Le coût économique en Occident du socialisme violent

Pendant 75 ans  une partie des Terriens s'est occupée principalement de faire naître un "homme nouveau", échappant à la triple détermination dénoncée par Marx comme source de tous les conflits : la nationalité, la religion et la propriété. Cette utopie a été la plus tragique de toute l'histoire de l'humanité avec des milliards de vies gâchées par la pauvreté et le dénuement moral, des centaines de vies mutilées par la répression (spoliations, prisons, déportations, pertes de parents, etc.), et entre 100 et 150 millions de morts, dont près de la moitié dans des famines effroyables, la plupart du temps provoquées en toute connaissance de cause, qui ont touché hommes, femmes et enfants de façon indiscriminée.

Rien n'a poussé dans cette énorme flaque de sang.  Le système s'est effondré sur lui même et a disparu, détruit de l'intérieur  par les "socialistes réalisés de la seconde génération". RIP !

Une des questions qui n'est jamais posée est celle de savoir combien cette détestable expérience a coûté aux autres nations qui ont réussi à échapper, parfois de peu,  à cette malédiction.

Quel est l'effet du commerce international sur la croissance et celui de son absence sur de longues périodes ? En maintenant des millions d'êtres humains dans un niveau de pauvreté et de dénuement presque total, le socialisme a considérablement freiné, non seulement la production et la consommation intérieures mais aussi les possibilités d'importation et d'exportation des pays libres. Si la théorie qui veut que la croissance soit tirée par les échanges est vraie, et elle fonde aujourd'hui toute la mondialisation, cette asphyxie des échanges a nécessairement eu un effet sur la richesse globale.

- De combien la croissance européenne aurait-elle été accélérée si les pays de l'Est et la Russie avaient pu suivre la même courbe de développement que les pays européens occidentaux au sortir de la guerre de quatorze? 

- De combien la croissance mondiale aurait-elle été accélérée si la Chine et les autres pays de l'orient communistes avaient suivi la courbe de développement du Japon et des autres "tigres asiatiques" ?

- Que nous coûte aujourd'hui la brusque irruption de tous ces pays dans le concert des nations commerçantes et qu'est-ce que cela peut nous rapporter ?

Il est curieux que ces graves interrogations ne fassent jamais l'objet de la moindre investigation directe tant le manque à gagner pour l'humanité a été gigantesque et tant les difficultés résultantes restent fortes.

Les théories économiques portant sur les relations monétaires ou économiques internationales sont quasiment les premières à avoir été abordées par la réflexion économique et pourtant ce sont les parents pauvres aujourd'hui d'une discipline qui a réussi à approfondir beaucoup de concepts dans un cadre national sans parvenir à les étendre de façon convaincante à l'international. Cela se voit dans les niveaux de l'enseignement aussi bien en France qu'à l'étranger. Depuis 1960 tout ce qui concerne l'international dans l'enseignement est aussi nul que controuvé, le tout étant parfois enveloppé dans un vocabulaire abscons pour masquer le délabrement général.

L'échange per se ne crée aucune richesse puisque les valeurs qui s'échangent sont par définition de valeur identique : la désutilité marginale pour le vendeur équivaut à l'utilité marginale pour l'acheteur. Le commerce n'est utile à la valeur que parce qu'il est l'intermédiaire entre production et consommation. Comme la monnaie, qui en est le lubrificateur presqu'obligé, le commerce est un adjuvant. La théorie des adjuvants n'est jamais la plus fouillée.

La théorie du commerce international est presqu'entièrement fondée sur l'avantage comparatif et la spécialisation mis en avant par Ricardo.  En mettant sur le marché leurs avantages compétitifs les pays créeraient une richesse supérieure. Spécialisés, ils optimiseraient leur capacités de production et donc la richesse générale.

Dans la pratique les choses ne se passent pas exactement comme cela. Les marchés nationaux sont largement homothétiques, ou fractals, comme on voudra et non pas spécialisés. Dans un système de libertés économiques, l'imitation et la réplication sont des forces beaucoup plus actives que la spécialisation. Les pays passent par des niveaux de développement à peu près similaires, avec des effets de rattrapage. Les rattrapages permettent des croissances rapides. Lorsqu'ils faut trouver les chemins de la productivité par l'innovation, l'itinéraire est plus tortueux. L'innovation se produit par bouffées.

Le commerce international ne fait que très marginalement le jeu des spécialisations. En vérité il crée des effets de taille  et des contagions.  Le premier pays qui a réussi à atteindre un certain seuil d'organisation productive tire les autres.  La liberté permet à l'innovation de circuler.  Le libre échange est d'abord la libre circulation de l'innovation et de la productivité. C'est par ce biais qu'il contribue à la croissance. Et cette contribution est cruciale. Les remises en causes du libre échange sont justement condamnées car elles condamnent la productivité, l'innovation et le passage d'un niveau économique à un autre.

L'expérience socialiste violente et conséquente de 75 ans a bloqué la diffusion de l'innovation et de la productivité.

Son effet, notamment en Europe, aura été de freiner l'expansion potentielles des entreprises qui avaient une prise majeure sur l'innovation.  En utilisant le différentiel de niveau de vie, donc de consommation, donc de production, donc d'importation, on peut chiffrer le manque à gagner des entreprises de l'Ouest à près de 100%, rien qu'avec son plateau économique oriental.  Ce manque à gagner pèse extrêmement lourd dans la compétition mondiale actuelle.

On peut convertir le raisonnement sur le revenu induit. Compte tenu de la part moyenne des entreprises exportatrices dans le PIB, le revenu moyen n'aurait pas été le double de ce qu'il est. Mais l'effet revenu aurait été tel que le niveau de vie moyen serait supérieur d'un tiers au moins à ce qu'il est aujourd'hui dans l'Europe de l'Ouest.

L'ouverture brutale de ces marchés permet certes aujourd'hui d'énormes rattrapages. Mais l'ampleur des déséquilibres a un coût. On le voit particulièrement avec la Chine qui dispose d'une masse gigantesque de travailleurs disponibles bien que de faible productivité et qui de ce fait déforme le chemin vers la croissance global et le rend beaucoup plus âpre.

Le socialisme aura donc eu un coût du fait d'un manque à gagner prolongé de production dans les pays occidentaux et du fait de son effondrement brusque et des phénomènes de déséquilibres qui l'accompagne. Il a été une nuisance économique lors de sa formation, pendant son règne et après son effondrement ! La totale ! Tout cela se chiffre en milliers de milliards d'Euros. La quintette tragique, Marx, Engels, Lénine, Staline et Mao, aura non seulement été la source d'un massacre ahurissant mais elle aura coûté presqu'aussi cher, en Occident,  que les effets des désordres du système monétaire international.

Reste à s'occuper du désordre du système monétaire international !   

Commentaire
Micromegas's Gravatar Encore un point de vue très intéressant et peu mis en évidence par la majorité des commentateurs : c'est parce que l'économie monde a été freinée pendant 75 ans qu'un besoin de rattrapage se fait jour qui pèse lourdement sur les pays riches via une compétition aussi brutale que trop longtemps différé sur niveaux de vie. L'économie occidentale doit subir le rattrapage en urgence des pays socialistes. Si les pays de l'Est socialiste et de l'Orient maoïste avaient évolué en parallèle avec les pays occidentaux , nous serions plus riches et la siutation serait bien meilleure.

Excellente remarque.
# Posté par Micromegas | 17/02/14 19:02
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