitent dans tous les sens entre mars et mai 2007, signalant que les derniers feux de la flambée spéculative étaient en train de briller de la façon caractéristique d'avant explosion  : de brusques lueurs et un noir d'encre se succédant rapidement.

On vit même le directeur du FMI expliquer que les quelques tensions constatées étaient désormais résorbées. La folie sur certains marchés de nourriture essentielle  avait provoqué quelques émeutes. Certains y voyaient des signes de la bonne santé générale de l'économie.

 La BCE resserrait les conditions de crédits à peu près il y 7 ans,  jour pour jour, pour faire face "aux risques de dérapages inflationnistes" et d'exubérance des marchés. .

C'est l'époque où nous crions dans le désert : attention, la crise décennale arrive et elle sera : en avance, sévère, et mondiale.   

Le marché monétaire se bloque  fin juillet 2007 : la crise était lancée. Nous y sommes encore.

Sept ans !  Nous avons écrit à cette époque :" la crise sera sévère. Nous ne prévoyons pas une dépression de type de 1929, sauf si les Etats multiplient les erreurs économiques" (juin 2007).

Les erreurs vont se multiplier.

Aucune des causes de la crise n'a toujours  été publiquement diagnostiquée. Aucune mesure structurelle permettant de les juguler n'a été prise. Aucune.

Pour le monde, il fallait constater l'échec du système non coopératif des changes flottants associé à une liberté quasi-totale des mouvements de capitaux. C'est la double pyramide de crédits que cette organisation stupide a permise qui a ralenti le trend mondial régulièrement pendant quarante ans et aggravé les crises décennales.  C'est l'abandon des objectifs collectifs de limitation des déficits et des excédents de balances extérieures qui a fait passer les pays de l'OCDE de 150 à 400 ou 500% d'endettement global para rapport au PIB.

On a cru que les deux règles habituelles fonctionneraient : des déficits budgétaires associées à un relâchement monétaire important.  On n'avait pas vu que les relances keynésiennes ne marchaient plus de l'introduction des changes flottants. : trop de fuite dans le bocal !

Quant aux banques centrales, cela faisait tellement d'années qu'elles relâchaient de la monnaie à gros bouillon qu'on ne pouvait espérer une réponse particulière.

Le résultat : après avoir transféré  aux Etats les pertes des banques et donner un coup de fouet artificiel à l'activité en creusant tous les déficits publics,  le paquet invraisemblable de dettes non recouvrables de l'avant crise, entre 10 et 15 mille milliards de dollars, s'est accru des dettes de la crise elle-même, faisant peser sur tous les Etats un fardeau intolérable, en même temps que les banques étaient obligées de dégonfler leurs bilans, et que la panique déréglait tous les comportements.   

Sept ans après, Le commerce extérieur mondial a explosé. Il suffit de regarder la courbe du Baltic index pour voir qu'on est toujours au plus bas. La Chine est malade de son système financier et social déséquilibré.  Elle cherche toujours désespérément comment ne pas perdre l'essentiel du tas de dollars papier qu'elle a accumulé. 

Le Japon a compris que dans le désordre général des esprits et la débandade américaine il pouvait retrouver une bonne partie de son autonomie. Il vient de lancer une dévaluation compétitive majeure. Les journaux financiers anglo-saxons font semblant de ne pas être impressionnés. Tous leurs clichés apparaissent pour ce qu'ils sont : de la foutaise. La dévaluation japonaise marche et la croissance est un peu repartie, au détriment des autres pays du monde.

Les Etats-Unis sont englués dans des déficits intérieurs et extérieurs  gigantesques. La croissance et minable. La moindre crainte d'un abandon de l'alimentation en drogue monétaire par B. Bernanke provoque un sursaut hystérique du malade.

Les pays émergents longtemps soutenus par les replacements de dollars chinois en terrains agricoles, terres rares, commodities divers ( pétrole, charbon) , produits agricoles,  voient le bout de ce replacement. On n'était pas dans une croissance féconde et équilibrée, mais dans un spasme de précaution.   

L'Europe est en Berne. L'Allemagne qui est plus sensible à la conjoncture mondiale que la France commence à souffrir.  Les pays du sud talonnent après une violente dépression. Les banques espagnoles, on le voit, n'ont toujours pas digéré l'énorme excédent de placement immobilier des 20 ans précédents. L'Italie est atone.  Les politiques d'austérité sont remises en cause mais les outils qui ont été abandonnés par les états individuels ne sont toujours pas utilisés à l'échelon européen. L'arme des changes est purement et simplement ignorée.  La fragilité d'une zone euro sans armes ni pilote apparait pleinement.  La gestion par la norme sans instance de pilotage  conduit à la déflation généralisée.

Quant à la France !  Glacée par la dégelée fiscale accompagnée d'insultes que lui a infligé Hollande entre juillet et novembre 2012,, alors qu'elle était déjà au sommet des prélèvements et de l'étouffement administratif, la France s'est bloquée.

L es Français découvrent avec stupeur les taux d'imposition qu'on leur inflige. Le commerce est partout à l'arrêt. Les boutiques ferment les unes après les autres. les PME s'arrêtent. Le tissu industriel et commercial se défait. Le chômage explose.

L'économie française est en chute libre, tirée vers le pire  par une équipe dont la nullité satisfaite, agressive, idéologique  et désinvolte  a tout aggravé.  

Pour corser le tout, la météo française est pourrie depuis un an. Il n'a cessé de pleuvoir depuis le début de l'année. Le moral des Français est dans les chaussettes. Ils regardent leur bas de laine et se demandent combien de temps ils vont pouvoir tenir.  Ils voient bien que leurs ressources, volés par l'Etat sans la moindre vergogne,  s'épuisent.  Les jeunes s'expatrient.   Les plus âgés s'inquiètent  de ce qu'ils vont pouvoir laisser à leurs enfants si le grand âge n'a pas conduit à épuiser les réserves.  

Les voyous triomphent, bien aidés par un large partie du monde judiciaire  dont "le mur des cons" a largement révélé la mentalité. Ils n'ont pas pour mission de protéger la société mais de l'apaiser en étant durs au bourgeois et tendres au délinquant.

En ce mois de mai 2013, la France ne se révèle pas seulement bougonne, mais nerveuse et prise d'une colère rentrée contre toutes les bouches médiatiques qui lui demandent d'aimer les causes de leurs misères.

Nos commentateurs des médias , toujours positifs dès qu'il s'agit de leurs amis socialistes,  parient sur la conversion de F. Hollande. Ce serait un Schroeder et on ne l'aurait pas compris. Il n'a pas la majorité parlementaire de sa politique "sociale démocrate". Mais il y aura une recomposition politique : le hollando-bayrouïsme  est dans les tuyaux et va conduire le pays à l'extase. Le spectateur se tapote le menton.

Le citoyen, contribuable et homo economicus, lui, caresse des rêves de revanche électorale sévère.  

En attendant la France coule comme un fer à repasser, dans une Europe qui sombre doucement, au sein d'un océan mondial toujours déchaîné.  

Mai 2013 : un moment de la déprime française qui restera gravé dans la mémoire collective.

La France : un pays socialiste ?

Les faits électoraux sont clairs.  Pour la première fois de son histoire, le Parti socialiste a tous les pouvoirs en France : la Présidence de la République, l'Assemblée Nationale, le Sénat (avec d'incommodes alliés), la quasi-totalité des Régions, la plupart des grandes villes y compris celles qui étaient considérées naguère comme imprenables comme Paris ou Lyon.

Pour la première fois un Président socialiste a pratiquement tous les pouvoirs avec la durée pour les exercer.  Après une phase où il a consciencieusement démoli tout ce que son prédécesseur avait tenté de construire ou d'empêcher, il a asséné un tel  choc fiscal ciblé sur les familles aisées, les entrepreneurs et  les cadres supérieurs qu'il a bloqué net l'activité économique et démoralisé la nation toute entière.

On mesure aujourd'hui l'intensité de ce choc qui voulait frapper 10% de la population pour épargner les autres 90%  et qu'on a aggravé par le climat insultant et haineux qui l'a accompagné. Le bâtiment s'est arrêté net. Les projets d'investissement ont stoppé.  Les plans sociaux se sont  accélérés. Les boutiques ont vu leur clientèle disparaître. Les gros investissements dans les voitures et l'ameublement ont été remis à plus tard. Le personnel de maison a été licencié. On a cessé d'embaucher. En six mois, des centaines de milliers de chômeurs en plus.

L'échec de cette politique a eu comme conséquence de rendre caduques toutes les prévisions du gouvernement et les engagements du Président. Il avait promis d'inverser la courbe du chômage fin 2013 : on sera bientôt à 11% avec  près de 10 millions de foyers  vivant en France uniquement de secours publics ou ses succédanés. Il s'était engagé à revenir sous la limite des 3% du PIB pour le déficit public à fin 2013. On sera plus près de 4%, annihilant les sacrifices fiscaux faits par les Français les plus actifs. Voilà maintenant qu'on va tenter de les priver en partie de ce pourquoi ils ont cotisé à taux majoré : les allocations familiales ; la retraite, les déductions pour enfants scolarisés etc.

Les promesses hollandaises de relance de la croissance ont tenu ce que durent les roses.

Du coup les Français commencent à s'interroger sur qui est vraiment ce François Hollande, grossier et désinvolte, qui rigole sur les ruines de leur patrimoine, de leur emploi et de leurs espoirs.

Est-il un simple fumiste qui a réussi un coup politique en bénéficiant des circonstances et qui fait n'importe quoi en ricanant une fois sur le trône républicain ?

Est-il un énarque politicien, culotté mais  mal préparé, qui découvre les réalités et qui panique.

Est-ce un simple opportuniste qui joue la démagogie à fond, appuyé sur un quarteron de communicants ?

Est-il un socialiste conséquent, conscient qu'avec les moyens que la 5ème République lui donne, il peut profiter de la crise pour créer un vrai régime socialiste où la "bourgeoisie" serait balayée par l'impôt.  Il entrerait ainsi dans le "Panthéon socialiste" pour avoir réalisé une révolution de velours par l'impôt, sans toucher aux droits fondamentaux, sauf celui de la propriété.  L'article de Zbig Brataniec, sur ce site, évoque les ressemblances entre le discours Hollandais et celui qu'il a connu en Pologne au temps du "socialisme réalisé", façon soviétique. Va dans ce sens le fait qu'à 20 ans, F. Hollande, fils de "fasciste", adhérait à l'UNEF-Renouveau communiste et pas à l'UNEF socialiste.

La vérité est probablement un mélange des quatre, ce qui n'est pas reluisant. Et pose la question de savoir si les Français veulent réellement vivre dans une société socialiste.

Après avoir été débarrassée de la guerre d'Algérie, la France a voulu montré sa volonté d'en finir avec les tensions qui avaient marqué les 100 années précédentes et conduit à des catastrophes humanitaires sans précédent.  En risquant la simplification, on peut affirmer qu'elle a considéré qu'elle devait pacifier ses relations  avec tout ce qu'une société qualifiée de "bourgeoise" avait défendu avec une certaine énergie. Elle a voulu faire droit  aux revendications :

- de la communauté juive, martyrisée par les Nazis, mais avec la complicité de Vichy et qui se considérait encore victime d'un certain antisémitisme latent en France

- de la communauté homosexuelle, mis au ban de la bonne société pendant longtemps et qui se présentait comme persécutée

- des femmes qui revendiquaient la parité, et présentaient également une réclamation victimaire

- des noirs et des arabes victimes du racisme et de la colonisation

- des classes sociales défavorisées qui exigeaient une meilleure prise en considération

- des travailleurs travailleuses, avec qui on cherchait la paix et la fin de la lutte des classes en acceptant la promotion du discours syndicaliste, une grande mansuétude devant la délinquance en col rouge et un arrosage systématique d'avantages divers et pas toujours justifiés

- de la demande de paix générale en Europe via la construction de l'Europe  communautaire.

- de la nature martyrisée par les pollutions diverses.

- des délinquants "victimes d'une société répressive"  

En gros, les Français ont voulu couper avec une tradition de bourgeois mâles blancs, dominants, productivistes,  n'hésitant pas à la conquête et, s'il le fallait,  à la répression.

Presque tous les films français depuis 70 montre des bourgeois corrompus, assassins à l'occasion, prêts à tout pour du fric.  Il est intéressant de noter que les deux grands succès récents montrent pour l'un que la vraie vie se passe  à l'étage des bonnes espagnoles, pas à l'étage du bourgeois sordide et son épouse lamentable et, pour l'autre, que le blanc riche, paralysé à la suite d'une activité sportive à haut risque, choisie probablement pour masquer la vacuité d'une vie bourgeoise et friquée, avait besoin d'un noir de banlieue pour retrouver une existence humaine.

Le Français a voulu devenir politiquement correct, gentil, prêt à toutes les bonnes actions et prêts à encaisser tous les coups que pourraient lui asséner ses anciennes "victimes", du moment que cela ne lui coûte pas grand-chose d'autre que de modestes génuflexions et un peu d 'argent.

Fini le bourgeois, le beauf, le fasciste. La France a vécu 40 années de réaction anti-bourgeoise, dans un consentement progressif mais finalement assez général. Il a été rendu plus facile par l'effondrement du communisme. On oublie souvent que, malgré bien des apparences, Mai 68 a été un mouvement largement anti-communiste.

Nous pouvons apporter ici une explication à Zbig Brataniec de la raison pour laquelle les drames  qui ont ravagé les Pays de l'Est, et notamment son pays , la Pologne,  ont été gommés. On ne pouvait pas à la fois "pacifier" nos relations avec les syndicats et la classe ouvrière tout en assimilant la droite à l'antisémitisme d'Etat et au génocide, en ouvrant un front moral contre les génocides commis au nom de l'instauration violente du socialisme. On les a donc escamotés.  

On dira : vous décrivez la tentative de la gauche et généralisez abusivement à la France entière !

Certes la gauche actuelle couvre assez bien l'ensemble du champ de cette réaction antibourgeoise, et on a vu M. Hollande réactiver tous ses codes, avec le droit de vote aux étrangers, le mariage homosexuel, la politique laxiste de Mme Taubira vis-à-vis des criminels, le discours vis-à-vis de l'Afrique et de l'Algérie etc.

En fait, elle été plutôt absente sur la question des femmes et le mouvement homosexuel ne sera pris en compte qu'assez tard : l'affaire du sang  contaminé et l'inculpation de Fabius marque la césure. De même la conversion écologique a été lente.

La gauche politique a été plus opportuniste que motrice. La gauche culturelle a été à la manœuvre.

Rappelons que G. Pompidou, jeune, se voulait socialiste, comme le révèle d'Ormesson dans un livre récent ; R. Barre déclare dans ses mémoires avoir mené une politique "social-démocrate". J. Chirac voulait illustrer un "travaillisme à la Française". Giscard prétendait avoir un cœur, et a inventé "l'énarchie compassionnelle", tout en interprétant mieux que les socialistes nombres d'éléments d'une politique d'ouverture sociétale, notamment vis-à-vis des femmes. L'église elle-même s'est voulue repentante et décidée à se montrer ouverte à bien des nouveautés qu'elle combattait jusque là.  

On traite parfois de bobos tous ces Français bien intentionnés, qui grosso modo ont adhéré plus ou moins consciemment à cette réaction anti-bourgeoise. Ils n'aiment pas cela parce que justement ils ne se croient pas bourgeois et ils sont rarement bohèmes : le plus souvent ils sont fonctionnaires ! Le PS est indiscutablement plus en phase avec leur sensibilité aujourd'hui, surtout depuis que Nicolas Sarkozy a décidé, en partie, de revenir sur certains de ses développements. Il amorcé une réaction contre la réaction. Il n'est pas difficile de constater que de l'UDI de Borloo aux différents courants anti-sarkosistes de l'UMP (Mme Bachelot, la dénommée NKM, …),  il existe une forte assimilation des thèmes de la réaction "anti-bourgeoise" et anti répressive  au sein même de l'UMP. Cette contre réaction ne passe pas facilement au sein de la droite de gouvernement.  

Nous assistons depuis une quinzaine d'années à une prise de conscience progressive que cette attitude bonasse a favorisé des abus et des dérives qui deviennent criants. Beaucoup se demandent si le balancier n'a pas été trop loin.

Renoncement au nationalisme d'accord et vive l'Europe ! Mais depuis Maastricht la rupture entre l'Europe des fédéralistes et le peuple est devenue une véritable fracture.  On le voit en Italie, ce jour même, avec le résultat des élections, mais c'est la même chose en France.

Renoncement à l'antisémitisme d'accord, mais nous ne pouvons plus suivre la politique d'Israël quand elle alimente une guerre perpétuelle avec le monde musulman ponctuée de crimes et de massacres.  Le succès phénoménal du  livre de Hessel, mort aujourd'hui,  est là pour témoigner de ce revirement. La compétition mémorielle qui sévit désormais entre noirs, arabes, juifs, homosexuels, etc.,  toujours sur le dos de la France, commence à sévèrement agacer les Français. 

L'insécurité est devenue incontrôlable. Un livre récent (Orange Mécanique : l'ensauvagement de la France) révèle que "l'ensauvagement de la France "est désormais sans solutions.

La paix sociale est plébiscitée, mais pas quand elle est détournée pour simplement donner des avantages extravagants aux diverses fonctions publiques, et laisser se développer des pratiques choquantes (Ouvriers du Livre, Marins de Seafrance, Dockers, intermittents du spectacle etc.).

La générosité sociale est admise mais pas quand toute la charité publique est faite sur emprunt tout en créant une fiscalité confiscatoire. L'hyper-fiscalité française ne passe plus. Le sondage de Marianne de cette semaine le montre bien.

Quant à l'altération de règles millénaires comme celles de la filiation pour complaire à 0.3% des couples, parce qu'ils sont  homosexuels, elle a fait réagir des centaines de milliers de Français.

Nous sommes certainement en plein retour de bâton, le fameux "backlash" des anglo-saxons.  La politique de Hollande n'est plus en phase avec l'opinion. Il en fait trop. L'effondrement économique français et le climat d'hystérie qu'il entretient vont accélérer "la réaction contre la réaction".

Le mouvement "pacificateur" n'a en fait rien pacifié. Il a multiplié les contradictions  et créé les conditions de nouvelles tensions.

Pacifier les relations avec les ouvriers ? Il n'y a plus d'ouvriers. En revanche le chômage va dépasser 11%  de la population active.

Pacifier les relations en Europe ? Jamais elles n'ont été plus tendues.

Etc.

Les Français s'aperçoivent qu'on leur demande de refaire des combats historiques clos depuis des décennies. L'esclavage ? Le colonialisme violent et répressif? L'antisémitisme génocidaire nazi ? Toutes ces batailles sont closes depuis des lustres sans que personne ne demande à les reprendre. C'est à l'époque qu'il fallait se battre contre les idéologies ou les intérêts qui les avaient suscités.

La France qui avait été de toutes les percées technologiques, automobile, cinéma, aviation, grande distribution, banque est incapable désormais de se hisser en tête des combats de titans de la mondialisation. Nos grandes réussites, L'Oreal, Publicis, LVMH,  sont toutes des entreprises qui sont nées avant guerre.

La France bourgeoise a été d'un dynamisme industriel, commercial, militaire, intellectuel, culturel extrêmement fécond. En 1930, la France était la première nation du monde. Aujourd'hui elle est insultée par le premier histrion venue et fait rire dans tous les cénacles.

En voulant pacifier, harmoniser, tranquilliser, on a fini par châtrer le pays.  La castration a été d'abord fiscale mais aussi morale : on a cultivé la volonté d'impuissance, au prétexte que  la puissance froissait des élytres et réprimait.

Maintenant nous en sommes au point où nous constatons l'impuissance de la volonté.

Oui nous sommes impuissants contre la délinquance, nous sommes impuissants contre les mouvements migratoires non désirés, nous sommes impuissants contre l'Europe de Bruxelles ou contre la politique impossible de Mme Merkel, nous sommes impuissants face au délire monétaire américain, nous sommes impuissants face au mercantilisme de la Chine, nous sommes impuissants face à la toute puissance des hauts fonctionnaires, nous sommes impuissants contre les nouvelles oligarchies régnantes, nous sommes impuissants dans la mondialisation.

Nous-mêmes, nous défendons depuis près de 20 ans toujours les mêmes trois grands thèmes :

- l'organisation monétaire internationale défaillante et voulue par les américains tue le capitalisme. Mais la France est muette.

- l'inorganisation de la zone Euro et sa gestion par la norme et la déflation tuent l'Europe. Mais la France n'a aucune doctrine à opposer.

- l'hyper-fiscalité française et la captation du pays par l'énarchie compassionnelle forment les conditions d'un drame qui voit la France sortir des pays dynamiques. Mais la dénonciation des entrepreneurs et des fortunes attise la haine fiscale contre les entreprenants et ceux qui réussissent.

C'est parce que la France a cessé de vouloir et de combattre que nous nous sommes laissés enfermer. C'est parcequ'elle récuse la nécessité d'un corps important de "bourgeois" efficaces, c'est à dire de personnes qui gagnent et investissent et qui sont prêts à prendre des risques pourvu qu'on ne les plume pas,  qu'elle s'enferme dans le recul et le déclin.

Le refus d'une structure sociale complète et d'une société sans trop de complaisance,  explique la déchéance de la volonté française. Elle est la base de sa déréliction économique.

La médiocrité des présidents récents et notamment celle de N. Sarkozy et de F. Hollande sont des marqueurs de l'effondrement de la volonté française.

La France n'est pas socialiste. La suite le montrera.

Mais en voulant faire l'ange, elle a fait la bête. Et elle le paie.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile.

Une poussée de lectures significative (2)

Nous avions fini l'année 2011 avec  une fréquentation record : 115.123  lectures cumulées, un doublement chaque année. 2012 a vu une véritable explosion du lectorat : 382.400 lectures à ce jour soit 267.277 lectures de plus en un an.  Merci à tous ceux qui nous encouragent de leur lecture. Ils nous laissent penser que ce blog n'est pas totalement inutile et permet, comme c'est notre objectif, de fournir une information complémentaire de celle des médias officiels.

L'explication de cette hausse importante tient probablement à l'élection présidentielle française. Beaucoup, à gauche comme à droite, ont voulu aller au delà des explications très partielles données par les candidats.  La campagne a eu pour principale caractéristique que les deux candidats ont tu la réalité économique du pays et ont caché leurs véritables intentions. Nos lecteurs ont cherché dans une source non officielle de quoi nourrir leurs réflexions et nous sommes heureux de leur avoir fourni quelques éléments d'appréciation. Dès que l'élection a été "pliée" la fréquentation du site a baissé revenant à un étiage plus "normal" (80 à100.000 lectures an tout de même !).  

La campagne a été largement une opération de diversion menée par les deux candidats avec des moyens proches et peu recommendables : cadeaux au peuple et dénonciation de boucs émissaires.

Comme nous l'avions écrit à chaud F. Hollande s'est bien égosillé à ne rien dire. Près de deux ans après le lancement de sa propre campagne, on ne sait toujours pas comment il prétend réduire la dépense publique aux niveaux requis par l'engagement d'un déficit à 3%.

Il est vrai que Nicolas sarkozy a été dans le même déni de parole. Toute l'année 2011 et le début 2012 n'ont été que des remises sur l'établi des lois de finances pour aggraver l'imposition, provoquant une vague de chômage intense.

Au total l'année 2012 aura été comme gommée du fait de l'élection présidentielle : il n'y a plus eu de recul jusqu'à l'élection. Et après l'élection la période d'euphorie suivie par le brusque retour aux réalités n'ont pas permis de réaliser ce qu'il se passait : une croissance extravagante du nombre des chômeurs dans toutes les catégories. 

Commencée dans la panique, la période a été nourrie d'augmentations d'impôts continuelles. La France n'a cessé de voir sa croissance baisser et son chômage augmenter jusqu'à ce que l'hystérie fiscale socialiste ne vienne bloquer l'économie toute entière. Ce choc fiscal extravagant et accompagné de propos haineux ne lui a pas permis de bénéficier de la détente provoquée par les prises de position de M. Draghi et le vote du traité budgétaire européen.

M. Hollande semble penser qu'il pourra  faire payer quasi totalement la crise aux classes aisées d'une part en les assomant d'impôts et d'autre part, on va bientôt le voir, en leur coupant toutes les allocations qui ne sont pas sous conditions de ressources.  En faisant bruler la chandelle par les deux bouts, il peut effectivement récupérer les milliards de revenus et d'épargne des familles jusqu'ici aisées.   Ce faisant, il casse toutes les solidarités mises en place à la Libération. La question est de savoir s'il ne bloque pas aussi pour longtemps toutes les perspectives  d'investissement et donc de croissance et d'emplois.

Les économistes socialistes n'ont cessé de lui répéter qu'en prenant "le superflu" aux riches, sans toucher au revenu des moins fortunés, il ne modifierait pas réellement la demande globale et donc limiterait les risques de récession.  En même temps ils savaient très bien que les mesures confiscatoires n'ont qu'un rôle marginal dans les recettes. On le voit bien avec la mesure de l'effet des annulations de recettes budgétaires associées aux décisions du Conseil Constitutionnel.

La vérité est qu'il ne pouvait échapper à une hausse généralisée des impôts et que tout le reste est de la com'. Les mesures confiscatoires "symboliques" n'ont comme but que de faire passer la pilule :"Bien sûr la pilule est amère mais voyez comme nous avons assomé les riches : soyez donc contents !".

La Com' est véritablement la maladie honteuse de la politique moderne. On ne cherche même plus à savoir quelle doit être la bonne solution pour régler un probléme. On cherche seulement la recette magique pour parer par la com' les conséquences des inconséquences. 

Le dernier truc suggéré à "moi je président", à part de rectifier la cravate par un double noeud, une mesure cruciale tant le débraillé présidentiel est une cause nationale de premier plan,  est de se muer en grand chef de la lutte contre le chômage. La route du chômage comme celle du fer, naguère, va être coupée. Nous sommes en pleine gesticulation.

Il est rarissime dans l'histoire économique qu'une courbe de chômage croissent pendant plus de cinq ans avant de s'inverser un temps soit peu.  M. Hollande se souvient de 1997 et la baisse imprévue du chômage que personne ne semblait voir venir.  Son pari repose sur une idée du cycle que nous défendons par ailleurs. Nous ne saurions la laisser totalement de côté. Il est parfaitement possible maintenant que le gros de la panique est passée qu'il y ait un redressement rapide des circuits financiers complètement  chamboulés par la peur.

Tout le monde se moque de l'objectif de 3% qui lui ne sera probablement pas atteint.

L'important est dans la baisse du taux d'endettement qui crédibilise une sortie non explosive de la crise de la zone Euro.Même si on en reste à un chiffre entre 3.5 et 4.0%, il n'y aura pas péril en la demeure.

La seule question reste de savoir si l'effet dépressif des mesures fiscales prises et du climat presque obscène qui a été créé par le "socialisme du symbole" permettra d'éviter une vraie récession. La procrastination et la passivité ne peuvent rien laisser espérer. Les mauvaises nouvelles risquent de s'enchaîner sur tous les fronts. Les communiquants l'ont bien compris. Des dizaines de projets de lois sont sur l'établi, nous fait-on comprendre. Tout dépendra de leur contenu. 

F. Hollande semble décider à ne toucher à aucun poste de fonctionnaires. Il n'y aura pas de "dégraissage". L'anomalie française du sureffectif public ne sera pas corrigée. On phosphore pour savoir comment réduire la dépense sans toucher aux effectifs. Il ne reste que la voie des prestations et des reversements. Les investissements publics sont déjà au plus bas aussi bien à l'échelon national qu'à celui des régions et des collectivités locales. Et il va bien falloir annoncer quelques grands projets pour faire croire au redémarrage de la croissance.Comme on l'a vu la suppression des allocations aux familles aisées ne suffira pas.

Alors ?

Alors il ne reste qu'à croiser la doigts et espérer une reprise de l'économie mondiale. La fin de la panique peut être l'occasion d'un redressement conjoncturel. Les liquidités, énormes, sont là et le coût de la thésaurisation n'est plus justifié par le risque. Des occasions peuvent être saisies à l'échelon international   et l'Allemagne peut relancer un peu. Bien sûr il reste un stock de dettes impressionnant. Mais le cantonnement a été à peu près fait et son dégonflement est une affaire de longueur de temps et de croissance organisée collectivement.

Il se peut que F. Hollande ait de la chance. Il criera à une "victoire" qui ne lui devra rien.

Il se peut aussi qu'un incident de parcours se produise qui mette en excergue la précarité de la situation française.  La crise de l'Euro est loin d'être finie et le choc fiscal asséné aux Français a été si rude qu'il peut avoir découragé profondément les investisseurs. Le poids d'une administration non reformatée et de dépenses non maîtrisées, associé à la ruine des possibilités d'investir des familles aisées,  à d'une conjoncture européenne capricieuse et à une conjoncture mondiale non maîtrisée, peut donner un coup de ciseau définitif dans les ambitions socialistes.

En juin 2013 le taux de prélèvement sera entre 46 et 47%. La dépense publique avoisinera les 57% du PIB. Les chômeurs catégories A seront malgré les mesures statistiques sur le chômage autour de 3.5 millions et le non emploi à près de 8 millions.  Le taux de dettes aura certes baissé mais peu. La fuite des cerveaux et des entrepreneurs sera à son maximum. La France sera alors sur le fil du rasoir. Il y a  peu de chances pour que 2013 ressemble à 1997.

Nous ne saurions trop conseiller à M. Hollande d'oublier ses hommes de communication pour se concentrer sur trois politiques : 

- Obtenir des pays des différents G.xx le retour à une concertation véritable basée sur la disparition des grands déséquilibres mondiaux. L'idéal serait d'obtenir une restauration des obligations monétaires grâce un arrangement de type Bretton Woods. Après tout F. Hollande a un temps déclaré qu'il y était favorable. A lui de trouver les voies et moyens de cette politique en s'appuyant si c'est possible sur Lagarde et le FMI. Il doit se souvenir que DSK avait mis à l'étude un retour aux changes fixes et ajustables basés sur une monnaie internationale non associée à une monnaie nationale.  Qu'il réactive ces travaux !

- Obtenir une relance interne de la Chine et de l'Allemagne,  tout en poussant au niveau de l'Euroland à la création d'un poste de chancellier économique  de la zone Euro avec de véritables pouvoirs de politique monétaire, budgétaire et sociale, orientée vers le plein emploi et pas seulement vers la stabilité des prix internes d'un échantillon de produits de consommation.

- Profiter des décisions du Conseil Constitutionnel pour se réconcilier avec les Français méritants qu'il a inutilement saqués et désignés à la vindicte fiscale et publique, même si ses communiquants, quand ils ne lui parlent pas de sa cravate, lui conseillent de garder au chaud des boucs émissaires pour les temps difficiles. Il y a du gras un peu partout dans l'économie subventionnée. Même s'il ne veut pas trop toucher aux postes de travail existants, qu'il évite au moins toute nouvelle embauche publique aussi bien dans les régions qu'à l'échelon de l'Etat français et de l'Europe. Qu'il supprime les 35 heures dans la fonction publique et laisse les partenaires sociaux définir les durées de travail entreprise par entreprise.  Qu'il passe la retraite à 65 ans  avec harmonisation des régimes  sur celui du privé. Qu'il supprime le système aberrant des intermittents du spectacle. Qu'il mette fin à mille abus, avant même de gratter l'os de l'Administration centrale. Qu'il réduise les étages du mille-feuilles administratif  et les spécialise.  Tout cela peut être fait sans hausse d'impôts et sans réduction d 'effectifs. Qu'au moins au sortir de 2013, des réformes fondamentales et réclamées à cor et à cri depuis des lustres soient fortement engagées !

S'il se contente d'astuces de communiquants, de faux semblants, de mesures dilatoires, de dénonciations de boucs émissaires, et d'une aggravation de l'agression fiscale, en gros s'il se contente de ce qu'il a fait en 2012, le désastre est au bout du chemin. 

Le pire n'est pas toujours le plus sage.

D'autant plus que, comme lui, nous pensons qu'il y a un bout du tunnel et qu'il est possible sinon à l'automne en 2013 du moins au printemps 2014.

Mais qu'il change ! Ici et maintenant !

Sinon gare à l'accident ! 

 

Didier Dufau pour le cercle des Economistes E-toile.



La Chine et l'or

L'attitude des autorités chinoises vis-à-vis de l'or est une des clés de l'avenir du système monétaire international.

Le premier stade de la stratégie chinoise a été la capture de l'économie mondiale par une politique de monnaie alignée sur le dollar à un niveau très bas. L'entrée dans l'OMC lui a permis l'accès aux marchés occidentaux sans trop de contreparties ni  sans grandes obligations. La Chine n'est pas un état de droit et permet de ne pas respecter les règles usuelles de propriété industrielle. Elle protège efficacement son pré carré en privilégiant ses sociétés nationales et en forçant les entreprises étrangères à prendre des associés locaux qui n'hésitent pas à voler à l'occasion leurs partenaires.

Les excédents étaient replacés majoritairement en bons du trésor américain où il dopaient les prêts qui permettaient d'acheter en Chine. Cette spirale a provoqué l'émergence de déséquilibres mondiaux intenables. On lui doit la croissance globale de l'empilement de dettes de plus en plus fragiles et l'effondrement du système.

La Chine se retrouve avec une masse de dollars dont elle craint une perte de valeur verticale. Elle est soumise à la pression des Etats-Unis pour faire monter le cours de la monnaie chinoise à un niveau qui évite les excédents trop massifs.  Comme tous les créanciers elles craint la carence de son débiteur. Elle suit donc une politique de louvoiement, espérant pouvoir se décrocher un jour du dollar, mais le soutenant pour éviter les pertes radicales.  Elle cède,  tout en ne cédant en fait rien sur le cours de sa monnaie qui s'est à peine appréciée en 10 ans.

Comme le commerce international est stagnant, la stratégie de l'emploi des réserves devient crucial. La Chine achète du solide : des terres, des mines, des infrastructures.

Le cœur de la nouvelle étape est de mettre l'or au cœur de son système monétaire.

L'or permet de faire face à deux évolutions contraires.

Soit la Chine cède aux sirènes de l'internationalisation de sa monnaie, auquel cas elle aura besoin de plus des 1000 tonnes d'or  et quelques qu'elle possède pour stabiliser la confiance internationale.  

Soit on va vers une réforme du système monétaire international et l'or y jouera un rôle crucial.

Son intérêt stratégique est donc d'accumuler de l'or, en forçant sa production qui est déjà la première du monde, en achetant des mines étrangères,  comme Barraks Mines, en permettant à ses particuliers de détenir de l'or, en convertissant ses réserves progressivement en or. 

On peut penser que la Chine vise un stock d'or de près de 4 mille tonnes avant de faire quelques pas que ce soit sur le plan monétaire.

Le taux des intérêts versés par le Trésor américain est si faible que le potentiel de plus value sur l'or  rend équivalent le rendement à moyen terme.

L'Euro joue un rôle marginal dans l'affaire. La Chine sait qu'à terme il faudra pour maintenir ses relations avec une Europe malade accepter une hausse de sa monnaie par rapport à l'Euro.  Actuellement elle agit pour éviter que l'Euro s'effondre. Il s'agit de tactique.

On va donc quasi mécaniquement  vers un cours de l'or au dessus de 2.000 dollars l'once.

La question qui est posée aux Etats Unis et à l'Europe est de savoir qu'elle est LEUR stratégie. Pour l'Europe, c'est simple, elle n'en a aucune. Ce qui peut être considéré comme fâcheux. Pour les Etats Unis la question est de savoir si elle a encore le pouvoir de ruiner ses créanciers sans conséquences.  Il semble bien que non. La folie d'un système de déséquilibres cumulatifs entre la Chine et les Etats-Unis n'est pas viable. Il a explosé. Il marche sur une jambe et celle-ci est malade.

Cette analyse souligne la carence du G.20 dans la conception d'un nouvel ordre monétaire international.

Le système non coopératif actuel a échoué.  Les stratégies  actuelles des grands blocs  sont lourdes de conflits explosifs.

L'heure est-il à la réforme du système monétaire international ?  

La Chine n'est pas prête. Elle considère ne pas disposer d'assez d'or et  ne veut pas être prise immédiatement dans la nécessité de rééquilibrer ses balances extérieures.

Les Etats-Unis ne le sont pas plus. Ils espèrent encore imposer le dollar au monde et ne veulent pas entendre parler d'un rééquilibrage de leurs balances extérieurs

L'Europe est inexistante, comme d'habitude.

Elle est pourtant la clé de voute de la solution.  Si l'Euro s'effondre, alors l'or prendra tout son sens dans le sauf qui peut général.  Les banques américaines seront ruinées. La Chine sera durement touchée.  Si l'Euro perdure ce ne peut être que par la création de ce que Didier Dufau dans son nouveau livre, Le Manifeste, appelle une "Chancellerie de l'Union Monétaire Européenne".

Il deviendra évident qu'il faut que les trois blocs s'entendent et coopèrent pour éviter l'effondrement définitif du commerce mondial .

Le temps sera venu pour une conférence de type Bretton-Woods qui acte la fin des monnaies administratives flottantes et marque la volonté de restaurer la confiance, la croissance, le plein emploi et la liquidation des dettes globales accumulées.

Il se peut que la pédagogie de l'aggravation de la crise en 2013 permette cette évolution en 2014-2015.

En attendant que la Chine accumule un peu d'or monétaire ne peut qu'aller dans le bon sens.

L'Europe en revanche et particulièrement la France peut regretter d'avoir galvauder ses réserves.

 

 Lewis Holden pour le Cercle des Economistes E-toile.

Un débat et une prévision de 2009 vus avec quatre ans de recul

Il nous a paru amusant de reprendre ici un dialogue  de février 2009 que nous avions eu sur le site de Guy Sorman (http://gsorman.typepad.com/guy_sorman/2009/02/crise-qui-est-coupable.html)  à propos d'un intéressant article qui s'interrogeait sur les coupables d'une crise qui devenait visible et qui regrettait que les théories étatistes  l'emportent sur une vision plus libérale des choses.  Il concluait :  

"Au nom du bonheur commun, souhaitons que les politiques de relance  en cours aux Etats-Unis comme en Europe réussissent ;  on sait d’expérience,  qu’un succès à court terme est possible mais qu’ il serait certainement suivi d’un retour à l’inflation. Il reste donc indispensable de préparer une alternative , ce que Hayek appelait, une utopie de rechange."

On a vu dans les faits que la relance a effectivement réussi à court terme, mais qu'elle s'est rapidement effondrée  peu après.  En revanche il n'y a pas eu d'inflation.  On sait pourquoi : la crise était due (et reste active) du fait d'une accumulation de dettes et de crédits insupportable. Ajouter de l'activité par de la dette nouvelle ne pouvait que mettre les Etats en difficulté.  La destruction de monnaie privée étant supérieure à la création de monnaie banque centrale, il n'y a pas eu de vrai inflation. En revanche les effets de paniques ont été aggravé par la liberté totale de mouvements de capitaux aves des comportements de précaution qui ont fait aller l'économie dans tous les sens sauf celui de la croissance. Et nous voilà avec des impôts monstrueux pour essayer de payer la facture.

Dans les faits Guy Sorman a eu raison sur un point clair : les relances keynésiennes ne sont pas efficaces et faux sur un autre : ce n'est pas l'inflation qui est arrivée mais l'hystérie fiscale. Dans un système où les banques centrales ont un objectif de stabilité des prix seuls l'impôt permet de solder une crise de dettes partiellement transférée sur l'Etat.

Il nous paraissait que l'a priori doctrinal ne suffisait pas et qu'il fallait aller à la racine de la crise de la dette pour comprendre pourquoi les mesures engagées ne fonctionneraient pas.

Il nous semble que nos observations ont été totalement validées par les faits.   

Nous renvoyons le lecteur  au texte de Sorman et présentons le dialogue qui a suivi :

Notre réponse  :  

"L'ennui de cet article est qu'il ne comporte pas de vrai diagnostic et donc aucune vraie solution.

"La crise dite des "subprimes" n'a été que l'allumette qui a fait sauter la vraie bombe : le désastre des changes flottants qui ont permis la constitution d'un endettement si colossal (pour les Etats Unis plus de 3 fois le PIB) que plus personne n'aurait pu payer les intérêts. Ce à quoi on assiste c'est l'effondrement de cet endettement phénoménal et sans cause sérieuse depuis qu'il ne sert qu'à alimenter la fuite devant les monnaies et le gonflement du prix des biens dits réels.

"Depuis 1971 date où le dollar est détaché de l'or son prix en or est passé de 35$ l'once à plus de 900 et s'oriente vers les 1000. Une dévaluation de près de 97%. Est-ce que Friedman, le seul théoricien des changes flottants avait prévu cela ? Non évidemment. Il avait déclaré que les changes et les taux d'intérêt s stabiliseraient. Le dollar a perdu la moitié de sa valeur puis a doublé puis a reperdu la moitié de sa valeur désagrégeant les échanges et ralentissant la croissance. Du coup on est passé des trente glorieuses à une période bien moins tonique. Quant aux taux d'intérêt unifié, il suffit de regarder le désastre actuel pour voir à quel point un prix Nobel peut se fourvoyer.

"Le système des changes flottants a permis au pays dont la monnaie était dominante de creuser des déficits colossaux et perpétuels qui ont généré avec une fréquence de 3 à 5 ans des crises financières répétées. Pour sortir d'une crise on gonflait le ballon de liquidités en dollars qui venait crever lors de la crise d'après avec une aggravation constante. Jusqu'à l'explosion nucléaire finale.

"Dire : il faut laisser faillite se faire est amusant. L'ensemble du système financier mondial est en faillite. Le capital global des banques est d'environ 1/20 des pertes encourues ou potentielles ! Si on laisse tomber les banques c'est l'ensemble des dépôts mondiaux qui s'évaporerait. On sait que la perte de 30% des dépôts entraîne une récession d'environ 50% du PIB. Bonjour les suites heureuses de l'irresponsabilité conduite par l'idéologie.

"Actuellement crédit est mort parce que les banques sont des mort-vivants. Tout le système mondial des échanges est quasi à l'arrêt. Les flux commerciaux ne savent plus comment s'orienter.

"La seule solution n'est pas de gloser sur libéralisme ou non mais de mettre fin sans délais aux changes flottants afin de stopper les guerres de dévaluation qui se mènent tous les jours, de supprimer l'alea sur les changes (qui explique la complexité des CDS et autres produits dérivés) et de rétablir un horizon économique stable pour le commerce international.

Tout le reste n'est que ruine de l'âme et de l'esprit."

 

@didier dufau:
Et concretement, comment fait-on pour mettre fin aux changes flottants?
On revient a un systeme ancre sur l'or?

@avidadollar

La première question est de savoir si les changes flottants sont bien en cause dans la crise actuelle, nième épisode depuis 71. Apprécions qu'on le pense suffisamment pour poser une seconde question : comment en sortir ?

Un système monétaire international correct suppose l'égalité des nations et des règles élémentaires. La première : tenir sa monnaie et faire en sorte que les déséquilibres qui se produisent ne soient que temporaires. La seconde : solder ses comptes internationaux. La troisième : au cas où on ne le peux pas, accepter une aide temporaire moyennant une action correctrice forte imposée par la communauté.

Faut-il une monnaie comme l'or pour ajuster les soldes ? Non. N'importe quel système est possible. L'important est de revenir à une balance suffisamment équilibrée pour ne pas poser de problème.

Ce peut être des DTS, une monnaie de compte internationale comme le Mondio, un système de régulation fort (les excédents impliquent aussitôt des mécanismes de taxes compensateurs si le pays ne relance pas en interne son économie).

Cela peut même être l'or. On n'a jamais extrait autant d'or. On est sur une tendance de 3% par an de croissance des productions ce qui le rythme à long terme d'une croissance soutenable.

La ringardisation de l'étalon or après en avoir fait la seule solution libérale orthodoxe est une curiosité intellectuelle.


L'important dans l'affaire c'est de cesser de pleurer sur les conséquences sans jamais voir la cause.

Les américains ne croient pas au plan de relance parce qu'ils on peur pour le dollar et craignent sont effondrement. Merci les changes flottants.

L'Islande n'a plus de monnaie après avoir pu prendre des engagements multiples du PIB. merci les changes flottants.

Le RU dévalue à mort : merci la libre concurrence saine avec une gain immédiat de près de 5à% de compétitivité !

Les fluctuations des monnaies font courir un risque tel que le commerce international est arrêté. Merci qui ?


Les pays baltes voient leur monnaie s'effondrer. Cela effondre les bourses un peu plus. Merci qui ?

Il est stupéfiant de voir décrit cent fois dans les journaux des malheurs liés aux changes flottants sans que JAMAIS ils ne soient mis en cause.

La relance keynésienne ne fonctionne pas en change flottant. Pas de chance. Keynes était CONTRE les changes flottants.

Les relances monétaires par les banques centrales ne fonctionnent pas en mode changes flottants. Keynes l'avait bien vu en 1921.

En fait rien ne marche en change flottant.

le seul théoricien des changes flottants Milton F. avait prévu :

- une harmonisation des taux d'intérêt
- la convergence des taux de change.

Tout faux.

Rien ne marche en changes flottants même pas les théories des pères du système.

Il serait peut être bon de le comprendre avant que l'échec de tous les plans lancés depuis 6 mois ne deviennent encore plus patents !

 

Avec le recul on ne voit pas trop ce qui devrait être changé dans notre position.

L'or est passé à 1750 dollars au lieu des mille que nous envisagions à court terme, preuve de la panique générale et de la fuite des monnaies  créées par les plan de Quantitative easing  ont été dans les marchés de biens durables pas dans l'activité.

Nous disions que la relance keynésienne ne marcherait pas, ce qui a été le cas. L'expérience Chirac de 1974 avait déjà prouvé qu'une relance keynésienne en change flottant finissait par…un plan Barre de relèvement des impôts sans réellement changer quoi que ce soit.

Comme rien ne marche en changes flottants et qu'on n'a même pas envisagé une seule seconde de simplement discuter de la question, la crise perdure près de quatre ans après cette petite discussion.  

L'utopie de rechange dont parlait Hayek est bien la suppression  du système des changes flottants, un système qui ne marche pas, qui n'a jamais marché et qui ne marchera jamais !  

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile.

Deux mots à M. François Fillon

L'avantage d'une vraie campagne pour la direction d'un parti est qu'elle force les candidats à traiter des grandes questions du moment.  Nous devrions préciser : d'un parti d'opposition, car on voit bien que dans le camp socialiste, l'avenir de M. Désir a été réglé entre grands Mamamouchis loin de tout débat d'idées. Il est vrai que les "désirs d'avenir" socialistes avaient été satisfaits  lors de l'élection présidentielle. Enfin, certains.

M. Fillon donne donc dans le Figaro du 17 septembre un intéressant aperçu sur ce qu'il faut faire de l'Europe sous le titre "Dépasser le compromis de Maastricht". L'exercice est d'autant plus difficile qu'il fut un séguiniste anti-maastrichtien et qu'il dut subir comme Premier Ministre les difficultés liées à la mauvaise organisation de la zone Euro.

Au milieu d'intéressants développements , elle contient pas mal d'approximations qui méritent d'être relevées.

* "C'est pour s'en libérer [[de la pression lancinante de l'inflation et des crises monétaires NDLR]]  que les dirigeants de l'époque proposèrent aux peuples européens d'unir leurs destins en se donnant une monnaie commune".

- L'UEM a défini par un accord en 1969 ! Bien avant l'éclatement du système de Bretton-Woods !

- Le traité de Maastricht n'a pas proposé une monnaie commune mais une monnaie unique. C'est très différent et largement une des sources des difficultés.

- Chaque peuple n'a pas plusieurs destins ; cette faute d'orthographe est espérons involontaire : le communautarisme est un problème pas une solution.

"Faute d'une vision partagée de l'avenir…ils ne purent bâtir les institutions pourtant indispensables".

- Les européistes, Mitterrand en tête, décidèrent de mettre comme d'habitude la charrue devant les bœufs en sachant pertinemment  que les désordres consécutifs forceraient à une marche en avant institutionnelle supplémentaire. Il y a eu calcul pas désaccord. Les "institutions pourtant indispensables" n'ont jamais été évoquées à cette époque.

- L'Euro était nécessairement "une vision partagée de l'avenir". Sinon quoi ? Malheureusement tous les débats sur cet avenir ont été impossibles. Les européens découvriront les défauts sur le tas, pas dans les prévisions de leurs hommes politiques même si certaines voix s'étaient fait clairement entendre …dont celle de Seguin (voir son discours sur ce blog), mais plutôt orientées sur la question de l'indépendance nationale et de la souveraineté pas sur l'organisation heureuse d'une zone de monnaie unique. Toutes les autres ont été marginalisées ou ignorées dans le débat médiatique.

* "Protégés par leur monnaie unique, nombreux ont été les Etats  et la France en fit malheureusement partie, qui pouvaient sans risque laisser filer leurs déficits et creuser leurs dettes".

- Il est clair que la France sans Euro aurait du dévaluer sa monnaie dès que les effets des 35 heures sur sa compétitivité se seraient révélés patents.    

- Le choix a été fait par Chirac et…Sarkozy qui Ministre des Finances n'a pas cessé de moquer les contraintes budgétaires de Maastricht et de plaider pour …les subprimes à la française, avant d'être rattrapé par la crise.

- Parlons donc de "l'illusion de l'aspect protecteur de l'Euro", mais rappelons que tous les pays occidentaux ont depuis 1971 vu leur endettement global qui avait décru de 1945 à 71 jusqu'à passer en dessous de 200% du PIB repasser cette borne puis les 250, 300, 350%  etc. L'Euro n'est qu'une cause très indirecte de l'endettement européen. L'endettement se fera d'ailleurs en monnaie étrangère avec les conséquences que l'ont sait. Et la tentation dépensière des politiques n'a jamais faibli non plus que la pertinence des Lois de Parkinson et l'impudence des administrations.

* Il faut "plus de nation" et "plus d'Europe".

Parfait oxymore. Il faut dire que José Manuel Barroso qui est Commissaire européen et qui signe en dessous de l'article de Fillon dans la même livraison du Figaro  se révèle également un excellent spécialiste du genre avec son titre : "Vers une fédération d'Etats-nations". Vive la supra nationalité nationaliste  !

 *  Il faut "s'assurer que les politiques budgétaires de chaque Etat et la politique monétaire européenne marchent enfin d'un même pas".

- Il n'y a plus de politique monétaire nationale mais il n'y a pas non plus de politique monétaire européenne. On ne connait qu'une seule politique : celle de la BCE dont l'objectif unique est de maintenir l'inflation en dessous de 2% et qui est indépendante.  Avant de songer à synchroniser il faudrait d'abord faire exister. Où donc se définit et se pilote une politique monétaire européenne et avec quels objectifs ?  A demander à M. Juncker, Président, pendant la période,  de l'Euro-groupe. S'il veut bien car il a le sommeil discret, discret, discret.

- Au cas où on trouverait le moyen de mettre en œuvre une politique monétaire (les changes en font partie selon la théorie sauf qu'en pratique ils flottent sous la pression  tout aussi théorique des "marchés" tant les interventions des Etats non européens sont flagrantes), pourquoi y associer la seule politique budgétaire ?  Les 35 heures ont eu autant d'impact sur l'effondrement des parts de marché mondiales de la France que son seul budget même si celui-ci a été impacté par la mesure.  C'est toute la politique, le "policy mix" comme on dit à Bruxelles qui est concerné et tous les fédéralistes le savent bien.

- Fillon a expérimenté l'impuissance du premier Ministre qui ne dispose plus d'aucun levier sur la finance, le change et la monnaie. Qu'on veuille pardonner cette expression un peu outrée mais dans l'affaire c'est l'histoire d'un cul de jatte qui voudrait donner des jambes à un zombi.  

* Cette Europe politique se confond avec le patriotisme éclairé que j'appelle de mes voeux"  

- Hollande en appelle au patriotisme pour faire passer son coup de massue fiscale

- Fillon en appelle au patriotisme pour faire passer un abandon définitif de toute souveraineté. Le Président et son gouvernement n'auront plus aucun levier sur la monnaie, le budget, les changes, et ..le reste. Car une grosse partie des textes qui nous régissent sont écrit à Bruxelles. On sait que l'empilement des pages dépasse désormais le million    

En général quand on ajoute des adjectifs à un nom c'est pour lui faire changer de sens ; exemple : démocratie populaire.

Cela dit, retenons que François Fillon reconnait qu'on ne peut avancer sans détruire une partie de ce qui existe en Europe, en gros le système de la Commission peuplés d'européistes nommés qui n'en font qu'à leur tête, puisqu'ils ont le monopole de l'initiative des lois. Il faut pour construire une politique européenne mise en commun inventer de nouvelles institutions européennes et modifier celles qui existent. Le déficit démocratique de l'Union Européenne est aussi intolérable que l'inexistence d'une gouvernance de la zone de monnaie unique.  Sur ce constat là, s'il était précisé, nous serions pleinement d'accord.

J.M. Barroso, à l'article du dessous de celui de F Fillon,  parle, lui,  d'une coopération "véritable" entre le Parlement européen (avec majuscule) et les parlements nationaux (sans majuscule). C'est trop peu. Nous avions été beaucoup plus loin lors du débat sur la pseudo constitution européenne, suggérant soit que le parlement européen soit flanqué d'un Sénat constitué de représentants des parlements nationaux, (l'idée de Maurice Allais), soit que les députés européens soient une émanation de chaque parlement national.  Il faut également introduire la subsidiarité non pas sur les nouvelles mises en commun mais aussi sur le passé et supprimer le monopole d'initiative de la Commission.

L'Euro, Schengen, l'extension  excessive et trop rapide de la surface de l'Union Européenne ont été des actes d'Hubris et non pas de rationalité. Ne créons pas trop vite de nouvelles institutions sans réelles discussions sur la réorganisation des anciennes.

Les difficultés que F. Fillon a rencontré à la tête du pays n'ont pas pour cause principale l'Europe mais le système absurde et destructeur des changes flottants. Il n'en dit pas un mot.

Il est vrai que la stature présidentielle exige que l'on se taise sur les changes flottants et qu'on adhère au projet européen. Ce qui est navrant.

Nous n'avons pas besoin de postures mais d'idées justes. Surtout à la tête d'un parti d'opposition qui aura à reprendre un pays ravagé par la crise et les "mesures symboliques" du démagogue qui dirige actuellement la France. 

Cher François Fillon, le travail reste encore à faire. Oublier les opérations-images pour privilégier le débat de fond est un préalable à toute candidature présidentielle en 1917. Et cela évitera que M. Balladur trouve la campagne "terne".

Nous ne prenons naturellement pas parti pour M. Copé en le disant. Ce spécialiste averti de la langue de bois n'a encore rien dit sur rien, sinon sur la Burka et sur l'ampleur de son ambition politique. En matière d'opérations-image, ce n'est pas un débutant. Et comme apparatchick c'est un maître : le verrouillage du fichier des membres de l'UMP en est le plus parfait témoignage.

Nous espérons qu'il fera également un peu mieux. Une prise de position détaillée sur l'Euro et son avenir  ne serait pas de trop. On serait ravi de la commenter.

ISF : la névrose fiscale qui détruit le Pacte Républicain Français

La France souffre de névrose fiscale aggravée et depuis bien longtemps. Dirigée par des fonctionnaires pour des fonctionnaires, la France voit l'idéologie socialiste la plus haineuse récupérée par des énarques de gauche ivres du pouvoir de la République, sous l'œil complice des énarques de droite, qui ont substitué la compassion au socialisme ouvertement assumé et qui veillent à ne jamais prendre le risque de se faire traiter de "fascistes inféodés au Medef et au Figaro magazine".

Le septennat fiscal de Giscard, les errements de Mitterrand, le désastre du ni-ni chiraquien  et finalement la fausse rupture Sarkozy ont conduit à une situation unique et inique. La totalité de la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand ne suffit pas à couvrir les dépenses de l'Etat ! La dette d'état monte vers les 100% du PIB global et dépasse 125% du PIB purement marchand (hors prestations des services administratifs). Nous atteignons les 3 millions de chômeurs, bientôt le 5 millions d'inscrits à l'ANPE, les 10 millions de pauvres. Nos entreprises font faillite à répétition. Le commerce extérieur est entré dans l'ère des déficits insoutenables et cumulatifs. Une nouvelle récession est à nos portes si elle n'est pas déjà là.

La déroute de "l'énarchie compassionnelle", avatar grotesque du socialisme marxisant qui domine les classes intellectuelles françaises depuis la guerre, est totale. La France n'a plus d'indépendance et est désormais privée de tous les leviers économiques nécessaires à une politique adaptée à la situation actuelle (Elle est à saturation fiscale, en voie d'effondrement social, sans monnaie, sans gestion des changes et bientôt avec un budget sous contrôle extérieur). 

La seule chose qui intéresse le gouvernement Hollande est de trouver un bouc émissaire pour évacuer les tensions que cette situation désolante crée dans le pays. Il s'est fait élire sur la base d'un racisme social assumé. La France s'est bercée sur l'idée que les "riches paieront".  Hollande aurait-il affirmé : "les juifs paieront !", ou "les musulmans paieront" ou les "noirs paieront" qu'il serait aujourd'hui en prison.  Mais les riches ! Là on peut y aller.  L'idée qu'une minorité pourrait payer pour les masses a toujours été un grand must dans tous les épisodes socialistes du 20ième siècle, avec les résultats que l'on sait.

Quelle différence entre Pétain et sa révolution nationale, singularisant les Juifs pour expier la défaite et la propagande de ce M. Hollande clouant "les riches" au pilori fiscal ? Les mécanismes sont exactement les mêmes et ils sont à vomir.

Tout est absurde et mal inspiré dans le plan que les  parlementaires socialistes viennent de voter.

Nous étions contre la détaxation des heures supplémentaires. Nous pourrions applaudir à la disparition de ce gadget plein d'effets pervers.  Mais voilà : il a largement servi à faire baisser le coût du travail nécessaire à la survie des industries françaises.  Le supprimer sans redonner les moyens équivalents aux entreprises (au contraire on les accable à nouveau)  revient à simplement charger la barque un peu plus alors qu'elle sombre.

Nous étions pour la TVA sociale. La voilà enterrée. Une fois encore une mesure en faveur de l'exportation et de la compétitivité est abandonnée.  Une erreur absolue.

Et voici qu'on triple les impôts sur la fortune. L'ISF sera de retour aux taux confiscatoires d'avant mais sans le bouclier qui permettait à certains d'éviter de dépasser les 100% d'imposition. Le Monde laisse passer une opinion d'un "chercheur au CNRS" qui doit probablement son poste à ses amitiés socialistes ou communiste qui explique doctement que le nouveau régime est plus favorable  que celui de 2007 en oubliant justement le plafonnement fiscal qui est une grande partie du problème. On dirait du Picketty : regardez ce que je vous montre et oubliez ce que je ne vous montre pas.

Cet acte de haine sociale et politique est une faute économique grave (l'argent du capital part dans les dépenses courantes tuant toute perspective d'investissement) , une faute nationale dramatique (un impôt sur le capital à taux prohibitif se boucle nécessairement toujours par une vente des meilleurs biens nationaux à l'étranger) et surtout un détournement de pouvoir démocratique qui devrait être pénalisé.

Posez-vous  la question :  est-il normal qu'un citoyen se voit privé de la totalité de son revenu par l'état ? Constitutionnellement l'impôt est contributif, pas confiscatoire. Il n'est du qu'à proportion du revenu et pour les tâches régaliennes. Prendre la totalité du revenu d'un citoyen revient à détourner le pouvoir de coercition de l'Etat pour voler les citoyens.

On n'est plus dans la politique nationale mais dans le brigandage électoral mafieux.

Les mesures prises ces derniers jours vont permettre à l'état-PS de l'énarque socialiste Hollande de prendre la totalité du revenu d'environ 10.000 personnes à court terme, 30.000 bientôt. On spolie en toute connaissance cause une minorité nationale qui non seulement n'est coupable de rien mais n'a réussi à disposer du revenu que l'on saisit que par sa réussite économique.

Quelle différence avec la politique anti-koulak de Staline ? Minorité dont la propagande socialiste tendance bolchevique avait fait le bouc émissaire des échecs de la Révolution d'octobre, chaque jour vilipendée, chaque jour agressée, chaque jour mise au pilori, les anciens propriétaires de champs (0.5 à 20 hectares)  seront bientôt privés de tout revenu au point de mourir de famine par milliers puis par millions dans l'indifférence générale.

Certes les victimes de la confiscation socialiste à la française ne mourront pas de faim. On leur demande de se dépouiller du patrimoine que leur efficacité économique leur avait valu.  Vendez si vous voulez vivre ! On massacre leur vie mais on ne la prend pas. Il faudrait s'extasier de ce progrès humanitaire ?

On viole impunément toutes les règles constitutionnelles : droit à la propriété ; droit à un espace personnel à l'abri de l'état ; droit à la juste jouissance de son revenu. 

Il n'y a aucune solidarité seulement un vol. Un vol haineux qui doit donner de la joie mauvaise aux masses et garantir l'élection de la petite coterie des énarques socialistes et son maintien  au pouvoir.

La degré zéro de la démocratie.

Nous sommes au niveau du Zimbabwe de l'immonde Mugabe, l'hôte de l'assassin génocidaire Mengistu, celui qui tuait les enfants errants à la mitraillette et les laissait pourrir sur le trottoir pour l'édification des masses, ou du Venezuela de Chavez.    

Les médias français, dont selon les études, 80 à 90% des journalistes se déclarent "de gauche", s'extasient. Et ils ne cessent de surenchérir sur toutes les radios, dans toutes les télés. Pensez : les riches ! On peut y aller. On ne va pas les plaindre ces "dégueulasses". En plus ils devraient être heureux de contribuer. Qu'ils se plaignent est réellement honteux. 

Dans "Je suis partout" le journal de la collaboration sous Pétain, on affirmait déjà que les juifs contribuaient "enfin" à la solidarité nationale, parce qu'on leur saisissait leur appartement et autres biens en attendant pire. Et qu'ils avaient bien peu de vergogne à se plaindre d'être "enfin" utile à la Nation dont ils avaient sucé le sang. Beaucoup de Français jouissaient des tracas et spoliations qu'on leur faisait subir, en rêvant qu'ils pourraient bien en profiter un peu.

Combien de Français jouissent aujourd'hui du plaisir du tort fait aux "riches" ?

Qui osera faire un sondage sur le thème : "on va prendre à 30.000 Français la totalité de leur revenu : êtes vous d'accord oui-non". Personne. La presse socialiste n'osera pas assumer un crime qu'elle nie. La presse de droite a trop peur de constater que les Français aiment çà.  

L'UMP toute à sa guerre des chefs, n'a eu aucune réaction. Comment en aurait-elle alors qu'elle n'a pas eu le courage de supprimer l'ISF ? C'est l'énarque Juppé, qui se voit déjà en suprême recours du combat des deux prétendants principaux, qui avait supprimé le petit bouclier fiscal de Rocard tout en criant "vive l'ISF, impôt que l'on aurait du créer". C'est lui qui le plus officiellement avait permis au nombre des contribuables privés par le fisc de la totalité de leur revenu d'enfler démesurément, jusqu'à ce qu'on constate que les RMIstes de l'île de Ré étaient privés de tout revenu et devaient vendre leur ferme familiale emportée par la bulle immobilière.

Dans ce parti tenu par les hauts fonctionnaires au sommet, et à la base peuplé de chefaillons cherchant d'abord l'enracinement local en se gardant bien de toute position sur une question nationale quelconque (la crotte de chien semble leur horizon majeur), il ne se sera dégagé aucune voix pour dire que cette exaction doublé du viol du pacte républicain devait être impitoyablement condamnée.

Défendre une minorité honnie ? Vous n'y pensez pas ! La "classe moyenne", paravent commode, utilisé à droite comme à gauche, d'accord, mais les riches ? "Mon image serait irrémédiablement salie. L'homme du grand capital; moi ? Vous rêvez !"

Trouvez un simple démocrate qui tient qu'on ne peut pas prendre la totalité du revenu de quelqu'un, qui n'a commis aucune faute et en temps de paix,  est impossible à l'UMP, comme d'ailleurs dans aucun  parti. De la même façon qu'on ne trouvera aucun musulman prenant la défense de la minorité chrétienne honnie au Moyen-Orient, qu'on ne trouvait aucun allemand pour soutenir ouvertement les juifs dans les années hitlériennes, qu'on ne trouvait aucun "homo sovieticus" pour prendre la défense des Koulaks, aucune voie ne s'élèvera pour dénoncer une exaction innommable commise contre une frange de Français considérés comme coupables et à merci.    

Pauvre France. Elle perdu toute indépendance. Son industrie n'est plus que l'ombre de ce qu'elle fut.  Elle est absente de tous les marchés porteurs d'avenir et ne se bat à aucun avant poste de la technologie. Elle qui fut à l'avant garde de la révolution industrielle, qui fut dans la bataille de la voiture, de l'avion, du cinéma, de toutes les grandes innovations du XIXème et de la première moitié du XXème n'est plus rien. Le français n'est plus enseigné à l'étranger. On vient même de supprimer la gratuité de l'enseignement secondaire des Français de l'étranger.  Ils n'ont qu'à apprendre l'anglais ces salauds. L'aura de la France est devenue presque nulle et se survit à elle-même par inertie, pas par ses grandes réalisations actuelles.

La voilà dirigée par une petite oligarchie de hauts fonctionnaires qui se partagent les restes en ruinant à qui mieux-mieux les témoins d'un autre destin français.

M. Hollande avec son sourire mécanique et son profil de serpent à sornettes, un tiers vipère, un tiers couleuvre, un tiers anguille,  symbolise assez bien la décrépitude française.

Programme économique imbécile et assumé comme tel ("certes nous marchons dans la mauvaise direction mais nous ne faisons que des petits pas, donc ce n'est pas grave et il faut bien qu'élections se passent") ; mesures confiscatoires indignes ; souci perpétuel de la communication et de l'image ; nombrilisme exacerbé, clanisme et démagogie à tous les étages.

Pendant ce temps là l'Europe frôle l'explosion, les comptes nationaux rougissent, la récession s'avance en majesté.

Jamais la contradiction entre les nécessités nationales et la mentalité des équipes chargées de les défendre n'a été aussi grande. 

Ce n'est même pas leur infirmité économique (majeure) qu'il faut condamner en premier. Mais leur forfaiture vis-à-vis du pacte républicain.  Ce faisant les fonctionnaires socialistes ajoutent au drame économique l'abjection anti-démocratique et font de la France un objet de répulsion.

Quel parti osera ce programme minimum ?  

- Nul ne peut se présenter à une élection ou diriger une institution publique qui fixe sa propre rémunération.

- Nul ne peut recevoir plus d'une rémunération publique.

- Tout président, ministre ou parlementaire qui contribuera à des décisions qui conduisent à la confiscation par la force publique de la totalité du revenu d'un citoyen sera poursuivi pour viol du pacte national et détournement de pouvoir. Il sera condamné :

                * A l'indignité nationale et la perte de toutes décorations.

                * A l'inéligibilité à vie à toute élection locale, régionale ou nationale

                * A subir sur son propre revenu et ses propres biens les mêmes confiscations qu'il a lui-même imposées, au taux maximal constaté et pour la durée de l'effet des mesures prises, dès lors que les mesures ont conduit à dépouiller ne serait-ce qu'un citoyen de la totalité de ses revenus. 

Jamais il n'a été plus nécessaire que toutes les forces nationales, toutes et spécialement les forces motrices,  soient associées à une œuvre de redressement et qu'un programme économique national, européen et mondial efficace soit clairement élaboré et mis en pratique.

Jamais on n'en a été plus loin.

La France et les Français auront mérité la débâcle qui les emporte pavillon bas.   

Euphorie, inconscience et procrastination

On sait que le monde doit réformer son système monétaire international, source principale de la crise, que la zone Euro telle qu'elle est conçue conduit à une impasse dangereuse, et que la France submergée par ses dépenses publiques doit les maîtriser.

En cette veille de l'été  qui est aussi la veille d'une stagnation voire d'une récession mondiale, il est intéressant de voir si les gouvernants vont dans la bonne direction.

Sur le système monétaire mondial, la réunion récente du G.20 a montré qu'il n'y avait non seulement aucun progrès dans le diagnostic mais pire encore que les solutions étaient tout simplement tabous. Vive les changes flottants ; vive les capitaux flottants ; vive les effets pervers de l'ensemble. Pas d'importance, circulez il n'y a rien à voir. Il suffit de corseter les banques et tout ira bien. Les banques sont en fait en plein dégonflement. Les licenciements dans cette industrie se comptent en centaines de milliers. C'est le sauve qui peut général. Cela durera jusqu'à ce que l'endettement global redescende autour de 200% du PIB. On en est loin.

Pendant que le secteur se décompose, on ne fait aucune réforme globale, faute d'esprit de coopération entre les états.  Le blocage intellectuel et politique est total.

Ce qui n'empêche pas les gros malins qui règnent en maître dans les institutions mondiales de chercher encore et toujours des ressources pour nourrir leurs satrapes. Après les "financements non conventionnels", comme la taxe Chirac sur les voyages en avion, il y a eu la taxe sur les transactions financières. Mais elle a été annexée par les gouvernements pour faire baisser la dette. Alors on suggère une taxe sur les très riches directement affectée aux organisations humanitaires rattachées à l'ONU.   

En Europe la dernière des réunions "de la dernière chance" a été l'occasion de voir une Allemagne prêchant la rigueur aux pays qui n'avaient plus de crédit, la France expliquer qu'il fallait un pacte de croissance et l'Espagne et l'Italie affirmant "On s'en fout de tout cela, nous ce qu'on veut c'est faire baisser tout de suite nos taux d'emprunt sans qu'on nous mette sous une tutelle déflationniste".  On a expédié l'affaire avec des expédients. La France s'est couchée devant les exigences allemandes : il n'y aura aucune renégociation du Pacte de stabilité et le gouvernement français sera tenu à la règle d'or. Tout le monde a, bien entendu, accepté de faire une révérence verbale à la croissance alors qu'aucun moyen réel de croissance n'a été dégagé. Il faut bien sauver la face. L'Espagne et l'Italie ont obtenu ce qu'elles voulaient parce que leur glissement dans la situation grecque marquerait la fin de l'Euro. On a donc géré l'urgence, comme d'habitude en permettant à ces deux pays d'étaler la rigueur et de recapitaliser leurs banques sans mouiller trop les Etats. Miracle, même plus de Troïka pour surveiller les déviances.

A-t-on pour autant régler les défauts  de structure de l'Euro-zone ? On sait que les pays ont dévié et que la convergence offerte par la dévaluation ne leur est pas possible. Comment retrouver l'homogénéité nécessaire sans dévaluation ? Ce fut le grand silence. Le rééquilibrage ne peut se faire que par la déflation contrôlée et différentielle. Chut, il ne faut pas le dire.  Reste à savoir comment on réussit une telle politique. Pour le moment personne ne se risque à en faire la théorie.

Rassurons-nous, les fonctionnaires européens ont réussi à sauver leur hausse massive de salaires un moment contesté.  Tout va bien.  

Pour la France les choses au moins sont claires : tout le programme de Hollande va à l'envers du nécessaire. Sur tous les fronts économiques il fait des pas dans la mauvaise direction mais il prétend que ce ne sont que des petits pas donc que ce n'est pas grave. Les nécessités nationales auraient voulu qu'on fasse de grands pas dans la bonne direction.

On sait que les effectifs publics sont trop élevés et qu'il faudrait les réduire du quart en quelques années. On annonce que les effectifs resteront stables mais qu'on ne détaxera plus les heures supplémentaires et qu'on ne restituera plus les gains d'effectifs éventuels de-ci de-là aux fonctionnaires des services concernés. Le point d'indice ne sera pas réévalué et le glissement des carrières contrôlé.

Cela aboutira à une baisse globale du pouvoir d'achat des fonctionnaires importante :  probablement de 10-12% sur les 5 ans à venir. Il semble que les syndicats ne s'en soient pas encore émus. Les dirigeants du PS pensent qu'il sera toujours temps de lâcher quelque chose aux approches d'élections importantes.

En vérité la bonne politique aurait été de réduire de 2% par an les effectifs globaux. En cinq ans on aurait obtenu une baisse de 8 à 9% qui, s'ajoutant aux mesures précédentes, aurait permis d'attaquer sérieusement la surcharge qu'impose au pays une administration pléthorique.

On ne dit rien de la fonction publique territoriale, des empilages administratifs, de la dépense de fonctionnement excessif des services, de leur trop grand nombre. Alors que la grande chasse aux prébendes et sinécures est en cours dans le marigot des dirigeants socialistes, en réduire la valeur et le nombre serait inconcevable.  Les grandes villes socialistes conserveront leur ribambelles de vice-président payés à prix d'or, les innombrables "machins" continueront à vivre sur un grand pied comme si de rien n'était.

Une nouvelle affaire de l'Epad sortie cette semaine dans la presse illustre l'absolue impossibilité pour des satrapes branchés sur l'argent public de se contraindre. On y apprend qu'une brochette conséquente des membres de cet organisme s'est fait payer au prix fort un somptueux séjour à Venise pour la biennale de l'architecture. Des dizaines de milliers d'Euros totalement stériles dépensés  pour le plaisir de quelques uns en pleine crise des finances publiques. Pourquoi se gêner. Et personne ne se gêne nulle part.  On bloque toute discussion en affirmant "vous voulez supprimer des infirmières et des policiers", pendant qu'une privilégiature inutile se gave sans complexe.  Rappelons que l'EPAD est une administration provisoire créée pour gérer la  construction de la Défense et qui devrait avoir disparu depuis au moins vingt ans.  Des cas de ce genre il y en a littéralement des milliers en France.

Rassurons tout le monde : le scandale des intermittents du spectacle n'est pas près de cesser. Pressez-vous donc dans les festivals pour voir se pavaner toute cette engeance pseudo culturelle qui se paie sur le dos des autres travailleurs et travailleuses.

Quant au moteur de l'économie : les entreprises, les épargnants, les salariés, qu'ils aillent se faire voir dans l'office du fisc le plus proche. Le "choc fiscal" sur les entreprises a déjà été beaucoup décrit dans la presse. N'y revenons pas. Les "riches" c'est-à-dire ceux que leur succès économique a doté d'une réserve de capitaux seront hyper taxés. Sur l'ensemble de l'année 2012 environ 30.000 d'entre eux auront vu leur imposition globale dépasser 100%. C'est une insulte faite au pacte républicain. Partout on vend le capital national à l'étranger. Ce n'est plus Rothschild qui possède sur l'île Saint Louis, mais le Qatar en franchise d'impôts. La presse du jour rappelle que le haut patrimoine français est racheté à 85% par l'étranger. Nos châteaux, nos meilleurs lieux de plaisance, nos plus belles propriétés passent au mains de Russes, de Chinois qui ne paient aucun des impôts qui nous accablent. 

Tous les joyaux de l'économie passent également à l'étranger. On dresse des piloris contre les entrepreneurs français. Un suicide dans votre entreprise : vous voilà inculpé.  Doux, Richard remplacent le notaire de Bruay et le président de Lip des belles années 70. L'abjection règne relayée par des médias totalement dans l'euphorie du triomphe socialiste et qui en rajoute dans le commentaire "de gauche".  

Pendant ce temps là les faillites se multiplient, des pans entiers de l'économie s'arrêtent, les jeunes ne trouvent plus de moyens de s'insérer.

On bloque les loyers tout en rendant la vie impossible aux bailleurs. En revanche on rachète à 16.000 Euros du m2 des logements qu'on attribuera à des "pauvres" dans les meilleurs sites de la Capitale. Les "riches" des beaux quartiers doivent les quitter pour qu'y habitent des "pauvres" subventionnés avec leur argent. La Cour des Comptes proteste. Elle n'a pas fini de protester.

Et, à l'instar de Poutine, on va aller chercher l'argent des émigrés "jusque dans les chiottes" suisses ou Belges. 

Evidemment les entreprises surtaxées, sur-contraintes, dont les dirigeants sont volés fiscalement comme les épargnants qui leur fournissaient des capitaux, bloquées par une perte de compétitivité  significative, s'étouffent.  L'espoir disparait.

Mais les équipes socialistes et vertes françaises  vivent un rêve éveillé et se saoulent du bonheur du pouvoir, des postes  et de l'argent avec une indécence de nouveaux riches rarement vue. 

Telle est l'ambiance en ce début d'été 2012, pourri en France par les trombes d'eau. Euphorie et inconscience sont les maître-mots de la France politique, procrastination et faux semblants sont ceux de l'Europe. Quant au monde et à son organisation économique et monétaire elle sont en déshérence.  

Pendant ce temps là l'économie française brûle, l'économie européenne brûle, l'économie mondiale brûle.



Explosion du lectorat de ce blog : 336.000 lectures cumulées

Effet probable de la conjonction d'une crise dont on ne sort pas, faute d'avoir pris les mesures qui s'imposaient comme nous le répétons inlassablement, et d'une élection présidentielle désastreuse tant elle a été biaisée par l'électoralisme le plus cynique, le lectorat de ce site a littéralement explosé dans l'année écoulée.

Depuis sa création en juin 2008, le nombre de lectures cumulées des articles de ce blog a évolué comme suit :

- Juin 2008-Juin 2009 :                   11.300 lectures

- Juin 2009 - Juin 2010 : 35.000 lectures

- Juin 2010- Juin 2011 :                  81.800 lectures

- Juin 2011 - Juin 2012 :             336.800 lectures.

Les articles les plus lus ont connu entre 2000 et 4000 lectures. Chaque article a été lu en moyenne par presque mille internautes différents.

Au total près de 35.000 lecteurs différents ont lu au moins un article. Une centaine de lecteurs ont lu tous les articles. Sur cette seule année le site a connu plus de 255.000 lectures, dont 221.000 ont eu lieu au premier semestre 2012.

Marquée par de lourdes inquiétudes économiques, l'élection présidentielle a probablement exacerbé un besoin de comprendre hors des canaux habituels les explications qui n'étaient pas données dans la presse et les médias audiovisuels. Notre lectorat est retombé à ses étiages habituels dès la fin du premier tour, lorsque tout était joué.

Beaucoup ont désormais intégré que la blogosphère était une source d'expertise plus ouverte et moins manipulée que la presse. Les journaux sont sensibles à leur positionnement et à leur viabilité économique. Le conformisme et l'urgence y règnent en maîtresses  exigeantes. Ces défauts deviennent criants lors des périodes électorales.

L'inconvénient des élections, pour les rédacteurs d'un blog économique qui entend d'abord décrypter les phénomènes économiques constatés  sans se préoccuper des positionnements partisans, c'est que des observations libres peuvent être justement considérées comme partisanes. Compte tenu de l'importance prise par l'Etat dans l'économie, cette dernière peut pâtir de mauvaises politiques. Elles sont portées par des partis. Les critiquer peut naturellement froisser ceux des lecteurs qui les soutiennent par principe. Il va de soi que les programmes électoraux sont le plus souvent parfaitement cyniques. Il faut tout de même dire que l'on a atteint lors de ces élections un sommet dans le genre. Comment ne pas les dénoncer ?

Le plus grave reste l'inconscience. Lorsque, sur la durée, les gouvernements et la cohorte de leurs conseillers ne comprennent pas le pourquoi ni le comment d'une crise économique gravissime et que le milieu médiatique, en France entre quelques mains seulement, ne fournit pas à l'opinion publique les explications qui lui permettraient au moins de savoir où l'on va, un sentiment d'accablement et de colère vous envahit.

Pendant quatre ans nous avons fait la chronique de cette inconscience.

Qui se rappelle qu'au début de l'été 2008  le monde politico médiatique dans son ensemble considérait qu'il n'y aurait pas de crise et que de nombreux économistes officiels niaient qu'il puisse seulement y en avoir une, écartant d'un revers de la main tous les indices, alors que nous égosillions à dire que la crise était pour septembre et qu'elle serait très grave ?  Après avoir annoncé que la crise était localisée sur une toute petite partie de la finance américaine, ils ont affirmé que la crise était purement américaine, puis purement anglo-saxonne, puis purement immobilière, puis…

Puis rien. Par un changement totale de perspectives les mêmes ont alors déclaré que la crise était inévitable, que la zone Euro était une structure malade etc.  

Nous avons été le miroir, autant que les contempteurs,  de cette ineptie récurrente dominante dans les médias.  

Qui se rappelle qu'à l'automne 2008 et au premier semestre 2009 le nouveau G.20 ne se préoccupait que du bonus des "traders", des règles comptables bancaires, des "subprimes" et autres fariboles ?

Qui se rappelle que certains voulaient des plans de relance gigantesques sans avoir fait le diagnostic que la crise était déjà une crise de la dette et que l'accroissement de la dette globale et son transfert sur les états les mettraient en grand danger?

Qui se rappelle…

Ce blog n'aura été qu'une longue chronique d'un désastre annoncé. Après quatre années de mesures d'urgence, de tentatives de calmer des paniques au lieu de régler les problèmes de fond, des pays entiers vivent un enfer économique. La France prisonnière d'une dépense publique démente et d'un sous emploi massif sort de l'histoire par la petite porte. L'Euro est à deux doigts de éclatement du fait de ses défauts de structure qu'il était interdit de signaler dans la presse tant la pression européiste était forte, juste qu'au virement de bord à 180°. Le monde stagne alors que des déséquilibres phénoménaux se sont accumulées et que la puissance américaine interdit qu'on en discute au fond.

Pour faire apparaître un minimum de vérité, il faut vaincre toutes les bouches à feu qui crient en France "vive la dépense publique, vive l'impôt", c'est-à-dire tout le bloc de l'énarchie compassionnelle , en Europe "vive l'euro", "vive le plus d'Europe", c'est-à-dire toute l'influence européiste dominante dans les médias,   dans le monde "vive la liberté totale des mouvements de capitaux", "vive les changes flottants", c'est-à-dire la toute puissance américaine mobilisée autour du dollar et du triomphe de la finance anglo-saxonne.

C'est beaucoup. On peut même dire que la tâche est impossible.

La seule solution était de prendre l'histoire à témoin, de la mettre avec soi au service de la vérité. Les résultats économiques ne mentent pas. Les erreurs de diagnostics et les mesures improvisées à courte vue ont été le quotidien de ces quatre dernières années. On voit les résultats aujourd'hui :

- La rigueur sans espoir en France, avec en prime  la destruction fiscale de la classe de ses entrepreneurs sous les applaudissements des imbéciles,

- Le désastre de la zone Euro, engagée dans une spirale déflationniste dans fin, avec des fédéralistes à la manœuvre pour rendre l'affaire définitivement intolérable.

- La stagnation et la récession menaçante partout dans le monde faute d'avoir réformé le système monétaire international et mobilisé les Etats sur des objectifs communs, avec la persistance d'une vulgate économique intéressée et débile imposée par les Etats-Unis et les anglo-saxons en général. .   

Aujourd'hui le Cercle des économistes e-toile, comme annoncé, prend un peu de recul. Nos thèses sont connues. Elles ont, croyons nous, reçu une confirmation expérimentale pendant ces quatre années. Nos billets sur ce blog  vont s'espacer en même temps que nous allons chercher d'autres formes d'influence.

Nous remercions les centaines d'entre vous qui nous ont soutenu par la fidélité de leur lecture pendant ces quatre années.   

Nous espérons que ceux qui voudront se pencher sur ces quatre années désespérantes et chercheront à comprendre ce qui s'est passé trouveront dans nos billets des éléments de réflexions et des constats intéressants. Nous avons à plusieurs reprises essayé de traduire le sentiment public tel qu'il était perceptible à certains moments de cette longue crise. Ces sentiments sont fugaces et si rapidement oubliés qu'on n'imagine pas qu'ils aient été possibles. Oui, à un moment, les Français regardaient la crise comme on regarde un défilé d'un balcon : les yeux étaient écarquillés mais le spectacle ne les concernait pas vraiment. Aujourd'hui alors qu'ils sont étrillés fiscalement, que le chômage atteint à nouveau 10% d'une population ,active comptée au plus juste,  que leur épargne est par terre, que même les fonctionnaires vont subir dans leur pouvoir d'achat une érosion certaine,  le sentiment de la crise devient psychose. Ceux qui étudieront la crise dans les années prochaines ne pourront pas percevoir ces évolutions de l'air du temps. Nous en avons conservé quelques volutes.

Nous avons pris à partie un certain nombre de personnalités, non pas pour elles-mêmes, mais pour la pédagogie que pouvaient recéler leurs erreurs manifestes. Quand on expose on s'expose et quand on se trompe parfois de façon caricaturale le commentaire critique peut être un peu raide. Qu'ils sachent tous ici que ce sont les idées exprimées qui ont été critiquées et non pas leur personne, pour laquelle nous avons presque toujours la plus grande considération.

Merci enfin à ceux qui nous ont encouragés de leur commentaires parfois depuis les tout premiers articles.

Didier Dufau économiste en chef du cercle des économistes e-toile.



Châteaux en Espagne

Comme nous l'avons expliqué depuis 5 ans le gonflement artificiel et monstrueux de la dette mondiale du fait des défauts du système monétaire international est la cause principale de la crise. La dette est en fait de la monnaie de banque, dont la contrepartie est l'épargne des citoyens. La déflation, c'est à dire la réduction de la dette, des dépôts et de la monnaie, peut toujours prendre un caractère cataclysmique et entraîner une grande dépression mondiale. Il est donc normal qu'on fasse extrêmement attention à la manière de liquider les excès de crédits.

Pour donner une mesure de la difficulté, la dette globale mondiale actuelle doit se situer autour de 100.000 milliards de dollars, dont environ 10% n'est gagée sur rien. C'est à dire qu'il n'y a aucun flux de trésorerie à espérer dans le futur pour rembourser.  Pour faire large, cela représente à peu près le PIB de la France.

Le capital des banques mondiales étant très inférieur à cette somme, on peut dire comme nous l'affirmons depuis le blocage de l'été 2007 du marché interbancaire que le système bancaire mondial est virtuellement en faillite.

D'astuces en ficelles, de contournements en expédients, les états essaient de masquer la réalité. En vain. La panique est partout qui entraîne des mouvements de protection de la part des épargnants qui aggravent les difficultés.  L'immobilier a doublé de valeur, comme l'or.  Les Grecs comme les Espagnols ont leur épargne en Allemagne ou en Suisse.

Madame Lagarde, du FMI, donne trois mois à l'Europe pour sauver l'Euro alors que la sortie de la Grèce du système pend au nez de tous.

Aujourd'hui les banques espagnoles sont en premières lignes. On "débloque" par des moyens peu clairs 100.000.000.000 pour les recapitaliser.  En un mot on ne constate pas la perte de 100 milliards d'Euros du système bancaire espagnol (en fait la perte est à peu près trois fois cela si on actait la décote de tous les actifs immobiliers à une valeur de vente possible). On fait de la dette masquée pour combler des pertes.   

Cinq ans déjà que l'on joue à ce petit jeu aux quatre coins de la planète.

Et toujours pas une seule analyse des mécanismes de cette dette fantasmagorique  et aucune mesure prise contre ses causes !

Le plus poétique dans l'affaire auront été le résultat des "stress tests" et les notes données par les agences de notation. Mensonge ? Illusion ? Bêtise ? Cynisme ?

Pendant ce temps là,  la presse s'occupe des "Tweets" du harem. On a Les lettres Persanes qu'on peut.   

On ne peut même pas dire qu'on danse avec grâce sur un volcan.   Le Fandango a du plomb dans l'aile.

Les thèses du Pr. Antal Fekete

Singulière expérience que de retrouver dans un livre récent presque mot à mot les thèses que nous défendons inlassablement dans la blogosphère depuis 1996. Ce livre est "le retour au standard or" du Pr Antal Fekete.  

Il tient, comme nous, que les crises ont une source principale : des dérèglements monétaires.

Il signale, comme nous, que le début de la crise est la décision de Nixon de couper le cordon entre or et dollar, introduisant un cours forcé de la monnaie administrative sur sa zone  et des cours flottants entre les différentes monnaies administratives.

Il montre, comme nous, que le FMI a perdu progressivement tout son rôle statutaire.

Il critique comme nous la Doxa imposée aux Universitaires qui veulent enseigner et aux économistes de cour et de média. Il montre la quasi impossibilité de faire carrière sans soumission à cette doxa imposée par les banques et les Etats.  Il charge les économistes officiels d'être des taiseux intéressés quand ils ne sont pas "vendus" aux intérêts bancaires et étatiques.

Il est très clair sur le fait que la  crise qui s'est étendue depuis la chute de Lehman-Brothers n'est pas une crise des subprimes,  des règles comptables ou des bonus et qu'on n'a toujours pas pris la moindre mesure  correctrice utile ce qui explique la durée de la crise. Une thèse que nous serinons sans relâche et qui et une des vocations de ce blog.

Il démontre facilement, comme nous-mêmes,  que la production d'or aurait permis de garder le rythme d'une croissance équilibrée dans les 50 dernières années, sans les pénuries annoncées par les sectateurs de la monnaie administrative à cours forcé.  

Bref l'auteur est de ceux qui comme nous considèrent que nous sommes arrivés à une forme d'explosion du système de monnaies administratives, gérées par des gnomes,  et s'échangeant entre elles sur des marchés à cours flottants.

Bravo et merci !  On se sent moins seul. Peut-être ceux qui nous lisent auront moins l'impression que nos thèses sont trop personnelles et aventurées, malgré leur rigueur intellectuelle et leur adaptation aux faits . Des économistes regardant les faits et eux seuls arrivent aux mêmes conclusions, ce qui est plutôt réconfortant.

Quels sont les points où l'auteur va plus loin que nous et ceux où nous divergeons ?

Sur le passé, l'auteur remarque que le 19ème siècle a été pendant tout le temps où l'or a continué à circuler librement nationalement et internationalement, un moment de croissance régulière globale de 5% l'an.  Certains calculs aboutissent plutôt à 3%. L'auteur oublie le cycle et les crises récurrentes qui étaient à l'époque particulièrement forte. On pouvait subir des reculs de PIB de 30 à 40% !  

Il attribue la responsabilité de la guerre de 14 aux mesures de 1909 sur le cours forcé/cours légal des principales monnaies. En fait c'est la crise de crédit terrible qui touche les Etats-Unis un peu avant qui expliquent les mesures prises et la guerre a des causes externes à la question monétaire. En revanche il voit juste lorsqu'il signale que la monnaie administrative à cours forcé a permis de maintenir la guerre totale pendant très longtemps, alors que faute d'or, elle se serait arrêtée plus tôt.   

Il analyse l'échec du retour à l'étalon or de la fin des années 20 par le refus de recréer un marché des créances obligataires  ou d'escompte rattaché à l'or. Cette décision aurait été  secrète. le but était de dégager les Etats de leur sujétion vis-à-vis de l'or. Les états ne voulaient pas que l'épargnant privilégie les créances privées remboursables en or pour fourguer son papier monnaie.  Du coup la licence de création de monnaies administratives a créé un emballement des dettes qui a fini par exploser en 29, alors que les dettes de guerre restaient énormes et généralement irrécouvrables. Nous sommes plus nuancés : la crise est directement liée au gold exchange standard et aux doubles pyramides de crédit qu'il a permis. Mais il était à peu près impossible de revenir à un pur étalon or, ce dernier ayant été capté par un seul pays, les Etats-Unis.  

Il est vrai qu'il défend le rôle des effets-or (titre à trois mois gagés sur l'or et pouvant se négocier internationalement)  avec des raisonnements très clairs et démontre qu'en l'absence de ce mécanisme de produits dérivés de l'or, un système d'étalon or ne peut pas fonctionner bien. L'auteur croit au rôle indispensable d'une chambre de compensation de créances-or à 90 jours, sur une base nationale et internationale.

A contrario le développement des effets-or permettait de financer les salaires et le plein emploi. L'auteur associe chômage structurel et monnaies papier à cours légal exclusif.  "L'évidente porte de sortie est la résurrection du Fonds des salaires qui permettrait la circulation spontanée des Effets réels qui ont été utilisés pour la dernière fois en 1914". "Un vrai effet-or pour être utile doit mûrir en un instrument financier supérieur. Sinon il ne circule pas. Par conséquents la réhabilitation des effets signifie la réhabilitation simultanée du standard-or les deux allant ensemble comme une main et un gant".

Sans nier le moins du monde la réalité de ce raisonnement, il convient de noter que les trente glorieuses ont été possibles sans ce mécanisme. Mais il y avait une certaine forme de rattachement général des monnaies à l'or, même si c'était via le dollar lui-même rattaché, et les changes étaient fixes même s'ils restaient ajustables. Bien sûr comme nous l'avons expliqué dans différents billets  ce système finira par exploser. Mais, corrigé, il nous semble devoir rester un bon système, sans nécessairement passer par un étalon-or pur et dur.

Antal Fekete défends aussi l'idée que les taux d'intérêt très bas sont destructeurs de l'emploi et de la prospérité. Nous avons-nous-mêmes défendu cette thèse contre Alan Greenspan dans les années 90 et au début des années 2000. Une sorte de croyance populaire assimile  taux très bas à prospérité. En vérité les taux très bas anéantissent le capital  qui disparait. Pourquoi conserver du capital stérile ? Les taux d'intérêts trop bas ne peuvent que financer des bulles qui explosent au final.    On répète dans les cours d'économie que la baisse du taux d'intérêt fait hausser les cours d'action.  Il suffit de constater aujourd'hui que les taux sont historiquement bas EN MEME TEMPS que les bourses sont au plancher ! Paradoxe ? Non, normalité.  Les taux d'intérêt trop bas poussent les banques à enflammer le marché des prêts donc des dettes pour se rattraper sur la quantité. Les risques augmentent. Ensuite elles réclament des taux de refinancement nul ou même négatif pour refinancer leur dette, ouvrant un cercle vicieux mortifère.

D'où cette phrase à donner à méditer aux étudiants en économie : "Le secteur financier a siphonné les capitaux des comptes de production". Puis  : "La crise bancaire actuelle est le résultat du nettoyage des capitaux du secteur financier, par le même processus qui a anéanti les capitaux du secteur de production".

Au passage l'auteur aborde une question que nous avons également traitée : la vente au plus bas de l'or de la France par Nicolas Sarkozy. Cette mesure incompréhensible et dommageable n'a, pour l'auteur, qu'une raison : complaire aux Etats-Unis décidés à éviter que le dollar se fracasse sur le mur de l'or. " En vendant le patrimoine de la France , Sarkozy s'est exposé comme le petit caniche du gouvernement américain".  Un peu plus tard il voudra imposer les "subprimes à la française" sur le modèle américain… RIP !     

Point intéressant, notre professeur attire l'attention sur les conséquences d'une augmentation de la dette au delà de 100% du PIB en système de changes flottants de monnaies administratives.  Alors qu'en régime d'étalon or un accroissement de 1% de la dette entraînait un accroissement de 3% du PIB, ce chiffre est devenu de plus en plus faible pour devenir négatif en 2006, précédent et annonçant la crise. Au fur et à mesure que la dette globale dépassait  250 puis 300 puis 350% du PIB l'ajout de dette entraînait progressivement non plus une croissance du PIB mais un recul !  

Rappelons que pour nous l'observation du gonflement de la dette globale a été le moyen le plus simple de prévoir la crise. "la production marginale de la dette est un tyran sans imagination"."Les débuts discrets de la dette irrécupérable se sont transformés en un édifice colossal".  

Finalement comme en sortir ? La solution du professeur Fekete est moins simpliste que le simple retour à l'étalon-or.  Elle consiste à permettre d'ajouter à la circulation monétaire papier une circulation de monnaie d'or et surtout de papier commercial rattaché à l'or.

C'est là une question  majeure : faut-il par exemple en Europe où les défauts de l'Euro sont patents et étouffent certains pays ajouter une autre monnaie de papier, l'Euro jouant dans ces pays  le rôle de réservoir de monnaie forte et tenant en quelque sorte le rôle de l'or ?  Ou faut-il carrément mettre l'Euro en concurrence avec l'or permettant à la fois d'assécher une partie de la dette grâce à l'or monétisé, d'augmenter la liquidité disponible et de rétablir la confiance dans les transactions ?

On reprochera à ce livre une tendance à voir des complots et à traiter de voleur une partie des élites monétaires. Mais il met sur la place publique des réflexions fondamentales et qui, de surcroît, corroborent sur beaucoup de points notre propre réflexion publique, même si elle diffère sur d'autres.

Nous ne saurions donc trop en recommander la lecture.  

 



Economie et politique

Un de nos lecteurs nous envoie un texte incendiaire sur le thème suivant : "tant que vous traitiez d'économie je vous lisais avec plaisir. Vos articles étaient originaux et m'apprenaient différentes choses qu'on ne trouve pas dans la presse. Mais lors des élections vous avez pris parti contre le Parti Socialiste, et vous faites de la politique. Vous vous êtes mis hors jeu".

Cette attitude est tout à fait classique. Nous l'avions déjà remarquée, dans le sens inverse, lorsque nous intervenions sur le forum du Monde. En 1997, c'était un gouvernement de gauche qui tenait les manettes et qui enchaînaient les erreurs. La dénonciation de ces erreurs plaisaient aux intervenants de droite. Lorsqu'on est passé à un gouvernement de droite, la critique est passée à droite, au grand dam des précédents.

Les erreurs ne sont ni de droite ni de gauche, ou si l'on préfère, elles sont  de droite et de gauche.

Il faut avoir une grille de lecture dégagée des engagements partisans. On peut heurter les partisans des deux bords sans avoir d'a priori pour un clan ou un autre.

En 1997, lorsque nous avons commencé à intervenir publiquement,  la difficulté provenait de ce que la France ne se remettait pas du coup de massue fiscal gigantesque de M. Alain Juppé rendu obligatoire par les folies Rocard, la crise de 93 et les obligations de Maastricht.  Pour l'observateur indépendant, les remarques à faire étaient importantes :

- Au nom de l'Europe de Maastricht la politique monétaire était trop restrictive en France

- Personne n'ayant conscience du cycle, on ne voyait pas que la croissance repartait dans le monde et qu'elle était à nouveau  créatrice d'emplois

- La révolution économique chinoise et ses conséquences n'étaient pas perçues.

- Les effets pervers du gonflement global de la dette et de la création monétaire  étaient masqués par les conséquences de la récession de 93.

- La crise en France avait été payée par le secteur marchand et l'énorme bloc de l'emploi public au contraire du nécessaire s'était renforcé.

L'erreur était  patente dans le camp socialiste.

Le camp "néolibéral" n'était pas indemne.

Aux Etats-Unis et dans le monde anglo-saxons on commençait déjà à tresser des couronnes de lauriers totalement abusives à M. Greenspan. Le déversement de liquidité paraissait fabuleux. La faillite de LTCM avait été mise sous le tapis.  Les défauts du système monétaire international étaient glorifiés comme des avancées déterminantes. Clinton venait de déverrouiller les subprimes. On discutait de nouvelles avancées dans les produits dérivés.

L'Europe rêvait de l'Euro et le préparait sans que le débat ne vienne jamais sur la complexité de la gestion d'une zone monétaire.

La France de Jospin pensait que "la fin du travail" était arrivée et qu'il fallait accroître encore les impôts tout en réduisant la durée du travail.

Lorsqu'on quand on critiquait la politique monétaire globale anglo-saxonne on était un "communiste", un anti européen maléfique si on évoquait les contraintes excessives de Maastricht et les illusions associées et un "fasciste" si on osait critiquer les mesures malthusiennes prises par le gouvernement Jospin.

En vérité, avec le retard classique, les esprit baignaient encore dans les affres de la crise de 92-93 ("Horreur économique", "fin du travail", etc.) et personne ne comprenait ce qui se passait sur le terrain, malgré des avertissements solides :

- L'affaire LTCM montrait qu'on ne maitrisait plus la finance.

- La crise dite des pays émergents allait montrer que le système monétaire international était en capilotade et ne survivait que par une fuite en avant permanente.

- L'affaire de la cagnotte montrait que les mesures prises par DSK allaient complètement à contrecourant du nécessaire.

Démontrer tout cela était difficile du fait des aspects en apparence contradictoires de la réalité :

- Comment dénoncer le gonflement démentiel de la liquidité internationale alors que les prix à la consommation n'augmentaient pas massivement et que Trichet menait une politique presque déflationniste ?

- Comment dénoncer les effets des 35 heures alors que le dispositif mis en place décalait dans le temps les conséquences (l'étouffement viendra en 2000 pas en 1997) et que la phase haute du cycle entraînait une hausse globale de l'emploi partout dans le monde et donc aussi en France ?    

On voit bien aujourd'hui que c'était à ce moment là qu'il fallait prendre de nombreuses mesures correctrices :

- Comprendre les méfaits des changes flottants et de la licence monétaire internationale et y mettre fin

- Arrêter le processus de Maastricht en privilégiant une monnaie de référence commune à une monnaie unique et en évitant l'abaissement totale des barrières douanières et en limitant les mouvements de capitaux à court terme

- Réformer en profondeur la France en dégonflant le secteur public, en réduisant dépenses publiques dettes et impôts, notamment dans les régions et en réformant drastiquement le système des retraites et la sécurité sociale.

C'est exactement l'inverse qui a été fait.

Toute dénonciation de ces erreurs se heurtait directement  aux choix idéologiques et politiques des uns ou des autres , voire parfois de tous les camps réunis.

Pour un socialiste le non travail et la surimposition c'est bien par nature. L'étouffement de l'entreprise sous un flot de contraintes légales, pénales, fiscales, écologiques, c'est formidable. Contredire cette vision était un acte d'hostilité.

Pour un libéral de droite, "qui connait l'économie", les folies boursières, les changes flottants, tout ce qui vient des Etats-Unis, Greenspan, c'est le bien. Contredire ce crédo était là encore  un acte d'hostilité. Avoir dénoncé par exemple les stocks options pour les entreprises du CAC sera considéré par nos soutiens du forum du Monde  comme une concession horrible à l'esprit "socialo-communiste".

Faut-il s'arrêter à ces considérations politiciennes ? Nous avons toujours pensé que non. La vérité n'est ni de droite ni de gauche.  Pas plus hier qu'aujourd'hui. Il y a fort à parier que dans quelques temps nos commentaires actuels passeront pour une évidence dont on comprendra mal qu'elle ait pu échapper à qui que ce soit.  

La politique pose à l'économie une grave question :  si les politiques ne comprennent pas ce qui se passe et prennent des mesures mal inspirées, est-ce le fait des électeurs qui exigent ce qu'ils attendent ou est-ce un problème d'expertise absente de la part d'une élite défaillante ? La démocratie joue-t-elle contre elle-même, si tant est que la prospérité soit un élément souhaitable de la démocratie ?

Les périodes électorales sont intéressantes de ce point de vue.

En 2007 nous avertissons Nicolas Sarkozy et son clan que la crise est à nos portes qu'elle sera grave, qu'il faut s'y préparer et qu'il faut surtout éviter d'affirmer que l'on gonflera le taux de croissance alors qu'on sera en pleine tempête. Il gagne en faisant campagne pour la rupture avec le "roi fainéant". Très bien. L'ennui c'est qu'il ne la fait pas et qu'il prend la crise en plein visage.

En 2012 c'est une campagne ignoble qui se met en place. Les deux camps considèrent qu'il ne faut rien dire des réels problèmes  et des politiques réelles qu'ils mèneront.  On sombre dans la chasse aux boucs émissaires et on multiplie les "cadeaux" débridés au peuple.

Désolé, à droite. L'absence de toute compréhension de la crise, de toute solution annoncée pour les problèmes mondiaux et européens, et le déversement de mesures catégorielles pusillanimes, ajoutés à une campagne de stigmatisation des étrangers, boucs émissaires de la crise, formaient un cocktail nauséabond.

Désolé, à gauche. L'absence de toute notion de ce qu'il faut faire pour réformer l'économie mondiale, notamment en matière monétaire et  l'absence, autre qu'incantatoire, de toute politique de réforme européenne, ajoutées à une chasse aux sorcières menées contre les "riches" qui paieront la crise au prix de mesures vexatoires et confiscatoires, formaient un cocktail nauséabond.

Oui nous trouvons abject, positivement abject,  la stigmatisation  éhontée de boucs émissaires. Les "ratonnades" qu'elles soient fiscales ou xénophobes, sont insupportables et doivent être dénoncées.

Oui nous trouvons consternant l'absence totale de compréhension des défectuosités françaises, européennes et mondiales et qu'on ne songe qu'à les aggraver ou à ne rien faire.

Bien sûr la politique c'est la capacité d'un clan à porter sur le pavois le plus malin des petits malins du groupe.  Cette logique là est rarement celle de l'intérêt national. Entre "que dois-je annoncer pour être élu" et "que faut-il faire pour le bien public", toute ressemblance ne saurait être que le fruit du hasard et d'une coïncidence improbables et involontaires.

"Cadeaux au peuple" et "dénonciation hargneuse de boucs émissaires" ont été les deux mamelles des élections présidentielles de 2012. Ces élections auront été les pires qu'on puissent imaginer de ce point de vue et déshonorent les deux candidats, M. Sarkozy dont on espère maintenant un long silence et M. Hollande,  dont on ne peut espérer qu'une chose : qu'il trahisse ses promesses inconsidérées.

Oui, nous le disons, ni M. Hollande, ni M. Sarkozy ne sont à la hauteur du poste.  La campagne victorieuse du premier en 2007 laissait voir que son quinquennat serait raté. Il l'aura été. De demi mesures en demi reculs, il ne sera arrivé à rien. La campagne victorieuse de M. Hollande fait craindre le pire.  Il a une personnalité à la Janus : une face aimable et virevoltante qui lui vaut ses succès féminins et l'aura rigolarde du turlupin sympathique prêt à toutes les farces ;  une face dure, volontiers cynique et sectaire, manipulatrice et fuyante, qui  justifie qu'on emmêle tout et rende tout inextricable.

Ceux qui ont été ses maîtres dans le supérieur ou ses superviseurs à la Cour des comptes disent : une couleuvre qui travaille peu et se défile brillamment.  Ceux qui ont subi sa gestion comme Premier secrétaire du PS gardent le souvenir d'une anguille, compliquant tout, divisant pour régner et pourrissant le reste pour se dégager de tous les pièges de la rue de Solferino.

Hollande a le côté Jocrisse de ceux qui fréquentent les riches en prétendant les détester. Il a une passion de lui-même et de sa réussite qui est la même que celle de Sarkozy. Il n'en revient toujours pas d'avoir été élu président, comme Sarkozy après son élection.  Autant dire que la compétence, la sérénité et la hauteur de vue ne seront pas plus au rendez-vous de cette élection qu'elles ne l'ont été de la précédente.

En revanche on continuera de faire feu de tout bois en croyant que l'assommoir fiscal fera passer tous les reniements.

Rappelons notre grille de lecture :

- Il faut réformer le système monétaire international et revenir à un système interétatique concerté de monnaies stables entre elles et ajustables par consensus sous la supervision d'un arbitre fort.

- L'Europe de Maastricht ne marche pas et doit être profondément remaniée avec une réforme radicale de la gouvernance de la zone Euro qui évite de sombrer dans la gestion par la dépression. Sinon ce sera l'explosion de l'Euro et probablement un recul définitif de l'idée européenne.  

- La France doit démanteler son moloch public et baisser radicalement dépenses publics, impôts et dettes, tout en faisant la paix avec son secteur marchand.

Si la politique va dans ce sens, elle est bonne. Sinon, elle aggrave la situation.

On aimerait que F. Hollande nous surprenne avec ce qu'on attend.

Quelles couronnes ne lui tresserions pas !   

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.  



Le chômage structurel en France

Il existe en France un chômage structurel important qui a commencé à s'installer à partir de 1968 et qui a atteint aujourd'hui des proportions gigantesques.

Si on regarde le cycle économique de 8-10 ans, on s'aperçoit que désormais, en phase haute, on ne parvient pas à descendre au dessous de 7% de chômage (définis en termes officiels). En phase de récession on monte à 10%.  En un mot les taux de croissance les meilleurs ne permettent pas de baisser de plus de trois points le chômage. Les catégories au chômage sont toujours les mêmes : les faibles (jeunes, vieux, immigrés, femmes).

Autre regard sur la même réalité, le nombre de salariés dans l'économie française se situe entre 15 et 16 millions selon les statistiques et les définitions. Pour une population de 65 millions d'habitants nous devrions, aux taux usuels rencontrés dans les pays comparables, en avoir entre 22 et 27 millions. Il nous manque donc structurellement entre 5 et 10 millions d'emplois salariés.

Dernier regard sur la même réalité, on constate qu'il y a en France environ 7 millions de personnes en âge de travailler qui vivent en général dans la pauvreté aux marges du système, le plus souvent aux crochets de l'état.

Cette situation est évidemment dramatique et explique en partie le poids de la dépense publique, de la dette, des déficits extérieurs, etc.

Quelles sont les explications possibles de ce chômage structurel ?

1. La préférence pour le non travail et le travail public

- La préférence pour le non travail

Bien que l'habituelle compassion explique que le chômage est toujours subi, il est tout à fait clair que la décision de travailler ou non est largement rationalisée par les ménages concernés. On l'a vu avec l'échec du RSA. Différentes populations préfèrent une vie certes modeste mais sans travail, plutôt que les risques et peines d'une situation où l'on travaille sans gagner plus et en perdant divers avantages. On évoque des ménages étrangers qui viennent pour les allocations diverses : ils gagnent généralement plus à ne rien faire en France qu'à travailler dans leur pays. Mais la majorité des ménages qui font ce calcul sont bien français.  Une des catégories les plus importantes est formée par les femmes isolées avec enfants qui s'installent dans une vie presqu'entièrement subventionnée sans chercher de travail sinon au noir.

A l'autre bout de l'échelle on trouve des ménages qui font le choix temporaire de la non activité en profitant des allocations reçues. Il est devenu très rentable en France de se faire licencier avec des fortes indemnités, qui jusque récemment n'étaient même pas considérées comme des revenus dont non soumises à impôt. On voit donc des cadres même supérieurs, même sur-diplômés, même dans des âges de pleine activité, se mettre en année sabbatique payée par les indemnités  pour une voire deux années.

- La préférence pour l'emploi public

C'est devenu depuis la crise de 74 la tare française. L'essentiel des gros bataillons de l'université cherche son salut dans l'emploi public. Le clientélisme régional et le népotisme jouent dans le même sens dans les provinces. Le député, le conseiller général, le conseiller régional, le maire sont devenus les pourvoyeurs d'emplois locaux où l'on travaille peu pour des rémunérations plus que sérieuses. On sait qu'à Paris les fonctionnaires travaillent environ un jour ouvrable sur deux et qu'on peut se poser des questions sur la réalité de ce travail. Quand on est 50.000 à faire un travail qui n'exigerait pas plus de 15.000 emplois, on ne se foule pas trop. Mais le jardinier municipal de Toulouse n'est pas non plus cassé par un travail excessif. Surtout quand la chasse est ouverte ou quand il faut aller aux champignons.

Cette préférence est symbolisée par le nombre des candidats, et leur niveau, qui concourent aux examens pour certains postes publics. L'ampleur des candidatures pour être postier, avec de nombreux bac+4 ou 5, en témoigne. On forme jusqu'à 25 ans et à grands frais des gens dont l'aspiration est de porter des lettres de boîte en boîte. Du temps de "jour de fête", c'était l'idiot du village qu'on mettait à ce travail par compassion. Maintenant à moins d'une maîtrise de psychologie, il n'y a rien à faire pour avoir le poste !

Une règle de pouce veut qu'un emploi public tue deux emplois privés. Il faut évidemment le financer et qui paie sinon in fine le système non public ?  Le secteur public ne se nourrit pas en autarcie.

Le résultat est connu : nous avons un secteur public totalement disproportionné qui consomme  une part déraisonnable de nos ressources.  La régionalisation a de plus permis un empilement de doublons administratifs sans limite.  Près de deux millions d'emplois publics ont été créés depuis 1974 quand on tient compte des postes dans les associations directement subventionnées par les politiques. En même temps l'emploi marchand a quasi stagné.

 

2. Le SMIC et la surfiscalité

 - Le Smic et les coups de pouce

Nous renvoyons aux autres articles que nous avons écrit sur ce blog sur la question du SMIC.  Un salaire minimum n'est pas en soi une catastrophe. S'il a pour but la protection contre certaines formes de prédations, il est même indispensable. La France avait mis en place, sous l'influence de la droite, un salaire minimum garanti, qui était indexé sur l'inflation et régionalisé. Ce système ne posait pas de problème. En maintenant un avantage de compétitivité il favorisait la décentralisation. Et l'abus restait sous contrôle avec une borne suivant l'inflation. Ce filet de sécurité n'était pas le plus important. Ce sont les accords de branche qui fixaient, en fonction des réalités du terrain, les salaires minima professionnels qui étaient réajustés par négociation en cas d'accord général des parties prenantes.

Le drame viendra du changement de philosophie : le salaire minimum ne devait plus être simplement une sécurité mais un moyen de politique de revenu et un élément majeur de l'énarchie compassionnelle et de la démagogie politique avec les célèbres "coups de pouces". La droite, car c'est toujours la droite qui a été à la manœuvre dans ces affaires, a alors pris toute une série de mesures dramatiques pour l'emploi. L'indexation n'a plus été faite sur les prix mais sur la croissance. La salaire minimal est devenu national. Chaque élection a été l'occasion d'un cadeau national aux salariés. Du coup près du tiers des salariés du privé se sont retrouvés au SMIC ! Toute la hiérarchie des salaires s'est trouvée écrasée. Les conventions collectives se sont trouvées déclassées, les salaires conventionnels trainant  très loin en dessous des valeurs du SMIC. Le dialogue social sur les salaires a disparu. "Tous smicards", tel était le slogan vécu par les salariés.

L'ennui c'est que le salaire étant l'assiette de très forts prélèvements, le salaire net du smicard était accompagné d'un coût du même montant en charges. Le "double fiscal  du salarié français" coûtait aussi cher que le travailleur.

Pour le politique c'était tout bénéfice : il passait pour un gentil et "achetait" le vote des petits salariés. Dans le même temps il réduisait les déficits de la sécurité sociale et engrangeait des ressources fiscales.

Le coup de ciseau sur l'emploi était phénoménal. Pendant trente ans, jusqu'à la détaxation partielle des bas salaires, cette machine à créer du chômage structurel a fonctionné à plein régime.

 

- L'hyper fiscalité

Nous venons de voir que l'emploi salarié était, de tradition en France, surtaxé. La France ruinée par la guerre ne pouvait prélever que sur la richesse en train de se faire. Elle a pris l'argent à la source : sur l'entreprise.

Tant que le prélèvement global est resté à 30-35% du PIB, l'effet sur l'emploi n'était pas trop grave. Mais nous sommes passés après le septennat fiscal de Giscard et après le programme commun de gouvernement socialo communiste à 45% du PIB. L'énormité de ce prélèvement, compte tenu de sa concentration sur l'entreprise et l'entrepreneur, a rendu impossible toute politique de développement économique et réduit comme une peau de chagrin les capacités d'emplois nouveaux.

Compte tenu de son coût le poste de travail devait désormais  être fabuleusement productif pour se justifier.

Et l'entrepreneur avait de moins en moins de ressources disponibles pour son entreprise.

Le capitalisme français était devenu un capitalisme sans capitaux et sans emploi. Inutile d'aller très loin pour comprendre pourquoi il manque 5 à 10 millions d'emplois salariés en France et que nous n'avons pas de Mittelstand à l'allemande, un réseau serré de grosses PME de 500 à 5000 emplois.  Et oublions les PME exportatrices.

 

5. La surprotection de l'emploi salarié et les 35 heures

Une des curiosités françaises est le goût pour le salarié, objet de toutes les tendresses alors que le travailleur indépendant est laissé à la dureté des conditions. L'idée, grotesque, que la salarié est dans une situation de domination et doit grâce à la puissance publique se dégager de ce servage par des mesures outrancières de protection a fait des ravages.  Au lieu que l'entreprise soit un lieu de contrat libre, entre un employeur disposant temporairement d'un emploi possible et d'un employé désireux de le satisfaire pour la durée possible,  c'est devenu un enfer où tout engagement vaudrait à vie sauf indemnisation délirante, étant bien entendu que le salarié aurait toujours raison et ne pourrait pas être réellement commandé, sous peine de risquer la prison pour harcèlement moral.    

La situation est d'autant plus grotesque que l'emploi est concentré pour les raisons dites plus haut sur la qualification, seule condition de la compétitivité, et que le drame des entrepreneurs a toujours été et reste de trouver des collaborateurs compétents et motivés, alors que les talents ont tendance à sauter d'une entreprise à l'autre. La mondialisation a aggravé le phénomène, la compétition pour les talents devenant mondiale.  

Un chef d'entreprise aujourd'hui n'est pas un garde chiourme s'appuyant sur des porions pour exercer d'abusives pressions sur de malheureux esclaves.  Il remet sans arrêt sur le métier la composition d'une équipe gagnante sur des marchés en hyper concurrence.

Les tracasseries administratives et sociales sans limites qui accablent l'entreprise ont eu immédiatement un effet pervers : la fin des CDI ! Les contrats à durée indéterminée ont rétréci au profit des solutions temporaires : CDD, intérim, faux stagiaires, travail au noir etc.  

Quand l'emploi  est laissé à l'appréciation des fonctionnaires-juges, il n'y a plus de politique de l'emploi, mais un sauve qui peut général.

Du coup on retrouve à la marge des conditions d'exploitation exécrables, l'absence d'emplois conduisant les candidats au travail à accepter l'inacceptable.  Qui ne connait des stagiaires (le stage est devenu obligatoire dans le cursus universitaire, fournissant une masse de candidats) travaillant 12 heures par jours et sollicités sous peine d'exclusion de venir travailler gratuitement la nuit, le samedi, le dimanche et les jours fériés ?  Certaines entreprises ont ainsi créé des parcs à stagiaires corvéables à merci faisant du travail à bas prix à la place d'emplois normaux. Quel progrès !  Ne parlons pas des parcs à intérimaires etc.

Sur les 35 heures, mesure dramatique et dont nous ne cessons de payer le prix, nous ne reviendrons pas ici. Tout est dit et connu.

Encore bravo à tous ceux qui ont conduit ses politiques! Le non-emploi  a gagné : le manque à gagner en création d'emplois se compte par millions, pas par dizaines. Mais les manques à gagner ne se voient pas et sont donc hors du champ médiatique et politique.   

 

4. Les conséquences d'une mondialisation sans écluses

L'ouverture totale à la concurrence des pays à bas salaire qui a été le credo invincible des européistes depuis 1973 a été particulièrement problématique pour la France dont la fiscalité pesait majoritairement sur les entreprises. Elle s'est retrouvée sans possibilité de combattre à armes égales avec les autres.

Ajoutons les contraintes d'un Euro globalement flottant et néanmoins globalement surévalué et le drame de l'emploi français est noué.

Il nous reste un quarteron d'entreprises internationales qui font l'essentiel de leurs bénéfices à l'étranger, avec des rémunérations folles pour leur dirigeants. Et une cohorte éparse d'entreprises étranglées, globalement sans trésorerie, avec des taux de marges très faibles, harassées par les normes, les contraintes, les règlementations, les surprotections, dont les propriétaires sont accablés d'impôts qui les force à vendre leurs biens et à ne pas investir, alors que la crise les ruine et que le crédit devient impossible.

Alors les usines ferment les unes après les autres. Le patrimoine français passe aux mains de l'étranger.

Le Français, né malin applaudit des deux mains et crie vive l'impôt !,  non à l'entreprise privée ! , vive l'état !, vive les postes de fonctionnaires !

La France, elle, crève.

 

Peut-on hiérarchiser les causes du non emploi massif que connait la France avec ce manque à gagner colossal de 5 à 10 millions d'emplois marchands ?  

On l'a vu. Toutes ces causes se combinent pour créer un chômage structurel que même la croissance ne pourrait entamer sérieusement.

Pour le réduire il faudrait donc frapper tout azimut et simultanément.

- Il faut revenir à une notion de salaire minimum de protection négocié par branche et hors des pattes des énarques qui nous gouvernent. La politique salariale doit être laissée à la libre négociation entre les partenaires sociaux sans intervention de l'état.

- Il faut revenir à une notion de l'emploi très simple : l'entreprise ne doit que le salaire du salarié tant qu'elle peut l'employer. Les indemnités de licenciement, qui sont une aide sociale au reclassement, doivent être fixées nationalement à trois mois indépendamment de toute autre considération. Si l'entreprise veut aller plus loin pour finaliser une sorte de "golden hello" propre à fidéliser les talents qu'elle emploie, c'est son choix et cela doit rester à la libre appréciation des parties.     

- Il faut indemniser le chômage de façon temporaire et non pas pérenniser les aides permanentes au non emploi.   

- Il faut transférer sur la consommation l'essentiel des charges qui pèsent sur l'emploi

- Il faut réduire la part du secteur non marchand dans l'emploi et donc impôts et dettes.

- Il faut revenir aux quarante heures,, ne pas hésiter pour une retraite par points à 67 ans et laisser le reste aux discussions au sein de l'entreprise.

- Il faut un tarif extérieur commun intelligent aux frontières de l'Europe

- Il faut un euro compétitif.

- Il faut réduire massivement l'état (central et région)  et les institutions de sécurité sociale. Faisons baisser les besoins de financement public qui capturent l'essentiel des ressources du pays et le forcent  à vendre ses actifs à l'étranger.

- Il faut arrêter la gestion par des normes absurdes qui, comme dans le cas de la poule pondeuse, conduise à casser l'emploi pour rien de sérieux.   

Diverses mesures ont été dans le bon sens ces dix dernières années. Mais il y en a eu si peu et si timides !

Le nouveau gouvernement arrête toutes les mesures timides prises par le gouvernement précéédent ou en prend leur contrepied  (retour sur la retraites à 62 ans, fin de la RGPP, recrutement massif dans l'éducation nationale etc.). On accélère la décentralisation. On reparle des coups de pouces "raisonnables" au SMIC. On se lance dans des "ratonnades fiscales" contre les "riches". 

Personne n'a honte.

Nous allons donc consolider le non-emploi en France, sur fond de crise aggravée. Certains croient que la pyramide des âges, marquée par le vieillissement de la population,  va nous sauver. Moins de candidats à l'activité donc plus de chances de trouver du boulot pour ceux qui restent ! C'est exactement l'inverse. Sauvy l'a parfaitement démontré.

Le chômage structurel  va donc encore croître et embellir, désagrégeant le tissu social.

L'oeuf, la poule, la crise et les droits de l'homme

"Du jamais-vu. Biscuitiers, pâtissiers, fabricants de pâtes alimentaires et industriels de la panification sont confrontés à une pénurie d'œufs en Europe. La situation va continuer de s'aggraver, pour atteindre un déficit de 20% en juin, selon le Comité européen de gestion des produits avicoles".

«Malgré les difficultés rencontrées par de nombreux éleveurs pour s'y conformer, la Commission européenne ne tolère aucun assouplissement quant à l'obligation depuis le début de 2012 de mise aux normes des cages des poules pondeuses », regrette la Coordination rurale (CR) dans un communiqué diffusé mardi. Le syndicat « dénonce l'irresponsabilité de cet entêtement, qui conduit aujourd'hui à une pénurie d'œufs en Europe sous prétexte de mieux-être de nos poules européennes».

"La mise aux normes européennes «bien-être» des cages de poules a provoqué une crise de pénurie et logiquement une flambée des prix dans la filière œufs. En raison du coût des investissements, une partie des éleveurs a préféré jeter l'éponge. D'autres ont pris du retard et certains ont opté pour la retraite un peu plus tôt que prévu."

«Il manque 10 % de la production. Le pire est à prévoir au mois d'avril et je ne pense pas que la situation redeviendra normale avant octobre-novembre», commentait, début mars, Alain Le Pimpec, le dirigeant de la casserie d'œufs, Atlantic Ovo. Ses estimations se sont révélées exactes : son entreprise de Kernascléden (56) a été placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce. Selon le Syndicat national des industriels et professionnels de l'œuf (Snipo), Atlantic Novo traite 200 millions d'œufs par an pour un chiffre d'affaires de 12 M€. Entre 35 et 40 personnes travaillent dans cette société du centre-Bretagne.
La crise est européenne. La première casserie espagnole est en liquidation et deux casseries allemandes en redressement."

"Le Copa-Cogeca attire également l'attention de la Commission, du Parlement européen et des gouvernements de l'UE sur la cherté des aliments, qui représentent plus de 60 % du coût de production d'une volaille. Pour passer cette période difficile, l'industrie demande des mesures exceptionnelles, le temps que le marché retrouve son équilibre".

"Les organisations agricoles et coopératives européennes (Copa-Cogeca) ont averti, le 16 mars 2012 dans un communiqué, que la pénurie actuelle d'œufs dans l'UE accroît le risque d'importations en provenance de pays tiers qui ne respectent pas les nouvelles normes européennes de bien-être des poules pondeuses".

« Alors que 20% des besoins de l'UE ne peuvent plus être satisfaits à ce jour, la Commission évoque la possibilité de recours à des importations de pays tiers (Etats-Unis, Mexique, Turquie), mais relativise en précisant avec légèreté qu'il s'agit « sans doute d'une tendance de court terme, pour répondre à la pénurie sur le marché, plutôt que d'un changement permanent ». Ainsi, les consommateurs devront donc consommer des œufs produits avec des normes de bien-être animal et sanitaires bien inférieures à celles qui étaient jusqu'alors pratiquées en Europe ! Est-ce cohérent  ?», interroge la CR.

"Alors que les éleveurs européens ont investi plus de 5 milliards d'euros dans la mise aux normes de leurs installations et que l'UE bannit la production de ceux d'entre eux qui ne l'ont pas fait, il est absurde de ne pas appliquer les mêmes standards de production aux importations".

"Tous les opérateurs sont exposés au manque de production et subissent de plein fouet la hausse de prix de matière première. On pourrait assister à des défauts de paiement ou à des ruptures de livraisons. Les entreprises qui exportent sur les pays tiers sont les plus touchées car elles subissent une concurrence déloyale". .

On pourrait ainsi continuer les citations de la presse de ces dernières semaines. Toute l'industrie agroalimentaire basée sur la transformation des œufs est en difficulté. En France, la pénurie a déjà coûté plus de mille emplois. Et plusieurs règlements judiciaires s'annoncent après déjà trois ou quatre faillites.

L'affaire est tellement représentative de l'esprit du temps qu'elle en devient exemplaire. Pendant la campagne, tous les candidats la main sur le cœur ont crié "l'emploi, l'emploi, l'emploi". Entre celui qui voulait aller chercher l'emploi avec les dents et l'autre qui voulait le financer avec l'argent des autres, c'est à qui irait le plus loin dans la surenchère.

On a même un Ministre du redressement productif, accordé à un "bavard" professionnel qu'il importait de neutraliser avec un maroquin. C'est dire l'importance du sujet.

Qui parle du redressement de la production d'œufs, protéine peu coûteuse pour temps de crise et de l'emploi des éleveurs ? Parions qu'on ne fera pas du redressement productif au cul des poules !

Et comment le pourrait-on puisque le sujet est hors de portée du gouvernement national.

Nos casseries sont à la casse du fait des tracasseries de la Commission de Bruxelles.

Monsieur "moi président", le très honorable Hollande, n'a rien à en dire, rien à en faire. Ce n'est plus son boulot.

Ah qu'elle était belle cette initiative qui a poussé au vote  unanime de la reconnaissance des droits de la poule. Pendant tout le temps où on discutait de la nouvelle "constitution européenne", les thuriféraires de la chose n'arrêtaient pas de bassiner l'électeur avec la "subsidiarité". L'Europe, c'est pour les choses cruciales disaient-ils. Pas pour les détails auxquels la dimension européenne n'apporte rien.

Nous vivons des temps où la compassion exige la multiplication des "droits à". Pour avoir des "droits de" il fallait une conscience et une autonomie d'action. Pour les "droits à",  la volonté du sujet de la législation n'est pas nécessaire. Alors on a inventé les "droit à" des animaux, à l'image des "droits à" des hommes.  Nous avons depuis 48 une charte internationale pour la prévention et la sanction des génocides. Pourquoi n'aurions pas une charte des droits des animaux  et une charte de la poule pondeuse ?

Quelques philosophes, sans doute ringards, se tuent à répéter qu'il faut hiérarchiser. Mais dans notre relativisme général, la poule vaut bien l'homme. L'examen des questions au gouvernement pendant les années 2000 sur cette question grave des droits de la poule pondeuse à 25 cm2 de plus dans sa cage, montre qu'il n'a pas manqué un parti pour "exiger" du gouvernement qu'il montre dans cette affaire toute sa diligence à faire passer dans les actes internes la merveilleuse directive de 1999.

Ah ! Quelle est belle, qu'elle est généreuse, la voix émue de l'élu(e) prenant la pose à la tribune devant un hémicycle vide pour crier ses exigences, son impatience, sa vertueuse indignation; devant les retards mis à satisfaire la poule pondeuse !

"La puissance de l'homme sur la poule lui commande des devoirs. C'est à la manière dont on traite la poule qu'on mesure le degré d'humanité d'une nation, d'un état, d'un régime. Voici venu le temps des droits de la poule et du citoyen ".  Voici venu le temps des Déroulède volaillers !

Le plus comique dans l'affaire est de voir la Bretagne, anciennement MRP et convertie désormais au socialisme européiste de rosaires et de rosières, frappée la première (mais hélas pas la seule) par l'effondrement de la filière. Le pays de l'or jaune rie jaune, à la grande joie mauvaise des Verts. La madeleine est à un carrefour, en croix et en pleurs.

Quelle serait touchante l'amicale claque du député "farouchement mobilisé pour l'emploi" sur le dos du patron ruiné et l'épaule de ses salariés au chômage et émouvant son discours : "Grâce à nous les poules ont Poule emploi, une jolie norme que nous avons voté à l'unanimité et qui prouve notre souci humanitaire. Elles auront désormais 25cm2 sous les pattes dans les cages agréées. Et vous vous aurez Pôle emploi et 25 cts de l'heure au RSA pour ranger les cages déclassées. Ne dites pas qu'on ne fait rien pour un monde meilleur".

Oh ! La normalisation de la cage n'a pas été une mince affaire. Il fallait au moins trente énarques, une centaine de spécialistes des 2x pays, et quelques Mamamouchi d'importance pour en valider les contours.

-"Mon cher je crois que l'orientation du cul des poules dans cette cage n'est pas absolument optimale"

-"Ma chère, votre sens des droits de l'homme est au plus haut. Comme vous avez raison. Le cul de poule c'est farouchement tendance pour un œuf constitutionnel et garanti par la charte".

- "Mon cher, vous parlez d'or mais je me demande si votre bouche ne commence pas, elle aussi,  à prendre un drôle d'air."

- "Ma chère, me prendriez-vous pour Balladur ? "

Bref, alors que la crise la plus grave depuis 1929 frappe la France, l'Europe, le Monde,  nous, nous cherchons la gloire dans l'affirmation rigoureuse et impitoyable des droits "humains" de la poule pondeuse, au prix du chômage de milliers de personnes dans l'Europe, d'une aggravation de la fiscalité, de la ruine de familles d'entrepreneurs, de l'inflation des prix à la consommation et de déficits extérieurs aggravés.

20% des poules pondeuses ont été abattues en Europe, le plus beau massacre de poules depuis le début du marché commun.

Sûrement en totale conformité avec la charte européenne de l'abattage des  gallinacées.

Quelle belle âme européenne nous avons !

Miam ! Miam ! (en toute subsidiarité).



Monnaies et banques centrales

La monnaie s'invite enfin dans la campagne électorale française. Le président sortant, M. Nicolas Sarkozy, a lancé le thème de la réforme de la Banque centrale européenne (BCE) lors d'un discours le 15 avril 2012.

 

Il est vrai que la monnaie s'était invitée dans toutes les pages économiques des journaux de la semaine : nième effondrement boursier généralisé, nouveaux plans de "Quantitative Easing" (cad de création débridée de monnaie banque centrale) aux Etats-Unis, annonce d'un flottement de 1% du Yuan, surveillance du cours du Franc Suisse, testé par "les marchés", critique des pays du sud vis-à-vis de l'hégémonie malsaine du dollar.

 

L'actualité suggère de s'intéresser aux monnaies et aux banques centrales.

 

Il coexiste deux grandes conceptions de la monnaie, depuis l'abolition généralisée  des monnaies métalliques.

 

La première propose que l'on mette en place des "monnaies de confiance" multiples et largement décentralisées dans leur émission et sous la responsabilité pleine et entière de leur émetteur qui peuvent en cas d'erreurs disparaître. L'autre veut que la monnaie soit d'abord administrative, la question étant le mode d'administration.

Il existe dans la société d'échange capitaliste un besoin naturel de disposer d'un instrument qui permette de se procurer des biens et des services sans recourir au troc, de conserver de la valeur (cad du pouvoir d'achat), au moins un temps  et qui assure le moyen de se libérer de ses dettes notamment vis-à-vis des grands prédateurs étatiques.

Les économistes libéraux de la fin du XVIIIème et du XIXème ont glorifié essentiellement l'approche marchande de la monnaie.  En vérité la monnaie est née au 7ième siècle avant JC au confluent du sabre et du goupillon. Avant d'être un instrument d'échange commercial, la monnaie a été "le sang des Dieux" et "le nerf de la guerre". Le mort (voir la cérémonie mortuaire de l'obole sous la langue) et le prêtre, le soldat et la prostituée du temple, virent naître la monnaie bien avant les marchands.

Ils se sont rattrapés depuis.

La première théorie dispose qu'une monnaie ne fonctionne que si celui qui la reçoit croit qu'elle va lui permettre d'en faire quelque chose de valeur au moins équivalente à ce qu'il a cédé.  Toute monnaie est basée qu'on le veuille ou non sur un forme de confiance. Elle est toujours fiduciaire. La confiance est toujours modeste. On sait que le temps est mauvais maître en matière monétaire. Le risque que l'instrument ne serve plus ou perde de la valeur est latent.  On doit confier à des banques décentralisées le soin de fournir les instruments ad hoc sous la forme souhaitable. Cela peut être des billets, ou des comptes.

C'est la confiance des acteurs qui conduira  à  choisir la banque et les instruments de paiements qu'elle propose. Bien sûr le choix se portera sur une banque dont la signature est généralement admise. Une bonne concurrence et la peur de la perte de la confiance régulera l'ensemble.

Si plusieurs monnaies de banques circulent, se pose naturellement la question de leur valeur relative. Comment vont-elles se "compenser" ? Si la confiance est différenciée, il peut y avoir surcote ou décote sur la valeur réciproque des monnaies. J'accepte un virement sur la banque X mais pas à la valeur nominale proposée parce que ma monnaie à moi est plus sérieuse que la monnaie qu'on me propose.

On retrouve la théorie bien connue de Milton Friedman : la monnaie est une marchandise comme les autres. Comme toute marchandise elle a son prix.

Il appartient aux banquiers de réguler leur création monétaire en fonction des vrais besoins rentables. S'ils vont trop loin ils risquent deux tourments : la crise de liquidité (les anciens croyants changent leur préférence et veulent convertir leur monnaie de confiance), la crise de rentabilité (les pertes sur prêts mettent en cause la survie de l'entreprise si le capital n'est pas suffisant pour l'étaler). En fait les deux vont toujours ensemble.

L'ennui c'est qu'il y a un type d'acteur un peu particulier les Etats, toujours impécunieux et toujours à la recherche de ressources nouvelles. Leurs manipulations monétaires douteuses est à la source de la création de la science économique. Il fallait montrer que ces manipulations étaient sans objet.  La valeur réside dans la production pas dans l'instrument qui fluidifie les échanges.

Cette conception s'oppose radicalement à l'existence d'une banque centrale. C'est parce qu'il n'y a pas de filet de sécurité  que la monnaie est gérée sainement par les banques décentralisées. Et l'absence de banque centrale interdit à l'Etat de faire marcher "la planche à billets". Donnez moi une monnaie saine et je vous ferai de la bonne finance.

Ces idées se retrouvent encore aujourd'hui. Glen Paul aux Etats-Unis s'en fait souvent le propagandiste. Il poursuit une longue tradition aux Etats-Unis. L'hostilité à une banque centrale aux y était si forte qu'il a fallu créer la FED au début du 20ème siècle  sous un nom obscur et presque dans la clandestinité.

   

Un système de monnaies multiples, polycentrique,  sans banque centrale, dont la valeur réciproques seraient laissées au marché n'a jamais réellement existé dans les frontières d'une nation. A notre avis il est vain de croire qu'il puisse être mis en place jamais.  L'exemple du Canada (ou de l'Ecosse) souvent cité, revient en fait à un système de banque centrale privée.

 

La raison en est très simple : personne ne veut avoir à manipuler en permanence plusieurs monnaies. Une monnaie l'emporte rapidement sur les autres. L'institut qui le gère devient central dans le système économique et sa défaillance serait  "systémique" comme on dit aujourd'hui, en un mot inadmissible. Pour faire simple on ne peut le laisser faire faillite car alors tous les billets et tous les dépôts libellés perdent immédiatement leur valeur.

 

L'histoire a montré  que tout système bancaire a tendance à créer périodiquement trop de prêts et de dettes, donc trop de monnaie. Le cycle décennal y trouve sa cause principale.

 

Un système de monnaie décentralisée a tendance naturellement à se concentrer et à provoquer des crises. Les dégâts sont trop graves pour qu'on laisse ce genre de fonctionnement perdurer.

 

Au fur et à mesure des crises économiques on a constaté l'obligation  d'unifier l'unité de compte et de créer une monnaie unique permettant la gestion de la liquidité interbancaire  et de faire face à toute crise de liquidité.

 

La création de monnaie de dépôt était laissée libre et décentralisée mais une monnaie banque centrale était instituée, à qui l'émission sous forme de billets, liquidité ultime, était réservée.

 

Tous les systèmes monétaires actuels sont désormais construits sur ce modèle.

 

La banque centrale doit veiller à la stabilité et la sécurité du système monétaire : surveillance des banques ; contrôle de la liquidité et de la rentabilité ; contrôle de la quantité de monnaie en circulation.    

 

On est donc passé d'un système de monnaie de confiance à un autre purement administratif. La monnaie centrale a seule directement cours forcé et peut servir à tout aussi bien aux règlements entre particuliers et entreprises que les paiements de taxes à l'Etat.  Il n'est même plus nécessaire d'avoir confiance : l'usager n'a pas de choix.  Pour obtenir une meilleure traçabilité fiscale le fisc a reconnu et imposé l'usage de la monnaie de crédit émise par les banques. En contrepartie l'Etat a verrouillé largement le système bancaire.

 

Le système des banques de dépôts en France est resté constitué de quelques mastodontes gérés pour l'essentiel par des hauts commis de l'état.  Aucune ne pouvait faire faillite. On séparait clairement le domaine du spéculatif domaine de banques d'affaires qui pouvaient sombrer sans dommage, et le trivial, laissé aux grandes banques de dépôt.

 

Comment éviter que la banque centrale, démembrement de l'Etat, de jure ou de facto, ne fasse tourner honteusement la planche à billets pour ses besoins propres provoquant des comportements contre-productifs des agents économiques? 

 

Jusqu'en 1971, la réponse était simple : la contrainte de change pesait sur les banques centrales et les états. Certes l'étalon or était mort mais il subsistait une forme d'étalon de change or, où le dollar servait de monnaie internationale mais rattaché à l'or.  Chaque état étant responsable de son change, le trésor comme la banque centrale faisait en sorte de ne "pas faire plus de bêtises que les autres".  La tentation de créer de la monnaie banque centrale était contrebalancée par la crainte d'un dérèglement des changes, de l'inflation et du déficit extérieur, entraînant la défiance des marchés et donc des conséquences.

 

Mais voilà que les Etats-Unis commencent à se moquer du lien avec l'or, au point que les autres ne veulent plus accumuler des dollars et demandent le remboursement en or. Ils répondront en interdisant la conversion en or.

 

Le monde s'engouffre dans un système jamais vu : des monnaies administratives émises sans aucune contrainte.

 

On en revient sur une base internationale à la solution qui n'avait jamais marché sur une base nationale : des monnaies multiples dont le cours varie au jour le jour.  Dans ce cas là la monnaie dominante l'emporte. Le dollar l'emporta toujours géré avec la plus folle inconséquence par la banque centrale américaine.  

 

On cherchera à solidifier l'ensemble. On acceptera le flottement des monnaies en contrepartie de l'indépendance des banques centrales. Celles-ci ne devaient plus avoir pour autre boussole qu'une dégradation lente  d'un indicateur de prix.  Le lien avec l'Etat sera coupé. Seules les banques pourront prêter à l'Etat, si tant est que celui ci doive financer des déficits.

 

Lorsqu'on crée l'Euro pour des raisons qui restent encore largement à expliquer, (simple Hubris européolâtre d'un côté ou volonté de contrer le dollar de l'autre, volonté de domination allemande ou désir de l'empêcher), cette doctrine est gravée dans la pierre des traités.

 

La vérité éclatera assez vite : lors que les mouvements de capitaux sont libres  et la finance déchaînées, on assiste à un yoyo général des monnaies  qui transforme l'économie en immense casino. La création monétaire est partout et nulle part. Les changes ne régulent rien  et accroissent les variations. L'instabilité devient de règle. Les banques centrales ne peuvent plus individuellement contrôler la création monétaire : il est toujours possible de chercher de l'argent ailleurs.

 

Les banques ne peuvent pas créer seules la monnaie banque centrale  dont elles ont besoin pour multiplier les crédits mais peuvent moyennant un risque de change s'approvisionner partout dans le monde. Il faut simplement croire que les signatures qu'on échange ont la moindre valeur. Le collatéral prend le dessus. Mais on ne sait plus trop ce qu'il contient.

 

Le système devient instable. Les banques centrales sont constamment confrontées à des crises de liquidité des banques qu'elles surveillent, qui sont si grosses et si opaques qu'elles ne savent pas les contrôler.  Les banques centrales sont comme la psychanalyse : elles ne savent guérir que les maladies qu'elles créent.

 

Il suffit qu'à un seul endroit un délire de création monétaire s'installe et le risque de chaos financier s'installe. Les Etats-Unis ont décidé de jouer à fond la diplomatie du dollar. Sa création monétaire débridée est aggravée, amplifiée par la politique de la Chine et des pays à excédents commerciaux : ils replacent leurs excédents en dollars. Une double pyramide de dettes se crée automatiquement.

 

L'interconnexion des marchés financiers amplifie le mouvement : l'endettement global qui avait baissé jusqu'en 71 recommence à grimper. 150%,200%,250%,300%, bientôt 400%, 700%, 1400% pour certains pays.

 

La catastrophe finale peut arriver après que le trend ait été ralenti et les crises décennales aggravées.

 

Le système de monnaies administratives gérées par des banques centrales censées être indépendantes et  avec un objectif de stabilité des prix, avec des changes flottants sur des marchés totalement libres, a prouvé qu'il ne marche pas. Il n'a jamais marché. Il ne marchera jamais.

 

La fuite devant les monnaies est permanente. Personne ne sait plus ce sur quoi chaque  monnaie de dépôt repose. La défiance se porte sur toutes les banques. Le marché interbancaire se grippe.  La panique règne. Les Etats craignent pour le refinancement de leurs dettes, les banques craignent pour le refinancement de leurs crédits, les particulier cherche à fuir les risques sur les monnaies en allant vers des refuges instables, comme la pierre ou le Franc suisse.  L'urgence devant la méfiance devient la règle.

En fait il n'y a plus qu'une monnaie d'échange dont on cherche à se débarrasser au plus vite contre quelque chose de plus solide.  Sans confiance pas d'expansion du commerce, pas d'investissement.

 

L'urgence ponctuelle devient une urgence permanente et universelle.

 

Les pays qui disposent de leur banque centrale et d'un minimum  de surface peuvent tenir en respect leur créanciers : la banque fournira toujours autant de monnaies administratives qu'il sera nécessaire pour payer les intérêts des dettes régaliennes même si c'est théoriquement interdit. Tant pis pour le cours du change. Il se tiendra si tous les autres font pareils. On voit les marchés financiers triomphants alors qu'ils sont dans le plus total désarroi, les prêteurs ne sachant plus comment récupérer leur argent.  

 

La BCE prive les état de l'Euroland de cette menace. Alors voici les Etats membres pris au piège. Ils ne peuvent qu'augmenter les impôts, choisir la déflation et la rigueur.

 

Ils ont à financer le poids de leurs propres erreurs, celui de la récession et celui du sauvetage de leur secteur bancaire. Ils n'en peuvent plus. Dès que les taux d'intérêt montent ils sont asphyxiés.

 

Alors dit M. Sarkozy il faut que la BCE prête aux Etat, que les marchés sachent qu'ils auront toujours des euros nominaux en remboursement. Mais alors tout le système devient fou : car où serait les limites ?

 

Le modèle de banque centrale de 1973 est cohérent au moins en théorie avec un système de monnaies administratives dont le change fluctue.  Certes on a vu qu'il ne marchait pas. Mais supprimer la règle du jeu n'est un expédient qui se comprend quand on a la menace aux fesses d'une situation à la grecque mais qui n'a aucune rationalité à moyen et long terme.

 

C'est le système global de monnaies administratives à valeur externe dérivante qu'il faut changer.

 

Et il n'y a pas d'autres solutions que de revenir à une système de changes fixes reliés à une base de référence hors de portée des états individuels. L'obligation de tenir son cours de change et ses grands équilibres, pourvu qu'elle soit générale (les Etats-Unis étant tenu de s'y soumettre) suffit pour éviter les trop grand dérapages de crédit.

 

Dans une telle optique la banque centrale est un des organes (n'est qu'un des organes )  qui permettent , en convergence d'objectifs et en union de moyens, de tenir les engagements monétaires externes de la zone monétaire.  Son indépendance n'a plus tellement d'importance.  Elle peut même devenir contreproductive si les pouvoirs de politique économique sont employés de façon incohérente (on l'a vu en France peut avant 1936 où la banque de France faisait tourner la planche à billets pendant que le gouvernement tentait une …déflation).

 

Ce n'est pas du statut des banques centrales qu'il faut parler mais de la réforme du système monétaire international.

 

Des monnaies administratives flottantes gérées par des instituts d'émission dont le seul voyant est l'inflation des prix à la consommation des articles d'un index ne constituent pas une solution sérieuse.   

 

Cela ne marche pas, n'a jamais marché et ne marchera jamais.

 

Delenda est !

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

La fin du secret bancaire suisse

Une des victimes collatérales de la crise mondiale qui sévit depuis la fin juillet 2007 aura été le secret bancaire suisse.

La Suisse s'était mise dans une situation impossible. Ses grands établissements, UBS et Crédit Suisse, collectaient une épargne démesurée par rapport aux ressources du pays et devaient pour se développer et concurrencer les monstres américains employer leurs ressources aux Etats-Unis. Trop gros à l'échelle suisse et trop petits à l'échelle mondiale : la vulnérabilité était patente. UBS a voulu grossir aux Etats-Unis. La grenouille se voulait bœuf. Elle a avalé tous les mauvais risques qui passaient par là.

Le retour de bâton a emporté le secret bancaire suisse vis-à-vis des Etats-Unis. Il est impossible de gérer un secret à dimension variable. Le secret bancaire suisse est donc une espèce en voie de disparition.

D'ores et déjà des masses financières colossales ont émigré sous d'autres cieux. Les petites banques qui un temps avaient bénéficié de la fuite des clients UBS  voient leurs encours gérés baisser et avec eux leurs revenus, la baisse de rentabilité des capitaux investis n'arrangeant rien. L'obligation, imposée par les autorités, de renforcer les capitaux propres afin que l'Etat suisse n'ait pas à financer une déroute, complique encore les choses.  La place suisse voit la perspective d'une forte restructuration s'imposer à elle.

Bien sûr elle a réagi. Sa migration vers l'Orient et notamment Singapour a pris de l'ampleur. Sus aux nouveaux riches. Il faut aller chercher l'argent là où il est.  Mais l'Orient est compliqué, surtout quand il est extrême.  L'idée que la place est d'une technicité magnifique  et qu'elle survivra à la fin du secret bancaire en profitant de la liberté accordée aux mouvements de capitaux légaux parait pour ce qu'elle est : un pansement affectif.  La finance représente près de 15% du PIB suisse. Les difficultés annoncées du secteur vont faire mal.

Bien sûr elle finasse. On demandera aux déposants de déclarer qu'ils sont blancs comme neige. Alors on ne pourra plus poursuivre les gentils banquiers pour sollicitations abusives et complicité d'évasion fiscale. Elle veut bien que les déposants paient collectivement et anonymement un impôt. Mais les autres veulent un échange automatisée d'information. Et Rubik a du plomb dans l'aile.

Les Suisses commencent eux-mêmes à se lasser de leur politique de refuge pour riches en rupture de confiance avec leur nation au fisc cupide.

Ils en donnent des signes multiples.

Une votation pour introduire un impôt sur les succession de 20% par ci ; une interdiction de construire des résidences secondaires par là ; une réduction des appartements et maisons disponibles à la vente pour les étrangers par ci ; des demandes d'abandon du régime fiscal spécial des étrangers (le forfait).  par là.

L'immobilier est asphyxié par le trop plein de demandes et les prix sont devenus inabordables. Le bon Suisse natif a du mal à se loger.  Les paysages sont menacés.

L'économie est asphyxiée par le Franc trop fort obligeant la BNS a des actes d'une violence inouïe pour tenter de casser les afflux.

Les accords de Schengen lui ont valu l'arrivée massive de délinquants des pays de l'est et des banlieues lyonnaises.

Les frontaliers agacent.

Le discours flamboyant de Nicolas Sarkozy contre le secret bancaire a amené à commander les pales Grippen. 

C'est dire que la tentation d'une forme de repli sur soi est plus que perceptible.

Si le rôle de refuge fiscal  n'est plus possible il faut pourtant s'ouvrir au monde.

La contradiction est terrible.

Il ne faudra pas dix ans pour que la Suisse entre dans l'Europe.

Et c'est très bien ainsi.

Une méthode de suicide économique : la surtaxation du capital

Dans les programmes des candidats on retrouve partout la même antienne : les revenus du capital doivent subir la même taxation que les revenus du travail. M. Hollande développe cette idée dans pratiquement chaque discours. En résumé  : "les riches tiennent le capital, donc les revenus du capital ; les riches doivent payer la crise ; donc je taxe le capital, les plus values du capital, les revenus du capital, la transmission du capital".  Dans le concours des "cadeaux au peuple", généraux ou ciblés sur des cohortes particulières, M. Sarkozy n'est pas en reste. Le financement du RSA a été gagé sur une augmentation de la fiscalité sur les revenus du capital pendant son mandat. Dans le cadre de la présente campagne il propose de "donner" "jusqu'à 1000 euros pour 9 millions de personnes" en réformant la prime pour l'emploi et en complétant par le produit d'un nouvel impôt sur les revenus du capital.

Le capital serait une espèce de niche fiscale dans laquelle on n'aurait pas assez puisée et qui pourrait nourrir tous les fantasmes électoraux.

Une fois de plus le problème est mal posé.

Tout le monde sait que le travail est trop taxé en France, la gauche depuis la Libération ayant fait valoir de façon ininterrompue qu'il fallait prendre l'argent là où il était créé, dans l'entreprise, provoquant au fur et à mesure des décennies une surcharge fiscale sur l'entreprise tout à fait insupportable dans une économie ouverte où la majorité des autres états ont joué un jeu différent.    On sait que lorsqu'on paie 100 euros à un salarié, l'entreprise est obligée de donner 100 euros à l'Etat (au sens large). Et il va falloir payer l'IS et la TVA et les charges locales et les taxes spécialisées …

Il est vrai qu'au sortir de la guerre, il n'y avait plus en France de capital. Les actifs des entreprises françaises avaient été pillés par les Allemands. L'épargne des particuliers avait fondu.  S'attaquer au capital et aux intérêts  aurait été une politique totalement stérile : il n'y avait pas de capital ni de revenus du capital.

Le "miracle économique français" des "trente glorieuses" a donc été financé par des dons en capital, le Plan Marshall, des dettes importantes (dont le coût était gommé par l'inflation) et par un traitement fiscal favorisant l'épargne.

Cette situation n'était pas tenable dans la longue durée. Le surfiscalité des entreprises a provoqué une évolution structurelle particulièrement néfaste : la France dispose d'un capitalisme sans capitaux ! Les entreprises françaises, trop taxées, n'ont jamais pu grossir comme il aurait fallu. Jamais nous n'avons pu faire éclore une forte nichée de PME importantes, à l'image des Allemands ou des Suisses ou même des italiens du nord. Pas de "Mittelstand" en France. Merci la fiscalité de la quatrième république. Le capitalisme français s'est donc développé dans une symbiose avec l'état, seule capable d'apporter les capitaux,  pour les grandes entreprises, à l'abri de la concurrence internationale, en liaison avec notre "Empire" ou du moins ce qu'il en restait.

Le vol de l'épargne par l'inflation n'était pas plus bénéfique à long terme. L'accès aux capitaux via la bourse française a toujours été très insuffisant. Jusqu'à la fin des années soixante la bourse française a toujours été désespérément plate. Il est vrai que l'état se réservait l'essentiel des capitaux disponibles par des emprunts qu'il fallait rendre attractifs.  L'emprunt défiscalisé gagé sur l'or de M. Pinay reste le symbole  de cette politique.

L'effondrement du système colonial et l'ouverture à l'Europe via le marché commun mettait en défaut ce système précaire.

Les gouvernements du général de Gaulle ont donc mis en place une série de mesures destinées à atténuer le choc : les budgets ont été votés et réalisés pour l'essentiel à l'équilibre. On a réduit l'endettement public en supprimant les déficits budgétaires. La fiscalité sur les particuliers a été aggravée, en même temps que la TVA a été imaginée. En un mot, on a commencé à basculer une partie de la fiscalité des entreprises sur le consommateur et sur le particulier.
 
Un autre phénomène a été la conséquence du baby boom : pendant une longue période l'épargne retraite des français n'a pas trouvé à s'employer. Les salariés partaient à la retraite à 65 ans mais une grande partie d'entre eux n'atteignait jamais cet âge. Les réserves servaient pour l'essentiel à financer l'état qui lui-même finançait via des banques d'investissement spécialisés, des entreprises sans capitaux.

Un troisième phénomène a été la bancarisation forcenée des années 60. Tout le monde devait passer par la banque et le chèque est devenu quasiment obligatoire. La collecte de l'épargne par les banques nationalisées, entre les mains des Inspecteurs des finances, était ramenée ainsi vers l'Etat.

Des dévaluations régulières avaient permis pendant tout le temps de la Quatrième République le maintien d'une compétitivité externe, certes artificielle, mais possible.
 
En 1970 la France est un pays paradoxal. Une certain épargne s'est reconstituée avec la hausse du niveau de vie et une fiscalité favorable. Mais elle ne va pas vers l'entreprise. Des secteurs entiers sont en pleine capilotade du fait de l'ouverture des frontières ou de l'évolution des technologies. Le Nord perd ses filatures et son charbon. Les aciéries lorraines sont problématiques.  Des secteurs entiers se développent dans le monde, notamment aux Etats unis et nous n'y sommes pas. C'est par exemple le cas de l'informatique. Le seul secteur où nous sommes en pointe, après avoir été cherché les idées aux Etats-Unis, est la grande distribution.

Le Japon, l'Allemagne, dégagés de tout soucis de budgets militaires, ont joué la carte inverse de la France. L'accent est mis sur la création d'un maximum de PME capables de grossir et de prendre des positions sur le marché international. En 1970 on voit déjà les résultats. La France a perdu toute son industrie photographique, mécanique,…

Et voilà que trois évènements majeurs frappent le monde :

- le système de Bretton-Woods est abandonné. C'est la loi du plus fort qui sera désormais de règle dans le domaine des monnaies.  La force du Franc après 30 ans de dévaluations systématiques et l'évacuation de la politique du général de Gaulle après les évènements de  68 est plus que problématique.   
- le coût du pétrole commence sa hausse continue, alors que la France n'en a pratiquement pas.
- la récession de 73-74 est la première d'une série de "plus graves crises économiques depuis 1929".
La France ne s'est pas relevée de ces trois chocs.
M. Giscard, "le plus intelligent de nos dirigeants", ne comprend pas la situation. Il accepte à la Jamaïque de jouer le jeu des changes flottants. La banque centrale n'a plus le droit d'alimenter directement l'Etat. Le règne commence des monnaies administratives "gérées" par des banques centrales indépendantes dont le change est laissé aux "libres forces des marchés financiers". Les premières mesures de dérèglementation financière sont prises. L'économie casino se met en place. La Société Générale ouvre sa grande salle des marchés dans une tour à la défense. Tout un symbole.  

La relance keynésienne menée par Chirac en 1974  est un échec. En changes flottants, cela ne marche pas. Les déficits explosent que M. Giscard comble par une hausse des impôts en aggravant de façon constante le taux de prélèvement global :  impôt sur les plus values et généralisation de la TVA. Les grands plans d'état (téléphonie, TGV, aviation) ne concernent pas les PME- PMI qui sont taxées au maximum, privées de capitaux, éloignées de l'exportation.   

Le programme commun de gouvernement de M. Mitterrand charge un peu plus la mule. On taxe le capital avec l'Impôt de solidarité sur le fortune, sauf celui de l'entreprise si l'assujetti la gère lui même. Tous les impôts sont aggravées. Après l'intermède du gouvernement de cohabitation, M. Rocard lance la CSG, un moyen de frapper les revenus du capital en plus de leur taxation habituelle.

A la veille de la grande récession de 92-93, la seconde "plus grave depuis la crise de 1929", la finance a été libérée par M. Beregovoy pour se mettre en ligne avec le système mondial imposé par les Anglo-saxons. La France doit se financer à l'étranger. Ses déficits sont constants. Sa compétitivité a été éliminée par le programme commun. D'un point de vue fiscal,  la technique a basculé : on ne cherche plus à obtenir tout de l'entreprise, défavorisée dans la compétition internationale. On recherche des ressources nouvelles sur le capital et ses revenus.  

Là où MM. Giscard et Mitterrand auraient du proposer une conversion fiscale : réduire l'imposition sur les sociétés et notamment les PME, en rééquilibrant, sans hausse des prélèvements globaux, en frappant les revenus du capital et la consommation, afin de permettre la reconstitution d'une industrie exportatrice forte, ils ne font que chercher par tout moyen des ressources nouvelles.

La hausse constante du SMIC aggravée par des coups de pouces démagogiques et absurdes, la réduction du temps de travail (39 heures et retraite à 60 ans), l'étouffement administratif  de la gestion des effectifs, la pénalisation de la vie économique avec mise en prison systématique des dirigeants pour un oui ou un non,  la spoliation totale des propriétaires de PME en faillite, ont provoqué un déséquilibre structurel du marché du travail : il manque bientôt plus de 5 millions d'emplois salariés. De même un déséquilibre structurel du commerce extérieur est désormais en place.

Dès 1990 la France est morte en tant que grand acteur de la vie économique internationale.  Elle n'est plus présente dans aucun des grands secteurs technologiques qui se développent (Internet, téléphonie, numérique etc.).  Son Etat est devenu démesuré. La décentralisation provoque une croissance incontrôlée des dépenses des collectivités publiques. Les béquilles sociales voient leur coût s'emballer. La préparation de l'Euro conduit à un Franc fort et à une stagnation financière partiellement déflationniste en France.

Le choc de la crise de 93 est terrible. Les déficits s'envolent. M. Juppé est obligé de donner un coup de massue fiscale d'une violence jamais vue. Il est vrai qu'on lui lègue les conséquences du traité de Maastricht. Il faut bien satisfaire les critères de convergence.

Dès ce moment là les grandes erreurs structurelles qui mettent la France en danger sont  évidentes.
- Le monde est victime du système monétaire international des changes flottants qui éteint progressivement la croissance et provoque des crises mondiales de plus en plus violentes.
- L'Europe, et singulièrement l'Euroland, ne sont pas structurés pour lutter dans un tel environnement. Créer une zone monétaire non pilotée  avec une monnaie unique, alors que le monde est partout en change flottant, et que les pays gardent la liberté de gérer leur économie sans aucune concertation avec les autres, est une aventure. Aucun raisonnement économique n'est possible face à un dogme politique. Aucun avertissement ne sera entendu.
- La France surfiscalisée et étouffée de toute part ne peut pas lutter même dans l'Euroland. Le fait est masqué par la réunification allemande qui laisse penser que ce pays aura des soucis pour longtemps. Mais nous sommes déjà une proie potentielle pour l'industrie allemande qui commence à racheter les PME françaises en masse.
La politique Jospin est contradictoire. Elle aggrave le déficit de compétitivité avec les 35 heures et les différentes lois qui pénalisent un peu plus la relation avec les salariés. Elle laisse se développer la folie des créations d'emploi administratifs en région. On multiplie les emplois aidés. Mais on comprend dans les hautes sphères, les élites mondialisées socialistes, qu'il faut permettent aux entreprises du Cac de gagner dans la mondialisation. Stocks options; parachutes dorés ; golden hello ; tout est bon pour mettre les entreprises du CAC et leurs dirigeants à la hauteur de leurs concurrents mondiaux.
M. Fabius réalise même, pour des raisons purement électorales, que le choc fiscal risque de faire perdre les socialistes. Une baisse des impôts bienvenue est lancée.  Malheureusement elle et inefficace : On privilégie la baisse de la TVA  et la "prime à l'emploi", c'est à dire un chèque direct payé à la clientèle électorale. Rien de tout cela n'est en mesure de reconstituer la compétitivité des entreprises. Sauf une mesure importante : la suppression partielle des charges sur les salaires proches du SMIC. Malheureusement cette mesure est financée par la dette !

Comme on le sait M. Chirac ne fait rien ou presque. M. Sarkozy lui prend des mesures contestables : la détaxation des charges sur les heures supplémentaires ; la réduction de la TVA sur la restauration. La baisse des impôts sur les petits successions est démagogique mais reste insignifiante sur l'état de l'économie. Son quinquennat va être une suite ininterrompue de créations de taxes et d'aggravations de l'imposition des revenus du capital. L'ISF n'est pas supprimé, son effet sur les très grosses fortunes est simplement diminué sans réels bénéfices globaux.
 
On a donc bien depuis 1974 tenté de basculer une imposition excessive sur l'entreprise vers les particuliers,  leur revenu, leur consommation, leur épargne, leur capital.  Mais l'enfer de la dépense publique toujours augmentée sans mesure et l'effet de crises mondiales constamment aggravées ont fait que ces efforts n'ont conduit qu'à une élévation de la pression fiscale de plus de 10 points de PIB. Nous habitons sur les sommets mondiaux de la fiscalité.  

Les grandes entreprises travaillant à l'international ne sont pas taxées. Mais les PME sont écrasées. Le capitalisme français sans capitaux est désormais un capitalisme sans entrepreneur. Les chiffres de création d'entreprises ne doivent pas tromper. Ce sont le plus  souvent des retraités ou des chômeurs qui se lancent dans des entreprises en général sans lendemain. Parfois les grandes entreprises se débarrassent sur des entreprises sans avenir des activités qui peuvent valoir des ennuis à leur dirigeants ou qui ne correspondent plus à leur stratégie mondialiste.  Le bénéfice global pour la France est quasi nul.   

Et voilà qu'une nouvelle crise "la plus grave depuis 1929"  creuse tous les déficits publics. Et les deux candidats de fanfaronner : les riches paieront !

Surpris sur sa gauche le candidat socialiste lance son double slogan : 75% de taux marginal sur le revenu et intégration des revenus du capital dans l'assiette de l'impôt.

Indépendamment du taux marginal d'imposition, peut-on considérer tous les revenus et capitaux comme absolument identiques comme base fiscale ?

Prenons le cas d'un entrepreneur : il a créé sa boite avec quelques dizaines de milliers d'Euros. En cinquante ans il en a fait une petite PME qui vaut, disons, 10 millions d'Euros. Lorsqu'il l'a vendra la valeur qu'il a créée sera considérée comme une plus value taxable comme tout revenu. A 75% ? Cela signifie que tout acheteur achète en vérité les entreprises… au fisc. L'entrepreneur est spolié d'une vie de travail qui devait lui permettre de prendre sa retraite confortablement après réussite (monter de rien une PME qui tient des années et finit par valoir quelque chose est un exploit en France). D'où viendra l'argent de l'acheteur ?  Seulement de l'étranger. Ou de l'emprunt. Mais on a vu où on en était avec les LBO financés par la dette.    
La surtaxation des plus values  occasionnelles sur le capital, sur la même  base que celle  d'un revenu récurrent et à un taux confiscatoire mettra aussitôt fin au moignon de capitalisme familial qui survit en France. Elle viendra s'ajouter à des mesures qui ont déjà des effets dévastateurs : l'impôt progressif sur les successions entraîne déjà la vente à l'étranger de nos fleurons industriels (voir L'Oréal et Nestlé après milles autres cas) ; l'entrée dans l'ISF du propriétaire de son capital dès qu'il cesse de diriger son entreprise est mal vécu et entraîne des exils fiscaux.

La majorité des expatriations n'ont pas pour cause l'intensité de l'impôt sur le revenu mais la taxation sur la transmission du patrimoine ou de la direction de l'entreprise.       

Dans tous les cas, la surfiscalité portant sur le capital de l'entreprise entraîne une expulsion tendancielle vers l'étranger.

C'était évident pour les entreprises du Cac 40 qui n'auraient eu qu'un pas à faire pour se délocaliser. On les a soigné fiscalement très favorablement.

C'était tout aussi clair pour les autres entreprises qui n'ont pu dans cette perspectives qu'à se vendre à l'étranger ou voir les propriétaires s'expatrier pour ne pas tout perdre. En quarante ans, c'est près de 20.000 entrepreneurs français qui ont émigrés et dans la plupart des cas il s'agissait des plus grosses PME-PMI françaises.

L'application de taux confiscatoires à ces opérations finira sans aucun doute possible à faire que le capitalisme français n'ait plus ni capitaux ni capitalistes du tout.

Plus généralement l'épargne est née de la non consommation d'un revenu taxé, c'est-à-dire d'un reliquat après impôts. On a fiscalisé sa propriété, sa cession, ses plus values éventuelles,  son rendement, sa transmission. On veut maintenant avec la taxe sur les transactions financières taxer son simple déplacement. Avec des taux progressifs coercitifs et prédateurs il n'est même plus envisageables de capitaliser son épargne sachant qu'à la vente finale la spoliation sera quasi-totale, sauf niche fiscale, comme l'assurance vie.    

Au point où on en est arrivé, une dépense publique qui représente globalement 100% et plus de la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand (il faudrait une TVA de 100%  pour les financer si cette impôt était unique !), un manque à gagner de 5 à 10 millions de salariés,  un déficit extérieur structurel et des comptes sociaux totalement dégradés, l'assimilation fiscale pure et simple des revenus du capital et des revenus du travail conduirait à la quasi disparition du tissu d'entreprises français.  Avec les taux envisagés, cette élimination se ferait en moins d'une génération.

Plutôt que de suivre la voie délétère qui nous fait sortir de l'histoire économique depuis 1974, les politiques devraient comprendre trois choses essentielles  :

-  La France est surfiscalisée, suradministrée et étouffée par les règlements. Aller plus loin est suicidaire. Ni l'extension des assiettes ni l'aggravation des taux ne suffiront jamais. Il n'y a pas de choix : il faut réduire à la hache les dépenses publiques et recréer les conditions d'un capitalisme avec des capitaux et des entrepreneurs français.  Une fois le champ salé rien ne repousse. Voyez les pays de l'ex bloc soviétique. Seuls des transferts d'assiettes sans alourdissement de la fiscalité  sont acceptables. Ces transferts doivent favoriser l'entreprise et l'emploi.
 
- La dite France n'a aucune chance dans une Europe à monnaie unique où les autres pays ont pris les bonnes mesures. La situation vis-à-vis de l'Allemagne devrait éclairer.  L'ambiance déflationniste détestable qui préside au système de l'Euroland conduit de toute façon à la stagnation donc à affaiblir les plus faibles et à nourrir les plus riches. les entreprises allemandes sont contentes ; les entreprises françaises sont à merci.

- L'Europe, et à l'intérieur d'elle la France,  n'a aucune chance dans le système fou des changes flottants qui provoque depuis quarante ans le ralentissement constant du trend et la survenue de crises financières mondiales toujours plus graves tous les 8-10 ans.

La France est actuellement au bord du gouffre et on lui propose de faire allégrement un grand pas en avant fiscal.  Si elle le fait, c'est un suicide.

Après tout la France est le pays où l'on se suicide le plus. Alors : tous ensemble; tous ensemble ?

Vraiment ?

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

 

L'Europe déraille. La France s'éteint.

Les années trente avaient déjà montré qu'en cas de crise économique durable les élections aggravaient la situation et retardaient les solutions.

Nous voyons en temps réel la confirmation de cette triste règle.

L'Europe n'arrive pas à sortir de l'urgence. Pendant que la Banque Centrale Européenne achève son plan de sauvetage des banques et des états, avec la création de 1.000.000.000.000 d'Euros de monnaie centrale (une paille !),  la zone entière entre en récession.

Le plan de Mme Merkel et de M. Sarkozy de renforcement de la discipline budgétaire que deux pays ont déjà refusé est un peu plus fragilisé par  l'annonce d'un référendum en Irlande.  Le candidat français favori des sondages au second tour a déjà annoncé qu'il en demanderait la renégociation et qu'il ne le ratifierait pas.  Il n'est plus sûr  que les élements constitutionnels qui doivent être acceptés par le Parlement français soient votés.

L'idée allemande qui veut que la monnaie unique suppose non pas des institutions de gouvernance unique mais une austérité unique est incompatible avec l'appel aux électeurs.

Le plan de "sauvetage" de la Grèce, (on sauve le système bancaire grec, largement possédé par des banques étrangères)  qui a déjà coûté quatre années de récession et un appauvrissement dramatique du pays, est menacé par les élections grecques. Personne ne croit plus qu'il sera réellement appliqué.

Comme nous l'affirmons depuis quatre ans, la banque centrale ne peut à elle seule, sortir de la crise. Et l'Europe n'a aucune politique économique, aucune politique monétaire, aucune politique commerciale extérieure et aucune politique de change commune. La "gestion par la règle" est une ineptie. Il faut un pilote dans l'avion commun. Ou alors il faut revenir à des politiques nationales intégrées.
 
Quant à la France ! On sait qu'elle souffre d'un délire chronique de dépense publique associé à ses deux conséquences, un endettement massif et une névrose fiscale tournant à l'hystérie permanente.  Malgré tous les ouvrages qui depuis  trente cinq ans expliquent que les politiques français conduisent le pays dans le mur, malgré des institutions qui devraient  responsabiliser les dirigeants en les forçant à assumer leur démagogie donc à la maîtriser,  la campagne électorale pour les présidentielles françaises marque un dévoiement  inoui.

Désormais on cherche de façon explicite à "acheter" des cohortes d'électeurs en leur proposant quasiment de l'argent liquide et comme ces "cadeaux au peuple" ne suffisent pas  on fournit de la haine à consommer de suite, sous forme de stigmatisation fiscale ou autre de minorités.

Au delà de l'abjection morale et civique que traduit cette évolution méphitique,  on voit se profiler un n'importe quoi économique qui va rendre toute sortie de crise impossible.

Cette crise demandait dès 2008 que les grands pays se concertent pour mettre fin aux changes flottants et à l'absence de système monétaire international, afin de coordoner l'élimination du surdendettement global par une croissance concertée. Les théories dominantes et les intérêts nationaux mal compris ont interdit cette inévitable solution qui avait pourtant montré sa pertinence dans le passé. 

Sur un fond monétaire mondial stabilisé et orienté vers la croissance, l'Europe aurait pu mettre en oeuvre des plans de gouvernance raisonnables sans obliger tout le monde à une austérité intenable.  On a choisi la panique et le n'importe quoi tout en laissant la BCE arroser les banques.  Aucune confiance n'a été rétablie et la perspective de l'éclatement de la zone n'a jamais été si grande.

La France aurait pu à son tour mettre fin à sa névrose fiscale par des réformes simples mais efficaces orientées toutes vers la croissance et l'élimination des excès perpétuels de ses politiques en matière de dépense publique.

On voit qu'on en est à proposer de taxer marginalement les revenus à près de 90% rien qu'avec les deux impôts les plus faibles en matière de rendement !  On surenchérit dans le confiscatoire en espérant quoi ?

Le monde  en crise durable et sans espoir, l'Europe en voie de dislocation, la France réduit au niveau du Zimbabwe de Mugabé ou du Vénézuela de Chavez, voilà  où on en est après quatre ans de sottise et d'aveuglement général.

Qu'on ne nous dise pas que ce n'était pas prévisible !

Que la France est moche dans cette Europe zombie et ce monde sans direction !  La campagne électorale actuelle, un combat de nains démagogues entourés de clowns grotesques,  marque sa disparition comme nation qui compte. 

Quelle tristesse pour notre génération qui aura vu le suicide d'une grande nation !

Le Français né malin est en train de mourir de bêtise. 

RIP.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.



Le bilan de Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy est depuis ce soir candidat à sa réélection comme Président de la République Française. Il est naturel de tirer le bilan de sa mandature. Nous ne cherchons ici qu'à juger la partie économique.

On pourrait se contenter des résultats constatés en fin de mandat en terme de chômage, 10% de la population active et à peine 16.000.000 de salariés actifs (sur 65-66 millions de résidents, soit à peine 25% de la population…), d'endettement public, qui se rapproche des 100%,  de commerce extérieur, fortement déficitaire, de budgets  étatique ou sociaux, toujours fortement déficitaires, de part de marché mondial, en régression, de taux d'insertion des jeunes, calamiteux.

En face de ce désastre on peut citer que les banques ont résisté, sauvegardant l'épargne des Français, qu'il n'y a pas eu de véritable plan de rigueur avec même une hausse du revenu des personnes au travail. Ce n'a pas été le cas partout.

Mais après quatre ans de crise ouverte, nous entrons à nouveau en récession.

Compte tenu de la crise mondiale qui a frappé fort les économies depuis 2007, il s'agit d'un bilan navrant mais dans la bonne moyenne. Il y a fort à parier que le débat électoral verra les oppositions évoquer le bilan "inexistant" et les gouvernementaux mettre en avant cette bonne moyenne.  Et tous deux auront raison en même temps. La situation est navrante et les gouvernements français de M. Fillon ont géré la crise avec prudence en aboutissant à des résultats qui sont loin d'être pires que ceux de nos voisins d'économie comparable.

La vraie question est plutôt de savoir si on aurait pu faire mieux et précisément comment. Pour cela il faut une grille d'analyse de la situation économique en 2006 et analyser si les questions pendantes à ce moment là ont commencé à connaître un début de réponse. Après tout, si malgré la crise mondiale, on avait réellement progressé dans la résolution de difficultés récurrentes, ce ne serait déjà pas si mal. Si en plus on avait traité aussi bien les causes que les conséquences de la crise, ce serait parfait. L'état de l'économie ne serait sans doute pas excellent mais au moins on aurait fait au mieux et préparé l'avenir.

Qu'espérer de plus d'un président ?

 

Quels étaient les défis connus en 2006 ?

Pour la France :

- Structurellement la France était bloquée par un excès majeur de dépenses publiques. Cet excès avait comme corollaire  une fiscalité excessive, pouvant dépasser 100% du revenu des contribuables, et portant beaucoup trop sur l'entreprise, perpétuant un capitalisme sans capitaux et avec des capitalistes stigmatisés et tentés par le départ. 

Il était indispensable d'arrêter l'arrosage général de subventions aussi bien en terme de budget national, de budget des collectivités locales, que de budget de la sécurité sociale. Et réformer la structure fiscale à la fois pour éviter des exactions dommageables et une sous-compétitivité permanente.

- Politiquement l'optique du "ni ni"  poursuivie par Chirac faisait que toutes les mesures malthusiennes qui s'étaient accumulées depuis trente ans,  notamment les 35 heures, la pénalisation totale de la vie de l'entreprise, l'accumulation des règlementations tatillonnes, la rigidité invraisemblable des relations sociales, se conjuguaient pour rendre extrêmement difficile l'investissement et l'embauche. La sanctuarisation des "avantages acquis", notamment en matière de retraites, le refus de toutes réformes d'envergure "du fait de la fragilité du tissu social français" créait des situations intenables, alors qu'on avait sous traité à l'Europe les relations économiques extérieures et que l'Union avait quasiment supprimé toutes les écluses vis-à-vis des concurrents du monde entier.

On demandait à un obèse entravé de gagner les jeux olympiques.

Pour l'Europe.

Il était clair que la vision opérationnelle était celle d'une Europe lavette ne prenant parti sur rien et zone d'ajustement de toutes les pressions des autres. L'Europe empêchait mais ne stimulait point tout en mettant tout le monde sous le feu de règlementations tatillonnes en internes et laxistes s'agissant de l'entrée de produits et de services provenant d'ailleurs.

La grande difficulté était surtout les défauts de la gouvernance de l'Euroland. Le système mis en place était une gestion par la norme sans aucune instance de pilotage et d'ajustement aux conditions extérieures ou intérieures. Tous les avertissements donnés lors de la campagne de Maastricht avaient été repoussés du pied.  Les politiques en étaient à rire des contraintes du traité et proposaient de s'en affranchir gaiment, notamment M. Sarkozy en tant que Ministre des Finances.  L'inconscience en matière de gestion d'une zone monétaire unifiée était absolument totale aussi bien dans le monde politique que dans la presse, en dépit de la poussée de "nonisme" qui avait entraîné le blocage du projet de "constitution".

On sentait bien que le monétarisme absolu intégré dans les statuts de la Banque Centrale Européenne, avec un objectif exclusif de stabilité des prix d'un panel de produits de consommation,  associé à une ouverture totale des frontières aux mouvements de capitaux, de marchandises et de personnes, laissait entrevoir bien des difficultés.  Mais l'Euro "nous protégeait" et il n'y avait rien à redire, rien à analyser, rien à faire. Les divergences de compétitivité à l'intérieur de la zone n'étaient jamais évoquées. Chacun faisait ce qu'il voulait.

Rétrospectivement le refus absolu de réfléchir sur la question du mode  de gestion d'une zone monétaire unifiée alors que les politiques restaient totalement libres sauf deux objectifs statutaires portant sur les déficits publics et l'endettement global, reste ahurissant. Toute critique était considérée comme indigne et son auteur voué aux gémonies. Pauvre Maurice Allais  qui avait osé à pas d'âge lancer d'ultimes avertissements !   

Ce blocage intellectuel n'était cependant rien devant le néant absolu de la réflexion sur les défauts du système monétaire international. Là on est dans le monde du tabou invincible. Le système des monnaies administratives gérées par des banques centrales indépendantes et dont la valeur respective serait déterminée par les marchés financiers libérés de toutes entraves en dépit des différences de systèmes et de politiques, était bon et le seul bon. Il était hors du champ de la critique et de la réflexion. Chacun faisait ce qu'il voulait et que le meilleur gagne, étant bien entendu que le dollar était la monnaie mondiale et que la FED considérait que le "benign neglect" était la bonne attitude à avoir.  

Ce système de cinglés avait comme conséquences, visibles comme le nez au milieu de la figure, une baisse du trend de croissance mondial et une amplification massive du cycle quasi décennal, amenant des crises périodiques dont chacune était "la plus grave depuis 1929" (74,92,2009). Il permettait par le mécanisme de la double pyramide de crédits une hausse permanente dans les pays développés du taux d'endettement global vis-à-vis du PIB. On avait passé les 200% puis les 300% et on commencait EN MOYENNE à atteindre les 400%, certains pays aventureux caracolant bien au-delà.

Pendant 10 ans de 1997 à 2007 nous n'avions pas nous-mêmes cessé de crier casse cou haut et fort, annonçant que la crise à venir serait extrêmement sévère car cette situation était impossible à maintenir. Mais là, rien à faire.  La France des économistes officiels était muette. Le monde anglo saxon avait imposé son credo. La presse refusait tout article sur le sujet. Le système monétaire international était une vache sacrée, chiante et compliquée de surcroît. Silence.

Au total on demandait aux entreprises françaises de financer un état obèse, alors qu'elles étaient entravées de partout, dans un système européen ouvert à tous les vents mais sans réflexion ni politique autre que monétariste, aboutissant à une Euro surévalué empêchant largement la croissance, dans un système monétaire international fou et conduisant le monde à une crise majeure, mais chut il ne fallait pas le dire.

Honnêtement une telle conjonction n'offrait à aucun candidat en 2006 des perspectives affriolantes. Impuissants intellectuellement et pratiquement sur les deux aspects les plus graves, la réforme de la gestion de l'Euroland et celle du système monétaire international, il ne leur restait guère qu'à libérer un tant soit peu la France du fardeau de ses dépenses publiques et de ses blocages,  à mettre fin aux situations intenables et à accroître sa compétitivité, tout en se préparant à une crise très dure.

La France a choisi celui qui lui proposait la "rupture".

Au terme de son mandat, sur les trois terrains de jeu, français, européen et mondial, quel aura été l'impact de Nicolas Sarkozy, compte tenu qu'il n'a pas voulu voir venir la crise et qu'il devra s'y adapter en urgence ?

Le système monétaire international n'apparait dans le champ de vision de Nicolas Sarkozy qu'en septembre 2008, alors que le blocage du marché monétaire date de fin juillet 2007. Comme la majorité des analystes il ne comprend pas ce blocage. C'est une crise américaine qui restera cantonnée aux Etats-Unis.  Pas la peine de s'en préoccuper, même s'il ya des effets de bords pour les banques et les épargnants français.  La brusque réalisation en septembre 2008 qu'on est à la veille d'une crise majeure le pousse, justement, et avec une rapidité d'analyse qu'il faut louer, à créer le G.20 et à demander un nouveau "Bretton-woods".

Mais ce ne sont que des mots. Il n'a pas de projets réels de transformation du système des monnaies administratives et des changes flottants. Privé de doctrine son discours flanche dans le moralisme à trois sous : la finance c'est mal ; il faut changer les règles comptables, la rémunération des traders et le rôle des agences de notation. Haro contre les paradis fiscaux ! Sus aux vilains. Il rend les armes sur les trois questions clefs :

- le rôle du dollar et du "benign neglect"

- les mercantilismes chinois et allemands

- la liberté absolue des mouvements de capitaux et les changes flottants.

Finalement le G.20 choisira le statu quo et l'espérance que la crise se résoudra toute seule avec les moyens classiques (plans de relance et laxisme monétaires des banques centrales). Nicolas Sarkozy endosse cette politique.

C'est la cause principale du fait que nous sommes toujours en crise et que nous abordons la quatrième année avec la perspective d'une nouvelle récession.

On peut choisir deux explications : Sarkozy n'a rien compris ; il a compris mais il n'a rien pu faire.

Admettons qu'il n'a pas aidé par ceux qui auraient du lui fournir une armature théorique et pratique solide. Le FMI a été au dessous de tout. Dominique Strauss-Kahn était manifestement surévalué comme économiste. Il a montré dans l'affaire une incompétence effarante qui, personnellement, ne nous a pas surprise : depuis des lustres à chaque fois qu'une grande sottise économique a été annoncée, ce garçon était pour,  voire à son initiative ! La réputation économique de ce Monsieur nous a toujours paru totalement étrange. Il n'a pas vu venir la crise ; il ne réagira que très tard ; il ne proposera rien d'utile et surtout il ne donnera pas au monde le canevas essentiel qu'aurait été un bon diagnostic et une cap.

Quant aux autres économistes officiels français, ils n'ont pas vu venir la crise et ils en sont resté pendant des mois à l'idée qu'on ne leur avait pas dit combien les subprimes étaient oiseuses. On leur avait tout caché à ces malheureux. Le résultat ils ont chanté la fausse chanson : c'est la faute à Wall Street ; c'est la faute aux subprimes. Comme s'il était difficile de voir qu'avec 400% de taux d'endettement global vis-à-vis du PIB, une masse énorme de dettes était privée de toute réalité économique et qu'elle s'effondrerait avec la puissance d'un tsunami !

Oui il y avait bien tabou et blocage intellectuel général. Constatons que Nicolas Sarkozy n'a rien fait pour lever ces blocages bien qu'il en ait été averti (nous avons écrit en ce sens au Président de la République en juillet 2009 ! ). Il devrait réaliser maintenant où cela l'a mené et il gagnerait à ramasser le flambeau maintenant qu'il est à nouveau candidat. M. Guaino, pourriez vous faire quelque chose en ce sens ? Je sais, c'est emmerdant...  Mais vous auriez pu prendre date dès 2009 et vous auriez de meilleures armes pour infléchir la politique internationale dans ces domaines si NS était réélu !

L'Europe sera comme le système monétaire international un désastre intellectuel doublé d'un désastre pratique. Pendant deux ans on croit à l'Elysée que l'Euro nous protège. On se félicite de ne plus avoir de Franc qui aurait été balayé dans la tempête de septembre 2008 provoquant une hausse terrible et probablement insurmontable de la dette étrangère, convertie en Franc. Le défaut de paiement était possible. Vive l'Euro !   On relance, en déséquilibrant massivement des comptes publics qui l'étaient déjà lourdement,  et on sauve les banques en cautionnant leurs dettes les plus dangereuses. La BCE lâche suffisamment de liquidité pour passer un temps le "crédit crunch" provoqué par l'effondrement du système international de dettes qui s'était mis en place. Mais on ne voit pas qu'on a ainsi rendu extrêmement vulnérable la dette d'état qui gonfle de façon telle qu'un doute s'installe sur son caractère soutenable.

C'est d'autant plus étrange que la crise dite  "grecque" a commencé dès 2009. Alimentée artificiellement par l'Europe depuis des années, la Grèce, pays sans Etat et sans moralité publique, fondée sur les clans et la culture des "coups", où l'industrie est très faible et le clientélisme clanique très fort, vit à crédit depuis 1981. Tout le monde, à commencer par les fonctionnaires, s'est gobergé sans limite. On a multiplié les salaires, les avantages, les droits acquis. Merci l'Europe, merci les financements internationaux créatifs. La Grèce est KO et en grand danger de faire défaut. 

On mettra tout de même deux ans à constater que les statuts de la BCE ne permettent pas de financer des états, que la devise de la Grèce ne peut être dévaluée. Le seul chemin qui reste est la récession contrôlée, une déflation sévère avec remise en cause radicale de toutes les fausses "avancées" arrachées pendant 20 ans de tricherie généralisée. Trois ans après on en est encore à discuter de l'ampleur du défaut déguisé en "hair cut",  et à faire admettre aux Grecs l'amère potion, condition d'un financement de sauvetage.  

Et la France, comme la Grèce, le Portugal, l'Espagne, et l'Italie se trouvent exactement dans le même cas.  En cas d'asphyxie du refinancement, la dépression  est la seule voie.

Que faire ? Réformer la zone Euro ? Constater que son organisation est fautive ? Remettre en cause les statuts de la BCE ? Admettre l'exclusion de la Grèce et éventuellement du Portugal  de l'Euroland ? Les milieux européistes ne le veulent pas. L'Allemagne ne veut pas payer et demande un renforcement des corrections  d'attitudes et de pratiques dans les pays en cause.  La France, donc Nicolas Sarkozy, refuse de prendre la tête d'une croisade qui démontrerait que la voie proposée est sans issue. Il emboîte d'autant plus vite le pas de l'Allemagne que la note de la France est en cause. Elle sera finalement dégradée. 

Nous en sommes à essayer de sacraliser un nouveau traité marqué par la rigueur et les promesses de vertu avec sanctions internationales à l'appui.

Le bilan est tragique.  Voici la France à la remorque de l'Allemagne, sommée de trouver des dizaines de milliards pour sauver l'idée européiste de la monnaie unique et sans aucun levier pour faire face aux conséquences de la crise : la BCE ne s'occupe toujours pas des Etats et la gestion externe de la valeur de la monnaie échappe à tout le monde. 

Quant au nouveau candidat Sarkozy  à part crier Vive l'Euro, vive la BCE et vive les changes flottants que peut-il dire ? La question de la gestion de la zone monétaire unique est posée. Sauf dans le débat présidentiel, sinon, jusqu'ici, par des candidats marginaux. Celle du système monétaire international ne l'est par personne. C'est encore plus simple. Et on s'étonnera que la crise dure !  

Reste la France.

Nicolas Sarkozy aurait pu et du prendre dans le domaine fiscal les mesures qu'au fond tout le monde attendait de lui et qui n'auraient pas générer plus de criailleries que celles qu'il a du entendre.

Il fallait :

- faire la paix avec les entrepreneurs et les Français fortunés en :

               - supprimant l'ISF, en le remplaçant "franc pour franc" par une ou plusieurs tranches surtaxée de l'Impôt sur le revenu.

               - faisant revenir en France les capitaux qui avaient fui depuis 1981 grâce à une très large amnistie et une taxation non spoliatrice (on attire pas les mouches avec du vinaigre), le terrain étant dès lors clarifié pour permettre à la, Suisse et d'autres paradis fiscaux de sortir dans l'honneur de leur secret bancaire abusif.  

Au total le trésor s'y serait retrouvé et le terrain du financement de l'entreprise aurait été nettoyé.

En matière de compétitivité il fallait :

- Transférer sur la TVA l'essentiel des charges sociales (autres que celles correspondant à un revenu différé), le solde étant prélevé sur les revenus de l'épargne directement ou via la CSG.

Il ne fallait évidemment pas diminuer aussi drastiquement la TVA sur la restauration ni détaxer les heures supplémentaires, deux mesures absurdes qui n'ont pas eu d'effets significatifs sinon celui d'accroitre la dette, avec un solde nul en matière de chômage.

Le pari de "ne pas augmenter les impôts" était, avec la crise, une gageure. On le fera hypocritement via des dizaines de taxes nouvelles, en associant la réforme du RMI avec une création d'un impôt nouveau sur les recettes des placements (3.5 milliards d'Euros de recettes annuelles !),  et en 2011 on finira par  lâcher tout avec des hausses directes de TVA et de l'impôt sur le revenu.

Au final lorsque les comptes de 2012 seront définitifs, on constatera que le taux de prélèvement n'aura pas diminué d'un poil de pourcent et qu'on a retrouvé les hauteurs phénoménales et intenables de 2000.

Le quinquennat fiscal de Nicolas Sarkozy aura été d'abord un leurre puis un échec cuisant.

Côté dépenses, le bilan de sa gestion n'est guère plus favorable.

Au lieu d'attaquer les abus et les inconséquences à la hache d'abordage, on a opté pour la RGPP. Nous avons écrit dès le premier jour que c'était insuffisant. Cinq ans après on voit bien que même s'il y a eu des économies, même si des tabous sont tombés, comme celui de la réduction des effectifs publics, on n'a pratiquement rien gagné.

La machine à arroser a fonctionné à plein dès la première demande. Les marins souffrent ? Arrosons. Les journaux souffrent ? Arrosons. Etc. La dépense publique est toujours à 56% du PIB, ce qui est extravagant. Elle dépasse toujours la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand. Même avec une TVA à 100% on ne couvrirait pas les dépenses !

Quant aux grandes réformes, on voit qu'elles ont toutes été des demi mesures.

Oui il fallait unifier les conditions de retraites. On l'a fait à moitié en alignant celles des anciennes sociétés nationales sur la fonction publique qui elle-même a perdu quelques privilèges particulièrement douteux.  Mais pourquoi n'a-t-on pas unifié réellement toutes les conditions ? Pourquoi conserver des privilèges pour les personnels non exposé à la compétition mondiale ? Les accords partiels obtenus ont de toute façon été l'occasion de marchandages occultes qui ont parfois aggravé les coûts !

Oui il fallait retarder l'âge de départ à la retraite ou tout du moins le nombre d'annuités pour partir en année pleine. Mais pourquoi avoir frémi : il fallait aller à 67 ans dès le départ pour tous.

Sur les 35 heures que de palinodies ! Il fallait revenir à 40 heures immédiatement surtout dans le secteur hospitalier.  Au lieu de cela !

Pour le reste des dizaines de réformettes ont été faites qui ont eu un effet très limité, souvent du fait des conditions de leur négociation. La réforme de la carte judiciaire a fait droit à tellement de demandes qu'elle coûte probablement plus cher que le système précédent.

Quant aux grands abus, on s'est bien gardé de les attaquer de front (dockers, ouvriers du livre, intermittents du spectacle, absentéisme monstrueux dépassant 30% dans certains organismes publics ou administratifs, comme à la Direction du Patrimoine…).

Le refus de mettre un terme à la gabegie dans les finances des collectivités locales qui se sont livrées, l'exemple de Paris étant le plus délirant, à des recrutements inutiles et souvent maquereautés, et à des dépenses sans rapport avec la croissance du pays, est également une faute impardonnable. On dira que les textes ne le permettaient pas. Et bien il fallait proposer de nouveaux textes.

Au terme du quinquennat de Nicolas Sarkozy la France se retrouve Gros Jean comme devant. La réforme fiscale reste à faire ; le dégonflement de la dépense publique reste à lancer sur des bases sérieuses ; l'élimination des abus les plus manifestes est toujours dans les limbes ; les réformes à moitié faites restent à finir.

On dira que ce faisant les deux gouvernements Fillon ont évité une récession qu'une politique à la Cameron aurait rendu quasi certaine dans le contexte général de crise. Ce n'est qu'à moitié vrai. On aurait pu aller beaucoup plus loin dans la réduction des dépenses publiques qu'on ne l'a fait sans que cela ne se ressente en négatif sur la croissance très faible que l'on a connue et dont une trop grande partie est le seul fruit d'un accroissement de la dette.

Que conclure ?

Ces cinq années n'ont pas été totalement perdue pour la France. Les erreurs "actives" de Sarkozy sont toutes réversibles sans grands dommages et ont commencé à être corrigées. La crise a eu sa pédagogie : la dépense publique a tout va c'est fini. Il faudra bien persister dans les réformes.

La France a été en fait gérée avec douceur, surtout à partir de 2009. L'essentiel de l'action gouvernementale a visé à calmer la panique et à permettre de surmonter sans trop de casse les effets successifs de la crise.  On a préservé les banques et l'épargne globale des Français. On a évité des paniques pires.  On a maintenu par la dette un niveau d'emploi bas mais pas plus bas que d'habitude malgré la sévérité de la crise (on avait dépassé les 10% en 93). Les transferts sociaux n'ont pas été touchés.  Les salaires ont été maintenus.

Ces résultats sont notables mais largement artificiels et intenables car trop liés à l'emprunt et à la dette et pas assez fondé sur l'activité fondamentale des entreprises et de leur compétitivité.

Intellectuellement et pratiquement les défauts du système monétaire européen et du système monétaire international ne sont pas en voie de réforme ni même malheureusement en voie d'être compris.  Les blocages intellectuels demeurent.

Le navrant constat est qu'en 2012 les mêmes questions qui étaient posées à la France, à l'Europe et au monde en 2006 le restent à peu près dans des  conditions aggravées par la crise.

On a vu que le programme de M. Hollande n'abordait aucune de ces questions. L'organisation de l'Euroland ? Connait pas. La réforme du système monétaire international ? C'est quoi cela ?  Réduire les dépenses publiques ? Non ! Réformer là où c'est le plus criant ? Pas du tout. Revenir à une fiscalité efficace, rationnelle et favorable à l'emploi ? Jamais ! C'est presque pire que Ségolène Royal.

On verra celui du candidat Sarkozy. Mais honnêtement, si on commence par un referendum pour contraindre les chômeurs à suivre une formation,  on peut se tapoter le menton.

Les Français sont certainement très malins, mais la France, décidemment est mal partie (comme l'Europe d'ailleurs et un monde dominé par les changes flottants et la guerre des monnaies).



Dette : deux mots à Ivan Rioufol, éditorialiste au Figaro.

Les lecteurs du Figaro connaisse bien Ivan Rioufol ainsi que les spectateurs des diverses chaînes de débats télévisés de la TNT (télévision numérique terrestre). Cet éditorialiste aime bien fustiger les politiques. Il n'aime pas leur "droit de l'hommisme", leur "politiquement correct", leur trop grand souci vis-à-vis des immigrants, leur incapacité à voir les dangers de l'islamisme, leur peu d'ardeur à identifier les vrais problèmes de la société et à les corriger. Pour lui les Français sont des "citoyens abandonnés" par les vilaines élites politiques mondialisées. Zemmour-Rioufol même combat !

Dans son éditorial du 20 janvier 2011 il s'en prend violemment aux politiques à qui "il reste à affronter leurs erreurs passées" en matière de libéralités diverses qui ont conduit à un endettement suffocant. C'est un thème que nous explorons si souvent que nous ne saurions lui en faire grief.  La charité publique sans limite avec l'argent des autres qu'il soit prélevé ou emprunter a bien  mis la France dans une situation impossible.

Nous aimerions même qu'Ivan Rioufol et ses amis du Figaro aillent plus loin : qu'ils comparent sur les quarante années passées la croissance de la valeur ajoutée des entreprises privées et celles des dépenses publiques. Ils verraient que nous en sommes arrivés au point où la dépense publique dépasse la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand privé !  Cela veut dire que même si les entreprises cessaient d'amortir leurs machines, les salariés de toucher leurs salaires, les capitalistes de toucher leurs profits, et donnaient tut à l'état, absolument tout, cela ne suffirait pas à payer les dépenses publiques.

Il est sûr qu'on est dans le mur et que pour en sortir il n'y a qu'une solution : diminuer drastiquement la dépense publique. Le dernier plan Fillon qui propose 10% de réduction de dépenses publiques contre 90% d'augmentation d'impôts n'est visiblement pas dans le bon axe. Il est vrai que  Le Figaro malgré son optique pro gouvernementale l'a remarqué.

Il faut bien à la France la "kartoffelkur" que les Danois ont réalisé, après les Canadiens, les Suédois, les Néozélandais, et même les Allemands dans une certaine mesure.  Pendant près de 20 ans ces succès ont été totalement passés sous silence  dans la presse nationale quotidienne. Qu'ils viennent aujourd'hui à la surface de leurs pages, bravo ! Ils n'avaient aucune vocation à rester dans la seule blogosphère.

Vous avez raison M. Rioufol. Il serait absurde pour les politiques  des partis de gouvernement de  "faire taire les enquiquineurs à calculette".  Nous en sommes ! Dénoncer publiquement les "vérités interdites" est une excellente initiative.
Nous avons décidé de vous y aider en abordant un aspect qui vous intéresse et que vous n'avez pas encore traité, sans doute par simple oubli : les subventions à la presse.  Ces subventions sont vertigineuses par leur nombre, leur ampleur, leur croissance. Elles ont largement contribué à la dérive de la dépense publique  et de la dette que vous dénoncez de façon si juste.  Le président Sarkozy, en dépit de sa volonté de rupture et M. Fillon son premier Ministre, malgré l'état de faillite qu'il avait diagnostiqué, n'ont pas remis en cause ces libéralités. Au contraire ils ont massivement activé la "pompe à phynances" pour vous gorger de subventions.

Il n'y a pas un seul acteur de la vie d'un journal, qu'il s'agisse de ses propriétaires, de ses journalistes, de ses ouvriers, de ses distributeurs, de ses supports qui ne soit grassement subventionné.

Pourtant lorsqu'on regarde le capital des grands journaux on ne voit guère la justification de ces libéralités. Le Figaro est détenu par M. Serge Dassault, très estimable milliardaire, vivant encore largement en symbiose avec l'Etat. Le Monde est entre les mains de M. Lagardère dont la fortune s'est constituée également dans les canons et la connivence publique et d'un trio de milliardaires moins marqués dans les armes mais tout aussi milliardaires. M. Xavier Néel a fait fortune dans les messageries pornographiques  et le Minitel, la plus belle innovation technocratique française, avant d'investir dans le téléphone et désormais Internet. M. Bergé est un socialiste milliardaire anciennement spécialisé dans l'exploitation et la promotion des grands talents artistiques comme MM. Bernard Buffet et Yves  Saint-Laurent. M. Pigasse est un candidat milliardaire façon Lazard, avec tonalité Rocker. Libération est amicalement soutenu par un Rothschild  peu connu pour son manque de moyens. Le Nouvel Obs est entre les mains d'un milliardaire discret mais puissant, Claude Perdriel. L'arrivée de Mitterrand lui a permis de racheté le Vivier, cette belle propriété qui a servi à tourner le film Le Président avec Jean Gabin et dont la valeur aujourd'hui doit tourner autour de 10 millions d'Euros. On pourrait continuer ad libitum avec les autres magazines (Marianne, …) et la presse régionale (Jean Michel Baylet, le fameux "veau élevé sous sa mère", et son groupe politico capitaliste de la Dépêche), dont aucun des propriétaires n'est spécialement pauvre. Les saga Amaury ou Hersant, le "papivore", prouvent qu'on a pu encore faire fortune en partant de rien dans le domaine de la presse.  Pourquoi des subventions ?

L'observation des rémunérations des journalistes n'inspire guère plus de pitié. Le temps du journaliste famélique est terminé depuis longtemps. Le recrutement ne se fait plus dans les rangs anciennement innombrables des non-titulaires du Baccalauréat et des farceurs à belles plumes.  Sortir de "Normale Sup" est désormais de mise pour diriger une rédaction que ce soit de la variante Saint Cloud pour Nicolas Demorand ou Sèvres pour Christophe Barbier.  Les meilleurs éditorialistes ou chroniqueurs ont rapidement compris les énormes possibilité du multimédia et du "vu à la télé".  On voit leur "bobine" partout. Leurs livres sont partout en devanture des librairies.  L'exemple d'Alain Duhamel participant allègrement aux médias écrits (livres et un nombre étonnant de journaux en province, radios, télévision) a été suivi par pratiquement tout le monde, y compris les belles plumes du Figaro. Où ne voit-on pas Yves Thréard ? Le succès poly médiatique récent  d'un Eric Zemmour est tout à fait spectaculaire. Vous-mêmes M. Rioufol… Rassurez vous, nous ne visons pas le Figaro spécialement  : ce fut pareil pour le Monde  et les fortunes de Jean Marie Colombani ou de son mauvais diable, aujourd'hui à Médiapart, Edwy Plenel,  sont là pour le confirmer.

Cet enrichissement est une excellente chose. Il est du largement aux talents des journalistes concernés. Mais en quoi justifie-t-il que ces activités soient subventionnées par l'Etat et les revenus des journalistes détaxés, ces avantages étant payés notamment par les pauvres qui paient la TVA?

On pourrait dire la même chose des non journalistes travaillant pour les journaux. Les ouvriers du livre sont une catégorie de salariés particulièrement chouchoutée avec un temps de travail très réduit, parfois nul, des avantages innombrables et des salaires souvent mirobolants. Les propriétaires des journaux ont choisi de pactiser avec le Syndicat du Livre en s'entendant sur le dos des contribuables pour faire financer une partie de leurs abus par l'impôt.
Un seul propriétaire s'est révolté contre les abus du Livre CGT :  Emilien Amaury, il y a bien longtemps.  Il n'a pas été soutenu et au contraire condamné par tous les autres propriétaires,. Son combat a sans doute un lien avec sa mort. Le Parisien aura le lendemain de son décès ce titre éloquent : "le cheval d'Emilien Amaury sort indemne d'un accident".  Rappelons que la CGT fera de ce combat une bagarre de chiffonniers allant jusqu'à la mort d'autres hommes.  Le courage d'Amaury aura été bien solitaire.

On pourrait légitimement penser que parmi les erreurs passées des gouvernements successifs vous alliez dénoncer, M. Rioufol, cette abondance de subventions aussi  massives que dénuées de justification.  On attendait des articles vengeurs avec des titres comme : "Non l'état n'a pas à payer pour les riches quand ils sont propriétaires de journaux" ; "Non ce n'est pas à l'état de payer la conversion au numérique de la presse", "Non ce n'est pas à l'état de nous aider à financer les contrats fous que nous avons passé avec les ouvriers du livre", "Nous ne voulons plus de subventions à la distribution des journaux",  etc.  Vous auriez pu tenir au moins un an avec un philippique de ce genre chaque semaine.

Mais là, rien. Le silence complet. On regarde ailleurs en sifflotant. "Les pratiques frauduleuses à la limite de la voyoucratie" des Ouvriers du Livre ne méritent pas d'être aérées dans votre éditorial. Le "frein à la modernisation libérale du pays" que constituent les impôts versés aux journalistes et aux  propriétaires de journaux n'existe pas. Serait-ce une de ces "vérités interdites" ?

La cohérence voudrait que vous auto-dénonciez les subventions et avantages publics qui baignent votre activité. Mais vous ne le faites pas M. Rioufol. Partout dans la presse ou dans les médias radio télévisés on n'entend parler que de la spécificité de la culture, qui doit être massivement aidée, de la fragilité des journaux, qui doit être compensée par l'impôt, pour que le débat public ait lieu. La collectivité des journalistes considère que l'Etat doit avoir une politique de soutien "à la démocratie", c'est-à-dire à eux.  Les journaux ont un "droit à" la subvention publique sans limite.  Leur pouvoir de nuisance  est très bien compris par les politiques qui de tout temps et en particulier dans la période récente de surendettement des Etats ont multiplié les arrosages fiscalisés ou pris directement sur la dette.

L'endettement de la France provient pour partie de l'acharnement des journalistes et des propriétaires de journaux à obtenir des subventions et des avantages.  La désintoxication générale passe aussi par le démantèlement de tous ces dispositifs.

On s'attend d'ailleurs à ce que le Figaro commence une campagne en ce sens dès lundi prochain. Merci de vous atteler Monsieur Ivan Rioufol à l'éradication de  ce compartiment du "modèle français" dont vous dénoncez si bien les autres composantes. Nous, ici, on vous soutiendra

Sylvain Dieudonné pour le Cercle des économistes e-toile.



TVA "sociale" : la position du Cercle des économistes e-toile".

Nous sommes parmi ceux qui dès le milieu des années 90 ont fait la promotion du concept de TVA sociale.  On ne l'imagine pas aujourd'hui mais à l'époque la majorité des commentateurs et des économistes officiels prétendaient que la TVA était "neutre".

Il était très facile de démontrer le contraire.

Imaginons un pays A qui a choisi de mettre l'ensemble de sa pression fiscale sur l'entreprise et un pays B qui l'a mise sur la TVA. Admettons que ces charges doublent les coûts dans le pays A et portent à 25% la TVA dans le pays B.

Les entreprises du pays A sont obligées de répercuter dans leur prix les prélèvements. Pour un produit donné, le prix sera Prix de revient + marge + prélèvement vendu  dans le pays A et Prix de revient + marge + charge + TVA dans le pays B.   On voit que le prix du produit A dans le pays B comprend à la fois les prélèvements du pays A et les prélèvements du pays B.

En sens inverse le produit venant de B vendu en A ne supporte AUCUN prélèvement puisqu'il n'y a pas de TVA en A  et pas de prélèvement sur la production en B.

L'avantage compétitif des entreprises du pays B est extrême vis-à-vis des entreprises du pays A. Il n'y a aucune "neutralité" mais un avantage abusif. Il va de soi que si le pays A s'est de surcroit laissé aller à des prélèvements massifs, son désavantage s'accroit d'autant plus quand il voudra exporter.

Si on ajoute que le pays B a des salaires bien plus bas et jouit d'un taux de change manipulé à la baisse, et si on imagine que par des manipulations artificielles le coût des bas salaires a été gonflés pour des raisons politiques dans le pays A,  on aboutit pour le pays A à une situation désespérée. Il est voué au chômage, aux déficits extérieurs, à l'emprunt pour compenser ses déficits de paiements extérieurs.

Les Français, nés malins, n'ont jamais compris ces mécanismes élémentaires et se sont vautrés dans cette sottise. 

Les socialistes du "programme commun" ont hurlé : "l'entreprise paiera, nous prenons l'argent là où il est". La droite dirigée par des hauts fonctionnaires a crié : "socialistes vous n'avez pas le monopole du cœur" !  Le Smig est devenue SMIC puis de coup de pouce en coup de pouce il a exclu de l'emploi des millions de français fragiles. UMP et PS ont augmenté de 10 points de PIB les prélèvements en 40 ans. La dépense publique dépasse la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand. La dette globale a atteint les 400% ou à peu près. Le gouvernement Jospin a par des mesures malthusiennes lourdes paralysé la production (rigidité administrative, 35 heures etc.).

Les deux partis de gouvernement  ont adhéré à une Europe qui a supprimé le tarif extérieur commun qui compensait partiellement les écarts de niveau de vie et de contraintes de production et qui a voulu un Euro fort.

La perte de compétitivité a été totale :

- perte de compétitivité fiscale
- perte de compétitivité douanière
- perte de compétitivité monétaire
- perte de compétitivité de production.

Les résultats étant désastreux on a choisi non pas de prendre le taureau par les cornes et de remettre en cause toute cette folie mais de prendre des mesures circonstancielles non financées. La principale a été  naturellement le transfert d'une partie des charges sur les salaires au SMIC. Transfert sur quoi ? Sur la dette…

Il faut dire que de coup de pouce en coup de pouce on était arrivé au point où tous les entrants sur le marché du travail devaient avoir une productivité telle que les postes permettant d'accueillir les non qualifiés étaient trop rares. On vit alors le taux de chômage ou de non emploi  des jeunes, des femmes, des immigrés, des vieux atteindre des sommets historiques. Pour ceux qui arrivaient à être employés le salaire net disponible avant impôt et taxe était dérisoire : la moitié du coût total charge comprise.

En panique on a supprimé des cotisations sur les smicards, baissant radicalement le coût d'emploi. Mais on a renvoyé le financement sur la dette tout en chargeant les non smicards et en augmentant de 11% le coût du travail par les 35 heures !
Certaines entreprises ont encaissé le bénéfice d'opportunité et dès que les temps sont devenus durs ont délocalisé. Le petite flambée d'emploi initial s'est retournée en blocage de l'emploi dans la longue durée et chômage structurel.

Ces expédients n'ont évidemment aucun sens. De même qu'il est absurde d'avoir créé un "double fiscal" du salarié, qui fait que ce dernier ne reçoit que la moitié des coûts salariaux que l'entreprise engage pour son emploi.

L'empilage grotesque des expédients et des mesures démagogiques s'ajoutant à l'empilage des impôts, des taxes et entraves diverses, a abouti à la situation kafkaïenne qui est celle de la France et que nous dénonçons, avec tant d'autres, depuis, pour nous 15 ans, pour d'autres près de quarante !

Faut-il mener dans l'urgence une réforme des impôts permettant la mise en œuvre de la TVA sociale ?

Oublions les postures politiciennes et électorales pour se concentrer sur l'aspect purement économique  :

- Nous avons un tel déficit de nos balances extérieures qu'il est indispensable de freiner nos importations. La hausse de la TVA est malheureusement le seul moyen rapide et efficace en ce sens. La hausse des taux "réduits" et des taux "normaux" est un moyen efficace à court terme.

- Une hausse de 5 points de la TVA correspond à une baisse de 10 à 15 points des charges.  Compte tenu de l'importance des charges (100% du salaire net, 50% des coûts) c'est une baisse sensible mais pas gigantesque. Pour obtenir un véritable effet de compétitivité Il aurait fallu diminuer de façon drastique les charges elles mêmes. En un mot il aurait fallu remettre en cause le niveau de la protection sociale (chômage, retraite et santé)  pour obtenir un quantum significatif.  Suppression de la couverture du petit risque, retraite à 67 ans, plafonnement des niveaux d'aide au chômage étaient les corollaires obligés (avec liquidation de tous les privilèges sans justification : alignement de la retraite des fonctionnaires, suppression du statut intermittents du spectacles, dockers, etc.). Le  retour aux 40 heures et la suppression des RTT auraient par ailleurs permis un gain de productivité d'une dizaine de pour cent.

- La mesure ne peut avoir de sens que si l'effet sur la compétitivité extérieure n'est pas compensée par des variations de changes défavorables. N'oublions pas qu'avec les changes flottants les prix extérieurs peuvent varier du simple au double. Actuellement l'Euro est en baisse. Il a perdu près de 10% par rapport au dollar et au Yuan en quelques jours.  Compte tenu des délais de réalisations de changement de la TVA si elle et votée, probablement pas avant les élections générales de mai 2012,  des variations peuvent avoir lieu.

On dira : c'est vrai sauf pour les pays de la zone Euro. C'est vrai. Mais l'Euro peut soit disparaître soit s'effondrer soit se reprendre.  C'est la bouteille à l'encre.

Dans ces conditions la proposition d'une TVA sociale fait surtout partie des effets d'annonce électorale. On risque de gâcher une bonne réforme et comme on l'a fait pour tant d'autres réformes utiles, de l'utiliser comme source fiscale supplémentaire évitant des mesures de réduction de coûts mal perçues par leurs ayant-droits embossés dans le système d'état.

Si au lieu de faire voter le plan TEPA, Nicolas Sarkozy avait fait passer en début de mandat un plan cohérent de réforme fiscale et sociale visant la compétitivité et le désendettement, il ne serait pas dans le pétrin actuel.

Le plus probable est que la réforme n'ait pas lieu et qu'on retombe dans la politique Juppé ou Jospin de hausse massive des impôts sans aucune reconstitution du potentiel compétitif de l'industrie française.  Dans ce cas on n'aurait fait qu'aggraver la fiscalité avec un poids majeurs sur le niveau de vie des français, notamment les retraités, dont on sait qu'il s'agit du réservoir de ressources privilégiés du gouvernement. 

N'est-on pas est dans la même démarche que pour la taxe sur les transactions financières. Vite des impôts qui nous permettent de ne faire aucune vraie réforme ! 

Dommage : la TVA "sociale" est une vraie réforme qu'il aurait fallu réussir.  Plus exactement avoir une fiscalité globale compétitive est aussi important que d'avoir une industrie compétitive ou une monnaie compétitive.

Nicolas Sarkozy a au moins le mérite de poser partiellement la question. François Hollande lui se tait sur son programme en critiquant tout ce que le camp adverse propose. Ils feraient mieux vu l'urgence générale de se mettre d'accord sur un fiscalité compétitive admissible pour tous.


Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

La zone Euro va-t-elle éclater ?

"Au lieu de lire des vers de mirliton nous préfèrerions savoir concrètement si la zone Euro peut exploser et si oui ce qu'il faut faire pour se protéger". 

La question est si franche que nous y répondons :

- Oui la zone Euro peut exploser

- Non il n'y a pas grand-chose à faire pour se protéger.

Vous voilà bien avancé,  cher lecteur.

Nous ajouterons : il n'est pas certain qu'elle explose. Il n'est pas obligatoire de chercher à tout prix des protections.

Nous n'avons jamais cru, au Cercle des économistes e-toile, les théories qui expliquaient que la zone Euro n'avait aucune chance de vivre ou de survivre. Nous ne croyons pas à la théorie des zones monétaires optimales, pour des raisons si souvent expliquées ici que nous y renvoyons le lecteur. Nous ne croyons pas à l'existence d'un vice absolu vouant l'édifice aux poubelles de l'histoire.
 
En revanche nous considérons que la zone Euro, zone politique, est grevée de nombreux défauts de construction qu'il importe de comprendre avant de savoir s'il faut et s'il est possible de les corriger.

Une zone monétaire ne peut pas fonctionner durablement sans qu'une politique économique complète soit mise en œuvre. Une politique économique possède quatre dimensions indissociables :

- Le budget
- La banque centrale et la politique de crédit
- Le change
- la législation économique, sociale  et fiscale .

Pour conduire une politique il faut des organes coordonnés vers un même but.

La zone Euro a été construite en refusant ces réalités.

Il n'y a pas d'objectifs globaux explicites. Les budgets restent nationaux, comme la législation économique, sociale et fiscale.

La banque centrale conduit une politique qui lui est propre avec un objectif de prix des biens de consommation tels que définis dans un indice composite européen.

Le change est laissé à l'abandon. M. Juncker, Président de l'Eurogroupe, est théoriquement en charge de la politique de change, selon les traités. En vérité l'idéologie dominante veut que ce soit les marchés qui fixent "librement" les cours de change.
 
Le système actuel repose sur des normes de déficits et d'endettement contredites par  des politiques disparates.

Il s'inscrit par ailleurs dans un système monétaire international sans règle, chaque pays étant libre de faire ce qu'il veut : lier sa monnaie à une autre, la laisser flotter, la diriger.   En revanche les capitaux sont libres de se déplacer à travers le monde sans aucune supervision internationale et d'agir pour ou contre la politique de chaque banque centrale,  c'est selon. 

Autant dire que la zone Euro était un accident dans l'attente de se produire.
 
On dira : l'accident conjoncturel qui frappe la zone n'est pas de son fait et on n'envisageait pas de telles tempêtes. La crise actuelle est de type centennal et le fait qu'elle survienne dix ans seulement  après les débuts de l'Euro tient à la malchance et non  à ses faiblesses structurelles.
 
Les deux affirmations sont justes. Ce n'est pas la zone euro qui est à la source de la crise mondiale et la gestion "par la norme" n'était pas faite pour le gros temps.

Le très gros temps est de la partie. Les défauts deviennent criants.

Pour chacun des états de l'Euroland la pression est sévère.

Leurs dirigeants ont laissé leur pays s'endetter au long cours et les solutions à court terme apportées à la crise mondiale  (sauver les banques et laisser jouer les "amortisseurs sociaux")  ont fait  déborder des bassins déjà trop pleins.  Ils sont à court de ressources et à la merci des prêteurs.  L'Euro n'a pas de responsabilités directes dans l'affaire, sinon en ayant laissé croire à la force du bloc et permis des taux d'intérêt bas pendant un temps trop long.

La difficulté est que les politiques  n'ont plus rien entre les mains pour faire face. La monnaie ? Ce n'est pas eux ? Les changes ? Ce n'est pas eux ?

Restent les budgets et la législation.
 
Dans plusieurs pays de la zone Euro la dette est devenue impossible à rembourser et même à proroger. Les taux d'intérêts sont devenus prohibitifs. Les budgets ne peuvent plus être bouclés et les déficits ne peuvent plus être financés. Ils sont en état de faillite virtuelle.

La seule solution était la solidarité des pays de la zone monétaire  par l'appui de la Banque centrale et la mutualisation des dettes. En un mot la Banque centrale aurait fait chauffer la planche à billets autant que de nécessaire pour financer les états en détresse ; le trésor commun aurait fait rouler la dette, en en purgeant un petit bout au passage. Seulement voilà : les statuts de la BCE interdisent ce genre de politique et les traités précisent bien que les états nécessiteux ne doivent leur salut qu'à eux-mêmes.

Pendant que les pays de l'Euro tergiversent, les banques porteuses des dettes concernées sont considérées comme en grand danger de faillite. Depuis juillet, date où des décisions rapides s'imposent sur la Grèce, puis l'Italie, rien n'a été fait. Alors la croissance s'est arrêtée. Les banques ont vu leurs liquidités s'assécher. La panique s'est installée dans une sorte de sauve qui peut général.

Faute d'autre moyens tous les états se sont lancés dans la contrition budgétaire. Pour contrer les effets déflationnistes les banques centrales se sont concertées. Elles ont  sauvé les banques en panne de dollars puis toute celles en panne de liquidité.

Un énorme coup de frein budgétaire et les plus grandes libéralités monétaires coexistent. Manier le frein et l'accélérateur en même temps provoque généralement des dérapages.

La question est de savoir si la tentation du cavalier seul monétaire, en un mot permettre à un état de produire autant de monnaie qu'il le veut en quittant l'euro et en laissant plonger sa monnaie , l'emportera dans l'esprit des principaux dirigeants européens.

En raison, ils ne sont pas obligés par la crise d'aller à cette extrémité là.

On a vu avec l'Islande, avec le RU et avec bien d'autres pays qui ont leur monnaie propre, que le privilège de pouvoir jouer avec le change et l'offre de monnaie ne changeait pas fondamentalement les choses. Le coup de massue budgétaire au RU est plus sévère qu'en Europe continentale. Il n'y a guère de différences entre l'état de l'Islande et celui de l'Irlande.

Il va de soi que si la zone Euro disposait d'une structure de commandement économique centralisé, d'un trésor central, d'une banque centrale assujettie aux ordres de la gouvernance économique, d'une politique offensive des changes, ainsi que de tous les instruments financiers centralisés, la situation serait meilleure.

Eusse-t-elle été dotée de ces outils en 2008  la politique aurait été sensiblement différente. On aurait laissé filer l'Euro, géré sans effort le cas grec qui aurait disparu des radars,  et prouvé aux marchés que la banque centrale était prête à financer inlassablement tous les déficits qui apparaîtraient et à fournir de quoi rembourser au nominal toute forme de prêts privés ou publics.

La crise n'aurait pas été réglée pour autant. Le Japon, les Etats-Unis  et la Chine auraient été immédiatement gênés par la politique de la zone Euro. Un Euro faible ne les arrange pas. Leurs dettes sont aussi là. Une guerre des changes aurait été possible bien pire que celle que l'on connait.

On aurait craint d'en arriver là. Entre puissances il aurait bien fallu vaille que vaille aboutir à un compromis sur les monnaies.

Eh oui, un compromis sur les monnaies ! Car une guerre de changes ne mènerait nulle part.

Le plus grave dans l'organisation zombie de la zone Euro c'est que sa faiblesse même interdit la seule solution globale. On craint qu'elle ne s'effondre mais on ne la craint pas. Zone d'ajustement elle est et doit rester.

Le RU dévalue à tout va comme la Corée. La Chine ne sait plus où elle va. L'épargne mondiale en folie cherche où se cacher et ne trouve pas. On fuit l'Euro sans tête mais on craint le dollar.

Si la zone Euro casse, tout cassera. Le "credit crunch" sur les dettes sera tel qu'on va directement à la dépression auto entretenue.

2012 est l'année de tous les dangers parce que les décisions politiques qui devraient être prises ne le sont pas. Peuvent-elles l'être ?
 
On entre ici dans la prévision politique. Le tu-me-tiens-je-te-tiens par la barbichette est un jeu difficile à arbitrer. L'issue dépends de la résistance des barbichettes et de la force ceux qui tirent dessus.

Si la guignolade continue au G.20 comme devant et si l'Euroland persiste dans le tempo actuel alors oui il y aura explosion de la zone euro et dépression générale. Oui. Et désolé, il n'y aura aucun endroit où se cacher. Environ 10% du capital mondial disparaîtra ce qui est le coût d'une guerre.


Nous sommes aux extrêmes limites.

Le conseil que nous donnons à la zone Euro est de nommer immédiatement un "chancelier de l'échiquier de la zone euro" avec pour mission de négocier le retour à système monétaire international où les états auront des responsabilités et le pouvoir d'utiliser tous les instruments nécessaires pour éviter l'explosion de la zone Euro.

Le conseil que nous donnons à la Chine et aux Etats Unis, c'est de se préparer à un nouveau Bretton-Woods qui les verra solidifier avec l'Europe  la solidarité des grands pays du monde autour d'objectifs de vraie stabilité  et de coopération équilibrée.

Allons, donnons les parités souhaitables : 1 Euro = 1 Dollar = 5 CNY = 100 Yens.

S'ils avaient mis en œuvre cette politique dès l'explosion du marché interbancaire de 2007, nous n'en serions pas là. Quatre ans ont été perdus. Parions qu'une cinquième année de n'importe quoi ne restera pas sans conséquences gravissimes. 

Revenons à nos questions initiales :

- La zone Euro va-t-elle exploser ? La solution ne dépends pas d'elle seule et suppose qu'elle change profondément ses pratiques. Elle est donc très mal. D'autant que pas une bouche officielle ne tient le discours qu'il faudrait et que les économistes officiels pro-euros sont cachés sous le tapis.

- Peut-on se protéger ? Non. La fuite est en cours depuis des mois et des années. Les actifs gonflés par la fuite s'effondreront plus encore que les autres en cas de dépression généralisée.

La meilleure protection est de militer pour des idées justes et de voir les bonnes politiques triompher.

La chance de Sarkozy serait d'emboucher les bonnes trompettes. Mal conseillé, il tergiverse. Il doit dire à Mme Merkel que les structures de la zone Euro doivent changer et pourquoi, sans cacher qu'un refus de sa part signifie la mort de l'Euro.  Il doit affirmer haut et fort à la Chine et aux Etats unis que les politiques aventurées, le n'importe quoi pour les Etats-Unis et le mercantilisme pour la Chine, se heurteront de plein fouet à la réalité d'une grande dépression. Mme Lagarde doit jouer son rôle qui n'est pas seulement de Cassandre mais de proposition.

Ni Sarkozy ni Merkel  n'ont les conseillers, le bagage économique et la force de conviction pour porter ce message. Qu'ils prennent enfin conscience des efforts qu'il leur faut faire sur eux-mêmes et sur leurs équipes !
 
Si chacun des dirigeants des grands pays  continue à creuser la tombe de l'économie mondiale avec ses petites dents, prisonnier de ses petits calculs, de ses lobbies et des grandes ambitions de son pays, entourés d'idéologues qui les trompent et qui se trompent, alors oui 2012 verra un désastre économique de première grandeur.

Le pire n'est pas sûr.  Le monde est résistant. Les quatre années de pensée zéro et de contre politique  qui viennent de passer le montrent.  Mais le compte à rebours est désormais  enclenché.

Joyeuse année 2012 à tous. 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Qui donc a voulu l'Euro ?

Alors que la zone Euro est désormais en sursis, le projet d'unification monétaire manque aujourd'hui de parrains motivés mais aussi de père. Alors qu'il était présenté naguère comme allant tellement de soi qu'il n'était même pas la peine d'en discuter le fondement, on voit maintenant les thuriféraires d'hier devenir les procureurs d'aujourd'hui, souvent avec la même absence d'arguments.

M. Slama dans le Figaro du jour (16.11.2011) stigmatise une erreur évidente parce qu'on aurait pas respecté les règles économiques pourtant si claires et si bien établies des "zones monétaires optimales".  Que ne l'avait-il pas dit avant ! 

Le destin des économistes de la monnaies est d'être récupérés par des ignares en économie, semble-t-il.  Après Tobin, c'est le tour de Mundell.

M. Slama ne sait sans doute pas que Mundell trouvait que les Etats-unis n'étaient pas une zone monétaire optimale, ce qui n'a pas empêché que le dollar y règne en maître depuis des lustres. Il sait sans doute encore moins qu'il était pour une monnaie unique mondiale !

La théorie des zones monétaires optimales  est en vérité sans grande portée. Comme nous l'avons écrit à plusieurs reprises sur ce blog, la monnaie unique est une opération politique et marginalement économique.  Mundell fait de ce préalable politique un élément de cet "optimum" introuvable.  En vérité la règle d'optimalité "spontanée" est quasiment tautologique : elle suppose le problème résolu : si ma tante etc.

Une zone monétaire ne peut certes réussir que sous conditions. La première est d'avoir une banque centrale qui s'occupe de la monnaie aussi bien du point de vue de sa valeur interne que de celui de sa valeur externe. La seconde est une unification ou au moins une coordination très forte des politiques économiques de la zone. La troisième est l'existence d'instruments collectifs d'intervention en cas de difficultés. On peut ajouter un tarif extérieur commun pour assurer la cohésion prioritaire de la zone et le rattrapage des différences de niveaux de vie. Et il vaut mieux que le système monétaire international soit de type "changes fixes et ajustables".

Ce n'est pas tant le fait qu'on ait créé une zone monétaire qui est problématique. C'est de l'avoir fait sans mettre en place les institutions et les instruments correspondants.  La BCE a comme seul objectif de maintenir la valeur interne de l'euro en terme de pouvoir d'achat. Les états ont interdiction formelle d'emprunter auprès de la BCE. Il n'y a pas de coordination du contrôle et du pilotage économique, en dépit d'Ecofin et de M. Juncker. Il n'y a pas d'Eurobonds, chaque état étant responsable seul de sa dette.  Nous vivons globalement dans un système de changes flottants. Les droits de douane ont été pratiquement supprimés unilatéralement avec les pays hors zone. La liberté de mouvements des capitaux est totale. Cela ne peut pas marcher durablement.

Au lieu d'attaquer ces questions de front, les gouvernants de l'Euroland ne pensent qu'à "rassurer les marchés". Il vaudrait mieux leur faire peur. Si la BCE avait le pouvoir de créer autant de monnaie qu'il est nécessaire pour faire baisser les coûts d'emprunts des états attaqués, la spéculation s'écarterait immédiatement des marchés publics obligataires.  Elle serait sûre de perdre. La preuve ? La Livre anglaise n'est pas attaquée alors que les fondamentaux du Royaume Unis sont tragiques et que le succès du coup de massue du gouvernement conservateur se traduit surtout par un risque de récession aggravée.  Tout le monde craint Mervyn King, le gouverneur de la Banque d'Angleterre,  qui peut lâcher les chiens quand il veut autant qu'il veut pour contrer toute attaque. Dans l'autre sens on a vu la Banque centrale helvétique se déchaîner pour faire baisser le cours du franc suisse et réussir son coup à contrecourant des marchés. D'accord c'est un trader de l'UBS qui a dégusté ! Les marchés savent retenir des leçons à plusieurs milliards de dollars (d'euros ou de francs suisses) de pertes.
 
Au lieu de discuter de ces questions fondamentales on s'acharne désormais sur ce qu'on avait adoré. Pour le lecteur la situation devient comique. L'un dit : "salauds d'Allemands : l'Euro c'est eux qui l'ont voulu réalisant le rêve d'Hitler". L'autre réplique : "c'est cet idiot de Mitterrand dont les connaissances économiques ont toujours été un peu juste qui a imposé l'Euro pour donner son autorisation à l'unité retrouvé de la nation allemande".

Comme si le projet d'union économique et monétaire datait de ces 20 dernières années !  Qui se souvient que le projet "d'union économique et monétaire" (c'est nous qui soulignons), date du 2 décembre 1969, par des décisions des pays membres de la CEE réunis à la Haye.  Que l'on sache, ni Mitterrand ni Kohl n'étaient aux affaires. Il faudra trente ans pour le faire passer dans les faits.

Voici l'article 8 du communiqué final :
 
" 8. Ils [les chefs d'état européens ]ont réaffirmé leur volonté de faire progresser plus rapidement le développement ultérieur nécessaire au renforcement de la Communauté et à son développement en une union économique. Ils sont d'avis que le processus d'intégration doit aboutir à une Communauté de stabilité et de croissance. Dans ce but, ils sont convenus qu'au sein du Conseil, sur la base du mémorandum présenté par la Commission le 12 février 1969, et en étroite collaboration avec cette dernière, un plan par étapes sera élaboré au cours de l'année 1970 en vue de la création d'une union économique et monétaire.  Le développement de la coopération monétaire devrait s'appuyer sur l'harmonisation des politiques économiques.  Ils sont convenus de faire examiner la possibilité d'instituer un fonds de réserve européen auquel devrait aboutir une politique économique et monétaire commune".

On s'appuie sur le "plan Barre", qui explicite  les mécanismes de la "convergence des politiques économiques et la coordination des politiques monétaires".  Le 6 mars 1970 on créé un groupe de travail pour élaborer un programme de réalisation du plan Barre. Le 8 octobre 1970 voit la remise du rapport final du Groupe Werner. On y propose : "une union monétaire caractérisée par la convertibilité totale et irréversible  des monnaies, l'élimination des marges de fluctuations, la fixation irrévocable des parités". La monnaie unique est considérée comme l'option préférable. Le rapport peut être lu ici (http://ec.europa.eu/economy_finance/emu_history/documentation/chapter5/19701008fr072realunionecomon.pdf).

On y trouve cette phrase qui, aujourd'hui, prend un air tout à fait épatant :
"L'union économique et monétaire permettra de réaliser une zone à l'intérieur de laquelle les biens et les services, les personnes et les capitaux circuleront librement et sans distorsions de concurrence, sans pour autant  engendrer des déséquilibres structurels ou régionaux. La mise en œuvre d'une telle union améliorera de façon durable le bien-être dans la Communauté et renforcera la contribution de cette dernière à l'équilibre économique et monétaire du monde."

On constatera que le rapport ne met pas véritablement en garde sur les conditions du succès d'une union monétaire. Il affirme qu'il apportera le bonheur. Les raisons techniques  invoquées pour progresser sur cette voie sont très légères : l'interpénétration des économies et la gestion des politiques communes rendent possible et souhaitable l'union monétaire.
 

On retrouve ici le caractère d'acte de foi ou de pur slogan comme on voudra de la création d'une zone monétaire européenne. On doit la faire parce qu'il le faut. Il le faut parce que c'est un progrès "décisif" sur la voie de l'intégration.  L'intendance suivra. L'orientation générale est politique, plus économique. On considère l'économique comme le levier de l'union politique.


Pas de chance, les allemands las des excès américains  déclenchent en 71  les manœuvres qui aboutiront à l'inconvertibilité du dollar en or et au flottement généralisé des monnaies.

 
Il devient pratiquement impossible de mettre en œuvre un ilot de fixité dans un océan de flexibilité. Personne ne le voit dans les instances européennes. Au contraire on considère qu'il est d'autant plus important de créer un bloc fixe que le reste du monde devient flexible. Il s'agit ici encore d'une croyance, ou d'un postulat.  Elle n'est fondée sur aucune analyse économique sérieuse.  Le rapport Marjolin plaide pour la construction de l'union monétaire à l'horizon 1980 en dépit des difficultés posées par les changes flottants.


Il est vrai que le "serpent monétaire" mis en place à la suite du rapport Werner passe son temps à exploser. Les Allemands pendant toute la période considèrent qu'il appartient aux pays en difficulté de faire les efforts nécessaires pour recoller au peloton. Déjà. Ce sont exactement les mêmes considérants qu'aujourd'hui. Sans en changer une virgule.


Et pourtant Valéry Giscard, devenu Président,  va convaincre Helmut Schmidt de créer le SME, premier pas vers Maastricht. 
Pourquoi ? La réponse est donnée par Jacques van Ypersele  : "Le soutien accordé par le chancelier Schmidt à la création du SME fut partiellement motivé par son désir d'atténuer l'impact de la faiblesse du dollar en étalant sur une zone monétaire plus large ".


Le bon Helmut voit d'abord l'intérêt allemand.


Toute la contradiction des positions d'Angela Merkel est déjà présente à la fin des années 70.  Les Allemands sont prêts à une union monétaire à la condition que "les pays du club med" se comportent comme des Allemands et font les efforts nécessaires. L'Allemagne ne sera plus en butte aux dévaluation compétitives de la France et de l'Italie. Et la nouvelle monnaie sera moins forte que n'aurait été le DM qui cessera de ce fait d'être constamment enquiquiné par des apports de capitaux cherchant la sécurité. En un mot, les Allemands veulent le beurre et l'argent du beurre : une monnaie suffisamment faible pour exporter dans le monde entier et des partenaires suffisamment raisonnables pour que la supériorité industrielle allemande puisse s'exercer pleinement en Europe sans qu'ils dévaluent.


Heureux allemands qui disposent d'un Chancelier qui fait ses comptes et caresse des arrières pensées.  Giscard n'a jamais expliqué pourquoi l'Euro serait favorable aux français. Il l'a décrété. On attend toujours la justification pratique de l'intérêt français.


La terrible stagflation des années 70 a conduit les gouvernants français et européens à comprendre que la stabilité des prix et la modération des salaires était nécessaire.  Giscard n'a pas de véritable dessein pour la France dans l'affaire du SME, sinon l'idée que la France doit jouer un rôle pilote dans la construction européenne. Se débarrasser du risque d'être jugé sur un Franc toujours sous la menace d'une dévaluation a certainement joué.


La crise de 1992 a failli tout faire capoter. La chute de l'URSS et l'élargissement de l'Europe à de nouveaux pays poseront de nouvelles questions.  Mais jamais le projet d'union économique et monétaire ne sera abandonné. Il sera mis en œuvre en 1999.


La crise de 2007- 201x va faire éclater toutes ses faiblesses structurelles et l'inconscience  des différents dirigeants devant les contraintes réelles d'une monnaie unique dans un monde de changes flottants et sans remplir aucune des conditions que nous avons rappelées au début de cet article.


Les fédéralistes européens comme Delors ont considéré que les avertissements techniques n'avaient pas leur place devant l'énormité grandiose de la tâche à accomplir : faire naître  les Etats-Unis d'Europe en réduisant les réticences des peuples,  en créant des états de fait successifs. En un mot ils ont repris la méthode Monnet consistant à constamment mettre la charrue avant les bœufs. Il serait bien temps lors que la charrue serait trop piétinée de faire les sauts institutionnels supplémentaires. L'article récent de Joschka Fischer exigeant le passage au fédéralisme maintenant est typique de la démarche des europhiles absolus, qu'ils soient allemands ou français.


On comprend leur panique devant la demande de referendum de Papandréou et leur soulagement de voir  la nomination rapide en Grèce et en Italie d'eurocrates pur jus.  L'Europe a toujours eu une horreur absolue du peuple et M. Giscard amuse son monde en prétendant fort hypocritement dans un article récent  que le referendum grec  aurait du être mené à son terme et que les Grecs auraient voté OUI pour une austérité phénoménale.


Les gouvernements du "sud" découvre le piège allemand. Face au mercantilisme allemand et à la spéculation sur leur dette ils n'ont que le choix de la déflation ou de la faillite. Cela vaut naturellement pour la France.


Et les Allemands découvrent que l'avantage qu'ils ont réussi à obtenir n'est durable que si l'Euro n'éclate pas car sinon le DM repartira vers les sommets avec un double effet : la perte d'une partie de ses positions fondamentales en Europe et une perte de compétitivité très forte dans le monde malgré ses décentralisations en Mittel Europa.  Sans compter sur les effets dépressionnistes de l'éclatement de la zone Europe sur l'économie mondiale.


Tout le monde est donc coincé y compris les Etats-Unis, le Japon et la Chine qui seraient gravement touchés par un effondrement de l'Euroland.

  
La solution "organisée"  passe obligatoirement par la recréation d'un système monétaire international basé sur des changes fixes et ajustables, dont la monnaie étalon ne serait plus le dollar et, en Europe, par l'élimination des possibilités de spéculation sur les dettes souveraines  et l'abandon de certaines créances irrécouvrables sur les pays les plus mal lotis, pour y limiter l'ajustement par la déflation.


Sinon les réalités étant plus fortes que les petits calculs, on aura l'explosion de la zone euro, une revalorisation massive du nouveau Mark,  l'effondrement du commerce international, la ruine des créanciers en dollars (mais oui messieurs les Chinois et les Japonais), des dévaluations massives en France et partout ailleurs avec une faillite avérée du système bancaire international  et la perte de l'épargne mondiale.  


Epatant, non ?


Quatre ans déjà que nous répétons cette  antienne, pardons pour cette antiphoné (respectons le grec sinon la Grèce !).  Mais qui avait raison ?


La question du bien fondé de l'Euro, des conditions de son sauvetage, des réformes nécessaires à sa poursuite devrait être au cœur de la campagne électorale présidentielle française. 


Souhaitons qu'on ne se contente pas des vaticinations (contre) et des prêches (pour) habituels. Il faut être un peu plus précis que cela.  L'Euro est actuellement un objet politique fort et un objet économique faible.  On peut légitimement défendre l'Euro pour des raisons politiques sensées  et même enthousiasmantes. Mais il faut alors en faire une réalité économique solide, comprendre comment, formuler et assumer les réformes indispensables.


Si l'Euro devait exploser juste avant la date de l'élection du président français, que resterait-il de MM. Sarkozy et Hollande ?


Il serait bon également de dire à M. Joschka Fischer que le saut vers le fédéralisme total n'est pas la solution, mais qu' il faut parvenir à un nouveau Bretton Woods,  une nouvelle définition des rôles et moyens de la BCE, et la fin du mercantilisme unilatéral allemand.


Karl Peiper pour le Cercle des économistes e-toile

Retour vers le futur : 1935 ?

La tentation des comparaisons historiques plus ou moins bancales est toujours grande lors des crises un peu sévères. Quand l'avenir est incertain, on aime se raccrocher à quelque chose de familier même si le passé lointain est généralement plus fantasmé que connu.

On l'a bien vu hier soir dans un de ces débats télévisés où deux intervenants censés avoir des connaissances économiques solides se sont empoignés pour affirmer, pour l'un que la déflation était la raison de l'arrivée d'Hitler au pouvoir, pendant que, pour l'autre, c'était la déflation.

La minuscule affaire grecque, une perte sur crédit d'une centaine de milliards d'Euros (à rapprocher des quatre mille milliards d'Euros sur crédit perdus depuis fin 2006 dans le monde entier), fait renaître les pires fantasmes d'une montée prochaine du fascisme pour un camp, du socialisme violent pour l'autre.  Avènement d'un nouvel Hitler ou nouveau Front Populaire, tel serait le choix !

Il faut dire que les difficultés économiques stimulent les extrêmes. Mme Le Pen et M. Mélenchon tiennent désormais des discours  économiques que les tenants des principes qui nous gouvernent et qui nous ont mené là où nous sommes ne peuvent plus réellement juguler.

Dans ce maelström toutes les postures deviennent des contorsions. La droite libérale en vient à défendre les suggestions d'Attac, le mouvement post communiste bien connu. La gauche plaide pour l'austérité et la militarisation du redressement des jeunes délinquants.  Les keynésiens d'hier plaident pour une réduction drastique des déficits et de la dette. Les libéraux d'hier suggèrent qu'on pourrait nationaliser les banques, temporairement bien sûr.  Les européistes d'hier ne se souviennent plus très bien  pourquoi ils ont voulu l'acte unique et l'Euro.  Les souverainistes plaident pour un tarif extérieur commun renforcé. La BCE viole ses statuts tous les jours.

La crise a bousculé cul par-dessus tête les discours figés du politiquement correct d'avant.  L'Europe, c'était bien et cela ne se discutait pas. On pouvait l'étendre ad libitum : le mouvement d'élargissement se justifiait par le seul fait qu'il avait lieu.  L'Euro c'était bien et cela ne se discutait pas.  L'impôt: super ! La dette : pas grave ! Le désordre monétaire international  : la marque de la vitalité des marchés, à qui il aurait été stupide de s'opposer !

On s'aperçoit toujours de la fragilité des vulgates lorsque les populations s'affolent.  

Surtout quand on les laisse sans perspectives.

Mettons nous tout de même un instant dans la peau d'un chômeur qui a été licencié en 2008 et peine à retrouver un emploi trois ans plus tard, de parents dont les enfants ne trouvent pas à s'employer au sortir d'études immensément rallongées, d'accédants à la propriété à bout de ressources (ils se sont endettés pour trente ans !) à qui on a doublé la taxe foncière et fortement grossi la taxe d'habitation. A tous  on affirme : vous allez payer pour la Grèce ; vous allez payer pour sauver l'Euro et si on n'y arrive pas vous perdrez vos plans d'épargne ; vous allez payer parce que vous n'aviez pas assez payé encore alors que la France est au sommet des prélèvements.  Et à tous ces gens, une littérature pressée d'extraire le jus de la crise explique qu'ils n'ont encore rien vu, que le pire est devant eux.

Pas une explication des différentes crises qui nous frappent. Pas la moindre perspectives sérieuses de s'en sortir.  Et des élections en vue, partout, qui ont l'énorme inconvénient d'interdire la seule vertu utile en temps de crise : la constance.

Ce qui nous ramène à 1935.  La confusion la plus totale régnait comme aujourd'hui. La crise avait également quatre ans en France.  La reprise n'avait pas eu lieu. Les politiques fondées sur des a priori qui faisaient consensus ne marchaient pas.  La politique de déflation qui avait sa chance se trouvait confrontée aux perspectives d'élections perdantes. On allait sombrer dans le n'importe quoi et aggraver tout. La France sortirait des années trente en ayant perdu autant que pendant la Grande Guerre. Il lui faudra quarante ans pour se remettre avant d'oublier les leçons si durement apprises.   
   
Quant au monde ! Il a absolument tout oublié. On a voulu créer en 1971 un monde basé sur les relations de force entre les états, systèmes sociaux  contre système sociaux , politiques contre politiques, puissance économique contre puissance économique en supprimant toutes les écluses, tous les canaux, toutes les pompes aspirantes et refoulantes.  Les américains croyaient qu'ils gagneraient facilement. Les Allemands et les Japonais étaient sûrs d'eux.  Les nationaux communistes Han ont vu la faille et ont cru qu'ils pourraient manger l'économie du monde et assurer leur domination. Les pays pétroliers pensaient pouvoir s'en sortir sans problème grâce à la manne pétrolière.      

Les Français, eux, réglaient de vieilles querelles du dix-neuvième siècle, sans se rendre compte de rien.

Nous sommes au bout de ce chemin là.  On redécouvre qu'il n'y a pas de solution sans une coopération entre les états ; qu'on ne peut pas assumer des libertés économiques sans monnaie de référence et sans politique harmonisée des changes ; que la concurrence des systèmes ne fonctionnent qu'avec des pare-chocs et des écluses.

En sécurité routière on sait bien qu'un tank aussi blindé soit-il, n'est pas sûr, pas plus qu'un cerf volant allégé à l'extrême . Il faut  éviter les chocs et en cas de choc évacuer un maximum d'énergie pour protéger les passagers.

Eviter les chocs en économie mondialisée, c'est déjà éviter les systèmes instables comme les monnaies flottantes en organisant de surcroit l'irresponsabilité totale des gouvernements vis-à-vis des conséquences de cette instabilité.  Instabilité structurelle plus irresponsabilité structurelle, les deux mamelles du désastre économique.

En 1935 tous les pays ont voulu s'en sortir par eux mêmes, ayant désespéré de toute coopération internationale, tout en ouvrant la porte à leur démons intérieurs (communismes staliniens, socialismes divers , fascisme et national socialisme).  Aujourd'hui les démons intérieurs n'existent pas : il n'y a pas de grande idéologie en attente de s'imposer. Les socialismes nationaux ou autres ne sont plus dans les esprits ni les espoirs. Les nationalismes  flamboyants ont disparu au moins en Europe même si les égoïsmes et les petits calculs demeurent.

Ce qu'il faut donc craindre c'est d'abord le n'importe quoi spontanéiste né de la peur.

Car la solution existe.  

En 1935 il était impossible d'assurer la coopération internationale autour d'un projet commun. Hitler et Staline imposaient leur loi. Des professions de foi violentes courraient le monde  et elles étaient militantes.  Les grandes puissances imposaient leur loi à de nombreuses colonies et des nationalismes s'exacerbaient, comme celui des Japonais ivres de "lebensraum".

Rien de tout cela aujourd'hui : l'islamisme radical n'est pas mort mais il est sans influence mondiale et incapable de faire lever des masses ni de proposer un  système d'organisation un  minimum sexy.  L'islamo-nationalisme iranien est contraint par les révoltes qu'il est obligé de réprimer et son isolement international.  Les rebonds de nationalisme dans les pays de l'ex URSS ou sous sa domination n'ont pas d'importance cruciale. Il faut bien retrouver un peu de quant à soi.  Le nationalisme Han est le seul qui soit réellement dangereux. Mais il est totalement dépendant de la bonne volonté occidentale. Que la Chine soit exclue de la mondialisation et le système s'effondre ! Ce sera un nationalisme prudent.
Nous sommes donc dans une situation totalement différente de 1935. Il suffirait de sortir de la confusion pour que les voies d'un redressement général apparaissent ouvertes.

Comment faire ? Il n'y a qu'un seul chemin : le G.20 annonce que les états membres  coopèrent pour mettre fin aux causes du désastre économique en cours clairement identifiées et pour créer les conditions d'une croissance dans la coopération, seule capable de liquider l'accumulation des dettes constatées depuis 40 ans.

Les causes des désordres financiers et de l'accroissement global sont parfaitement connues : laxisme financier des uns  et mercantilismes divers dans un système de changes flottants de monnaies administratives où personne n'est responsable de ses équilibres extérieurs, alors que les mouvements financiers sont totalement libérés.

Une fois le système mondial stabilisé avec des changes fixes et ajustables, une instance internationale disposant de pouvoirs réels de régulation, une coopération explicite des nations , le sauvetage de la zone Euro devient un jeu d'enfants.  

Les états redeviennent responsables de leurs comptes extérieurs et de la valeur externe de leur monnaie, tout autant que de leurs équilibres intérieurs, le plein emploi étant un des équilibres majeurs dont on parle. Ils sont obligés de coopérer pour la croissance et l'amortissement des dettes monstrueuses accumulées par le système de double pyramide de crédits Rueff-Allais.

L'absence d'idéologies délétères permet de reprendre progressivement le chemin d'une mondialisation plus heureuse sans sombrer dans les expériences mortifères.  

En 1935, les auteurs ne voyaient plus d'avenir. On croyait à la fin du cycle d'expansion appelé révolution industrielle.  Le slogan n'était pas "no future" mis c'était dans les esprits. On sait ce qui est advenu : la plus grande mutation de toute l'histoire de l'humanité !  

Ne tombons pas dans ce travers. Il est parfaitement possible de préparer un avenir intéressant et progressiste pour l'humanité.

Mais il ne faut pas se tromper de chemin.

Jouer au nouveau RUBIK's Game ?

L'Allemagne et la Suisse ont mis en place le dispositif RUBIK qui stipule que la Suisse garde son secret bancaire mais que le revenu des placements faits par des résidents allemands en Suisse de façon anonyme seront taxés assez fortement. Cette convention va être bientôt acceptée par le Royaume Uni. Le France refuse absolument d'aller dans ce sens.

A-t-elle raison ?

Aucun débat n'ayant lieu sur ce sujet dans la presse française, saisissons-nous de ce sujet intéressant.

Les avoirs évadés des résidents Français en Suisse sont estimés à 90-100 milliards d'Euros. Si on ajoute les avoirs dans les autres paradis fiscaux on aboutit une fourchette plus large située elle entre 150 et 200 milliards.  A ces capitaux devraient s'ajouter pour être parfaitement clairs ceux des exilés fiscaux légaux qui représentent entre 3 et  5 fois cette somme selon les estimations très approximatives qu'on en a.

Il va de soi que si la France voyait revenir 75 milliards de capitaux cachés et 75 milliards de capitaux exilés, ses difficultés conjoncturelles pourraient être grandement réduites.

Pour la Suisse, victime d'entrées de capitaux excessives ce ne serait guère un problème sinon pour les banques où les sommes sont déposées. Des restructurations importantes en résulteront. Elles ont largement lieu dès maintenant. 

L'avenir de la Suisse de toute façon ne passe pas par le secret bancaire vis-à-vis de ses voisins européens. On sait que nous même au Cercle des économistes e-toile, nous militons pour l'entrée de la Suisse dans l'Union Européenne. Cela implique à plus ou moins long terme la fin du secret bancaire dans sa forme actuelle.

La vraie difficulté se trouve donc en France qui ne rêve que d'impôts, que de justicialisme fiscal, que de sur-taxation des riches. On sait que Nicolas Sarkozy a eu peur de supprimer l'ISF, qu'il a pris vis-à-vis des capitaux exilés une position franchement hostile, allant jusqu'au projet immonde d'EXIT TAX et qu'il refuse absolument RUBIK.

Tous les candidats aux élections présidentielles renchérissent sur la nécessité de taxer les riches et tentent de faire croire qu'on pourra faire payer la crise à cette seule partie de la population. L'affaire Bettencourt leur a donné des munitions dans ce combat en même temps que l'extravagance de certains comportements comme celui du dénommé Ernekinne Sellières, héritier du Comité des forges,  symbole des 200 familles,  pillant allègrement son cousinage pour s'accaparer des sommes ahurissantes.

Le nouvel épisode de récession qui s'annonce, avec son cortège d'aggravations mécaniques  des dépenses publiques, dans un contexte  électoral présidentiel, laisse peu de chances à un débat serein en France sur ces questions.

La France dépasse dès aujourd'hui la Suède et les pays nordiques pour le taux de dépense publique par rapport au PIB. Le prêchi prêcha socialiste, universel dans les médias,  y est tellement prégnant qu'il envahit même le discours des partis dits de droite.

Autant dire qu'il n'y a aucune chance pour qu'un langage un peu sérieux ait une chance d'être entendu sur ces sujets.

Quel serait l'intérêt de la France ?

Elle ne peut compter que sur la croissance pour rembourser ses dettes. La croissance ne peut être que le fait des entreprises. Le capitalisme français est déjà un capitalisme sans capitaux et hyper vulnérable. Du fait des contraintes fiscales et réglementaires il n'a pas pu développer un "Mittelstand" comme l'Allemagne. Un énorme trou isole les entreprises du CAC 40 des myriades de sociétés de moins de 50 personnes, en fait de moins de 5 personnes. C'est aussi un capitalisme sans salariés, le nombre de salariés rapportés à celui de la population totale étant le plus faible de tout le monde développé. On sait qu'avec 66 millions de résidents la France devrait avoir entre 25 et 30 millions de salariés. On est quelque part entre 15 et 17 !

Le résultat est désastreux : nous régressons partout. Nous perdons des parts de marché en France en Europe et dans le monde. Les jeunes élites ne pensent qu'à faire des carrière là où on peut gagner sa vie. Le chômage des jeunes, des femmes, des immigrés, des travailleurs âgés, est beaucoup plus haut que partout ailleurs. Le patrimoine français passe entre des mains étrangères. Notre commerce extérieur devient exsangue. Les entreprises françaises disparaissent de secteurs entiers de l'économie. Elles sont absentes des nouveaux marchés qui se créent. Plus personne ne voit comment nous allons nous en sortir à terme, alors que nous n'avons pas cessé de vivre aux crochets des marchés financiers mondiaux depuis 40 ans. Victimes d'une administration centrale et locale hypertrophiée qui écrase la société et les entreprises de normes exclusives et intenables, en même temps que d'impositions extravagantes (augmenter de 100% des impôts ne gênent personne, comme on l'a vu à Paris avec M. Delanoé), envapés par le discours des médias totalement engagés   dans un socialisme résiduel aigri et sectaire, les Français sont en train de se suicider d'une façon aussi radicale que politiquement correcte.

Les centaines de milliards partis légalement ou non à l'étranger ne sont que le reflet en creux de cette situation folle.

La vindicte verbale et fiscale  de Nicolas Sarkozy vis-à-vis des détenteurs de ces capitaux n'est que la traduction ou le reflet, comme on voudra, de sa volonté de renoncer à toute rupture dans la gestion économique de la France. De ce point de vue il n'aura guère fait plus que J. Chirac qui avait déjà  poussé "l'énarchie compassionnelle" aux frais du contribuable  jusqu'aux limites du supportable.

Une nouvelle attitude vis-à-vis des centaines de milliards détenus à l'étranger par des Français impliquerait une véritable révolution dans la manière de concevoir l'avenir de la France.  Une France de plein emploi, de salariés et d'entrepreneurs ne peut pas naître sans une énorme rupture dont il n'y a aucunes prémisses. 

Donc les capitaux en reviendront pas.

Imaginons une situation totalement improbable où les Français auraient renoncé à s'auto-détruire, où on ne compterait pas seulement sur les entreprises du  Cac 40 pour faire illusion, où les PME pourraient grossir, où l'espoir d'une vie meilleure pour le plus grand nombre ne passerait pas par l'attente d'une planque dans la fonction publique locale, régionale ou nationale, où les politiques ne remâcheraient pas constamment un discours basé sur le cadeau au peuple et la dénonciation des nouveaux Koulaks que sont les "riches", où l'avenir politique ne serait pas encombré par la possibilité de l'arrivée aux manettes d'un Chavez franchouillard.  Il n'y aurait plus d'ISF. Les charges sociales ne porteraient plus majoritairement sur l'entreprise. La fonction publique locale et nationale serait réduite de près d'un tiers. Les prélèvements ne dépasseraient pas 35 à 38% du PIB.  

Faudrait-il alors accepter Rubik ?

A notre avis : NON !

Il vaudrait bien mieux annoncer une amnistie fiscale totale avec des contraintes partielles de réemploi de l'argent rapatrié dans des fonds spécialisés.

Imaginons que l'on dise aux détenteurs de capitaux expatriés : vous pouvez revenir sans aucune fiscalité ni pénalité si vous mettez vos avoirs soit dans un fonds de recapitalisation des banques françaises, soit dans des fonds de financement de la relance par des grands projets industriels, soit dans des fonds de financement de la croissance de PME françaises  de taille moyenne ; En revanche vous devrez payer 10% sur les fonds dont vous voulez la pleine disposition, sachant que de toutes façon au moins 50% des fonds rapatriés devront aller dans les fonds obligatoires et y rester bloquer pendant 5 ans.

Rêvons un peu et imaginons que 150 milliards reviennent :

20 milliards d'euros iraient à la recapitalisation des banques et à une caisse d'amortissement des dettes européennes.

35 Milliards d'euros iraient au financement d'un plan d'investissement national et/ou européen.

20 Milliards iraient à la consolidation des nouvelles PME françaises dispensées de tous les effets de seuils qui les paralysent.

7.5 milliards de recettes fiscales seraient engrangées.

67.5 milliards se placeraient librement ou iraient à la consommation.

Quel coup de fouet pour l'économie et l'emploi ! 

Et quelles recettes fiscales pour le futur !

Le Français, né malin, préférera sa passion mauvaise pour l'impôt et la haine des autres. Il renoncera même aux recettes faciles et immédiates permises par Rubik.

Et la France continuera de sortir doucement de l'histoire pour devenir au mieux une super Grèce, vendant le charme de son histoire et de ses paysages, dans la dépendance servile vis-à-vis du reste du monde, en se rappelant ce qu'elle fut.  Naguère.

Suicide programmée d'une nation autrefois bénie des Dieux. 

Sylvain Dieudonné pour le Cercle des économistes e-toile

Crise mondiale : trois ans de blog , 277 messages et 81.800 lectures après !

Cela fait exactement trois ans que le Cercle des économistes e-toile a ouvert ce blog pour faire entendre des analyses solides qui ne se retrouvent généralement pas dans le débat public, soit parcequ'elles sont réputées trop techniques, soit parce qu'elles ne correspondent pas à l'esprit du temps ou aux idées des puissances dominantes.

Exposer c'est s'exposer. Nous n'avons refusé aucun débat, aucune prise de position. Notre originalité c'est de l'avoir fait avant que l'histoire ne tranche les questions posées.

En juin 2008 la question était de savoir si nous allions vers "une crise". Nous avons répété que bien sûr nous y allions et qu'elle serait exceptionnellement sévère, tout en refusant de parler de retour à 1929 et à la dépression.  

Nous en avons donné le diagnostic dès avant que la chute de Lehman Brothers ne vienne déclencher la prise de conscience générale que nous n'échapperions décidemment pas à une récession  mondiale.

Nous ne lassons pas de le répéter car il n'est toujours pas compris ni exposé dans les grands médias ni lors des grandes réunions internationales.

La grande récession est à la fois une récession classique du cycle quasi décennal qui existe depuis plus de deux cent ans,  et la conséquence des défauts rédhibitoires  du système monétaire international des changes flottants, aggravés par les politiques détestables suivies d'une part par les Etats unis, dont la FED a pratiqué un "benign neglect" monétaire dramatique  et d'autre part  par des pays mercantilistes comme la Chine, le Japon et l'Allemagne.

Elle comporte donc un aspect cyclique dont l'étude n'est plus faite  depuis des lustres, tant la conviction abusive et illusoire s'est installée  qu'on avait trouvé le secret d'une croissance sans crise, un aspect institutionnel, le désordre monétaire international des changes flottants, et un aspect géopolitique, les pratiques inconsidérées des puissances.

Nous prétendons qu'un régime de monnaies administratives nationales ou régionales, dont les états ne sont pas responsables, et dont la valeur s'établit sur des marchés dérégulés de changes ne fonctionne pas. La théorie proposée par Milton Friedman s'est révélée désavouée par les faits.  Alan Greenspan après avoir beaucop fauté l'a finalement reconnu.  Rien ne marche comme la théorie le laissait entendre et au contraire les effets pervers se sont multipliés et ont manqué emporter l'édifice.

L'Europe qui a cru pouvoir établir une zone monétaire sur la force d'un simple traité et d'une banque centrale indépendante, dont l'objectif est exclusivement le niveau des prix,  s'est retrouvée structurellement  en défaut.  Sans une politique et sans doute des institutions centralisées aptes à prendre des décisions au jour le jour, dont celle d'émettre des emprunts collectifs en Euro, l'Euroland, dans un système de changes flottants est une institution fragile, vouée au sous emploi et aux tensions internes et externes.

On a bati l'Euro sur une théorie fausse et on essaie de colmater les brèches institutionnelles sans discuter la théorie sous-jacente.

On a admis d'échanger des biens et des services, de même que des produits financiers,  dans le cadre des changes flottants sur une  théorie fausse qui montrent tous les jours ses lacunes gravissimes.

Depuis 1971 ce système absurde va de crises en crises. Chaque crise est réglée  en créant les conditions d'une crise plus grave un peu plus tard. Vous aviez aimé 1974, vous avez eu 1993. Vous n'aviez pas encore digéré ni 74 ni 92 et vous avez eu 2009 !  A chaque fois la récession a été "la pire depuis 1929".

Et qu'avez-vous fait ? Rien.

Pas le moindre diagnostic, pas la moindre réforme de structure.  Les gouvernements ont géré l'urgence. Les déficits publics ont explosé. Les dettes qui avaient grossi de façon monstrueuses depuis trente ans  ont atteint un tel niveau du PIB   que partout, on ne sait plus comment s'en débarasser.

Les pays qui comme la France sont en déficit publics depuis 1974 , ont constamment augmenté impôts et dépenses publiques tout en chargeant la barque des emprunts,  et appartiennent à une zone monétaire  déflationniste  se retrouvent sans emplois, suradministrés  et surdendettés.  

Malheureusement la classe politique toute entière en France reste intoxiquée à la dépense publique ; ses medias crient sans arrêt : vive l'impôt. La justice est assimilée à la sanction des riches et des entrepreneurs.  Le désastre est assignés  à tort sur des fantômes vides de sens concret comme "l'étranger", "la compétition internationale" et "la mondialisation libérale".  Et on veut instituer un salaire maximum ! La "loi du maximum" devrait plutôt rappeler de vilains souvenirs en France !  

Faute d'avoir des idées claires et précises sur des défauts cruciaux et des processus délétères bien cernés, intellectuels et politiques se concentrent sur des débats idéologiques absolument fumeux et sans  pertinence.

Ce n'est guère mieux ailleurs.

Le G.20 et ses dépendances ont établi un diagnostic faux. La crise serait  le fait des banques. Donc on doit réformer les banques. On a insisté : c'est le marché des subprimes qui a mis le feu partout.  Mais a-t-on réformé le marché des subprimes aux Etats-Unis ? Pas du tout.  On donne des contraintes de capîtal aggravé aux banques en tentant d'en limiter la croissance.  Sus à la "grande banques systèmique".   Sus aux bonus des traders.

A-t-on remis en cause les monnaies adminsitratives errantes ?  Chut ! N'en parlez surtout pas.

A-t-on acté que les changes flottants sans concertation d'aucune sorte sinon des jeux de puissance délètères étaient désastreux et devaient être supprimés ? Chut ! N'en parlez surtout pas.

Pas un jour sans qu'un responsable n'évoque d'un air pénétré "la stabilité" financière si nécessaire. Mais il accepter sans bargouiner  des mouvements erratiques de change pilotés par des programmes informatiques   qui auto entretiennent l'instatibilité.

Pas un jour sans qu'un homme politique européen ne critique la valeur trop haute de l'Euro (tout en s'inquiétant de la fragilité de l'Euro, dire deux choses absolument contradictoires dans la même phrase ne semble inquiéter personne).  Mais pas un mot sur les changes flottants qui expliquent cette hausse.

Pas un jour sans qu'un homme politique européen n'affirme que le Yuan est sous évalué de façon grotesque, provoquant délocalisation et stagnation de l'emplopi et du revenu en Europe. Pas un seul qui critique réellement le mercantilisme chinois et qui s'étonne qu'on puisse pratiquer le mercantilisme et la monnaie administrée dans un pseudo système monétaire international de changes flottants.

Pas un jour sans qu'on s'étonne de la dette grecque et de son ampleur par rapport au PIB du pays. Mais en valeur relative elle est du même ordre ou inférieure à celle de pratiquement tous les autres pays industrialisés du monde (Japon, Etats Unis, etc.). Et en valeur relative elle est d'un montant ridicule.

On nous explique que par un effet papillon un pays qui représente un pouième de PIB mondial va mettre le sytème par terre, de même que par le même effet papillon le marché des subprimes américains, quelques pouièmes du marché immobilier mondial, avait déclenché la pire crise depuis 1929 !

Tant d'ignorance et de sottise finit par agacer.

La seule méthode pour sortir d'une crise mondiale de surdendettement (environ 2.000 milliards de crédits sont aujourd'hui gagés sur aucun retour suffisant pour payer principal et intérêt),  est la croissance, après avoir jugulé les causes du désastre.  C'est la croissance qui permettra d'amortir les pertes. C'est la croissance qui permettra de rétablir la rentabilité de certains projets.  Et il faudra bien ruiner partiellement les créanciers. L'euthanasie du créancier doit être douce et progressive.  La  croissance sera l'anti douleur.

Il n'y aura pas de décroissance  heureuse. Il n'y aura pas de solution par la déflation.

Il n'y a aura pas de solution durable sans revenir à la garantie par les états de la valeur extérieure de leur monnaie par rapport à un étalon international  et par des engagements fermes d'équilibres de balances commerciales.  

Des changes fixes et concertés, éventuellement modulables par accords conjoints, surveillés par un FMI rénové et retrouvant son rôle de Bretton Woods, mais épuré des anomalies de 1944 (le droit de veto américain, l'hypertrophie du rôle du dollar), la maîtrise des mouvements de capitaux à court terme, ces mesures seules et seulement ces mesures, permettront de faire face à la situation.

Dans la seconde où un tel système sera mis en place la peur cédera au calcul économique.  La reflation concertée des économies par les états, les banques centrales étant associées a mouvement et se voyant attribuées de nouvelles règles de gestion,  entraînera une croissance non pas sectorielle mais générale.

Malgré la contrainte éconologique qui existe mais qui doit être traitée sans malthusianisme, une nouvelle période de "trente glorieuses" s'ouvrira pendant laquelle les dettes des trente minables seront progressivement éliminées, comme le monde avait&éliminé en trente ans les dettes de la guerre de 40.

A un moment où l'Europe se déchire, où la France se défait, où les Etats Unis vascillent, où les pays émergents voudraient bien confirmer leur sortie de chrysalide, où la Chine abuse,  où les institutions internationales sont frappés par le discrédit et l'impuissance,  faute de diagnostic clair et de volonté d'assumer des solutions pertinentes ,   rien ne dit qu'on ne retombe pas sur une période troublée du style de l'entre deux guerre qui avait coûté le même prix à la France que la guerre de 14-18, rappelons le.

Ce n'est pas le scénario le plus probable. Il est même très facile à éviter.

Que l'ont sorte enfin de la sclérose intellectuelle qui fait taire les vraies causes de la crise et interdit de construire les solutions durables dont le monde a besoin !

Depuis trois ans la pédagogie tragique des réalités aurait du faire son oeuvre.  Combien de désastres faudra-t-il encore subir, combien de centaines de millions d'emplois gâchés, de centaines de millions de carrières brisées, de centaines de millions de pauvres  désespérés, pour que la cécité qui frappe nos élites fasse place à une minimum de courage, de compétence, de pertinence et de connaissances ?

Oui nous déclarons que le G.20 est composé de lâches et d'incapables qui ne voient pas plus loin que leurs idéologies, leurs espoirs nationalistes et leurs petits calculs géostratégiques.   Non Monsieur Sarkozy, il ne fallait pas en même temps parler d'un nouveau Bretton Woods et affirmer qu'il fallait garder le rôle du dollar et les changes flottants. Non Monsieur Obama, il ne fallait pas  prétendre que le flottement général des monnaies dont la monnaie chinoise règlerait la question de l'avenir des échanges financiers internationaux.  Non, Monsieur Hu Jintao  il ne fallait pas déclarer  que la Chine avait le droit d'accumuler des milliers de millards de dollards d'excédents monétaires sans les remettre en circulation dans les économies partenaires en les dépensant au lieu de les placer avec la trouille au ventre que ces trésors se dévaluent.  L'Europe pour sa part s'est tue. Elle se tait tout le temps et accepte d'être la 27ième roue du carosse, alors que tous les fédérolâtres expliquent que sans l'Europe notre voix ne serait pas  entendue !  

Oui nous déclarons que cette crise immense, déclarée sottement imprévisible, n'a pas fait l'objet du diagnostic qu'il convient et que de ce fait toutes les poilitiques lancées n'ont pas de pertinence ni même de sens commun .

Le monde s'engage dans le n'importe quoi  comme en 1974, comme en 1993.  Il espère un miracle. Il ne viendra pas.  

On peut craindre que dans trois ans on ne soit amené une nouvelle fois à le constater si ce blog dure jusque là.

En attendant merci à ceux qui ont eu le courage de ces 80.000 lectures qui nous honorent et qui nous obligent.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.



Anatomie de la crise décennale, à la lumière des évènements récents.

Comme nous l'avons écrit dès la fin 2006 et répété ensuite, la crise de 2009  serait du type 74, ou 93, mais en plus grave. Il s'agit d'une crise décennale classique aggravée par les défauts du système monétaire international et la dérégulation financière en absence de toute référence fixe de la valeur des monnaies.

L'épisode qui s'est déroulé de septembre 2008 à nos jours  permet de préciser le schéma de la crise décennale, crise périodique dont la mécanique est souvent niée depuis la fin des années soixante et   dont la théorie n'est plus faite aujourd'hui alors qu'elle garde toute sa pertinence.

La physionomie d’une crise décennale est certes chaque fois  un peu différente. Le contexte économique global  finit par changer et le système, consciemment ou non,  tient toujours plus ou moins compte de l’expérience du passé. Mais le schéma sous-jacent est solide et constant.

La confiance disparait d’abord chez les opérateurs financiers et les boursicoteurs. Les bourses s’effondrent. Les banques s’inquiètent. A juste titre : des tensions se font jour partout.   Les refinancements deviennent difficiles. Des crédits jusqu’ici considérés comme sûrs apparaissent  aventurés. Les particuliers paniquent. La traditionnelle distinction entre crise bancaire de liquidité et de solvabilité perd toute signification : les deux se conjuguent.  Les banques restreignent violemment le crédit : le fameux «crédit crunch » a bien lieu.

Les entreprises désinvestissent brutalement, volontairement  ou non. L’embauche s’arrête. La consommation n’est pas atteinte au départ. En début de crise les consommateurs regardent un peu la crise comme un défilé au balcon : la crise, quelle crise ? Retraités et fonctionnaires se sentent peu concernés. La plupart des postes en entreprise sont solides ou considérés comme tels.  Le chômage monte plus par arrêt des embauches que par les licenciements. 

Les épargnants en revanche paniquent. Vont-ils pouvoir conserver leur avoir ? Le taux de possession d’actions baisse  immédiatement et rapidement.   La course à la liquidité s’emballe.

Arrive le moment de vérité : les entreprises fragiles craquent. Les autres prennent des mesures conservatoires souvent exagérées par rapport au nécessaire ou au contraire résistent de façon irréaliste : elles ont eu tant de mal à constituer des équipes solides ! Toutes voient leur trésorerie s’effondrer au moment où le système bancaire cesse de vouloir les aider. On se finance sur le marché obligataire loin des banques, devenues simples courtiers.  Quand on le peut, car toutes les entreprises ne le pourront pas, notamlment les PME.  Le  chômage explose, alimenté désormais à la fois  par le non recrutement et les licenciements.

L’Etat est toujours pris par surprise. La croissance rapide de la fin de cycle l’a gorgé de recettes et les dépenses vont bon train. Partout les administrations centrales ou locales se sont endettées pour profiter des taux bas de la période joyeuse finissante.  Et tout soudain la mécanique s’enraie. Les recettes baissent plus vite que le PIB : un système fiscal progressif accélère les recettes fiscales pendant la phase de croissance mais provoque une dégressivité symétrique quand la récession frappe  On verra le taux de prélèvements baisser. Les gouvernements s’empresseront de prétendre que c’est grâce à leur bonne gestion !  Alors qu’il s’agit d’un effet mécanique.  Les dépenses explosent car il faut indemniser et relancer.  Généralement on indemnise et on rlance trop depuis Keynes. Les déficits deviennent abyssaux.  L’endettement public  grimpe.

Les banques centrales depuis 1929 et Milton Friedmann savent qu’elles doivent faire marcher la machine à imprimer les billets. Elles créent de la liquidité à tout va en reprenant au départ  les meilleurs actifs des banques. Ensuite elles avalent un peu n’importe quoi. Elles y gagnent beaucoup d’argent ce qui surprend toujours. Pourtant, tout le monde sait que les docteurs gagnent toujours plus en temps d’épidémie.  L’inondation monétaire permet de sauver les banques et d’éviter les paniques de déposants. Au nom  de la sauvegarde des déposants on protège les banques et leurs dirigeants, cas classique où une minorité est sauvée abusivement au nom du groupe.

La part du PIB qui a disparu est partiellement compensée par ces mécanismes efficaces. Il est rare que la crise entraîne des baisses de PIB très importante comme au XIXème siècle.  Les prix à la consommation ne bougent pratiquement pas sauf dans des cas très particuliers. La bourse finit par rebondir. L’immobilier tremble sur ses bases mais ne lâche jamais complètement, sauf sur les créneaux les plus aventurés. 

La vie reprend. La crise aura duré deux ans. Il faudra près de 5 ans pour s’en remettre totalement.  Les faillites arrivent en général en fin de crise, à partir de la troisième année.  L’état augmente les impôts sans se rendre compte que la progressivité suffira à rétablir le niveau de recettes voulus. La pression fiscale devient rapidement insupportable ce qui pèse sur la reprise. Le coup de gourdin fiscal « Juppé » de 95 provoquera même une récession sui generis en France en 1996.  Les banques sont désorganisées pour un moment. En fait le système bancaire est en faillite mais personne ne tient à le savoir. Le temps et quelques restructurations permettront de voir venir.

Puis l’oubli fait son œuvre et l’industrieuse humanité, ses désirs et ses besoins, reprend son élan. Jusqu’à la crise suivante. Si la crise précédente a été forte elle sera plutôt douce. Si elle a été faible elle sera violente car les ajustements n’auront été faits qu’à la marge lors de la précédente purge et l’oubli, une des causes majeures du cycle, aura été plus complet.

La crise nouvelle s’annoncera par différents signes qui seront ignorés : l’industrie automobile commencera à proposer des modèles foldingues d’un luxe inouï ;  certains économistes  expliqueront que le cycle est désormais vaincu et qu’on a trouvé le chemin de la croissance perpétuelle ; les banquiers en arriveront à penser  qu’ils font un réel travail pour le bien de l’humanité, certains estimeront même qu’ils font « le travail de Dieu », ce qui expliquerait des bonus ridiculement élevés  ;  les grandes entreprises annonceront des taux de croissance intenables basés sur des plans sur la comète euphoriques. Zeus aveugle ceux qu’il veut perdre.  En vérité en fin de cycle de croissance  le système de crédit est en totale surchauffe et finance beaucoup plus la spéculation que l’investissement durable.  Le court terme emporte tout. Les « bulles » sont partout.

D’amusants coquins prétendront qu’elles ne peuvent qu’exploser. Personne ne les écoutera. Elles ne sont que le signe d’une vitalité économique intense et de l’existence de liquidités abondantes prêtes à se placer.  La crise venue on prétendra de toute façon qu’elle était imprévisible et on cherchera un bouc émissaire facile comme une guerre, une catastrophe naturelle, une fraude massive pour expliquer qu’on se soit à ce point trompé. Les économistes de cour, qui auront inlassablement expliqué que  le cycle n’existe plus,  seront pris une fois de plus à contrepied par le retournement. 
Peut-être la reine d’Angleterre les tancera de n’être que les commentateurs mal inspirés d’évènements qui ne sont pour eux que des pochettes surprises. 

C’est que l’épisode aura été sévère.

D'autres surpris de s'être retrouvés si bêtes au milieu d'évènements si peu anticipés jurent mais un peu tard qu'on ne les reprendra plus.  En général ils se mettent à annoncer pour les prochaines semaines, les prochains mois ou les prochaines années une crise colossale, un peu comme si une "vague scélérate" à caractère magique et en voie de formation secrète  avait enfin illuminée leur sagacité. Ils confondent les conséquences de la crise avec la crise elle-même qui en fait est derrière eux. Mais à leur tour "ils l'auront bien dit" si des erreurs économiques viennent compliquer la sortie de crise.

Depuis la fin des accords de Bretton Woods chaque crise décennale est plus grave et ses conséquences plus difficiles à maîtriser.  Kenneth Rogoff qui prétendait le contraire au FMI s'est trompé dans les proportions les plus délirantes.  Il pensait que les dérégulations financières, les marchés, les changes flottants avaient permis de vaincre le cycle. C'était le crédo de ses maîtres, Rubin, Greenspan et Summers.

La vraie question aujourd'hui n'est pas de nier le cycle. Il y aura toujours des cirses quasi décennales qui correspondent en fait à une donnée psychologique : l'oubli. Maurice Allais avait décrété que le taux d'oubli était équivalent au taux d'intérêt. L'intuition était géniale, même si elle reste aujourd'hui oubliée ou méprisée.

La science économique doit principalement comprendre pourquoi depuis 71 les crises s'aggravent et les sorties de crise sont plus difficiles et  plus aléatoires.  Nous-mêmes, au Cercle des économistes e-toile,  prétendons que la cause majeure est dans le système des monnaies administratives dérégulées que traduit  le système des changes flottants et la guerre des économies sans aucune procédure réelle de concertation efficace.  Ce système ne marche pas et a provoqué une baisse tendancielle de la croissance mondiale, avec des écarts de plus en plus massifs selon les distorsions de concurrence,  en même temps qu'une plus grande cyclicité.

Prisonnier de postures idéologiques  le débat économique public est inexistant sur ces questions cruciales.

Nous dirions bien" indignez vous !". Mais le slogan est pris. 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

"La fin du dollar" de Myret Zaki

La crise qui s'est déclenchée fin juillet 2007 et dont le monde commence à peine à sortir a favorisé la publication de livres plus ou moins "définitifs"  remettant en cause radicalement le monde d'avant.  Le livre "La fin du dollar" de Myret Zaki, Editions Favre à Lausanne,  est de ceux là.  

Tout le monde a  bien compris que la crise venait des Etats-unis et que la politique de puissance menée avec le billet vert entraînait le monde vers des crises répétées et toujours plus graves.  Montrer à quel point  la politiquefinancière et monétaire des Etats unis était intenable est une œuvre salutaire.  Alerter sur le fait que les Etats Unis eux-mêmes in fine pourraient en être la victime la plus durement touchée  ne peut que faire du bien.

On n'en est plus au temps de la crise de 98, crise typique des changes flottants et du dollar fou de Greenspan,  qui était "expliquée" par la faute des pays émergents et des "cronies"  qui étaient censés, au dire des anglo saxons, fausser l'économie du monde.

On n'en est plus non plus au temps où les grands économistes qui dénonçaient le caractère foncièrement dangereux des institutions et des pratiques imposées en matière monétaire par les Etats-Unis étaient sommés de se taire (comme Jacques Rueff)  et se retrouvaient marginalisés s'ils ne le faisaient pas (comme Maurice Allais).  La désinformation en matière  monétaire et financière a été extrêmement forte pendant des décennies et il est bon qu'on puisse désormais briser  la langue de bois qui a été imposée dans la presse et l'édition pendant si longtemps.

De ce point de vue là le livre est à lire et à recommander. Il reprend d'ailleurs des chiffres que nous nous sommes pas  privés de donner depuis 15 ans, comme la perte de valeur du dollar calculée en or (près de 98% désormais en attendant mieux), et que la presse quotidienne en France par exemple s'interdit bien de publier.  Nous ne pouvons que trouver cela sympathique.

Les limites du livre tiennent à ce qu'il veut trop prouver et qu'il manque un peu de fond dès qu'on en arrive aux explications.  C'est un livre de journaliste avec les avantages et les inconvénients du genre.  Il brasse bien l'air du temps. Il passe à côté des aspects techniques essentiels.

Une critique possible est de souligner la dénonciation d'un certain "conspirationnisme" anglo saxon. Bien sûr il a la volonté du puissance des Etats Unis, nous l'avons-nous même  souvent affirmé. Bien entendu  il y a l'espèce de colonisation des esprits en matière économique en provenance des Etats unis.  Mais nous sommes plus dans le domaine de l'erreur que dans celui du complot.  Les théories américano centrées qui dominent depuis la fin de la guerre de 40 et qui se sont exaltées après 1971 conviennent à "l'impérialisme américain". Mais ce n'est pas un calcul qui les fonde. Simplement la facilité. On est dans l'opportunisme de bas étage, pas dans le complot.

La défaillance américaine est intellectuelle  ; il se trouve que pendant des décennies elle allait dans le sens de la puissance américaine.  On se trouve un peu dans la même situation du colonialisme français dans les années 50 : tout le corpus intellectuel français condamnait le colonialisme incompatible avec les principes du droit des peuples à disposer d'eux même.  Mais qu'il est dur de renoncer à un empire et à accepter les difficultés de la décolonisation ! Alors avait développé tout un corpus de raisonnements biaiseux pour justifier l'injustifiable, corpus qui s'est évaporé depuis.  

Les Etats-Unis se sont trouvés bien d'une pente de pratiques monétaires et financières aventurées parce que cela leur évitait de regarder la réalité en face : leur habitude de facilité les conduisaient à une fuite en avant dans tous les domaines qui ne pouvait déboucher que sur de sérieux revers.  

Sortir de la situation suppose que les économistes américains eux-mêmes  et pas seulement les plus gauchistes,   dénoncent l'erreur intellectuelle commises et que les réalités finissent pas border le chemin suffisamment pour amener les corrections d'attitudes nécessaires.   L'aspect géopolitique est important ; l'aspect intellectuel l'est plus encore. La politique menée par les Etats Unis était erronée et l'est encore. Elle n'était pas nécessairement mal intentionnée.  Greenspan et ses amis Rubin et Paulson n'ont pas voulu "faire le mal pour le mal". Ils croyaient dur comme fer dans leur vision.  Greenspan est réellement "détruit" selon ses propres mots par le constat qu'il s'est trompé et que les faits lui ont donné tort.

La principale faiblesse du livre est dans le fait que l'auteur n'a pas réellement d'explication  des mécanismes de la crise et n'explique pas où était l'erreur.  Beaucoup de formules  sonnent le creux faute de s'appuyer sur un schéma économique solide.  

 Un exemple : "Le pays a besoin de 6 dollars de dette pour produire 1 dollar de richesse".  Cette phrase n'a pas de sens.  La réalité : les Etats Unis ont vu leur endettement global  monter à 600% de leur PIB.  La dette n'est pas un besoin.  C'est un cancer qui s'est développé par des mécanismes.  Quels sont ces mécanismes ? L'auteur n'en sait visiblement rien.  On en revient à la méchanceté des vilains dirigeants du monde politico bancaire américains. C'est un peu court.  La montée de la dette a été générale dans le monde  dépassant les 1000% du PIB dans certains pays comme l'Islande ou l'Irlande.  Les mécanismes sont donc globaux. C'est là que la réflexion doit porter. C'est là que nous avons  concentré nos analyses. Le livre est muet sur la question.

De même, l'auteur "voit court" aussi bien dans le passé que dans le futur.  

"La dette connait une hausse exponentielle depuis 2001".    Elle connait une hausse exponentielle depuis …1958 et le cycle a ses conséquences : chaque récession décennale  impose un gonflement de la dette selon des mécanismes que nous avons longuement détaillées ici.  Rappelons qu'il y a eu six récessions depuis cette date.

Dans l'autre sens, l'annonce d'un krach imminent  du dollar sous forme "d'un krach de la monnaie ou de celui du marché obligataire ou de tous les marchés en dollars"  sous estime le fait que le krach…vient d'avoir lieu.  La crise de 2007-2009 s'est bien produite. Elle a provoqué une purge importante. Certes il rester de nombreuses difficultés  mais le krach principal est derrière nous, pas devant. On est,  comme on dit pour  les tremblements de terre,  dans les répliques.  

Ce manque de profondeur historique explique que l'auteur ne voit pas que les Etats unis sont confrontés au même problème qu'actuellement depuis des décennies. A chaque fois ils s'en sont sortis en ruinant les créanciers en dollars.  La difficulté actuelle est que les créanciers en dollars sont moins dociles que ne le furent les Allemands et les Japonais.    Croire que ces créanciers, notamment la Chine, sont des exemples de vertu et qu'ils vont forcer une solution générale satisfaisante est une illusion. L'auteur ne voit pas que les mercantilismes chinois et  allemands, comme les excédents structurels des pays pétroliers, sont des effets miroirs des dettes américaines.

Là où il faudrait, pour aboutir à un bon diagnostic et à des solutions,  une bonne connaissance du cycle et des méfaits du système de changes flottants de monnaies administrées,  ,  on ne trouve qu'une volonté de prouver que tout est de la faute des Etats-Unis.

Du coup la partie solution est quasiment vide et rassemble des idées qui flottent dans l'air et qui sont jetés  sur le papier à la diable.

Le livre reste  à lire pour les éclairages qu'il donne sur bien des aspects  de la crise actuelle et mais il est malheureusement sans valeur inutile s'il s'agit de comprendre  ce qui s'est exactement passé, pourquoi et comment.  Il est vide de toute solution.

Il reste  un livre de sensibilisation opportun en ce qu'il brise une forme de plafond de verre  qui interdisait de mettre en cause les doctrines dominantes en provenances des Etats Unis et reprises de façon moutonnière par la presse britannique et française.  



A propos d'un livre remarquable de J.P. Chevènement

"La France est-elle finie ? " de Jean Pierre Chevènement est un livre rare, un de ceux dont on ne croyait plus les politiques capables : profondeur de l'analyse historique, qualité de l'observation économique, hauteur de la réflexion géo-politique, souci de conserver une certaine cohérence idéologique, préoccupation de l'avenir national. ..   L'ouvrage est presque trop riche. Chaque thème aurait pu faire l'objet d'un livre à lui seul.

L'auteur est un témoin  : il a été au gouvernement , entre deux démissions, pendant l'essentiel des gouvernements dirigés par les socialistes au moment où le socialisme s'effondrait. Il est aussi un penseur et un théoricien qui via le CERES a toujours tenté d'inscrire son action politique dans un cadre de réflexion plus générale.

Le lecteur trouvera à la fois un fourmillement  de détails sur ce qui s'est passé et les attitudes des uns et des autres, en même temps qu'une vision plus générale de l'évolution économique, diplomatique et sociale de la période.

La force de ce témoignage et de cette analyse tient au fait que J.P. Chevènement est un vaincu.  Sa fraction a été marginalisée dans le mouvement socialiste et le socialisme lui-même  s'est dissous dans un social libéralisme  qui le rend, pour le socialisme de gouvernement, indiscernable de la droite "compassionnelle" de gouvernement.

Les livres de vaincus sont toujours les  plus intéressants. La défaite force à réfléchir et à en appeler à l'histoire.  Triompher a posteriori avec l'appui des évènements est plus qu'une consolation.

Un homme politique marginalisé et même jusqu'à un certain point ridiculisé par la frange dominante de son parti  est  bien placé pour tirer les leçons des échecs de son camp.  

Comme la politique de ce dit camp se confond pratiquement avec la politique qui a été appliquée depuis 30 ans, tous bords politiques confondus,   la critique est globale et concerne  la France dans son ensemble.  Comme dans le même temps, le monde a connu un changement de paradigme général avec la mise en place de la mondialisation  libérale  et l'Europe a changé de nature avec le vote du traité de Maastricht, on ne peut parler de la France sans parler de l'Europe et du monde.  

La critique va obligatoirement porter sur les grands changements de cap. La conversion libérale des socialistes est-elle une bonne chose ?  L'Euro est-il une bonne solution ? La financiarisation du capitalisme mondialisé est-elle la meilleure évolution ?

L'auteur avait manifesté qu'il était contre toutes ces évolutions. La crise la plus sévère depuis 1929 lui permet de répondre non à toutes ces questions. Mais lui donne-t-elle raison ? Et a-t-il les vraies solutions ?  C'est tout l'enjeu du livre.

Notre réponse est  indubitablement non, même si on retrouve dans le livre en mains endroits des développements que nous avons faits à longueur d'article sur ce blog.  L'observation honnête des faits ne permet guère de s'égarer sur ce qui ne va pas. Il est plus difficile de s'accorder sur les causes et les solutions.

Ce qui nous plait dans l'analyse de l'auteur c'est qu'il met l'accent sur la question des changes.  Globalement il a compris que le mercantilisme chinois et le laxisme monétaire américain sont à la source de l'essentiel des difficultés. Pour l'Europe il a compris qu'un système de monnaie unique avec des politiques non coordonnées  et un mercantilisme allemand délétère ne pouvaient mener qu'à la catastrophe..

Sans être un théoricien de la monnaie Jean Pierre Chevènement a parfaitement compris que le double système mis en place, liberté totale des mouvements de capitaux, de marchandises et d'hommes  dans des marchés laissés à eux même  et en même temps carcan européen se retournait contre la prospérité en général et celle de la France en particulier.  

Nous n'avons pratiquement rien à redire à la description qu'il fait des difficultés rencontrées et l'inanité des politiques suivies pour y faire face. Nous aurions pu écrire des pages entières du livre et nos lecteurs y seront surpris de trouver des pages qui sont pratiquement des décalcomanies des nôtres. Non pas que nous ayons été copiés, mais les faits s'imposent dès qu'on prend la liberté de les regarder en face.

En revanche, nous avons un désaccord majeur  sur les causes. J.P. Chevènement date les difficultés  au tournant "néo-libéral" de  Reagan- et Thatcher. Pour lui la source de la crise est purement politique et idéologique. Un "cycle de pensée néolibérale" s'est mis en place qui a tout emporté.  En 2003 F. Mitterrand s'est également laissé emporté pour ne pas se couper du reste du mouvement social démocrate gagné lui aussi par ce changement radical.   Du coup la solution pour notre auteur  est de changer à nouveau de doctrine en revenant en arrière. On entre en plein dans la querelle idéologique "altermondialisme" ou "néolibéralisme" qui en vérité n'a pas le moindre intérêt.

Ce que l'auteur ne comprend pas, c'est pourquoi on a changé ce fameux "paradigme". Comme beaucoup il se trompe d'une dizaine d'années.  Le vrai changement date de l'effondrement du système de Bretton Woods.   On est passé d'un système de changes fixes et ajustables où chaque pays avait une certaine responsabilité vis-à-vis de son taux de change  et développait des politiques de plein emploi en tentant de "ne pas faire plus de bêtises que les autres" à une période de désordres intellectuels, politiques et pratiques.  Le nouveau système n'a pas été imaginé, conçu, armé par des raisonnements fondés sur des théories. Il est survenu par voie de fait.

Il a fallu dix ans pour se rendre compte que le keynésianisme plus ou moins larvé qui nourrissait les politiques  économiques des Etats ne marchait plus.  La relance Chirac et la relance Mauroy furent deux échecs apocalyptiques et propédeutiques. En système de changes flottants le keynésianisme ne marche pas. Inflation et stagnation succédèrent à 25 ans de croissance rapide.

Les conditions géopolitiques n'étant pas là pour comprendre les raisons de l'échec de Bretton-Woods   et y remédier, et le keynésianisme s'avérant inopérant,  il a bien fallu trouver autre chose.  Cet autre chose a été l'ouverture générale des marchés. Le contrôle étatique des marchés n'avaient en réalité qu'une seule fin : contrôler les déséquilibres des balances commerciales et de capitaux.  A partir du moment où les monnaies flottaient et que tout le monde s'était accordé à la Jamaïque sur le fait qu'on allait jouer la carte du flottement généralisé dans la durée, faute d'alternative politique du fait de la volonté américaine,  il fallait en tirer les conséquences.  Ce que la gauche appelle le "néolibéralisme", c'est-à-dire en fait le démantèlement des encadrement s financiers et commerciaux rendus nécessaires en changes fixes par le contrôle de la valeur externe de sa monnaie, est la conséquence directe  des accords de la Jamaïque. Le monde a joué une carte nouvelle de liberté économique généralisée.  En espérant que Milton Friedman avait raison. L'ennui c'est qu'il va être entièrement démenti par les faits.

On attendait que se déchaînent des forces longtemps comprimées.  Cela n'a pas manqué.  La liberté de circulation  presque totale des hommes, des marchandises et des capitaux  a provoqué des mouvements très violents qui, en l'absence de toute règle et  du fait des rapports de forces devenus sans limites,  ont commis des dégâts irréparables chez les plus faibles et ralentit globalement le trend de croissance mondial, tout en rendant l'ensemble du système vulnérables à des crises de plus en plus graves.  L'instauration  d'un ilot de fixité des changes dans un océan de flottement dans une zone Euro sans gouvernance  réelle pour des raisons purement politiques  a révélé son caractère de pari éthéré et  de réalité  fragile.

Faute de comprendre la source des évolutions économiques constatées, J. P. Chevènement ne sait plus quoi proposer.   Abandonner l'Euro en soit n'est pas une réponse.  Règlementer les mouvements de marchandises ? C'est revenir au protectionnisme pour le protectionnisme avec toutes ses conséquences fâcheuses.  Règlementer les mouvements d'hommes ?  Eric Zemmour a bien noté que l'auteur s'en gardait, dans la confrontation avec Chevènement qui a eu lieu sur une chaîne publique ce dernier samedi..  Alors que lui a franchi le cap depuis longtemps et s'en ai fait une spécialité.   Règlementer les mouvements de capitaux ? Là tout le monde est d'accord. Les banquiers sont des vilains et les mouvements de capitaux profondément malsains par nature.  Mais les investissements ?   Mais les nécessaires investissements dans les économies en développement ?

Du coup le livre finit dans l'impasse. Oui l'emploi doit être le guide suprême de la politique. Oui la croissance est nécessaire  et les doctrines de la décroissance heureuse  sont dangereuses. Il suffit de regarder ce qui se passe en Tunisie pour s'en rendre compte.  Oui le rôle des Etats est bien d'assurer l'emploi et la croissance.   Mais on ne peut pas le faire en figeant le monde et en bridant toutes les libertés individuelles et collectives.

La question n'est pas  : capitalisme ou socialisme et encore moins "néolibéralisme" et "étatisation".

La meilleure analogie est agricole.  Tout le monde sait qu'un système d'irrigation ne fonctionne que dans la mesure où il n'ya pas d'inondation. Il faut mettre à son service les forces de la nature mais en les canalisant. Il faut des vannes et une politique d'ajustement  astucieuse et savante, ennemie des à coups.

En supprimant les changes fixes et l'obligation pour les états de faire attention à leurs équilibres généraux, on a supprimé le jeu de vannes qui permettait une certaine stabilité du système dans un courant général vers le plein emploi et la croissance.

La vraie solution aux difficultés des accords de Bretton Woods était dans la réforme de leur défaut structurel : le rôle exagéré du dollar comme monnaie mondiale et les déficits perpétuels de balances des paiements qu'il permettait et même imposait .  le blocage de cette solution par les Etats Unis a provoqué une fuite en avant qui finit en désastre.  Il faut non pas fantasmer sur des changement de paradigmes ou  de société mais en revenir à un système de canalisation monétaire  qui permette une gestion harmonisée de la croissance mondiale bénéfique pour tous.  

Il faudra  des écluses aussi bien pour les mouvements de capitaux, de marchandises et d'hommes tant qu'il n'y aura pas de gouvernement mondial unique de l'humanité. Ce qui n'est pas pour tout de suite.

Croire que l'absence  totale de canaux et d'écluses permettra d'irriguer la croissance mondiale  est une foutaise. L'affaire est désormais réglée. Bien dimensionner ces écluses pour qu'elle laissent passer ce qu'il faut de courant de liberté et d'énergie  pour conserver le dynamisme partout , voilà  le défi.  

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.



Un vrai débat : les exonérations de charges sociales

Le débat sur les 35 heures est assez largement un faux semblant dans la mesure où l'essentiel n'est pas la durée du travail, sauf dans le secteur public,  mais la question des exonérations de charges. A l'occasion des trente-cinq heures le gouvernement a exonéré de charges sociales les bas salaires.

La formule était alambiquée. En juillet 2002, c'est-à-dire juste avant les exonérations Fillon, elle se présentait ainsi  :

·    1 114,35 € / rémunération mensuelle - 3 238,57 €) / 12".

Comme les charges patronales représentent près de 50% du coût des salariés de cette catégorie,  cela revenait à baisser fortement  le coût du travail, même si, on le voit,  la réduction n'a pas porté sur la totalité des 50% dont on parle,  alors que la hausse nominale liée aux trente cinq heures était de 11%.   Compte tenu de la stagnation des salaires qui a suivi le passage aux 35 heures et aux nouvelles facilités d'organisation qui ont permis bien souvent de supprimer bien des empilages de règles paralysantes, les entreprises s'en sont bien trouvées.    

On n'aurait très bien pu  effectuer ces transferts  de charges sans imposer une réduction du travail.  Juppé l'avait fait pour essayer de freiner le chômage liée à la récession de 1993. La loi Aubry II fusionnera ce dispositif avec le sien.

Comme toujours le cadeau était provisoire : 5 ans. En 2003 Fillon pérennisera le dispositif d'exonération.

Depuis  le double choc pétrolier, la question des charges sociales payées par l'entreprise est posée. Moi-même avait écrit à cette époque sur ce que certains avaient appelé à l'époque "la marche de Dufau", c'est-à-dire l'incroyable différentiel de charge nette entre un chômeur et un employé. Le retour à l'emploi représentait pour le gouvernement le passage d'une situation où la personne concernée était entièrement aux allocations à une autre où son emploi était l'occasion d'un prélèvement  du double du salaire net.  Pour un retour à l'emploi l'Etat gagnait de quoi financer deux chômeurs !  Je préconisais des transitions plus douces …

La poussée de la gauche allait mettre un terme aux réflexions sur l'abolition du "double fiscal du salarié français" qui continuera à cheminer et sera reprise sous la notion de "TVA sociale", c'est-à-dire du report des charges sur le consommateur pour égaliser la concurrence entre fournisseurs internes ou étrangers.

Le retour des énarques au pouvoir avec Chirac puis Rocard posera à nouveau  la question de la diminution des charges sur l'entreprise.  On ne bruisse dans ces milieux que des moyens de réformes fiscales  permettant de transférer  l'impôt de l'entreprise et de la consommation sur le revenu des Français mais sans passer par l'impôt progressif sur le revenu qui est totalement mité et que la réforme Balladur va concentrer sur une fraction minime des ménages.  

L'erreur de Rocard est d'avoir envisagé la CSG comme moyen de financement du RMI et des déficits sociaux. Au lieu de transférer des charges on en a ajoutées.  La CSG sera le moyen de  prélever 10% de PIB de plus, sans aucun transfert. Une erreur formidable.  Si une partie des charges sociales avaient été transférées à ce moment là sur la CSG cela aurait eu du sens.  Mais Rocard a eu peur que, dans son camp, l'on dénonce un "cadeau au Medef" dont la contrepartie serait une perte de revenu de l'ensemble des Français.

Juppé, pour faire face au chômage résultant de la crise de 93, fait voter les premières réductions de charges patronales.  Il assomme le pays d'impôts  et crée, tout seul, la récession de 96 propre à la France. On ne peut pas dire qu'il a transféré les charges patronales sur la dette bien que celle-ci se soit immensément gonflée comme d'habitude du fait de la récession. Les exonérations ont  été largement couvertes par les hausses d'impôts.


Depuis centre, droite et gauche  ont considéré qu'on pouvait allègrement dégrever les charges sociales patronales pour des raisons d'opportunité.  Après les exonérations Aubry,  liées aux 35 heures, une flopée d'autres exonérations a fleuri.  La dérive culminera lors de la campagne présidentielle de 2007  lorsque le président du Modem proposera de supprimer les charges sociales sur chaque nouvel embauché dans les PME-PMI, pendant que le président de l'UMP préconisait l'exonération des charges sociales sur les heures supplémentaires.

Aujourd'hui  la liste des exonérations est sans fin  :

Allègement général sur les bas salaires    
Réduction générale des cotisations patronales de sécurité sociale ("réduction Fillon")  


Apprentissage, qualification et stages    
Contrat d'apprentissage  Contrat de professionnalisation  Parcours d’accès aux carrières de la fonction publique territoriale, hospitalière et de l’Etat (PACTE)


Stagiaires en entreprises  


Titulaires de minima sociaux, publics fragiles    
Contrat d’accompagnement dans l’emploi    Contrat d’avenir    Convention de reclassement personnalisé    Contrat de transition professionnelle    Structures d’aide sociale    Associations intermédiaires  


Services à la personne    
Aide à domicile employée par un particulier fragile    Aide à domicile employée par une association ou une entreprise auprès d’une personne fragile    Aide à domicile employée par une association ou une entreprise auprès d’une personne non fragile  Abattement de 15 points en faveur des particuliers employeurs cotisant sur l’assiette réelle.


Secteur agricole    
Contrat vendanges    Taux de cotisations réduits pour l’emploi de travailleurs occasionnels agricoles    Suppression de la cotisation de solidarité pour certains associés de sociétés de personnes non affiliés au régime des exploitants agricoles    Embauches de salariés sous CDI par des groupements d’employeurs agricoles    Transformation de CDD en CDI par des employeurs de main d’œuvre agricole    Embauche de jeunes travailleurs occasionnels de moins de 26 ans  


Exonérations ciblées sur certains territoires    
Création d’emplois en zones de revitalisation rurale (ZRR) ou urbaine (ZRU)    Organismes d’intérêt général et associations en zones de revitalisation rurale (ZRR)    Zones franches urbaines (ZFU)    Associations en zone franche urbaine (ZFU) ou en zone de redynamisation (ZRU)    Contrat d’accès à l’emploi dans les DOM    Contrat d’insertion par l’activité dans les DOM    Entreprises implantées dans les DOM  


Exonérations ciblées sur certains secteurs d’activité    
Avantage en nature repas dans les hôtels, cafés, restaurants    Jeunes entreprises innovantes    Exonération de cotisations d’allocations familiales pour certains régimes spéciaux de sécurité sociale    Exonération de cotisations patronales dues pour les marins salariés    Exploitation de l’image collective du sportif.


Exonérations applicables aux travailleurs non salariés non agricoles    
Aide aux chômeurs créateurs ou repreneurs d’entreprise (ACCRE)    Aide aux salariés ou aux titulaires de l’allocation parentale d’éducation, créateurs ou repreneurs d’entreprise    Exonération pour travailleurs indépendants en ZFU et ZRU   

Exonération pour travailleurs indépendants dans les DOM    Correspondants locaux de presse  


Volontariat    Volontariat pour l’insertion    Volontariat dans les armées    Volontariat civil    Volontariat de solidarité internationale    Volontariat associatif  


Avantages directs consentis aux salariés, entrés en vigueur postérieurement à la loi n° 2004-810 du 13 août 2004 relative à l’assurance maladie    Aide du comité d’entreprise ou de l’entreprise pour le financement d’activités de service à domicile – CESU pré-financé    Attribution d’actions gratuites    Bonus exceptionnel 1 000 euros (mesure exceptionnelle 2006)


Dispositifs résiduels  Dispositifs résiduels porteurs d'effets au-delà du 31 décembre 2006    Contrat de retour à l'emploi    Entreprise d'insertion    Entreprises de travail temporaire d'insertion    Contrat emploi-solidarité (CES)    Contrat emploi consolidé (CEC)  Dispositifs résiduels clos au 31 décembre 2006    Aide incitative à la RTT (dite Aubry I)    Réduction des cotisations patronales en faveur de l'aménagement et de la réduction conventionnelle du temps de travail (dite De Robien)    Abattement 30 % pour les emplois à temps partiel    Contrat de qualification    Contrat d'insertion – revenu minimum d'activité (CI-RMA)    Zone franche de Corse


Dispositifs anciens  Participation financière et actionnariat salarié    Intéressement    Participation des salariés aux résultats de l’entreprise    Plan d’épargne d’entreprise (PEE)    Plan d’épargne pour la retraite collectif (PERCO)    Stock-options  
Participation financière et actionnariat salarié    Titres restaurant    Chèques vacances    Avantages accordés par les comités d’entreprise dans le cadre de leurs activités sociales et culturelles  Participation financière et actionnariat salarié    Retraite supplémentaire et prévoyance complémentaire    Indemnités de rupture du contrat de travail

Le catalogue de La Redoute est battu à plates coutures.

Le seul ennui, c'est que ce bal des exonérations n'a pas été financé. La perte de recette a été immédiatement et en très grande partie reportée sur la  dette  !

La dette ne coutant pas cher à l'époque compte tenu de la politique de Greenspan à la FED, cela ne paraissait pas grave.  L'euphorie de la fin des  années 90 puis les urgences de la récession de 2001 se sont conjuguées pour que le transfert des charges viennent constamment aggraver les dettes sociales et fiscales.

On n'a jamais vraiment souligné l'importance de la réduction de coûts pour les entreprises.  Elle est très importantes compte tenu que les charges sur salaires sont  pratiquement équivalentes au salaire net pour les smicards, dont le nombre a été artificiellement enflé par la pratique systématique du coup de pouce au SMIC.

Toutes ces exonérations  renvoient sur la dette des sommes extrêmement importantes : plus de 12.milliards d'euros par an depuis 10 ans , plus de 150 milliards de dettes cumulées depuis la loi Aubry II.

Que faire de cet avantage non financé qui plombe nos finances publiques alors que nous devons absolument entreprendre une réduction de notre dette ?

Le Medef souligne "que la suppression des allègements de charges liés à la durée du travail aurait un effet désastreux sur l'emploi".  C'est sûr : si on revenant à la situation antérieure les entreprises subirait une hausse de près de 25 % de leur coûts salariaux pour les salariés concernés !

Les faire supporter par le salarié ? Impossible.  Sur la TVA ? Ce serait la meilleure solution, mais la hausse serait telle que cela générerait une baisse du pouvoir d'achat intolérable.

La question  reste non tranchée à ce jour. On se contente de grignoter. Une partie des transferts vont être rognés, comme par exemple pour l'emploi domestique.  On va augmenter les impôts directs.  On tente de limiter la hausse des dépenses.

Autant dire que le problème reste entier . Il est dommage qu'il ne soit posé qu'à travers la question des trente-cinq heures.  La France est obligée de trancher. Et le débat doit s'ouvrir spécifiquement sur cette question.

Espérons que les médias s'en saisiront. Mais on peut en douter.  Les socialistes n'aiment pas rappeler qu'ils ont fait un énorme "cadeau au patronat"  et la droite ne souhaitera pas apparaître à contre-emploi comme le groupe politique qui aura renoncé à ce cadeau. 

Alors on glosera  sur les mfits, réels, du passage aux 35 heures, dans la lumière des médias, mais en cachant la face fiscale obscure. Ce qui permet à chacun de se trouver dans son rôle politique naturel. 

On laissera  dans la pénombre  la question essentielle :

Doit-on réellement continuer à transférer sur la dette une partie des charges patronales ?   

Didier Dufau pour le Cercle des économistes  e-toile

DSK : un nouvel article consternant.

M. Dominique Strauss-Kahn, directeur du FMI, est coutumier des articles à la presse donnés à la fin de l'année.  On se souvient de son article du 24 novembre 2009. Rétrospectivement il apparait pour ce que nous avions écrit qu'il était : du sirop indigne d'un directeur du FMI.  

Il annonçait que la reprise aurait lieu au second semestre 2010 et que la baisse du chômage commencerait alors.

La réalité a été toute autre : une bonne activité entre la mi janvier et la mi mars et une poussée à la fin du printemps.

En revanche le second semestre a mal commencé et n'a pas montré d'accélération.

DSK a donc raconté n'importe quoi.

De même il annonçait que sur le plan financier tout allait bien, que la crise était derrière nous. Et on a vu exploser la crise grecque puis la crise de l'Euro en même temps que démarrait une guerre des monnaies.

DSK a donc raconté  n'importe quoi.

Ce n'était pas la première fois.

Dans un article du 2 avril 2008 il faisait déjà ce qu'il sait le mieux faire : des phrases et de la politique.  Mais l'aveuglement était déjà complet.

Alors que la crise de liquidité était en train de faire exploser le système il trouvait alors tout à fait bien la politique de la BCE qui visait à "lutter contre l'inflation" alors qu'on voyait un début de contraction du crédit tout à fait nouveau et important.   Cette politique aggravera la situation.

DSK n'avait  rien compris, rien prévu.

DSK a raconté n'importe quoi.

Pour ceux qui aiment rire, notons cette phrase : "Le FMI travaille sur ce qui nous paraît aujourd'hui le plus important, c'est-à-dire les canaux de transmission entre la sphère financière et la sphère réelle". Nous étions en 2008. Il y travaille encore. Cette phrase sera le leitmotiv de pratiquement toutes ses interventions.

Pendant qu'il travaillait l'endettement de 200 à 700% par rapport au PIB de bien des pays a fini par exploser.

DSK  n'avait rien vu. Rien compris. Pourtant quand un pays comme l'Islande voit ses banques enfler leur bilan à hauteur de 700% du PIB du pays, le FMI dont c'est le rôle officiel, aurait du intervenir depuis longtemps.

DSK est aveugle mais il travaille et il étudie. "Nom d'un chien les systèmes financiers mondiaux sont interconnectés et ils ont une influence sur l'économie réelle !  Comme c'est étrange !.  Il va falloir qu'on regarde cela de près".

Cela ne faisait que trente cinq ans que la sphère financière avait été libérée de toutes contraintes (notamment par son ami Bérégovoy) et que les mouvements de capitaux internationaux avaient été totalement déréglementés !

DSK n'avait rien vu et on doit comprendre qu' il pensait que les deux sphères économiques et financières vivaient dans des mondes parallèles "qui ne se rencontrent jamais".  

Il est vrai que dans un article de septembre 2009, DSK affirmait avec un sens de l'observation qui fait chaud au cœur : "la crise est mondiale". Et il montrait qu'il était à la hauteur de la situation en soulignant que par la maîtrise des bonus, de nouvelles règles comptables et un renforcement des règles de capital des banques, la solution était enfin trouvée.

Autant dire qu'on attendait peu de l'article qu'il vient de signer dans le Figaro.

On n'a pas été déçu. DSK enfile les perles avec de belles phrases vides de sens et accumule les bourdes.

"Il faut changer de raisonnement économique" indique le titre.  Ce qui est indiscutablement vrai mais mérite quelques précisions.

DSK s'explique : "Certains défauts  majeurs de la pensée conventionnelle sont apparus au grand jour , notamment à quel point nous comprenons mal les liens entre le système financier  et l'économie dans son ensemble". DSK nous ressort ce qui faisait déjà rire …en 2008.

Quelle est donc cette théorie dominante qui aurait expliqué que les banques et la finance n'avait aucun rôle dans l'économie réelle  et que sphère financière et sphère économique étaient deux mondes se côtoyant mais ne se touchant pas ?

Il n'y en a pas. En revanche il y avait une théorie économique dominante qui expliquait qu'en libérant toutes les entraves financières on déchaînerait la croissance, que les changes flottants c'était très bien et que les marchés devaient fixer la valeur respective des monnaies ! Doctrine que DSK, après Bérégovoy  a mise en pratique lorsqu'il était ministre des finances.

Il ajoute que  Bâle III est une formidable avancée.  Alors que Bâle II n'avait rien fait pour empêcher la crise. Et il faut mettre des surveillants partout. Alors que tous les organismes de supervision ont laissé les banques endetter les pays très au-delà de leur PIB !

Tout ce cela est insignifiant.

Plus significative aurait pu être la phrase suivante : "La politique monétaire doit aller au-delà de son objectif central : une inflation faible et stable et donner plus d'attention à la stabilité financière".  L'ennui c'est que le vague couvre le concept de stabilité financière. DSK évoque plus de règlementation bancaire.  S'il avait dit : stabilité des changes on aurait compris. C'est un vrai enjeu. La règlementation bancaire est de tout temps une fonction des banques centrales. En France on a pour cela la Commission bancaire. On a vu qu'elle n'a pas empêché la France de s'endetter au-delà de trois fois son PIB, une proportion intenable.

Faute de comprendre pourquoi les superviseurs n'ont pas supervisés, DSK parle pour ne rien dire.

Le reste est du blablabla insignifiant du genre "mais oui mais non mais bien sûr". Il faut ne pas s'endetter mais s'endetter quand même tout en s'endettant peu. Il faut redresser les comptes sans redresser le chômage tout en se redressant.

Il conclut sur la nécessité de s'intéresser aux effets de la mondialisation sur les mouvements de capitaux "dont nous devons mieux comprendre ce qui les motive". Et sur l'imagination nécessaire et qui a si cruellement manqué. Mais tous ensemble nous y arriverons !

Imaginons et cherchons, mes très chers frères.  

Plus nul on ne peut pas.

Ce qui irrite le plus c'est la constance dans la nullité.

DSK flotte comme un bouchon pour durer en répétant des fadaises.  Les mêmes fadaises qu'il y a trois ans. On croirait un début de gâtisme.

Et la crise perdure.

En attendant l'Europe a perdu de son influence au FMI lors de la réforme des statuts sans aucune contrepartie.  Désormais l'Europe cède et cède seule sur tous les sujets. C'est la variable d'ajustement entre les Etats-Unis et le monde qui émerge.

Qui osera dire dans la presse que DSK est une des pires erreurs de casting de Nicolas Sarkozy

Sylvain Dieudonné pour le Cercle des économistes e-toile.



La crise a-t-elle ébranlé la pensée économique dominante ?

Avant la crise prédominait et depuis très longtemps, probablement depuis l'après guerre en en tout cas dans les années soixante, j'en témoigne,  l'idée confiante que le monde saurait faire face à une crise "de type 1929".  En mêlant le message de Keynes et celui de Milton Friedman, on pensait que la crise de 1929 était surtout due à des erreurs majeures  de politique économique et monétaire :

- Il ne fallait pas attendre que la reprise soit "round the corner" mais au contraire relancer l'économie par les investissement pour maintenir la demande globale quitte à aller assez loin dans les déficits

  Il était impératif que la banque d'émission relâche les disciplines et compense  la monnaie de crédits détruite par la crise par une libération de liquidité primaire et qu'on évite à tout prix la faillite des banques et la disparition des dépôts et de l'épargne qui leur est confiée. 

Si les états évitaient le chacun pour soi, les dévaluations compétitives et l'enfermement  dans une politique protectionniste,  alors le choc serait surmonté sans dommage.

Ces certitudes sont ébranlées. On a vu que la défense des banques  a bien eu lieu. Les déposants à  quelques exceptions près n'ont rien perdu. Mais au prix d'un transfert vers les états et la banque centrale d'une grosse partie des dettes.

Les plans de relance ont enrayé l'effondrement vertical du PIB  mais n'ont pas empêché une baisse importante. La production, notamment industrielle et les échanges ont été gravement atteints.  La conjonction de la récession, et donc de recettes fiscales en forte baisse et d'un accroissement de la dépense,  a crée un gouffre budgétaire financé par l'emprunt et donc un gonflement intense de l'endettement des états, alors que la cause de la crise était un sur endettement général. 

On a vu la dépense de certains états dépasser de plus de moitié  leurs recettes.

Le problème, c'est que pendant quarante ans les états ont pratiqué un keynésianisme larvé qui a vu la part de la dépense publique dépasser la moitié du PIB, là où elle s'établissait au quart un siècle auparavant.

La France a malheureusement joué ce jeu là de façon aventurée. En déficit permanent depuis la récession de 1974, la France avait déjà accumulé une dette  d'état intolérable.  Elle n'a jamais  joué le jeu des pays qui à la suite de la crise de 93 avaient mis un peu d'ordre dans l'exaltation dépensière générale.

Ceux des pays qui avaient cru devoir leur croissance essentiellement à la finance, comme l'Islande, à l'immobilier comme l'Irlande, certains pays baltes l'Espagne et  le Portugal, ou aux deux, comme l'Angleterre, se sont retrouvées à la fois avec des dettes privées impossibles à rembourser et des déficits publics difficiles à refinancer.  Ne parlons pas de la Grèce  qui a cumulé tricheries d'état et n'importe quoi démagogique  généralisé.

Le résultat est aujourd'hui clair : compte tenu du poids des dettes privées et publiques cumulées  personne ne voit plus de solutions à court terme. La perspective d'une crise longue, de 6 à 10 ans, comme la crise de 1929, s'installe. 
 
Certes l'effondrement total du système de production et de l'organisation bancaire a été conjuré. On n'a pas connu des baisses de 40% du PIB ou des chômages à 25% de la population active. La production industrielle s'est effondrée  tout de même de 20%  à 30% dans bien des pays occidentaux et le commerce mondial après avoir brusquement décru, ce qui ne s'était jamais vu depuis la guerre, n'a pas refait le terrain perdu trois ans et demi  après le début de la crise.

Et la peur est partout.

Pourquoi ? On a magistralement traité la crise de 1929, sans se rendre compte qu'on n'était plus en 1929.

La crise de 1929 est la fille tardive de la guerre mondiale de 1914 et des énormes déséquilibres politiques et économiques qu'elle a créés. L'écart était trop grand entre une Amérique  enrichie et concentrant tout l'or du monde et une Europe convulsive  et ruinée.  Le retour à un certain ordre économique et monétaire international  s'avérait très difficile.  La guerre de 14 était d'un nouveau genre. : totale, mondiale, industrialisée.  On ne pouvait pas en sortir par le versement d'un tribut  comme celui payé par la France à Bismarck. 

On a voulu revenir trop vite à une orthodoxie monétaire, basée sur l'étalon-or.  La finance était concentrée aux Etats-Unis.  Un Gold exchange standard à deux monnaies de références, le dollar et la livre sterling,  s'est mis en place qui était intrinsèquement pervers.  L'énorme bulle financière qui s'est développée aux Etats unis a fini par exploser.  Personne n'a compris ce qui se passait. Et d'erreurs en erreurs la dépression s'est généralisée.

Notre Grande récession se produit dans un contexte extrêmement différent.  Il n'y a plus de guerre mondiale depuis 65 ans. La guerre froide a disparu depuis 20 ans. Le monde s'est mis au commerce pacifique et régulé par des instances internationales ad hoc.  De "miracles" économiques en miracles" économiques à peu près toutes les nations  ont vu leur richesse fortement augmenter, y compris celles qui avaient connu la pauvreté socialiste de longue durée.

Et voilà qu'au lieu de connaître le bonheur d'une croissance stable et de longue durée, ce monde apaisée sombre dans la récession la pire depuis 1929 ! Et voilà que la vulgate économique consensuelle née de  1929, enfin appliquées en vrai, aboutit à une impasse !

On comprend la perplexité des élites et des économistes de cour qui les éclairent.   Non seulement il ne devait y avoir de crise, non seulement la crise n'a pas été prévue mais les moyens  de faire face à une récession dans lesquels  on avait placé la plus grande confiance  s'avèrent plus que problématiques.

La perplexité n'est pas de mise.  Si le système a explosé c'est qu'il était voué à exploser.  Ceux qui avaient localisé précisément les failles du système économique et financier savaient qu'il exploserait et l'on d'ailleurs écrit. Pensons à Maurice Allais et son "Ce qui doit arriver arrive".  les autres n'ont rien vu venir et s'avèrent totalement impuissants à guider la sortie de crise.

La crise remet en cause la confiance naïve qui s'était installée depuis les trente glorieuse dans la capacité de la sciences économiques de  guider utilement les politiques pour maîtriser  une récession grave et  l'empêcher de tourner à la récession.  Trois ans après la première explosion, le blocage du marché interbancaire de juillet 2007, deux ans après l'explosion de Wall Street et la faillite généralisée du système financier mondial,  un an après la première crise de l'Euro, on en est toujours à  craindre la prochaine explosion financière et à constater des niveaux de chômage intenables, des endettements intolérables, des échanges qui ne redémarrent pas.

En revanche la crise n'a toujours pas remis en cause les pensées économiques fausses  qui ont permis la création d'un système taré dont les graves infirmités ont causé la crise et empêchent la sortie de crise.

 Comme en 1929 où on a cherché à sortir d'un système  avec  des idées décalées de la réalité. On croit pouvoir guérir  la crise  avec un référentiel idéologique  totalement décalé par rapport aux réalités et aux besoins. 

Le système de monnaies nationales artificielles, gérées par des administrations extra politiques inféodées au système bancaire, dont le cours respectif serait flottant dans un monde sans aucune régulation financière, a explosé. 

En 1929, c'était un système à la va comme je te pousse lié aux désordres d'après  qui avait fini par  craquer aux coutures.  Là c'est une système voulu et construit dans la durée qui s'effondre.  On a voulu et construit un monstre inefficace et dangereux.   Pendant quarante ans !  A chaque crise, chaque fois plus grave,  on a cherché à ne pas voir ce qui venait du système.  On a inventé des explications fumeuses et parfois injurieuses. Rappelons nous les "cronies" de 1998 !

Aujourd'hui le roi est nu. Le système des changes flottants et des monnaies nationales  totalement artificielles gérées par des banques centrales indépendantes est mort au champ du déshonneur de la pensée économique  inconsistante.

Reste à signer l'acte de décès.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile



Le futur discours inugural de Sarkozy au G.20

Mesdames, Messieurs,

Nous sommes réunis à un moment très particulier de notre histoire récente. Depuis juillet 2007 et le blocage du marché interbancaire, le monde est en crise. Les troubles financiers ont culminé en septembre 2008 entraînant la plus grande récession depuis les évènements tragiques de 1929.  Les conséquences ont été dramatiques : des millions d'hommes ont été confrontés à un changement majeur de leurs conditions de vie. Les Etats sont désormais alourdis par des endettements colossaux  et ont perdu beaucoup de leur marge de manœuvre.  L'activité est basse et incertaine partout dans le monde et inquiétante dans les pays développés.   

Ce G.20 a fait preuve  dès qu'il a été réuni  après l'éclatement financier, du meilleur esprit de coopération. Tous ses membres ont parfaitement compris que sans coordination et sans esprit d'unité, la récession tournerait à la dépression. Nous avons évité à ce jour cette funeste évolution.  Mais rien n'est gagné. L'inquiétude est partout devant une reprise économique réelle qui ne vient pas. Des tensions peuvent être constatées partout et sur tous les fronts.

Notre mission aujourd'hui est d'éviter que la stagnation s'installe dans l'instabilité générale avec des risques évidents de crispation et de mesures à l'emporte pièce destructrices du fragile équilibre actuel.  C'est notre urgence d'aujourd'hui. En même temps, nous devons absolument éviter le retour d'une pareille crise et corriger tout ce qui est à la source du malheur qui nous frappe depuis maintenant trois longues années.

L'explication de la crise doit être au cœur de nos raisonnements.  Sans diagnostic exact pas de thérapeutique efficace, ni à court, ni à long terme.

Ce diagnostic peut-il être formulé avec un certain degré de certitude ? Heureusement oui. 

Le monde a essayé depuis 1971 et la destruction du système de Bretton Woods une formule d'organisation monétaire nouvelle, qui jamais dans l'histoire n'avait été essayée : les changes flottants avec une monnaie de réserve internationale appartenant à une nation particulière.

Dès l'instant où cette formule a été mise en place, les "trente glorieuses" de la croissance presque continue, se sont évaporées.  Les années 70 verront ce qu'on a appelé la stagflation, c'est-à-dire une inflation à deux chiffres avec une stagnation économique de longue durée et de très graves difficultés pour ne nombreux états.  Tout cela se terminera au début des années 80 par une récession provoquée afin de mettre fin à  la dérive des prix.

Les années 80 ne seront guerre meilleures. Certes, on constatera pendant deux trois ans une forte reprise économique mais elle débouchera sur une bulle financière et immobilière de grande ampleur  qui finira par exploser et entraînera la crise de 92-93 qui, déjà, était la plus violente depuis la crise de 1929.

La décennie 90 sera traversée de crises financières et monétaires violentes, dont la crise dite "des pays émergents" fut l'acte le plus représentatif.  Des politiques monétaires laxistes ont permis  alors de surmonter ces crises mais au prix de nouvelles bulles et d'une nouvelle récession internationale au début des années 2000.

A nouveau il a fallu ouvrir toutes les vannes de la création monétaire pour tenter de la  surmonter. Nous avons à peine eu le temps  de revenir à une certaine normalité que cette fois ci le système financier et monétaire mondial explosait.

Le système de monnaies administrative et de changes flottants que nous avons mis en place de façon un peu aventurée à partir 1971 n'a jamais fonctionné. Et après quatre décennies d'échec, on peut légitimement craindre qu'il ne fonctionne jamais.  

Il est vrai que l'abandon  des dispositions de l'accord de Bretton Woods n'a pas été provoqué par des considérations doctrinales. Les changes flottants n'étaient pas un système recommandé par la science économique unanime. La simple consultation des grands manuels d'économie de l'époque montre que l'hypothèse des changes flottants était à peine évoquée, jamais conseillée.  On se contentera donc des affirmations d'un seul auteur qui affirmera que ce système aurait de merveilleuses conséquences : diminution des réserves de changes et moindre stérilisation du capital ; répartition optimale des capitaux mondiaux ; convergence des taux d'intérêt,  absorption plus souple des chocs externes, stabilisation d es taux de changes.
    
Ces  prévisions apparaissent aujourd'hui comme des fariboles. Jamais les réserves de changes n'ont été aussi hautes dans tous les pays ; jamais les écarts de taux d'intérêt n'ont été plus importants ; jamais les capitaux ont été plus dévoyés qu'aujourd'hui dans des opérations purement spéculatives  au détriment de la création de richesses ;  jamais les changes n'ont été plus volatils.

Les changes flottants n'ont jamais produit les effets heureux annoncés. En revanche, que d'effets pervers !

La conjonction des changes flottants et d'une monnaie internationale de facto basée sur une monnaie nationale a entraîné l'apparition de mécanismes délétères qui ont sapé l'équilibre de l'économie mondiale.

Le phénomène le plus grave est celui de la double pyramide de crédit décrit par le grand économiste Jacques Rueff et confirmé par le prix Nobel d'économie Maurice Allais.  La monnaie dominante pour  être utilisée mondialement supposait des déficits extérieurs permanents de balance de paiement , dont le financement ne pouvait se faire que par des souscriptions venant  de pays excédentaires.  Un tourbillon s'est ainsi créé où les pays excédentaires recevaient  des avoirs contre lesquels ils battaient monnaie locale mais ces réserves étaient aussitôt replacées dans le pays émetteur où ils justifiaient une nouvelle création monétaire.  

Cette valse dangereuse a eu des conséquences mortifères :  la première est le gonflement partout de l'endettement. A la veille de la crise de 2007, l'endettement global dans la majorité des pays importants dépassait les 300% et pouvait atteindre de taux encore plus importants chez certains.  Il est évidemment impossible de gérer durablement des taux d'endettement pareils.

Le système financier a, au moins dans un premier temps, fortement bénéficié de ce gonflement gigantesque de l'endettement : c'est lui qui le sert !   On a vu les résultats du secteur s'envoler et avec lui le niveau des rémunérations de ses personnels qui est devenu rapidement  indécent.  En même temps les changes flottants ouvraient la possibilité d'une économie casino  d'une  complexité toujours croissante.  La spéculation et l'importance des aléas nouveaux  ont entraîné une imagination technique non maîtrisée avec la création de  contrats de plus en plus obscurs et dangereux.     

Plus on augmente les prêts, plus ceux-ci sont spéculatifs, moins ils n'ont de sens dans l'économie réelle.  On ne peut pas avoir un système financier qui prend l'ascenseur pendant que l'économie réelle prend l'escalier.

Tous ceux qui avaient observé et compris ces mécanismes, à la vérité tellement massifs qu'on se demande comment ils ont pu être ignoré par le plus grand nombre des observateurs,  ont annoncé que l'explosion arriverait et qu'elle serait terrifiante.

Si le marché interbancaire s'est bloqué c'est bien entendu parce que chaque  banques savait que ses consœurs étaient comme elle-même gorgées de prêts aventurés, complexes, à l'issue incontrôlable.  Du jour où le système bancaire fut miné par la méfiance il était voué à s'écrouler et il le fit en moins d'un an.

Le monde ne peux plus fonctionner sur la base des changes flottants et d'une monnaie internationale qui soit celle d'une seule nation, qui a  théorisé la négligence qu'elle affecte et qu'elle pratique des conséquences internationales.  Quarante ans d'échecs et de crises pour aboutir  finalement à  une explosion dévastatrice  jugulée à grand peine  ont tranché la question. Cela suffit ! Stop !

Bien sûr, "la tyrannie de l'existant" pousse en ce sens, on peut essayer de juguler les conséquences sans travailler sur les causes.

C'est ainsi qu'on peut essayer d'encadrer le système bancaire pour que les prêts ne gonflent pas dans la double spirale décrite par J. Rueff.  C'est essayer de mettre un couvercle sur un volcan en gênant les financements d'investissements utiles sans empêcher les financements spéculatifs inutiles.

C'est ainsi qu'on peut tenter de réduire le caractère spéculatif , complexe et obscur de la finance internationale.  Mais cette complexité est liée à la complexité intrinsèque d'un système où les monnaies valsent en permanence. et où pour chaque transaction il faut s'inquiéter de l'évolution d'un marché particulier et des monnaies impliquées dans la transaction.  La complexité est un produit dérivé des changes flottants.

C'est ainsi qu'on peut tenter de fixer des règles quantitatives pour éviter que les déséquilibres dans un sens où un autre 'ne dépassent pas une certaine proportion du PIB, par exemple 4%. Mais si on conserve une monnaie nationale comme monnaie internationale , la nation concernée sera en déficit de paiement permanent et  de grande ampleur à proportion de la croissance mondiale. On sait que la crise est au bout. 

Toutes ces mesures trouveraient leur pleine efficacité si on supprimait d'abord la cause des difficultés.  Mettre en place un système de change fixe attaché à une monnaie internationale qui ne soit pas en même temps  une monnaie nationale,   avec des disciplines de type du premier accord de Bretton Woods, mais cette fois ci effectivement  supervisées, voilà la vraie solution.

Dès qu'un pareil système sera mis en place nous verrons disparaître l'économie casino, la guerre des monnaies, le gonflement imbécile de l'endettement, la complexité des  produits financiers, les sur rémunérations du secteur financier et l'instabilité générale .

Aussitôt la coopération remplacera les différentes guerres commerciales et monétaires et aussitôt le plein emploi partout pourra être recherché collectivement.

Oui, le G.20 a une fonction essentielle  : permettre la coopération en vue du plein emploi. Partout. Croire qu'on pourra gagner durablement des emplois en les arrachant aux autres est une folie.  Croire qu'on peut installer durablement le monde dans un sous emploi chronique sans conséquences, une faute morale et intellectuelle. Il faut une croissance concertée avec une responsabilité des états  vis à vis des engagements internationaux.   Cela passe aujourd'hui  prioritairement par la réforme du système monétaire international.

En s'attachant dès aujourd'hui à cette tâche exaltante le G.20 enverra quelques signaux forts au monde.  Il prouvera qu'il a compris les causes de la crise actuelle. Il prouvera que la solution est à portée de la main. Il rétablira immédiatement la confiance tout en mettant fin aussitôt à la spéculation effrénée et mortifère que nous connaissons sur les monnaies.  

Notre responsabilité est grande. Exerçons là, pleinement, avec courage et lucidité, ici et maintenant !

pcc  Didier Dufau



Lâchetés

Il est toujours intéressant de faire retour sur quelques questions brûlantes sur lesquelles nous avions pris position au Cercle des économistes e-toile et d'en tirer leçon.


- ISF et bouclier fiscal

Voir ici

et là

Nous défendons depuis toujours la suppression de l'ISF, l'impôt le plus injuste, le plus néfaste, le plus ruineux et le plus stupidement idéologique qu'on ait jamais imaginé. Le bouclier fiscal a été conçu par MM. Chirac et Villepin pour ne pas avoir à toucher à cette vache sacrée du pseudo égalitarisme républicain. N. Sarkozy avait l'occasion de le supprimer. Il s'est contenté d'augmenter le bouclier. Tout lui retombe sur la tête aujourd'hui et les voix qui demandent la suppression conjointe de l'ISF et du bouclier fiscal sont majoritaires non seulement dans les rangs de la majorité mais également, selon les sondages, dans le pays.

On annonce cette suppression pour le collectif de 2011. Tout dépendra des détails. Si c'est pour taxer à nouveau le patrimoine , cela sera de la magouille politicienne sans intérêt.  La bêtise et l'ignominie  font souvent chemin ensemble avec le mensonge.

L'affaire Bettencourt sert de prétexte à faire croire aux Français que "les riches" ne paient pas d'impôts ou disposent de pleins de combines pour échapper au fisc. Rien n'est plus faux. Les beaux quartiers de France passent aux mains de l'étranger. Car des impôts sur le patrimoine se soldent nécessairement par la vente du patrimoine à l'étranger puisqu'ils ne sont plus liés au revenu et il faut bien trouver les ressources quelque part.

Déjà l'île Saint Louis appartient aux étrangers ainsi qu'une bonne partie du sixième et du septième arrondissement. Dans l'immense projet immobilier qui se commercialise à côté du Bon Marché sur l'emplacement d'un ancien Hôpital, plus de 75% des acheteurs sont étrangers. Paris devient une ville de pieds à terre et de touristes. Une frénésie s'est emparée des services fiscaux qui redressent à tout va les estimations en profitant des niveaux de prix de bulle de l'immobilier. Les Français fortunés recommencent à s'exiler. Tous les champions sportifs sont résidents hors de France. Tous les grands managers ne pensent qu'à s'exiler.  Et Nicolas Sarkozy pérorait il y a peu de temps : "La droite veut supprimer l'ISF ; la gauche veut supprimer l'ISF. Mais moi je conserve l'ISF" !  

Il n'y a pas pire sourd que celui que ne veux rien entendre. En attendant les idées que nous défendons depuis maintenant des lustres, le changement d'assiette de l'ISF,  sont reprises par tout le monde, le dernier en date étant Nicolas Baverez. Il y a 5 ans nous étions presque seuls.  Désormais c'est N. Sarkozy qui est seul.  En prime les étrangers qui achètent ces biens exigent et vont obtenir le bénéfice du bouclier fiscal dont ils étaient privés ! Tableau !  
Toutes nos félicitations aux lâches qui nous gouvernent.
 
- TVA sociale

Nous avons développé cette idée à la fin des années 90. Nous sommes parmi les premiers à l'avoir fait en démontrant que cet impôt permettrait de décharger le travail et donc favoriserait l'emploi. Depuis l'idée a été mise en place en Allemagne. La France après l'avoir caressée y a renoncé. pourquoi ? Parce que les charges sont si élevées que les taux de TVA deviendraient exorbitants. Une chose est de passer de 16 à 18% de taux de TVA pour supprimer deux points de Pib sur la production. Une autre est de passer de 20 à 28% de taux de TVA pour réduire d'à peine la moitié les charges sociales sur le travail. Si on se trouve en période de crise, la perte de pouvoir d'achat et de demande globale est immédiate et le gain potentiel ne peut être exploité par les entreprises privées de demande. Si, en prime, on vit une période de guerre des monnaies, les variations monétaires peuvent neutraliser tout le gain possible en une heure. Comme toujours ce genre de mesure ne peut pas s'improviser et impose une vision globale qui n'est pas possible en l'état actuel de l'organisation économique européenne et internationale. Rappelons que si nous devions, en France,  transférer tous les prélèvements sur la TVA collectée par les entreprises du secteur marchand nous aurions une TVA à près de 100% !

Toutes nos félicitations aux lâches qui nous gouvernent.  

- Echec du RSA

Voir nos trois artilces sur cette question ici, ici et.


Nous l'avions annoncé dès l'institution de cette fausse bonne réforme évidemment votée, comme toutes les sottises, quasiment à l'unanimité. Improvisée à la hâte, conçue par un sous ministre de piètre qualité, faussement testée, ne tenant pas compte de la psychologie des personnes concernées, cette réforme ne pouvait qu'échouer. La presse se remplit d'articles constatant que ce dispositif est sans intérêt. Il n'aura servi qu'à créer un impôt nouveau très lourd qui a plombé définitivement l'image de Fillon et de Sarkozy. Mesure politicienne visant à doter le candidat Sarkozy d'un argument social lors des élections présidentielles, elle n'aura même ce rôle médiocre.

Toutes nos félicitations aux lâches qui nous gouvernent.

- Echec de la RGPP

Voir notre article ici.


Nous avions expliqué dès le début que cette mesurette était une plaisanterie. Qui en doute aujourd'hui ?  Pas plus aujourd'hui qu'hier on ne peut réduire les dépenses publiques significativement par ce genre d'exercice.  La dépense publique quand elle est comme en France aussi gigantesque ne peut pas être "rationalisée". Elle ne peut être réduite qu'à la hache d'abordage et au bulldozer. D'autant plus qu'il ne se passe pas un jour où par clientélisme social, la maladie parasitaire de la droite et de la gauche dite "de gouvernement" en France mais aussi en Europe, on n'annonce pas un nouveau "cadeau peuple".

- Echec de la fausse réforme des 35 heures.

Au lieu de prendre la question bille en tête on a voulu finasser. Le résultat :  les dégrèvements fiscaux sur le SMIC sont toujours là et sont financées par la dette. La perte de compétitivité est également toujours là et se retrouve dans l'écart de croissance avec l'Allemagne et le gonflement de nos déficits commerciaux.

Toutes nos félicitations aux lâches qui nous gouvernent.

- Echec de la fausse réforme territoriale

Le "mille feuille administratif", la liberté totale laissée aux régions de faire ce qu'elles veulent en matière fiscale et de dépenses, une décentralisation non maîtrisée, ont conduit à des recrutements débridés dans les régions, sans compensation dans les services centraux et une floraison sans limite de "cadeaux de proximité au peuple".  Aucune réforme n'a été mise en place pour contrer ces évolutions désastreuses. La réforme envisagée intrinsèquement  indigente sera massacrée par les élus-édiles locaux pour la rendre totalement inopérante.

Nos félicitations aux lâches qui nous gouvernent.  

- Echec de la réforme des régimes de sécurité sociale.

Voir notre article ici.
On a vu que la remise en cause du petit risque et du traitement beaucoup trop généreux (remboursement à 100%) pour les maladies de longues durée n'a même pas été envisagée. La réforme était interdite. En même temps que la gestion de type Gosplan du Ministère de la santé et des Hôpitaux donnait à voir ses résultats dans l'affaire du H1N1.

Voici que le Parlement Européen, ce machin méprisé des peuples et qui veut redorer son image, décide d'accorder des congés maternité monstrueux  et aux seuls salariés (les travailleurs indépendants n'existent pas pour les fonctionnaires politiciens qui font les lois en France et en Europe) et qu'aussitôt notre Ministre de la Santé crie aussitôt qu'on va le faire et tout de suite encore. Coût ?  Entre deux et trois milliards d'Euros ! Deux fois la hausse d'impôt justifiée par le prétexte du RSA !  On est riche. Nous n'avons aucun problème. "Travaillez plus pour gagnez plus". Enfin quand vous pourrez. Pour le moment faites-en le moins possible et continuons à emprunter pour payer nos feuilles de soins. Nos enfants paieront.  

Toutes nos félicitations aux lâches qui nous gouvernent.

- TVA réduite sur la restauration : une mesure non durable

Voir notre article ici.

Nous avions montré que cette mesure n'aurait pas les effets escomptées et serait forcément remise en cause.  Nous y sommes.

Toutes nos félicitations aux lâches qui nous gouvernent.

Sur tous ces sujets sur lesquels nous avons prix position il y a maintenant deux ans, la réalité a été conforme à nos prévisions. Rien n'était fondé. Rien n'était solide. Rien ne pouvait être efficace.

La leçon de ces échecs : on ne peut pas faire semblant.   Quand on a choisi la lâcheté, il est impossible d'en sortir.  L'avilissement mène toujours à une avilissement plus grand.  

On dira : "lâcheté, mais c'est un mot bien laid".  C'est le mot qui convient. La France aujourd'hui a sombré dans la lâcheté qu'on croit compenser par des opérations image et une bêlante démagogie. C'est vrai à droite comme à gauche.  C'est vrai pour les dirigeants comme pour la plupart des commentateurs des médias principaux. C'est vrai pour les élus comme pour les électeurs.

Tout le monde savait quelle était la vérité sur les questions que nous venons de passer en revue. Tout le monde. Nous ne prétendons à aucune originalité ni aucune pertinence particulière. Jamais dans un conversation avec un seul élu, un seul dirigeant, et même un seul citoyen de base, les arguments que nous avancions n'ont été réfutés. Ils ont même toujours été largement admis.  Le propre du lâche en politique est de tenir deux discours. Dans le privé, la vérité. En public et au moment de la décision le faux semblant et la mesure démagogique nuisible mais facile, si facile.  

C'est la même chose pour les retraites dont une réforme timide, provisoire et insuffisante, a entraîné les mouvements ruineux et débilitants que l'on connait.  Tout le monde sait qu'il faudra monter l'âge où on peut solliciter une retraite à plein tarif à 65 ou 67 ans. On ne peut pas financer 40 ans de vie au crochet de la société avec 30 ou 35 ans de vie au travail trouée de périodes de chômage. Tout le monde sait que l'iniquité fondamentale du système actuel est entièrement due à la lâcheté gouvernementale qui accepte de payer à ses élus, ses fonctionnaires et aux troupes des syndicats qui cogèrent la nation,  des avantages extravagants qui écrasent le reste de la société et effondre ses capacités productives.

Oui il s'agit bien de lâcheté. Il faut voir l'étonnement glacé de tout ce petit monde devant les mesures prises sans frémir par David Cameron ou devant la réaction libertaire aux Etats-Unis face au risque de sombrer dans le socialisme à l'européenne que symbolise Obama et qui est un chemin effectivement sans retour.

Comment ? Un peuple, dans ses profondeurs, pourrait ne pas être intéressé par des cadeaux et des gratuités ? Comment ? Un gouvernement pourrait tenter vraiment de redresser une situation réellement compromise ?

Pour le lâche invétéré le simple courage est une curiosité qui le laisse perplexe.

Vive l'impôt ! Vive la dette ! Vive le chômage structurel ! Vive la grève !  Vive le déclin !  

Pendant ce temps là la France sort de l'Histoire et les Français de leur histoire.

 

Sylvain Dieudonné pour le Cercle des économistes e-toile.

Maurice Allais : souvenir d'une conversation aux effets durables

J'ai rencontré Maurice Allais une fois.

J'élaborais  alors une thèse de doctorat sur la "prévision à long terme". Je rencontrais des difficultés croissantes avec mon responsable de thèse, Bertrand de Jouvenel, car plus j'avançais plus je constatais qu'elle était impossible, cette prévision à long terme. Finalement nous nous séparerons lorsque je proposerais le titre "la prévision à long terme : un impossible espoir". Mais avant cela il fallait épuiser toutes les sources disponibles. Un collègue me dit : "Va voir un certain Maurice Allais. C'est un original. Mais au moins il te dira si les mathématiques sont capables de régler la question des prévisions à long terme : c'est un polytechnicien".

Par acquit de conscience je me présentais un matin à l'école des Mines où on m'avait dit qu'il exerçait. Nous étions début 1968, à une époque où le système de Bretton Woods commençait à se défaire mais avant les "évènements" que personne à ce moment là n'imaginait. Maurice Allais n'était pas très connu du grand public.  Je voulais simplement déposer le mot que j'avais préparé pour solliciter un entretien. L'appariteur me dit d'attendre un moment. Quelques instants plus tard Maurice Allais était là.

Il était dans la force de l'âge mais son port était déjà celui d'un académicien.  Il n'avait pas lu mon texte et me demanda ce que je lui voulais. Je l'expliquais en deux mots.

"Alors marchons", dit-il. Nous sortîmes sur le boulevard St Michel et prîmes la petite porte qui ouvre sur le Luxembourg, un peu plus bas.  Nous fîmes en 20 minutes un tour qui nous vit sortir par la porte donnant sur l'Observatoire avant de revenir à l'entrée de l'école des Mines.

Maurice Allais était à la fois impressionnant et extrêmement civil, sévère et accueillant. Tout était paradoxe en lui. Je souhaitais lui poser des questions. C'était lui qui ne cessait de me questionner.  On m'avait parlé de son approche mathématiques, il parlait psychologie et sociologie.  Il était de réputation  un théoricien et il abondait en réflexions pratiques. Son apparence était hiératique mais ses propos étaient emplis de passion.

Quelles sont les leçons que j'ai consignées après cette péripatétique expérience ? Elles me paraissent encore aujourd'hui d'une brulante actualité.  J'en cite quelques unes :

- La prévision à long terme est impossible même avec des outils mathématiques sophistiqués (il m'annonçait cela benoitement après que je lui ai indiqué  mon sujet de thèse : la vérité n'avait pas à s'encombrer de contingences aussi minces que mon désespoir devant le temps perdu !).

- La méthode Delphi est une sottise : concaténer des opinions fausses ou incertaines ne donnent aucune vérité (elle est aujourd'hui utilisée sous la forme du "consensus d'experts" dont on sait ce qu'il vaut notamment pour les prévisions boursières et les prévisions conjoncturelles).

- L'économie est une affaire de sociologie et de psychologie. Mais la sociologie et les comportements peuvent être mis en équation.

- La monnaie est l'affaire économique centrale et ses lois sont liées à la nature humaine profonde qui prise collectivement présente des constantes mesurables.

- La monnaie est une affaire trop importante pour être confiée aux banquiers et aux inspecteurs des finances qui monopolisent le domaine en France. Exception : J. Rueff, lui aussi polytechnicien...

- Le cycle des affaires existe ; il est une fonction de la capacité d'oubli des agents économiques. Son relais principal est la monnaie  via le comportement des offreurs de crédits bancaires et des porteurs d'encaisses.  

- L'économie ne saurait être une science sans quantification et sans abstraction. Elle doit fonctionner  comme toutes les autres sciences. Partir des faits est essentiel. Mais les faits ne sont perçus qu'à travers des concepts. Des concepts faux donnent une statistique inutilisable.  

Ceux de nos lecteurs fidèles reconnaitront sans difficulté  certaines de nos idées force...Elles murissent depuis 40 ans !

On présente parfois Maurice Allais comme un penseur sectaire. C'était tout le contraire. Il voulait que le modèle coïncide avec la réalité. Sans preuve expérimentale une théorie ne vaut rien. Beaucoup se sont mépris du fait du caractère volontiers altier et catégorique  de sa manière d'exposer les certitudes nées de ses travaux. On lui fait procès de théories un peu tirées par les cheveux ,"far fetched" disent les anglo saxons,  voire complètement lunatiques. Il est vrai que lorsque je l'ai entendu expliquer que les structures foncièrement périodiques de la nature conditionnaient notre manière de se souvenir et que les ondes dans lesquelles nos cerveaux baignent étant périodiques, c'est elles qui influencent le caractère cyclique de l'économie, j'ai senti en moi comme une réticence. Mais il admettait qu'il s'agissait d'hypothèses. La science n'est qu'une suite d'hypothèses dont seules celles qui fonctionnent demeurent. Sans hypothèses imaginatives pas de sciences.

C'est la seule rencontre que j'ai eu avec Maurice Allais. J'abandonnais peu après le sujet de thèse que m'avait suggéré  Bertand de Jouvenel : Allais avait raison, la prévision à long terme n'avait aucun sens ! La discipline finira par tomber dans l'oubli. Maurice Allais avait raison.

J'ai acheté tous les ouvrages d'Allais accessibles en librairie au fur et à mesure de leur parution. Son prix Nobel ne m'a pas surpris. Il était amplement mérité par ses travaux sur la théorie quantitative de la monnaie, même si les Nobels se sont décidés sur d'autres travaux, qui, à mon sens n'ont pas la même portée.  

Bien qu'il ait connu tous les honneurs, j'ai été surpris de constater qu'en France il n'était reconnu en rien, pour ainsi dire marginalisé. A un âge où beaucoup s'écartent des soucis de la vie publique, il a accepté d'entrer dans la mêlée.  Il l'a fait de façon tonitruante avec la certitude d'avoir raison et une profond dégoût de voir que, lui, le seul Nobel Français, était tenu pour un hurluberlu.  Sa contestation des changes flottants, de certaines pratiques des banques, de la disparition du tarif extérieur commun a toujours été parfaitement documentée et argumentée. C'est ce que j'aimais en lui : la capacité d'oser anticiper sur le futur, de prendre le risque d'être désavoué par les faits. Nous avons une collection d'économistes français ou taiseux ou champions de la rétrospective sans risque qui ne méritent que le dédain. Allais aura été quasiment le seul à prendre le risque d'annoncer des scénarios avant qu'ils ne produisent leurs effets. Grâce lui soit éternellement rendue pour ce courage.

Il n'a pas été compris. Bientôt des excités  ont exploité la réputation du Nobel pour cautionner leurs petites boutiques. On l'a vu Lepéniste, Larouchien,... En vérité il était Allais, un penseur libre mais qui avait compris que la profonde césure idéologique en France ne rimait à rien.  On se méprend généralement sur sa formule, tardive,  selon laquelle il était un libéral socialiste. Il voulait simplement dire que ce qu'il enseignait était indifférent aux doctrines et aux idéologies dominantes.  Si la monnaie était un bien collectif qui ne devait pas être laissée entièrement aux mains des banques, cela ne voulait pas dire qu'il était collectiviste. Si un certain protectionniste était nécessaire pour éviter des effets contreproductifs d'un commerce entièrement libre entre pays de niveaux de vie totalement différents et de niveaux de règlementations également différents, cela ne voulait pas dire qu'il était pour les monopoles et les mauvais coups portés au commerce par des gouvernements favorisant ses champions et des structures nationalisées obsolètes.      

Maurice Allais voulait le bien commun ; il était insensible aux idéologies ;  il pensait que l'observation était la seule maîtresse acceptable ; il croyait que lorsqu'on était sûr de ses théories il fallait en faire profiter le plus grand nombre.

Bien sûr il pouvait se tromper. Nous avions relevé en 1998 qu'il se trompait une fois de plus  sur la date de la grande crise qu'il prévoyait, comme il s'était trompé sur la nature de la crise boursière de 87. Nous pensions que cette grande crise surviendrait 18-20 ans après la crise de 1991-93, en application de notre théorie du cycle.  Mais qu'elle était en effet inévitable pour les raisons qu'il professait, et d'autres qui l'avaient été par J. Rueff. Curieux que les deux penseurs en économie dont les observations sont critiques pour mener une analyse pertinente de la situation d'aujourd'hui soient deux Français, polytechniciens et académiciens, qui ne furent des économistes qu'autodidactes et par passion personnelle et non de formation. Curieux que l'un comme l'autre attinrent les honneurs les plus élevés mais furent pratiquement rejetés, niés, oubliés par les médias saisis tout à coup par ce réflexe de dominés d'aller chercher leurs auteurs économiques à l'étranger, un des signes les plus sûrs d'une décadence dans l'ambition et la vitalité nationales.   

La crise qu'Allais anticipait parce qu'en effet "ce qui doit arriver arrive", est survenue en 2008. Nous l'avons prévue  et annoncée en détail aussi bien dans son calendrier que dans sa force dès 2006.  Maurice Allais s'était trompé deux fois. Il s'est tu cette fois là, concentrant son combat, à plus de 90 ans, sur le libre échange. Dommage ! Il aura fallu qu'il meurt pour qu'on s'aperçoive tout à coup que tout ce qu'il enseignait était au cœur des problématiques actuelles.

Le traitement infâme et injuste  de la presse quotidienne nationale nous avait conduit à stigmatiser assez durement l'article du Monde de 98  rendant compte du livre d'Allais  annonçant une future crise de type 1929  et qui se concluait sur un "nous voilà averti" bêtement ironique. Les mécanismes décrits par Maurice Allais étaient peu contestables même si nos explications étaient sur certains points divergentes. Ils ne méritaient ni ironie facile ni mépris. Le Figaro lui ne risquait pas d'être attaqué sur ses commentaires  : il avait retiré à Maurice Allais la tribune qu'il lui avait offert un temps et ignorait superbement ce qu'il avait à dire. L'occultation est toujours plus efficace que la critique morveuse.

Allais  a découvert la force terrible des tabous que même un Nobel français couvert d'honneur ne pouvait vaincre. Sa dernière interview à Marianne est terrible : le bal médiatique des économistes ignorants existe bien. Le fait qu'ils n'aient rien vu venir de la crise ne les empêche pas de pérorer toujours et encore. Et parfois ils ne sont pas seulement ignorants : ils trompent le monde sciemment.

C'est un thème qui nous est familier.

Que les médias aient réduit Maurice Allais au silence, notamment la télévision qui forme désormais l'opinion , est une grande faute.

Qu'on nous permette d'affirmer que c'est une des raisons de la création de notre Cercle et de notre blog. Il importe que des questions clés non abordées dans la presse ou travesties soient discutées par des économistes indépendants dans le langage du grand public.

Nous admettons avec plaisir et même honneur que nous nous situons dans le sillage de Maurice Allais, même si nos thèses sont parfois  différentes et à l'occasion opposées.

Quarante ans après, le tour du jardin du Luxembourg avec Allais produit encore sa petite musique.

Les deux statistiques qui expliquent tout !

Depuis des lustres nous prétendons que l'empilement continu partout dans le monde et sur une longue période de paquets de dettes de plus en plus aventurées annonce avec certitude des difficultés gravissimes.  Nous l'avons écrit dès que nous avons commencé à intervenir  publiquement sur des forums, c'est à dire dès 1996 ! La courbe qui avait déclenché notre inquiétude était le gonflement historique de l'endettement des institutions financières un peu partout dans le monde et spécialement aux Etats Unis.  Les banques sont normalement les dispensatrices du crédit et non des émetteurs de dettes. Il était curieux de les voir tout à coup devenir les emprunteurs les plus importants.

Il faut se méfier des statistiques paradoxales. Elles prouvent en général un disfonctionnement. C'est à partir de ce moment là que nous avons cherché l'origine de ce gonflement qui n'avait qu'un précédent historique : 1929 ! Il n'a pas fallu cherché très loin : l'empilement des dettes était du au mécanisme bien connu de la double de pyramide de crédits si bien explicité par Jacques Rueff. Il avait été aggravé de façon directe par le passage aux changes flottants.  Il était devenu explosif à partir du moment où Alan Greenspan, pour atténuer la crise boursière de 87,  s'était lancé dans la création monétaire à tout va.  

Nous avons dès 1996 expliqué la dureté de la crise de 92-93 par la conjonction d'un épisode du cycle décennal et de la fragilité financière  liée à l'empilement excessif des dettes  dans un système de changes flexibles où une monnaie nationale, le dollar, jouait le rôle de monnaie de réserve, sans que son émetteur s'imagine la moindre responsabilité collective ("notre monnaie, votre problème"). Il est "amusant" de constater rétrospectivement que cette crise a été niée aux Etats unis et notamment par le FMI (pauvre K. Rogoff que nous avons durement pris à partie à cette époque). Alors qu'elle était parfaitement révélatrice d'un nouvel état du monde.  Lors que la crise de 98 est survenue, dite, faussement, "crise des pays émergents", nous avons affirmé, contrairement à notre prix Nobel Emile Allais qu'il ne s'agissait que d'un soubresaut monétaire lié à l'instabilité générale du système de dettes alors qu'il voyait lui se dessiner la grande crise finale. Bien sûr nous avons vivement réagi contre l'article du Monde qui se moquait ouvertement des conclusions d'Allais. "Nous voilà prévenus" écrivait ironiquement le Monde ! Mais oui, nous étions prévenus. L'erreur d'Allais est d'avoir eu raison trop tôt.  Nous pensions que la crise importante viendrait plus tard. Nous avons écrit à cette époque que la crise cyclique prochaine aurait lieu début 2000 mais qu'elle serait de moyenne importance et que le vrai drame était à prévoir lors de la crise cyclique suivante qui, elle est traditionnellement forte. Compte tenu du rythme de gonflement des bulles monétaires on risquait le pire.

En 1999 nous avons passé un papier que nous jugions à l'époque important qui expliquait que l'inflation inouïe des moyens de paiements ne se retrouvaient pas dans les prix des produits de consommation du fait de la Chine. Mais ces moyens de paiements excessifs se retrouvaient dans les biens réels (bourses, oeuvres d'art, pétroles et ressources naturelles,  et surtout immobilier). C'était la première fois à ma connaissance que cette thèse devenue banale était développée publiquement.  Nous précisions que la crise cyclique frapperait en seconde partie de l'année 2000. Sûrs de notre diagnostic, nous avons vendus notre propre entreprise en juin 2000 ! Nous avons bien fait. La conjoncture sera terrible pendant plusieurs années.

C'était l'époque où certains racontaient qu'on avait trouvé la méthode miraculeuse de la croissance continue sans crise ! Alors que l'empilement de dettes devenait colossal.

Dès juin 2006, il y a quatre ans déjà, nous avancions notre prévision sur le moment du renversement du cycle de 2010 à 2009.  Le dérapage de l'endettement prenait une ampleur jamais vue.  Des trimestres de crédits à taux négatifs (du fait de la politique de Greenspan et de l'inflation)  avaient permis de créer des liquidités phénoménales qui prenaient désormais des chemins nouveaux et imprévus.  On voyait dans les statistiques du BRI se gonfler les CDS au rythme de 40% par an puis 100% !  En décembre 2006 nous constatons que les prix de l'immobilier baissent aux Etats unis pour la première fois depuis la guerre. Tout l'empilage des dettes immobilières américaines menaçait de s'effondrer.  Nous annonçons alors dans notre bulletin de conjoncture que la crise se déclencherait en septembre 2008 et provoquerait une récession sévère en 2009 probablement plus radicale encore que celle de 1993.

Nous avertissons de cesser les gros investissements et de vendre biens immobiliers ou entreprises si nécessaire sans attendre.

Dès le début de 2007 des banques se trouvent en difficulté pour se refinancer. Pourquoi le refinancement est-il indispensable ? A ces niveaux d'endettement, il est impossible que l'économie rembourse l'intérêt et le principal. Il est indispensable de faire rouler les crédits afin de n'en pas demander le remboursement immédiatement. Le risque ayant été dispersé sous des formes nouvelles qui prennent soudain le devant de la scène, comme les CDO, le marché interbancaire se ferme progressivement. En juillet 2007 les adjudications de CDO ne trouvent plus preneurs. des fonds sont bloqués. C'est déjà l'ensemble du marché monétaire mondial qui se crispe. Les banques étant devenues des institutions  emprunteuses de masse, et ayant pris une part tellement disproportionnée dans l'économie, elles sont en première ligne dans la défiance générale. Pas de remboursement possible et pas de refinancement possible ? La faillite est en vue ! . Cette équation est imparable. On voit les  premières banques s'écrouler début 2008.   Au milieu de l'étonnement général : nous sommes en pleine phase finale de croissance du cycle global. Comment une banque peut-elle s'écrouler alors que tout va bien ?  C'est d'autant plus paradoxal que les grandes institutions qui dirigent la spéculation mondiale lance une vaste opération sur les matières premières et les grains.  Alors que le château de cartes s'effondre, l'esprit général et à l'hyperspéculation !  Elle s'arrête au début de l'été 2008. Il est vrai que les banques centrales annoncent un resserrement du crédit et ...bloquent les moyens de refinancement des banques déjà fragilisées.

C'est l'époque où le New York times lance sa question centrale : va-t-on vers la récession ? Nous répondons oui avec quelques arguments. Aux voix qui expliquent qu'il y a une difficulté dans l'immobilier américain qui a commis "des excès"  mais que jamais elle ne s'étendra aux autres secteurs, nous répliquons que la crise est mondiale et va frapper tout le monde. L'idée absurde du "découplage" domine dans les médias mondiaux et séduit jusqu'au FMI qui va être complètement dépassé par les évènements. Nous dénonçons cette fantaisie.

Arrive alors l'inévitable :  le blocage du marché interbancaire associé au resserrement de la politique des banques centrales aboutit à la faillite générale du système bancaire. On connait la suite.

Le fil conducteur de toute cette histoire c'est la hausse  colossale des encours de dettes depuis la fin des accords de Bretton Woods et surtout le changement de politique de la FED avec l'arrivée de Greenspan.  

Nous ne cessons de conseiller aux journaux français de produire une infographie montrant l'évolution des dettes depuis 71. De la totalité des dettes : banques, entreprises, particuliers et états. Car tout devient immédiatement clair dès que ces courbes sont devant les yeux !

La revue l'Economist vient de produire deux courbes de ce genre : l'endettement des Etats  et l'endettement des Etats unis par grandes composantes. Nous les affichons au bas de ce document.

Que voit-on ?

Les Etats qui se sont désendettés pendant toute la période des accords de Bretton Woods se remettent à accroître leur dette à partir de 71-72  et surtout de 74. Le mouvement ne s'arrêtera plus. On passe d'une moyenne de 30% du PIB à plus de 120% ! En moyenne, donc partout !

L'autre tableau montre de façon évidente qu'après la stagflation des années 70 et la stabilisation Volcker, les banques se mettent à accumuler l'endettement. Tout le monde se focalise sur l'immobilier. Mais que l'on contemple un peu plus l'endettement des banques. Il s'envole jusqu'à des sommets jamais vus. Alors que les banques sont normalement ...prêteuses.

La dette globale aux Etats Unis avant la crise atteint 360% du PIB. S'il fallait que l'économie la rembourse, intérêt et principal, et en supposant une maturité moyenne de 5 ans et un taux d'intérêt de 5% (pour simplifier les calculs),  il faudrait continûment 20% de 360% pour l'amortissement et 5% de 360% pour l'intérêt, soit 90% du PIB. C'est évidemment IMPOSSIBLE.

La pyramide ne pouvait que s'effondrer.  Comme les crédits correspondent au financement d'activités, l'effondrement contracte l'activité de façon considérable. La production industrielle baissera de près de 20-25% en moyenne mondiale. Plus joli "crédit crunch" on ne peut pas.

Certains économistes de cour, plus habitués à prendre des postures automatiques liées à des camps idéologiques, ce qui leur vaut les faveurs des medias et des pouvoirs,  qu'à regarder les séries statistiques les plus parlantes, ont prétendu qu'il était impossible de prévoir la récession. S'ils avaient eu la curiosité de regarder l'endettement global et le soin d'analyser les causes de l'envolée des en-cours, ils n'en seraient pas à la jérémiade exonératoire. La crise ne pouvait pas ne pas éclater et elle ne pouvait pas ne pas être d'une extrême sévérité.

La crise mondiale est une crise de la dette. Nous ne cessons de le dire. Il fallait à l'évidence, après en avoir compris le mécanisme, mettre fin au moteur maléfique qui la gonfle. La mesure importante était le retour aux changes fixes et l'instauration d'une monnaie de réserve mondiale gérée en tant que telle et indépendante des foucades d'une nation particulière. Naturellement l'organisme de gestion aurait du être paritaire et non pas comme actuellement dominé par une nation ayant des droits particuliers, comme le véto. La restructuration de la dette était la seconde mesure d'urgence avec la restructuration du secteur financier.

On n'a fait ni l'un ni l'autre. L'opinion a été sollicitée de s'intéresser à des sujets mineurs comme les bonus, les agences de notations, les bourses d'échange de CDS et autres fariboles.  Trois ans exactement après le blocage du marché interbancaire, l'Europe sort sa législation malthusienne contre les bonus. Un cautère sur une jambe de bois en même temps qu'un coup d'épée dans l'eau.  Une mesure prise isolément n'a aucun intérêt en la matière et le G.20 a renoncé à recommander des règles uniques.  Jamais un seul "responsable" n'a pris le temps d'expliquer au monde pourquoi les banques avaient pris une part aussi importante de la richesse. Si les bonus sont "monstrueux" c'est parce que cette part est elle-même monstrueuse. Il fallait dégonfler le secteur financier hypertrophié par l'accumulation de dettes. Donc comprendre où était le gonfleur. On a préféré sauver les banques et conserver le gonfleur tout en limitant les bonus. Politique plus sotte, on ne peut pas.

Comme nous l'avons immédiatement  indiqué à l'automne 2008, le simple transfert de la dette aux Etats ne changerait fondamentalement  rien. Ce sont eux qui se retrouvent désormais en première ligne sur le front du refinancement. C'est tout. Le beau traitement de la crise !

Pour agir, il fallait comprendre comment le monde a pu accumuler partout des dettes supérieures à plusieurs fois le niveau du PIB.  C'est cette question que les économistes et les grandes institutions  devraient s'attacher énergiquement à éclairer. Aucune ne le fait.  Une fois de plus on se concentre sur l'accessoire ou le visible au lieu d'aller à l'essentiel :  

- Comment un secteur financier peut il devenir débiteur net et dans des proportions aussi vertigineuse alors qu'il est censé mettre l'épargne à la disposition des  agents économiques qui en ont l'emploi ?

- Comment un pays peut-il s'endetter au delà de la valeur de son PIB ?

- Comment l'ensemble du monde peut-il créer de la dette au delà de plusieurs fois la valeur du PIB global ?

Un économiste qui ne connait pas les chiffres de l'endettement global et qui n'a pas de réponse à ces trois questions devraient être mis à la porte des institutions privées ou publiques qui le nourrissent. Et expulsé des médias.  

Et on devrait interdire de réunir un G.20 tant que cette question n'a pas fait l'objet d'une réponse collective cohérente et globale.

Et un ministre des finances qui n'aurait pas cela en tête,
Et un premier ministre qui ne connaîtrait pas ce débat,
Et un Président qui oublierait la question centrale qui devrait le préoccuper jour et nuit,
devraient tous  être renvoyés dans l'instant à la vie civile.

La nullité économique générale et continue, cela commence à fâcher !

Messieurs Robin pour le Figaro et Delhommais pour le Monde, pourquoi ne vous saisissez-vous  pas de ce thème fondamental ?. Faites établir une infographie complète de l'évolution de la dette globale dans les grands blocs économiques mondiaux depuis 1945.  Et expliquez à vos lecteurs comment on a pu en arriver là et si de tels niveaux d'endettements globaux sont durables. Ce n'est pas dur. Cela ne demande pas d'efforts intellectuels transcendants.  Et au moins on pourra dire que la PQN aura concentré le débat là où il faut.

Bien sûr cela va vous emmener dans des endroits où vous n'aimez pas aller : les changes flottants ; les mécanismes de double pyramide de crédits ; la malfaisance d'un système financier libre sans mécanismes concertés de régulation des excédents et des déficits des états ; le piège  de banques centrales gérant de façon indépendante la création monétaire avec le seul but de ne pas avoir d'inflation.

Là, d'accord, il va falloir braver des idées fausses mais dominantes. Lutter contre une vulgate nocive mais généralement admise, même quand les faits les plus terribles viennent d'en démontrer l'inanité, demande du courage. Les ricanements ne manqueront pas. Cela doit-il vous arrêter ?

Au moins le débat économique se sera recentré sur l'essentiel au lieu de continuer à se perdre dans la pusillanimité.   

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile.



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Comme toujours nous continuerons à aborder des thèmes que nous pensons mal couverts ou non traités par la presse et les médias audiovisuels. De même nous persisterons à corriger les erreurs économiques qui sont véhiculées dans les medias ou dans certains livres  lorsqu'elles peuvent avoir des conséquences funestes.

Le Cercle des économistes e-toile.

Crise mondiale : pas de vraie solution sans les Etats.

Les difficultés de l'Euro permettent à deux camps d'exulter.


Le premier est celui des adeptes de Milton Friedman et de la libre flottaison des monnaies. Le maître avait dit que l'Euro ne se ferait pas et si par impossible il se faisait il éclaterait rapidement. Pendant dix ans il a eu tort et voilà que sa capacité d'analyse et de prédiction est magnifiée. "On vous l'avait bien dit que cette construction était impossible. Et maintenant sa défense vous entraîne dans des complications bancaires et sociales insurmontables. Revenez à la raison et sortez de l'Euro ! Les monnaies s'échangeront alors à leur vraie valeur respective et tout sera bien. Les marchés resteront la loi du genre humain comme il se doit. Les gouvernements seront hors jeu et obligés d'être sérieux."


Le second, radicalement opposé en apparence, postule que les monnaies administratives créées à la fin de la première guerre et qui sont devenues totalement erratiques depuis 1971 sont ingérables, que le système des changes flottants est intrinsèquement pervers car il offre trop de possibilités à la spéculation tout en créant des risques immenses, que les banques centrales sont des organismes creux qui ne savent rien contrôler et qui créent plus de problèmes qu'ils n'en résolvent, et que seul l'étalon-or est de nature à faire revenir tout le monde, états, banques et agents économiques, à la raison. S'il y a étalon or, la notion même d'Euro n'a plus de sens.


Ces deux philosophies, en apparence totalement antagonistes, se rejoignent pour fêter la mort annoncée de l'Euro.


En vérité ces deux doctrines ont un autre point commun : la haine de l'état qu'il s'agit de contraindre le plus possible, soit par les disciplines de l'étalon or, soit par la sanction des marchés. L'état est l'ennemi, celui par qui tous les malheurs arrivent. Il ne doit pas avoir de responsabilités dans la gestion de la monnaie qui doit être le plus possible une monnaie privée indépendante de la gourmandise étatique. Aux entreprises le soin de découvrir des nouvelles opportunités de croissance ; aux banques de les financer si elles croient aux projets qu'on leur propose. Si elles se trompent qu'elles meurent !  Et l'excès de monnaie sera automatiquement purgé. L'Etat ne sait faire rien d'autre que de générer de l'inflation ou de la crise économique.
L'ennui, c'est que l'histoire a condamné chacune de ces deux options.


L'étalon-or n'a duré que quelques années, de 1873 à 1914. Et qu'a-t-on vu ? Ce qu'on appelait "la grande dépression" qui a duré la majeure partie de la fin du XIXème siècle, ponctuée de grands scandales comme Panama,  et une période faste au début du XXème  qui s'est brutalement terminée par la crise boursière de 1907. L'étalon or n'a pas été un chemin de roses.
Quant aux changes flottants on a vu que de crises en crises ils viennent de nous faire basculer dans une situation plus que périlleuse qui peut bien déboucher sur une nouvelle grande dépression.


Par conséquent ceux qui exultent n'ont rien à proposer de solide pour l'avenir.


Pour une raison simple : ni l'un ni l'autre n'ont compris pourquoi leur système respectif a explosé. Ni l'un ni l'autre n'a compris le caractère indispensable des états pour assurer croissance et plein emploi.  Non pas que l'état, par nature, soit capable de déterminer les bonnes politiques, tout démontre le contraire. De mauvaises politiques économiques, on en a connu de multiples. Mais parce que toute bonne politique passe nécessairement par une intervention de l'état et toute mondialisation heureuse par une collaboration inter étatique solide et consensuelle.


Mettre hors jeu les états qui emploient directement 20 à 25% de la population active et dépensent entre 35 et 55% du PIB est totalement irréaliste. Croire que le chacun pour soi  et l'or ou les marchés pour tous donneront des résultats merveilleux est une farce.


La question n'est pas de mettre les états hors jeu, mais de faire qu'ils jouent bien. L'orchestre jouera-t-il mieux sans chef, en espérant que la sélection individuelle des meilleurs solistes  suffira à créer la qualité ?  C'est l'idée des changes flottants Chaque banque centrale maintient la valeur intrinsèque sur son marché de la monnaie dont elle a la charge et le bonheur suivra. Ou faut-il lui laisser un chef mais sous la tutelle  d'un ordinateur qui dira si la qualité est bonne ? C'est un peu l'idée de l'étalon or.
Nous nous pensons qu'il faut un bon chef d'orchestre travaillant sur de bons principes avec d'excellents solistes.


Quelle aura été la force de l'Euro ? D'abord de permettre à l'ensemble économique européen de s'unifier mieux. Le fait de passer d'un pays à l'autre sans changement de monnaies a permis une fluidité des échanges des capitaux, de marchandises et de services propices à une meilleure intégration et un rattrapage des économies pauvres.  Quelle aura été la faiblesse de l'Euro ?  Le fait d'avoir laisser les état maîtres de leurs politiques économiques, mais sans possibilités de politiques monétaires et sans autres contraintes que celles d'un traité.  Si le monde n'avait pas baigné dans le flottement généralisé et la liberté totale des mouvements de capitaux , cette politique avait sa chance. Mais on n'a pas voulu comprendre qu'un îlot de fixité dans un océan de flottabilité serait durement battu par les flots.  L'Hubris politique l'a emporté sur la sagesse économique. On a mis la charrue avant les bœufs et une fois de plus en Europe on voit les boeufs piétiner la charrue.


L'Euro n'est pas possible sans une coordination des politiques économiques et budgétaires (ce que tout le monde a désormais compris), et sans une certaine fixité des changes dans le monde (ce dont personne n'a conscience). C'est ce que nous avions écrit au moment de Maastricht.


On était un peu dans la situation qui a prévalu lorsque la France a adopté le système de Law sur la généralisation du rôle du billet de banque. Le billet de banque est un formidable progrès mais son succès suppose que différentes conditions soient remplies. On a voulu passer outre : on a eu la faillite.  L'Euro a voulu passer outre. Et on risque la faillite de l'ensemble. Mais cela n'empêche pas que l'Euro soit globalement une excellente solution pleine d'avenir. Mais pas organisée comme cela et pas dans un monde de changes flottants. Tous ceux qui ont prétendu que l'intendance suivrait ont sauté "un pont trop loin", pour reprendre une image célèbre.


Imagine-t-on une seconde que la Grèce serait sauvée par le retour immédiat à l'étalon or ? Elle n'a pas d'or. Et un record de dettes. Voudrait-elle saisir le trésor de la banque centrale comme en Argentine il y a quelques semaines, elle n'y trouverait rien.
Imagine-t-on que la Grèce soit sauvée immédiatement par le flottement de sa monnaie ?  Cela supposerait un défaut quasi total sur sa dette et un effondrement des changes tel qu'aussitôt le monde entier se vautrerait sur ses plages et dans ses criques. Elles ne sont disponibles que quelques mois par an et ne génèreront jamais de quoi faire vivre le pays et rembourser ses dettes. La Grèce serait un pays sans capitaux, sans monnaie et probablement sans client car l'explosion de la zone euro aurait la conséquence de ruiner beaucoup d'épargnants sans parler des Etats.   


Même à titre de transition la flottaison ou l'étalon or ne sont pas des solutions.


Quelle est donc la solution ?


La solution est la même que celle que nous proposions dès le blocage des marchés interbancaires en juillet 2007, la même que celle que nous proposions au moment de la chute de Lehman-Brothers.


Nous sommes dans une crise mondiale de la dette que seule la croissance mondiale permettra de surmonter.


La seule solution est dans la coopération totale interétatique pour une croissance mondiale générant suffisamment de ressources pour rétablir les équilibres essentiels. Aucune autre solution n'existe qui évite de grandes souffrances. Qu'on se rappelle les âneries qui étaient répétées par les perroquets sur la crise des subprimes qui n'était qu'un problème américain ! La crise était déjà globale et ne pouvait que recevoir un traitement global. On n'a rien fait.  Quand en septembre 2008 c'est l'ensemble du système financier mondial qui s'est effondré, on a bien compris que la crise était globale mais on a considéré qu'il suffisait de transférer les actifs pourris des banques aux Etats, en laissant les banques centrales lâcher les rênes monétaires,  sans autre réforme que de microbiques remises en cause sur des sujets annexes comme la comptabilité, les primes  et l'organisation des marchés de CDS.


Nous avons crié au fou pendant toute cette période devant cette indécence intellectuelle.  


Pendant ce temps là la récession s'est installée, la crise de la dette s'est amplifiée, les banques sauvées et gorgées de liquidités dans un marché totalement libre s'en sont donné à coeur joie dans la spéculation imbécile, chaque pays a poursuivi sa petite cuisine sur son petit réchaud. Aucun diagnostic réel de la crise n'a été fourni. Le commerce international ne s'est jamais remis totalement en place, répondant plus à des politiques étatiques égoïstes ou à des pulsions de la spéculation qu'aux nécessités d'une reprise générale de relations économiques saines entre les états.


La solution était évidemment ailleurs. Il fallait d'abord acter la faillite des changes flottants, de la "dissymétrie" des institutions internationales, de l'égoïsme globalement destructeur  des politiques nationales américaine et chinoise  et reconnaître que cet ensemble était la cause principale de la crise. Puis faire le constat que seule un ressaut de la croissance pourrait sortir  le monde de l'embarras ainsi créé.


Si les nations s'étaient réunies pour d'une part annoncer que désormais le système des changes serait stabilisé sur des valeurs de change correspondant aux parités de pouvoir d'achat, que la spéculation internationale sur les changes serait immédiatement interdite et sanctionnée pénalement, que les banques en faillite seraient immédiatement nationalisées et restructurées en attente d'une solution plus durable,  que le FMI, rendu égalitaire dans la composition de sa gouvernance assurerait la discipline de l'ensemble avec l'aide de fonds monétaires régionaux, que les excès de dettes seraient restructurées, que les déficits publics ne pourraient pas dépasser certaines limites en dépit des plans de relance, et seraient plutôt financé par la création monétaire directe que par l'intermédiaire de banques en faillite alimentées par des avantages indus, le coût de la crise aurait été bien moindre et aucun des ferments qui l'avaient créées ne seraient demeurés.


Cela supposait un changement d'attitude politique de la part des Etats unis, sommés de renoncer au privilège douteux du dollar, de la Chine, sommée de mettre fin à son mercantilisme, de l'Europe, sommée de mettre fin à l'incohérence entre des états généralement laxistes et une BCE astringente.


On n'aurait pas fait l'économie d'une récession mais on en serait sorti aujourd'hui car les courants commerciaux auraient repris et l'angoisse sur l'avenir aurait cessé. Les citoyens américains n'auraient plus de panique sur la future dévaluation de leur monnaie. L'Euro ne craindrait plus le feu des marchés et pourrait sortir en douceur de la double contrainte d'une monnaie trop fortement défendue et d'un dérèglement général des finances publiques de ses membres . La Chine n'aurait pas à prendre des mesures déraisonnables sur la confiscation prudentielle de certaines ressources mondiales et des relances du crédit interne totalement aventurées.


Décidemment non, cette exultation générale devant la crise de l'Euro n'est pas porteuse d'avenir. On ne sortira pas de la crise en l'aggravant. La seule solution est dans l'engagement des états vis à vis de la valeur respective de leurs monnaies et leur retour à la sagesse budgétaire.


On ne sortira pas plus des monnaies administratives que le monde ne s'est débarrassé des billets après la faillite de Law.  L'horloge monétaire ne revient pas en arrière. Jamais. 



J. Stiglitz et les causes de la Grande Récession

Nous poursuivons ici l'analyse des thèses du livre que le "prix Nobel" de l'économie vient de faire paraître (Le triomphe de la cupidité).

L'auteur n'oublie pas l'inévitable passage sur les subprimes, traitées en profondeur, mais aussi avec le souci de marquer des points dans son long combat idéologique  avec les purs libéraux. Ces derniers ayant beaucoup insisté sur le fait qu'il s'agit d'une politique d'état qui a dérapé, il tente d'annuler cet argument en montrant que tous les marchés hypothécaires ne sont pas aussi morbides que celui des Etats Unis et que ce sont les lobbies bancaires qui ont fait échouer toutes les législations qui auraient permis de mettre en œuvre des solutions plus profitables aux consommateurs qu'aux distributeurs de crédits. Il cite le système hypothécaire norvégien comme exemple à suivre. 

Cela aurait pu être le système des Etats unis. Interdire les taux variables, les solutions de prêts pochette surprise, les prêts à plus de 100%, la titrisation abusive, le transport de produits financiers incompréhensibles vers l'épargnant qui ne sait pas ce que les banquiers ont collé dans ses produits d'épargne, sont du ressort du politique et des institutions de contrôle.

Elles ont toutes failli parce que les intérêts de Wall Street et la consanguinité entre ses hauts dirigeants et ceux des institutions de contrôle, plus son lobbying massif, ont interdit toute réflexion indépendante et toute législation défensive du consommateur. Tout le monde a validé l'idée qu'il fallait laisser faire et que les "innovations" proposées étaient utiles et sans danger.  

Contrairement à la plupart des autres auteurs récents de livres sur la crise, il ne se contente pas d'une explication de la crise par l'abus des crédits dits "subprimes". Comme c'est notre thèse depuis le début, nous buvons du petit lait lorsqu'on rencontre les mêmes idées dans la prose d'un prix Nobel, même si c'est dix-huit mois plus tard,.  "L'universalité du problème indique qu'il y a des vices fondamentaux dans le système" écrit-il. Le style n'est pas terrible, il faut en convenir. "Y a un blème dans l'système" c'est au mieux un thème de rappeur déchaîné. Cela manque un peu de précision.

Et justement, le style révélant l'homme, on touche une limite du livre. L'auteur sent bien que l'organisation générale de l'économie est fautive quelque part, mais il a le plus grand mal à cerner l'endroit où cela pêche et à identifier le Deus ex machina. "Il ne s'agit ni d'une question d'individus corrompus ni d'erreurs spécifiques, ni de petits problèmes à résoudre ou de petits ajustements à opérer".  Evidemment cela met en pièce le titre du livre. Mettons qu'il s'agisse d'une accroche marketing dont les éditeurs sont seuls responsables !  J. Stiglitz ajoute : "Pour quelques observateurs c'était un cas d'école parfaitement prévisible et d'ailleurs prédit".  La raison : un niveau d'endettement intenable !  "Les prétendues innovations financières ont permis à la bulle de grossir d'avantage". Il met alors les CDS en première ligne des innovations fâcheuses et explique parfaitement comment ils ont permis de tromper les règles prudentielles, et autorisé un gonflement presque sans limite des bilans, tout en accélérant la contagion de la crise de la dette dès qu'elle a démarré. Le contribuable a été le payeur de dernier ressort pour éviter que tout explose.  

On reconnaîtra ici toutes les thèses que nous défendons depuis dix huit mois.


* Les subprimes ont joué leur rôle mais ne sont qu'un détail de la crise globale

* L'endettement intenable est la source principale de la crise : il avait atteint des niveaux totalement intenables et l'effondrement était prévisible.

* Nous l'avons d'ailleurs prévu : après avoir alerter sur le caractère intenable de la dette mondiale rapportée au PIB mondial, nous avons annoncé dès 2006 un récession sévère pour 2009-2010. Dès le blocage du marché interbancaire en juillet 2007 nous avons révisé cette annonce en prévoyant l'effondrement en septembre 2008 et le gros de la crise en 2009.

* Le 22 septembre 2008 nous publions deux articles :

- l'indispensable  explication technique de détail 
- Un tableau statistique qui dit tout

qui résument tout ce que Stiglitz démonte sur 200 pages en janvier 2010.

La grande faiblesse de J. Stiglitz est , qu'après avoir, avec raison, détaillé les mécanismes de la crise, il ne parvient pas à comprendre la source même de ce surendettement. C'est comme si au billard un physicien analysait parfaitement les trajectoires des boules et leur incapacité d'aller à l'endroit espéré sans voir la queue de billard qui a imprimé l'impulsion initiale.

Souvent il frôle la bonne explication, mais jamais il ne parvient à la saisir.

C'est particulièrement clair sur la question du cycle de 8-10 ans.  On sait que nous sommes des tenants de la théorie du cycle et que nous mettons l'accent avec insistance sur cette question fondamentale qui a été sortie à tort des préoccupations des économistes à partir des années 60. Elle donne des éléments critiques de prévision. Ses ressorts étant toujours principalement financiers, elle aide à observer ce qui se passe dans ce secteur critique de l'économie qui est malheureusement l'un des enfants quasiment abandonnés de la science économique moderne, les rares auteurs qui s'y consacrent cautionnant généralement les innovations financières  ou se contentant d'analyses purement rétrospectives et sans danger.   

J. Stiglitz voit bien qu'il se passe quelque chose dans ce domaine du cycle : il évoque les travaux de Kindelberger sur le cycle  et ses explications purement financières. Cela vient tard dans le livre (P. 384) et il n'en tire pas vraiment parti.

Au contraire il commet des erreurs étonnantes. Il affirme par exemple que c'est la première fois qu'une crise américaine  secoue le monde entier. Et la crise de 73-74, alors, due exclusivement à l'abandon de la référence à l'or pour valoriser le dollar et aux méfaits jusqu'ici inconnus  des changes flottants voulus par les Etats-Unis  ?  Et la crise du début des années 80, qui touche le monde après que Volker ait décidé de casser l'inflation  née des déficits américains ? Et la crise de 91-93 qui part des Etats Unis puis touche le RU et la Hollande en 92 puis la France en 93 ?  Et la crise de 2001-2003 qui provient d'une hausse massive du dollar et des bourses américaines qui provoquent une bulle énorme qui s'effondre en entraînant toute l'économie mondiale ?  

Cette myopie se révèle aussi par le fait qu'il date le début des dérèglements au mandat de R. Reagan (le diable en personne avec la diablesse Thatcher en prime !), alors que tout se met en place à partir de 1971. (Lire notre article : sortir de la crise la crise de 1973-2010).

N'ayant aucune explication technique de la surgescence de la dette, il en revient à des explications comportementales et politiques. Il ne connait pas le mécanisme de la "double pyramide de crédits" détaillée par Jacques Rueff et reprise par Maurice Allais.

Comme c'est un bon observateur, il frôle souvent la vérité mais à chaque fois il s'en tient à l'analyse des effets sans trouver la cause. 

Il voit bien que les déficits et excédents jumeaux sino américains sont une anomalie intenable et que désormais il va falloir trouver un nouveau modèle des échanges internationaux.

Il voit bien que contrairement aux affirmations de Milton Friedman les changes flottants n'ont provoqué nulle part une diminution des réserves de change, mais exactement l'inverse. Il indique à juste raison que cela réduit la demande globale mondiale.

Il voit bien que les CDS et autres artifices financiers ont une dimension internationale et que ce risque empaqueté a joué un rôle fondamental dans la propagation de la crise.

J. Stiglitz nous rejoint pour affirmer que la première victime de la crise a été le commerce international , le principal moteur de la croissance depuis 1944 !Mais il ne voit pas  que ces évolutions sont l'enfant naturel des changes flottants :

* les variations incessantes des valeurs relatives des devises  imposent des réserves de change surdimensionnées 

* les mécanismes de couverture vis à vis des risques de changes viennent compliquer tous les contrats primaires sur les taux d'intérêts, les placements boursiers, les prêts internationaux, le financement du commerce mondial.  

Résultat : il ne parle jamais d'une réforme des changes flottants. Mettre en place une monnaie de réserve internationale en conservant les changes flottants, des banques centrales uniquement centrées sur l'inflation, des nations désarmées dans leur politique de plein emploi, ne sert strictement à rien. J. Stiglitz dit bien que " la question n'est pas de savoir si le monde va se retirer complètement du système de réserve fondé sur le dollar mais s'il va le faire de façon prudente et réfléchie". Mais lui même ne fournit pas d'explication sur  cette "façon prudente et réfléchie".

Il faut en effet revenir à la responsabilité des Etats sous la tutelle d'une organisation internationale fondée sur la parité des devoirs et des droits (fin des privilèges des Etats Unis et du Dollar). Il appartient aux Etats de défendre la parité de leur monnaie et les grands équilibres extérieurs de leur pays. Le FMI est là pour éviter les dérapages et rendre les corrections les moins lourdes possibles en cas de dérapage (alors qu'il fait exactement l'inverse en système de changes flottants).

Ce dont nous avons besoin  aujourd'hui ce sont des architectes pour bâtir ce nouvel ordre économique mondial basé sur le plein emploi et la croissance.

J. Stiglitz est parfait en dynamiteur de l'ordre ancien mais un peu faible sur la construction du monde nouveau.

Nous pensons qu'au Cercle des économistes nous déjà au stade de la reconstruction avec un diagnostic plus précis et des suggestions plus concrètes que ce que nous dit Stiglitz dans son analyse qui est une étape intéressante de la prise de conscience mondiale de ce qu'il faut faire mais qui malheureusement s'arrête brutalement au bord du  chemin.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Joseph E. Stiglitz et "Le triomphe de la cupidité"


Avec ce livre, "Le triomphe de la cupidité" (LLL -  les Liens qui libèrent - éditeurs - Février 2010) , nous avons l'analyse d'un des ténors actuels de l'économie.

Disons le tout de suite, ce n'est pas la "Théorie générale" de Keynes. Les politiques n'y trouveront pas ce changement de cadre intellectuel qui avait entraîné une refonte complète de la manière de voir le rôle de l'Etat dans la lutte contre les crises et pour la prospérité générale.  En revanche, l'esprit acéré de l'auteur et sa culture économique lui permettent de balayer des pans entiers de l'histoire économique récente et de trancher quelques débats.

Pour le Cercle des Economistes E-toile, c'est aussi l'occasion de confronter ses propres analyses publiques avec les réflexions d'un des rares prix Nobel  dont les honneurs ne sont pas totalement usurpés.

Ce premier article donnera un avis général sur le livre. Les deux suivant examineront ce qu'il faut penser de son explication de la crise et  des réformes à apporter au système bancaire, les deux questions qui font l'objet des développements les plus importants.


J. Stiglitz ne s'est pas totalement élevé au niveau des enjeux. Son livre souffre de quatre défauts chez lui traditionnels :

* Une certaine tendance au narcissisme.  L'auteur a une haute idée de lui-même, en même temps qu'il considère ses pairs comme des nains englués dans le "consensus de Washington". Il se met en scène parfois abusivement. Il prétend avoir prévu la crise. Ce n'est pas vrai. Il a critiqué inlassablement le système et il a été conforté par les évènements. Ce n'est pas exactement une prévision. N. Roubini qui manque certes d'une vision économique globale avait, lui, fait une prévision très précise  qui s'est révélée opérationnelle. J. Stiglitz s'est contenté de répéter ses philippiques permanentes depuis 20 ans contre Wall Street, la  FED et le FMI, sans donner une véritable analyse prévisionnelle : nature de la situation ; déroulement de la séquence ; intensité de la crise ; date de l'explosion etc. Sa petite déviation narcissique entrave son discours en le tordant vers le pamphlet répétitif. Admettons cependant que le conformisme ambiant et la force médiatique de certains acteurs imposent qu'on tape longtemps sur les mêmes sottises. Dans cet exercice J. Stiglitz est inlassable...

* L'américano centrisme.  Nous avons quelques scrupules à insister sur ce point car l'auteur est sans doute l'économiste américain qui a le plus de connaissance du monde extérieur. Son livre reste centré sur l'opinion américaine à travers ce qui s'est passé aux Etats unis. L'avantage est une excellente description de l'histoire économique récente  des Etats Unis. L'inconvénient est une certaine fragilité  dans ses analyses de la situation globale.  Ce défaut se conjugue avec le précédent : J. Stiglitz s'est manifestement convaincu que puisque la crise était américaine, sa pensée, très critique des politiques suivies et donc assez marginalisée, allait pouvoir y devenir dominante. Cette ambition n'a pas d'intérêt pour l'observateur non américain. En revanche il est utile d'étudier si les critiques faites au système américain s'appliquent en Europe et particulièrement en France. C'est ce que nous ferons dans les deux articles suivants.

* L'insuffisance théorique en matière de système monétaire international.  Cette lacune est traditionnelle en économie où le champs des relations monétaires internationales est une jolie friche soigneusement non entretenue. Il faut attendre la page 365 pour voir enfin surgir du néant les questions monétaires internationales. Leur rôle crucial dans l'explication de la crise n'est pas compris. J. Stiglitz se contente d'une analyse très superficielle de la question des réserves monétaires internationales, en lançant des idées générales appuyées sur peu de véritables analyses.

* Le militantisme politique. J. Stiglitz se "pose en s'opposant" depuis bien des années. Il symbolise aux Etats-Unis une certaine forme de posture "de gauche" opposée à la politique de G. Bush, à celle de Milton Friedman et favorable à un tiers-mondisme certes très différent de sa variante marxiste française, mais plutôt rare aux Etats Unis.

Le titre de l'ouvrage révèle le moteur pamphlétaire qui anime l'auteur. La cupidité, c'est tout de même un peu faible comme explication de la crise. A bien des moments on sent une certaine outrance et la volonté de faire coller les faits à la posture à laquelle il se tient depuis longtemps et qui constitue son image dans les medias.

Ces défauts ne sont pas tels qu'ils fassent perdre tout intérêt aux démonstrations de J. Stiglitz.

Comme toujours avec lui, on sort à demi convaincu.

La bonne moitié vaut la peine.

Didier Dufau pour le cercle des économistes E-toile.

Quel nom donner à la crise économique en cours ?

Pour qu'un événement important prenne sa place dans l'histoire, il lui faut un nom. Quel nom donner à la crise qui s'est déclenchée avec le blocage du marché interbancaire en juillet 2007, s'est approfondie avec la faillite de Lehman Brothers à la mi septembre 2008 et a entraîné une vaste récession mondiale dans le monde entier en 2009 ?  On dira : attendons un peu : seul le recul historique permettra de vraiment fixer la nature de la crise et donc son nom.

Le besoin d'identification n'attend généralement pas. Les médias ont besoin d'un nom. Les économistes ont également besoin de comparer des périodes historiques de crise économique. Ne pas avoir de nom rend les choses pénibles. Le besoin est si pressant qu'en général un nom s'impose sans savoir qui l'a vraiment choisi. Et il est souvent mauvais. La tentation médiatique est d'associer une crise économique et un évènement extérieur que tout le monde se rappelle.

La crise de 1973-74 fut appeler "la crise du pétrole" puis "la première crise du pétrole", parce que la guerre israélo-arabe avait entraîné une réaction de pays producteurs de pétrole particulièrement virulente. En fait la crise avait commencé bien avant cette hausse et ne peut s'analyser de bonne foi aujourd'hui que comme la première crise du dollar flottant, la baisse extrême du dollar ayant, associée au prétexte de la guerre, justifié la hausse des prix du pétrole à des niveaux antiéconomiques qui ont profondément aggravé la situation.

 La crise de 1992-1993 fut associée à la guerre en Irak, comme d'habitude à tort, mais finalement ne reçut aucun nom qui soit resté dans les mémoires. Pourtant c'était la plus grosse récession depuis la guerre. Elle resta incomprise et innommée !  La crise de 98 fut appelée, totalement à tort, "la crise des pays émergents".  Le nom vint des Etats-Unis qui considérèrent de façon inique et malsaine  qu'elle était due à des régimes pourris de "cronies". En fait tout le monde voit aujourd'hui que c'était une crise des changes flottants et de la spéculation associée qui a vu, après une poussée spéculative excessive sur des marchés extérieurs, les capitaux flottants se rapatrier à toute vitesse vers les Etats Unis, entraînant la catastrophe  dans toutes les économies neuves qui avaient été dopées par un endettement excessif crée artificiellement par la spéculation financière internationale dans un environnement de changes flottants.  Certains l'avaient appeler un temps "la crise de Kobé", le tremblement de terre de Kobé ayant entraîné  la première crise de confiance (qui mit par terre les spéculations du trader fou de la Baring) qui se généralisera par la suite : toujours cette bonne vieille tendance à expliquer tout par un "fait de Dieu" :  accident, guerre, tremblement de terre, épidémie...

La crise démarrée par l'effondrement des valeurs boursières liées au NTIC, et qui se développa en une récession de moyenne importance fut  appelée "crise des NTIC" ou "crise des nouvelles technologies".  Ce ne sont évidemment pas les nouvelles technologies qui sont la cause de cette récession et  la récession ne fut pas que boursière.  Ce fut une vraie récession mondiale. On ne retînt que le plus spectaculaire, comme d'habitude.

Si on remonte un peu plus haut dans le temps on voit des conflits de dénomination assez gênants. La "crise de 1929" est maintenant généralement appelée "la grande dépression" alors que ce nom avait été donné à une période particulièrement difficile de la fin du 19ième siècle, à partir de 1975 jusqu'à pratiquement l'an 1900.

A l'idéal, les grandes crises devraient être nommées en fonction de leur cause principale, ne serait-ce que pour rappeler que les mêmes causes ont souvent les mêmes effets.  Quand ce sont les vraies causes. La terminologie de "seconde crise du pétrole" est tout aussi fausse que la première : il y eût bien une hausse massive des prix du pétrole, mais aucune crise mondiale d'importance en 1978 !   

Dans cet esprit, il faudrait dissocier les crises liées au cycle de 8-10 ans et les accidents qui ont leur logique propre et n'entraînent pas de récession mondiale généralisée. Pour s'en tenir au demi siècle passé, on trouve :

1974 : crise mondiale cyclique forte
1982-84 : crise mondiale cyclique faible
1993 : crise mondiale cyclique forte
2001-2002 : crise mondiale cyclique faible
2008-2009 : crise mondiale cyclique forte.


Et, dans ce schéma fort, se loge des crises particulières, généralement financières mais pas toujours :


- 1989 : crise boursière dite "des ordinateurs"
- 1996 (en France seulement) : crise liée au coup de massue fiscale d'Alain Juppé.  
- 1998 : crise du dollar et de la spéculation financière.

Les aspects structurels sont également importants. Depuis 1971 nous vivons dans un système de changes flottants et de monnaies totalement administratives.  Pratiquement toutes les crises citées ont une composante monétaire et financière forte.  La crise de 74 aurait du être appelée : "la première crise des changes flottants". Au moins on saurait qu'on est entré dans une nouvelle génération de crises pouvant se superposer au cycle.

Pour donner un nom à la crise actuelle, il faut également tenir un raisonnement économique.  Y-a-t-il eu une seule crise ou plusieurs crises emboîtées ? On voit bien le problème si on regarde les transes que traversent Wikipédia. La volonté de coller à l'actualité a entraîné la description de plusieurs crises : crise des subprimes, etc.
 
En fait, il n'y a qu'une seule crise. Nous avons déjà abordé, à chaud, cette question dans notre article "Une ou plusieurs crises".  

Alors comment l'appeler ? Joseph Stiglitz a proposé dans son dernier livre  (Le triomphe de la cupidité - LL Les liens qui libèrent, éditeurs- janvier 2010) de la nommer "La grande récession". Ce nom aura du succès dans la presse. Peut-être restera-t-il.

L'avantage de ce terme est qu'il règle justement la question de l'unicité ou de la multiplicité des crises. Il n'y a qu'une crise et Stiglitz le démontre très bien.

En fait, dans le détail,  il se trompe un peu. Comme d'habitude il ne convainc qu'à moitié. C'est son Karma !  Par exemple la première phrase de sa préface commence par : "Dans la Grande récession qui a commencé en 2008". En fait, s'il est vrai que la récession mondiale va s'établir en été 2008, la crise a commencé un an avant, en juillet 2007 avec le blocage du marché interbancaire qui va provoquer une vague de faillites bancaires pendant les douze mois suivants, le tout culminant avec le lâchage de Lehman brothers. Il l'admet un peu plus loin :  "J'ai regardé le monde glisser vers la crise en 2007".  Péché avoué est à demi pardonné.

Un autre point qui nous réjouit est qu'il signale avec raison que "l'universalité du problème indique qu'il y a des vices fondamentaux dans le système".  Il s'agit bien d'une crise du système global. Quel système ?  L'ennui des mots système et problème est qu'ils cachent la misère des raisonnements et la faiblesse du diagnostic. Ce sont des "mots valise". La phrase est sympa parce qu'elle marque bien qu'il ne s'agit pas d'un incident localisé. Elle est trop vague pour être utile.  Heureusement, la suite est plus précise : " La croissance reposait sur une montagne de dettes". Là nous sommes totalement d'accord ! C'est le fond de notre thèse.

L'inconvénient du livre, c'est que JAMAIS Stiglitz n'aborde  avec pertinence la question obligatoire du "comment". Comment cette dette a-t-elle été rendue possible ?  Là,  il dérive, comme d'habitude dans la poursuite de ses ennemis fantasmatiques personnels et on retombe dans le combat idéologique et le positionnement politique.

Stiglitz a un autre défaut : il n'a aucune vision du cycle de 8-10 ans, thèse commune avant guerre et que les économistes de sa génération a repoussé avec un pied négligent sous l'influence des keynésiens, très influents avec Samuelson et Hansen aux Etats Unis. Il mélange un peu tout : En citant l'étude de Luc Laeven et Fabian Valencis pour le FMI "systemic banking crisis : a new database" 2008, il dénombre 124 "crises" depuis 1970 ! Ce qui revient à ne plus rien distinguer du tout et à noyer le poisson.  Toutes les crises financières n'ont pas la même gravité et leur association avec une récession mondiale doit être pris en considération. Ne pas le faire revient à tout mélanger et à ne rien discerner, même si cela permet de faire un procès global à Wall Steet.  

En revanche nous buvons du petit lait quand il écrit : "La seule surprise de la crise économique, c'est qu'elle ait tant surpris. Pour quelques observateurs c'était un cas d'école tout à fait prévisible et d'ailleurs prévus".  Merci de le reconnaître !  Ce qu'il oublie de préciser c'est pourquoi elle était prévisible. Son idée est que la finance mondialisée et dérèglementée était un fruit pourri qui ne pouvait que tomber de l'arbre et faire chuter l'arbre avec lui. On est dans l'idéologie et la grande querelle, pas dans  la technique économique. Roubini était plus précis : certains prêts étaient tellement aventurés et atteignaient grâce à des techniques de dissémination du risque de tels volumes  que l'explosion serait aussi sévère qu'inévitable.  Au moins il savait ce qui se passait au sein des banques. Quelques économistes vexés de n'avoir rien vu venir se sont plaints d'avoir été laissés dans l'ignorance de ce qui se passait dans les fourneaux de la finance internationale et ont immédiatement exigés des fonds pour la création d'observatoires plus fins. On ne se refait pas ! La limite de l'analyse de Roubini est qu'elle est justement bien trop partielle. Il voit la paille mais pas la poutre.


La crise est d'abord celle d'une accumulation mondiale d'un niveau de dettes privées et publiques intenables. Cette accumulation disproportionnée a une cause : la double pyramide de crédits de type Rueff-Allais.  Les techniques bancaires de diffusion du risque n'ont fait qu'amplifier un phénomène fondamental.  Les niveaux atteints étaient tels que tout devait éclater. Quand ? Lorsque le retournement du cycle se ferait. Il fallait donc guetter les signes du retournement conjoncturel global en même temps que l'évolution les bulles spécifiques.


Nous mêmes avons fixé le début de l'alerte au moment où les prix de l'immobilier ont baissé aux Etats Unis, à la fin 2006.  Compte tenu qu'on en était à la phase haute du cycle, le mouvement des affaires ne romprait pas immédiatement.  Nous avons simplement conclu que la rupture  aurait lieu plus tôt que ce que nous le pensions (notre prévision début 2006 était une récession en 2010).  Dès l'été 2007 nous avons annoncé une crise très sévère avec un basculement en septembre 2008 avec une année 2009 sinistre.  Notre bulletin de conjoncture du début de l'année 2007 conseillait de dénouer toutes les opérations immobilières au plus tôt et de ne plus investir en masse dans quelques projets que ce soit pour éviter d'être pris financièrement à la gorge lors de la crise.


Quand Stiglitz écrit : "la bulle de l'immobilier qui devait nécessairement éclater était le symptôme le plus évident de la "maladie de l'économie". Mais derrière ce symptôme il y avait des problèmes plus fondamentaux", il a raison. L'ennui c'est qu'il se réfugie encore dans le mot valise "problème".  Et quand il s'emploie de le préciser, il joue petit bras : la titrisation, symbole de la "dérèglementation"  n'est pas la cause fondamentale de la crise économique mondiale. Ce n'en est qu'un détail.  

Il redevient pertinent lorsqu'il met en cause la mise en réserve excessive de ressources monétaires par certains pays échaudés par la crise de 1998.  Mais là encore, il ne pèle pas l'oignon (c'est son expression !) suffisamment. Cette mise en réserve a quatre causes très différentes :

* les changes flottants
* le mercantilisme chinois
* le suivisme américain du Japon
* la rente pétrolière des pays producteurs.

La première est de loin la plus permanente et la plus importante. Contrairement aux affirmations de Milton Friedman les changes flottants n'ont pas entraîné la limitation des réserves, la stabilisation des devises et l'unification des taux d'intérêt. Cela a été tout le contraire.

Le constat, exact bien que peu original, de Stiglitz sur la montée des réserves aurait du le conduire à aller un pas plus loin dans la déconstruction du système des changes flottants. Il serait alors remonté à la crise de 74 etc. Il ne le fait pas.  Les considérations idéologiques, qui forment son identité, l'obligent à ne revenir qu'aux aspects politiques de la dérèglementation des années Reagan-Thatcher. Grave erreur  dans le réglage du microscope, ou du macroscope, comme on voudra.

La dérive idéologique de Stiglitz est particulièrement visible lorsqu'il en vient à parler des déséquilibres mondiaux : "Ce système où les pays pauvres prêtent aux riches  est très spécial".   L'accumulation de dollars est un effet direct des changes flottants avec une monnaie mondiale de facto, le dollar. Il faut des déficits américains mais aussi des créances de la part de tous les autres.  La monnaie est à la fois un actif et une dette, comme tous les crédits (actifs pour les uns, passifs pour les autres).  Le Japon vient de redevenir premier détenteur de la dette du trésor américain. Ce n'est pas spécialement un pays pauvre.  Et le recul de la Chine est principalement politique, pas économique.

On revient toujours à la même question lancinante : quel système économique mondial avons-nous créé en 1971 lorsque les monnaies sont devenues des monnaies administratives sans rapport avec une valeur intangible extérieure et qu'on a laissé flotter la principale monnaie du monde en lui  accordant des privilèges exceptionnels. Mais là Stiglitz est aux abonnés absents.

Revenons à notre propos initial : quel nom donner à la crise ?  La proposition de Stiglitz s'imposera sans doute, bien qu'elle ne soit pas analytique et préjuge que la crise actuelle ne va pas dégénérer  en dépression, ce qui n'est pas absolument certain bien que probable. Elle aurait le mérite d'éviter le mauvais vocable de "crise des subprimes" qui reviendrait à qualifier le tout par la partie.  

Le vrai nom devrait être : La grande crise d'endettement mondial de 2007-201x".  On voit bien aujourd'hui que la crise des banques est devenue la crise des états endettés. Le simple transfert de la dette du privé au public n'a pas réglé la crise globale.  La terminologie proposée ne préjuge pas de la suite.  Et elle aurait l'avantage de fixer l'attention sur les mécanismes de cet immense gonflement de dettes, sur les moyens d'y faire face et sur ce qu'il faut faire pour que cela ne recommence pas. .  

On peut toujours rêver.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile.

Le glas sonne pour le pari inepte de sauver la finance mondiale sans rien réformer .

On voit depuis quelques semaines une focalisation sur l'endettement des Etats. La spéculation en cours sur l'éclatement de l'Euro y contribue largement. Les contribuables sont également légèrement soucieux de connaître la manière dont les gouvernements vont se débarasser de déficits historiques.

Pour l'économiste l'endettement public n'est qu'une composante de l'endettement global et c'est l'endettement global qui a une influence déterminante.

Tout le monde sait qu'en matière d'inondation il faut d'abord regarder l'état des sols : sont-ils secs ou gorgés d'eau  ? Ensuite on regarde les précipitations nouvelles et la fonte des neiges.  L'eau retenue dans les barrages publics est importante mais n'est pas tout.

La crise actuelle est une crise de l'endettement global provoqué par la double pyramide de crédits générée par le système de change flottant.  Cet endettement global a fini par s'effondrer sur la tête des marchés financiers. Les banques ont été les premières victimes, le marché interbancaire se bloquant quasiment totalement puis les marchés financiers liés à l'immobilier puis tout le système financier.

Les Etats ont repris une bonne part des dettes pour sauver les banques et le système financier dans son ensemble ; les banques centrales ont fait de même et créé de la monnaie ex nihilo  comme jamais pour compenser les effets du credit crunch.

Et ils se sont dit : avec nos plans de relance, la crise est finie. Nous sommes formidables ! Cela marche !  Et ils se sont  pressés de de rien réformer sauf des broutilles qui leur permettaient de faire semblant d'agir ou de renforcer leur puissance d'état. 

Comme nous l'avons écrit il y a maintenant près de 17 mois, le transfert de dettes des particuliers à l'état ne change rien à l'état de l'endettement global. Comme il n'y  eu aucune restructuration fondamentale de la dette et que le système financier reste totalement incontrôlé, dans un système où l'épargne flottante, dirigée par quelques centres de spéculation, peut balayer le monde sans que rien ne résiste, au lieu de voir les ressources se concentrer sur la création de richesses, on a vu un regain de spéculation sur les monnaies et les taux d'intérêts, visant carrément  cette fois-ci  des Etats.

La bouée de sauvetage étatique menacée,  laissant le monde sans défense  devant le risque de dépression si l'attaque "réussit".

Nous pouvons relire sans hésitation ce que nous disions en septembre 2008.

Il fallait, disions-nous,  restructurer immédiatement  la dette et la cantonner tout en réorganisant totalement le système bancaire et financier mondial pour redonner aux Etats la responsabilité de l'action en faveur de la croissance et de l'emploi.

Croire que les marchés financiers consolidés par la dette des Etats allaient faire le travail était inepte.

Il fallait, immédiatement rétablir un système cohérent de changes fixes dont les Etats auraient la responsabilité pour permettre de redonner un horizon aux vrais investisseurs : ceux qui créent de la richesse et non des plus values temporaires sur des marchés flottants. Il fallait redonner un horizon, très différent, au commerce international, en réévaluant très fortement le Yuan, et en dévaluant du pourcentage nécessaire le Dollar. Il fallait fournir une perspective de réduction des déficits américains et des excédents chinois et japonais.

Seul ce combat pour la reprise des marchés de biens réels pouvait fournir les ressources nécessaires au désendettement global.  Que ceux que cette question intéresse relise notre article :

http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2009/4/3/G20--un-pari-trs-dangereux

"Le pari très  dangereux" a tourné court, comme il était évident qu'il le ferait. 

Alors on va faire le gros dos. On va essayer de "calmer les marchés financiers".  La politique de la patience pleine de sang froid pour ne rien casser en laissant tout filer et en ne réformant rien  n'a mené qu'à différer les difficultés.

On a perdu un an et de demi et le temps ne se rattrape jamais.

 

Didier Dufau pour le cercle des économistes e-toile.

 

 

 



Les deux erreurs majeures du gouvernement Jospin

Alors que Lionel Jospin publie ses mémoires, avec ce titre plus que révélateur (Lionel parle de Jospin (sic)) de la schizophrénie  et des affres très protestantes du personnage, que penser de la politique économique qui fut celle de son gouvernement ?

Une fois de plus il faut se placer dans le cycle économique. Jospin arrive au moment de la phase haute du cycle. Et il ne s'en rend pas compte. Pendant tout 97 nous nous égosillons sur le site du Monde.fr pour signaler que l'emploi est en pleine expansion et que partout dans le monde les courbes économiques se redressent.  L'ombre portée de la récession de 93, la première depuis la guerre,  est si forte que personne ne veut y croire. C'est l'époque où l'énarque Seguin parle du Godot de l'emploi qu'on attendrait en vain, alors qu'il se manifeste déjà avec une grande force démonstrative.  C'est l'époque où l'énarque Rocard préface le livre ridicule de Rifkin qui prétend que c'est la "fin de l'emploi". Eternel décalage entre la réalité et l'hystérésis des sentiments.

Cette myopie, encouragée par un enveloppement idéologique particulièrement brumeux dans le camp qui est le sien, est la cause de deux erreurs absolument délirantes qui disqualifient radicalement son expérience de chef de gouvernement.

* Il ne voit pas que la croissance a sa conséquence habituelle : compte tenu de la progressivité globale du système fiscal les recettes augmentent plus vite que le PIB !  L'incroyable coup de massue fiscal de l'énarque Juppé est considéré comme insuffisant alors qu'il était déjà surdimensionné. On aboutira à l'affaire dite "de la cagnotte"  qui parait secondaire alors qu'elle est fondamentale. Nous en sommes arrivés à de tels taux de prélèvements que la conjonction d'une haute conjoncture internationale et d'une aggravation des impôts a des conséquences immédiates et terribles : l'Etat dépense tout sans se rendre compte qu'il étouffe le pays. Lors de la récession suivante, non prévue elle non plus par Jospin et qui le frappe avant la fin de son quinquennat,  l'étranglement fiscal du pays sera total. Seul Fabius, pour des raisons électorales, verra le danger. Mais il était trop ,tard. Et le choix de réduire la TVA sera une grave erreur. C'est pendant le gouvernement Jospin que le taux de prélèvement atteindra son sommet historique.

* Ne voyant pas la reprise très forte de l'emploi partout dans le monde, il se trompe, ici encore lourdement, de politique du travail. Il multiplie les emplois administratifs précaires, contribuent à stériliser une part notable des réserves de productivité française et il bloque pour l'avenir la croissance avec les 35 heures. La manière presque fasciste avec laquelle l'affaire des 35 heures est menée est révélatrice de l'état de la gauche. Le socialisme est mort. Il n'y a plus de programme. On n'a plus d'idée, alors on choisit en urgence avant une élection un gadget qui peut plaire aux masses, un "cadeau au peuple", et lorsque la surprise d'une élection donne le pouvoir on passe outre à tous les avertissements pour mettre en œuvre la promesse honteuse de façon autoritaire. Les 35 heures sont un nœud coulant autour du cou de l'économie française. Qu'on  ne dise pas que les conséquences ont été une surprise. Nous n'avons cessé de batailler contre cette chimère d'un présupposé idéologique et d'une manœuvre électoraliste démagogique.   La mesure est mise en place d'une façon très progressive qui fait qu'elle ne fera sentir ses pleins effets qu'à partir de 2000, c'est à dire à l'arrivée de la phase de récession du cycle.  La France ne parviendra pas à sortir de la crise de 2001-2003 : "la haute conjoncture de 2005,6 et 7"verra des taux de croissance infimes.

Accessoirement, mais pour donner sa pleine mesure sociale, Jospin, très trotskiste dans ses appréciations, considère qu'il doit mettre la force de l'Etat au service des "faibles" contre les "vilains capitalistes". Le droit social devient une jungle. Tout est bloqué.  Adapter le tissu économique aux nouvelles réalités devient ou impossible ou tellement coûteux que personne ne veut plus se risquer à l'investissement.

Au total le gouvernement Jospin bénéficiant d'une conjoncture internationale jamais vue depuis 1974 écrase le pays d'impôts à contretemps, laisse filer la dépense publique d'une façon telle qu'il aggrave l'endettement de mille milliards de Francs, crée un chômage structurel phénoménal, bloque l'investissement productif et étouffe pour longtemps l'économie et les relations sociales.

Il s'agit bien d'un désastre. Mais qui n'est pas perçu à la hauteur de ce qu'il est parce que Lionel Jospin a exercé sa gestion au meilleur moment de la conjoncture. 

Alors c'est bien beau de toujours se présenter comme "un grand honnête homme" qui aurait fait une politique "digne".  Jospin est un ignorant un peu trop torturé par sa prédestination et ses nombreuses contradictions (révolutionnaire mais énarque, trotskiste mais secrétaire général du PS, modeste mais candidat à la présidence de la République, honnête mais menteur pour sa tranquillité, socialiste mais ne détestant pas les facilités de l'argent, aimant les intellectuelles mais à peu incapable de parler un français correct etc.), qui a mené une politique suicidaire pour la France.

Est-ce que cela aurait pu être pire ?

Oui, assurément.  Notamment si DSK avait pu se maintenir au pouvoir. Heureusement ses turpitudes dans les milieux de l'assurance des étudiants, tondus ras par des voyous sans aucun scrupule, l'ont écarté du pouvoir, permettant, trop tard mais tout de même, une certaine correction de trajectoire. Les juges comme dans l'affaire Dray ont considéré qu'on pouvait piller la jeunesse sans conséquences pénales. Mais au moins ont ils permis  un temps qu'un changement d'homme génère une réorientation utile de la politique.  De même on créditera Jospin d'une certain réserve dans l'expansion des dépenses des administrations centrales. Les débordements les pires concerneront les collectivités locales (qu'on ne cherche pas à brider), le monde associatif subventionné (les copains et les coquins) et la sécurité sociale, où aucune réforme n'est engagée malgré l'urgence.

Au total Jospin a fait perdre son temps à la France tout en l'enfonçant dans l'endettement et le chômage structurel, alors qu'il bénéficiait d'une période hyper favorable pour résoudre à l'intérieur certains des problèmes structuraux provoqués par "l'énarchie compassionnelle" et le socialisme mitterrandien et à l'extérieur pour faire prendre conscience des dangers du système monétaire et financier international basé sur les changes flottants. On ne peut pas en même temps faire rire de sa ringardise dans les congrès socialistes internationaux et avoir un poids économique quelconque dans les instances économiques mondiales. 

Il est un des symboles de l'effondrement intellectuel français, dont les élites sont désormais incapables de se porter à la hauteur des enjeux nationaux et internationaux. 

Monsieur Jospin vous vous considérez dans l'article donné ce dimanche au JDD, comme un protestant ayant su gardé toute sa dignité et son quant-à-soi. Votre troisième place à l'élection présidentielle de 2002 aurait du vous prévenir contre cette forme de narcissisme extrême. Votre échec tient entièrement au fait que les Français dans leurs tréfonds ont parfaitement compris que vous avez gâché les quelques chances de la France qu'il aurait fallu à tout pris sauvegarder.

Votre pas de danse avec Chirac marque la fin de l'imposture de l'énarchie compassionnelle, lancée par le couple Giscard - Chirac en 1974,  qui a vu des hauts fonctionnaires s'emparer du pouvoir en croyant qu'ils sauraient apaiser la société  par leur arbitrage alors qu'ils n'ont fait que la châtrer. Vous êtes le dernier maillon d'une chaîne délétère qui a vu la France sortir de l'histoire faute d'avoir tiré toutes les conséquences du renversement des équilibres mondiaux qui se sont produits en 1974.

Vos mémoires, comme celles de J. Chirac, sont le témoin du chemin de croix qu'a suivi la France sans nécessité aucune.

Vraiment pas de quoi pavoiser !

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile



Economie et constitution

Le petit monde politico médiatique a bruissé ces derniers jours d'une proposition magique : il suffirait de constitutionnaliser l'obligation de maintenir l'équilibre budgétaire de l'Etat pour que tout aille mieux.


Dans la lignée des "droits à", le bon, peuple aurait un droit constitutionnel à ce qu'on ne reporte pas indéfiniment sur les générations futures le fruit de nos lâchetés. 

Laissons le côté moral et politique de côté pour se contenter d'une appréciation économique.

Ceux qui lisent régulièrement ce forum ont déjà la réponse. Ils savent qu'il y a un cycle économique de huit à dix ans. Très régulièrement l'activité s'effondre entraînant déficits budgétaires et endettement. Nous avons eu l'endettement Chirac après la crise de 74, l'endettement Fabius après la crise de 82-83, l'endettement Balladur, après la crise de 92-93, l'endettement Jospin après l'éclatement de la bulle des Ntic et aujourd'hui l'endettement Fillon à la suite de la récession actuelle.


Si nous devions mettre en place un cadre constitutionnel interdisant le gonflement de la dette nous créerions un système parfaitement procyclique : en phase haute le gouvernement verrait ses ressources s'accroitre et pourrait dépenser plus sans craindre de s'endetter ; en phase de vaches maigres il lui faudrait réduire drastiquement les dépenses publiques pour ne pas emprunter. On aggraverait tout dans un sens et dans l'autre.

La suggestion est donc une parfaite idiotie comme peuvent en émettre des ignorants complets de la chose économique.

La réduction de l'endettement est une question de courage politique pas de Constitution.

En revanche deux principes devraient être constitutionnalisés :

- on ne peut pas taxer les fausses apparences de gains liés à l'inflation.

- l'Etat doit restituer aux Français le produit de la progressivité globale de l'impôt, principe d'équité fiscale qui est malheureusement transformé en principe d'accroissement perpétuel des prélèvements du fait de la croissance et des phases hautes de conjoncture.


La Constitution doit dégager des principes qui  protègent les citoyens contre des abus permanents et manifestes. Pas se mêler de la gestion du cycle économique.


On a vu que la loi oblige les communes à avoir des comptes équilibrés. Cela n'a pas empêché des fous furieux comme Delanoë de faire passer les effectifs déjà pléthoriques jusqu'à la caricature de la mairie de Paris de 40 à 49.000 simplement en exploitant à mort une bulle financière sur l'immobilier. Et de matraquer ensuite les Parisiens sans mesure. 


Le budget devrait à tous les niveaux être calculé sur la base du trend de croissance, soit  entre 2 et 3% d'augmentation par an. Toute augmentation par rapport à ce trend devrait faire l'objet de procédures contraignantes avec justifications exceptionnelles.  Le système actuel qui consiste à anticiper de la croissance, à en tirer des recettes qui tiennent compte de la progressivité de l'impôt (c'est à dire qui montent plus vite que la croissance) puis à fixer le niveau des dépenses, avec des astuces pour qu'on aille toujours trop loin dans le dépassement (les dépenses dépassent régulièrement de 25 % des recettes qui en phase de croissance sont déjà calculées trop larges) est à jeter à la poubelle. 


Un exemple de plus que malgré tous les efforts, des notions aussi simples que celle de cycle économique ou de progressivité marginale global de l'impôt ne sont  pas prises en compte dans les raisonnements politiques.


Mais là la faute des médias peut et doit  être soulignée : on les avertit et ils ne disent rien et ne publient absolument rien sur ces sujets.

On peut souvent défendre que les journalistes ne sont généralement pas aidés par les économistes sur bien des sujets.


Mais là ils n'ont pas d'excuses.


Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile.

Les belles histoires de George Pauget (président de la FBF) sur Europe 1

L'interview de George Pauget sur Europe 1, haut dirigeant du Crédit agricole et président de la Fédération bancaire française,  ce jour, 6 novembre 2009, est l'exemple frappant des conséquences d'un mauvais diagnostic de la crise sur le dialogue entre journalistes et banquiers. Et sur la désinformation du grand public qui en résulte.

On sait que la banque est en France complètement cartellisée depuis Pétain.  L'Association professionnelle des banques était l'organisme chargé de piloter le faisceau de l'organisation oligopolistique bancaire française sous la tutelle bienveillante de l'Etat Français. Il manquait les mutuelles : on a donc créé la Fédération bancaire française qui regroupe tout le monde. Ces organisations, en totale consanguinité de ses  dirigeants avec l'Etat (on l'a encore vu avec les dernières nominations à la tête du groupe Caisse d'épargne-banque populaire), tiennent l'Etat et le législateur dans une main de fer obtenant après tout ce qu'elles veulent.

Lors de la crise récente, elles n'eurent aucune difficulté à se faire cautionner et subventionner à des hauteurs vertigineuses (plusieurs centaines de milliards d'euros), alors que l'ensemble du secteur bancaire était de facto en faillite.

Les réponses de George Pauget illustrent parfaitement comment un tel mastodonte est capable de traverser les pires crises sans se considérer le moins du monde responsable et en renforçant ses prérogatives.

La crise ? Les banques américaines ! Les banques françaises furent d'une sagesse exemplaire et d'ailleurs si elles sont revenues si vite à de bons résultats c'est qu'elles étaient très sainement gérées...

Qu'ont fait les banques américaines ? Elles ont pris des risques sur les marchés très rentables. Les banques françaises ne sont pas comme celà. Les activités de marché  ne représentent que 8% de l'activité du Crédit Agricole et entre 10 et 20% des autres.  Car les banques sont désormais d'énormes mécannos avec des divisions multiples et différenciées. La gangrène ne pouvait toucher qu'une part minime de l'activité bancaire.

Avons-nous des responsabilités dans les prêts à risque aux collectivités locales ? Pas du tout. Les directeurs financiers des collectivités locales étaient des spécialistes. Nous n'étions que des intermédiaires vers les solutions qu'ils ont choisies et qu'ils pensaient les meilleures pour leurs mandants.  Le casino ne force personne à jouer et à perdre !

Si la question lui avait été posée de la gestion de fortune catastrophique pour la clientèle (à qui on a fourgué du Madoff et du subprimes sans aucun scrupule, et à qui on a fait avaler dans les comptes sous mandat des masses d'actions du secteur bancaire juste avant leur effondrement) il aurait sans doute rétorqué que les clients étaient rois et que c'est eux qui voulaient de la performance !  Même pour les comptes sous mandat !

En revanche sur le changement de rémunérations des traders, M .Pauget se lâche : bien sûr il fallait  faire  une réforme; d'ailleurs nous l'avons fait les premiers ;  cela ne changera pas tout, mais comme c'est bien !  On se rappelle que l'autre grand acteur du changement de statut des rémunérations des traders était Baudoin Prot, président de l'AFB. AFB et FBF, main dans la main, crient au charron sur les traders et chantent leur merveilleux courage de mettre fin à des situations qu'ils considéraient avant la crise comme "de chantage" vis à vis d'eux.

On voit tout l'inconvénient d'avoir donné une explication "comportementale" à la crise d'une extrême gravité que nous subissons.  Si la crise est comportementale il suffit de dénoncer les moutons noirs (les banques américaines)  et de mettre des muselières  aux boucs émissaires (les traders).  Et Hop ! Passez muscade !

Ce que M. Pauget ne dit pas, c'est l'énorme gonflement des crédits y compris en France, qui fait que le secteur bancaire gère désormais des encours de crédits qui représentent près de trois fois le PIB !  Ce M. Pauget ne dit pas, ce sont les énormes profits de monopole permis par la constitution d'institutions monumentales de banque-assurance incrustées dans l'Etat,  ce qui permet au prix de conflits d'intérêts majestueux, d'extraire de la clientèle des gains astronomiques. Ce que M. Pauget ne dit pas, c'est quasiment la refrancisation presque complète du secteur financier, les organismes étrangers étant ramenés à des activités marginales.

En un mot le secteur oligopolistique franco-français des banques a réussi à se constituer en énorme cancer dans la société française, bloquant l'activité des banques étrangères et donc la concurrence, utilisant toutes les facettes de métiers accolés dans d'immense cartels horizontaux et verticaux,  et servant exclusivement les intérêts de ses directions générales, qui concentrent des parts extravagantes de la création de richesses en France.

Dès qu'il y a un problème : vite l'Etat ! Jamais on n'a vu de façon plus cynique la privatisation des profits et la collectivisation des pertes.  Jamais une crise n'a été autant exploitée pour renforcer les défauts pourtant patents du système.  En se jetant sur l'os misérable qu'est la réforme de la rémunération des traders, qui redonne du poids aux directions des banques contre leurs professionnels de haut rang, les banques font coup double : elles évitent toute réforme de fond ; elles se donnent le beau rôle.


L'ennui, c'est que la crise n'est pas comportementale. Elle est structurelle. Le gonflement de la masse des dettes à des niveaux insoutenables par rapport au PIB  explique à la fois :

* la perte de rentabilité marginale des nouveaux crédits puis l'effondrement des valeurs de portefeuilles de dettes

* la violence de la perte de liquidité du marché interbancaire

* l'importance disproportionnée des gains bancaires et donc  des rémunérations du secteur (contrairement à ce qu'affirme George Pauget, ces gains ne sont pas liés à la prise de risque mais au gonglement exorbitant des activités bancaires avec le financement d'une dette d'Etat qui croit de façon exagérée au seul profit des banquiers, et à l'excès de crédit dans des domaines comme l'immobilier et le crédit à la consommation qui peuvent faire prélever aux banques une part excessive du PIB au détriment des autres activités).  

Rappelons tout de même que malgré les progrès de la productivité dans la banque de paiement grâce à une informatisation forcenée et au renvoi sur le client de la majorité des actes,  le secteur bancaire français a augmenté ses effectifs de 11% en 2007  et de 8% en  2008.

La vérité est qu'il faut dégonfler massivement la taille du secteur bancaire, le spécialiser et le décartelliser. Il y a eu trop d'émission de dettes en France, comme dans le reste du monde.  La singularité de la situation française est que ce gonflement excessif  a provoqué la faillite du système bancaire mais que le transfert des actifs excédentaires  vers l'Etat et la BCE lui a permis non seulement de ne  sentir que le vent du boulet mais  aussi de ressortir plus monopolitistique et protégé que jamais.

L'interview de M. Pauget montre seulement l'impudence d'un secteur monopolistique privé entièrement cautionné par l'Etat et tenant l'Etat à sa pogne, l'absence de grille de lecture chez les interviewers, et les conséquences d'un faux diagnostic  sur les débats en France.

L'anomalie, c'est que les journalistes ne veulent absolument pas faire droit à des analyses précises et extrêmement rigoureuses dès lors qu'elles sortent du champ d'une explication officielle aussi controuvée qu'elle soit.


Platitude et serviture vont toujours de paire.


Sylvain Dieudponné pour le Cercle des économistes E-toile.

L’évidence s’impose : le G.20 n’a pas fait les réformes nécessaires

En économie les faits sont têtus et ceux qui les ignorent sont systématiquement rattrapés par leurs erreurs d’interprétation et de politique.

Le Cercle des Economistes E-toile, après avoir parfaitement prévu et la date de la crise et son intensité,  a développé dès la faillite de Lehman-Brothers  une explication détaillée de la crise et en a tiré un plan d’action précis.  Le G.20 ne l’a pas fait et s’est perdu dans la pusillanimité. Cela commence à se voir.

Résumons notre diagnostic et notre thérapeutique pour ceux qui découvriraient ce site maintenant et qui ne souhaiteraient pas parcourir les dizaines d’articles que nous avons publiés sur ces deux thèmes.

La crise est due au développement de deux institutions désastreuses :

1-    Le système de changes flottants mis en place lors de la rupture du lien entre or et dollar, système de fait qui n’est cautionné par aucune analyse économique généralement admise,  est la source de tous les maux. Par le mécanisme fondamental de « la double pyramide de crédits », il a provoqué une hausse continue du taux d’endettement global des économies,  en même temps qu’il a offert l’occasion de gains spéculatifs gigantesques et sans intérêt collectif.  Le système a conduit à un empilage de dettes aboutissant à des niveaux d’endettement rendant impossible le remboursement et le versement des intérêts, et   dont une grande partie ne finançait que des anticipations à la hausse sur les divers marchés et rendait l’édifice d’une grande fragilité.

2-    La concentration du système bancaire et la fusion avec le monde de l’assurance  aggravent encore les choses. Les ensembles monstrueux  de la banque-assurance ne peuvent plus être mis en faillite. Les opérations croisées rendent les marchés illisibles. Les conflits d’intérêt deviennent systématiques.  La captation de richesses par les états-majors des banques a abouti à des résultats socialement inacceptables.  La course à la taille mondiale des nouveaux monstres a mis  en danger les systèmes nationaux de contrôle de la stabilité financière et les liens avec l’assurance ont  court-circuité les schémas prudentiels classiques permettant de tourner toutes les lois de renforcement de la sécurité des banques.

Ce système diabolique  après avoir provoqué la crise de 1974, puis celle du début des années 80, puis celles de 92-93, puis celles dites à tort « des pays émergents » puis celles dite à tort des « NTIC », chaque fois aggravées par des inondations monétaires plus importantes, un accroissement de la dette globale mondiale, des déséquilibres de balances de paiement,  a fini par explosé en septembre 2008, comme nous l’avions précisément annoncé.

Dans cette optique  le cas particulier des subprimes, la complexité  des produits dérivés,  le délire des agences de notation, les règles  comptables n’ont eu qu’un caractère anecdotique.  Nous avions prévenu que les autorités se concentreraient sur ces aspects mineurs et laisseraient l’essentiel dans l’ombre.  C’est exactement ce qui s’est passé.

Nous proposions des mesures  radicales pour faire face à la crise :

* Restructuration immédiate de la finance.

- Actant la faillite des banques et du système bancaire dans son ensemble,  il fallait nationaliser le secteur afin de le restructurer.
- Les secteurs assurance et banque auraient été structurellement disjoints
- Un système de banques de paiement aurait été mis en place et mis sur le marché par enchères publiques.
- Les mondes du placement, du crédit, de la gestion de fortunes, de l’intermédiation financière, auraient été isolés les uns des autres et régulés par des instances ad hoc.  Les morceaux auraient été mis sur le marché après nettoyage.
- Le produit des ventes auraient servi à payer éventuellement les actionnaires  des institutions financières nationalisées.

* Réorganisation immédiate du système monétaire international

- Restauration d’un système de changes fixes mais ajustables dont les Etats seraient responsables sous l’œil d’un FMI totalement rénové, sur la base de l’égalité absolue des droits et des devoirs des membres (fin du veto des Etats unis, fin du rôle du dollar, fin de l’acceptation de déficits  ou d’excédents massifs perpétuels).
- Mise en place d’un système de réserves internationales gérées par le FMI basé sur le « Mondio » et non pas le dollar.
- Dévaluation du dollar et réévaluation du Yuan par rapport à l’Euro.
- Interdiction des techniques de « short » sur les monnaies.
- Suppression de la cotation en continu.
- Réorganisation des bourses de matières premières (pétrole etc.) pour un système de cote en Mondio.

* Lancement immédiat d’un grand emprunt dans chaque grand pays
- Pour essorer toutes les liquidités tentées par la thésaurisation
- Pour financer  immédiatement des plans de relance

* Interdiction des stocks options sauf pour les start-up.
* Baisse concertée des taux d’intérêt pour refinancer la dette et faciliter l’investissement.
* Restructuration des crédits manifestement irrécouvrables

Au lieu de cela, le G.20 s’est réuni essentiellement pour tenter de démontrer qu’il y avait un consensus international. La seule mesure concrète a été la lutte contre les « paradis fiscaux » et l’autorisation pour le FMI de multiplier les DTS.  Tout le reste est resté du domaine du verbal.

Les autorités monétaires des Etats Unis et de l’Europe ont ouvert en grand les vannes de la création monétaire et fait fumer la planche à billets.
Les autorités budgétaires ont creusé les déficits.

Le bilan des banques centrales est désormais farci à des niveaux jamais vus d’actifs de qualité plus que douteuse, le cantonnement des dettes pourries ayant largement eu lieu en leur sein, ce qui est extrêmement discutable.

Les Etats sont désormais endettés à des niveaux jamais vu. On est entré dans un monde inconnu. L’histoire ne fournit pas de précédent sur lequel s’appuyer.

15 mois plus tard, il y a eu une seconde  bouffée de reprise qui vient relayer celle du printemps.   Des chiffres de hausse  significative du PIB ont été publiés en Chine, aux Etats Unis,  au Brésil.  Divers pays de la zone Euro ont vu également la décroissance s’arrêter et  une timide reprise s’installer.  Les plans de relance massifs ont bien eu  un effet là où ils ont été mis en œuvre.

Point noir, le commerce international est toujours à l’arrêt, les principales industries travaillent à un niveau situé entre 20 et 30% plus bas qu’à leur pointe d’activité de 2008, le chômage explose, les faillites se multiplient.  Des marchés entiers sont en grave souffrance.

Le monde de la finance allégé de ses  dettes les plus scabreuses, favorisé par des taux d’intérêt quasi nuls,  cautionné de toutes parts, a repris ses entrechats sur le même rythme qu’avant. Comment s’en étonner ? Aucune réforme n’ayant été faite, que voudrait-on qui se soit produit de différent ?

Paradoxalement l’activité de crédit aux entreprises est fortement pénalisée par les taux bas et la récession.  Les banques ont besoin d’un bon différentiel entre le coût de leurs ressources et leurs recettes. Même si le taux de refinancement est bas, l’activité de crédit n’est pas très rentable et impose de forcer sur la taxation abusive des opérations liées à la gestion de compte. Les emprunteurs étant déstabilisés par la crise, ils deviennent suspects.   On prête donc moins. 


En revanche la spéculation pour compte propre devient très rentable puisque le joueur dispose d’argent quasiment gratuit.  Et l’intermédiation financière offre des gains d'autant plus faciles que les énormes banques sont incontournables. Les grandes banques se sont donc branchées sans vergogne sur la bulle des émissions obligataires des entreprises,  sur le placement des emprunts d’état,  sur les augmentations de capital  à prix bradé des actions et sur les courtages de la reprise boursière.  La spéculation a alimenté la spéculation.


Jamais les banques n’ont été moins utiles à l’économie des entreprises  et ont bénéficié autant des facilités de la spéculation.  La concentration bancaire s’est accentuée.  Les mastodontes sont encore plus gros et leur taille interdit qu’on les laisse tomber en  faillite. 

La masse globale de la dette s’est à peine réduite pesant de façon excessive sur les acteurs.

Quant aux monnaies, tout le monde s’inquiète. Le dollar est au plus bas et menace comme toujours depuis quelques années de s’effondrer.  La Chine ne cesse d’accumuler des excédents  liés à la sous évaluation du Yuan. L'or flambe.


En un mot l’économie mondiale est stabilisée à un niveau très inférieur à celui qu’elle  avait atteint. Le crédit utile aux entreprises est congelé. Le moteur du commerce international est grippé.  Tous les facteurs des déséquilibres préexistants sont là et persistent à produire leurs effets délétères à la grande interrogation de ceux qui ne les ont jamais dénoncés et qui maintenant nagent dans les contradictions lorsqu'il faut interpréter les faits.

La France bancaire, cartellisée soigneusement depuis Pétain et vivant en consanguinité totale avec la haute administration,  chante les louanges du modèle  oligopolistique de la banque-assurance omnipotente. 

Le Crédit agricole ne pense plus qu’à une chose : sécuriser son accès aux dépôts en croquant la Société générale et créer des liens fusionnels avec  le petit monde de l’assurance mutualisée.

Bientôt les cinq grands réseaux  se partageront la quasi totalité des dépôts, des placements, des crédits et des opérations d’intermédiation. Le Crédit Agricole (sans la Société Générale) se vante de gérer les comptes de 20 millions de personnes, le tiers de la population française en comptant les bébés ! Et de s'extasier au lieu de s'inquiéter !

Nous sommes déjà parmi les pays d’Europe où les frais bancaires sont les plus élevés.  Cela ne va pas s’arranger.  Comme au temps des grands financiers du passé, les Fugger, les Médicis, les Law,  on n’est pas loin d’avoir affermé l’impôt à  quelques grandes banques.  Les intérêts de la dette d’Etat consomment désormais plus que le rendement de l’impôt sur le revenu. 

Certes les banques françaises ne sont pas les seuls prêteurs du trésor.  Mais leur part est prépondérante.  Une poignée de ce qu’il faut bien appeler des larrons  voient leurs rémunérations gargantuesques  directement branchées sur la collecte fiscale.  Pour des mérites d’apparatchiks, pas pour ceux de grands capitaines d’industrie.
Et on n’a pas encore lancé le Grand Emprunt Juppé-Rocard !


Pendant ce temps là l’Europe démantèle ING qui se voit obligé de vendre ses assurances. Comprenne qui pourra !

Avec retard et dans la foulée des journaux anglo-saxons, le Monde du vendredi 30 octobre s’interroge : spéculation financière, comment contrôler les banques ?   Le bandeau barre sur quatre colonnes la première page.  En page 13 sur cinq colonnes cette fois ci la question est posée autrement : faut-il interdire aux banques de spéculer ? 

Quinze mois après  la faillite de Lehman-Brothers on en vient enfin à poser les questions que nous posons depuis cette date.  Lire enfin  dans la presse quotidienne nationale que  « les institutions attrape-tout sont souvent l’objet de conflits d’intérêt » est des plus réconfortants même si le style laisse à désirer.  Les banques polyvalentes  sont TOUJOURS  en tentation de profiter d’une situation qui les fait juge et partie tout au long de la chaîne financière.  Plus le Moloch est gros plus les conflits d’intérêts deviennent choquants et plus le risque global pour la nation s’accroit.  Et plus les sur-rémunérations des dirigeants sont scandaleuses et contiennent d’argent finalement capté et non pas gagné.  Nous aussi  nous avons nos oligarques !

Le même exemplaire du Journal intervient pour signaler via une tribune de Nouriel Roubini  qu’il faut réduire les déséquilibres macroéconomiques.  Eh oui ! Mais pourquoi ne pas avoir lancé l’affaire dès juin 2008 ?  Le seul problème est que l’auteur ne remet pas en cause le moteur essentiel des déséquilibres : les changes flottants.  Il faut supprimer les effets mais ne pas s’attaquer aux causes !  Du coup l’article perd de sa force. 

Un peu plus loin Nicolas Baverez évoque l’impasse des politiques de sorties de crise.  Il pointe très justement les défauts que nous cessons de commenter depuis des lustres.

*Les politiques économiques ne sont pas coordonnées. C’est vrai ! Mais le seul moyen de les coordonner c’est de leur imposer la défense d’un taux de change internationalement agréé.  Il faut donc nécessairement et préalablement réformer le système monétaire international. 

*Le modèle économique des banques n’a pas été modifié. Encore vrai. Mais il faut avoir un schéma de restructuration. Il manque. Nous, nous  l’avons inlassablement exploré. 

*Le refus du G.20 de se saisir du système monétaire ? C’est notre dada depuis que le G.20 existe.  Mais Baverez, s’il constate les anomalies,  ne propose rien.

On peut se satisfaire de voir que les analyses que nous avons faites à chaud  deviennent les banalités du jour.  Il était absurde de ne pas réformer immédiatement  le système des changes et le secteur de la finance. Les faits sont là et la réalité s’impose.  Mais quel désarroi dès qu’on veut passer à la recherche de solutions.  On en reste aux vœux pieux sur les résultats attendus et les méfaits à éliminer.

Les mots-clé arrachent la bouche et ne sont pas prononcés.

Oui il faut démanteler les molochs de la banque assurance, sans avoir peur d’affaiblir le secteur financier. Mieux vaut des roseaux  nombreux  que des chênes rares et énormes,  en matière de finance.    Oui il faut revenir aux changes fixes dans un système régulé par un FMI où il n’y aurait que des égaux et  pas de veto.


Ces mots ne sont pas prononcés. On tourne autour dans le non dit.  Quinze mois après le déclenchement de la grande faillite bancaire universelle,   l’évidence qu’on a tourné le dos aux vraies solutions commence à s’imposer. Mais on ne fera rien  pour aller vers des solutions concrètes.

Que de temps perdu ! Que d’argent perdu ! Que d’emplois perdus ! Que de souffrances évitables !

Nous sommes toujours à la merci d’un rebondissement  catastrophique qui nous laisserait sans solution.  Et personne ne sait comment sortir de l’impasse du surdendettement d’Etat ni comment dégonfler les bilans  des banques centrales de leurs actifs dits non conventionnels (en fait : anormaux).

Peut-être que dans quinze mois…

Didier Dufau pour le Cercle des économistes  E-toile

Une crise largement incomprise

Les signes de sorties de récession et la perspectives du nouveau G.20 stimulent les déclarations sur les causes de la crise financière et économique qui s’est déclenchée en 2007 avec un pic psychologique en septembre 2008 avec la faillite de Lehmann-Brothers et la menace d’un effondrement général  du système bancaire mondial.

Ben Bernanke, nommé à nouveau à la tête de la FED, a parlé de « panique irrationnelle » évoquant une crise à caractère psychologique plus que technique.  L’Insee dans sa dernière livraison de « l’économie française »  datée de 2009 (16.50 Euros au lieu de 15, soit une hausse de 10% en passant, pourquoi se gêner ?) livre également son diagnostic. Mme Lagarde, l’avocate qui est actuellement Ministre des Finances s’exprime pour sa part  dans le Figaro du 4 septembre 2009.

En gros, ils sont tous à peu près d’accord : la crise est de la faute des banquiers qui par cupidité et absence de régulation ont provoqué une catastrophe  qui, commencée avec le blocage des subprimes, s’est propagée à l’ensemble de l’économie.  La solution est donc de brider les banquiers « pirates », mettre fin au « scandale » des bonus des traders, mettre au pas les « paradis fiscaux ».  Cette « réforme du capitalisme » mettra fin à la crise actuelle et évitera qu’une autre se reproduise.

Nous sommes, au Cercle des Economistes E-toile,  entièrement opposés à cette analyse. Ce n’est pas une position facile compte tenu de l’importance technique ou institutionnelle de ceux qui la défendent.  On ne peut pas procéder par simple affirmation et il faut, pour tenir une  pareille  position de contestation, avoir  des arguments solides.

Nous croyons les avoir.

Observation liminaire, aucune des personnes ou des organismes cités n’a prévu la crise. Certains l’ont niée longtemps puis minimisée.  Cela veut dire au moins une chose : ils n’avaient pas de cadre méthodologique leur permettant d’observer les faits significatifs et de les interpréter.  Ils ont prétendus que « personne n’avait prévu cette crise et son intensité ». Notre cercle a non seulement prévu la crise dès 2006 mais n’a pas cessé d’avertir du début 2007 jusqu’à septembre 2008 qu’elle serait particulièrement sévère, tout en expliquant pourquoi. Les aveugles d’hier prétendent avoir désormais tout compris. Il est sage de se méfier.

L’INSEE, dont toutes les prévisions se sont révélées fausses, donnent une explication de la crise d’une grande banalité : la crise a été provoquée par le retournement du marché des subprimes  sous jacent au marché immobilier américain.  Elle s’est ensuite propagée par la titrisation.  Le soupçon sur ces produits rendus complexes a bloqué le système bancaire. Le financement de l’économie a cessé. La crise a frappé le monde entier.
Il n’y a en fait aucune analyse mais une simple description de faits successifs considérés comme s’imbriquant et se succédant de façon logique.

Mme Lagarde reprend mot à mot  ce « diagnostic » en élève nulle en économie mais respectueuse des institutions nationales et appliquées à bien faire.  « Les raisons de cette crise ne sont aujourd’hui que trop connues. Si celle-ci s’est déclenchée dans le secteur immobilier américain, elle s’est propagée au monde  par le biais de la titrisation pratiquée à grande échelle. Cette crise est le résultat de la sophistication excessive des instruments  financiers, de l’absence d’évaluation des risques, de la régulation insuffisante de certains acteurs et de certains produits et de la cupidité insatiable d’autres acteurs encore pour qui toujours plus n’était jamais assez ».

Des vilains ont fait de vilaines choses. Mme Lagarde multiplie les adjectifs  vengeurs : il faut « bannir » ; mettre fin à « l’irresponsabilité dévastatrice »  aux « comportements nuisibles », aux « agissements », aux « comportements dangereux et même indécents », aux « provocations ».  
L’avocate sait comment on traite les trublions : on leur impose des règles contraignantes. Et on doit les empêcher de gagner de l’argent indument : « il faut mettre fin à la culture des bonus ».

La crise serait donc comportementale. En rendant ces comportements punissables  on  règle la question pour l’avenir.  Le G.20 va fixer ces règles. Le contrôle des paradis fiscaux évitera qu’elles puissent être facilement violées. Et tout sera dit.
Sottises !

Ce serait si facile, si en économie, on pouvait trouver quelques boucs émissaires et expliquer tout par des comportements déviants !  A cette aune là, Mme Eva Joly serait prix Nobel d’économie…  

Le bas blesse naturellement à la base du raisonnement, en laissant dans le flou de nombreuses questions : pourquoi le marché des subprimes a-t-il pu se développer ainsi ?  Est-il  le seul sous-marché dans l’ensemble du marché des crédits qui s’est effondré ?  La titrisation est-elle à bannir ? A-t-elle vraiment pu à elle seule mettre tout le système par terre ?  Pourquoi une si petite mèche a-t-elle pu déclencher un si fort cataclysme ?

La théorie de crise par les subprimes  peine à rendre compte des faits. Le commerce international  s’est effondré brutalement.  Quel rapport avec le marché de l’immobilier social aux Etats unis ? Idem pour le crédit à la consommation durablement en récession partout dans le monde.  Quel rapport avec la hausse spéculative des cours des matières premières  internationale du début 2008 et son effondrement   ?

Même si  la crise aigüe du marché interbancaire a bien été créée en juillet 2007 par le mistigri de l’exposition des banques aux subprimes mélangées dans les produits de trésorerie « dynamiques »,  toutes les personnes exposées  à ces portefeuilles- surprises savent que les pertes ont été pour elles extrêmement minimes.  Oddo en France a remboursé ceux de ces clients dont ils avaient parfumé l’épargne de ces produits contre nature.  Les pertes dans les banques françaises ont été finalement insignifiantes.  En tout cas incapables de provoquer le tsunami  économique et financier auquel on a assisté.  Même si on tient compte de la « panique » détectée par  Ben Bernanke.

La vérité de la crise est bien évidemment ailleurs.

Elle est contenue tout entière dans l’énorme bulle de prêts  que le monde gonfle depuis le milieu des années 1970.  Cette bulle a atteint en 2006 des sommets intenables. L’INSEE en donne naïvement pour la France l’illustration explicite dans son tableau des ratios de dettes des agents non financiers p. 175 de l’opuscule cité (le graphique est reproduit au bas de cet article).

En 1978, date de référence choisie un peu arbitrairement par ce graphique :
La dette des ménages par rapport au revenu disponible brut est de 27%
Celle des administrations publiques par rapport au PIB de 25 %
Celle  des sociétés non financières  par rapport à la valeur ajoutée de 48%.
Les trois chiffres sont à 122% environ en 2008 !

L’enveloppe d’endettement des différents acteurs économiques, en France,  à été multipliée par PLUS DE QUATRE !  Le taux de croissance de l’endettement brut des agents non financiers est de 8% en 2007 et de 8.7% en 2008 ! A ce rythme là on doublera en moins de dix ans !  L’en cours brut est de 3.586 Milliards d’Euros.  A comparer à la valeur ajoutée des entreprises : 1.218 Milliards d’Euros : un ratio de dettes de pratiquement 300%  en passe de monter à 600% en quelques années. 

Raisonnable ? Durable ? Et aucun rapport avec la crise actuelle ?

On est loin des subprimes américaines.  La dette a augmenté en France dans tous les compartiments du jeu économique et a atteint des niveaux insoutenables.  Au total les dettes cumulées ont fini par dépasser  les 300% le la production marchande !  Question d’arithmétique de  cours élémentaires de première année : quelle proportion du revenu doit-on consacrer au remboursement et au paiement des intérêts  lorsqu’on atteint de tel sommet  sachant qu’en moyenne le coût d’un emprunt est environ de 5% par an et que sa durée est en moyenne de dix ans ? Au bout des dix ans les intérêts représenteront 150 % de la production. Et il faut utiliser  30% de cette production  pour rembourser le principal.  Au total c’est 45% de la production  qui est préempté par la dette.  Est-ce supportable indéfiniment ?

Pensons qu’aux Etats Unis, on en était arrivé à un ratio de même nature  de près de 400% !

Bonjour la croissance durable !

Cette énorme bulle financière ne pouvait qu’éclater un jour ou l’autre.  Les prêts « subprimes » américains étaient le point faible du dispositif. Il a cassé en premier. Mais c’est l’ensemble du système mondial  de dettes qui s’est effondré, frappant aussi là où la fragilité était la plus grande (Islande, pays de l’est etc.).

L’INSEE et  M. Lagarde,  et après eux des dizaines de commentateurs, confondent la première victime de la crise et la cause de la crise.  Imaginons qu’un énorme orage se soit accumulé au dessus de Paris et  qu’un fantastique éclair ait anéanti la Tour Eiffel,  dont la chute aurait effondré pas mal d’immeubles autour, avant que les dégâts ne touchent finalement les plus lointaines banlieues. Dirait-on que la Tour Eiffel  est la cause du désastre général ?

Non. Au moins pour éviter de passer pour un imbécile.  En économie, où les choses sont moins connues et moins simples, on n’hésite pas à se lâcher.  Et on a l’article de Mme Lagarde.

Dès qu’on cesse de regarder la tout Eiffel pour  considérer l’orage, tout devient beaucoup plus intéressant. A partir de quand cette énorme bulle financière s’est elle créée ? Pourquoi s’est elle créée partout  et surtout aux Etats unis ?  Peut-on  encore contrôler les risques bancaires quand le niveau de prêt est si important ?  Les principales monnaies se sont dévaluées depuis le début de cette bulle de plus de 95% par rapport à l’or. Ce système de monnaie fondante n’a-t-il pas un rôle ? La création monétaire internationale n’a-t-elle pas été laxiste ? Par quel mécanisme a-t-on atteint de telles émissions ?

Le moteur de réflexion  est en marche. Les vraies questions s’enchaînent.  On est passé du superficiel facile au fond des choses.  Les subprimes sont loin. Le système monétaire et les changes flottants prennent  toute leur place.  Les déficits abyssaux des Etats unis, les excédents monstrueux de la Chine et du Japon se centrent au milieu du débat.  On voit les crises se succéder que l’on a parées  par des émissions de monnaie chaque fois plus importante qui ont aggravé à chaque fois le problème.  On observe un système qui dérape totalement à partir de 2003. Tout observateur comprend que l’on est entré dans une phase intenable et qu’au bout on aura une crise majeure.  

Le cycle de 8-10 ans a été toujours le moment des grosses remises en cause monétaires et financières. Pour nous, la crise décennale  surviendra avant 2010.  C’est sûr.  Et nous anticipons la crise sérieuse.

En 2006, l’évidence s’impose : elle viendra plus tôt et sera plus sévère que les précédentes.  Début 2007, c’est le début de la fin sur les surprimes immobilières américaines car les prix de l’immobilier pour la première fois de l’histoire récente ont baissé au dernier trimestre 2006.  Nous annonçons  le gros de la crise pour 2009, avec un craquement en septembre 2008. 

Nous le confirmons après le constat du blocage du marché interbancaire en juillet 2007. L’orage gronde et commence à frapper.  Nous alertons que le commerce international est en première ligne. Si tout le système bancaire cale, les relations économiques internationales s’effondreront en premier.   Parce  qu’elles sont totalement spéculatives  et fondées sur des déficits monstrueux financés par des crédits dont le volume est également monstrueux.

Début 2008 l’argent ne sait plus où aller. La spéculation « défensive » sur les matières premières internationales  est vue temporairement comme un havre sûr. Elle se dénoue fin juin 2008. C’est fini : il n’y a plus d’échappatoire. Les liquidités basées sur rien devront disparaître. Le « credit crunch » est obligatoire. Il va avoir lieu incessamment. 

Tout l’été c’est la panique à la trésorerie des banques : on n’arrive plus à se refinancer et cela  dans le monde entier. Les quelques faillites déjà survenues  n’ont pas été comprises. On commence à comprendre qu’on va vers un krach général du système bancaire. Il se produit en septembre.

Notre cadre de réflexion affiné pendant des années est bien opérationnel. Il permet de prévoir. Il permet de comprendre.  Il permettrait d’agir si les responsables le partageaient.


Mais les économistes de cour et les institutions n’ont rien vu venir. Ils sont pris par surprise.  Dans la panique on sauve les banques sans aucune réforme et on laisse filer les déficits à des niveaux jamais vus, ce qui fait que même un économiste laxiste comme le dernier prix Nobel, Patrick Klugman, admet qu’on s’est aventuré  dans des territoires inconnus avec des conséquences imprévisibles.

Aucune des causes réelles de la crise n’est attaquée.  Les réformes sont superficielles et portent  sur des détails (bonus, règles comptables, paradis fiscaux).

Mme Lagarde, si l’affaire était celle des subprimes,  vous devriez être vent debout contre toutes les tentatives pour accroître le crédit populaire à la consommation et pour l’immobilier ? Le faites- vous ?  Vous vous en gardez bien.  A-t-on supprimé le marché des prêts aidés au logement ? Pas du tout.  Au contraire on s’indigne que les banques aient baissé leurs encours de crédits à l’immobilier et à la consommation !  Contradiction insurmontable, on n’a pas l’action que commanderait le diagnostic !

Les bonus sont largement liés aux spéculations sur les marchés. Ils n’ont rien à voir avec les subprimes.  Qu’elle est la part des actifs subprimes qui ont fait l’objet de spéculation en salle de marchés dans les banques françaises ?  Euh, euh, ne répondez pas tous en même temps ! Pratiquement aucune, en fait.


Reste la titrisation. Cette technique a-t-elle été rendue illégale ? Point du tout.  L’un des rôles principal de la finance est d’échanger un capital immédiatement disponible contre un flux de remboursement à venir.  La titrisation d’un portefeuille de dettes fait-elle autre chose ?  Elle s’est développé essentiellement parce que le gonflement des en cours de dettes stimulés par les déséquilibres monstrueux du système monétaire international  était bridé par les règles prudentielles concernant les prêts classiques. Les banques ont sorti de leur bilan des prêts pour pouvoir à nouveau prêter.  Les entreprises ont vendu leurs portefeuilles de créances pour pouvoir également dégager des moyens d’investir. Les banques ont titrisé en masse  pour dégager des ressources pour spéculer en salle des marchés. On y gagnait tellement : la spéculation stimulait la hausse qui stimulait la spéculation...

Faute d’un diagnostic exact, les autorités non seulement n’ont pas pu prévoir la crise mais ne savent pas quoi faire pour éviter que les faits se reproduisent.   Alors on fait de la chaleur autour du comportement de « moutons noirs » chargés de tous les péchés : la Suisse « paradisiaque » ; les traders « fous » ; les bonus « indécents ».  Mais aucune lumière.

L’énorme nuage de dettes est toujours là. Il a été transféré aux Etats et aux Banques centrales.  Les banques elles  dégonflent leurs engagements, ainsi que tous les autres acteurs privés.  Cette décompression a entraîné  l’arrêt du commerce international qui n’arrive pas à repartir.  L’économie marchande stagne sur une base très amaigrie (de 10 à  40% selon les secteurs, de 25% en moyenne).  Personne ne sait comment se débarrasser des dettes accumulées par les Etats, aggravées par les manques à gagner fiscaux de la récession.  Tous les mécanismes spéculatifs sont encore en place.  Des bulles recommencent à exploser ici ou là.

Le G.20, pour la troisième fois, faute de diagnostic et du courage de regarder les mesures difficiles en face,  se contentera de mesurettes bien intentionnées  mais sans importance.

Tout cela est lamentable et dangereux pour l’avenir.

Nous ne cherchons pas avoir raison contre tout le monde.  Nous serions ravi de suivre ébaubi les politiques pertinentes  mises en œuvre par des autorités bien guidées par les analyses également pertinentes de leurs conseillers.
Mais non, décidemment, ce n’est pas le cas.

Personne ne peut prévoir ce qui va désormais se passer.  L’incertitude est totale. Tout peut arriver. L’hypothèse la plus probable est qu’on aura une sortie de crise façon 1993, en plus long et en plus chaotique, car le choc aura été nettement plus rude.  Mais alors il faut se rappeler que l’absence de réforme de l’époque avait conduit à la crise de 98, puis à celle de 2000 puis à notre crise actuelle.  La porte est ouverte à une crise financière encore plus importante un peu plus tard, à la mesure des dégorgements monétaires actuels.  Et là nous ne pourrons recommencer à ouvrir les vannes  comme nous venons de le faire.

Mais cette hypothèse n’est pas la seule.  En 1929, dont nous avons déjà dit que la situation était très différente, même si la cause de la crise est rigoureusement la même (un gonflement de dettes insoutenable alimenté par les défauts du système monétaire international),  on a souvent considéré que les rebondissements successifs ont été le fait « d’erreurs » dont on a pris désormais la mesure.  C’est largement vrai. Mais il ne faut pas sous estimer les causes de ces « erreurs ».  La lenteur de la sortie de crise  a mis à l’épreuve la patience des peuples.  Beaucoup « d’erreurs » furent  le fruit politique de l’impatience générale.  C’est entre 1932 et 1936, plus de trois ans après le krach initial, qu’on est entré dans le cycle infernal des décisions politiques désastreuses qui ont fait perdurer la crise jusqu’à la guerre.

Les vraies réformes, celles qui dureront, furent différées indéfiniment au lieu d’être engagées tout de suite.  Au fond ce n’est qu’après guerre qu’elles seront faites à l’échelle convenable.  Nous sommes sur le même chemin. 

Les Etats considèrent que des réformes cosmétiques à fort effet d’annonce suffisent. La tyrannie de l’existant est telle que les opinions suivent.  On assiste donc à une politique de facilité (laisser filer les déficits et ouvrir les vannes de la création monétaire par les banques centrales ne sont pas des mesures politiquement difficiles à prendre : il suffit de lâcher tout !),  saupoudrée de mesures démagogiques destinées à faire croire à l’opinion que la reprise en main est sévère.

La poudre de perlimpinpin autour des bonus et des paradis fiscaux ne doit pas faire illusion. Faute d’un diagnostic correct  les réformes nécessaires ne sont pas faites.

Cette abstention aura un prix.

Tôt ou tard.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.



Grand écart

Le graphique ci dessous raconte une drôle d'histoire. On voit que la Baltic Dry index qui donne le prix du transport international chute depuis plus d'un mois après avoir repris des couleurs et qu'il se situe dans des zones extrêmement basses. Alors que les bourses explosent dans une hausse totalement décalée.

En général c'est la bourse qui suit le BDI, pas l'inverse. Ce qui annonce une forte correction boursière quelque part cet été.

Aucune réforme n'ayant été faite de rien, il est normal qu'un système financier pervers reprenne les affaires là où il les avait laissés et que la spéculation effrénée reprenne en amplifiant les quelques bonnes nouvelles du début de l'été.

Le chômage talonne aux Etats-unis ; les exportations allemandes repartent assez vigoureusement. La consommation ne fléchit pas dans la majeure partie du monde.

Cela ressemble vraiment à ce qui s'est passé lors de la crise de 2001-2003. Au lieu de voir repartir une croissance mondiale équilibrée la conjoncture n'a été que l'agglomération des bulles diverses qui ont fini par exploser.

On est reparti sur cette route cahotique. Le mieux qu'on puisse imaginer c'est une courbe en W. Une reprise brève à laquelle succédera presqu'aussitôt une rechute assez grave avant peut être de repartir pour de bon.

LH pour le Cercle des economistes E-toile.

 

 



Un emprunt mal né

Faut-il aujourd’hui lancer un grand emprunt national ? La réponse à cette question est indissolublement liée au diagnostic que l’on fait de la crise et à son pronostic.  Malheureusement aucun des promoteurs de l’emprunt ne croit devoir proposer un diagnostic et encore moins un pronostic. Du coup la discussion médiatique autour de ce projet d’emprunt prend un tour un peu psychédélique où se révèlent des attitudes  plus que ne se développent des arguments. Une fois de plus la chaleur l’emporte sur la lumière.

Ce que nous vivons est une crise monétaire due au développement d’une bulle de crédit gigantesque et intenable. L’ivresse des déficits américains et des excédents chinois replacés aux Etats-Unis a permis un développement pyramidal de crédits de plus en plus artificiels et de plus en plus artificieux. Lorsque l’endettement représente près de 400% du PIB des grands pays, il n’y a AUCUN  moyen d’en espérer un remboursement.  La sortie de crise passe par la ruine partielle du créancier. Toutes les activités directement liées au crédit s’effondrent. Les flux  de consommation, de production et d’échanges fondés sur les dérèglements financiers se contractent violemment.

Nous prétendons depuis le départ que la crise actuelle n’est pas une crise des subprimes, qui ne sont qu’un détail du dérèglement financier global, mais un effet dérivé du système monétaire international fondé sur la domination du dollar dans un système global de changes flottants. La réforme clef est donc celle du système monétaire international.  Ce diagnostic n’ayant pas été fait, l’action des uns et des autres flotte dans l’approximation  et n’a pas d’autre boussole  que l’urgence dans la panique.

Dans l’urgence et dans la panique, on a sauvé les banques menacées de faillite généralisée. Dans l’urgence et la panique on a laissé les déficits publics gonfler démesurément. Dans l’urgence et la panique on a tenté de sauver la confiance par des réunions surmédiatisées du G.20 qui n’ont débouché sur rien.

La récession atteint en France son quinzième mois. Les six derniers mois n’ont vu aucun redressement. Au contraire tous les records de gravité sont battus avec une grande constance, en même temps que les médias et les politiques ne cessent de mettre en exergue des signes de reprise qui s’évanouissent au fur et à mesure. Aucune des mesures prises n’a pu inverser le cours des évènements. Seul le discours politique a changé, passant du libéralisme débridé au dirigisme socialisant,  le thème de la rupture restant la seule constante.  Il faut dire qu’il était uniquement verbal et que son ambigüité permet de le maintenir sans douleur.

Sur cette toile de fond d’impuissance, on est passé du plan de relance, qui n’a rien relancé, au plan de préparation de la sortie de récession, qui n’est pas en vue.

Alors que nous voyons qu’à fin 2009 le déficit public  sera supérieur à 150 milliards d’Euros (avec 200 milliards en vue pour 2010), alors que tous les systèmes sociaux n’auront pas encore été à cette date sollicités à plein régime (le chômage va exploser en 2010 et monter au dessus de 10% de la population active et 25% du salariat du secteur marchand) et que rien ne montre un redressement quelconque de l’activité ni l’apparition d’un nouveau système stable d’échanges internationaux, l’Etat français se voit privé de ressources.

Dans la panique et l’urgence, la seule idée qui s’impose est celle d’un emprunt. La voie fiscale étant fermée, la ressource ne peut venir que du bas de laine ou de la Banque Centrale. La Banque Centrale en est aux mesures « non conventionnelles », c'est-à-dire à faire fumer la vieille planche à billets, et ne peut guère être sollicitée au-delà.  Reste l’emprunt.

Nous avons écrit, en septembre 2008, que la solution du grand emprunt était à considérer. Lorsque le crédit s’effondre et avec lui les bourses, des sommes gigantesques sont à la recherche de sécurité et  le trou d’activité ne peut être compensé que par des mesures de dépenses publiques. Un grand emprunt national lancé en octobre 2008 aurait eu un impact certain, associé à une réforme immédiate du système monétaire international.

En stabilisant les relations économiques internationales, et en compensant au moins partiellement les effets du « credit-crunch », on pouvait atténuer de façon peu coûteuse la crise naissante. Nous avons ajouté qu’il fallait en profiter pour mettre fin à l’ISF basé sur la valeur des biens, pour un ISF basé sur les grands revenus, et faire revenir les capitaux cachés à l’étranger. On aurait pu associer grand emprunt et retour des capitaux en imposant une option entre taxation et souscription : par exemple taxation à 25% pour les sommes rapatriées sans placement et 10% pour celles qui iraient au grand emprunt national. L’Etat français aurait récupéré à bon compte des milliards d’euros et le taux de l’emprunt aurait pu être très bas : 1.5% défiscalisé sur l’IR (mais pas la CSG) et indexé sur l’inflation aurait suffit.   Il est probable qu’on aurait pu collecter près de 25 milliards d’euros qui auraient garanti une action forte de l’Etat dès 2009 sur les dossiers d’investissement stratégiques.

L’emprunt envisagé est prévu pour le début 2010, date où la ruine des finances publiques sera manifeste, et après 15 mois de politique du chien crevé au fil de l’eau. Aucune réforme du système monétaire international n’est prévue. Les déficits se sont accumulés. Le nombre des faillites et des licenciements va exploser à partir de l’automne 2009.  La peur s’est accumulée. Elle a changé de nature. Les épargnants craignent désormais une inflation incontrôlée. Un taux très bas sans sucette fiscale et de garantie vis-à-vis de l’inflation ne séduira pas. Les épargnants préféreront les obligations un peu risquée à 5 ou 7%  sur une période relativement courte (4 à 7 ans) plutôt que de la rente faiblement rémunérée et menacée par l’inflation. Les détenteurs de patrimoines lourdement touchés par la crise et l’ISF ne souscriront pas facilement. Ceux qui gardent une partie de leur argent à l’étranger n’y participeront pas.  Tout cela ne signale pas un climat particulièrement favorable à un grand emprunt national, sauf accompagnement ad hoc, tendance radicale.

On parle toujours de confiance lorsqu’il s’agit d’emprunt. Mais l’humeur générale est plutôt hostile à ce qui rend l’épargnant confiant.

Au milieu des années 1970, George Marchais, le secrétaire général du Parti Communiste Français, alors que l’on parlait de l’actualisation du Programme Commun de Gouvernement, s’était exclamé : « il faut un impôt radical qui au dessus d’une certaine somme, prenne tout ».  En un mot il fallait un revenu maximal. Personne n’aurait pu gagner plus.  La droite s’était aussitôt insurgée devant des mesures aussi bolcheviques et les socialistes avaient du monter au créneau pour expliquer que jamais, au grand jamais, une telle provocation n’était dans leurs intentions.  Que constatons-nous aujourd’hui ? Que ce sont des députés de droite qui le suggèrent et qui reprennent l’idée d’un salaire maximal.  En même temps, M. Woerth avertit que le secret bancaire étant en voie de disparition, il importe que les « délinquants » rapatrient spontanément leurs avoirs et vite, tout en sachant qu’au mieux, sans pénalité, l’heureux retour se fera avec un prélèvement de près de 60%. Et qu’après il y aura à nouveau toute les joies de l’ISF et des prélèvements fiscaux et sociaux. En un mot, un fois de retour, les capitaux perdront régulièrement de leur valeur et devront être vendus pour payer l’impôt. Rappelons qu’avec un taux marginal de 1.8 alors que les placements actuels sûr rapportent 1.5%, sur lesquels on prélève environ 60%, soit un rendement net de moins de 0.6%, l’ISF est une machine à faire vendre le capital (et là, gare à la plus value !). Surtout si on fait intervenir l’inflation.

Mieux encore, voilà que les mêmes voix de droite suggèrent de rendre OBLIGATOIRE la souscription au nouvel emprunt. Il est vrai que si on enlève tout argument de nature à séduire l’épargnant, l’espoir d’une collecte suffisante ne peut reposer que sur l’emploi de la force. Mais l’emprunt forcé rappelle fâcheusement les violences d’état du moyen âge. Pourquoi ne pas rétablir les corvées pendant qu’on y est ?  

Le climat général est à la violence contre « l’argent ». Alors qu’il se terre après avoir pris une bonne raclée.

Pour l’observateur des médias, qui sont en France aussi moutonniers qu’un banquier, ce qui n’est pas peu dire, et où on constate que quatre ou cinq personnes fixent le bien penser et son tempo, il est intéressant de constater que simultanément et unanimement les commentaires des radios, des télévisions et des journaux à l’annonce de l’emprunt se sont fixés sur la norme : attention danger !

 C’est à qui rappellera avec le plus de force que les emprunts précédents ont été des catastrophes nationales. L’emprunt Pinay indexé sur l’or en période de haute inflation s’est révélé il est vrai fort coûteux. Le cas Pinay est l’exemple même d’un mythe politico-économique  entièrement fabriqué. Le plus bel exemple de « com’ » de la Quatrième République. L’homme au chapeau rond, au physique ingrat d’une province qui ne s’attache pas aux frous-frous de l’esthétique, à la moustache aussi ringarde que délicieusement vieille France, se devait, muni d’une auréole d’or, de devenir l’archétype de la confiance incarnée. A tel point que la visite au sage (ou ermite)  de Saint Chamond deviendra un rite (assez grotesque il faut bien le dire)  lorsqu’il s’agira de lancer un nouvel emprunt. Ce que Giscard, qui imaginera le pire emprunt de toute l’histoire de France, au moins du point de vue des finances publiques, ne manquera pas de faire avec toute la pompe et l’hypocrisie requises.  A ce point qu’à Science-pô, le sujet « Pinay » donne droit au corrigé type : « Pinay emprunteur – Pinay emprunté » !

Cet emprunt Pinay est intéressant pour une de ses caractéristiques. Afin d’éviter les critiques socialistes comme quoi il faisait payer aux pauvres l’intérêt aux riches souscripteurs, un argument que l’on retrouve aussi partout actuellement, dans des bouches de droite comme de gauche, les promoteurs de l’emprunt avait assorti les avantages consentis au « capital » d’un avantage social très important : le 1% du Chiffre d’affaire accordé au CE d’EDF en toute défiscalisation ! Un énorme cadeau fait à la CGT qui régnait en maître sur l’institution. Cet avantage devait cesser avec l’ultime remboursement de l’emprunt Pinay. Devinez ce qu’il en est advenu !

Plus intéressant, on voit que les grands emprunts nationaux suivent en gros le rythme des récessions décennales. Les trois derniers (Giscard, Mitterrand et Balladur) correspondent aux trois crises de 74, 82, 93.  En 2002, la mondialisation de la finance  avait rendu inutile cette opération : il suffisait de se fournir sur le marché international des capitaux sans agrémenter l’emprunt de douceurs particulières. Et la crise n’avait pas été trop sévère.

Les conditions d’emprunt aujourd’hui restent bonne sur le marché international qui considère désormais qu’un plancher a été atteint pour les baisses de capital  et qu’un rendement et un capital garantis par un Etat crédible est toujours bon à prendre, en attendant mieux. Caisses de retraites et assureurs ont une grande faim de ce genre de papier. En France et dans le monde.

Alors pourquoi un grand emprunt qui vient trop tard pour enrayer la crise, qui s’ajoute aux emprunts permanents effectués par le Trésor sur les marchés, et dont on voit qu’un climat a été créé pour qu’il ne soit pas attractif ?  Le tout dans une ambiance de violence contre la richesse…

La réponse est simple : pour pouvoir continuer à dépenser sans contrainte. L’emprunt est un expédient qui permettra de boucher les trous immenses que la crise va continuer à creuser au moins jusqu’à fin 2010 dans tous les comptes publics.  Son lancement occupera les esprits au moment où les chiffres de 2009, sinistres, commenceront à sortir. Le tapage fait autour des projets de dépenses permettra de conserver le leadership de l’opinion jusqu’aux élections régionales.

Et après ? Après on prie pour que les « prévisions » qui indiquent une légère croissance en 2010 soient au rendez-vous et qu’aucun accident majeur qui relancerait la crise ne se produise dans le monde sur le front économique.

Une fois de plus le calendrier est plus politique qu’économique.

Rappelons que sans réforme du système monétaire international, sans réforme forte du système bancaire (et plus largement financier)   et sans rupture réelle en France avec le « tout Etat » à base d’impôts délirants et de dettes  indéfinies, nous ne ferons qu’aggraver les choses à moyen terme.

Et peut-être bien  à court terme.

Une brève histoire du temps…perdu (en matière monétaire).

« Depuis quand vous intéressez-vous aux changes flottants »  me demande un lecteur de ce blog. Nous évitons généralement les sujets trop personnels mais nous ferons une petite exception pour cette question qui est en fait très éclairante des aspérités du domaine.  

A partir de 1969 je rédigeais sous la haute autorité et la barbichette de Bertrand de Jouvenel une thèse de doctorat d’Etat d’économie sur « la prévision économique  à long terme », un sujet à la mode à cette époque.  Nous vivions dans un système de changes fixes mais déjà on sentait que les Etats-Unis, embarqués dans des guerres lointaines, ne voulaient pas en jouer le jeu.  Et il y avait déjà eu de multiples crises de changes avec dévaluation à la clé. Un chapitre s’imposait sur « les changes et l’horizon économique ».  

Première découverte : les relations économiques internationales et particulièrement les systèmes monétaires internationaux  étaient une terre quasiment vierge dans ma faculté d’économie (Paris I aujourd’hui).  Le cours existait mais était  tenu par un crétin absolu qui pour masquer ses lacunes avait choisi d’utiliser un langage d’une complexité et d’un hermétisme  infranchissables dont on ne pouvait absolument rien tirer.  A l’âge où j’étais  on a toutes les audaces : j’ai demandé un rendez vous. Il refusa catégoriquement !   Pour donner une idée quantitative de l’intérêt pour les changes flottants la chose occupait 8 lignes dans le Dalloz sur la monnaie de l’époque (près de 1000 pages).  La littérature correcte sur les systèmes de changes était entièrement descriptive,  avec des commentaires normatifs du genre « grâce aux accords de Bretton Woods nous sommes entrés dans un monde de croissance perpétuelle sans risque de dépression ».  La banque c’était l’affaire des banquiers pas des économistes. La banque internationale : quelle banque internationale ?

Seconde découverte : la littérature américaine était nettement plus développée mais traitait de la monnaie comme quelque chose d’étrange  qu’il fallait constamment démystifier dans une ambiance de combat.  Il faut dire que la bataille entre les orthodoxes de l’étalon or, les monétaristes autrichiens et les keynésiens battait son plein.   Le contentieux était lourd et les invectives toujours proches.  En gros les tenants de l’étalon or étaient pour leurs contradicteurs  des fétichistes et, disons le, des crétins, qui proposaient de creuser des trous dans la montagne pour sauver le monde.  Leurs adversaires étaient des « aventuriers » aux idées farfelues qui mettraient vite le monde à genoux.   Participer au débat était difficile parce que les idées et les réflexions étaient peu claires et les coups à prendre certains.

Troisième découverte : il existait bien des tenants des changes flottants. A la vérité UN tenant …et un seul.  Pour Milton Friedman, les devises étaient de la marchandise comme les autres  et son prix devait être libre. Les forces du marché fixeraient les prix.  Il était aussi vain de chercher à les fixer qu’il était vain de fixer le prix du pain.   Si des Etats mal embouchés voulaient faire de la mauvaise monnaie, elle serait aussitôt boudée. La liberté de mouvements des capitaux  aurait tôt fait de faire comprendre aux dirigeants les nécessités d’une monnaie saine et bientôt dans la joie et l’allégresse les  taux de change se stabiliseraient et les taux d’intérêt convergeraient.

 Pour ma thèse  de doctorat, la question de la prévisibilité des taux de changes  et donc de l’horizon économique des exportateurs et des importateurs était à l’évidence cruciale.  Cette idée de flottement des monnaies n’allait pas vraiment dans le sens d’une plus grande prévisibilité.  Je m’acharnais à trouver tous les articles  et ouvrages, en dehors de ceux de M. Friedman, proposant  le flottement des monnaies.   

Quatrième découverte : il n’y en avait pas !  Les ceusses qui osaient aborder cette question étaient toujours de l’avis que les changes flottants, cela ne pouvait pas marcher.  Ils s’appuyaient sur l’expérience de l’immédiat après guerre de 1914 où les désordres monétaires avaient été importants.  Les changes flottants étaient déstabilisants : ils aggravaient la volatilité  les cours de changes et amplifiaient les mouvements.    C’était dit en passant, en quelques lignes. On n’a pas déforesté le monde pour traiter des changes flottants !

Pour résumer : à la veille de l’abandon des accords de Bretton Woods,  la question des systèmes de change était l’enfant malingre de la science économique et un seul auteur, pour des raisons plutôt idéologiques, Milton Friedman, en était l’avocat militant et belliqueux : mettre les vilains Etats sous la pression des marchés lui paraissait une excellente discipline. Tous les autres intervenants dans le débat n’étaient pas des économistes mais des banquiers. En France, des Inspecteurs de Finances comme J. Rueff.  C’est la particularité française : le seul fait d’avoir fait l’Inspection des Finances vous donne l’onction de la connaissance et de la respectabilité nécessaire pour aspirer aux plus hautes fonctions de la banque et notamment de la banque centrale.   Pour eux,  les « économistes » ce sont des statisticiens !

Cet abus a été parfaitement vu par Michel Audiard qui dans les « tontons flingueurs », cette œuvre majeure d’observation,  fait du tonton à monocle, administrateur au FMI,  un élégant  repreneur des entreprises plus que légèrement louches du papa de la nièce orpheline.

Là-dessus les Allemands, de l’ouest, légèrement agacés d’avoir à créer des DM en masse du fait de son excédent de balance des paiements avec les Etats-Unis et un peu traumatisés par le souvenir de l’hyper inflation du pays en 1923,  bloque le système de Bretton Woods (mais oui ce sont les Allemands qui ont cassé le vase de Soissons monétaire !).  Les Américains répliquent en « suspendant » la convertibilité   en or du dollar. 

Notons au passage que les accords de Bretton Woods n’empêchaient pas les Etats-Unis d’inonder le monde de leur monnaie à partir de leurs déficits abyssaux.  La réforme du système monétaire international,  si un jour on imagine qu’elle doive se faire, ne pourra pas être un retour pur et simple aux anciens accords de Bretton-Woods. Note : inutile de chercher, personne n’aborde jamais cette question.

On est alors entré dans 10 ans de désordres absolus sur les marchés des changes aboutissant à la fameuse stagflation qui était l’énigme de l’époque.  La relance keynésienne à la papa ne marchait plus. Giscard et Chirac en feront les premiers l’expérience en 1974.  Et bien non : la relance en système de changes flottants ne marchent pas !  Une leçon qui comme on le voit à été très bien retenue…

Ce qu’on a appelé à l’époque la crise du pétrole n’était qu’une crise du dollar. Le dollar est à 3.75 Francs quand les pétroliers prenant le prétexte de la guerre israélo-arabe  décident  leurs hausses massives…

La situation globale devenant explosive les Etats-Unis finissent, par le moyen de Volker, par réduire leurs déficits, au prix d’une forte récession.  C’est à ce moment là qu’il aurait fallu mettre fin aux changes flottants. Mais il n’y eût AUCUN DEBAT.    La mort du « serpent monétaire »  mis en place par les européens  les réduit au silence : ils feront l’Ecu puis l’Euro  dans leur coin sans plus jamais reparler de réforme du système monétaire international.  Le Royaume Uni durement touché doit faire appel au FMI ! La puissance de la spéculation qui parvient à faire sauter toute tentative de fixité des changes achève de bloquer les cerveaux.  Le seul Soros avec une spéculation gagnante contre la Livre britannique aura suffi à mettre un bœuf sur toutes les langues.

Les changes flottants ? On n’y peut rien alors on se tait. Quand on cherche à en sortir, on est matraqué, alors laissons flotter en silence.

Le résultat on le connaît : des déficits américains perpétuels et perpétuellement aggravés après la remise en ordre de Volcker ; le gonflement de l’endettement américain dans des proportions démesurées ; des crises de plus en plus graves corrigées en inondant le monde de dollars ;   l’éclatement final.

Relire le texte de Milton Friedman aujourd’hui fait sourire tant il est marqué par une fraîcheur d’illusion ahurissante sur les bontés théoriques du système des changes flottants.

Sortir de la crise de 1973-2010 ?

La crise de 1974 est en quelque sorte la « mère de toutes les crises », la matrice et le modèle de toutes celles qui suivront.  Elle marque une rupture entre deux mondes : celui de l’après guerre nourri par la réaction contre les épreuves de la crise de 1929 et le notre, marqué par le triomphe de la finance et le retour aux idées malthusiennes.

Comme toujours on a donné un mauvais nom à la crise.  On l’a appelé « crise du pétrole », parce qu’à cette occasion les pays du cartel ont multiplié les prix du brut.  En fait c’était la première crise des changes flottants.  Le dollar n’était plus convertible en or depuis l’été 1971 mais en 73 les Etats s’étaient accordés pour abandonner toutes perspectives de changes fixes et avaient opté pour les changes flottants.  Le résultat avait été un effondrement du dollar, une poussée inouïe de l’or et un désordre général.  Plus une jolie crise comme on n’en avait plus vue depuis 1929.

Les crises monétaires et financières allaient ensuite s’enchaîner sans interruption : crise de 81-82 Etats-Unis, crise de 91-93, crise de 2001-2002 et crise actuelle, avec quelques hoquets monétaires ou boursiers intermédiaires comme la crise de 1987, ou  celle de 1998.  La crise actuelle boucle en quelque sorte un cycle.  Avec elle se termine une génération de l’histoire économique.  Après elle s’ouvrira une autre page.  De la même façon  que la crise de 1974 avait marqué la fin de la génération des deux guerres.  L’histoire économique et politique de 1928  à 1970 est un épisode de l’histoire cohérent.  Avec pour la France une première phase en forme de désastre et une seconde en forme de miracle.  Les deux volets forment un tout.  La jeunesse meurtrie par les idées fausses qui avaient prévalues avant guerre sera bien décidée à se reprendre.  

On a oublié combien l’avant guerre avait été un désastre pour la France.  La France aura été la principale victime de la crise de 1929.  Qui le sait encore ? De 1929 à 1939 la production industrielle augmente de 20% en Angleterre, de 16% en Allemagne, de 10% dans l’ensemble du monde et diminue de 1% en Italie, de 11% aux États-Unis et de 24% en France.  La France première nation du monde en 1928 est déclassée en 45, non seulement par sa défaite militaire mais surtout par son effroyable gestion de la crise de 1929 qui lui aura coûté aussi cher que la guerre de 1914 !

Ces faits sont occultés aujourd’hui du fait de la glorification abusive du Front populaire. Le terrorisme intellectuel ne veut pas qu’une période qui a connu un tel  paradis puisse être globalement un désastre.  Mais à la Libération il n’y avait pas de doute. Il fallait balayer toutes les idées sottes qui nous avaient fait tant de mal.  La période fut productiviste, nataliste, immigrationniste, joyeuse et dynamique. Les cinq ingrédients du miracle.

Cette réaction s’effondre à partir de 1974.  On voit revenir toutes les sottises qui avaient fichu en l’air la prospérité Française : contestation de la société de consommation mais aussi de la société de production et du productivisme, retour d’un écologisme dont les anciens  n’ont aucun mal à repérer le profond pétainisme  ; contestation du natalisme  au nom des droits de la femme  et démantèlement du mariage ;  mise au pilori de la « bourgeoisie » et des patrons (affaire de Bruay en Artois et Lip) ; apparition d’un génération de chevaliers d’industrie, dépeceurs sans vision autre qu’à court terme et purement financière (Frères Willot, Bernard Tapie) ; capture de la société par les hauts fonctionnaires  et fiscalité prédatrice ; réduction du temps de travail calamiteuse. La France qui depuis la Libération rattrapait le revenu par tête des Etats-Unis cesse ce mouvement de rattrapage avec « le programme commun de gouvernement » et les 39 heures.

Elle, qui avait damné le pion au Royaume Uni se fait rattraper pendant le gouvernement Jospin, par la grâce des 35 heures.    De la même façon que les 40 heures avaient entraîné la perte de la France avant guerre.  Pour la France la boucle est bouclée.  La génération des soixante-huitards nous a remis dans le trou où nous étions tombés avant guerre.

A l’échelle mondiale c’est la même chose. La réaction à la crise de 1929  avait conduit à mettre en place un système de changes fixes parce que tout le monde avait bien vu que les désordres monétaires perpétuels initiés  par la grande inflation de dettes de la guerre de 1914  avaient été entretenus et amplifiés  par les systèmes monétaires plus ou moins foireux qui avaient suivi et les guerres monétaires à répétition.  La leçon avait été claire :   changes fixes et organisés.  Résultats : les trente glorieuses.  Là encore on allait assister au début des années 1970 à la perte de la mémoire durement acquise avant guerre et l’entrée dans le flottement généralisé.

Ce qui est drôle c’est de voir combien la crise actuelle ressemble à celle de 1974.  Nous avons Bernard Madoff, sa pyramide de Ponzi, ses 50 milliards de dollars envolés.  Il y avait à l’époque Bernard Cornfeld, ses villas réparties à travers le monde, son yacht, ses soirées  somptueuses en Suisse et à Beverly Hill,  son fond de placement IOS dont l’explosion mettra en difficultés des centaines de banques : vous pensez 1 milliards de dollars de pertes.   

 L’empire de Bernard Cornfeld a des ramifications dans tous les paradis fiscaux et réglementaires de la planète. Il a su, résume Newsweek en juin 1967 « implanter un fonds au Canada où il n’y a pas d’impôts sur les plus-values, le gérer aux Bahamas où l’impôt sur les bénéfices est nominal, déposer l’argent en Suisse où il n’existe pas de taxe sur les intérêts et conserver les titres eux-mêmes à Londres où la garde se fait en franchise. »

On parle aujourd’hui de dérégulation financière et de mondialisation incontrôlée de la finance.  Elle était déjà là en 1974, également dénoncée, de même que le secret bancaire. 

Admettons que Bernard 1 était plus flamboyant que Bernard  2: il a traversé toute la période entouré de voitures de luxes et de « bunnies » voire de prostituées  autrement plus affriolantes que les casquettes de Madoff.   Juifs  tous les deux ils montrent bien la différence des générations. Lorsqu’on est né  pauvre en Turquie juste après la guerre de 14  on savait vivre riche  et ouvert dans un monde sans frontière ! Les adolescents des années 50 eurent le succès nettement  moins pop et pour tout dire plus fermé et tristounet.      

Un livre comme celui d’Alvin Toffler, Eco Spasme,  écrit juste dans la foulée de la crise de 1974, montre bien les similitudes avec les réactions à la crise que nous connaissons aujourd’hui. La  première page de l’édition française chez Denoël porte dans un bandeau bien rouge  l’accroche : « Quand le monde devient fou comment revenir à la raison ? ».  

Le premier chapitre est nommé : « un monde casino ».  On y trouve cette amusante  observation : « Beaucoup plus fondamental fut l’échec des mesures de contrôle et des stabilisateurs destinés pourtant à encadre des entreprises ultra légales. Ce n’était plus les courtiers marron et les démarcheurs sans scrupules mais des banquiers réputés incorruptibles qui prenaient de nouvelles libertés. Aujourd’hui il existe tellement  de nouvelles banques appartenant à de si nombreux groupes transnationaux et éparpillés dans tant de pays que personne ne peut en assumer la responsabilité. Qu’est-ce qui peux empêcher un banquier de faire à l’étranger ce qui est immoral ou illégal chez lui ». « Les faillites bancaires en Allemagne, en Grande Bretagne, aux Etats-Unis  ont mis en évidence la situation périlleuse des grandes banques  qui trop vastes se sont lancées dans des opérations trop diversifiées   et se révèlent incapables de maîtriser leur gigantisme ».  « Les cambistes ont impunément spéculé sur les fluctuations des cours des devises  en faisant perdre des millions à leur banque ». « Les vertus et les vices attribués à la flottaison des cours font l’objet de discussion complexes quasi théologiques. Le fait est que personne jusqu’à ce jour n’imagine toutes les conséquences de cette évolution ni ne sait a fortiori comment la maîtriser ».

 On voit que certaines critiques que nous nous ne lassons pas de faire aujourd’hui sur ce blog, les méfaits des changes flottants, la taille incontrôlable des banques,  les spéculations monétaires excessives,  étaient déjà présentes dès 1975.  1974 était la première crise des changes flottants et de la finance massive, internationale et  incontrôlée.  2009 en est le plus récent épisode.  « Il s’est créé à l’échelle du globe un nouveau casino avec de nouveaux joueurs, de nouvelles règles et de nouveaux enjeux, beaucoup plus élevés ». «  Le flottement généralisé des monnaies n’a fait que jeter le système dans l’éphémère ». Ces phrases sont toujours extraites du livre cité.    On trouve un appel assez prémonitoire : « La structure bancaire qui s’édifie  actuellement peut s’effondrer  et plus l’appareil régulateur la laissera se développer  impunément plus catastrophique sera la chute ».

La période Greenspan,  le régulateur qui ne voulait pas réguler, correspondra à ce laisser-faire laisser-passer financier qui vient de s’effondrer avec fracas en septembre 2008.     On dira qu’il aura fallu 35 ans !  Ce qui marque malgré tout une assez belle résistance.  Mais l’observateur sait qu’après la crise de 91-93 le système bancaire mondial était déjà quasiment en faillite généralisé et qu’il ne s’en est jamais totalement remis. La crise de 1998 puis celle de 2001 n’ont fait qu’amplifier les choses.  Une fuite en avant s’est produite qui vient d’atteindre son  point d’aboutissement inévitable.

Un dernier point de similitude est  la grande chanson de l’écologie l  De même que l’avant guerre français avait été marqué  par  le triomphe des idées naturalistes, de la « terre qui ne ment pas », de la peur des « métèques » (avec cette jolie photo de François Mitterrand  manifestant en ce sens avant d’aller à la recherche de la Francisque) , de la peur des enfants (dont nous ne serions que faire de l’excès), de la peur du péril  jaune,   de la haine des grandes villes qui « mangent la substance de nos belles provinces»,  nous voyons refleurir depuis 1974 les mêmes chansons.   

Le monde actuel se fait l’écho de l’affirmation  de Toffler en 1974 : « l’économie politique ne peut à elle seule résoudre la crise ». On se lasserait à essayer de citer toutes les phrases qui vont actuellement dans ce sens.  La « crise de civilisation » stimule toujours les belles plumes sinon les beaux esprits.   A l’époque les « jeunes sont inquiets ou instables ; les adultes cherchent dans l’agitation et la frénésie l’oubli de leur désarroi.  Partout la contestation, partout la revendication, partout l’orgueil, l’intolérance, la violence ».  Là c’est Fourastié qui écrit dans un article au Figaro de 1975.  On laissera le lecteur retrouver les échos actuels  de ces tentatives de battre sa coulpe  sur le dos de la civilisation  démolie. 

A l’époque on retrouve aussi un des travers du moment qui consiste à d’une part faire appel aux valeurs perdues, comme on vient de le voir, mais aussi  à promouvoir un monde totalement différent.  Ecoutons à nouveau Toffler : « Toute politique ayant pour but de remettre les choses à leur place antérieure, de restaurer l’emploi  de lancer plus de voitures sur les routes, de développer les banlieues urbaines, d’encourager la standardisation sociale,  de remodeler la famille dans sa forme traditionnelle,  est réactionnaire  et qu’elle soit le fait de la gauche de la droite et du centre tous aussi dépassés ».    Evidemment la grammaire n’est pas terrible mais qui ne voit les ressemblances avec les épitres actuelles sur la mort de la bagnole (mais on multiplie les aides),  sur les villes mortifères (mais on veut réformer le grand Paris…en le densifiant), etc.

La technomanie et la croissance économique ne sont plus des options, affirme Toffler.  Il n’y a pas de « truc » économique pour nous en sortir. 

Les économistes au rencart.  De toute façon ils se trompent tout le temps et n’ont aucun avis cohérent.  Et de citer Churchill : «  Tous les économistes  ont un diagnostic différent et en plus il y a Monsieur Keynes ! ».  Et dès qu’on arrive aux solutions, il n’y a évidemment plus personne sinon des sermons généralistes que nous retrouvons aujourd’hui quasiment en l’état. Il faut

           « penser non seulement au niveau de vie minimal mais aussi au niveau de vie maximal »

          « acquérir une certaine conception de la satisfaction des besoins qui libère notre énergie »

          « de réévaluer les notions d’individualisme  et de collectivisme  en ne les considérant pas comme des contraires aristotéliciens qui s’excluent l’un l’autre »

          «  en un mot d’entreprendre la tâche effrayante mais enthousiasmante à la quelle peu de générations dans le cours de l’histoire humaine se sont attelées : la conception d’une nouvelle civilisation ».

Nous ne sommes pas d’accord.  Nous devons nous remettre dans la mentalité des années  quarante cinq -cinquante : vouloir la rupture avec le n’importe quoi, le misérabilisme, les passions politiques exacerbées, le laisser faire abusif.  Et constater que le système nouveau qui s’est mis en place en 1973, les changes flottants, ne marche pas.    Des réformes financières finalement simples peuvent permettre une croissance durable. Elle est absolument nécessaire. Pour la France, il faut   la rupture avec le pétainisme mental, qui veut nous plonger dans la  repentance perpétuelle vis-à-vis de notre propre dynamisme. Cela  suffirait à nous remettre dans le bon sens.  Il n’y a aucune fatalité que la France soit le pays saisi de langueur dans une Europe déclinante et un monde  qui ne croît plus.

Il faut que l’économie mondiale soit financièrement stabilisée  et le premier acte est la suppression des changes flottants et le second la suppression du dollar comme monnaie mondiale.  

Il faut que l’Europe soit ouverte, monétairement dynamique et nataliste.  Le refuge dans la réglementation de détail, la fiscalité massive, la constriction monétaire et la décroissance des populations  est illusoire et dangereux.

Il faut que la France sorte du malthusianisme  et de l’hyperfiscalité.

De même qu’il y a eu une bascule des mentalités, des comportements  et des institutions après la guerre, il doit y avoir un même mouvement collectif à l’échelle des réalités d’aujourd’hui.  Il faut sortir de cette période 1974-2010, et de ses idées et pratiques débilitantes.

Collectivement.

Par la volonté et la clairvoyance.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

 

Le Baltic Index devient célèbre !

Cet indice totalement ignoré des media depuis toujours devient célèbre. Tant mieux.  Cela prouve que désormais tout le monde a compris que le front essentiel était celui du commerce international et qu'il était à l'arrêt. Que l'on cesse d'être obnubilé par les subprimes est une bonne chose.

Encore faut-il l'interpréter à bon escient. Avant et après le G.20 les médias se sont pris d'une envie brusque d'aller à la recherche de tous les signes avant coureur d'une reprise espérée. Fabriquer de la confiance, après tout pourquoi pas ?  Mais point trop s'en faut.

Voici donc que ce matin sur RTL le préposé aux bonnes nouvelles vient triompher : "ça y est  ! Cela repart ! La preuve le Baltic index !

Il suffit de regarder la courbe pour constater que non seulement il ne repart pas mais  que le minuscule progrès constaté en février s'est dissipé.

Le Baltic index est hypersensible. Il évolue par bonds.  Le jour où la reprise sera là il passera à 5-6000 en quelques semaines.

Actuellement il se traîne dans les ténèbres. Et depuis la guerre de quarante il n'est jamais resté si longtemps aussi bas. On entre en effet dans le 8ième mois de stagnation au plus bas et il est entré dans la spirale descendante depuis plus longtemps encore.

Cela prouve simplement que le commerce international  ne sait plus où il est.  La cascade des mutations de change désoriente tous les marchés. Crédit reste mort. L'effondrement des courants de capitaux qui correspondaient à près de 100 fois les courants commerciaux  a eu raison de tout le système. Partout les bâteaux s'accumulent aux entrées des ports et ce n'est pas en attente de déchargement mais d'un chargement. 

Lorsque tous les chiffres sortiront on verra que le premir trimestre a été terrible avec des baisses de PIB jamais enregistrées si intenses depuis des lustres. En attendant les correctifs. Car toutes les statistiques rapides contiennent des estimations dont on peut être sûr qu'elles seront corrigées à la baisse. Il n'y a malheureusement aucune chance que le second trimestre 2009 soit beaucoup meilleur.

La crise américaine a commencé en 2007. Deux ans déjà. C'est plus long qu'en 1929, en 74, en 81, en 92, en 2001 ! Il serait "normal" qu'on en voit le bout bientôt.  Et la joie mauvaise d'avoir prédit le pire et de continuer à le faire n'est pas une motivation de ce site.

Mais l'important est de voir la réalité en face et de ne pas dire n'importe quoi. Cette crise est spécialement grave et peut avoir des rebondissements terribles.

Il vaut mieux la comprendre et agir en conséquence et ne pas recommencer les erreurs des années 30.

Rappelons qu'en France les erreurs de droite et de gauche dans la gestion de la crise de  1929 ont coûté au pays aussi cher que la guerre de 1914 !  Et que c'est la France qui s'en est le moins bien sortie.

On ne peut être saisi que d'une honte rétrospective.

Alors observons juste et comprenons bien pour réagir le  mieux possible.



G.20 : un pari très dangereux.

N’ironisons pas sur le « Kolossal Succès » de la réunion du G.20 à Londres et sur la parfaite orchestration de l’opération politico-médiatique qui l’a précédée avec ses opérations teasing (« les signes de reprises se multiplient ») et son faux suspense (« va-t-on vers un désaccord ?») et celles qui lui succèdent : « c’est merveilleux ils sont tous d’accord, tous gagnants et vont beaucoup plus loin que prévu ». 

Nous savons depuis Munich que ces manifestations unanimes des politiques et de la presse sont à prendre avec précaution et après tout nous avons échappé au retour triomphal   des participants sur un tapis de pétales de roses au milieu des foules enthousiastes.  

Si tout ce barnum redonne un peu de confiance au monde, tant mieux.

Cela ne devrait pas nous détourner d’observer la réalité et de peser les perspectives.

La réalité c’est d’abord ce semestre qui d’octobre 2008 à mars 2009 aura été le pire de l’histoire récente de l’économie, dépassant en gravité  les débuts de la crise de 1929. La conférence de Londres a bien fait de ne pas tirer la leçon du précédent « succès » du G.20 à Washington.  Les chutes de PIB ont été générales et verticales. Certains secteurs économiques sont à l’arrêt presque total. Le commerce international n’a pas tenu et pour la première fois depuis la guerre de 1940 connaît la récession. On se fatiguerait à dénombrer les « premières » que cette crise nous force à vivre.

Tous ceux qui pensaient vivre une « crise des subprimes » ont été pris à revers.  Ce sont tous les circuits internationaux de capitaux et de commerce qui ont  sombré  à la vitesse de l’éclair.  Ce ne sont plus les banques occidentales  qui sont en péril mais les Etats.

L’impuissance de la Fed et de la BCE est évidente.  Ces deux institutions en sont aux manœuvres « non conventionnelles ». Le FED vient d’acheter directement des bons du trésor américain : la planche à billets est sollicitée sans artifice.  La BCE a annoncé qu’elle s’y résoudrait s’il le faut.  Et aucune des deux ne peut prendra à sa charge les malheurs du monde.  Alors comme en 1970 on réactive les DTS : on crée de la monnaie administrative internationale basée sur rien d’autre que des déficits pour permettre aux pays dont le système bancaire a explosé ou va exploser  de continuer à participer au concert du commerce international.

En même temps et c’est la seule surprise réelle de ce G.20 « on débloque 250 milliards de dollars en deux ans pour soutenir le commerce mondial ».  Qui, comment ? Mystère pour le moment. Mais cela prouve bien que la réalité de la crise a été désormais intégrée : sans commerce mondial en croissance il est impossible de sortir de la crise.

Comme le souligne notre ami Sylvain, on prend bien soin de mettre en scène la démonétisation de l’or du FMI pour essayer de casser le thermomètre qu’est le prix de l’or.   Et tous les investisseurs institutionnels et sous contrôle indirect des Etats ont investi en bourse pour donner le coup de chapeau nécessaire.

L’absence totale de réforme du système monétaire international, alors que l’évidence que l’instabilité des changes est devenue incontournable, a conduit à une répétition de la « solution » apportée à la suite des la crise financière de 1998. On sait qu’un forum de la stabilité financière (FSF pour les intimes) avait été institué en 1999  pour éviter les affaires type LTCM et les gonflements intenables de bulles « locales » comme celles qui étaient vu comme la source des difficultés asiatiques.   On a vu que ce discret « machin » s’était révélé totalement inepte et avait laissé se développer toutes les bulles mille fois plus grosses mais américaines cette fois là. Nous eûmes Enron et quelques autres, l’éclatement  de la bulle internet, le gonflement de la bulle des subprimes, puis celles des CDO et des CDS.  Le silence du FSF et son incapacité à produire quelques résultats que ce soit ont été tonitruants.

Alors on crée un Conseil de stabilité financière (CSF), FSB (Financial Stability Board) pour les anglo-saxons, de composition élargi qui s’occupera des places off-shores et des intervenants ayant une importance systémique sur l’économie monde.  

Il est toujours curieux de voir coexister un système de changes flottants qui crée et amplifie les instabilités monétaires et financières et des organismes administratifs chargés de stabiliser la finance.  

La vérité est facile à discerner : on ne veut  pas renoncer à la financiarisation de l’économie monde qui est en effet rendue indispensable, sous des formes rentables pour les banques mais dangereuses pour le reste des intervenants, par les changes flottants.   Les mouvements de capitaux restent libres et comme maintenant représenteront toujours une centaine de fois les mouvements proprement commerciaux.  Mais on ne veut plus que des intervenants importants puissent  entraîner le monde dans des risques systémiques ingérables. 

L’échec de 1999 n’a pas servi de leçon.  On essaie encore une fois avec une solution administrative. On ne sait pas comment cela marchera et si cela aura la moindre importance pratique.  Mais on se sera donné un lieu de réflexion loin des politiques et de l’opinion publique.
Entre financiers on devrait pouvoir s’arranger.

C’est exactement la même illusion qui avait conduit à croire que les banques centrales, et le club des banquiers gravitant autour des régulateurs,  permettraient d’éviter les crises bancaires.  La FED a été créée après la crise bancaire de 1907 : nous eûmes la crise bancaire de 1921 et la crise bancaire de 1929 ! On connaît la suite.

En attendant personne ne sait comment va pouvoir se redessiner la carte des échanges mondiaux.  C’est la clé de l’énigme. Personne ne demande aux Etats-Unis de mettre fin à ses déficits abyssaux ni à la Chine de mettre fin à ses excédents symétriques.  Il n’ya aura aucun effort coordonné des Etats pour  rétablir des circuits économiques sains, seulement des relances nationales par la dépense publique.  

On espère que le mouvement brownien des capitaux, alimenté par une création monétaire forcenée aussi bien des banques centrales que par le FMI, finira par trouver sa cible. Et on attend.

Jamais on aura fait autant confiance à la bienfaisance de la « main invisible financière ».  Alors que jamais les preuves de son inexistence n’auront été plus grandes.

La science ne peut rien contre la foi.

Mais ce genre de pari pascalien fait peur quand il s’applique non pas à l’au-delà mais à notre monde concret en train de tourner à la vallée de larmes.  

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

Non la Chine ne nous sauvera pas !

On lit un peu partout que la Chine grâce à ses immenses réserves de changes pourrait venir au secours de l’Amérique en difficulté : il suffirait qu’elle dépense les immenses réserves qu’elle a accumulées  pour qu’aussitôt des flots de capitaux frais remettent en marche l’économie mondiale.

C’est sans doute l’idée la plus sotte qui ait été émise  dans cette époque où le n’importe quoi mental commence à devenir si pénible.

Lorsqu’un pays dispose d’une balance des paiements excédentaire, la banque centrale met en réserve les devises « fortes » accumulées et crée en contrepartie de la monnaie nationale qui, par le mécanisme du multiplicateur, entraîne un gonflement des prêts du secteur bancaire et une hausse de l’activité locale.  Les énormes excédents chinois ont donc généré une circulation monétaire en Chine encore plus énorme.
Dans notre système monétaire international magique, un pays excédentaire a la possibilité de replacer ses dollars   aux Etats-Unis et de toucher des intérêts. 

L’excédent chinois a donc provoqué une double pyramide de crédit : en Chine et aux Etats-Unis.  Car le retour des dollars aux Etats-Unis a permis naturellement par le même effet multiplicateur, mais dans le système bancaire des Etats-Unis, de multiplier les crédits.  Ces crédits ont permis aux américains d’acheter plus de produits en Chine  qui a bénéficié d’un excédent supérieur qui etc.

On trouve là naturellement un des mécanismes forts de la création de la bulle financière mondiale et particulièrement de  la bulle de crédits des Etats-Unis…et de la Chine.

Les Allemands, soumis aux contraintes d’une même situation dans le cadre des accords de Bretton Woods, avaient eu la possibilité de dire : stop !  Il leur avait suffit de demander la conversion en or de leurs dollars.  Si les Etats-Unis avaient joué le jeu en 1971  il y aurait eu contraction de la masse monétaire aux Etats-Unis et réduction des déficits extérieurs.  Une certaine régulation automatique se serait exercée.  En système d’étalon or la situation aurait été identique.  Tenus de redresser leurs comptes extérieurs les Etats-Unis auraient été amenés à déformer leur production afin qu’elle soit plus exportatrice,  tout en réduisant leurs ambitions budgétaires.

Avec les changes flottants, cette possibilité de réaction des pays soumis à un emballement de leurs excédents  de balance des paiements n’est plus possible. Ils n’ont qu’une solution : vendre leurs dollars sur le marché des changes au risque d’effondrer la monnaie qu’ils viennent d’acquérir ou les replacer aux Etats-Unis.   
Le Japon a été le premier confronté à ce dilemme. Inféodé aux Etats-Unis,  il a joué le jeu qu’on lui suggérait : il a replacé ses dollars sur le marché monétaire des Etats-Unis en souscrivant en masse aux émissions du trésor.  Les taux d’intérêt étaient évidemment très bas.  Un « carry trade » s’est mis en place. On empruntait à Tokyo à un taux d’intérêt proche de zéro, on convertissait en dollar et on plaçait en dollar à taux meilleur un peu partout dans le monde notamment dans les pays en voie de développement. Par exemple en Thaïlande où  les dollars étaient convertis en monnaie locale, provoquant une hausse de la création monétaire des banques qui faute d’emplois suffisants dans la production  finançaient la spéculation notamment boursière. Les dollars étaient naturellement replacés en bons du trésor américain qui servaient à alimenter la liquidité des banques américaines qui augmentaient d’autant leurs crédits etc.

Les très bas taux au Japon permettaient de développer les marchés immobiliers et la demande de logements et de bureaux devint telle qu’une bulle phénoménale se mit en place.
Ces doubles pyramides de crédits sont évidemment extrêmement dangereuses.    On se souvient qu’en 98  la partie orientale a explosé  provoquant la panique partout.  Il fallait rembourser les dollars empruntés et replacés dans des paris aventurés. Le dollar se mit à monter aggravant d’autant le problème des emprunteurs. 

On a appelé cela aux Etats Unis : la crise des pays émergents  et des dirigeants pourris par le système des « cronies ».  On a ajouté l’injure à l’ignominie.  C’est le moment où les Hedge funds entrés  dans la danse  et animateur des jeux financiers les plus outrés tremblent une première fois sur leur base. LTCM est en faillite. Il faut d’urgence en organiser le sauvetage, déjà pour éviter un drame « systémique ». Tout le commerce international fut touché.  Autant pour la crise « des marchés émergents ».

C’était  une crise du système monétaire international des changes flottants. Une de plus.

En même temps une double spéculation commença sur le dollar et la bourse américaine.  Placer sur le marché des NTIC  en pleine folie boursière devient  extrêmement rémunérateur en plus value et en plus le dollar montait ! Le monde entier se mit à acheter des dollars et des actions américaines.  Une bulle phénoménale s’est reconstruite sur les décombres   de la bulle précédente. 

La bulle explose en 2000 . Greenspan essaie d’y faire face en baissant à zéro les taux d’intérêt qui compte tenu de l’inflation deviennent un temps négatifs. Le dollar s’effondre.  Tous les créanciers en dollars sont ruinés. Sauf la Chine dont la monnaie est alignée artificiellement sur le dollar.  L’Europe entre en stagnation, comme le Japon.  Il n’y a plus d’investissement industriel : la concurrence de la Chine est impossible à combattre.  Alors les capitaux ne vont plus à l’industrie.

Aux Etats-Unis c’est pareil.  L’industrie part en Inde et en Chine.
Les seuls placements productifs possibles sont l’investissement en Chine et en Inde. Mais ces pays n’ont pas la capacité de les absorber.  Alors va pour la spéculation.   

Aux Etats-Unis et partout dans le monde les taux d’intérêts très bas conduisent à une spéculation immobilière effrénée.  Les crédits coulent à flots.  Le Chine replace ses excédents aux Etats-Unis provoquant une accélération de la bulle.  En Europe comme aux Etats-Unis on cesse d’investir dans la production.  Les particuliers s’endettent et on leur vend une production fabriquée pas chère ailleurs.

Et tout se bloque en 2007 et explose en 2008.

Le dollar est si bas qu’il n’est plus possible comme en 92, comme en 2000 , de l’effondrer pour transférer aux autres le mistigri. Ruiner le créancier qui est le moyen suprême de se dégager pour un débiteur n’est plus une option.  Le système bancaire anglo-saxon explose. Tous les circuits économiques s’arrêtent.  Les exportations se bloquent.  Crédit est mort.  Une récession extrêmement brutale et rapide se met en place.

On peut désormais revenir à nos excédents chinois.  Ils ont déjà servi à financer une pyramide de crédit EN CHINE  et une autre aux Etats-Unis.  On voudrait qu’ils soient encore disponibles pour un troisième round !  Les prêter aux Etats-Unis ? Mais c’est déjà fait !

Le crédit crunch qui a lieu en Chine  est en train de dégonfler la bulle provoquée par les excès de monnaie chinoise.  Si la Chine vend ses  obligations du trésor américain, outre les effets directs de cette vente sur les monnaies et les changes, à quoi peuvent être   employés  les dollars obtenus ?  A acheter des biens de consommation en  Europe et aux Etats-Unis ?  C’est la Chine qui les produit !  Si l’excédent est là, il a bien une cause.  Et la banque centrale Chinoise voyant ses réserves fondre devrait contracter la masse monétaire en Chine alors que le pays expérimente un joli « crédit crunch » ?

Cette fantasmagorie financière s’exécuterait alors que  le blocage du commerce international prive la Chine de nouvelles réserves et  que les anciennes  fondent  à grande vitesse  ?

Tout cela n’a aucun sens.

La simple évocation de ce qui s’est passé depuis 15 ans suffit à comprendre que la crise n’est pas la conséquence fortuite d’un pépin survenu sur les « subprimes » du fait de la conjonction malheureuse de la cupidité des banquiers, de la créativité des polytechniciens de la finance, de la bêtise des comptables et de l’aveuglement des agences de notation. 

C’est l’ensemble du système de production, d’échange et de financement qui s’est mis en place dans les années 90, suite à a première récession d’après guerre (déjà provoquée par les mêmes mécanismes, le Japon jouant le rôle de la Chine)  qui a explosé.  La finance a explosé en premier suivi du commerce international et immédiatement après de la production, en trois mois.

La spéculation qui s’et développée depuis 1995 n’est pas le fruit soudain d’une nouvelle cupidité des banquiers. Mais la situation était telle que l’investissement en Europe et aux Etats-Unis n’étant plus rentable ou sans objet et les déversements de capitaux dans les pays nouvellement producteurs ne pouvant aller plus vite que la musique,  la spéculation est devenue la seule issue.

On comprend peut être mieux maintenant  pourquoi c’est l’architecture globale monétaire, financière et commerciale qui doit être réparée.

Le cœur de la réforme porte naturellement sur un système monétaire international  dont les dysfonctionnements  sont la cause principale de l’explosion qui vient de se produire. 

L’occident ne peut espérer continuer  à acheter en finançant à crédit  des importations sans autres espoirs pour les épargnants que les promesses fallacieuses de la spéculation.  Les pays émergents ne peuvent  espérer devenir  l’usine du monde et le détenteur des devises mondiales.

Il faut évidemment des évolutions équilibrées qui passent par une maîtrise des déséquilibres des balances extérieures, dans un sens comme dans un autre.  C’est impossible à faire dans un système de changes flottants qui au contraire provoque un gonflement incontrôlable des difficultés.

Déficits monstrueux et excédents monstrueux ne se compensent pas !  Ils se cumulent pour désorganiser le monde. L’inénarrable Wolf, de FT, devenu le gourou économique du journal le Monde au moment où la fausseté de ses analyses est devenue la plus voyante,   aura beau s’égosiller à défendre la thèse américaine : « tout cela vient du fait que la Chine ne nous achète pas assez », thèse qu’on avait déjà entendu à la fin des années 80, puis 90, en citant le Japon,  la réalité est incontournable.

Il faut supprimer le privilège monétaire des Etats-Unis et le système des changes flottants. Cela passe par la mise en place d’un système monétaire international de type Bretton Woods mais sans les faiblesses de cet accord  qui étaient entièrement liées à la situation privilégiée des Etats-Unis. 

Il faut que l’Europe et les Etats-Unis se remettent à produire.  Il y a aura nécessairement  un rattrapage  des pays en voie de développement.  Nul n’est besoin de le rendre artificiellement destructif pour le monde entier.

Une croissance raisonnable universelle et coordonnée passe nécessairement par un système monétaire international équilibré et coordonné.  Le plus vite on le comprendra, le plus vite on réformera le système monétaire international,   le plus vite on sortira de la crise actuelle.

Pas de solution autre que la dépression si on n’abandonne pas immédiatement les changes flottants !  

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

Electrocution du commerce international

Le New York Times publie une remarquable infographie de Haver analystics montrant comment le commerce international a été littéralement foudroyé, se bloquant comme on ne l'avait jamais vu depuis 1929.

C'est tout le système financier mis en place à partir des changes flottants et de la liberté totale  de mouvements de capitaux alimentés par les déficits extérieurs abyssaux des Etats Unis  qui s'est effondré, pas seulement les banques ayant trop goûté aux subprimes.

Ce graphique complète celui du Baltic index qui marque le coût du frêt maritime. Quand Taïwan ou le Chili voient leurs exportations baisser net de 50% en un instant, alors que les subprimes, ils ne connaissent pas ni leurs banques, on comprend que c'est tout le système monétaire international qui est en cause pas seulement le système  bancaire américain.

L'article précise que les coûts du crédit international se sont envolés.

Il note que les exportations de la Chine vers l'Inde qui croissaient sur une rythme de 50% sont désormais en recul de 18%.

Les exportations d'Argentine, du Brésil et du Chili sont notées comme ayant baissées entre 27 et 42%.

Rappelons nos moqueries contre toutes les théories qui voyaiuent la crise d'abord aux seuls Etats Unis, puis aux seuls  pays européens ayant un peu construits de logements, puis à la seule Europe de L'ouest. Le BRIC est à genoux tout autant que les pays exportateurs d'Afrique et d'Amérique du sud.

Le NYT en conclut que le Global Trade System  est à l'arrêt.  Il aurait pu ajouter que rien n'est fait pour qu'il reprenne.

Tout un système basé sur les déficits américains, le crédit à la consommation massif,  les taux de changes de dumping de la Chine, la spéculation généralisée sur tout, la fourniture de machine par l'Allemagne et le Japon, sous traitant un peu partout en Asie,  une circulation de capitaux débridée sans aucune forme d'appréciation réaliste des risques, s'est ércoulé.

Et chaque pays fait son petit plan de relance dans son coin sans regarder la "big picture" sans aucune prise en compte de l'architecture économique et financière mondiale !  L'immeuble commence à s'effondrer et chacun repeint sa chambre !

Quand il n'y a pas de diagnostic, il n'y a pas de thérapeutique.

 

 

 

 



Les erreurs de Nicolas Sarkozy


Nous voici au point où les erreurs accumulées par Nicolas Sarkozy finissent par avoir leur effet délétère non seulement sur sa côte dans les sondages mais sur la situation morale et politique de la France.

Quelles sont donc les erreurs commises par Nicolas Sarkozy qui lui sont directement imputables et qui auraient pu être facilement évitées ?

La première c’est évidemment de ne pas avoir voulu voir la crise venir.   Entouré d’économistes de cour bien décidés à ne rien dire qui puisse fâcher, il se lance dans une campagne électorale complètement à côté de la plaque, du point de vue économique s’entend.

Fin 2006, tout est connu de la crise qui se précise.  La bulle immobilière a déjà commencé à se dégonfler aux Etats-Unis. Les statistiques de la construction montrent déjà le repli des chantiers et les prix vacillent.  L’endettement des Etats-Unis culmine à des sommets intenables.  Les déséquilibres internationaux sont partout devenus des gouffres. 

Nous-mêmes, après un à coup boursier particulièrement dur, révisons alors nos prévisions.  Nous pensions à une crise commençant en 2008 aux Etats-Unis et touchant la France un an et demi après, comme d’habitude.  Nous réalisons soudain que la volatilité est telle  que la crise va être avancée de six mois à un an et nous aggravons notre diagnostic sur sa violence.

En juin 2006 nous conseillons de liquider toutes les opérations immobilières projetées avant la fin de l’année et d’éviter tout investissement lourd. Nous suggérons de vendre les entreprises qui doivent l’être,  extrêmement rapidement.

On peut se moquer des « experts » qui se trompent tout le temps.  Nous ne prétendons pas au statut de pythie méconnue. Nous disons simplement que la crise était prévisible. Nous en avertissons publiquement Nicolas Sarkozy et ses équipes.

La seconde erreur découle de la première. Si une crise économique sévère se profile, il ne faut rien promettre sur la croissance, l’augmentation de l’emploi ni sur  le pouvoir d’achat.  Nicolas Sarkozy fait tout le contraire et centre sa campagne sur le pouvoir d’achat, les heures supplémentaires, le travailler plus pour gagner plus.   Les trente cinq heures deviennent une cible privilégiée alors qu’en temps de crise  dure et d’extension du chômage ce n’est pas une priorité absolue.

Les promesses aventurées sur le pouvoir d’achat sont d’autant plus dangereuses que les déficits extérieurs montrent que la consommation en France est excessive  et se finance par l’endettement.

Aurait-il pu gagner la campagne électorale sur un thème  alarmiste : la crise va venir ; préparons nous ; je ne vous promets que du sang et des larmes ?  Qui sait ? Toujours est-il que les erreurs sont faites et que toute erreur se paie au comptant en économie.

Voici Nicolas Sarkozy  président : il commet une troisième erreur : la loi Tepa.  Non pas pour les raisons avancées par les socialistes de « cadeaux aux riches ».  Mais parce qu’aucune des mesures prises n’a la moindre de chance d’avoir un effet opportun face à la crise qui s’annonce.

En pleine inconscience Nicolas Sarkosy plaide pour des « subprimes » à la française alors qu’elles seront le déclencheur de la crise aux Etats-Unis.  Le marché hypothécaire étant étique en France il se rabat sur la déduction des intérêts des emprunts pour le bâtiment. On dit aujourd’hui : cela a contrebalancé partiellement la crise de l’immobilier.  L’erreur qui devait aggraver la bulle immobilière finalement par hasard se serait  trouvée utile. C’est évidemment tout à fait faux : les banques s’étant brutalement effondrées, crédit est mort et les prêts immobiliers à déduire aussi.  Mais bon, ce n’est pas le pire.

En matière fiscale, il propose le bouclier fiscal à 50%.  Nous avons violement contesté cette mesure qui chaque jour se révèle plus désastreuse.  Ce qu’il fallait faire c’est changer l’assiette de l’ISF et la transférer sur les très hauts revenus, les rémunérations  liées aux plus values des stocks options des grands groupes et aux « golden »  parachutes et « Hello ».  On ne perdait aucune recette fiscale. On frappait des gens qui s’en mettaient littéralement plein les poches sans trop se fouler, et on évitait  le caractère abject de l’ISF qui voit des contribuables payer plus que leur revenu !  Dans la foulée il devenait possible de rapatrier les fonds partis à l’étranger moyennant une taxation  raisonnable : par exemple 10%. L'endettement s'en trouvait diminué d'autant.

Ce paquet là aurait enrichi l’Etat et la France sans ruiner personne et mis fin à des anomalies qui pèsent lourdement sur  le moral des entrepreneurs et qui ruinent  des braves gens au moment même où ils affrontent des difficultés (perte d’emploi, veuvage, maladie etc.).  Au lieu de cela le gouvernement à chaque mesure fiscale est pris au piège de l’effet bouclier qui laisse la rue penser : les riches ne paieront  jamais  d’impôt supplémentaires  alors que nous on trinque.Une mesure plus catastrophique, on ne peut pas faire.

La modification du régime des heures supplémentaires dans une perspective de crise à venir n’avait aucun sens.  On assiste à des dérives inévitables : l’industrie automobile est touchée par la crise du crédit et l’arrêt du commerce international ; elle profite d’une prime à la casse pour vider les stocks et mettre les ouvriers en vacances et au chômage technique.  Les  nombreux contrats précaires sont supprimés (CDD, intérim, sous-traitance). On relancera la production avec  des aides et en heures supplémentaires !  En prime on bénéficiera d’un prêt massif de l’Etat à des conditions avantageuses et diverses subventions de recherche pour la voiture propre du futur.

Cette combine se retrouve un peu partout.  Elle permet de donner des revenus un tout petit peu amélioré  à  des salariés moins nombreux. Aux frais de l’Etat. Alors qu’ lemploi est la seule priorité !

Il va de soi que les mesures à prendre étaient tout autres. Sachant que le travail allait manquer et qu’il fallait empêcher coûte que coûte la démolition d’équipes qui avaient été longues à constituer, il fallait travailler avec les syndicats sur l’accompagnement  des ajustements d’effectifs et les mesures de nature à éviter que le choc soit trop destructeur.  Dès 2007.

Le RSA est une autre erreur grandiose. Sachant qu’il n’y aurait AUCUNE  création d’emploi pour les personnes marginalisées,  et qu’au contraire il y aurait foule au guichet des nouveaux demandeurs,  il fallait surtout penser à ceux qui licenciés ou ne trouvant pas à s’insérer dans le milieu du travail ne devaient surtout pas  tomber dans les pièges du RMI.   Effet pervers absolu on ne créera aucun emploi supplémentaire avec le RSA mais on va entraîner par calcul à court terme des ménages à jouer le nouveau système plutôt que la recherche d’emploi.

L’incroyable cinéma autour de l’écologie  et du sauvetage de la planète a été une autre erreur. L’opinion aurait du être tendue  vers la crise, les solutions temporaires pour l’affronter, les mesures temporaires pour en adoucir les inconvénients, les mesures définitives pour en sortir vite et bien.  On réforme extrêmement mal en temps de crise.  Au lieu de se lancer dans un festival de réformettes toutes ajustées par une taxation nouvelle  au nom de l’écologie, on aurait du se concentrer sur l’essentiel.

Il en va de même de bien des actions désordonnées lancées en tout sens qui n’ont fait aucune économie réelle tout en créant un climat de panique et de ressentiment  qui a grossi les rangs des mécontents.

En même temps par démagogie on a multiplié les cadeaux aussi vite oubliés qu’encaissés. Les marins pêcheurs étaient étranglés par la hausse spéculative du pétrole qui a eu lieu début 2008 : on leur a donné des compensations massives. Bien. Le pétrole est revenu à ses cours les plus bas. A-t-on touché aux cadeaux faits aux marins ? Evidemment non.

Le résultat : fin 2008 le chômage est au plus haut ;  il n’y a plus de perspective sur le pouvoir d’achat sauf à lâcher tout et n’importe quoi comme en 1968, mais comme il y a l’Euro c’est impossible sauf à sortir de l’Europe !  Les banques sont en faillites virtuelles et ne pensent qu’à reconstituer leurs fonds propres.  Crédit est mort. Les marchés d’exportation sont à l’arrêt.  Les impôts sont au plus hauts en même temps que la dépense publique dépasse toutes ses limites et que les déficits se creusent dans des proportions ahurissantes, comme celui du budget ou celui du commerce extérieur.

Sur le plan extérieur la crise n’ayant pas été  anticipée, ses causes ne le sont pas plus.  La crise une fois venue on s’agite en tout sens mais on est strictement incapable de poser un diagnostic et de mener une campagne internationale et diplomatique sur des concepts et des mesures.  

Il fallait dès 2006 mettre en cause les changes flottants et dès l’arrivée aux affaires mener campagne sur ce thème en mobilisant les économistes  et en prenant date sur la crise inévitable.

Oui, il fallait imposer un Français à la tête du FMI mais un vrai économiste qui aurait défendu ces thèses de l’intérieur du système et exigeant de faire appliquer les accords existants.  Car pour aussi bizarre que cela paraisse le FMI devait dans les accords de la Jamaïque faire respecter les grands équilibres et mettre en cause les pays accumulant déficits ou excédents extravagants.  Au lieu de cela on a fait nommer pour des raisons politiciennes nullissimes un incapable qui depuis à révélé tous les jours non seulement son incapacité mais aussi son goût pour  des pratiques  douteuses qui n'ont rien fait pour la réputation de la France.

En conclusion, nous voici au bout d’une histoire bien mal emmanchée.

A l’intérieur le « mouvement social » comme les chiens de meute à l’hallali  guette le moment de déchiqueter la bête, c'est-à-dire l’Etat, c’est dire la population, c'est-à-dire nous. Ils veulent une hausse des salaires qui dans les conditions actuelles aurait des effets pires que les délires de 1968.  Mais à force de parler de Grenelle et de pouvoir d’achat comment éviter qu’on exige un grenelle du pouvoir d’achat !  En même temps toute mesure de réforme est aussitôt bloquée par des grèves massives.

A l’extérieur la réunion du G.20 à Londres sur la  « refondation du capitalisme » se contentera d’agiter des clochettes sans rien toucher d’essentiel.   On fera de la comptabilité, de la notation,  beaucoup de morale à trois sous. Mais on ne mettra pas fin au système des changes flottants.  Et on priera pour que les plans de relance fassent leur effet.  La France sera marginalisée.

Quelle sera la suite ? La chiraquisation définitive de Nicolas Sarkozy, surtout après des élections européennes donnant des résultats décevants ( à 22% l’UMP perd toute crédibilité) ? Des tentatives d’activisme désordonné débouchant sur des grèves de plus en plus importantes au fur et à mesure que la crise s’étend ?


Le temps perdu ne se rattrape jamais.

Un graphique très parlant

Merci au Monde (supplément économique du lundi 12 janvier) d'avoir publié ce tableau qui raconte toute l'histoire économique de ces dernières années. 

On y voit lévolution de l'endettement aux Etats-Unis.

1929 apparait comme une crise très violente de l'endettement.   Les Etats Unis sont la seule puissance monétaire à la fin de la guerre de 14 : l'euphorie, un système monétaire international bancal et l'endettement se met à monter de façon prodigieuse.  L'ennui c'est qu'arrive le moment où s'endetter pour faire des gains en capital en bourse ou dans l'immobilier cela finit par s'effondrer. Il faudra 20 ans pour que les américains commencent à se réendetter en masse. 

Regardons maintenant les temps plus récents. Quand la courbe commence-t-elle à s'incurver : au début  des années 70. La mise en place du système des changes flottants permet à l'endettement des Etats Unis de s'accélérer presque sans limite.

Le remplacement de Volcker par Greenspan à la présidence de la FED donne un coup de fouet au mouvement.  Greenspan c'est l'idée que "the sky the limit" en matière de création monétaire. Les déficits de balance de paiement deveiennent gigantesques et croissent constamment.

A nouveau la spéculation sur les actifs reprend alimentée par le crédit.  La consommation ne fonctionne plus qu'à crédit.  L'épargne américaine devient négative (-2%).

Le ciel vient à nouveau de s'effondrer sur la tête des emprunteurs.

L'ennui c'est que cette fois ci l'endettement a été transmis à l'ensemble du monde. 

J'avais commenté sur le site du forum Monde cette même courbe publiée également par Le Monde en 1997 ou 98, en indiquant que l'explosion était certaine et qu'il était de l'intérêt des Etats unis de s'en rendre compte le plus vite possible.  Le système semblait fonctionner au profit des Etats unis mais déboucherait nécessairement sur un krach gigantesque.

Il est vrai que Maurice Allais publiait à peu près dans le même temps, dans la foulée de la crise dite faussement "des pays émergents"  un livre annonçant le krach pour des raisons très proches (surendettement excessif). Moi même annonçait plutôt une récession en 2000 dont il vaudrait mieux tirer les leçons.

La solution a été de faire sombrer le dollar et de créer plus de liquidité. C'était une fois de trop. Dès 2006 on voyait que le système n'en pouvait plus et craquait de toutes parts.

C'est  alors que nous avons annoncé une crise très sévère en 2009.

Cette courbe raconte la longue leçon d'une dérive  auto accélérée qui ne pouvait que mal finir.  les voix n'ont pas manqué pour attirer l'attention sur cette énorme montagne de dettes et sur les dégâts lors du dégonflement obligatoire (le service de la dette aurait mangé sinon toute l'économie).

L'observateur attentif en conclura que les subprimes ne sont que l'étincelle qui a fait sauter le baril de poudre. La crise que nous vivons n'est pas celle des subprimes. C'est celle du surendettement américain permis par le système des changes flottants. 

Sans doute comprendra-t-on mieux pourquoi nous disons que la PREMIERE mesure à prendre est de mettre fin aux changes flottants AUSSI BIEN POUR STOPPER LA CHUTE  que pour éviter LE RETOUR DES DESEQUILIBRES.

Nous avons écrit pendant 10 ans que l'effondrement de la pyramide de dettes mettrait un temps infini à dissiper ses effets. Il a fallu 20 ans en 1930. Admettons que les circonstances n'ont pas aidé. 

Mais la sortie de crise sera longue. On peut craindre qu'elle ne dure plusieurs années avec des dégats sociaux considérables et des secousses dans le commerce international très importantes dès que l'impatience des peuples se manisfestera viollement.

En fait c'est jacques Rueff qui avait raison. En 1972 il fallait surtout pas pâsser aux changes flottants. Il fallait réévaluer l'or vis à vis du dollar dans un rapport de 1 à 10 (cela paraissait monstrueux à l'époque !) et revenir à une forme d'étalon or interdisant l'amplification des phénomènes de déficits et la création monétaire associée. 

 

M. Giscard D'estaing dans une interviex en l'honneur de 10 ans de l'Euro explique que la crise est financière et non monétaire. C'est une plaisanterie.  L'Euro (reconstitué par ses composantes) comme le dollar ont plongé de 95% et plus par rapport à l'or depuis 1971 . L'effondrement monétaire global est la principale explication de la course à l'emprunt pour l'achat d'actifs "réels", bourse et immobilier.  

Ce qui s'effondre aujourd'hui c'est la pyramide de dettes batie sur les déficits américains permis par le système de change flottant et la place privilégiée qu'y tient le dollar,  et encouragée par une fuite en avant devant la monnaie.  Dette= crédit=monnaie.  La banque au centre de la mécanique est ruinée. Crédit est mort.  La monnaie  s'enfuit et il faut en créer des masses avec la planche à billets en espérant que cela compensera.

La crise est bancaire, monétaire et financière. Elle touche l'économie au coeur. Ce qui explique sa violence.

Et la nécessité d'agir sur les causes et pas seulement sur les symptômes.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile.

 

 

 

 

 

 

 



Des nouvelles de Chine

L’index de la production est passé de 54.6 en septembre à 44.3 en octobre 2008.  Une baisse  et de quasiment 20%  et en UN mois !  Un effondrement  comme on n’en voit quasiment jamais sur un indice de production  et qui signifierait sur une base annuelle une glissade qu’on n’ose même pas imaginer !  Les marchés de production ne sont pas comme les bourses où un affolement peut conduire à des baisses de 80% en quelques jours. 

Pour donner un élément de comparaison la récession de 93 (la seule jusqu’ici depuis la guerre de 40)  en France avait vu une première régression annuelle de sa production industrielle de 20% puis l’année suivante une autre de 20% soit 30% de baisse cumulées sur deux ans. 

Autant pour ceux qui pensaient,  il y a encore quelques semaines,  que la Chine et l’Inde, sans parler des pays d’Afrique, tireraient la croissance aux Etats-Unis et en Europe, ou qu’au pire il ne s’agissait que d’un ralentissement d’une croissance restant comparativement très forte.

L’index des commandes nouvelles lui est passé de 51.3 à 41.7, ici encore une baisse de 20%. L’index des exportations est passé de 48.8 à 41.4, une baisse de seulement 15%.

On constate une baisse de l’achat des produits manufacturés partout dans les pays développés, avec une prime à la baisse à ceux qui sont généralement vendus à crédit.  Comment pouvait-on rêver qu’elles ne seraient pas répercutées vers le principal fournisseur actuel de ces produits ?

Plus intéressant encore, la crise de la Chine n’est pas seulement tirée par la baisse des exportations : elle est également interne.  Le marché intérieur chinois se contracte encore plus vite que le marché mondial même si le différentiel entre commande et exportations peut ne marquer qu'une différence de phase les exportations actuelles correspondant aux commandes passées, ce qui n'augure rien de bon pour la suite. 

La violence de ces baisses ne traduit pas tant une baisse du désir de consommer qu’un blocage des crédits.   La confiance manque ainsi que les commandes, mais surtout « crédit est mort » !

Les leçons générales de la quasi faillite de l'UBS

Une intéressante monographie sur la défaillance de l’UBS vient d’être publiée par Myret Zaki une ancienne journaliste du Temps (au passage le meilleur journal au monde pour tout ce qui touche à la banque et à l’économie), « UBS, les dessous d’un scandale » chez Favre.  Elle détaille comment l’ambition d’un homme a pu mener une banque à la perte de 50 milliards de dollars, de son indépendance et de tous les gains faits pendant une décennie.

Pour l’économiste l’intérêt n’est pas dans les péripéties  de cette saga mais surtout dans les clés qu’elle nous donne pour comprendre  la nature de l’accident qui s’est produit, la cause de son ampleur et l’efficacité des mesures envisagées pour  en éviter le renouvellement.

Qu’a fait l’UBS ? Fasciné par les rémunérations  ahurissantes de l’investment banking aux Etats-Unis un bâlois  inculte monté à la force du poignet de la position de grouillot de bourse à la tête de la plus grande banque suisse, Marcel Ospel ,  veut devenir un des grands leaders mondiaux de la finance en mêlant l’énorme base arrière  de la gestion de fortune aux possibilités de l’investment banking à Wall Street.  

Première leçon : est-ce que la cupidité et les énormes rémunérations de Wall Street ont joué un rôle ? La réponse est oui !  L’équipe réunie par Ospel avait bien ce premier but en tête : s’en mettre plein les poches et ils allaient y réussir au-delà de tous leurs espoirs. En dix ans on estime que les 20 dirigeants les mieux payés de la banque ont réussi à se faire attribuer pas loin de 2 milliards de dollars de rémunérations diverses.

Seconde leçon : l’ont-ils fait par la patiente activité de crédit qui était la base traditionnelle de l’UBS, hors de sa fonction de  gestionnaire de fortunes, en cherchant à l’étendre, à y innover  ou à trouver des nouvelles formes utiles à la société ?  Pas du tout.  Ils ont été à Wall Street avec l’intention de tout casser en mettant des moyens humains et financiers gigantesques  au service de la gestion sur fonds propre.  Ils sont partis à Wall Street pour spéculer avec leurs propres fonds tout en faisant grossir au-delà de toute limite l’actif de leur bilan qui finira par dépasser 60 fois leur capital.  

Troisième leçon : quel moyen ont-ils trouvé pour faire monter leur mayonnaise financière ?  L’extraordinaire poussée du marché immobilier aux Etats-Unis  alimenté par des taux d’intérêt négatifs pendant de nombreux mois.  Le bras américain d’UBS se lance avec frénésie dans les CDO et les CDS et  profitant d’un énorme levier  il génère vite  des gains extravagants qui sont largement empochés par les dirigeants.  UBS s’est purement et simplement greffé sur la bulle de crédit  créée par Greenspan et  les politiques aux Etats-Unis et profitant des fonds gigantesques à sa disposition, il a poussé le jeu à fonds.  Pas de bulle, pas d’UBS en folie.  

Quatrième leçon : L’information donnée aux tiers et notamment aux actionnaires est rigoureusement inexistante.  Personne ne sait à l’extérieur de la direction de la banque ce qui se passe. A l’intérieur les mécanismes de contrôles sont bloqués car l’essentiel des gains sont faits aux Etats-Unis sur des techniques inconnues au siège.  Les autorités internes et externes de contrôle ne contrôlent plus rien et leurs avertissements restent lettre morte.   Même la haute direction de la banque et son conseil d’administration, d’origine suisse et peu au fait des réalités de l’investment banking ne savent pas trop ce qui se passe.  On subjugue l’opinion avec des gains phénoménaux qui suggèrent que les nouveaux maîtres sont des génies de la finance. En empochant des rémunérations astronomiques ils se convainquent qu’ils le sont en effet, géniaux.

Dès 2005 des signes de faiblesses apparaissent : la construction entre en récession aux Etats-Unis.  Greenspan a fait remonté  le taux d’escompte non pas modestement mais en le multipliant par cinq ! Mais personne ne s’inquiète  car le marché immobilier est devenu pour l’essentiel un marché de refinancement.  On refinance à tout va.  

Les dirigeants du Hedge fund créé par UBS (DCRM), des traders américains rompus à l’exercice sous la direction de John Costas, commencent  début 2007 à devenir méfiants  vis-à-vis de l’immobilier américain et à jouer contre le marché des subprimes.  La direction de l’UBS dont la banque d’investissement proprement dite joue les subprimes à fond ne l’entend pas de cette oreille : cela supposerait  de faire apparaître des pertes substantielles. Pas dramatiques  (un demi milliard de dollars) mais tout de même.  UBS liquide son Hedge fund  pour 350 millions de dollars de pertes (dont 200 millions d’indemnités pour les cadres ! )  et continue à jouer les CDO à mort.   

La motivation de cet entêtement suicidaire est  peu claire. On y trouve la volonté  de Marcel Ospel de conserver son siège pour quelques années encore malgré son âge et  l’inconscience du risque malgré les avertissements tonitruants de Costas, encouragée par les agences de notation qui ne laissent rien prévoir du risque sur les CDO triple A.  Prendre la tangente à ce moment là serait encore possible. Mais la vanité du président est telle qu’il ne veut pas qu’on fasse apparaître même momentanément la moindre tâche sur son bilan personnel. Génie il est, génie il restera.

En juillet 2007 les agences de notation dégradent  précipitamment leur notation. Les CDO deviennent « illiquides » c'est-à-dire invendables.  La direction ment outrageusement et cachent les pertes potentielles.   Puis  le marché tire en août 2007  un trait définitif sur les subprimes.   Il faut commencer le processus des révélations douloureuses : 43 et peut être 50 milliards de dollars de pertes. Une partie de la clientèle privée part à la concurrence.   La banque doit être recapitalisée avec des fonds de Singapour et d’Arabie Saoudite

Une première remarque concerne l’ampleur de cette perte : elle est gigantesque mais correspond à peu près à ce qui avait été gagné dans les dix ans précédents par UBS.  La perte en elle-même sur les subprimes n’a jamais eu l’ampleur suffisante pour entraîner la récession mondiale que l’on voit aujourd’hui.  

Les subprimes ne sont qu’un détail dans le tableau global des déséquilibres monétaires et financiers.  Au passage on voit qu’il ne s’agit pas d’une simple crise de liquidité bancaire : les pertes sont bien là et la solvabilité a été menacée !  Mais une fois  encore, même si on prend l’ensemble des banques concernées, l’affaire globale des subprimes n’auraient jamais pu à elle seule provoquer la récession sévère en cours.

La responsabilité première de la crise de l’UBS est naturellement  la bulle immobilière américaine permise par les déficits extérieurs américains  extravagants, le système des changes flottants et la volonté expresse des autorités politiques  américaines d’en profiter au maximum.   Si on veut tirer la leçon de la crise de l’UBS, il est clair que  c’est d’abord en supprimant ce contexte global détestable qu’on évitera  une nouvelle péripétie de ce genre.

La seconde leçon est que la mondialisation qui impose que se créent de grands leaders mondiaux dans tous les domaines a exacerbé les ambitions et que c’est un jeu hyper dangereux pour ceux qui ne sont pas premiers de la classe.  UBS s’est engagé dans des métiers que la banque ne maîtrisait pas et à été incapable de les contrôler.  Le gnome de Zurich ne pouvait pas muter en  géant de Wall Street sans une métamorphose douloureuse et incertaine.  C’est une leçon pour le management privé sans rapport avec les  mesures publiques prises dans une grande conférence internationale.

La troisième leçon est qu’une bulle  doit être reconnue  comme tel rapidement. Mais le monde ne fonctionne pas comme cela : une bulle est d’abord un merveilleux succès que les esprits faux transforment  par des théories fumeuses en recette perpétuelle du progrès.   Avertir en cas de bulle et réguler, c’est bien.  Mais dans le cas précis ceux qui devaient le faire se sont tus (le FMI)  ou ont expliqué que les formes nouvelles étaient modernes et bons pour la liquidité  (Greenspan et les produits dérivés) ou que l’emploi de la technicité la plus pointue était garante de la solidité des parois pourtant diaphanes de la bulle de savon (la mathématique financière quantitative).   

La quatrième leçon est que les agences de notation ont bien précipité la crise des subprimes par la brutalité de leur changement de notation.  Mais elles ne l’ont pas fait par vice ou parce qu’elles étaient payées par les banques clientes.  Elles se sont simplement trompées elles mêmes, intoxiquées par la bulle,  et se sont réveillées en sursaut quand elles ont réalisé où on en était.  

La cinquième leçon c’est que les règles comptables n’ont joué strictement aucun rôle.  Les pertes étaient là et les cacher sous le lit n’aurait rien changé  au fait qu’elles y soient.  
Pour les Etats la leçon est très difficile à tirer.  L’ambition délirante et la cupidité des dirigeants ne sont pas de leur ressort mais de celui des actionnaires qui eux-mêmes ne peuvent réagir qu’après coups et coûts. 

Les outils dits toxiques ne l’ont été que parce qu’ils ont été déployés dans l’environnement d’une bulle globale démesurée.  Les règlementer n’aura pas de grandes conséquences surtout maintenant que les marchés où ils s’échangeaient ont disparu.  La capacité de petits pays comme la Suisse (où l’Islande qui a connu une histoire rigoureusement identique)  de contrôler des mastodontes financiers de taille mondiale est exactement nulle.

On voit combien la réunion du G20 faussement appelée « nouveau Bretton Woods » est loin de la plaque.  Elle s’attaque à tout sauf à l’essentiel qui devrait être le cœur d’une réunion de ce type : les déséquilibres structurels  du système monétaire international basé sur les changes flottants, le « benign neglect » des autorités bancaires  américaines,  les bulles à répétition créés par la FED.   

On voit aussi que le FMI même doté de pouvoir de régulation renforcé n’aurait rien pu deviner de ce qui se passait à l’UBS.  Les aspects comptables et de  notation sont un épiphénomène.  

La rémunération des dirigeants  et sa réglementation est une piste glissante tellement facile à contourner  qu’on ne fera que gratter à la surface des choses.

La seule mesure à caractère prudentiel et juridique qui pourrait être prise à l’échelle mondiale, ce qui est hors de portée de la conférence mais pas des différents  pays, c’est la pénalisation du bourrage des comptes privés  gérés par une banque  de papiers sans valeurs qui servent simplement à l’enrichissement des dirigeants.   Goldman Sachs a refilé à ses clients tous les papiers CDO que la banque  avait accumulés en jouant pour compte propre préférant les ruiner que d’encaisser les pertes sur son capital.  Cela devrait valoir de longues années de prison à la dizaine de "banksters" qui ont joué ce jeu.  UBS n’a pas été totalement innocent dans ce jeu là.

Soit on sépare absolument  l’activité sur compte propre dans des structures ad hoc  loin des épargnants,  soit on sanctionne par des peines effroyables la tentation de mêler les comptes propres et les comptes d’épargne.  Mais là, il y a un disfonctionnement qui exige l’intervention des pouvoirs publics.

Au total ce que nous apprend l’UBS c’est que les nations ont un devoir  vis-à-vis de leur monnaie et que la première chose à faire est d’éviter de créer de la fausse monnaie et des bulles à répétition.   Et que les Etats doivent protéger l’épargne de leurs citoyens avec une plus grande rigueur.

Le reste n’est que plaisanterie. L’ennui c’est que seule  cette plaisanterie est au cœur des débats du G20.

 Karl Peiper pour le Cercle des économistes E-toile.





 






Michel Rocard a (presque) raison !

A raison qui pense comme vous !

Depuis des lustres non rappelons qu’une économie de changes flottants est obligatoirement instable et dangereuse,  et que faire passer les lourds camions de la croissance mondiale sur des passerelles en caoutchouc ne peut rien provoquer d’autre que la chute des camions pris dans les soubresauts incoercible de la passerelle.   Cela fait des lustres que nous décrivons  les dangers que cette instabilité crée pour non seulement la croissance mais surtout pour le fonctionnement régulier des économies qui sont confrontées à deux phénomènes désastreux : la montée de la complexité et l’aggravation perpétuelle des déséquilibres, les solutions d’une crise étant la source de la suivante.

Quand les « trente glorieuses » se sont elles brutalement arrêtées ?  Comme par hasard avec la crise de 73-74 qui était fondamentalement une crise due à la baisse excessive du dollar avec une inondation redoutable de création monétaire par le Trésor américain et la FED. On a fait semblant de prendre la conséquence (la hausse brutale des prix pétroliers) pour la cause ;  et, l’inexpérience de la nouvelle situation aidant, le monde a connu la stagflation, puis une première crise de change des pays émergents, puis le krach de 1991-93, puis l’explosion de la bulle de 2000 et ses conséquences puis le krach actuel qui marque la fin du cycle démarré en 71.

La puissance géopolitique des Etats-Unis, le rôle de monnaie mondiale du dollar,  l’influence presque dictatoriale d’économistes comme Milton Friedmann,  ont permis à un système intenable sur la longue durée de prospérer, les Etats-Unis ayant été capable de faire supporter aux autres les crises successives, au prix d’une fragilisation constamment aggravée.  Nous avions dénoncé comme superficiel l’article de Rogoff, économiste du FMI, lorsqu’il avait prétendu que les crises étaient constamment plus limitées. Ce n’était vrai qu’aux Etats-Unis et au prix de déséquilibres de plus en plus inquiétants.  Dès 2006 nous avons indiqué que la crise à venir serait très grave parce que justement les Etats-Unis n’avaient plus le moyen d’en réchapper.

Les produits financiers compliqués ne sont qu’une  conséquence des changes flottants, puisque toute opération internationale suppose une double spéculation : sur le bien lui-même et sur la monnaie. Un univers de ressources faciles s’est ouvert aux banques intermédiaires obligées qui ont profité de l’inondation monétaire générale et l’ont aggravé tout en croyant faire face aux défis de prévisions par la technique mathématique.  C’est ce système là qui vient de s’écrouler.  Mais rien ne sert de condamner les moyens de lutter contre la complexité si on n’agit pas sur la complexité elle-même.

Alors, oui, nous condamnons inlassablement les changes flottants, cause première de la fin des trente glorieuses et de l’effondrement systémique actuel.  Et nous pensons qu’un Bretton Woods 2 n’a de sens que si le système des changes est réformé.

Qu’écrit Michel Rocard dans le JDD du 2 novembre : « La montée des produits dérivés résulte de la désorganisation de l’économie réelle qui elle-même découle de la décision de décrocher le dollar de l’or. Le commerce qui jusque là travaillait à change fixe, a été menacé par les changes flottants. Tout est devenu volatile, imprévisible. Il a fallu se couvrir, inventer les combines  les plus tordues pour tenter de réguler la valeur des titres sur lesquels on travaille. A partir de là l’économie a été plus abstraite et plus fragile. La finance mondiale a fait supporter à l’ensemble de la société un taux de risque anormal ».

Tout cela est un peu approximatif : on confond les flux marchands et les flux de placement ; on ignore que les produits dérivés datent sous leur forme mathématique du début des années 90.  Bref, on connait l’air mais pas trop les paroles.

Mais au moins l’intuition est bonne. La crise de 2008-20 ?? est bien le dernier soubresaut d’une désorganisation commencée en 71 et qui a vu des inondations monétaires successives se résorber par des crises successives dont la dernière est systémique et marque la fin de cette étape particulière de l’histoire économique.

La suite des propos de Michel Rocard est sans intérêt car il ne sait pas ce qu’il faut faire et ne peut que se livrer au petit jeu de la distribution des bons et des mauvais points politiques. Mais au moins il a compris que le système de change actuel était intenable et que la reconstruction d’un effort collectif pour harmoniser les monnaies et les politiques économiques était nécessaire.  C’est bon à prendre.

L’absence d’un consensus sur les causes et donc sur les remèdes aggravera la crise actuelle. On ne se souvient pas qu’il y a eu des conférences au début des années 30 pour faire face aux désastres montants de la déflation.  Et qu’elles n’ont pas permis de trouver une solution commune.  Chaque pays a joué sa partition au détriment de l’ensemble, provoquant la dépression généralisée. On est loin d’avoir évité ce danger.

On le verra rapidement lors de la prochaine conférence. Si personne n’évoque la nécessaire stabilisation des changes avec coordination des politiques économiques, afin d’éviter la poursuite des déficits astronomiques des balances extérieures américaines et l’accumulation de ressources virtuelles et stériles dans des pays à trop forts excédents,  il n’y aura pas d’espoir de sortir de la crise autrement que par la dépression.

Depuis plus d’un mois maintenant des monnaies nationales sombrent provoquant des dévaluations phénoménales et des hausses délirantes des taux d’intérêt. Le Brésil dévalue massivement entraînant l’Argentine dans un nouvel « hiver économique ». L’Islande, la Hongrie, la Serbie n’ont plus de monnaie ni de crédit.   Le Japon ne sait plus à quel niveau de Yen se vouer. Les Chinois redoutent la perte de la valeur de leurs dollars accumulés dont ils n’ont pour le moment rien fait.   Croire qu’il ne s’agit que d’une affaire de crédits immobiliers américains douteux vicieusement transférés au monde entier  par Wall Street est réellement pitoyable.

La sortie de crise de ne sera pas un « new deal  2 » américain, ou une poussée majeure du socialisme rétablissement un meilleur équilibre entre  revenus du capital et du travail.  Ce ne sera pas non plus l’émergence d’une politique de « décroissance positive », un oxymoron qui n’a que la valeur des oxymorons. Une fois les pertes digérées, ce qui prendra plus que  quelques mois, ce sera la patiente reconstruction d’un monde global stable où les déficits ne pourront se poursuivre indéfiniment sans action correctrice rapide et concertée. 

Le monde qui émergera alors ne sera pas celui rêvé par Milton Friedman mort le 15 novembre 2005, juste avant la révélation de son erreur d'analyse en matière de change.  On notera le silence abyssal de l’école de Chicago, censé propager sa pensée,  depuis que la crise mondiale a commencé.


Didier Dufau pour le Cercle des Economistes  E-toile.

Témoignage : le premier "hedge-fund français"

La vie vous réserve des surprises qui ne prennent leur sens qu’avec le temps.  Rien ne laissait prévoir que l’auteur de ces lignes serait jamais confronté  aux opérations financières les plus tirées par les cheveux  et deviendrait le témoin  de la naissance du premier hedge fund à la française.

Une première mésaventure   prend aujourd’hui signe prémonitoire. Elève d’une grande « business school »  Européenne à Fontainebleau, rien des mécanismes les plus subtils du capitalisme ne devait nous échapper. Lorsque le bureau des élèves fut sollicité par une société de bourse  pour écouter un de ses grands spécialistes des marchés venir parler des opérations les plus « sophistiquées », il répondit oui avec enthousiasme.  Voici donc la promotion réunit dans le grand amphithéâtre   pour recevoir la bonne parole.

Quand l’énergumène entra dans la salle, il y eût un peu de gêne.  Le grand maître avait des allures de garçon de course et son teint fleuri démontrait un goût plus que prononcé pour la dive bouteille.  En un mot, il ressemblait plus à un rabatteur pour boîte de nuit sulfureuse susurrant  à Pigalle quelques affriolantes perspectives que d’un technicien de haut vol de la finance internationale.  On passa outre et on attendit la délivrance du message.

Il était simple : il existait un moyen de gagner à tout coup de grosses sommes en bourse. Le secret naturellement était bien gardé, mais la société Machin et Machin, bien connue sur la place depuis 150 ans, se devait d’en informer la future élite de la nation.  C’était en 1968, une année où on a beaucoup cru au père Noël chez les étudiants.

La martingale avait des airs techniques avancés.  Tout tournait autour d’une mécanique  réservée aux experts de la bourse, les options.  Grâce aux options il était possible de battre la bourse à tout coup et d’engranger des gains formidables pratiquement sans risque et sans capital initial.  Le tableau se couvrit soudain de mille équations, simulations et exemples qui montraient qu’en effet des gains phénoménaux avaient été faits dans le passé.

Il suffisait de se pencher et la fontaine de jouvence se mettrait à couler.  Si nous avions le moindre doute, nous n'avions qu'à nous faire conter l’histoire d’une certain Alfred Winslow  ou lire  l’article qu’il avait passé  dans un journal en 1966 expliquant aux Happy Few les raisons de son extraordinaire fortune.  

Il y eût des questions. Personne n’avait rien compris.  Une mathématique un peu complexe associée à un vocabulaire inconnu, cela séduit mais trouble un peu. Avec patience notre vendeur de vent s’expliqua sans expliquer, une activité qui demande du culot et du doigté.  Il conclut brillamment : je vous ai prouvé qu’il est impossible de perdre avec les options quand un spécialiste aguerri est aux commandes.  Une voix, une seule, s’éleva pour crier : « c’est impossible ».  Le raisonnement était peu scientifique mais empli de bon sens : « si une telle martingale existait, vous ne seriez pas là mais au caraïbes  en train de siroter des cocktails exotiques au milieu d’une nuée de jolies filles ».


Vue la tronche du conférencier, l’hypothèse était un peu aventurée.  Mais l’attaque était frontale et il fallait répondre. En vérité, ce brave garçon s’y attendait et avait la réponse toute prête : « Je ne vous reproche pas de ne pas y croire : toute cette affaire est complexe  et hautement technique. Mais je vous propose de créer un fonds et vous jugerez sur pièce ».  


Voilà comment fut créé le premier hedge fund  à la française : un fonds spécialement créé par des jeunes gens fortunés pour battre la bourse à tout coup grâce à des techniques sophistiquées.  Pendant quelques mois l’affaire fut belle : l’énorme  « levier » permit par les options  avait généré  des gains qui rapportés au capital investi étaient invraisemblables : le fonds avait vu sa valeur enfler de près de 125% en très peu de temps. 

Certains décidèrent alors qu’il était temps de doubler la mise.  Ce qui fut fait.   Dès l’été, « une malencontreuse conjonction de facteurs imprévisibles  jamais vus sur le marché »  fit s’écrouler le château de cartes.  Près de 50% de la valeur investie avait disparu en fumée.

Jurant mais un peu tard qu’on ne les y prendrait plus, les investisseurs en culottes courtes firent jouer leurs relations, qui étaient internationales et  puissantes. La vilaine société de bourse fut amenée à saisir son intérêt bien compris. Elle remboursa tout le monde rubis sur l’ongle.   Merci Papa, merci Maman ! 

Vingt ans plus tard, les aléas professionnels me firent redécouvrir les beautés du petit monde des options.  Un grand constructeur automobile cherchait un programme informatique adapté pour un de ses services les plus confidentiels. Il ne comptait qu’une personne !  Que faisait ce spécialiste confortablement installé à l’étage de direction ? Il offrait la contrepartie aux spéculateurs qui cherchaient des contrats d’option sur le titre du constructeur côté en bourse.  En gros, la société jouait avec ses propres titres pour assurer la liquidité du marché des options et animer son cours en bourse.  Il est vrai que c’était une des plus belles valeurs de la côte.

Nous voilà en train de dénouer tous les mystères des achats d’option d’achat, de vente d’option de vente et surtout, que le mot est beau et prometteur, des stellages.  Ce fut le premier logiciel informatique intégré de gestion des options.  Des tableaux instantanés permettaient de connaître toutes les « échelles » d’engagement. A tout moment  la position liquidative des sommes investies était calculée permettant de se couvrir au mieux. Pendant les années où nous assumâmes la maintenance du programme,  nous pûmes constater la parfaite régularité des bénéfices.

Et voilà que le spécialiste qui gérait  cette activité part à la retraite.  Son renom dans les sphères de la bourse était  haut. Il proposa à des particuliers de gérer un fond spécial où il continuerait à faire ce qu’il faisait depuis toujours  mais sur une échelle une peu plus grande et plus large.  Les candidats se précipitèrent.  Des sommes importantes furent levées.  Sollicité, je refusais malgré un léger titillement de la cupidité latente : j’avais déjà donné !   Et le ticket d’entrée n’était pas mince : 500.000 F de l’époque.

Arriva la crise boursière d’octobre 1987. Violente et soudaine elle mit en défaut toutes les prévisions et toutes les précautions.  Les investisseurs paniqués exigèrent le retour rapide de leurs fonds. Il fallut dénouer en catastrophe des positions un pêu aventurées avec des résultats en rapport.  Les pertes furent considérables : plus de 50% des sommes investies.  Le second hedge fund  à la française avait vécu.

 En 1993, après la crise très sévère qui  avait frappé le monde, des petits génies s’avisèrent à nouveau que les opérations traditionnelles en bourse, c’était pour les crétins.  Il fallait innover.  On réinventa les options en leur donnant toute la nouveauté d’un vocabulaire anglo saxon et la caution d’un prix Nobel d’économie.  C’était Wall Street et pas la coulisse de la bourse franchouillarde ; c’était des gens en costume cravate de grande classe façon Mac Namara : pas un grouillot alcoolique ; on parlait de techniques de « hedging » sophistiquées, pas d’options, encore moins de stellage.  Il ne s’agissait plus de poésie  mais de « big business ».  Les étudiants naïfs cédaient la place aux plus grosses banques mondiales.  On ne travaillerait plus  sous l’œil d’un fisc exigeant : à nous les paradis fiscaux les plus exotiques et les moins régulés.

Les hedge funds, jusqu’ici tapis comme des officines, prenaient le haut du pavé financier.  « Définition : un pool d’investisseurs fortunés cherche le profit maximum en prenant des risques maximum en utilisant l’effet de levier maximum ».  Naturellement  en utilisant des techniques qui sont présentées comme permettant de réduire les risques à presque rien !     Le même discours que nous avions entendu en 1968 ou dans la bouche de notre arbitragiste automobile.  

Rappelons qu’en anglais « hedging » veut dire « se protéger », « se couvrir ».  C’est quasiment un terme d’assurance.  Rien de plus rassurant.   Rappelons aussi que derrière tout le fatras des mots et des techniques, l’idée commune à tous les hedge funds est de prendre des positions  spéculatives  avec très peu de capital.

Les petits génies de la finance ne valaient guère mieux que notre douteux coulissier alcoolique  soixante-huitard.  Mais les sommes collectées furent proprement ahurissantes. Les gestionnaires de ces fonds ayant opportunément ajouté une commission sur les résultats à leurs honoraires de base, des fortunes hallucinantes  furent faites en quelques années.

Déjà, dans les années cinquante,  des précurseurs  avaient déjà  joué  aux Etats-Unis la même martingale. Ils avaient été balayés par les crises financières successives qui culminèrent en 73-74. Il aura  fallu attendre  la fin des années 90 pour voir renaître  les mêmes illusions.

On eut LTCM, un fond géré directement par un prix Nobel, le spécialiste des explosions douloureuses,  qui ne résista pas à un retournement imprévu : la crise dite des pays émergents  mit tout le monde dans le vent et les pertes furent telles qu’il fallut d’urgence appeler  « Dad & Mom »,  c'est-à-dire les autres banques et l’Etat pour renflouer tout le monde et éviter une crise systémique.   

La leçon ne fut évidemment pas tirée. Le succès du Tiger Fund, en  fut la raison principale : Jeffrey Vinik  avait commencé avec un fond de 800 millions de dollars en 1996. En octobre 2000 il se retire alors qu’il gère 4.2 Milliards de dollars et a produit un rendement de 645.8% !   Lui-même et ses  deux collaborateurs avaient gagné 1.7 milliards de dollars en « performance fees ».  Il pouvait aller cultiver son jardin des Hespérides !

Le désastre boursier de 2000-2002, après les hausses pharamineuses largement dues à l’action des hedge funds,  relayées par une double spéculation mondiale sur le dollar et les valeurs technologiques,  aurait du liquider tout cette organisation délirante.  

Mais non. Dès 2002 un livre sur les hedge funds révèle les nouvelles stratégies : « The major source of future growth for hedge funds  is the category of institutional investors,  pensions and benefit plans, endowments and foundations, insurance companies, bank and corporations”.

Il ne s’agit plus de gros investisseurs privés capables de spéculer avec une fraction de leurs richesses.  On vise Monsieur tout le monde via les banques et les assurances.   On vient de voir le résultat. Les CDS et autres CDO ne sont que des options déguisées avec des taux de leviers intenables.  C’est toute l’épargne du monde qui s’y est collée. Les grands de Wall Street en ont un moment tiré des bénéfices monstrueux distribués aux dirigeants sous forme de bonus qui auraient laissé Vinik sans voix.  

L’explosion  en mille morceaux  de toute l’affaire s’achève. L’ennui c’est qu’il n’y a plus de « Papa Maman ». Même les grands  Etats et leur mobilisation de milliards de milliards n’y peuvent mais.      Il faut « refondre » le capitalisme, annonce-t-on. Mais il l’est  déjà,  fondu.  

Hedge-fondu, devrait-on dire.

Didier Dufau
www.e-toile.fr

Maurice Allais : prophète de malheur ou Nobel de l’économie à redécouvrir ?

Le français Maurice Allais est notre seul prix Nobel d’économie. 

Pendant des années il a bataillé contre le système de crédit  et de change qui prévaut encore aujourd’hui dans le Monde. 

A plusieurs reprises il a voulu démontrer qu’une crise de 1929 était imminente. Il l’a fait en 1987 puis en 1997. La fameuse crise ne s’est pas déclenchée à ce moment là mais elle vient de le faire en cette année 2008.  

L’intérêt revient vers les thèses de Maurice Allais qui est désormais très âgé et ne s’exprime plus en débat public, après avoir été traité par la presse comme, disons, un original frôlant le sectaire.

Lors de la parution de son dernier livre, le Monde publiera en particulier un article méprisant contre lequel  je me suis opposé sur le forum du Monde.fr.

Le problème avec les thèses de Maurice Allais c’est qu’elles remettent à ce point en cause les pratiques existantes qu’elles sont inassimilables par la société des commentateurs.  

Résumons-les en quelques mots.

La monnaie devrait être pilotée par les autorités et non par les banques. 

La licence donnée aux banques de créer monnaie en transformant les dépôts en crédits et les crédits en monnaie crée une instabilité chronique qui est à la source de toutes les crises économiques récentes et notamment celle de 1929. Les banques créent de la monnaie non pas pour fournir l’économie mais pour spéculer.  Elles fabriquent des bulles qui sont tellement éloignées de l’économie réelle qu’elles finissent toujours par éclater.  La mondialisation des marchés  expliquent que les bulles soient de plus en plus grosses.  L’allocation des richesses est faussée. La mauvaise monnaie se mélange à la vraie épargne. 

Les changes flottants ajoutent à la confusion, car ils permettent des déficits de balance de paiement colossaux qui sont source de création de monnaie et d’ouverture de crédits  dans une spirale infernale.

L’inflation en allégeant la charge de remboursement de crédits pousse à la roue. Les politiques des gouvernements en cas de crise qui consistent toujours à rendre moins coûteux pour les faux monnayeurs le refinancement de leurs erreurs aggravent tout. 

Au bout d’un moment, tout l’édifice ne peut que s’effondrer. Cela s’est passé en 1929 et cela menace de se produire aujourd’hui à tout moment.

Les solutions proposées sont radicales. 

Les dépôts ne doivent pas être transformés en crédits par les banques.  Et voilà toute l’activité des banques de dépôts par terre !

Les déposants qui veulent investir doivent le faire dans des instruments ad hoc comportant le risque que l’on voudra. L’important c’est que les banques ne créent pas de monnaie, privilège des autorités monétaires et  que les prêts des banques soient toujours d’un terme inférieur à leurs ressources.  Des ressources à court terme ne doivent pas financer des  engagements à long terme. 

Afin que l’inflation ne crée pas de distorsions dans l’allocation des ressources, les intérêts doivent être indexés sur les prix et il faut évidemment des changes fixes pour ne pas introduire de ruptures désastreuses dans les anticipations.

Ce système est parfaitement cohérent et rigoureux. Seule l’épargne finance l’économie. L’épargne liquide est protégée. Le  revenu du prêteur est protégé de l’inflation. C’est lui qui choisit ses risques  en acceptant tel ou tel placement. L’allocation des ressources est optimisée. Elle va nécessairement aux besoins réels et la spéculation devient quasiment impossible.

Ce discours sera totalement rejeté. La raison en est simple : toute la banque est une industrie de la « transformation » qui permet aux bas de laine d’aller dans l’économie.

Certes des prêts longs sont financés par des dépôts courts, mais sauf panique, ces dépôts sont en fait une ressource longue.  Les tenants du système, c'est-à-dire le monde entier, considère que cet aspect n’est même plus à discuter sauf à retourner à l’âge des cavernes.

Le même raisonnement est fait pour les changes flottants : les attaques concertées contre une monnaie sont des opérations toujours gagnantes et le marché sait mieux que les Etats les cours à pratiquer.  C’est la théorie de Milton Friedman. 

Tous les économistes modernes ont une peur bleue de s’attaquer à Milton Friedman et  de passer pour un vieux schnock qui n’a rien compris.

En un mot Maurice Allais s’attaque à plusieurs piliers incontestés de la société moderne et dont la disparition est jugée quasi unanimement  comme  une aventure et probablement une voie vers la stagnation.   

La réaction commune est : d’accord les piliers en questions sont un peu mouvants et potentiellement dangereux mais les politiques prudentielles mises en œuvre par les banques elles mêmes et par les Etats suffisent à conjurer les risques les plus grands. Certes il y aura des crises bancaires, ou monétaires mais elles n’auront pas de conséquences graves à long terme.  Utiliser la voiture au lieu du vélo pour un voyage est plus dangereux mais on arrive en général tout de même plus vite. 

Et nous savons désormais éviter les crises de type 1929 !

On voit bien aujourd’hui que cette pensée commune est en difficulté.  Jamais les déficits américains n’ont été jugulés ouvrant la porte à des créations monétaires folles.  Faute d’autorités au dessus des Etats-Unis, l’impuissance est totale.  

Milton Friedman n’a jamais voulu voir que les changes flottants sont en faits déstabilisants et provoquent la chute globale du système monétaire.  En 35 ans les principales monnaies ont perdu 95% de leur valeur.  

La régulation des flots de crédits et de la création monétaire  est impossible en cas de formation de bulles.  Personne ne peut refroidir le gonflement des risques.  Quand on s’y risque la bulle est si grosse  qu’elle explose.  

On ne sait pas distinguer un prêt industriel et un prêt pour une spéculation. Dans tous les cas le prêt est fondé sur une espérance de gain plus ou moins fantaisiste.  

Les politiques prudentielles ne concernent pas jusqu’ici le hors bilan qui s’est développé de façon exponentielle et les hedge funds qui travaillent hors règles et hors impôts dans des paradis fiscaux.

Le grand défaut de Maurice Allais c’est évidemment de n’avoir jamais chiffré les conséquences des mesures qu’il propose en termes de croissance et de prospérité. 

Tout le monde a vu ce qui était démoli (et que tout le monde utilise). Personne n’a vu réellement ce qui était concrètement proposé.

Cet excellent esprit a alors été relégué dans une sorte de ghetto par la pensée « politiquement correcte » et cela d’autant plus qu’il s’est lancé dans une guerre contre le libre échange qui est un autre pilier du politiquement correct actuel.  

D’où l’article odieux du Monde significatif de la réaction decette pensée unique contre Maurice Allais, et sa conclusion ironique : « Nous sommes désormais avertis !».

Aujourd’hui le politiquement correct s’affole et dénonce « l’argent facile », « les banquiers irresponsables », « les traders fous », « les outils techniques trop sophistiqués », « le détournement de l’épargne vers la spéculation au lieu de l’industrie », « les lacunes des  agences de notation » etc. 

Mais personne ne s’insurge contre la généralisation du crédit à toutes les couches de population, même les plus économiquement faibles (le droit au crédit) et la montée de l’endettement global, contre la mobilisation des dépôts bancaires pour construire des pyramides de crédits et créer de la monnaie presque sans limite,  contre les changes flottants et les déséquilibres majeurs de la principale économie du monde. 

On ne veut pas toucher au tronc de notre arbre économique en croyant que seules les branches ont bourgeonné de façon excessive.  

Alors que la faiblesse est dans le tronc lui-même, sinon les déposants n’auraient pas si peur pour leur avoir.  

Que conclure ? Le Cercle des Economistes E-toile adhère à une grande partie du raisonnement de Maurice Allais.  Il faut en effet garder sous contrôle l’inflation, revenir sur les changes flottants et l’exception américaine, conserver la main sur la création monétaire.

Faut-il aller jusqu’à interdire toute  « transformation »  bancaire ? Nous ne le pensons pas.  

Les changes flottants et la crise mondiale actuelle : une question fondamentale !

Beaucoup ne comprennent pas le lien entre la crise actuelle et les changes flottants.  Ce petit memo est pour eux.
Jusqu’en 1971 nous avons vécu sous les règles des accords de Bretton-Woods : les changes étaient fixes et ajustables après négociation.  Le FMI observait les politiques des Etats pour éviter qu’ils ne créent trop de déséquilibres extérieurs.  En cas de crise il intervenait pour éviter que des politiques trop restrictives dans les pays en faute ne fassent tâche d’huile.  Ce système correspond à ce qu’on a appelé « les trente glorieuses », de 44 à 74.  
Les Etats-Unis avaient un rôle disproportionné : le dollar devenait la monnaie de référence ; les Etats-Unis seuls disposaient d’un droit de veto au FMI.  D’autres solutions avaient été abordées lors de la conférence comme la proposition de John Maynard Keynes d’un Bancor, monnaie non nationale de référence et, compte tenu des rapports de force de l’époque, abandonnées.
Le Dollar était défini par rapport à l’or. C’était un « Gold Exchange Standard», une monnaie de substitution de l’or mais « qui valait de l’or ».  Il était dangereux de donner à un seul pays la responsabilité de la monnaie mondiale, même si son économie était la première du monde (surtout en 44 après les pertes de la guerre en Europe et en Asie).  Mais la référence par rapport à un élément extérieur apportait des garanties.
L’ennui c’est  qu’à partir de 1958 les Etats-Unis ne souhaitent plus s’occuper de la valeur de leur monnaie. Les déficits s’accumulent aggravés par la guerre du Vietnam et la course à l’espace.  Cette création monétaire permanente entraîne une hausse de l’inflation  chez les partenaires principaux des Etats-Unis, notamment l’Allemagne.   Les Etats-Unis deviennent une source d’inflation monétaire gigantesque.  Les Allemands traumatisés par l’hyper inflation des années 20 cassent le protocole de Bretton Woods : ils ne veulent plus créer des DM en contrepartie des dollars en excédent.  Les demandes de remboursements en or s’organisent et Fort Knox commence à se vider.
Les Etats-Unis ne peuvent pas l’admettre. Ils cessent d’assurer la convertibilité du Dollar en or.  Techniquement  le système de Bretton Woods est mort. Le FMI ne sert plus à rien. Les monnaies se mettent de facto « à flotter ».
L’ennui des changes flottants, c’est qu’ils flottent.  Ils ne sont pas équilibrants mais déséquilibrants, un peu comme une passerelle en caoutchouc.  Les amplitudes sont très fortes.  L’avantage pour les Etats-Unis est qu’ils commercent dans leur propre monnaie. L’instabilité des changes ne les touchent pas en apparence directement : un dollar est toujours un dollar.  Ils laissent donc filer tous les déficits sans trop se préoccuper du reste du monde. On appellera cette politique : le Benign neglect.
Les inondations monétaires entrainent les inondations de crédits et des décalages de plus en plus forts entre les mouvements financiers et l’économie réelle avec de brusques retours à la réalité.  La crise de 1974 est très dure ; la plus dure depuis la guerre.  Le dollar ne vaut plus que 3.75 F au lieu des 5-6 habituels. Les pétroliers voient leurs recettes chuter. Ils réagissent violemment. Ce sera  la hausse massive des prix du pétrole avec ses conséquences.
Pour sortir de la crise de 74 les gouvernements ouvrent partout les vannes du crédit et inondent un peu plus la planète.  Ce sera la « stagflation » ! Jusqu’à ce que les  gouvernements autres que les Etats-Unis s’aperçoivent qu’en changes flottants les relances keynésiennes ne marchent pas.  Elles provoquent aussitôt le désordre sur le marché des changes et l’attaque des monnaies « faibles ».  Toutes les tentatives de  stabilisation des monnaies échouent. On se rappelle des difficultés de M. Giscard d’Estaing avec son « serpent monétaire ».  Les gouvernements ont perdu la main sur leur conjoncture.
Les changes flottants vont provoquer une série continue de crises monétaires : crises des crédits aux pays d’Afrique dans les années 70 ; pendant les années 80 : crise des junks bonds ; crises monétaires au Mexique  et dans divers autres pays émergents ; crise des programmes informatiques boursiers de 87 et 89 ; Puis : crise générale de 91-93 ; crise dite des pays émergents en 98 avec les faillites de Baring et plus tard Enron ; crise des NTIC au début des années 2000  et crise actuelle des subprimes.
Pendant trente ans le Dollar fait le yoyo avec des variations du simple au double de sa valeur contre les principales monnaies et perd 97% de sa valeur en or !
Inutile de chercher ailleurs la source de l’instabilité financière générale qui a pesé  sur la croissance des trente dernières années.
Certains diront : tout cela est un peu trop global et on ne voit pas le lien entre le système des changes flottants et la crise des « subprimes ».  C’est pourtant tout simple. Les gouvernements n’ont plus trop à se préoccuper de la valeur de leur monnaie : elle est décidée par les « marchés financiers ».  En Europe l’Euro est abandonné à la seule BCE.  Comment faire face à l’instabilité foncière du système ?
Par les instruments financiers de couverture, c'est-à-dire par des produits financiers complexes. L’énorme développement des techniques d’arbitrage provient de l’ouverture d’opportunités innombrables d’arbitrage.  Si quelque part un flux financier en monnaie x se traite  à un taux y et ailleurs un autre en monnaie z à un taux t, je peux faire un arbitrage facile si le taux de change des monnaies  est d’une proportion différente.  Les flux financiers d’arbitrages prennent donc une ampleur gigantesque et n’ont plus grand-chose à voir avec les biens échangés entre les pays.
Les banques sont les principales gagnantes dans ce jeu et interdiront qu’on  ne revienne jamais à des changes fixes qui tueraient ces mouvements radicalement.  D’autant que les commerçants doivent couvrir en permanence leurs opérations, une source de produits faciles et perpétuels.   
L’inconvénient est la montée de complexité.  Tous les marchés sont interconnectés : marchés monétaires, marchés d’actions, marché d’obligations, marchés de « futures » , marchés de « commodities »…  les techniques de produits dérivés permettent de tout mélanger.
L’épargnant qui cherche un placement sûr en trésorerie se voit proposé en Franc Suisse des parts de sicav contenant des produits dérivés provenant de partout.  Et notamment des CDO en dollars.  Plus personne ne sait ce que contiennent  les produits financiers et comment les liens s’effectuent entre touts les pays, toutes les monnaies, tous les marchés.  Le calcul du risque devient impossible.  Un flux de trésorerie  correspondant à des remboursements escomptés sur le marché des crédits hypothécaires à risques aux Etats-Unis  est adossé à une différence de cours de monnaies qui elle-même est adossée à  une différence de taux en extrême orient, qui elle-même est adossée  à une variation climatique (Enron vendait des produits dérivés assis sur la météo !).
On accuse la complexité des modèles mathématiques sans voir  qu’ils correspondent à la complexité d’une économie mondialisée en changes flottants.   L’organisme qui a fait en Corée un prêt en dollar à une collectivité locale n’a pas les dollars. L’emprunteur se dépêche d’ailleurs de se débarrasser des dollars s’il les voit jamais.  Et pendant 10 ou 20 ans il va falloir faire son affaire des taux de changes qui peuvent varier du simple au double !  Qui peut croire que cela soit simple ?
Les produits dérivés complexes ont été créés pour faire face à la complexité et ont eu l’inconvénient avec le temps, de la cacher. Mais le vrai problème est la complexité sous jacente.
Le cumul de déficits américains gigantesques permis par les changes flottants  et de la complexité des outils financiers imposés par les changes flottants  fait un cocktail détonnant.  A chaque crise depuis 1974 les solutions ont été d’aggraver un peu plus les inondations financières comme le drogué augmente ses doses. Jusqu’à ce la fuite devant les monnaies s’enclenche et entraîne une perte de confiance généralisée et la paralysie bancaire,  plus aucune banque n’étant très sûr de ses actifs.
Maurice Allais qui a été un des rares contempteurs (avec le cercle des Economistes e-toile) de ce système pervers a écrit : « ce qui doit arriver arrive ». La crise de type 29 qu’il entrevoyait ne s’est pas produite en 86 comme il l’a cru (suite à l’affaire mexicaine), ni en  98 (suite à la crise dite des pays émergents). Elle est là !
Sans doute comprendra-t-on un peu mieux pourquoi la crise actuelle ne peut se résoudre comme nous le clamons inlassablement  sans la disparition du système des changes flottants. Oui il faut un « Bretton Woods » mais pour redéfinir le système monétaire international sur une base beaucoup plus stable et  solide en abandonnant le flottement des monnaies, pas pour faire la causette.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Bienvenue au Paradis des Anges.

Devant l’ampleur de la crise la question est posée de trouver des responsables et les condamnations morales se multiplient. Depuis le fond des temps on immole en cas de catastrophe pour se purifier des fautes supposées  et attendrir les Cieux.
Pour l’observateur attentif, il apparaît que les acteurs du drame ont toujours plutôt agi avec les meilleurs sentiments.

Prenons la question des « subprimes ».  Les politiques s’inquiètent aux Etats-Unis comme ailleurs des discriminations qui touchent des catégories exclues de la population.  Discrimination et exclusion ne sont pas des choses avec lesquelles on badine en démocratie.  Résultat : une loi bi-partisane  à l’initiative de Bill Clinton impose des règles plus strictes aux distributeurs de crédit.  La loi du 30 septembre 1996 impose de facto aux banques de prêter à des personnes  qui jusqu’ici n’étaient pas considérées comme éligibles.  Simultanément l’Etat apporte sa garantie à deux grandes institutions de régulation  du marché des prêts immobiliers.  Il est intéressant de lire le credo  de l’une d’entre elle, Fanny Mae :
“Fannie Mae provides stability, liquidity, and affordability to the nation's housing finance system under all economic conditions. We exist to expand affordable housing and bring global capital to local communities in order to serve the U.S. housing market. Fannie Mae has a federal charter and operates in America's secondary mortgage market to ensure that mortgage bankers and other lenders have enough funds to lend to home buyers at low rates. Our job is to help those who house America ».
Les mots clé sont évidemment « under all economic conditions », « low rates », « affordability ».  

Les banques ont donc le DEVOIR de servir la communauté, devoir contrôlé par la loi pénale, puissante aux Etats unis.

Voici en place le marché des prêts dits « subprimes ». Les analystes  bancaires ne sont pas trop inquiets. Les prix de l’immobilier ont monté régulièrement depuis la guerre sans JAMAIS redescendre.  Si un client est individuellement potentiellement dangereux, la collectivité des clients difficiles montre un taux à peu près fixe de défaillances. Il suffit d’augmenter les taux en conséquence.  C’est mathématique. Et on se fixera sur le prix du bien plus que sur les caractéristiques de la personne.  Le gage ne perd pas de valeur. Le système est sain.  Et s’il dérape on sait que la garantie de l’Etat est là.

Ce n’est pas la folie furieuse de banquiers irresponsables qui crée le marché des subprimes mais la volonté de bien faire impulsée par le politique et mise en musique avec sérieux par les organismes  de crédit.  On notera qu’il n’y a pas qu’aux Etats-Unis que la volonté de "démocratiser" le crédit et les conditions de logement sont dominantes dans l’action des gouvernements.

En France Nicolas Sarkozy donne une prime fiscale à l’emprunt immobilier et facilite l’accès à la location en généralisant la garantie de l’Etat sur les cautions.  Il le fait en 2008, alors que la crise des subprimes est déjà en plein essor et qu’il fustige les vilains intermédiaires  qui ont fait des affaires douteuses avec les pauvres aux Etats-Unis ! Pendant sa campagne présidentielle un discours énergique montre que la vraie solution c'est le crédit hypothécaire et que lui président il substituera le prêt sur gage au prêt qui dépends des ressources de la personne. Les Français y ont le droit et on ne laissera pas des idées anciennes se mettre en travers de la modernité.  Pas étonnant que ce morceau de choix passe en boucle sur le WEB :

http://www.dailymotion.com/relevance/search/sarkozy%2Bsubprimes/video/x73o4s_crise-quand-nicolas-sarkozy-vantait_news

La courbe des ventes de maisons se met à monter dès 1997 et est à peine touchée par la crise générale du début des années 2000. Pourquoi ? Parce que la bulle qui vient d’exploser s’est formée en bourse  et principalement sur les valeurs technologiques. L’immobilier parait  bien plus sûr. Se placer sur ce marché là n’est pas la marque d’un quelconque accès de cupidité diabolique, mais un exemple de sagesse.

Les autorités monétaires au même moment font descendre les taux d’intérêt extrêmement bas.  Ils y sont encouragés par le monde entier qui place son épargne massivement aux Etats-Unis au lieu d’investir ailleurs dans l’industrie. En 2002, on en arrive à 1%, soit moins que l’inflation.  Pour les emprunteurs immobiliers la situation est idéale. Elle l’est beaucoup moins pour les prêteurs qui gagnent leur vie sur la différence entre le coût de l’argent qu’ils empruntent et le taux de leurs prêts.  La solution unique et rationnelle est  d’agir sur  le nombre des prêts : un peu moins de marges mais sur une masse plus grande de chiffre d’affaire, et on s’en sort !  Mais élargir la clientèle, c’est augmenter les risques en attaquant des franges de la clientèle potentiellement insolvables.  Pas dans l’immobilier où la garantie de l’Etat et l’organisation du marché limite le risque pour le banquier.   
Un obstacle tout de même : les ratios prudentiels !

Même si les Etats-Unis n’ont pas voulu admettre les disciplines de Bâle 2, les banques ne peuvent pas prêter de façon illimitée ? Il  existe une solution : titriser les crédits et les revendre aux sociétés d’assurances ou à des intermédiaires financiers qui en feront des actifs commercialisables aux épargnants ou aux trésoriers d’entreprise.  Tout cela se fait hors bilan et donc hors ratio prudentiel.

La titrisation n’est pas une discipline immonde conçue par le diable dans son fourneau maléfique. Les CDS et les CDO sont un peu plus complexes mais en aucun cas mal intentionnés.  Ceux qui les conçoivent ne se jugent pas comme d’immondes spéculateurs mais comme d’excellents techniciens et innovateurs. Ils sont d’ailleurs considérés comme tels.  Les petits génies des meilleurs grandes écoles scientifiques sont sollicités pour donner à l’ingénierie financière cette substance scientifique qui fait la réputation globale des produits mis sur le marché.  Les méthodes de valorisation ne sont pas le fruit d’un bricolage sur une table de bistrot : ce sont des prix Nobel qui s’y sont collés.  Lehman Brothers qui est en pointe sur ces techniques est considérée comme la banque la plus dynamique et la plus créative. Elle est primée pour cela.

C’est alors que le marché décolle vraiment : de 2003 à 2005 les croissances dépassent 100% par an. Des dizaines de millions de foyers pauvres entrent dans leur maison.   On cite en exemple un Etat qui sait vraiment s’attaquer à la pauvreté.  Tout le monde se congratule et pleure sur l’extrême sagesse et bonté d’un système qui allie générosité et efficacité.

Du côté des épargnants et des trésoriers d’entreprise une bonne nouvelle se fait jour : malgré les taux d’intérêt très bas il est possible de doper un peu les rendements et pratiquement sans risque grâce aux produits « dynamiques ».  La diffusion des dérivés adossés au marché des subprimes devient mondiale. Sans qu’aucun intermédiaire n’ait l’impression de commettre une mauvaise action : les agences de notation  ont mis de bonnes notes aux produits considérés !

La bulle devient  tellement énorme que les autorités montent les taux d’intérêt pour la freiner. En vain et  lorsque le retournement décennal de la conjoncture se produit, non seulement le marché immobilier américain  se grippe mais les prix se retournent pour la première fois depuis  soixante ans. Le bel édifice s’écroule entraînant tout sur son passage.

Qui est fautif ? Les politiciens qui par esprit compassionnel et démocratique ont décidé de forcer le crédit aux pauvres ? Les autorités monétaires américaines qui ont inondé le monde de monnaie ? Les autres pays qui ont choisi de replacer cet argent aux Etats-Unis ? Les techniciens qui ont créé les produits dérivés  complexes ? Les dirigeants des banques qui ont largement travaillé hors bilan ? Les agences de notation qui  ont donné des notes trompeuses ?  Les intermédiaires qui ont diffusés les crédits puis les produits dérivés de ces crédits ?  Les comptables qui ont édicté des normes de comptabilisation favorisant le court terme ?

Tous ont eu l’impression de faire le bien et d’agir au mieux.

Les libéraux pourront dire : ce sont les interventions démagogiques des politiciens t sur les prêts immobiliers  et sur les taux d’intérêt qui sont les moteurs de la crise.
Les socialistes  pourront affirmer que Wall Street, son argent facile  et ses dérégulations, c’était  décidemment pas possible et qu’il faut revenir à plus de régulation.  

La vérité, éternelle, c’est que l’enfer est pavé des meilleures intentions.

Didier Dufau, pour le Cercle des Economistes E-toile.



"Panic will be the rule and depression the only result"

Article passé par Didier Dufau   par le Financial Times le 11 janvier 2008 en réponse à un article de Wolf. 

Didier Dufau, e-toile (guest contributor) “Movements in exchange rates are, to put it mildly, unpredictable. But this one ought to happen. It should also be welcomed. This possibility was, indeed, why the UK had to keep out of the eurozone.”
This statement is highly ideological and doesn’t take into account important facts. Since the international monetary system set at Bretton Woods exploded in 1971, a de facto and so called “floating currency system” is the mainframe of the global economy.
Since then the exchange rates of the main currencies are bouncing in unpredictable ways creating havoc in the financial markets and the international commercial exchanges. It is ludicrous to pretend as we can read so often that changes in rates are kindly “anticipated” by economic agents thru clever technical ploys. When the Euro moves from 80 to 1.40 dollars, in little more than a year no firm can cope with that nicely. When dollar started to move up steeply in 1997-98 the economies who were borrowing in dollar could not repay. When dollar slumped to record low back in 1973, oil producers had to find some ways to keep their revenues. The various crises were named with funny names: oil crisis, emergent countries crisis etc. All of them were actually dollar crisis and a consequence of the IMS structural flaws.
If they are bouncing, currencies are also sinking. Gold ounce was 35 dollars back in 71 and today round 900! A 96% devaluation of the dollar evaluated in gold! Just try to find an economist ready to assert: what a boon, with our IMS within in the next 30 years dollar will see its value in gold again divided by 25 and gold ounce will cost 22,500.00 dollars…
It is not only true for the dollar but for every currency, pound included, even if some of them are temporarily up in the bouncing game.
The floating system is self destructive. The day of reckoning has come. What makes the current crisis so deep is that everyone understands that the “solutions” used in 1974, 1992 and 2001 are of no use. We are at the end of this particular story.
Flooding the world with other abyssal US deficits will only foster retaliation and further disruptions.
The only solution is to create a new IMS stable currency framework far from the ideology of free floating markets, creating some kind of intergovernmental disciplines. The US can’t be the anchor of the new system and only “primus inter pares”. Only quick international initiatives in this direction can spare a deep worldwide recession, by sending to the markets a clear sign that there won’t be any more “benign neglect” on the money markets.
Otherwise, floating system being deprived of any mechanism to stop disruptions, panic will be the rule and depression the only result.

Crises de confiance, morale et efficacité.

L’économiste peut prévoir le cycle ; il peut indiquer les risques d’une politique économique aventurée ; il ne peut pas déterminer quand et où une crise de confiance bancaire se mettra en place de façon irréversible.

Nous, au cercle des économiste e-toile,  nous avons toujours évité d’évoquer de façon lancinante le spectre d’une crise de type  1929, considérant que les conditions de l’époque n’ont strictement rien à voir avec celles qui prévalent aujourd’hui.   La seule courbe qui rappelle celle de 1929 est celle de l’envolée de la masse monétaire mondiale. Nous l’avions signalé dès 1998. L’immense  masse de liquidités posait visiblement  une menace sur le système global.  A telle point que votre prix Nobel d’économie, Maurice Allais  en avait tiré un livre sur l’imminente crise générale. Ce livre fit ricaner notamment au Monde et Didier Dufau dut écrire une réfutation  de cet article dans les colonnes du forum du monde.fr.    La crise de 98, qui n’était pas la récession du cycle de 10 ans,  fut en effet très courte et finalement assez localisée. Seule l’Argentine et son système monétaire exotique et aventurée connurent une grave dépression.   

Les mécanismes d’une crise plus importante furent  évidents lorsqu’on vit les moyens employés par lmes Etats-Unis pour sortir du ralentissement du début des années 2000 : 500 milliards de dollars dans le plan de relance, le dollar fondant, les intérêts au plus bas avec inondation monétaire.    Les arguments mis en avant par Maurice Allais prenaient plus d’actualité.  Fallait-il crier au loup ? Dès l’accident boursier du second semestre 2006, nous l’avons pensé. La récession viendrait plus tôt et serait plus forte qu’anticipée.

Mais aujourd’hui nous sommes passés d’une crise cyclique à un phénomène tout à fait différent : la crise de confiance majeure et généralisée.  Ce ne sont plus les pertes sur des investissements aventurées qui mènent la danse mais le comportement de panique des déposants et des épargnants.  Un système bancaire ne peut fonctionner que sur la confiance.  La défiance généralisée le tue sans que la faute des gestionnaires puissent être invoquée : ils n’y peuvent plus rien !  Seul l’Etat peut intervenir.  Le système de Law était excellent... si et seulement si l’Etat imposait le cours forcé du papier monnaie !

Nous sommes entrés dans ce processus. Il ne s’agit plus de savoir si les plans de secours sauvent de vilains cupides inconscients, mais d’éviter un arrêt du système entraînant immédiatement une paralysie de l’économie.  Prière de laisser les leçons de morale au vestiaire !  

Depuis l’été 2007 les banques refusaient de se prêter les unes aux autres. La crise de confiance était localisée aux intermédiaires  bancaires.  Elle s’étend désormais aux épargnants et aux déposants.  La chanson est autrement grave. Ces comportements de foule ne peuvent jamais être prévus complètement.  En 1991-93 le système bancaire européen avait été pratiquement ruiné par les folies de crédits dans l’immobilier de bureau.  Des banques avaient été très menacées notamment en Suède. Mais il n’y avait pas eu de panique générale.  Les autorités des pays où le système bancaire donnait de la bande  avaient rapidement cantonné les actifs douteux, changé le management des banques touchées,  et évité d’intervenir lourdement sur la gestion des établissements concernés. Tout était revenu à la normale assez vite.   Le scénario le plus probable en 2007 après la faillite de Bear Stearns n’était pas celui d’une crise de confiance  des épargnants.

C’est la faillite de Lehman  Brothers bien des mois plus tard  qui a déclenché la panique.   Les produits structurés  de Lehman Brothers ont été vendus par les plus grands établissements bancaires à de tout petits épargnants et ils peuplent les bilans de pratiquement toutes les banques à travers le monde.  Contrairement à ce que j'ai pensé un temps, il aurait sans doute été sage d’organiser un sauvetage de cette banque par le trésor  américain plutôt que de laisser filer tout en suggérant  que l’ensemble de Wall Street était en faillite.  Les banques centrales sont impuissantes à sauver des banques d’affaires qui font face à des pertes et pas à des retraits de déposants.  Seuls les gouvernements peuvent agir.

Le Secrétaire au Trésor américain  a joué avec le feu : laisser filer Lehman Brothers, sauver AIG et ces 80 milliards de dollars de dettes pourries, puis annoncer presqu’aussitôt 700 milliards de dépenses publiques pour sauver le système était incohérent.  On pouvait sauver Lehman Brothers  pour beaucoup moins que cela.  Du coup personne n’a rien  compris et tout le monde  a pensé qu’ il y avait des dizaines de Lehman Brothers dans le corridor de la mort.  La panique s’en est suivie.

Désormais tout le système bancaire mondial est figé dans les glaces. Aucune banque ne peut plus prêter à une autre  banque. Chacune sent  le volcan sous ses coffres, et voit fuir  l’argent déposé chez elle avec les plus grandes alarmes,  en même temps que sa valorisation boursière d’effondre.   

On se retrouve à l’échelon mondial dans la situation des Argentins cherchant à récupérer leur épargne et trouvant porte close. On a vu le résultat : un hiver économique de type légèrement nucléaire.

La solution est connue : pas seulement assurer la liquidité du système  mais  cantonner partout où il le faut les actifs  douteux à l’aide de recettes fiscales afin de mettre fin aux diverses paniques, éliminer les équipes dirigeantes fautives et laisser aux nouveaux responsables nommés toute la latitude nécessaire pour faire ce qu’il faut.  Plus la perte sera constatée vite, plus vite viendra la guérison.  En économie une jambe gangrénée et coupée à temps  sauve le malade et parfois même elle repousse. 

Acter les pertes est nécessaire partout et pas seulement aux Etats -Unis  où le  vote du parlement américain est  sans échappatoire possible. Sur les 1500 milliards d’actifs douteux courant le monde, on récupérera plus tard entre 30 et 40% de la valeur.  Que le monde perde mille  milliards de dollars ce n’est pas rien mais ce n’est pas gravissime. C’est totalement immoral puisque des contribuables innocents vont payer pour des spéculateurs impénitents.  Mais quelques années de croissance retrouvées adouciront la note.

A-t-on jamais vu l’efficacité faire bon ménage avec la morale dans  les grands moments de trouble ?   

Lewis  Holden

 

Qui aura le courage de la vérité ?

Pendant que le château de cartes bancaire s’effondre,  aucun diagnostic sérieux n’est donné par quiconque, la majorité des commentateurs du milieu politico administratif et journalistique se contentant d’évoquer la « cupidité » des banquiers et l’insuffisance des contrôles.


Rappelons que la source du problème est la succession d’inondations monétaires organisées par les Etats-Unis pour se sortir de crises récurrentes aggravées par les déficits gigantesques  qu’ont permis le système aberrant des changes flottants.
Les banques se sont retrouvées confrontées à des taux d’intérêt si bas (et même un temps négatifs) qu’il leur a bien fallu trouver des moyens de gagner de l’argent.  Quand l’argent ne vaut rien l’emprunter est un bienfait facile à obtenir.  Ce ne sont pas les demandeurs de crédit qui manquent.   On emprunte pour des besoins lourds. L’immobilier des particuliers est en première ligne, surtout quand il a longtemps stagné.
Les banquiers ont donc prêté en masse à une clientèle soudain abondante mais progressivement  moins sûre. Et ils ont utilisés les produits dérivés hors bilan pour pouvoir accroitre encore leurs en cours de prêts afin d'atteindre les niveaux de revenus indispensables.   C’est là que les risques ont été accumulés.  Cette soudaine pression sur le marché immobilier a fait déraper les prix qui se sont accrus puis envolés.  La bulle a entretenu la bulle.  Jusqu’à l’inévitable explosion lors du non moins évitable retournement cyclique de la conjoncture qui se produit tous les 6-10 ans.


La vraie réforme est celle d’un système monétaire international qui permet de laisser flotter les monnaies et concrètement a autorisé les Etats-Unis du fait du rôle mondial du dollar a accumulé les déficits sans drames apparents pendant des lustres.  Si le monde avait disposé d’un système monétaire normal et équilibré, où chaque pays  aurait eu les mêmes droits et devoirs,  les inondations monétaires associées aux déficits américains n’auraient pas pu se produire et leurs conséquences auraient été évitées.


A partir de là les autres mesures se déduisent sans difficulté :
-    Des taux d’intérêt trop bas, c'est-à-dire durablement sous le taux de croissance moyen, sont toxiques.
-    Le seul contrôle que l’on peut faire en cas de bulle est  quantitatif : si un marché double ou triple par rapport à son niveau moyen, il faut restreindre la quantité de crédit disponible pour ce marché.  C’est très difficile à faire en cas d’abondance illimitée du crédit et la politique doit être menée de front partout dans le monde. Mieux vaut monter rapidement les taux d'intérêt. Mais des avertissements peuvent servir.
-    Il ne peut y avoir de crédit basé sur la seule valeur du bien acheté par ce crédit : la solvabilité de l’emprunteur  doit être contrôlée.

Le reste est du détail.

On voit donc que la crise actuelle aurait pu être facilement évitée. Ce n’est pas « une crise du capitalisme », ou « du néolibéralisme financier ».  C’est une crise de la super puissance américaine qui ne veut pas accepter d’être « primus inter pares » dans l’organisation mondiale de l’économie.  C’est une crise du système monétaire international.  C’est une crise du contrôle global quantitatif des excès de crédit. C’est une crise du surendettement organisé des ménages.

Il faut pour l’expliquer et défendre les solutions qui s’imposent un courage politique formidable :

- S’opposer à  « l’exception américaine » indue, sans passer pour anti américain de principe.

- Exiger une réforme du système monétaire international dans le sens de changes fixes et ajustables avec un gendarme des déséquilibres excessifs, sans passer pour un nostalgique de l'étalon or.

- Proposer un pilotage global de l’activité de crédit, dans le cadre national et international,  pour refroidir en dû temps les dérapages massifs sans tomber dans la gestion administrée des banques.

- Pousser des législations permettant de limiter le surendettement des ménages sans empêcher l'indispensable accès au crédit.

- Restreindre les opérations hors bilan sans compromettre la nécessaire innoation technique.  l

Autant dire que le politicien qui se sentira suffisamment armé pour s’opposer à ces faux semblants  n’est pas né.

Le grand dilemme

La crise qui développe ses effets à grande échelle pose à l’observateur un défi intellectuel considérable qui se résume au grand dilemme suivant :
-    S’agit-il d’une crise immobilière américaine aggravée par de mauvaises pratiques bancaires pesant finalement sur le système financier  global
-    Ou s’agit-il d’un épisode de plus de la saga des crises financières générées par le système dévoyé des changes flottants ?
La crise immobilière américaine est évidente.  Mais il faudrait comprendre pourquoi il y a eu une telle expansion de ce marché à partir de 97 et surtout de 2002. Et tenir compte du fait que le phénomène a été international.  Les explications manquent cruellement.
Les mauvaises pratiques de prêts immobiliers aux Etats-Unis sont évidentes :  on n’a pas assez tenu compte de la solvabilité des clients en s’attachant exclusivement à la valeur du bien.  Dès le repli des prix, le château de cartes s’est écroulé.  Mais il faut expliquer pourquoi se système s’est imposé malgré ses risques  et ne pas oublier que des crises de liquidité bancaire se sont produites au RU et en Espagne, pas seulement aux Etats-Unis.
Les mauvaises pratiques financières américaines sont avérées. En ne tenant aucun compte des avertissements de l’affaire LTCM, les financiers américains ont développés des produits structurés qui ont permis de développer une énorme bulle de financement hors bourses et hors bilan, loin de tous les systèmes de contrôles existants.  La vente de tranches de crédits titrisés douteux à l’ensemble du monde a généralisé la crise.  Mais il faudrait expliquer pourquoi les banques ont TOUTES eu recours à ces subterfuges  ultra-dangereux.
La première théorie a donc pour elle l’évidence des faits mais pèchent par une absence totale d’explication des phénomènes, sinon par des considérations moralisatrices  qui apaisent l’âme mais ne font pas avancer la compréhension.  
Critiquer le banquier stupide qui a surendetté ses clients,   le mathématicien fou  qui a monté des produits d’ingénierie financière incompréhensible sur des bases fausses, le courtier cupide qui a vendu n’importe quoi, le spéculateur déchaîné  qui a pris des positions délirantes,  le législateur ignorant qui a vu toutes ses règles tournées, les instances de contrôle borgnes qui ont tout laissé faire sans piper, les comptables extrémistes qui ont mis en place des règles abusives de valorisation des actifs, tout cela fait beaucoup de chaleur mais pas beaucoup de lumière.  La recherche de boucs émissaires n’est pas celle de la vérité.
Le diagnostic ne peut être fait qu’en s’élevant un peu au dessus de l’histoire immédiate.  Les retournements arrivent régulièrement depuis des lustres tous les 8 à 10 ans. Mais leur gravité et leur forme dépendent  étroitement des conditions économiques du moment et des politiques menées. Depuis 1971 nous vivons dans un système de change flottant.   Il a été imposé par les Etats-Unis qui ne voulaient pas mettre de l’ordre dans leurs déficits  et ont considéré que le cours du dollar n’était pas leur affaire. On a appelé cela le « benign neglect ». Le résultat a été l’injection  récurrente de flots de monnaie et le développement de bulles financières à répétition.
A chaque retournement conjoncturel ces bulles ont explosé avec de graves conséquences.  En 1974 le dollar flottant s’effondre provoquant la ré action des pays producteurs de pétrole qui augmentent massivement leur prix.  Le résultat : une crise très grave dont on ne sort que par la « stagflation » et la création d’une nouvelle bulle financière. Elle se manifeste par des prêts délirants à tous les pays pauvres de la planète.
La bulle explose au début des années 80 avec des crises de change gigantesques et des pertes effroyables des banques.  C’est l’époque où il faut constamment veiller à ce que des pays entiers n’entrent en cirse structurelle de change. L’Afrique est ruinée et une bonne partie des pays de l’est dont l’Urss qui ne s’en relèvera pas !
On entre dans une nouvelle phase  avec l’aggravation sans fin des déficits américains à partir de 2005 qui débouche sur un premier avertissement : le krach boursier de 1988, attribué par des plaisantins à un problème de programmes informatiques mal réglés et qui en vérité alerte sur les bulles en train de se former notamment dans le domaine de l’immobilier d’entreprise. Elles explosent en 91-93 laissant les banques mondiales exsangues.
 Les Etats-Unis réussissent à faire porter le chapeau aux autres en dévaluant fortement le dollar et en ruinant ses créanciers.   Rapidement une nouvelle bulle se développe. A la suite du tremblement de terre de Kobé, les positions spéculatives sur les pays d’extrême orient  se trouvent à découvert. Les fonds refluent vers les Etats-Unis. Le dollar double de valeur en quelques mois : tout craque en 1998. Cette crise du dollar est maquillée sous le nom de « crise des pays émergents ».  La bulle se transfère alors sur les bourses américaines avec une double spéculation : sur le dollar et sur les actions (notamment des NTIC).
La bulle craque lors du renversement de conjoncture global.   Les Etats-Unis exportent  à nouveau la crise aux autres via la dévaluation massive du dollar et l’inondation du marché monétaire.  
A chaque crise depuis 74 les Etats-Unis sont obligés d’aller plus fort dans la licence monétaire pour contrer la crise. C’est le drogué qui augmente ses doses.
Les taux d’intérêt sont alors si bas que les banques ne peuvent plus gagner d’argent sauf à créer une activité hors bilan  et à faire des crédits immenses à des débiteurs de plus en plus nombreux, donc de moins en moins solvables.  C’est à cette occasion que la bulle immobilière enfle, amplifiée par le recours à des instruments hors bourses et hors bilan.
Le retournement conjoncturel habituel fait exploser tout ce système. Mais là les Etats-Unis ne peuvent plus exporter la crise et sont obligés d’en prendre à leur charge l’essentiel !
C’est sur la foi de cette analyse que le cercle des économistes E-toile  prétend que la crise n’est pas micro économique  mais un effet du système monétaire international mis en place de facto depuis 1971, et qu’il suggère que la solution ne peut pas être technique  et localisée, mais globale.
On n’empêchera pas les cycles mais il faut éviter que le cadre financier et monétaire global ne les rende de plus en plus grave.   La réforme globale est nécessaire MAINTENANT !

Didier Dufau

Effondrement du système financier : l'indispensable explication technique de détail.

Cette étude explique comment CDS et CDO, produits dérivés dérivants, ont fait sauter les banques d’affaires américaines et mis le monde en risque d’une récession gravissime.
1.    Bien comprendre ce que sont les produits dérivés
Le marché hors bourse des dérivés porte essentiellement sur les options, les contrats à terme de gré à gré (à distinguer des options et des contrats à terme standardisés qu’on trouve sur les marchés boursiers) et les accords de crédit croisé (ou swaps). Les options et contrats à terme sont taillés sur mesure pour satisfaire les besoins de la contrepartie, mais leurs structures sont les mêmes que celles de leurs équivalents négociés en bourse. Les swaps, chouchous des dérivés, accaparent la grande majorité des opérations. Ils consistent essentiellement en une entente entre deux parties qui acceptent de s’échanger des flux de trésorerie sur la base du montant notionnel d’un élément sous-jacent : dette, monnaie, produit de base, indice.
Le swap classique associe deux parties qui veulent changer la structure de taux d’intérêt de certains passifs. La Banque A, qui paie un taux fixe sur les comptes des déposants, disons 2,5 %, convient de payer un taux fixe équivalent à la Société B. En retour, la Société B, qui paie un taux variable sur sa dette, paie désormais un taux variable à A. Ce taux variable évolue normalement en relation avec le taux interbancaire offert à Londres (TIOL ou LIBOR; CDOR au Canada), auquel on ajoute un écart pour égaler le niveau du taux fixe. Si le CDOR augmente, B doit payer A de plus en plus tout en recevant un revenu à taux fixe de A. Si le CDOR baisse, la situation de B devient plus rentable tandis que A perd une occasion de profit. Dans ce type d’opération de swap, la banque peut faire de l’argent de plusieurs façons. Par exemple, au moment de «vendre» un taux fixe à 2,5 %, elle sait qu’elle peut par ailleurs signer un contrat par lequel elle recevrait un taux de 2,58 %, contrat qu’elle signe.
Pourquoi toutes ces voltiges? Le swap permet à chaque partie de mieux gérer ses risques de taux d’intérêt tout en évitant à la Société B le coût de vendre ses prêts pour en contracter de nouveaux. Des structures similaires, relativement simples, prévalent dans le cas de swaps de taux de change, de devises et d’actions, couramment utilisés par les banques. Les dérivés peuvent aussi revêtir des formes exotiques, surtout lorsqu’on les combine avec des options et des contrats à terme : swaps montagnes russes, swaps corridors, swaps avec participation à la hausse des taux, et une variété infinie de « swaptions ». Certaines structures de deuxième et de troisième génération dépendent de plusieurs événements. Leur complexité devient telle qu’il faut faire appel à des spécialistes en ingénierie financière pour structurer les modèles financiers et évaluer leur validité.
Les swaps sur défaillance (credit default swaps, CDS) sont une des plus récentes moutures de dérivés : une partie, généralement un investisseur institutionnel, assure une obligation ou un prêt, normalement détenu par une banque, en échange d’une «prime» mensuelle ou trimestrielle. En cas de défaut de l’emprunteur, l’investisseur doit payer à la banque la perte subie. En 2004, les CDS ont bondi de 134 % aux États-Unis, selon le Bureau du contrôleur de la monnaie. La British Bankers’ Association les évalue à 5 billions $ US et croit qu’ils dépasseront les 8 billions à la fin de 2006.
Les titres adossés à des créances avec flux groupés (collateralized debt obligations, CDO) constituent une nouvelle forme de titrisation. Des portefeuilles de titres de créances sont découpés en tranches reflétant le risque de crédit qui y est rattaché. Un prix est attribué à chacune des tranches, que l’on vend à des investisseurs institutionnels. Plus récemment, les CDO ont commencé à contenir des CDS et parfois d’autres CDO, ce qui tend à compliquer la complexité. Leur effet de levier financier s’en trouve fortement accru et s’apparente alors à celui des options. Inutile de dire que rapidement plus personne ne comprend rien au risque encouru alors que le leverage augmente.   La diffusion de ces produits dans des sicav de trésorerie ou des fonds d’épargne met le comble à l’ignorance et à la confusion.  Chaque décideur de bonne foi croit maîtriser son risque mais le voile technique est tel qu’il prend inconsciemment des risques effroyables.

 
2.   La responsabilité  des SWAPS et de leurs produits dérivés dans l'effondrement financier


Il est vrai que tous ces produits sont hautement mathématifiés. Ce sont les travaux de Scholes et Merton (prix nobel d’économie) qui forment la base de tout l’édifice. Le calcul de la prime dépends en effet de celui des spreads et de multiples autres considérations qui rendent l’analyse du risque à peu près impossible pour les responsables du contrôle de crédit qui en sont réduits à vérifier que « les autres y vont » et que cela parait « moderne », donc ne pas y aller serait une marque de crétinisme inavouable.  
Il est intéressant de noter que l’échec de LTCM en 98 n’a pas été une leçon suffisante.  
Quelques années plus tard on a repris la martingale mais elle n’était plus le fait des Hedge funds mais des institutions financières majeures du monde de la banque et de l’assurance des Etats-Unis. Lehman Brothers était le leader incontesté des CDS et des CDO.  AIG le grand assureur récemment nationalisé a augmenté de 108% son exposition à ces produits  chaque année depuis 2004 aboutissant de plus de 70 milliards de dollars de contrats qui aujourd’hui ne valent pratiquement rien.  
L’important c’est que ces opérations « hors bourse » et « hors bilan » échappaient totalement  aux lois prudentielles qui régissent l’activité des banques. Aux États-Unis, le Commodity Futures Modernization Act de 2000 les a spécifiquement exclus de la réglementation qui s’applique aux options et aux contrats à terme négociés en bourse. Afin de justifier cette surprenante décision, le législateur a jugé que le marché hors cote des dérivés fait intervenir des joueurs aguerris, capables de s’auto-réglementer.  La bulle a pu se développer comme une hernie gigantesque et invisible.  Des dettes douteuses ont vendues  à l’étranger et ont été  considérées comme des actifs par les banques acheteuses !
La chute simultanée de Lehman et de AIG démontre mieux que tout raisonnement la responsabilité majeure des CDS et des CDO, c'est-à-dire des swaps mathématifiés et mystifiants, dans la crise actuelle.  
L’emploi de ces techniques a été rendue séduisant du fait de taux d’intérêt si bas (voire négatif)  que les banques ne pouvaient plus gagner d’argent que sur des opérations de prêts énormes et risquées.  L’augmentation du levier permettait de spéculer avec moins de capitaux sur des volumes très importants.
La responsabilité de Greenspan, l’ancienne idole des bourses, est écrasante. Il a d’une part générer l’énorme inondation financière à l’origine de toutes les bulles depuis 20 ans mais aussi adoubé la technique des swaps dangereux. Dans un discours prononcé en mai 2005 devant la Banque de la réserve fédérale de Chicago, il indiquait : «Comme on le reconnaît généralement, le développement des dérivés de crédit a contribué à la stabilité du système bancaire en permettant aux banques, surtout les plus grandes et les plus significatives au plan systémique, de mesurer et de gérer plus efficacement leur risque de crédit.»
Résultats ce sont les banques les plus « systémiques » qui ont flanché ! Il est à noter que la première a être lâchée sera Bear Stearns : elle a ainsi payé son refus de participer au sauvetage de LTCM en 98 ! Les banquiers sont moutonniers mais n’aiment pas les moutons noirs.
Deux autres questions méritent d’être abordées. Les  CDS n’ont-ils concernés que les prêts immobiliers et si oui pourquoi ?  L’affaire est-elle purement nationale américaine ?  
Le marché immobilier a été stimulé par des taux d’intérêt extrêmement bas et la quantité de transactions en même temps que les prix ont explosé. Ils ne pouvaient le faire qu’alimentés par le crédit. Plus le niveau de risque était haut plus le besoin de hedging était fort et aussi celui de trouver le moyen de satisfaire la demande énorme hors ratios Cook et autres contraintes.  Il est donc le support majoritaire des CDO et des CDS. Mais il n’est pas le seul. Et de nombreux encours internationaux ont fait l’objet de contrats du même type. Par exemple le marché des LBO a boomé et les prêts associés ont fait l’objet massivement de CDS.  C’est également le cas des spéculations sur les matières premières, le pétrole et sur l’or.  En fait chaque bulle spéculative a entraîné une émission de CDS afin de permettre un levier plus important en dehorzs des règles de sécurité bancaire.  Le repli « inexplicable » des cours du pétrole et des autres marchés spéculatifs est du au dénouement en catastrophe des positions prises sur ces marchés du fait de la faillite de Bear Stearns  et des inquiétudes sur Lehman Brother qui étaient déjà très fortes en juin 2007.
Cela répond en partie à la seconde question : non l’affaire n’est pas purement américaine. A la fin de 2004, le PIB américain de 12 billions $ US était 7,3 fois inférieur à la valeur notionnelle de tous les dérivés détenus par les banques du pays, et 20 fois moindre que le total mondial. Depuis l’encours a été multiplié plusieurs fois entraînant dès 2006 des sueurs froides à la Banque des Règlements internationaux dont aucun des rapports n’a trouvé d’écho dans la presse française.  C’est pour cette simple raison que le contribuable américain ne pourra EN AUCUN CAS résoudre le problème mondial de la déconfiture des produits dérivés.
 Le Cercle des Economiste E-toile dénonce depuis des années le système des changes flottants. Il faut savoir que ce système a imposé le développement d’un marché gigantesque de swap monétaire. L’effondrement de ce marché peut entraîner une contraction considérable, de type 1929, du crédit et de l’offre de monnaie, sur les marchés de change,  pouvant aller jusqu’à la déflation tourbillonnante.  Depuis des lustres les plus avertis s’inquiètent de voir que les mouvements financiers n’ont plus aucune corrélation avec les mouvements physiques de marchandises ou de service. Les swaps en sont le vecteur principal. Il est anecdotique mais révélateur  de noter qu’une banque de länder allemande a continué ses opérations de swap alors que Lehman Brother était déjà sous  « chapitre 11 », perdant illico sa contrepartie.
Tous les modèles mathématiques qui servent à évaluer les actifs virtuels que sont les produits dérivés sont basés sur des hypothèses irréalistes sur ce qu’est ou n’est pas une loi « normale » en finance. Ils ne tiennent pas compte de la faillite d’un système  ni des changements brutaux dans les paramètres. Ils donnent un faux sentiment de sécurité.  Combien de fois avons-nous entendu cette antienne : les changes flottants ne sont pas un problème ; nos modèles savent en tenir compte parfaitement. En vérité ils ont généré un trafic financier hors de proportion avec des risques incontrôlables.
La crise actuelle comme celle de 1998 est bien à nouveau une crise des changes flottants  et des déséquilibres effroyables qu’ils permettent,  dont la solution de 1974 à 2000 a toujours consisté à inonder de crédits la planète. Cette humidité entretenue a dopé la croissance de champignons financiers particulièrement toxiques dont le monde, et les Etats-Unis, vont bien être obligés de se purger.
Ce n’est plus un Keynes qu’il nous faut mais le Dr House !


Documents rassemblés et mis en forme par Karl Peiper pour le Cercle des Economistes E-toile.  

Crise financière et crise mondiale : rien n’est joué !


On sait que les banques de dépôt peuvent être victimes d’une panique.  On a inventé les banques centrales pour y faire face. Si les déposants demandent en masse leur remboursement, il suffit de se tourner vers la banque centrale  qui assure la liquidité du marché.  Au bout d’un certain temps la confiance revient, les déposants remettent  en banque leurs liquidités, les banques remboursent les avances  que leur avait consenti la banque centrale.  Tout cela marche très bien.  D’un point de vue comptable l’opération s’analyse comme une substitution de dettes au passif du bilan.  Le compte d’exploitation n’est pas touché sinon par les frais encourus pour le secours de la banque centrale.


Quelle est maintenant la banque de dernier ressort pour les banques d’affaires ?  Les déposants ne sont pas un problème.  La question de la  liquidité se pose lorsque des investissements ne rendent pas exactement ce qu’ils devraient  et que les emprunts  souscrits pour financer  les placements ne peuvent plus être remboursés.    La banque concernée doit se refinancer.  Comment peut-elle le faire ? Elle peut augmenter son capital, s’il y a des volontaires ; elle peut se faire absorber par une autre banque, si elle en trouve une ; elle peut emprunter à d’autres banques si quelqu’un  veut  du papier proposé. Si  la réputation de la banque est atteinte et que la spéculation joue contre elle   toutes les voies de recours se bouchent. Il ne reste plus que la faillite.
A moins que la banque centrale accepte de prendre le papier commercial d’une valeur équivoque pour refinancer la banque atteinte.  Mais on est alors dans une situation très différente d’une banque de dépôt. La fin de la panique  ne fera rien revenir vers la banque aidée.  D’un point de vue comptable  on n’a pas substitué des lignes dans le passif mais on a pris en charge des pertes.  Ce n’est pas à la banque centrale de financer des pertes et lui faire jouer ce rôle ne pouvait être que très provisoire.


Après la faillite acceptée de Bear Stearns, c’est près de 100 banques qui ont suivi aux Etats-Unis malgré les injections massives de la banque centrale qui se gavait de papier de plus en plus douteux.
Cette situation ne pouvait plus durer.


C’est pour cela que  l’Etat donc le contribuable devait être mis à contribution.  Comme l’avait déjà montré l’affaire du Crédit Lyonnais avec la création du CDR pour « cantonner les actifs pourris » et sauvegarder la partie banque de dépôt.


Le Federal Reserve Board avait été créée après la crise de 1909 pour servir de banque de dernier ressort à l’échelle des Etats-Unis. Il était illusoire de croire que ses injections massives permettraient de sauver un système financier mondialisé se livrant massivement à des opérations spéculatives et négociant des produits hyper complexes dans le contexte mouvant des changes flottants, même si le cœur du système était à Wall Street.  


C’est le contribuable américain qui devra le faire mais il ne suffira pas : les pertes seront absorbées  plus généralement par l’économie-monde.


Tout cela porte leçon :
-    Il n’y a pas de banque de dernier ressort pour les banques d’affaires.
-    Une banque de dernier ressort mondiale n’aurait eu aucun rôle utile (Pas de Mondial Reserve Board !).
-    Le contrôle de l’activité des banques d’affaire et des sociétés d’assurances  ne peut être le fait des banques centrales mais directement de l’Etat
-    Mais il n’y a pas d’Etat mondial
-    Il y a donc un trou dans le système économique mondial.
-    C’est par ce trou que la crise s’est engouffrée
-    La solution « nationale » américaine  permettra d’éviter un effondrement du système financier mais ne suffira pas à fortifier  la situation économique globale.
-    En dépit des mesures prises actuellement le mistigri va continuer à courir le monde via « l’économie réelle ». Les pertes vont être diffusées partout par mille canaux (changes, inflations, faillites, …).
-    Le monde va donc voir s’aggraver le retournement du cycle.
-    Toute la question est de savoir s’il va y avoir des blocages nationaux avec retour à des pratiques protectionnistes.   
-    On constatera alors l’extrême nocivité du système incontrôlable des changes flottants. On risque de voir se propager des mesures d’isolement monétaire et d’inconvertibilité des monnaies.
-    Et là, sans nouveau Bretton-Woods et sans remise en cause des changes flottants,  on risque bien une crise de type 1929 !


Rien n’est joué. 

Didier Dufau

PS : Le dessin, excellent, est de Chappatte pour le Temps (Genève)

Lehman : un lac de dettes... et une source de jouvence ?

Chaque crise générale touche le secteur bancaire. C’est une loi absolue qui ne souffre aucune exception.  Les crises les plus dures sont celles où le système bancaire est touché le plus durement.  Nous avons insisté que cette crise serait dure et elle touche en effet durement les banques.
Prenons la crise de 1991(aux Etats-Unis) -1993(en France).  Elle a laissé le secteur bancaire notamment européen quasiment en faillite et il a fallu près de 4 ans avant qu’il ne se remette sur pied.  La spéculation avait concerné cette fois là le secteur immobilier d’entreprise.  Les banques prêtaient jusqu’à 120% du coût d’un investissement.  Une affaire immobilière achetée le matin à crédit pouvait être revendue le soir avec une plus value.  L’encours des crédits au secteur avait été multiplié par 7 sans qu’aucune banque ne prête la moindre attention aux avertissements : tout le monde était sur ce marché et on gagnait de l’argent.  Lors du krach, les sommes perdues furent infiniment supérieures à ces gains  entraînant une restructuration majeure du secteur bancaire en Europe.
Cette fois ci la spéculation a porté essentiellement sur l’immobilier domestique, du fait des taux très bas provoqués par les moyens utilisés par les Etats-Unis pour sortir de la crise de 2001-2003. S’y est ajouté un second élément : on a généralisé des techniques que personne ne comprenait très  bien mais qui semblaient apporter un petit avantage de rendement.  Ces techniques ont explosé dans les mains de leurs utilisateurs, un peu comme le système de Law explosa du fait d’une nouveauté non complètement domestiquée.  Les produits dérivés, les adossements, les titrisations, n’étaient en général pas compris des directoires des banques. Ils n’ont donné aucun ordre particulier pour encadrer ces techniques.   Ils ont été emportés par l’avalanche qu’ils ont déclenchée en toute ignorance.  
Des remises en cause importantes vont avoir lieu,  jusqu’à ce qu’on trouve un moyen d’utiliser ces nouvelles techniques sans danger.
De même les « hedge funds » trouvent leur limite. Il s’est produit ces dix dernières années une véritable révolution dans les structures mêmes de la gestion d’assets.  Les grandes institutions ont cessé d’avoir leur propre gestion. Elles se sont contentées de choisir parmi un panel d’institutions des placements souvent fondées sur une technique particulière ou une cible particulière.  On est arrivé à la fin de cette logique. S’il  n’ya que des hedge funds,  il n’ya plus de hedge funds !  Le rendement  de ces instruments devient le rendement moyen.  Avec des coûts de gestion extravagants.  Indépendamment de l’effet de la crise qui n’est jamais bien prise en compte par les hedge funds, contrairement à ce qu’on dit parfois (voir le dicton : « l’arbitrage gagne  sur une tendance établie et perd à la rupture »), on va assister à une nouvelle restructuration des méthodes de gestion d’actifs qui fera une part moins importante aux fonds spéciaux et dérégulés cachés dans des paradis fiscaux.  
La crise aura donc au moins deux conséquences :


- Provoquer à l’échelon micro économique une refonte du secteur financier avec un changement probablement très important  des dispositions légales aussi bien structurelles,  opérationnelles que prudentielles  et redéfinir l’emploi de certaines techniques pour qu’elles soient moins aléatoires et moins incomprises que maintenant.  Jusqu’à maintenant les Etats-Unis avaient toujours réussi à passer le mistigri de la crise aux autres. Cette fois ci c’est fini.  Les banques américaines n’en sortiront pas comme usuellement la tête haute et l’œil dominateur.  Elles vont être contraintes à la modestie et à la réforme.


- Rafraîchir la réflexion générale sur la nocivité des changes flottants, un système qui crée  des complexités dont on voit bien que les  « technologies bancaires  de pointe »  n’arrivent pas à s’affranchir et qui permettent des déséquilibres constamment amplifiés et dommageables pour tout le monde. Jusqu’ici les Etats Unis pensaient que cela les favorisait.  Cela aussi change.
Toute crise accouche d’un progrès…
Lewis Holden

Le RSA : un échec inévitable ?

Le RSA a créé la polémique par son mode de financement mais l’unanimité règne sur  la qualité et l’efficacité de la solution.  L’unanimité doit rendre méfiant : les mesures unanimes se révèlent souvent catastrophiques à l’usage.  

Pour le non initié le RSA a pour vocation de briser la trappe à chômage  qui s’est créée du fait de la trop faible différence entre les revenus du travail et ceux de l’assistanat.  C’est comme cela que le système est présenté dans les médias.   

Traduit en langage clair, cela signifie que le RMI, revenu minimum d’insertion,  a non seulement échoué comme mécanisme de retour à l’emploi,  mais qu’en plus il a enfermé une certaine population dans l’assistanat.  Cette mesure symbolique  de la « troisième gauche rocardienne » soutenue après coup par MM. Chirac et Juppé (qui l’avaient fermement condamnée à l’époque)  a maintenant  fonctionné pendant trois cycles économiques et a donc trois phases d’expansion derrière elle.  Si cela avait du marcher cela aurait déjà marché.  L’échec est bien définitif.

Le nouveau dispositif est censé donner de meilleurs résultats en créant un véritable attrait financier  pour le RMIste qui pourra cumuler  pendant quelques temps son salaire de nouvel employé  et une assez belle  fraction de son RMI.

Il faut trois conditions  pour espérer le succès :

-          Des emplois si possible à temps plein

-          Un système au minimum plus avantageux que le précédent

-          Une sensibilité des intéressés aux bénéfices  du nouveau dispositif.

Pour les emplois,  on sait qu’on entre actuellement en récession : le marché de l’emploi va se dégrader pendant deux à trois ans, frappant les nouveaux entrants et les personnes sans emplois plus encore que ceux qui seront licenciés et qui pourront malgré tout faire valoir une expérience.  La probabilité va donc vers une augmentation nette des demandeurs de RMI.

La volonté des intéressés de sortir de la trappe à pauvreté est préjugée mais prouvée par aucune enquête précise et publiée.  Les rares informations partielles que l’on peut trouver sur le RMI montrent que  le nombre des bénéficiaires est assez stable, autour de 1.300.000 personnes, un tiers des allocataires sortant régulièrement du mécanisme et les deux autres tiers restant prisonniers de la fameuse trappe.  Certains sont tout à fait inaptes à l’emploi et touchent leur RMI sans faire aucun acte de recherche, environ la moitié du groupe. L’autre moitié ferait plutôt un calcul rationnel : il est plus rentable de rester au RMI et au chômage plutôt que de prendre un emploi.

Il faut dire que les bénéfices indirects du  statut de RMIste sont sérieux :

-          La  sécurité sociale gratuite via la CMU

-          A Paris  la gratuité de la carte Orange

-          La gratuité des musées et d’un certain nombre de loisirs dans bien des grandes villes

-          L’exonération de la taxe d’habitation

          L’accès au fonds  de solidarité pour le paiement de son loyer

-          Des aides aux logements améliorées

-          L’exonération de la redevance

-          La réduction de sa facture d’électricité et de gaz

-          La réduction de sa facture de téléphone

-          L’accès facilité et prioritaire au logement social

-          Le dégrèvement de la CSG et du RDS

-          Des gratuités transports de la part de la SNCF

-          L’accès aux Restos du Cœur

-          L’accès à l’habillement

-          L’aide voire la gratuité pour le passage du permis de conduire

-          La gratuité ou le très faible tarif des cantines pour ses enfants

-          La gratuité ou le très faible tarif pour les crèches

-          Différents dispositifs de garde d’enfants pendant qu’il suit des formations

-          L’accès facilité et gratuit à certaines initiatives municipales : vacances bord de mer ou montagne, journées vertes

-          La prime de Noël de 152 Euros

-          L’accès au micro crédit

-          L’accès facilité aux commissions de désendettement

-          La remise partielle et gracieuse de ses dettes fiscales

-         

Beaucoup de ces aides passent par le Conseil Général  et elles sont différentes d’un département à l’autre  voire d’une ville à l’autre.  Il est très difficile d’être exhaustifs.

Toute personne qui prend un emploi à plein temps au SMIC perd instantanément tous ces avantages.  Comme il a été très long et difficile de les obtenir, il est rationnel de ne les lâcher qu’en toute connaissance de cause.  Le RSA ne change exactement rien à cette situation. Personne n’a cherché à chiffrer ces avantages et à les mettre en rapport avec le bonus qui sera versé par le RSA. Même si l’avantage financier était  net et palpable, la décision de sortir du système serait très difficile, et cela d’autant plus que la population en question est souvent assez frustre. Un tient vaut mieux que deux tu l’auras. Et en plus on ne travaille pas et on s’est fait à la vie  comme ça.

Il n’y a rien de changé sur ce point dans le RSA.  Il n’y a donc aucune raison d’en espérer une efficacité plus grande que le système actuel.

Reste alors l’augmentation du  bonus à l’emploi, c'est-à-dire du revenu accordé en cas de reprise d’emploi.  Surprise, le RSA est moins favorable que la situation actuelle  pour la première année d’emploi !   Le Ministre le reconnaît d’ailleurs sans fard dans la livraison du JDD du 31 Août 2008 !

Pour finir le système est le même pour la  perte d’avantages annexes, le bonus d’emploi est moindre que précédemment pour un emploi court, et la conjoncture est plus mauvaise.  

On ne voit pas comment le RSA peut avoir la moindre chance d’améliorer quoi que ce soit au moins pendant les deux années qui viennent.  

Au contraire les nouvelles règles risquent de  développer des stratégies perverses de la part de personnes qui dans le système précédent aurait recherché directement un boulot et qui préféreront passer par le stade RMI pour bénéficier pendant deux ans des avantages du RSA.

Au total, le RSA ne semble apporter aucune solution réelle au problème de retour à l’emploi tel qu’il est posé.

 Il est obscur, complexe, ambigu et très coûteux.  Il est même bizarre car on ne comprend pas pourquoi il faudrait des ressources supplémentaires par rapport au RMI sauf si par un effet d’aubaine des personnes qui auraient normalement évité d’utiliser la formule  se décidaient à  en bénéficier  en masse. Ce ne serait plus qu’un transfert de revenu et non pas un système novateur d’incitation à l’emploi.

On dira : il y a eu des expérimentations ! L’ennui c’est qu’on ne sait absolument rien de ces expérimentations.  Elles sont déclarées positives sans aucun élément pour fonder cette assertion.  Au contraire les informations que l’on peut recueillir de ci de là et même au Ministère,  sont peu engageantes :

-          Malgré une situation conjoncturelle extrêmement bonne  (le chômage global  a baissé pendant près de trois ans et pendant toute l’expérimentation)

-          Malgré des subventions annexes fournies par les départements souvent importantes

-          Malgré une forte mobilisation des subventions d’accompagnement auprès des associations pour le coaching des bénéficiaires du RSA

-à il n’y a pas eu de résultats marquants.  Le fameux noyau dur de ceux qui ne cherchent pas d’emploi est resté quasiment intact et le segment qui trouve rationnel de rester au RMI n’a bougé qu’à la marge.

Pendant trente ans on a maintenu le RMI « qui ne fonctionne pas » et la loi de 98, préparée par la droite et mise en œuvre par le gauche, n’a en rien modifié l’état de la pauvreté en France après dix ans de pratique. 

Rien ne laisse penser que le RSA va changer la donne.  Il serait quand même utile que lors du débat parlementaire quelques députés travailleurs posent les bonnes questions et fassent réellement  le jour sur les chances de succès de ce nouveau système. 

Sinon le risque est qu’on s’aperçoive progressivement que la loi n’avait pas vraiment le but qu’on lui assignait mais visait simplement à donner plus de ressources aux associations caritatives au contact du quart monde.  Le RSA n’aurait été alors qu’un abus de confiance et un détournement de fonds  perpétrés par l’ancien patron d’Emmaüs  avec la complicité de politiques surtout soucieux de dire qu’ils ont fait quelque chose dans le domaine social même si ce n’est qu’un rideau de fumée.

Le bilan de l’opération  se réduira au  prélèvement de 1.1%  sur les revenus du Capital des classes moyennes et un gaspillage ruineux de ressources de plus !  

 

Didier Dufau

RSA : RMI Sans Amélioration ; Ravaudage Social Aléatoire ou Sans Attrait.  Rémunération Supplémentaire Artificieuse.

Le moment de vérité

Le moment de vérité arrive en général au plus profond de l’été juste avant que les Ministres ne s’éparpillent. Les annonces se font en langage codé : il s’agit toujours de courage, de lucidité, de haute tenue morale.  La matière elle, est des plus prosaïques.  On annonce que non seulement on renonce à toutes ses promesses électorales en matière de baisse d’impôts mais qu’en plus les taxations vont aller bon train.

Faute de l’avoir prévu, le Président Sarkozy et son premier ministre prennent  de plein fouet le retournement décennal du cycle.  On annonce une politique de ni-ni : ni hausse d’impôts ni baisse. En fait on ajoute deux nouveaux impôts, l’un sur les Mutuelles de santé l’autre sur les bénéfices de la participation. On doit en être à douze taxes nouvelles depuis un an.  Comme on a laissé le taux de prélèvement se gonfler pendant un an, il est impossible de le baisser maintenant que la crise est là. Les recettes menacent de flancher : taxons donc ; taxons encore ; taxons toujours.

Cela ne suffira évidemment pas.  La récession plombe toutes les recettes : l’IS, l’IR et aussi la TVA malgré l’inflation.  La hausse des taux d’intérêt mange le budget. Le plafonnement de l’ISF n’apporte plus le surcroit de recettes habituel. Les recettes liées à l’activité immobilière et au tourisme sont atteintes.  On va donc vers un exercice 2009 déficitaire avec renforcement de la dette, montée du chômage, déficits sociaux,  etc.  Alors qu’on est au summum de ce qui est autorisé par les conventions européennes en matière d’endettement.  Faute qu’aucune des mesures prises jusqu’ici ait un véritable impact sur la dépense publique (au contraire on multiplie les gestes en faveur de catégories touchées par la hausse du pétrole ou non, comme les médecins)  il faudra bien à nouveau prévoir des hausses de prélèvements.

Adieu le 1% de croissance en plus sur la durée du quinquennat, adieu la disparition de l’anomalie fiscale française (100 milliards d’Euros de dépenses en trop par rapport à la moyenne) : vive l’impôt.  Et bientôt  la CSG ou la TVA  seront sollicitées pour fournir l’appoint.

Adieu aussi la « rupture ».  On en est revenu au schéma habituel : on réforme peu ou pas pendant la période de croissance tout en engrangeant les sur-recettes de la progressivité ; puis on augmente les impôts après le retournement pour éviter que la baisse des recettes  ne provoque trop de remises en cause. On en sort meurtri et avec une croissance du revenu par tête décalée en baisse par rapport aux autres.

M. Sarkozy, Mme Lagarde, M. Borloo sont des avocats. M. Fillon est un homme politique de profession, comme Mme Bachelot.   Leurs connaissances économiques sont nulles. Ils ne peuvent ni anticiper, ni comprendre, ni élaborer une stratégie.  Ils réagissent à la petite semaine sur une base purement politique.  M. Borloo pleure son « mauvais » budget c’est à dire « pas en hausse ».  Mme Lagarde répète comme un perroquet ce que lui soufflent les énarques de son cabinet.  M. Sarkozy cherche à dévier le mauvais effet des hausses d’impôt derrière des rideaux de fumée assez grossiers.  M. Fillon se lamente.

Où en seront-ils fin 2009 ? Et surtout lors de l’élaboration du budget 2010 ?  On risque de voir à nouveau une réponse politique du genre : élimination de Fillon, bouc émissaire désigné.  Mais où seront passées les chances de la France ?

Deux mots sur la paradoxale « haute productivité française »

Depuis des années maintenant on voit fleurir un « marronnier », une information que la presse reprend inlassablement à date fixe,  juste au moment où  commence la période d’examen du nouveau budget.  Les radios ce matin viennent TOUTES d’en faire bruisser le feuillage avec son entrain coutumier, en attendant les journaux et la télévision. 

La France aurait « une magnifique productivité, quasiment la meilleure du monde ».

La chanson sur la productivité exceptionnelle de l’économie française précède généralement les tours de vis fiscaux. « Rassurez-vous donc chers contribuables, vous pouvez payer ! », tel est le message peu subliminal qu’il convient de véhiculer aux Français détendus qui  commencent à s’affaler sur les plages. 

Procès d’intention alors que la réalité de cette forte productivité est avérée ?  Regardons les faits avec un peu d’attention.

La France est le pays développés qui a le taux d’emploi le plus faible globalement et dans toutes les catégories fragiles.  Il ne se passe pas un jour sans qu’un rapport, un commentaire, une étude, n’expliquent  aux Français qu’il a le taux d’emploi des jeunes le plus bas (rappelez vous le CPE),  le taux de chômage des femmes le plus sévère, une population immigrée loin de l’emploi à près de 20%,  et  des « seniors » sans activité économique en très grande proportion.

Hier encore ce taux d’inemploi des Seniors faisait l’actualité avec un rapport de la CNAV expliquant que le Plan Fillon d’emploi des seniors n’avait eu aucun impact.  Tout au long de l’année des incidents en banlieue ont rappelé que les jeunes immigrés sont  sans boulot. Une nouvelle loi a fait  l’actualité pour commenter le durcissement des conditions d’indemnités  avec l’obligation d’accepter  des propositions peu alléchantes, les chômeurs restant trop longtemps au chômage. Un autre rapport récent indiquait que la loi sur la « prime fiscale à l’emploi »  n’avait aucun effet.

Etc. Etc.

La vérité commence alors à se découvrir.  Les entreprises françaises, accablées de charges, ne peuvent employer que la fraction de la population la plus productive.  La proportion de salariés dans la population totale française tourne autour de 16%. Elle est entre 25 et 35% dans tous les pays dynamiques.  On voit l’énormité du déficit.  La France ne permet pas les « petits boulots » ou les activités à productivité réduite.  Seul le noyau dur des activités potentielles a été conservé au prix du sacrifice de millions d’emplois.

L’Etat bon Samaritain  a été obligé de prendre en charge (et si mal) les exclus. C’est une des raisons d’un budget de 25% supérieur dans ses dépenses à ses recettes depuis des lustres, et une des explications de la pression fiscale globale et de l’endettement.  La spirale se renforce de sa propre force.  Et nous n’arrivons plus à nous en sortir.

L’étranglement fiscal est la principale raison, avec la rigidité des réglementations,  de la réduction de l’emploi aux seuls postes productifs.   Le fait qu’on ne puisse plus employer une masse de gens ne signifie pas que nous sommes meilleurs que les autres. Le noyau dur des autres économies est tout aussi productif et parfois bien plus que le moignon qui nous reste.  

Cet abusif  cocorico sur une fausse comparaison est lamentable. Parions qu’il ne sera dénoncé NULLE PART DANS LA PRESSE.  Il faut crier « Vive l’Impôt », se taire sur les manipulations de l’information  et soutenir la campagne qui est lancée pour faire passer en douceur  dans la torpeur estivale les mauvaises  nouvelles fiscales qui s’annoncent.

Didier Dufau   

 

Le FMI : Formation Manifestement Inutile ?

Evoquer le Fond Monétaire International n’a rien de sexy. Quand la Presse en parle ce n’est que de façon anecdotique.   On relèvera le déséquilibre en défaveur des pays émergents.  On signalera que l’organisme ne distribuant pratiquement plus de crédit, il est en déficit chronique.  On s’amusera de voir nommer à sa tête un socialiste français particulièrement incapable et qui a d’autres ambitions.  Mais personne ne se risquera à préciser la raison profonde de la déréliction de cette institution.  Elle est pourtant fort simple.

Le FMI a été créé dans le cadre des accords de Bretton-Woods pour servir de banque d’ajustement dans un cadre de changes fixes mais ajustables.  Traumatisés par la crise de 29, les grands pays se sont aperçus qu’il valait mieux éviter que les problèmes de balances de paiement  entraînent une spirale de restriction globale du commerce et ses conséquences sociales inacceptables.  

En 1971, à cause de la politique américaine, mais sur une initiative prise formellement par les Allemands,  le système de Bretton-Woods a été abandonné. On est passé aux changes flottants. Sous l’influence théorique de Milton Friedman et surtout sur la pression de la nécessité : les Etats-Unis étaient incapables de rembourser leurs dettes en or !  Le système de change flottant est détestable et donne des résultats exécrables avec une perte globale de croissance sur les 40 dernières années d’un point moyen. Il a entraîné  la perte pendant la même période de 95 à 98 de la valeur des principales monnaies, dont le dollar. On voit bien qu’il s’agit d’un système instable qui est incapable de réguler quoi que ce soit.

La première victime est le FMI. En système de changes flottants il n’a plus aucun rôle à jouer.  On connaît la force de résistance à la disparition des administrations inutiles. Alors celle là a perduré en tentant de prendre à sa charge une partie des missions de la Banque Mondiale. Avec Delarosière, dit « sœur Theresa » dans le milieu, il s’est transformé en organisme de charité pour pays du tiers monde consentants. Il a été tellement odieux dans cet exercice que même les tyranneaux les plus cupides n’en ont bientôt plus voulu. Puis il en est venu à faire des prêts politiques. On l’a vu avec le prêt à Eltsine, complètement détourné de son objet.  L’argent avait tout simplement été replacé sur les marchés au nom de quelques princes du régime permettant un enrichissement phénoménal et sans risque.  Avec l’Argentine, il est entré dans des contradictions insurmontables : le système  de « currency board » retenu par ce pays (contre l’avis du FMI) était intenable. En système de changes flottants il ne pouvait qu’exploser.  Le FMI a voulu jouer les pompiers. Il s’est fait traiter de pyromane.  C’était injuste, mais l’aventure montrait qu’il n’avait plus aucun rôle utile.

Alors il est entré en léthargie.  Les présidents successifs furent désormais des politiques en planque honorifique en attendant des postes encore plus décoratifs dans leur pays.  Dès que le poste visé était disponible ils démissionnaient. Nous ne dirons pas qu’avec DSK  nous ne sommes plus dans cette pratique navrante.     

Entre une tête vide, des effectifs totalement déraisonnables et une absence prolongée de rôle précis, le FMI est une organisation mort vivante. 

Ou en revient au système des changes fixes mais ajustables ou on supprime le FMI.

 On ne parle évidemment d’aucune des ces deux solutions. On reste donc dans l’inertie et le chien crevé au fil de l’eau.  A quoi cela rime-t-il ?

Valentin Zeldenitz

Economie Française : le palmarès des incapables

Voici donc la France à la veille de la récession.

Elle y va alors que tous les indicateurs sont déjà au rouge.  La dette d'état sans être effroyable est aux limites des critères de Maastricht.  La pression fiscale est au plus haut quasiment historique.  Les dépenses vont bon train, malgré divers effets d’annonce.  Le chômage est bas par rapport aux performances  habituelles mais reste très élevé. Le non emploi des jeunes, des vieux, des femmes, des immigrés et des personnes économiquement fragiles est au top  du monde développé.  Les comptes extérieurs sont fortement dégradés, avec une balance commerciale qui s’enfonce dans le déficit.  L’inflation est là à des taux inhabituels depuis 20 ans.

La récession n’arrangera rien.  L’Etat va se retrouver étranglé, la consommation et l’investissement aussi.  Le chômage va repasser au dessus des 10%  Rien que du bonheur.

Mais qui a donc mis la France dans cet état.  Etablissons le palmarès des incapables.

L’affaire commence avec la crise de 74 et le septennat Giscard.  Ce dernier croit que la France s’en sortira grâce au TOUT ETAT.  Son septennat sera fiscal et malthusien.

Le gouvernement Chirac se trompe de diagnostic, car il n’a rien compris à la nouvelle situation créée par la disparition du système monétaire international de Bretton-Woods. Il se lance dans une relance keynésienne qui tourne au fiasco général.  En même temps se met en place « l’énarchie compassionnelle ». On règlemente  le licenciement avec l’autorisation administrative préalable,  tout en accordant des indemnités de 2 ans tellement généreuses  que certains cadres demandent à être licenciés !

Le résultat : des déséquilibres massifs de tous les comptes et une hausse également massive des impôts.   L’arrivée de Raymond Barre ne change pas grand-chose.   Certes il prend deux mesures importantes : la suppression du contrôle des prix et la compression des salaires pour éviter que l’inflation extérieure ne soit relayée par l’inflation intérieure.  Mais pour le reste il continue à dépenser un maximum et à aggraver la pression fiscale sans revenir sur les mesures démagogiques prises par son prédécesseur.

La gestion de Giscard aura donc été un grave échec, Chirac prenant une belle option au palmarès des nullités économiques.

Mitterrand aggrave les choses.  Son septennat sera celui du détestable  « programme commun de la gauche »  avec ses nationalisations idiotes et ses milles mesures démagogiques conduisant à une frénésie incontrôlable de dépenses  et d’impôts.

Jamais un Président n’aura fait autant de mal à un pays  depuis 1980 sinon peut être Mugabe, un socialiste lui aussi.

N’accablons pas Mauroy, le premier ministre daltonien qui voyait tous les feux aux verts juste avant la débâcle finale qui aboutira à la « pause » dans le passage de « la  nuit à la lumière » et l’abandon de fait du programme socialo-communiste. Avec Delors il formera un couple de mères douloureuses  unique en son genre répétant en petit comité « qu’on fonçait dans le mur » et en public « que tout allait pour le mieux, Madame la Marquise ».     La France ne se remettra jamais vraiment de l’application du programme commun. 

Le gouvernement Fabius arrange un peu les choses mais on est déjà dans le ni-ni. C’est le premier gouvernement stagnationniste.  On verra qu’il n’est que le premier du genre.  En attendant la dette et la pression fiscale sont au plus hauts, accordées au saut  vertigineux de la dépense publique.

Le gouvernement Chirac-Balladur est plutôt bon.  Il prend d’excellentes mesures, comme la suppression de l’ADI et du Centre Mondial de l’Informatique,  de l’ISF, commence les dénationalisations.  Il prépare la France au rebond de l’économie mondiale. Hélas, les élections sont perdues.

S’annonce le pire des gouvernements de l’ère Mitterrand. Voici Rocard et la troisième gauche.  Ils vont mettre l’économie par terre et évidemment personne ne va s’en apercevoir. Pourquoi ? Parce que la conjoncture économique mondiale est  dans sa phase haute et la conjoncture française est excellente.  C’est le moment de faire de grandes réformes et de réduire drastiquement les dépenses et la pression fiscale.  Or nous savons (voir notre billet sur la croissance et l’impôt)  que la pression fiscale augmente mécaniquement pendant les phases de croissance.  Il faut donc AGIR. C’est le bon moment.  Que fait Rocard ?  Il AUGMENTE LES IMPÖTS MASSIVEMENT en rétablissant l’ISF, en créant la CSG tout en AUGMENTANT MASSIVEMENT LA DEPENSE notamment avec le RMI.  Il fait donc l’inverse exact de ce qu’il aurait du faire.  Comme la conjoncture est bonne  personne ne dit rien et il peut parader en se prenant pour le « meilleur premier ministre depuis la guerre ».   En vérité il crée les conditions d’une situation impossible lors du renversement suivant de la conjoncture.  C’est lui le criminel véritable.  A cause de lui la France va entrer dans l’impasse totale.  Surtout il ne réforme rien, et en particulièrement pas les retraites dont il sait que la nécessité est bien « ici et maintenant ».

Ne disons rien du Gouvernement Cresson, bref et insignifiant.   

Lorsque la conjoncture se dégrade et que la récession décennale s’annonce  Bérégovoy hérite d’une situation impossible. La dette se creuse. L’emploi se dégrade. Les déficits s’amplifient. L’investissement s’arrête.  Alors qu’il multiplie enfin les bonnes mesures, il est sanctionné  électoralement, devient le bouc émissaire, et ne s’en  remet pas. Il aurait du écrire « Rocard m’a tuer ».

Le gouvernement  Balladur choisit de laisser filer.  Il s’agissait d’être net pour la présidentielle à venir. La dette enfla  donc comme jamais. Une seule réforme se fit : les salariés du privé virent l’âge de la retraite retardée de quelques années, ce qui n’avait que peu d’influences sur les déficits publics.  

Juppé hérite alors d’une situation totalement dégradée avec des déficits monstrueux et en prime l’obligation de respecter les critères de Maastricht.  Il n’a plus de temps de réduire les dépenses si  tant est qu’il n’en ait jamais eu envie.  Le coup de matraque fiscal est effarant.  Il est si fort qu’il provoque par contrecoup la mini récession purement française de 1996 !

Lorsque Jospin arrive, les Français n’ayant pas pardonné la politique fiscale de Juppé,  la situation est assainie en France et la croissance s’accélère dans le monde.  L’ennui : il ne s’en aperçoit pas.  Il charge DSK, le pire ministre des finances des 35 dernières années, de donner un tour de vis fiscal supplémentaire  et bloque l’industrie avec les 35 heures ! Les recettes affluent à un niveau jamais vu et la question de la « cagnotte » devient centrale.  En cinq ans malgré les recettes en forte hausse, il réussit à augmenter de mille milliards de Francs l’endettement.   Ce n’est que poussé par Fabius (un article célèbre dans Le Monde sur : le mur fiscal) qu’à l’extrême fin de son quinquennat  il baisse assez fort la fiscalité (cad il rend une partie de la hausse aux  Français).  Il n’a fait aucune réforme utile lâchant lamentablement le seul ministre qui voulait « dégraisser le mammouth ».  La France a perdu son temps et surtout n’a pas exploité la haute conjoncture pour réduire les impôts et les dépenses.

Quand Raffarin prend ses fonctions, on est en plein dans la phase basse du cycle. Il est clair qu’il ne fera rien : Chirac est dans sa phase brejnévienne d’assoupissement total.   Il en vient à sanctuariser « les avantages acquis » et l’énarchie compassionnelle atteint ses sommets. On pleurniche sur tout avec tous.  C’est l’époque où la grande politique française se décline autour de deux objectifs : réduire les accidents (de la route, de piscine, d’ascenseur)  et essayer de guérir le cancer.  « Un objectif de sous secrétariat à la population» avais-je écrit à ce moment là sur le forum du Monde.   Une seule réforme sera entreprise : la retraite, et encore en repoussant à plus tard celle des régimes spéciaux.  J. Chirac déclare « la pause fiscale », c'est-à-dire le retour de la hausse de la pression fiscale. 

Le gouvernement Villepin s’enracine dans la brejnévisme.  On le cache par une gesticulation ridicule qui aboutit au projet absurde du CPE. J’écrivis à l’époque : « on a transféré sur les générations futures tous nos déficits et nos lâchetés.  Voilà qu’on veut aller encore plus vite et les faire supporter par la jeune génération  qui arrive ! ».  Rien d’utile n’est fait pendant cette période.  Cela ressemble au gouvernement Balladur.  Mais on n’a pas compris qu’on est déjà dans la bonne phase du cycle et on n’en profite pas.  On laisse simplement la pression fiscale augmenter mécaniquement par l’effet de la progressivité globale  du système.

On ne peut pas encore juger le gouvernement Fillon ni Sarkozy (voir : « le mystère Sarkozy », à venir sur le blog).

Mais déjà on peut dresser le palmarès des incapables.

Président le plus néfaste :

 N°1 : Mitterrand, avec le programme commun de la gauche

               N°2 : Giscard, sa politique du « Tout Etat, son septennat fiscal.

               N°3 : Chirac, son « Enarchie compassionnelle » et son, immobilisme rad-soc.   

Premier ministre le plus néfaste :

              N°1 : Rocard, recordman du monde de ce qu’il ne fallait surtout pas faire

N°2 : Jospin, qui gaspille une occasion unique d’améliorer la situation et qui l’aggrave avec des mesures malthusiennes.

N°3 : Mauroy, le programme commun, tout le programme commun. Hélas !

N°4 : Chirac  1er gouvernement : la relance imbécile et les vannes ouvertes de la dépense publique

N° 5 : Balladur : laisse filer tous les déficits sans réformer le secteur public.

N°6 : Juppé : donne un coup de massue fiscal historique, mais avait-il le choix ?

N°7 : Fabius : laisse filer en douceur.

N°8 : Villepin : laisse filer en splendeur.

N°9 : Raffarin : aura au moins fait une réforme pendant « la pause fiscale ».

N°10 : Barre : de bonnes mesures mais laisse filer la pression fiscale et l’endettement

N°11 : Bérégovoy : prend de plein fouet la récession mais  fait diverses réformes utiles et n’aggrave rien.

Mme Cresson n’a pas été notée. Elle n’était pas néfaste, seulement nulle.

On notera que ce classement ne recoupe absolument pas  l’idée que les media s’en font. L’opinion publique ne s’attache qu’au contexte : les phases Rocard et Jospin ayant été de conjoncture faste  ils en créditent le gouvernement qui non seulement n’y est pour rien mais a gâché lamentablement les opportunités que cette situation offrait.

Didier Dufau

Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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