Comment comprendre la sanctification de Jacques Julliard par la presse classée à droite

Le Figaro, Le Point, Marianne etc;

Ce n’est pas faire injure à Jacques Julliard de remarquer qu’il a toujours été une personnalité journalistique et politique plutôt de second plan. Il est vrai que l’effondrement assez général du niveau journalistique ces derniers temps fait automatiquement remonter la qualité relative des journalistes d’avant. Posez la question autour de vous : on peut le regretter mais personne ne le connait en dehors des milieux étroitement parisiens.

Comme une partie des journalistes très engagés à gauche dans les années 70, à l'exemple de François Olivier Giesbert, a évolué vers la presse « bourgeoise » et a pris ses marques dans des journaux dits « de droite », on pourrait dire qu’ils saluent une dernière fois leur copain de jeunesse. Et passer à autre chose !  

Non : le dithyrambe est tel qu’on doit s’interroger un peu plus, surtout quand on observe que les hommes politiques qui actuellement sentent un peu la sacristie à droite suscitent des réserves marquées, qu’il s’agisse de Bruno Retailleau, de FX Bellamy ou même de Philippe de Villers. Le bénitier n’est apprécié que lorsqu’il est « de gauche ». Il suffit de voir E. Macron se précipiter à Marseille pour se faire voir avec le Pape, un jésuite dont certains disent qu’il reste proche de la théologie de la libération dont on se souvient qu’elle voulait voir en Jésus un Lénine en mieux.

Pour comprendre ce mystère,  rappelons ce que J. Julliard écrivait il y a peu dans le Figaro et que nous avions commenté sur ce site ( http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2021/8/17/Lpouvantable-article-de-Jacques-Julliard-dans-le-Figaro)

Il n’y a de bonnes manifestations de masse que de gauche. Une manifestation qui ne l’est pas est préfasciste ou fasciste

Il y a un bon et un mauvais peuple. L’infaillibilité du peuple n’a pas de fondement rationnel. Il n’est souverain que lorsqu’il est éclairé. Sinon ce n’est qu’une populace.

Les gilets jaunes sont une horreur incompréhensible, mélange d'anticapitalistes pré marxistes (l'erreur absolue) et de populistes ravagés. Il s’agit d’un ramassis d’imbéciles (belle citation de Bernanos, penseur Chrétien qui sert à l’occasion, qui déclare que « l’expérience accumulée par les imbéciles pèse d’un poids immense sur le monde »).

Quand on se drape dans le drapeau français, on lui donne « des couleurs louches, sectaires et comme factieuses »

La laïcité, la République et la nation sont passées à droite pour leur plus grand malheur. (La droite salit ce qu’elle touche. Mais le chèque des employeurs de la presse de droite est immaculé. NDLR).

« Il y a pire que l’anarchisme prolétarien de l’extrême gauche, c’est l’anarchisme petit-bourgeois, un libéralisme d’enfants gâtés ».

Face à ces sornettes idéologiques teintées de gâtisme,  lisons ce qu’écrit Oliver Giesbert dans le Point daté du 14 septembre 2023 sur le « merveilleux J. Julliard » :

« Que sera notre vie sans J. Julliard » ? Il a été « l’honneur des intellectuels français ». Il a su rester « socialiste-conservateur-libéral » et a juste un peu dérivé vers le « révolutionnarisme-réformiste-conservateur ». En ce sens il est « l’Incarnation de l’esprit français », et son socialisme « pourrait enfin renouveler et prolonger dans l’humanité l’esprit du Christ ».

Rien que cela ! Jésus n’était juste qu’une esquisse avant l’arrivée de Saint Julliard !  Que ceux qui ne croient pas à ces sornettes n’imaginent pas que les Giesbert et autres thuriféraires leur laisseront le terrain libre. Ils réagiront. « Qu’ils se le tiennent pour dit » !

Brrr, on a peur ! Et on ne savait pas qu’on était passé à côté « d’un homme de gauche » devenu un « géant » en persistant à l’être, et dont la jeunesse attendrait frénétiquement la parole comme celle du Messie. On lisait dans son œil « le chagrin de celui qui n’a plus de famille (le socialisme et la gauche - NDLR) en dehors du refuge que lui accordait la droite républicaine ».  Diable, la crèche socialiste a été sauvée par le bourgeois et le beauf !

Le Monde ne s’est pas fait prier pour le dire : « Aux funérailles, les absences sont au moins aussi remarquables que les présences. Il n’y avait presque personne pour dire les années de rêve et de conquête, celles de la fureur des années 1970 et 1980, celles de la deuxième gauche de Michel Rocard, de la révolution sociale et non marxiste, de l’autogestion, du réformisme réel. […]. Pas un seul compagnon de route de la Rocardie. »

Nous avons écrit un article sur l’affaire LIP pour justement expliquer cette disparition. Tout était bidon dans la mouvance socialiste tendance protestante (Rocard, Jospin) et catholique (façon Mgr Gaillot, Maurice Clavel et Julliard). L’autogestion était une perruque qui s’est envolée au grand vent de l’histoire, comme la notion de « patron-mais ». Rocard a déçu comme Premier Ministre, alors qu’il a bénéficié d’une conjoncture très favorable, et ruiné le pays en se lançant dans des dépenses folles tout en ouvrant grand la fiscalité confiscatoire. Delors s’est révélé d’une grande médiocrité sous Mitterrand et a finalement fui le pouvoir en France en sachant qu’il n’avait rien à proposer. L’européisme lui offrait de bien meilleures perspectives. Sa fille, avec Jospin, a contribué à tuer la compétitivité française de façon honteuse. Le déclassement de la France est largement le résultat de cette mouvance malsaine qui avait toujours un arrière-goût de moralisme abusif et de confessionnal.

Tout ce petit monde a cassé le pays assis sur un petit fond de vertu chrétienne et les deux pieds dans la méga bassine socialiste. Politiques désastreux mais curés autant que possible ! Du soft Wokisme avant l’heure !

Alors pourquoi ces révérences délirantes, cette glorification enflée, cette exhortation incongrue à idolâtrer un second couteau tombé dans l’errance ?

Après l’effondrement militaire de mai 1940 et la Collaboration pétainiste avec Hitler, il fallait pour les enfants ambitieux de la bourgeoisie, à l’époque encore très catholique, être de gauche et anti-bourgeois. Mais pas communiste, sauf pour ceux qui s’étaient réellement compromis dans le nazisme et qui voulaient le faire oublier.  A partir de 1947 et la répression par Jules Moch des grèves organisées par les Communistes, le PC marquait la limite à ne pas dépasser à gauche. Mais la SFIO de Guy Mollet s’est retrouvée embourbée dans la guerre d’Algérie. On a donc vu se dessiner dans la bourgeoisie cultivée de gauche le goût de la transgression à gauche du PS mais loin du PC. Jospin dont le père avait été pris dans le pétainisme ambiant par pacifisme est devenu trotskiste caché. Rocard déclare avoir porté les valises du FLN, une trahison, mais qui avait surtout un impact d’image : de gauche mais pas mollettiste. Dans la mouvance catholique aussi, certains ont vu une ouverture : socialiste mais non communiste et non Molletiste, à la recherche des dépassements permettant de créer un « socialisme réel ». Beaucoup étaient fonctionnaires et certains hauts fonctionnaires. Mai 1968 accélère le mouvement et promeut ceux qui avait 20 à 25 ans en 1960. A l’ENA les noms de promotion témoignent de la gauchisation du corps : Saint Just, Robespierre, Jaurès, Blum, Guernica…

Se crée alors un politiquement correct de gauche. Être de droite, c’est être un fasciste qui ne veut pas se l’avouer. Mitterrand, un spécialiste des coups pourris, promeut Le Pen comme repoussoir. La droite est sommée de ne pas sombrer dans les extrêmes.

Cela va marcher pour des décennies au fur et à mesure que cette génération triomphe.

La seconde gauche soutient les nationalisations ringardes en grinçant que 51% du capital au lieu de 100% aurait suffi. On n’est pas des cocos tout de même ! Ils accepteront les dénationalisations (à 100%) qui suivent peu après et qui créent des Oligarques.

Elle pousse aux élévations massives de taxes et d’impôts tout en règlementant tout.

Elle s’engouffre dans l’Union Européenne et son obsession pour les libertés économiques absolues de mouvements de capitaux d’hommes, de services et de marchandises.

Elle accepte l’entrée de la Chine dans l’OMC.

Les entrepreneurs se retrouvent avec des boulets aux pieds en concurrence avec le monde entier.

La France perd sa monnaie, son industrie, son emploi et sa classe moyenne déclassée et smicardisée.

Alors la classe ouvrière quitte la gauche pour le vote protestataire. Et les révoltes commencent qui sont incompréhensibles pour cette caste qui croit avoir tout fait bien pour les « petits pauvres ». Le PS s’effondre avec Hollande et se coupe en deux : le gros de troupes passe au Wokisme, aux luttes LGBT et à l’islamo-gauchisme. Le monde d’un Julliard s’effondre. Il ne peut pas se retrouver dans les « sottises infectes et dangereuses » de la NUPES.

Rocard est mort. Jospin profite du homard au restaurant du Dôme, de son appartement dans un hôtel particulier du 7ième ou dans sa villa de l’île de ré. Plus bourgeois, tu meurs ! Et il ne comprend pas que plus personne ne l’écoute. La sociale démocratie révolutionnaire conservatrice des enfants du bon Dieu est morte et enterrée sous ses mauvais résultats.

Emmanuel Macron a tout fait pour accélérer la chute. Le pays est désormais totalement déclassé, surendetté, surfiscalisé, explosé façon puzzle, en perte de vitesse dans tous les domaines. Les dirigeants sont devenus impuissants du fait du gouvernement des juges1, des dissidences sur le terrain, des mécanismes de l’Union Européenne. Tout ce que soutenait Jacques Julliard, sans le soutenir tout en le soutenant a montré son caractère délétère..

Une nouvelle génération d’éveillés veut sauver la terre en s’attaquant à l’humanité et à la culture dominante, favorable à la croissance.  

Le protestantisme français comme le catholicisme se sont effondrées. Il n’y a plus de communisme pour borner la sottise et l’intolérable à gauche.

La droite qui avait accepté de pactiser avec la gauche et s’était installée dans la révérence du politiquement correct de gauche pour sauver les meubles, est embarquée dans le naufrage. Elle tente, en sanctifiant Saint Julliard, de créer un poteau un peu solide pour se raccrocher et continuer dans sa sujétion tout en s’attaquant à l’extrême gauche mélenchonienne et woke.  

Mais le poteau est planté dans la vase.

L’étatisme social-démocrate implicite de la haute fonction publique, teinté de charité payée par les autres, commence à trembler.  Les jacqueries on ne sait pas vraiment comment faire. Il va bien falloir un jour rétablir les libertés de penser, de posséder, de réussir, et la responsabilité de chacun dans ce qui lui arrive plutôt que justifier l’acharnement à faire payer par les autres ce qui est de la responsabilité de chacun.

Au moment où les nuages s’accumulent sur la France, on ne peut pas oublier que la mouvance incarnée ces vingt dernières années par Jacques Julliard a contribué lourdement à cette descente aux enfers et a regroupé trop « d’idiots utiles » complices de l’effondrement français. Au passage le catholicisme s’est effondré, et l’islamogauchisme a considéré qu’il n’avait même plus besoin d’idiots-tes utiles plus ou moins rallié-es. Ils avaient tout ce qu’il fallait dans leur rang.

Il ne faut pas non plus oublier que l’idéologie de la déconstruction des « dominations » s’est mariée avec le puritanisme anglo-saxon pour donner le Wokisme, la cancel culture, et la coercition sociale.

Le mariage entre religion et politique a toujours été source de fanatisme au nom de la vertu.  Julliard n’était pas un Savonarole hystérique en dépit de ses aphorismes radicaux et de sa participation au bain de boue infligé au père LIP. Les nouveaux sont de vrais dresseurs de piloris.

Il faut leur faire barrage.

Qu’ils se le tiennent pour dit !

 

Didier Dufau

1. La Cour de Cassation vient de "faire la loi", en décidant de la question des droits à la retraite pendant les congés maladie. Une question qui aurait dû dans une démocratie normale être tranchée au parlement par des élus.

Une autre manière d'analyser la situation économique mondiale

Un des drames de la réflexion économique est qu’elle manipule des valeurs consolidées en monnaie courante corrigées de l’inflation. Ce choix assez naturel masque la plupart des problèmes et provoque des incompréhensions majeures.

En géométrie, on aime bien les « transformées ». Aussitôt une figure en apparence très compliquée se simplifie et des démonstrations limpides peuvent être conduites. En économie aussi, il importe de se libérer des habitudes et de revoir les évolutions des grands agrégats en des unités de valeur différentes.

Appelons « valeur de référence » un panier d’objets qui représentent depuis toujours le bien patrimonial « qui ne ment pas », parce qu’il est rare. Mettons-y l’or, et éventuellement un autre métal rare, une matière première de nécessité absolue, disons le pétrole, et le m2 dans une ville monde (Paris, Londres, Tokyo, New York…). Le panachage est toujours arbitraire, mais on est surpris que les résultats ne dépendent pas tellement du choix des ingrédients de notre indice et de leur proportion quand on déflate les séries économiques sur une assez longue période, par exemple le demi-siècle.

Le graphique ci-dessous, fait à main levée, est une approximation grossière du résultat ( Nous suggérons aux nouveaux doctorants en économie de faire ls calculs exacts en imaginant quelques paniers de valeurs de référence).  Le graphique présenté commence en 1973 et se termine en 1922.

La ligne rouge fixe la valeur de référence par construction constante.

On voit que les prix courants s’effondrent sur une longue période calculée en valeur de référence.  Depuis 1971 et la fin du système de Bretton Woods, on est entré dans un système de monnaie fondante alimentée par les émissions massives de monnaies banques centrales et aussi par l’ouverture totale à la concurrence des pays très pauvres à forte population, et/ou à ceux des pays maintenus dans la déroute économique par le communisme pendant des décennies.

On voit également qu’en valeur de référence le PIB baisse, avec des accélérations dans la baisse à chaque crise décennale, 1973, 1992, 2001, 2 008… Les objets de luxe ont toujours l’air de fuir devant le revenu. Mais depuis 1973, la chute est devenue réellement importante. Une sacoche Hermès à deux soufflets est passée de 10.000 francs à 16.000 euros ce qui en francs fait plus de 100.000 Francs. Il ne reste plus que 10% de la valeur de la monnaie française par rapport à 1970. Le titre Hermès se porte très bien !

Comme les prix se sont effondrés plus encore, le pouvoir d’achat, qui a aussi baissé en valeur de référence, n’a pas baissé en valeur courante. Pour simplifier, il a augmenté en proportion de la baisse des prix liée aux importations chinoises.

En revanche, la hausse de l’immobilier est presque entièrement gommée dans notre graphique.  L’immobilier a conservé sa valeur intrinsèque.

Ce qui se passe à partir de 2020 c’est le blocage de la production et la désarticulation des flux de la mondialisation. On libère des sommes gigantesques de monnaies banque centrale sans production. La courbe des prix vient à croiser celle du PIB et efface toute hausse de pouvoir d’achat et au-delà. C’est ce qui explique l’irruption des mouvements violents, Gilets Jaunes, refus de la réforme des retraites etc.

Tant qu’on ne comprend pas la machinerie qui s’est mise en place à partir de l’instauration des changes flottants et de la suppression de l’obligation de contrôler les grands déficits et les grands excédents, on ne peut dire que des sottises majestueuses à partir d’apparences bizarres qui flottent allégrement dans une caverne platonicienne légèrement déjantée.

L’acceptation des grands déficits américains, pour fournir la monnaie internationale d’usage, entraîne automatiquement la création d’excédents équivalents. Le pays qui les accumule ne sait pas quoi en faire, puisqu’il est déjà hypercompétitif et en excédent. Le pays déficitaire voit ses entreprises chavirer et en manque de liquidité ne peut pas investir. Le système se retrouve en sous-investissement productif permanent. Les liquidités excédentaires cherchent des emplois qui ne se trouvent que dans des opérations financières et boursières, en un mot dans la spéculation, et dans des stratégies de défense patrimoniale comme l’immobilier.

Bien sûr, le transfert de la production vers les pays pauvres entraîne une hausse formidable du niveau de vie dans ces pays (au moins 400 000 000 de personnes sorties de la grande pauvreté depuis 50 ans) tout en enrichissant parfois de façon extravgante la petite élite qui s’est placée dans les circuits de la mondialisation et du recyclage des masses financières.

Les classes moyennes occidentales sont les premières victimes : la croissance s’arrête et le pouvoir d’achat ne dépend plus que des produits importés à bas prix.Cela ne suffit pas vraiment.  Il faut développer le crédit et les subventions pour maintenir une forme de croissance et une apparence de continuité dans la société d’abondance. La dette et les impôts deviennent critiques. Lorsque, comme en France, le système fiscal est globalement progressif on aboutit à cette situation intenable où il faut 1.9 % d’augmentation de la dette pour obtenir 1 % de hausse du PIB qui provoque une hausse de 1.7 % de hausse des impôts et prélèvements !

Jusqu’en 2020, une crise décennale venait purger les bulles financières provoquées par les excédents de balances de paiement. Les banques centrales rechargeaient la machine sans inflation grâce aux importations à bas coûts en provenance de la Chine et des pays à salaires extrêmement bas. On avait une inflation monétaire sans inflation des prix à la consommation, mais une hausse de la valeur de l'immobilier et de la bourse. La classe moyenne s’en sortait en allant chez Liedl puis Aldi, et en s’endettant sur des dizaines d’années !

La crise sanitaire puis la guerre en Ukraine ont détruit cette machinerie faussement vertueuse. Utiliser les banques centrales pour compenser le revenu perdu par la disparition de la production, alors que la perturbation des circuits logistiques de la mondialisation devenait critique, ne pouvait qu’entraîner une forte inflation non compensée par les importations à très bas prix. Le choc de la guerre sur les coûts énergétiques et la disponibilité de biens agricoles, a aggravé une situation déjà intenable. La poussée massive des prix commence trois-quatre mois avant le début de l’invasion Russe en Ukraine.

L’inflation excessive  a aussitôt obligé les banques centrales à freiner des quatre fers provoquant aussitôt des perturbations supplémentaires en mettant en défaut les entreprises trop endettées, les banques ayant prêté pour des opérations spéculatives et les pays qui avaient choisi la dette à outrance comme la France.

Pour corser la situation, une peur millénariste a été insufflée à partir de mouvements idéologiques américains relayant des passions anti capitalistes en déshérence depuis l’effondrement de l’Union soviétique et une religiosité également en jachère depuis l’effondrement du christianisme. Elle a diabolisé l’humanité et sacralisé la nature et l’animal. L’homme prométhéen avait volé le feu de l’Olympe et mit le feu à la terre. Il massacrait la faune sauvage sans vergogne et vidait les sous-sols de tout ce qu’il jugeait utile. Le CO2, qui touche absolument toutes les activités humaines, est devenu le vecteur de condamnation de la race humaine outrecuidante et folle. Démarrée aux Etats-Unis, l’idée saugrenue et scientifiquement fausse d’une influence radicale du CO2 sur le climat, au point de cuire la terre et de la faire se noyer sous l’élévation massive du niveau de la mer, s’est imposée dans les mouvements radicaux américains puis, peu après la conférence de Rio qui voulait dénoncer le rôle de l’homme sur l’avenir de la nature, dans les mouvances internationales et dans la tête des élites dirigeantes de nombreux pays. La propagande a été si forte, si générale, portée pendant si longtemps qu’une peur panique s’est emparé des esprits au pont de créer un état de sidération individuelle et d’hystérie collective. On se rappelle qu’à Carthage, lorsque le climat faisait des siennes, notamment avec des sécheresses calamiteuses, les élites offraient leurs filles vierges et pubères en sacrifice au Dieu Baal. Le spectacle de ces pauvres enfants drogués avant le supplice et brûlant allègrement dans des brasiers terrifiant était censé émouvoir les Dieux, une idée fréquente dans les sacrifices religieux, depuis l’origine de l’humanité, tout en calmant la révolte des administrés vis-à-vis des familles dirigeantes.  Aujourd’hui, sous l’influence des ONG, les instances internationales se sont mis en tête de réussir en quelques années une conversion totale des activités en supprimant toutes celles émettant du CO2. Ils ont eu surtout de l’écho en Europe où les gouvernements multiplient les règlements malthusiens et les dépenses contraintes infinançables. Et cela au moment même où le coût de l’argent pénalise les états ultra-dépensiers. C’est évidemment une totale folie irrationnelle, qui apparaîtra comme telle quand soudain les yeux se décilleront et que le sortilège s’évanouira, ce qui est le destin des peurs millénaristes. Mais que de dégâts sont à craindre ! 

On stigmatise allègrement les propriétaires « qui ont profité de la hausse phénoménale de l’immobilier ». Et on croit qu’ils pourront payer pour toutes les folies en cours. En termes d’unités de valeur de référence, les prix sont restés stables. Il est tout de même simple à comprendre que le propriétaire qui a acheté un appartement disons entre 1970 et 1990 a toujours le même appartement en 2023 et n’a pas augmenté ses possessions. En revanche il a perdu beaucoup de revenus avec tous les prélèvements accumulés sur l’immobilier : IFI, taxe foncière, frais de « notaire »,... , et l’accumulation des frais liés à des contraintes réglementaires effroyablement coûteuses. En revanche les étrangers, qui ne paient pas les mêmes taxes et qui se sont enrichis avec la mondialisation ont racheté une bonne part de l’immobilier le plus luxueux. Et l’État leur a consenti dans certains cas des dégrèvements fiscaux pour se faire. Bravo !

Les entreprises françaises qui n’ont pas fait faillite ont été rachetées par les entreprises des pays accumulant des excédents. Les Allemands ont racheté une part colossale du patrimoine d’entreprises Français. Sous-investissement, délocalisation, transfert de la propriété vers l’étranger ont été de règle depuis quarante ans !

Le secteur public a lui-même été ravagé par le sous-investissement. Certes on peut trouver des tee-shirts à quelques euros dans les surfaces commerciales qui cassent les prix, mais l’hôpital a souffert, la recherche s’est étiolée, les armées vivent de bouts de ficelles, les prisons nécessaires n’ont jamais été construites, les ponts ne sont plus maintenus sur les routes secondaires, la SNCF ne fonctionne plus, les aérogares sont devenues non fonctionnelles, l’université n’a plus que des locaux quasiment insalubres, les postes diplomatiques ont fondu, et plus rien ne marche.

On voit en observant ls courbes du graphique tout le risque qui pèse sur la « réindustrialisation ». Les prix nationaux de production en l’état des législations, sont de 2 à 10 fois ceux des produits importés. Sauf dans des cas très spéciaux, la relocation ne peut pas marcher sans d’énormes changements fiscaux et réglementaires. Au moment où les flux d’articles à bas prix se tariront, la courbe des prix recroisera celle du PIB et éliminera le pouvoir d’achat !

La seule solution pour l’Occident, qui globalement souffre des mêmes maux, avec moins d’acuité dans les pays où les dépenses et la dette ont été maîtrisées depuis 1990, est de revoir le mode d’organisation du système monétaire international et de l’Euroland. Il faut éviter les excédents systémiques et les déficits endémiques. En éliminant les déséquilibres, on retrouvera une logique de la production et de l’emploi plus maîtrisable. Notamment il redeviendra possible de parler en termes d’investissement productif et plus seulement en termes d’augmentation de la valeur des titres.

C’est le message fondamental que suggère le « graphique de Dufau », comme disait mes élèves. Je regrette d’en avoir réservé le commentaire à mes conférences. Il mériterait d’être recalculé avec plus de soin et utilisé à plus grande échelle pour sa vertu d’explication limpide de la situation mondiale . Quand la folie déclenchée par les gourous de la décarbonation totale à réaliser de toute urgence sera retombée, et en espérant que le champ de ruines ainsi créées ne soit pas trop étendu, il sera temps de penser à retrouver un peu de raison et de reconstruire un système mondial des échanges plus rationnel fondé sur l’équilibre des flux, plus que sur des rapports de force destructeurs même pour les pays qui croient posséder des capacités de domination.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile



Impuissance des électeurs. La question des fuites démocratiques

De nombreuses évolutions problématiques ont aggravé la distance entre dirigeants et électeurs. On peut les appeler des « fuites démocratiques ».  Elles ont des conséquences très fâcheuses. Elles doivent être rebouchées.

 

La première fuite démocratique est le développement de l’Europe institutionnelle qui, à partir du traité de Maastricht, a capté une part croissante du domaine de la loi, la représentation nationale se devant d’inscrire les ordonnances dans la législation nationale sans les altérer. Un parti national n’aaucune influence sur le contenu des ordonnances qui seront proposées à sa guise par la Commission et votées par le Parlement européen, où les groupes partisans nationaux sont totalement noyés dans la masse, pourquoi se préoccuper de savoir si le programme convient au pays. Il ne sait même pas ce qui se passe à Bruxelles.

La seconde fuite démocratique est la capture du domaine journalistique et culturel, politique, économique et financier par la haute administration, déviation antidémocratique que l’on appelle ici l’Enarchie Compassionnelle et Bienveillante. Il en est résulté un blocage fondamental de la représentativité et l’impossibilité pour l’électeur de peser sur les choix fondamentaux. Une forme de caste a fini par s’emparer des partis de gouvernements, désormais en famille. Elle bloque toute carrière politique d’intrus venant du terrain en monopolisant les grands postes.

La tentation de la régionalisation a entraîné également un dessaisissement partiel du gouvernement. Son absence d’objet important stérilise le vote. La gestion matérielle des écoles ne mobilisent pas les foules.

Le droit a connu une double évolution également préjudicielle à la vie démocratique par les élections.  Les cours constitutionnelles ont pris le pouvoir législatif en interprétant les préambules consacrés aux droits de l’homme. En s’appuyant les unes sur les autres, CEDH, cours de justice Européenne, Conseil d’État, cour de Cassation, ont retiré aux parlementaires le monopole de l’effort nécessaire pour traduire concrètement t les espoirs portés par le concept de droit de l’homme et s’arrogent la mission de juger toutes les lois à l’aune des droits de l’homme, préférant toujours l’individu au groupe et empêchant souvent de régler efficacement diverses difficultés. Ces aspects sont désormais assez bien nommés et connus. Le suivant, pas du tout !  Une déviance judiciaire, au plus près des justiciables, la doctrine « justicialiste », s’est largement imposée dans le monde des juges. Elle prétend s’autonomiser par rapport à la loi par l’action syndicale, des tentatives jurisprudentielles ou des jugements politiquement orientés, et promeut une action discriminatoire en fonction de personnes mises en cause. Il devient difficile de savoir comment seront mises en œuvre les règles votées par le Parlement et même si elles le seront. On se souvient du refus général d’appliquer les peines planchers mises en place par la majorité qui soutenait Nicolas Sarkozy.

Devenir ministre est certes une belle promotion politique. Mais l’heureux promu constate vite une impuissance presque totale. Au dernier remaniement, les chefs de cabinets ont été choisis avant les ministres ! Du coup l’Enarchie triomphante ne considère pas anormal de choisir comme Premier ministre une fonctionnaire dirigeant une société d’autobus publique, et de la remplacer ce poste par le précédent premier ministre, également fonctionnaire. Personne ne relève cette stupéfiante situation. On ravale la nation à la RATP ! Et personne ne moufte ! La politique ne peut pas se réduire à un jeu de chaises musicales entre les différents postes politiques et administratifs.

Du fait de l’emprise quasi absolue aujourd’hui de la haute administration sur les choix politiques et leur mise en œuvre, la fiscalité, la dette et la réglementation détaillée et pointilleuse sont devenues le moyen d’expression préféré voire exclusif du gouvernement. Tout devient délit de façon tellement envahissante et contraignante que partout les amendes pleuvent et les décisions administratives contraignent. À tel point que tout le monde devient plus ou moins délinquant. On compte à Paris plusieurs millions de trajets automobiles tous les jours, qu’il s’agisse d’habitants intra-muros, de banlieusards ou de touristes. Qui peut dire qu’à chaque trajet le respect des 30 km/h a été effectif ? Voilà aussitôt des millions de délinquants routiers ! Ne parlons pas des cyclistes… l’incivilité qui pédale.

Tout est devenu pénal : les relations entre les différents moyens de transport, entre salariés et patrons, entre homme et femme, entre adultes et enfants, entre salariés et patron.

Des associations outrancières et maximalistes s’appuient sur des lois indéfiniment contraignantes pour faire régner une « pression sociale » illégitime et injuste, amplifiée par les réseaux sociaux et le vide politique.

La liberté et la fraternité se sont fracassées sur cette pression bureaucratique et idéologique délirante.

La démagogie ouverte des cadeaux catégoriels a tué l’idée d’une égalité des droits et des devoirs.

Des droits acquisitifs excessifs distribués sans contrepartie, accompagnés par l’abandon de toute répression des violences de masses venues des banlieues envahies par des millions d’immigrés Africains, près de 400 000 arrivées par an, ont conduit à la perte de contrôle de nos finances, de la délinquance et des services publics.

La dépense publique atteint l’équivalent de 56 % de la richesse produite, avec un financement qui repose majoritairement sur un tiers de la population assommée de prélèvements divers, et il faut trois mois pour avoir un passeport ou un rendez-vous avec un ophtalmo, et des mois voire des années pour obtenir un jugement, ou une réponse administrative sur des sujets qu’on a indéfiniment compliqués.

Le président Macron et Mme Borne, habitués des résidences publiques, ont décidé de faire passer sans crier gare une loi présentée ainsi : « Nous ne devons plus laisser la seule loi de l'offre et de la demande, conjuguée à la cupidité humaine traditionnelle, créer une bulle d'enrichissement de quelques-uns. Il faut un changement fondamental de paradigme sur le droit de propriété ».

Et hop : Foin d’un des droits de l’homme sacralisés par la Constitution

La nervosité a fini par gagner toute la population agacée dans tous les actes de la vie par des contraintes et des exactions excessives. La violence a fait des progrès spectaculaires dans la société. La révolte des « gilets jaunes » est venue d’une taxe et d’une interdiction de trop.

On comprend que s’est créé un énorme vide entre la population souveraine et une sphère politique tenue par une caste qui la gère désormais en famille.

La presse ne joue plus son rôle d’information et de médiation. Elle est tenue par huit milliardaires qui tous dépendent de l’État. L’énorme secteur public de l’information a été totalement colonisé par la gauche depuis la prise de pouvoir par F. Mitterrand. Tous les « déviants » ont été virés. Les équipes « de gauche » se sont installées en force d’une façon indéracinable et exclusive. Du coup la presse est devenue la caisse de résonance des opérations image de la petite caste dirigeante étatiste et socialisante, et de la propagande gauchiste. Elle a désormais décidé de purger le pays des esprits critiques. La liberté de penser et de s’exprimer connaît un recul inouï. L’affaire des vaccins contre le Covid a été très démonstrative.

Toutes ces évolutions posent de graves difficultés aux partis politiques de gouvernement. Ils doivent faire face à la triple accusation d’impuissance, de démagogie et de d’illégitimité démocratique. Comme il n’y a plus de carrière politique intéressante possible, sauf rare exploit, pour des non-fonctionnaires, dans les partis de gouvernement, les amateurs sont partis dans les partis « antisystème » qui eux ont ouvert la porte au peuple de base. On trouve peu d’Énarques au RN ou à LFI.

L’exceptionnelle réussite de la manipulation tentée par Emmanuel Macron qui a choisi d’unifier la Caste sous sa houlette et de lui permettre de prospérer en famille, est à souligner. Il est vrai que les nuances entre Chirac et Jospin, Fabius et Juppé, Rocard et Villepin, Hollande et Copé, etc. sont impossibles à définir. Ce sont des nuances de postures et de narratifs mais personne ne sait quelles différences programmatiques les séparent. S’il existe un expert capable de démêler ce qui distingue Mme Pécresse de Madame Borne, ou M. Wauquiez de Monsieur Philippe, cela prouverait qu’on a progressé dans le domaine de la microscopie de l’infiniment petit.

En réunissant tous les Énarques opportunistes et carriéristes, Emmanuel Macron a vidé de l’intérieur et le PS et LR.

Comment s’étonner que le triomphe pendant 50 ans de l’étatisme socialisant sans limite, qui est la religion commune des hauts fonctionnaires, ait produit une bureaucratie hors normes dans tous les domaines, une première place pour la fiscalité et les taxes, un excès de dettes colossal, le tout paradoxalement accompagné de la faillite des services publics et de tous les domaines régaliens sous la pression d’une immigration incontrôlée ?

Suturer les fuites démocratiques qui découragent l’électeur et l’empêche d’influencer les politiques conduites est une des urgences nationales critiques.

 

Qui est responsable des dérives de l’Union Européenne et que faire ?

J’appartiens à la génération des Français nés pendant la guerre de 40 et pour qui la construction d’un ensemble européen pacifique avait un sens. Dans le petit ensemble des six pays fondateurs, dont un morceau d’Allemagne, pouvoir annoncer à tout membre de ces nations : « je ne te crains pas et tout membre d’une nation membre sera traité exactement comme un national sans aucune discrimination » était un acte fort et digne d’être soutenu voire fêté. De même, choisir de supprimer toutes les mesures sciemment discriminatoires dans les échanges de biens, de services, de capitaux et de personnes, dans l’ensemble ainsi constitué, était un bienfait.

En revanche, il n’était pas question d’abandonner les identités nationales, ni de fondre les législations, en privant chaque état de la possibilité de mener une politique nationale ou diplomatique spécifique. Organiser une coexistence pacifique, marquée par des projets communs et l’élimination de procédés anticoncurrentiels douteux, ne signifiait pas que les législations dussent être unifiées dans tous les domaines et qu’elles soient transférées à une instance « fédérale ».

Bien entendu, le projet européen de Monnet était entièrement soutenu et financé par les Etats-Unis dont l’objectif, après-guerre, était comme depuis des décennies, d’en finir avec les empires européens et d’assurer leur domination économique, monétaire, diplomatique et militaire. Mais réduire l’ambition des membres de la communauté économique européenne à la seule ambition de devenir une colonie américaine serait caricatural. Le Général de Gaulle, dont les difficultés avec les Etats-Unis sont connues, prendra de nombreuses mesures de correction de la trajectoire européenne, avec l’introduction au forceps de l’agriculture dans le schéma communautaire et, en France, il imposera la sortie du commandement intégré de l’OTAN. Mais il acceptera le traité de Rome et le marché commun qu’il créait.

On dira : il s’est trompé : Les autres pays étaient purement et simplement atlantistes et n’avaient nulle envie de contester leur vassalité. Le Bundestag videra de leurs substances les accords passés entre Adenauer et De Gaulle. Dès que le Général s’est attaqué au dollar, il s’est retrouvé avec une « révolution étudiante » à domicile, le premier exemple d’une « révolution de couleur » comme on dit maintenant. La volonté américaine d’imposer sa loi rejoignait la nécessité pour l’Allemagne de faire profil bas après les exactions sans nom de la période hitlérienne alors que le pays était coupé en deux.

Il reste que la volonté d’en finir avec des querelles tournant régulièrement au massacre depuis des décennies, et de mépriser les exaltations nationalistes du type Hitlérien et Mussolinien, basées sur la violence et les exactions guerrières, était profonde et partagée dans le cadre des six pays fondateurs.

En 1967, le mélange d’atlantisme et d’européisme fédéraliste qui régnait en Belgique ou en Italie, sur fond de lutte contre l’expansionnisme de l’URSS et du « socialisme réalisé » existait sous forme d’une faction « centriste », symbolisée un temps par Lecanuet. Directement soutenue par les Etats-Unis partout dans la CEE, cette mouvance était active. Mais elle n’était pas dominante.

L’Europe restait le champ d’initiatives de mises en commun, sans perte d’une vie politique nationale, et sans volonté de nivellement. L’idée de « construction » de l’Europe ne signifiait pas « création des Etats-Unis d’Europe inféodée aux Etats-Unis ». Mais l’approfondissement de règles et d’associations utiles et la volonté, là où c’était nécessaire de laisser plus de libertés concrètes aux membres des pays unis

Permettre à un « étranger » de contracter librement dans tous les domaines ne va pas de soi. Aboutir à ce qu’il puisse s’installer partout en Europe, s’y loger, y créer des entreprises, s’y marier, y trouver un emploi, y ouvrir un compte en banque, payer ses impôts, léguer, exporter, importer, de façon libre et transparente sans procédures bureaucratiques éternelles, ce n’est pas simple. Réussir ce pari demandait du temps donc « une construction ». Bien sûr, il était possible d’obtenir des visas d’installation et d’arriver au même résultat sans structure multinationale.

La création d’un « espace de bonne volonté », concernant un ensemble de pays appliquant rigoureusement les mêmes règles aux étrangers communautaires qu’à ses nationaux, hors l’élection, et promouvant les relations faciles entre eux, ne pouvait nuire.

On voit bien après le Brexit, que le retour des visas, des pièges réglementaires, des barrières diverses, a détruit une bonne partie de ces bénéfices concrets de liberté et de facilité.

Mais il y a eu le Brexit et il ne s’est pas produit sans raison.

Les traités de Schengen et de Maastricht ont cassé l’optique communautaire, associant des pays restant libres de leurs options politiques et sociales internes, pour une unification législative, monétaire, économique et sociale envahissante. Plus de frontières, plus de monnaie, une langue anglaise comme base linguistique unifiée, plus de droit, les instances juridiques de l’Union décidant d’interpréter les principes de la déclaration des droits de l’homme, et l’obligation de transcrire dans la loi nationale toutes les règles régies par des ordonnances européennes courant par grignotage la totalité du spectre de l’action législative, cela signifie-t-il qu’il n’y a plus ni Etat autonome ni Nation ? Non, mais il faut pour résister à la pression une force politique à la tête de l’exécutif français particulièrement puissante. Si cette force ne s’applique pas alors oui, l’indépendance nationale et la vie nationale s’étiole et peut disparaître.

Giscard et Mitterrand ont voulu que la France entre intégralement dans un schéma européen contraignant. Chirac a cédé en faveur du traité de Maastricht. Et aucun n’a voulu montrer une quelconque résistance aux dynamiques ainsi créées.  La vie politique française s’est effondrée aussitôt. Le sinistre Macron n’en fait pas mystère : la France, son drapeau et autres oripeaux de l’ancien temps, il n’en veut pas. Avoir commencé son quinquennat en allant faire sa révérence aux instances juridiques collectives, annonçait la suite : le drapeau européen seul à l’Arc de Triomphe ou sur la tour Eiffel, puis l’obligation des mairies d’afficher le drapeau européen ; l’affirmation d’une « citoyenneté » européenne ; les discours en « pidgin english » à tout propos ; l’abandon du Français en Europe et de plus en plus dans le champ de l’université, de la pub, des actes légaux etc. Tout le monde sait qu’il fait tout pour lui donner accès à son rêve d’après : devenir président élu de toute l’Europe.  C’est pour cela qu’il s’est opposé à son arrivée au pouvoir au projet d’élection du président de la Commission au suffrage universel.  Remplacer la présidente tournante par une présidente permanente, cela seul serait digne de son ego. Personne ne sait qu’il a profité de la présidence tournante de la France pour organiser partout des consultations de la jeunesse qui ont fait valoir qu’il fallait « un président élu pour l’Europe ». Cette ambition explique l’incroyable abandon des intérêts français au profit d’autres pays de l’Union et le refus de s’opposer à quoi que ce soit dans le processus des ordonnances européennes.

Avant lui, la forfaiture démocratique de Nicolas Sarkozy faisant voter à l’Assemblée les mesures que le non au traité « constitutionnel » européen avait rejetées ne cesse de produire ses effets délétères. Tout est désormais de guingois et les forces délétères qui ont prévalu jusqu’à la guerre de quarante reprennent du service.

Le symbole de l’impuissance des institutions se trouve d’abord dans l’élection au Parlement européen. La campagne électorale n’a en général aucun sens. Et d’abord que veut-on dire lorsqu’on parle de « sens » dans une élection ? Précisons-le : une élection a un sens si elle permet de dire à la majorité ce dont elle ne veut pas ! Ce qui veut dire que les enjeux doivent être connus et qu’une majorité peut apparaître, qui conditionnera l’action de l’exécutif. Rien de tout cela n’est possible au Parlement européen. Les enjeux ne sont pas connus puisque les textes qui seront débattus seront proposés principalement pour ne pas dire exclusivement par la Commission qui a entière liberté dans ce domaine. Les élus, découpés en petits groupes par la proportionnelle, et souvent choisi sans critère politique clair par les partis, ont une place ridicule dans le parlement. Que peuvent faire 40 personnes dans un hémicycle de plus de 700 membres ? Comme ce ne sont pas des partis globaux avec des programmes globaux qui se présentent aux votes, aucun choix d’option n’est effectué par l’électeur. Il ne sera pas informé de ce qui est discuté à Bruxelles. Il ne saura même pas ce qu’a voté la liste qu’il a retenue ni même si elle a voté de façon commune. Il ne réalisera les conséquences de l’action de la Commission que lorsqu’il faudra retranscrire dans le droit national. Et on lui dira que la décision étant prise il est trop tard pour se réveiller et dire non.

Dans le processus, seul le Président de la République peut bloquer puisque tout projet finit par l’accord des exécutifs. Si, comme le président actuel, il a décidé de dire oui à tout sans baragouiner, l’électeur français voit l’Europe diriger sa vie sans même pouvoir s’exprimer. Même s’il le voulait, il aurait beaucoup de mal à bloquer une mesure qui a été avalisée d’abord par la Commission puis par le Parlement, en général sous l’influence des grandes associations et de la diplomatie américaine.

Comme l’Europe institutionnelle s’est affranchie des traités pour intervenir dans tous les domaines et avec un luxe de détail invraisemblable, la gouvernance française passe pour totalement impuissante même et y compris pour des décisions de la vie quotidienne la plus élémentaire et pire encore pour les décisions nationales critiques.

On voit que les instances européennes viennent de régenter dans un sens catastrophique l’activité agricole française, de supprimer les voitures thermiques à court terme, de manifester sa mauvaise humeur contre l’énergie nucléaire, de promouvoir le voile islamique comme preuve de liberté, en même temps que le droit européen interdit toute maîtrise des flux migratoires et des règles du commerce extérieur. L’Allemagne devenu le mastodonte de l’Europe reprend son rôle abusif en Europe centrale et ses excédents déments faussent totalement la gestion de l’Euro (les flux allemands représentent près de 80 % des flux de la BCE !). Sa représentante à la tête de la Commission se croit présidente des Etats-Unis d‘Europe et s’agite sans mandat sur des questions qui ne sont pas de sa compétence comme la guerre en Ukraine. En même temps l’Union Européenne finance les mouvements wokistes en France y compris à l’université et dans les régions et municipalités !

The Economist nous apprend qu’Emmanuel Macron a décidé en catimini de changer radicalement les options traditionnelles de la diplomatie française en Europe très réticente à de nouveaux élargissements. L’intégration de l’Albanie, du Kosovo, de la macédoine du nord, de la Serbie, si elle le souhaite, ne saurait plus un problème. Aucun des médias français n’en parle alors que toutes les chancelleries ne bruissent que de ce revirement complet.

En fait Emmanuel Macron persiste dans la préparation de son job d’après : être le président élu de l’Europe entière. L’appoint de ces micro-états sera nécessaire ! L’intérêt de la France dans toute cette évolution majeure : nulle ! Même l’Ukraine est désormais acceptable comme membre à terme de l’Union. La question turque reste sous le boisseau. Son intégration demeure possible.

Ces évolutions délétères imposent une révision de la vision européenne de la France et cet exercice s’impose aux partis en France notamment à LR qui a décidé de refonder les axes programmatiques fondamentaux de son action politique.

Si par principe, les dérives de l’Europe sont considérées comme des acquis et leur dénonciation comme un populisme de beaufs à béret et baguette, l’effondrement démocratique français est au bout du chemin. François Asselineau explique avec constance qu’on ne peut pas « changer l’Europe ni changer d’Europe », fruit d’un arbitrage complexe indestructible, et que le Frexit est la seule solution, comme les Britanniques l’ont bien compris. Ses arguments ne sont pas nuls. Il se moque avec raisons de toutes ces volontés affichées lors des élections européennes de proposer une « autre Europe » plus ou moins fantasmagorique : plus verte, plus sociale, plus féministe, plus modeste, moins américaine, etc. ad libitum. Quand une élection n’a pas d’enjeux, autant s’agiter dans l’affichage d’autant plus grandiose que le silence retombera dans la seconde qui suivra la promulgation des résultats.

Xavier Bellamy, une des rares pensées politiques en Europe, explique que les instances européennes dépassent en permanence les compétences que leur donnent les traités.  Il cite le fait que le Parlement a voté 51% de résolutions hors du cadre des traités. Il donne de nombreux exemples significatifs où la Commission est parti dans des réglementations drastiques à partir de filaments de raisonnement hyper fins les rattachant très indirectement aux traités. Dans le même discours, il exonère les instances européennes en affirmant que ce sont les Etats qui le demandent. C’est donc la gouvernance nationale qui est coupable et lorsqu’elle s’exonère elle s’accuse.

Comment empêcher institutionnellement que l’Europe puisse ainsi grignoter les compétences nationales lorsqu’un hurluberlu européiste accède à la présidence française et laisse faire ou incite à de dessaisir de la souveraineté nationale ?

Existe-t-il réellement un chemin qui permette de redonner de l’indépendance au projet politique français quoi qu’il arrive sans pour cela sortir de l’Euro et de l’Europe ? Doit-on accepter qu’une clique de hauts fonctionnaires s’approprie tous les pouvoirs résiduels, en associant des inconnus interchangeables aux postes subalternes, tout en concédant tout à l’Union Européenne et ses instances, avec des élections qui ne décident jamais de rien sinon le « ranking des clans » comme on dit à Bruxelles.

Il n’y a plus de vie intellectuelle et artistique en France, dans un climat d’hyperfiscalité débilitante qui nous prive de liberté et de capacités économiques et sociales. La chanson française qui était la plus active dans le monde en 1960 n’existe pratiquement plus. Alors que dans les années cinquante la France comptait une pléiade d’écrivains de renom international, il n’y a plus que le malheureux Houellebecq. L’université française est quasi morte. L’étranger européen n’y vient plus, préférant le Royaume Uni, le Canada et même l’Espagne, quand les Etats-Unis ne sont pas accessibles financièrement, pour former ses élites. La vie politique se résume aux éléments de langage des médias conformes et aux pitreries grotesques et dangereuses d’un Mélenchon. On ne trouve plus un journal français dès qu’on sort de l’hexagone et l’étude du français est en train de sombrer partout.

Le constat est terrible : il n’y a plus de vie politique, devenue impossible, puisque la haute fonction publique ne veut rien lâcher de son emprise désormais totale et teintée de népotisme caractérisé et finalement accepte de se délester sur l’Europe de pratiquement toutes les questions importantes. Rien ne gêne plus un haut fonctionnaire que d’être responsable !

On voit bien que la renaissance française passe d’abord par la destruction du monopole politique construit par la haute fonction publique qui paralyse la démocratie et le retour à une pratique européenne qui réduit le champ des délégations au seul contenu explicite des traités, quitte à prendre les initiatives juridique et organisationnelles qui rendront cette orientation pérenne et indépendante du choix du président. On n’échappera pas à des réformes institutionnelles nationales visant clairement les modalités d’interaction avec l’Europe. Nul n’est besoin de changer les traités européens ni d’enclencher un Frexit. La bataille est en France et sera la bataille de la France.

On voit moins bien quelle force politique dans le pays parviendra à imposer cette action. Ce devrait être un devoir pour un parti comme LR héritier du gaullisme. En ayant choisi Valérie Pécresse comme candidate aux dernières élections présidentielles et en annonçant Laurent Wauquiez pour la prochaine, après que Chirac a accepté Maastricht et que Sarkozy a trahi le non au referendum « constitutionnel » européen, LR montre que la perspective n’est pas évidente.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

 

Les élites françaises ont-elles détruit la France ?

Plus personne n’a de doute aujourd’hui. La France n’a plus de véritable existence en tant que nation et en tant que projet identifiable.

C’est devenu un territoire d’où la population originelle s’efface par la dénatalité, où l’agriculture et l’industrie s’évaporent, où l’enseignement de la langue et de la culture se meurt lentement, où le niveau de vie est en état de baisse relative, où la sécurité intérieure n’est plus assurée.

Près de vingt millions d’habitants sont venus d’Afrique ou sont nés en France des familles immigrées correspondantes, sans trop de désir d’intégration avec pour une part notable et croissante d’entre eux, la haine au ventre contre les Français et le désir de se servir sur la bête par tout moyen.

En même temps la haute fonction publique a capté entièrement le pouvoir politique, économique, financier et médiatique, et entend continuer à se partager le pouvoir résiduel en famille. Cette caste a haussé la pression fiscale et les charges sociales au premier rang mondial tout en créant une bureaucratie effarante.

La venue au pouvoir présidentiel du lamentable Macron a été concomitante de la généralisation de chienlits multiformes et incontrôlables.

La gestion de Paris est une chienlit. Elle est actuellement organisée par une Espagnole qui a percé dans les alcôves de la direction du PS, épousé un énarque et demeure protégée par le clan. Emmanuel Macron lui a permis d’être réélue lorsque son candidat s’est autodétruit. Cette chienlit dure depuis 23 ans ! Et il n’y a aucun signe d’un quelconque ralentissement. Rendre irréversible les billevesées qui permettent de solidifier une pseudo-majorité, qui n’est qu’un regroupement de passions morbides et intéressées, voilà toute l’affaire. Et crève la ville lumière ! Cette chienlit se retrouve à Lyon, à Lille, à Bordeaux, à Grenoble, à Marseille, à Rennes, à Nantes. L’armature urbaine du pays est en voie de liquéfaction. Il n’y a strictement rien de positif à espérer de ses évolutions.

La gestion de la couronne de ces grandes villes est pire encore. Au prix de dizaines de milliards de subventions et d’allocations jetées par les fenêtres, on a cru possible d’y installer des immigrés africains, maghrébins d’abord, puis d’Afrique centrale, par millions. La délinquance et les trafics y sont la règle en même temps que l’islamisme y a pris un pouvoir désormais indéracinable. Les masses sont telles qu’elles sont devenues incontrôlables et y font ce qu’elles veulent quand elles veulent, désormais soutenues par une gauche opportuniste qui voit son salut dans l’exploitation de ce fumier, quelles qu’en soient l’odeur et l’absolue contradiction avec des « valeurs de gauche » brandies d’autant plus haut qu’elles sont en bas, totalement à l’abandon. L’État exalte son action à Marseille, action qui est liquidée en une nuit d’émeutes.

La gestion des campagnes est désormais soumise à la pression de bandes de voyous bien décidées à créer une chienlit totale. Le « zadisme « est-il autre chose qu’une forme de chienlit ? Un simplet, dans une « agence nationale », interdit un produit et risque de bloquer l’exportation de millions de tonnes de blé. Petite émotion et on contourne le problème sans le résoudre en attendant la prochaine initiative débilitante ! L’Europe qui en a « marre de payer pour l’agriculture française » annonce une réduction de l’activité agricole en France ! Pas de réaction de l’État français.

La gestion des transports est tout aussi calamiteuse. On a vu que l’activité portuaire a augmenté de 100 % depuis 1990 en Europe et de 1 % en France. L’industrie automobile est aux abois. Le transport ferroviaire est une catastrophe financière et technique. Les autoroutes sont une vache à lait sous-traitée aux copains. La France n’est même plus capable de tenir ses engagements sur l’aménagement des relations ferroviaires avec l’Italie. Des petits groupes de débiles bloquent des rues, des périphériques, des autoroutes, dans une chienlit manifeste. Pas de réaction de l’État français.

La gestion de la production d’énergie a été laissée à des incapables qui n’ont cessé de la massacrer et d’y créer le désordre et la confusion. La source nucléaire dont la production potentielle était de 500 TWh chaque année a été bridée pour ne représenter qu’à peine la moitié, alors qu’on dépense des sommes obscènes à accumuler des éoliennes et des panneaux solaires qui produisent de l’énergie à des moments où on n’en a pas besoin et n’en produisent pas toujours quand il en faut, déséquilibrant et la gestion des réseaux et les exportations rentables d’énergie et la gestion courante de l’équilibre des besoins. Avoir poussé au 100 % électrique en coupant par deux la production d’électricité est le genre d’exploit que l’énarchie compassionnelle et bienveillante est capable de réaliser, sans même anticiper la chienlit résultante. Le défilé des « c’est-pas-moi-c’est-l’autre » de ce politiciens idéologues ou issus de la bureaucratie la plus lâche, à la Commission d’enquête sénatoriale, est un documentaire sur l’irresponsabilité misérable des « élites » concernées.

Inutile de trop creuser la question des fonctions régaliennes de l’État. La chienlit y est partout.

L’armée française tient tout entière dans le Stade de France et serait incapable de tenir plus de quatre jours face à une agression un peu intense. La première action du nigaud qui préside le pays a été de virer le général qui signalait qu’on était à l’os dans les casernes. Il a aussitôt appelé la copine de caste, Parly II pour diriger l’armée avec le résultat que l’on sait : on s’est fait virer à coups de pied dans le derrière du… Mali, par… Prigogine ! Le taux de disponibilité des appareils de toute nature qui équipent nos forces est proche de zéro dans à peu près toutes les disciplines militaires. Le renseignement est par terre. Les Allemands se moquent ouvertement de la France qui s’abaisse à essayer de lui refiler ses perles résiduelles. La racaille dévalise les armureries. La gendarmerie est partout dépassée sauf pour les amendes de circulation sauf dans les zones de franchise abandonnées aux tribus. Comme le dit un observateur un doigt caustique : « on n’a plus d’état-major mais un état majorette surtout impliqué dans l’intégration confortable des femmes, des homosexuels et des transgenres dans les dortoirs ».

La santé publique : on a vu. Bureaucratie et syndicalisme ont conduit à la chienlit généralisée et à une violence d’Etat étonnante durant la période « Covid » avec abandon de tous les grands principes. Comment croire que la politique voulue face au Covid ait été : « restez chez vous et prenez du Doliprane » ! Le système est totalement ruiné par une gratuité intenable. Les pertes sont abyssales. La régression médicale commence à se voir très sérieusement. Partout c’est la chienlit, notamment aux urgences.

L’école et l’université ? N’insistons pas. L’université est pratiquement morte tuée par le wokisme. On y enseigne plus qu’une moraline frelatée et la soumission. Vols à répétition, occupations, etc. La chienlit est partout. Quant aux écoles maternelles ou aux études secondaires, mieux vaut ne pas en parler. La féminisation Neu-Neu, socialisante et Wokiste, règne sans limite, en symbiose avec les associations homosexuelles et les groupes de pression d’extrême-gauche, voire islamo-gauchiste. M. Macron a voulu montrer qu’il pérennisera cet égout en nommant un noir indigéniste à la tête du ministère. Son seul objectif est de créer la même chienlit dans l’enseignement privé que dans l’enseignement public…

La justice ? Le « mur des cons » n’a pas été détruit. Il n’y a plus de justice organisée en France. Le multirécidiviste triomphant est le héros d’un monde qui marche sur la tête. Ne pas réprimer ; ne pas mettre en prison ; s’attaquer d’abord aux cols blancs : salauds de bourgeois blancs. La délinquance généralisée, les pillages, les trafics en tout genre, les émeutes accompagnant une absence permanente de respect des lois, le crime à un niveau délirant, qu’est-ce que cela sinon une chienlit organisée ? Jouir sans entraves ! CRS-SS ! Non à la répression ! C’est gagné et on voit le résultat.

L’administration civile : incapable de fournir un passeport ou une pièce d’identité dans un délai raisonnable. Ne parlons du reste !

Les corps préfectoral et diplomatique sont liquidés par un président démiurge qui s’enivre de son propre pouvoir de destruction de la République française et de ses institutions.

Il est vrai que son objectif avoué est la dissolution de la France dans l’Europe, objet de son ambition suprême. Français ! Vous n’existez pas : vous êtes des individus indifférenciés dans la masse des populations qui grenouillent sur le sol européen. On panthéonise Monnet, un agent américain, une charmante danseuse américaine noire, un étranger militant communiste tué par les Allemands. L’idée qu’il puisse y avoir un « grand homme français » est passée dans l’idée des dirigeants français, obsédés par l’altérité heureuse. En revanche l’histoire française cesse d’être valorisée et devient un pot de chambre dont le contenu doit être déversé sur la tête de la jeunesse pour que jamais plus, elle ne pense à son surmoi historique français.

On a créé des régions parfaitement inutiles pour complaire à l’exigence européiste de destruction de l’État national. Ces nouvelles bureaucraties sont d’abord des planques publiques qui permettent de faire de l’argent sans responsabilité, en exaltant la démagogie. Jamais autant de Français vivent au crochet de l’État à ne rien faire d’utile que depuis l’instauration des régions ! La région, c’est une chienlit institutionnelle et structurelle. Cela ne rapporte rien et cela coûte très cher.

La citoyenneté abandonnée a laissé la place à un électoralisme sans objet sinon de fournir des places et de l’argent à des gens qui n’en valent pas la peine et entendent être élus par la démagogie la plus basse. Personne ne veut plus voter pour des vandales heureux de se faire un peu d’argent et de gloriole dans la chienlit générale.

Les dirigeants vivent au-dessus de ces chienlits multiples dans un état d’impuissance désormais visible et risible. Des médias dominants sous influence tentent de rendre invisible cette réalité d’une chienlit maîtresse de tous les lieux et construisent un mensonge dominant favorable à la caste dirigeante. Ils annoncent en permanence que le président Macron protège la France et les Français, et que s’il tripote régulièrement avec extase des noirs torse nu et siffle des bouteilles de bière dans les vestiaires, c’est la preuve de sa classe éclatante au service de tous les Français. Certains esprits régressifs et insensibles à cette épatante grandeur, considèrent qu’une chienlit narcissique verbeuse et irresponsable règne à l’Élysée.

Au moins y a-t-il une forme d’unité et de congruence dans ce qui reste de la France : la chienlit partout, du plus bas au plus haut, à tous les étages.

Giscard avant Mitterrand l’avait bien compris : exploiter personnellement et laisser courir ! Chirac l’a théorisé : le pays étant fragile, il était important de ne rien faire. Sarkozy a sombré en recrutant Kouchner et en voulant s’inscrire dans le bon sentiment général. Il a fini avec un bracelet électronique au pied, prisonnier à la maison. Hollande a voulu n’être rien et y a parfaitement réussi. L’ambition des places (et surtout de la place suprême) est devenue le cœur de la politique. Qu’importe si c’est pour présider à un désastre. La France, on s’en fout !

La conjonction de l’unique passion pour le poste de président, et des idéologies transnationales dominantes (écologisme, wokisme, européisme, mondialisme) ou nationales (étatisme, clientélisme, argent facile, fiscalisme, bureaucratie), conduit à la destruction de l’identité nationale, de la démocratie et de la prospérité.

Nous pouvons répondre à notre question initiale :

Oui la France a bien pourri par la tête et le triomphe de l’énarchie a été un facteur aggravant majeur, en empêchant les réactions du corps de la nation par la voie électorale. Née au lendemain de la déroute de mai quarante, la volonté de la classe des hauts fonctionnaires de mettre la main sur le pouvoir politique pour conduire « une vraie politique nationale de qualité », l’Enarchie a fini par être le levier principal  de la déroute actuelle.

Ce n’est pas le moindre paradoxe de la situation.

Petit résumé de l'état de la France

Au même moment où se déchaîne la communication du Président Emmanuel Macron, en pleine exaltation du « en même temps » sur à peu près tous les sujets qui se présentent, sans jamais dire après l’énoncé des objectifs contradictoires, comment on fait, il est intéressant de sortir du bol de Com’ pour regarder froidement dans les yeux la situation économique française. L’étalage délirant des « je veux » est tellement ridicule qu’il vaut mieux se concentrer sur les aspects critiques du statut économique français.

Pour 1 Euro de PIB nouveau en France il faut 1.8 euros d’emprunt.

Pour 1 euro de PIB en plus, le fisc ramasse 1.6 Euros de prélèvements. C’est le FIPECO cité par Jean Pierre Robin dans le Figaro qui le dit.

Tout est dit. Sauf le pourquoi !

Vous pouvez compléter avec la baisse du revenu par tête depuis 1981, relativement à la moyenne des autres pays développés, la montagne bureaucratique et règlementaire qui est montée jusqu’au ciel, les dépossession des propriétaires, l’effondrement des services publics, et tous les autres chiffres résultats.

Un pays qui se prélasse comme champion des prélèvements et de la dette tout en tuant ses productions, ne peut pas avoir d’autres résultats.

L’impôt est globalement progressif en France, comme nous l’avons démontré cent fois sur ce blog et l’élasticité du PIB à la dette pharamineux.  Tant que ces mécanismes n’auront pas été réparés, la France s’enfoncera. Tant que la haute fonction publique aura également capté la politique, la presse, l’économie, la banque etc., et l’administration, et dirigera tout dans notre pays, rien ne changera.

CQFD.

Rien n’est compliqué dans cette affaire.

Le retour des grandes lubies économiques

Un symptome post crise !

Le langage magique a encore de grands jours devant lui. La capacité de certaines officines au service soit de pouvoirs extérieurs soit d’idéologies délirantes, à propager des idées fausses gagées sur de fausses autorités ou celle d’officiels soucieux de leur carrière est tout à fait remarquable et par leur durée, parfois des décennies et par leur impossibilité à accepter tout débat. Cette propension invincible a ceci de désagréable que ces sottises interdisent d’établir les bons diagnostiques et les mesures salutaires.

Une des raisons pour laquelle notre petit club d’économistes s’est formé à la fin des années 1990 était de lutter contre le projet de taxe Tobin. Non pas que Tobin fût, pour nous, une personnalité problématique. Bien au contraire, c’était un analyste monétaire très fin, dont les analyses ont été évacuées et trahies pour ne garder que l’idée de la taxe. Il l’a lui-même affirmé !

Nous avons commencé à expliquer dès la fin du siècle dernier la réalité de la réflexion de Tobin : les changes flottants sont une catastrophe. Pour éviter le pire, si on ne revient pas sur cette organisation désastreuse, il faut domestiquer les flux financiers à court terme par une taxe terrible qui les étouffe.

À chaque crise financière, on a vu ressortir la taxe Tobin des placards.

En 2009 après que les méfaits du système des changes flottants eurent créé une nouvelle « crise pire que celle de 1929 », Sarkozy avait fait le malin, déjà avec Stiglitz comme conseiller, en parlant de taxe Tobin. On a vu la suite… Rien !

Nous avions alors précisé la position unanime de notre cercle :

http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2009/12/19/Taxe-Tobin--la-position-du-Cercle-des-conomistes-etoile

Cela fait 26 ans qu’en dépit de toutes les preuves, de toutes les conséquences connues des erreurs systémiques imposées par les Américains et les Allemands en 1971, les économistes dans la mouvance des Américains et des cercles associatifs autour de l’ONU refusent de débattre du vrai problème pour promouvoir des expédients détournés du rôle qui leur était assigné par leur promoteur. Il est vrai que doter des organismes mondialisés de ressources indépendantes des nations, sinon pour la collecte des fonds, on comprend que cela aiguise les appétits. On constate le même phénomène à l’échelon des instances communautaires européennes. Obtenir des ressources propres distribuées à des associations avec lesquelles on a des relations très étroites, avec des jeux de chaises musicales entre dirigeants d’ONG et postes politiques, c’est le pied !

On notera dans les Échos du 6 juin 2023 l’article : « Le capitalisme de papier va-t-il partir en fumée ? » rédigé par un des éditorialistes du journal. Très justement, il fait droit à ce constat élémentaire : les émissions de monnaies banques centrales et de monnaies bancaires ont fait grimper les valeurs nominales des actifs (immobiliers et financiers) plus vite que le PIB. Il explique que ce mouvement s’est beaucoup accéléré dans les 20 dernières années. Parfait ! Mais pour la cause exacte, vous repasserez un jour quand on aura le temps d’y réfléchir. Les trois crises financières de 1997 à 2003 et les deux crises financières mondiales de 2008 et européennes de 2011 ont conduit à la fois à des récessions sévères et à des inondations de monnaie prodigieuses. Elles s’ajoutaient à la crise de 73, puis celle du début des années quatre-vingt puis celles de 92-93, toujours noyées sous la création de monnaies banques centrale. La même cinématique s’est répétée pendant 50 ans, sans qu’on y touche. Pourquoi ces inondations n’ont-elles pas créé d’inflation après la purge américaine du début des années 1980 ? L’arrivée de la Chine et l’ouverture mondiale à la concurrence ont évité toute inflation dans les biens de consommation courante. Pas d’inflation possible pour les prix à la consommation. L’argent est donc parti dans la survalorisation des actifs et évidemment de façon accélérée du fait de la montée de la Chine dans les échanges et de la gravité des dernières récessions.

La vérité est encore pire que cela : si au lieu de valoriser les actifs en utilisant les monnaies, on prenait un indice de valeurs de références (un panier de valeurs comportant des matériaux rares, l’immobilier de luxe et le pétrole, par exemple), il deviendrait évident que les salaires ont stagné voire baissé, mais pas le pouvoir d’achat du fait de la baisse des prix (en valeur de référence) encore plus rapide. En revanche les biens réels se sont réévalués mais, en valeurs de référence, très peu.

Le système a étrillé la classe moyenne dans les pays occidentaux sans véritablement enrichir les propriétaires (ils ont toujours le même bien).

Lorsqu’on inverse la grille de référence au lieu de se concentrer sur le bas de l’échelle, bien qu’elle se manifeste de façon tonitruante dans la rue, on fait une fixette sur la valeur patrimoniale et on dit des sottises. « Un logement qui doublé de prix n’engendre pas une production deux fois plus grande » ; Une entreprise deux fois plus chère en bourse n’est pas deux fois plus efficace ». Et alors ? N’importe quel bien qui coûte deux fois plus cher du fait de l’inflation n’apporte pas deux fois plus de satisfaction ! Ces truismes n’ont pas de sens. Nous n’avons pas un « patrimoine de papier », formule simpliste et trompeuse. Nous avons eu une inflation concentrée sur les biens durables, les prix à la consommation étant tenus en respect par le transfert de l’industrie mondiale à la Chine et aux pays pauvres. Du jour où, du fait du Covid, l’inflation des moyens de paiement a porté sur le maintien du revenu sans production en contrepartie, alors que les réseaux de transport étaient partiellement arrêtés, une inflation générale s’est produite, avec une baisse immédiate et visible du niveau de vie.

Les « experts » du McKinsey Global Institute, cités dans l’article des Échos, n’ont absolument jamais voulu se pencher sur les méfaits des changes flottants et ont constamment promu la mondialisation et le transfert à la Chine de l’industrie (des autres pays et partiellement des États-Unis), tout en acceptant que l’on abuse du dollar roi. Les solutions proposées excluent toujours de réformer les changes flottants. Résultat : des scénarios qui n’ont pas de sens et qui s’apparentent à du verbiage, un peu façon ChatGPT.

L’amusant est que l’article mitoyen titre : « Pas de transition climatique sans capital ». Alors : il faut plus de capitalisme de papier ? Tout cela est profondément affligeant.

Le pire reste l’éditorial de David Barroux : « Immobilier, vive la crise » bien que la construction neuve s’effondre (dans l’immobilier une baisse de 10 % est un retournement, de 20 % et une récession, de 30 % un effondrement). Pendant ce temps-là Mme Hidalgo propose un PLU basé sur l’arrêt de la construction et la conversion des bureaux en logements, la hausse de la taxe foncière, le blocage des loyers, la hausse des « frais de notaire », et la préemption systématique des logements mis en vente. Et la législation « climatique » conduit à envisager des dépenses démentes (parfois près de 10 fois les dépenses courantes). Rappelons que les logements ont été maintenus dans l’ISF et que les loyers sont intégrés plein pot dans le revenu imposable. L’occasion de rappeler que l’État s’est gavé sur la hausse de l’immobilier et que le pouvoir d’achat des propriétaires a baissé à proportion de la hausse des impôts et des taxes. Quant à celui des locataires, on verra quand ils pourront se loger.

On voit que ce n’est pas la mondialisation financière qui pose un problème aujourd’hui mais la gourmandise et le goût bureaucratique de l’état et des autorités locales. Cela s’appelle ruiner les locataires et les bailleurs ! Les Vivats sont de trop.

Quant aux taux d’intérêt, leur hausse soudaine à contretemps provoquant l’arrêt des prêts immobiliers et de gros s ressacs bancaires, ils sont la preuve de l’impasse où sont les banques centrales qui dans un système de changes flottants étaient censées réguler les marchés financiers. Elles ne peuvent pas à la fois gérer la guerre en Ukraine, la crise climatique, les récessions liées aux changes flottants et les conséquences d’une gestion folle du Covid.

L’économie mondiale ne peut fonctionner correctement si les échanges sont totalement déséquilibrés avec des excédents et des déficits monstrueux. La première conséquence est la disparition de l’investissement au profit de la spéculation : les pays en excédent sont compétitifs ils n’ont pas besoin d’investir dans la production. Les pays en déficits empruntent pour financer leurs déficits et n’investissent pas puisqu’ils sont en manque de compétitivité. Le sous-investissement devient permanent. L’argent va dans les bourses et l’immobilier et pas dans les prix puisqu’ils sont capés par les bas coûts de la Chine. On parle de sous productivité, au lieu de sous-investissement, éludant la cause pour faire le constat de l’effet. Au bout de quelques années une récession vient nettoyer les positions intenables. On appelle les banques centrales qui assument la perte pour les autres et on recommence. Ce système ne marche pas et ne peut pas marcher correctement.

La demande globale est d’abord de la responsabilité des États ainsi que l’évitement et la correction des récessions. Il n’y a eu aucune récession de 1948 à 1972. Seulement des ralentissements. Avec le plein-emploi et un enrichissement permanent des populations.

Nous avions dit qu’on entrait à partir de 2018-2019 dans le risque d’une récession de moyenne importance. L’arrosage inouï fait pour lutter contre le Covid a supprimé ce risque, ce qui nous a fait écrire qu’il n’y aurait pas de récession en France en 2022 contre l’avis quasi général. Je ne crois pas qu’il y aura un collapsus à court terme, sauf évènements imprévisibles sur le front Ukrainien. Tout le monde est gorgé de liquidité et les exportations chinoises ont repris et pèsent à nouveau sur les prix.

En revanche des circonstances locales peuvent provoquer des incertitudes graves et des situations de blocage avec des retournements conjoncturels. Les banques finançant à tombeau ouvert les sociétés numériques ont pris un coup de chaud. La méfiance des actionnaires et déposants du Golfe a eu la peau de Crédit Suisse. Les banques centrales ont déstabilisé l’industrie bancaire et le crédit, au risque de créer une récession ici ou là après avoir financé pendant deux ans des salariés qui ne produisaient pas !

Il n’y a plus de logique économique et aucune raison de se réjouir : la sottise est à la fois du côté d’Attac et des Échos. En même temps ! On peut tout de même s’inquiéter un peu !

Quand on lit que les écologistes femmes expliquent qu’il ne faut pas faire d’enfants pour sauver la terre, que des journaux économiques « informés » se réjouissent de la crise immobilière, que des bavards de TNT expliquent que ChatGPT va interdire tout emploi et qu’il faut passer aux 32 heures et peut-être 28, pour partager le travail qui restera, que les politiques indiquent qu’on va pouvoir « réindustrialiser » en créant du pouvoir d’achat, alors que l’effet sur les prix sera certains, et que les éoliennes sont la solution pour fournir de l’électricité sans dire ce qu’on fait pendant les phases d’intermittence, on reste interloqué. Il faut avaler que pour éliminer toute empreinte carbone en 2050, il suffira d’aligner 60 milliards d’euros par an soit au total 1 400 milliards, alors que changer totalement le parc automobile coûtera automatiquement plus de 2 mille milliards et qu’il faudra financer le reste, oui, quand on lit tout cela on peut dire que les lubies monstrueuses de bêtise satisfaite sont en pleine forme et qu’on ne risque pas de les voir disparaître à court terme.

Revenons à la taxe Tobin et notons qu’elle revient à chaque crise du système : 1 973-4, 1 993-4, 2 003-4, 2 013-4, 2 023-4. Surtout ne pas revenir sur les changes flottants ! La taxe reste un cache-misère intellectuel façon string qui laisse voir des zones intellectuelles franchement peu appétissantes au milieu des tatouages idéologiques.

Quand on voit les éditorialistes des Échos boire la même eau que Attac, il faut s’inquiéter des effets durables du marasme de la réflexion économique de base, sous la pression de ceux qui croient y avoir intérêt.

Amis économistes, posez-vous cinq minutes, oubliez votre carrière cinq secondes, respirez un bon coup et observer sans œillères la réalité. Et arrêter de cautionner n’importe quoi ! C’est ici et maintenant qu’il faut réformer le système monétaire international, sans attendre que cela tourne au pire à nouveau.

 

Didier Dufau

Pour le cercle des économistes e-toile.

La nouvelle Saint-Barthélemy des propriétaires qui s’annonce

En France on adore jouer les Sans-Culottes et chanter « ça ira, ça ira, les Aristos à la lanterne », et s’endormir en rêvant que l’on tient par les cheveux la tête séparée du corps de Marie-Antoinette, tout en suivant avec enthousiasmes les cérémonies royales britanniques. Mais on n’aime pas non plus être bourgeois, alors que l’essentiel de la population vit dans des villes. Plus récemment on a mis les paysans sur la sellette et les gens de l’Administration et des ONG leur infligent une mort lente à la chinoise, jusqu’à détruire des points d’eau en pleine sécheresse.

Le prurit révolutionnaire qui charrie tous les bas instincts, avec un contentement de soi incontrôlable et le sentiment réconfortant de baigner dans une unanimité rafraîchissante et exonératoire, celle qui unit aussi bien le Vert LGBT++++, le socialiste conscientisé à fond, le Communiste le moins primaire, l’extrême-Centriste le plus mou, le Zadiste le moins illuminé, le Normalien le plus frais émoulu et l’Énarque le plus compassionnel et bienveillant, l’Européiste le plus radicalement ouvert aux mondes, même à aux dépens de ses concitoyens et naturellement tous les types de Macronistes (preuve que l’ectoplasmie s’incarne), reste naturellement centré sur la haine méprisante sur propriétaire : « salauds de riches ! ».

Le riche n’est pas celui qui vit comme un prince nourri, logé, transporté par l’argent des autres, et qui ne crée rien sinon des contraintes pour les autres, tout en jouissant d’un bon réseau qui lui permet de passer par des postes bien rémunérés dans le privé pour quelques années (700 000 euros par an, ce n’est pas à négliger) puis revient comme Ministre, puis se replace dans des agences (à nouveau à plusieurs centaines de milliers d’euros), avant de gagner pour les plus astucieux, des postes où on cumule un pognon de dingue à l’âge où tout le monde est à la retraite, avec de surcroît des avantages en nature le plus souvent engrangés sans publicité excessive. Les têtes de MM. Jospin, Fabius, Juppé, ou de Mmes Parly, Wargon, Oudéa-Castera, ne sont jamais offertes au billot. Macron a bien compris la leçon et plus vite que Chirac qui a fini hébergé par un milliardaire libanais mais qui avait commis l’erreur du Château de Bity. Lui ne présente aucun patrimoine. Les milliards du passage chez Rothschild ? Évaporé !

Le riche n’est pas non plus l’artiste de cinéma, le peintre, le joueur de football, ou nulle autre vedette des médias. Les plus immenses fortunes leur sont pardonnées. Ils peuvent jouir à droite en bourgeois arrivés s’ils parlent à gauche avec conviction et frénésie. Il suffit de contempler le spectacle donné par les récipiendaires de palmes à Cannes et de Césars où on voudra. Tous vomissent aussitôt sur la richesse, la droite, et se mettent sous la protection de la défense des petits pauvres et des exigences mêmes les plus outrées des gauches malfaisantes. Comme l’avait un jour énoncé Jack Lang, peu après avoir emménagé place des Vosges, un lieu où il est assez difficile de loger sans moyens ; Reprocher à un socialiste d’être riche est absurde : il a double mérite, d’avoir réussi et aussi de rester socialiste. M. Mélenchon est bien d’accord. Être révolutionnaire bolivariste en signant son IFI est une satisfaction, certes un peu masochiste, mais jubilatoire tout de même.

Le riche impardonnable, c’est le propriétaire, surtout s’il a hérité. Lire depuis une vingtaine d’années les écrits de nos économistes français bien en cour et adulés dans les médias est très parlant. Il n’y a pas que Picketty ou Pisany-Ferry. Le vilain, c’est le propriétaire structurel du discours dominant en France depuis des lustres. Ne parlons pas des ONG, qui, quelle que soit la cause, considèrent que l’argent n’est pas un problème, puisqu’il n’y a qu’à le prendre là où il est sur le patrimoine des propriétaires.

On sait l’importance de l’emprise marxiste et communiste en France. On sait moins l’histoire du communisme soviétique, même si la vérité commence à percer par bribes. Les paysans ont été souvent les principaux soutiens de la révolution bolchevique. Avec au bout du chemin la perspective d’arracher un bout de terres aux latifondistes et aux boyards. La faucille avec nous. Ils sont devenus propriétaires et donc des koulaks. Lorsque Staline a voulu leur reprendre le bien volé à la révolution pour payer l’industrialisation à marche forcée, autant que par idéologie, ils n’ont pas vraiment compris. Staline en a exterminé 10 millions ! La faucille est restée au drapeau avec quelques gouttes de sang subliminales. La Chine semble avoir fait mieux. Quand la femme de Mao avait des règles douloureuses ou quand elle était folle de rage de voir son mari s’envoyer en l’air avec les blanches fournies opportunément par Philippe Solers qui vient de disparaître sous les compliments les plus mirifiques (on peut s’interroger sur les commentaires s’il avait fourni des femmes noires à Hitler !), elle allait monter les tentes d’un tribunal populaire et tuait un petit lot de paysans. Ça calme les nerfs Lucien a tout écrit sur ces scènes. Et les massacres de paysans n’ont jamais manqué à chaque nouvelle révolution en Afrique ou en Amérique du Sud.

En France les Zadistes et des Animalistes, ont repris à leur compte l’action violente contre les salauds de paysans propriétaires qui tue le climat et la biodiversité. Ils peuvent bien crever la bouche ouverte ! C’est une fois de plus pour la bonne cause.

Aujourd’hui, c’est tous les propriétaires immobiliers qui sont ciblés. Non seulement ils sont infects avec les locataires mais ils polluent la terre de leur émission de CO2. Il va falloir qu’ils crachent au bassinet. Quoi qu’ils leur en coûtent ! La loi ZAN interdit de construire en province (pardon dans les territoires !), Merci Mme Wargon ! Les loyers sont bloqués (on dit « régulés »), à Paris et dans les zones en tension. Les propriétaires doivent effectuer l’expertise de leur « passoire thermique » et on donne des notes. S’ils ont une mauvaise note ils ne peuvent plus augmenter les loyers quelle que soit l’inflation ! Les copropriétés doivent elles-mêmes faire réaliser des audits énergétiques globaux, sachant que les travaux, dont ils n’auront pas la décision, seront à faire de façon cadencée obligatoire. La commission européenne et le Parlement européen ont été encore plus loin. Si vous vendez votre bien et qu’il n’ait pas la note maximale A, le vendeur devra déduire de la valeur de la transaction la valeur des travaux nécessaires. Il ne reste pratiquement rien du droit de propriété, en ville comme à la campagne !

Emmanuel ne s’y est pas trompé : il est arrivé en détaxant la fortune mobilière et en s’acharnant sur la fortune immobilière et les retraités qui la possèdent. Possession vaut rente ! On se souvient qu’un économiste atterrant français proposait d’ajouter au revenu imposable les loyers que le propriétaire n’avait pas à payer ! Payer de l’impôt sur de l’argent qu’on n’a pas perçu, cela n’a pas fait vraiment frémir. Pas plus que les taxes sur les taxes, comme sur le pétrole. La haine justifie la déraison. Et réciproquement.

Aujourd’hui, une nouvelle fasse de destruction du capital immobilier est en cours au nom de la survie de la terre. C’est mieux encore que le triomphe de la révolution. Il ne s’agit pas de financer le paradis mais d’éviter l’enfer ! Qui osera protester. Les dégâts provoqués par les premières mesures sont désormais visibles. Les propriétaires loueurs vendent ou renoncent à louer ou passe à des formules de location type AIRBNB ou touristique qui leur évite les tracas. On ne trouve plus de logements à louer. Comme on ne trouve plus non plus de crédit pour acheter, les marchés sombrent. Le marché de la construction neuve de maisons individuelles est en chute libre. L’investissement dans l’immobilier locatif de logement s’effondre également. Des locataires de plus en plus nombreux voient leur contrat interrompu. La crise du logement devient voyante. On entre dans un cycle de destruction de la valeur du parc immobilier.

Ce n’est pas le premier. Il faut lire absolument le livre fondamental de J. Marseille, l’argent des Français chez Perrin. Certes il est écrit en 2009, mais pour une histoire qui couvre près de 200 ans, cela n’a guère d’importance. Ce qu’il étale devant les yeux ébahis du lecteur c’est l’incroyable maltraitance des propriétaires immobiliers depuis 1880, jusqu’au milieu des années quatre-vingt-dix qui a vu la valeur des logements s’envoler, jusqu’au recul de 2022. Pas question de résumer ici tous les faits accablants passés en revue.

Fixons quelques seulement repères. La valeur des successions était de 33 860 euros en 1902, 11 655 en 25 et 5 760 en 1949. En un demi-siècle la valeur patrimoniale au décès a été divisée par six. En 1954 les immeubles bâtis avant 1 870 représentaient 37 % du parc global et près de 40 % à Paris. De 1914 à 1935, celui qui aurait mis sa fortune dans la pierre aurait perdu 50 % du rendement de son investissement ! En 1939 le nombre de logements vétustes a dépassé le nombre de 2 800 000 contre 150 000 en 1911. Les charges fiscales portant sur la propriété bâtie s’élevaient à 14,1 % du revenu net imposable en 1914, 44 % en 1937. L’Abbé Pierre est le descendant direct des mesures prises contre les propriétaires « comme si la punition infligée aux détenteurs de patrimoine se retournait contre l’ensemble de la population », écrit l’auteur. L’énorme effort de construction d’après-guerre et les « Trente glorieuses » n’ont produit qu’une correction mineure du déclassement immobilier. « En 1975 la fortune privée moyenne par habitant, 41 495 euros, ne représentait que trois années de revenu national contre 9 années en 1900 ». On sait que Giscard a aussitôt créé un impôt sur les plus-values et envisageait, en cas de réélection, un impôt sur la fortune, qui sera mis en place par Mitterrand.

Néanmoins, la valeur du parc de logement a connu un formidable rattrapage dans les quarante dernières années. Jacques Marseille a calculé qu’en 2009, la valeur immobilière était au niveau de ce qu’elle aurait été si depuis 19 100 elle avait suivi la progression des revenus. On est en fait revenu à la normale, là où les Picketty de service voient une prédation énorme et abjecte des spéculateurs éhontés !

Il serait néanmoins un peu juste de ne voir dans la hausse des valeurs immobilières que l’effet d’un rattrapage « normal ». L’arrivée des changes flottants a entraîné une poussée gigantesque des inondations financières, produisant des crises à répétition. À partir des années quatre-vingt, ces inondations n’ont pas eu d’effets inflationnistes sur les prix à la consommation du fait de la mondialisation et de l’ouverture du commerce aux pays sous-développés. Le transfert partiel et parfois presque totale de l’industrie des pays développés vers ces pays a permis d’importer à bas prix et de faire pression sur les salaires. L’épidémie de Covid a montré que dès que ce flux pas cher était enrayé les prix explosaient surtout si on payait les gens à ne rien faire comme s’ils avaient travaillés !

L’argent ne s’investissant plus en Occident dans la production, il s’est dirigé vers les bourses et l’immobilier dont les prix se sont envolés, d’autant plus que le coût du crédit était devenu extrêmement faible. C’est la principale explication du mouvement de rattrapage qui n’a aucune cause interne. Au contraire, en taxant les plus-values et la valeur des immeubles, l’état a augmenté de façon prodigieuse ses recettes fiscales au détriment des propriétaires soumis par ailleurs à des dépenses forcées de plus en plus onéreuses. Ce qui fait qu’investir dans le logement n’a pas de rentabilité en France. Avec à Paris, avec la hausse annoncée de 62 % de la taxe foncière et les lois climatiques, elle est devenue potentiellement nulle et menace de devenir négative !

Au lieu de s’acharner à vomir sur les possesseurs de logements, les politiques devraient comprendre que ce qui se prépare c’est une nouvelle Saint-Barthélemy économique des propriétaires de même ampleur de celle qu’on a connue au vingtième siècle qui s’annonce, et une nouvelle crise massive et de longue durée du logement.

Grand Mensonge Écologique et bureaucratie délirante

Nous avons évoqué dans une série d’articles comment l’information française était fabriquée et comment des mensonges parfois délirants avaient été imposés aux malheureux citoyens français. Ils sont considérés comme des veaux sans intérêt destinés à baisser la tête sans protester. Ils doivent absorber de grosses doses de mensonges dès le plus jeune âge et se contenteront plus tard de répéter des slogans de communicants, nervis modernes de l’étatisme et du sociétalisme gauchard.

Nous avons été également le seul groupe de réflexion qui a, continûment et sans concession, critiqué le triomphe délétère de « l’énarchie compassionnelle et bienveillante », qui a vu se constituer une caste népotique tenant à la fois le domaine de l’administration, ce qui est normal, et celui de l’ordre politique, ce qui ne l’est pas. Le résultat a été une dérive bureaucratique insensée et une montée continuelle de la dépense publique, des impôts, et de la dette. Le triomphe de l’Enarchie a été symbolisé par l’arrivée de Giscard à la Présidence et de Chirac au poste de premier ministre. Depuis, plus aucun budget n’a été en équilibre. La dette atteint 3 000 milliards d’euros, cinquante ans plus tard. Tous les services publics sont effondrés. L’Etat a perdu tout pouvoir, écartelé qu’il est entre l’Union Européenne et les collectivités locales, tout en ne respectant aucun des engagements pris avec chacun de ces pouvoirs de plus en plus gourmands.

La crise sanitaire a été l’occasion, pour le plus grand nombre, de prendre conscience des effets terrifiants de cette déchéance bureaucratique que, nous-mêmes critiquons depuis 1997…

Le mensonge a été permanent mais surtout, il s’est amplifié de façon délirante alors même que l’épidémie s’éteignait. Emmanuel Macron a osé déclarer qu’il voulait « emmerder » ceux qui résistaient au mensonge et virer les membres du corps médical qui n’obtempérait pas à ses oukases. Rappelons qu’il affirmait que le vaccin empêchait la diffusion du virus alors que toutes les études scientifiques déclaraient déjà le contraire. On n’a pas entendu d’excuses quand la vérité a fini par s’imposer à tous. On vient juste de réintégrer les membres du corps médical empêchés d’exercer !

Les Français ont eu tout le loisir de découvrir comment toute la médecine avait été surbureaucratisée, avec près de 35 % de ses effectifs employés exclusivement à des tâches administratives alors que le nombre de médecins s’évaporait, ceux qui étaient encore là étant accablés de sujétions et de tâches déclaratives avec un tarif de consultation au dixième du tarif d’intervention d’un plombier. En même temps les déserts médicaux s’étendaient à toute la France. En même temps il devenait presque impossible d’obtenir une consultation dans quelques domaines que ce soit à moins de trois mois. En même temps des spécialités médicamenteuses se trouvaient brusquement indisponibles. D’abord quelques cas, puis des dizaines en 2016, puis des centaines en 2022.

Du coup la CSG-RDS qui était censée financer ce désastre majestueux grimpait à des hauteurs pharamineuses et devenait un peu trop voyante. Comme cela ne suffisait pas on a été cherché des recettes alternatives partout. Les dépenses de sécurité sociale au sens large dépassent maintenant les 600 milliards d’euros, soit un doublement en 20 ans !

La démagogie régnante a voulu qu’on baisse de la part des cotisations des salariés dans le financement du régime général, passée de 23,9 % en 1980 à 12,8 % en 2000 et 8,9 % en
2 021. Parallèlement, la CSG représente 25,6 % des recettes du régime général en 2022 sur les revenus de remplacement (8 % en 2019, contre 4 % en 2000 et 5 % en 2009).

Les bureaucrates ont voulu que les cotisations salariales sur le travail baissent voire disparaissent sur les bas salaires, en transférant les sommes fortement accrues sur les retraités, la consommation et surtout, sur la consommation (14 % en 2019 contre 4 % en 1985), sur les revenus du capital (4 % en 2019, contre 0,8 % en 1985).

Comme le dit un rapport officiel :

« Fixés à un taux global de 17,2 % depuis le 1er janvier 2018, les prélèvements sociaux sont :
– la 
contribution sociale généralisée (CSG) de 9,9 %
– la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS) de 0,5 %
– le prélèvement social au taux de 4,5 %
– la contribution additionnelle au prélèvement social de 0,3 %
– le prélèvement de solidarité de 2 %. »

Pour atteindre ce niveau global, les prélèvements sociaux ont vu progressivement chacune des contributions qui les composent augmenter. C’est en particulier le cas de la CSG, créée par la loi de finances pour 1991 à un taux originel de 1,1 %. Son niveau a par la suite été relevé à 2,4 % en 1993, 3,4 % en 1997, 7,5 % en 1998, 8,2 % en 2005 et 9,9 % compte tenu de la hausse de 1,7 point de CSG voulue par Emmanuel Macron ».

La grosse ficelle : une hausse de 1.7 %, des taux, de 20 %, des recettes.

En fait une grosse partie des taxes, impôts et cotisations affectées a été transférée d’un prélèvement explicite (taxe d’habitation, cotisations sociales) à des impôts diffus payés le plus souvent par une minorité de Français ou sur la consommation payée par tous.

La caste des hauts fonctionnaires étatistes et pour beaucoup socialistes, a donc à la fois réduit les prestations et augmenté les recettes, tout en augmentant massivement le nombre de bureaucrates et en créant des agences qui permettent de bien vivre aux frais de la princesse : les limites de rémunération des hauts fonctionnaires n’y existent pas permettant de gagner « un pognon de dingues », pourvu qu’on ne déplaise pas « au-dessus » ! Une idée assez étrange de la démocratie sociale.

Cet exemple caricatural d’une politique de hauts fonctionnaires cupides, portée pendant des décennies avec un collapsus presque total au bout du chemin, sert de modèle depuis quelques années à une autre folie bureaucratique totale : la maîtrise des troubles climatiques.

Nous avons été pratiquement les seuls à décortiquer en temps réel et au moment où les décisions étaient prises, les mesures délirantes prises dans le secret des rapports entre tutelle et professionnels. Les conférences que nous avons pu faire sur le sujet nous ont montré une incroyable imprégnation du caractère religieux pris par ces questions. Le bourrage de crânes a été si fort et si prolongé, avec une action en France dès la maternelle, qu’il n’y a plus de citoyen : le veau est devenu un taurillon sectaire. Celui qui questionne les objectifs et les moyens de l’action climatique sont clairement ou des hérétiques à faire brûler sur des échafauds ou des malfaisants adeptes des « fakes news » qui veulent assassiner la terre.

En vérité, contrôler le chantage exercé par les pays pétroliers, réunis en cartel pour exiger une rançon exorbitante aux pays non producteurs, impose depuis 1973, une action continue pour réduire la consommation de pétrole. Cette action a été menée avec constance. Les domaines les plus difficiles, l’immobilier et la voiture, ont connu de nombreuses initiatives, qui sont essentiellement passées par des normes pour les constructions neuves, des interdictions de circuler pour des véhicules très polluants, et des incitations à faire mieux dans le bâtiment.

La situation a totalement dérapé avec l’arrivée de l’énarque Macron et de ses premiers ministres tous hauts fonctionnaires non techniques. Emmanuel Macron a toujours été obsédé de gouverner avec une poignée d’énarques travaillant en secret dans son immédiate proximité, tout en accordant des ministères à des personnalités d’affichage, comme Nicolas Hulot ou Barbara Pompili. Ils ont fini par se faire condamner pour inaction climatique.

Un vrai virage a été pris avec la nomination d’une Enarque, fille d’une Enarque travaillant avec Mme Hidalgo, une référence, et d’un polytechnicien, M. Stoleru, politicien à toute main et résistant fort bien aux changements politiques. Ce parfait produit de la caste est Mme Wargon.

Nous avons commenté en dû temps les extravagances de la dame, comme le montre cette longue liste.

La hiérarchie des causes de l’effondrement français (16 avril 2023 13:20)

(Désolés, pas de Bons Voeux possibles pour 2023 avec ceux qui nous dirigent vers le précipice. (6 janvier 2023 13:20)

Écologie délirante : entre boy scoutisme et bureaucratie (6 septembre 2022 15:23)

Et voici l’écologie pénitentielle coercitive. Elle ne s’arrêtera plus (26 août 2022 13:36)

Régime d’assemblée et Ve République - Il faut réformer d'urgence (5 août 2022 20:25)

Christian Gerondeau : l'indispensable trilogie sur la religion écologique (24 juillet 2022 11 h 55)

Oh ce joli Week-End de mai ! (2 juin 2022 00 h 27)

Passe-CO2 : le délire commence à se voir un peu trop ! (25 mai 2022 16:15)

Et voilà le passe-CO2 ! Merci qui ? (6 mai 2022 10:13)

Comprendre la destruction bureaucratique de la France (10 février 2022 19 h 05)

Sonnez Buccins,résonnez Trompettes : un nouveau service public est créé en date du 1er janvier 2022 (25 octobre 2021 11:25)

 Quand l’indécence bureaucratique et énarchique s’étale sans vergogne (17 octobre 2021 14:11)

"Super Pinel" , Hyper Bureaucratie, Népotisme énarchique (1 septembre 2021 11:54)

De quelques tares de l’époque et de l’analyse du Pr Maffesoli (27 juin 2021 10:02)

La fausse réforme de l’ENA (10 avril 2021 12:20)

Nous avons même écrit le livre Réconcilier Économie et Écologie, deux trains lancés l’un contre l’autre sur la même voie, dont la parution a été malheureusement compromise par la crise sanitaire, pour avertir les Français des folies qui se tramaient dans leur dos. En France comme au sein de l’Union Européenne gangrenée par les pires agents de Greenpeace.

 

Livre disponible sur la librairie en ligne de notre cercle : https://librairie-e-toile.fr

Aujourd’hui tout éclate. La loi ZAN, une folie qui a étendu la loi littorale à la France entière est remise en cause, car elle interdit toute relocalisation industrielle, ce qu’a pu vérifier M. Édouard Philippe qui a voulu cette loi. Cet ex-premier ministre a été le premier a mis la France à feu et à sang avec une série de mesures bureaucratiques prises sans concertation et gâchant la vie des Français.

Mme Borne, wokiste, féministe et écologiste affichée, se devait d’accélérer dans la sottise et la folie. Elle a confié à France stratégie, un ramassis de socialistes caricaturaux obsédés par les inégalités et le développement de la fiscalité et des dépenses publiques, le soin de demander à M. Pisani Ferry, un macroniste dont les rapports hystériques sont généralement sollicités pendant les périodes électorales et mis aussitôt au panier (un sort qu’il accepte parce qu’il se connaît), un rapport sur l’incidence économique de l’action pour le climat. Ce gugusse indique qu’il faut « taxer les riches » pour financer les centaines de milliards qui doivent être dépensés. Naturellement sans dire un seul mot sur l’impact sur la température moyenne du globe qui sera, selon tous les calculs sérieux, nuls au mieux !

Rappelons simplement l’ampleur de la coercition qui s’exerce déjà sur les propriétaires immobiliers et les perspectives folles déjà inscrites dans la loi.

-          Les propriétaires loueurs doivent faire établir une note écologique pour leur appartement et ne peuvent pas augmenter les loyers si la note est inférieure à E. Plus tard la note exigible sera plus forte.

-          Les copropriétés doivent selon un échelonnement arbitraire, faire exécuter un diagnostic thermique et énergétique qui va définir les travaux à faire pour être conforme aux normes les plus strictes. Il est prévu une exécution forcée selon un calendrier cadencé. Il s’agit naturellement de montants disproportionnés.

-          M. Amèrement et son directeur de cabinet, ancien directeur de Greenpeace Allemagne et foldingue de décroissance heureuse, ont fait voter au Parlement européen une directive encore plus folle : les propriétaires qui n’auront pas exécuté les travaux requis se verront privés en cas de vente de la contre-valeur des travaux restant à faire.

Vive le droit de la propriété !

Rappelons qu’en France, nous avons l’IFI, l’ISF immobilier, et des taxes foncières formidables. À Paris, la taxe foncière augmente de 62 %. Les revenus fonciers n’ont pas été plafonnés comme les revenus financiers avec une « flat tax » de 30 %. On arrive vite à 40 % d’IR et plus. Quand on déduit l’impôt sur le revenu, les charges de l’immeuble, l’IFI, les impôts et taxes locales, le rendement finit par être négatif. À Paris, les loyers sont en plus plafonnés. La contrainte est totale. Les lois du marché ont été totalement bannies.

Rappelons que l’immobilier appartient le plus souvent à des veuves ou tout le moins des retraités. Macron a opportunément augmenté leur CSG de près de 20 % en arrivant à la tête de l’État. Pourquoi se gêner ?

Évidemment quand on est logé à vie par l’État, cela paraît moins lourd !

Il fallait tout de même oser demander un rapport proposant d’aggraver la fiscalité sur l’immobilier !

Rappelons que les hauts fonctionnaires se sont fait une spécialité d’exiger des travaux monstrueux aux propriétaires :

-          Un ascenseur détruit par les habitants d’un HLM provoque un drame : tous les ascenseurs doivent être changés partout en France à grands frais !

-          Un enfant se noie dans une piscine : toutes les piscines doivent être mises aux nouvelles normes quoiqu’il en coûte.

-          Une nappe phréatique est polluée par un propriétaire indélicat : toute la législation change et impose des investissements massifs même quand tout marche très bien. Pire : la loi « littoral » et la loi sur l’eau se contredisent : il est impossible de savoir ce qu’il faut faire. Allons-y pour envoyer le vilain bloqué en correctionnelle ! Les lois contradictoires ne gênent jamais les fonctionnaires. Surtout quand on a créé un corps d’inspecteur que les propriétaires doivent payer. On voit l’ambition et la dignité de ce poste de petit flic. Les amendes sont évidemment supersoniques !

-          Des dispositifs de chauffage sont interdits.

-          Maintenir ceux qui existent devient un casse-tête.

-          Là encore les contradictions s’accumulent : il faut mettre en œuvre des pompes à chaleur subventionnées. Chouette ! Zut, elles sont interdites en zone « littoral ».

On sait par ailleurs que le calfeutrement du bâti n’a exactement aucune efficacité. Tous les rapports le montrent et surtout l’expérience allemande qui a dépensé plus de 1 000 milliards d’euros pour calfeutrer 40 % environ de son parc immobilier, pour une baisse de moins d’1 % de la consommation d’énergie (produite largement par des centrales à charbon, après la pénurie de gaz russe). Le bilan carbone est nul pour une dépense délirante.

Et il faut que la France y passe ? L’Allemagne l’exige.

Nous sommes dans la folie totale. On annonce des dépenses vertigineuses qu’on minore pour ne pas affoler :

-          Le calfeutrement général du bâti pour obtenir des notes B ou A coûterait au minimum 2 000 milliards d’euros selon notre propre chiffrage ! Il est souvent préféré d’annoncer des dépenses annuelles, en général fortement minorées. On dira par exemple que cela ne coûtera que 60 milliards par an ! Ce qui fait tout de même 600 milliards sur dix ans.

-          Tout le monde a bien compris que changer les 41 millions de voitures thermiques, dont le prix moyen a été calculé récemment à 55 000 euros pièce, cela fait 2 200 milliards d’euros.

Nous-mêmes estimons entre 8 et 12 mille milliards le coût de la décarbonation totale en France, à emploi égal.

En face de cette dépense inouïe qui représente les deux tiers de tout le capital accumulé en France depuis les Gaulois et environ 10 années de valeur ajoutée des entreprises, on n’indique aucun objectif de baisse des températures.

Ceux qui ont fait le calcul en utilisant les modèles du Giec aboutissent à un effet sur la température globale absolument ridicule. Les voitures interdites vont se retrouver en Afrique à qui l’industrie va continuer de vendre des voitures thermiques neuves ! Effet nul sur la température. Pour le bâtiment, l’effet direct est de moins d’un pourcent sur l’énergie mise en œuvre selon les résultats constatés en Allemagne. L’impact sur la température globale sera inexistant comme il l’a été en Allemagne de façon prouvée.

Mais on affole le monde avec le chiffre d’une hausse possible de « 4 degrés » sans dire par rapport à quoi et à quand, et sans faire un lien analytique entre les mesures décidées et un éventuel impact sérieux. On se contente d’un raisonnement primaire : tonnes de CO2 évitées, gains automatiques en termes de chaleur mondiale, avec des modèles mathématiques dont on sait qu’ils ne donnent pas de résultats fiables : pour une quantité de supplément de CO2, l’impact sur la température varie de 1 à 7 selon les modèles !

Comme on ne constate aucun gain lié au schéma théorique, on invente un chiffre sur la hausse qui aurait été évitée ! La preuve que cela marche c’est que cela aurait pu être pire !

 

out cela est de la folie pure ! Surtout dans un pays endetté jusqu’au cou et bientôt en faillite et ruiné.

Avec une colère sourde partout dans le pays qu’Emmanuel Macron hystérise par son comportement.

Est-ce que tout cela peut vraiment durer ?

La première victime est évidemment le marché locatif, suivi par la construction neuve, devenue d’un coût astronomique. Plus personne n’arrive à se loger en ville, dans les capitales régionales et dans la Capitale, où An Brossat a annoncé de sa tendre voix 40 % de logements sociaux, soit l’équivalent de 8 arrondissements sur 20, la plupart récupérés sur le logement « bourgeois » existant. Na ! Le PLU égrène des centaines d’adresses où les ventes seront préemptées pour virer les natifs et accueillir les migrants. D’une façon générale tout ce qui touche au logement social a été concédé au Parti Communiste avec un nombre considérable d’intervenants en provenance des banlieues communistes. Prendre au bourgeois la corde qui va les pendre, on en est resté là chez Mme Hidalgo…

À Paris, on fait fuir la population en s’attaquant de façon délirante à la voiture et à la propriété. D’ores et déjà ! Ce sont des dizaines de milliers d’habitants qui partent vidant les jardins d’enfants et les écoles

La coalition de fait entre l’Union Européenne, la classe des hauts fonctionnaires en France, et la coalition communiste, socialiste et Verts va totalement détruire l’immobilier français des grandes villes.

Encore bravo à tous ! La période restera dans l’histoire comme celle d’une destruction urbaine comme on en a rarement vu dans l’histoire depuis Néron, sauf pendant la grande peste et les grands incendies urbains du Moyen Âge.

Et tout le monde aura honte et se demandera comment on a pu en arriver là !

 

 

Sortons-nous du Grand Mensonge ?

Si on pense au XXe siècle, on est automatiquement saisi par l’ampleur de la croissance et de sa généralisation. Du point de vue économique, c’est un peu le siècle du miracle. Quand on se place du côté géopolitique, c’est d’abord celui des immenses massacres et de l’industrialisation de la destruction humaine, accompagné de vraies tentatives réussies de faire respecter les droits de l’homme :  fin de l’apartheid en Afrique du Nord, succès de la campagne des droits civiques aux États-Unis, émancipation des femmes en Occident, décolonisation et effondrement de l’Union soviétique. Du point de vue de la science, le bilan est plus mitigé qu’on ne croit, le XIXe siècle ayant été particulièrement fécond, mais jamais on n’avait été aussi loin dans la technique.

Jusque-là tout va (presque) bien.

Du point de vue intellectuel, l’information de masse devait diffuser la connaissance. Depuis Gutenberg, la technique de diffusion de l’information est censée briser les obstacles à la réflexion libre et à la remise en cause des oukases irrationnels d’où qu’ils viennent. La radio, le cinéma, la télévision et internet étaient censés exalter cette course à la vérité.

Hélas, le vingtième siècle a été celui du Grand Mensonge médiatique !

Pratiquement dans tous les domaines l’information a été « construite » en fonction d’intérêts idéologiques ou politiques servant des puissances dont les bonnes intentions étaient affichées et les désastres associés occultés ou minimisés. Il est intéressant de noter que la France a partiellement participé au concours de mensonges. Mais, en général, elle a été particulièrement maltraitée par des mensonges venus d’ailleurs sans faire beaucoup d’effort pour rétablir la vérité.

Le mensonge du XXe siècle est grand parce que composé d’une masse de gros mensonges, les pires d’entre eux étant gigantesques, et qu’ils ont été accompagnés d’une pluie de mensonges de moindre ambition. Ils donnent par leur accumulation l’impression d’un tapis de mensonges sur lesquels les opinions publiques ont généralement glissé comme des pets sur une toile cirée, mais qui ont fini par casser la crédibilité du système médiatique et de la classe dirigeante

Beaucoup des mensonges du siècle passé sont en train de se déchirer et de s’étioler du fait de leur propre nécrose ou des critiques enfin reconnues de quelques contempteurs tenaces. Certains mensonges sont orphelins des puissances qui en avaient besoin. On les ramasse comme des feuilles mortes.

Doit-on penser que cette obsolescence est le début d’un recul des grands mensonges ? Rien n’est moins sûr. La suite est si inquiétante  qu’il est bon de s’arrêter un instant sur cette question rarement posée mais dont la réponse éclaire l’actualité et les perspectives économiques.

Le seigneur des mensonges est évidemment celui qui postule la fécondité de la violence révolutionnaire permettant en tuant une partie de la population de créer un homme nouveau et d’instaurer le paradis sur terre. Culte de Robespierre et de Saint Just, et occultation du génocide en Vendée et des massacres invraisemblables commis à Paris ; culte de l’horreur absolue qu’a été la Commune ; culte de la révolution soviétique avec l’acceptation d’une vision entièrement mensongère de ses réalisations et occultation de tous les génocides socialistes. Suppression des libertés au nom d’une « liberté réelle » abrogeant toutes les relations de domination, sauf pendant la « transition » vers le paradis où il faut massacrer les récalcitrants qui empêchent sa survenue  par bêtise ou ignorance et renâclent à l’expression des bienfaits mensongers de l’accouchement révolutionnaire.

Nous avons signalé sur ce blog l’éclatement de certains des mensonges annexes : une histoire totalement truquée de la guerre d’Espagne, avec le cas majestueux de Guernica où toute l’histoire officielle est inventée ; le refus jusqu’il y a quelques jours de considérer Holodomor comme un génocide, qui plus est, générique, en ce sens qu’il a été pris pour modèle pour de nombreuses répétitions.

Personne n’a voulu ni ne veut s’attarder sur l’ampleur de l’horreur ainsi couverte par le mensonge organisé : 100 à 150 millions de morts ; des milliards de vies mutilées et gâchées. Une ignominie sans nom. L’abomination des abominations.

Le culte infâme porté par une intelligentsia déshonorée à Alain Badiou, thuriféraire des pires massacres ou la considération déplacée portée aux travaux tout aussi innommables de la dénommée Annie Lacroix-Riz montrent qu’il demeure un plaisir énamouré à défendre certains propagandistes du crime de masse qui se sont sanctuarisés dans les plus hautes instances de l’université. Il suffit de lire les deux fiches  Wikipedia qui les concernent. Toutes deux sont des hymnes abjects à leur gloire, qui permettent de se rendre compte de l’intense influence délétère de ceux qui veulent encore enchanter la gloire de mensonges criminels.

Pour ceux qui veulent aller plus loin sur ce thème qu’ils lisent cet article de 2010 :

http://lcx.e-toile.fr/index.cfm/2010/2/8/Philosopher-sur-un-tas-de-cadavres-et-dans-une-mare-de-sang

« Alain Badiou est aussi un homme de constance et de fidélité. Parmi les figures intellectuelles du maoïsme français des années 1970, il est un des rares à n’avoir pas jeté aux orties ses convictions d’alors ». Un nazi impénitent serait chassé de l’idée même d’une expression publique. Un maoïste impénitent qui a justifié et glorifié des millions d’assassinats est considéré comme un exemple formidable de fidélité.

On voit que le Grand Mensonge de la violence révolutionnaire féconde n’est pas vraiment en train de se dissiper. L’université française et l’ENS se sont déshonorés si longtemps que maintenant il ne reste presque plus rien de leur dignité. L’institution est pratiquement morte et se veut un conservatoire du marxisme-léninisme le plus honteux, fière que ses pires maîtres influencent encore des sots attirés par l’odeur du sang un peu partout dans le monde.

Une partie notable de ce grand mensonge est de ne pas voir que le national-socialisme est une partie de l’histoire socialiste. Même violence ; même méthode ; mêmes crimes ; souvent les mêmes mots et les mêmes hommes. Que ce soit la Russie ou la Chine, il s’agit toujours d’un nationalisme d’abord avec la violence socialiste en prime et en cache-misère. Mao, Staline, Poutine, Xi Jin Pin, Ho Chi Minh, Prachandra, Pol Pot, Han Sen, Hitler, Mussolini, Mengiststu, Maduro, Kagame, mêmes combats. Certes l’URSS est tombée. Mais les thuriféraires de ses méthodes et ambitions n’ont pas désarmé.

À côté de cette immense voile de mensonges et de crimes, le Mensonge américain paraît véniel. Il n’empêche qu’il existe.

Les États-Unis sont devenus une puissance dominante dès 1914, avec une férocité implacable et curieusement armée par la religion. Cette société de protestants qui ont réussi sait être violente tout en exaltant le bien pour lequel elle est censée se battre. Le prédicateur coexiste avec le prédateur.

L’influence américaine baigne dans un tissu de mensonges particulièrement tenaces.

Tout commence avec Woodrow Wilson qui affirme en se lançant enfin du côté de la France lors de la guerre de 14 : « Pourquoi Jésus-Christ n’a-t-il pas persuadé le monde jusqu’à présent de suivre ses enseignements ? C’est parce qu’il a enseigné l’idéal sans songer aux moyens de le mettre en œuvre. Voilà pourquoi je propose les moyens pratiques pour enfin les réaliser ». Elémentaire, non ? Les États-Unis comme bras armé de Dieu, il fallait oser le dire ! Et on a vu la suite.

Le contingent américain n’a eu en 1918 aucune influence autre que symbolique sur l’issue des combats militaires. Il était trop peu nombreux, peu armé et malade. Certes il a fait comprendre aux chefs de l’armée allemande que la guerre d’attrition était perdue d’avance. Affamée par le blocus, la population commençait à se révolter et les offensives de la dernière chance avaient totalement saigné l’infanterie. En Europe centrale leur front s’effondrait. Grâce à la naïveté angélique de Wilson, les dirigeants Allemands ont gagné lors des négociations de paix et leur victoire diplomatique a créé les conditions de la guerre de quarante. Le grand mensonge anglo-saxon, repris intégralement par l’Amérique, a été d’affirmer que le traité de Versailles était une horreur française, et de refuser de le ratifier. Curieusement c’est l’économiste Keynes qui a été le levier de cette opération en prétendant que les réparations s françaises étaient intolérables, en même temps qu’on empêchait de verrouiller la frontière à l’ouest du Rhin pour se prémunir contre de nouvelles aventures tudesques.

Du fait des Américains, la France s’est retrouvée seule pendant tout l’entre-deux-guerres et a dû subir une occupation radicale en 1940. Il faudra de nombreuses années avant que les Américains n’entrent en guerre du côté des Britanniques, avec la volonté farouche de s’emparer de surcroît de tous les éléments extérieurs de l’Empire français et d’obtenir l’accès à tous les marchés de l’Empire britannique.

Lors de l’opération Overlord, un nom révélateur, comme le dit Onfray, Roosevelt considérait les Français comme les Italiens ou les Autrichiens. Une monnaie d’occupation, l’AMGOT, devait être imposée au pays.

Les Accords de Bretton-Woods étaient une excellente chose avec un défaut structurel : c’était un étalon de change dollar qui exigeait que les États-Unis maintiennent la valeur du dollar en or.

Le Plan Marshall était une nécessité mais on oublie toujours de dire qu’il s’agissait de prêts qu’il a fallu rembourser et que les prêts étaient liés : il fallait acheter américain.

En 1971, les États-Unis libèrent unilatéralement le dollar de ses obligations et provoquent la crise du pétrole et le retour des crises financières à répétition, dont ils entendent faire financer la réparation par les autres.

La guerre d’Irak est menée sur la base d’un mensonge tellement gigantesque qu’on en rit encore dans les chancelleries.

L’Union européenne est conçue dès l’origine comme un moyen de détruire les anciennes puissances européennes. Tout le monde sait que jean Monnet était payé par la CIA. On voit bien que la Commission Européenne est totalement dans la mouvance américaine et de l’OTAN.

Il n’est pas question de comparer l’enveloppement américain à l’horreur sans-limite du socialisme révolutionnaire. Certes la Normandie a été ravagée par le débarquement, et les Américains ne sont pas venus pour nos beaux yeux, mails la Libération a eu lieu. L’élan des Trente Glorieuses est largement dû à l’action américaine. Mais tout a commencé à partir en vrille à partir de 1971. L’Union soviétique a été contenue et a fini par s’écrouler, mais par gourmandise les Américains se sont mis entre les mains de la Chine qui les a roulés dans la farine. Le cartel pétrolier n’a pas été brisé parce que les Américains considéraient qu’ils avaient les moyens de faire face, eux. La diplomatie des « révolutions de couleur » a remobilisé l’Ours Russe, pendant que l’Islamisme devenait terroriste et conquérant avec Khomeini, après que le Shah d’Iran a été abandonné par les Américains.

Tous ces ratés ont été enveloppés dans un nuage de mensonges intéressés dans lequel nous flottons encore. C’est qu’en face il y avait le grand mensonge socialiste. Alors va pour le petit mensonge américain, maladroit mais si bien intentionné. « L’antiaméricanisme est le socialisme des imbéciles ». Tout force non socialiste se devait de révérer les États-Unis.

La France pour sa part n’a eu qu’une construction bien modeste de mensonges officiels éhontée. L’instauration du colonialisme par la gauche française à partir de 1 890 a provoqué un halo de mystique sur la vocation civilisatrice de la France dans son Empire.   Il s’est déchiré en moins de 15 ans après la Libération, pour être remplacé par un grand mensonge « décolonial » bien plus tenace.

Aujourd’hui la France vacille parce qu’à la fois les anciens mensonges tardent à s’effacer et que de nouveaux apparaissent auxquels elle ne veut pas résister.

Le grand mensonge WOKE est une nouvelle gale. Les États-Unis exportent désormais une hérésie qui est une dictature de terrain pour des Savonarole infâmes et une plaie intellectuelle inguérissable. On impose à chaque individu de faire une révérence à des concepts tarés sous menace de mort sociale, et on demande aux institutions de s’autodétruire. C’est le retour du cléricalisme sous ses formes les plus abjectes.

On reboucle sur la déclaration de Wilson : nous sommes le bras de Dieu ! Mais les sorcières ne sont plus à Salem !

Le grand mensonge écologique est lui aussi d’essence religieuse. L’homme est mauvais. C’est un imposteur et un malfrat qui tue sa mère, la nature. Il s’agit de le punir de son outrecuidance. Le CO2 anthropique conduit à un réchauffement calamiteux qui ne sera arrêté qu’en stoppant les usines, le transport, la consommation. Là encore, les « conscientisés » tentent d’imposer aux « beaufs de la croissance » leurs ordres délétères, en faisant feu de tout bois et en mentant effrontément.

Le grand mensonge actuel est celui de la bonté de la pulsion de mort qui s’est emparée des nations occidentales, qui glorifient l’effondrement de leur natalité et se suicident allégrement, tout en acceptant de battre leur coulpe par l’aveu pitoyable de prétendus vices indurés qui leur imposent de disparaître dans la joie et l’exaltation.

La « cancel culture » sociologique et la « cancel culture » écologique sont des pulsions de mort à vocation sacrificielle.

Le sectarisme pénitentiel manipulé par des Gourous a toujours existé. L’automutilation aussi. La particularité du moment c’est son triomphe en Amérique du Nord et auprès des instances européennes, universitaires et journalistiques. La pénétration du monde de l’entreprise est très avancée. On en vient à nommer des surveillantes des bonnes pensées. La ligue de vertu est remboursée par la sécurité sociale ! Le contrôle de la vertu devient un poste de travail. La génuflexion devant des oukases moraux devient une nécessité de survie professionnelle. Tout cela pour créer un homme nouveau encore plus utopique que les modèles précédents, en supprimant radicalement la liberté. Pas de liberté pour les ennemis de la vertu telle qu’on la professe. « On » ? Un salmigondis de tarés réunis en groupes de pression qui promettent aux veufs du communisme et aux veuves de la religion chrétienne une rédemption facile et un réemploi de leur sotte soumission. Lutter contre des dominations par de nouvelles dominations avec ses servitudes nécessaires, tel est le grand mensonge qui s’installe. Il sera dur à éradiquer, car il ne pourra l’être qu’en retournant contre lui les armes dont il abuse et dont les âmes éprises de liberté et de sagesse détestent l’emploi. Faudra-t-il organiser La mort sociale des adeptes de la coercition sociale radicale ?

On assiste à une extension délirante du sectarisme millénariste au sein même de la société organisée, comme un cancer qui ronge des organes fondamentaux jusqu’à leur défaillance. Rien de plus difficile à éradiquer que le mensonge sectaire.

« Le tournant du siècle a réveillé les peurs millénaristes d'un certain nombre de croyants du monde entier. Si la croyance en une fin du monde prochaine n'est pas dangereuse en soi, des tragédies ont mis en évidence que certains groupes tels que Heaven's Gate, en Californie, L'Ordre du Temple Solaire en Suisse, en France et au Québec, ou, en mars 2000, Le Mouvement pour la Restauration des Dix Commandements de Dieu, en Ouganda, ont développé une doctrine apocalyptique avec la mort au bout du chemin ».

Le croyant sectaire animaliste qui assure urbi et orbi que l’ours réintroduit dans nos forêts peut bien « tuer des hommes, ce n’est pas bien grave » (sic), car d’autres bestioles tuent plus encore, ne rencontre que l’air énamouré de la personne qui l’interview. Il est le pendant de cette nouvelle race d’écervelés qu’on appelle désormais les « égo-cocos » qui prétendent que tout ce qu’ils ont est à eux et intouchable, et toutes les allocations qu’ils touchent un dû, mais que tout le reste est un « bien commun » auquel ils ont aussi droit. Indignés, mais intéressés. La croyante féministe sectaire qui laisse entendre que les 600 000 à 700 000 femmes qui ont été violées par la soldatesque au Congo et alentours ces dernières années ne sont pas plus à plaindre que les femmes mariées qui sont routinièrement contraintes à céder au désir de l’homme infect non encore déconstruit, rejoint l’imbécile sectaire qui détruit le marché immobilier et la possibilité de se loger au nom des passoires thermiques. Tous ces sectarismes ont le même ressort : emmerd… quelqu’un et le faire avec violence. En général pour créer une situation invivable et finalement mortelle pour tous sans jamais tenir compte des réalités.

Le grand mensonge Européiste affirme : l’Union Européenne et l’abaissement des nations correspondant, c’est la paix ! Et explique « en même temps » : « la seule urgence européenne est de réarmer ! »  L’Europe ce serait donc la guerre et non la paix ?

Une société éclatée qui ne pense plus qu’à s’auto détruire et à brûler des sorcières est le contraire exact de l’esprit français depuis la Renaissance. Une nouvelle résistance commence. La mise à bas des grands mensonges qui nous ont emprisonnés depuis un siècle est le début du combat : l’hydre du mensonge a beaucoup de bras.

Pour survivre à ce qui se prépare, le délitement général par l’action des ligues de fausse vertu, il va falloir que la France trouve en son sein des ressources critiques dont on peut malheureusement penser qu’elles s’épuisent.

Le terrain politique ravagé que tous les Français peuvent constater quelque soit leurs convictions est la marque de la tension et des mélanges entre le Grand mensonge du siècle passé et celui des nouvelles ligues de vertu. Le Front national et la Nupes en sont réduit à des en même temps électoraux idéologiquement contradictoires. Le centrisme égotiste signé Emmanuel Macron se veut un « en même temps » totalement vérolé par le mensonge et des contradictions insurmontables qui étaient déjà amorcées par Nicolas Sarkozy, et qui continuent de dissoudre le LR.

Le résultat est naturellement le rejet d’un champ politique aussi frelaté, réduit aux injonctions contradictoires et à l’impuissance. On ne peut pas se moquer de la jeunesse avec ce genre de facéties : « dis-moi pour qui tu mens, je te dirais qui tu es !».

L’avenir n’est pas aux « black blocks » ni à la désobéissance civile, mais à l’union de ceux qui veulent observer avec justesse le monde qui s’offre et en maîtriser avec réalisme les contradictions, au profit du plus grand nombre, sans se faire piéger par la sottise sectaire et l’attrait des Grands Mensonges sous la lune.

Un très grand livre :" Une contre histoire de la colonisation française" de Driss Ghali

La liberté et l’intelligence courent le monde. Sauf dans les universités où coulent surtout la pensée unique socialiste et ses slogans. Cela a toujours été vrai de la Sorbonne et pratiquement de toutes les universités occidentales depuis 1945. On y préfère généralement un prêt à penser commode même faux à toute réflexion véritable. Parfois l’intérêt prime la vérité ou la passion ou même les deux.

Plusieurs études historiques universitaires ont été des puits de mensonges sur des sujets sensibles : la guerre d’Espagne ; les génocides socialistes comme Holodomor en Ukraine ou l’extermination des paysans chinois ; la colonisation…

Ce sont toujours des particuliers indignés qui prennent en main le travail nécessaire à rétablir un peu de vérité, d’ouverture, de respiration, sur ces sujets maudits. On leur reproche toujours les mêmes défauts : ils ne sont pas historiens professionnels ; ils sont tendancieux ; ils sont à la solde de je ne sais qui. Bref, ils sont à jeter dans les poubelles de l’histoire.

Jusqu’à ce que le vent change et que la vérité soit reconnue : ce qu’ils disaient était exact, censé, précis, descriptif et analytique.

Sur tous les sujets sensibles on trouve des auteurs qui ont été rejetés, mais qui ont réussi à percer un petit trou dans la muraille.

Kravchenko avait définitivement réglé son compte au stalinisme avant même Soljenitsyne.

Simon Leyss avait définitivement mis fin au culte de l’horrible criminel de masse, Mao Tsé Tong.

Pio Moa a définitivement coupé le cou à l’hydre colossale qui accumulait des mensonges éhontés sur l’histoire de la guerre d’Espagne.

Impossible de revenir en arrière. Le mensonge n’est qu’un mensonge. Il vit jusqu’à ce qu’on n’accepte plus de le tolérer. Et on trouve toujours une âme pure pour cette exécution. Lorsque l’œil est dessillé, il voit toujours la même réalité objective. Quel que soit l’observateur. Quelle que soit la violence perverse du tricheur qui croit encore devoir propager des slogans frelatés et intéressés.

Ce qui frappe, c’est le changement radical de l’opinion publique. Pour avoir, moi-même, écrit le seul livre français seulement consacré à Holodomor, refusé par tous les éditeurs sans exception, qui y voyaient comme une corruption du slogan socialiste dominant et « une forme d’auxiliariat des nazis petliouristes » (sic), j’ai vécu la dureté du combat contre ceux qui ne voulaient pas de la qualification de génocide. Mon ami Léon Chaix s’est fait virer de Wikipédia pour avoir porté cette idée On a vu le Parlement européen refuser la qualification de génocide en concédant le crime contre l’humanité. Sarkozy et Kouchner n’ont pas voulu entendre parler de génocide. Crime contre l’humanité d’accord. Mais pas génocide. La guerre en Ukraine a tout balayé. Tout le monde est d’accord pour qualifier Holodomor de génocide. L’affaire est close. C’était bien un génocide. On ne discute plus et on ne discutera plus. Tous savaient qu’ils mentaient. Mentir n’a plus d’objet.

Le livre de Driss Ghali est de la même veine. Il casse des mensonges indurés qu’on est censé ressasser comme des vérités absolues. Sa contre histoire de la Colonisation française est ce qui a été écrit de mieux sur le sujet depuis cinquante ans. Son livre est naturellement vomi au sein de l’université française et de l’Éducation nationale, alors qu’il devrait y être une bible.

Je ne connais pas l’éditeur, Jean-Cyrille Godefroy, mais grâce lui soit rendue d’avoir édité Driss Ghali.

Quelle est la force du livre de Driss Ghali ? Un rappel exact des faits et une analyse lumineuse des évolutions.

Qu’on me pardonne un souvenir personnel. En 1958, l’arrivée du Général de Gaulle s’est accompagnée dans les premiers temps d’une floraison d’images de fraternisation et de glorification de l’Algérie française. Parti dans un collège anglais à Tunbridge Wells, pour fortifier mon anglais, notre prof occasionnel était un de ces produits d’Oxford qu’on ne peut qu’admirer. De discussions passionnées sur la colonisation en discussions passionnées sur la décolonisation, j’en vins à son argument : la fraternisation n’était pas bidon, beaucoup d’Algériens étant à juste titre attachés à la France, mais l’indépendance était inévitable et viendrait vite.

Je retrouve dans le livre de Ghali toute la finesse de ces discussions impromptues et qui toutes pointaient que la colonisation s’est toujours imposée pour de mauvaises raisons et n’a jamais touché le cœur de la civilisation des peuples ou peuplades occupées. Les grandes puissances européennes se devaient d’avoir des colonies et un Empire parce que c’était facile et parce que sinon un autre le ferait.

La France battue par les Allemands en 1 870 et privée de l’Alsace et la Lorraine se devait de retrouver un moral et des vertus militaires. La gauche de l’époque a considéré la colonisation comme le moyen le plus simple. Paradoxe déjà relevé par Éric Zemmour, la colonisation, c’est la gauche ! Pour l’essentiel la colonisation française a eu lieu entre 1 880 et 1 914.

Cet aventurisme coûtait peu s’il s’agissait de briser les pouvoirs en place dans des sociétés souvent atroces, miséreuses et profondément injustes. En cassant des dominations et des pratiques odieuses, elles libéraient certains tout en ravalant d’autres. La France a toujours trouvé des alliés sur place justement chez ceux des peuples ou des groupes humains qui étaient maltraités depuis des lustres.

Mais il ne fallait pas prétendre apporter la civilisation. La France n’avait pas les ressources pour s’occuper du terrain et des gens. Les colonies françaises étaient à peu près vides de richesses. Le peuplement colonial a toujours été ralenti par l’inappétence des candidats, devant le peu de perspectives à espérer et le nombre des dangers à endurer notamment médicaux.

Les politiques coloniales ont toujours été des pratiques de comptoirs où seules comptaient les populations européennes, personne n’ayant le moindre moyen d’aller en profondeur dans les territoires, sauf quelques saints saisis d’évangélisme ou de recherche scientifique.

Lorsqu’après-guerre, sous la double pression des Américains et du communisme, les colonies devinrent l’objet de véritables politiques de développement, on comprit rapidement que la France n’en avait pas les moyens et que les dégâts de la défaite en Asie et en Europe avaient déconsidéré définitivement le colonisateur.

La décolonisation a donc été presque partout extrêmement facile, avec partout des élites plutôt bienveillantes pour l’ancien colonisateur. Bien sûr il ne fallait réclamer son éviction par la force. La Tunisie comme le Maroc ont payé le prix de répressions ponctuelles mais violentes. Mais en dehors de l’Algérie et du Vietnam, la fin de la colonisation s’est faite facilement.

En Asie l’affaire était devenue difficile du fait de l’humiliation de la France par les Japonais. L’action des communismes n’arrangeait pas les choses. La guerre s’est produite entre puissances étrangères qui ne représentaient pas et de loin la majorité des populations autochtones (ou indigènes comme on voudra). La France gagnera la guerre en Algérie à un prix démesuré pour les deux camps. L’indépendance sera octroyée dans les formes à des forces vaincues qui ne l’ont jamais digéré et se mirent aussitôt à multiplier les pires crimes. La France perdra pied en Indochine, bientôt remplacée par les Américains « décolonisateurs » pris à leur propre piège et bientôt écartés.

Pour la France, la colonisation a finalement été une mauvaise affaire globale mais avec des bénéfices qui ne sont pas ceux qu’on croit.

La colonisation a été une bénédiction lors des deux guerres mondiales en mobilisant des ressources humaines coloniales dont l’absence n’aurait pas permis de participer autant à la victoire. Pour le reste cela n’a été qu’une suite de désillusions et de coûts.

Pour les colonies elles-mêmes, le bilan est à la fois plus profond et moins circonstanciel, mais tout aussi ambigu. La France n’avait pas les moyens d’aller très loin dans la modernisation de la vie des populations sous protectorat. Elle manquait déjà de bras en métropole et elle a dû faire face à trois guerres terribles entre 1 870 et 1 940. Son implication n’a jamais pu aller très loin en faveur du gros de la population locale qui a été largement laissée à ses coutumes et modes habituels de fonctionnement. En revanche elle a réussi à créer par exemple en Afrique noire des élites favorables à la présence française et qui ont un temps regretté le désengagement trop rapide de leur mentor. Ils ont organisé une « décolonisation tranquille ».

L’auteur ajoute à l’histoire de la décolonisation, celle d’après qui voit les ex-populations colonisées coloniser à leur tour leur ancien tuteur en créant des diasporas qui vivent plus intensément que leurs aînés dans des comportements hostiles au pouvoir mais hors de chez eux. Les occupants, ce sont eux. Ils ne veulent pas s’assimiler et provoquent des difficultés chaque jour plus graves. Beaucoup se comportent contre les Français de souche sur leur territoire national, comme s’ils menaient un combat décolonial chez eux… D’autres défendent farouchement une France qui leur permet d’échapper au désastre qu’aura été la gestion des états anciennement décolonisés ravagés par les mafias, l’armée, le vol et l’extorsion, les guerres, l’Islam armé, avec une corruption massive et débilitante.

L’auteur montre avec juste raison que plus la gestion souveraine a été nulle après la décolonisation dans les pays « libérés » plus on souffle la haine du colonisateur. C’est frappant en Algérie où l’armée a tout pris, captant à la fois la rente pétrolière, et les meilleures terres de la Mitidja et se maintient, après une guerre civile atroce avec les islamistes, par la violence et la corruption tout en dénonçant inlassablement les Français. Rappelons que le Maghreb est indépendant depuis près de deux générations. Les combattants des années 55 à 60 sont tous morts ou presque et seuls quelques parents très âgés peuvent encore parler des années cinquante. Encore dix ans, et il ne restera plus personne qui peut se dire témoin de l’ancienne histoire coloniale qui devient une mémoire détournée, fantasmatique et intéressée.

Les repentances hémiplégiques ne servent aucune bonne cause pense l’auteur qui écrit : « au lieu de cracher sur des cadavres bien froids, hissons-nous à la hauteur des monstres qui dégradent l’humanité ici et maintenant ». « À la repentance il faut répondre par la transparence : tout dire, tout mettre sur la table, le meilleur comme le pire. La vérité est l’antidote au venin de la repentance ». « La vérité ou la guerre civile, telle est l’équation du moment » « L’histoire n’a pas commencé avec la colonisation et ne s’est pas terminée avec la décolonisation. Le mythe de la virginité rompue est une foutaise comme la thèse de la persistance d’un traumatisme colonial après les indépendances ».

Pour finir, dit l’auteur, la colonisation est une mauvaise idée qui a eu des effets inespérés. L’urgence actuelle est de régler les difficultés actuelles pas de ressasser des slogans avec cynisme et mauvaise foi. Ces difficultés sont urgentes et graves et peuvent unir tous les camps assoiffés de vérité et de progrès.

« Un livre épatant qu’éclabousse l’esprit dans ces temps de misère où la bassesse est reine » aurait dit Luther.

Didier Dufau

La hiérarchie des causes de l’effondrement français

Tout le monde est désormais bien conscient que la France dégringole. Le dernier livre de l’IFRAP dénonce le scandale d’une pression fiscale encore aggravée et d’exactions inouïes contre les propriétaires  qui s’accompagne de l’effondrement de toute la sphère publique (éducation, justice, sécurité, santé, etc.) alors que nous avons perdu notre industrie, condamné nos activités portuaires à la stagnation, saigné notre agriculture, prolétarisé la classe moyenne, et laissé se créer un cancer de l’immigration dévastateur pour toute notre politique sociale et pour l’identité nationale. Il faut savoir que cette condamnation n’est pas récente. Le septennat de Giscard sera fiscal de bout en bout. La France était à genoux après le double septennat de Mitterrand. Dès le milieu des années quatre-vingt-dix tous les maux actuels étaient clairement identifiés et la suite annoncée. Et nous avons continué à sombrer au point que les Français sont désormais dans la crise de nerfs permanente. La République livrée aux casseurs et aux incendiaires est désormais en danger.

Pour ceux qui suivent la vie économique et publique depuis plusieurs décennies, cette constance dans la destruction est un sujet récurrent depuis la récession de 1973. La dégringolade n’a jamais été empêchée et n’a fait que s’amplifier, aboutissant au discrédit des partis dits de gouvernement et à la montée de l’ensauvagement de la vie sociale et politique.

Quelles sont les causes profondes de cette inversion dramatique de la trajectoire française considérée comme miraculeuse jusqu’à la crise de 1973 et pourquoi n’ont-elles pas été jugulées ? Quiconque s’avise d’avoir une ambition politique se devrait d’avoir une idée claire sur ces questions. On voit bien que ce n’est pas le cas.

La cause première et fondamentale est la destruction des accords de Bretton Woods et l’instauration des changes flottants. C’est celle qui n’est jamais citée. Cette erreur monstrueuse d’organisation internationale est la cause première de tous les malheurs du temps. Les raisons en sont simplissimes. Ce système permet la création de déficits et d’excédents symétriques totalement effarants. Les excédents sont replacés dans les pays en déficits et la boucle ne cesse de s’amplifier jusqu’à ce qu’une crise financière se produise. 1 973 est la première crise mondiale depuis 1929. Ensuite se sont enchaîné les crises du même type, une crise moyenne succédant à une crise grave pour aboutir à la grande dépression de 2008. La France ne s’est jamais remise de la crise de 1973 ni de celle 1993. Celle de 2008 a signé notre dégringolade définitive.

Personne ne veut ni ne peut changer ce système international frelaté et qui n’a jamais fonctionné qu’au prix de récessions provoquant un ralentissement de la croissance économique. La raison : les Etats-Unis qui croient encore que l’avantage du dollar mérite les difficultés que tout le monde connaît y compris aux Etats-Unis. La domination des Etats-Unis est telle que personne ne fera carrière en économie sans soumission aux changes flottants et au rôle primordial du dollar. La contestation larvée vient des grandes dictatures de l’ancien monde communiste, la Chine et la Russie, avec les conséquences géopolitiques que l’on voit.

Certains diront : c’est la mondialisation qui est en cause et l’ouverture totale à la concurrence libre et non entravée des mouvements d’hommes, de capitaux, de services et de marchandises. Elle a permis de transférer toute l’industrie à l’Asie et aux pays les plus pauvres, avec des entreprises et des capitaux profitant honteusement de l’écart entre les salaires des pays développés et ceux des émergents. La classe moyenne a été sacrifiée. La pression migratoire sur les salaires s’est ajoutée. Le World Economic Forum est le symbole de cette mondialisation faite au détriment des pauvres en Occident.

Oui, l’entrée de la Chine dans l’OMC a été dénoncée notamment par notre petit groupe d’économistes dès les discussions de 1997.

Mais le fond de l’affaire est à chercher non pas dans la mondialisation mais dans la mondialisation non équilibrée. Si le système permet à certains d’accumuler des excédents prodigieux, cela veut dire que les produits ne s’échangent pas contre des produits et que le travail ne s’échange pas contre du travail. Donc les pays déficitaires voient leur classe moyenne s’effondrer. Seuls les pays ayant la capacité de mener des politiques mercantilistes peuvent résister, ou encore le pays qui fournit sa monnaie nationale au monde.

Pour les pays peu productifs et ayant succombé aux formes diverses du socialisme, le système devient extrêmement pénalisant. Ce qui a entraîné des révisions déchirantes en Suède, en Australie et en Nouvelle Zélande, au Canada, au Royaume uni etc. La compétitivité nationale devenait critique, sinon plus de classe moyenne !

La France a choisi de se lancer dans le programme Commun socialo-communiste totalement à contretemps, puis à bloquer toute réforme avant de retomber dans le socialisme jospinien, puis le délire du PS sous Hollande, tué par la dissidence des radicalisés qui triomphera ensuite avec la Nupes.

On voit où cela nous a mené.

La deuxième cause fondamentale de nos difficultés provient de l’extorsion de fonds pratiqués par les pays producteurs du pétrole coalisés pour mettre en coupe réglée les pays dépourvus de pétrole. Il est toujours amusant de constater qu’on a décrit une situation mondiale « libérale » alors qu’elle est soumise à un monopole cartellisé pour le cœur de ses ressources énergétiques.

Pour la France, la prédation pétrolière est devenue dès novembre 1973 un drame fondamental. Nous sommes rançonnés depuis 50 ans, et le poids de cette rançon est colossal. Pour la payer il fallait être plus productifs que jamais et essayer de se libérer le plus possible du pétrole.

Pompidou a compris que la seule solution était de développer le nucléaire et de réduire autant que possible la consommation de pétrole. Giscard a continué cette politique que même Mitterrand n’interrompra pas. Malheureusement cette politique a été gâchée à partir du gouvernement Jospin Voynet. Le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur le pourrissement désastreux de la politique nucléaire peut être lu par qui veut. C’est une véritable tragédie dont les conséquences dramatiques sont désormais visibles.

On peut faire l’histoire française de la tentative de se libérer de la rançon pétrolière sans prendre en compte une seconde la question écologique. Paradoxalement les options prises pour le nucléaire étaient les meilleures sur ce terrain-là mais de façon involontaire. Il restait deux domaines non maîtrisés : l’automobile et le chauffage des bâtiments. Ce sont les deux éléments fondamentaux du capital des Français, ceux qui demandent des années de travail et des dettes lourdes pour le constituer. Il était nécessaire de rester prudent et progressif. On a désormais sombré dans la folie sur ce sujet avec les lois Wargon et les ordonnances européennes inspirées par le GIEC. Rançon plus folie, un vrai triomphe !

La prédation des pays pétroliers, malgré tous les efforts, a pesé radicalement sur la prospérité du monde et celle de la France. On voit que celle des fournisseurs de gaz est tout aussi problématique, sachant que nous avons refusé de tirer profit de nos gisements de gaz de schiste…

La troisième cause du désastre français est interne : le triomphe de « l’énarchie compassionnelle et bienveillante ». À la suite d’un travail commencé sous Pétain, accéléré par les mêmes à la Libération, continué sous la Quatrième et triomphant sous la cinquième, la caste des hauts fonctionnaires a fini par s’arroger la totalité du pouvoir administratif, politique, économique et financier en France. Une caste népotique s’est constituée qui verrouille tout et dirige tout. Cette anomalie est uniquement française. Partout dans le monde occidental libre, on a réussi à cloisonner le monde de l’administration et la politique. Nous renvoyons à nos nombreux articles sur la question pour comprendre l’ampleur du mouvement et de ses conséquences. Le couple Giscard-Chirac est la marque d’un premier triomphe qui ne cessera plus, jusqu’à la caricature macronienne avec ses premiers ministres énarques de seconde zone, Philippe, Castex et Borne. Que personne dans la PQN n’ait souligné le caractère minable jusqu’à l’incroyable d’un système qui veut qu’on choisisse comme premier ministre un ancien président de la RATP et qu’on choisisse comme président de la RATP un ancien premier ministre est la preuve d’un effondrement mental caractérisé. On gère la République comme le métro parisien et réciproquement ? Le népotisme a-t-il besoin d’être prouvé quand on voit la carrière des maîtresses ou des filles de notables hauts fonctionnaires. Exemplaire est La carrière météoritique et catastrophique pour le pays de la fille de Lionel Stoleru, politicien à toutes mains, et d’une énarque haut fonctionnaire chez Hidalgo. Elle n’a jamais travaillé réellement et a connu les rémunérations les plus folles très tôt. Après avoir été Ministre, elle est présidente très bien rémunérée d’une juteuse agence. Le cas de Florence Parly, dite Parly 2, est pire encore. « Fille de » richissime à force de missions surpayées de courte durée (et ratées) dans des boîtes sous influence politique comme Air France et la SNCF, elle devient Ministre des Armées, un beau mandat réussi puisque les forces armées françaises se sont fait jeter du Mali à coups de pied dans le derrière et aux termes duquel tout le monde admet qu’on ne serait pas capable de mener une guerre de haute intensité pendant plus de quatre jours. Elle vient d’être recasée « dignement » avec un beau sac d’or après avoir raté la présidence d’Air France KLM. Les Hollandais sont moins fascinés par l’énarchie que les Français. Il faudra attendre une édition du Canard Enchaîné pour le savoir : « La reine des pantoufleuses : après s'être déjà recasée chez Air France, la SNCF, Altran, Ingenico ou encore Zodiac, l’ancienne ministre des armées, Florence Parly pantoufle, cette fois, chez Ipsos et à la Caisse des dépôts. » Avec les rémunérations ad hoc.

On comprend pourquoi les hauts fonctionnaires sont motivés à conserver leurs privilèges et figurent en nombre parmi les Français membres du 0.1 % les plus riches.

Voir récemment M. Jospin se goinfrer au restaurant du Dôme, lui qui cumule des avantages financiers gigantesques et une retraite somptueuse, après avoir tué l’économie du pays avec les 35 heures pour égaler Mitterrand dans les cadeaux définitifs au peuple, lève un peu le cœur. Il vit dans un hôtel particulier rive gauche, rue du Regard et dispose d’une maison à l’île de ré, ce qui est déjà bien pour un contempteur du bourgeois mais qui prend tout sel quand on sait qu’en 1961 ce trotskiste caché, obligé à faire attention à cause de la collaboration vichyste de son père, ne cessait de dégoiser contre les riches, les enfants de riches, les bourgeois répugnants etc. À l’époque Krasuki était son exemple. Il faut dire que par rapport à lui c’est un héros : immigré juif d’une famille communiste polonaise, il a été résistant et a connu la déportation dans des conditions très dures dont il survivra grâce à l’organisation communiste des camps, avant de revenir comme ouvrier, syndicaliste et de monter dans la hiérarchie de la CGT. En 61 il est directeur de Voix Ouvrière. Le trotskiste caché fait commerce de son admiration pour le futur leader gréviculteur de la CGT. Cela le distancie heureusement de la collaboration. Mais en fait son slogan intime était : « Pousse-toi de là que je m’y mette ».

Emmanuel Macron n’est qu’une pustule sur une plaque cancéreuse très large. Il a fait croire aux Enarques de gauche qu’ils auraient un meilleur avenir avec lui Président et aux Enarques de droite que se rallier à son panache trouble leur vaudrait des avantages. Les Français, lassés des guerres imbéciles et loin de leurs préoccupations, entre Chirac et Giscard, Chirac et Balladur, Jospin et Fabius, Copé et qui voudra, Pécresse et Wauquiez, se sont dit qu’un vent nouveau soufflait chez En Marche. En vérité, c’était un vent encore plus nocif. En multipliant les enjambements et les astuces, et en noyant le pays sous une pluie désastreuse de chèques politiciens, Macron a éludé tout vrai dialogue avec le pays sur les grands problèmes nationaux. Ce Narcisse problématique n’a d’objectifs que pour lui-même et se moque du pays et de ses habitants. Dès qu’il prend une mesure négative, le pays s’insurge.

Un gouvernement aujourd’hui est un noyau d’Enarques intouchables entouré de fusibles ou de guignols ou d’utilité. Ces gens ne connaissent que l’impôt et les taxes, la réglementation, les subventions, et surtout pas de vagues. Le courage est mauvais pour la carrière d’un haut fonctionnaire qui n’agit qu’avec le consensus de ses pairs et leur réassurance.

Aujourd’hui l’ensemble des services publics sont en déshérence avec des coûts et des effectifs administratifs stupéfiants pour des résultats déplorables. Alors qu’il s’agit de la tâche première des hauts fonctionnaires. Ils ont tué la Santé sous les réglementations et l’asphyxie des postes administratifs. L’enseignement public est également détruit, alors que le budget par élève et le nombre de profs par élève est supérieur à ce qui se fait partout en Europe. La Justice n’est plus là. L’armée est en difficulté avec des matériels de plus en plus en retard. Ne parlons pas de la diplomatie et de la francophonie, quasiment abandonnée !

Tous ces abusifs paradent ailleurs que dans des postes administratifs et ils y font n’importe quoi, sans être contrôlés ni sanctionnés. Avoir réussi à générer une croissance de 1 % dans nos ports quand le monde a connu partout une croissance de 100 % ne gêne personne. Un crétin décide d’empêcher 11 millions de tonnes d’exportation de blé. Il reste en place. L’impunité dans l’incapacité est la base de l’énarchie compassionnelle. J’étais dans le restaurant le soir où Fabius fêtait dignement sa nomination comme premier Ministre alors que la veille, ministre de l’Industrie il pleurait sur la disparition des industries lorraines et la fermeture des mines de fer ! Pleurs et champagne. Le « en même temps » déjà. Tout le monde dans la salle frappait son verre avec une petite cuillère pour marquer son mépris pour le Jocrisse. Quarante ans plus tard il est Président du Conseil Constitutionnel avec des enfants embringués dans des affaires que certains jugent douteuses. Rien à f… de l’opinion publique. Les places et l’argent, plus les honneurs même si les résultats sont catastrophiques.

La caste a fini par détruire la classe moyenne et rendre la fiscalité totalement intolérable. Et cela continue sans vergogne. « Vive la Nupes et Mme Le Pen qui nous permettent de rester au pouvoir ! », voilà tout le programme !

Reste le dernier élément du quarteron du désastre : l’Union Européenne. Tant que la « construction » européenne était la mise en commun de politiques de six pays, dans les domaines où elle était souhaitable, elle ne rencontrait guère de critiques. Avec le passage à l’Union Européenne fédéraliste, élargie à 27 membres et conquérant la quasi-totalité du spectre de l’action gouvernementale directement ou indirectement, y compris les préambules constitutionnels, la monnaie, le budget, la gestion diplomatique, l’écologie, les relations économiques internationales, les normes environnementales, on est passé à autre chose où les quelques défauts d’une optique communautaire sont devenus les gros désastres de l’abandon de souveraineté.

Nous l’avons souligné sur ce blog des dizaines de fois. Toute la production des ordonnances et des normes se fait hors de France sans aucune discussion en France. La presse se moque de ce qui se passe à Bruxelles. Les élections européennes n’ont aucun sens, puisque personne ne sait ce qui sera débattu dans l’enceinte de l’Assemblée, qui sera proposé par la Commission, qui, une fois nommée, fait absolument tout ce qu’elle veut. Aucun groupe politique français ne peut influer réellement sur le sens d’un vote. Seul le président de la République peut à la rigueur bloquer un texte jugé nuisible. Aucune étude d’impact n’est faite sur aucune ordonnance. Si l’ordonnance n’est pas transposée, ce sont des sanctions. Si on ajoute le poids des lobbies notamment des ONG internationales, la dépendance totale aux désirs américains dans moult domaines et le gouvernement des Juges européens qui peuvent se mêler de tout en interprétant la déclaration européenne des droits de l’homme, on voit que l’exécutif français n’a pratiquement plus d’autonomie. La politique de liberté totale des mouvements d’hommes de capitaux et marchandises au sein de l’Europe élargie et en signant sans discontinuer des traités de libre-échange avec le monde entier, a laminé la classe moyenne. L’Euro est un système qui autorise les excédents monstrueux de l’Allemagne et se montre intransigeant pour les pays pauvres et déficitaires. Aggravation des distorsions intracommunautaire, rôle délirant de la BCE, avec des émissions de liquidité stupéfiantes, tout est anormal au sein de la zone Euro. L’Allemagne réunifiée y jour le rôle principal sans tenir compte de ses voisins. La récession spéciale en Europe en 2011, c’est elle. Le traitement délirant contre la Grèce, c’est encore elle qui avait déversé ses excédents sans prudence dans tous les pays du « Club Med ». Les difficultés de négociations avec la Chine, c’est encore l’Allemagne qui seule en Europe a une balance excédentaire avec ce pays. La crise énergétique actuelle : c’est la faillite de la politique allemande d’énergie intermittente qui la rend dépendante d’une énergie pilotable importée russe puis américaine.

Tous ceux qui ont un œil sur la classe ouvrière et la classe moyenne savent qu’elles ont été laminées après Maastricht.

Tous ceux qui ont un œil sur l’immigration, savent que le corset juridique mis en place par l’UE empêche d’agir.

Désormais l’Union entrave plus qu’elle n’aide. Elle a eu un effet politique délétère. Plus personne n’ayant le pouvoir d’agir réellement de façon indépendante sur aucun sujet, le Président devient un grotesque impuissant qui ne fait plus que de la Com’. Les partis de gouvernement ne servent plus à rien. Ils ne peuvent même plus construire et assumer sans rire un programme quelconque : ce n’est pas eux qui décideront.

Alors les intérêts français sont en déshérence. La croissance est morte remplacée par une longue stagnation. Les masses populaires ne voient plus de progrès dans leur vie mais une suite de remise en cause des démagogies passées, sans se rendre compte que seule une volonté farouche de productivité, de travail et de qualité leur permettrait de sortir du gouffre.

Les quatre forces que nous dénonçons, toutes abusives, auront mis la France dans la violence, la colère et le dégoût d’elle-même. Emmanuel Macron aura été, du fait de ses travers psychologiques et son absolu mépris pour la France et les Français, le catalyseur de l’effroi national devant le naufrage.

Une fois le diagnostic fait, les solutions sont délicates à mettre en œuvre.

Il est quasi impossible d’imposer un retour aux changes fixes avec une monnaie de référence distincte de celle d’un état, alors que la mondialisation ne peut perdurer qu’avec un retour aux règles de Bretton Woods modernisées et intégrant la Chine, la Russie et tous les grands pays commerciaux du monde. Mais on peut tout de même engager le débat et pousser à la solution. L’Europe peut corriger les déséquilibres internes en pénalisant les grands excédents.

Il faut inlassablement continuer la politique de réduction de la rançon pétrolière, qu’on croit à la crise climatique ou pas. Cela passe en France par le rétablissement de la filière nucléaire et une politique plus sage et plus progressive que celle que la cléricature écologique nous impose en matière de décarbonation.

Il faut créer une séparation franche entre la haute administration et les autres secteurs de la vie politique et économique. « Nul ne peut être élu dans une institution qui détermine ses conditions professionnelles ». « Les doubles rémunérations sont interdites ». Et il faut introduire un contrôle des résultats des politiques conduites par les hauts fonctionnaires, tout en brisant le népotisme. C’est le plus facile

Il faut enfin retrouver tout ou partie de la décision souveraine sur les questions vitales pour le pays. Certaines mesures peuvent être prises sans changer les traités. D’autres non. Dans les deux cas, il faut dire lesquelles et se mettre en position de gagner.

Si un Président se fait élire sans avoir une réflexion publique sur ces quatre causes de notre dégringolade, il ne sert qu’à activer le ressentiment et les colères. La crise politique actuelle est explicable totalement par ce constat : sur aucune des quatre causes, Emmanuel Macron n’a d’analyse publique ni de politique. Le pays s’attend donc légitimement à des effondrements ultérieurs et cela laisse du champ à tous les trublions et desperados du gauchisme révolutionnaire.

Il faut agir.

Ce n’est pas en disant : « je vous protège de Mme Le Pen ».

Ce n’est pas en réprimant à outrance.

Ce n’est pas en prenant des postures.

Ce n’est pas par la Com’.

Ce n’est pas en faisant des chèques ciblés.

Ce n’est pas en détruisant l’enseignement privé ni en permettant le suicide assisté, pour détourner l’attention.

C’est en s’attaquant bravement et sagement aux quatre sources de la déchéance française.

Qui aura ce courage tranquille ?

Une victoire tardive mais fort instructive

L’Assemblée nationale a fini par reconnaître que le massacre effroyable commis par l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques en Ukraine entre 1932 et 1934, était bien un génocide.

Avec mon ami Léon Chaix nous avons mené ce combat sur le WEB depuis 1997.

Léon était un haut fonctionnaire international spécialiste de l’agriculture. Il a toujours voulu écrire sous pseudo et nous respectons ce choix.  Toute son expérience lui avait appris des leçons très précises qui tranchaient avec celles en cours dans les milieux dirigeants et ses aphorismes étaient très clairs dès le départ.

-        La vraie misère est paysanne. La preuve, c’est que les campagnes se vident pour la ville.

-        Le socialisme a toujours considéré que les paysans étaient des ennemis impossibles à rallier et les plus grands crimes commis en son nom ont toujours frappé en priorité les paysans.

-        La faucille est incompatible avec le marteau.

-        L’intelligentsia a toujours considéré les paysans comme des primitifs attardés.

-        Les activistes de l’écologie vomissent les paysans

-        Les femmes en découvrant les facilités de la vie en ville ont précipité l’exode rural.

-        La gauche n’a toléré les paysans en Amérique du Sud que pour les enfants-soldats et la culture des drogues dures.

-        Le socialisme est la source principale de l’appauvrissement des pays qui se sont dégagés de la colonisation et leur absence de décollage.

-        Le socialisme a promu la violence et les violents partout où il a triomphé et créé aussitôt une économie de prédation irréformable sans convulsion.

Les 25 ans qui ont suivi n’ont fait que confirmer la solidité de son analyse.

Le massacre des paysans en URSS notamment en Ukraine a été un modèle de génocide qui a resservi partout où les révolutions socialistes ont eu lieu, avec un nombre de victimes hommes femmes et enfants vertigineux, plus de cent millions d’âmes.

Lorsque nous nous sommes rencontrés, Léon et moi, les préoccupations portaient principalement sur la crise des pays développés, avec la terrible récession de 1992-1993 et la politique d’abandon de l’industrie en France. L’agriculture, tout le monde s’en foutait en France. L’affaire avait été concédée à la CEE et les hauts fonctionnaires qui dirigeaient le pays considéraient en majorité que l’Europe en réduisant les dépenses pour l’agriculture rendait service à tout le monde.

Pour le Cercle que nous avons formé à son initiative, Léon apportait une vision qui nous manquait et l’expérience d’un acteur de toutes les actions mondiales menées en faveur de l’agriculture, leurs succès et leurs échecs.

Il avait créé une petite association qui menait des actions en Ukraine exclusivement en milieu rural. En 2 000, une paysanne y disposait d’un revenu disponible de 50 euros par mois environ ! La médecine et notamment la dentisterie étaient totalement absentes.

Au départ il avait un camion avec un cabinet de dentiste et des livres, des crayons et des cahiers pour les écoles. Ensuite il avait aménagé un cabinet médical et deux postes de dentisterie. Les queues dans les villages ukrainiens se formaient aussitôt et bientôt plusieurs centaines de gens attendaient. Son aventure s’est arrêtée lors d’un glissement de terrain provoqué par des pluies diluviennes qui l’a emporté et son camion avec lui.

Ensemble nous avions entamé une longue lutte pour la reconnaissance d’Holodomor en agissant sur les forums et sur Wikipédia. Personne ne voudra se souvenir des réactions haineuses que le fait d’associer simplement le mot génocide avec socialisme ou communisme pouvait susciter.

Léon avait défini la séquence défensive du génocidaire : occulter tant qu’on peut, nier quand on ne peut plus occulter, minimiser quand on ne peut plus nier, s’exonérer quand l’ampleur du phénomène atroce s’établit. Elle n’est pas propre aux génocides socialistes. On retrouve la séquence en Turquie sur l’affaire arménienne ou au Japon sur les exactions en Corée et en Chine. .

On ne s’imagine l’ampleur de la désinformation. Dans le livre d’histoire de mon fils, à Henri IV vers 2006 des dizaines de pages sur la Shoah, deux lignes sur le massacre des paysans ukrainiens en expliquant qu’ils étaient les premiers responsables de la famine qui les a décimés. Les victimes l’étaient d’abord d’elles-mêmes.

Léon sera viré de Wikipédia comme un malpropre. Le quarteron de censeurs communistes qui sévissaient pour empêcher tout article noircissant l’URSS a obtenu sa peau parce qu’il avait donné toutes les informations nécessaires sur Holodomor. Même le nom déplaisait à ces messieurs. Déjà dire la vérité ne pouvait être que l’œuvre de trolls au service de la mouvance ukrainienne nazie qui avait liquidé les juifs et commis tant de crimes en Ukraine. Crime contre l’humanité d’accord. Mais génocide : non !

Lorsque l’Ukraine libérée du joug russe a voulu faire reconnaître Holodomor comme un génocide, elle s’est heurtée à la Russie et ses affidés mais aussi à Israël qui, longtemps, a considéré qu’il n’y avait pas d’autres génocides que la Shoah. Il a fallu le massacre des Hutus par les Tutsis pour que soit admise l’idée que d’autres pouvaient avoir été victimes de génocides.

Sur le forum du Monde, en 1998, de nombreux intervenants pensaient encore que Katyn avaient été commis par les Allemands et vilipendaient quiconque bravait cet interdit. Alors évoquer Holodomor, un génocide ! Pas question. Lorsque les Polonais ont découvert à Bykivnia dans la banlieue de Kiev, les restes de nombreuses victimes de Katyn, le pape est venu sur place bénir les lieux. Pratiquement pas un mot dans les médias français. L’énorme charnier caché de la Guépéou avait reçu plusieurs centaines de milliers de cadavres, hommes femmes et enfants, tués après les millions de morts de la famine artificielle, par les services secrets staliniens. Ils ont tué environ 700 000 personnes jusqu’à l’entrée en guerre, en 1942 !

Dans le guide vert sur l’Ukraine et Kiev, un long texte sur le ravin de Babi Yar, où la population du  Shetl juif de Kiev a été massacré, et pas un mot sur Bikivnia. Nous avons écrit à l’éditeur pour signaler cette anomalie. 15 ans après, elle n’est toujours pas corrigée. S’il vient à tomber sur ce texte, qu’il médite que le temps est sans doute arrivé.

Une des graves erreurs de Nicolas Sarkozy et de l’étrange ministre des Affaires étrangères, le regrettable Kouchner, qu’il avait choisi, est d’avoir refusé absolument de reconnaître le génocide qu’est l’Holodomor. Cela avait la couleur du génocide, le goût du génocide mais ce n’était pas un génocide. Vive le génocide Canada Dry ! Honte à eux !

C’est à ce moment que je suis parti à Kiev pour rassembler toute la documentation sur Holodomor et écrire la seule monographie française sur le sujet, au format Que sais-je. Elle sera refusée par tous les éditeurs sollicités.

Les Français dans leur ensemble considéraient que les Ukrainiens étaient des Russes comme les autres. Ceux qui se piquaient d’en savoir un peu plus que les autres étaient amenés à conclure que depuis la révolution russe et les exactions des nationalistes ukrainiens notamment envers les Polonais et les Juifs, l’Ukraine était un pays bizarre avec des tendances nazies caractérisées. « Les victimes sont aussi des bourreaux, alors cela va bien comme cela ». Poutine a repris la chanson pour justifier par la chasse aux Nazis l’invasion brutale de son voisin rétif qui savait à quoi s’en tenir sur les bonnes intentions du nouveau Tsar biberonné à la mode du KGB.

Finalement le Parlement européen, en deux fois, puis les Allemands ont reconnu le génocide qu’était Holodomor. La France vient de s’aligner sur l’Allemagne, via un vote de l’Assemblée nationale. L’article de Wikipédia a été partiellement mis à jour mais reste toujours aussi cauteleux, la majorité du texte ayant pour but d’instiller le doute sur la qualification. Il y a quelques semaines Patrick Martin-Genier, expliquait sur LCI où il intervient très souvent comme « expert », que Holodomor n’était pas un génocide… On a les experts qu’on peut.

Désormais l’affaire est acquise pour tout le monde. C’est bien un génocide. Le Canard Enchaîné a donné son onction dans son dernier numéro. Encore une dizaine d’années et Le Monde fera un quatre- page sur le génocide indignement ignoré ! Après tout Simon Leys n’a attendu que 45 ans.

Il n’y a eu aucune réaction à la reconnaissance par l’Assemblée nationale. Seuls deux députés communistes ont voté non ! Stalinien un jour, stalinien toujours. Être hop ! Ce qu’il ne fallait pas dire était devenu la nouvelle vérité en une nuit !

Il aura fallu l’énorme émotion provoquée par l’invasion russe pour que se taisent tous ceux qui bloquaient les évidences. L’opinion a basculé définitivement.

Ce n’est pas la première fois. On se souvient qu’encore en 1960 la très grande majorité des Français était pour l’Algérie Française. Aujourd’hui non seulement plus personne ne l’est mais pire encore croit que la majorité était contre à l’époque…

La vérité est un combat et les méthodes de construction de l’opinion restent une question d’actualité. Il reste encore très difficile de faire valoir des réalités essentielles face à une opinion dite dominante mais en vérité construite par quelques-uns.

Aujourd’hui Léon Chaix aurait savouré la victoire de la vérité sur Holodomor, mais la manière dont sont traités, en France, les paysans et l’agriculture serait pour lui un sujet de rage. Jamais il n’aurait pu imaginer qu’on se tue pour une retenue d’eau et que des petits roquets urbains prétendument écologiques et en fait socialistes et gauchistes, puissent s’en prendre avec une telle violence à la paysannerie. On lui aurait dit que la France avait désormais une balance agricole négative, il ne l’aurait pas cru.

Quand le communisme a disparu en Russie et en Ukraine, ces deux pays sont devenus le grenier à blé du monde comme ils l’étaient avant la révolution russe. C’est bien la preuve que le « système socialiste réalisé » était le premier responsable de la catastrophe agricole. L’ennui est que l’on retrouve la même haine du koulak et la volonté de détruire la paysannerie dans les mouvements prétendument écologiques mais qui sont tous du rouge le plus vif et s’inscrivent dans l’idée d’un nouveau système agricole régressif qu’ils veulent accélérer, toujours au nom du salut de l’humanité.  Un nouveau combat commence contre ces nouveaux ignobles qui trompent à nouveau des naïfs, mentent comme ils respirent, détruisent l’économie et asphyxient la démocratie. Le bolchevique a troqué ses tenus rouges pour le vert intense de Savonarole (il fut un temps, jardinier à Bologne avant de se lancer dans la « cancel culture » avec le fameux Bûcher des vanités). La différence est cosmétique. Le résultat tout aussi déplorable.  La « cancel agriculture » n’est pas un avenir plein de promesses.

Il faut que d’autres Léon Chaix se lèvent et crèvent ce nouvel abcès. La vérité est un combat. La sottise violente est une hydre qui repousse toujours. Les « soft lies » de la Commission européenne et des ONG soi-disant écolos sont moins tragiques que les crimes commis au nom de la réalisation ici et maintenant du socialisme mais tout aussi délétères.

 

Didier Dufau

Président du Cercle des économistes e-toile.

Deux articles très détonnants dans le Figaro du 3 avril 2023

On connaît Nicolas Baverez : diagnostic dur, style serré, pensée précise. On ne peut pas dire qu’il n’a pas vu les terribles dérives qui ont mené à la désagrégation du pays. Il en reprend la litanie cette fois à l’échelon européen en fonction des derniers rebonds de l’actualité. Face aux initiatives russes, américaines, chinoises, l’Europe a montré sa vulnérabilité et ses faiblesses. L’union européenne a concédé sa recherche scientifique et sa sécurité aux États-Unis, sa production à la Chine (18 % de ses importations contre 6 % naguère), son énergie largement à la Russie. C’est bien une terre franche ouverte à la mondialisation. « Au total l’Europe est en passe de devenir une zone de décroissance démographique et de stagnation économique ». Surtout depuis qu’elle s’est mis en tête d’abandonner à toute vitesse les énergies carbonées, seule au monde à cette vitesse et intensité, (c’est-à-dire, au passage, sans le moindre espoir d’obtenir un résultat climatique quelconque).

Ce sont bien les instances européennes qui ont conduit ce mouvement forçant de gré ou de force tous les pays de l’Union à s’inscrire dans ce mouvement régressif et soumis aux intérêts des autres. Ce sont elles qui ont imposé l’Euro sans créer les conditions d’un fonctionnement correct, notamment en laissant l’Allemagne accumuler des excédents déplorables. Ce sont elles qui importent le Wokisme et autres folies venues des États-Unis. Ce sont elles qui ont milité pour l’entrée de la Chine dans l’OMC.

Lors que Nicolas Baverez dit « est en passe », il faut remarquer que cette « passe » dure depuis vingt ans et plus. En matière démographique cela fait plus de 50 ans que la décroissance est engagée pour arriver à l’indigence des naissances actuelles compensées par l’immigration principalement africaine massive et non contrôlée. Sans que la question soit mise sur le devant de la scène par les médias tétanisés. L’Union Européenne n’a jamais formulé une exigence nataliste. Au contraire elle promeut les doctrines LGBT etc. avec une frénésie démentielle.

Là où le raisonnement dérape, c’est quand, après avoir souligné que le statu quo était problématique, et que le processus de décision était lourd et lent, l’auteur préconise de passer à l’Europe fédérale à l’américaine. Sous-entendu : il faut supprimer la souveraineté des anciennes instances nationales, dont le devenir est d’être une collection de territoires indépendants de l’état central national et dialoguant avec le pouvoir fédéral. Même l’impôt devra devenir fédéral

Les États-Unis d’Europe devront reconfigurer le grand marché, mener une politique industrielle ambitieuse dans le numérique et le climatique, affirmer le droit européen, exporter l’euro, et créer un pilier européen de l’Otan. C’est-à-dire, dans le cadre de l’OMC, du système de changes flottants et de liberté des mouvements d’hommes et de capitaux, continuer exactement comme maintenant en empêchant toute politique nationale. Et la France devra se réformer et démanteler sa forteresse sociale pour permettre l’opération.

On retombe dans : l’Europe fédérale ne marche pas il faut plus d’Europe fédérale inféodée aux États-Unis et à l’Otan. Voici le Figaro devenu un organe du fédéralisme européen.

Cette orientation 100 % centriste est accentuée par un second article de l’inévitable Jacques Julliard qui vient nous parler sur une page entière de sa nostalgie pou la social-démocratie. Il y a toujours une passion dans la gauche chrétienne pour Rocard, Delors, Strauss Kahn, la « dream team » de Jospin, et même le « plateau Mitterrandien ».

Tout est dans ce vocabulaire. Mitterrand était un pourrisseur qui pour prendre le pouvoir a détruit la croissance pour de longues années et l’indépendance de la France probablement pour toujours avec le traité de Maastricht. On vit encore sous les soubresauts de cette politique égocentrique et destructrice. La réforme de la retraite en est une preuve factuelle. Grâce à Mitterrand, Jospin et Hollande, la France est par terre dans tous les domaines. Mais il faudrait glorifier la social-démocratie ! Autre phrase type : le socialisme reste socialement utile après la chute des régimes autoritaires qui s’en réclamaient « de façon frauduleuse ». Il y aurait donc un « vrai socialisme » détourné par des vilains qui avaient l’inconvénient de brider l’initiative individuelle. Rappeler qu’ils ont massacré plus de 100 millions de personnes et qu’ils continuent à asservir pas loin de 2 milliards d’humains serait malvenu. Va pour le bridage des initiatives. C’est doux et faux comme un discours de Macron qui « pense juste et agit en sens contraire ». Car il ne fait pas assez droit à « l’aspiration sous-jacente de tous les mouvements sociaux actuels ». En route vers les 32 heures et la retraite à 59 ans, seul chemin du progrès social ? « Nous n’avons fait que savourer les douceurs du déclin ». Heureusement avec le retour de la planification et de la social-démocratie nous serons sauvés.

Le lectorat du Figaro a dû changer subrepticement pendant ces trois dernières années pour que la ligne du journal soit devenue socialiste (le vrai socialisme bien sûr) et européiste (le vrai fédéralisme bien sûr).

On croit rêver. Les idées qui ont tué la France et projeté dans le déclin deviennent l’apanage du seul journal de droite français. « Tu quoque » !

Bientôt il faudra mettre Lecanuet au Panthéon à côté de Monnet ! Et s’affirmer gaulliste !

Le livre d’Alexandra Henrion Caude

Albin Michel a eu l’heureuse initiative de donner le moyen de s’exprimer longtemps et en détail à une généticienne qui n’a guère été vue dans les médias principaux mais qui s’est exprimée assez souvent sur les plateformes du net, sans jamais pouvoir le faire suffisamment, dans une matière parfaitement inconnue du grand public : la biologie moléculaire. À un moment où l’ensemble des autorités médicales et internationales chantaient la gloire des « vaccins à ARN messager », cette généticienne apportait un commentaire inquiet qui, dans l’ambiance de peur panique liée au Sars-Cov-2 passait pour une dissidence et même pire une complaisance complotiste motivée par la recherche d’une gloriole indue. En gênant la protection de l’humanité des conséquences d’une pandémie hautement mortelle, c’était en fait une tueuse inconsciente méritant l’excommunication et la mise à l’écart des « médias généralement considérés comme sérieux », un concept qui a perdu pas mal de sa pertinence ces derniers temps.

Comme souvent les scientifiques de laboratoires, la belle Alexandra n’avait pas un sens de la communication très évident. On comprenait qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. Mais quoi ? Elle s’est d’abord fait connaître en soutenant que le virus pouvait avoir été « construit » de la main de l’homme. On avait déjà compris qu’à Wu Han un laboratoire s’essayer à construire des virus à efficacité renforcée. Ajouter ce qu’on apprendra comme s’appelant « spike » à n’importe quel virus lui donnait une capacité à pénétrer l’organisme fortement accrue. « Si on avait voulu créer un virus performant on aurait construit un virus ressemblât beaucoup au Sars-Cov-2 ». L’hypothèse de la fuite accidentelle de ce laboratoire prenait de l’ampleur.

Ensuite le discours contestataire s’est porté sur le produit à ARN-messager créé dans des conditions d’abaissement de toutes les règles de précaution pour faire face à l’urgence., qu’on a présenté comme un vaccin moderne, très représentatif des progrès de la biologie moléculaires et représentant « une chance phénoménale » pour l’humanité menacée. Le génie humain sauvait l’humanité d’une méchanceté de la nature. Spécialiste de la question, la généticienne a voulu alerter sur les risques de cette technologie dont elle avait connu les limites depuis longtemps. L’humanité ne se sauvait pas mais prenait un risque peut être majeur et définitif en tentant de prévenir la maladie par l’injection ce produit à des centaines de millions de gens voire l’humanité toute entière. Elle relevait de temps à autre les méfaits constatés et l’inefficacité du produit, en alertant notamment aux risques de la vaccination des femmes enceintes et des enfants. En l’absence de connaissance du domaine, le grand public était incapable de comprendre ce message qui paraissait une fois de plus dissident dans le flot massif des soutiens à la vaccination de masse, toujours centré sur le même discours ; si c’était dangereux on le saurait. Circulez, il n’y a rien à voir.

Malgré les efforts des chaînes du NET comme Sud Radio, le format ne permettait pas de comprendre la querelle de spécialistes. Le format du livre le permet.

Bien sûr ce n’est pas un manuel de vulgarisation de la biologie moléculaire et le lecteur ne sortira pas expert à la fin de sa lecture, mais l’auteur donne les éléments qui permettent de comprendre son inquiétude devant l’usage massif d’un produit potentiellement dangereux et surtout inefficace présenté comme une panacée.

L’ennui pour la pensée dominante qui a lancé ce projet gigantesque, c’est que toutes les affirmations qui le justifiaient se sont révélées fausses et, pire encore, mensongères, car très vite les erreurs ont été constatées et mises sous le tapis.

Aujourd’hui la majorité des affirmations contestées se sont révélées exactes et ne sont plus niées par personne. Tout le monde a vu que ce produit ne permettait pas d’éviter la transmission, n’empêchait pas d’être infecté à répétition, donc n’éradiquait pas la maladie. Pire encore, il créait de nombreuses complications, allant jusqu’à tuer des jeunes qui n’avaient rien à craindre de la Covid et provoquant de nombreux drames pour les femmes enceintes et les enfants. En un mot le « médicament à ARN messager » n’était pas un vaccin et aggravait plutôt la situation, les pays les plus vaccinés étant ceux qui ont été les plus infectés avec le plus grand nombre de morts.

Le livre accumule les démonstrations pour prouver de façon très convaincante qu’on a sciemment professé des mensonges éhontés pour convaincre la population de se faire injecter. Le livre sort au moment où on rétablit les médecins et auxiliaires médicaux dans les droits dont on les avait privés au nom de mensonges désormais totalement avérés, sans tenir compte de craintes qui elles aussi sont devenues des réalités.

Les lecteurs découvriront la longue liste de ces mensonges et nous ne la reprendrons pas ici. Une des réalités qui a été cachée au grand public et que l’auteur de ces lignes a découverte avec une certaine stupéfaction, est l’absence d’efficacité de toutes les tentatives antérieures de soigner avec des injections de capsules à ARN messager. Les 12 tentatives ont été un échec radical. On a essayé contre des cancers et contre des virus : à chaque fois le bide ! Difficile de ne pas comprendre la crainte des conséquences d’une spécialiste du domaine. Un autre aspect a été, pour tous ces essais et très vite pour le « vaccin », la floraison de complications qu’on ne connaissait pas à ce taux-là avec les vaccins traditionnels. Introduire des molécules dont on ne sait pas ce qu’elles vont réellement faire en touchant au « coffre-fort de la vie », l’ADN, ne peut pas se faire sans de terribles précautions. On les a toutes abandonnées tout en distribuant des éléments de langage totalement faux : L’ARN injecté restait dans le muscle où l’injection avait été faite : faux. Il ne survivait que quelques instants : faux. Il ne se disséminait pas : faux encore, on en a retrouvé partout y compris dans des endroits dangereux comme le cerveau, le foie et toutes les glandes. C’est cette diffusion incontrôlée qui explique l’ampleur et la variété jamais vue des complications. Cycle menstruel des femmes déréglé, lait devenant vert chez les femmes allaitantes, péricardite, accidents cérébraux comme les AVC, troubles du foie. Beaucoup de ces complications ont été mortelles. Plus de 40 000 morts ont été déclarés, ce qui est peu par rapport au nombre d’injections mais qui est terrifiant quand on sait que beaucoup de ces gens ne seraient pas morts de la Covid.

Mme Henrion Caude montre bien que le virus peut altérer l’ADN et que toutes les preuves sont désormais là, lorsque le pire mensonge des laboratoires qui le savaient a été d’empêcher que cela se sache. En agissant sur l’ADN on modifie pour des siècles le moteur interne de l’humanité et pas pour son bien. Et on n’a rien pour le remettre en l’état ex ante.

Pour l’auteur les laboratoires ont pour de l’argent, énormément d’argent, en fait pour créer une poignée de nouveaux milliardaires en dollars, on a joué aux apprentis sorciers et tout reste à découvrir des conséquences. En jouant à la roulette avec l’humanité, les dirigeants politiques ont failli gravement. Ils ont été influencés d‘en haut par des instances internationales et des lobbies, et ils ont exercé une incroyable violence contre la population pour qu’elle se fasse injecter, tout en construisant une information totalement faussée à une échelle inédite.

Une question reste non documentée et avec une réponse indécise : les injections ont-elles permis d’éviter les formes mortelles, comme les perroquets le répètent à l’infini ?

Aujourd’hui plus personnes ne veut se faire injecter. La presse ne met plus en première page le nombre d’infections ni de décès. Le Covid est censé être une affaire réglée. L’information ne passant plus, l’opinion ne pense plus à rien. 7,1 % seulement des 80 ans et plus ont reçu une dose de vaccin depuis moins de 3 mois alors que l’épidémie est repartie avec plus de 2000 hospitalisations pour Covid par semaine et que ce segment représente la majeure partie des 135 morts constatés par semaine, soit 1 % environ de la mortalité globale ordinaire.

Un des aspects imprévus du livre c’est qu’il donne un exemple d’hystérie qu’on retrouve dans d’autres domaines comme en particulier celui du réchauffement climatique où on fait absolument n’importe quoi en dehors de tout contrôle des citoyens, à partir du jeu des lobbies infectant tout le processus de décisions d’instances internationales.

L’hystérie et l’extravagance de solutions irrationnelles sont bien la maladie du moment. La démocratie devrait être le vaccin. Le jeu des instances internationales, des lobbies et des juges la rend inopérante. La aussi on a touché au cœur battant de la France.

L’économie française devient ainsi l’enjeu d’erreurs majeures de politique sanitaire ou écologique qui la ruinent radicalement. Dans le moment très particulier que traverse le pays, marqué par une irritation particulièrement aigüe d’une partie notable de la population, la responsabilité de la dépossession subie par la nation depuis 1992 est majeure. L'exécutif français dépossédé ne craint pous d'instrumentaliser sans vergogne des peurs moyennageuses. L'ensemble suscte des radicalités boursouflées misés au service d’utopies mortifères ou de sottises invraisemblables.

Succès et chute du « néolibéralisme » ? Le type même d’une histoire falsifiée.

On pourrait sans doute évacuer la question du néolibéralisme en considérant qu’il s’agit d’un vocable de mépris inventé par la gauche socialiste ecclésiastique qui sait y faire pour dévaluer les idées qui la contrarient en créant des mots repoussoir. Libéralisme, c’était punissable de tous les péchés, mais le mot liberté y affleurait, et il fallait faire attention. Bien sûr, la liberté aussi pouvait être déplorée : « la liberté du renard dans le poulailler » a beaucoup servi. La puissance médiatique de la gauche est telle depuis 1945, que même les plus libéraux sont obligés à des contours, des prudences, des « je suis bien d’accord avec vous, c’est mal, mais tout de même ». Lorsqu’on a demandé à un membre de Renaissance si la politique du gouvernement était libérale, sa réponse a été très clairement obscurcie par le politiquement correct de gauche : « je n’aime pas ce mot qui est trop connoté ». Marion maréchal a dit à peu près la même chose il y a peu lors d’une longue interview. Libéralisme ? Attention, champ de mines ! Un peu comme « grand remplacement » est devenu une expression symbole d’un dérèglement de l’attitude tournant au fascisme invétéré, nourri par la xénophobie fanatique, le racisme induré et la glorification des années immondes qu’on croyait disparues.

Néolibéralisme est bien le type de vocable super connoté par la gauche vomitive et utilisable uniquement dans une phrase de dénonciation. Un peu comme un technocrate est un fonctionnaire vu par un poujadiste, un néolibéral est un prosélyte des libertés vu par ATTAC.

Il serait dommage d’en rester là. Les pensées dominantes sont en train de changer et il est important de mesurer la réalité et l’ampleur des glissements. Les historiens et les sociologues adorent prendre des bouts épars et en faire une parfaite construction, presque une volonté, appuyée sur un complot s’il s’agit d’un mouvement jusqu’ici marginal qui s’impose dans des circonstances mal comprises.

Alors aujourd’hui la mode est de s’interroger sur l’étonnante percée des idées libérales dans les cinquante dernières années et leur reflux soudain. Comme c’est aujourd’hui la règle, c’est dans le monde anglo-saxon qu’il faut chercher les initiateurs de cette réflexion. En France on ne pense qu’après et en réaction. Il eût été préférable qu’on s’y colle avant. Mais bon, on n’a plus d’universitaires de qualité. Ils se réservent pour les combats du Wokisme tels qu’ils étaient menés aux États-Unis il y a trente ans. Au moins cela les change de la glorification de la Commune.

Depuis « Rise and fall of the roman empire », la mode est aux « rise and fall » de tout et n’importe quoi. Gary Gerstle est un peu devenu le spécialiste du genre en histoire économique américaine. Après « Rise and Fall of the New Deal Order » il a écrit « Rise and Fall of Neoliberal Order ».

Il fallait s’attendre à un livre du même genre en France. David Cayla, présenté généralement comme « économiste hétérodoxe » (comme s’il y avait une économie alternative…), a sorti fin 2022 « Déclin et chute du Néolibéralisme » chez De Boeck Supérieur.

Impossible de savoir ce qui différencie vraiment un hétérodoxe d’un non orthodoxe, et un non orthodoxe anti libéral d’un socialiste bon teint. Il est vrai que les économistes étant désormais considérés comme des pestiférés, il faut prendre quelques précautions pour continuer à être entendu.

Notons au passage la difficulté d’être et de dire !

Serge Audier, un brillant normalien naturellement anti productiviste (du moment que son traitement public à la Sorbonne tombe régulièrement) avait ouvert la voie avec une série d’ouvrages sur le néolibéralisme. Une vraie obsession :

· Le Colloque Lippmann : aux origines du néo-libéralisme, Lormont,

- Néo-libéralisme(s) : une archéologie intellectuelle, Paris, Grasset,

- Penser le néolibéralisme : le moment néolibéral, Foucault et la crise du socialisme, Lormont, Le Bord de l'eau,

La difficulté est évidemment, dans le foisonnement des idées qui ont contesté le triomphe du New deal puis du Keynésianisme, avec des mouvements de pensée très hétérogènes, de trouver une unité puissante capable de créer la matrice d’une nouvelle domination intellectuelle embrassant et embrasant le monde y compris les socialistes de la New left aux États-Unis, ceux de la Deuxième gauche en France et ceux du blairisme au Royaume Uni.

Pour la gauche marxiste caricaturale, le sort du néolibéralisme est vite scellé : un complotisme financé par le grand capital et qui a réussi à pénétrer les arcanes du pouvoir élitiste, par dol, en imposant une doctrine de pouvoir obligatoire et généralisée via le lobbyisme et l’entrisme dans les lieux de pouvoirs. En gros, le néolibéralisme est un sale virus, échappé d’un laboratoire sordide, inoculé par ruse par des complotistes et dont il est difficile de se débarrasser mais heureusement, il est en train de mourir de sa propre vilenie. Si on n'obtient pas un prix de civisme après un tel travail de « démystification », voire de « démythification » et de nettoyage d’une poussée de pourriture, c’est évidemment à désespérer de tout et marquerait la force résiduelle du virus !

La droite n’en parle pas. Comme d’habitude. Prendre le risque d’une idée ! Vous n’y pensez pas !

Du coup, le domaine est plein de faux débats et d’erreurs terrifiantes.

La « généalogie » ou « l’archéologie » de n’importe quel système de pensée est devenue un exercice à la mode. À gauche, on mêle allègrement tout et n’importe quoi pour prouver des racines qui expliqueront l’arbre. Au prix de contorsions subtiles :

-        Sur le tronc du libéralisme, le néolibéralisme est-il un surgeon ou une totale mutation conduisant, par glissements successifs, du bien possible au mal exemplaire ?

-        Le néolibéralisme a-t-il réussi du fait de l’effondrement communiste, entraînant la chute de l’URSS et au capitalisme d’état en Chine ? Vu de gauche, le mal ne peut provenir de la chute de la bien-aimée URSS. Donc la généralisation de solutions moins collectivistes ne peut être que le fruit d’une intrigue complotiste. C.Q.F.D. !

Pour avoir participé pendant cinquante-cinq ans aux débats récurrents sur la science économique, il va de soi que cet esprit de système visant un complot machiavélique mondialisé ne correspond à rien de ce que j’ai pu connaître en France, en Europe et aux États-Unis. Il suffit de dépasser l’âge de 70 ans pour se rendre compte qu’on parle, dans les médias, des périodes que vous avez vécues dans votre jeunesse et que vous avez cru vivre passionnément, selon un « narratif » qui n’a que peu de rapport avec votre expérience. Aussi bien dans les généralisations que dans les épisodes montés en neige, vous ne reconnaissez pas cette histoire alléguée et reconstruite. Les mentalités collectives ont du mal à se transmettre et à être conservées. Le schématique l’emporte sur le réel.

Quiconque a lu avec attention « la théorie générale » de Keynes, sait que cela branle un peu partout dans le manche et qu’il était parfaitement normal que des auteurs le remarquent et en fassent la critique. Moi-même dès la première année de fac, je mettais en difficulté sans le vouloir le chargé de TD qui croyait expliquer les crises périodiques selon la doctrine keynésienne par la course-poursuite de l’épargne et de l’investissement, en faisant remarquer qu’épargne et investissement étaient égaux par construction, il était difficile de concevoir qu’ils puissent se courir après. Une bêtise assez populaire à cette époque-là et qui n'a plus cours aujourd’hui.

De même affirmer que les changes flottants étaient une doctrine à la mode au moment où elle a été mise en œuvre, est une énorme contrevérité. À part Milton Friedmann qui en avait fait une vague apologie dans un livre lointain, personne ne défendait vraiment les changes flottants. C’était une bizarrerie qui pouvait s’expliquer momentanément par des circonstances particulières, mais sinon, ce ne pouvait être qu’une erreur funeste. Pour s’en convaincre, prendre aux États-Unis le bréviaire des élèves d’économie qu’était le Samuelson ou en France le cours de Raymond Barre, et voir que les changes flottants y sont traités par prétérition ou en un quart de page… sur mille et quelques.

Ce n’est pas parce que « de vilains complotistes néolibéraux, intoxiqués par l’effroyable ami de Pinochet, le sinistre Milton Friedmann» que les changes flottants ont été instaurés mais parce que les États-Unis ne voulaient plus des contraintes de Bretton Woods et entendaient n’en faire qu’à leur tête. Qui se rappelle que ce sont les Allemands qui ont promu le flottement et que pendant longtemps la solution n’a été présentée que comme transitoire ? Friedmann a alors servi de caution intellectuelle et les banques centrales ont même cru devoir tenir compte de ses suggestions. Elles sont vite revenues en arrière. Aucun des avantages avancés par Milton ne s’est réalisé. Au contraire. Les changes flottants sont un abus de pouvoir des États-Unis et une erreur économique internationale. Pas un complot.

Alors on pourrait singer nos sociologues de pacotille et affirmer : « le néolibéralisme n’est pas le libéralisme habituel mais une doctrine prescriptive qui cherche à détruire toutes les institutions collectives visant le bien commun par l’application de l’idéologie des marchés libres et sans entraves. La destruction des changes par les complotistes américains vendus au néolibéralisme a permis les folies bancaires et rendu impuissant les états dont les élites n’avaient plus le choix que de s’adapter aux règles du néolibéralisme, la nouvelle gauche plongeant avec délices dans les méandres de la finance internationale garantie par les banques centrales au mépris des peuples ». Une belle carrière d’économiste à Libération et dans les chaînes publiques de télévision serait ouverte ! Mais quel rapport avec la réalité historique ?

Si l’Union soviétique s’est effondrée ce n’est pas à cause d’un complot néolibéral, mais sous le poids de ses tares intrinsèques. Et elle a bien fait ! Il suffit de regarder l’agriculture ! 75 ans de pénuries puis, après l’effondrement, la Russie et l’Ukraine en moins de 30 ans, sont devenus le grenier du monde ! Satanés complotistes néolibéraux !

Si l’Union Européenne a choisi, en créant un marché intérieur libre, de s’appuyer sur la liberté de circulation sans entraves des mouvements d’hommes, de capitaux et de produits ou services, c’est parce que telle est la règle à l’intérieur de chaque état et on a souhaité la généraliser dans la communauté. On ne peut pas intellectuellement concevoir un marché unique couvert de barricades.

Si Margaret Thatcher a voulu sortir le Royaume-Uni du socialisme, c’est d’abord parce que le pays ne pouvait pas supporter d’une part le poids de la hausse massive des coûts du pétrole et aussi le poids d’une économie administrée végétative et en pleine anarchie syndicale. Si Tony Blair a continué dans la même direction, c’est tout simplement parce que le RU rattrapait son retard.

Si la Chine s’est organisée autour d’un capitalisme débridé et sans entraves dans le cadre d’une dictature politique, c’est, ici encore, à cause du décrochage dramatique qui a suivi l’époque maoïste et la hausse des coûts du pétrole. Pas besoin de la main invisible du complotisme néolibéral. Quand le géant Chinois s’est aperçu qu’il était dépassé par la seule Corée du Sud, et bientôt par tous les tigres de la région, il a compris que son destin était scellé si un changement radical n’était pas opéré.

Si les Américains ont décidé de laisser la Chine entrer dans l’OMC, c’est par cupidité : ils pensaient que les entreprises qui tiendraient le haut de pavé dans le monde seraient celles qui domineraient le gigantesque marché chinois soudain ouvert. L’erreur, que nous avons dénoncée sur ce blog sans relâche, c’est que, sans correctif monétaire, des déficits et des excédents gigantesques en résulteraient qui ruineraient les classes moyennes des pays développés. Maurice Allais a écrit, à cent ans, un livre pour avertir le monde. On l’a traité de tous les noms ! Et c’était le Monde qui s’y collait avec tout le soutien de la « dream team » de Jospin. Pas de fantasmatiques néolibéraux !

Si après avoir nationalisé à 100 % tout et n’importe quoi, Mitterrand et ses socialistes ont commencé à tout dénationaliser y compris les vielles entreprises nationalisées depuis ou l’avant-guerre ou l’immédiat après-guerre, c’est simplement parce que sinon le traité de Maastricht n’aurait eu aucun sens. L’européisme imposait qu’on ne retrouve pas des molochs nationaux face à face, armés par des États. Pour le meilleur et pour le pire !

En France le néolibéralisme n’a jamais eu le moindre pouvoir. On voit que Sciences Po est un conservatoire du bureaucratisme et du keynésianisme, son surgeon économique, l’OFCE étant le défenseur permanent et absolu des impôts, de la dette et de la dépense publique. Ce sont les associations pro Wokistes qui y ont gagné, pas de dangereux complotistes néolibéraux.

La liberté d’immigration en Europe des Africains est dans tous les programmes de gauche alors que l’Europe se devait de défendre ses frontières contre l’immigration illégale. L’individualisme « marchandisé » est plutôt à rechercher du côté du Wokisme que de la réflexion économique libérale.

Il serait sage de se concentrer sur l’économie avec des yeux libres de préjugés, plutôt que se gargariser de mots autour du faux concept de néolibéralisme, qui n’est bien qu’une arme verbale de propagande d’inspiration un tantinet stalinienne dans son usage courant actuel.

Pour des raisons d’argent et de puissance, certains grands pays ont choisi des cartes biseautées qui les avantageaient, pensaient-ils. Au bout du jeu les résultats ne sont pas là. La panique conduit à des tentatives de retour en arrière. Ce n’est pas la fin d’une doctrine, ni d’une pratique, mais le constat d’un échec qu’il va bien falloir surmonter. L’illusion d’un financement de déficits perpétuels par la dette monétisée auprès des banques centrales est désormais intégrée par les élites, même si les grandes masses ne l’ont pas encore tout à fait admis. L’illusion qu’en prélevant dans le revenu d’autrui, on pourra indéfiniment financer son train de vie, n’existe pas réellement. « Les riches paieront » est le genre de simplismes qu’on aime bien répéter dans les manifs pour se défouler. Mais tout le monde sait que cela n’a jamais marché nulle part. En revanche c’est une adresse à ceux qui ont réussi à faire face : « ne nous laissez pas tomber, on a le pouvoir de vous nuire ! »

Faut-il leur répondre ?

Oui !

Mais, malheureusement, il n’y a plus de partis de gouvernement pour tenter de créer les évolutions nécessaires. On sait ce qu’il faut faire, mais les leviers manquent pour faire bouger les choses. Macron donne le sentiment de mépriser la base et de ne servir que lui-même et ceux qu’on imagine être ses amis financiers. Le PS et mort. La deuxième gauche est enterrée. LR préfère la lutte entre énarques pour la présidentielle et surtout se taire sur tout pour ne rien compromettre. Le néant d’abord, la réflexion plus tard ! Succès garanti…

Il ne reste que l’exécration en bas et des demi-sel de la sociologie caricaturale dans les allées du pouvoir et des médias, de l’écologie pervertie et de l’étatisme keynésien. La pensée  socialiste, qui est restée dominante en France tout en gagnant les États-Unis, mais qui a perdu beaucoup de sa séduction, cherche nerveusement à retrouver un peu de légitimité. Que cette gauche puisse croire qu’en terrassant par les mots un diable artificiel monté en marionnette, le néolibéralisme, construit à la va-comme-je-te-pousse comme l’auteur de tous les maux, indique assez l’ampleur de la déroute morale et intellectuelle dans laquelle elle se complaît.

Sa domination résiduelle dans tous les lieux où se construit l’opinion laisse peu d’espoir que la France cesse sa dégringolade dans le sous-développement et la soumission. Son succès aux États-Unis et par ricochet dans les institutions européennes sous forme d’un écolo-wokisme destructeur et outrancier couplé à une volonté de puissance, laisse le monde occidental dans un état étrange qui remet en cause la stabilité et la prospérité du monde.

Là est le vrai risque à dénoncer.

Et de vrais risques de marginalisation pour ceux qui le feront.

Un peu de courage intellectuel et de vérité, s’il vous plaît !

Un article formidablement révélateur du Financial Times

L’actualité est sympathique pour ce blog. Elle nous permet d’aborder des thèmes fondamentaux qui ont été à l’origine de la formation du Cercle des économistes e-toile. Après le drame de la démographie française et les méfaits de l’énarchie compassionnelle, il est temps de commenter une réalité jamais traitée : la quasi-identité de destin économique déplorable de la France et du Royaume Uni qui souligne l’évidence d’une cause commune. Malgré les différences apparentes très fortes entre un pilier du néolibéralisme fortement anti syndical et rétif à l’assistanat et un pilier de la bureaucratie socialisante, entre un pays qui a choisi le Brexit et un pays aplati devant Bruxelles, entre un pays aligné sur Washington et un pays qui fait semblant de goûter les effluves résiduels du gaullisme diplomatique, l’évolution globale depuis 1971 est globalement la même. Les mouvements profonds l’emportent sur les apparences idéologiques ou les traditions nationales.

Vérifions que l’évolution économique et sociale a bien été la même. Le Financial Times nous apporte tous les éléments de réponse grâce à l’excellent article de Tim Harford, dans d’édition du 22 janvier 2023. Son titre dit déjà beaucoup : « Est-ce que la vie au Royaume-Uni est réellement aussi mauvaise que les chiffres le suggèrent ! Oui, absolument ! ».

Tim Harford a écrit trois livres absolument formidables, « The Undercover Economist » en 2007, « Freakonomics « en 2009, et « Why Nations fails », son chef-d’œuvre de connaissances et de réflexion en 2013.

Son approche est exactement celle qui nous a motivés à créer le Cercle des économistes e-toile : couvrir des domaines abandonnés, en montrant qu’on y trouve beaucoup de faits majeurs dont l’explication est indispensable et que les clés de l’avenir y sont présentes dans l’indifférence générale. La différence est qu’il le fait dans la presse et plus encore dans une presse anglo-saxonne où beaucoup de ses réflexions défient la pensée dominante.

Il a un peu dérivé vers le « spectacle » ces derniers temps avec :

Fifty Things That Made the Modern Economy (2 017). Little, Brown. ISBN 978-1408709115

The Next Fifty Things that Made the Modern Economy (2 020). The Bridge Street Press. ISBN 978-1408712665

How to Make the World Add Up : Ten Rules for Thinking Differently About Numbers (2 020). Little, Brown. ISBN 978-1408712245

Ces livres sont en fait des compilations de « podcasts » télévisés de 9 minutes sur une variété d’objets qui ont révolutionné notre vie courante et dont on n’imagine pas la puissance. C’est amusant et curieux, et correspond à l’humour anglais, un peu dans le style du patron qui candidate dans sa propre entreprise.

Le côté « Entertainment » n’est pas à négliger mais manque un peu de fond, ce qui n’est pas le cas de l’article dont nous parlons.

Après avoir cité une étude qui donne des prévisions peu amènes (la perte récente de 7 % du revenu moyen ne sera pas corrigée avant cinq ans), il démontre que ce qui devrait réellement nous épouvanter est moins le désordre circonstanciel actuel mais la longue descente aux enfers des dernières quinze années qui n’ont pas vu de croissance mais une longue stagnation qui contraste avec le quasi-doublement de 1978 à 2008 suivant le triplement entre 1948 et 1978. Au lieu de voir son revenu augmenter le travailleur britannique constate que depuis 15 ans il ne bouge plus, alors qu’il croissait de 40 % en moyenne tous les trente ans depuis l’après-guerre. En un mot : "Amis britanniques vous êtes entrés dans une phase longue de stagnation structurelle dont vous ne parlez pas alors que vous vous inquiétez pour des difficultés certes agaçantes mais momentanées".

Il souligne avec gourmandise qu’un bon gouvernement est celui qui propose d’excellents services publics, une pression fiscale basse et un endettement faible. Comme en France,  il est bien obligé de constater que c’est exactement l’inverse qui se passe depuis de longues années et qu’il est strictement impossible même de l’espérer. L’hôpital est par terre en France, comme l'est le NHS, le service national de santé. Le reste est à l’avenant. Là où on connaît une vraie différente, elle n’est pas de nature mais de proportion. Notre auteur signale que la dépense publique est plus haute de 4 points de PIB par rapport à la moyenne des périodes précédentes, mais le taux n’est que de 37 %. En France il est de 47 % ! On se souvient que le Général de Gaulle voulait dans les années soixante qu’il reste autour de 32 % et que ni Pompidou ni Giscard (surtout ce dernier), n’ont voulu respecter ce vœu. Et la situation est la même au Royaume Uni et en France pour l’école et les services sociaux.

Ne parlons pas de la dette. La situation est catastrophique dans les deux pays avec une dette qui monte inexorablement, des intérêts dont le service n’a jamais été aussi haut dans l’histoire et des déficits majeurs partout et jamais comblés.

Le résultat est le développement de la pauvreté à la base avec une partie croissante de la population qui a du mal à finir le mois. Une étude a montré qu’un quart de la population ne parvenait plus à mettre 10 livres de côté chaque mois, alors que la proportion était de 3 à 8 % il y a quelques années. Près de 10 % de la population déclare avoir eu faim à un moment ou un autre dans les trente jours précédant l’étude.

L’auteur remarque que des pays comme la Suisse, la Norvège et les États-Unis ont désormais un revenu très supérieur à celui des Britanniques qui a chuté de façon relative sinon en valeur absolue. Comme en France où la situation aux frontières est devenue caricaturale, comme nous l’avons prouvé ici dans de nombreux articles. Pour marquer l’opinion il montre que le revenu des dix pour cent les moins riches est plus bas qu’en... Slovénie !

Le paradoxe affirme Tim Harford est que nous ne sommes pas en récession que l’emploi est au plus haut et qu’il ne faut rien attendre d’un retournement conjoncturel formidable. L’affaire est bien structurelle et non conjoncturelle. Et le devoir des politiques est de l’acter et de la comprendre pour commencer à prendre les mesures structurelles qui s’imposent.

Tout le monde voit bien que c’est exactement la même situation en France alors que les dosages idéologiques médiatiques sont extrêmement différents dans les deux pays.

L’auteur n’ose pas aller jusqu’au diagnostic et aux suggestions de redressement. Mais un autre article dans le même journal quelques pages plus loin, fournit une clé d’interprétation.

Un premier graphique montrer la baisse tendancielle du PIB depuis la crise de 2008, par rapport à la tendance 1990-2007 qui était déjà en baisse. Le Japon et l’Allemagne ont bien résisté avec une baisse inférieure à 15 %, la France est à 20 % de baisse et le Royaume Uni à 30 % comme l’Italie. La baisse de la productivité a été très forte en France dans les dix premières années du siècle, mais dans les dix suivantes, l’effondrement a surtout eu lieu aux États Unis, en Italie et au Royaume-Uni.

Regardons les choses avec un peu plus de hauteur :

La crise commence au tournant des années 1970 avec une forte baisse de la croissance qui s’accélère à partir des années quatre-vingt-dix qui s’effondre depuis 2008. La productivité devient structurellement problématique à partir du début du siècle. En fait cette réalité est vraie pour tout le monde avec des différences de situation mais autour d’un même mouvement général dans les pays développés.

La raison principale est l’introduction des changes flottants qui permet les énormes déficits et les excédents de même ampleur. Il s’est ensuivi une suite de récessions périodiques de plus en plus graves (73-74, 92-93, 2 008 2 009) avec des crises intercalaires moins sérieuses mais qui ont eu leurs conséquences. La crise de 2008 a particulièrement ravagé les pays les plus engagés dans la folie financière, les États-Unis et le Royaume-Uni, alors que l’introduction de l’Euro provoquait des crises structurelles dans les « pays du Club Med ». L’ouverture totale du commerce mondial à la concurrence de pays à très bas de revenu, sans obligation d’équilibre des balances extérieures, a détruit les classes moyennes dans les pays développés. Les pays sages et compétitifs ou jouant le rôle de havre fiscal, comme le Luxembourg, ont mieux résisté. Ceux qui ont joué à fond la carte démagogique de l'état providence, sont les plus atteints.

Nous retrouvons là le triptyque que nous dénonçons depuis 25 ans et dont l’évocation était strictement interdite dans les pays anglo-saxons. Il est bon que le Financial Times grâce à un de ses meilleurs journalistes fasse déjà le constat du désastre. Il ne reste qu’à donner les explications de fond. Quand le fait est acté il n’a pas rare que l’explication suive. Et on parvient généralement à écarter les explications creuses (Covid, riches qui ont fait sécession et autres tue l’esprit).

Rappelons que tout cela a été déjà été écrit dans notre livre l’Étrange Désastre, il y a maintenant huit ans !

Tout le système de « welfare » mis en place après-guerre n’est possible qu’à deux conditions : une bonne natalité et une croissance continue. Les forces qui à l’heure actuelle tuent à la fois la natalité et jusqu’à l’espoir d’une croissance militent en fait pour la destruction de l’État Providence. Ce qui se vérifie dans l’actualité française avec la question des retraites, dont le système de répartition est directement indexé sur la croissance et sur la pyramide des âges. Sans croissance et sans enfants, il saute et gare aux tâches !

Pourquoi et comment le RPR et le PS ont-ils sombré ?

Une des grandes curiosités du temps a été l’effondrement concomitant des deux grands partis de gouvernement français, le PS, dominant dans les années cinquante, hégémonique dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, puis à partir de 2012, le RPR, sous divers acronymes, l’étant dans les années soixante et soixante-dix, puis dans les années 2000. On peut dire que tous les gouvernements de 1956 à 2017 ont été dominés par l’un de ces deux partis, soit près d’un demi-siècle. L’explosion radicale se produit en une seule élection, les deux partis laissant la place à cette variante du néant qu’on appelle momentanément et par politesse le « macronisme ».

Les politologues aiment bien expliquer les grandes ruptures par des effets circonstanciels venant aggraver des difficultés de fond, offrant des possibilités de promotion à des acteurs sortis du néant et qui s’en saisissent soudain. Les partis de droite ont tendance comme les partis de gauche à se madériser au pouvoir et ils finissent par être tournés par les extrêmes. Le parti radical a été remplacé par le PS, qui aujourd’hui est tourné sur sa gauche par le mélenchonisme. L‘UNR à fini, de mutation en mutation, en parti centriste tourné sur sa droite par le RN. Rien de nouveau sous le soleil ! Circulez il n’y aurait rien à voir ! Une analyse sans doute un peu courte !

La rupture de la Quatrième République par le gaullisme a été favorisée par la crise algérienne devant laquelle les gouvernants semblaient impuissants. La rupture socialiste de 1981 a été favorisée par la récession majeure de 1973-1974 et la répétition des chocs pétroliers. Le premier effondrement socialiste se produit avec la récession mondiale de 1992-1993. La crise de 2008-2009 ,accompagnée de son surgeon européen en 2011, liquide Sarkozy et Hollande en léger différé.

On notera le rôle des crises périodiques dans les alternances. Mais alternance n’est pas effondrement et élimination. Les catastrophes venues d’ailleurs peuvent conforter des gouvernements et des majorités. Alors que s’est-il passé ?

On est obligé d’envisager le rôle de facteurs de décomposition internes. La pomme pourrit par le ver qui s’y est introduit. PS et LR auraient -ils été pourris par le même ver ?

Quand on cherche, on trouve. Le triomphe de « l’énarchie compassionnelle », a provoqué la même autodestruction à l’intérieur des deux partis.

La tentation de ne pas laisser le pouvoir à des politiciens militants élus généralement grâce à la pire des démagogies et qui ne connaissent rien à l’ensemble des disciplines nécessaires à une bonne gestion de la nation, qu'il s'agisse de la diplomatie, de la sécurité publique, de la politique industrielle, de la macroéconomie, de l’aménagement du territoire, est ancienne. Elle s’est activée dans le camp des hauts fonctionnaires entre les deux guerres. Pour simplifier disons qu’elle s’active de façon intense à la suite de la déroute en quinze jours des armées françaises en mai juin quarante. Les mêmes hauts fonctionnaires qui conseillaient le front populaire se sont retrouvés dans le premier gouvernement Pétain puis au conseil national de la résistance pour organiser la grande prise en main de la République par leur caste. Blum, Pétain, de Gaulle, ce n’était pas important. Il fallait réorganiser la haute administration de la France et prendre le pouvoir politique. La sécurité sociale et le keynésianisme deviennent le credo unitaire de la haute fonction publique non technique. La création de grands monopoles publics s’affirme dans la banque, la gestion portuaire, le chemin de fer et l’énergie, l’aviation et la construction aéronautique civile et militaire, l’information etc. L’organisation de l’économie en « fascios », toutes les professions étant rattachées à « la Tutelle », commencée sous Pétain, n’a pas cessé de s’approfondir ensuite, la distribution d’argent supposant automatiquement le contrôle des hauts fonctionnaires. La partie proprement régalienne qui aurait dû être l’apanage de la haute fonction publique, deviendra marginale dans l’encadrement total de la société dès la fin des guerres coloniales.

L’assaut pour la domination politique commence avec Mendes France puis Bourgès-Maunoury et Félix Gaillard. Il se renforce avec Giscard qui devient envahissant dès le début des années 1960. Pompidou promeut une garde de jeunes hauts fonctionnaires, Chirac, Toubon, Charbonnel, Guéna, avant les Juppé, Séguin, Balladur, Villepin, Copé etc. D’autres rejoindront la gauche, souvent après quelques hésitations (Fabius, Hollande, Jospin, Rocard, Ségolène Royal, Aubry, Guigou, Bianco…). Le triomphe absolu arrive en 74 avec le couple Giscard Chirac. Il ne cessera plus. Il devient caricatural avec Macron et ses premiers ministres Philippe, Castex ou Borne. Les cinquante dernières années ont été pilotées presqu’intégralement par des hauts fonctionnaires, même quand le président ne l’était pas (exemple de Sarkozy).

Ce phénomène impose de comprendre comment ce microcosme fonctionne.

La haute fonction publique se considère comme une société de secours mutuel et de réassurance. L’important est de ne pas se faire prendre à découvert par une erreur magistrale, une action stérile, une opération qui a mal tourné. Il faut éviter tout écrit qui pourrait compromettre, toute phrase qui pourrait vous dénoncer, toute circonstance qui pourrait vous mettre en difficulté. La règle : pas d’idée ; pas d’expression qui ne soit pas ambiguë, à double sens et en fait totalement neutre, inodore et sans saveur. Parler pour ne rien dire. Ne rien dire pour ne pas se compromettre. Mais le faire avec art et toujours après avoir pris soin de ménager ses arrières, d’avoir eu le viatique des piliers de la caste, de savoir qu’en cas d’ennui on sera rapidement sauvé.

Les hauts fonctionnaires ne connaissent que peu de moyens d’action : la taxation et les impôts ; la dépense et la règlementation ; la bureaucratie régulatrice.

Ils détiennent un privilège phénoménal : celui d’être prémuni de tout risque électoral et de tout risque économique. On peut donc faire carrière dans la politique et au moindre ennui revenir doucement dans la haute fonction publique.

L’autre avantage extrême est de ne jamais être sanctionné pour un échec. Chacun étant alternativement acteur et contrôleur, il faut réserver l’avenir et de soi-même et de la caste. Paul Antoine Martin dans un ouvrage récent rappelle par exemple que l’activité des ports français a crû de 0.25 % quand le commerce international a explosé avec une croissance de 100 % ! Un échec et un drame national ! Aucune importance pour la carrière des hauts fonctionnaires concernés. Il faudrait avoir, en plus, tué père et mère pour être lâché par la secte pour résultats catastrophiques.

La subversion du PS et du RPR par les Énarques a été rapide et totale. Des querelles de chefs sont arrivées très vite en leur sein entre anciens élèves de l’ENA. On se souvient de la guerre entre Jospin et Fabius, entre Chirac et Giscard, puis Balladur. Le RPR comme le PS sont devenus des nids d’équipes présidentielles énarchiques en lutte les unes contre les autres ou contre les intrus. Le militantisme s’est bloqué net, chacun sachant qu’il n’avait aucune chance de monter vers les sommets politiques s’il n’était pas haut fonctionnaire, sauf quelques cautions d’apparence, en général jetables. Les hauts fonctionnaires se sont mis en tête de tout conquérir, de la mairie la plus humble à la région la plus ample, sans par des institutions européennes. Avec des réticences : c’est loin du centre vital, Bruxelles. L'affaire Loiseau a bien montré que la morgue du haut fonctionnaire à la française, adorée en France dans le microcosme,  plaisait moins ailleurs.

Même si l’idéologie et les préférences doctrinales existent entre membres de la classe des hauts fonctionnaires, la tradition est de les gommer au service de l’État, où une certaine forme de neutralité est requise. Dans la pratique tout le monde partage des convictions communes : rôle intense de l’État et keynésianisme, interventionnisme, bureaucratie, fiscalité et taxation sans limite, Europe, soumission à l’étranger puissant, exclusion des questions difficiles, immigration, absence de prises de risques et conformisme etc.

Trouver des différences entre Mme Guigou et M. Copé, entre MM. Juppé et Macron, entre M. Castex et Mme Borne relèverait de l’entomologie au microscope électronique de dernière génération.

Les partis de gouvernement sont devenus des lieux de chasse pour écuries énarchiques présidentielles, faisant, d’équipes en équipes, à peu près la même politique. Jusqu’à ce que les circonstances, en l’occurrence une prestation présidentielle de F. Hollande minable, permettent à un Macron de proposer l’Union des Énarques Politiques derrière lui. Aussitôt on a vu, de droite comme de gauche, le ralliement des écuries soucieuses de ne pas passer cinq ans voire dix dans l’opposition. Les partis de gouvernement se sont comme vidés de toute substance, non pas cannibalisés par quelques tribus aux dents longues, mais par simple émigration massive des hauts fonctionnaires désirant se regrouper avec la caste dans un mouvement unitaire ad hoc.

La pensée de M. Macron est l’incarnation presque parfaite de la mentalité de la caste : aucune conviction sur rien ; « en même temps salvateur » ; parler pour ne rien dire ; tergiverser indéfiniment dans l’ambiguïté, pas d’objectifs pour le pays mais, pour lui-même, une intrigue permanente ; réassurance européenne ; bureaucratisation cynique ; impôts et taxes accrus en disant le contraire ; plan com’ prioritaire ; satisfaction des besoins du clan, avec de fausses mesures en sens contraire pour donner le change.

L’effondrement français qui s’est produit à partir de 1974, lorsque l’Enarchie a pris le pouvoir au sein des partis de gouvernement est considéré comme une « fake news » par la caste et la doctrine officielle dans le milieu interdit toute remise en cause. Toute idée contraire ne peut être émise que par de vilains populistes d’extrême droite ou d’extrême gauche.

Il est vrai que Marine Le Pen, après avoir cru bénéficier de l’apport de l’énarque Philippot l’a expulsé du mouvement et lui a évité d’être évidé à terme comme les partis de gouvernement. Le mouvement Vert s’est appuyé sur des associations certes de gauche voire d’extrême gauche mais avec des militants étranges, généralement homosexuels et/ou tarés, appuyés sur des financements venant de l’étranger. Les Enarques n’y ont pas trouvé leur place. Non pas qu’il n’y ait pas d’homosexuels dans la caste, on l’a bien vu avec l’évolution de Sciences-po. Et ne parlait-on pas du "conseil des tatas "! Chez les Verts, la pression LGBT a fait du tort aux carrières de mâles blancs hétérosexuels, jusqu’au caricatural comme à Paris. Ce n’était pas admissible au sein de la caste.

Un des aspects peu agréables de l’évolution de l’énarchie compassionnelle (et désormais bienveillante) est à trouver dans une double évolution récente :

-        Le népotisme incroyablement accéléré par la parité, avec création de carrières improbables pour des enfants ou des maîtresses.

-        La montée de l’esprit de lucre, avec la création d’agences nationales qui permettent de dépasser toutes les limites de salaires des services publiques, les parcours juteux pendant quelques années dans des fausses sociétés privées,(comme Air France ou la SNCF), des banques, ou des sociétés d’assurances. Un autre symptôme est le développement du lobbying  (Cf. Édouard Philippe) ou des postes dans des cabinets de conseils ou d’avocats ancrés dans le carnet mondain des collègues hauts fonctionnaires.

Aujourd’hui LR vit toujours une bataille entre Enarques, Laurent Wauquiez étant redevenu le « candidat annoncé » d’un parti dirigé par Éric Ciotti, qui se refuse absolument d’avoir la moindre idée et le moindre programme pour ne pas lui créer d’obstacles futurs dans sa lutte annoncée av ec Edouard Philippe.  Le PS, lui, n’est quasiment plus rien. Ses dirigeants, noyés dans la NUPES n’ont plus aucun discours audible. Le triomphe de l’Enarchie a tué et LR et le PS. La folle Hidalgo produit typique de l’énarchie copulatoire, et la petite bande de débiles profonds qu’elle a réunie autour d’elle pour assassiner la Capitale, symbolise la déchéance du PS. La querelle non soldée Wauquiez – Pécresse symbolise la déchéance de LR et l’impossibilité qui est la sienne de se reconstruire réellement.

On est en train de vivre la fin de l’illusion des Inspecteurs des finances de 1938-1940. La prise de pouvoir par la haute fonction publique accompagne la déchéance du pays en l’accélérant, alors qu’elle était censée l’empêcher.

Les désordres dans la filière de formation des hauts fonctionnaires annoncent que la nouvelle génération sera encore moins capable de faire face aux nécessités nationales.

Un des défis français sera de relever le gant, puisque cette voie autrefois prometteuse s’avère une impasse.

La mesure constitutionnelle à prendre est toute simple : interdire d’abord qu’un fonctionnaire puisse être élu dans une assemblée qui fixe ses conditions d’emplois et ensuite les doubles rémunérations publiques, l’une administrative l’autre politique. C’est une règle qui existe à peu près partout dans les pays occidentaux. La situation française est totalement dérogatoire aux règles habituelles concernant la haute fonction publique.

Reste à trouver le moyen de rassembler des forces suffisantes pour faire passer la mesure et construire au moins un parti à idées et à ambition programmatique, cherchant l’arrêt de la chute et le redressement, avec un minimum de courage et de crédibilité.

Ceux qui ont pu penser un temps que LR pourrait devenir ce vecteur politique en sont pour leurs frais. Ciotti se charge de conserver un minimum de cohérence et de durée pour mettre Wauquiez en situation. Plus question de programme, d’idées, de rénovation en profondeur. Vivoter au parlement et ne rien faire qui pourrait accélérer la casse, en verrouillant tout ! Et c’est tout !

Entre la Nupes, Renaissance, le RN, Reconquête dont Zemmour a commis l'erreur de faire le croupion du RN, et un parti LR tellement attentiste et anémié qu’il en devient larvaire, la France semble tout de même assez mal partie.

Difficile de l’accepter. Alexandre Jardin après une excellente description de la chute en cours croit au printemps des magiciens, après mise à l’écart de la « paléo-bureaucratie qui ne pense qu’à alourdir les codes, empiler les normes, ciseler des masses de décrets, multiplier les injonctions contradictoires » pour finir par un grand ratage catastrophique. Il espère que les maires « qui conservent un lien réel avec le fleuve puissant du peuple sorti de son lit » seront la solution.

Michel Onfray appelle également une révolution des saints démarrant par le bas, au plus près de la démocratie locale, après dissolution de l’Europe de Maastricht.

Les deux pensent également que si cela pète ce sera « le crépuscule des technos et du centralisme », même si Front Populaire attache plus de poids à un souverainisme précis, celui de la constitution gaulliste non modifiée, qui permet de « sculpter le peuple ». Pour ce mouvement le risque létal serait le démantèlement européiste, une forme de tilt.

D’autres imaginent que la contrainte écologique et les innovations numériques vont mener tout droit à une variété de dictatures partielles et une régulation étatique ou sociale fanatique permettant de limiter la casse climatique.

Autant dire qu’après l’échec énarchique, la promotion des sculpteurs de peuple, des adeptes des magiciens et des Savonarole climatiques, l’avenir français s’annonce étrange.

Pulsion d'autodestruction au LR

L'économie française en deshérence face aux calculs politiciens

Une opération de bourrage crânes de grande ampleur est lancée dans les médias qui consistent à convaincre LR de voter la loi sur les retraites. Pas un seul média écrit ou parlé qui n’encense un parti cohérent qui votera une loi nécessaire en toute responsabilité et qui marque l’intelligence de dirigeants certes soumis mais pour la bonne cause.  Le Figaro, l’Opinion, les Echos par exemple en remettent tous les jours sur ce thème grandiose.

La réforme des retraites est nécessaire, sans conteste possible et il est tout à fait clair qu’elle ne passera pas sans le vote LR. L’affaire n’est pas close pour autant. A court terme, elle est surtout nécessaire à Emmanuel Macron qui sait que s’il ne fait pas quelques réformes symboliques, du même bois que la réduction du champ de l’ISF, un tabou que les LR n’ont pas osé transgresser avec Sarkozy, il sera tout nu face à son absence de majorité au Parlement.

La mise en première urgence de la loi sur les retraites et la sécurité est le piège imaginé par l’équipe Macron pour tuer LR. En les enfermant dans l’alternative « collaboration ou irresponsabilité », ils savent qu’ils jouent sur du velours.

La vraie tactique était, pour LR, de mettre une condition préalable à sa collaboration : le retour à un marché national de l’énergie ne dépendant plus du système totalement artificiel et désastreux pour la France mis en place à Bruxelles. Exiger à une loi sur l’énergie permettant de revenir à un coût national autour de 100 euros le MWh, sachant qu’on le produit à moins de 50 euros, est la seule urgence absolue, toute la vie économique et sociale en dépendant étroitement.  Cette urgence est comprise par tous en France et il n’y a plus une seule voix pour défendre le démantèlement du système français opéré par l’Union Européenne sous influence allemande et par idéologie néolibérale impulsée de l’extérieur, par les lobbies de la mondialisation heureuse confortant les intérêts américains, et par la logique propre de la construction européiste d’abaissement des systèmes nationaux.  

Même si, encore une fois, c’est le malheureux Sarkozy, père des nombreuses erreurs qui ont découragé durablement les électeurs traditionnels du RPR, qui a accepté ce système débile, il n’est plus un seul commentateur pour le soutenir. L’horreur absolue des conséquences et l’absence à peu près totale de justifications rationnelles ont fini par cristalliser l’opinion. Même le grand Jocrisse qui fait le Guignolo à la tête de l’Etat a été obligé d’annoncer lors de ses vœux qu’il changerait le système.  

Il suffisait de le prendre au mot et de rétablir la bonne échelle des urgences. LR ne peut se redresser qu’en proposant une alternative fondamentale à l’absence de décence globale et d’efficacité de la politique voulue par M. Macron depuis des années.  Exister en politique cela veut dire pour un parti, penser, agir et savoir manœuvrer pour contrer les initiatives des forces politiques hostiles.

Après 5 ans d’atermoiements, la loi sur les retraites peut encore attendre six mois. Quant à celle sur la sécurité elle est pourrie par des dragées au poivre qui la rende problématique.

Il était extrêmement facile de mettre en place le contrefeu indispensable :  une conférence de presse avec Ciotti, Marleix et Retailleau à la même table, annonçant à la fois qu’ils chercheront à améliorer des lois nécessaires sur la retraite et la sécurité en dû temps  mais qu’ils exigeaient que l’urgence de la réforme de l’énergie soit prise en compte préalablement et sans attendre.

Tous les Français savent que la vraie urgence est le prix de l’énergie qui liquide le pouvoir d’achat et nourrit l’inflation. Les dirigeants LR auraient suivi sans difficulté. La posture sociale des LR aurait été conforté ainsi que son poids auprès des PME du quotidien, tout en ayant le soutien des grandes entreprises. Mme Borne aurait été prise à contrepied et obligé d’expliquer pourquoi des mesures indéfiniment retardé devraient passer avant l’urgence absolue du moment. Dur, Dur. Macron serait passé pour ce qu’il est, pris au piège de son pseudo engagement européen et de ses propres annonces.

Tout le débat actuel serait centré sur une question vitale qui exige simplement du courage.

Au lieu de cela, LR passe pour des mollusques, collabos dans l’âme et qui prendront leur part des révoltes populaires contre les lois-piège mises en avant par E. Macron.

LR associe sa réputation au chaos social qui s’annonce et s’enfonce dans la même stratégie qu’Edouard Philippe.  Le ralliement à Macron était responsable et je me prépare pour la suite. Sauf que Philippe n’a pas de troupe au Parlement.

C’est la mort politique assurée à termes maintenant assez courts.

Curieux pour un Gaulliste de voir la pulsion de mort s’imposer sur tous sujets en France. L’esprit général privilégie l’euthanasie, l’assistance au suicide, l’avortement, le divorce, la glorification des transgenres stériles, la destruction des hommes blancs hétérosexuels en préalable à celle de la race humaine, coupable de tout. Voici venu le temps de la contestation de la démocratie au profit de l’action directe, des actions factieuses, de la soumission au pire, de l’élimination des vieux devenus inutiles (Attali), de la création d’un purgatoire sur terre avec sociétés de vertu et compliance obligatoire et organisée. On crée des postes de surveillantes de vertu dans les entreprises avec licenciement immédiat des insoumis. Un cléricalisme presque pire que celui des Mollahs, si possible, se met en place pour tuer à la racine et dans les branches tous les comportements et les pensées déviantes. La vérité permise est contrôlée par des magnats possédant des réseaux sociaux.

Au lieu de s’emparer de la nécessaire pulsion de vie et de résistance, LR se dissout dans l’insignifiance des querelles de personnes et de postures, sans idée, sans programmes, sans leaders, et dans la collaboration suicidaire avec  un régime aux abois.

Plusieurs voix se sont élevées pour affirmer que LR se suicidait en direct. On peut le craindre en effet.

En tout cas voici LR empêtré dans la tourmente pour six mois au moins et sans aucune perspective de reconstruction.

Refabriquer un programme complet et solide et montrer des capacités manœuvrières politiques étaient la seule voie raisonnable de redressement.

Désolé de constater que la pulsion de mort a encore frappé.

Désolés, pas de Bons Voeux possibles pour 2023 avec ceux qui nous dirigent vers le précipice.

L'année 2022 a démontré toutes les difficultés que les Français ont bien voulu laisser s'accumuler sur leur tête. Avec Anne Hidalgo et Emmanuel Macron, les dirigeants qu'ils se sont laissés imposer ont été à leur maximum d'indifférence morbide, de nullité triomphante, de perversité infecte. Le résultat : la situation des Parisiens et des Français  n'a jamais été plus abîmée et fragile  avec des risques effarants pour 2023 entièrement provoquées par les erreurs de dirigeants indignes. A PARIS règne une vraie folle qui ose tout et finira par tout détruire.  A l'Elysée règne un vrai guignol qui croit que gouverner c'est plastronner et manipuler l'opinion, en laissant faire toutes les politiques anti françaises. Il finira de ruiner tout le monde.

Quand on pense que la première mesure annoncée par M. Macron en 2023 a été la gratuité des préservatifs pour les adolescents et que la plus forte suggestion de Mme Hidalgo é été d'ouvrir des pistes à vélos à Kiev, comme ne pas considérer que la petite caste énarchique est devenue  folle ?

Nous disons depuis 1979 au Cercle des économistes e-toile que la France était désormais mal partie.  La destruction du pays depuis cette date n'a pas cessé. 25 années de descente aux enfers. Tout ce que nous écrivions, angoissés, sur le forum du Monde à cette date, se retrouve en pire aujourd'hui. Tout sans exception ! 

Les Français, peuple vieilli qui ne fait plus d'enfants, se divise désormais entre les paniqués et les colériques. Plus de compétitivité, plus d'énergie, plus d'industrie, plus d'agriculture, plus de santé, plus de justice, plus d'école, plus d'armée, plus de police, plus de sécurité, des dettes délirantes, des impôts et des règlementations terrifiants,  et voici les voeux de notre président soliveau ! Une honte parfaite !

En guise de voeux pour 2023, nous donnons une traduction du langage codé de cette allocution honteuse à faire vomir les moins démocrates et patriotes  des Français. En faisant le voeu que plus jamais on entende un apeuré dire : "il nous protège"  ou un désespéré affirmer : "mais qui d'autre".

S'il reste encore un seul Français qui pense, après l'année 2022, que l'Enarchie est une chance, que l'Europe nous protège, que le couple franco-allemand fonctionne, que les américains pensent à autre chose qu'à leurs intérêts, que l'écologie militante est une solution, que le vélo est l'avenir du Parisien, et que la France s'en sortira en élisant des minables comme ce Macron et cette Hidalgo, alors ce pays est foutu.

Qu'on ce réveille enfin. Ces déchets politiques doivent être renvoyés à leur néant. La france ne peut pas finir comme celà ! Il ne peut pas y avoir de bons voeux personnels dans un tel égoût. Nous n'avons plus vingt ans devant nous. C'est aujourd'hui qu'il faut réagir.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

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Traduction des voeux du Présient Macron en bon français.

« Mes chers compatriotes »

Traduction : Idiots de Français

« Les cérémonies de vœux obligent à parler d’un futur qu’on ne connaît pas, dont nous savons pourtant avec certitude que nous devrons l’affronter ».

Traduction : Parlez pour ne rien dire, c’est mon exercice préféré. Je n’ai jamais su où j’allais.

« Je ne perds jamais de vue cet impératif d’unité de la nation que nous formons »

Traduction : « Je sais, mes bêtises divisent le pays. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas vous rallier à mon absence de panache ».

« Si nous cédions à l’esprit de division qui nous presse de toute part, nous n’aurions à peu près aucune chance de nous en sortir »

Traduction : je sais que je suis strictement incapable de montrer un chemin hors des difficultés. Alors c’est à vous de le trouver.

« Alors je nous souhaite donc de vivre 2023, autant que possible, en pays uni et solidaire, reconnaissant la place de chacun et respectueux de tous »

Traduction : ne me critiquez pas et respectez-moi, même si 2 023 sera, de ma faute, particulièrement pénible à vivre en France.

Nous venons de « sortir avec beaucoup de difficultés d’une épidémie planétaire,

T : « J’ai exploité à mort le Covid pour éviter tout débat sur mon bilan, créant à l’assemblée des débats stériles et insultants pour les récalcitrants en début d’année. Ne me parlez pas de mon bilan sanitaire puisque c’était un choc « planétaire ». Ne me parlez pas non plus de ma gestion de l’hôpital. Je n’ai fait aucune réforme et promu dans mon nouveau gouvernement l’incapable qui en savait trop sur nos défaillances pour le laisser vaticiner ».

« Nous aurons à affronter en quelques semaines d’inimaginables défis : la guerre revenue sur le sol européen après l’agression russe jetant son dévolu sur l’Ukraine et sa démocratie

T : La guerre en Ukraine m’a permis une réélection facile et sans débat. Chouette ! Quelle chance ! De toute façon je n’avais rien prévu. Je n’ai aucune politique étrangère depuis que je suis arrivé au pouvoir. Ni d’ailleurs de ministre des Affaires étrangères sérieux. Je crie Europe, Europe, Europe et cela me suffit. Pour le reste, je parade avec les grands d’une façon plus ou moins digne et tout le monde me trouve ridicule. Pour les Français c’est bien suffisant.

« Nous aurons à affronter une effroyable crise énergétique »

T : J’ai détruit la filière nucléaire et laisser faire par facilité toutes les destructions commencées sous Jospin et continuées sous Hollande. J’ai même réussi à faire du mécano financier contre les intérêts français, cédé Alstom dans des conditions douteuses, détruit EDF pour satisfaire Bruxelles. Fric, et myopie, sans m’occuper de l’intérêt de la France et des Français. J’ai effectivement mis les Français et les industriels français dans une merde noire. Mais puisqu’on vous dit que c’est la guerre en Ukraine ! Ouf ! Je suis nul mais je peux encore cacher ma nullité en la renvoyant sur la responsabilité des autres ! Chouette ! Et en plus il n’y a eu aucun débat sur la politique énergétique ni pour la Présidentielle ni pour les législatives ! La France n’a plus la moindre indépendance et ne peut plus influer sur le cours des choses. Chouette ! Si ces crétins pensent que je vais revenir sur le système européen ridicule qui nous fait acheter de l’énergie à 600 E quand on la produit à 27 E ils se trompent. Mon projet personnel en Europe d’abord.

 « Nous aurons à affronter une crise alimentaire menaçante »,

T : Pour satisfaire l’Europe et les écolos j’ai systématiquement détruit la filière agricole, après l’industrie. Premier pays producteur historique en Europe nous sommes maintenant déficitaires. J’aime détruire s’il est nécessaire de satisfaire des intérêts qui peuvent me nuire. Les Français de toute façon, je m’en fous. Ma survie politique d’abord.

« Qui aurait pu prédire la vague d’inflation »

T ; Tous les économistes sérieux. Quand on dépense des centaines de milliards généralement empruntés, sans rien produire, on récolte de l’inflation. J’ai endetté le pays pour deux générations au moins. Mais j’ai été réélu. Alors ? Que me reproche-t-on ? La guerre me sert de paravent. Formidable !

« Qui aurait pu prédire la crise climatique aux effets spectaculaires encore cet été dans notre pays ? »

T : Cela fait simplement plus de trente  ans que Chirac a déclaré que la terre brûle et qu’on s’en moque. En tout cas moi je m’en moque. J’ai collé la Wargon pour prendre des mesures de dingues dont les gens n’ont pas senti l’importance. J’ai tout fait pour casser le marché immobilier pour rien. Je déteste les propriétaires immobiliers. Pour le reste j’ai laissé l’Europe empoisonner toutes les perspectives de croissance avec un plan de dingue pour 2 035 et 2 050. C’est une folie. Je m’en fous. C’est l’Europe ! Mon seul rôle est de faire du greenwashing au max. Le reste ce n’est pas mon affaire.

« Pourtant, au fil de ces saisons de dangers, ce qui est demeuré constant, une fois encore cette année, est notre capacité collective à relever ensemble ces défis »

T : J’ai tout laissé filer, mais ce « nous » fera très bien pour rejeter mes échecs sur le pays. C’est « nous » qui aurons échoué. Ah ! Ah ! Ah ! Bande de neuneus !

« Durant cette année, la France a porté avec l’Europe la voix du droit et de la liberté pour soutenir l’Ukraine ; des milliers d’entre vous ont fait œuvre de solidarité en accueillant, dans nos villes et nos villages, des réfugiés fuyant l’invasion russe ».

T : Je n’avais aucune politique claire sur le glacis russe. J’ai laissé faire les États-Unis et leur toutou européen. J’ai totalement abandonné les positions diplomatiques gaullistes que je hais. Tout le monde me trouve ridicule. Je fais n’importe quoi, comme divulguer des conversations privées qui ont fait de moi un paria diplomatique. Mais je m’en fous. Quelques photos dans Gala et hop !

« La solidarité nationale, financée par les contribuables français, a permis d’atténuer la hausse des prix de l’énergie pour chacun, de sauvegarder nos entreprises, de protéger particulièrement les revenus des plus modestes d’entre nous ».

T ; J’ai emprunté à mort et augmenté tous les impôts sans que vous puissiez vous en rendre compte facilement puisque j’ai réduit l’ISF en IFI et supprimé pour la majorité des Français la taxe d’habitation. La réalité c’est que nous sommes toujours le pays le plus fiscalisé du monde, et mes sottises énergétiques font que les industriels français vont payer leur énergie trois fois plus que leurs concurrents ! J’ai honte de parler de « solidarité nationale » pour justifier ces folies. J’ai choisi la démagogie, la facilité, la dette et les impôts pour sauver ma peau électorale et la suite de mes ambitions. J’ai été solidaire avec mes ambitions. Pas plus. Et je vous emmerde tous, les Franchouillards que j’insulte à chaque fois que je m’exprime à l’étranger.

« Grâce à notre action collective, nous avons soutenu la croissance, contenu l’inflation à des niveaux inférieurs à ceux que connaissent nos voisins, et porté le chômage à son plus bas depuis quinze ans ».

T : Comme dans tous les pays le rebond de croissance a été rapide à un moment où tous les circuits étaient encore désorganisés. La comparaison avec les autres ne nous est pas favorable sauf sur l’inflation que nous avons contenue en poussant à mort nos capacités d’emprunt et de redistribution. L’ennui c’est que nous sommes au bout de ce chemin de dette astronomique. J’emploie le « nous » pour vous associer à cette faillite. Ce ne sera pas moi le responsable mais nous donc vous. Comme je suis malin !

« À chaque épreuve, l’Europe nous a permis d’agir plus vite et plus fort ».

T ; Je travaille à mon job d’après, président élu par tous les pays de l’Union devenue totalement fédérale. Toutes les politiques européennes mettent la France à genoux. Mais ne comptez pas sur moi pour m’y opposer. Je suis le pire cabri qu’on puisse trouver. Mais la France, je m’en fous totalement.

« Ainsi, pendant les six premiers mois de cette année, alors que la France présidait le Conseil de l’Union européenne, nous avons pris les décisions pour réduire de plus de moitié nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, nous avons acté une taxe carbone à nos frontières pour protéger nos industries et notre planète, nous avons ensemble décidé de créer un impôt minimal sur les grandes multinationales pour lutter contre l’évasion fiscale, et nous avons ensemble commencé à mieux encadrer les grandes plateformes du numérique. »

T : Celui croit que c’est moi qui ait fait tout cela pendant ma « présidence » au conseil européen est un débile mental. Je n’aurai pas été là, rien n’aurait été changé. Les décisions prises sont catastrophiques pour la France où aucune étude d’impact n’a été présentée. Si les pauvres couillons de Français savaient ce qui les attend !

« Et malgré toutes ces crises, tous ces défis, 2 022 fut aussi, pour nous tous, une année démocratique intense au cours de laquelle vous avez renouvelé notre Assemblée nationale et où vous avez, lors de l’élection présidentielle de ce printemps, décidé de me confier un nouveau mandat de cinq ans à la tête de notre nation, ce qui m’honore et m’oblige »

T : Bien que je n’aie rien anticipé, rien fait de bien, multiplié les démagogies pitoyables, laissé aller tout à vau l’eau, en me contentant de faire de la com’, j’ai réussi à éviter tout débat et à être réélu sur la peur. Et je n’ai plus de majorité au parlement. La France est en morceaux. L’abstention a été catastrophique et plus personne n’a confiance dans les hommes politiques. La seule chose intense, c’est le rejet des élites qui dirigent. Mon seul rôle maintenant c’est de durer en essayant de manœuvrer pour ne pas me retrouver dans une impasse totale. Alors n’oubliez pas Français que c’est vous qui m’avez mis sur le pavois. Alors aidez-moi à y rester !

« 2 022 fut aussi une fois encore une année de rayonnement artistique, culturel, sportif de notre pays, avec deux Prix Nobel, et tant de grands moments de création et de sport. De tout cela, de tout ce que nous avons ensemble accompli »

T : Les papouilles à Mbappé n’ont pas suffi pour que je récupère les retombées des mérites des autres. Encore un effort !

« Je crois que cette année 2023 est d’abord celle de questions que je sais inquiétantes, et de crises une fois encore à affronter. »

T : Vous avez vu que j’affronte les crises merveilleusement. Je vous protège. Si vous croyez ces conneries alors je suis sauvé !

« Aura-t-on des coupures d’électricité ? Continuons à économiser l’énergie, comme nous le faisons depuis quelques mois, c’est entre nos mains ».

T : Je vous ai foutu dans la merde mais « nous », c’est-à-dire vous, vous êtes seuls responsables si cela foire un peu plus, espèces de ringards pétochards.

« Aura-t-on des augmentations du prix de l’énergie ? Dès demain, vous aurez des aides adaptées, en plus du bouclier tarifaire déjà mis en place, de telle sorte que la pérennité de votre activité, de nos emplois et de notre compétitivité puisse être assurée. Et, à chaque fois qu’il le faudra, le gouvernement adaptera ses réponses comme il l’a fait à chaque instant. »

T : Je marche au chéquier mais la dette est astronomique. Alors j’annonce de nouvelles folies de dépenses ciblées. Je viens d’offrir la gratuité des préservatifs, alors vous voyez comme je pense à tout et à tous dans le détail. Je suis le pire démagogue mais c’est vous qui paierez les pots cassés. Alors de quoi vous plaignez-vous ? La facture arrivera un peu plus tard. Mais j’aurai gagné trois minutes de pouvoir en plus. C’est tout ce qui compte.

« Surtout, nous accélérerons les solutions pour sortir de nos dépendances et avoir un prix de l’électricité qui correspond à son coût de production. »

T : Je ne vais pas vous dire qu’elles existent ces solutions depuis que je suis au pouvoir et que je n’ai rien fait. Comment je vais faire ? Je n’en sais rien puisque les Allemands ne veulent pas. Mais autant parler d’intention même si les moyens sont absents. Oui je suis un Jocrisse. Et alors ? Cela marche avec les Français.

« Covid, là aussi nous pourrons faire face. D’abord, grâce à l’usage raisonnable et adapté des gestes barrières contre le virus, que nous avons appris. Ensuite, grâce à la vaccination qui a montré son efficacité ; et j’incite ce soir tous nos compatriotes de plus de 70 ans en particulier à faire leur rappel ou à se faire vacciner, si ce n’est pas déjà fait. Enfin, en testant, en séquençant, en établissant les contrôles aux frontières. »

T : Lavez-vous les mains et moi je m’en lave les mains. Mais je mets un contrôle aux aéroports pour ne pas recommencer les sottises de 2020 ! La com’ d’abord.

« Devra-t-on travailler plus longtemps en 2023 ? Il nous faut travailler davantage. L’objectif est de consolider nos régimes de retraite par répartition, qui, sans cela, serait menacés, car nous continuons de financer à crédit ».

T : J’ai raté la réforme des retraites pendant 5 ans et j’ai aggravé diaboliquement la dette. Là je n’ai pas de majorité au Parlement donc je dois piéger LR. Si cela passe ce sera ma réforme. Sinon c’est la faute de LR. Le piège est fameux. Notez que moi qui n’ai plus aucun souci de retraite et qui pourrait finir mes jours dans l’opulence sur argent public, j’emploie le « nous » à nouveau. Comme si je devais travailler plus ! Bande de gogos !

« Dans la longue histoire de notre nation, il y eut des générations pour résister, d’autres pour reconstruire, d’autres encore pour étendre la prospérité conquise. En ce qui nous concerne, il nous revient d’affronter ce nouveau chapitre d’une rude époque, et au-delà des urgences de cette année, que je viens pour partie de mentionner, d’avoir la charge de refonder nombre des piliers de notre nation, qu’il s’agisse de notre école, de notre santé, de nos transports, de l’aménagement de notre territoire, de nos industries, et j’en passe. »

T ; Évidemment j’ai tout laissé s’effondrer depuis que je suis aux manettes en mettant des incapables aux postes régaliens. Il n’y a plus d’hôpital, d’école, de justice, de sécurité. C’est sûr qu’avec Pap NDiaye l’école va renaître ! J’ai tout de même réussi à ne pas dire : on va se réinventer ! Je m’améliore. Jouer les Résistants, c’est un peu culotté. Mais s’il y a des gens qui y croient ! Franchement, ces Français, on les manipule trop facilement !

« Je nous souhaite pour 2023 par notre travail et notre engagement d’œuvrer à refonder une France plus forte, plus juste, pour la transmettre à nos enfants ».

T : Des enfants ? Quels enfants. Je sais bien que nous avons abandonné 500 000 naissances chaque année. De toute façon je n’aurai jamais d’enfants. Je ne compte que sur l’immigration africaine. Nous n’avons jamais été plus faibles, moins justes, et j’y contribue fortement. Notez ce « nous ». Je suis vous et vous êtes moi. Sauvez-vous, sauvez-moi !

« Restons fidèles à nos valeurs, toujours. Intégrons mieux par la langue et le travail, protégeons les combattantes et les combattants de la liberté, comme celles et ceux qui viennent d’Iran ou d’ailleurs, mais gardons le contrôle de nos frontières, de l’unité de la nation ».

T : Le contrôle de nos frontières on l’a vu avec l’OCEAN VIKING. Quel baratin cynique ! Je le sais ! je sais aussi ce que vous voulez entendre et que vous attendrez longtemps, très longtemps la moindre esquisse de début de commencement d’une solution.

« Nous bâtirons aussi une nation productive et écologique « à l’échelle industrielle ». Et après la loi visant à accélérer le déploiement des énergies renouvelables, la loi sur le nucléaire marquera le lancement de la construction de nouvelles centrales sur notre territoire ».

T ; Quel baratin ! Je fais tout et le contraire de tout, en même temps. Espérons que cela marchera encore le temps qu’il faut avant qu’on ne me vire à coups de pied au derrière.

« Être aux côtés de celles et ceux qui sont en situation de handicap ».

T : Ouf ! J’ai failli les oublier ceux-là.

« Nous avons aussi commencé de raviver la confiance dans notre Éducation nationale, notre santé en nous appuyant sur l’énergie et le dévouement de nos enseignants et de nos soignants. Nous poursuivrons avec ardeur durant l’année qui s’ouvre, par des choix clairs, forts, et un travail au plus près du terrain ».

T ; Tout s’effondre et il faut que je caresse les agents de l’État qui sombrent dans la déprime. Une petite caresse et on pensera à autre chose. Prendre les Français pour des idiots débiles et consternants, cela m’amuse trop !

« Une société plus juste, elle l’est aussi sur le plan social. Pas par plus d’impôt, non. Ni en léguant plus de dettes aux générations suivantes. »

T : l’union des contraires en même temps. En cinq ans j’ai tout ravagé. Mais j’ai été réélu. Alors ? Cela marche. Continuons notre baratin. Sans jamais chercher un résultat quelconque. Je n’ai pas d’objectifs pour le pays. Mon seul objectif, c’est moi !

« Protéger nos enfants, protéger notre information libre et indépendante, l’ordre libre et juste qui permet aux citoyens d’être heureux : voilà quelques-uns des combats de notre époque. Nous sommes tenus de nous en saisir. »

T ; J’adore ce « nous » qui veut dire « vous ». L’ordre juste : je fais du Ségolène. J’ose tout. Je fais même du Hollande en utilisant la même figure de rhétorique, l’anaphore : « c’est bien par notre travail et notre engagement » répétée inlassablement. Mettre mes pieds dans les pas de ces deux abrutis que j’ai dézingués sans pitié, quelle jouissance !

« En somme, en 2023, nous aurons à consolider pas à pas notre indépendance énergétique, économique, sociale, industrielle, financière, stratégique et à renforcer notre force d’âme, si je puis dire ».

T : « nous » c’est-à-dire « vous » vous aurez à vous taper le boulot que je n’ai pas fait pendant cinq ans et que je ne ferai pas plus dans les cinq ans à venir. J’ai dit tout ce que les gens voulaient entendre d’après mes communicants. Cela devrait suffire. Les Français sont des veaux disait de Gaulle. Je me sens très gaulliste dans les mots et très macronien dans les maux.

« Depuis 2017, nous menons ce combat pour que notre Europe rassemble ses forces. Pour qu’à 27, nous soyons plus forts ».

T ; Ici, nous voulons dire « moi ». Je travaille à mon job d’après. La France ce n’est plus rien et je n’en ai strictement rien à faire. Mais l’Europe me tend les bras et mon job d’après. J’y arriverai. Même s’il faut dire autant d’âneries pour débiles que dans ce discours de communicants pour crétins rédhibitoires. Je vous méprise tous. Vive moi !

PS : Ah mes photos dans l’avion en James Dean de sous-préfecture. Quel pied ! D’accord quelques psychiatres perspicaces ont détecté que j’étais un malade mental plus grave que ce qu’ils croyaient et ne s’améliorant pas. Mais si je ne prends pas mon pied, à quoi sert ce cirque ? le cynisme ne me suffit pas. Comme pour Hollande rue du cirque. Sauf que pour moi, le miroir suffit et la photo de moi-même. C’est drôle ces Français qui se croient protégés par Narcisse ! Ce sont eux qui se suicident, pas moi. Narcisse vaincra !

L’effroyable passivité française face aux urgences énergétiques

Nous savons tous que les Verts nous ont conduits dans le mur en imposant la quasi-destruction de la filière de l’énergie atomique. Ils ont fichu en l’air le présent et le futur, notamment en supprimant les efforts lancés sur la piste du surgénérateur. Aussi bien Phoenix que les projets plus récents comme Astrid ont été purement et simplement abandonnés. Les savants et ingénieurs qui portaient le savoir français ont été priés d’aller se faire voir ailleurs. Les hauts fonctionnaires, qu’ils s’agissent de Jospin, de Hollande ou de Macron, ont préféré à l’intérêt général des manœuvres politiciennes misérables pour quêter des voix prétendument écologiques. Ah ! Les belles carrières inespérées pour des dérisoires : Mamère, Voynet, Hulot, Duflot, Pompili, De Rugy, ont eu des postes trop grands pour eux pour eux et leurs bêtises s'avèrent désespérantes pour le pays. Les conséquences ont été destructrices et calamiteuses.

L’Union Européenne par sa propre dynamique de destruction des Etats et des nations et son hubris fédéraliste a contribué de deux façons à aggraver la situation : elle s’est fait le relais de l’ONU et des ONG, sans le moindre filtre et le minimum de réflexion nécessaire. Lorsqu’on voit que la décision de supprimer le moteur thermique s’est faite sans aucune étude d’impact, on croit rêver ! Dominée par l’Allemagne réunifiée qui s’est lancée également dans des coalitions avec les Verts, et totalement asphyxiée mentalement par les pouvoirs accordés au nom de la liberté de circulation des biens, des capitaux et des personnes, elle a poussé l’idéologie de la concurrence à l’extrême en voulant créer un marché libre de l’énergie dans des conditions totalement artificielles. C’est comme cela que l’Union Européenne sous menace d’amendes terrifiantes a imposé le démantèlement d’EDF et la création d’un système de prix basé sur le coût marginal du gaz ! Une invraisemblable sottise dictée par la volonté de puissance de l’Allemagne autant que par l’idéologie européiste, un coktail tragique.

Aujourd’hui les masques sont tombés. Les Verts sont des contempteurs du capitalisme et du patriarcat, rien d’autre. Le marché libre de l’énergie est une farce. L’Allemagne a fait des choix totalement déments, en associant éoliennes et gaz russes. Ils sont obligés de pousser les centrales à charbon et lignite, les plus polluantes.

La France où l’énarchie compassionnelle a liquidé les industries, sacrifié la compétitivité, creusé les déficits et  la dette, créé une fiscalité délirante, se retrouve avec une énergie trois fois plus chères que tous ses concurrents et au risque de perdre des centaines de milliers d’entreprises et des millions d’emplois !

Rappelons que la France qui produit de l’énergie à 50 euros le MWh va être obligée de payer plus de 325 euros le MWh, parfois jusqu’à 500 euros pour ce même MWh. Sans aucune autre raison que l’idéologie et la mauvaise foi de l’Union Européenne et de l’Allemagne.

C’est un suicide industriel national annoncé. On devrait voir le gouvernement arc-bouté à la recherche de solutions et prêt à prendre les décisions éventuellement très en rupture avec la bienopensance européiste.  Mais rien, asolument rien ne se passe. Le président s’amuse à voleter en avion d’un point à un autre et à essayer par des papouilles à récupérer la popularité de certains footballeurs ou soldats valeureux. Mme Borne attend la voix de son maître et les éléments de langage fabriqués dans l’officine présidentielle ad hoc. On annonce que l’Europe va sans doute, un jour peut-être, modifier quelques parties avariées du monstre qu’elle a créé, non sans avoir d’abord imposé une baisse drastique des émissions carbone. De toute façon on pourra se défausser sur l'Europe du mécontentement populaire.

Donc rien ne se passe. Borne dort sur le dossier en attendant Godot. M. Macron  accumule les opérations image. La catastrophe, elle, arrive, comme une avalanche qui vient juste de décrocher du manteau neigeux.

Le RN caresse ses chats. Les membres de la Nupes s’entre-dévorent. LR sans aucun programme commun persiste dans ses querelles de personnes. M. Retailleau, battu aux élections à la présidence de LR écrit dans le Figaro un article incendiaire et personnel sur la question des retraites (sur laquelle il a des principes, alors que le parti n’a pas de programme collectif), sans se rendre compte que l’urgence n’est pas là.

Il faudrait bien qu’un parti d’opposition responsable exige deux lois fondamentales immédiates :

  1. Le retour à une stratégie nationale de l’énergie permettant d’obtenir une énergie à 100 euros maximum le MWh dès janvier, avec remise en service immédiate des réacteurs bloqués par une précaution excessive sur une corrosion sans importance à court terme sur un circuit secondaire (fait sans le dire et partiellement par peur des cris sur les risques pris en termes de sécurité)). S’il faut une attitude de la chaise vide à Bruxelles, c’est le moment de le faire. Le masochisme a ses limites et les menaces d’amende gigantesque doivent être repoussées du pied avec mépris.
  2. La réforme du droit de grève selon les critères généralement admis dans le monde libéral occidental, qui ne permet pas la grève dans des entreprises à caractère de monopole et dont l’activité est fondamentale pour le pays. Permettre à la CGT de faire grève de la maintenance dans les usines atomiques et de bloquer la production et la diffusion de l’électricité ne peut pas être autorisé. Ce sont de pures trahisons de la sécurité nationale.

Ensuite, et ensuite seulement, on pourra passer à la question des modalités du système des retraites.

Mettre les urgences dans la bonne séquence et forcer le gouvernement à agir rapidement sur la question vitale posée actuellement au pays serait le rôle crucial d’un mouvement gaulliste cherchant prioritairement le salut national.

Sans cette pression, Emmanuel Macron, prisonnier de son ambition européiste personnelle, et indifférent aux pays, ne fera rien d'autre que de manipuler grossièrement la population. La séquence "peur panique des coupures et des délestages" , campagne civique, puis on rassure tout le monde, est sans doute un nouverau chef d'oeuvre de communication de crise. On a tenu trois mois. Et on a reculé le temps du mépris absolu.

Si on se contente de cette attitude vicieuse et déplacée, on passera vite de la passivité incompréhensible à la passivité criminelle, digne de la haute cour ! La France n'acceptera pas cinq années comme 2022 ! En pire.

 

Cercle des économistes e-toile

Jours de travail perdus à la SNCF

Les vrais chiffres

Le Figaro a fait paraître un intéressant article comptant le nombre de journées de travail perdues par la SNCF du fait d'une emprise excessive des syndicats gréviculteurs, encouragés par leur position stratégique pour la vie des Français.

Il s'agirait de 30 millions de jours perdus. C'est beaucoup ! C'est lamentable ? C'est inique d'accord !

Mais une fois de plus c'est regarder le problème par le petit bout de la lunette. Le vrai chiffre important est ailleurs et bien pire : la SNCF a traîné depuis 1947 un sureffectif perpétuel, dépassant pendant des décennies 300.000 salariés. Un drame national en même temps qu'une calamité pour l'entreprise.  Là le nombre de jours perdus pour l'économie française est de l'ordre de 3.000 millions, soit cent fois plus que les jours perdus par les grèves.

Le 1% était scandaleux. Mais les 99% ont été une longue honte qui a été nourrie par la totalité des gouvernements depuis 1947.

La Sncf a toujours fait l'objet d'un traitement de faveur qui continue. On risque de manquer d'électricité. Une manière d'éviter le pire serait de ralentir les TGV. Pas question ! Un TGV à 300 km/h, c'est 20 KWh par kilomètre. On évoque le chiffre de 10 millions de Km parcourus chaque année par les TGV. Il est assez facile de calculer la consommation d'énergie électrique. Sachant que revenir temporairement à 150 km/h diviserait la facture par 4, on vérifiera que l'économie est tout de même solide.

On pourrait aussi demander aux voitures électriques de rester au garage.

C'est curieux, on pense surtout à limiter la vitesse sur autoroute pour tous ceux qui ne roulent pas à l'électrique.

Les débats en France, sont toujours, un poil, biaisés. 99% de fantaisies bien construites imposées par les médias. 1% de vérité !

Bravo !

Bécassine et la méga bassine.

Sottise et contextualisation

Lorsqu’on examine les réclamations violentes portées par les mouvements autoproclamés de sauvegarde de la terre contre les méchants inconscients qui veulent la tuer et avec elle toutes les beautés animales de la création, on trouve toujours des prémisses acceptables, presque raisonnables. Mais dès qu’on creuse un peu, on entre dans le monde fantasmagorique de la bêtise délirante aux conséquences navrantes voire abominables.

Prenons le discours hostile aux « méga bassines », ces retenues d’eau destinées à l’agriculture. « Pourquoi devrait-on accepter que l’on crée à grands frais des retenues d’eau pour 12 agriculteurs qui n’en paieront rien, au mépris des zones naturelles qui seront gâchées et perdront une partie de leur diversité, 12 exploitants qui iront chercher l’eau dans les nappes phréatiques, qui est un bien commun qui devient rare, au détriment du reste de la population et tout cela pour fabriquer du maïs qui sert à l’élevage de vaches qui pètent et qui rotent, et produisent du méthane, le pire gaz à effets de serre, aggravant la crise climatique provoquée par l’homme en stimulant une surconsommation dommageable aux individus comme à la planète ».

Tout cela paraît plutôt raisonnable. La grande presse, toujours mobilisée pour servir le bien de l’humanité, a repris ce discours avec une bienveillance totale et répétitive, sans aucune discussion ni réserve.

Créer un écosystème fondé sur la subvention et pas sur la rentabilité est discutable.

Détruire des biens communs mal renouvelables, comme l’eau des nappes phréatiques pour des intérêts particuliers est discutable.

Investir tant d’argent public pour 12 personnes, c’est discutable.

Manger trop de viande est bien mauvais pour la santé, c’est indiscutable.

Il serait impossible de fournir de la viande à l’ensemble de la population mondiale si elle monte à 10 ou 12 milliards d’individus, c’est indiscutable.

On pourrait en rester là, empêcher de construire la bassine et partir se coucher, heureux et le cœur léger d’être aussi bon et conscientisé, dans un nid douillet en centre-ville !

Un détail reste à régler : pourquoi toutes les autorités de régulation ont-elles choisi après moult discussions et arbitrages de se lancer dans l’opération récemment contestée violemment et pourquoi s’apprêtent-elles à multiplier ces équipements ?

Là intervient le gros mot qui fait peur : contextualisation. Toute action s’inscrit dans un contexte. Ignorer le contexte interdit de comprendre (cum prehendere) la situation et des évidences peuvent alors devenir des sottises éhontées, source de comportements ignominieux.

Considération n° 1 : L’Union européenne est la première puissance agricole mondiale. En 2019, la production agricole du continent représente environ 418 milliards d’euros, selon un rapport de la Commission européenne. L’État y contribuant le plus est la France (18 % du total de l’UE), suivie de l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, les Pays-Bas, la Pologne et la Roumanie. Ensemble, ces sept États membres représentent plus des trois quarts de la production agricole totale de l’UE.

L’agriculture est donc un secteur stratégique pour l’Europe et pour la France. Attention !

Considération 2 : Céréales, produits laitiers, bovins vivants, sucre, les grands postes d'exportation ont régressé face à une production étrangère qui progresse en qualité et volume. Pour la première fois depuis la guerre, le solde des échanges agroalimentaires de la France avec le reste de l’Union européenne est devenu négatif, selon l’Inra. Avec 38,1 milliards d’euros d’exportation (21,7 milliards hors UE) en 2018, l’hexagone est parvenu à un plateau (+2 % depuis 2011) alors que les importations en provenance des pays voisins ont progressé de 24 % (38,4 milliards d’euros).

La France perd des parts de marché agricole et sa compétitivité internationale baisse. Attention !

Considération 3 : Depuis 1950, la surface agricole utilisée (SAU) de la France recule (- 17 %). Le nombre de paysans est passé de 1 400 000 à 400.0000 entre 1960 et aujourd’hui. Dans les 20 dernières années le recul de la population vivant de l’agriculture a été de 50 %. La désertification de régions entières est devenue préoccupante. Pour conserver un revenu comparable à celui des urbains, les agriculteurs sont obligés à un double mouvement : étendre la taille des exploitations et devenir plus productifs. Les femmes ont largement déserté les campagnes et l’âge moyen des exploitants est de 50 ans. À chaque décès, la propriété se concentre. À horizon court, près de la moitié des exploitants va disparaître et le remplacement n’est pas acquis.

Les 12 agriculteurs seront 6 en 2040, 3 en 2060, 2 en 2 080 et 1 en 2100, horizon bien connu des écologistes du Giec. Ou zéro à court terme si on ne laisse pas un chemin d’augmentation de revenu aux exploitants. En vérité, l’évolution est plus compliquée que cela : l’exploitation familiale est remplacée par des entreprises qui embauchent des salariés permanents ou saisonniers. Le nombre des salariés agricoles baisse beaucoup moins que celui des exploitants familiaux. Le culte du paysan familial, petit exploitant sacré et protégé par les juges et le régime quasi communiste mis en place à la Libération est une foutaise. La ferme où l’auteur de ses lignes allait dans les années cinquante possédait trois hectares dans des zones difficiles, 2 chevaux de trait et 10 vaches. Les trois champs sont en jachère, les vaches et les chevaux ont disparu et la ferme est devenue une part de lotissement. En 10 ans la taille d’une exploitation moyenne est passée 55 à 69 hectares. En 2050, on sera sans doute à 100 hectares gérés par une entreprise ou un ou groupement quelconque. En 2100, l’exploitation de moins de 200 hectares sera l’exception.

Considération 4 : 450 milliards de m3 d’eau pleuvent sur la France en un an dont 10 % environ sont prélevés. Une retenue d’eau comme celle qui est contestée à Sainte Soline contient 627 868 m3. On peut penser qu’environ 200 retenues d’eau de ce genre seront mises en place en France dans les 5 années à venir, qui concerneraient 140 millions de m3 soit 0,3 % de la ressource pluviométrique annuelle. C’est minuscule. Si les retenues n’existaient pas il faudrait prendre tout dans la nappe phréatique ! Ou arrêter l’exploitation.

Considération 5 : la construction de retenues d’eau est acceptée en contrepartie de nombreuses conditions portant à la fois sur les aménagements complémentaires et les conditions de l’exploitation, afin d’obtenir des produits plus sains en abîmant moins le territoire agricole et les environs.

Résumons-nous : l’agriculture est un des gros actifs européens et français. Ce trésor s’érode et en France il est menacé par une mauvaise compétitivité, l’exode rural, et la prolétarisation de l’exploitation familiale traditionnelle. Dans ce contexte, il devient nécessaire d’organiser une gestion de la propriété et de l’utilisation des ressources différente du modèle historique, avec des entreprises agricoles de grandes tailles garantissant le revenu des acteurs, des moyens productifs et une meilleure récupération des eaux pluviales. Sinon, c’est l’effondrement d’une activité nationale stratégique et la généralisation de zones agricoles prolétarisés et désertées. Une meilleure capture de l’eau de pluie est indispensable en temps de réchauffement climatique, en même temps qu’une amélioration des pratiques.

Une politique de retenue d’eau est donc raisonnable et ses inconvénients pratiquement nuls. Ne pas le faire serait une catastrophe qui ruinerait un peu plus le pays sans raison valable. Toutes les filières agricoles ont leur intérêt et doivent être renforcées le plus possible.

La contextualisation permet de recentrer les débats sur les questions fondamentales. Ce qui, à vue de nez était de l’ordre de la réflexion légitime, avec une vision plus large, devient une option désastreuse à éviter absolument. Quand, de surcroît, ces sottises sont exprimées avec des violences inacceptables et provoquent des blessés et des dégâts, on entre dans le monde de l’ignominie anti démocratique et la haine des Savonarole, exploitée par des mouvances anticapitalistes d’extrême-gauche, hostiles à la liberté et à la prospérité, qui reprennent à leur compte l’action des troïkas lancées par Staline contre le monde paysan. Rappelons qu’entre 1929 et 1934, ces salopards ont tué environ 10 millions de paysans et ruiné l’agriculture de l’Ukraine et de la Russie pour 75 ans. Le régime communiste est tombé : l’agriculture est redevenue triomphante.

On part d’un meilleur régime alimentaire avec moins de protéines animales et le respect des grenouilles et des vers de terre, et on en revient à l’histoire du pire génocide du XXe siècle !

C’est tout le problème écolo : on passe de Greenpeace et la prétendue défense globale du bien de l’humanité à EELV et l’extrême gauche anti capitaliste, révolutionnaire et violente, en trompant Bécassine qui ne sait pas trop reconnaître des mégas fascistes de la plus belle eau !

Reprenons en chœur : « Bécassine c’est ma copine. Elle en veut, des mégas bassines ! »

Couple franco-allemand et dysfonctionnement de l’Euro

L’Allemagne vaincue, déshonorée, ruinée et coupée en deux de 1945 n’est plus depuis longtemps. Sous l’influence de Keynes, l’habitude qui était de se servir sur le dos du vaincu pour se rembourser des dommages commis par l’ennemi ne s’est pas appliquée. Les dettes allemandes ont été réduites et étalées pour ne pas faire de mal à la reconstruction du pays. Les Allemands de l’Ouest ont joué, comme les vaincus japonais, la carte du commerce et de la production, en s’appuyant massivement sur les Américains. Ne plus avoir de frais militaires, qui sont un fardeau économique lourd, était un avantage crucial. La stratégie a été mercantiliste dès les premiers gouvernements allemands d’après-guerre. Sans en faire une théorie publique.

Les dirigeants allemands ont accepté la perspective que lui offrait la « construction de l’Europe », parce qu’elle lui permettait de sortir de l’indignité qu’avait été le régime nazi génocidaire. Tout a marché parfaitement bien tant qu’on n’était en régime de changes fixes et ajustables. On réévaluait le Mark de temps à autre tout en conservant une forte productivité associée à un accord tacite entre classe ouvrière et patronat.

Deux ruptures à caractère géopolitique, la fin du régime de Bretton Woods et l’effondrement de l’Union Soviétique allaient changer radicalement la donne.

Sa politique mercantiliste sous changes fixes lui permettait d’accumuler des capitaux, de disposer de taux d’intérêt bas, et un change élevé réduisait le coût des importations. C’était bon pour le plein-emploi et pour une croissance solide et pérenne. Certes l’obligation de maintenir l’équilibre des changes lui imposait des revalorisations monétaires, mais contrôlées et assez faciles à absorber, compte tenu du laxisme de la gestion de ses concurrents. Le passage aux changes flottants allait avoir deux conséquences fâcheuses pour l’Allemagne. La première c’est l’effondrement du cours de change du dollar, alors qu’elle accumulait prioritairement des dollars. Ses réserves sont durement dévaluées et son système bancaire, très fragile, souffre. Personne ne se souvient que l’Allemagne au tournant des années quatre-vingt est « l’homme malade » de l’économie européenne.

Le coût du pétrole s’est envolé. L’énergie devient chère alors qu’elle est absolument nécessaire pour faire tourner l’industrie allemande. C’est à partir de cette date que l’Allemagne commence à regarder vers l’est et à entretenir des relations suivies avec l’URSS, commerciales mais aussi financières, à un moment où le modèle soviétique vacille et a besoin de cash. Gorbatchev arrive et il sera l’objet de tous les soins de l’Allemagne qui gagne le gros lot de la réunification allemande. L’Allemagne redevient la puissance dominante en Europe, simplement pour des effets de taille, sous tutelle américaine pour tout sauf pour le commerce et l’énergie.

On aime raconter en France que F. Mitterrand, inquiet de la réunification allemande, l’a accepté en contrepartie du sacrifice par l’Allemagne de sa monnaie. La monnaie unique était déjà l’obsession française dès 1982-1983. Et dès le traité de Lahaye, signé par G. Pompidou en 1969, l’idée d’une monnaie européenne était annoncée et les plans en ce sens se sont succédé. L’Allemagne a toujours été non seulement d’accord mais active en ce sens. Pourquoi ? La monnaie unique serait nécessairement moins forte que le Mark et permettrait donc d’avoir un avantage compétitif dans le commerce mondial. Mais il enchérirait l’énergie. Il fallait donc trouver des accords avec des fournisseurs pas trop exigeants. Et il était nécessaire de changer le système social pour éviter une croissance des coûts internes. Ce sera le plan Schroeder. Surtout depuis qu’on avait accepté que la Chine entre à l’OMS. L’Allemagne pourrait vendre dans l’immense territoire chinois mais son industrie mécanique devait rester hypercompétitive.

En dépit des coûts de la réunification, l’Allemagne devient alors le poumon économique hégémonique de l’Europe, accumulant les excédents, finançant tout et n’importe quoi en Europe, notamment en Grèce et en Espagne, exploitant les ex-pays de l’est pour leur main-d’œuvre, qui compense leur effondrement démographique. La BCE est une machine allemande où 80 % du trafic financier et monétaire concerne l’Allemagne. L’union européenne agira comme un agent de recouvrement pour l’Allemagne quand la crise de 2008 mettra par terre les économies espagnole et grecque. Sans pitié.

Sur le plan diplomatique elle retrouve son influence. C’est elle qui fait pencher la balance en faveur de la Croatie quasi-protectorat de toujours et fait frapper la Serbie, un ennemi de toujours.

Lorsqu’après Fukushima elle abandonne l’énergie nucléaire, ce n’est pas seulement pour répondre à la pression des Grünen. Le gaz russe est là et il n’est pas cher. La Russie a d’énormes réserves d’à peu près tout ce dont l’Allemagne a besoin pour maintenir sa domination industrielle et commerciale. Alors youpee ! Schroeder entre au Board de la plus grosse société de domaine de l’énergie russe. Un symbole.

Elle a besoin de main-d’œuvre. Elle ouvre les vannes de l’immigration intra-européenne, mais aussi extra-européenne, turque, syrienne et africaine et laisse le Wokisme pénétrer par toutes les ouvertures.

Ainsi calée, l’Allemagne a pu surmonter la crise de 2008.

Le modèle allait devenir en porte à faux avec la guerre en Ukraine, la privation du gaz russe, et la prudence revenue vis-à-vis du commerce avec des dictatures, sapant les bases du mercantilisme allemand.

Dans tout cela que représentait le « couple franco-allemand ». Pratiquement rien. L’Allemagne a mené sa politique sans avoir réellement besoin de la France jusqu’à la réunification et en s’en moquant ouvertement après la réunification.

Tant que l’ignominie nazie pesait sur son image, il lui a fallu faire des génuflexions. Mais pas trop prononcées tout de même. Le général de Gaulle lui-même allait connaître une forte désillusion Sa politique de réconciliation était très bénéfique pour l’Allemagne, Le Général en contrepartie voulait que la France soit le cavalier et l’Allemagne le bourrin. Il n’y arrivera pas. Giscard né en Allemagne voulait quasiment l’effacement de la France dans une Europe fédérale dominée économiquement par l’Allemagne et où la France aurait le primat diplomatique. Ces billevesées seront anéanties avec le sourire par l’Allemagne. On a vu que Kohl acceptera une photo symbolique à Verdun main dans la main avec Mitterrand. Le petit mec avec le grand costaud. Un symbole. Tous les puceaux mystiques français se sont exaltés. Les Allemands ont eux obtenu leur réunification peu après.

Le couple franco-allemand est une idée européiste et française pas allemande. Les Allemands considèrent qu’ils n’ont pas besoin de la France, désormais même pas sur un plan symbolique.

L’idéologie fédérale européenne a besoin du couple franco-allemand. Si la France et l’Allemagne ne parviennent pas à s’entendre alors toute l’opération perd son sens. Les trois guerres franco-allemandes suffisent à justifier que « l’Europe c’est la paix » mais à condition que l’entente franco-allemande soit étroite. L’idée des comités pour l’Europe fédérale a été d’abord de mettre en commun des éléments de discorde possible, avec la CECA, puis Euratom puis le marché commun. Tout cela valait pour l’Europe des six avec une Allemagne coupée en deux dont une seule partie participait. Avec une Allemagne réunifiée la chose prenait mauvaise figure, alors on a intégré tous les pays possibles afin de noyer un peu la puissance allemande. Mais une décision cruciale a été prise : accepter que la taille respective des pays serve de jauge pour les postes à l’Assemblée européenne. L’ennui, c’est qu’il y a 84 millions d’habitants en Allemagne contre 67 en France. L’égalité du couple a été brisée. La voix de la France est devenue faible dans les institutions européennes, avec abandon de facto du français comme langue d’usage.

Pendant que les européistes français criaient « Europe, Europe, Europe », comme un cabri, tout en glorifiant le couple franco-Allemand, les Allemands laissaient dire, prenaient le pouvoir économique et dominaient l’Europe centrale, tout en maintenant leur politique mercantiliste, en en continuant à accumuler des réserves qui lui ont permis de racheter à peu près toutes les entreprises intéressantes en Europe et en particulier en France. Sans que jamais personne ne puisse faire passer un message dénonçant cette folie.

Dire que nous avons eu le rôle du cocu dans cette affaire, est peu dire !

Dès la prise du pouvoir par l’Enarchie, à partir du couple Giscard-Chirac, avec une litanie de dirigeants fonctionnaires de gauche, Fabius, Rocard, Jospin, Villepin, Hollande, Macron, Castex, Borne, l’option choisie au sein de cette petite élite sera l’immigration pour tenter de rattraper les effectifs allemands, la fiscalité démentielle qui fera de la France le premier pays au monde pour les impôts et les prélèvements, la disparition de l’industrie remplacée par la bureaucratie, un secteur social pléthorique, et les mesures de réduction du travail outrancières (35 heures et retraite précoce). Avec des déficits colossaux, un endettement massif et l’américanisation quasi-totale de la société, le Français étant laissé à l’abandon.

Macron est évidemment le symbole de cette folie. Nous avons les déficits commerciaux les pires de notre histoire et une dette abyssale avec un chômage structurel plus haut qu’ailleurs et une industrie lessivée !

Inutile de dire que cette situation pèse plus que les discours grotesques à la Sorbonne ou sur la Pnyka. Pour les Allemands la France est devenue un nain vaniteux et un gestionnaire méprisable, avec son président qui gazouille et qui papouille en se mettant à dos et les Italiens, et les Belges, et les Hollandais, et les Autrichiens, et les Polonais, et les Tchèques, et les Danois, etc. Cause toujours mon lapinou gaulois et laisse les gens sérieux faire ce qu’ils ont à faire. La mal gouvernance française est symbolisée par la présidence de Macron et par la direction catastrophique des capitales régionales par des monstres d’imbécillité qui tuent l’image de la France, et la marginalise dans le camp des pays en décrépitude rapide.

Les Britanniques ont rapidement compris qu’il n’avait rien à gagner dans une Europe allemande, cassant définitivement la dynamique européiste.

Il n’y a pas, il n’y a jamais eu de couple franco-allemand, mais une politique allemande profitant du côté « puceau mystique » de certains dirigeants français.

Aujourd’hui la situation est limpide. Le modèle allemand est pris au piège. Sa politique énergétique entièrement basée sur les éoliennes et le gaz russe, un couple tragique, s’effondre avec un risque terrible de voir rapidement son industrie asphyxiée par les prix du MWh et l’absence d’énergie disponible, notamment de gaz. Situation insupportable qui impose une politique très forte.

Que faire ? C’est tout simple : utiliser les énormes excédents monétaires accumulés par mercantilisme systématique, avec rançonnement financier des pays d’Europe, tous en déficit vis-à-vis de l’Allemagne, pour protéger l’industrie allemande et elle seule. Faire cavalier seul, c’est l’habitude de l’Allemagne en toute impudence et en toutes circonstances depuis la réunification.

Le choc des 200 milliards mis sur la table par l’Allemagne pour elle-même, sans une seconde de considération pour ses partenaires européens, est un énorme pavé dans la mare des illusions européistes et de la doctrine du couple franco-allemand base du fonctionnement de l’UE.

Ce choc est aggravé d’une part par l’annonce que l’Allemagne entend recréer l’armée la plus puissante d’Europe en se fournissant uniquement chez les Américains et après avoir tenté de mettre la main sur tout le complexe militaro-industriel français, répétant la manœuvre faite avec Airbus.

La France pour l’Allemagne est dirigée par un freluquet dérisoire, d’une naïveté confondante, et qui n’aime que parler dans le vide, sans action concrète dans quelque domaine que ce soit. Cela lui a permis d’obtenir la destruction d’EDF et la mise en danger de l’industrie nucléaire française qui donnait un avantage compétitif à la France, avec ce marché européen fou de l’énergie basé sur le coût marginal du gaz allemand. L’Allemagne ne veut pas du nucléaire français peu cher à côté de ses frais énergétiques devenus terrifiants depuis le blocage des approvisionnements russes. Les discussions sur la « taxonomie » des énergies « vertes » ont été un combat pour la sauvegarde du modèle français menacé de destruction par l’Allemagne et l’Europe. Il n’est pas terminé.

Le projet d’Emmanuel Macron d’abandonner la politique étrangère à la majorité des pays européens, totalement atlantiste et entre les mains des Américains, d’y ajouter le siège de la France aux Etats-Unis, la privant de son droit de véto, et de passer à l’élection au suffrage universel de tous les pays de l’Union marque une volonté de faire disparaître à peu près totalement la France du concert international.

Les Européistes affirment : en créant un vrai fédéralisme en Europe, la puissance allemande sera intégrée et maîtrisée dans les mécanismes fédéraux. C’est le moment de faire le grand saut.

On retrouve toute la force d’illusion qui mène le projet européen depuis le début. Notons au passage que le dysfonctionnement radical de l’Euro qui consiste à laisser l’Allemagne et deux autres pays à accumuler des stocks de devises, n’a jamais été dénoncé sinon par nous-mêmes, au Cercle des économistes e-toile. Il nous offre une démonstration formidable de sa nocivité avec ce plan de remploi des excédents par l’Allemagne pour son seul intérêt. Tout le monde a accepté une situation anormale sans rien dire et voit aujourd’hui que l’anomalie est sérieuse. Nous avions proposé de taxer les excédents avec une échelle progressive. L’aurions-nous fait que l’Allemagne serait aujourd’hui dans la nécessité de jouer collectif. Les mauvaises institutions sont toujours à la source de catastrophes.

Reste à savoir ce qui peut être fait aujourd’hui pour éviter que l’Allemagne ne devienne un problème européen encore plus grave. Seul un redressement forcené de la France semble pouvoir donner un début de solution. On n’en prend pas le chemin.

PS : Renaud Girard est un des journalistes de la PQN les plus favorables au « couple franco-allemand ». Il est intéressant de lire son article du jour (25 octobre 2022). Il constate que l’Allemagne a désormais changé de logiciel et choisi de devenir un géant politique en accord avec sa place de « puissance dominante en Europe », label donné par Washington, avec une première technologique militaire, le projet Européen sky shield décidé sans informer la France, comme bien d’autres initiatives. Après avoir souligné les liens privilégiés entre Giscard et Schmid, Mitterrand et Kohl, Chirac et Shrôder, il voit que les Allemands n’arrivent pas, depuis Merkel, à prendre les dirigeants français au sérieux. Il pense que c’est à cause des Français. Pour nous, La réunification est la vraie raison et cela dure depuis plus de trente ans maintenant ! Sa conclusion : que la France soit belle et elle pourra aller au bal avec le cousin germanique. On peut penser que c’est un peu juste. On a quitté le monde de la séduction, il y a bien longtemps. L’Allemagne avait besoin de la France pour se dédouaner des crimes hitlériens commis avec le soutien général du peuple allemand. Tout cela est de l’histoire ancienne. On revient aux constantes géopolitiques : L’Allemagne assure désormais sa tutelle sur toute la Mittel Europa. En ménageant la Russie.

La France ?

« verdammt französisch »

Didier Dufau pour le cercle des « économistes e-toile ».

L’option problématique du tout électrique

En matière d’énergie, toute l’histoire de l’humanité est marquée par l’exploitation simultanée de nouvelles formes d’énergie. La croissance économique est entièrement corrélée à la disposition d’énergie et à son coût. Énergie abondante et peu coûteuse ? Croissance. Énergie rare et coûteuse ? Décroissance. Cette réalité est indiscutable. C’est une loi fondamentale de notre condition humaine.

Lorsque la production de pétrole a été cartellisée et que son prix est devenu le fruit d’un racket, l’économie mondiale est entrée dans une ère de croissance ralentie. Pour les pays qui comme la France n’ont pas de pétrole et peu de gaz, la situation est devenue critique. Le réflexe a été de construire une industrie nucléaire importante. En fait trop importante. Il fallait caler la ressource sur la pointe de consommation, ce qui veut dire de longues plages de surcapacités inutilisées. Alors, principalement sous Giscard, on a poussé à une certaine surconsommation électrique dans les transports et dans le bâtiment. Bien sûr le but était de limiter le recours aux énergies importées, en réduisant le chauffage au fuel d'un côté et les coûts en kérosène du transport aérien en poussant le transport rapides alternatif, le TGV.

Le chauffage par le sol et la très haute vitesse des trains, après la disparition des locomotives utilisant charbon et diesel, ont été des sources d’utilisation massive d’énergie électrique, tournant au gaspillage. Mais cela créait un fond de consommation constant de jour comme de nuit, favorable à l’amortissement des centrales nucléaires. L’excès de production offrait également des possibilités d’exportation des excédents. Moins d’importations, plus d’exportations, une indépendance nationale renforcée et une énergie pas chère, le pari n’était pas pascalien. On pouvait annoncer qu’il serait gagnant et il l’a été. Si la désindustrialisation a eu lieu, l’énergie n’est pas en cause mais les politiques menées en France, (dont le Cercle des Économistes e-toile a dénoncé dès sa création les effets délétères).

La France s’est retrouvée au début des années quatre-vingt avec une industrie nucléaire légèrement surdimensionnée avec des secteurs poussés à une haute consommation. Mais on savait que le développement de l’informatique comme on disait alors, du numérique, comme on dit maintenant, ainsi que la généralisation de l’équipement de maison, allait exiger de plus en plus d’électricité. La surcapacité n’était que temporaire et offrait un prix compétitif qui serait de toute façon favorable à la croissance.

Il serait faux de penser que les considérations écologiques n’aient pas eu d’influence dans les années soixante-dix. C’est à ce moment qu’on crée le premier ministère de l’environnement. Les normes de construction neuves sont toutes revues pour obtenir une meilleure isolation. Les industries sont chassées de la capitale par la Datar et envoyées en province. Ce qui impliquait plus de transports… mais la polluion urbaine pouvait baisser drastiquement.

Lorsque le « programme commun » est mis en place qui va ruiner le pays, la situation énergétique de la France est presque excellente. Quelles sont les réserves ?

Le coût du TGV, en termes d’infrastructures, est colossal et impossible à amortir, sauf sur un minuscule tronçon entre Paris et Lyon. Le transport de marchandises par la SNCF est progressivement abandonné. La mentalité, les statuts et les sureffectifs sont tels que les énormes déficits s’enchaînent depuis la création de la SNCF. Mais le TGV n’arrange rien. Une ligne TGV comme Paris Strasbourg est structurellement déficitaire et la recette comptée nette est négative et ne permet même pas d’envisager d’amortir les frais colossaux de la création et de l’entretien de la ligne qui, après l’effondrement des industries lorraines, traverse un quasi désert économique.

Dans l’immobilier le chauffage par le sol est rapidement arrêté, mais on oublie de mettre en œuvre une politique d’isolation des immeubles anciens. On pense qu’une énergie électrique abondante et économique suffit. On recommencera plus tard avec les subventions aux pompes à chaleur. Installer ces systèmes sans isoler en même temps de bâtiment concerné est un piège. En cas de pic de chaleur ou de froid, la consommation devient gigantesque en général au moment où on approche des pics de consommation. Le reste du temps la baisse de la facture permet des écarts dans la frugalité.

Un des trous dans la raquette est le transport routier qui consomme une bonne partie de l’énergie fossile importée. La France complète à grands frais sa couverture autoroutière et passe au diesel, en même temps que la vitesse est limitée et les normes de consommation et de pollution des voitures mises en place. Pas de développement sans autoroutes ! On ne voit pas deux inconvénients : le coût d’investissement est très important ; l’utilisation moyenne hors des périodes vacancières est faible ; elle est le fait des camions ; les voies françaises servent beaucoup à un transit international nord sud, vers l’Espagne et l’Italie et sud nord. La logistique par les canaux est quasi abandonnée.

La situation énergétique est donc satisfaisante mais marquée par les contradictions et fragiles. Ses deux faiblesses principales sont le manque de fiabilité de la SNCF dirigée de fait par la CGT et qui prend en otage les clients, ce qui est la source principale de l’abandon du transport de marchandises ferroviaire qui entraîne le développement massif du transport par camion, et le manque de volonté de progresser dans l’isolation du bâti ancien.

Le second choc pétrolier n’a pas eu du tout les mêmes conséquences que le premier. La France est à l’abri d’un choc énergétique pour de longues années et peut envisager l’avenir avec confiance.

Elle va commettre plusieurs erreurs majeures : le programme commun socialo communiste, l’abandon de la souveraineté monétaire, l’abandon de la souveraineté dans les échanges internationaux, l’abandon de sa souveraineté énergétique. Ouverte à tout vent sans moyen de réagir, elle va perdre sa compétitivité et son industrie, s’engouffrer dans le piège d’une dette incontrôlable, associée à ses déficits internes et externes qui explosent.

La conséquence va être un manque tragique de capacités d’investissement, l’accumulation des politiques contradictoires et le démantèlement de sa filière nucléaire, en même temps qu’une folie écologiste, initiée par Greenpeace à l’ONU submerge toutes les instances internationales sur le thème de l’urgence climatique et la mort de la terre à cause des méfaits de l’homme omnipotent et de la course à la consommation.

Dans la pratique, on veut que tout le transport devienne électrique et l’UE interdit le moteur thermique pour la production de voiture neuve dès 2 035 tout en envisageant la conversion totale du parc pour 2 050. La France ne peut rien faire. Elle a délégué totalement la politique énergétique et son président ne veut pas contredire l’Europe pour des raisons que nous avons explorées ailleurs sur ce blog.

Le tout électrique avec abandon de toutes les autres énergies est une folie furieuse si l’on exclut l’énergie nucléaire, abandon exigée par les mouvements qui sont à la source de la panique mondiale sur le réchauffement anthropique. Tous les calculs montrent que nous aurons à peine la capacité d’augmenter de 20 % notre capacité de production électrique d’ici 2035 et à peine plus en 2 050. Impossible d’alimenter ce qui existe et une croissance quelconque !

Aujourd’hui toute la mythologie sur les éoliennes et les panneaux solaires s’effondre, simplement parce que tout le monde voit qu’il faut l’accompagner d’une énergie pilotable que seul le nucléaire peut fournir si on veut garder un minimum de souveraineté énergétique.

Pour les promoteurs de la guerre contre l'économie, le gaz serait la solution. Éolienne plus gaz était le cocktail magique que les Grunen allemands avaient mis en place en Allemagne, mais au prix d’une dépendance totale vis-à-vis de la dictature russe.

La guerre en Ukraine a fait sauter tout cela. Plus de gaz, plus d’énergie en Allemagne et des coûts électriques qui s’envolent d’autant plus qu’une organisation absurde a été mise en place en Europe.

À 287 €/MWh, cours spot de ce jour, avec un marché à terme pour 2023 à 400 euros, l’ensemble des utilisateurs d’électricité sont KO. Rappelons quel était le coût du MWh il y a une dizaine d’années. « D'après la Commission de Régulation de l'Énergie (CRE), les prix moyens de l'électricité sur les marchés de gros ont connu une hausse de 10,4 % en 2010 par rapport à 2009, pour atteindre 47,5€/MWh ». Rappelons également qu’au plus gros de la panique, le cours spot a atteint 1 100 euros, vingt fois plus que dix ans plus tôt !

Créer une économie dépendante à cent pour cent de l’électricité dont le cours au moindre accident géopolitique peut être multiplié par 10  ou même 20 n’est pas sérieux, même si la diversification des sources de fabrication de l’énergie électrique minimise partiellement la difficulté.

De même appliquer une idéologie de marché « concurrentiel » sur un tel marché, basé sur des réseaux unifiés et d’anciens monopoles d’Etat, comme l’a voulu l’Union Européenne, avec création de mesures totalement artificielles et en liant le prix de l’énergie d’une filière dans un pays avec celle d’une autre énergie ailleurs était une absurdité. Ce n’est pas être ultragauchiste de l’affirmer. La France est obligée de payer son énergie au prix du gaz en Allemagne qui n’en pas ! Et l’Allemagne l’empêche la France de sortir du piège pour maintenir sa domination commerciale.

Le pire, c’est l’attitude de l’abominable Maire de Paris, Mme Hidalgo qui veut augmenter massivement le prix de la vapeur produite et distribuée par le CPCU à Paris qui n’a strictement aucun rapport avec les prix spot du gaz allemand ! Il est vrai qu’avoir ruiné Paris la pousse à rechercher à tout va des hausses de recettes. Bien entendu la hausse ne sera vraisemblablement applicable qu’aux « bourgeois » !

Globalement, quelles que soient les erreurs collatérales, la destruction de notre industrie nucléaire par des fous furieux nous ruine littéralement.

La course accélérée à l’éolien ne mène qu’à une dépendance encore plus grande au pilotable qui n’est plus disponible à bas coûts à courts termes.

Le plus comique ou tragique, comme on voudra, serait l’obligation d’exiger que les vélos et les voitures électriques restent au garage, qu’on ralentisse les TGV à 100 km/h, et que l’état pilote directement via les compteurs Linky le chauffage et l’éclairage dans les logements.

On voit que le tout électrique exige aussi l’interdiction des grèves dans le secteur de la production électrique. Qui peut admettre que trois grévistes puissent couper la totalité de la production ou de la distribution d’électricité ?

La SNCF est obligée d’augmenter massivement ses tarifs qui vont rapidement devenir prohibitifs. Entre janvier et avril de cette année, l'Insee calcule une hausse de 15,3 %, en même temps que les déficits de l’entreprise deviennent abyssaux.

Le plus délirant est l’invective des Grünen allemands qui expliquent que si l’Allemagne souffre, c’est parce que la production nucléaire française est insuffisante ! « Scheisse mensch, erinnere dich an Fessenheim“.Ceux qui annoncent qu’il faut une petite voiture électrique pour les usages courants à la campagne et des vélos électriques dans les grandes villes, le TGV étant la solution pour les vacances, et ils sont très nombreux ces dernières heures,sont particulièrement pertinents !

Au prix de la voiture électrique et de l’électricité, il est sûr que le populo va se précipiter.

Les convaincus disent : c’est temporaire, c’est la guerre en Ukraine. Après notre vérité sera la vérité mondiale et éternelle.

La vérité immanente est différente : il faut un mix énergétique et permettre non une réduction de la production d’énergie mais une hausse. Il faut donner du temps au temps mais lancer d’urgence les études d’impacts que l’Union européenne n’a pas voulu faire. Si le gain en température de la politique actuellement suivie est nul, ce que tout laisse envisager, il est inutile de se ruiner pour rien.

Si on veut accélérer sur les éoliennes, alors il faut se mettre à exploiter le gaz de schiste ! Et cesser d’enrichir de façon grotesque les entreprises qui ont capté ce marché purement administratif.

Si on veut mettre le paquet sur l’isolation des logements, alors il faut mettre fin aux pertes délirantes de la SNCF, et augmenter la productivité globale du pays pour trouver les ressources nécessaires, en commençant à réduire drastiquement la bureaucratie, en augmentant le temps de travail et en réduisant les transferts sociaux délirants en France. Il faut spécifiquement abaisser la fiscalité sur le bâti pour permettre aux propriétaires de financer l’isolation et non faire exactement le contraire avec l’IFI et la hausse des taxes foncières, tout en réduisant le gain locatif par le blocage des loyers. Oui, il faut fFaire l’exact contraire et ce constat donne une idée de l’effondrement de la réflexion politique en France et la nullité qui règne dans les milieux politiques.

Si on veut limiter la circulation des camions dont on sait qu’ils ne rouleront jamais à l’électricité et que le seul substitut est l’hydrogène avec des coûts déments et des risques d’accidents graves gigantesques, il faut mettre une taxe carbone aux frontières et sortir le transport ferroviaire de marchandise des mains de la CGT.

On voit que nous sommes passés d’une situation relativement bonne et cohérente en 1980, en dépit des crises financières liées aux changes flottants et du laxisme post-soixante-huitard, à un champ de mines où les contradictions se multiplient, les gaspillages sur des marchés purement administratifs explosent, la dépendance à l’extérieur devient calamiteuse, et où les conséquences sociales s’aggravent de façon inquiétante.

Avec un exécutif totalement prisonnier de ses propres contradictions, suffisances et insuffisances, l’avenir est sombre.

Le tout électrique est mort en Ukraine ! Il faut une indépendance énergétique nationale avec un mix énergétique varié qui permet une certaine autonomie des citoyens. Certaines des tares françaises doivent être enfin corrigées. Se donner uniquement des objectifs de moyens sans tenir compte des résultats et des dégâts collatéraux est absurde. Le faire dans des délais intenables est une folie. Nous devons faire très attention au tempo, alors que nous sommes un des pays qui présente le bilan carbone le meilleur.

La France a gâché ses chances à cause de passions politiques malsaines et aujourd’hui obscènes. Il aurait suffi de maintenir l’effort nucléaire pour passer le cap actuel sans graves difficultés. La tentation du tout électrique reste néanmoins une idée fausse car irréalisable et même, par certains de ses aspects, peu souhaitable. Le citoyen doit garder des possibilités de choix pour ne pas être mis totalement sous tutelle.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Comment analyser les grèves actuelles ?

La possibilité pour des salariés de faire grève, c’est-à-dire de cesser le travail sans licenciement, pour faire pression sur la direction d’une entreprise, en contrepartie de l’absence de rémunération, est une soupape indispensable notamment pour les grands rassemblements de salariés de la révolution industrielle. Ce « droit de », donc cette liberté, a été acquis finalement assez vite et il est devenu constitutionnel à juste titre. Revenir sur cette liberté exigerait une révision de la constitution tout à fait inutile.

Comme toutes les libertés, elle s’exerce dans le cadre des lois qui l’organisent. Ces lois ne sont pas arbitraires. Une liberté ne peut pas bloquer d’autres libertés. Elle ne permet pas de créer des dommages collatéraux excessifs. Il n’y a pas de liberté sans limites. On retrouve pratiquement toujours les mêmes dans la majorité des pays démocratiques. Sauf en France, on va le voir et essayer de comprendre pourquoi.

Premier principe : la grève ne peut concerner que les revendications propres aux salariés d’une entreprise.

            Corollaire 1 : une grève ne peut pas concerner des revendications extérieures à l’entreprise.

Corollaire 2 : nul salarié d’une entreprise ne peut compromettre l’image de son entreprise dans des grèves et des manifestations qui ne la concerne pas.

Corollaire 3 : les grèves de solidarité sont interdites.

Corollaire 4 : l’appel à des grèves générales est interdit.

Second principe : une grève ne peut pas avoir un coût supérieur à l’avantage réclamé. En un mot, on ne peut pas ruiner une boîte ou la nation par des grèves ou trop longues, ou trop fréquentes ou ayant trop de conséquences négatives pour les tiers. Certaines techniques de grèves qui limitent à l’extrême le coût pour les grévistes tout en ruinant radicalement l’entreprise ne sont pas tolérables. Un exemple : recourir massivement aux arrêts maladie et abuser du droit de retrait pour bloquer la production tout en étant indemnisé par l’entreprise. Au passage, les médecins complices et les juges complices doivent voir leur responsabilité recherchée.

Troisième principe : les services publics ne peuvent pas être interrompus par des grèves, quel qu’en soit le motif. De même les services dépendant principalement d’argent public ne peuvent faire grève que dans des conditions précises et restreintes. Il y a bien longtemps qu’on a compris qu’on ne peut pas mettre des gens pour garder un pont et les laisser rançonner ceux qui veulent le traverser.

Quatrième principe : les fonctionnaires, dont l’emploi est garanti, dans aucune partie de la fonction publique ou des services associés, n’ont le droit de grève. On ne peut pas bloquer l’État.

Cinquième principe : les exactions syndicales contre les biens et les personnes doivent être empêchées et sanctionnées, avec un pouvoir de décision laissé aux préfets et non aux juges pour stopper immédiatement les actions illicites. Les juges ne seront appelés que pour contrôler éventuellement l’action des préfets.

Sixième principe : aucune occupation d’usine, vols de matériel, blocages des entrées n’est acceptable, ni même aucune menace de le faire.

Septième principe : seuls des adultes peuvent faire grève. Des syndicats de mineurs scolaires sont totalement exclus.

Huitième principe : l’indemnisation des jours de grève est illicite, car sinon, il n’y a plus de symétrie dans les dommages.

Les lois correspondantes n’ont pas empêché l’exercice du droit de grève au Royaume-Uni, en Allemagne ou aux États-Unis. Elles ont permis de les pacifier et de concentrer la négociation sur des points précis et, un minimum, raisonnables. Elles prévalent depuis des lustres dans les pays les plus démocratiques du monde.

Mais pas en France.

Si un piquet de grève de 25 personnes bloquait l’accès d’un dépôt de carburant aux États-Unis, ce serait l’emprisonnement immédiat avec licenciement et indemnité colossale pour chacun d’entre eux et l’inculpation avant dissolution du syndicat qui jouerait ce jeu-là.

Appeler à une grève générale est un acte de sédition politique qui découle d’une doctrine politique antidémocratique qui veut qu’en dehors du vote et donc d’une volonté exprimée, des voies de fait puissent être commises contre la nation et la démocratie. Ces appels devraient être sanctionnés durement par une Cour de sûreté de l’État.

Le paradoxe juridique français est que tous les principes rappelés figurent peu ou prou dans les textes qui traitent du droit de grève. Mais que depuis 1968, on fait comme s’ils ne s’appliquaient pas, au moins un temps. Comme si la bonne grève devait légitimement violer la loi et d’autres libertés constitutionnelles, mais seulement pour un moment. Ce politiquement correct juridiquement parfaitement incorrect est à la base de la construction médiatique de la couverture des grèves. Des micros-trottoirs sont mobilisés d’une part pour faire valoir qu’une grève qui gêne le grand public le gêne effectivement, satisfaisant la concession que le pouvoir de nuisance s’exerce bien, mais aussitôt dix interviews d’otages expliquent que « c’est dur mais il faut bien qu’ils se défendent ». Cela s’appelle « construire l’information » dans le sens d’une déformation des textes de lois. Mais en contrepartie de cette construction propitiatoire, on veut croire que cela ne va pas durer. Si cela dure alors on construit l’indignation. Cette comédie est en place dans les médias depuis près de 50 ans maintenant.

Dans un monde économique où la concurrente libre et totale a été organisée en Europe, les PME françaises accablées de charges que les autres pays n’imposent pas à leurs producteurs, ont du mal à ne pas couler ou à ne pas partir. Déclencher des grèves signifie la disparition de l’entreprise. Les grèves qui restent concernent les sociétés en faillite que l’on dépouille impunément de ces dernières ressources. Donc il n’y a pas de grèves dans la quasi-totalité du secteur industriel et commercial privé, malmené et en difficulté en France. Les grèves concernent essentiellement des grandes entreprises liées à l’état. Contrôleurs aériens, EDF, SNCF, RATP, Air France, Musées, hôpitaux, ports, écoles etc. Hier c’était dans le charbon et l’acier, les banques et les assurances nationalisées.

Le démantèlement des grands réseaux dans le cadre de l’Union européenne en fausses entreprises indépendantes, avec privatisation d’EDF ou de la SNCF, laisse croire que les grèves rentrent dans le cadre classique de la grève en entreprise dont l’État n’a pas à se préoccuper. Cette sottise a été répétée comme élément de langage par le gouvernement après que le président lui-même a prétendu que ce n’était pas son affaire… jusqu’au moment où c’est redevenu son affaire, avec réquisition etc.

La fourniture d’électricité est un devoir national qui ne peut être laissé entre les mains des salariés qui travaillent dans les entreprises de production ou de distribution. La mobilité est une liberté constitutionnelle. On ne peut pas prendre en otage des populations ou l’État démocratique.

Les hauts fonctionnaires détestent les conflits sociaux et cèdent facilement : ce n’est pas leur argent et ils essaieront de rattraper le coup plus tard. Un président de la SNCF ou d’EDF sera jugé sur le fait que la « paix sociale » est acquise quitte à ruiner l’entreprise ou les Français. Il faut dépasser ce simple constat. C’est un véritable système qui s’est mis en place.

L’Enarchie compassionnelle qui est dominante depuis le couple Giscard-Chirac à la tête de la nation a considéré que les syndicats devaient bénéficier d’un rôle législatif. Le but : permettre des « avancées » par la loi là où la grève n’était pas possible ou souhaitable. On a vu des syndicalistes venir se former à Sciences-po et les lois passent au tamis des syndicats « constructifs » non révolutionnaires. Pour permettre néanmoins le jeu de la symbolique de la grève, comme soupape d’évacuation des tensions, on laisse faire les grèves des grands réseaux, mais cela doit rester dans une certaine limite.

L’activité des entreprises a fait l’objet de textes de plus en plus détaillés de plus en plus « politiquement corrects », de plus en plus tyranniques, avec une administration sévère pour les faire appliquer, l’Inspection du travail.

Le sommet de cette déviance est l’instauration des 35 heures par les Énarques Jospin et Aubry sans aucune vraie négociation. Cette mesure qui a détruit la compétitivité des entreprises françaises au moment où on ouvrait totalement les marchés à la concurrence mondiale, n’a pas été qu’une folie économique globale. Cela a marqué que l’énarchie considérait qu’elle avait la main sur tout le champ de la négociation sociale, le dialogue social devant aboutir à des objectifs qu’elle fixait sinon la loi le remplacerait.

C’est comme cela que la haute administration s’est emparée aussi bien du champ politique que du champ social et se croit autorisée, en tant que corps, naturellement étatiste et « arbitral », à se substituer aux acteurs normaux de la discussion sociale.

Les syndicats ne s’attachant pas trop à la défense des minorités, la haute administration a fait entrer dans ce mécanisme exorbitant, niant toute réelle démocratie, le droit des femmes, des handicapés, des immigrés, etc.

La négociation sociale a perdu de ce fait l’essentiel de son intérêt, tout étant géré par les Énarques qui ont mis la main sur la politique. Notamment toutes les discussions qui avaient lieu dans les « branches » via des conventions collectives ont cessé d’être utiles. Le Smic a remplacé les minima de branche qui traînent loin derrière. Les tribunaux ont pris dans le processus des pouvoirs exorbitants. Les syndicats ont largement été dépassés par les associations, et notamment par les associations internationales.

De même que les néo-féministes veulent un homme déconstruit, la haute administration veut une entreprise également déconstruite, vertueuse, propre sur elle, inclusive, citoyenne, etc.

Les partis politiques sont totalement shuntés. Ce n’est plus là que cela se passe. Les grands partis traditionnels « de gouvernement » ont été subvertis par l’énarchie, et ont fait exactement la même politique. Au bout du chemin, on a vu arriver l’unification des Énarques de tous les bords par Macron et la gestion du pays par une poignée d’entre eux, s’appuyant sur la maîtrise quasi-totale des médias chargés de construire l’information utile à leurs projets.

Les grandes grèves ne sont plus que des moments symboliques pour faire croire aux travailleurs-travailleuses qu’ils ont encore leur mot à dire. L’énarchie et l’européisme contrôlent tous les processus et les textes.

La vérité est qu’il appartiendrait à la classe politique d’agir en revenant sur les déviances post-soixante-huitardes et elle pourrait adopter une version doctrinalement exacte du droit de grève. Les grands réseaux devraient être traités comme tels et non comme des fausses entreprises privées du monde concurrentiel. Et les tribunaux ne pourraient pas continuer à servir d’auxiliaires de la Révolution en affichant des têtes de patrons sur les « murs des cons » des syndicats de juges politisés. Phagocytée par l’Enarchie, elle ne le peut pas et les programmes politiques se sont progressivement vidés en même temps qu’ils devenaient quasiment les mêmes.

On le voit bien au LR, où on se bat sur les postes, mais où toute réflexion programmatique est bannie. On le constate au PS vidé de substance, une fois que les « bons » Énarques ont rejoint Macron. La politique est devenue un théâtre d’ombres.

Le résultat, on l’a vu : la disparition de l’industrie en France. La fuite des grandes fortunes. La fuite des cerveaux. L’hyper fiscalité. L’hyper bureaucratie.

Du coup revenir à une législation normale du droit de grève, au dialogue de branche et à la négociation au sein de l’entreprise n’est pas considéré comme utile. La tutelle étroite de l’État a remplacé tout cela qui est devenu une sorte de décor. L’immigration et l’Europe, avec la mise en compétition avec le monde entier, sont les compléments naturels de la capture de l’ensemble de la politique par l’Enarchie. Le droit de grève est frelaté en France mais cela n’a plus d’importance. Les grèves nationales purgeront l’atmosphère. Et tant pis pour les dégâts. La dette n’est pas faite pour les chiens. Les Français peuvent subir.

Emmanuel Macron est le parfait représentant de cette vision totalement déviante de la démocratie et du dialogue social.

On tire le fil de la déviance du droit de grève et on aboutit comme toujours aux méfaits de l’énarchie « compassionnelle et bienveillante ».

Revenons à la situation du moment. Le principal bénéficiaire de l’inflation est l’État. Il engrange des recettes sur la hausse de l’énergie et bénéficie de la progressivité globale du système fiscal. Et c’est l’impéritie gouvernementale qui est la principale cause des difficultés.

On voit très bien ce que serait une gouvernance convenable du pays :

-        Ne pas laisser la politique de l’énergie entre les mains de l’Europe sans aucun contrôle des impacts nationaux.

-        Remettre de l’ordre dans le droit de grève pour le rendre conforme aux règles habituelles dans toutes les démocraties

-        Fixer les marges d’interprétation du système judiciaire

-        Appliquer la loi.

-        Anticiper les conséquences de ses inconséquences.

Les erreurs accumulées, aussi bien dans la politique énergétique antinucléaire, que dans les taxations abusives des entreprises, les exactions judiciaires contre les entrepreneurs, l’abus de prélèvements, la destruction des services publics, les lois pro-grévistes, la réglementation étouffante et la domination de la politique et de l’État par une classe de hauts fonctionnaires, se paient très cher aujourd’hui. Emmanuel Macron est l’exact symbole et organisateur de cette politique contraire aux intérêts de la nation française, et le principal responsable de la situation détestable à laquelle les Français sont confrontés.

Une autre politique aurait pu être efficace. Rien de ce qui nous arrive n’était inévitable. Les Français lors des dernières élections ont préféré cautionner la déviation antidémocratique du système politico économique français.

Les Français sont-ils irresponsables et la démocratie impuissante ? Ou l’Enarchie triomphante a-t-elle contraint les votes par la manipulation des organes médiatiques qui créent le cadre du bien et du mal dans lequel les Français sont censés débattre et se débattre ?

C’est à cette question que devraient s’attacher les analystes politiques.

Macron : une chance pour lui-même, pas pour la France

Alors que la France s’enfonce un peu plus dans les différences déchéances qui l’accablent, on ne peut échapper à la question de la mal gouvernance qui s’y est installée depuis tant d’années et qui prend, avec Emmanuel Macron, réélu facilement pour un second mandat, une ampleur nouvelle.

Ce résultat est paradoxal, tant le premier mandat a été négatif pour le pays. L’étonnante absence de résultats pourrait être considérée comme décevante mais circonstancielle. Ce serait charitable mais éluderait le fond du problème. Des échecs constants à peu près dans tous les domaines sont présentés comme des exploits mirifiques voire quasiment inespérés dont la contestation ne peut provenir que d’un esprit incompétent ou chagrin. Non seulement l’échec n’est jamais admis mais il est transformé en succès certes partiel mais obtenu face à l’adversité du moment ou aux conséquences d’un passé qui se vengerait dans le présent. 

Comment ne pas voir qu’on est très au-delà des dérobades habituelles. La politique annoncée cherche seulement à obtenir un effet médiatique ou électoral à court terme, en s’inscrivant dans la préoccupation du moment. Les résultats n’ont pas d’importance en eux-mêmes. Il est inutile d’analyser les échecs pour corriger le tir vers une cible de circonstance. Il n’y a jamais d’échec, puisqu’il n’y a pas de volonté d’obtenir un résultat quelconque, mais une posture utile à un moment donné. La blanche colombe virevolte au-dessus du marécage, en évitant les coups de fusils. Le but est de survivre jusqu’au lendemain et personne ne doit s’interroger sur la direction imprimée à chaque cabriole.

A part la transgression fondamentale qu’ont été la conversion de l’ISF, rétrécie en IFI, et la suppression de l’imposition forfaitaire des produits de l’épargne financière, l’annonce réformatrice macronienne a disparu dans les méandres du n’importe quoi et de l’insignifiance, alors que la jactance et les caprices devenaient les ressorts fondamentaux de l’inaction présidentielle surmédiatisée.

Rappelons sans se lasser l’incroyable liste des échecs régaliens et l’aggravation des risques pour notre pays qui commence à trembler sur ses bases.

-        Corruption : Le nouveau président s’est drapé dans l’idée qu’il fallait mettre fin à la corruption. Dans la pratique l’ennui a commencé dès le premier jour avec son allié centriste prisonnier d’un scandale dans l’utilisation détournée de l’argent européen. La campagne de type « mani pulite » s’achève sur l’inculpation du Ministre de la Justice, une première dans l’histoire de la Vème République et celle du principal conseiller et porte-parole du Président, celui qu’on appelle son second cerveau. L’interdiction du cumul députation et mairie a décharné la vie politique, les députés devenant des inconnus hors sol et largement dépourvus de rôle réel, et les Maires s’accrochant à leurs pouvoirs excessifs et les renforçant. Echec total. 

-        Militaire : Nous sommes virés par un « roi nègre » putschiste qui introduit des mercenaires russes pour remplacer la France. Notre armée vit avec des bouts de chandelles. Nous serions incapables de faire face à un envahissement russe. Nous sommes désormais totalement vassalisés. Notre industrie militaire est saccagée et le risque de soumission à des tiers prend corps. Echec total.

-        Diplomatie : Pas un succès. Le français et la France culturelle reculent partout. On ferme en masse les institutions françaises qui faisaient notre influence. La formation des diplomates est cassée. La France ne  joue aucun rôle utile en Ukraine et se fait tancée par tout le monde tout en laissant à Mme Van der Leyen un pouvoir qu’elle n’a pas statutairement. Echec total.

-        Finances publiques : la démagogie a entraîné une hausse gigantesque des dettes dont on doit payer les intérêts démesurés aujourd’hui. Et nous restons le premier pays du monde pour les prélèvements. Echec total.

-        Santé : l’hôpital est effondré et tout le système médical est à bout de souffle. Le virus n’a fait que mettre en lumière le phénomène. Aucune réforme de fond. La situation s ‘aggrave. On meurt sur des civières faute de traitement aux urgences. Echec total.

-        Education nationale : nous nous effondrons dans tous les classements de la maternelle à l’université. Le Wokisme envahit tout et la science disparait au profit de propagandes partisanes idéologiques importées. Macron n’a même pas osé interdire l’écriture genrée. Il a cédé sur tout ce qui concerne les transgenres. La drogue, la pornographie et les jeux addictifs gangrènent la jeunesse. Et on nomme un indigéniste américanophile noir comme ministre. Echec total.

-        Energie : tout l’effort construit depuis un demi-siècle a été ruiné. Echec total.

-        Climat : la France est condamnée pour inaction et la souveraineté française a disparu. On se lance sous l’influence de l’ONU et de la Commission européenne, dans une « transition » dont personne n’a évalué les conséquences pour la France. Aucune étude d’impact et « on accélère », avec la destruction programmée d’industries entières.  Echec total.

-        Agriculture : la France était le grenier agricole de l’Europe. Elle est désormais en déshérence et perd son rang chaque année un peu plus. La France est devenue importateur net de denrées agricoles ! Echec total.

-        Sécurité : échec total.

-        …

Les perspectives ne sont guère réjouissantes. On ne voit pas ce qui pourrait aller mieux dans les trois années à venir sans quelques changements radicaux. Mais on voit s’esquisser ce pourrait aller plus mal.

Les manigances présidentielles s’ajoutent aux inquiétantes menaces de Poutine, au lieu d’armer la résistance aux chocs multiples qui s’accumulent. 

Si, comme il se confirme tous les jours, l’ambition unique d’Emmanuel Macron est d’être le premier président élu d’une union européenne fédérale, et que la politique étrangère de l’Europe, à sa demande, est définie par la majorité atlantiste, la France en tant qu’état souverain qui compte par son passé et ses traditions gaullistes disparaîtra. Il s’agit bien d’une politique létale pour une certaine idée de la France.

La France risque de disparaître en tant qu’Etat souverain, désossée en tant que puissance industrielle et agricole, détruite financièrement et économiquement, épuisée socialement, territorialisée bêtement, avec des tentations séparatistes, colonisée par une immigration incontrôlée, socialement à bout, culturellement bouffée par les outrances américaines et politiquement livrée aux extrêmes.

Penser qu’une telle constance dans l’échec, avec des conséquences d’une telle amplitude, est indépendante de la psychologie problématique de celui qui a réussi à se placer sur le pavois est tout de même un peu aventuré. L’élévation de Macron se fait sur l’abaissement de la France. Certains diront : ce n’est que concomitant. D’autres qu’il y a un lien de cause à effet.

On peut craindre que ces derniers aient raison. Non, Emmanuel Macron ne nous protège pas : Il mène une quête psychologique personnelle qui le rend indifférent au pays et propice aux échecs majeurs sur la quasi-totalité des questions nationales. Ses failles lui font envisager sans frémir la fin de la France comme nation libre et souveraine. Il la laissera au milieu du chaos sans frémir.  

Bâtir une alternative est l’urgence du moment. En espérant que la nation ne disjoncte pas avant qu’elle ne soit prête.

Quand le journal le Point divague avec des économistes socialistes

Le Point vient de faire paraître une intervention d’Olivier Blanchard et de Jean Tirole, « pour en finir avec les bobards ». Il est utile de faire quelques remarques pour en finir avec les jobards, qui dans la presse, croient qu’ils sont des économistes de référence.

Olivier Blanchard le dit clairement : il est plus à gauche que Macron qui suit une stricte politique à la Hollande gaucharde mais pas trop qui explique les 3 000 000 milliards de dettes, l’effondrement des services publics, des déficits extérieurs jamais vus, 85 milliards d’achats de votes pour la réélection etc. Jean Tirole n’ose pas l’avouer aussi directement  mais il est tout aussi socialiste, comme en témoigne ses suggestions.

En fait ces deux-là n’ont eu de carrière que par leur révérence aux idées dominantes. Ils ont dit oui à toutes les erreurs qui ont été faites et justifient qu’on en commette d’autres.

Écoutons ces augures :

-        Il ne faut pas mettre fin à la mondialisation, sinon on va perdre un facteur de croissance. Toutes les voies de réapprovisionnement sont en difficulté et la vulnérabilité vis-à-vis de partenaires dictatoriaux est devenue patente. Les classes moyennes occidentales sont au bout du rouleau. Mais chut ! On ne change pas un système qui perd.

-        Le dollar va être menacé dans son hégémonie. OK mais on aimerait des précisions sur les conséquences.

-        « Il est important de souligner que l’Europe importe une grosse partie de son énergie » ; Il fallait au moins un O. Blanchard pour nous prévenir. Et en effet, il faut savoir qui va payer. Les truismes les plus énormes sont les plus beaux. Il va falloir réduire notre consommation assez vite. De combien et pour quel résultat ? Pas un mot. Yaquafaukon.

-        Il faut augmenter les impôts des plus riches. Ben voyons !

-        Il faut laisser les prix jouer leur rôle de répulsifs de la consommation. OK. C’est le choix de la Suisse.

-        Il faut créer une taxe carbone pour accroître le répulsif mais pas à la frontière parce que cela va être compliqué ! Les entreprises françaises seraient donc seules à la payer en concurrence avec le monde

-        Il ne faut pas indexer les salaires sur les prix. OK on sait où cela mène. Mais attention aux retraites.

-        Il ne faut pas bloquer les prix. OK. Tout le monde le sait sauf les démagogues.

-        Pas de taxe additionnelle sur les profits sauf pour Total-énergies. Pourquoi elle seulement ?

-        Le problème n’est pas qu’on dépense trop mais mal (rappel : nous sommes les champions du monde de la fiscalité et des charges et tous nos services publics sont effondrés).

-        La cote d’alerte pour notre dette n’est pas atteinte. On peut investir avec de nouvelles dettes. Et allons-y ! Jusqu’où ?

-        La dette italienne ne posait pas de problème avec Draghi et en posera avec tout autre. Vade retro Meloni l

-        Les banques centrales devront se poser la question : réduire l’inflation ou non. Belle analyse originale…

-        La réforme de l’ISF a été une erreur. Pardi ! Les riches doivent payer.

-        Mais vaut mieux taxer les multinationales ! Au boulot ! Elles peuvent partir, elles.

-        Il faut inciter les Français à travailler plus longtemps en réduisant les maladies chroniques et en augmentant la formation. Les fonctionnaires tremblent déjà ! Les éboueurs et les employés de piscine de la mairie de Paris aussi.

-        Il faut mettre en œuvre la réforme des retraites par point. Après cinq ans d’atermoiements et de crispations, qui ont montré la quasi-impossibilité politique de mettre en œuvre une réforme aussi globale, ils en sont encore là !

-        Il faut des incitations financières pour travailler plus longtemps. Ah oui ! Mais lesquelles ? Mais surtout pas de pression pour retourner plus vite au boulot.

-        Où sont passés les travailleurs de l’hôtellerie-restauration ? Une fois qu’on saura,  on pourra trouver des réformes. En attendant ne touchons pas à l’indemnisation du chômage. Le fait de conserver 5 millions de chômeurs alors que les entreprises ne trouvent personne quand elles recrutent ne pousse ces gens à aucune réflexion. Un petit budget de recherche est toujours bon à prendre. Vive la dépense efficace…

-        Il faut faire correspondre les formations aux besoins de l’entreprise. Super ! Quels experts !

-        Vive la taxe carbone réservée aux Français. Bis repetita.

-        Il faut des interdictions pour lutter contre le réchauffement. Voici qui est clair. On peut avoir la liste ?

-        Croire que la transition n’affectera pas la croissance est espérer le beurre et l’argent du beurre. D’accord. Mais quelle perte de croissance et de prospérité ? Chut ! Et pour quels résultats sur la température ?

-        La « carte carbone » signée Piketty est impraticable. La taxe carbone donnera à l’état de l’argent à redistribuer. Taxer, taxer, taxer… mais plus simplement.

-        Taxons les riches mais avec des moyens simples. Ben voyons, il n’y a pas d’impôts en France.

-        Il faut augmenter l’impôt sur l’héritage et la transmission. Il faut redistribuer le capital financier pour répartir le capital culturel. Encore et toujours. Salauds de riches. Importons des millions d’immigrés et le capital des riches permettra de les mettre à niveau. Chouette !

-        Le programme de la Nupes conduit à la sortie de l’Europe. Donc c’est mal. Socialiste d’accord mais pas contre l’Union Européenne. Ce serait le seul problème ?

 

Les résultats économiques de la France sont désastreux. L’indigence de nos économistes officiels socialistes n’y est pas pour rien. Nous présenter ce tissu de banalités et de pétitions de principe en faveur de la mondialisation, de l’Union européenne, des taxes, et des impôts sur les riches comme un livre de référence écrit par des économistes de classe mondiale est le plus grand bobard du Point.

Et voici l’écologie pénitentielle coercitive. Elle ne s’arrêtera plus

Le chaos de la décroissance est au bout du chemin

Ça y est ! Les lois anti-propriétaires commencent à s’appliquer. Les propriétaires qui louent un bien immobilier sont tenus à prouver leur vertu et c’est à eux de faire les frais de la transition énergétique. Bien sûr l’enflure mortifère des actions mises en œuvre par des filles de famille issues de l’énarchie et de la nomenklatura d’Etat a été à la hauteur de leur irresponsabilité. Bien calées dans les rémunérations étatiques et ses avantages, capables par leur réseau de virevolter dans des organisations sous dépendances, elles pouvaient y aller franco. Sauver la terre pour ces fillettes privilégiées et garanties de fortes rémunérations et avantages de leur adolescence jusqu’à la fin de leur vie, méritait tous les sacrifices des autres. La bureaucratie a trouvé dans l’écologie le moyen de carrière avantageuse et de domination sans égale de la société.

Mmes NKM puis Wargon ont été avec quelques autres les promotrices de cette action coercitive. Mme Panier-Runacher, énarque et épouse d’énarque, est chargée de la transition énergétique, donc de l’application de toutes les règles coercitives déjà engagées et sans pouvoir de conception puisque toute la politique énergétique est dirigée de Bruxelles. Les ministres français sont là pour faire avaliser les directives européennes et ne mettent leur grain de sel qu’en compliquant et aggravant les choses par des décrets ineptes et ravageurs.

Voici donc les appartements désormais labellisés comme poubelles thermiques de plus ou moins bonne qualité et les coercitions commencent : interdiction de maintenir la valeur locative en fonction de l’inflation ; bientôt interdiction de louer. Pourquoi le locataire bénéficie-t-il d’un avantage de revenu au nom de l’écologie ? Personne ne l’a jamais expliqué. Pourquoi priver d’argent celui qui doit faire les investissements d’isolation ? Silence ! La logique imbécile de gribouilles administratifs torturés par ses années à l’ENA ?

Naturellement les modalités sont totalement folles. Tout étant irrationnel et injuste dans cette affaire, les décrets ont tout aggravé. Il faut faire étalonner son bien. L’ennui, lorsque vous le faites faire par deux « experts » différents, vous avez deux appréciations différentes et pas qu’un peu. En fait tout est arbitraire dans la procédure et totalement éloignés des réalités de terrain. Il faut des cohortes délirantes de testeurs de les « former » à une discipline vaseuse à l’extrême conçue par des imbéciles stipendiées à cet effet et qui en ont remis dans la sottise et la complexité. In fine vous laissez à un technicien à la formation et à la compétence approximatives le soin de décider si le locataire gagnera de l’argent et si le propriétaire sera lésé. Avec une inflation de 10 % par an on voit les dégâts. Rappelons que les périodes d’hyperinflation ne sont pas toujours courtes : pensons aux années soixante-dix. Imaginons la situation au bout de trois ans. Le locataire se retrouve avec une ristourne de 30 % sur son loyer. Le loueur a perdu un tiers de la valeur locative. Sur un dire de vérificateur en général incapable structurellement d’appliquer utilement les décrets. Où est la justice ? Où est le sérieux ?

« Il n’a qu’à faire les travaux d’isolation, ce connard de propriétaire abusif qui jouit d’une poubelle ! » Cette jolie phrase trouvée sur les réseaux sociaux trahit la pensée profonde de beaucoup Français. Rien à cirer des gens qui ont un patrimoine, ne serait-ce qu’une poubelle thermique ! Qu’ils paient ou qu’ils vendent !

Mais là les affaires se compliquent joliment. Vous pouvez transformer votre appartement en bunker thermique, et même en producteur net d’électricité, vous n’aurez pas votre beau certificat d’honneur de propriétaire citoyen conscientisé et labellisé, digne de recevoir une rémunération décente de votre investissement. La dépense thermique prise en référence est celle de l’immeuble. Si vous êtes seul à faire les rénovations nécessaires, aucun moyen d’avoir une bonne lettre. Les copropriétaires occupants n’ont aucun intérêt à faire des travaux gigantesques non rentables. Cela revient à interdire la location dans les immeubles collectifs où ils sont majoritaires.

Ne vous inquiétez pas, les textes seront aggravés pour faire sauter ce bouchon un jour ou l’autre. En attendant, les propriétaires vendent après avoir mis fin aux locations. Il devient de plus en plus dur de trouver une habitation en location. Pour acheter, les conditions de crédit deviennent très restrictives. Les prix du neuf eux sont aggravés de plus de 10 %, hors inflation, par les contraintes nouvelles imposées aux constructeurs. Les prix déjà inaccessibles grimpent encore un peu plus. Allons, en route en chantant vers une crise du logement !

Mais non disent nos Énarques étatistes (ils le sont tous peu ou prou par vocation ou intérêt). On va faire des logements sociaux. Ceux-là ont tous les budgets nécessaires pour se mettre aux normes écolos. Ce sont les bourgeois qui paieront. Ces salauds de propriétaires auront la triple peine, perdre de la valeur locative, perte sur le prix de vente et impôts aggravés sur le revenu. Parfait ! Une belle société qui fait face avec astuce à ses besoins sociaux et écolos ! Quand verra-t-on l’ENA adhérer à la Nupes ?

L’ennui c’est que le parc de « poubelles thermiques » appartient généralement à la classe moyenne moyenne et inférieure. Souvent le bien leur est revenu par un petit héritage et ils ont payé des droits. Parfois ils se sont endettés pour des années pour avoir un revenu de complément pour leur retraite. Mais avec les emprunts ils sont à la limite. ILS SONT PARFAITEMENT INCAPABLES DE PAYER ET LE CERTIFICAT ET LES TRAVAUX D’ISOLATION. Si les revenus locatifs baissent, ils sont coincés et doivent vendre. Adieu le petit patrimoine, et le revenu de complément ! Quand on connaît les perspectives de la France en matière de retraite, personne ne rit. L’Énarque s’en fout. Il aura lui une très belle retraite publique agrémentée de tous les ajouts faits à l’occasion de pantouflages ou d’allers et retours au gouvernement et au parlement.

Ils ont une réponse toute faite : « on a créé sur le modèle de la sécurité sociale une administration nouvelle tout entière dévouée à fournir des ressources aux propriétaires nécessiteux : Ma prim’renov ».

Indépendamment du nom racoleur et grotesque pour publiciste déjantée, constatons qu’une nouvelle branche administrative a poussé sur le dos des Français et de leurs revenus. Des cohortes de fonctionnaires vont aider les pauvres propriétaires, façon gilets jaunes, à passer le cap. Les budgets prévus sont tellement lourds et les résultats tellement incertains que la Cour des Comptes frémit d’horreur. Elle exige des évaluations régulières ! Personne n’a chiffré de façon convaincante les gains en Co2 des efforts demandés aux loueurs de logement. Encore moins en température. Rassurons tout le monde, il est exactement nul.

Des dizaines de milliards d’euros et de nombreuses vies gâchées vont joncher le parcours anti propriétaires de nos énarques adorés, bienveillants et indispensables. Ce n’est pas la triplette Macron (qui ne possède rien et n’a pas employé les fortunes qu’il a gagnées chez Rothschild pour créer du logement locatif), Borne et Panier-Runacher, qui peuvent simplement imaginer qu’il y a un problème.

Pertes de valeur, rancunes et haine, impôts, bureaucratie violente, régression pour aucun résultat. Ce n’est pas pour demain. C’est ici et maintenant ! Et les veaux broutent ce qu’il leur reste d’herbe en courbant l’échine. Et ils seront tout surpris quand ils seront frappés, eux qui se croyaient à l’abri. Quoi ? Cela ne concerne pas que les autres. Ils iront alors à la Nupes ou au FN.

La transition énergétique bidon nous enferme dans la triplette : parti bureaucratique, partis contestataires. Il n’y a rien de positif à attendre de cette horreur.

Ce premier acte de l’écologie coercitive et dommageable sera suivi de bien d’autres de plus en plus punitifs et de plus en plus ruineux, au fur et à mesure que l’inefficacité sur la réduction des difficultés climatiques sera de plus en plus avérée et que la ruine guettera le système. Nous venons de mettre le pied dans la machine à broyer définitivement le pays.

C’est aujourd’hui qu’il faut réagir.

Premier acte de santé écologique : mettre fin à l’énarchie compassionnelle bienveillante, écologique et népotique, en interdisant aux hauts fonctionnaires l’accès aux fonctions politiques. Écarter les Borne, les Macron, les Panier Runachier, les Wargon de l’espérance du pouvoir est le seul moyen que les questions qui touchent aussi radicalement le corps social soient correctement traitées.

S’ils avaient travaillé toute leur vie au service de l’économie, donc de la collectivité, pour disposer d’un petit logement et éventuellement d’un studio en location, encore en cours remboursement des crédits, pour améliorer leur faible retraite, ils sauraient ce qu’on pense quand on voit se construire en face de chez soi des logements sociaux bien isolés et quasi gratuits pour immigrés au chômage statutaire, que son quartier est devenu la proie des vols et des provocations islamiques, avec des tirs de bombes d’artifice, et qu’on doit payer pour isoler son propre appartement et perdre la location bienvenue qui mettait un peu de beure sur les épinards, alors qu’on est évidemment exclu des subventions qui ne couvrent qu’une fraction infime des coûts, quand il est possible de faire les travaux.

Après avoir dépensé pour 85 milliards de cadeaux électoraux, Emmanuel Macron est descendu de son jet ski et prend la pose du tragédien pour dire aux Français que la fête est finie et qu’il va falloir qu’ils travaillent, eux, pour payer les différentes factures accumulées par sa gestion et qu’ils auront, eux, à subir les efforts de la transition énergétique, et la guerre en Ukraine.

Le manque de scrupule, la morgue et le mépris de ce président problématique dépassent l’entendement. Les Français, nés malins, applaudissent leur sauveur ! On les a fait voter en stimulant leur peur. On va les faire payer en stimulant leurs craintes. Tableau !

Français, n’ayez pas peur. Il faut stopper le mécanisme infernal qui se met en place et qui ruinera définitivement la France et ce qu’on appelle de plus en plus inexactement les Français.

Santé : Petite histoire d’une décadence programmée

Impuissance et démagogie des ministres de la santé

Un journal du soir a eu la très bonne idée de questionner une brochette de ministres de la santé qui ont accompagné ces quarante dernières années l’effondrement de l’hôpital français et plus généralement du système de santé. On est épaté, à chaque ligne, par l’impuissance benoîte qu’exsudent ces propos glaçants de bonne conscience. Le numerus clausus ? Le diable initial mais qu’on n’a jamais voulu vraiment annuler. La tarification à l’acte à l’hôpital ? Quelle horreur ! Mais on l’a gardée. L’Europe qui nous impose la « fin du trou de la sécu » ! Mais on a gardé ! Le secteur privé : la source de bien des maux, fin des gardes, corporatisme. Mais attention à la puissance électorale des médecins. Le secteur public : une guerre infâme des mandarins, alors il a fallu que Sarkozy s’en mêle et impose le directeur fonctionnaire et tout puissant au risque d’une bureaucratisation qui « nous a fait prendre dix ans de retard ». Mais on n’a rien fait pour changer quoi que ce soit dans les dix ans suivants. Les revendications salariales avec la cogestion avec les syndicats revendicateurs ? Justes et excellentes mais Bercy ne voulait rien entendre. Alors on n’a rien fait sinon accepter les 35 heures et la retraite précoce pour la fonction publique hospitalière et tardive pour les grands chefs, avec beaux reclassements dans des sinécures publiques pour les médecins collaborant sans réticences avec l’Enarchie.

Nous avions des ministres formidables et bien intentionnés, mais que faire contre Bercy, Bruxelles, le vilain secteur privé, les affreux mandarins, les présidents touche à tout, la volonté de transformer l’hôpital en entreprise de marché… Alors inutile de faire valoir des réalités dommageables : une masse de médecins et de lits d’hôpital unique au monde mais un taux d’activité constamment déséquilibré bien que fort ; la bureaucratisation excessive avec des taux d’administratifs dans le système de santé de 10 points supérieurs au reste des pays comparables ; les méfaits de la gratuité généralisée ; et l’ouverture des soins gratuits et même des prothèses au monde entier ; un coût extravagant.

De 1974 à 2022, les équipes politiques ont toutes fait la même politique. C’est donc que quelques forces telluriques sous-jacentes ont influencé durablement les pouvoirs de façon coercitive.

La première est naturellement le changement radical du rythme de la croissance à partir de 1971. L’accroissement très rapide de la richesse pendant les Trente Glorieuses dans un système d’impôt progressif a noyé de ressources les gouvernements, notamment à partir de 1958. L’argent a coulé à flots et permis de créer un nombre colossal d’hôpitaux eux-mêmes colossaux (« les cathédrales des temps modernes ») et de multiplier les effectifs, les recherches et les équipements dans le secteur médical.

Simultanément la démagogie s’est emparée du dossier car elle était facilement financée dans un moment où les découvertes scientifiques permettaient à la médecine de traiter efficacement de plus en plus de maladies, de mieux en mieux identifiées et comprises. Le nombre des médecins a littéralement explosé. Nous sommes toujours aujourd’hui le pays ayant le plus de médecins pour 100 000 habitants (plus de 6 contre une moyenne de 5 en Europe et 3 dans les pays un peu développés) et celui avec les plus larges capacités hospitalières (même si les cathédrales sont amiantées…) et une dépense de soins par habitant supérieure à quasi-tout le monde. « En France, la dépense de santé au sens international (DCSi) – qui recouvre la CSBM mais également les dépenses de soins de longue durée, de prévention et celles liées à la gouvernance du système de santé – s’établit à 11,3 % du PIB en 2018 [1], soit 1,4 point de plus que la moyenne de l’UE 28 ». La France dispose malgré toutes les mesures prises depuis 50 ans de deux fois plus de lits disponibles que les États-Unis et le Royaume uni.

Cette énorme machine construite pendant les Trente Glorieuses va être remise en cause par la stagnation économique qui suit la destruction des Accords de Bretton Woods, qui provoque la crise de 1973 qui ravage le monde et provoque la crise du pétrole qui elle-même change radicalement le cours de la croissance.

La France qui n’a pas de pétrole, est prise à la gorge. L’inertie fantastique du système de dépenses publiques empêche d’arrêter le train en quelques mois. La récession frappe et tous les comptes tournent au rouge. On découvre avec horreur qu’en système de changes flottants les relances keynésiennes ne marchent pas. Plus jamais le secteur médical ne retrouvera le flot d’argent qui l’a inondée pendant trente ans. C’est cette transformation-là qui est le cœur des difficultés subséquentes. C’est naturellement l’explication fondamentale et elle n’est pas donnée.

Deux autres forces systémiques se mettent en place qui vont aggraver les conséquences du changement de contexte économique.

La première est l’arrivée à maturité et au pouvoir de « l’Enarchie Compassionnelle ». La haute fonction publique a enfin réussi à capter la politique en plus de l’État. Le symbole de ce triomphe est le couple Giscard, Chirac. L’ENA gouverne et tient absolument tout. Elle ne sait que céder, arroser de subventions, fiscaliser et réglementer et éventuellement bloquer. Cela ne cessera plus jamais.

La seconde est la généralisation de la gratuité. La santé doit être totalement gratuite et tous doivent avoir exactement les mêmes accès aux soins, sans tenir compte de rien d’autre. On dirait aujourd’hui : quoi qu’il en coûte. Or on sait quelle est la tare inséparable de la gratuité : le gaspillage, les comportements irresponsables, l’envol des coûts, la répression de producteurs, la répression des malades, la ruine générale du système. La bataille de la gratuité a eu lieu pendant la Quatrième République autour de celle du « petit risque ». Elle n’a jamais cessé d’être menée, aboutissant à la prise en charge gratuite de la santé des étrangers venant à se trouver en France et mille autres générosités coûteuses.

La dénatalité, qui se marque dès le milieu des années soixante-dix et le vieillissement de la population, vont également jouer le rôle d’un tsunami lent, entraînant à la fois une hausse de besoins médicaux de tout en réduisant la part des actifs dans la société, donc les moyens de payer.

Si on se place en 1976, la France est au bord du gouffre sanitaire. On ne peut plus payer ! Personne n’a rien anticipé, analysé, prévu, préparé. On va donc détricoter le système de santé à la petite semaine, dans le silence le plus complet des hommes politiques et des médias qui vont devoir illustrer un mensonge de plus en plus flagrant : « nous avons l’hôpital et le système de santé le plus performant du monde ».

Lorsqu’en 1971, un premier numerus clausus est institué en fin de première année d'études médicales, il s’agit de canaliser les entrées qui explosent avec l’arrivée des classes nombreuses. Les autorités médicales prétendent que la masse va empêcher la qualité de l’enseignement. L’objectif reste la qualité de l’enseignement et des soins.

Avec le plan Barre, l’esprit change. Le fait que nous soyons le pays disposant du nombre de médecins par habitant le plus élevé du monde est jugé anormal avec un nombre de lits colossal et le plus souvent mal géré par des collectivités locales parfois irresponsables. Les syndicats médicaux n’aiment pas la concurrence, ce qui crée une connivence. Et le trou de la sécu devenait béant. « Claude Got, conseiller technique des décrets d'application de la loi de 1979 sur la réforme des études médicales, publiés en mai 1980, et instaurant véritablement l'application du numerus clausus dans l'admission aux études de santé françaises ». Il faut réduire la course à la dépense dans le secteur médical et on pense qu’en réduisant l’offre, et en encadrant les rémunérations, on réduira la demande. Une erreur courante dans un système de gratuité. La répression de la dépense va être un chantier continu jusqu’à nos jours. Pour donner une idée de l’encadrement des rémunérations, on peut prendre l’exemple de la lettre-clef K opératoire, celle des chirurgiens, dont le tarif depuis que la convention médicale a vu le jour dans les années soixante, n’a pas du tout suivi le coût de la vie au point qu’il faudrait le multiplier par quatre pour revenir au niveau de 1965. Les médecins sont une corporation très disparate qui, en vérité, s’est très mal défendue, contrairement aux dentistes, profession homogène, qui ont réussi à rester hors des pattes de la sécurité sociale. Dans la durée, la profession s’est féminisée, les femmes acceptant des salaires plus faibles, mais en refusant les horaires qui ne permettent pas de maintenir une vie familiale. Adieu les gardes et les sujétions d’antan. On retrouve la même situation que dans l’Éducation nationale ou la Justice. Certaines branches de la médecine très contraignantes ne trouvent plus assez de candidats. Le ministère de la santé et les ARS vont développer une bureaucratie à 80 % féminine mais au plus haut de la hiérarchie des salaires publics (quasiment tout le monde en catégorie A), dont on sait qu’ils n’ont pas été divisés par quatre !

Le trou de la sécu et la surmédicalisation française ne reculant pas, rien ne changera pendant les 40 années suivantes, jusqu’à l’effondrement récent provoqué par l’épidémie de Sars-cov-2 et la panique qui s’est ensuivie.

Avant cela, l’arrivée, avec l’élection de F. Mitterrand, de la coalition socialiste communiste va stopper tous les efforts macroéconomiques jusqu’au « tournant de la rigueur », mais personne n’osera toucher au numerus clausus dont le problème est qu’il ne réduit pas l’effectif au travail pendant toute une génération qui vieillit jusqu’au jour où elle part à la retraite. Alors il n’y a plus personne. C’est la situation actuelle.

En revanche on s’attaque au mandarinat ! Les chefs de service sont déclarés divas capricieux et « fascisants ». Heureusement tous les projets les plus dramatiques des excités du PS seront mis progressivement à la poubelle : tous les chefs de service étaient socialistes ou presque ! En revanche la cogestion avec les syndicats est quasiment instituée comme dans l’Éducation Nationale. C’est avec Juppé que la bureaucratie commence à s’implanter. Mais c’est avec Jospin que les 35 heures viennent mettre part terre l’hôpital. Il est intéressant de noter qu’aucun des ministres conviés par le journal Le Monde n’a osé parler de la durée du travail alors qu’une bonne partie des difficultés vient de là. Les chefs de service sont mis sous tutelle avec des services aux horaires devenus rigides avec des réglementations et des normes coercitives. On verra à Saint Malo un chirurgien recoudre un malade en cours d’opération, avant de faire les actes importants, parce qu’une infirmière a décidé de partir à la fin de son horaire légal ! On arrête un service complet parce qu’il manque un médecin ou une infirmière. En même temps on ferme les services qui n’ont pas « assez d’activité » et on veut créer un grand service public du transport médical pour aller vers les nouvelles usines à traiter. Une pure folie de type Gosplan ! Il faudra la révolte des taxis pour mettre fin à cette tentative d’esprit soviétique.

Le gros des pleurnicheries dans l’article porte sur la tarification à l’acte. C’est le prototype du faux problème. Dans un système administré, et marqué par la gratuité des soins aux malades, les prix ne jouent pas leur rôle de régulateur. Ce sont de simples conventions pour redistribuer les budgets. Parler de rentabilité des hôpitaux publics est aussi stupide que parler de bénéfices à la SNCF !

Si vous rémunérez une équipe sans se préoccuper des actes qu’elle fait, le risque est le farniente qu’il faut compenser par des régulations délicates. Si vous le faites à l’acte, sans se préoccuper de rien d’autre, vous voyez les actes se multiplier et les mieux rémunérés plus vite que les autres. Il faut là aussi contrer ces dérives par des régulations nécessaires.

La dualité entre secteur public et secteur privé aggrave les choses. Le secteur privé est toujours rémunéré à l’acte ou au traitement qui est une série d’actes. Qu’il s’agisse de médecins de ville ou de cliniciens. La concurrence se fait sur la qualité, les prix étant uniformisés. La vraie responsabilité de la clinique, c’est d’obtenir des intervenants de grande réputation qui assurent l’activité et l’image de l’institution. Mais il aura nécessairement spécialisation, multiplication des actes et concentration sur les actes les mieux rémunérés. Il faut donc chiffrer la valeur des actes. Il n’y a pas de choix, puisqu’ils sont remboursés intégralement.

Dans le secteur public qui ne peut pas refuser de patients et qui doit couvrir tout le spectre des affections possibles, la situation est différente mais aucune doctrine n’est franchement meilleure qu’une autre. La meilleure est sans doute d’affecter un budget à un service, associé à un contrôleur de gestion indépendant et mettre en œuvre une politique de comparaison des résultats (benchmarking) avec les services comparables.

Mais la facturation à l’acte reste indispensable pour les services utilisant des matériels et les journées d’hospitalisation, la question étant ce qu’on facture, le lit et son assistance ou le lit et le traitement dans le cadre d’un forfait.

Le pire système est de fixer des canevas de traitement fixes contrôlés du début à la fin par ordinateur avec un contrôle bureaucratique permanent, en laissant la bureaucratie parasiter la totalité du système en créant des arrêts pour décision bureaucratique dans tous les processus.

Ce qui frappe dans l’article, c’est l’impuissance des Ministres. On ne comprend pas le contexte et les causes. On réagit dans la panique à chaque récession qui ruine les recettes. On comprime et on bureaucratise, sans jamais s’attaquer aux causes. Et on est toujours dépassé. La bureaucratie réagit en fixant des normes encore plus sévères et en réduisant les lits sous différents prétextes, tout en cherchant des solutions absurdes d’étatisme comme le service public des transports à l’hôpital. On crée des émeutes. Alors on lâche un peu, on cède et on reprend. Rien n’avance. Et on finit par un monde hospitalier où chacun ne cherche plus qu’à se garer des accidents tout en gagnant le plus possible ou en travaillant le moins possible, et en se localisant dans les endroits les plus valorisants.

Du coup les politiques ont accepté leur impuissance et ont choisi de l’accompagner par de la démagogie en étendant les droits-à, tout en réduisant l’offre par des contingentements, des regroupements, des durées de travail réduite, des effectifs contraints etc. On aboutit à cette situation ubuesque où nous avons un service de santé pléthorique, ruineux et surdimensionné mais qui fonctionne mal, maltraite les professionnels et les malades et donne une impression de manque à tous les étages.

En cela le secteur médical rejoint la totalité des services publics, hypertrophiés, ruineux, bureaucratisés, noyés et inefficaces, travaillant peu d’heures, et qui ponctionnent une part grotesquement élevée des ressources nationales. On ne peut pas avoir des services publics qui marchent lorsque les prélèvements, à l’échelon national, représentent quasiment la valeur ajoutée globale des entreprises.

Si vous voulez un bon service de santé, il faut d’abord de la croissance et de l’argent, avec un maximum de responsabilisation de tous les acteurs et une forte concurrence des institutions. Si tout est gratuit et qu’il n’y a plus de croissance, avec une emprise bureaucratique et normative envahissante, vous n’avez plus de système de santé mais un machin déréglé qui ne fonctionne que parce qu’il y a quelques saints à quelques carrefours.

Notons que la prétendue « transition écologique » va créer un nouvel âge de restrictions avec une probable décroissance, qui aura encore plus de conséquences terribles sur le secteur médical. Ce troisième âge de la médecine depuis la guerre de Quarante s’annonce comme une terrible régression ! Le Dr Raoult dénonçait inlassablement qu’en matière de recherche médicale la France était devenue un pays du tiers-monde. Ce n’est que le début ! Les Français tiennent incroyablement à leur santé. F. Fillon a commencé à faiblir dans les sondages lorsqu’il a dévoilé qu’il voulait réduire drastiquement le mammouth médical. On a vu la facilité d’E. Macron à attiser et exploiter électoralement la haine des non vaccinés par des foules inquiètes d’être contaminées.

Les Français veulent sauver l’environnement et la terre avec ferveur. Ils adorent les causes de leurs futurs malheurs en glorifiant les restrictions écologistes Ils ne se rendent absolument pas compte de ce que cela signifie comme réductions… des dépenses de santé !

Trente glorieuses ! Cinquante piteuses ! Cent calamiteuses ? Avec une classe politique et médiatique dominante totalement dépassée et impuissante, forcée au mensonge systématique (le plus souvent par omission) et qui a concédé sa souveraineté à des instances internationales incontrôlables, le chemin de la décadence médicale est fort bien balisé.

Christian Gerondeau : l'indispensable trilogie sur la religion écologique

La fin de l'intox du GIEC

Lors que le 4 août 2021 j’ai abordé dans une conférence la question écologique, avec des interrogations fortes sur les idées dominantes défendues par le GIEC, les réactions ont été surprenantes ou terriblement pédagogiques comme on voudra. Il était facile de démontrer avec des opérations élémentaires dignes d’un élève de 7e et sur la base de chiffres qu’il suffisait de vérifier sur internet en trois secondes, que la politique proposée était strictement inutile d’un côté et impossible à mener de l’autre. Des réactions violentes se sont produites dans l’assistance, un phénomène jamais rencontrées depuis des années que je fais des conférences. Des jeunes filles indignées se sont levées et ont quitté la salle. Des adultes que je connaissais pour raisonnables ont durci leur visage en marque de réprobation. On entendait des « il ment », des « c’est faux », des « c’est scandaleux » etc. J’aurais expliqué à une assemblée de musulmans fanatiques que Mahomet était un farceur, la réaction n’aurait pas été plus vive ! Une partie de la salle ne voulait pas entendre ! Le dogme était sacré. L’écologie était clairement devenue une religion qui ne pouvait tolérer les sceptiques. À l’époque, le premier livre iconoclaste de Christian Gerondeau n’était pas encore paru (La religion écologique - L’Artilleur). La revue Causeur avait refusé de prendre un petit article sur le coût de la suppression du moteur thermique. Cette conférence a été un déclic. Les calculs les plus simples et les moins contestables étaient considérés comme faux et de mauvaise foi. « Je ne veux pas le savoir ». Vingt-cinq ans de propagande incessante avaient suggestionné et décérébré une partie très importante de la population qui ne voulait plus revenir sur son engagement, même au prix de la sottise la plus crasse.

J’ai donc entrepris d’écrire un livre explicitement centré sur les risques économiques de l’écologie prônée par le GIEC (Réconcilier Économie et Écologie – Deux trains lancés l’un vers l’autre sur la même voie, aux éditions du cercle des économistes e-toile). Malheureusement l’hystérie autour d’une nième vague de Covid et la volonté de Macron « d’emmerder les Français » rétifs à la nième vaccination n’a pas permis d’organiser quoi que ce soit et le sujet a été évacué totalement des élections présidentielles, puis législatives, entièrement préempté par l’Union européenne qui a imposé sans aucune étude d’impact la suppression du moteur thermique en 2 035.

Le temps était revenu d’aborder la question écologique. Malheureusement la guerre en Ukraine a, à nouveau, faussé toute la donne. Néanmoins, nous avons décidé de relancer le livre, encouragé par la parution de deux nouveaux livres de Christian Gerondeau, qui a complété son premier livre par « Les 12 mensonges du GIEC » et surtout l’indispensable « La voiture électrique et autres folies » que nous conseillons à tous les lecteurs de ce blog tant les chiffres donnés sont importants.

« Comment briser le mur de mensonge érigé par les tenants de la doxa aujourd’hui régnante qui les cache aux yeux du monde car ceux-ci ont tout fait, jusqu’à présent avec succès, pour empêcher toute confrontation avec ceux qui les contestent, parfois présentés comme des « adeptes de la terre plate » alors qu’ils portent la voix du bon sens »

J’aurais pu écrire la même phrase. Ce blog depuis presque 15 ans pose inlassablement la question de la défaite de la vérité sur un grand nombre de sujets économiques, monétaires, sociaux, historiques et écologiques. L’opinion se forme dans une toile d’araignée de mensonges ahurissants qu’il est interdit de balayer.

Nous avons vu dans un précédent article l’ampleur titanesque et forcenée du tissu de mensonges qu’est la présentation de la guerre d’Espagne en France. Un tel niveau de désinformation est presque égalé sur la question écologique. La France et l’Europe de l’Ouest sont devenus les nouveaux « pays du mensonge déconcertant » ! Comme c’est glorieux !

La force de Christian Gerondeau est qu’il prend les faits et présente des graphiques exacts. Ensuite il compare avec les affirmations du GIEC. Et on constate des présentations volontairement tronquées, disons même truquées, des changements d’unités qui ne permettent plus de comparer, des affirmations sans preuve, des attitudes de Savonarole énervé, des injonctions contradictoires, de la littérature de pure propagande, des mesures outrancières et débiles, la démoralisation des jeunes, la génération de comportements délirants chez des esprits fragiles.

Chaque jour démontre l’effet démoralisant des sottises intéressées du GIEC. Un homme annonçait hier encore devant les télévisions énamourées qu’il allait se faire stériliser pour ne pas encombrer la planète d’enfants gâtés qui provoqueraient le réchauffement climatique ! Lorsque la folie devient la règle, il est temps de quitter la nef des fous. Malheureusement il n’y a pas de véhicule de secours. Il faut donc bien attaquer de front les sottises mensongères du GIEC et s’attaquer aux abrutis qui ont cru bon par grégarisme inculte de mettre en application leur plan de régression mortelle de l’économie mondiale.

Les Français ne le savent pas encore, mais le temps est venu de faire sauter le carcan de l’inepte concept de la transition écologique avant la ruine définitive du pays et l’instauration d’une quasi-dictature climatique quand la situation sera devenue ingérable.

Il faut savoir que l’intoxication des consciences est telle que ce sera un travail politique colossal et il est compréhensible qu’aucune force politique ne veuille prendre le risque de s’approprier, même si c’est une nécessité nationale cruciale. L’opinion veut du greenwashing et on lui en sert des tonnes. Les entreprises ont décidé de ne pas résister et vomissent leur torrent d’inepties vertes ou LGBT pour soigner leur image et éviter d’être vilipendées par des dizaines d’associations militantes inondées d’argent.

Il va falloir braver toutes les forces « du bien » qui, dans les médias, les arcanes du pouvoir, à l’ONU, au sein de l’UE, et dans l’administration française qui cogère le pays avec des associations de fanatiques, accablent l’opinion de mensonges et de menaces intenses et diversifiées.

C’est beaucoup plus simple de se couler dans le politiquement correct pour gagner des places, du pouvoir et de l’argent. Aux États-Unis et dans de grands groupes mondialisés en Europe, on fait déjà signer des déclarations par lesquelles on se déclare parfaitement au courant des difficultés de genre ou climatiques, et qu’on adhère totalement à la nécessité d’être inclusif et de sauver la planète. Pas question de montrer de la tiédeur et de ne pas hurler avec les loups quand il faut éliminer un récalcitrant. En URSS, il fallait prouver sa parfaite connaissance du marxisme-léninisme pour postuler à quoi que ce soit. S’il fallait signer des formules comme Allah est le seul Dieu, tout le monde crierait à la dictature. Dans le domaine LGBT et écologiste, cela parait une simple bonne idée.

Le GIEC est désormais une institution non scientifique déconsidérée par quiconque s’intéresse au sujet. Christian Gerondeau n’a pas de difficulté à montrer les tricheries utilisées par cette machine à travestir.

Calculer la masse de CO2 autour de la planète en « ppm », unité incompréhensible du grand public et les flux de création de CO2 en tonnes ne permet aucune comparaison. C’est fait exprès. Car dès qu’on parle en tonnes on voit que le stock de CO2 est tel que la suppression des flux de CO2 liés à la voiture en France n’en représente que le 10.000ième ce qui interdit tout espoir d’un effet quelconque sur le climat, même en utilisant les modèles les plus extravagants du GIEC.

De même trafiquer la courbe sinusoïdale de l’évolution de la température terrestre, qui oscille avec une périodicité d’environ 60 ans depuis des lustres, en droite quasiment verticale est un exploit dans la malhonnêteté tout à fait remarquable. Là aussi la tricherie est volontaire. La préméditation est impossible à cacher.

Comme nous l’avons fait également, avec une autre approche, Christian Gerondeau apporte la preuve que la disparition du moteur thermique en Europe ne se fera pas parce qu’il est tout simplement impossible. Nouveauté, Il prouve en s’appuyant sur l’aveu d’Elan Musk, que la voiture électrique est incompatible avec un réseau d’autoroutes et la volonté d’aller en famille en vacances… Désormais les Californiens riches prennent leur quatre-quatre pour aller en vacances un peu lointaines !

Comme nous le faisons sur ce site en critiquant ouvertement toutes les mesures prises par Mme Wargon, Christian Gerondeau n’a pas de difficulté à prouver que la conversion du parc de bâtiments en blockhaus thermiques est un gâchis infernal et strictement inutile.

La partie le plus intéressante et originale est celle qui démontre qu’en réalisant une maintenance finalement peu coûteuse du parc de centrales atomiques existantes, il est parfaitement inutile d’en construire d’autres. Nous avions nous-mêmes rappelé que Giscard avait lancé le TGV et le chauffage électrique des nouveaux immeubles parce qu’il anticipait que les centrales nucléaires produiraient un excès d’électricité. Et il est vrai que nous avons exporté de l’énergie pendant des décennies jusqu’à ce que le programme nucléaire sous la pression des Verts tourne de l’œil. Gerondeau rappelle que depuis 2000 la consommation d’électricité baisse en France, ce que personne ne sait car personne ne le dit dans les médias. Les capacités nucléaires étaient donc de plus en plus excédentaires. Construire la Hague n’avait en fait aucun intérêt. Cette baisse de la consommation électrique est due à un simple phénomène de saturation des marchés maintenant que tout le monde est équipé en réfrigérateur, lave-linge, lave-vaisselle, télévision et autres applications électroniques. Elle est là pour durer.

Le programme ruineux de construction d’éoliennes a créé quelques super fortunes opportunistes avec de l’argent public c’est-à-dire les impôts payés par les autres, mais en forçant à utiliser en priorité l’énergie éolienne, on a freiné les centrales qui ont fini par fonctionner de façon bancale. On n’avait aucunement besoin de cette nouvelle source d’énergie.

De même le pays se ruine avec ses politiques ferroviaires à l’échelon régional et local autant que national. L’investissement est colossal, la recette comptée ridicule. Le tout ne fonctionne qu’à perte. Et on affirme, encore un mensonge, que la SNCF peut faire des bénéfices, alors qu’elle entraîne chaque année au minimum 14 milliards de pertes et qu’elle est responsable d’une grosse partie de la dette colossale du pays. Là aussi, nous avons écrit sur ce sujet dans tous nos livres et plusieurs articles sur ce blog. Notons que ce n’est pas Mme Borne qui va changer le cours des choses. Elle est entièrement mouillée dans la politique folle des transports que nous avons connue.

On voit que dès qu’on part des réalités, les vues convergent. Les constats sont les constats.

La nécessité aujourd’hui est de contrer la religion d’état qu’est devenue la religion écologiste qui s’est imposée d’en haut, à partir des quelques fanatiques Verts allemands, d’abord à l’ONU puis dans les instances européennes puis partout dans les médias. Il faut gagner une bataille de faits et d’opinion.

Et bien sûr il faudra ensuite bâtir une stratégie alternative, car des difficultés écologiques, il y en a, principalement des risques de pénuries, et il faut les anticiper. Construire une croissance plus équilibrée, moins intensive en destruction de ressources non renouvelables est un bon objectif. Il est nécessaire de réserver les ressources rares qu’il nous reste à des investissements bien choisis et optimisés, de même que les obligations réglementaires doivent être soigneusement pesées. Le gaspillage éperdu et intenable actuel, sans aucune efficacité, doit être totalement arrêté. Nous risquons un collapsus économique irrattrapable créant de surcroît un chaos politique difficile à maîtriser.

Le risque des politiques écologistes irrationnelles menées à la suite des gourous allemands de la décroissance heureuse est d’une part de succomber aux mesures folles de transition qu’on veut imposer sans raison au pays mais aussi de décourager de faire les réformes économiques et sociales nécessaires pour retrouver la prospérité, stagnante depuis 1981.

On voit que LR pourrait tenir là une opportunité de retrouver un rôle fondamental dans la défense et l’illustration de la Ve République. Les trois autres mouvements sont trop engagés dans la dégringolade actuelle pour pouvoir freiner et plus encore moins imaginer un demi-tour.

Mais qui osera en son sein se dresser avec le drapeau de la révolte et engager une bataille de fond pour informer le grand public, faire apparaître l’imbécillité honteuse de la voie qu’on impose à la France, et la nécessité de faire autrement ?

Gageons que le projet inique de l’union Européenne de faire payer aux Français les erreurs allemandes au nom de la solidarité en bridant leur consommation et leur consommation d’énergie, sera un puissant levier. La politique allemande menée depuis que les Grünen se sont imposées au pouvoir en Allemagne est une absurdité dommageable que les Allemands doivent assumer seuls. Personne ne les a forcés à organiser une dépendance organique de la Russie et du gaz, tout en poussant une politique démente de création d’éoliennes intermittentes. Que les auteurs de cette sottise l’assument et ne cherchent pas à mouiller les autres à leur place.

Jusqu’ici, il paraissait seulement important d’attirer l’attention sur tel ou tel aspect problématique de la politique écologique imposée par le GIEC. Mais au vu des conséquences de plus en plus dramatiques et de la folie qui règne désormais, il faut aller plus loin.

Un grand plan de redressement national passe OBLIGATOIREMENT par un changement de cap radical en matière d’action écologique. C’est l’urgence nationale des cinq prochaines années.

 

Didier Dufau

Les effets pervers de l’impôt progressif

Il est des vérités que vous pouvez ressasser indéfiniment. Elles glisseront sur l’opinion comme la pluie sur une aile de canard. Personne n’en tiendra jamais compte, alors que l’effet sur « la vie quotidienne des Français » et « le pouvoir d’achat » est absolument fondamental.

Si on peut pardonner de citer quelques expériences personnelles, la première fois que j’ai été confronté aux effets pervers de l’impôt progressif ne date pas d’hier. Lorsqu’en 1969 je travaillais ma thèse sur la prévision à long terme, j’étais un peu déconfit de constater qu’elle était à peu près impossible, sauf partiellement, dans le domaine démographique. En revanche il était facilement prévisible que la progressivité fiscale entraînerait mécaniquement une hausse de la part des impôts dans le PIB.

En fait il s’agit d’une loi d’airain ; un pilier ; une réalité impossible à masquer.

Si vous mettez en place une fiscalité non proportionnelle au PIB, c’est-à-dire avec alourdissement plus que proportionnel en fonction du revenu, en cas de croissance économique la part de l’impôt augmente que vous le vouliez ou non si vous ne créez pas de mesures de correction.

Ce mécanisme est aggravé par l’inflation, la progressivité s’appliquant à la hausse fictive du revenu.

Il l’est aussi par un mécanisme un peu plus subtil mais à peine : la croissance est toujours une succession de phases d’accélération et de récession. Après l’arrêt des politiques de stabilité mise en place par les accords de Bretton Woods, le cycle récessions, emballements est revenu, au départ avec une inflation forte. Les phases d’emballement ont entraîné des croissances très fortes des recettes fiscales, justifiant des dépenses insensées : c’est le mécanisme de la « cagnotte ». Les mauvais dirigeants en ont toujours profité pour dépenser à tout va. Mais la récession suivante mettait tous les comptes à découvert : la progressivité joue aussi à l’envers. Du coup il fallait emprunter et éventuellement aggraver la fiscalité. Lors de la reprise suivante la double progressivité jouait : celle de base plus celle des nouveaux impôts avec une aggravation immédiate du taux de prélèvements.

Le Général de Gaulle a demandé à George Pompidou de conserver le taux de prélèvement autour de 32 % et il a commencé à s’énerver lorsqu’il a atteint 35 %. Il est vrai que la croissance était de 3.5 à 4 %, ce qui entraînait une croissance de la recette fiscale de près de 7.5 %. Giscard était du côté de la fiscalité aggravée. Mai 1968 allait mettre l’exigence de Gaulle à la poubelle. Le Septennat Giscard sera entièrement un septennat fiscal avec l’effet de l’inflation (à 15 %, soit 20 % de recettes fiscales en plus), du reliquat des trente glorieuses et un accablement permanent d’impôts nouveaux. Arrive alors le programme Commun d’aveuglement et de fiscalité. La pression fiscale dépasse les 40 puis atteint 45 % du PIB.

Le tournant reste le gouvernement Chirac Balladur de première cohabitation. Pour la première fois, le gouvernement supprime des impôts et cherche à réduire la dépense publique devenue folle. Catastrophe, Mitterrand et réélu. Nous aurons bientôt Rocard, l’imbécile le plus surestimé de l’histoire récente, qui va profiter de la reprise forte de la croissance pour non seulement encaisser les surplus fiscaux de la progressivité revenue à sa pleine production mais créer des impôts supplémentaires lourds et débrider totalement les dépenses. Un total inconscient révéré par quelques idiots pour des raisons obscures. C’est le pire gouvernement de la cinquième république. Tout est aggravé. Lorsque la récession arrive en 93, tout explose. Balladur est obligé de laisser filer la dette. Chirac se trompe sur tout et avec Juppé ne voient pas arriver la reprise de 97. Ils dissolvent l’assemblée à contretemps. Jospin gâche les dernières chances du pays de revenir à la normale. Il encaisse tous les fruits de la haute conjoncture en matière fiscale tout en réduisant le temps de travail et en aggravant les relations du travail. La cagnotte fait son entrée dans le langage commun. Tous les énarques socialistes se vautrent dans la dépense à tout va.

Le taux de prélèvement finira par culminer à 47.5 % du PIB en 2020. L’INSEE en reste à 45 % mais son calcul est biaisé. Celui d’Eurostat est plus complet et donc meilleur.

Il faudra la terrible récession de 2020 à 2022 pour faire revenir le taux autour de 44 % avant de remonter malgré les rodomontades d’Emmanuel Macron qui met en avant ses baisses d’impôts en trompe-l’œil et en attrape gogo. La reprise rapide de la croissance par simple rebond, accrue par une poussée jamais vue de l’endettement et de la dépense publique, provoque une croissance massive des rentrées fiscales, 20 % plus rapide en 21 comme en 22 que la croissance du PIB.

Le « fiscaliste caché » a encore frappé. La pression fiscale est à nouveau sur le chemin des 45 % (INSEE), 48 % (Eurostat) en attendant mieux.

Cela fait désormais un demi-siècle qu’à titre personnel je cherche à convaincre

-        Qu’un système progressif doit être accompagné par des stabilisateurs automatiques de la pression fiscale

-        Qu’un retour à l’organisation mise en place à Bretton Woods pour éviter le stop and go et la succession de croissances trop rapides et de récessions est souhaitable.

-        Qu’il faut mettre un terme à l’anomalie française de « l’énarchie compassionnelle », les hauts fonctionnaires tenant à garder perpétuellement le mécanisme qui aggrave la pression fiscale.

Ces trois mesures vont ensemble. Elles forment l’armature de la démarche de notre cercle.

Rappelons que les trente glorieuses sont basées sur un taux de prélèvement de 20 à 25 % qui était déjà considéré comme excessif. Un Etat fort n’a pas besoin de plus de 20 % du PIB pour faire face à ses besoins régaliens en régime de paix. 47 % c’est de la démence pure. On ne cherche plus à produire mais à arracher des parts du gâteau fiscal. Tout le monde attend le Godot de la cagnotte. Un peuple de feignasses qui attend tout de l’argent des autres en créant les conditions du déclassement économique et social du pays donne une image de lui-même proche de l’abjection.

D’autant qu’il est assez facile d’imaginer des solutions.

Le retour à la proportionnalité, seule réellement constitutionnelle, est une première solution. Un impôt unique de 20 % est un choix radical mais efficace.

Si on tient à conserver la progressivité, il suffit de mettre en place des mécanismes compensateurs :

-        La surcroissance des recettes peut être donnée à un fonds souverain, qui restituera tout ou partie de l’argent à l’état en cas de récession et d’inversion du mécanisme fiscal. Ce fonds ne devra pas dépasser une certaine importance et l’argent de l’excédent doit être restitué. L’ennui de la solution est qu’il stérilise une partie des revenus de la croissance et fausse l’équilibre économique.

-        Tous les seuils peuvent être automatiquement corrigés du taux de croissance. La progressivité demeure mais au profit de l’État.

-        Etc. Il y a des milliers de formules.

Ce n’est pas ce que le débat public fait apparaître. La course au faux pouvoir d’achat distribué par l’État reste l’obsession psychiatrique de la société française alimentée par l’information construite voulue par l’Enarchie.

Personne ne veut voir que l’effondrement de la Santé, de la Justice, et de l’Enseignement accompagne non pas une volonté de rigueur, mais la conséquence même du taux de 47 % de prélèvement. Quand on prélève pour des dépenses improductives la moitié du PIB, et qu’on ajoute 3 000 milliards de dettes, il est impossible que quoi que ce soit ne fonctionne. Impossible !

La question posée par les mécanismes délétères associés dans la durée de la progressivité n’est pas dans le débat public et n’y viendra pas.

50 ans de censure des débats sur ce sujet ont prouvé que la haute administration ne lâchera jamais.

Suicide français ?

Oui !

Le Français né malin…

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile



La fin de la souveraineté française

Le Parlement Européen vient d’entériner le plan de la commission d’arrêter toute vente de voitures utilisant un tant soit peu des énergies « thermiques ».  Associé à d’autres mesures concernant la construction et l’utilisation des espaces libres, tout aussi radicales, ce plan conditionne de façon colossale tout l’avenir des Français. Toutes les politiques nationales vont être fracassées par les aléas de ce plan de conversion absolue. .

Une élection présidentielle vient d’avoir lieu en France. Le sujet n’a pas été abordé. L’électeur ne savait même pas ce qui se tramait à Bruxelles. Les grands médias n’ont parlé de rien, comme il est d’usage pour les questions européennes.

Une élection législative est en cours. La question de la transition énergétique et de ses conséquences ne sera pas abordée. C’est tranché. Il ne s’agira que de retranscrire ce que le vote, démocratique, du Parlement Européen aura décidé.

Résumons-nous : la politique la plus problématique pour la vie des Français, avec des risques terrifiants échappe à tout débat national ou présidentiel ou législatif. L’évacuation de toute discussion est jugée normale, puisqu’il faut être européen.

On nous avait dit : la présidence française va tout changer. L’immense Macron va prendre en main l’avenir de l’Europe dans ses petites mains fébriles. Il n’a pas dit un mot, pendant toute sa présidence qui se termine à la fin du mois de ce projet pharaonique. Mais même Mme Morano, cette grande figure de la politique française profonde et enracinée, a expliqué que l’Europe, c’était formidable : le chargement des téléphones mobiles sera désormais alimenté par les mêmes câbles standard. Un acquis formidable pour la fameuse « vie quotidienne » des Français, un des objectifs phénoménaux de la présidence française de l’Union Européenne.

Aucune étude d’impact de l’interdiction des moteurs thermiques et des solutions hybrides n’a été proposée ni d’ailleurs faite.

Pourtant la question des estimations est facile à cadrer. Si on conserve, sans chercher de croissance, le niveau d'activité et de déplacement actuel les chiffres sont astronomiques  :

-        Industrie automobile française : 4 mille milliards d’euros

-        Utilisateurs de voitures : 2.2 mille milliards d’euros

-        Production de 500 térawattheures d’électricité : dépend du mix entre nucléaire et éoliennes. Coût minimum 2 mille milliards d’euros.

-        Réseau de transport de l’électricité : doit être doublé. Coût impossible à évaluer en l’état car il dépend du mix de production dont on ne connait rien. Plusieurs centaines de milliards d'euros au minimum (et la loi exige désormais que les cables soient enterrés !).

-        Bornes de recharge : il en faudra des … millions.  Coût : plusieurs dizaines de milliards.

-        Impact sur la balance des paiements ? Tragique. Rien de qui est nécessaire aux batteries n’est produit en France.

-        Bilan carbone des actions de conversion : terrifiant. Pour le lithium nécessaire, il va falloir creuser l’équivalent d’un trou de cent kilomètres de diamètre sur 200 mètres de profondeur. Avec des engins au fuel… Un bon début

-        Impact sur l’émission de CO2 de la transition : énorme mais non évalué.

-        Baisse de la température anthropique : nulle à un horizon de 50 à 100 ans

-        Les voitures d’occasion thermiques n’étant pas détruites, le parc continuera de tourner quelque part dans le monde. Effet sur le CO2. : nul.

Rappelons que la valeur ajoutée annuelle des entreprises françaises est d’environ 1.400 milliards d’euros.  D’ici 2035, compte tenu des circonstances actuelles, guerre en Ukraine, pandémie en Chine, hyper inflation, on espère obtenir 15.000 milliards de valeur ajoutée cumulée, et ce serait déjà un exploit. Et entre 50%  et 60% de cette somme serait à consacrer à la conversion décidée ?  C’est évidemment impossible sans ruiner les Français.

Il y a un loup.

La vérité est simple : on va vers une réduction massive du nombre d’automobiles et un contingentement massif des transports, avec une hausse ravageuse des impôts, l’argent magique commençant à manquer.

Le niveau de vie et les libertés d’aller et venir vont être drastiquement réduits. Une horreur programmée qu’on s’interdit de dévoiler.

C’est pourquoi le plus grand silence politique accompagne ces décisions européennes en France. Discuter de la transition serait un blasphème ; Faire apparaître les conséquences, un risque politique trop grand, ne serait-ce qu’en démontrant que la démocratie française est strictement inutile au processus puisque tout est décidé ailleurs.  Alors silence ! Tabou européiste et tabou écologiste se donnent la main pour que les débats soient évacués, en dépit du caractère terrifiant du projet.

Où est passé la souveraineté nationale ?

Emmanuel Macron continue sa politique d’achat de votes en alignant, aujourd’hui encore et après l’avoir fait continument depuis janvier 2021, les promesses catégorielles délirantes. Mais les directives économiques européennes à respecter viennent d’être signées. Elles annoncent une politique d’austérité renforcée, avec un désendettement obligatoire et l’obligation d’avoir une croissance des dépenses publiques moins fortes que celles des impôts ! Rappelons qu'en 2021 les impôts ont cru beaucoup plus vite que le PIB ! Sans aucun commentaire sinon l'article passé sur notre blog.

Pas un mot dans la presse.

Il sera bien temps d’affirmer au moment des décisions douloureuses que tout cela date d’il y a longtemps, que tout le monde était d’accord et qu’il faut respecter l’Europe notre protection contre la guerre et notre petitesse dans ce monde de brutes.

La presse chantera la chanson avec empressement.

Est-ce que c’est bien démocratique ? Ben oui puisque c’est voté par le Parlement après des élections libres. L’argument semble imparable. Il ne l’est pas, pour une raison simple : l’élection européenne ne se fait jamais sur un programme, donc ne laisse aucune occasion aux électeurs de choisir entre des des options. Le programme c’est la commission et la commission seule qui en décidera. Elle en a le monopole absolu. On votera donc sur ce qu’ellevoudra bien présenter. Le député européen fraîchement élu ne sait absolument pas de quoi il aura à juger. Il a été choisi par son parti et les Français ont voté sur des étiquettes partisanes. Le parti n'a pas pu formaliser une réponse ou une analyse et il est impossible de vérifier auprès de l’électorat si son point de vue est admis. La France ne représente qu’une part ridicule des députés et ne peut pas y faite valoir ses singularités éventuelles. De toute fa çon la minuscule phalange française est divisée par le vote à la proportionnelle en chapelles nombreuses et incompatibles, alors que les partis, on devrait dire les « étiquettes », ont fait le choix de présenter soit des politique victimes du suffrage universel soit d’européistes convaincus.  L’électeur dans un tel système ne peut orienter et encore moins décider d’aucune politique.  Du coup la presse n’a pas à se saisir du moindre sujet. De toute façon le choix profond de l’électorat ne compte pas. Pas la peine de le démontrer au quotidien.

La solution était évidente pour éviter ce déni démocratique : envoyer 77 députés élus au Parlement français voter au Parlement européen, après que les directives ont été discutées au Parlement français, assurant à la fois la connexion avec le peuple et la vérification que la France n’y perd pas, avec une bonne couverture de la presse. Que se passerait-il si le vote européen était défavorable au choix français. On verrait aussitôt que l’Europe n’est pas la bénédiction assurée. La crise serait immédiate entre l’intérêt français décidé démocratiquement et l’intérêt dit européen décidés par d’autres.  Alors on a fait de ces élections européennes frelatées un prétexte démocratique et une fête européiste. Et après le silence tombe.

Ces mois de débat électoraux ont montré de façon caricaturale, d’abord que le gouvernement français était impuissant, ligoté par le gouvernement des juges et  dominé par les instances européennes supranationales. Aucune mesure de sauvegarde nationale n’est possible. Le pouvoir français a été capturé par des camarillas familiales de hauts fonctionnaires qui servent leur intérêt de carrière et d’argent. Les partis sont des attrape-tout qui ne servent qu’à accorder des places sans débattre de rien. Aucune politique dans aucun domaine n’est réellement discutée nulle part.

Les observateurs remarquent la désagrégation nationale. Comment en serait-il autrement. Il n’y a plus de pouvoir régalien et l’économie est laissée à des instances supranationales.

On va vers une abstention de plus de 50% au premier tour et de 60% au second tour, aux élections législatives. A quoi sert de voter pour des guignols impuissants sinon en matière fiscale ?

Les Français ne peuvent orienter quoi que ce soit par leur vote. La démocratie ce n'est pas voter. C'est pouvoir orienter la politique par son vote.  Méprisés par des démagogues cyniques qui au pouvoir les achètent avec des promesses minables (chèque menstrues pour les étudiantes, chèque mangas pour les adolescents, chèque, chèque, chèque…) et dans l’opposition font de la surenchère minable contre des victimes expiatoires en annonçant de nouveaux chèques encore plus gros. Les Français ont à la fois honte de l’image qu’on leur renvoie d’eux-mêmes et des propositions qu’on leur fait. Ils se détournent du vote. Quoi de plus normal ?

C’est comme cela qu’un grand peuple meurt. Le plan de « transition » voté par le Parlement européen accélérera la mise au tombeau.  

RIP.

 

Didier Dufau

 

Le drame de la désindustrialisation en France

Jean-Pierre Robin, un des derniers journalistes ayant de véritables compétences économiques, pose parfaitement la question dans le Figaro daté du trente mai 2022 : « les déboires industriels de la France se comparent à la défaite de quarante ». Il cite l’ouvrage de Nicolas Dufourq qui note qu’en vingt ans la France a perdu la moitié de ses usines. Depuis 2008, 936 usines de plus de 50 salariés ont fermé.

On pourrait en effet envisager un tribunal pénal pour ce crime contre l’humanité productive. Il est agréable pour notre cercle de voir que ses diagnostics sont totalement confirmés. Ceux qui nous lisent régulièrement savent que nous défendons la thèse que trois causes externes et trois causes internes expliquent la dégringolade annoncée, ré-annoncée, ré-ré-annoncée pendant 25 ans sans aucun écho, tant l’élite dirigeante était imperméable à toute observation et analyse utiles.

Nous disions (avec Maurice Allais) :

-        Que les changes flottants permettaient l’accumulation de déséquilibres provoquant régulièrement des récessions sévères et de plus en plus sévères. Il a fallu la récession de 2008, attribuée bêtement aux subprimes, pour qu’on commence à réfléchir un peu. On n’a pas voulu toucher à la racine du problème alors on a complètement bureaucratisé et enfermé l’activité des banques.

-        Que l’Euro a un caractère structurellement récessif, ce qu’on a vu en 2011, avec la crise spécifique de la zone Euro et qu’il fallait ajouter un mécanisme permettant d’éviter les macro excédents comme les macrodéficits. On n’a rien fait de structurel. On a simplement violé toutes les règles initiales pour permettre à la BCE de créer des flots délirants de monnaie sans contrepartie de production.

-        Que l’entrée de la Chine dans l’OMC et une politique d’ouverture totale à la concurrence des pays à bas salaire allaient liquider l’industrie et déclasser la classe moyenne des pays développés, dans le cadre des systèmes monétaires défaillants. L’affaire est désormais évidente pour tout le monde.

Mais si le monde occidental s’est mis à croître moins vite que le reste du monde, que l’Europe a commencé à aller moins vite que le reste du monde occidental, il y avait aussi cette composante française qui nous mettait à la traîne dans l’union européenne.

C’était la preuve qu’il y avait une composante proprement française de la décrépitude économique.

Nous avons alors insisté sur les trois causes fondamentales du déclin spécifiquement français, qu’on pourrait reformuler ainsi :

-        L’énarchie compassionnelle, c’est-à-dire le développement d’une classe dirigeante de plus en plus népotique, incapable de comprendre les questions de productions, tournée vers les solutions bureaucratiques et l’encadrement millimétriques des activités, et obsédée par la fiscalité intensive.

-        Le socialisme, marqué par le pouvoir donné totalement aux syndicats, la chasse aux patrons et au capital, et la distribution de « droits acquisitifs », ces fameux droits-là opposables qui impliquent de plus en plus de gratuités infinançables. La « gratuité de la vie » et la machine à distribuer les « cadeaux au peuple » à crédit a rendu la redistribution sociale française unique au monde par son ampleur, comme la dette, étant entendu qu’on y incluait le monde entier.

-        Le féminisme outrancier qui entraînait la disparition des enfants dans la population native et créait une crise démographique telle qu’il devenait indispensable d’importer des millions d’immigrés.

Ces trois causes se cumulent facilement. L’étatisme adore le socialisme, le féminisme et toutes les incitations à augmenter son rôle.

On constate qu’avec Macron, l’énarchie népotique, compassionnelle et bienveillante a complètement détruit la démocratie. Il a dépensé 40 milliards en 2021 et quarante milliards en 2022 pour se faire réélire sans faire campagne. Pendant cinq ans il a gouverné avec une poignée de condisciples. Toutes les conséquences ont été aggravées. Aucune vraie réforme n’a été entreprise. Le pays a sombré dans l’abstention ou le vote vomitif. La déchéance est totale.

La démagogie des gratuités et des droits-à a tout emporté avec un syndicalisme de blocage et de destruction. Encore hier une grève de la RATP, exprès lors d’un grand moment festif a aggravé la destruction de la finale de la coupe d’Europe de football. Tout le monde s’en fout. On attend les jeux olympiques d’un pied syndical ferme ! Thatcher avait compris, elle, qu’il fallait remettre les syndicats à leur place de façon ferme et définitive. Le désordre atteint désormais toutes les couches de la société.

Le féminisme a tourné au Wokisme et au fascisme ordinaire, avec le développement de la coercition sociale qui exclut tout opposant à une forme ou une autre de politiquement correct. La presse, la loi, les juges veillent à ce que tous les angélismes destructeurs produisent tous leurs effets. Le gauchisme a emporté toutes les digues d’un socialisme un doigt raisonnable. Il n’y a

plus d’ordre public mais un lacis d’ignominies quotidiennes, sur fond d’écologisme primaires anti économique, de disparition de la natalité, de sans frontiérisme absolu, d’amour de la mort de tout ce qui est un petit peu discipliné et actif.

Ce qu’omet, provisoirement j’espère, l’ami Jean Pierre-Robin, c’est que la conjonction des six causes foncières avec le triomphe de l’écologie religieuse, mortifère, intouchable et sacrée, ne va pas faire renaître l’industrie mais tuer l’ensemble de l’économie. Nous sommes à la veille d’une régression phénoménale que personne ne veut voir, comme on ne voulait pas voir la mort imminente de l’industrie, comme on ne voulait pas voir la mort de la filière nucléaire, abandonnée et déclarée nuisible depuis des lustres.

Les grands prêtres de l’écologie sacrée vont annoncer demain avec une pompe à faire frémir les mânes de l’Église romaine catholique, que le moteur thermique aura disparu en 2035, soit moins de treize ans. Aucun chiffrage des coûts, aucune idée sur les financements, aucune estimation du gain de température globale.

Les calculs que nous avons faits montrent qu’il faut doubler la création d’électricité pour alimenter un parc identique de voitures faisant la même quantité de kilomètres. Le budget global est d’environ de 6 milliards d’euros pour la France soit 5 ans environ de valeur ajoutée des entreprises. L’impact sur la pollution est nul puisque, si les voitures thermiques sont interdites de circuler, elles ne sont pas détruites et vont partir vers l’Afrique où elles produiront la même pollution.

Nous allons donc fêter des objectifs intenables et sans résultats sur le réchauffement avec une outrance de « green washing » et de bonnes intentions affichées. Ah que nous nous voyons beaux dans notre miroir aux alouettes !

La Datar dans les années soixante-dix a viré toutes les industries de Paris intra-muros. La planification à la française les a envoyées en province où elles ont toutes disparu. Paris a perdu 200 000 habitants, ouvriers et salariés de l’industrie avec leur famille. La tarée Hidalgo continue sur la lancée et va encore vider un peu plus la capitale avec des projets qui atteignent le sommet des contradictions et de la folie verte atrabilaire.

Alors, un tribunal pénal pour sanctionner la mort économique de la France ? Une idée à creuser, comme on creuse la tombe de notre prospérité depuis 50 ans.

 

Didier Dufau

L’article de Jean Peyrelevade sur la « renaissance de la social-démocratie ».

  1. L’article constate la perte de cohérence de la gauche et son incapacité à revenir au pouvoir. Mais n’en donne aucune explication. La société est déclarée fracturée mais le rôle des politiques socialistes en faveur de cette fracturation n’est pas évalué. Idem pour le déclin de l’économie, idem pour les déficits des finances publics. Comme si « Touche pas à mon pote », le programme commun, puis la poussée de dépenses publiques du gouvernement Rocard puis la folie des 35 heures, puis la débauche de mesures prises par les gouvernements du quinquennat Hollande, n’avaient pas joué leur rôle. Du coup on affirme que la social-démocratie est la solution sans apporter la moindre preuve. C’est une pure pétition de principe.
  2. L’article souligne que le pouvoir est capté par une « minorité réduite ». Mais il n’y a pas d’analyse de cette minorité réduite : il s’agit essentiellement de la génération socialiste promue par Mitterrand et qui prospère en famille, en s’appuyant considérablement sur l’énarchie compassionnelle et les équipes rassemblées par Delanoë. Il s’agit d’une caste socialiste-compatible, étatiste, bureaucratique, fiscaliste, européiste, partiellement genrée. L’homogénéité est dans l’illibéralisme et la préférence social-démocrate pour la fonction publique. La fusion récente de la haute fonction publique qui tient l’état, et les équipes qui tiennent la politique, est la cause des maux soulignés. Ce qui n’est pas diagnostiqué.
  3. Macron est un social-démocrate qui a tout centralisé entre ses mains en violant l’esprit et la lettre de la constitution. On peut dénoncer la pratique sans demander le retour au septennat et la déconnexion des élections présidentielles et législatives.
  4. La décentralisation est un sujet compliqué. Dire qu’il faut simplifier et généraliser la décentralisation n’a pas de sens global. Il faut regarder dans le détail. C’est aussi sot que d’affirmer qu’il faut faire tout remonter à Bruxelles. La vérité est que l’État est désormais largement impuissant, écartelé par le haut et par le bas ; cette impuissance est une des causes principales de la crise démocratique. Ne pas évoquer les moyens de retrouver de la puissance souveraine sur les grands sujets et au contraire toujours favoriser ce qui aggrave la difficulté n’est pas une approche sérieuse.
  5. Il faut passer d’un capitalisme actionnarial à un capitalisme de codécision écrit M. Peyrelevade. En route pour les fadaises Woke. Les entreprises agissent dans un véritable réseau de contraintes judiciaires et administratives. Leur donner une responsabilité politique pour éviter les fractures sociales est indécent : il appartient aux politiques de gérer l’unité du pays, pas aux agents économiques qui peuvent agir à leur guise dans le cadre des lois. En leur demandant d’assumer le travail de l’État, on prouve seulement que le socialisme et la social-démocratie sont impuissants sur cette question. Ajouter qu’on les prive de leur capacité de décision au profit de comités sociaux va encore plus loin dans l’impossibilité de tenir les objectifs de réindustrialisation, de retour à la compétitivité, etc. qu’on déclare indispensables par ailleurs.
  6. Le rapport suggère d’améliorer la formation des Français. Mais rien n’est dit des causes de l’effondrement de l’Éducation nationale qui sont très liées au travail de sape des socialistes qui ont cautionné les lubies « déconstructives » des gauchistes excités et de leur association.
  7. Il faut en revenir à la planification centrale pour tenir compte des tâches exorbitantes de l’époque : réindustrialisation, transition énergétique, recréation de services publics fonctionnels. On contredit les propos précédents sur la décentralisation.
  8. La crise climatique exige de baisser le niveau de consommation des Français y compris les plus pauvres qui vont souffrir. « Il ne faut pas faire rêver les Français sur des hausses utopiques de niveaux de vie ». Mais il faut néanmoins les protéger et avec eux les travailleurs indépendants. Comment ? En augmentant les impôts par une réforme fiscale « structurelle » ! L’adjectif n’a pas de sens et propose une manière édulcorée d’affirmer que les riches doivent payer. C’est une idée tellement éculée qu’il faut changer le vocabulaire. Alors que les petits riches sont les plus taxés du monde ! Mais le symbolique évitera la révolution. Alors le grand retour de l’ISF est nécessaire, structurellement ! Naturellement. Le sauvetage de notre patrimoine commun exige la taxation du patrimoine ! Ça, c’est de la pensée sociale-démocrate moderne. Alors que les propriétaires vont être soumis à des contraintes extrêmement coûteuses, il faut en plus les taxer à mort et les priver des ressources nécessaires à la tâche de conversion énergétique des immeubles ! Très rocardien, comme objectif !
  9. Naturellement il faut renforcer l’Union Européenne, aller vers un fédéralisme plus profond, et élargir ses ressources et ses responsabilités. Cela va en effet renforcer la crédibilité des élites et l’information des Français. Tout sujet transféré à l’UE, et ses exécutifs non élus, quitte la presse et sort du débat national. Cela va certainement renforcer la démocratie.

Conclusion

Il est facile de constater que M. Peyrelevade est prisonnier des conceptions qui depuis Giscard et Mitterrand, ont détruit la prospérité française et conduit aux désastres polymorphes actuels. On peut noter le peu de différences avec le programme Macron, aux seules postures électoralistes et de triangulation près. Cette tentation social-démocrate et européiste habite totalement Macron et explique ses très médiocres résultats sur la majorité des grandes difficultés nationales.

Notons que le rapport est incapable de parler des 35 heures et de la retraite, deux mesures « techniques » mais qui sont tout de même importantes, non ? Tout est noyé dans le verbiage.

Au total ? Au total, rien. Du blabla et du néant. Du vrai rocardisme suranné et pitoyable.

Les dix sujets nationaux critiques

"Quels sont selon vous les dix grands sujets nationaux critiques ?"

Cette redoutable question exige quelques clarifications préalables.

Pour les tenants convaincus d’une idéologie forte, la mise en œuvre de ses commandements est toujours prioritaire, mais ne parle qu’aux tenants de cette idéologie.

Pour les tenants d’une forte nostalgie, le retour aux moments bénis même fantasmés est prioritaire, mais ne parle qu’aux nostalgiques. Si on en appelle d’un grand déclassement, ou d’un grand effondrement, la bonne situation antérieure devient automatiquement un objectif en soi et appelle des tactiques réactionnaires ou de restauration.

Dans les urgences nationales, certaines sont circonstancielles et n’ont pas vocation à perdurer, même si elles concernent des faits gravissimes. La pandémie, ou la guerre de réannexion des pays libérés de l’emprise soviétique menée par la Russie sont des phénomènes graves dont il importe évidemment de peser les conséquences et les stratégies d’évitement.

Quiconque a participé au débat politique sait que la première question est toujours : d’où parles-tu et dans quelle intention ? L’analyse d’une erreur, l’observation critique d’un phénomène et de ses conséquences ou l’explication raisonnée d’un échec ne sont pas considérées, et généralement, au mieux, ramenées à l’expression de remarques techniques de spécialistes.

L’évacuation des grandes questions nationales du débat présidentiel est très significative. Les grands partis ne veulent traiter que de ce qui leur amène des votes et ne veulent froisser que leurs concurrents les plus dangereux. Alors ils ne parlent de rien et se contentent d’une compétition de personnalités autour de quelques lieux communs bien connotés.

Nous-mêmes sur ce blog avons considéré que nous devions observer les réalités, les comprendre et en tirer des conclusions, à charge pour chacun, en fonction de ses propres convictions d’en faire ce qu’il croit bon.

Par conséquent, pour nous, la question s’entend ainsi : quelles sont les grandes évolutions qui ont, pour le pays et pour les Français, un pouvoir de nuisance par rapport à des objectifs généralement acceptés. Quand ces évolutions sont, ou ignorées ou mises sous le tapis, ou incomprises, il nous paraît utile, dans la limite de nos propres capacités d’analyse, d’en faire l’exposé.

Voici donc dix grandes évolutions ou absences de d’évolution que nous trouvons fâcheuses et qui, selon nous, devraient commander, de la part des politiques, un constat, une réflexion, une politique.

-          L’effondrement démographique national

La dénatalité et le vieillissement de la population sont des poisons terribles. Après la défaite de 1 870 et celles de 1914, les autorités de droite comme de gauche, ont mené des politiques proactives pour redonner un dynamisme démographique au pays. Cette ambition a progressivement été abandonnée au profit d’approche individualiste et de préoccupation de genre. Les femmes proprement françaises (disons dont la lignée était là en 1 890) ne font guère plus de 1.4 enfants en moyenne et la population, non seulement, vieillit mais disparaît progressivement. Toutes les actions de promotion de la natalité, considérée par les féministes comme des actions sexistes qui ravalent les femmes à leur statut indigne de poule pondeuse, qu’elles récusent, ont été progressivement réduites au profit de la promotion de l’avortement et du planning familial. Peu de Français savent que par rapport à 1970 nous perdons environ 500 000 naissances potentielles par an. Elles sont compensées par l’immigration et la surnatalité des populations en provenance des pays à forte natalité. Mais cette solution, indolore et même bénéfique au départ, finit par poser de nombreux problèmes. Compter sur des étrangers qui parfois ont une culture incompatible avec la nôtre ou difficilement miscible, pour résoudre une difficulté nationale, est tout de même une lâcheté. Le vieillissement est extrêmement coûteux et crée des situations dommageables : on l’a vu avec le Covid qui a frappé fort en France principalement du fait du nombre de personnes de plus de 60 ans. Il s’accélère, laissant entrevoir de très graves difficultés dans beaucoup de domaines.

-          Les crises financières à répétition.

Depuis 1971, la France a subi des récessions sévères à répétition -73-74, 81-83, 92-93, début des années 2000, 2008-2009 avec un complément en 2011, toutes provoquées par des explosions financières. La manière dont a été gérée la crise du Covid a provoqué une récession provoquée, d’une autre nature. Ces crises ont eu un coût démentiel pour le pays et l’ont profondément atteint. Comprendre le mécanisme de ces crises et empêcher le retour des récessions devrait être une sorte d’urgence nationale provoquant des réflexions nombreuses et approfondies. Après tout le chômage et la pauvreté ne sont pas considérés, par personne, comme des avantages. On voit que tout cela est laissé hors du débat politique et que l’action gouvernementale ne s’attaque pas aux causes. On réduit les symptômes. Pour nous, c’est une honte. Nous avons bien ici deux difficultés majeures : les méfaits du système monétaire international et ceux du système de monnaie unique non régulé.

-          La crise démocratique et ses composantes.

Les deux campagnes dernières campagnes présidentielles ont été tellement minables et leurs résultats ont été si lamentables que plus personne ne nie la crise démocratique. Elle a plusieurs composantes principales :

- L’énarchie compassionnelle : la confiscation, désormais en famille, de la politique par une caste de hauts fonctionnaires ne permet plus de s’écarter des idées dominantes au sein de cette caste : étatisme, surfiscalité, normes contraignantes, bureaucratie, déficits, dépenses publiques outrées

- L’évacuation du débat français des questions désormais transférées à l’Europe.

- Le gouvernement des juges

- Le poids excessif des ONG et des institutions internationales qui développent leur propre idéologie sans frein.

- L’appauvrissement du débat, le vide de la presse sur certains sujets, les outrances judiciaires, le fanatisme, la méfiance contre les élites, le constat de l’impuissance des représentants du peuple et des gouvernements, la sur représentation des altérités et des préoccupations étrangères, en sont la résultante. La colère, le dégoût ou l’indifférence deviennent des éléments dominants et permanents du jeu politique et interdisent le jeu sain et normal de la démocratie. On finit avec plus de votes extrémistes que de votes raisonnables et les votants centristes sont animés par la peur. Lamentable !

-          La crise climatique

Nous ne sommes pas de ceux qui nient qu’il y ait une évolution climatique préoccupante, même si le caractère religieux qu’a pris la question est particulièrement perturbant. Nous avons donc à produire une action qui concilie à la fois, la nécessité d’une réduction décisive des différentes pollutions, défensive contre les différents risques de pénuries, et respectueuse des nécessités de la croissance.

Concilier économie et écologie est le grand défi du temps. On n’en prend pas le chemin.

La question pose des difficultés techniques, des problèmes de gouvernance, et une exigence de rythme. On ne discute de rien. On risque de terribles mécomptes.

-          La crise de la mondialisation

On a voulu ignorer les alertes tonitruantes de Maurice Allais sur les conséquences d’une ouverture totale des industries occidentales, européennes et naturellement françaises, à une compétition sans frein avec les pays émergents à très bas salaires. Conformément aux avertissements, la France a perdu son industrie et le revenu des classes populaires a stagné. La réaction populiste a été trop ample et trop générale pour que le moindre doute puisse subsister. Nous-mêmes sur ce site avons inlassablement alerté sur les dangers d’ouvrir l’OMC à la Chine et de laisser les frontières économiques totalement ouvertes. Nous avons totalement négligé le risque du retour de la Russie aux méthodes de l’URSS. Commercer et devenir dépendant de dictatures infâmes n’est pas sans inconvénients

-          L’effondrement des politiques publiques

Cet effondrement est désormais parfaitement reconnu alors que pendant longtemps il a été caché, nié et minimisé. Il est la résultante des autres crises et de la tentative imbécile de créer le socialisme en France, avec le programme commun puis les inepties de Jospin puis la catastrophe du quinquennat Hollande. Il touche aussi bien les fonctions régaliennes de sécurité intérieure et extérieure et de justice, que la santé, comme on l’a vu, l’enseignement public et les universités. Pour juguler cet effondrement, il faut agir sur tous les autres problèmes évoqués, qui ont tous une résultante sur les politiques publiques, et sortir du socialisme et de la démagogie de « droits-à ».

Telle est la vision que nous avons développée au sein de notre Cercle des sujets nationaux critiques

Il va de soi que les dernières évolutions radicales comme le Covid ou la guerre en Ukraine, sur un terreau aussi problématique, distendent un peu plus les parties qui brinquebalent depuis longtemps, l’inflation et la récession risquant à très court terme d’avoir des conséquences très graves, qu’on imputera naturellement à ces deux accidents mais qui sont surtout graves en France du fait des erreurs que nous accumulons sans réaction depuis des lustres. Les cinquante ans qui viennent de s’écouler n’ont pas été la période la plus glorieuse de la politique française.

Banques centrales, vertu et inflation !

Dans un système d’information aussi « construit » que le nôtre, le flux de la communication a pour but principal de protéger l’échafaudage politique et social dominant, ce qui est parfaitement normal. Les sociétés peuvent être convulsives mais pas suicidaires. Le bureau des légendes est bien en place sans qu’on sache très bien séparer ce qui est de la propagande pure, de l’erreur ou de la simple facilité. Une difficulté plus récente provient de la multiplicité des bureaux des légendes : entre ce qui provient de l’ONU et des ONG rattachées, financées par une multitude de sources, ce qui est émis par les institutions européennes en général en proximité avec les précédents, et la chanson proprement nationale qui elle-même a tendance à rejoindre les précédentes.

Nous avons déjà traité mille fois sur ce site de la question de la surcharge du rôle des banques centrales dans la gestion de l’économie d’abord puis de la société. Depuis l’abandon des disciplines de Bretton Woods, à l’initiative des États-Unis qui souhaitaient pouvoir profiter à fond du privilège du dollar roi, ancre du système monétaire mondial, les états ont cessé d’être les régulateurs des flux financiers et commerciaux au profit des banques centrales indépendantes. Précédemment les échanges devaient être équilibrés et les grands déficits et excédents étaient bannis. C’était le rôle des États nationaux avec un censeur et un assistant, le FMI. Nous avons montré notamment dans notre premier livre l’étrange désastre que les énormes déficits et excédents qui en ont résulté ont provoqué des crises à répétition (1973, 1992, 2 008 pour les plus graves). À chaque récession les banques centrales ont lâché la création monétaire pour maintenir la valeur des actifs, provoquant les conditions d’une crise plus grave un peu plus tard. La mondialisation de la production permettant de baisser les prix de fabrication, l’effet sur l’inflation était jugulé au prix d’une stagnation du revenu salarial des classes moyennes dans les pays riches, partiellement compensée par les prix bas des produits désormais importés, et d’un écart de plus en plus grand avec les possesseurs d’actifs dont la valeur était gonflée artificiellement par la création monétaire des instituts d’émission.

On notera que tout le monde s’acharne sur les effets : écarts entre riches possédants et pauvres travailleurs, stagnation du pouvoir d’achat et chômage important dans les pays développés, montée des populismes, mais refuse obstinément de voir la cause principale : les changes flottants et la disparition des contraintes internationales en faveur de l’équilibre des balances commerciales et de paiements.

Le point d’orgue de cette organisation tragique a été évidemment la crise de 2008 doublée par la crise Trichet de la zone Euro de 2011. On a noyé la faillite du système financier par des créations monétaires fabuleuses qui n’ont pas eu d’effet sur l’inflation d’abord à cause de la crise économique provoquée par la panique financière et aussi du fait de la relance du commerce extérieur par des accords de libre-échange nombreux. Mais l’absence d’inflation est principalement dû à ce fait tout simple que la banque centrale a simplement sauvé les banques par un jeu d’écritures tout en demandant aux gouvernements de cadenasser l’activité des banques pour éviter de nouvelles dérives. Les banques sont devenues des institutions contrôlées à vocation vertueuse. Les banques centrales devenaient des mères la vertu.

Du coup on a cru que les banques centrales pouvaient noyer de monnaies nouvelles toutes les grandes questions sociales et sociétales et pas seulement les crises boursières et financières à répétition.

En provenance des États-Unis et des grandes Organisations Non Gouvernementales, s’est créé un mouvement très fort présentant la nécessité de lutter farouchement contre le réchauffement climatique, de donner le pouvoir aux femmes, d’exalter les minorités et d’abaisser les puissants historiques, en fait le mal blanc hétérosexuel. Comme tous les mouvements idéologiques jusqu’à la religiosité, on a vu apparaître d’insupportables Savonarole éructant des outrances diverses, mais surtout la création par les instances internationales et cascadant sur les nations, d’un courant d’injonctions qu’il était interdit de discuter et qui imposait à tous le devoir de chanter la bonne chanson et d’agir en conséquence.

On a donc nommé des femmes à la FED et à la BCE, les deux banques centrales les plus puissantes. Mme Lagarde a parfaitement compris le message : la voilà qui déblatère sur sa mission « principale » pour laquelle « elle se mobilisera totalement » qui est l’émancipation de la femme partout et notamment en Afrique et au Moyen Orient ! « Marraine de FinanciElles, qui regroupe treize réseaux de femmes de la finance, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) a réaffirmé ses convictions lors la journée de débats organisée le 16 novembre pour les 10 ans de l’association ». C’est que la banque centrale peut conditionner ses prêts aux banques en fonction du sexe de leur président, de l’inclusivité inscrite dans leur politique de prêt et dans leur pratique managériale, de la qualité écologique de ce qu’elles financent. Une véritable dictature de la vertu sans autre loi que la pression sociale et sa soumission aux courants dominants venant des ONG.

Pour faire bonne mesure elle invite Greta Thunberg et s’engage dans le mouvement qui veut contraindre la finance à être verte pour être vertueuse. « Pire, du point de vue de l'orthodoxie allemande, la nouvelle présidente de la BCE a aussi proposé début septembre devant le Parlement européen, ce qui serait une disruption majeure : que la BCE intègre le changement climatique dans les objectifs de sa politique monétaire. Elle s'est évidemment attirée en réponse une volée de bois, vert évidemment, de la part du président de la Bundesbank pour qui une telle orientation, qui permettrait pourtant de doper le marché naissant des « obligations vertes », serait "contraire aux traités européens ».

On pourrait dire : voilà une femme politique consciente des nécessités à plus long terme de sa carrière politique pas une vraie banquière centrale ! Ou mieux encore : voilà une femme conscientisée qui a compris que tout devait être mis en œuvre pour mettre fin à la domination du mâle blanc hétérosexuel et sauver la terre du réchauffement. Ou plus vicieusement : c’est la condition pour devenir premier ministre de Macron. Le ralliement à Macron de Muselier, dont le couple fréquente avec celui de Lagarde l’île Maurice avec délectation, d’où le bronzage permanent des deux, laisse penser qu’elle aura besoin d’un ministre sympa.

Malheureusement, l’évolution vers la vertu en toc dépasse le cas des individus qui gèrent ces institutions. On va le voir avec la crise exogène provoquée par le virus Sars Cov 2. Pris à revers par une crise sanitaire totalement non anticipée malgré les épisodes à répétition des décennies précédentes, sida, vache folle, H1N1, Ebola…, avec une gestion initiale menée en dépit du bon sens après avoir été trop influencée par la manière dont la Chine avait traité l’infestation, les gouvernements occidentaux ont arrêté la production en confinant les activités économiques de façon exagérée. Ils ont demandé à nouveau aux banques centrales de financer la perte de revenu correspondant. L’hélicoptère à monnaie a décollé. L’ennui, c’est qu’il ne s’agissait plus d’un jeu d’écritures entre banques centrales et banques d’affaires, sous la houlette de l’Etat bienfaiteur, mais d’une vraie perte de richesse produite. Créer des signes monétaires en masse, sans produire en contrepartie, a une conséquence automatique : l’inflation. Elle ne s’est pas vue tout de suite dans les prix du quotidien du fait de la récession des marchés alors que la valeur des biens immobiliers et des actifs financiers s’envolait. Mais dès le retour à une situation plus normale, l’inflation s’est installée comme nous l’avions anticipé. Oh Surprise !

Le graphique que nous joignons à ce billet est tout à fait explicite. L’inflation démarre fort à partir de juin-juillet 2021, pas avril 2022, neuf mois avant tout de même ! Les propos lénifiants sur une inflation frictionnelle temporaire dans l’attente du retour à la normale en quelques mois se sont heurtés à la réalité irréfragable. Les prix s’envolaient du fait de l’écart entre production et distribution de monnaie à gogo ! Une loi économique que tous les économistes apprennent en première année d’université.

Là-dessus, voici le nouveau président Biden qui demande au Congrès de lancer un plan de reprise démentiel sur fond d’inondation monétaire préalable ! Et l’inénarrable président Macron déchaîne l’achat de votes et suscite une épidémie de mesures de distribution de prébendes pour être réélu, à des niveaux jamais vus, tout en essayant d’éteindre le feu inflationniste par des mesures de blocage des prix artificiels et des expédients. Un feu roulant d’artifices et de faux-semblants. Tout en expliquant qu’il avait créé une croissance jamais vue et réduit le chômage comme un fortiche. Ce village Potemkine économique ne pouvait que voler en éclat. En ajoutant qu’il allait mettre son prochain quinquennat sous le signe de la planification de la transition énergétique dont le coût est prodigieux et l’impact sur la production récessive, il se livrait à la monstration exemplaire des clous du cercueil économique qu’il allait construire, tout en faisant suinter son féminisme essentiel et son goût pour la promotion des minorités. Mme Lagarde et la BCE avec nous !

Pour une France endettée quasi à trois mille milliards d’euros et non compétitive, avec des comptes publics effondrés dans les déficits, entrant en inflation intense, la question était déjà en septembre 2021 : qui va financer toute cette débauche de destruction de richesses et de dépenses improductives ?

La conséquence de l’opération russe en Ukraine a été l’explosion des prix de l’énergie, la création de pénuries massives, la désorganisation de presque tout. Puis l’arrêt brutal de la croissance. Un premier trimestre à zéro de croissance alors qu’on chantait le miracle d’une croissance à un taux de 8 % jamais vue depuis la guerre grâce à la politique subtile d’Emmanuel Macron !

Voici les banques centrales sollicitées de financer le réarmement de l’Occident, le financement de la crise énergétique et la conversion de l’économie pour sauver la terre, la promotion de la femme et des minorités, la couverture sociale et la sauvegarde de l’Etat providence, alors que l’inflation explose. Contradictions ? Non : Impasse totale. La seule mission statutaire de la BCE est de conserver l’inflation dans les limites de 2 % !

La crise en Ukraine donne la mesure des conséquences des politiques de réduction de l’offre énergétique. Coût démesuré, financement impossible, inflation aggravée, pertes de revenus, pénuries massives, etc.

Certains délires récents dans la presse font désormais franchement rire. On se rappelle cet article du Monde où un penseur cosmo planétaire suggérait que la BCE fournisse des milliards (sans jamais espérer un remboursement) à Airbus pour que l’entreprise cesse toute activité aérienne et se recentre sur des productions écologiques ! Alors que les seules forces économiques françaises sont le luxe, le tourisme, l’aviation et plus généralement les transports.

Cette France qui a voulu jouer en 1981, seule dans le monde occidental, la grande tragédie du socialisme réalisé au même moment où le monde entier abandonnait cette sottise, est désormais, en politique intérieure, encerclée par les extrêmes, et à l’extérieur dans une situation humiliante avec une menace sur sa survie même comme grande puissance.

Qui fait confiance à la petite camarilla qui détient le pouvoir pour sortir le pays de l’ornière où il est enlisé ? Prêt à rien et capable de tout, prêt à tout et capable de rien, Macron réélu triomphalement sans vrai combat, est pris au dépourvu.

Même si la guerre en Ukraine ne dérape pas et s’arrête assez vite, ce qui n'est pas la projection commune, on ne voit pas trop comment la sortie de crise peut être indolore, sauf à revenir aux quarante heures, à réduire les congés payés, à instituer la retraite à 67 ans pour tous, tout en étalant dans le temps la conversion énergétique et en réduisant drastiquement l’emprise bureaucratique des administrations et l’ampleur des redistributions. Peut-on remettre vraiment la France au travail et espérer qu’elle fasse des réformes critiques qu’elle refuse obstinément depuis 50 ans, avant qu’une récession sévère ne se produise, alors qu'aucune des questions critiques n’a été traitée pendant la campagne électorale et qu’on a laissé croire que le faire pousser le pouvoir d’achat était le rôle central du Président de la République ?

The Economist constate soudain que les banques centrales sont saturées de missions politiques et sociétales qui ne sont pas de leur rôle statutaire et exige qu’on en revienne à l’économie et seulement à l’économie. C’est le bon sens. Mais il lui reste à faire le pas décisif : on ne peut pas confier la régulation de la mondialisation à des banques centrales. Ce sont les États qui doivent être à la manœuvre et dans des cadres mutualisés contraignants.

La plus grande vertu est de ne pas faire des banques centrales une forme nouvelle de sacristie. La plus grande sagesse est de laisser à la loi et au débat le soin de fixer le champ des libertés, et non de détourner les fonctions des institutions techniques pour qu’elles conditionnent la vie des gens selon les canons du politiquement correct selon le bon vouloir de leur gouvernance, choisie sur les mêmes critères du politiquement correct.

La banque centrale « woke », face à Poutine, au désordre mondial, et surtout à l’accélération de l’inflation, c’est fini.



Opération Solidarité avec les réfugiés ukrainiens

Notre cercle a décidé d'aider les réfugiés ukrainiens en diffusant sans droit d'auteur ni frais le Livre de Didier Dufau sur Holodomor, la première monographie en langue française sur le grand génocide qu'a subi l'Ukraine au début des années 30 et qui a été occulté, nié, minimisé pendant des décennies par l'intelligenstia française.

 

Le livre est mis en diffusion en mode pdf pour 10 euros  sur notre librairie en ligne :

 

librairie-e-toile.fr
 
 
La recette sera entièrement reversée aux associations s'occupant des réfugiés en France.
 
Nous comptons sur votre générosité et la diffusion de cette initiative qui aura également le mérite de faire connaître au plus grand nombre,  en détail, un massacre inouï qui explique aujourd'hui la résistance acharnée des Ukrainiens .
 
Merci d'avance à tout. 



Impuissance de la vérité ?

Notre cercle a été construit autour de quelques vérités à défendre et qui ne l’étaient pas.

Nous nous sommes reconnus dans le même combat contre des erreurs tragiques et manifestes.

-        Les changes flottants sont une mauvaise solution qui provoque des déséquilibres insurmontables et entraînent des crises financières à répétition. On a cru qu’on pourrait régler les difficultés avec les banques centrales et en encadrant de façon routinière l’activité des banques. On constate que jamais les dettes des banques centrales n’ont été plus élevées, que jamais l’inflation n’a été plus menaçante et que les banques centrales sont paralysées dans le dilemme hausser les taux et provoquer une récession majeure, laisser courir avec une inflation majeure. Accessoirement, institutions non élues, il leur appartient de diriger la vie de chaque citoyen sans aucun débat public. La vérité toute nue qu’il fallait ne pas continuer à s'enfoncer dans cette erreur n’a jamais pu émerger dans le débat public, bloquée non pas par une doxa dominante, personne ne soutient vraiment les changes flottants, mais par l’influence des États-Unis et la soumission des élites françaises. Ceux qui comme nous comptaient sur la pédagogie des crises à répétition en ont été pour leurs frais. La crise de 73 a été attribuée au cartel pétrolier, alors que la réaction du cartel provient de la crise ! Une inversion commode. La stagflation qui en a résulté a été cassée par une récession au début des années quatre-vingt pour déboucher sur la crise de 92-93, gravissime, attribuée cette fois-là à la guerre en Irak… La crise du dollar de 98 a été attribuée aux pays émergents jusqu’à ce qu’elle touche les marchés financiers spéculatifs américains, ruinant quelques épargnants au passage. La solution trouvée a provoqué une hystérie financière qui s’est terminée par l’énorme crise de 2008. Et on voit où on en est aujourd’hui. Et pas un mot nulle part, pour essayer de comprendre la dynamique des évènements et tenter de remettre en place un système cohérent.

-        L’Eurosystème est un système récessioniste. Tout le monde le sait et la crise de 2011 en particulier en Grèce est venue opportunément le démontrer. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a aucun mécanisme qui permet d’assurer la maîtrise des déficits et des excédents de balances commerciales et de capitaux. Les exportations allemandes sont devenues égales à la valeur ajoutée des entreprises françaises et leurs excédents sont colossaux sans aucune réaction des autres. Les seules mesures contraignantes concernent les pays en déficit. Mais déficits et excédents vont ensemble. Les pays en déficit disposent d’une monnaie unique trop élevée pour rétablir leurs exportations, et les autres d’une monnaie trop faible. Cela fait maintenant 22 ans que tout le monde le sait et s'accommode d’une dépendance aux excédents allemands totalement contre-productive. Le résultat : tous les pays en difficulté ne survivent que par la dette. Jusqu’au jour où… Et il n’est plus loin. Il n’y a rien à faire. Les élites ne veulent rien savoir, rien dire, rien faire. Chut ! Fuyons en avant et on verra bien !

-        Un libre-échange déséquilibré avec la Chine que l’Occident laisse devenir l’usine du monde était une folie dénoncée dès 1997-1998. Il ne pouvait en résulter que l’écrasement des classes laborieuses des pays développés. Maurice Allais l’a prouvé de façon éclatante sans jamais être contredit. On a simplement marginalisé sa parole. Tout le monde voit le résultat.

Ces trois vérités fondamentales forment-elles le socle d’une réflexion profonde, d’une mobilisation féconde, d’une demande de réorganisation globale permettant de sortir de l’enchaînement permanent des conséquences dramatiques ? Pas du tout ! Silence dans les rangs. Surtout ne rien faire, ne rien dire, ne rien penser ! L’impuissance de la vérité est absolue.

De notre part, 25 ans de combat pour rien ! Sinon le témoignage que ces vérités ont été vivantes dans les marges du système. Quelles perspectives s’offrent à elles ?

La France est désormais dirigée par un bouffon narcissique ridicule, syndic d’une caste énarchienne qui a capté le pouvoir en famille et qui compte bien le garder, qui se satisfait d’une gestion égotiste et électoraliste de son narratif, sans aucun effet autre que dérisoire sur les grandes questions du monde. L’alignement sur l’Allemagne et sur l’union européenne interdit tout discours sérieux et toute remise en cause efficace des tares de l’Eurosystème. L’alignement sur les États-Unis ne permet pas de remettre en cause l’organisation monétaire mondiale ni la désindustrialisation provoquée par la Chine. Cela conduit à une impuissance verbeuse et obscure, du genre « se réinventer » ou « inventer des politiques singulières ». Depuis 5 ans, on a dû déjà se réinventer une centaine de fois. Mais le verbe renaît comme le chiendent. Il est si commode. Mais il ne peut rien sur les réalités, comme toutes les poudres de perlimpinpin médiatiques.

Si la vérité est impuissante, force est de constater que postures et impostures offrent sans doute des bénéfices électoraux mais accusent l’impuissance de l’État qui a accepté de les bénir, aggravent les risques et rendent de plus en plus difficile la recherche de solutions !

La Suisse et la crise sanitaire. Petite comparaison avec la France.

Rappelons pour commencer que toutes les mesures de restrictions sanitaires sont levées en Suisse. Le masque est requis dans les seuls transports. À ce stade la crise sanitaire est considérée comme terminée et le bilan peut en être fait :

PIB : À la fin du troisième trimestre 2021 le pays avait déjà retrouvé son niveau d’avant crise et le PIB a gagné 1 % depuis, en dépit de la vague Omicron. La France devrait retourner son niveau d’avant crise en fin de premier semestre 2022. Une petite année de retard.

Exportations : Elles atteignent un niveau record (260 milliards) en croissance de 15.6 %. France, balance commerciale : 85 milliards de déficit, record historique. La France étant à peu près huit fois plus peuplée que la Suisse, elle devrait avoir un niveau d’export de 8 x 260 = 2 080 milliards de Francs suisses d’exports. Elle n’a que 500 millions d’euros, soit 490 millions de francs suisses environ. On n’est pas légèrement moins bon mais quatre fois moins bon.

Chômage : à 2.3 % avant la crise il est de 2.6. (8.1 % en France).

Inflation : 1.5 % en 2021 contre 5 % dans la zone euro.

Capacité de dépenses des Suisses : identiques à l’avant-crise avec des réserves importantes de croissance.

Dettes : depuis le début du siècle la dette a été progressivement réduite de façon intelligente permettant d’agir pendant la crise sans risque de dérapage. La dette brute de la Confédération s'élevait à quelque 109 milliards de francs à la fin de l'année 2021, ce qui correspond à une augmentation de 5 milliards par rapport à l'année précédente. NB : la dette de la France a elle augmenté de 700 milliards d’euros depuis l’arrive d’E. Macron. Pour atteindre quasiment 3 000 milliards d’euros.

La Suisse est, avec le Danemark et la Finlande, le pays qui a le mieux étalé la crise sanitaire et ses conséquences économiques.

Rappelons que « la Finlande est discrètement parvenue à maintenir des niveaux d'infection cinq fois inférieurs à la moyenne de l'Union européenne, et un taux de décès parmi les plus faibles du continent ». 2?329 morts contre 134 000 en France pour une population de 5.5 millions, contre 67 millions en France. Avec le taux des Finlandais nous n’aurions eu que 30 000 morts environ.

On voit l’exploit réalisé par Emmanuel Macron et dans la gestion sanitaire de la crise et dans sa gestion économique.

Du même tonneau que ses exploits diplomatiques au Liban, au Mali, en Australie et en Ukraine.

Et on nous demande de nous extasier ! Faute de quoi nous serions des esprits chagrins et négatifs.

Banque mondiale : PIB par tête en 2020

France : 39 030,40 $

Suisse : 87 097,00 $

 

Voir un problème dans ces chiffres serait, en effet, malvenu

Une facilité condamnable : décharger et défiscaliser des revenus sans toucher à la dépense.

Transférer n'est pas réduire !

Que la France soit devenue le leader mondial de la fiscalité et qu’il faille ambitionner de régresser dans ce classement mondial là, pas de doute ! De même, faire payer à l’entreprise l’essentiel du secteur social en ouvrant le pays à la concurrence mondiale, où pratiquement aucun pays ne pratique cet exercice, est une folie. Baissons donc les impôts sur les particuliers et les charges sur les entreprises !

La vérité est que personne ne prétend les baisser et tous proposent seulement de les transférer. C’est la grande mode depuis maintenant des décennies avec un résultat globalement tragique sur ka dette, le sous-investissement, l’emploi, le revenu et… les impôts.

Si on veut des résultats, il faut baisser le besoin de financement d’abord et ensuite, et ensuite seulement, organiser la collecte des financements le plus intelligemment possible.

Nous avons un état moloch, avec des effectifs pléthoriques et aucune des administrations ne fonctionne bien. C’est un premier paradoxe. Tout le monde peut comprendre qu’il faut d’abord savoir pourquoi, dans chaque secteur de la politique publique, on aboutit à une situation aussi déplorable.

Dans le secteur de la justice on a levé le couvercle répressif qui était mis sur la délinquance par une justice très sévère jusqu’en 1968. En plus on a judiciarisé des pans entiers de la vie sociale, économique et politique qui ne l’étaient pas. La délinquance a flambé et le besoin de jugements aussi. On a alourdi toutes les procédures et on a permis de rejuger la chose jugée aux assises (coût jamais évoqué). L’immigration de masse a conduit également à une augmentation de la délinquance. La justice est noyée alors que la délinquance est au plus haut. Pour réduire la pression, il faut agir sur la répression et le champ de la délinquance. Tout en revenant à des jugements définitifs en première instance aux assises sauf vice de ceci ou de cela. Et il faut réussir l’informatisation du système. Comme on fait tout l’inverse, le secteur est noyé, inefficace et gangrenée par la politique et l'idéologie.

Dans le secteur de la médecine on a développé une pression bureaucratique délirante tout en freinant l’expansion des personnels médicaux, en réduisant les lieux de soins, en modifiant la médecine de ville, tout en généralisant la gratuité et l’achat de produits au rabais dans des pays à bas salaires. Il faut à l’évidence réduire le personnel administratif, réduire les actes inutiles par une franchise médicale sur le petit risque, et augmenter le nombre des soignants. Il faut aussi changer la collecte des fonds correspondants. Le système suisse est le meilleur : les particuliers paient directement leurs cotisations maladie à des caisses agréées et concurrentes. Ce n’est pas le rôle des entreprises. Pas de monopole public ; une pression des assurances pour contrôler les frais médicaux ; les particuliers font attention à ne pas réclamer n’importe quoi car l’effet est immédiat sur leur facture. C’est entre 400 et 500 euros par mois et par personne, avec des tarifs bas pour les enfants (une centaine d’euros). Les cas d’exonérations ou de réduction sont étroitement restreints temporairement aux cas douloureusement problématiques. Le grand âge et l’absence d’enfants créent des difficultés comme partout mais le moindre citoyen comprend les problématiques.

Dans le secteur de l’enseignement, on a voulu toute une génération au bac et pourquoi pas à la maîtrise, rendre toutes les classes mixtes, caserner les collèges et les lycées, tout en acceptant de faire venir dans les classes des cohortes massives d’immigrés en provenance de dizaines de pays étrangers et en refusant la sélection. On a assigné à l’école le soin d’inculquer des thèmes sociétalistes et moralisateur, biaisés par la gauche, au détriment de l’enseignement lui-même et des disciplines. Le système est par terre. Il faut faire baisser la pression migratoire, éliminer la pression sociétaliste et rétablir la sélection. Il faut également réduire le côté non-enseignant de l’école : voyages, sorties, périscolaires. Et concentrer les disciplines au lieu d’en ajouter constamment. On a fait tout le contraire. Avec des résultats dramatiques.

Sans action d’abord sur les politiques suivies, impossible de réduire le besoin de financement.

Pour la retraite, la réduction de la durée hebdomadaire de travail et les retraites prises avant 65 ans se sont cumulées avec l’augmentation de la durée de vie pour rendre la situation ingérable. Si on travaille moins longtemps on perd des recettes. Si la dépense, elle, augmente massivement on se ruine, car le résultat ce sont des cotisations en hausse et de la dette si on n’ose pas les augmenter. Inutiles de transférer les cotisations si on n’étend pas la durée du travail et si on ne retarde pas l’âge de départ en retraite.

Affirmer : « je ne fais rien parce que les Français ne veulent pas mais je supprime les cotisations et la fiscalité sur tel ou tel revenu » revient à transférer des cotisations ou des dépenses individualisées sur l’impôt général. Comme on ne veut pas toucher à la TVA (parce que les Français ne veulent pas) alors c’est l’impôt sur le revenu qui trinque qui n’est payé que par 47 % des Français. Comme pour la taxe d’habitation. L’IR ou la dette récupèrent le bébé et l’eau du bain. Ce débat fondamental est escamoté.

On a déjà basculé sur la fiscalité générale toutes les cotisations sur les bas salaires, ce qui est totalement injuste ET inefficace. On veut étendre à l’infini des transferts de ce genre par démagogie. C’est totalement absurde ET inique. Pas un candidat qui ne se livre à ce petit exercice ! Pas un mot de contestation dans la presse et dans les médias. Et on ne réduit aucune dépense par une rectification des politiques menées.

On nage dans la démagogie pure et on déshonore la politique.

Revenir à la semaine de 40 heures et passer à la retraite à 67 ans pour tous, voilà la première action à mener.

Redonner la responsabilité de la politique médicale aux médecins à l’hôpital dans le cadre d’un simple contrôle de gestion, chaque service gérant son budget, est obligatoire, comme l’est le démantèlement de tout le contrôle tatillon et exhaustif préalable et a posteriori des actes, avec un retour de la responsabilité médicale.

Rétablir une responsabilité des assurés sur leurs dépenses avec la hausse du reste à charge pour le petit risque est tout aussi nécessaire pour éviter les visites gratuites de pur confort, et l’utilisation abusive de la carte de sécurité sociale.

Rétablir le couvercle sur la délinquance comme avant 1970 et réduire le champ pénal tout en sanctionnant le justicialisme et en simplifiant la procédure pénale, est une nécessité absolue. Quand quelqu’un se noie, on le sort de l’eau d’abord et on ne songe pas à augmenter la taille de ses poumons.

Etc. Etc.

Ce n’est pas si difficile de construire un programme de sortie du déclassement.

Si on veut optimiser les modes de collecte des fonds nécessaires, il faut transférer la CSG en partie sur les particuliers comme en Suisse et en partie sur la TVA pour les exonérations sociales ciblées, ce qui permet de faire assumer une partie des frais par les produits importés. Idem pour certains impôts de production qui ne sont directement associés à une production effective. De même il faut supprimer les impôts qui coûtent plus cher que ce qu’ils ne rapportent. IFI et impôts sur les successions sont symboliques et peuvent être totalement supprimés provoquant un choc de confiance et une envie d’investir en France et de créer du capital et de la production. Ils représentent 1.6 % des prélèvements ! Moins que la perte de valeur de la monnaie chaque année.

Une telle politique n’est possible que si le monde politique n’est pas dirigé par une cohorte de hauts fonctionnaires étatistes et socialisants travaillant en famille sur plusieurs générations. Un minimum de profondeur démocratique suppose que ce sont des citoyens ne dépendant pas des subsides de l’état pour leur carrière qui doivent proposer ou voter les lois. Les fonctionnaires doivent montrer leur compétence en trouvant les voies et les moyens d’influencer les dirigeants politiques et de mettre en œuvre correctement les décisions prises. Nul ne peut donc être élu dans une instance qui fixe sa rémunération et les moyens de son activité. Et nul ne peut recevoir deux rémunérations de l’État.

Cela fait maintenant depuis plus de 20 ans que tout ceci est ressassé et devrait être mis en œuvre. Pendant 10 ans la droite ne l’a pas fait et pendant 10 autres la gauche ne l’a pas fait.

Et en privé tous disent : il n’y a pas de doute c’est ce qu’il faut faire. Sinon on continuera à sombrer.

Oui : tous. Mais…

L’énarchie préfère conserver ses privilèges. On a le grand combat entre Macron et Pécresse, énarque l’un et l’autre, avec l’exutoire commode Le Pen. La haute finance compte sur l’Europe pour contrôler ce qui doit l’être. La dette permet de faire taire les pires démagogues. L’émigration est plus facile à organiser que de susciter un renouveau des naissances indigènes.

Eric Zemmour joue à son tour le jeu des exonérations et des défiscalisations sans toucher aux besoins de financement. L’audace sur l’immigration dans la continuité démagogique sur le reste…

Comment corriger un débat présidentiel si débilitant ?  D’où peut venir le salut français et la fin d’une autodestruction débilitante ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Avons-nous doublé le PIB français entre 1980 et 2021 ?

Particularité amusante, le PIB français en euros de 2021 est à peu près le même que celui de l’année 1980 en francs. Autour de 2.400 milliards. Cela pose un intéressant problème de comparaison. De combien a été notre croissance en quarante ans.

Pour s’en tenir aux chiffres officiels l’affaire est facile : compte tenu de la dérive des prix à la consommation, le PIB actuel est le double du PIB de 1980. Nous serions deux fois plus productifs qu’à l’époque.

Certes, cela ne représente, sur 40 ans qu’une croissance annuelle minuscule, de 1.74% en moyenne.

Ces chiffres emplissent de malaise. Comment se fait-il que Marianne ait pu calculer une paupérisation absolue en quarante ans d’une partie des effectifs de l’administration ? Comment se fait-il que les pauvres se sentent plus pauvre que les pauvres de l’époque ? Comment se fait-il qu’avec deux fois plus de richesses, nos services publics ne fonctionnent plus correctement, le chômage soit si haut, notre compétitivité si nulle, notre endettement si fort, nos impôts si élevés ? Pourquoi le PIB par tête suisse est-il désormais deux fois celui de la France alors que les deux pays étaient en gros à parité en 1980 ?

On sent qu’il y a quelque chose qui cloche. Mais quoi ?

Pour établir la valeur absolue d’une monnaie, nous avions l’habitude au Cercle des économistes e-toile d’utiliser un indice de référence composite, tenant compte du cours de l’or, du pétrole, des terres rares, du m2 vendus en centre-ville dans plusieurs grandes capitales du monde, du Franc suisse et du Deutschemark puis de l’euro.   Sans refaire avec toute la précision voulue l’actualisation de cet indice (arrêté en 2012 après la crise de l’Euro), nous arrivons à un glissement d'environ 8 fois de la valeur de l’indice, au lieu des 3.2 fois de l’indice de l’Insee.

Comme le rapport entre euro et franc est de 6,55957, si la croissance de l’indice de référence est supérieure le PIB a baissé, s’il est inférieur, le PIB a cru.

En unité de valeur constante, le PIB français a donc sensiblement baissé, ce qui est plus compatible avec les nombreuses défaillances que l’on a constatées pendant ces derniers quarante ans.

Le PIB par tête doit tenir compte d’une hausse de la population de 55 à 67 millions.

Comme l’a écrit récemment l’excellent Robin dans le Figaro, l’indice de l’Insee est très peu pondéré par l’immobilier, les actifs boursiers etc.  Celui de l’Allemagne est nettement plus inclusif. Si on prend l’indice allemand le taux de croissance baisse sensiblement. On perd quasiment 1 point de croissance qui tombe à 0.8% par an.  Et on ne double plus l Compte tenu de la croissance de 20% de la population, le PIB par tête n’a plus cru que très faiblement, presque de façon imperceptible. 

L’indice de prix est politiquement construit pour connaitre l’évolution du pouvoir d’achat à court terme, avec des effets juridiques, économiques et sociaux importants pas pour déterminer la valeur de la monnaie. Au-delà de quelques années la distorsion de l’offre de produits rend l’indice peu significatif. Pratiquement la moitié des produits consommés aujourd’hui n’existaient pas il y a quarante ans ou n’avait pas les mêmes caractéristiques. On n’est pas riche de la même chose à quarante ans d’intervalle. Pas de TGV, pas de PC, pas de téléphone portable, pas d’internet, pas de voitures électriques, pas de domotiques, pas du tout la même gamme de traitements et de produits médicaux, pas de tourisme massif à très bas coût, etc. Les services à la personne étaient beaucoup moins coûteux. La fiscalité et les dépenses contraintes étaient plus faibles que maintenant.  On compare sur des périodes de quarante ans des consommations sans rapport.

Un poste de travail informatique coûtait 10.000 F en 1880, en télétraitement. Un petit portable 1000 fois plus puissant ne coûte que quelques centaines d’euros.  Mais beaucoup de produits agricoles coûtent désormais plus de 10 fois leur prix d’alors. Comment arbitrer cela dans un indice ? C’est possible sur quatre cinq ans, pas sur quarante ans.

La force productive du pays doit s’apprécier en tenant compte du chômage, des déficits extérieurs et de la dette.  Il n’y avait pratiquement pas de dettes ni de chômage en 1980, même si cela commençait à déraper. Nous avons 3.000 milliards d’euros de dettes et le chômage oscille en permanence entre 8 et 11%. Notre balance commerciale comme le budget de l’état sont en déficit permanent, de façon abyssale. Notre industrie est passée de 24% du PIB à 12.

Nous croyons légitime dans ses conditions de considérer que la puissance économique de la France est pratiquement la même qu’en 1980 et non pas le double.  Nous avons connu une formidable stagnation.  La seule force qui a favorisé la production est le taux d’emploi des femmes qui a fortement augmenté, celui des hommes, lui, baissant légèrement. Le pouvoir d’achat a pu être maintenu par des importations à bas prix en provenance de Chine et des pays émergents. Mais les citoyens des pays qui n’ont pas voulu d’une expérience socialiste et bureaucratique ont vu leur rémunération décoller par rapport à celles des Français, jusqu’à doubler en Suisse et presque tripler au Luxembourg.

Décidemment non, nous ne pouvons pas affirmer que nous avons doubler notre PIB en quarante ans. La vérité c’est que nous avons connu un déclassement et une paupérisation, relative le plus souvent, mais aussi absolue dans bien des cas.

Nous n’avons pas non plus cherché comprendre les grandes crises mondiales et à s’en protéger. Ceux qui ont fait carrière entre 19770 et 2000 ont connu deux crises mondiales fortes (73-74 et 92-93). Ceux qui ont commencé en 80 également : 92-93 et 2008-2009.  Ceux qui ont démarré en, 1990 en ont connu trois, avec celle du Covid. Les « millénials » en sont à deux, comme ceux qui ont commencé en 2010, qui risquent eux d’en connaître probablement quatre.

La leçon que nous devons en tirer est qu’il ne fait pas bon être tenté par le socialisme à l’intérieur. C’est la recette de la paupérisation. Mais, et c’est celle qui n’est jamais tirée, il faut aussi réformer le système monétaire international qui permet des crises mondiales périodiques qui avaient disparu après-guerre avec une système coopératif de changes fixes mais ajustables par accord général.

On notera que la campagne électorale n’aborde ni la question de sortie du socialisme ni celle d’une diplomatie de la prospérité. Et tous appellent une politique verte qui risque de massacrer la croissance et le pouvoir d’achat, alors que l’énormité de la dette accumulée par E. Macron ne nous permet plus d'emprunter suffisamment pour financer la conversion énergétique.

Le Français, né malin… 

Catherine Nay : un livre indispensable

"Tu le sais bien, le temps passe" souvenirs souvenirs 2

De toutes les journalistes qui, dans la foulée de Françoise Giroud, « bouchon » pour les intimes, se sont lancées à l’assaut des hommes politiques, Catherine Nay est la plus remarquable. Elle n’a pas choisi comme d’autres de s’attaquer comme maîtresses à des hommes aussi douteux que Mitterrand simplement dans l’espoir d’avoir de hauts postes pour elles-mêmes. Ce côté promotion-canapé a toujours été considéré comme efficace mais vulgaire mais là il prenait une tournure odieuse du fait de l’hypocrisie de dames qui une fois placées se comportaient en dames d'œuvre du socialisme et comme armature d’un camp du bien aussi cupide que parfaitement fantasmagorique. Il est vrai que les hommes politiques sont en général généreux et offrent à leurs maîtresses des cadeaux qui ne leur coûtent rien. De conseiller municipal à maire, voire de député à sénateur, de places diverses dans le privé à de hauts titres dans la fonction publique, ils ont un large choix.  

La belle et distinguée Catherine n’a pas voulu manger de ce pain là et a conservé son métier qu’elle a exercé avec subtilité et finesse dans la durée, tout en créant un foyer sûr et propice à une vie familiale de qualité. Albin Chalandon était au cœur du système sans chercher à en être le chef.  Il était soigné de sa personne et attentif à sa forme. Les deux formèrent un beau ménage et un ménage beau.  

Le journalisme mène à tout à condition d’en sortir, tout le monde sait cela. En choisissant de persister dans sa passion, le chemin de Catherine Nay l’a conduit à des livres qu’on aurait tort de considérer comme légers ou anecdotiques.

J’ai rencontré Catherine Nay une seule fois, dans un avion aujourd’hui disparu mais qui portait la marque du génie français, la Caravelle, sur un trajet Paris-Clermont-Ferrand. La particularité de l’avion est qu’il disposait de six sièges en vis-à-vis, comme dans le train, en première. Nous étions l’un en face de l’autre, ce qui pour moi était l’occasion d’un voyage plus gracieux que d’habitude. En ces temps là il y avait peu de femmes en avion, en semaine, ce qui était plutôt triste mais pas de mioches pleurnichards non plus, ce qui ménageait les nerfs.  Elle venait d’écrire Le Rouge et le Noir, sans doute un des meilleurs livres sur François Mitterrand et à un moment où on n’osait pas tout dire. Avec celui de Péan et l’analyse au vitriol d’Onfray, dans sa comparaison avec De Gaulle, il forme une trilogie qui ne laisse rien de caché de ce qu’est un « pourrisseur de première », selon l’expression d’Alexandre Sanguinetti.  Peu avant l'atterrissage, je lui glissais un petit mot : « Toutes vos observations très négatives sur le personnage sont justes, mais vous n’oserez jamais dire qu’il écrit comme un cochon !».  Le comité des thuriféraires de Mitterrand a fait publier sur fonds publics les lettres amoureuses du sieur à Catherine Langeais, la bobonne du petit écran des années RTF. Ceux qui y jetteront un œil comprendront ce que je veux dire. Juste avant de descendre l’avion, la délicieuse ouvrit le billet. Un froissement de la joue, pour une esquisse de sourire, et une œillade millimétrique signèrent la fin de la lecture, avant de disparaître. Du grand art. Une Française de classe comme on n’en trouve de moins en moins.

Il faut absolument lire « Tu le sais bien, le temps passe. Souvenirs, souvenirs » dont le tome 2 vient de sortir. D’abord pour la photo. Yeux baissés, figure hiératique, attitude perdue dans le passé. Une fois de plus du grand art.

Mais surtout pour le contenu. Catherine Nay a tout vu et a tout entendu. Et a tout jugé. Et comme il le fallait.  Pour ceux que le destin de la France intéresse, les années 1990 restent le moment du grand tournant. C’est l’époque où même pour le plus humble des observateurs la France va sombrer dans le déclin irrémédiable. La crise mondiale de 72-73, la plus sévère à l'époque depuis celle de 1929 signe définitivement et explicitement le caractère détestable des changes flottants. La question de l’Europe devient critique avec un choix mortel proposé à la France d’entrer dans la financiarisation excessive, les échanges déséquilibrées, les contraintes mortelles de Maastricht. Il devient possible de sortir du socialisme ruineux accepté par inconscience par les Français. L’élection de Jacques Chirac aurait dû être le moment du grand redressement et du rétablissement d’une France conforme à l’espoir gaulliste. Ce sera tout l’inverse. La France sombrera et nous vivons encore sous l’eau depuis cette descente aux enfers.

L’énarchie compassionnelle, à l'extérieur et ruinée par les conflits de personnes, à l’intérieur, est au pouvoir. On va voir ce qu’on va voir. Les hommes clés de la période sont tous énarques : Chirac, Juppé, Seguin, Rocard, Jospin, avec un froufroutement de jeunes énarques dans les alentours. La génération des gaullistes historiques a totalement disparue. Le communisme s’est effondré. Que vont-ils faire ? Effondrer le pays pour des lustres.

Le livre de Catherine Nay est fondamental parce qu’il montre les ressorts humains de cette déchéance. Ce panier d’énarques est un panier de crabes et il n’a pas mis le destin français en tête de ses préoccupations.  Il est frappant de constater que toutes les personnes citées sont des hommes mal finis. On retrouvera cette caractéristique avec Hollande et Macron. Chirac ne s’aime pas et ne sait pas trop où il est. Juppé est structurellement aigri et ne parvient pas à un équilibre rayonnant, alors qu’il avait tout pour réussir aussi son développement personnel. Ne parlons pas de Seguin, le prototype de l’homme émotif et intelligent, pathétiquement en manque d’affection et qui doute de lui. Rocard n’a jamais réussi à tuer le père. Il reste le « fils de », protégé, qui fait semblant d’être un vrai révolutionnaire et qui en bafouille. Jospin ne s’est jamais remis de la collaboration de son père, au nom d’un pacifisme déplacé. Je l’ai connu au début des années soixante, avec ses deux copains Allègre et le mari communiste braillard d’une de mes amis d’enfance. Il vomissait le bourgeois à gros bouillon et croyait en Krasucki tout en étant trotskiste caché. Plus personne ne sait qui est Krasucki.Jospin voudra laisser son nom à gauche avec les 35 heures. Il signera le déclassement définitif de la classe ouvrière française et finira avec un bel appartement, rive gauche, rue du Regard et une maison sur l’île de ré. Plus bourgeois et plus antisocial tu meurs !

Le grand mérite du livre de Catherine Nay est de montrer ce petit milieu en action et comment il va tout gâcher.  Il y a eu trois moments énarchiques de destruction du pays : le couple Chirac-Giscard, la période dont on parle et la période Macron.  Ce continuum de la déroute française est entièrement contenu dans le vase clos des conflits d’énarques hautains et incertains, au sommet dans la carrière et au plus bas du problématique dans la personnalité. Il est aussi important de comprendre les ressorts psychologiques en action que décrit le belle Catherine, que d’en faire une analyse technique, économique ou politique.

Nous-mêmes, avec ceux qui deviendront les piliers du Cercle des économistes e-toile, avant d’etre gagnés par l’âge, nous nous sommes mobilisés dès 1997 pour combattre l’effet des erreurs de ce groupe funeste sur l’avenir français. Nous avons voulu attirer l’attention sur les méfaits des changes flottants et la certitude d’une crise majeure, que nous avons prévu pour 2008 et qui a bien eu lieu, sur l’erreur d’organisation de l’Euroland qui lui donnait un caractère récessioniste et nous eurent la sur-crise de 2011- 2012. Nous avons prévenu que l’entrée de la Chine dans l’OMC viderait la France de son industrie, ce que personne ne nie plus. En interne nous dénoncions un état obèse qui déjà fin 90 ne marchait plus. L’école était déjà par terre, la justice effondrée, les services extérieurs en lambeaux, l’armée réduite aux bouts de ficelles, la natalité par terre. Il y a 25 ans ! Rien de nouveau. Dette et impôts, associés à la bureaucratie et aux transferts sociaux démesurés et autres cadeaux, comme la retraite à 60 ans et la durée de travail à 35 heures, désarmaient la compétitivité française.

Le livre qui va sortir incessamment d’Agnès Verdier-Molinié, Le vrai État de la France, fait un tableau ravageur de la situation ravagée de l’économie et de l’état français. Ce n’est que la suite d’un tableau qui pouvait déjà être fait à la fin de la décennie 90.

La clef de cette déchéance est finalement la prise de pouvoir en France par une caste énarchique, étatiste et socialisante, de Giscard à Macron, qui a tué le pays en cinquante ans. Ne pas comprendre que la première mesure institutionnelle à mettre en œuvre est de créer un mur solide entre la haute administration et la politique, est se condamner à ne rien comprendre aux causes de la déchéance française.

Pourquoi ne pas réformer le droit de grève

et mettre fin à une exception française délétère ?

La France est à nouveau l’otage des syndicats extrémistes, notamment et pas seulement, l’otage de la CGT. La ville de Marseille est envahie d’ordures. Les conducteurs de trains ont menacé de faire grève pendant les vacances. Les électeurs craignent que le programme Pécresse soit l’occasion de mouvements violents des syndicats de fonctionnaires, parce qu’elle a proposé de trancher dans les effectifs sous contrat public.  Les syndicats pèsent d’un poids excessif sur la politique française.

Madame Thatcher avait osé dire : « je ferais sortir le Royaume-Uni du socialisme ». Parmi les toute-premières mesures bienfaisantes qu’elle a prises, et qui ne sont plus remises en cause, figurent celles qui concernent le droit de grève. Le droit de grève est constitutionnel et depuis longtemps, partout en Occident, mais toutes les grèves ne sont pas licites et acceptables. Une assez grande diversité existe dans le cadrage, mais le cadrage lui-même existe et il est assez ferme.  Sauf au RU d'avant Thatcher et en France, encore aujourd’hui. Nul pays n’avait été aussi loin dans le laxisme que le RU de Wilson, puisque le syndicalisme était la base du mouvement travailliste. Les limitations imposées par Thatcher sont parfaitement démocratiques et justifiées. C’est pour cela qu’elles durent. On les retrouve à peu près partout dans le monde. Sauf en France, le pays de la gréviculture hystérique.

Premier principe : la grève ne peut pas poursuivre d’objectifs politiques.

            Corollaire 1 : une grève ne peut concerner que des revendications propres à l’entreprise.

Corollaire 2 : nul salarié d’une entreprise ne peut compromettre l’image de son entreprise dans des grèves et des manifestations qui ne la concerne pas.

Corollaire 3 : les grèves de solidarité sont interdites.

Corollaire 4 : l’appel à des grèves générales est interdit.

Second principe : une grève ne peut pas avoir un coût supérieur à l’avantage réclamé. En un mot, on ne peut pas ruiner une entreprise ou la nation par des grèves trop longues ou trop fréquentes ou ayant trop de conséquences négatives pour les tiers. Certaines techniques de grève qui limitent à l’extrême le coût pour les grévistes tout en ruinant radicalement l’entreprise ne sont pas tolérables. Un exemple : recourir massivement aux arrêts maladie et abuser du droit de retrait pour bloquer la production tout en étant indemnisé par l’entreprise. Au passage, les médecins et les juges complices doivent voir leur responsabilité recherchée.

Troisième principe : les services publics ne peuvent pas être interrompus par des grèves, quel qu’en soit le motif. De même, les services dépendant principalement d’argent public ne peuvent faire grève que dans des conditions précises et restreintes. Il y a bien longtemps qu’on a compris qu’on ne peut pas mettre des gens à garder un pont et les laisser rançonner ceux qui veulent le traverser.

Quatrième principe : les fonctionnaires, dont l’emploi est garanti, n’ont le droit de grève dans aucune partie de la fonction publique ou des services associés.

Cinquième principe : les exactions syndicales contre les biens et les personnes doivent être empêchées et sanctionnées, avec un pouvoir de décision laissé aux préfets et non aux juges pour stopper immédiatement les actions illicites. Aucune occupation d’usine, aucun vol de matériel ou blocage des entrées n’est acceptable, ni même aucune menace de le faire. L’action préfectorale doit être immédiate pour prévenir et faire cesser ces délits, sans attendre une décision judiciaire. Les sanctions doivent être immédiates et effectives. Les juges ne seront appelés que pour contrôler éventuellement l’action des préfets.

Les lois nouvelles n’ont pas empêché l’exercice du droit de grève au Royaume-Uni et elles ont permis de les pacifier et de concentrer la négociation sur des points précis et, un minimum, raisonnables. On notera que ces règles prévalent depuis des lustres aux États-Unis, en Allemagne, et dans les pays les plus démocratiques du monde.

Alors pourquoi pas en France ?

Pourquoi les politiques considèrent-ils ce sujet fondamental comme tabou ? Ce n’est même pas une question de gauche ou de droite. Les pays socialistes interdisaient toute grève, comme les pays fascistes, dirigés par d’anciens socialistes. Avoir un droit de grève qui s’exerce dans un cadre légal normal n’a rien de choquant. L’anormal c’est de voir qu’à la télévision et dans les radios d’état on présente la mutinerie qui a eu lieu lors d’un voyage du paquebot de France, avec emprisonnement des passagers et détournement du bateau pendant plusieurs jours, comme un haut fait sympathique, qui n’a donné lieu à aucune répression.  L’enseignement gauchiste dispensé dans le parcours scolaire milite dans le même sens. Tout le monde en est venu à considérer comme normal qu’il faille demander en justice l'expulsion des grévistes qui occupent un lieu de travail ou qui bloque un entrepôt.  Aux Etats-Unis, une occupation d’usine provoquerait aussitôt une action de force avec l'expulsion des occupants avec la violence nécessaire et de rudes condamnations… des grévistes.

La France doit revenir à une législation normale de la grève.  Aucun candidat n’a mis cette mesure élémentaire à son programme. Cela mesure la terreur dans les partis de droite d'affronter les dogmes illégitimes du socialisme anti démocratique.

La vraie question sur l'avenir de la France

Le meilleur thermomètre pour mesurer les évolutions économiques de long terme est la production intérieure par tête (PIB). La comparaison est un peu délicate car il y a eu un changement de monnaie et une érosion continue de la valeur de chacune des deux monnaies successives. Les spécialistes arrivent facilement à surmonter ce genre de difficulté et les résultats sont sans appel : le PIB par tête est quasiment le même fin 2020 que celui de 1980. Quarante années de stagnation !

Il ne faudrait pas croire qu’il s’agisse d’un constat récent ou établi par des commentateurs approximatifs, marginaux ou contestataires. Par exemple DG Trésor, qui dépends du ministère des Finances publie le 13 juin 2014 une note qui fait le point sur l’évolution des quarante dernières années et qui précise froidement : « la position de la France située en 1975 au-dessus de la moyenne des pays de l'OCDE, est maintenant en-deçà de la plupart des grands pays développés ». Au plus haut sommet de l’Etat on sait parfaitement que la France est en déclassement de longue durée sans que cet état de fait ne provoque la moindre émotion. Personne n’en tire la conclusion qu’une urgence politique s’impose pour mettre fin à cet effondrement relatif. Sans surprise, la situation depuis n’a fait que se dégrader. La France s’enfonce.

L’hebdomadaire Marianne a effectué les calculs pour certaines catégories d’enseignants et est parvenu à des résultats pires encore : leur revenu a baissé ! Stagnation générale, recul par rapport aux autres nations et paupérisations absolues catégorielles forment l’histoire économique récente. Toutes les catégories professionnelles, et pas seulement les infirmières et les enseignants, constatent que la rémunération en France est moindre qu’en Allemagne, qu’en Suisse, qu’aux États-Unis, qu’en Grande Bretagne… Les Français ont voulu connaître une expérience socialiste à rebours du monde entier. Le coût de cette lubie a été démesuré. Pendant ces quarante années les économies ont continué à croître dans les pays correctement gérés. Nous sommes désormais au 29e rang mondial pour le PIB par habitant à 43 551 dollars, selon le classement du FMI. La Suisse est passée de 20 000 dollars en 1980 à 86 000 dollars aujourd’hui, soit plus de 400 % de hausse, et un résultat final exactement le double de la France ! Ne parlons pas du Luxembourg qui a atteint 109 192 dollars. Nous sommes dépassés par presque tout le monde en Europe : l’Allemagne, la Grande Bretagne, la Suède, la Finlande, les Pays bas, l’Irlande, la Belgique… L’expérience socialiste prolongée nous a conduits à un terrible déclassement qu’il est impossible désormais d’occulter, de nier, de minimiser et dont il est impossible de s’exonérer.

 L’année 1980, base de notre comparaison, était particulièrement difficile. Toute la décennie précédente avait été marquée par les conséquences du désordre monétaire international provoqué par la politique américaine et notamment sa conséquence sur les coûts pétroliers. Un second choc pétrolier avait été subi deux ans avant. La situation s’était tellement dégradée que Raymond barre avait été appelé pour faire face à un déficit du budget de 15 milliards de francs, un déficit du commerce extérieur de 10 milliards et un besoin d’endettement de 15 milliards. En se comparant à l’année 1980, on prend un point bas de l’histoire économique récente. Qu’on soit resté aussi bas est consternant.

Comme Pierre Antoine Delhommais en fait la remarque malicieuse dans le Point du 18 novembre 2021, le déficit du budget actuel de la France est de 197 milliards d’euros, celui de la balance commerciale de 90, et le besoin de financement par la dette de plus de 200 milliards. Ceux qui veulent vraiment se rendre compte de la dérive, peuvent convertir en francs les déficits actuels (il suffit de multiplier par 6,55957) et les comparer à la situation que voulait corriger Raymond Barre. Attention au vertige !

On considérait la situation critique alors que le déficit était à 1.8 % du PIB, contre 8.4 % aujourd’hui, la dette à 16 % du PIB contre 110 %, le chômage à 3.8 % contre 8 %. Et M. Macron aurait le droit de se présenter en triomphateur qui a remis la France sur pied ? Alors qu’on est au fond du trou ?

Oui les quarante années qui ont suivi la mise en place du programme commun de gouvernement qui a assuré le destin électoral de François Mitterrand, constamment aggravé ultérieurement par les gouvernements Mauroy, Rocard, Jospin, Ayrault, Valls, Philippe et Castex, ont été un véritable désastre. Les gouvernements de droite, arrivés au pouvoir en général dans la foulée d’une récession mondiale, comme Balladur, Juppé et Raffarin, n’ont eu ni la latitude ni souvent le courage de lancer une politique difficile de grand redressement, alors que le corps social était ballotté par les crises successives et rétif. Le gouvernement de cohabitation dirigé par Jacques Chirac de 1986 à 1988 est le seul à avoir tenté d’enrayer la chute. Mitterrand sera réélu. L’opportunisme électoral voudra, au sein des dirigeants de tous bords, qu’on ne se batte plus contre une opinion publique dirigée par une idéologie néfaste mais dominante et que l’on cherche à l’étranger, par la construction européenne renforcée, le moyen d’éviter les conséquences les plus délétères pour les grandes entreprises. On ajoutera la perte de souveraineté et de la fierté nationale au déclin économique et social.

Le déclassement économique est indiscutablement une composante majeure du malheur français tel que l’a examiné brillamment Marcel Gauchet d’une façon plus globale et auquel il a consacré deux ouvrages qui font l’unanimité aujourd’hui parmi les élites et s’impose comme la caractéristique nationale principale.

Triste réalité : ce malheur français a été voulu avec un certain acharnement par les Français eux-mêmes.

Les Français montrent désormais par des signes nombreux qu’ils ont compris le déclassement économique que la France a subi depuis la victoire de l’Union de la gauche en 1981. Les ouvriers ont déserté aussi bien le parti communiste que le parti socialiste. Ce dernier le lui a bien rendu en ne s’intéressant plus qu’aux fonctionnaires, aux populations immigrées et aux folies de nouvelles radicalités totalitaires, violentes, masochistes et autodestructrices. Les jacqueries des Bonnets rouges puis des Gilets jaunes ont montré qu’il ne fallait pas aller trop loin dans les contraintes à imposer à des populations paupérisées.

La France, aujourd’hui, veut que la descente aux enfers s’arrête et se cabre devant une idéologie dominante dans les médias qui reste figée dans les dogmes du socialisme de 1980. Mais, au-delà de la crispation déclarée « populiste » par les élites médiatiques, comment faire alors qu’un alarmisme écologique extrême pousse à des amputations drastiques des moyens de la croissance ? Comment éviter un malheur économique sans fin ?

Telle est la vraie question posée aux électeurs pour cette nouvelle élection présidentielle.

Sélection LR : les aspects regrettables du débat sur BFM

On savait qu’un débat sur BFM balancerait entre l’insipide et l’odieux. La direction de cette chaîne impose un soutien indéfectible à Emmanuel Macron, pour les raisons de gros sous de la maison mère, avec des faux journalistes aboyeurs comme la dénommée Malherbe, qui a fait de son agressivité sélective la forme ultime de son travail de propagande active pour le politiquement correct, sur le modèle France-Inter.

On voyait bien, qu’une fois de plus la seule préoccupation des organisateurs, était de tenter d’amalgamer LR et Zemmour ou Le Pen pour pouvoir classer tout ce petit monde dans l’extrême droite fascisante qui nous ramène aux heures sombres etc. Tout le temps passé à essayer de décoller le sparadrap Zemmour sera autant de gagné pour éviter d’aborder les vrais problèmes.

LR est tout aussi responsable de la situation. Lorsqu’on écoute les concurrents, on voit bien qu’il n’y a que des différences artificielles de « sensibilité » sur les grands problèmes de l’heure et qu’ils sont obligés de forcer le trait pour se distinguer. En revanche « valeurs » et « sensibilité » empêchent de présenter des choix clairs au pays. On croyait en écoutant Christian Jacob qu’un travail de fond excellent et radical avait été fait au sein du parti LR et que le programme LR était là et bien là. Personne n’a vu le début de ce programme commun approfondi dans les débats. Du coup rien de fondamental n’est tranché et sur tous les sujets on a vu que les candidats disant presque pareil mais différemment et que les grandes options qui fâchent étaient prudemment laissées de côté.

Il fallait évidemment que sur les sept ou huit questions fondamentales où les nœuds gordiens sont tellement serrés qu’ils empêchent toute politique sérieuse, LR fasse des conventions thématiques publiques tonitruantes avec, sur chaque sujet une politique tranchée susceptible d’être promue et défendue par tous les candidats potentiels. À raison de 15 jours par grandes questions nationales, les Français auraient pu voir de quel métal était composée l’offre LR et quel avenir ses candidats proposaient aux Français.

Au lieu de cela on voit un concours de beauté, où aucune ligne directrice politique ferme ne se dégage et où aucune des grandes causes du déclassement français n’est abordée à la hauteur nécessaire.

La stagnation de 40 ans imposée à la France par le choix du programme commun et les options internationales que nous subissons n’a fait l'objet d’aucune analyse. Il fallait acter que certains choix gouvernementaux de droite s'accommodant finalement des dérives socialistes, européistes et mondialistes étaient délétères et qu’il fallait désormais revenir à une politique sévère de correction.

Croire que les classes populaires n’ont pas compris que le socialisme conduit à la misère, que l’européisme qui prône l’ouverture aux salariés pauvres des pays de l’est et du sud et à une immigration massive les mettait en difficulté et que le mondialisme qui les expose directement à la concurrence des travailleurs pauvres chinois leur nuisait, est pour le moins un aveuglement.

En ne s’attaquant pas de front à ces trois défis, on se coupe automatiquement des masses populaires et on laisse leur vote à d’autres. Les sondages parlent d’un taux de soutien de 2 à 5 % de LR dans les classes populaires. Dans le monde des fonctionnaires et des associations, le soutien est à peu près du même ordre. Chez les jeunes à qui on n’offre aucune perspective, c’est à peine mieux. Il reste qui ?

LR ne s’en sortira qu’en donnant des preuves qu’il a compris et qu’il a le diagnostic, le pronostic et le traitement.

On n’a entraperçu chez l’un ou chez l’autre des éléments du diagnostic, du pronostic et du traitement, mais si peu et de façon si timide que personne ne sait la politique qui sera suivie avec la force du soutien des militants.

Nous avons un pays dirigé exclusivement par des hauts fonctionnaires qui ont capté la politique, mis sous tutelle tous les « sachants » ayant une compétence professionnelle, en médecine, dans l’enseignement, dans toutes les fonctions régaliennes et créé une bureaucratie effarante et disproportionnée, unique au monde, qui étouffe tout le monde. Jamais des présidents énarques entourés par une bande d’énarques ne toucheront à ce monopole mortifère. La preuve en a été administrée pendant dix ans d’abord par Hollande puis par Macron. Alors on ne propose plus de hauts fonctionnaires comme candidats. Et on explique comment on va redonner du sens aux politiques publiques et du pouvoir aux vrais professionnels disposant d’une capacité technique.

Au lieu de se laisser piéger par un discours inquiétant pour les fonctionnaires en poste, plein de menaces et d’imprécation, il n’est pas trop difficile d’affirmer que les fonctions régaliennes de l’état sont effondrées et qu’elles doivent être restaurées, redonnant du sens à ceux qui choisissent les fonctions d’état, et libérant les autres de tutelles infernales.

Que faut-il à la France dans le domaine sanitaire : réduire à 15 000 au lieu de 18 000 les fonctionnaires catégorie A, à 3 000 euros nets par mois, et fournir du travail à 5 000 infirmières de plus à 2000 euros nets par mois, ou proposer l’inverse ou même maintenir le statu quo ? L’arbitrage est entre les fonctions purement administratives et les fonctions opérationnelles. C’est vrai aussi pour la police, pour la justice, pour l’école, pour l'université, pour l’armée…

Il n’est tout de même pas bien sorcier de réconcilier l’appel urgent de Juvin à sauver l’hôpital public et les services publics en général et le besoin de dégraisser le mammouth, en réduisant la pression fiscale et réglementaire sur le pays.

Le débat sur le pouvoir d'achat a été lamentable avec un concours Lépine de mesures de transfert de charges pour faire apparaître une générosité sociale illusoire. En fait tout le monde est d’accord pour renvoyer les charges sociales sur la CSG, la TVA et l’impôt sur le revenu. Ce qui veut dire qu’on transfère sur ceux qui paient le plus d’impôts la gratuité des soins, les retraites trop longues, les transports indéfiniment allongés, l’habitat social gonflé à mort, et les mille actions financées actuellement par les cotisations patronales et salariales. Du coup la hausse de la pression fiscale devient obligatoire et massive, alors qu’on laisse entendre qu’on va la limiter. Quelle différence avec la politique socialiste de transfert sur les plus actifs et l’impôt de la satisfaction électoraliste de tous les besoins des gens qui espèrent ne pas  gagner leur pain à la sueur de leur front ? Nous sommes bien le dernier pays authentiquement marxiste-léniniste du monde, avec une droite qui se coule dans les raisonnements et pratiques de cette idéologie mortifère !

Aucun auditeur de la séance de sélection d’hier soir ne sortira de là en ayant compris que la France s’est tuée depuis 1981 avec un programme marxiste-léniniste débilitant, une captation de la démocratie par la haute fonction publique et l’envahissement de la bureaucratie.

Aucun électeur n’aura compris ce que LR propose pour en sortir. Emmanuel Macron est exactement sur la même ligne !

Cela vide l’exercice de toute valeur.

Une fois de plus on pourra regretter que LR n’ait pas mis la priorité sur le programme et laisse un simple concours de beauté montrer son insignifiance.

Pour sortir du piège, il faudra que le candidat retenu, quel qu’il soit, reprenne à son compte la question du programme national, soutenu par tous, y compris les alliés de LR, qu’il faut au pays, en acceptant que ses propres conceptions ne soient pas nécessairement prioritaires et en voulant arriver à un consensus sur une politique énergique de grand redressement dans son camp avant de la proposer au pays. Cela peut se faire en trois mois laissant tout le temps nécessaire à un rush électoral final convainquant.

Utinam…

Elections : Le retour des énormités dans l’argumentation économique

Pour un observateur qui a suivi la vie nationale depuis cinquante ans, soit comme Professeur ou comme économiste, le retour des mêmes erreurs, avec les mêmes arguments, la même nullité d’analyse et la même mauvaise foi est spectaculaire et légèrement décourageante.

On pourrait en faire un catalogue, une taxonomie, avec brevet de démagogie imbécile à la clé. Savoir que ces sottises peuvent jouer un rôle dans une élection majeure sans que leur indécence antidémocratique ne soit jamais relevée du fait de l’ignorance économique crasse de beaucoup de journalistes, est plus une souffrance qu’un amusement. Alfred Sauvy avait fait l’essentiel du travail avec son livre « Mythologie de notre temps » – Persée – 1967. Mais cela repousse comme le chiendent.

Les journalistes appellent marronniers ces articles qui reviennent chaque année à la même période et qu’on reprend sans scrupule en modifiant trois mots. Il y a des marronniers électoraux qui refleurissent à chaque élection majeure et là, on ne change même pas trois mots. On se vautre sans vergogne dans la joie de dire n’importe quoi.

L’une des plus belles sottises est de faire valoir que la France a une formidable productivité, presque la meilleure du monde et que du coup on pourrait augmenter les salaires sans difficultés pour récompenser ce triomphe du salarié français.  Il est vrai que les statistiques indiquent une forte productivité moyenne. Mais pourquoi ?  L’emploi et les salaires dépendent de la productivité. A chaque niveau de productivité correspond un niveau d’emploi. Les charges sur le travail sont telles en France, que les emplois correspondant à des travaux de faibles productivités ne sont pas possibles, sauf au noir. C’est pour cela que nous avons 5 à 6 millions de chômeurs, un chômage structurel qui ne baisse jamais au-dessous de 6.5% dans les phases de haute conjoncture, alors que des pays qui ont une politique différente arrivent à 3-4%.  Il va de soi que si vous supprimez la tranche d’emplois à faible productivité, la moyenne de l’emploi qui reste est d’une valeur supérieure à celle de ceux qui ne l’on pas fait.  Si vous enlevez les petits dans le calcul de la moyenne de taille d’une population, elle sera plus haute que dans celle d’une population qui ne fait pas cette soustraction !

La France a peu d’emplois car elle ne permet que les emplois productifs, mais cela ne veut pas dire qu’elle est compétitive.  Les autres pays ont ces mêmes emplois productifs plus tous les autres et ces derniers leur offrent une compétitivité accrue. Vérification est faite en regardant les chiffres de nos déficits extérieurs qui sont constants et majeurs.  Les gouvernements, faute de vouloir remettre en cause les charges inouïes qui pèsent sur le travail et les entreprises, ont essayé des mesures artificielles comme la « suppression » des charges sur les salaires au SMIC. En fait on a repoussé le paiement des sommes concernées sur d’autres. Une politique de type sapeur camembert où on creuse un trou pour en complet un autre.  Avec des résultats indigents.

La forte productivité moyenne apparente du travail moyen en France est un indicateur sinistre parce qu’il marque la mutilation d’une partie très importante de l’emploi possible.

Comme souvent en économie, c’est contre intuitif. Mais se vautrer dans des explications fausses jusqu’au débile qui ne peuvent qu’aggraver le chômage structurel et les déficits de compétitivité a quelque chose de fascinant. Lorsqu’un débat s’engage sur les multiples scènes de la TNT, la question qui se pose est toujours : qui va dégainer une sottise économique majeure le premier. On peut faire des paris. Quand le rouquin de LFI est là, Adrien Quattenens si je ne me trompe, on est sûr qu’il va gagner. Il débite les marrons électoraux les plus frais avec la violence la plus extrême. La bêtise devient rougeoyante sur les grands écrans plasma.  Le front est tellement bas qu’on se demande s’il s’agit de simple bêtise ou d’un cynisme rare. S’il était le seul ! Malheureusement les erreurs majuscules dans le domaine économique deviennent des éléments de langage répétés inlassablement par des perroquets.

On pourrait dire qu’entendre des sottises de la part d’un dirigeant du seul parti trotsko-bolivarien d’Europe, n’est pas bien grave et que le retrouver dans la bouche d’Emmanuel Macron est tout de même plus grave. En expliquant que la formidable productivité du travailleur français associée à son plan de 30 milliards d’euros d’investissement sur dix ans, on va pouvoir réindustrialiser le pays, il nous sort un narratif trompeur d’une extrême qualité démagogique. C’est justement parce que le travail à faible productivité a été banni en France, alors que l’économie était ouverte au monde entier, qu’on n’a plus d’industries !

Oui, constater qu’une erreur aussi grave et fondamentale est faite depuis les ors de l’Elysée jusqu’aux fondrières les plus profondes du communisme trotskiste, a quelque chose de fascinants. Il parait qu’il y a un conseil d’analyse économique auprès du Premier Ministre.

En lisant Marianne…

Il est toujours intéressant de lire les revues qui se veulent iconoclastes. Bien sûr, de tout temps, et surtout avec J.F. Kahn, la ligne principale était : « Vous vous rendez compte Mme Michu », ce qui ne nous emmenait pas très loin dans la contestation et plutôt loin dans la rengaine des râleurs et des grognons sans importance. Mais bon ! Natacha Polony se vit en grande penseur du monde moderne et ne dit pas que des sottises, entre exploitation diverses de poncifs et vraies informations longtemps mises sous le boisseau.

Revoilà Jacques Julliard qui n’en démord pas. Vive la gauche qui doit redevenir la gauche en cessant de « considérer l’électeur de gauche comme un pur animal économique ». Elle doit donc parler de l’immigration, mais en prônant les sommets et les plus grandes exigences, en évitant la juxtaposition des groupes ethniques et en intégrant. Il n’y a plus qu’à 

 « Ah si la gauche écoutait ses électeurs », ajoute-t-il. L’ennui c’est que la gauche a d’abord été absorbée par le socialisme et s’est calé sur le marxisme tout en acceptant toutes les dérives révolutionnaires. Plus de 100 millions de morts assassinés plus tard et quelques milliards de vies gâchées plus tard, avec en prime l’effondrement de l’URSS et la conversion au capitalisme d’Etat de la Chine, le socialisme est mort comme idéologie positive.

L’ennui est que les socialistes ont eu le culot d’abandonner les questions sociales et les ouvriers au profit des différentes altérités. Les électeurs censés être défendus par les partis de gauche se sont donc échappés vers l’abstention ou Mme Le Pen.

Cet abandon est largement du à des politiques soutenues par… Julliard, notamment dans le domaine européen et dans celui de l’accueil indéfectible des immigrés.

Ce n’est pas seulement le PS qu’il faut fustiger, M. Julliard, mais vous-même et JF Kahn avec vous !

Une excellente étude sur la baisse de revenu d’une partie des fonctionnaires.

Le tableau publié en page 11 devrait servir de bible à tous ceux qui veulent comprendre un peu la situation du pays. Oui, il est parfaitement vrai que de nombreux fonctionnaires ont perdu du pouvoir d’achat dans les quarante dernières années, et que c’est dans la masse centrale que les pertes ont été les plus grandes, la haute fonction publique se gobergeant, de plus en plus en famille, avec de nombreuses rémunérations annexes et des allers et retour dans le secteur nationalisé ou dans les entreprises en grande dépendance de l’État, et la partie basse ayant été assez généreusement revalorisée.

Les faits étant établis il aurait été bon de ne pas se tromper dans leur interprétation.

Premier constat : les fonctionnaires ne sont pas les seuls à avoir perdu du pouvoir d’achat. Nous n’avons cessé de répéter que le PIB par tête était exactement au même niveau en France entre décembre 1980 et décembre 2020. Quarante ans de stagnation ! On ne voit pas pourquoi la fonction publique aurait échappé à la tendance générale.

Second constat : c’est la politique démagogique mise en place par Mitterrand et son programme commun qui a ruiné la croissance française. Nous avons d’abord cessé de rattraper le niveau de vie américain, puis, grâce aux trente-cinq heures et autres transferts sociaux et étouffements bureaucratiques, nous avons commencé à décrocher tout seul comme des grands.

Troisième constat : les effectifs des différentes fonctions publiques et des emplois directement liés à l’état, comme dans les associations subventionnées ont explosé. La régionalisation a été le vecteur principal mais aussi le déplacement des fonctions régaliennes vers les associations. Quand on multiplie les effectifs à production constante, on baisse la rémunération moyenne. C’est mathématique.

Quatrième constat : le développement effarant de l’immigration et des obligations qu’elle implique a provoqué un déploiement permanent de ressources qui ont manqué pour le reste. S’il faut construite une ville comme Paris tous les cinq ans pour accueillir le monde entier, et des populations qui ne veulent pas s’assimiler et entrent en dissidence économiques et politiques, comment faire pour dégager des ressources pour l'administration de base ?

Cinquième constat : si on met nos entreprises en compétition avec le monde entier avec les charges les plus hautes du monde et les contraintes réglementaires et sociales les plus féroces, l’activité économique fiche le camp et prive le pays des moyens de revaloriser les fonctions d’appui.

Sixième constat : l’administration, quelque qu’en soit l’objet, suit les lois de Parkinson avec délectation. Si l’administration de la santé a fini par disposer de près de 18 000 femmes fonctionnaires de catégories A, la plus élevée, alors qu’il aurait peut-être mieux valu avoir 3 000 docteurs 6 000 infirmières de plus, ce n’est pas par hasard. La bureaucratie est devenue pléthorique du fait du triomphe de « l’énarchie compassionnelle et bienveillante ».

Septième constat : ce sont les GOPE européens, définis pour sauver l’Euro, qui imposent les restrictions en matière d’administration. Vive l'Euro d’accord, mais au moins qu’on en cite les effets, au lieu de les renvoyer sur d’autres.

Marianne occulte chacune de ces causes, pour ne pas gâcher le message subliminal : « le néolibéralisme né de Thatcher et Reagan » est la source de tous nos maux.

L’Administration n’a pas été victime d’un quelconque néolibéralisme français (des noms ! des noms !) mais largement des dérives de la Haute administration largement socialiste, immigrationniste, européiste, réglementariste, fiscaliste et bureaucratique

Pour finir : Que de merveilleuses trouvailles dans les dessins d'humour publiés en masse dans le journal, en particulier les deux de la page 61 que je laisse au lecteur le plaisir de découvrir.

Un anniversaire bâclé : la destruction des Accords de Bretton Woods.

Dans un mois exactement, le 15 août, le monde fêtera l’anniversaire de la décision économique la plus néfaste de la seconde partie du XIXe siècle : l’abandon de facto des accords de Bretton Woods qui avaient été conclus 27 ans auparavant. À part Jacques Rueff, personne n’avait perçu la gravité d’une manœuvre qui allait signifier rien de moins que la fin des Trente Glorieuses et pour la France un basculement qui finira par le grand déclassement que la crise sanitaire en cours a rendu évident au plus grand nombre.

Pour ceux que cela intéresse, nous avons traité de cette tragédie dans deux livres, d’abord l’Étrange Désastre* qui retrace la déchéance économique provoquée par l’abandon des disciplines de Bretton Woods, puis dans La Monnaie du Diable* qui fait l’histoire géopolitique de la monnaie de 1919 à 2019. Il nous était apparu lors de conférences que personne ne comprenait la question monétaire et ne se souvenait plus de Bretton Woods. Il faut dire que le seul livre paru en Français sur cette question, écrit par un des participants français, datait des années cinquante. Il ne restait plus dans l’esprit général que quelques simplismes. Au mieux.

Rappelons ici quelques éléments marquants.

Au moment où l’issue d’une guerre mondiale terrifiante paraissait désormais inéluctable, l’effondrement des forces de l’Axe étant manifeste partout, une négociation s’est conclue qui avait commencé… en juin 1940 entre Britanniques et Américains. Tout le monde a oublié qu'après l’effondrement militaire de mai quarante, l’Allemagne a proposé ses conditions de paix et d’organisation monétaire de l’Europe, Hitler cherchant à terminer la guerre à l’ouest par un accord honorable avec le Royaume-Uni. Le plan Funk, avec ses variantes dues à Goering et quelques autres pouvoirs dissidents (le régime nazi était loin d’être monolithique et les factions en guerre intestine presque tout le temps), mettait en place deux organisations parallèles : l’Europe, selon des schémas qui ressemblent beaucoup à ce qui sera mis en place plus tard, et un système monétaire européen basé sur une monnaie pivot, évidemment le Reichsmark et un système de compensation très proche du système actuel.

J.-M. Keynes, sollicité de trouver des arguments pour contrer la propagande autour du plan Funk, surprendra ses commanditaires en expliquant que les principes du plan allemand (la compensation) étaient formidables, même si les modalités étaient malhonnêtes (les nazis ayant la volonté de ne jamais solder ses positions déficitaires) et qu’il fallait qu’il soit pris en compte par les bientôt alliés ! Churchill impose, de peu, la poursuite d’une guerre totale « jusqu’à la victoire », même en cas d’envahissement du territoire anglais, mais doit rapidement obtenir des fonds car il n’a pas les ressources pour poursuivre la guerre seule. Pendant quatre ans, les questions financières cruciales immédiates mais aussi l’organisation future du système monétaire feront l’objet de débats et de discussions plus ou moins houleuses. Les pays alliés et la France combattante y seront associés. Après le débarquement réussi en Normandie à l'ouest, l’effondrement allemand face à l’opération Bagration à l’est, les reculs définitifs du Japon en Extrême-Orient, Roosevelt, qui lance sa dernière campagne électorale, sent le besoin d’un grand succès diplomatique et organise la conférence dit de Bretton Woods, un grand hôtel dans la fraîcheur des montagnes proches de New York. L’endroit a été choisi pour permettre à J. M. Keynes de participer (il souffre de problèmes péri cardiaques aujourd’hui bénins grâce aux antibiotiques mais insolubles à l’époque).

La conférence cherche à résoudre deux difficultés : ne pas recommencer les erreurs commises à la fin de la guerre de 14-18 qui conduiront d’un côté aux troubles allemands (la grande inflation, l’arrivée des nazis) et Japonais (l’étranglement pétrolier) et aux deux guerres de revanche, et de l’autre à la crise de 1929 et ses suites. Première idée, développée par Keynes dans les années vingt, est qu’il ne fallait pas ruiner et maltraiter les pays vaincus, en dépit des immenses pertes qu’ils avaient infligés aux pays vaincus, mais au contraire leur permettre de revenir le plus vite possible dans l’effort productif global. C’était une idée neuve et qui aura les conséquences les plus heureuses pour les deux pays vaincus qui deviendront des mastodontes économiques en contrepartie d’être longtemps des nains diplomatiques.

La seconde idée, toujours fournie par Keynes était la nécessité d’une organisation multilatérale permettant de gérer la coordination des politiques monétaires afin qu’une crise dans un pays ne soit pas amplifiée au point de déboucher sur une crise globale. Des changes fixes mais ajustables raisonnablement, par négociation, l’aide aux pays en difficulté de balance de paiement par des prêts mutualisés, la création de liquidité internationale en cas de crise grave, un organisme de contrôle et d’animation, le Fonds monétaire International, tel était l’idée de manœuvre.

La troisième idée était celle du financement de la reconstruction et des aides financières, avec la création de la banque Mondiale et l’élaboration d’une stratégie d’aides mutualisées pour accélérer le développement.

Tout cela était extrêmement nouveau et a passionné tous les participants qui ont joué le jeu de bonne foi.

La conférence a dérivé assez loin des idées de Keynes lorsqu’il s’est agi de fixer la référence de la base monétaire commune. Le retour à l’étalon or pur était impossible pour une raison élémentaire : tout l’or était aux États-Unis qui n'entendaient pas le voir quitter Fort Knox et qui produisaient à peu près la moitié de la richesse mondiale. On a donc établi un étalon de change-or, où le dollar était l’étalon et l’or l’ancre de l’étalon. Cela voulait dire que les États-Unis assumaient une responsabilité particulière : garantir par sa politique économique globale (interne et externe) le respect de la parité dollar-or. C’était une gageure, car le système donnait aux États-Unis le pouvoir de régler tous ses déficits éventuels de façon indolore dans sa monnaie, et la fourniture de dollars au monde supposait de créer un déficit structurel de la balance des paiements.

Les États-Unis développaient également une autre politique purement personnelle : la disparition des colonies et leur régime protégé, pour obtenir de nouveaux débouchés. Il faudra la décision de Churchill de refuser d'aller à Bretton Woods dans un tel cadre pour que le président des États-Unis renonce à imposer immédiatement la disparition de la préférence impériale britannique.

Les Accords étaient imparfaits. L’aide à la reconstruction s’avérera totalement insuffisante, les monnaies françaises et anglaises s’effondrant radicalement. Du coup, il faudra inventer en urgence le plan Marshall et la Bird se concentrera sur les ex-colonies des pays européens sommés de décoloniser, l’assistance au développement passant des pays colonisateurs aux institutions mondiales. Ce qu’ils feront tous dans les 20 ans suivants la conférence. Surtout, après dix années de redémarrage brillant, le besoin de dollars était moins net, le Japon et l’Allemagne ayant tendance à accumuler les dollars émis généreusement puis de façon irresponsable par les États-Unis. Irresponsable du point de vue de la structure des accords de Bretton Woods qui imposaient de respecter la valeur or du dollar.

Les plans grandioses de réformes intérieures américaines et d’actions extérieures (espace, guerres du Vietnam, « containment » de l’URSS) ont induit une telle cavalerie monétaire que rapidement l’avenir de l'étalon de change-or s’est révélé précaire. On se souvient de la conférence du général de Gaulle, restée célèbre, exigeant le retour à l’étalon or. En fait J. Rueff ne voulait pas le retour aux mécanismes de ce système qui implique que des récessions permettent le retour aux équilibres perdus. Le slogan de Bretton Woods : « non aux récessionnistes » était un mantra généralement partagé, même chez les tenants de l’orthodoxie monétaire passée. Ce qui était demandé, c’est que la référence du système ne soit plus le dollar mais l’or, les États-Unis étant remis sur un pied d’égalité avec les autres nations. Tous les autres principes de Bretton Woods notamment l’existence de règles et l’obligation de les respecter, et, surtout, les mécanismes de compensation et d’aides mutualisées pour éviter les récessions à répétition.

Les Américains ont alors élaboré une réponse nationaliste absurde qui ne pouvait aboutir qu’à des mécomptes : « mes déficits sont de VOTRE responsabilité ». « Moi je fais ce que je veux et c’est à vous de faire les efforts nécessaires pour réduire mes déficits », ce qui est strictement impossible, si la première puissance du monde, détentrice de la monnaie de transaction du monde, lâche les dépenses sans limite. La première page de Time magazine, donnée ci-dessous, traduit assez bien les éléments de langage américain : « vous êtres des vicieux qui cherchaient à me ruiner et à me dépecer comme des rats à casque nazi ». Les Européens tenteront de manipuler le marché de l’or pour que la dévaluation du dollar n’apparaisse pas trop. Mais toutes les béquilles finiront par casser et ce sont les Allemands, las d’importer de l’inflation américaine, qui mettront fin à la mascarade en proposant les changes flottants et en refusant d’appliquer les règles de compensation prévues dans les Accords. La réponse le Nixon sera le refus d’appliquer les engagements que les États Unis avaient pris de repayer en or les dollars accumulés par les autres pays. Tous les créanciers ont été floués. Ils croyaient détenir une créance or, ils se sont retrouvés avec du papier.

Lorsque le Wall Street Journal évoque, dans son numéro du 5 juillet, la fête des « 50 ans de la révolution du système monétaire », il précise qu’elle a été rendue nécessaire « par la concurrence féroce des produits manufacturés du Japon et de l’Allemagne ». Féroce veut dire déloyal naturellement. On ne doute pas que la « révolution » a été bénéfique même si on admet que la flottaison rend les choses un peu instables, complexes et imprévisibles tout en provoquant l’apparition d’une économie baudruche basée sur des gains de casino et les crises bancaires fréquentes, alors qu’elles avaient disparu. C’est que les changes flottants ont permis « de s’adapter rapidement » par exemple aux variations des prix du pétrole ! Prix qui ont explosé après l’introduction des changes flottants et la chute vertigineuse du dollar ! De qui se moque-t-on ? Ils auraient permis de créer de « l’interdépendance » alors qu’on a brisé l’interdépendance structurelle du système de changes précédent, et éviter des guerres (lesquelles ?). Donc Nixon a pris des décisions judicieuses… mais qui montreraient tout de même leurs limites cinquante ans après, parce que tout le monde en a marre du terrorisme monétaire, financier et légal américain. La solution judicieuse serait désormais périmée.

Ce qu’il fallait faire entre 1973 et 1976, c’est une réforme des accords de Bretton Woods qui sauve l’essentiel : les règles de non-déficits et de non-excédents majeurs, la coopération interétatique pour éviter les récessions, la surveillance. Une occasion majeure formidable de créer un système sain et durable a été perdue à cause de l’attitude américaine. L’inconvertibilité temporaire s’est muée en Accords de la Jamaïque, à Kingston, au bord d’une piscine, où le fat Giscard s’est rengorgé en faisant des effets de maillots de bain, un non-système basé sur le chacun pour soi et les changes flottants sous pression américaine, dont les conséquences vont être tout simplement dramatiques.

Dès 1973, le monde connaît une première récession mondiale, « la pire depuis 1929 », et une chute du dollar qui conduit les pays producteurs de pétrole aux actions de cartel que l’on connaît. Mais la crise de 1973 n’a pas été une crise pétrolière. Celle-ci a été une conséquence aggravante. Les énormes déficits et excédents entraînent la création d’une économie financière déconnectée de l’économie générale. La spéculation s’impose partout. Les prêts aventurés massifs finissent toujours par s’effondrer. Les crises financières ne vont plus cesser, avec un épisode sanglant en 1992-1993 une nouvelle fois « la pire depuis 1929 », jusqu’à la grande crise de 2008, qui flanque par terre l’économie occidentale et dont les conséquences se font encore sentir.

Les États-Unis mettre en œuvre quatre politiques :

-        Le TFTEA : C’est une loi Obama qui sera appliquée sans faiblesse par Trump et qui est toujours de bras armé de Biden. Son principe : mes déficits sont nécessairement la faute des pays en excédents et pas de la mienne. Ce sont des ennemis déloyaux qui s’en prennent à la substantifique moelle des États-Unis et qui doivent être châtiés. On en revient à la caricature de Time magazine sur les cloportes qui se nourrissent abusivement sur le dos des Américains.

-        L’encadrement dingue des activités de banques, la suppression d’une partie des paradis fiscaux, les sanctions démesurées imposées par l’extériorisation des lois américaines. L’activité des banques de dépôts et la liberté des déposants se retrouvent totalement ligotées. Mais pas celle des fonds de pension et autres « funds » américains !

-        La remise en cause des principes multilatéraux sur lesquels le monde fonctionnait depuis 1945.

-        L’obligation pour les banques centrales de créer des milliers de milliards de dollars pour compenser les pertes accumulées par le système des changes flottant, avec des taux d’intérêt qui finiront par être négatifs.

C’est dans ce contexte totalement artificiel, injuste, déséquilibré jusqu’à l’absurde et précarisé, que va se produire la crise sanitaire, avec une perte de production surcompensée par la création monétaire des banques centrales, le gonflement dément de l’encours de dettes globales et des conflits latents entre tous les pays et tous les blocs.

Pour aggraver le tout, les Fédéralistes européens, au lieu de créer un pôle de stabilité monétaire basé sur une unité de compte commune et un système de type Bretton Woods, imposent la monnaie unique qui ne permet aucun ajustement sauf à pratiquer des récessions plus ou moins contrôlées, et en dépouillant les nations de toute souveraineté.

Le monde vit donc avec deux systèmes monétaires dysfonctionnels qui imposent des récessions périodiques, tout ce que voulaient éviter les membres de la conférence de Bretton Woods. Les « récessionnistes » sont à la manœuvre, assistés par des explosions de création monétaire des banques centrales. Et le monde n’est plus qu’un champ de combats douteux sur fond de ruine générale du monde occidental.

Ne parlons pas de la France devenue un territoire pour dirigeants lamentables et antinationaux, qui se font filmer avec l’air triomphant parce que Mme Van der Leyen a dit oui à un de leur plan et font semblant de diriger un pays éventré et en pleine déliquescence.

Après la crise financière et la crise sanitaire se présente le délire d’une politique écologique aussi ruineuse que sans effet sur le climat, qui peut achever de mettre le pays à genoux et a le potentiel de créer dans un horizon assez proche une situation à la libanaise.

Face à ces perspectives sinistres, les seules personnes habilitées à parler économie sont Picketty, l’obsédé fiscal maladif, Blanchard, le soumis qui n’a jamais été capable au FMI de faire valoir les méfaits des changes flottants, et Tirole, un prix « Nobel » d’économie qui pense que l’impôt aggravé sur les successions est la solution pour un pays déjà leader mondial des impositions.

Rencontré fortuitement lors de l’enterrement de Gabriel Milesi, Jean Hervé Lorenzi était très content : tout allait bien ! Ce qui sera la tonalité des journées d’Aix en Provence. La BCE crache au bassinet ; l’argent coule à flots pour la haute finance ; l’État peut se goberger dans des dépenses extravagantes ; M. Macron peut faire face à toute contestation en arrosant les clientèles à gros bouillon. La reprise va être majestueuse ! Tout va bien Madame la Marquise. Les propositions faites au terme de ce Davos du pauvre sont d’une indigence rare. Aucune discussion sur les structures dysfonctionnelles de la monnaie et du commerce international. Il faut former la petite enfance, généraliser la garantie jeune (permettant de boucler la gratuité de la vie de la naissance à la mort), alléger les contraintes européennes, coopérer pour la cybersécurité, baisser les impôts sur la production, garantir les placements privés dans l’industrie, augmenter les annuités de cotisation à la retraite mais en étant généreux avec des catégories sensibles, et augmenter les bas salaires. C’est gentil, totalement insignifiant, ruineux pour l’État (pas grave, il y a la BCE, on peut y aller). Et surtout aller franchement vers la neutralité carbone en 2050, sans avoir chiffré le moins du monde ni les coûts de la décarbonation (ce qui devrait être son rôle prioritaire), ni l’efficacité sur la moyenne des températures mondiales. Du politiquement correct total et du politiquement économique insignifiant comme d’habitude. L’important c’est qu’il ait du monde à Aix et que tout le monde reste béat d’optimisme.

Vive la crise en chantant. Avec la destruction de Bretton Woods c’est aussi à la destruction des grands économistes à la française (Jacques Rueff, Maurice Allais, Alfred Sauvy) qu’on a procédé. Tout le monde s’amuse dans les médias à souligner l’extraordinaire baisse du niveau intellectuel des dirigeants français. Pour les économistes officiels français, ce n’est plus une baisse mais un anéantissement.

À moment où la campagne présidentielle s’ouvre, on peut craindre qu’elle soit totalement détournée de sa fonction naturelle : permettre aux électeurs de bien apprécier la situation et d'arbitrer entre les solutions.

C’est dommage. L’anniversaire de la destruction des accords de Bretton Woods offrait pourtant une excellente occasion de faire comprendre au pays pourquoi le PIB par tête se traîne en France fin 2020 au même niveau qu’en 1980 et de lui présenter les axes d’une politique de grand redressement. .

Didier Dufau

 

*Ces deux livres sont disponibles à la librairie en ligne du Cercle « e-toile « à l’adresse https://editions-e-toile.fr/



De quelques tares de l’époque et de l’analyse du Pr Maffesoli

Il est amusant de lire et d’écouter le Pr. Maffesoli expliquer que nous sommes dans une période qui marque la fin d’une époque, au sens grec des deux mots. La modernité perdrait définitivement ses oripeaux :

L’individuel laisserait la place au « nous », et, en un mot, on passerait des « droits de » de l’individu, aux « droits à » de groupes.

La rationalité serait délaissée au profit de l’émotionnel. L’image et l’exaltation utopique l’emporterait sur les faits bruts et leur raffinage par la pensée.

Le progressisme et l’idée de l’homme puissant allant collectivement constamment vers une société meilleure par la démocratie, alimentée par le débat, serait caduque et remplacée par on ne sait trop quoi entre vitalisme et constantes de l’humanité animale.

Notre professeur déclare observer et ne pas juger cette destruction du « modernisme », de noter l’émergence « obligée » de soulèvements (mais sans les encourager) du type de celui des gilets jaunes, qui aurait été provoqué par la contradiction entre des élites bloquées dans le modernisme et l’instinct vital des différentes « tribus » qui se seraient reformés. Ces élites seraient en fait mortes et ne le sauraient pas.

Cette analyse est apparemment  corroborée par de nombreux « faits massifs », comme le record d’abstention aux dernières élections départementales et régionales. 2/3 d’abstention sur des listes incomplètes du fait du record de non-inscription de personnes pouvant voter, phénomène jamais dénoncé, et dans des lieux où une grande quantité de population n’a pas le droit de vote, cela veut dire des élites politiques élues par une fraction dérisoire des populations vivant sur un territoire. La perte de sens démocratique est délirante.

Pour avoir voulu être assesseur lors du dernier vote, les observations qu’on peut tirer de l’expérience sont étonnantes. Le bureau de vote est dans une école où 95% des élèves sont d’origine étrangère, principalement africaine et principalement noire. Une seule personne noire s’est présentée dans l’isoloir. Pas deux : une.  Ce n’est plus un contraste. C’est un abîme.  Le personnel politique du bureau de vote ne se différencie pas par les idées. Ils sont jeunes, ambitieux, sympathiques et ne savent rien. Absolument rien. Ils répètent des mantras, censés être représentatifs de leurs « valeurs ». La discussion de la jeune femme socialiste (?) tenant le bureau, cadre dans une instance sociale, et d’un jeune homme, en voie d’être cadre dans un machin se voulant dans le coup, et se retrouvant à LREM, a porté sur le salaire net d’un conseiller de Paris et d’un conseiller régional. Ajouter à son salaire (médiocre) deux rémunérations publiques électives vous fait doubler votre rémunération totale, sans grand travail supplémentaire, même s’il faut participer à quelques corvées. Aucun des deux ne formulent aucune critique de rien. L’important est de faire carrière et de ne pas être éjectée. Donc surtout pas d’idées. Pas de risque.

Dans tous les partis, la peur d’exprimer quoi que ce soit tenaille. Surtout ne rien dire. Laisser les affiliations « naturelles » jouer sans rien dire, mais en accumulant les postures. Jouer les valeurs et les signes, en se calant sur l’émotion, sur le nous, sur la société que « nous » voulons. Le fait que l’on aille vers l’abîme ne gêne personne : c’est comme cela ! On ne va pas entrer dans ce trou noir et proposer quoi que ce soit.

En revanche les élites dirigeantes resteraient bloquées dans le rationalisme, et autres attributs du modernisme décadent et provoqueraient des « soulèvements » successifs de la part de telle ou telle tribue.  

Ils seraient donc vains d’essayer de mettre un peu de raison et de respect des électeurs dans la politique, et absurde de penser l’avenir pour qu’il soit « positif ». L’homme est un animal inconscient et plutôt mauvais en soi qui courre à sa perte dans la festivité en étant sensible au marketing de la marginalité et du non essentiel.

L’avenir serait donc à une bestialité, neu-neu, au sein d’archipels bestialisés, soudés par des appartenances, et mus par les passions de mini foule et non par la raison, se soulevant de temps à autres contre une cléricature enfermée dans la rationalité, la promotion de l'individualisme et le progressisme.

L’écologie telle qu’elle est transcrite dans la politique est une assez belle illustration de ces hauts concepts professoraux.

Tout est faux ou controuvé lorsqu’on entre dans le détail de cette querelle politique qu’est l’écologie délirante. Le livre essentiel de Christian Gérondeau (La religion écologique) le prouve facilement. Il est inattaquable. Première imbécillité : le CO2 mortifère à court terme de la planète. Nous avons un stock de CO2 dans l'atmosphère qui est extrêmement bas, quasiment le plus bas de l’histoire vivante de la planète. Au temps des dinosaures et de la luxuriance de la végétation, le stock était 250 fois plus gros.  Là où il était à mille nous sommes à quatre et on nous explique qu’en passant à 6 ou 8, la terre serait morte…  Deuxième imbécillité : l’homme est responsable de l’accumulation de CO2 dans l’atmosphère et donc de la mort de la planète. En vérité les activités humaines n'ajoutent qu’un pour cent par an à la masse de CO2 existante. Par conséquent, réduire de moitié notre production n’aura aucun effet significatif sur le stock. Et le stock doublerait-il, il serait toujours 125 fois plus petit que ce que la terre a connu pour le plus grand bonheur de la vie. Car le CO2 est notre meilleur fertilisant. Troisième imbécillité : la corrélation CO2, température, pertes d’espèces vivantes, serait prouvée. Elle ne l’a jamais été. C’est la hausse explosive des populations dans certaines parties du monde, comme le Nigeria et les pays musulmans, qui pose problème, et les pratiques désastreuses mises en œuvre par ces populations pour survivre, alors qu’elles sont mal pourvues en énergie. Mais là, c’est le silence.  Quatrième imbécillité :  nous pouvons atteindre la « neutralité carbone ». En fait c’est totalement impossible et cela n’arrivera pas. D’abord parce que seule l’Europe se sent obligée de tenter ce pari stupide, et notamment l’Allemagne qui s’est enfoncée dans une impasse dramatique qui ne peut que provoquer un « backlash », un effet retour imposé par les nécessités. Cinquième imbécillité : les énergies renouvelables peuvent représenter la totalité des productions énergétiques. Tout examen un peu rationnel prouve que c’est strictement impossible. Elles peuvent atteindre mondialement au maximum 15 à 20 pour cent de l’énergie électrique qui elle-même est une fraction minoritaire du besoin énergétique global. Sixième imbécillité : convertir tout le parc automobile et tout le chauffage à l’électricité mène directement à une pollution en CO2 pire que l’ancienne et à des frais tellement énormes qu’ils ne seront jamais supportables économiquement. Septième imbécillité : la perte de productivité crée de l’emploi. Huitième imbécillité : les Français qui sont en avance mondiale sur la question du CO2 doivent faire plus que les autres et tuer leurs paysages, artificialiser leur plateau continental, et détruire la beauté construite par des générations, pour atteindre des objectifs sans intérêts et ruineux, tout en perdant tout emploi et toute liberté.

Nous sommes face à une escroquerie et contrairement à ce que dit le Pr Maffesoli, cela provient des élites, pas du terrain. Dans cette affaire, elle a totalement renoncé au progrès, à la rationalité et à l’individualisme, qui sont selon lui les dimensions du modernisme. L’escroquerie écologique a été montée à l’ONU, désormais tenue par les ONG et par Greenpeace, s’est amplifiée par la transmission des instances internationales, puis par les états. En Europe la BCE, la Commission Européenne, les grandes agences internationales sont les fers de lance de l’offensive pour « la transition vers le zéro carbone ». Cette folie vient d’en haut et elle est amplifiée par des élites dirigeant par la peur.

Il en est de même du Wokisme et de la Cancel culture, créés aux Etats-Unis et relayés par toutes les instances internationales comme LA VERITE qu’il faut imposer au monde, via leurs dirigeants et une masse médiatique contrôlée qui aboie aux ordres.

En France, le pays et la majorité de sa population a des aspirations différentes et on cherche à leur imposer des vues qui ne sont pas les leurs. Le slogan, au ras de l’électeur, c’est « liberté et prospérité ». La perte des libertés est colossale et celle de la prospérité suit.

Les crises des bonnets rouges et des gilets jaunes ne sont pas liées au conflit entre modernisme finissant et nouveau monde. Dans un pays où le PIB par tête est quasi le même qu’en 1980, 40 ans de stagnation, la perspective d’une perte massive de revenu, de liberté, de vie et d’autonomie a été ravageuse. La bureaucratie qui dirige la France n’a rien vu parce qu’elle ne peut rien voir. Si toute la politique se résume à 100 personnes issues de la haute administration, cannibalisant une classe politique devenue népotique du fait de la « parité », qui a permis aux enfants de l’énarchie de prendre le pouvoir sans effort (pensons à Marisole Touraine, Parly II, Wargon, etc), on retrouve en pire les cent familles, car passer un examen administratif c’est moins méritant que de créer une industrie et des millions d’emplois.

Les nécessités du moment sont la rationalité, pour contrer les erreurs gigantesques de l’écologie, la nation, pour éviter le naufrage de l’éclatement tribal et la perte du sentiment national, la restauration de la liberté  formelle, en empêchant les dresseurs de piloris et le Klux Klan Woke, mais aussi de la liberté réelle fondée sur la prospérité, en cassant toutes les forces qui ont conduit à la stagnation, avant de s'engager directement dans l’effondrement volontaire, ce qui demande de réfléchir un peu et de faire de la politique.

M. Maffesoli, la France aujourd’hui a besoin de Descartes et de ce que vous appelez le modernisme. Le premier acte est de virer Macron qui symbolise l’effondrement et le déclassement du pays et la ridiculisation de la France, et le second de forger des politiques fondamentales sur les grandes questions clés, en refusant oukases irrationnels et les politiques autodestructrices et malthusiennes, et folies pures et simples, tout en développant une diplomatie de la prospérité.

L’urgence n’est pas de théoriser un changement d’époque vers un magma autodestructeur qui s’imposerait « volens nolens », alimentée par des peurs irrationnelles créées par une oligarchie minuscule venant d’en haut et vivant à l’écart de la démocratie. Nous n’avons pas à avoir peur de la démocratie. Les Français savent très bien ce qu’ils veulent et ils attendent qu'on les respecte et qu’on leur tienne un langage de vérité. C’est aux partis de gouvernement de le vouloir au lieu de s’affoler à l’idée d’avoir seulement une idée.  On a vu que l’aventurisme narcissique d’Emmanuel Macron ne débouchait sur rien sinon le pire. Il faut rebâtir une aventure collective. Et sortir du trou. On ne saurait trop conseiller au professeur Maffesoli de contribuer à ce mouvement de sauvetage plutôt que de commenter le naufrage.  

Retour de l’inflation et assèchement administratif des liquidités

L’avantage de la pandémie de Sars-Cov-2 est qu’elle nous force à pénétrer dans des territoires inconnus qui mettent nos réflexes mentaux et nos habitudes de pensée à l’épreuve. Avec les océans de monnaie créés par les banques centrales occidentales, qui se comptent en milliards de milliards de dollars ou d’euros ou de tout ce qu’on veut, nous sommes techniquement en inflation et même en inflation délirante.

Lors de la crise des changes flottants de 2008 et lors de la crise sanitaire, les États ont réagi à une perte de valeur en 2008 et 2009, et à une perte de production et de revenu en 2020 et 2021 par la création de monnaie. La première inflation monétaire n’a pas eu d’effets sur les prix à la consommation, du fait de la profondeur de la récession et de l’ampleur de la mondialisation mais a fait jaillir les prix de la bourse et de l’immobilier. Régler des questions de valeurs monétaires des actifs par des émissions de monnaie, on peut dire qu’on restait dans la logique financière.

Compenser des pertes de production et de revenu avec de la monnaie, là, le pari était plus osé. Plus de monnaie et moins de production, il n’y a pas de théories économiques qui n’expliquent  qu’on aboutit tôt ou tard à une hausse du prix des produits et une baisse de pouvoir d’achat de l’unité monétaire. Certes, l’absence de marché, du fait des confinements et autres couvre-feux, expliquait que l’argent créé reste sur les comptes en banque. Mais la réouverture des marchés et le redémarrage des affaires se devaient de lancer la hausse des prix.

Un point qui n’a pas été vu est la dislocation des « chaînes de valeur » et l'explosion du maillage logistique mondial. On n’en a pas bien mesuré la survenue faute d’expérience, même si certains événements avaient alerté sur les conséquences graves de pénuries imprévues parce que liées à des accidents, genre Fukushima. L’extension et le fractionnement de la chaîne de production, avec une politique de « just in time », fragilisent l’économie en cas de difficulté même ponctuelle et bien plus en cas d’explosion générale, et encore plus quand ces disruptions ne touchent pas tout le monde en même temps.

Ce qu’on voit aujourd'hui, ce sont d’immenses ruptures de stocks et des pénuries graves d’objets et de force de travail. À chaque redémarrage dans un pays ou dans un métier, l’entreprise se trouve confrontée à la difficulté de recruter et de trouver les intrants nécessaires à son activité. Les caisses sont pleines de liquidité, par exemple en France, et le crédit ne manque pas, mais on ne dispose plus de ce qu’il faut pour travailler.

L’affaire du muguet du 1er mai est très intéressante. En France, l’affolement avait conduit à ne pas accepter la vente de muguet en 2020. La production s’est effondrée et en 2021, on n’a pas eu assez de muguet pour faire face à la demande et les prix ont fini par flamber (jusqu’à 40 % de hausse en certains endroits), dès que la pénurie a été patente, et il n’a fallu que quelques heures pour la constater. Tous les fleuristes qui ont rouvert sont bien décidés à rattraper le temps perdu en augmentant les prix, mais tous ont eu la fâcheuse surprise de conter que les prix en Hollande, plaque tournante du marché, avaient augmenté massivement. Il sera instructif de suivre le cours des fleurs et le comparer à 2019.

Dans le bâtiment, c’est bien pire. Les artisans sont couverts de boulot, car l’argent est là et les propriétaires anciens ou nouveaux de maisons secondaires profitent des circonstances pour leur donner un coup de jeune, et les rendre plus confortables s’ils doivent y séjourner plus souvent du fait des rebonds de la pandémie. Et là, catastrophe. Les produits manquent. Tous. Du sable au bois, en passant par le cuivre, l’acier et le zinc. Les hausses sont dans la fourchette de 40 à 50 % ! Et les artisans ne trouvent plus de compagnons du fait que beaucoup ont quitté le métier ou préfèrent encore rester dans le cocon de l’assistanat. Du coup les contrats anciens ont perdu leur équilibre, les prix fixés n’ayant plus de sème, les délais s’accroissent, certains chiffres d’affaires sont arrêtés par les pénuries et poussent les trésoreries vers le bas. Dès qu’un projet a réussi à rassembler tous les facteurs de production, la facture pour le client est très élevée. On manque encore de chiffres, mais un rapide examen de quelques dossiers montre une hausse de près de 20 % sur les dossiers nouveaux.

Dans de nombreux domaines de l’industrie, les entreprises doivent faire face à des pénuries, notamment de matières premières et de puces. Là, la répercussion sur les prix est plus difficile compte tenu de la compétition mondiale. Mais dans un secteur en pénurie parce que la Chine, par exemple est le principal fournisseur de matières premières, comme les métaux rares, et réserve ces produits à ses propres industries, les fournisseurs américains et européens ne peuvent pas vendre et les produits chinois sont beaucoup plus chers car seuls disponibles.

Dans l’hôtellerie-restauration, trouver du personnel est devenu difficile et les chaînes d'approvisionnement, durement et longuement atteintes par la fermeture du secteur, ne peuvent pas fournir. Les hausses de prix en terrasse sont inévitables dès le mois de mai même si l’hôtellerie est, elle, obligée de rétablir sa clientèle et ne peut pas le faire en haussant ses prix. En Europe le prix de revient d’une canette de Coca Zéro, sortie d’usine, était entre 20 et 30 Cts d’euro, avec des prix de ventes entre 80 cts et 120 cts. En 2021, ces valeurs ont augmenté de près 50 % !

La disponibilité d’immenses réserves financières du fait de l’inflation des moyens de paiement permet à toutes les hausses de prix de trouver leur contrepartie. Donc, oui, il y a bien une inflation des prix et pas seulement des actifs de placement.

On dira : il s’agit d’une inflation frictionnelle liée à la crise et elle se résorbera avec un retour à la normale des chemins logistiques. De toute façon la mondialisation maintient l’obligation, notamment en France de ne pas augmenter les salaires, sauf à perdre encore des parts sur le marché mondial. Pas d’inflation des salaires, pas d’inflation des prix à la consommation durable.

Sans doute. Pas plus qu’il n’y a de doute qu’une partie des ressources créées ex nihilo par les banques centrales vont être utilisées à payer plus cher des prestations et des produits. Cela devrait conduire les autorités à être prudentes dans leur politique de reprise des revenus qu’elles ont lâchées au cœur de la crise. On ne saurait trop les inviter à ne rien faire de tel pendant les deux prochaines années. Un certain ajustement inflationniste est nécessaire pour sortir des conséquences de-là pandémie et d’une certaine façon est déjà acquis même s’il n’est pas encore manifeste. Donner un coup de faux administratif sur les liquidités alors que l’inflation latente se révèle peut conduire à une situation économique et sociale inacceptable.

Le livre de Michel Hau et Félix Torrès, « Le Virage Manqué », entre décapages et dérapages

La société des Belles Lettres a eu la bonne idée d’éditer l’ouvrage de deux membres éminents de notre université qui ont l’avantage d’être d’une génération proche de celle des membres de notre petit groupe et qui ont donc tout connu de l’époque qu’ils décrivent : 1974- 1984 (ce qui laisse la place pour une suite). Ils cherchent dans cette histoire une clef qui permette de comprendre nos difficultés actuelles.  Pour avoir commis une livre, « l’Etrange désastre » qui traitait en partie de cette période, je trouve excellent que l’on revienne inlassablement sur les causes du naufrage économique français et il est vrai que les années soixante-dix ont été un moment critique.

Les auteurs ont connu tous les événements dont ils parlent. En plus de leurs études, ils ont nécessairement une impression existentielle du sujet. Les auteurs de notre génération tiennent pour acquis des connaissances et des faits qui se sont totalement en fait évaporés dans les limbes de l’oubli collectif et qui demandent aux jeunes générations un effort de connaissance alors que beaucoup laisse aller leur imagination et pensent selon les préjugés de l’époque actuelle.  Les aider à une connaissance fondée est essentiel surtout quand on le fait honnêtement et à des fins explicatives.

Le livre est construit de manière simple et efficace : Il développe une thèse centrale, véritable fil rouge sur lequel va s’accrocher un inventaire d’une particulière exhaustivité de toutes les attitudes et de toutes les politiques qui en justifient la justesse et l’importance.

La thèse est connue et déjà généralement acceptée. Beaucoup trouvent opportun de la laisser sous le tapis ou de ne pas trop insister, « pour ne pas décourager ce qu’il reste de Billancourt » ? C’est-à-dire rien. Qu’affirme le livre : en voulant faire concourir les entreprises françaises dans une compétition mondiale totale avec des boulets aux pieds, les dirigeants français ont ruiné l’industrie du pays. L’avantage de ne servir qu’une seule idée dans un livre est que le clou finit par être bien enfoncé dans la tête du lecteur. Le risque est évidemment de vouloir trop prouver et d’ignorer des facteurs tout aussi importants pour la compréhension de la période couverte.

Pour les auteurs, le décrochage s’explique par l’accumulation de charges sur l’entreprise, qui l’ont empêché d’être compétitive à l’extérieur. Le keynésianisme des élites politiques françaises plus la démagogie socialiste sont les causes de cette évolution mortifère. Seul Raymond Barre, dont les auteurs sont visiblement énamourés, aurait pu remettre les choses en place avant qu’il ne soit trop tard. Mais l’élection de Mitterrand a tué la seule chance de changer de cap. Le grand virage se place dans les années 1974 -1975, où Giscard et Chirac se lancent dans une relance keynésienne folle sans se rendre compte qu’un monde nouveau était en train de s’installer et qu’il fallait se mettre en situation de s’adapter intelligemment, ce que beaucoup de pays ont fait mais pas la France qui au contraire, a pris le chemin contraire et l’a payé de sa prospérité.

L’ouvrage vaut pour la compilation qu’il propose des propos et des mesures qui ont conduit certains à ne pas prendre le bon virage et d’autres à le faire. C’est une bibliothèque de référence à lui tout seul. Pour celui qui s’intéresse à l’histoire des idées et des pratiques économiques dominantes en France depuis 1974, c’est un travail monumental et formidable. Bravo !

Sur le fond, il n’y a strictement aucun doute que la France a voulu un système de concurrence mondiale tout en empêchant ses entreprises d’y gagner. Ce qui est une politique schizophrène manifeste, de longue durée, partagée par tous les grands dirigeants successifs et impardonnable, nul doute là-dessus. La compétitivité d’une économie est largement liée à la manière dont elle est gouvernée. Tout a été fait pour que l’entreprise française lutte avec des handicaps insurmontables.

Ce diagnostic est en fait partagé par presque tout le monde et depuis longtemps. Il faut dire que les résultats sont particulièrement navrants depuis également très longtemps. Nous sommes le pays en tête de classement mondial pour les dépenses de redistribution et la fiscalité, mais notre revenu moyen a stagné en valeur absolue et s’est étiolée par rapport à presque tous les autres pays. Nous avons un moloch étatique phénoménal et plus aucune fonction régalienne ne fonctionne. La Justice, la police, l’enseignement national, la santé, tout est à plat. L’armée fonctionne avec des bouts de ficelle et dans la dépendance.  L’entreprise doit vivre avec les charges les plus lourdes du monde, des salariés qui travaillent souvent peu, qui sont souvent absents et qui partent tôt à la retraite. Les soldes extérieurs sont catastrophiques. Nous n’investissons quasiment plus. Le chômage devenu structurel est à des hauteurs extrêmes. Les Français méprisent désormais leurs élites politiques. Oui la France a décroché et elle est même tombée. La crise sanitaire n’a rien arrangé. A-t-elle point que l’avenir est désormais très incertain avec des risques de collapsus importants.  

L’originalité du livre est d’avoir très justement réparti la responsabilité aussi bien sur la droite que sur la gauche. L’effondrement des deux partis de gouvernement dominants jusqu’en 2017 a assez prouvé que les électeurs français s’étaient approprié le constat.

Le livre vient donc au secours d’un constat désormais largement partagé dans l’opinion publique, en donnant au citoyen qui le voudra, le moyen de mieux comprendre « comment on en est arrivé là ». On sait malheureusement qu’il y aura toujours en France une fraction de la population pour penser qu’étatisme et socialisme sont les mamelles nécessaires de la politique française et que la démagogie empêchant de s’attaquer trop directement à l’électeur, c’est toujours sur le créateur de richesses que l’on s’abat. L’expérience de l’action des gouvernements depuis 2001, période non couverte par le livre, montre que tous ont été conscients qu’il fallait décharger l’entreprise, tous, mais qu’ils n’ont jamais pu aller très loin dans cette direction, tant le pays est peu disposé à en accepter les conséquences. La France est dans une impasse. Et ce n’est pas la crise sanitaire qui a entraîné une poussée invraisemblable des aides publiques tout en prouvant la nécessité de réinvestir dans la santé et les politiques régaliennes, qui offrira de sitôt un terreau favorable à des réformes fondamentales.

Le risque est donc grand que le livre passe aux oubliettes, écarté avec une belle unanimité par des factions politiques qui toutes considèrent que la conquête du pouvoir passer par des cadeaux sociaux au peuple.

Comme nous l’avons dit d’entrée de jeu, le livre, centré sur une explication unique, occulte certains faits ou néglige certaines situations, ce qui poussent les auteurs à des commentaires un peu trop à l’emporte-pièce ou à ne pas comprendre certaines dynamiques fondamentales.

Les auteurs expliquent que les Trente Glorieuses ne le sont pas tant que cela et que beaucoup d’erreurs y trouvent naissance. La dynamique politique de l’Etat providence, dite keynésienne, qui a poussé à des dépenses sociales publiques excessives, ne s’explique que par la crise de 1929 et les effets de la guerre. On a soldé l’avant-guerre dans l’immédiate après-guerre. La pression soviétique qui menaçait les démocraties européennes de l’intérieur et de l’extérieur imposait également une action sociale qui évite le succès du communisme. Comme la guerre avait liquidé les fortunes, l’argent ne pouvait être trouvé que sur la valeur ajoutée là où elle apparaissait : dans l’entreprise.

Il aurait été intéressant que les auteurs analysent un peu plus pourquoi cela n’a pas empêché une croissance d’une rapidité historique. Une réponse est timidement tentée : les Trente Glorieuses seraient le fruit d’une circonstance particulière : l’exode rural qui a donné des bras par millions aux forces nouvelles de l’économie. Cela nous change des affirmations surjouées qui font soit de la reconstruction, soit de la quasi-gratuité du pétrole, soit du développement de la « bagnole, soit du Plan Marshall, la raison également fortuite et de court terme de la croissance rapide d’après-guerre. Cela reste un simplisme. 

Les auteurs ont choisi de laisser totalement de côté, comme on le faisait chez les économistes dominants des années 1960, la notion de cycle et le rôle de l’organisation monétaire. Tout à leur démonstration que ce sont les contraintes réelles, au sein de marchés réels, qui ont provoqué la bascule de 74-75, ils ne voient pas l’extraordinaire importance d’une part des accords de Bretton Woods dans la croissance internationale d’après-guerre, ni réciproquement le rôle de leur destruction dans la crise du début des années 70. Si la relance de Giscard Chirac a échoué, c’est parce qu’en régime de changes flottants, toute relance finit par un chaos monétaire et doit être arrêtée d’urgence. De même, tout à sa mono explication par les charges publiques sur les entreprises, des malheurs du temps, les auteurs minimisent le poids sur la croissance de la hausse drastique du prix du pétrole. Du coup toute leur analyse des années 75-76 manquent de poids, car si ce qui est montré n’est pas faux, la démonstration est largement décalée des vrais mécanismes à l’œuvre.

De même il est impossible de comprendre la période sans tenir compte de mai 68 et de la poussée d’une influence socialiste qui menace de tout emporter. Les vents contraires politiques ont joué un rôle et il était évident que tout gouvernement se devait d’en tenir compte.  Les poussées ultérieures de dépenses publiques seront d’abord conditionnées par les crises mondiales décennales à répétition, alors que les auteurs décrient les analyses relatives aux crises périodiques. Ces crises touchent gravement, plus que la France, l’Allemagne, début 80, le Japon, début 90, les économies émergentes début 2000 et tout le monde en 2008.  Mais la France en subi à chaque fois les conséquences politiques après les affres économiques.

Ces lacunes affaiblissent partiellement le propos du livre. L’option prise de monter en épingle un seul phénomène considéré comme central a cet inconvénient.

On aurait aimé que soit analysée plus profondément la terrible difficulté de revenir en arrière. Décharger l’entreprise c’est d’abord charger les particuliers sauf à réduire drastiquement les dépenses publiques. On a vu avec les APL ce que provoquait le transfert de quatre euros ! Tous les gouvernements, quelle que soit leur orientation politique, savent très bien depuis Maastricht qu’ils doivent restreindre les déficits publics. Ils ne le font pas parce que la caste qui a pris le pouvoir, l’Enarchie Compassionnelle, ne veut pas le faire au détriment des fonctionnaires et de leur propre pouvoir.  Ils respectent les GOPE, les ordres budgétaires de la Commission Européenne, mais sans jamais toucher aux effectifs proprement administratifs. On l’a vu dans le domaine de la santé où on a réduit l’offre de soins mais jamais l’effectif pléthorique de 16.000 femmes fonctionnaires de catégorie A du ministère de la santé, qui, elles, ne soignent pas. Les différentes crises périodiques ont été supportées uniquement par le secteur privé, jamais par le secteur public. De même les hauts fonctionnaires qui nous dirigent ont laisser supporter à la SNCF un sureffectif de plus de 350.000 personnes pendant des décennies et ont baissé les bras à la première longue grève, lorsqu’ils ont souhaité recadrer, un peu,  cette machine à faire des pertes et à trahir les usagers.

Le livre de Hau et Torrès est indispensable par sa belle compilation des mentalités qui rendent aveugles et des erreurs politiques qui ont été commises.  Envoyer  au casse-pipes nos entreprises dans la compétition mondiale en les chargeant à mort est bien une dimension de la folie française qui a conduit la France là où elle est.  La démonstration reste trop partielle pour bien cerner les mécanismes qui conduiront à la forme de chaos économique actuel.

Aujourd’hui il faut aller plus loin. Hollande avec le CICE et la loi El Khomry, Macron avec ses propres lois et ses promesses électorales, ont tout deux essayé, bien que socialistes, de faire baisser les charges sur les entreprises et de leur rendre la compétition moins déloyale. Le premier a vu la dissidence d’une partie de ses troupes. Le second a connu les Gilets Jaunes et les black blocks. La France est depuis gouvernée par les GOPE européens qui fixent ce qu’on attend d’elle comme réformes. Les Français ont le sentiment qu’une politique de rigueur permanente imposée par l’Union Européenne brise leur système de santé et de protection sociale. Les électeurs donnent la prime aux extrêmes ou à l’abstention.  Ils méprisent désormais des élites qui ne les protègent plus. L’opposition se voit sommée par quelques jeunes loups d’entrer dans le grand jeu de la démagogie et des promesses inconsidérées, façon hausses imassives du Smic et « restauration du pouvoir d’achat ». Pourquoi ne pas proposer « l’abaissement de l’âge de la retraite des travailleurs manuels, la recréation de l’autorisation administrative de licenciement, le retour de la garantie à 90% pour deux ans des allocations chômage, l’élargissement du champ de la Sécurité sociale à n’importe qui, le relèvement du minimum vieillesse. Face à la crise qui s’installe, au chômage qui progresse, l’Etat Providence ne doit-il pas renforcer sa protection ? »  C’était le programme travailliste à la française de Chirac en 1975 ! Il reste des nostalgiques. Quant à Macron il a repris à son compte le plan vanté par Giscard : "la planification, qui doit rester l'outil essentiel de notre développement économique à moyen terme, doit connaître une profonde adaptation dans ses méthodes et ses objectifs… Le Plan devra assurer à la fois la modernisation de notre appareil productif, le développement des équipements collectifs, une meilleure utilisation des ressources publiques et une accentuation de nos efforts en vue d'une meilleure répartition des richesses… La finalité profonde du Plan devra être de rendre les Français plus heureux." Il suffirait d’ajouter la réduction du réchauffement climatique pour que le propos soit totalement actuel.

Les mentalités qui ont provoqué les défaillances de 74-75 sont encore bien vivaces. Ne parlons ni de Mélenchon ni de Le Pen ! 

Trouver la martingale politique qui permettra de sortir de cette impasse, au-delà du diagnostic, est la vraie énigme du moment.

Les exactions monétaires américaines continuent

Depuis disons la guerre de 40, la monnaie est un levier de puissance diplomatique pour les Etats-Unis et utilisé sur le mode massue. La taille de la massue n’a cessé de grandir et le matraquage est devenu délirant. L’Union Européenne, au lieu de « faire la force », est couchée et regarde son maître avec un regard de chien battu mais consentant. La France de Macron est totalement inexistante comme toujours. Tout à son narratif de malade mental, le président Français passe son temps à tomber et à s’extirper des pièges qu’il ne cesse de semer sous ses pieds, un spectacle de pompier pyromane qui laisse pantois ses malheureux concitoyens. Son obsession des présidentielles de 2022 le rend aveugle et sourd à tout ce qui est important et urgent.

Entre quarante et quarante-quatre, le Trésor américain prépare la conférence qui aura lieu à Bretton Woods de construction d’un nouvel ordre monétaire et économique mondial fondé sur un étalon de change dollar et l’interdiction de toute entrave à la puissance commerciale américaine. Churchill se cabre lorsqu’on veut faire payer l’aide américaine par la disparition de la préférence impériale. Il gagne en menaçant de ne pas paraître à Bretton Woods !

En faisant du dollar la clé du système, les accords de Bretton Woods signent un défaut majeur qui va finir par devenir destructeur. Rapidement, les Américains qui disposent d’un avantage « dissymétrique » comme on dit maintenant, en abuse et des tensions apparaissent dès 1958. La valeur entre or et dollar vacille. Les Etats-Unis exigent que ses partenaires gardent en vie artificiellement la parité du dollar ! Eux se lancent dans la frénésie de Kennedy : plan civil extrêmement coûteux, guerre au Vietnam, course à la lune. En 71, tout craque. Les Etats-Unis font défaut sur leur engagement à l’été 1971. Ils imposent les changes flottants, c’est-à-dire un étalon flottant dollar, qui se révéleront une catastrophe. Plus aucun engagement multilatéral ne contient les grands déficits et les grands excédents. Les Etats-Unis imposent une financiarisation débile de l’économie mondiale, avec domination des banques américaines. De crise en crise on aboutit à la catastrophe de 2008 !

Au lieu d’acter le caractère malsain et générateur de crises des changes flottants, les Etats-Unis, ivres de leur puissance empêtrée, décident que leur droit s’imposera au monde. Une de fois de plus leurs déficits extérieurs ne sont pas de leur fait. Les vilains ce sont les autres, les pays en excédent. En vérité il est impossible de fournir des dollars au monde entier sans mettre sa balance des paiements en déficit. Les excédents sont les contreparties du déficit ! Les deux vivent en symbiose.

Les Américains s’en moquent : ils se croient les plus forts et font du dollar la justification d’exactions contre ses propres alliés. Le droit américain est considéré comme le droit international avec des milliards de sanctions imposées un peu partout, les procureurs américains devenant des piliers de la guerre économique extérieure menée par les Etats-Unis. Ils créent avec le TFTEA une législation qui permet en permanence de condamner les partenaires excédentaires des Américains.

C’est comme cela que les Allemands et subsidiairement les Français, ont été condamnés à des sanctions économiques astronomiques, après la Chine.

Le Temps d’aujourd’hui précise que c'est désormais le tour de la Suisse : « La publication du rapport semestriel du Trésor américain était prévue cet automne. Il est tombé mercredi et n’a pas pris grand monde de court en annonçant que, cette fois-ci, la Suisse entrait bel et bien dans sa liste noire des pays manipulateurs de devises. Trop d’interventions sur le marché des changes, trop de déséquilibres dans les flux financiers et commerciaux entre les deux pays. Voilà ce qui a poussé Washington à sanctionner la Suisse, mais aussi le Vietnam. »

Nous avons été pratiquement les seuls à dénoncer la désastreuse loi TFTEA, votée sous Obama, dès 2015, cinq ans déjà, qui installaient cette machine à extorsion de fonds international.

La pure violence du rapport de force règne depuis sur les relations économiques internationales. En cinq ans, les médias dominants ont été pratiquement totalement silencieux sur le TFTEA. On sait désormais, qu’ils ne cherchent pas vraiment à informer la population mais à construire ou déconstruire ce que ses membres pourraient penser. La crise sanitaire et les campagnes de mensonges organisées, sont passées par là.

Si les Etats-Unis se comportaient mal, c’était la faute de Trump le populiste. Pas de chance, la loi TFTEA datait d’Obama et continue à s’appliquer le jour même où Biden est nommé président des Etats-Unis.

Le déni médiatique continue donc. Macron n’a jamais osé prendre position sur les sanctions américaines contre la France., ce qui l’aurait obligé à parler des défauts de l’Euro et de l’excédent global de la zone Euro, ce qui aurait troublé son « narratif » de débile. Le pseudo « couple franco-allemand », serait également sur la sellette du fait des excédents ahurissants de l’Allemagne au sein même de l’Euroland. « Crève la France plutôt que mon narratif » est donc le modus operandi de ce précisent qui ne préside rien d'autre qu’à sa réélection.

On a donc vu l’insignifiant ministre des affaires étrangères soigner une lettre oiseuse avec son homologue allemand pour faire leur soumission à Biden. Ces bourgeois de Calais vont la corde au cou demander qu’on les épargne. Une honte pure ! Le témoignage d’une Europe lavette avec une France lavette. Ils vont à Canossa comme d’autres allaient à Sigmaringen. Tout cela est à vomir.

Rappelons donc l’essentiel de notre article prémonitoire de 2017, en regrettant que le débat public n’ait pas flambé sur ce scandale absolu que sont la loi TFTEA et l’abjecte relation de force qu’impose le Big Stick américain.

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Personne en France ne connaît la Section 701 du Trade Facilitation and Trade Enforcement Act de 2015. Le TFTEA est sans toute la législation américaine la plus significative de l’effondrement du monde rooseveltien mis en place à la fin de la guerre de quarante. Il annonce Trump avant Trump. Si vous en parlez, sans préciser les dates, vous constaterez la même réaction : « Ce Trump quel sale type, il est en train de tout casser ». L’ennui est qu’il s’agit d’une loi Obama. La seule nouveauté est l’annonce par Trump qu’il va s’appuyer sur ses dispositions pour attaquer les pays avec qui les Etats-Unis ont un déficit afin de pouvoir les soumettre à des sanctions diverses.

Il est à noter qu’aucun organe de presse français, ni aucun des médias radiodiffusés ou télévisés n’ont jamais parlé de ce texte, en dépit de son caractère totalement abusif, nationaliste et hystérique. Seul Le Temps aura eu la bonne idée de soulever ce lièvre, parce que la Suisse se retrouve aujourd’hui dans le collimateur.

Que dit donc ce TFTEA ?

La loi prévoit des outils de reporting et de monitoring qui permettent de mesurer et de sanctionner les pays qui pratiquent une politique de change que les Etats-Unis considèrent comme nuisibles aux intérêts américains. En fait, compte tenu du caractère structurellement déficitaire des comptes extérieurs américains, la seule question qui est examinée est la sous-évaluation alléguée de certaines monnaies. Le but est de forcer le « partenaire » en excédent à prendre lui-même des mesures visant à brider son excédent vis-à-vis des Etats-Unis.

Les pays qui ne se soumettent pas peuvent faire l’objet plusieurs types de sanctions :

- Arrêt des financements américains

- Arrêt des achats dans le pays

- Action auprès du FMI

- Blocage des négociations commerciales tant que la question monétaire n’est pas réglée

Un conseil de neuf membres est chargé de faire des observations en fonction des statistiques et des faits relevés.

Ce texte a été voté définitivement le 24 février 2016 et donc a force de loi depuis un an exactement.

Ce texte en apparence peu problématique pose deux questions fondamentales :

- Il appartient normalement au FMI de surveiller les relations monétaires internationales. Pourquoi faut-il qu’un pays particulier double son action ?

- Les statuts du FMI condamnent et les gros déficits et les gros excédents. Pourquoi a-t-on toléré qu’ils enflent pendant quarante-cinq ans et pourquoi les Etats-Unis ne parlent-ils que des pays en excédent ?

Même si le texte fait sa génuflexion devant les règles du FMI, il montre que les Etats-Unis sont prêts à imposer leur propre interprétation et veulent pouvoir agir de leur propre chef en dehors de tout contexte multinational. C’est une violation totale de l’esprit du monde voulu par Roosevelt à la fin de la seconde guerre mondiale. Le multilatéralisme est remplacé par l’analyse et l’action unilatérales des Etats-Unis.

Les Etats-Unis ne retiennent des statuts du FMI qu’une seule face : les gros excédents vis-à-vis d’eux. Mais ils laissent de côtés les gros déficits. Or les gros excédents et les gros déficits vont ensemble et ils sont le fruit à la fois de décisions dans le pays excédentaire et dans les pays déficitaires. Une politique équilibrée est d’agir sur les deux côtés à la fois. La loi viole les statuts du FMI tout en faisant semblant de les appliquer. Plus hypocrite, on ne peut pas !

C’était au FMI d’agir. Il en a les moyens. Mais depuis l’abandon des accords de Bretton Woods, après la voie de fait commise par les Américains qui ont refusé d’honorer leur engagement de conversion en or des créances internationales en dollar, ce qui s’appelle un défaut, les changes flottants sont censés fixer le cours des devises. En vérité le marché des devises est totalement entre les mains d’un très petit nombre d’opérateurs comme quelques scandales récents l’ont montré, et la flottaison créée une instabilité artificielle.

Si les résultats ne sont pas conformes aux intérêts américains, c’est, pour les Etats-Unis, qu’un pays voyou trouble le libre jeu du marché. Tout cela est une fable puisque le dollar est la monnaie du monde et finance les transactions internationales. Il faut donc un déficit américain pour fournir la liquidité internationale. Ce défaut est structurel et non lié à l’action de vilains à sanctionner.

Les Américains se croient suffisamment forts pour avoir le beurre et l’argent du beurre : la monnaie internationale qui leur permet de financer leur déficit dans leur monnaie ; l’obligation pour les autres de corriger inlassablement la contrepartie de ce laxisme abusif. De même qu’ils se savaient assez forts pour imposer au monde le non-remboursement en or de leurs dettes. Au passage, si un pays quittant l’euro proposait de rembourser sa dette internationale dans sa monnaie nationale, ce serait faire exactement comme les Américains en 1971.

Conformément à la loi les autorités américaines viennent de produire leur première revue du comportement de leurs « partenaires ». On peut le lire à l’adresse ci-dessous.

https://www.treasury.gov/resource-center/international/exchange-rate-policies/Documents/2016-10-14%20%28Fall%202016%20FX%20Report%29%20FINAL.PDF

Plusieurs pays ont été ciblés dont la Suisse et l’Allemagne. On sait que Schaüble, le ministre des finances allemand, a déjà répondu au rapport en expliquant que le change de l’Euro lui échappait complètement. La BCE est indépendante, n’est-ce pas ? La Suisse, elle, déjà lourdement sanctionnée à plusieurs titres par le gouvernement américain, s’inquiète sérieusement.

Très clairement une guerre est en cours qui vise à imposer aux partenaires créditeurs des Etats-Unis d’accroître de facto leurs importations américaines.

Plus grave, les Américains se flattent d’avoir imposé leurs vues aussi bien au FMI, que dans les différents G, G7, G8, G20, ainsi que lors de la discussion de plusieurs traités comme le Traité Transatlantique.

Nous considérons cette soumission à la puissance américaine comme choquante et inacceptable.

La bonne réaction devrait être la suivante :

- Nulle monnaie nationale ne peut être la monnaie de facto du monde, car sinon les déficits deviennent automatiques

- Les changes flottants ne fonctionnent pas et ont permis d’énormes excédents et d’énormes déficits conjoints, en violation des statuts du FMI. L’idée que les marchés donnent une image pure et vraie des changes est totalement fausse et le sera toujours quand une banque centrale peut émettre un montant de monnaie supérieur au PIB d’un pays et que l’Etat collecte plus ou moins la moitié du PIB.

- L’effort doit venir également des pays en déficits et de ceux en excédents

- Il faut recréer un système monétaire basé sur les changes fixes et un mécanisme automatique de sanction des grands excédents et des grands déficits. Par exemple 15 % de l’excédent serait prélevé par le FMI et 10 % des déficits. Les sommes collectées serviraient à alimenter un fonds de stabilisation permettant de vaincre toute spéculation.

- Ce même mécanisme doit être instauré au sein de la zone Euro : avec une pénalisation un peu plus forte compte tenu de la difficulté des ajustements (on ne peut plus dévaluer). Des pénalités de 30 % pour les gros excédents et 15 % pour les pays avec de gros déficits seraient raisonnables.

En attendant, il faut cesser de passer tout accord commercial tant que l’objectif monétaire n’est pas atteint. C’est pour cela que l’affaire du CETA est grave. La France et l’Europe n’ont rien fait ni rien dit et cette soumission a empêché que la question monétaire soit posée.

Les Etats-Unis ne peuvent pas dire que l’Europe n’a pas le droit de lier monnaie et commerce : leur propre texte institue cette règle !

Il y a bien là une voie de sortie de la crise.

Personne dans les médias français n’en parlera. Je ne suis même pas sûr que, dans les allées des pouvoirs européens, il existe une seule personne sensibilisée à cette problématique. Ignorance et soumission sont les tétons de la France et les mamelles de l’Europe.

 

 

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Onfray, de Gaulle et Mitterrand, bonheur de lecture

Michel Onfray est un essayiste méticuleux qui manie le scalpel avec un précision chirurgicale et n’hésite pas à commenter ce qu’il trouve avec une longue jubilation, même si le spectacle n’est pas très ragoutant et si le constat ne plait pas à la famille.

Il avait ainsi dépecé Freud, comme on enlève les pattes d’un virus tenace, et lui avait ôté ses moyens d’infester la terre entière. Il ne demeure plus que de rares variants. La souche est morte. C’était nécessaire. Merci M. Onfray ! 

En choisissant François Mitterrand comme cadavre exquis, Michel Onfray montre un goût un peu coprophile, le personnage n’ayant jamais cessé de provoquer des pincements de nez. Quinze jours après sa mort il n’en restait rien sinon un Institut Mitterrand dont l’étrange action sera de publier les lettres lourdingues du satrape éponyme à Mme Catherine Langeais, speakerine un peu mémère des années 60, en belle reliure pleine peau payée par le contribuable. Tous ceux qui ont observé, même deux minutes, M. Mitterrand, sans en espérer quelque chose, ont perçu aussitôt le pervers narcissique de compétition, champion modèle pour sa phénoménale capacité à pourrir tout ce qu’il touche, femmes, hommes, institutions, idéologies, sans discrimination.

La seule vertu du « beau François », est d’avoir déshonoré le socialisme français qui ne s’en est jamais remis depuis et dont les instances partisanes se trouvent désormais éparpillées façon puzzle. 

Michel Onfray ne pardonne pas à Mitterrand d’avoir ainsi infecté la cause. Il a donc ressorti le scalpel, accompagné d’un lance flammes pour carboniser jusqu’aux plus petits déchets. Curieusement il n’a pas pris appui sur les beautés du « vrai » socialisme pour démontrer la vilénie du personnage qu’il dissèque. Son révulsif, son miroir, son éclairage, ce sera le Général de Gaulle, ce qui au passage est bien la preuve que le socialisme, empêtré dans ses crimes et ses ruines, abandonnés par les états violents qui se réclamaient de lui, n’offre guère de visages engageants qui puissent, par contraste, prouver l’abjection de l’ancien président de la République qui s’en réclamait.

Le dépeçage de l’ancien secrétaire du PS, faux socialiste et vrai homme d’extrême droite, faux résistant et vrai pétainiste, n’apporte rien qu’on ne sache déjà. Il manque même quelques détails sulfureux sur la période de la IVème. En revanche le talent de l’auteur et sa précision font merveille et ordonnent le tableau des bassesses et des ignominies de son sujet d’observation, rangées avec la rigueur des meilleurs entomologistes. Les formules heureuses jaillissent des tripes éventrées comme un sang joyeux et régénérateur. Jamais un homme de droite n’aurait pu passer le kärcher de façon, aussi convaincante. Plus aucun jeune curieux de socialisme français ne pourra sortir de ce livre intact. Certes deux générations de hauts fonctionnaires socialistes se sont gobergés dans les palais de République, avec l’argent des contribuables, pendant presque cinquante ans, poussant femmes et enfants. Certes M. Macron a maintenu leurs sinécures. On a vu avec la crise sanitaire l’efficacité de ce petit monde. Princes et princesses du palais des vautours n’étaient que des incapables cyniques. Dis-moi qui t’as offert ta sinécure,  je dirai qui tu es !  

Michel Onfray tue une seconde fois Mitterrand mais épargne les Mitterrandistes. Il est vrai que le premier a bradé la souveraineté et la prospérité française, alors que les autres n’ont fait que se nourrir des vers grouillant sur ce grand cadavre à la renverse qu’est devenue la France post mitterrandienne. Jack Lang, Jacques Attali et Laurent Fabius jouissent encore des faveurs octroyées par un Mitterrand antisémite, antisémitisme qu’Onfray montre précoce et permanent jusqu’au dernier souffle.  Cela doit encore le délecter, le compagnon de route de la Cagoule.

Comparer de Gaulle à Mitterrand n’est pas flatteur pour le premier nommé. Il faut lire ce qu’Onfray écrit du Général en oubliant cet aspect déplaisant. On trouve alors un vrai texte de référence, documenté, original et puissant sur ce qu’a représenté De Gaulle dans l’histoire française récente. Il mérite d’être donné à lire à notre jeunesse, en lui conseillant de ne pas trop se préoccuper de la carcasse qui pourrit sur le bas-côté.  

Le vrai contraste est entre cette analyse brillante de l’action du Général de Gaulle et la réalité d’aujourd’hui. Les Centristes, les Socialistes et les Chiraquiens ont gaspillé puis liquidé l’héritage. La France n’est plus souveraine. Elle est percée de partout. Elle stagne et s’endette. Elle est dirigée à nouveau par un Président à la psychologie problématique qui engendre le chaos, alors que les circonstances ne sont tout de même pas si propices à multiplier les erreurs. 

Le livre d’Onfray laisse vierges les solutions de l’espoir.

Que pourrait-il sauver de l’histoire mitterrandienne qu’il raconte ? Les trois ans où, selon l’auteur, Mitterrand a été socialiste, ont été un désastre économique dont on ne s’est toujours pas totalement relevé. Onfray a du mal avec les résultats lamentables de cette gestion « vraiment socialiste » qu’il passe sous la table en trois lignes peu convaincantes. 

Penser l’avenir en se replongeant dans l’inspiration qu’offre la Geste du Général de Gaulle est un travail qui reste à faire. Les utopies socialistes antérieures au marxisme, proudhoniennes ou autres, girondines ou pas, ne sont pas mortes par hasard et sont de fausses solutions. Comment Michel Onfray ne l’aurait-il pas compris.  C’est sur d’autres bases qu’il faut sauver la France des maux radicaux qui la guettent.  

Retour de l’inflation ? Une possibilité sérieuse, si…

 Après l’inflation générale à deux chiffres qui a suivi les hausses massives du prix du pétrole imposées par le cartel des pays producteurs, fin 1973, et la sévère récession aux Etats-Unis du début des années 80 provoquée par la volonté des Etats-Unis d’y mettre fin, il est généralement admis qu’il n’y a plus de risque d’inflation. La bourse, l’immobilier et les matières premières rares, ont vu leur prix s‘envoler mais ces biens n’entrent pas dans l’indice des prix à la consommation. En France, l’inflation ne dépasse pas les 2% depuis près de 30 ans.

La résolution de la crise bancaire, financière et monétaire de 2008 a imposé mondialement une inondation de monnaie banque centrale (près de 15 mille milliards de dollars dans le monde) à laquelle se sont ajoutées près de 50 mille milliards de dettes privées supplémentaires, sans inflation des prix à la consommation. Rappelons que la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand en France était avant l’épidémie de Covid d’un peu plus de mille deux cents milliards d’euros et que la dette avait grimpé jusqu’à près de 2.000 milliards d’euros.  En créant de la monnaie globalement à hauteur de plus de quarante fois la valeur de la production marchande française, le monde n’a pas connu d’inflation ! Un peu fort de café tout de même, surtout quand on relit toute la littérature économique sur l’inflation qui sert de base à l’enseignement de l’économie dans nos écoles et universités. Une pareille inflation de moyens de paiement aurait dû se retrouver dans les prix ! Cette bizarrerie ne fait pratiquement l’objet d’aucune étude sérieuse. Un nouveau credo s’est installé : la nouvelle économie ne connait pas l’inflation et le Covid ne changera rien à l’affaire, même si on essaie de compenser des pertes abyssales de production par des distributions de monnaies artificiellement créées.

Ce nouveau credo se doit d’être interrogé. Les sommes mises en jeu pour faire face à la crise sanitaire et sa durée sont tellement incertaines que nous risquons de graves surprises.

Un des premiers aspects qui saisit le regard est évidemment la survenue finalement assez fréquente ces dernières années de crises d’hyperinflation.  Le Liban en connait une en ce moment même. Mais l’Amérique du Sud et l’Afrique en ont porté un témoignage important. Maduro au Venezuela et Mugabe au Zimbabwe ont provoqué deux effondrements monétaires suivi d’une hyperinflation et de la réduction drastique de la production, avec ruine de la population et exode massif. L’Argentine n’est pas passé loin. Plus de 50 états ont une inflation fortement augmentée comparée à la situation d’il y a 6 ans. La hausse des prix n’est pas « à venir ». Elle est déjà parmi nous avec parfois des hausses considérables. Très peu de pays connaissent une baisse de l’inflation. En général ce sont des pays qui ont mis en place une politique stricte de désinflation comme l’Iran, dont l’inflation avait atteint plus de 40%.  Une vingtaine de pays vivent une inflation de plus de 10%.

Dès maintenant, l’inflation dans le monde est souvent forte et parfois désastreuse. Il est vrai qu’elle touche des pays habitués à une mauvaise gestion ou des pays accidentés par des tensions politiques ou militaires. Peut-on alors prétendre que l’inflation a été éradiquée pour les pays développés sérieux et ne demeure que dans les pays à problèmes de gouvernance récurrents ?

En France, l’inflation moyenne sur les 12 mois de l'année 2018 a été de 1.85%, en nette augmentation par rapport à 2017 (1%) et 2016 (0.2%). L’inflation est basse mais en hausse importante et continue jusqu’à la crise sanitaire. En Chine l’inflation en juillet 2020 est supérieure à 2.4% en dépit de la crise de Covid qui a asséché l’activité, alors que le taux de toute l’année 2017 était inférieur à 1.50%. 

Avant la crise sanitaire la pression sur les prix était réelle mais avec des résultats très faibles, la BCE ne parvenant même pas à obtenir l’objectif de 2% d’inflation pour l’ensemble de la zone Euro !

Il importe de comprendre pourquoi, si on veut apprécier, par contraste, la situation créée par la crise sanitaire.

La source de l’inflation monétaire depuis 1971 et l’abandon des changes fixes est bien connue : le système de changes flottants permet aux Etats-Unis d’accumuler des déficits phénoménaux, qu’équilibrent des excédents tout aussi importants au Japon et en Allemagne, puis en Chine et dans les autres Dragons asiatiques. Ces excédents sont recyclés dans les pays déficitaires et une double hélice de dettes se crée qui ne cesse de s’accélérer. A un moment elles deviennent problématiques et on a une crise financière et une récession associée. Ce mécanisme a été vérifié en 1973-74, 1981-1982, 1992-1993, 2002-2003, 2008-2009. La cause étant occultée ou niée, personne ne réforme quoi que ce soit et cela recommence.  A chaque fois des milliers de milliards de monnaies banque centrale sont émises que l’on retrouve dans la valeur des actifs mais pas dans les prix. Pourquoi ? Parce qu’on a ouvert l’économie mondiale aux exportations des pays à très bas salaires à partir des années 80, avec une formidable accélération à partir de la crise de 90. La différence de niveau de vie était telle et la main d’œuvre disponible tellement nombreuse que la Chine et les ex-pays socialistes ont pu capter une part majeure de la production mondiale dans la mesure où les énormes déficits extérieurs ne gênaient plus personne. Du coup les salaires ont été bridés dans les pays développés obligés de faire face à cette nouvelle compétition. Or l’inflation rampante s’accélère toujours par la hausse incontrôlée des salaires. Les récessions décennales provoquées par le système des changes flottants ont aussi pesé lourdement sur les salaires, le cumul d’un chômage de masse structurel et conjoncturel n’était pas vraiment propice à des accélérations salariales. 

Pour l’Europe la construction de l’Euro a imposé une politique financière rigoureuse (notamment depuis 1983 en France) et la stabilité de l’euro impose un contrôle des budgets par la Commission de Bruxelles. L’euro ne permet plus à la France de compenser sa sous-compétitivité accrue vis-à-vis de l’Allemagne par la dévaluation. Le rééquilibrage de la compétitivité passe obligatoirement par une dévaluation relative des salaires. En France les folies socialistes sur la durée de travail, l’âge de la retraite, la pénalisation des relations du travail et le délire de la dépense publique et donc de l’impôt, pèsent également très lourd sur les entreprises et le pouvoir d’achat.

Dans ces conditions les créations de monnaies se sont retrouvées dans les marchés financiers et dans l’immobilier. Les prix immobiliers ne sont pas pris en compte dans l’indice des prix. Donc pas d’inflation !

La crise de 2008 était pour l’essentiel une crise de surinvestissement boursier, bancaire et immobilier. La bulle a explosé créant un trou béant dans les comptes des banques. Les banques centrales ont créé 15 mille milliards de dollar de monnaie pour sauver le système bancaire. Un trou financier se trouvait ainsi compensé par une création financière. Il s’est agi en quelque sorte de jeux d’écritures assez virtuels. Evidemment la récession post éclatement de la bulle, elle, a créé du chômage et une pression à la baisse sur les salaires empêchant tout emballement inflationniste.

Les mécanismes décrits n’ayant pas été corrigés, la pression à la hausse sur les prix à la consommation est restée très faible. La petite hausse constatée dans les pays occidentaux a été provoquée par la reprise économique mondiale ou des circonstances de marché ou des tensions politiques. Jusqu’à l’arrivée de l’épidémie de Sars-Cov-2, le risque d’inflation était nul en France.

Les pays qui ont connu une hyperinflation sont pour l’essentiel passé par trois phases :

-        L’effondrement de la monnaie sur le marché des changes

-        L’effondrement conjoint de la production

-        La création de monnaie administrative en quantité astronomique.

Ce n’est jamais une inflation rampante qui s’est tout d’un coup emballée. Le Liban donne une parfaite image de ce mécanisme. L’effondrement monétaire à précédé l’hyperinflation.

Il faut garder en tête ce mécanisme. La mauvaise gouvernance et des taux de dettes astronomiques peuvent casser les changes dans un système de changes flottants non régulés et provoquer un effondrement économique. C’est un risque qui n’est pas négligeable pour la France.

Comment la crise sanitaire vient-elle s’insérer dans ce système inchangé ?

L’énorme différence tient à la nature de la crise. On a supprimé l’essentiel de la production pendant deux mois et des secteurs vont tourner avec un chiffre d’affaire fortement réduit pendant des mois. Les calculs les plus savants parlent d’une perte annuelle de production autour de 10%. En fait il ne faut pas oublier que le secteur public entre dans le calcul du PIB. S’il a réduit sa « production » (on parle de 17%, ce qui est énorme) il n’a en rien réduit ses rémunérations qui seules sont prises en compte par les statistiques de PIB.  La baisse globale de 10% sur le PIB global d’environ 2.500 milliards est à imputer sur la seule économie marchande dont la valeur ajoutée est de 1.250 milliards.  Les 250 milliards de pertes de production s’appliquent donc à ces 1.250 milliards. La perte est de 20%, pas de 10%.

Ces pertes ne sont pas toutes définitives, une partie des décisions d’achat ont été simplement différés et on fait l’objet d’un rattrapage pendant l’été. Mais une grande partie de la production perdue l’est définitivement. Le revenu correspondant à cette production n’est pas apparu. Il a été largement compensé par des versements d’état. Mais il est facile de comprendre que le circuit économique ne se boucle pas.  Une partie de l’argent versée va chercher ses produits à l’étranger, aggravant les déficits commerciaux français qui ont flambé depuis le confinement. D’autres achats se sont concentrés sur des secteurs en déficits de production et de stocks où ils ont déclenché une hausse des prix. Les autres secteurs, qui captaient une part importante du revenu, comme les voyages, l’hôtellerie, les sorties culturelles, ont été boudés par la clientèle par crainte du virus. La perte de recettes est massive. Les stratégies de prix ont été très variés : certains ont fait des offres attractives en baissant leur prix. D’autres ont eu une stratégie de réduction de leur offre en montant leur prix.  100 milliards d’épargne à court terme se sont immobilisés dans les comptes en banques et les bas de laine, à hauteur de la perte de confiance dans l’avenir. Si ces sommes venaient à se déverser sur les marchés, les tensions sur les prix seraient immédiates faute de production et de stock.   

Cette situation est susceptible de durer jusqu’à la fin 2020 et sans doute aussi en 2021. On commence à voir les prix déraper dans certains secteurs. Il n’est pas impossible qu’en continuant longtemps de compenser le revenu de production en l’absence de production, une certaine inflation se déclenche.  La hausse du chômage est censée jouer en sens inverse en pesant sur les salaires, ainsi que les importations. Si ce schéma est exact, les hausses seront donc plutôt ponctuelles et dépendant de la situation mondiale des marchés.  

Le consensus est qu’il y aura une certaine hausse de l’inflation mais relativement contenue et de nature à faire diminuer le coût des dettes  et à grignoter le surplus de pouvoir d’achat distribué sans production correspondante.  

Sauf en cas d’accident systémique ! L’énormité des dettes supportées par les Etats peuvent à tout moment provoquer une crise de confiance mondiale et des mouvements incontrôlables. La rupture des changes dans un pays parti à la dérive y apporterait dans la minute une énorme inflation. On dira qu’en France et en Europe l’Euro nous protège ! Mais si l’Italie et la France connaissent le même krach que la Grèce, l’Eurozone sautera.

A contrario il n’y a pas pour la France de relocalisation massive possible de production compte-tenu de la non-compétitivité du pays dans le cadre de l’Eurozone. Il faudrait pour cela une dévaluation et un contrôle des échanges, des instruments dont nous nous sommes volontairement privés. L’Euro s’apprécie vis-à-vis du dollar, ce qui est totalement incompatibles avec la relocalisation. On ne pourra relocaliser qu’à base de subvention en creusant les dettes et en créant des distorsions dans la compétition. Ou en prenant l’argent sur les pensions des retraités et en resurtaxant les « riches ». Tout cela n’a rien de durable. Les Enarques croient pouvoir jouer à ce jeu de bonneteau qu’ils pratiquent depuis 1983 avec les résultats que l’on sait. L’Europe fédérale, à ce jeu, ne protège plus que les pays excédentaires, et accable les pays qui se sont laissé aller à casser leur compétitivité comme la France.

Lorsqu’on voit la masse des difficultés anciennes et l’énormité des complications nouvelles, la persistance de systèmes inefficaces, dysfonctionnels et  chaotiques, l’inadaptation des politiques qui sont menées sur la base de réflexes d’un autre temps (comme la relance keynésienne en système changes flottants dont on sait qu’elle ne marche plus depuis celle de Chirac en 1975), l’irrationalité des contraintes que l’on accepte aux noms des petits oiseaux et du réchauffement climatique, le fait que partout on ne respecte plus aucun des principes avec lesquels on a justifié l’édification des nos institutions économiques, on ne peut qu’être troublé.

La prévision devient un exercice impossible. On en est réduit à constater des « surprises ». Aux Etats-Unis une de celles qui fait parler aujourd’hui c’est une hausse des prix soutenue et imprévue, largement liée à la hausse des produits importés du fait d’une dévaluation assez forte du dollar.   Même si le raisonnement permet de juger qu’en Europe une inflation sérieuse est difficile à imaginer, la complexité de la situation, l’inadéquation des politiques, la persistance des erreurs d’organisation, l’impossibilité de certaines réformes indispensables, tout laisse penser que quelque chose peu lâcher. Et cela pourrait bien être le niveau des prix avec une inflation beaucoup plus forte qu’anticipée.

La France peut-elle redémarrer ? Une vue d'en-bas.

La France se découvre ruinée, avec une économie disloquée. Le Covid n’a fait qu’accuser les béances. Le nouveau gouvernement parle de relancer l’industrie et de faire passer le local avant l’international. Pour cela il faudrait être compétitif. Mais pourquoi diable ne le sommes-nous pas ? Pas de solutions sans une analyse des causes. Evidemment le débat est esquivé.

La petite histoire que nous allons raconter est une histoire vraie qui date d’un peu plus de deux ans. Elle témoigne mieux que toute analyse microéconomique savante des causes profondes, au plus près des PME, des difficultés françaises.

Cet entrepreneur est spécialisé dans la menuiserie métallique. Il possède deux entreprises. L’une en proche banlieue tient boutique et fournit les particuliers et les artisans. Elle gère un stock et salarie six personnes. L’autre est en banlieue plus lointaine et fabrique des profilés et des solutions clés en main. Elle alimente la boutique en fonction des demandes enregistrées.

Un jour la mairie, prise d’une frénésie verte, qui a beaucoup d’analogie avec la diarrhée de même couleur, change la voirie. A gauche une voie de bus et taxis et à droite une double voie de vélos. Plus de voiture ; plus de camionnettes. Impossible de livrer le magasin ou pour les clients de venir retirer leurs commandes. Naturellement la mairie n’a fait aucune étude d’impact. « Il faut en finir avec la dictature du moteur et sauver la planète » a hystérisé l’adjointe aux « modes de déplacements pacifiés ». « Comment est-ce que je livre mon magasin et mes clients » est venu demander l'entrepreneur. Réponse : « Les intérêts particuliers doivent céder devant l’intérêt général. Il faut savoir dans quelle société et dans quel monde nous voulons vivre ».

L’entrepreneur ne peut que quitter les lieux. Il propose à ses salariés de venir travailler au siège de sa seconde entreprise. Deux acceptent immédiatement. Les trois autres refusent et pour mettre la pression font venir l’inspection du travail. Il constate que le magasin n’a pas de toilettes pour hommes, pour femmes et pour handicapés. Les transgenres n'ont pas encore le droit à un trîone ad hoc ! Constat : si on respecte les normes, il ne reste pas 10 m2 dans le magasin pour travailler. Et les handicapés ne sont pas artisans en menuiserie métallique en général. Amende. L’un des salariés veut une indemnité de licenciement de 70.000 euros. Il avait été trois ans en arrêt maladie payé par l’entreprise et n’était revenu que depuis trois mois ! On sait que cette règle de paiement indéfini des absents pour longues maladie est une des filières d’escroquerie salariale les plus fréquentes et a causé bien des drames. Pour soutenir son combat, il se plaint à l’inspecteur du travail de n’avoir eu aucun de vêtements et chaussures exigés par les normes. Il faut à l’entrepreneur retrouver le reçu qui prouve qu’il a donné l’argent nécessaire au salarié qui en fait l’a encaissé et n’a jamais acheté lesdites affaires.  La secrétaire prétend qu’elle est employée comme réceptionniste et non comme secrétaire et exige une indemnité compensatrice. Voyant qu’elle n’arrive à rien elle se met en arrêt maladie.

L’entrepreneur dépose le bilan de l’entreprise engluée après avoir récupéré le stock et laisse dans la cour une camionnette âgée et  en panne qu’il aurait fallu mettre à la casse à grands frais. Un liquidateur est nommé. Finalement la faillite coutera plus de 300.000 euros à l’état. Les trois salariés se retrouvent au chômage. Ajoutez les coôts d'indemnités sur deux ans pour avoir la facture de l'Etat.  L’escroc qui ne payait pas son loyer a fini par être expulsé. En fin de droit il est à la rue. Les deux autres cherchent aussi du travail…deux ans plus tard.

Les deux salariés qui ont accepté de bouger se mettent sous statut d’entrepreneur individuel et reçoivent chacun une prime de plusieurs dizaines milliers d’euros de création d’entreprise. Ils font le même travail qu’avant avec leur ancien patron. Mais chacun a retrouvé de la souplesse. Et l’Etat s’est montré généreux.

L’ennui est que le dépôt, plus lointain est moins fréquenté. Pour intervenir à Paris, grâce à Mme Hidalgo, c’est plus long et plus cher. L’entrepreneur a ouvert un nouveau dépôt en périphérie d’un ville moyenne de province. Il espère que cela compensera sa perte de chiffre d’affaire.

Le magasin est tjours vide deux ans après. La mairie s'active pour obtenir des fonds de l'Etat eet de la région dans le cadre de la "reconquête des centres villes". Elle songe à racheter les lieux pour en faire un local  mis gratuitement à disposition des innombrables associations qui lui servent à nourrir des copains et des agents électoraux.

Au total, le coût pour l'Eat dépassera certainement les 500.000 Euros, alors que l'entreprise disparue faisait à peu près ce chiffre d'affaire et versait des sommes importantes en impôts et taxes de toute nature. Si on tient compte disons de 5 ans d'activité perdue et coûts d'entretien du local, la perte dépasse le million d'euros. Et hop ! Pour être complet il faudrait ajouter les tourments des autres magasins de la rue et le coût de réfection de la chaussée. Chômage, impôts, dettes, pour dix vélos à l'heure dans la rue concernée. "On  s'en fout on a été réélu", avec une abstention de 65% et 12.5% des inscrits !

Et le Covid est arrivé. L’entrepreneur a été réactif. Il s’est lancé dans toute la France dans la mise en place d’hygiaphones et des séparations. Il a fallu négocier près de trois semaines pour obtenir le droit de circuler partout en France. Certains salariés ont exigé d’être mis au chômage partiel à ne rien faire alors que l’entreprise croulait sous les demandes. Il a fallu passer contrat avec une entreprise d’ex-Yougoslaves pour avoir des ouvriers détachés spécialisés. 

L’entrepreneur a fini par licencier deux salariés « qui ne voulaient pas risquer leur vie pour le profit du patron ». Il continue avec ses travailleurs détachés. L’affaire est aux prud’hommes.

Mitterrand et les socialistes ont donné le pouvoir aux salariés de dire non à tout. Ils en abusent et ne se rendent pas compte qu’au bout du chemin ils sont perdants. Les lois ont rendu intolérablement complexe presque tout. Les mairies prises par le prurit verts tuent l’activité sans même s’en soucier.

Les relations entre citoyens, élus et fonctionnaires sont devenues également impossibles.

L’entrepreneur est pris dans des relations conflictuelles artificielles à tout moment en interne ou en externe. Pour survivre il est obligé à se mettre lui-même dans une situation de combat et de jouer les défauts des lois.  A la fin tout le monde tire sur la ficelle.

Les deux victimes : l’état, sollicité de toute part et l’emploi national. Des histoires comme celle qui vient d’être racontées, il y en a des milliers chaque année en France. Pas des dizaines, des milliers. Certaines tournent très mal. Avec des suicides de patrons et salariés (jamais de fonctionnaires ni d’élus locaux) et des violences inédites. Les nouvelles lois en faveur des minorités compliquent encore les choses. Dès le début d’un conflit, on parle viol ou racisme. Gérer une entreprise devient insupportable. Les juges prennent toujours le parti des salariés ou de l’état. Tout est devenu pénal.

Et dès que l’entreprise gagne un peu d’argent le fisc se radine et les syndicats se mettent en branle (si l’entreprise a plus de 20 salariés). 

Pendant longtemps, les mairies étaient plutôt favorables aux entreprises. L’arrivée des Verts et des hystériques de l’écologie a tout changé. A Paris les artisans ne peuvent plus travailler ! Les magasins et restaurants sont restreints à une zone de chalandise piétonnière et périclitent. On ne va au théâtre à vélo.

Avec le Covid, la société est sortie en état de léthargie. Plus personne ne veut travailler.

Naturellement, cet état des lieux ne sera jamais fait. La démagogie du droit de retrait et du « je fais ce que veux et pas ce que tu veux, infect patron !» est partout à l’œuvre. La vague de démagogues nouveaux ou la confirmation électorale des étouffeurs municipaux traditionnels comme à Paris annoncent encore plus de difficulté pour ceux qui veulent entreprendre et créer de la richesse.

Alors on parlera de relocalisation et bablabla. Mais rien ne sera fait pour reconstruire une base entrepreneuriale solide. Faisons confiance à nos Enarques, qui se veulent les arbitres des élégances sociales et qui ne cessent de créer des normes intolérables et ingérables, creuser les déficits et empêcher la prospérité.   

Revenu moyen des Français : le même qu'en 1980

40 ans de perdus

La France intellectuelle dominante est depuis des lustres un bouillon d’anticapitalisme fervent, tendance socialiste cassoulet avant-guerre puis marxiste-léniniste, ou franchement communiste dans l’immédiat après-guerre, avant de sombrer dans le trotskisme et le maoïsme, désormais un peu passés de mode et remplacés depuis peu par un écologauchisme, teinté d’indigénisme et de n’importe quoi du plus bel effet. Les virus varient comme chacun sait, et le bouillon de culture socialiste français, désormais ensemencé par le radicalisme des campus américain plus que par la révolution cubaine, est propice aux plus extrêmes mutations.

Les Français n’ont pas de chance avec leur idéologie progressiste (mais anti progrès )  dominante. Bercés par ses recommandations, Ils se croyaient super malins de danser au son de l’accordéon dans les usines au moment où Hitler réarmait et se proposait d’envahir le pays. Il le fera en 15 jours chrono. C’était exactement il y a 80 ans. Bravo ! Ils se proposaient en mai 68 de changer la vie et tuer la société de consommation, et ils eurent la crise de 1973-74 qui allait faire durablement dérailler la croissance. On leur a dit : c’est le moment de passer à autre chose et de devenir européens. Et l’Europe les a asphyxiés et ruinés en acceptant de jouer le jeu financier international qui mènera à la crise de 2008. Depuis quelques temps, toujours avec les mêmes guides, ils voulaient tuer l’économie au profit théorique de la nature et la nature leur a envoyé un virus qui a tué l’économie.

Cet art dans l’appel à la catastrophe est tout à fait remarquable. Le Français, né malin, aime le désastre et la flagellation. Il l’appelle de ses vœux avec insistance. Il suffit de décompter le nombre ahurissant d’abrutis qui profitent de la crise sanitaire pour se faire valoir en gourou cosmoplanétaire et empestent les médias officieux ou officiels de leurs invectives et imprécations pour faire avancer leur fortune.

Tous, naturellement, sont « anticapitalistes ».

A ceux qui croient que le socialisme extrémiste, dans l’ensemble de ses représentations, est un vrai bonheur national, il suffit de produire une seule statistique : celle du revenu moyen des français.

Les chiffres suivants proviennent tous de l’Insee.

En 1960 le revenu moyen d’un Français était de 9.900 Euros par an.

En 1980, malgré la crise de 73, malgré Giscard et l’accumulation de ses erreurs (autant de concessions aux intellectuels de gauche), il était passé à 19.300.

Soyons simple :

-        Le revenu moyen des Français a doublé en 20 ans.

En 1990, il était à 20.900. Stagnation complète. Mitterrand était passé par là. Ajoutez Jospin et Aubry, les 35 heures et autres sottises et, en 2004, il était à 22.900.

Nous en sommes, fin 2019, autour de 23.440 avant le coronavirus et nous allons perdre en gros 10% de cette somme dans l’année. On sera à la fin de l’année 2020 autour de 20.000, soit quasi exactement là nous nous en étions quand Mitterrand est arrivé.

Restons simple :

-        Quarante ans pour rien !

La France n’a plus rien, plus d’industrie, plus de système de santé, plus de diplomatie, plus d’action culturelle extérieure, plus de justice, plus de sécurité, plus d’enseignement, une armée qui marche avec des ficelles et qui n’ose plus frapper. Ne parlons pas de la créativité culturelle, devenue une révocul pour débiles mentaux et attardés de salles subventionnées et désormais de festivals annulés, jouée par des intermittents du spectacle qui sont des permanents de la mangeoire publique.  Mais attention : nous sommes parvenus à des sommets insurpassables en matière de bureaucratie, de dettes, d’impôts, de dépenses publiques, de chômage.  Là, nous sommes les champions du monde. Incapables, ruinés, asphyxiés, marginalisés, mais contents avec en plus une société en voie de destruction (on dit archipélisation dans les milieux bien élevés). Notre chômage incompressible est un des plus haut du monde et il va à nouveau exploser autour de 12 à 13%.

Mais nous sommes heureux : n’étions-nous pas près de 66% accrochés au budget de l’état au second mois de la crise sanitaire ! Formidable. Une acmé jamais espérée ! Et notre bienaimé Président l’a dit, l’Allemagne va nous prendre sur sa remorque ! En matière de dettes nous devenons de vrais Argentins avant de tenter le bolivarisme. Encore un effort et la seule dette publique représentera près de trois ans de production marchande !

Alors que nous rattrapions jusqu’en 1980 le revenu moyen par tête des Américains, le programme commun de la gauche et la démagogie inlassable de Mitterrand ont cassé le ressort. Nous revoici en dessous de 50% du revenu des Américains que nous plaignons tous les jours pour l’horreur de leur situation. Nous sommes semés par les Allemands qui ont cru de 15% de plus que nous en 20 ans, en partant de plus haut.  Nous disons stagnation mais la vérité est dans la comparaison internationale :  nous vivons une paupérisation relative depuis 39 ans et une paupérisation absolue cette année.  

Alors, tout soudain, un gouvernement constate que les infirmières françaises sont moins payées que la moyenne des infirmières européennes. Mais, Messieurs du Gouvernement, c’est toute la France qui est dans ce cas, sauf la caste des hauts fonctionnaires, qui a continué, le plus souvent en couple, à arrondir son pécule, en cannibalisant la politique et ce qui reste d’entreprises publiques. N’avez-vous pas entendu parler des Gilets jaunes ?

Il n’est pas très difficile de repérer un malfaisant dans nos médias dès la première phrase. « Il faut savoir la société que nous voulons ». Cela vous pose. C’est que vous voulez quelque chose et que vous savez quoi. Quelle force, quelle énergie et quelle bonté, car naturellement, ce que nous voulons, c’est empêcher ces épouvantables capitalistes, cupides, de ruiner les pauvres et la terre ! Le bonimenteur est toujours soit quelqu’un du monde médiatique qui a fait fortune sans trop se fatiguer et qui veut encore un moment de notoriété et de pouvoir, soit un prébendier sur fonds publics en mal de reconnaissance, d’argent et de pouvoir. Ces doctrinaires ou ces opportunistes ne parlent jamais de la stagnation totale du revenu par tête depuis 40 ans mais recommande avec frénésie les moyens d’y parvenir. Quand vous leur faites remarquer que depuis qu’on suit leurs recommandations, le pays ne progresse plus et que la misère gagne, hop ! la ritournelle ressort : « il faut savoir la société que nous voulons ». Comme si les pauvres voulaient rester pauvres au nom du socialisme et des petits oiseaux.

Le pire entendu dans les derniers 15 jours sur nos chaînes télévisées est le fait d’un immonde personnage doublé d’un illustre inconnu (une aubaine pour les chaînes d’information continue) , expliquant aux commentateurs énamourés qu’il fallait que la BCE donne (sic) trois ans de chiffre d’affaire à Airbus pour que l’avionneur se convertisse « à quelque chose d’utile » et qu’après ce serait formidable. Ce crétin (que dire d’autre ?) rayait de la carte tout transport aérien, tous les sous- traitants d’airbus, tout notre approvisionnement en devise, en inventant l’argent sans prix donné par les autres, sans une seule idée des produits à fabriquer, des coûts énergétiques et de la pollution correspondante. Il a péroré ainsi de longues minutes dans le silence des autres.  Un chef d’œuvre d’annihilation totale de la réflexion par la pensée magique. Et personne ne lui a botté les fesses.

Il faut dire que pour nos nouveaux gourous, tout ce qui reste de la force industrielle de la France doit disparaître : les avions et leurs moteurs, le spatial, le nucléaire, l’automobile, après la pharmacie, les télécommunications, la mécanique, les ordinateurs, les logiciels mondialisés … La crise sanitaire n’est pas un drame mais une opportunité ! Vive la peste ! Viva la muerte !

Un autre exemple effarant est celui de Mme Hidalgo qui à Paris, n’a jamais prononcé le mot « travail » depuis 20 ans. Il est vrai qu’elle était inspectrice du travail et que du travail il n’y en a plus guère à inspecter. Mieux vaut créer des pistes cyclables pour embêter les automobilistes, et arroser lourdement les associations pour être réélue. Travail, travail, travail, et quoi encore ! La dette est passée à Paris, en 20 ans, de rien à 8-9 milliards, en attendant mieux. Pourquoi se gêner ?

Dans 40 ans, à ce rythme-là, les Français de souche ne seront plus majoritaires chez eux et leur revenu aura baissé de moitié par rapport aux autres nations. La stagnation est une chose. La dégringolade et la disparition en sont une autre. Est-ce bien là « la société française que nous voulons » !

Qu’on ne dise pas : c’est impossible ! Les Français viennent de vivre 40 ans de stagnation de revenu moyen et de paupérisation relative sans même s’en rendre compte et sans que personne d’ailleurs ne le lui rappelle. Cet exploit de longue durée n’avait jamais été réalisé depuis 1789 ! Pas un seul journaliste n’a osé simplement le dire même furtivement. Pas un seul. Pas un seul homme politique. Pas un seul parti.

La crise sanitaire est un désastre et ceux qui en sont morts nous rappellent sa gravité. Sur un plan national ce n’est rien à côté du désastre mental, social, politique et économique qu’aura été le gauchisme socialiste post soixante-huitard, le triomphe de l’énarchie compassionnelle, la dissolution nationale dans un européisme soumis aux américains, l’acceptation de systèmes monétaires internationaux et européens dévoyés et finalement l’institution d’un système qui n’est plus vraiment démocratique, où souveraineté, libertés publiques et droits de propriété sont en voie de dissolution.

Français, comprenez ce qui vous arrive ! Reprenez-vous ! La course à l’abîme n’est pas votre vocation. Vous avez été autre chose tout de même. Un peu de courage, un peu de lucidité ! Rien de tout cela n’est obligatoire.   

La défaillance française de production médicale

Exiger sans comprendre : la recette de futurs désastres

Bossuet, dans la magnifique langue de son siècle, a fait un sort au ridicule qui consiste à chérir les causes des conséquences dont on se plaint. Les sondages portant sur « ce qui doit changer » nous alertent à nouveau sur la permanence de ce piège. « Il faut rapatrier la production de médicaments en France » est sans doute l’assertion qui se discute désormais le moins.

Tant mieux ! Nous-même la répétons depuis des lustres dans ces colonnes. Nous l’avons illustrée dans notre livre « L’Etrange Désastre » comme le symbole d’un effondrement français calamiteux.  Mais voilà : comme nous portons cette cause depuis longtemps nous savons bien quels sont les mécanismes qui ont provoqué ce qui est dénoncé, et l’extrême difficulté de les entraver et surtout de changer l’horlogerie des rouages qui les explique.

Cette expatriation dommageable de la quasi-totalité de la production des médicaments principaux paraît très simple à régler. « Messieurs des labos, à vous de jouer ! Relocalisez, bande de cupides qui avaient choisi d’importer pour vous faire des c… en or ».  L’injonction-dénonciation est facile. Les perroquets se sont engouffrés. En fait tous les labos savent produire les principes actifs. Ce sont les excipients et toute la chaîne de conditionnement, d’emballage, d’étiquetage, de logistique, qui ont été totalement sous-traités, sauf pour certaines spécialités où même le principe actif est abandonné, comme la pénicilline.

En vérité, l’expatriation des productions est liée en premier lieu à l’imposition bureaucratique des génériques, sans droits, avec des règles composition plus lâches et moins contrôlées, dans tous les pays à sécurité sociale et notamment en France, au moment même, seconde difficulté, où l’ouverture totale des frontières dans le cadre de l’OMC à la Chine et à l’Inde était imposée.

Si les médicaments sont « gratuits », c’est-à-dire payés collectivement et non par les usagers, la ruine du payeur et la gabegie de la consommation conduit automatiquement à des mesures extrêmes. Quand Fidel Castro a voulu instaurer la gratuité du pain, l’état cubain n’a bientôt plus pu financer cette folie. Alors il a fusillé quelques consommateurs abusifs qui nourrissaient leurs cochons avec du pain gratuit et quelques paysans « profiteurs et accapareurs ». Et il a tout abandonné devant le bain de sang qui se profilait.  Comme en France on ne peut plus décemment fusiller quiconque, on a préféré imposer les génériques et exigé des laboratoires qu’ils baissent leurs prix au plus bas de l’offre mondiale.

C’est donc la production nationale de médicaments qu’on a fusillée. En même temps, on a bien été obligé de constater qu’il y avait un abus consternant de prescriptions de médicaments et on a commencé à contraindre le consommateur. Campagne de pub sur le fait qu’on était le premier pays consommateur de médocs, restrictions sur la prescription d’antibiotiques, popularisation d’idées fausses comme l’inutilité de prendre des antibiotiques contre les maladies virales, interdictions ou limitations, imposées aux médecins, de prescrire et aux pharmacies de délivrer, autre chose que des génériques, déremboursement des médicaments de marque etc.

La pandémie de Sars-Cov-2 a souligné que l’accès à des fournitures extérieures majoritairement fabriquées en Chine et en Inde était aléatoire.  Mais les ruptures de livraison existent et se multiplient depuis des années, dans l’indifférence générale, avec exactement les mêmes raisons que ce qu’on a vu pour les masques : les surenchères diverses sur les prix et les conditions de paiement de tel ou tel pays privent les autres des produits commandés. Comme la France s’appauvrit relativement et que sa bureaucratie est incapable de flexibilité, les ruptures augmentent.  CQFD ! Ce qu’on appelle un cercle vicieux.  

Dans l’Etrange Désastre, nous dénoncions les deux sources de cette calamité :

-        Le choix d’une mondialisation fondée non plus sur le rattrapage des pays émergents mais sur la substitution de localisation des productions permettant de créer des oligopoles mondiaux en déplaçant toutes les productions vers la Chine, devenue, dangereusement, l’atelier du monde.  Cette optique, associée aux changes flottants qui permettent tous les déséquilibres, a été imposée par les Etats-Unis, qui se croyaient devoir être le vainqueur de cette conquête, et mis en musique par l’Union Européenne qui lui est bassement inféodée.

-        La gratuité du petit risque, qui crée une gabegie intenable et entraîne des comportements bureaucratiques répressifs sur l’offre et le demande.

Une telle dénonciation ne pouvait trouver d’éditeurs grands publics tant l’information est cadenassée en France. C’est donc les Editions du Cercle qui l’ont diffusée.  Le verrouillage de l’information en France a été cruellement illustré par la crise sanitaire. Tout le monde a désormais compris. On n’entend, en France, qu’une information préparée, anesthésiée, filtrée, épépinée, moraliste, conformatrice, sectatrice, castratrice. Elle n’a pour but que de rendre bien-pensant et docile le populo. L’affaire des masques inutiles tant qu’on n’en avait pas, obligatoires sous peine d’amende exorbitante dès qu’on en a eu un peu, est fulminante et infâmante. Tout est possible. Les bornes de l’information contrôlée étant dépassées depuis longtemps, il n’y a plus aucune limite.

Du coup, il est inutile d’espérer qu’on aborde les grandes questions posées par le rapatriement de la fabrication des médicaments en France.

  1. Accepte-t-on de supprimer la gratuité presque totale de la couverture du petit risque et à 100% de maladies au long cours ? (Pour l’anecdote c’était le thème de notre premier billet en juin 2008 sur ce site, 12 ans déjà !).
  2. Accepte-t-on de rétablir la liberté dans les prescriptions dans le cadre d’un tarif de responsabilité qui différencie les remboursements ?
  3. Accepte-t-on de mettre fin au ARS et au triomphe de la bureaucratie à la soviétique dans le domaine médical ?
  4. Accepte-t-on de renforcer le poids de la médecine et de ramener celui de la science à des proportions plus justes ?  On a vu qu’au nom de la science on ne recherchait plus que des molécules nouvelles hyper chères, avec cette dichotomie totalement ahurissante entre une élite médicale politisée (socialiste) cherchant fortune auprès des grands labos et une bureaucratie ruinant les grands labos.
  5. Accepte-t-on de sortir de la politique européenne d’ouverture totale des frontières et de concurrence absolue ?
  6. Accepte-t-on de sortir de la tutelle américaine ?
  7. Accepte-t-on de mettre fin aux changes flottants qui permettent tous les déséquilibres ?
  8. Accepte-t-on de multiplier par quatre le prix des médicaments en France ?

Pour l’amusement, il est facile de faire le constat des réponses des différents partis qui luttent politiquement en France.

  1. Non général ! Socialisme et féminisation de la société l’imposent.
  2. Non à gauche ! Heu à droite !
  3. Heu général !
  4. Heu général !
  5. Oui général sauf chez les européistes à tout crin !
  6. Oui général !
  7. Heu général !
  8. Non général !

Entre ignorance, réflexes pavloviens, idéologie, appétit de consommation médicamenteuse et soucis de sa petite santé, il n’y a aucune politique sérieuse, touchant aux causes, qu’il soit possible de mettre en œuvre en France.  Aucun des gourous dénonciateurs que la période a fait pulluler ne se saisira avec réalisme du problème. Bien trop complexe et dangereux.

Alors on va faire semblant, avec un lot de demi-mesures, le tout noyé dans une com’ orientée expliquant que le problème est réglé. L’Europe spécifiera des domaines stratégiques, avec les stocks afférents. On réouvrira quelques ateliers témoins. Les chaînes d’infos passeront des reportages édifiants où on verra quelques machines sortant à toute vibrure des milliers de pilules avec un commentaire chargé d’émotion et de reconnaissance. Peut-être même une bienveillante caméra accompagnera un Président, premier de cordée, pendant une visite en tenue médicale Gucci dans le dit laboratoire et qui fera ensuite une analyse de cinq heures des bienfaits de la relocalisation heureuse, avec bronzage intensif, œil bleu renforcé et zozotement gommé.

Et stop !  

Dormez tranquille !

Sauvy ! Reviens ! La réflexion démographique se meurt, comme la natalité française !

La démographie est aujourd’hui plus que jamais un terrain miné, ce qui n’aurait pas surpris Alfred Sauvy qui, le premier et dès l’entre-deux guerres, a été confronté à l’envie de non-dit et surtout à la propagation d’erreurs tragiques mais que certains souhaitaient entendre et diffuser.

Les statistiques démographiques sont aujourd’hui ou interdites ou torturées lorsqu’on évoque le vieillissement et le « grand remplacement », c’est-à-dire la substitution de la population indigène par des groupes venus massivement d’ailleurs et qui sont d’ores et déjà devenus majoritaires dans certaines parties de la France. Certains groupes, dès qu’ils sont majoritaires, écartent les mœurs locales et veulent imposer leurs propres conceptions dont certaines sont plutôt éloignés du modèle français de démocratie et de liberté.

La négation démographique pèse lourd dans les phénomènes politiques et économiques. Elle crée des contradictions insurmontables entre doctrines et effets de l’application des doctrines. Elle obère gravement la manière d’observer et d’interpréter la réalité. Certains démographes sont devenus d’incontournables « menteurs compulsifs » et imposent l’histoire rêvée que le politiquement correct du moment exige, qui est actuellement « de gauche ». Donc les faits sont « fascistes », comme on disait à l’Odéon en 1968, et ne doivent pas empêcher de penser bien. Vis à vis de telle réalité la gauche bien-pensante, à la remorque des socialistes révolutionnaires (Trotskistes et Communistes résiduels, Marxistes indécrottables, hyper-gauchistes, Verts anti-capitalistes, Anarchistes violents, technicien de la révolution pour la révolution,  ex-Maoïstes regrettant leur jeunesse où ils applaudissaient aux exécutions de masse en Chine de « mandarins » par leur propre enfant et la Révolution Culturelle…) a toujours appliqué la séquence popularisée par Léon Chaix : occultation, le plus longtemps possible, négation, quand on ne plus cacher, minimisation quand on ne peut plus nier et exonération quand les faits s’étalent dans leur splendeur. Cette manière de faire protège son magistère et sa domination de l’opinion.

Nous sommes de ceux qui ne comprennent pas vraiment pourquoi on devrait accepter une telle obfuscation de l’observation et de la réflexion sur des faits de sociétés majeurs.

Le plus gros mensonge est d’avoir fait croire pendant des décennies que la natalité « française », contrairement aux autres pays se maintenait fort correctement. L’Italie, le Japon, l’Allemagne et les pays de l’Est récemment libérés du joug communiste faisaient figure de cas maladifs, avec  des taux de fécondité très en dessous des seuils de renouvellement de la population, et des baisses effectives de la population globale dans certains pays, très visibles comme au Japon.

En vérité, le phénomène a été exactement le même en France pour les Français de souche. Comment le savoir puisque les statistiques de ce type sont interdites ? Rien de plus simple. Certains sites de généalogie présentent des statistiques totalement publiques sur les lignées proprement françaises, c’est-à-dire sur les noms de famille prévalents en France depuis 1890. En suivant la natalité de ces lignées, on obtient des évolutions frappantes par leur convergence.

On connait par exemple pour les dix noms les plus répandus actuellement en France et l’évolution des naissances par tranches de 25 ans (1890-1915, 1916-1940,1941-1965, 1966-1990). Malheureusement il manque la séquence 1990-2015, le site (philae)  ayant voulu montrer les résultats sur un siècle seulement.

Pour les confinés curieux qui ont du temps à utiliser intelligemment, il suffit de prendre soit les 10 premiers noms, soit les 100 premier, soit cent noms au hasard, et de faire les additions et les comparaisons.  Nous l’avons fait et il n’y a pratiquement pas de variations dans les résultats. Il est donc peu probable qu’en faisant une addition exhaustive ont trouve une variation significative.

Donnons ici les résultats sur les dix premiers noms puisque tout le monde peut faire la vérification en moins d’une demi-heure.

C’est une population d’environ 1.200.000 personnes que l’on peut suivre sur un siècle. L’étiage 1890-1915 est très bas, avec moins de 210.000 naissances en une génération. Le malthusianisme du XIXe siècle est bien connu. Il a été accusé par la grande stagnation de la fin du siècle, après la défaite de 1870 et la perte des réserves d’or de la France, qui a permis à l’Allemagne de fonder le Mark, mais assommé l’économie française.  Après la saignée de 14-18, la courbe des naissances se redressent de 25% avec autour de 262.000 naissances. Ce n’est pas un « boom » mais les mesures natalistes et les alertes démographiques commencent du fait des pertes de la guerre et du grand nombre de femmes qui ne peuvent pas trouver mari. « Sans doute, l'opinion française n'a-t-elle pas encore saisi la liaison étroite, directe, entre les difficultés aiguës que nous connaissons actuellement et le mal chronique, indolore à ses débuts, qui nous touche depuis plus d'un demi-siècle... » écrit Sauvy, sans distinguer entre la première et la seconde partie de ce demi-siècle. Le boom arrive entre 1941 et 1965, avec plus de 355.000 naissances soit une hausse de près de 40% sur le quart de siècle précédent et près de 70% par rapport à la fin du 19e siècle.

Rappelons qu’il s’agit de lignées proprement françaises, portant les noms les plus portés il y a plus de cent ans et probablement depuis plusieurs siècles. La lignée des Martin remonte aux Romains !  

Que se passe-t-il entre 1966 et 1990 ? Le chiffre baisse ! On ne constate plus que 321.000 naissances. La baisse est de 10%, ce qui peut paraître faible. Compte tenu de la diminution de la mortalité, il est probable que le nombre de membres des lignées concernés à continué de croître. Mais la chute a commencé, sous l’effet de mai 1968, de la légalisation de l’avortement, de la destruction du mariage, de la « pilule » qui permet la liberté sexuelle des femmes sans le risque d’enfantement et de l’action des mouvements féministes qui refusent que la femme soit considérée autrement que comme un homme comme les autres et exigent qu’elle s’éloigne des nécessités de l’enfantement et de la famille. Dès les années 70, on ridiculise le discours nataliste. Michel Debré est caricaturé avec un entonnoir sur la tête comme un foldingue du « natalisme » qui renverrait les femmes à leur rôle primaire de poule pondeuse et à leur fonction sociale de maîtresse du gynécée.  Les démographes qui dans la foulée de Sauvy, avaient souligné l’importance d’une natalité forte sont écartés au profit des servants du nouveau discours.  Il n’y a aucun problème démographique ! Pas d’inquiétude ! Certes les femmes ne font plus d’enfants aux âges habituels mais elles le feront plus tard. Ce discours tenu par exemple par Le Bras dès le début des années 80 s’est sublimé sur la côte Ouest des Etats-Unis où les post modernistes suggèrent que les femmes congèlent leurs ovules pour faire des enfants lorsqu’elles seront à la retraite !

La femme au foyer se retrouve bientôt seule, sans repères sociaux et ridiculisée par les journaux féminins qui jusque-là valorisaient ses tâches traditionnelles. Des journaux comme Marie-Claire migre vers les bons conseils érotiques et abandonnent les aiguilles à tricoter, comme les recettes de cuisine. Cosmopolitain, sous inspiration féministe américaine, est une revue entièrement tournée vers les exigences de la nouvelle femme qui se comporte comme un homme, trompe son mari sans vergogne, se réalise sur tous les plans, aspire à l’égalité des salaires plus qu’à créer une atmosphère aimante dans sa famille, etc. Le taux de divorce augmente rapidement et atteint près de 50% des ménages mariés à Paris dès les années 80 (on n’en est aujourd’hui à près de 75%) . Giscard est passé par là et Mitterrand accélère la cadence.

Ce changement de paradigme est l’explication majeure de la chute de la natalité, alors que la mortinatalité, encore forte au lendemain de la guerre, devient très faible.

Une baisse de la natalité de notre échantillon parait faible mais le taux de 10% est trompeur car le nombre des femmes en âge de procréer ayant augmenté de 40%, on aurait dû retrouver une hausse, même plus faible. . En fait le trou entre la valeur qu’aurait donné la prolongation de la tendance précédente et le chiffre réel se situe sans doute entre 40 à 50%. Il s’agit bien d’une rupture significative et d’une grande ampleur.

On ne connait pas les chiffres de l’échantillon pour la période 1990 à nos jours, mais on sait quel a été le désastre global. Selon l’Insee le « taux de natalité » qui était de 20.6 pour mille en 1950 et passé à 11.8, soit une baisse de moitié. L’indicateur de fécondité est descendu à 189 venant de 294, en tenant compte des naissances de mères immigrées, donc là encore il s’agit d’une baisse de près de 50% pour les autochtones. Tout s’est accéléré.  On sait les mesures antinatalistes assumées prises par Hollande et Macron. Désormais et depuis désormais plusieurs années, le nombre des naissances globales baisse, de plus en plus lourdement, alors que les chiffres tiennent compte de la surnatalité des familles immigrées venues par le regroupement familial, l’immigration légale et illégale.

La rupture constatée en 1990 est donc devenue « une descente aux enfers » et il est désormais certain que la population globale de notre échantillon a commencé sa baisse et pas seulement celui de ses naissances. Ajoutons que la surmortalité des personnes âgées due au Sars-Covid-2 va frapper principalement les populations enracinées qui ont plus subies le vieillissement que les nouveaux entrants.  

Si on tient à une bonne appréciation démographique, il faut donc admettre qu’on assiste aujourd’hui à la réduction progressive mais accélérée des lignées françaises anciennes, qui ont dû atteindre leur pic autour de l’an 2000, au profit des populations immigrées puisque la population globale continue à augmenter en France. La seule incertitude n’est pas de savoir si les populations natives deviendront minoritaires mais si elles le seront en 2060 ou en 2100.

Il reste à déterminer si la substitution de population dans une ancienne « patrie » devenue un « territoire » avec des archipels ethniques ou culturels en tension, est une bonne perspective ou non. Le politiquement correct du moment exige qu’on affirme que oui mais ne veut pas qu’on sache que l’affaire est en cours, sorte d’hommage du vice à la vertu. L’instinct patriotique stipule que non, mais est encouragé à se taire. Il y aurait quelque honte passéiste à s’en prévaloir. Un tel déchirement est pénible car ce débat n’a rien de vénéneux et porte sur des aspects réellement fondamentaux de ce qui fonde l’organisation sociale, la nation et le régime politique.

Il est clair qu’un pays qui se ferme et ne fait plus d’enfants va faire face à de graves inconvénients. Au Japon, les économistes ont déjà calculé que certaines villes ne pourront bientôt plus faire face à leur entretien. Comme les grands châteaux qui étaient fait des villes associées à un régime social sont tombés en désuétude puis en ruine, des villes entières subiront le même sort.  Au Japon la population a baissé d’environ 2.000.000 de personnes depuis son pic, soit une ville comme Paris. L’Allemagne a une population stagnante et même légèrement déclinante depuis longtemps. La population de la Turquie qui était à peu près le quart de celle de l’Allemagne il y a cinquante ans est désormais quasiment la même. En termes de pouvoir politique et de diplomatie, l’effondrement démographique a un impact violent, comme on le voit dans les discussions Merkel Erdogan.

 

Du point de vue des libertés individuelles, il n’y a guère débat. La possibilité offerte à chacun de ne se pas se heurter à des interdictions de séjour et de contrat est une extension des possibilités de se réaliser. C’était le fondement de la Communauté européenne : « Je ne te crains pas, voisin européen et je t’accorde chez moi, les « droits de » qu’exercent à mes propres citoyens ». Il y a juste un hic : « est-ce qu’il est légitime que je ne te craigne pas ? »  Le Royaume-Uni entrant que nation souveraine a jugé au vu de l’expérience qu’il y avait beaucoup à craindre.

Du simple point de vue économique, il n’y a pas plus de question non plus. L’économie ne distingue pas le genre, la nationalité, l’origine ethnique des acteurs, qu’ils produisent, consomment ou épargne. Dans un pays en épuisement démographique, l’apport quantitatif de l’immigration peut être très bénéfique, avec un vieillissement global retardé, l’élargissement du marché intérieur, la disposition de plus de salariés, une plus grande énergie, liée à la jeunesse. La baisse de la natalité comme au Japon, a des effets au début très favorables (le capital se retrouve dans moins de mains, avec un effet richesse), mais à terme, on tombe obligatoirement dans la régression économique.  Là aussi, il y a juste un hic : que le pays reste concurrentiel et conserve son plein emploi, sa croissance et ses réserves de précaution.

Du coup le débat se déplace sur le terrain du système politique et social. Faut-il des politiques publiques et si oui, comment résistent-elles à une extinction graduelle de la population soit à la substitution d’une population par une ou plusieurs autres ?  La question est d’autant plus forte si on a construit un état-providence, qui risque de devenir un open bar pour le monde entier.   

Si le système social pousse à l’intégration immédiate de l’immigration par le travail avec une volonté de minimiser les inconvénients d’une immigration de peuplement, dans une économie compétitive et florissante, réticentes à distribuer le fruit du travail des uns pour satisfaire le besoin de consommation des autres, mêmes inactifs, le doigt est constamment sur la jauge et sur les flux, l’immigration peut être un moyen de compenser les chutes de naissances. Mais faut-il abandonner tout objectif nataliste national de redressement de la fécondité et laisser aller les choses jusqu’au remplacement de population ?  

En choisissant l’offuscation au détriment de la réflexion, les politiques Français stérilisent un débat fondamental et certains peuvent penser que la France a perdu toute chance de convertir l’immigration en force complémentaire de son propre dynamisme au nom d’une forme de nihilisme individualiste porteur des pires maux.

Aujourd’hui le pays voit son « stock » dévitalisé, comme disent les éleveurs de chevaux, et remplacé progressivement par un stock extérieur qui n’a pas été mis en position d’être pleinement utile à la nation, alors qu’il subit de plein fouet les effets délétères de ses options socialistes ou social-démocrates, bureaucratiques et gauchistes, en matière de santé publique, d’éducation, de justice, d’activité économique, de fiscalité et d’endettement etc.

C’est sur cette base démographique hasardeuse que le pays, ruiné, affronte le drame humain vécu par la partie âgée et l’effondrement économique en cours, du fait du Sars-Cov-2, dans l’imprévoyance totale de ses dirigeants.

Il est regrettable que les préoccupations démographiques qui, sont une réalité profonde à larges effets et qui impacte la plupart des grandes questions nationales, soient à ce point mis sous le boisseau et écartées du débat public, alors qu’elles conditionnent largement la conception des politiques à conduire.

L’étonnante convergence des idées économiques et monétaires saugrenues

Profitons des derniers instants où l’on peut parler économie avant que le coronavirus emporte tous les esprits. Nous vivons une de ces périodes d’après récession, dont on sait qu’elles sont propices aux repentances, aux remises en cause, à l'aggravation des tensions de toute nature et à la libération des esprits excités. Ce qui était foldingue avant devient naturel après et réciproquement.

Faute d’avoir compris (ou voulu admettre) les causes de la crise de 2008, et de son intégration dans la séquence de crises à répétition depuis 1971, on a assisté à une fuite en avant dans les solutions officielles les plus aventurées, débouchant sur une stagnation tellement molle que le monde entrait en récession sans même s’en rendre compte. Quand on n’agit pas sur les causes, on est obligé à des mesures symptomatiques comme disent les médecins, ou non conventionnelles comme disent les banquiers centraux.

Les écoles de management se sont mises à la charité expressive et à dégouliner de bons sentiments, les banques ne s’occupent plus d’argent mais de causes gracieuses, baignant dans le politiquement correct le plus gras. On invite Mlle Tombèrent à Davos. Le vert est mis partout, en même temps que la cause féministe. Il faut sauver dans les larmes de la compassion la mondialisation, qui comme Sophie, connaît de bien grands malheurs, évidemment totalement imprévisibles.

Le coronavirus arrive juste à temps : c’est lui qui aura provoqué la récession et peut-être aidé à cacher cette vérité sournoise : quand on remplace une crise de conjoncture par une crise de structure, les résultats ne sont jamais à la hauteur des espérances.

Du coup les aventuriers de l'économie foldingue se sentent des ailes et on assiste à une formidable convergence des idées économiques radicalement disruptives avec un début d’intégration dans les réflexions officielles.

Quelles sont les lignes de pensées qui convergent :

-          Les jetons électroniques à prétention monétaire, basés sur le mode de gestion de fichiers décentralisés et dupliqués sur le WEB, dit de « chaîne de bloc », comme le Bitcoin, ont partiellement sombré dans la mauvaise réputation tant les vols, les escroqueries, et les manipulations de marchés ont été virulents. Mais voilà que les banques centrales se sentent l’envie de créer des monnaies électroniques officielles.

-          Les banques dont la frénésie de prêts spéculatifs a largement contribué à la gravité de la crise se voient à la fois confortées dans leur envie de supprimer le cash, qui est une « fuite » qui les gêne dans leur circuit monétaire et les rend dépendantes des banques centrales. En même temps leur pouvoir de création monétaire est menacé et leur rôle même est vu par certains comme inutile, puisque l’intelligence artificielle partagée sur le Net permettra de sélectionner les risques et donc les placements bien mieux que les comités de crédits bancaires dont on a vu les limites.

-          La taxation des flux financiers, et non plus des transactions économiques, autrefois appelées taxe Tobin, et reprise par tous les mouvements d’extrême gauche depuis au moins 20 ans, se conjugue avec la perte de recettes des flux d’achat passant par le Net, et l’endettement désespéré des Etats, pour renaître comme moyen magique de régler tous nos problèmes.

-          Le revenu universel de base, considérée au départ comme un moyen de résoudre la question immanente de l’inégalité dans une économie marquée par la globalisation des bénéfices et le nivellement des niveaux de vie entre Nord et Sud, s’étend comme solution générale à tous nos problèmes y compris écologiques et de santé publique.

-          Le bon Milton Friedman avait discuté naguère de la possibilité de faire voler un « hélicoptère à monnaie », image résumant une politique de distribution directe de monnaie par les banques centrales non plus aux banques (on a vu que cela ne marchait pas) ou à l’état (on a vu à quel niveau d’endettement on se retrouve) mais aux ménages.

Quel est le produit intellectuel de cette convergence ?

-          Le revenu universel ne serait plus versé par redistribution fiscale mais par la création de monnaie par les banques centrales. L’hélicoptère à monnaie financerait le revenu universel. En fonction de la conjoncture le versement serait plus ou moins généreux. Plus de dettes, puisque cela serait de la monnaie perpétuelle donc plus d’intérêts à payer par les Etats. On pourrait simplifier les politiques de redistribution devenues des monstres de complication. Certains disent même : le revenu universel remplace toutes les autres aides. Maintenant que vous avez l'essentiel et que vous pouvez vivre, débrouillez-vous pour l’accessoire. On assiste du coup à la rencontre saugrenue des pires socialistes et des libéraux absolus.

-          Les banques centrales supprimeraient le cash en imposant une monnaie électronique d’état. Chaque résident se verrait imposer un portefeuille électronique, substitut des comptes en banque, dotés par exemple dans la zone Euro d’EuroBits (si on ose dire, en ces temps de grivoiserie). Toutes les transactions deviendraient lisibles par l’état qui du coup pourrait supprimer tous les impôts pour les remplacer par une taxation progressive sur le niveau des mouvements de fonds. On sait que de tout temps les Etats ont essayé de se brancher sur une ressource universelle et facile à capter, impôt sur le sel, impôt sur l’énergie etc. Là nous aurions un impôt sur la monnaie. Tobin est enfoncé dans les profondeurs de sa naïveté : Moloch est arrivé, en se pressant et en pressurant. Plus de fraude possible ! L’impôt est versé dès que l’argent rentre (la philosophie actuelle) mais aussi dès qu’il sort. Fortiche !

-          Les banques offriraient non plus du crédit mais des instruments de placement en concurrence avec les produits de même nature disponibles par le Net. Les agences bancaires de toute façon sont vouées à disparaître.

-          Les flux avec les pays étrangers pourraient être surtaxés dès que les échanges deviendraient déséquilibrés. Il suffirait d’augmenter la taxe sur la monnaie en fonction de l’origine des produits : fastoche !

-          Le FMI pourrait même créer sa monnaie électronique transnationale basée sur un panier de valeurs de références et imposer aux banques centrales de faire leurs transactions réciproques et vis-à-vis de la BRI ou du FMI dans cette monnaie qui n’impose pas de gestionnaire commun. Tout cela serait géré sur la blockchain. C’est une idée que nous avons évoquée sur ce blog depuis longtemps, en l’associant avec un retour aux changes fixes et ajustables.

Cette nouvelle utopie commence à faire chauffer les esprits au sein des gouvernements, des banques centrales, des professeurs d’économie en mal de reconnaissance, des associations onusiennes en mal de fiscalité non conventionnelle, des socialistes de différentes nuances de rose et de rouge, de certains penseurs libéraux. En gros : est-ce réalisable et est-ce que les résultats seront à la hauteur des espérances sociales, écologiques, étatistes, écologiques de notre âge transhumaniste de dernière génération ?

Vous avez quatre heures ! La meilleure réponse aura le prix Nobel d’économie (ou ce qui fait fonction)  et un lot de masques anti-coronavirus.

Didier Dufau pour les cercle des Economistes E-toile

2019 : L’année du Grand Ressentiment ?

C’est la période des bilans. Commençons par ce blog. Le tableau des résultats est donné ci-dessous. L’article « Plus cela change plus c’est la même chose » a maintenu sa hausse verticale et dépasse désormais largement les 8 000 lectures. Un vrai symbole ! Le soutien que nous portons à la mémoire de Jacques Rueff et de Maurice Allais se retrouve dans la fréquentation des articles que nous leur avons consacrés (au total près de 25 000 lectures cumulées pour l’ensemble des articles). Nous sommes heureux que quelques milliers d’étudiants aient recherché des réflexions indépendantes sur des questions essentielles comme le rôle de la monnaie et des banques, les sources du chômage structurel ou l’histoire économique récente. Nous atteindrons le chiffre de 2 000 000 de lectures dans quelques semaines, ce qui est très encourageant pour un site sans publicité, ni photos, ni vidéo, sans parrainages politiques ou commerciaux, et sans autre motivation que d’explorer certaines réalités souvent mal traitées par la presse habituelle, gagnée de plus en plus par le vice de la « reconstruction orientée du réel » et l’abus de la réflexion étrangère au détriment de sources françaises.

Merci à tous ceux qui trouvent matière à réflexion dans les écrits des « Economistes e-toile » et nous soutiennent de leurs lectures et commentaires. Bonne année 2020 !

Plus généralement, comment qualifier l’année 2019 ? Qu’est-ce qu’elle nous annonce pour 2020 ?

Nous pensons que l’année 2019 fut, en France, celle du Grand Ressentiment. Elle est atypique par l’ampleur, la généralité et l’intensité de la défiance qui s’est exprimée de toute part contre le président Emmanuel Macron. Le mouvement initial des Gilets Jaunes a traduit d’une façon inédite une rancune de fond devant la baisse du pouvoir d’achat en termes réels, provoquée par la compétition directe avec 900 000 millions de travailleurs pauvres libérés du « socialisme réalisé », le caractère ruineux de la bureaucratie et de sa diarrhée réglementaire dans tous les domaines, et l’insolence méprisante d’un jeune président-Zorro, dont les scènes photographiées avec drag-queens à l’Elysées et voyous torse nu dans les îles, ont été trouvées déshonorantes par beaucoup. Traiter avec légèreté la misère du monde, comme il en avait pris l’habitude, n’a pas arrangé les choses.

D’autres catégories ont partagé ce ressentiment et en particulier les syndicats qui ont été vexés d’avoir été moins efficaces que les Gilets jaunes pour arracher des milliards à la collectivité et ont voulu montrer leurs muscles. Ils ont retenu, comme les Gilets Jaunes, les leçons de Notre Dame des Landes : le nouveau président cède lorsque les conflits s’éternisent et deviennent violents. L’impuissance d’E. Macron devant les taxations abusives de Trump, l’indifférence de la Commission Européenne à ses suggestions, ou l’éviction de la France des grandes questions diplomatiques du moment, ont gâché un peu plus son image. Un Président se doit d’avoir une présence régalienne. La colère a d’abord grossi par mille arroyos et quelques grosses rivières, puis elle s’est exaltée de sa réelle dynamique, pour finalement s’enliser dans la récupération partisane et les déviances inacceptables de son propre spectacle.

Roger Scruton dans son livre fondamental, l’Erreur et l’Orgueil (L’Artilleur) a parfaitement analysé la question politique posée par le ressentiment. « Quand les mouvements de gauche prennent le contrôle » [] « le ressentiment perd sa cible spécifique » et devient la proie de ceux « qui ne cherchent pas à négocier au sein des structures existantes mais à s’approprier les pleins pouvoirs dans le but d’éliminer les structures elles-mêmes », en s’opposant « à toute forme de médiation, de compromis et de débat ». Plus pertinent, on ne peut pas ! On en est là.

Tout le monde annonçait à grands cris et force livres et éditoriaux, une crise mondiale majeure qui n’a pas eu lieu. La relecture des articles de fin d’année 2018 est comme d’habitude extrêmement jouissive quand on aime se moquer des prévisions ratées. Et nous avons connu une année de relative prospérité économique (une croissance molle mais continue) accompagnée de hausses de salaires et des gains de pouvoir d’achat. Énorme paradoxe, les entreprises n’arrivent à recruter suffisamment malgré des millions de chômeurs. Ces bons résultats n’ont pas été perçus et ont été accompagnés paradoxalement par un redoublement de la rage nationale contre les « zélites mondialisées ». Une bulle immobilière s’est malgré tout gonflée à un point qui n’est plus justifiable économiquement que par l’effet de politiques extrêmes, comme les taux négatifs de la BCE. Aurait-on, par une politique monétaire « non conventionnelle », échangé le risque d’une crise conjoncturelle rapide contre celui d’une crise structurelle plus lointaine ?

C’est sur le front écologique que les mentalités ont été le plus chahutées. Le basculement d’une écologie politique, tendance fumiste ou léniniste, dans la « collapsologie urgentiste hystérique », accouche d’émotions profondes qui peuvent conduire les exécutifs, à tous les échelons, à mener des politiques de grande niaiserie, qui peuvent n’être que ridicules, mais qui peuvent aussi se révéler dramatiques pour le travail, le revenu et la vie personnelle d’une grande partie de la population et surtout celle qui est aux limites de la pauvreté.

Jean Baptiste Say disait : « La plus belle pensée, la plus neuve, la plus utile n'obtiendront jamais en public autant d'applaudissements qu'une niaiserie convenue ». Voir que la France est devenue le parangon extrémiste de la « niaiserie convenue » est difficilement supportable. Le mot « travail », obligatoirement associé à celui de mobilité et de consommation, donc de pression sur le bilan carbone, a disparu du langage politique, comme en témoigne la « campagne » actuelle pour la mairie de Paris, verte comme une prairie normande. On semble attendre dans les milieux politiques locaux, tendance médaille Field, que quelque « start-up » bien inspirée invente le sabot-pédale connecté à la 6G permettant au parisien cycliste et permaculteur de sauver son jardinet pédagogique d’intérieur et les kangourous australiens, tout en entretenant une santé éblouissante en renonçant au travail « aliénant » et à la surconsommation.

Au sein de notre cercle, nous préférons Philippe le Bel à Saint Louis et Say à Pisani-Ferry. Nous n’acceptons pas que la pensée générale, politique et économique, sombrent dans l’accessoire et l’inepte. Nous ne tolérons pas les effets de domination, donc de soumission, qui interdisent de dénoncer des erreurs, qui marginalisent l’expression des solutions nécessaires et qui en interdisent la mise en œuvre. Comme si des politiques irrationnelles et fondées uniquement sur des relations de force (ou des petits calculs) et qui finissent en catastrophe pour tout le monde devaient et pouvaient échapper à une réflexion critique ! Qui est entièrement convaincu que l’explication de la crise de 2008-2009 a été donnée de façon complète ? Qui est confiant que, sur la base de ce diagnostic, a été élaborée une politique efficace pour sortir de la crise et éviter de nouveaux épisodes dangereux ?

Que sera 2020 pour le monde ? La « mondialisation heureuse » finit de s’effilocher avec la crainte d’une épidémie virale mortifère en provenance de la dictature Chinoise, dont on sent bien qu’elle trahit les espoirs mis dans l’ouverture sur le monde occidental qu’on lui a offerte. L’incapacité de l’Europe à formuler une politique positive pour la France dans pratiquement tous les domaines où elle s’est attribué le monopole de la conception et de l’action devient un peu voyante, surtout avec l’éclairage du Brexit. L’approche exclusivement politicienne de Macron marquée par la seule volonté d’être réélu et de marquer l’histoire, finit de crisper le pays. De la même façon que la morgue d’Anne Hidalgo et l’étonnante médiocrité de ses équipes, ont empoisonné durablement la Capitale. Les incapables, en tout domaine, se cachent toujours derrière des projets plus grands qu’eux. Gageons que les grands projets délirants vont s’épanouir pendant la campagne électorale à Paris !

En France, il va bien falloir calmer le jeu. L’éviction de l’équipe Hidalgo et l’échec de LREM et des Verts à Paris seraient un bon début. Le pays réel peut démontrer que le temps n’est pas à l’exaltation écologiste ni aux manœuvres politiciennes les plus grossières, encore moins aux différents types de « révolutions ». Sinon on peut craindre une évolution du ressentiment symbolique vers une violence destructrice. La colère est mauvaise conseillère. Depuis toujours, nous disons : attention à la colère des peuples. Mais on ne peut avertir sans suggérer. Alors, malgré l’âge qui frappe nos membres fondateurs et en réduit trop rapidement le nombre et l’activité, nous continuerons en 2020 à nous battre, à notre place modeste, pour que les grands sujets restent dans le domaine de réflexion de ceux des Français qui n’ont pas renoncé à comprendre et à agir, même et surtout quand il faut se heurter durement à la pusillanimité ambiante.



Un bilan de l'entrée de la Chine dans l'OMC

L’année 2020 commence bien avec la lecture d’un ouvrage anglais gentiment offert par un ami : « China, Trade and Power », écrit par Stewart Paterson, un illustre inconnu, dans une maison d’édition à compte d’auteur !   Paterson fait partie de ces gens qui, comme les membres de notre petit groupe e-toile, ne se retrouvent pas dans l’économie officielle. Après une formation économique supérieure, il a eu des responsabilités à travers le monde et notamment en Asie. Il connait le terrain, « voit ce qu’il voit » et considère qu’il est important de le commenter. Les non-dits et les soumissions ont totalement anesthésié les articles d’économie dans les médias. Ce n’est pas vrai qu’en France.  Alors pourquoi se taire ?

Auteur sans marquage évident, il est impossible de se livrer à cet exercice dont les Français raffolent : d’où parle-t-il ? Est-il légitime ? Il faut uniquement se concentrer sur ce qui est écrit. Ce que tout le monde devrait faire et qu’on ne fait plus en France depuis longtemps, où le procès d’intention est de règle et où la parole n’est acceptée que si elle a été préalablement légitimée et son auteur jugé digne de s’exprimer, quelles que soient la précision et l’exactitude de son discours.

Le livre est une monographie sur un sujet tout simple : l’admission de la Chine au sein de l’Organisation Mondiale du Commerce, le 11 décembre 2001, a-t-elle été une bonne chose, dont les résultats sont conformes aux espoirs qui avaient justifié cette admission ?

C’est un sujet que nous avons traité à plusieurs reprises dans ce blog (par exemple : Faut-il traiter la Chine en interlocuteur "normal" ? ( http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2018/11/23/Fautil-traiter-la-Chine-en-interlocuteur-normal-). Nous sommes donc très heureux de connaître la réaction d’un « anglo-saxon », même marginal et hors de la pensée économique officielle. On notera l’absence totale de couverture du sujet dans les médias et dans l’édition française.

Les premiers chapitres racontent le processus qui a conduit les Etats-Unis à promouvoir la Chine dans l’OMC.

Première remarque : la France est totalement absente et de la réflexion et de la décision. Pendant qu’un couple d’Enarques nocifs s’entendaient à ruiner le pays (Chirac et Jospin), la France n’avait pas droit au chapitre, l’affaire étant réservée à la seule Commission Européenne qui détient par traité le monopole absolu des discussions commerciales. L’affaire n’a eu aucun retentissement médiatique en France, la question ne concernant pas directement les politiques français. De tradition, les grands quotidiens français ne couvrent pas les affaires européennes. Un pays sans souveraineté ne s’occupe plus des grandes affaires du monde et n’a plus d’officiels qui s’en préoccupent, à l’exception de deux ou trois spécialistes délégués auprès de Bruxelles. La France, sur les grandes questions mondiales économiques et monétaires, a, au mieux désormais, l’influence du Luxembourg. Jean Monnet a gagné. L’Europe a châtré totalement les ex grands empires européens et les Américains règnent en maîtres absolus. La politique, la presse et l’université ne préparent plus à la maîtrise des grandes questions du monde. On s’occupe des inégalités hommes-femmes en basse Lozère, en pleurant avec Greta Thunberg sur les malheurs de Gée…

Seconde remarque : la cupidité des grandes entreprises américaines l’a emporté sur tout le reste. Être leader mondial supposait de tenir le marché Chinois et ses centaines de millions de consommateurs. La bave qui coulait aux commissures des managers de grands groupes mondialisés a tout emporté. Aucune autre considération ne devait être prise en compte.  C’est le gouvernement démocrate de Clinton qui une fois de plus allait tout céder au Big Business et aux cartels financiers. L’idée dominante : la Chine, une fois embarquée dans le commerce international et la croissance de la consommation, ne pourra plus être une dictature et se libéralisera. Un ordre libéral s’installera partout dans le monde. « Nous créerons par le commerce une nouvelle harmonie mondiale ». Et nos trusts seront encore plus forts. Donc les Américains plus riches. Les oppositions sont venues des ONG et des syndicats habitués à l’outrance perpétuelle. Du coup leurs réserves ont été noyées dans la masse de leurs « déchaînements habituels » et n’ont pas trouvé d’oreilles attentives. Le fait que la Chine soit une dictature infecte ne devait pas troubler. « En entrant dans l’OMC, elle devra respecter des règles. On mettra fin aux scandales justement dénoncés : dumping, vols des brevets, copies illicites, produits toxiques, fraudes à tout va ».  Comment traduit-on « wishful thinking » ?

En France une voix s’est élevée,  dont ne parle pas le livre (La France, c’est où ?) : celle de Maurice Allais qui a dénoncé une mesure dont on pouvait comprendre immédiatement qu’elle irait magistralement contre les intérêts des ouvriers français et qu’elle entraînerait un chômage massif. Bien avant notre auteur, il avait compris que faire entrer dans la compétition 750 millions de travailleurs potentiels payés le prix d’un bol de riz, sans que les entreprises n’aient à se préoccuper de quelques charges ou règlements que ce soit, ne pouvait pas avoir d’effets bénéfiques pour les salaires et l’emploi en Occident, et surtout en France où les salaires étaient grossis de charges uniques au monde qui en doublaient le coût pour les entreprises. On sait qu’il a été traité en vieux machin fasciste par la PQN française, notamment Le Monde. Les politiques l’ont totalement ignoré ou vomi. 20 ans après, tout le monde voit qui avait raison. Qu’on ne dise pas qu’en France, il n’y a pas eu d’alerte et « qu’on ne savait pas ». Le risque était gigantesque, les pares-feux inexistants. Les constructeurs de l’opinion publique française avaient décidé que les Français n’avaient pas à le savoir ou s’en inquiéter. De toute façon la décision était à Bruxelles.

L’ouvrage regarde ensuite les effets de la décision. Ils sont terribles pour l’Occident et son économie, et incroyablement favorable au Parti Communiste Chinois.

A partir du 11 décembre 2001, date de l’admission de la Chine à l’OMC, la fausse sécurité offerte par le traité entraîne un déversement hystérique de capitaux et de partenariats qui permettent à l’économie chinoise de devenir l’atelier du monde. Mais le Parti Communiste Chinois a bien étudié son affaire. La seule chose qui l’intéresse sont les investissements dans les produits d’exportation. Pas question de laisser le moindre accès à son marché intérieur qui est totalement bridé et sous contrôle. La banque, l’assurance, les marchés publics restent totalement entre les mains du Parti. Le message est : enrichissez-vous en créant les conditions d’une exportation massive. On garantit aux entreprises des conditions sociales inexistantes, des impôts et des taxes faibles, des règlementations laxistes et une population illimitée de travailleurs dénués de tout. L’auteur rappelle que dans certaines parties de la Chine en 2000, certaines familles de paysans n’avaient même pas de quoi vêtir toute la famille. Les vêtements étaient portés alternativement. Les enfants se noircissaient le corps au charbon pour faire semblant d’avoir un pantalon et une chemise ! Le genre d’information interdite de publication en France où le communisme, malgré ses crimes et ses conséquences sociales abominables, devait rester une option noble et possible, majorité plurielle oblige.

Le PCC a voulu une industrie exportatrice massive et rien d’autre. L’argent gagné sera utilisé à calmer le peuple et à conforter le régime tout en lui permettant de se réarmer lourdement et de retrouver une place géostratégique perdue depuis des siècles.

Le livre décrit très bien comment les Communistes s’y sont pris. Nous renvoyons le lecteur à cette partie du livre.

Les résultats ont été stupéfiants et totalement imprévus en Occident. Les chiffres laissent songeur. « Les exportations ont cru au rythme de 30% par an pendant les six années suivant l’adhésion. La part de la Chine dans la production industrielle du monde a été quadruplée. » En dix ans la Chine est devenue l’exportateur mondial numéro 1 devant les Etats-Unis. Les seules exportations dépassaient en 2010 le PIB de 2000. Elles sont passées de 300 millions de dollars à 2.500 milliards en 2014. Le PIB est passé de 1.700 milliards à 11.500 milliards de dollars. Rappelons que le PIB français est actuellement autour de 2.500 milliards de dollars. La Chine a créé quatre économies françaises en 20 ans !

Les Etats-Unis comptaient pour 6% de la population et 37% du PIB mondial en 1969. En 2016 sa part du PIB mondial était réduite à 25%. Elle s’est encore réduite depuis.

La Chine a réussi à capter 25% des bénéfices de la croissance mondiale de 2001 à 2008 et 50% dans les années suivantes jusqu’à aujourd’hui.

L’industrie occidentale a perdu près de 25% de sa production industrielle en 16 ans. En fait dans certains secteurs l’érosion a été encore plus forte. Les Etats-Unis qui pensaient que les exportations vers la Chine de produits américains permettraient de supprimer ses déficits extérieurs se sont retrouvés avec des déficits encore aggravés.

Le triomphe communiste chinois a été total. Le régime a réussi son pari de justifier sa terreur par ses bons résultats, alors que la gauche française  ne cesse d’expliquer que la seule justification du capitalisme « est ses bons résultats pour la classe ouvrière ». Il fallait simplement remplacer capitalisme par « communisme parasitaire accroché au capitalisme mondial » pour être dans le vrai. Du coup, aucune des évolutions attendues vers plus de liberté et plus de rapprochement avec le modèle occidental ne s’est produite. Au contraire, comme on pouvait s’y attendre, la Chine utilise sa nouvelle puissance pour s’imposer dans le concert mondial et faire plier ses voisins à ses vues.

Ajoutons au livre les développements les plus récents : Il y a quelques jours, la Chine participait à des manœuvres dans le golfe persique avec l’Iran et la Russie, au même moment où elle réduit les habitants de Hong Kong à quia.

Les yeux ne se sont décillés que tard et partiellement aux Etats-Unis. Les études américaines ont fini par faire droit à quelques idées évidentes : la Chine totalitaire n’a respecté aucune des règles de l’OMC et les Etats-Unis ont perdu leur influence dans le processus multilatéral de cette institution. Le vol des brevets a continué sans limite et l’obligation de sociétés mixtes a permis de récupérer toute la technologie occidentale qui passait par là. Les achats d’Etat faits avec les dollars accumulés ont tous été léonins : « on vous achète mais vous transférez la technologie ». L’économie de la Chine n’est toujours pas une « market economy » au sens de l’OMC. Le rôle de l’Etat et du parti est écrasant et la sécurité juridique est nulle. La finance locale est entièrement contrôlée par l’Etat et ne finance que des plateformes d’exportation. La consommation interne est négligée. On mobilise partout des paysans pour en faire des ouvriers à bas prix.  Les considérations raciales jouent comme le montre l’exemple récent du travail forcé des musulmans.

L’illusion aura été qu’une dictature meurtrière, ayant commis les pires massacres de la seconde partie du XXème siècle, dont l’atroce génocide des paysans lors du Grand Bond en Avant, les crimes de masse de la Révolution Culturelle et le massacres des étudiants de Pékin sur la place bien connue, jouerait selon les règles. Le marché intérieur a été largement fermé. Tout l’effort a porté sur une politique mercantiliste de captation de la richesse occidentale pour la mettre au service du Parti Communiste Chinois et servir des intérêts nationaux et socialistes. Face à une telle dictature, que compte l’OMC ?

Il est facile de comprendre que la déloyauté chinoise n’est pas accidentelle. On s’est illusionné par cupidité en croyant qu’un état de droit et une compétition honnête était possible en Chine. L’Etat Chinois a partout imposé un partage de technologie avec possibilité ultérieure de concurrencer le fournisseur. Il a maintenu une offre de travail artificiellement peu coûteuse et l’a spécialisée dans la capture de l’industrie mondiale.

Les effets macroéconomiques du mercantilisme chinois ont été tragiques. Il a entrainé une déflation continue en Occident, aggravée en Europe par la création de la zone Euro. Il a poussé à un gonflement sans limite de la création monétaire artificielle et sans autre objet que la spéculation faute d’opportunité d’investissement dans les pays déficitaires. L’apparente contradiction entre déflation salariale et inflation monétaire n’en est pas une. Si, par la disparition de près du quart de l’industrie occidentale, vous maintenez des salaires très bas et si votre compétitivité est constamment mauvaise, les prix des biens de consommation ne peuvent pas monter. Au contraire ils baissent. En valeur de référence (panier de biens rares), la baisse est très forte. Comme la monnaie perd toute valeur, les prix en valeurs faciales ne donnent pas l’impression de baisser mais les produits qui sont incorporés dans la valeur de référence montent prodigieusement. Voir l’or, les terres rares et l’immobilier de grandes villes.

Il est impossible de s’adapter à une telle pression. Détruire les systèmes sociaux issus de l’après-guerre de 40 n’est pas une solution acceptable.  Les conséquences politiques sont commentées aujourd’hui tous les jours. Les « élites » qui ont laissé faire ce massacre industriel sont perdues de réputation. Les grandes entreprises qui avaient cru triompher dans la mondialisation et qui sont désormais en difficulté face à leurs concurrents chinois, qui ne jouent pas avec les mêmes règles, en reviennent.

Dès le TFTEA du temps d’Obama, les Etats-Unis se préparent à une contre-attaque. C’est Trump qui la mène devant, à la fois les excédents démentiels chinois et la fermeture de facto de leur marché intérieur. Mais il réalise que les Chinois ont du répondant. Il est tard, peut-être trop tard. Les réserves chinoises en dollars se comptent en millier de milliards. Elles permettent d’acheter des bonnes volontés un peu partout.

Le projet de route de la soie est la confirmation que Pékin ne souhaite qu’une chose : maintenir sa domination dans les exportations, sans faire droit à sa demande intérieure. L’argent afflue hors de Chine dans des zones ciblées qui craquent facilement. Des pays ruinés par la concurrence chinoise accepte qu’on investisse sur leur sol sans se soucier de comprendre que cela va aggraver cette situation !

La situation devient intolérable sur tous les plans, moraux, sociaux, économiques et politiques. Même l’Allemagne est obligée de se fâcher quand elle constate que les Chinois utilisent leurs immenses réserves pour tenter d’acheter les perles de son Mittelstand.

En manipulant sa monnaie, la Chine peut contrer les taxes américaines qui n’ont aucun effet sinon de rendre les économies occidentales plus fragiles. Big business craint la récession. Les articles intéressés se multiplient, expliquant que contrer la Chine est un combat perdu d’avance, que taxer les exportations chinoises perturbe les exportations américaines, que les excédents sont un signe de noble compétitivité, etc.

Des personnages stipendiés jouent à fond la carte chinoise. On le voit avec Raffarin en France. Beaucoup font semblant de croire que les objectifs de l’entrée de la Chine dans l’OMC progressent. Mais non. Xi joue la même carte violente et truquée indéfiniment. Il craint d’être viré des marchés mondiaux. Alors il pratique la séduction adossée à ses réserves et montre ses dents militaires. Trump n’a pas de réponse. Il annonce en ce début d’année un accord réglant toutes les questions en suspens. Ce n’est qu’une nouvelle illusion, si ce n’est pas qu’un minuscule calcul électoral.

Sur tous les sujets Trump a facilité le diagnostic et compliqué la solution. L’Iran, la Russie, la Turquie, la Chine, la Corée du Nord s’amusent presque à montrer son indigence stratégique, tout en espérant que la force réelle des armes américaines ne se déclenchent pas vraiment. Et tout le monde se fiche du diagnostic. L’affaire Suleiman (l’assassinat ciblé d’un général des gardiens de la révolution iranienne par un drone américain) montre que les illusions sont partout et que la puissance américaine n’est pas un vain mot.

L’Europe est totalement absente. L’Allemagne qui pratique la même politique mercantiliste que la Chine ne peut pas la condamner. Elle lui vend machines et voitures. L’Europe n’existe plus dans la géopolitique mondiale. La France s’enfonce dans le bourbier des grèves politiques et des manifestions de « Gilets Jaunes ». Elle se débat entre déficits intérieurs et extérieurs, dettes et chômage. Elle est devenue l’exemple repoussoir d’un leader mondial de la fiscalité abusive avec un niveau de criailleries gauchistes qu’on ne trouve plus guère que dans certains pays d’Amérique du Sud travaillées par le castrisme et le révolutionnarisme bolivarien.

Toutes les monographies ont le même inconvénient. Au bout de l’effort, l’auteur finit par tenter de tout expliquer par son thème majeur.  Souvent en outrant les raisonnements. L’auteur n’a pas de vision globale des difficultés économiques depuis l’été 1971. Il n’a pas de théorie générale de la crise. L’affaire de l’intégration de la Chine dans l’OMC est un sous phénomène dans un phénomène plus large qui n’est pas analysé. C’est au moment de trouver des solutions que la carence apparaît nettement. Que faire ?

L’auteur considère qu’il suffirait d’imposer à la Chine de pratiquer les changes flottants pour que cela aille mieux.  Il ne comprend pas que le non-système monétaire international, imposé par les Etats-Unis et qui lui a permis de participer à la grande fête des fonds de placements, est basé sur l’idée que « tout le monde fait ce qui veut et que le meilleur gagne », sachant que l’alimentation en dollars du monde suppose des déficits américains et donc des excédents quelque part. Le mercantilisme chinois n’aurait pas été possible en régime de changes fixes et ajustables sous surveillance du FMI quand les grands déficits et les grands excédents étaient proscrits. Les Etats-Unis n’ont pas voulu accepter cette contrainte et ont fait sauter le système. Ils s’aperçoivent que les Allemands et les Chinois après les Japonais, les Coréens et quelques autres ont fini par leur tailler des croupières.  La fin des systèmes de « socialisme réalisé » a considérablement aggravé les choses en empêchant de réguler le rattrapage. 

Paterson ne comprend pas la dimension monétaire globale de la crise et sans réforme du système monétaire international, il n’a pas de solution autre que d’exclure la Chine au prix d’une récession mondiale forte.

Son livre est une lecture indispensable, puisque ce sujet n’a fait jusqu’ici, à notre connaissance, l’objet d’aucune enquête aussi fouillée. En révélant indirectement l’effondrement géopolitique de la France, et la mort de la réflexion globale des journalistes de la PQN et des élites universitaires, il rend spécialement service aux Français.  En montrant que l’Euro a aggravé les choses, il est également fort utile.

Malheureusement il démontre aussi que les meilleurs esprits anglo-saxons n’ont toujours pas compris les méfaits du système des changes flottants et qu’il n’y aura pas de solution aux effets tragiques justement soulignés des excédents chinois sans retour à un système organisé des changes et des relations commerciales. Monnaie et commerce sont les deux faces d’une même réalité. 

En laissant la monnaie aux banques centrales et le commerce à l’OMC, on a créé une fausse dichotomie ingérable. Il n’y a pas de bon commerce sans bonne monnaie. Et réciproquement.

Et il n’y a pas de bonne coopération économique possible avec une dictature socialiste génocidaire.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

  

 

 

 

 

 

 

Un SCHEMA explicatif fondamental

Comprendre l'actualité économique et politique

Le graphique qui explique tout

 

Ce schéma n’est pas une statistique mais une approche de ce qui s'est passé depuis l’effondrement des accords de Bretton Woods en été 71. La référence, base 100 dans le graphique et ligne rouge, est la valeur d’un panel de biens dont la valeur est sinon stable du moins représentative d’une certaine permanence. À 50 %, on retrouve la valeur du m2 moyen dans cinq grandes villes du monde (New York, Tokyo, Londres, Paris et Shanghai). Les autres 50 % sont constitués d’or, de diamant, de terres rares et de pétrole. Les autres courbes sont bien connues. On a pris celles de la France depuis 1971. Après avoir été lissées par moyenne mobile sur dix ans, elles ont été réduites à une ligne droite et déflatée par l’indice de référence.

On voit apparaître l’évolution des courbes en « valeur stable de référence » (VSR) et non en monnaie. Les résultats sont spectaculaires et surtout expliquent bien des évènements actuels.

La monnaie : la valeur de la monnaie s’est effondrée. Le Franc (puis l’Euro) a perdu presque 97 % de sa valeur en VSR, comme le Dollar et pratiquement toutes les monnaies administratives.

Les prix : Les prix ont baissé plus vite que le revenu. Ce qui veut dire qu’il y a eu hausse du pouvoir d’achat apparent mais une baisse forte en VSR qui n’est pas perçue, les gens raisonnant en monnaie courante.

Les impôts : La fiscalité a cru plus vite que le revenu, ce qui a entraîné une régression fréquente du revenu net disponible. En s’accrochant au patrimoine des assujettis, l’impôt des personnes payant l’ISF a pu dépasser 100 % de leur revenu, ce qui était intenable à terme.

La dette : La dette en VSR a baissé compte tenu de l’effondrement de la valeur de la monnaie mais elle a cru plus vite que la fiscalité, et que le revenu. Les classes moyennes ont maintenu leurs dépenses par l’endettement, comme l’État.

Les gros patrimoines : étant investi largement en valeurs de référence, la valeur patrimoniale des très très riches n’a pas baissé en VSR.

Le luxe : le très grand luxe, comme toujours, a fui devant la fortune.

Les champions de la mondialisation, propriétaires d’entreprises mondialisées, ont vu leur patrimoine s'accroître, même en VSR

Quatre points spectaculaires : la baisse relative du niveau de revenu par rapport à l’immobilier ; la baisse du revenu moyen par rapport au patrimoine des « vainqueurs de la mondialisation » : le rôle phénoménal de la dette ; la hausse déraisonnable de l’impôt par rapport au revenu.

Une fois ce tableau en tête, on peut mieux analyser et les causes et les conséquences de ces évolutions.

La cause principale : La conjonction de l’effondrement du communisme et d’un système monétaire international déséquilibré.

Le système mis en place après 1971 (change flottant et liberté du commerce international) a permis à la Chine et aux autres pays sortis du communisme de rejoindre la mondialisation, sans aucune contrainte d’équilibre commercial. L’effet négatif sur le revenu a été massif dans les pays développés, alors que la mondialisation permettait aux gros salaires liés à la mondialisation de se maintenir. En faisant sauter l’obligation de maintenir des comptes équilibrés, les changes flottants ont permis à la Chine d’accumuler des excédents monstrueux alors que le système de Bretton-Woods aurait imposé une réévaluation. Le recyclage de ces excédents a provoqué une hausse phénoménale de l’endettement et l’effondrement de la valeur de la monnaie. Les crises à répétition liées également aux défauts des changes flottants, ont entraîné des dépenses d’état qui ont été payées par l’impôt et la dette.

Il faut ajouter l’effet de l’irrédentisme musulman et sa tentation terroriste, associée à sa longue maîtrise des puits de pétrole qui a naturellement eu un effet sur la croissance par la hausse induite du coût de l’énergie.

Les conséquences deviennent lisibles.

Lorsque, au moment des manifestations des Gilets Jaunes, on entend : « avant on était pauvres mais on s’en sortait maintenant c’est fini », cela tient à la hausse globale de pression fiscale (aggravée par la violence administrative et l’extension sans fin des mesures bureaucratiques coûteuses et dont l’effet n'est jamais évalué) et à la difficulté de se loger compte tenu du prix relatif de l’immobilier.

Les salariés ne parviennent plus à payer leur loyer sur leur revenu. Ils doivent donc emprunter à mort et les taux négatifs répondent à cette exigence.

En vendant leurs biens immobiliers pour des résidences plus modestes ou en région, les retraités disposant préalablement d’un patrimoine sont parvenus à s’en sortir. La chute de la natalité induit que les héritages sont relativement plus positifs s’ils sont en biens stables en VSR. Ils permettent aux héritiers une certaine aisance de consommation, compte tenu de la baisse des prix en VSR. Du coup les fiscalistes socialistes étatistes s'excitent à l’idée de leur piquer cet « avantage » dans la décrépitude générale.

L’extension du « populisme », c’est-à-dire du rejet des élites par la classe moyenne, tient au fait que la hausse relative du revenu par rapport au prix, une fois déduit les impôts et les frais incompressibles, est très faible pour les petits revenus. Savoir que les classes moyennes des pays ex-communistes se sont fortement enrichies les laisse parfaitement indifférent.

Ajouter à des perspectives de restriction à la croissance et à la mobilité, une politique de dépenses publiques nouvelles indéfinies avec des hausses fiscales associées gigantesques ne peut que provoquer que des réactions violentes de rejets. Tout le monde a compris que le bonneteau fiscal auquel s’amuse le gouvernement n’est pas une vraie baisse, la dépense publique augmentant plus que le revenu moyen. Une perspective de baisse massive des retraites ajoute nécessairement à la peur et à la colère. Plus personne n’a de perspectives positives.

La gauche fiscaliste, bureaucratique et antinationale, qui accepte des règles de mondialisation qui ne protègent pas, n’est plus admissible pour la classe ouvrière et les classes moyennes, notamment dans les zones en déclin structurel. Son adhésion à la dépression écologique aggrave les choses.

La droite mondialiste, celle qui n’a aucune explication des crises et aucune politique pour les prévenir, et qui laisse la concurrence ruiner le revenu des classes moyennes, tout en acceptant de céder la souveraineté à l’Europe en externe et à la bureaucratie énarchique à l’intérieur, n’est plus écoutée.

Le « macronisme » qui a été vu par une droite menacée et une gauche en désarroi comme une manière de protection contre le populisme de droite et de gauche n’a pas de solution. Il a provoqué une crise de confiance majeure en n’ayant aucune vision extérieure, et aucune prise en compte des causes fondamentales de la crise structurelle de la mondialisation démarrée en 1971 (au contraire, on se fait botter le c… par les États-Unis sans réagir) et en aggravant les mesures bureaucratiques violentes et coûteuses, tout en inquiétant l’ensemble des Français sur un projet de retraite d’inspiration bureaucratique et qui noie le poisson des vraies inégalités, dans un océan incertain et anxiogène de régression à long terme.

En raisonnant en VSR en non plus en monnaie courante, la situation s’éclaire avec une netteté frappante, aussi bien sur le terrain politique qu’économique et social.

 



Comment on a démoralisé les Français

Nous sommes sur le chemin d’un nouvel échec majeur d’un couple d’Enarques. Après Giscard-Chirac, après Chirac-Juppé, voici Macron-Philippe !

Intelligents, bien formés aux questions politiques et de management d’un Etat, bien intentionnés, propres sur eux et sans convictions politiques partisanes trop marquées, calés sur la recherche du bien commun bureaucratique, interchangeables dans toutes les configurations politiques dites « responsables », les Enarques qui ont choisi la carrière politique ne parviennent pas à comprendre pourquoi et comment ils se plantent lamentablement avec une si belle régularité, avec des conséquences si pénibles pour la nation.

 L’Enarque Minc l’a dit ce matin : Philippe, au sein d’un discours formidable, a fait une erreur inadmissible. Il a parlé « d’âge pivot » franchissant une « ligne rouge » syndicale qu’il fallait absolument respecter. La langue fourche et patatras. La CFDT non élue doit diriger le pays ? Non ! Mais il faut farder, ruser, faire de la sémantique etc.

Il nous semble que l’explication est tout de même un peu plus profonde que çà.

Premier repère : les trois échecs viennent après trois crises économiques graves. La récession de 73-74, celle de 92-93 et en fin celle gravissime de 2008 -2009 forment le décor des trois échecs. Malheur circonstanciel et fortuit ? Non : les crises étaient toutes les trois évitables. A-t-on entendu un mot des trois couples cités expliquant la cause des crises, désignant les responsables, et définissant les lignes d’une correction possible des erreurs fâcheuses qui les ont provoquées ? Jamais. Nous prétendons ici qu’il s’agit d’une faute impardonnable. Ces crises sont la cause première de tous les désordres qui frappent le pays. Ne pas tenir un discours crédible sur les causes des crises à répétition qui ont ravagé le pays et ne rien proposer de crédible pour y mettre fin signent le caractère illégitime et artificiel des équipes qui se déclarent dirigeantes et qui ne dirigent rien. Les « élites » politiques, qui se positionnent comme capables, offrent le constat qu’ils sont impuissants, donc incapables.  

Second repère : les trois échecs surgissent après trois séquences de trahison. Chirac trahit les siens et Giscard trahit son projet en humiliant Chirac. Chirac se présente comme le réducteur d’une fracture sociale et l’homme capable de mettre fin aux excès du socialisme destructeur, et il trahit toutes ses paroles. Avant lui Balladur avait aussi trahi sa parole en trahissant Chirac. Juppé lui trahit le gaullisme pour faire entrer le centrisme en force dans le mouvement. Macron trahit Hollande pendant que Philippe trahit son camp. Le pays profond constate les dégâts et s’emplit d’un mépris qu’on ne veut pas voir ni explorer, naturellement, mais qui devient himalayen.  Ces écuries d’opportunistes sont non seulement des incapables mais ils ne s’intéressent qu’au pouvoir présidentiel et aux postes et se permettent toutes les trahisons.  A la démoralisation économique s’ajoute la démoralisation politique.

Troisième repère : les trois échecs s’imposent après des hausses délirantes de la fiscalité. Le septennat de Giscard aura été un septennat purement fiscal. La TVA, les plus-values, la fin du forfait, la hausse de tous les taux et l’extension de toutes les assiettes forment le décor de l’échec giscardien. L’échec de Chirac-Juppé provient après une bordée de hausses fiscales impulsées par Rocard et que Juppé entend aggraver.  L’échec de Macron-Philippe suit les hausses imbéciles du quinquennat Hollande et le triomphe de l’énarchie qui a fini par faire de la France le premier pays du monde pour les impôts et les prélèvements. Macron propose un jeu de bonneteau démagogique plus qu’une véritable réduction. A la démoralisation économique et la démoralisation politique s’ajoute la démoralisation fiscale.

Quatrième repère : Les trois échecs viennent à la suite de concessions qui réduisent l’indépendance nationale gravement. Giscard va faire des effets de maillot de bain autour d’une piscine à Kingston en même temps qu’il cède tout aux américains qui imposent l’étalon dollar et la financiarisation excessive du monde, tout en annonçant que la France, moyenne puissance, doit s’effacer dans l’Europe. La suite montrera qu’il voulait une vraie disparition nationale de la France.  Chirac renonce à bloquer l’évolution vers l’Euro qui est un abandon national majeur qui interdira à la France toute autonomie économique, diplomatique et politique et qui la mettra dans la dépendance totale de l’Allemagne, elle-même dans la dépendance totale des Etats-Unis. Macron crie « Europe, Europe, Europe », comme un cabri, et annonce une forte augmentation de la fiscalité européenne au moment même où le Royaume-Uni cesse de contribuer… A la démoralisation économique et la démoralisation politique et la démoralisation fiscale s’ajoute la démoralisation nationale.

Cinquième repère : les trois échecs proviennent après que les dirigeants ont prouvé leur volonté de rester dans le cadre d’un socialisme burlesque, démagogique et à contre-courant. Pas d’ennemi à gauche ! Ce socialisme de fond s’accompagne d’un goût éhonté pour la bureaucratie qui envahit tout à des niveaux jamais vus. Giscard fausse toute l’économie du bâtiment par une efflorescence des règles totalement ahurissantes. Le droit du travail sous Chirac-Jospin devient un traquenard, Chirac faisant savoir que Jospin est son meilleur premier ministre. Les lois kilométriques de Macron et leur génuflexion devant toutes les exigences des comités Théodule empoisonnent le pays. La surgescence d’une contrainte écologique débilitante, à laquelle on cède aussitôt aggrave les choses. Il devient impossible d’agir et de réussir en France, pays où tout est interdit et où toute réussite est vilipendée à des niveaux qui n’ont été atteint qu’en Union Soviétique. A la démoralisation économique et la démoralisation politique et la démoralisation fiscale et la démoralisation nationale s’ajoute la démoralisation individuelle : je n’ai plus d’espoir de réaliser une vie pleine car le socialisme tue la « vie des autres » et aussi la mienne.    

En France, le moi et le surmoi sont atteints, corrodés jusqu’à la racine.

Les Gilets jaunes ont fait passer le message : « Macron tu es un guignol. Tes impôts, tes règlements, tes amendes tu peux t’asseoir dessus. » Jupiter est descendu de son rêve pour causer au peuple comme un Fidel Castro d’opérette. Les syndicats font passer le message : « Macron tu es un guignol. Tes réformes tu peux t’asseoir dessus ». Les très riches sont partis et n’ont pas l’intention de revenir. L’Europe lui a signifié : rien à faire de tes bouffonneries.  Les Etats-Unis frappent la France à coups redoublés.

La France était un pays à l’arrêt avant même que des voyous décident de le bloquer radicalement. Plus d’enfants, plus de qualité, plus de compétence, plus de services publics, plus de langue, plus de respect pour rien. Un effondrement pratiquement total qui nous voit rejoindre le niveau d’un pays du tiers monde dans l’ébahissement de nos amis étrangers qui voient l’exemple français disparaître dans un marécage méphitique.

Le Français, né malin…

« Il pleut de la boue »

On connaît la phrase de Luther : « Es regnet drecks », traduit généralement par : « il pleut de la boue ». Tout ce qui tombe du ciel n’est pas toujours sanctifié ! Pour ceux qui ont connu, en Europe centrale, la double ignominie du nazisme et du communisme, l’expression était d’une banalité quotidienne. La violence et la rancune, la haine et la bêtise, la bassesse et l’envie, sont les composantes de cette boue collective.

Ventilées par le vent mauvais d’une crise économique ouverte en 1973 et qui n’en finit pas, ces réactions méphitiques emportent l’ambiance en ce début de mois de décembre 2019. Il « pleut de la boue en France », plus que jamais.

Dîner, il y a quelques jours avec un préfet en fonction. L’état de la France est présenté comme catastrophique et aux limites de l'incontrôlable. L’effondrement de la Justice et de l’école, allié à la crise économique, entraîne la République dans les abysses.

Les « territoires perdus de la République » sont déjà passés à autre chose. Devant des crimes et des délits, la justice a choisi de ne plus sévir. Par idéologie, en partie. Par manque de moyens d’incarcération. En partie. Mais surtout désormais par peur. On ne veut plus réprimer de peur de l’embrasement et les voyous sont armés. Il y a des dizaines de milliers d’armes dans ces territoires dont beaucoup de Kalachnikov. Et la peur de la police a disparu. Le juge déclare routinièrement au prévenu : « Est-ce que vous savez que vous risquez 15 ans de prison pour vos actes ? Je vous condamne à 2 ans ». Et le condamné ne fera pas de prison. En revanche la profession se défoulera sur un Balkany qui sera condamné pour crime de fraude fiscale à 5 ans ferme et pour recel de fraude fiscale à également 5 ans ferme. 10 ans pour la même faute, découpé en deux. Alors la police a des ordres. Laissez faire les rodéos. Ne cassez pas les trafics. Ne réprimez pas les Barbus. Laissez la drogue financer le djihadisme. On déverse des subventions indécentes à de fausses associations qui sont de vrais nids de délinquants. La paix sociale, la paix sociale. Envoyez le mol édredon. Alors aujourd’hui que d’autres secteurs se sont mis en branle, on panique que les fameux territoires entrent en sécession violente. Car on n’a pas les moyens de faire face.

Les « Gilets jaunes » ? Personne n’a vraiment voulu vraiment en étudier la sociologie. Ce sont tous des petits patrons, des indépendants, des salariés du secteur public, des femmes isolées qui ne vivent que de subventions, des Rmistes professionnels. On a parlé de l’essence, des amendes, de la perte de services publics. On a oublié un détail : tout ce petit monde vit à crédit et ne se prive en fait de rien. La « télé gilet jaune » est un concept un peu particulier mais couvre une réalité que tout le monde connaît : on achète à crédit les plus gros modèles de télé. Parce qu’on le vaut bien. Et à crédit. La « voiture gilet jaune » est presque toujours un SUV. Qu’on regarde les modèles à succès de Peugeot. Parce qu’on le vaut bien et à crédit. Si vous touchez au prix de l’essence, à la vitesse, aux amendes, aux impôts, dans un monde à la limite du surendettement vous créer une réaction terrible. Avec des gens qui veulent vous faire la peau.

Les privilégiés des services publics ? Tous savent que leur situation est totalement anormale et qu’ils vivent en parasites sur le dos d’un pays ruiné par la crise et les années Giscard-Mitterrand. Ce parasitisme était toléré tant que le salaire moyen dans ces secteurs était fortement inférieur aux salaires du privé. Mais lorsque sous l’influence d’un côté, de la crise économique larvée de longues durées qui a frappé d’abord les salariés du privé, et de l’autre du socialisme mitterrandien et de l’ivresse de « l’énarchie compassionnelle », les rémunérations publiques ont commencé à dépasser puis à larguer les rémunérations privées. Alors que tous les services publics sombraient, la tolérance à l’abus a brusquement cessé. Le vieillissement a aggravé les choses. Tout le monde voit bien qu’un retraité de la RATP gagne trois à quatre fois plus qu’un retraité moyen du secteur privé, alors qu’il a cotisé beaucoup moins, avec une retraite beaucoup plus longue. L’injustice est radicale. Mais on a accepté de ne pas réprimer le détournement de pouvoir de syndicats qui utilisent les biens publics mis à leur disposition pour les retourner contre la nation. Comme on a tout cédé récemment aux Gilets Jaunes, les syndicats du secteur public veulent leur revanche et sont prêts à aller loin probablement jusqu’à l’insurrectionnel pour qu’on les prenne aux sérieux. Ils savent qu’il n’y aura pas de répression.

Il ne manque au tableau que l'insurrection des banlieues.

Si cela part sur les trois fronts, notre préfet est formel. On ne sait pas faire.

Alors il faut souhaiter qu’il ne pleuve que de la boue.

 

Un cycle infernal français : démagogie, dépenses publiques, dettes, communication niaiseuse,

reprise des dettes

Belle négociation à la SNCF, il y a quelques mois, qui se termine par… la reprise de la dette de la SNCF.

Belle négociation avec les hôpitaux publics français qui se termine par… la reprise de la dette des hôpitaux publics.

La SNCF se prépare à une grève désastreuse, début décembre, ce qui créera de la dette alors qu’on vient de reprendre la précédente.

Nul doute que le procédé sera le même dès que le gouvernement aura bien cédé sur tout aux syndicats de la santé publique.

Le caractère particulier de l’affaire hospitalière est qu’on avait dit aux dirigeants d’hôpitaux publics : « soyez responsables ! L’argent public n’est pas infini. Il importe que vous assuriez la cohérence entre besoin et ressources, sachant que le niveau de ressources que nous vous garantissons est parmi les plus élevés du monde ».

Dans ce cadre, certains hôpitaux ont été très bien gérés et d’autres ont laissé filer leurs dettes sans vergogne, considérant qu’ils n’avaient pas à se laisser impressionner par la peur du qu’en-dira-t-on des instances politiques, qui en France sont les mêmes que les instances administratives.

En reprenant les dettes des mauvais gestionnaires, Emmanuel Macron ridiculise les bons et signe la déresponsabilisation totale des dirigeants de la sphère médicale. Simultanément il se moque des contraintes globales qu’impose un trop haut taux de dettes nationales. Il s’abaisse ainsi au niveau d’une Hidalgo et des équipes qui ont porté la dette à Paris à 7 milliards d’euros en attendant mieux, tout en doublant la pression fiscale locale. Pourquoi se gêner ?

La France continue de se laisser aller à la pire démagogie tout en ne réglant aucun problème de fond, une stratégie qui lui a permis de devenir championne du monde des prélèvements tout en voyant la totalité de ses services publics sombrer dans la déréliction.

Les causes des difficultés du service public des hôpitaux sont faciles à comprendre et toute l’action de communication des pouvoirs et des médias consistent à éviter de les voir. Pourquoi ? Parce qu’elles impliquent des politiques dont on se sent incapables, soit parce qu’elles nous échappent, soit parce qu’on ne veut pas les mener.

Première vérité : les ressources du secteur de la santé dépendent directement de la prospérité du pays. Un pays qui va de crise en crise, qui n’est plus compétitif et qui n’a plus de poids pour provoquer les changements globaux qui sont nécessaires, qui est gangrené par des prédations massives a, nécessairement, dans un contexte de vieillissement et de technicité accrue des traitements, un drame à gérer.

Pour l’éviter, il faut avoir une politique macroéconomique de croissance c’est-à-dire d’abord exiger des réformes lourdes dans le système mondial et européen des monnaies et des échanges. Des crises telles que celle de 2008 et 2011 sont totalement destructrices. Pas de santé publique saine sans économie globale saine. Une des fautes de l’Enarchie Compassionnelle qui nous dirige depuis 50 ans est d’avoir baissé pavillon dans ce domaine macroéconomique. Les changes flottants et la monnaie unique sont des échecs sanglants, mais il ne faut JAMAIS en parler ni rien proposer. Si les besoins croissent de 2 à 4 % par an et les ressources globales de 1.2 à 1.5 %, vous aurez mécaniquement une difficulté gravissime à surmonter. On ne peut pas sortir de cette réalité : une médecine de plus en plus coûteuse suppose une croissance rapide des revenus globaux, afin de consacrer les sommes nécessaires la stabilisation et l’extension des progrès médicaux. Il n’y a pas de décroissance heureuse dans le domaine de la santé publique !

Seconde vérité : les causes internes de la crise des hôpitaux proviennent principalement de décisions politiques intenables qu’on ne souhaite pas remettre en cause.

-          Gratuité des soins et de plus en plus de la périphérie des soins (transport, hébergement, etc.).

-          Bureaucratie gigantesque et hypercentralisation provoquant des rigidités insurmontables

-          Réduction massive de la durée de travail des personnels médicaux

-          Omnipotence des syndicats et disparition d’une vision sacrificielle des métiers médicaux issue du temps où on soignait autant la détresse et la misère (morale, sociale, physique) que la maladie.

-          Envahissement par des « patients » étrangers

-          Absence de médecin du fait du numerus clausus

-          Disparition de la médecine de dispensaire

-          Réduction de la médecine de ville

Nous avons abordé souvent le thème de la destruction sociale par la gratuité. Les politiques publiques de gratuité, sauf dans des cas très précis et fort peu nombreux, aboutissent nécessairement à la répression de l’offre et de la demande, et au mécontentement général, car les ressources gratuites conduisent automatiquement à des gaspillages terrifiants et non finançables.

La bureaucratie française est sans limite. Nous avons, en matière de santé publique, un système soviétique, avec tous les défauts d’un système soviétique

La réduction, d’en haut, de la durée de travail hebdomadaire a tué l’hôpital français. Cela a été prouvé par mille études. Elle a été aggravée par le laxisme en matière d’absences et la féminisation massive du corps médical (arrêts maternité – Obligations maternelles – approche du métier différente) . La retraite trop précoce a fini le travail.

La syndicalisation a provoqué une forme de cogestion basée sur l’interdiction d’interdire et de diriger fermement. Elle permet les mobilisations massives et les luttes collectives pour arracher toujours plus d’avantages à un État dirigé par des fonctionnaires qui lâchent tout systématiquement.

L’envahissement de notre système par des prédateurs étrangers a trop fait débat pour insister ici, sauf pour dire que ceux qui savent, savent que c’est bien pire que tout ce qui a été avoué par les médias. Le système bureaucratique de la santé a un intérêt objectif à servir gratuitement n’importe qui pour obtenir plus de revenus et plus de moyens. L’envahissement se fait avec la complicité assez générale des médecins publics et des ARS.

Le numerus clausus est une des nombreuses sottises de Giscard. Cette décision est fondée sur un double calcul : pour les médecins, la réduction de l’offre permet de maintenir de hauts revenus ; pour la SS, cela permet de contenir les actes vus comme à la discrétion du médecin : une forme de répression du producteur par euthanasie ! Ce genre de mesures a toujours des conséquences désastreuses. Elles sont pleinement visibles.

La notion de dispensaire était très importante : elle permettait de « dispenser » une médecine aux catégories les moins fortunées, ou spéciales, dans des conditions de coût et d’exercice adaptées. Par idéologie on a voulu un accès généralisé à une médecine « bourgeoise » uniforme. Le résultat se voit aux Urgences.

La médecine de ville a été ruinée par différents dispositifs globaux ou spécifiques. Deux exemples auxquels on ne pense jamais : le blocage de la circulation à Paris, associé à une tarification indigne, a fait quasiment disparaître la médecine à domicile. La hausse prodigieuse des coûts immobiliers par rapport aux honoraires médicaux empêche l’installation de cabinets médicaux en ville. Paris est devenu un désert médical !

Comme on le constate, chacune de ces réalités a été construite par les politiques. Personne ne veut réellement corriger ces constructions désastreuses comme on l’a dit soit par impuissance soit par démagogie.

Ce naufrage ne nous permet pas d’aborder de façon raisonnable les deux évolutions très favorables que sont le vieillissement et le meilleur traitement des maladies et des malades. Atteindre 80 ans en bonne santé, cela aurait fait rire en 1950. Aujourd’hui, plusieurs milliers de personnes de plus de 90 ans conduisent encore leur voiture !

La technicité entraîne des coûts aggravés au fur et à mesure que de nombreuses maladies deviennent l’objet d’un traitement. Les traitements s’améliorent avec parfois des médicaments extrêmement chers. En sens inverse, la démographie baisse et la prévention réduit des risques qui étaient auparavant très présents. Mais de façon très inégale avec parfois des remontées brusques dans certaines pathologies. La chronicité pose un défi supplémentaire puisque certains traitements vont accompagner un « malade » pendant 20 ou 40 ans.

L’avenir est donc à la fois très prometteur (dans ses résultats) et très préoccupant (dans son mode de production et de financement).

Une bonne maîtrise de la santé publique suppose d’abord une bonne économie générale, un état non prédateur qui n’étouffe pas la croissance et une gestion quotidienne souple et correctement financée.

Si, dans le monde entier, et spécifiquement en Europe, de mauvais systèmes monétaires provoquent des crises à répétition, si, comme en France, les erreurs économiques s’accumulent et si l’organisation des soins est soviétisée, alors le système de soins se dégrade, accumule dettes et déficits, traite de moins en moins bien et s’effondre doucement mais sans fin.

On observera que la dégradation ne provient pas au premier chef du personnel hospitalier même si des mutations démographiques compliquent les choses.

Des évolutions, qui auraient été indolores à un rythme lent, deviennent des casse-tête à un rythme élevé. Comme le disait récemment un ami chirurgien, « la probabilité d’être traité par un noir, un Arabe, un étranger ou une femme devient très grande, pour la même raison que les curés sont désormais noirs dans l’Église catholique française ! Cela ne change pas nécessairement les traitements, mais sûrement le climat g&e