Un outil d'analyse politique critique : Grand mensonge Systémique et loi de Chaix

L’analyse correcte de la situation politique et économique exécrable de la France exige d’introduire certains concepts nouveaux. Lorsque Michel Barnier s’est vu confié le poste de premier ministre éjectable, il a affirmé : « je dirai la vérité ». Sous-entendu : on vous « bourré le mou » en long en large et en travers pendant de longues années. Le mensonge est devenu depuis une catégorie politique officielle.

Les Français ne comprennent pas pourquoi le pays est assailli par autant de difficultés. La liste des crises est si longue qu’on ne comprend pas que le système d’information qui est la base de la démocratie n’ait pas permis à l’opinion de faire apparaître les solutions préventives et curatives en temps voulu.

Crise politique, crise institutionnelle, crise diplomatique, crise de la relation atlantique, crise démographique, crise boursière, crise identitaire, crise économique, crise budgétaire, crise militaire, crise sécuritaire, crise sociale, crise de l’hôpital, de la justice, de l’enseignement public, etc.

On peut expliquer cette liste pour le moins déprimante par des actions politiques erronées dont on n’a pas vue les conséquences ou par l’influence d’hommes détestables et incapables. Les historiens risquent de ne pas être très indulgents pour la capacité des présidents de la république française successifs de remplir leur rôle dans l’intérêt du pays. L’interrogation portera certainement sur les deux derniers, particulièrement lamentables.

Mais cela ne suffira pas. Certains phénomènes sont sous-jacents et imposent leur influence délétère pendant très longtemps. Ils jouent un rôle crucial dans l’explication des crises. L’un d’entre eux n’a pas été jusqu’ici analysé en profondeur :  le Grand Mensonge Systémique.

Lors que Cercle des Economistes e-toile s’est formé, l’idée était latente : certains faits et explications ne parviennent pas à s’exprimer dans le champ du système d’information. Notre rôle était d’en signaler quelques-uns, avant que les conséquences funestes ne se produisent.

Un grand mensonge systémique est une vérité en fait incontestée par quiconque viendrait à la chercher honnêtement et sans préjugé, qui ne parvient à s’exprimer dans le débat public et à féconder une politique utile.

Le regretté Léon Chaix, fondateur avec moi-même du Cercle  a formulé la loi qui s’applique idéalement au stade de développement d’un grand mensonge systémique :

Tout pouvoir, confronté à une vérité qui dérange, commence par l’occulter, puis il la nie, quand il ne peut pas l’occulter, puis il la minimise quand il ne  peut plus la nier, puis il s’exonére de toutes responsabilités quand il ne peut même plus la minimiser.

Un grand mensonge systémique peut être qualifié par son rang dans la loi de Chaix : occultation, négation, minimisation, exonération.

Spécialiste de l’agriculture, il avait été confronté aux gros mensonges communistes pendant toute sa carrière officielle et à leurs énormes dégâts. La famine artificielle organisée par Staline en particulier en Ukraine, avait été exemplaire de sa loi. Elle a été violemment occultée avant-guerre, puis niée jusqu’à la mort de Staline, puis minimisée jusqu’à la chute de l’URSS, avant que l’exonération s’impose : ce n’était pas le vrai communisme, et les Koulaks ont été victimes d’eux-mêmes, donc ne changeons rien. Et c’est comme cela que la famine organisée est devenue pour les mouvements révolutionnaires un moyen normal de domination des peuples, de Mao à Mengistu. Avec des dizaines de millions de morts supplémentaires

La gravité particulière des Grands Mensonges Systémiques est qu’ils durent longtemps et finissent par produire des conséquences dramatiques. Aurait-on pu imposer la vérité dans l’espace public qu’on aurait empêché bien des suites tragiques.

Un exemple frappant est la question démographique en France. 

La pilule, l’avortement gratuit, la destruction facilitée du mariage, les centres de « planning » familial (en fait d’encouragement à la contraception), et plus généralement le féminisme fanatique ont eu évidemment des conséquences démographiques extrêmement lourdes, très vite. La natalité s’est effondrée avec des conséquences tragiques.

Et pourtant la légende officielle qu’on retrouvait dans toutes les bouches est restée pendant des décennies : la France a conservé une formidable natalité, la meilleure du monde occidental. Tout va bien dans le meilleur des mondes. Ne changeons rien !  

Avec Alfred Sauvy et après sa mort, nous nous sommes constamment élevés contre ce mensonge. Rappelons que Michel Debré était affublé d’un entonnoir sur la tête,  symbole des fous, parce qu’il alertait sur les conséquences. L’occultation passe naturellement par des actions puissantes contre les malheureux qui voudraient forcer le blocus du mensonge. Le Bras, un condisciple du Lycée Henri IV, fera toute sa carrière sur la protection du mensonge. Entre 2000 et 2025 la France a perdu 12.500.000 enfants à naître. Et tout allait bien : « circulez il n’y a rien à voir ». Si vous remontez jusqu’à 1971, les chiffres deviennent affolants. Ils n’ont jamais affolé les maîtres de la doxa.

L’occultation a duré des décennies, puis on a passé les étapes négation, minimisation et exonération en trois ans ! Pourquoi ? Parce que les chiffres de 2023 ont montré que les décès étaient presqu’aussi nombreux que les naissances, en forte baisse, et que ceux de 2024 ont confirmé le resserrement, au point qu’il est probable que le non-renouvellement de génération s’opérera dès 2025. La réaction a été formidable : la constitutionnalisation du droit à l’avortement gratuit sans condition. Les lobbies féministes ont compris qu’on sortait du mensonge et qu’il fallait prendre des précautions. L‘inénarrable Macron a aussitôt indiqué la cause et la solution de ces problèmes démographiques ; il fallait accélérer le dynamisme du spermatozoïdes devenus un peu paresseux. Comme cela ne suffisait pas, il a créé un nouveau « bidule », le Haut-commissariat à l’enfance, confiée par M. Bayrou à une jeune cadre prometteuse de son microbique parti, une franco marocaine lesbienne qui avait eu le dynamisme de se faire faire un enfant par PMA. La seringue avec nous !

Les écoles ferment comme les maternités. Le régime des retraites par répartition s’effondre. On veut refaire une armée mais il n’y a plus de jeunes. Nous sommes un pays de vieux et de malades. On a compensé avec une immigration de masse, mais il ne fallait pas dire qu’il s’gissait d’un remplacement. La population historique de la France est en baisse probablement depuis le début des années 2000.

Mais tout va bien. Nous sommes entrés en pleine phase d’exonération ! Les vraies causes du phénomène sont sacrées et ne doivent être citées et encore moins corrigées. Tout va toujours bien. La presse explique de temps à autres que l’éjaculation est un jet toxique », l’édition rappelle dans plusieurs livres récents que l’enfantement est une horreur.

On trouve là un Grand Mensonge Systémique d’école !

Il en existe beaucoup d’autres.

En hommage à mon ami Léon, j’ai décidé d’écrire un livre sur les principaux Grands mensonges Systémiques en cours. Il devrait paraître en mai 2025. On constatera que les six qui y sont passés en revue expliquent en grande partie le désastre actuel.

Grands mensonges systémique et loi de Chaix forment un appareil d’analyse critique novateur et important pour ceux qui veulent analyser les difficultés françaises et trouver les bonnes solutions.

Didier Dufau

Comment interpréter la rupture du cadre économique global voulue par Trump ?

Il faut éliminer les explications vengeresses sur la folie subite, l’incompétence, la violence gratuite de l’équipe américaine. Les événements trahissent deux préoccupations que l’Etat américain peut difficilement éluder.

La première concerne le niveau de la dépense publique rapportée à la dette globale du gouvernement américain.  Le budget nécessaire pour rémunérer les 38 mille milliards de dettes est supérieur depuis quelques années à la dépense militaire. Cela signifie très concrètement… que le pays n’a plus les moyens de continuer à payer pour sa sécurité et celle du monde occidental !

La réponse de l’exécutif américain :

Il faut réduire la dépense militaire :

En mettant fin à la guerre d’Ukraine

En obtenant une réduction de la course à l’armement de la part de la Chine et de la Russie.

Il faut réduire la dépense publique tout court.

Il faut que nos alliés prennent leur part du fardeau, soulageant d’autant nos dépenses.

Il faut que les pays que nous aidons nous restituent une partie de l’aide que nous leur accordons.

Ce ne sont pas des demandes irrationnelles, compte tenu que les Etats-Unis ne peuvent plus assumer la charge.

Corollaire : ce n’est pas l’absence de volonté de nous défendre que nous devrions craindre, mais l’incapacité financière des Etats-Unis de le faire.

La seconde interrogation concerne la baisse relative de la prospérité américaine avec une atteinte très nette au niveau de vie de la classe moyenne.

Les Etats-Unis ne sont pas les seuls concernés. Tous les pays développés occidentaux sont dans ce cas.

Une observation simple montre que les déficits extérieurs américains vis-à-vis de pays pratiquant un mercantilisme exacerbé sont en effet hors normes. C’est la critique bien connue : on ne peut pas indéfiniment sous-traiter sa production et acheter ce dont a besoin à l’extérieur à crédit, sachant que la richesse est la valeur que l’on crée.

Les dirigeants américains cherchent donc :

A imposer aux exportateurs étrangers de produire sur le sol américain

A réduire les importations par les tarifs douaniers, définitivement ou comme arme de négociation temporaire, pour obtenir d’autres avantages.

A cesser les pratiques mercantilistes et les trop gros excédents.

 Ici à nouveau, la préoccupation est légitime et la situation était effectivement de plus en plus insupportable.

 La question n’est pas de savoir si Donald Trump joue les John Wayne ou s’il est fou. Mais de savoir :

Si les difficultés réelles que les Etats-Unis rencontrent peuvent se résoudre avec la méthode employée.

Si, confrontée en partie aux mêmes difficultés, la France et plus généralement l’Europe ne doit pas envisager de trouver également rapidement une solution à ce même problème.

Qui peut nier que le classe moyenne soit en souffrance et que la montée de LFI et du RN, traduit ce malaise ?

Il faut embrasser la situation globale de l’Occident industrialisé, pour se former une opinion sur ce que serait une bonne solution multilatérale à opposer au « big stick » un peu trop sommaire et contreproductif de Donald Trump, qui a choisi de frapper les flux physiques.

L’important est de ne jamais oublier que nous avons un problème de création de richesse en Occident et que le système global ne peut pas rester en l’état.

Nous allons essayer de cerner ces enjeux dans nos prochains messages. Ceux qui nous lisent depuis longtemps constateront que les avertissements que nous avons constamment repris depuis 25 ans, sont au cœur de la réponse.

Didier Dufau  

Défection américaine inattendue : pour l’Europe et la France, sortir de la nasse est impossible !

Depuis un siècle, l’Europe et les Etats-Unis n’ont jamais connu de relations tranquilles. Ces derniers ont empêché la France vainqueur de l’Allemagne en 1914 d’organiser la paix de façon durable, ce qui nous a valu Hitler, une défaite historique et une occupation sauvage vingt ans plus tard. L’éternelle gratitude que l’on doit aux alliés pour la libération de la France en 1944 est légitime. Mais il a fallu empêcher l’Amgot, c’est-à-dire l’imposition d’une monnaie américaine en France. Dès la fin de la guerre, la politique des Etats-Unis vise à détruire les empires européens. Elle bloque conjointement, déjà avec l’URSS, l’opération de récupération de nos droits sur le canal de Suez. Ensuite elle milite, toujours en liaison avec l’URSS, pour la destruction des empires, par la décolonisation, afin d’ouvrir ces marchés à leurs entreprises. L’Europe de Jean Monnet, pilotée par la CIA, a essentiellement pour but d’affaiblir la France, le Royaume uni et l’Allemagne, en les noyant dans un ensemble inoffensif. Surtout, le 15 août 1971, les Etats-Unis décident l’abandon unilatéral de leurs obligations monétaires internationales. Engagés à convertir à taux fixe le dollar en or, ils violent leur parole et l’argent des Européens et font sauter le système monétaire international décidé à Bretton Woods, accords qu’ils avaient déjà détournés à leur avantage par manœuvre astucieuse à la fin de la conférence, en imposant le dollar comme proxy de l’or dans le nouveau système.

Cette défaillance a conduit à l’énorme crise de 1973, au cartel pétrolier, et depuis, à une dégringolade ininterrompue des taux de croissance dans les pays développés, expliquée par les crises financières à répétition, moyennes, comme au début des années quatre-vingt et au début du siècle, extrêmement violentes, entre 1992-1994, puis en 2008-2009, dernière crise doublée par la crise de l’euro de 2011. Depuis cette date les pays européens vivent dans une stagnation de longue durée et depuis deux ans la France et l’Allemagne sont en récession, si on choisit, pour rendre les chiffres comparables, la méthode allemande de calculer l’inflation, sans que jamais un mot ne filtre dans la presse.

Le système des changes flottants sans aucune règle applicable aux grands excédents et aux grands déficits a provoqué pendant cinquante ans une suite de désastres économiques lamentables et créé une situation désormais pathétique, avec des niveaux de dettes ingérables.

Et voilà que, victimes également de ce système monétaire défaillant, les Etats-Unis de Donald Trump veulent une fois de plus frapper leurs partenaires de l’Alliance Atlantique au portefeuille pour régler ses propres problèmes. Soulignons l’incongruité de la position américaine qui veut à la fois battre monnaie mondiale et imposer le dollar, ce qui impose un déficit massif de sa balance des paiements, et taxer les excédents ainsi créés en contrepartie. Une parfaite injonction contradictoire. En refusant désormais de payer pour la sécurité de l’Europe et en essayant d’extorquer à l’Ukraine des ressources qui sont pour l’essentiel dans les zones conquises par la Russie, Trump se lance dans une seconde injonction contradictoire.

L’Europe à la fois abusive et portée à dépasser les limites des traités, et ectoplasme, de Mme Van der Leyen qui est structurellement alignée sur Washington et qui est devenue le vecteur du Wokisme, de l’immigration musulmane et africaine illimitée, du gouvernement des juges, et de l’explosion des nations par la création de régions autonomes, est devenue une machine soumise aux lobbies et créatrices de normes totalement asphyxiantes en tout domaine, d’une écologie anti-croissance encadrée par des échéances intenables, tout en laissant l’économie européenne décrocher par rapport au reste du monde. L’énorme extension du champ de l’Union a rendu la gouvernance problématique. Elle l’a rapprochée des frontières de la Russie qui a vu son glacis traditionnel fondre. L’Union Européenne s’est jointe aux Etats-Unis pour la réussite de la révolution Orange, un coup d’Etat tout de même. Elle a laissé le gouvernement ukrainien traiter brutalement les territoires de l’Est, russophones sinon russophiles provoquant la réaction que l’on sait, stoppée par les accords de Minsk, signés par Hollande et Merkel qui ont affirmé en rigolant qu’il s’agissait de gagner du temps pour armer l’Ukraine. La Crimée était récupérée au passage par Moscou sans presque coup férir.

Tout ceci n’était possible qu’à l’abri de l’Otan et des armées américaines, abri considéré comme éternel. Hollande du temps d’Obama, en Syrie, avait pourtant constaté que les Etats-Unis pouvaient lâcher l’Europe.

Le triomphe électoral de Trump a fait sauter les illusions. L’Europe seule est désarmée. Les Etats-Unis ont réclamé d’abord que l’Europe paie pour sa sécurité, ce qu’elle a commencé timidement à faire, avant de supprimer carrément la couverture militaire qu’elle assurait. Tout cela pour accentuer la pression sur l’Ukraine, sommée de cesser la guerre et d’accepter la pax americano-russe, c’est-à-dire la perte de ses provinces de l’Est.

Alimenter la guerre en Ukraine tout en essayant de minimiser sa vulnérabilité sur les multiples points de contacts avec la Russie est simplement impossible sans la couverture américaine.

La solution serait, selon les européistes, de créer une énorme dette européenne de 700 milliards d’euros permettant de se réarmer, de suppléer les Etats-Unis dans l’aide à l’Ukraine, de devenir autonome sur l’intelligence artificielle, tout en conservant le calendrier de décarbonation mis en place dans les conditions que l’on sait par M. Timmermans. On se contenterait de réduire un peu les contraintes écologiques. On n’est même plus dans l’injonction contradictoire mais dans la dinguerie pure.

Un point à noter qui a son importance : depuis sa réunification, l’Allemagne s’est autonomisée en Europe et revient à ses politiques anciennes notamment contre la France. Elle essaie depuis 25 ans de détruire notre énergie nucléaire. Les énormes excédents qu’elle accumule au détriment de tous ses « partenaires européens » et notamment de la France faussent totalement la gestion financière de la zone euro. Trois pays représentent 85 % des flux de la BCE, avec en tête l’Allemagne. Pratiquement tous les secteurs industriels français sont passés dans des mains allemandes. On voit que l’Allemagne prend ses décisions sans consulter personne, que ce soit l’accueil de plusieurs millions de Musulmans du Moyen-Orient et de la Turquie, ou de la brusque fermeture de ses frontières. Pour rappel, nous avons ici proposé un pacte de réduction des déséquilibres avec une taxe progressive sur les excédents, totalement ignorée par nos dirigeants dont la pauvreté d’esprit et de réflexion est consternante depuis bien longtemps.

Pour la France la situation est critique. Elle est dirigée par un foldingue narcissique et phraseur qui a bloqué les institutions politiques et qui parade en s’agitant dans le vide quand il ne va pas se faire rouler dans la farine et humilier à Washington ou à Moscou. Elle est soumise aux exactions de la « rue arabe » qu’elle a laissées se constituer et se fait humilier tous les jours par l’Algérie et les autres ex-colonies avec la bénédiction soumise d’Emmanuel Macron. Ses finances publiques sont dans un état désespéré et les hauts fonctionnaires qui ont capté toute la vie politique ne pensent qu’à de nouveaux impôts alors que nous sommes les premiers au monde pour les prélèvements. Notre balance commerciale est désespérément déficitaire.

Dans une telle situation que peuvent faire la France, l’Union Européenne et l’Europe au sens large ?

Pratiquement rien de ce qui aurait été efficace.

La France aurait dû rapidement sortir de son marasme politique actuel avec démission d’Emmanuel Macron, élection présidentielle et élections législatives. La seule force structurellement adaptée à la situation aurait été nécessairement de tradition gaulliste. Il ne dépendait que de LR de se reconstruire à l’époque des « conférences programmatiques » et ne pas se diluer plus longtemps dans le centrisme mou à la Lecanuet. La condition : éviter la soumission prolongée à Macron que symbolise le gouvernement Bayrou, après avoir débloqué la nécessaire loi budgétaire.

Militairement, il aurait fallu constituer une nouvelle alliance de défense européenne avec le Royaume-Uni, la Pologne, les pays baltes, la Finlande, éventuellement la Roumanie, avec renforcement des contingents sur la frontière russe. À plus long terme on peut imaginer que l’Allemagne rejoigne la coalition. Cette alliance militaire à très court terme avec deux puissances nucléaires et des forces au sol consistantes, aurait permis de faire face immédiatement à toute éventualité, quoi qu’il arrive en Ukraine et quelle que soit l’attitude américaine. Bien sûr, ces forces sont largement approvisionnées par les Etats-Unis et dépendant de beaucoup de systèmes américains. Mais rien n’interdisait les accords commerciaux pour les approvisionnements. Trump n’en est pas au point de renoncer à des achats européens, alors qu’ils représentent plus de 61 % des fournitures militaires de l’Europe.

Il aurait fallu prendre l’initiative sur le front financier et géopolitique, en proposant au monde une organisation monétaire basée sur les principes de Bretton Woods, mais sans le dollar, faisant une alliance entre Brics (sans la Russie), et Europe. Les piliers dans cette affaire auraient été l’Inde, la Chine, l’Amérique du Sud et les pays africains, sans les Etats-Unis. Les grands déficits et excédents auraient été bannis, règle qui aurait dû être imposée au sein de la zone Euro. Un nouveau Fonds monétaire mondial (FMM) aurait été constitué avec son siège à Paris pour faire respecter les règles de l’alliance monétaire mondiale. L’idéal aurait été d’obtenir l’accord du Japon et de la Corée du Sud. Mais leur dépendance aux Etats-Unis est telle que la chance d’un tel leur accord aurait été faible.

Dans les deux cas, ces nouvelles coalitions auraient eu du sens si elles avaient été montées par des états souverains disposant de leur monnaie. Hélas l’Europe a choisi de créer l’Euro, ce qui aurait impliqué la Commission, associant contre leur volonté des pays pro russe ou pro américain. La monnaie unique tue en fait tout espoir de mettre fin aux changes flottants dominés par le dollar ! Paradoxe !

Dans ces deux cas, les prétentions fédérales de l’Union européenne sont un obstacle à des solutions décisives pour faire bouger Trump.

Il est probable que l’Union européenne va une fois de plus prétendre évoluer vers un État fédéral souverain en profitant de la situation, d’une part en faisant entrer le militaire dans son rôle et ensuite en prétendant monter un plan d’emprunt massif pour faire pièce aux investissements américains, mais en restant dans l’OTAN et en faisant tout pour restaurer la « bonne entente » avec les Etats-Unis.

L’Allemagne bloquée à la fois dans ses exportations et ses approvisionnements serait néanmoins la championne du réarmement. Pays le plus peuplé, le plus central et bientôt le plus puissant en armement conventionnel, il deviendrait de facto le leader principal de l’UE. La France, même avec sa bombe atomique, est incapable de fournir une couverture de sécurité à l’ensemble de l’Europe continentale. Pour la France, c’est un désastre de plus. Elle va se retrouver avec une armée puissante à ses frontières dans cinq à dix ans. Retour du bon vieux temps.

 

La Russie peut-elle attaquer en Roumanie, en Suède ou dans les pays Baltes ? On a affirmé que Poutine avait tout raté en puisqu’il a réussi à faire entrer d’anciens pays neutres dans l’OTAN. Mais cette OTAN ne dispose plus désormais du chapeau américain. Un marché de dupes !

La France est dans une situation désespérée. Avec sa dette de 3 400 milliards, ses prélèvements de 1 650 milliards, qui sont égaux à la valeur ajoutée annuelle des entreprises commerciales et industrielles, sa démographie malade, sa transition énergétique destructrice avec la désagrégation de son industrie automobile et la crise immobilière, et depuis 2008 son état de stagnation voire de dépression économique, elle ne peut pas changer de politique militaire rapidement, même en prétendant être en guerre. Bercy ne voit dans la situation que des avantages : l’administration va pouvoir voler le capital accumulé des Français pour financer la dette en prétextant de l’état de guerre alors qu’on est en état de guère.

Politiquement Emmanuel Macron va prendre prétexte l’état de guerre pour tenter de se sauver de la situation ubuesque où il s’est mis tout seul. La table renversée par Trump bouleverse toute la vie politique en France.

Plus aucun parti n’a de programme. Ni même d’identité ou de projet. Les postures actuellement totalement formatées par des questions intérieures : immigration, sécurité, drogue, émeutes urbaines, Wokisme, prélèvements, sont totalement annihilées par les développements. Internationaux.

Le RN coincé par ses relations avec la Russie et son soutien à Trump, bientôt privé par la justice de Marine le Pen, a perdu tout discours.

LFI déconsidéré par son soutien au Hamas et aux dictatures sud-américaines, honni pour la virulence de son antisémitisme délirant, dont son égérie Rima Hassan est le plus parfait témoin, et prisonnier de son option pro russe, fille de son engagement trotskiste, n’est plus rien dans une situation où la perspective de guerre devient crédible.

Le couple Zemmour-Knafo maintient que le problème numéro 1 est la crise migratoire et continue son flirt avec Trump. Ses perspectives sont très incertaines.

Les Verts sont à découvert. Tout le monde a constaté que leur objectif était Wokisme, gauchiste, décroissant, révolutionnaire antitout, étouffant et idéologisé. L’écologie n’était qu’un prétexte et de toute façon la violence écolo n’est plus acceptable.

Le PS n’est plus rien. Comme le macronisme.

Il reste le Modem traditionnellement à la botte des Etats-Unis et européiste, dont on voit qu’il est aussi étatiste et socialisant. Sa vraie ambition est de détruire la Ve République. Toutes ses réformes visent à casser des mécanismes institutionnels.

LR ayant refusé de se structurer après les élections de 2022, est toujours un corps sans tête, largement dépecé, sans projet ni programme, alors qu’un « moment gaulliste » est en cours.

La politique n’est plus qu’une guéguerre féodale pour les postes entre princes, barons et comtes, dans le néant programmatique total. Postures, narratifs plus ou moins construits et éléments de langage de circonstances suffisent.

Quelles perspectives pour la France ? Silence général. Nous sommes en récession mais surtout n’en disons rien !

Elias, Elias, Elias

Une mairie fautive

Cette affaire Elias n’est pas seulement un drame privé, justifiant compassion et silence. C’est aussi un témoignage fort de la toxicité, pouvant aller jusqu’à la mort d’adolescents, d’une municipalité sous emprise de la « cancel culture », de la « dégentrification », de la haine des habitants, portée par des fanatiques mélangeant outrances post-soixante-huitardes, culte LGBT et écologisme anticapitaliste pénitentiel.

La municipalité du 14e arrondissement de Paris sous la direction de Mme Carine Petit a dérapé, dès son élection, dans la malveillance, la malfaisance et la maltraitance. Et la cupidité associée aux grandes opérations immobilières. Ce mélange entre goût de l’argent et urbanisme assassin est l’essence même d’une action toujours plus pénalisante pour les habitants, de la part d’une bande de provinciaux et de banlieusards qui a pris le pouvoir par la démagogie et développe une vision de la population locale parfaitement méprisante. Lorsqu’on voit Mme Carine Petit, petit fonctionnaire territorial, formée chez les communistes à Bagneux et originaire de Bourges a organisé sa liste électorale avec un communiste homosexuel mis en examen pour viol en réunion avec son conjoint sur un jeune militant communiste, et surtout avec Guillaume Durand (à ne pas confondre avec le journaliste homonyme), l’homosexuel fanatique de la « dégentrification » chargé par M. Belliard, également venu de l’est de la France de purger EELV à Paris de tous les non homosexuels mâles (Baupin, Placé, etc.).

On comprend mieux le mépris féroce pour les Parisiens et une absence totale de commisération pour ceux qui sont victimes des décisions destructrices accumulées dans le XIVe :

-            Riverains qui souffrent depuis près de huit ans de travaux toujours renouvelés et particulièrement insanes et polluants ;

-            Automobilistes contraints à des mobilités lentes et inconfortables,

-            Malades et accidentés qui perdent l’accès rapide aux soins,

-            Petits commerçants réduits à la faillite,

-            Piétons accidentés.

-            Cyclistes exténués par les travaux, les carrefours bloqués, les camionnettes qui pullulent et ne respectent pas plus les règles qu’eux-mêmes, les sols pleins de nids-de-poule, ou anormalement glissants ou irréguliers…

Le mépris pour la sécurité de cette municipalité est abyssal. La police municipale est détournée de son rôle normal de protection des populations, notamment contre les voyous. On préfère mobiliser une douzaine d’agents municipaux pour contrôler le respect des 30 km/h, sur le pont de cinq Martyrs du Lycée Buffon alors qu’une femme à 80 mètres de là vient de voir son collier arraché par un jeune noir, sans que qui que ce soit se croie obligé d’intervenir. La demande de caméras de surveillance sur une dalle proche de la gare, dont on sait les problèmes de sécurité, est systématiquement refusée. L’arrondissement est transformé sciemment en banlieue à problème. On multiplie les ghettos pour immigrés et on ouvre des mosquées. L’islamo-gauchisme s’en donne à cœur joie. Le gymnase de la rue Mouchotte est mis le samedi après-midi à la disposition d’une association de gauche chargée d’occuper une bande de voyous aux frais des honnêtes gens. Ils violentent la gardienne du seul immeuble d’habitation riverain (15 jours d’arrêt) et commencent à lui voler son téléphone. Les riverains demandent que le voyou qui a porté les coups (accompagné par les applaudissements de toute la bande à chaque brutalité) et qui a été identifié par une enquête… des riverains (la police ne se déplace pas pour si peu) soit exclu de ce service. Mme Petit refuse. Le voyou a continué à parader et faire des signes obscènes vers la loge de la gardienne. La justice n’a engagé aucune action connue depuis des mois. Personne ne veut rien dire de l’avancement de l’action judiciaire, dont la maire se contrefiche. Elle n’a pas cherché à changer le comportement de l’association concernée.

Un voyou, dans la mentalité municipale dévoyée, c’est mieux qu’un immeuble de sale bourgeois et que leur esclave « déconscientisée » par le salariat… Pire encore : ce n’est pas un voyou. Seulement un petit ange que la société aide à se nettoyer les ailes !

Dans cet esprit de « dégentrification », le conservatoire de musique de l’arrondissement a été renvoyé dans une zone dangereuse en bordure des boulevards extérieurs, alors qu’on sait que toute cette bordure sud est pourrie par la délinquance, les bandes, les trafics de drogue… Les populations « non bourgeoises » de la couronne doivent avoir l’avantage sur les enfants de bourgeois de centre-ville. L’ancien conservatoire en face de la mairie du 14e était d’accès parfaitement sûr. On l’a transféré. L’endroit choisi ne l’est plus. On s’en vantait et ridiculisait ces « C. de bourgeois frileux ». Jusqu’au meurtre d’un adolescent !

L’ancien local a été occupé par une association gauchiste toxique, et on essaie maintenant d’y implanter le service des jardins. L’agriculture avant la culture. De toute façon le piano et le violon, comme la danse classique, c’est bourgeois ! Vive le rap et le hip-hop !

Le meurtre du jeune Elias par deux adolescents criminels a eu justement lieu dans cette zone. On a alors appris qu’ils étaient des récidivistes du vol en réunion avec violence (comme la centaine de dealers et de voyous qui pourrissent le sud de l’arrondissement) et qu’ils étaient déjà suivis par la « justice » pour des actes similaires, au sein d’un groupe d’une douzaine de voyous du même acabit, bien répertoriés mais laissés libres, qui ont compris qu’une impunité totale leur était accordée. La maire connaissait les assassins et avait multiplié les actes bienveillants à l’égard de leurs deux familles. Pour ce genre de fanatiques, une famille criminelle doit être dorlotée, aidée, aimée, et protégée des réactions des victimes, afin que les « petits anges », bouleversés par tant d’humanité verte et socialiste, deviennent des exemples pour la communauté. L’ennui, c’est qu’ils finissent par tuer.

Qu’un salaud d’enfant de bourgeois du centre-ville, soit tué, n’a apparemment pour eux, aucune importance. C’est comme les écologistes quand un ours artificiellement réimplanté tue un cycliste qui passait par là. « On en a tué tellement qu’ils peuvent bien tuer un homme de temps en temps ». « Les vipères en tuent beaucoup plus ». « C’est nous les coupables par notre viol répété de notre mère la Nature ».

Lors de son passage devant les caméras, la maire a voulu bien marquer son territoire : elle a aimé la publicité donnée aux investissements sportifs du quartier et dénoncé la baisse des crédits de soutien aux délinquants. Autant de considération pour la famille de la victime que ce qu’on avait vu pour la pauvre « versaillaise » tuée au sortir de Dauphine dans le bois de Boulogne. Beaucoup de commentateurs ont été frappés par la froideur, l’indifférence du ton, la bêtise béate, et les propos « lunaires » de Madame Le Maire. Avoir de la peine pour le jeune Elias ? Ce serait nécessairement de la récupération digne de l’extrême droite nazie. Au moins n’a-t-elle pas proposé que la photo du cadavre soit punaisée sur un Mur des Cons, à la mairie. Là, c’est réservé aux magistrats « indépendants et conscientisés ».

Cette dame a commis naguère un livre sans intérêt intitulé « Ces douleurs que l'on cache ». Dans l’affaire Elias, elle a bien caché la sienne. Ce qu’elle n’avait pas fait peu avant, en inaugurant au milieu des sanglots une plaque commémorative pour les chevaux tués pendant la guerre de 14-18. Pauvre Elias, si seulement il avait été un cheval centenaire !

Tout a dysfonctionné dans l’affaire Elias, d’un bout à l’autre de la chaîne : la maire, la municipalité, la justice, la politique de sécurité, l’accès aux soins d’urgence et leur efficacité. Tout a été problématique. Il y avait des urgences beaucoup plus proches que l’hôpital des Enfants Malades qui n’est pas habitué des coups de couteau. Mme Petit a aidé M. Nadjovski, l’adjoint à la circulation de la mairie centrale, à verrouiller les traversées du 14e devenu impénétrable pour les véhicules, sauf embouteillages terrifiants. Elle a même mis sa « fierté » (sic) à créer dans un lieu déjà saturé un quasi de type Rungis en plein Montparnasse qui pourrit évidemment la vie de tous les riverains. Les hôpitaux n’ont pas cessé de fermer dans le 14e sans aucune réaction de la mairie. Auparavant il fallait 5 minutes pour aller à Cochin du lieu du drame. Combien de temps a-t-il fallu attendre une ambulance et combien de temps pour aller aux enfants malades dans le 15e, plusieurs fois plus loin ?

Il faut qu’une commission parlementaire se penche sur ces désordres. Elle a le pouvoir de contrôler les dysfonctionnements criminels de la chaîne pénale, d’investiguer les sales coups de la municipalité, de comprendre pourquoi la chaîne sanitaire a été si lente à intervenir et si inefficace.

Mme Carine Petit et son équipe municipale sont au cœur de ce drame. Sans les décisions qu’elles ont prises et celles qu’elles n’ont pas voulu prendre, ce meurtre odieux n’aurait pas eu lieu.

Pour le citoyen du 14e, victime permanente des exactions de cette municipalité malade de son idéologie anti-sécuritaire mortifère, et des décisions de la maire la plus insane de France (et il y a de la concurrence chez EELV), qui ne cache guère sa bêtise derrière un rire permanent de benêt, c’est la seule chose qui compte.

Tristes condoléances à la famille du petit Elias, un enfant de 12 ans.

Pendant ce temps là, faisant fi de toutes les règles de laïcité, Mme Carine Petit s'acharne à trouver un local de priére supplémentaire pour les musulmans qu'elle loge en masse dans les HLM qu'elle fait construire pour pérenniser sa clientèle électorale. Comme toujours elle ne répond à aucune des protestations qu'elle reçoit tous les jours. Il est vrai qu'imposer une mosquée dans un rez de chaussée d'immeuble habité par des résidents non immigrés lui donne des frissons de bonheur : les racisés ont tous les droits contre le français colonialiste et racistes structurel ! Pas de raison d'en tenir compte.  

Ce qui est clair,  c'est qu'en France la politique de la présidence de la République et du Parlement donne des hauts de coeur. Et celle d'une municipalité parisienne caricaturale fait carrément vomir, sur fond de meurtre et d'islamisation militante. 

Deux vérités qui sortent de l'occultation : le drame de la dénatalité ; le drame de l'énarchie

et des marchés administratifs artificiels

Si quelqu'un t'a offensé, ne cherche pas à te venger. Assieds-toi au bord de la rivière et bientôt tu verras passer son cadavre. Lao Tseu.

C’est pareil en matière d’idées et d’observations de la réalité. Si l’information publique a été offensante pour la vérité, ne cherche pas à la dénoncer ! Vis une vie tranquille et tu verras la vérité passer à la télévision comme si les mensonges précédents n’avaient jamais existé.

Notre Cercle est en train de vivre un moment tout à fait exceptionnel où beaucoup des observations que nous ressassons et des critiques que nous formulons, qui ont été exclues de l’information officielle pendant des décennies, deviennent des évidences qui ne prêtent même plus à discussions.

Le premier sujet qui vient de connaître son assomption soudaine comme révélation éclatante est le drame démographique. Depuis des lustres nous considérons devoir critiquer la mise au rancart d’Alfred Sauvy et la honte qui baigne les messages des démographes officiels (et notamment de l’INED) qui ont d’abord affublé Michel Debré de l’entonnoir de la folie sur la tête et qui, pendant 50 ans, ont répété que la France n’avait aucun problème démographique et faisait mieux que tout le monde. Surtout ne pas contrarier le mouvement féministe, la pilule, l’avortement, le contrôle des naissances, la destruction du mariage, la dénonciation de la « dictature de l’enfantement » et autres fariboles. La natalité se maintenait presque par enchantement. En fait la natalité de familles immigrées arrivant en masse expliquait les apparences de bonne santé démographique alors que le constat de la réalité était depuis au moins quarante ans et surtout depuis le tournant du siècle, absolument catastrophique.

Il était depuis longtemps évident que nous perdions 500 000 naissances par an ! Depuis l’an 2000 jusqu’en 2025, c’est près de 12.5 000,000 enfants à naître qui se sont évaporés, deux fois les victimes de la guerre de 14 dont le récent anniversaire de l’armistice a montré les conséquences délétères. La chute des naissances ? Aucun impact négatif ! On l’occulte, on la nie, on la minimise. On n’anticipe aucune conséquence. Pas un mot dans les médias. Rien, sinon des polémiques sur l’immigration et le grand remplacement, le tabou absolu. Le briser était devenir l’émule des chambres à gaz et d’Oradour sur Glane.

Tout a changé après une publication : la baisse des naissances était telle en 2023 que le solde démographique était descendu à 47 000. Le chiffre qui vient de sortir d’un excédent démographique de 17 000 seulement pour 2024 sonne une forme de tocsin. À ce rythme, la population en France, avant solde migratoire, baissera dès l’année prochaine. Cela fait mauvais genre

En vérité la population de souche, disons celle qui descend des familles présentes en 1890, baisse probablement depuis 2005 environ. Toute la hausse de la population provient de l’immigration installée, par ses naissances, ou s’installant  depuis cette époque. Désormais elle ne tient plus qu’au solde migratoire annuel.

Il est intéressant que pendant cette descente aux enfers démographiques, on a vu le président Hollande réduire les allocations familiales et son successeur Macron constitutionnaliser le droit à l’avortement gratuit sans condition. Le réarmement démographique par l’accélération des spermatozoïdes a été annoncé par lui en 2024, un haut-commissariat à l’enfance en 2025. Paroles, paroles, paroles… M. Bayrou négocie un abaissement de l’âge de départ à la retraite qui est déjà de 2 à 5 ans inférieur à celui des autres pays comparables. Une parfaite dinguerie.

Autant dire qu’après l’occultation, la négation, la minimisation, l’exonération triomphe. Surtout ne pas toucher aux vraies causes. Les vaches sacrées restent sacrées. Même si le désastre est désormais bien présenté par le système médiatique.

L’article de Pierre Vermeren dans le Figaro du 17 janvier témoigne qu’un autre pan de mensonge vient de tomber. Depuis la création du Cercle nous dénonçons, dans une grande solitude, le triomphe de l’Enarchie Compassionnelle et Bienveillante, caste désormais saisie par le prurit du népotisme et soucieuse de s’enrichir par le développement d’un capitalisme de connivence basé sur les « marchés administratifs », l’intermédiation dans la vente des pépites économiques nationales, la prise de commissions sur la souscription de dettes démesurées, et la captation de rentes de situation.

Vermeren explique, de façon inutilement complexe, qu’une noblesse d’état s’est constituée qui pompe les rentes et accumule les privilèges comme à la veille de la chute de l’Ancien Régime.

Il voit bien que la richesse va à ceux qui ont mis en place ce que nous appelons nous « des marchés administratifs » et qui vivent en consanguinité avec l’énarchie et les grands prêtres du mondialisme. « Plus ce secteur se développe, plus le secteur indépendant s’asphyxie ; l’agriculture, l’artisanat, l’industrie et le commerce s’étiolent ».

L’ennui de l’analyse de Vermeren est qu’elle est juste sur les constats et fausse sur les causes. Il n’aime pas les grandes villes et il vaticine souvent contre les services et la consommation, donc la grande distribution, ce qui affaiblit ses démonstrations.

Tout le monde se souvient (malheureusement) du livre Paris et le Désert Français d’un géographe nommé Jean-François Gravier, dont l’argumentaire était proche de la débilité totale, mais la coïncidence avec ce que les gens voulaient entendre presque parfaite. Il a cautionné les jérémiades de la Province et capitalisé sur le rejet de la grande ville, impopulaire dans ce pays de paysans que fut la France. Bientôt il ne fallait pas refaire Paris en province avec les capitales régionales. Bouh les vilaines ! C’est encore et toujours la bible de Vermeren, comme Onfray ou Lisnard.

On trouve donc un paragraphe à peu près incompréhensible sur l’Île de France. « L’ingénierie de l’économie de rente a offert une profitabilité inespérée au temps de l’économie de production. Mais si cette « reconversion industrielle » a permis de maintenir l’Île de France en région la plus riche d’Europe, les dégâts sont considérables ». « En développant l’informatique, les autoroutes de l’information et la net-économie nous aurions obtenu une profitabilité très supérieure ».

Si les grandes villes se sont développées partout après-guerre, cela tient d’abord au fait qu’elles permettent de se saisir d’opportunités de croissance dans une économie de la connaissance et du service. Comme le disait le regretté Léon Chaix, cofondateur du Cercle : « la vraie misère est paysanne. La preuve les pauvres viennent en ville ! ». La ville est un incubateur ; une couveuse, une serre, un amplificateur d’activités et d’innovations.

Si le bon Pierre Vermeren voulait quitter son confort intellectuel qui nage dans le brouillon et l’approximatif, il serait obligé de mettre en cause, comme nous :

-            La captation de l’État, de la politique, à tout échelon, des grands groupes d’Etat, de la banque, de l’assurance et de la presse par l’Enarchie. N’ayant aucune connaissance technique, les hauts fonctionnaires ont fait de la finance en s’assurant une part du gâteau au passage. Et organisé par la réglementation, la subvention et la taxation, des dizaines de marchés administratifs qu’ils ont captée pour eux et leur progéniture.

-            L’écologie : elle a servi de prétexte à la multiplication des marchés administratifs tout en tuant l’industrie, l’agriculture et la construction.

-            L’européisme qui a justifié de démanteler et privatiser, au profit de groupes d’oligarques et donner beaucoup de moyens aux destructeurs de l’économie nationale

-            Le socialisme et la démagogie des slogans « les riches peuvent payer » ou « la dette ce n’est pas grave »

-            Le féminisme et la destruction de la natalité et de la liberté d’organiser librement l’entreprise en France

-            La démagogie basée sur les cadeaux au peuple, la gratuité et l’achat de vote électoral

-            La « cancel culture » et le Wokisme qui ont tué l’école et les universités.

-            L’insouciance monétaire qui a conduit à mettre en place des systèmes délétères.

-            Le mondialisme sans régulation qui a mis le travailleur français en concurrence inégale avec les pays arriérés décidés à s’en sortir.

L’ennui, c’est que là, on n’est plus protégé par un langage abscons et il faut faire face aux intérêts puissants de tous ces gens-là qui ne font pas de cadeaux.

La lucidité des constats si elle ne s’accompagne pas d’une démarche de vérité sur  les causes ne sert à rien.

Les chiffres noirs qui endeuillent l’avenir de la France

2023, 2024, 2025 : la trilogie sinistre ?

L’année dernière, à la même période, nous avons refusé de souhaiter une bonne année car les nuages noirs étaient tellement noirs et tellement nombreux qu’il était certain que l’année 2024 serait funeste. L’année 2 024 restera comme une des pires années de l’après-guerre. La responsabilité en revient à 100 % à l’incapacité maladive d’Emmanuel Macron. Réélu sans débat approfondi sur les questions cruciales qui se posent aux Français, la guerre en Ukraine et la tactique de communication lui ayant permis « d’enjamber » les élections présidentielles, la victoire a réarmé son narcissisme tout en le confrontant au vide politique qui le caractérise. N’ayant aucun bilan, en dépit d’un narratif qui bassine le pays du contraire, et ayant déjà ruiné les finances du pays, il n’avait plus le choix : il fallait faire au moins une réforme sérieuse qui ne soit pas un faux-semblant. En même temps il fallait éviter que les conséquences de sa désinvolture vis-à-vis des paysans, des retraités et des propriétaires provoquent des réactions incontrôlables par l’Élysée. Impossible de réellement conduire un pays si on cède à tout dans l’Union Européenne, où seul le président a un pouvoir de blocage, même partiel, si le commerce extérieur élargit ses déficits, avec une part décroissante dans le commerce mondial, si la production ne suit pas et si le chômage reste structurel. Car alors, le budget devient ingérable et les fonctions régaliennes ne peuvent plus être assurées.

Narcisse a alors voulu narguer et provoquer tout le monde en forçant une réforme des retraites qu’il avait lui-même dénigrée lorsqu’il défendait une réforme par points, impraticable, qui est tombée à l’eau après cinq ans d’atermoiements et non à cause du Covid. La preuve, il n’a pas repris le projet ! Jamais une réforme critique n’a été si mal préparée et si mal conduite, dans un climat hystérisé par le Président lui-même. La réforme sera imposée au forceps et entraînera une forme de révolte populaire sous forme de casserolades et de propos injurieux. L’attitude habituellement méprisante du chef de l’Était a fait le reste. Pour résister, il a organisé des opérations images ridicules, où le Président embrassait des bébés devant quelques femmes énamourées qui roucoulaient, entourées de caméras et pas de grand-chose d’autre. Gare aux photos à plan large… Le but unique : construire un narratif où le président voyageait partout au milieu des embrassades et des applaudissements, sans le moindre bruit de casseroles. En fait on a continué la seule politique constante qu’a jamais conduite l’équipe de l’Élysée : bâtir et sauvegarder le narratif hors-sol du président ! La France, pendant ce temps-là, pouvait s’enfoncer.

Préparer la suite, c’était marquer un changement de cap pour bénéficier de la prime attendue des élections européennes. Alors on demande à Attal et Séjourné de se « dépacser » pour être prêt au renouvellement de l’équipe gouvernementale, prévu en début d’année, au prix de l’évacuation sans délicatesse de Mme. Borne, jugée sinistre et incompatible avec l’image recherchée par le Président. Avant même que l’Ange Gabtiel et son joli minois ne soient nommés, l’ensemble de l’Europe agricole s’est mis en mouvement. Elle est ruinée par le Greendeal, construit en particulier par Pascal Canfin président de la commission de l’environnement au Parlement européen avec l’aide d’Emmanuel Macron, totalement responsable d’un « deal » qu’il aurait dû bloquer comme Président. On sait de quelle grotesque façon l’affaire s’est finie au Salon de l’Agriculture où le président a expliqué aux agriculteurs ce qu’ils devaient faire, bien caché par un parterre de CRS.

Dans ce maelström, personne n’a eu l’occasion de s’inquiéter les résultats budgétaires détestables (et minorés) de l’année 2023, plombant toutes les perspectives ni de s’inquiéter surtout les chiffres tragiques de la natalité, en forte baisse et laissant un solde démographique national presque ridicule de 46 000 personnes, avec la menace d’un chiffre négatif à très courte échéance.

Malgré les efforts de communication délirants pour essayer de faire de Gabriel Attal une esquisse de premier ministre, en vain, la campagne pour les Européennes se présentent bientôt sous les pires auspices. D’erreur de casting en erreur de message, la cote de l’inconnue choisie pour mener la liste européenne de Renaissance, nouveau nom des macronistes, ne cessera de chuter au point d’atteindre un niveau ridicule qui sera une terrible gifle pour un Narcisse blessé. On connaît la suite : une décision de dissolution vengeresse et irresponsable, six mois de chaos et une fin d’année lamentable où aucun des problèmes nationaux n’a pu connaître le début d’une solution. Le bilan de ce second quinquennat est, au bout de deux ans, accablant. L’accumulation des situations critiques est sans fin :

-        Crise institutionnelle depuis la dissolution folle d’Emmanuel Macron au sortir de son échec terrible aux Européennes

-        Crise démographique à un moment où les courbes de décès rejoignent les courbes de naissances, et pointent vers une baisse de la population

-        Crise de l’énergie avec des coûts extravagants provoqués par la casse de notre système nucléaire et la volonté européenne de pousser des énergies erratiques et incontrôlables.

-        Crise du secteur automobile prié de se convertir dans des délais farouches à l’électricité et démoli par les réglementations, les taxes, les injonctions diverses. On parle de 700 000 chômeurs de plus en Europe.

-        Crise inédite de l’immobilier, accablé de taxes, d’impôts, de réglementations extrêmes à mettre en œuvre dans l’urgence.

-        Crise de l’aménagement du territoire avec une loi Zéro Artificialisation Nette qui paralyse tout le monde.

-        Crise des finances publiques et du budget en déficit incontrôlable

-        Crise agricole, provoquée par des politiques coercitives malthusiennes fondées sur la folie bureaucratique, la jachère et la substitution des importations à la production nationale.

-        Crise sociale avec la stagnation des revenus et de l’emploi des classes moyennes provoquant une revendication hagarde de pouvoir d’achat.

-        Crise des politiques publiques, avec une Justice effondrée, une école en déshérence, une université qui a sombré dans le Wokisme le plus débilitant et un secteur de la santé ravagé par la bureaucratie tatillonne et l’étouffement syndical et financier.

-        Crise nationale, avec le développement de conflits raciaux et religieux que l’on croyait éliminés à jamais et l’envahissement des villes et des villages par des masses africaines et musulmanes qui haïssent pour beaucoup d’entre eux le pays d’accueil, et renient tous les principes qui fondent sa démocratie.

-        Crise sécuritaire, avec la multiplication des crimes de sang, la peur partout, le vol généralisé, la violence des jeunes, le refus de respecter quelles que règles que ce soit.

-        Crise de la drogue, avec un pays en voie de « mexicanisation » et un début de généralisation de la corruption des acteurs publics, par la peur ou par le gain.

-        Crise européenne, déclassée économiquement loin derrière la Chine et les États-Unis, et qui voit les institutions de l’UE échapper à tout contrôle, alors que des pays clés comme l’Allemagne et la France sont en récession.

-        Crise diplomatique, alors que flambe la guerre sur le sol européen.

-        Crise militaire où l’on constate que notre armée « échantillonnesque » qui tient tout entière dans le Stade de France, ne nous protège plus et serait incapable de mener une guerre de type classique plus de 2 jours.

-        Crise climatique, avec des phénomènes brutaux, dont l’explication « anthropique » laisse à désirer

-        Crise du système de retraite détruit par la démagogie d’un âge de départ intenable, par le vieillissement et l’absence d’enfants

-        Crise du système scolaire et universitaire.

On ne voit pas comment on aurait pu faire pire. La crise des institutions paralyse l’amélioration de la situation dans tous les autres domaines. La France va à vau-l’eau et coule doucement.

La France vient de vivre une année complète de paralysie gouvernementale. Le premier trimestre a été stérilisé par la crise agricole et le changement de gouvernement, le second par la préparation des élections européennes. On a géré les affaires courantes le reste de l’année 2024 et on recommence en 2025.

Certains tabous et mensonges tombent brutalement dans ces périodes de crise.

En deux ans le grand mensonge démographique a été balayé. Depuis des années les médias nous abreuvent de mensonges sur la situation démographique, bien aidés par des piliers de l’INED comme Le Bras et quelques autres. Tous les hommes politiques qui ont tenté de conserver une politique nataliste ont été présentés comme des fous. On se souvient de Michel Debré affublé d’un entonnoir sur la tête, symbole de folie. Alfred Sauvy a été marginalisé et son message occulté. Tout allait bien en France, alors que partout ailleurs les difficultés s’accumulaient. C’était une fable ! La pilule, le divorce facile, le pacs, l’avortement, le planning familial, un féminisme militant remettant en cause les femmes au foyer, l’intérêt du double salaire, le refus de considérer l’enfantement autrement que comme un acte individuel de la femme concernée, jusqu’aux délires actuels faisant de l’accouchement une « servitude », du sperme une substance toxique, de l’homme un violeur structurel, ont évidemment altéré en profondeur la natalité. La femme n’est pas une poule pondeuse et son rôle n’est pas de fournir de la chair à canon ! Qu’on se le dise ! En 2 024, on a constitutionnalisé le droit à l’avortement gratuit inconditionnel. À l’unanimité ! Alors qu’on sait que tout vote à l’unanimité est la preuve qu’on fait une sottise.

Sans remonter jusqu’aux années soixante-dix, remarquons que depuis le début 2000 on a procédé à 5 millions d’avortements à 700 euros l’acte, soit près de 3.5 milliards d’euros consacrés à éliminer des enfants à naître, pardon des « boules de molécules ». C’est plus que les pertes démographiques de la guerre de 14. Et on croit que cela n’a pas eu d’importance ?

Lorsqu’on compare le ratio naissances sur population de 1971 à celui de 2023, on voit qu’avec notre population actuelle nous devrions avoir 500 000 enfants DE PLUS par an que les naissances actuelles. Depuis l’an 2 000, nous avons perdu 12 500 000 naissances, dont 5 millions par avortement. Cela correspond à la population de l’île de France.

Ce désastre pouvait être constaté d’année en année depuis les années quatre-vingt. Pas un mot. Tout allait bien. Il a fallu qu’en début 2024 on constate pour 2023 que le solde entre naissances et décès était devenu ridiculement petit, annonçant un croisement des courbes et le non-remplacement générationnel à très court terme, pour que tout le monde se réveille. 2 024 s’annonce déjà pire que 2 023. Et il n’y a aucune raison que cela s’arrête. Déjà les statistiques par département montrent que dans les départements à faible niveau d’immigrés, les décès l’emportent sur les naissances et que les courbes s’écartent de plus en plus et très rapidement.

Globalement les décès concernent à 90 % des Français « de souche » et les naissances correspondantes en concernent moins de 60 %. Cela signifie que la population française traditionnelle diminue d’environ 300 000 personnes par an. Puisque la population continue de grossir par l’immigration, cela signifie qu’une substitution de population a bien lieu. Formulation totalement taboue.

Qu’importe, puisque la population augmente par l’immigration. Le problème est que la population immigrée a un taux de productivité faible et un taux d’emploi faible, donc un impact sur la production très faible. Outre les questions diverses que pose une immigration massive, elle ne suffit pas à compenser les pertes, tout en embolisant les services sociaux qui sont à l’agonie (urgences, logement d’urgence, HLM, préfectures) et en bousculant police, justice et système pénitentiaire.

Donc les résultats sont désastreux.

D’après le livre de Nicolas Baverez, Sursaut (l’Observatoire), immigration comprise, la population devrait augmenter jusqu’à 69 millions jusqu’en 2 044 et régresser ensuite. La part de plus de 65 ans passera les 30 % dès 2030. La population active stagnera autour de 30 millions.

Sur ces bases, tous les autres déclassements s’amplifient. Le rang de la France pour le PIB, le PIB par tête, la part des fonctionnaires, le montant de la dette, le déficit commercial, les parts de marché internationaux, tout s’aggrave. Les entrepreneurs, les ingénieurs et les chercheurs quittent la France, comme les personnes riches et les artistes : « Ce n’est plus en France que cela se passe ! », la phrase qu’on entend partout dans le monde.

Macron a tenté de tenir en soutenant la consommation par la dette. On est au bout de ce chemin. Son « idée », en fait cette facilité démagogique, de couper les financements naturels (taxe d’habitation, charges et impôts sur certains salaires) sans leur substituer d’autres recettes, a accéléré le développement d’une dette insoutenable.

Il devient impossible de recruter des salariés correctement formés. Les taux de chômage sont les mêmes qu’en 2007 avant la crise mais on crie qu’on a vaincu le chômage structurel alors que c’est un gros mensonge.

L’écologisme et ses prescriptions fondées sur un narratif scientifique incertain, manipulé par l’ONU et l’Union Européenne, ont un coût démesuré pour des résultats climatiques nuls. Les taxes, la bureaucratie et l’écologisme ont tué le marché immobilier. Agriculture et industrie sont en régression rapide et massive.

L’année 2025 s’engage sous des auspices catastrophiques, sans possibilité d’obtenir un gouvernement digne de ce nom et capable d’une véritable action de longue durée, alors que la France n’a plus de diplomatie, d’armée adaptée aux besoins, ni d’influence en Europe où l’Allemagne a pris le pouvoir ou en Afrique dont elle est éjectée manu militari au profit de la Russie et de la Chine !

Dire qu’Emmanuel Macron a amplifié tous les facteurs de déclassement est un euphémisme. L’ennui provient de l’absence de substitut crédible. Au fond du trou, on ne trouve que des vers de terre, pas les moyens d’un rebond. Pour le sursaut, M. Baverez, on attendra !

Les Français veulent plus de dettes, plus de vols fiscaux pour « les autres », moins travailler et moins longtemps, avec moins d’enfants et plus de gratuités. Les nourrir de démagogies systématiques leur va très bien et ils en redemandent. Vive les grèves et les manifs violentes ! Alors pourquoi se gêner ? On a les Macron qu’on mérite !

Bonne Année 2025 !

Trump et l’Union Européenne : les injonctions économiques contradictoires ne mènent à rien.

D’accord, depuis la terrible récession mondiale de 2008 et l’apostrophe de feu la Reine d’Angleterre sur leur inutilité, s’ils ne savent plus prévoir ce genre d’évènements, les économistes ont été largement remplacés dans les médias par les philosophes, les sociologues, les décrypteurs politiques de toute obédience, les militants de tout bord, les porte-parole associatifs, …  C’est fort intéressant, assez chaotique, mais plus propice à l’affirmation d’appartenances idéologiques et politiques radicales que lourd de solutions. Surtout, l’exclusion du minimum de compréhension des règles économiques de base conduit à ne pas voir les « éléphants dans la pièce » selon l’expression que l’on retrouve désormais partout. Osons cet exercice désormais devenu désuet et suspect mais qui n’est pas totalement inutile !

Continuons dans l’accord : tout le monde a compris que l’évolution du monde depuis 50 ans a basculé dans des chemins qui ont conduit à une forme d’impasse. Pour l’Occident développé, l’étape actuelle est douloureuse, avec des résultats économiques et sociaux catastrophiques et un dur déclassement des différentes classes moyennes nationales, la rupture entre la base populaire et les élites, le trouble dans les habitudes de la pensée dominante.

Quelle est la cause principale de cette évolution délétère alors que nous étions parvenus tous en Occident et dans les pays alliés, à une croissance « glorieuse » au sortir de la terrible guerre mondiale de quarante, et avions empêché que le conflit avec le monde communiste obère cette croissance historique ?

Sous la pression des États-Unis, l’Occident a mis au panier en 1971 les Accords de Bretton Woods qui ont accompagné les Trente Glorieuses. Il n’a pas fallu deux ans pour que cet abandon provoque la première récession mondiale d’après-guerre. Les troubles nés de cette décision ont étendu la crise proprement américaine à l’ensemble du monde. Le dollar s’est effondré. Les pays pétroliers ont été privés de ressource. Ils ont réagi en fin 1973, alors que la crise avait près d’un an, par la hausse massive de prix cartellisés, donc en infligeant une rançon permanente aux pays sans pétrole comme la France. La crise de 1973 n’est pas une crise du pétrole, mais une crise du système des changes qui a provoqué, comme première conséquence, une crise du pétrole qui a détruit largement les perspectives mondiales de croissance.

On est passé d’un système où les changes étaient régulés par les États, sous la surveillance du FMI, avec interdiction des grands déficits et des grands excédents. Les pays en excédent devaient hausser leur taux de change, les pays en déficits dévaluer, mais, dans tous les cas, sous contrôle pour éviter les guerres de changes qui avaient provoqué les troubles économiques désastreux de l’entre-deux-guerres.

Les accords de la Jamaïque ont décidé que les cours de changes seraient libres et que les banques centrales deviendraient les régulateurs monétaires de marchés commerciaux et financiers rendus les plus libres possible. Que chacun fasse ce qu’il veut et Dieu reconnaîtra les siens !

Quelles ont été les conséquences presque immédiates de ce nouveau « non-système » du chacun pour soi et les banques centrales pour tous ?

-            Les excédents et les déficits de balances commerciales et de paiement ont explosé.

-            Les relances dites keynésiennes n’ont plus fonctionné

-            Les monnaies ont commencé à fondre

-            La financiarisation et la recherche de valeur ont remplacé l’investissement productif, cassant le socle de la croissance.

-            Les crises mondiales à répétition se sont installées, alternant crises moyennes (1981-1983, 1998-2001), et crises très sévères, (1992-1993, 2008-2010), avec en prime une crise propre à l’Euroland en 2011.

Il faut bien comprendre pourquoi les grands excédents et les grands déficits sont intrinsèquement déplorables et porteurs de désastres. L’explication est élémentaire et elle a été donnée par les plus grands économistes en particulier français comme Jacques Rueff et Maurice Allais, notre premier « Nobel » d’économie.

Lorsqu’un pays connaît un énorme excédent, il détient des masses de monnaies étrangères. Que peut-il en faire ? Garantir la création de monnaie nationale pour investir ? Oui, sans doute. Mais le secteur exportateur est en pleine forme et n’a nul besoin d’investissements supplémentaires de masse. L’investir à l’étranger ? Certes, mais dans quoi puisque les pays en déficits sont peu compétitifs et leurs entreprises vacillent et n’ont pas les moyens d’investir et d’emprunter ? Une seule issue : la spéculation, c’est-à-dire l’investissement en Bourse et dans l’immobilier, et le financement de la dette des états et de la consommation. Mais le ciel a ses limites. Au bout d’un cycle de hausses hors sol, la correction arrive et elle est sévère. D’où les crises mondiales à répétition.

Les États se retrouvent avec des possibilités de dépenser sans compter. La France l’a bien compris. Elle se retrouve avec 3 250 000 euros de dette publique ? Pas grave, puisqu’on peut trouver des ressources sur les marchés pour la financer. Jacques de la Rosière2 a plus que raison de critiquer ce mécanisme dans son dernier livre. Et personne ne pourra contester sa compétence ! Les politiciens les plus cyniques se font élire sur leurs largesses et gratuités. Mais là aussi les dettes ne peuvent pas aller jusqu’au ciel. Voici venus les plans de rigueur à répétition, mais sans employer le mot juste ! Le pays est nerveux, restons prudents !

Les pays excédentaires se voient très beaux dans leur miroir, mais meurent de trouille que la masse de monnaies accumulées, qui se comptent en milliers de milliards de dollars, perde toute valeur si le dollar s’effondre. Qui se souvient qu’en 1980 l’Allemagne et ses excédents colossaux se trouvent déjà dans les pires difficultés ? Qui se souvient que le Japon, dans les années quatre-vingt-dix, se trouve dans des transes terribles ? Il avait placé ses excédents dans à peu près n’importe quoi, comme des clubs de golf en France qui feront faillite. Désormais c’est la Chine qui craint pour ses milliers de milliards de dollars et qui les placent partout dans le monde tout en cherchant à remplacer les dollars dans ses réserves et dans ses excédents monétaires, en organisant par exemple les Brics ou en achetant de l’or.

Au lieu de se mobiliser pour réformer le système monétaire international, les États-Unis ne le souhaitant pas, et une partie des élites occidentales trouvant son bonheur dans la ponction sur les flux monétaires ou les flux de la mondialisation heureuse, on a cherché à masquer les effets délétères qui lui collent au dos comme une tunique de Nessus. La récession de 1973 est devenue « la crise pétrolière ». La crise de 1992 celle « des ordinateurs ». Celle de 2008, « la crise des subprimes ». Rien de systémique, et on s’en sortira nouvelle fuite en avant, qui, à chaque fois,  alimentera la crise suivante.

Voici que Donald Trump est élu et qu’il reprend la querelle américaine qui dure depuis 50 ans en des termes qui lui sont propres, donc violents voire insupportables. En sommant tous les pays de supprimer leurs excédents vis-à-vis de son pays sous peine de droits de douane exorbitants, tout en voulant perpétuer le monopole de la création de liquidité mondiale en dollars qui impose des déficits extérieurs américains et donc des excédents réciproques à l’étranger, il milite pour deux exigences parfaitement incompatibles et formule grossièrement des injonctions contradictoires.­

Autre paradoxe, Trump a compris que le système actuel pénalisait les classes moyennes américaines tout en permettant de sortir des millions de personnes de la misère dans des pays qui détestent l’Occident. Il a très bien vu que le pays excédentaire pouvait acheter le capital américain, notamment ses entreprises et que l’énorme marché chinois permettait de créer des trusts encore plus gros que les siens tout en investissant en masse dans le militaire.

Malheureusement, Il n’en tire pas toutes les conséquences et se contente d’expédients délétères. Son instinct est certes primaire mais supérieur à l’incapacité de l’Union Européenne à formuler une politique viable. Il est clair que le fait que M. Macron se voit en T-Rex et exige des autres dirigeants européens  de ne pas être des herbivores ne témoigne pas non plus d’une ambition intellectuelle et technique forcenée.

Le problème de fond est que l’Euroland n’a pas proscrit non plus les grands déficits et les grands excédents. Les flux financiers des trois pays les plus excédentaires représentent presque 90 % de l’activité de la BCE. Les effets délétères des excédents au sein de la zone Euro ont rejoint les effets délétères des changes flottants. L’Allemagne a pu racheter une bonne part des industries résiduelles dans les pays européens tout en s’inquiétant de voir la Chine s’emparer ce son Mittelstand. Jusqu’à ce que la guerre en Ukraine désorganise tout son système économique, écologique et diplomatique, au point que son gouvernement explose et que ses intérêts sont devenus totalement divergents des intérêts français. Adieu le couple franco-allemand ! Les mythes n’ont qu’un temps.

L’inflation est partout du fait des conséquences du Covid et de la guerre en Ukraine, mais il faut garder à l’esprit que nous sommes dans un système global de monnaies fondantes. Les lecteurs âgés par exemple du journal le Monde le savent bien : il valait 50 centimes de Franc le numéro à la fin des années soixante et 360 cents d’Euro aujourd’hui, en attendant mieux, soit environ 360x7 = 2 520 centimes de Franc. La valeur de la monnaie a été divisée par 7 en cinquante ans et ne conserve que 14 % de sa valeur dans cette unité. Quand on prend d’autres valeurs de référence, on est plus près de 4 à 5 % que de 14 %. La valeur du Monde a finalement assez bien résisté !

Il serait sans doute utile que les yeux se descellent une fois pour toutes. La solution n’est pas dans des affrontements stériles au sein de l’Occident, ni dans la démondialisation malheureuse.

Il faut réformer les systèmes monétaires déficients et régressifs, aussi bien les changes flottants autour du dollar que les mécanismes de la monnaie unique européenne au sein de l’Euroland, qui ne permettent aucun rééquilibrage par les ajustements monétaires. La croissance mondiale ne peut être assurée que par un meilleur équilibre général des changes (par l’ajustement des changes contrôlé collectivement) et le retour à l’investissement productif, et non au placement financier ou à la recherche de la hausse permanente illusoire de la valeur des actifs.

C’est la seule sortie collective par le haut à notre disposition. Au travail ! Même s’il faut sortir pour cela du langage de Jurassic Park !

 Didier Dufau

Président du Cercle des Économistes « e-toile ». Auteur de « La Monnaie du Diable », une histoire de la monnaie de 1919-2019, aux Editions du Cercle.

 Le déclin français est-il réversible – Odile Jacob Jacques de la Rosière

Régression néonatale : Le professeur Minkowski ne serait vraiment pas content !

Qui se souvient d’Alexandre Minkowski aujourd’hui ? Personne, naturellement. Il était l’exemple même d’un modèle quasiment disparu : le grand médecin, comme aussi Pierre Debray-Ritzen. Ils étaient désintéressés et attachés à faire progresser leur domaine. Minko avait les yeux rivés sur les accidents médicaux liés à la natalité.   Réduire de façon exemplaire la mortinatalité était son domaine.  Avec en prime une vision humaniste du monde. Point important pour moi, il aimait les boucles de la Seine, au Bec-Hellouin, boucles dont je suis également amateur. Debray-Ritzen était aussi un vrai médecin qui n’a pas hésité à virer la lamentable Françoise Dolto de l’hôpital des Enfants malades où elle faisait des dégâts.  Point important,  il avait subi un choc émotionnel devant la Vue de Delphes de Vermeer, circonstance que j’ai également vécue et qui m’a immobilisé pendant deux heures à 14 ans devant cette œuvre magistrale. Tous les deux avaient une passion : soigner l’enfant ! Minkowski était le pape de la réduction de la mortinatalité, le plus grand succès de la médecine qui a révolutionné le cours de la démographie. Le taux de mortinatalité qui était de dix enfants pour 1000 naissances vivantes en 1980, en baisse prodigieuse par rapport au XIXe siècle devait baisser jusqu’à deux. La France devait donner l’exemple et caracoler en tête ! Telle fut l’action et tel reste le message de Minkowski.

Les chiffres les plus récents viennent de tomber dans l’indifférence presque générale. La France est au double de la mortinatalité des meilleurs, qui ont atteint la cible de 2 (2.1 en finlance) et en moyenne les pays européens font mieux qu’elle. Elle régresse maintenant en valeur absolue comme en valeur relative.

Honte à nos dirigeants et à ceux qui ont créé les conditions de cette défaite ignominieuse, alors que tous chantaient la médecine française comme la meilleure du monde. On commence le siècle en ayant massacré près de cinq millions de bébés à naître depuis 2000. On finit par laisser se dégrader la santé à la naissance des survivants.  

L’Inserm et le CNRS sont devenus des institutions pourries par la politique et les querelles de clans. La posture y a remplacé la science, l’excellence et la volonté de maintenir la France dans l’élite médicale mondiale.

Le mensonge est désormais la norme en France. Les combattants de l’excellence des résultats ont laissé la place à des chevaliers de la moraline, version politiquement correcte. Ils ne cherchent plus l’excellence mais des places, des honneurs et de l’argent, le plus possible.

On s’apprête à ouvrir la voie au suicide assisté de convenance personnelle, remboursé par la sécurité sociale.  Gageons que cela ne va pas arranger la gériatrie ! Que les vieux meurent sans soins sur des brancards aux urgences ne gênent plus personne. Ils ont été triés ! Sans scrupules ni discussion. Ils le seront de plus en plus.

La France vient de découvrir la dénatalité, une réalité tue ou minorée, avec des mensonges de communication qui font qu’encore dans les médias on nous fait croire à un taux de 1.8% alors que le vrai est de 1.67% plongeant vers le 1.5% à court terme.  On commence à remarquer que notre mortinatalité décroche de la performance des meilleurs. L’INSEE se veut lénifiante comme toujours. Ce n’est qu’une stagnation pas un recul… Comme la croissance !

Ces deux grands professeurs étaient juifs. Alexandre Minkowski avait pris parti pour un état palestinien et militait pour la paix.  Ils seraient sidérés de constater l’ampleur de l’antisémitisme qui sévit en France aujourd’hui, alimenté par la gauche et les étudiants militants, dans le cadre d’un islamo-gauchisme d’opportunité politicienne délirant. Pour les adeptes de Mélenchon on rappellera qu’au Venezuela il y avait 15 décès pour 1 000 naissances vivantes en 2008 et qu’on en est aujourd’hui à plus de 22.

Tout de même : quelle ignominie !

Didier Dufau

 

Budgets irresponsables : bataille instructive entre deux hauts fonctionnaires

La crise démocratique déclenchée par la dissolution irresponsable voulue par l’énarque névrosé Emmanuel Macron a provoqué une conséquence imprévue : les déficits budgétaires et extérieurs permanents ont perdu leur écran médiatique et sont apparus en pleine lumière. Non seulement, ils étaient gigantesques et sans comparaison avec la situation des autres pays européens ou autres, mais leur dérive naturelle les emmenait vers une crise de la dette potentiellement désastreuse. L’idée que la gestion des gouvernements Philippe, Castex, Borne et Attal, sous la férule du Président et de son conseil, Alexis Kohler, avait été sciemment mensongère dans la durée, avec une prime pour l’Énarque Bruno Lemaire, resté sept ans aux Finances, s’est imposée aux yeux ébahis de l’opinion publique. Indirectement les hauts fonctionnaires qui ont capté tout le pouvoir politique ont été interpellés voire inculpés. Cette catégorie est-elle devenue une engeance et est-elle désormais incapable, irresponsable et irrespectueuse vis-à-vis de la Nation qu’elle envoie dans le fossé avec une désinvolture systématique et pratiquement atavique ? Le choc est rude.

Jacques de la Rosière accepte l’accusation et prononce le diagnostic : depuis des lustres la haute fonction publique, dont notamment les inspecteurs des finances, a fait son miel d’une affirmation : les déficits ne sont plus graves, puisqu’on peut les financer par l’emprunt indéfiniment, depuis l’ouverture mondiale des marchés de capitaux. L’important est de stimuler la demande et de couvrir à court terme les plaies sociales d’argent presque gratuit. Pourquoi se gêner puisqu’on peut le faire ? le résultat est naturellement des impôts hors normes, des dettes abyssales et des déficits extérieurs colossaux, avec un taux de chômage structurel élevé et des difficultés croissantes dans tous les secteurs régaliens, constamment sous la pression des déficits.

À 94 ans, Jacques de la Rosière a eu le temps d’être Directeur du Trésor, de la Banque de France, du FMI, de la BCE et de la Berd, ce qui lui donne une vision complète du terrain international et des latitudes nationales.

Il connaît parfaitement les mécanismes qui se sont mis en place après que les Américains eurent détruit les Accords de Bretton Woods au profit des changes flottants. De Jacques Rueff à Maurice Allais, ce système dangereux a été parfaitement analysé. L’accumulation des excédents dans une monnaie étrangère pose un dilemme au pays bénéficiaire : il n’a nul besoin d’investissements productifs puisqu’il est incroyablement compétitif. Investir dans le pays concurrent en difficulté ? Ridicule. Alors il faut placer l’argent dans des espoirs spéculatifs : la bourse et l’immobilier, et financer à moindre risque les États déficitaires. Les salles de marché s’ouvrent dans les banques dès 1975, date à partir de laquelle plus aucun budget français ne sera proche de l’équilibre ! Les États n’ont plus à gérer le cours de leur monnaie, les banques centrales ont pris le relais. La philosophie est de maintenir au plus bas les taux d’intérêt et au plus haut les « valeurs ». L’argent gratuit provoque le vol des épargnants qui ne reçoivent presque rien pour leur épargne qui est captée et détournée vers la spéculation. L’investissement productif s’étiole. Le chômage et la désindustrialisation s’accumulent dans les pays en déficit. Les comptes publics se dégradent. Mais les masses de capitaux disponibles permettent de financer les déficits étatiques. Alors, une fois de plus,  pourquoi se priver ? Une des raisons est à chercher du côté des récessions à répétition, qui creusent les déficits nationaux et entraînent des hausses de dettes majeures. L’Euro n’a pas plus de dispositifs qui permettent de réduire déficits et excédents. La BCE a été forcée par les récessions internationales et le krach de l’Eurosystème en 2011 à un laxisme total, symbolisé par le « quoi qu’il en coûte » de Mario Draghi. L’Europe et les pays occidentaux ont alors choisi d’abandonner la production à la Chine et aux Dragons d’extrême orient, à l’Inde, à la Turquie, au Mexique, sortant de la misère des centaines de millions d’habitants de cette sphère-là mais en cassant leur classe moyenne et en se privant de leur industrie et de leur agriculture.

La démagogie des politiques et la complicité d’une information malhonnête et construite dans les médias, ont conduit les Français à voter pour des mesures calamiteuses :  la surfiscalisation, les retraites trop précoces, les 35 heures, la généralisation des fausses gratuités. Le résultat est sous nos yeux interdits : tiers-mondisation, désindustrialisation, destruction de notre patrimoine de production agricole, crise du bâtiment, retraites perpétuellement déficitaires, classe moyenne en lambeaux, fonctionnaires indemnes, dépenses publiques effrénées et endettement massif et de moins en moins contrôlable.

Nous sommes au bout de ce chemin-là. Le gouvernement Barnier a eu raison pour la première fois d’affirmer qu’on était au bout de ce chemin et qu’il fallait désormais restaurer un esprit de responsabilité avant la chute. Si les marchés ne financent plus nous verrons notre PIB baisser d’environ 40 % avant de pouvoir reprendre sur de meilleures bases !

Que nenni ! affirme un ancien haut fonctionnaire au ministère des finances, un certain Louis Boillot, qui propose dans une tribune au « Monde », « d’associer les citoyens contribuables à un débat budgétaire sur les objectifs à atteindre plutôt que sur des ajustements comptables ». Cet illustre inconnu représente parfaitement les options socialisantes et étatiques des "trois corps de hauts fonctionnaires français qui forment une caste qui s'est approprié l’État", comme on dit à Marianne qui rappelle la définition d’une caste : « Groupe qui se distingue par ses privilèges et son esprit d'exclusive à l'égard de toute personne qui n'appartient pas au groupe ».

Pas de constats, pas de diagnostic, pas de chiffres, pas de prévisions dans l’article que le Monde met en valeur. Les faits, on s’en moque. Il s’agit de contrer le blasphème Barnier qui a découvert le pot aux roses des dérives budgétaires incontrôlables et l’a mis en pleine lumière.

Pour cela M. Boillot fait venir à la barre… des psychologues. La psychologisation de l’ennemi est une arme de propagande issue du monde soviétique. Comme l’affirmait Muyzenberg, la vérité et le mensonge sont sur un pied d’égalité dans un débat devant des gens ignorants des sujets. Il vaut mieux mentir et s’attaquer à l’adversaire par une accusation basée sur la psychologie ou l’injure excommunicatrice et infâmante.

Il va donc rechercher des doctrines initiées « en 1979 par les psychologues américains Amos Tversky et Daniel Kahneman (Prix Nobel d’économie 2 002), également développé par le sociologue Gérald Bronner dans La Démocratie des crédules (PUF, 2 013), l’ « effet d’ancrage » est un concept clé de psychologie comportementale. Il renvoie à la situation où les participants à une discussion ont tendance à ne se positionner qu’à partir de la position du premier qui s’est exprimé. Tous les processus de décision publique, des procès pénaux aux mécanismes de gouvernance locale, peuvent y être sujets ».

M. Louis Boillot est un lanceur d’alerte : attention des salopards qui connaissent les bonnes méthodes vous manipulent !

« Le gouvernement aura au moins réussi un effet d’ancrage puissant sur le débat public. Aujourd’hui, toutes les forces politiques et groupes de pression se positionnent sur la manière de trouver les fameux « 60 milliards d’économies pour 2025 », l’objectif annoncé par le premier ministre, Michel Barnier. Face à la situation financière dégradée, «  l’ ancre » a donc pris la forme d’une équation financière à une seule inconnue. En réalité, ces 60 milliards d’euros d’économies renvoient à un écart escompté pour 2025 par rapport à une situation où aucun effort budgétaire particulier ne serait fourni (« toutes choses égales par ailleurs . Le gouvernement présente donc plusieurs potions amères – ici un impôt en plus, là une baisse de dépenses – à partir d’un scénario bien choisi. Les oppositions y répondent par le refus de voter telle ou telle disposition – s’appuyant sur l’argument tautologique que celle-ci ferait des perdants – ou par des propositions alternatives de nouveaux impôts permettant de tenir jusqu’à 2025. Sans remettre vraiment en cause la dynamique générale ».

ET hop ! Passez muscade !  Les déficits publics et commerciaux depuis 1974 ? Les décisions de supprimer des prélèvements sans toucher aux dépenses qu’ils financent (taxe d’habitation, redevances pour les médias publics, cotisations sur le SMIC ? Chut. Les récessions à répétition ? Chut ! L’étouffement bureaucratique par une fonction publique gigantesque ? Chut !

«Ne voyez-vous pas que vous êtes victime d’un ancrage ! Bande de naïfs ! Des psychologues nobélisés vous l’affirment par ma bouche, nous dit ce Monsieur Boillot.

Que doivent donc faire les vrais conscientisés qui savent que les hauts fonctionnaires ont toujours raison. Simple : s’élever au-dessus des contingences vulgaires et le tripotage de la fiscalité. Au-dessus des faits, il y a l’ascèse et la montée dans les hauteurs de la politique des revenus.

La politique des revenus est une vaste foutaise née des suites de mai 1968 au sein de la haute fonction publique socialiste et étatiste lorsqu’on croyait encore, à gauche, à la planification soviétique.

Elle se présente toujours comme un choix de victimes expiatoires. L’argent des Français est à disposition des hauts fonctionnaires qui savent ce qu’il fut en faire.

« Est-il juste que les retraités aient en moyenne un revenu supérieur à celui des actifs ». Salauds de retraités ! Au lieu de s’interroger sur l’augmentation des revenus des actifs, entravés par la mondialisation en mode sous compétitif, par le poids des charges, par l’accablement des réglementations de tout genre, il faut s’attaquer à une partie de la population essentialisée comme abusive et kleptomane.

Le Monde qui ne cesse de militer contre l’essentialisation des femmes, des noirs, des juifs, des musulmans, des homosexuels, des immigrés, accepte sans difficulté qu’on essentialise les retraités. On peut les maltraiter collectivement comme une masse dangereuse. Et il faut le faire. À quel titre ? Les aigreurs de M. louis Boillot sont une raison suffisante, en s’appuyant sur une vision élémentaire de la morale et la justice. Que sait-il des parcours individuels, des mérites, des courages, des contributions positives ? « On s’en fout. Au hachoir fiscal et plus vite que cela ». Au passage frappons les héritiers. Encore des salauds abusifs. La propriété privée familiale ? Cela n’existe pas. Les épargnants : » ils mettent de côté 17 % de leur revenu. Intolérable. Il va falloir taper là-dedans ».

Oh oui ! On s’élève à des hauteurs suprêmes ! La phobie des retraités, des familles aisées, des héritiers, des épargnants, manière de voir les gens qui accompagne en général les catégories « essentialisés » mène la danse. On peut, suggère l’auteur, monter des comités citoyens qui, activement conscientisés par les hauts fonctionnaires non déviants, qui savent ce qui est bien et moral, et moyennant un conditionnement adéquat basé sur les travaux de psychologues comportementaux, pousseront à la haine sociale et à la maltraitance fiscale des autres avec frénésie.

Un peu comme Mme Hidalgo a demandé aux piétons et aux cyclistes s’ils étaient d’accord pour frapper les SUV !

La politique de revenu a toujours laissé entendre aux masses qu’elles pourraient trouver avantage à profiter de l’argent des autres. Il suffit de bien flécher la discussion : ancrer la discussion sur la taxation des riches avec sous-variétés. Pas même besoin de psychologues nobélisés pour justifier la pire démagogie régulée par la haute fonction publique qui garderait naturellement tous ses privilèges. M. Boillot ne semble pas savoir que les revenus à la retraite de MM Jospin, Juppé, Fabius, etc. sont en moyenne plusieurs dizaines de fois plus élevés que celle des anciens propriétaires de PME qui ont réussi à survivre quelques décennies. Et que les revenus d’activité de par exemple Madame Parly (2) ou Madame Wargon, sont indécemment plus élevés que le salaire moyen des Français actifs ordinaires (et des retraités moyens), en n’ayant accumulé que des échecs sanglants dans les fonctions où elles ont transité.

Jacques de la Rosière l’emporte par KO sur ce Louis Boillot caricatural dont les attaques sociales grotesques stigmatisent toute la caste à laquelle il appartient. Le Monde a perdu une bonne occasion de redorer son image perdue en n’ouvrant pas ses colonnes à un parasite social poly phobique et donc porteur de haines multiples totalement condamnables.

 

Didier Dufau pour le cercle des économistes e-toile

Erreurs évitables et déficits abyssaux : la fin de la désinvolture ?

En ce début d’automne, les mauvaises nouvelles tombent en France plus abondamment que les feuilles mortes.

On découvre soudain qu’un gouffre budgétaire s’est ouvert sous nos pieds dont l’ampleur est réévaluée d’heure en heure jusqu’à atteindre des niveaux improbables, alors que nous pensions remonter la pente depuis l’été 2022 et la fin du Covid. On visait un déficit budgétaire autour de 4 % du PIB en attendant les 3 % canoniques. Le chemin inverse a été emprunté de façon inopinée en 2023 et voici que le gouvernement tout soudain annonce des déficits de 5 % puis 6 % et peut-être 7 % pour 2025 ! Les économies de dépenses publiques devaient porter sur vingt milliards, puis trente, puis quarante. Nous voici à 60 milliards de ressources à trouver alors que nous sommes le premier pays du monde pour la fiscalité et les prélèvements de tout genre. Pire ; beaucoup d’économistes pensent qu’il faut obtenir environ 330 milliards d’euros d’économies budgétaires ou d’augmentation fiscales, en trois ans, pour revenir à une situation qui cesse de glisser vers les abîmes…

Il a fallu bien de la désinvolture pour avoir désinformé les Français aussi longtemps et aussi complètement alors qu’on les menace désormais d’une nouvelle raclée fiscale.

Il a fallu bien de la désinvolture vis-à-vis du monde paysan pour créer un cadre réglementaire et économique aussi précaire et démoralisant pour l’ensemble de la profession. Les caprices météo et les épidémies ont achevé le travail. Les récoltes sont historiquement basses, les élevages sont ravagés. Une société décide d’un trait de plumes de ruiner des centaines d’élevages laitiers. Et la Commission européenne ne pense qu’à revenir au « green deal » sans les concessions faites à la suite des manifestations paysannes européennes du début d’année.

Il a fallu bien de la désinvolture pour détruire notre base industrielle dans les proportions que nous constatons aujourd’hui avec une loi ZAN qui étouffe tout projet nouveau.

Il a fallu bien de la désinvolture pour détruire partiellement notre filière nucléaire et énergétique et mettre le pays dans la situation de payer son électricité à peu près deux fois plus cher que ce qu’il était possible d’envisager.

Il a fallu bien de la désinvolture pour laisser la natalité s’effondrer au point que le remplacement générationnel soit compromis. Si nous avions conservé le ratio naissance/population de 1970, nous aurions 500 000 naissances chaque année presque le double qu’actuellement.

Il a fallu bien de la désinvolture pour laisser une immigration de peuplement, majoritairement musulmane et souvent anti française, atteindre en 2023 les 500 000 entrées par an, alors que la revendication islamiste n’hésite pas à tuer et que certains veulent importer " l’intifada", c'est à dire la guerre ethnique et religieuse, en France même.

Il a fallu bien de la désinvolture pour laisser croire que les soldes migratoires effaceraient les soldes démographiques internes.

Il a fallu bien de la désinvolture pour laisser s’effondrer l’Éducation Nationale, la Justice et la Santé.

Il a fallu bien de la désinvolture pour laisser les médias publicsmettre en scène inlassablement des idéologues qui ont répété ad nauseam que la dépense publique illimitée était indispensable et que la dette n’avait jamais eu la moindre importance.

Il a fallu bien de la désinvolture pour faire dépendre tout notre développement économique futur d’une inculpation outrée du CO2 comme source principale des évolutions climatiques (une affirmation qui est aujourd’hui considérée comme aventurée et même carrément fausse par nombre de scientifiques incontestables). Se concentrer sur cette sottise empêche d’agir efficacement sur une multitude de difficultés écologiques qui restent sous-estimées.

Il a fallu bien de la désinvolture pour désigner les propriétaires immobiliers comme des vaches à lait inépuisables et accumuler sur leur tête l’IFI, les impôts fonciers, les impôts sur les plus-values, les impôts de succession, les blocages de loyers, les taxes sur les bureaux, les surtaxes sur les appartements vides, les interdictions de louer, le risque du squat et désormais des obligations réglementaires insupportables, provoquant dans un contexte de hausse des taux d’intérêt et d’inflation, une récession terrible du secteur, pouvant aller jusqu’à 50 % dans certains segments du marché.

Il a fallu bien de la désinvolture aux Français pour se laisser largement convaincre qu’ils pouvaient vivre mieux et travailler moins avec l’argent des autres.

Il a fallu bien de la désinvolture pour ne jamais évoquer la question des récessions à répétition. Pourquoi les énormes excédents et déficits de balances de paiements sont-ils si dangereux ? Pour une raison élémentaire : les milliards de milliards de dollars accumulés dans des pays excédentaires ne peuvent pas s’investir utilement, puisque les pays endettés perdent leur industrie et que celle du pays en excédent est déjà en pleine forme. Cet argent est donc employé dans l’immobilier étranger,dans les bourses internationales et dans le financement des dettes publiques et privées (un cercle vicieux). Les valeurs ne pouvant monter jusqu’au ciel, elles décrochent périodiquement en provoquant des récessions. Jusqu’en 1971, sous le régime de Bretton Woods, grands déficits et grands excédents étaient proscrits. Les récessions ont alors disparu, remplacées par de simples ralentissements, jusqu’à 1971. On connaît la suite.

Il a fallu bien de la désinvolture pour ne pas voir que l’Euro ne permettait plus les ajustements au sein de l’Euroland et que trois pays excédentaires représentaient près de 90 % des flux de la BCE, en général pour investir dans l’immobilier méditerranéen et diverses spéculations (dont on a vu la pérennité et la sagresse lors de la crise spécifique de l'Euro en 2011).

Il a fallu bien de la désinvolture pour laisser Mme Lagarde littéralement étrangler la croissance en 2023 par une élévation des taux d’intérêt disproportionnée, alors que l’inflation était totalement circonstancielle, importée et rapidement en voie de réduction.

Il a fallu bien de la désinvolture au président Macron pour se tenir coi sur ces questions et finir par candidater sur un projet monétaire anti occidental monté par les Brics et se voir claquer la porte au nez !

Il a fallu bien de la désinvolture pour provoquer une dissolution absurde et scandaleuse qui a entraîné le blocage du Parlement et la nomination du gouvernement précaire actuel, dont l’extrême faiblesse est la seule force.

Il a fallu bien de la désinvolture au gouvernement Barnier pour expliquer quasiment dans la même heure que la crise sera payée par 0,3 % de la population (une cynique astuce politicienne de garçon de bain) et indiqué qu’il allait prélever 4 milliards d’euros sur les 17 millions de retraités et augmenter des taxes sur l'électricité qui frapperont tout le monde.

Renoncer à la désinvolture, c’est indiquer aux Français qu’ils doivent, dans les trois à cinq ans qui viennent,  produire environ 600 milliards de valeur ajoutée dont la moitié servira à sortir le budget de son impasse et à sauver le système social. Ce n’est possible que si on renonce aux t"rente-cinq heures" et à une retraite trop précoce qui nous a valu 75 % de la dette extravagante actuelle.

Renoncer à la désinvolture, c'est rétablir la démocratie, en rendant impossible le régime actuel d'Enarchie compassionnelle où les hauts fonctionnaires ont capté toute la vie politique, en rétablissant l'indépendance française sur les décisions fondamentales à son avenir, en mettant en tête des proccupations l'effondrement de la natalité et la destruction autoentrenue de l'enseignement, en supprimant la dictature d'un politiquement correct qui a sombré dans le deshonneur au sein de tous le système d'information publique et en contenant avec hauteur de vue le "gouvernement des juges".

Renoncer à la désinvolture, c'est s'interdire les politiques folles de gratuité, généralement non financées, les relances qui ne marchent pas en régime de changes flottants, la généralisation des catégories victimaires avec subventions et droits acquisitifs, la création de marchés entièrement dépendants de l'argent public, l'accumulation de strates administratives nationales et internationales, et le maintien sans révision des "crédits votés" à des politiques qui ont perdu leur intérêt ou ne rendent pas les services attendus à un coût raisonnable. 

Oui, Français, osons enfin renoncer à la désinvolture !

Enfin un prix "Nobel" d'économie qui le mérite

"Le Nobel d’économie 2024 (plus précisément prix de la Banque de Suède en mémoire d’Alfred Nobel) a été attribué, lundi 14 octobre, à Daron Acemoglu (États-Unis/Turquie), Simon Johnson (Grande-Bretagne/États-Unis) et James A. Robinson (GB/États-Unis). Le trio est récompensé pour des travaux sur les différences de prospérité entre les pays."
 
On pouvait craindre que lesjurés de prix, très sensibles au wokisme et au politiquement correcte, continuera à se soumettre à cette idéologie mortifère et primerait des études sans intérêts reliées au féminisme ou à la diversité.
 
Daron Acemoglu et James A. Robinson ont publié un premier livre formidable, découvert par hasard "Les origines économiques de la dictature et de la démocratie".  Le second était encore meilleur : Why Nations Fail. Je ne sais pas s'ils ont été traduits. Mais je recommande aux anglophones de lire au moins le second.
 
Les exemples étudiés sont passionnants souvent totalement inconnus dans la littérature française et propre à dessiner facilement une charte des erreurs à ne pas commettre  si on tient à la propérité d'une nation.
 
Ils pourront bientôt ajouter la France dans la liste des nations qui ont sacrifié bêtement leur prospérité.
 
De tels livres se résument difficilement. Même si les auteurs essaient de tirer des lois générales, ils ne proposent pas de livre de recettes. Mais l'étude comparée de nombreux cas historiques fait apparaître des attitudes et des aptitudes qui vont tout conditionner. Souvent elles sont inscrites dans les insitutions officielles et les règles invisibles partagées. Au fil de la lecture, on voit une analogie évidente avec une situation qu'on a rencontré ou une mésaventure contemporaine.
 
Ayant voulu se comporter en historiens autant qu'en économistes, les auteurs se moquent des querelles idéologiques du genre néo libéralisme vs socialisme. Ils montrent des situations, leur dynamique, leurs résultats. Et quand les conclusions s'imposent elles sont toujours centrées autour de systèmes déviants manifestes. Par exemple on va parler de socialisme de prédation ou de capitalisme de connivence, sans considérer qu'en eux même capitalisme et socialisme sont mauvais. 
 
On voit bien qu'en France, à la suite de récessions et d'agressions diverses, venant de l'intérieur et de l'extérieur, socialisme de prédation et capitalisme de connivence ont pris leur aise, avec la bénédiction de l'Enarchie Compassionnelle et Bienveillante. Ce cadre exclusivement prédateur précipite le pays dans la ruine et le déclassement.
 
Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile

Quelques livres à lire sur la crise et ses solutions

Alors que la France se trouve confrontée à une des pires périodes de son histoire récente, avec des risques sérieux de chaos politique, économique et social, tenter d’en éclairer les causes et les moyens d’y échapper devient un exercice indispensable.

L’affaire dure depuis longtemps. Notre Cercle y a consacré trois livres : L’étrange désastre, La Monnaie du diable et Sortir du désastre, et 1 070 articles depuis que notre blog a été créé. Il avertissait dès juin 2008 de l’arrivée d’une crise terrible, annoncée pour septembre 2008, alors que l’inconscience était générale. Ce sera la pire récession mondiale des 75 dernières années.

La littérature économique non partisane et non idéologique sur les causes de l’effritement de l’Occident, la perte de boussole de l’Europe et le déclassement français a été faible et peu relayée dans les grands médias, concentrés entre des mains soucieuses de complaire aux puissants qui détiennent les pouvoirs et de maintenir un optimisme propice à l’activité commerciale de ses annonceurs. Certains ont même forgé le terme excommunicateur de « décliniste », une sale engeance, qui ne pensait qu’à dénigrer pour d’obscures raisons une situation finalement pas si grave que cela.

L’analyse critique des effets d’erreurs répétés depuis 1971 ne pouvait être que le fait d’auteurs de mauvaise intention qui ne méritaient pas qu’on les considère. L’américanisme de principe, l’européisme de bonne volonté, la mondialisation heureuse, le socialisme soft, l’écologisme hard, et des formes nouvelles de sociétalisme malthusien se sont donné la main pour enclencher des processus délétères qui ont fini par détruire la base de la prospérité générale. L’opinion était chargée d’adhérer malgré les dégâts de plus en plus visibles.

Aujourd’hui la réalité ne laisse plus de place au doute : l’Occident sous conduite américaine et agressivement mondialiste a perdu de son lustre, probablement de façon définitive ; l’Union Européenne tourne au fiasco, avec un classement économique qui s’effondre ; la France est en plein déclassement et se trouve confrontée à une crise de régime particulièrement inquiétante, avec un risque de chaos à court terme si elle ne parvient pas à maîtriser une dette qui s’affole alors qu’il n’y a plus de majorité parlementaire.

Nous sommes particulièrement sensibles à cette situation, puisque le Cercle a été créé à la fin des années quatre-vingt-dix justement pour alerter sur les erreurs économiques commises depuis 1971 et leur persistance. L’effritement de l’Occident, l’erreur européiste et le déclassement français nous paraissaient incompris et nous voulions alerter notamment sur les risques supplémentaires courus par notre pays, en pleine dégringolade.

La littérature économique publiée a été largement à côté de la plaque, car le plus souvent, constitué d’ouvrages américains traduits qui ne reflétaient que le débat entre néolibéraux et keynésiens. Les Américains étant à la source de la catastrophe générale, avec la décision de sortir des règles de Bretton Woods en faisant défaut sur ses obligations, les efforts livresques ont été très idéologisés entre une gauche particulièrement radicale sombrant bientôt dans le Wokisme et les promoteurs d’un système mondial régulé par les marchés et les banques centrales. L’européisme, largement basé sur l’américanisme a conduit l’édition à se concentrer sur les conséquences de Maastricht et de l’Euro. La chute de l’URSS a provoqué un déplacement de l’idéalisme militant qui est resté néanmoins totalement anticapitaliste et violent. De « Thatcher la salope » et « Reagan le clown » à Mélenchon et au révolutionnarisme bolivarien décidé à créer une intifada nationale, le combat idéologique en France s’est totalement perdu dans la grossièreté et la sottise. Des mouvements comme Attac ou les Économistes Atterrés symbolisent cette déviance. Davos en fait le pendant.

Autant dire que le brouhaha intéressé qui sévit depuis 50 ans n’a pas permis au plus grand nombre, et aux hommes politiques, de prendre conscience de la nature calamiteuse des processus en cours et que les Français, consternés, découvrent qu’on marche sur la tête et qu’on risque très gros sans avoir jamais avoir reçu une information pertinente des grands médias et des gouvernements. Certains parlent de désinformation volontaire et une Commission parlementaire sera sans doute formée sur ce thème.

Depuis quelques années, l’édition commence à comprendre qu’il faut donner de l’audience à des analyses sérieuses permettant de changer les attitudes et les politiques.

Premier livre à prendre en considération : Le virage manqué, 1974-1984 : ces dix années où la France a décroché, de Michel Hau et Félix Torrès. 2020, Aux éditions Les belles lettres- Manitoba. Les auteurs ne sont pas des économistes mais des professeurs agrégés d’histoire. On trouve beaucoup d’erreurs d’analyse économique dans le livre, passé totalement inaperçu, qui a néanmoins un immense mérite : rappeler que tout ce que nous vivons dépend d’un grand virage qui a eu lieu dans les dix ans qui ont suivi la crise de 1973 et donner nombre de statistiques qui éclairent les évolutions délétères dont on ne parvient pas à sortir. Ils voient très bien que la perte de l’investissement productif de longue durée est au cœur des déclassements qui se sont produits. « De 1968 à 1973 la formation de capital fixe avait continué à progresser plus vite que la consommation des ménages (6.5 % par an contre 5,39 %). À partir de 1974 c’est l’inverse ». On retrouve ces éclairs de vérité un peu partout dans ce livre imposant et bien référencé. L’essentiel de la critique porte sur une analyse classique de l’impossibilité en France d’envisager des réformes de structures du fait de diverses imprégnations dirigistes, socialistes, démagogiques. Le livre s’attarde sur le fait que le « Welfare state » a été mis à charge de l’entreprise et que cette configuration lui a fait rater la mondialisation et a entraîné la désindustrialisation massive. Tout cela est juste et fait comprendre pourquoi tout finit aujourd’hui dans la stagnation économique et le déclassement avec une dette abyssale qui peut faire chuter ce qui reste de l’édifice.

André-Victor Robert (l’Artilleur), a proposé : La France au bord de l’abîme. Les chiffres officiels et les comparaisons internationales. Ce gros livre de 450 pages, s’est donné comme mission de faire des constats sur tous les sujets qui fâchent et de les agrémenter lorsqu’elles étaient disponibles de comparaisons avec les autres. Cet aspect documentaire est ce que livre propose de plus précieux. On accède très vite aux chiffres critiques et c’est une aide considérable pour celui qui veut se pencher sur les difficultés de l’emploi, de l’immigration, de l’éducation nationale, du budget et des impôts etc. Ces chiffres sont presque toujours déjà connus mais il est bien qu’ils soient rassemblés et facilement consultables. L’analyse est du type « tel est la solution de bon sens au vu des faits » et ne creuse pas toujours les causes et les modalités de changement avec beaucoup de profondeur. Affirmer qu’il faut des professeurs mieux formés, plus de discipline dans les classes et le développement du goût de l’effort chez les élèves ne surprendra personne. Pas plus qu’une régulation de l’immigration basée sur le refus des clandestins, des progrès dans l’assimilation tout en réduisant l’attractivité comparative de la France ne paraîtra une recommandation d’une exceptionnelle originalité. Le livre a ses propres options : on oublie complètement le rôle des changes flottants dans les récessions mais on est très dur contre l’euro.

Le livre offre donc une énumération de mesures souvent présentes dans le débat public mais dont la nécessité est argumentée avec le secours des chiffres.

Jacques de la Rosière ancien dirigeant de la banque de France et du FMI signe pour sa part un petit livre percutant chez Odile Jacob : Le déclin français est-il réversible ? Pas de fioritures ni de grandes phrases : quelques chiffres clefs ; quelques raisons majeures ; quelques solutions inévitables ! Il n’y a pas dans ce texte une seule chose que nous n’aurions pu écrire sur ce blog. La vraie force de cette fessée magistrale, c’est la radicalité de la mise en cause. « Ni la conscience collective ni les médias ne réalisent l’intensité du mal qui nous ronge ». « Nous ne sommes pas loin de frôler la propagande ». « Sur ce fond de démission intellectuelle notre pays décline dangereusement ». « Le déclin est de notre fait ». Évidemment ce spécialiste ne manque pas de rappeler le rôle essentiel des questions monétaires et financières dans les mécanismes qui conduisent à l’effondrement industriel et aux déficits extérieurs. Les inondations successives de crédit entraînent des tsunamis d’importations mais ne financent pas l’investissement. « La France a systématiquement favorisé et stimulé la demande intérieure par une politique de déficits budgétaires et de hausse du crédit. » Le résultat inévitable : « la dégradation de la balance des paiements ». Après avoir rappelé tous les chiffres critiques sur la gestion budgétaire insensée que nous menons depuis des lustres, il cite Eurostats : « le déficit de nos administrations est entièrement structurel », par accumulation « de mesures discrétionnaires et non de mauvaise conjoncture ». Du coup « la croissance est compromise ». C’est dans les services votés qu’il faut frapper. On voit que le projet Barnier ne présente aucune remise en cause de ce type. On préfère comme d’habitude augmenter les impôts. Et on ne veut pas toucher à ce qui est vraiment grave : par exemple les engagements liés aux retraites des fonctionnaires de l’État et autres catégories publiques qui dépassent… 1 600 milliards d’euros. Une autre analyse surprendra bien des observateurs : « le fait pour les banques centrales d’avoir maintenu les taux d’intérêt à zéro en termes réel a significativement creusé les inégalités sociales. » La fin des contraintes de Bretton Woods a fait disparaître les « cordes de rappel » selon la terminologie de l’auteur, disons plus simplement la crainte de la dévaluation et les avantages de la dévaluation. L’adaptation monétaire étant exclue depuis l’euro c’est toute l’économie qui doit s’affaisser pour revenir dans les clous. Et personne n’a le courage d’une telle politique. « La mauvaise gouvernance pouvait fleurir ». L’accident Macron a marqué le sommet du genre. Arrêtons ce résumé sur la question qui est en pleine actualité : « Nos dépenses publiques de 1 500 milliards d’euros doivent être réduites à 1 293 milliards d’euros ». Notons également l’explication de la médiocrité de nos hommes politiques par l’extension des politiques d’argent facile. N’importe quel bavard imbécile est capable de distribuer de l’argent à tout va.

La lecture ne serait-ce que de ces trois livres interdit d’affirmer qu’on ne sait pas ce qu’il faut faire et où sont les failles dans l’action publique. La crise institutionnelle créée artificiellement par Emmanuel macron, le Jupiter de l’argent magique et de l’illusion que tout s’arrangera avec l’argent des autres, complique la situation. On voit bien que le plan Barnier est purement fiscal et ne marque aucune rupture.

Le glissement vers le pire continue.

Mais les solutions existent. Que les Français s’en saisissent au lieu de cautionner les pires démagogies.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile.

Impôts et dépenses publiques : l'urgence absolue d'éviter le gouffre.

Nous avons toujours défendu sur ce blog un retour à la normalité fiscale en France. Nous considérons au vu des derniers chiffres cataclysmiques sur les différents déficits qu’il est inévitable de collecter un minimum d’impôts supplémentaires pour passer le cap. Ce paradoxe exige quelques explications. La première est la raison des déficits extravagants que l’on constate et les stratégies d’atténuation à disposition.

Les besoins budgétaires des sociétés qui ont voulu de créer un « welfare state » sont infinis. La volonté des politiques de satisfaire des demandes insatiables est de tout bord extrêmement forte.

Keynes, en légitiment l’idée que l’Etat devait suppléer les marchés et relancer la machine économique par la dépense publique, sert à justifier, en dehors de tout cadre rationnel, l’idée que la dépense publique est non seulement légitime mais indispensable, comme l’est le corps de hauts fonctionnaires chargé de réguler la manne et de diriger une méga structure administrative pour la distribuer.

L’idée égalitariste poussée à son extrême, prétend que tout le monde a le droit à la même chose et qu’il faut donc prendre ce qu’il faut aux « riches » pour satisfaire la quête de justice sociale. Le concept a été poussé, là aussi, jusqu’à son extrême. Un enfant doit avoir les mêmes facilités qu’un bourgeois pour les livres scolaires, les voyages initiatiques, les petits cours, etc. Les parents sont vus comme les agents infligeant à l’école les miasmes d’une inégalité choquante et doivent être laissés de côté. En France dans l’Éducation nationale, l’excellence et le respect de la langue ont tous deux été dénoncés comme des barrières à l’égalité. Les résultats de l’action publique ont alors cessé d’être positifs, du fait d’une recherche active du nivellement. La dégringolade dans les classements PISA a été rapide et auto entretenue, en dépit de budgets considérables.

Une nouvelle vague de dépense est née du succès des mouvements qui souhaitent venir en aide à l’altérité victimaire. La notion de victimes de la société a fini par s’ouvrir à de très nombreuses catégories de la population : les pauvres, les immigrés, les condamnés ayant fait de la prison, les jeunes délinquants, les femmes, les minorités sexuelles, l’étudiante et l’étudiante, Il ne s’agit plus d’une petite fraction de la population : on atteint près de 80 % des résidents ! Les besoins à satisfaire sont évidemment sans limite.

La tendance politique va être de créer pour ces populations des droits acquisitifs et multiplier de très nombreuses gratuités dans tous les domaines : logements, culture, alimentation, avortement et plus généralement médecine, avec disparition des « modérateurs » de consommation. Le droit-à, éventuellement constitutionnalisé, devient une créance invincible et perpétuelle sur l’argent des autres. On est passé ainsi de quelques milliers d’avortements à 100 000 puis 200 000 puis 300 000 et on va atteindre bientôt les 400 000. On finance à 100 % un acte dont le prix de revient complet dépasse les 1 000 euros, en pleine déconfiture des naissances. Le budget augmentera encore régulièrement de plusieurs centaines de millions d’euros. On trouve les mêmes mécanismes pour le droit opposable au logement, l’AME etc. Ce sont des droits à la gratuité qui provoquent un gonflement permanent de la dépense. On pensait que l’AME ne coûterait que quelques dizaines de millions d’euros : les immigrés clandestins ne sont-ils pas jeunes et dynamiques. On va bientôt atteindre deux milliards !

S’est ajouté dans les dernières années l’exigence climatique et le culte de la nature, devenue objet de droits. On réclame le remboursement d’une « dette écologique » (Sic) et la restauration de l’intégrité de la nature. L’inculpation du CO2 qui touche absolument toutes les activités humaines a lancé une quête d’économies d’énergie astronomiques dans absolument tous les domaines, sans certitude de résultats positifs pour le climat, mais d’un coût qu’on refuse d’évaluer honnêtement tellement il est élevé et croissant (le coût de l’économie d’émission supplémentaire est fortement croissant).

Nouveauté coûteuse : le concept « d’empowerment » qui renvoie sur les acteurs de la vie sociale et économique l’obligation de « faire le bien » qu’il s’agisse d’agir pour la diversité ou pour la réduction des pollutions. Cette méthode est une forme de « do it yourself » qui crée des devoirs et des coûts sans impliquer l’intervention autre que punitive des autorités. Cela devient une « dépense publique » invisibilisée. Cette méthode vient compléter d’autres techniques de camouflage de la dépense publique : le transfert aux associations, chargées de suppléer une administration dont les privilèges sont trop coûteux, l’obligation faite aux promoteurs de financer des politiques d’aménagements dont les coûts sont transférés de façon occulte aux acheteurs de logements ou de locaux professionnels.

Pour gérer cet immense déploiement de dépenses publiques il faut naturellement une énorme armature administrative. En France ce besoin a été encore amplifié par la volonté de créer de nombreux étages de décision qui dépendent les uns des autres : mairies, groupements, districts, régions, états, agences techniques diverses, institutions européennes, autres institutions internationales. Cette ambition a conduit à des hausses massives de recrutement, le plus souvent de personnels protégés qui ne peuvent pas être licenciés et qui seront à charge le reste de leur vie.

La question s’est donc posée dans tout l’Occident dès la Libération : comment financer cette énorme masse de dépenses qui n’a de limites que la disponibilité des ressources nécessaires.

La période qui va de la guerre à la crise de 1973 a connu une réponse simple : une très forte croissance qui a permis, notamment en France, la reconstruction puis l’extension du « welfare state ». La France se couvre d’hôpitaux, de lycées et collèges, d’ouvrages routiers et d’infrastructures de chemin de fer. La fiscalité et en forte hausse mais on reste dans des limites non pénalisantes : les prélèvements sont entre 32 et 35 % du PIB.

À partir de la crise mondiale de 1973, extrêmement grave, et de l’apparition d’une rançon pétrolière exigée par les pays pétroliers coalisés, avec une hausse délirante du prix de l’énergie, la croissance rapide s’arrête, les comptes tournent au rouge, la pression fiscale augmente ainsi que l’inflation.

En France le septennat de M. Giscard d’Estaing est un formidable moment fiscal, alors que dès 1975, le budget est en déficit important (et il n’y aura plus jamais de budget équilibré jusqu’à aujourd’hui). On impose la TVA, la taxation des plus-values, la non-déduction de nombreuses dépenses de l’I ou de l’IR. On sait que le projet d’un impôt sur la fortune était en préparation en cas de réélection ! C’est également l’époque où l’on contingente l’offre : le numerus clausus en médecine devient draconien. Des professions complexes, comme les architectes et les chirurgiens, cessent de pouvoir s’enrichir par divers procédés d’encadrement de leurs actes. La haute fonction publique s’empare des postes politiques.

Les Etats-Unis et le Royaume-Uni lancent un moment de révolte à la fin des années 1980. Ronald Reagan et Margaret Thatcher remettent en cause leur « welfare state » et cassent la résistance aux réductions de dépenses, en s’attaquant notamment à la pression des syndicats. D’autres pays suivront comme la Suède, la Hollande, le Canada, l’Australie et la Nouvelle Zélande.

La France se singularise par une politique inverse intenable. Les gouvernements socialistes de M. Mitterrand gaspillent l’argent public et cassent la compétitivité de l’industrie française. Le gouvernement Jospin commence à détruire l’industrie nucléaire et prend la pire décision possible : les « 35 heures » sont associées à la retraite à 60 ans, aussi bien dans le secteur public et dans le secteur privé. Le cumul de ces mesures anti productives aboutit à la désagrégation de l’industrie et aux déficits extérieurs et intérieurs permanents.

L’euro pèse également sur la croissance française depuis 1984. Les deux récessions mondiales sévères de 1992-1993 et 2008-2009, complétée par la crise purement européenne de 2011 affectent durablement les possibilités de croissance. La très forte augmentation des taux d’intérêt de la BCE, dont Mme Lagarde s’est vantée en 2022-2023, va être la cause première de l’effondrement du secteur immobilier et pousser l’Union Européenne vers une stagnation économique de longue durée. L’Euro nous protège est un slogan qui n’a plus de sens aujourd’hui.

Résultat de ces évolutions : le financement de dépenses publiques massives par la croissance cesse d’être possible. Ne restent que les prélèvements et la dette ou chercher de réelles économies. Les grandes orientations de dépenses décrites au début de cette note continuant à provoquer une fuite en avant qui devient de plus en plus automatique et incontrôlable, prélèvements et dettes ont littéralement explosé.

Une autre source de financement qui a été longtemps à la mode depuis l’effondrement de l’URSS en 1989, est l’idée des « dividendes de la paix ». On diminue drastiquement le budget et les effectifs de l’armée, qui devient en France une armée légère et mobile pour des opérations « coups de poing » à l’extérieur de nos frontières, et qui cesse d’être capable de mener un conflit traditionnel de haute intensité. Le parapluie nucléaire est réputé suffisant. La guerre d’agression des Russes en Ukraine a montré les limites de cette conception. Les autorités militaires, en phase de réduction générale des budgets, ratent diverses novations militaires, notamment les drones et la lutte contre les agressions numériques.

Autre idée proposée notamment par la gauche socialiste : « taxer les riches ». On croit qu’imposer très fortement les entreprises, la fortune et les hauts revenus aura un effet magique. Dans la pratique, notons que les Socialistes feront principalement l’inverse. La création de la CSG par M. Rocard et de la CRDS, est typique : cette fiscalité devenue gigantesque touche tout le monde. La recette de TVA dans les 15 dernières années est passée de 161 milliards d’euros à 286. La CSG, CRDS est passée en dix ans de moins de 99 milliards d’euros à 156 milliards soit une hausse massive en dix ans. Ces 442 milliards d’euros concernent tout le monde. La droite en revanche n’a pas hésité à créer des impôts très ciblés : Le gouvernement Fillon surimpose les hauts revenus. Aucun des gouvernements dits « de droite » n’est revenu sur l’ISF. On sait qu’aujourd’hui avec « la taxation des morts », les impôts sur la succession, les impôts sur la fortune, les impôts sur la cession du patrimoine, la taxe foncière, la taxe sur l’enlèvement des ordures, même pour un simple parking, la taxe sur les bureaux, la taxe sur les locaux vides, etc. la France a fini par devenir le premier pays du monde qui écrase d’impôts à ce point son capital immobilier. « Ils ne peuvent pas partir » ! Tel est le slogan à Bercy. Sauf que beaucoup de ventes forcées ont pour clients des étrangers qui eux ne paient pas les mêmes impôts que les Français. Vendre le capital de la France à des étrangers pour se financer est une conception détestable.

L’intégration des revenus financiers dans l’IR voulue par le président Hollande a eu des conséquences immédiates : le taux marginal d’imposition des fruits de l’épargne a atteint, cumulés avec la CSG-CRDS près de 60 %. Avec les rendements très bas du capital, dus aux crises successives et aux inondations monétaires associées, ce taux marginal spoliateur a eu des conséquences immédiates : pour ceux qui sont frappés par l’ISF à plus de 1 %, le rendement effectif de l’épargne est devenu nul ou négatif.

Surprise ! L’argent a commencé à fuir la France, d’autant plus facilement que la liberté des mouvements de capitaux a été instaurée dans l’Union Européenne.

Nous vivons nécessairement mal dans un pays où la dépense publique égale la valeur ajoutée des entreprises commerciales. Du coup le scénario d’augmentation des prélèvements mis en œuvre aussi bien par la gauche, le centre ou la droite s’est durablement installé : on commence par afficher des mesures symboliques contre les riches et on finit par des mesures qui frappent directement ou indirectement la majorité des ménages français. Les gouvernements Macron utiliseront à fond cette technique.

La réduction de l’ISF est « vendue » au public en « supprimant » la taxe d’habitation, qui touche pratiquement tout le monde. Il n’y a pas de réduction de la fiscalité locale, seulement un transfert. Ce jeu de bonneteau n’a que des inconvénients. La taxe d’habitation est un impôt de proximité décidé par les maires, qui est plutôt bien accepté. Participer en fonction de son empreinte sur la ville aux dépenses municipales dont on bénéficie au quotidien est parfaitement normal. Si on trouve que les coûts sont excessifs, il suffit de voter pour une autre politique.

Ces services étant maintenus, ils doivent bien être payés. La taxe d’habitation n’est pas supprimée mais transférée. Sur qui ? Ce n’est pas dit ! Les mairies augmenteront leur recette en tapant sur la taxe foncière qui explose. À Paris, Mme Hidalgo qui a promis de ne pas hausser les impôts augmente la taxe foncière de plus de 50 % ! On maintient la taxe d’habitation pour les maisons de campagne. Ceux qui en profitent le moins paieront plus que ceux qui en profitent le plus. Une démagogie anti-riche proche de l’abjection totale s’est installée. Et de rire ! Voyez que je ne suis pas le « président des riches ».

En revanche la « flat tax » sur les revenus du capital et la suppression d’un impôt sur le capital financier, sont deux mesures indispensables à mettre au crédit d’Emmanuel Macron : l’épargne financière était en train de quitter la France. Son court passage chez Rothschild avait alerté très concrètement M. Macron sur les conséquences.

Mais là encore, pour se garder de l’accusation de « président des riches » qui est un des leviers médiatiques traditionnels des mouvements de gauche, on accable les propriétaires immobiliers qualifiés de rentiers. Ils se trouvent que les énormes déséquilibres financiers liés aux systèmes monétaires défaillants provoquent un besoin de recyclage des excédents, devenus monstrueux, des balances des paiements. La seule piste est la bourse et l’immobilier. Les bourses sont dépendantes des récessions périodiques qui sont revenues hanter l’Occident depuis 1973. L’immobilier parait une valeur sûre. Les prix en unité monétaire flambent mais pour le propriétaire de l’appartement, seuls les impôts sur le capital flambent : lui a toujours le même appartement !

Les villes profitent à plein de la manne de la fiscalité immobilière qui leur permet de dépenser sans faire appel à des impôts plus sensibles.

En même temps on crie haro sur le retraité, considéré comme un abusif et dont le nombre explose par le vieillissement de la population. La CSG pour eux est augmentée de 26 % dès l’arrivée au pouvoir de M. Macron.

Le krach immobilier qui va s’étendre un peu partout en Occident et particulièrement en France va avoir d’immenses conséquences. Sa cause principale est naturellement la hausse des taux d’intérêt provoqués par les politiques restrictives des banques centrales après le retour d’une inflation massive liée à la guerre en Ukraine et à la crise sanitaire. Elle se cumule en France avec la concentration des mesures fiscales portant sur le capital : taxes foncières ; IFI ; droits de timbres ; droits de succession etc. L’ajout de contraintes de réduction massive et rapide d’émission de CO2, sera le coup de grâce. L’extension réglementaire devient littéralement ahurissante. Le secteur bascule dans une récession générale extrêmement violente, avec des baisses d’activité pouvant aller jusqu’à 50 % dans certains segments. Le dernier rapport de l’INSEE justifie les déficits par cette baisse d’activité la montée des déficits. Sans dire qui en est responsable.

Le propriétaire immobilier comme vache à lait disparaît ! Encore une source facile de financement de la dépense publique qui s’évapore.

Reste l’endettement. Le passage à l’euro permet d’éviter les tourments qu’a connus le gouvernement Mauroy avec son contrôle des changes radical et les dévaluations successives du Franc. En apparence, on peut emprunter à la BCE sans limites malgré la pression des pays européens peu enclins à cet exercice. Après la crise spécifique de l’Eurozone en 2011, M. Draghi qui remplace M. Trichet indique qu’il fera « ce qu’il faut quoi qu’il en coûte » pour sauver l’Euro. Les inondations monétaires vont permettre à la France d’emprunter sans limite au point que son endettement atteint désormais plus de 3 200 milliards d’euros, dont 1 200 milliards depuis l’arrivée de M. Macron.

Ici aussi, on a atteint le bout du chemin. La gabegie des dépenses aux frais des générations futures, a gonflé le montant des intérêts à verser (ne parlons pas du remboursement) jusqu’à devenir quasiment le premier poste budgétaire.

Cette facilité n’est désormais plus disponible.

Un à un, les robinets qui devaient financer des dépenses délirantes se sont fermés. On arrive au bout d’un chemin.

Pour ne pas avoir à assumer son échec sanglant lors de la procédure budgétaire de 2024 et après avoir subi un revers électoral violent aux Européennes, Emmanuel Macron a choisi de renverser la table avec une dissolution folle qui ne pouvait que bloquer la situation politique et créer une crise de régime. Réaction passionnelle d’un malade mental ou piège d’un petit machiavel déchaîné ? Qu’importe : c’est un drame !

La question budgétaire est désormais aux mains d’un gouvernement dirigé par un parti de droite minoritaire, alors que tous les expédients et autres astuces politiciennes sont désormais impraticables.

Comment peut-on sortir du piège de dépenses publiques intenables alors que le pays est désormais à bout de nerfs et s’inquiète pour son épargne et le niveau de ses pensions ? Avec deux forces aux Parlements proposant un programme d’autodestruction du pays menant tout droit au chaos définitif ?

L’essentiel des difficultés françaises provient spécifiquement de deux mesures totalement démagogiques : les 35 heures qui ont cassé la compétitivité des entreprises exportatrices, provoquant un déficit extérieur colossal et jamais vu, tout en rendant impossible le bon fonctionnement des services publics, et la retraite à 60 ans qui est le responsable principal de l’endettement massif de l’Etat (75 % de la dette). C’est le grand legs de F. Mitterrand avec Maastricht, l’abolition des frontières et la fin de l’indépendance française.

Nicolas Sarkozy a fait semblant d’agir, avec un premier effort sur les retraites privées. Emmanuel Macron a tergiversé pendant six ans avant de tenter une augmentation de l’âge de la retraite au forceps sur des bases qu’il avait lui-même condamnées, avec des réactions sauvages des syndicats et de la rue. Rien n’a été fait pour revenir sur les 35 heures, sinon interdire les 32 heures pratiquées par certaines mairies…

Pour éviter un krach à la grecque ou à la libanaise, aujourd’hui, il faut trouver à peu près 300 milliards de ressources nouvelles, en cinq ans, soit par diminution des dépenses soit par des impôts nouveaux. Oui, la France est confrontée au risque d’un effondrement économique massif. Rappelons que le PIB grec a baissé de plus de 30 % après le krach.

La presse a détaillé les différentes modalités possibles de cet effondrement. Notons seulement que si la voie de l’emprunt massif est fermée, et si donc on ne peut pas faire « rouler » la dette, on se retrouve dans l’impossibilité de payer la fonction publique, les juges, le monde médical, les enseignants, les militaires et les retraites. En plus il faut rembourser le capital de la dette !

Le gouvernement Barnier retombe dans les mêmes affres que l’on connaît depuis les années 1980 : trouver des mesures symboliques contre les riches pour faire passer une diminution introuvable de dépenses intenables. Soyons clair : la disparition ou la réduction les niches fiscales et autres mesurettes de ce type sont totalement dérisoires. Les médias acceptent de parler la langue du ministre du budget en utilisant le vocable de « dépense fiscale » pour des exemptions qui ont été concédées lors de la création d’impôts ou de leur aggravation massive. Pour les fonctionnaires du Budget tout l’argent des Français appartient à l’Etat puisque, sans lui, il n’existerait pas. Le revenu net est une concession révocable. Ne pas le taxer est une « dépense fiscale », la concession d’un revenu qu’on n’a pas pu encore saisir. Cette conception intéressée rejoint l’idée socialiste qui veut que la propriété privée ne soit qu’un abandon précaire et révocable de la propriété de l’Etat. Bonjour la dictature ! La propriété est un droit constitutionnel pour de bonnes raisons. L’effondrement de l’Union Soviétique n’a servi à rien.

La « taxation des riches » ne peut pas atteindre les niveaux de ressources recherchés sans provoquer une fuite générale de l’assiette de l’impôt. Toutes les mesures « symboliques » ne masqueront pas la nécessité de taper lourdement sur la classe moyenne supérieure qui paie l’essentiel de l’impôt en France, si on veut épargner le plus grand nombre par démagogie ou crainte de troubles sociaux.

La seule solution, au vu des montants astronomiques à trouver, est d’une part de s’attaquer aux dépenses publiques de façon soutenue et d’augmenter temporairement de façon faible mais générale les grands impôts existants (IR, CSG et TVA). De même, on peut imaginer de généraliser la taxation forfaitaire aux revenus immobiliers et d’augmenter légèrement le taux des deux taxes forfaitaires d’un ou deux pour cent.

Ces augmentations seront sans conséquences graves sur l’activité à condition qu’on retarde l’âge de la retraite à 66 ans et qu’on rétablisse la durée du travail à 40 heures par semaine. De même on peut créer deux tranches supplémentaires pour les revenus supérieurs à 500 000 euros par an, sans que les effets soient perceptibles.

Ce noyau dur indispensable n’est pas populaire. Mais c’est le seul disponible.

Il faut surtout suturer toutes les hémorragies de dépenses provenant de libéralités sans limites ni frein.

Les mesures les plus efficaces sont :

Le non-remplacement de fonctionnaires partant à la retraite, cohérent avec le retour aux 40 heures

La suppression du statut de fonctionnaire jusqu’à la catégorie A au profit d’une contractualisation. L’emploi à vie, c’est fini.

Quatre jours de carence universels pour les absences de courte durée.

Le rétablissement d’un reste à charge pour le petit risque 15 à 20 %.

La fin de la gratuité totale dans les multiples domaines où on l’a instauré.

Le report des réglementations les plus coûteuses en vue de la décarbonation totale de la vie économique et familiale.

La réduction significative des allocations pour les étrangers (AME, aides au développement etc.).

La taxation du revenu des grandes associations.

L’interdiction des cumuls de rémunérations publiques par les hauts fonctionnaires qui ne pourront cumuler emploi de fonctionnaire et emplois politiques.

La réduction drastique du nombre des agences qui se sont multipliées.

La réduction du mille-feuilles administratif et politique.

La suppression d’institutions qui doublonnent avec les institutions européennes.

La suppression du système de financement des Enr qui est ruineux.

La suppression des politiques sans intérêt comme les Frac au ministère de la culture. Il ne s’agit pas de diminuer les subventions mais de les supprimer complètement. Il en existe des dizaines qui consomment 500 000 euros par ci, 1 million d’euros par là.

Faut-il désindexer les retraites et l’IR ? Ce sont des mesures discriminatoires et attentatoires à la confiance, et elles sont violentes. Elles représentent des baisses de revenus disp

Que pensez du nouveau gouvernement Barnier ?

Le rôle du Cercle est surtout n’analyser les causes des difficultés que la France, l’Europe et le monde doivent affronter et de dégager des solutions.

Le gouvernement Macron-Barnier s’analyse principalement  en termes politiques.

La responsabilité des gouvernements macronistes dans les dérives effarantes que nous traversons dans presque tous les domaines économiques, sociaux, démographiques, étatiques et sécuritaires est indéniable. La folle sottise politique et institutionnelle de la dissolution est de la responsabilité directe d’Emmanuel Macron.

La montée des extrêmes est le fruit de l’effondrement de la France dans le classement du PIB par habitant et par le grand remplacement d’une population qui vieillit et ne fait plus d’enfants par une immigration dont une partie de la composante musulmane entend imposer son système politico-religieux, en tuant s’il le faut.

La capture du champ politique par la haute administration depuis 50 ans explique notre leadership mondial dans les prélèvements et l’emprise bureaucratique réglementaire étouffante qui nous paralyse. Elle est confirmée dans le gouvernement Barnier, notamment aux Finances.

Le gouffre entre haute administration dirigeante qui accumule des privilèges hors normes et le gros de l’électorat qui subit sans arrêt oukases réglementaires et prélèvements a généré l’épanouissement de l’extrême-gauche et de l’extrême-droite qui proposent une gabegie insensée. Ce dont personne ne veut vraiment.

Les résultats électoraux peuvent s’analyser comme un rejet massif de l’extrême-centre macroniste, de l’extrême-droite Lepenienne et de l’extrême-gauche mélenchoniste. Et leur neutralisation réciproque.

Ne pouvait s’envisager qu’un gouvernement de gauche responsable (si le terme correspond à une réalité quelconque) ou de droite réaliste (si le terme couvre une réalité quelconque). La gauche n’a pas voulu y aller. Restait M. Barnier.

Il avait le choix entre une politique de rupture qui acte l’échec d’Emmanuel Macron, déconsidéré par la dissolution et l’énormité des déficits publics, et celle qui suppose d’être le représentant d’une version un peu plus droitière du macronisme. Il a choisi la seconde stratégie.

La première aurait voulu le non-renouvellement des ministres sortants, un discours actant l’échec terrible à surmonter, la marginalisation de Macron, et l’évitement de trop graves erreurs de casting.

Avoir choisi une formule qui remet Macron dans le jeu tout en transmettant le mistigri financier au LR, a conduit à quelques erreurs.

La joie obscène qui s’est manifestée pendant la transmission des pouvoirs entre Bruno Le Maire et son successeur inspecteur des finances, a signalé que l’énarchie compassionnelle et bienveillante restait au pouvoir et que l’image des sortants comme formidables gestionnaires ne serait pas entamée. Alors qu’ils ont ruiné le pays !

Ne pas unir sous la même ambition sécuritaire le ministère de l’Intérieur et celui de la justice garantit qu’il ne se passera rien sinon des accrochages en série arbitrées par les crimes que l’actualité découvrira. Et ce serait une surprise si le président désavoué ne persiste pas à refuser l’autorisation de lancer les référendums nécessaires au changement de politique d’immigration et de sécurité.

Quelques noms sont des erreurs de casting manifestes : Anne Genetet est un bon exemple d’une personnalité toxique associée à une incompétence absolue dont la présence répond à des influences inconnues. Elle peut décrédibiliser le gouvernement à elle seule.

Avoir choisi des noms de ministères qui flèchent non pas les fonctions régaliennes de l’État mais des intentions politiquement correctes est saugrenu et déplacé. Avoir créé un poste idiot pour Laurence Garnier stigmatisée par la gauche haineuse et exclut d’un ministère de la famille si nécessaire dans cette période de dénatalité suicidaire, est une faute politique.

Dans ce format, le gouvernement ne peut rien faire sinon augmenter les impôts en attendant le coup de poignard dans le dos de l’Assemblée nationale.

Ne parlons pas de notre place en Europe avec un plan Draghi dément fiscalement et financièrement (750 millions d’euros par an tout de même) et de sa compatibilité avec la situation française !

En acceptant de jouer ce jeu, LR s’est-il définitivement sorti du jeu politique ? Sa victoire circonstancielle est-elle à la Pyrrhus ? Nous verrons, mais entre un PS rallié honteusement à un Mélenchon et un LR rallié précautionneusement à un Macron, on crée une opportunité pour une Madame le Pen triomphante si la justice ne la met pas hors-jeu.

En attendant le glissement vers le grand abîme va quasi certainement continuer en dépit de quelques coups de frein.

Le gouvernement Barnier a raté l’occasion d’engager un vrai sursaut. On dira : mais qu’auriez-vous voulu qu’il fasse, sachant qu’il n’a pas de majorité à l’assemblée ?

Objection valable. Alors voici quelques lignes directrices de ce qui aurait pu être envisagé dans des circonstances plus favorables.

Urgences budgétaires :

Recettes

-            Introduction de la « flat tax », taxation forfaitaire, pour les revenus immobiliers avec suppression de l’IFI et de l’impôt de succession sur le domicile principal.

-            Remontée provisoire de 2 points du taux de la « flat tax » généralisée à toute l’épargne.

-            Deux tranches supplémentaires de l’IR sur les revenus annuels supérieurs à 500 000 euros annuels et 1 000 000 d’euros.

-            Hausse d’un point de la TVA pour un an et seulement un an.

-            Taxes augmentées sur les tarifs d’autoroute.

-            Retarder de 5 ans les lois Wargon.

-            Taxer à 10 % les recettes des grandes ONG internationales et les associations recevant de l’argent public.

Cet ensemble permet une hausse temporaire des recettes tout en rétablissant le marché immobilier et en redonnant du dynamisme à tous les marchés d’épargne.

Dépenses :

-            Arrêter immédiatement les subventions aux éoliennes et au système ruinant EDF pour satisfaire ce lobby. Le saignement de dépense publique doit s’arrêter immédiatement.

-            Interdire le cumul de pensions publiques aux hauts fonctionnaires, et revenir pour tous les emplois dépendant de l’argent public à la rémunération statutaire des fonctionnaires

-            Supprimer dans chaque ministère des organismes qui ne servent à peu près à rien. Par exemple supprimer les Frac au ministère de la culture ; réduire de moitié les effectifs des ARS au ministère de la santé et des Dresst au ministère du travail en réduisant la complexité administrative et en redonnant de la responsabilité directe aux détenteurs de l’autorité ; unifier les élus locaux et régionaux comme le voulait Sarkozy, au ministère de l’intérieur ; aligner le régime des arrêts de travail avec un délai de non-indemnisation porté à quatre jours dans le privé et le public ; pénaliser lourdement les maires ne respectant pas la durée minimum de travail ; associer toute hausse de rémunération au passage à une durée de travail de 38 heures. Rétablir une participation aux dépenses de pharmacie, avec un reste à charge de 15 %, sauf protocole long négocié avec les mutuelles. Encadrer le rachat de locaux immobiliers par les municipalités. Imposer que les hausses fiscales dans les villes, départements et région restent dans la limite de la croissance du PIB, toute exception étant débattue au Parlement. Cette mesure ne touche pas à l’indépendance des choix de dépenses des municipalités, mais assure que collectivement elles ne vont pas mettre le pays par terre, avec un plan de rigueur pour celles qui se sont surendettées récemment comme Paris.

La majorité de ces mesures peuvent être prises par décret en dans le cadre d’un seul train législatif de mesures d’urgence.

Rendez-vous donné en septembre 2025 pour évaluer les résultats. Tous les impacts des mesures peuvent justement être évaluées facilement.

On notera que l’on taxe des abus : cumuls de rémunérations publiques ; excès d’arrêts maladie ; excès de dépenses de médicaments, rémunérations abusives dans le cadre de marchés arbitraires liés à la réglementation, excès d’une classe de hauts fonctionnaires qu’il faut séparer de la classe politique.  

Les hausses d’impôts sont temporaires et étalées sur des grosses assiettes avec des hausses faibles, en cassant le moins possible le dynamisme économique. Pression et mise pour plus de travail et de compétitivité et plus de mobilisation de l’épargne. La réduction des comportements de fuites devant l’impôt ;se cumulent avec la réduction des fuites d’argent dans des marchés administratifs artificiels et intenables dans la durée.

L’acceptation d’un vrai caractère temporaire des hausses doit être garantie avec engagement formel pris du retour à la normale dans un an.

En évitant que les hausses soient concentrées sur les traditionnelles vaches à lait de la démagogie, on évite des spoliations et des effets contraires à long terme aux besoins de la croissance.

le gouvernement Barnier est dans les circonstances un  moindre mal et quasiment la seule solution praticable. Il veut concilier les contraires pour avancer un peu, sans faire du « en même temps ». Bonjour la complexité ! Le marigot politicien est plein de crocodiles prêts à le déchiqueter et la France avec. Les écuries présidentielles piaffent un peu partout. Nulle part les partis n’ont de véritables programmes de salut public. Certains partis professent sans honte une volonté de destruction des institutions et de la richesse résiduelle du pays.

Qu’Emmanuel Macron ait conduit le pays dans cette impasse est un scandale purulent qui ne cessera qu’avec l’éviction de ce Narcisse manipulateur bavard et incapable. Tout le monde comprend que la solution ne pourra venir que de la reconstruction d’une droite de gouvernement unie et porteuse d’un programme complet et précis. Il faudrait également un Parti social-démocrate dégagé de Mélenchon et des Vert-de-gris. On a le droit de rêver.

Le chemin politique pour y parvenir reste à tracer. Il faut s’y mettre. Rien ne serait plus sot qu’abandonner le terrain aux cirons et aux mérules politiques qui veulent effondrer définitivement la charpente du pays.

De la nuisance des « marchés administratifs » à la mésaventure du Gouvernement Barnier.

Étendons pour les besoins de la démonstration la notion de marché administratif à toute activité qui dépend directement de la réglementation et/ou de l’argent public. Ils ne sont pas nés de la confrontation directe d’une demande et d’une offre privées, mais des impulsions et des contraintes de la puissance publique. Nous constatons aussitôt que la presque totalité des emplois sont accrochés au service de tels marchés. L’État a réussi à glisser son doigt, puis sa main, puis ses gros paturons dans pratiquement tous les secteurs. Ils sont devenus accros à un dégrèvement, à une subvention, à un financement particulier de la commune, du département, de la région, de l’État et de l’union européenne. Et ils sont entièrement dépendants d’un changement de règles bureaucratiques ou d’oukases provenant des milliers d’agences de régulation qui sévissent en France.

Évidemment pour « réguler » ces marchés ventripotents il a fallu créer une bureaucratie de plusieurs millions d’administratifs qui a son coût, ses exigences et ses lubies. La haute administration en a profité pour mettre la main sur le politique et créer des instances qui permettent de s’affranchir des limitations de salaire et de multiplier les cumuls de rémunérations publiques.

La réglementation a fait exploser les « dépenses contraintes ». Nous avons déjà discuté sur ce blog de la beauté du « revenu net, net, net ». Il faut lui enlever les charges sociales, les impôts et taxes et les dépenses contraintes. Selon les cas, il ne reste que 50 à 20 % du revenu. Dans le silence général. Il n’y a pas de statistiques sur la question et désormais l’INED ou l’INSEE acceptent la « désinformation utile » et des présentations falsifiées. Voir par exemple la disparition de la statistique la plus importante pour suivre l’état de l’économie : la valeur ajoutée du secteur marchand dont on dispose les chiffres le 15 du mois suivant. La dernière estimation publiée de cet indicateur vital : 2 021 ! Félicitations à tous !

Ces marchés administratifs couvrent absolument toutes les activités.

Les Fonds régionaux d’action culturelle achètent des œuvres par l’intermédiaire des galeries d’art qui dépendent du flux de recettes correspondant. Ces œuvres d’art n’ont en général aucune vraie valeur et tout cela s’apparente à un marché aux voleurs. Pour permettre à quelques élus de jouer au Médicis du pauvre, on gaspille l’argent public exactement pour rien. Il n’y a plus de grands peintres en France depuis que le marché de l’art est devenu administratif.

Le Centre des monuments nationaux a vu, entre 2014 et 2023, ses ressources augmentées de 157 %, soit un total de 220 millions d'euros : 135 millions d'euros supplémentaires en dix ans, y compris pendant la période de COVID et alors que les emprunts explosaient. Emmanuel Macron est directement responsable de cette dérive.

La presse est entièrement entre les mains de l’État et de l’argent public. On subventionne les journaux sans lecteurs, les sites internet des grands journaux , la formation, les licenciements, la distribution… Que resterait-il de Libé sans ces subventions ? France Inter est entre les mains de voyous gauchistes qui paradent en toute impunité.

Ne parlons pas du statut des intermittents du spectacle et plus généralement du cinéma entièrement dessiné par l’argent public. Le théâtre subventionné de gauche est devenu une plaie financière béante.

Tout le secteur de l’énergie et du transport dépend de l’argent public. Actuellement pour le pire.

Tout le secteur de la construction dépend de l’argent public. Et Macron l’a détruit sans vergogne en ruinant tout le monde parce qu’il avait décrété que l’immobilier c’était mal ! Sauf quand il s’attribue abusivement l’usage de la Lanterne !

Toute l’agriculture dépend de la réglementation et de l’argent public.

Ne parlons pas de la santé et de l’enseignement. Nous l’avons analysé sur ce blog : les ARS sont un foyer parkinsonien du type Frac mais avec près de 10 mille fonctionnaires, à 80 % des femmes et pour beaucoup des épouses de fonctionnaires. On a fini par voir le ministre de la santé cohabiter avec son conjoint à la tête de la plus grosse des ARS. Pourquoi se gêner ? Le népotisme énarchique est une dimension du déclin de la démocratie en France. On aurait mieux fait de créer 18 000 postes de médecins et d’auxiliaires médicaux.

Etc. Ad libitum et illimitum.

Cette extension illimitée des marchés administratifs a poussé à instituer une fiscalité hors norme et une dette démesurée. Associée aux cadeaux électoraux au peuple qui réduisent drastiquement la production dans un environnement ouvert et concurrentiel, cette pratique d‘emprise de la haute fonction publique sur tous les départements de la vie économique a débouché sur une impasse structurelle dont on ne peut plus sortir sans immenses réactions.

Toute réduction des subventions casse un marché administratif, met en difficulté des entreprises et des emplois, donc globalement des revenus. Sauf naturellement ceux des administratifs qui ont la garantie de l’emploi comme leurs maîtres.

La haute fonction publique s’étant emparé de tous les leviers politiques, il est naturellement impossible de toucher au bloc administratif. Les réductions se font toujours sur le capital et le revenu privé, en aggravant la situation.

Ce merveilleux système que nous dénonçons inlassablement est actuellement en état de faillite après avoir entraîné le déclassement massif de la France dans tous les compartiments de la vie économique et sociale. Et on voit qu’une Van der Leyen se permet d’humilier la France sans aucune réaction de la tête de l’État. Déclassement et marginalisaton.

On demande maintenant à un cadre segondaire d’un parti qui a fait 5 % des voix aux élections législatives de sortir le pays de l’impasse. Il annonce aussitôt qu’il va conserver des membres du gouvernement précédent, associés directement au désastre et augmenter les impôts tout en n’annonçant rien pour réduire le système d’encadrement administratif autre que verbalement.

Son projet consiste à accorder aux Macronistes la moitié des postes de ministres. Il indique qu’il veut conserver Mme Dati qui aurait pu supprimer à la culture d’un trait de plume les Fracs et réformer le statut du cinéma et des intermittents du spectacle. Rien que sur ce ministère on peut obtenir très facilement 10 milliards d’euros d’économie sans que personne ne soit réellement touché dans le pays. Elle est donc activement responsable de la perte de contrôle des finances publiques. Il est vrai qu’elle a voulu changer de ministère ! En vain.

En fait ce gouvernement a été modelé par le président désavoué, alors que rien n’obligeait Michel Barnier à l'accepter. Ce dernier parle de dette écologique, alors que les oukases de Bruxelles ont eu des impacts délétères sur les finances publiques françaises. Il évoque plus de justice fiscale, l’autre nom de l’augmentation de la pression fiscale sur les mêmes vaches à lait.

Le couple Retailleau à l’Intérieur et Migaud à la Justice, sous la tutelle d’un président qui refusera tout referendum permettant de rétablir la souveraineté française sur l’immigration et sur les sanctions pénales, n’a strictement aucune chance de changer quoi que ce soit à une réalité sécuritaire abjecte.

On retrouve la promotion d’inconnus et de copains-copines sans réel poids politique.

Européisme, fiscalisme, écologie anti économique, étatisme paralysant, ça, c’est du chargement qui va nous sortir de l’impasse budgétaire, économique, sociale et sociétale !

On parle de sincérité et de vérité alors qu’on reste dans la gestion du pays par des Macronistes socialisants aidés par des auxiliaires de droite qui ont laissé s’enfoncer le pays jusqu’à la limite extrême du naufrage définitif.

La vérité est qu’il faut augmenter toutes les durées du travail et mettre fin à la gratuité de la vie à base d’allocations de la naissance à la mort. On connaît la solution : centraliser les aides et les rendre temporaires, conditionnelles et révocables. Elles peuvent alors être désindexées sans dommage.  Et rendre le système de subventions à la personne et  public et transparent. Il faut mettre fin à la dérive de l’assistanat.

La vérité est que la sécurité ne sera assurée en France que par le retour de la Cour de sûreté de l’État, la « débadintérisation » et les sanctions graduées qui peuvent aller jusqu’à la perte des droits sociaux et ultimement de la nationalité pour les délinquants récidivistes qui plongent dans le trafic de drogue, les émeutes, les agressions contre les forces de l’ordre, la propagande pour la prise de pouvoir islamiste…

La vérité est qu’Il faut démanteler les marchés administratifs et l’énorme machine administrative mise en place pour la gérer. Il faut en particulier que les hauts fonctionnaires ne puissent pas gagner plus que leur salaire statutaire, et qu’on supprime tous les cumuls de rémunérations publiques. Leur retraite doit être la retraite statutaire sans ajouts. Évidemment cela risque de changer le revenu de Monsieur Fabius ou celui de M. Hollande ou celui de M. Juppé. Mmes Parly ou Wargon seront moins riches. Et alors ? L’économie sera immédiate et s’élèvera à plusieurs dizaines de milliards d’euros. Instantanément. Sans rien changer au dynamisme national. Et naturellement il faut faire sortir du statut de la fonction publique toutes les catégories A et inférieures. Tout doit être contractualisé avec possibilité de licenciement.

Revenons sur le cas Hollande ; il cumule plusieurs retraites, jouit du statut très rentable d’ancien président de la République et touche désormais son budget de député. On aimerait bien qu’un journaliste fasse le calcul de la facgture pour les Français et la présente aux Français. Ce Monsieur depuis son entrée à l’ENA a toujours vécu de l’argent public et se présente en cumulard indécent qui ne craint pas de se mettre sous les ordres  et désordres de M. Mélenchon tout en disant le contraire.  Et personne ne s’insurge.

Voici que Mario Draghi, après une génuflexion aux États-Unis, propose de passer au fédéralisme intégral avec 750 milliards de dépenses publiques européennes chaque année et une fiscalité propre pour les institutions européennes ! Et la france ne se retrouverait pas avec plus d'impôts et plus de dettes ?

Les deux partis protestataires qui exploitent le désastre économique et social auquel la France est confrontée interdisent toute action gouvernementale d’ampleur.

Les verrous énarchiques, européistes, socialistes, écologiques, islamiques, wokistes, corporatifs et mondialistes sont tous bien fermés.

Le mépris qui nimbe l’image grotesque du président actuel de la République, désavoué par les électeurs et rendu infâme par la destruction des équilibres financiers du pays et le blocage du Parlement, pèse des tonnes sur la santé mentale et politique de la nation. Elle compromet l’avenir du pays.

Pauvre France. On ne met pas au pouvoir des Mitterrand, des Rocard, des Jospin, des Fabius, des Hollande et des Macron sans conséquences gravissimes.

Puisse les Français le comprendre un jour ! La désinvolture, à ce niveau, est de l’imbécillité pure et du masochisme. Toujours plus pour obtenir toujours moins ! Quelle intelligence !

Le pseudo-gouvernement Barnier a été construit par Emmanuel Macron pour ne rien faire d’utile et pour disparaître sur un bruissement de vent politique. Michel Barnier a laissé faire. Il ne peut même plus prétendre situer sa démarche dans une logique quelconque.

Il lui fallait marquer son indépendance totale vis-à-vis du président déchu et de son parti, souligner l’état morbide de la situation française, justifiant qu’on ne reprenne aucun ministre du gouvernement précédent. Il fallait choisir dans les groupuscules qui soutenaient le macronisme, les personnalités ayant marqué sinon leur dissidence au moins leur réserve. Il fallait imposer LR à la justice et l’intérieur pour pouvoir refaire une chaîne pénale digne de ce nom.

On a préféré la petite magouille politicienne. Le nouveau gouvernement est donc perçu comme la continuation du précédent et d’une droite qui au pouvoir se croit obligée d’être de gauche.

Caramba encore raté !

On a ouvert la porte à une prise de pouvoir de Mme Le Pen en laissant la rue et les médias publics à M. Mélenchon qui ne pense qu’à créer les conditions d’une guerre civile. Le super bonheur !

Qui peut surmonter une forte envie de vomir ?

Tout cela est insupportable et impardonnable.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

 

France et Europe : la fin de la désinvolture ou le début de la folie sans fin ?

Deux évènements majeurs pèsent sur l’avenir immédiat et à plus long terme de la France. Tous les deux signent les conséquences d’une grande désinvolture des élites françaises et européennes. Mais la suite n’est pas engageante. Tout le monde comprend qu’on a accepté de glisser dans la régression relative ou absolue, selon les domaines. Le blocage politique s’ajoute pour la France à la défaillance de l’union européenne.

La désinvolture  a fini de développer ses miasmes. Nous avons écrit en fin d’année :

« Quelle descente aux enfers, tout de même ! Avec d’un côté une nouvelle crise économique et de l’autre une crise démocratique majeure, sans parler de la crise environnementale et démographique et sociale et sociétale, et financière et économique, et agricole, et scolaire, et sécuritaire, et culturelle, et sanitaire et énergétique etc., 2 024 s’annonce très bien ». (http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2023/12/27/Des-voeux-problmatiques-pour-2024)

Les pires scénarios se sont mis en marche avec pour finir , en France, cette dissolution inepte voulue par un président irresponsable et en Europe le troisième épisode de la saga Draghi, qui, après avoir été chercher l’onction des américains, on n’est jamais trop prudent, a rédigé la « feuille de route » impérieuse de l’Union Européenne vers un état fédéral de pleine souveraineté.

Au cœur du maelstrom, trois tourments majeurs :

 Le PIB en Europe stagne alors que le reste du monde reste en croissance et la France, en Europe, dévale la pente encore plus vite que la moyenne européenne.  

La natalité s’effondre partout en Europe et la France qui se déclarait immune de ce travers grâce aux « fake news « de l’INED découvre que bientôt les morts seront plus nombreuses que les naissances, qu’il y a grand remplacement et que le vieillissement remet en cause à peu près totalement son modèle social.

L’immigration musulmane massive remet en cause la sécurité et les mœurs des pays européens, avec, en France, un Mélenchon qui fait de la retape outrancière dans ces milieux-là, au prix d’un antisémitisme intense et débridé. Il pense pouvoir amorcer une guerre civile heureuse comme la guerre d’Espagne ou la Commune pour assoir son rôle personnel dans l’histoire.

Sur cette toile de fond, l’Assemblée nationale française est bloquée par le triple rejet signifié par l’électorat : non à Macron, non à Le Pen et non à Mélenchon ! Ces trois rejets sont légitimes. Emmanuel Macron s’est révélé un dirigeant indigne et dangereux.  La famille le Pen tient une place hypertrophiée dans la vie politique Française depuis trop longtemps. Mélenchon devrait être en prison pour atteinte à la sécurité de l’Etat et subversion.

On en arrive à cette situation baroque la nomination d’un Premier ministre issu des LR ayant fait 5% des votes aux dernières élections et choisi après deux mois de tergiversations. On pense qu’il pourra présenter son gouvernement trois semaines après sa nomination.  Un gouvernement qui sera heureux de durer plus que quelques mois.

Il est chargé de faire face à une impasse budgétaire de près de 50%. En clair, les recettes ne couvrent que la moitié des dépenses. Revenir à l’équilibre par la fiscalité supposerait de doubler les impôts et taxes. Nous sommes déjà le pays le plus imposé du monde. Pire, la dépense publique est égale à la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand ! Jouer sur les prélèvements n’est plus possible sans sombrer dans la confiscation générale. Avec une dette qui représente deux fois la valeur ajoutée de ces mêmes entreprises du secteur marchand, on voit l’horreur de la situation ! En dépit de budgets gigantesques et d’effectifs supérieurs à tous les pays voisins, tous les services publics sont à l’agonie. L’armée tient dans le stade de France (les dividendes de la paix…). La Santé est ruineuse et ruinée. La sécurité n’est plus assurée. La justice, noyautée et « badintérisée », ne fonctionne pratiquement plus.

En sept ans Macron a fait entrer en France près de 3.500.000 étrangers en majorité des Africains et Maghrébins dont le taux d’emploi n’atteint pas 40% et ils déstabilisent tous les services sociaux. Ils ont détruit pour des milliards d’euros lors des émeutes de juin 2023. Les leaders islamistes dans l’indifférence générale appellent à une » intifada » en France. Madagascar est en ruine et laissée quasiment à l’abandon, après là aussi quelques milliards euros de destruction.  

La croissance est quasi à l’arrêt avec des secteurs dans un marasme jamais vu comme l’immobilier qui signe des baisses d’activités jusque 48% dans certains de ses secteurs. Le reste de l’économie stagne ou s’enfonce. Le chômage, massif structurellement en France, remonte.

 Depuis 1997 et spécialement depuis ce blog ouvert en juin 2008 pour annoncer la grande récession de 2008, le Cercle des économistes e-toile dénonce inlassablement les causes de cette situation, suivant les leçons d’Alfred Sauvy et de Maurice Allais qui avaient déjà tout annoncé. « Ce qui doit arriver arrive ! »

Que pourra faire Barnier et son gouvernement ? Qu’au moins il acte le désastre Macron en ne reprenant aucun ministre du gouvernement précédent !  Il faut en finir avec la désinvolture qui règne depuis 7 ans à la tête de l’Etat et dans les partis et dans trop de segments du corps électoral.

Quant à l’Europe institutionnelle quel désastre également. L’échec de l’Allemagne et celui de la France, fait de l’ensemble un machin malade et en danger.

Soudain on s’extasie. Formidable : Draghi est arrivé ! Le héros du « quoi qu’il en coûte » pour sauver l’Euro va maintenant sauver l’union Européenne. N’a-t-il pas écrit un rapport de plusieurs centaines de pages !  Il a d’abord présenté ses réflexions aux Etats-Unis comme il se doit. Il arrive en messie en cet automne avant l’heure comme la clé du miracle européiste nouveau.

Ce plan est ridicule. L’Europe a échoué donc il faut plus d’Europe. L’Europe grandit, donc il faut une autre gouvernance. Celle d’un état fédéral de plein droit avec des emprunt annuels de plus de 700 milliards d’euros. La France et ses 3200 milliards de dettes devra contribuer à un endettement supplémentaire du double en dix ans ! Nous sommes sauvés !

Nous copions le merveilleux texte en anglais sur la partie énergétique du rapport. Plus obscur et technocratique, on ne peut pas.

 « The EU should also put in place a common trading rulebook applying to both spot and derivatives markets and ensure integrated supervision of energy and energy derivatives markets. Finally, the EU should review the “ancillary activities exemption” to ensure that all trading entities are subject to the samesupervision and requirements.At the same time, transferring the benefits of decarbonisation requires policies to better decouple the price of natural gas from clean energy. The EU should decouple the remuneration of renewable energy and nuclear from fossil-fuel generation by building on the tools introduced under the new Electricity Market Design – such as PPAs and two-way CfDs – and progressively extending PPAs and CFDs to all renewable and nuclear assets in a harmonised way. The marginal pricing system should be used to ensure efficient balance in the energy system.

Voilà la solution ; l’extension des « PPAs and two-way CfDs ». On allait le dire !

Tout le reste est de la même eau.

La France dans ce projet ? Quelle France ?

N’essayez par de trouver une quelconque référence aux difficultés cruciales provenant du mauvais fonctionnement des systèmes monétaires mondiaux et européens. Les changes flottants et le recyclage d’immenses déficits et d’immenses excédents ? Pas de problème. Il faut simplement unifier le marché financier gonflé de façon artificielle par des déséquilibres de balance de paiement ! Tu es diabétique ; mange du sucre, mais en masse !

M. Draghi honore les vaches sacrées et veut en développer le troupeau, alors que Bruxelles est déjà devenue une machine incontrôlable aux mains des associations et des ONG, toutes faux-nez d’intérêts particuliers.

France et Union Européenne sont en train de sombrer.

On aurait aimé la fin de la désinvolture. On constate le début d’une folie sans fin !

 

Didier Dufau, pour le Cercle des économistes « e-toile ».

 

Le bel été 2024

Lors des vœux de fin d’année nous avions fait montre du plus sombre pessimisme. La situation de la France, de l’Europe et du monde nous paraissait grevée par les plus sombres perspectives. Le déclin de l’Occident était évident. Il a voulu mondialiser ses entreprises et exploiter à fond la main-d’œuvre des pays pauvres. Il a transféré son industrie, assommé ses classes moyennes, ruiné tous les équilibres financiers et sociaux pour courir derrière une chimère qui se retourne contre lui. Le doux commerce est impuissant contre les dictatures les plus brutales. L’union Européenne a voulu transférer la richesse des pays les plus développés pour élever le niveau de vie dans les pays de l’est et du sud qui étaient très en retard. Dans le contexte global, c’était une double peine pour les pays les plus développés, chargés finalement de sortir de la pauvreté des millions de gens ailleurs que chez eux. La France, prise en main par la haute fonction publique qui est étatiste, interventionniste et socialiste presque par défense corporative a fait le choix de réduire sa natalité, la durée du travail, en poussant la dépense publique, la fiscalité et la dette à des sommets insurpassables. Les services publics sont en sureffectifs, dépensent à tout va et… ne fonctionnent plus. Le déclassement est général : enseignement ; PIB par tête ; revenu ; brevets… La natalité s’est effondrée.

Tout cela avait été parfaitement prévu par Alfred Sauvy et Maurice Allais dont nous avons tenté de reprendre le message sur ce blog. Sauvy avait été marginalisé dès de début des années quatre-vingt. Allais délivrera son message d’avertissement alors qu’il avait presque cent ans ! Il sera renvoyé à sa géhenne sans ménagement.

Installer un système de changes flottants totalement déséquilibré offrait la certitude de crises à répétition : 1973-1974, 1988-82, 1992-1993,1998-2001, 2008-2009… Les récessions n’ont pas cessé de s’enchaîner avec des effets délétères notamment en France où elles ont été payées uniquement par le secteur privé productif.

Installer la Chine au cœur du dispositif commercial international était une folie. On enrichissait une dictature infâme et dangereuse en tuant sa propre industrie.

Vouloir casser les nations européennes dans un semblant de système fédéral privait les politiques nationales de moyens d’action indépendants, ralentissait toutes les décisions, et les rendait dépendantes de l’influence américaine, des ONG et des bureaucraties. La surenchère écologique avec des délais de « transition » non étalonnés par des études d’impact et lancés à la cantonade de façon irresponsable par des démagogues format Timmermans, qui avait besoin du vote écolo pour ses ambitions personnelles en Hollande, est tragique. L’effondrement énergétique qui a suivi a été révélé par l’invasion russe en Ukraine qui a montré à la fois la collusion des élites européennes avec les ressources russes, et l’imbécillité profonde de la réforme voulue par l’Europe du marché de l’énergie.

Dans la foulée de la crise financière mondiale de 2008 et de celle, européenne de 2011, la gauche socialiste française a pris le pouvoir et a tout aggravé. Elle a décidé non seulement de baisser culotte devant les exigences de l’Oumma islamiste, mais de se recentrer politiquement dans l’antisémitisme fanatique et assumé. Elle ne parle que d’actions contre les riches et d’impôts encore plus stupéfiants contre ceux qui produisent. En choisissant d’importer le mouvement d’autodestruction venu des États-Unis qu’on appelle Wokisme, elle aggrave le désarroi moral des Français actifs et décidés à bâtir sur les fondements laissés par des grands hommes et de grands penseurs pour se livrer à des contestations mortifères, débouchant sur la « cancel culture », un suicide culturel et social totalement fou.

La sottise narcissique du pervers narcissique que la gauche a fait élire président en 2017, a fini de détruire les équilibres français. La dissolution, acte ultime du Narcisse blessé qui tue le système qui l’a imposé au pouvoir par morve et dépit, a créé une situation politique désastreuse, dans un pays qui est sous surveillance européenne pour ses déficits et qui ne fait exactement rien pour sortir du piège où l’a fourrée la démagogie névrotique de la gauche et ses hauts-fonctionnaires d’élite.

La guerre est désormais présente partout, nourrie par la richesse transférée par l’Occident à des pays violents et dictatoriaux. La Russie gorgée de ressources captées par des voyous envahit l’Ukraine, détruit la Géorgie, menace les Pays baltes. La Chine gorgée par les milliers de milliards de dollars  accumulés grâce à l’ineptie du système de changes flottants menace et corrompt partout. La Turquie dopée par les transferts de production européens menace l’Europe. Ses drones ont détruit la présence chrétienne dans le Haut Karabakh où elle se maintenait depuis des millénaires. Sans un mot de l’Europe ! Le nettoyage ethnique est correct lorsqu’il est pratiqué par des pays musulmans. Des centaines de milliers de morts s’accumulent en Afrique dans l’indifférence générale. On fait d’un tueur génocidaire comme Kagamé quasiment un héros.

Dans ce contexte magnifique, le bel été des médailles olympiques est un écrin qui permet, en France, de penser à autre chose. Il suffit d’un mouvement de main méprisant pour rejeter les horribles nouvelles qui s’accumulent sans aucune réaction de personne.

Routine du désastre énergétique : le prix spot de l’électricité en Europe était au début du mois d’Août à 34 euros le MWh, avec un prix de rachat par EDF de 72 euros et un prix pour les particuliers de 200 euros… Un racket et un suicide. On donne par ce mécanisme des milliards d’euros aux producteurs d’ Enr en ruinant EDF, mais la facture est rejetée sur les Français et leurs entreprises. Les Enr produisent une énergie folle au moment où on n’en a pas besoin. L’Europe a condamné à des milliards d’euros d’amendes la France pour son retard dans les Enr. Des décisions radicales mais simples permettraient de revenir en une seconde au tarif de 100 euros pour les particuliers redonnant à nos industries un peu de compétitivité et aux Français du pouvoir d’achat. Non : L’Europe, c’est sacré ! Les tabous sont faits pour être respectés.

Routine de la dette qui s’accumule à raison de centaines de millions d’euros par jour, avec la stimulation des jeux olympiques entièrement financés par la dette pour des sommes non encore définitives et qui dépasseraient les dix milliards d’euros.

Routine de l’effondrement démographique, avec une nouvelle baisse des naissances de près de 3 % au premier semestre.

Sur ce fond permanent, des éclairs menaçants zèbrent le ciel immaculé des médailles.

Une banque luxembourgeoise ne peut plus garantir le remboursement des fonds qui lui ont été confiés. Des dizaines de milliers d’épargnants sont sous la menace de perdre leur patrimoine. On disait que le Luxembourg était un endroit sûr, en tout cas plus sûr. Le craquement commence dans le pays considéré comme le plus sûr. Chut !

Le Japon connaît un accident boursier comme on n’a jamais vu, avec une baisse de 12 % en une journée suivie aussitôt d’une hausse de 11%. La bulle qui avait emporté le cours de certaines valeurs technologiques perce avec des reculs monstrueux. Cela rappelle la bulle de 2006-2007.

L’Angleterre réagit à un effroyable attentat qui voit une classe de danse de petites filles décimées par un fils d’immigré du Rwanda ! L’immigration musulmane asiatique et africaine est devenue tellement énorme en Angleterre avec tellement de drames à la clé, que la légendaire patience britannique n’a plus tenue. La télévision française ne montre que de sages Anglais qui affirment leur amour pour les musulmans, « nos voisins » qu’il s’agit de défendre contre « l’extrême-droite ». Évidemment ! Le Royaume-Uni a connu de sales moments mais jamais le massacre d’une classe de danse au couteau. Comme la ratonnade de Crépol, le crime marque un tournant dans l’acceptation d’une immigration africaine incontrôlée et qui détruit tous les repères.

En Nouvelle Calédonie quelques milliers de Kanaks ont détruit pour plusieurs milliards d’euros de biens divers. Rien ne bouge. Les désordres continuent.

En France même, des équipements de la SNCF ont été détruits par des terroristes français. Le sabotage et l’action directe sont de nouveau au programme. Surtout ne pas parler d’extrême gauche. C’est sûrement une provocation de Darmanin comme l’a affirmée une jeune sotte récemment !

Ne parlons pas des développements des différentes guerres en cours qui comme toujours en été prennent leur essor.

Faut-il rappeler que nous n’avons pas de gouvernement en France, que les questions de fond ne sont plus abordées, et que le moyen et long terme ont disparu des radars. La seule question qui est débattue est la taxation des riches pour passer le cap du budget 2 025. Ah ! La joie et le bonheur du retour d’un ISF complet, des impôts immobiliers extravagants ! Créons la taxation mondiale qui permettrait de taxer les Français partout dans le monde, sauf s’ils abandonnent leur nationalité. Pouvoir ruiner les « riches » sans possibilité de fuir et se cacher ! Le rêve français.

Mme Van der Leyen a été renommée à la tête de la Commission et a aussitôt affirmé que les atermoiements liés à la révolte agricole du début d’année n’étaient plus de saison. Le « green deal » sera remis en place comme prévu initialement et tant pis pour les paysans. M. Pascal Canfin, le si nuancé écolo, a d’ailleurs été nommé coordinateur des politiques écologiques. Les élections européennes, qui sont une farce anti démocratique, n’ont servi à rien.

Cette année 2024 continue de déployer les effets désastreux de causes chéries des élites dévoyées et aveugles, dans le monde, en Europe et surtout en France. Cela craque partout aux coutures. Lorsque l’explosion aura lieu, on nous expliquera à nouveau que rien n’était prévisible.

Bravo à tous !

 

Didier Dufau pour le Cercle des Économistes e-toile.

 

 

 

 

 

 

La courbe de Dufau

De nombreuses questions nous sont parvenues sur la question de la « courbe de Dufau. » Nous avons demandé à Serge Hansen qui a creusé cette question d’en faire une rapide synthèse. Article original : http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2023/8/30/Une-autre-manire-danalyser-la-situation-conomique-mondiale

 

Ce qu’on appelle la courbe de Dufau, ou graphique de Dufau et qu’on devrait appeler les courbes de Dufau, est une approche de présentation statistique qui évalue toutes les séries économiques en « valeurs de référence » et non en monnaie plus ou moins purgée de l’inflation selon des méthodes différentes d’une institution à une autre.

Le premier concept est celui de valeur de référence. Pendant longtemps, l’or a tenu cette fonction avec ou sans association à l’argent. Certains ont proposés l’énergie et notamment le pétrole comme unité de valeur. Mais ces produits ont tous des variations de cours qui dépendent ou de considérations techniques ou d’effets institutionnels. Pour parer cet inconvénient, Didier Dufau a proposé de prendre un panier de produits représentatifs de la richesse. Par exemple, on peut associer le prix du m2 dans le triangle d’or à Paris, un panel de métaux rares, ou la valeur moyenne de certains produits de luxe. On peut construire des indices nationaux, régionaux ou globaux.

La première question est la faible dispersion espérée des évolutions des différents panels pour garantir que la valeur de référence construite est bien stable. On appelle cela la sensibilité de l’indice. Le calcul montre que le choix du panel interfère peu avec les résultats. La prise en compte d’éléments variés dans le panel donne globalement à peu près les mêmes résultats. En faisant varier dans des proportions raisonnables les composants de l’indice et leur poids dans l’indice, on ne modifie pas les conclusions que permet de tirer leur application aux grandes séries économiques.

En déflatant toutes les séries économiques avec l’indice retenu de valeur de référence, on obtient des courbes très différentes de celles qu’on publie généralement. Si on prend par exemple l’immobilier, il évolue de façon stable alors que les courbes en monnaie courantes flambent. Un appartement est un appartement. Il n’a pas changé de valeur intrinsèque, même si la monnaie a été dévaluée massivement par ailleurs.

En revanche toutes les séries classiques, PIB, revenu, valeur de la monnaie, piquent du nez en valeur de référence. Une vraie croissance verrait ces séries monter en valeur de référence, prouvant une augmentation de richesses incontestables. Si toutes baissent, cela veut dire qu’on vit dans un système de monnaie fondante. Nous vivons depuis 1973 dans un système de monnaie fondante accélérée. La plupart des monnaies ont perdu de 90 à 95% de leur valeur estimée en valeur de référence depuis 1970.   

La comparaison des courbes estimées en valeurs de référence permet de tirer des conclusions très claires. On constate que l’essentiel du gain de revenu est lié à la baisse des prix des produits de consommation courante ! La mondialisation a fait baisser dans des proportions drastiques le prix de nombre de produits en activant une population gigantesque et très peu chère, dans des pays où la réglementation n’était pas contraignante. On ne voit pas bien ce phénomène lorsqu’on utilise des séries classiques l’inflation masquant beaucoup de chose. Il est évident en valeur de référence.

Dans les pays développées le revenu a baissé en valeur de référence (oui baissé !) mais les prix des produits de consommation courante ayant encore plus baissés, compte tenu de la mondialisation, le revenu disponible apparent a augmenté, masquant la baisse en valeur. En revanche, le revenu nde permet plus au plus grand nombre d’accéder à des biens durables dont la valeur est restée constante. Pour stabiliser leurs recettes certains états ont cherché à taxer les produits à valeur constante. L’ISF en est un des bons exemples.

Les courbes de Dufau permettent aussi de comprendre certains dangers de la fin de la globalisation. Le prix des biens de consommation courante sont renchéris en valeur de référence et peuvent croiser la courbe des revenus. Le maintien du pouvoir d’achat passe alors par une redistribution monétaire et non plus par le travail, l’échange et la production. Les hausses massives de prix liés à la guerre ou aux épidémies jouent le même rôle. La hausse des coûts de productions associées aux politiques dites « climatiques » ou « écologiques » jouent aussi dans ce  sens.

Du coup les mouvements « populistes » dans les pays développés s’expliquent aisément. Ainsi que la tentation de s’emparer des biens de valeur de référence stable pour la taxation ou la redistribution. Mais cela contribue à leur disparition ce qui détruit en profondeur le pays qui se lance dans ce périple sans retour.   

Les courbes de Dufau sont un instrument magique pour mieux comprendre instantanément les enjeux de la période. La méthode est décapante et permet d’échapper aux illusions monétaires. Mais elles gênent les dirigeants habitués à des présentations ambiguës ou justifiant des démagogies faciles.

Dire à un dirigeant politique : il n’y a de croissance réelle qu’en valeur de référence, est une manière de lui mettre le couteau sous la gorge. Imposer aux organismes statistiques d’introduire des estimations en valeur de référence serait de salut public.

Hélas personne ne veut s’y risquer.

France : conservatoire honteux de la violence révolutionnaire sacralisée

On voit arriver dans le vocabulaire français la notion d’ultra-gauche. Elle caractérise les saboteurs, comme on le voit aujourd’hui à la SNCF paralysée par un acte infâme le premier jour des JO. Rappelons que la SNCF prétend faire des bénéfices avec 20 milliards de subventions d’état, un régime de retraites frelaté qui coûte plus de 3 milliards aux Français et qui s’est délivré des contraintes de l’allongement légal de l’âge de la retraite, par une magouille. Plus rien ne marche dans cette entreprise totalement gangrenée par le reliquat d’activisme communiste et l’esprit d’action directe du fait du radicalisme assumée des mouvances syndicales dominantes qui nourissent des opérations extra syndicales illégales pour ne pas tomber sous le coup de la loi. .

Après la dissolution irresponsable et scandaleuse de l'Assemblée nationale imposée par E. Macron, dans des conditions extravagantes et pas seulement "inédites", la poussée du parti LFI, nourrie par la volontée de faire front face au "fascisme " fantasmé du RN, a magnifié le rôle d’un Mélenchon dans la vie politique et parlementaire.

L'immonde Mélenchon s’est fait le théoricien d’une révolution bolivarienne incarnée par la prise de pouvoir de Chavez puis Maduro au Venezuela. Il s'agit de la mettre en oeuvre en France par tout moyen. Personne ne souhaite creuser ce bel exemple venezuelien dans les médias orientés et dominateurs qui nous imposent leurs narratifs partisans et l'occultation des faits qui les gênent. Il est pourtant très révélateur.

Le Venezuela était un magnifique pays, prospère et riche d’une industrie pétrolière inespérée basée sur les plus grandes réserves connues du monde, avec d’immenses ressources naturelles et une élite bien formée. La « révolution bolivarienne » menée par Chavez et poursuivie par Maduro a provoqué la perte de 80 % du revenu national et a conduit un quart de la population du pays à fuir à l’étranger. Le régime politique est une dictature sordide où quelques militaires et satrapes socialistes accaparent ce qu’ils peuvent des ressources qui restent et empêchent le fonctionnement démocratique, tout en laissant en place un théâtre d’ombres électoral, comme en Iran ou en Russie. C’est l’exemple le plus frappant d’une ignominie politique, économique et sociale sans aucune justification. Le pire du pire : l’autodestruction nihiliste sans aucune perspective positive, basée sur une propagande permanente haineuse, les abus violents de pouvoir et la destruction obstinée de tout espoir de changement.

Le rapport 2 026 d’Amnesty international est clair : « Des personnes critiques à l’égard du président Nicolás Maduro ont été arrêtées arbitrairement, soumises à des disparitions forcées et torturées avec l’assentiment de l’appareil judiciaire. Le gouvernement a reconnu 455 cas de disparition forcée signalés depuis 2015, non résolus pour la majorité d’entre eux. Les exécutions extrajudiciaires perpétrées par les forces de sécurité restaient impunies. Malgré quelques libérations à la fin de l’année, les détentions arbitraires à caractère politique étaient toujours monnaie courante. La mission d’établissement des faits sur le Venezuela a mis en lumière des crimes contre l’humanité, demandé que des enquêtes soient menées sur les politiques répressives de l’État, et observé que la majorité de ses précédentes recommandations n’avaient pas été respectées. La CPI a poursuivi son enquête sur les crimes contre l’humanité commis au Venezuela, bien que le gouvernement ait tenté de suspendre le processus. Les conditions de vie en prison, où il était notamment difficile d’accéder à l’eau et à la nourriture, se sont encore détériorées ».

L’école est morte : « Selon l’organisation de la société civile HumVenezuela, 18 % de la population mineure n’est pas allée à l’école en 2023 et 44,8 % s’y est rendue de manière irrégulière ».

Le système de santé est mort : « Près des trois quarts (72,4 %) des centres de santé publics étaient touchés par des pénuries de médicaments, d’équipements et de personnel, et 88,9 % des services de santé publique étaient inopérants. »

Le système social est mort : « le coût du panier alimentaire de base mensuel pour une famille de cinq personnes au Venezuela équivalait en octobre à environ 494 dollars des États-Unis, tandis que le salaire mensuel minimum s’établissait à 3,67 dollars. »

La monnaie est morte : « Au 20 août 2019, c'est-à-dire un an après son introduction, le bolivar souverain avait perdu 99,97 % de sa valeur par rapport à celle qu'il avait initialement8. Fin novembre 2020, le taux face au dollar américain dépasse 1 million de bolivars pour 1 dollar. Cette monnaie est à ce moment-là, la plus faible en circulation dans le monde » (Wikipédia). Cela ne s’est pas arrangé depuis.

Les retraités sont ruinés.Le fonds de pension auquel avaient cotisé les dizaines de milliers d’ouvriers du pétrole a été volé par les Chavistes et la corruption organisée. « Pour survivre, Marlon Bermudez, 59 ans, va vendre sa maison, fruit de 30 ans de travail dans la plus grande raffinerie du Venezuela. Comme beaucoup de retraités du jadis florissant secteur pétrolier, il n'a pas assez pour vivre ». Le Point 2023.

Le bolivarisme ? Une dictature infâme ayant tout détruit au Venezuela et se maintenant au pouvoir par des exactions violentes extrajudiciaires ET judiciaires, voilà la réalité sans fards.

On aurait pu penser qu’une telle ignominie politique serait condamnée par tous les partis politiques français.

Pas du tout !

On trouve un chef de parti (une bande de quelques ligueurs sectaires entièrement soumis au grand chef) qui propose le chavisme en exemple. Vous rêvez ? Non ! Non !

Nous avons un Mélenchon en France !

Et son abject parti a réussi à obtenir des dizaines d’élus à l’Assemblée nationale, pour la plupart des gueulards sinistres et hideux à la bouche sale. Utilisant toutes les recettes qui ont permis à des sectes minoritaires communistes de trouver le chemin du pouvoir, prônant de façon ouverte la méthode qui a conduit à la guerre d’Espagne, monstrueuse guerre civile allumée par toutes les sectes socialistes et basée sur les exécutions extrajudiciaires et les massacres, il instrumentalise la rue arabe qui s’est implantée sans limite en France et fait d’une dénonciation outrancière et haineuse d’Israël le moyen de capter le vote islamiste, chauffé à blanc, au prix d’une relance inédite de l’antisémitisme criminel.

Et tous les partis de la mouvance dite « de gauche » croient nécessaire de se rallier à cette raclure révolutionnaire criminelle pour avoir des postes de députés. Effarant !

Tout ce petit monde se gargarise de retraite à 60 ans, de retour des services publics au top niveau, d’enrichissement des pauvres. En s’appuyant sur les méthodes qui, en 25 ans de bolivarisme, ont tout ruiné radicalement dans ces domaines au Venezuela ?

Que la France soit tombée si bas, en particulier sa frange gauche, qu’elle en soit à voter massivement pour un allumé prônant la « révolution bolivarienne » est un signal terrible.

Pour comprendre une pareille ignominie qui fait de la France une nation suicidaire largement peuplée d’aveugles politiques, il faut lire le dernier livre fondamental et définitif de Thierry Wolton : Le Retour des Temps Barbares - Grasset février 2024.

L’auteur est sans doute un des auteurs qui connaît le mieux le monde communiste et les attitudes occidentales et françaises vis-à-vis du communisme et du révolutionarisme violent.

« Un vent mauvais souffle sur le monde » écrit-il. Aussi sur la France !

Il n’y a pas eu de Nuremberg du Communisme ni de révulsion définitive contre ce système entièrement criminel, sur le modèle du refus du nazisme. Des franges entières de l’intelligentsia française ont donc développé indéfiniment une vision complètement fantasmée de l’URSS et des pays occupés de l’Est et une incompréhension totale de ce qui se passait dans la tête des populations victimes. Les cent millions de victimes innocentes qui ont payé l’affaire de leur vie ? On s’en tape. Les milliards de vies gâchées ? On s’en tape encore plus. Les centaines de millions de personnes qui ont subi en plein cette dictature et qui aspirent aujourd'hui à en sortir : qu’ils pensent ce qu’elles veulent, on s’en fout !

Ceux qui ont fait leurs études supérieures entre 1965 et 1975, savent l’ampleur de l’emprise communiste sur la manière d’enseigner en France l’histoire, la géographie, l’économie, sans parler de la sociologie.

Jean-Marie Vincent, Charles Bettelheim, Pierre George, Henri Denis ou A. Hirschman ont maquillé à l’envi la réalité soviétique tout en détruisant de façon débile et délétère la qualité de l’enseignement sur ces sujets pendant deux décennies au sein de l’Université et des écoles supérieures comme Sciences-po, déjà ! Ne parlons pas de Mmes Annie Lacroix Riz ou Michèle Riot-Sarcey, qui enseignent impunément avec l’argent public un communisme malhonnête à front bas. N’évoquons pas la tambouille du CNRS et de l’INSEM à l’époque Jospin qui a distribué des laboratoires importants aux Communistes.

Pour donner une idée des méthodes employées, je témoigne que Denis ne posait qu’une question à l’oral : théorie de la valeur. Si vous répondiez valeur travail la note était 18, valeur utilité vous valait un joli 2. Tout le monde le savait. Et les étudiants étaient contraints à répondre contre éventuellement leur propre analyse et forcés à être malhonnêtes. Pas une seule au rectorat informé de ces faits. Vincent et George étaient réellement toxiques et pouvaient vous valoir des ennuis. Bettelheim avait une rigidité marxiste assez bien maîtrisée et donnait des textes d’apparence solide mais, en fait, bouffés par l’idéologie. Hirschman était plus dans les techniques de la propagande et dans la recherche de moyens dialectiques de multi culpabiliser les oppositions au communisme. Il a fait école en France.

Finalement, critiquer l’URSS était la marque d’un anticommunisme primaire de mauvais aloi. Sur le forum du monde entre 1997 et 2002, alors que l’URSS était tombée depuis des années, les crimes de masse avoués et les dégâts du communisme mieux connus, des intervenants, intervenant en meutes, restaient attachés aux mensonges éhontés des années soixante. On expliquait encore que Katyn, c’était les Allemands ; que parler de génocide en Ukraine était une ignominie, etc. Il a fallu attendre l’invasion de l’Ukraine par la Russie pour que la France consente à qualifier Holodomor de génocide.

Pour ceux qui comme moi ont été sur le terrain pour étudier les génocides socialistes notamment en Ukraine, ce qui me conduira à écrire la première monographie en France sur Holodomor, l’évidence du refus des éditeurs français d’accepter un texte de vérité s’est toujours vérifiée. De même, nous savions le désarroi des habitants dans ces pays devant le refus de comprendre, à l’ouest, ce qu’ils avaient subi et de partager leur préoccupation. Le plus dur était de voir certains d’entre eux venus en France, masquant leurs vrais sentiments et constats pour ne pas heurter la pensée dominante en France et mieux s’intégrer. Quand on les interrogeait, ils répondaient : « je n’ai pas le choix. Ils ne veulent rien comprendre. Ils savent mieux que nous. Si on insiste on est nazifié ». Déjà en 2010 ! Poutine n’a rien inventé. Le refus de traiter Holodomor comme génocide dure encore et vaut toujours à ceux qui défendent cette vérité incontournable d’être traités d’auxiliaire des forces ukrainiennes qui ont rejoint Hitler lors de Barbarossa.

Thierry Wolton n’a aucun mal à montrer que l’on a totalement raté toute la phase de décomposition de l’URSS. Comme on fantasmait la réalité, on ne l’a pas comprise et nous avons été incapables d’apprécier correctement de ce qui se passait sur le terrain. Les erreurs énormes se sont accumulées. Laissons au lecteur le soin de découvrir dans toute son ampleur ce parcourt oiseux et délétère.

La relation avec la Chine, l’inde, l’Afrique, avec tous les rebondissements que l’on a constatés, a été entièrement viciée par des attitudes qui auraient été très différentes si les génocides socialistes avaient été dénoncés et condamnés de la même façon que la Shoah.

Wolton explique de façon forte et incontestable que l’attitude occidentale est une des causes du retour des « temps barbares ». Le succès intolérable et grotesque d’un Mélenchon et de la meute de sordides qu’il a réussi à faire élire en est une des formes intérieures qui se cumulent avec les dérives extérieures.

Sur la base d’une erreur d’appréciation collective provoquée par la prégnance socialiste violente dans le monde culturel français depuis l’entre-deux guerre et surtout après la Libération, l’abomination propre à Mélenchon est d’avoir convaincu des électeurs qu’une pratique qui ruinerait l’économie, le social, la nation, l’État, les services publics, dans des proportions littéralement démentes, était non seulement souhaitable mais à portée de main, quitte à finir de dégueulasser les institutions et à promouvoir l’antisémitisme.

Cela ne peut pas être pardonné.

Didier Dufau, auteur de « Holodomor », le second génocide européen. https://librairie-e-toile.fr/

Quand les moteurs de recherche évoluent bizarrement ...

Dans un monde largement virtuel dominé par des technologies et l’algorithmique, il est normal que des instruments qui ont été à la base de la révolution numérique évoluent profondément.

Deux évolutions sont largement visibles : l’appauvrissement informationnel des moteurs de recherche classique. Google Yahoo et les autres ont été gâchés par le mercantilisme. En associant les priorités de recherche à ceux qui payaient pour être en tête de liste des réponses, le commerce est devenu non seulement omniprésent mais exclusif. Une question ? Le système recherche d’abord les commerces qui peuvent être concernés et priorisent ceux qui peuvent être attachés à des recettes pour le moteur de recherche. Compte tenu des volumes d’information concernés, les informations sans « valeur marchande » immédiate ne sont même plus indexées. L’utilisateur n’a accès qu’à une information limitée. De plus en plus limitée. La gratuité et l’honnêteté qui étaient le mythe agissant d’Internet disparaissent dans le silence presque général. En histoire, en économie, on trouve moins d’information qu’il y a vingt ans ! Et à chaque fois, il faut éliminer des couches entières d’à peu près commercial considéré comme liés à la question posée. Donnons un exemple. J’ai un intérêt personnel pour la Bucovine. Personne n’est parfait. Si vous tapez : Bucovine : les grandes dates, vous avez comme première réponse « Amazon les grandes dates (marques) ». Les dates de solde l’emportent sur tout le reste. Ensuite des annonces pour du tourisme en Roumanie arrivent en masse. Cette obsession commerciale occulte tout le reste. Un peu comme aux Jeux Olympiques modernes, l’amateurisme a disparu.

C’est comme cela. Mais qu’on nous permette de le regretter. L’utopie d’un accès libre et universel à la connaissance s’effrite et tend même à disparaître.

La seconde évolution est l’intelligence artificielle générative couplée ou non à l e recherche classique sur le WEB. On peut être bluffé par la qualité rédactionnelle des textes produits. C’est clair, bien fait, sans faute d’orthographe ni de syntaxe. On peut l’être aussi par les notices qui sont produites qui parfois peuvent être très intéressantes, si le fond de documents qui est traité par l’IA est important. La règle : « plus l’information est grande et peu polémique plus la synthèse est satisfaisante » n’est pas absolue mais se vérifie souvent.

Nous avons essayé gratuitement un nouveau moteur de recherche qui s’appelle Brave où existe une fonction d’IA générative qui vous fournit une notice sur le sujet demandé et des pistes de recherche annexes permettant d’approfondir le sujet.

Pour l’architecte Pierre Dufau, le résultat est excellent et même bluffant. L’IA a reconnu un des mots-clés de son œuvre « le caractère cistercien » et fournit une réponse détaillée à une question secondaire non posée : en quoi l’œuvre architecturale de cet architecte est cistercienne. Exact et brillant.

Une question relative au Cercle des économistes e-toile, a donné des résultats particulièrement mauvais. On apprend que nous sommes inspirés par Marx, ce qui est une grande nouvelle ! On voit bien le mécanisme qui a emballé les algorithmes : nous sommes plutôt libéraux, donc économie classique, donc Ricardo donc Marx. Avec ce genre de glissements on aboutit rapidement à n’importe quoi. Le programme détecte bien que nous sommes contre les changes flottants mais se montre incapable d’expliquer pourquoi et en mélangeant critiques et soutiens aux changes flottants trouvés sur le WEB pour faire sa soupe, il finit par écrire (bien) n’importe quoi. L’ennui tient à cette réalité que pour un lecteur non averti, l’information reçue ne peut être critiquée et des analyses fausses peuvent devenir l’opinion officielle pour ceux qui n’approfondissent pas. Il n’y a naturellement aucun mécanisme de correction.

Les fiches Wikipedia qui fonctionnent un peu sur le même modèle du plus petit commun dénominateur commun politiquement correct peuvent être totalement bidonnées et biaiseuses, mais on peut protester un peu (en vain généralement). La notice fugace obtenue par l’IA est plus perverse : elle peut donner un résultat controuvé impossible à corriger, avec éventuellement L’aspersion sur une personne d’une coloration adjectivale négative et insultante. Exemple : Éric Zemmour « polémiste d’extrême-droite condamné pour racisme » et non « journaliste inquiet par l’invasion démographique musulmane en France et en Europe et les méthodes violentes des partisans d’une Oumma féroce et dominatrice n’hésitant pas à tuer pour imposer leurs mœurs ». Laurent Obertone : « Les opinions de Laurent Obertone sont controversées et ont suscité des critiques pour son langage et ses thèses jugées réactionnaires et sexistes ». Brave penche à gauche et du côté du politiquement correct.

Entre l’inutilisable et l’utilitarisme forcené, l’évolution des moteurs de recherche peut être vue comme particulièrement négative.

Nous avons posé une question de plus à Brave :

Comment être plus utile en étant moins utilitariste

L’utilitarisme, qui vise à maximiser le bien-être global, peut être limitant car il ne prend pas en compte les valeurs et les principes éthiques plus larges. Pour être plus utile en étant moins utilitariste, il est important de considérer les suivants :

Les besoins fondamentaux : au-delà du bien-être matériel, il est essentiel de répondre aux besoins fondamentaux tels que la dignité, la justice, la liberté et la solidarité.

Les valeurs éthiques : il est important de prendre en compte les valeurs éthiques telles que la compassion, la justice, la responsabilité et la vérité, qui dépassent les considérations purement utilitaristes.

La dignité de l’individu : il est essentiel de respecter la dignité de chaque personne, même si cela signifie ne pas maximiser le bien-être global.

La complexité de la réalité : il est important de reconnaître que la réalité est complexe et que les choix éthiques ne se résolvent pas toujours à une simple équation utilitariste.

Stratégies pour être plus utile en étant moins utilitariste

Focaliser sur les besoins communs : plutôt que de chercher à maximiser le bien-être global, concentrez-vous sur les besoins communs et les valeurs partagées.

Prioriser les actions qui répondent aux besoins fondamentaux : mettez en avant les actions qui répondent aux besoins fondamentaux tels que la dignité, la justice et la liberté, même si cela signifie ne pas maximiser le bien-être global.

Développer des compétences et des connaissances : investissez dans votre propre développement pour être plus efficace et plus utile dans votre domaine, sans nécessairement chercher à maximiser le bien-être global.

Collaborer avec d’autres : travaillez en équipe avec d’autres pour atteindre des objectifs qui dépassent les considérations purement utilitaristes.

Évaluer les conséquences à long terme : prenez en compte les conséquences à long terme de vos actions et de vos choix, au-delà des considérations purement utilitaristes.

En résumé, pour être plus utile en étant moins utilitariste, il est important de considérer les besoins fondamentaux, les valeurs éthiques, la dignité de l’individu et la complexité de la réalité. Il est également essentiel de développer des stratégies qui répondent à ces considérations, telles que la focalisation sur les besoins communs, la priorisation des actions qui répondent aux besoins fondamentaux, le développement des compétences et des connaissances, la collaboration avec d’autres et l’évaluation des conséquences à long terme.

Intégration de considérations non-utilitaristes dans les stratégies et pratiques des organisations et institutions

Les organisations et institutions peuvent intégrer des considérations non-utilitaristes dans leurs stratégies et pratiques en adoptant les approches suivantes :

Définir des objectifs plus larges : au-delà des objectifs de performance et de rendement, définir des objectifs qui prennent en compte les valeurs éthiques, la dignité de l’individu et les besoins fondamentaux.

Intégrer des principes éthiques : incorporer des principes éthiques tels que la justice, la compassion, la responsabilité et la vérité dans les processus de prise de décision et les pratiques quotidiennes.

Favoriser la participation et la consultation : impliquer les parties prenantes, notamment les communautés ciblées, dans la définition des objectifs et des stratégies, pour prendre en compte leurs besoins et leurs valeurs.

Développer des indicateurs de performance éthiques : créer des indicateurs de performance qui évaluent la mise en œuvre des objectifs éthiques et non-utilitaristes, en plus des indicateurs traditionnels de performance.

Investir dans la formation et le développement : fournir des formations et des ressources pour aider les employés à comprendre et à intégrer les considérations non-utilitaristes dans leur travail.

Créer des espaces de dialogue et de réflexion : mettre en place des espaces pour encourager la réflexion et le dialogue sur les valeurs et les principes éthiques, ainsi que sur les implications de ces considérations dans les pratiques quotidiennes.

Sans commentaire ! Mais à bon entendeur, salut !

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Eléments pour comprendre la descente aux enfers française

Pendant que les politiciens s’amusent, la dégringolade économique s’étend dans le silence des médias.  Souvent la question revient dans les conversations : pourquoi nous sommes-nous enfoncés ainsi ? Les réponses sont presque toujours à côté de la plaque et traduisent la perméabilité aux narratifs usuels plus qu’une connaissance, même minimum, des faits.

Beaucoup des difficultés actuelles proviennent de décisions prises à la Libération. Le programme du CNR, Conseil national de la résistance, très à gauche, si glorifié qu’il soit aujourd’hui, a considéré qu’il fallait mettre en œuvre le plan Beveridge d’état providence mais en chargeant les entreprises et non les particuliers.  

-            1. L’impôt sur le revenu a toujours été le moins progressif et le moins lourd de tous les pays homologues, ce qui surprend toujours les expatriés français. Et le nombre d’assujettis n’a cessé de diminuer, jusqu’à devenir inférieur à la moitié des contributeurs potentiels.

-            2. La sécurité sociale a été mise prioritairement à charge de l’entreprise avec une multitude de taxes annexes et de contributions locales ou spécialisées, avec la double conséquence d’un manque systémique de rentabilité en interne et d’une absence remarquable de compétitivité vis-à-vis des autres pays n’ayant pas fait cette erreur. On s’étonne toujours du taux ridicule de chômage des Suisses : mais la sécurité sociale est à la charge principale des particuliers qui paient chaque mois une contribution très forte mais qui peuvent choisir leur organisme de rattachement. Il n’y a pas de Moloch comme l’Urssaf.

-            3. L’égalitarisme forcené a voulu que tous puissent bénéficier des mêmes avantages que les fortunés. Il a donc fallu imposer la fortune durement pour redistribuer un peu. Ce faisant on a frappé l’investissement qui est la clé de l’emploi. En considérant de plus en plus  que l’élitisme favorisait le bourgeois, on a tué progressivement l’école. Sans emploi qualifié, pas de croissance saine.

-            4. La volonté d’assurer la « gratuité de la vie », de la naissance à la mort, avec des allocations maternelles à l’enfance, puis l’allocation vieillesse, puis des aides aux étudiants, puis aux immigrés, puis à tout le monde, avec le RSA, a détruit le ressort de l’emploi. On peut vivre sans rien faire de la naissance à la mort en France pourvu qu’on se contente d’une consommation comprise entre 700 et 1.000 euros par mois.

-            5. La crise démographique n’est pas à imputer, elle, au CNR. Grâce à des gens comme Alfred Sauvy, la politique française a été nataliste jusqu’au début des année 70. Le retournement  a été provoqué par le « féminisme libérateur», 500 000 enfants en moins chaque année tout de même, et  a privé de bras l’économie, qui, du coup, les a cherchés à l’extérieur. Echec : l’immigration n’a pas été fléchée vers l’emploi mais vers le regroupement familial assisté. Cela n’a donc servi à rien d’autre que d’aggraver l’endettement.

-            6. La crise politique s’est accentuée à partir du moment où la haute fonction publique a réussi à dominer totalement la sphère politique. Ce mouvement initié dès la défaite de Quarante, imputée aux parlementaires ignorants et médiocres, s’est installé dès la IVe République et s’est amplifié dans la suivante, avec comme symbole le duo Giscard-Chirac, et son aboutissement tragique avec Macron et des hauts fonctionnaires sans représentativité   passant de la direction d’une société d’autobus public à la tête du gouvernement et retour.

-            7. L’idée qu’il fallait travailler le moins possible s’est installée avec la retraite à 60 ans et les 35 heures, sans vouloir comprendre qu’on baissait automatiquement les revenus de près de 20 % par rapport aux autres et qu’on privait de ressources la pompe à fric branchée sur l’activité des entreprises, tout en détruisant la balance commerciale.

-            8. Des secteurs entiers de l’économie sont passés sous l’autorité de la « tutelle » qui les a transformés en marchés administratifs. Les ports français ont ainsi connu une croissance de moins de 2% quand tous les ports européens voyaient leur trafic augmenter de 100 %. Tout le secteur de l’écologie climatique est noyé par des marchés artificiels pilotés par l’argent public ou parapublic. Le bâtiment est totalement sous l’influence de réglementations folles.

-            9. L’état moloch a décidé d’abandonner de plus en plus de missions à des ONG et des sociétés non commerciales, créant un secteur social démesuré, parfaitement maquereauté et inefficace, détruisant peu à peu les services publics. L’informatisation a été déplorable sauf à la DGI et le passage à Internet raté presque partout dans le domaine public.

-            10.Progressivement ruiné par ses dépenses, l’État a alors décider de transférer directement sur les Français le soin de mettre en œuvre des politiques contraignantes avec obligation de résultat sous peine de sanctions considérables. On a vu apparaître le concept de revenu net-net-net, c’est-à-dire net des charges sociales, net des impôts, et net des contraintes imposées.

-            11. On a ainsi abouti à ce que la dépense publique ajoutée à la dépense privée imposée, excède la valeur ajoutée des entreprises. Plus de 100 % en effet ! Ce qui explique un endettement de 3 200 milliards d’euros et toujours en expansion. Quand on dépense la totalité de la valeur ajoutée des entreprises, impossible de ne pas emprunter.

-            12. Pour corser l’affaire, on a mis les entreprises et leurs salariés en compétition avec le monde entier. L’industrie a sombré la première. Le reste suit.

-            13. La politique d’Emmanuel Macron a tout aggravé, en multipliant les cadeaux électoraux ciblés à des catégories. « Personne ne vous a donné plus que moi », voilà le narratif qu’il voulait tenir à quiconque dans la rue. Et il a fini en cassant le cadre politique par dépit. En transférant la taxe d’habitation sur les Français surtaxés, il a poussé la démagogie aux limites de la déraison. On ne supprime pas des impôts quand on ne fait que transférer des financements. Et la progressivité structurelle de l’impôt français en cas d’inflation et de croissance même ralentie garantit un taux de prélèvement constamment croissant. Ce mécanisme a fait passer la dépense publique de 25% à plus de 50% du PUB  en un demi-siècle.

-            14. La construction européenne a été le prétexte d’un début de  destruction de quelques points forts français comme le nucléaire et l’agriculture, tout en aliénant totalement la décision politique.

Le résultat, on le connaît. Chaque Français était plus riche que n’importe lequel de ses voisins en 1967, aux termes du « miracle français ».  Il est maintenant déclassé, avec un tiers à un demi de revenu moyen de moins, en attendant pire. Ne parlons pas de la menace que fait peser la dette et les risques de survenue d’une situation à la grecque ou à la libanaise !

Et il ne s’agit ici que des causes internes d’effondrement. Les crises à répétitions provoquées par les changes flottants et la rançon exigée des producteurs de pétrole n’ont rien arrangé, pas plus que le transfert de richesses vers la Chine, L’inde, la Turquie. L’Occident global flanche et l’Union Européenne est conquise par les ONG wokistes et islamistes.  Bravo à tous !

La grande question est évidemment de trouver le moyen d’en sortir. Nous avons essayé dedégager des pistes dans notre livre Sortir du Désastre. Écrit trop vite dans la perspective des élections présidentielles, il a été mal relu et a laissé la place à de nombreuses imperfections de texte. Mais sur le fond, il n’y a rien à y changer.

Certains s’étaient étonnés de la place démesurée à leurs yeux accordés à la dénonciation de l’esprit et des résultats de l’action d’Emmanuel Macron. On voit aujourd’hui que c’était prémonitoire. Il ne fallait pas réélire cet irresponsable. Plus personne ne doute qu’il fait partie du passif dont il faut se débarrasser.

Sur les treize autres causes, on voit la difficulté qu’il y a à agir. Comme en Grèce ou comme en Union Soviétique, casser le système imposera une phase initiale très dure.

Dire à la dizaine de millions de personnes qui vivotent aux crochets des autres que c’est terminé et qu’il leur appartient de trouver du travail et 400 à 500 euros par mois pour financer la sécurité sociale comme en Suisse, est un risque politique évident.

Dire aux nombreuses entreprises qui survivent dans le cadre de marchés administratifs subventionnés par l’État que c’est fini, est un risque politique et économique évident.

Dire aux syndicats des grandes entreprises publiques que la cogestion abusive, c’est fini, c’est un risque évident pour la paix civile.

Dire aux hauts fonctionnaires qu’ils doivent rester dans la sphère publique et ne peuvent accéder à la sphère politique ou privée qu’en démissionnant, c’est une belle aventure.

Dire aux Français que la retraite est à 67 ans au taux plein et la durée du travail normale de 40 heures par semaine, y compris dans les différentes fonctions publiques, cela peut difficilement être applaudi par les personnes concernées.

Affirmer aux milieux financiers anglo-saxons que les changes flottants et le privilège du dollar cela suffit, bon courage.

Dire aux juges et aux cours que les droits de l’homme sont l’affaire des politiques et pas des juges, pas si facile.

Dire à l’Europe qu’elle doit demeurer dans le cadre strict des traités et de la subsidiarité en évacuant de ses instances tout l’entrisme des ONG et l’influence Woke ou communautarisme, c’est mal parti.

Dire aux femmes que le sperme n’est pas un liquide toxique, l’enfantement n’est pas seulement une torture physique et élever des enfants une tyrannie sociale et qu’elles ont une responsabilité vis-à-vis de la collectivité, courage fuyons !

Dire au monde des enseignants politisés que leur rôle est d’améliorer la performance des élèves et non pas de jouer les nounous et les guides politiques, dans un nouveau cadre porté vers l’élitisme et la sélection des meilleurs, cela va tanguer !

Dire aux délinquants de tout âge et de toute condition que le laxisme et la compréhension, c’est fini et que désormais ils jouent leur peau ou le reste de leur vie dans la misère, il faudra pour cela s’essuyer les pieds sur le badintérisme qu’on veut panthéoniser.

Tous les nœuds gordiens se sont entrelacés pour éviter qu’on ne les tranche. 60 % des élus à l’Assemblée Nationale sont membres de mouvements protestataires mobilisés contre les résultats déplorables mais qui n’ont que des solutions vengeresses qui aggraveraient la situation. Le marais central est surtout décidé à ne rien dire et ne rien faire tout en essayant de sauver la carrière des barons et leurs divers et nombreux petits avantages.

La crise n’est pas que parlementaire. Elle est nationale, européenne et occidentale. Mais la France y a mis du sien pour qu’elle soit de plus en plus grave.

Il suffit de constater les réactions dans tous les camps, y compris ceux qui vous sont proches lorsque vous faites des propositions de bon sens sur des sujets graves.

En matière de sécurité on peut par exemple revenir sur à la pratique ancienne d’un seul procès d’assises. Le double procès n’a strictement rien apporté sinon des revenus pour les avocats et des embouteillages pour la justice. On doublerait sans frais la capacité de juger et on débloque la situation actuelle, sans aucune conséquence négative.

On peut même rétablir la peine de mort pour les meurtriers en série, les meurtriers de policiers et les incendiaires qui tuent six personnes pour des raisons de guerre des gangs de trafiquants de drogue. Coût zéro. Et on retourne la peur vers les assassins. De même vous pouvez engager la responsabilité des juges qui font de la politique et dissoudre le syndicat de la magistrature déshonoré par le « mur des cons » et définir un crime de justicialisme (détournement de pouvoir spécifique à des fins politiques en refusant d’appliquer les lois et en créant d’autres interprétations sur le terrain) jugé par une nouvelle Cour de sûreté de l’État. De même on peut interdire à des associations d’ester et réserver ce droit aux seules victimes.

Tout cela a existé longtemps et montré son efficacité sans vrais inconvénients. Cela ne coûte rien sinon aux délinquants et aux avocats pénalistes. On a mis fin aux exactions de l’OAS et du FLN et d’Action directe. La pression terroriste islamique, l’extension du narcotrafic, les destructions urbaines massives et les ratonnades anti blancs, peuvent-elles être maîtrisées autrement ? Non !  Le mol édredon judiciaire et l’invocation des mânes de Badinter n’ont jamais entravé le moindre crime et quand la massification du crime a commencé, elle est très difficile à éliminer. Parlez-en aux 85.000 victimes annuelles d’agression au couteau !

Essayer de proposer cela au sein d’un des partis existants en France ! Impossible ! Alors vous dites : que proposez-vous ? La réponse est toujours la même : rien, chut ! Vous ajoutez : alors cela va continuer ? Oui chut ! Il faudrait que les médias se taisent car ils poussent au crime en le révélant… N’oublions pas ce qu’écrit aujourd’hui même Wikipedia sur le livre de Laurent Obertone sur la France Orange Mécanique, écrit en 2013 : C’est un « essai contesté et controversé qui fait beaucoup penser à Éric Zemmour ». Le lecteur doit savoir que c’est un livre réprouvé et indigne qui unit le lecteur à des gens immondes comme Zemmour. Beurk ! Le jugement de valeur l’emporte sur l’information.

Des actes élémentaires réprimant efficacement des crimes abjects sont considérés comme tabous, sans la moindre alternative.

Vous prenez nos treize causes d’effondrement et vous aboutissez exactement à la même situation. Il est strictement interdit de remettre en cause… les causes !  C’est sacré, c’est tabou. En revanche, hurler contre les conséquences, c’est facile et recommandé.

On en revient à Créon et au fait que le pouvoir cela tache souvent et que c’est parfois un peu plus que sale. Comme la guerre. Il n’y a pas de guerre propre. On ne demande pas aux dirigeants d’être des saints aux mains blanches mais de réduire l’effet des tares, les actes des malfaisants, et les conséquences de diverses démagogies perverses.

Nos politiques sont désormais des fantômes impuissants qui s’accommodent de cette impuissance et ne formulent plus de projets. Ils préfèrent honorer des valeurs et jouir des postes conquis tout en excommuniant les oppositions ramasse-colère.

La France enfermée dans des dogmes n’est pas seulement en voie de paupérisation et de marginalisation. Elle peut s’effondrer et ne plus jamais se remettre.

L’Union Soviétique était exactement dans la même situation. Nous avons souvent ici cité l’exemple de l’agriculture. On y a tenté de multiples expérimentations pour mettre fin à l’inefficacité de l’agriculture. Elles ont toutes réussies. Elles ont toutes été arrêtées car elles contrevenaient aux dogmes et en montraient la stupidité.  Aujourd’hui Ukraine et Russie sont redevenues des greniers à blé dès l’effondrement du communisme.

Le couple dogmes paralysants- effondrement par la dette est un chemin parfaitement balisé.

La France est bien sur le toboggan.

 

Pierre Manent et l’explication de la crise politique française

Que nous traversions une crise politique depuis le traité de Maastricht, il est difficile de ne pas le voir surtout depuis cette indigente et scandaleuse dissolution qui a provoqué la panique et le n’importe quoi au milieu de différents sauve-qui-peut, le débranchement du président et un Assemblée Nationale sans majorité. Pierre Manent dans un article du Figaro datée du 18 juillet 2024 a tenté d’en analyser les causes et certains ont jugé cet article « définitif » sur la question.

Pour lui, l’état normal des institutions est l’alternance droite-gauche. C’est une différence avec l’analyse de Bourlanges que nous avons examinée précédemment sur ce blog qui considère que depuis la fin de la guerre de Quarante, c’est le centre qui a produit les accommodements nécessaires. Manent explique alors pourquoi cet affrontement droite gauche s’est vidé de sa substance. La raison principale : la dissolution du concept de nation et la création de l’Europe supranationale. Il ne reprend pas l’expression qui dit que, depuis Maastricht, droite et gauche sont deux détaillants qui se fournissent auprès du même grossiste. Mais c’est le sens de sa démonstration. Il parle de « religion européenne ». Chirac avait compris : plus de discours de Verdun et de Pierre Juillet ni de Marie-France Garaud : la présidence de la République Française n’est possible qu’au prix d’une révérence au fédéralisme européen. Du coup le député national n’a plus guère de pouvoir et d’importance. La division gauche droite se dilue. L’opinion se détourne. Le député européen lui est un inconnu qui s’active dans une sphère dont la presse ne parle jamais et qui n’a aucune vraie influence. F.X. Bellamy vient d’en faire la cruelle expérience. Mme Van der Leyen qui s’est comportée en présidente abusive d’une Europe fédérale inexistante a été réélue. Le plus actif et intelligent de nos élus est en fait impuissant ! C’est structurel.

L’Europe religion a une conséquence immédiate : on ne discute pas de projets mais de valeurs. Le bien et le mal triomphe du discours projets contre projets. Les élus européens ne savent pas sur quels projets ils seront sollicités de réfléchir : la Commission en a le monopole. Les élections européennes ne tranchent jamais rien et pulvérisent les représentations nationales en minorités sans pouvoir. Le peuple ne tranche aucune option majeure. On lui demande simplement de faire une révérence aux « valeurs européennes de paix, de bonté, d’ouverture » tout en renforçant d’autres religions comme la nouvelle religion de la Nature Reine, ou de la nouvelle religion wokiste. Trois religions d’un coup remplaçant Don Camillo et Peppone.

Autre aspect que détaille Pierre Manent : puisqu’il y a désormais nombre de religions du bien, il y a mécaniquement des Satan. Les discours des gouvernants deviennent totalement indigents : d’accord les difficultés s’amoncellent et les Français trinquent, mais nous au moins on n’est pas des méchants et des vilains. Le Satan principal est le FN de Jean-Marie Le Pen, parti protestataire attrape-tout, et sa variante féminine avec chats qu’est le RN de Marine. « Ce qui frappe dans le parti-exclu c’est le contraste entre sa paresse intellectuelle, la rareté et la pauvreté de ses initiatives et ses succès électoraux presque continuellement croissant ».

On t’offre du "bien" moral et verbal avec des "emmerdements croissants". Tu réagis en votant pour le diable puisqu’il est devenu impossible de faire valoir ton désaccord avec la dégringolade du pays dans tous les classements et sur tous les sujets.

« Présenter la configuration politique présente comme une confrontation entre la démocratie et le populisme/nationalisme, entre la démocratie et ses ennemis, est grossièrement partial et surtout superficiel » écrit Manent. « Au lieu de la catharsis liée à la bataille civique, l’exorcisme par l’exclusion laisse le vaincu insulté et offensé et le vainqueur exposé à l’objection paralysante : nous n’avons pas voté pour toi mais contre l’autre ». Le Nouveau front populaire en sait quelque chose depuis hier et l’échec de son accession au perchoir de l’Assemblée nationale.

« Que nous est-il arrivé pour que nous nous obligions à l’unanimisme des valeurs de la République ? » et à penser qu’il valait mieux remettre notre destin à des « administrations impartiales, européennes ou internationales suggérant que la République et en général la politique était une passion inutile et même dangereuse ».

Mélenchon en appelant à la création d’un nouveau peuple, « notre peuple » dans son verbiage, place la querelle israélo-palestinienne au cœur de son projet, aliénant totalement la dimension proprement nationale et faisant d’un conflit extérieur la base essentialisée du conflit intérieur !

Toutes les forces politiques sont devenues aliénées d’une façon ou d’une autre. Ce qui se traduit dans le langage populaire par : "on marche sur la tête".

Il manque à cette analyse, brillante par ailleurs, plusieurs dimensions :

-            « L’énarchie compassionnelle » et la capture du pouvoir politique par la haute fonction publique en France. Les hauts fonctionnaires sont étatistes et socialistes presque par construction (ils ne créent aucune richesse) et fonctionnent comme une société de secours mutuel devenue népotique. Ils se voient « neutres » par rapport aux rapports d’argent donc seul dignes « d’arbitrer la société ». Le bien et le mal font leur affaire. Ils sont les prêtres des religions nouvelles ce qu’a bien compris Sciences-Po. Tout en faisant main basse sur les grandes entreprises et les lieux d’argent. Ils ne savent que réglementer, taxer, subventionner et produire de la dette. Et vendre le carnet d’adresses résultant.

-            Le gouvernement des Juges et le justicialisme. En s’attribuant un pouvoir de censure législatif par l’interprétation de la déclaration des droits de l’homme, la CEDH, la Cour de Justice européenne, le Conseil constitutionnel, le Conseil d’État, etc. ont contribué à vider de leur pouvoir et l’exécutif et le législatif. En laissant des clans de juges à l’échelon des cours de jugement fixer des jurisprudences indépendantes des règles voulues par le législateur, et renforcer l’action d’ONG partisanes, on a détruit la sécurité intérieure et extérieure.

-            La remise systématique des fonctions administratives à des ONG partisanes, liées aux juges déviants, disloque totalement l’action administrative sur le terrain. Ce phénomène a été aggravé par l’Union Européenne qui subventionne en fonction de critères wokistes.

-            Les crises économiques à répétition, toujours plus graves, qui provoquent un phénomène de pauvreté aggravé en France par la faiblesse des temps de travail et la lourdeur des prélèvements qui asphyxient la croissance.

-            La crise démographique qui a vu la disparition de 500 000 enfants par an.

-            Le poids dément des injonctions d’une nouvelle religion écologiste anti humaniste qui détruit les villes et les campagnes tout en ruinant l’économie et les finances.

La conséquence politique, on la voit bien. Une bataille d’Eunuques impuissants tentant de gagner par la démagogie la plus pure et la plus destructrice, alors que plus rien ne fonctionne sur le terrain.

Pendant  que nous sommes en récession !

Pierre Manent nous appelle à « revenir à la maison » et « à nous gouverner nous-mêmes ».

Il oublie de nous dire comment on fait.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Ils osent appeler cela « programmes »

La France est en difficulté depuis 1 968 et surtout 1 973.

Après 25 ans de croissance forte qui a vu la France accumuler les excellents résultats sur tous les fronts (démographie, industrie, commerce, agriculture, divertissement, sécurité, paix, santé, équipements), la France des grandes villes a considéré qu’il était temps de s’en prendre définitivement à la « bourgeoisie » et ses « horreurs » et d’achever l’Église catholique qui y mettait du sien depuis Vatican II.

Juste au moment où la France était saignée par une rançon pétrolière scandaleuse et périlleuse, l’élite culturelle qui tient l’opinion via des médias de plus en plus investis par la Pub putassière et les idées « progressistes », entre les mains de l’État et de quelques milliardaires, a décidé de jouer le jeu de la fin de l’indépendance française et de la prospérité française et de la sécurité en France et de la natalité française, et de l’identité française.

Sur tous les fronts où la France avait réussi à retrouver des couleurs, une cinquième colonne indéfinie nourrie de marxisme débile et de démagogie facile s’est employée à tout inverser. Au lieu de maintenir et d’amplifier les acquis, la rage de les détruire s’est emparée des « élites ».

On a tué la natalité. Nous avons perdu 500 000 naissances en 2023 par rapport à 1970. En dix ans la population proprement française de deux villes comme Paris disparaît.

On a tué l’industrie et on essaie d’achever l’agriculture.

On a tué la prospérité : le revenu des Français est au tiers de celui des Luxembourgeois, la moitié des Suisses, les trois quarts des Américains (alors qu’on était quasiment revenu à parité).

On a démantelé la répression de la délinquance, avec Badinter et toutes les lois bannissant jusqu’à l’hypothèse de la prison. La grande folie du justicialisme a emporté la sécurité des citoyens. Il fallait désormais frapper le grand bourgeois et foutre la paix aux délinquants.

On a tué la démocratie en transférant pratiquement tout le domaine de la loi à l’Union européenne, en acceptant la constitution d’un gouvernement des juges et en poussant des associations délétères, les prétendues ONG, à construire la loi à la place des citoyens dans des enceintes extérieures à la France.

La haute fonction publique a réussi à capter entièrement le champ du politique et expulsé tout ce qui n’était pas conforme au « cercle de la raison », en multipliant les déraisons. Giscard pousse la fiscalité au plus haut. Rocard aggrave les dépenses publiques en plein cycle haut de la conjoncture internationale, au moment où il fallait commencer à rétropédaler sérieusement. Jospin croit que sa destinée et le souvenir de son passage sur terre passent par la sottise des 35 heures qui va liquider la compétitivité du pays et il flingue par opportunisme électoral la base nucléaire de la politique énergétique française. En prime il accepte l’entrée de la Chine dans l’OMC dirigé par un socialiste français. Il est tout surpris de ne pas entrer au Grand Paradis Des Dieux Socialistes et d’être viré par le peuple comme un malpropre. Chirac avec Juppé et Villepin sombrent dans le centrisme mou, l’européisme intensif et la bureaucratie administrative et fiscale.

On découvre que Sarkozy n’avait aucun programme et que tous les éléments de langage qu’il brassait étaient des attrape-nigauds. Ce faisant il tue l’UMP devenue LR et bientôt plus rien du tout. Il garde l’ISF, les 35 heures, et retouche à la marge la retraite à 60 ans, sans remettre en cause le pouvoir des syndicats dans le secteur public qui reste privilégié dans tous les domaines. Il est dégagé par la crise de 2008, mondiale, qu’il n’a pas compris et celle de 2011, proprement européenne, qu’il n’a pas vu venir.

Débarque Bidochon, un Énarque connu pour ses petites blagues et ses escapades en Vespa. Il est incapable de gouverner. Il aggrave donc toute la fiscalité, notamment avec l’intégration des revenus du capital dans le revenu fiscal où ils sont frappés à un taux marginal si élevé qu’il ne reste plus qu’à fuir le pays pour les grands capitaux. Espérer un rendement de 2 % frappé de 80 % d’impôts, avec plus de 2 % d’inflation, et 1 % d’ISF en prime, c’est renoncer à tout investissement et envoyer les « riches » investir ailleurs.

Le sinistre quinquennat gâché par les dissidences et les attaques islamistes, montre qu’à gauche, l’idéologie a explosé avec les deux bombes à retardement que sont l’alliance avec les islamistes de Mélenchon et le retour de l’Action directe, le tout mélangé au nitrate d’ammonium formé par l’indécente Cancel Culture Woke et l’écologie anticapitaliste de destruction massive.

L’idée se fait jour au sein de l’Enarchie triomphante que la seule défense, c’est de se cacher derrière l’Union Européenne et de souder les sociaux-démocrates résiduels et le centre, tout en acceptant des traîtres venant de l’ancienne majorité gaulliste. L’énarchie étatiste et socialiste opte en faveur d’Emmanuel Macron qui prétend représenter un hypercentre, marqué par des mesures de libération économique (la réduction de l’ISF aux seuls biens immobiliers et la Flat Tax sur les revenus mobiliers). On annonce même l’élévation de l’âge de départ à la retraite, la réduction des allocations-chômage, la moralisation de la vie publique, etc. L’attrape-nigaud est un cadeau au peuple comme toujours : la suppression de la taxe d’habitation, seul impôt touchant tout le monde et une économie directement sensible pour l’électeur.

Depuis 1981, la règle est bien établie : ne jouer que les Présidentielles et toujours présenter un « cadeau au peuple » de belle qualité. Hausse massive du SMIC et Retraite à 60 ans, 35 heures, défiscalisation des heures supplémentaires, Suppression de la taxe d’habitation. Pour le reste, ne jamais travailler en profondeur, entre deux élections et en liaison avec les militants, les mesures à prendre pour cesser de s’enfoncer dans tous les domaines.

Avec Macron la prise du pouvoir par l’Enarchie est totale : les trois premiers ministres successifs sont énarques ; le ministre des Finances est énarque. Le reste… Quel reste ?

La « Flat Tax » était indispensable. Plus aucun investissement n’était possible ! L’IFI est déjà une demi-mesure. Il fallait supprimer l’ISF et inclure les revenus immobiliers dans la taxation forfaitaire. Mais on spécule sur la haine du possédant qui s’enrichit en dormant pour faire passer la flat tax.

Toutes les autres mesures s’avéreront détestables et contre-productives.

Pendant 5 ans le gouvernement cherchera comment on peut mettre en place une « retraite par points » considérée comme miraculeuse. En vain ! C’était un pari de songe creux qui traînait dans les arrière-cours mais qui faisait moderne et dynamique pour les crétins.

L’interdiction du cumul des mandats allait transformer le Parlement en chambre hors sol où toutes les conneries pourront être dites sans vergogne, avec des députés de la majorité vides de toute représentativité et de connaissances politiques utiles.

La suppression de la taxe d’habitation, le seul impôt réellement juste et universel, tournera au n’importe quoi avec un transfert massif sur l’impôt foncier qui s’ajoutera à l’IFI pour provoquer la crise du bâtiment.

Ne parlons pas de la reprise du plan énergétique de Hollande et le massacre de l’énergie atomique.

Lorsque la réélection sera en vue, Macron distribuera pour près de 80 milliards d’euros de « cadeaux catégoriels au peuple » et éludera le premier tour pour se concentrer sur la lutte contre le fascisme au second.

Tout cela finira dans la stagnation économique, les déficits sociaux et commerciaux, une impasse budgétaire effarante et une dette abyssale de plus de 3 000 milliards d’euros avec la baisse des notes des instituts de notation. Plus une mise en demeure de l’Union Européenne sur les déséquilibres des finances publiques françaises.

La vérité toute nue est éclatante : Emmanuel Macron n’avait aucun programme de gouvernement seulement un plan média pour prendre le pouvoir. L’expérience constante est que le pouvoir conquis n’est pas le lieu où un programme peut s’élaborer, pour peu qu’on le désire.

Jean Cau disait : « au pouvoir, on n’agit pas, on réagit ». Et on essaie de survivre.

Lorsqu’on regarde le déroulement de la campagne législative en cours, on voit que les programmes sont inexistants. Comme pour les Européennes le pays veut coller une raclée à l’abruti qui par vanité et même par folie a décidé de se lancer dans un bras de fer narcissique avec le peuple. Le RN qui avait promu repoussoir en chef, pour faciliter la réélection sans discussion d’un homme qui au fond de lui-même se sait incapable, est désormais l’instrument de la claque phénoménale que le pays veut à nouveau asséner « au gamin immature qui se croit tout permis et pérore sur un tas de fumier ». Autant dire que son programme n’a aucune importance. Ce n’est qu’un rassemblement d’éléments de langage ciblé visant des clientèles. La perspective d ‘une arrivée au pouvoir conduit à arrondir les angles. Rien de plus.

Du côté de la « gauche », un « comité de sales gueules » rameutées par le sinistre Mélenchon, au mieux cinq personnes, veut en profiter pour prendre des places et se faire un peu d’argent. Le programme est un ramassis de slogans plus indignes les uns que les autres, dont le mantra est comme toujours basé sur la haine : « Bourgeois, on aura ta peau. Riche, on aura ton fric. » L’effondrement de l’URSS n’aura servi à rien ni le dévoilement des massacres terrifiants et stériles conduits par les révolutionnaires devenues des dictateurs sanglants. Une coalition d’intérêts électoraux joue à la révolution en se déshonorant. Que reste-t-il de François Hollande, qui se rallie à un homme qui joue son destin sur l’antisémitisme d’une rue arabe chauffée par la guerre à Gaza ?

Les Français veulent se venger. La croissance s’est envolée. Les services publics essentiels sont cul par-dessus tête. Les entreprises sont étranglées. La natalité s’est évanouie. Le discours public est infâme à l’école et au sein de l’université. Et on veut leur coller sur le dos la « restauration de la nature » et le « sauvetage du climat » tout en sabotant leur culture et leurs mœurs. Et ils jugent que la submersion incontrôlée du pays par des Noirs et des Arabes le plus souvent musulmans changent radicalement l’identité du pays. Désormais on viole des femmes de 90 ans ! On arrache les bijoux de cou des vieilles dames dans la rue et jusque dans les lieux d’habitation. On viole des enfants de 13 ans parce qu’elles sont juives. On accepte des ratonnades antifrançaises. On tolère le développement de cartels de la drogue. On refuse de sanctionner. Le pays par saccades est à feu et à sang. Et l’armée française se fait virer d’Afrique sans réaction par des putschistes cupides qui bradent leur pays à la Chine et à la Russie en échange de leur garantie de survie.

Eh oui, les Français violentés et appauvris veulent se venger. Ils attendent depuis trop longtemps qu’on prenne en charge les difficultés du pays avec de vrais programmes établis au sein de partis de gouvernement réfléchis et allant au fond des choses et dont on sait qu’ils seront mis en œuvre loyalement avec le désir de réussir.

Le mouvement issu du gaullisme est dénaturé par des politiciens sans envergure et il n’a pas su entreprendre ce travail. Plus il rétrécissait, plus le nombre d’écuries présidentielles augmentait. « Seules les Présidentielles comptent et j’ai mes chances ». Pour quoi faire ? Heu ! Heu ! Il séduit aujourd’hui 7 % des électeurs, disent les sondages. Il est écartelé. Bref il est quasi mort. L’extrême centre est antinational. La social-démocratie est lessivée faute d’accepter de faire les constats nécessaires et de renoncer à la haine de l’autre qui est son fonds de commerce et à l’idée qu’il suffit de ruiner les gens qui réussissent pour tout régler. Le mouvement est mort.

Reste la vengeance. Elle s’oriente d’abord contre le président de la République, violent en parole et méprisant, de surcroît incapable et qui veut gagner son bras de fer narcissique contre le pays réel.

Avoir créé cette situation disqualifie à vie la parenthèse ‘Macron’qui n’aura été qu’une odieuse bouffonnerie depuis le début et dont on ne voit pas très bien l’épilogue.

Tant qu’un parti sérieux n’aura pas défini un vrai programme de sortie de crise et de déclassement permettant d’obtenir des résultats et de restaurer la confiance entre le pays et les dirigeants, le désordre continuera.

Les médias prétendent décortiquer des programmes. Il n’y a aucun programme nulle part. Seulement des éléments de langage et de la communication électorale qui n’ont exactement aucune signification réelle.

Il ne s’agit pas d’une élection mais d’une convulsion.

Imposer un tel stress au pays, ce n’est pas gouverner. C’est prouver sa folie. Ne jamais réfléchir en profondeur aux solutions, par peur de son ombre électorale, du qu’en-dira-t-on, des initiatives du voisin, de l’état de droit supposé, des règles européennes ou autres bloquants du même tabac, est la garantie de la carence future de l’action gouvernementale.

Et de l’effondrement continuel du pays.

Exiger la neutralité politique et idéologique des sujets des épreuves du BAC

Pendant très longtemps, en gros de Jules Ferry à Giscard, l’école fuyait absolument l’actualité et les conflits politiques. Tout ce qui pouvait faire dissension et remettre en cause l’engagement des enfants et des parents dans l’école était fui.

Tous les sujets étaient apolitiques. En histoire on privilégiait la connaissance des faits, l’intelligence des causes, l’analyse des résultats. Elle s’arrêtait opportunément à des dates qui étaient suffisamment anciennes pour être neutres. En philosophie, le sens, la connaissance des écrits étaient privilégiés.

Tout a changé progressivement après mai 1968 et la volonté de certains enseignants et cadres du Ministère de participer à la formation politique des élèves, à traquer les inégalités, à favoriser le politiquement correct de gauche. L’enseignement s’est effondré. On est revenu au temps des écoles religieuses, où la connaissance du dogme valait qualité et bonnes notes. Maintenant les notes ont disparu. Et en partie l’enseignement des disciplines.

La pensée des élèves est encadrée pour leur montrer où est le bien, toujours de gauche et socialiste, et le mal, le bourgeois et le capitalisme. Cela donne le classement Pisa qui marque l’effondrement à peu près total du système scolaire. Cela a donné les grèves d’élèves avec occupation, puis le beau spectacle que donne aujourd’hui l’université.

En bas de l’échelle de la honte il y a les spectacles de travelos avec plume dans le fion pour enfants de 5 à 8 ans, comme à Paris 14e, pour « casser les préjugés de genre ». En haut, les procédés sont plus subtils. On le voit avec les sujets de philosophie présentés cette année 2024.

  • Dissertation n° 1 : La science peut-elle satisfaire notre besoin de vérité ?
  • Dissertation n° 2 : L'État nous doit-il quelque chose ?
  • Commentaire de texte : Simone Weil, La Condition ouvrière (1 943)

Tous les sujets se ressentent de l’ombre portée d’un débat actuel.

Dissertation 1 : faut-il accepter qu’on ne partage les conclusions du GIEC qui définissent une vérité dont la contestation est condamnable.

Dissertation 2 : Faut-il contester les droits-à qui remplacent chaque jour plus les droits-de, et en payer le prix en endettement et fiscalité ?

Dissertation 3 : N’êtes-vous pas d’accord que le travail salarié en usine est aliénant, rend stupide (la pensée se rétracte) et force à s’auto justifier de faire des choses emmerdantes ?

Un élève sait qu’il ne peut pas traiter à fond ses sujets sans faire très attention. S’il porte atteinte au consensus scientifique, à la gloire de la distribution sociale et conteste le désastre du travail ouvrier il sait qu’il prend un risque. Il ne sait pas comment il va être noté en fonction des choix politiques et idéologiques du correcteur.

Bien sûr il reste possible de contrôler l’expression et les connaissances de l’élève et cela jouera dans la note. Mais en jetant le doute sur l’appréciation idéologique de l’élève, on fausse le système.

On aurait pu facilement modifier l’intitulé des sujets pour les rendre neutres :

-          Les théories scientifiques peuvent-elles changer de conclusions ?

-          La dépense publique doit-elle être sans limite ?

-          Pourquoi l’emploi industriel a-t-il tant diminué en France. Avec un texte qui donne les statistiques et les commente.

Faire des clins d’œil gauchistes dans les épreuves du bac et créer le doute dans l’esprit des élèves est une ignominie qui devrait être lourdement condamnée par l’opinion publique et les commentateurs.

Blessure narcissique, chantage, menaces, chaos : la descente aux enfers d'Emmanuel Macron.

Le Président Macron ne gère que lui-même et n’a que faire ni de ceux qui ne le soutiennent ni des Français ni même des formes de la démocratie ni même de la France. Tout le monde l’a compris depuis longtemps.

Son livre « révolution » annonçait par son titre qu’il ne respecterait rien ni personne et par son contenu, de la pisse d’âne de consultant, qu’il ferait tout et l’inverse de tout, et réciproquement, et en même temps. Sa méthode pour prendre le pouvoir a été la séduction factice, et la trahison. Sa méthode pour le conserver a été l’instrumentalisation des peurs et des grandes causes, et la destruction directe ou indirecte des forces d’alternance. Sa boussole : ne jamais admettre la moindre restriction de son bon plaisir ; ne jamais tenir compte des réactions du pays ; ne jamais se sentir entravé par la décence, le respect, l’idée du bien commun, ou quoi que ce soit d’autres.

N'ayant ni bilan ni amis, mais les grands pouvoirs qu’offre la Constitution, il a cru pouvoir tirer sur la corde de l’infamie sans aucune restriction. Et la corde a fini par casser. Il a perdu la majorité et au Sénat et à l’Assemblée nationale. Il a fait le lit des extrêmes : l’ignominie sordide de Mélenchon, trotskiste révolutionnaire hypercynique, qui instrumentalise le racisme et l’antisémitisme, accompagnée par les manifestants factieux qu’il a refusé de combattre dès son arrivée au pouvoir ; Le RN, instrumentalisé par tout moyen et mis au centre du jeu politique afin de disposer d’un repoussoir facile.

L’important, dans son calcul politique, a toujours été de faire disparaître les deux menaces capables d’exploiter son vide programmatique :  la droite de gouvernement et la gauche sociale-démocrate. Pas de restriction sur les moyens : l’arrosage systématique au prix d’un endettement colossal ! Pas de crainte devant l’effondrement des exportations, celui de la natalité ; le recul dans tous les classements sur tous les sujets et l’abandon du régalien.

Depuis l’été 2023, il cherche avec ses têtes pensantes, comment il pourrait finir son mandat, alors qu’il est largement méprisé dans le pays, que la situation économique s’aggrave, que le budget et les comptes publics sont à la dérive et que les exactions de juin 2023 ont montré que les casseurs pouvaient détruire le pays sans que le pouvoir puisse l’empêcher. Ce qui sera confirmé en Nouvelle Calédonie, quelques mois plus tard. La violence explose dans la société avec des dizaines de milliers d’affrontements au couteau et le retour du grand banditisme.

L’attitude de Macron va sombrer dans le pire et prendre l’aspect d’un comportement de traqué. Plus aucune mesure ! La fuite en avant dans le désastreux à tout risque pour le pays. Reprendre la main par tout moyen même les pires, même les plus risqués ! Voilà le projet. La France ? Il s’en fout. Il  l’a tellement vilipendée, et de l’étranger pour corser l’affaire,  qu’on ne va pas la prendre en considération. L’Europe fédérale voilà une première échappatoire. La confrontation outrancière avec le RN, voilà le levier. Il faut se retrouver en mai 2024 comme le leader de l’antifascisme et le sauveur de l’Europe contre la peste brune.

Comme toujours le plan est caché, n’a été discuté avec personne dans son camp et surtout pas avec ses propres troupes. L’idée de manœuvre est de reprendre la haute main sur tout à l’été 2024 au moment des jeux Olympiques. Le moyen : pousser le RN au plus haut et se présenter comme l’ultime rempart contre le fascisme lors des élections européennes.

Ce plan narcissique et dangereux va foirer lamentablement.

Emmanuel-le-manipulateur, n’a pas compris que l’Union européenne est sur la sellette sur trois dossiers fondamentaux pour la vie quotidienne des Français :

-          La facture énergétique est ingérable pour une majorité des Français et il est évident que les oukases de la Commission et les flottements de Macron sont en cause dans le désastre.

-          La pression de l’écolofascisme névrotique sur les paysans et les propriétaires est intolérable, alors que partout dans le pays l’effondrement de l'immobilier s’amplifie.

-          La volonté européenne d’accepter une immigration de masse avec répartition des illégaux dans les villes et villages, reprise et amplifiée par Macron, sans jamais qu’on ne justifie cette invasion, commence à fâcher sérieusement depuis que les tueries musulmanes ont recommencé.

L’absence de réalisme est une composante du désordre mental d’Emmanuel Macron. Il ne peut pas avoir tort. Il doit toujours avoir raison. La réalité n’existe pas quand elle renvoie une image épouvantable des conséquences de ses actions et inactions. Quand la réalité se rebiffe, c’est la faute « à Jules » et il faut « qu’il fasse tout lui-même » pour redresser la situation. Tant pis pour le Premier ministre et le gouvernement.

Le plan a été exécuté.

-          L’Europe est devenue un objet déifié et la « souveraineté européenne » l’avenir du territoire franchouillard. Lors de la présidentielle initiale, elle avait été largement abandonnée mais il allait arranger cela. Désormais elle était en danger mais il allait la sauver. Fa Tutto !

-          Le RN ne devait plus être injurié au titre de la seconde guerre mondiale. Mais comme complice des Russes en Ukraine. Du coup Macron s’est cru devoir prendre une attitude de chef de belligérance contre la Russie, inquiétant tout le monde, et rappelant aux sceptiques qu’il s’était couché contre les milices russes en Afrique et que les armées françaises s’étaient fait virer à coups de pied au derrière par de vils dictateurs assis sur des coups d’État sutenus par Wagner.

-          Attal, le beau jeune homme, devait entrer en scène en début d’année pour incarner le renouveau macronien, et sacraliser l’option homosexuelle provocante du Président. Le couple Séjourné-Attal a donc été sollicité dès septembre de se dépacser en vitesse pour être prêts pour le début d’année. L’idée était de contrer la jeunesse de Bardella, le candidat du RN.

-          L’agitation médiatique, les commémorations, les ordres du jour provocateur à l’Assemblée nationale, les conférences à grand battage, l’exploitation sans vergogne des passages télévisés sans aucun vrzi contradicteur, les visites locales magnifiées, les conférences et commémorations internationales, tout a été bon pour se trouver en première page.

Et ce fut le grand ratage

-          La colère populaire depuis l’allongement imposé brutalement de la durée de vie au travail, selon une formule qu’il avait lui-même condamnée, n’est jamais retombée.

-          La stagnation économique associée à l’inflation effrénée et les hausses d’impôts camouflées ont nourri un peu plus la colère.

-          Le manque de courage dans la répression de la délinquance et le laxisme du ministère de la Justice sont devenus une fable, dont l’épilogue sera le meurtre d’un enseignant et la fusillade de policiers par des truands lors du transport d’un truand dangereux.

-          Le manque de courage après le carnage du 7 octobre 2023 et le développement effréné de l’antisémitisme ont caractérisé la vision cynique d’un Macron permettant à l’extrême gauche de créer une peur politique dont il comptait faire son miel.

-          La révolte paysanne partout en Europe a souligné le rôle de l’action du clan Macron à Bruxelles disant une chose aux Français et faisant autre chose au sein des institutions européennes. L’ennui est venu du caractère général de la révolte interdisant de se dédouaner sur des vilains Français. L’épisode du salon de l’agriculture a été tragique pour l’image d’Emmanuel Macron et celle de son premier ministre.

Quand les sondages ont montré que le RN était loin en tête, à des sommets imprévus, et que la pauvre Hayer, candidate de fortune, sombrait chaque jour un peu plus, le président s’est déchaîné, forçant Attal et les ministres à s’engager à fond, monopolisant la parole dans les médias, exploitant tout ce qu’il pouvait.

Le résultat final a été une baffe terrifiante pour l’aventurier de l’arche européenne perdue et une blessure narcissique phénoménale. Macron le névrosé a été incapable de dominer l’évènement. Sa stratégie de promotion des extrêmes à droite et à gauche, et de destruction des partis de gouvernement pour garder son rôle sacré de président de l’arc de raison contre les vilains a totalement dérapé.

Dans la virtualité hallucinée dans laquelle s’exalte Emmanuel Macron, rien n’était ni compréhensible ni digne d’intérêt sinon les moyens de se venger et vite, tout en essayant de sauver son rôle jupitérien, les chances de succès fussent-elles faibles voire nulles.

Impossible pour le stratège déconfit et le tacticien humilié de concéder quoi que ce soit. La décision sage était de faire le mort, de laisser passer l’été et les jeux Olympiques, puis d’aviser. Il serait temps de démissionner ou de nouer un pacte parlementaire pour garantir à un gouvernement les moyens d’une gestion stable mais évidemment différente du pays. Après tout, les élections européennes avaient montré qu’une partie des socialistes ne voulaient plus être entraînée dans les ignominies de Mélenchon. Et que la poussée du RN marquait surtout la défiance du pays contre celui qui ne prenait aucune mesure contre les atteintes à leur vie quotidienne et à leur idée de la France.

Le giflé aurait pu aussi faire amende honorable et avancer des lignes directrices plus conformes aux désirs des Français. Il aurait eu le temps de réfléchir plus posément à son avenir personnel.

Il a préféré se précipiter dans l’inconnu en comptant sur sa bonne étoile, tout en faisant instantanément prendre au pays le chemin du chaos.

Certains prétendent que dès l’été 2023 la dissolution était prévue, que le gouvernement Attal avait vocation de durer six mois, pas plus, et que dans le chaos résultant, il était raisonnable qu’il puisse sauver son leadership pour finir commodément son second quinquennat, en comptant sur la peur du vide des Français.

La dissolution n’aurait pas été l’acte fou d’un malade narcissique traumatisé par une défaite imprévue, mais la décision mûrie de loin, d’un génie politique ayant tout compris avant tout le monde et bien décidé à faire don de sa personne à la Patrie pour empêcher la victoire des extrêmes.

Quels sont les éléments de rationalité électorale et politique de cette hypothèse ?

L’affaire électorale est vite vue : la France est coupée en deux.

Dans les grandes villes, la gauche domine et peut tout emporter en cas de front électoral avec LFI.

Dans le reste du pays, le RN domine massivement mais reste tributaire d’alliances pour augmenter le nombre de ses sièges, sans pouvoir de toute façon obtenir une majorité parlementaire. Même sans alliance, le RN va se retrouver souvent en compétition avec la nouvelle Nupes et peut gagner ce genre de duels. Il aurait un peu moins de sièges qu’avec une alliance mais elle ne pouvait déjà pas lui permettre de  briguer la majorité.

Il n’y a aucune chance pour que les extrêmes puissent obtenir une majorité pour gouverner.

Seconde certitude, la dissolution va détruire le PS social-démocrate et LR. Le pauvre Raphaël Glucksmann, qui a obtenu un rééquilibrage à gauche et arraché des voix à Renaissance, est renvoyé à son néant. LR ne peut pas sauver ses sièges sans un accord avec le RN. Si sa direction s’y essaie, elle devra faire face à une insurrection des tenants du cordon sanitaire, notamment des candidats à la Présidentielle future et de ceux qui ne risquent rien comme les Sénateurs et les présidents de région qui seront encore là pour quelques années.

Comme les partis n’ont que quelques jours pour se déclarer, Macron sait qu’il impose des accords électoraux signés dans la précipitation et qu’il pourra alors intervenir à la télévision comme chef de l’Etat et bouclier contre les entreprises nauséabondes et demander aux Français de se déjuger et de le rejoindre dans la lutte contre les vilains.

C’est manifestement ce qui est train de se dérouler sous nos yeux.

Peut-il gagner ?

C’est très peu probable en lisant les sondages du jour. Il lui faudrait pour cela mobiliser l’essentiel des abstentionnistes et retourner une partie du vote qui a fui sa liste européenne. Tout se jouera dans la première semaine de juillet quand les Français commenceront à être en vacances et ques enjeux du second tour seront précis.

La suite deviendra alors dangereuse et nébuleuse.

Le camp macroniste sait qu’il va laisser des plumes et sera incapable de gouverner On parle de la perte du tiers à la moitié de ses élus. Aucun camp n’aura de majorité. On ne pourra plus dissoudre.

Personne n’est capable d’écrire la suite. Sauf peut-être le génial Macron, le nouveau Grand Conducator qui va sauver l’Europe, vaincre Poutine en Ukraine et remobiliser autour de lui toutes les forces vives et craintives du politiquement correct et de la bienséance de gauche.

Lors de sa conférence de presse du 12 juin 2024, Macron, déplore les conséquences du désastre français sans s’attarder sur les causes. En tout cas lui a tout bon et en appelle aux Français qui ne veulent pas du chaos qu’il a lui-même créé. « Les masques sont tombés », « la clarification est faite » : tous les ignobles sont désormais à découvert. Je n’ai rien à vous proposer de nouveau mais si vous voulez éviter le chaos corrigez votre vote des Européennes et offrez-moi une victoire. Sinon vous serez responsables, bandes d’irresponsables.

Moi ou le chaos dans une forme caricaturale ! Pendant un mois toute la question sera de savoir si la peur conduit l’électorat et si les forces politiquement correctes à droite et à gauche, sur la ruine de leur parti, joueront le jeu. Lui va se retirer sous sa tente en organisant des opérations image symboliques. Aux autres de se positionner. Si cela ne frémit pas ? Saint Macron interviendra lors du second tour pour accentuer la pression. Si cela frémit, il triomphera lors de la campagne de second tour en faisant des annonces d’union nationale avec les bons.

Emmanuel Mcron s’est lancé dans un bras de fer avec les électeurs. C’est une attitude de proxénète. « Tu travailles pour moi sinon c’est la croix des vaches ».

Le peuple se laissera-t-il intimider ? Où jouera-t-il à fonds la carte d’un changement radical pour mettre fin au déclassement en cours ?

LR veut virer Ciotti et l’accord avec le FN. S’ils réussissent, qui va diriger et sur quelle ligne ? Soutenir Macron contre le fascisme ? Combien d’élus sur cette base ? Que restera-t-il du parti après cela ? Surtout si les Français ne suivent pas ? C’est le grand silence. Si Ciotti survit ou prend la tête d’un éclat du parti, où pourra-t-il aller au soir de l’élection ?

Si une majorité d’Union des droites se crée, quel avenir pour Macron le maître chanteur ? Suicide, démission, article 16 ?

Fallait-il vraiment allumer la bombe ? Une blessure narcissique méritait-elle toute cette ignominie sans espoir ?

Non ! Quelle irresponsabilité et quelle honte !

Tic tac, tic tac, tic tac…

 

Didier Dufau

Aux sources de l'écologie anticapitaliste et malhonnête - L'ozone et le Giec. (suite et fin)

Les années 1985-1992 vont voir un basculement complet des conceptions et des actions en matière d’environnement, une discipline qui va éclater radicalement entre trois domaines :

-          La lutte traditionnelle contre les pollutions : on corrige au fur et à mesure les difficultés provoquées par la production et la consommation.

-          L’idéalisation de la nature et du monde animal, qui s’incarne dans la lutte pour la biodiversité, pour elle-même, et dans celle pour la « restauration » de la nature, victime digne d’intérêt indépendamment de son utilité pour l’homme. 

-          Le nouveau domaine de la lutte contre le dérèglement climatique dont l’urgence est justifiée par le risque de disparition du vivant sur terre à court terme.

L’irrationalité, la violence et le sectarisme extrême vont s’installer et s’amplifier constamment dans les deux derniers segments, au fur et à mesure de leur triomphe d’abord auprès des instances internationales puis, un peu plus tard , par  l’exploitation systématique des catastrophes météorologiques constamment expliquées par un allégué « dérèglement climatique ».

On a vu en première partie que les conventions environnementales  précédentes ont déterminé que la sphère terrestre était en équilibre fragile qui pouvait être déstabilisée par l’action humaine et que dans ce cas une réponse universelle devait être mise en place pour rétablir la situation. Deux évènements, suscitées par la même équipe, vont concrétiser cette approche : le protocole de Montréal sur l’ozone et la création du GIEC.

Tout part du Canada où un certain nombre d’activistes se regroupent autour d’un certain Maurice Strong.  De la fin 1970 à la fin 1972, il est secrétaire général de la Conférence des Nations unies sur l'environnement. C’est un homme de conviction et d’influence. Il connait par cœur et les institutions onusiennes, et le circuit des donateurs milliardaires, tout en pratiquant les arcanes politiques. Depuis de longues années, diverses études s’intéressaient à la diminution de l’épaisseur de la couche d’ozone. Pas de certitudes avérées au départ mais un risque déjà très clair : sans ozone les risques de cancer seront importants. On sait déjà que des substances agissent en laboratoire sur l’ozone. Voilà le moyen d’installer sur la peur un consensus international.

 « Ayant présentes à l'esprit les études qui se déroulent concernant la couche d'ozone », une conférence plénipotentiaire est organisée à Vienne (mars 1985). Elle ne décide rien mais stipule qu’il faut faire de nouvelles recherches et protéger la santé humaine.  Le petit groupe canadien s’empresse d’utiliser cette première victoire pour mettre en route la négociation du protocole de Montréal. Il s’agit d’interdire toutes les substances ayant un impact sur l’ozone (CFC etc.).  Ces substances sont remplaçables et n’impactent que très peu d’acteurs. Il est donc facile de demander leur remplacement. Les coûts sont très faibles et très localisés. Par rapport aux risques cités, difficile de ne pas être d’accord. D’autant plus que la Nasa découvre, pendant les travaux, un « trou dans la couche d’ozone », avec belles photos en prime. L’affaire fait le tour du monde. Le protocole de Montréal est aussitôt signé en septembre 1987. Le monde entier paraphera (cela ne coûte rien). La lutte réussie contre le trou dans la couche d’ozone devient une légende qu’on enseigne aux enfants sans discontinuer depuis. Il faut bien ancrer dans l’esprit des jeunes que l’industrie peut créer des dégâts mondiaux et que l’action des organisations mondiales appuyées sur la science permet d’obtenir des résultats formidables.  « L’histoire de la couche d’ozone continue à montrer l’exemple, déclare en 2024 Tina Birmpili, chef du secrétariat de l'ozone hébergé par l’ONU Environnement, organisme sous lequel se trouve le protocole. Il est la preuve de ce qui peut être fait lorsque nous écoutons les scientifiques et que nous mettons nos différences de côté afin d’agir pour la planète. Mais cela ne doit pas être une exception ».

Le leitmotiv est bien installé. L’affaire quitte l’actualité jusqu’en novembre 2022 où la Nasa découvre que le trou de l’Ozone n’a jamais été aussi grand ! La plupart des médias refuse d’en informer leurs lecteurs, sauf parfois en tout petit. Ils attendent la réaction du laboratoire chargé de la question, qui reçoit des subventions très importantes pour surveiller le trou et qui n’a rien vu venir.  La réponse se fera attendre des mois. Une note précisera que c’est le réchauffement climatique (sic) qui explique le trou devenu énorme en concentrant malencontreusement les gaz à effets de serre qui mettent du temps à disparaître ! Le laboratoire demande plus d’argent pour parfaire ses recherches ! En 2024, ces dernières semaines, c’est la sarabande des médias : oui le trou de l’ozone se referme et disparaîtra…dans trente ans. Ouf ! On peut rechanter la belle chanson sur la merveille politique qu’aura été la convention de Montréal. Comme il n’y a qu’une seule source, personne ne vérifiera rien. Espérons que le trou de l’ozone ne prendra pas une ampleur disproportionnée en 2052 expliquée par la dernière lubie de l'époque...

Revenons à Strong et son réseau. Le succès de Montréal lui démontre qu’il est temps de passer à la vitesse supérieure. On va étendre la méthode « ozone » au « CO2 anthropique » et pour cela créer le GIEC.

Nous reprenons ici un court extrait d’un texte paru sur le site Vérité et Climat :

« Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) est un organisme créé par l’ONU après sa résolution 43/53 de décembre 1988 qui mentionnait « l’évidence que le réchauffement climatique pourrait être dû à la croissance des gaz à effet de serre ». Il a été créé pour « mieux comprendre les fondements scientifiques des risques liés au changement climatique d’origine humaine. ». D’après l’article premier de la convention qui l’a créé, « on entend par changements climatiques des changements du climat qui sont attribués directement ou indirectement à une activité humaine. » Les causes naturelles étaient exclues. Dès l’origine, sa mission obligeait donc le GIEC à ignorer les causes naturelles du réchauffement climatique, et à systématiquement écarter tous les scientifiques, informations et articles qui en faisaient état. Les représentants des 195 pays qui l’ont créé, généralement des fonctionnaires des ministères de l’Environnement de ces pays, approuvent ses rapports à l’unanimité. Ils n’ont pas le choix. Aucune dissidence n’est tolérée. Tous doivent professer une foi quasi-religieuse en deux affirmations simples :

  1. Les émissions humaines de CO2, dues à la combustion des combustibles fossiles (charbon, pétrole et gaz), ont causé la totalité de l’accroissement depuis 1850 du taux de COde l’atmosphère, un accroissement de 280 à 420 ppm, soit 140/420 = 33 % du taux actuel.
  2. Cet accroissement du taux de CO2 est la cause de la totalité du réchauffement climatique depuis 1850 (environ 1°C). »

Fin de citation.

Notons la date : 1 988. Membre fondateur du GIEC, Strong est désigné secrétaire général du Sommet de la Terre, et préside ainsi la Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement, à Rio en 1992.

On voit l’influence d’un seul homme sur tout le processus. Le coup double ozone & CO2, c’est lui ! On est très, très loin des peuples et des opinions publiques. Tout cela se passe entre diplomates et délégués écologiques, grands donateurs milliardaires, mondialistes heureux comme Schwab, qui préside à Davos le forum éponyme, grandes ONG mondialisées, politiciens bien introduits et ambitieux comme Al Gore.   Les sherpas du G7 « vendent » aux présidents concernés les idées qui règnent dans ces milieux, à cheval sur la science et la politique internationale. C’est par le G7 que se décide en vérité le GIEC.

Le fait dramatique et porteur d’immenses conséquences détestables est très clair et facilement vérifiable :   l’objet statutaire de l’institution est de mettre en cause les conséquences de l’activité des hommes sur le climat et elles seules. Ce n’est pas une réflexion sur le climat qui est organisée par le GIEC en finançant tous les aspects de la recherche scientifique, comme on le croit généralement. Le GIEC ne finance que les études mettant en lumière des causes anthropiques et exclut radicalement tout examen des causes naturelles de l’évolution du climat.  Evidemment lorsqu’on interroge les scientifiques subventionnés à ce seul effet, ils répondent tous sans exception que « oui le changement climatique a une cause anthropique ». Sinon l’arrêt des subventions du GIEC serait automatique. « La science a parlé » ? Non. Les scientifiques que nous payons exclusivement à mettre en cause l’homme ont parlé. « Nos subventions ont parlé ».

C’est pour cela que le Cercle des économistes e-toile défend l’idée minimale d’une conférence climatique officielle ouverte à toutes les recherches scientifiques et pas seulement à celles prétendant mettre en cause la seule responsabilité anthropique qui est préjugée par le statut du GIEC. Une suggestion maximale est la dissolution du GIEC actuel et la construction d’une nouvelle instance de synthèse de tous les travaux sur le climat sans le cadrage limitatif qui est à son origine.

Ce que l’on va constater ensuite, c’est la mise en cause parfois ignoble de tous ceux qui travaillaient sur le climat en suivant d’autres chemins. Traditionnellement la température terrestre est expliquée par des phénomènes cosmologiques et physiques. Le rôle du soleil et de son positionnement, des mouvements erratiques de la terre en fonction de son parcours, des phénomènes comme les tâches solaires, et sur terre l’activité sismique, ou l’arrivée inopportune de météores sont au cœur des recherches. Les géographes localisent les bons effets de l’agriculture sur la température et les erreurs terribles qui poussent à la désertification, comme en URSS où l’écologie a été totalement ignorée au nom du productivisme scientifique marxiste.

Non seulement ces chercheurs vont être écartés des subventions mais ils vont être vilipendés et traités de tous les noms quand ils vont critiquer l'absence de sérieux de l'inculpation du CO2 dans l'étude du climat. Il suffit de voir le traitement infligé à Maurice Allègre puis à Vincent Courtillot pour en prendre pleine conscience. Valérie Masson Delmotte est une centralienne qui a rejoint le CEA (qui a été forcé d'accueillir des écolos dans ses équipes et d'ajouter l'écologie à sa vocation). Elle va être l’injurieuse en chef et le Fouquier Tinville dans cette affaire.  Remarquée par Jean Jouzel , contempteur du capitalisme, un des piliers du GIEC, elle devient coprésidente du Groupe 1 pendant huit ans de 2015 à 2023, elle va animer des mobilisations de masse dans les journaux de gauche pour casser l’influence de deux spécialistes historiques des sciences de la terre et de sa couronne gazeuse qui ont remarqué très vite les mensonges éhontés qui sont publiés par les scientifiques subventionnés par le GIEC. On y retrouve notamment la hausse des mers à des niveaux ridicules qui sera démentie par les faits, et la négation du rôle utile du CO2 et le fait qu’il a atteint dans le passé des proportions beaucoup plus importantes sans effets majeurs sur la température. Plus personne ne défend ces élucubrations aujourd’hui. Dans l’hystérie qui commence à recouvrer cette partie de la science, l’institut de Physique du Globe qui représente la tradition de la recherche voit ses deux directeurs traités de tous les noms, et mis au banc de déshonneur. Cette exclusion aura lieu un peu partout en Occident.  On casse tous les scientifiques de renom au nom d’une nouvel classe de scientifiques mieux conscientisés. Les femmes sont très souvent à la manœuvre dans cette « cancel culture ».  Elles jouent facilement le rôle de passionaria, surnom aussitôt accordé à Mme Masson Delmotte. Pour ceux qui voudrait une confirmation récente, qu’ils analysent le rôle d’une historienne de l’art, Laurence Bertrand Dorleac, devenue présidente de la FNSP qui pilote Sciences-Po où sa spécialité n’était jusqu’ici non présente, dans l’exclusion de Pascal Perrineau... 

Le refus absolu de tenir compte d’autre chose qu’une explication anthropique par le CO2 va finir par créer une très forte et durable réaction qui elle-même sera contrée par une propagande « politiquement correcte » abjecte faisant de tout contestataire un « platiste », un complotiste, un climatosceptique intéressé, une nullité scientifique, une horreur dont la parole ne doit pas être reproduite en attendant d’être sanctionnée. Diabolisation et parfois nazification des incroyants  sont à l'ordre du jour dans les milieux "progressistes" avec dressage de piloris.

Revenons à 1992. Maurice Strong et son clan triomphent avec la conférence de RIO de 1992 et ils vont faire tout basculer pour trois décennies dans la folie et la rage de la propagande officielle et dans les décisions délirantes. Lui trône en majesté au milieu de 120 chefs d’Etat et il a rassemblé des milliers de représentants d’ONG et de groupes de pression.  Il ne faut pas hésiter à relire les principes proposés.

PRINCIPE 1 : Les êtres humains sont au centre des préoccupations relatives au développement durable. Ils ont droit à une vie saine et productive en harmonie avec la nature.

PRINCIPE 4 : Pour parvenir à un développement durable, la protection de l'environnement doit faire partie intégrante du processus de développement et ne peut être considérée isolément.

PRINCIPE 5 :  Tous les Etats et tous les peuples doivent coopérer à la tâche essentielle de l'élimination de la pauvreté, qui constitue une condition indispensable du développement durable, afin de réduire les différences de niveaux de vie et de mieux répondre aux besoins de la majorité des peuples du monde.

PRINCIPE 6 : La situation et les besoins particuliers des pays en développement, en particulier des pays les moins avancés et des pays les plus vulnérables sur le plan de l'environnement, doivent se voir accorder une priorité spéciale.

PRINCIPE 8 : Afin de parvenir à un développement durable et à une meilleure qualité de vie pour tous les peuples, les Etats devraient réduire et éliminer les modes de production et de consommation non viables et promouvoir des politiques démographiques appropriées.

PRINCIPE 10 : La meilleure façon de traiter les questions d'environnement est d'assurer la participation de tous les citoyens concernés, au niveau qui convient. Au niveau national, chaque individu doit avoir dûment accès aux informations relatives à l'environnement que détiennent les autorités publiques, y compris aux informations relatives aux substances et activités dangereuses dans leurs collectivités, et avoir la possibilité de participer aux processus de prise de décision. Les Etats doivent faciliter et encourager la sensibilisation et la participation du public en mettant les informations à la disposition de celui-ci. Un accès effectif à des actions judiciaires et administratives, notamment des réparations et des recours, doit être assuré.

PRINCIPE 11 : Les normes appliquées par certains pays peuvent ne pas convenir à d'autres pays, en particulier à des pays en développement, et leur imposer un coût économique et social injustifié.

PRINCIPE 12 : Les Etats devraient coopérer pour promouvoir un système économique international ouvert et favorable, propre à engendrer une croissance économique et un développement durable dans tous les pays, qui permettrait de mieux lutter contre les problèmes de dégradation de l'environnement. Les mesures de politique commerciale motivées par des considérations relatives à l'environnement ne devraient pas constituer un moyen de discrimination arbitraire ou injustifiable, ni une restriction déguisée aux échanges internationaux. Toute action unilatérale visant à résoudre les grands problèmes écologiques au-delà de la juridiction du pays importateur devrait être évitée. Les mesures de lutte contre les problèmes écologiques transfrontières ou mondiaux devraient, autant que possible, être fondées sur un consensus international.

PRINCIPE 13 : Les Etats doivent élaborer une législation nationale concernant la responsabilité de la pollution et d'autres dommages à l'environnement et l'indemnisation de leurs victimes.

PRINCIPE 14 : Les Etats devraient concerter efficacement leurs efforts pour décourager ou prévenir les déplacements et les transferts dans d'autres Etats de toutes activités et substances qui provoquent une grave détérioration de l'environnement ou dont on a constaté qu'elles étaient nocives pour la santé de l'homme.

PRINCIPE 15 : Pour protéger l'environnement, des mesures de précaution doivent être largement appliquées par les Etats selon leurs capacités. En cas de risque de dommages graves ou irréversibles, l'absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte pour remettre à plus tard l'adoption de mesures effectives visant à prévenir la dégradation de l'environnement.

PRINCIPE 16 : Les autorités nationales devraient s'efforcer de promouvoir l'internalisation des coûts de protection de l'environnement et l'utilisation d'instruments économiques, en vertu du principe selon lequel c'est le pollueur qui doit, en principe, assumer le coût de la pollution, dans le souci de l'intérêt public et sans fausser le jeu du commerce international et de l'investissement.

PRINCIPE 17 :  Une étude d'impact sur l'environnement, en tant qu'instrument national, doit être entreprise dans le cas des activités envisagées qui risquent d'avoir des effets nocifs importants sur l'environnement et dépendent de la décision d'une autorité nationale compétente.

PRINCIPE 20 : Les femmes ont un rôle vital dans la gestion de l'environnement et le développement. Leur pleine participation est donc essentielle à la réalisation d'un développement durable.

PRINCIPE 21 : Il faut mobiliser la créativité, les idéaux et le courage des jeunes du monde entier afin de forger un partenariat mondial, de manière à assurer un développement durable et à garantir à chacun un avenir meilleur.

PRINCIPE 22 : Les populations et communautés autochtones et les autres collectivités locales ont un rôle vital à jouer dans la gestion de l'environnement et le développement du fait de leurs connaissances du milieu et de leurs pratiques traditionnelles. Les Etats devraient reconnaître leur identité, leur culture et leurs intérêts, leur accorder tout l'appui nécessaire et leur permettre de participer efficacement à la réalisation d'un développement durable.

PRINCIPE 23 : L'environnement et les ressources naturelles des peuples soumis à oppression, domination et occupation doivent être protégés.

Nous donnons ces textes parce qu’ils sont très révélateurs. Les principes des conférences précédentes sont rappelés mais l’évolution est frappante : on se fiche de la science. Le principe de précaution emporte tout. La loi doit réprimer et les états doivent organiser l’accès aux tribunaux aux ONG.  Désormais tout le monde a le droit à une vie saine et si les Etats ne font pas ce qu’il faut ils doivent être condamnés. La nouvelle jurisprudence de la CEDH s’appuiera sur ces principes pour condamner la Suisse qui n’a pas compté le volume de gaz à effet de serre … en 2024. La propagande devient indispensable. Elle doit être développée pour mobiliser…les femmes (coucou les wokistes) et les jeunes. Le prêchi prêcha bien intentionné va s’épanouir.  Des termes comme « élimination » apparaissent : les Etats devraient réduire et éliminer les modes de production et de consommation non viables et promouvoir des politiques démographiques appropriées. On ne précise pas ce qu’est une production et une consommation non viable ni une politique démographique inappropriée.  On veut éliminer l’excès de bébés là où il en a trop. Retour du malthusianisme le plus infect.

Sanctions et propagande sont les deux mamelles de la nouvelle action pour l’environnement. Ce n’est pas la science qui commande. Fini l’encouragement libéral à trouver des solutions. Il faut imposer un narratif et sanctionner. L’écologie répressive vient de naître. Elle n’a plus à composer avec les oppositions scientifiques. En prime des juges, la coercition sociale est souhaitables par les "peuples" eux-même (c'est la conception wokiste de l'empowerment, largement reprise du maoïsme où les enfants des mandarins étaient sollicités de crever les yeux de leurs pères en public pour montrer le chemin du salut révolutionnaire. Du Garde rouge au Khmer vert, le chemin est bien balisé).

On dira : mais où est la mise en cause du CO2 et le réchauffement climatique ? Pas d’inquiétude : Strong a prévu un cheminement spécial : la Convention Cadre des Nations-Unis sur les Changements Climatiques.  Ses définitions sont comme, pour le statut du GIEC, totalement biaisées.  On entend par « changements climatiques » des « changements de climat qui sont attribués directement ou indirectement à une activité humaine ». Pas question de prendre en compte des changements climatiques d’origine naturelle. Pas d’échappatoire, l’homme seul est coupable et c’est à ses faits et gestes qu’on va s’attaquer.

Il s’agit bien de la suite de l’opération réussie à Montréal par Strong et ses amis qui étendent à tous les gaz non encore surveillés les mêmes procédures obligatoires. « Toutes les Parties établissent des inventaires nationaux des émissions anthropiques de gaz à effet de serre non réglementés par le protocole de Montréal et les mettent à disposition.  Ils établissent des plans nationaux visant à atténuer les conséquences de l’émission de gaz à effet de serre non réglementés par le protocole de Montréal ».

On impose le financement de la science (encadrée) et de l’endoctrinement (encadré) du grand public et d’abord les enfants avec des programmes obligatoires à construire à cet effet. Evidemment c’est l’Occident développé qui est chargé de payer pour les pays en développement. Et il faut naturellement mettre fin à tous les obstacles commerciaux qui nuiraient aux pays en développement… Mondialisation du commerce et lutte contre les gaz à effet de serre doivent aller de concert. Contradiction ? Pas du tout ! On verra le résultat après l’entrée de la Chine dans l’OMC.

Pour les initiés s’ouvrent d’énormes marchés administratifs subventionnés qui vont faire quelques fortunes remarquables. Des ONG, des politiciens, des milliardaires, de grandes entreprises vont se battre pour capter cette manne.

On ne s’étonnera pas d’apprendre que Maurice Strong est un corrompu. Il démissionne de ses fonctions à l’ONU avant d’être condamné pour avoir reçu 988 885 $ d’argent détourné. Plus tard on apprendra qu’AL Gore a gagné plus de 330 millions de dollars avec ses différentes sociétés chargées d’exploiter le filon ouvert à RIO. L’énorme lobby des énergies renouvelables et ses ONG associées sont à la fête.   

Il faut constater que c’est en 1992 que se structure définitivement le thème de la protection de la diversité biologique et de restauration de la nature sauvage abîmée par l’ignominieuse humanité.  Le prétexte du développement saute.  La nature est une victime. Notre devoir est de lui porter secours. Les moyens peuvent être violents comme contre le nazisme. La réclamation victimaire pour des non humains entre dans l’histoire. Les animaux et les insectes deviennent des sujets de droits. Pas question d’ironiser : un professeur de droit qui se moque de cette tendance sera éjecté de l’université à Paris ! Contester devient un délit ! Finie, la liberté de parole et de jugement !

La particularité de RIO est là : la fin de la liberté de penser, le mensonge et l’irruption de la répression.

Aux sources de l'écologie anticapitaliste et malhonnête. Première partie : 1970-1982/

Il est intéressant de suivre l’évolution des positions de l’ONU en matière d’environnement depuis le début des années soixante-dix. Les surprises sont nombreuses et les changements d’optique écologique radicaux. La plupart des Français ne savent pas grand-chose de cette histoire qui s’est déroulée très largement en vase clos et avec une couverture médiatique au départ très faible et rapidement biaisée. Nous avons voulu noter les points de repère les plus significatifs. Ils aident à comprendre les dérives qui ont abouti aux folies du moment.

La conférence de Stockholm de 1972 ouvre la séquence des conférences mondiales sur l’environnement. Elle met en forme des principes qu’il est utile de relire.

Principe 13

Afin de rationaliser la gestion de ressources et ainsi d'améliorer l'environnement, les États devraient adopter une conception intégrée et coordonnée de leur planification du développement, de façon que de leur développement soit compatible avec la nécessité de protéger et d'améliorer l'environnement dans l’intérêt de leur population.

Principe 14

Une planification rationnelle est un instrument essentiel si l'on veut concilier les impératifs du développement et la nécessité de préserver et d'améliorer l'environnement.

Principe 15

En planifiant les établissements humains et l'urbanisation, il faut veiller à éviter les atteintes à l'environnement et obtenir le maximum d'avantages sociaux, économiques et écologiques pour tous. À cet égard, les projets conçus pour maintenir la domination du colonialisme et du racisme doivent être abandonnés

 

Pourquoi faut-il rationaliser et planifier la gestion des ressources à l’échelon de l’ONU ? Pour obtenir un progrès maximum pour tous. Cela traduit les conceptions de l’époque :

-          Les pays riches doivent enrichir les pays dits en développement et cesser d’être des abusifs qui « pillent leurs ressources naturelles ».

-          Ils ne doivent plus être dominants.

-          Le développement reste l’objectif prioritaire (il est vrai que le CNUCED est à la manœuvre comme organisateur de la conférence), qu’il faut concilier cette orientation avec la défense de l’environnement.

La pression postcolonialiste pour prendre la main sur le pétrole et l’exportation des ressources naturelles est la querelle de l’époque. L’ONU commence à être dominée par les pays du tiers-monde, plus nombreux, une tendance qui trouve son parachèvement ces dernières années.

On ne parle pas du tout du « CO2 anthropique » ni de son rôle dans « le dérèglement climatique qui va emporter la vie sur terre si nous ne réagissons pas d’urgence ». Le « Club de Rome » qui publie ses travaux à la même époque évoque la pénurie de ressources naturelles si la croissance se poursuit et des risques de famine liés à la croissance démographique. On retrouve ces préoccupations dans les principes votés par la conférence.

Principe 3

La capacité du globe de produire des ressources renouvelables essentiellement doit être préservée et, partout où cela est possible, rétablie ou améliorée.

Principe 4

L'Homme a une responsabilité particulière dans la sauvegarde et la sage gestion patrimoine constitué par la flore et la faune sauvage et leur habitat, qui sont aujourd'hui gravement menacés par un concours de facteurs défavorable. La conservation de la nature, et notamment de la flore et de la faune sauvages, doit donc tenir une place importante dans la planification pour le développement économique.

Principe 5

Les ressources non renouvelables du globe doivent être exploitées de telle façon qu'elles ne risquent pas de s'épuiser et que les avantages retirés de leur utilisation soient partagés par toute l'humanité.

 

La flore et la faune sauvage sont considérées sans justifications particulières comme nécessaire au développement. On n’en est pas encore tout à fait au culte du sauvage per se. On croit devoir justifier cette politique au nom du développement. On surveille la disparition progressive des ours et des loups, en règlementant la chasse ou en l’interdisant comme en Suisse. Mais on ne songe pas à en réintroduire artificiellement. Le lien avec le développement est inexistant et le slogan sur la « restauration de la biodiversité » n’existe pas encore. Ressources renouvelables et sagesse dans l’utilisation des ressources naturelles qui s’épuisent sont bien présentes même si on ne voit pas comment le prélèvement de ressources non renouvelables « raisonnable » peut éviter leur disparition à plus ou moins long terme. Cela ressemble aux slogans modernes. Mais le sens n’est pas le même, car tout le monde a bien vu le bénéfice des Trente Glorieuses et ses différents « miracles » et on entend, surtout à l’ONU, que le miracle se produise dans le tiers-monde :

« Les déficiences de l'environnement imputable à des conditions de sous-développement et à des catastrophes naturelles posent des problèmes graves, et le meilleur moyen d'y remédier est d'accélérer le développement par le transfert d'une aide financière et technique substantielle pour compléter l'effort national des pays en voie de développement et l'assistance fournie en tant que besoin. »

On considère que l’Occident fait ce qu’il faut pour lui-même mais que le néocolonialisme empêche les pays émergents de sortir de la pauvreté et que les conséquences sur l’environnement sont le fait de leur pauvreté. Ce qui est explicitement affirmé dans un principe :

« Pour les pays en voie de développement, la stabilité des prix et une rémunération adéquate pour les produits de base et les matières premières sont essentielles pour la gestion de l'environnement, les facteurs économiques devant être retenus au même titre que les processus écologiques. »

Plus explicite encore :

« La liberté est un droit fondamental pour l'Homme, l'égalité et des conditions de vie satisfaisantes aussi, dans un environnement dont la qualité lui permette de vivre dans la dignité et le bien-être. Il a le devoir de protéger et d'améliorer l'environnement pour les générations actuelles et futures. De ce fait, les politiques qui encouragent le racisme, l'apartheid, la discrimination, les formes coloniales et autres oppression et domination étrangères doivent être éliminées après condamnation ».

L’ONU en 1972 fait coexister colonialisme, oppressions étrangères, racisme, discrimination et …l’environnement. Les prémisses du wokisme sont déjà incorporées au discours onusien.

Un des aspects les plus intéressants concerne la volonté des organismes internationaux de contrôler l’information :

« Il est essentiel aussi que les moyens d'information de masse évitent de contribuer à la dégradation de l'environnement et, au contraire, diffusent des informations de caractère éducatif sur la nécessité de protéger et d'améliorer l'environnement afin de permettre à l'homme de se développer à tous égards ».

On voit apparaître le discours qui va prendre un envol surprenant : l’information doit servir la vertu en proscrivant les mauvaises pensées et en promouvant les bonnes, définies par les instances internationales. L’esquisse d’un « gouvernement mondial » supranational affleure qui serait l’inspirateur de la Vertu, Etats, institutions et individus étant priés de donner des marques de révérence et preuves concrètes d’action vertueuse.

L’idéologie qui allait fonder ce que certains appellent « la plus grande escroquerie mondiale de tous les temps après le marxisme » était déjà en formation en 1972. Ce n’est pas une dérive des dernières années. Mais les thèmes sont très différents de ceux qui triomphent actuellement.

Le CO2 « anthropique » n’est pas encore en cause ni le réchauffement climatique. L’année 1973 est considérée comme le début d’une terrible glaciation et la page de couverture du Times Magazine montre un humain quasiment congelé. La séquence : annonce scientifique désastreuse, obligation de l’intervention de l’ONU, manipulation de l’opinion terrorisée est déjà en place, mais à l’époque c’est la glaciation le thème majeur, pas le réchauffement. Oublions charitablement ? Pas trop vite !

Il est intéressant de relire le Message de Menton, bien trop oublié. Cette déclaration a été publiée dans le Courrier de l’UNSECO en 1971. Elle a également été publiée dans Le Monde et le New York Times. Elle a obtenu le support de 2 200 scientifiques, rien que cela ! Thème : « Face à ce grave danger général [le développement des technologies], qui porte en lui les prémisses d’une extinction de l’espèce humaine, il se pourrait bien que, de notre réaction commune, naisse un véritable lien entre tous les hommes. Le combat pour la survie de l’humanité ne peut être mené que grâce à un mouvement concerté de toutes les nations. »

Le thème malthusien de la famine généralisée à cause de la démographie est repris avec l’annonce qu’il est impossible de nourrir plus de 6 milliards d’êtres humains. « La famine menace en dépit de quelques progrès institutionnels ». Rappelons que nous sommes actuellement 9 milliards d’humains et en route vers les 10 ou 11 assez rapidement.

La technologie est remise en cause et ses formes « extrêmes » : « Plus alarmantes encore, certaines expériences technologiques nouvelles (par exemple, les transports supersoniques et la prolifération des centrales d’énergie atomique), lesquelles négligent absolument les effets possibles qu’elles peuvent avoir à long terme sur l’environnement ».

« []Les barrages[] et autres pratiques d’exploitation imprudentes, voire stériles, ont contribué à créer un déséquilibre écologique dont les effets catastrophiques se sont manifestés dans certaines régions et qui, à long terme, pourraient gravement compromettre la productivité dans de vastes régions du monde ». On n’en est pas encore à la condamnation des « mégabassines ». Ce sont les barrages qui inquiètent. Il est vrai que la catastrophe de l’effondrement du barrage de Malpasset est encore dans tous les esprits et qu’il y a eu en Italie à Vajont en 1963 un glissement de terrain ravageur qui a provoqué le débordement d’un barrage et 1 900 morts.

Évidemment aucune des prévisions tragiques de ce groupe de 2 200 « scientifiques » n’a eu le moindre début de réalisation. Se pose déjà la question du consensus scientifique et de la raison qui poussent certains à sortir de leur laboratoire pour crier leur inquiétude de façon outrancière. Il s’agit toujours de l’extinction de la race humaine ! Rien de moins. Une partie de la science s’insurge contre la technologie qui est son débouché pratique. Mais regrouper des masses de « scientifiques » ne dit rien sur la vérité et l’opportunité de leurs conclusions. La vraie science est toujours en mouvement et conflictuelle. Combien de progrès scientifiques ont été critiqués, entravés, maudits avant de s’avérer exacts et utiles ? Pratiquement tous. De Galilée à Pasteur, d’Einstein à la découverte microbienne de l’ulcère de l’estomac !

Le 7 janvier 1971, un communiqué du président de la République, Georges Pompidou, annonçait la création d’un tout nouveau ministère, celui de la Protection de la nature et de l’Environnement dont la charge était confiée à Robert Poujade. Georges Pompidou, à Chicago, le 28 février 1970 avait déclaré :

« La nature nous apparaît de moins en moins comme la puissance redoutable que l’Homme du début de ce siècle s’acharnait encore à maîtriser, mais comme un cadre précieux et fragile qu’il importe de protéger pour que la Terre demeure habitable à l’Homme. »

C’est le début de la déification de la nature comme objet sacralisé ayant une valeur per se disjointe de l’affaire humaine qui va se développer inlassablement jusqu’à devenir la religion moderne que l’on connaît avec son lot de violences délirantes et de crétins fanatisés et cherchant le martyr. Le Dieu Baal et ses exigences n’étaient pas encore revenus parmi nous en 1971.

La culpabilisation est latente dans tous les textes de l’ONU du début des années soixante-dix. Mais aucunes des menaces qui devaient tuer l’homme à plus ou moins court terme ne se réaliseront. Pas de chance ! Et on voit, aujourd’hui où le CO2 est devenu l’ennemi public n° 1 et avec lui le « réchauffement lié au dérèglement climatique » que les anciennes mesures proposées sont l’inverse de celles proposées aujourd’hui.

Oui, l’inverse ! Ce qui devrait faire réfléchir sur les prétendues « certitudes immanentes et présentes de la Science ».

Le temps qui passe est toujours cruel pour les idéologies et les fanatismes.

La période allant de 1940 à 1976 a été très froide. Le succès de l’Abbé Pierre est lié au froid mortel qui régnait cette année-là. Depuis la fin de la guerre, les opinions vivent dans l’effroi des bombes atomiques et de leur pouvoir de destruction. L’homme est vu comme un démiurge capable de liquider l’humanité. Science sans sagesse n’est que ruine de l’âme. La technologie devient ravageuse. Se mêle une inquiétude millénariste : le passage à l’an 2000 ne va-t-il pas signifier la fin du monde ? On voit partout des signes qui confirmeraient des prédictions catastrophiques, comme celles de Nostradamus. Des sectes s’organisent pour sauver leurs membres de la fin de la terre quitte à organiser des suicides collectifs en attente de résurrection (Parmi d’autres Le temple solaire). Pour les peurs millénaristes voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_pr%C3%A9dictions_de_la_fin_du_monde.

La bande dessinée est très instructive : Hergé sort l’Etoile Mystérieuse dès 1941 où on voit un vieil homme qui alerte avec son tambourin que la fin du monde est proche. Quelques dessins plus loin c’est un scientifique qui confirme : « oui c’est la fin du monde ». On trouve un schéma qui va devenir envahissant : le lanceur d’alerte et le scientifique qui confirme. L’irrationnel et le rationnel se mélangent et s’épaulent. SOS météores, un Black et Mortimer, sort en 1958. Dès les premiers dessins, tout est perturbé par le froid et la peur s’installe devant des phénomènes cosmiques qui menacent l’humanité. On pourrait citer mille exemples de ce type.

La presse a besoin d’intéresser par l’exhibition de catastrophes ou en exploitant la peur de catastrophes possibles. Des terreurs et des paniques en découlent parfois. La peur du débarquement des « aliens » et « des petits hommes verts », les Martiens, est partout présente.

Une forme de satiété inquiète s’installe en Occident depuis le milieu des années soixante, en particulier en France, alors que partout le niveau de vie y a beaucoup augmenté et que la paix règne depuis la fin de la guerre d’Algérie. Souvenir personnel : en « prépas » des professeurs évoquent la fin du travail, la nécessité du plaisir, tous les plaisirs. Le temps platonicien arrive d’une vie matérielle suffisante pour se dégager des contraintes matérielles et laisser la pensée et les arts s’épanouir. Cela finira par « les faits sont fascistes », il est « interdit d’interdire » et le ministère des loisirs. Les idées de 68 étaient déjà en place au début des années soixante. Le mouvement hippy commencera peu après, précédé par le bikini et la minijupe. Sus au bourgeois qui met partout des entraves ! Retrouver la nature et les petites fleurs loin des villes polluées est un thème très présent pendant toutes les années soixante.

On oublie souvent que le nouveau ministère de l’environnement français de Pompidou est aussi celui de la nature.

Il ne faut pas croire que la préoccupation de l’environnement était absente précédemment. Elle prenait simplement des formes différentes. Des politiques de santé publique étaient conduites pour faire face aux maladies professionnelles (silicose, dans les mines, saturnisme lié aux canalisations en plomb, etc.). L’alimentation a fait l’objet d’améliorations majeures pendant les années cinquante : on supprime l’abattage des particuliers pour créer des abattoirs très surveillés. On fait très attention à l’eau et à l’air pour faire face à des maladies endémiques typhoïdes et tuberculose, les deux terreurs des années quarante et cinquante. On développe les toilettes et les salles de bains tout en liquidant les galetas et les bidonvilles qui se sont installés comme à Nanterre.

La science médicale a fait des progrès sensibles et on sait faire le lien entre certaines d’entre elles et des substances dangereuses. Le cancer est le vecteur de nombreuses recherches sur ses causes environnementales. On craint d’en parler tant elle terrorise.

Certains affirment que la politique environnementale de l’époque concerne surtout l’agriculture et les nouveaux modes de production à base de tracteurs et d’engrais chimiques. Pas du tout. La Datar évacue à la fin des années soixante et au début des années soixante-dix la quasi-totalité des industries installées à Paris. Les deux expulsions les plus symboliques, sont à l’ouest l’évacuation des usines automobiles et à l’est l’expulsion de l’usine de Kodak Pathé à Vincennes. Cela conduira au départ de dizaines de milliers de Parisiens appartenant aux couches populaires. Les ouvriers, dehors ! Ce n’était que le début.

1 974 c’est le moment où s’installe en France la domination de « l’Énarchie compassionnelle ». La haute fonction publique absorbe le monde politique avec le couple d’Enarques Giscard- Chirac et elle a l’intention de dire le bien. En route pour l’envahissement du pays par des réglementations toujours plus nombreuses et contraignantes avec l’explosion des mesures qui sont l’apanage des hauts fonctionnaires : la levée de taxes et d’impôts, les subventions, les interdictions. Ce petit groupe minoritaire se voit comme une aristocratie qui a vocation « d’arbitrer la société ». La pensée générale est encore hygiéniste. Et on n’hésite pas à assainir des milliers d’hectares dans le Sud en passant tout au DTT pour supprimer les moustiques et la prévalence des maladies correspondantes. De même on drague et on canalise les cours d’eau à hauteur des besoins. La nature, oui, mais pas contre les nécessités de l’homme et du développement.

Nous sommes encore dans les années soixante-dix, dans la foulée des Trente Glorieuses : on a obtenu des résultats miraculeux mais attention à la technologie qui risque d’aller trop loin, à une économie qui enrichit mais crée un monde inégalitaire où la vie sociale devient de plus en plus solitaire. Le Tiers-Monde réclame sa part et la lutte des organismes internationaux pour le développement est conçue comme une machine à demander des pays riches qu’ils s’occupent des pays pauvres. Pour beaucoup les « miracles économiques » sont vus comme un bienfait qui risque de se payer plus tard comme il est de règle. « Trop beau pour être vrai sans s’inquiéter et pour durer ! ». Ce thème affleure dans toute une littérature plus ou moins philosophique et surtout sociologique.

Personne ne sait encore que le système économique va basculer avec la crise de 73, ses conséquences sur la formation du cartel du pétrole et la promotion des mouvements islamistes. Cette bascule va tuer l’URSS et provoquer des conséquences géopolitiques majeures partout, notamment en Chine et en Inde, tout en mettant l’Occident sur une trajectoire de croissance lente et déséquilibrée.

Dans les 15 ans qui suivent, il se passe peu de choses sur le front de l’environnement. La récession a été terrible et on panse ses plaies. Pompidou pense à la nature mais lance un plan électronucléaire massif et entend adapter la France aux nécessités du transport automobile. Giscard, freine sur ce dernier aspect, pour limiter l’impact de la rançon pétrolière voulue par le cartel et pousse sur le TGV qui artificialise des surfaces terrifiantes et consomme beaucoup d’une électricité qui est encore largement produite par le charbon. En revanche il laisse filer l’industrie textile.

La conférence de Nairobi annoncée à Stockholm passe inaperçue. On reprend seulement les thèmes développés 10 ans avant, en annonçant que la situation s’aggrave. Les tenants de l’action mondiale pour l’environnement gomment totalement cette conférence considérée comme un échec. Un point intéressant : il n’est toujours pas question de la responsabilité du CO2 ni de dérèglement climatique. On ne parle plus de glaciation. La calotte glaciaire arctique commence en effet à fondre après la grande sécheresse de 1976.

Néanmoins il faut noter le début des carottages dans les calottes polaires, qui permettent de tenter une histoire longue des températures et de connaître l’évolution de la composition de l’atmosphère. Ils apportent de la matière pour définir une nouvelle science.  Wikipedia le rappelle :  « L'Organisation météorologique mondiale (OMM) discute dès 1977 de l'élaboration d'un programme international de recherche sur le climat, nommé World Climate Programme (WCP). Il doit s'inscrire dans la continuité du Global Atmospheric Research Program (GARP), un programme similaire créé en 1967 et géré par l'OMM et le Conseil international pour la science (ICSU)3,5. L'OMM et l'ICSU organisent en 1979 la Première Conférence mondiale sur le climat, première conférence scientifique consacrée à la variabilité du climat et au changement climatique anthropique, qui a pour objectifs d'établir un état des connaissances scientifiques sur ces sujets et d'identifier les efforts de recherche nécessaires (par exemple en océanographie1), afin d'élaborer les bases de ce que sera le WCP. Le WCP est formellement créé au huitième congrès de l'OMM, qui se déroule quelques mois après la conférence, en mai 1979 ; son nom officiel en français est Programme climatologique mondial ».

A ce stade il ne s’agit que de donner des moyens nouveaux à la science. Tout est nouveau. Tout est incertain. Il faut de l’argent pour la recherche. Tout le monde est d’accord. Il y a certes déjà beaucoup d’assertions, mais tout le monde les considère comme des conjectures. Les relevés par satellites commencent et apportent encore des moissons de données. Il y a du travail sur la planche. Il est à noter que ce sont les météorologues, spécialistes des 5 jours à venir, qui s’investissent dans le nouveau domaine qui couvre décennies et millénaires.   

Dans les années quatre-vingt, un changement radical va se produire qui va tout bouleverser. Il est intéressant de repérer comment ce changement s’est opéré. C’est le Canada qui s’y colle !

(à suivre)

 

Discrédit des hommes politiques : pourquoi ? Le triste exemple de Christophe Béchu.

Tout le monde le constate à l’occasion de la campagne des Européennes : les candidats récitent des éléments de langage. Ces constructions n’ont aucun intérêt de fond et empêchent ceux qui les utilisent de présenter une réflexion personnelle sur les problématiques sous-jacentes ou d’une actualité chaude. Du coup, pourquoi les écouter ? Un porteur d’éléments de langage est totalement interchangeable et annule sa personnalité. Certains croient que leurs prestations oiseuses leur apporteront de la notoriété. Sans se rendre compte que le mépris est plus sûrement au bout du chemin pour un zozo sans importance puisqu’il n’a aucune réflexion personnelle pour fixer l’intérêt d’un auditeur et susciter un engagement.

Il est intéressant de constater ce phénomène sur certains sujets cruciaux où on attend des dirigeants qu’ils prouvent leur maîtrise et leur pertinence. Par exemple, le Figaro Magazine a permis sur une page à M. Béchu, Ministre de la transition écologique, de fixer sa réflexion sur les objections qui se multiplient contre les affirmations du GIEC.

Ce Monsieur Béchu est intéressant. Comme Mme Meloni en Italie, il appartient à ce petit nombre de politiciens qui ont connu très jeunes des succès électifs remarquables et qui donc ont une pâte politique bien pétrie au fond de leurs tripes. Il est élu conseiller municipal à 21 ans puis rapidement conseiller général. À 29 ans il est le plus jeune président d’un Conseil général. Il devient maire d’Angers à quarante ans. Il a été député européen et sénateur français. Après avoir trahi l’UMP, avant même le premier tour des élections présidentielles, il devient ministre délégué puis ministre dans les gouvernements Macron, tout en prenant la présidence du mouvement Horizons du maire du Havre, Édouard Philippe. Il se pense en bonne voie d’une carrière encore plus éblouissante au départ de Macron. Pourquoi pas premier Ministre du président Philippe ? En attendant mieux. En 2 037 il sera dans la soixantaine épanouie. La présidence lui tend les bras. Il n’est pas Énarque, même s’il a fait Sciences Po et un DEA de droit public. Il n’est donc pas totalement formaté et prisonnier d’un esprit de corps. Mais il a compris qu’il fallait rester dans le sillage des Énarques avec Macron et Philippe, Castex et Borne. Sarkozy et Fillon lui ont paru sans assise assez solide pour ancrer sa carrière. Il les a donc trahis sans frémir.

Le trouble qui commence à s’établir sur le sérieux des politiques délirantes de « transition » vers une France « totalement décarbonée » dès 2050, concerne son ministère au premier chef. L’absence de toute étude d’impact aussi bien par la Commission Européenne que par le gouvernement français, l’incapacité d’évaluer les coûts et les autres conséquences économiques et sociales, le refus d’annoncer des résultats en matière de température justifient de larges inquiétudes légitimes qui se concentrent dans sur la formule : Ne pas se ruiner pour rien au profit des autres.

La dérive infernale des comptes publics sous la présidence Macron et l’obligation européenne de corriger le tir met évidemment les dépenses extravagantes engagées dans ladite « transition » en tête des économies à faire. Ce que souligne avec précision Christian Gerondeau dans le numéro concerné du FIG Mag.

Nous touchons là un aspect de la politique publique qui est au cœur de l’avenir du pays. On attend du Ministre une réponse des plus sérieuses.

Et il nous sert les « éléments de langage » les plus plats qu’on puisse imaginer. Il s’est installé dans la nullité triomphante. Écoutons le Ministre :

Argument n° 1 : » N’importe quel scientifique sérieux démontrera sans peine le caractère fallacieux de l’argumentation de M. Gerondeau ». On insulte son contradicteur : ce n’est pas un scientifique sérieux ; Le plus nul des scientifiques le balaierait de la scène. On affirme sans preuve : en indiquant que la réfutation se ferait « sans peine », on nullifie la prétention de le contredire. Mais M. Béchu, derrière ces inepties d’autorité, n’apporte aucune preuve de ce qu’il avance. Il aurait pu dire : la question est sérieuse ; je l’ai fait étudier ; le rapport « Machin » est disponible. Voilà ce qu’il conclut sur le sujet ». Mais non ! Il suffit de dire qu’on a affaire à un affabulateur qui fait rire les « vrais » scientifiques.

Argument n° 2 : « Ce type de démonstration pseudoscientifique vient nourrir un discours politique mêlant déclinisme, relativisme, voire complotisme ». À nouveau on insulte sans preuve : « pseudoscientifique » ? Où est la preuve ? En partant des modèles du Giec, M. Gerondeau n’a pas beaucoup de mal, comme d’autres, à démontrer que la suppression de l’émission de CO2 en France (1 % des émissions mondiales) ne peut pas avoir un impact de plus d’un dixième de degré sur la température mondiale et aucun impact sur le climat. Si c’était faux nous disposerions de dizaines de textes scientifiques pour le dire. Où sont-ils ? Nulle part ! Au contraire des dizaines d’études ont montré la nullité de l’impact des mesures envisagées. L’une d’entre elles précise notamment que si on réduisait de moitié la couche mondiale de CO2 on aboutirait à une baisse de température de 0,4 à 0,5°. Négligeable !

M. Béchu s’abaisse à une autre manipulation : le reproche la mauvaise intention et d’appartenance à des mouvances condamnables. Voici Gerondeau décliniste, relativiste et complotiste. Le contradicteur du ministre est un délinquant multiple ! l’inculpation est sans preuve : les insultes sont gratuites.

Argument 3 : « Ce discours doit être combattu sans états d’âme car il est contraire à l’intérêt national et à la vérité scientifique ». On cite la vérité scientifique mais sans avoir fait la moindre étude d’impact alors que M. Béchu en a tous les moyens. On est à nouveau dans l’affirmation sans preuve et dans l’insulte. On évoque en plus une atteinte à l’intérêt national. Tout le monde comprend que les dépenses inconnues mais vertigineuses du plan de décarbonation totale d’ici 2 050 peuvent avoir des conséquences nationales désastreuses. Le Ministre n’a rien fait pour les évaluer et concevoir les moyens de les réduire. Il serait légitime de lui retourner le compliment. Béchu dégage une image d’irresponsabilité injurieuse particulièrement méphitique.

Argument 4 : « M. Gerondeau a fait sans le savoir œuvre utile : il offre aux vrais patriotes… une synthèse des contrevérités à abattre ». Une fois de plus on insulte son contradicteur, parfait imbécile antipatriotique qui ne se rend compte de rien. En revanche, pas un argument qui pourrait contrer ceux de M. Gerondeau. Le bon peuple doit savoir qu’il faut simplement les « abattre. » La menace de violences extrêmes est désormais en plein centre du débat : il faut abattre ce gêneur et ses fariboles ». Oui : abattre ! M. Béchu veut manier la tronçonneuse !

M. Béchu est ministre. Il fuit le débat mais surtout la réflexion sur les questions qui se posent. Là où il devrait être extrêmement motivé par la recherche de la vérité et des éléments critiques de la décision, au cœur de ses responsabilités de Ministre, il se contente d’éléments de langage répulsifs, outrés et dérisoires. « Ne l’écoutez pas c’est un vilain qui a la gentillesse de nous dire ce qu’il faut absolument réfuter ». Mais que nous ne réfuterons pas avec des vrais arguments. Les insultes suffisent.

On retrouve la morgue insultante d’un Pascal Canfin ou d’une Valérie Hayer. La méthode Macron a cascadé au plus bas de la pyramide LREM, disqualifiant toute la mouvance.

Pour l’observateur, les conclusions sont faciles.

Les ministres de M. Macron ne gouvernent pas. Pour gouverner il faut avoir une réflexion et une action, une ligne politique, des arguments, une ossature programmatique avec des fins annoncées et le moyen clair de les atteindre ; avec le souci de cerner constamment l’évolution des réalités.

Le débat est rendu impossible par la systématisation des « éléments de langage » voulus par la Com’.

Il ne reste que des insultes et des sottises.

Et des mouvements de masse qui seuls sont entendus quand la sottise de certaines politiques pique un peu trop.

Comment éviter dans ces conditions le discrédit des hommes politiques ?

Qu’est-ce qui peut justifier qu’un Béchu se laisse aller ainsi ? L’explication est à chercher dans l’impuissance des Ministres maintenant que leurs responsabilités ont été transférées massivement à d’autres et notamment à la Commission européenne.

Faire semblant d’exister par des postures n’est que ruine de la politique. La gesticulation et la Com’, les deux mamelles du macronisme, abîment tous ceux qui se sont arrimés à cette sinistre farce.

Et cela abîme la France qui glisse sur une pente fatale sans réagir.

Il faut absolument sortir de cette emprise.

Didier Dufau, pour le Cercle des économistes e-toile.

Article de Jérôme Fourquet - Seconde partie 2000-2024

La période 2 000 – 2 011 va se révéler tragique pour le pays.

La crise boursière du début des années 2000 signe la mort des ambitions de Lionel Jospin, qui a fini par indisposer les électeurs. Il se voulait de la lignée des saints socialistes qui ont donné au peuple des droits nouveaux, Jaurés, Blum, Mitterrand et maintenant lui ! Il est balayé comme Jocrisse, trotskiste trop longtemps caché, borné et antipathique. Ceux qui l’ont connu au début des années soixante se souviennent de sa haine contre les bourgeois et surtout leurs héritiers, entre deux saluts à Krasucky ! Il finira dans un appartement bourgeois dans un hôtel particulier rive gauche, une maison à l’île de Ré et des régalades au restaurant du Dôme. Plus bourgeois, tu meurs. Et fort riche. Mais seulement avec de l’argent public. Un sale type envieux et cupide qui a lourdement aggravé la ruine de la France.

Chirac, qui préférait Jospin à tout autre, ne sait pas quoi faire de sa victoire facile contre le Pen. Il confirme son tropisme centriste et l’abandon de toute volonté particulière. Il reconstitue avec Villepin une doublette énarchienne à la tête de l’État. Il n’a plus de pouvoir monétaire. Les européistes poussent à adopter une constitution fédéraliste autour de ce qu’on appelle, à tort, une constitution que Giscard est chargé de rédiger. Le temps est à l’effacement des frontières, à l’extension des limites de l’Europe, à la liberté de circulations des hommes, des capitaux, des marchandises et des services. La spéculation financière internationale s’emballe. L’industrie française finit de sombrer. On cherche à tout prix à faire baisser le coût du travail. On met fin aux coups de pouce au Smic. On commence à envisager la défiscalisation et l’exonération de charges sociales sur les bas salaires. Surtout on voudrait permettre à la jeunesse de trouver du travail en créant un SMIC jeune, facilitant l’emploi des centaines de milliers d’adolescents laissés pour compte et commençant à entrer dans la spirale de la violence et de la drogue.

L’attentat contre les tours jumelles de New York marque un tournant. L’Oumma s’est donné un mouvement de conquête à partir du mouvement de Ben Laden enfant du conflit soviéto-afghan puis de Daesh. Le Moyen Orient devient critique ! L’Iran triomphe et arme les mouvements anti-israéliens.

La Chine devient l’usine du monde. Une entreprise qui n’est plus mondialement compétitive est bientôt morte. L’industrie française fond jusqu’à quasi disparaître.

Chirac devient le Grand Méchant Mou, et s’enfonce dans la dépression puis la maladie. Les conséquences des 35 heures, de la retraite à 60 ans, de la surfiscalité, des politiques restrictives de l’Euro, de la dénatalité, d’une immigration incontrôlée commencent à être tragiques. La France dégringole dans tous les classements.

La période est marquée par la passivité centriste. Chirac a théorisé la fragilité du pays. Il ne fait plus rien. « Facho Chirac » est devenu « le roi fainéant » !

Il ne remet rien en cause des stupidités jospiniennes. Juppé s’est grillé les doigts avec l’annonce d’un changement du système de retraite à la SNCF qui a provoqué la grève la plus longue qu’on ait connue dans la période moderne. On ne l’y prendra plus. Le RPR devenu UMP est devenu un parti invertébré, sans doctrine et noyé par le centrisme. On ne voit plus très bien les frontières avec le PS qui conserve son monopole sur les médias et l’Éducation Nationale.

La France sombre doucement sans rien dire et sans se fâcher. Les tares accumulées montrent leurs effets délétères sans que personne ne bouge. Il serait bien aventureux de voir dans la période le règne de l’état guichet. C’est surtout un état impuissant qui ne voit pas que se forme un prolétariat provincial qui ne survit de facto que par les allocations publiques. On se dirige vers les Gilets Jaunes et la France Périphérique angoissée et nerveuse.

La foudre tombe à Wall-Street. La crise majeure annoncée par notre « prix Nobel » d’économie national, Maurice Allais (et par nous-mêmes), étale ses effets à la mi-septembre 2008. Ils sont terrifiants. La France, économiquement désarmée, est anéantie financièrement et économiquement. Il faut déployer tous les mécanismes de survie. Trichet à la BCE résiste et crée artificiellement une sur-crise européenne en 2011. C’est la Bérézina. Sarkozy qui n’avait pas voulu entendre les avertissements portant sur la gravité de la crise à venir, trahit ses électeurs et fait venir une bande de socialistes au pouvoir pour préparer sa réélection. Il ne tient aucune de ses promesses sur l’ISF, les 35 heures et la retraite à 65 ans, mais promeut Kouchner !

Hollande est facilement élu avec un programme grotesque qui fait la part belle aux écologistes, à la fiscalité répressive, au sociétalisme. Tous les services publics s’effondrent. Les riches partent en courant. Les retraités qui le peuvent filent au Portugal pour fuir les impôts et la vie chère. Les attentats musulmans massacrent des centaines de Français. La délinquance triomphe. Le socle de l’énergie nucléaire est cassé et commence à sombrer. La loi SRU et le blocage des loyers montrent le retour de solutions dont tout le monde sait qu’elles sont contre-productives. La bureaucratie explose avec des textes de plus en plus coercitifs. Il y a tant de victimes à protéger, de « droits-de » à brider, de « droits-à » à distribuer !

Hollande, surnommé élégamment Bidochon, dévalorise la présidence française au-delà de toute limite. La droite, déconsidérée par Sarkozy et ses trahisons, n’en profite pas.

La place est libre pour un opportuniste. Emmanuel Macron est élu sur la double promesse de faire les réformes fiscales que Sarkozy n’a pas voulu faire et de revenir sur les excès socialistes et fiscaux de Hollande et du PS, travaillés par des dissidents gauchistes et l’émergence d’un parti Vert copié sur l’Allemagne et qui promeut une écologie anticapitaliste faisant la part principale aux revendications sociétalistes des minorités.

Inutile de revenir sur le bilan des sept années de sa présidence. Le déclassement est généralisé et aucune des causes du malheur français n’a été contrariée.

L’énarchie compassionnelle triomphe avec la nomination de deux énarques puis d’une femme fonctionnaire au poste de premier ministre. Il est considéré comme normal pour un haut fonctionnaire d’être président d’une société publique d’autobus et de métro puis chef de gouvernement. Ou de faire le chemin inverse.

L’action publique est cette fois-ci conforme au scénario de Jérôme Fourquet : un guichet ouvert, quoi qu’il en coûte. La tactique électorale d’Emmanuel macron est claire : pouvoir dire à chaque français « j’ai fait pour toi plus que quiconque avant moi ». Le clientélisme électoral devient sans limite. Il est aggravé par la crise sanitaire après l’affaire des Gilets jaunes et avant la guerre en Ukraine.

Les élites découvrent, tout d’un coup, l’état de la France « périphérique » et la montée de la pauvreté. Beaucoup en province survivent grâce aux allocations et aux activités soutenues par la dépense publique. On s’est beaucoup préoccupé des banlieues sans se rendre compte qu’une France tranquille était en train de sombrer dans la pauvreté.

Le pays découvre avec le Covid que ce qu’on leur présentait comme le système médical le meilleur du monde est totalement en déshérence. Les médecins y ont perdu le pouvoir au profit des dizaines de milliers de fonctionnaires. L’intenable gratuité a fini par ruiner le système. D’autant plus qu’on ouvre le guichet à des étrangers même en situation irrégulière. La « sécu » est une gabegie et en même temps un échec de plus en plus grave, l’accès aux soins de qualité devenant de plus en plus difficile.

La guerre en Ukraine montre la nullité militaire du pays qui n’a pu les moyens d’une guerre classique de forte intensité et s’est fait virer à coups de pied au derrière de l’Afrique. L’inflation prend à revers les banques centrales qui sont obligées de déclencher une récession pour éviter la perpétuation d’une inflation majeure.

Macron est en fait un impuissant qui ne survit que par la com’ et l’endettement massif. « Tu pues la mort » lui dira un manifestant énervé lors d’une opération image menée en province pour mettre fin aux casserolades. Du coup il constitutionnalise le droit à l’avortement et prépare un droit au suicide assisté par l’État…

Une fois de plus, regardons les causes majeures de la situation désastreuse où se trouve la France au terme de la période 2013-2023.

-            La crise structurelle des deux systèmes de changes internationaux, les changes flottants et les dysfonctionnements de la monnaie unique sont centraux. On a jugulé les banques en multipliant les contraintes administratives et bureaucratiques et en réduisant les libertés. Mais les tares sont toujours là.

-            L’Europe a ajouté une couche supplémentaire de réglementation notamment en faisant la promotion du malthusianisme écologique. La France a voulu surajouter sa propre bureaucratie. Les lois Wargon doivent être systématiquement déconstruites pour avancer.

-            Le niveau de vie relatif des Français a décroché.

-            Il n’y a plus d’enfants dans un pays vieilli.

-            L’insécurité est devenue incontrôlable aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur.

-            Il n’y a plus de majorité de gouvernement et la montée des extrêmes bat tous les records. Ils détiennent plus de la moitié des votes du corps électoral.

La responsabilité personnelle d’Emmanuel Macron est directement engagée. Fourquet ne le dit pas expressément, alors que la politique du guichet, c’est largement lui qui l’a portée aux niveaux insensés actuels, notamment l’année précédant sa réélection aux présidentielles avec près de 75 milliards de cadeaux au peuple.

Soyons clairs : en ne mettant pas en avant les vraies causes du désastre et en refusant de désigner clairement des coupables, l’article de Fourquet est finalement parfaitement creux. S’il n’y a pas de causes ni de responsables, il n’y a pas de solutions. L’article ne propose aucune mesure, sinon de mettre fin à une politique de guichet dont il ne voit pas pourquoi elle a été mise en œuvre ni par qui, spécifiquement.

La déchéance française est tellement avancée, l’impuissance de l’État français est tellement majeure, avec des pouvoirs néfastes tellement difficiles à vaincre et installés dans des sinécures abusives tellement difficiles à prendre, et les forces extérieures sont tellement contraignantes, qu’il est difficile d’envisager un plan de redressement acceptable pour un pays saccagé par tant d’années d’impéritie et qui flirte maintenant avec le tiers-monde.

Trois récessions mondiales majeures et trois autres moins graves, des dizaines d’années de socialisme débridé, la menace des écologistes anticapitalistes et de l’extrême gauche, l’envahissement islamique, la perte de souveraineté en Europe, la déconfiture des services publics alors que l’énarchie compassionnelle a pris le pouvoir politique et renoncé à sa vocation première, la dénatalité, relayée par le Wokisme, voilà les causes de notre effondrement. La France a des ennemis faciles à désigner et des mesures à prendre pour éviter qu’ils ne lui nuisent. Cela suppose des inculpations précises, une vision claire des causes et un plan d’action sans faiblesse.

L’article de Jérôme Fourquet ne prépare rien de tout cela. Il ne s’agit plus d’être faussement neutre et de disculper tout le monde en inculpant une mauvaise habitude qui arrange tout le monde. Mais de comprendre que le pire est à venir si nous ne réagissons pas. En dénonçant une France à bout de souffle l’article donne certes un peu d’air à ceux qui depuis des lustres avertissent dans le désert. Mais il faut aller beaucoup plus loin.

Le désastre a des causes. C’est sur elles qu’il faut agir.

Il n’est que temps ! L’écroulement guette.

 

Didier Dufau, pour le Cercle des économistes e-toile.

Le faux diagnostic de Jérôme Fourquet sur la fin du " modèle français" Décrire ne suffit pas.

Il faut connaitre les causes et l'histoire. Première partie 1970-2000

L’époque ne s’intéresse plus aux économistes depuis la crise de 2008. On se souvient des propos de feu la reine Élisabeth d’Angleterre : « à quoi servent les économistes s’ils ne prévoient pas les crises ». Du coup le terrain a été occupé par les philosophes, les sociologues, les spécialistes des sondages et les géographes. À eux d’essayer de comprendre la société dans ses profondeurs comme dans ses excroissances.

Certains ont connu une belle notoriété comme Christophe Guilui. Il analyse la fuite de la classe ouvrière résiduelle vers le FN et la crise des Bonnets rouges puis des Gilets jaunes. Il forge le concept de « France périphérique » qui fait florès.

Jérôme Fourquet est un spécialiste des sondages, avec une formation dans un IEP de province et un DEA de géographie qui, à force de commenter ceux de l’IFOP, a fini par devenir un personnage médiatique décryptant la nouvelle société française. Il a, lui aussi, forgé sa terminologie autour du concept « d’archipélisation de la société ». Le livre qui explicite la notion et l’a particulièrement révélé comme penseur global et pas seulement commentateur de sondages est L'Archipel français : une nation multiple et divisée (Prix du livre politique 2 019), éditions du Seuil, février 2019, 384 P. (ISBN 978-2-02-140603-0).

Son dernier ouvrage, La France d'après : Tableau politique, Paris/impr. en Italie, éditions du Seuil, octobre 2023, 560 p. (ISBN 978-2021542493) a été abondamment cité dans la presse et les médias radiotélévisés.

Il vient de signer un très long article (deux pages entières du Figaro, ce qui est rare), dénonçant la faillite d’un modèle qu’il juge avoir dominé la politique française « quel que soit le gouvernement » : « L’état Guichet, un modèle à bout de souffle dans une France qui a cessé de produire ».

Il clôt par cette réflexion, qui se veut définitive, la phase d’indignation qui a suivi l’annonce d’un déficit budgétaire indécent de 5.5 % du PIB qui avait révélé une France incapable de sortir de son addiction pour la dépense publique et le bilan économique décevant d’Emmanuel Macron. Les résultats étaient exactement le contraire de ceux annoncés.

L’avantage des commentateurs des instituts de sondage, c’est leur apparente scientificité et neutralité. Ils révèlent une matière première sans eux inaccessible. Grâce leur soit rendue !

Le terrible diagnostic d’un modèle français tombant en quenouille a donc fait un grand effet et il a été repris et commenté à peu près partout. Venant d’un observateur neutre et nimbé de science sondagière, la vérité ne pouvait plus être contestée. La France est KO ! On ne pourra pas aller beaucoup plus loin avec le modèle qu’il nomme le « stato consumérisme ». L’avantage est de présenter un modèle méta politique : il est valablement explicatif sur des dizaines d’années avec des dizaines de gouvernements différents.

La leçon vaut pour tous les partis politiques de gouvernement sans exception. Donc aucun d’entre eux n’est vraiment responsable. Vive la neutralité. Comme les commentaires de sondages, le texte peut être lu par tout le monde sans se fâcher.

Ce n’est pas comme si on avait condamné le néolibéralisme, le socialisme, l’européisme, l’écologisme ou toute autre frange idéologique de l’opinion. Stato consumérisme, c’est plat, lisse, sans adhérences fâcheuses. On peut y aller.

Il n’y a rien à dire sur les longues descriptions des résultats désastreux qui défigurent la France. L’auteur reprend des chiffres souvent cités et que tout le monde connaît, notamment les lecteurs des ouvrages pour l’IFRAP d’Agnès Verdier-Molinié et … ceux de ce blog. L’originalité est de lier tous les développements sous une même bannière explicative : on a choisi de consommer et non de produire et cela se termine mal. Conclusion : il va falloir relever le défi de la réindustrialisation et tordre le cou à l’obsession du pouvoir d’achat. « Le guichet est fermé ! ».

Le constat n’est pas original. Il ne peut pas faire de mal. Le statut de l’auteur lui permet de le faire connaître au plus grand nombre de façon consensuelle. Parfait !

Eh bien non, ce n’est pas parfait et même en partie trompeur. Le constat lénifiant ne peut pas encourager les vraies solutions. Pourquoi ? Parce que les causes ne sont pas évoquées. On décrit, on nomme, on qualifie. On n’explique pas. Du coup on ne prend pas de risque, mais on ne risque pas non plus de trouver des solutions !

La lecture mélange tout allégrement, les périodes, les circonstances, les gouvernements comme s’ils avaient tous la même caractéristique : défendre le consommateur et lui seul quitte à ruiner la production et les équilibres fondamentaux.

M. Fourquet n’est pas économiste et ne connaît pas bien l’histoire des 55 dernières années qui forment pour lui une espèce de magma homogène de mesures consuméristes constantes. Ces « choix collectifs ont traversé ces dizaines d’années sans être remis en cause ». Quand les a-t-on formalisés et qui ? Silence : on parle des quarante dernières années, mais aussi des cinquante. La fin du siècle est semble-t-il critique. Tout flotte dans le flou.

Finalement aucune des vraies causes de difficultés françaises n’est réellement évoquée. Le silence sur les causes semble d’or. Du coup on sombre dans un verbiage incantatoire décalé des réalités.

Commençons par les années soixante-dix. Fourquet n’a littéralement rien compris à la période 1973-1980.

La destruction par les Américains du système de Bretton Woods provoque la chute du dollar et une crise économique sévère, larvée et américaine jusqu’en fin 1972 et mondiale début 73. Fin 73, en réponse à l’effondrement du cours du dollar, un cartel pétrolier se forme qui assomme le monde d’une augmentation outrancière du prix du pétrole. L’inflation explose et les économies occidentales se grippent encore plus.

Pour la France le coup est inopiné et violent ! Giscard et Chirac tentent une relance « keynésienne » sans savoir que la technique ne marche pas en système de changes flottants. L’expérience échoue et on appelle Raymond barre qui n’est pas exactement un pro consumériste. La purge fera perdre les élections présidentielles, d’autant plus que les États-Unis lancent une politique sévère de lutte contre l’inflation qui provoque une récession mondiale à partir de 1980.

La capture de la politique par les hauts fonctionnaires, un régime que nous appelons « l’énarchie compassionnelle », est désormais installée. Giscard ne pense que fiscalité. Elle va exploser. TVA, plus-value, etc. L’ISF était dans les tiroirs de Giscard. Ce sont les énarques de Mitterrand qui la mettront en place… Ils ne pensent qu’à des mesures administratives. L’autorisation préalable de licenciement est une erreur bureaucratique prodigieuse. Le but est d’éviter après les affres de mai 1968 l’apparition de formes révolutionnaires alors que la coalition socialo communiste menace de prendre le pouvoir. La multiplication des mesures « sociétalistes » et l’ouverture à une gauche modérée sont également une volonté politique d‘assouplir les tensions nées à gauche en mai 1968. Il faut « se réconcilier avec la société et les jeunes ». La théorie du bloc central chère à Minc prend forme. Giscard entend gouverner au centre.

Mais derrière ces approches politiciennes, qui sont du domaine du discours, Giscard apporte une réponse très forte au chantage des pays pétroliers : l’atome et le TGV ainsi que des investissements industriels dans tous les secteurs en retard (téléphonie, informatique etc.). Où voit-on une politique consumériste ? Où voit-on une politique dominée par le court terme ? Giscard a travaillé pour le demi-siècle à venir.

Les années soixante-dix sont politiquement sous la pression du gauchisme soixante-huitard, et économiquement sous la domination américaine qui impose les changes flottants, une inflation démente et la pire récession depuis 1929 ! Le tout est aggravé par la poussée des pays arabes pétroliers et leur volonté d’écraser Israël quitte à faire sombrer le monde entier dans le terrorisme.

Impossible de retrouver dans la période un « modèle d’état guichet ». Bien sûr, il y a de la démagogie. La possibilité de passer deux ans au chômage avec 90 % du salaire est une erreur dramatique. Dans l’entreprise américaine où je suis devenu directeur général adjoint, je dois faire face à la demande d’un ingénieur en chef qui exigence de bénéficier du nouveau licenciement économique. Il pourra finir à Nantes ses études de doctorat tout en faisant le moniteur de voile sur les plages en été et le moniteur de ski en hiver. Mon refus est vu comme de la malveillance : c’est l’État qui paie. Pourquoi refuser ? Les clients ? Rien à battre. Ne rien foutre pendant deux ans en gagnant plus qu’en travaillant, cela ne peut se refuser.

La poussée féministe en faveur du divorce, de l’avortement et du contrôle des naissances lance la destruction de la natalité française, alors que le regroupement familial provoque une invasion migratoire. Plusieurs fonctions régaliennes critiques font les frais des restrictions imposées par la récession. La santé connaît un numerus clausus très restrictif avec laminage de la fortune des médecins et surtout des chirurgiens. L’armée devient une armée de métier pour éviter les « comités de soldats » qu’essaient d’imposer Edwy Plenel et les trotskistes révolutionnaires ainsi que le droit de grève. L’éducation nationale sombre avec le collège unique de M. Haby. La sécurité publique sombre également avec la généralisation du justicialisme dans les tribunaux et la création du syndicat de la magistrature.

Jean Royer se fait un nom en dénonçant l’abandon de la poursuite des délinquants notamment mineurs, et la politique de l’excuse systématiquement mise en place dans les tribunaux. Il ne veut pas de la pornographie et dénonce la pédophilie qui à l’époque est portée par quelques intellectuels de gauche, dont Cohn Bendit pour qui la sexualité des jeunes est réprimée à tort. Il est aussitôt classé fasciste et coursé à chaque manifestation publique par l’extrême gauche, un peu comme Zemmour aujourd’hui. Il est effaré par l’exode rural et le développement de la grande distribution qui tue le commerce de centre-ville en province. La loi Royer lutte contre l’extension des grandes surfaces. Pas de chance pour Jérôme Fourquet, le gouvernement mène dans ce domaine une politique anti consumériste qui verra bientôt le fils Leclerc se lever contre « cette attaque contre le pouvoir d’achat ».

Si on hiérarchise les causes du désastre que sera cette période, on aboutit à cette liste :

-            L’instauration des changes flottants qui provoquent à nouveau des récessions mondiales majeures périodiques et font chuter la croissance à long terme. Merci les États-Unis.

-            La poussée violente des états musulmans, avec le cartel pétrolier et le terrorisme mondialisé

-            Le dévoiement de la cinquième République où le domaine politique est absorbé par les hauts fonctionnaires (l’énarchie compassionnelle) qui ne pensent qu’en termes de taxes et d’impôts, de règlements, de subventions

-            La pression sociétaliste gauchiste et socialo communiste.

Alors oui, des mesures démagogiques sont prises (contrôle stupide des prix, blocage des loyers, les deux années de chômage à 90 % du salaire, l’autorisation administrative de licenciement.) Il fallait faire face dans la panique aussi bien au choc de la récession qu’à la pression politique.

Giscard a multiplié les erreurs graves mais personne ne peut l’accuser d’avoir bradé la production, les transports, et l’industrie. La grande distribution naît à la fin des années soixante, en pleine phase de croissance pour étendre la prospérité à toutes les couches de la population désormais propriétaire de voitures et bancarisées et les gouvernements tentent de freiner le mouvement. La hausse massive du pétrole ne va pas faire du bien à la grande distribution. Les fusions de la fin des années soixante-dix marquent la difficulté du secteur. Quant à l’agriculture, devenue la principale activité de la Commission européenne, elle fait l’objet de réformes à cause de la récession. L’extension des jachères date de là. La grande préoccupation européenne devient monétaire. Que devient le système de péréquations européen en système de changes flottants et comment résister au dollar ? L’ouverture de la finance à la spéculation date du milieu des années soixante-dix avec l’ouverture des grandes salles de marché. Le bâtiment lui s’effondre et ne reprendra vie qu’à la fin des années quatre-vingt.

L’analyse simpliste de Jérôme Fourquet est totalement inappropriée pour la période 73-80. Elle n’a même pas de sens. Elle ne désigne aucune des sources de malheur. Elle ne permet aucune prise de conscience. Elle n’incrimine aucun des acteurs ou des modes de pensée responsables. L’auteur ne tient pas compte de la réalité historique au profit d’une construction intellectuelle artificielle.

Giscard le Fat se fait photographier en bellâtre en maillot de bain sur le bord de la piscine de Kingston à la Jamaïque, alors qu’il y signe l’acceptation de la mort des accords de Bretton Woods qui ont été la condition des « trente glorieuses ». Là, il faudrait sortir la mitrailleuse. Pas un mot de Fourquet pour qui le rôle crucial du système monétaire international est visiblement inconnu.

Si on prend la période 1981-1993, c’est en gros le règne mitterrandien. Mitterrand est un politicien habile et sans scrupule et, humainement un pourrisseur. Il va détruire l’économie française et la société française, aussi bien que son entourage et finalement provoquer le déclassement durable du pays et la perte de sa prospérité comme de son indépendance.

Le Programme Commun, est simplement dément. On nationalise à 100 % des secteurs entiers qu’il faudra dénationaliser plus tard. L’énarchie s’empare de tous les leviers économiques et politiques. L’entreprise est saccagée par la fiscalité et les lois Auroux. La justice se met à enfermer les cadres et les dirigeants d’entreprises à larges poignées. L’ISF est mis en place. La fuite des capitaux commence et ne s’arrêtera plus. On détruit l’hôpital en voulant casser du mandarin. L’emprise de la bureaucratie commence. Tous les secteurs publics ou parapublics sont livrés aux syndicats. Les réglementations explosent.

Dès 1984 après de multiples dévaluations, l’ordre est donné à la banque de France de préparer le passage à la monnaie unique en pratiquant une politique monétaire restrictive. En contrepartie on lâche tout dans le domaine sociétaliste. Surtout on réduit la durée hebdomadaire de travail et on avance de cinq ans l ‘âge de départ à la retraite. On cesse quasiment de réprimer la délinquance en dénonçant la prison criminogène, et on s’enivre de la suppression de la peine de mort. La délinquance explose et ne sera plus jamais contrôlable. La corruption embrase toute la vie politique. Il n’y a qu’à se servir. M. Defferre fête chaque nouveau milliard gagné à Marseille. Et de rire.

Le bilan économique est tragique. Toutes les industries traditionnelles sombres : textile, sidérurgie, le Nord et la Lorraine sont désormais sinistrés à perpétuité. Je suis dans le restaurant où Fabius fête au champagne sa nomination comme premier Ministre. À son arrivée tous les convives marquent leur mépris en tapant sur leur verre. L’après-midi il est venu à la télévision pour pleurer sur la fin de la sidérurgie lorraine… Pleurs au journal télévisé, champagne une heure après ! Les braves gens !

Politiquement Mitterrand crée la fortune de Le Pen, un de ses anciens copains, qu’il enfonce profondément dans le flanc de la droââââte. On rigole bien à l’Elysées. Pas dans le pays. Ce sera la cohabitation. L’énarchie de droite prend le pouvoir avec Chirac et Balladur. Cette période sera la dernière où les grandes préoccupations nationales seront prises un peu en compte par le pouvoir politique. On supprime l’ISF et remet à peu près en place une vraie gouvernance. Mais on ne touche pas à la bureaucratie et aux mesures délirantes. Le sociétalisme reste en place. L’affaire du décès de Malek Oussékine et la révolte étudiante gâchent les chances électorales de Chirac à la présidentielle suivante. L’école peut finir de sombrer.

Le second septennat de Mitterrand est une simple horreur. Il est malade et ne fait plus rien que d’essayer d’avoir un bilan européen. Maastricht devient la grande affaire et avec elle la perte définitive de toute indépendance pour la France. On laisse la place à la finance. Les Oligarques commencent à fleurir. Mitterrand se flatte d’avoir été le dernier président de plein exercice ! Et il est déifié par une coterie !

Le bilan économique des deux septennats est terrifiant. La France n’est plus compétitive et embarquée dans la concurrence internationale avec des fers aux pieds. L’élévation de Bernard Tapie avant sa chute brutale symbolise des années fric, où la spéculation est partout et l’économie nulle part.

Le désordre international lié aux changes flottants continue à faire ses dégâts. Une nouvelle énorme crise financière est en formation. Elle explose en 1992-1993. Elle est sauvage. La France subit un nouveau choc terrible, plus fort qu’en 1973, sans cette fois-ci de réaction sur les prix du pétrole. Mais elle est terriblement affaiblie par 11 ans de mitterrandisme socialo communiste. C’est la catastrophe. La gestion de Rocard a été pitoyable et il a poussé la dépense publique et la fiscalité au plus haut pendant la phase haute du cycle. La récession laisse hagard ses successeurs.

Retour à la situation de 73-74, mais en pire. La France est littéralement ruinée et sommée après le référendum sur le traité de Maastricht de préparer l’Euro et un nouveau moment fédéral européen. Chirac se fait élire et pousse Juppé et ses mesures purement bureaucratiques. Chirac dissout à contretemps et se voit infliger 5 années Jospin et une « dream team » fantasmée qui ruine définitivement l’école, l’entreprise, la sécurité, le bourgeois. L’instauration des 35 heures alors que l’OMC s’ouvre à la Chine et que la mondialisation des échanges devient le mantra de l’époque signe le déclassement radical inéluctable du pays. Il n’y a plus d’hôpital public asphyxié par la bureaucratie. L’éducation nationale sombre définitivement. L’immigration sauvage s’amplifie sans limite. La fiscalité est oppressive. Le secteur nucléaire est attaqué. L’écologisme anticapitaliste est promu. La désindustrialisation triomphe avec la nomination d’un l’énarque socialiste à la tête de l’OMC. Les socialistes commencent à théoriser la perte de la classe ouvrière à remplacer par le nouveau prolétariat : les immigrés musulmans.

Si on regarde les grandes causes du désastre de la période, on retrouve :

-            Les changes flottants, source de récessions mondiales toujours plus graves

-            Le socialisme et les cadeaux au peuple

-            L’extension de la variante malthusienne et antinucléaire de l’écologisme

-            Le triomphe de l’énarchie compassionnelle

-            Le poids de la perspective de création de l’euro qui implique des finances répressives et des taux d’intérêt forts.

En attendant, toutes les fonctions régaliennes sont en grande détresse ; justice, éducation nationale et recherche, sécurité intérieure et extérieure, rayonnement de la France, santé, tout est en train de sombrer. La natalité est en berne, l’immigration au plus haut. On a commencé à détruire notre socle nucléaire, le seul avantage compétitif qui nous reste. Superphoenix est arrêté.

Voilà ceux qui détruisent le pays et sa prospérité.

Le Cercle des économistes e-toile se crée à ce moment pour dénoncer ce qui s’annonce : un désastre.

Il ne s’agit pas de dénoncer un système de guichet mais directement les erreurs tragiques qui vont signer le déclassement tragique du pays.

-            La mondialisation déséquilibrée avec deux systèmes monétaires défaillants le futur euro et les changes flottants

-            Une France dont la démocratie a été captée par l’Enarchie et la bureaucratie, acceptant un étatisme et un fiscalisme délirants

-            Le reliquat de socialo gauchisme et la poussée sociétaliste débilitante qui tue la natalité et laisse le pays envahi par une immigration incontrôlable.

-            Une poussée malthusienne liée à l’écologie qui menace toute croissance.

Cela va tout de même bien plus loin qu’un simple modèle de guichet « statoconsumériste ». C’est le pouvoir d’achat lui-même et la croissance qui sont gravement menacés. La France est en danger.

(à suivre)

Géopolitique et changes flottants

Géopolitique et changes flottants
Le Président français vient de rencontrer M. Xi Jin Ping. Un des sujets abordés a été le terrible déficit commercial entre la France et la Chine, et la pression majeure que la Chine exerce dans toutes les disciplines et marchés associés de la décarbonation : éoliennes, photovoltaïque, voiture électrique, équipements électroniques lourds.
La somme des déficits bilatéraux en 2022 et 2023 a atteint 100 milliards d’euros, des chiffres records. Rappelons que de 2010 à 2019 la France n’a exporté que 119.4 milliards d’euros de marchandises et de services. Nous avons donc accumulé dans les deux dernières années un déficit l’équivalent au montant de nos ventes de la décennie précédente.
C’est proprement dément ! Aucun économiste ne peut justifier des écarts pareils.
Comme il n’y a plus de régulation internationale des soldes inter-états comme du temps de Bretton Woods, les dirigeants français ont très respectueusement demandé que la Chine fasse quelques efforts pour rétablir l’équilibre des échanges. La Chine à part quelques simagrées de circonstance, a répondu : faites mieux économiquement si vous le pouvez et surtout n’emboîtez pas le sillage des États-Unis qui nous a désignés désormais comme son adversaire principal.
Le Président français est resté coi. Que dire quand on n’a jamais même esquissé une réflexion sur les causes de la situation détestable où se trouve la France, non compétitive et accumulant les déficits intérieurs et extérieurs de plus en plus délirants ?
Le problème de la Chine est l’extraordinaire collecte de devises américaines que le système monétaire des changes flottants a permise. Dans le système précédent, les États étaient responsables de leurs excédents et de leurs déficits. En cas de trop gros excédents il leur aurait été demandé de réajuster la valeur de leur monnaie. En cas de trop gros déficits, il fallait qu’ils restaurent leur compétitivité et par accord mutuel, ils pouvaient dévaluer mais sous contraintes du FMI avec un plan de redressement.
Pour que le système tienne, il fallait que le dollar revienne à l’état de monnaie normale et ne soit plus la source de la monnaie internationale ou que la tenue de son rapport à l’or soit garantie par une politique américaine adéquate.
Les États-Unis ne l’ont pas voulu. Le système de Bretton Woods a explosé et on est passé, à la demande de l’Allemagne, aux changes flottants, où les taux de changes sont dirigés par le marché et contrôlés par les banques centrales.
Les résultats ont été immédiats : des énormes excédents correspondant à d’énormes déficits ; des taux de change ne reflétant en rien les exigences d’un commerce international sain ; des flux monétaires gigantesques au-dessus des frontières et le rôle crucial des mouvements de capitaux et des nouveaux modes de collecte et d’emploi de l’épargne.
Lorsque l’Allemagne a accumulé des excédents gigantesques, personne n’a protesté. Mais lorsque le dollar s’est effondré les excédents ont fondu en valeur et l’Allemagne s’est trouvée devant de gosses difficultés à la fin des années quatre-vingt. Le Japon a pris le relais avec les mêmes résultats dans les années quatre-vingt-dix. La Chine a pris le relais, accumulé des milliers de milliards de dollars d’excédents et s’est retrouvée avec la crainte que la valeur de ce magot ne fonde.
Plus aucune règle internationale n’impose à la Chine de maintenir un commerce équilibré avec une nation qui de plus n’a plus de monnaie qui lui soit propre. Tout le monde sait que l’Euro est trop bas pour l’Allemagne et trop haut pour la France, sans aucun moyen d’ajustement simple.
La France en est réduite aux incantations. Son déficit vis-à-vis de la Chine est extrême et non maîtrisable.
Xi Jin Ping s’est donc contenté de se faire caresser les bras (Macron n’a pas essayé le ventre comme avec Lula, un progrès tout de même), tout en maintenant son sourire énigmatique.
Le président français s’est agité médiatiquement pour aucun résultat concret.
Une France prisonnière de l’Euro dans un système de change flottant ne peut retrouver de la compétitivité qu’en réduisant fortement la part du secteur public et en augmentant le temps de travail. 40 heures hebdomadaires, 5 semaines de congé et départ à la retraite à 66 ans ? Probablement et abandon du statut de fonctionnaire pour la contractualisation, comme en Suisse avec abandon des emplois à vie ; identité des régimes sociaux entre secteur privé et public. Renvoi du financement de la sécurité sociale sur les particuliers et abandon de la notion de gratuité. Séparation entre la haute fonction publique et les grands postes politiques.
Une France reconstruite autour de ces mesures aurait une chance de restaurer sa compétitivité et ses balances extérieures, en dépit des deux systèmes monétaires malsains dans lesquels elle baigne. Elle pourrait parler haut et fort. Mais cela implique une phase de repli temporaire avant de reprendre la marche en avant.
Une classe politique entièrement dominée par les écuries d’Énarques n’y consentira jamais. Jamais !!!
Le déclassement français a encore de beaux jours devant lui. Et les présidents gesticulateurs et impuissants feront les moulins à vent devant les puissants, Europe ou pas Europe.
Cela fait maintenant 50 ans que cela dure. Sans la moindre prise de conscience. Avec le refus obstiné des médias d’offrir une fraction de leurs colonnes à une contestation de l’énarchie compassionnelle, d’un euro qui maintient et amplifie les déséquilibres et des changes flottants et leurs conséquences déplorables.
La France avance les yeux bandés en disant « jusqu’ici cela va encore » même si le déclassement s’aggrave d’année en année.
Les excédents de l’Allemagne lui ont permis de racheter une fraction considérable des entreprises françaises et pas seulement de se perdre dans l’immobilier espagnol, portugais ou grec. Les excédents ont entraîné le Japon dans sa situation actuelle de stagnation. La Chine est dans une situation branlante, à la fois capable de tout acheter et de se lancer dans des investissements colossaux mais fragilisée par le risque de perte de valeur de son stock de réserves si le dollar s’effondre. Elle a acheté des tonnes et des tonnes d’or qui atteint les sommets alors qu’on ne parlait que de démonétiser l’or à partir de 1971, à l’initiative des États-Unis. « La relique infâme » a encore quelques beaux jours devant elle.
La guerre en Ukraine a déstabilisé ce monde désarticulé, tuant la croissance mondiale.
Et pour couronner le tout, l’idée que l’homme était en train de tuer la vie sur terre à court terme s’est emparée des institutions internationales qui exigent de respecter des contraintes extravagantes, qui tournent à l’autodestruction, sur des bases scientifiques plus que fragiles malgré la propagande à caractère religieux qui entoure les conclusions du GIEC.
Autant dire que la France n’a aucune marge de manœuvre pour mener une politique indépendante visant son propre intérêt. En perdant la possibilité de dévaluer, elle ne peut agir rapidement sur les soldes extérieurs.
Tout cela pèse in fine sur le revenu des Français.
Le 10 mai 2024 les télévisions s’émeuvent des larmes d’une femme âgée qui s’adresse au faux angelot nommé récemment premier Ministre pour son minois et qui se plaint de devoir de retravailler à pas d’âge parce qu’elle ne s’en sort plus.
Aucune n’approfondira le « pourquoi » de cette situation. Pourtant la visite concomitante de Xi Jin Ping offrait une bonne occasion de tirer quelques fils explicatifs.
L’incurie macronienne n’a d’égal que la cécité volontaire (ou pire, involontaire) des grands médias.
Pendant ce temps-là la France s’enfonce. Gavés de propagande et d’opérations de communication, les Français applaudissent les mesures qui les ruinent ou se réfugient dans le vote protestataire. On peut légitimement parler d’une forme de déchéance que les historiens ne manqueront pas de relever.

Petites observations témoignant de grandes transformations économiques

L’économie est tout entière une question d’observation et de mesures. Sans statistiques, pas d’économie réfléchie et informée. Sans compréhension de la statistique, pas de compréhension de l’économie. Sans accès aux données et à la méthode de collecte, on ne sait finalement rien.

La Chine en donne une preuve parfaite. Les grands systèmes publics étant aux mains de l’État, l’observation indépendante est très difficile s’il ne garantit pas la fiabilité de la collecte, la stabilité des méthodes d’analyse et la publication des résultats.

De plus, l’information étant fournie d’abord sous forme d’estimations qui seront perfectionnées et validées, ou non, bien plus tard, la presse se fait fort de donner des certitudes exclusivement sur les premières estimations et ne corrige jamais le tir lorsqu’on connaît les vrais chiffres. Les différences sont parfois très nettes.

Comme la diffusion des constats est effectuée en la noyant d’éléments de langage le plus souvent trompeurs, exagérant des résultats positifs insignifiants ou gommant les résultats désastreux, le grand public ne comprend en général rien à ce qui se passe. Il flotte dans l’océan de la com’ comme un bouchon ou ne tient compte que des effluves de slogans. Le cynisme des dirigeants leur offre des justifications bidonnées qui s’effondrent quand on les creuse. Emmanuel Macron est le roi du verbiage exonérateur de ce type. Ce n’est « jamais de sa faute ». "Il a tout fait bien". Et c’est néanmoins la catastrophe.

L’affaire est aggravée par l’idée que l’opinion, par son pessimisme, peut avoir un effet économique négatif. Certains jugent légitime de manipuler l’opinion pour améliorer les résultats économiques effectivement très liés à la confiance. l’INED ou l’INSEE ou les experts officiels sont donc sommés de farder la réalité pour la bonne cause. Et la Cour des comptes se flatte de fournir ces constats après les discussions au Parlement !

Il est devenu très difficile de conduire une réflexion économique indépendante et très facile de créer des structures de manipulation des esprits comme l’OFCE qui profitent du brouillard pour défendre des postures. Structure socialiste intégrée à la haute administration étatiste via Sciences Po, ses thèses sont constantes : l’impôt et la dette c’est bien. Vive la création de postes de fonctionnaires. Vive la dépense publique. Non au capitalisme et au libéralisme.

Pendant des années notre Cercle a eu accès à une source de données tout à fait extraordinaire ; la proportion d’entreprises du secteur de la mécanique ayant des commandes en hausse et de celles ayant des commandes en baisse. La corrélation avec l’indice de la production industrielle est parfaite avec deux mois d’avance sur la réalité de l’activité et deux à quatre mois avant que les autres méthodes donnent une vision approchée de la réalité. Cet indicateur nous a permis d’annoncer très à l’avance l’arrivée et surtout la gravité des récessions de 1992-1993, du début du siècle et de 2008.

L’Insee obtient presque la même chose avec des enquêtes d’opinion auprès les services d’achat, mais la corrélation est plus floue. Il est désormais difficile d’obtenir la statistique la plus simple sur la valeur ajoutée des entreprises du secteur commercial. Vous n’obtenez sur le Net que les résultats de 2021 Trois ans de retard ! Alors qu’on dispose déjà des résultats des deux derniers trimestres 2023. Ce qui permettrait de trancher la question de la récession en cours.

Nous commençons en France à être dans la situation de la… Chine, où on ne peut comprendre ce qui se passe qu’en croisant des bouts de statistiques dont on ne connaît ni les sources ni les méthodes et qui contredisent souvent les affirmations officielles. En 202 la valeur ajoutée des entrerpises de plus de deux personnes était de 991 milliards d'euro. En 2023 la dépenses publique a été de 1607 milliards. La valeur ajoutée n'ayant pas cru de 60% en 2022 et 2023, on voit que l'Etat dépense plus que ce l'entreprise crée de valeur. Sans doute 25 à 40% de plus. Ne permettons plus de connaitre les chiffres officiels en temp réel. Sinon quels hurlements !

Paradoxalement, des observations anecdotiques permettent parfois d’alimenter des raisonnements économiques approfondis.

Dans les années soixante on a trouvé la conjonction suivante :

-         Le dollar valait 35 dollars l’once

-         Le journal le Figaro coûtait 35 cts (le Monde 50 cts)

-         La glace une boule à l’entrée du jardin du Luxembourg valait 35 cts (deux boules 50 cts)

-         Les chaisières dans le même jardin collectaient 35 cts pour une chaise (50 cts pour un fauteuil)

Quelle est la situation 60 ans plus tard et quelles conclusions en tirer ?

L’once d’or est passée de 35 dollars à 2 200 dollars

Le Figaro est passé de 35 cts de franc à l’équivalent de 2 500 cts de francs, à égalité avec le Monde (qui est rentré dans le rang)

Il n’y a plus de vendeurs de glace ni de chaisières au jardin du Luxembourg.

1 dollar vaut 1/2 201 d’once d’or. Le Franc 1/2 500 de Figaro. Les monnaies n’ont pas simplement perdu de la valeur, elles ont perdu toute valeur. Car perdre progressivement plus de 99 % de sa valeur veut dire un évanouissement, pas simplement une dévaluation.

Nous vivons, nous dit-on, dans un système de monnaies flottantes. Pas du tout ! Nous sommes dans un système de monnaies fondantes. Et cela vaut aussi bien pour la monnaie du monde que pour la nôtre et celle de l’Europe. En vérité toutes les monnaies du monde fondent à leur rythme et s’évanouissent.

La disparition des chaisières et des marchands ambulants de glaces s’explique en France par la « smicarisation » des rémunérations et des coups de pouces au SMIC. Une mesure prétendument sociale a interdit tout emploi qui n’atteint pas une certaine productivité. On a supprimé dans la courbe qui lie emploi et coût du travail, tous les postes à gauche du trait correspondant au salaire minimum chargé. Et récolté un chômage structurel ingérable de plusieurs millions de personnes, surtout en stimulant l’arrivée de millions d’immigrants dont l’espoir d’emploi, à leur niveau de productivité, est « à gauche de la césure de la courbe ».

D’où l’explication du paradoxe apparent d‘un manque de salariés disponibles (à la productivité voulue) et d’une masse de chômeurs qui se compte en millions. Et la stupidité du commentaire macronien sur « l’emploi qu’on trouve en traversant la rue ». Et le crétinisme de ceux qui répètent que la France est formidable car elle a un taux de productivité élevé. La France a l’emploi (et le chômage) que lui impose un coût du travail administré et imposé. On comprend mieux le travail au noir et l’explosion des petits métiers à la limite de la légalité (ce qu’on appelle l’ubérisation) qui permettent d’employer des gens qui ne peuvent pas fournir la productivité imposée. Du coup on cherche à régler la question en « déchargeant et détaxant » les bas salaires. En vérité on ne fait que transférer les charges sur d’autres en aggravant la pression fiscale globale avec les mêmes effets sur l’emploi via la réduction de la consommation et de l’investissement. Nous sommes en pleine imbécillité. Et cela se voit comme le nez au milieu de la figure à partir de constats minuscules. Si, pour être encore plus stupide, vous mettez votre industrie en compétition avec les pays à très bas salaires vous aggravez la situation en faisant disparaître votre industrie. Comme c’est malin ! On comprend aussi l’escroquerie macronienne qui prétend avoir résolu l’affaire et permis des taux d’emploi formidables, alors qu’aucune des causes du chômage structurel n’a été réellement éliminée.

On comprend mieux aussi, en partant de ces toutes petites observations, pourquoi le Bitcoin est si bien valorisé en dollar. C’est l’espoir qu’indépendant des États, ce soit une valeur moins fondante bien que capricieuse.

On comprend mieux aussi la fausse flambée du logement. Le logement n’a pas vu sa valeur fondre aussi vite que la monnaie. C’est tout. Et on entend des sots qui crient « la baisse du logement, enfin ! ».

Comme nous l’avons décrit dans un article précédent, si on les évalue en « valeur permanente de référence », les différentes courbes économiques prennent un tout autre aspect et induisent des raisonnements radicalement différents.

Un autre point important : les monnaies ayant la mauvaise idée de fondre, la mesure de l’inflation devient un élément critique. On a choisi en France un indice qui tente de limiter au maximum le constat de l’érosion monétaire, notamment en virant l’impact de la hausse des coûts du logement. La différence est très marquée par exemple avec l’indice allemand, qui, lui, en tient compte : pratiquement 1 %. La conséquence est qu’on dit que l’Allemagne est en récession alors que la France est stable à zéro %. Avec l’indice allemand elle connaîtrait exactement la même récession !

Une des grandes tares de notre période est certainement la perte d’honnêteté et de crédibilité de l’information économique publiée, remplacée par des injonctions vertueuses et les manipulations de la communication politique. La Chine vient d’annoncer que les économistes ne seront laissés libres que s’ils ne critiquent rien et qu’ils se montrent optimistes et louangeurs. La France s’en inspire.  Du coup, la connaissance économique étant quasi nulle dans la population (la formation économique dans le cycle scolaire est un simple épisode de propagande anticapitaliste !) et même au sein des élites, le champ de la bêtise a pris une extension phénoménale.

On le voit tous les jours pendant cette campagne pour les Européennes. On peut appeler cela démagogie, incompétence, cynisme ou idéologie, le constat est le même. Il est consternant. Et le déclassement économique et social de la France se poursuit.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Les dégâts sociaux des peurs et des idolâtries manipulées.

La scène se passe au Rostand peu avant les présidentielles de 1988 qui vont opposer MM. Chirac et Mitterrand. Le Rostand est un grand bistrot du quartier latin à Paris connu pour sa fréquentation estudiantine « de gauche », mélangée aux amateurs du jardin du Luxembourg. À une table, en vis-à-vis, un jeune couple. Lui, 22 ans environ le visage un peu niais. Elle, elle est du même âge. Le visage est fermé et regarde vers son intérieur. Pas un regard pour son compagnon. Elle parle mécaniquement. « Il va falloir quitter la France si Facho-Chirac gagne ». « Tu te rends compte : un Pinochet en France ! Quelle honte ! Pour la première fois la Shoah a été justement dénoncée à sa juste valeur et cette terrible leçon ne porte pas. Les fascistes sont à nos portes ! »

Après le succès mondial de la série Holocaust, nous sommes en plein dans l’expansion maximale de l’émotion autour des crimes nazis contre les juifs et aussi la dénonciation de la France et de ses institutions comme complices du génocide. La culpabilisation des Français comme entité raciste et antisémite va bon train.

La jeune femme continue ; « on ne va pas collaborer à un nouveau génocide, tout de même. Il faut partir ». Le jeune homme est gêné. Il tente de ramener les choses à plus de mesure. « Jacques Chirac n’a pas de volonté génocidaire ». La jeune femme se fâche ; « Cela va être Malek Oussékine tous les jours. On ne peut pas être en France pendant que le massacre s’installera ». Comme elle parle fort, toute une partie du café entend la diatribe. Des regards de commisération avec des gestes non équivoques, genre doigt tourné sur la tempe, encouragent dans le dos de la femme le garçon à résister. Il le fait mollement. La fille s’énerve et soudain se lève et quitte le bistrot en coup de vent, laissant le nigaud assis à sa chaise pour payer les consommations. Des rires et des lazzis se font entendre. « Quelle dingue ! ». Le jeune homme sort, confus, du café.

La charge mentale des campagnes de culpabilisation a un coût social : les esprits faibles qui ne parviennent pas à se maintenir à distance de la folie dénonciatrice le plus souvent grotesque d’idéologies fumeuses et destructrices.

On le voit aujourd’hui dans la foulée de la construction médiatique autour de la théorie du genre ou de l’écologie anticapitaliste. On commence à lire des articles inquiets sur le mouvement qui conduit certaines femmes à ligaturer leurs trompes de Fallope pour ne plus jamais risquer d’enfanter. Ou on s’offusque de voir les dégâts terribles provoqués par la campagne menée dès la petite enfance pour faire douter les enfants de leur sexe biologique. Ou le développement chez des gamines d’un végétalisme totalement hystérique qu’il se termine parfois par une anorexie dangereuse.

On l’a vu pendant le Covid avec la campagne folle menée contre les contestataires de la vaccination forcée et du confinement sévère. Celui qui ne se vaccinait pas était un tueur, un « platiste » qui nie la science. Résultats avérés un peu plus tard : le vaccin et l’enfermement. n’ont pas empêché la propagation du virus.  Le mensonge a été absolu et garanti par le gouvernement. M. Macron a cru même pouvoir exploiter la haine avec son souhait « d’emmerder les non vaccinés ». Aujourd’hui on en est à traiter toutes les conséquences mentales de ces politiques déraisonnables.

On n’a pas encore collectivement pris la mesure de la folie pseudoscientifique qui s’est invitée dans la question climatique et qui conduit à une véritable offuscation de la raison à la fois sur l’inculpation du CO2 et sur la déification de dame nature. La répétition quotidienne des mêmes affirmations oiseuses, et l’ampleur de la répression sociale des propos critiques, même parfaitement fondés, conduit à une véritable explosion de l’exigence de vertu par des gens qui n’en ont aucune. On ruine le pays et on met la société à genoux pour des slogans le plus souvent débiles et par la diffusion constante de nouvelles alarmistes même fausses.

La boucle se ferme quand on constate qu’une inconnue déclarée humoriste vient expliquer qu’il faudra une réplique armée et la guerre civile si jamais le RN remporte les élections présidentielles. Retour à la folle du Rostand !  Les dames intoxiquées par les idéologies crypto communistes et anticapitalistes ne pensent plus à fuir mais à allumer une guerre civile ! Le même jour, la télé passait un film à la gloire d’un certain Goldman qui était passé à l’action directe politique et crapuleuse au début des années soixante-dix, avec meurtres et vols et qui deviendra un héros de la gauche militante, dont le culte bizarre persiste grâce aux efforts d’une petite camarilla ultra minoritaire, avant de « se faire buter » dans des circonstances jamais éclaircies. Qu’on pense éduquer la conscience des jeunes générations avec ce sinistre exemple en 2024 marque bien l’incrustation idéologique débilitante d’une partie du « monde culturel ».

Action directe au nom de la diversité ; action directe au nom de la nature ; action directe au nom du climat ; culpabilisation générale. Création de lois liberticides. Interdictions de penser avec contrôle par des juges. Glorification de délinquants excusables si « de gauche » ou si le crime a été commis par des « victimisés » ou des « racisés ». Comme tout cela est raisonnable !

Les idéologies délétères ne sont pas seulement des curiosités intellectuelles, déclarées sans gravité si elles sont « de gauche ». Elles provoquent des drames sociaux autant qu’économiques et politiques qui touchent aux éléments fragiles de la société et les fracturent en profondeur.

Dans vingt ou trente ans quand les yeux seront dessillés, la question angoissante se posera : comment ces folies ont-elles été possibles ? En attendant règne en France la tyrannie oiseuse « des mutins et des matons de Panurge », comme disait si justement le regretté Philippe Muray qui avait tout compris avant tout le monde.

Quel vote utile pour les Européennes ?

Les élections européennes sont depuis l’origine une curiosité. Le système démocratique européen est un sujet de consternation depuis toujours, sauvé par son « originalité », et par la passion européiste née des conséquences deux guerres mondiales.

Le traité de Maastricht et surtout le traité de Lisbonne ont radicalement changé l’esprit et le rôle des institutions.

Jusque-là, la Communauté était une coalition d’états mettant des ressources en commun pour gérer des espaces communautarisés. La Commission étudiait les dossiers. Les États contrôlaient les membres de la commission et sa présidence, ainsi que le contenu des ordonnances. Un parlement pipeau était là pour donner une coloration démocratique à l’ensemble. Composé de délégations d’états, si les chefs d’État s’étaient mis d’accord, le Parlement suivait sans faire d’histoires.

Le système marchait à peu près bien. L’idée était de supprimer les barrières purement nationalistes et de développer un espace économique commun, tout en affirmant que tout membre d’un pays de l’union serait traité dans un autre pays de l’union avec exactement les mêmes droits que les nationaux sauf pour les élections régionales et nationales. L’énorme progrès, inespéré, était que chaque citoyen d’un pays membres disait aux autres citoyens européens « je ne te crains pas, soit chez nous avec les mêmes droits et devoirs que nous ». Droits de séjour automatique, droits de déplacement sans limite, droits de contracter civilement et commercialement, étaient garantis quitte à respecter le droit des pays. Ces nouveaux droits étaient automatiques. Pas besoin de procédures ou de visas.

En revanche, chaque Etat était libre de ses lois et le but n’était pas d’unifier la totalité des politiques possibles. Tout n’était pas parfait. La Commission avait toujours tendance à aller au-delà de son champ d’action selon le principe que tout est dans tout. Un commissaire pouvait s’opposer à un projet mené par plusieurs états au nom de l’exclusivité qui était concédé à son pouvoir ans un domaine précis. La tentation de mettre en place une bureaucratie pléthorique avec des doublons majestueux vis-à-vis des institutions nationales, et de relancer sans cesse la machine à faire des normes de plus en plus strictes n’a pas réellement été contrée.

Le seul domaine où la politique des états a été centralisée a été l’agriculture et depuis le début, cela grince et cela coince.

Les pouvoirs nationaux restaient forts et le système démocratique de chaque nation permettait d’orienter les politiques et l’organisation de la société nationale, conférant aux élus un rôle nécessaire et aux débats une efficacité.

Le prurit européiste des forces qui veulent les États-Unis d’Europe sur une base totalement fédérale l’a finalement emporté, Giscard accordant des élections européennes au suffrage universel tenues le même jour dans toute l’Europe. Mitterrand accélérera vers le fédéralisme en abattant les frontières et en créant la monnaie unique. Puis vint le déni de démocratie du traité « constitutionnel » mené par Giscard et rejeté par le pays mais rétablit par le traité de Lisbonne.

Depuis, la confusion est structurelle et tout le monde a perdu la main.

La Commission comme le Parlement peuvent se saisir de n’importe quelle question, et s’asseoir sur les traités, si les chefs de gouvernements sont d’accord. Tout l’espace politique devient partagé et les élus nationaux perdent leur pouvoir. Les électeurs s’en détournent. Pourquoi élire des impuissants ?

Des mouvances majeures venues de l’étranger se sont installées en passant largement  par l’Europe :

-            La tentation de l’ONU via le GIEC de créer les conditions d’une dictature écologique démente et destructive des acquis de la civilisation

-            Le mouvement Woke et la « cancel culture » visant à abaisser les pays occidentaux et l’homme blanc hétérosexuel au profit de catégories prétendument victimisées.

-            L’immigrationnisme forcené notamment en faveur de l’immigration musulmane.

-            L’américanisme financier et la vente à la découpe du patrimoine industriel européen

-            Le démantèlement du secteur de l’énergie

-            Le démantèlement des politiques étrangères nationales

-            L’élargissement sans limite du nombre des pays membres

-            Le contournement du droit social avec l’emploi massif éventuellement aux conditions du pays d’origine de millions de personnes venues des pays de l’est.

-            La mise sous tutelle des gouvernements nationaux par la voie juridique et le chantage aux fonds structuraux.

-            L’entrisme fou des ONG dans les structures institutionnelles de l’UNION.

Surtout, face à la crise sanitaire du Covid puis l’agression russe contre l’Ukraine, la présidente de la Commission, voulue par M. Macron, s’est comportée en chef d’Etat fédéral  en dehors de tout cadre et sans respecter quelques règles que ce soit.

Ces évolutions franchement délétères et parfois allant au-delà de l’odieux (désigner le foulard islamique comme une preuve de liberté au moment où l’Iran tuait les femmes qui refusaient le voile, interdire à M. Orban d’éviter la propagande homosexuelle dans les écoles primaires, condamner la France à des pénalités pour retard dans l’implantation d’éoliennes avec le plus haut taux d’énergie décarbonée du monde) ont largement tué la bonne  volonté européenne des électeurs des pays membres. Elles changent radicalement le rôle des parlementaires européens.

Pendant longtemps les représentations nationales confortaient l’action de leur nation telle que menée par le pouvoir exécutif (président et chef de gouvernement), malgré le fait que la proportionnelle intégrale laisse une grande place aux « sensibilités ». Mais aucune sensibilité n’étant plus que minoritaire dans la minorité nationale et dans les regroupements libres et artificiels, mis en place pour se partager les postes institutionnels du parlement, rien de cela n’avait d’importance.

Tout système proportionnel est entre les mains des chefs de partis. Ils ont tous considéré que ces élections n’avaient aucun contenu programmatique et qu’il leur fallait régler des questions internes : constituer une tirelire (FN et Modem), éloigner des concurrents, aider quelques éclopés du suffrage universel à traverser le désert et anticiper un niveau de retraite inespérée. Globalement la proportionnelle permettait de compter la force respective des partis, sans que cela ait la moindre conséquence sur les élections postérieures.

Dans le cadre européen post-traité de Lisbonne, beaucoup de choses changent. Les personnalités choisies ont des postures très différentes vis-à-vis des mouvances venues de l’étranger, même au sein des partis, les conséquences nationales des décisions prises au parlement couvrent tous les domaines de la vie quotidienne et des politiques possibles. Le vote devient compromettant ! Le choix au sein de certaines listes de personnes militantes qui rejoignent des plans étrangers contre l’intérêt de leur pays et la ligne de leur parti devient critique. On a vu Pascal Canfin tenter de tuer l’agriculture française au sein du n’importe quoi macroniste. Choisir des présidents d’ONG qui ont par ailleurs table ouverte à Bruxelles comme parlementaire dépasse le cadre national habituel. C’est vrai dans tous les domaines qu’il s’agisse d’écologie, de Wokisme, d’immigration etc.

L’électeur est devant divers paradoxes. Il faut qu’il vote parce que le parlement a un rôle à jouer et décide de questions très concrètes. Ne pas voter revient à laisser le champ libre aux mouvements idéologiques transnationaux. Mais voter ne veut rien dire sauf pour les partis partisans du Wokisme et de l’écologie anticapitaliste qui voteront tous les textes mis au vote par une Commission largement perméable à ces mouvances.

Les partis sont tous plus ou moins embêtés par cette élection bizarre.

Le RN n’a aucun programme propre à éclairer ses votes au Parlement européen. Il veut se compter comme force de réaction antisystème en France comme en Europe. Parti de la collecte protestataire confirmé voire éternel, , il n’a même plus besoin de le dire.

Les socialistes veulent prouver qu’ils sont désormais plus forts électoralement que LFI. L’ambition est purement politicienne et nationale.

Le parti Zemmourien attend quelques ressources pour ses cadres faute de députés et de sénateurs. Il lui suffit de placer sa perspective contre le Wokisme, l’immigrationisme et l’européisme « délirant » dans une optique de défense des intérêts vitaux de la France. La cible : LR et les abstentionnistes. L’ennui est de s’être laissé envahir par d’anciens du FN et d’avoir mis deux personnalités ex-lepénistes en tête de gondole dont une fille le Pen. Zemmour se retrouve avec des dissensions internes et un positionnement à droite de Le Pen, ce qui nuit gravement à son entreprise. Parti avec 7 % des voix selon les sondages, il navigue un peu trop près des 5 % et l’absence d’élus pour ne pas s’inquiéter.

Emmanuel Macron par principe n’a pas de doctrine critique vis-à-vis de l’européisme ni d’aucune des forces importées. Sa liste a constamment voté avec les socialistes et été moteur dans les causes Wokistes et écologistes. Il a cautionné toutes les décisions énergétiques ou autres qui ont fait beaucoup de mal au pays qu’il dirige. Il milite pour l’extension sans limites du nombre de pays membres et il a fait voter par ses troupes le vœu du passage à des traités désormais fédéralistes sans minorité de blocage pour les gouvernements. Il a ainsi nourri son dossier de liquidateur de la France au service de l’Europe, en vue d’une ambition postprésidentielle éventuelle en Europe. En même temps il a voulu casser le vote RN en changeant de discours : ne plus parler de la collaboration et des Nazis au profit de la trahison en faveur de Moscou ! Reste à savoir qui trahit le mieux et le plus radicalement les intérêts français.

Pour LR les élections européennes sont un terrible casse-tête. LR n’est plus dans le trio de tête des partis politiques, systématiquement devancé par les Macronistes, le RN, la Nupes et même souvent les socialistes ou les centristes seuls. Sa liste part de bas et n’a aucune dynamique de victoire. LR est classé par l’opinion dans les « also run » comme disent les Anglo-Saxons spécialisés dans les « lame ducks » !

Son candidat, Xavier François Bellamy, vu comme un problème lors des précédentes élections est considéré cette fois-ci comme une chance. Il s’est démené comme un beau diable sur des sujets importants : il a fait dérailler la campagne ignoble en faveur du foulard islamique ; il a permis de requalifier l’énergie atomique comme source décarbonée digne d’être financée, il a dénoncé nombre de détournements des débats loin des traités. Personne jusqu’ici n’avait autant travaillé à Bruxelles. Sa parole est claire et éduquée. Il est rarement surpris à dire des bêtises. C’est beaucoup et peu à la fois. Son problème, c’est Mme Van der Leyen et le PPE, un parti où LR compte peu On ne saurait se risquer à compter les votes du PPE en faveur de mesures douloureuses pour la France et contraires aux espérances de M. Bellamy. Curieusement il ne veut pas enfourcher la question du vœu (voté par le PPE aussi) pour un changement des traités dans un sens fédéral. Son projet d’états associés de préférence à une entrée dans l’Union n’a aucune chance d’aboutir. Ce mélange nuancé de « je suis pour » et de « je suis contre » est totalement incompréhensible pour l’électeur. L’ami Bellamy est donc obligé de développer un langage complexe qui n’est pas de nature à peser facilement sur le vote. Il le fait avec ténacité, qualité et « bravitude ». On verra ce qu’il en sort. Jusqu’ici il reste à 6-7 % ce qui est insuffisant.

Éric Ciotti avait très justement expliqué lors de son triomphe à la tête de LR que son parti était la seule hypothèse d’alternance utile en 2027 car c’était le seul parti de gouvernement réellement alternatif, ce que devaient démontrer des conférences thématiques au plus près des militants sur les grands sujets nationaux. Toute cette bonne volonté s’est enlisée. LR n’a de doctrine sur rien et se trouve embarrassé par un combat parlementaire biscornu qui l’use autant que son adversaire principal ; Il n’a rien de lourd ni de sérieux à proposer. Le parti a continué à se faire dépecer.

Cela n’offre aucune aide à M. Bellamy. Sa seule chance de décoller dépendra du rejet de la candidature Van der Leyen, mais aussi de sa prise en compte des grands problèmes de l’Union avec une vision forte. C’est loin d’être gagné.

Pour les Français, la vraie nécessité est de contrer l’emprise récessionniste liée à l’écologie anticapitaliste, de contrer le courant wokiste et immigrationniste porté notamment par Macron, et d’éviter le passage au fédéralisme intégral. Il faut donc réduire voire éliminer les Verts et les macronistes. Sinon gare aux conséquences !

À ce titre, l’élection de cette année a en-effet une importance particulière.

Quelle est l'orientation du Cercle des économistes e-toile dans le chaos actuel ?

L'interview de son président

Admin : Un certain nombre de lecteurs se sont interrogés sur l’orientation de ce blog du fait que les grandes questions économiques sont passées au second plan et que les analyses de l’opinion et des forces sociales ont pris l’avantage.

Didier Dufau : Votre question est importante. Lors d’une conférence en été 2022 j’ai constaté qu’il n’était plus possible de parler d’économie aussi librement qu’avant. Des comportements quasiment religieux se sont développés dans la mouvance écologique avec des indignations étranges. Un économiste est désormais un « salaud » au sens sartrien du terme ou un inconscient qu’il s’agit de faire taire et d’exclure du débat parce qu’il parle des conditions de la croissance alors que le débat est la survie du vivant. Ajouter le même phénomène avec les catéchumènes du Wokisme, notamment dans l’Université. Compléter avec l’islamisme et les assassinats à répétition. L’émotion manipulée est partout, la rationalité nulle part.

Admin : vous pensez que le débat économique serein n’est plus possible ?

DD : c’est un constat. Certaines pensées économiques ont depuis toujours été rendues suspectes.  Se présenter comme libéral vous a valu en France des accusations multiples de tout temps. Le socialisme a toujours été en conflit avec le capitalisme au moins dans les mots. Nous avons créé ce blog pour faire valoir des idées qu’on ne retrouvait pas dans les médias où la « vérité » est « construite » de tout temps. Mais entre le silence et l’injure permanente, il faut constater non pas seulement un changement d’intensité de la querelle mais un début d’interdiction du débat.

Admin : pouvez-vous donner des exemples ?

DD : Lors de cette conférence, évoquer des faits vérifiables instantanément sur son téléphone s’accompagnait aussitôt de cris de « mensonges » en fond de salle. Je présentais mon livre sur la conciliation entre économie et écologie. Expliquer qu’indépendamment des questions écologiques, des erreurs économiques pouvaient être corrigées et qu’il ne fallait pas lâcher le diagnostic économique, a entraîné aussitôt des mouvements d’indignation : c’est de la mort de la vie sur terre qu’il fallait parler. Pas de croissance ni de niveau de vie, ce faux problème, alors que la frugalité s’impose.

Admin : vous considérez la « conversation économique » en danger ?

DD : Très clairement. A partir du moment où la réflexion économique reste mobilisée sur la question de la croissance et de la hausse des ressources individuelles et collectives, l’injonction est immédiate : « vous allez tuer la terre, taisez-vous ». La crise de 2008 et celle de l’Euroland de 2011 ont déconsidéré les économistes qui ont quasi disparu dans les débats de la TNT. Ils ont été remplacés par des « experts » militaires ou écologiques et une pléthore de philosophes qui n’ont exactement aucune connaissance économique, mais des certitudes et des citations.

Admin : La situation ne s’est-elle pas rétablie depuis la grande crise de 2008 ?

DD : Non ! On n’a jamais voulu donner la vraie explication de la crise de 2008. On a considéré qu’imposer un carcan bureaucratique dément sur les banques suffirait. On a vu qu’avec la hausse volontaire des taux de la BCE, des banques et pas les moindres, tombaient toujours et ce n’était pas du fait de leurs excès ! Les causes spécifiques de la crise de 2011 de la zone euro forment toujours un champ en jachère. La gestion délirante de la crise du Covid a tout balayé.

Admin : quelles sont les réflexions critiques qui ont été mises de côté ?

DD : principalement la compréhension des causes de l’asphyxie des classes moyennes qui se traduit partout par la montée de mouvements de rejets des élites et de la politique. La protestation irrationnelle l’a emporté sur la recherche de solutions.

Admin : comment expliquer cette carence ?

DD : Les « élites », en France la haute fonction publique qui s'est emparée du politique, ne veulent pas remettre en cause les institutions ancrées dans des rapports de force et considèrent que la démagogie permettra de passer les caps électoraux sans trop de dommages. On « enjambe » les élections ! Et on s’en vante ! Pour ces gens Il faut présenter une information « pédagogique », construite et purifiée. L’Union Européenne devient une valeur sacrée. L’ouverture au monde et l’abaissement des frontières est sacralisée. L’altérité suppose la « cancel culture ». Au moins partiellement. Le GIEC remplace le Vatican. En remettre en cause la prédication est pire qu’une grossièreté, un crime majeur valant expulsion immédiatement des médias. Le débat public est devenu non seulement insipide mais faux jeton. Car il faut à chaque échec donner une explication sans remettre en cause les dogmes et les mensonges récurrents. Des constructions publicitaires monstrueuses de sottise sont alors proposées aux masses ignorantes qui doivent s’en contenter. Ils répètent depuis près de trente ans :  on marche sur la tête. Et ils ne vont plus voter ou ils votent « protestataire ».Les élites pensent comme Muyzenberg le théoricien communiste de l'agit-prop, que la vérité et le mensonge étant à égalité dans les médias face à des masses ignorantes, il ne faut pas se priver.

Admin : pourriez-nous donner des exemples ?

DD : Faire un inventaire de la sottise économique qui s’étale dans les médias serait amusant mais sans fin. Pour l’exemple :

-            Les 35 Heures ont créé de l’emploi

-            L’union européenne nous protège.

-            La conversion énergétique va créer de l’emploi en France

-            Le wokisme est un fantasme

-            Le capitalisme est la cause de la dénatalité

-            Les éoliennes sont une solution évidente

-            La SNCF fait des bénéfices

-            La frugalité n’est pas un transfert de la responsabilité des élites vers le populo. Elle ne peut être assimilée à une politique de décroissance.

-            Il faut être heureux de la crise immobilière, car la hausse a été « scandaleuse ».

-            La dette démente, c’est bien.

-            Le retour à la retraite à 60 ans est possible et souhaitable. La semaine de 32 heures est la solution

-            La dette française ne pouvant plus exploser au même rythme, il faut que l’Union européenne prenne le relais et finance les transitions militaires, numériques, écologiques par d’immenses emprunts.

-            Un système de retraite par répartition est compatible avec le vieillissement de la population et la disparition de la jeunesse.

-            Le féminisme politique n’a rien à voir dans la baisse des naissances.

-            Cela ne coûte rien c’est l’Etat qui paie.

-            L’immigration est heureuse.

-            Le classement Pisa ne donne pas une vraie indication des progrès de l’éducation nationale.

-            La notation de la dette de la France n’a pas d’importance.

-            On a supprimé la taxe d’habitation et donc réduit les impôts (alors qu’on n’a fait que transférer le    financement sur d’autres et la dette).

-            Macron nous protège.

-            Certes nous baissons régulièrement pour le rang dans le monde pour le rapport PIB par tête. Mais l’indice est mauvais. En matière de bonheur par tête nous sommes bien placés.

-            La prison conduit à la récidive. Les récidivistes ne doivent donc pas aller en prison !

-            On peut contrôler le trafic de drogues sans s’attaquer aux consommateurs de drogue

-            On ne peut pas lutter contre la prostitution sans s’attaquer à la clientèle masculine. .

-            Les ARS ont amélioré la gestion de la santé.

-            Le calendrier prévu par l’Union Européenne pour décarboner totalement son économie est tenable.

-            La politique écologique n’a pas besoin d’étude d’impact. Les conclusions du GIEC suffisent.

-            Installer des champs d’éoliennes ou de plaques photovoltaïques n’est pas une artificialisation des sols

-             …

Admin : Faire la chasse à toutes ces sottises vous paraît-il un travail surhumain ?

DD : Surtout inutile. La puérilité de toutes ces affirmations défie tout débat. Pour libérer le débat économique il faut surtout bien isoler les forces qui se coalisent et les dénoncer vertement. Savonarole et Lénine sont en train de faire leur alliance délétère dans l’insouciance générale, alors qu’en France le "macronisme" s’effondre dans le ridicule. Si on n’analyse pas ces évolutions délétères, on se condamne au silence.

Admin : Ces analyses sont donc pour vous un préalable à une réflexion économique renouvelée ?

DD : Non ! L’article « Une autre manière d'analyser la situation économique mondiale » nous parait une contribution importante. Nous allons essayer de l’approfondir car elle remet en cause certaines politiques annoncées comme la hausse structurelle des prix des produits agricoles et la réindustrialisation. De même cette méthode permet de comprendre bien plus clairement la hausse relative de l’immobilier par rapport au revenu. Les bruits de bottes et la position saugrenue de notre président sur l’Ukraine forment également un fond politique et diplomatique dont il faut tenir compte. La géopolitique n’est pas particulièrement favorable à la croissance organisée et rend toute prévision encore plus aléatoire. Ce qui impose une rigueur d'analyse plus grande mais n'en supprime pas la nécessité.

Mais si vous ne sapez pas l’influence destructive des mouvements quasi religieux qui interdisent le débat, vous ne pourrez pas faire entendre un message utile. Le grand public commence à comprendre et sort un peu de son hébétement. Mais les organisateurs de conférences réduisent considérablement les sujets économiques. Parce qu’ils craignent pour la réputation de leur établissement. Une manif, un écho défavorable dans la presse, une nervosité dans les instances dirigeantes de l’institution, Oh là ! là ! Impossible !

Admin : Pour vous la réflexion économique est-elle en panne ?

DD : Elle est détournée de son rôle. Les grandes questions du temps ne sont pas traitées. Pourquoi les grandes récessions ont-elles été si nombreuses et si graves, ruinant la croissance globale et entraînant des conséquences désastreuses ? Pourquoi l’Europe a-t-elle vu sa croissance très affaiblie par rapport à celle des États-Unis et du reste du monde ? Comment la France est-elle tombée si bas dans tant de domaines ? Qu’elle est l’explication de la stagnation connue par les classes moyennes des pays développés ? Comment s’explique la perte massive et potentiellement catastrophique de la natalité ? Quelles sont les conséquences économiques, sociales et fiscales d’un vieillissement massif ? La régionalisation a-t-elle entraîné des conséquences économiques et si oui lesquelles ? Le modèle médical français de gratuité totale contrôlé par la bureaucratie est-il tenable ? La « réindustrialisation » est-elle possible en France ? Quel est l’impact économique des calendriers de décarbonation prévus par Timmermans ?

Les sujets ne manquent pas. Et, à la place, on trouve de merveilleuses analyses strictement sans intérêt mais portées par la mode par exemple sur le rôle de femmes inconnues dans la pensée économique au XVIIIe siècle, ou sur la merveilleuse capacité des fonds gérés par des femmes de sortir de plus gros bénéfices, ou encore sur la manière de contraindre les entreprises à prouver qu’elles multiplient les actes de vertu sous menaces terribles. On doit se contenter d’ « études »  qui veulent prouver qu’on n’aurait très bien pu de pas connaître l’essor de la voiture, cette invention du diable et qu’on peut donc l’abandonner sans difficulté. Ces études du type « si ma tante en avait » se sont multipliées. Jamais on n’a autant parlé du bien commun ou de la beauté de moins consommer. On explique que la dette c’est formidable et qu’on peut y aller encore et encore. Que des fonds de dettes européennes doivent tout financer est l’idée du moment des « économistes de plateau » qui sont à peu près aussi bons que les médecins de plateau pendant la crise du Covid. Comment rembourse -t-on ? Personne ne sait mais ce n’est pas grave.

Des prétendus économistes viennent amuser la galerie avec des commentaires toujours politiquement corrects. L’Europe c’est formidable ! La dépense publique c’est formidable ! La gratuité de la vie de la naissance à la mort c’est formidable ! L’immigration de masse c’est formidable ! L’absence de naissances n’est pas un problème ! La dette c’est formidable ! Les propriétaires sont des salauds et on peut encore taper dessus ! La crise immobilière c’est formidable ! "Enfin"  s’est écrié un de nos grands journalistes "les prix immobiliers baissent"! Que nous soyons le pays le plus fiscalisé au monde, n’a aucune importance ! Il faut savoir la société que nous voulons, etc.

Admin : vous dénoncez le détournement  de la réflexion économique au profit de l’accompagnement politicien ?

DD : Politicien ou idéologique. Pendant ces quatre années où,  en pleine Guerre de Quarante des travaux menés par les meilleurs économistes ont essayé de dégager ce que seraient les institutions permettant de ne pas revenir aux crises de l’avant-guerre, la réflexion économique a été très intense et centrée sur l’essentiel. Cela a donné les accords de Bretton Woods et les Trente Glorieuses. Aujourd’hui on est plutôt dans la « cancel economy », avec apologie des marchés administratifs subventionnés par la dette et la défense de la vertu des impôts symboliques sur les riches, ou l'exaltation  de la beauté des chèques déversées en période électorale. Si vous être un jeune chercheur économique vous n’aurez aucune subvention des instances internationales, nationales et surtout européennes si vous n’incluez pas dans le projet le maximum de préoccupations woke et écologistes. Si vous déposez un projet d’étude présenté ainsi : « comment les femmes ont sauvé l’économie françaises pendant les trente glorieuses », vous pouvez demander 250.000 euros à l’Union Européenne. Vous peuplerez ensuite tous les plateaux en France en Europe et dans le monde. La gloire !

Admin : La France a eu longtemps de formidables économistes des Physiocrates à Maurice Allais. Vous pensez la race éteinte ?

DD : Que ce soit Alfred Sauvy ou Maurice Allais, les deux derniers grands, ils étaient décidés à alerter sur les conséquences graves des erreurs économiques parfois contre leur camp politique. Sauvy s’est battu des décennies contre la volonté idiote de la gauche de réduire constamment la durée de travail. On a eu après sa mort,  les 35 heures et le dévissage économique immédiat de la France. Jospin était plus préoccupé d’égaler Jaurès et Blum et de supplanter Mitterrand dans la démagogie pour entrer dans le Panthéon socialiste que d’évaluer les conséquences. Maurice Allais a tout dit sur le risque de l’entrée de la Chine dans l’OMC et la mauvaise organisation autour des changes flottants et de l’Euro. Ils ont été tous les deux marginalisés et tenus à distance.

Ce destin n’a pas été encourageant pour les générations suivantes. Elles ont préféré faire leurs études aux Etats-Unis et épouser le Wokisme. On a essayé de monter au pinacle tel ou telle. On voit aujourd’hui que leur contribution réelle à l’observation des faits, à leur compréhension correcte et à la formulation de mesures économiques utiles a été nulle.

Admin : La réalité est en train de prendre sa revanche avec le constat d’un taux de déficit public de 5,5% du PIB très au-delà des annonces du budget formalisé il y a à peine trois mois.  Ne pensez-vous pas que cela permettra de revenir à plus de vérité ?

DD : On ne peut plus croire à la pédagogie de la réalité. Dans le cadre totalement fictif du discours politique constant, alors que les médias ne font plus véritablement leur travail et acceptent de participer à la construction d’un habillage totalement insincère de la réalité, les accidents impossibles à gommer sont des occasions d'inculper des méchants dont l’attitude a tout gâché. Le résultat : on voit sur une chaine publique Ségolène Royal et Alain Duhamel s’accorder sur la nécessité de « taxer les riches » pour donner de la consistance au symbole de l’égalitarisme français, fondamental ! Aucune des causes réelles du dérapage n’est discutée. Il faut simplement se raccrocher aux éléments de langage fondamentaux. On va augmenter les impôts tout en disant qu’on ne les augmente pas. Et tout le monde politique est en vérité complice. L’insincérité n’est pas propre à la procédure budgétaire. Elle est partagée et générale, et tout le monde sait à quoi s’en tenir. Et depuis longtemps. On va parler demain de la réduction des transports en taxis gratuits pour raison médicale. C’était l’objet du premier article de ce blog en juin 2008 ! Plus cela change plus c’est la même chose.

Admin : quels objectifs donnez-vous au Cercle des économistes e-toile dans un tel contexte ?

DD : Il n’a pas changé depuis le début de ce siècle. Observer la réalité sans fards et surtout celle qui est gommée dans les médias publics. Pensez au drame démographique qui n’est parvenu dans les médias qu’il y a deux ans, alors que tout était visible depuis des lustres. Nous voulons proposer des analyses utiles même si elles sont à contre-courant de ce que les médias « main stream » veulent bien écrire. S’il faut pour cela dénoncer des courants d’opinions délétères, ne pas hésiter ! Aujourd’hui l’économie est en danger. L’économie française a été tellement saccagée qu’on commence à craindre un effondrement irrattrapable. C’est assez grave pour justifier un ton un peu plus ferme et des échappées sur des affirmations idéologiques et les manières violentes qui leur sont attachées. Et sur la trahison des institutions économiques qui doivent informer les Français. Regardez comment l’INSEE présente l’évolution du PIB en 2023 : « Le PIB reste stable au quatrième trimestre 2023. En moyenne en 2023, il augmente de 0,9 % ».

Le Français ignorant croira que la France est en croissance, certes faible mais stable. Ce n’est pas terrible mais ce n’est pas catastrophique. Le titre du communiqué est un « élément de langage » En vérité la croissance en mode chiffrage officiel est nulle depuis juillet 2023. 0 %. Si on tenait compte de l’inflation selon le mode de calcul allemand nous aurions deux trimestres de baisse du PIB et nous serions donc en récession. Si on s’en tient au PIB marchand là nous avons une récession, mais peersonne n'en parlera. Le PIB contient la dépense publique des fonctionnaires, en hausse, ce que personne ne rappelle. Les salaires publics ont été fortement augmentés. Les effectifs publics aussi. Le PIB en a été augmenté, sans aucune offre de biens et de services de plus. L’Insee devrait le rappeler. Si on ne tient pas compte de ces mesures administratives et démagogiques qui n'ont créé aucun bien ou service supplémentaire, nous sommes bien récession et le premier trimestre va être encore extrêmement mauvais. Le point conjoncturel de l’INSEE en début février expliquait que le reflux de l’inflation permettrait une croissance plus soutenue : « la désinflation se confirme en effet (+3,1 % en janvier ; +2,6 % attendus en juin), ce qui soutiendrait le pouvoir d’achat des ménages. Leur confiance s’améliore progressivement et la consommation serait le principal moteur de l’activité au premier semestre 2024. La croissance du PIB serait toutefois modérée (+0,2 % par trimestre) ».

Pas un mot sur l’effondrement du secteur du logement, du drame agricole, de l’obligation de calmer la dette etc. La confiance des entreprises, elle, s’effondre, Comment relire ce communiqué aujourd’hui après l’annonce aujourd’hui d’un plan d’austérité ? Il date du 7 février, à peine plus d’un mois. Oui l’INSEE trahit sa mission et tout le monde s’en moque. Comme l’INED, comme l’Université…

Le travail de vérité reste absolument crucial en France, en Europe et en Occident. Nous continuerons à nous placer dans cette perspective. Quitte à bousculer de temps à autres les idéologies délétères qui se sont emparées de l’opinion publique.

La semaine de la honte - A conserver pour ceux qui feront un jour l'histoire de la période

La semaine du 7 au 14 mars restera comme un des moments les plus significatifs de l’état catastrophique de notre vie politique. Comme un vol de corbeaux sur la morne plaine, on a vu les anges de la mort sortir de leur grotte putride pour croasser leur envie de destruction généralisée de la société humaniste construite en Europe pendant des décennies.

Récapitulons :

1. Des trafiquants de drogue se sont affrontés à la kalachnikov pendant plus d’une heure dans une ville moyenne de France. On parle de « mexicanisation » de la France soumise désormais aux cartels. La kalachnikov était annoncée partout dans les banlieues islamisées. Elle est là associée au trafic de drogue qui est désormais en place partout et s’avère de moins en moins contrôlable.

Peu de temps avant, les officiels de l’interdiction de condamner ont enterré leur chef, M. Badinter qui a mené la lutte sous Mitterrand pour l’interdiction de condamner les délinquants sérieusement. Dès les premières mesures de ce ministre de l’absence de justice, car l’insécurité est le premier déni de la justice due aux citoyens, on a appelé les criminels récidivistes des « Badinter ». Depuis les premières lois cherchant à limiter de la répression pénale, il y a cinquante ans, plus de 50 000 personnes ont été assassinées en France. Dans les dix années qui viennent de se passer plus de 500 000 personnes ont été agressés au couteau ! L’impunité de facto de bien des délits et des crimes est acquise Quelques jours avant l’écriture de ces lignes une seconde dame âgée s’est vue dépouillée de ces colliers par un grand noir immigré clandestin et prétendument mineur isolé entraîné à ce genre de lâcheté, dans un recoin de l’immeuble de l’auteur de ces lignes. On a interdit d’interdire l’entrée frauduleuse sur notre sol et la condamnation sévère des faux enfants. Rien n’est plus pressé que d’enterrer Badinter en grande pompe au Panthéon. On prétend que la justice est saturée, mais par quoi l’est-elle ? On a permis l’appel pour les cours d’assises. Deux procès au lieu d’un. Il suffit de revenir à la règle ancienne et aussitôt on double la capacité à traiter les dossiers les plus graves. Aucun bilan positif n’a été tiré du doublement du procès d’assises qui n’est souhaité que par les avocats pénalistes pour des raisons de pognon La procédure pénale a été constamment alourdie. Les procédures de contrôles ont été constamment compliquées laissant aux délinquants une paix que n’ont pas connue leurs victimes. Non à la répression cela veut dire concrètement oui au crime.

La diablerie est de constater la catastrophe sécuritaire et d’en honorer les causes.

2. Pendant des années les enseignants politisés ou syndicalisés ont refusé les locaux d’enseignement « caserne », et ont déclaré ne pas vouloir jouer le rôle de flics. Ils se sont battus pour avoir des enfants d’interdits de séjour dans leur classe. Vive l’immigration heureuse, était leur slogan. Un second enseignant a été massacré par les fausses victimes que les syndicats de l’Éducation nationale ne cessent de défendre. Et voilà que dans la semaine sort un sondage qui démontre que « les enseignants ont majoritairement peur » et se taisent devant l’islamisme. Les matamores de la non-répression se taisent et tremblent. Au passage la grande presse oublie de signaler que la corporation des enseignants s’est fortement féminisée et qu’elle se trouve totalement dépassée par la violence de certains élèves noirs de 1m90 et de 18 ans en 3e et qui ne savent rien d’autre que de mettre le bazar dans les cours, pas plus qu’elles ne peuvent maîtriser l’entrisme islamique de filles arabes sûres d’elles-mêmes qui veulent faire plier l’institution.

La diablerie ici est toujours de la même espèce : se plaindre des conséquences des propres conceptions défendues par les syndicats qui cogèrent malheureusement l’Éducation nationale. La gauche triomphante dans l’Éducation nationale sombre dans l’islamo gauchisme et le wokisme, comme substitut au socialisme révolutionnaire et massacre l’institution. L’affaire de Sciences-po où l’antisémitisme est devenu la base de l’action des militants étudiants avec la complicité du corps enseignant désormais purement universitaire montre l’ampleur de la putréfaction de la situation. Le plus démoniaque dans l’affaire est de voir la confluence du wokisme importé de l’Amérique vilipendée naguère et de la sottise anticapitaliste primaire des milieux universitaires.

3. On vient de vivre une grande liesse féministe avec fête de l’avortement, et glorification de la constitutionnalisation du droit de la seule femme sur son corps. Emmanuel Macron en avait déjà rajouté en permettant l’avortement sans condition jusqu’à 14 mois et même jusqu’au dernier mois si besoin était. L’ennui est que plus aucun médecin ne trouve agréable d’être obligé à écraser la tête formée d’un fœtus. Une petite boule de cellules d’accord mais un corps quasi constitué, là c’est dur. Si on appliquait le ratio naissances/population de 1970 à la population d’aujourd’hui on verrait qu’il nous manque 500 000 naissances. 220 000 avortements par an viennent consolider le travail des agences publiques pour empêcher les naissances. L’enfantement est diabolisé par les mouvements féministes et wokistes.

L’ennui est que tout le système social mis en place à la Libération, appuyé sur le baby-Boom, est détruit par l’absence de naissance et le vieillissement de la population.

Les mêmes qui veulent travailler moins et vivre plus longtemps des versements « des autres » se retrouvent sans moyen pour le faire. La diablerie est une fois plus dans le fait qu’une partie délirante et braillarde de la population défend la cause dont elle dénonce les conséquences.

4. Et voilà que sur fond de suicide démographique, M. Macron cède à des associations désireuses d’obtenir que la volonté de suicide soit encouragée et assistée par le corps médical. Le serment d’Hippocrate ? Oublié. Une viellerie. Le médecin doit être l’auxiliaire de la volonté individuelle de vivre ou de mourir. La mort remboursée par la sécurité sociale devient une vertu qu’il faut défendre avec détermination, sauf à être rétrograde.

5. La même semaine une humoriste réalise un dessein qui ridiculise les islamistes sur fond de ramadan et de catastrophe humanitaire à Gaza. Aussitôt une Fatwa est lancée avec demande de mort. Revoici Charlie Hebdo. Réaction politique : aucune. Qu’elle meurt mais en silence ! On fera une journée blanche pour honorer son cadavre.

6. Il fallait évidemment ajouter un peu de dislocation de l’unité française pour rendre cette semaine pleinement représentative de l’esprit des dirigeants actuels du pays et de ses soutiens. La Corse va sortir du cadre de la république et aura un statut à part avec la possibilité de voter des lois spécifiques. Terminée, l’unité républicaine ! Aussitôt la Bretagne a exigé le même statut. Tous les autres régionalismes violents vont enchaîner. Les vautours sinistres qui tournent autour de la France dépecée, quasiment tous des mafieux qui veulent capter la rente immobilière, ont gagné.

7. La France a été longtemps la championne de la liberté de penser, d’écrire, de s’exprimer. Pour cela elle a fait taire l’Eglise catholique et a mis fin à la royauté. Et voilà qu’après avoir lourdement entravé la liberté de parole avec le concept de haine dans le discours public qui permet à tout juge un peu rouge sur les bords de condamner toute critique de l’islam ou de l’immigration, on veut imposer la pénalisation des « discours de haine » dans le domaine privé. Ce dispositif exige que la délation devienne le ferment de la vertu !

8. On savait que le Parlement européen avait voté un vœu visant à l’extension générale de l’accès à l’union Européenne à tous les pays de la zone balkanique qui ne le sont pas encore, y compris la Géorgie et l’Ukraine, mais aussi le passage à un régime de fédéralisme absolu ou pratiquement tout devient ou une prérogative unique ou une prérogative partagée de la Commission devenue gouvernement de l’Europe de facto sinon dans les termes. Les nations anciennes deviennent de simples espaces territoriaux, éclatés en régions, chargés d’appliquer des ordonnances toutes votées à la majorité. Fini, l’influence des dirigeants s nationaux. C’est simplement la mort de la France historique. Un détail de l’histoire !

9. On sait que l’anomie est une des dimensions de la personnalité du président actuel de la République française. Emmanuel Macron ne considère pas qu’il doit se soumettre à quelques règles que ce soit. Il est lui seul la mesure de ce qu’il doit penser et faire. Depuis le début de sa carrière politique il a voulu créer une scène politique à sa main avec d’un côté une Marine Le Pen diabolisée et lui, Jupiter empêtré, mais sauvant la France du fascisme. Mais Oradour sur Glane et la Shoah ne suffisent apparemment plus, surtout depuis qu’il a refusé de marcher contre l’antisémitisme. Alors il a décidé d’utiliser la guerre d’Ukraine pour faire de son partenaire de jeu le vilain absolu : le complice de Poutine. L’instrumentalisation de la guerre à des fins partisanes a changé de méthode mais aussi de nature. Voilà la France qui annonce que s’il le faut ses troupes interviendront au sol ! Une dinguerie qui l’entraîne dans un parcours interne nauséeux et une aventure diplomatique oiseuse. Mettre la France en danger militaire pour un calcul politicien, qui l’eut cru possible ?

Guerre, avortement, suicide, démantèlement national interne, démantèlement national européiste, destruction de l’école, islamisation, emprise de la drogue et des bandes armées…

Quelle belle semaine !

Inutile d’ajouter que la faillite financière de l’état, l’effondrement de la construction et du logement, la remontée du chômage dans une perspective de récession, les déficits intérieurs et extérieurs abyssaux, la dette phénoménale, la volonté de trouver encore et encore par tout moyen des recettes nouvelles alors que la France est le pays le plus pressuré du monde viennent créer une ambiance délicieuse.

De toutes ces horreurs, M. Macron est le pivot, heureux de paraître important. Tenir, enjamber une fois de plus des élections, gouverner sans majorité par la manigance. Et tant pis pour le pays.

Oui nous venons bien de vivre une nouvelle « semaine de la honte ». Quand certains se pencheront sur la période, ils auront la nausée et ne comprendront pas. Comment la France a-t-elle accepté de tomber si bas ? Pourquoi les Français ne se sont-ils pas opposés au suicide de la France avec l’assistance insistante de ce Monsieur Macron ?

Quand les Français se réveilleront-ils et quand décideront-ils enfin de liquider cette triplette enlacée Le Pen – Macron - Mélenchon qui représente plus de 52 % de l’électorat et qui est le malheur du pays ?

 

Démographie : le carnaval des hypocrites

Sur ce blog, nous n’avons jamais eu aucune réticence à honorer nos maîtres à penser. En matière de démographie, le maître c’est Alfred Sauvy, complètement oublié aujourd’hui. Homme de gauche, il avait entrepris d’alerter les gouvernements d’avant-guerre, notamment celui de Blum, contre des idées fausses et des erreurs. Parmi celles-ci, l’abandon des idées natalistes. Mai 1968 a vu le commencement de la fin de son aura politique. Il sera totalement marginalisé sous Giscard et quasiment rejeté sous Mitterrand.

La pilule, la facilitation du divorce, l’avortement et l’assistance par le planning familial à la non-fertilité, le pacs, puis le mariage homosexuel, la réduction des allocations familiales, et enfin la constitutionnalisation de l’avortement comme manifestation de la grandeur de la République avec moult fêtes sont les étapes du chemin de croix démographique de la France.

Pratiquement de 1981 à 2023 la question démographique a disparu des radars. Nous-mêmes avons repris le flambeau de Sauvy dès 1997 sur le forum du Monde puis sur ce blog. Nous avons été les seuls à avertir que le drame démographique ne couvait pas mais se développait. Nous avons envoyé de multiples propositions d’articles sur ce thème à de nombreux journaux ou revues. Silence !

La baisse de population au Japon et en Chine n’a jamais été vraiment commentée. La querelle migratoire a certes été basée sur le constat d’un « grand remplacement ». Mais c’était surtout pour condamner une immigration musulmane de masse. On constatait que partout en Europe, notamment en Russie, en Hongrie, en Italie, la dénatalité était flagrante. Mais sans cesse on ajoutait : en France cela va. En fait cela n’allait que parce que les populations immigrées ont conservé un temps leurs traditions de naissance abondante.

Dès les années soixante-dix l’INED a décidé de trahir sa mission en accompagnant la réclamation féministe de voir « le ventre de la femme dégagé de toute responsabilité collective ». Le mantra : tout va bien. Michel Debré était affublé d’un entonnoir sur la tête dès qu’il parlait de natalité. L’idée même pour un homme politique de parler de natalité est devenue « ringarde » et moquée, avec évacuation immédiate des médias et perte rapide d’influence dans son parti avant marginalisation.

Et voilà que la réalité nous rattrape. Les morts sont presque aussi nombreux que les naissances. Le spectre de la baisse de population rôde. En fait la population proprement française baisse depuis le début du siècle. Si 50 % des naissances sont d’origine immigrée et 95 % des décès d’origine traditionnelle française, on voit bien que la baisse de la population proprement française est de plus de 250 000 personnes chaque année. Et ne parlons pas du vieillissement.

La réponse a été l’immigration de masse. À l’ENA l’idée obligatoire était qu’il fallait une population en hausse et donc une forte immigration. Si on appliquait le taux de naissances de 1970 aujourd’hui, on aurait 500 000 naissances de plus. Donc il faut 500 000 immigrés de plus chaque année.

Dès les années 2000 il était impossible de recruter des personnes blanches à Paris pour tous les emplois n’exigeant pas de diplômes de haut niveau. Il était parfaitement inutile de promouvoir la diversité, elle était obligatoire. En fait il s’est agi simplement de la rendre acceptable.

La Chine et le Japon qui avaient choisi la dénatalité ont découvert progressivement l’horreur de la situation. Au début tout va bien : le capital par tête augmente sans effort. Mais bientôt, c’est la catastrophe. Quand vous perdez 1 puis 2 puis 5 millions de personnes, que faire du parc d’immeubles correspondant à la population d’avant ? Vous ne pouvez plus l’entretenir. Vous ne pouvez pas le détruire. Alors ? L’industrie avait besoin de bras qui ne sont plus là. Elle est partie s’installer ailleurs. L’Etat s’est retrouvé à cours de ressources. Alors l’emprunt a commencé à grimper au point de devenir une charge insupportable. Reviennent à la surface tous les avertissements d’Alfred Sauvy : la dénatalité fait des ravages. Finie la retraite par répartition avec départ à 60 ans ! Finie l’armée de conscription. Fini le dynamisme agricole et industriel. Finie la croissance. Finie aussi la gratuité médicale et plus généralement la gratuité de la vie. Il n’y a plus assez d’actifs pour financer.

On dira : l’immigration est la solution. Sauf s’il s’agit d’une immigration de peuplement et d’assistanat surtout intéressée par la gratuité de la vie assurée par l’Etat. Si le seul fait de mettre le pied sur le sol français signifie le droit gratuit au logement, à l’école, à la santé, à la retraite sans cotisation par regroupement familial, les allocations diverses et le droit d’être payé indéfiniment à ne rien faire, l’immigration devient plus un nouveau poids qu’une solution. Le changement de population a d’autres inconvénients sur lesquels nous ne reviendrons pas en détail ici mais qui forme l’essentiel de l’actualité (destruction de l’école, embolisation de tous les circuits sociaux, délinquances).

Aujourd’hui les inconvénients de la dénatalité commencent à être actés. Le fait n’est plus tabou. Mais on s’emploie à ce que le phénomène ne soit pas compris ni ses causes objectivées.

La dénatalité serait le fruit non désiré de la croissance. Sortir de la pauvreté implique la dénatalité. L’évolution de la richesse moyenne du pays dirige la courbe des naissances. Un bien serait la cause du mal. Doit-on en conclure qu’une baisse de revenu projetterait le taux de natalité vers le haut ? Heu ! Heu !

La dénatalité serait le fait du vieillissement. Comme on est obligé de financer des masses de petits vieux inactifs qui coûtent un pognon de dingue, on ne peut pas payer pour les enfants !

La dénatalité serait le fruit de la hausse immobilière. Comme on ne peut plus se loger, on ne fait plus d’enfants ! C’est la banque centrale et la spéculation qu’il faut incriminer.

Emmanuel Macron, toujours le premier lorsqu’il s’agit de dire des sottises de détail, a expliqué que le spermatozoïde national avait tendance à perdre de son dynamisme et qu’il allait arranger cela. Évidemment, plus on retarde l’âge d’avoir des enfants plus il est difficile d’en avoir. On attend toujours les actions d’accélération du spermatozoïde. Le Guignol est parti sur autre chose : la guerre à la Russie ! La Russie a quelque mal à trouver des troupes pour doter son armée et son industrie de guerre, du fait d’une dénatalité massive. Elle sacrifie sa jeunesse par centaines de milliers en Ukraine. La suite sera problématique.

La vérité est toute simple : le féminisme a incriminé la fonction de l’enfantement. La femme est un homme comme les autres et n’a pas à s’occuper d’enfanter et de régner sur le gynécée, une activité débilitante. Mme Badinter a souligné très tôt dans les années soixante-dix que le sentiment maternel était une fiction construite par la société des mâles dominants. La naissance n’était plus une fonction sociale mais un acte individuel que la femme sans l’avis du géniteur peut interrompre à sa guise, au frais de la collectivité bien sûr. Individualisme forcené de la décision, mais collectivisme du financement.

La volonté de mettre fin à la société bourgeoise encadrée par l’Eglise, qui avait fait de la Vierge Marie et de l’enfant Jésus le cœur de son message, a tout balayé. Plus de mariage pour la vie, plus de responsabilité ! On baise et on avorte ! 220 000 avortements par an en France. Une ville comme Paris anéantie tous les dix ans. Formidable !

L’Insee en 2013 osait annoncer une baisse drastique de la nuptialité. Pour la première fois le nombre des mariages baissait alors que la population était en hausse. Il y avait eu 231 000 mariages seulement. Aujourd’hui avec plusieurs millions d’habitants de plus par l’immigration, le nombre de mariage est de 221 000, dont beaucoup de remariages après divorce. En net, moins de 150 000 mariages ! L’institution du mariage a été désacralisée puis tuée à petit feu. Elle était protectrice du foyer. On a abaissé la protection familiale, baissé les allocations, réduit le quotient familial. On a dit à la femme, tu veux être un homme comme les autres, alors on ne protège plus ta fonction reproductrice !

Aujourd’hui le féminisme s’attache à attaquer l’homme, agresseur permanent et violeur, et l’enfantement, une « dictature » selon les termes d’un livre récent. L’écologisme foldingue invite les femmes à ne plus faire d’enfants, car ils seront pollueurs et tueurs de la terre. On veut faciliter le suicide payé par la collectivité.

Lorsqu’on met en cause ces doctrines suicidaires en débat, les « femmes raisonnables » indiquent qu’elles voudraient bien faire des enfants mais que c’est trop cher, que le gynécée écarte du bureau, etc. La richesse était la cause de la dénatalité et voilà que l’absence de richesse en est aussi la cause !

La vérité est plus simple : la sacralisation de l’avortement et la désacralisation du mariage ont été voulues par les mouvements féministes et elles ont trouvé une clientèle. La femme au foyer a été ridiculisée dès les années 70. Les réseaux de femmes au foyer qui tissaient la vie sociale du pays et permettait l’unité des générations et la vie ensemble des hommes et des femmes a été détruite. Infidélité et pornographie sont devenues le fondement de la (dé)civilisation.

La dénatalité a certainement un fondement économique partiel mais c’est l’idéologie dominante féministe qui est la cause principale. Le ministère de la femme et l’idéologie des droits spécifiques et individualistes de la femme ont tué la natalité.

Ce matin France Info ne parlait que de féminicides, de Tarik ramadan et la réduction du nombre de ses viols punissables, des discours de dénonciation des réalisateurs et des acteurs mâles du cinéma français. C’est la journée de la femme. Puiss-t-elle se souvenir qu’avant d’être femme elle a été enfant et oui : elle est née.

La lutte féministe est relancée par la constitutionnalisation du droit à avorter quand on veut et si on veut, aux frais de la collectivité.

En même temps on soulignait qu’on allait indemniser les victimes de la répression homosexuelle de 1941 ! Pour les élections municipales parisiennes, il n’y aura pas moins de six candidats homosexuels. Le noyau dur du nouveau gouvernement Macron est également homosexuel. Il est sûr que la question de l’enfantement est au cœur battant de leur réflexion.

C’est sûr : la chute des naissances, c’est le capitalisme ! Rien à voir avec quelque idéologie que ce soit…

 

La « société durable » : le nouveau masque de l’anticapitalisme primaire

Depuis mai 1968 on sait qu’il y a une composante « révolution culturelle » dans la gauche internationale. On la croyait disparue depuis que l’horreur des crimes des Khmers Rouges a été jugée génocidaire, comme, enfin, les atrocités commises par Lénine, Trotski et Staline, notamment en Ukraine. La reconnaissance désormais générale des massacres ahurissants qui ont accompagné le règne de Mao a laissé le maoïsme en lambeaux. Bien sûr certains se flattaient, encore récemment, fume cigarette à la main, d’avoir fourni des petites occidentales blondes au Grand Timonier. Et de glousser ! Mais l’effondrement plus général du communisme avec la fin de l’URSS n’a pas arrangé les choses. La pulsion de destruction de la société existante pour une utopie motivante pour les assassins de masse ne trouvait plus trop à s’employer.

On l’a vu un peu renaître avec le culte de l’ignoble Prachandra ou les horreurs des Farc, un temps sacralisés par le journal le Monde. Mais même ces rigoles de crimes abjects ont fini par lasser à l’extrême gauche et dans les milieux germanopratins. L’Europe de l’élimination du « bourgeois » est encalminée, trouvant un bien faible refuge dans la culture subventionnée.

Aux États-Unis, la radicalité a toujours été plus forte qu’en Europe. Depuis le maccarthysme, il n’y a plus eu de parti Communiste. En Europe, il fixait la limite à ne pas trop dépasser. On savait quand on entrait dans l’ignoble et dans le crime. On faisait semblant de croire que la parole mensongère de Jean-Paul Sartre, entre deux masturbations au premier rang du cinéma porno de la rue Delambre, avait une valeur quelconque et lui-même faisait semblant de croire que l’URSS était un bienfait. Un temps étrange.

Rien de tel aux États-Unis. L’inspiration n’est pas socialiste. Les militants poursuivent le Bien de façon presque religieuse. La coercition sociale est un moyen habituel comme l’éjection de la société, ce qui n’était pas du tout le cas en Europe où le souvenir des guerres de religion a très longtemps laïcisé et étatisé la contestation. Le bannisement était banni.

La lutte pour la reconnaissance de la responsabilité occidentale de la Shoah y a été un énorme succès. La série télévisée Holocaust a déclenché un véritable tsunami d’émotions. La tragédie des exterminations juives voulues par Hitler, qui dans l’immédiat après-guerre ne pouvait pas être distinguée des massacres et exactions commises sur l’ensemble de la population française, chaque Français ayant une claire conscience des pertes et des souffrances infligées par l’occupant nazi, a été singularisée sous le nom de Shoah. On cessa de parler de « système concentrationnaire » appliqué par les Nazis, le Japon, l’URSS et la Chine à quantités de segments de population. Accompagnée par la production de nombreux films et livres, la Shoah devint le fait le plus important de la seconde guerre mondiale et la responsabilité des populations non juives fut lourdement stigmatisée. Un livre comme celui de Paxton a développé l’idée que l’ensemble des Français, sauf quelques justes, et tous les gouvernements du Maréchal Pétain, s’étaient en quelque sorte lavé les mains du génocide, et que la responsabilité collective était la cause de "l’énormité" des massacres. La communauté juive devenait non pas la victime d’Hitler mais celles des mauvaises pensées antisémites occidentales. L’aspect pénitentiel coIlectif après une telle "complicité" est devenu envahissant. Le devoir de mémoire et de pénitence s’est imposé dans les médias et l’édition, où la Shoah est devenue un compartiment de la production littéraire. Politiquement, en ont résulté des conséquences juridiques dont on voit aujourd’hui qu’elles sont fâcheuses : on a aggravé les peines lorsqu’il s’agissait d’une victime juive ; la « provocation à la haine » est devenue un délit l La contestation de certains faits historiques a été interdite. Ces trois mesures étaient totalement contraires aux principes Républicains d’égalité. Tous les citoyens sont égaux en droit et personne ne l’est un peu plus que les autres. La liberté de parole est considérée comme fondamentale. Le délit de provocation à la haine est contestable. Généralisé il revient à réduire la population au silence. Culpabiliser toute la population française jusqu’à la fin des temps était plus que contestable. La demande d’indemnisation des victimes non plus directes mais de la Communauté juive comme telle plusieurs décennies après la guerre est également totalement exorbitante des règles usuelles. De plus l’enseignement public a été chargé de perpétuer la lutte contre l’antisémitisme en exaltant l’émotion autour de la Shoah. Elle est devenue si dominante dans l’enseignement de l’histoire qu’on verra certains livres scolaires d’histoire consacrer 50 pages à l’extermination des Juifs d’Europe centrale et deux lignes à l’extermination des Koulaks, en insistant qu’ils avaient été la victime d’eux-mêmes, alors que ce dernier massacre a tué près de 10 millions de personnes. Une guerre mémorielle inégale s’est mise en place tournant au combat idéologique, ce qui ne pouvait que nuire à la cause juive à long terme, comme l’a très bien vu Éric Zemmour.

La conséquence la plus nécessaire a été la prise de conscience de la singularité du génocide juif et de l’obligation d’en finir avec un antisémitisme latent notamment dans les milieux catholiques peu favorables au peuple qui avait tué Jésus !

La conséquence la plus problématique a été la création d’un statut de victime officielle avec des protections juridiques    particulières exorbitantes du droit commun et une propagande scolaire envahissante.

Le Wokisme américain, sans limite, va généraliser l’optique victimaire. La conséquence on la voit très clairement :

-          Généralisation des catégories de victimes

-          Réclamation du même statut victimaire que les Juifs : loi contre la haine, recherche active des vilains et exclusion sociale, peines supérieures lorsqu’on s’attaque aux victimes concernées, endoctrinement scolaire et dans les médias publics et actions répétées "politiquement correctes"  en vue de faire tomber les préjugés, indemnisation des « communautés ».

Comme il n’y avait plus d’Hitler, il a fallu culpabiliser quelqu’un : ce sera l’homme blanc hétérosexuel, devenu la cause de tous les malheurs ayant accablé nos nouvelles « victimes ».

Au nom de la lutte contre l’oppression, il fallait opprimer les oppresseurs, et dans l’optique puritaine et plus généralement protestante propre aux Anglo-Saxons surtout aux États-Unis et au Canada, ne pas hésiter à les bannir de tout espoir de survie dans la « communauté des bons et des bienveillants ». Le bannissement social et la ruine ont remplacé le génocide comme instrument de promotion d’une société purifiée. Plus question du slogan « il est interdit d’interdire ». Ceux qui ne veulent pas répéter les vérités sacrées doivent être chassés. On a vu revenir les piloris maoïstes mais sans arrachage des yeux. Les déchaînements ad hominem veulent la mort sociale du dissident lynché. Au malheureux de savoir si cette mort sociale doit se traduire par un suicide. Cette forme d’action politique était largement inconcevable pour une certaine gauche française qui voulait bien la révolution mais sans les Sorcières de Salem. Faute de grives on prend des merles. Et faute de Marx et Lénine, il lui a bien fallu se satisfaire de Savonarole.

Curieusement, la réclamation écologique, basée sur la déification d’une nouvelle victime, la nature sacralisée, dont l’homme prédateur est exclu, est venue s’ajouter à la liste des combats contre les vilains.

Là aussi on retrouve une culpabilisation larvée de tout le monde, dont on ne peut se laver qu’en devenant un adepte sectaire luttant contre le capitalisme prédateur. L’homme est coupable au tribunal des oiseaux, des insectes, des gros mammifères, des poissons. Honte à lui qui signe en plus son suicide en tuant le vivant !

Apparaît aujourd’hui un nouveau concept qui permet d’unir toutes les réclamations anticapitalistes mais sans les massacres. Une forme de stalino-mao-centrisme ! Il permet de crier à nouveau : « tous, tous, tous ensemble contre le capitalisme » et pour une nouvelle société mythique : la société durable.

Ah ! ce merveilleux concept de « société durable » qui fait tomber toutes les oppositions et ouvre à nouveau de belles perspectives soviétiques ! Le capitalisme étant infect et destructeur, il ne peut pas durer. Donc il faut le remplacer. C.Q.F.D. ! La destruction du capitalisme devient à nouveau le moyen de construire la cité radieuse, car seule la cité radieuse peut durer. Et comme tout le monde se mobilise pour le durable afin de sauver l’espèce et le monde vivant, les petits oiseaux et les éoliennes deviennent le moyen d’adhésion de masse aux moyens les plus brutaux de chirurgie sociale, sans même avoir à invoquer Marx, Lénine, Mme Ceaucescu, Che Gevara ou quiconque. Seulement l’abbé Pierre,Coluche et Angela Davis.

Pour ne pas reprendre la terminologie un peu usée du gauchisme, un nouveau vocabulaire s’élabore, autour du terme de transition, remplaçant celui de révolution. La révolution c’est violent. La transition c’est gentil. Gentil mais indispensable. La nouvelle doctrine propose un nombre presque infini de transitions, au nom desquelles on peut tout détruire progressivement par la brutalité étouffante des lois et par le « shaming » et le « naming ». Adieu les libertés et la propriété au nom d’un bien supérieur ! Tellement supérieur ! Et en prime, il n’est plus nécessaire d’essayer de justifier des massacres effarants. Le must ! Voici donc le révolutionnarisme qui s’empare :

-          De La transition énergétique. Adieu logement et voiture.

-          De la transition démographique : adieu bébés et vive la submersion des immigrés

-          De la transition naturaliste : vive les animaux et au pilori l’homme satanique

-          De la transition multiculturelle : la culture de l’altérité exige qu’on sacrifie la sienne propre

-          De la transition de genre : la question clé devient l’avenir glorieux du transgenre

-          De la transition visant la fin du privilège occidental qui a causé l’esclavage et la colonisation. Ceux-là, c’est-à-dire, nous, cela suffit !

-          De la transition visant l’égalité absolue sans laquelle rien n’est durable : la révolte contre la plus grande richesse de l’autre est légitime car elle compromet l’avenir apaisé de la société.

-          De la transition visant la fin des esprits libres et le respect absolu du « logos transitionnel ». À quoi sert la liberté de penser si elle n’est pas asservie au bien commun et compromet la durabilité de la société magique ? Une antique question posée depuis le début des religions.

-          De la transition visant la fin de la propriété qui aliène le bien commun. Il faut en finir avec la passion d’avoir. Avoir c’est se saisir d’une partie de la nature et du bien commun pour de viles satisfactions individuelles.

-          De la transition visant la fin des nations et le nationalisme qui aliène les peuples, du moins en Occident. Ailleurs, on s’en fout ! Même si des dictatures nous menacent.

 Toutes ces transitions sont l’occasion de remettre au goût du jour des recettes bien connues du bloc soviétique, le tout aligoté avec des pratiques bureaucratiques bien de chez nous. Surtout elles permettent de faire croire à tout sympathisant de l’une ou l’autre de ces transitions qu’il faut voter pour une coalition mêlant toutes les formes actuelles de luttes LGBT, wokiste, avec en prime le reliquat du socialisme et des partisans de l'action violente pour la nature.

On retrouve toutes les dimensions du slogan « du passé faisons table rase », mais par une transition, pas par une révolution. On retombe dans une société de la religiosité et du catéchisme. Les grenouilles de bénitiers médiatiques sont devenues harceleuses de réseaux sociaux. La théologie de révolution cède la place à une théologie de la transition.

La transition vers le meilleur des mondes se drape dans les oripeaux idéologiques de la marche vers la « société durable » !

En vérité, c’est un pur suicide mais assisté par les bons sentiments et dans la joie et la bienveillance active. Le Dieu Baal n’a qu’à bien se tenir.

La décroissance n’a pas de fin heureuse, la dépopulation n’a pas de fin heureuse, la jachère agricole ne porte aucun espoir, l’égalitarisme dans la pauvreté,  on a vu le résultat dans le bloc soviétique, la démoralisation des hommes et leur avilissement ne mènent pas aux lendemains qui chantent, la baisse de l’influence occidentale ne mène pas à la paix, la perte du droit de propriété permet de tuer la liberté, et les génuflexions devant l’islamisme ne sauraient en changer la nature. La coercition sociale est une horreur et le retour des tribunaux de la pensée n’ouvre pas sur un avenir radieux.

La « société durable », telle qu’elle sert de devanture aux mouvements anti bourgeois et anti capitaliste, est l’exemple d’oxymore le plus pur. La « société durable » c’est le nouvel « habit neuf des héritiers du président Mao ».

L’aspect auto régressif de ce système de pensée est prouvé par le retour de bâton qui touche la Shoah. L’invraisemblable crime contre l’humanité commis par le Hamas le 7 octobre 2023 a été classé en acte de résistance par les militants Woke des universités américaines comme par la Nupes mélenchonienne. Un nouvel antisémitisme massif est sorti du Wokisme exigeant qu’on libère un nouveau peuple martyr de substitution, le peuple palestinien. L’islam est violent et le statut de dhimmi n’est peut-être pas le plus joyeux ? Qu’importe ! L’Oumma veut soumettre l’ensemble du monde ? Qu’importe ! Le mouvement victimaire se retourne contre lui-même et glorifie le bourreau à la tronçonneuse qui découpe des enfants et envoie la vidéo à ses parents pour passer un moment festif exceptionnel !"Bravo mon fils, comme tu découpes bien" !

Plus d’enfants, plus d’amour, plus de prospérité, plus de croissance, plus de culture, plus d’histoire, plus de futur… La « cancel culture » a mis tous les vautours noirs ou rouges d’accord. Sur la table rase, ne construisons plus rien. Le meilleur des mondes, la société durable, c’est la mort de l’humanité ravageuse, cette singularité anti naturelle et maudite depuis toujours. Cette idéologie suicidaire entend dépasser les gouvernements et s’imposer par l’intermédiaire d’organisations internationales occidentales ; ONU, Union Européenne, l’OMS, le GIEC doivent l’emporter sur les États, survivance du passé honteux de l’humanité.

Pour les esprits libres et les défenseurs de la trajectoire majestueuse de l’humanité, le temps de la bataille pour les libertés, pour les progrès dans tous les domaines et pour la prospérité, individuelle et collective, revient. Elle passe par une remise en cause du détournement du concept de « transition » pour contraindre et détruire. La grande urgence est là. La pulsion de destruction de la société existante pour une utopie motivante a retrouvé de l’élan.

La société du râble à qui on fait le coup du lapin n’est pas durable.

Il faut mobiliser contre cette nouvelle pieuvre attentatoire à tout ce qui a fait l’intérêt de la pensée française et de son apport à la civilisation et qui nous mène au néant.

Didier Dufau pour le cercle des économistes e-toile.

Pompes fiscales cachées et fausseté du taux de prélèvement

La France dirigée par « l’énarchie compassionnelle et bienveillante » est la championne du monde des prélèvements. Le haut fonctionnaire qui a pris la main sur le politique se croit investi des mêmes pouvoirs que l’ancienne royauté : arbitrer la société entre les seigneurs et les gueux. Bien sûr, il souhaite pour lui-même dépasser sa condition et cumuler les avantages de sécurité de la fonction publique, les possibilités de notoriété et d’honneur du pouvoir politique et l’argent des parcours aux marges du politique et de l’économique. Avoir épousé une riche héritière est le summum. Sinon, le népotisme suffit à mener une carrière confortable et assurer au ménage des revenus plus que confortables.

Quand on est aussi bien installé dans l’État, l’arbitrage de la société devient une distribution d’argent à tout va et l’art du prélèvement correspondant une seconde nature. Le toujours plus règne et atteint rapidement des sommets car l’endettement permet de dépasser toutes limites. La passion pour l’Euro des hauts fonctionnaires, tient à cette merveille : les excès de dépenses sont découplés de la valeur de la monnaie. C’est ainsi que de Giscard en Chirac, de Balladur en Jospin, de Hollande en Macron, les prélèvements comptés comme tels sont équivalents à 100 % de la valeur ajoutée des entreprises et l’endettement à plus de 3 000 milliards d’euros., soit à peu près deux fois cette même valeur ajoutée des entreprises.

Le plus intéressant dans cette affaire de détournement massif d’argent privé tient à ceci : la somme comptabilisée dans les prélèvements est minorée. Sans que personne n’en fasse état. N’oublions pas que l’Enarchie tient la presse ! On l’a encore vu récemment quand le Conseil d’Etat à fait de la chaîne BFM, 100 % macroniste, la référence de la télévision objective ! Au contraire le pouvoir passe son temps à expliquer qu’il baisse les impôts, alors que les recettes prélevées ne cessent d’enfler.

Donnons un exemple d’imposition cachée qui n’est pas comptabilisée dans les prélèvements publics et atteint des sommes colossales. La construction d’un bâtiment est désormais un exercice fiscal : vous construisez bien pour la cible commerciale que vous visez mais on vous impose de fournir un contingent massif de logements sociaux à prix cassé, si vous voulez avoir le permis de construire. Le promoteur récupère sa marge sur le prix du m2 du marché libre. Ce surcoût est un prélèvement opéré au moment de l’achat, mais il n’est pas prix en compte dans le calcul des prélèvements. Tout investissement un peu important dans une commune est l’occasion d’exiger la prise en compte d’un certain nombre d’aménagements publics.

On demandera le financement de trottoirs, de pistes cyclables, de routes, d’équipements publics etc. Tous ces surcoûts sont des prélèvements. Aucun n’entre dans le chiffre INSEE des prélèvements. Pas plus que nombre de « dépenses contraintes » qui servent uniquement à faire payer par le particulier tel ou tel bout de la dépense publique. Lorsqu’on construit une éolienne, en général inutile et sans rentabilité globale pour le pays, mais pour satisfaire des exigences idéologiques de l’État, ou de l’Union Européenne, la perte de valeur pour les immeubles avoisinants est très forte. Dans bien des cas, le bien ne devient plus vendable. Cette variation de valeur du stock immobilier est un prélèvement qui n’est pas compté dans les statistiques. La perte de valeur des immobilisations industrielles du fait de la délocalisation forcée ou fortement encouragée par les contraintes fiscales et administratives n’est pas plus comptée dans la valeur des prélèvements. La variation de la valeur du capital est une dépense. On apprend cela en première année de comptabilité.

Lorsque par une hystérie bureaucratique vous excluez des centaines de milliers de logements de la location, vous diminuez drastiquement leur valeur. Cette perte en capital est un prélèvement.

Même l’IFRAP qui mène un juste combat pour faire reconnaître des chiffres de dépenses publiques généralement cachés n’a pas encore entrepris d’évaluer l’ampleur de ces prélèvements-là. Il est vrai que la variation de valeur des actifs est plus difficile à comptabiliser que les flux fiscaux monétarisés.

Ces mécanismes s’ajoutent aux effets de la croissance et de l’inflation dans le cadre d’un système de prélèvement globalement progressif. Mécaniquement les flux d’imposition croissent plus vite que le revenu et aggravent la pression fiscale. En toute candeur, ces plus-values devraient être restituées aux contribuables puisqu’elles ne correspondent à aucune logique explicite. Pourquoi la croissance devrait-elle faire croître les recettes de l’état plus vite que le revenu ? Une décision statique de justice fiscale se transforme en vol systémique de la richesse privée par l’État ! Dans le silence quasi général.

Un autre mécanisme de prélèvement particulièrement hypocrite est l’annonce de « suppression d’impôts » qui ne sont en fait que des transferts.

La « suppression de la taxe d’habitation », sommet de démagogie irresponsable, dont se vante M. Macron et qui devrait lui valoir la Haute Cour, revient à faire financer des dépenses qui elles ne sont pas réduites par d’autres que les bénéficiaires des services municipaux. On découple la dépense et son financement, ce qui est évidemment la source de tous les abus. Qui paie ? Évidemment ceux qui paient le plus d’impôts et qui se retrouvent avec une charge supplémentaire. Du socialisme à bas bruit, au nom d’une démagogie de la pire espèce. On a basculé un impôt sur le flux de dépenses municipales en impôts sur le stock, modifiant la valeur du stock. Là encore ce prélèvement n’est pas compté dans la dépense publique.

Une autre pratique énarchique qui consiste à « défiscaliser » et à « décharger » telle ou telle catégorie de revenu, est un simple transfert de charges sur la fiscalité générale. C

Ces derniers temps, le transfert se fait sur la dette. Mais elle n’est qu’un impôt différé. Si ce transfert était constaté en impôts immédiats les sommes apparaîtraient pour ce qu’elles sont : un prélèvement public massif. Il est vrai que cette mesure est devenue obligatoire tant était grotesque le mécanisme d’augmentation forcée du SMIC. Il favorisait plus les collecteurs de cotisations et d’impôts que le salarié lui-même et poussait les coûts du travail si haut, que le résultat était un chômage structurel massif. La transformation du Smig en Smic et la politique démagogique des « coups de pouce » démagogiques, ont tué l’emploi en France. Depuis l’entrée dans l’Euro et l’ouverture à la concurrence mondiale, cette démagogie n’est plus soutenable.

La dépense n’étant pas réduite, on a opéré qu’un transfert de financement et nous avons toujours un chômage structurel massif quoiqu’en disent les thuriféraires du pouvoir énarchique. Le sous-emploi de masses immigrées qui ne peuvent pas trouver à s’employer au coût actuel de l’heure de travail provoque un développement massif de la pauvreté, l’effondrement de notre balance commerciale, l’hystérisation de la dette…

On a pris l’habitude en France de chiffres bidonnés et stérilisés par la caste des hauts fonctionnaires qui ont pris le pouvoir politique et veulent toujours rester le plus longtemps possible masqués. Le grand mensonge démographique commence à s’effilocher : la France avait la plus belle fécondité en Europe. En fait la dénatalité est la même que partout ailleurs à l’effet migratoire près. Le grand mensonge fiscal est de même taille. Le taux de prélèvement en France n’est pas de 47-48 %. Il est très supérieur à 50 % du PIB. Et comme on sait que les coûts de la fonction publique et autres intervenants payés par la dépense publique entrent dans le PIB, à hauteur de 25 %, et plus si on tient compte des marchés purement administratifs, qui correspondent à une dépense forcée, on voit que le ratio par rapport à la richesse effectivement créée par l’économie privée est colossalement supérieur.

Comme nous l’écrivons depuis au moins 1997, si on rapprochait la dépense publique, complétée des parties cachées, de la valeur ajoutée des seules entreprises commerciales françaises, hors finance et entreprises individuelles, on dépasserait largement les 100 %. Ce qui veut dire que l’apparence de revenu est liée totalement à l’endettement massif. Dans un tel système si l’endettement n’est plus possible, le pays meurt d’asphyxie.

Le système imposé par l’Enarchie compassionnelle et bienveillante n’est pas « durable ». Les risques sont très supérieurs à ceux du réchauffement. La tentation actuelle est de piller la valeur patrimoniale accumulée pour survivre encore une minute. C’est un suicide programmé.

La règle d’or des finances publiques devrait être : la dépense publique et les impôts doivent suivre rigoureusement le rythme de la croissance. Pas un sou de plus.

La règle d’or de l’organisation publique devrait être : séparation absolue du monde politique et de la haute fonction publique. Les hauts fonctionnaires sont au service de la politique et ne peuvent capter la politique.

En ces temps où on parle de réforme de la Constitution, voici deux règles constitutionnelles qui mériteraient d’être instituées d’urgence.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Dignité et indignation

Comprendre comment les harceleurs ont fini par dégrader la démocratie reste la grande question du moment.

On se souvient du livre de Stéphane Hessel « indignez-vous », qui a été un succès mondial. Depuis les indignés sont partout et exigent, exigent, exigent… Ils réclament des lois, des restrictions, des fers. Sur tous sujets. L’indigné considère que l’action directe est la preuve de son engagement pour le bien. Alors il attaque, en général sans le moindre danger pour lui-même. Il détruit. Il casse. Il ruine. Il boycotte. Il injurie inlassablement. Sa haine d’indigné éructant est son âme de militant, ce qui le tient vivant, ce qui lui fait croire qu’il a une importance quelconque. Pas de nuances. Pas de raison. L’émotion pure et la violence de l’expression. L’éjection radicale de l’ennemi de la sphère du qualifiable. Le bannissement.

Au nom de la souffrance, réelle ou fantasmée, l’indignation jaillit, mais seulement si elle est sans danger. Car s’il y a un risque alors le silence s’installe. L’indignation est la compagne rituelle de la lâcheté. La femme est une victime, mais pas en terre musulmane. Là, silence ! L’animal est une victime, mais pas l’égorgement festif dans une baignoire d’appartement d’un pauvre mouton lors de l'Aïd-el-Kébir.

IL est intéressant de noter que Hessel est le père de l’islamogauchiste et du soutien au Hamas revendiqué par le trotskiste  Mélenchon (un "milliardaire selon la terminologie hyperbolique deLFI pour ceux qui paient l'IFI) , dont on voit ici et maintenant les belles conséquences, en particulièrement l’inversion totale du concept de résistance aux fins de légitimation des pogroms. Gilles Williams Goldnadel, écrira dans son essai vengeur (Le vieil homme m’indigne !) : "Stéphane Hessel, c'est l'Abbé Pierre, moins la soutane." Hessel voulait relancer l’engagement Sartrien, qui faisait que de jeunes abrutis soutenaient le grand mensonge soviétique et pardonnaient les 100 millions de morts génocidaires du communisme. Ce crétinisme passionnel vaudra à un jeune exalté de tomber ans la tombe ouverte du prophète le jour de l’enterrement provoquant la plus franche rigolade de cimetière vue depuis longtemps.

L’indignation est toujours sélective. Il faut hurler avec les loups, mais seulement dans les bonnes meutes. Le goût du pénal et de l’exclusion sociale accompagne l’indignation. La liberté d’analyse, et d’expression doit se soumettre. Il n’y a plus de vie publique, seulement un rituel de l’indignation sectaire, de droit à l’émotion vengeresse supérieur à toute loi. Le débat disparaît pour la haine affichée qui se suffit à elle-même et ne mène à aucune action concrète autre que la destruction d’une altérité fantasmée.

L’inconvénient de l’indignation est qu’elle ne peut se combattre que par l’indignation ! Elle appelle contre elle les mêmes méfaits qu’elle impose à ses cibles. La bataille des indignités remplace le débat politique et ne mène évidemment à rien. La culpabilité est partout et la morale nulle part. Plus les réseaux sociaux s’embrasent de bons sentiments armés d’insultes, plus la rue devient odieuse et cruelle. L’indignation est la fin de la politique et le règne d’abord marginal puis général des Savonarole violents et débiles.

Quand l'indignation triomphe la notion de dignité, paradoxalement, disparaît de l’espace public. La dignité, c’est ce qui détache l’idée et l’action du seul intérêt d’un individu ou d’un clan pour viser un état supérieur de la conscience du bien commun. Il est indigne d’user de pouvoirs concédés contre ce qui justifie cette concession. La dignité est la compagne nécessaire du pouvoir. Si vous confiez la garde d’un pont à une force et que cette dernière en profite pour racketter les passants, ceux qui se complaisent dans cet exercice facile commettent une indignité. Voyez ce qui se passe à la SNCF ! Mais il ne s’agit pas de s’en indigner. Seulement d’imposer un pouvoir plus grand encore à ceux qui se laissent aller. Si vous confiez un adolescent débile à une famille, ce n’est pas pour qu’elle en profite pour le violer. Etc. Chaque concession de pouvoir suppose une règle de dignité, avec laquelle on ne peut pas transiger sans faute vis-à-vis de la collectivité des humains.

La dignité, c’est ce qu’on attend de toute personne ayant un pouvoir et les défaillances doivent se heurter à un pouvoir concret supérieur. Que se passe-t-il quand il n’y a pas de pouvoir supérieur ? Seule l’idée de sa propre dignité peut être le garde-fou. La dignité c’est l’antidote de l’abus de pouvoir et de l’irrespect pour ce pouvoir.

Un président de la République Française se doit de respecter la dignité de la fonction et du pays, parce qu’il détient un grand pouvoir et qu’il n'est pas accordé à des fins égotistes. Pratiquement tous les présidents depuis Giscard ont manqué de dignité. Avec les trois derniers, c’est même devenu caricatural. Sarkozy finira sinon en prison du moins avec un collier électronique. Hollande était tellement ridicule qu’il n’a même pas osé se représenter. Macron ne suit qu’un narratif égotiste et considère qu’il n’y a rien à respecter d’autre que lui-même. L’achat de vote a pris de telles proportions et coûte tellement cher qu’on ne voit pas comment on peut aller plus loin dans la démagogie électoraliste et le détournement de l’argent public à des fins aussi étroitement individuelles. À force d’indignité, Sarkozy a tué le RPR et Hollande le PS. Macron sape la France, comme nation et comme histoire.

Aujourd’hui les indignés sont partout et pèsent sur les médias d’une façon tentaculaire. On s’indigne tous les jours de tout et de rien, d’une affaire récente, comme d’un évènement du passé, proche, lointain, très lointain, ou du futur que l’on prévoit à court, moyen ou long terme. Que les faits ne confirment rien n’a pas d’importance. Si ce n’est pas toi c’est donc ton frère. Si ce n’est pas maintenant ce sera plus tard. Alors le mensonge sectaire fleurit. On sait depuis Muyzenberg que la vérité et le mensonge sont à égalité devant des gens qui ne savent rien et qu’il vaut mieux attaquer l’adversaire sur sa personne plutôt que sur ces idées.

L’indignation mène directement à l’inculpation et à la violence. Ayant perdu les notions de dignité, de décence, de raison, de respect, l’indigné est prêt à tout : accuser une personne connue d’un crime possible mais improuvable, accuser un groupe de tous les maux, saccager des musées, attaquer des biens, exalter la rage contre un contradicteur, contre une activité honnie, contre tout et rien.

L’indigné veut faire taire. Influencer le législateur et la justice pour qu’ils fassent taire les propos qui les indignent, qu’ils interdisent les actes qui les indignent, qu’ils détruisent les objets qui les indignent, voilà toute l’affaire. Du pilori médiatique au pilori réglementaire et au pilori judiciaire, le chemin est court.

L’indigné prétend défendre la cause de victimes : hommes, animaux, verdure, astres, pauvres, femmes, homosexuels, islamistes, juifs, climat, ouvriers, enfants, handicapés… Pour un indigné toutes ces victimes le sont à cause de méchants qu’il faut dénoncer et réduire. La violence est le seul moyen. Qu’elle soit verbale, légale, physique, tout est bon.

Vilipender n’est pas construire, encore moins réparer. Vitupération n’est pas raison. Quand l’exaltation des actes irréparables retombe, l’indigné se découvre en salaud. Le maoïste qui a crevé en public les yeux de son père « mandarin », le jeune militant des villes qui est parti assassiner des Koulaks dans les campagnes soviétiques, le musulman exalté qui a découpé les enfants juifs à la tronçonneuse, la petite conne qui a à moitié détruit une œuvre d’art, un beau jour, chacun s’arrête un jour et se voit dans la glace ! Le maoïste est monté à son tour sur le pilori et il a réclamé et sa mère et son père. Le tueur de koulak est passé plus tard pour contre-révolutionnaire avec quelques conséquences. Le tueur sadique d’enfants juifs n’a plus retrouvé ni sa maison ni sa famille.

Enfin, seulement si la justice immanente a frappé. Ou la colère des victimes. L’ignoble Savonarole a fini comme il le méritait. Dans les flammes.

Pour les autres, l’ignominie sera vécue jusqu’au trépas, et s’ils sont trop nombreux, c’est l’histoire de tout le pays qui en sera à jamais avilie. La bêtise sectaire a un coût. Et l’indignité collective peut devenir ineffaçable.

Le journal Suisse dans l’édition de ce jour, constate avec résignation l’empuantissement du système d’information obstrué par les haines de l’émotion sélective. La charge mentale imposée aux citoyens est épuisante. Bien faire et laisser braire ? Cesser de s’informer et penser à autre chose ? impossible ! A chaque moment de sa vie quotidienne le brave citoyen se trouve gêné ou avili ou appauvri ou contraint ou empêché ou condamné par quelques conséquences de l’hystérie organisée et de la peur constamment réchauffée, traduite en réglementations et en lois, sous le harcèlement des indignés.

Mieux vaudrait aimer, chercher la beauté, enrichir son savoir, observer, réfléchir, comprendre, partager, débattre et agir avec raison, patience et ouverture d’esprit. Tel est le temps de la dignité. Le temps des piloris montés sur l’indignation est toujours un moment sinistre. La vie politique et médiatique française, en ce début d’année 2024 est en état d’abjection. Mais c’est tout l’Occident qui s’est laissé tomber dans cet égout. Quiconque parle à un Américain, un Canadien, un Anglais, un Suisse, un Suédois le vérifiera immédiatement.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

L'économie française en proie aux harceleurs de médias

Une déviance peu compréhensible en France

La révolte des paysans en Europe et aussi en France a marqué qu’une catégorie de la population vilipendée en permanence par des associations de plus en plus influentes et violentes, n’en pouvait plus et réclamait à tout le moins une pose. Tous les mouvements de détestation de l’homme et de déification de la nature s’unissent autour des mêmes réclamations : la décroissance ; les interdictions ; le flicage.

Comment vivre dans un tel réseau d’insultes, de contrôles et de contraintes diverses sur fond de réduction d’activité, de subventions rationnées et conditionnées, et finalement d’appauvrissement ?

Devant les risques essentiellement pour lui-même, le pouvoir a aussitôt reculé et ce qui était impossible une minute avant l’est devenu une seconde après. Soit ! C’est comme cela qu’un pays qui avait dit ans de retard prend dix ans d’avance, à moins que ce soit l’inverse.

Le calme est revenu dans les campagnes.

Le lendemain que constatons-nous ? Le retour du harcèlement sur les médias, intense polymorphe, sans contradicteurs. Les grenouilles de bénitier coassent partout avec violence contre les vilains sans aucune opposition. C’est qu’il faut reprendre la main. Pas question que les paysans viennent remettre en cause une emprise d’autant plus totale qu’elle est odieuse et irrationnelle. On voit pousser à nouveau le sermon culpabilisant, comme la mauvaise herbe.

Les « scientifiques engagés » ont aussitôt expliqué que les pesticides et autres produits tuaient la terre. Et qu’on avait délivré un permis de tuer aux paysans. Tous ces braves gens vivent de l’argent prélevé sur les autres et n’ont jamais rien produit. Ils mangent les produits de l’agriculture comme tout le monde. Mais il faut qu’ils bavent.

Les traqueurs de routes et d’autoroutes, se sont rassemblés autour de leur idole Greta Thunberg pour dire combien l’artificialisation des sols était honteuse. Ceux qui ne sont pas venus en avion étaient là avec leur voiture. La source d’artificialisation des sols et du plateau littoral est la construction d’éoliennes et de plaques photovoltaïques. Mais là, pas de problème. Artificialisons pour la bonne cause ! Qu’on déforeste pour installer des champs de plaques solaires ne les gêne pas du tout. Que ces plaques viennent de Chine, avec travail des enfants, électricité au charbon, dictature et une absence remarquable de droits sociaux ne gênent personne chez les harceleurs. Les trajets sur des milliers de kilomètres avec des navires qui polluent individuellement plus que la pollution annuelle de la nouvelle autoroute, aucun problème.

M. Badinter vient à décéder, très âgé. C’est plus qu’un concert d’hommages. Une prosternation universelle avec des propos tellement outranciers qu’on en a mal pour lui. On peut penser ce qu’on veut de la peine de mort. Juger que Fourniret après le meurtre immonde de tant d’enfants martyrisés dut survivre, en coûtant près d’un million d’euros par an aux citoyens honnêtes, est une option qui peut tout de même se discuter. Se flatter que l’état ne tue pas ceux qui tuent sans excuse est un choix. Le vrai problème est ailleurs : dans l’explosion de délinquances devenue incontrôlables et la croissance concomitante du nombre de victimes. Ceux qu’on appelait les « badinters », les truands multirécidivistes qui n’hésitaient plus à tirer sur les flics, sont devenus non plus l’exception mais une véritable populace. Les caïds de la drogue commencent à l’emporter sur les forces de l’ordre comme en Amérique latine et dans certains pays d’Europe. Mais vite, il faut panthéoniser notre héros et présenter une réserve, un désaccord, autre chose qu’une approbation soumise vous classe dans le camp des Nazis récidivistes. L’école de la magistrature de Bordeaux, siège de tant de déviations et perversions de la justice a honoré le héros en grande pompe. Sous sa tutelle morale, elle va pouvoir continuer son travail de sape en faveur de tout ce qui ruine la société « bourgeoise » et justifier qu’on sanctionne la « bourgeoisie pourrie » de préférence aux truands.

Et il a la question de la baisse de la natalité. Le Bras et ses amis ont fait carrière dans la dénonciation du « natalisme » et n’ont jamais varié. L’effondrement démographique n’existait pas. Nous faisions mieux que tout le monde. Au pire les femmes faisaient-elles leurs enfants plus tard. Pas de quoi s’inquiéter. Et voilà que les chiffres ne peuvent plus être maquillés ou habillés des ritournelles tranquillisantes. On se souvient que chez Michel Polac en 1978 on affichait comme le faisait depuis longtemps le Canard Enchaîné, Michel Debré avec un entonnoir sur la tête : un fou, puisqu’il voulait une natalité normale. Si on enlève les naissances et les décès de familles maghrébines et plus généralement africaines, la population française baisse. Oui baisse. Et baisse vite. Très vite. Par centaine de milliers de personnes, pas par milliers ou dizaines de milliers.

La natalité, c’est un combat mené par Alfred Sauvy que nous avons repris dans ces colonnes depuis 2008. Ce matin sur LCI on parlait d’Elon Musk et la question cruciale venait d’être posée : est-il un fasciste ? Aussitôt une jeune chroniqueuse prend la parole : « bien sûr qu’il est un fasciste, il est nataliste ». La natalité est contre le droit des femmes. Inutile de citer les tombereaux de déclarations du même type dans tous les médias et dans l’édition. Il s’agit de lutter contre la « dictature de l’enfantement ». La « reductio ad uterum » est du nazisme pur et une attaque en règle contre l’émancipation de la femme. La constitutionnalisation du droit de tuer les fœtus pratiquement désormais à quelques stades de leur développement que ce soit, est la seule chose qui compte. Un enfant ? Pour une femme ? Beurk ! Vous voulez la réduire à un organe ?

Il y aurait désormais des hommes enceints ! À eux de jouer ? la révolte des femmes contre leur fonction familiale de mère et collective de survie de l‘humanité est la première cause de la dénatalité. Les arguties sur les difficultés d’avoir un enfant qui coûte trop cher sont ridicules. On avait des enfants alors qu’on gagnait dix fois moins ! L’excuse ne tient pas. La dénatalité est le fruit pourri du féminisme outrancier que plus personne n’ose accuser pour échapper à l’accusation de non-respect de la femme et de nazisme larvé. L’enfantement est la marque sinistre du corps violé de la femme. Point stop ! Ne pas répéter cette ignominie vous classe à la droite de l’ultradroite qui est à la droite de l’extrême-droite.

Emmanuel Macron, confronté à la mort programmée de la population native de la France se croit obligé de prendre le sujet par le tout petit bout de la lorgnette. C’est le manque de fertilité qui est la cause, pas les femmes. Il va s’occuper de la question du spermatozoïde paresseux. C’est de son niveau. Un simple défi médical. Surtout ne pas engager la responsabilité des associations féministes ni de l’avortement massif. Et les associations en rajoutent : si le spermatozoïde est paresseux, c’est à cause du capitalisme et de l’agriculture « croissantiste » ! Plus de contrôles des agriculteurs moins d’engrais et de pesticides, et cela va flamber, les naissances !

Non ! réplique une autre association : regarder les immigrés, ils font encore des enfants malgré les néonicotinoïdes. Le problème c’est que le gosse occidental émet plus de CO2. Il faut donc cesser de faire des enfants en Occident pour sauver la terre. Et ce genre de sottise a fini par percer dans la population.

Le harcèlement par les adeptes triomphant de la disparition de l’homme immonde est inlassable. La machine à créer de la culpabilité et à harceler les consciences ne s’arrête jamais.

Le résultat, on le voit : déclassement, vieillissement, autodestruction. La joie qu’ils expriment à l’idée des tourments qu’ils causent n’a d’égale que la passivité des autres qui les laissent faire.

Le même jour où une femme âgée s’est fait agresser et arracher ses bijoux de cou par un mineur isolé africain, 12 policiers municipaux interceptaient à 50 mètres de là les automobilistes dépassant 30 km/h. Mme Hidalgo avait averti : la police municipale ne serait pas armée et ferait respecter les règles d’étouffement de la circulation automobile. Encore un harcèlement sans fin, puisqu’il y a deux à trois millions de délinquants de ce type chaque jour.

Et juste une semaine plus tôt, Mme Van der Leyen, la présidente de la Commission avait montré les dents. L’élimination du CO2, ce sera pour 2040, pas 2 050.

Et aujourd’hui même les gazettes bruissaient de l’audace des trois belles âmes qui avaient « empotagé » une nouvelle œuvre d’art dans un musée.

La hauteur des consciences de média n’a jamais été plus proche du niveau médian des fosses à purin.

Après les débordements de moraline débile, la bêtise suicidaire a un bel avenir devant elle.

La France de Voltaire s’est éteinte, comme celle de Boileau, comme celle de Bossuet. Donner à réfléchir en élevant, a cédé aux faux prêtres donneurs de leçons qui abaissent, flétrissent et ruinent.

L’indigné professionnel est toujours un Jocrisse cherchant à trouver le pouvoir d’un Savonarole.

Qu’au moins on se souvienne du destin de Savonarole.

En attendant les Harceleurs sont une des causes potentielles les plus graves de destruction de l’économie en France  et en Europe.

Une vision vécue de l’histoire récente de l’agriculture

Qu’on me permette de parler d’agriculture à partir d’une expérience vécue. De 1945 à 1961 j’ai bien connu une ferme située à un peu plus de cinquante kilomètres de Paris.

Trois champs d’un hectare environ. Un pré humide avec une grande mare à grenouilles. Dix vaches. Deux bœufs, pour le tombereau qui transportait les pommes, les betteraves et les épis de maïs. Deux chevaux, Black et Papillon, pour tirer différents instruments agraires, la charrette à foin et un cabriolet permettant d’aller à la ville. Des poules en pagaille et quelques canards. L’eau est au puits. Il n’y a pas d’électricité mais des lampes à pétrole. Un ouvrier agricole en permanent, George, et deux journaliers pour l’été, La Loupe, un noble tombé dans l’alcool à la suite d’une déception amoureuse, qui conservait des photos du château familial, façon Guermantes, et Le Méchant, un costaud râblé qui ne tenait pas l’alcool et devenait violent. Une seule chambre non chauffée. Les ouvriers agricoles dormaient dans le foin dans les granges et se lavaient au puits. Une cuisine avec une cuisinière à charbon. Deux coffres importants entre les granges pour stocker la pomme de terre au noir, et un autre pour le charbon.

Les instruments quotidiens sont le broc, les sabots, les ligatures de bottes, qui servent à tout et notamment de ceintures, le fouet et le papier tue-mouches. Les toilettes sont un cabanon en haut du clos qui sur un demi-hectare reçoit le fumier (non enfoui, d’où les mouches) et permet de cultiver un jardin potager d’importance. Des hirondelles et des moineaux partout.

Les recettes quotidiennes sont fournies par le ramassage du lait et des œufs. Une vache produit entre 2,000 kg et 2,500 kg de lait par an, soit soixante à quatre-vingts litres à traire tous les jours à la ferme. On retrouve une trentaine d’œufs tous les jours. De temps à autre un veau arrive après l’intervention d’un taureau qu’on a fait venir à cet effet. Il ne sera pas vendu et on récupérera sa viande le plus souvent, après l’avoir emmené chez l’équarrisseur du village (qui bientôt disparaîtra). Lorsqu’il s’agit d’une génisse, elle est envoyée à l’engraissement et revient en du temps pour remplacer une vache vieillissante. On achète peu de choses : le pain, le vin, les rouleaux de papier tue mouches, des produits de toilettes, du fil et des aiguilles. Parfois du tissu. Le fromage est fait maison. Mais les fruits, même les pommes, sont achetés au marché. Les pommes à cidre sont récoltées et le pressoir est loué une ou deux journées pour en faire du cidre (et un peu de gnôle sous l’œil vigilant du fisc).

On ne vit pas mal à la ferme, compte tenu de l’autoconsommation, mais le revenu monétaire ne dépasse pas l’équivalent de 200 euros par mois et par personne. Il n’y a pas de retraite. Pas de vacances. Pas de droits sociaux. De toute façon tout le monde meurt avant 60 ans. Dans la plaine riche des alentours, trois ou quatre exploitations dépassent à peine les quarante hectares.

Des exploitations de ce type il y en a des dizaines de mille en France

Il va se passer bien des choses :

La myxomatose qui va décimer les lapins qui ne reviendront jamais à leur volume précédent.

Le tracteur, qui va changer les conditions d’exploitation et l’engrais qui l’accompagne, car seule la productivité améliorée permet de le financer.

Le vélomoteur Motobécane qui va faire découvrir la ville aux filles qui vont alors déserter les campagnes.

En 20 ans toutes les petites exploitations vont fermer et les petites surfaces incommodes mises en jachère, En trente ans les surfaces correctes vont être cédées pour faire des lotissements. Les grandes fermes elles s’étendent et commencent à dépasser 80 hectares puis cent hectares, avec une forte mécanisation et beaucoup d’engrais. Les tracteurs deviennent des engins étonnants qui peuvent traiter 5 hectares par jour puis dix, en tractant des engins de plus en plus larges. Ils travaillent la nuit. Les rendements explosent.

Les élevages laitiers se spécialisent avec les meilleures espèces, la stabulation et les trayeuses, avec des productions de lait de plus 6 tonnes annuellement par vache avec trayeuses automatiques. La fée électricité et les adductions d’eau ont fait leur chemin. Le nombre d’exploitation est divisé par deux puis par quatre puis par dix. Le revenu monétaire des paysans devient plus important et la finance fait son entrée à la ferme.

L’exode rural vide littéralement les campagnes où la population vieillit et où on manque de femmes. On va les chercher à l’étranger, de plus en plus loin. On crée une retraite sans aucune cotisation, ce qui créera par solidarité un détournement de rentes très important qui pèsera sur la retraite des autres, qui cotisent, eux.

Tout le monde a compris que rester à la campagne, c’est accepter la paupérisation relative. Le revenu de ceux qui restent monte du fait de la productivité mais surtout par l’élargissement et la spécialisation des exploitations.

Comme disait mon ami Léon Chaix, spécialiste agricole s’il en fut : la vraie misère est agricole. La preuve est qu’on part pour la ville. Ceux qui idéalisent la petite exploitation agricole des années 1 880 et qui persistait encore en 1950, n’y vivraient pas.

De là : le changement d’ampleur et de ton du syndicalisme agricole et les grandes manifestations bretonnes parfois violentes menées par Alexis Gourvennec en 1961 et l’arrivée de Pisani et Chirac dans le décor pour mettre en place de nouvelles structures coopératives et des filières de ventes à l’étranger, allant jusqu’à creuser un port pour attaquer le marché britannique !

Pour l’état, très interventionniste dans le monde agricole depuis des siècles, la « politique agricole » devient un problème. Les systèmes de garantie de prix, genre ONIC, pour le blé, commencent à flancher : tous les silos sont pleins et les marchés extérieurs commencent à être également saturés. Ils ne permettent plus de se débarrasser des excédents à bon prix. En les bradant on fait grandir l’écart de prix entre le marché français et le marché mondial. Les producteurs étrangers se rebellent ! De Gaulle impose que l’agriculture ne soit pas laissée hors du marché commun et qu’on y mette les mêmes garanties de prix qu’en France.

Le plan Mansholt marque une première certitude : le revenu paysan ne rattrapera son retard que si on crée des exploitations optimales donc bien plus grandes. On veut créer des fermes à plusieurs pour atteindre des tailles critiques. Les petites exploitations sont condamnées. En même temps on suggère qu’il faut ramener les prix européens plus près des prix mondiaux et on cherche à augmentation la pression de concurrence en important plus, en particulier de la viande. C’est un choc culturel tant l’attachement à la petite ferme traditionnelle est grand.

Mais l’opération réussit, pas toujours par fusion des terrains et des fermes. Des cas d’associations entre deux familles se multiplient notamment dans le Sud-Ouest où l’enfant unique a déjà fait des ravages au XIXe siècle Cela ira assez loin, compte tenu des aides sociales qui se multiplient. Je connais un cas où deux exploitations familiales de 80 hectares sont mises en commun en attendant le mariage des deux enfants des paysans. On ne se marie pas tout de suite pour toucher la subvention de femme isolée, en plus pour chacun des enfants, du RMI de l’époque. Les enfants travaillent au noir en hiver comme moniteurs de ski pour des groupes anglais dans les Alpes et travaillent au noir en été au bord de la mer. Quand les parents cesseront leur activité il sera bien temps de se marier et de reprendre l’exploitation. Des scouts parcourent les campagnes pour les informer de leurs droits et protections.

Mai 1968 crée les conditions des évènements du Larzac qui fait apparaître les premiers contre-modèles gauchistes et anti productivistes violents.

En 1992 se produit le grand choc. L’Europe ne veut plus subventionner les produits mais les paysans. On passe de l’aide au prix à l’aide à la personne. Déjà des préoccupations environnementales pointent leur nez. Le paysan devient un assisté dont l’activité ne cessera plus d’être sous la surveillance des fonctionnaires et de Bruxelles, où la PAC est le premier budget. Sa production est limitée. Des obligations réglementaires commencent à pleuvoir avec le flicage qui va avec. La grogne ne cesse de monter. Mais le paysan n’a aucune chance d’échapper : son revenu ne dépend plus de lui.

En 2013, le cadre est affiné pour faire des économies avec plus de sélectivité dans les aides à la personne. Puis les écolos fascistes prennent le pouvoir en France et à Bruxelles. On impose de plus en plus de contraintes aux exploitants jusqu’à réduire leurs surfaces, en exigeant plus de jachères tout en ouvrant en grand la concurrence à des produits qui n’ont pas les mêmes règles restrictives de production. Les prix de ventes ne permettent plus de couvrir les coûts et la concurrence internationale emporte jusqu’à 50 % de la consommation, beaucoup via les hypermarchés, dont les centrales sont à l’étranger.

Le cumul de l’idéologie de la concurrence, de la volonté de réduire le coût de la PAC, de l’idéologie des écologistes punitifs et malthusiens, des défenseurs de la nature sacrée contre l’homme épouvantable et prédateur, et de la bureaucratie a fait exploser le système.

On demande de surcroît à la ruralité de déboiser pour mettre des panneaux voltaïques et de supporter l’implantation d’éoliennes géantes, tout en exigeant avec la loi ZAN que les bourgs cessent de s’étendre. Des sauvages protestent violemment et détruisent les semences modernes et les bassines de retenues d’eau après avoir interdit les OGM.

L’arrivée de populations délinquantes de l’est et du sud voit se développer le vol dans les champs et les attaques de fermes isolées.

Les campagnes deviennent folles. comment ne pas le comprendre ?

Sur les 53 milliards de la PAC, environ 10 milliards sont donnés à un monde paysan de 350 000 personnes, soit en moyenne 30 000 euros par exploitation. Il est difficile d’aller beaucoup plus loin.

La situation est inextricable. Au nom de la « restauration » de la nature et de la lutte contre le « dérèglement » climatique on veut tuer l’élevage et réduire la productivité, tout en important en masse des produits agricoles internationaux (sans préoccupations pour la nature et le climat), tout en paralysant tout le milieu rural par une supervision bureaucratique digne de l’URSS. Affirmer qu’en faisant cela, on lutte contre le « libéralisme » excessif des paysans est tout de même un peu gros.

L’avenir de toute façon est à des exploitations de types capitalistes avec des salariés agricoles travaillant avec les mêmes normes que dans tous les autres métiers, qui seront soit des permanents soit des saisonniers, capables de financer les rétentions d’eau et les matériels actuellement nécessaires dans un métier qui devient de plus en plus numérique et capital intensif.

La revendication de hippies alternatifs qui veulent faire du bio sur des petites surfaces prêtées sans frais avec des subventions intégrales européennes ou nationales est parfaitement ridicule.

En revanche la question de la fertilité des sols soumis à des intrants chimiques importants et potentiellement dévastateur est un vrai problème. C’est là que la recherche doit progresser et sur le diagnostic et sur les solutions, loin des paniques artificielles organisées par des ONG.

Pour l’agriculture française la solution existe. Elle a été mise en œuvre par la Nouvelle-Zélande confrontée à une poussée extravagante des subventions associées à des résultats désastreux pour les paysans soumis à d’infinies tracasseries. En quelques années les paysans sont redevenus riches et les subventions d’Etat ont été divisées par quatre. Qu’est-ce qui s’est passé ? On leur a dit : débrouillez-vous et faites ce que vous voulez mais sans l’aide de l’État !

Le plus simple aujourd’hui est de tenir le même langage au monde paysan. Supprimons la PAC, la loi Zan, la loi Egalim etc. Démantelons les obstacles à la vente des terrains agricoles et le malthusianisme du statut de paysans. Et demerden-sie sich ! Que les meilleurs gagnent. Et unifions toutes les normes de qualité des produits à l’entrée sur les marchés qu’ils soient alimentés de l’intérieur ou de l’extérieur de l’Union.

Rendez-vous dans 5 ans.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Europe 100 % fédérale : E. Macron la prépare ; le danger se rapproche

On ne le sait pas nécessairement, le Parlement européen a voté un vœu en faveur d’une renégociation des traités accélérant de façon décisive l’organisation des institutions dans un sens fédéral, les nations devenant des territoires privés de souveraineté. Ce vote n’a fait l’objet d’aucune publicité en France, alors qu’il marque la fin de jure et de facto de la souveraineté française. La seule réaction vite étouffée a été celle du RN expliquant que le vœu était entré dans la législation en vigueur, ce qui est naturellement faux.

Ce vœu est extrêmement important du fait des circonstances de son vote. Il a suivi des rencontres entre le chancelier allemand et le président français. Il se combine avec les discussions sur l’extension à 35 du nombre de membres de l’Union. Le méta accord franco-allemand prévoit que tous les États non-membres inscrits dans le périmètre de l’Europe physique entreront. Albanie, Serbie, Kosovo, mais aussi Géorgie et Ukraine. Cette intégration sera présentée comme ultra-souhaitable et exigeant une modification des traités. On reprendra l’antienne qui a si bien réussi : extension = fédéralisation.

Que veut dire fédéralisation : un gouvernement européen, prenant des décisions en liaison avec le Parlement européen, en toute souveraineté. Tout le champ des lois possibles est ouvert, en augmentant les prérogatives exclusives et en généralisant les cas partagés. Les décisions se prennent à la majorité. Les États ne peuvent plus s’opposer aux décisions de l’exécutif Européen. Des ressources fiscales affectées à l’Europe fédérale sont mises en place.

La question qui a été esquivée à ce stade est de savoir s’il y aura un président de l’Union élu au suffrage universel direct par tous les  peuples de l’Union, ou si c’est le président de la commission qui le sera. Les rumeurs les plus insistantes évoquent le fait que Macron après ces habituelles hésitations, toujours fort longues, aurait opté pour une élection du Président de l’Union au suffrage universel, nommant un président de l’exécutif, chargé de faire adouber ses membres auprès du Parlement européen. Il viserait le poste de président de l’Union et non celui de chef de l’exécutif, un poste qui permet de pérorer sans mettre les mains dans la farine.

L’exercice narcissique et verbal des vœux a permis à Emmanuel Macron de jouer une nouvelle fois sur les mots et de tout dire sans rien dire vraiment.

Tout le monde a compris ce que signifie la scénarisation de la cérémonie des vœux. Dans le fond, au loin, une floraison de drapeaux tout sur le même plan, très éloignés du locuteur. Coquetterie trompeuse, le drapeau français, de même taille que les autres est en tête de gondole, suivi par le drapeau européen et la ribambelle des autres. Bientôt la permutation aura lieu. L’Europe d’abord et la ribambelle des «  länder » derrière au loin. Avec Macron en majesté au premier plan comme futur Conducator de ce magma de nains. Devant les réactions, on fera dire qu'il s'agit seulement de symboliser l'année olympique. Pauvre Olympisme : réduit à des petits drapaux au fond d'un jardin crépusculaire...

« L’année 2024 sera décisive » pour la construction européenne. 2 024 sera le moment du "stop ou encore". » Ou « on bloque l’Europe ou on progresse ». Saint Delors avec nous ! « Il faut augmenter la souveraineté européenne ».

Comme en 2022 Emmanuel Macron veut conjurer son impuissance. L’année 2023 a été marquée par l’épreuve lamentable de la réforme des retraites. Il lui fallait une réforme à tout prix, dont celui de mettre en œuvre une réforme qu’il avait lui-même dénoncée comme mauvaise et ridicule pendant cinq ans. Il fallait tout accepter du Sénat pour faire croire qu’on agissait sur l’immigration et qu’il n’était pas impuissant ennd épit d'une majorité relative à l'Assemblée nationale. Faire croire ! La religion du macronisme. Et faire comme si.

Rappelons-le inlassablement. Il ne peut pas y avoir deux souverainetés en même temps. Si on veut la souveraineté européenne, ce ne peut être qu’en abandonnant la souveraineté nationale française.

Alors il faut évidemment stigmatiser l’indécence des oxymores accumulés par ce discours odieux.

-        Tous les secteurs régaliens sont effondrés après six ans de macronisme tatillon.

-        Les profs d’école continuent de se faire tuer, notre place dans le classement Pisa s’effondre dans les profondeurs.

-        L’insécurité n’a jamais été aussi importante.

-        Le « séparatisme » de la « rue arabe » n’a jamais été aussi marqué avec des émeutes urbaines et des ratonnades anti françaises.

-        La justice est effondrée avec des juges en dissidence vis-à-vis des lois.

-        L’armée est dans un état navrant, à côté de la plaque côté équipements, virée d’Afrique, en sous-effectif radical en cas de guerre classique.

-        Notre écologie à la française si aimée de tous nous fait accumuler des amendes d’un milliard d’euros tous les ans.

-        Après avoir tenté de détruire l’industrie nucléaire avec les conséquences dramatiques que l’on sait, le voilà en tête de la « start-up nation » dans le nucléaire et l’Intelligence artificielle.

-        Voilà qu’alors qu’il a laissé entrer près de 2 500 000 immigrés majoritairement africains et musulmans dans le pays, il clame son succès dans la régulation de l’immigration et le formidable appui de l’Europe qui lui impose de prendre des allocations d’immigrés arrivés dans d’autres pays, sous peine d’amende.

-        Alors que le chômage n’a jamais réussi à descendre en dessous de 7 % dans les phases hautes de conjoncture et que la récession qui arrive détériore à nouveau la situation, il fait semblant d’avoir eu des résultats triomphants.

-        Parler de défense de la langue française alors qu’il bloque l’interdiction de l’écriture genrée dite inclusive est une farce sinistre. Surtout qu'il multiplie les allocutions en anglais de cuisine chaque fois qu'il le peut.

Oui, rarement on a vu un tel esprit de fausseté à la tête de l’Etat et un tel mépris pour les Français considérés comme assez nuls pour gober ce discours fantasmagorique sans réagir. Affirmer que la France avait dix ans de retard à son arrivée en 2017 et qu'elle aura dix ans d'avance en 2027 à son départ est ahurissant, presque dément.

Mais ce sale état d’esprit n’est rien à côté des risques pour la France de la politique menée par Emmanuel Macron pour préparer son « job d’après ». Il va forcer le pays à ingurgiter de l’européisme à gros bouillon et à forcer la main au pays en dû temps, en jouant à mort la carte fédérale en Europe. C’est-à-dire l’extinction de 1 500 ans d’histoire française.

Curieusement François Xavier Bellamy refuse d’enfourcher la dénonciation de ce projet. Sa dernière intervention est de petite politique, stigmatisant la vacuité des députés européens RN et le suivisme bétassin des députés macronistes. Ciotti se tait également.

Sans doute se préparent-ils à la bataille et ne veulent-ils pas gâcher leur munition avant l’heure décisive.

Il aurait été préférable de dénoncer tout de suite une évolution mortifère pour la France historique et annoncer à Emmanuel Macron que LR votera la censure à répétition s’il se lance dans cette œuvre de démolition.

Les ONG maîtresses absolues des institutions européennes : un colloque révélateur et inquiétant

À l’invitation du Laboratoire d’analyse des idéologies contemporaines, s’est tenu à la Maison de l’Amérique Latine un colloque sur la perméabilité des institutions européennes à l’islamisme et aux théories Woke. Inscrite dans le monde universitaire, cette petite organisation tranche nettement avec le reste du milieu qui se vautre sans vergogne dans les ravages de l’autodestruction de la civilisation européenne, le masochisme anti occidental, et les théories du genre et de l’intersectionnalité. L’invité d’honneur était Xavier François Bellamy, leader des LR au Parlement européen.

L’idée directrice : oser voir ce qu’on voit, le décrire, le juger. Le résultat est effarant. Les institutions européennes sont gangrenées en profondeur par les idéologies les plus hostiles et sont capables de soumission absolue et vibrante aux institutions qui les portent. La vingtaine d’exemples donnés fait frémir. Il est vrai que le même jour la commissaire Dalli et la commissaire Johansson s’étaient fait remarquer l’une et l’autre pour leur soumission à l’idéologie « diversitaire et intersectionnelle » et leur volonté d’ouverture totale à l’immigration musulmane.

Un des aspects importants est la différence de traitement entre les lobbies et les ONG. Les premiers, innombrables, sont réglementés. Ils doivent être déclarés et les interactions entre les instances européennes et leur représentant doivent être publiques. La défense d’intérêts généraux ou particuliers est légitime mais doit être transparente. Néanmoins que Bruxelles loge la masse de lobbyistes la plus grande du monde (près de 16 000) interroge tout de même un peu. En revanche les ONG sont absolument libres de toutes contraintes et règnent à tous les étages de la machinerie bruxelloise, alors que la majorité d’entre elles sont des faux nez défendant des intérêts particuliers. C’est du lobbyisme pur mais avec l’apparence de l’idéal. On aboutit à une telle interpénétration que certains textes européens sont directement écrits par des ONG et mis en œuvre sans retouche. Rien de cette infection n’est connu dans les Etats membres, où la couverture politique et médiatique de ce qui se passe à Bruxelles est inexistante. Cette occultation est encore aggravée par les techniques mises en place par certaines ONG qui au nom de la lutte contre la « haine » rend impossible d’évoquer le scandale et l’indécence de certaines conséquences. Qui veut parler est systématiquement renvoyé devant les tribunaux.

Le colloque s’est particulièrement penché sur l’état de la recherche scientifique. Pendant longtemps les politiques français se sont attachés à disposer d’une force de recherche scientifique, basée essentiellement sur le CNRS, le CEA et l’INSERM, avec, pour la recherche universitaire, une instance de validation des compétences par des pairs, le CNU. L’auditeur aura été consterné d’apprendre que CNRS et Inserm sont à l’abandon et que les budgets viennent de l’Europe et qu’ils sont tellement gras que tout chercheur pour vivre ou survivre doit aller y pomper ses ressources. La surprise est grande de lire quels sont les critères exigés, qui traduisent intégralement les pires exigences de certaines ONG diversitaires. Les textes fixent le vocabulaire et précisent sans vergogne les résultats que la recherche doit atteindre en matière d’idéologie. Seront privilégiées les recherches portant sur la théorie du genre, l’intersectionnalité et l’inclusion ! Si vous voulez dégueuler sur l’Occident et l’homme blanc dominateur et indécrottable, à vous les 150 000 euros d’un beau contrat antiscientifique et partisan. 40 % des projets financés appartiennent à cette catégorie de projets et n’ont aucun caractère scientifique. Les Etats financent de la pure propagande. La conjonction de l’abandon de la politique nationale de recherche en France et du détournement infâme qui se produit à Bruxelles aboutit à un véritable abandon de compétences scientifiques. Le fait que tout se passe désormais en anglais a découragé beaucoup de scientifiques français d’intervenir dans les institutions européennes.

La partie faible du colloque a été évidente au moment de répondre à la question clé : quoi faire pour corriger ces déviances ? Quand un corps est à peu près totalement gangrené et depuis longtemps, et que personne n’a le moindre pouvoir, de Paris, pour lutter contre des ONG gavées de ressources, notamment les ONG islamistes financées par le Qatar et d’autres pays musulmans, qui n’hésitent pas à corrompre les élus et la bureaucratie, la situation est insoluble. La seule proposition concrète est de créer un CNU européenne. L’Europe ne marche pas ; faisons plus d’Europe ! Hum ! Hum ! Cette CNU fera l’objet de pressions majeures comme les comités et les agences actuelles.

François-Xavier Bellamy s’est signalé par une analyse qu’on peut juger bizarre et contre-productive. Sa mandature a été marquée par un changement important dans le comportement de la délégation LR qui jusque-là était composée soit d’européistes à tous crins soit de recalés du suffrage universel à qui il fallait trouver une planque juteuse en attendant mieux, ce qui se traduisait par une absence totale d’intervention significative. Il a agi et parlé avec détermination et effectivement décrit ce qu’il voyait sans fard ni artifice. On comprend mal ce qui l’a conduit à considérer que le politique ne pouvait rien et que la bataille culturelle était la seule voie possible.

Dans le système européen actuel, une seule personne peut changer les choses : le président de la République. Lorsque la Commission et le Parlement européen ont voulu aligner la définition du viol pour toute l’Europe, ce qui est totalement hors des pouvoirs accordés par les traités, Emmanuel Macron a dit non. On en est resté là. On se souvient aussi de la politique de la chaise vide du Général de Gaulle sur la question agricole. Donc les politiques peuvent quelques choses et il importe d’inscrire ces questions dans l’action politique.

Un des intervenants a rappelé que la commission « constitutionnelle » du Parlement européen (une curiosité : il n’y a pas d’autres parlements avec une commission constitutionnelle dans le monde) a voté en octobre pour un projet d’Etat fédéral de plein exercice, et que ce mardi l’Assemblée plénière a voté à la majorité ce projet, avec le soutien du président Macron. Les institutions européennes et une partie des Etats Membres, dont la France, vont pousser à un « Maastricht 2, le retour », toujours au même prétexte : l’élargissement de l’Union impose un approfondissement de son régime fédéral. Tout le premier trimestre va être ainsi consacré à des questions européennes : renouvellement du parlement ; passage à 35 membres ; nouvelle « constitution ». Compte tenu du noyautage des ONG, notamment islamique, cette évolution est évidemment folle : plus personne ne pourra intervenir, même pas les chefs d’Etat.

François-Xavier Bellamy a cru devoir répliquer que ce n’était pas grave, qu’il ne fallait pas s’énerver et que la réaction contre certains excès ne devait pas conduire à d’autres excès ! Le projet était une simple déclaration d’intention et que tout cela resterait dans les limbes européens sans concrétisation.

Son intervention a paru lunaire compte tenu de toutes les horreurs qui avaient été décrites pendant le colloque. Après coup, il est apparu qu’il avait en tête les interventions du RN sur les réseaux sociaux menant campagne en affirmant que les décisions de referendum européen et de suppression du droit de veto avaient été prises et étaient devenues opérationnelles. Il est vrai qu’il ne s’agit jusqu’ici que d’un projet. Mais ce n’est pas qu’un vœu pieux. Une procédure politique est en route avec un calendrier qui apparaîtra sous peu. Éviter de voir sa parole parasitée par les manipulations du RN est une chose. Une autre est de ne pas voir que les politiques ont une capacité d’intervention actuellement même si Macron ne l’exerce pas contre les interférences islamistes et Woke (le wokisme est l’américanisme des imbéciles). Et que le projet fédéral qui progresse du Parlement européen la supprimera.

Cette mollesse insigne vis-à-vis d’un projet fou, qui signifie la mort de la France comme patrie, comme histoire et comme acteur mondial significatif, jette un voile (si on ose dire) sur l’action européenne de LR.

L’Europe est devenu un grave problème plus qu’une solution. Les traités de Maastricht et de Lisbonne ont été des erreurs majeures qui ont détruit l’originalité et la force du projet européen. Loin des électeurs et dans le silence des médias la foire aux ONG qu’est devenue Bruxelles est une horreur. La France et les Français y perdent lourdement.

Il faut encourager les efforts universitaires pour que l’on regarde les réalités et qu’on publie ce qu’on voit. Le combat culturel est indispensable. Mais la grande bataille est politique ! Là il va falloir des combattants pas seulement des élus commentateurs menant des combats d’arrière-garde, quel qu’en soit le mérite.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Les « États-Unis d’Europe » programmés à Bruxelles. Silence à Paris.

Si l’on avait besoin d’une preuve supplémentaire de l’absence radicale de correspondance entre les débats politiques en France et les débats dans le cadre des institutions européennes, la séquence actuelle visant à réviser les traités en fournirait le plus magnifique exemple.

Il n’y a pas un jour en France, où tel ou tel parti ou tel ou tel leader, n’explique qu’il faut rétablir la pleine souveraineté française sur les questions régaliennes et notamment sur la question de l’immigration sauvage qui voit des millions d’Africains envahir l’Europe avec quelques conséquences. « Il faut un référendum permettant de contrer les normes juridiques européennes qui empêchent toute réaction contre l’invasion. » Il faut que le peuple français puisse intervenir et exercer sa souveraineté, captée par la Cour de Justice Européenne et la CEDG. À partir de là et à partir de là seulement, on pourra agir. Actuellement les gouvernements sont paralysés. Tel est coeur du débat en France.

Cette question très actuelle prend le relais d’un « marronnier » qui fleurit à chaque élection européenne. Des listes annoncent qu’elles sont pleinement favorables à l’Europe mais qu’elles visent à modifier les traités pour rendre l’Europe plus sociale, plus sécuritaire, plus blablabla. En fait il est impossible de lancer « de l’extérieur » des réformes dans une Europe à 27 et qui cherche encore à élargir le nombre de ses membres.

Le député européen français est un impuissant structurel. La délégation française est cassée en petits morceaux par la proportionnelle et ventilée dans des regroupements dont les Français ne savent rien et où ils sont ultra-minoritaires. Ils ne savent même pas au moment de la campagne électorale ce sur quoi la Commission va les faire voter. Depuis le traité de Lisbonne, ce peut être sur tout et n’importe quoi. Personne ne demande des comptes sur les votes des députés français. Il y a tant de votes sur tant de questions diverses que l’effort serait surhumain et sans substance.

Pendant qu’en France on spécule sur des transformations impossibles ou du droit européen ou des traités, les européistes agissent sans que les Français n’en aient le moindre soupçon car les médias dominants ne couvrent pas les travaux de l’Union Européenne. Ils seront confrontés à des décisions déjà prises qu’on leur demandera de ratifier au nom de l’Europe fédérale magique dans lequel l’avenir français doit se dissoudre.

Nous avons donc une situation complètement schizophrénique où deux discours contradictoires jusqu’à l’incompatible absolu sont tenus en même temps, sans aucune prise de conscience publique de cette contradiction délirante.

Que se passe-t-il donc à Bruxelles ? Dans un précédent article nous avons donné la référence de l’ordre du jour détaillé du Parlement européen. Avec ce petit détail : discussion et vote sur le projet de modification des traités européens. Ainsi donc des projets de réformes constitutionnelles de l’Union étaient en route et nous n’en savions rien ! Et la Président de la République ne nous en dit rien ? Et le premier Ministre ne nous en dit rien ? Et les grands partis français ne nous en disent rien ? Et les grands médias français « d’information » ne nous en disent rien.

On imagine qu’en démocratie le choc des conceptions contradictoires portant sur des questions aussi majeures que la souveraineté nationale, la place de la France en Europe et dans le monde, provoquerait un grand nombre de débats passionnés !

Pas du tout ! C’est le grand néant. On dira : le projet doit être si insignifiant et si technique que cela ne doit pas être ni fondamental ni très excitant.

Regardons donc le projet sur lequel la commission constitutionnelle de l’Assemblée (si, si, cela existe) s’est mise d’accord et qui sera mis au vote de l’Assemblée dans les brumes propices des vacances de Noël.

 

// Le rapport comprenant les projets de réforme des traités a été approuvé par les députés mercredi par 19 voix pour, 6 contre et une abstention. La résolution qui l’accompagne a été adoptée par 20 voix pour, 6 voix contre et aucune abstention. Les députés réitèrent leur appel à modifier les traités de l’UE et demandent au Conseil de soumettre "immédiatement et sans délibération les propositions [...] au Conseil européen", afin qu’une Convention puisse être mise en place.

Les députés appellent à un système plus bicaméral qui renforcerait le rôle du Parlement et modifierait les mécanismes de vote au sein du Conseil. L’Union serait mieux préparée à agir en augmentant considérablement le nombre de décisions prises par un vote à la majorité qualifiée (VMQ) et au moyen de la procédure législative ordinaire (PLO), tandis que le Parlement obtiendrait un droit d’initiative législative à part entière et deviendrait un colégislateur du budget à long terme de l’Union.

Les députés demandent également le renversement des rôles actuels du Conseil et du Parlement dans l’élection du Président de la Commission (qui serait rebaptisée "exécutif européen"), le Parlement proposerait à l’avenir le Président de la Commission et le Conseil européen l’approuverait. Ils proposent également de permettre au Président de la Commission de choisir ses membres en fonction des préférences politiques, tout en assurant un équilibre géographique et démographique.

Le projet de rapport demande la mise en place d’un mécanisme pour des référendums à l’échelle européenne sur des questions pertinentes pour les actions et les politiques de l’Union (y compris l’approbation des propositions de réforme du traité examinées) et le renforcement des mécanismes participatifs existants.

Les députés souhaitent établir une compétence exclusive de l’Union en matière d’environnement et de biodiversité et des compétences partagées en matière de santé publique, de protection civile, d’industrie et d’éducation. Ils proposent de faire progresser les compétences partagées de l’Union dans les domaines de l’énergie, des affaires étrangères, de la sécurité et de la défense extérieures, de la politique des frontières extérieures dans l’espace de libre-circulation, de sécurité et de justice et d’infrastructures transfrontalières.

Le projet de rapport contient également des propositions concernant :

- la politique étrangère, de sécurité et de défense (sanctions et décisions au vote à la majorité qualifiée sur les étapes du processus d’élargissement, ainsi qu’une union de la défense dotée de capacités militaires) ;

- le marché unique, l’économie et le budget (lutte contre les paradis fiscaux, vote à la majorité qualifiée pour les décisions fiscales, périodes de cinq ans pour le budget à long terme) ;

- un protocole sur les avancées sociales ;

- l’éducation ;

- le commerce et l’investissement ;

- la non-discrimination (élargissement de la liste des groupes vulnérables protégés, référence à l’égalité des genres dans l’ensemble des traités) ; N.B. : la notion de sexe est remplacée par celle de genre, génuflexion appuyée vis-à-vis du Wokisme et de la théorie du genre. Le transgenre rentre dans la constitution européenne !

- le climat et l’environnement (diminution du réchauffement climatique et sauvegarde de la biodiversité comme objectifs de l’Union, protection des sources naturelles de vie et des écosystèmes des animaux, conformément à l’approche "Une seule santé") ;

- la politique énergétique (Union européenne intégrée de l’énergie)

- l’espace de liberté, de justice et de sécurité (compétences supplémentaires pour Europol, violence fondée sur le genre et crimes environnementaux poursuivis en vertu du droit de l’Union)

- migration (normes minimales communes de citoyenneté et de visa, renforcement des mesures de sécurité aux frontières, stabilité économique et sociale et disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée).

Le rapport devrait être mis aux voix lors de la session plénière du 20 au 23 novembre, avant le vote dans une convention puis la ratification des pays membres.//

En un mot, il s’agit de dépasser les traités de Maastricht et de Lisbonne pour aboputir à un système intégralement fédéral, où les États membres n’ont pratiquement plus leur mot à dire. Ils perdent toutes leurs fonctions régaliennes, qui sont transférées soit en mode exclusif à « l’exécutif européen », soit deviennent partagées (donc qui ne peuvent être l’objet de décision qu’avec l’accord des institutions européennes).

La commission devient un « exécutif » européen, dernière concession sémantique avant le terme de "gouvernement européen". Son président est choisi par l’assemblée, et non plus par les États membres. Il choisit ses ministres et se présente devant le parlement. L’Union devient donc un état de plein exercice, avec son parlement et son gouvernement, sans que les États membres n’aient plus rien à dire.

Pratiquement il peut se saisir de toutes les questions sociétales, sociales, économiques, industrielles, énergétiques, commerciales et fiscales, avec un droit supérieur à celui des nations. Les nations n’ont plus rien à dire sur les migrations et le régime applicable aux immigrés. "L’Europe favorisera la recherche d’une main d’œuvre immigrée conforme aux besoins économiques de l’Union."

Le climat devient une compétence quasiment exclusive de l’Union associée avec la compétence exclusive en matière d’environnement et d’énergie.

Même l’éducation et la santé échappent désormais à une vision nationale.

Vous vous posez la question : que reste-t-il comme compétence souveraine pour le Président et le gouvernement français ?

La réponse est claire : rien ! Absolument rien ! Surtout si on délègue une partie de ce qu’il reste aux Régions (voulues par les fédéralistes européens pour casser un pêu plus le pouvoir des Etats) !

Un sujet qui mériterait d’être un peu débattu tout de suite, non ?

Non ! On verra plus tard, lorsqu’on en sera au vote de ratification où on essaiera de culpabiliser les ringards qui veulent dire non, sans doute des gens de l'ultra droite nationaliste et sordidement identitaire aux senteurs nauséabondes rappelant les moments les plus honteux de l'histoire. La nazification des opposants reste depuis la fin des années 1920, presqu'un siècle, la méthode habituelle pour faire taire les récalcitrants aux mensonges dominants. 

Emmanuel Macron a déjà fait réaliser ses tracts pour les élections européennes. On le voit en beau jeune homme photoshopé, chemise blanche ouverte à la BHL et sourire ravageur, soutien inconditionnel de l’Europe merveilleuse et avenir de la France. En plus ce sera la zone dégenrée dernier cri et un modèle de liberté pour les LGBTQI+++ dont il rêve. Lui sera celui qui aura assuré la création « enfin » d’un vrai État fédéral européen, où il cherchera à trouver son emploi futur de 2028, en cédant sur toutes les questions « vertes » et Woke ! Son fauteuil dans l’histoire comme père des États Unis d’Europe est à portée de fessier.

Pendant ce temps-là « des ratonnades antifrançaises » continuent de tuer à la ville et commencent à tuer dans les campagnes, pendant que la « rue musulmane » se met à jouer du couteau en bande organisée ou sur initiative individuelle. Un rapport officiel cite qu’il a eu 653 000 victimes sur une période de 5 ans, "parmi lesquelles 18 % déclarent avoir été violentées avec au moins une arme". Et sur "ces victimes de violences armées, 37 % évoquent une arme blanche". On serait aujourd’hui entre 45-50 000 victimes par an !

Presque rien… De simples faits divers. Comme le pillage avec destruction généralisée de bâtiments publics de juin 2023. Un simple épiphénomène qui ne mérite pas qu’on s’y attarde.

Et la récession arrive !

Il est sûr que dès qu'on aura créé un nouvel Etat fédéraliste européen, toutes ces questions disparaîtront comme par enchantement. On expliquera, comme au Canada , que la population indigène traditionnelle blanche dominante empêche l'épanouissement des minorités et que le virilisme tue la planète. Les Etats-Unis d'Europe, petite soeur des Etats-Unis d'Amérique auront bientôt accueilli tous les territoires non encore intégrés, le merveilleux moignon nécrosé d'Etat qu'est le Kosovo, cette erreur et cette horreur, la délicieuse Albanie, plus un reliquat d'Ukraine et de Géorgie. Résistera-t-on à la tentation d'y intégrer le Grand Califat turque ? Si les Etats-Unis insistent un peu, probablement pas.

L'Europe ainsi construite sera en paix intérieure et extérieure. C'est certain !

Avec un peu de chance, la croissance économique aura été totalement détruite par les politiques visant à sauver la terre, la nature et le monde animal. La dénatalité de toute façon aura fait ses ravages. Selon nos propres calculs la population native française (clle dont les aieux étaient présents en 1890, pour fixer les choses) a commencé à baisser quelque part entre 2000 et 2010. En 2050 la France aura donc connu un demi-siècle de baisse. La question est brulante. Elle est laissée totalement hors du champ de la réflexion politique. On notera que dans le projet de création d'une Europe fédérale, il n'y a pas un mot sur la natalité ! 

Enfin l'énorme problème des transgenres, une urgence transcendantale, sera au cœur de l'action politique et des préoccupations des porteurs du bien humain. Comme celui des liminaires.

La France de 2050 qu'on laisse les Bisounours nihilistes nous construire, sera bougrement intéressante.

Est-ce qu'on en gardera le nom ? Pas sûr. La référence aux Francs, ces sauvages portés sur la domination masculine, la beuverie, le barbeuc géant, et la guerre, est douteuse et contreproductive. France et rance, cela rime trop bien. La New Neustrie, ce serait mieux. Cela rime avec neurasthénie. Pas mal trouvé pour un EHPAD géant.

Gouverner, c'est prévoir. Par quel effet de fascination les élites françaises se laissent-elles entraîner dans un pareil avenir ? Et comment admettre que l'on débatte en France de tout sauf de ce qui est réellement important et grave, sachant que les projets mortifères pour notre Patrie progressent à Bruxelles dans le silence tonitruant des politiques français.

La France a-t-elle vraiment comme vocation d'être l'équivalent en Europe du Québec au Canada : une population noyée et dissoute, émasculée et neutralisée, dont la vocation est de se faire oublier ?

Un pays où des dirigeants aussi totalement ineptes et toxiques que Macron et Hidalgo ont été réélus, et où une famille, les Le Pen, servent de repoussoir perpétuel (un demi-siècle déjà) commode, mérite-t-il mieux que le destin qu'on lui prépare ?

Une chose est claire : c'est maintenant que tout se joue.

Il ne faudra pas prétendre qu'on ne le savait pas et que tout est venu par surprise sans qu'on puisse l'anticiper ni l'empêcher. 

L'Union Européenne : une bureaucratie sans limite et dominée par les ONG

Alors que les élections européennes se profilent, l’évolution de l’activité de la Commission et du Parlement européen ne laisse pas d’inquiéter.

Rappelons d’abord que les élections européennes ne sont pas démocratiques.

Une élection démocratique permet aux électeurs d’orienter de façon décisive la politique menée. Les électeurs français ne pèsent quasiment rien dans l’assemblée et la proportionnelle divise les élus en fragments totalement impuissants à faire bouger une question quelconque. De toute façon le programme parlementaire est inconnu au moment du vote des députés européens. Il est quasi totalement entre les mains de la Commission. Les électeurs votent pour des fantômes avec étiquettes. Ils n’entendront plus parler de rien jusqu’aux prochaines élections.

Rappelons aussi que la presse française ne couvre pas ce qui se passe au sein des instances européennes. Les ordonnances sont votées sans que le pays ne soit mis au courant des enjeux. On verra plus tard lors de la transcription. On constate alors le désastre pour la France mais on vous explique que c’est voté depuis longtemps et qu’il est impossible de revenir en arrière.

C’est pourquoi notre cercle demande que les projets d’ordonnance soient discutés, préalablement au vote du Parlement européen, par le Parlement français. Le but est de permettre à la classe politique française de se positionner explicitement sur les questions posées et d’en informer les électeurs français, pas d’entraver le mécanisme européen.

Rappelons ensuite que la notion de subsidiarité, qui a toujours été un attrape-nigaud, a totalement disparu et que les instances européennes se saisissent de tout sujet même très en dehors des champs définis par les traités. Consulter les ordres du jour de l’Assemblée européenne fait dresser les cheveux sur la tête. On y débat de tout et n’importe quoi sans que l’électorat français n’en ait la moindre connaissance. Comme tout est dans tout (et réciproquement) la Commission et le Parlement peuvent aller dans toutes les directions et toujours avec une vision bureaucratique de réglementation.

Rappelons enfin que dans ce magma infâme le rôle des ONG est hyperbolique. ONG et institutions européennes vivent en symbiose, sous la domination des instances de l’ONU et des ONG américaines. Toute l’action de ces lobbies vise à faire rendre gorge à tel ou tel ou à faire « avancer l’agenda » des grandes ONG internationales.

Le Wokisme, l’islamo-gauchisme, l’écolofascisme, s’étalent sans vergogne et finissent par inciter à voter des ordonnances totalement iréniques dans leurs motivations et étouffantes dans la vie courante, dans le cadre d’une idéologie dont les électeurs français n’ont pas à savoir. La communication qui émerge est toujours favorable aux décisions européennes. Les opposants sont des ringards résiduels qui doivent être  évincés par les bons européens conscientisés.

L’Europe est devenue une sacristie ou des curés de papier autoproclamés font de la morale frelatée retranscrite dans des règlements abscons, coûteux et le plus souvent parfaitement inutiles. Que l’Europe soit la zone du monde à la traîne dans tous les secteurs économiques ou autres, ne gêne personne. Le puceau mystique et le Savonarole se donnent la main pour tout étouffer, tout couvrir de moraline, tout empêcher, tout taxer, tout compliquer et pour créer des piloris.

Tout ce petit monde parle anglais, ce qui fait que personne en France ne comprend ce qui se passe au moment où cela se passe.

L’Europe institutionnelle a deux ennemis : les nations et l’entreprise. Tout est donc fait pour les empêcher de nuire… aux institutions européennes.

Voici donc la présidente de la Commission, la navrante imbécile abusive qu’est Mme Van der Leyen qui se croit présidente des États-Unis d’Europe et se permet de saturer les circuits diplomatiques de ses initiatives et propos délirants, sans jamais en référer à qui que ce soit.

Voici donc les Commissaires en folie cherchant à doter les institutions d’une fiscalité qui soit propre à l’Europe et indépendantes des États constituants. La démagogie suinte de toute part. Il suffit de savoir qu’un abruti stipendié propose un impôt de 2 % sur les milliardaires pour bien cerner la qualité de la réflexion. Ne vous inquiétez pas :  l’Europe sera payée par les riches, pas par vous !

Voici donc les Commissaires poussant à l’intégration massive de nouveaux membres : l’Albanie, tellement démocratique, le Kosovo cette rognure de pays arrachée à la Serbie par les Américains en contrepartie d’une base militaire, etc. Et naturellement, il faut intégrer l’Ukraine et la Géorgie et la Moldavie, sans décourager la Turquie, dont le chef prétend diriger l’Oumma contre l’Occident mécréant !

Voici surtout les réglementations de détail contre les entreprises et les particuliers au nom de l’écologie, du féminisme outrancier, de la haine de l’Occident voué à la pénitence, etc.

Si on veut juste avoir une idée des résultats auxquels on aboutît, il suffit de lire les publications européennes sur le Net puisque la presse n’en parlera pas. Prenons l’exemple du CSRD.

Vous ne savez pas ce qu’est le CSRD ? Normal. C’est fait pour !

Plongeons dans cette littérature extravagante :

« Qu’est-ce que la CSRD ?

« La CSRD représente une expansion significative du reporting obligatoire en matière de développement durable pour les entreprises. Jusqu’à présent, l’actuelle directive sur les publications d’informations non-financières (Non Financial Reporting Directive ou NFRD) concernait 12 000 entreprises. Dès son entrée en application à partir de 2024, la CSRD impactera progressivement 40 000 sociétés européennes et 10 000 non-européennes. La directive étendra le périmètre de la taxonomie européenne et obligera les entreprises à communiquer sur de nombreux indicateurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).

Les objectifs de la CSRD

Pilier essentiel de la stratégie de finance durable de l’UE, la CSRD vise à orienter les flux d’investissements vers les entreprises durables, afin de garantir la réalisation des objectifs du Pacte vert européen (Green Deal), c’est-à-dire :

  • Atteindre la neutralité climatique d’ici 2 050 (objectif zéro émission nette),
  • Protéger et restaurer les écosystèmes,
  • Passer d’une économie linéaire à une économie circulaire
  • Parvenir à zéro pollution au sein de l’UE.

Le niveau d’investissement durable requis pour atteindre cet objectif ne peut être atteint que si les gestionnaires d’actifs et les banques disposent de plus d’informations sur les performances en matière de développement durable des entreprises dans lesquelles ils sont susceptibles d’investir. C’est sur ce point que la CSRD entre en jeu, en créant un socle de reporting complet, transparent et uniforme au niveau de l’UE pour les entreprises. Ce cadre contraignant s’appuie sur des référentiels internationaux, tels que la TCFD, le CDP et la taxonomie de l’UE, trois sujets sur lesquels EcoAct possède une expertise approfondie. »

Le prototype d’un monstre bureaucratique, bourré d’acronymes, aux intentions presque divines et impossibles à mettre en œuvre sans frais délirants dans les entreprises, obligés de passer par des sociétés d’audit aux tarifs extrêmement élevés et faisant partie des lobbies en place à Bruxelles.

Coût pour une PME : au minimum 60 000 euros ! Naming et shaming pour celles qui résistent. Pour les institutions financières, prison si on finance des projets non admis par les écologistes professionnels et leurs ONG. Et évidemment des amendes gigantesques collectées au profit des institutions européennes.

Qui a voté pour ce magma sordide d’intérêts privés croisés avec ceux des ONG et des fonctionnaires européens ? Qui a voté pour ce climat de haine et de surveillance ? Qui a voté pour cet étouffement ?

L’Europe vous protège ! Elle laisse des militants et des fonctionnaires étouffer les nations et leur économie dans une totale impunité. Il n’y a jamais de vote populaire pour empêcher ces délires.

À la télévision vous ne verrez sur les chaînes publiques qu’un défilé de zozos acquis à la cause qui expliqueront leur émerveillement devant les contraintes imposées aux entreprises. Ils n’y ont en général jamais travaillé. Les femmes représentent plus de 80 % des invités, allant de la starlette propagandiste du bien révélé et de sa petite personne, à la vieille militante usée sous le harnois des revendications perpétuelles contre les méchants patrons. S’il doit y avoir débat, ce sera la vieille règle socialiste : trois pour et un seul anti marginalisé. Voir dimanche dernier sur Euronews : trois femmes pour un pauvre type réduit à la portion congrue et châtié par la meute. Évidemment l’organisatrice du débat pousse du bon côté contre le vilain. Tout cela avec nos impôts naturellement. Et en anglais.

Le plus drôle, c’est qu’après avoir sévi à la Commission, certains commissaires tirent leur révérence pour candidater dans leur pays avec l’aura de l’Europe. Timmermans a asservi son poste de commissaire à l’obligation qu’il se faisait d’amadouer les Verts néerlandais pour devenir président du conseil ! Le voici en campagne ! Et allez tous vous faire voir chez Plumeau. Moi d’abord !

On a donc tout : l’absence de démocratie ; la soumission aux États-Unis et aux ONG ; la haine de la démocratie et du débat au profit d’un faux bien intégré dans une bureaucratie inlassable et féroce, plus le délire de la personnalité comme avec Mme Van der Leyen, plus les petits calculs politiciens.

Tableau !

L’électeur français dans tout cela ? Essayez de demander à un député européen ce pour quoi il a voté ! La plupart du temps il n’en sait même rien. La place est chiante mais financièrement fantastique. Alors vite à la soupe !  Quelles rémunérations ! Partiellement détaxées qui plus est. Quelle retraite !) on va crier au miracle européen pour être réélu (pardon : pour être renommé via la direction de son parti, chargée du nantissement des privilégiés de l’équipe dirigeante).

L’Europe  est dirigée de facto par des militants dont les querelles sont transformées en bureaucratie par une armature de fonctionnaires européens et une « coupole » de hauts fonctionnaires français ayant pris le pouvoir en famille, toujours au détriment de la France qui travaille et qui se voit assommer de règles contradictoires et d’obligations de preuves de soumissions aux oukases de Savonarole, et aussi de frais colossaux, de menaces diverses etc.

On ne calcule jamais les conséquences en termes d’emplois et de rémunérations et de fiscalité, et de dynamisme etc.

Des obligations cadencées sans aucune étude d’impact : voilà la méthode. Et des obligations déclaratives associées à des sanctions ubuesques.

Le bourgeois et l’entreprise sont essentialisés comme mauvais par nature et devant être enchaînés au bien commun par l’impôt, les réglementations et les dépenses contraintes, sous menaces de piloris, de sanctions financières et de répressions plus brutales comme la prison.

Pendant ce temps-là, Emmanuel Macron qui, seul, a le pouvoir de s’opposer ou de faire évoluer les élucubrations européistes, soit directement soit par l’action gouvernementale, se tait sur tous les sujets concernés et laisse faire quand il ne va pas faire des génuflexions appuyées devant la Cour de Justice ou la CEDH.

Il fait distribuer actuellement  sur les marchés un tract sur lequel on le voit en jeune homme souriant adulé par les foules avec comme titre : l’Europe qu’on aime ! Celle qui s’occupe des femmes, de la nature et de la santé et qui protège les frontières.

Ahurissant comme la vérité ou la réalité n’existent pas pour ce garçon. On se cale dans une image et c’est tout. Et on explique que c’est une image sainte. Oser dire que l’Europe lutte contre l’immigration et qu’elle protège nos frontières, qu’elle garantit notre sécurité en Ukraine, que 40 % du plan de relance est financé par l’Europe (La France va payer ces 40 % plus une cinquantaine de pourcents supplémentaire au profit des autres), tout en se flattant ouvertement qu’elle promeut une zone LGBT, certainement cruciale pour la réputation de la France. L’ennui des postures c’est qu’elles interdisent les actions nécessaires. Macron cède donc sur tout en Europe comme il ne cesse de ménager la chèvre et le chou en France.

Du coup le slogan « Une France plus unie dans une Europe plus forte » est un véritable oxymore. Jouer les têtes à claques avec cette constance est tout à fait remarquable !

On voit tous les jours les tranchées béantes de la division intérieure, aussi bien avec les horreurs de juin 2023 qu’avec la poussée antisémite actuelle, contre laquelle E. Macron n’a pas voulu manifester.

Quant à l’Europe, elle est devenue le continent malade et à la traîne, avec en son sein, une France démolie qui n’est championne que des prélèvements obligatoires et des contraintes ahurissantes. Dans une ambiance de retour aux guerres de religion. Quel bilan !

Et tout ce petit monde va droit à la récession en chantant et en expliquant que ceux qui klaxonnent sont des vilains et des méchants.

On s’étonnera sans doute que l’abstention soit record lors des prochaines élections européennes. On ne s’étonnera pas que l’élection n’ait servi qu’à préparer la bataille entre RN et LREM, avec une victoire valorisante pour le RN, qu’on devait remiser dans les poubelles de l’histoire.

Pourquoi nier que tout cela est misérable et honteux ?

Quo non descendam ? Le projet macronien résumé en une phrase.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

PS : Pour les curieux, nous donnons ci-dessous l’adresse web de l’ordre du jour de l’Assemblée européenne pour cette semaine.

Rappelons que l’objet principal de la création du marché commun était de créer une zone de coprospérité permettant de performer par rapport aux autres continents.

https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/OJ-9-2023-11-20-SYN_FR.html

On notera en particulier qu’on va discuter de la modification des traités telle que l’envisage la Commission.  Pas un mot en France, pas un débat alors que l’affaire est critique. La seule chose qu’ont retenu les médias dominants : le rejet de l’interdiction du glyphosate, rendu obligatoire par la réaction ferme des états agricoles en particulier la Hollande, mais évidemment sans aucune action de la France. Macron et Borne sont silencieux. Les partis politiques français regardent ailleurs.

Le dernier livre d’Henri Guaino : forces et limites

« À la septième fois les murailles tombèrent ! » Le titre du dernier livre d’Henri Guaino (aux Editions du Rocher) est excellent. Il correspond au contenu du livre et crée une inquiétude de départ propice à mettre le lecteur dans une attente fébrile. On aurait pu également choisir : au bord du gouffre ; il est moins une ; dernière station avant l’apocalypse, Les derniers mètres du Titanic…

Le livre décrit et dénonce l’effondrement permanent du pays depuis des lustres et veut avertir que si on continue sur cette lancée, la disparition de la France comme nation, comme grande puissance et comme vecteur universel de civilisation va disparaître à très court terme.

Conjurer l’effondrement définitif, voilà l’ambition.

Après avoir lu le livre nous avons relu le commentaire que nous avions fait d’un grand article du même Henri Guaino, conseiller de Nicolas Sarkozy, en plein dans les suites de la crise de 2008 et de son surgeon proprement européen de 2011. Formidable : rien n’a changé. Même discours et mêmes critiques.

http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2011/9/9/Larticle-dHenri-Guaino-dans-le-Monde-du-9-septembre-2011

Henri Guaino a cette caractéristique d’être un Gaulliste non pas de gauche mais qui refuse de solidifier l’aventure dans une affirmation uniquement droitière. Il considère que la création de la Cinquième République, privée de ses dépendances extérieures et rattachée au projet global Européen, est une pensée civilisationnelle où le rôle de la France aurait pu et dû être magnifié. Il constate 65 ans après que le pays est devenu une collection de territoires, qu’il n’y a plus de nation, que le recul économique est évident, que l’Europe s’est écartée du schéma français et a écarté la France de son schéma, que la mondialisation est devenue une tiers-mondialisation de la France, que partout le pays perd pied et que l’ambiance est mortifère.

Il suggère que la cause principale est l’esprit de table rase complété par une approche comptable des questions étatiques. Au lieu de bâtir sur les acquis, on veut tout détruire pour faire autrement. La longue litanie des « tables rases » engagées est la meilleure partie du livre. Ce n’est pas une approche « conservatrice » mais un rappel précieux à concilier le passé et la modernité.

Pourquoi les élites françaises ont-elles cédé aux sirènes de la table rase, partiellement prônée par le « cercle de raison » portant les idées médiatiques dominantes ? C’est là que l’analyse reste faible.

Le rôle délétère des crises économiques et financières, dont le mécanisme n’est pas réellement expliqué, n’est pas compris par Henri Guaino. L’organisation foireuse qui les provoque n’est pas de caractère idéologique mais tient entièrement à la domination américaine. Elle ne ressortit pas de la philosophie mais des relations de force géopolitiques. Si on ne comprend pas que les déséquilibres majeurs de balances de paiements, avec des déficits et des excédents ahurissants, conduisent automatiquement à une financiarisation désastreuse qui travaille pour elle-même sans orienter l’épargne vers l’investissement productif, que les bulles financières artificielles ont vocation à exploser, et que le sous-investissement implique la déchéance des services publics, le déclassement de la classe moyenne, et des poussées de dettes extravagantes, on ne sait rien proposer pour en sortir.

Henri Guaino recentre alors ses critiques sur « l’approche comptable » qui veut que l’on déshabille l’état et qu’on réduise son rôle social. Il reprend la critique du néolibéralisme qui a triomphé avec Reagan et Thatcher et a dominé le monde. Mais il ne veut pas trop se mettre du côté des économistes atterrés et des socialistes antilibéraux. Alors on parle d’approche comptable et on dénonce l’obsession de la droite à vouloir réduire le rôle de l’État. On retrouve le discours que veut incarner Aurélien Pradié : ne pas oublier le social et ne pas se présenter seulement sous la forme d’un rabot antisocial.

Henri Guaino refuse de voir que la fusion des hauts fonctionnaires d’état et de l’élite politique en une caste homogène préoccupée, de plus en plus en famille,  à consolider et étendre ses privilèges, a entraîné à la fois une hausse terrifiante de la dépense publique et la déréliction des services, au profit d’attributions d’avantages divers sans cesse plus généreux à des clientèles sans cesse plus nombreuses. Quand on ne veut pas voir cette réalité, presque tout le reste vous échappe. Il suffit d’écouter un Macron pour voir qu’à chaque sortie il annonce une nouvelle dépense, un nouveau cadeau au peuple, une nouvelle promesse qui ne sera pas tenue de baisse des impôts. La bureaucratie a tout envahi depuis que le couple Giscard-Chirac a pris le pouvoir et l’Enarchie compassionnelle avec eux.

Le poste de premier Ministre est un poste administratif. On y est nommé après une direction de société d’autobus et avant de trouver une autre sinécure. On a ainsi swappé le poste de premier ministre et celui de président de la RATP entre Borne et Castex, sous la houlette de l’énarque Macron et de son conseiller énarque.

La justice n’est plus « républicaine » et s’est autonomisée. Mais Henri Guaino ne comprend pas et ne nomme pas le mal. Le justicialisme est une doctrine et une pratique qui devrait être criminalisée et extirpée. Ici, pas de solutions ni d’analyses. Simplement des constats.

Le livre de Guaino est comme un torrent au milieu des rochers, et on le descend en canoë en évitant avec la pagaïe de se noyer. Mais il n’a pas d’introduction, de développement et de conclusion. On est dans le commentaire, pas dans l’action. Bien sûr on peut espérer que les commentaires déclencheront une réflexion salutaire, mais sans points d’appui programmatiques, on voit mal comment.

La vraie bataille, pour le camp politique dans lequel Henri Guaino bataille, est programmatique. Qu’est-ce qu’on doit faire ? Quelles forces contraires doit-on vaincre et comment ? Quelles sont les grandes actions pilotes capables de bloquer la descente aux enfers ?

N’espérez pas trouver dans le livre des éclaircissements précis sur ces questions vitales.

On retrouve les lacunes de l’article de 2012 alors que l’auteur conseillait Nicolas Sarkozy.

Sans programme précis et sans porter le fer sur des tares bien identifiées, il ne se passe rien.

Compilation n'est pas raison et encore moins action.

Le livre d’Henri Guaino participera peut-être à une meilleure prise de conscience qu’on se laisse entraîner au gouffre par passivité intellectuelle et refus de réagir. Mais il n’aide pas vraiment à reformuler un projet concret pour redresser la France.

Dommage !

 

Didier Dufau, pour le Cercle des économistes e-toile.

 

Soliloquer sans comprendre

Moraliser sans apprendre,

Est une oeuvre de curé

élégamment désespérée.

Prophétiser mais sans agir

Anesthésier sans  ouvrir

N'est pas oeuvre de médecin

et laisse aller le destin.

 

Il y a des trous dans les mémoires politiques de Franz Olivier Giesbert

Disons-le franchement : jamais nous n’aurions créé le Cercle des Économistes e-toile si nous n’avions pas tous le sentiment en 1997-1998 que nous allions sombrer pour de bon si la politique française ne changeait pas de cap immédiatement. Clarifier les causes de l’effondrement qui s’est accéléré dans les 25 ans suivants a été le fil rouge de ce site. Aujourd’hui, plus personne ne conteste l’effondrement. Il est vrai qu’il touche tous les domaines.

Un des obstacles qui ont empêché la prise de conscience nécessaire a été la grande presse, dont FOG a été un des acteurs les plus notables, mais qui a participé au désastre presque malgré lui. On ne peut pas faire une grande carrière sur fond de catastrophe, sans en avoir été au moins un peu le complice.

Aujourd’hui il se fait le chroniqueur de l’effondrement, du fait de la place d’observateur privilégié qui a été la sienne. Sans s’en rendre compte, il finit par cautionner les causes des conséquences qu’il fustige.

Le cœur de l’affaire, est sa volonté de ne pas remettre en cause le système de caste qui s’est mis en place, l’énarchie compassionnelle et bienveillante, comme nous la baptisons ici, qui est un des trois causes majeures de notre glissade délirante, avec la tiers-mondisation heureuse et les désordres monétaires internationaux, sur fond de crise démographique nationale et d’abandon de notre identité, autonomie et originalité au sein de l’Euroland.

La capture de longue durée du pouvoir politique par la caste des hauts fonctionnaires, une spécificité exclusivement française (elle est interdite partout ailleurs) n’a pas été la cause unique de la déchéance mais un de ses facteurs nécessaires. Le haut fonctionnaire, étatiste (on dit keynésien) et socialiste (ont dit : arbitre neutre de la société) ne sait que réglementer, subventionner et imposer. Il cultive la dépense publique et la dette. Que nous soyons noyés par la bureaucratie et leader mondial de la fiscalité et de la dette 50 ans après que le couple Giscard-Chirac a inauguré le cycle de domination totale de la vile politique par l’énarchie n’est pas surprenant.

FOG a été le complice de cette prise de pouvoir. Son interview dans le FIGMAG du 27 octobre le prouve à chaque ligne ou presque.

« Pour Rocard et pour Juppé, j’ai beaucoup de considération. C’étaient des hommes d’Etat ». Justement non ! C’étaient des petits mecs qui se sont vus plus grand qu’ils n’étaient et qui ont fait beaucoup de tort au pays. Juppé crée le numerus clausus médical qui explique largement la situation actuelle de la médecine. Rocard a soutenu toutes les sottises et a profité de la haute conjoncture lorsqu’il était ministre pour accabler le pays de dépenses et d’impôts, dans l’imprévision la plus totale des conséquences qui ont été tragiques lors de la crise de 92-93.

« Lionel Jospin avait beaucoup de qualités à commencer par une réelle intégrité ». En gros s’il a été tragiquement destructeur c’est à cause d’Aubry. Tout cela est complètement faux. Lionel Jospin était un terrible aigri dans sa jeunesse, du fait de la collaboration de son père au régime de Vichy et son serment à Pétain. Il vomissait à 20 ans le bourgeois et l’héritier. Il ne jurait que par Henri Krasucky. Et il militait en secret dans la mouvance trotskiste, preuve d’une malhonnêteté de fond : il lui fallait se cacher pour devenir haut fonctionnaire. Rocard s’est lui vanté d’avoir porté les valises du FLN sous le nom de Servet. Pour la réelle intégrité on repassera !

La seule chose qui motivait le jeune Jospin était la revanche sociale et la preuve de sa prédestination. Les 35 heures avaient pour but d’en faire au moins le Blum des temps moderne. Là où Blum symbolisait les congés payés, Mitterrand la retraite à 60 ans, il y aurait Jospin et les 35 heures. Les 35 heures ce n’est pas Martine Aubry, mais Jospin, en recherche d’un acte symbolique fort pour se présenter aux Présidentielles. Il n’a pas compris son échec. Et il remâche sa déception en mangeant du homard au restaurant du Dôme, en jouissant de son appartement de luxe dans un hôtel particulier de la rive gauche et en allant dans sa maison à l’île de Ré. Bourgeois : « regarder mon mérite ! Je suis comme vous mais pas par héritage. Mais tout l’argent avec lequel je vis est celui de vos impôts et le pactole est sérieux vu tout ce que je cumule ».

Décidément pour l’intégrité on repassera.

Mitterrand est le prototype du pourrisseur. Il a tout pourri autour de lui et en particulier le socialisme. C’est son plus haut fait d’armes. Le programme commun de gouvernement était une horreur autant qu’une erreur. Exemple achevé du séducteur catastrophique pour qui se laisse piéger, il piégera FOG qui ne s’en est toujours pas remis. Il n’y a rien à sauver du Mitterrandisme. Le seul bénéfice que lui trouve la gauche est qu’il a peuplé tout l‘appareil d’état de socialistes qui le tiennent encore aujourd’hui, souvent en famille.

« Comment ne pas aimer Chirac ? » affirme FOG. On est passé de Facho-chirac au Grand Méchant Mou sans transition autre que l’ambition électoraliste. Il a fait élire Mitterrand, ce qui n’est pas particulièrement réjouissant et une fois au pouvoir à Paris, il s’est comporté en satrape inactif. À l’Élysée, il a renoncé à toute action corrective, choisissant des premiers ministres sans intérêt : Juppé qui l’enverra dans le décor avec la dissolution et les grandes grèves de la SNCF, Raffarin qui ne fera rien (Raffarien) et Villepin qui fera un discours à l’ONU sur demande de Chirac et mettra tout le monde dans la rue avec un Smic-jeune, bureaucratique et inconscient. On retrouvera cela avec Philippe et les Gilets jaunes.

FOG veut « réévaluer » Sarkozy et Hollande. Bon courage !

Sarkozy, alerté par nos soins de l’imminence d’une énorme crise économique à venir, a préféré crier que la croissance avec lui aller retrouver des nombres à deux chiffres ! Crétinos ! Il a fait venir Kouchner aux affaires étrangères, pour quêter un peu de soutien socialiste et pomper un peu de sa popularité médiatique frelatée. Zut, c’était le prototype de l’antigaullisme. On verra dans une affaire sordide qu’il était d’un métal plutôt répugnant.

Quant à Hollande ! Il s’est cru malin et il n’a été que ridicule.

Dans les deux cas il n’y a rien à réévaluer.

Quant à l’Europe : « Je ne me reconnais pas dans l’Europe de Charles Michel et d’Ursula van der Leyen. Elle est devenue un oxymore : une passoire dirigiste ».

Mais la faute à qui, cher FOG, sinon à la brochette de vos déplorables amis, dont Emmanuel Macron symbolise à lui seul tous les défauts cumulés et la marche vers l’effacement français définitif ?

« Il me semble qu’il n’y a jamais eu autant d’ectoplasmes et de zombies dans le paysage que sous Macron ». C’est vrai mais vous ne dénoncez pas l’essentiel : le triomphe de la caste des intouchables hauts fonctionnaires qui bloquent désormais toute entrée civile dans le monde politique exécutif.

Le plus drôle est que ce numéro du FIGMAG donne une parfaite illustration des méthodes de la caste énarchique. On y trouve un panégyrique saugrenu de Mme Pannier Runacher qui a été dépassée dans toutes les fonctions qu’on lui a confiées et s’en ait sorti en flottant comme un bouchon sur les vagues successives. Fille de haut fonctionnaire bientôt énarque comme il se doit, elle fait une carrière immédiate dans les cabinets ministériels. Tout d’un coup un article élogieux dans le Point attire l’attention du microcosme sur la prochaine élévation de la gamine. Et la voici secrétaire d’État puis bientôt ministre. L’article du Figaro annonce de nouvelles promotions.

L’exemple témoigne de l’intimité entre média et la classe politique. FOG, sans s’en rendre compte, pousse la démonstration à des sommets amusants.

Le moment est au triomphe des « filles-de », issues de la classe dirigeante socialiste et si possible énarchique : Aubry, Wargon, Runacher, Touraine, Parly 2, après la grande période des épouses et des maîtresses. (Hidalgo, Ségolène,…), Toutes ces demoiselles ont eu très tôt des rémunérations exceptionnelles de 300 000 à 1 million d’euros par an. Le cumul des statuts divers garantit des retraites pharamineuses.

Allez : Papa et Maman sont contents !

Pendant ce temps-là, la France s’effondre.

Oui, il y a des trous dans les mémoires de Franz Olivier Giesbert, témoin privilégié de la tutelle exercée par le pouvoir sur les grandes carrières journalistiques (qui ne sont possibles que si elles ont commencé à gauche).

 

 

Après le serpent monétaire, le serpent énergétique. Il est venimeux

En bourse, des contrats pour différence (CFD, pour « contract for difference » en anglais) sont des instruments spéculatifs à très court terme, utilisables avec des taux de levier réglementés. Ils sont très dangereux et interdits de publicité vers le grand public.

Ayant soudain découvert que fonder les prix de l’énergie et en particulier de l’électricité sur le cours volatile du gaz n’était qu’une totale folie lorsque tout le gaz est importé et dépends de la situation géopolitique, provoquant en France et en Europe à l’occasion le chaos dans l’industrie et les finances des ménages, la Commission vient d’organiser une concertation avec les Etats membre pour mettre en place une solution pérenne qui corrige les défauts du système. Il faudra avoir attendu trois ans de destruction industrielle et d’inflation énergétique avant que la solution entre en application en 2024.

L’Union européenne c’est lourd et c’est lent. Tant pis pour les dégâts ! À une époque qui ne jure que par l’agilité, cela fait un petit peu dérisoire. Mais bon !

Le cœur de la solution est également des CFD mais radicalement différents des CFD précédents. Il s’agit d’un « serpent énergétique » qui canalise les prix à long terme tout en laissant le marché fonctionner dans le tunnel de prix définis.

On est passé d’un système fondé sur le gaz à une usine à gaz bureaucratique.

Elle a pour but de conserver à la Commission un rôle de surveillant général plus puissant que les Etats, aux Allemands de contrôler le prix de l’énergie français, aux Français de sauver leur parc nucléaire et les prix bas à long terme qu’il peut favoriser. Surtout le lobby des Enr (énergie renouvelable) voulait conserver son système de subvention publique qui est sine qua non pour son existence. Autant dire qu’on s’est lancé dans une entreprise d’une grande complexité dont personne ne sait si elle sera favorable à la France, même si l’Exécutif crie à la victoire éclatante. Le Parlement européen où l’Allemagne et les lobbies des Enr dominent, peut encore changer la donne.

Quelle est la réalité française ?

Depuis le gouvernement Jospin l’industrie nucléaire a été saccagée et sa production réduite drastiquement par différents procédés. Ces 25 ans perdus sont désormais irrattrapables avant la fin prévue des centrales nucléaires existantes qui toutes risquent d’être à l’arrêt avant 2 050. La France est donc dans la situation de 1973 : construire une cinquantaine de centrales d’ici à 2 050 pour retrouver la capacité de produire au moins 500 Twh d’électricité. À l’époque la France était encore autonome et pouvait exercer sa souveraineté en faisant financer par l’Etat et les marchés financiers cet énorme investissement. Aujourd’hui elle est sous tutelle de la Commission qui le lui interdit. Que l’Etat paie pour les centrales nucléaires est considéré comme une distorsion de concurrence ! L’Allemagne ne veut plus que la France tire bénéfice de son investissement nucléaire. Les écolo-politiques et les lobbies veulent que tout l’argent public aille aux Enr.

Comme tout le monde le sait aujourd’hui, les Enr sont des énergies intermittentes et désynchronisées structurellement avec la demande. On ne produit pas nécessairement quand les besoins sont au maximum et on produit éventuellement beaucoup quand la demande n’est pas là. Le prix spot de l’énergie produite par les Enr peut être négatif car il faut payer pour s’en débarrasser ou flamber lors d’un pic de consommation. Et cela heure par heure et presque minute par minute.

Faire coexister une énergie de long terme, pilotable assez lourdement tout de même (les centrales nucléaires sont moins pilotables que les centrales à gaz), qui peut satisfaire tous les besoins dans le cadre d’une politique de prix stable à long terme, avec des Enr dispersés fournissant de l’énergie de façon anarchique et découplée des besoins, dont la valeur peut devenir négative, est, disons, un défi.

Les investisseurs ne veulent y aller, dans les Enr, que si la rentabilité est garantie par l’état. En France certains groupes ont fait fortune sur ces marchés administratifs totalement déconnectés des marchés et des besoins. On produit moins d’électricité que de pognon pour les investisseurs autorisés à être dans la boucle.

En l’état, la France sera incapable de satisfaire ses besoins énergétiques en 2 050 et tout le monde s’accorde à dire qu’il lui faudra mettre en œuvre comme en Allemagne des centrales à gaz pendant deux ou trois décennies pour faire la soudure ! On s’est moqué de l’imprévision allemande mais de facto nous sommes dans la même situation. Du coup, la question de la recherche et de l’exploitation de gaz de schiste en France devient un enjeu. Chut !!!!

La France aurait pu comme l’Espagne et le Portugal sortir du système de prix européen dès les difficultés si E. Macron n’avait pas fermé Fessenheim. On aurait alors appliqué un prix fixe pour 80 % de notre approvisionnement et un prix de marché encadré pour 20 %. Et on n’aurait investi à notre guise pour remplacer rapidement notre parc nucléaire afin d’être près en 2 050.

Au lieu de cela Emmanuel Macron a voulu jouer à fond la carte européenne, contre l’intérêt des Français et après avoir détourné des ressources rares dans le plan de relance européen qui est bien parti pour coûter des dizaines de milliards au pays, il se met sous tutelle pour relancer le parc des centrales nucléaires. Tout en accélérant dans la construction d’éoliennes de plus en plus problématiques et attentatoires à la vie des fronts de mer et des campagnes.

La conséquence est et sera un appel continuel à la sobriété des Français dont on exigera par tout moyen qu’ils limitent leur consommation d’énergie. Pendant au moins un quart de siècle !

Le malthusianisme violent et moralisateur va croître embellir. Il portera atteinte aux entreprises comme aux particuliers et sèmera les faillites et la régression des acquis civilisationnels de la croissance, tout en limitant un peu plus l’exercice autonome de la souveraineté française, les libertés et la propriété.

Pas de quoi battre des mains et se réjouir. Tout cela est catastrophique.

La faiblesse actuelle de l'édition économique : un exemple.

Les leçons d'un live très décevant : "Quelle économie politique pour la France ?"

Les économistes n’ont pas la cote. L’affaire des subprimes, la récession de 2008 puis la crise de l’Eurozone de 2011, leur ont fait un peu de tort. La gauche les considère comme des libéraux irresponsables, sauf s’ils réclament des hausses majeures d’impôts sur les riches et des dépenses publiques majestueuses. Les verts considèrent qu’ils vont tuer la terre et l’humanité avec leur croissance idiote. Les droites RN et zemmourienne considèrent qu’ils sont favorables à l’immigration, ce fléau. Quant aux droites centristes, on ne sait pas trop, sinon qu’ils seraient plutôt pour une société de liberté et de propriété ne faisant pas fi de l’augmentation de la production et de la diminution des impôts. Les économistes de cette mouvance se mettent aussitôt à dos et la gauche et la droite de la droite.

On comprend que les économistes passent un sale moment. Il était d’autant plus intéressant de s’intéresser à un livre prétendant définir ce que devrait être la politique économique de la France. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés face au livre de MM. Yves Perrier et François Ewald, préface de d’Hubert Védrine, « Quelle économie politique pour la France » aux éditions de l’Observatoire.

Il aurait fallu être un peu plus méfiant. Dès la page de couverture, on pouvait détecter quelques indices que l’affaire était mal engagée. D’abord les deux auteurs ne sont pas des économistes, encore moins des économistes chevronnés habitués à se colleter avec le chaos économique qui règne depuis quelques décennies. L’un a créé une entreprise financière Almundi, l’autre est un philosophe, un peu particulier, puisqu’il s’agit de philosophie politique. Le préfacier est un ministre de Mitterrand qui a mis l’économie française par terre qui est un grand habitué des phrases creuses et des postures d’autant plus avantageuses qu’elles ne s’appuient sur rien. Le titre enfin est un peu bizarre. Non, il ne s’agit pas du choix d’une politique économique mais d’une économie politique. Les auteurs pensent que cette inversion est d’une formidable audace. En vérité le titre aurait dû être : notre proposition d’une autre philosophie d’organisation pour notre système économique.

L’idée est énoncée sur la première page de couverture : pour un nouveau pacte « état-entreprise-citoyen ».

On pourrait résumer l’ambition en ces termes : « Nous allons vous montrer, en rappelant une longue histoire économique que si l’état, la nation et les entrepreneurs tirent dans la même direction c’est formidable et la France retrouvera sa prospérité ».

Tout le monde constate que l’État en France est obèse et incapable, ruiné et ruineux, pire encore devenu impuissant par différents mécanismes, dont l’Union Européenne, la régionalisation, la captation du pouvoir par les juges, la formation d’une énarchie compassionnelle assurant le contrôle et de l’état et de l’économie et de la politique. Le résultat se voit dans le déclassement économique de la France.

Tout le monde constate que la nation est en train de voler en éclat sous le coup des migrations excessives et qu’elle est éclatée en chapelles qui s‘ignorent.

Tout le monde constate que les entreprises en France sont en difficulté et seules celles qui ont réussi à prendre des parts de marché mondiales survivent ou celles qui vivent en symbiose avec l’état. Notre capitalisme sans capitaux grevé d’impôts et taxes et sur réglementé ne fonctionne pas. Surtout quand on demande à des entreprises surchargées de combattre contre des pays émergents immenses et dont le coût de la main-d’œuvre est très bas.

Dès le départ on sent bien que l’union des mutilés ne risque pas d’aller très loin, si on n’a pas une vision très précise de la causalité et des responsables de ces mutilations.

Les auteurs se sont donc lancés dans une grande fresque d’histoire économique contemporaine.

Surprise, leur choix est de cumuler des banalités en citant à l’occasion un livre plus significatif que les autres. Aucune force analytique, aucune analyse des causes en profondeur, aucune étude des forces en présence. Les systèmes économiques se heurtent ou s’enchaînent sans qu’on sache trop pourquoi. La compilation est totalement descriptive. On a l’impression que les chapitres ont été écrits par différents auteurs ce qui entraîne l’apparition de nombreuses contradictions. Cette compilation sans étude des mécanismes, cette accumulation de faits non expliqués en profondeur, ce magma de situations dont on ne comprend pas pourquoi elles surviennent, offrent une description parfaitement creuse.

On a l’impression que tous ces chapitres ont été écrits en lâchant la bride à ChatGPT dont la particularité est de rester largement neutre sur les causalités, et dans le politiquement correct de surface.

Bien sûr on va privilégier les moments fastes qui servent la thèse des auteurs. Ah le beau modèle rhénan qu’il nous faut importer d’urgence ! Mais l’Allemagne était considérée comme l’homme malade de l’Europe à la fin des années quatre-vingt et est aujourd’hui une puissance qui fait déraper toute l’Europe. Une organisation n’est pas bonne en soi. Tout dépend de la politique qu’elle mène dans un champ mouvant de circonstances. La politique mercantiliste de l’Allemagne menée à l’instar du Japon a été très problématique. Des échanges aussi fortement déséquilibrés ont provoqué des conséquences détestables.

Il vaut mieux que tout le monde soit content de pousser dans le même sens et qu’il y ait une confiance et une unité de vue entre les politiques représentants les citoyens, les entreprises et l’état. C’est d’une rare banalité de le penser. Mais tout dépend du moyen pour y arriver. Hitler avec le national-socialisme avait parfaitement réussi cette unanimité joyeuse du citoyen, des entreprises et de l’état. L’Union soviétique se vantait des mêmes résultats prodigieux.

En France aujourd’hui l’Enarchie règne en famille sur l’État et la représentation politique, tout en assurant sa tutelle, en liaison forte avec les syndicats, sur les entreprises. Les citoyens sont intégrés de force dans le schéma par l’impôt et la réglementation et la fabrication de la bonne opinion par les médias. Le citoyen n’a plus qu’un rôle formel. Aucun budget n’a été voté à l’équilibre depuis 49 ans. Et la CFDT vient de lâcher le gouvernement énarchique sur les retraites. Les pactes socialos bureaucratiques ont tous explosé du fait des résultats épouvantables.

Et les initiatives bouffonnes qui essaient de restaurer le dialogue avec les citoyens ne marchent pas.

On laisse le livre avec beaucoup de frustration. Sa faiblesse analytique et son préjugé pour le modèle allemand nous laissent face à des vœux pieux sans consistance et… aucune politique économique.

Les vrais enjeux ne sont pas traités par un livre qui, finalement, n’apporte rien.

Malheureusement, il n’est que trop représentatif du vide actuel de l’édition en matière économique.

Hystérie écologique : le retour de bâton est en cours

Le livre très intéressant de Jacques Lecompte : Rien n’est joué. Editeur Les Arènes

Depuis maintenant des années, s’est installée une communication catastrophiste autour du climat ; nourrie par des opérations de communications massives de la part d’ONG relayées par des organisations internationales, ONU ou Union Européenne par exemple mais pas seulement, et confortée par des développements météorologiques qui par leur durée laissent penser à un changement climatique peu avenant. La peur, stimulée par des chiffres horribles et des prévisions épouvantables, comme la charge mentale imposée par une surcommunication sur l’urgence, ont entraîné des phénomènes de psychose et des attitudes totalement intolérantes. Une pression sociale intense a été organisée pour que tous ceux qui formulaient des réserves soient exclus du champ médiatique et politique.

L’ennui est que l’essentiel des articles de presse et des communications dans les médias dominants ont fait une place quasi exclusive à ces éléments de langage exagérés, faux, de mauvaise foi, et en tout cas très loin des résultats réels des études un minimum scientifique. On est entrée dans une ère de mensonges qui ne gênaient pas puisqu’ils étaient bien intentionnés. « C’est bidon et inutilement horrible mais cela fait bouger les consciences dans le bon sens ». La perspective de l’enfer permet de conserver le troupeau dans la soumission et celui des dévots dans la chasse aux sorcières. La manipulation n’est pas à proprement parler nouvelle ! Du coup les politiques se sont crus obligés de prendre des mesures juridiques de valeur incertaine et certains juges ont considéré comme de leur rôle d’aller au-delà des lois pour ne pas sanctionner ou de façon légère des comportements d’action directe inadmissibles.

On a lancé des politiques malthusiennes d’un coût délirant, avec des contraintes extravagantes qui entraînent mécaniquement la réaction des victimes. Accepter des mensonges qui ne vous concernent pas est une chose, subir les conséquences des mensonges dans sa vie quotidienne en est une autre.

Pour les adeptes du GIEC, les conséquences sont fâcheuses : tout le message climatique est noyé dans le mensonge et devient inaudible. Pour eux, il devient indispensable de séparer le bon grain de l’ivraie. Le GIEC oui, mais pas les Aurélien Barrau, les Jancovici, les Fred Vargas et tous les petits escrocs qui, pour un instant de gloriole, ou pour établir un business rentable, prospèrent sur un océan de mensonges et la stimulation de la peur, de la honte ou de toute autre passion triste.

Le gros travail de Jacques Lecomte, qui nourrit tout le livre de façon copieuse, est de dessiner le contour de l’énorme catégorie de fumistes opportunistes du climat qui nuisent à la cause. C’est un travail colossal ! Pour lutter contre l’ennemi, il faut le nommer. L’auteur choisit le terme d’effondriste. Dans la réflexion sur le climat il y a deux groupes antagonistes, les Effondristes qui nous mènent au gouffre ou à rien, et les climato-positifs, arrimés sur la science et qui veulent régler les problèmes.

Suivent 340 pages de preuves que les dits Effondristes ont totalement noyé la question de climat dans un océan de mensonges et d’exagération suggérant l’imminence d’une apocalypse imaginaire. À leur terme, il ne reste à peu près rien des éléments de langage dominants dans les médias qui trouvent que le catastrophisme fait vendre ou qu’il est de leur devoir d’accélérer la mutation des consciences par tous moyens même frelatés.

Il faut une énorme patience pour aller jusqu’au bout de la litanie des campagnes de désinformation caractérisées et d’exploitation des angoisses jusqu’à la bouffonnerie dont l’auteur récapitule les méfaits, aussi bien dans le domaine du climat que dans celui de la biodiversité. Les mensonges et les inventions ne sont pas de petite taille. Souvent on travestit un gain en perte, une prolifération en extinction, une erreur manifeste en vérité absolue et interdite de contestation. Cette soupe grossière est finalement imbuvable.

L’ennui, c’est qu’on ruine des gens et des pays sur ces bases frelatées. On passe du mensonge sur une tragédie à venir alléguée, à la tragédie réelle ici et maintenant provoquée par ces mensonges.

Alors oui, débarrasser la sphère médiatique, politique, administrative et judiciaire de cette ciguë invasive et de cette plaie ouverte est indispensable !

L’ennui, c’est que la frontière entre la sphère des bons et des mauvais est plus que ténue. Le mariage mixte plus que l’apartheid règne. Le GIEC a cautionné de nombreux mensonges et a lui aussi beaucoup pratiqué les méthodes reprochées au camp des « effondristes ».

Toutes les considérations sur le rôle fondamental du CO2 reposent sur une base scientifique plus que ténue et plus que contestée. Nous avons essayé d’illustrer cette fragilité dans plusieurs articles de ce blog. La crédibilité des conclusions du GIEC est contestée parce que le GIEC et ses représentants n’ont pas hésité à utiliser massivement les méthodes privilégiées par les affreux « effondristes » ce qui les a largement déconsidérés.

La conclusion du livre est qu’il faut se concentrer sur l’écologie positive, celle des résultats, celle des initiatives, celle qui se concentre sur les vraies questions, sans remettre en question par idéologie l’homme lui-même et les qualités possibles de sa réaction aux difficultés rencontrées. La proposition est une nouvelle trouvaille verbale : le convivialisme. Permettrait-il de sortir des suggestions politiques violentes de mettre fin au capitalisme et même à la république, ou à la dictature du mal blanc ou au privilège blanc qui tue et pollue etc. Rien n’est moins sûr.

Le convivialisme peut être considéré comme une solution pour tout et pour rien. On a vu que pour régler le harcèlement scolaire, certains proposent des cours de convivialité. On exige des cours de convivialité au bureau. On soutient que la convivialité aide à vivre longtemps. On est en train de passer du « vivre ensemble » au « vivre convivialement ensemble ». Les exhortations au bien et à la vertu sont la marque du moment.

En fait le livre s’adresse aux médias, pour lui demander de faire le tri entre les nouvelles et les personnes qu’ils affichent. En matière de climat et de biodiversité, il y a les bons : attentifs à la science, ils sont raisonnables et ils agissent. Il y a les mauvais : les effondristes et les climatosceptiques. « Donnez la parole aux bons et limitez votre relais offert à des thèses absurdes et dangereuses ! » Voilà la consigne.

L’ennui, c’est qu’il y a une troisième catégorie : celle qui réclame plus de preuves scientifiques que ce que le GIEC a produit, et diffusé avec des méthodes contestables. Le cas du CO2 est emblématique : jusqu’ici l’explication climatique par le CO2 n’est pas réellement justifiée par un corpus scientifique clair et incontestable. L’effet de serre a d’abord été présenté d’une façon caricaturale qui était insoutenable. Aujourd’hui on parle de boucle de rétroaction dont le cheminement n’est pas documenté. C’est cet aspect scientifique qu’il faut approfondir et en corollaire la notion d’urgence. Lorsqu’on entend le président de l’ONU affirmer que le climat a explosé, il utilise des méthodes d’effondristes alors que le GIEC dépend de lui !

D’autre-part, l’étude d’impact des mesures proposées doit être faite de façon exhaustive. Combien ça coûte et quelles sont les conséquences économiques et sociales de toute nature ? Ce n’est ni étudié ni publié. Et les esquisses montrent des conséquences absolument tragiques et insoutenables. L’impact climatique n’est pas plus exploré. Les essais de calculs montrent un effet imperceptible même avec l’application des modèles du Giec.

De cela, le livre ne parle pas. Or c’est bien là le cœur de l’affaire.

Il restera une contribution majeure s’il permet effectivement à la presse de se débarrasser de son tropisme en faveur des « effondristes ». Mais la route est encore longue. C’est une condition nécessaire mais insuffisante, si le but est la restauration d’un débat fécond garantissant une action politique positive.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Comment comprendre la sanctification de Jacques Julliard par la presse classée à droite

Le Figaro, Le Point, Marianne etc;

Ce n’est pas faire injure à Jacques Julliard de remarquer qu’il a toujours été une personnalité journalistique et politique plutôt de second plan. Il est vrai que l’effondrement assez général du niveau journalistique ces derniers temps fait automatiquement remonter la qualité relative des journalistes d’avant. Posez la question autour de vous : on peut le regretter mais personne ne le connait en dehors des milieux étroitement parisiens.

Comme une partie des journalistes très engagés à gauche dans les années 70, à l'exemple de François Olivier Giesbert, a évolué vers la presse « bourgeoise » et a pris ses marques dans des journaux dits « de droite », on pourrait dire qu’ils saluent une dernière fois leur copain de jeunesse. Et passer à autre chose !  

Non : le dithyrambe est tel qu’on doit s’interroger un peu plus, surtout quand on observe que les hommes politiques qui actuellement sentent un peu la sacristie à droite suscitent des réserves marquées, qu’il s’agisse de Bruno Retailleau, de FX Bellamy ou même de Philippe de Villers. Le bénitier n’est apprécié que lorsqu’il est « de gauche ». Il suffit de voir E. Macron se précipiter à Marseille pour se faire voir avec le Pape, un jésuite dont certains disent qu’il reste proche de la théologie de la libération dont on se souvient qu’elle voulait voir en Jésus un Lénine en mieux.

Pour comprendre ce mystère,  rappelons ce que J. Julliard écrivait il y a peu dans le Figaro et que nous avions commenté sur ce site ( http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2021/8/17/Lpouvantable-article-de-Jacques-Julliard-dans-le-Figaro)

Il n’y a de bonnes manifestations de masse que de gauche. Une manifestation qui ne l’est pas est préfasciste ou fasciste

Il y a un bon et un mauvais peuple. L’infaillibilité du peuple n’a pas de fondement rationnel. Il n’est souverain que lorsqu’il est éclairé. Sinon ce n’est qu’une populace.

Les gilets jaunes sont une horreur incompréhensible, mélange d'anticapitalistes pré marxistes (l'erreur absolue) et de populistes ravagés. Il s’agit d’un ramassis d’imbéciles (belle citation de Bernanos, penseur Chrétien qui sert à l’occasion, qui déclare que « l’expérience accumulée par les imbéciles pèse d’un poids immense sur le monde »).

Quand on se drape dans le drapeau français, on lui donne « des couleurs louches, sectaires et comme factieuses »

La laïcité, la République et la nation sont passées à droite pour leur plus grand malheur. (La droite salit ce qu’elle touche. Mais le chèque des employeurs de la presse de droite est immaculé. NDLR).

« Il y a pire que l’anarchisme prolétarien de l’extrême gauche, c’est l’anarchisme petit-bourgeois, un libéralisme d’enfants gâtés ».

Face à ces sornettes idéologiques teintées de gâtisme,  lisons ce qu’écrit Oliver Giesbert dans le Point daté du 14 septembre 2023 sur le « merveilleux J. Julliard » :

« Que sera notre vie sans J. Julliard » ? Il a été « l’honneur des intellectuels français ». Il a su rester « socialiste-conservateur-libéral » et a juste un peu dérivé vers le « révolutionnarisme-réformiste-conservateur ». En ce sens il est « l’Incarnation de l’esprit français », et son socialisme « pourrait enfin renouveler et prolonger dans l’humanité l’esprit du Christ ».

Rien que cela ! Jésus n’était juste qu’une esquisse avant l’arrivée de Saint Julliard !  Que ceux qui ne croient pas à ces sornettes n’imaginent pas que les Giesbert et autres thuriféraires leur laisseront le terrain libre. Ils réagiront. « Qu’ils se le tiennent pour dit » !

Brrr, on a peur ! Et on ne savait pas qu’on était passé à côté « d’un homme de gauche » devenu un « géant » en persistant à l’être, et dont la jeunesse attendrait frénétiquement la parole comme celle du Messie. On lisait dans son œil « le chagrin de celui qui n’a plus de famille (le socialisme et la gauche - NDLR) en dehors du refuge que lui accordait la droite républicaine ».  Diable, la crèche socialiste a été sauvée par le bourgeois et le beauf !

Le Monde ne s’est pas fait prier pour le dire : « Aux funérailles, les absences sont au moins aussi remarquables que les présences. Il n’y avait presque personne pour dire les années de rêve et de conquête, celles de la fureur des années 1970 et 1980, celles de la deuxième gauche de Michel Rocard, de la révolution sociale et non marxiste, de l’autogestion, du réformisme réel. […]. Pas un seul compagnon de route de la Rocardie. »

Nous avons écrit un article sur l’affaire LIP pour justement expliquer cette disparition. Tout était bidon dans la mouvance socialiste tendance protestante (Rocard, Jospin) et catholique (façon Mgr Gaillot, Maurice Clavel et Julliard). L’autogestion était une perruque qui s’est envolée au grand vent de l’histoire, comme la notion de « patron-mais ». Rocard a déçu comme Premier Ministre, alors qu’il a bénéficié d’une conjoncture très favorable, et ruiné le pays en se lançant dans des dépenses folles tout en ouvrant grand la fiscalité confiscatoire. Delors s’est révélé d’une grande médiocrité sous Mitterrand et a finalement fui le pouvoir en France en sachant qu’il n’avait rien à proposer. L’européisme lui offrait de bien meilleures perspectives. Sa fille, avec Jospin, a contribué à tuer la compétitivité française de façon honteuse. Le déclassement de la France est largement le résultat de cette mouvance malsaine qui avait toujours un arrière-goût de moralisme abusif et de confessionnal.

Tout ce petit monde a cassé le pays assis sur un petit fond de vertu chrétienne et les deux pieds dans la méga bassine socialiste. Politiques désastreux mais curés autant que possible ! Du soft Wokisme avant l’heure !

Alors pourquoi ces révérences délirantes, cette glorification enflée, cette exhortation incongrue à idolâtrer un second couteau tombé dans l’errance ?

Après l’effondrement militaire de mai 1940 et la Collaboration pétainiste avec Hitler, il fallait pour les enfants ambitieux de la bourgeoisie, à l’époque encore très catholique, être de gauche et anti-bourgeois. Mais pas communiste, sauf pour ceux qui s’étaient réellement compromis dans le nazisme et qui voulaient le faire oublier.  A partir de 1947 et la répression par Jules Moch des grèves organisées par les Communistes, le PC marquait la limite à ne pas dépasser à gauche. Mais la SFIO de Guy Mollet s’est retrouvée embourbée dans la guerre d’Algérie. On a donc vu se dessiner dans la bourgeoisie cultivée de gauche le goût de la transgression à gauche du PS mais loin du PC. Jospin dont le père avait été pris dans le pétainisme ambiant par pacifisme est devenu trotskiste caché. Rocard déclare avoir porté les valises du FLN, une trahison, mais qui avait surtout un impact d’image : de gauche mais pas mollettiste. Dans la mouvance catholique aussi, certains ont vu une ouverture : socialiste mais non communiste et non Molletiste, à la recherche des dépassements permettant de créer un « socialisme réel ». Beaucoup étaient fonctionnaires et certains hauts fonctionnaires. Mai 1968 accélère le mouvement et promeut ceux qui avait 20 à 25 ans en 1960. A l’ENA les noms de promotion témoignent de la gauchisation du corps : Saint Just, Robespierre, Jaurès, Blum, Guernica…

Se crée alors un politiquement correct de gauche. Être de droite, c’est être un fasciste qui ne veut pas se l’avouer. Mitterrand, un spécialiste des coups pourris, promeut Le Pen comme repoussoir. La droite est sommée de ne pas sombrer dans les extrêmes.

Cela va marcher pour des décennies au fur et à mesure que cette génération triomphe.

La seconde gauche soutient les nationalisations ringardes en grinçant que 51% du capital au lieu de 100% aurait suffi. On n’est pas des cocos tout de même ! Ils accepteront les dénationalisations (à 100%) qui suivent peu après et qui créent des Oligarques.

Elle pousse aux élévations massives de taxes et d’impôts tout en règlementant tout.

Elle s’engouffre dans l’Union Européenne et son obsession pour les libertés économiques absolues de mouvements de capitaux d’hommes, de services et de marchandises.

Elle accepte l’entrée de la Chine dans l’OMC.

Les entrepreneurs se retrouvent avec des boulets aux pieds en concurrence avec le monde entier.

La France perd sa monnaie, son industrie, son emploi et sa classe moyenne déclassée et smicardisée.

Alors la classe ouvrière quitte la gauche pour le vote protestataire. Et les révoltes commencent qui sont incompréhensibles pour cette caste qui croit avoir tout fait bien pour les « petits pauvres ». Le PS s’effondre avec Hollande et se coupe en deux : le gros de troupes passe au Wokisme, aux luttes LGBT et à l’islamo-gauchisme. Le monde d’un Julliard s’effondre. Il ne peut pas se retrouver dans les « sottises infectes et dangereuses » de la NUPES.

Rocard est mort. Jospin profite du homard au restaurant du Dôme, de son appartement dans un hôtel particulier du 7ième ou dans sa villa de l’île de ré. Plus bourgeois, tu meurs ! Et il ne comprend pas que plus personne ne l’écoute. La sociale démocratie révolutionnaire conservatrice des enfants du bon Dieu est morte et enterrée sous ses mauvais résultats.

Emmanuel Macron a tout fait pour accélérer la chute. Le pays est désormais totalement déclassé, surendetté, surfiscalisé, explosé façon puzzle, en perte de vitesse dans tous les domaines. Les dirigeants sont devenus impuissants du fait du gouvernement des juges1, des dissidences sur le terrain, des mécanismes de l’Union Européenne. Tout ce que soutenait Jacques Julliard, sans le soutenir tout en le soutenant a montré son caractère délétère..

Une nouvelle génération d’éveillés veut sauver la terre en s’attaquant à l’humanité et à la culture dominante, favorable à la croissance.  

Le protestantisme français comme le catholicisme se sont effondrées. Il n’y a plus de communisme pour borner la sottise et l’intolérable à gauche.

La droite qui avait accepté de pactiser avec la gauche et s’était installée dans la révérence du politiquement correct de gauche pour sauver les meubles, est embarquée dans le naufrage. Elle tente, en sanctifiant Saint Julliard, de créer un poteau un peu solide pour se raccrocher et continuer dans sa sujétion tout en s’attaquant à l’extrême gauche mélenchonienne et woke.  

Mais le poteau est planté dans la vase.

L’étatisme social-démocrate implicite de la haute fonction publique, teinté de charité payée par les autres, commence à trembler.  Les jacqueries on ne sait pas vraiment comment faire. Il va bien falloir un jour rétablir les libertés de penser, de posséder, de réussir, et la responsabilité de chacun dans ce qui lui arrive plutôt que justifier l’acharnement à faire payer par les autres ce qui est de la responsabilité de chacun.

Au moment où les nuages s’accumulent sur la France, on ne peut pas oublier que la mouvance incarnée ces vingt dernières années par Jacques Julliard a contribué lourdement à cette descente aux enfers et a regroupé trop « d’idiots utiles » complices de l’effondrement français. Au passage le catholicisme s’est effondré, et l’islamogauchisme a considéré qu’il n’avait même plus besoin d’idiots-tes utiles plus ou moins rallié-es. Ils avaient tout ce qu’il fallait dans leur rang.

Il ne faut pas non plus oublier que l’idéologie de la déconstruction des « dominations » s’est mariée avec le puritanisme anglo-saxon pour donner le Wokisme, la cancel culture, et la coercition sociale.

Le mariage entre religion et politique a toujours été source de fanatisme au nom de la vertu.  Julliard n’était pas un Savonarole hystérique en dépit de ses aphorismes radicaux et de sa participation au bain de boue infligé au père LIP. Les nouveaux sont de vrais dresseurs de piloris.

Il faut leur faire barrage.

Qu’ils se le tiennent pour dit !

 

Didier Dufau

1. La Cour de Cassation vient de "faire la loi", en décidant de la question des droits à la retraite pendant les congés maladie. Une question qui aurait dû dans une démocratie normale être tranchée au parlement par des élus.

Le double enterrement d'une illusion et d'une idée fausse

Voler n'est pas jouer

Curiosité de l’histoire, deux personnalités anciennement liées autour du PSU et très représentatives de la « seconde gauche » rocardienne, Claude Neuschwander et Jacques Julliard, sont mortes quasiment le même jour.

Ils étaient sortis de leur néant militant à l’occasion de l’affaire LIP, une ignominie transformée en épopée prémonitoire encore enseignée comme telle dans les écoles publiques.

Jacques Julliard était un militant catholique qui voulait épouser l’esprit du temps de mai 1968, changer radicalement la doctrine sociale de l’église, façon CFDT plus que CFTC, être un catholique socialiste et ouvriériste, au côté du peuple etc. La droite et le bourgeois étaient pour lui l’horreur absolue. Il admet le fond intellectuel du structuralisme et du poststructuralisme, qui conduiront aux modes de déstructurations Wokistes en passant par les États Unis. Il s’oppose « aux superstructures objectivantes et normatives que sont l’état et les partis ». Un zeste de mao-spontex qui fait de l’ouvrier autonomisé et glorifié la base de l’entreprise, mais loin de l’emprise communiste violente et destructrice. L’autogestion et le compromis, voilà les clés de l’avenir.

Claude Neuschwander est un centralien « de gauche » ami de Rocard et Riboud. Il a fait sa carrière dans la publicité et croit pouvoir être un « patron mais » et redresser LIP grâce au design de nouvelles collections de montres. Il va être lancé par les Rocardiens à la tête de la boîte en faillite au milieu d’une saga médiatique inouïe.

Julliard fait partie de l’immense cohorte gauchiste qui va transformer la société LIP en plateforme idéologique exemplaire pour montrer qu’une autre forme de gestion est possible et que l’ancien capitaliste peut disparaître sans inconvénient ! Saint Piaget, le leader de l’occupation des locaux, est élevé sur un piédestal qui le dépasse un peu.

La vérité sur ka faillite de LIP est toute simple : la conjoncture économique dégradée qui mènera à la récession mondiale de 1973 met la société LIP en difficulté. Des montres japonaises à quartz très légères entièrement électroniques envahissent le marché à des prix cassés mettant partout en Europe l’industrie horlogère en difficulté.

Depuis le début des années 70, la gauche maoïste a commencé à dresser ses piloris où sont exposés et vilipendées les vilains bourgeois. L’ignoble affaire du notaire de Bruay a eu lieu peu avant. On présente le « Père LIP » comme un ignoble individu vicieux et incapable, un véritable lynchage d’une ignominie sans nom. On retrouve ce bel amour du pilori régénérateur dans les actions féministes actuelles où on traîne dans la boue des personnalités sans vergogne, sans mesure et le plus souvent sans raison.

Pour la gauche « christo-coco » comme on disait à l’époque, aucun problème. Les bûchers, elle connaît. L‘important c’est de mettre le feu sous les pieds des bonnes victimes expiatoires.

L’ennui pour tout ce petit monde, c’est que le bon Piaget a volé le stock de montres. Il l’a écoulé dans l’illégalité totale, en bradant les prix et ruiné les distributeurs de LIP qui voient leur propre stock devenu totalement invendable. La perte est immense. Les distributeurs ? Des salauds de bourgeois qui ne vont tout de même pas gâcher l’expérience la plus prometteuse de la seconde gauche, la vraie, celle qui  n’est pas communiste et qui est proche de l’ouvrier et se moque des lois économiques de base. La tension devient insupportable entre Piaget qui ne pense qu’à faire reprendre la totalité du personnel ancien, et Neuneusch, le patron de plus en plus mais, qui voudrait bien retrouver la confiance de l’ancien réseau de distribution. Ses montres LIP super design séduisent les publicitaires germanopratins et les bobos-gogos mais pas la clientèle qui préfère toujours les petites montres pas chères et dans le goût populaire, alors que la conjoncture s »effondre. Une montre pour designer élitiste sans réseau de distribution, cela s’appelle des stocks à financer et des pertes au bout du chemin. Riboud prend peur. L’aventure est un fiasco. Rocard le courageux se débine à toutes jambes pour ne pas être pris dans la déroute.

Piaget le catholique affilié au PSU, un temps présenté comme candidable aux présidentielles de 73, passe à la trappe.

Lip disparaît sauf dans certains manuels d’économie gauchistes pour édification des masses.

Claude Neuschwander retombera dans l’obscurité. Julliard triomphera au Figaro cinquante ans plus tard !

Il n’y a pas d’avenir pour des snobs autogestionnaires dans l’industrie. Les récessions mondiales et les sauts technologiques demandent une gestion autrement serrée. Julliard n’a pas ces contraintes  Il accompagnera le désastre économique mitterrandien et le programme commun de la gauche, puis l’autoproclamée « dream-team » de Jospin, ces deux moments dramatiques qui vont lancer la France dans le déclassement. Il n’a manqué que le triomphe d’un autre grand abusif, Strauss-Kahn, pour que l’effondrement soit complet, au milieu de scènes d’adulation des milieux de la finance. Et l’extase mystique de Saint Jacques Julliard.

L’effondrement de l’URSS et du communisme a paradoxalement encouragé le mélange entre finance, publicité, sous-religion, gauchisme et maoïsme de pilori. La religion de la Vertu s’accompagne d’une nouvelle chasse aux sorcières, soutenue par des campagnes de publicité et des séries télévisées qui énoncent et illustrent le bien. L’ouvriérisme a disparu au profit de la glorification des « minorités victimisées ». La contrainte sociale appuyée sur des législations liberticides, relayée par la haute fonction publique qui retrouve un rôle à sa mesure dans une mondialisation qui la dépasse, s’est emparée de l’opinion médiatico-politique dominante en France. Gare au dissident ! Le pilori l’attend.

Et la ruine.

Il n’y a pas de « patron mais » ni de « seconde gauche ».

Amen !



Une autre manière d'analyser la situation économique mondiale

Un des drames de la réflexion économique est qu’elle manipule des valeurs consolidées en monnaie courante corrigées de l’inflation. Ce choix assez naturel masque la plupart des problèmes et provoque des incompréhensions majeures.

En géométrie, on aime bien les « transformées ». Aussitôt une figure en apparence très compliquée se simplifie et des démonstrations limpides peuvent être conduites. En économie aussi, il importe de se libérer des habitudes et de revoir les évolutions des grands agrégats en des unités de valeur différentes.

Appelons « valeur de référence » un panier d’objets qui représentent depuis toujours le bien patrimonial « qui ne ment pas », parce qu’il est rare. Mettons-y l’or, et éventuellement un autre métal rare, une matière première de nécessité absolue, disons le pétrole, et le m2 dans une ville monde (Paris, Londres, Tokyo, New York…). Le panachage est toujours arbitraire, mais on est surpris que les résultats ne dépendent pas tellement du choix des ingrédients de notre indice et de leur proportion quand on déflate les séries économiques sur une assez longue période, par exemple le demi-siècle.

Le graphique ci-dessous, fait à main levée, est une approximation grossière du résultat ( Nous suggérons aux nouveaux doctorants en économie de faire ls calculs exacts en imaginant quelques paniers de valeurs de référence).  Le graphique présenté commence en 1973 et se termine en 1922.

La ligne rouge fixe la valeur de référence par construction constante.

On voit que les prix courants s’effondrent sur une longue période calculée en valeur de référence.  Depuis 1971 et la fin du système de Bretton Woods, on est entré dans un système de monnaie fondante alimentée par les émissions massives de monnaies banques centrales et aussi par l’ouverture totale à la concurrence des pays très pauvres à forte population, et/ou à ceux des pays maintenus dans la déroute économique par le communisme pendant des décennies.

On voit également qu’en valeur de référence le PIB baisse, avec des accélérations dans la baisse à chaque crise décennale, 1973, 1992, 2001, 2 008… Les objets de luxe ont toujours l’air de fuir devant le revenu. Mais depuis 1973, la chute est devenue réellement importante. Une sacoche Hermès à deux soufflets est passée de 10.000 francs à 16.000 euros ce qui en francs fait plus de 100.000 Francs. Il ne reste plus que 10% de la valeur de la monnaie française par rapport à 1970. Le titre Hermès se porte très bien !

Comme les prix se sont effondrés plus encore, le pouvoir d’achat, qui a aussi baissé en valeur de référence, n’a pas baissé en valeur courante. Pour simplifier, il a augmenté en proportion de la baisse des prix liée aux importations chinoises.

En revanche, la hausse de l’immobilier est presque entièrement gommée dans notre graphique.  L’immobilier a conservé sa valeur intrinsèque.

Ce qui se passe à partir de 2020 c’est le blocage de la production et la désarticulation des flux de la mondialisation. On libère des sommes gigantesques de monnaies banque centrale sans production. La courbe des prix vient à croiser celle du PIB et efface toute hausse de pouvoir d’achat et au-delà. C’est ce qui explique l’irruption des mouvements violents, Gilets Jaunes, refus de la réforme des retraites etc.

Tant qu’on ne comprend pas la machinerie qui s’est mise en place à partir de l’instauration des changes flottants et de la suppression de l’obligation de contrôler les grands déficits et les grands excédents, on ne peut dire que des sottises majestueuses à partir d’apparences bizarres qui flottent allégrement dans une caverne platonicienne légèrement déjantée.

L’acceptation des grands déficits américains, pour fournir la monnaie internationale d’usage, entraîne automatiquement la création d’excédents équivalents. Le pays qui les accumule ne sait pas quoi en faire, puisqu’il est déjà hypercompétitif et en excédent. Le pays déficitaire voit ses entreprises chavirer et en manque de liquidité ne peut pas investir. Le système se retrouve en sous-investissement productif permanent. Les liquidités excédentaires cherchent des emplois qui ne se trouvent que dans des opérations financières et boursières, en un mot dans la spéculation, et dans des stratégies de défense patrimoniale comme l’immobilier.

Bien sûr, le transfert de la production vers les pays pauvres entraîne une hausse formidable du niveau de vie dans ces pays (au moins 400 000 000 de personnes sorties de la grande pauvreté depuis 50 ans) tout en enrichissant parfois de façon extravgante la petite élite qui s’est placée dans les circuits de la mondialisation et du recyclage des masses financières.

Les classes moyennes occidentales sont les premières victimes : la croissance s’arrête et le pouvoir d’achat ne dépend plus que des produits importés à bas prix.Cela ne suffit pas vraiment.  Il faut développer le crédit et les subventions pour maintenir une forme de croissance et une apparence de continuité dans la société d’abondance. La dette et les impôts deviennent critiques. Lorsque, comme en France, le système fiscal est globalement progressif on aboutit à cette situation intenable où il faut 1.9 % d’augmentation de la dette pour obtenir 1 % de hausse du PIB qui provoque une hausse de 1.7 % de hausse des impôts et prélèvements !

Jusqu’en 2020, une crise décennale venait purger les bulles financières provoquées par les excédents de balances de paiement. Les banques centrales rechargeaient la machine sans inflation grâce aux importations à bas coûts en provenance de la Chine et des pays à salaires extrêmement bas. On avait une inflation monétaire sans inflation des prix à la consommation, mais une hausse de la valeur de l'immobilier et de la bourse. La classe moyenne s’en sortait en allant chez Liedl puis Aldi, et en s’endettant sur des dizaines d’années !

La crise sanitaire puis la guerre en Ukraine ont détruit cette machinerie faussement vertueuse. Utiliser les banques centrales pour compenser le revenu perdu par la disparition de la production, alors que la perturbation des circuits logistiques de la mondialisation devenait critique, ne pouvait qu’entraîner une forte inflation non compensée par les importations à très bas prix. Le choc de la guerre sur les coûts énergétiques et la disponibilité de biens agricoles, a aggravé une situation déjà intenable. La poussée massive des prix commence trois-quatre mois avant le début de l’invasion Russe en Ukraine.

L’inflation excessive  a aussitôt obligé les banques centrales à freiner des quatre fers provoquant aussitôt des perturbations supplémentaires en mettant en défaut les entreprises trop endettées, les banques ayant prêté pour des opérations spéculatives et les pays qui avaient choisi la dette à outrance comme la France.

Pour corser la situation, une peur millénariste a été insufflée à partir de mouvements idéologiques américains relayant des passions anti capitalistes en déshérence depuis l’effondrement de l’Union soviétique et une religiosité également en jachère depuis l’effondrement du christianisme. Elle a diabolisé l’humanité et sacralisé la nature et l’animal. L’homme prométhéen avait volé le feu de l’Olympe et mit le feu à la terre. Il massacrait la faune sauvage sans vergogne et vidait les sous-sols de tout ce qu’il jugeait utile. Le CO2, qui touche absolument toutes les activités humaines, est devenu le vecteur de condamnation de la race humaine outrecuidante et folle. Démarrée aux Etats-Unis, l’idée saugrenue et scientifiquement fausse d’une influence radicale du CO2 sur le climat, au point de cuire la terre et de la faire se noyer sous l’élévation massive du niveau de la mer, s’est imposée dans les mouvements radicaux américains puis, peu après la conférence de Rio qui voulait dénoncer le rôle de l’homme sur l’avenir de la nature, dans les mouvances internationales et dans la tête des élites dirigeantes de nombreux pays. La propagande a été si forte, si générale, portée pendant si longtemps qu’une peur panique s’est emparé des esprits au pont de créer un état de sidération individuelle et d’hystérie collective. On se rappelle qu’à Carthage, lorsque le climat faisait des siennes, notamment avec des sécheresses calamiteuses, les élites offraient leurs filles vierges et pubères en sacrifice au Dieu Baal. Le spectacle de ces pauvres enfants drogués avant le supplice et brûlant allègrement dans des brasiers terrifiant était censé émouvoir les Dieux, une idée fréquente dans les sacrifices religieux, depuis l’origine de l’humanité, tout en calmant la révolte des administrés vis-à-vis des familles dirigeantes.  Aujourd’hui, sous l’influence des ONG, les instances internationales se sont mis en tête de réussir en quelques années une conversion totale des activités en supprimant toutes celles émettant du CO2. Ils ont eu surtout de l’écho en Europe où les gouvernements multiplient les règlements malthusiens et les dépenses contraintes infinançables. Et cela au moment même où le coût de l’argent pénalise les états ultra-dépensiers. C’est évidemment une totale folie irrationnelle, qui apparaîtra comme telle quand soudain les yeux se décilleront et que le sortilège s’évanouira, ce qui est le destin des peurs millénaristes. Mais que de dégâts sont à craindre ! 

On stigmatise allègrement les propriétaires « qui ont profité de la hausse phénoménale de l’immobilier ». Et on croit qu’ils pourront payer pour toutes les folies en cours. En termes d’unités de valeur de référence, les prix sont restés stables. Il est tout de même simple à comprendre que le propriétaire qui a acheté un appartement disons entre 1970 et 1990 a toujours le même appartement en 2023 et n’a pas augmenté ses possessions. En revanche il a perdu beaucoup de revenus avec tous les prélèvements accumulés sur l’immobilier : IFI, taxe foncière, frais de « notaire »,... , et l’accumulation des frais liés à des contraintes réglementaires effroyablement coûteuses. En revanche les étrangers, qui ne paient pas les mêmes taxes et qui se sont enrichis avec la mondialisation ont racheté une bonne part de l’immobilier le plus luxueux. Et l’État leur a consenti dans certains cas des dégrèvements fiscaux pour se faire. Bravo !

Les entreprises françaises qui n’ont pas fait faillite ont été rachetées par les entreprises des pays accumulant des excédents. Les Allemands ont racheté une part colossale du patrimoine d’entreprises Français. Sous-investissement, délocalisation, transfert de la propriété vers l’étranger ont été de règle depuis quarante ans !

Le secteur public a lui-même été ravagé par le sous-investissement. Certes on peut trouver des tee-shirts à quelques euros dans les surfaces commerciales qui cassent les prix, mais l’hôpital a souffert, la recherche s’est étiolée, les armées vivent de bouts de ficelles, les prisons nécessaires n’ont jamais été construites, les ponts ne sont plus maintenus sur les routes secondaires, la SNCF ne fonctionne plus, les aérogares sont devenues non fonctionnelles, l’université n’a plus que des locaux quasiment insalubres, les postes diplomatiques ont fondu, et plus rien ne marche.

On voit en observant ls courbes du graphique tout le risque qui pèse sur la « réindustrialisation ». Les prix nationaux de production en l’état des législations, sont de 2 à 10 fois ceux des produits importés. Sauf dans des cas très spéciaux, la relocation ne peut pas marcher sans d’énormes changements fiscaux et réglementaires. Au moment où les flux d’articles à bas prix se tariront, la courbe des prix recroisera celle du PIB et éliminera le pouvoir d’achat !

La seule solution pour l’Occident, qui globalement souffre des mêmes maux, avec moins d’acuité dans les pays où les dépenses et la dette ont été maîtrisées depuis 1990, est de revoir le mode d’organisation du système monétaire international et de l’Euroland. Il faut éviter les excédents systémiques et les déficits endémiques. En éliminant les déséquilibres, on retrouvera une logique de la production et de l’emploi plus maîtrisable. Notamment il redeviendra possible de parler en termes d’investissement productif et plus seulement en termes d’augmentation de la valeur des titres.

C’est le message fondamental que suggère le « graphique de Dufau », comme disait mes élèves. Je regrette d’en avoir réservé le commentaire à mes conférences. Il mériterait d’être recalculé avec plus de soin et utilisé à plus grande échelle pour sa vertu d’explication limpide de la situation mondiale . Quand la folie déclenchée par les gourous de la décarbonation totale à réaliser de toute urgence sera retombée, et en espérant que le champ de ruines ainsi créées ne soit pas trop étendu, il sera temps de penser à retrouver un peu de raison et de reconstruire un système mondial des échanges plus rationnel fondé sur l’équilibre des flux, plus que sur des rapports de force destructeurs même pour les pays qui croient posséder des capacités de domination.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile



Rôle du CO2 dans le réchauffement climatique (2). Liste des principaux scientifiques critiques

Alors qu'une véritable chasse aux sorcières a été organisés contre les scientifiques qui ne voulaient pas simplement colporter une "vérité "venue des associations travaillant avec les organismes internationaux parce qu'ils ne voyaient pas de preuves convaincantes de la véracité des thèses avancées, il faut noter le nombre et la qualité des scientifiques concernés.

Je donne ici une courte liste des plus connus d’entre eux sachant qu'il y en a des centaines d'autres.

Patrice, professeur émérite des Universités, pour le Cercle des économistes e-toile.



Elliott D. Bloom, physicien, professeur à la Stanford University, membre de l'équipe du Stanford Linear Accelerator Laboratory , prix Nobel de physique, Senior Scientist Award de la fondation Alexander von Humboldt, insiste sur l'inadéquation des modèles invoqués par le GIEC.


Reid Bryson, professeur émérite de météorologie à l'université du Wisconsin, un des pères fondateurs de la climatologie moderne considère que les variations climatiques ont toujours existé et que le réchauffement climatique depuis le XIXe siècle est dû à la sortie du Petit Âge Glaciaire.


John Christy, professeur de sciences de l'atmosphère et directeur du centre des sciences de la terre à l'université de l'Alabama, ancien rédacteur des rapports du GIEC (leading author), médaille d’or de la NOAA : « Il n’y a aucune preuve évidente que l'activité humaine doive être mise en cause dans le réchauffement que l'on peut observer ; la coïncidence entre augmentation de la concentration en CO2 et réchauffement qui fonctionne de moins en moins avec le temps ». Son bureau à l'université a été visé par sept coups de feu en avril 2017, à l'occasion du "Jour de la Terre".


John Clauser, physicien quantique, prix Nobel de physique 2022. Ses déclarations figurent en incipit de cette petite synthèse. Après ses déclarations la conférence qu’il devait donner au FMI a été annulée !


Richard Courtney, relecteur expert du GIEC, consultant en science du climat et de l'atmosphère, admet qu'aucune preuve convaincante d'un réchauffement climatique causé par l'homme n'a été découverte.


Judith Curry, professeur à l'école des sciences de la terre et de l'atmosphère au Georgia Tech d'Atlanta. Décorée par l'American Meteorological Society, l'American Geophysical Union, la NASA, la NOAA et la Fondation Nationale des sciences. Elle affirme que « presque la moitié du réchauffement constaté au XXe siècle s'est produite lors de sa première moitié, avant le
développement mondial ». Pour elle, « la climatologie est devenue un parti politique de tendance totalitaire » et « une science douteuse au profit d'un projet politique ». En 2017, elle démissionne de son poste de professeur d'université, en soulignant qu'un scientifique est obligé d'adhérer à l'idéologie du GIEC pour obtenir des crédits et avancer dans sa carrière : soit on renonce à l'intégrité scientifique, soit on peut faire une croix sur sa carrière.


Richard Dronskowski, professeur de chimie et de physique à l'Université d'Aix la Chapelle, Allemagne, au Département de Chimie des Solides et Chimie Quantique. Lauréat du Prix Otto Hahn de l'Institut Max Planck, membre du Collegium de la Deutsche Forschung et de l'American Chemical Society. Il a déclaré que "la courbe en crosse de hockey est une falsification grossière destinée à répandre la peur", "qu'il n'y a absolument aucun consensus, zéro consensus [au sujet du réchauffement climatique]" et qu'il connaît "des collègues qui financent des instituts entiers grâce au climat. Ils n'ont aucun moyen de faire machine-arrière car leurs instituts seraient ruinés".


David Evans, mathématicien, qui a mis au point des modèles du cycle du carbone destiné au mécanisme de réduction de CO2 dans le cadre du protocole de Kyoto (1999-2005). Sur la base de nouvelles données, il a déclaré ne plus croire à l’influence du CO2 dans le réchauffement climatique.


Georges Geusken, chimiste quantique, professeur émérite à ULB. Il a montré que les modèles d’émission d’une back-radiation par le CO2 de la troposphère ne fonctionnait pas.

 

Ivar Glaever prix Nobel et principal signataire de la Déclaration sur le climat mondial affirme qu’il n’y a pas d’urgence climatique, précisant que les modèles climatiques « n’ont pas la moindre crédibilité en tant qu’outils de politique mondiale ».


Stanley Goldenberg, météorologue à la division de recherche sur les ouragans de la NOAA, ex-directeur au National Hurricane Center. Selon lui, « c’est un mensonge éhonté colporté par les médias que de faire croire qu’il n’y aurait qu’une frange marginale de scientifiques sceptiques sur l’origine humaine du réchauffement climatique ».


Howard Hayden, professeur émérite de physique à l'Université du Connecticut. Il a écrit une lettre ouverte au Département d'État américain pour exprimer son scepticisme, en déclarant que "les activistes du réchauffement climatique, comme des fourmis qui considèrent que le monde est fait de
rochers de 1 mm de diamètre, regardent les 3 derniers millionièmes de 1% de l'histoire de la Terre et font des conclusions extravagantes sur le climat et en particulier sur leur compréhension du climat".


Steven E. Koonin, physicien, spécialiste des modèles prévisionnels en physique, ancien directeur du Californian Institute of Technology (Caltech), ancien conseiller scientifique du président Barack Obama. Il considère que les modèles utilisés par le GIEC sont plus fragiles les uns que les autres.


Christopher Landsea, météorologue à la NOAA, spécialiste des ouragans, Ancien rédacteur du rapport du GIEC, il l'a quitté en en dénonçant l'instrumentalisation : « je ne peux pas continuer, en conscience, à contribuer à un processus que je considère être et conduit par des objectifs préconçus et
scientifiquement non valables ».


Robert Laughlin, prix Nobel 1998, déclare que « nous n’avons pas le pouvoir de maîtriser le climat ; l’humanité ne peut et ne doit rien faire pour réagir au changement climatique ».


Harold Lewis, professeur émérite de physique (1923 - 2011), ancien directeur du département de physique à l'Université de Californie, Santa Barbara. Il a déclaré que "l'arnaque du réchauffement climatique est la fraude pseudo-scientifique la plus grande et la plus réussie jamais vue de toute ma
carrière de physicien" et il dénonce le « torrent d'argent » issu des subventions gouvernementales qui « corrompt » l'American Physical Society.


Richard Lindzen, professeur à Harvard, un des plus grands noms de la climatologie, directeur au MIT, est sceptique sur la réalité d'un réchauffement exceptionnel et écrit : « Les générations futures se demanderont avec une stupéfaction amusée pourquoi, au début du 21e siècle, le monde développé s'est plongé dans une panique hystérique à propos d'une augmentation globale moyenne de température de quelques dixièmes de degré, et, sur la base d'exagérations grossières, de projections informatiques hautement incertaines, combinées en déductions improbables, il s'est trouvé en face d'un recul de l'âge industriel » .


Stephen McIntyre mathématicien à l'université de Toronto : avec Ross McKitrick, il a fait reculer le GIEC sur l'utilisation de la courbe en crosse de hockey de Michael E. Mann, qui s'est révélée être une manipulation totale.


Horst Malberg, professeur en météorologie et climatologie, ancien directeur de l'Institut de Météorologie de l'Université de Berlin. Il a été co-signataire d'une lettre ouverte de plus de 100 scientifiques allemands à la Chancelière allemande en juillet 2009 qui dénonce la croyance du réchauffement anthropique comme une pseudo-science.


Istvan Markó, président de l'European Chemical Society, affirme en 2011 : « Nous ne savons que peu de choses du climat terrestre, et les déclarations du GIEC sont utilisées dans un but politique. (...) De plus, affirmer que le taux de CO2 augmente la température du globe est erroné. La hausse de température précède l’augmentation du taux de CO2 (...).


Kary Mullis, Prix Nobel de chimie. Il est sceptique sur l'alarmisme actuel, pointant en particulier du doigt l'erreur de croire que l'on peut prévoir le climat à dix ou trente ans, alors que notre connaissance du climat est très parcellaire. Il affirme que "la climatologie actuelle est une plaisanterie".

 

Etc.


 

Rôle du CO2 dans le réchauffement :pourquoi de nombreux scientifiques résistent

Comme nous l'avons démontré dans de multiples articles, sous l'influence d'une théorie qui explique le réchauffement par la création anthropique de CO2, des politiques économiques suicidaires sont en train d'être mises en place notamment en Europe et particulièrement en France.

Cette théorie est considérée sous l'influence du GIEC comme la seule vraie, toute dissidence étant vue soit comme un complotisme ou une sottise navrante ou une action déplorable des lobbies de la croissance. Les opposants sont donc des primates antiscientifiques dont la bêtise risque de tuer la terre ou des pauvres types influencés par le patronat. En fait des salauds au sens sartrien du terme  !

Il était intéressant de faire un point exhaustif des aspects purement scientificques de la question. Notre ami Patrice, grand scientifique et professeur émérite de l'université, a passé de longs mois à tenter cette synthèse. Son approche est totalement libre de préjugés et ne cherche pas à prouver une thèse a priori quelconque. Elle est simplement technique et d'une neutralité absolue.  Quels sont les mécanismes en cause ? Permettent-ils d'aboutir à des conclusions ?  Qu'en disent les grands scientifiques ?  Impossible de trancher sans aller au plus près des équations et des calculs.

Le résultat est une surprise par rapport au catéchisme imposé par les instances internationales. On ne parvient pas à justifier le scénario proposé en partant des acquis de la science. Au contraire, tout le long du chemin apparaissent des impossibilités absolues. Alors brusquement, on constate que les promoteurs du scénario CO2 quittent la science pour se livrer à des conjectures dont beaucoup de scientifiques mesurent l'invraisemblance. Et dont nous, au Cercle des économistes e-toile, ressentons très vivement le danger. Peut-on ruiner l'économie pour un jeu d'hypothèses que beaucoup de grands scientifiques tiennent pour douteuses  ?

Nous livrons ce rapport pour que chacun puisse avoir les informations qui sont au coeur du réacteur. Merci Patrice !

 

Etude de synthèse sur le rôle allégué du CO2 sur le réchauffement de la planète.

Première question : le CO2 absorbe-t-il bien la radiation infra-rouge troposphérique ascendante ?
La réponse est oui. Dans le spectre infra-rouge du CO2 (celui qui nous intéresse, puisque la radiation atmosphérique est dans l’infra-rouge) il existe bien une bande d’absorption qui est détectée à 15μm. L’absorption de cette longueur d’onde à 15μm va transférer au CO2 une énergie donnée par la formule de Boltzman Ev= hc/lambda, lambda étant la longueur d’onde, h la constante de Planck et c, la vitesse de la lumière.  Il est clair que les capacités d’absorption du CO2 sont discrètes et ne jouent que pour certaines longueurs d’onde. Il s’agit d’un phénomène quantique et le gain d’énergie du CO2 est par définition quantifié. Ce n’est pas le cas des autres molécules gazeuses, on le verra plus bas.

Seconde question : cette absorption et l’énergie correspondante emmagasinée vont-t-elles bien exciter la molécule de CO2 ?
La réponse est oui. Le CO2 est une molécule tri-atomique 0=C=0 ; en emmagasinant l’énergie Ev, elle peut vibrer de trois façons :
par étirement symétrique ν1, à 7,5 μm,
par déformation angulaire ν2, à 15 μm,
par étirement asymétrique ν3, à 4,3 μm
Les deux derniers sont actifs dans l’infrarouge mais seul ν2 (déformation angulaire) se situe dans le domaine du rayonnement infra-rouge de la Terre (de 5 à 40 μm).
La bande 15μM correspond bien à la seule bande de radiation infrarouge terrestre ascendante qui peut-être captée par le CO2 Cet élément est absolument capital car il constituera une des limitations majeures (et même quasi intégrale) du rôle qui pourrait être attribuée au CO2 dans le réchauffement terrestre.

Troisième question : lorsque la molécule de CO2 se désactive (perte de l’excitation) renvoie-t-elle de la chaleur ? La réponse théorique en laboratoire serait oui. La réponse « réelle » au niveau de la troposphère est non, ou à un niveau très faible, selon les auteurs.

C’est le point crucial de l’ensemble du « scénario CO2 ». Théoriquement, et en laboratoire, une molécule de CO2 excitée par l’absorption à 15μm d’une radiation infra-rouge se désactive (se « dés-excite ») et rend son énergie en émettant une bande de fluorescence (en se désactivant elle est supposée réchauffer le milieu). Mais dans la troposphère ce n’est pas le cas, ou bien c’est un phénomène mineur. Pour quelle raison ? Simplement parce que le CO2 n’est pas seul. Le CO2 de la troposphère ne se désactive pas, ou à la marge, en émettant un rayonnement thermique (désactivation radiative) mais se désactive avant tout par collision et transfert d’énergie d’excitation en énergie cinétique (qui ne génère pas de chaleur).


Le CO2 de la troposphère se désactive avant tout par collision et transfert d’énergie et non par émission d’un rayonnement thermique.


Dans la basse atmosphère 78 % des molécules sont des molécules d’azote (N2), 21 % sont des molécules d’oxygène (O2) et 1 % sont des molécules d’argon Ar. Le CO2 ne représente que 0,04 % des gaz de la basse atmosphère. A la température de 15°C ces molécules sont animées de vitesses de translation de l’ordre de 500m par seconde. A la pression d’une atmosphère, chacune d’entre elles subit plusieurs milliards de collisions par seconde. Ces collisions sont en majorité élastiques et il n’y a pas d’interaction (c’est à dire pas de transfert d’énergie). On peut facilement calculer l’énergie cinétique moyenne des molécules de N2 et O2 par la formule de Bolzman Em = 5/2 kT ou k est la constante de Boltzman et T la température en Kelvin. L’énergie et la vitesse des molécules va donc augmenter avec la température et partant le nombre de collisions également Il s’agit bien chaque fois d’énergie de translation, qui est une énergie continue, augmentant avec la température et non d’énergie de vibration, comme celle du CO2, qui est, elle, quantique et indépendante de la température. Le CO2 subit, on l’a vu une déformation angulaire et vibre lorsqu’il est excité. Ainsi l’absorption dans la bande de 15μm d’un rayonnement infra-rouge est un des mécanismes d’excitation de la molécule avec accumulation d’une énergie de vibration (et non pas de translation comme les molécules de O2 et N2). Si le CO2 était seul il perdrait cette énergie de vibration par l’émission d’un rayonnement de fluorescence. Mais il n’est pas seul ! Il se trouve dans un milieu où plusieurs milliards de chocs par seconde sont liés aux molécules de CO2 et de N2.  La désactivation par collision précède la désactivation radiative


La question pertinente est alors : le CO2 va-t-il avoir le temps de se désactiver en émettant un rayonnement thermique avant de subir le choc permanent des autres molécules ?


La réponse est non. Il a été calculé que la durée de vie du plus bas état excité de CO2 était de 0,64s. Or la désactivation par collision concerne des états excités de très courte durée de vie (10-9s à 10-7s). Des millions de collision interviendront donc avant qu’une désactivation radiative du CO2 par émission de fluorescence puisse avoir lieu. Par ailleurs à 15°C, 40 % des molécules de N2 et O2 ont une énergie cinétique Ec supérieure à l’énergie de vibration Ev du CO2. Lors de collisions inélastiques (autrement il n’y a pas d’échange d’énergie) elles vont donc transférer au CO2 une énergie de vibration correspondante. En retour le CO2 restituera aux molécules de N2 et O2 cette énergie sous forme d’énergie cinétique lors de collisions suivantes. Cet équilibre ne dépend que de la température et de la pression. A la température de 15°C le pourcentage de molécules de CO2 en vibration est donc constant ; l’ajout de molécules éventuellement excitées par radiation ne modifiera pas cet équilibre et comme on l’a vu une désactivation radiative n’aura pas le temps d’avoir lieu avant de nouvelles collisions.

La question se pose également de savoir si la conversion après choc de l’énergie de vibration du CO2 en énergie cinétique de translation des molécules de N2 et O2 peut avoir un effet sur la température des basses couches atmosphériques ? Pour estimer l’importance d’un tel effet il faudrait connaître le volume d’air dans lequel cette énergie sera dissipée. En utilisant la relation de Beer-Lambert avec Io = intensité incidente et I = intensité transmise :log Io/I = A.C.L A et C étant les coefficients d’absorption molaire du CO2 et L l’épaisseur atmosphérique correspondant au volume occupé par le gaz (volume qui a tendance à augmenter actuellement).  En introduisant des valeur A = 20,2 m2/mol pour le coefficient d’absorption molaire du CO2 et C = 1,78 10-2 mol m-3 (pour 0,04 % de CO2 en volume) on trouve que log Io/I vaut 3 (99,9 % d’absorption) pour une épaisseur atmosphérique L = 8 m. Connaissant le nombre de molécules dans une colonne d’air de 8 m de hauteur et de 8 m3 de volume dans lequel seront dissipés 1,3 ou 7 W (selon les auteurs) on trouve que l’énergie cinétique moyenne Em des molécules N2 et O2, n’augmenterait en une seconde que d’environ 0,0001 %. Le gradient de température existant déjà dans les basses couches atmosphériques ne sera donc pas affecté par la présence de CO2.

La conversion en énergie cinétique n’a pas d’effet sur la température des basses couches de l’atmosphère.

Toutes ces données sont valables dans la troposphère à une température de 15°C. A de plus hautes altitudes le nombre de collisions dues aux molécules de N2 et de O2 est infiniment plus faible, de l’ordre de quelques milliers par seconde, puisque la température est plus basse. Entre 80 et 100 kms d’altitude les molécules de CO2 vont pouvoir se désactiver en émettant un rayonnement fluorescent. Mais étant donné l’altitude, cette radiation de désactivation n’aura aucun effet thermique sur la terre. (Remarque : les molécules de N2 et d’O2 peuvent également avoir des capacités de vibration, mais il faut alors les soumettre à des énergies considérables, ce qui n’est pas le cas de ce qui est observé dans la troposphère).


Une conclusion provisoire ?


Au strict plan de la transformation possible d’une énergie quantique, le CO2 n’émet pas de back-radiation thermique dans la troposphère, et l’effet de serre du CO2 à ce niveau ne peut pas être établi.


Il est évident que les climatologues payés pour aller dans le sens du GIEC contestent absolument ce raisonnement en arguant que tous les satellites ont capté une émission infra-rouge de l’atmosphère avec une bande de fréquence qui correspond exactement à la fenêtre de capture du CO2. Ce fait est interprété comme une ré-émission de radiation infrarouge vers la terre car les satellites sont orientés vers le haut.


De nombreuses questions se posent néanmoins. Une émission infra-rouge importante dans l’atmosphère est évidemment l’émission solaire entrante où toute la bande infra-rouge est représentée. L’hypothèse que les satellites captent la ré-émission infra-rouge CO2 est basée sur la « signature » de la bande d’absorption du CO2. Mais il peut s’agir simplement de la capture par le CO2 de la portion infra-rouge du rayonnement solaire à une altitude élevée (celle des satellites), avec ré-émission vers la terre sans conséquences thermiques. En effet l’élément le plus important à prendre en considération est l’altitude du satellite, en général supérieure à 200 kms. Même si le CO2 capte à cette altitude une partie de la radiation infra-rouge ascendante, la « back-radiation » vers la terre est sans conséquence thermique. La conversion thermique d’une éventuelle ré-émission intervenant dans la stratosphère est juste une hypothèse sans preuve.

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Il semble maintenant admis, même par certains scientifiques sélectionnés par le GIEC que le rayonnement infra-rouge émis dans l’atmosphère dans la bande d’absorption du CO2 est quasi entièrement absorbé par le CO2 déjà présent dans l’atmosphère. Mais ils considèrent que l’essentiel du réchauffement résulte de la modification de l’altitude à partir de laquelle le rayonnement thermique s’échappe vers l’espace, altitude qui augmente avec la concentration de CO2 en raison de l’épaississement de la couche opaque au sein de laquelle toute émission dans le spectre infrarouge du CO2 est réabsorbée ou diffusée. En clair le rayonnement thermique ne peut s’échapper qu’en « allant de plus en plus haut » étant donné l’épaississement de la couche de CO2. La température diminuant avec l’altitude, l’émission directe est diminuée, ce qui renforce le forçage radiatif de l’atmosphère.

En fait, l’impact sur la température de surface de la planète serait faible, de l’ordre de 0.2 – 0.3 °C depuis 1970. Qui plus est, le fait que le réchauffement d’une région infiniment plus froide que la terre puisse réchauffer la terre contredit absolument toutes les lois de la thermodynamique.

Mais il y aurait des boucles de rétroaction positives qui amplifierait le processus de réchauffement. Celles-ci n’ont jamais été mises en évidence. Et le calcul de l’augmentation de la température (même faible, 0,4°C par siècle dans le futur étant 6 fois inférieur aux prévisions du GIEC) liée au blocage de la radiation thermique reste assez obscur. Différentes versions de cette hypothèse existent. Elles ont en commun de supposer que les concentrations de CO2 augmentant dans la haute atmosphère, beaucoup plus froide, la rétroaction qui en résulte entraîne une augmentation de la densité du nuage de CO2, ce qui augmente le forçage radiatif et la température des couches basses. Or, même avec cet effet, l’augmentation des températures de la troposphère serait très inférieure à celle observée et surtout ce transfert de température serait opposé avec ce que l’on sait des lois de la radiation thermique d’un corps noir.

Nous avons gardé pour la fin une des preuves les plus irréfutables du rôle limité de l’augmentation des taux de CO2 dans le réchauffement climatique. On l’a vu le domaine d’absorption du CO2 pour les radiations infra-rouges se situe entre 14 et 16μm. La question est alors très simple : quel pourcentage du rayonnement thermique ascendant est émis dans cette longueur d’onde ?

En intégrant l’équation de Planck de 14 à 16 μm on s’aperçoit que 9,3 % de la radiation infra-rouge ascendante terre-atmosphère est émis dans cet intervalle de longueurs d’ondes. Ce qui signifie que quel que soit son coefficient d’absorption (et quelle qu’en soit les conséquences) le CO2 ne peut absorber au maximum que 9,3 % du rayonnement thermique ascendant. Or les quantités de CO2 actuellement présentes dans l’atmosphère absorbent déjà entièrement ces 9,3 % de rayonnement thermique dans une couche de 8m de la troposphère ! Le rayonnement thermique terrestre correspond selon la NASA à 21 % de l’énergie totale reçue du soleil au sommet de l’atmosphère (légèrement inférieur au 15 % de 51 % =29 % attendus) , et au niveau de la terre à  4 % de l’énergie totale reçue du soleil. Le CO2 au mieux absorberait donc 10 % (9,3%) de ces 4 % d’énergie solaire, soit 0,4 % de 342W/m² = 1,37 W/m². Ce rayonnement est déjà entièrement absorbé par les quantités de CO2 présentes dans la troposphère (quel que soit ce qui se passe « après absorption »). On dit que l’absorption est « saturée ». « Rajouter » du CO2 ne peut qu’avoir un effet à la marge (vibration aux extrémités angulaires).

Deux données physiques fondamentales rendent donc très improbable l’attribution du réchauffement climatique à un effet de serre lié au CO2 :

L’absorption par le CO2 de la radiation infra-rouge de la troposphère obéit à une loi quantique et ne se fait que dans un spectre de longueur d’ondes de 14 à 16 μm. 9,3 % seulement de la radiation infra-rouge terrestre ascendante sont émis dans ce spectre. La quantité de CO2 présente dans l’atmosphère est déjà suffisante pour absorber ces 9,3 % de radiations. On dit que l’effet est saturé. Rajouter du CO2 ne produit qu’un effet à la marge.

Qui plus est, dans la troposphère, le CO2, après absorption de la radiation infra-rouge précédemment décrite se désactive avant tout par collisions et non par émission d’un rayonnement thermique. Le CO2 ne se désactive avec émission d’un rayonnement qu’à une altitude de 80 à 100 kms, ce qui est sans effet sur la température terrestre.


Ces deux éléments fondamentaux (caractère quantique de l’absorption, présence dans la troposphère de millions de collision/seconde avec des molécules de N2 et de O2) ne sont bien sûr pas ignorés des climatologues qui justifient pour le GIEC le rôle majeur du CO2 mais ils ne sont délibérément pas pris en compte au prétexte que les « satellites renvoient bien une radiation infra-rouge CO2 », ce qui prouve l’émission d’une radiation thermique du CO2 vers la terre. Et ces mêmes climatologues d’ajouter « si les faits ont raison contre la théorie, ce sont les faits qui comptent ».

Mais justement ce sont les faits qui en l’occurrence posent problème. L’émission infra-rouge captée par les satellites à plus de 200 kms ne prouvent nullement que cette émission corresponde au renvoi vers la terre d’une radiation thermique due au CO2 (cf supra). Dans la troposphère le CO2 ne peut pas connaître de désactivation radiative thermique ou alors il faut changer les lois de la physique.

Pour quelle raison le GIEC maintient-il alors sa position ? La raison est simple : le GIEC a été créé pour étudier le rôle de l’activité humaine sur le réchauffement climatique. Or le témoin le plus évident de l’activité humaine est la combustion d’énergies fossiles et l’émission de CO2.  L’augmentation des températures étant en apparence corrélée à celle des concentrations de CO2, le CO2 devenait le principal responsable du réchauffement dû à l’homme. L’hypothèse était peut-être séduisante, mais elle ne résiste pas à l’analyse physico-chimique des processus d’absorption.


Les tentatives de court-circuiter l’analyse du processus d’absorption en invoquant des boucles de rétro-action liées à l’augmentation des concentrations de CO2 dans la stratosphère et la haute atmosphère sont totalement floues et de toute façon ne peuvent pas rendre compte des augmentations de température constatées.

Bien d’autres éléments apparaissent contradictoires lorsque l’on analyse l’hypothèse de l’effet de serre du CO2. Si le CO2 se mélange d’une façon homogène au bout de 2 ans aux autres gaz atmosphériques, pourquoi l’augmentation des températures n’est-elle pas homogène sur la surface du globe (elle est au contraire totalement hétérogène) ? Entre 1998 et 2012 les taux de CO2 ont continué de croître très rapidement. Pourquoi la température a-t-elle été stable à la même période ? L’évolution des températures mensuelles, non lissées, montre deux hausses de 0,6°C chacune sur une période similaire de 30 ans : l’une de 1915 à 1945, l’autre de 1975 à 2005. Comment attribuer ces deux hausses parallèles exclusivement au CO2 alors que sa concentration était 6 à 10 fois inférieure de 1915 à 945 à ce qu’elle était en 2005 ?  L’effet de serre lui-même est une énigme pour les thermodynamiciens et les physiciens car d’une part il n’a rien à voir avec l’effet de serre radiatif d’une serre botanique et d’autre part il contredit toutes les lois du rayonnement d’un corps noir.

Restent bien sûr à expliquer les deux grandes données initiales : réchauffement et parallélisme de l’augmentation des concentrations du CO2, ce qui n’est pas l’objet de la présente synthèse.

Une des explications du « parallélisme » actuel (et non de la corrélation évidemment) pourrait être que les augmentations des concentrations du CO2 suivent immédiatement les épisodes de réchauffement. Le CO2 atmosphérique proviendrait alors du réchauffement des océans et serait lié à l’augmentation de l’évaporation (figures 4 et 5 ci-dessous), ce qui amène à se poser des questions sur les caractéristiques actuelles du réchauffement des océans.  La question majeure restant bien sûr : quel phénomène est à l’origine du réchauffement observé ces dernières décennies ? Les modèles abondent, proposés par les plus grand scientifiques (modification du nombre de tâches solaires, des vents solaires c’est-à-dire de l’activité corpusculaire solaire, de l’inclinaison terrestre, de la périhélie, de la précession et rétrocession (paramètres de Milankovitch), modification de la circulations des courants chauds, du gradient tropique/pôles, effet cumulatif d’ El Nino, etc.) mais comme ils ne sont pas « anthropocentrés » ils sont systématiquement censurés.

Par exemple :

Pascal Richet dans History of Geo- and Space Sciences, 12, 97-110 (2021) a exploité l’Enregistrement de Vostock : les pics d’émission de CO2 suivent les pics de température et pourraient être dus à une évaporation par réchauffement des océans.

Un graphique essentiel cité par Humlum et al. (2013) Global and Planetary Change 100:51–69, montre qu’entre les années 1998 et 2012 la « température moyenne du globe  n’a pas augmenté.  Par contre les pics de concentration atmosphérique de CO2 ont continué de suivre les pics de température ».

Note de l’éditeur :

Aucun scientifique n’a été capable de fournir une preuve scientifique convaincante de l’influence du CO2 sur le réchauffement. Les mécanismes physiques de base prouvent en revanche le contraire. Pour s’en sortir, les partisans de cette explication font un pari pascalien : « Je n’en sais rien mais puisqu’il y a réchauffement il doit se passer quelque chose que nous ne sommes pas capables d’expliquer mais qui se passe quand même. En attendant j’exclue par principe toutes les autres explications que celle basée sur le rôle du CO2 ».

Il faut se rappeler que la conférence de Rio qui est à l’origine du GIEC avait pour but, sous l’influence de prêcheurs diabolisant l’homme et son action sur la nature, de rechercher les effets de la malfaisance des activités humaine sur la nature.  Cette approche quasi religieuse, de purge du mal qui est en nous, a trouvé dans le CO2 le moyen de criminaliser toutes les activités humaines, puisqu’elles ont toutes une interaction avec le CO2, au point qu’une partie notable des jeunes occidentaux ne veulent même plus avoir d’enfants pour ne pas tuer la terre. Cette intoxication de la jeunesse s’accompagne d’une chasse aux sorcières impitoyable contre tous ceux qui ne plient pas l’échine devant les nouveaux Savonarole.  Elle se produit tous les jours dans les milieux de la science, prétendue unanime, alors qu’elle ne l’est pas du tout. Le rôle du CO2 dans le réchauffement que nous constatons est une pomme de discorde d’autant plus âpre que l’approche scientifique s’oppose clairement à une démarche à caractère religieux, même s’il s’agit de purger le mal qui est dans l’homme. Le retour de la notion d’hérétique est dramatique.

Cette action de changement de l’homme est en marche avec les mêmes méthodes dans tous les champs LGBT+++. Il faut « déconstruire » et l’homme et les activités humaines. Pour ce faire la violence et le mensonge sont des moyens acceptables. Alors apparaîtra l’homme nouveau, purifié et salvateur qui aura sauvé le monde par la Vertu pendant que les sorciers auront été brûlés en place publique.   

Impuissance des électeurs. La question des fuites démocratiques

De nombreuses évolutions problématiques ont aggravé la distance entre dirigeants et électeurs. On peut les appeler des « fuites démocratiques ».  Elles ont des conséquences très fâcheuses. Elles doivent être rebouchées.

 

La première fuite démocratique est le développement de l’Europe institutionnelle qui, à partir du traité de Maastricht, a capté une part croissante du domaine de la loi, la représentation nationale se devant d’inscrire les ordonnances dans la législation nationale sans les altérer. Un parti national n’aaucune influence sur le contenu des ordonnances qui seront proposées à sa guise par la Commission et votées par le Parlement européen, où les groupes partisans nationaux sont totalement noyés dans la masse, pourquoi se préoccuper de savoir si le programme convient au pays. Il ne sait même pas ce qui se passe à Bruxelles.

La seconde fuite démocratique est la capture du domaine journalistique et culturel, politique, économique et financier par la haute administration, déviation antidémocratique que l’on appelle ici l’Enarchie Compassionnelle et Bienveillante. Il en est résulté un blocage fondamental de la représentativité et l’impossibilité pour l’électeur de peser sur les choix fondamentaux. Une forme de caste a fini par s’emparer des partis de gouvernements, désormais en famille. Elle bloque toute carrière politique d’intrus venant du terrain en monopolisant les grands postes.

La tentation de la régionalisation a entraîné également un dessaisissement partiel du gouvernement. Son absence d’objet important stérilise le vote. La gestion matérielle des écoles ne mobilisent pas les foules.

Le droit a connu une double évolution également préjudicielle à la vie démocratique par les élections.  Les cours constitutionnelles ont pris le pouvoir législatif en interprétant les préambules consacrés aux droits de l’homme. En s’appuyant les unes sur les autres, CEDH, cours de justice Européenne, Conseil d’État, cour de Cassation, ont retiré aux parlementaires le monopole de l’effort nécessaire pour traduire concrètement t les espoirs portés par le concept de droit de l’homme et s’arrogent la mission de juger toutes les lois à l’aune des droits de l’homme, préférant toujours l’individu au groupe et empêchant souvent de régler efficacement diverses difficultés. Ces aspects sont désormais assez bien nommés et connus. Le suivant, pas du tout !  Une déviance judiciaire, au plus près des justiciables, la doctrine « justicialiste », s’est largement imposée dans le monde des juges. Elle prétend s’autonomiser par rapport à la loi par l’action syndicale, des tentatives jurisprudentielles ou des jugements politiquement orientés, et promeut une action discriminatoire en fonction de personnes mises en cause. Il devient difficile de savoir comment seront mises en œuvre les règles votées par le Parlement et même si elles le seront. On se souvient du refus général d’appliquer les peines planchers mises en place par la majorité qui soutenait Nicolas Sarkozy.

Devenir ministre est certes une belle promotion politique. Mais l’heureux promu constate vite une impuissance presque totale. Au dernier remaniement, les chefs de cabinets ont été choisis avant les ministres ! Du coup l’Enarchie triomphante ne considère pas anormal de choisir comme Premier ministre une fonctionnaire dirigeant une société d’autobus publique, et de la remplacer ce poste par le précédent premier ministre, également fonctionnaire. Personne ne relève cette stupéfiante situation. On ravale la nation à la RATP ! Et personne ne moufte ! La politique ne peut pas se réduire à un jeu de chaises musicales entre les différents postes politiques et administratifs.

Du fait de l’emprise quasi absolue aujourd’hui de la haute administration sur les choix politiques et leur mise en œuvre, la fiscalité, la dette et la réglementation détaillée et pointilleuse sont devenues le moyen d’expression préféré voire exclusif du gouvernement. Tout devient délit de façon tellement envahissante et contraignante que partout les amendes pleuvent et les décisions administratives contraignent. À tel point que tout le monde devient plus ou moins délinquant. On compte à Paris plusieurs millions de trajets automobiles tous les jours, qu’il s’agisse d’habitants intra-muros, de banlieusards ou de touristes. Qui peut dire qu’à chaque trajet le respect des 30 km/h a été effectif ? Voilà aussitôt des millions de délinquants routiers ! Ne parlons pas des cyclistes… l’incivilité qui pédale.

Tout est devenu pénal : les relations entre les différents moyens de transport, entre salariés et patrons, entre homme et femme, entre adultes et enfants, entre salariés et patron.

Des associations outrancières et maximalistes s’appuient sur des lois indéfiniment contraignantes pour faire régner une « pression sociale » illégitime et injuste, amplifiée par les réseaux sociaux et le vide politique.

La liberté et la fraternité se sont fracassées sur cette pression bureaucratique et idéologique délirante.

La démagogie ouverte des cadeaux catégoriels a tué l’idée d’une égalité des droits et des devoirs.

Des droits acquisitifs excessifs distribués sans contrepartie, accompagnés par l’abandon de toute répression des violences de masses venues des banlieues envahies par des millions d’immigrés Africains, près de 400 000 arrivées par an, ont conduit à la perte de contrôle de nos finances, de la délinquance et des services publics.

La dépense publique atteint l’équivalent de 56 % de la richesse produite, avec un financement qui repose majoritairement sur un tiers de la population assommée de prélèvements divers, et il faut trois mois pour avoir un passeport ou un rendez-vous avec un ophtalmo, et des mois voire des années pour obtenir un jugement, ou une réponse administrative sur des sujets qu’on a indéfiniment compliqués.

Le président Macron et Mme Borne, habitués des résidences publiques, ont décidé de faire passer sans crier gare une loi présentée ainsi : « Nous ne devons plus laisser la seule loi de l'offre et de la demande, conjuguée à la cupidité humaine traditionnelle, créer une bulle d'enrichissement de quelques-uns. Il faut un changement fondamental de paradigme sur le droit de propriété ».

Et hop : Foin d’un des droits de l’homme sacralisés par la Constitution

La nervosité a fini par gagner toute la population agacée dans tous les actes de la vie par des contraintes et des exactions excessives. La violence a fait des progrès spectaculaires dans la société. La révolte des « gilets jaunes » est venue d’une taxe et d’une interdiction de trop.

On comprend que s’est créé un énorme vide entre la population souveraine et une sphère politique tenue par une caste qui la gère désormais en famille.

La presse ne joue plus son rôle d’information et de médiation. Elle est tenue par huit milliardaires qui tous dépendent de l’État. L’énorme secteur public de l’information a été totalement colonisé par la gauche depuis la prise de pouvoir par F. Mitterrand. Tous les « déviants » ont été virés. Les équipes « de gauche » se sont installées en force d’une façon indéracinable et exclusive. Du coup la presse est devenue la caisse de résonance des opérations image de la petite caste dirigeante étatiste et socialisante, et de la propagande gauchiste. Elle a désormais décidé de purger le pays des esprits critiques. La liberté de penser et de s’exprimer connaît un recul inouï. L’affaire des vaccins contre le Covid a été très démonstrative.

Toutes ces évolutions posent de graves difficultés aux partis politiques de gouvernement. Ils doivent faire face à la triple accusation d’impuissance, de démagogie et de d’illégitimité démocratique. Comme il n’y a plus de carrière politique intéressante possible, sauf rare exploit, pour des non-fonctionnaires, dans les partis de gouvernement, les amateurs sont partis dans les partis « antisystème » qui eux ont ouvert la porte au peuple de base. On trouve peu d’Énarques au RN ou à LFI.

L’exceptionnelle réussite de la manipulation tentée par Emmanuel Macron qui a choisi d’unifier la Caste sous sa houlette et de lui permettre de prospérer en famille, est à souligner. Il est vrai que les nuances entre Chirac et Jospin, Fabius et Juppé, Rocard et Villepin, Hollande et Copé, etc. sont impossibles à définir. Ce sont des nuances de postures et de narratifs mais personne ne sait quelles différences programmatiques les séparent. S’il existe un expert capable de démêler ce qui distingue Mme Pécresse de Madame Borne, ou M. Wauquiez de Monsieur Philippe, cela prouverait qu’on a progressé dans le domaine de la microscopie de l’infiniment petit.

En réunissant tous les Énarques opportunistes et carriéristes, Emmanuel Macron a vidé de l’intérieur et le PS et LR.

Comment s’étonner que le triomphe pendant 50 ans de l’étatisme socialisant sans limite, qui est la religion commune des hauts fonctionnaires, ait produit une bureaucratie hors normes dans tous les domaines, une première place pour la fiscalité et les taxes, un excès de dettes colossal, le tout paradoxalement accompagné de la faillite des services publics et de tous les domaines régaliens sous la pression d’une immigration incontrôlée ?

Suturer les fuites démocratiques qui découragent l’électeur et l’empêche d’influencer les politiques conduites est une des urgences nationales critiques.

 

Qui est responsable des dérives de l’Union Européenne et que faire ?

J’appartiens à la génération des Français nés pendant la guerre de 40 et pour qui la construction d’un ensemble européen pacifique avait un sens. Dans le petit ensemble des six pays fondateurs, dont un morceau d’Allemagne, pouvoir annoncer à tout membre de ces nations : « je ne te crains pas et tout membre d’une nation membre sera traité exactement comme un national sans aucune discrimination » était un acte fort et digne d’être soutenu voire fêté. De même, choisir de supprimer toutes les mesures sciemment discriminatoires dans les échanges de biens, de services, de capitaux et de personnes, dans l’ensemble ainsi constitué, était un bienfait.

En revanche, il n’était pas question d’abandonner les identités nationales, ni de fondre les législations, en privant chaque état de la possibilité de mener une politique nationale ou diplomatique spécifique. Organiser une coexistence pacifique, marquée par des projets communs et l’élimination de procédés anticoncurrentiels douteux, ne signifiait pas que les législations dussent être unifiées dans tous les domaines et qu’elles soient transférées à une instance « fédérale ».

Bien entendu, le projet européen de Monnet était entièrement soutenu et financé par les Etats-Unis dont l’objectif, après-guerre, était comme depuis des décennies, d’en finir avec les empires européens et d’assurer leur domination économique, monétaire, diplomatique et militaire. Mais réduire l’ambition des membres de la communauté économique européenne à la seule ambition de devenir une colonie américaine serait caricatural. Le Général de Gaulle, dont les difficultés avec les Etats-Unis sont connues, prendra de nombreuses mesures de correction de la trajectoire européenne, avec l’introduction au forceps de l’agriculture dans le schéma communautaire et, en France, il imposera la sortie du commandement intégré de l’OTAN. Mais il acceptera le traité de Rome et le marché commun qu’il créait.

On dira : il s’est trompé : Les autres pays étaient purement et simplement atlantistes et n’avaient nulle envie de contester leur vassalité. Le Bundestag videra de leurs substances les accords passés entre Adenauer et De Gaulle. Dès que le Général s’est attaqué au dollar, il s’est retrouvé avec une « révolution étudiante » à domicile, le premier exemple d’une « révolution de couleur » comme on dit maintenant. La volonté américaine d’imposer sa loi rejoignait la nécessité pour l’Allemagne de faire profil bas après les exactions sans nom de la période hitlérienne alors que le pays était coupé en deux.

Il reste que la volonté d’en finir avec des querelles tournant régulièrement au massacre depuis des décennies, et de mépriser les exaltations nationalistes du type Hitlérien et Mussolinien, basées sur la violence et les exactions guerrières, était profonde et partagée dans le cadre des six pays fondateurs.

En 1967, le mélange d’atlantisme et d’européisme fédéraliste qui régnait en Belgique ou en Italie, sur fond de lutte contre l’expansionnisme de l’URSS et du « socialisme réalisé » existait sous forme d’une faction « centriste », symbolisée un temps par Lecanuet. Directement soutenue par les Etats-Unis partout dans la CEE, cette mouvance était active. Mais elle n’était pas dominante.

L’Europe restait le champ d’initiatives de mises en commun, sans perte d’une vie politique nationale, et sans volonté de nivellement. L’idée de « construction » de l’Europe ne signifiait pas « création des Etats-Unis d’Europe inféodée aux Etats-Unis ». Mais l’approfondissement de règles et d’associations utiles et la volonté, là où c’était nécessaire de laisser plus de libertés concrètes aux membres des pays unis

Permettre à un « étranger » de contracter librement dans tous les domaines ne va pas de soi. Aboutir à ce qu’il puisse s’installer partout en Europe, s’y loger, y créer des entreprises, s’y marier, y trouver un emploi, y ouvrir un compte en banque, payer ses impôts, léguer, exporter, importer, de façon libre et transparente sans procédures bureaucratiques éternelles, ce n’est pas simple. Réussir ce pari demandait du temps donc « une construction ». Bien sûr, il était possible d’obtenir des visas d’installation et d’arriver au même résultat sans structure multinationale.

La création d’un « espace de bonne volonté », concernant un ensemble de pays appliquant rigoureusement les mêmes règles aux étrangers communautaires qu’à ses nationaux, hors l’élection, et promouvant les relations faciles entre eux, ne pouvait nuire.

On voit bien après le Brexit, que le retour des visas, des pièges réglementaires, des barrières diverses, a détruit une bonne partie de ces bénéfices concrets de liberté et de facilité.

Mais il y a eu le Brexit et il ne s’est pas produit sans raison.

Les traités de Schengen et de Maastricht ont cassé l’optique communautaire, associant des pays restant libres de leurs options politiques et sociales internes, pour une unification législative, monétaire, économique et sociale envahissante. Plus de frontières, plus de monnaie, une langue anglaise comme base linguistique unifiée, plus de droit, les instances juridiques de l’Union décidant d’interpréter les principes de la déclaration des droits de l’homme, et l’obligation de transcrire dans la loi nationale toutes les règles régies par des ordonnances européennes courant par grignotage la totalité du spectre de l’action législative, cela signifie-t-il qu’il n’y a plus ni Etat autonome ni Nation ? Non, mais il faut pour résister à la pression une force politique à la tête de l’exécutif français particulièrement puissante. Si cette force ne s’applique pas alors oui, l’indépendance nationale et la vie nationale s’étiole et peut disparaître.

Giscard et Mitterrand ont voulu que la France entre intégralement dans un schéma européen contraignant. Chirac a cédé en faveur du traité de Maastricht. Et aucun n’a voulu montrer une quelconque résistance aux dynamiques ainsi créées.  La vie politique française s’est effondrée aussitôt. Le sinistre Macron n’en fait pas mystère : la France, son drapeau et autres oripeaux de l’ancien temps, il n’en veut pas. Avoir commencé son quinquennat en allant faire sa révérence aux instances juridiques collectives, annonçait la suite : le drapeau européen seul à l’Arc de Triomphe ou sur la tour Eiffel, puis l’obligation des mairies d’afficher le drapeau européen ; l’affirmation d’une « citoyenneté » européenne ; les discours en « pidgin english » à tout propos ; l’abandon du Français en Europe et de plus en plus dans le champ de l’université, de la pub, des actes légaux etc. Tout le monde sait qu’il fait tout pour lui donner accès à son rêve d’après : devenir président élu de toute l’Europe.  C’est pour cela qu’il s’est opposé à son arrivée au pouvoir au projet d’élection du président de la Commission au suffrage universel.  Remplacer la présidente tournante par une présidente permanente, cela seul serait digne de son ego. Personne ne sait qu’il a profité de la présidence tournante de la France pour organiser partout des consultations de la jeunesse qui ont fait valoir qu’il fallait « un président élu pour l’Europe ». Cette ambition explique l’incroyable abandon des intérêts français au profit d’autres pays de l’Union et le refus de s’opposer à quoi que ce soit dans le processus des ordonnances européennes.

Avant lui, la forfaiture démocratique de Nicolas Sarkozy faisant voter à l’Assemblée les mesures que le non au traité « constitutionnel » européen avait rejetées ne cesse de produire ses effets délétères. Tout est désormais de guingois et les forces délétères qui ont prévalu jusqu’à la guerre de quarante reprennent du service.

Le symbole de l’impuissance des institutions se trouve d’abord dans l’élection au Parlement européen. La campagne électorale n’a en général aucun sens. Et d’abord que veut-on dire lorsqu’on parle de « sens » dans une élection ? Précisons-le : une élection a un sens si elle permet de dire à la majorité ce dont elle ne veut pas ! Ce qui veut dire que les enjeux doivent être connus et qu’une majorité peut apparaître, qui conditionnera l’action de l’exécutif. Rien de tout cela n’est possible au Parlement européen. Les enjeux ne sont pas connus puisque les textes qui seront débattus seront proposés principalement pour ne pas dire exclusivement par la Commission qui a entière liberté dans ce domaine. Les élus, découpés en petits groupes par la proportionnelle, et souvent choisi sans critère politique clair par les partis, ont une place ridicule dans le parlement. Que peuvent faire 40 personnes dans un hémicycle de plus de 700 membres ? Comme ce ne sont pas des partis globaux avec des programmes globaux qui se présentent aux votes, aucun choix d’option n’est effectué par l’électeur. Il ne sera pas informé de ce qui est discuté à Bruxelles. Il ne saura même pas ce qu’a voté la liste qu’il a retenue ni même si elle a voté de façon commune. Il ne réalisera les conséquences de l’action de la Commission que lorsqu’il faudra retranscrire dans le droit national. Et on lui dira que la décision étant prise il est trop tard pour se réveiller et dire non.

Dans le processus, seul le Président de la République peut bloquer puisque tout projet finit par l’accord des exécutifs. Si, comme le président actuel, il a décidé de dire oui à tout sans baragouiner, l’électeur français voit l’Europe diriger sa vie sans même pouvoir s’exprimer. Même s’il le voulait, il aurait beaucoup de mal à bloquer une mesure qui a été avalisée d’abord par la Commission puis par le Parlement, en général sous l’influence des grandes associations et de la diplomatie américaine.

Comme l’Europe institutionnelle s’est affranchie des traités pour intervenir dans tous les domaines et avec un luxe de détail invraisemblable, la gouvernance française passe pour totalement impuissante même et y compris pour des décisions de la vie quotidienne la plus élémentaire et pire encore pour les décisions nationales critiques.

On voit que les instances européennes viennent de régenter dans un sens catastrophique l’activité agricole française, de supprimer les voitures thermiques à court terme, de manifester sa mauvaise humeur contre l’énergie nucléaire, de promouvoir le voile islamique comme preuve de liberté, en même temps que le droit européen interdit toute maîtrise des flux migratoires et des règles du commerce extérieur. L’Allemagne devenu le mastodonte de l’Europe reprend son rôle abusif en Europe centrale et ses excédents déments faussent totalement la gestion de l’Euro (les flux allemands représentent près de 80 % des flux de la BCE !). Sa représentante à la tête de la Commission se croit présidente des Etats-Unis d‘Europe et s’agite sans mandat sur des questions qui ne sont pas de sa compétence comme la guerre en Ukraine. En même temps l’Union Européenne finance les mouvements wokistes en France y compris à l’université et dans les régions et municipalités !

The Economist nous apprend qu’Emmanuel Macron a décidé en catimini de changer radicalement les options traditionnelles de la diplomatie française en Europe très réticente à de nouveaux élargissements. L’intégration de l’Albanie, du Kosovo, de la macédoine du nord, de la Serbie, si elle le souhaite, ne saurait plus un problème. Aucun des médias français n’en parle alors que toutes les chancelleries ne bruissent que de ce revirement complet.

En fait Emmanuel Macron persiste dans la préparation de son job d’après : être le président élu de l’Europe entière. L’appoint de ces micro-états sera nécessaire ! L’intérêt de la France dans toute cette évolution majeure : nulle ! Même l’Ukraine est désormais acceptable comme membre à terme de l’Union. La question turque reste sous le boisseau. Son intégration demeure possible.

Ces évolutions délétères imposent une révision de la vision européenne de la France et cet exercice s’impose aux partis en France notamment à LR qui a décidé de refonder les axes programmatiques fondamentaux de son action politique.

Si par principe, les dérives de l’Europe sont considérées comme des acquis et leur dénonciation comme un populisme de beaufs à béret et baguette, l’effondrement démocratique français est au bout du chemin. François Asselineau explique avec constance qu’on ne peut pas « changer l’Europe ni changer d’Europe », fruit d’un arbitrage complexe indestructible, et que le Frexit est la seule solution, comme les Britanniques l’ont bien compris. Ses arguments ne sont pas nuls. Il se moque avec raisons de toutes ces volontés affichées lors des élections européennes de proposer une « autre Europe » plus ou moins fantasmagorique : plus verte, plus sociale, plus féministe, plus modeste, moins américaine, etc. ad libitum. Quand une élection n’a pas d’enjeux, autant s’agiter dans l’affichage d’autant plus grandiose que le silence retombera dans la seconde qui suivra la promulgation des résultats.

Xavier Bellamy, une des rares pensées politiques en Europe, explique que les instances européennes dépassent en permanence les compétences que leur donnent les traités.  Il cite le fait que le Parlement a voté 51% de résolutions hors du cadre des traités. Il donne de nombreux exemples significatifs où la Commission est parti dans des réglementations drastiques à partir de filaments de raisonnement hyper fins les rattachant très indirectement aux traités. Dans le même discours, il exonère les instances européennes en affirmant que ce sont les Etats qui le demandent. C’est donc la gouvernance nationale qui est coupable et lorsqu’elle s’exonère elle s’accuse.

Comment empêcher institutionnellement que l’Europe puisse ainsi grignoter les compétences nationales lorsqu’un hurluberlu européiste accède à la présidence française et laisse faire ou incite à de dessaisir de la souveraineté nationale ?

Existe-t-il réellement un chemin qui permette de redonner de l’indépendance au projet politique français quoi qu’il arrive sans pour cela sortir de l’Euro et de l’Europe ? Doit-on accepter qu’une clique de hauts fonctionnaires s’approprie tous les pouvoirs résiduels, en associant des inconnus interchangeables aux postes subalternes, tout en concédant tout à l’Union Européenne et ses instances, avec des élections qui ne décident jamais de rien sinon le « ranking des clans » comme on dit à Bruxelles.

Il n’y a plus de vie intellectuelle et artistique en France, dans un climat d’hyperfiscalité débilitante qui nous prive de liberté et de capacités économiques et sociales. La chanson française qui était la plus active dans le monde en 1960 n’existe pratiquement plus. Alors que dans les années cinquante la France comptait une pléiade d’écrivains de renom international, il n’y a plus que le malheureux Houellebecq. L’université française est quasi morte. L’étranger européen n’y vient plus, préférant le Royaume Uni, le Canada et même l’Espagne, quand les Etats-Unis ne sont pas accessibles financièrement, pour former ses élites. La vie politique se résume aux éléments de langage des médias conformes et aux pitreries grotesques et dangereuses d’un Mélenchon. On ne trouve plus un journal français dès qu’on sort de l’hexagone et l’étude du français est en train de sombrer partout.

Le constat est terrible : il n’y a plus de vie politique, devenue impossible, puisque la haute fonction publique ne veut rien lâcher de son emprise désormais totale et teintée de népotisme caractérisé et finalement accepte de se délester sur l’Europe de pratiquement toutes les questions importantes. Rien ne gêne plus un haut fonctionnaire que d’être responsable !

On voit bien que la renaissance française passe d’abord par la destruction du monopole politique construit par la haute fonction publique qui paralyse la démocratie et le retour à une pratique européenne qui réduit le champ des délégations au seul contenu explicite des traités, quitte à prendre les initiatives juridique et organisationnelles qui rendront cette orientation pérenne et indépendante du choix du président. On n’échappera pas à des réformes institutionnelles nationales visant clairement les modalités d’interaction avec l’Europe. Nul n’est besoin de changer les traités européens ni d’enclencher un Frexit. La bataille est en France et sera la bataille de la France.

On voit moins bien quelle force politique dans le pays parviendra à imposer cette action. Ce devrait être un devoir pour un parti comme LR héritier du gaullisme. En ayant choisi Valérie Pécresse comme candidate aux dernières élections présidentielles et en annonçant Laurent Wauquiez pour la prochaine, après que Chirac a accepté Maastricht et que Sarkozy a trahi le non au referendum « constitutionnel » européen, LR montre que la perspective n’est pas évidente.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

 

Obsession du « Leader Maximo » et néant programmatique national : la nouvelle normalité ?

La France est entrée dans une zone de turbulences à l’évidence gravissimes. La question de l’avenir du pays est devenue brûlante. La recherche de solutions salvatrices est plus qu’urgente. Que voit-on ? Les seuls débats portent sur des questions de personnes.

La politique est vue comme une course de petits chevaux ou un concours de Misses. Qui a le bon numéro ? Qui coche les bonnes cases ? Voilà tout le fond des discussions. L’élection fondamentale est celle de Président de la République. Pour les hommes politiques ambitieux, il faut parvenir à être candidat. Pour les équipes qui font carrière au sein des partis, il ne faut pas se tromper de chef et prendre la bonne vague. Pour l’électeur, juger du talent des individus en compétition serait le seul intérêt de la politique. On ne leur offre donc que des mots et des postures afin de stimuler les meilleurs sentiments et obtenir le meilleur accueil électoral. Le programme ? On s’en fout du programme ! De toute façon on sait qu’on ne le suivra pas, soit parce qu’il ne souligne qu’une posture, soit parce que les circonstances auront changé. On ne mettra en œuvre que les cadeaux les plus symboliques, ceux qui font le plus de mal au pays mais qui valent signature.

Va pour un catalogue de « cadeaux au peuple » qui engagent le budget et de belles paroles qui n’engagent à rien. Aucun rapport avec les solutions salvatrices plus qu’urgentes ? Et alors ? Qui s’en soucie ? Le chevalier qui a gagné le tournoi offrira les places attendues et chacun se préoccupera de conserver la sienne, voire de monter d’un ou plusieurs crans vers les sommets. Sinon ce sera pour la prochaine fois. La bataille individuelle pour « l’image dans l’opinion » est permanente. Chaque bataille électorale n’est qu’un exercice dérangeant qu’il s’agit « d’enjamber » sans débat lorsqu’on est aux manettes ou une occasion de s’imposer à un sortant disparu ou carbonisé si on est dans l’opposition. Le programme dans l’affaire ? Quel programme ?

Lors de la dernière élection présidentielle, « l’enjambement » par Emmanuel Macron a été parfait. Il n’y a pas eu de débats. Personne n’a eu la moindre idée de la politique qui serait suivie. Ce n’est pas en se recueillant à Oradour sur Glane qu’on indique ce que sera l’action du futur exécutif, surtout si on ajoute 80 milliards de cadeaux électoraux pour bien ameublir le terrain et qu’on s’annonce être prêt à tout et l’inverse de tout, en même temps. La technique qui consiste, pour un président sortant, à interpeller chaque clientèle en affirmant qu’il est le seul à avoir fait autant pour elle, est redoutable pour les finances publiques et pleines d’annonces contraintes pour la fiscalité à venir. Dans un pays où l’information est tenue par dix milliardaires dont la vie dépend de l’État, il y a peu de chances que l’on parle des solutions salvatrices face aux « turbulences gravissimes ». Mieux vaut mettre en valeur le « narratif » présidentiel.

Si on s’en tient aux propos de dîner en ville, on retrouve toujours les mêmes interrogations.

« Je vote Macron. Il nous défend et il n’y a que lui, vous êtes d’accord ? »

« Marine Le Pen, elle est redoutable. Elle ne dit rien et parle de ses chats. Les dégâts sont tels qu’elle pourrait facilement gagner, n’est-ce pas ».

« Ce jeune Bardella, il tient remarquablement son rôle. Vous pensez qu’il peut embarrasser Marine le Pen ? ».

« Et Marion Maréchal, elle est dans le trou. Le culot ne suffit pas. Bardella la coiffera dans l’électorat qui vote à l’extrême droite, dès que Marine s’écartera ! ».

« Édouard Philippe est remarquable. Vous pensez que son alo… quelque chose, sa maladie qui blanchit, alopécie c’est ça, va l’écarter de la victoire. C’est vrai qu’on ne le reconnaît plus ».

« Wauquiez est détesté. Il ne pourra pas revenir. Trop tête d’œuf, trop insincère, c’est évident, vous êtes bien d’accord ?

« Sarkozy, celui-là, il est tenace. Il faudrait peut-être lui dire qu’il est mort politiquement, avec son bracelet électronique de délinquant privilégié ! ».

« LR ? Ils sont foutus. Il n’y a plus personne. Je déteste Retailleau avec sa tête de cureton, pas vous ? Et Ciotti, ? On le verrait plus avec un cerceau en culottes courtes. Il ne fait pas le poids. Larcher, lui, il a le charisme d’une moule frite trop grasse. Ah ! Ah ! Ah ! »

« Comme le PS. Quelle dégringolade ! Vous avez vu Hollande. Il ne leur reste qu’à rouler pour l’infect Mélenchon. Vous savez qu’il est très riche celui-là ? »

Essayer de dire : « Je me moque de tous ces gens. J’aimerais surtout savoir quelles mesures doivent être prises pour sortir de la situation cruelle où est le pays ». En général vous obtiendrez la réponse standard suivante : « vous savez, on exagère. Cela ne va pas si mal. La France on y est bien. Regardez, nous tous autour de la table, cela va bien, non ? Depuis le temps que c’est le drame annoncé. Allons ! Macron nous protège ! Il n’a pas de chance, mais il résiste bien. Il est détraqué, mais ils le sont tous ».

Fin du débat politique.

Pendant ce temps-là, culmine les délires d’une Mme Van der Leyen qui se croit Présidente de l’Europe, et d’une Commission qui se croit un gouvernement légitime capable de régenter au millimètre toute la vie des Européens, y compris en recrutant des Américaines pour tenir des postes cruciaux pour l’indépendance de l’Europe vis-à-vis des États-Unis. Partout monte une violence politique exceptionnelle, de la Hollande au fin fond des villages français. Partout les professeurs d’une vertu Woke particulièrement déplaisante tiennent le haut du pavé médiatique. Les dames d’œuvre de l’ancien temps, et les grenouilles de bénitiers paraissent bien timides aujourd’hui, par rapport à la brutalité et la violence des injonctions, le plus souvent contradictoires, que chacun peut constater à tous les détours de ses activités. La chaleur monte et au lieu de penser à climatiser et produire l’énergie nécessaire on pense à réduire nos activités « mortelles pour la terre » quitte à se lancer dans des investissements déments pour réduire notre besoin d’énergie fossile « d’un quantum permettant de sauver l’existence terrestre ». Aux dernières nouvelles la France devrait dépenser 5 ou 6 mille milliards d’Euros pour obtenir un refroidissement de 0.0018° Celsius. Comme c’est raisonnable !

Fin du débat français et européen ?

Mais non ! La presse nous fait savoir qu’Emmanuel Macron, le Président sauveur des « quartiers » de Marseille, parlera un de ces quatre matins et qu’en attendant il a maintenu Mme le premier Ministre à son poste. Le remaniement aura bien lieu quand il le voudra. Ses ministres plongés dans l’incertitude sont « appelés à dédramatiser ». Et voilà que celui qui s’autoproclame Jupiter un jour et Napoléon apaisant la France en cent cinq jours, le lendemain, élimine les « silhouettes » dont il avait peuplé les ministères au temps du premier gouvernement Borne. Adieu l’urgentiste appliqué, le communiste bâtisseur devenu socialo compatible, le noir wokiste, la foldingue qui posait dans Playboy « parce qu’elle le vaut bien ». Des noms inconnus remplacent des noms inconnus.

Mais ils sont toujours issus de la même caste. Comme le remarque justement un journaliste observateur du Figaro, c’est le premier gouvernement où les « chefs de cabinets sont nommés avant les ministres », quand ils ne deviennent pas ministres. Plus aucune personnalité disposant d’une identité politique quelconque ne figure au gouvernement, aucune nomination valant annonce d’une politique quelconque. Philippe de Villiers voit dans le remplacement de M. nD’aye par le joli et délié chouchou du Président, M. Attal, le passage du Woke au LGBT+. Il est incendié par les amateurs de commentaires indignés pour ces propos qui soulignent avec exactitude qu’un noir indigéniste assumé est remplacé par un homosexuel tout aussi assumé, ce qui laisse penser que l’Éducation nationale continuera sa mue. Faut-il rappeler que très longtemps les homosexuels étaient interdits au Ministère de « l’éducation nationale », que la tolérance était de règle (j’ai eu comme professeur excellent en tout point Jean-Louis Bory) pourvu qu’ils ne s’en vantent ni n’en fassent du prosélytisme. Les activistes veulent qu’ils puissent s’en vanter et faire du prosélytisme, alors où est le problème ? Pour ceux qui sont choqué de voir le népotisme régner dans l’énarchie triomphante, le cas du ministre de la Santé, dont la femme dirige par ailleurs la sécurité sociale est tout à fait exemplaire. La haute fonction publique se gère elle-même en famille, loin des considérations du bas peuple. L’annonce que M. Castex, obscur énarque devenu premier ministre puis dirigeant d’une société d’autobus publique  pourrait être candidat aux prochaines présidentielles donne un idée assez nette de la manière dont la démocratie française a évolué et de son soucis programmatique au plus proche des électeurs.

En Europe, ce n’est guère mieux.

La perspective des élections européennes provoque une vague de départs à la Commission et une valse de remplacements. Dans une démocratie classique, le résultat des élections conduit au changement des dirigeants. Dans le cas de la Commission, c’est la perspective des élections qui provoque préalablement les changements de personnes. Tous ces démissionnaires recherchent des postes très bien rémunérés ou des places de haut pouvoir dans leur pays. Bienvenue dans la néo-démocratie.

Tous ces braves gens ont travaillé des années en vue des grandes promotions qui s’annoncent. Le batave Timmermans a conduit une politique écologique maximaliste jusqu’au délirant avec un chef de cabinet venu de Green Peace Allemagne. C’était pour devenir le chef d’une coalition socialiste et écologique. Ah ! devenir Président du Conseil à La Haye ! C’était cela la vraie raison. Telle autre veut être présidente de la BEI, jolie rémunération en millions d’euros et quelle retraite ! Et ainsi de suite.

Le premier semestre consternant de 2023 se termine en Europe comme en France par une foire aux places pour irresponsables. Pour eux, en effet, les places sont tout, l’américano wokisme, une simple contrainte à accepter, la soumission aux ONG une pratique valorisante, et l’indifférence aux réalités vécues par les électeurs, une solide habitude.

Quel électeur ne se sent pas empli de joie profonde à ces deux spectacles de marionnettes qui se déroulent loin au-dessus de son vote et dans l’indifférence totale à ses aspirations, sur fond de recul généralisé de l’Europe dans le monde et de la France en Europe ?

Bémol : il paraît que M. Macron ne pourrait plus diriger le pays à chéquier ouvert et que Mme Van der Leyen pourrait être remplacée par un Breton bien français, si elle continue à se croire seule au monde et libre comme l’air pour affirmer n’importe quoi sans l’avis des membres de l’Union.

Le concert des nations ou celui des marchés auraient donc de l’influence si l’électeur n’en a plus du tout ?  Alors pourquoi s’inquiéter ?

Pour le carriériste politique l’ambition basée sur l’image et le narratif suffit. Nul besoin d’une pensée construite et d’une volonté assumée, branchée sur les difficultés du moment. La mésaventure Macron a prouvé qu’on pouvait vaincre sans autre ambition que soi-même et accessoirement la défense de la cohérence formelle de son narratif. L’action : faire tout et l’inverse de tout n’est pas un problème. Le résultat : quel résultat ? Les désastres, c’est toujours la « faute à Jules » ou à cause d’erreurs « profondément ancrées dans le passé ».

Alors pourquoi poser des questions de fond et chercher des solutions solides ? Elles ne peuvent que troubler le narratif et gâcher l’image !  Le concon-concours de Miss France a montré qu’il fallait avoir la bonne silhouette et prétendre servir l’humanité toute-entière avec un air stupide mais avec ferveur. Alors va pour un concon-concours politique des Enarques énamourés d’eux-mêmes, et leur discours d’Ara au plumage et au narratif bien calibré.

« À propos qui sera le meilleur candidat pour 2027 ? Vous croyez aux chances de Casteix face à  Wauquiez ou  Philippe ? Ce sera naturellement Macron, s’il est bloqué en Europe, et parvient à faire sauter la règle constitutionnelle des deux mandats ». « Vous êtes bien d’accord n’est-ce pas ? » « De toute façon L’Amérique, l’Europe, l’OTAN et l’Euro nous protègent ».

« A propos qu’est-ce que vous pensez de Breton ? Brillant non ? Il serait un président de la Commission presqu’aussi bon que Delors. C’est bien votre avis, non ? »

Non !

Les élites françaises ont-elles détruit la France ?

Plus personne n’a de doute aujourd’hui. La France n’a plus de véritable existence en tant que nation et en tant que projet identifiable.

C’est devenu un territoire d’où la population originelle s’efface par la dénatalité, où l’agriculture et l’industrie s’évaporent, où l’enseignement de la langue et de la culture se meurt lentement, où le niveau de vie est en état de baisse relative, où la sécurité intérieure n’est plus assurée.

Près de vingt millions d’habitants sont venus d’Afrique ou sont nés en France des familles immigrées correspondantes, sans trop de désir d’intégration avec pour une part notable et croissante d’entre eux, la haine au ventre contre les Français et le désir de se servir sur la bête par tout moyen.

En même temps la haute fonction publique a capté entièrement le pouvoir politique, économique, financier et médiatique, et entend continuer à se partager le pouvoir résiduel en famille. Cette caste a haussé la pression fiscale et les charges sociales au premier rang mondial tout en créant une bureaucratie effarante.

La venue au pouvoir présidentiel du lamentable Macron a été concomitante de la généralisation de chienlits multiformes et incontrôlables.

La gestion de Paris est une chienlit. Elle est actuellement organisée par une Espagnole qui a percé dans les alcôves de la direction du PS, épousé un énarque et demeure protégée par le clan. Emmanuel Macron lui a permis d’être réélue lorsque son candidat s’est autodétruit. Cette chienlit dure depuis 23 ans ! Et il n’y a aucun signe d’un quelconque ralentissement. Rendre irréversible les billevesées qui permettent de solidifier une pseudo-majorité, qui n’est qu’un regroupement de passions morbides et intéressées, voilà toute l’affaire. Et crève la ville lumière ! Cette chienlit se retrouve à Lyon, à Lille, à Bordeaux, à Grenoble, à Marseille, à Rennes, à Nantes. L’armature urbaine du pays est en voie de liquéfaction. Il n’y a strictement rien de positif à espérer de ses évolutions.

La gestion de la couronne de ces grandes villes est pire encore. Au prix de dizaines de milliards de subventions et d’allocations jetées par les fenêtres, on a cru possible d’y installer des immigrés africains, maghrébins d’abord, puis d’Afrique centrale, par millions. La délinquance et les trafics y sont la règle en même temps que l’islamisme y a pris un pouvoir désormais indéracinable. Les masses sont telles qu’elles sont devenues incontrôlables et y font ce qu’elles veulent quand elles veulent, désormais soutenues par une gauche opportuniste qui voit son salut dans l’exploitation de ce fumier, quelles qu’en soient l’odeur et l’absolue contradiction avec des « valeurs de gauche » brandies d’autant plus haut qu’elles sont en bas, totalement à l’abandon. L’État exalte son action à Marseille, action qui est liquidée en une nuit d’émeutes.

La gestion des campagnes est désormais soumise à la pression de bandes de voyous bien décidées à créer une chienlit totale. Le « zadisme « est-il autre chose qu’une forme de chienlit ? Un simplet, dans une « agence nationale », interdit un produit et risque de bloquer l’exportation de millions de tonnes de blé. Petite émotion et on contourne le problème sans le résoudre en attendant la prochaine initiative débilitante ! L’Europe qui en a « marre de payer pour l’agriculture française » annonce une réduction de l’activité agricole en France ! Pas de réaction de l’État français.

La gestion des transports est tout aussi calamiteuse. On a vu que l’activité portuaire a augmenté de 100 % depuis 1990 en Europe et de 1 % en France. L’industrie automobile est aux abois. Le transport ferroviaire est une catastrophe financière et technique. Les autoroutes sont une vache à lait sous-traitée aux copains. La France n’est même plus capable de tenir ses engagements sur l’aménagement des relations ferroviaires avec l’Italie. Des petits groupes de débiles bloquent des rues, des périphériques, des autoroutes, dans une chienlit manifeste. Pas de réaction de l’État français.

La gestion de la production d’énergie a été laissée à des incapables qui n’ont cessé de la massacrer et d’y créer le désordre et la confusion. La source nucléaire dont la production potentielle était de 500 TWh chaque année a été bridée pour ne représenter qu’à peine la moitié, alors qu’on dépense des sommes obscènes à accumuler des éoliennes et des panneaux solaires qui produisent de l’énergie à des moments où on n’en a pas besoin et n’en produisent pas toujours quand il en faut, déséquilibrant et la gestion des réseaux et les exportations rentables d’énergie et la gestion courante de l’équilibre des besoins. Avoir poussé au 100 % électrique en coupant par deux la production d’électricité est le genre d’exploit que l’énarchie compassionnelle et bienveillante est capable de réaliser, sans même anticiper la chienlit résultante. Le défilé des « c’est-pas-moi-c’est-l’autre » de ce politiciens idéologues ou issus de la bureaucratie la plus lâche, à la Commission d’enquête sénatoriale, est un documentaire sur l’irresponsabilité misérable des « élites » concernées.

Inutile de trop creuser la question des fonctions régaliennes de l’État. La chienlit y est partout.

L’armée française tient tout entière dans le Stade de France et serait incapable de tenir plus de quatre jours face à une agression un peu intense. La première action du nigaud qui préside le pays a été de virer le général qui signalait qu’on était à l’os dans les casernes. Il a aussitôt appelé la copine de caste, Parly II pour diriger l’armée avec le résultat que l’on sait : on s’est fait virer à coups de pied dans le derrière du… Mali, par… Prigogine ! Le taux de disponibilité des appareils de toute nature qui équipent nos forces est proche de zéro dans à peu près toutes les disciplines militaires. Le renseignement est par terre. Les Allemands se moquent ouvertement de la France qui s’abaisse à essayer de lui refiler ses perles résiduelles. La racaille dévalise les armureries. La gendarmerie est partout dépassée sauf pour les amendes de circulation sauf dans les zones de franchise abandonnées aux tribus. Comme le dit un observateur un doigt caustique : « on n’a plus d’état-major mais un état majorette surtout impliqué dans l’intégration confortable des femmes, des homosexuels et des transgenres dans les dortoirs ».

La santé publique : on a vu. Bureaucratie et syndicalisme ont conduit à la chienlit généralisée et à une violence d’Etat étonnante durant la période « Covid » avec abandon de tous les grands principes. Comment croire que la politique voulue face au Covid ait été : « restez chez vous et prenez du Doliprane » ! Le système est totalement ruiné par une gratuité intenable. Les pertes sont abyssales. La régression médicale commence à se voir très sérieusement. Partout c’est la chienlit, notamment aux urgences.

L’école et l’université ? N’insistons pas. L’université est pratiquement morte tuée par le wokisme. On y enseigne plus qu’une moraline frelatée et la soumission. Vols à répétition, occupations, etc. La chienlit est partout. Quant aux écoles maternelles ou aux études secondaires, mieux vaut ne pas en parler. La féminisation Neu-Neu, socialisante et Wokiste, règne sans limite, en symbiose avec les associations homosexuelles et les groupes de pression d’extrême-gauche, voire islamo-gauchiste. M. Macron a voulu montrer qu’il pérennisera cet égout en nommant un noir indigéniste à la tête du ministère. Son seul objectif est de créer la même chienlit dans l’enseignement privé que dans l’enseignement public…

La justice ? Le « mur des cons » n’a pas été détruit. Il n’y a plus de justice organisée en France. Le multirécidiviste triomphant est le héros d’un monde qui marche sur la tête. Ne pas réprimer ; ne pas mettre en prison ; s’attaquer d’abord aux cols blancs : salauds de bourgeois blancs. La délinquance généralisée, les pillages, les trafics en tout genre, les émeutes accompagnant une absence permanente de respect des lois, le crime à un niveau délirant, qu’est-ce que cela sinon une chienlit organisée ? Jouir sans entraves ! CRS-SS ! Non à la répression ! C’est gagné et on voit le résultat.

L’administration civile : incapable de fournir un passeport ou une pièce d’identité dans un délai raisonnable. Ne parlons du reste !

Les corps préfectoral et diplomatique sont liquidés par un président démiurge qui s’enivre de son propre pouvoir de destruction de la République française et de ses institutions.

Il est vrai que son objectif avoué est la dissolution de la France dans l’Europe, objet de son ambition suprême. Français ! Vous n’existez pas : vous êtes des individus indifférenciés dans la masse des populations qui grenouillent sur le sol européen. On panthéonise Monnet, un agent américain, une charmante danseuse américaine noire, un étranger militant communiste tué par les Allemands. L’idée qu’il puisse y avoir un « grand homme français » est passée dans l’idée des dirigeants français, obsédés par l’altérité heureuse. En revanche l’histoire française cesse d’être valorisée et devient un pot de chambre dont le contenu doit être déversé sur la tête de la jeunesse pour que jamais plus, elle ne pense à son surmoi historique français.

On a créé des régions parfaitement inutiles pour complaire à l’exigence européiste de destruction de l’État national. Ces nouvelles bureaucraties sont d’abord des planques publiques qui permettent de faire de l’argent sans responsabilité, en exaltant la démagogie. Jamais autant de Français vivent au crochet de l’État à ne rien faire d’utile que depuis l’instauration des régions ! La région, c’est une chienlit institutionnelle et structurelle. Cela ne rapporte rien et cela coûte très cher.

La citoyenneté abandonnée a laissé la place à un électoralisme sans objet sinon de fournir des places et de l’argent à des gens qui n’en valent pas la peine et entendent être élus par la démagogie la plus basse. Personne ne veut plus voter pour des vandales heureux de se faire un peu d’argent et de gloriole dans la chienlit générale.

Les dirigeants vivent au-dessus de ces chienlits multiples dans un état d’impuissance désormais visible et risible. Des médias dominants sous influence tentent de rendre invisible cette réalité d’une chienlit maîtresse de tous les lieux et construisent un mensonge dominant favorable à la caste dirigeante. Ils annoncent en permanence que le président Macron protège la France et les Français, et que s’il tripote régulièrement avec extase des noirs torse nu et siffle des bouteilles de bière dans les vestiaires, c’est la preuve de sa classe éclatante au service de tous les Français. Certains esprits régressifs et insensibles à cette épatante grandeur, considèrent qu’une chienlit narcissique verbeuse et irresponsable règne à l’Élysée.

Au moins y a-t-il une forme d’unité et de congruence dans ce qui reste de la France : la chienlit partout, du plus bas au plus haut, à tous les étages.

Giscard avant Mitterrand l’avait bien compris : exploiter personnellement et laisser courir ! Chirac l’a théorisé : le pays étant fragile, il était important de ne rien faire. Sarkozy a sombré en recrutant Kouchner et en voulant s’inscrire dans le bon sentiment général. Il a fini avec un bracelet électronique au pied, prisonnier à la maison. Hollande a voulu n’être rien et y a parfaitement réussi. L’ambition des places (et surtout de la place suprême) est devenue le cœur de la politique. Qu’importe si c’est pour présider à un désastre. La France, on s’en fout !

La conjonction de l’unique passion pour le poste de président, et des idéologies transnationales dominantes (écologisme, wokisme, européisme, mondialisme) ou nationales (étatisme, clientélisme, argent facile, fiscalisme, bureaucratie), conduit à la destruction de l’identité nationale, de la démocratie et de la prospérité.

Nous pouvons répondre à notre question initiale :

Oui la France a bien pourri par la tête et le triomphe de l’énarchie a été un facteur aggravant majeur, en empêchant les réactions du corps de la nation par la voie électorale. Née au lendemain de la déroute de mai quarante, la volonté de la classe des hauts fonctionnaires de mettre la main sur le pouvoir politique pour conduire « une vraie politique nationale de qualité », l’Enarchie a fini par être le levier principal  de la déroute actuelle.

Ce n’est pas le moindre paradoxe de la situation.

Ce blog a 15 ans jour pour jour. Opération spéciale anniversaire.

Nous fêtons les quinze ans d'existence de ce blog. Il a en effet démarré avec un premier article le 26 juin 2008.

Il a permis de fédérer tous les textes des membres du Cercle des économistes e-toile qui est devenu plus formel à partir de cette date. Jusque-là ils s'exprimaient principalement dans des forums ou des blogs dispersés.

Le rassemblement des textes a permis de développer dans le détail tous les thèmes que nos membres voulaient défendre et qu'ils trouvaient mal couverts par la presse classique.

Le corps de la doctrine du Cercle s'articule à ses débuts autour de trois thèmes globaux et trois thèmes nationaux.

Ont été constamment dénoncés preuves à l’appui :

Dans l'économie globale :

- le système des changes flottants, source de crises à répétition

- le système de l'Euroland, source de conflits économiques et de stagnation, avec les règles qui ont présidé à son établissement

- L'abandon à la Chine de l'industrie des pays développés, qui mènera automatiquement à la liquidation des classes moyennes dans les pays développés.

Dans l'économie nationale :

 - l'abandon de la natalité,

- l'énarchie compassionnelle qui ne pouvait qu'aboutir à une crise démocratique et à un gonflement irresponsable des dépenses publiques, des impôts et taxes, de la règlementation et de la dette. 

- la condamnation du principe de la « gratuité de la vie » débouchant sur un système impossible à financer.

Nous avons constamment rappelé les analyses de grands économistes français qui ont été marginalisés comme Alfred Sauvy et Maurice Allais. 

 

Sur tous ces sujets, les grands mensonges qui ont justifié les grandes erreurs se sont progressivement étiolés.

Les politiques menées par Sarkozy, Hollande et Macron n'ont à aucun moment tenté de corriger ces erreurs qui, au contraire, ont provoqué des crises amplifiées et fini par désespérer les Français.

Aujourd'hui, il est devenu clair pour presque tout le monde qu'on ne peut plus continuer à dévaler ce toboggan.

Les mille messages écrits sur ce blog représentent des milliers de pages au format livre. Ils ont fait l'objet de plus de 3.8 millions de "lectures". Certains ont influencer les écrits d'excellents journalistes Aujourd'hui, sur beaucoup des thèses défendues par le Cercle, l'accord est général alors que beaucoup de ces analyses étaient bannies des grands médias il y a 25 ans.

Afin qu'il reste une trace écrite de cet engagement de longue durée, Didier Dufau, le Président du Cercle a entrepris d'écrire plusieurs livres reprenant l'essentiel des positions du Cercle en tenant compte des évènements les plus récents.

Le Cercle a décidé pour fêter cet anniversaire, qui, au départ, était inimaginable, de lancer une opération spéciale :

Permette à tout lecteur intéressé d'acheter pour 10 euros, sans frais de poste, chacun des trois livres de Didier Dufau, reprenant les thèmes favoris du Cercle avec une dédicace personnalisée de l'auteur. Cette opération exceptionnelle se fera naturellement à concurrence des livres encore disponibles. Il suffit d'envoyer votre demande à l'adresse de notre distributeur, précisant vos nom et prénom et votre adresse, accompagnée du chèque correspondant au nombre de titres souhaités :

Cercle des économistes E-toile

15e anniversaire

Attention Mme Sophie Defyn

c/o La Maillière

4, Av. Jules Janin

75016 Paris.



Petit résumé de l'état de la France

Au même moment où se déchaîne la communication du Président Emmanuel Macron, en pleine exaltation du « en même temps » sur à peu près tous les sujets qui se présentent, sans jamais dire après l’énoncé des objectifs contradictoires, comment on fait, il est intéressant de sortir du bol de Com’ pour regarder froidement dans les yeux la situation économique française. L’étalage délirant des « je veux » est tellement ridicule qu’il vaut mieux se concentrer sur les aspects critiques du statut économique français.

Pour 1 Euro de PIB nouveau en France il faut 1.8 euros d’emprunt.

Pour 1 euro de PIB en plus, le fisc ramasse 1.6 Euros de prélèvements. C’est le FIPECO cité par Jean Pierre Robin dans le Figaro qui le dit.

Tout est dit. Sauf le pourquoi !

Vous pouvez compléter avec la baisse du revenu par tête depuis 1981, relativement à la moyenne des autres pays développés, la montagne bureaucratique et règlementaire qui est montée jusqu’au ciel, les dépossession des propriétaires, l’effondrement des services publics, et tous les autres chiffres résultats.

Un pays qui se prélasse comme champion des prélèvements et de la dette tout en tuant ses productions, ne peut pas avoir d’autres résultats.

L’impôt est globalement progressif en France, comme nous l’avons démontré cent fois sur ce blog et l’élasticité du PIB à la dette pharamineux. Tant que ces mécanismes n’auront pas été réparés, la France s’enfoncera. Tant que la haute fonction publique aura également capté la politique, la presse, l’économie, la banque etc., et l’administration, et dirigera tout dans notre pays, rien ne changera.

C.Q.F.D.

Rien n’est compliqué dans cette affaire.

Une belle panne qui devrait inciter à réfléchir

Hier soir s’est produit une des plus belles pannes de métro de l'histoire de la RATP, avec des heures d’arrêt de trafic aussi bien sur une ligne automatisée que sur une ligne pilotée manuellement, avec des passagers enfermés des heures par 35°, d’autres sur les voies.  

Rappelons que la RATP a été dirigée par l’actuelle premier ministre Mme Borne et qu’elle est dirigée par l’ancien premier ministre, M. Castex, avec la supervision de Mme Pécresse, candidate aux présidentielles, tous d’éminents techniciens polyvalents du moins pour les deux énarques, sachant que la polytechnicienne Borne après avoir rejoint le corps des ponts et chaussée a choisi la carrière politique, est devenue chef de cabinet, préfète etc.

On retrouve la même situation à EDF et à la SNCF, comme on l’avait à Air-France, avant la fusion avec Air-France KLM.

Les grandes entreprises nationales techniques ne sont plus que des points de carrière avec gros salaires et belles retraites complémentaires pour hauts fonctionnaires politiques.

L’Etat des trois sociétés citées dit assez combien cette dérive est heureuse.

Que les premiers ministres du moment fassent la navette avec la direction de la RATP ne semble émouvoir personne, alors que la situation est franchement grotesque. Si au moins ils savaient conduire un bus !

Rappelons peut-être la philosophie du Général de Gaulle lors des nominations de l’immédiat après-guerre à la direction des grandes entreprises : « Pour le Général, ces questions n’occupent pas le premier rang des affaires gouvernementales.  Pour de telles fonctions, il privilégie les « compétences », et s’en remet plus volontiers à des techniciens ». Ils feront de longues carrières comme George Ricroh, sans autres ambitions de réussir leur projet technique quitte à se faire virer par les purs politiques, comme Marcel Flouret qui a poussé à l’électrification à la SNCF contre l’avis du gouvernement et qui deviendra longtemps… responsable d’EDF. Pensons également à Louis Armand, Marcel Boiteux …

La prise en charge de la politique par des hauts fonctionnaires entraîne des dérives spectaculaires. Les grands corps sont protégés par l’échelon politique au lieu d’être dirigé par des représentants de la nation. Les grandes entreprises d’état sont des moments de carrières pour des administratifs.

Il faut mettre fin à ces dérives qui asphyxient la sphère politique et détruisent la sphère technique.

Le retour des grandes lubies économiques

Un symptome post crise !

Le langage magique a encore de grands jours devant lui. La capacité de certaines officines au service soit de pouvoirs extérieurs soit d’idéologies délirantes, à propager des idées fausses gagées sur de fausses autorités ou celle d’officiels soucieux de leur carrière est tout à fait remarquable et par leur durée, parfois des décennies et par leur impossibilité à accepter tout débat. Cette propension invincible a ceci de désagréable que ces sottises interdisent d’établir les bons diagnostiques et les mesures salutaires.

Une des raisons pour laquelle notre petit club d’économistes s’est formé à la fin des années 1990 était de lutter contre le projet de taxe Tobin. Non pas que Tobin fût, pour nous, une personnalité problématique. Bien au contraire, c’était un analyste monétaire très fin, dont les analyses ont été évacuées et trahies pour ne garder que l’idée de la taxe. Il l’a lui-même affirmé !

Nous avons commencé à expliquer dès la fin du siècle dernier la réalité de la réflexion de Tobin : les changes flottants sont une catastrophe. Pour éviter le pire, si on ne revient pas sur cette organisation désastreuse, il faut domestiquer les flux financiers à court terme par une taxe terrible qui les étouffe.

À chaque crise financière, on a vu ressortir la taxe Tobin des placards.

En 2009 après que les méfaits du système des changes flottants eurent créé une nouvelle « crise pire que celle de 1929 », Sarkozy avait fait le malin, déjà avec Stiglitz comme conseiller, en parlant de taxe Tobin. On a vu la suite… Rien !

Nous avions alors précisé la position unanime de notre cercle :

http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2009/12/19/Taxe-Tobin--la-position-du-Cercle-des-conomistes-etoile

Cela fait 26 ans qu’en dépit de toutes les preuves, de toutes les conséquences connues des erreurs systémiques imposées par les Américains et les Allemands en 1971, les économistes dans la mouvance des Américains et des cercles associatifs autour de l’ONU refusent de débattre du vrai problème pour promouvoir des expédients détournés du rôle qui leur était assigné par leur promoteur. Il est vrai que doter des organismes mondialisés de ressources indépendantes des nations, sinon pour la collecte des fonds, on comprend que cela aiguise les appétits. On constate le même phénomène à l’échelon des instances communautaires européennes. Obtenir des ressources propres distribuées à des associations avec lesquelles on a des relations très étroites, avec des jeux de chaises musicales entre dirigeants d’ONG et postes politiques, c’est le pied !

On notera dans les Échos du 6 juin 2023 l’article : « Le capitalisme de papier va-t-il partir en fumée ? » rédigé par un des éditorialistes du journal. Très justement, il fait droit à ce constat élémentaire : les émissions de monnaies banques centrales et de monnaies bancaires ont fait grimper les valeurs nominales des actifs (immobiliers et financiers) plus vite que le PIB. Il explique que ce mouvement s’est beaucoup accéléré dans les 20 dernières années. Parfait ! Mais pour la cause exacte, vous repasserez un jour quand on aura le temps d’y réfléchir. Les trois crises financières de 1997 à 2003 et les deux crises financières mondiales de 2008 et européennes de 2011 ont conduit à la fois à des récessions sévères et à des inondations de monnaie prodigieuses. Elles s’ajoutaient à la crise de 73, puis celle du début des années quatre-vingt puis celles de 92-93, toujours noyées sous la création de monnaies banques centrale. La même cinématique s’est répétée pendant 50 ans, sans qu’on y touche. Pourquoi ces inondations n’ont-elles pas créé d’inflation après la purge américaine du début des années 1980 ? L’arrivée de la Chine et l’ouverture mondiale à la concurrence ont évité toute inflation dans les biens de consommation courante. Pas d’inflation possible pour les prix à la consommation. L’argent est donc parti dans la survalorisation des actifs et évidemment de façon accélérée du fait de la montée de la Chine dans les échanges et de la gravité des dernières récessions.

La vérité est encore pire que cela : si au lieu de valoriser les actifs en utilisant les monnaies, on prenait un indice de valeurs de références (un panier de valeurs comportant des matériaux rares, l’immobilier de luxe et le pétrole, par exemple), il deviendrait évident que les salaires ont stagné voire baissé, mais pas le pouvoir d’achat du fait de la baisse des prix (en valeur de référence) encore plus rapide. En revanche les biens réels se sont réévalués mais, en valeurs de référence, très peu.

Le système a étrillé la classe moyenne dans les pays occidentaux sans véritablement enrichir les propriétaires (ils ont toujours le même bien).

Lorsqu’on inverse la grille de référence au lieu de se concentrer sur le bas de l’échelle, bien qu’elle se manifeste de façon tonitruante dans la rue, on fait une fixette sur la valeur patrimoniale et on dit des sottises. « Un logement qui doublé de prix n’engendre pas une production deux fois plus grande » ; Une entreprise deux fois plus chère en bourse n’est pas deux fois plus efficace ». Et alors ? N’importe quel bien qui coûte deux fois plus cher du fait de l’inflation n’apporte pas deux fois plus de satisfaction ! Ces truismes n’ont pas de sens. Nous n’avons pas un « patrimoine de papier », formule simpliste et trompeuse. Nous avons eu une inflation concentrée sur les biens durables, les prix à la consommation étant tenus en respect par le transfert de l’industrie mondiale à la Chine et aux pays pauvres. Du jour où, du fait du Covid, l’inflation des moyens de paiement a porté sur le maintien du revenu sans production en contrepartie, alors que les réseaux de transport étaient partiellement arrêtés, une inflation générale s’est produite, avec une baisse immédiate et visible du niveau de vie.

Les « experts » du McKinsey Global Institute, cités dans l’article des Échos, n’ont absolument jamais voulu se pencher sur les méfaits des changes flottants et ont constamment promu la mondialisation et le transfert à la Chine de l’industrie (des autres pays et partiellement des États-Unis), tout en acceptant que l’on abuse du dollar roi. Les solutions proposées excluent toujours de réformer les changes flottants. Résultat : des scénarios qui n’ont pas de sens et qui s’apparentent à du verbiage, un peu façon ChatGPT.

L’amusant est que l’article mitoyen titre : « Pas de transition climatique sans capital ». Alors : il faut plus de capitalisme de papier ? Tout cela est profondément affligeant.

Le pire reste l’éditorial de David Barroux : « Immobilier, vive la crise » bien que la construction neuve s’effondre (dans l’immobilier une baisse de 10 % est un retournement, de 20 % et une récession, de 30 % un effondrement). Pendant ce temps-là Mme Hidalgo propose un PLU basé sur l’arrêt de la construction et la conversion des bureaux en logements, la hausse de la taxe foncière, le blocage des loyers, la hausse des « frais de notaire », et la préemption systématique des logements mis en vente. Et la législation « climatique » conduit à envisager des dépenses démentes (parfois près de 10 fois les dépenses courantes). Rappelons que les logements ont été maintenus dans l’ISF et que les loyers sont intégrés plein pot dans le revenu imposable. L’occasion de rappeler que l’État s’est gavé sur la hausse de l’immobilier et que le pouvoir d’achat des propriétaires a baissé à proportion de la hausse des impôts et des taxes. Quant à celui des locataires, on verra quand ils pourront se loger.

On voit que ce n’est pas la mondialisation financière qui pose un problème aujourd’hui mais la gourmandise et le goût bureaucratique de l’état et des autorités locales. Cela s’appelle ruiner les locataires et les bailleurs ! Les Vivats sont de trop.

Quant aux taux d’intérêt, leur hausse soudaine à contretemps provoquant l’arrêt des prêts immobiliers et de gros s ressacs bancaires, ils sont la preuve de l’impasse où sont les banques centrales qui dans un système de changes flottants étaient censées réguler les marchés financiers. Elles ne peuvent pas à la fois gérer la guerre en Ukraine, la crise climatique, les récessions liées aux changes flottants et les conséquences d’une gestion folle du Covid.

L’économie mondiale ne peut fonctionner correctement si les échanges sont totalement déséquilibrés avec des excédents et des déficits monstrueux. La première conséquence est la disparition de l’investissement au profit de la spéculation : les pays en excédent sont compétitifs ils n’ont pas besoin d’investir dans la production. Les pays en déficits empruntent pour financer leurs déficits et n’investissent pas puisqu’ils sont en manque de compétitivité. Le sous-investissement devient permanent. L’argent va dans les bourses et l’immobilier et pas dans les prix puisqu’ils sont capés par les bas coûts de la Chine. On parle de sous productivité, au lieu de sous-investissement, éludant la cause pour faire le constat de l’effet. Au bout de quelques années une récession vient nettoyer les positions intenables. On appelle les banques centrales qui assument la perte pour les autres et on recommence. Ce système ne marche pas et ne peut pas marcher correctement.

La demande globale est d’abord de la responsabilité des États ainsi que l’évitement et la correction des récessions. Il n’y a eu aucune récession de 1948 à 1972. Seulement des ralentissements. Avec le plein-emploi et un enrichissement permanent des populations.

Nous avions dit qu’on entrait à partir de 2018-2019 dans le risque d’une récession de moyenne importance. L’arrosage inouï fait pour lutter contre le Covid a supprimé ce risque, ce qui nous a fait écrire qu’il n’y aurait pas de récession en France en 2022 contre l’avis quasi général. Je ne crois pas qu’il y aura un collapsus à court terme, sauf évènements imprévisibles sur le front Ukrainien. Tout le monde est gorgé de liquidité et les exportations chinoises ont repris et pèsent à nouveau sur les prix.

En revanche des circonstances locales peuvent provoquer des incertitudes graves et des situations de blocage avec des retournements conjoncturels. Les banques finançant à tombeau ouvert les sociétés numériques ont pris un coup de chaud. La méfiance des actionnaires et déposants du Golfe a eu la peau de Crédit Suisse. Les banques centrales ont déstabilisé l’industrie bancaire et le crédit, au risque de créer une récession ici ou là après avoir financé pendant deux ans des salariés qui ne produisaient pas !

Il n’y a plus de logique économique et aucune raison de se réjouir : la sottise est à la fois du côté d’Attac et des Échos. En même temps ! On peut tout de même s’inquiéter un peu !

Quand on lit que les écologistes femmes expliquent qu’il ne faut pas faire d’enfants pour sauver la terre, que des journaux économiques « informés » se réjouissent de la crise immobilière, que des bavards de TNT expliquent que ChatGPT va interdire tout emploi et qu’il faut passer aux 32 heures et peut-être 28, pour partager le travail qui restera, que les politiques indiquent qu’on va pouvoir « réindustrialiser » en créant du pouvoir d’achat, alors que l’effet sur les prix sera certains, et que les éoliennes sont la solution pour fournir de l’électricité sans dire ce qu’on fait pendant les phases d’intermittence, on reste interloqué. Il faut avaler que pour éliminer toute empreinte carbone en 2050, il suffira d’aligner 60 milliards d’euros par an soit au total 1 400 milliards, alors que changer totalement le parc automobile coûtera automatiquement plus de 2 mille milliards et qu’il faudra financer le reste, oui, quand on lit tout cela on peut dire que les lubies monstrueuses de bêtise satisfaite sont en pleine forme et qu’on ne risque pas de les voir disparaître à court terme.

Revenons à la taxe Tobin et notons qu’elle revient à chaque crise du système : 1 973-4, 1 993-4, 2 003-4, 2 013-4, 2 023-4. Surtout ne pas revenir sur les changes flottants ! La taxe reste un cache-misère intellectuel façon string qui laisse voir des zones intellectuelles franchement peu appétissantes au milieu des tatouages idéologiques.

Quand on voit les éditorialistes des Échos boire la même eau que Attac, il faut s’inquiéter des effets durables du marasme de la réflexion économique de base, sous la pression de ceux qui croient y avoir intérêt.

Amis économistes, posez-vous cinq minutes, oubliez votre carrière cinq secondes, respirez un bon coup et observer sans œillères la réalité. Et arrêter de cautionner n’importe quoi ! C’est ici et maintenant qu’il faut réformer le système monétaire international, sans attendre que cela tourne au pire à nouveau.

 

Didier Dufau

Pour le cercle des économistes e-toile.

La nouvelle Saint-Barthélemy des propriétaires qui s’annonce

En France on adore jouer les Sans-Culottes et chanter « ça ira, ça ira, les Aristos à la lanterne », et s’endormir en rêvant que l’on tient par les cheveux la tête séparée du corps de Marie-Antoinette, tout en suivant avec enthousiasmes les cérémonies royales britanniques. Mais on n’aime pas non plus être bourgeois, alors que l’essentiel de la population vit dans des villes. Plus récemment on a mis les paysans sur la sellette et les gens de l’Administration et des ONG leur infligent une mort lente à la chinoise, jusqu’à détruire des points d’eau en pleine sécheresse.

Le prurit révolutionnaire qui charrie tous les bas instincts, avec un contentement de soi incontrôlable et le sentiment réconfortant de baigner dans une unanimité rafraîchissante et exonératoire, celle qui unit aussi bien le Vert LGBT++++, le socialiste conscientisé à fond, le Communiste le moins primaire, l’extrême-Centriste le plus mou, le Zadiste le moins illuminé, le Normalien le plus frais émoulu et l’Énarque le plus compassionnel et bienveillant, l’Européiste le plus radicalement ouvert aux mondes, même à aux dépens de ses concitoyens et naturellement tous les types de Macronistes (preuve que l’ectoplasmie s’incarne), reste naturellement centré sur la haine méprisante sur propriétaire : « salauds de riches ! ».

Le riche n’est pas celui qui vit comme un prince nourri, logé, transporté par l’argent des autres, et qui ne crée rien sinon des contraintes pour les autres, tout en jouissant d’un bon réseau qui lui permet de passer par des postes bien rémunérés dans le privé pour quelques années (700 000 euros par an, ce n’est pas à négliger) puis revient comme Ministre, puis se replace dans des agences (à nouveau à plusieurs centaines de milliers d’euros), avant de gagner pour les plus astucieux, des postes où on cumule un pognon de dingue à l’âge où tout le monde est à la retraite, avec de surcroît des avantages en nature le plus souvent engrangés sans publicité excessive. Les têtes de MM. Jospin, Fabius, Juppé, ou de Mmes Parly, Wargon, Oudéa-Castera, ne sont jamais offertes au billot. Macron a bien compris la leçon et plus vite que Chirac qui a fini hébergé par un milliardaire libanais mais qui avait commis l’erreur du Château de Bity. Lui ne présente aucun patrimoine. Les milliards du passage chez Rothschild ? Évaporé !

Le riche n’est pas non plus l’artiste de cinéma, le peintre, le joueur de football, ou nulle autre vedette des médias. Les plus immenses fortunes leur sont pardonnées. Ils peuvent jouir à droite en bourgeois arrivés s’ils parlent à gauche avec conviction et frénésie. Il suffit de contempler le spectacle donné par les récipiendaires de palmes à Cannes et de Césars où on voudra. Tous vomissent aussitôt sur la richesse, la droite, et se mettent sous la protection de la défense des petits pauvres et des exigences mêmes les plus outrées des gauches malfaisantes. Comme l’avait un jour énoncé Jack Lang, peu après avoir emménagé place des Vosges, un lieu où il est assez difficile de loger sans moyens ; Reprocher à un socialiste d’être riche est absurde : il a double mérite, d’avoir réussi et aussi de rester socialiste. M. Mélenchon est bien d’accord. Être révolutionnaire bolivariste en signant son IFI est une satisfaction, certes un peu masochiste, mais jubilatoire tout de même.

Le riche impardonnable, c’est le propriétaire, surtout s’il a hérité. Lire depuis une vingtaine d’années les écrits de nos économistes français bien en cour et adulés dans les médias est très parlant. Il n’y a pas que Picketty ou Pisany-Ferry. Le vilain, c’est le propriétaire structurel du discours dominant en France depuis des lustres. Ne parlons pas des ONG, qui, quelle que soit la cause, considèrent que l’argent n’est pas un problème, puisqu’il n’y a qu’à le prendre là où il est sur le patrimoine des propriétaires.

On sait l’importance de l’emprise marxiste et communiste en France. On sait moins l’histoire du communisme soviétique, même si la vérité commence à percer par bribes. Les paysans ont été souvent les principaux soutiens de la révolution bolchevique. Avec au bout du chemin la perspective d’arracher un bout de terres aux latifondistes et aux boyards. La faucille avec nous. Ils sont devenus propriétaires et donc des koulaks. Lorsque Staline a voulu leur reprendre le bien volé à la révolution pour payer l’industrialisation à marche forcée, autant que par idéologie, ils n’ont pas vraiment compris. Staline en a exterminé 10 millions ! La faucille est restée au drapeau avec quelques gouttes de sang subliminales. La Chine semble avoir fait mieux. Quand la femme de Mao avait des règles douloureuses ou quand elle était folle de rage de voir son mari s’envoyer en l’air avec les blanches fournies opportunément par Philippe Solers qui vient de disparaître sous les compliments les plus mirifiques (on peut s’interroger sur les commentaires s’il avait fourni des femmes noires à Hitler !), elle allait monter les tentes d’un tribunal populaire et tuait un petit lot de paysans. Ça calme les nerfs Lucien a tout écrit sur ces scènes. Et les massacres de paysans n’ont jamais manqué à chaque nouvelle révolution en Afrique ou en Amérique du Sud.

En France les Zadistes et des Animalistes, ont repris à leur compte l’action violente contre les salauds de paysans propriétaires qui tue le climat et la biodiversité. Ils peuvent bien crever la bouche ouverte ! C’est une fois de plus pour la bonne cause.

Aujourd’hui, c’est tous les propriétaires immobiliers qui sont ciblés. Non seulement ils sont infects avec les locataires mais ils polluent la terre de leur émission de CO2. Il va falloir qu’ils crachent au bassinet. Quoi qu’ils leur en coûtent ! La loi ZAN interdit de construire en province (pardon dans les territoires !), Merci Mme Wargon ! Les loyers sont bloqués (on dit « régulés »), à Paris et dans les zones en tension. Les propriétaires doivent effectuer l’expertise de leur « passoire thermique » et on donne des notes. S’ils ont une mauvaise note ils ne peuvent plus augmenter les loyers quelle que soit l’inflation ! Les copropriétés doivent elles-mêmes faire réaliser des audits énergétiques globaux, sachant que les travaux, dont ils n’auront pas la décision, seront à faire de façon cadencée obligatoire. La commission européenne et le Parlement européen ont été encore plus loin. Si vous vendez votre bien et qu’il n’ait pas la note maximale A, le vendeur devra déduire de la valeur de la transaction la valeur des travaux nécessaires. Il ne reste pratiquement rien du droit de propriété, en ville comme à la campagne !

Emmanuel ne s’y est pas trompé : il est arrivé en détaxant la fortune mobilière et en s’acharnant sur la fortune immobilière et les retraités qui la possèdent. Possession vaut rente ! On se souvient qu’un économiste atterrant français proposait d’ajouter au revenu imposable les loyers que le propriétaire n’avait pas à payer ! Payer de l’impôt sur de l’argent qu’on n’a pas perçu, cela n’a pas fait vraiment frémir. Pas plus que les taxes sur les taxes, comme sur le pétrole. La haine justifie la déraison. Et réciproquement.

Aujourd’hui, une nouvelle fasse de destruction du capital immobilier est en cours au nom de la survie de la terre. C’est mieux encore que le triomphe de la révolution. Il ne s’agit pas de financer le paradis mais d’éviter l’enfer ! Qui osera protester. Les dégâts provoqués par les premières mesures sont désormais visibles. Les propriétaires loueurs vendent ou renoncent à louer ou passe à des formules de location type AIRBNB ou touristique qui leur évite les tracas. On ne trouve plus de logements à louer. Comme on ne trouve plus non plus de crédit pour acheter, les marchés sombrent. Le marché de la construction neuve de maisons individuelles est en chute libre. L’investissement dans l’immobilier locatif de logement s’effondre également. Des locataires de plus en plus nombreux voient leur contrat interrompu. La crise du logement devient voyante. On entre dans un cycle de destruction de la valeur du parc immobilier.

Ce n’est pas le premier. Il faut lire absolument le livre fondamental de J. Marseille, l’argent des Français chez Perrin. Certes il est écrit en 2009, mais pour une histoire qui couvre près de 200 ans, cela n’a guère d’importance. Ce qu’il étale devant les yeux ébahis du lecteur c’est l’incroyable maltraitance des propriétaires immobiliers depuis 1880, jusqu’au milieu des années quatre-vingt-dix qui a vu la valeur des logements s’envoler, jusqu’au recul de 2022. Pas question de résumer ici tous les faits accablants passés en revue.

Fixons quelques seulement repères. La valeur des successions était de 33 860 euros en 1902, 11 655 en 25 et 5 760 en 1949. En un demi-siècle la valeur patrimoniale au décès a été divisée par six. En 1954 les immeubles bâtis avant 1 870 représentaient 37 % du parc global et près de 40 % à Paris. De 1914 à 1935, celui qui aurait mis sa fortune dans la pierre aurait perdu 50 % du rendement de son investissement ! En 1939 le nombre de logements vétustes a dépassé le nombre de 2 800 000 contre 150 000 en 1911. Les charges fiscales portant sur la propriété bâtie s’élevaient à 14,1 % du revenu net imposable en 1914, 44 % en 1937. L’Abbé Pierre est le descendant direct des mesures prises contre les propriétaires « comme si la punition infligée aux détenteurs de patrimoine se retournait contre l’ensemble de la population », écrit l’auteur. L’énorme effort de construction d’après-guerre et les « Trente glorieuses » n’ont produit qu’une correction mineure du déclassement immobilier. « En 1975 la fortune privée moyenne par habitant, 41 495 euros, ne représentait que trois années de revenu national contre 9 années en 1900 ». On sait que Giscard a aussitôt créé un impôt sur les plus-values et envisageait, en cas de réélection, un impôt sur la fortune, qui sera mis en place par Mitterrand.

Néanmoins, la valeur du parc de logement a connu un formidable rattrapage dans les quarante dernières années. Jacques Marseille a calculé qu’en 2009, la valeur immobilière était au niveau de ce qu’elle aurait été si depuis 19 100 elle avait suivi la progression des revenus. On est en fait revenu à la normale, là où les Picketty de service voient une prédation énorme et abjecte des spéculateurs éhontés !

Il serait néanmoins un peu juste de ne voir dans la hausse des valeurs immobilières que l’effet d’un rattrapage « normal ». L’arrivée des changes flottants a entraîné une poussée gigantesque des inondations financières, produisant des crises à répétition. À partir des années quatre-vingt, ces inondations n’ont pas eu d’effets inflationnistes sur les prix à la consommation du fait de la mondialisation et de l’ouverture du commerce aux pays sous-développés. Le transfert partiel et parfois presque totale de l’industrie des pays développés vers ces pays a permis d’importer à bas prix et de faire pression sur les salaires. L’épidémie de Covid a montré que dès que ce flux pas cher était enrayé les prix explosaient surtout si on payait les gens à ne rien faire comme s’ils avaient travaillés !

L’argent ne s’investissant plus en Occident dans la production, il s’est dirigé vers les bourses et l’immobilier dont les prix se sont envolés, d’autant plus que le coût du crédit était devenu extrêmement faible. C’est la principale explication du mouvement de rattrapage qui n’a aucune cause interne. Au contraire, en taxant les plus-values et la valeur des immeubles, l’état a augmenté de façon prodigieuse ses recettes fiscales au détriment des propriétaires soumis par ailleurs à des dépenses forcées de plus en plus onéreuses. Ce qui fait qu’investir dans le logement n’a pas de rentabilité en France. Avec à Paris, avec la hausse annoncée de 62 % de la taxe foncière et les lois climatiques, elle est devenue potentiellement nulle et menace de devenir négative !

Au lieu de s’acharner à vomir sur les possesseurs de logements, les politiques devraient comprendre que ce qui se prépare c’est une nouvelle Saint-Barthélemy économique des propriétaires de même ampleur de celle qu’on a connue au vingtième siècle qui s’annonce, et une nouvelle crise massive et de longue durée du logement.

Grand Mensonge Écologique et bureaucratie délirante

Nous avons évoqué dans une série d’articles comment l’information française était fabriquée et comment des mensonges parfois délirants avaient été imposés aux malheureux citoyens français. Ils sont considérés comme des veaux sans intérêt destinés à baisser la tête sans protester. Ils doivent absorber de grosses doses de mensonges dès le plus jeune âge et se contenteront plus tard de répéter des slogans de communicants, nervis modernes de l’étatisme et du sociétalisme gauchard.

Nous avons été également le seul groupe de réflexion qui a, continûment et sans concession, critiqué le triomphe délétère de « l’énarchie compassionnelle et bienveillante », qui a vu se constituer une caste népotique tenant à la fois le domaine de l’administration, ce qui est normal, et celui de l’ordre politique, ce qui ne l’est pas. Le résultat a été une dérive bureaucratique insensée et une montée continuelle de la dépense publique, des impôts, et de la dette. Le triomphe de l’Enarchie a été symbolisé par l’arrivée de Giscard à la Présidence et de Chirac au poste de premier ministre. Depuis, plus aucun budget n’a été en équilibre. La dette atteint 3 000 milliards d’euros, cinquante ans plus tard. Tous les services publics sont effondrés. L’Etat a perdu tout pouvoir, écartelé qu’il est entre l’Union Européenne et les collectivités locales, tout en ne respectant aucun des engagements pris avec chacun de ces pouvoirs de plus en plus gourmands.

La crise sanitaire a été l’occasion, pour le plus grand nombre, de prendre conscience des effets terrifiants de cette déchéance bureaucratique que, nous-mêmes critiquons depuis 1997…

Le mensonge a été permanent mais surtout, il s’est amplifié de façon délirante alors même que l’épidémie s’éteignait. Emmanuel Macron a osé déclarer qu’il voulait « emmerder » ceux qui résistaient au mensonge et virer les membres du corps médical qui n’obtempérait pas à ses oukases. Rappelons qu’il affirmait que le vaccin empêchait la diffusion du virus alors que toutes les études scientifiques déclaraient déjà le contraire. On n’a pas entendu d’excuses quand la vérité a fini par s’imposer à tous. On vient juste de réintégrer les membres du corps médical empêchés d’exercer !

Les Français ont eu tout le loisir de découvrir comment toute la médecine avait été surbureaucratisée, avec près de 35 % de ses effectifs employés exclusivement à des tâches administratives alors que le nombre de médecins s’évaporait, ceux qui étaient encore là étant accablés de sujétions et de tâches déclaratives avec un tarif de consultation au dixième du tarif d’intervention d’un plombier. En même temps les déserts médicaux s’étendaient à toute la France. En même temps il devenait presque impossible d’obtenir une consultation dans quelques domaines que ce soit à moins de trois mois. En même temps des spécialités médicamenteuses se trouvaient brusquement indisponibles. D’abord quelques cas, puis des dizaines en 2016, puis des centaines en 2022.

Du coup la CSG-RDS qui était censée financer ce désastre majestueux grimpait à des hauteurs pharamineuses et devenait un peu trop voyante. Comme cela ne suffisait pas on a été cherché des recettes alternatives partout. Les dépenses de sécurité sociale au sens large dépassent maintenant les 600 milliards d’euros, soit un doublement en 20 ans !

La démagogie régnante a voulu qu’on baisse de la part des cotisations des salariés dans le financement du régime général, passée de 23,9 % en 1980 à 12,8 % en 2000 et 8,9 % en
2 021. Parallèlement, la CSG représente 25,6 % des recettes du régime général en 2022 sur les revenus de remplacement (8 % en 2019, contre 4 % en 2000 et 5 % en 2009).

Les bureaucrates ont voulu que les cotisations salariales sur le travail baissent voire disparaissent sur les bas salaires, en transférant les sommes fortement accrues sur les retraités, la consommation et surtout, sur la consommation (14 % en 2019 contre 4 % en 1985), sur les revenus du capital (4 % en 2019, contre 0,8 % en 1985).

Comme le dit un rapport officiel :

« Fixés à un taux global de 17,2 % depuis le 1er janvier 2018, les prélèvements sociaux sont :
– la 
contribution sociale généralisée (CSG) de 9,9 %
– la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS) de 0,5 %
– le prélèvement social au taux de 4,5 %
– la contribution additionnelle au prélèvement social de 0,3 %
– le prélèvement de solidarité de 2 %. »

Pour atteindre ce niveau global, les prélèvements sociaux ont vu progressivement chacune des contributions qui les composent augmenter. C’est en particulier le cas de la CSG, créée par la loi de finances pour 1991 à un taux originel de 1,1 %. Son niveau a par la suite été relevé à 2,4 % en 1993, 3,4 % en 1997, 7,5 % en 1998, 8,2 % en 2005 et 9,9 % compte tenu de la hausse de 1,7 point de CSG voulue par Emmanuel Macron ».

La grosse ficelle : une hausse de 1.7 %, des taux, de 20 %, des recettes.

En fait une grosse partie des taxes, impôts et cotisations affectées a été transférée d’un prélèvement explicite (taxe d’habitation, cotisations sociales) à des impôts diffus payés le plus souvent par une minorité de Français ou sur la consommation payée par tous.

La caste des hauts fonctionnaires étatistes et pour beaucoup socialistes, a donc à la fois réduit les prestations et augmenté les recettes, tout en augmentant massivement le nombre de bureaucrates et en créant des agences qui permettent de bien vivre aux frais de la princesse : les limites de rémunération des hauts fonctionnaires n’y existent pas permettant de gagner « un pognon de dingues », pourvu qu’on ne déplaise pas « au-dessus » ! Une idée assez étrange de la démocratie sociale.

Cet exemple caricatural d’une politique de hauts fonctionnaires cupides, portée pendant des décennies avec un collapsus presque total au bout du chemin, sert de modèle depuis quelques années à une autre folie bureaucratique totale : la maîtrise des troubles climatiques.

Nous avons été pratiquement les seuls à décortiquer en temps réel et au moment où les décisions étaient prises, les mesures délirantes prises dans le secret des rapports entre tutelle et professionnels. Les conférences que nous avons pu faire sur le sujet nous ont montré une incroyable imprégnation du caractère religieux pris par ces questions. Le bourrage de crânes a été si fort et si prolongé, avec une action en France dès la maternelle, qu’il n’y a plus de citoyen : le veau est devenu un taurillon sectaire. Celui qui questionne les objectifs et les moyens de l’action climatique sont clairement ou des hérétiques à faire brûler sur des échafauds ou des malfaisants adeptes des « fakes news » qui veulent assassiner la terre.

En vérité, contrôler le chantage exercé par les pays pétroliers, réunis en cartel pour exiger une rançon exorbitante aux pays non producteurs, impose depuis 1973, une action continue pour réduire la consommation de pétrole. Cette action a été menée avec constance. Les domaines les plus difficiles, l’immobilier et la voiture, ont connu de nombreuses initiatives, qui sont essentiellement passées par des normes pour les constructions neuves, des interdictions de circuler pour des véhicules très polluants, et des incitations à faire mieux dans le bâtiment.

La situation a totalement dérapé avec l’arrivée de l’énarque Macron et de ses premiers ministres tous hauts fonctionnaires non techniques. Emmanuel Macron a toujours été obsédé de gouverner avec une poignée d’énarques travaillant en secret dans son immédiate proximité, tout en accordant des ministères à des personnalités d’affichage, comme Nicolas Hulot ou Barbara Pompili. Ils ont fini par se faire condamner pour inaction climatique.

Un vrai virage a été pris avec la nomination d’une Enarque, fille d’une Enarque travaillant avec Mme Hidalgo, une référence, et d’un polytechnicien, M. Stoleru, politicien à toute main et résistant fort bien aux changements politiques. Ce parfait produit de la caste est Mme Wargon.

Nous avons commenté en dû temps les extravagances de la dame, comme le montre cette longue liste.

La hiérarchie des causes de l’effondrement français (16 avril 2023 13:20)

(Désolés, pas de Bons Voeux possibles pour 2023 avec ceux qui nous dirigent vers le précipice. (6 janvier 2023 13:20)

Écologie délirante : entre boy scoutisme et bureaucratie (6 septembre 2022 15:23)

Et voici l’écologie pénitentielle coercitive. Elle ne s’arrêtera plus (26 août 2022 13:36)

Régime d’assemblée et Ve République - Il faut réformer d'urgence (5 août 2022 20:25)

Christian Gerondeau : l'indispensable trilogie sur la religion écologique (24 juillet 2022 11 h 55)

Oh ce joli Week-End de mai ! (2 juin 2022 00 h 27)

Passe-CO2 : le délire commence à se voir un peu trop ! (25 mai 2022 16:15)

Et voilà le passe-CO2 ! Merci qui ? (6 mai 2022 10:13)

Comprendre la destruction bureaucratique de la France (10 février 2022 19 h 05)

Sonnez Buccins,résonnez Trompettes : un nouveau service public est créé en date du 1er janvier 2022 (25 octobre 2021 11:25)

 Quand l’indécence bureaucratique et énarchique s’étale sans vergogne (17 octobre 2021 14:11)

"Super Pinel" , Hyper Bureaucratie, Népotisme énarchique (1 septembre 2021 11:54)

De quelques tares de l’époque et de l’analyse du Pr Maffesoli (27 juin 2021 10:02)

La fausse réforme de l’ENA (10 avril 2021 12:20)

Nous avons même écrit le livre Réconcilier Économie et Écologie, deux trains lancés l’un contre l’autre sur la même voie, dont la parution a été malheureusement compromise par la crise sanitaire, pour avertir les Français des folies qui se tramaient dans leur dos. En France comme au sein de l’Union Européenne gangrenée par les pires agents de Greenpeace.

 

Livre disponible sur la librairie en ligne de notre cercle : https://librairie-e-toile.fr

Aujourd’hui tout éclate. La loi ZAN, une folie qui a étendu la loi littorale à la France entière est remise en cause, car elle interdit toute relocalisation industrielle, ce qu’a pu vérifier M. Édouard Philippe qui a voulu cette loi. Cet ex-premier ministre a été le premier a mis la France à feu et à sang avec une série de mesures bureaucratiques prises sans concertation et gâchant la vie des Français.

Mme Borne, wokiste, féministe et écologiste affichée, se devait d’accélérer dans la sottise et la folie. Elle a confié à France stratégie, un ramassis de socialistes caricaturaux obsédés par les inégalités et le développement de la fiscalité et des dépenses publiques, le soin de demander à M. Pisani Ferry, un macroniste dont les rapports hystériques sont généralement sollicités pendant les périodes électorales et mis aussitôt au panier (un sort qu’il accepte parce qu’il se connaît), un rapport sur l’incidence économique de l’action pour le climat. Ce gugusse indique qu’il faut « taxer les riches » pour financer les centaines de milliards qui doivent être dépensés. Naturellement sans dire un seul mot sur l’impact sur la température moyenne du globe qui sera, selon tous les calculs sérieux, nuls au mieux !

Rappelons simplement l’ampleur de la coercition qui s’exerce déjà sur les propriétaires immobiliers et les perspectives folles déjà inscrites dans la loi.

-          Les propriétaires loueurs doivent faire établir une note écologique pour leur appartement et ne peuvent pas augmenter les loyers si la note est inférieure à E. Plus tard la note exigible sera plus forte.

-          Les copropriétés doivent selon un échelonnement arbitraire, faire exécuter un diagnostic thermique et énergétique qui va définir les travaux à faire pour être conforme aux normes les plus strictes. Il est prévu une exécution forcée selon un calendrier cadencé. Il s’agit naturellement de montants disproportionnés.

-          M. Amèrement et son directeur de cabinet, ancien directeur de Greenpeace Allemagne et foldingue de décroissance heureuse, ont fait voter au Parlement européen une directive encore plus folle : les propriétaires qui n’auront pas exécuté les travaux requis se verront privés en cas de vente de la contre-valeur des travaux restant à faire.

Vive le droit de la propriété !

Rappelons qu’en France, nous avons l’IFI, l’ISF immobilier, et des taxes foncières formidables. À Paris, la taxe foncière augmente de 62 %. Les revenus fonciers n’ont pas été plafonnés comme les revenus financiers avec une « flat tax » de 30 %. On arrive vite à 40 % d’IR et plus. Quand on déduit l’impôt sur le revenu, les charges de l’immeuble, l’IFI, les impôts et taxes locales, le rendement finit par être négatif. À Paris, les loyers sont en plus plafonnés. La contrainte est totale. Les lois du marché ont été totalement bannies.

Rappelons que l’immobilier appartient le plus souvent à des veuves ou tout le moins des retraités. Macron a opportunément augmenté leur CSG de près de 20 % en arrivant à la tête de l’État. Pourquoi se gêner ?

Évidemment quand on est logé à vie par l’État, cela paraît moins lourd !

Il fallait tout de même oser demander un rapport proposant d’aggraver la fiscalité sur l’immobilier !

Rappelons que les hauts fonctionnaires se sont fait une spécialité d’exiger des travaux monstrueux aux propriétaires :

-          Un ascenseur détruit par les habitants d’un HLM provoque un drame : tous les ascenseurs doivent être changés partout en France à grands frais !

-          Un enfant se noie dans une piscine : toutes les piscines doivent être mises aux nouvelles normes quoiqu’il en coûte.

-          Une nappe phréatique est polluée par un propriétaire indélicat : toute la législation change et impose des investissements massifs même quand tout marche très bien. Pire : la loi « littoral » et la loi sur l’eau se contredisent : il est impossible de savoir ce qu’il faut faire. Allons-y pour envoyer le vilain bloqué en correctionnelle ! Les lois contradictoires ne gênent jamais les fonctionnaires. Surtout quand on a créé un corps d’inspecteur que les propriétaires doivent payer. On voit l’ambition et la dignité de ce poste de petit flic. Les amendes sont évidemment supersoniques !

-          Des dispositifs de chauffage sont interdits.

-          Maintenir ceux qui existent devient un casse-tête.

-          Là encore les contradictions s’accumulent : il faut mettre en œuvre des pompes à chaleur subventionnées. Chouette ! Zut, elles sont interdites en zone « littoral ».

On sait par ailleurs que le calfeutrement du bâti n’a exactement aucune efficacité. Tous les rapports le montrent et surtout l’expérience allemande qui a dépensé plus de 1 000 milliards d’euros pour calfeutrer 40 % environ de son parc immobilier, pour une baisse de moins d’1 % de la consommation d’énergie (produite largement par des centrales à charbon, après la pénurie de gaz russe). Le bilan carbone est nul pour une dépense délirante.

Et il faut que la France y passe ? L’Allemagne l’exige.

Nous sommes dans la folie totale. On annonce des dépenses vertigineuses qu’on minore pour ne pas affoler :

-          Le calfeutrement général du bâti pour obtenir des notes B ou A coûterait au minimum 2 000 milliards d’euros selon notre propre chiffrage ! Il est souvent préféré d’annoncer des dépenses annuelles, en général fortement minorées. On dira par exemple que cela ne coûtera que 60 milliards par an ! Ce qui fait tout de même 600 milliards sur dix ans.

-          Tout le monde a bien compris que changer les 41 millions de voitures thermiques, dont le prix moyen a été calculé récemment à 55 000 euros pièce, cela fait 2 200 milliards d’euros.

Nous-mêmes estimons entre 8 et 12 mille milliards le coût de la décarbonation totale en France, à emploi égal.

En face de cette dépense inouïe qui représente les deux tiers de tout le capital accumulé en France depuis les Gaulois et environ 10 années de valeur ajoutée des entreprises, on n’indique aucun objectif de baisse des températures.

Ceux qui ont fait le calcul en utilisant les modèles du Giec aboutissent à un effet sur la température globale absolument ridicule. Les voitures interdites vont se retrouver en Afrique à qui l’industrie va continuer de vendre des voitures thermiques neuves ! Effet nul sur la température. Pour le bâtiment, l’effet direct est de moins d’un pourcent sur l’énergie mise en œuvre selon les résultats constatés en Allemagne. L’impact sur la température globale sera inexistant comme il l’a été en Allemagne de façon prouvée.

Mais on affole le monde avec le chiffre d’une hausse possible de « 4 degrés » sans dire par rapport à quoi et à quand, et sans faire un lien analytique entre les mesures décidées et un éventuel impact sérieux. On se contente d’un raisonnement primaire : tonnes de CO2 évitées, gains automatiques en termes de chaleur mondiale, avec des modèles mathématiques dont on sait qu’ils ne donnent pas de résultats fiables : pour une quantité de supplément de CO2, l’impact sur la température varie de 1 à 7 selon les modèles !

Comme on ne constate aucun gain lié au schéma théorique, on invente un chiffre sur la hausse qui aurait été évitée ! La preuve que cela marche c’est que cela aurait pu être pire !

 

out cela est de la folie pure ! Surtout dans un pays endetté jusqu’au cou et bientôt en faillite et ruiné.

Avec une colère sourde partout dans le pays qu’Emmanuel Macron hystérise par son comportement.

Est-ce que tout cela peut vraiment durer ?

La première victime est évidemment le marché locatif, suivi par la construction neuve, devenue d’un coût astronomique. Plus personne n’arrive à se loger en ville, dans les capitales régionales et dans la Capitale, où An Brossat a annoncé de sa tendre voix 40 % de logements sociaux, soit l’équivalent de 8 arrondissements sur 20, la plupart récupérés sur le logement « bourgeois » existant. Na ! Le PLU égrène des centaines d’adresses où les ventes seront préemptées pour virer les natifs et accueillir les migrants. D’une façon générale tout ce qui touche au logement social a été concédé au Parti Communiste avec un nombre considérable d’intervenants en provenance des banlieues communistes. Prendre au bourgeois la corde qui va les pendre, on en est resté là chez Mme Hidalgo…

À Paris, on fait fuir la population en s’attaquant de façon délirante à la voiture et à la propriété. D’ores et déjà ! Ce sont des dizaines de milliers d’habitants qui partent vidant les jardins d’enfants et les écoles

La coalition de fait entre l’Union Européenne, la classe des hauts fonctionnaires en France, et la coalition communiste, socialiste et Verts va totalement détruire l’immobilier français des grandes villes.

Encore bravo à tous ! La période restera dans l’histoire comme celle d’une destruction urbaine comme on en a rarement vu dans l’histoire depuis Néron, sauf pendant la grande peste et les grands incendies urbains du Moyen Âge.

Et tout le monde aura honte et se demandera comment on a pu en arriver là !

 

 

Sortons-nous du Grand Mensonge ?

Si on pense au XXe siècle, on est automatiquement saisi par l’ampleur de la croissance et de sa généralisation. Du point de vue économique, c’est un peu le siècle du miracle. Quand on se place du côté géopolitique, c’est d’abord celui des immenses massacres et de l’industrialisation de la destruction humaine, accompagné de vraies tentatives réussies de faire respecter les droits de l’homme :  fin de l’apartheid en Afrique du Nord, succès de la campagne des droits civiques aux États-Unis, émancipation des femmes en Occident, décolonisation et effondrement de l’Union soviétique. Du point de vue de la science, le bilan est plus mitigé qu’on ne croit, le XIXe siècle ayant été particulièrement fécond, mais jamais on n’avait été aussi loin dans la technique.

Jusque-là tout va (presque) bien.

Du point de vue intellectuel, l’information de masse devait diffuser la connaissance. Depuis Gutenberg, la technique de diffusion de l’information est censée briser les obstacles à la réflexion libre et à la remise en cause des oukases irrationnels d’où qu’ils viennent. La radio, le cinéma, la télévision et internet étaient censés exalter cette course à la vérité.

Hélas, le vingtième siècle a été celui du Grand Mensonge médiatique !

Pratiquement dans tous les domaines l’information a été « construite » en fonction d’intérêts idéologiques ou politiques servant des puissances dont les bonnes intentions étaient affichées et les désastres associés occultés ou minimisés. Il est intéressant de noter que la France a partiellement participé au concours de mensonges. Mais, en général, elle a été particulièrement maltraitée par des mensonges venus d’ailleurs sans faire beaucoup d’effort pour rétablir la vérité.

Le mensonge du XXe siècle est grand parce que composé d’une masse de gros mensonges, les pires d’entre eux étant gigantesques, et qu’ils ont été accompagnés d’une pluie de mensonges de moindre ambition. Ils donnent par leur accumulation l’impression d’un tapis de mensonges sur lesquels les opinions publiques ont généralement glissé comme des pets sur une toile cirée, mais qui ont fini par casser la crédibilité du système médiatique et de la classe dirigeante

Beaucoup des mensonges du siècle passé sont en train de se déchirer et de s’étioler du fait de leur propre nécrose ou des critiques enfin reconnues de quelques contempteurs tenaces. Certains mensonges sont orphelins des puissances qui en avaient besoin. On les ramasse comme des feuilles mortes.

Doit-on penser que cette obsolescence est le début d’un recul des grands mensonges ? Rien n’est moins sûr. La suite est si inquiétante  qu’il est bon de s’arrêter un instant sur cette question rarement posée mais dont la réponse éclaire l’actualité et les perspectives économiques.

Le seigneur des mensonges est évidemment celui qui postule la fécondité de la violence révolutionnaire permettant en tuant une partie de la population de créer un homme nouveau et d’instaurer le paradis sur terre. Culte de Robespierre et de Saint Just, et occultation du génocide en Vendée et des massacres invraisemblables commis à Paris ; culte de l’horreur absolue qu’a été la Commune ; culte de la révolution soviétique avec l’acceptation d’une vision entièrement mensongère de ses réalisations et occultation de tous les génocides socialistes. Suppression des libertés au nom d’une « liberté réelle » abrogeant toutes les relations de domination, sauf pendant la « transition » vers le paradis où il faut massacrer les récalcitrants qui empêchent sa survenue  par bêtise ou ignorance et renâclent à l’expression des bienfaits mensongers de l’accouchement révolutionnaire.

Nous avons signalé sur ce blog l’éclatement de certains des mensonges annexes : une histoire totalement truquée de la guerre d’Espagne, avec le cas majestueux de Guernica où toute l’histoire officielle est inventée ; le refus jusqu’il y a quelques jours de considérer Holodomor comme un génocide, qui plus est, générique, en ce sens qu’il a été pris pour modèle pour de nombreuses répétitions.

Personne n’a voulu ni ne veut s’attarder sur l’ampleur de l’horreur ainsi couverte par le mensonge organisé : 100 à 150 millions de morts ; des milliards de vies mutilées et gâchées. Une ignominie sans nom. L’abomination des abominations.

Le culte infâme porté par une intelligentsia déshonorée à Alain Badiou, thuriféraire des pires massacres ou la considération déplacée portée aux travaux tout aussi innommables de la dénommée Annie Lacroix-Riz montrent qu’il demeure un plaisir énamouré à défendre certains propagandistes du crime de masse qui se sont sanctuarisés dans les plus hautes instances de l’université. Il suffit de lire les deux fiches  Wikipedia qui les concernent. Toutes deux sont des hymnes abjects à leur gloire, qui permettent de se rendre compte de l’intense influence délétère de ceux qui veulent encore enchanter la gloire de mensonges criminels.

Pour ceux qui veulent aller plus loin sur ce thème qu’ils lisent cet article de 2010 :

http://lcx.e-toile.fr/index.cfm/2010/2/8/Philosopher-sur-un-tas-de-cadavres-et-dans-une-mare-de-sang

« Alain Badiou est aussi un homme de constance et de fidélité. Parmi les figures intellectuelles du maoïsme français des années 1970, il est un des rares à n’avoir pas jeté aux orties ses convictions d’alors ». Un nazi impénitent serait chassé de l’idée même d’une expression publique. Un maoïste impénitent qui a justifié et glorifié des millions d’assassinats est considéré comme un exemple formidable de fidélité.

On voit que le Grand Mensonge de la violence révolutionnaire féconde n’est pas vraiment en train de se dissiper. L’université française et l’ENS se sont déshonorés si longtemps que maintenant il ne reste presque plus rien de leur dignité. L’institution est pratiquement morte et se veut un conservatoire du marxisme-léninisme le plus honteux, fière que ses pires maîtres influencent encore des sots attirés par l’odeur du sang un peu partout dans le monde.

Une partie notable de ce grand mensonge est de ne pas voir que le national-socialisme est une partie de l’histoire socialiste. Même violence ; même méthode ; mêmes crimes ; souvent les mêmes mots et les mêmes hommes. Que ce soit la Russie ou la Chine, il s’agit toujours d’un nationalisme d’abord avec la violence socialiste en prime et en cache-misère. Mao, Staline, Poutine, Xi Jin Pin, Ho Chi Minh, Prachandra, Pol Pot, Han Sen, Hitler, Mussolini, Mengiststu, Maduro, Kagame, mêmes combats. Certes l’URSS est tombée. Mais les thuriféraires de ses méthodes et ambitions n’ont pas désarmé.

À côté de cette immense voile de mensonges et de crimes, le Mensonge américain paraît véniel. Il n’empêche qu’il existe.

Les États-Unis sont devenus une puissance dominante dès 1914, avec une férocité implacable et curieusement armée par la religion. Cette société de protestants qui ont réussi sait être violente tout en exaltant le bien pour lequel elle est censée se battre. Le prédicateur coexiste avec le prédateur.

L’influence américaine baigne dans un tissu de mensonges particulièrement tenaces.

Tout commence avec Woodrow Wilson qui affirme en se lançant enfin du côté de la France lors de la guerre de 14 : « Pourquoi Jésus-Christ n’a-t-il pas persuadé le monde jusqu’à présent de suivre ses enseignements ? C’est parce qu’il a enseigné l’idéal sans songer aux moyens de le mettre en œuvre. Voilà pourquoi je propose les moyens pratiques pour enfin les réaliser ». Elémentaire, non ? Les États-Unis comme bras armé de Dieu, il fallait oser le dire ! Et on a vu la suite.

Le contingent américain n’a eu en 1918 aucune influence autre que symbolique sur l’issue des combats militaires. Il était trop peu nombreux, peu armé et malade. Certes il a fait comprendre aux chefs de l’armée allemande que la guerre d’attrition était perdue d’avance. Affamée par le blocus, la population commençait à se révolter et les offensives de la dernière chance avaient totalement saigné l’infanterie. En Europe centrale leur front s’effondrait. Grâce à la naïveté angélique de Wilson, les dirigeants Allemands ont gagné lors des négociations de paix et leur victoire diplomatique a créé les conditions de la guerre de quarante. Le grand mensonge anglo-saxon, repris intégralement par l’Amérique, a été d’affirmer que le traité de Versailles était une horreur française, et de refuser de le ratifier. Curieusement c’est l’économiste Keynes qui a été le levier de cette opération en prétendant que les réparations s françaises étaient intolérables, en même temps qu’on empêchait de verrouiller la frontière à l’ouest du Rhin pour se prémunir contre de nouvelles aventures tudesques.

Du fait des Américains, la France s’est retrouvée seule pendant tout l’entre-deux-guerres et a dû subir une occupation radicale en 1940. Il faudra de nombreuses années avant que les Américains n’entrent en guerre du côté des Britanniques, avec la volonté farouche de s’emparer de surcroît de tous les éléments extérieurs de l’Empire français et d’obtenir l’accès à tous les marchés de l’Empire britannique.

Lors de l’opération Overlord, un nom révélateur, comme le dit Onfray, Roosevelt considérait les Français comme les Italiens ou les Autrichiens. Une monnaie d’occupation, l’AMGOT, devait être imposée au pays.

Les Accords de Bretton-Woods étaient une excellente chose avec un défaut structurel : c’était un étalon de change dollar qui exigeait que les États-Unis maintiennent la valeur du dollar en or.

Le Plan Marshall était une nécessité mais on oublie toujours de dire qu’il s’agissait de prêts qu’il a fallu rembourser et que les prêts étaient liés : il fallait acheter américain.

En 1971, les États-Unis libèrent unilatéralement le dollar de ses obligations et provoquent la crise du pétrole et le retour des crises financières à répétition, dont ils entendent faire financer la réparation par les autres.

La guerre d’Irak est menée sur la base d’un mensonge tellement gigantesque qu’on en rit encore dans les chancelleries.

L’Union européenne est conçue dès l’origine comme un moyen de détruire les anciennes puissances européennes. Tout le monde sait que jean Monnet était payé par la CIA. On voit bien que la Commission Européenne est totalement dans la mouvance américaine et de l’OTAN.

Il n’est pas question de comparer l’enveloppement américain à l’horreur sans-limite du socialisme révolutionnaire. Certes la Normandie a été ravagée par le débarquement, et les Américains ne sont pas venus pour nos beaux yeux, mails la Libération a eu lieu. L’élan des Trente Glorieuses est largement dû à l’action américaine. Mais tout a commencé à partir en vrille à partir de 1971. L’Union soviétique a été contenue et a fini par s’écrouler, mais par gourmandise les Américains se sont mis entre les mains de la Chine qui les a roulés dans la farine. Le cartel pétrolier n’a pas été brisé parce que les Américains considéraient qu’ils avaient les moyens de faire face, eux. La diplomatie des « révolutions de couleur » a remobilisé l’Ours Russe, pendant que l’Islamisme devenait terroriste et conquérant avec Khomeini, après que le Shah d’Iran a été abandonné par les Américains.

Tous ces ratés ont été enveloppés dans un nuage de mensonges intéressés dans lequel nous flottons encore. C’est qu’en face il y avait le grand mensonge socialiste. Alors va pour le petit mensonge américain, maladroit mais si bien intentionné. « L’antiaméricanisme est le socialisme des imbéciles ». Tout force non socialiste se devait de révérer les États-Unis.

La France pour sa part n’a eu qu’une construction bien modeste de mensonges officiels éhontée. L’instauration du colonialisme par la gauche française à partir de 1 890 a provoqué un halo de mystique sur la vocation civilisatrice de la France dans son Empire.   Il s’est déchiré en moins de 15 ans après la Libération, pour être remplacé par un grand mensonge « décolonial » bien plus tenace.

Aujourd’hui la France vacille parce qu’à la fois les anciens mensonges tardent à s’effacer et que de nouveaux apparaissent auxquels elle ne veut pas résister.

Le grand mensonge WOKE est une nouvelle gale. Les États-Unis exportent désormais une hérésie qui est une dictature de terrain pour des Savonarole infâmes et une plaie intellectuelle inguérissable. On impose à chaque individu de faire une révérence à des concepts tarés sous menace de mort sociale, et on demande aux institutions de s’autodétruire. C’est le retour du cléricalisme sous ses formes les plus abjectes.

On reboucle sur la déclaration de Wilson : nous sommes le bras de Dieu ! Mais les sorcières ne sont plus à Salem !

Le grand mensonge écologique est lui aussi d’essence religieuse. L’homme est mauvais. C’est un imposteur et un malfrat qui tue sa mère, la nature. Il s’agit de le punir de son outrecuidance. Le CO2 anthropique conduit à un réchauffement calamiteux qui ne sera arrêté qu’en stoppant les usines, le transport, la consommation. Là encore, les « conscientisés » tentent d’imposer aux « beaufs de la croissance » leurs ordres délétères, en faisant feu de tout bois et en mentant effrontément.

Le grand mensonge actuel est celui de la bonté de la pulsion de mort qui s’est emparée des nations occidentales, qui glorifient l’effondrement de leur natalité et se suicident allégrement, tout en acceptant de battre leur coulpe par l’aveu pitoyable de prétendus vices indurés qui leur imposent de disparaître dans la joie et l’exaltation.

La « cancel culture » sociologique et la « cancel culture » écologique sont des pulsions de mort à vocation sacrificielle.

Le sectarisme pénitentiel manipulé par des Gourous a toujours existé. L’automutilation aussi. La particularité du moment c’est son triomphe en Amérique du Nord et auprès des instances européennes, universitaires et journalistiques. La pénétration du monde de l’entreprise est très avancée. On en vient à nommer des surveillantes des bonnes pensées. La ligue de vertu est remboursée par la sécurité sociale ! Le contrôle de la vertu devient un poste de travail. La génuflexion devant des oukases moraux devient une nécessité de survie professionnelle. Tout cela pour créer un homme nouveau encore plus utopique que les modèles précédents, en supprimant radicalement la liberté. Pas de liberté pour les ennemis de la vertu telle qu’on la professe. « On » ? Un salmigondis de tarés réunis en groupes de pression qui promettent aux veufs du communisme et aux veuves de la religion chrétienne une rédemption facile et un réemploi de leur sotte soumission. Lutter contre des dominations par de nouvelles dominations avec ses servitudes nécessaires, tel est le grand mensonge qui s’installe. Il sera dur à éradiquer, car il ne pourra l’être qu’en retournant contre lui les armes dont il abuse et dont les âmes éprises de liberté et de sagesse détestent l’emploi. Faudra-t-il organiser La mort sociale des adeptes de la coercition sociale radicale ?

On assiste à une extension délirante du sectarisme millénariste au sein même de la société organisée, comme un cancer qui ronge des organes fondamentaux jusqu’à leur défaillance. Rien de plus difficile à éradiquer que le mensonge sectaire.

« Le tournant du siècle a réveillé les peurs millénaristes d'un certain nombre de croyants du monde entier. Si la croyance en une fin du monde prochaine n'est pas dangereuse en soi, des tragédies ont mis en évidence que certains groupes tels que Heaven's Gate, en Californie, L'Ordre du Temple Solaire en Suisse, en France et au Québec, ou, en mars 2000, Le Mouvement pour la Restauration des Dix Commandements de Dieu, en Ouganda, ont développé une doctrine apocalyptique avec la mort au bout du chemin ».

Le croyant sectaire animaliste qui assure urbi et orbi que l’ours réintroduit dans nos forêts peut bien « tuer des hommes, ce n’est pas bien grave » (sic), car d’autres bestioles tuent plus encore, ne rencontre que l’air énamouré de la personne qui l’interview. Il est le pendant de cette nouvelle race d’écervelés qu’on appelle désormais les « égo-cocos » qui prétendent que tout ce qu’ils ont est à eux et intouchable, et toutes les allocations qu’ils touchent un dû, mais que tout le reste est un « bien commun » auquel ils ont aussi droit. Indignés, mais intéressés. La croyante féministe sectaire qui laisse entendre que les 600 000 à 700 000 femmes qui ont été violées par la soldatesque au Congo et alentours ces dernières années ne sont pas plus à plaindre que les femmes mariées qui sont routinièrement contraintes à céder au désir de l’homme infect non encore déconstruit, rejoint l’imbécile sectaire qui détruit le marché immobilier et la possibilité de se loger au nom des passoires thermiques. Tous ces sectarismes ont le même ressort : emmerd… quelqu’un et le faire avec violence. En général pour créer une situation invivable et finalement mortelle pour tous sans jamais tenir compte des réalités.

Le grand mensonge Européiste affirme : l’Union Européenne et l’abaissement des nations correspondant, c’est la paix ! Et explique « en même temps » : « la seule urgence européenne est de réarmer ! »  L’Europe ce serait donc la guerre et non la paix ?

Une société éclatée qui ne pense plus qu’à s’auto détruire et à brûler des sorcières est le contraire exact de l’esprit français depuis la Renaissance. Une nouvelle résistance commence. La mise à bas des grands mensonges qui nous ont emprisonnés depuis un siècle est le début du combat : l’hydre du mensonge a beaucoup de bras.

Pour survivre à ce qui se prépare, le délitement général par l’action des ligues de fausse vertu, il va falloir que la France trouve en son sein des ressources critiques dont on peut malheureusement penser qu’elles s’épuisent.

Le terrain politique ravagé que tous les Français peuvent constater quelque soit leurs convictions est la marque de la tension et des mélanges entre le Grand mensonge du siècle passé et celui des nouvelles ligues de vertu. Le Front national et la Nupes en sont réduit à des en même temps électoraux idéologiquement contradictoires. Le centrisme égotiste signé Emmanuel Macron se veut un « en même temps » totalement vérolé par le mensonge et des contradictions insurmontables qui étaient déjà amorcées par Nicolas Sarkozy, et qui continuent de dissoudre le LR.

Le résultat est naturellement le rejet d’un champ politique aussi frelaté, réduit aux injonctions contradictoires et à l’impuissance. On ne peut pas se moquer de la jeunesse avec ce genre de facéties : « dis-moi pour qui tu mens, je te dirais qui tu es !».

L’avenir n’est pas aux « black blocks » ni à la désobéissance civile, mais à l’union de ceux qui veulent observer avec justesse le monde qui s’offre et en maîtriser avec réalisme les contradictions, au profit du plus grand nombre, sans se faire piéger par la sottise sectaire et l’attrait des Grands Mensonges sous la lune.

Un très grand livre :" Une contre histoire de la colonisation française" de Driss Ghali

La liberté et l’intelligence courent le monde. Sauf dans les universités où coulent surtout la pensée unique socialiste et ses slogans. Cela a toujours été vrai de la Sorbonne et pratiquement de toutes les universités occidentales depuis 1945. On y préfère généralement un prêt à penser commode même faux à toute réflexion véritable. Parfois l’intérêt prime la vérité ou la passion ou même les deux.

Plusieurs études historiques universitaires ont été des puits de mensonges sur des sujets sensibles : la guerre d’Espagne ; les génocides socialistes comme Holodomor en Ukraine ou l’extermination des paysans chinois ; la colonisation…

Ce sont toujours des particuliers indignés qui prennent en main le travail nécessaire à rétablir un peu de vérité, d’ouverture, de respiration, sur ces sujets maudits. On leur reproche toujours les mêmes défauts : ils ne sont pas historiens professionnels ; ils sont tendancieux ; ils sont à la solde de je ne sais qui. Bref, ils sont à jeter dans les poubelles de l’histoire.

Jusqu’à ce que le vent change et que la vérité soit reconnue : ce qu’ils disaient était exact, censé, précis, descriptif et analytique.

Sur tous les sujets sensibles on trouve des auteurs qui ont été rejetés, mais qui ont réussi à percer un petit trou dans la muraille.

Kravchenko avait définitivement réglé son compte au stalinisme avant même Soljenitsyne.

Simon Leyss avait définitivement mis fin au culte de l’horrible criminel de masse, Mao Tsé Tong.

Pio Moa a définitivement coupé le cou à l’hydre colossale qui accumulait des mensonges éhontés sur l’histoire de la guerre d’Espagne.

Impossible de revenir en arrière. Le mensonge n’est qu’un mensonge. Il vit jusqu’à ce qu’on n’accepte plus de le tolérer. Et on trouve toujours une âme pure pour cette exécution. Lorsque l’œil est dessillé, il voit toujours la même réalité objective. Quel que soit l’observateur. Quelle que soit la violence perverse du tricheur qui croit encore devoir propager des slogans frelatés et intéressés.

Ce qui frappe, c’est le changement radical de l’opinion publique. Pour avoir, moi-même, écrit le seul livre français seulement consacré à Holodomor, refusé par tous les éditeurs sans exception, qui y voyaient comme une corruption du slogan socialiste dominant et « une forme d’auxiliariat des nazis petliouristes » (sic), j’ai vécu la dureté du combat contre ceux qui ne voulaient pas de la qualification de génocide. Mon ami Léon Chaix s’est fait virer de Wikipédia pour avoir porté cette idée On a vu le Parlement européen refuser la qualification de génocide en concédant le crime contre l’humanité. Sarkozy et Kouchner n’ont pas voulu entendre parler de génocide. Crime contre l’humanité d’accord. Mais pas génocide. La guerre en Ukraine a tout balayé. Tout le monde est d’accord pour qualifier Holodomor de génocide. L’affaire est close. C’était bien un génocide. On ne discute plus et on ne discutera plus. Tous savaient qu’ils mentaient. Mentir n’a plus d’objet.

Le livre de Driss Ghali est de la même veine. Il casse des mensonges indurés qu’on est censé ressasser comme des vérités absolues. Sa contre histoire de la Colonisation française est ce qui a été écrit de mieux sur le sujet depuis cinquante ans. Son livre est naturellement vomi au sein de l’université française et de l’Éducation nationale, alors qu’il devrait y être une bible.

Je ne connais pas l’éditeur, Jean-Cyrille Godefroy, mais grâce lui soit rendue d’avoir édité Driss Ghali.

Quelle est la force du livre de Driss Ghali ? Un rappel exact des faits et une analyse lumineuse des évolutions.

Qu’on me pardonne un souvenir personnel. En 1958, l’arrivée du Général de Gaulle s’est accompagnée dans les premiers temps d’une floraison d’images de fraternisation et de glorification de l’Algérie française. Parti dans un collège anglais à Tunbridge Wells, pour fortifier mon anglais, notre prof occasionnel était un de ces produits d’Oxford qu’on ne peut qu’admirer. De discussions passionnées sur la colonisation en discussions passionnées sur la décolonisation, j’en vins à son argument : la fraternisation n’était pas bidon, beaucoup d’Algériens étant à juste titre attachés à la France, mais l’indépendance était inévitable et viendrait vite.

Je retrouve dans le livre de Ghali toute la finesse de ces discussions impromptues et qui toutes pointaient que la colonisation s’est toujours imposée pour de mauvaises raisons et n’a jamais touché le cœur de la civilisation des peuples ou peuplades occupées. Les grandes puissances européennes se devaient d’avoir des colonies et un Empire parce que c’était facile et parce que sinon un autre le ferait.

La France battue par les Allemands en 1 870 et privée de l’Alsace et la Lorraine se devait de retrouver un moral et des vertus militaires. La gauche de l’époque a considéré la colonisation comme le moyen le plus simple. Paradoxe déjà relevé par Éric Zemmour, la colonisation, c’est la gauche ! Pour l’essentiel la colonisation française a eu lieu entre 1 880 et 1 914.

Cet aventurisme coûtait peu s’il s’agissait de briser les pouvoirs en place dans des sociétés souvent atroces, miséreuses et profondément injustes. En cassant des dominations et des pratiques odieuses, elles libéraient certains tout en ravalant d’autres. La France a toujours trouvé des alliés sur place justement chez ceux des peuples ou des groupes humains qui étaient maltraités depuis des lustres.

Mais il ne fallait pas prétendre apporter la civilisation. La France n’avait pas les ressources pour s’occuper du terrain et des gens. Les colonies françaises étaient à peu près vides de richesses. Le peuplement colonial a toujours été ralenti par l’inappétence des candidats, devant le peu de perspectives à espérer et le nombre des dangers à endurer notamment médicaux.

Les politiques coloniales ont toujours été des pratiques de comptoirs où seules comptaient les populations européennes, personne n’ayant le moindre moyen d’aller en profondeur dans les territoires, sauf quelques saints saisis d’évangélisme ou de recherche scientifique.

Lorsqu’après-guerre, sous la double pression des Américains et du communisme, les colonies devinrent l’objet de véritables politiques de développement, on comprit rapidement que la France n’en avait pas les moyens et que les dégâts de la défaite en Asie et en Europe avaient déconsidéré définitivement le colonisateur.

La décolonisation a donc été presque partout extrêmement facile, avec partout des élites plutôt bienveillantes pour l’ancien colonisateur. Bien sûr il ne fallait réclamer son éviction par la force. La Tunisie comme le Maroc ont payé le prix de répressions ponctuelles mais violentes. Mais en dehors de l’Algérie et du Vietnam, la fin de la colonisation s’est faite facilement.

En Asie l’affaire était devenue difficile du fait de l’humiliation de la France par les Japonais. L’action des communismes n’arrangeait pas les choses. La guerre s’est produite entre puissances étrangères qui ne représentaient pas et de loin la majorité des populations autochtones (ou indigènes comme on voudra). La France gagnera la guerre en Algérie à un prix démesuré pour les deux camps. L’indépendance sera octroyée dans les formes à des forces vaincues qui ne l’ont jamais digéré et se mirent aussitôt à multiplier les pires crimes. La France perdra pied en Indochine, bientôt remplacée par les Américains « décolonisateurs » pris à leur propre piège et bientôt écartés.

Pour la France, la colonisation a finalement été une mauvaise affaire globale mais avec des bénéfices qui ne sont pas ceux qu’on croit.

La colonisation a été une bénédiction lors des deux guerres mondiales en mobilisant des ressources humaines coloniales dont l’absence n’aurait pas permis de participer autant à la victoire. Pour le reste cela n’a été qu’une suite de désillusions et de coûts.

Pour les colonies elles-mêmes, le bilan est à la fois plus profond et moins circonstanciel, mais tout aussi ambigu. La France n’avait pas les moyens d’aller très loin dans la modernisation de la vie des populations sous protectorat. Elle manquait déjà de bras en métropole et elle a dû faire face à trois guerres terribles entre 1 870 et 1 940. Son implication n’a jamais pu aller très loin en faveur du gros de la population locale qui a été largement laissée à ses coutumes et modes habituels de fonctionnement. En revanche elle a réussi à créer par exemple en Afrique noire des élites favorables à la présence française et qui ont un temps regretté le désengagement trop rapide de leur mentor. Ils ont organisé une « décolonisation tranquille ».

L’auteur ajoute à l’histoire de la décolonisation, celle d’après qui voit les ex-populations colonisées coloniser à leur tour leur ancien tuteur en créant des diasporas qui vivent plus intensément que leurs aînés dans des comportements hostiles au pouvoir mais hors de chez eux. Les occupants, ce sont eux. Ils ne veulent pas s’assimiler et provoquent des difficultés chaque jour plus graves. Beaucoup se comportent contre les Français de souche sur leur territoire national, comme s’ils menaient un combat décolonial chez eux… D’autres défendent farouchement une France qui leur permet d’échapper au désastre qu’aura été la gestion des états anciennement décolonisés ravagés par les mafias, l’armée, le vol et l’extorsion, les guerres, l’Islam armé, avec une corruption massive et débilitante.

L’auteur montre avec juste raison que plus la gestion souveraine a été nulle après la décolonisation dans les pays « libérés » plus on souffle la haine du colonisateur. C’est frappant en Algérie où l’armée a tout pris, captant à la fois la rente pétrolière, et les meilleures terres de la Mitidja et se maintient, après une guerre civile atroce avec les islamistes, par la violence et la corruption tout en dénonçant inlassablement les Français. Rappelons que le Maghreb est indépendant depuis près de deux générations. Les combattants des années 55 à 60 sont tous morts ou presque et seuls quelques parents très âgés peuvent encore parler des années cinquante. Encore dix ans, et il ne restera plus personne qui peut se dire témoin de l’ancienne histoire coloniale qui devient une mémoire détournée, fantasmatique et intéressée.

Les repentances hémiplégiques ne servent aucune bonne cause pense l’auteur qui écrit : « au lieu de cracher sur des cadavres bien froids, hissons-nous à la hauteur des monstres qui dégradent l’humanité ici et maintenant ». « À la repentance il faut répondre par la transparence : tout dire, tout mettre sur la table, le meilleur comme le pire. La vérité est l’antidote au venin de la repentance ». « La vérité ou la guerre civile, telle est l’équation du moment » « L’histoire n’a pas commencé avec la colonisation et ne s’est pas terminée avec la décolonisation. Le mythe de la virginité rompue est une foutaise comme la thèse de la persistance d’un traumatisme colonial après les indépendances ».

Pour finir, dit l’auteur, la colonisation est une mauvaise idée qui a eu des effets inespérés. L’urgence actuelle est de régler les difficultés actuelles pas de ressasser des slogans avec cynisme et mauvaise foi. Ces difficultés sont urgentes et graves et peuvent unir tous les camps assoiffés de vérité et de progrès.

« Un livre épatant qu’éclabousse l’esprit dans ces temps de misère où la bassesse est reine » aurait dit Luther.

Didier Dufau

La hiérarchie des causes de l’effondrement français

Tout le monde est désormais bien conscient que la France dégringole. Le dernier livre de l’IFRAP dénonce le scandale d’une pression fiscale encore aggravée et d’exactions inouïes contre les propriétaires  qui s’accompagne de l’effondrement de toute la sphère publique (éducation, justice, sécurité, santé, etc.) alors que nous avons perdu notre industrie, condamné nos activités portuaires à la stagnation, saigné notre agriculture, prolétarisé la classe moyenne, et laissé se créer un cancer de l’immigration dévastateur pour toute notre politique sociale et pour l’identité nationale. Il faut savoir que cette condamnation n’est pas récente. Le septennat de Giscard sera fiscal de bout en bout. La France était à genoux après le double septennat de Mitterrand. Dès le milieu des années quatre-vingt-dix tous les maux actuels étaient clairement identifiés et la suite annoncée. Et nous avons continué à sombrer au point que les Français sont désormais dans la crise de nerfs permanente. La République livrée aux casseurs et aux incendiaires est désormais en danger.

Pour ceux qui suivent la vie économique et publique depuis plusieurs décennies, cette constance dans la destruction est un sujet récurrent depuis la récession de 1973. La dégringolade n’a jamais été empêchée et n’a fait que s’amplifier, aboutissant au discrédit des partis dits de gouvernement et à la montée de l’ensauvagement de la vie sociale et politique.

Quelles sont les causes profondes de cette inversion dramatique de la trajectoire française considérée comme miraculeuse jusqu’à la crise de 1973 et pourquoi n’ont-elles pas été jugulées ? Quiconque s’avise d’avoir une ambition politique se devrait d’avoir une idée claire sur ces questions. On voit bien que ce n’est pas le cas.

La cause première et fondamentale est la destruction des accords de Bretton Woods et l’instauration des changes flottants. C’est celle qui n’est jamais citée. Cette erreur monstrueuse d’organisation internationale est la cause première de tous les malheurs du temps. Les raisons en sont simplissimes. Ce système permet la création de déficits et d’excédents symétriques totalement effarants. Les excédents sont replacés dans les pays en déficits et la boucle ne cesse de s’amplifier jusqu’à ce qu’une crise financière se produise. 1 973 est la première crise mondiale depuis 1929. Ensuite se sont enchaîné les crises du même type, une crise moyenne succédant à une crise grave pour aboutir à la grande dépression de 2008. La France ne s’est jamais remise de la crise de 1973 ni de celle 1993. Celle de 2008 a signé notre dégringolade définitive.

Personne ne veut ni ne peut changer ce système international frelaté et qui n’a jamais fonctionné qu’au prix de récessions provoquant un ralentissement de la croissance économique. La raison : les Etats-Unis qui croient encore que l’avantage du dollar mérite les difficultés que tout le monde connaît y compris aux Etats-Unis. La domination des Etats-Unis est telle que personne ne fera carrière en économie sans soumission aux changes flottants et au rôle primordial du dollar. La contestation larvée vient des grandes dictatures de l’ancien monde communiste, la Chine et la Russie, avec les conséquences géopolitiques que l’on voit.

Certains diront : c’est la mondialisation qui est en cause et l’ouverture totale à la concurrence libre et non entravée des mouvements d’hommes, de capitaux, de services et de marchandises. Elle a permis de transférer toute l’industrie à l’Asie et aux pays les plus pauvres, avec des entreprises et des capitaux profitant honteusement de l’écart entre les salaires des pays développés et ceux des émergents. La classe moyenne a été sacrifiée. La pression migratoire sur les salaires s’est ajoutée. Le World Economic Forum est le symbole de cette mondialisation faite au détriment des pauvres en Occident.

Oui, l’entrée de la Chine dans l’OMC a été dénoncée notamment par notre petit groupe d’économistes dès les discussions de 1997.

Mais le fond de l’affaire est à chercher non pas dans la mondialisation mais dans la mondialisation non équilibrée. Si le système permet à certains d’accumuler des excédents prodigieux, cela veut dire que les produits ne s’échangent pas contre des produits et que le travail ne s’échange pas contre du travail. Donc les pays déficitaires voient leur classe moyenne s’effondrer. Seuls les pays ayant la capacité de mener des politiques mercantilistes peuvent résister, ou encore le pays qui fournit sa monnaie nationale au monde.

Pour les pays peu productifs et ayant succombé aux formes diverses du socialisme, le système devient extrêmement pénalisant. Ce qui a entraîné des révisions déchirantes en Suède, en Australie et en Nouvelle Zélande, au Canada, au Royaume uni etc. La compétitivité nationale devenait critique, sinon plus de classe moyenne !

La France a choisi de se lancer dans le programme Commun socialo-communiste totalement à contretemps, puis à bloquer toute réforme avant de retomber dans le socialisme jospinien, puis le délire du PS sous Hollande, tué par la dissidence des radicalisés qui triomphera ensuite avec la Nupes.

On voit où cela nous a mené.

La deuxième cause fondamentale de nos difficultés provient de l’extorsion de fonds pratiqués par les pays producteurs du pétrole coalisés pour mettre en coupe réglée les pays dépourvus de pétrole. Il est toujours amusant de constater qu’on a décrit une situation mondiale « libérale » alors qu’elle est soumise à un monopole cartellisé pour le cœur de ses ressources énergétiques.

Pour la France, la prédation pétrolière est devenue dès novembre 1973 un drame fondamental. Nous sommes rançonnés depuis 50 ans, et le poids de cette rançon est colossal. Pour la payer il fallait être plus productifs que jamais et essayer de se libérer le plus possible du pétrole.

Pompidou a compris que la seule solution était de développer le nucléaire et de réduire autant que possible la consommation de pétrole. Giscard a continué cette politique que même Mitterrand n’interrompra pas. Malheureusement cette politique a été gâchée à partir du gouvernement Jospin Voynet. Le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur le pourrissement désastreux de la politique nucléaire peut être lu par qui veut. C’est une véritable tragédie dont les conséquences dramatiques sont désormais visibles.

On peut faire l’histoire française de la tentative de se libérer de la rançon pétrolière sans prendre en compte une seconde la question écologique. Paradoxalement les options prises pour le nucléaire étaient les meilleures sur ce terrain-là mais de façon involontaire. Il restait deux domaines non maîtrisés : l’automobile et le chauffage des bâtiments. Ce sont les deux éléments fondamentaux du capital des Français, ceux qui demandent des années de travail et des dettes lourdes pour le constituer. Il était nécessaire de rester prudent et progressif. On a désormais sombré dans la folie sur ce sujet avec les lois Wargon et les ordonnances européennes inspirées par le GIEC. Rançon plus folie, un vrai triomphe !

La prédation des pays pétroliers, malgré tous les efforts, a pesé radicalement sur la prospérité du monde et celle de la France. On voit que celle des fournisseurs de gaz est tout aussi problématique, sachant que nous avons refusé de tirer profit de nos gisements de gaz de schiste…

La troisième cause du désastre français est interne : le triomphe de « l’énarchie compassionnelle et bienveillante ». À la suite d’un travail commencé sous Pétain, accéléré par les mêmes à la Libération, continué sous la Quatrième et triomphant sous la cinquième, la caste des hauts fonctionnaires a fini par s’arroger la totalité du pouvoir administratif, politique, économique et financier en France. Une caste népotique s’est constituée qui verrouille tout et dirige tout. Cette anomalie est uniquement française. Partout dans le monde occidental libre, on a réussi à cloisonner le monde de l’administration et la politique. Nous renvoyons à nos nombreux articles sur la question pour comprendre l’ampleur du mouvement et de ses conséquences. Le couple Giscard-Chirac est la marque d’un premier triomphe qui ne cessera plus, jusqu’à la caricature macronienne avec ses premiers ministres énarques de seconde zone, Philippe, Castex et Borne. Que personne dans la PQN n’ait souligné le caractère minable jusqu’à l’incroyable d’un système qui veut qu’on choisisse comme premier ministre un ancien président de la RATP et qu’on choisisse comme président de la RATP un ancien premier ministre est la preuve d’un effondrement mental caractérisé. On gère la République comme le métro parisien et réciproquement ? Le népotisme a-t-il besoin d’être prouvé quand on voit la carrière des maîtresses ou des filles de notables hauts fonctionnaires. Exemplaire est La carrière météoritique et catastrophique pour le pays de la fille de Lionel Stoleru, politicien à toutes mains, et d’une énarque haut fonctionnaire chez Hidalgo. Elle n’a jamais travaillé réellement et a connu les rémunérations les plus folles très tôt. Après avoir été Ministre, elle est présidente très bien rémunérée d’une juteuse agence. Le cas de Florence Parly, dite Parly 2, est pire encore. « Fille de » richissime à force de missions surpayées de courte durée (et ratées) dans des boîtes sous influence politique comme Air France et la SNCF, elle devient Ministre des Armées, un beau mandat réussi puisque les forces armées françaises se sont fait jeter du Mali à coups de pied dans le derrière et aux termes duquel tout le monde admet qu’on ne serait pas capable de mener une guerre de haute intensité pendant plus de quatre jours. Elle vient d’être recasée « dignement » avec un beau sac d’or après avoir raté la présidence d’Air France KLM. Les Hollandais sont moins fascinés par l’énarchie que les Français. Il faudra attendre une édition du Canard Enchaîné pour le savoir : « La reine des pantoufleuses : après s'être déjà recasée chez Air France, la SNCF, Altran, Ingenico ou encore Zodiac, l’ancienne ministre des armées, Florence Parly pantoufle, cette fois, chez Ipsos et à la Caisse des dépôts. » Avec les rémunérations ad hoc.

On comprend pourquoi les hauts fonctionnaires sont motivés à conserver leurs privilèges et figurent en nombre parmi les Français membres du 0.1 % les plus riches.

Voir récemment M. Jospin se goinfrer au restaurant du Dôme, lui qui cumule des avantages financiers gigantesques et une retraite somptueuse, après avoir tué l’économie du pays avec les 35 heures pour égaler Mitterrand dans les cadeaux définitifs au peuple, lève un peu le cœur. Il vit dans un hôtel particulier rive gauche, rue du Regard et dispose d’une maison à l’île de ré, ce qui est déjà bien pour un contempteur du bourgeois mais qui prend tout sel quand on sait qu’en 1961 ce trotskiste caché, obligé à faire attention à cause de la collaboration vichyste de son père, ne cessait de dégoiser contre les riches, les enfants de riches, les bourgeois répugnants etc. À l’époque Krasuki était son exemple. Il faut dire que par rapport à lui c’est un héros : immigré juif d’une famille communiste polonaise, il a été résistant et a connu la déportation dans des conditions très dures dont il survivra grâce à l’organisation communiste des camps, avant de revenir comme ouvrier, syndicaliste et de monter dans la hiérarchie de la CGT. En 61 il est directeur de Voix Ouvrière. Le trotskiste caché fait commerce de son admiration pour le futur leader gréviculteur de la CGT. Cela le distancie heureusement de la collaboration. Mais en fait son slogan intime était : « Pousse-toi de là que je m’y mette ».

Emmanuel Macron n’est qu’une pustule sur une plaque cancéreuse très large. Il a fait croire aux Enarques de gauche qu’ils auraient un meilleur avenir avec lui Président et aux Enarques de droite que se rallier à son panache trouble leur vaudrait des avantages. Les Français, lassés des guerres imbéciles et loin de leurs préoccupations, entre Chirac et Giscard, Chirac et Balladur, Jospin et Fabius, Copé et qui voudra, Pécresse et Wauquiez, se sont dit qu’un vent nouveau soufflait chez En Marche. En vérité, c’était un vent encore plus nocif. En multipliant les enjambements et les astuces, et en noyant le pays sous une pluie désastreuse de chèques politiciens, Macron a éludé tout vrai dialogue avec le pays sur les grands problèmes nationaux. Ce Narcisse problématique n’a d’objectifs que pour lui-même et se moque du pays et de ses habitants. Dès qu’il prend une mesure négative, le pays s’insurge.

Un gouvernement aujourd’hui est un noyau d’Enarques intouchables entouré de fusibles ou de guignols ou d’utilité. Ces gens ne connaissent que l’impôt et les taxes, la réglementation, les subventions, et surtout pas de vagues. Le courage est mauvais pour la carrière d’un haut fonctionnaire qui n’agit qu’avec le consensus de ses pairs et leur réassurance.

Aujourd’hui l’ensemble des services publics sont en déshérence avec des coûts et des effectifs administratifs stupéfiants pour des résultats déplorables. Alors qu’il s’agit de la tâche première des hauts fonctionnaires. Ils ont tué la Santé sous les réglementations et l’asphyxie des postes administratifs. L’enseignement public est également détruit, alors que le budget par élève et le nombre de profs par élève est supérieur à ce qui se fait partout en Europe. La Justice n’est plus là. L’armée est en difficulté avec des matériels de plus en plus en retard. Ne parlons pas de la diplomatie et de la francophonie, quasiment abandonnée !

Tous ces abusifs paradent ailleurs que dans des postes administratifs et ils y font n’importe quoi, sans être contrôlés ni sanctionnés. Avoir réussi à générer une croissance de 1 % dans nos ports quand le monde a connu partout une croissance de 100 % ne gêne personne. Un crétin décide d’empêcher 11 millions de tonnes d’exportation de blé. Il reste en place. L’impunité dans l’incapacité est la base de l’énarchie compassionnelle. J’étais dans le restaurant le soir où Fabius fêtait dignement sa nomination comme premier Ministre alors que la veille, ministre de l’Industrie il pleurait sur la disparition des industries lorraines et la fermeture des mines de fer ! Pleurs et champagne. Le « en même temps » déjà. Tout le monde dans la salle frappait son verre avec une petite cuillère pour marquer son mépris pour le Jocrisse. Quarante ans plus tard il est Président du Conseil Constitutionnel avec des enfants embringués dans des affaires que certains jugent douteuses. Rien à f… de l’opinion publique. Les places et l’argent, plus les honneurs même si les résultats sont catastrophiques.

La caste a fini par détruire la classe moyenne et rendre la fiscalité totalement intolérable. Et cela continue sans vergogne. « Vive la Nupes et Mme Le Pen qui nous permettent de rester au pouvoir ! », voilà tout le programme !

Reste le dernier élément du quarteron du désastre : l’Union Européenne. Tant que la « construction » européenne était la mise en commun de politiques de six pays, dans les domaines où elle était souhaitable, elle ne rencontrait guère de critiques. Avec le passage à l’Union Européenne fédéraliste, élargie à 27 membres et conquérant la quasi-totalité du spectre de l’action gouvernementale directement ou indirectement, y compris les préambules constitutionnels, la monnaie, le budget, la gestion diplomatique, l’écologie, les relations économiques internationales, les normes environnementales, on est passé à autre chose où les quelques défauts d’une optique communautaire sont devenus les gros désastres de l’abandon de souveraineté.

Nous l’avons souligné sur ce blog des dizaines de fois. Toute la production des ordonnances et des normes se fait hors de France sans aucune discussion en France. La presse se moque de ce qui se passe à Bruxelles. Les élections européennes n’ont aucun sens, puisque personne ne sait ce qui sera débattu dans l’enceinte de l’Assemblée, qui sera proposé par la Commission, qui, une fois nommée, fait absolument tout ce qu’elle veut. Aucun groupe politique français ne peut influer réellement sur le sens d’un vote. Seul le président de la République peut à la rigueur bloquer un texte jugé nuisible. Aucune étude d’impact n’est faite sur aucune ordonnance. Si l’ordonnance n’est pas transposée, ce sont des sanctions. Si on ajoute le poids des lobbies notamment des ONG internationales, la dépendance totale aux désirs américains dans moult domaines et le gouvernement des Juges européens qui peuvent se mêler de tout en interprétant la déclaration européenne des droits de l’homme, on voit que l’exécutif français n’a pratiquement plus d’autonomie. La politique de liberté totale des mouvements d’hommes de capitaux et marchandises au sein de l’Europe élargie et en signant sans discontinuer des traités de libre-échange avec le monde entier, a laminé la classe moyenne. L’Euro est un système qui autorise les excédents monstrueux de l’Allemagne et se montre intransigeant pour les pays pauvres et déficitaires. Aggravation des distorsions intracommunautaire, rôle délirant de la BCE, avec des émissions de liquidité stupéfiantes, tout est anormal au sein de la zone Euro. L’Allemagne réunifiée y jour le rôle principal sans tenir compte de ses voisins. La récession spéciale en Europe en 2011, c’est elle. Le traitement délirant contre la Grèce, c’est encore elle qui avait déversé ses excédents sans prudence dans tous les pays du « Club Med ». Les difficultés de négociations avec la Chine, c’est encore l’Allemagne qui seule en Europe a une balance excédentaire avec ce pays. La crise énergétique actuelle : c’est la faillite de la politique allemande d’énergie intermittente qui la rend dépendante d’une énergie pilotable importée russe puis américaine.

Tous ceux qui ont un œil sur la classe ouvrière et la classe moyenne savent qu’elles ont été laminées après Maastricht.

Tous ceux qui ont un œil sur l’immigration, savent que le corset juridique mis en place par l’UE empêche d’agir.

Désormais l’Union entrave plus qu’elle n’aide. Elle a eu un effet politique délétère. Plus personne n’ayant le pouvoir d’agir réellement de façon indépendante sur aucun sujet, le Président devient un grotesque impuissant qui ne fait plus que de la Com’. Les partis de gouvernement ne servent plus à rien. Ils ne peuvent même plus construire et assumer sans rire un programme quelconque : ce n’est pas eux qui décideront.

Alors les intérêts français sont en déshérence. La croissance est morte remplacée par une longue stagnation. Les masses populaires ne voient plus de progrès dans leur vie mais une suite de remise en cause des démagogies passées, sans se rendre compte que seule une volonté farouche de productivité, de travail et de qualité leur permettrait de sortir du gouffre.

Les quatre forces que nous dénonçons, toutes abusives, auront mis la France dans la violence, la colère et le dégoût d’elle-même. Emmanuel Macron aura été, du fait de ses travers psychologiques et son absolu mépris pour la France et les Français, le catalyseur de l’effroi national devant le naufrage.

Une fois le diagnostic fait, les solutions sont délicates à mettre en œuvre.

Il est quasi impossible d’imposer un retour aux changes fixes avec une monnaie de référence distincte de celle d’un état, alors que la mondialisation ne peut perdurer qu’avec un retour aux règles de Bretton Woods modernisées et intégrant la Chine, la Russie et tous les grands pays commerciaux du monde. Mais on peut tout de même engager le débat et pousser à la solution. L’Europe peut corriger les déséquilibres internes en pénalisant les grands excédents.

Il faut inlassablement continuer la politique de réduction de la rançon pétrolière, qu’on croit à la crise climatique ou pas. Cela passe en France par le rétablissement de la filière nucléaire et une politique plus sage et plus progressive que celle que la cléricature écologique nous impose en matière de décarbonation.

Il faut créer une séparation franche entre la haute administration et les autres secteurs de la vie politique et économique. « Nul ne peut être élu dans une institution qui détermine ses conditions professionnelles ». « Les doubles rémunérations sont interdites ». Et il faut introduire un contrôle des résultats des politiques conduites par les hauts fonctionnaires, tout en brisant le népotisme. C’est le plus facile

Il faut enfin retrouver tout ou partie de la décision souveraine sur les questions vitales pour le pays. Certaines mesures peuvent être prises sans changer les traités. D’autres non. Dans les deux cas, il faut dire lesquelles et se mettre en position de gagner.

Si un Président se fait élire sans avoir une réflexion publique sur ces quatre causes de notre dégringolade, il ne sert qu’à activer le ressentiment et les colères. La crise politique actuelle est explicable totalement par ce constat : sur aucune des quatre causes, Emmanuel Macron n’a d’analyse publique ni de politique. Le pays s’attend donc légitimement à des effondrements ultérieurs et cela laisse du champ à tous les trublions et desperados du gauchisme révolutionnaire.

Il faut agir.

Ce n’est pas en disant : « je vous protège de Mme Le Pen ».

Ce n’est pas en réprimant à outrance.

Ce n’est pas en prenant des postures.

Ce n’est pas par la Com’.

Ce n’est pas en faisant des chèques ciblés.

Ce n’est pas en détruisant l’enseignement privé ni en permettant le suicide assisté, pour détourner l’attention.

C’est en s’attaquant bravement et sagement aux quatre sources de la déchéance française.

Qui aura ce courage tranquille ?

Une victoire tardive mais fort instructive

L’Assemblée nationale a fini par reconnaître que le massacre effroyable commis par l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques en Ukraine entre 1932 et 1934, était bien un génocide.

Avec mon ami Léon Chaix nous avons mené ce combat sur le WEB depuis 1997.

Léon était un haut fonctionnaire international spécialiste de l’agriculture. Il a toujours voulu écrire sous pseudo et nous respectons ce choix.  Toute son expérience lui avait appris des leçons très précises qui tranchaient avec celles en cours dans les milieux dirigeants et ses aphorismes étaient très clairs dès le départ.

-        La vraie misère est paysanne. La preuve, c’est que les campagnes se vident pour la ville.

-        Le socialisme a toujours considéré que les paysans étaient des ennemis impossibles à rallier et les plus grands crimes commis en son nom ont toujours frappé en priorité les paysans.

-        La faucille est incompatible avec le marteau.

-        L’intelligentsia a toujours considéré les paysans comme des primitifs attardés.

-        Les activistes de l’écologie vomissent les paysans

-        Les femmes en découvrant les facilités de la vie en ville ont précipité l’exode rural.

-        La gauche n’a toléré les paysans en Amérique du Sud que pour les enfants-soldats et la culture des drogues dures.

-        Le socialisme est la source principale de l’appauvrissement des pays qui se sont dégagés de la colonisation et leur absence de décollage.

-        Le socialisme a promu la violence et les violents partout où il a triomphé et créé aussitôt une économie de prédation irréformable sans convulsion.

Les 25 ans qui ont suivi n’ont fait que confirmer la solidité de son analyse.

Le massacre des paysans en URSS notamment en Ukraine a été un modèle de génocide qui a resservi partout où les révolutions socialistes ont eu lieu, avec un nombre de victimes hommes femmes et enfants vertigineux, plus de cent millions d’âmes.

Lorsque nous nous sommes rencontrés, Léon et moi, les préoccupations portaient principalement sur la crise des pays développés, avec la terrible récession de 1992-1993 et la politique d’abandon de l’industrie en France. L’agriculture, tout le monde s’en foutait en France. L’affaire avait été concédée à la CEE et les hauts fonctionnaires qui dirigeaient le pays considéraient en majorité que l’Europe en réduisant les dépenses pour l’agriculture rendait service à tout le monde.

Pour le Cercle que nous avons formé à son initiative, Léon apportait une vision qui nous manquait et l’expérience d’un acteur de toutes les actions mondiales menées en faveur de l’agriculture, leurs succès et leurs échecs.

Il avait créé une petite association qui menait des actions en Ukraine exclusivement en milieu rural. En 2 000, une paysanne y disposait d’un revenu disponible de 50 euros par mois environ ! La médecine et notamment la dentisterie étaient totalement absentes.

Au départ il avait un camion avec un cabinet de dentiste et des livres, des crayons et des cahiers pour les écoles. Ensuite il avait aménagé un cabinet médical et deux postes de dentisterie. Les queues dans les villages ukrainiens se formaient aussitôt et bientôt plusieurs centaines de gens attendaient. Son aventure s’est arrêtée lors d’un glissement de terrain provoqué par des pluies diluviennes qui l’a emporté et son camion avec lui.

Ensemble nous avions entamé une longue lutte pour la reconnaissance d’Holodomor en agissant sur les forums et sur Wikipédia. Personne ne voudra se souvenir des réactions haineuses que le fait d’associer simplement le mot génocide avec socialisme ou communisme pouvait susciter.

Léon avait défini la séquence défensive du génocidaire : occulter tant qu’on peut, nier quand on ne peut plus occulter, minimiser quand on ne peut plus nier, s’exonérer quand l’ampleur du phénomène atroce s’établit. Elle n’est pas propre aux génocides socialistes. On retrouve la séquence en Turquie sur l’affaire arménienne ou au Japon sur les exactions en Corée et en Chine. .

On ne s’imagine l’ampleur de la désinformation. Dans le livre d’histoire de mon fils, à Henri IV vers 2006 des dizaines de pages sur la Shoah, deux lignes sur le massacre des paysans ukrainiens en expliquant qu’ils étaient les premiers responsables de la famine qui les a décimés. Les victimes l’étaient d’abord d’elles-mêmes.

Léon sera viré de Wikipédia comme un malpropre. Le quarteron de censeurs communistes qui sévissaient pour empêcher tout article noircissant l’URSS a obtenu sa peau parce qu’il avait donné toutes les informations nécessaires sur Holodomor. Même le nom déplaisait à ces messieurs. Déjà dire la vérité ne pouvait être que l’œuvre de trolls au service de la mouvance ukrainienne nazie qui avait liquidé les juifs et commis tant de crimes en Ukraine. Crime contre l’humanité d’accord. Mais génocide : non !

Lorsque l’Ukraine libérée du joug russe a voulu faire reconnaître Holodomor comme un génocide, elle s’est heurtée à la Russie et ses affidés mais aussi à Israël qui, longtemps, a considéré qu’il n’y avait pas d’autres génocides que la Shoah. Il a fallu le massacre des Hutus par les Tutsis pour que soit admise l’idée que d’autres pouvaient avoir été victimes de génocides.

Sur le forum du Monde, en 1998, de nombreux intervenants pensaient encore que Katyn avaient été commis par les Allemands et vilipendaient quiconque bravait cet interdit. Alors évoquer Holodomor, un génocide ! Pas question. Lorsque les Polonais ont découvert à Bykivnia dans la banlieue de Kiev, les restes de nombreuses victimes de Katyn, le pape est venu sur place bénir les lieux. Pratiquement pas un mot dans les médias français. L’énorme charnier caché de la Guépéou avait reçu plusieurs centaines de milliers de cadavres, hommes femmes et enfants, tués après les millions de morts de la famine artificielle, par les services secrets staliniens. Ils ont tué environ 700 000 personnes jusqu’à l’entrée en guerre, en 1942 !

Dans le guide vert sur l’Ukraine et Kiev, un long texte sur le ravin de Babi Yar, où la population du  Shetl juif de Kiev a été massacré, et pas un mot sur Bikivnia. Nous avons écrit à l’éditeur pour signaler cette anomalie. 15 ans après, elle n’est toujours pas corrigée. S’il vient à tomber sur ce texte, qu’il médite que le temps est sans doute arrivé.

Une des graves erreurs de Nicolas Sarkozy et de l’étrange ministre des Affaires étrangères, le regrettable Kouchner, qu’il avait choisi, est d’avoir refusé absolument de reconnaître le génocide qu’est l’Holodomor. Cela avait la couleur du génocide, le goût du génocide mais ce n’était pas un génocide. Vive le génocide Canada Dry ! Honte à eux !

C’est à ce moment que je suis parti à Kiev pour rassembler toute la documentation sur Holodomor et écrire la seule monographie française sur le sujet, au format Que sais-je. Elle sera refusée par tous les éditeurs sollicités.

Les Français dans leur ensemble considéraient que les Ukrainiens étaient des Russes comme les autres. Ceux qui se piquaient d’en savoir un peu plus que les autres étaient amenés à conclure que depuis la révolution russe et les exactions des nationalistes ukrainiens notamment envers les Polonais et les Juifs, l’Ukraine était un pays bizarre avec des tendances nazies caractérisées. « Les victimes sont aussi des bourreaux, alors cela va bien comme cela ». Poutine a repris la chanson pour justifier par la chasse aux Nazis l’invasion brutale de son voisin rétif qui savait à quoi s’en tenir sur les bonnes intentions du nouveau Tsar biberonné à la mode du KGB.

Finalement le Parlement européen, en deux fois, puis les Allemands ont reconnu le génocide qu’était Holodomor. La France vient de s’aligner sur l’Allemagne, via un vote de l’Assemblée nationale. L’article de Wikipédia a été partiellement mis à jour mais reste toujours aussi cauteleux, la majorité du texte ayant pour but d’instiller le doute sur la qualification. Il y a quelques semaines Patrick Martin-Genier, expliquait sur LCI où il intervient très souvent comme « expert », que Holodomor n’était pas un génocide… On a les experts qu’on peut.

Désormais l’affaire est acquise pour tout le monde. C’est bien un génocide. Le Canard Enchaîné a donné son onction dans son dernier numéro. Encore une dizaine d’années et Le Monde fera un quatre- page sur le génocide indignement ignoré ! Après tout Simon Leys n’a attendu que 45 ans.

Il n’y a eu aucune réaction à la reconnaissance par l’Assemblée nationale. Seuls deux députés communistes ont voté non ! Stalinien un jour, stalinien toujours. Être hop ! Ce qu’il ne fallait pas dire était devenu la nouvelle vérité en une nuit !

Il aura fallu l’énorme émotion provoquée par l’invasion russe pour que se taisent tous ceux qui bloquaient les évidences. L’opinion a basculé définitivement.

Ce n’est pas la première fois. On se souvient qu’encore en 1960 la très grande majorité des Français était pour l’Algérie Française. Aujourd’hui non seulement plus personne ne l’est mais pire encore croit que la majorité était contre à l’époque…

La vérité est un combat et les méthodes de construction de l’opinion restent une question d’actualité. Il reste encore très difficile de faire valoir des réalités essentielles face à une opinion dite dominante mais en vérité construite par quelques-uns.

Aujourd’hui Léon Chaix aurait savouré la victoire de la vérité sur Holodomor, mais la manière dont sont traités, en France, les paysans et l’agriculture serait pour lui un sujet de rage. Jamais il n’aurait pu imaginer qu’on se tue pour une retenue d’eau et que des petits roquets urbains prétendument écologiques et en fait socialistes et gauchistes, puissent s’en prendre avec une telle violence à la paysannerie. On lui aurait dit que la France avait désormais une balance agricole négative, il ne l’aurait pas cru.

Quand le communisme a disparu en Russie et en Ukraine, ces deux pays sont devenus le grenier à blé du monde comme ils l’étaient avant la révolution russe. C’est bien la preuve que le « système socialiste réalisé » était le premier responsable de la catastrophe agricole. L’ennui est que l’on retrouve la même haine du koulak et la volonté de détruire la paysannerie dans les mouvements prétendument écologiques mais qui sont tous du rouge le plus vif et s’inscrivent dans l’idée d’un nouveau système agricole régressif qu’ils veulent accélérer, toujours au nom du salut de l’humanité.  Un nouveau combat commence contre ces nouveaux ignobles qui trompent à nouveau des naïfs, mentent comme ils respirent, détruisent l’économie et asphyxient la démocratie. Le bolchevique a troqué ses tenus rouges pour le vert intense de Savonarole (il fut un temps, jardinier à Bologne avant de se lancer dans la « cancel culture » avec le fameux Bûcher des vanités). La différence est cosmétique. Le résultat tout aussi déplorable.  La « cancel agriculture » n’est pas un avenir plein de promesses.

Il faut que d’autres Léon Chaix se lèvent et crèvent ce nouvel abcès. La vérité est un combat. La sottise violente est une hydre qui repousse toujours. Les « soft lies » de la Commission européenne et des ONG soi-disant écolos sont moins tragiques que les crimes commis au nom de la réalisation ici et maintenant du socialisme mais tout aussi délétères.

 

Didier Dufau

Président du Cercle des économistes e-toile.

Ordonnance sur l'énergie : la Commission Européenne devient complètement folle

Enfin, les « contrats d'écart compensatoire bidirectionnels » vont arriver !

Un feu de poubelle à  la  Commission Européenne

 

Pendant que le zadisme et ses violences embrasent la France, les vraies décisions sont prises ailleurs comme si de rien n’était.

Quel est le vrai problème français du moment ? Le coût extravagant de l’énergie qui étrangle l’économie, ruine les entreprises et asphyxie le pouvoir d’achat.

L’énergie est le cœur du réacteur nucléaire de la vie d’un pays. Ce noyau dur est le point d’application critique d’une politique gouvernemental. Si les entreprises ferment et si le revenu s’évapore et ne se maintient qu’au prix de subventions publiques multiples, on entre dans une phase de mal gouvernance manifeste et dangereuse.

On sait que le parc nucléaire français, aurait-il été soutenu correctement, il n’aurait pas perdu un quart de se capacités. Il permettait de fournir tous les besoins électriques à un prix très compétitifs, en dépit des conséquences de la malheureuse guerre en Ukraine. La commission d’enquête parlementaire a bien montré que depuis la « nightmare team » de Lionel Jospin, tout l’effort des gouvernements successifs a été d’affaiblir la filière nucléaire.

On sait aussi que les énergies intermittentes qui fournissent de l’énergie quand on n’en a pas besoin et qui n’en fournissent pas toujours quand on en a besoin, imposent de disposer de la capacité de produire de façon pilotable de quoi assurer toutes les pointes de consommation. Les compagnons de l’intermittence sont le charbon et le gaz, deux dispositifs techniques très polluants. Depuis la guerre en Ukraine, l’Allemagne des éoliennes marche au charbon.

On sait enfin que depuis le quinquennat raté de Nicolas Sarkozy, début d’une liste qui commence à s’allonger, toute notre politique énergétique a été abandonnée à l’Union Européenne, dont les processus de décision sont extrêmement longs et les ordonnances souvent calamiteuses et contraires aux intérêts français. Le Parlement européen fantoche, sert de caution démocratique à des processus que les électeurs ne peuvent pas influencer et qu’ils vont subir sans avoir rien d’autre à dire que leur rage et à faire qu’allumer des feux de poubelles.

Les médias français considérant comme indigne de leur qualité de traiter des questions européennes, ce qui soulignerait au passage que leurs éditoriaux n’ont strictement aucune importance puisqu’ils n’ont aucune influence internationale, la nation est quasiment privée d’information sur les questions qui les touchent au plus profond. Les politiques français les rejoignent dans leur profonde indifférence à ce qui a été sous-traité et surtout ne veulent pas que les débats soulignent leur impuissance à faire bouger Bruxelles.

Comme Emmanuel Macron a décidé de sacraliser sa relation avec l’union Européenne pour laisser une chance à son « job d’après », la France est entièrement abandonnée à la volonté de quidams que ses citoyens ne connaissent pas et dont l’intérêt pour la France est exactement égal à zéro.

Voici donc que ces institutions européennes ont pris à bras-le-corps la réforme de la tarification de l’énergie, sans qu’aucun politique français, en tout cas pas le Président, ne tienne le moindre discours public sur les demandes de la France. Si l’Europe ne suit pas, on ne veut pas prouver bêtement son impuissance.

Nous apprenons donc par les sites de propagande de l’Union Européenne, que « la Commission propose de réformer le marché européen de l'électricité afin de répondre à plusieurs objectifs, dont l'accélération du déploiement des énergies renouvelables, et la protection des consommateurs contre la volatilité des prix ».

Volatilité ? Quelle pudeur dans les mots !  On parle ici d’une multiplication par dix du prix de l’électricité dont les règles européennes ne nous a pas protégé, prouvant la nocivité du système qu’elle a mis en place.  On sait que les énergies intermittentes qui fournissent trop d’électricité quand on n’en a pas besoin et souvent pas assez quand on en a besoin, doivent être doublée par un outil de production pilotable capable de satisfaire la demande à tout moment. La hausse colossale des prix a été provoquée par l’effondrement de la filière pilotable basée sur le gaz. La question posée était donc : quel autre système pilotable doit-on favoriser ?  

Pour ne pas aborder la question avec toute la clarté nécessaire, la Commission emploie des « éléments de langage » qu’il faut apprécier à sa juste valeur.

« Depuis plus de vingt ans, l'UE dispose d'un marché de l'électricité efficace et bien intégré, qui permet aux consommateurs de profiter des avantages économiques d'un marché unique de l'énergie, en assurant la sécurité de l'approvisionnement et en stimulant le processus de décarbonation. La crise énergétique provoquée par l'invasion de l'Ukraine par la Russie a mis en lumière la nécessité d'adapter rapidement le marché de l'électricité afin de mieux soutenir la transition écologique et d'offrir aux consommateurs d'énergie, qu'il s'agisse des ménages ou des entreprises, un accès généralisé et à un prix abordable à l'électricité produite à partir de sources renouvelables et non fossiles »

On croit rêver : le marché était parfait ! Il a été seulement troublé par la guerre des Russes contre l’Ukraine. La conclusion qui s’impose alors : il faut arrêter la guerre en Ukraine mais pourquoi toucher à ce qui était parfait ? Des mesures temporaires peut-être ? Oh non, il faut soutenir la transition écologique, donc consolider l’intermittence sans parler du système pilotable jumeau qu’elle impose. Vous ne comprenez pas le rapport entre la guerre en Ukraine et la « transition écologique », ni pourquoi un marché parfait devrait voir ses règles changer pour des raisons écologiques ? Qui vous demande de comprendre quand il ne s’agit que d’adhérer à des slogans. C’est qu’il faut favoriser un accès généralisé à un prix abordable… à de l’électricité propre, que « seul le renouvelable peut apporter ».

Ces éléments de langage sont directement repris des discours de Timmermans à l’ONU. L’intermittent d’abord et exclusivement ! Tel est le dogme. Une bataille a été menée contre le nucléaire qui n’est toujours pas terminée, chaque repli tactique étant suivi par une reprise des combats peu après.

Si quelqu’un comprend pourquoi la guerre en Ukraine doit favoriser les sources d’énergies intermittentes qu’il lève le doigt ! C’est un génie. Et que se signale celui qui comprend comment un dispositif qui a fait exploser le coût marginal de l’électricité et qui continue à ruiner tout le monde va permettre des prix abordables grâce à l’intermittence : il entrera directement dans le Guinness des records !

En vérité, la seule solution est de casser le marché unique de l’énergie pour permettre aux nations de revenir à une tarification qui rapproche des coûts de production de leur système de production d’énergie. Mais il ne faut pas le dire. Donc on réaffirme les grands principes : « Ces mesures permettront de réduire l'incidence des combustibles fossiles sur les factures d'électricité des consommateurs et de garantir que ces factures répercutent la baisse du coût des énergies renouvelables ». En remplaçant les énergies fossiles par des énergies intermittentes, on va baisser les prix ! Mais tout le monde sait qu’à côté de l’intermittence, il faut une énergie pilotable. Chut !!! « Radio-Bruxelles ment, Radio-Bruxelles est Allemand ».

Le cri d’amour pour l’intermittence se répète dans tout le document :

« La mise en place d'un système énergétique fondé sur les énergies renouvelables sera essentielle non seulement pour réduire les factures des consommateurs, mais aussi pour garantir un approvisionnement énergétique durable et indépendant de l'UE, conformément au pacte vert pour l'EuropeFR••• et au plan REPowerEUFR•••. Cette réforme, qui fait également partie du plan industriel du pacte vertFR•••, permettra en outre à l'industrie européenne d'avoir accès à un approvisionnement en énergie renouvelable, non fossile et abordable, qui est un moteur essentiel de la décarbonation et de la transition écologique. Pour atteindre nos objectifs en matière d'énergie et de climat, le déploiement des énergies renouvelables devra tripler d'ici la fin de cette décennie ».

C’est bien cela : la guerre en Ukraine nous impose de tripler les moyens de production d’énergie intermittente non pilotable ! Vive Poutine, le rouge bien vert !

Il est curieux qu’Emmanuel Macron l’Européiste n’ait pas crié aussitôt aux foules françaises énamourées une annonce aussi rationnelle et appropriée, pour ne pas dire proprement géniale. On peut être sûr que dans l’instant tous les feux de poubelles auraient été éteints.

Entrons dans le détail :

« Dans le cadre de la proposition, les règles relatives au partage des énergies renouvelables sont également révisées. Les consommateurs pourront investir dans des parcs éoliens ou solaires et vendre l'excédent d'électricité solaire produite sur toiture à leurs voisins, et pas seulement à leur fournisseur. Par exemple, les locataires pourront partager l'excédent d'énergie solaire produite sur une toiture avec un voisin ».

Ah que l’idée elle est bonne. Tu as créé une plateforme de production qui excède tes besoins (un gâchis en passant) : fait du troc avec ton voisin ! On est sauvé !

Ce n’est pas tout :

« La Commission propose de faciliter le déploiement de contrats à long terme plus stables, tels que des accords d'achat d'électricité , dans le cadre desquels les entreprises organisent leur propre approvisionnement direct en énergie et peuvent ainsi bénéficier de prix plus stables pour l'énergie produite à partir de sources renouvelables et non fossiles. »

Des accords à long terme de fourniture d’électricité intermittente : mais bien sûr, là est la solution ! Surtout quand il n’en a pas assez parce qu’il fait nuit, qu’il y a des nuages et que le vent est faible sur toute l’Europe ! Pas grave : la réforme oblige les États membres à assurer la disponibilité de garanties fondées sur le marché. Formidable ! Comment ? Chut !!!!!!!

La Commission ne pouvait s’arrêter en si bon chemin :

« Afin d'assurer la stabilité des revenus des producteurs d'électricité et de protéger l'industrie de la volatilité des prix, toute aide publique en faveur de nouveaux investissements dans la production inframarginale et en continu d'électricité à partir de sources renouvelables et non fossiles devra prendre la forme de contrats d'écart compensatoire bidirectionnels et les États membres devront diriger les recettes excédentaires vers les consommateurs. »

Gare à vous si vous ne tombez pas en extase devant les contrats « d’Écart Compensatoire Bidirectionnels ». Il n’y a pas de langage technocratique abscons à Bruxelles ! Après la BCE qui nous protège, l’ECB qui nous sauve !

Vous avez bien compris : la réforme vise à tripler les énergies intermittentes en imposant aux États de nouvelles obligations. Quid des énergies pilotables qui sont le problème ? Pas un mot !

Comme le dit notre bien-aimé ministre de l’Économie et des finances : « que voici une bonne base de discussion ! »

Vous vous dites : ils sont totalement cinglés ! Le vrai problème est de disposer d’une énergie pilotable pas chère et de production stable, et que les pays qui peuvent le faire ait la liberté de proposer des contrats nationaux en ce sens. Pour la France où l’énergie pilotable nucléaire suffirait à couvrir tous les besoins prévisibles, il suffit pour sortir de la crise qu’EDF puisse proposer des contrats à 80 ou 100 euros le MWh. Du jour au lendemain plus de crise !

Les pseudos informés affirment en catimini : « on va pouvoir le faire, il faut savoir lire entre les lignes. Mais ils ne pouvaient pas se dédire ». « Ces nouveaux contrats à long terme on en fera ce qu’on voudra. Certes EDF est démantelée et ruinée. Mais on va nationaliser les restes ».

On nous parle également d’une réforme permettant de faire face rapidement aux difficultés urgentes actuelles. On connaît la procédure : passage au Parlement européen puis discussion au conseil des États, renégociations etc. Intégration dans les législations nationales par les Parlements des États membres. En tout, entre 8 et 18 mois. Au mieux.

Ouf ! En 2024 on pourra troquer l’énergie solaire de son toit avec le voisin d’à côté ! On est heureux et même extatique !

Vive la permanence

Par voie d’intermittence

Voulue par Timmermans.

 

Cela rime même si cela ne rime à rien !

En attendant, les Français peuvent toujours s’amuser à faire flamber les poubelles. Ce n’est pas bon pour la planète mais cela occupe les intermittents de la grève et des permanents des manifestations violentes.

Nous sommes dans une période où les Français se disent qu’ils n’ont plus la maîtrise de rien, qu’ils subissent sans avoir de moyens d’action, que les élections ne servent plus à rien, que les politiciens français sont des guignols, et l’Europe en profite pour concocter un projet hors sol idéologique jusqu’au caricatural qui montre une sottise réellement démente qui, elle, n’est pas du tout intermittente, celle-là !

Régler les difficultés de l’intermittence par un triplement de l’intermittence : On croit rêver. Mais non. Ils l’ont fait ! Et tout ce débat va être une fois de plus occulté en France ? Être soumis à ce genre de cinglés irresponsables est la mort programmée de la France et de l’Europe.

Nos suggestions : une politique de chaise vide en Europe en attendant la démission de

Mme Kadri Simson, la transparente commissaire lettonne à l’énergie

M. Timmermans, l’incapable commissaire hollandais à l’environnement et son directeur de cabinet ex-président de Greenpeace Allemagne et prêtre puritain.

Mme Van der Leyen, la foldingue qui se croit présidente des États unis d’Europe.

 

Les non-dits fondamentaux de la réforme des retraites

Certains journaux ont fini par se rendre compte que pour éviter de braquer les manifestants contre la réforme des retraites, ils avaient cessé de dire la vérité et mis sous le tapis nombre de constats essentiels qui délégitimaient les arguments avancés frénétiquement par les opposants à la réforme.

Très timidement, ils ont tenté au moins de revenir à un minimum de vérité sur certaines affirmations incendiaires mais fausses de façon tellement outrancière qu’elles devenaient contre-productives pour les tenants du maintien du système actuel.

Pour un esprit dégagé de tout engagement partisan sur la question, il serait juste d’affirmer que tout est faux dans la réclamation exigeant le statu quo ou le retour au départ à soixante ans. Tout !

Première erreur majeure : le but du système de retraite n’est pas un droit au farniente mais un système permettant aux personnes ne pouvant plus travailler du fait de leur âge de conserver des ressources. La retraite est un système de sécurité sociale, au même titre que le secours en cas de maladie ou d’invalidité ou de chômage. Quand on ne peut plus travailler et que l’âge vous prive de ressources, il faut le relais d’un système de prévoyance. Pas quand on ne veut plus !

Seconde erreur majeure : le financement n’est pas la question principale. Augmenter le temps où une personne est capable d’être actif et peut s’occuper elle-même de son revenu et celui de sa famille est un objectif politique central, afin de réduire la période d’assistance et son coût. Le premier indicateur critique pour un système d’assistance au handicap économique de l’âge est le temps passé en bonne santé à pouvoir travailler et donc à ne pas avoir besoin de secours. En un mot, les actes premiers qui conditionnent un système de retraite sont ceux de la santé publique, du chômage, de la sécurité au travail, de l’alcoolisme et des drogues, etc.

On comprend immédiatement cette question lorsqu’on regarde les accidents de la route. On était sur une croissance de la mortalité sur les routes terrifiantes. On avait passé les 10 000 morts, puis les 12. On pensait bientôt atteindre les 20 000. Cela impliquait des budgets hospitaliers faramineux et un essor des coûts d’assurances totalement impossible à financer.

On aurait pu, comme on le fait pour les retraites, engager des polémiques sur le financement juste, évidemment juste, de cette hausse des coûts, en exigeant que ce soit les riches qui paient, que les petits ne supportent pas de hausse, que plus la voiture était grosse plus les frais d’assurance devaient être sur majorés, que les femmes et les trans devaient avoir des avantages, que les fonctionnaires devaient disposer de privilèges etc. Ce genre de débat ne débouche que sur des sottises démagogiques et des injustices criantes.

On a préféré mener une politique de diminution des accidents en changeant la structure des voitures pour que l’énergie du choc se dissipe ailleurs que dans le corps des passagers, pour qu’elles soient plus sûres en tenue de route, tout en réduisant la vitesse et en améliorant le réseau routier, avec d’abord une extension des autoroutes, beaucoup plus sûres que les routes nationales et départementales. On a agi sur l’alcool au volant puis sur les différentes addictions, avec les lacunes qu’une affaire récente a bien soulignées. Bref, on a augmenté le temps disponible en bonne santé. Au passage on a réduit le besoin d’aide au moment des retraites.

C’est évidemment la bonne solution : réduire le besoin d’abord, penser au financement après. Et nous avons fait dans la prévention des décès et des usures physiques prématurés des progrès fondamentaux. Au lieu de dire : j’ai fait un travail qui m’a dézingué donc je dois partir tôt, il faut plutôt affirmer : supprimons les travaux qui vous dézinguent. Ce qui a été largement été fait dans la durée avec des résultats considérables.

Les ouvriers agricoles mouraient extrêmement tôt, encore dans les années cinquante. Pour avoir connu la vie à la ferme dans les environs de Paris entre 47 et 57, l’affaire est vite dite. Les ouvriers agricoles couchaient dans les granges et se lavaient au puit. Ils n’avaient guère plus que leur pantalon, leur chemise, leurs sabots et leur casquette en dehors d’une valise en carton pour les habits du dimanche. L’alcool était omniprésent. Peu atteignaient 60 ans. Le fermier lui-même est mort à soixante-trois ans. À cinquante ans tout ce petit monde en paraissait, aux normes d’aujourd’hui, plus de 70. Tout cela a quasiment disparu sauf dans des endroits hyperattardés devenus extrêmement rares. D’abord l’agriculture a vu ses effectifs fondre et ensuite la mécanisation, l’éducation, une meilleure hygiène a fait progresser et le niveau de vie et la durée de vie. La typhoïde, la tuberculose et les infections alimentaires qui dévastaient ont baissé dans des proportions inouïes.

Il s’est passé exactement la même chose dans tous les métiers industriels La politique de prévention des accidents du travail a été drastique. Toutes les tâches pénibles ont été facilitées et leur mode d’organisation changé afin qu’elles n’altèrent pas la santé des ouvriers. Horaires, pauses, cadencement, substitution de la machine et robotisation, ont eu un effet radical. Dès les années soixante-dix, on trouvait à Sochaux, des ouvriers lisant assis dans des pneus le vendredi parce qu’ils avaient déjà fini la tâche assignée. Et les générations qui ont commencé à travailler dans ces années-là n’ont pas connu de mortalité précoce.

Le secteur du bâtiment a connu exactement les mêmes évolutions et les mêmes résultats.

Quant aux postes tertiaires, ils n’ont jamais présenté que le risque de la sédentarité.

Une population rajeunie et plus riche, s’organisant mieux, a réussi des prodiges qui ont autorisé des vies plus longues en bonne santé, réduisant le besoin de secours précoce pour compenser l’impossibilité de travailler dues au vieillissement, et, en prime, les pensions ont été revalorisées.

Évidemment, c’est ce qu’il faut s’acharner à améliorer encore.

Face à ces évolutions très bénéfiques, la démagogie du Programme commun, chef-d’œuvre de démagogie infâme pour faire élire M. Mitterrand, a été totalement absurde et contre-productive. La retraite à 65 devenait de plus en plus facile à atteindre et avec des pensions améliorées. Il fallait continuer dans ce sens en attendant que de nouveaux progrès permettent de passer à 66 ou 67 ans avec satisfaction.

Au lieu de cela, au nom d’un socialisme ravalé à un électoralisme démagogique et pervers, on a détruit la croissance et la natalité, poussé à mort les dépenses et la fiscalité, abandonné notre indépendance, au moment où la fin des accords de Bretton Woods rétablissait les crises financières à répétition, que l’Euro poussait à la stagnation et où l’OMC ouverte aux Chinois détruisait notre classe moyenne ! Les grèves de 96 ont déjà été le témoin des effets du cocktail tragique « crises mondiales à répétition », « mesures socialistes démagogiques ». Celles du jour en sont la suite évidente

Pire encore, un certain nombre de changements dans l’organisation du travail a remis en cause les acquis de l’après-guerre, en matière de santé. Les jeunes noirs souvent drogués qui livrent des plats le soir à vélos pour satisfaire des bobos qui ne peuvent plus sortir de chez eux à cause des blocages de Mme Hidalgo ne se préparent pas une retraite heureuse !

 

Du coup les débats deviennent forcément mensongers.

La pénibilité n’a pas à être prise en compte dans l’âge de la retraite. Elle n’a été prise en compte dans le débat uniquement pour permettre de garantir à certains salariés du secteur public qu’ils pourraient garder leur privilège d’un autre temps. Depuis plus d’un demi-siècle on ne met plus de charbon à la main dans la chaudière des locomotives, et les durées et conditions de travail des cheminots ont été extrêmement « adaptées ». On voit des conducteurs de plus de 60 ans sur toutes les lignes qui ne sont plus exclusivement gérées par la SNCF, sans que cela ne scandalise personne. C’est plutôt la marque d’un progrès formidable dans les conditions de travail ferroviaire qui devrait être célébré comme tel.

De même il est parfaitement scandaleux de considérer qu’un jeune qui ne veut ou ne peut pas faire d’études et qui commence à travailler tôt doit avoir un avantage par rapport à un jeune qui a la capacité de faire des études longues et qui va contribuer plus à la croissance économique, sociale, médicale, au prix d’un sacrifice de revenu. 63 ans de cotisation entraînent pour la plupart de diplômés un départ à 67 et plus sans que cela ne trouble personne. Les intervenants qui pleurent sur les carrières longues au prétexte que, eux, travaillent au sec dans des bureaux font de la démagogie à trois balles. Ils ne savent même pas les conditions qui prévalent désormais dans les usines (qui ont presque disparu) ou sur les chantiers.

Les incroyables avantages de la fonction publique ne sont pas liés à une justice quelconque, mais au fait que la haute fonction publique n’a pas voulu s’accrocher au régime général de la sécurité sociale après-guerre.

De même l’ouverture de droits à un financement de leur inactivité de grand âge aux parents d’immigrés venus par le regroupement familial est une mesure démagogique pure qui ne s’inscrit dans aucune doctrine rationnelle de la retraite.

Quant aux carrières hachées, dans la pratique, elles sont mises en avant surtout pour les femmes qui doivent en effet porter des enfants et s’absenter à ce titre. Avoir tué l’institution du mariage et les pensions de réversion a créé un problème insoluble qui aggrave la tentation de ne plus faire d’enfants. Ce n’est pas par les mécanismes de financement de la retraite qu’on résoudra cette question. Mais par une politique familiale.

Mener une vraie politique de gestion de la retraite, c’est mettre fin aux crises périodiques, rétablir l’équilibre des échanges avec les pays à bas salaires, augmenter la durée de travail en bonne santé, éviter de distribuer des subsides au monde entier, réduire le trop-plein de dépenses sociales, éviter la mort programme de l’économie par les éco-irresponsables, sortir du socialisme, rétablir la natalité et s’enchanter de voir que l’amélioration des conditions de travail permet de travailler plus longtemps.

Si des particuliers souhaitent à titre personnel cesser de travailler tôt, soit. Qu’ils s’organisent pour cela ! Si des groupes veulent cesser de travailler tôt : d’accord mais qu’ils en assument eux-mêmes les frais. Si collectivement, les citoyens souhaitent passer de longues périodes sans travailler en fin de vie, qu’ils vérifient d’abord que cette ambition est financée par leurs cotisations sans affaiblir les entreprises. Après tout si les cheminots veulent payer 75 % de leurs salaires en cotisation retraite pour partir à 50 ans, pourquoi pas. L’important reste que les bénéficiaires soient les payeurs.

Il est clair qu’on ne verra jamais un Macron, ou n’importe quel leader, tenir ce même langage.

À force de se crisper sur les moyens de faire cracher le voisin pour son propre avantage, le Français né malin, en prend plein la poire et va se retrouver dans des tourments qu’il n’imagine même pas.

Quant aux grands médias à force de pleurnicher avec les abusifs, ils ne grandissent pas le débat et font tout pour obscurcir l’avenir des Français, qui depuis 1981 est entré dans une phase d’appauvrissement relatif et de reculs économiques, le pire cadre pour gérer bien la période où l’âge ne vous permet plus de satisfaire par le travail vos besoins.

Il n’y a pas de tiers-mondisation heureuse.

Réconcilier Union Européenne et démocratie

À un moment de l’histoire européenne où les nations commencent à s’interroger sur l’opportunité de maintenir une immigration de masse incontrôlable notamment en provenance de pays musulmans rétifs à l’assimilation dans un pays jusqu’ici à dominante chrétienne et mettant parfois les désirs destructeurs de l’Oumma fanatisée par des prêcheurs fous avant la reconnaissance d’être accueillis dans des pays généreux, une majorité de pays européens exigent une nouvelle prise en charge de cette question par l’Union Européenne et donc par la Commission.

Il est vrai que la guerre en Ukraine a des conséquences sémantiques importantes. Les frontières de l’Ukraine sont sacralisées avec le fanatisme et le manque de réserve qu’on connaît de la part de la présidente de la Commission, la dramatique Van der Leyen, alors que le discours reste le même pour l’Union Européenne : il n’y a pas de définition de la zone géographique européenne qui pourrait donc s’étendre indéfiniment à l’est, jusqu’à la Russie et au sud, jusqu’à Israël en passant par la Turquie et le Liban. Les « frontières » ne représentent qu’un moment de l’expansion européiste, ne doivent pas être défendues et quiconque parvient à se trouver sur le sol de l’Euroland doit y rester à perpétuité s’il le veut.

Ce contraste entre la volonté majoritaire des pays et le blocage absolu de la Commission illustre une réalité que tous les ministres nationaux ont expérimentée à un moment ou un autre dans leur chair. Une fois nommés, les Commissaires ont, dans le domaine qui leur a été concédé, une autonomie totale. Le commissaire est sommé de se couper de ses attaches nationales et de ne viser que l’intérêt européen. Il peut donc faire ou ne pas faire à sa guise.

Si la totalité, disons, des ministres de l’intérieur des pays de l’Union, on parle bien d’une unanimité, mettaient au point un plan de gestion de la sécurité des frontières, ils se heurteraient à la Commission qui pourrait les envoyer balader sans frémir. Les commissaires ont la liberté incontrôlée de « ne pas faire », même contre la volonté de la totalité des nations membres. Ils sont inamovibles et sans aucun contrôle. Ce droit de ne pas faire a son symétrique dans le droit de faire à sa guise notamment dans toutes les actions exécutives qui n’exigent pas d’ordonnance. La Commission est à la fois un exécutif et un législatif, contrairement à tous les principes démocratiques. Ce qui fait que l’Union peut signer autant de conventions commerciales qu’elle veut avec n’importe qui, à répétition, alors que les classes moyennes se paupérisent à proportion, sans que quiconque ne puisse dire stop !

Le poste de ministre des Questions européennes est un des pires qui soit. À Bruxelles, il est accueilli ou comme un soutien inconditionnel béni-oui-oui qui doit crier au miracle européiste, ou comme un opposant sans pouvoir à marginaliser en lui faisant bien comprendre son impuissance. Les autres ministres de la République Française se heurtent tous au même mur. Pratiquement tout ayant un rapport avec les politiques déléguées sans retour à la Commission, ils ne peuvent en général rien faire sans son accord.

Ne parlons pas des députés européens (les dépités européens) qui se retrouvent dans des groupes nationaux divisés de taille ridicule et coincés dans des groupes globaux gigantesques et qui, ou s’ennuient ou s’emploient à arrondir leurs fins de mois en liaison avec les lobbies ou en recherchant des postes bien rémunérés et exonérés partiellement d’impôts. L’impuissance du député européen est un spectacle tragique. C’est comme cela qu’on voit Madame Morano justifier son poste européen et les rémunérations associées par la normalisation des chargeurs de téléphones portables !

Il n’y a pas d’Europe puissance. Seulement des nations rendues impuissantes, même lorsque leurs intérêts vitaux sont en jeu. Par des « coups d’États » successifs, les institutions européennes se sont attribué le droit d’à peu près tout régenter, l’impuissance des nations est désormais presque totale.

Bien sûr, il faut réagir.

Il est indispensable que la Commission soit considérée simplement comme le secrétariat de l’Union, sans aucune décision propre dans aucun domaine. C’est le concert des nations membres qui doit donner le tempo des actions à mener, et à étudier par la Commission et décider de leur modalité. La Commission doit perdre le pouvoir de bloquer. La présidence de la Commission doit être clairement privée du droit de se prétendre le dirigeant de l’Europe.

Un autre aspect des institutions européennes est le poids des ONG et des lobbies. Les ONG sont considérées désormais comme des églises formulant la table des lois qui s’impose d’en haut, et fournissant le clergé de Tartuffe et de Savonarole chargé de déconsidérer tout opposant aux doctrines et aux causes qui les fondent. À ces organisations privées, on concède le droit à formuler le politiquement correct du moment et la coercition sociale associée. Toutes les organisations internationales sont désormais sous la coupe de ces groupes de haine. Le président de la Banque Mondiale a démissionné un an avant la fin de son mandat à la suite d’une campagne de haine déclenchée par les ONG parce qu’un de ses propos a été jugé « climatosceptique ». Il a expliqué que n’étant pas scientifique il ne prendrait pas position sur les sources du réchauffement que le monde connaît. Le climat et les thèses wokistes sont aujourd’hui le terrain de jeu de fanatiques et les instances internationales ont accepté de se mettre dans leur dépendance.

C’est vrai à l’ONU, à la banque Mondiale, au FMI, et évidemment au sein des institutions européennes. Cela explique les campagnes « inclusives » montrant des femmes voilées exemplaires au moment où l’Iran tue tous les jours les femmes qui ne veulent pas de la dictature vestimentaire débile des Mollahs. Cela explique que Mme Van der Leyen soit montée au créneau pour faire démissionner le président du CIO japonais pour avoir osé dire que la présence de femmes allongeait considérablement la durée des réunions. Cela explique que le directeur de cabinet du Commissaire chargé de l’énergie soit un ancien patron de Greenpeace Allemagne totalement antinucléaire. Cela explique un discours toujours identique et déconnecté des réalités du terrain sur l’immigration de masse « chance pour l’Europe ».

Les nations, dans un tel système, n’ont plus le moindre moyen de se faire entendre sauf à bloquer, bloquer encore et bloquer toujours ce qui est une attitude intenable. La démocratie nationale est débranchée. Un changement de majorité dans un sens ou un autre n’aura aucun effet sur les politiques suivies toutes désormais dépendantes de la Commission à qui on a concédé trois armes de destruction massive : l’indépendance absolue de la commission, la Cour de Justice qui juge TOUJOURS en faveur des thèses européistes et qui, en s’attribuant par un coup de force le droit qui n’est pas le sien d’interpréter la charte européenne des droits de l’homme, peut intervenir sur tout sujet, et finalement les énormes budgets de propagande attribués à la Commission, qui permettent d’exalter non seulement l’européisme mais aussi les thèses des ONG jusqu’au plus profond des nations, notamment l’école et l’université, sans parler des médias. Qui sait que l’Europe finance l’entrisme LGBT dans l’Université française à coups de millions ?

Justement, parlons des médias français. Leur doctrine : ne jamais parler de ce qui se passe à Bruxelles, sauf au moment où les ordonnances arrivent pour transcription dans le droit français par le Parlement national châtré. Pas question de montrer l’impuissance du gouvernement et contrer l’offensive des ONG qui profitent en général du moment pour présenter des propositions maximalistes. Alors la PQN comme la presse régionale en remet sur les bonnes causes et on se retrouve sur tous sujets avec des législations aggravées par rapport aux directives européennes. Le gouvernement dit : « c’est l’Europe ». Les associations disent : « c’est le bien commun ». Et on se retrouve sans moutarde et en ayant perdu la moitié de nos betteraves sucrières, face à des ministres sans pouvoir qui se contentent de soigner ou leur popularité ou leur carrière en faisant de la surenchère verbale, quand ils ne s’enfouissent pas au fond du trou en se bouchant les oreilles et en attendant que cela se tasse.

Certains ministres font des allers et retours avec la direction d’ONG. On n’est jamais mieux servi que par soi-même et à partir du moment où les gouvernements sont impuissants, quelle importance ?

Un autre aspect de l’affaire européenne, c’est que certains garde-fous mis en place pour éviter des législations outrancières ou comportements douteux à l’échelon national n’existent pas ou sont impuissants à l’échelon européen.

Les abus de pouvoir individuels ou comportements douteux des Commissaires et d’une façon générale des institutions, ne sont pas réellement contrôlés. Une étude récente a montré que les personnes chargées du contrôle, en théorie, n’allaient même pas dans leur bureau et restaient à leur domicile dans leurs pays respectifs sauf pour les cérémonies protocolaires, tout en touchant des rémunérations monstrueuses. En revanche le député européen est très surveillé. Il a des avantages grotesques mais il faut les mériter par un européisme de bon aloi, même si on s’ennuie et qu’on a collé là que des recalés du suffrage national !  

Il faut que ce soit le New York Times qui monte une action pour imposer que Mme Van Leyen fasse connaître ses relations épistolaires avec Pfizer sachant que son mari est dans la boucle médicale internationale par ailleurs, avec des risques grossiers de conflits d’intérêts.

De même, les législations nationales sont généralement soumises à un devoir d’études d’impact préalables afin d’éviter des mesures qui se retournent gravement contre les intérêts généraux du pays ou même saccagent trop d’intérêts particuliers. Cela marche plus ou moins bien, ces études d’impact n’étant jamais relayées dans la PQN et restant dans l’entre-soi de la « tutelle » et des lobbies. En Europe on peut prendre des décisions accablantes ayant des effets terrifiants mais très différents d’un pays à l’autre, sans jamais à avoir à justifier des conséquences par une étude d’impact. On l’a vu récemment avec la décision monstrueuse de violence d’interdire la vente de véhicule à moteur thermique dès 2 035 sans aucune étude des conséquences sur tous les grands sujets pays par pays. Le coût ? Inconnu ? Le bilan carbone de la reconversion ? inconnu. L’impact sur la balance des paiements ? inconnu. L’impact sur le budget de l’État ? inconnu. L’impact sur le chômage ? inconnu. L’impact sur la réduction de la température moyenne ? Non estimé bien que tout le monde sache qu’il sera absolument nul.

Pour avoir téléphoné à six reprises aux différents cabinets de commissaires européens concernés, la seule réponse obtenue, en anglais, aura été qu’une étude d’impact n’était pas utile puisque la décision a été prise en tenant compte des conclusions du GIEC et des engagements pris avec les institutions de l’ONU ! Personne n’a pu savoir ce que Timmermans a pu concocter avec l’ONU, le GIEC, l’AIE en lisant la presse française. Il faut lire l’anglais et aller sur le site de l’Union Européenne qui ne publie que ce qu’elle veut bien publier en toute indépendance et sans contrôle. Un petit roitelet décide en liaison avec les ONG de l’ONU que l’Europe sera la championne de la décarbonation et prend des oukases sanglants pour les pays membres. Pas un mot !

Bien entendu, les pouvoirs nationaux ont tout de même un pouvoir. Ils peuvent déjà parler et dénoncer. Ils peuvent bloquer. Quand on a élu un Macron qui est allé faire sa révérence dès son arrivée aux juges européens tout en expliquant qu’il serait un européiste militant et suractif, collant le drapeau européen sur tous les édifices publics nationaux sans même une référence au drapeau tricolore, on voit tout de suite les conséquences. On renonce à notre seul pouvoir !

Le gouvernement français indépendamment même du fait qu’il n’a pas de majorité au parlement, n’a aucune marge de manœuvre. Il est au sens propre du terme impuissant. La réforme de la retraite était un must pour pouvoir obtenir l’accord de l’Union Européenne dans le cadre des GOPE ou de leur substitut sémantique. La seule question pour Emmanuel Macron était de faire de cette obligation irréfragable une arme politicienne de guerre contre LR. Il l’a fait en mettant la réforme en tête de calendrier. Avec les résultats que l’on voit.

La présidence de la République française étant réduite à un poste politicien pour médiocre égotiste ne pensant qu’à ses petits intérêts personnels et se coltinant avec ses problèmes psychologiques prégnants, qui se maintient en distribuant des chèques et en creusant les déficits, les élections étant facilement « enjambées » en refusant tout débat sur quoi que ce soit, la démocratie est empêchée.

Celui qui ne comprend pas que l’ampleur des cortèges actuels contre la réforme des retraites est indexée sur l’impuissance et la négligence de l’exécutif national, et n’a qu’un rapport très indirect avec l’âge de la retraite, devrait se réveiller.

Monnet avait très bien compris qu’en donnant à un groupe international le soin de régler entre ses membres, à l’abri des Etats, un problème particulier, il était facile de se détacher complètement des risques inhérents à la démocratie nationale. Cela n’avait pas que des inconvénients. Sur des sujets ad hoc et circonstanciels, cela pouvait même être bénéfique. Par exemple pour l’achat d’armes pendant les deux guerres, mieux valait sans doute passer par des « machins » collectifs multinationaux dans le cadre des alliances. Mais si toute la politique générale est gérée ainsi, il n’y a plus ni de démocratie ni de consensus. Seulement des groupes de pression, éventuellement hystériques, et des peuples en colère, avec flottant sur la marmite bouillante, des pseudos gouvernants marqués au fer rouge de l’impuissance et du narcissisme stérile. Quand s’ajoute en France une captation du pouvoir résiduel par une caste désormais népotique de hauts fonctionnaires, il n’est pas très difficile de comprendre pourquoi la proportion des votants qui expriment un vote constructif par rapport à la population en âge de voter est aujourd’hui en France autour de 25 %.

Les Européistes ont voulu forcer le passage vers un fédéralisme copié sur le système américain et ont récolté un NON ferme lors de la réforme constitutionnelle. Il est clair que l’impuissance désastreuse qui est en train d’emporter la démocratie française, impose de déclarer fermement que l’objectif de la « construction » européenne n’est pas de créer les Etats-Unis d’Europe en détruisant les Etats nationaux.

Le premier acte structurel dans la bonne direction serait de supprimer le monopole d’initiative à la Commission. Le second de mettre fin à l’élection hors-sol et sans aucune signification de députés européens. Le Parlement européen doit se réunir lorsque nécessaire, avec des délégations ad hoc des parlements nationaux, chaque ordonnance devant faire l’objet d’un examen devant le Parlement français avant d’être discutée par le Parlement européen.

Ces mesures permettront seules de reconnecter les mesures prises et l’influence du corps électoral. Il ne s’agit pas de s’opposer à la coopération active au sein de l’Europe, mais de restaurer la démocratie.  Il faut et la démocratie et la coopération active en Europe. Sinon, où va-t-on ?

Succès et chute du « néolibéralisme » ? Le type même d’une histoire falsifiée.

On pourrait sans doute évacuer la question du néolibéralisme en considérant qu’il s’agit d’un vocable de mépris inventé par la gauche socialiste ecclésiastique qui sait y faire pour dévaluer les idées qui la contrarient en créant des mots repoussoir. Libéralisme, c’était punissable de tous les péchés, mais le mot liberté y affleurait, et il fallait faire attention. Bien sûr, la liberté aussi pouvait être déplorée : « la liberté du renard dans le poulailler » a beaucoup servi. La puissance médiatique de la gauche est telle depuis 1945, que même les plus libéraux sont obligés à des contours, des prudences, des « je suis bien d’accord avec vous, c’est mal, mais tout de même ». Lorsqu’on a demandé à un membre de Renaissance si la politique du gouvernement était libérale, sa réponse a été très clairement obscurcie par le politiquement correct de gauche : « je n’aime pas ce mot qui est trop connoté ». Marion maréchal a dit à peu près la même chose il y a peu lors d’une longue interview. Libéralisme ? Attention, champ de mines ! Un peu comme « grand remplacement » est devenu une expression symbole d’un dérèglement de l’attitude tournant au fascisme invétéré, nourri par la xénophobie fanatique, le racisme induré et la glorification des années immondes qu’on croyait disparues.

Néolibéralisme est bien le type de vocable super connoté par la gauche vomitive et utilisable uniquement dans une phrase de dénonciation. Un peu comme un technocrate est un fonctionnaire vu par un poujadiste, un néolibéral est un prosélyte des libertés vu par ATTAC.

Il serait dommage d’en rester là. Les pensées dominantes sont en train de changer et il est important de mesurer la réalité et l’ampleur des glissements. Les historiens et les sociologues adorent prendre des bouts épars et en faire une parfaite construction, presque une volonté, appuyée sur un complot s’il s’agit d’un mouvement jusqu’ici marginal qui s’impose dans des circonstances mal comprises.

Alors aujourd’hui la mode est de s’interroger sur l’étonnante percée des idées libérales dans les cinquante dernières années et leur reflux soudain. Comme c’est aujourd’hui la règle, c’est dans le monde anglo-saxon qu’il faut chercher les initiateurs de cette réflexion. En France on ne pense qu’après et en réaction. Il eût été préférable qu’on s’y colle avant. Mais bon, on n’a plus d’universitaires de qualité. Ils se réservent pour les combats du Wokisme tels qu’ils étaient menés aux États-Unis il y a trente ans. Au moins cela les change de la glorification de la Commune.

Depuis « Rise and fall of the roman empire », la mode est aux « rise and fall » de tout et n’importe quoi. Gary Gerstle est un peu devenu le spécialiste du genre en histoire économique américaine. Après « Rise and Fall of the New Deal Order » il a écrit « Rise and Fall of Neoliberal Order ».

Il fallait s’attendre à un livre du même genre en France. David Cayla, présenté généralement comme « économiste hétérodoxe » (comme s’il y avait une économie alternative…), a sorti fin 2022 « Déclin et chute du Néolibéralisme » chez De Boeck Supérieur.

Impossible de savoir ce qui différencie vraiment un hétérodoxe d’un non orthodoxe, et un non orthodoxe anti libéral d’un socialiste bon teint. Il est vrai que les économistes étant désormais considérés comme des pestiférés, il faut prendre quelques précautions pour continuer à être entendu.

Notons au passage la difficulté d’être et de dire !

Serge Audier, un brillant normalien naturellement anti productiviste (du moment que son traitement public à la Sorbonne tombe régulièrement) avait ouvert la voie avec une série d’ouvrages sur le néolibéralisme. Une vraie obsession :

· Le Colloque Lippmann : aux origines du néo-libéralisme, Lormont,

- Néo-libéralisme(s) : une archéologie intellectuelle, Paris, Grasset,

- Penser le néolibéralisme : le moment néolibéral, Foucault et la crise du socialisme, Lormont, Le Bord de l'eau,

La difficulté est évidemment, dans le foisonnement des idées qui ont contesté le triomphe du New deal puis du Keynésianisme, avec des mouvements de pensée très hétérogènes, de trouver une unité puissante capable de créer la matrice d’une nouvelle domination intellectuelle embrassant et embrasant le monde y compris les socialistes de la New left aux États-Unis, ceux de la Deuxième gauche en France et ceux du blairisme au Royaume Uni.

Pour la gauche marxiste caricaturale, le sort du néolibéralisme est vite scellé : un complotisme financé par le grand capital et qui a réussi à pénétrer les arcanes du pouvoir élitiste, par dol, en imposant une doctrine de pouvoir obligatoire et généralisée via le lobbyisme et l’entrisme dans les lieux de pouvoirs. En gros, le néolibéralisme est un sale virus, échappé d’un laboratoire sordide, inoculé par ruse par des complotistes et dont il est difficile de se débarrasser mais heureusement, il est en train de mourir de sa propre vilenie. Si on n'obtient pas un prix de civisme après un tel travail de « démystification », voire de « démythification » et de nettoyage d’une poussée de pourriture, c’est évidemment à désespérer de tout et marquerait la force résiduelle du virus !

La droite n’en parle pas. Comme d’habitude. Prendre le risque d’une idée ! Vous n’y pensez pas !

Du coup, le domaine est plein de faux débats et d’erreurs terrifiantes.

La « généalogie » ou « l’archéologie » de n’importe quel système de pensée est devenue un exercice à la mode. À gauche, on mêle allègrement tout et n’importe quoi pour prouver des racines qui expliqueront l’arbre. Au prix de contorsions subtiles :

-        Sur le tronc du libéralisme, le néolibéralisme est-il un surgeon ou une totale mutation conduisant, par glissements successifs, du bien possible au mal exemplaire ?

-        Le néolibéralisme a-t-il réussi du fait de l’effondrement communiste, entraînant la chute de l’URSS et au capitalisme d’état en Chine ? Vu de gauche, le mal ne peut provenir de la chute de la bien-aimée URSS. Donc la généralisation de solutions moins collectivistes ne peut être que le fruit d’une intrigue complotiste. C.Q.F.D. !

Pour avoir participé pendant cinquante-cinq ans aux débats récurrents sur la science économique, il va de soi que cet esprit de système visant un complot machiavélique mondialisé ne correspond à rien de ce que j’ai pu connaître en France, en Europe et aux États-Unis. Il suffit de dépasser l’âge de 70 ans pour se rendre compte qu’on parle, dans les médias, des périodes que vous avez vécues dans votre jeunesse et que vous avez cru vivre passionnément, selon un « narratif » qui n’a que peu de rapport avec votre expérience. Aussi bien dans les généralisations que dans les épisodes montés en neige, vous ne reconnaissez pas cette histoire alléguée et reconstruite. Les mentalités collectives ont du mal à se transmettre et à être conservées. Le schématique l’emporte sur le réel.

Quiconque a lu avec attention « la théorie générale » de Keynes, sait que cela branle un peu partout dans le manche et qu’il était parfaitement normal que des auteurs le remarquent et en fassent la critique. Moi-même dès la première année de fac, je mettais en difficulté sans le vouloir le chargé de TD qui croyait expliquer les crises périodiques selon la doctrine keynésienne par la course-poursuite de l’épargne et de l’investissement, en faisant remarquer qu’épargne et investissement étaient égaux par construction, il était difficile de concevoir qu’ils puissent se courir après. Une bêtise assez populaire à cette époque-là et qui n'a plus cours aujourd’hui.

De même affirmer que les changes flottants étaient une doctrine à la mode au moment où elle a été mise en œuvre, est une énorme contrevérité. À part Milton Friedmann qui en avait fait une vague apologie dans un livre lointain, personne ne défendait vraiment les changes flottants. C’était une bizarrerie qui pouvait s’expliquer momentanément par des circonstances particulières, mais sinon, ce ne pouvait être qu’une erreur funeste. Pour s’en convaincre, prendre aux États-Unis le bréviaire des élèves d’économie qu’était le Samuelson ou en France le cours de Raymond Barre, et voir que les changes flottants y sont traités par prétérition ou en un quart de page… sur mille et quelques.

Ce n’est pas parce que « de vilains complotistes néolibéraux, intoxiqués par l’effroyable ami de Pinochet, le sinistre Milton Friedmann» que les changes flottants ont été instaurés mais parce que les États-Unis ne voulaient plus des contraintes de Bretton Woods et entendaient n’en faire qu’à leur tête. Qui se rappelle que ce sont les Allemands qui ont promu le flottement et que pendant longtemps la solution n’a été présentée que comme transitoire ? Friedmann a alors servi de caution intellectuelle et les banques centrales ont même cru devoir tenir compte de ses suggestions. Elles sont vite revenues en arrière. Aucun des avantages avancés par Milton ne s’est réalisé. Au contraire. Les changes flottants sont un abus de pouvoir des États-Unis et une erreur économique internationale. Pas un complot.

Alors on pourrait singer nos sociologues de pacotille et affirmer : « le néolibéralisme n’est pas le libéralisme habituel mais une doctrine prescriptive qui cherche à détruire toutes les institutions collectives visant le bien commun par l’application de l’idéologie des marchés libres et sans entraves. La destruction des changes par les complotistes américains vendus au néolibéralisme a permis les folies bancaires et rendu impuissant les états dont les élites n’avaient plus le choix que de s’adapter aux règles du néolibéralisme, la nouvelle gauche plongeant avec délices dans les méandres de la finance internationale garantie par les banques centrales au mépris des peuples ». Une belle carrière d’économiste à Libération et dans les chaînes publiques de télévision serait ouverte ! Mais quel rapport avec la réalité historique ?

Si l’Union soviétique s’est effondrée ce n’est pas à cause d’un complot néolibéral, mais sous le poids de ses tares intrinsèques. Et elle a bien fait ! Il suffit de regarder l’agriculture ! 75 ans de pénuries puis, après l’effondrement, la Russie et l’Ukraine en moins de 30 ans, sont devenus le grenier du monde ! Satanés complotistes néolibéraux !

Si l’Union Européenne a choisi, en créant un marché intérieur libre, de s’appuyer sur la liberté de circulation sans entraves des mouvements d’hommes, de capitaux et de produits ou services, c’est parce que telle est la règle à l’intérieur de chaque état et on a souhaité la généraliser dans la communauté. On ne peut pas intellectuellement concevoir un marché unique couvert de barricades.

Si Margaret Thatcher a voulu sortir le Royaume-Uni du socialisme, c’est d’abord parce que le pays ne pouvait pas supporter d’une part le poids de la hausse massive des coûts du pétrole et aussi le poids d’une économie administrée végétative et en pleine anarchie syndicale. Si Tony Blair a continué dans la même direction, c’est tout simplement parce que le RU rattrapait son retard.

Si la Chine s’est organisée autour d’un capitalisme débridé et sans entraves dans le cadre d’une dictature politique, c’est, ici encore, à cause du décrochage dramatique qui a suivi l’époque maoïste et la hausse des coûts du pétrole. Pas besoin de la main invisible du complotisme néolibéral. Quand le géant Chinois s’est aperçu qu’il était dépassé par la seule Corée du Sud, et bientôt par tous les tigres de la région, il a compris que son destin était scellé si un changement radical n’était pas opéré.

Si les Américains ont décidé de laisser la Chine entrer dans l’OMC, c’est par cupidité : ils pensaient que les entreprises qui tiendraient le haut de pavé dans le monde seraient celles qui domineraient le gigantesque marché chinois soudain ouvert. L’erreur, que nous avons dénoncée sur ce blog sans relâche, c’est que, sans correctif monétaire, des déficits et des excédents gigantesques en résulteraient qui ruineraient les classes moyennes des pays développés. Maurice Allais a écrit, à cent ans, un livre pour avertir le monde. On l’a traité de tous les noms ! Et c’était le Monde qui s’y collait avec tout le soutien de la « dream team » de Jospin. Pas de fantasmatiques néolibéraux !

Si après avoir nationalisé à 100 % tout et n’importe quoi, Mitterrand et ses socialistes ont commencé à tout dénationaliser y compris les vielles entreprises nationalisées depuis ou l’avant-guerre ou l’immédiat après-guerre, c’est simplement parce que sinon le traité de Maastricht n’aurait eu aucun sens. L’européisme imposait qu’on ne retrouve pas des molochs nationaux face à face, armés par des États. Pour le meilleur et pour le pire !

En France le néolibéralisme n’a jamais eu le moindre pouvoir. On voit que Sciences Po est un conservatoire du bureaucratisme et du keynésianisme, son surgeon économique, l’OFCE étant le défenseur permanent et absolu des impôts, de la dette et de la dépense publique. Ce sont les associations pro Wokistes qui y ont gagné, pas de dangereux complotistes néolibéraux.

La liberté d’immigration en Europe des Africains est dans tous les programmes de gauche alors que l’Europe se devait de défendre ses frontières contre l’immigration illégale. L’individualisme « marchandisé » est plutôt à rechercher du côté du Wokisme que de la réflexion économique libérale.

Il serait sage de se concentrer sur l’économie avec des yeux libres de préjugés, plutôt que se gargariser de mots autour du faux concept de néolibéralisme, qui n’est bien qu’une arme verbale de propagande d’inspiration un tantinet stalinienne dans son usage courant actuel.

Pour des raisons d’argent et de puissance, certains grands pays ont choisi des cartes biseautées qui les avantageaient, pensaient-ils. Au bout du jeu les résultats ne sont pas là. La panique conduit à des tentatives de retour en arrière. Ce n’est pas la fin d’une doctrine, ni d’une pratique, mais le constat d’un échec qu’il va bien falloir surmonter. L’illusion d’un financement de déficits perpétuels par la dette monétisée auprès des banques centrales est désormais intégrée par les élites, même si les grandes masses ne l’ont pas encore tout à fait admis. L’illusion qu’en prélevant dans le revenu d’autrui, on pourra indéfiniment financer son train de vie, n’existe pas réellement. « Les riches paieront » est le genre de simplismes qu’on aime bien répéter dans les manifs pour se défouler. Mais tout le monde sait que cela n’a jamais marché nulle part. En revanche c’est une adresse à ceux qui ont réussi à faire face : « ne nous laissez pas tomber, on a le pouvoir de vous nuire ! »

Faut-il leur répondre ?

Oui !

Mais, malheureusement, il n’y a plus de partis de gouvernement pour tenter de créer les évolutions nécessaires. On sait ce qu’il faut faire, mais les leviers manquent pour faire bouger les choses. Macron donne le sentiment de mépriser la base et de ne servir que lui-même et ceux qu’on imagine être ses amis financiers. Le PS et mort. La deuxième gauche est enterrée. LR préfère la lutte entre énarques pour la présidentielle et surtout se taire sur tout pour ne rien compromettre. Le néant d’abord, la réflexion plus tard ! Succès garanti…

Il ne reste que l’exécration en bas et des demi-sel de la sociologie caricaturale dans les allées du pouvoir et des médias, de l’écologie pervertie et de l’étatisme keynésien. La pensée  socialiste, qui est restée dominante en France tout en gagnant les États-Unis, mais qui a perdu beaucoup de sa séduction, cherche nerveusement à retrouver un peu de légitimité. Que cette gauche puisse croire qu’en terrassant par les mots un diable artificiel monté en marionnette, le néolibéralisme, construit à la va-comme-je-te-pousse comme l’auteur de tous les maux, indique assez l’ampleur de la déroute morale et intellectuelle dans laquelle elle se complaît.

Sa domination résiduelle dans tous les lieux où se construit l’opinion laisse peu d’espoir que la France cesse sa dégringolade dans le sous-développement et la soumission. Son succès aux États-Unis et par ricochet dans les institutions européennes sous forme d’un écolo-wokisme destructeur et outrancier couplé à une volonté de puissance, laisse le monde occidental dans un état étrange qui remet en cause la stabilité et la prospérité du monde.

Là est le vrai risque à dénoncer.

Et de vrais risques de marginalisation pour ceux qui le feront.

Un peu de courage intellectuel et de vérité, s’il vous plaît !

Un article formidablement révélateur du Financial Times

L’actualité est sympathique pour ce blog. Elle nous permet d’aborder des thèmes fondamentaux qui ont été à l’origine de la formation du Cercle des économistes e-toile. Après le drame de la démographie française et les méfaits de l’énarchie compassionnelle, il est temps de commenter une réalité jamais traitée : la quasi-identité de destin économique déplorable de la France et du Royaume Uni qui souligne l’évidence d’une cause commune. Malgré les différences apparentes très fortes entre un pilier du néolibéralisme fortement anti syndical et rétif à l’assistanat et un pilier de la bureaucratie socialisante, entre un pays qui a choisi le Brexit et un pays aplati devant Bruxelles, entre un pays aligné sur Washington et un pays qui fait semblant de goûter les effluves résiduels du gaullisme diplomatique, l’évolution globale depuis 1971 est globalement la même. Les mouvements profonds l’emportent sur les apparences idéologiques ou les traditions nationales.

Vérifions que l’évolution économique et sociale a bien été la même. Le Financial Times nous apporte tous les éléments de réponse grâce à l’excellent article de Tim Harford, dans d’édition du 22 janvier 2023. Son titre dit déjà beaucoup : « Est-ce que la vie au Royaume-Uni est réellement aussi mauvaise que les chiffres le suggèrent ! Oui, absolument ! ».

Tim Harford a écrit trois livres absolument formidables, « The Undercover Economist » en 2007, « Freakonomics « en 2009, et « Why Nations fails », son chef-d’œuvre de connaissances et de réflexion en 2013.

Son approche est exactement celle qui nous a motivés à créer le Cercle des économistes e-toile : couvrir des domaines abandonnés, en montrant qu’on y trouve beaucoup de faits majeurs dont l’explication est indispensable et que les clés de l’avenir y sont présentes dans l’indifférence générale. La différence est qu’il le fait dans la presse et plus encore dans une presse anglo-saxonne où beaucoup de ses réflexions défient la pensée dominante.

Il a un peu dérivé vers le « spectacle » ces derniers temps avec :

Fifty Things That Made the Modern Economy (2 017). Little, Brown. ISBN 978-1408709115

The Next Fifty Things that Made the Modern Economy (2 020). The Bridge Street Press. ISBN 978-1408712665

How to Make the World Add Up : Ten Rules for Thinking Differently About Numbers (2 020). Little, Brown. ISBN 978-1408712245

Ces livres sont en fait des compilations de « podcasts » télévisés de 9 minutes sur une variété d’objets qui ont révolutionné notre vie courante et dont on n’imagine pas la puissance. C’est amusant et curieux, et correspond à l’humour anglais, un peu dans le style du patron qui candidate dans sa propre entreprise.

Le côté « Entertainment » n’est pas à négliger mais manque un peu de fond, ce qui n’est pas le cas de l’article dont nous parlons.

Après avoir cité une étude qui donne des prévisions peu amènes (la perte récente de 7 % du revenu moyen ne sera pas corrigée avant cinq ans), il démontre que ce qui devrait réellement nous épouvanter est moins le désordre circonstanciel actuel mais la longue descente aux enfers des dernières quinze années qui n’ont pas vu de croissance mais une longue stagnation qui contraste avec le quasi-doublement de 1978 à 2008 suivant le triplement entre 1948 et 1978. Au lieu de voir son revenu augmenter le travailleur britannique constate que depuis 15 ans il ne bouge plus, alors qu’il croissait de 40 % en moyenne tous les trente ans depuis l’après-guerre. En un mot : "Amis britanniques vous êtes entrés dans une phase longue de stagnation structurelle dont vous ne parlez pas alors que vous vous inquiétez pour des difficultés certes agaçantes mais momentanées".

Il souligne avec gourmandise qu’un bon gouvernement est celui qui propose d’excellents services publics, une pression fiscale basse et un endettement faible. Comme en France,  il est bien obligé de constater que c’est exactement l’inverse qui se passe depuis de longues années et qu’il est strictement impossible même de l’espérer. L’hôpital est par terre en France, comme l'est le NHS, le service national de santé. Le reste est à l’avenant. Là où on connaît une vraie différente, elle n’est pas de nature mais de proportion. Notre auteur signale que la dépense publique est plus haute de 4 points de PIB par rapport à la moyenne des périodes précédentes, mais le taux n’est que de 37 %. En France il est de 47 % ! On se souvient que le Général de Gaulle voulait dans les années soixante qu’il reste autour de 32 % et que ni Pompidou ni Giscard (surtout ce dernier), n’ont voulu respecter ce vœu. Et la situation est la même au Royaume Uni et en France pour l’école et les services sociaux.

Ne parlons pas de la dette. La situation est catastrophique dans les deux pays avec une dette qui monte inexorablement, des intérêts dont le service n’a jamais été aussi haut dans l’histoire et des déficits majeurs partout et jamais comblés.

Le résultat est le développement de la pauvreté à la base avec une partie croissante de la population qui a du mal à finir le mois. Une étude a montré qu’un quart de la population ne parvenait plus à mettre 10 livres de côté chaque mois, alors que la proportion était de 3 à 8 % il y a quelques années. Près de 10 % de la population déclare avoir eu faim à un moment ou un autre dans les trente jours précédant l’étude.

L’auteur remarque que des pays comme la Suisse, la Norvège et les États-Unis ont désormais un revenu très supérieur à celui des Britanniques qui a chuté de façon relative sinon en valeur absolue. Comme en France où la situation aux frontières est devenue caricaturale, comme nous l’avons prouvé ici dans de nombreux articles. Pour marquer l’opinion il montre que le revenu des dix pour cent les moins riches est plus bas qu’en... Slovénie !

Le paradoxe affirme Tim Harford est que nous ne sommes pas en récession que l’emploi est au plus haut et qu’il ne faut rien attendre d’un retournement conjoncturel formidable. L’affaire est bien structurelle et non conjoncturelle. Et le devoir des politiques est de l’acter et de la comprendre pour commencer à prendre les mesures structurelles qui s’imposent.

Tout le monde voit bien que c’est exactement la même situation en France alors que les dosages idéologiques médiatiques sont extrêmement différents dans les deux pays.

L’auteur n’ose pas aller jusqu’au diagnostic et aux suggestions de redressement. Mais un autre article dans le même journal quelques pages plus loin, fournit une clé d’interprétation.

Un premier graphique montre la baisse tendancielle du PIB depuis la crise de 2008, par rapport à la tendance 1990-2007 qui était déjà en baisse. Le Japon et l’Allemagne ont bien résisté avec une baisse inférieure à 15 %, la France est à 20 % de baisse et le Royaume Uni à 30 % comme l’Italie. La baisse de la productivité a été très forte en France dans les dix premières années du siècle, mais dans les dix suivantes, l’effondrement a surtout eu lieu aux États Unis, en Italie et au Royaume-Uni.

Regardons les choses avec un peu plus de hauteur :

La crise commence au tournant des années 1970 avec une forte baisse de la croissance qui s’accélère à partir des années quatre-vingt-dix qui s’effondre depuis 2008. La productivité devient structurellement problématique à partir du début du siècle. En fait cette réalité est vraie pour tout le monde avec des différences de situation mais autour d’un même mouvement général dans les pays développés.

La raison principale est l’introduction des changes flottants qui permet les énormes déficits et les excédents de même ampleur. Il s’est ensuivi une suite de récessions périodiques de plus en plus graves (73-74, 92-93, 2 008 2 009) avec des crises intercalaires moins sérieuses mais qui ont eu leurs conséquences. La crise de 2008 a particulièrement ravagé les pays les plus engagés dans la folie financière, les États-Unis et le Royaume-Uni, alors que l’introduction de l’Euro provoquait des crises structurelles dans les « pays du Club Med ». L’ouverture totale du commerce mondial à la concurrence de pays à très bas de revenu, sans obligation d’équilibre des balances extérieures, a détruit les classes moyennes dans les pays développés. Les pays sages et compétitifs ou jouant le rôle de havre fiscal, comme le Luxembourg, ont mieux résisté. Ceux qui ont joué à fond la carte démagogique de l'état providence, sont les plus atteints.

Nous retrouvons là le triptyque que nous dénonçons depuis 25 ans et dont l’évocation était strictement interdite dans les pays anglo-saxons. Il est bon que le Financial Times grâce à un de ses meilleurs journalistes fasse déjà le constat du désastre. Il ne reste qu’à donner les explications de fond. Quand le fait est acté il n’a pas rare que l’explication suive. Et on parvient généralement à écarter les explications creuses (Covid, riches qui ont fait sécession et autres tue l’esprit).

Rappelons que tout cela a été déjà été écrit dans notre livre l’Étrange Désastre, il y a maintenant huit ans !

Tout le système de « welfare » mis en place après-guerre n’est possible qu’à deux conditions : une bonne natalité et une croissance continue. Les forces qui à l’heure actuelle tuent à la fois la natalité et jusqu’à l’espoir d’une croissance militent en fait pour la destruction de l’État Providence. Ce qui se vérifie dans l’actualité française avec la question des retraites, dont le système de répartition est directement indexé sur la croissance et sur la pyramide des âges. Sans croissance et sans enfants, il saute et gare aux tâches !

Désastre démographique : ils en parlent enfin !

On critique beaucoup la presse. Souvent à juste raison. Est bien naïf celui qui n’a pas compris que le contenu de la PQN est soigneusement construit, avec cascade vers la presse régionale, et qu’il y a des formes de domination intéressée dans les images véhiculées dans les médias télévisés. Mais, à un moment ou un autre, une vérité longtemps tabou perce et aussitôt l’esprit est amené à s’interroger doublement ! Pourquoi tant de silence et pourquoi aujourd’hui le dévoilement ? Quand on a eu la chance de suivre pendant des années ce jeu étrange entre la réalité et sa perception collective, trahie par la presse aux deux sens du mot trahir, empêcher sciemment et révéler sans s’en rendre compte, ce qui a été mon cas depuis ma nomination comme maître de conférences à Science-po au début des années 1970 et depuis 1977 dans les médias du net, en particulier sur ce blog, deux réalités surgissent ;

-        Tout finit par arriver dans la presse nationale

-        Mais il faut beaucoup de temps.

Nous dénonçons publiquement depuis 1997 la manière dont est traitée la démographie. La défaillance de l’INED a été radicale. Il ne fallait pas contrarier le mouvement féministe : « mon corps est à moi ; mon enfant est mon affaire ; mon droit d’avorter est fondamental (on dit aujourd’hui constitutionnel). Je n’ai rien à faire d’être une poule pondeuse pour le pays ou l’humanité ». La politique nataliste qui était relancée après chaque guerre (1870, 1914-1918) était dominante dans les années cinquante et symbolisait la vitalité du pays. Elle a commencé à être ridiculisée à partir de l’arrivée de la pilule, avant même mai 1968, et ce slogan  est devenu le cheval de bataille du MLF et des mouvements féministes du même genre. Tous ceux qui alertaient sur les conséquences étaient brocardés. Il suffit de retrouver les caricatures de Michel Debré dans le Canard Enchaîné, où il est toujours représenté avec un entonnoir sur la tête, symbole du toqué irrémédiable ! On sait également que le fait d’avoir des familles nombreuses est représenté par la gauche depuis plus de quarante ans comme la marque indélébile d’une bourgeoisie « versaillaise », avec des femmes soumises aux oukases du Pape sur la contraception !

La conséquence a été l’effondrement de la natalité en France, comme nous le constatons depuis des décennies. La réponse politiquement correcte nourrie par l’INED était toujours la même : ce n’est pas vrai ! Les naissances sont seulement différées et la France est la championne de la natalité. On connaît la chanson ! Cela fait 45 ans que les démographes officiels la chantent !

Nous disions : les femmes françaises, hors immigration africaine, suivent le même chemin que partout ailleurs en Europe et dans le monde développé. Le taux de fécondité n’est pas à 2 ou 1.8, mais est descendu comme pour l’Italie ou la Hongrie, autour de 1.4. C’est-à-dire que la population descendante des lignées, disons, présentes en 1 890 pour faire simple et non polémique, a commencé à voir son solde décès naissance se réduire jusqu’au basculement, probablement début 2000, avec un début de régression en valeur absolue. La démolition de la politique familiale, commencée par Giscard dès son arrivée au pouvoir en 1974 n’a jamais cessé, jusqu’aux dernières mesures de Hollande et Macron.

Tout le monde parmi les « élites » sait qu’il n’y a, pour une nation, de richesses que d’hommes, mais l’immigration y pourvoirait. Elle était « une chance pour la France ». Naissance sur le sol français valant nationalité, l’attractivité de la France en matière de poules pondeuses étrangères suffisait et les bonnes françaises de souche pouvaient devenir des hommes comme les autres et défendre toutes les théories féministes qu’elles voulaient, cela n’avait au fond aucune importance nationale. Au contraire, le double salaire pousserait la croissance, et l’immigration ralentirait la pression sur les salaires tout en fournissant du personnel de maison pour accompagner les enfants au jardin ! Parfait !

Cette thèse a été défendue à l’ENA de façon latente et sous-jacente, pendant près de 50 ans !

Comme nous l’avons écrit à plusieurs reprises, notamment sur ce blog, le gouffre des naissances sautait aux yeux, mais ils étaient conditionnés  à regarder obstinément ailleurs. Près de 500 000 enfants manquent chaque année par rapport aux taux de 1970 (l’exercice est facile : vous prenez le ratio entre naissances et population en 70 et vous l’appliquez aux 69 millions de Français, chiffre de la population au 1er janvier 2023). Le nombre de femmes capables de porter un enfant baisse. La spirale d’autodestruction d’un peuple commence à montrer ses effets catastrophiques. La spirale mortifère est enclenchée.

La première prise de conscience est venue, dès le début des années 1980, des conséquences de l’immigration de masse sur le terrain identitaire, culturel et sécuritaire, avec en prime la question de l’islamiste militant et conquérant, sans frein en matière de violence.

Mais tous les perroquets ânonnaient les mêmes mots d’ordre. La France est une exception nataliste. Il n’y a pas de problème ! Et crac : les derniers chiffres de l’Insee montrent que la régression de la natalité est telle que pour la première fois les chiffres sont les plus bas de l’histoire récente. On commence à se rendre compte que la Chine perd sa population en masse, comme le Japon et la Russie. Il devient clair pour tout le monde que l’humanité dans son ensemble risque d’être en régression dès 2 100 malgré la croissance délirante de la natalité dans cinq ou six pays. La régression de la natalité touche rapidement les populations immigrées en France qui elles aussi passent sous le seuil de renouvellement.

Le tout aboutit à ce gigantesque chaos :

-        La dimension démographique d’un système de retraite par répartition devient très claire pour tous. Pas d’enfants,  pas de retraite. Une chose que l’humanité sait depuis des millénaires. Si la durée de la vie augmente, alors le phénomène s’aggrave. Ah zut ! Et Mitterrand, le grand pourrisseur que rien ne rebutait, a fait passer en France, seul exemple au monde, l’âge de départ à 60 ans, ajoutant une bombe politique à la bombe démographique qui est aussi une bombe économique. Et nous avons les crispations extrêmes autour de l’âge légal de la retraite qui ne peut être que retardé si l’on veut que le niveau des retraites ne descende pas. Un système par répartition est indexé sur la pyramide des âges.

-        La gauche est totalement perdue et explosée façon puzzle. Le mouvement LGBT + veut déstructurer l’homme blanc hétérosexuel, empêcher que la pression sexuelle des hommes n’ait d’effet sur les femmes et mettre fin au « patriarcat ». La composante écologique explique de son côté  que la pullulation de l’homme tue la planète et que les enfants dans les pays développés ont un bilan CO2 trop mauvais pour qu’on continue à en fabriquer. La condamnation à mort de l’humanité coupable de tous les crimes contre les bestioles et la nature en général, n’est même pas cachée. Que l’humanité meure, pourvu que la terre demeure ! Mais il reste quelques voix à gauche, y compris dans la frange traditionnelle du féminisme, ou dans les vieux méandres de l’écologie politique, qui ne peuvent pas entendre de telles sornettes sans flamber de rage !

-        L’instinct de mort est relayé par l’évolution des mouvements anticapitalistes qui passent à la violence. « Au tournant des années 2000, la réflexion sur la contestation anticapitaliste aboutit au constat de l’échec de la non-violence. L’écologie, partagée depuis sa naissance entre réformisme et action révolutionnaire, n’échappe pas à la règle ». Voici l’écoterrorisme ! Entre ceux qui veulent tuer, dans les mots, l’humanité, le capitalisme, la bourgeoisie, l’homme blanc, et ceux qui veulent passer à l’acte, la différence s’évanouit peu à peu !

-        Emmanuel Macron commence son second quinquennat en imposant la gratuité du préservatif pour les jeunes gens tout en glorifiant l’immigration et en aggravant la pompe aspirante (les clandestins pourront être régularisés s’ils trouvent du travail alors qu’il est interdit de les faire travailler !). Et « en même temps » il lance une réforme paramétrique du système des retraites qu’il a dénoncé avec force en 2017, non seulement sans traiter le sous-jacent démographique, mais en l’aggravant ! Il y a une dimension de démence chez ce président et de génie pour se faire réélire si facilement malgré cela.

-        Quant aux partis dits de droite, ils se taisent. Ils craignent toujours qu’au moindre « dérapage » (description d’une réalité, énonciation d’une vérité) on les traite de fascistes, de Versaillais, de suppôts de la « manif pour tous », de conservateurs éhontés, de papistes et d’irresponsables sociaux, voire de machisme invétéré. Quand certains disent que le gauchisme n’est plus dominant en France…

Ne soyons pas dupe. Si la démographie a fait une telle percée dans les médias, c’est surtout pour essayer de faire passer la réforme des retraites. Mme Bachelot, dans l’exercice a dépassé le potentiel d’outrance de tous les autres avec cette gourmandise qui en fait le bon client que l’on sait pour les médias qui n’ont rien à dire, sauf des sottises plus ou moins marrantes.  La voilà qui annonce de tels progrès de la médecine que d’ici 2100 on gagnera à tout à coup au moins quinze ans de vie en bonne santé supplémentaires. Pourquoi pas vingt ou trente voire cinquante ? Alors reculer de six mois en moyenne le départ à la retraite ? Une bricole ! Mais ne croyez pas qu’on pourra faire remonter la natalité. Là, c’est foutu ! « On ne fait des enfants avec de l’argent ! ». Demandez à Mayotte ! Elle aurait pu ajouter : « D’ailleurs on n’en a pas. On est obligé de quêter l’argent européen et ils nous imposent une réforme des retraites. »  Il y a donc une part de simagrées politiques dans cette soudaine passion pour la démographie.

La petite flamme de la vérité qui a enfin percé dans la presse révèle un territoire intellectuel et politique complètement ravagé. Mais, au moins, elle brûle. À tous les sens du terme. Du fait à l’interprétation dominante et réaliste du fait, jusqu’à la construction d’une politique correctrice, il faudra encore du temps. Espérons moins de 50 ans ! On est en France, mais tout de même !  Constater qu’on est mort après la signature de l’acte de décès n’aurait pas de vrais avantages.

Ce que veut dire « énarchie » sur un exemple concret

Une des caractéristiques de la France depuis maintenant une cinquantaine d’années est la prise du pouvoir politique et économique par les détenteurs statutaires du pouvoir administratif : les hauts fonctionnaires.

Rappelons que les hauts fonctionnaires sont sélectionnés par un concours redoutable, tempéré par une certaine faveur pour les enfants de hauts fonctionnaires ou promus par le système politique avec des nominations aux grands corps de l’état « au tour extérieur ». Dans un régime normal, les hauts fonctionnaires servent l’état, les décisions étant prises par les politiques. Leur formation doit les amener à la capacité de peupler utilement les directions régaliennes ; sécurité ; diplomatie etc.

La formation des hauts fonctionnaires est essentiellement rhétorique au bon sens du terme et juridico-administrative, avec une forte dimension de culture générale politique, économique et, un peu, sociologique. Les grands ministères régaliens entendent s’attacher de jeunes talents et les former à leurs disciplines. Bercy, le Quai et Beauvau ont des cultures différentes. On a, à la Libération, voulu un concours unique avec choix du corps en fonction du classement, au lieu des concours par filière, pour éviter les effets de connivence. Du coup on a créé une caste polyvalente et envahissante que les dernières mesures de Macron ont dissimulée et agrandie. Le corps diplomatique et préfectoral a été fondu dans la masse des formations publiques. Ce qui permet au pouvoir de tenir tout ce petit monde sans avoir à se heurter à des féodalités armées par une compétence indéniable.

La caste énarchique est désormais « liquide » et forme un conglomérat d’ambitions qui n’est plus astreint à une spécialisation régalienne ou une compétence quelconque.

À l’occasion de la disparition d’un énarque particulièrement brillant et remarquable, François Roussely, il est intéressant de constater la réalité de cette prise de pouvoir. Ce n’est évidemment pas la personne qui nous intéresse mais le parcours.

Nous répétons souvent que les hauts fonctionnaires sont majoritairement socialistes ou « de gauche » ou « étatistes » comme on voudra. Sortie de la promotion Mendès-France (ce sont les élèves qui choisissent le nom de la promotion), le jeune énarque se déclare socialiste et proche du PS. Il entre rapidement dans la politique via les cabinets de Gaston Defferre, la gauche à l’ancienne puis du très sectaire Pierre  Joxe. Il se retrouve directeur général de la police nationale, sans avoir exercé la moindre fonction de terrain et sans y avoir montré la moindre efficacité opérationnelle. Il est parachuté pour des raisons politiques : avoir un affidé socialiste à la tête d’un secteur rétif en général à la gauche.

Il devient peu après secrétaire général du ministère de la Défense. Là aussi, pas besoin d’avoir vécu aucune expérience dans le secteur militaire. Mais là aussi on veut un bon haut fonctionnaire socialiste dans un secteur peu tenté par la gauche.

Il s’agit clairement de postes politiques et il lui faut revenir à la Cour des comptes lorsque la majorité change. Il s’y ennuie ferme et est nommé à la direction de la SNCF. Il n’a évidemment aucune expérience du secteur où il n’a eu aucune fonction territoriale ou opérationnelle. L’avantage est d’acquérir une image « industrielle » et quelques bénéfices en termes de rémunérations et de retraites. On est bien mieux payé qu’à la Cour des comptes, sans compter divers avantages en nature qu’on ne peut pas totalement négliger.

Mais la couleur politique change à la tête du gouvernement et le voilà Directeur de Cabinet du ministre de la Défense. La carrière devient solide. Elle est largement politique.

Il est alors missionné comme P.-D.G. d’EDF. Ici encore aucune expérience opérationnelle ni aucune compétence industrielle (sinon la coloration factice du passage à la SNCF). Il ne connaît rien aux questions énergétiques. Mais l’Énarque socialo trotskiste Jospin veut démanteler la filière nucléaire et se coucher devant les demandes de l’Union Européenne qui veut démanteler les monopoles publics. Le nouveau directeur s’y emploie et cherche à diversifier EDF sur les marchés mondiaux tout en bloquant tout ce qu’il faut dans le nucléaire. À cette occasion le socialiste confirmé se lance dans la privatisation et l’ouverture du capital. Il perd son poste à la suite d’un changement de majorité et son incomparable compétence financière nouvelle le voit propulsé à la tête d’une filiale du Crédit Suisse qui aura beaucoup d’ennui après la crise de 2008.

Oublions la personne pour ne se préoccuper que du parcours :

-        Un énarque se doit de jouer un rôle politique ce qui est totalement contraire à l’obligation de neutralité de la haute fonction publique

-        Un énarque peut échapper à tout passage par un poste opérationnel, près du terrain, avec jugement des résultats, dans des fonctions qui devraient être l’apanage des futurs hauts fonctionnaires.

-        On peut faire des allers et retours entre des poses politiques et son corps d’origine.

-        On peut être nommé dans des sociétés dépendant de l’état comme la SNCF et EDF sans avoir aucune connaissance du domaine.

-        On peut diriger une boîte technique de plusieurs dizaines de milliers de personnes comme EDF sans aucune compétence d’ingénieur dans le domaine.

À aucun moment on ne vous demande autre chose que d’être soumis à la caste et de bien s’entendre avec ses piliers, d’avoir les bonnes connexions politiques. Les résultats n’ont pas réellement d’importance. Vous êtes là pour faire le lien entre les grands dirigeants et des structures sous tutelle. Vous y gagnerez des fortunes improbables sans le moindre risque et des décorations. Et on saluera votre parcours à votre décès comme « grand serviteur de l’état ».

Tout cela n’est possible que parce que la politique est désormais dominée par d’autre Énarques.

Il serait cruel de remarquer :

-        Qu’à partir de Joxe l’armée part en sucettes. Nos armées, sous la férule de l’énarque Parly 2, seront chassées ignominieusement du Mali (où on ne compte aucun mort sorti de l’ENA). La guerre en Ukraine montre que toutes les décisions stratégiques ont été foireuses (voir par exemple la question des drones) et qu’on est incapable de mener une guerre de haute intensité plus de 4 jours.

-        La police est dans un désarroi total.

-        La Sncf ne marche plus

-        Les choix anti nucléaires ont été catastrophiques est EDF est en faillite.

-        Le Crédit Suisse a été lourdement condamné pour son comportement pendant la crise de 2008.

Le système qui consiste à envoyer des hauts fonctionnaires voleter de droite ou de gauche dans des postes certes valorisants et rémunérateurs mais sans aucune compétence avérée des différents secteurs ne conduit qu’à des catastrophes. On notera que Parly 2, socialiste, est aussi passée par la SNCF et voulait prendre la tête d’Air France KLM après son échec au ministère de la Défense. Ne parlons pas de Mme Borne qui n’a cessé de voguer d’un poste politique à des directions d’entreprises publiques avant de devenir premier Ministre, sous un président énarque.

Que l’on compare avec le parcours d’un Raoul Dautry, ingénieur polytechnicien démarrant sa carrière dans les chemins de fer et démontrant des qualités insignes sur le terrain avant de prendre de grandes responsabilités.

Que l’on compare avec les parcours d’un marcel Boiteux, normalien et économiste, qui a fait ses preuves sur le terrain pendant longtemps avant de se voir confier les rênes d’EDF et de livrer toutes les tranches nucléaires requises (qui lui vaudront un attentat terrible réalisé par des antinucléaires jamais démasqués – l’écoterrorisme ne date pas d’hier).

Personne ne s’est jamais préoccupé de savoir les convictions politiques de l’un comme de l’autre.

Tous les deux ont fait leurs preuves opérationnelles avant de se voir confié des postes de direction.

Aucun d’entre eux n’a navigué entre postes politiques, postes administratifs et gestion industrielle.

L’un et l’autre ont eu des résultats majeurs et importants pour le pays. Aucun d’entre eux n’a gagné les fortunes de ceux qui maintenant virevoltent sans compétence à la tête d’anciennes sociétés nationalisées faussement privatisées tout en gardant la possibilité de se ressourcer dans la haute administration ou les hauts postes politiques.

Et ne flottaient pas à l’époque les parfums de népotisme qui marquent le développement de la caste.

Encore une fois, il ne s’agit pas de s’attaquer à un haut fonctionnaire en particulier mais de juger un système qui est intolérable par la trahison qu’il implique des principes républicains, en particulier la neutralité des hauts fonctionnaires et l’égalité des candidats dans le jeu électoral et s’avère désastreux dans ses résultats.

C’est pourquoi nous défendons depuis 25 ans les mêmes solutions :

-        Nul fonctionnaire ne peut être élu à une assemblée qui fixe ses conditions d’emploi.

-        Un haut fonctionnaire qui veut faire une carrière politique doit démissionner de la fonction publique

-        Tout haut fonctionnaire doit faire ses preuves sur le terrain au moins dix ans avant de pouvoir exercer des fonctions dans des cabinets ministériels et prendre des postes de direction. Dans les armées on ne fait l’école de guerre qu’après avoir prouvé quelque chose sur le terrain. Cela doit être la même chose dans l’administration générale.

-        Un fonctionnaire qui prend un poste de direction dans une société privée doit quitter son statut de fonctionnaire.

-        Nul ne peut cumuler deux rémunérations de l’État et une rémunération de l’état et une rémunération publique.

-        Il faut réduire l’interventionnisme de l’État qui donne trop de pouvoirs coercitifs à des hauts fonctionnaires irresponsables statutairement.

-        Tout haut fonctionnaire doit être tenu à la neutralité politique.

L’important est d’être efficace et responsable. Deux mots qui n’existent pas dans la caste énarchique actuelle.

Pourquoi et comment le RPR et le PS ont-ils sombré ?

Une des grandes curiosités du temps a été l’effondrement concomitant des deux grands partis de gouvernement français, le PS, dominant dans les années cinquante, hégémonique dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, puis à partir de 2012, le RPR, sous divers acronymes, l’étant dans les années soixante et soixante-dix, puis dans les années 2000. On peut dire que tous les gouvernements de 1956 à 2017 ont été dominés par l’un de ces deux partis, soit près d’un demi-siècle. L’explosion radicale se produit en une seule élection, les deux partis laissant la place à cette variante du néant qu’on appelle momentanément et par politesse le « macronisme ».

Les politologues aiment bien expliquer les grandes ruptures par des effets circonstanciels venant aggraver des difficultés de fond, offrant des possibilités de promotion à des acteurs sortis du néant et qui s’en saisissent soudain. Les partis de droite ont tendance comme les partis de gauche à se madériser au pouvoir et ils finissent par être tournés par les extrêmes. Le parti radical a été remplacé par le PS, qui aujourd’hui est tourné sur sa gauche par le mélenchonisme. L‘UNR à fini, de mutation en mutation, en parti centriste tourné sur sa droite par le RN. Rien de nouveau sous le soleil ! Circulez il n’y aurait rien à voir ! Une analyse sans doute un peu courte !

La rupture de la Quatrième République par le gaullisme a été favorisée par la crise algérienne devant laquelle les gouvernants semblaient impuissants. La rupture socialiste de 1981 a été favorisée par la récession majeure de 1973-1974 et la répétition des chocs pétroliers. Le premier effondrement socialiste se produit avec la récession mondiale de 1992-1993. La crise de 2008-2009 ,accompagnée de son surgeon européen en 2011, liquide Sarkozy et Hollande en léger différé.

On notera le rôle des crises périodiques dans les alternances. Mais alternance n’est pas effondrement et élimination. Les catastrophes venues d’ailleurs peuvent conforter des gouvernements et des majorités. Alors que s’est-il passé ?

On est obligé d’envisager le rôle de facteurs de décomposition internes. La pomme pourrit par le ver qui s’y est introduit. PS et LR auraient -ils été pourris par le même ver ?

Quand on cherche, on trouve. Le triomphe de « l’énarchie compassionnelle », a provoqué la même autodestruction à l’intérieur des deux partis.

La tentation de ne pas laisser le pouvoir à des politiciens militants élus généralement grâce à la pire des démagogies et qui ne connaissent rien à l’ensemble des disciplines nécessaires à une bonne gestion de la nation, qu'il s'agisse de la diplomatie, de la sécurité publique, de la politique industrielle, de la macroéconomie, de l’aménagement du territoire, est ancienne. Elle s’est activée dans le camp des hauts fonctionnaires entre les deux guerres. Pour simplifier disons qu’elle s’active de façon intense à la suite de la déroute en quinze jours des armées françaises en mai juin quarante. Les mêmes hauts fonctionnaires qui conseillaient le front populaire se sont retrouvés dans le premier gouvernement Pétain puis au conseil national de la résistance pour organiser la grande prise en main de la République par leur caste. Blum, Pétain, de Gaulle, ce n’était pas important. Il fallait réorganiser la haute administration de la France et prendre le pouvoir politique. La sécurité sociale et le keynésianisme deviennent le credo unitaire de la haute fonction publique non technique. La création de grands monopoles publics s’affirme dans la banque, la gestion portuaire, le chemin de fer et l’énergie, l’aviation et la construction aéronautique civile et militaire, l’information etc. L’organisation de l’économie en « fascios », toutes les professions étant rattachées à « la Tutelle », commencée sous Pétain, n’a pas cessé de s’approfondir ensuite, la distribution d’argent supposant automatiquement le contrôle des hauts fonctionnaires. La partie proprement régalienne qui aurait dû être l’apanage de la haute fonction publique, deviendra marginale dans l’encadrement total de la société dès la fin des guerres coloniales.

L’assaut pour la domination politique commence avec Mendes France puis Bourgès-Maunoury et Félix Gaillard. Il se renforce avec Giscard qui devient envahissant dès le début des années 1960. Pompidou promeut une garde de jeunes hauts fonctionnaires, Chirac, Toubon, Charbonnel, Guéna, avant les Juppé, Séguin, Balladur, Villepin, Copé etc. D’autres rejoindront la gauche, souvent après quelques hésitations (Fabius, Hollande, Jospin, Rocard, Ségolène Royal, Aubry, Guigou, Bianco…). Le triomphe absolu arrive en 74 avec le couple Giscard Chirac. Il ne cessera plus. Il devient caricatural avec Macron et ses premiers ministres Philippe, Castex ou Borne. Les cinquante dernières années ont été pilotées presqu’intégralement par des hauts fonctionnaires, même quand le président ne l’était pas (exemple de Sarkozy).

Ce phénomène impose de comprendre comment ce microcosme fonctionne.

La haute fonction publique se considère comme une société de secours mutuel et de réassurance. L’important est de ne pas se faire prendre à découvert par une erreur magistrale, une action stérile, une opération qui a mal tourné. Il faut éviter tout écrit qui pourrait compromettre, toute phrase qui pourrait vous dénoncer, toute circonstance qui pourrait vous mettre en difficulté. La règle : pas d’idée ; pas d’expression qui ne soit pas ambiguë, à double sens et en fait totalement neutre, inodore et sans saveur. Parler pour ne rien dire. Ne rien dire pour ne pas se compromettre. Mais le faire avec art et toujours après avoir pris soin de ménager ses arrières, d’avoir eu le viatique des piliers de la caste, de savoir qu’en cas d’ennui on sera rapidement sauvé.

Les hauts fonctionnaires ne connaissent que peu de moyens d’action : la taxation et les impôts ; la dépense et la règlementation ; la bureaucratie régulatrice.

Ils détiennent un privilège phénoménal : celui d’être prémuni de tout risque électoral et de tout risque économique. On peut donc faire carrière dans la politique et au moindre ennui revenir doucement dans la haute fonction publique.

L’autre avantage extrême est de ne jamais être sanctionné pour un échec. Chacun étant alternativement acteur et contrôleur, il faut réserver l’avenir et de soi-même et de la caste. Paul Antoine Martin dans un ouvrage récent rappelle par exemple que l’activité des ports français a crû de 0.25 % quand le commerce international a explosé avec une croissance de 100 % ! Un échec et un drame national ! Aucune importance pour la carrière des hauts fonctionnaires concernés. Il faudrait avoir, en plus, tué père et mère pour être lâché par la secte pour résultats catastrophiques.

La subversion du PS et du RPR par les Énarques a été rapide et totale. Des querelles de chefs sont arrivées très vite en leur sein entre anciens élèves de l’ENA. On se souvient de la guerre entre Jospin et Fabius, entre Chirac et Giscard, puis Balladur. Le RPR comme le PS sont devenus des nids d’équipes présidentielles énarchiques en lutte les unes contre les autres ou contre les intrus. Le militantisme s’est bloqué net, chacun sachant qu’il n’avait aucune chance de monter vers les sommets politiques s’il n’était pas haut fonctionnaire, sauf quelques cautions d’apparence, en général jetables. Les hauts fonctionnaires se sont mis en tête de tout conquérir, de la mairie la plus humble à la région la plus ample, sans par des institutions européennes. Avec des réticences : c’est loin du centre vital, Bruxelles. L'affaire Loiseau a bien montré que la morgue du haut fonctionnaire à la française, adorée en France dans le microcosme,  plaisait moins ailleurs.

Même si l’idéologie et les préférences doctrinales existent entre membres de la classe des hauts fonctionnaires, la tradition est de les gommer au service de l’État, où une certaine forme de neutralité est requise. Dans la pratique tout le monde partage des convictions communes : rôle intense de l’État et keynésianisme, interventionnisme, bureaucratie, fiscalité et taxation sans limite, Europe, soumission à l’étranger puissant, exclusion des questions difficiles, immigration, absence de prises de risques et conformisme etc.

Trouver des différences entre Mme Guigou et M. Copé, entre MM. Juppé et Macron, entre M. Castex et Mme Borne relèverait de l’entomologie au microscope électronique de dernière génération.

Les partis de gouvernement sont devenus des lieux de chasse pour écuries énarchiques présidentielles, faisant, d’équipes en équipes, à peu près la même politique. Jusqu’à ce que les circonstances, en l’occurrence une prestation présidentielle de F. Hollande minable, permettent à un Macron de proposer l’Union des Énarques Politiques derrière lui. Aussitôt on a vu, de droite comme de gauche, le ralliement des écuries soucieuses de ne pas passer cinq ans voire dix dans l’opposition. Les partis de gouvernement se sont comme vidés de toute substance, non pas cannibalisés par quelques tribus aux dents longues, mais par simple émigration massive des hauts fonctionnaires désirant se regrouper avec la caste dans un mouvement unitaire ad hoc.

La pensée de M. Macron est l’incarnation presque parfaite de la mentalité de la caste : aucune conviction sur rien ; « en même temps salvateur » ; parler pour ne rien dire ; tergiverser indéfiniment dans l’ambiguïté, pas d’objectifs pour le pays mais, pour lui-même, une intrigue permanente ; réassurance européenne ; bureaucratisation cynique ; impôts et taxes accrus en disant le contraire ; plan com’ prioritaire ; satisfaction des besoins du clan, avec de fausses mesures en sens contraire pour donner le change.

L’effondrement français qui s’est produit à partir de 1974, lorsque l’Enarchie a pris le pouvoir au sein des partis de gouvernement est considéré comme une « fake news » par la caste et la doctrine officielle dans le milieu interdit toute remise en cause. Toute idée contraire ne peut être émise que par de vilains populistes d’extrême droite ou d’extrême gauche.

Il est vrai que Marine Le Pen, après avoir cru bénéficier de l’apport de l’énarque Philippot l’a expulsé du mouvement et lui a évité d’être évidé à terme comme les partis de gouvernement. Le mouvement Vert s’est appuyé sur des associations certes de gauche voire d’extrême gauche mais avec des militants étranges, généralement homosexuels et/ou tarés, appuyés sur des financements venant de l’étranger. Les Enarques n’y ont pas trouvé leur place. Non pas qu’il n’y ait pas d’homosexuels dans la caste, on l’a bien vu avec l’évolution de Sciences-po. Et ne parlait-on pas du "conseil des tatas "! Chez les Verts, la pression LGBT a fait du tort aux carrières de mâles blancs hétérosexuels, jusqu’au caricatural comme à Paris. Ce n’était pas admissible au sein de la caste.

Un des aspects peu agréables de l’évolution de l’énarchie compassionnelle (et désormais bienveillante) est à trouver dans une double évolution récente :

-        Le népotisme incroyablement accéléré par la parité, avec création de carrières improbables pour des enfants ou des maîtresses.

-        La montée de l’esprit de lucre, avec la création d’agences nationales qui permettent de dépasser toutes les limites de salaires des services publiques, les parcours juteux pendant quelques années dans des fausses sociétés privées,(comme Air France ou la SNCF), des banques, ou des sociétés d’assurances. Un autre symptôme est le développement du lobbying  (Cf. Édouard Philippe) ou des postes dans des cabinets de conseils ou d’avocats ancrés dans le carnet mondain des collègues hauts fonctionnaires.

Aujourd’hui LR vit toujours une bataille entre Enarques, Laurent Wauquiez étant redevenu le « candidat annoncé » d’un parti dirigé par Éric Ciotti, qui se refuse absolument d’avoir la moindre idée et le moindre programme pour ne pas lui créer d’obstacles futurs dans sa lutte annoncée av ec Edouard Philippe.  Le PS, lui, n’est quasiment plus rien. Ses dirigeants, noyés dans la NUPES n’ont plus aucun discours audible. Le triomphe de l’Enarchie a tué et LR et le PS. La folle Hidalgo produit typique de l’énarchie copulatoire, et la petite bande de débiles profonds qu’elle a réunie autour d’elle pour assassiner la Capitale, symbolise la déchéance du PS. La querelle non soldée Wauquiez – Pécresse symbolise la déchéance de LR et l’impossibilité qui est la sienne de se reconstruire réellement.

On est en train de vivre la fin de l’illusion des Inspecteurs des finances de 1938-1940. La prise de pouvoir par la haute fonction publique accompagne la déchéance du pays en l’accélérant, alors qu’elle était censée l’empêcher.

Les désordres dans la filière de formation des hauts fonctionnaires annoncent que la nouvelle génération sera encore moins capable de faire face aux nécessités nationales.

Un des défis français sera de relever le gant, puisque cette voie autrefois prometteuse s’avère une impasse.

La mesure constitutionnelle à prendre est toute simple : interdire d’abord qu’un fonctionnaire puisse être élu dans une assemblée qui fixe ses conditions d’emplois et ensuite les doubles rémunérations publiques, l’une administrative l’autre politique. C’est une règle qui existe à peu près partout dans les pays occidentaux. La situation française est totalement dérogatoire aux règles habituelles concernant la haute fonction publique.

Reste à trouver le moyen de rassembler des forces suffisantes pour faire passer la mesure et construire au moins un parti à idées et à ambition programmatique, cherchant l’arrêt de la chute et le redressement, avec un minimum de courage et de crédibilité.

Ceux qui ont pu penser un temps que LR pourrait devenir ce vecteur politique en sont pour leurs frais. Ciotti se charge de conserver un minimum de cohérence et de durée pour mettre Wauquiez en situation. Plus question de programme, d’idées, de rénovation en profondeur. Vivoter au parlement et ne rien faire qui pourrait accélérer la casse, en verrouillant tout ! Et c’est tout !

Entre la Nupes, Renaissance, le RN, Reconquête dont Zemmour a commis l'erreur de faire le croupion du RN, et un parti LR tellement attentiste et anémié qu’il en devient larvaire, la France semble tout de même assez mal partie.

Difficile de l’accepter. Alexandre Jardin après une excellente description de la chute en cours croit au printemps des magiciens, après mise à l’écart de la « paléo-bureaucratie qui ne pense qu’à alourdir les codes, empiler les normes, ciseler des masses de décrets, multiplier les injonctions contradictoires » pour finir par un grand ratage catastrophique. Il espère que les maires « qui conservent un lien réel avec le fleuve puissant du peuple sorti de son lit » seront la solution.

Michel Onfray appelle également une révolution des saints démarrant par le bas, au plus près de la démocratie locale, après dissolution de l’Europe de Maastricht.

Les deux pensent également que si cela pète ce sera « le crépuscule des technos et du centralisme », même si Front Populaire attache plus de poids à un souverainisme précis, celui de la constitution gaulliste non modifiée, qui permet de « sculpter le peuple ». Pour ce mouvement le risque létal serait le démantèlement européiste, une forme de tilt.

D’autres imaginent que la contrainte écologique et les innovations numériques vont mener tout droit à une variété de dictatures partielles et une régulation étatique ou sociale fanatique permettant de limiter la casse climatique.

Autant dire qu’après l’échec énarchique, la promotion des sculpteurs de peuple, des adeptes des magiciens et des Savonarole climatiques, l’avenir français s’annonce étrange.

Les trois sources scientifiques de la climatologie perturbées par l'obsession politique du CO2

Pendant des siècles la seule source d’analyse de la température a été le soleil. Il faut dire que c’est avec l’énergie venant du sol, la source principale. Le jour et la nuit sont une composante cosmique avec des variations de températures importantes. Les saisons sont une composante cosmique, avec des variations encore plus importantes. La distance de la terre au soleil est un facteur important. Les variations d’inclinaison de l’axe de la terre influent. L’activité solaire a un rôle. Tous ces facteurs impliquent une forme cyclique des évènements avec des conjonctions et des disjonctions. La corrélation est avérée entre ces cycles et la température telle qu’on peut la reconstituer sur de très longues périodes. Des disruptions peuvent se produire comme des écrasements d’astéroïdes, ou des mouvements sur la croûte de la terre provoquant des phénomènes volcaniques intenses. Évidemment la température dépend du lieu d’exposition. Les pôles sont plus froids que les pays situés sur l’équateur. Nous disposons d’une base scientifique des plus solides pour expliquer la plupart des variations de température, quotidienne, saisonnière, ou historique. On l’appelle généralement le forçage astronomique ou forçage géophysique. Il devrait être forcé d’en tenir compte.

La seconde source, qui n’est pas jeune non plus, est l’approche géographique qu’il s’agisse de géographie physique ou géographie humaine. Elle s’attache à expliquer pourquoi des territoires soumis au même forçage n’ont pas le même climat. Pourquoi le Canada est-il plus froid que l’Europe aux mêmes latitudes ? Pourquoi fait-il plus chaud près des mers et plus froid dans les montagnes. Qu’est-ce qui, à un endroit donné et un moment donné différencie la température de deux endroits qui subit les mêmes influences astronomiques ? Gestion de l’eau, de l’agriculture, des forêts, développement des villes et de l’industrie deviennent des facteurs de différenciation. Les géographes adorent les microclimats et les stations climatiques et Emmanuel Le Roy Ladurie a bien montré les effets historiques des périodes hivernales.

La troisième source est l’approche météorologique qui s’applique à connaître la situation de température, de vent, de pluie pour les prochains jours. Ses observations sont essentiellement orientées vers les mouvements de l’atmosphère et les courants marins, avec concentration sur des phénomènes potentiellement catastrophiques. Le régime des vents et la formation des nuages, les albédos résultants sont des phénomènes critiques, mais évoluant rapidement et se déplaçant parfois très vite. Le météorologue dispose à la fois d’une modélisation des flux, basée sur la division de l’atmosphère en cubes dont on suit les composantes, ce qui demande beaucoup de capteurs et de grosses capacités de traitement, et de la connaissance de séquences types, ou de mécanismes locaux bien analysées qui ont un caractère prédictif un peu plus affirmé (ce qui fait qu’un paysan qui reconnaît un « pattern » est souvent plus rapide et plus juste dans sa prévision quotidienne). Malgré tous les efforts il est rare que la prévision météorologique dépasse quelques jours avec un intervalle de confiance suffisant. L’étude physique de l’atmosphère n’a pas été trop importante pour les météorologistes, jusqu’au moment où, venant de l’ONU des préoccupations se sont fait jour sur les composantes de l’atmosphère, le trou dans la couche d’Ozone et l’accroissement du CO2.

Il faudrait ajouter les laboratoires qui s’attaquent à tel ou tel problème particulier : par exemple le mécanisme de la glaciation et de la fonte des glaces, ou la dynamique des cyclones etc.

Jouent aussi un rôle les perceptions populaires manipulées par des associations. Au sortir de la guerre de Quarante, la bombe atomique détraquait le climat ! Dans le sens du refroidissement ! De même la création d’institutions multinationales mondiales ou locales a fait pousser une bureaucratie intéressée par des décisions qui touchent le monde entier et valorisent leur action. La préoccupation récurrente pour la santé est venue corser les questions climatiques avec les pollutions diverses, les hivers trop froids et les canicules. Et aujourd’hui les pandémies.

Il est évident que la solidité des prévisions que l’on peut obtenir dans ces différents cénacles est très variable et varie selon l’horizon. Celui du climat est par convention de trente ans, c’est-à-dire bien plus court que les cycles astronomiques, et bien plus grands que l’horizon de la météo, qui normalement est incompétente dans le domaine du climat. Les géographes ne sont pas des scientifiques au sens dur du terme.

On a réellement commencé à s’inquiéter du contenu de la couche gazeuse qui forme une pellicule très mince autour de la terre, avec une énorme concentration dans les premiers kilomètres d’altitudes, avec la découverte d’un « trou de l’ozone » au-dessus de l’antarctique. Une panique a été créée par l’ONU qui a abouti à l’interdiction des CFC dont l’action sur l’ozone avait été démontrée en laboratoire. C’est l’apparition du premier cycle : information scientifique, relais des associations (organisations non gouvernementales) auprès d’institutions internationales, panique médiatique, législation mondiale. En 2022 malgré toutes les restrictions depuis 20 ans et la forte diminution des gaz ayant un pouvoir sur l’ozone, jamais l’extension du trou n’a été plus grande. Sans le moindre écho ni à l’ONU ni dans les ONG, ni dans les grands médias. Quelques scientifiques vivant de la surveillance de la couche d’Ozone ont bien voulu annoncer que la quantité de gaz destructeurs avait bien diminué et que c’est le reliquat qui, du fait d’un tourbillon de vent, avait creusé le nouveau trou et qu’il ne fallait surtout pas s’inquiéter. En revanche quelques nouveaux produits toxiques pour l’ozone sont apparus ce qui justifie… de nouvelles recherches et travaux. L’échec ne doit pas compromettre les budgets !

Il était tentant pour l’ONU et ses groupies sous forme d’ONG, de recommencer l’opération à une échelle encore plus grande. L’analyse de l’atmosphère montrant une montée du volume de CO2, gaz ayant une capacité d’effet de serre, on allait donc cuire si on ne réduisait pas la quantité de CO2 créé par l’homme. Il fallait désormais jouer la survie de la planète et de l’humanité, contre un effort de décarbonation totale…

Le surgissement du CO2 a beaucoup troublé les différents compartiments de la réflexion climatique. Les tenants de la géophysique et des sciences dures ont été les plus réticents. Les géographes étaient contents d’un rôle plus valorisant : « l’entropie, nous connaissons alors venez nous voir ». Les météorologues disposaient des moyens les plus lourds de collecte d’information et de traitement. Il était tentant d’allonger l’échelle des prévisions.

La machine s’est emballée par les mêmes mécanismes que pour le trou de l’ozone.

L’ennui c’est que la coercition voulue par certaines des ONG et la capacité d’entraînement des institutions internationales sur des chefs d’État en demande toujours d’un rôle valorisant, ont créé un vortex peu propice à la science et à la réflexion d’un côté et de l’autre une volonté de ne pas savoir ce que seraient les conséquences de la décarbonation à grande vitesse, alors que tout montre que les coûts et les conséquences économiques sont vertigineux.

Des calendriers de mesures drastiques ont été mis au point, très différents d’un endroit à l’autre de la planète, l’Union Européenne se signalant par sa volonté d’aller plus vite et plus loin que quiconque. Devant ces déchaînements et l’effet des premières restrictions brutales aux libertés et à la propriété, des réactions se manifestent de partout.

La première réaction est scientifique : la modélisation qui permet de faire de la météo à 5 jours ne permet pas de prévoir le climat à 100 ans ! les modèles basés uniquement sur le CO2 n’expliquent rien. Les océans conduisent l’atmosphère et pas l’inverse. Les courbes de température moyenne ont dû être corrigées, certains modèles étant faux. La propagande des générateurs de panique climatique se fait avec des mensonges caractérisés (comme le film d’Al Gore). Ne ruinons pas les hommes pour des approximations intéressées. La mer est montée de 20 cm aux XIXe siècle. Il est prévu qu’elle monte de trente centimètres au XXIe siècle. Pas de panique. La température est actuellement sur un plateau. La science progresse grâce aux satellites et avec elle une meilleure analyse du rôle des nuages et des différentes rétroactions. Dans dix ou quinze ans on aura plus de certitudes. En attendant faisons attention à ne pas tuer les libertés et la prospérité !

La seconde réaction est celle des victimes des politiques extravagantes mises en place pour lutter contre le carbone et produire de l’énergie « propre ». Les Allemands découvrent que le cocktail « éoliennes + gaz russe » est un suicide. Les Européens découvrent les conséquences d’avoir fixé le coût unifié de l’énergie sur le coût marginal du gaz. Les Français découvrent qu’on aurait mieux fait de ne pas détruire notre filière nucléaire et que les ONG les ont conduits dans le mur. Les producteurs de voitures et les entreprises du bâtiment découvrent des contraintes terrifiantes qui risquent de détruire leurs entreprises. Les propriétaires sont soumis à une explosion des contraintes et de frais non corrélés à l’évolution de leurs revenus. La France se trouve confrontée à l’inflation, à la crise du bâtiment, aux déficits extérieurs, à l’endettement massif et n’a aucun moyen de réagir, étant déjà le leader mondial de la fiscalité.

Le contraste entre théories scientifiques sur le climat encore très incertaines et discutables, ponctuées de controverses et des coûts ravageurs dès aujourd’hui qui risquent de devenir à court terme insupportables et à long terme mortel, force à réfléchir à une pause dans l’emballement.

La première mesure à prendre est d’organiser rapidement en France une conférence sur l’état de la science et une autre sur l’impact des mesures envisagées. On ne voit pas ce qui peut être contestable dans cette approche. On ne peut pas s’engager à fond de train et en chantant « youpi yop la boum ! » dans un processus menant à la disparition définitive de la prospérité alors que les bases scientifiques de l’efficacité de la décarbonation sont aussi incertaines.

Cercle des Economistes e-toile

Pourquoi les économistes doivent s'investir massivement sur la question écologique

Nous sommes parfois interrogés sur le nombre des articles concernant l’écologie sur ce blog, en général orientés contre certaines des idées dominantes auxquelles se soumettent les politiques.

La raison est simple : l’enjeu des erreurs d’appréciation éventuelles est absolument fondamental presque vital pour le futur de l’économie française. Compte tenu des coûts phénoménaux, de toutes natures,  des mesures engagées ou envisagées, elles  peuvent tuer l’économie du pays et le renvoyer au statut peu enviable de pays en voie de sous-développement.  

Pendant longtemps les affirmations du GIEC, couplées avec des évènements météorologiques de grande ampleur, associées à une pratique de communication basée sur la peur et l’urgence panique venue d’en haut, et relayées par les institutions internationales, ont été acceptées sans difficulté par les gouvernements et les opinions publiques.

Puis on est passé à une phase de panique quasi religieuse avec bannissement des athées écologiques traités en voyous et en criminels.

Depuis deux trois ans la résistance s’organise et constate les biais invraisemblables qui défont la crédibilité de la cause écologique telle qu’elle s’exprime majoritairement dans les médias.

Le biais politique est apparu lorsque les Verts qui s’étaient identifiés à la cause se sont révélé exclusivement intéressés par l’anticapitalisme, le Wokisme  et la disparition du patriarcat.

Le biais énergétique est devenu flagrant lorsque la détestation religieuse de l’énergie atomique, la moins carbonée, a laissé la France en risque de délestages répétés en hiver et avec un coût du MWh effarant et intolérable pour l’industrie comme pour les consommateurs.

Le biais national a alors surgi, toutes les décisions échappant au peuple français, apparemment privé définitivement sur le sujet de toute souveraineté.

Le biais économique  s’est fixé sur deux constats: le mensonge éhonté selon lequel la perte de productivité liée à la conversion énergétique créerait de l’emploi ; l’impossibilité financière de faire face raisonnablement aux interdictions et proscriptions annoncées à échéances courtes. 

Mais le pire biais révélé ces dernières années a été le biais scientifique. La science a été instrumentalisée dans des conditions de malhonnêteté détestables et les auteurs réservés sur certaines conclusions ont été maltraités de façon indigne. Le devoir des scientifiques était de chanter la chanson du GIEC, sinon, pour eux le destin était d’être marginalisé par la coercition sociale, l’injure, le placardage, la mise en pièces par des meutes dans la presse d’influence, et lynchés sur les réseaux sociaux.

Aujourd’hui, les deux thèmes critiques sont :

Les décisions ruineuses qui commencent à nuire radicalement à certaines catégories d’agents économiques.

La remise en cause scientifique du rôle du CO2 dans le réchauffement et la mécanique de ce réchauffement.

On voit désormais en France l’Académie des Sciences s’interroger sur la qualité scientifique des développements qui sous-tendent les mesures de décarbonation de l’économie.

Il ya trois ans, nous avons demandé que la France utilise ses institutions scientifiques spécialisées pour donner un avis motivé sur les annonces du GIEC.  Nous disposons de l’Institut Géographique du Globe qui examine la terre sous toutes ses coutures depuis des décennies. Pourquoi ne pas l'entendre ?

Au lieu dde faire cette démarche élémentaire nous devions constater que Allègre, longtemps  son Président avant de se lancer dans la politique,  avait été mis sur la touche dans des conditions ignominieuses avant d’être frappé d’un AVC qui n’est sans doute pas sans lien avec la séquence de vilipendage qu’il a subie.  Son adjoint Vincent Courtillot avait suivi sur le pilori.

Aujourd’hui ces attaques ignobles ne résistent pas aux travaux que l’IGG a persisté à mener en liaison avec d’autres organismes d’étude de la terre.

Quel était le travail de l’IGG ?  Comprendre les influences qui agissaient sur les différents constituants de la terre : le noyau était sa spécialité. Mais les mers, l’atmosphère, les conditions climatiques terrestres dans différents endroits du monde, restait le corps des études où la question de la température était critique et centrale avec une théorie dominante basée sur l’activité solaire et les conditions astrophysiques des déformations du système solaire (éloignements et rapprochements de la terre du soleil, changements dans l’axe de la terre, …). Toute l'histoire climatique de la terre était fondée sur le soleil. Partout !

La théorie du réchauffement par le CO2 est venue de nulle part télescoper des théories stables et partagées. Le soleil était bien l’acteur principal des évolutions climatiques et notamment des phases de réchauffement et de refroidissement. Alors pourquoi faire intervenir un intru dont l’influence est apparemment mineure ? Un tableau, basé sur l’analyse des cercles sur les coupes de troncs d’arbres a été mis en avant  qui montrait une rupture totale du cycle des températures avec une formidable accélération dans les cent dernières années. Greenpeace s’est précipité. L’économie créait du CO2 et le CO2 tuait la terre et l’urgence était là si on ne voulait pas cuire.

L’ennui, c’est que l’analyse par les cernes sur les sections de troncs a été revue et corrigée. Elle était faussée par deux erreurs majeures : les arbres s’adaptent aux changements climatiques et la corrélation avec la température se perd. Le choix des arbres est fondamental et les résultats changent de façon significative en fonction de la sélection faite. La densité du bois sur une sélection correcte d’arbres donnait des résultats bien meilleurs. Une fois cette correction faite, l’évolution de la température dans l’histoire et la période moderne redevenait congruente avec ce que donnait les autres modèles et ne montrait aucune accélération jamais vue ni même historiquement exceptionnelle. Du coup on n’avait plus besoin du CO2 pour expliquer l’évolution du climat. Toutes les études sérieuses ont montré que la quantité de CO2 était une fonction décalée du changement de la température de la mer. C’est la mer qui agit sur le CO2 dans l’atmosphère et pas l’inverse. Le CO2 joue un rôle mais très mineur dans les évolutions climatiques ! L’activité humaine joue un rôle dans le gonflement du CO2. L’influence est réelle sur le climat mais infinitésimale.

Pire encore, les moyens de connaissances des paramètres terrestres ont évolué de façon fantastique depuis que les satellites font des mesures. Malheureusement les séries sont encore trop courtes. Il faudra encore une dizaine d’années et des investissements solides pour comprendre parfaitement les interactions entre toutes les forces en causes. Mais dès maintenant les données accumulées montrent une décroissance lente mais continue de la température mondiale. Adieu l’urgence absolue !

En tout état de cause les modèles mathématiques basés exclusivement sur le CO2 sans aucune prise en compte des causes majeures connues depuis des lustres, sont des fantaisies qui donnent des résultats constamment sans valeur. Donnons un exemple : La science dit que l’activité de l’estomac est directement fonction de ce qu’on ingurgite. Et des études innombrables ont décrits et expliqué des tas de conséquences de ce qui est ingurgité. Imaginons qu’une force externe s’exerce tout d’un coup pour expliquer que l’activité de l’estomac est liée au CO2, qui joue sur la température et l’appétit. Et que quiconque s’oppose à cette nouvelle théorie est un ignoble individu arcbouté sur des théories obsolètes.  Il est tout à fait certain qu’on ne mange pas la même chose en été qu’en hiver. Le CO2 ayant une influence infinitésimale sur la chaleur et la chaleur une influence infinitésimale sur l’appétit, l’effet sur l’estomac sera probablement indétectable mais réel. De là à arrêter la médecine et les études précédentes sur l’estomac au nom de cette certitude ! Et à tuer le malade !

Du coup, toutes les autorités scientifiques sérieuses recommencent à prendre en compte la climatologie d’avant Greenpeace et le CO2.  Il n’est plus jugé farfelu de penser que d’ici dix ou vingt ans, on pourra trancher définitivement la nature du cycle de température actuel et les phénomènes majeurs qui l’alimentent.

Se ruiner pour des théories qui sont désormais considérées par la science comme peu significatives et même vulgairement trompeuses, sans pouvoir espérer aucun résultats autres que négligeables, devient une folie économique majeure.

Oui, les économistes doivent s’investir massivement contre la politique absurde de décarbonation urgente et quoi qu’il en coûte.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes "e-toile".

Jours de travail perdus à la SNCF

Les vrais chiffres

Le Figaro a fait paraître un intéressant article comptant le nombre de journées de travail perdues par la SNCF du fait d'une emprise excessive des syndicats gréviculteurs, encouragés par leur position stratégique pour la vie des Français.

Il s'agirait de 30 millions de jours perdus. C'est beaucoup ! C'est lamentable ? C'est inique d'accord !

Mais une fois de plus c'est regarder le problème par le petit bout de la lunette. Le vrai chiffre important est ailleurs et bien pire : la SNCF a traîné depuis 1947 un sureffectif perpétuel, dépassant pendant des décennies 300.000 salariés. Un drame national en même temps qu'une calamité pour l'entreprise.  Là le nombre de jours perdus pour l'économie française est de l'ordre de 3.000 millions, soit cent fois plus que les jours perdus par les grèves.

Le 1% était scandaleux. Mais les 99% ont été une longue honte qui a été nourrie par la totalité des gouvernements depuis 1947.

La Sncf a toujours fait l'objet d'un traitement de faveur qui continue. On risque de manquer d'électricité. Une manière d'éviter le pire serait de ralentir les TGV. Pas question ! Un TGV à 300 km/h, c'est 20 KWh par kilomètre. On évoque le chiffre de 10 millions de Km parcourus chaque année par les TGV. Il est assez facile de calculer la consommation d'énergie électrique. Sachant que revenir temporairement à 150 km/h diviserait la facture par 4, on vérifiera que l'économie est tout de même solide.

On pourrait aussi demander aux voitures électriques de rester au garage.

C'est curieux, on pense surtout à limiter la vitesse sur autoroute pour tous ceux qui ne roulent pas à l'électrique.

Les débats en France, sont toujours, un poil, biaisés. 99% de fantaisies bien construites imposées par les médias. 1% de vérité !

Bravo !

Deux chiffres à conserver en mémoire

La dernière réunion du GIEC a vu apparaître des estimations globales du coût de l'élimination mondiale des sources de CO2. Les chiffres sont variables mais convergent autour de 120.000.000.000.000 de dollars (cent vingt mille milliards), en imaginant une croissane zéro depuis 2023.

Nous mêmes avions calculé pour la France une dépense entre 4.000 et 6.000 milliards d'euros  pour les objectifs de 2035 et 12 à 14 mille milliards pour les objectifs de 2050. Là aussi avec stagnation du PIB.

Les pays non occidentaux expliquent que c'est l'Occident qui a créé le problème et doit payer pour la réparation des dommages. Les Européens n'ont été que trop heureux d'annoncer qu'ils paieraient.

La seule difficulté est dans cette réalité pénible : nous sommes absolument incapables de payer des sommes pareilles et l'effondrement économique provoqué serait tel qu'il est probable que nos régimes démocratiques n'y résisteraient pas. Douces perspectives !

Rappelons que la valeur ajoutée des entreprises françaises est d'environ 1.400 milliards d'euros par an  et la valeur de son capital tout compris d'environ 17.000 milliards d'euros.

Pour financer ces folies, rien que pour la France, sans parler de notre quote-part de financement des continents créanciers, la France devrait renoncer à 10 ans de production et de consommation en 35 ans, et quasiment y consacrer la totalité de son épargne accumulée.

En sachant que le maintien de la production de 1.4 mille milliards d'euros serait rapidement impossible, avec la réduction autoritaire des consommations et que notre balance commerciale et financière serait tellement déficitaire que personne ne voit comment faire face à de tels déficits.

Que celui qui croit ce scénario simplement possible lève le doigt.

Et  coupe les neufs autres en signe d'acceptation des sacrifices demandés aux autres  et de bonne volonté pour l'écologie religieuse.

Steven Koonin : « La part d’incertitude ». L’artilleur.

Ayant écrit constamment sur les questions écologiques et la « reductio ad stupidum » qui est désormais la caractéristique majeure du discours des médias dominants dans ce domaine, le livre de Steven Koonin m’a toujours apparu depuis sa parution en anglais comme une véritable bible, Lu après l’écriture de Réconcilier Écologie et Économie, j’étais à la fois soucieux des erreurs éventuellement commises et gourmands des analyses proposées sur des données non connues à l’époque de la rédaction. Tout ce que j’ai écrit est confirmé, ce qui est rafraîchissant.

Il ne faut pas se tromper sur la nature du livre de Steven Koonin. Ce n’est pas un livre polémique, ni de dénonciation, ni de prescription, indiquant le bien pensé et les actions efficaces à mettre en œuvre. C’est un livre qui vise à préciser sans parti pris l’état des connaissances scientifiques en climatologie, ce qui est sûr, ce qui faux, ce qui est à confirmer, ce qui est incertain, et tout le champ de ce qui reste à découvrir si on veut améliorer les moyens de cette science.

Alors disons-le : ce n’est pas un œuvre littéraire qui se lit de façon fluide et sans effort. La science peut être ardue et toutes les démonstrations ne sont pas immédiatement démonstratives. Il faut s’arrêter souvent, relire, réfléchir, et recommencer. Bien sûr c’est un travail de vulgarisation où toutes complexités ont été majoritairement contournées pour permettre l’accès au plus grand nombre. Mais cela reste un exercice ! La science, ce n’est pas simple.

Beaucoup seront tentés de sauter vite aux conclusions. Et elles bouleversent un peu le champ des idées infligées aux auditeurs des médias grand public. Résumons la thèse principale : les apocalypses, ni aujourd’hui ni plus tard. La hausse du niveau de la mer est si lente que les submersions catastrophiques souvent modélisées et illustrés de façon terrifiante par les émissions de télévision, ne sont pas un sujet, ni à court terme ni à moyen terme. Inondations et feux de forêts sont dans la norme et ont même tendance à décroître. La hausse de la chaleur est très difficile à mesurer et à prévoir, et les modèles utilisés sont souvent réglés artificiellement ou fragiles, soit par l’absence de données historique suffisante, soit par incertitude de connaissances, soit par construction.

Ayant rédigé une thèse de doctorat sur l’impossibilité de la prévision à long terme dans le domaine de l’économie, qui m’a valu des tas d’ennuis, je sais les limites de l’économétrie (souvent affublée du vocable de « déconométrie ») et des difficultés intrinsèques à tout modèle, dès lors qu’il est plurifactoriel avec des parts de rétroactions. Un ami a fait il y a bien longtemps un modèle à 70 variables avec un programme d’intelligence artificielle chargé de trouver les paramètres des constantes pour que la courbe résultat suive exactement la courbe historique. On aboutissait à des chiffres absurdes sur certains paramètres.

Le réchauffement a bien lieu. L’activité humaine y contribue, mais pour une part faible et de toute façon, les effets d’une réduction drastique des activités n’auraient pas d’impact important à court et moyen terme. Comme nous l’avons, nous-même, écrit, la conversion de l’économie à des pratiques moins polluantes est une affaire de long terme. Nous disions un marathon, pas un sprint. L’auteur emploie une autre formule : orthodontie et pas arrachage de dents.

Le livre n’est pas prescriptif. Il ne vise pas à définir un programme mais à fixer l’état des lieux des connaissances scientifiques en climatologie et éliminer les informations « bidon » cautionnées hélas parfois par des scientifiques « bien intentionnés ». « C’est faux mais cela va dans le bon sens ». Un travail nécessaire qui laisse aux hommes politiques le soin de construire une réponse sensée. On en est loin.

Pour tous les journalistes et les cadres politiques, comme pour les citoyens curieux de vérité, une lecture indispensable.

Didier Dufau pour le Cercle des « économistes e-toile ».

Bécassine et la méga bassine.

Sottise et contextualisation

Lorsqu’on examine les réclamations violentes portées par les mouvements autoproclamés de sauvegarde de la terre contre les méchants inconscients qui veulent la tuer et avec elle toutes les beautés animales de la création, on trouve toujours des prémisses acceptables, presque raisonnables. Mais dès qu’on creuse un peu, on entre dans le monde fantasmagorique de la bêtise délirante aux conséquences navrantes voire abominables.

Prenons le discours hostile aux « méga bassines », ces retenues d’eau destinées à l’agriculture. « Pourquoi devrait-on accepter que l’on crée à grands frais des retenues d’eau pour 12 agriculteurs qui n’en paieront rien, au mépris des zones naturelles qui seront gâchées et perdront une partie de leur diversité, 12 exploitants qui iront chercher l’eau dans les nappes phréatiques, qui est un bien commun qui devient rare, au détriment du reste de la population et tout cela pour fabriquer du maïs qui sert à l’élevage de vaches qui pètent et qui rotent, et produisent du méthane, le pire gaz à effets de serre, aggravant la crise climatique provoquée par l’homme en stimulant une surconsommation dommageable aux individus comme à la planète ».

Tout cela paraît plutôt raisonnable. La grande presse, toujours mobilisée pour servir le bien de l’humanité, a repris ce discours avec une bienveillance totale et répétitive, sans aucune discussion ni réserve.

Créer un écosystème fondé sur la subvention et pas sur la rentabilité est discutable.

Détruire des biens communs mal renouvelables, comme l’eau des nappes phréatiques pour des intérêts particuliers est discutable.

Investir tant d’argent public pour 12 personnes, c’est discutable.

Manger trop de viande est bien mauvais pour la santé, c’est indiscutable.

Il serait impossible de fournir de la viande à l’ensemble de la population mondiale si elle monte à 10 ou 12 milliards d’individus, c’est indiscutable.

On pourrait en rester là, empêcher de construire la bassine et partir se coucher, heureux et le cœur léger d’être aussi bon et conscientisé, dans un nid douillet en centre-ville !

Un détail reste à régler : pourquoi toutes les autorités de régulation ont-elles choisi après moult discussions et arbitrages de se lancer dans l’opération récemment contestée violemment et pourquoi s’apprêtent-elles à multiplier ces équipements ?

Là intervient le gros mot qui fait peur : contextualisation. Toute action s’inscrit dans un contexte. Ignorer le contexte interdit de comprendre (cum prehendere) la situation et des évidences peuvent alors devenir des sottises éhontées, source de comportements ignominieux.

Considération n° 1 : L’Union européenne est la première puissance agricole mondiale. En 2019, la production agricole du continent représente environ 418 milliards d’euros, selon un rapport de la Commission européenne. L’État y contribuant le plus est la France (18 % du total de l’UE), suivie de l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, les Pays-Bas, la Pologne et la Roumanie. Ensemble, ces sept États membres représentent plus des trois quarts de la production agricole totale de l’UE.

L’agriculture est donc un secteur stratégique pour l’Europe et pour la France. Attention !

Considération 2 : Céréales, produits laitiers, bovins vivants, sucre, les grands postes d'exportation ont régressé face à une production étrangère qui progresse en qualité et volume. Pour la première fois depuis la guerre, le solde des échanges agroalimentaires de la France avec le reste de l’Union européenne est devenu négatif, selon l’Inra. Avec 38,1 milliards d’euros d’exportation (21,7 milliards hors UE) en 2018, l’hexagone est parvenu à un plateau (+2 % depuis 2011) alors que les importations en provenance des pays voisins ont progressé de 24 % (38,4 milliards d’euros).

La France perd des parts de marché agricole et sa compétitivité internationale baisse. Attention !

Considération 3 : Depuis 1950, la surface agricole utilisée (SAU) de la France recule (- 17 %). Le nombre de paysans est passé de 1 400 000 à 400.0000 entre 1960 et aujourd’hui. Dans les 20 dernières années le recul de la population vivant de l’agriculture a été de 50 %. La désertification de régions entières est devenue préoccupante. Pour conserver un revenu comparable à celui des urbains, les agriculteurs sont obligés à un double mouvement : étendre la taille des exploitations et devenir plus productifs. Les femmes ont largement déserté les campagnes et l’âge moyen des exploitants est de 50 ans. À chaque décès, la propriété se concentre. À horizon court, près de la moitié des exploitants va disparaître et le remplacement n’est pas acquis.

Les 12 agriculteurs seront 6 en 2040, 3 en 2060, 2 en 2 080 et 1 en 2100, horizon bien connu des écologistes du Giec. Ou zéro à court terme si on ne laisse pas un chemin d’augmentation de revenu aux exploitants. En vérité, l’évolution est plus compliquée que cela : l’exploitation familiale est remplacée par des entreprises qui embauchent des salariés permanents ou saisonniers. Le nombre des salariés agricoles baisse beaucoup moins que celui des exploitants familiaux. Le culte du paysan familial, petit exploitant sacré et protégé par les juges et le régime quasi communiste mis en place à la Libération est une foutaise. La ferme où l’auteur de ses lignes allait dans les années cinquante possédait trois hectares dans des zones difficiles, 2 chevaux de trait et 10 vaches. Les trois champs sont en jachère, les vaches et les chevaux ont disparu et la ferme est devenue une part de lotissement. En 10 ans la taille d’une exploitation moyenne est passée 55 à 69 hectares. En 2050, on sera sans doute à 100 hectares gérés par une entreprise ou un ou groupement quelconque. En 2100, l’exploitation de moins de 200 hectares sera l’exception.

Considération 4 : 450 milliards de m3 d’eau pleuvent sur la France en un an dont 10 % environ sont prélevés. Une retenue d’eau comme celle qui est contestée à Sainte Soline contient 627 868 m3. On peut penser qu’environ 200 retenues d’eau de ce genre seront mises en place en France dans les 5 années à venir, qui concerneraient 140 millions de m3 soit 0,3 % de la ressource pluviométrique annuelle. C’est minuscule. Si les retenues n’existaient pas il faudrait prendre tout dans la nappe phréatique ! Ou arrêter l’exploitation.

Considération 5 : la construction de retenues d’eau est acceptée en contrepartie de nombreuses conditions portant à la fois sur les aménagements complémentaires et les conditions de l’exploitation, afin d’obtenir des produits plus sains en abîmant moins le territoire agricole et les environs.

Résumons-nous : l’agriculture est un des gros actifs européens et français. Ce trésor s’érode et en France il est menacé par une mauvaise compétitivité, l’exode rural, et la prolétarisation de l’exploitation familiale traditionnelle. Dans ce contexte, il devient nécessaire d’organiser une gestion de la propriété et de l’utilisation des ressources différente du modèle historique, avec des entreprises agricoles de grandes tailles garantissant le revenu des acteurs, des moyens productifs et une meilleure récupération des eaux pluviales. Sinon, c’est l’effondrement d’une activité nationale stratégique et la généralisation de zones agricoles prolétarisés et désertées. Une meilleure capture de l’eau de pluie est indispensable en temps de réchauffement climatique, en même temps qu’une amélioration des pratiques.

Une politique de retenue d’eau est donc raisonnable et ses inconvénients pratiquement nuls. Ne pas le faire serait une catastrophe qui ruinerait un peu plus le pays sans raison valable. Toutes les filières agricoles ont leur intérêt et doivent être renforcées le plus possible.

La contextualisation permet de recentrer les débats sur les questions fondamentales. Ce qui, à vue de nez était de l’ordre de la réflexion légitime, avec une vision plus large, devient une option désastreuse à éviter absolument. Quand, de surcroît, ces sottises sont exprimées avec des violences inacceptables et provoquent des blessés et des dégâts, on entre dans le monde de l’ignominie anti démocratique et la haine des Savonarole, exploitée par des mouvances anticapitalistes d’extrême-gauche, hostiles à la liberté et à la prospérité, qui reprennent à leur compte l’action des troïkas lancées par Staline contre le monde paysan. Rappelons qu’entre 1929 et 1934, ces salopards ont tué environ 10 millions de paysans et ruiné l’agriculture de l’Ukraine et de la Russie pour 75 ans. Le régime communiste est tombé : l’agriculture est redevenue triomphante.

On part d’un meilleur régime alimentaire avec moins de protéines animales et le respect des grenouilles et des vers de terre, et on en revient à l’histoire du pire génocide du XXe siècle !

C’est tout le problème écolo : on passe de Greenpeace et la prétendue défense globale du bien de l’humanité à EELV et l’extrême gauche anti capitaliste, révolutionnaire et violente, en trompant Bécassine qui ne sait pas trop reconnaître des mégas fascistes de la plus belle eau !

Reprenons en chœur : « Bécassine c’est ma copine. Elle en veut, des mégas bassines ! »

Monnaie : une erreur qui devient agaçante !

Les professeurs universitaires d’économie ont toujours eu du mal avec la monnaie. Jusqu’à l’écœurement, ils répètent depuis des lustres qu’avant la monnaie, il y avait le troc et ses incroyables limitations. Et soudain la monnaie parut et Aristote la codifia ! On est alors entré dans le monde merveilleux de l’économie triomphante.

Tout cela est totalement faux. L’organisation économique et sociale antérieure à l’apparition de la monnaie est basée non pas sur le troc mais l’affectation autoritaire des rôles et la compensation. Pas sur le troc, même s’il y a du troc. L’énergie : l’esclavage. La paysannerie : le servage. La religion et les armées dirigent. Les sociétés primitives sont basées essentiellement sur une répartition des rôles autoritaires et la force des religions. La mortinatalité serait considérée aujourd’hui comme un fléau intolérable, ce qui pousse à organiser la reproduction de façon intensive et à protéger le gynécée. La durée de vie moyenne hors mortinatalité est de 30 à 40 ans selon les régions. On ne fait pas de vieux os et la mort est omniprésente, donc les Dieux qu’il s’agit d’amadouer et le clergé qu’il s’agit de faire vivre. La liberté dans toutes les sociétés ou primitives ou antiques est une notion peu opérationnelle. On est ce qu’on naît, sauf accident brutal de la vie et il y a beaucoup d’accidents.

Le troc est tout à fait minime dans ces sociétés. Les soldats se rémunèrent sur les rapines et les razzias ou carrément sur les pillages. Il faut donc des guerres fréquentes. Ce sont les guerres qui changent les rapports de force. Les biens sont rares. Il est facile de définir des abaques, c’est-à-dire des ratios d’échange. Elles n’ont pas nécessairement un rôle économique : elles servent à régler les questions religieuses et de justice d’abord. Tout se payant en nature, il faut étalonner la valeur avec des échelles d’équivalence. Un canard vaut deux poulets depuis des temps immémoriaux. Le bœuf est une référence étalon. La sanction judiciaire et l’offrande sont codifiées. On sacrifiera un bœuf ou un mouton ou n’importe quel animal, mais pas n’importe comment. La religion pousse à l’abaque, comme la justice qui est basée sur la compensation : on se libère en donnant des biens dont la hiérarchie de valeur doit être établie. Ce n’est pas simple et cela concerne tout ce qu’on a sous la main. On peut payer en esclave et en jeune fille pubère. Ce qui s’échange sur des marchés, ce sont les surplus des réquisitions obligatoires et des nécessités de la vie quotidienne. Les rapports de valeur sont largement fixés par les autorités ou la coutume, et généralement, ils bougent très peu, sauf en cas de guerre et d’épidémie.

La seule disruption dans ces routines vient de ce qu’on pourrait appeler les échanges internationaux. Mais tous les peuples qui ont dominé ces activités liées en général au transport et ses investissements très lourds, n’ont pas eu besoin de la monnaie pour travailler pendant des siècles. Le nombre de produits concernés était très faible et il fallait des sécurités que seul le prince pouvait fournir. Les peuples soumis doivent payer tribut et se libérer de leurs dettes, comme les autres, en nature. L’artisanat et le développement d’une bourgeoisie urbaine étaient une autre source de sortie des mécanismes ancestraux. Mais là encore, la richesse étant terrienne, et entre les mains du clergé et des princes tout était codifié et relativement stable.

On comprendra que dans ces conditions il était peu probable que l’innovation monétaire se fasse à la base, sur les marchés. Et tel n’a pas été le cas. La monnaie est née au confluent de la ritualité funéraire et des besoins de la rémunération des soldats. Elle a ensuite révolutionné la justice. On est dans le 100 % régalien et aucunement dans le commercial ! Elle se répandra par la soldatesque et les prostituées autour… des temples. Elle va provoquer des conséquences d’abord sur les sacrifices. Il devient inutile de tuer des bêtes ou de sacrifier des humains, en général des jeunes femmes vierges. Elle ne pourra véritablement jouer un rôle économique que lorsque la liberté prendra son effort. D’où les deux expressions : l’or est le sang des dieux, marquant le caractère religieux des symboles et le sommet dans la valeur ; la monnaie est de la liberté frappée, marquant que sans liberté elle n’a pas de rôle indispensable.

Lors d’une longue conversation avec un des conservateurs du musée numismatique de Berlin, il y a bien des années, la question qui nous agitait concernait les petites billes d’or qui servaient à une multitude de cérémonies sacrées, en Égypte et dans tout l’est de la Méditerranée. Par exemple, on mettait en Égypte dans le tombeau des princesses des tenues avec de nombreuses billes d’or. La tradition de la petite billette d’or dans la bouche des défunts était également généralisée notamment dans l’environnement dominé par les Grecs. L’observation montre que ces billettes étaient relativement codifiées. Leur poids évolue dans des limites assez strictes

L’or comme l’argent ne circulent pas dans la vie courante. Leur valeur est beaucoup trop grande par rapport au revenu moyen. Seuls les princes en possèdent et momentanément les artisans qui les transforment. Ils ne servent que dans les grandes occasions.

Lorsqu’en Lycie, lieu de la rivière aurifère Pactole au temps de Crésus, tous noms devenus des symboles encore utilisés aujourd’hui, on s’avise de prendre ces petites billettes d’or et de les presser en leur donnant une valeur constante et officielle par le grammage d’or, ce n’est pas pour améliorer le commerce et dynamiser les marchés. D’abord on a l’habitude de créer ces billettes quasi normalisées qui sont expédiées un peu partout dans le monde méditerranéen. Les sceaux on connaît. Presser la billette et y mettre un sceau n’est pas un saut technique phénoménal, même si le résultat le sera. La monnaie ne naît pas sur une place de marché mais dans une contrée riche en or et diffusant ce métal dans un but religieux en général sous forme de perle d’or relativement standardisée.

Le but est de rassembler des troupes pour battre le voisin du nord est qui est de plus en plus embarrassant. Donner une pièce d’or peut attirer les mercenaires. La pièce en électrum, un alliage permettant de durcir l’or, ne va pas rester thésaurisée par les soldats, on s’en doute, avec les conséquences qu’on a signalées sur le type et les lieux de la dépense principale.

Le royaume de Lycie perdra sa guerre et sera dissous. La pièce restera, d’abord comme moyen des états, si ce vocable s’applique bien aux pouvoirs de l’époque et surtout deviendra fondamentales dans deux domaines fondamentaux : la justice et la religion. Désormais on peut éteindre ses dettes avec de la monnaie, ce qui est beaucoup plus commode qu’en cédant des biens ou des enfants, ou en sacrifiant du bétail. C’est une révolution qui permet de réécrire tous les codes.

Et le commerce dans tout cela ? Il va se saisir de l’innovation en fonction de la place de la liberté dans la société. Il faudra plusieurs siècles avant que l’usage ne devienne général. À Athènes il faut deux cents ans pour que l’affaire se consolide. Mais à Sparte on se moque de « ces pédés d’Athéniens et leur monnaie ». On y considère la finance, les gains sur la spéculation permis par la monnaie, comme une licence. Une des activités qui résistera le plus longtemps est le commerce international. Les Phéniciens mettront quatre cents ans avant d’utiliser la monnaie.

Une fois le mouvement installé, il emportera tout et permettra l’émergence du capitalisme, tout en faussant les perspectives. La monnaie, toujours principalement régalienne, sera confondue avec la richesse. Il faudra les physiocrates et les premiers économistes classiques pour bien faire comprendre que la richesse est d’abord la production qui permet la consommation.

On voit aujourd’hui qu’un pays comme la France a fini par payer presque tout le monde pendant la crise du Cvoid avec de la monnaie administrative sans quasiment aucune production. La monnaie est restée régalienne et permet en apparence toutes les folies bureaucratiques. Et la promotion sur une base quasi religieuse de l’« écologie » a fait perdre de vue que la richesse réelle était l’énergie et la production.

On revient tranquillement à une forme de société basée sur la contrainte et la répartition, avec restriction des libertés. Bienvenue dans la nouvelle protohistoire, où le sacrifice aux Dieux était la base de la vie intellectuelle et la rémunération du clergé sous la protection de l’armée la forme la plus achevée de l’organisation sociale. On y aura plus besoin de monnaie, seulement des tickets de rationnement.

À Carthage, lors des sécheresses, les élites offraient leur fille adolescente et vierge naturellement au sacrifice rituel. Il fallait amadouer le Dieu Baal. Cela ne changeait pas grand-chose à la pluviométrie mais cela permettait de calmer la volonté de vengeance sur les élites de la populace affamée.

Là on offre en holocauste au Dieu climat la prospérité générale, sans aucun sacrifice des élites politiques qui elles se gobergent sans limite. On a gardé l’idée sacrificielle des Carthaginois mais sans que les élites ne paient le prix. La distribution de monnaies à toutes les clientèles semble être suffisante. Les libertés fondent avec la valeur de la monnaie et les passes-énergétiques.

Une fois de plus l’histoire nous administre la preuve que la monnaie légale est une affaire plus régalienne que marchande. Ce qui n’est pas sans conséquence sur l’appréciation du phénomène et la manière d’appréhender son avenir, surtout avec les perspectives ouvertes par la numérisation et la déconnexion totale de la création de monnaie du processus de production et l’ampleur de la thésaurisation associée.

 

Didier Dufau pour le cercle des « économistes e-toile »

Couple franco-allemand et dysfonctionnement de l’Euro

L’Allemagne vaincue, déshonorée, ruinée et coupée en deux de 1945 n’est plus depuis longtemps. Sous l’influence de Keynes, l’habitude qui était de se servir sur le dos du vaincu pour se rembourser des dommages commis par l’ennemi ne s’est pas appliquée. Les dettes allemandes ont été réduites et étalées pour ne pas faire de mal à la reconstruction du pays. Les Allemands de l’Ouest ont joué, comme les vaincus japonais, la carte du commerce et de la production, en s’appuyant massivement sur les Américains. Ne plus avoir de frais militaires, qui sont un fardeau économique lourd, était un avantage crucial. La stratégie a été mercantiliste dès les premiers gouvernements allemands d’après-guerre. Sans en faire une théorie publique.

Les dirigeants allemands ont accepté la perspective que lui offrait la « construction de l’Europe », parce qu’elle lui permettait de sortir de l’indignité qu’avait été le régime nazi génocidaire. Tout a marché parfaitement bien tant qu’on n’était en régime de changes fixes et ajustables. On réévaluait le Mark de temps à autre tout en conservant une forte productivité associée à un accord tacite entre classe ouvrière et patronat.

Deux ruptures à caractère géopolitique, la fin du régime de Bretton Woods et l’effondrement de l’Union Soviétique allaient changer radicalement la donne.

Sa politique mercantiliste sous changes fixes lui permettait d’accumuler des capitaux, de disposer de taux d’intérêt bas, et un change élevé réduisait le coût des importations. C’était bon pour le plein-emploi et pour une croissance solide et pérenne. Certes l’obligation de maintenir l’équilibre des changes lui imposait des revalorisations monétaires, mais contrôlées et assez faciles à absorber, compte tenu du laxisme de la gestion de ses concurrents. Le passage aux changes flottants allait avoir deux conséquences fâcheuses pour l’Allemagne. La première c’est l’effondrement du cours de change du dollar, alors qu’elle accumulait prioritairement des dollars. Ses réserves sont durement dévaluées et son système bancaire, très fragile, souffre. Personne ne se souvient que l’Allemagne au tournant des années quatre-vingt est « l’homme malade » de l’économie européenne.

Le coût du pétrole s’est envolé. L’énergie devient chère alors qu’elle est absolument nécessaire pour faire tourner l’industrie allemande. C’est à partir de cette date que l’Allemagne commence à regarder vers l’est et à entretenir des relations suivies avec l’URSS, commerciales mais aussi financières, à un moment où le modèle soviétique vacille et a besoin de cash. Gorbatchev arrive et il sera l’objet de tous les soins de l’Allemagne qui gagne le gros lot de la réunification allemande. L’Allemagne redevient la puissance dominante en Europe, simplement pour des effets de taille, sous tutelle américaine pour tout sauf pour le commerce et l’énergie.

On aime raconter en France que F. Mitterrand, inquiet de la réunification allemande, l’a accepté en contrepartie du sacrifice par l’Allemagne de sa monnaie. La monnaie unique était déjà l’obsession française dès 1982-1983. Et dès le traité de Lahaye, signé par G. Pompidou en 1969, l’idée d’une monnaie européenne était annoncée et les plans en ce sens se sont succédé. L’Allemagne a toujours été non seulement d’accord mais active en ce sens. Pourquoi ? La monnaie unique serait nécessairement moins forte que le Mark et permettrait donc d’avoir un avantage compétitif dans le commerce mondial. Mais il enchérirait l’énergie. Il fallait donc trouver des accords avec des fournisseurs pas trop exigeants. Et il était nécessaire de changer le système social pour éviter une croissance des coûts internes. Ce sera le plan Schroeder. Surtout depuis qu’on avait accepté que la Chine entre à l’OMS. L’Allemagne pourrait vendre dans l’immense territoire chinois mais son industrie mécanique devait rester hypercompétitive.

En dépit des coûts de la réunification, l’Allemagne devient alors le poumon économique hégémonique de l’Europe, accumulant les excédents, finançant tout et n’importe quoi en Europe, notamment en Grèce et en Espagne, exploitant les ex-pays de l’est pour leur main-d’œuvre, qui compense leur effondrement démographique. La BCE est une machine allemande où 80 % du trafic financier et monétaire concerne l’Allemagne. L’union européenne agira comme un agent de recouvrement pour l’Allemagne quand la crise de 2008 mettra par terre les économies espagnole et grecque. Sans pitié.

Sur le plan diplomatique elle retrouve son influence. C’est elle qui fait pencher la balance en faveur de la Croatie quasi-protectorat de toujours et fait frapper la Serbie, un ennemi de toujours.

Lorsqu’après Fukushima elle abandonne l’énergie nucléaire, ce n’est pas seulement pour répondre à la pression des Grünen. Le gaz russe est là et il n’est pas cher. La Russie a d’énormes réserves d’à peu près tout ce dont l’Allemagne a besoin pour maintenir sa domination industrielle et commerciale. Alors youpee ! Schroeder entre au Board de la plus grosse société de domaine de l’énergie russe. Un symbole.

Elle a besoin de main-d’œuvre. Elle ouvre les vannes de l’immigration intra-européenne, mais aussi extra-européenne, turque, syrienne et africaine et laisse le Wokisme pénétrer par toutes les ouvertures.

Ainsi calée, l’Allemagne a pu surmonter la crise de 2008.

Le modèle allait devenir en porte à faux avec la guerre en Ukraine, la privation du gaz russe, et la prudence revenue vis-à-vis du commerce avec des dictatures, sapant les bases du mercantilisme allemand.

Dans tout cela que représentait le « couple franco-allemand ». Pratiquement rien. L’Allemagne a mené sa politique sans avoir réellement besoin de la France jusqu’à la réunification et en s’en moquant ouvertement après la réunification.

Tant que l’ignominie nazie pesait sur son image, il lui a fallu faire des génuflexions. Mais pas trop prononcées tout de même. Le général de Gaulle lui-même allait connaître une forte désillusion Sa politique de réconciliation était très bénéfique pour l’Allemagne, Le Général en contrepartie voulait que la France soit le cavalier et l’Allemagne le bourrin. Il n’y arrivera pas. Giscard né en Allemagne voulait quasiment l’effacement de la France dans une Europe fédérale dominée économiquement par l’Allemagne et où la France aurait le primat diplomatique. Ces billevesées seront anéanties avec le sourire par l’Allemagne. On a vu que Kohl acceptera une photo symbolique à Verdun main dans la main avec Mitterrand. Le petit mec avec le grand costaud. Un symbole. Tous les puceaux mystiques français se sont exaltés. Les Allemands ont eux obtenu leur réunification peu après.

Le couple franco-allemand est une idée européiste et française pas allemande. Les Allemands considèrent qu’ils n’ont pas besoin de la France, désormais même pas sur un plan symbolique.

L’idéologie fédérale européenne a besoin du couple franco-allemand. Si la France et l’Allemagne ne parviennent pas à s’entendre alors toute l’opération perd son sens. Les trois guerres franco-allemandes suffisent à justifier que « l’Europe c’est la paix » mais à condition que l’entente franco-allemande soit étroite. L’idée des comités pour l’Europe fédérale a été d’abord de mettre en commun des éléments de discorde possible, avec la CECA, puis Euratom puis le marché commun. Tout cela valait pour l’Europe des six avec une Allemagne coupée en deux dont une seule partie participait. Avec une Allemagne réunifiée la chose prenait mauvaise figure, alors on a intégré tous les pays possibles afin de noyer un peu la puissance allemande. Mais une décision cruciale a été prise : accepter que la taille respective des pays serve de jauge pour les postes à l’Assemblée européenne. L’ennui, c’est qu’il y a 84 millions d’habitants en Allemagne contre 67 en France. L’égalité du couple a été brisée. La voix de la France est devenue faible dans les institutions européennes, avec abandon de facto du français comme langue d’usage.

Pendant que les européistes français criaient « Europe, Europe, Europe », comme un cabri, tout en glorifiant le couple franco-Allemand, les Allemands laissaient dire, prenaient le pouvoir économique et dominaient l’Europe centrale, tout en maintenant leur politique mercantiliste, en en continuant à accumuler des réserves qui lui ont permis de racheter à peu près toutes les entreprises intéressantes en Europe et en particulier en France. Sans que jamais personne ne puisse faire passer un message dénonçant cette folie.

Dire que nous avons eu le rôle du cocu dans cette affaire, est peu dire !

Dès la prise du pouvoir par l’Enarchie, à partir du couple Giscard-Chirac, avec une litanie de dirigeants fonctionnaires de gauche, Fabius, Rocard, Jospin, Villepin, Hollande, Macron, Castex, Borne, l’option choisie au sein de cette petite élite sera l’immigration pour tenter de rattraper les effectifs allemands, la fiscalité démentielle qui fera de la France le premier pays au monde pour les impôts et les prélèvements, la disparition de l’industrie remplacée par la bureaucratie, un secteur social pléthorique, et les mesures de réduction du travail outrancières (35 heures et retraite précoce). Avec des déficits colossaux, un endettement massif et l’américanisation quasi-totale de la société, le Français étant laissé à l’abandon.

Macron est évidemment le symbole de cette folie. Nous avons les déficits commerciaux les pires de notre histoire et une dette abyssale avec un chômage structurel plus haut qu’ailleurs et une industrie lessivée !

Inutile de dire que cette situation pèse plus que les discours grotesques à la Sorbonne ou sur la Pnyka. Pour les Allemands la France est devenue un nain vaniteux et un gestionnaire méprisable, avec son président qui gazouille et qui papouille en se mettant à dos et les Italiens, et les Belges, et les Hollandais, et les Autrichiens, et les Polonais, et les Tchèques, et les Danois, etc. Cause toujours mon lapinou gaulois et laisse les gens sérieux faire ce qu’ils ont à faire. La mal gouvernance française est symbolisée par la présidence de Macron et par la direction catastrophique des capitales régionales par des monstres d’imbécillité qui tuent l’image de la France, et la marginalise dans le camp des pays en décrépitude rapide.

Les Britanniques ont rapidement compris qu’il n’avait rien à gagner dans une Europe allemande, cassant définitivement la dynamique européiste.

Il n’y a pas, il n’y a jamais eu de couple franco-allemand, mais une politique allemande profitant du côté « puceau mystique » de certains dirigeants français.

Aujourd’hui la situation est limpide. Le modèle allemand est pris au piège. Sa politique énergétique entièrement basée sur les éoliennes et le gaz russe, un couple tragique, s’effondre avec un risque terrible de voir rapidement son industrie asphyxiée par les prix du MWh et l’absence d’énergie disponible, notamment de gaz. Situation insupportable qui impose une politique très forte.

Que faire ? C’est tout simple : utiliser les énormes excédents monétaires accumulés par mercantilisme systématique, avec rançonnement financier des pays d’Europe, tous en déficit vis-à-vis de l’Allemagne, pour protéger l’industrie allemande et elle seule. Faire cavalier seul, c’est l’habitude de l’Allemagne en toute impudence et en toutes circonstances depuis la réunification.

Le choc des 200 milliards mis sur la table par l’Allemagne pour elle-même, sans une seconde de considération pour ses partenaires européens, est un énorme pavé dans la mare des illusions européistes et de la doctrine du couple franco-allemand base du fonctionnement de l’UE.

Ce choc est aggravé d’une part par l’annonce que l’Allemagne entend recréer l’armée la plus puissante d’Europe en se fournissant uniquement chez les Américains et après avoir tenté de mettre la main sur tout le complexe militaro-industriel français, répétant la manœuvre faite avec Airbus.

La France pour l’Allemagne est dirigée par un freluquet dérisoire, d’une naïveté confondante, et qui n’aime que parler dans le vide, sans action concrète dans quelque domaine que ce soit. Cela lui a permis d’obtenir la destruction d’EDF et la mise en danger de l’industrie nucléaire française qui donnait un avantage compétitif à la France, avec ce marché européen fou de l’énergie basé sur le coût marginal du gaz allemand. L’Allemagne ne veut pas du nucléaire français peu cher à côté de ses frais énergétiques devenus terrifiants depuis le blocage des approvisionnements russes. Les discussions sur la « taxonomie » des énergies « vertes » ont été un combat pour la sauvegarde du modèle français menacé de destruction par l’Allemagne et l’Europe. Il n’est pas terminé.

Le projet d’Emmanuel Macron d’abandonner la politique étrangère à la majorité des pays européens, totalement atlantiste et entre les mains des Américains, d’y ajouter le siège de la France aux Etats-Unis, la privant de son droit de véto, et de passer à l’élection au suffrage universel de tous les pays de l’Union marque une volonté de faire disparaître à peu près totalement la France du concert international.

Les Européistes affirment : en créant un vrai fédéralisme en Europe, la puissance allemande sera intégrée et maîtrisée dans les mécanismes fédéraux. C’est le moment de faire le grand saut.

On retrouve toute la force d’illusion qui mène le projet européen depuis le début. Notons au passage que le dysfonctionnement radical de l’Euro qui consiste à laisser l’Allemagne et deux autres pays à accumuler des stocks de devises, n’a jamais été dénoncé sinon par nous-mêmes, au Cercle des économistes e-toile. Il nous offre une démonstration formidable de sa nocivité avec ce plan de remploi des excédents par l’Allemagne pour son seul intérêt. Tout le monde a accepté une situation anormale sans rien dire et voit aujourd’hui que l’anomalie est sérieuse. Nous avions proposé de taxer les excédents avec une échelle progressive. L’aurions-nous fait que l’Allemagne serait aujourd’hui dans la nécessité de jouer collectif. Les mauvaises institutions sont toujours à la source de catastrophes.

Reste à savoir ce qui peut être fait aujourd’hui pour éviter que l’Allemagne ne devienne un problème européen encore plus grave. Seul un redressement forcené de la France semble pouvoir donner un début de solution. On n’en prend pas le chemin.

PS : Renaud Girard est un des journalistes de la PQN les plus favorables au « couple franco-allemand ». Il est intéressant de lire son article du jour (25 octobre 2022). Il constate que l’Allemagne a désormais changé de logiciel et choisi de devenir un géant politique en accord avec sa place de « puissance dominante en Europe », label donné par Washington, avec une première technologique militaire, le projet Européen sky shield décidé sans informer la France, comme bien d’autres initiatives. Après avoir souligné les liens privilégiés entre Giscard et Schmid, Mitterrand et Kohl, Chirac et Shrôder, il voit que les Allemands n’arrivent pas, depuis Merkel, à prendre les dirigeants français au sérieux. Il pense que c’est à cause des Français. Pour nous, La réunification est la vraie raison et cela dure depuis plus de trente ans maintenant ! Sa conclusion : que la France soit belle et elle pourra aller au bal avec le cousin germanique. On peut penser que c’est un peu juste. On a quitté le monde de la séduction, il y a bien longtemps. L’Allemagne avait besoin de la France pour se dédouaner des crimes hitlériens commis avec le soutien général du peuple allemand. Tout cela est de l’histoire ancienne. On revient aux constantes géopolitiques : L’Allemagne assure désormais sa tutelle sur toute la Mittel Europa. En ménageant la Russie.

La France ?

« verdammt französisch »

Didier Dufau pour le cercle des « économistes e-toile ».

L’option problématique du tout électrique

En matière d’énergie, toute l’histoire de l’humanité est marquée par l’exploitation simultanée de nouvelles formes d’énergie. La croissance économique est entièrement corrélée à la disposition d’énergie et à son coût. Énergie abondante et peu coûteuse ? Croissance. Énergie rare et coûteuse ? Décroissance. Cette réalité est indiscutable. C’est une loi fondamentale de notre condition humaine.

Lorsque la production de pétrole a été cartellisée et que son prix est devenu le fruit d’un racket, l’économie mondiale est entrée dans une ère de croissance ralentie. Pour les pays qui comme la France n’ont pas de pétrole et peu de gaz, la situation est devenue critique. Le réflexe a été de construire une industrie nucléaire importante. En fait trop importante. Il fallait caler la ressource sur la pointe de consommation, ce qui veut dire de longues plages de surcapacités inutilisées. Alors, principalement sous Giscard, on a poussé à une certaine surconsommation électrique dans les transports et dans le bâtiment. Bien sûr le but était de limiter le recours aux énergies importées, en réduisant le chauffage au fuel d'un côté et les coûts en kérosène du transport aérien en poussant le transport rapides alternatif, le TGV.

Le chauffage par le sol et la très haute vitesse des trains, après la disparition des locomotives utilisant charbon et diesel, ont été des sources d’utilisation massive d’énergie électrique, tournant au gaspillage. Mais cela créait un fond de consommation constant de jour comme de nuit, favorable à l’amortissement des centrales nucléaires. L’excès de production offrait également des possibilités d’exportation des excédents. Moins d’importations, plus d’exportations, une indépendance nationale renforcée et une énergie pas chère, le pari n’était pas pascalien. On pouvait annoncer qu’il serait gagnant et il l’a été. Si la désindustrialisation a eu lieu, l’énergie n’est pas en cause mais les politiques menées en France, (dont le Cercle des Économistes e-toile a dénoncé dès sa création les effets délétères).

La France s’est retrouvée au début des années quatre-vingt avec une industrie nucléaire légèrement surdimensionnée avec des secteurs poussés à une haute consommation. Mais on savait que le développement de l’informatique comme on disait alors, du numérique, comme on dit maintenant, ainsi que la généralisation de l’équipement de maison, allait exiger de plus en plus d’électricité. La surcapacité n’était que temporaire et offrait un prix compétitif qui serait de toute façon favorable à la croissance.

Il serait faux de penser que les considérations écologiques n’aient pas eu d’influence dans les années soixante-dix. C’est à ce moment qu’on crée le premier ministère de l’environnement. Les normes de construction neuves sont toutes revues pour obtenir une meilleure isolation. Les industries sont chassées de la capitale par la Datar et envoyées en province. Ce qui impliquait plus de transports… mais la polluion urbaine pouvait baisser drastiquement.

Lorsque le « programme commun » est mis en place qui va ruiner le pays, la situation énergétique de la France est presque excellente. Quelles sont les réserves ?

Le coût du TGV, en termes d’infrastructures, est colossal et impossible à amortir, sauf sur un minuscule tronçon entre Paris et Lyon. Le transport de marchandises par la SNCF est progressivement abandonné. La mentalité, les statuts et les sureffectifs sont tels que les énormes déficits s’enchaînent depuis la création de la SNCF. Mais le TGV n’arrange rien. Une ligne TGV comme Paris Strasbourg est structurellement déficitaire et la recette comptée nette est négative et ne permet même pas d’envisager d’amortir les frais colossaux de la création et de l’entretien de la ligne qui, après l’effondrement des industries lorraines, traverse un quasi désert économique.

Dans l’immobilier le chauffage par le sol est rapidement arrêté, mais on oublie de mettre en œuvre une politique d’isolation des immeubles anciens. On pense qu’une énergie électrique abondante et économique suffit. On recommencera plus tard avec les subventions aux pompes à chaleur. Installer ces systèmes sans isoler en même temps de bâtiment concerné est un piège. En cas de pic de chaleur ou de froid, la consommation devient gigantesque en général au moment où on approche des pics de consommation. Le reste du temps la baisse de la facture permet des écarts dans la frugalité.

Un des trous dans la raquette est le transport routier qui consomme une bonne partie de l’énergie fossile importée. La France complète à grands frais sa couverture autoroutière et passe au diesel, en même temps que la vitesse est limitée et les normes de consommation et de pollution des voitures mises en place. Pas de développement sans autoroutes ! On ne voit pas deux inconvénients : le coût d’investissement est très important ; l’utilisation moyenne hors des périodes vacancières est faible ; elle est le fait des camions ; les voies françaises servent beaucoup à un transit international nord sud, vers l’Espagne et l’Italie et sud nord. La logistique par les canaux est quasi abandonnée.

La situation énergétique est donc satisfaisante mais marquée par les contradictions et fragiles. Ses deux faiblesses principales sont le manque de fiabilité de la SNCF dirigée de fait par la CGT et qui prend en otage les clients, ce qui est la source principale de l’abandon du transport de marchandises ferroviaire qui entraîne le développement massif du transport par camion, et le manque de volonté de progresser dans l’isolation du bâti ancien.

Le second choc pétrolier n’a pas eu du tout les mêmes conséquences que le premier. La France est à l’abri d’un choc énergétique pour de longues années et peut envisager l’avenir avec confiance.

Elle va commettre plusieurs erreurs majeures : le programme commun socialo communiste, l’abandon de la souveraineté monétaire, l’abandon de la souveraineté dans les échanges internationaux, l’abandon de sa souveraineté énergétique. Ouverte à tout vent sans moyen de réagir, elle va perdre sa compétitivité et son industrie, s’engouffrer dans le piège d’une dette incontrôlable, associée à ses déficits internes et externes qui explosent.

La conséquence va être un manque tragique de capacités d’investissement, l’accumulation des politiques contradictoires et le démantèlement de sa filière nucléaire, en même temps qu’une folie écologiste, initiée par Greenpeace à l’ONU submerge toutes les instances internationales sur le thème de l’urgence climatique et la mort de la terre à cause des méfaits de l’homme omnipotent et de la course à la consommation.

Dans la pratique, on veut que tout le transport devienne électrique et l’UE interdit le moteur thermique pour la production de voiture neuve dès 2 035 tout en envisageant la conversion totale du parc pour 2 050. La France ne peut rien faire. Elle a délégué totalement la politique énergétique et son président ne veut pas contredire l’Europe pour des raisons que nous avons explorées ailleurs sur ce blog.

Le tout électrique avec abandon de toutes les autres énergies est une folie furieuse si l’on exclut l’énergie nucléaire, abandon exigée par les mouvements qui sont à la source de la panique mondiale sur le réchauffement anthropique. Tous les calculs montrent que nous aurons à peine la capacité d’augmenter de 20 % notre capacité de production électrique d’ici 2035 et à peine plus en 2 050. Impossible d’alimenter ce qui existe et une croissance quelconque !

Aujourd’hui toute la mythologie sur les éoliennes et les panneaux solaires s’effondre, simplement parce que tout le monde voit qu’il faut l’accompagner d’une énergie pilotable que seul le nucléaire peut fournir si on veut garder un minimum de souveraineté énergétique.

Pour les promoteurs de la guerre contre l'économie, le gaz serait la solution. Éolienne plus gaz était le cocktail magique que les Grunen allemands avaient mis en place en Allemagne, mais au prix d’une dépendance totale vis-à-vis de la dictature russe.

La guerre en Ukraine a fait sauter tout cela. Plus de gaz, plus d’énergie en Allemagne et des coûts électriques qui s’envolent d’autant plus qu’une organisation absurde a été mise en place en Europe.

À 287 €/MWh, cours spot de ce jour, avec un marché à terme pour 2023 à 400 euros, l’ensemble des utilisateurs d’électricité sont KO. Rappelons quel était le coût du MWh il y a une dizaine d’années. « D'après la Commission de Régulation de l'Énergie (CRE), les prix moyens de l'électricité sur les marchés de gros ont connu une hausse de 10,4 % en 2010 par rapport à 2009, pour atteindre 47,5€/MWh ». Rappelons également qu’au plus gros de la panique, le cours spot a atteint 1 100 euros, vingt fois plus que dix ans plus tôt !

Créer une économie dépendante à cent pour cent de l’électricité dont le cours au moindre accident géopolitique peut être multiplié par 10  ou même 20 n’est pas sérieux, même si la diversification des sources de fabrication de l’énergie électrique minimise partiellement la difficulté.

De même appliquer une idéologie de marché « concurrentiel » sur un tel marché, basé sur des réseaux unifiés et d’anciens monopoles d’Etat, comme l’a voulu l’Union Européenne, avec création de mesures totalement artificielles et en liant le prix de l’énergie d’une filière dans un pays avec celle d’une autre énergie ailleurs était une absurdité. Ce n’est pas être ultragauchiste de l’affirmer. La France est obligée de payer son énergie au prix du gaz en Allemagne qui n’en pas ! Et l’Allemagne l’empêche la France de sortir du piège pour maintenir sa domination commerciale.

Le pire, c’est l’attitude de l’abominable Maire de Paris, Mme Hidalgo qui veut augmenter massivement le prix de la vapeur produite et distribuée par le CPCU à Paris qui n’a strictement aucun rapport avec les prix spot du gaz allemand ! Il est vrai qu’avoir ruiné Paris la pousse à rechercher à tout va des hausses de recettes. Bien entendu la hausse ne sera vraisemblablement applicable qu’aux « bourgeois » !

Globalement, quelles que soient les erreurs collatérales, la destruction de notre industrie nucléaire par des fous furieux nous ruine littéralement.

La course accélérée à l’éolien ne mène qu’à une dépendance encore plus grande au pilotable qui n’est plus disponible à bas coûts à courts termes.

Le plus comique ou tragique, comme on voudra, serait l’obligation d’exiger que les vélos et les voitures électriques restent au garage, qu’on ralentisse les TGV à 100 km/h, et que l’état pilote directement via les compteurs Linky le chauffage et l’éclairage dans les logements.

On voit que le tout électrique exige aussi l’interdiction des grèves dans le secteur de la production électrique. Qui peut admettre que trois grévistes puissent couper la totalité de la production ou de la distribution d’électricité ?

La SNCF est obligée d’augmenter massivement ses tarifs qui vont rapidement devenir prohibitifs. Entre janvier et avril de cette année, l'Insee calcule une hausse de 15,3 %, en même temps que les déficits de l’entreprise deviennent abyssaux.

Le plus délirant est l’invective des Grünen allemands qui expliquent que si l’Allemagne souffre, c’est parce que la production nucléaire française est insuffisante ! « Scheisse mensch, erinnere dich an Fessenheim“.Ceux qui annoncent qu’il faut une petite voiture électrique pour les usages courants à la campagne et des vélos électriques dans les grandes villes, le TGV étant la solution pour les vacances, et ils sont très nombreux ces dernières heures,sont particulièrement pertinents !

Au prix de la voiture électrique et de l’électricité, il est sûr que le populo va se précipiter.

Les convaincus disent : c’est temporaire, c’est la guerre en Ukraine. Après notre vérité sera la vérité mondiale et éternelle.

La vérité immanente est différente : il faut un mix énergétique et permettre non une réduction de la production d’énergie mais une hausse. Il faut donner du temps au temps mais lancer d’urgence les études d’impacts que l’Union européenne n’a pas voulu faire. Si le gain en température de la politique actuellement suivie est nul, ce que tout laisse envisager, il est inutile de se ruiner pour rien.

Si on veut accélérer sur les éoliennes, alors il faut se mettre à exploiter le gaz de schiste ! Et cesser d’enrichir de façon grotesque les entreprises qui ont capté ce marché purement administratif.

Si on veut mettre le paquet sur l’isolation des logements, alors il faut mettre fin aux pertes délirantes de la SNCF, et augmenter la productivité globale du pays pour trouver les ressources nécessaires, en commençant à réduire drastiquement la bureaucratie, en augmentant le temps de travail et en réduisant les transferts sociaux délirants en France. Il faut spécifiquement abaisser la fiscalité sur le bâti pour permettre aux propriétaires de financer l’isolation et non faire exactement le contraire avec l’IFI et la hausse des taxes foncières, tout en réduisant le gain locatif par le blocage des loyers. Oui, il faut fFaire l’exact contraire et ce constat donne une idée de l’effondrement de la réflexion politique en France et la nullité qui règne dans les milieux politiques.

Si on veut limiter la circulation des camions dont on sait qu’ils ne rouleront jamais à l’électricité et que le seul substitut est l’hydrogène avec des coûts déments et des risques d’accidents graves gigantesques, il faut mettre une taxe carbone aux frontières et sortir le transport ferroviaire de marchandise des mains de la CGT.

On voit que nous sommes passés d’une situation relativement bonne et cohérente en 1980, en dépit des crises financières liées aux changes flottants et du laxisme post-soixante-huitard, à un champ de mines où les contradictions se multiplient, les gaspillages sur des marchés purement administratifs explosent, la dépendance à l’extérieur devient calamiteuse, et où les conséquences sociales s’aggravent de façon inquiétante.

Avec un exécutif totalement prisonnier de ses propres contradictions, suffisances et insuffisances, l’avenir est sombre.

Le tout électrique est mort en Ukraine ! Il faut une indépendance énergétique nationale avec un mix énergétique varié qui permet une certaine autonomie des citoyens. Certaines des tares françaises doivent être enfin corrigées. Se donner uniquement des objectifs de moyens sans tenir compte des résultats et des dégâts collatéraux est absurde. Le faire dans des délais intenables est une folie. Nous devons faire très attention au tempo, alors que nous sommes un des pays qui présente le bilan carbone le meilleur.

La France a gâché ses chances à cause de passions politiques malsaines et aujourd’hui obscènes. Il aurait suffi de maintenir l’effort nucléaire pour passer le cap actuel sans graves difficultés. La tentation du tout électrique reste néanmoins une idée fausse car irréalisable et même, par certains de ses aspects, peu souhaitable. Le citoyen doit garder des possibilités de choix pour ne pas être mis totalement sous tutelle.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Comment analyser les grèves actuelles ?

La possibilité pour des salariés de faire grève, c’est-à-dire de cesser le travail sans licenciement, pour faire pression sur la direction d’une entreprise, en contrepartie de l’absence de rémunération, est une soupape indispensable notamment pour les grands rassemblements de salariés de la révolution industrielle. Ce « droit de », donc cette liberté, a été acquis finalement assez vite et il est devenu constitutionnel à juste titre. Revenir sur cette liberté exigerait une révision de la constitution tout à fait inutile.

Comme toutes les libertés, elle s’exerce dans le cadre des lois qui l’organisent. Ces lois ne sont pas arbitraires. Une liberté ne peut pas bloquer d’autres libertés. Elle ne permet pas de créer des dommages collatéraux excessifs. Il n’y a pas de liberté sans limites. On retrouve pratiquement toujours les mêmes dans la majorité des pays démocratiques. Sauf en France, on va le voir et essayer de comprendre pourquoi.

Premier principe : la grève ne peut concerner que les revendications propres aux salariés d’une entreprise.

            Corollaire 1 : une grève ne peut pas concerner des revendications extérieures à l’entreprise.

Corollaire 2 : nul salarié d’une entreprise ne peut compromettre l’image de son entreprise dans des grèves et des manifestations qui ne la concerne pas.

Corollaire 3 : les grèves de solidarité sont interdites.

Corollaire 4 : l’appel à des grèves générales est interdit.

Second principe : une grève ne peut pas avoir un coût supérieur à l’avantage réclamé. En un mot, on ne peut pas ruiner une boîte ou la nation par des grèves ou trop longues, ou trop fréquentes ou ayant trop de conséquences négatives pour les tiers. Certaines techniques de grèves qui limitent à l’extrême le coût pour les grévistes tout en ruinant radicalement l’entreprise ne sont pas tolérables. Un exemple : recourir massivement aux arrêts maladie et abuser du droit de retrait pour bloquer la production tout en étant indemnisé par l’entreprise. Au passage, les médecins complices et les juges complices doivent voir leur responsabilité recherchée.

Troisième principe : les services publics ne peuvent pas être interrompus par des grèves, quel qu’en soit le motif. De même les services dépendant principalement d’argent public ne peuvent faire grève que dans des conditions précises et restreintes. Il y a bien longtemps qu’on a compris qu’on ne peut pas mettre des gens pour garder un pont et les laisser rançonner ceux qui veulent le traverser.

Quatrième principe : les fonctionnaires, dont l’emploi est garanti, dans aucune partie de la fonction publique ou des services associés, n’ont le droit de grève. On ne peut pas bloquer l’État.

Cinquième principe : les exactions syndicales contre les biens et les personnes doivent être empêchées et sanctionnées, avec un pouvoir de décision laissé aux préfets et non aux juges pour stopper immédiatement les actions illicites. Les juges ne seront appelés que pour contrôler éventuellement l’action des préfets.

Sixième principe : aucune occupation d’usine, vols de matériel, blocages des entrées n’est acceptable, ni même aucune menace de le faire.

Septième principe : seuls des adultes peuvent faire grève. Des syndicats de mineurs scolaires sont totalement exclus.

Huitième principe : l’indemnisation des jours de grève est illicite, car sinon, il n’y a plus de symétrie dans les dommages.

Les lois correspondantes n’ont pas empêché l’exercice du droit de grève au Royaume-Uni, en Allemagne ou aux États-Unis. Elles ont permis de les pacifier et de concentrer la négociation sur des points précis et, un minimum, raisonnables. Elles prévalent depuis des lustres dans les pays les plus démocratiques du monde.

Mais pas en France.

Si un piquet de grève de 25 personnes bloquait l’accès d’un dépôt de carburant aux États-Unis, ce serait l’emprisonnement immédiat avec licenciement et indemnité colossale pour chacun d’entre eux et l’inculpation avant dissolution du syndicat qui jouerait ce jeu-là.

Appeler à une grève générale est un acte de sédition politique qui découle d’une doctrine politique antidémocratique qui veut qu’en dehors du vote et donc d’une volonté exprimée, des voies de fait puissent être commises contre la nation et la démocratie. Ces appels devraient être sanctionnés durement par une Cour de sûreté de l’État.

Le paradoxe juridique français est que tous les principes rappelés figurent peu ou prou dans les textes qui traitent du droit de grève. Mais que depuis 1968, on fait comme s’ils ne s’appliquaient pas, au moins un temps. Comme si la bonne grève devait légitimement violer la loi et d’autres libertés constitutionnelles, mais seulement pour un moment. Ce politiquement correct juridiquement parfaitement incorrect est à la base de la construction médiatique de la couverture des grèves. Des micros-trottoirs sont mobilisés d’une part pour faire valoir qu’une grève qui gêne le grand public le gêne effectivement, satisfaisant la concession que le pouvoir de nuisance s’exerce bien, mais aussitôt dix interviews d’otages expliquent que « c’est dur mais il faut bien qu’ils se défendent ». Cela s’appelle « construire l’information » dans le sens d’une déformation des textes de lois. Mais en contrepartie de cette construction propitiatoire, on veut croire que cela ne va pas durer. Si cela dure alors on construit l’indignation. Cette comédie est en place dans les médias depuis près de 50 ans maintenant.

Dans un monde économique où la concurrente libre et totale a été organisée en Europe, les PME françaises accablées de charges que les autres pays n’imposent pas à leurs producteurs, ont du mal à ne pas couler ou à ne pas partir. Déclencher des grèves signifie la disparition de l’entreprise. Les grèves qui restent concernent les sociétés en faillite que l’on dépouille impunément de ces dernières ressources. Donc il n’y a pas de grèves dans la quasi-totalité du secteur industriel et commercial privé, malmené et en difficulté en France. Les grèves concernent essentiellement des grandes entreprises liées à l’état. Contrôleurs aériens, EDF, SNCF, RATP, Air France, Musées, hôpitaux, ports, écoles etc. Hier c’était dans le charbon et l’acier, les banques et les assurances nationalisées.

Le démantèlement des grands réseaux dans le cadre de l’Union européenne en fausses entreprises indépendantes, avec privatisation d’EDF ou de la SNCF, laisse croire que les grèves rentrent dans le cadre classique de la grève en entreprise dont l’État n’a pas à se préoccuper. Cette sottise a été répétée comme élément de langage par le gouvernement après que le président lui-même a prétendu que ce n’était pas son affaire… jusqu’au moment où c’est redevenu son affaire, avec réquisition etc.

La fourniture d’électricité est un devoir national qui ne peut être laissé entre les mains des salariés qui travaillent dans les entreprises de production ou de distribution. La mobilité est une liberté constitutionnelle. On ne peut pas prendre en otage des populations ou l’État démocratique.

Les hauts fonctionnaires détestent les conflits sociaux et cèdent facilement : ce n’est pas leur argent et ils essaieront de rattraper le coup plus tard. Un président de la SNCF ou d’EDF sera jugé sur le fait que la « paix sociale » est acquise quitte à ruiner l’entreprise ou les Français. Il faut dépasser ce simple constat. C’est un véritable système qui s’est mis en place.

L’Enarchie compassionnelle qui est dominante depuis le couple Giscard-Chirac à la tête de la nation a considéré que les syndicats devaient bénéficier d’un rôle législatif. Le but : permettre des « avancées » par la loi là où la grève n’était pas possible ou souhaitable. On a vu des syndicalistes venir se former à Sciences-po et les lois passent au tamis des syndicats « constructifs » non révolutionnaires. Pour permettre néanmoins le jeu de la symbolique de la grève, comme soupape d’évacuation des tensions, on laisse faire les grèves des grands réseaux, mais cela doit rester dans une certaine limite.

L’activité des entreprises a fait l’objet de textes de plus en plus détaillés de plus en plus « politiquement corrects », de plus en plus tyranniques, avec une administration sévère pour les faire appliquer, l’Inspection du travail.

Le sommet de cette déviance est l’instauration des 35 heures par les Énarques Jospin et Aubry sans aucune vraie négociation. Cette mesure qui a détruit la compétitivité des entreprises françaises au moment où on ouvrait totalement les marchés à la concurrence mondiale, n’a pas été qu’une folie économique globale. Cela a marqué que l’énarchie considérait qu’elle avait la main sur tout le champ de la négociation sociale, le dialogue social devant aboutir à des objectifs qu’elle fixait sinon la loi le remplacerait.

C’est comme cela que la haute administration s’est emparée aussi bien du champ politique que du champ social et se croit autorisée, en tant que corps, naturellement étatiste et « arbitral », à se substituer aux acteurs normaux de la discussion sociale.

Les syndicats ne s’attachant pas trop à la défense des minorités, la haute administration a fait entrer dans ce mécanisme exorbitant, niant toute réelle démocratie, le droit des femmes, des handicapés, des immigrés, etc.

La négociation sociale a perdu de ce fait l’essentiel de son intérêt, tout étant géré par les Énarques qui ont mis la main sur la politique. Notamment toutes les discussions qui avaient lieu dans les « branches » via des conventions collectives ont cessé d’être utiles. Le Smic a remplacé les minima de branche qui traînent loin derrière. Les tribunaux ont pris dans le processus des pouvoirs exorbitants. Les syndicats ont largement été dépassés par les associations, et notamment par les associations internationales.

De même que les néo-féministes veulent un homme déconstruit, la haute administration veut une entreprise également déconstruite, vertueuse, propre sur elle, inclusive, citoyenne, etc.

Les partis politiques sont totalement shuntés. Ce n’est plus là que cela se passe. Les grands partis traditionnels « de gouvernement » ont été subvertis par l’énarchie, et ont fait exactement la même politique. Au bout du chemin, on a vu arriver l’unification des Énarques de tous les bords par Macron et la gestion du pays par une poignée d’entre eux, s’appuyant sur la maîtrise quasi-totale des médias chargés de construire l’information utile à leurs projets.

Les grandes grèves ne sont plus que des moments symboliques pour faire croire aux travailleurs-travailleuses qu’ils ont encore leur mot à dire. L’énarchie et l’européisme contrôlent tous les processus et les textes.

La vérité est qu’il appartiendrait à la classe politique d’agir en revenant sur les déviances post-soixante-huitardes et elle pourrait adopter une version doctrinalement exacte du droit de grève. Les grands réseaux devraient être traités comme tels et non comme des fausses entreprises privées du monde concurrentiel. Et les tribunaux ne pourraient pas continuer à servir d’auxiliaires de la Révolution en affichant des têtes de patrons sur les « murs des cons » des syndicats de juges politisés. Phagocytée par l’Enarchie, elle ne le peut pas et les programmes politiques se sont progressivement vidés en même temps qu’ils devenaient quasiment les mêmes.

On le voit bien au LR, où on se bat sur les postes, mais où toute réflexion programmatique est bannie. On le constate au PS vidé de substance, une fois que les « bons » Énarques ont rejoint Macron. La politique est devenue un théâtre d’ombres.

Le résultat, on l’a vu : la disparition de l’industrie en France. La fuite des grandes fortunes. La fuite des cerveaux. L’hyper fiscalité. L’hyper bureaucratie.

Du coup revenir à une législation normale du droit de grève, au dialogue de branche et à la négociation au sein de l’entreprise n’est pas considéré comme utile. La tutelle étroite de l’État a remplacé tout cela qui est devenu une sorte de décor. L’immigration et l’Europe, avec la mise en compétition avec le monde entier, sont les compléments naturels de la capture de l’ensemble de la politique par l’Enarchie. Le droit de grève est frelaté en France mais cela n’a plus d’importance. Les grèves nationales purgeront l’atmosphère. Et tant pis pour les dégâts. La dette n’est pas faite pour les chiens. Les Français peuvent subir.

Emmanuel Macron est le parfait représentant de cette vision totalement déviante de la démocratie et du dialogue social.

On tire le fil de la déviance du droit de grève et on aboutit comme toujours aux méfaits de l’énarchie « compassionnelle et bienveillante ».

Revenons à la situation du moment. Le principal bénéficiaire de l’inflation est l’État. Il engrange des recettes sur la hausse de l’énergie et bénéficie de la progressivité globale du système fiscal. Et c’est l’impéritie gouvernementale qui est la principale cause des difficultés.

On voit très bien ce que serait une gouvernance convenable du pays :

-        Ne pas laisser la politique de l’énergie entre les mains de l’Europe sans aucun contrôle des impacts nationaux.

-        Remettre de l’ordre dans le droit de grève pour le rendre conforme aux règles habituelles dans toutes les démocraties

-        Fixer les marges d’interprétation du système judiciaire

-        Appliquer la loi.

-        Anticiper les conséquences de ses inconséquences.

Les erreurs accumulées, aussi bien dans la politique énergétique antinucléaire, que dans les taxations abusives des entreprises, les exactions judiciaires contre les entrepreneurs, l’abus de prélèvements, la destruction des services publics, les lois pro-grévistes, la réglementation étouffante et la domination de la politique et de l’État par une classe de hauts fonctionnaires, se paient très cher aujourd’hui. Emmanuel Macron est l’exact symbole et organisateur de cette politique contraire aux intérêts de la nation française, et le principal responsable de la situation détestable à laquelle les Français sont confrontés.

Une autre politique aurait pu être efficace. Rien de ce qui nous arrive n’était inévitable. Les Français lors des dernières élections ont préféré cautionner la déviation antidémocratique du système politico économique français.

Les Français sont-ils irresponsables et la démocratie impuissante ? Ou l’Enarchie triomphante a-t-elle contraint les votes par la manipulation des organes médiatiques qui créent le cadre du bien et du mal dans lequel les Français sont censés débattre et se débattre ?

C’est à cette question que devraient s’attacher les analystes politiques.

Écologie délirante : entre boy scoutisme et bureaucratie

Le néo komsomolisme contre les néo koulaks

Beaucoup d’auteurs se rendent compte qu’on est en train de revenir à la situation d’avant-guerre.

Ne parlons pas ici de la guerre en Ukraine et de la montée vers une nouvelle guerre mondiale qui en est la manifestation la plus douloureuse. Non ! Nous voulons évoquer une situation la plus sournoise, celle qui pourrit réellement tout. Le ver qui s’attaque aux poutres d’une maison est moins visible que le feu ou l’eau qui peuvent ravager à l’occasion, mais son travail de sape est constant et dure des années. Le résultat est pire, car c’est tout un parc d’immeubles qui succombe.

Entre les deux guerres, la mode était à la mobilisation de la jeunesse. L’URSS ayant créé les Komsomols chargés de chanter dans la joie et l’allégresse les victoires du socialisme réalisé, l’Occident avait créé toute une gamme d’institutions équivalentes, allant du boy scoutisme de Baden Powell au Chantiers de la jeunesse.

Nous marchons en chantant vers un temps de bonheur

Nous chantons en marchant vers les plus grands malheurs

Car évidemment, l’exaltation bénie-oui-oui de la jeunesse encadrée était parallèle au Goulag. Mais ces parallèles pouvaient se rencontrer à l’occasion, comme l’envoi des Komsomols dans les campagnes pour corriger les paysans. Ces troïkas n’ont cessé de commettre les crimes les plus abjects et ont fini par tuer 10 millions de personnes. En chantant !

Les boy-scouts étaient censés ne faire de mal à personne, et ce sont plutôt eux qui ont subi les attaques de prêtres lubriques, avant que l’enrichissement général ne pousse la jeunesse vers d’autres activités moins collectives et moins religieuses.

La nouvelle religion écologique qui remplace l’utopie socialiste et le christianisme effondré, veut revenir aux jolis temps des extases du bon sentiment encadré. C’est qu’il faut sauver le monde des vilains capitalistes qui la détruisent pour le plus vil profit. Les nouveaux Koulaks sont les propriétaires et les riches. Alors on vilipende autant qu’on prêche.

Comme toujours ce genre d’exaltation cache une réalité plus saumâtre. En France on ne tue pas les Koulaks. On les ruine seulement en les couvrant de charges et d’opprobres administratifs, avec à l’occasion quelques sanctions pénales bienvenues. La bureaucratie la plus délirante accompagne le néo komsomolisme vert.

Prenons ce titre d’un média du bâtiment : « DIAGNOSTIC DE PERFORMANCE ENERGETIQUE. La nouvelle méthode de calcul du DPE a fait bondir le nombre de logements classés F et G, d'après les derniers chiffres de l'Observatoire national de la rénovation énergétique. La France compte 5,2 millions de passoires énergétiques sur 30 millions de résidences principales, plus que lors de la précédente estimation en 2018 ».

On sait que M. Macron a chargé Mme Wargon de faire passer une loi infecte qui interdit d’augmenter les loyers et bientôt qui interdira de louer tout court des logements disqualifiés sous le nom de « passoires thermiques ». Quand on veut tuer son chien on dit qu’il est galeux. Des passoires thermiques ? Beurk ! Frappons-les et forts. En vérité une passoire thermique est un bâtiment construit selon les normes de l’époque d’avant ! Mais il faut disqualifier, avilir, détruire l’image, pour mobiliser en faveur des actions brutales. On provoque de la haine, ce qui normalement est condamnable. Là pas de problème. On se rappelle le coup des « marchands de sommeil » qui a accompagné l’impossibilité de louer de petits espaces. Des salauds bien sûrs !

Évidemment les fameux DPE, diagnostics de performance énergétique, sont devenus obligatoires et là, horreur ! Vous le faites faire par deux « experts » certifiés et vous avez deux résultats différents. Grands Dieux ! Alors on a encore complexifié la chose, bien sûr avec des exigences bureaucratiques encore plus serrées. On ne s’occupe plus seulement de la consommation d’énergie mais aussi de la production de CO2. D’où la hausse du nombre de bâtiments traités en pollueur au CO2 autant qu’en passoire thermique, alors que les bâtiments chauffés à l’électricité sont incapables de dire d’où vient l’électricité (centrales, nucléaires ou reproductibles). Un appartement parfaitement isolé mais chauffé au fuel deviendra impossible à louer et bientôt à vendre. Et la hausse du coût du DPE s’envole car il faut s’occuper de plein de critères, et avec un logiciel agréé, svp ! Personne n’a fixé de tarifs. Bon ! D’accord ! L’administration est un peu lente pour les agréments. On manque donc de spécialistes conformes. Vous n’allez tout de même pas demander à l’administration d’être rapide.

Ensuite vous avez créé une activité commerciale encadrée totalement artificielle qui ne fonctionne que par la force de la loi. Et une pléthore de rigolos ont décidé de mettre ce marché en coupe réglée.

Du coup il a fallu contrôler. Bonjour la DGCxxxx et ses contrôleurs motivés.

« La proportion d'établissements [parmi les sociétés contrôlées] dont les pratiques commerciales contreviennent à la réglementation demeure importante à 52 %, quoiqu’en légère baisse par rapport à 2020 (53,5 %). À ce stade, les résultats font état de 135 avertissements, 118 injonctions administratives, 36 procès-verbaux administratifs et 94 procès-verbaux pénaux."

On a créé un marché de voyous qui profitent de l’obligation pour faire n’importe quoi et plumer les propriétaires loueurs qui doivent tous faire un DPE avant de faire jouer les clauses d’indexation. Les délais explosent. Les coûts explosent. Les résultats sont vaseux. Les propriétaires vendent. Salauds de koulaks. L’appartement ou la maison est repris par un futur propriétaire habitant. Le marché de la location s’évapore. On s’en fout : yaka confisquer les locaux vides ! On vous aura salopards de riches propriétaires.

Le Komsomol des temps modernes n’a plus qu’à faire chauffer la colle contre le vilain et exalter les passions des pauvres hères qui ne parviennent plus à se loger.

Ah oui, mais voilà ! Le Koulak n’était pas qu’un riche propriétaire de latifundia. Les propriétaires de « passoire thermique » sont le plus souvent des gens de la classe moyenne inférieure. Attention au syndrome Gilets jaunes !

Alors on a créé une administration nouvelle chargée de distribuer les subventions avec des noms ridicules comme Maprim ‘renov, non racoleur débile typique de la nouvelle administration conscientisée et communicante.

Allons-y dans de nouvelles complications : à qui, quand, comment, combien distribuer la manne ? Un champ entier d’exaltation bureaucratique est ouvert en grand… au grand dam de la cour des Comptes qui y voit un gouffre financier sans fond. Et qui multiplie les investigations contre le nouveau Moloch.

Evidemment, personne ne chiffre les résultats attendus d’une telle politique. C’est bien connu les petits ruisseaux font les grandes rivières. Alors ne mesurons pas la taille du ru.

L’effet sur le réchauffement climatique ? Nul, au mieux ! L’impact social, fiscal, économique ? Pas évalué. Si les troïkas qui ont détruit les Koulaks avaient dû s’embarrasser des conséquences…

Allons-y gaiment et égosillons-nous à hurler le chant des partisans écologiques !

« Nous marchons en chantant vers un temps de bonheur.

   Nous chantons en marchant vers les plus grands malheurs ».

Quand le journal le Point divague avec des économistes socialistes

Le Point vient de faire paraître une intervention d’Olivier Blanchard et de Jean Tirole, « pour en finir avec les bobards ». Il est utile de faire quelques remarques pour en finir avec les jobards, qui dans la presse, croient qu’ils sont des économistes de référence.

Olivier Blanchard le dit clairement : il est plus à gauche que Macron qui suit une stricte politique à la Hollande gaucharde mais pas trop qui explique les 3 000 000 milliards de dettes, l’effondrement des services publics, des déficits extérieurs jamais vus, 85 milliards d’achats de votes pour la réélection etc. Jean Tirole n’ose pas l’avouer aussi directement  mais il est tout aussi socialiste, comme en témoigne ses suggestions.

En fait ces deux-là n’ont eu de carrière que par leur révérence aux idées dominantes. Ils ont dit oui à toutes les erreurs qui ont été faites et justifient qu’on en commette d’autres.

Écoutons ces augures :

-        Il ne faut pas mettre fin à la mondialisation, sinon on va perdre un facteur de croissance. Toutes les voies de réapprovisionnement sont en difficulté et la vulnérabilité vis-à-vis de partenaires dictatoriaux est devenue patente. Les classes moyennes occidentales sont au bout du rouleau. Mais chut ! On ne change pas un système qui perd.

-        Le dollar va être menacé dans son hégémonie. OK mais on aimerait des précisions sur les conséquences.

-        « Il est important de souligner que l’Europe importe une grosse partie de son énergie » ; Il fallait au moins un O. Blanchard pour nous prévenir. Et en effet, il faut savoir qui va payer. Les truismes les plus énormes sont les plus beaux. Il va falloir réduire notre consommation assez vite. De combien et pour quel résultat ? Pas un mot. Yaquafaukon.

-        Il faut augmenter les impôts des plus riches. Ben voyons !

-        Il faut laisser les prix jouer leur rôle de répulsifs de la consommation. OK. C’est le choix de la Suisse.

-        Il faut créer une taxe carbone pour accroître le répulsif mais pas à la frontière parce que cela va être compliqué ! Les entreprises françaises seraient donc seules à la payer en concurrence avec le monde

-        Il ne faut pas indexer les salaires sur les prix. OK on sait où cela mène. Mais attention aux retraites.

-        Il ne faut pas bloquer les prix. OK. Tout le monde le sait sauf les démagogues.

-        Pas de taxe additionnelle sur les profits sauf pour Total-énergies. Pourquoi elle seulement ?

-        Le problème n’est pas qu’on dépense trop mais mal (rappel : nous sommes les champions du monde de la fiscalité et des charges et tous nos services publics sont effondrés).

-        La cote d’alerte pour notre dette n’est pas atteinte. On peut investir avec de nouvelles dettes. Et allons-y ! Jusqu’où ?

-        La dette italienne ne posait pas de problème avec Draghi et en posera avec tout autre. Vade retro Meloni l

-        Les banques centrales devront se poser la question : réduire l’inflation ou non. Belle analyse originale…

-        La réforme de l’ISF a été une erreur. Pardi ! Les riches doivent payer.

-        Mais vaut mieux taxer les multinationales ! Au boulot ! Elles peuvent partir, elles.

-        Il faut inciter les Français à travailler plus longtemps en réduisant les maladies chroniques et en augmentant la formation. Les fonctionnaires tremblent déjà ! Les éboueurs et les employés de piscine de la mairie de Paris aussi.

-        Il faut mettre en œuvre la réforme des retraites par point. Après cinq ans d’atermoiements et de crispations, qui ont montré la quasi-impossibilité politique de mettre en œuvre une réforme aussi globale, ils en sont encore là !

-        Il faut des incitations financières pour travailler plus longtemps. Ah oui ! Mais lesquelles ? Mais surtout pas de pression pour retourner plus vite au boulot.

-        Où sont passés les travailleurs de l’hôtellerie-restauration ? Une fois qu’on saura,  on pourra trouver des réformes. En attendant ne touchons pas à l’indemnisation du chômage. Le fait de conserver 5 millions de chômeurs alors que les entreprises ne trouvent personne quand elles recrutent ne pousse ces gens à aucune réflexion. Un petit budget de recherche est toujours bon à prendre. Vive la dépense efficace…

-        Il faut faire correspondre les formations aux besoins de l’entreprise. Super ! Quels experts !

-        Vive la taxe carbone réservée aux Français. Bis repetita.

-        Il faut des interdictions pour lutter contre le réchauffement. Voici qui est clair. On peut avoir la liste ?

-        Croire que la transition n’affectera pas la croissance est espérer le beurre et l’argent du beurre. D’accord. Mais quelle perte de croissance et de prospérité ? Chut ! Et pour quels résultats sur la température ?

-        La « carte carbone » signée Piketty est impraticable. La taxe carbone donnera à l’état de l’argent à redistribuer. Taxer, taxer, taxer… mais plus simplement.

-        Taxons les riches mais avec des moyens simples. Ben voyons, il n’y a pas d’impôts en France.

-        Il faut augmenter l’impôt sur l’héritage et la transmission. Il faut redistribuer le capital financier pour répartir le capital culturel. Encore et toujours. Salauds de riches. Importons des millions d’immigrés et le capital des riches permettra de les mettre à niveau. Chouette !

-        Le programme de la Nupes conduit à la sortie de l’Europe. Donc c’est mal. Socialiste d’accord mais pas contre l’Union Européenne. Ce serait le seul problème ?

 

Les résultats économiques de la France sont désastreux. L’indigence de nos économistes officiels socialistes n’y est pas pour rien. Nous présenter ce tissu de banalités et de pétitions de principe en faveur de la mondialisation, de l’Union européenne, des taxes, et des impôts sur les riches comme un livre de référence écrit par des économistes de classe mondiale est le plus grand bobard du Point.

Et voici l’écologie pénitentielle coercitive. Elle ne s’arrêtera plus

Le chaos de la décroissance est au bout du chemin

Ça y est ! Les lois anti-propriétaires commencent à s’appliquer. Les propriétaires qui louent un bien immobilier sont tenus à prouver leur vertu et c’est à eux de faire les frais de la transition énergétique. Bien sûr l’enflure mortifère des actions mises en œuvre par des filles de famille issues de l’énarchie et de la nomenklatura d’Etat a été à la hauteur de leur irresponsabilité. Bien calées dans les rémunérations étatiques et ses avantages, capables par leur réseau de virevolter dans des organisations sous dépendances, elles pouvaient y aller franco. Sauver la terre pour ces fillettes privilégiées et garanties de fortes rémunérations et avantages de leur adolescence jusqu’à la fin de leur vie, méritait tous les sacrifices des autres. La bureaucratie a trouvé dans l’écologie le moyen de carrière avantageuse et de domination sans égale de la société.

Mmes NKM puis Wargon ont été avec quelques autres les promotrices de cette action coercitive. Mme Panier-Runacher, énarque et épouse d’énarque, est chargée de la transition énergétique, donc de l’application de toutes les règles coercitives déjà engagées et sans pouvoir de conception puisque toute la politique énergétique est dirigée de Bruxelles. Les ministres français sont là pour faire avaliser les directives européennes et ne mettent leur grain de sel qu’en compliquant et aggravant les choses par des décrets ineptes et ravageurs.

Voici donc les appartements désormais labellisés comme poubelles thermiques de plus ou moins bonne qualité et les coercitions commencent : interdiction de maintenir la valeur locative en fonction de l’inflation ; bientôt interdiction de louer. Pourquoi le locataire bénéficie-t-il d’un avantage de revenu au nom de l’écologie ? Personne ne l’a jamais expliqué. Pourquoi priver d’argent celui qui doit faire les investissements d’isolation ? Silence ! La logique imbécile de gribouilles administratifs torturés par ses années à l’ENA ?

Naturellement les modalités sont totalement folles. Tout étant irrationnel et injuste dans cette affaire, les décrets ont tout aggravé. Il faut faire étalonner son bien. L’ennui, lorsque vous le faites faire par deux « experts » différents, vous avez deux appréciations différentes et pas qu’un peu. En fait tout est arbitraire dans la procédure et totalement éloignés des réalités de terrain. Il faut des cohortes délirantes de testeurs de les « former » à une discipline vaseuse à l’extrême conçue par des imbéciles stipendiées à cet effet et qui en ont remis dans la sottise et la complexité. In fine vous laissez à un technicien à la formation et à la compétence approximatives le soin de décider si le locataire gagnera de l’argent et si le propriétaire sera lésé. Avec une inflation de 10 % par an on voit les dégâts. Rappelons que les périodes d’hyperinflation ne sont pas toujours courtes : pensons aux années soixante-dix. Imaginons la situation au bout de trois ans. Le locataire se retrouve avec une ristourne de 30 % sur son loyer. Le loueur a perdu un tiers de la valeur locative. Sur un dire de vérificateur en général incapable structurellement d’appliquer utilement les décrets. Où est la justice ? Où est le sérieux ?

« Il n’a qu’à faire les travaux d’isolation, ce connard de propriétaire abusif qui jouit d’une poubelle ! » Cette jolie phrase trouvée sur les réseaux sociaux trahit la pensée profonde de beaucoup Français. Rien à cirer des gens qui ont un patrimoine, ne serait-ce qu’une poubelle thermique ! Qu’ils paient ou qu’ils vendent !

Mais là les affaires se compliquent joliment. Vous pouvez transformer votre appartement en bunker thermique, et même en producteur net d’électricité, vous n’aurez pas votre beau certificat d’honneur de propriétaire citoyen conscientisé et labellisé, digne de recevoir une rémunération décente de votre investissement. La dépense thermique prise en référence est celle de l’immeuble. Si vous êtes seul à faire les rénovations nécessaires, aucun moyen d’avoir une bonne lettre. Les copropriétaires occupants n’ont aucun intérêt à faire des travaux gigantesques non rentables. Cela revient à interdire la location dans les immeubles collectifs où ils sont majoritaires.

Ne vous inquiétez pas, les textes seront aggravés pour faire sauter ce bouchon un jour ou l’autre. En attendant, les propriétaires vendent après avoir mis fin aux locations. Il devient de plus en plus dur de trouver une habitation en location. Pour acheter, les conditions de crédit deviennent très restrictives. Les prix du neuf eux sont aggravés de plus de 10 %, hors inflation, par les contraintes nouvelles imposées aux constructeurs. Les prix déjà inaccessibles grimpent encore un peu plus. Allons, en route en chantant vers une crise du logement !

Mais non disent nos Énarques étatistes (ils le sont tous peu ou prou par vocation ou intérêt). On va faire des logements sociaux. Ceux-là ont tous les budgets nécessaires pour se mettre aux normes écolos. Ce sont les bourgeois qui paieront. Ces salauds de propriétaires auront la triple peine, perdre de la valeur locative, perte sur le prix de vente et impôts aggravés sur le revenu. Parfait ! Une belle société qui fait face avec astuce à ses besoins sociaux et écolos ! Quand verra-t-on l’ENA adhérer à la Nupes ?

L’ennui c’est que le parc de « poubelles thermiques » appartient généralement à la classe moyenne moyenne et inférieure. Souvent le bien leur est revenu par un petit héritage et ils ont payé des droits. Parfois ils se sont endettés pour des années pour avoir un revenu de complément pour leur retraite. Mais avec les emprunts ils sont à la limite. ILS SONT PARFAITEMENT INCAPABLES DE PAYER ET LE CERTIFICAT ET LES TRAVAUX D’ISOLATION. Si les revenus locatifs baissent, ils sont coincés et doivent vendre. Adieu le petit patrimoine, et le revenu de complément ! Quand on connaît les perspectives de la France en matière de retraite, personne ne rit. L’Énarque s’en fout. Il aura lui une très belle retraite publique agrémentée de tous les ajouts faits à l’occasion de pantouflages ou d’allers et retours au gouvernement et au parlement.

Ils ont une réponse toute faite : « on a créé sur le modèle de la sécurité sociale une administration nouvelle tout entière dévouée à fournir des ressources aux propriétaires nécessiteux : Ma prim’renov ».

Indépendamment du nom racoleur et grotesque pour publiciste déjantée, constatons qu’une nouvelle branche administrative a poussé sur le dos des Français et de leurs revenus. Des cohortes de fonctionnaires vont aider les pauvres propriétaires, façon gilets jaunes, à passer le cap. Les budgets prévus sont tellement lourds et les résultats tellement incertains que la Cour des Comptes frémit d’horreur. Elle exige des évaluations régulières ! Personne n’a chiffré de façon convaincante les gains en Co2 des efforts demandés aux loueurs de logement. Encore moins en température. Rassurons tout le monde, il est exactement nul.

Des dizaines de milliards d’euros et de nombreuses vies gâchées vont joncher le parcours anti propriétaires de nos énarques adorés, bienveillants et indispensables. Ce n’est pas la triplette Macron (qui ne possède rien et n’a pas employé les fortunes qu’il a gagnées chez Rothschild pour créer du logement locatif), Borne et Panier-Runacher, qui peuvent simplement imaginer qu’il y a un problème.

Pertes de valeur, rancunes et haine, impôts, bureaucratie violente, régression pour aucun résultat. Ce n’est pas pour demain. C’est ici et maintenant ! Et les veaux broutent ce qu’il leur reste d’herbe en courbant l’échine. Et ils seront tout surpris quand ils seront frappés, eux qui se croyaient à l’abri. Quoi ? Cela ne concerne pas que les autres. Ils iront alors à la Nupes ou au FN.

La transition énergétique bidon nous enferme dans la triplette : parti bureaucratique, partis contestataires. Il n’y a rien de positif à attendre de cette horreur.

Ce premier acte de l’écologie coercitive et dommageable sera suivi de bien d’autres de plus en plus punitifs et de plus en plus ruineux, au fur et à mesure que l’inefficacité sur la réduction des difficultés climatiques sera de plus en plus avérée et que la ruine guettera le système. Nous venons de mettre le pied dans la machine à broyer définitivement le pays.

C’est aujourd’hui qu’il faut réagir.

Premier acte de santé écologique : mettre fin à l’énarchie compassionnelle bienveillante, écologique et népotique, en interdisant aux hauts fonctionnaires l’accès aux fonctions politiques. Écarter les Borne, les Macron, les Panier Runachier, les Wargon de l’espérance du pouvoir est le seul moyen que les questions qui touchent aussi radicalement le corps social soient correctement traitées.

S’ils avaient travaillé toute leur vie au service de l’économie, donc de la collectivité, pour disposer d’un petit logement et éventuellement d’un studio en location, encore en cours remboursement des crédits, pour améliorer leur faible retraite, ils sauraient ce qu’on pense quand on voit se construire en face de chez soi des logements sociaux bien isolés et quasi gratuits pour immigrés au chômage statutaire, que son quartier est devenu la proie des vols et des provocations islamiques, avec des tirs de bombes d’artifice, et qu’on doit payer pour isoler son propre appartement et perdre la location bienvenue qui mettait un peu de beure sur les épinards, alors qu’on est évidemment exclu des subventions qui ne couvrent qu’une fraction infime des coûts, quand il est possible de faire les travaux.

Après avoir dépensé pour 85 milliards de cadeaux électoraux, Emmanuel Macron est descendu de son jet ski et prend la pose du tragédien pour dire aux Français que la fête est finie et qu’il va falloir qu’ils travaillent, eux, pour payer les différentes factures accumulées par sa gestion et qu’ils auront, eux, à subir les efforts de la transition énergétique, et la guerre en Ukraine.

Le manque de scrupule, la morgue et le mépris de ce président problématique dépassent l’entendement. Les Français, nés malins, applaudissent leur sauveur ! On les a fait voter en stimulant leur peur. On va les faire payer en stimulant leurs craintes. Tableau !

Français, n’ayez pas peur. Il faut stopper le mécanisme infernal qui se met en place et qui ruinera définitivement la France et ce qu’on appelle de plus en plus inexactement les Français.

Santé : Petite histoire d’une décadence programmée

Impuissance et démagogie des ministres de la santé

Un journal du soir a eu la très bonne idée de questionner une brochette de ministres de la santé qui ont accompagné ces quarante dernières années l’effondrement de l’hôpital français et plus généralement du système de santé. On est épaté, à chaque ligne, par l’impuissance benoîte qu’exsudent ces propos glaçants de bonne conscience. Le numerus clausus ? Le diable initial mais qu’on n’a jamais voulu vraiment annuler. La tarification à l’acte à l’hôpital ? Quelle horreur ! Mais on l’a gardée. L’Europe qui nous impose la « fin du trou de la sécu » ! Mais on a gardé ! Le secteur privé : la source de bien des maux, fin des gardes, corporatisme. Mais attention à la puissance électorale des médecins. Le secteur public : une guerre infâme des mandarins, alors il a fallu que Sarkozy s’en mêle et impose le directeur fonctionnaire et tout puissant au risque d’une bureaucratisation qui « nous a fait prendre dix ans de retard ». Mais on n’a rien fait pour changer quoi que ce soit dans les dix ans suivants. Les revendications salariales avec la cogestion avec les syndicats revendicateurs ? Justes et excellentes mais Bercy ne voulait rien entendre. Alors on n’a rien fait sinon accepter les 35 heures et la retraite précoce pour la fonction publique hospitalière et tardive pour les grands chefs, avec beaux reclassements dans des sinécures publiques pour les médecins collaborant sans réticences avec l’Enarchie.

Nous avions des ministres formidables et bien intentionnés, mais que faire contre Bercy, Bruxelles, le vilain secteur privé, les affreux mandarins, les présidents touche à tout, la volonté de transformer l’hôpital en entreprise de marché… Alors inutile de faire valoir des réalités dommageables : une masse de médecins et de lits d’hôpital unique au monde mais un taux d’activité constamment déséquilibré bien que fort ; la bureaucratisation excessive avec des taux d’administratifs dans le système de santé de 10 points supérieurs au reste des pays comparables ; les méfaits de la gratuité généralisée ; et l’ouverture des soins gratuits et même des prothèses au monde entier ; un coût extravagant.

De 1974 à 2022, les équipes politiques ont toutes fait la même politique. C’est donc que quelques forces telluriques sous-jacentes ont influencé durablement les pouvoirs de façon coercitive.

La première est naturellement le changement radical du rythme de la croissance à partir de 1971. L’accroissement très rapide de la richesse pendant les Trente Glorieuses dans un système d’impôt progressif a noyé de ressources les gouvernements, notamment à partir de 1958. L’argent a coulé à flots et permis de créer un nombre colossal d’hôpitaux eux-mêmes colossaux (« les cathédrales des temps modernes ») et de multiplier les effectifs, les recherches et les équipements dans le secteur médical.

Simultanément la démagogie s’est emparée du dossier car elle était facilement financée dans un moment où les découvertes scientifiques permettaient à la médecine de traiter efficacement de plus en plus de maladies, de mieux en mieux identifiées et comprises. Le nombre des médecins a littéralement explosé. Nous sommes toujours aujourd’hui le pays ayant le plus de médecins pour 100 000 habitants (plus de 6 contre une moyenne de 5 en Europe et 3 dans les pays un peu développés) et celui avec les plus larges capacités hospitalières (même si les cathédrales sont amiantées…) et une dépense de soins par habitant supérieure à quasi-tout le monde. « En France, la dépense de santé au sens international (DCSi) – qui recouvre la CSBM mais également les dépenses de soins de longue durée, de prévention et celles liées à la gouvernance du système de santé – s’établit à 11,3 % du PIB en 2018 [1], soit 1,4 point de plus que la moyenne de l’UE 28 ». La France dispose malgré toutes les mesures prises depuis 50 ans de deux fois plus de lits disponibles que les États-Unis et le Royaume uni.

Cette énorme machine construite pendant les Trente Glorieuses va être remise en cause par la stagnation économique qui suit la destruction des Accords de Bretton Woods, qui provoque la crise de 1973 qui ravage le monde et provoque la crise du pétrole qui elle-même change radicalement le cours de la croissance.

La France qui n’a pas de pétrole, est prise à la gorge. L’inertie fantastique du système de dépenses publiques empêche d’arrêter le train en quelques mois. La récession frappe et tous les comptes tournent au rouge. On découvre avec horreur qu’en système de changes flottants les relances keynésiennes ne marchent pas. Plus jamais le secteur médical ne retrouvera le flot d’argent qui l’a inondée pendant trente ans. C’est cette transformation-là qui est le cœur des difficultés subséquentes. C’est naturellement l’explication fondamentale et elle n’est pas donnée.

Deux autres forces systémiques se mettent en place qui vont aggraver les conséquences du changement de contexte économique.

La première est l’arrivée à maturité et au pouvoir de « l’Enarchie Compassionnelle ». La haute fonction publique a enfin réussi à capter la politique en plus de l’État. Le symbole de ce triomphe est le couple Giscard, Chirac. L’ENA gouverne et tient absolument tout. Elle ne sait que céder, arroser de subventions, fiscaliser et réglementer et éventuellement bloquer. Cela ne cessera plus jamais.

La seconde est la généralisation de la gratuité. La santé doit être totalement gratuite et tous doivent avoir exactement les mêmes accès aux soins, sans tenir compte de rien d’autre. On dirait aujourd’hui : quoi qu’il en coûte. Or on sait quelle est la tare inséparable de la gratuité : le gaspillage, les comportements irresponsables, l’envol des coûts, la répression de producteurs, la répression des malades, la ruine générale du système. La bataille de la gratuité a eu lieu pendant la Quatrième République autour de celle du « petit risque ». Elle n’a jamais cessé d’être menée, aboutissant à la prise en charge gratuite de la santé des étrangers venant à se trouver en France et mille autres générosités coûteuses.

La dénatalité, qui se marque dès le milieu des années soixante-dix et le vieillissement de la population, vont également jouer le rôle d’un tsunami lent, entraînant à la fois une hausse de besoins médicaux de tout en réduisant la part des actifs dans la société, donc les moyens de payer.

Si on se place en 1976, la France est au bord du gouffre sanitaire. On ne peut plus payer ! Personne n’a rien anticipé, analysé, prévu, préparé. On va donc détricoter le système de santé à la petite semaine, dans le silence le plus complet des hommes politiques et des médias qui vont devoir illustrer un mensonge de plus en plus flagrant : « nous avons l’hôpital et le système de santé le plus performant du monde ».

Lorsqu’en 1971, un premier numerus clausus est institué en fin de première année d'études médicales, il s’agit de canaliser les entrées qui explosent avec l’arrivée des classes nombreuses. Les autorités médicales prétendent que la masse va empêcher la qualité de l’enseignement. L’objectif reste la qualité de l’enseignement et des soins.

Avec le plan Barre, l’esprit change. Le fait que nous soyons le pays disposant du nombre de médecins par habitant le plus élevé du monde est jugé anormal avec un nombre de lits colossal et le plus souvent mal géré par des collectivités locales parfois irresponsables. Les syndicats médicaux n’aiment pas la concurrence, ce qui crée une connivence. Et le trou de la sécu devenait béant. « Claude Got, conseiller technique des décrets d'application de la loi de 1979 sur la réforme des études médicales, publiés en mai 1980, et instaurant véritablement l'application du numerus clausus dans l'admission aux études de santé françaises ». Il faut réduire la course à la dépense dans le secteur médical et on pense qu’en réduisant l’offre, et en encadrant les rémunérations, on réduira la demande. Une erreur courante dans un système de gratuité. La répression de la dépense va être un chantier continu jusqu’à nos jours. Pour donner une idée de l’encadrement des rémunérations, on peut prendre l’exemple de la lettre-clef K opératoire, celle des chirurgiens, dont le tarif depuis que la convention médicale a vu le jour dans les années soixante, n’a pas du tout suivi le coût de la vie au point qu’il faudrait le multiplier par quatre pour revenir au niveau de 1965. Les médecins sont une corporation très disparate qui, en vérité, s’est très mal défendue, contrairement aux dentistes, profession homogène, qui ont réussi à rester hors des pattes de la sécurité sociale. Dans la durée, la profession s’est féminisée, les femmes acceptant des salaires plus faibles, mais en refusant les horaires qui ne permettent pas de maintenir une vie familiale. Adieu les gardes et les sujétions d’antan. On retrouve la même situation que dans l’Éducation nationale ou la Justice. Certaines branches de la médecine très contraignantes ne trouvent plus assez de candidats. Le ministère de la santé et les ARS vont développer une bureaucratie à 80 % féminine mais au plus haut de la hiérarchie des salaires publics (quasiment tout le monde en catégorie A), dont on sait qu’ils n’ont pas été divisés par quatre !

Le trou de la sécu et la surmédicalisation française ne reculant pas, rien ne changera pendant les 40 années suivantes, jusqu’à l’effondrement récent provoqué par l’épidémie de Sars-cov-2 et la panique qui s’est ensuivie.

Avant cela, l’arrivée, avec l’élection de F. Mitterrand, de la coalition socialiste communiste va stopper tous les efforts macroéconomiques jusqu’au « tournant de la rigueur », mais personne n’osera toucher au numerus clausus dont le problème est qu’il ne réduit pas l’effectif au travail pendant toute une génération qui vieillit jusqu’au jour où elle part à la retraite. Alors il n’y a plus personne. C’est la situation actuelle.

En revanche on s’attaque au mandarinat ! Les chefs de service sont déclarés divas capricieux et « fascisants ». Heureusement tous les projets les plus dramatiques des excités du PS seront mis progressivement à la poubelle : tous les chefs de service étaient socialistes ou presque ! En revanche la cogestion avec les syndicats est quasiment instituée comme dans l’Éducation Nationale. C’est avec Juppé que la bureaucratie commence à s’implanter. Mais c’est avec Jospin que les 35 heures viennent mettre part terre l’hôpital. Il est intéressant de noter qu’aucun des ministres conviés par le journal Le Monde n’a osé parler de la durée du travail alors qu’une bonne partie des difficultés vient de là. Les chefs de service sont mis sous tutelle avec des services aux horaires devenus rigides avec des réglementations et des normes coercitives. On verra à Saint Malo un chirurgien recoudre un malade en cours d’opération, avant de faire les actes importants, parce qu’une infirmière a décidé de partir à la fin de son horaire légal ! On arrête un service complet parce qu’il manque un médecin ou une infirmière. En même temps on ferme les services qui n’ont pas « assez d’activité » et on veut créer un grand service public du transport médical pour aller vers les nouvelles usines à traiter. Une pure folie de type Gosplan ! Il faudra la révolte des taxis pour mettre fin à cette tentative d’esprit soviétique.

Le gros des pleurnicheries dans l’article porte sur la tarification à l’acte. C’est le prototype du faux problème. Dans un système administré, et marqué par la gratuité des soins aux malades, les prix ne jouent pas leur rôle de régulateur. Ce sont de simples conventions pour redistribuer les budgets. Parler de rentabilité des hôpitaux publics est aussi stupide que parler de bénéfices à la SNCF !

Si vous rémunérez une équipe sans se préoccuper des actes qu’elle fait, le risque est le farniente qu’il faut compenser par des régulations délicates. Si vous le faites à l’acte, sans se préoccuper de rien d’autre, vous voyez les actes se multiplier et les mieux rémunérés plus vite que les autres. Il faut là aussi contrer ces dérives par des régulations nécessaires.

La dualité entre secteur public et secteur privé aggrave les choses. Le secteur privé est toujours rémunéré à l’acte ou au traitement qui est une série d’actes. Qu’il s’agisse de médecins de ville ou de cliniciens. La concurrence se fait sur la qualité, les prix étant uniformisés. La vraie responsabilité de la clinique, c’est d’obtenir des intervenants de grande réputation qui assurent l’activité et l’image de l’institution. Mais il aura nécessairement spécialisation, multiplication des actes et concentration sur les actes les mieux rémunérés. Il faut donc chiffrer la valeur des actes. Il n’y a pas de choix, puisqu’ils sont remboursés intégralement.

Dans le secteur public qui ne peut pas refuser de patients et qui doit couvrir tout le spectre des affections possibles, la situation est différente mais aucune doctrine n’est franchement meilleure qu’une autre. La meilleure est sans doute d’affecter un budget à un service, associé à un contrôleur de gestion indépendant et mettre en œuvre une politique de comparaison des résultats (benchmarking) avec les services comparables.

Mais la facturation à l’acte reste indispensable pour les services utilisant des matériels et les journées d’hospitalisation, la question étant ce qu’on facture, le lit et son assistance ou le lit et le traitement dans le cadre d’un forfait.

Le pire système est de fixer des canevas de traitement fixes contrôlés du début à la fin par ordinateur avec un contrôle bureaucratique permanent, en laissant la bureaucratie parasiter la totalité du système en créant des arrêts pour décision bureaucratique dans tous les processus.

Ce qui frappe dans l’article, c’est l’impuissance des Ministres. On ne comprend pas le contexte et les causes. On réagit dans la panique à chaque récession qui ruine les recettes. On comprime et on bureaucratise, sans jamais s’attaquer aux causes. Et on est toujours dépassé. La bureaucratie réagit en fixant des normes encore plus sévères et en réduisant les lits sous différents prétextes, tout en cherchant des solutions absurdes d’étatisme comme le service public des transports à l’hôpital. On crée des émeutes. Alors on lâche un peu, on cède et on reprend. Rien n’avance. Et on finit par un monde hospitalier où chacun ne cherche plus qu’à se garer des accidents tout en gagnant le plus possible ou en travaillant le moins possible, et en se localisant dans les endroits les plus valorisants.

Du coup les politiques ont accepté leur impuissance et ont choisi de l’accompagner par de la démagogie en étendant les droits-à, tout en réduisant l’offre par des contingentements, des regroupements, des durées de travail réduite, des effectifs contraints etc. On aboutit à cette situation ubuesque où nous avons un service de santé pléthorique, ruineux et surdimensionné mais qui fonctionne mal, maltraite les professionnels et les malades et donne une impression de manque à tous les étages.

En cela le secteur médical rejoint la totalité des services publics, hypertrophiés, ruineux, bureaucratisés, noyés et inefficaces, travaillant peu d’heures, et qui ponctionnent une part grotesquement élevée des ressources nationales. On ne peut pas avoir des services publics qui marchent lorsque les prélèvements, à l’échelon national, représentent quasiment la valeur ajoutée globale des entreprises.

Si vous voulez un bon service de santé, il faut d’abord de la croissance et de l’argent, avec un maximum de responsabilisation de tous les acteurs et une forte concurrence des institutions. Si tout est gratuit et qu’il n’y a plus de croissance, avec une emprise bureaucratique et normative envahissante, vous n’avez plus de système de santé mais un machin déréglé qui ne fonctionne que parce qu’il y a quelques saints à quelques carrefours.

Notons que la prétendue « transition écologique » va créer un nouvel âge de restrictions avec une probable décroissance, qui aura encore plus de conséquences terribles sur le secteur médical. Ce troisième âge de la médecine depuis la guerre de Quarante s’annonce comme une terrible régression ! Le Dr Raoult dénonçait inlassablement qu’en matière de recherche médicale la France était devenue un pays du tiers-monde. Ce n’est que le début ! Les Français tiennent incroyablement à leur santé. F. Fillon a commencé à faiblir dans les sondages lorsqu’il a dévoilé qu’il voulait réduire drastiquement le mammouth médical. On a vu la facilité d’E. Macron à attiser et exploiter électoralement la haine des non vaccinés par des foules inquiètes d’être contaminées.

Les Français veulent sauver l’environnement et la terre avec ferveur. Ils adorent les causes de leurs futurs malheurs en glorifiant les restrictions écologistes Ils ne se rendent absolument pas compte de ce que cela signifie comme réductions… des dépenses de santé !

Trente glorieuses ! Cinquante piteuses ! Cent calamiteuses ? Avec une classe politique et médiatique dominante totalement dépassée et impuissante, forcée au mensonge systématique (le plus souvent par omission) et qui a concédé sa souveraineté à des instances internationales incontrôlables, le chemin de la décadence médicale est fort bien balisé.

L'écologie politique empêche de lutter contre les conséquences du réchauffement

Le réchauffement climatique est majeur depuis le milieu des années 80, après la phase froide d’après- guerre, qui laissait craindre une « glaciation » au début des années 70, jusqu’à la sécheresse de 1976.  Au lieu de faire face aux conséquences, sous l’influence des gourous de Greenpeace, les gouvernements ont choisi d’agir sur la cause supposée : l’accroissement du CO2 dans l’atmosphère, En freinant la production de CO2, jusqu’à sa suppression, on atteindrait une masse de CO2 qui éviterait de dépasser des seuils de températures intolérables. L’ennui, c’est que la conversion envisagée est gigantesque, ruineuse, et de long terme, alors que les conséquences sont immédiates. Pendant qu’on lance des plans pour le milieu du siècle, on oublie d’anticiper le présent et de cadrer des mesures à court terme. Pire encore, rien ne dit que le flux des réductions envisagées qui représentent 1/10.000 par an du stock de CO2auront la moindre conséquence. Jusqu’ici toutes les réductions obtenues à coups de centaines de milliards n’ont eu aucun effet.

Une conversion totale à la neutralité carbone est une utopie dans les délais extrêmement brefs proposés et selon les modalités idéologiques choisies.  Les prétendus écologistes, en vérité dans sa variante politique, des ultra gauchistes anti capitalistes et anti-patriarcat, ont souhaité créer des mesures coercitives symboliques contre la circulation, la production et la consommation.

Ils ont condamné par habitude l’énergie nucléaire. Seule la réduction des voies de circulation au profit des vélos et les éoliennes ont eu leur imprimatur. Pour le reste il ne fallait plus rien faire et bloquer toute initiative, notamment pour préparer les forêts à l’élévation des températures et les cultures au risque de sécheresse. Leurs actions ont pris un caractère violent et anti républicain avec des destructions de réserves d’eau en pleine sécheresse, comme encore dernièrement à Nalliers et Pouillé en Vendée.  Les écolos nouvelle façon sont de petits fascistes qui enfreignent la loi et attaquent des citoyens pacifiques comme on l’a vu avec les bouchers., tout en détruisant des biens collectifs. Quand ils accèdent au moindre pouvoir, ils détruisent et ruinent et se moquent des populations qui subissent.

Naturellement, leur nihilisme empêche toute formulation d’une politique sensée d’adaptation. Dès qu’une action est entreprise, elle est aussitôt contestée par un clan ou par un autre de la mouvance.

C’est donc à la population française de subir, avec des hommes politiques qui exigent d’eux qu’ils fassent tous les efforts. Le plus drôle, c’est qu’en cas de rupture de fourniture électrique cette hiver ou en 2023, il faudra mettre au garage les voitures et vélos électriques ou alors geler et cesser de cuisiner.

Régime d’assemblée et Ve République - Il faut réformer d'urgence

L’Assemblée nationale est entrée en crise avec d’une part l’élection du Président de la République au suffrage universel, privant les grands électeurs de leur rôle, d’autre part l’organisation des élections législatives dans la foulée des présidentielles et enfin et surtout le transfert vers l’Union européenne d’une grosse part de la législation.

En vérité, le triomphe de " l’Enarchie compassionnelle et politiquement correcte " a joué un rôle essentiel. Si les hauts fonctionnaires tiennent à la fois le politique et l’administratif, il n’y a plus de division du pouvoir. Le politique devient un concours d’écuries pour savoir quel clan d’énarques va diriger.

Le népotisme et la facilité règnent alors en maîtres. On vit en famille de glorieux allers et retours entre ministères, postes lucratifs dans des agences, passages par le privé comme lobbyiste, avant de rejoindre le corps des élus puis en cas d’échec de nouvelles promotions dans des lieux de pouvoirs et d’argent, comme la Cour des comptes ou le Conseil d’État au tour extérieur.

Mme Wargon, fille d’une énarque et d'un homme politique à toute main ayant fait l’X, entre dans les arcanes du pouvoir à la mairie de Paris, puis dans les postes d’assistants politiques avant de rejoindre le gouvernement, comme secrétaire d’État puis ministre et avant de se planter dans une élection législative. Dès qu’il le faut la voilà reclassée à la tête d’une agence avant de recommencer un cycle à un niveau plus haut. Beaucoup d’argent très jeune et du pouvoir et de la visibilité. Parfait. L’ennui c’est que toutes les mesures bureaucratiques prises par Mme Wargon, qui n’a jamais travaillé et ne sait même pas ce que la vie économique veut dire, ont lamentablement foiré et doivent être détricotées. Les sénateurs veulent revoir de Zéro Artificialisation Nette, d’autres repousser le diagnostic obligatoire des appartements, d’autres… Comment voulez-vous qu’avec un tel profil la bureaucratie ne soit pas envahissante ?

Mme Parly, dite Parly II, a une trajectoire encore plus caricaturale avec des rémunérations extravagantes. Elle a fait des passages rémunérateurs dans des sociétés liées à l’État, et veut accéder après son passage au ministère des armées, à la tête d’Air-France KLM. Toutes ses nominations n’ont conduit qu’à des désastres. Comme ministre des Armées, elle a conduit les armées françaises à être vidées comme un malpropre du Mali. On voit avec la guerre en Ukraine combien nous sommes mal équipés et en retard de conception et de stratégie sur tout. Ses deux mamelles nourricières précédentes ont connu les pires résultats. la SNCF n’a pas cessé de crouler sous les dettes et Air France sous les mauvais résultats lorsqu’elle y était. Ce n’est pas polémique : juste objectif. Elle s'est recyclé dans les conseils d'adminsitrtion tenus par l'Etat qui donne des rémunérations fabuleuses. Merci pour elle !

Comme Wargon, ce sont des « filles-de », qui ont profité de la parité pour faire des carrières étincelantes au milieu des désastres qu’elles ont créés et en gagnant, du moins pour Parly, des sommes absolument folles, jamais liées à des résultats quelconques. En 20 ans on parle de dizaines de millions d’euros pas de dizaines ni de centaines de milliers.

On pourrait continuer avec Mme Panier Runacher qui avait réussi à se ménager une petite vie à 500 000 euros par an sans mérite particulier, tout en faisant du saute-mouton entre privé, public, législatif et exécutif. Elle fait carrière ès qualités d’énarque-HEC, de femme bénéficiant de la parité, mais jamais pour ses résultats étincelants. Elle multiplie les casseroles et a même fini par être élue Casserole d'or de l'association de lutte contre la corruption, Anticor. Cela ne l’empêche pas de parader sous les ors de la République comme « responsable » de la transition écologique en remplacement d’une autre abusive, sèchement recalée par le suffrage universel, comme d’ailleurs Nicolas Bays avec lequel elle vit et qui multiplie les situations douteuses.

L’Assemblée Nationale n’est vue par ces gens-là, que comme une source d’argent et d’élévation dans la hiérarchie politique. On n’y fera rien, de toute façon. Les décisions sont prises ailleurs. Mais on cumulera les rémunérations avec les activités privées, les conseils d’administrations, les postes dans de grandes ONG, etc.

Avec Macron, le système a été poussé à l’incandescence, le Président prenant toutes les décisions avec son secrétaire général, et laissant faire l’Europe sans vraie résistance. Le Parlement français n’existe plus que comme un élément routinier et formel dans la décision.

Jusqu’à ce que ses palinodies finissent par irriter tellement de Français qu’ils ont envoyé au Parlement deux partis extrémistes qui lui ont fait perdre sa majorité. Beaucoup de Français sont heureux de cette situation. Ils ont tort. Le retour à l’esprit de la IVe République n’annonce rien de bon. La preuve : le parlement est redevenu une machine à distribuer des bonbons démagogiques à la place du président ou en concurrence avec lui.

Si on veut donner à l’Assemblée nationale son vrai rôle, c’est d’autres pistes qu’il faut suivre.

D’abord assurer la séparation entre la haute administration et la politique. Nul ne peut être élu dans une assemblée qui détermine ses conditions de vie. Pas de fonctionnaire au parlement, sauf s’il a démissionné de son statut.

Ensuite introduire un débat au Parlement français sur toutes les grandes directives européennes avant le vote au Parlement européen. Tout ce qui se passe à Bruxelles échappe au débat en France alors que c’est le rôle du parlement de vérifier la position de l’exécutif et de donner des orientations sur ce que veulent les Français aux députés européens.

Enfin doter les parlementaires d’une fonction impératives de contrôle des dépenses, avec une administration en conséquence, afin de réduire la dépense publique (faux paradoxe), en donnant mission constitutionnelle de ne jamais dépasser 35 % du PIB en prélèvement et 100 % en dettes publiques. Ils ne pourront jamais voter une dépense si la dépense publique dépasse 35 % du PIB, sauf une majorité qualifiée de 75 % des élus dans les deux assemblées.

Permettre au député à nouveau d’être député-maire, mais lui  interdire de l’être dans les 12 plus grandes villes de France et dans les assemblées et exécutifs régionaux. Faire en sorte que les régions et les villes en déficit excessif soient mises sous surveillance du Parlement national, avec l’obligation d’un accord préalable du parlement selon des majorités fortes pour des dépenses hors normes et dans le cadre d’un budget d’exception borné dans le temps.

Il faut évidemment mettre fin aux abus jupitériens qui mutualisent les cabinets et qui font tout dépendre du président. Il faut une pratique présidentielle qui abandonne les excès installés par Macron. Tout en laissant au président le soin de mener la politique générale du pays sans entraver le cours normal des institutions par des crises ministérielles.

Évidemment, faire passer de telles évolutions dans des organisations politiques qui ont multiplié les nominations d’énarques à tous les carrefours de leurs institutions et qui mènent tous des écuries présidentielles, c’est quasiment impossible. Mais c’est ce qu’il faut faire.

La France n’est plus en démocratie véritable mais sous tutelle d’une mafia invasive qui se moque de l’indépendance nationale et de la qualité des politiques menées. Des places, de l’argent, des décorations, du pouvoir. Le reste ? Quel reste ?

On dira : vous discutez institutions, pas économie. Faux. C’est l’Assemblée nationale qui a la clé pour éviter qu’on maintienne une dépense publique hors norme qui tue notre économie. Réviser son mode de fonctionnement fait partie du cœur d’un projet de grand redressement.

 

Didier Dufau

La Nupes et Israël - L'indispensable antidote de Michel Onfray

Il était inévitable qu’un intellectuel de gauche, dont la vocation est de ne se sentir prisonnier de rien d’autre que la vérité, finisse par s’élever contre les nouveaux conformismes imposés par la gauche, depuis la Libération, qui sont tous fondés sur une armée de mensonges particulièrement grossiers.

Inévitable mais difficile tant la répression médiatique des contrevenants a été et reste forte. C’est Michel Onfray qui s’y est collé. Grâce lui soit éternellement rendue !

La délectation à lire sa destruction radicale de la psychanalyse, une escroquerie intellectuelle et médicale, ne peut être surpassée que par sa destruction de l’image d’un Mitterrand socialiste, réduit à sa réalité saumâtre de collabo malin reconverti assez vite dans une résistance giraudiste sans signification autre que d’opportunité. Avoir fait un Dieu de ce qui restera dans l’histoire comme un pourrisseur sans états d’âme , était une imposture tout de même assez énorme. Tout cela a fini, côté thuriféraire, par une édition de luxe payée par le contribuable de ses lettres d’amour ampoulées à la mémère de la RTF, Catherine Langeais. Tableau !

De coups de griffes en coups de canon, Michel Onfray effiloche « la toile d’araignée gramciste » qui a emberlificoté l’opinion publique et les médias depuis la guerre de Quarante. Il détruit les slogans malhonnêtes et mensongers qui ont permis à l’extrême gauche, communistes et trotskistes et socialistes façon Nupes, de se présenter comme le camp du bien contre une droite infâme, hitlérienne dans l’âme et pourvoyeuse de génocides.

La commémoration de l’immonde rafle du Vel-d’Hiv a été une fois de plus l’occasion de répéter les mantras antibourgeois assimilant les droites à Hitler, mais a conduit Mélenchon à tenter une action contre Israël considérée notamment par les communistes comme un pouvoir racial basé sur l’apartheid et faisant subir aux Palestiniens le traitement que Pétain a fait subir aux Juifs.

L’affaire est évidemment politicienne. Depuis que l’extrême gauche et les socialistes ont considéré qu’il fallait abandonner l’ingrate classe ouvrière au profit de l’immigration musulmane, il fallait activer les feux dans la condamnation d’Israël et se réapproprier toute la sémantique islamique vis-à-vis des Palestiniens martyrs. Du coup la gauche reprenait à son compte l’antisémitisme de l’Oumma, le seul qui tue encore des juifs dans le monde, avec en prime la menace d’extermination des juifs d’Israël par une bombe atomique iranienne !

Depuis que les restes démembrés du PS ont rejoint la NUPES, la notion de gauche « morale » devenait encore plus problématique. Exploiter la Shoah contre la droite et les Juifs, cela devient un peu trop fortiche à avaler pour être honnête, même pour un socialiste.

Michel Onfray a donc écrit un articulet vengeur dans le Journal du Dimanche qui fait place nette.

Comment ne pas rappeler que le premier parti collabo des Nazis a été le parti communiste. Il l’a été dès le pacte Molotov Ribbentrop, l’alliance entre Hitler et Staline, et a organisé le sabotage des armements français lors de la montée vers la guerre. Le PC a été un parti de traîtres qui a fait tuer des Français, avant même que leurs amis nazis occupent la France. Ils ont alors enchanté la presse nazie de leurs déclarations d’amour pour les soldats allemands. Onfray n’y va pas par quatre chemins. Il cite le vibrant hommage écrit par le PC dans la presse de collaboration au soldat allemand tellement bien accueilli par les Français ! Une ignominie à la Duclos, un fameux spécialiste. Moi-même, j’avais publié sur le forum du monde les propos d’Aragon demandant qu’une Guépéou à la française nettoie le monde des infects bourgeois, ce qui, quand on connaît la suite, c’est-à-dire probablement plus de 100 millions de morts assassinés, a fait mauvais genre.

On disait à l’époque : PC, Parti Collabo !

De même tout le monde sait qu’il y a eu de nombreux liens entre communisme, fascisme et nazisme, contraction de national-socialisme. Hitler a commencé comme spartakiste. Mussolini était socialiste, comme les piliers de la collaboration qu’étaient Déat et Doriot. Une grande partie de la gauche pacifiste a tourné maréchaliste après la débâcle.

À un moment où une presse énamourée fait de Fabien Roussel un formidable candidat parce qu’il a défendu la bonne bouffe contre les puritains de l’écologie maladive, elle n’avait pas vu qu’il allait devenir le premier signataire d’une motion raciste contre Israël ! Eh oui, un communiste est un communiste et restera un communiste. Qu’il aime le fromage ou pas !

Onfray a raison de déclarer qu’on vient d’entrer dans un nouvel âge de l’antisémitisme qui est basé sur l’intégrisme génocidaire islamiste vis-à-vis d’Israël, même si sa catégorisation des âges précédents n’est pas totalement juste. Il y eut un antisémitisme catholique et un antisémitisme marxiste. C’est vrai. Surtout, il y a eu un antisémitisme national et souverainiste qui n’admettait pas qu’une aussi petite minorité ait réussi à se tailler des parts dominantes dans la presse, la finance, la politique. C’est cet antisémitisme qui régnait à Vichy, qui voulait interdire cet entrisme à succès. Onfray a tort de ne pas le signaler. Cet antisémitisme-là demeure vivace et se retrouve par exemple dans la condamnation de l’emprise des hommes de Goldman Sachs sur l’Union Européenne et plusieurs des pays européens. La crainte d’une emprise occulte est toujours là et nourrit toujours une forme d’antisémitisme.

Staline avait créé une république pour les Juifs et n’a jamais admis que les juifs russes préfèrent aller en Israël. La répression antisémite de sa fin de règne vient principalement de cette rancœur. Il justifie moins que le PC continue 75 ans plus tard à porter l’hystérie anti israélienne stalinienne.

Il est clair que le nouvel âge de l’antisémitisme est d’abord islamiste et les initiatives de la Nupes ne se comprennent que par la volonté d’utiliser électoralement le réservoir musulman en reprenant toutes ses querelles, du Burkini à la destruction de l’État d’Israël.

Il est parfaitement clair qu’on pouvait très bien être contre la création d’un état israélien en Palestine, sans être antisémite. Moi-même me désole de l’Alya des juifs français. On pouvait comme de Gaulle légitimement prévenir Mme Golda Meir contre l’idée d’une guerre préventive. On peut même critiquer la volonté d’extension du territoire israélien au-delà des frontières actuelles, par grignotage ou par annexion.

Mais, désormais Israël est un fait acquis et les demandes de destruction du pays sont du ressort de l’antisémitisme le plus absolu. Ce qui sidère dans le projet de la NUPES, c’est le racialisme qui en suinte, et la volonté expressément exprimée de mettre fin à l’État d’Israël, organisation structurellement assimilée à un état apartheid, ce qui est objectivement faux.

La soumission des reliquats de forces socialistes en France aux Oukases de Mélenchon et la volonté de se refaire la cerise en pliant devant les exigences islamistes, font éclater de toute part la fameuse toile d’araignée gramscienne qui enveloppe l’opinion publique en France et a au moins cet avantage de renvoyer aux poubelles de l’histoire la fantaisie d’une extrême-gauche morale et parangon exemplaire du bien public.

Le double ralliement de Mélenchon à la dictature criminelle du Venezuela et à l’antisémitisme radical et exterminateur islamiste est une réplique de l’ignoble et criminelle collaboration du PC avec Hitler.

La Nupes est une saleté politique immonde à nettoyer d’urgence et le savon employé par M. Onfray est parfaitement propre à cet usage.

 

Un sujet fondamental : pourquoi 87 à 90% des juifs français n'ont pas été dépôrtés et ont survécu.

Paxton et Zemmour renvoyés dos à dos. Le livre fondamental de Jacques Semelin

Nous terminerons ce mois de juillet consacré aux livres importants qui remettent en cause soit des mensonges, soit des tabous, soit des erreurs d’appréciation dommageables, par le livre de Jacques Semelin « une énigme française » chez Albin Michel. Le fait que l’édition s’attaque à des sujets aussi difficiles est la preuve d’une réelle vitalité qu’il faut souligner. Bien sûr les trois auteurs que nous avons mis sur le pavois ne sont pas véritablement dans des filières officielles. Mais il est normal que la liberté interpelle d’abord en dehors des cadres trop enfermés par une doxa contrôlée de près par des groupes intéressés.

Après la Guerre d’Espagne, qui disparaît progressivement des esprits, et la transition énergétique, qui l’envahit, deux sujets où le mensonge règne en maître, il était intéressant de se pencher sur le sujet polémique suprême : la Shoah. On dira : après 50 ans de matraquage sur cet épisode terrible de la seconde guerre mondiale, reste-t-il encore quelque chose à dire de nouveau ?

Mais oui et l’aspect oublié que Jacques Semelin ajoute au débat national et international n’est pas mineur : pourquoi les trois-quarts des juifs en France n’ont pas été déportés, et, à l’intérieur de cette catégorie, pourquoi 87 à 90 % des juifs français ont-ils pu échapper à l’ambition exterminatrice de l’occupant ? L’historiographie s’est consacrée d’abord aux victimes déportées ou assassinées, ce qui est normal. Mais, le plan nazi étant d’exterminer le plus grand nombre de juifs, et l’antisémitisme de Pétain et de son gouvernement étant aggravé par sa collaboration active, comment se fait-il que la très grande majorité de la population juive présente en France soit restée indemne ?

La question est sensible. Mettre en avant ce fait peut passer pour exonératoire pour le régime de Vichy et déclencher des réactions mémorielles outragées. S’attaquer à un tel sujet prouve la force de caractère de J. Semelin mais aussi son esprit précautionneux. Il fallait déminer, déminer encore, et le mieux était encore de raconter l’histoire détaillée de sa réflexion historique pour éviter que la démarche ne soit immédiatement disqualifiée et considérée comme « nauséabonde ».

Le sujet a également un côté actuel à la suite de la campagne électorale de Zemmour. Ses propos contre l’approche de Paxton, considérée par lui comme un « french bashing » anglo-saxon particulièrement immonde, sont revenus à la surface pour le déconsidérer comme pétainiste pronazi d’extrême-droite.

Le livre permet à la fois de déterminer pourquoi Paxton est outrancier tout en condamnant la manière dont Zemmour a développé son argumentation, ici aussi, outrancière.

L’important dans la démarche historique de Semelin, c’est toute la partie recherche. Combien de juifs français en France en 1939, combien de survivants en 1945. Quelles ont été les stratégies d’évitement de la déportation ? Quelle a été l’attitude de la majorité des Français ? Qu’ont fait les autorités françaises ? Où, quand comment les Juifs ont-ils été capturés pour la déportation, par qui et comment ?

Ceux qui liront le livre apprendront des choses sidérantes : il y avait encore 40 000 juifs à Paris et se déplaçant avec leur étoile jaune en 1944 ! Sur les 320 000 israélites de 1939, les trois-quart ont survécu, quasiment le plus fort taux européen, égal à celui de l’Italie, qui ne recelait qu’une très petite population juive (40 000) et qui n’était pas sous la domination hitlérienne. Les enfants juifs étaient interdits d’école en Italie pas en France.

Ceux des Juifs qui ont réussi à échapper la volonté d’extermination d’Hitler ne le doivent pas à Pétain ni aux gouvernements de collaboration, bien qu’ils aient été plus que réticents à livrer des Français, et qu’ils aient commencé à partir de 1942 à résister aux demandes allemandes de déportations massives d’enfants, après l’occupation totale du pays, à cause des réactions de plus en plus critiques notamment des autorités religieuses françaises, qui ont longtemps accompagné le Maréchal. Il est clair que Zemmour s’est trompé en donnant l’impression qu’il voulait réhabiliter Pétain, alors qu’il souhaitait parer l’injure de Paxton contre la France et l’entièreté de la population française déclarée complice.

Alors, si la France est le pays qui proportionnellement a subi le moins de pertes, alors qu’il a été dirigé par des autorités collaborationnistes et occupés partiellement puis totalement par les nazis, c’est que des forces au sein même du pays ont puissamment œuvré à limiter la déportation des juifs.

La tentative de Paxton d’essentialiser la population française comme antisémite et pro Shoah est grotesque. Une chose est de rappeler des vérités qu’on avait tendance à laisser dans le silence, dans l’historiographie officielle française, une autre de porter des accusations collectives incandescentes et calomniatrices.

Le livre permet d’aboutir au consensus sur d’autres questions importantes. Non, ce ne sont pas les 4 000 « justes » qui ont pu sauver quasiment 300 000 juifs ! Non, le discours de Chirac reconnaissant la responsabilité de la France tout entière, n’était pas juste ! Ce fut une erreur manifeste. Il fallait incriminer d’abord la faute des autorités de l’époque, c’est-à-dire le gouvernement de Vichy et son parti de collaboration, pas la France ni les Français.

Les juifs survivants ont bénéficié :

- Un moment, du fait qu’il restait un gouvernement national et une zone non occupée par les Allemands. La zone Nono a permis à des dizaines de milliers de juifs de s’éloigner des soldats allemands jusqu’en 1942.

- De la solidarité active de la très grande majorité des Français avec les Français déplacés, ruinés ou poursuivis, sans distinction. La solidarité et la bienveillance vis-à-vis des populations françaises atteintes par la guerre ont été générales et le plus souvent anonymes. La xénophobie des Français s’est exercée contre des populations étrangères qui se sont accumulées en France à la suite du pacte germano-soviétique et de la guerre d’Espagne. La solidarité a dominé entre Français et il n’y avait aucun antisémitisme notamment dans les campagnes, sauf quelques manifestations sans conséquences graves d’une partie du clergé catholique contre les « tueurs de Jésus ». Le nombre de lettres de dénonciations de juifs est ridicule dans le flot des dénonciations reçues par les Allemands.

- De l’intelligence des familles juives qui se sont organisées pour fuir la destruction et ont trouvé courageusement et intelligemment mille moyens pour se mettre à l’abri le plus souvent au vu et su de tout le monde et sans craindre l’attitude des populations locales. Les enfants ont été scolarisés sans difficultés. Même l’Église catholique, généralement vilipendée pour son attitude pendant cette période, a créé de nombreuses initiatives pour les familles juives. La solidarité avec les réfugiés français n’a jamais été sélective.

La vérité mémorielle sur l’ensemble de cette période est que les Français n’ont pas à rougir de la manière dont ils ont affronté les conséquences de leur échec à contenir les troupes nazies. La France et les Français ne se sont pas déshonorés sur la question juive, même si les gouvernements de Pétain ont mené des politiques injustifiables et criminelles justement dénoncées.

La gauche se considère comme la seule force morale, malgré ses fautes immenses, notamment celle des communistes qui ont endossé le pacte germano-soviétique et ont été les premiers à se lancer dans la collaboration avec Hitler, avant même l’occupation, jusqu’à l’invasion de l’URSS en 1942. Elle exploite la Shoah sans vergogne pour asséner de façon obsessionnelle des assimilations honteuses : droite = Pétain = nazisme = Shoah, avec des raccourcis curieux comme Papon = Nazisme, de Gaulle = Papon, de Gaulle égale nazisme. Tout cela parce que chacun sait depuis plusieurs publications, qu’une part essentielle de la collaboration était le fait de beaucoup d’anciens communistes (Déat, Doriot) et socialistes, souvent teintés de pacifisme (comme le père de Jospin).

Encore il y a deux jours, Clémentine Autain, passionaria communiste sans frein, devenue une égérie vieillissante à la Nupes et d’autant plus nerveuse, répétait Droite = Shoah = culpabilité = infamie !

Le livre de J. Semelin donne également beaucoup d’exemples d’amplifications politiques de la détestation de la droite au nom de la Shoah instrumentalisée par les journalistes, les hommes de lettres, et les gens de cinéma. C’est trop utile à tous ces gens dont un grand nombre a été complice de Staline et de Mao pour laver leur réputation.

Il y a donc fort à parier que la diffusion du livre de J. Semelin et de ses thèses restera marginale.

Un exemple de plus de l’emprise de la gauche sous tutelle communiste depuis la Libération pour perpétuer d’immondes mensonges et encadrer l’opinion publique, notamment à l’école et à l’université.

Raison de plus pour souligner ici qu’il a parfaitement raison et qu’il est l’honneur de l’historiographie de la seconde guerre mondiale.

La France doit redevenir une terre d’amour de la vérité.

Christian Gerondeau : l'indispensable trilogie sur la religion écologique

La fin de l'intox du GIEC

Lors que le 4 août 2021 j’ai abordé dans une conférence la question écologique, avec des interrogations fortes sur les idées dominantes défendues par le GIEC, les réactions ont été surprenantes ou terriblement pédagogiques comme on voudra. Il était facile de démontrer avec des opérations élémentaires dignes d’un élève de 7e et sur la base de chiffres qu’il suffisait de vérifier sur internet en trois secondes, que la politique proposée était strictement inutile d’un côté et impossible à mener de l’autre. Des réactions violentes se sont produites dans l’assistance, un phénomène jamais rencontrées depuis des années que je fais des conférences. Des jeunes filles indignées se sont levées et ont quitté la salle. Des adultes que je connaissais pour raisonnables ont durci leur visage en marque de réprobation. On entendait des « il ment », des « c’est faux », des « c’est scandaleux » etc. J’aurais expliqué à une assemblée de musulmans fanatiques que Mahomet était un farceur, la réaction n’aurait pas été plus vive ! Une partie de la salle ne voulait pas entendre ! Le dogme était sacré. L’écologie était clairement devenue une religion qui ne pouvait tolérer les sceptiques. À l’époque, le premier livre iconoclaste de Christian Gerondeau n’était pas encore paru (La religion écologique - L’Artilleur). La revue Causeur avait refusé de prendre un petit article sur le coût de la suppression du moteur thermique. Cette conférence a été un déclic. Les calculs les plus simples et les moins contestables étaient considérés comme faux et de mauvaise foi. « Je ne veux pas le savoir ». Vingt-cinq ans de propagande incessante avaient suggestionné et décérébré une partie très importante de la population qui ne voulait plus revenir sur son engagement, même au prix de la sottise la plus crasse.

J’ai donc entrepris d’écrire un livre explicitement centré sur les risques économiques de l’écologie prônée par le GIEC (Réconcilier Économie et Écologie – Deux trains lancés l’un vers l’autre sur la même voie, aux éditions du cercle des économistes e-toile). Malheureusement l’hystérie autour d’une nième vague de Covid et la volonté de Macron « d’emmerder les Français » rétifs à la nième vaccination n’a pas permis d’organiser quoi que ce soit et le sujet a été évacué totalement des élections présidentielles, puis législatives, entièrement préempté par l’Union européenne qui a imposé sans aucune étude d’impact la suppression du moteur thermique en 2 035.

Le temps était revenu d’aborder la question écologique. Malheureusement la guerre en Ukraine a, à nouveau, faussé toute la donne. Néanmoins, nous avons décidé de relancer le livre, encouragé par la parution de deux nouveaux livres de Christian Gerondeau, qui a complété son premier livre par « Les 12 mensonges du GIEC » et surtout l’indispensable « La voiture électrique et autres folies » que nous conseillons à tous les lecteurs de ce blog tant les chiffres donnés sont importants.

« Comment briser le mur de mensonge érigé par les tenants de la doxa aujourd’hui régnante qui les cache aux yeux du monde car ceux-ci ont tout fait, jusqu’à présent avec succès, pour empêcher toute confrontation avec ceux qui les contestent, parfois présentés comme des « adeptes de la terre plate » alors qu’ils portent la voix du bon sens »

J’aurais pu écrire la même phrase. Ce blog depuis presque 15 ans pose inlassablement la question de la défaite de la vérité sur un grand nombre de sujets économiques, monétaires, sociaux, historiques et écologiques. L’opinion se forme dans une toile d’araignée de mensonges ahurissants qu’il est interdit de balayer.

Nous avons vu dans un précédent article l’ampleur titanesque et forcenée du tissu de mensonges qu’est la présentation de la guerre d’Espagne en France. Un tel niveau de désinformation est presque égalé sur la question écologique. La France et l’Europe de l’Ouest sont devenus les nouveaux « pays du mensonge déconcertant » ! Comme c’est glorieux !

La force de Christian Gerondeau est qu’il prend les faits et présente des graphiques exacts. Ensuite il compare avec les affirmations du GIEC. Et on constate des présentations volontairement tronquées, disons même truquées, des changements d’unités qui ne permettent plus de comparer, des affirmations sans preuve, des attitudes de Savonarole énervé, des injonctions contradictoires, de la littérature de pure propagande, des mesures outrancières et débiles, la démoralisation des jeunes, la génération de comportements délirants chez des esprits fragiles.

Chaque jour démontre l’effet démoralisant des sottises intéressées du GIEC. Un homme annonçait hier encore devant les télévisions énamourées qu’il allait se faire stériliser pour ne pas encombrer la planète d’enfants gâtés qui provoqueraient le réchauffement climatique ! Lorsque la folie devient la règle, il est temps de quitter la nef des fous. Malheureusement il n’y a pas de véhicule de secours. Il faut donc bien attaquer de front les sottises mensongères du GIEC et s’attaquer aux abrutis qui ont cru bon par grégarisme inculte de mettre en application leur plan de régression mortelle de l’économie mondiale.

Les Français ne le savent pas encore, mais le temps est venu de faire sauter le carcan de l’inepte concept de la transition écologique avant la ruine définitive du pays et l’instauration d’une quasi-dictature climatique quand la situation sera devenue ingérable.

Il faut savoir que l’intoxication des consciences est telle que ce sera un travail politique colossal et il est compréhensible qu’aucune force politique ne veuille prendre le risque de s’approprier, même si c’est une nécessité nationale cruciale. L’opinion veut du greenwashing et on lui en sert des tonnes. Les entreprises ont décidé de ne pas résister et vomissent leur torrent d’inepties vertes ou LGBT pour soigner leur image et éviter d’être vilipendées par des dizaines d’associations militantes inondées d’argent.

Il va falloir braver toutes les forces « du bien » qui, dans les médias, les arcanes du pouvoir, à l’ONU, au sein de l’UE, et dans l’administration française qui cogère le pays avec des associations de fanatiques, accablent l’opinion de mensonges et de menaces intenses et diversifiées.

C’est beaucoup plus simple de se couler dans le politiquement correct pour gagner des places, du pouvoir et de l’argent. Aux États-Unis et dans de grands groupes mondialisés en Europe, on fait déjà signer des déclarations par lesquelles on se déclare parfaitement au courant des difficultés de genre ou climatiques, et qu’on adhère totalement à la nécessité d’être inclusif et de sauver la planète. Pas question de montrer de la tiédeur et de ne pas hurler avec les loups quand il faut éliminer un récalcitrant. En URSS, il fallait prouver sa parfaite connaissance du marxisme-léninisme pour postuler à quoi que ce soit. S’il fallait signer des formules comme Allah est le seul Dieu, tout le monde crierait à la dictature. Dans le domaine LGBT et écologiste, cela parait une simple bonne idée.

Le GIEC est désormais une institution non scientifique déconsidérée par quiconque s’intéresse au sujet. Christian Gerondeau n’a pas de difficulté à montrer les tricheries utilisées par cette machine à travestir.

Calculer la masse de CO2 autour de la planète en « ppm », unité incompréhensible du grand public et les flux de création de CO2 en tonnes ne permet aucune comparaison. C’est fait exprès. Car dès qu’on parle en tonnes on voit que le stock de CO2 est tel que la suppression des flux de CO2 liés à la voiture en France n’en représente que le 10.000ième ce qui interdit tout espoir d’un effet quelconque sur le climat, même en utilisant les modèles les plus extravagants du GIEC.

De même trafiquer la courbe sinusoïdale de l’évolution de la température terrestre, qui oscille avec une périodicité d’environ 60 ans depuis des lustres, en droite quasiment verticale est un exploit dans la malhonnêteté tout à fait remarquable. Là aussi la tricherie est volontaire. La préméditation est impossible à cacher.

Comme nous l’avons fait également, avec une autre approche, Christian Gerondeau apporte la preuve que la disparition du moteur thermique en Europe ne se fera pas parce qu’il est tout simplement impossible. Nouveauté, Il prouve en s’appuyant sur l’aveu d’Elan Musk, que la voiture électrique est incompatible avec un réseau d’autoroutes et la volonté d’aller en famille en vacances… Désormais les Californiens riches prennent leur quatre-quatre pour aller en vacances un peu lointaines !

Comme nous le faisons sur ce site en critiquant ouvertement toutes les mesures prises par Mme Wargon, Christian Gerondeau n’a pas de difficulté à prouver que la conversion du parc de bâtiments en blockhaus thermiques est un gâchis infernal et strictement inutile.

La partie le plus intéressante et originale est celle qui démontre qu’en réalisant une maintenance finalement peu coûteuse du parc de centrales atomiques existantes, il est parfaitement inutile d’en construire d’autres. Nous avions nous-mêmes rappelé que Giscard avait lancé le TGV et le chauffage électrique des nouveaux immeubles parce qu’il anticipait que les centrales nucléaires produiraient un excès d’électricité. Et il est vrai que nous avons exporté de l’énergie pendant des décennies jusqu’à ce que le programme nucléaire sous la pression des Verts tourne de l’œil. Gerondeau rappelle que depuis 2000 la consommation d’électricité baisse en France, ce que personne ne sait car personne ne le dit dans les médias. Les capacités nucléaires étaient donc de plus en plus excédentaires. Construire la Hague n’avait en fait aucun intérêt. Cette baisse de la consommation électrique est due à un simple phénomène de saturation des marchés maintenant que tout le monde est équipé en réfrigérateur, lave-linge, lave-vaisselle, télévision et autres applications électroniques. Elle est là pour durer.

Le programme ruineux de construction d’éoliennes a créé quelques super fortunes opportunistes avec de l’argent public c’est-à-dire les impôts payés par les autres, mais en forçant à utiliser en priorité l’énergie éolienne, on a freiné les centrales qui ont fini par fonctionner de façon bancale. On n’avait aucunement besoin de cette nouvelle source d’énergie.

De même le pays se ruine avec ses politiques ferroviaires à l’échelon régional et local autant que national. L’investissement est colossal, la recette comptée ridicule. Le tout ne fonctionne qu’à perte. Et on affirme, encore un mensonge, que la SNCF peut faire des bénéfices, alors qu’elle entraîne chaque année au minimum 14 milliards de pertes et qu’elle est responsable d’une grosse partie de la dette colossale du pays. Là aussi, nous avons écrit sur ce sujet dans tous nos livres et plusieurs articles sur ce blog. Notons que ce n’est pas Mme Borne qui va changer le cours des choses. Elle est entièrement mouillée dans la politique folle des transports que nous avons connue.

On voit que dès qu’on part des réalités, les vues convergent. Les constats sont les constats.

La nécessité aujourd’hui est de contrer la religion d’état qu’est devenue la religion écologiste qui s’est imposée d’en haut, à partir des quelques fanatiques Verts allemands, d’abord à l’ONU puis dans les instances européennes puis partout dans les médias. Il faut gagner une bataille de faits et d’opinion.

Et bien sûr il faudra ensuite bâtir une stratégie alternative, car des difficultés écologiques, il y en a, principalement des risques de pénuries, et il faut les anticiper. Construire une croissance plus équilibrée, moins intensive en destruction de ressources non renouvelables est un bon objectif. Il est nécessaire de réserver les ressources rares qu’il nous reste à des investissements bien choisis et optimisés, de même que les obligations réglementaires doivent être soigneusement pesées. Le gaspillage éperdu et intenable actuel, sans aucune efficacité, doit être totalement arrêté. Nous risquons un collapsus économique irrattrapable créant de surcroît un chaos politique difficile à maîtriser.

Le risque des politiques écologistes irrationnelles menées à la suite des gourous allemands de la décroissance heureuse est d’une part de succomber aux mesures folles de transition qu’on veut imposer sans raison au pays mais aussi de décourager de faire les réformes économiques et sociales nécessaires pour retrouver la prospérité, stagnante depuis 1981.

On voit que LR pourrait tenir là une opportunité de retrouver un rôle fondamental dans la défense et l’illustration de la Ve République. Les trois autres mouvements sont trop engagés dans la dégringolade actuelle pour pouvoir freiner et plus encore moins imaginer un demi-tour.

Mais qui osera en son sein se dresser avec le drapeau de la révolte et engager une bataille de fond pour informer le grand public, faire apparaître l’imbécillité honteuse de la voie qu’on impose à la France, et la nécessité de faire autrement ?

Gageons que le projet inique de l’union Européenne de faire payer aux Français les erreurs allemandes au nom de la solidarité en bridant leur consommation et leur consommation d’énergie, sera un puissant levier. La politique allemande menée depuis que les Grünen se sont imposées au pouvoir en Allemagne est une absurdité dommageable que les Allemands doivent assumer seuls. Personne ne les a forcés à organiser une dépendance organique de la Russie et du gaz, tout en poussant une politique démente de création d’éoliennes intermittentes. Que les auteurs de cette sottise l’assument et ne cherchent pas à mouiller les autres à leur place.

Jusqu’ici, il paraissait seulement important d’attirer l’attention sur tel ou tel aspect problématique de la politique écologique imposée par le GIEC. Mais au vu des conséquences de plus en plus dramatiques et de la folie qui règne désormais, il faut aller plus loin.

Un grand plan de redressement national passe OBLIGATOIREMENT par un changement de cap radical en matière d’action écologique. C’est l’urgence nationale des cinq prochaines années.

 

Didier Dufau

Enfin un livre de vérité sur la guerre d'espagne - Pio Moa- les mythes de la guerre d'espagne

Toute l’histoire officielle de l’entre-deux guerres à laquelle les Communistes ont été mêlés n’a été longtemps qu’un tissu de mensonges parfaitement éhontés. Non seulement une histoire entièrement inventée a été bâtie par les thuriféraires du communisme, mais la gauche en général a considéré qu’il fallait sinon totalement adhérer au mensonge du moins empêcher « les forces réactionnaires et bourgeoises » de profiter de l’indignation que le seul récit exact des atrocités commises ne pouvait qu’exacerber. En un mot, il fallait pousser inlassablement les feux sur les braises des crimes « fascistes », sous-entendu, de la bourgeoisie fasciste (en France, on ajoute pétainiste) et détourner les esprits d’une réflexion sur les atrocités ignobles commises par des mouvements qualifiés « de gauche » en fait socialistes et anarchistes. Pour avoir écrit la seule monographie de langue française sur Holodomor, le terrifiant génocide des populations ukrainiennes organisé par Staline, j’ai pu me confronter au « mur de la honte » qui se dresse aussitôt pour empêcher toute diffusion, toute discussion, toute émergence de la vérité. Individuellement, tout le monde est accueillant. L’ouvrage est neutre, bien documenté, uniquement basé sur des faits vrais mille fois vérifiés. Tous vous l’accorde dans la relation bilatérale. Mais n’allez pas plus loin. N’essayez pas d’implanter la moindre vérité dans le domaine public qu’il s’agisse de l’édition, de la presse, de l’université, des conférences, de Wikipédia.

Là s’applique la « loi de Chaix », énoncée dès 1999 par mon regretté ami Léon Chaix : « confrontée à une ignominie intolérable la gauche tente toujours la même séquence de propagande : occulter le plus longtemps possible. Nier quand on ne peut plus occulter. Minimiser quand on ne peut plus nier. Exonérer la cause lorsqu’on ne plus minimiser. L’important est que le « vrai socialisme » sorte indemne de la mésaventure et puisse se présenter comme la seule force vraiment morale du champ politique. « C’est que nous sommes le camp du bien Monsieur et que nous entendons le rester ».  A chaque stade les moyens employés sont abjects : attaques ad hominem ; tombereau d’injures ; ouvrages bidon rédigés d’un peu partout et présentés comme universitaires alors qu’il ne s’agit que de brûlots. Que celui qui cherche à briser l’omerta, nécessairement un salaud, soit lui-même brisé et sorti du champ des audibles et ostracisé. Pas de carrière envisageable à l’université ou dans l’école. Pas d’écho y compris dans la presse de droite, terrorisée à l’idée de se faire traîner dans la boue par les gardiens de l’idéologie socialiste.

On aboutit, dans le cas du génocide Ukrainien de 32-34 à ce chef d’œuvre de désinformation construite à l’intention des lycéens français  : 40 pages dans leur manuel d’histoire de seconde pour les 6 millions d’assassinés de la Shoah, une ligne (oui : une) pour les assassinés d’Holodomor, 6 millions aussi, et encore en précisant bien qu’ils sont morts de leur propre fait. En fait les victimes étaient les auteurs de leur propre malheur...

Le système d’information français est, sur certains sujets,  entièrement bâti sur des séries de  mensonges éhontés qu’il est interdit de braver et de briser, sauf, quand, après trente ou quarante ans de combats menées par des minoritaires obsédés par la vérité et ayant accepté d’être vilipendés, les organes qui tiennent l’information autoproclamée « de gauche », à peine 20 personnes, trouvent qu’il est temps de dire la vérité et tout soudain s’enorgueillissent de la dire alors qu’ils ont menti, exorcisé, ostracisé, pendant des décennies, sans la moindre vergogne.

L’idéologie Woke a marié cette attitude marxiste-léniniste de combat mise en place avec virtuosité par Willy Münzenberg avec le besoin cagot de la religion protestante dominante aux Etats-unis pour inventer ce concept moderne d’ostracisme social qui veut que quiconque ne chante pas la bonne chanson soit confronté à la mort sociale sans passer par la phase de dictature institutionnelle.

Nous sommes donc au cœur de la vie démocratique en Occident, atrophiée depuis des lustres par le mensonge « de gauche ».  Et voici que sort enfin un livre fondamental pour les amoureux de la vérité historique sans fard, « Pio Moa - Les mythes de la guerre d’Espagne 1936-1939 ». Chez L’artilleur.

Moi-même j’avais constaté depuis longtemps que tout ce qui était écrit en France sur la Guerre d’Espagne était faux. Pas un peu faux. Pas un peu abîmé par le mensonge. Non Intégralement faux. J’avais eu l’occasion en 1961 de connaître les massacres abominables et lâches commis à Ibiza par le Frente popular et constaté comment tout l’épisode était sorti du débat par les historiens français. Depuis, il ne m’avait pas été difficile de démonter l’ensemble de la machinerie de reconstruction d’une histoire de la guerre d’Espagne dénonciatrice et fausse enseignée sans aucune opposition.

J’invite le lecteur français à lire et relire l’introduction du livre, écrite par Arnaud Imatz, qui fait l‘histoire détaillée de la désinformation en France sur la guerre d’Espagne. Il démontre tous les moyens employés pour mettre la vérité au banc et chasser de la communauté des bien-pensants les auteurs tentés par l’histoire vraie. La loi de Chaix en mondovision, sans qu’il ne manque la moindre saloperie !

Prévenons le lecteur : il va avoir un choc. Biberonné au mensonge depuis toujours, il ne peut même pas imaginer que la réalité soit différente de ce qu’on lui a fourré dans la tête. Pire encore, c’est un terrible vertige pour lui de constater que tout est absolument faux dans ce qu’on lui a raconté. Il n’y a pas une once de vérité dans l’historiographie de gauche concernant la guerre d’Espagne ! Pas un mot de vrai du début jusqu’à la fin de tout ce qu’il a pu lire ou entendre. Il subit le choc du croyant qui s’aperçoit que les dogmes de sa foi sont peut-être une peu trop éloignés de la vérité mais qui ne veut pas quitter le monde des croyants.

Alors oui, répétons-le : l’histoire officielle, en France, de la guerre d’Espagne, est intégralement controuvée. C’est là le côté effarant. Même pas une poussière de vérité : un simple manuel de propagande sans scrupule, visant à glorifier la révolution, le parti communiste et la « gauche », tout en accablant l’autre camp.

Alors oui prévenons le lecteur : il va voir s’écrouler une pyramide immense de mensonges, chacune des quasi 700 pages du livre en abattant à foison.  

L’Espagne a été l’objet d’une tentative sauvage d’instauration criminelle d’une dictature communiste, sur le modèle soviétique, par la violence la plus intense, et un déferlement d’assassinats et de meurtres abjects. Elle n’a survécu à cette tentative que par une guerre civile provoquée par les forces révolutionnaires de gauche, qui a pu être finalement gagnée par les opposants à la révolution sociétique.  L’échec de l’URSS a été un bienfait pour l’Europe et notamment pour la France qui sinon se serait retrouvé encadré par le pacte germano-soviétique en 1939 qui aurait empêché toute possibilité d’armistice et de créer la zone non occupée. Une Espagne sous forme de démocratie populaire de type soviétique aurait interdit toute construction européenne.

L’extrême gauche mélenchoniste après avoir longtemps prospéré sur une histoire fantasmée de la Commune essaie d’utiliser les méthodes de débordement des institutions républicaines du Frente Popular pour créer les conditions d’une révolution, en prenant modèle sur la guerre d’Espagne et les exactions et méthodes de ce mouvement.  Les différents reliquats de partis socialistes l’ont rejoint pour sauver les meubles électoraux et sont maintenant entraînés dans le maelström délétère des exactions jusqu’ici verbale de la NUPES. Mais on ne doit pas s’y tromper. Il s’agit bien comme en 34 et surtout en 36 d’instaurer par la ruse et la force un nouveau régime en France qui mette à bas " les restes hideux de la république bourgeoise ".

Le livre de Pio Moa a, pour les Français, un second intérêt : bien comprendre les méthodes de prise de pouvoir aimées par les « socialistes révolutionnaires" de toujours et les "mélenchono-bolivariens » d'aujourd'hui. Il ne faut pas oublier que le Frente Popular a surtout eu des enfants en Amérique du Sud et on voit aujourd’hui le succès de ces entreprises qui ont, comme en Espagne, ruiné radicalement les pays qui se sont laissé avoir par ces idéologies toxiques, tout en faisant disparaître les libertés républicaines au profit de dictatures violentes, bavardes et nulles, provoquant la fuite éperdue des populations dépouillées et affamées.

Après la lecture du livre, le lecteur pourra constater le barrage mis en place en France pour empêcher la diffusion et même seulement la connaissance du livre. Il ne trouvera que des articles prophylactiques (à commencer par la fiche sur Wikipedia concernant l’auteur du livre) pour expliquer que l’auteur n’est pas un historien, que le monde entier réfute ses thèses et que le croire serait tomber dans la fiente fasciste, la collusion avec le grand capital, la haine vis-à-vis des martyrs de la révolution, le soutien des grands propriétaires et du clergé le plus réactionnaire du monde, etc.

On trouve là l’étalage parfait des méthodes de désinformation de masse utilisée en France par la gauche socialisante. Tant qu’on n’aura pas créé un mémorial des génocides socialistes et national-socialistes, destiné à faire comprendre à la jeunesse l’ensemble des crimes commis par les révolutionnaires socialistes et les méthodes employées pour les cacher, cette désinformation ne cessera jamais.  

C'est vrai, il ne fautjamais dire jamais.

Le mécanisme de restauration de la vérité sur la guerre d’Espagne démarre. Il lui faudra des années mais dans dix ans, dans trente ans, la vérité redeviendra la règle.  Et Moa fera l’objet de la même restauration d’image et sanctification que Simon Leys vilipendé pour avoir dénoncé le maoïsme qui a exalté la gauche extrême française de 1965 à 1985 en dépit de ses dizaines de millions d’assassinats ciblés contre la population. Un peu de patience.  Pour Simon Leys l’article du Monde signalant sa réhabilitation pleine et entière n’a attendu que 45 ans ! 

Gardons à l’esprit que sur le forum du Monde en 2000, il était encore impossible d’écrire que le massacre de Katyn avait été commis par les Soviétiques et non par les Allemands, alors que le crime avait été reconnu par les Russes dès 1992 et que les preuves étaient désormais impossibles à nier après la découverte de corps polonais tués à Katyn dans différents charniers secrets ukrainiens du NKVD (Vinnitsia et Bykovnia).

Pour les lecteurs pressés, recommandons la seule lecture de l’histoire du bombardement de Guernica. Ils constateront que tout, absolument tout ce qui a été écrit et qui continue de l’être sur cet évènement est faux. Pas un peu faux. Totalement et irrémédiablement faux. Un triomphe du mensonge intéressé.  Petit florilège :

Guernica aurait été décidé entre Hitler et Franco pour terroriser les masses. Un raid sans objectifs militaires aurait été lancé contre un bourg qui aurait été rasé avec 9.000 morts à la clé. La disproportion entre les forces aériennes du Frente popular et de Franco n’aurait pas permis d’empêcher ce crime contre l’humanité, le premier du genre, qui, de surcroît voulait atteindre des symboles basques.

Revenons aux faits : Il n’y a pas eu de dialogue entre Franco et Hitler. Franco était totalement opposé à cette action qui pour lui n’avait plus de sens militaire compte tenu de l’évolution de ses plans militaires.

Von Ritchhofen qui dirigeait l’aviation allemande, la légion Condor, trouvait le temps long pour ses troupes pas assez occupées. C’est lui qui a pris, seul, l’initiative du raid avec comme objectif de faire sauter le pont qui permettait aux troupes du Frente Popular de se masser sur le flanc des troupes franquistes, pas pour terroriser la population. Malgré trois passages les avions n’ont pas réussi à détruire le pont mais ont mis le feu à un village très resserré composé de maisons de bois. Le feu n’a pas été combattu par les pompiers qui devaient venir et tout le village a lentement brûlé. Les décomptes sérieux montrent que le raid a fait entre 100 et 120 morts. Les forces aériennes socialistes et communistes grâce à l’appui soviétique étaient très supérieures aux forces aériennes de Franco, même avec l’appui allemand. De très nombreux raids de l’aviation du Frente Popular ont fait des centaines de victimes dans la population civile.

Dans toute guerre, la désinformation est une des armes lourdes.  Le bombardement de Guernica a été utilisé par les journalistes anglais et par Churchill à Londres pour alerter massivement la population anglaise contre les risques que lui faisaient courir les Nazis, ce qui était prémonitoire. Le Blitz est l’enfant naturel de Guernica. « Bomber Harris » aussi, qui allait ravager les villes allemandes en faisant des centaines de milliers de morts. Il y aura Dresde puis Hiroshima.  Guernica est plus que le symbole frelaté de la nature intrinsèquement mauvaise du franquisme. Le bombardement marque que les populations sont devenues les premières victimes dans les guerres modernes qui sont « totales ». Ici et maintenant, le développement de l’emploi des fusées en Ukraine et des tapis de bombes contre les villes par les Russes provoquent beaucoup plus de victimes civiles que les opérations militaires ne tuent de soldats.

La légende de Guernica est un tissu serré de mensonges hallucinants mais son symbole porte une vérité qui concerne l’ensemble de l’humanité. Ce n’est pas la seule leçon prémonitoire qu’offre la guerre d’Espagne. La liquidation de plus de 9000 membres du clergé catholique sans procès et parfois avec une horreur sans nom, marque que désormais on peut liquider des groupes entiers de civils pour des considérations religieuses. Ce massacre entrerait aujourd’hui dans le cadre de la définition du génocide. Il fait le pont symbolique entre Holodomor et la Shoah, même si les aspects quantitatifs sont sans rapport.  

La guerre d’Espagne est une horreur extrêmement lourde de leçons et son histoire vraie se doit d’être connue et bien analysée. Naturellement, il appartenait d’abord aux Espagnols de dépasser les rancœurs nées de ce drame vécu il y a maintenant  près de 90 ans. Tous les acteurs sont morts. Pour la France, sortir d’une historiographie purement politicienne et propagandaire est une simple question de dignité. Le but de l’histoire est de savoir et de comprendre pour prévenir.

La guerre d’Espagne est une scène de crimes, un cold case, comme on dit maintenant. L’affaire a été tellement ignoble, des deux côtés, que la vérité doit être privilégiée. Le but est de connaitre et d’interpréter correctement les évènements pas de refaire la guerre de propagande de l’époque, comme dans un jeu de rôle.   Le livre de Moa nous invite à cet effort. Qu’il en soit félicité et que les historiens français sortent enfin définitivement du bureau des légendes.  

 

Didier Dufau

Les effets pervers de l’impôt progressif

Il est des vérités que vous pouvez ressasser indéfiniment. Elles glisseront sur l’opinion comme la pluie sur une aile de canard. Personne n’en tiendra jamais compte, alors que l’effet sur « la vie quotidienne des Français » et « le pouvoir d’achat » est absolument fondamental.

Si on peut pardonner de citer quelques expériences personnelles, la première fois que j’ai été confronté aux effets pervers de l’impôt progressif ne date pas d’hier. Lorsqu’en 1969 je travaillais ma thèse sur la prévision à long terme, j’étais un peu déconfit de constater qu’elle était à peu près impossible, sauf partiellement, dans le domaine démographique. En revanche il était facilement prévisible que la progressivité fiscale entraînerait mécaniquement une hausse de la part des impôts dans le PIB.

En fait il s’agit d’une loi d’airain ; un pilier ; une réalité impossible à masquer.

Si vous mettez en place une fiscalité non proportionnelle au PIB, c’est-à-dire avec alourdissement plus que proportionnel en fonction du revenu, en cas de croissance économique la part de l’impôt augmente que vous le vouliez ou non si vous ne créez pas de mesures de correction.

Ce mécanisme est aggravé par l’inflation, la progressivité s’appliquant à la hausse fictive du revenu.

Il l’est aussi par un mécanisme un peu plus subtil mais à peine : la croissance est toujours une succession de phases d’accélération et de récession. Après l’arrêt des politiques de stabilité mise en place par les accords de Bretton Woods, le cycle récessions, emballements est revenu, au départ avec une inflation forte. Les phases d’emballement ont entraîné des croissances très fortes des recettes fiscales, justifiant des dépenses insensées : c’est le mécanisme de la « cagnotte ». Les mauvais dirigeants en ont toujours profité pour dépenser à tout va. Mais la récession suivante mettait tous les comptes à découvert : la progressivité joue aussi à l’envers. Du coup il fallait emprunter et éventuellement aggraver la fiscalité. Lors de la reprise suivante la double progressivité jouait : celle de base plus celle des nouveaux impôts avec une aggravation immédiate du taux de prélèvements.

Le Général de Gaulle a demandé à George Pompidou de conserver le taux de prélèvement autour de 32 % et il a commencé à s’énerver lorsqu’il a atteint 35 %. Il est vrai que la croissance était de 3.5 à 4 %, ce qui entraînait une croissance de la recette fiscale de près de 7.5 %. Giscard était du côté de la fiscalité aggravée. Mai 1968 allait mettre l’exigence de Gaulle à la poubelle. Le Septennat Giscard sera entièrement un septennat fiscal avec l’effet de l’inflation (à 15 %, soit 20 % de recettes fiscales en plus), du reliquat des trente glorieuses et un accablement permanent d’impôts nouveaux. Arrive alors le programme Commun d’aveuglement et de fiscalité. La pression fiscale dépasse les 40 puis atteint 45 % du PIB.

Le tournant reste le gouvernement Chirac Balladur de première cohabitation. Pour la première fois, le gouvernement supprime des impôts et cherche à réduire la dépense publique devenue folle. Catastrophe, Mitterrand et réélu. Nous aurons bientôt Rocard, l’imbécile le plus surestimé de l’histoire récente, qui va profiter de la reprise forte de la croissance pour non seulement encaisser les surplus fiscaux de la progressivité revenue à sa pleine production mais créer des impôts supplémentaires lourds et débrider totalement les dépenses. Un total inconscient révéré par quelques idiots pour des raisons obscures. C’est le pire gouvernement de la cinquième république. Tout est aggravé. Lorsque la récession arrive en 93, tout explose. Balladur est obligé de laisser filer la dette. Chirac se trompe sur tout et avec Juppé ne voient pas arriver la reprise de 97. Ils dissolvent l’assemblée à contretemps. Jospin gâche les dernières chances du pays de revenir à la normale. Il encaisse tous les fruits de la haute conjoncture en matière fiscale tout en réduisant le temps de travail et en aggravant les relations du travail. La cagnotte fait son entrée dans le langage commun. Tous les énarques socialistes se vautrent dans la dépense à tout va.

Le taux de prélèvement finira par culminer à 47.5 % du PIB en 2020. L’INSEE en reste à 45 % mais son calcul est biaisé. Celui d’Eurostat est plus complet et donc meilleur.

Il faudra la terrible récession de 2020 à 2022 pour faire revenir le taux autour de 44 % avant de remonter malgré les rodomontades d’Emmanuel Macron qui met en avant ses baisses d’impôts en trompe-l’œil et en attrape gogo. La reprise rapide de la croissance par simple rebond, accrue par une poussée jamais vue de l’endettement et de la dépense publique, provoque une croissance massive des rentrées fiscales, 20 % plus rapide en 21 comme en 22 que la croissance du PIB.

Le « fiscaliste caché » a encore frappé. La pression fiscale est à nouveau sur le chemin des 45 % (INSEE), 48 % (Eurostat) en attendant mieux.

Cela fait désormais un demi-siècle qu’à titre personnel je cherche à convaincre

-        Qu’un système progressif doit être accompagné par des stabilisateurs automatiques de la pression fiscale

-        Qu’un retour à l’organisation mise en place à Bretton Woods pour éviter le stop and go et la succession de croissances trop rapides et de récessions est souhaitable.

-        Qu’il faut mettre un terme à l’anomalie française de « l’énarchie compassionnelle », les hauts fonctionnaires tenant à garder perpétuellement le mécanisme qui aggrave la pression fiscale.

Ces trois mesures vont ensemble. Elles forment l’armature de la démarche de notre cercle.

Rappelons que les trente glorieuses sont basées sur un taux de prélèvement de 20 à 25 % qui était déjà considéré comme excessif. Un Etat fort n’a pas besoin de plus de 20 % du PIB pour faire face à ses besoins régaliens en régime de paix. 47 % c’est de la démence pure. On ne cherche plus à produire mais à arracher des parts du gâteau fiscal. Tout le monde attend le Godot de la cagnotte. Un peuple de feignasses qui attend tout de l’argent des autres en créant les conditions du déclassement économique et social du pays donne une image de lui-même proche de l’abjection.

D’autant qu’il est assez facile d’imaginer des solutions.

Le retour à la proportionnalité, seule réellement constitutionnelle, est une première solution. Un impôt unique de 20 % est un choix radical mais efficace.

Si on tient à conserver la progressivité, il suffit de mettre en place des mécanismes compensateurs :

-        La surcroissance des recettes peut être donnée à un fonds souverain, qui restituera tout ou partie de l’argent à l’état en cas de récession et d’inversion du mécanisme fiscal. Ce fonds ne devra pas dépasser une certaine importance et l’argent de l’excédent doit être restitué. L’ennui de la solution est qu’il stérilise une partie des revenus de la croissance et fausse l’équilibre économique.

-        Tous les seuils peuvent être automatiquement corrigés du taux de croissance. La progressivité demeure mais au profit de l’État.

-        Etc. Il y a des milliers de formules.

Ce n’est pas ce que le débat public fait apparaître. La course au faux pouvoir d’achat distribué par l’État reste l’obsession psychiatrique de la société française alimentée par l’information construite voulue par l’Enarchie.

Personne ne veut voir que l’effondrement de la Santé, de la Justice, et de l’Enseignement accompagne non pas une volonté de rigueur, mais la conséquence même du taux de 47 % de prélèvement. Quand on prélève pour des dépenses improductives la moitié du PIB, et qu’on ajoute 3 000 milliards de dettes, il est impossible que quoi que ce soit ne fonctionne. Impossible !

La question posée par les mécanismes délétères associés dans la durée de la progressivité n’est pas dans le débat public et n’y viendra pas.

50 ans de censure des débats sur ce sujet ont prouvé que la haute administration ne lâchera jamais.

Suicide français ?

Oui !

Le Français né malin…

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile



La dénatalité en Occident : la vraie solution pour sauver la planète ?

Nous venons de rencontrer M. Antoine Bueno dans la revue Front populaire (voir notre précédent article). Nous le retrouvons dans le Figaro magazine. Lorsqu’un inconnu perce ainsi dans les médias, on sait qu’on en a pour des lustres. Pensons à BHL, Minc ou Miller. Ce Monsieur est donc un penseur multicibles qui a un avis sur presque tout et naturellement l’exercice n’a de sens que s’il est provocateur et confus, la confusion permettant de laisser un peu de mystère dans l’ombre de l’irrationalité publicitaire du petit malin.

La thèse qu’il exprime est, pour simplifier, qu’un couple occidental qui a deux enfants est un tragique salaud qui tue la planète alors qu’un Africain qui en a douze ne peut rien se voir reprocher. S’il faut faire baisser les températures et empêcher la dégradation du climat, il faut cesser de faire des enfants dans les pays riches.

Une crise démographique aggravée dans les pays développés permettra de chasser la crise climatique. C.Q.F.D. ! C’est le pendant à l’international de l’aphorisme qui veut que les riches en Occident doivent réduire leur pollution de 80 % pendant que les pauvres peuvent se contenter de perdre 4 % de leur pouvoir d’achat. On précise seulement que le pauvre occidental doit en plus cesser d’avoir des enfants !

Après le péril jaune, voici le péril blanc. Le malthusianisme renaît sous des auspices pâlichons. Le vieillissement est vu comme une formidable opportunité : « la silver économie » serait un âge d’or ! Pas besoin de croissance. On se partage le gâteau à moins : c’est tout bénef ! Et puis on peut importer des hommes, augmenter le taux d’emploi, partager le travail, mécaniser les tâches. Rien que du bonheur ! Rien que des sottises dénoncées sur tous les tons depuis plus de soixante-dix ans par ceux qui traquent l’erreur économique des philosophes moralisateurs aux idées courtes et adeptes de simplismes terrifiants de sottise.

Alfred Sauvy doit faire des sauts de cabri dans sa tombe. Pour lui, tout ce qu’affirme notre jeune (Kinder ?) Bueno, philosophe, est criminellement faux.

Le vieillissement et la décroissance démographique n’apportent de satisfactions qu’à très court terme. La citation de Bodin qui déclare qu’il n’y a de richesse que d’hommes est certes galvaudée. Mais elle est exacte. Tout dynamisme, toute tension créatrice, dépendent d’une jeunesse bouillonnante et disponible. La vieillesse est un naufrage personnel, le vieillissement un naufrage national.

La dénatalité est un fait dans les pays développés. Les femmes ne font plus assez d’enfants pour atteindre le remplacement de la population. Sans apports extérieurs, la démographie s’effondre. On le voit au Japon où désormais la baisse de la population se compte en millions d’âmes mais aussi presque partout en Europe. Elle baisse aussi dans les pays émergents. Certains démographes imaginent que même les pays actuellement très prolifiques, principalement du fait de la réduction massive de la mortinatalité, rejoindront le mouvement assez vite après un temps d’adaptation. On va donc naturellement vers un pic de la population mondiale qui diminuera ensuite. Peut-être dès 2 100.

Nous avons montré sur ce blog que la population des personnes en provenance de familles portant un nom existant en 1 880 a commencé à baisser. Les lignées historiques françaises sont en régression après avoir vu leur effectif se redresser faiblement à la fin du 19e et de plus en plus vite jusqu’en 70. Globalement la France aurait 500 000 enfants de plus chaque année si on avait gardé la natalité de 1970. On subventionne la destruction de plus de 200 000 fœtus chaque année, une pratique que M. Macron qui n’aura jamais d’enfants, veut constitutionnaliser. M. Bueno doit être satisfait, lui qui a réussi à passer entre les arcanes serrés du planning familial.

Cela n’empêche pas la France d’avoir une croissance minable, de n’être plus compétitive, de présenter des services publics sinistrés, de connaître un chômage structurel massif et supérieur à tout le monde, et d’avoir un Etat Moloch qui ne survit que par l’impôt et la dette, sur un mode délirant. À un moment où en Occident les pénuries de main-d’œuvre et de personnels bien formés sont patentes avec un effondrement des capacités de faire, culpabiliser la natalité et organiser la dénatalité, particulièrement en France, forment les deux pendants d’une erreur tragique. Nous la poursuivons avec ténacité depuis les années soixante-dix. Alfred Sauvy avait prévu les conséquences et n'en avait rien caché. On l’a fait taire. Le résultat est devant nos yeux stupéfaits.

Nous suivons les conseils de M. Bueno depuis près de 50 ans. Mais avec mauvaise conscience. Le seul apport de ce monsieur est de le faire avec bonne conscience et d’aimer les conséquences hideuses que nous constatons tous les jours, tout en nous flagellant.

Quand les presses de gauche et de droite ouvrent leur colonne simultanément à des auxiliaires du suicide national, on mesure où est tombée la réflexion en France. Les intellectuels ont quasiment disparu. Voici que les adeptes du Borniol Circus tiennent les rênes de la vie culturelle française !

Dire aux Africains qui partout dévastent leurs territoires, anéantissant ce qu’il reste de nature et provoquant des pandémies soudaines, croissez et multipliez car en restant pauvres vous ne tuerez pas la planète est totalement irresponsable. Dire aux Français et aux Occidentaux, décroissez et crevez parce que votre bilan carbone par personne est infect, est immonde.

Suggérons à Front Populaire et au Figaro magazine d’envoyer ce M. Bueno vivre une vie d’anachorète au Sahara avec un pagne en alignant son propre bilan carbone sur celui du plus modeste des Africains. Et ouvrez-lui vos colonnes dans une vingtaine d’années.

Son témoignage sera sans doute plus intéressant.

En attendant, le seul langage utile et digne est de dire aux Français : redressez votre natalité, car vous êtes en train de disparaître et ce suicide national a assez duré. Et aux pays à la démographie encore galopante : freinez et ne comptez pas sur les pays développés pour vous sauver.

Faire le malin et jouer les provocateurs sur des sujets aussi graves est indigne. Donner de la présence à cette infamie dans la presse une curiosité morbide.

 

Didier Dufau

Pour le Cercle des économistes e-toile.

Les effets imprévus et dommageables du concept erroné de « transition »

Le monde est pris à la gorge par une série d’affirmations impérieuses mille fois répétées comme un mantra selon lesquelles : le réchauffement climatique est une catastrophe. Cette catastrophe est provoquée par l’homme qui produit trop de co2. Le mécanisme s’emballe et va devenir irréversible, condamnant l’humanité et plus généralement la terre. Nous avons le devoir absolu de réduire puis de cesser toute émission de co2. Il faut le faire si possible dès 2 035 et au plus tard en 2 050. Pour cela il faut organiser une transition à marche forcée vers un monde décarboné aux termes de laquelle le monde sera sauvé.

Transition : tel est le mot-clé de toute l’affaire. Le vocable de transition a une grande force de séduction parce qu’il décrit le passage d’un état malheureux à un autre considéré comme salutaire. Il a déjà été largement utilisé dans l’histoire.

Les religions du livre sont les premières à l’avoir exploité. Elles sont toutes fondées sur l’idée que l’humanité est grevée par le péché originel et que la terre est un espace de déchéance. À l’homme de construire une vie de rédemption dans cet océan de larmes, permettant éventuellement, après un jugement impitoyable, de transiter vers le pays des anges. Sinon c’est l’enfer. La recherche du bien par la menace de l’au-delà, avec son cortège de prêtres, de dévots et de sorcières, d’appels à l’intercession du Seigneur, et d’appels aux saigneurs pour accélérer le processus, a marqué les siècles et provoqué bien des massacres. Il a fallu la Renaissance, âge d’un humanisme scientifique et paisible entendant engranger les bénéfices de la raison et de la sagesse, pour que le caractère sacré de la transition post mortem faiblisse et n’entraîne plus d’excès dans le monde chrétien. Le succès a été moins net dans le monde musulman.

La seconde grande transition proposée avec un certain succès dans les temps modernes cette fois-là, a été le marxisme-léninisme et la transition vers la société sans classe, Paradis sur terre garanti. Le marxisme se voulait scientifique. La violence était assumée pour chasser les vilains. 100 à 150 millions de morts plus tard, il ne reste rien de la doctrine et seulement des superstructures de coercition, en Amérique Latine, en Chine, en Corée du Nord et en Russie et certains de ses satellites. Il est vrai que le paradis socialiste était tellement hideux qu’il n’a pas séduit les foules asservies plus de 75 ans, sauf quelques intellectuels occidentaux restés fascinés par les perspectives abîmées mais sublimes de la transition sociale.

Nous découvrons depuis une trentaine d’années, le troisième projet de grande transition. Il veut nous faire transiter vers un monde décarboné, considéré comme salvateur. Cette transition aussi est fondée sur la science et sur la peur. Le GIEC et les ONG bienfaisantes de l’ONU catalysent la bonne science, celle qui va toujours dans le sens de la catastrophe climatique imminente et bientôt incontrôlable sans des mesures urgentes. On ne sauvera l’humanité qu’au prix de coercitions sociales, politiques et économiques majeures. Mais cela ne durera pas. Après la transition, le bonheur ! Un petit effort et après, énorme, éternel, paradisiaque, le monde, sauvé in extremis, deviendra éblouissant. Cela ou la mort ! Comment hésiter ?

Il n’y a pas de Paradis sans enfers et il faut trouver des diables contre qui lutter. Si la terre est en train de mourir, c’est bien que des vilains, cachés derrière des idées trompeuses, mises en avant de façon hypocrite et faussée, ont ruiné la prospérité, le progrès, la liberté, la justice. Ils ont assis leur domination ravageuse sur la terre mais surtout sur des groupes humains devenus leurs victimes : les colonisés et les noirs et les femmes, et les handicapés, et les minorités religieuses, et les transsexuels, et les vieux, et les enfants, et les animaux. Il est temps qu’un nouveau peuple d’élus se lève et débarrasse le monde des nuisibles, notamment les blancs occidentaux hétérosexuels qui doivent être cantonnés, soumis, éliminés ou déconstruits afin que l’humanité accède au nouveau Nirvana.

La transition énergétique ne peut que s’accompagner d’une mutation de l’humanité, d’une révolution dans les pouvoirs, d’une mutation dans les comportements. Comme les deux précédentes transitions !

Cette nouvelle « lutte centrale » de l’humanité, totalement articulée sur le concept de transition, est une force politique structurante qui n’est pas toujours perçue comme telle. Avant d’examiner cet aspect imprévu, il est important d’examiner si la notion même de transition énergétique a un sens pratique quelconque ou s’il elle n’est qu’un vecteur de propagande, certes extrêmement efficace, puisque tout argument contraire devient un blasphème, mais permettant de justifier des mesures irrationnelles qui méritent la contestation.

Nous disposons de nombreux éléments de réponse :

-        L’activité est directement corrélée à l’énergie. Pas d’énergie, pas de prospérité. Tout élément de croissance suppose donc une nouvelle création d’énergie. Croire qu’il y aura toujours la disposition d’une énergie propre pour alimenter un âge de croissance nouvelle, dès qu’on aura fini la transition, disons dès 2051, est une affirmation obscène de bêtise. Le combat devra se poursuivre éternellement, sauf découvertes spectaculaires.

-        Croire également que le CO2 produit par l’homme baissera suffisamment pour ralentir significativement le réchauffement est encore largement une hypothèse. L’arrêt de l’économie mondiale pendant plus d’un an, avec des baisses d’activités supérieures à 10 %, n’a eu aucun effet significatif sur la température parce que la quantité de CO2 dans l’atmosphère n’a pas diminuée. Tout le monde sait que cette concentration ne variera pas facilement pendant des décennies et probablement des siècles.

-        Dans l’hypothèse où la conversion totale des dispositifs utilisant des énergies fossiles vers le renouvelable soit simplement possible, ce qui est loin d’être prouvé, le coût en CO2 de la fabrication des nouveaux outils de production et engins d’utilisation et de leur maintien en ordre de marche sera tellement énorme qu’il faut craindre une aggravation même temporaire de la couche de CO2 dans l’atmosphère. Personne n’a cherché à calculer le bilan carbone de la fumeuse transition ni à partir de quelle date un équilibre entre économie et surcroît de CO2 serait atteint. Tout laisse penser que ce sera assez tardif dans le siècle en cours. L’installation triomphale d’un état irénique en 2 050 est un espoir ridicule.

-        Certains rapports scientifique laissent entendre de façon plus u moins démontrée qu’une réduction de la température n’est possible que si la production baisse d’environ 50 % pour les modèles optimistes et de 60 % pour les pessimistes. Il ne s’agirait donc plus d’une transition mais d’une dégringolade. On n’atteint pas un nouveau plateau mais on descend au sous-sol.

-        Le risque le plus proche pur l’humanité, est la pénurie de ressources nécessaires simplement à bien vivre. Ces pénuries seront soit le fait des politiques écologiques soit la conséquence d’une mauvaise gestion de la croissance, soit des conséquences possibles du réchauffement, soit de la conjonction des trois. Régler la question du CO2 qui est de très long terme sans s’attaquer aux urgences réelles que sont les pénuries est aussi problématique que suggérer de courir un marathon comme un cent-mètres. Il a suffi d’une rupture des circuits d’approvisionnement d’abord par la pandémie ensuite par la guerre en Ukraine pour que tout le monde réalise les effets dramatiques d’une pénurie, même occasionnelle. L’absence de toute réflexion commune sur le risque de pénuries structurelles définitives, le CO2 mobilisant toute l’attention dans la quête écologique, peut engendrer des conséquences imprévues et désastreuses.

-        Dès aujourd’hui des pénuries apparaissent qui sont dues aux politiques écologiques. Les rayons des supermarchés ne proposent plus de moutarde. Le produit a disparu sans avertissement.  L’interdiction des insecticides, les contraintes européennes, et la mondialisation ont fait passer la production de graines de moutarde en France de 25-30 000 tonnes dans les années soixante à quasiment rien aujourd’hui. Un coup de chaud au Canada, et voilà les approvisionnements arrêtés. Le cas du Sri Lanka est pire : la politique engagée pour une agriculture vertueuse a fait tomber la production à un niveau tellement bas qu’on meurt de faim. Ce n’est plus une transition mais une mise au tombeau. Tout cela ne se passe pas en 2050, mais ici et maintenant.

 

On voit que le mot de transition n’est intéressant que comme vecteur de propagande et qu’il devient contre-productif dès qu’on cherche des solutions réelles. 2 051 ne sera pas l’année initiale d’une nouvelle ère paradisiaque sur terre.

En revanche, ce que les analystes ont sous-estimé, c’est la force terrible du concept comme agent de restructuration radicale des forces politiques.

Si la réalité du combat politique devient l’exaltation d’un nouveau peuple, émergeant de la ruine des anciennes classes sociales traditionnelles, et l’exaltation d’une baisse drastique de la production et de la consommation, sur fond d’effondrement des naissances, les anciennes divisions politiques ne peuvent que s’évanouir au profit d’un nouveau système :

D’abord, les victimes. La social-démocratie, qui prétendait contribuer par la redistribution des fruits de la croissance au progrès et à la paix sociale, se retrouve fort démunie s’il n’y a plus de croissance et une régression sévère des productions. Le conservatisme libéral se trouve également privé de son principal argument : le progrès économique qui permet à chacun de vivre mieux. Le conservatisme du communiste ouvriériste est aussi marginalisé. L’ouvrier veut gagner plus !

Ensuite, viennent les vainqueurs :

-        D’un côté, on trouve l’appétit des « organisateurs », bureaucrates et technocrates, de se saisir de la fumeuse « transition » pour des mesures d’encadrement et de coercition fiscale et réglementaire. Les hauts fonctionnaires et les grands dirigeants d’ONG sont toujours certains d’être les seuls à penser à l’intérêt général (on dit « les communs » quand on est branché) et se jugent seuls capables de faire le nécessaire, en contenant les passions populaires funestes. Le mouvement technocratique et moralisateur, appuyé sur des forces extranationales pour barrer la route aux extrêmes, est la force qui gouverne en France. Elle traduit assez bien cette tendance.

-        D’un autre côté renaît l’espérance trotskiste transformée en néocommuniste. Il retrouve une opportunité d’action violente avec la répartition des pénuries et l’exaltation d’un nouveau peuple. Ne plus avoir à se justifier de son appétence pour la pauvreté radicale, devenue nécessaire frugalité, c’est imprévu mais politiquement utile. Dénoncer les riches qui doivent réduire leur consommation de 82 % alors que les pauvres ne le devraient que de 4 % est tout à fait dans leur corde. Ce sera même une joie, quitte à perdre en route les ouvriers qui eux veulent salaires et emploi. Qui pourrait se trouver mieux du Wokisme et l’écologie régressive qu’un néocommuniste habitué manier la haine et à la violence pour atteindre un nouvel âge de l’humanité ? C’est l’opinion de Mélenchon et les résultats lui donnent assez raison.

L’ennui, c’est qu’il reste des gens qui ne peuvent pas se trouver heureux d’une technocratie asphyxiante, appuyée sur des organisations internationales qui promeuvent et organisent la décroissance. Que la décroissance soit le fait de gauchistes islamo-gauchistes ne les rassurent pas trop. Du coup se dessine la tentation violente de s’opposer et à la nomenklatura et à l’appel néocommuniste, en dénonçant les conséquences dramatiques de la fichue « transition » dans toutes ses dimensions, sociétales, identitaires et économiques. Un populisme d’extrême-droite, de réaction, est une conséquence presque automatique de la percée de la transition énergétique.

Tant qu’on restera dans la construction d’une peur panique du réchauffement et l’affirmation de l’impérieux devoir d’une régression énergétique urgente et définitive, menée d’en haut par des technostructures et des ONG, la politique ne semble pas pouvoir échapper au triptyque tragique : violence de la bureaucratie, violence néocommuniste, violence réactionnaire.

On constatera que les résultats des élections présidentielles françaises ont eu un caractère structurel assez net.

Quelles en seront les suites ?

La crise sanitaire a montré le scénario : peur panique relayée par les organisations internationales et exaltant la bureaucratie impérieuse. Mesures démesurées et inefficaces. Mise au rebut des instances normales créées pour faire face à ce type de situation. Résultats désastreux.

En France, entre les mains de l’énarchie et des familles de hauts fonctionnaires politisées, l’hystérie a été démente. L’IHU, chargé de la réponse aux épisodes d’épidémies infectieuses a été marginalisé. La coercition a été constante. Jusqu’à la volonté « d’emmerder les Français » par un président démagogue qui l’a exaltée pour des raisons électoralistes. La France sort de ce scénario ruinée, endettée, sans compétitivité et politiquement assommée. Le système de santé, bureaucratisé à mort, s’effondre faute de toute réforme acceptable pour la technostructure et compatible avec ce qui nous reste de ressources, compte tenu du tabou de la gratuité.

On voit qu’aussitôt réélu, le président technocrate qui gère le pays avec une poignée d’autres énarques, parle aussitôt de l’urgence de la transition énergétique, de la planification écologique, d’accélération de la lutte contre l’effet de serre, etc. L’exploitation bureaucratique de la peur avec le soutien des mouvements européistes et mondialistes recommence. On tient à distance les institutions nationales chargées des questions de physique du globe, qui, comme dans le domaine de la santé, ne sont pas nécessairement totalement emballées par les conclusions du GIEC, et sont sommées de s’aligner sur l’attitude de l’INED : mentir comme des arracheurs de dents pour voir leurs statuts confirmés. L’institut de physique du globe devrait être notre référence nationale en matière de réchauffement climatique. «-j’m'en-foutisme et ignorance (sic) , est l'interprétation de loin la plus charitable que l'on puisse apporter à cet ensemble » a affirmé un « comité scientifique » (resic) dès qu’un directeur de l’INPG, Vincent Courtillot, a modérément mis en cause l’origine anthropique du réchauffement. La même histoire que celle du Dr Raoult qui avait déplu par ses analyses déviantes du discours faux mais officiel. Qui ne va pas dans le sens voulu est vilipendé et exclu. Tous les scientifiques n’ont pas la résilience et le bagout de Didier Raoult !

La France est donc bien partie dans l’option bureaucratique coercitive et mensongère, appuyée sur le politiquement correct international, qu’il s’agisse de celui de Davos ou de l’ONU et du Giec. Les oppositions qui survivent sont l’optique néo communiste, « bolivarienne et créolisée » de M. Mélenchon et la violence réactionnaire de Mme Le Pen. Sur le seul plan des idées, il n’y a pas tant de différence entre le discours d’E. Macron et celui de Mélenchon. L’un parle de « révolutions » et l’autre de « révolution ».

La vie politique française s’inscrit totalement dans la logique que le concept problématique de transition écologique impose. Ce cycle politique-là sera désastreux pour la démocratie et la prospérité. À terme, on voit se profiler la disparition de la France comme entité pensante et agissante, lieu de culture universelle originale et de prospérité.

La crise sanitaire s’est terminée toute seule, par épuisement de la nocivité de la souche virale mutante qui l’avait provoquée. Le prétendu vaccin n’a pas eu de rôle pour l’enrayer. Les mesures politiques prises ont été disproportionnées et ont fini par être démantelées. Les mensonges énormes qui avaient justifié les pertes de liberté et de prospérité ont été mis sous la table.

Avec la crise écologique, l’hypothèse d’une solution naturelle à court terme est assez peu probable. Le changement climatique ne s’arrêtera pas de son propre mouvement, sauf mécanismes encore inconnus qui viendraient au secours de la fragile humanité. La décroissance forcée n’est pas une solution acceptable, en dépit de tous les avis contraires qui polluent la presse et la littérature subventionnée des associations. Berner les gens avec des concepts aussi vaseux que l’optimisation du bonheur par la sobriété et l’épanouissement de la notion de bonheur national brut ou d’utilité nationale brute, remplaçant le PIB, n’est pas digne. Quel gourou intéressé sera le juge du bonheur et de l’utilité ?

Il faut abandonner le concept connoté et trompeur de « transition » énergétique comme solution finale. La question écologique elle, reste posée.

Comme d’habitude, il faut s’appliquer à faire face aux dangers de la nature et aux effets pervers du comportement humain par une action constante et résolue, problème par problème, qui n’implique nullement l’exploitation massive des terreurs, de la mortification, ni des tensions sociales. La question de l’efficacité et du coût des politiques menées doit être centrale. Ne jamais tenter l’impossible, car l’impossible se venge. À l’impossible nul n'est tenu. Il faut recréer les conditions de la rationalité et de l’espérance. La sottise et la ruine, chevauchées par le cynisme et le mensonge organisé de la bureaucratie ou des excroissances gauchistes, gonflées des reliques électoralistes du PS, ne peuvent pas servir à diriger heureusement des pays encore libres. En tout cas pas la France.

La pseudo-transition d’ici 2 035 ou 2 050 est un mythe dangereux qui, associé au mythe de la réforme définitive de l’homme mauvais par le wokisme, conduirait à une forme ou l’autre de dictature. Il faut sortir de la religiosité et éviter le retour au monde des sorcières à brûler en place de grève. L’affirmer n’est pas un blasphème mais une parole d’espoir et de dignité de la politique.

Maîtriser les défauts d’une croissance nécessaire et continuellement menacée, est une œuvre autrement exaltante qu’organiser la décroissance violente des Savonarole. En définir les moyens est un travail politique essentiel. Ce travail est aujourd’hui en jachère, lessivée par la terreur et la propagande délirante organisée autour du concept de « transition »

Là est l’avenir. Là est la démarche. MM. Mélenchon et Macron sont les sous-produits politiques néfastes d’une erreur conceptuelle transformée en religion séculaire. Le Pen n’est rien.

La disparition programmée des moteurs thermiques en treize ans est l’exemple même d’une « transition » problématique car personne n’a osé annoncer le coût global, l’ampleur les conséquences antiécologiques de la construction des batteries du fait de la quantité de terres rares concernées, l’effet sur la balance commerciale des importations nécessaires, l’ampleur des régressions de circulation et les pertes de libertés que cela implique, la quasi impossibilité de disposer d’une énergie électrique suffisante pour alimenter une circulation significative, etc. Naturellement, l’impact sur les températures n’est ni calculé ni affiché, ce qui vaut mieux, car le non retrait de la circulation mondiale des voitures d’occasion implique un maintien au niveau précédent de la pollution au CO2…

La conversion énergétique des logements, lancés en parallèle avec des calendriers tout aussi irréalistes, vient ajouter une demande d’électricité massive tout aussi incompatible avec les moyens de production prévus.

L’annonce de l’interdiction de construire quoi que ce soit sur les territoires non encore construits et une folie de même nature. On a étendu la loi Littoral à l’ensemble du territoire dans le pays le moins densément peuplé d’Europe.

Toutes ces folies irréalistes et intenables sont justifiées par le concept de transition.

Les résultats sont déjà prévisibles : une diminution drastique de l’activité. Des millions de Français perdront leur voiture et ne pourront plus circuler à leur guise. Le rapport RTE parle d’une réduction de 40 % des voyages. Le parc va vieillir avec une aggravation de la pollution. Les finances et les balances de paiements seront effondrées. La Chine polluera comme jamais pour fournir les ingrédients. La location d’un logement va devenir de plus en plus difficile et coûteuse. La pression sur les propriétaires déjà très forte va devenir intenable. L’emploi va être durement atteint.

Il faut construire une réponse positive aux différentes difficultés endogènes ou exogènes qui nous assaillent et qui nous demandent de la résistance, de l’intelligence, de la lucidité, de la créativité et du courage, sans outrance et sans panique, avec des calendriers raisonnables et des résultats significatifs. La France est-elle capable de cet énorme effort ? Le prix Nobel d'économie qui sévit au New York Times, tellement à la mode en France, Paul Krugman, n’idéalise certes pas la France, « qui a ses propres mouvements extrémistes et nationalistes blancs ». On suppose que pour lui comme pour Mélenchon, le Zimbabwe ou le Venezuela sont bien mieux placés. Mais malgré ces tares « manifestes, » il n’est pas totalement absurde de penser que la tradition des lumières pourrait nous aider à surmonter les difficultés et nous suggérer un autre chemin, plus rationnel et plus heureux que l’autodestruction de nos valeurs et de notre prospérité inscrite dans le Wokisme et au cœur l’idéologie à caractère quasi religieux de l’Assomption écologiste.

Didier Dufau

Président du Cercle des économistes e-toile

Analyse sémantique de la posture écologiste

L’analyse sémantique du verbiage écologiste est un exercice fascinant. Voici un exemple parmi mille du genre. C’est un extrait d’un rapport d’un institut de haute réputation :  La transition s’annonce, il s’agit de faire face :

« Au vu des modifications profondes du système énergétique qu’elle implique, la neutralité carbone est un défi qui s’annonce colossal. Relever ce défi cependant souhaitable pour chacun de nous, car la transition énergétique est un chantier ayant des retombées économiques concrètes en termes d’emploi et va permettre d’orienter à la baisse notre facture énergétique sur le long terme. Bien sûr, parvenir à ces retombées de long terme nécessitera de passer par une période de transition marquée par des investissements importants. L’accompagnement des ménages et des entreprises les plus fragiles sera un facteur clé pour que ceux-ci puissent eux aussi réussir leur transition en dépit de leur capacité d’investissement limitée. Sur les plans du logement et de la mobilité, il s’agit d’enjeux clés qui sont difficiles à négocier pour les ménages les plus modestes. Les dispositifs d’accompagnement actuels doivent encore être renforcés sur le papier, mais aussi et surtout dans leur réalisation concrète. Des stratégies d’ampleur doivent aussi être définies, d’une part, pour l’industrie lourde, qui est fortement émettrice de gaz à effet de serre de par la nature même de ses procédés, et, d’autre part, pour l’agriculture. Ce défi  a également des conséquences positives tangibles, par exemple en réduisant la pollution de l’air. Enfin, atteindre la neutralité carbone est surtout nécessaire pour concrétiser les objectifs climatiques que nous nous sommes fixés au niveau international. »

D’abord les avantages :

-        On va respirer mieux. Chouette. Qui ? Quand ? Pourquoi ? Par quel cheminement ? Avec quel résultat concret ? Chut !

-        Les retombées économiques vont être superbes sur l’emploi. Combien de postes créés ? Financés comment ? Combien de postes détruits ? Quel niveau de vie si on finance les colossaux investissements par l’impôt ? Chut ! Quelle perte d’emplois si on baisse le niveau de vie ? Chut ! Chut !

Ensuite les contraintes : lesquelles ? On n’en parle pas, s’il s’agit de questions techniques ou économiques. L’intendance suivra. Tous les techniciens s’échinent dans des petits comités (la grande information leur est fermée) à montrer qu’il est « strictement impossible de transférer sur la production électrique l’énergie actuellement fournie par des dispositifs à moteur thermique ». Il faudrait environ 1 000 térawattheures. Personne ne sait faire. Actuellement on ne produit que 500 térawattheures environ. Le goulot est double : dans la production et dans la distribution. Mais Chut ! Chut ! Chut !

C’est que nous avons des devoirs !

Le premier : respecter les objectifs climatiques (non chiffrés ni en termes de gain de température ni en coûts) que nous nous sommes fixés au niveau international sans aucune étude d’impact. Alors les contraintes, on s’en fiche. On ne va pas se dédire tout de même !

Qui nous ? Les décisions ont été prises par l’Union Européenne, commission et parlement, sous la pression des ONG et du GIEC. Nous n’avons qu’un poste à la Commission, proposé par le président élu sans que le pays n’ait le moindre mot à dire. La décision finale est prise par le Parlement, où une cinquantaine des 77 députés français ont dit oui, alors que personne ne savait ce qu’ils allaient faire quand ils allaient être élus, puisqu’ils n’avaient aucun programme à proposer lors de leur élection. Il est fixé à sa guise par la Commission. Elle a été avalisée une seconde fois par le Président de la République qui au conseil européen peut dire non. Comme il s’est fait réélire sans aucune discussion sur la transition climatique et ses modalités, mais qu’il a hurlé sur tous les tons son attachement pour l’Europe, il a cédé avant même d’avoir à réfléchir. Pas question de mobiliser les écolos contre soi la veille d’un second tour législatif. L’électoralisme a pris le pas sur la réflexion stratégique. Les électeurs français n’ont jamais eu à se prononcer sur des orientations concrètes. Tout leur tombe dessus d’en haut.

Le devoir de santé est tout aussi impérieux. En général les écolos ajoutent une estimation (que beaucoup soupçonnent d’être bidon depuis que les statisticiens médicaux se sont ridiculisés avec le covid) sur les morts à cause de la pollution urbaine. Ils savent que la santé est sacrée. L’avantage de l’argument, c’est que si vous êtes contre, c’est que vous êtes un tueur. Aucun mot sur les effets des méthodes employées depuis des lustres pour faire baisser la pollution des moteurs thermiques, ni sur le fait que toutes les politiques violentes n’ont fait que déplacer la pollution sans la réduire, avec une hausse des morts à Paris du fait des travaux et de l’anarchie qui règne désormais dans les rues et sur les trottoirs.

Le troisième devoir est d’aider les petits pauvres. Il faut une transition juste. En interne les riches doivent payer pour les pauvres. Être le pays leader mondial dans la redistribution sociale et l’imposition ne suffit pas. En externe les pays riches doivent payer pour les pays pauvres. Avoir lâché notre industrie aux pays en voie de développement ne suffit pas.

Dans la pratique, les politiques menées se traduisent par des contraintes extrêmes : changer de voitures, changer le système de chauffage et l’isolation de son domicile. Logement et voiture, les deux composantes majeures du capital des particuliers,  les plus difficiles à acquérir. Et il faut changer d’habitudes de vie, ne plus faire ceci ou ne plus faire cela. C’est donc un chemin de contraintes administratives qui exigent du citoyen de faire tout l’effort sous peine de terribles conséquences.

En revanche on ne parle jamais de l’expérience de vie de ceux qui ont « transitionné » par vertu ou par contrainte.

Un ingénieur canadien a choisi un hybride et fait ses calculs. Il a comparé le prix du km avec son ancienne voiture : 0,74 dollar par mile parcouru pour sa voiture hybride, 0.10 pour sa voiture thermique. Sa voiture thermique lui avait coûté 25 000 $ et son hybride 46 000 $. Il lui faut donc amortir un investissement double et payer sept fois plus cher son énergie pour faire des trajets qui prennent en général trois fois le temps, la durée de conduite devant être accrue de la durée de recherche d’un point de rechargement et de celle du temps de rechargement.

D’accord, il s’agit d’une voiture hybride. Mais le bilan n’est pas meilleur avec une voiture 100 % électrique. Beaucoup de journalistes ont décrit leur périple pour faire des trajets un peu longs, par exemple aller de Paris à Cannes ou d’Amiens à Vintimille, ou de Bruxelles à Biarritz, avec des véhicules de moyenne gamme tout électrique. Ils sont tous devenus des spécialistes de l’enfer. « Qui n’a pas rêvé de s’offrir une de ces autos propres ? Silence, émissions de CO2 nulles, sur le papier, la promesse est alléchante. Les pionniers de cette révolution sont de plus en plus nombreux et méritent, on ne le dit pas assez, notre plus profond respect. Car, contrairement aux jolis discours du gouvernement, des écolos et des publicitaires, la mobilité en électrique est loin d’être une sinécure pour ceux qui osent le voyage au long cours plutôt que le cabotage ». Extrait de l’excellent récit de voyage concret signé Jacques-Olivier Martin dans le Figaro.

L’expérience client est tragique mais ne doit jamais être discutée dans un rapport sur le climat et la transition.

Exactement la même chose pour les malheureux qui ont acquis des pompes à chaleur dans les lotissements et qui se retrouvent avec un bruit phénoménal de jour comme de nuit : quarante machines à touche-touche empêcherait de dormir un sourd profond.

Exactement la même chose pour ceux qui ont acquis des maisons aux nouvelles normes et qui manquent d’air et de lumière, et passent leur temps fenêtres ouvertes en poussant à bloc le chauffage et en laissant toutes les lumières allumées, même quand il fait froid pour mieux respirer et mieux voir. L’ambiance blockhaus n’est pas terrible. 

De même, on sait qu’il a des trous dans la raquette électrique. Par exemple beaucoup d’immeubles de grandes hauteurs ont des systèmes de génération électrique pour faire face en cas de panne de distribution électrique générale. Tous les générateurs marchent au pétrole ! On fait quoi ? Dépendre de l’électricité pour faire face à des pannes d’alimentation électrique est une farce amusante. Mais chut ! C’est marginal. Désagréable constat : c’est vrai pour un nombre très élevé de dispositifs où l’électricité est impraticable, comme les engins de terrassement, les chars d’assauts, etc. S’il vous plaît n’en parlez pas ! Pensez à vos poumons et à vos devoirs moraux vis-à-vis de la terre et de multiples catégories qui y vivent !

À quoi rime d’écrire un rapport dans de telles conditions, sachant qu’il sera mensonger ou puéril ? On pourrait au moins se taire, s’il est interdit de critiquer. Mais non !  Il y a d’abord le plaisir de l’admonestation. On ne fait pas assez ; on a raté des échéances. On peut décrire sans fin les nombreux exemples de méfaits nouveaux du climat qui change. Que va devenir le Vanuatu ou Venise, voire les belles maisons du Cap Ferret ? On peut aussi montrer le succès embryonnaire de certaines innovations. D’accord on ne peut pas faire marcher les flottes de gros camions à l’électricité pour des raisons multiples, mais on peut en faire marcher un pour voir. On peut montrer qu’en ralentissant le débit des douches on sauvera rapidement la terre, même si les humains veulent rester propres. Etc. La littérature positive sur des expériences en cours est bien garnie. On peut même faire avancer des porte-conteneurs à voile ! Le but de cette littérature n’est généralement pas de montrer des solutions réalistes et à l’échelle nécessaire. Les auteurs « font de l’argent » soit en stimulant la peur du lecteur, soit en le faisant rêver. Le but est à peu près le même que le Cinéma mais n’exige pas autant de talent.

Surtout l’expert devenu curé d’une nouvelle messe verra son crédit public enfler à des hauteurs magiques et les revenus associés peuvent être intéressants. Toutes les religions ont eu leurs vendeurs de bondieuseries.

L’analyse du discours écologique mène toujours à la même conclusion. Nous sommes dans le sermon, pas dans la recherche de solutions. Mais les Bossuet manquent et les Savonarole grouillent.

Nous pensons ici qu’il faut sortir de cette attitude : voir : chiffrer ; analyser ; comprendre ; imaginez ; construire.  Psalmodier des mantras ne suffit pas sinon ce vœu :  que vienne le temps des ingénieurs et des politiques intelligents.

 

Didier Dufau

La fin de la souveraineté française

Le Parlement Européen vient d’entériner le plan de la commission d’arrêter toute vente de voitures utilisant un tant soit peu des énergies « thermiques ».  Associé à d’autres mesures concernant la construction et l’utilisation des espaces libres, tout aussi radicales, ce plan conditionne de façon colossale tout l’avenir des Français. Toutes les politiques nationales vont être fracassées par les aléas de ce plan de conversion absolue. .

Une élection présidentielle vient d’avoir lieu en France. Le sujet n’a pas été abordé. L’électeur ne savait même pas ce qui se tramait à Bruxelles. Les grands médias n’ont parlé de rien, comme il est d’usage pour les questions européennes.

Une élection législative est en cours. La question de la transition énergétique et de ses conséquences ne sera pas abordée. C’est tranché. Il ne s’agira que de retranscrire ce que le vote, démocratique, du Parlement Européen aura décidé.

Résumons-nous : la politique la plus problématique pour la vie des Français, avec des risques terrifiants échappe à tout débat national ou présidentiel ou législatif. L’évacuation de toute discussion est jugée normale, puisqu’il faut être européen.

On nous avait dit : la présidence française va tout changer. L’immense Macron va prendre en main l’avenir de l’Europe dans ses petites mains fébriles. Il n’a pas dit un mot, pendant toute sa présidence qui se termine à la fin du mois de ce projet pharaonique. Mais même Mme Morano, cette grande figure de la politique française profonde et enracinée, a expliqué que l’Europe, c’était formidable : le chargement des téléphones mobiles sera désormais alimenté par les mêmes câbles standard. Un acquis formidable pour la fameuse « vie quotidienne » des Français, un des objectifs phénoménaux de la présidence française de l’Union Européenne.

Aucune étude d’impact de l’interdiction des moteurs thermiques et des solutions hybrides n’a été proposée ni d’ailleurs faite.

Pourtant la question des estimations est facile à cadrer. Si on conserve, sans chercher de croissance, le niveau d'activité et de déplacement actuel les chiffres sont astronomiques  :

-        Industrie automobile française : 4 mille milliards d’euros

-        Utilisateurs de voitures : 2.2 mille milliards d’euros

-        Production de 500 térawattheures d’électricité : dépend du mix entre nucléaire et éoliennes. Coût minimum 2 mille milliards d’euros.

-        Réseau de transport de l’électricité : doit être doublé. Coût impossible à évaluer en l’état car il dépend du mix de production dont on ne connait rien. Plusieurs centaines de milliards d'euros au minimum (et la loi exige désormais que les cables soient enterrés !).

-        Bornes de recharge : il en faudra des … millions.  Coût : plusieurs dizaines de milliards.

-        Impact sur la balance des paiements ? Tragique. Rien de qui est nécessaire aux batteries n’est produit en France.

-        Bilan carbone des actions de conversion : terrifiant. Pour le lithium nécessaire, il va falloir creuser l’équivalent d’un trou de cent kilomètres de diamètre sur 200 mètres de profondeur. Avec des engins au fuel… Un bon début

-        Impact sur l’émission de CO2 de la transition : énorme mais non évalué.

-        Baisse de la température anthropique : nulle à un horizon de 50 à 100 ans

-        Les voitures d’occasion thermiques n’étant pas détruites, le parc continuera de tourner quelque part dans le monde. Effet sur le CO2. : nul.

Rappelons que la valeur ajoutée annuelle des entreprises françaises est d’environ 1.400 milliards d’euros.  D’ici 2035, compte tenu des circonstances actuelles, guerre en Ukraine, pandémie en Chine, hyper inflation, on espère obtenir 15.000 milliards de valeur ajoutée cumulée, et ce serait déjà un exploit. Et entre 50%  et 60% de cette somme serait à consacrer à la conversion décidée ?  C’est évidemment impossible sans ruiner les Français.

Il y a un loup.

La vérité est simple : on va vers une réduction massive du nombre d’automobiles et un contingentement massif des transports, avec une hausse ravageuse des impôts, l’argent magique commençant à manquer.

Le niveau de vie et les libertés d’aller et venir vont être drastiquement réduits. Une horreur programmée qu’on s’interdit de dévoiler.

C’est pourquoi le plus grand silence politique accompagne ces décisions européennes en France. Discuter de la transition serait un blasphème ; Faire apparaître les conséquences, un risque politique trop grand, ne serait-ce qu’en démontrant que la démocratie française est strictement inutile au processus puisque tout est décidé ailleurs.  Alors silence ! Tabou européiste et tabou écologiste se donnent la main pour que les débats soient évacués, en dépit du caractère terrifiant du projet.

Où est passé la souveraineté nationale ?

Emmanuel Macron continue sa politique d’achat de votes en alignant, aujourd’hui encore et après l’avoir fait continument depuis janvier 2021, les promesses catégorielles délirantes. Mais les directives économiques européennes à respecter viennent d’être signées. Elles annoncent une politique d’austérité renforcée, avec un désendettement obligatoire et l’obligation d’avoir une croissance des dépenses publiques moins fortes que celles des impôts ! Rappelons qu'en 2021 les impôts ont cru beaucoup plus vite que le PIB ! Sans aucun commentaire sinon l'article passé sur notre blog.

Pas un mot dans la presse.

Il sera bien temps d’affirmer au moment des décisions douloureuses que tout cela date d’il y a longtemps, que tout le monde était d’accord et qu’il faut respecter l’Europe notre protection contre la guerre et notre petitesse dans ce monde de brutes.

La presse chantera la chanson avec empressement.

Est-ce que c’est bien démocratique ? Ben oui puisque c’est voté par le Parlement après des élections libres. L’argument semble imparable. Il ne l’est pas, pour une raison simple : l’élection européenne ne se fait jamais sur un programme, donc ne laisse aucune occasion aux électeurs de choisir entre des des options. Le programme c’est la commission et la commission seule qui en décidera. Elle en a le monopole absolu. On votera donc sur ce qu’ellevoudra bien présenter. Le député européen fraîchement élu ne sait absolument pas de quoi il aura à juger. Il a été choisi par son parti et les Français ont voté sur des étiquettes partisanes. Le parti n'a pas pu formaliser une réponse ou une analyse et il est impossible de vérifier auprès de l’électorat si son point de vue est admis. La France ne représente qu’une part ridicule des députés et ne peut pas y faite valoir ses singularités éventuelles. De toute fa çon la minuscule phalange française est divisée par le vote à la proportionnelle en chapelles nombreuses et incompatibles, alors que les partis, on devrait dire les « étiquettes », ont fait le choix de présenter soit des politique victimes du suffrage universel soit d’européistes convaincus.  L’électeur dans un tel système ne peut orienter et encore moins décider d’aucune politique.  Du coup la presse n’a pas à se saisir du moindre sujet. De toute façon le choix profond de l’électorat ne compte pas. Pas la peine de le démontrer au quotidien.

La solution était évidente pour éviter ce déni démocratique : envoyer 77 députés élus au Parlement français voter au Parlement européen, après que les directives ont été discutées au Parlement français, assurant à la fois la connexion avec le peuple et la vérification que la France n’y perd pas, avec une bonne couverture de la presse. Que se passerait-il si le vote européen était défavorable au choix français. On verrait aussitôt que l’Europe n’est pas la bénédiction assurée. La crise serait immédiate entre l’intérêt français décidé démocratiquement et l’intérêt dit européen décidés par d’autres.  Alors on a fait de ces élections européennes frelatées un prétexte démocratique et une fête européiste. Et après le silence tombe.

Ces mois de débat électoraux ont montré de façon caricaturale, d’abord que le gouvernement français était impuissant, ligoté par le gouvernement des juges et  dominé par les instances européennes supranationales. Aucune mesure de sauvegarde nationale n’est possible. Le pouvoir français a été capturé par des camarillas familiales de hauts fonctionnaires qui servent leur intérêt de carrière et d’argent. Les partis sont des attrape-tout qui ne servent qu’à accorder des places sans débattre de rien. Aucune politique dans aucun domaine n’est réellement discutée nulle part.

Les observateurs remarquent la désagrégation nationale. Comment en serait-il autrement. Il n’y a plus de pouvoir régalien et l’économie est laissée à des instances supranationales.

On va vers une abstention de plus de 50% au premier tour et de 60% au second tour, aux élections législatives. A quoi sert de voter pour des guignols impuissants sinon en matière fiscale ?

Les Français ne peuvent orienter quoi que ce soit par leur vote. La démocratie ce n'est pas voter. C'est pouvoir orienter la politique par son vote.  Méprisés par des démagogues cyniques qui au pouvoir les achètent avec des promesses minables (chèque menstrues pour les étudiantes, chèque mangas pour les adolescents, chèque, chèque, chèque…) et dans l’opposition font de la surenchère minable contre des victimes expiatoires en annonçant de nouveaux chèques encore plus gros. Les Français ont à la fois honte de l’image qu’on leur renvoie d’eux-mêmes et des propositions qu’on leur fait. Ils se détournent du vote. Quoi de plus normal ?

C’est comme cela qu’un grand peuple meurt. Le plan de « transition » voté par le Parlement européen accélérera la mise au tombeau.  

RIP.

 

Didier Dufau

 

La France, future Sri Lanka ?

Quand la moutarde decend des rayons pour monter au nez.

Sri Lanka est un pays gouverné par un clan, avec un népotisme fort. La France est gouvernée par un clan, l’énarchie, de plus en plus népotique.

Sri Lanka est un pays gouverné par des mesures à court terme basées sur l’inondation monétaire et la dette qui à force de s’accumuler ont fini par ruiner le pays. La France est un pays gouverné par des mesures à court terme, basées sur l’inondation monétaire, qui ont fait exploser la dette et sont en train de couler le pays.

Sri Lanka a tué son agriculture en prétendant mener une politique ancrée dans la recherche du salut écologique et de la biodiversité. L’interdiction, entrée en vigueur le 26 avril 2021, de tous les engrais chimiques, pesticides, herbicides et fongicides a entraîné des baisses de production gigantesques. En seulement six mois, la production nationale de riz a chuté de 20 % et celle de thé de 40 %. Désormais on meurt de faim dans le pays. La permaculture dans les cimetières ne semble pas la solution.

La France tue son agriculture depuis longtemps. Le pays agricole par excellence qu’était la France n’est plus en tête en Europe et s’effondre dans les classements. Le symbole : la disparition de la moutarde des rayons des supermarchés. Le lundi 6 juin à Pont-l’Évêque, plus aucun pot de moutarde n’était accessible. Le débarquement des graines canadiennes pouvait être fêté comme un évènement passé…

Pourquoi étions-nous obligés d’importer nos graines de moutarde ? Une fois de plus parce qu’on avait décidé de supprimer les insecticides permettant d’éviter le ravage de cette culture fragile sans évidemment proposer le moindre produit de substitution même moins efficace.

« La France ne peut pas répondre à ses besoins en moutarde. En 2016, alors que le pays produit 12 000 tonnes par an de graines de moutardes (bien loin des 32 000 nécessaires pour le pays), une loi vient mettre à mal sa production sans proposer d'alternative. Les insecticides sont désormais interdits, une décision toujours contestée de nos jours et qui a des conséquences importantes sur les champs de graines de moutarde. L'Altise, un insecte sauteur de l'ordre du coléoptère, fait des ravages en France puisque la production de graines a été divisée par quatre en cinq ans. » Reportage de France 3.

La France essaie de produire 3 000 tonnes de graines pour un besoin national de 32 000, alors qu’elle a été longtemps auto suffisante. Naturellement, quand les mesures ont été prises, tout le monde a chanté religieusement les cantiques écologistes sans nuances et sans même permettre que des voix s’élèvent pour avertir des conséquences.

Comme toujours quand les belles idées se fracassent sur des résultats saumâtres, on cherche des paravents faciles. La guerre en Ukraine et le dôme de chaleur au Canada nous privent des ressources d’importation. D’accord, mais pourquoi sommes-nous totalement dépendants des importations ? Des initiatives pleines d’espoir sont prises, comme en Alsace. Une vague excuse et une vague promesse suffisent à faire passer cette information stupéfiante : le pays de la moutarde ne livre plus un pot de moutarde.

À l’exact moment où cette situation ubuesque s’impose dans les médias après le vide soit apparu dans les rayons, l’Europe signe une directive pour interdire les moteurs thermiques en 2 035. On a failli imposer 2032, car « dix ans c’est assez » tout le monde sait ça. Aucune mesure des conséquences ! Ni sur les coûts, ni sur l’emploi, ni sur les balances de paiements, ni même sur le réchauffement économisé. Comme pour les insecticides. On verra bien. Hurrah, Hurrah, Hurrah ! Un suicide religieux du type de celui qu’on faisait au dieu Baal. Les dirigeants carthaginois en cas de sécheresse immolaient quelques-unes de leurs filles pour faire revenir la pluie. Le Dieu écologiste exige que l’on fasse des sacrifices économiques outranciers et irrationnels. Et personne ne proteste. Ce serait un salaud à faire taire, une sorcière de Salem.

Dans les travaux publics « la trajectoire des marchés conclus s'est diamétralement inversée en avril 2022. Ils sont même retombés à leur plus bas niveau depuis le confinement de 2020 : -11,7 % par rapport au mois précédent, -18 % en volume sur un an ! ». Et les prix sont en hausse de 10 % sur l’année.

Dans la construction neuve, c’est pareil.

La France craint avec M. Zemmour et quelques raisons un destin à la libanaise. Voilà qu’il nous faut craindre un destin à la ceylanaise.

Le suicide français commence à prendre forme. Le Français, né malin…

La moutarde commence à lui monter au nez. « De lamentables grognons » a dit Bruno Lemaire et qui ne voient pas combien nous gérons bien et que nous sommes les meilleurs !

Fa Tutto !

Didier Dufau

Le dernier objet de mobilisation indignée : sauvez les Liminaires !

Sans mourir de rire. Ou de morsure.

Nous vivons une période rigolote. En cherchant à savoir ce qu’avait bien pu faire Mme Maud Gatel pendant son mandat de député, à Paris 14ème, j’ai découvert que, dans le néant à peu près total qui caractérise son action politique, émergeait un soupçon d’engagement pour la défense des « liminaires ».

Une des dimensions du Wokisme caricatural concerne « naturellement » les bêtes. On sait que certains considèrent que les animaux sont, comme les colonisés, supérieurs à leur colonisateur et que l’homme est un prédateur immonde qu’il faut déconstruire dans son attitude vis-à-vis des animaux qui se voient désormais dotés d’une personnalité juridique et d’une « citoyenneté » supérieure à celle de l’homme blanc hétérosexuel occidental.  Bien assises sur une indignation structurelle au nom des bons sentiments, les associations de défense des droits des animaux créent le vocabulaire ad-hoc repris par les médias et font passer des législations « protectrices » qui stimulent les juges. L’humanité doit être comme Gulliver ligotée de toute part pour l’empêcher de nuire.

Toute réserve par rapport à cette vérité transcendante doit valoir le pilori à son auteur et son éviction sociale. Crier avec la meute est la seule attitude digne. Même quand on excrète des sottises et qu’on exacerbe les haines. La fin justifie les moyens et quelle plus belle attitude que l’émerveillement pour la nature et ses créatures, sauf l’homme.

Moins un politique n’a à proposer sur les sujets sérieux plus il doit montrer son adhésion et son adhérence aux wokisme le plus caricatural. Il n’était donc pas totalement surprenant que Mme Gatel cherche la divine onction du naturalisme politique le plus outrancier. Mise en examen pour la sale affaire de détournement de fonds publics, comme l’essentiel de l’effectif élu du Modem, elle méritait de passer de l’amour des pépètes à celui des bébêtes.

J’ai fait l’expérience : demander dans les diners en ville ce qu’est un « liminaire » laisse sans voix l’auditoire. Il faut dire que le concept est aussi récent que ténébreux (il a suffi d’un livre de 2011 si je ne me trompe). Un « liminaire » est une bête sauvage qui vit dans les lieux urbanisés, sa sauvagerie étant définie par sa volonté de ne pas se soumettre à l’homme (blanc hétérosexuel). Ce n’est pas un collabo ! Et comme tous les citoyens libres mais sous domination, il a le droit à l’indépendance et au respect, avec mise au pas des puissants dominateurs qui se moquent de leur dignité profonde. Le Front de Libération des Liminaires n’ayant pas de moyen propre il importe aux humains déconstruits et conscientisés de prendre les choses en main, comme pour les femmes dominées, les migrants, les décolonisés, les islamogauchistes, les burkinistes etc.

En gros les liminaires sont ce qu’on appelait jusqu’ici les nuisibles, ce qui nuisait surtout à leur dignité de néo citoyens. Il fallait d’urgence changer le nom usuel. « Sauver les liminaires », personne ne comprend, mais « sauver les nuisibles » ferait un peu mauvais genre. La santé, c’est sacré !

Ah, si les bêtes votaient ! Mélenchon serait pour le grand soir et la prise de pouvoir des « liminaires ».  Pour le moment, dans le 14e arrondissement de Paris, seule Mme Maud Gatel éclaire l’élection par un engagement préliminaire en faveur des liminaires.

Il est vrai que nous allons être dotés d’une forêt urbaine primale et interdite aux humains (et même aux humaines) pour développer une faune sauvage. On va sans doute donner à la future ex- place de Catalogne un nouveau nom : place des Liminaires serait bien trouvée et toujours mieux que place des Rats ou place des Nuisibles.

Peut-être est-il utile à ce stade de lister les liminaires les plus communs : le rat, la souris, le pigeon tiennent la corde. On aimerait y ajouter le lapin, comme sur l’esplanade des invalides, mais là, les cyclistes ne sont pas d’accord : les lapins lorsqu’ils prolifèrent font tomber les cyclistes ce qui serait dommage dans un lieu symbolique de la priorité aux modes de transport « doux ». On ne sait pas trop si c’est la mort probable du lapin dans ces rencontres ou celle du cycliste qui fait le plus réfléchir.

Un petit ennui provient aussi des autorités de la santé : le rat est vecteur de graves maladies comme le pigeon, sans parler des souris. On sait qu’avec le réchauffement ces maladies sont favorisées. La législation actuelle insiste pour éliminer et les rats et les pigeons lorsqu’ils prolifèrent. Les animalistes insistent sur la grossière exagération de ces aspects médicaux : les animaux ont plus de droits que nous et si nous devons mourir c’est normal. En revanche pas question de se salir les mains à tuer en masse des espèces naturelles sacrées : le gazage des pigeons nous met au niveau d’Hitler et de ses passions tristes. La Shoah des rats et des pigeons nous fait revenir à des périodes nauséabondes. La reductio ad hitlerum fonctionne aussi pour les souris, les rats et les pigeons etc.

Notons que pour l’instant les insectes ne font pas partie des espèces à protéger d’urgences. Punaises de lit, blattes, moustiques et mouches n’ont pas encore atteint leur statut naturel de citoyenneté. Il faut bien que les oiseaux aient quelque chose à se mettre sous la dent.

Il est réconfortant de savoir que Mme Gatel est une députée active de la république des Liminaires, faute de l’être de la république Française.

En acceptant de créer un jardin pédagogique sur la dalle Mouchotte, les propriétaires de la dalle ont signé un protocole qui réserve à la Ville de Paris et à elle seule la gestion des conséquences des morsures de rats et le contrôle des nuisibles. Il faut savoir que le jardin de l’Atlantique est un élevage de rats particulièrement efficace dont une partie de la population se retrouve via les passerelles un peu partout dans les environs, en particulier dans les espaces jardiniers. La destruction de la fontine a chassé des milliers de rats qui se logeaient dans les canalisations. Avant même l’exemplaire forêt urbaine destinée aux bêtes sauvages et aux « liminaires » le quartier est totalement envahi par les rats.  Ne parlons pas des pigeons dont les fientes adornent toutes les chaussées surplombées par un arbre ou une passerelle, voir un muret. Notamment devant la nouvelle bibliothèque de la rue Mouchotte.

Avec la nouvelle forêt on attend désormais les boas constrictrices, les varanes et autres espèces sauvages adulées, peut être des tigresses et des crocodiles, qui sauront réduire la pullulation des lapines et gober les œufs des pigeonnes sans que les blanches mains des humains déconstruits et conscientisés n’aient à se salir dans des tâches meurtrières.

Ce qui ne gâte rien, c’est la candidature Gatel, glorieuse actrice de la bataille du rat, et de la rate, qui prend les électeurs pour des pigeons en considérant qu’on leur fait un grand honneur. On disait que les effectifs du Modem tenaient dans une cabine téléphonique. On n’avait pas tenu compte des liminaires. Ni de la disparition des cabines téléphoniques.

Gageons que le prochain congrès du Modem se tiendra dans la forêt urbaine de la nouvelle Place des Liminaires.

Rappelons les dix maladies véhiculées principalement par les rats :

  1. La leptospirose (parfois appelée “maladie du rat”)
  2. La salmonellose
  3. La fièvre d’Haverhill (fièvre par morsure de rat)
  4. La tularémie
  5. La méningite
  6. Des ténias (dits “vers solitaires”)
  7. La jaunisse infectieuse (ou ictère infectieux)
  8. La peste bubonique
  9. Des hantavirus

Les pigeons porteurs de maladies sont à l'origine de nombreuses pathologies. Les plus courantes sont la chlamydiose aviaire, la salmonellose, la cryptococcose et la maladie de Newcastle. Aussi appelée psittacose, la chlamydiose aviaire est une maladie contagieuse provoquée par la Chlamydophila psittaci.

La loi Elan indique très précisément qu'un propriétaire ne peut louer un bien immobilier que s'il est exempt de tout nuisible. Mais une maire et une députée peuvent favoriser les nuisibles dans un quartier.

La planification écologique de M. Macron passe par la planification de la pullulation des rats des souris et des pigeons et sera aidée sur place par Mme Gatel, dont le nouveau surnom est « Macrospirose », ce qui ne gâte rien et met exactement en valeur le travail assoupi de la députée sortante qui sait trop bien ce qu’est un fromage et qui est poursuivi en justice pour cette gourmandise.   C’est trop bête.

Didier Dufau

Le drame de la désindustrialisation en France

Jean-Pierre Robin, un des derniers journalistes ayant de véritables compétences économiques, pose parfaitement la question dans le Figaro daté du trente mai 2022 : « les déboires industriels de la France se comparent à la défaite de quarante ». Il cite l’ouvrage de Nicolas Dufourq qui note qu’en vingt ans la France a perdu la moitié de ses usines. Depuis 2008, 936 usines de plus de 50 salariés ont fermé.

On pourrait en effet envisager un tribunal pénal pour ce crime contre l’humanité productive. Il est agréable pour notre cercle de voir que ses diagnostics sont totalement confirmés. Ceux qui nous lisent régulièrement savent que nous défendons la thèse que trois causes externes et trois causes internes expliquent la dégringolade annoncée, ré-annoncée, ré-ré-annoncée pendant 25 ans sans aucun écho, tant l’élite dirigeante était imperméable à toute observation et analyse utiles.

Nous disions (avec Maurice Allais) :

-        Que les changes flottants permettaient l’accumulation de déséquilibres provoquant régulièrement des récessions sévères et de plus en plus sévères. Il a fallu la récession de 2008, attribuée bêtement aux subprimes, pour qu’on commence à réfléchir un peu. On n’a pas voulu toucher à la racine du problème alors on a complètement bureaucratisé et enfermé l’activité des banques.

-        Que l’Euro a un caractère structurellement récessif, ce qu’on a vu en 2011, avec la crise spécifique de la zone Euro et qu’il fallait ajouter un mécanisme permettant d’éviter les macro excédents comme les macrodéficits. On n’a rien fait de structurel. On a simplement violé toutes les règles initiales pour permettre à la BCE de créer des flots délirants de monnaie sans contrepartie de production.

-        Que l’entrée de la Chine dans l’OMC et une politique d’ouverture totale à la concurrence des pays à bas salaire allaient liquider l’industrie et déclasser la classe moyenne des pays développés, dans le cadre des systèmes monétaires défaillants. L’affaire est désormais évidente pour tout le monde.

Mais si le monde occidental s’est mis à croître moins vite que le reste du monde, que l’Europe a commencé à aller moins vite que le reste du monde occidental, il y avait aussi cette composante française qui nous mettait à la traîne dans l’union européenne.

C’était la preuve qu’il y avait une composante proprement française de la décrépitude économique.

Nous avons alors insisté sur les trois causes fondamentales du déclin spécifiquement français, qu’on pourrait reformuler ainsi :

-        L’énarchie compassionnelle, c’est-à-dire le développement d’une classe dirigeante de plus en plus népotique, incapable de comprendre les questions de productions, tournée vers les solutions bureaucratiques et l’encadrement millimétriques des activités, et obsédée par la fiscalité intensive.

-        Le socialisme, marqué par le pouvoir donné totalement aux syndicats, la chasse aux patrons et au capital, et la distribution de « droits acquisitifs », ces fameux droits-là opposables qui impliquent de plus en plus de gratuités infinançables. La « gratuité de la vie » et la machine à distribuer les « cadeaux au peuple » à crédit a rendu la redistribution sociale française unique au monde par son ampleur, comme la dette, étant entendu qu’on y incluait le monde entier.

-        Le féminisme outrancier qui entraînait la disparition des enfants dans la population native et créait une crise démographique telle qu’il devenait indispensable d’importer des millions d’immigrés.

Ces trois causes se cumulent facilement. L’étatisme adore le socialisme, le féminisme et toutes les incitations à augmenter son rôle.

On constate qu’avec Macron, l’énarchie népotique, compassionnelle et bienveillante a complètement détruit la démocratie. Il a dépensé 40 milliards en 2021 et quarante milliards en 2022 pour se faire réélire sans faire campagne. Pendant cinq ans il a gouverné avec une poignée de condisciples. Toutes les conséquences ont été aggravées. Aucune vraie réforme n’a été entreprise. Le pays a sombré dans l’abstention ou le vote vomitif. La déchéance est totale.

La démagogie des gratuités et des droits-à a tout emporté avec un syndicalisme de blocage et de destruction. Encore hier une grève de la RATP, exprès lors d’un grand moment festif a aggravé la destruction de la finale de la coupe d’Europe de football. Tout le monde s’en fout. On attend les jeux olympiques d’un pied syndical ferme ! Thatcher avait compris, elle, qu’il fallait remettre les syndicats à leur place de façon ferme et définitive. Le désordre atteint désormais toutes les couches de la société.

Le féminisme a tourné au Wokisme et au fascisme ordinaire, avec le développement de la coercition sociale qui exclut tout opposant à une forme ou une autre de politiquement correct. La presse, la loi, les juges veillent à ce que tous les angélismes destructeurs produisent tous leurs effets. Le gauchisme a emporté toutes les digues d’un socialisme un doigt raisonnable. Il n’y a

plus d’ordre public mais un lacis d’ignominies quotidiennes, sur fond d’écologisme primaires anti économique, de disparition de la natalité, de sans frontiérisme absolu, d’amour de la mort de tout ce qui est un petit peu discipliné et actif.

Ce qu’omet, provisoirement j’espère, l’ami Jean Pierre-Robin, c’est que la conjonction des six causes foncières avec le triomphe de l’écologie religieuse, mortifère, intouchable et sacrée, ne va pas faire renaître l’industrie mais tuer l’ensemble de l’économie. Nous sommes à la veille d’une régression phénoménale que personne ne veut voir, comme on ne voulait pas voir la mort imminente de l’industrie, comme on ne voulait pas voir la mort de la filière nucléaire, abandonnée et déclarée nuisible depuis des lustres.

Les grands prêtres de l’écologie sacrée vont annoncer demain avec une pompe à faire frémir les mânes de l’Église romaine catholique, que le moteur thermique aura disparu en 2035, soit moins de treize ans. Aucun chiffrage des coûts, aucune idée sur les financements, aucune estimation du gain de température globale.

Les calculs que nous avons faits montrent qu’il faut doubler la création d’électricité pour alimenter un parc identique de voitures faisant la même quantité de kilomètres. Le budget global est d’environ de 6 milliards d’euros pour la France soit 5 ans environ de valeur ajoutée des entreprises. L’impact sur la pollution est nul puisque, si les voitures thermiques sont interdites de circuler, elles ne sont pas détruites et vont partir vers l’Afrique où elles produiront la même pollution.

Nous allons donc fêter des objectifs intenables et sans résultats sur le réchauffement avec une outrance de « green washing » et de bonnes intentions affichées. Ah que nous nous voyons beaux dans notre miroir aux alouettes !

La Datar dans les années soixante-dix a viré toutes les industries de Paris intra-muros. La planification à la française les a envoyées en province où elles ont toutes disparu. Paris a perdu 200 000 habitants, ouvriers et salariés de l’industrie avec leur famille. La tarée Hidalgo continue sur la lancée et va encore vider un peu plus la capitale avec des projets qui atteignent le sommet des contradictions et de la folie verte atrabilaire.

Alors, un tribunal pénal pour sanctionner la mort économique de la France ? Une idée à creuser, comme on creuse la tombe de notre prospérité depuis 50 ans.

 

Didier Dufau

L’article de Jean Peyrelevade sur la « renaissance de la social-démocratie ».

  1. L’article constate la perte de cohérence de la gauche et son incapacité à revenir au pouvoir. Mais n’en donne aucune explication. La société est déclarée fracturée mais le rôle des politiques socialistes en faveur de cette fracturation n’est pas évalué. Idem pour le déclin de l’économie, idem pour les déficits des finances publics. Comme si « Touche pas à mon pote », le programme commun, puis la poussée de dépenses publiques du gouvernement Rocard puis la folie des 35 heures, puis la débauche de mesures prises par les gouvernements du quinquennat Hollande, n’avaient pas joué leur rôle. Du coup on affirme que la social-démocratie est la solution sans apporter la moindre preuve. C’est une pure pétition de principe.
  2. L’article souligne que le pouvoir est capté par une « minorité réduite ». Mais il n’y a pas d’analyse de cette minorité réduite : il s’agit essentiellement de la génération socialiste promue par Mitterrand et qui prospère en famille, en s’appuyant considérablement sur l’énarchie compassionnelle et les équipes rassemblées par Delanoë. Il s’agit d’une caste socialiste-compatible, étatiste, bureaucratique, fiscaliste, européiste, partiellement genrée. L’homogénéité est dans l’illibéralisme et la préférence social-démocrate pour la fonction publique. La fusion récente de la haute fonction publique qui tient l’état, et les équipes qui tiennent la politique, est la cause des maux soulignés. Ce qui n’est pas diagnostiqué.
  3. Macron est un social-démocrate qui a tout centralisé entre ses mains en violant l’esprit et la lettre de la constitution. On peut dénoncer la pratique sans demander le retour au septennat et la déconnexion des élections présidentielles et législatives.
  4. La décentralisation est un sujet compliqué. Dire qu’il faut simplifier et généraliser la décentralisation n’a pas de sens global. Il faut regarder dans le détail. C’est aussi sot que d’affirmer qu’il faut faire tout remonter à Bruxelles. La vérité est que l’État est désormais largement impuissant, écartelé par le haut et par le bas ; cette impuissance est une des causes principales de la crise démocratique. Ne pas évoquer les moyens de retrouver de la puissance souveraine sur les grands sujets et au contraire toujours favoriser ce qui aggrave la difficulté n’est pas une approche sérieuse.
  5. Il faut passer d’un capitalisme actionnarial à un capitalisme de codécision écrit M. Peyrelevade. En route pour les fadaises Woke. Les entreprises agissent dans un véritable réseau de contraintes judiciaires et administratives. Leur donner une responsabilité politique pour éviter les fractures sociales est indécent : il appartient aux politiques de gérer l’unité du pays, pas aux agents économiques qui peuvent agir à leur guise dans le cadre des lois. En leur demandant d’assumer le travail de l’État, on prouve seulement que le socialisme et la social-démocratie sont impuissants sur cette question. Ajouter qu’on les prive de leur capacité de décision au profit de comités sociaux va encore plus loin dans l’impossibilité de tenir les objectifs de réindustrialisation, de retour à la compétitivité, etc. qu’on déclare indispensables par ailleurs.
  6. Le rapport suggère d’améliorer la formation des Français. Mais rien n’est dit des causes de l’effondrement de l’Éducation nationale qui sont très liées au travail de sape des socialistes qui ont cautionné les lubies « déconstructives » des gauchistes excités et de leur association.
  7. Il faut en revenir à la planification centrale pour tenir compte des tâches exorbitantes de l’époque : réindustrialisation, transition énergétique, recréation de services publics fonctionnels. On contredit les propos précédents sur la décentralisation.
  8. La crise climatique exige de baisser le niveau de consommation des Français y compris les plus pauvres qui vont souffrir. « Il ne faut pas faire rêver les Français sur des hausses utopiques de niveaux de vie ». Mais il faut néanmoins les protéger et avec eux les travailleurs indépendants. Comment ? En augmentant les impôts par une réforme fiscale « structurelle » ! L’adjectif n’a pas de sens et propose une manière édulcorée d’affirmer que les riches doivent payer. C’est une idée tellement éculée qu’il faut changer le vocabulaire. Alors que les petits riches sont les plus taxés du monde ! Mais le symbolique évitera la révolution. Alors le grand retour de l’ISF est nécessaire, structurellement ! Naturellement. Le sauvetage de notre patrimoine commun exige la taxation du patrimoine ! Ça, c’est de la pensée sociale-démocrate moderne. Alors que les propriétaires vont être soumis à des contraintes extrêmement coûteuses, il faut en plus les taxer à mort et les priver des ressources nécessaires à la tâche de conversion énergétique des immeubles ! Très rocardien, comme objectif !
  9. Naturellement il faut renforcer l’Union Européenne, aller vers un fédéralisme plus profond, et élargir ses ressources et ses responsabilités. Cela va en effet renforcer la crédibilité des élites et l’information des Français. Tout sujet transféré à l’UE, et ses exécutifs non élus, quitte la presse et sort du débat national. Cela va certainement renforcer la démocratie.

Conclusion

Il est facile de constater que M. Peyrelevade est prisonnier des conceptions qui depuis Giscard et Mitterrand, ont détruit la prospérité française et conduit aux désastres polymorphes actuels. On peut noter le peu de différences avec le programme Macron, aux seules postures électoralistes et de triangulation près. Cette tentation social-démocrate et européiste habite totalement Macron et explique ses très médiocres résultats sur la majorité des grandes difficultés nationales.

Notons que le rapport est incapable de parler des 35 heures et de la retraite, deux mesures « techniques » mais qui sont tout de même importantes, non ? Tout est noyé dans le verbiage.

Au total ? Au total, rien. Du blabla et du néant. Du vrai rocardisme suranné et pitoyable.

Un livre indispensable et à lire absolument : Laurent Toubiana Covid

Convaincant et prémonitaire

Les éditions l'Artilleur viennent de faire paraître le livre de Laurent Toubiana : « Covid 19, une autre vision de l'épidémie». C’est indiscutablement le livre le plus nécessaire pour comprendre et juger les politiques sanitaires qui ont été menées depuis mars 2020.

Le livre de Michaël Peyromaure, chez Albin Michel, « Hôpital, ce qu’on ne vous avait jamais dit », fait, lui, autorité sur les difficultés de l’hôpital et des politiques publiques suivies depuis 50 ans.

Tous deux sont des spécialistes, mas de commentateurs ou des trublions. Tous deux se sont colletés professionnellement aux difficultés dont ils parlent. Ce ne sont pas des amateurs. Aucun des deux ne cherche une gloriole quelconque à tenir des propos hétérodoxes. Ils n’ont pas de position politique connue ou d’hostilité de clans ou de personnes contre quiconque. Ils témoignent ; ils partagent leur réflexion. Ils permettent de vraiment comprendre comment le système sanitaire s’est détérioré au point de sombrer dans le n’importe quoi face au virus du Covid.

Ces deux livres sont présentés comme marquant une volonté de rupture par rapport aux idées dominantes alors qu’aucun des deux auteurs ne l’a réellement eu cette volonté. La crise sanitaire a révélé à la fois combien les non-dits et les conflits de clans, très forts dans le domaine médical, empêchaient le grand public d’être correctement informé, et le caractère choquant des méthodes d’encadrement médiatique des paroles libres mais préoccupées du bien public.

Ce parasitage de l’information et de la réflexion par des pouvoirs et par le pouvoir qui tient l’information et les médias, n’est pas propre au secteur médical. Pratiquement, il règne dans toutes les disciplines sensibles. Le rôle du politiquement correct produit par ses règles propres et construit par les médias joue également son rôle. Sur trop de sujets, faire apparaître la réalité et lui donner du sens devient un parcours du combattant où l’on risque sa réputation, ses amis, sa place…

Nous sommes sensibles à cette question puisque notre petit groupe des économistes e-toile s’est constitué justement pour faire apparaître sur ce qu’on appelle aujourd’hui les réseaux sociaux, en fait les forums puis notre blog, des réflexions qui étaient non seulement évacuées de la grande presse et des médias audio visuels, mais dont les rares porteurs faisaient l’objet de campagnes infamantes. Personne ne se souvient de l’élimination d’Alfred Sauvy, d’immense réputation, lorsqu’il a tenu un discours démographique qui ne correspondait plus à certaines attentes, mais aujourd’hui encore la dictature d’une forme de politiquement correct orienté pèse, dans le domaine, sur la liberté de voir, de comprendre et d’informer, comme le livre de Mme Tribalat le prouve. Personne ne se souvient plus non plus du traitement auquel a été soumis Maurice Allais lorsqu’il a prévenu que l’entrée de la Chine dans l’OMC et la liberté absolue des échanges entraînerait la stagnation et la désespérance dans les classes moyennes de l’Occident, et que les changes flottants provoquaient des crises financières à répétition. Ces oukases persistent pendant des décennies, et entraînent des conséquences fâcheuses dans l’enseignement et dans la presse, avec une vie politique totalement désarticulée par l’ignorance et les querelles insultantes. L’aventure d’un Zemmour décidé à briser l’omerta sur quelques grands sujets a montré l’énormité des efforts qu’il faut faire pour qu’un peu d’air intellectuel et de vérité circule dans les branchies de la démocratie française.

Désormais tout auteur qui veut faire valoir des faits et des analyses que ses études ou sa réflexion font apparaître de bonne foi ou de bonne science doit s’armer contre les forces d’éviction musclées qui travaillent l’édition, la presse et les milieux politiques, si cela heurte la pensée dominante.

Ce que dit Michaël Peyromaure est élémentaire : on a cassé le pouvoir médical au profit de la bureaucratie au point de rendre les métiers médicaux sans intérêts et sans efficacité, avec un effondrement de la politique sanitaire dans les hôpitaux publics. Cela n’a rien de révolutionnaire ni de controuvé. Le but est de faire mieux. Sa réflexion fait droit aussi aux critiques contre les hospitaliers eux-mêmes et souligne les complexités du sujet. Rien que de très utile et de très sage. On a vu avec ses collègues Raoult et Péronne, les dangers que cette volonté de parler vrai stimulait.

Ce que dit Mme Tribalat est élémentaire et ne mérite aucune forme de réaction malsaine ou de mise à l’écart.

Ce qu’écrit M. Toubiana est tout aussi factuel et élémentaire. Bien sûr les conclusions sont d’une extrême sévérité pour la politique qui a été conduite et donc pour toute une série d’institutions ou de personnes. Il prouve de façon formelle que les confinements ont été totalement inutiles et que les erreurs de la première année ont entraîné des conséquences désastreuses. Il témoigne que l’information a été totalement orientée et biaisée, avec l’emploi de méthodes de gouvernement qui sont objectivement problématiques et pour certaines d’entre elles abjectes. Mais c’est bien le cas. Il montre bien que la majorité des discours tenus étaient simplement faux et c’était le cas, de façon parfaitement objective. Non le « médicament » Pfizer, appelé vaccin, était incapable d’empêcher la propagation de l’épidémie et de réduire les hospitalisations. Non, il ne fallait pas interdire de soigner, en attendant que la maladie devienne gravissime. Non, on ne savait pas rien au début de l’épidémie. Non on n’a rien appris pendant la pandémie qu’on ne savait déjà. Non les urgences n’ont pas été saturées. Au contraire l’hôpital a été largement démobilisé et n’a jamais traité moins ! Non, cette épidémie n’était pas d’une gravité majeure. Non les non vaccinés ne méritaient pas les sanctions qu’on leur a imposées. S’il y a eu beaucoup de morts au départ, c’est parce qu’on n’a pas traité. Dès que les protocoles ont été enfin rectifiés, c’est le seul cas où il y a eu un apprentissage, le taux de mortalité est descendu très bas et n’a plus concerné que des personnes très fragiles traitées trop tard ou incapables de faire face à quelques infections que ce soit. Il n’y a pas eu d’effet majeur sur la mortalité et encore moins sur l’espérance de vie. On n’aurait pu faire en sorte qu’il y en ait beaucoup moins. La France s’est ruinée avec des politiques erronées, a provoqué des dégâts plus importants avec les politiques suivies que ceux que l’épidémie aurait causés spontanément si elle avait été mieux gérée et nous avons encore à connaître des effets à moyens et longs termes des confinements et de l’emploi d’une méthode de stimulation des défenses par ARN. Les dégâts collatéraux pour la jeunesse, les étudiants, les artistes, les personnes isolées, les malades dont le traitement a été reporté, la psychologie collective, l’économie et les finances publiques, ont été gigantesques et exerceront une influence durable sur la vie des Français.

Si certains points font débat, débattons ! Mais voir comment ce livre est mis à l’index par presque toutes les grandes chaînes d’information est une honte renouvelée. Il ne se trouve spontanément dans aucune librairie. Il faut faire l’effort de le trouver. Seul le bouche-à-oreille assurera sa diffusion. Quand on daigne en parler, la présentation est souvent celle d’une souillure complotiste et même Cnews s’entoure de précautions pour éviter les ennuis. Il est vrai que la complaisance des médias à diffuser des sottises a été telle que c’est difficile pour les journalistes de faire leur mea culpa. Mais pourquoi s’abaisser un peu plus ? On a le droit de se tromper. Quand tout devient clair, on le dit sans repentance. Au moins le plus grand nombre sait à quoi s’en tenir.

Un des aspects importants du livre (qui n’était pas du tout dans le propos de l’auteur), est qu’il nous avertit que l’énormité de la machine à mentir et à nuire qui s’est mise en place pour gérer la crise sanitaire s’installe désormais pour traiter de la crise climatique.

Empêcher de voir et de savoir, faire peur, déformer la réalité, mentir, violenter, décrédibiliser, exclure, Une multiplicité de passe-Co2 est en train de s’installer dans nos vies, prenant le relais des passes sanitaires ou vaccinaux. La pression moralisatrice contre les déviants s’exacerbe. Combien de temps faudra-t-il avant qu’on ne cherche à « les emmerder » en s’appuyant sur la trouille des grenouilles de bénitiers qui ont sombré dans des attitudes religieuses et quasi sulpiciennes en matière climatique, encouragées par une propagande gigantesque ?

D’ores et déjà il est interdit de voir et de dire ce que l’on voit. Des sottises éhontées ne peuvent pas être dénoncées sans passer pour un aventurier aux objectifs nébuleux, un déviant incontrôlable ou un complotiste à éliminer d’urgence de l’accès à l’information. Même les médias les plus contestataires n’osent pas aller sur le terrain de l’écologie ; on ne va pas se faire les complices de gens qui veulent la mort de la vie sur terre, tout de même !

Ce qui est en train de se mettre en place est une atteinte aux libertés encore plus forte que lors de la crise sanitaire avec des conséquences encore plus graves pour la prospérité, la propriété, l’espoir d’une meilleure vie. Là où il faudrait être informé, intelligent et efficace, on préfère le sermon, le bourrage de crâne, la peur et la sottise politiquement correcte qui arment des mesures insensées et sans efficacité qui iront à l’inverse du but recherché.

Tout est écrit d’avance, si on ne se reprend pas tout de suite. Dans dix ans, avec ce qui se prépare, la France sera dans un état désespéré.

Les dix sujets nationaux critiques

"Quels sont selon vous les dix grands sujets nationaux critiques ?"

Cette redoutable question exige quelques clarifications préalables.

Pour les tenants convaincus d’une idéologie forte, la mise en œuvre de ses commandements est toujours prioritaire, mais ne parle qu’aux tenants de cette idéologie.

Pour les tenants d’une forte nostalgie, le retour aux moments bénis même fantasmés est prioritaire, mais ne parle qu’aux nostalgiques. Si on en appelle d’un grand déclassement, ou d’un grand effondrement, la bonne situation antérieure devient automatiquement un objectif en soi et appelle des tactiques réactionnaires ou de restauration.

Dans les urgences nationales, certaines sont circonstancielles et n’ont pas vocation à perdurer, même si elles concernent des faits gravissimes. La pandémie, ou la guerre de réannexion des pays libérés de l’emprise soviétique menée par la Russie sont des phénomènes graves dont il importe évidemment de peser les conséquences et les stratégies d’évitement.

Quiconque a participé au débat politique sait que la première question est toujours : d’où parles-tu et dans quelle intention ? L’analyse d’une erreur, l’observation critique d’un phénomène et de ses conséquences ou l’explication raisonnée d’un échec ne sont pas considérées, et généralement, au mieux, ramenées à l’expression de remarques techniques de spécialistes.

L’évacuation des grandes questions nationales du débat présidentiel est très significative. Les grands partis ne veulent traiter que de ce qui leur amène des votes et ne veulent froisser que leurs concurrents les plus dangereux. Alors ils ne parlent de rien et se contentent d’une compétition de personnalités autour de quelques lieux communs bien connotés.

Nous-mêmes sur ce blog avons considéré que nous devions observer les réalités, les comprendre et en tirer des conclusions, à charge pour chacun, en fonction de ses propres convictions d’en faire ce qu’il croit bon.

Par conséquent, pour nous, la question s’entend ainsi : quelles sont les grandes évolutions qui ont, pour le pays et pour les Français, un pouvoir de nuisance par rapport à des objectifs généralement acceptés. Quand ces évolutions sont, ou ignorées ou mises sous le tapis, ou incomprises, il nous paraît utile, dans la limite de nos propres capacités d’analyse, d’en faire l’exposé.

Voici donc dix grandes évolutions ou absences de d’évolution que nous trouvons fâcheuses et qui, selon nous, devraient commander, de la part des politiques, un constat, une réflexion, une politique.

-          L’effondrement démographique national

La dénatalité et le vieillissement de la population sont des poisons terribles. Après la défaite de 1 870 et celles de 1914, les autorités de droite comme de gauche, ont mené des politiques proactives pour redonner un dynamisme démographique au pays. Cette ambition a progressivement été abandonnée au profit d’approche individualiste et de préoccupation de genre. Les femmes proprement françaises (disons dont la lignée était là en 1 890) ne font guère plus de 1.4 enfants en moyenne et la population, non seulement, vieillit mais disparaît progressivement. Toutes les actions de promotion de la natalité, considérée par les féministes comme des actions sexistes qui ravalent les femmes à leur statut indigne de poule pondeuse, qu’elles récusent, ont été progressivement réduites au profit de la promotion de l’avortement et du planning familial. Peu de Français savent que par rapport à 1970 nous perdons environ 500 000 naissances potentielles par an. Elles sont compensées par l’immigration et la surnatalité des populations en provenance des pays à forte natalité. Mais cette solution, indolore et même bénéfique au départ, finit par poser de nombreux problèmes. Compter sur des étrangers qui parfois ont une culture incompatible avec la nôtre ou difficilement miscible, pour résoudre une difficulté nationale, est tout de même une lâcheté. Le vieillissement est extrêmement coûteux et crée des situations dommageables : on l’a vu avec le Covid qui a frappé fort en France principalement du fait du nombre de personnes de plus de 60 ans. Il s’accélère, laissant entrevoir de très graves difficultés dans beaucoup de domaines.

-          Les crises financières à répétition.

Depuis 1971, la France a subi des récessions sévères à répétition -73-74, 81-83, 92-93, début des années 2000, 2008-2009 avec un complément en 2011, toutes provoquées par des explosions financières. La manière dont a été gérée la crise du Covid a provoqué une récession provoquée, d’une autre nature. Ces crises ont eu un coût démentiel pour le pays et l’ont profondément atteint. Comprendre le mécanisme de ces crises et empêcher le retour des récessions devrait être une sorte d’urgence nationale provoquant des réflexions nombreuses et approfondies. Après tout le chômage et la pauvreté ne sont pas considérés, par personne, comme des avantages. On voit que tout cela est laissé hors du débat politique et que l’action gouvernementale ne s’attaque pas aux causes. On réduit les symptômes. Pour nous, c’est une honte. Nous avons bien ici deux difficultés majeures : les méfaits du système monétaire international et ceux du système de monnaie unique non régulé.

-          La crise démocratique et ses composantes.

Les deux campagnes dernières campagnes présidentielles ont été tellement minables et leurs résultats ont été si lamentables que plus personne ne nie la crise démocratique. Elle a plusieurs composantes principales :

- L’énarchie compassionnelle : la confiscation, désormais en famille, de la politique par une caste de hauts fonctionnaires ne permet plus de s’écarter des idées dominantes au sein de cette caste : étatisme, surfiscalité, normes contraignantes, bureaucratie, déficits, dépenses publiques outrées

- L’évacuation du débat français des questions désormais transférées à l’Europe.

- Le gouvernement des juges

- Le poids excessif des ONG et des institutions internationales qui développent leur propre idéologie sans frein.

- L’appauvrissement du débat, le vide de la presse sur certains sujets, les outrances judiciaires, le fanatisme, la méfiance contre les élites, le constat de l’impuissance des représentants du peuple et des gouvernements, la sur représentation des altérités et des préoccupations étrangères, en sont la résultante. La colère, le dégoût ou l’indifférence deviennent des éléments dominants et permanents du jeu politique et interdisent le jeu sain et normal de la démocratie. On finit avec plus de votes extrémistes que de votes raisonnables et les votants centristes sont animés par la peur. Lamentable !

-          La crise climatique

Nous ne sommes pas de ceux qui nient qu’il y ait une évolution climatique préoccupante, même si le caractère religieux qu’a pris la question est particulièrement perturbant. Nous avons donc à produire une action qui concilie à la fois, la nécessité d’une réduction décisive des différentes pollutions, défensive contre les différents risques de pénuries, et respectueuse des nécessités de la croissance.

Concilier économie et écologie est le grand défi du temps. On n’en prend pas le chemin.

La question pose des difficultés techniques, des problèmes de gouvernance, et une exigence de rythme. On ne discute de rien. On risque de terribles mécomptes.

-          La crise de la mondialisation

On a voulu ignorer les alertes tonitruantes de Maurice Allais sur les conséquences d’une ouverture totale des industries occidentales, européennes et naturellement françaises, à une compétition sans frein avec les pays émergents à très bas salaires. Conformément aux avertissements, la France a perdu son industrie et le revenu des classes populaires a stagné. La réaction populiste a été trop ample et trop générale pour que le moindre doute puisse subsister. Nous-mêmes sur ce site avons inlassablement alerté sur les dangers d’ouvrir l’OMC à la Chine et de laisser les frontières économiques totalement ouvertes. Nous avons totalement négligé le risque du retour de la Russie aux méthodes de l’URSS. Commercer et devenir dépendant de dictatures infâmes n’est pas sans inconvénients

-          L’effondrement des politiques publiques

Cet effondrement est désormais parfaitement reconnu alors que pendant longtemps il a été caché, nié et minimisé. Il est la résultante des autres crises et de la tentative imbécile de créer le socialisme en France, avec le programme commun puis les inepties de Jospin puis la catastrophe du quinquennat Hollande. Il touche aussi bien les fonctions régaliennes de sécurité intérieure et extérieure et de justice, que la santé, comme on l’a vu, l’enseignement public et les universités. Pour juguler cet effondrement, il faut agir sur tous les autres problèmes évoqués, qui ont tous une résultante sur les politiques publiques, et sortir du socialisme et de la démagogie de « droits-à ».

Telle est la vision que nous avons développée au sein de notre Cercle des sujets nationaux critiques

Il va de soi que les dernières évolutions radicales comme le Covid ou la guerre en Ukraine, sur un terreau aussi problématique, distendent un peu plus les parties qui brinquebalent depuis longtemps, l’inflation et la récession risquant à très court terme d’avoir des conséquences très graves, qu’on imputera naturellement à ces deux accidents mais qui sont surtout graves en France du fait des erreurs que nous accumulons sans réaction depuis des lustres. Les cinquante ans qui viennent de s’écouler n’ont pas été la période la plus glorieuse de la politique française.

Et voilà le passe-CO2 ! Merci qui ?

"RÉGLEMENTATION. Les textes encadrant l'obligation d'un audit énergétique pour les logements énergivores à vendre sont parus au Journal officiel, ce 5 mai 2022. Les logements en mono propriété classés F et G sont concernés dès le 1er septembre prochain.

Deux textes, un décret et un arrêté, sont parus au Journal officiel du 5 mai 2022. Très attendus, ils complètent la série de textes ayant réformé le diagnostic de performance énergétique (DPE), désormais harmonisé, obligatoire et opposable, et sont issus de la loi Climat et résilience, qui pose également l'interdiction progressive de louer les passoires énergétiques.

L'audit énergétique s'ajoute au DPE, lorsque celui-ci fait apparaître de piètres performances, exprimées dans le classement de A à G. Il s'applique, au moment de la vente, aux maisons individuelles et aux appartements situés en mono propriété, à l'exclusion, donc des logements situés dans une copropriété. Il vise à aller plus loin que le DPE dans l'analyse précise des caractéristiques énergétiques, et à proposer des travaux d'améliorations des performances."

Contraintes sur contraintes ; coûts s'ajoutant aux coûts ; avec une inflation majeure sur les matériaux à utiliser. On crée des cohortes à financer d'experts de tout poil et de toutes compétences dont le coût s'ajoutera à celui de la construction.

Avec la loi ZAN on étend progressivement la loi « littoral » jusqu'aux frontières du nord et de l'est. Avec l'interdiction progressive d'utiliser du béton, de l'acier, ou ce qu’on voudra, au profit de matériaux "biosourcés" en pénurie totale. On ruine des pans entiers de l'industrie tout en augmentant drastiquement les coûts et les délais.

En rendant invendables ou à prix bradés des logements qui ont satisfait des générations de français, on organise une pénurie artificielle, déjà amorçée avec le blocage des locations complété aujourd'hui par celui des ventes. 

On est en train d'organiser dans les transports, le logement et l'industrie un système de bureaucratie asphyxiante tuant toute rentabilité, ruinant les activités et empoisonnant la vie des habitants, tout en laissant filer les subventions démentes et les déficits.

Et pas une discussion dans les médias, pas un débat public, rien. Seulement des messes anti co2 qui ont pour but de faire peur et de donner bonne mine aux politiciens au pouvoir.

Au premier tour de la présidentielle pas un mot sur l'écologie. Pas un. On n'a parlé que de pouvoir d'achat. Avec le passe-co2 le pouvoir d'achat va en prendre un coup phénoménal. Pas un mot.

Une fois l'élection passée, nouvelle intervention du GIEC, proposition d'une planification écologique et publication d'une volée de règlements coercitifs.

En même temps on accueille tous les réfugiés et migrants du moment. On les met où ? À Marseille des Nigérians attaquent à la machette les résidents d'HLM et les expulsent pour squatter leurs appartements. Pas une réaction des "autorités". Le sujet serait « complexe ».

Vertu coercitive et laxisme régalien reportent sur le populo les conséquences de l'inconséquence dans des proportions jamais vues en temps de paix. On voudrait organiser la guerre entre les logés et les non logés, les locataires et les propriétaires, les habitant des villes et ceux des campagnes, on ne s'y prendrait pas autrement.

L'énarchie compassionnelle et bienveillante, a le visage de plus en plus terrifiant d'Emmanuel Macron dont le regard trahit une évolution mentale de plus en plus problématique (il n'y a pas que Poutine pour présenter des signes de délire) et les folies bureaucratiques de Mme Wargon, l'équivalent en jupon du terrifiant M. Véran.

Lorsque les Français vont réaliser à quel point la liberté a été corsetée et leur vie entravée, ils réagiront, mais trop tard. On leur dira que c'est pour leur bien et celui de la terre. Qu'ils sont des mauvais citoyens et des Gaulois ingouvernables. Peut-être déclarera-t-on à nouveau qu'on a envie de les emmerder.

Toute cette enflure bureaucratique stérilisante vient de la Commission et des députés à l'assemblée européenne directement inspirés par l'ONU et les ONG. Tout ce qui descend de ce ciel-là n'est plus discuté. Les médias chantent la belle chanson de la nécessité et oublient de discuter des moyens.

Le processus de décision bruxellois se fait intégralement en dehors de toute discussion en France. On vient de le voir avec la réglementation des cryptomonnaies. Tout a été fait dans le dos des Français qui ne sont mis au courant, trois secondes, que du résultat. L'Union européenne a contribué à assécher quasi totalement le débat politique national. On n'entend pas parler des sujets qui s’y traitent et on demande de mettre en œuvre ce qui a été entériné dans le silence des médias.

On dira : les médias n'ont qu'à se saisir des débats européens, à la Commission comme au Parlement européen. Ils ne le font pas pour deux raisons techniques et une raison politique. Première raison technique : la procédure bruxelloise est longue, largement faussée par le jeu des lobbies et assommante. On ne saurait quoi dire qui intéresse les lecteurs sur ces procédures qui durent des années. Seconde raison technique : il faudrait s'intéresser aux positions en vogue dans les autres pays et les Français s'en foutent royalement. Que pensent les Autrichiens de la preuve de travail de l'Ethereum ? Rien à f…

La pire raison est purement politique. Si la couverture politique des journaux se mettait à couvrir les débats européens sur les questions vitales ou annexes alors plus personne ne comprendrait à quoi peuvent bien servir le président, les députés et les sénateurs. L'appareil démocratique devenu une chambre d'enregistrement qui attend le verdict européen paraîtrait sans objet.

Cela se termine avec un Michel Onfray qui refuse de voter dans une France Maastrichienne, 56 % des votes qui se portent sur des partis extrémistes, et un président élu par moins de 40 % des inscrits et probablement 33 % des Français en possibilité de voter, le tout sans rien dire de son programme puisqu'il est honnête de ne pas en avoir : l'Europe y pourvoit.

L'important politiquement est de chanter des cantiques :

Bienvenue dans le monde du bien, sa désolation démocratique, sa bureaucratie irradiante, sa sottise débilitante !

Et regardez bien l'image associée à ce texte : la grandeur architecturale de la France est en train de s'exalter !



Banques centrales, vertu et inflation !

Dans un système d’information aussi « construit » que le nôtre, le flux de la communication a pour but principal de protéger l’échafaudage politique et social dominant, ce qui est parfaitement normal. Les sociétés peuvent être convulsives mais pas suicidaires. Le bureau des légendes est bien en place sans qu’on sache très bien séparer ce qui est de la propagande pure, de l’erreur ou de la simple facilité. Une difficulté plus récente provient de la multiplicité des bureaux des légendes : entre ce qui provient de l’ONU et des ONG rattachées, financées par une multitude de sources, ce qui est émis par les institutions européennes en général en proximité avec les précédents, et la chanson proprement nationale qui elle-même a tendance à rejoindre les précédentes.

Nous avons déjà traité mille fois sur ce site de la question de la surcharge du rôle des banques centrales dans la gestion de l’économie d’abord puis de la société. Depuis l’abandon des disciplines de Bretton Woods, à l’initiative des États-Unis qui souhaitaient pouvoir profiter à fond du privilège du dollar roi, ancre du système monétaire mondial, les états ont cessé d’être les régulateurs des flux financiers et commerciaux au profit des banques centrales indépendantes. Précédemment les échanges devaient être équilibrés et les grands déficits et excédents étaient bannis. C’était le rôle des États nationaux avec un censeur et un assistant, le FMI. Nous avons montré notamment dans notre premier livre l’étrange désastre que les énormes déficits et excédents qui en ont résulté ont provoqué des crises à répétition (1973, 1992, 2 008 pour les plus graves). À chaque récession les banques centrales ont lâché la création monétaire pour maintenir la valeur des actifs, provoquant les conditions d’une crise plus grave un peu plus tard. La mondialisation de la production permettant de baisser les prix de fabrication, l’effet sur l’inflation était jugulé au prix d’une stagnation du revenu salarial des classes moyennes dans les pays riches, partiellement compensée par les prix bas des produits désormais importés, et d’un écart de plus en plus grand avec les possesseurs d’actifs dont la valeur était gonflée artificiellement par la création monétaire des instituts d’émission.

On notera que tout le monde s’acharne sur les effets : écarts entre riches possédants et pauvres travailleurs, stagnation du pouvoir d’achat et chômage important dans les pays développés, montée des populismes, mais refuse obstinément de voir la cause principale : les changes flottants et la disparition des contraintes internationales en faveur de l’équilibre des balances commerciales et de paiements.

Le point d’orgue de cette organisation tragique a été évidemment la crise de 2008 doublée par la crise Trichet de la zone Euro de 2011. On a noyé la faillite du système financier par des créations monétaires fabuleuses qui n’ont pas eu d’effet sur l’inflation d’abord à cause de la crise économique provoquée par la panique financière et aussi du fait de la relance du commerce extérieur par des accords de libre-échange nombreux. Mais l’absence d’inflation est principalement dû à ce fait tout simple que la banque centrale a simplement sauvé les banques par un jeu d’écritures tout en demandant aux gouvernements de cadenasser l’activité des banques pour éviter de nouvelles dérives. Les banques sont devenues des institutions contrôlées à vocation vertueuse. Les banques centrales devenaient des mères la vertu.

Du coup on a cru que les banques centrales pouvaient noyer de monnaies nouvelles toutes les grandes questions sociales et sociétales et pas seulement les crises boursières et financières à répétition.

En provenance des États-Unis et des grandes Organisations Non Gouvernementales, s’est créé un mouvement très fort présentant la nécessité de lutter farouchement contre le réchauffement climatique, de donner le pouvoir aux femmes, d’exalter les minorités et d’abaisser les puissants historiques, en fait le mal blanc hétérosexuel. Comme tous les mouvements idéologiques jusqu’à la religiosité, on a vu apparaître d’insupportables Savonarole éructant des outrances diverses, mais surtout la création par les instances internationales et cascadant sur les nations, d’un courant d’injonctions qu’il était interdit de discuter et qui imposait à tous le devoir de chanter la bonne chanson et d’agir en conséquence.

On a donc nommé des femmes à la FED et à la BCE, les deux banques centrales les plus puissantes. Mme Lagarde a parfaitement compris le message : la voilà qui déblatère sur sa mission « principale » pour laquelle « elle se mobilisera totalement » qui est l’émancipation de la femme partout et notamment en Afrique et au Moyen Orient ! « Marraine de FinanciElles, qui regroupe treize réseaux de femmes de la finance, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) a réaffirmé ses convictions lors la journée de débats organisée le 16 novembre pour les 10 ans de l’association ». C’est que la banque centrale peut conditionner ses prêts aux banques en fonction du sexe de leur président, de l’inclusivité inscrite dans leur politique de prêt et dans leur pratique managériale, de la qualité écologique de ce qu’elles financent. Une véritable dictature de la vertu sans autre loi que la pression sociale et sa soumission aux courants dominants venant des ONG.

Pour faire bonne mesure elle invite Greta Thunberg et s’engage dans le mouvement qui veut contraindre la finance à être verte pour être vertueuse. « Pire, du point de vue de l'orthodoxie allemande, la nouvelle présidente de la BCE a aussi proposé début septembre devant le Parlement européen, ce qui serait une disruption majeure : que la BCE intègre le changement climatique dans les objectifs de sa politique monétaire. Elle s'est évidemment attirée en réponse une volée de bois, vert évidemment, de la part du président de la Bundesbank pour qui une telle orientation, qui permettrait pourtant de doper le marché naissant des « obligations vertes », serait "contraire aux traités européens ».

On pourrait dire : voilà une femme politique consciente des nécessités à plus long terme de sa carrière politique pas une vraie banquière centrale ! Ou mieux encore : voilà une femme conscientisée qui a compris que tout devait être mis en œuvre pour mettre fin à la domination du mâle blanc hétérosexuel et sauver la terre du réchauffement. Ou plus vicieusement : c’est la condition pour devenir premier ministre de Macron. Le ralliement à Macron de Muselier, dont le couple fréquente avec celui de Lagarde l’île Maurice avec délectation, d’où le bronzage permanent des deux, laisse penser qu’elle aura besoin d’un ministre sympa.

Malheureusement, l’évolution vers la vertu en toc dépasse le cas des individus qui gèrent ces institutions. On va le voir avec la crise exogène provoquée par le virus Sars Cov 2. Pris à revers par une crise sanitaire totalement non anticipée malgré les épisodes à répétition des décennies précédentes, sida, vache folle, H1N1, Ebola…, avec une gestion initiale menée en dépit du bon sens après avoir été trop influencée par la manière dont la Chine avait traité l’infestation, les gouvernements occidentaux ont arrêté la production en confinant les activités économiques de façon exagérée. Ils ont demandé à nouveau aux banques centrales de financer la perte de revenu correspondant. L’hélicoptère à monnaie a décollé. L’ennui, c’est qu’il ne s’agissait plus d’un jeu d’écritures entre banques centrales et banques d’affaires, sous la houlette de l’Etat bienfaiteur, mais d’une vraie perte de richesse produite. Créer des signes monétaires en masse, sans produire en contrepartie, a une conséquence automatique : l’inflation. Elle ne s’est pas vue tout de suite dans les prix du quotidien du fait de la récession des marchés alors que la valeur des biens immobiliers et des actifs financiers s’envolait. Mais dès le retour à une situation plus normale, l’inflation s’est installée comme nous l’avions anticipé. Oh Surprise !

Le graphique que nous joignons à ce billet est tout à fait explicite. L’inflation démarre fort à partir de juin-juillet 2021, pas avril 2022, neuf mois avant tout de même ! Les propos lénifiants sur une inflation frictionnelle temporaire dans l’attente du retour à la normale en quelques mois se sont heurtés à la réalité irréfragable. Les prix s’envolaient du fait de l’écart entre production et distribution de monnaie à gogo ! Une loi économique que tous les économistes apprennent en première année d’université.

Là-dessus, voici le nouveau président Biden qui demande au Congrès de lancer un plan de reprise démentiel sur fond d’inondation monétaire préalable ! Et l’inénarrable président Macron déchaîne l’achat de votes et suscite une épidémie de mesures de distribution de prébendes pour être réélu, à des niveaux jamais vus, tout en essayant d’éteindre le feu inflationniste par des mesures de blocage des prix artificiels et des expédients. Un feu roulant d’artifices et de faux-semblants. Tout en expliquant qu’il avait créé une croissance jamais vue et réduit le chômage comme un fortiche. Ce village Potemkine économique ne pouvait que voler en éclat. En ajoutant qu’il allait mettre son prochain quinquennat sous le signe de la planification de la transition énergétique dont le coût est prodigieux et l’impact sur la production récessive, il se livrait à la monstration exemplaire des clous du cercueil économique qu’il allait construire, tout en faisant suinter son féminisme essentiel et son goût pour la promotion des minorités. Mme Lagarde et la BCE avec nous !

Pour une France endettée quasi à trois mille milliards d’euros et non compétitive, avec des comptes publics effondrés dans les déficits, entrant en inflation intense, la question était déjà en septembre 2021 : qui va financer toute cette débauche de destruction de richesses et de dépenses improductives ?

La conséquence de l’opération russe en Ukraine a été l’explosion des prix de l’énergie, la création de pénuries massives, la désorganisation de presque tout. Puis l’arrêt brutal de la croissance. Un premier trimestre à zéro de croissance alors qu’on chantait le miracle d’une croissance à un taux de 8 % jamais vue depuis la guerre grâce à la politique subtile d’Emmanuel Macron !

Voici les banques centrales sollicitées de financer le réarmement de l’Occident, le financement de la crise énergétique et la conversion de l’économie pour sauver la terre, la promotion de la femme et des minorités, la couverture sociale et la sauvegarde de l’Etat providence, alors que l’inflation explose. Contradictions ? Non : Impasse totale. La seule mission statutaire de la BCE est de conserver l’inflation dans les limites de 2 % !

La crise en Ukraine donne la mesure des conséquences des politiques de réduction de l’offre énergétique. Coût démesuré, financement impossible, inflation aggravée, pertes de revenus, pénuries massives, etc.

Certains délires récents dans la presse font désormais franchement rire. On se rappelle cet article du Monde où un penseur cosmo planétaire suggérait que la BCE fournisse des milliards (sans jamais espérer un remboursement) à Airbus pour que l’entreprise cesse toute activité aérienne et se recentre sur des productions écologiques ! Alors que les seules forces économiques françaises sont le luxe, le tourisme, l’aviation et plus généralement les transports.

Cette France qui a voulu jouer en 1981, seule dans le monde occidental, la grande tragédie du socialisme réalisé au même moment où le monde entier abandonnait cette sottise, est désormais, en politique intérieure, encerclée par les extrêmes, et à l’extérieur dans une situation humiliante avec une menace sur sa survie même comme grande puissance.

Qui fait confiance à la petite camarilla qui détient le pouvoir pour sortir le pays de l’ornière où il est enlisé ? Prêt à rien et capable de tout, prêt à tout et capable de rien, Macron réélu triomphalement sans vrai combat, est pris au dépourvu.

Même si la guerre en Ukraine ne dérape pas et s’arrête assez vite, ce qui n'est pas la projection commune, on ne voit pas trop comment la sortie de crise peut être indolore, sauf à revenir aux quarante heures, à réduire les congés payés, à instituer la retraite à 67 ans pour tous, tout en étalant dans le temps la conversion énergétique et en réduisant drastiquement l’emprise bureaucratique des administrations et l’ampleur des redistributions. Peut-on remettre vraiment la France au travail et espérer qu’elle fasse des réformes critiques qu’elle refuse obstinément depuis 50 ans, avant qu’une récession sévère ne se produise, alors qu'aucune des questions critiques n’a été traitée pendant la campagne électorale et qu’on a laissé croire que le faire pousser le pouvoir d’achat était le rôle central du Président de la République ?

The Economist constate soudain que les banques centrales sont saturées de missions politiques et sociétales qui ne sont pas de leur rôle statutaire et exige qu’on en revienne à l’économie et seulement à l’économie. C’est le bon sens. Mais il lui reste à faire le pas décisif : on ne peut pas confier la régulation de la mondialisation à des banques centrales. Ce sont les États qui doivent être à la manœuvre et dans des cadres mutualisés contraignants.

La plus grande vertu est de ne pas faire des banques centrales une forme nouvelle de sacristie. La plus grande sagesse est de laisser à la loi et au débat le soin de fixer le champ des libertés, et non de détourner les fonctions des institutions techniques pour qu’elles conditionnent la vie des gens selon les canons du politiquement correct selon le bon vouloir de leur gouvernance, choisie sur les mêmes critères du politiquement correct.

La banque centrale « woke », face à Poutine, au désordre mondial, et surtout à l’accélération de l’inflation, c’est fini.



Les prélèvements ont cru 20% plus vite que le PIB en 2021 !

alors qu'on prétend avoir baissé les impôts...

« Si les comptes publics ont un peu meilleure mine en 2021, cela s'explique essentiellement par le fort rebond de 7% l'économie française après la récession historique de 8% subie par la France en 2020 à cause de la crise sanitaire. Cette reprise a notamment permis aux recettes de l'État et des administrations de rebondir « vigoureusement » de 8,4%, souligne l'Insee, soit 101,8 milliards d'euros. »

L’Insee vient de produire une première révision de l’état économique de la France pour 2021. Il y en aura d’autres. Il faut attendre en général deux à trois ans pour savoir exactement ce qui s’est passé réellement dans le pays, une réalité qui surprend toujours les étudiants quand on met le doigt concrètement sur cette réalité. Des croissances deviennent des décroissances ; des défaillances étaient en fait des rétablissements. Le temps long de l’économie est une des affaires les plus compliquées à expliquer au profane à qui les journaux servent une bouillie toute chaude, souvent corsée de propagande intéressée, mais hautement provisoire, en évitant soigneusement de revenir sur le plat quand il a tiédi et que son vrai goût apparaît.

Le commentaire purement conjoncturel cité révèle un élément structurel de l’économie française :  les recettes fiscales vont plus vite que la croissance du PIB ! Notre système fiscal est globalement progressif. Et pas qu’un peu ! Toute croissance du PIB se traduit par une augmentation de la pression fiscale, donc des dépenses publiques, dans la mentalité d’assisté qui caractérise le français moyen, donc déficits accrus dès qu’il y a freinage et descente aux enfers dès qu’il y a récession. La réaction de notre Etat géré par la haute fonction publique politisée est alors d'accroître les impôts. Les cycles économiques en France conduisent automatiquement à un sur-accroissement fiscal. Cette mécanique funeste a fait de la France le premier pays mondial pour la fiscalité et les taxes et naturellement un des plus endettés. Elle a pesé sur la croissance jusqu’à la stagnation de longue durée.

En cas de chocs exogènes, la situation devient aussitôt catastrophique. On va encore le voir avec les conséquences de la guerre en Ukraine.

La progressivité fiscale peut se discuter dans son principe mais même si on adhère à sa justification morale, sociale ou politique, personne n’a jamais théorisé qu’elle devait servir à accroître indéfiniment la part du revenu captée par l’Etat. Il faut donc rendre régulièrement le trop-perçu global de la progressivité fiscale aux Français.

Faut-il s’extasier sur le fait qu’après une récession de 8%, l’économie ne rebondisse que de 7% alors que les prélèvements, eux, ont cru de 8,4%, soit 20% plus fort que la base fiscale. Selon quelles justifications ?

N’attendons pas des nuances de l’énarchie « compassionnelle et bienveillante », en vérité socialiste et étatiste, regroupées presque totalement autour d’Emmanuel Macron, qu’elles remettent en cause ce mécanisme pervers qui leur assure un pouvoir constamment accru. La presse inféodée n’en dira mot. Les quelques milliardaires qui tiennent la presse ont obtenu les moyens d’une dé-progressivité de fait et font leurs bénéfices majoritairement hors de France ! Mme Pécresse, énarque, n’en dira mot. M. Dupont Aignan est énarque. Mme Le Pen se voit en populiste socialisante. Toutes les candidatures de gauche sont pour l’accroissement sans limite de la pression fiscale. Quant à Eric Zemmour qui pourrait être intéressé par ce thème, il est trop pressé par les médias de s’excuser de tout et de rien pour avoir le temps d’évoquer cette question critique.

C’est comme cela qu’on finit par décourager les Français de voter.

Dignité et indignation

On se souvient du livre de Stéphane Hessel « indignez-vous § », qui a été un succès mondial. Depuis les indignés sont partout et exigent, exigent, exigent… Ils réclament des lois, des restrictions, des fers. Sur tous sujets.  L’indigné considère que l’action directe est la preuve de son engagement pour le bien. Alors il attaque, en général sans le moindre danger pour lui-même. Il détruit. Il casse. Il ruine. Il boycotte. Il injurie inlassablement. Sa haine d’indigné éructant est son âme de militant, ce qui le tient vivant et ce qui lui fait croire qu’il a une importance quelconque. Pas de nuances. Pas de raison. L’émotion pure et la violence de l’expression. L’éjection radicale de l’ennemi de la sphère du débat. Le bannissement.

Au nom de la souffrance, l’indignation jaillit, mais seulement si elle est sans danger. Car s’il y a un risque alors le silence s’installe. L’indignation est la compagne rituelle de la lâcheté. La femme est une victime, mais pas en terre musulmane. Là, silence ! L’animal est une victime, mais pas l’égorgement dans une baignoire d’un pauvre mouton. L’indignation est toujours sélective. Il faut hurler avec les loups, mais seulement dans les bonnes meutes.  L’indignation a besoin de la proscription pour se sentir efficace. Le goût du pénal et de l’exclusion sociale accompagne l’indignation. La liberté de parole, d’analyse, d’expression doit se soumettre. Il n’y a plus de vie publique, seulement une ritualité de l’indignation sectaire. Le débat disparaît au profit d’une haine affichée qui se suffit à elle-même et ne mène à aucune action concrète autre que destructive verbale d’une altérité fantasmée, en attendant la sanction du fautif.

L’inconvénient de l’indignation est qu’elle ne peut se combattre que par l’indignation ! Elle appelle contre elle les mêmes méfaits qu’elle impose à ces cibles. La bataille des indignités remplace le débat politique et ne mène évidemment à rien. La culpabilité est partout et la morale nulle part. Plus les réseaux sociaux s’embrasent de bons sentiments armés d’insultes, plus la rue devient odieuse et cruelle. L’indignation est la fin de la politique et le règne des Savonarole violents et débiles.

Alors que l'indignation triomphe la notion de dignité disparaît de l’espace publique.  La dignité, c’est ce qui détache l’idée et l’action du seul intérêt d’un individu ou d’un clan pour viser un état supérieur de la conscience.  Il est indigne d’user de pouvoirs contre ce qui justifie ces pouvoirs, justement parce que ce pouvoir existe.  Si vous confiez la garde d’un pont à une force et que cette dernière en profite pour racketter les passants, ceux qui se complaisent à cet exercice facile commettent une indignité. Mais il ne s’agit pas de s’en indigner. Seulement d’imposer un pouvoir plus grand encore à ceux qui se laissent aller. Si vous confiez un adolescent malade à une famille, ce n’est pas pour qu’elle en profite pour le violer. Etc.

La dignité, c’est qu’on attend de toute personne ayant un pouvoir et les défaillances doivent se heurter à un pouvoir concret supérieur.  Que se passe-t-il quand il n’y a pas de pouvoir supérieur ? Seule l’idée de sa propre dignité peut être le garde-fou. La dignité c’est l’antidote de l’abus de pouvoir et de l’irrespect pour ce pouvoir.

Un président de la République Française se doit de respecter la dignité de la fonction et du pays, parce qu’il détient un grand pouvoir et qu’il n'est pas accordé à des fins égotistes. Pratiquement tous les présidents depuis Giscard ont manqué de dignité.  Avec les trois derniers, c’est devenu caricatural. Sarkozy finira sinon en prison du moins avec un collier électronique. Hollande était tellement ridicule qu’il n’a même pas osé se représenter. Macron ne suit qu’un narratif égotiste et considère qu’il n’y a rien à respecter d’autre que lui-même. L’achat de vote a pris de telles proportions et coûte tellement cher qu’on ne voit pas comment on peut aller plus loin dans la démagogie électoraliste et le détournement de l’argent public à des fins aussi étroitement individuelles.  A force d’indignité Sarkozy a tué le RPR, Hollande le PS et Macron abîme la France, comme nation et comme histoire.

Pour la seconde fois, les élections présidentielles françaises sont vidées de tout sens. En tuant l’idée particulière de la France et la joie d’être français, Emmanuel Macron commet l’indignité suprême sans que ceux qui tiennent l’information ne le dénoncent, actant leur complicité. S’en indigner serait ridicule.  Voter contre serait mieux.

Une des leçons répétées de cette élection ratée présidentielle est une règle éternelle : valoriser la dignité est important. Exploiter l’indignation est dérisoire.

Emmanuel Macron : une démagogie sans limite et extrêmement dangereuse

Lorsque les générations futures s’interrogeront sur le surprenant parcours de M. Emmanuel Macron, président sortant bientôt réélu sans campagne du fait des circonstances, par une forme de tacite reconduction, il y a fort à parier que l’interrogation portera sur l'efficacité de la démagogie et l’incroyable perméabilité de l’électorat français à ses formes les plus caricaturales.

En 1981, l’électorat français, au contraire de tous les autres pays, avait choisi l’option socialiste. Quarante plus tard, le pays est ruiné, les politiques publiques françaises sont toutes encalminées, le PIB par tête est effondré par rapport à nos voisins, l’influence internationale française est réduite.

L’échec du nullissime Hollande, incapable de se représenter tant il avait été peu convaincant, devait marquer la fin de cette erreur gigantesque et permettre de passer à autre chose.

La haute fonction publique, qui dirige désormais le pays en famille, a choisi de mettre en selle un certain Macron, lorsque le vieux Juppé s’est révélé un peu trop terne pour redorer l’image de cette secte factieuse qui tient directement l’administration, l’état, la politique, la finance, l'euro,  les grands groupes industriels qui nous restent et indirectement les médias.

Elle n’a pas vu que son héros, sorti vainqueur de la bataille des prétendants au sein de l’énarchie, n’avait non seulement aucune morale, se considérait très au-dessus des convenances démocratiques généralement admises, mais aussi n’avait aucune considération pour son pays, considéré comme désuet, au point d’aller, avec une fréquence redoutable, jusqu’à la francophobie la plus méprisante. Le vrai échelon était l’Europe, et rien ne saurait l’empêcher de viser un vrai destin : laisser la France à sa géhenne et à sa médiocrité devenue territoriale et tenter plus à l’échelon de l’Europe.

Aller si loin dans une démagogie effrénée ne peut s’expliquer justement que par un mépris marqué pour l'électorat français mais aussi pour les Français eux-mêmes.

Lorsqu’un président, candidat à sa réélection, affirme sans rire dans un pseudo-meeting : je suis celui qui a fait le plus pour baisser les impôts ! Il aurait dû dire : comme vous êtes des cons et des jobards, j’ai levé 700 milliards de dettes, pour pouvoir vous en refiler 45 et vous dire que je suis très généreux avec vous afin d’être réélu. Comme je suis nul, le commerce extérieur présente un déficit de 100 milliards dès 2022 et le déficit du budget sera à peu près du même montant. Mais ne regardez pas ces chiffres que vous ne comprenez pas. Voyez mes actions ciblées. N’ai-je offert la gratuité pour les menstrues des étudiantes ? Céder pour le revenu jeune sans vraie contrepartie ? Porter l’avortement pour convenance personnelle à 9 mois de grossesse ? Cédé, concédé, quelque chose à toutes et à tous ? Depuis que j’ai viré Édouard Philippe, j'ai repris la main et ne m’occupe que de ma réélection. Le plan, c’est 121 mesures ciblées depuis le début 2021 ! Je les accumule et je les distribue inlassablement, quoi qu’il en coûte.

 

Le clou, c’était dans la décision, à l’annonce de ma candidature, de lâcher le point d’indice de la fonction publique et le Smic ; et hop !

Alors bien sûr, il y a cette affaire calamiteuse de l'étranglement du tueur Corse Colonna par un djihadiste. Comment Macron a-t-il réagi ? S’est-il rendu immédiatement en Corse après avoir demandé la démission du ministre de la Justice ? Pas question. On l’a rejoué comme avec les Gilets Jaunes : deux à trois semaines de silence, et après, quand tout est bien envenimé, on lâche l’autonomie aux Corses. Et dans le même temps, on continue le programme d’humiliation devant l’Algérie criminelle, qui a liquidé des dizaines de milliers de Harkis et de pieds noirs sans respecter les accords d’Évian.

Pour montrer la bassesse où en est réduit le pays, il ne manquait plus que l’invasion de l’Ukraine par Poutine, alors qu’on venait de se faire virer du Mali, où nous avions la supériorité numérique, par 500 soldats de Poutine, sous le nom de Wagner, associés avec une clique militaire née d’un coup d’État commis en notre présence !

Et voilà le président francophobe réduit à faire semblant qu’il parle utilement au dictateur une fois par jour toujours en vain mais simplement pour faire semblant d’être un président utile et qui explique que l'Europe a changé et vient à ses thèses. C’est un fait : Biden a cassé le marché entre l’Australie et la France et vend ses F.35, exécrables, à l’Allemagne et aux autres pays européens…

La guerre change toutes les perspectives à court terme. On voit que la lâcheté qui l’a conduit à laisser tomber Fessenheim était criminelle d’imprévoyance, que l’exploitation de gaz en France ne demande qu’une autorisation et qu’on aurait pu être totalement s’épargner des difficultés énergétiques. On voit que la lâcheté qui avait conduit à mettre en jachère toute l’agriculture française, naguère première d’Europe et désormais en pleine décrépitude était intenable. On voit que l’incapacité de redresser notre commerce extérieur nous met dans une situation détestable quand nos principaux exportateurs sont gravement entravés. On voit que notre armée fonctionne avec des bouts de ficelles comme l’avait souligné le chef d’état-major limogé en début de mandat. L’insécurité est partout avec des zones de non droit qui s’étalent et étendent leur autonomie anti-française.

Est-ce qu’on peut imaginer pire bilan, pire imprévoyance, pire gaspillage, pire démagogie, pire incapacité à gouverner ? Sans compter que l’on vient d’annoncer la fin prochaine de toute construction sur le territoire sinon dans les villes, dans un silence assourdissant !

On va vers une réclamation autonomiste en Corse, en Bretagne, en Savoie, au Pays basque, en Alsace, au Languedoc et pourquoi pas en Auvergne et au Comtat-Venaissin !

Ruinée, écartelée, déclassée, remplacée, surendettée, désindustrialisée, démoralisée, sans jeunesse, une France de vieillards pétochards et d’intérêts catégoriels va confirmer le pire président qu’elle n’a jamais élu et qui n’a suivi que la boussole de son intérêt électoral et personnel, sans considérer qu’il ne devait rien s’interdire.

Que restera-t-il de la France après son passage après cinq nouvelles années sur ce mode ?

Ce qu’il reste de Paris après dix ans de socialisme Woke à la Hidalgo ?

Les Français sont nés malins. Mais ils voient bien, déconfis, qu’ils ne sont plus que des naufragés indignes du pays dont ils ont la nationalité !

Un Macron, comme un Mitterrand et une Hidalgo, cela ne se réélit pas !

Opération Solidarité avec les réfugiés ukrainiens

Notre cercle a décidé d'aider les réfugiés ukrainiens en diffusant sans droit d'auteur ni frais le Livre de Didier Dufau sur Holodomor, la première monographie en langue française sur le grand génocide qu'a subi l'Ukraine au début des années 30 et qui a été occulté, nié, minimisé pendant des décennies par l'intelligenstia française.

 

Le livre est mis en diffusion en mode pdf pour 10 euros  sur notre librairie en ligne :

 

librairie-e-toile.fr
 
 
La recette sera entièrement reversée aux associations s'occupant des réfugiés en France.
 
Nous comptons sur votre générosité et la diffusion de cette initiative qui aura également le mérite de faire connaître au plus grand nombre,  en détail, un massacre inouï qui explique aujourd'hui la résistance acharnée des Ukrainiens .
 
Merci d'avance à tout. 



Connaissez vous le ZAN ?

Quand la bureaucratie devient folle

La campagne électorale a fait émerger un thème récurrent : l’excès de bureaucratie et de normes en France. « Cesser d’emmerder les Français » est redevenu une idée forte. Les Français ont bien été obligés de constater que leur système de santé avait été ravagé par une bureaucratie envahissante et pléthorique qui met sous tutelle les médecins, et qu’il était dirigé par des camarillas sans mérite, installées là par l’intrigue et s’y maintenant avec des comportements de castes.

Comme en 2012, comme en 2017, les projets de débureaucratisation se débondent dans la campagne électorale.

Et il y a la réalité. Pendant que les nigauds s’amusent, les choses sérieuses continuent. À cinq semaines du premier tour, voici ce que fait par exemple l’ex-ministère de l’environnement dit aujourd’hui « de la transition ». Le verbiage débile, il n’y a que cela de vrai.

Le ministère de la Transition écologique a mis en consultation, jusqu'au 25 mars, les trois projets de décrets relatifs à l'artificialisation des sols prévus par la loi Climat et résilience, votée l'année dernière. Ceux-ci doivent permettre d'appliquer l'article L101-2-1 du code l'urbanisme, qui introduit cette notion d'artificialisation, ainsi que celles de désartificialisation et d'artificialisation nette, qui viendra remplacée (sic NDLR) la notion aujourd'hui utilisée de "consommation d'espaces agricoles, naturels ou forestiers" (Enaf). La loi Climat et résilience fixe ainsi comme objectifs la réduction par deux, sur les dix prochaines années, du rythme de consommation d'Enaf, puis l'atteinte, à horizon 2050, du principe de Zéro artificialisation nette (Zan).

 

Cette notion sera donc, à compter de 2031, centrale pour les projets de territoires, en déterminant quels espaces pourront être construits sans besoin de compenser par de la désartificialisation. La loi définie comme "artificialisée une surface dont les sols sont soit imperméabilisés en raison du bâti ou d'un revêtement, soit stabilisés et compactés, soit constitués de matériaux composites". Mais elle renvoie à un décret le soin de fixer ses conditions d'application, et notamment d'établir "une nomenclature des sols artificialisés ainsi que l'échelle à laquelle l'artificialisation des sols doit être appréciée dans les documents de planification et d'urbanisme".

C’est Batiactu, une sorte de Canard Enchaîné involontaire de la bureaucratie dans le bâtiment, qui publie cet article.

Désormais il sera interdit de construire en France, sauf sur des surfaces déjà construites ou en rendant des surfaces construites à la vie naturelle. C’est une atteinte prodigieuse aux droits des Français. Une interdiction aussi radicale devrait faire l’objet d’un formidable débat, surtout en pleine campagne électorale. Pas un mot.

On fait venir 2 millions d’étrangers par quinquennat en France (4 millions d’ici 2 032 et la pleine application de la loi) et on crée de ce fait une énorme pression pour construire mais on annonce : il faudra densifier les villes et les villages. Pas une parcelle de verdure pour ces gens-là ni pour ceux qui fuient leur futur voisinage ! Tous dans le béton ! Ah non, le béton est aussi interdit. Zut alors, on fait quoi ?

Le même ministère est chargé de construire 20 à 30 mille éoliennes de plus dans les « territoires », ce qui n’est évidemment pas « artificialiser » les campagnes et le plateau continental ! Il est vrai que l’emprise au sol d’un mât de plus de 100 mètres de haut est minime. Mais le champ de nuisance d’une éolienne de 2 MW est de cinq hectares au minimum, sans compter les effets sur la vue et les paysages. Il ne faut pas « consommer des Enaf » (sic) mais pourrir des centaines de milliers d’hectares de campagne est souhaitable !

On attend avec impatience la " nomenclature des sols artificialisés ainsi que l'échelle à laquelle l'artificialisation des sols doit être appréciée ». Cela s’annonce génial. Pensons à l’Énarque qui rédigera ce pensum dans l’hyper espace bureaucratique.

Ce qui est sûr c’est qu’il ne sera plus possible :

-          De construire des voies de chemin de fer

-          De construire des routes et des autoroutes

-          De construire des logements

-          De construire des usines

-          De construire de nouvelles centrales atomiques, sauf à les empiler les unes sur les autres.

-          De construire quoi que ce soit.

L’échelle, voilà la clé. L’échelle enfin ! Nous serons sauvés ! L’énarque Dugenou, à qui sera confié le rapport, aura paralysé toute la construction en France. On lui donnera sûrement une médaille. Pensez : il aura rédigé une « échelle d’appréciation ».

Vous avez bien lu : au moment même où se tient la campagne électorale présidentielle, un cabinet d’une ministre typique de l’emprise familiale de l’énarchie passe des décrets interdisant de construire, dans le pays le moins dense d'Europe, sans doute pour sauver la planète. On parle de réindustrialisations mais sans implantation d’usines ! On parle de tourisme, mais sans moyens de transport.

Pendant que les grandes villes deviennent invivables partout où les Verts ont pris le pouvoir, on exige que toute initiative nouvelle soit faite en ville par densification mais sans densifier les villes parce que les maires ne veulent pas (sauf pour avoir l’argent des promoteurs pour faire des pistes de vélos)

Dans le même temps, on veut fortement réduire les circulations et assigner les gens dans leur quartier sans bouger au-delà d’un transport d’un quart d’heure !

Les passe-co2 se multiplient dans les transports et dans la construction.

Ici et maintenant.

Sous nos yeux émerveillés.

Sans complexe.

Sans la moindre hésitation.

Dans le mépris absolu de l’opinion des Français qui découvriront bien plus tard qu’ils sont prisonniers de réglementations obscènes et attentatoires aux libertés et à la propriété.

Le ZAN aura vaincu ! Vive le ZAN ! Le ZAN : Chef-d’œuvre bureautique absolu.

Qui a dit qu’on nous prenait pour ce que nous sommes ?

Français, né malin, votez bien et dormez bien. Votre président vous protège.

Impuissance de la vérité ?

Notre cercle a été construit autour de quelques vérités à défendre et qui ne l’étaient pas.

Nous nous sommes reconnus dans le même combat contre des erreurs tragiques et manifestes.

-        Les changes flottants sont une mauvaise solution qui provoque des déséquilibres insurmontables et entraînent des crises financières à répétition. On a cru qu’on pourrait régler les difficultés avec les banques centrales et en encadrant de façon routinière l’activité des banques. On constate que jamais les dettes des banques centrales n’ont été plus élevées, que jamais l’inflation n’a été plus menaçante et que les banques centrales sont paralysées dans le dilemme hausser les taux et provoquer une récession majeure, laisser courir avec une inflation majeure. Accessoirement, institutions non élues, il leur appartient de diriger la vie de chaque citoyen sans aucun débat public. La vérité toute nue qu’il fallait ne pas continuer à s'enfoncer dans cette erreur n’a jamais pu émerger dans le débat public, bloquée non pas par une doxa dominante, personne ne soutient vraiment les changes flottants, mais par l’influence des États-Unis et la soumission des élites françaises. Ceux qui comme nous comptaient sur la pédagogie des crises à répétition en ont été pour leurs frais. La crise de 73 a été attribuée au cartel pétrolier, alors que la réaction du cartel provient de la crise ! Une inversion commode. La stagflation qui en a résulté a été cassée par une récession au début des années quatre-vingt pour déboucher sur la crise de 92-93, gravissime, attribuée cette fois-là à la guerre en Irak… La crise du dollar de 98 a été attribuée aux pays émergents jusqu’à ce qu’elle touche les marchés financiers spéculatifs américains, ruinant quelques épargnants au passage. La solution trouvée a provoqué une hystérie financière qui s’est terminée par l’énorme crise de 2008. Et on voit où on en est aujourd’hui. Et pas un mot nulle part, pour essayer de comprendre la dynamique des évènements et tenter de remettre en place un système cohérent.

-        L’Eurosystème est un système récessioniste. Tout le monde le sait et la crise de 2011 en particulier en Grèce est venue opportunément le démontrer. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a aucun mécanisme qui permet d’assurer la maîtrise des déficits et des excédents de balances commerciales et de capitaux. Les exportations allemandes sont devenues égales à la valeur ajoutée des entreprises françaises et leurs excédents sont colossaux sans aucune réaction des autres. Les seules mesures contraignantes concernent les pays en déficit. Mais déficits et excédents vont ensemble. Les pays en déficit disposent d’une monnaie unique trop élevée pour rétablir leurs exportations, et les autres d’une monnaie trop faible. Cela fait maintenant 22 ans que tout le monde le sait et s'accommode d’une dépendance aux excédents allemands totalement contre-productive. Le résultat : tous les pays en difficulté ne survivent que par la dette. Jusqu’au jour où… Et il n’est plus loin. Il n’y a rien à faire. Les élites ne veulent rien savoir, rien dire, rien faire. Chut ! Fuyons en avant et on verra bien !

-        Un libre-échange déséquilibré avec la Chine que l’Occident laisse devenir l’usine du monde était une folie dénoncée dès 1997-1998. Il ne pouvait en résulter que l’écrasement des classes laborieuses des pays développés. Maurice Allais l’a prouvé de façon éclatante sans jamais être contredit. On a simplement marginalisé sa parole. Tout le monde voit le résultat.

Ces trois vérités fondamentales forment-elles le socle d’une réflexion profonde, d’une mobilisation féconde, d’une demande de réorganisation globale permettant de sortir de l’enchaînement permanent des conséquences dramatiques ? Pas du tout ! Silence dans les rangs. Surtout ne rien faire, ne rien dire, ne rien penser ! L’impuissance de la vérité est absolue.

De notre part, 25 ans de combat pour rien ! Sinon le témoignage que ces vérités ont été vivantes dans les marges du système. Quelles perspectives s’offrent à elles ?

La France est désormais dirigée par un bouffon narcissique ridicule, syndic d’une caste énarchienne qui a capté le pouvoir en famille et qui compte bien le garder, qui se satisfait d’une gestion égotiste et électoraliste de son narratif, sans aucun effet autre que dérisoire sur les grandes questions du monde. L’alignement sur l’Allemagne et sur l’union européenne interdit tout discours sérieux et toute remise en cause efficace des tares de l’Eurosystème. L’alignement sur les États-Unis ne permet pas de remettre en cause l’organisation monétaire mondiale ni la désindustrialisation provoquée par la Chine. Cela conduit à une impuissance verbeuse et obscure, du genre « se réinventer » ou « inventer des politiques singulières ». Depuis 5 ans, on a dû déjà se réinventer une centaine de fois. Mais le verbe renaît comme le chiendent. Il est si commode. Mais il ne peut rien sur les réalités, comme toutes les poudres de perlimpinpin médiatiques.

Si la vérité est impuissante, force est de constater que postures et impostures offrent sans doute des bénéfices électoraux mais accusent l’impuissance de l’État qui a accepté de les bénir, aggravent les risques et rendent de plus en plus difficile la recherche de solutions !

Invasion de l’Ukraine : la fin de la récréation en France.

La Russie a désormais montré son vrai visage : une infecte dictature qui se moque de tous les efforts faits pour bannir la guerre comme moyen de régler des litiges internationaux. La Chine est une dictature tout aussi infecte qui montre tous les jours ce qu’elle est à Hong Kong et bientôt à Taïwan. Ces deux pays impériaux et impérieux sont sortis du communisme économique pour tenter d’exploiter les démocraties développées. Ils ne sont décidés qu’à des rapports de force.

Par cupidité, l’Occident s’est précipité pour faire de la Chine l’usine du monde, tout en prenant la posture du bien pour limiter ses propres productions non écologiques. La croissance délirante de la Chine correspond exactement au renforcement de la dérive climatique, car elle est fondée d’abord sur le charbon.

Par bêtise de gauche, les Occidentaux et particulièrement la France, ont refusé de juger les génocides commis par l’URSS, et en fait principalement par la Russie. Lorsque les Ukrainiens ont demandé que l’on reconnaisse le génocide à répétition commis par Moscou, on les a envoyés balader. Et pourtant : trois famines provoquées, en 1917, entre 1932 et 1934 et en 1947. Un bilan qui comme toujours est difficile à établir mais dont les chiffres les plus faibles sont 2 500 000 morts pour les deux premières et 700 000 pour la troisième. Il faut ajouter les 700 000 exécutions qui ont eu lieu entre 1935 et 40 et qui ont peuplé les charniers, avant l’élimination des juifs d’Ukraine par Hitler et ses séides. On aboutit à près de 6 millions de morts sur une population de 25 millions de paysans. Les chiffrages les plus élevés parlent de 10 millions de pertes démographiques. Pour que les méthodes employées soient claires, rappelons qu’entre 32 et 34, des villages entiers ont été vidés de leurs réserves alimentaires puis encerclés et toute la population, hommes femmes et enfants y est morte de faim dans des conditions atroces. Des centaines de villages ! Il était du devoir de l’Occident de reconnaître Holodomor comme un des plus grands génocides du siècle. Mais voilà : Sarkozy avait nommé Kouchner quand la question s’est posée. Il ne l’a pas fait parce que les socialistes et les communistes ne veulent pas de la tâche génocidaire sur leur doctrine. Mais il s'agit bien d’un génocide. Ne pas l’avoir qualifié ainsi laisse à Poutine le loisir d’accuser l’Ukraine martyre de commettre un génocide contre les Russes ! Dégoût !

Par bêtise écologique les Allemands ont choisi de liquider leur énergie nucléaire et de créer des éoliennes intermittentes qui les font dépendre à quasiment 100 % du gaz russe et mettent toute l’Europe dans une situation de faiblesse face à la Russie.

Par bêtise socialiste, les Français ont choisi une option étatique-socialiste depuis 1980 qui l’a tellement affaibli qu’elle n’a plus aucune indépendance dans aucun domaine et qu’elle ne peut plus agir faute d’argent à l’intérieur comme à l’extérieur. Quand on veut être la reine de la dette et des impôts, on se retrouve dans la position des clochards de Bunuel qui souillent des robes de mariés avec des grognements obscènes : on déchire ce qu’il reste de tenue dans le pays et on laisse tout le champ à la démagogie et à l’abjection.

Par bêtise nationaliste, les Américains ont imposé un système mondial de changes flottants qui revient à faire du dollar la monnaie du monde au prix de déséquilibres incontrôlables créant des crises à répétition et finissant, avec l’entrée de la Chine dans l’OMC, par affaiblir les Etats-Unis.

Par bêtise démographique, l’Europe et en particulier la France en Europe, a laissé faire un effondrement radical des naissances natives tout en acceptant une véritable invasion en provenance d’Afrique, notamment des pays musulmans et tous se retrouvent partout confrontés à des dissidences internes et à une guerre larvée.

Par bêtise diplomatique les Américains et derrière eux tous les pays occidentaux ont laissé faire Poutine au Moyen Orient et en Afrique. Ils ont laissé Poutine dézinguer Daesh et encouragé la Russie à envoyer des Wagner qui sont là pour chasser notamment les contingents français. La nullité lâche de Macron au Mali qui se laisse virer par des putschistes aidés par 500 Wagner est calamiteuse et miteuse, alors qu’il a la supériorité militaire.

Par bêtise européiste, on a organisé une Europe dépressionnaire qui fait pire que le reste du monde en termes de croissance depuis les années quatre-vingt, préparatoires à l’Euro, tout en supprimant toutes les frontières, et en se désarmant massivement. Il faut noter que l’explosion des nations en régions voulue par les européistes anti nationaux interdit tout effort militaire et force à se cacher derrière les Etats-Unis.

Par bêtise pure, les Français ont élu un président qui n’a aucune autre vision que lui-même et a gâché les chances de la France par indécision et virevoltes pendant 5 ans. Il n’a dirigé que son « narratif » électoraliste, et jonglé avec des « en même temps » dérisoires et démobilisateurs sauf pour les groupes de pression islamique et LGBT. Par atavisme énarchique, il a multiplié l’hystérie bureaucratique.

L’histoire se venge toujours. Les voyous s’emparent toujours de la faiblesse des Etats, qu’il s’agisse de la direction d’états voyous comme la Turquie, la Chine et la Russie, ou des délinquants en interne.

La France de Macron se découvre soudain d’une faiblesse et d’une impuissance déshonorante, si on tient compte d’où nous venons, avec des préoccupations internes dérisoires, et externes entravées. Elle crie au respect de la frontière ukrainienne en ayant abandonné ses propres frontières. Elle veut être un leader en matière de lutte contre le réchauffement climatique, alors qu’on voit bien que les chars, les hélicoptères et les fusées russes ne marchent pas à l’électricité. Macron a relancé l’énergie éolienne qui dépend à 100 % de la Chine et du gaz russe, tout en revenant cinq ans trop tard sur sa politique antinucléaire folle qui lui a fait fermer Fessenheim et nous fait brûler du charbon en masse et subir une hausse démente des prix de l’énergie.

Depuis mai 1968, les Français sont dans le rêve. Et ils se retrouvent un demi-siècle plus tard dans un cauchemar. Qu’au moins le nouveau martyre des Ukrainiens les fasse sortir de leur narcolepsie, de leur myopie et de leur paresse. Et, s’il vous plaît, plus jamais de Macron, de Mélenchon, de Le Pen ni de féministes en goguette. Un grand redressement est nécessaire qui ne passe pas par la mollesse et la démagogie. L’Union Européenne de Madame Ursula von der Leyen sait éditer des affiches de promotion de la femme voilée mais n'a pas vocation par les traités d'agir fermement  devant Poutine, la Chine ni même la Turquie.

La sinistre réalité est que l’Europe occidentale doit avoir 150 000 hommes à ses frontières à l’est avec les meilleurs chars et des défenses aériennes solides, avec une couverture atomique, et des plans opérationnels d’attaque si nécessaire avec drones et éléments de guerre électronique. La priorité des nations européennes est de créer cette masse militaire en association avec les Etats-Unis, mais avec une part majeure de souveraineté, toutes les décisions n'étnt pas laissées à Washington. Le parapluie américain n’existe pas. Ce n’est pas en donnant à l’Allemagne tous nos brevets dans le domaine de l’aviation et des armements que la France aura la meilleure contribution à l’effort général, ni en acceptant que l’appartenance à l’Otan signifie d’être entièrement dépendante de l’industrie d’armement américaine.

La part exigible de la France dans cet effort massif suppose l’arrêt des politiques d’effondrement économique et le retour immédiat aux quarante heures et à la retraite à 65 ans. Tout le monde il n’est pas beau et il n’est pas gentil. Quand on apprend que la même nuit, une attaque a eu lieu en banlieue française contre un tournage de film avec tirs d’engins d’artifice et mobilisation de masse de voyous avec 300 000 euros de matériels volés, et que les hélicoptères et les chars russes attaquent le centre-ville de Kiev, on voit que ce n’est pas M. Dupont-Moretti, applaudi à son arrivée au ministère par les truands incarcérés, ni Madame Parly, ministre par la grâce du népotisme énarchien, sous la direction d’un président qui n’a même pas fait de service militaire et qui les a nommés par clanisme et calculs, et qui ne raisonnent que par rapport aux pulsions de sa petite personne et à ses objectifs électoraux,  que la France pourra être à la hauteur des défis du temps.

C’est sans doute très apprécié d’annoncer la gratuité des serviettes hygiéniques pour les étudiantes, et la prise en charge des pensions alimentaires des femmes immigrées esseulées parce que Monsieur est reparti au bled, parmi 121 autres cadeaux au peuple électoraux du même genre, mais il aurait été mieux d’agir contre les Wagner en Afrique et d’éviter de se retrouver avec 3 000 milliards de dettes aux mains essentiellement de l’étranger, tout en nous privant d’une énergie abordable.

Nous n’avons pas besoin d’un président à narratif, hésitant entre le capricieux et l’inepte, francophobe à l’occasion, multipliant les gaffes diplomatiques déplorables, avec son ego comme seule boussole. Nous n’avons pas besoin de Wokisme. Nous n’avons pas besoin de socialisme et encore moins de « bolivarisme ».

Poutine, Xi Jin Pin et jusqu’à Erdogan ont sifflé la fin de la récréation.

Bureaucratie française malfaisante : une exemple pédagogique pour les incrédules

Pour ceux que la gestion bureaucratique amuse par l’extrême diversité de sa perversité, nous offrons ces deux articles parus dans Batiactu, un journal honnête qui donne toujours des informations instructives.

Premier article

EMPLOI. Le mouvement Symbiote estime à 13.000 le nombre de suppressions d'emploi du fait de la disparition progressive, depuis juillet 2021, du coup de pouce isolation financé par les certificats d'économie d'énergie (CEE).

CRISE. Les professionnels de l'isolation par ouate de cellulose en appellent à un geste du gouvernement dans les "trois à quatre semaines" à venir, pour éviter la mise à mal de toute une filière.

Second article

Batiactu : Depuis quand la gendarmerie nationale travaille-t-elle sur les réseaux d'éco-délinquance dans le secteur de la rénovation énergétique ? Comment a-t-elle été amenée à s'y pencher ?

 Analyste M.D. : La gendarmerie nationale dispose d'un service central de renseignement criminel qui est chargé, entre autres, de comprendre les phénomènes criminels et d'y apporter des solutions. Nous réalisons à ce titre des analyses sur les fraudes dans le secteur de la rénovation énergétique depuis 2019.

 Nous nous sommes intéressés à cette thématique depuis la mise en place du dispositif gouvernemental d'isolation à 1 euro qui a engendré de nombreuses plaintes. Pour notre service, l'élément d'alerte a été l'importance des signalements par les victimes des sollicitations téléphoniques, fruit de l'activité intense de centres d'appels ("call centers"). Elle a été confirmée par la présence de nombreux groupes de travailleurs étrangers en lien avec des chantiers d'isolation à 1 euro sur l'ensemble du territoire. Ces ouvriers travaillaient bien souvent en fausse sous-traitance. Ils n'étaient parfois pas déclarés, disposaient de conditions d'hébergement indignes, ne disposaient pas d'équipements de protection individuelle ni de carte BTP… Dans certains cas, cela peut même caractériser une situation de traite des êtres humains. Nous avons donc multiplié les contrôles et avons commencé à nous intéresser de plus près à ces structures. L'isolation à 1 euro a donné lieu à une véritable ruée vers l'or pour de nombreux escrocs, car cette période correspond au moment où les aides de l'État ont été les plus conséquentes.

Résumons-nous :

L’Enarchie bienveillante et compassionnelle qui veille sur nous a créé de toute pièce un marché artificiel et subventionné de rénovation énergétique, qui a provoqué une ruée des malfrats et des escrocs, au point que l’importance des fraudes et des vols a fini par émouvoir la gendarmerie. La délinquance massive comme conséquence des politiques administratives débiles, on ne peut rêver plus bel exemple.

Manquant de sous, elle a brusquement changé d’avis et détruit la filière, saine, créée pour alimenter le plan national de calfeutrement. Des milliers de chômeurs sont désormais à la recherche d’un boulot et les entreprises de fabrication de ouate de cellulose au bord de la faillite.

Tableau.

Rappelons que nous sommes à la veille de grands plans de réduction du CO2 en France à l’aide de passes contraignants pour vendre et louer.

Et vive la grande administration française que le monde entier nous envie.

La France en mode « avatar ».

La France a perdu l’essentiel de sa souveraineté en abandonnant trop de secteurs à la Commission européenne. Son choix d’opérer un saut dans le socialisme en 1981 l’a perdu sans espoir en matière économique et sociale avec un recul déprimant dans tous les classements mondiaux. Ses concessions aux idéologies qui ont prospéré après mai 1968 ont tué l’école publique. Ses concessions au féminisme depuis Giscard ont tué la natalité de sa population historique. Son enclavement dans l’américanisme et dans l’OTAN en a fait un pays vassalisé. Sa perméabilité à la confession séculière sectaire originaire des États-Unis, le Wokisme, en fait un pays totalement renégat à son ambition intellectuelle passée et tourne le dos aux beautés de la Renaissance et à la nécessité des lumières. La destruction fiscale de la haute société européenne a conduit à sa dispersion puis à sa disparition dans un mondialisme essentiellement construit autour du culte du fric et des fortunes opportunistes démentielles de plusieurs milliards de dollars. La mondialisation a permis à des mastodontes privés de peser plus que des nations moyennes comme l’est devenue la France. La soumission volontaire à une immigration de masse en période de perte de vitalité démographique a cassé pratiquement tous les mécanismes d’intégration et de facilitations sociales sans régler la question de la main-d’œuvre qualifiée. L’absence de l’université française comme source de progrès dans les différents domaines de la science a livré tous les secteurs de l’innovation stratégique à d’autres dont nous devenons des sous-traitants ou des consommateurs à crédit.

Tout cela est désormais bien compris même si personne ne veut vraiment s'attaquer à l’ensemble de ces questions. Le système médiatique glisse, avec des avancées et des reculs, de l’occultation au déni, du déni à la minimisation, de la minimisation à l’exonération. En revanche la substitution dès le plus jeune âge dans le système éducatif d’un politiquement correct de gauche et d’une attitude qui privilégie les bonnes pensées à l'enseignement et la soumission à la bonne parole aux bons résultats scolaires, a créé une jeunesse propice à toutes les manipulations et ayant peur d’être du côté des mauvais, selon la définition d’une certaine gauche anticapitaliste, auto dévalorisante pour l’Occident, constamment à la chasse à un néonazisme fantasmée, et à la remorque des modes sociétalistes. L’individualisme forcené est renforcé par le besoin de ne prendre aucun risque dans le champ de la pensée collective.

Les conséquences électorales sont patentes. L’élection d’un président totalement creux et nul devient possible, car finalement il n’a aucun pouvoir et peut se contenter des frais d’un simple « narratif » électoral. Faire semblant dans un théâtre d’ombres est devenu une tentation raisonnable, si tenter d’incarner des politiques fortes ne peut plus déboucher sur une action réelle, sauf à être traité aussitôt de nouveau Hitler. La virtualisation du Président révèle le symptôme. Un avatar omniprésent dans le narratif bien-pensant suffit.

On le voit bien avec Emmanuel Macron : virtuelle était son annonce d’une « révolution » ; virtuelle était son annonce de l’arrivée d’un nouveau Jupiter ; virtuel était son narratif dans quasiment tous les domaines. Du coup l’important n’était pas d’agir mais de sauvegarder par la com’ le narratif électoraliste, puis d’utiliser l’argent public pour sauver la réélection. Virtuelle est la campagne électorale. L’avatar médiatique du président est plus important que l’homme Macron.

On n’aurait tort de croire que la virtualisation ne concerne que le président sortant. Elle se caractérise par l’ampleur des non-dits. La dette ? Évacuée par tous les candidats. L’aggravation des déficits extérieurs ? Regrettée par tous les candidats sans aucune politique correctrice avancée. La pression écologique contre l’économie ? Évacuée par tous les candidats. La diplomatie française et son champ d’application réel ? Évacuée par la quasi-totalité des candidats, Éric Zemmour faisant exception. La baisse catastrophique de la natalité proprement française ? Écartée du débat pour ne pas indisposer l’électorat féminin qui y verrait une accusation. La mesure d'aide à la natalité dans les campagnes, pour ne pas aider les naissances de banlieue, proposée par Zemmour, est plutôt farce.

Le journal Le Temps vient de commettre un article d’une page sur la vacuité de la diplomatie d’E. Macron. Il a, en effet, beaucoup raté. La politique africaine est un échec cinglant avec une injonction de quitter dans l’heure le Mali. La politique au Moyen Orient est marquée par le bide honteux du raid grotesque qu’a été l’opération libanaise qui renseigne plus sur les problèmes psychologiques du président français que sur autre chose. L’humiliation infligée par les États-Unis dans l'affaire australienne est devenue un incident calmé par une main passée dans le dos de Biden trois jours plus tard ! La séquence Russe a été une longue humiliation : pas de préparation avant une visite difficile. Personne pour attendre Macron à l’arrivée à l’aéroport, reçu comme un touriste. L’entrée par une petite porte annexe par le concierge du Kremlin. La rencontre à 8 mètres de distance. L’absence totale de résultat. Une honte ! Mais quelle importance puisqu’il s’agissait de faire le guignol le plus longtemps possible sur le théâtre électoral purement français et retarder son annonce de candidature du fait de son rôle pour sauver le monde. On en est à la facilitation d’une rencontre Biden-Poutine ! S’entremettre en laissant les Grands discuter est une position de chambellan. Ajoutons une prestation européenne pitoyable en surjouant « sa présidence de l’Europe », alors que la présidence tournante n’a exactement aucun intérêt pratique dans la conduite des actions de la Commission.

Une de fois de plus le narratif est tout, le sérieux rien. L’avatar gambade dans les médias et sur les ondes.

Mais la réalité reprend toujours la main.

La quête de pouvoir d'achat, la pénurie d’énergie, l'explosion des délinquances et des comportements violents, la persistance de la fuite des élites nationales, l’inflation « provisoire et frictionnelle dans la temporalité courte » qui s’installe dans la durée, l’absence de maîtrise dans presque tous les domaines critiques, tous ces éléments réels détruisent le narratif présidentiel et s’étalent aux yeux de tous.

Mais les oppositions sont également encagées dans l’imposture des postures.

Marine Le Pen n’a jamais eu de programme sinon sauvegarder la petite affaire familiale.

Pécresse est la partie émergée d’un parti qui n’a jamais voulu parler ouvertement d’aucun des problèmes graves posés à la nation depuis des lustres et qui s'est contenté d’être une cour de bagarre d'écuries présidentielles et d’ambitions personnelles. Ne rien dire. Ne prendre aucun risque. Chut ! Mais se battre comme des gorets pour les places. Dix ans après la chute de Nicolas Sarkozy qui avait largement dévoyé l’héritage gaulliste, il n’y a pas d’analyse de la situation française ni de programme centré sur l’essentiel. La candidate se retrouve dans une atmosphère raréfiée où seule compte l’image et où le choix des mots et des idées est un supplice !

Le socialisme dit « de gouvernement » est aux abois. Après Hamon et Hidalgo, il devrait éviter les H en tête de nom pour ne pas solliciter la hache électorale. Les caciques et les Sabras avaient choisi le douteux Mitterrand pour avoir des places. Ses troupes ont envahi toute la sphère publique et s’y trouvent encore, parfois avec les enfants des satrapes de 81. Ils ont gaiement ruiné l’État et aggravé tous les problèmes de la nation en s’enrichissant au-delà de tout espoir initial. Si Marisole Touraine et Élisabeth Guigou rejoignent Macron, c’est parce que les places ne viennent plus par le PS après l’effondrement de Hollande. Avec Olivier Véran et Clément Beaune, ils forment un fameux quadrille de fossoyeurs de la politique sanitaire et européiste, tout à fait en ligne avec le macronisme.

La gauche fascisante est toujours là. La théâtralité mélenchonnienne, tendance grotesque, avec des guenilles marxisantes et bolivariennes, exige un vrai professionnalisme dans l’avatar, une technique que le maître des cérémonies maîtrise très bien dans certains de ses meetings !

Éric Zemmour a cassé le mur de verre de la bienséance dans le domaine de l’immigration musulmane. Sur le reste ? Mystère. Premier acte de théâtre vivant, alors que d’autres peuvent suivre ? Le feuilleton est en marche contre En Marche.

L’état de la France aurait sans doute justifié un autre moment national diront les esprits chagrins qui peuvent parfois penser que les narratifs artificiels ne suffisent pas. N’écoutons pas ces oiseaux de malheur et rassurons-nous : l’idée que la France doive redevenir une nation concrète et décisive, pas seulement un avatar virtuel et impuissant, est encore embryonnaire et depuis qu’on peut avorter à neuf mois dans le territoire dit français fractionné façon puzzle où sévit un Macron, elle a peu de chance de survivre.

Une facilité condamnable : décharger et défiscaliser des revenus sans toucher à la dépense.

Transférer n'est pas réduire !

Que la France soit devenue le leader mondial de la fiscalité et qu’il faille ambitionner de régresser dans ce classement mondial là, pas de doute ! De même, faire payer à l’entreprise l’essentiel du secteur social en ouvrant le pays à la concurrence mondiale, où pratiquement aucun pays ne pratique cet exercice, est une folie. Baissons donc les impôts sur les particuliers et les charges sur les entreprises !

La vérité est que personne ne prétend les baisser et tous proposent seulement de les transférer. C’est la grande mode depuis maintenant des décennies avec un résultat globalement tragique sur ka dette, le sous-investissement, l’emploi, le revenu et… les impôts.

Si on veut des résultats, il faut baisser le besoin de financement d’abord et ensuite, et ensuite seulement, organiser la collecte des financements le plus intelligemment possible.

Nous avons un état moloch, avec des effectifs pléthoriques et aucune des administrations ne fonctionne bien. C’est un premier paradoxe. Tout le monde peut comprendre qu’il faut d’abord savoir pourquoi, dans chaque secteur de la politique publique, on aboutit à une situation aussi déplorable.

Dans le secteur de la justice on a levé le couvercle répressif qui était mis sur la délinquance par une justice très sévère jusqu’en 1968. En plus on a judiciarisé des pans entiers de la vie sociale, économique et politique qui ne l’étaient pas. La délinquance a flambé et le besoin de jugements aussi. On a alourdi toutes les procédures et on a permis de rejuger la chose jugée aux assises (coût jamais évoqué). L’immigration de masse a conduit également à une augmentation de la délinquance. La justice est noyée alors que la délinquance est au plus haut. Pour réduire la pression, il faut agir sur la répression et le champ de la délinquance. Tout en revenant à des jugements définitifs en première instance aux assises sauf vice de ceci ou de cela. Et il faut réussir l’informatisation du système. Comme on fait tout l’inverse, le secteur est noyé, inefficace et gangrenée par la politique et l'idéologie.

Dans le secteur de la médecine on a développé une pression bureaucratique délirante tout en freinant l’expansion des personnels médicaux, en réduisant les lieux de soins, en modifiant la médecine de ville, tout en généralisant la gratuité et l’achat de produits au rabais dans des pays à bas salaires. Il faut à l’évidence réduire le personnel administratif, réduire les actes inutiles par une franchise médicale sur le petit risque, et augmenter le nombre des soignants. Il faut aussi changer la collecte des fonds correspondants. Le système suisse est le meilleur : les particuliers paient directement leurs cotisations maladie à des caisses agréées et concurrentes. Ce n’est pas le rôle des entreprises. Pas de monopole public ; une pression des assurances pour contrôler les frais médicaux ; les particuliers font attention à ne pas réclamer n’importe quoi car l’effet est immédiat sur leur facture. C’est entre 400 et 500 euros par mois et par personne, avec des tarifs bas pour les enfants (une centaine d’euros). Les cas d’exonérations ou de réduction sont étroitement restreints temporairement aux cas douloureusement problématiques. Le grand âge et l’absence d’enfants créent des difficultés comme partout mais le moindre citoyen comprend les problématiques.

Dans le secteur de l’enseignement, on a voulu toute une génération au bac et pourquoi pas à la maîtrise, rendre toutes les classes mixtes, caserner les collèges et les lycées, tout en acceptant de faire venir dans les classes des cohortes massives d’immigrés en provenance de dizaines de pays étrangers et en refusant la sélection. On a assigné à l’école le soin d’inculquer des thèmes sociétalistes et moralisateur, biaisés par la gauche, au détriment de l’enseignement lui-même et des disciplines. Le système est par terre. Il faut faire baisser la pression migratoire, éliminer la pression sociétaliste et rétablir la sélection. Il faut également réduire le côté non-enseignant de l’école : voyages, sorties, périscolaires. Et concentrer les disciplines au lieu d’en ajouter constamment. On a fait tout le contraire. Avec des résultats dramatiques.

Sans action d’abord sur les politiques suivies, impossible de réduire le besoin de financement.

Pour la retraite, la réduction de la durée hebdomadaire de travail et les retraites prises avant 65 ans se sont cumulées avec l’augmentation de la durée de vie pour rendre la situation ingérable. Si on travaille moins longtemps on perd des recettes. Si la dépense, elle, augmente massivement on se ruine, car le résultat ce sont des cotisations en hausse et de la dette si on n’ose pas les augmenter. Inutiles de transférer les cotisations si on n’étend pas la durée du travail et si on ne retarde pas l’âge de départ en retraite.

Affirmer : « je ne fais rien parce que les Français ne veulent pas mais je supprime les cotisations et la fiscalité sur tel ou tel revenu » revient à transférer des cotisations ou des dépenses individualisées sur l’impôt général. Comme on ne veut pas toucher à la TVA (parce que les Français ne veulent pas) alors c’est l’impôt sur le revenu qui trinque qui n’est payé que par 47 % des Français. Comme pour la taxe d’habitation. L’IR ou la dette récupèrent le bébé et l’eau du bain. Ce débat fondamental est escamoté.

On a déjà basculé sur la fiscalité générale toutes les cotisations sur les bas salaires, ce qui est totalement injuste ET inefficace. On veut étendre à l’infini des transferts de ce genre par démagogie. C’est totalement absurde ET inique. Pas un candidat qui ne se livre à ce petit exercice ! Pas un mot de contestation dans la presse et dans les médias. Et on ne réduit aucune dépense par une rectification des politiques menées.

On nage dans la démagogie pure et on déshonore la politique.

Revenir à la semaine de 40 heures et passer à la retraite à 67 ans pour tous, voilà la première action à mener.

Redonner la responsabilité de la politique médicale aux médecins à l’hôpital dans le cadre d’un simple contrôle de gestion, chaque service gérant son budget, est obligatoire, comme l’est le démantèlement de tout le contrôle tatillon et exhaustif préalable et a posteriori des actes, avec un retour de la responsabilité médicale.

Rétablir une responsabilité des assurés sur leurs dépenses avec la hausse du reste à charge pour le petit risque est tout aussi nécessaire pour éviter les visites gratuites de pur confort, et l’utilisation abusive de la carte de sécurité sociale.

Rétablir le couvercle sur la délinquance comme avant 1970 et réduire le champ pénal tout en sanctionnant le justicialisme et en simplifiant la procédure pénale, est une nécessité absolue. Quand quelqu’un se noie, on le sort de l’eau d’abord et on ne songe pas à augmenter la taille de ses poumons.

Etc. Etc.

Ce n’est pas si difficile de construire un programme de sortie du déclassement.

Si on veut optimiser les modes de collecte des fonds nécessaires, il faut transférer la CSG en partie sur les particuliers comme en Suisse et en partie sur la TVA pour les exonérations sociales ciblées, ce qui permet de faire assumer une partie des frais par les produits importés. Idem pour certains impôts de production qui ne sont directement associés à une production effective. De même il faut supprimer les impôts qui coûtent plus cher que ce qu’ils ne rapportent. IFI et impôts sur les successions sont symboliques et peuvent être totalement supprimés provoquant un choc de confiance et une envie d’investir en France et de créer du capital et de la production. Ils représentent 1.6 % des prélèvements ! Moins que la perte de valeur de la monnaie chaque année.

Une telle politique n’est possible que si le monde politique n’est pas dirigé par une cohorte de hauts fonctionnaires étatistes et socialisants travaillant en famille sur plusieurs générations. Un minimum de profondeur démocratique suppose que ce sont des citoyens ne dépendant pas des subsides de l’état pour leur carrière qui doivent proposer ou voter les lois. Les fonctionnaires doivent montrer leur compétence en trouvant les voies et les moyens d’influencer les dirigeants politiques et de mettre en œuvre correctement les décisions prises. Nul ne peut donc être élu dans une instance qui fixe sa rémunération et les moyens de son activité. Et nul ne peut recevoir deux rémunérations de l’État.

Cela fait maintenant depuis plus de 20 ans que tout ceci est ressassé et devrait être mis en œuvre. Pendant 10 ans la droite ne l’a pas fait et pendant 10 autres la gauche ne l’a pas fait.

Et en privé tous disent : il n’y a pas de doute c’est ce qu’il faut faire. Sinon on continuera à sombrer.

Oui : tous. Mais…

L’énarchie préfère conserver ses privilèges. On a le grand combat entre Macron et Pécresse, énarque l’un et l’autre, avec l’exutoire commode Le Pen. La haute finance compte sur l’Europe pour contrôler ce qui doit l’être. La dette permet de faire taire les pires démagogues. L’émigration est plus facile à organiser que de susciter un renouveau des naissances indigènes.

Eric Zemmour joue à son tour le jeu des exonérations et des défiscalisations sans toucher aux besoins de financement. L’audace sur l’immigration dans la continuité démagogique sur le reste…

Comment corriger un débat présidentiel si débilitant ?  D’où peut venir le salut français et la fin d’une autodestruction débilitante ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Avons-nous doublé le PIB français entre 1980 et 2021 ?

Particularité amusante, le PIB français en euros de 2021 est à peu près le même que celui de l’année 1980 en francs. Autour de 2.400 milliards. Cela pose un intéressant problème de comparaison. De combien a été notre croissance en quarante ans.

Pour s’en tenir aux chiffres officiels l’affaire est facile : compte tenu de la dérive des prix à la consommation, le PIB actuel est le double du PIB de 1980. Nous serions deux fois plus productifs qu’à l’époque.

Certes, cela ne représente, sur 40 ans qu’une croissance annuelle minuscule, de 1.74% en moyenne.

Ces chiffres emplissent de malaise. Comment se fait-il que Marianne ait pu calculer une paupérisation absolue en quarante ans d’une partie des effectifs de l’administration ? Comment se fait-il que les pauvres se sentent plus pauvre que les pauvres de l’époque ? Comment se fait-il qu’avec deux fois plus de richesses, nos services publics ne fonctionnent plus correctement, le chômage soit si haut, notre compétitivité si nulle, notre endettement si fort, nos impôts si élevés ? Pourquoi le PIB par tête suisse est-il désormais deux fois celui de la France alors que les deux pays étaient en gros à parité en 1980 ?

On sent qu’il y a quelque chose qui cloche. Mais quoi ?

Pour établir la valeur absolue d’une monnaie, nous avions l’habitude au Cercle des économistes e-toile d’utiliser un indice de référence composite, tenant compte du cours de l’or, du pétrole, des terres rares, du m2 vendus en centre-ville dans plusieurs grandes capitales du monde, du Franc suisse et du Deutschemark puis de l’euro.   Sans refaire avec toute la précision voulue l’actualisation de cet indice (arrêté en 2012 après la crise de l’Euro), nous arrivons à un glissement d'environ 8 fois de la valeur de l’indice, au lieu des 3.2 fois de l’indice de l’Insee.

Comme le rapport entre euro et franc est de 6,55957, si la croissance de l’indice de référence est supérieure le PIB a baissé, s’il est inférieur, le PIB a cru.

En unité de valeur constante, le PIB français a donc sensiblement baissé, ce qui est plus compatible avec les nombreuses défaillances que l’on a constatées pendant ces derniers quarante ans.

Le PIB par tête doit tenir compte d’une hausse de la population de 55 à 67 millions.

Comme l’a écrit récemment l’excellent Robin dans le Figaro, l’indice de l’Insee est très peu pondéré par l’immobilier, les actifs boursiers etc.  Celui de l’Allemagne est nettement plus inclusif. Si on prend l’indice allemand le taux de croissance baisse sensiblement. On perd quasiment 1 point de croissance qui tombe à 0.8% par an.  Et on ne double plus l Compte tenu de la croissance de 20% de la population, le PIB par tête n’a plus cru que très faiblement, presque de façon imperceptible. 

L’indice de prix est politiquement construit pour connaitre l’évolution du pouvoir d’achat à court terme, avec des effets juridiques, économiques et sociaux importants pas pour déterminer la valeur de la monnaie. Au-delà de quelques années la distorsion de l’offre de produits rend l’indice peu significatif. Pratiquement la moitié des produits consommés aujourd’hui n’existaient pas il y a quarante ans ou n’avait pas les mêmes caractéristiques. On n’est pas riche de la même chose à quarante ans d’intervalle. Pas de TGV, pas de PC, pas de téléphone portable, pas d’internet, pas de voitures électriques, pas de domotiques, pas du tout la même gamme de traitements et de produits médicaux, pas de tourisme massif à très bas coût, etc. Les services à la personne étaient beaucoup moins coûteux. La fiscalité et les dépenses contraintes étaient plus faibles que maintenant.  On compare sur des périodes de quarante ans des consommations sans rapport.

Un poste de travail informatique coûtait 10.000 F en 1880, en télétraitement. Un petit portable 1000 fois plus puissant ne coûte que quelques centaines d’euros.  Mais beaucoup de produits agricoles coûtent désormais plus de 10 fois leur prix d’alors. Comment arbitrer cela dans un indice ? C’est possible sur quatre cinq ans, pas sur quarante ans.

La force productive du pays doit s’apprécier en tenant compte du chômage, des déficits extérieurs et de la dette.  Il n’y avait pratiquement pas de dettes ni de chômage en 1980, même si cela commençait à déraper. Nous avons 3.000 milliards d’euros de dettes et le chômage oscille en permanence entre 8 et 11%. Notre balance commerciale comme le budget de l’état sont en déficit permanent, de façon abyssale. Notre industrie est passée de 24% du PIB à 12.

Nous croyons légitime dans ses conditions de considérer que la puissance économique de la France est pratiquement la même qu’en 1980 et non pas le double.  Nous avons connu une formidable stagnation.  La seule force qui a favorisé la production est le taux d’emploi des femmes qui a fortement augmenté, celui des hommes, lui, baissant légèrement. Le pouvoir d’achat a pu être maintenu par des importations à bas prix en provenance de Chine et des pays émergents. Mais les citoyens des pays qui n’ont pas voulu d’une expérience socialiste et bureaucratique ont vu leur rémunération décoller par rapport à celles des Français, jusqu’à doubler en Suisse et presque tripler au Luxembourg.

Décidemment non, nous ne pouvons pas affirmer que nous avons doubler notre PIB en quarante ans. La vérité c’est que nous avons connu un déclassement et une paupérisation, relative le plus souvent, mais aussi absolue dans bien des cas.

Nous n’avons pas non plus cherché comprendre les grandes crises mondiales et à s’en protéger. Ceux qui ont fait carrière entre 19770 et 2000 ont connu deux crises mondiales fortes (73-74 et 92-93). Ceux qui ont commencé en 80 également : 92-93 et 2008-2009.  Ceux qui ont démarré en, 1990 en ont connu trois, avec celle du Covid. Les « millénials » en sont à deux, comme ceux qui ont commencé en 2010, qui risquent eux d’en connaître probablement quatre.

La leçon que nous devons en tirer est qu’il ne fait pas bon être tenté par le socialisme à l’intérieur. C’est la recette de la paupérisation. Mais, et c’est celle qui n’est jamais tirée, il faut aussi réformer le système monétaire international qui permet des crises mondiales périodiques qui avaient disparu après-guerre avec une système coopératif de changes fixes mais ajustables par accord général.

On notera que la campagne électorale n’aborde ni la question de sortie du socialisme ni celle d’une diplomatie de la prospérité. Et tous appellent une politique verte qui risque de massacrer la croissance et le pouvoir d’achat, alors que l’énormité de la dette accumulée par E. Macron ne nous permet plus d'emprunter suffisamment pour financer la conversion énergétique.

Le Français, né malin… 

L'aspect essentiel de la crise des services publics français

On sait que la France a développé des services publics pléthoriques, de véritables Moloch, absorbant une part des richesses créées très au-dessus de nos voisins comparables et qu’ils sont dans un état déplorable. La justice est effondrée depuis des lustres. L’Éducation nationale s’effondre dans tous les classements avec des résultats déplorables. La santé est dans l’état que l’on voit. L’armée a des états d’âme, lassée de travailler avec des bouts de ficelles. La police n’y arrive plus.

Ce qui frappe en lisant les meilleurs livres écrits par des professionnels ou en discutant directement avec eux, c’est la constance de leur discours. Tous ces métiers sont « vocationnels ».

Le rapport entre les efforts nécessaires pour atteindre des postes intéressants et la rémunération est extravagant. Devenir Professeur de médecine demande beaucoup de temps et de qualité pour un poste public en hôpital dont la rémunération est faible par rapport au privé. Devenir agrégé d’une matière quelconque et l’enseigner au lycée montre aussi un rapport effort/rémunération très faible. Pour les juges, le parcours n’est pas plus facile et la rémunération peu attrayante. Les carrières policières demandent également beaucoup de qualités pour une rémunération faible. Ne parlons pas de l’armée.

Ce n’est pas tellement l’argent qui leur pose un problème, même si les syndicats ne cessent de bassiner le pays avec des demandes de reconnaissances et des désirs d’augmentation. C’est leur rôle. Certes, toute augmentation est bonne à prendre. En embrassant ces carrières, on sait qu’on ne va pas s’enrichir. Mais on a le sentiment d'être un pilier de la nation et que son rôle est majeur.

Bien sûr tous les métiers de ce type sont difficiles et les crises de vocation apparaissent un jour ou l’autre. Mais ce sont des métiers difficiles à quitter. Les crises sont généralement surmontées. L’armée sait que le moral des troupes est critique et doit être une préoccupation fondamentale. Il en va de même pour les agents et les cadres des différentes branches du service public.

Or qu’est-ce qui ressort aussitôt lorsqu’on écoute les meilleurs : ces métiers sont devenus sans intérêts.

Les juges sont dans leur très grande majorité des gens bien qui n’entrent pas dans les catégories détestables (juges bouffés par l’idéologie, juges nuls, etc.). Que disent-ils en privé ? Notre métier a cessé d’être méritoire et on n’a plus l’impression d’être vraiment utile. Le Code pénal est idéologique et la délinquance est devenue telle et tellement peu condamnable qu’on ne fait plus ce qu’on croit qu’on devrait faire. Il faut aller dans les tribunaux pour voir ces juges accablés par des milliers d’affaires en retards, toujours à la course, devant des délinquants étrangers qui ne parlent pas français et qu’il faut interroger avec des traducteurs, qui ne comprennent rien et dont on ne peut rien faire, tant les lois sont complexes et changeantes et tant les circuits d’internements sont bouchés. On a supprimé le couvercle qui limitait la délinquance dans les années soixante-dix. La noyade a suivi. Les juges ont en plus été mis sous tutelle du qu’en-dira-t-on gauchiste avec des pressions internes et externes fortes. Le tout crée une situation odieuse, oiseuse et inefficace qui dégoûte les professionnels qui ne peuvent plus travailler normalement.

La situation est exactement la même pour les médecins. Le pouvoir est passé aux mains de la bureaucratie qui gère en s’appuyant sur des « méthodologistes » qui n’ont jamais vu un malade, avec des conflits d’intérêts dramatiques avec Big Pharma. Le pouvoir médical n’est plus aux mains des praticiens au chevet du lit des malades. Ils doivent faire ce qu’on leur dit de faire et remplir avant, pendant et après, les dossiers qui permettent à la bureaucratie de tout surveiller. Pour toutes les maladies il y a des règles précises à appliquer sans réfléchir. L’enseignement est devenu navrant à base de QCM dont petites les réponses sont à connaître de tête. L’autonomie des médecins devient nulle et les structures de pouvoir peuvent les faire dérailler à tout moment ? Le métier n’a plus aucun intérêt et même peut devenir dangereux pour les malades. S’insurger ? On l’a vu : la répression arrive vite et est en général totalement inique. Un médecin devient un conformiste qui laisse filer mais qui finalement en vient à s’en foutre ou à chercher dans le privé les moyens de gagner un peu de sous.

La situation est exactement la même dans l’enseignement. Comment faire classe à des élèves de 20 ans, généralement des noirs baraqués, qui, en seconde, ne savent ni lire ni écrire, avec une emprise idéologique plus ou moins « woke » venant de l’administration et des syndicats qui servira éventuellement à vous juger et vous sanctionner si vous râlez un peu fort. Certaines classes de CM1 ou CM2 à Paris intra-muros accueillent dix nationalités avec des jeunes qui à 50 % ne parlent pas un mot de français et ne savent ni lire écrire. On fait quoi, sinon de la garderie ? On voit bien qu’à Trappes, l’enseignement du programme au lycée est impossible. Pas difficile, impossible. Là encore tout est fait pour interdire la rébellion. Alors on fait son métier comme on peut mais on ressent qu’il n’a strictement aucun intérêt : pourquoi professer si vous êtes certains de n’obtenir aucun résultat et que de toute façon tout le monde s’en fout tant que vous ne vous manifestez pas ?

Cette situation se retrouve partout dans les services publics qui sont de plus en plus désertés, notamment par les hommes, qui ne se retrouvent pas dans un exercice sans autonomie, où les décisions sont prises ailleurs et vous sont interdites, où rechercher des résultats est impossible, où tout est englué dans un politiquement correct qui pose des interdits, où exercer vraiment son métier est une source de répression.

La gravité de la situation des services publics français n’est pas tant leur misère financière que dans la perte de moral qui s’est installée puis généralisée partout.

Pour juger de l’effondrement des services publics français il faut d’abord s’intéresser à l’effondrement du moral des meilleurs. Faire le mal est une chose. Décourager du bien en est une autre, bien plus grave.                                                                                                                                                                                      

Catherine Nay : un livre indispensable

"Tu le sais bien, le temps passe" souvenirs souvenirs 2

De toutes les journalistes qui, dans la foulée de Françoise Giroud, « bouchon » pour les intimes, se sont lancées à l’assaut des hommes politiques, Catherine Nay est la plus remarquable. Elle n’a pas choisi comme d’autres de s’attaquer comme maîtresses à des hommes aussi douteux que Mitterrand simplement dans l’espoir d’avoir de hauts postes pour elles-mêmes. Ce côté promotion-canapé a toujours été considéré comme efficace mais vulgaire mais là il prenait une tournure odieuse du fait de l’hypocrisie de dames qui une fois placées se comportaient en dames d'œuvre du socialisme et comme armature d’un camp du bien aussi cupide que parfaitement fantasmagorique. Il est vrai que les hommes politiques sont en général généreux et offrent à leurs maîtresses des cadeaux qui ne leur coûtent rien. De conseiller municipal à maire, voire de député à sénateur, de places diverses dans le privé à de hauts titres dans la fonction publique, ils ont un large choix.  

La belle et distinguée Catherine n’a pas voulu manger de ce pain là et a conservé son métier qu’elle a exercé avec subtilité et finesse dans la durée, tout en créant un foyer sûr et propice à une vie familiale de qualité. Albin Chalandon était au cœur du système sans chercher à en être le chef.  Il était soigné de sa personne et attentif à sa forme. Les deux formèrent un beau ménage et un ménage beau.  

Le journalisme mène à tout à condition d’en sortir, tout le monde sait cela. En choisissant de persister dans sa passion, le chemin de Catherine Nay l’a conduit à des livres qu’on aurait tort de considérer comme légers ou anecdotiques.

J’ai rencontré Catherine Nay une seule fois, dans un avion aujourd’hui disparu mais qui portait la marque du génie français, la Caravelle, sur un trajet Paris-Clermont-Ferrand. La particularité de l’avion est qu’il disposait de six sièges en vis-à-vis, comme dans le train, en première. Nous étions l’un en face de l’autre, ce qui pour moi était l’occasion d’un voyage plus gracieux que d’habitude. En ces temps là il y avait peu de femmes en avion, en semaine, ce qui était plutôt triste mais pas de mioches pleurnichards non plus, ce qui ménageait les nerfs.  Elle venait d’écrire Le Rouge et le Noir, sans doute un des meilleurs livres sur François Mitterrand et à un moment où on n’osait pas tout dire. Avec celui de Péan et l’analyse au vitriol d’Onfray, dans sa comparaison avec De Gaulle, il forme une trilogie qui ne laisse rien de caché de ce qu’est un « pourrisseur de première », selon l’expression d’Alexandre Sanguinetti.  Peu avant l'atterrissage, je lui glissais un petit mot : « Toutes vos observations très négatives sur le personnage sont justes, mais vous n’oserez jamais dire qu’il écrit comme un cochon !».  Le comité des thuriféraires de Mitterrand a fait publier sur fonds publics les lettres amoureuses du sieur à Catherine Langeais, la bobonne du petit écran des années RTF. Ceux qui y jetteront un œil comprendront ce que je veux dire. Juste avant de descendre l’avion, la délicieuse ouvrit le billet. Un froissement de la joue, pour une esquisse de sourire, et une œillade millimétrique signèrent la fin de la lecture, avant de disparaître. Du grand art. Une Française de classe comme on n’en trouve de moins en moins.

Il faut absolument lire « Tu le sais bien, le temps passe. Souvenirs, souvenirs » dont le tome 2 vient de sortir. D’abord pour la photo. Yeux baissés, figure hiératique, attitude perdue dans le passé. Une fois de plus du grand art.

Mais surtout pour le contenu. Catherine Nay a tout vu et a tout entendu. Et a tout jugé. Et comme il le fallait.  Pour ceux que le destin de la France intéresse, les années 1990 restent le moment du grand tournant. C’est l’époque où même pour le plus humble des observateurs la France va sombrer dans le déclin irrémédiable. La crise mondiale de 72-73, la plus sévère à l'époque depuis celle de 1929 signe définitivement et explicitement le caractère détestable des changes flottants. La question de l’Europe devient critique avec un choix mortel proposé à la France d’entrer dans la financiarisation excessive, les échanges déséquilibrées, les contraintes mortelles de Maastricht. Il devient possible de sortir du socialisme ruineux accepté par inconscience par les Français. L’élection de Jacques Chirac aurait dû être le moment du grand redressement et du rétablissement d’une France conforme à l’espoir gaulliste. Ce sera tout l’inverse. La France sombrera et nous vivons encore sous l’eau depuis cette descente aux enfers.

L’énarchie compassionnelle, à l'extérieur et ruinée par les conflits de personnes, à l’intérieur, est au pouvoir. On va voir ce qu’on va voir. Les hommes clés de la période sont tous énarques : Chirac, Juppé, Seguin, Rocard, Jospin, avec un froufroutement de jeunes énarques dans les alentours. La génération des gaullistes historiques a totalement disparue. Le communisme s’est effondré. Que vont-ils faire ? Effondrer le pays pour des lustres.

Le livre de Catherine Nay est fondamental parce qu’il montre les ressorts humains de cette déchéance. Ce panier d’énarques est un panier de crabes et il n’a pas mis le destin français en tête de ses préoccupations.  Il est frappant de constater que toutes les personnes citées sont des hommes mal finis. On retrouvera cette caractéristique avec Hollande et Macron. Chirac ne s’aime pas et ne sait pas trop où il est. Juppé est structurellement aigri et ne parvient pas à un équilibre rayonnant, alors qu’il avait tout pour réussir aussi son développement personnel. Ne parlons pas de Seguin, le prototype de l’homme émotif et intelligent, pathétiquement en manque d’affection et qui doute de lui. Rocard n’a jamais réussi à tuer le père. Il reste le « fils de », protégé, qui fait semblant d’être un vrai révolutionnaire et qui en bafouille. Jospin ne s’est jamais remis de la collaboration de son père, au nom d’un pacifisme déplacé. Je l’ai connu au début des années soixante, avec ses deux copains Allègre et le mari communiste braillard d’une de mes amis d’enfance. Il vomissait le bourgeois à gros bouillon et croyait en Krasucki tout en étant trotskiste caché. Plus personne ne sait qui est Krasucki.Jospin voudra laisser son nom à gauche avec les 35 heures. Il signera le déclassement définitif de la classe ouvrière française et finira avec un bel appartement, rive gauche, rue du Regard et une maison sur l’île de ré. Plus bourgeois et plus antisocial tu meurs !

Le grand mérite du livre de Catherine Nay est de montrer ce petit milieu en action et comment il va tout gâcher.  Il y a eu trois moments énarchiques de destruction du pays : le couple Chirac-Giscard, la période dont on parle et la période Macron.  Ce continuum de la déroute française est entièrement contenu dans le vase clos des conflits d’énarques hautains et incertains, au sommet dans la carrière et au plus bas du problématique dans la personnalité. Il est aussi important de comprendre les ressorts psychologiques en action que décrit le belle Catherine, que d’en faire une analyse technique, économique ou politique.

Nous-mêmes, avec ceux qui deviendront les piliers du Cercle des économistes e-toile, avant d’etre gagnés par l’âge, nous nous sommes mobilisés dès 1997 pour combattre l’effet des erreurs de ce groupe funeste sur l’avenir français. Nous avons voulu attirer l’attention sur les méfaits des changes flottants et la certitude d’une crise majeure, que nous avons prévu pour 2008 et qui a bien eu lieu, sur l’erreur d’organisation de l’Euroland qui lui donnait un caractère récessioniste et nous eurent la sur-crise de 2011- 2012. Nous avons prévenu que l’entrée de la Chine dans l’OMC viderait la France de son industrie, ce que personne ne nie plus. En interne nous dénoncions un état obèse qui déjà fin 90 ne marchait plus. L’école était déjà par terre, la justice effondrée, les services extérieurs en lambeaux, l’armée réduite aux bouts de ficelles, la natalité par terre. Il y a 25 ans ! Rien de nouveau. Dette et impôts, associés à la bureaucratie et aux transferts sociaux démesurés et autres cadeaux, comme la retraite à 60 ans et la durée de travail à 35 heures, désarmaient la compétitivité française.

Le livre qui va sortir incessamment d’Agnès Verdier-Molinié, Le vrai État de la France, fait un tableau ravageur de la situation ravagée de l’économie et de l’état français. Ce n’est que la suite d’un tableau qui pouvait déjà être fait à la fin de la décennie 90.

La clef de cette déchéance est finalement la prise de pouvoir en France par une caste énarchique, étatiste et socialisante, de Giscard à Macron, qui a tué le pays en cinquante ans. Ne pas comprendre que la première mesure institutionnelle à mettre en œuvre est de créer un mur solide entre la haute administration et la politique, est se condamner à ne rien comprendre aux causes de la déchéance française.

Petit voyage au coeur de la grande désinformation

Nous vivons dans un cadre d’information très construit et filtré afin que nous n’ayons pas de mauvaises pensées. « L’opinion publique » n’est pas le fruit d’une réflexion publique ouverte mais le fond de panier purifié de ce que des forces dominantes imposent là où se dispensent la formation et l’information : les médias, l’édition, l’école, l’état, la justice, les associations, les superstructures internationales. La réalité est celle que désigne le doigt des médias. Le reste est caché ou ne peut être cité qu’associé à une prophylaxie particulièrement sévère.

Cette situation peu conforme avec notre volonté d’être le pays de la liberté de pensée est une invitation à prendre un bout de fil de l’information sensible et de le tirer doucement pour voir où il nous mène.

Au détour d’un livre, je lis :

« Quand en février 2008, l’archevêque chaldéen Paulos Faraj Rahho interrompit le payement de la rançon (jizya) en échange de la sécurité de sa communauté, il fut enlevé et son chauffeur tué. Deux semaines plus tard son corps fut retrouvé près de Ninive. On sut alors que tous les Chrétiens irakiens devaient obligatoirement payer pour leur sécurité conformément à la loi coranique (Cor.9.29). [] Son exécution fut un simple fait divers de la dhimmitude ».

Les pays musulmans, y compris l’IRAK de Hussein qui était considéré comme partiellement laïc, ont continué à pratiquer toutes les atteintes possibles aux droits de l’homme en conformité à la doctrine de Mahomet, sans aucun frein ni aucune condamnation des milieux où « les droits humains » sont censés prévaloir. Droits humains : quelle expression hideuse, copiée de l’américain ! Il y a des restes humains mais pas de droits éponymes, ou alors il s’agit de reliefs.

Lorsque vous lisez cette simple information, qui n’a été ni relayée en son temps par l’Agence France Presse, ni commentée dans les médias, vous réalisez qu’aujourd’hui encore le statut de dhimmi est imposé aux juifs et chrétiens d’Orient, information que personne au grand jamais n'osera commenter dans les médias français. Vous vous interrogez : imaginons que nous imposions le statut de « dhimmi » (le droit de vivre sans conversion contre rançon) à tous les musulmans en France ! Et que nous parlions de notre extraordinaire obligeance vis-à-vis des tenants de cette religion, aussi aimablement protégés, sous peine de mort et après paiement libératoire, comme le fait l’OCI, l’organisation de la conférence islamique qui représente plus de 50 pays musulmans dans le « dialogue des cultures » qui évoque l’existence en prime d’une charte des droits de l’homme conforme au Coran et qui contient donc la dhimmitude !

Qui sait, en France, qu’aujourd’hui, au Moyen Orient, l’ignominie de la dhimmitude existe encore, au milieu des meurtres, des viols, des affronts divers et des actes répétés de destruction culturelle ? Il est vrai que, pour l’OCI, l’islam ne peut pas être oppresseur puisqu’il tient directement sa loi de la parole de Dieu. Mettriez-vous en doute la sagesse du Dieu tout puissant ? Les droits de Dieu sont nécessairement ceux de l’homme puisque c’est lui qui les a créés ! CQFD !. Les participants au fameux dialogue des cultures se suffisent de ce sophisme.

En revanche, si quelqu’un s’avisait de créer en Europe une servitude particulière pour les musulmans, que d’horreur affichée, que de débordements à prévoir ! Oh, l’infamie ! On avait le socialisme hémiplégique, voici l’islam hémiplégique. Bon sang de gauche ne saurait mentir.

Quiconque a jeté l’œil sur ses contrées asservies par l’islam ne se heurte que trop vite à la destruction continue des populations non-musulmanes et de leur culture qui s’est poursuivie pendant des siècles et perdure aujourd’hui au prix de crimes atroces, continus et massifs. « Dhimmitude markt frei » nous disent subliminalement les musulmans. Nous participons au « dialogue des cultures » avec des organisations internationales musulmanes tout en acceptant que les cultures non musulmanes soient totalement détruites en terre d’Islam pendant les discussions et en constatant le refus absolu d’y appliquer le moindre droit de l’homme. La Charia d’abord. Le bêtise occidentale, on s’en occupe !

Pourquoi évoquer cette histoire ? Elle court partout dans l’actualité, de façon sous-jacente mais avec des émergences. Il suffit de se pencher.

L’institut du monde Arabe a monté une exposition sur le destin des Chrétiens et des juifs dans le monde arabe. Après que le monde musulman se soit indigné à grand tumultede l’islamophobie d’une telle agression anti-islamique, on se rassure chez les organisateurs de pouvoir citer une voix qui a bien dit qu’en effet, les Juifs et les Chrétiens n’avaient peut-être pas été traités de façons si gentilles que cela. Ouf ! L’honneur de Jack Lang est sauf. Les candidats Zemmour et Pécresse ont fait tous les deux un tour en Arménie qui vient de se voir arracher une partie de son sol historique, le haut Karabakh, au prix de milliers de morts. Le statut de dhimmi est revenu dans cette contrées chrétiennes historiques. 

Plusieurs livres de femmes qui proviennent d’Orient et pensent avoir des choses précises à dire sur le rapport entre Occident et Islam, viennent de sortir dans des conditions difficiles en France, sans publicité ni écho. « L’Europe et le spectre du Califat » de Bat Ye’or, aux Provinciales, en est un. L’autre est « Soumise » de Sonya Zadig à L’Harmattan.

Ce dernier livre montre la véritable glue qu’est le narratif de l’islam qui a fait de la contrainte sociale violente et facilement mortelle la base de son mode d’action, avec une inversion presque totale du sens des mots européens : l’asservissement est la liberté ; l’islam est la vérité même quand le mensonge est patent. Exemple : pour les penseurs musulmans l’islam préexistait à la judéité et tout effort d’archéologie qui prouve le contraire est une entreprise criminelle ; toutes les terres appartiennent au Dieu de l’Islam et si elles sont dans des mains impures c’est à la suite d’une colonisation. En colonisant l’Occident le monde musulman rentre chez lui et les mécréants doivent être chassés comme des colonisateurs.

Décoloniser c’est donc permettre la (re)colonisation musulmane de l’Europe, les Européens n’y étant pas chez eux. Tout reconquête d'un pays contre l'envahissement musulman est une réaction colonialiste : « une fois revenu chez lui » le musulman ne doit pas en être chassé, au prétexte que les mécréants seraient « chez eux ». La violence contre l’Occident est donc tout à fait légitime. L’assassin de Samuel Paty sera honoré partout dans les pays d’islam. Aucun ne fait la distinction entre islamique et islamiste, une nuance qui n’a pas de véritable sens dans le monde musulman. La ruse est possible si on n’a pas le rapport de force avec soi. Il n’y a pas de « territoires perdus de la république », seulement des musulmans chez eux, enfin de retour et qui tiennent en respect les infidèles et les mécréants après avoir installé la charia et ses règles si nécessaires, par la violence du quotidien. On ne peut pas déradicaliser les jeunes musulmans. Cela n’a pas de sens. Sonya Zadig se demande même si on peut un jour se purger entièrement du narratif musulman tellement il est collant et impose une soumission de tous les instants. Le lourd crétin qu'était Harlem Désir prévoyait que l’Education Nationale extirperait l’islam moyenâgeux des petites têtes pas blondes. L’islam a détruit partiellement l’école publique. On comprend mieux pourquoi en lisant Sonya Zadig.

Le livre de Bat Ye’or est pire encore. Il cherche à montrer que la politique de l’Union Européenne vis-à-vis de l’OCI (organisation de la conférence islamique) est une capitulation en rase campagne, une illusion qui la fait collaborer au projet des Frères Musulmans et que cette attitude collaborationniste unilatérale  est la source de malheurs publics qui ne s’arrêteront plus.

Là, une petite sonnette retentit : un commissaire européen, n’a-t-il pas proposé qu’on ne parle plus de Noël « pour ne pas blesser les musulmans ». « Le 26 octobre dernier, Helena Dali, commissaire chargée de l'Égalité, pose avec une brochure à la main. En légende, l'ancienne députée travailliste élue à Malte se dit "fière" de présenter ce document, un ensemble de "lignes directrices" proposées par la Commission européenne pour une "communication inclusive".

Parlez en termes chrétiens en Europe serait attentatoire à la dignité des musulmans et pour éviter de faire traiter d’islamophobe, il faudrait bannir ce vocabulaire. L’islamo-dépendance, appelée islamo gauchisme n’est pas une spécificité française. On voit au passage le bénéfice du terme phobie pour l’OCI. C’est au nom de la lutte contre l'islamophobie et le respect des minorités que cette organisation exige un programme d’ouverture totale des frontières européennes aux musulmans, de fourniture de leur logement, de leur soutien financier ad perpetuam, de la construction de mosquées immenses, de la levée des contraintes sur les minarets, de l’obligation de ne pas réprimer la juste revendication de la charia etc. On découvre alors que l’Union Européenne est le cheval de Troie de l’invasion musulmane en Europe, en association avec l’ONU où l’Occident et minoritaire ! La même méthode « top down » que pour l’écologie mensongère et violente, ou le transfert en Chine de l’industrie occidentale.

Alors vous recherchez Bat Ye’or sur Wikipedia et là aussitôt une alerte est donnée : attention personnage dangereux à prendre avec des pincettes. La « reductio ad hitlerum » et aux pensées nauséabondes apparaît dès la fin de la présentation initiale : « Ses thèses académiques sur l'islamisation de l'Europe, connaissent un écho dans l'extrême droite ». Ailleurs on la présente comme porteuse d’une vision « néo-lacrymale » de l’expulsion et des massacres de juifs au Moyen orient. Imaginons que quelqu’un parle d’une vision néo-lacrymale de la Shoah ! On n’a pas le droit avec les massacres nazis, mais les massacres au nom de l’islam ne méritent pas la même considération.

Crime des crimes, Bat Ye’or elle ne considère pas le statut de dhimmi comme une glorieuse tradition musulmane qui prouve l’extrême générosité du prophète. C’est que la classe des spécialistes du monde musulman à l’Université et jusqu’à ses ruisseaux de province les plus médiocres, comme à Rennes, considèrent cette civilisation comme purement et simplement merveilleuse et quiconque dit le contraire doit être viré de la « communauté académique ».

Toc-toc : souvenir ! Cette bande de Savonarole immondes s’était déjà manifestée en masse lors de l’affaire d’Aristote au Mont St Michel. Une coalition des abjects s’en était pris à Sylvain Gouguenheim qui avait osé remettre en cause un dogme sacré : la culture grecque nous avait été transmise par les musulmans. Traîné de pilori en pilori sous les demandes de renvoi de tous ses postes officiels, déclarés infréquentable et impubliable, le malheureux a fini par être détruit par ce qu’il faut bien appeler une bande de salopards. Il faudra le livre de Michel Onfray, Autodafés, les Presses de la Cité, pour rappeler l’ignominie de cette chasse à l’homme en meute.

Il n’y a pas si longtemps Mme Duval, Ministre, avait lancé une étude sur l’islamo-gauchisme à l’université, après un incident survenu une fois de plus dans une succursale de Sciences-Po, transformée en poubelle islamogauchiste et Woke (on dira « islamogaichiste » pour faire court, comme chez les Verts parisiens, dont beaucoup cumulent l’homosexualité, l’islamisme et le gauchisme) après la gestion folle de l’effarant Monsieur Descoings. La bande excitée des directeurs d’université se fendra d’un communiqué ordurier. Le CNRS refusera de réaliser l’étude commandée. Macron s’écrasera comme une crêpe. Et le professeur mis sur pilori sera destitué car il avait osé répondre aux questions que lui posait la Presse. Il parait que nous avons un président de la République et un gouvernement.

Il est vrai que ce francophobe véritable et enraciné dans une haine aussi tenace qu’extrême, devenu président d’un pays qu’il juge avec mépris et qu’il condamne en permanence en l’humiliant de l’étranger devant des pouvoirs criminels coupables d’immenses massacres récents contre leurs propres populations, a donné les ordres pour laisser filer. De repentances en affirmations dévalorisantes, de divulgations historiques prématurées destinées à servir notre humiliation en commémoration de nos ennemis, sans autre contrepartie que se propre satisfaction psychologique maladive, cette homme prétend assurer sa réélection sur les masses musulmanes intégrées superficiellement à la nation, ces Français de papier qui se considèrent toujours membres de leur nation de d'origine et n’ont que mépris pour les "Kouffars" et les traîtres musulmans qui collaborent avec lui. .

Voilà comment en tirant sur un petit fil au nom imprononçable, le dhimmi, on finit par nager dans la bassine française de l’ignominie institutionnalisée. La pensée dominante est abjecte, ici et maintenant.

Alors, j’ai lu avec avidité le livre de Bat Ye’or. Je l’ai fait avec pas mal de mérite car l’auteur n’est pas Chateaubriand. Elle est d’abord une militante de l’état d’Israël et une fervente antigaulliste. Elle ne comprend pas comment De Gaulle a pu recommander à Golda Meir de ne pas s’engager dans une guerre préventive d’annexion et d'élargissement du son espace vital « qui durera cent ans ». Israël a fini par obtenir des accords avec de nombreux pays arabes et une normalisation des relations diplomatiques grâce à une politique de force constante. L’annexion de toute la Palestine et du Golan continue sans aucun frein. Jérusalem est devenue sa capitale. Les Palestiniens ne sont plus guère qu’une force d’agression subventionnée par l’Iran. Mais l’Iran commence à être contestée de l’intérieur par son peuple sacrifié à une quête religieuse de conquête et par l’Arabie Saoudite et les autres forces qui veulent l’empêcher de devenir dominante.

Bat Ye’or ne comprend pas que l’Union Européenne ne soit pas l’alliée naturelle d’Israël dans cette affaire ni pourquoi depuis les attentats de Munich, certains pays ont passé honteusement des accords permettant aux terroristes musulmans de séjourner chez eu, par exemple en Italie, sans poursuite. Ce serait mentir que d’affirmer qu’on puisse partager sans réserve tout ce qui est écrit.

Mais sa lucidité nous éclaire. Dialogue des cultures oui. Soumission et illusion non. Elle donne trop d’exemples de soumissions pures et simples pour que nous ne soyons pas alertés.

Lorsqu’un pays s’effondre, et la France ne s’effondre pas seulement dans le domaine économique, médical, énergtique et culturel, on trouve toujours des auxiliaires de la chute. Les Communistes disaient que le capitalisme financerait la corde qui le pendrait. Ils se sont effondrés avant. Parler de paradis sur terre en y créant l’enfer n’est pas durable. Parler du paradis dans les cieux en créant l’enfer sur terre est bien plus astucieux. Et nous avons les mêmes « collabos » qui sont au cœur même du réacteur de la pensée dominante dispensée en France dans les médias et à l’école.

En tirant le petit fil de la dhimmitude, une ignominie encore en place devant nos yeux et que nous refusons de regarder en face, nous avons vu arriver la cordelette, puis la corde, puis le filin, puis la chaîne et enfin l’énorme paquebot de nos renoncements à la liberté et à notre rôle. Comme pour l’économie déséquilibrée, l’écologie autodestructrice et le Wokisme des piloris et des discriminations, les organisations internationales et les ONG sont à la manœuvre, en particulier autour de l’ONU et au sein de la Commission Européenne, pour pousser à une domination musulmane contraire à nos principes. Mme Dali a voulu montrer que sa montre était bien molle et dégoulinante à l’heure de la pression musulmane. Mais Mme Van der Leyen avait pris la parole es qualité de président de la Commission, sans aucun mandat du conseil, pour se joindre à la meute qui exigeait la démission du vieux président du COJO japonais. Il avait dit « que dans les réunions, les femmes étaient bavardes et en allongeaient la durée ». Un crime infect naturellement contre le genre humain et les droits de même qualificatif. J.K. Rowlings a connu des déchaînements du même type lorsqu’elle n’a vu dans l’humanité que des hommes et des femmes.

Il faut hélas rappeler que les pays musulmans les plus fanatiques regorgent de ressources grâce à la manne pétrolière et gazière. L’argent sert la propagande musulmane en achetant beaucoup de consciences y compris les moins chères, qu’on trouve dans les ONG, les partis, et beaucoup d’échelons de l’université. C’est bien par exemple que V. Pécresse soit passée quelques heures en Arménie, mais qui, dans son parti, reçoit des chèques colossaux de ses liens avec l’Azerbaïdjan ? Le lobbyisme intéressé se porte un peu trop bien en France, ce qui n’améliore pas la qualité et la liberté de l’information.  

On est en train de voter au Parlement européen et bientôt au sein de la Commission, un texte qui vise à imposer aux entreprises, non seulement le respect de la loi, ce qui est le minimum, mais l’obligation de rechercher activement partout dans le monde chez tous les clients, les fournisseurs, au sein de toutes les filiales et succursales, si tous se sont bien montrés « inclusifs » avec les minorités, et ont eu le bon comportement Woke sous toutes les latitudes et longitudes. Le tout, sous la férule des juges européens. Gageons que toutes les exigences des musulmans fanatiques, déguisés en droit-de-l’hommistes version coranique, seront prises en compte : port du voile ; horaire aménagé pour les prières, possibilité de ne pas serrer les mains aux femmes blanches, avantage dans les promotions, non présence de symboles des autres religion, langage inclusif épuré des références culturelles européennes… Ils pourront se retourner contre l’entreprise si on les empêche de faire leur Jihad et de répondre à l’appel de tous les préceptes du Coran. Les entreprises qui viennent de pays qui pratiquent la dhimmitude et l’esclavage seront, elles, laissées tranquilles.

Aucune résistance n’est à attendre du francophobe Emmanuel Macron qui sert platement toutes ces folies et dont l'affirmation selon laquelle la Seine-Saint-Denis serait « la Californie sans la mer » a bien montré la rare pertinence.

Voilà ce qui apparaît lorsqu’on tire une petite ficelle d’information troublante, le meurtre sordide d’un dirigeant religieux non islamique en Irak, sous tutelle américaine, et qu’on fait venir toute la pelote tenue sous le boisseau.

Le rôle de la France est d’abord de défendre les droits de l’homme, les vrais, chez elles, et de faire en sorte que l’Union Européenne et l’ONU en soient le porte-voix. Tous doivent s’adresser au monde musulman en exigeant qu’il applique les règles minimales, dont le dhimmi ne fait pas partie.  S’il ne le veut pas et fait de la discrimination et du crime contre les non musulmans la base de sa pratique, alors il doit être contenu et éventuellement contrebattu. Il ne s’agit pas de réciprocité dans les abandons. Mais Cela veut dire que l’Occident se débarrasse de l’idéologie WOKE qui exige qu’elle se dépouille d’elle-même et ouvre grand la porte, au nom de la défense des minorités, aux manigances coraniques et notamment à ses conséquences démographiques majeures. Le plus difficile pour notre civilisation c’est qu’elle doit lutter dans son sein. Elle a éliminé le communisme. Elle doit se purger en moins de 75 ans du Wokisme. Si elle met autant de temps, en pratiquant la politique du mol édredon,  elle sera devenue musulmane avant la fin du processus, par submersion démographique et absence de défenses nationales, idéologiques et morales.

Pourquoi ne pas réformer le droit de grève

et mettre fin à une exception française délétère ?

La France est à nouveau l’otage des syndicats extrémistes, notamment et pas seulement, l’otage de la CGT. La ville de Marseille est envahie d’ordures. Les conducteurs de trains ont menacé de faire grève pendant les vacances. Les électeurs craignent que le programme Pécresse soit l’occasion de mouvements violents des syndicats de fonctionnaires, parce qu’elle a proposé de trancher dans les effectifs sous contrat public.  Les syndicats pèsent d’un poids excessif sur la politique française.

Madame Thatcher avait osé dire : « je ferais sortir le Royaume-Uni du socialisme ». Parmi les toute-premières mesures bienfaisantes qu’elle a prises, et qui ne sont plus remises en cause, figurent celles qui concernent le droit de grève. Le droit de grève est constitutionnel et depuis longtemps, partout en Occident, mais toutes les grèves ne sont pas licites et acceptables. Une assez grande diversité existe dans le cadrage, mais le cadrage lui-même existe et il est assez ferme.  Sauf au RU d'avant Thatcher et en France, encore aujourd’hui. Nul pays n’avait été aussi loin dans le laxisme que le RU de Wilson, puisque le syndicalisme était la base du mouvement travailliste. Les limitations imposées par Thatcher sont parfaitement démocratiques et justifiées. C’est pour cela qu’elles durent. On les retrouve à peu près partout dans le monde. Sauf en France, le pays de la gréviculture hystérique.

Premier principe : la grève ne peut pas poursuivre d’objectifs politiques.

            Corollaire 1 : une grève ne peut concerner que des revendications propres à l’entreprise.

Corollaire 2 : nul salarié d’une entreprise ne peut compromettre l’image de son entreprise dans des grèves et des manifestations qui ne la concerne pas.

Corollaire 3 : les grèves de solidarité sont interdites.

Corollaire 4 : l’appel à des grèves générales est interdit.

Second principe : une grève ne peut pas avoir un coût supérieur à l’avantage réclamé. En un mot, on ne peut pas ruiner une entreprise ou la nation par des grèves trop longues ou trop fréquentes ou ayant trop de conséquences négatives pour les tiers. Certaines techniques de grève qui limitent à l’extrême le coût pour les grévistes tout en ruinant radicalement l’entreprise ne sont pas tolérables. Un exemple : recourir massivement aux arrêts maladie et abuser du droit de retrait pour bloquer la production tout en étant indemnisé par l’entreprise. Au passage, les médecins et les juges complices doivent voir leur responsabilité recherchée.

Troisième principe : les services publics ne peuvent pas être interrompus par des grèves, quel qu’en soit le motif. De même, les services dépendant principalement d’argent public ne peuvent faire grève que dans des conditions précises et restreintes. Il y a bien longtemps qu’on a compris qu’on ne peut pas mettre des gens à garder un pont et les laisser rançonner ceux qui veulent le traverser.

Quatrième principe : les fonctionnaires, dont l’emploi est garanti, n’ont le droit de grève dans aucune partie de la fonction publique ou des services associés.

Cinquième principe : les exactions syndicales contre les biens et les personnes doivent être empêchées et sanctionnées, avec un pouvoir de décision laissé aux préfets et non aux juges pour stopper immédiatement les actions illicites. Aucune occupation d’usine, aucun vol de matériel ou blocage des entrées n’est acceptable, ni même aucune menace de le faire. L’action préfectorale doit être immédiate pour prévenir et faire cesser ces délits, sans attendre une décision judiciaire. Les sanctions doivent être immédiates et effectives. Les juges ne seront appelés que pour contrôler éventuellement l’action des préfets.

Les lois nouvelles n’ont pas empêché l’exercice du droit de grève au Royaume-Uni et elles ont permis de les pacifier et de concentrer la négociation sur des points précis et, un minimum, raisonnables. On notera que ces règles prévalent depuis des lustres aux États-Unis, en Allemagne, et dans les pays les plus démocratiques du monde.

Alors pourquoi pas en France ?

Pourquoi les politiques considèrent-ils ce sujet fondamental comme tabou ? Ce n’est même pas une question de gauche ou de droite. Les pays socialistes interdisaient toute grève, comme les pays fascistes, dirigés par d’anciens socialistes. Avoir un droit de grève qui s’exerce dans un cadre légal normal n’a rien de choquant. L’anormal c’est de voir qu’à la télévision et dans les radios d’état on présente la mutinerie qui a eu lieu lors d’un voyage du paquebot de France, avec emprisonnement des passagers et détournement du bateau pendant plusieurs jours, comme un haut fait sympathique, qui n’a donné lieu à aucune répression.  L’enseignement gauchiste dispensé dans le parcours scolaire milite dans le même sens. Tout le monde en est venu à considérer comme normal qu’il faille demander en justice l'expulsion des grévistes qui occupent un lieu de travail ou qui bloque un entrepôt.  Aux Etats-Unis, une occupation d’usine provoquerait aussitôt une action de force avec l'expulsion des occupants avec la violence nécessaire et de rudes condamnations… des grévistes.

La France doit revenir à une législation normale de la grève.  Aucun candidat n’a mis cette mesure élémentaire à son programme. Cela mesure la terreur dans les partis de droite d'affronter les dogmes illégitimes du socialisme anti démocratique.

Les services publics à la française, Moloch impuissant et ruineux. Pourquoi ?

La discussion sur la nécessaire compression des effectifs des services publics à la française ne date pas d’hier. Dès la fin des années soixante, certaines voix se lèvent pour constater que les générations d’énarques doivent trouver du boulot et qu’on ouvre chaque année de nouvelles « politiques publiques » exigeant du personnel et des responsables d’unités administratives. C’est le moment par exemple où commence vraiment la colonisation du domaine de la culture par l’état, bien avant que J. Lang n’ouvre les vannes en grand, et que le désir de diriger des entreprises devient très fort. De même l’écologie passe d’une administration purement parisienne à la couverture de tout le territoire. C’est l’époque où des régiments d’énarques montent à l’assaut des partis, à droite puis à gauche, alors que l’entrisme à la tête de conseils municipaux était déjà fort. La santé, l’agriculture, le tourisme, le commerce, les assurances viennent prendre le relais des postes perdus de l’empire français disparu.

La première raison de la création des molochs administratifs en France est l’expansion de l’énarchie, rapidement devenue une « énarchie compassionnelle et bienveillante » qui, « seule désintéressée », se devait de coloniser à peu près tout avec de bonnes intentions. La première mesure pour dégonfler le Moloch, c’est de mettre un frein à la production excessive d’énarques colonisant le politique, l’économique, les bancaires et évidemment une administration de plus en plus pléthorique. Ils ont inventé le numerus clausus pour les médecins. Il faut un numerus clausus pour les énarques.

Tant qu’il était financé par la croissance rapide, ce gonflement ne paraissait pas avoir de conséquences budgétaires graves. Tout va changer avec la crise de 1973-1974. Pour la première fois une crise extérieure très sévère, liée aux changes flottants et une dépendance nouvelle et de longues durées à une énergie chère, provoque la prise de conscience qu’il ne faut pas aller trop loin dans la bureaucratie triomphante. Mais la crise est payée exclusivement par le privé. Les salaires publics rattrapent et doublent les salaires privés massacrés par la récession. Une partie croissante de la population cherche le salut dans la fonction publique et les postes protégés par l’état, notamment en province, où l’industrie faiblit un peu partout, dans les charbonnages, le textile, l’habillement, les chaussures, les jouets et l’électronique. Lip, Boussac, Charbonnage de France, la sidérurgie lorraine, s’effondrent dans les années soixante-dix. On s’attaque au revenu aux chirurgiens et aux architectes, et d’une façon générale aux grands sachants. On crée un numerus clausus pour les médecins. La haute administration triomphe. Elle, elle ne souffre pas, et ses réseaux enflent.

L’instauration d’un régime socialiste par Mitterrand, à l’envers de tous les autres pays, aboutit à une extension généreuse de toutes les politiques publiques avec la promotion d’hommes qui deviendront de véritables satrapes. Surtout Mitterrand promeut une vague d’énarques qui vont faire sauter tous les verrous. Aussitôt la croissance s’évanouit et on est au début du processus de grande stagnation qui fera qu’en 2020 le PIB par tête sera quasiment le même qu’en 1980. La décentralisation provoque un gonflement totalement inconsidéré des effectifs dans les collectivités locales. La dépense publique rejoint puis dépasse la valeur ajoutée du secteur privé.

La crise très dure de 93-94 en France (elle a commencé en 91 aux États Unis et éclaté en 92 au RU) ravage les comptes publics et impose qu’on remette de l’ordre. Mais comment demander aux Énarques qui ont gonflé le Moloch, ne serait-ce que pour avoir des places, de revenir en arrière ? L’énarchie décide qu’il faut priver encore plus « les sachants » de leur pouvoir au profit des managers publics, c’est-à-dire eux. Les médecins perdent le contrôle des hôpitaux, les architectes et les urbanismes le contrôle de l’urbanisme et de la construction. Seule la justice et l’enseignement résistent. Pas trop d’énarques mais des restrictions de moyens drastiques. La litanie des plans Juppé, x ou y, gagne la République, aussitôt contrés par les manifestations et les blocages de la CGT. Pas touche à notre vivier de fonctionnaires et d’agents publics ! En même temps la couverture réglementaire s'accroît partout, chaque secteur économique devant d’abord s’incliner devant sa « tutelle ». Les expressions « qu’en pense la tutelle » ou « que veut la tutelle », se retrouvent partout, de l’urbanisme commercial aux transports, de la construction de logements aux grands travaux, en fait partout. Le jeu c’est : réglementations, taxes et subventions. Même l'artisanat, via les Capeb, se voit chapeauté par l’énarchie et passe sous tutelle. Même la production artistique des peintres et des sculpteurs, désormais dépendante des FRAC, passe sous tutelle, après le théâtre, les maisons de la culture, le cinéma et l’art lyrique.

La crise de 1998 puis celle du début du XXIe siècle vont conforter toutes les tendances. On n’a plus de ressources. Les salaires reculent par rapport à l'étranger ; La France se paupérise. Les énarques commencent à chercher des carrières d’argent hors ou aux confins des emprises de l’état. Ceux qui restent passent leur temps à tenter des réformes pour contrôler l’envol des dépenses. Mais on ne peut pas confier à un énarque, qui a besoin de troupes, des politiques de contrôle en volume des effectifs, sans toucher aux missions. Les énarques ne sont pas des techniciens. Ils contrôleront les techniciens qui seront mis partout en situation difficile. La justice est effondrée dès la fin des années quatre-vingt-dix, comme l’enseignement qui est déjà à genoux, comme la médecine. L’armée fonctionne avec des bouts de ficelles.

Au terme de cette évolution, les énarques ne veulent pas qu’un tiers prenne les commandes présidentielles et cassent leur empire administratif et politique. Ils font un véritable pronunciamiento et portent au pouvoir l’énarque Macron qui gérera la France seule, avec dix copains énarques, 10 milliardaires et quelques beaux jeunes gens à yeux bleus, en ne s’occupant que de son narratif et en se garde bien de faire la moindre réforme touchant l’administration et ses effectifs qui continue à gonfler.

20 ans après les débats du forum du Monde qui portaient, dès 1998, largement sur la déchéance des services publics, tout s’est dégradé. Les comptes publics sont ravagés. La dette est effarante. La fiscalité est hystérique. Les réglementations sont extravagantes. La politique de santé publique est ce qu’on constate. L’enseignement est totalement déclassé (la suppression des mathématiques et la priorité donnée aux minorités agissantes, privent même les grandes écoles de …candidats). Le supérieur est devenu une foire d’empoigne Woke de très mauvaise qualité, pratiquement un mauvais lieu. Les arts sont en perdition. Le cinéma est minable. Le théâtre grotesque. La peinture et la sculpture ont disparu du décor. La place de Paris n’est plus tendance.

Jamais les politiques de dégonflement du Moloch administratif n’ont voulu contenir la demande de services publics. L’inondation de l’immigration pauvre a saturé tous les services concernés. Mais personne n’a réellement bloqué les flux entrants. On a cessé de poursuivre la « petite délinquance », elle a très normalement explosé en nombre. Si tout le monde est noyé c’est largement à cause de ce laxisme. En revanche on a criminalisé beaucoup d’aspects de la vie civile qui ne l’étaient pas, multipliant les besoins judiciaires. La haute administration a vu dans les associations des partenaires actifs et intéressés pour faire gonfler le champ et l’intensité des politiques publiques. Elles se sont énormément développées, souvent en liaison avec un champ réglementaire qui a élargi leurs pouvoirs.

Il va de soi que la réduction du temps de travail et de l’âge de départ à la retraite n’a rien arrangé. Il fallait plus de monde pour faire le même travail… dans le désordre.

On charge souvent l’Europe du crime d’avoir essayé de contenir les déséquilibres globaux en France et finalement d’avoir étouffé les services publics. Disons-le clairement : le Moloch administratif français est une création bien française et ne peut être réduit que par la diminution de la demande d’administration et une adaptation sévère des moyens (ce n’est pas en cachant les services derrière des barrières informatiques qu’on améliore quoi que ce soit).

Ajoutons que l’option socialiste qui a conduit au déclassement économique du pays a fait baisser drastiquement le niveau dans bien des secteurs, les meilleurs quittant la France pour l’étranger.

La spirale du déclin dans l’enseignement est bien connue : si le niveau baisse alors la prochaine génération d’enseignants aura un niveau en baisse etc. La fuite des excellents scientifiques et des bons techniciens est documentée. La grande médecine se fait désormais de plus en plus ailleurs qu’en France.

Conclusion :

Si on veut contrôler les molochs administratifs français, il faut :

-        Sortir du socialisme et chercher le grand redressement

-        Sortir de la maîtrise du politique par la haute administration, en créant une cloison étanche entre politique et haute administration.

-        Sortir de l’élargissement sans fin du champ des politiques publiques

-        Redonner le pouvoir aux sachants tout en créant un contrôle de gestion sérieux et pas nécessairement public.

-        Supprimer le statut de fonctionnaire pour la majorité des postes d’exécution comme ils l’ont fait en Suisse. On ne peut pas réformer un monde d'employés qu’on ne peut pas virer.

-        Casser la folie réglementaire et restreindre l’emprise des associations.

-        Réduire les doublonnages entre mairies, départements, régions, état, Europe.

-        Chercher d’abord à réduire les besoins de politique publique avant de s’attaquer aux moyens.

-        Donner au parlement les moyens d’un contrôle efficace des politiques publiques comme aux États-Unis.

-        Réduire drastiquement les « droits à » surtout constitutionnalisés.

-        Réduire d’abord les impôts et adapter l'appareil bureaucratique au niveau fiscal nécessaire.

-        Créer un plafond d’endettement comme aux États-Unis, qui ne peut être levé que par un vote des deux chambres.

Il est simpliste de se contenter de dire que l’administration a trop de gras et pas assez de muscle. Elle est bien trop musclée sur bien trop de sujets. Et trop paresseuse structurellement également en bien trop d’endroits. C’est pour cela qu’elle étouffe et ruine le pays. Hier les juges lillois proposaient de ne travailler que six heures par jour en dépit des milliers de dossiers en souffrance ! Avec un taux d’absentéisme de 20 % ? S’il y a trop de travail, on ne peut pas travailler c’est bien connu. Quand a-t-on entendu les syndicats de juges exiger qu’on limite la pénalisation de la vie sociale de façon outrancière ? Qu’on limite l’explosion de la demande pénale ? Qu’on simplifie la procédure pénale ? Qu’on sanctionne plus et plus vite les délinquants d’habitude ? Rions ensemble mes bien chers frères en bureaucratie militante !

Dans mon livre Sortir du désastre j’ai donné un exemple vécu du laxisme des procureurs lorsqu’il s’agissait de sanctionner des escrocs d’habitude. Au lieu de bloquer un délinquant dès le départ on le laisse multiplier les escroqueries indéfiniment et après on s’étonne d’être envahi par les dossiers !

Toute la dérive des 50 dernières années se trouve résumée dans la lettre que l’énarque Chirac a envoyée à l’énarque Giscard, pour se partager le pouvoir, dont on ne trouve plus nulle part le texte, longtemps sur internet, et qui est pourtant si révélateur. Il lui proposait de s’entendre entre énarques pour dominer perpétuellement la politique. De mémoire, une des propositions était de se moquer des demandes de réduction du nombre de fonctionnaires et de continuer à renforcer le Moloch !

Hier soir l’énarque Macron, l’hyper narcissique qui ne pense maladivement qu’à son narratif et au destin de sa petite personne, a confirmé qu’il ne fallait surtout rien faire qui touche l'administration et ses effectifs. Giscard, Chirac, Fabius, Rocard, Jospin, Aubry, Villepin, Hollande, Philippe, Castex, Macron… Le Moloch vous salue bien !

La vraie question sur l'avenir de la France

Le meilleur thermomètre pour mesurer les évolutions économiques de long terme est la production intérieure par tête (PIB). La comparaison est un peu délicate car il y a eu un changement de monnaie et une érosion continue de la valeur de chacune des deux monnaies successives. Les spécialistes arrivent facilement à surmonter ce genre de difficulté et les résultats sont sans appel : le PIB par tête est quasiment le même fin 2020 que celui de 1980. Quarante années de stagnation !

Il ne faudrait pas croire qu’il s’agisse d’un constat récent ou établi par des commentateurs approximatifs, marginaux ou contestataires. Par exemple DG Trésor, qui dépends du ministère des Finances publie le 13 juin 2014 une note qui fait le point sur l’évolution des quarante dernières années et qui précise froidement : « la position de la France située en 1975 au-dessus de la moyenne des pays de l'OCDE, est maintenant en-deçà de la plupart des grands pays développés ». Au plus haut sommet de l’Etat on sait parfaitement que la France est en déclassement de longue durée sans que cet état de fait ne provoque la moindre émotion. Personne n’en tire la conclusion qu’une urgence politique s’impose pour mettre fin à cet effondrement relatif. Sans surprise, la situation depuis n’a fait que se dégrader. La France s’enfonce.

L’hebdomadaire Marianne a effectué les calculs pour certaines catégories d’enseignants et est parvenu à des résultats pires encore : leur revenu a baissé ! Stagnation générale, recul par rapport aux autres nations et paupérisations absolues catégorielles forment l’histoire économique récente. Toutes les catégories professionnelles, et pas seulement les infirmières et les enseignants, constatent que la rémunération en France est moindre qu’en Allemagne, qu’en Suisse, qu’aux États-Unis, qu’en Grande Bretagne… Les Français ont voulu connaître une expérience socialiste à rebours du monde entier. Le coût de cette lubie a été démesuré. Pendant ces quarante années les économies ont continué à croître dans les pays correctement gérés. Nous sommes désormais au 29e rang mondial pour le PIB par habitant à 43 551 dollars, selon le classement du FMI. La Suisse est passée de 20 000 dollars en 1980 à 86 000 dollars aujourd’hui, soit plus de 400 % de hausse, et un résultat final exactement le double de la France ! Ne parlons pas du Luxembourg qui a atteint 109 192 dollars. Nous sommes dépassés par presque tout le monde en Europe : l’Allemagne, la Grande Bretagne, la Suède, la Finlande, les Pays bas, l’Irlande, la Belgique… L’expérience socialiste prolongée nous a conduits à un terrible déclassement qu’il est impossible désormais d’occulter, de nier, de minimiser et dont il est impossible de s’exonérer.

 L’année 1980, base de notre comparaison, était particulièrement difficile. Toute la décennie précédente avait été marquée par les conséquences du désordre monétaire international provoqué par la politique américaine et notamment sa conséquence sur les coûts pétroliers. Un second choc pétrolier avait été subi deux ans avant. La situation s’était tellement dégradée que Raymond barre avait été appelé pour faire face à un déficit du budget de 15 milliards de francs, un déficit du commerce extérieur de 10 milliards et un besoin d’endettement de 15 milliards. En se comparant à l’année 1980, on prend un point bas de l’histoire économique récente. Qu’on soit resté aussi bas est consternant.

Comme Pierre Antoine Delhommais en fait la remarque malicieuse dans le Point du 18 novembre 2021, le déficit du budget actuel de la France est de 197 milliards d’euros, celui de la balance commerciale de 90, et le besoin de financement par la dette de plus de 200 milliards. Ceux qui veulent vraiment se rendre compte de la dérive, peuvent convertir en francs les déficits actuels (il suffit de multiplier par 6,55957) et les comparer à la situation que voulait corriger Raymond Barre. Attention au vertige !

On considérait la situation critique alors que le déficit était à 1.8 % du PIB, contre 8.4 % aujourd’hui, la dette à 16 % du PIB contre 110 %, le chômage à 3.8 % contre 8 %. Et M. Macron aurait le droit de se présenter en triomphateur qui a remis la France sur pied ? Alors qu’on est au fond du trou ?

Oui les quarante années qui ont suivi la mise en place du programme commun de gouvernement qui a assuré le destin électoral de François Mitterrand, constamment aggravé ultérieurement par les gouvernements Mauroy, Rocard, Jospin, Ayrault, Valls, Philippe et Castex, ont été un véritable désastre. Les gouvernements de droite, arrivés au pouvoir en général dans la foulée d’une récession mondiale, comme Balladur, Juppé et Raffarin, n’ont eu ni la latitude ni souvent le courage de lancer une politique difficile de grand redressement, alors que le corps social était ballotté par les crises successives et rétif. Le gouvernement de cohabitation dirigé par Jacques Chirac de 1986 à 1988 est le seul à avoir tenté d’enrayer la chute. Mitterrand sera réélu. L’opportunisme électoral voudra, au sein des dirigeants de tous bords, qu’on ne se batte plus contre une opinion publique dirigée par une idéologie néfaste mais dominante et que l’on cherche à l’étranger, par la construction européenne renforcée, le moyen d’éviter les conséquences les plus délétères pour les grandes entreprises. On ajoutera la perte de souveraineté et de la fierté nationale au déclin économique et social.

Le déclassement économique est indiscutablement une composante majeure du malheur français tel que l’a examiné brillamment Marcel Gauchet d’une façon plus globale et auquel il a consacré deux ouvrages qui font l’unanimité aujourd’hui parmi les élites et s’impose comme la caractéristique nationale principale.

Triste réalité : ce malheur français a été voulu avec un certain acharnement par les Français eux-mêmes.

Les Français montrent désormais par des signes nombreux qu’ils ont compris le déclassement économique que la France a subi depuis la victoire de l’Union de la gauche en 1981. Les ouvriers ont déserté aussi bien le parti communiste que le parti socialiste. Ce dernier le lui a bien rendu en ne s’intéressant plus qu’aux fonctionnaires, aux populations immigrées et aux folies de nouvelles radicalités totalitaires, violentes, masochistes et autodestructrices. Les jacqueries des Bonnets rouges puis des Gilets jaunes ont montré qu’il ne fallait pas aller trop loin dans les contraintes à imposer à des populations paupérisées.

La France, aujourd’hui, veut que la descente aux enfers s’arrête et se cabre devant une idéologie dominante dans les médias qui reste figée dans les dogmes du socialisme de 1980. Mais, au-delà de la crispation déclarée « populiste » par les élites médiatiques, comment faire alors qu’un alarmisme écologique extrême pousse à des amputations drastiques des moyens de la croissance ? Comment éviter un malheur économique sans fin ?

Telle est la vraie question posée aux électeurs pour cette nouvelle élection présidentielle.

Architecture, énarchite et bureaucratie délirante

À l’heure où la ville de Paris détruit la seule place construite à Paris depuis 40 ans, avec la volonté de construire une vraie place, ce qui devrait mobiliser la rage de tous les architectes et du ministère de la Culture devant un vandalisme caricatural de Verts minables (les fameux Verts de terre) et de leurs auxiliaires socialistes et communistes qui détruisent la capitale, que font donc ensemble l’ordre des architectes et le ministère ?

Notons que l’ordre a été créé par Pétain pour que l’administration dispose d’un « fascio » et encadre la profession, comme il a été fait pour toutes les professions autrefois dites libérales. L’ordre des médecins et ses petits politiciens professionnels se signalent en ce moment même par des actions grotesques et hideuses contre le professeur Raoult. Le ministre de la Justice lui poursuit de sa hargne le conseiller Prats qui a écrit deux livres pour dénoncer le gaspillage et le pillage de la sécurité sociale, au nom du devoir de réserve. Il s’agit toujours de la même préoccupation pétainiste : encadrer tout le monde pour sanctionner toute attitude contraire au narratif gouvernemental.

Ne soyons donc pas surpris que le conseil national de l’ordre des architectes crie au triomphe pour avoir créé, avec la caution de Mme Bachelot, vieux cachalot de la politique spectacle pas drôle, un nouvel observatoire. Cela fait des lustres que la création d’observatoires à tire-larigot est dénoncée comme la marque d’une bureaucratisation gaspilleuse et inutile. Il y en a des centaines dont beaucoup ont cessé leurs « activités ».

Nous voici donc avec un observatoire. Pour quoi faire ?

« l'Observatoire de l'économie de l'architecture, lancé le 16 novembre aura notamment pour mission d'éclairer les zones d'ombre de la profession, en particulier concernant les architectes qui ne sont pas inscrits à l'Ordre mais qui exercent l'architecture ou des métiers "connexes". Les pouvoirs publics et la profession veulent en savoir plus sur le métier d'architecte et l'économie de la filière "pour mieux la soutenir et la valoriser". C'est le sens de la création de l'Observatoire de l'économie de l'architecture, lancé officiellement le 16 novembre à la Cité de l'architecture et du patrimoine, à Paris. Agences, administrations, entreprises de la construction, professions libérales, salariés, étudiants, inscrits à l'Ordre et non-inscrits, professions connexes… L'idée est de mieux connaître la profession dans sa diversité, des activités aux modes de travail ».

Les mots sont choisis : zones d’ombre ! Attention les gars, il y a des aliens parmi nous qu’il va falloir chasser. On sera tellement mieux quand on aura saisi la diversité des activités pour la réduire. C’est que l’ordre ne connaît que les inscrits à l’ordre, dont la seule vocation est de tenir le Tableau des « vrais » architectes présentant toutes les garanties d'éligibilité à la fonction, c’est-à-dire en clair, de savoir s’ils sont diplômés et assurés. A-t-on raisonnablement besoin d’un ordre pour savoir qu’un architecte est diplômé et dispose d’une assurance ? Il suffit que le maître d’ouvrage demande les certificats nécessaires comme dans toutes les autres professions. En vérité l’ordre ne sert qu’à donner des postes rémunérés à des architectes sans talent qui trouvent dans la politique le moyen d’obtenir un peu d’argent et pouvoirs. Pour obtenir des moyens, ils pillent la profession et ouvrent des services qui seraient assurés mille fois mieux par d’autres. Ce qu’ils ne peuvent même pas empêcher. Du coup, l’ordre est marginalisé et cela l’embête. Alors il se retourne vers l’État pour obtenir des moyens de contrôle. En avant dans l’imbécillité coûteuse d’un observatoire public qui a pour unique but, non pas de valoriser la filière, mais d’obtenir des réglementations corporatistes de la « tutelle ».

Ladite tutelle cède parce que cela justifie son rôle et que cela calme des architectes à qui on a fait tout subir pour qu’on se passe d’eux, au prétexte de faire des économies. Giscard a été le roi de la bureaucratisation, ruine, exclusion de la profession d'architectes. L’ouverture à l’Europe a achevé le travail. Du maître d'œuvre au concepteur et à l’entreprise, l’ouverture aux autres a tout balayé, reléguant les doctrines pétainistes et leurs institutions dans la virtualité.

La démagogie qui a régné après mai 1968 fait que le « partage de la commande » est devenu l’objectif démagogique des politiciens de la profession. Du coup la profession se ruine en concours pour tout et rien. L’obligation de concours renchérissant les coûts, les hauts fonctionnaires ont décidé de contourner l’affaire. Ils ont inventé pour cela le MAPA, un dispositif qui permet de contourner les règles du marché public. Pour ceux qui veulent apprécier la splendeur bureaucratique de la « procédure adaptée », qu’ils consultent les sites suivants :

http://www.marche-public.fr/Marches-publics/Definitions/Entrees/procedure-adaptee.htm

MAPA - Marchés passés selon la procédure adaptée ! Lien pour télécharger : le CMP, le CCP 2021, les 6 CCAG, le CCTG, les DC1, DC2, ATTRI1 (Ex DC3), ATTRI2, DC4,...

C’est tellement fou que cela devient drôle.

Le résultat : virer l’architecte en passant directement le marché à une entreprise qui verra bien s’il en faut un et pour quoi faire. En général elle s’en passe et utilise ses propres bureaux, sauf quand il faut une signature pour des plans et une négociation de permis compliquée. Et pour cela elle a ses architectes salariés…

L’architecte libéral français comme le « mandarin » médical ont été l’objet, dans la foulée de mai 1968, d’une destruction fiscale et administrative dont on voit les résultats et dans le secteur de la médecine, dont la bureaucratisation et l’étiolement sont désormais bien connus (sans que rien ne soit fait par les énarques qui nous gouvernent pour revenir un tant soit peu en arrière) et dans le mépris quotidien pour la création architecturale. La destruction de la place de Catalogne dans le silence général en est le plus parfait exemple. Un bon architecte aujourd’hui est un laquais grotesque qui met des feuillages sur ces façades et des jardins sur la terrasse faîtière avec une activité pseudo-agricole mais collective. Pour le reste on fait appel à des agences internationales non françaises par snobisme.

Ajoutons que le localisme débile des collectivités locales les a conduits à privilégier les nullités sauf dans les grosses affaires en général génératrices de grosses filouteries et prévarications.

Alors la vie architecturale n’a pu se développer dans ce milieu hostile qu’en prenant mille formes diverses permettant tout de même de faire quelque chose grâce surtout à l’international avec quelques belles carrières pour des architectes de qualité et nationale pour des architectes faisant en général n’importe quoi pour complaire et ne contrôlant pas une exécution souvent lamentable.

L’ordre pétainiste ne comprend pas ce foisonnement qui blesse sa volonté d’encadrement pour rien. Nous voici donc avec un observatoire. C’est toute la profession foisonnante qui va s’ingénier à sauter les grilles de cet observatoire-là !

Il faut supprimer les ordres pétainistes. Et supprimer la tutelle des hauts fonctionnaires en général parfaitement incultes en matière architecturale et en urbanisme. Quant au ministère de l’inculture crasse politisée et « wokisée », il suffit de voir qui a tenu le poste ces dernières décennies et la disparition de la place de Paris comme centre du monde artistique, pour savoir qu’on peut le transformer en sous-secrétariat aux Beaux-Arts avec bénéfice.

Sélection LR : les aspects regrettables du débat sur BFM

On savait qu’un débat sur BFM balancerait entre l’insipide et l’odieux. La direction de cette chaîne impose un soutien indéfectible à Emmanuel Macron, pour les raisons de gros sous de la maison mère, avec des faux journalistes aboyeurs comme la dénommée Malherbe, qui a fait de son agressivité sélective la forme ultime de son travail de propagande active pour le politiquement correct, sur le modèle France-Inter.

On voyait bien, qu’une fois de plus la seule préoccupation des organisateurs, était de tenter d’amalgamer LR et Zemmour ou Le Pen pour pouvoir classer tout ce petit monde dans l’extrême droite fascisante qui nous ramène aux heures sombres etc. Tout le temps passé à essayer de décoller le sparadrap Zemmour sera autant de gagné pour éviter d’aborder les vrais problèmes.

LR est tout aussi responsable de la situation. Lorsqu’on écoute les concurrents, on voit bien qu’il n’y a que des différences artificielles de « sensibilité » sur les grands problèmes de l’heure et qu’ils sont obligés de forcer le trait pour se distinguer. En revanche « valeurs » et « sensibilité » empêchent de présenter des choix clairs au pays. On croyait en écoutant Christian Jacob qu’un travail de fond excellent et radical avait été fait au sein du parti LR et que le programme LR était là et bien là. Personne n’a vu le début de ce programme commun approfondi dans les débats. Du coup rien de fondamental n’est tranché et sur tous les sujets on a vu que les candidats disant presque pareil mais différemment et que les grandes options qui fâchent étaient prudemment laissées de côté.

Il fallait évidemment que sur les sept ou huit questions fondamentales où les nœuds gordiens sont tellement serrés qu’ils empêchent toute politique sérieuse, LR fasse des conventions thématiques publiques tonitruantes avec, sur chaque sujet une politique tranchée susceptible d’être promue et défendue par tous les candidats potentiels. À raison de 15 jours par grandes questions nationales, les Français auraient pu voir de quel métal était composée l’offre LR et quel avenir ses candidats proposaient aux Français.

Au lieu de cela on voit un concours de beauté, où aucune ligne directrice politique ferme ne se dégage et où aucune des grandes causes du déclassement français n’est abordée à la hauteur nécessaire.

La stagnation de 40 ans imposée à la France par le choix du programme commun et les options internationales que nous subissons n’a fait l'objet d’aucune analyse. Il fallait acter que certains choix gouvernementaux de droite s'accommodant finalement des dérives socialistes, européistes et mondialistes étaient délétères et qu’il fallait désormais revenir à une politique sévère de correction.

Croire que les classes populaires n’ont pas compris que le socialisme conduit à la misère, que l’européisme qui prône l’ouverture aux salariés pauvres des pays de l’est et du sud et à une immigration massive les mettait en difficulté et que le mondialisme qui les expose directement à la concurrence des travailleurs pauvres chinois leur nuisait, est pour le moins un aveuglement.

En ne s’attaquant pas de front à ces trois défis, on se coupe automatiquement des masses populaires et on laisse leur vote à d’autres. Les sondages parlent d’un taux de soutien de 2 à 5 % de LR dans les classes populaires. Dans le monde des fonctionnaires et des associations, le soutien est à peu près du même ordre. Chez les jeunes à qui on n’offre aucune perspective, c’est à peine mieux. Il reste qui ?

LR ne s’en sortira qu’en donnant des preuves qu’il a compris et qu’il a le diagnostic, le pronostic et le traitement.

On n’a entraperçu chez l’un ou chez l’autre des éléments du diagnostic, du pronostic et du traitement, mais si peu et de façon si timide que personne ne sait la politique qui sera suivie avec la force du soutien des militants.

Nous avons un pays dirigé exclusivement par des hauts fonctionnaires qui ont capté la politique, mis sous tutelle tous les « sachants » ayant une compétence professionnelle, en médecine, dans l’enseignement, dans toutes les fonctions régaliennes et créé une bureaucratie effarante et disproportionnée, unique au monde, qui étouffe tout le monde. Jamais des présidents énarques entourés par une bande d’énarques ne toucheront à ce monopole mortifère. La preuve en a été administrée pendant dix ans d’abord par Hollande puis par Macron. Alors on ne propose plus de hauts fonctionnaires comme candidats. Et on explique comment on va redonner du sens aux politiques publiques et du pouvoir aux vrais professionnels disposant d’une capacité technique.

Au lieu de se laisser piéger par un discours inquiétant pour les fonctionnaires en poste, plein de menaces et d’imprécation, il n’est pas trop difficile d’affirmer que les fonctions régaliennes de l’état sont effondrées et qu’elles doivent être restaurées, redonnant du sens à ceux qui choisissent les fonctions d’état, et libérant les autres de tutelles infernales.

Que faut-il à la France dans le domaine sanitaire : réduire à 15 000 au lieu de 18 000 les fonctionnaires catégorie A, à 3 000 euros nets par mois, et fournir du travail à 5 000 infirmières de plus à 2000 euros nets par mois, ou proposer l’inverse ou même maintenir le statu quo ? L’arbitrage est entre les fonctions purement administratives et les fonctions opérationnelles. C’est vrai aussi pour la police, pour la justice, pour l’école, pour l'université, pour l’armée…

Il n’est tout de même pas bien sorcier de réconcilier l’appel urgent de Juvin à sauver l’hôpital public et les services publics en général et le besoin de dégraisser le mammouth, en réduisant la pression fiscale et réglementaire sur le pays.

Le débat sur le pouvoir d'achat a été lamentable avec un concours Lépine de mesures de transfert de charges pour faire apparaître une générosité sociale illusoire. En fait tout le monde est d’accord pour renvoyer les charges sociales sur la CSG, la TVA et l’impôt sur le revenu. Ce qui veut dire qu’on transfère sur ceux qui paient le plus d’impôts la gratuité des soins, les retraites trop longues, les transports indéfiniment allongés, l’habitat social gonflé à mort, et les mille actions financées actuellement par les cotisations patronales et salariales. Du coup la hausse de la pression fiscale devient obligatoire et massive, alors qu’on laisse entendre qu’on va la limiter. Quelle différence avec la politique socialiste de transfert sur les plus actifs et l’impôt de la satisfaction électoraliste de tous les besoins des gens qui espèrent ne pas  gagner leur pain à la sueur de leur front ? Nous sommes bien le dernier pays authentiquement marxiste-léniniste du monde, avec une droite qui se coule dans les raisonnements et pratiques de cette idéologie mortifère !

Aucun auditeur de la séance de sélection d’hier soir ne sortira de là en ayant compris que la France s’est tuée depuis 1981 avec un programme marxiste-léniniste débilitant, une captation de la démocratie par la haute fonction publique et l’envahissement de la bureaucratie.

Aucun électeur n’aura compris ce que LR propose pour en sortir. Emmanuel Macron est exactement sur la même ligne !

Cela vide l’exercice de toute valeur.

Une fois de plus on pourra regretter que LR n’ait pas mis la priorité sur le programme et laisse un simple concours de beauté montrer son insignifiance.

Pour sortir du piège, il faudra que le candidat retenu, quel qu’il soit, reprenne à son compte la question du programme national, soutenu par tous, y compris les alliés de LR, qu’il faut au pays, en acceptant que ses propres conceptions ne soient pas nécessairement prioritaires et en voulant arriver à un consensus sur une politique énergique de grand redressement dans son camp avant de la proposer au pays. Cela peut se faire en trois mois laissant tout le temps nécessaire à un rush électoral final convainquant.

Utinam…

Un commentaire sur le livre "Sortir du Désastre"

Cher Monsieur

Je suis de ceux qui ont commandé votre livre « Sortir du Désastre » lorsque vous avez mis en vente une édition de lancement pour les lecteurs WEB. J’aimerais vous faire part de mes impressions de lecture, près de six mois plus tard, alors que la campagne électorale a commencé et pris les allures que l’on connaît.

Ce qui m’avait surpris à l’époque c’est le mélange entre deux approches. Un aspect personnel fort et très prescriptif, et un aspect étude objective du type : voici le problème ; voilà les solutions possibles ; faites vos choix.

J’avais été assez choqué que livre s’ouvre sur un verbatim de l’action d’Emmanuel Macron qui se terminait par un quasi-diagnostic médical : ce monsieur est à la limite de la dinguerie caractérisée. Vous démontrez qu’elle l’a conduit à ne résoudre aucun problème de fond et à être un pompier pyromane. Tous les grands drames précédant la crise sanitaire ont été, selon vous, une conséquence directe de ses choix malencontreux. La crise sanitaire aura été finalement une chance pour lui. Vous annonciez une suite démagogique majeure en vue des élections, seul objet de son attention. Vous concluiez qu’il était déraisonnable de penser qu’aucun vrai problème ne serait jamais réglé ni avant ni après les élections et que la France sortirait abaissée définitivement d’un nouveau mandat comme Paris sortira détruit du second mandat Hidalgo. Surtout ne pas le renouveler !

Aujourd’hui, je pense que vous avez raison. Tous les livres qui sortent sur Emmanuel Macron décrivent une personnalité maladive sans affect, qui se croit supérieure à tout le monde, qui méprise les Français, qui souhaite dissoudre la France dans la « souveraineté européenne », et qui est uniquement préoccupé de lui-même et de son narratif, suffisant et insuffisant, et finalement sans autre projet que son élévation et sa gloire. Sans doctrine, sans vision, il cherche simplement à durer avant d’atteindre un niveau encore supérieur, probablement la présidence élue de l’Union Européenne qui marquerait le sommet de sa trajectoire. Le livre de Davet et Lhomme, le traître et le Néant, confirme totalement votre diagnostic en partant de centaines d’interviews de politiques. Ce que vous éclairiez uniquement en commentant des décisions et des attitudes effectives de sa courte histoire était confirmé par la quasi-entièreté du milieu politique lui-même.

Je suis désormais d’accord qu’Emmanuel. Macron ne peut ni ne veut nous sortir du désastre. Donc votre chapitre préalable était fondamental et juste. Si Emmanuel Macron avait été efficace et positif, il ne serait pas utile de penser à d’autres options.

Sur chacune des sept grandes politiques qui sont le support fondamental de l’avenir de la nation et de la France, vous avez certes pris soin de faire un état des lieux objectif avant de proposer les solutions possibles. Mais la radicalité des propositions faisait frémir. À chaque fois, vous touchiez un nœud gordien presque impossible à trancher.

Mettre fin à la bureaucratisation suppose de mettre fin à capture du politique par la haute administration travaillant désormais en famille (Exemples Wargon et Parly) et de rendre inéligible les énarques qui peuplent tous les partis. Une mesure raisonnable mais qui suppose que les énarques se fassent Hara-Kiri, ce qui est peu probable.

Vous montrez que le plus grand problème démographique français est la très faible natalité des femmes « d’origine indo-européenne », avec une perte de 400 000 à 500 000 enfants à naître du fait de l’avortement et des méthodes généralisées du planning familial, intégrées dès l’école dans l’esprit des filles. Mais comment dire désormais aux femmes qu’elles doivent prendre en compte dans leur vie personnelle une exigence collective de natalité ?

Vous revenez sur vos analyses habituelles de la déchéance économique industrielle et sociale de la France. Mais le résultat serait un retour à la croissance incompatible avec les obligations serinées sur la réduction des gaz à effet de serre.

Sur l’écologie vous montrez que l’on cache les budgets effarants qu’il faudrait prévoir pour concrétiser les décisions prises et leur caractère irréaliste, sauf à faire de la France un pays totalitaire violentant sa population et le tout pour un résultat climatique insignifiant. Mais l’hystérie écolo a gagné des parties entières de la population et a des effets électoraux certains. Comment agir sans passer aussitôt pour un climatosceptique et en subir l’immédiate proscription ? La peur du « qu’en-dira-t-on » paralyse la pensée et l’action.

Pour la sécurité vous montrez que si on ne change pas de paradigme, en laissant l’administration régler les actes illégaux dès leur commission, la justice n’intervenant qu’en second rideau, l’impuissance est automatique. Cela m’avait paru très dangereux. Là-dessus on applique ce principe pour le squat ! Donc c’est juste une question de généralisation… Il n’y a pas de question de principe.

Pour la justice vous êtes plus original encore en évoquant le mouvement « justicialiste » que vous voulez éradiquer car pour vous c’est la prolongation « du mur des cons » et la fin de la justice. Là vous êtes assez seul. Ce concept de justicialisme n’est pas dans le débat. J’avais également considéré vos développements sur le WOKE comme étranges, car je ne savais rien de ce mouvement qui s’est développé de façon largement occulte. Vous avez été totalement rejoint par les débats en cours et le Wokisme est au centre de féroces diatribes, à juste raison. Le danger est à nos portes et je n’en avais aucunement conscience.

Pour l’Europe vous souhaitez un changement d’orientation, en restant résolument dans une logique de l’Europe des nations et en refusant que ces institutions internationales soient le vecteur des courants actuels de destruction de la culture traditionnelle comme la « cancel culture ». On vient de voir avec l’affaire de la promotion des femmes portant le voile islamique par une institution internationale européenne, le conseil de l’Europe, que ce n’était pas un fantasme.

Votre livre prenait une tonalité « réactionnaire » ou réactionnelle plutôt intense qui me gênait et dont je me disais qu’elle ne serait pas acceptée par la population. Même si ces solutions étaient indispensables pour « sortir du désastre », il ne serait même pas toléré qu’on en parle.

Là-dessus la campagne électorale commence et pratiquement tous les sujets de votre livre font l’objet d’une actualité aussi soudaine que forte, largement à l’initiative d’Éric Zemmour, mais pas seulement. Les Français veulent cette fois-ci un vrai débat présidentiel et ne souhaitent plus que des mesures qui ont été pratiquées en France pendant des décennies soient diabolisées et sorties du débat public.

J’ai donc relu votre livre avec l’éclairage de ce qui s’est passé ces derniers mois et je suis bien obligé de constater que vous avez bien anticipé le besoin de radicalité qui enfle devant l’impuissance des autorités, et l’énervement devant le délire démagogique et électoraliste d’Emmanuel Macron qui littéralement achète le vote des Français à crédit. Je constate la banalisation des projets de durcissement des législations et des mesures sécuritaires, les réserves sur la volonté de l’Europe de dissoudre les nations, une nouvelle volonté de défense de l’Europe contre les entreprises islamistes et multiculturalistes, l’unanimité qui émerge sur la faiblesse des réformes économiques entreprises, la montée irrépressible de la contestation des éoliennes et le retour en grâce du nucléaire, le renouveau des exigences sur la préférence française pour les aides à la natalité et la solidarité nationale. Tout ce qui avait été banni des débats y est revenu ou est en train de le faire.

Votre livre montre une belle anticipation des débats actuels et n’est finalement pas transgressif. On revient en fait à une normalité qui a longtemps prévalu en France et qui ne sent prisonnier d’aucun tabou dès lors que bien des mesures ont été de règles pendant longtemps et que les nouveautés proposées concernent des domaines où le contexte est très différent d’hier, qu’il s’agisse du numérique ou de la perte de sens d’institution comme le droit des réfugiés. Je ne saurais trop conseiller aux candidats à la candidature de LR d’en tenir compte, s’ils veulent répondre aux interrogations actuelles de l’opinion française majoritaire.

Ce que l’on peut constater aujourd’hui, c’est une remontée du refoulé et une libération de la parole, avec des Français qui veulent que les discours publics deviennent à nouveau jointifs avec leur propre expérience vécue et débouchent sur de vraies solutions. Je suppose que le mélange de synthèse générale et de témoignages vécus avait ce rôle dans votre livre. Les Français sont totalement découragés et écœurés. Partout on ne parle que de partir et beaucoup l’ont déjà fait. Vous vouliez redonner la force d’agir et d’influencer, tout en aidant les partis à « oser la vérité » au lieu d’avoir peur de tout et surtout de passer pour des extrémistes de droite. Je suis avec vous dans cet effort.

La période électorale n’a pas encore développé sa vérité. Ce qui est sûr, c’est que toutes les problématiques fondamentales et les choix à faire sont dans votre livre.

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François Lemercier

Le très révélateur rapport écolo de RTE

La question du coût de la conversion énergétique au tout électrique de l’automobile n’est pas très complexe.

Nous en connaissons presque tous les paramètres.

Le parc : 55 000 000 millions de voitures. Prix moyen d’une voiture électrique de puissance moyenne répliquant la structure du parc actuel : 40 000 euros. Coût de la conversion : 2 200 milliards d’euros

La consommation de carburant : 50 millions de m3 ; 50 milliards de litres. Énergie d’un litre : 10 kWh.

Énergie électrique à produire pour le même usage de la voiture : 500 milliards de kwh.

Pertes en ligne entre éoliennes et lieu d’utilisation : 5 %

Production primaire d’électricité à prévoir : 500 milliards de kwh

Capacité d’énergie pilotable pour compenser l’intermittence des éoliennes : 500 Twh.

Nombre de points de recharge :

Privés : 34 millions

Publics : 16 millions

Prix d’un point de recharge : 9 000 euros si pas puissants 40 000 si puissants. Coût : 800 milliards d’euros.

Réseau de transport : doit se connecter à toutes les éoliennes en allongeant démesurement le cablage vu la dispersion et doubler la quantité d’énergie transportée par rapport au réseau actuel. Coût 1 000 milliards euros (chiffres RTE).

Triplement de la capacité de production électrique : nucléaire ou renouvelable. Les chiffres ont été donnés par la cour des comptes :

Les montants calculés avec précision concernent les coûts passés et actuels de la filière électronucléaire. Environ 188 milliards d'euros ont été dépensés entre 1945 et 2010 :

La mise en place et la contruction de la filière nucléaire française   (58 réacteurs pour une puissance totale de 62,510 MW) a nécessité un investissement de 121 milliards d'euros ;

La recherche a quant à elle bénéficié de 55 milliards d'euros (1 milliard en moyenne par an), auquel s'ajoutent 12 milliards pour la construction, le fonctionnement et l'arrêt de Superphénix.

Le nouvel EPR de Flamanville coûtera sans doute autour de 12 milliards d’euros à son achèvement.

C’est un réacteur à eau pressurisée de 3e génération dont la puissance nette atteint près de 1 660 MW, avec une durée de production annuelle d’environ 200 jours.

Le parc actuel d’éoliennes a une puissance de 2 Watt. Les plus grosses qui coûtent près de 350 000 euros pièces, sont à 2 MW. Mille fois plus tout de même.

Selon vos goûts, répartissez les constructions entre éoliennes et EPR , sachant que les petites centrales atomiques ne seront pas disponibles avant 2 035.

Maintenant tous à vos calculettes en faisant attention entre les Méga et les Tera, entre les watts et les watt heures.

Et tentez d’expliquer pourquoi le rapport n’envisage que 1 000 milliards d’euros pour la conversion du parc automobile alors que les estimations minimales aboutissent à 5 fois plus (vous pouvez vérifier par vous-mêmes).

Il est vrai que le rapport ne tient compte que de 35 millions de voitures et d’une utilisation diminuée de 40 %. Le genre d’information qui usuellement ne fait pas l’objet d’une grande diffusion, vu les conséquences sociales et la limitation extrême imposée aux populations. Il ne reste que 38 % de l’énergie à fournir. C’est tout de même plus simple. Mais, même comme cela, on ne trouve pas mille milliards d’euros mais bien plus.

Comme les résultats de production d’électricité propre annoncés paraissent très difficiles à atteindre même avec une cible fortement limitée, il faut donc conclure que la transition dans les délais prévus est impossible sauf mesures draconiennes contre la population.

Les Français vont donc connaître à la fois de terribles restrictions et des pertes de revenus terrifiantes. Le rapport RTE n’a pas chiffré le résultat en température en considérant que suivre la trajectoire du Giec suffisait à notre bonheur. En fait tout le monde sait qu’il sera nul.

Le Point publie ce jour une interview de Jancovici, dont les efforts en économie n’ont pas encore atteint le niveau souhaitable, mais qui sait faire des additions et qui écrit : « même en s’appuyant sur les avancées techniques sur lesquelles on peut compter, dont le développement du nucléaire et de l’électrification, la vitesse où il faudrait aller pour conserver tout ce que nous avons aujourd’hui tout en nous débarrassant totalement des combustibles fossiles est trop grande pour qu’on puisse espérer l’atteindre ».

Exactement ce que j’ai pu écrire dans mon livre « Sortir du désastre » et dire lors de conférences en suscitant une indignation épouvantée d’une partie de la salle. « Ce n’est pas vrai » ; « il ment ! » « les chiffres sont faux » ; « c’est un climatosceptique ». Nous sommes dans la religion avec des grenouilles de bénitiers très sensibles.

Christian Saint-Etienne ce jour explique dans le Figaro que les Verts-Rouge-Woke, français culpabilisent les Français pour leur faire avaler une décroissance massive. Il signale lui aussi que le rapport de RTE prévoit une baisse colossale de la production et de la consommation dans tous ses scénarios. Tout cela pour rien puisque l’enjeu climatique est ailleurs et notamment en Chine et aux Etats-Unis. Se ruiner pour ne contribuer qu’à 0.2 % de la production de CO2, un chiffre insignifiant, est absurde.

La bataille qui s’ouvre est celle qui voit s’affronter d’un côté les tenants d’une décroissance forte menée par des néofascistes puritains à coups de taxes et d’interdiction, pour aucuns résultats autres que politiques et idéologiques et  sans aucun effet réel sur le climat et le réchauffement,  et une attitude réaliste qui parie sur un maintien de la prospérité en agissant de façon moins radicale et plus étalée dans le temps.

Se mettre en position de perdre un combat impossible à gagner n’est pas une politique digne. Mentir et dissimuler en permanence pour faire semblant que c’est possible est une politique peu honorable. La France a tout à perdre dans ce tunnel de bêtise malveillante et les Français risquent d’y laisser leurs libertés et leur prospérité.

Il faut arrêter cela. L’urgence est là !

Sonnez Buccins,résonnez Trompettes : un nouveau service public est créé en date du 1er janvier 2022

Ca manquait aux Français.

La campagne présidentielle est bien commencée et un des thèmes principaux est de contenir l'extrême création d’emplois dans le Service Public. L’échec dramatique du système médical français, incapable de sortir un vaccin, incapable de fournir des masques, des respirateurs, des produits de première nécessité médicale, a été justement imputé à l’incroyable poussée de la bureaucratie créée par l’Énarchie compassionnelle et bienveillante, avec ses 35 % de bureaucrates là où tout le monde se contente de 20 à 25 % dans les pays développés. Les Français ont tout d’un coup réalisé qu’ils nourrissaient grassement un troupeau de 18 000 fonctionnaires catégorie A au ministère de la Santé et dans les ARS, incapables du moindre reste médical et que l’on avait empêché de former des médecins français par le numerus clausus ce qui faisait qu’on allait les chercher en Algérie ou en Roumanie. Les médecins ont expliqué qu’ils étaient obligés de remplir des papiers, avant, pendant et après tout geste médical, ce qui ralentissait leur travail devenu à la fois assommant et burlesque. On a vu avec Mme Buzin et M. Véran, s’étaler le clanisme familial et politique, associé à une morgue et une incompétence parfaite jusqu’au caricaturale, qui produit les dirigeants de ce foutoir politico-administratif de pétochards à la fois fourbes, lâches, violents et cupides.

C’était tellement gênant que l’énarque Macron, entouré par une garde extrêmement réduite de copains énarques, et bien décidé à transformer la fonction présidentielle en investissement résidentiel, par une pestilentielle démagogie, a décidé de supprimer le nom de l’ENA pour une école de service public qui empêche de nommer facilement le viol de la démocratie par l’entriste cumulatif des hauts fonctionnaires, sans changer rien à cet abus.

Tout le monde constate, ahuri, le niveau totalement hystérique de l’achat de votes pratiqué par l’équipe de hauts fonctionnaires hors sol au pouvoir. Mais personne ne souligne ce qui se passe au ras du sol. Là, le rêve, c'est de créer des nouveaux services publics avec des noms bucoliques de plus en plus « com’ débile » et « novlangue ». Ah ! créer des machins nationaux capables de devenir des verrues administratives de type cancérigène, il n’y a que cela de vrai. On se souvient que Chirac étant président et Jospin premier ministre, Mme Aubry ministre, tous énarques, et M. Kouchner, illustration de la bienveillance médiatisée et clanique à toutes mains, mais en manque de retraite solide, secrétaire d’État à la santé, ce petit monde avait essayé de créer un « grand service public du transport médicalisé ». Ils étaient tombés sur une réaction sauvage des chauffeurs de taxi, dont l’activité médicalisée représentait jusqu'à 40 % du chiffre d’affaires en province, et avaient été obligés de reculer. L’Énarque recule toujours devant les jacqueries quitte à revenir à la charge plus tard.

Là nous voyons l’énarque Macron, avec son premier ministre (paraît-il) l’énarque Castex, mettre en place avec l’énarque Wargon, qui se signale beaucoup ces derniers temps en Marie-Chantal de caricature (fille de polytechnicien ministre de gauche et de droite et inversement et d’une mère énarque fonctionnant sous Hidalgo, preuve d’une docilité remarquable et d’un manque de souci de l’intérêt public assez remarquable) décider de créer quoi ? Vous ne voyez pas ? Allons ! Allons ! Que peut créer une troïka de hauts fonctionnaires énarques en folie ? Mais si, ils ont osé : oui, ils ont créé un « nouveau service public », à la française et comme on ne parle plus le français chez ces gens-là, on l’a appelé « France’renov ». Maprim’Renov mais cela faisait petit bras.

Cette nouvelle fonction publique va conduire le changement climatique en France, c’est-à-dire jouer les scouts de la distribution des fonds immenses que l’on compte mettre à la disposition des Français, fonds qu’on a pris dans leur poche, ou à la BCE, à charge de remboursement, pour qu’ils respectent les différents « passes CO2 » qu’on commence à leur imposer. « France rénov' aura pour but d'informer, conseiller et accompagner les ménages dans leurs travaux de rénovation". Ces débiles n’auraient rien pu faire sans la douce intervention d’un nouveau service publique.

Pour les amateurs de sottise administrative sotte et invasive, nous laissons goûter ce passage de cette littérature de compétition :

« Un numéro de téléphone et une plateforme web uniques seront créés, de manière à ce que l'utilisateur ait accès facilement à des informations sur les aides, un simulateur, l'adresse de l'espace conseil le plus proche, ainsi que la liste des artisans labellisés Reconnu Garant de l'Environnement (RGE). Le dispositif s'appuiera sur les réseaux Faire et les points rénovation info service de l'Anah, soit 450 guichets sur le territoire ; ceux-ci deviendront des "espaces France rénov'". "Ce réseau continuera de grandir pour couvrir tous le territoire, cofinancé par les CEE via le programme Sare et les collectivités locales", ajoute le ministère. "Cela constitue une simplification pour les ménages, puisqu'il existait auparavant deux réseaux s'adressant à des publics différents."

Si vous saviez qu’il y avait deux réseaux existants, vous êtes très au-dessus du lot. Si vous savez ce que sont les financements CEE (non ce n’est pas l’Europe) vous atteignez les sommets.

En revanche si vous ne sentez pas la fierté qui va habiter les artisans dotés du label RGE et ne comprenez pas l’immense avantage de tout cela pour les ménages vous êtes un fieffé imbécile, réactionnaire et climatosceptique.

La phrase clé : « Ce réseau continuera de grandir ». Un foyer parkinsonien de croissance administrative vient d’être créé pour les mille ans à venir. Le CO2 n’a qu’à bien se tenir.

Les architectes et autres professionnels n'avaient donc pas la capacité de jouer ce rôle ? Distribuer l’argent des autres ne présente en général pas grandes difficultés. Pas question on ne craint pas leur réaction.

Nous voici avec un nouveau service public, s’appuyant sur des législations kilométriques, mettant sous tutelle tous les acteurs qui savent faire, et qui devront comme les médecins obéir à des sous-fifres incultes et incapables au moins dans les disciplines du bâtiment, et distribuant un « pognon de dingue ». M. l’énarque Macron avait promis 120 000 fonctionnaires de moins. Certains ne s’étaient pas écroulés de rire en entendant ces fadaises pour électeurs débiles. On finira l’année 2022 avec 65 000 postes de plus (on en est déjà à 45 000). Dans cinq ans la Cour des Comptes, pour faire la nique aux conseillers d’état qui dominent actuellement, pondra un rapport sanglant sur les mécomptes et les gaspillages de France Renov’. Il ne se passera rien. Mais tout le monde aura « fonctionné », c’est-à-dire brasser du vent et l’argent des contribuables actuels ou futurs.

Et le dindon de la farce sera toujours le même : le crétin de base qui doit travailler avec compétence pour vivre. Il doit faire face à la concurrence des entrepreneurs opportunistes qui rassemblent des Africains et des Moldo-valaques sur tous les marchés artificiels subventionnés, et se faufiler entre les « passes » (un mot évocateur bien choisi) divers et les diverses conséquences d’un réchauffement climatique qui ne va pas s’atténuer le moins du monde.

Si un fonctionnaire savait faire baisser la température, on vivrait en France dans des igloos depuis longtemps. Sans subvention.

L'ère du totalitarisme de l'imbécillité

Pendant longtemps le principal danger dans notre pays était le socialisme, destructeur de prospérité et de liberté au nom de l’égalité. Il a fallu l’effondrement du communisme pour que ce danger cesse d’être grave et constant.

Aujourd’hui les principaux dangers immédiats sont :

-         L’obscurantisme tyrannique des partisans sectaires de l’asservissement des destins particuliers à des objectifs de transhumanisme. La coercition sociale, allant jusqu’à la mort sociale est le moyen privilégié de ces nouveaux Savonarole. Elle est associée à des lois liberticides et à un conditionnement de l’information jamais obtenu par les religions les plus sectaires.

-         La dictature des policiers du comportement qui, au nom de crainte du grand réchauffement détruisent villes et paysage, entravent gravement l’économie, interdisent des possessions, bloquent des entreprises, empêchent des consommations, avec une outrance d’autant plus agressive que les résultats visés ne sont pas atteignables.

-         L’envahissement du pays par des peuples africains principalement musulmans qui ne veulent pas s’assimiler et développent un mépris violent et tyrannique pour leur pays d’accueil.

-         La dépossession de tout pouvoir national d’agir au profit d’une « coupole » supranationale irresponsable devant les peuples qu’ils maltraitent, et qui soutiennent les trois causes de malheur précédentes.

-         Le reliquat de socialisme sous forme d’assistanat généralisé, d’impôts et de taxes grotesques, de bureaucratie effarante, et de dettes astronomiques, de démagogie politique sans limites, continue son œuvre délétère.

Pour un pays comme la France, qui était le pays de la bonne vie, des paysages radieux, de la prospérité tranquille, de la pensée libre, de la curiosité, du culot, de l’audace, de l’inventivité, de la culture, de la qualité, de l’élégance, baignant avant tout dans la liberté, ces quatre dangers sont mortels. L’effondrement n’est pas à venir mais en cours.

Le pire est dans la dictature de l'imbécillité qui s’installe, avec tentative permanente d’empêcher qu’on la dénonce et destruction des lanceurs d’alerte et des lucides qui préviennent les peuples de ce qui leur pend au nez.

Nous avons commencé à illustrer ces dangers en prenant des exemples choisis parmi les imbécillités des élites internationales, dans le stock des imbécillités gouvernementales françaises et dans le flot continu des imbécillités de la maire de Paris.

La conversion à l’électrique de tout le stock de voitures en 15 ans est une sottise majuscule. Il y a en Europe près de 260 millions de voitures, en France 55 millions. La consommation de carburant est entre 42 et 50 millions de m3. Son remplacement suppose la création de deux fois la capacité de production et de transport d’électricité actuelle. Éoliennes ou nucléaire ? Personne ne sait car les deux hypothèses sont également critiquées. Le coût ? Au minimum 4 000 000 milliards d’Euros. Le taux de remplacement naturel du parc est en temps normal de 2 000 000 de voitures en France. Il faut théoriquement 25 ans pour remplacer un parc existant. Dans les faits il reste encore 20 % de voitures de plus de 25 ans, car les classes aisées ne gardent pas plus de quatre à cinq ans la même voiture. Déjà l’État français a pris l’habitude d’interdire la circulation des voitures « trop » anciennes mais en fait capables de rouler. Des maires fascistes se croient obligés d’interdire la circulation de voiture sur des critères de nature, d’âge, etc. L’objectif de passage au tout électrique est donc impossible à atteindre sauf à multiplier les interdictions de circuler et l’empêchement de circulation. Comme les voitures d’occasion libérées par la conversion à l’électrique roulent encore en France ou à l’étranger l’impact sur la pollution au CO2 est inexistant. En revanche la réduction de moitié de la période de remplacement naturelle, impose la création de modes de production qui supposent d’énormes productions de CO2. On va donc concentrer sur les dix ans à venir, présentés comme critiques, une production de CO2 gigantesque, sans aucun résultat sur le réchauffement des investissements faits, tout en multipliant les mesures de contraintes fascistoïdes pour les particuliers, en ruinant le trésor public (en perte de TIPP et en subvention), en créant des masses de liquidités sans contrepartie, générant de l’inflation et aggravant les questions sociales.

C’est de l'imbécillité super plus, plus. Ruine, coercition, vie gâchée seront le prix à payer par la population.

Pour l’imbécillité gouvernementale ne revenons sur l’affaire remarquable du Diagnostic de performance énergétique, ce « passe CO2 » pour propriétaires immobiliers et les philippiques lancées contre la maison individuelle. Bureaucratie portée à l’incandescence, volonté de frapper y compris au pénal, malfaisances des règles édictées, contraintes partout, indifférence aux résultats, tout y passe.

C’est de l'imbécillité super plus, plus, plus. Ruine, coercition, vie gâchée seront le prix à payer par la population.

Prenons parmi quelques dizaines de milliers d’initiatives aussi sottes un exemple dans les initiatives de la ville de paris. La caractéristique spéciale de Paris est le caractère méprisant qui règne et le nombre des malades mentaux, de débiles, de ratés irrémédiables et de purs saligauds fanatisés qui y sévissent, une caractéristique des sectes qui cumulent toujours idioties majeures et petits malins ignobles. Mme Hidalgo est la championne du monde toute catégorie de la pollution au CO2 à cause de sa politique de densification immobilière et commerciale fanatique. Il faudrait raser une surface double de celle de parus et y laisser la nature reprendre ses droits pendant 1 000 ans pour compenser la création de Co2 de cette dame.

Cela a inspiré les plus tarés de sa bande de malades qui veulent créer des « forêts urbaines » pour rafraîchir d’urgence l’atmosphère. Qu’est-ce qu’une forêt urbaine ? Un espace interdit à l’homme, planté façon sauvage, où on laissera la nature faire pendant des siècles en fonction de sa propre dynamique. On va créer en pleine ville une forêt de quelques ares qui n’a rien à y faire alors que le Brésil et Sumatra détruisent chaque année des millions d’hectares de forêts natives. Ils ont choisi naturellement le quatorzième, conservatoire de l’imbécillité municipale hidalgienne, pour commettre leur premier forfait forestier. La place de Catalogne est une des très rares places qui ont été construites à Paris ces dernières années. C’est une place circulaire, large, bordée d’immeubles néoclassiques, mal construit par Boffil, bien construit, par Novarina qui a bien amélioré le site, anciennement siège de l'îlot le plus insalubre de France. Le roi des imbéciles municipaux parisiens, un Roumain autiste importé inassimilé chargé du vélo à Paris, a commencé par bloquer tous les accès à la place et l’a totalement gâchée par des bites jaunes et des lignes tracées à la hâte pour créer des embouteillages massifs. Il faut désormais 8 minutes le soir pour travers les 200 m du pont des Cinq Martyrs. Les rues Jean Zay et Alain sont désormais saturées et leurs aménagements terriblement dangereux pour les piétons qui s’y blessent à répétition dans le mépris indifférent de la municipalité. La pollution visuelle, gazeuse, et sonore a été décuplée. La vie des riverains est gâchée. Ils sont de plus en plus enfermés. Les projets d’interdiction de circuler rue du départ et rue de la Gaîté promettent beaucoup. Le quartier est totalement sacrifié et devient invivable et dangereux.

Mais la place de catalogne a une caractéristique unique à Paris : on peut creuser tant qu’on veut. Alors on a oublié qu’il s’agissait d’une création urbaine pensée, dotée d’une fontaine rafraîchissante immense et remarquable qui en occupe tout le centre, un symbole architectural qui a sa valeur. Tout ça est réduit par ce vandale et ses copains, à un espace où on peut creuser. Alors on va sacrifier la moitié de la surface de la place pour construire cette fameuse forêt urbaine interdite aux hommes. La circulation sera cette fois-ci totalement saccagée alors que la place était un nœud de circulation très important pour l’accès aux périphériques à partir du 7e, 6e, 5e et 15e arrondissements, ainsi que pour la gare Montparnasse. La fontaine sera détruite.

L’argumentaire fait valoir des gains de fraîcheur en cas de canicule. La fontaine était, compte tenu de sa surface, cent fois plus efficace que l’amoncellement végétal qu’on nous promet. L’esthétique de la place est totalement anéantie. L’espace libre sera à moitié bouché. La saturation des circulations deviendra totalement intolérable alors que la même municipalité a autorisé la création d’un centre commercial décuplé, la construction e trois hôtels, la multiplication des bureaux nouveaux et fait de la gare Montparnasse un centre commercial majeur qu’il faut bien approvisionner. La Maire du 14e a même trouvé génial de créer une autoroute à camions entre les rues Mouchotte et Vercingétorix. Comment rendre compatibles un accroissement vertigineux du besoin de livraison et un blocage de circulation ? À ce niveau d'incohérence on n’est même plus dans l’imbécillité mais dans la folie sauvage, à enfermer dans un local capitonné.

Résumons, on gâche la vie des riverains, on empêche la ville de circuler, on ravage esthétiquement une place qui a été créée à grands frais il y a peu, et on enlève une énorme fontaine rafraîchissante qu’on n'entretient plus depuis que les socialistes sont arrivés à la mairie de Paris, et on aggrave le problème de pullulation des rats qui est en train de véritablement exploser. L’ensoleillement va disparaître de la terrasse de plusieurs restaurants et les vitrines des commerçants seront confinées et assombries.

L’imbécillité majuscule a encore frappé avec ses caractéristiques habituelles : coûts effarants ; objectifs annoncés inversés dans la réalité ; atteintes aux libertés ; vies gâchées ; valeur des biens riverains largement détruite. La totale.

Il s’agit bien d’une imbécillité super super super super plus, de la tera-imbécillité de compétition, avec des champions absolument imbattables et en général qui associent à cette caractéristique une abjection et un mépris des gens d’un naturel plus qu’inquiétant.

Oui nous sommes bien entrés, à tous les étages de la vie publique, dans l’ère du totalitarisme de l’imbécillité.

Quand l’indécence bureaucratique et énarchique s’étale sans vergogne

La crise sanitaire a eu au moins comme avantage de faire prendre conscience aux Français que la bureaucratie l’avait emporté sur la médecine dans presque tous les domaines de la santé. Nous ne savons plus faire un vaccin, mais nous avons des structures bureaucratiques aussi étoffées qu’étouffantes. Elles représentent plus d’un tiers des effectifs médicaux en France, là où la moyenne est à 25% et les meilleurs à 20. Nous avons 18 000 femmes fonctionnaires de catégorie A, la plus haute, au ministère de la santé et dans les ARS, là où on aimerait trouver 2 500 médecins et 5 000 infirmières de plus. À la tête de tout ce bazar se trouvent des hauts fonctionnaires arrogants organisés en clans qui décrètent, injurient, prennent en tenaille, compliquent, obscurcissent, gâchent, réduisent, paradent, le plus souvent en famille.

On aurait tort de croire que le domaine de la santé soit le seul touché par le phénomène de l’arrogance suprême de petits-maîtres en haut et de la bureaucratie en bas. Le bâtiment est une terre encore plus fertile. Tout y est géré par la « tutelle », avec des textes kilométriques imposant des règlements délirants, par leur taille, leurs contradictions, leurs changements perpétuels. Bien entendu la partie politique, le Ministre, pour faire simple, est désormais entre les mains d’un haut fonctionnaire, choisi si possible dans le panier des rejetons de hauts fonctionnaires. Choisir un politique qui a grimpé tous les échelons d’un parti ? Vous n’y pensez pas ! On a tout ce qu’il faut dans le clan.

Nous avons déjà évoqué le cas de Mme Wargon, fille de Lionel Stoleru, (qui a fait sa carrière en traversant tout l’horizon politique passant brillamment de la droite à la gauche sans le moindre état d’âme). Elle est aussi charmante que brillante. Il était normal qu’elle se retrouve ministre d’un gouvernement et gauche et droite, basé sur les réseaux de hauts fonctionnaires, alors qu’elle n’avait strictement aucune compétence particulière pour les affaires de construction ni aucune expérience politique.

Le problème dans ce genre de situation est la difficulté de ne pas se comporter en insupportable péronnelle. Écoutons-la ! Les propos sont rapportés par Batiactu un excellent journal spécialisé.

« Le modèle du "pavillon avec jardin" n'est "plus soutenable en France" : ce sont les propos sans équivoque de la ministre déléguée au Logement, Emmanuelle Wargon, lors de la réunion conclusive de la série de conférences qu'elle avait instaurée depuis la rentrée sous le nom "Habiter la France de demain". Une série d'échanges qui aboutissent à plusieurs annonces et au lancement de plusieurs axes de réflexion, détaillés lors d'une intervention à la Cité de l'architecture et du patrimoine, à Paris, ce 14 octobre 2021. Les critiques effectuées à l'encontre du modèle du pavillon sont multiples : dépendance à la voiture, rôle dans l'artificialisation des sols, notamment. Le Gouvernement souhaite ainsi accompagner le secteur dans une reconfiguration générale, en privilégiant la densification, la construction de la ville sur la ville, et l'édification de logements collectifs de qualité. Une "guerre culturelle" s'ouvre pour ainsi aller vers "une ville intense, qui ne transige pas avec la qualité et qui tient sa promesse en matière de services", selon l'expression de la ministre. »

Mme Wargon, du haut de sa divinité familiale sans doute, vient de condamner les Français à ne plus construire de maisons individuelles ni y vivre. Hugh ! J’ai dit ! Mais qui est-elle et que se croit-elle pour se sentir à ce point en droit de décréter ce que les Français doivent faire ou ne pas faire en matière de logement ?

Tout est à peu près faux dans ce qui est dit.

Il n’y a pas de modèle pavillonnaire en France. Cela fait désormais près d’un siècle que les urbanistes et les architectes condamnent les banlieues pavillonnaires et font face à une résistance phénoménale des Français qui aiment l’indépendance d’une maisonnette avec jardinet.

C’est dans les années 1950-1965 que le refus du pavillon au profit de grands ensembles a été le plus fort, avec la création d’un univers de barres et de tours totalement rejetés aujourd’hui. On rit aujourd’hui d’un Le Corbusier qui voulait raser le Marais pour y faire pousser quelques grandes tours hygiéniques. Parler de modèle pavillonnaire est grotesque. À Paris intra-muros tous les espaces pavillonnaires, en général les hôpitaux que l’AP-HP a fermés, ont été démolis par Mme Hidalgo pour bourrer les lieux de logements sociaux hideux. Mme Hidalgo, dans le 14e arrondissement de Paris qui connaissait beaucoup de maisons individuelles et de jardinet, les rasent et bourre à la place des logements sociaux hideux.

La décentralisation a conduit à donner la responsabilité de l’urbanisme et de l’architecture aux maires. Une erreur catastrophique. Les maires veulent des électeurs. En province, les électeurs veulent des maisons individuelles. Les maires ont laissé proliférer les maisons individuelles, donc les centres commerciaux hideux en entrée de ville, avec l’obligation d’utiliser la voiture. Ce n’est pas un « modèle pavillonnaire » mais une erreur d’organisation politique. La circulation et l’urbanisme ne sont pas décentralisables à ce point sans que cela ne tourne pas à la catastrophe. Il fut un temps où lorsqu’une ville commençait à craquer aux coutures, on créait une « ville neuve ». Dire à un maire qu’on va créer une nouvelle ville dont il ne sera pas le maire alors qu’il peut faire gonfler la sienne ? Impossible ! C’est pourtant le seul moyen d’éviter le mitage pavillonnaire. Mais là, les prudents hauts fonctionnaires n’oseront pas évoquer une question aussi éminemment politique.

Autre question taboue : le vieillissement de la population, avec une vie à la retraite en France beaucoup trop longue. Si vous restez vingt ou trente ans à la retraite, voire quarante ans pour les fonctionnaires femmes du ministère de Mme Wargon, la volonté de trouver une maisonnette sympa dans un endroit agréable devient irrésistible, surtout si des imbéciles ruinent la vie dans les grandes villes par idéologie. Aujourd’hui médecins, juges, enseignants, postiers, intriguent pour être nommés en bord de mer. Cela permet d’acheter la maison de sa retraite plus tôt et de vivre mieux tout de suite !

Naturellement, la crise sanitaire a accusé l’envie de mettre fin au « métro boulot dodo » qui est un objectif de la génération 68 depuis longtemps. Rappelons que l’affiche électorale d’un Mitterrand était un petit village et que le Lubéron est le symbole du socialisme élitiste moderne.

L’évolution du travail, qui peut se faire de façon moderne en « distanciel » accélère encore le phénomène.

On le voit dans l’extension massive des constructions en bord de mer, alors que le mouvement avait commencé dès les années cinquante sur la côte d’azur. Il a été largement contré par la protection du littoral qui date rappelons-le des années cinquante. Alors le mitage se fait plus vers l’intérieur des terres.

Autre élément à prendre en compte : les retraités et les entreprises ne veulent plus rester non seulement dans les grandes villes mais en France. L’exode vers Venise ou la Suisse, le Portugal, le Maroc, la mer Noire, etc. est en marche depuis longtemps et concerne désormais des centaines de milliers de personnes. Les Français votent aussi avec leurs pieds et leur portefeuille.

Dernier aspect très actuel : les cités immigrées islamisées et transformées en temples de la drogue, protégés par des checkpoint-Mohamed qui font fuir à grandes enjambées tout le populaire national vers des cieux plus cléments.

La France se doit effectivement de créer une ville comme Paris tous les quatre à cinq ans et cette densification, évidente à Paris, crée une pollution du CO2 colossale.

Parler répartition des activités au sein du territoire national et mode de logement pour mener un politique écologique implique d’avoir une réflexion sur le travail et son évolution, sur l’immigration, sur la dénatalité, sur l’organisation du territoire, sur la retraite… Entendre une péronnelle prétendre mener une guerre culturelle contre les Français et annoncer du haut de sa suffisance et de son impudence compassionnelle "une ville intense, qui ne transige pas avec la qualité et qui tient sa promesse en matière de services" est littéralement ahurissant.

Les Parisiens connaissent la réalité : une ville intensément enlaidie, intensément accidentogène, intensément bloquée, intensément invivable, où il est intensément devenu impossible de diriger des entreprises, d’où la population a intensément l’envie de fuir. La promesse de services ? Trois-quarts des hôpitaux ont fermé. La plupart des boutiques sont fermées ou en menace de l’être. Il reste les livreurs à vélomoteur et les livraisons Amazon. Partout des clochards, des drogués et des attaques contre les biens et les personnes. Elle est belle la « promesse de service ». Et n’essayez pas d’avoir rapidement un passeport ou une pièce administrative. Tout l’administration parisienne, de la préfecture aux services municipaux, s’est cachée derrière des procédures internet. Impossible de téléphoner ou de visiter facilement. Tout est lent et pâteux.

Et voici qu’on nous annonce une nouvelle coercition. Il ne faudra plus seulement changer de voiture, de chaudières, de murs et de fenêtres. Les propriétaires ne seront plus seulement soumis à la dictature du DPE (le diagnostic de déperdition d’énergie). Les Français devront renoncer à leur villa Sam’Suffit comme on disait dans les années cinquante. Et ne parlons pas des nains de jardins et des belles décorations de Noël !

Toutes les jolies villes de bords de mer sont d’ores et déjà en train de changer radicalement de visage. On y fait pousser des tours. « Et en bois, Mme Michu ! ». On les peuple d’immigrés récents (pas de raison que les « racisés » soient loin de la mer affirme le DAL depuis que la rue du Dragon est saturée).

Avec Mme Wargon, on voit comment fonctionne la gouvernance française. De petits maîtres ou maîtresses appartenant au sérail se voient confier rapidement d’énormes responsabilités sans jamais avoir travaillé et sans rien connaître du terrain (on leur trouvera une circonscription plus tard). Ils fuient les vrais problèmes difficiles (c’est le propre du haut fonctionnaire de fuir le risque) et lancent des oukases qui peuvent gâcher la vie des « vraies gens », dont ils et elles ne connaissent rien, en toute arrogance, impudence et hubris. Cette native de Neuilly, devenue haut fonctionnaire en 97, est à peine trois ans après au cabinet de Bernard Kouchner puis directrice de cabinet d’Etienne Hirsh, deux incapables notoires. La couleur politique ? On s’en fout ? Le parti au pouvoir ? On s’en fout. Jospin, Sarkozy ou Macron quelle importance ? C’est comme cela qu’on peut affirmer avec toute l’impudence et le mépris possible que « La maison individuelle est un non-sens ». Alors que c’est cette carrière politique qui doit tout à la naissance et rien à la volonté des Français qui est un non-sens. Cette intéressante dame a voulu travailler à la Cour des comptes. Qu’elle y retourne. Elle ne fera peut-être pas de bien mais au moins elle évitera que les Français ouvrent la boîte à gifles.

La vérité est qu’elle n’a pas postulé pour un poste mais à un statut privilégié et à un réseau. La bonne santé démocratique serait qu’ayant voulu être fonctionnaire elle occupe un poste de haut fonctionnaire et évite de jouer les Marie-Chantal de caricature, assurée d’une carrière à vie payée par de l’argent public, annonçant au bon peuple le comportement politiquement correct qu’on attend d’eux, du haut de ses privilèges claniques, tout en se disant, en se maquillant, qu’elle pourrait bien viser dans dix ans le poste de première présidente de la République Française. Ce serait légitime si elle démissionnait de son statut et aller se faire élire en prenant les risques de tout un chacun et en exposant ses idées devant les électeurs.   

Quelles idées ? Elle vient de répondre aux questions d'Ersin Leibowitch : "Je ne suis pas du tout opposée à la maison individuelle".  On l’aurait caricaturée. Elle partagerait « le rêve des Français » en habitant elle-même une « maison de ville groupée, mitoyenne ».  Vite, vite, sauvons notre belle image de femme modeste habitant un « pavillon mitoyen » ! Quel courage, quelle habileté ! C’est à mourir de rire. Ou de rage comme on voudra. Car dans le même temps elle installe des « passe CO2 » particulièrement contraignants. Elle devrait d’ailleurs publier le DPE de son logement Sam’suffit mitoyen et le budget co2 de ses oscillations quotidiennes entre son logement et son bureau pour justifier son passe-droit gouvernemental.      

Notons que les villas de banlieue en mode partagé, quatre appartements sur jardinet accolés les uns aux autres est la solution adoptée en masse par les Anglais qui ont créé ainsi des banlieues toutes identiques en brique rouge et interminables sans absolument aucun charme tout autour de Londres que les urbanistes français allaient admirer en groupe au début des années 50.

La première initiative à prendre en matière de logement écolo, comme dans tous les domaines gouvernementaux, c’est d’empêcher les hauts fonctionnaires de capter en famille le domaine du politique en se moquant totalement des électeurs et de leurs aspirations.

NB : Nous n’avons évidemment rien contre les personnes citées ni même l’idée que l’univers pavillonnaire soit plus que légèrement problématique.  Mais on ne peut pas faire de la politique comme cela.

Elections : Le retour des énormités dans l’argumentation économique

Pour un observateur qui a suivi la vie nationale depuis cinquante ans, soit comme Professeur ou comme économiste, le retour des mêmes erreurs, avec les mêmes arguments, la même nullité d’analyse et la même mauvaise foi est spectaculaire et légèrement décourageante.

On pourrait en faire un catalogue, une taxonomie, avec brevet de démagogie imbécile à la clé. Savoir que ces sottises peuvent jouer un rôle dans une élection majeure sans que leur indécence antidémocratique ne soit jamais relevée du fait de l’ignorance économique crasse de beaucoup de journalistes, est plus une souffrance qu’un amusement. Alfred Sauvy avait fait l’essentiel du travail avec son livre « Mythologie de notre temps » – Persée – 1967. Mais cela repousse comme le chiendent.

Les journalistes appellent marronniers ces articles qui reviennent chaque année à la même période et qu’on reprend sans scrupule en modifiant trois mots. Il y a des marronniers électoraux qui refleurissent à chaque élection majeure et là, on ne change même pas trois mots. On se vautre sans vergogne dans la joie de dire n’importe quoi.

L’une des plus belles sottises est de faire valoir que la France a une formidable productivité, presque la meilleure du monde et que du coup on pourrait augmenter les salaires sans difficultés pour récompenser ce triomphe du salarié français.  Il est vrai que les statistiques indiquent une forte productivité moyenne. Mais pourquoi ?  L’emploi et les salaires dépendent de la productivité. A chaque niveau de productivité correspond un niveau d’emploi. Les charges sur le travail sont telles en France, que les emplois correspondant à des travaux de faibles productivités ne sont pas possibles, sauf au noir. C’est pour cela que nous avons 5 à 6 millions de chômeurs, un chômage structurel qui ne baisse jamais au-dessous de 6.5% dans les phases de haute conjoncture, alors que des pays qui ont une politique différente arrivent à 3-4%.  Il va de soi que si vous supprimez la tranche d’emplois à faible productivité, la moyenne de l’emploi qui reste est d’une valeur supérieure à celle de ceux qui ne l’on pas fait.  Si vous enlevez les petits dans le calcul de la moyenne de taille d’une population, elle sera plus haute que dans celle d’une population qui ne fait pas cette soustraction !

La France a peu d’emplois car elle ne permet que les emplois productifs, mais cela ne veut pas dire qu’elle est compétitive.  Les autres pays ont ces mêmes emplois productifs plus tous les autres et ces derniers leur offrent une compétitivité accrue. Vérification est faite en regardant les chiffres de nos déficits extérieurs qui sont constants et majeurs.  Les gouvernements, faute de vouloir remettre en cause les charges inouïes qui pèsent sur le travail et les entreprises, ont essayé des mesures artificielles comme la « suppression » des charges sur les salaires au SMIC. En fait on a repoussé le paiement des sommes concernées sur d’autres. Une politique de type sapeur camembert où on creuse un trou pour en complet un autre.  Avec des résultats indigents.

La forte productivité moyenne apparente du travail moyen en France est un indicateur sinistre parce qu’il marque la mutilation d’une partie très importante de l’emploi possible.

Comme souvent en économie, c’est contre intuitif. Mais se vautrer dans des explications fausses jusqu’au débile qui ne peuvent qu’aggraver le chômage structurel et les déficits de compétitivité a quelque chose de fascinant. Lorsqu’un débat s’engage sur les multiples scènes de la TNT, la question qui se pose est toujours : qui va dégainer une sottise économique majeure le premier. On peut faire des paris. Quand le rouquin de LFI est là, Adrien Quattenens si je ne me trompe, on est sûr qu’il va gagner. Il débite les marrons électoraux les plus frais avec la violence la plus extrême. La bêtise devient rougeoyante sur les grands écrans plasma.  Le front est tellement bas qu’on se demande s’il s’agit de simple bêtise ou d’un cynisme rare. S’il était le seul ! Malheureusement les erreurs majuscules dans le domaine économique deviennent des éléments de langage répétés inlassablement par des perroquets.

On pourrait dire qu’entendre des sottises de la part d’un dirigeant du seul parti trotsko-bolivarien d’Europe, n’est pas bien grave et que le retrouver dans la bouche d’Emmanuel Macron est tout de même plus grave. En expliquant que la formidable productivité du travailleur français associée à son plan de 30 milliards d’euros d’investissement sur dix ans, on va pouvoir réindustrialiser le pays, il nous sort un narratif trompeur d’une extrême qualité démagogique. C’est justement parce que le travail à faible productivité a été banni en France, alors que l’économie était ouverte au monde entier, qu’on n’a plus d’industries !

Oui, constater qu’une erreur aussi grave et fondamentale est faite depuis les ors de l’Elysée jusqu’aux fondrières les plus profondes du communisme trotskiste, a quelque chose de fascinants. Il parait qu’il y a un conseil d’analyse économique auprès du Premier Ministre.

Les nouveaux eldorados français sur argent public

Lorsqu’un pays voit les dépenses publiques dépasser 55 % du PIB, il est quasi certain que beaucoup d’entreprises ne cherchent pas majoritairement à répondre à des besoins privés mais à servir des faux marchés entièrement construits par la puissance publique. Identifier ces marchés, être au plus près des circuits de décision, savoir être le premier en liaison avec une multitude d’institutions publiques, devient critique. Les politiques deviennent des lobbyistes, surtout les Enarques que l’on retrouve partout et qui servent des entreprises et des milliardaires bien introduits. Edouard Philippe a d’abord été un lobbyiste avant de devenir maire et premier ministre. L’expansion du nombre d’avocats parmi les hommes politiques s’explique justement par ces activités.

L’écologie est une des sources premières de marchés juteux exploités par des « connaisseurs ». Le cas des éoliennes est typique. Il a fait apparaître de nouveaux milliardaires, ayant désormais pignon sur rue dans le 7e arrondissement de Paris ; Le rendement des investissements est garanti sur 15 ans. Ce serait dommage de ne pas en profiter. Et c’est pour la bonne cause. Il y a 9 000 éoliennes en France et on projette d’en construire à court terme près de 50 000 tout en sachant que pour obtenir une bonne couverture d’électricité verte, il en faudrait 5 fois de plus et de 2 MW si possible. Cela existe avec des mâts de 100 mètres, des pales de quarante mètres, un poids de 300 tonnes et un coût de 2.6 millions d’euros pièce.

Imaginons que vous investissiez 1 million d’euros et empruntiez 1,60 € pour couvrir l’investissement correspondant. La quantité d’électricité produite chaque année sera en moyenne de 4 000 Mégawatt/h, soit 4 millions de kWh à 0,08 € le kWh soit 320 000 euros de gains garantis chaque année pendant 15 ans soit 4.8 millions d’euros sur le cycle. L’emprunt est remboursé en 5 ans. Il vous a coûté 5 % de 1,60 €, soit 80 000 euros. Finalement : recette 4 800-2 680 = 2 120 ME pour 1 E investi. Du 112 % sur 15 ans. Du 8 % à 9 % quand le rendement moyen est actuellement à 2 %. Si vous ne mettez que 500 000 euros d’apport, le rendement s’envole. Et pourquoi ne pas mettre que 100 000 ou même 10 000 euros seulement de sa poche ? Alors là bingo. Alors vous vous organisez pour en monter 100 et bientôt 1 000. Au début on ne voit pas votre fortune grandir. Mais après dix ans, après 20 ans. Les millions d’euros, les dizaines de millions d’euros tombent dans un froissement de beaux billets. Après, vous laisserez les éoliennes à leur sort, en mettant votre société en faillite. À l’Etat de se débrouiller avec les parcs d’éoliennes obsolètes, abîmées et en panne. Que du bonheur !

Si vous êtes un gagne-petit, vous avez des marchés bien plus simples. La loi permet de calfeutrer gratuitement les canalisations d’eaux chaudes dans les immeubles, dans les parties non chauffées. L’argent est pris sur le malus des entreprises qui ne parviennent à leurs objectifs de réduction de consommation d’énergie. Il y a 90 000 immeubles en France : un joli marché. 40 % sont chauffés en système collectif, donc avec canalisations. 36 000 opérations à faire !

Une opération importante dure une semaine avec trois salariés et rapporte entre 15 et 18 mille euros. Une entreprise de 12 personnes bien organisée, avec 9 techniciens deux commerciaux et un directeur peut envisager de réaliser avec trois équipes, 120 semaines de travaux à, disons, 16 000 euros de CA par semaine soit près de 2 millions d’euros de CA, une belle petite PME. Maintenant si vous montez à 120 personnes, l’affaire devient belle. D’autant plus qu’elle est absolument sans risque et n’exige pas des salariés de très grande technicité. La taille du marché est telle que vous pouvez espérer créer une boîte plus grosse encore. Et en fin d’investissement, gagner des sommes confortables sans risque. Avis aux amateurs ! L’ennui c’est la foire d’empoigne, comme toujours quand on découvre un filon.

Voici un capitalisme qui vend de la subvention publique sans risque et à gros rendement sous la houlette de l’énarchie bienveillante et compassionnelle avec une flopée de lobbyistes au travail.

Tout le monde a compris que les éoliennes étaient un pari perdu d’avance les conséquences étant pires que les problèmes que l’on veut résoudre. Le calorifugeage des tuyaux permet un gain de 8 % environ. Ce n’est pas rien. Mais globalement ce n’est pas grand-chose sur le CO2 économisé et rien du tout sur le réchauffement climatique.

C’est la France bureaucratisée de 2021 !

On peut regretter ou profiter.

La dépossession totale de la France de sa politique énergétique

En dehors des tares traditionnelles de l’économie mondiale, les changes flottants, la gouvernance de l’euro et la Chine dans l’OMC, tares qui ont rythmé les récessions décennales, la sur récession de 2011 et l’évaporation de l’industrie dans les pays occidentaux, le risque externe le plus important pour l'économie française est le risque de pénurie de matières premières et les conséquences mondiales des déchets. Il est clair qu’une trajectoire de croissance des revenus n’est possible que si la production peut suivre et ne provoque pas de catastrophes naturelles désastreuses.

Pour la France la situation est particulière parce qu’il s’agit d’un risque externe (elle ne représente que 2.8 à 3 % de la production mondiale et seulement 1 % des pollutions au CO2) mais qu’elle entend mettre en interne des politiques volontaires de restriction., qui mal calibrées, peut la ruiner plus radicalement encore que le climat lui-même.

La question de la stratégie française en matière de contrôle des pénuries et des pollutions globales est donc critique. Tout le monde peut voir qu’elle n’est pas traitée dans la campagne présidentielle telle qu’elle se déroule en ce moment. Les Verts ne s’intéressent pratiquement pas à la question en dépit de leur assimilation d’image avec la défense de la vie saine et heureuse, notamment dans la jeunesse. Le débat interne a porté uniquement sur la question Woke. Devait-elle être dominante et affichée quitte à perdre les élections ? Devait-elle être caché et permettre de tromper les électeurs afin de permettre de gagner, d’abord en devançant grandement la candidate du PS, Mme Hidalgo, dans les sondages afin d’obtenir un ralliement de dernière minute pour former un bloc écologique et social dans le dernier round avant le vote. L’idée qui a gagné est qu’il fallait continuer la stratégie gagnante des municipales : se cacher derrière la verdure et une fois au pouvoir s’occuper de la révolution culturelle néomaoïste qui seule les intéresse.

Les autres partis n’ont aucun discours sur la manière de gérer intelligemment et sans trop graves contradictions les différentes questions portant sur la croissance et les questions environnementales. Le rejet des éoliennes est le seul thème un peu net qui se dégage.

On pourrait se scandaliser de cette étonnante défection, à un moment où on se rengorge sur la nécessité d’un débat permettant d’éclairer les réalités d’aujourd’hui et les risques futurs. Mais il est juste de constater qu’elle est absolument normale. Toute la question a été prise en main par la Commission européenne non élue qui mène sa propre diplomatie et sa propre politique totalement en dehors des peuples et de leur opinion publique. Aucun média ne rend compte réellement de ce qui se passe dans les sphères transnationales. Là, dans une atmosphère purgée des miasmes de la démocratie et du populisme, s’élabore ce que les élites immarcescibles pensent devoir imposer aux différents territoires sur lesquels s’agitent de façon rigolote quelques débiles à la chasse aux places dont le sort n’a strictement aucune importance. Leur état a été rendu importent. Il faudra qu’il applique les directives. Le vocabulaire ne ment pas. La direction est balisée et les Etats devront filer doux.

Protestation exagérée ? Lisons le communiqué de presse du 24 septembre 2021 émis par la Commission à Bruxelles. « Transition énergétique : la Commission annonce trois pactes énergétiques lors du dialogue de haut niveau des Nations unies à New York ». Saviez-vous que trois pactes étaient en préparation et leurs contenus envisagés ? La presse a-t-elle couvert cette formidable avancée idéologique, technique, économique et politique ? C’est qu’il ne s’agit pas d’un seul pacte. Trois d’un coup. Formidable. Et la France dans tout cela ? La France rien du tout, car dès qu’ils sont élus les membres de la commission n’ont de compte à rendre à personne. Ils font absolument ce qu’ils veulent dans leur domaine de compétence. On l’a bien vu avec la suite ininterrompue d’accords de libre-échange négociés par l’UE sans aucun frein en dépit des éclats politiques dans les pays membres.

Donc voilà. La France est tenue de respecter trois pactes dont personne n’a parlé en France dans les milieux politiques et encore moins dans la presse. Ce n’est pas caché. Il n’y a pas de complot. Nous avons abandonné la décision. Donc on s’en fout. On subira plus tard. Pas la peine de s’embarrasser d’un débat maintenant sachant qu’en l’état des institutions, on ne saurait rien faire d’une volonté de contredit. Puisque je suis sans pouvoir, n’en parlons pas. À quoi cela servirait-il ?

C’est dommage parce que les décisions qui sont prises sont majeures.

« Lors du dialogue de haut niveau sur l'énergie organisée cette semaine par les Nations unies à New York, Frans Timmermans, vice-président exécutif chargé du pacte vert pour l'Europe, et Kadri Simson, commissaire à l'énergie, ont présenté trois pactes énergétiques, en partenariat avec l'Agence internationale de l'énergie et l'Agence internationale pour les énergies renouvelables. Jouant respectivement le rôle de champion de l'accès à l'énergie et de championne de la transition juste dans le cadre de ce processus des Nations unies, le vice-président exécutif et la commissaire ont souligné la volonté de l'UE d'être à la pointe des efforts mondiaux déployés pour parvenir à un accès universel à l'énergie d'ici 2 030 et accélérer la transition vers une énergie propre, et ils ont montré le rôle concret joué sur la scène mondiale par le pacte vert pour l'Europe. »

Ce texte est fort intéressant.

D’abord par les personnes concernées : Franciscus Cornelis Gerardus Maria Timmermans est le prototype du Hollandais disposant d’une forte assise politique dans son pays et entièrement tourné vers l’Europe et la Commission qu’il pratique depuis des lustres. Il paraît que de Gaulle voulait que l’Europe soit le cheval et la France le cavalier. La Hollande a réussi ce tour de force. Pays microbique, son rôle européen est disproportionné. Le bon Frans possède à la fois la faconde du bon politicien et les manières de la diplomatie. Sa boussole : la Hollande. Son maître : les Etats-Unis et son coadjuteur allemand. ? C’est sympa la France mais c’est comme l’Italie, cela ne compte pas

Kadri Simson est une charmante quadragénaire estonienne, (l’Estonie est avec la Hollande un des pays les plus petits d’Europe et dont l’importance industrielle et économique est absolument négligeable) qui comme ministre de l’Énergie de ce pays a utilisé le gaz de schiste et le charbon pour obtenir l’indépendance énergétique du pays. Elle était donc parfaitement qualifiée pour gérer le pacte vert et signer des pactes internationaux colossaux ! La France ? « Ne connais pas ! J’ai fait mes études à Londres ». Tous les pays Baltes penchent vers Londres et l’Otan.

« Le débat a été de haut niveau ».. On ne va pas se commettre dans des débats de bas niveaux. Ça, c’est pour les « territoires », lors de leurs minables élections locales où on cause entre crétins. L’Europe est présentée comme une championne. À quand la sélection pour les jeux olympiques ?

Ensuite quel vocabulaire : « transition juste ». On croirait du Ségolène ! « Accès universel à l’énergie ». C’est qu’ils sont gentils en plus. Sans eux pas d’accès à l’énergie. La propreté est leur nouveau dogme. Tout cela pue les éléments de langage en pleine contradiction avec la réalité du jour. Les éoliennes dont on a poussé la construction à grands frais et au mépris des paysages et de la vie locale ne tournent plus faute de vent. Le gaz est devenu rare. Les prix de l’énergie s’envolent. En France, 60 % en un an. Une paille ! Et on a fermé Fessenheim, ce qui fait qu’on est totalement dépourvu. Le résultat est une perte en France de l’accès « juste » à l’énergie et celle qu’on obtient est moins propre que ce qu’elle était !

Que peut faire la France : rien ! Ce n'est pas là que cela se passe. Alors Macron l’Européen fou balance les chèques de 100 euros ou 200 euros. Un cautère sur une jambe de bois. Et une préfiguration de ce qui va se passer dans les années à venir : une politique décidée ailleurs que l’on va subir sans tenir aucun compte de nos réalités.

La mauvaise odeur d’éléments de langage s’amplifie avec les fameux pactes.

« Premièrement, un nouveau projet avec l'Agence internationale de l'énergie (AIE) établira, pour les pays dépendants du charbon, des feuilles de route pour une énergie à émissions nulles.
Ces feuilles de route proposeront des trajectoires inclusives de décarbonation du système énergétique, assurant une transition juste et socialement équitable ».

Il va donc y avoir des feuilles de route. Les politiques français devront prendre la route sans regimber. Mais puisque cela va être juste, inclusif et équitable, il le fera dans le bonheur total. Les yeux encore plus brillants que les pèlerins sur le chemin de Compostelle !

Notons-le bien : c’est l’AIE et la Commission qui décident.

« Deuxièmement, nous coopérerons avec l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) afin d'élaborer des perspectives régionales en matière de transition énergétique (Energy Transition Outlooks) pour l'Afrique, l'Amérique latine, les Caraïbes et l'Europe. Elles contiendront des recommandations politiques concrètes pour atteindre l'objectif de développement durable (ODD) en matière d'énergie, dans l'optique de la limite de 1,5 degré fixée par l'accord de Paris. »

Là encore, la France n’est rien dans le processus.

Troisièmement, nous travaillerons avec le Danemark, l'Allemagne, l'IRENA et d'autres partenaires sur un catalogue d'engagements dans le cadre du pacte pour l'hydrogène vert. Là encore la France n’est pas là. Le plus drôle est qu’une étude vient de montrer que l’hydrogène vert est un mythe et en vérité une solution pire que le mal. C’est un « enfumage » de pays qui veulent garder des industries sous-jacentes très polluantes. La France est très peu concernée.

Lors de leurs deux interventions, nos deux compères : « ont souligné l'ambition du pacte vert pour l'Europe de faire de l'Europe le premier continent neutre sur le plan climatique d'ici à 2 050 et de parvenir à une réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre dans l'UE d'ici à 2030, présentée dans un ensemble ambitieux de propositions législatives le 14 juillet 2021. »

Le règlement sur la répartition de l'effort assigne à chaque État membre des objectifs renforcés de réduction des gaz

le règlement sur l'utilisation des terres, la foresterie et l'agriculture établit, pour l'Union, un objectif global d'absorption de carbone par les puits naturels équivalant à 310 millions de tonnes d'émissions de CO2 d'ici à 2030. Les objectifs nationaux imposeront aux États membres de préserver et développer leurs puits de carbone

La directive sur les énergies renouvelables relèvera l'objectif de production de telle sorte que la part de l'énergie produite à partir de sources renouvelables atteigne 40 % d'ici à 2030. la directive sur l'efficacité énergétique fixera, au niveau de l'Union, un objectif annuel contraignant plus ambitieux en matière de réduction de la consommation d'énergie.

Des normes plus strictes en matière d'émissions de CO2 pour les voitures et les camionnettes accéléreront la transition vers la mobilité à émissions nulles en imposant une réduction des émissions moyennes des voitures neuves de 55 % à partir de 2030 et de 100 % à partir de 2 035.

Une révision de la directive sur la taxation de l'énergie propose d'aligner la taxation des produits énergétiques sur les politiques de l'Union en matière d'énergie et de climat, en promouvant des technologies propres.

À noter que pour l’Europe du Nord, d’où viennent nos deux clowns, le nucléaire n’est pas propre.

Arrêtons là. Toute la politique énergétique est dictée d’en haut par l’ONU et la Commission. Rien n’est décidé en France qui comme d’habitude sera saisie à la fin du processus avec un choix impossible : où céder ou tout casser, ce qui est quasiment impossible, d’autant plus que l’assemblée européenne fantoche aura dit oui.

On peut se demander sur cette question qui est absolument cruciale, à quoi sert notre élection présidentielle. On a voulu être des nains. Nous voilà en tutelle.

Nous n’aurons strictement aucun poids pour définir la politique qui nous fait courir le plus de risques économiques et sociaux dans les 30 ans à venir.

Bravo !

Le duel Minc-Zemmour symbole de la tourmente française

Minc ou le refus de la complexité zemmourienne

Alain Minc était tout-puissant et régnait dans la proximité des princes du pouvoir économique et financier, tout en occupant une place sinon de faiseur de rois du moins de conseil des politiques, quel que soit leur bord. Surgissant soudain (propulsé par qui ?) sous les caméras des télévisions publiques au milieu des années soixante-dix, il reste cinquante ans plus tard, la conscience d’un mouvement mondialiste qui se défait plus ou moins brutalement et qui rend son magistère plus difficile, bien que ses idées soient au pouvoir avec Emmanuel Macron. Juif venu du monde polonais, où l’antisémitisme était féroce, son parcours universitaire remarquable l’a conduit au statut d’énarque au moment où l’énarchie devenait triomphante. Socialiste dans la tradition de sa communauté d’origine, il est symbolique de l’enrichissement capitaliste d’une partie de la gauche après la prise de pouvoir de François Mitterrand, alors que le PS abandonnait la classe ouvrière et, ses dirigeants, l’industrie française, pour se concentrer sur la finance et les sociétés gravitant dans la proximité des états et des collectivités locales. Quant à la gauche, elle était prise d’une frénésie de destruction de tout ce qui faisait la France au profit de multiples altérités déifiées, de l’Europe et du mondialisme indifférencié.

Éric Zemmour, lui, a surgi dans le décor politique, avec le triomphe du « Suicide Français » qui remettait en cause tout le corpus idéologique soutenu et illustré par Alain Minc. Juif d’Afrique du Nord, ayant raté l’ENA, son parcours journalistique, longtemps besogneux, dans des journaux de droite, a été lent mais remarquable. Paradoxe, cet homme de l’écrit fait son entrée dans le grand monde intellectuel via « On n’est pas couché », une émission télévisée tardive sur une chaîne publique. Il s’y fait connaître en fustigeant un ridicule : le conformisme de gauche et le politiquement correct des vedettes venant faire leur promotion. L’appel d’air a été tel, dans un monde médiatique étouffé par l’emprise idéologique dominante, sorte de purée mentale associant le mitterrandisme le plus opportuniste, le socialisme le plus capitaliste et l’autodestruction française par la double soumission américaine et européiste, qu’Éric Zemmour est devenu un analyste écouté, au point d’avoir une émission en doublette avec Éric Naulleau. Finalement, Cnews crée pour lui une émission qui draine les téléspectateurs massivement et remet en cause le monopole de la parole publique de l’idéologie dominante. Il devient un analyste féroce du déclin français avec une focalisation sur la nécessité de retrouver la grandeur protéiforme de la France, sur l’envahissement arabe et islamique et sur la critique de la féminisation de sa société.

Zemmour le besogneux de droite, sorti de son bled algérien et recalé à l’ENA est devenu riche et influent, en dénonçant tout ce qu’Alain Minc le grand bourgeois de gauche, de dix ans plus âgés, avait encensé pendant des lustres.

Deux histoires nées hors de France, qui, l’une et l’autre, illustrent la capacité française de créer des élites en à peine deux générations d’immigration, alors que les berceaux familiaux étaient nourris par deux préoccupations initiales radicalement différentes : la peur de l’antisémitisme nationaliste et des mouvements nationaux socialistes génocidaires d’un côté ; la peur du totalitarisme musulman de l’autre.

Évidemment la candidature d’Éric Zemmour à l’élection présidentielle prochaine ne pouvait qu’interpeller un faiseur de présidents comme Alain Minc. Son intervention dans le Figaro magazine du 11 septembre est intéressante. Le grand bourgeois juge le petit valet ; l’Énarque juge le journaliste ; le mondialiste juge le nationaliste ; le maître des diplômes les plus exigeants juge l'étudiant limité.

Dès le titre, le ton est donné : « Zemmour ou le refus de la complexité française ». Lorsqu’on emploie le mot complexité dans un débat, c’est toujours pour montrer que l’adversaire est dans le simplisme et que seule une grande capacité intellectuelle, la sienne propre bien sûr, est capable de se guider sûrement dans le dédale infâme de la réalité. D’entrée de jeu on dévalorise et on discrédite. En un mot on fait place nette en annonçant que tout l’article est la concession d’un grand esprit qui va se compromettre, pour aider les esprits embrumés, à nettoyer une saleté médiatique. Merci, Merci, blanche colombe de risquer ainsi la blancheur immaculée de tes ailes d’albatros !

En « refusant la complexité », le pauvre Zemmour prouve ce qu’il est : un minus habens qui se vautre dans le simplisme. Cela commence bien.

Bien sûr, juif assimilé comme lui, Zemmour aurait pu être quelqu’un de bien, … en étant gaulliste. Mais ce simplet qui ne comprend pas la complexité a voulu être maurrassien et trahir sa judéité pour épater l’extrême droite !

Le gaullisme qui aurait fait d’Éric Zemmour un homme fréquentable est un peu particulier, puisqu’il l’aurait fait adhérer sans réserve à « l’Europe, levier d’Archimède de la France ». De Gaulle a tenté de mettre l’Allemagne au service des intérêts français et s’y est cassé les dents. Depuis cet échec, la politique allemande heurte directement, et de plus en plus, les intérêts français. Comme le rappelle opportunément le dernier livre de Zemmour, « La France n’a pas dit son dernier mot », les deux soixante-huitards, Cohn-Bendit et son coadjuteur Romain Goupil sont d’accord sur une chose : « La France, c’est fini ». Pour le levier d’Archimède, on repassera.

Alain Minc critique alors ce dernier livre dont Éric Zemmour commence la promotion à grande échelle. Il s’agit « un livre étrange » marqué par le « narcissisme » d’un auteur dont « les outrances, les faussetés auront pour seul effet d’hystériser les débats ». On pourrait aussi bien écrire que la critique de Minc est « étrange et marquée par un narcissisme énervé, qui provoque, par ses outrances et faussetés, une hystérisation du sujet ». On est dans le mépris, avec ces procédés, pas dans le débat.

Le neuneu, traître à sa race, narcissique, menteur, et outrancier, est le « paladin de l’inévitable et de l’irréversible », du fait de son goût maladif de l’extrapolation et son engrenage qui refuse la nuance. Une espèce de robot qui ne sait que cracher maladivement des simplismes. Il ne peut pas analyser l’époque. Ça, c’est le rôle de Minc expert sain en réduction nuancée de toute complexité et qui sait, lui, marier les contraires complexes avec grâce et subtilité.

Bien sûr que le grand Alain-la-complexité refuse la culture Woke, le féminisme abject, les zones de non droit, la charia, l’abandon de la force nucléaire français. D’accord il n’a jamais à chercher à en montrer les ravages ni en expliquer les causes, ce qui l’aurait entraîné trop loin du politiquement correct indispensable. Dans le silence de ses soliloques, il pensait du mal de tout ce que dénonce Zemmour au milieu des crachats, dont le bel Alain s’est prémuni par un silence constant. Quand c’est complexe il faut être prudent.

Mais pas question de courir comme un dératé, derrière une France blanche, judéo-chrétienne, phare du monde qui est une « chimère ». C’est tout le problème : le révisionnisme antinational qui déstructure le discours et les institutions qui fabriquent du surmoi national est légitime pour Minc, qui, en revanche, n’admet pas qu’au vu des conséquences que l’on constate, l’on déconstruise tout ou partie du discours européiste et mondialiste, façon Davos, dont il est le thuriféraire. « La décadence de la France est un artefact », et les déclinistes des rigolos mais en pas drôles. Tout va bien ! Il n’y a rien à changer dans le modèle qu’Alain Minc défend depuis des lustres et qui lui a valu argent et honneurs. La France est incapable d’avoir à temps des masques, des lits, des infirmières, des médecins, du curare, du Doliprane, des seringues et des vaccins, mais tout baigne. Les Français de souche ne font plus d’enfants, ce qui est formidable mais il est heureux que l’immigration bouche les trous et au-delà. Il y a donc un grand remplacement. Ben oui, mais on ne va tout de même pas vous concéder cette réalité qui elle n’est pas complexe à observer ! Pas de taxes aux frontières, surtout pas, même si la France accumule tous les déficits depuis vingt ans et les bonnes mesures de Jospin : blocage des relations du travail et 35 heures après la retraite à soixante ans. Les déséquilibres n’ont aucune importance pour quiconque les regarde avec à l’esprit la nécessaire complexité des choses. L’Euro ? Aucun inconvénient, que des avantages, avec les mêmes lunettes de celui qui sait penser la complexité du monde. Les Grecs s’en sont aperçus et sans lunette.

De toute façon, la France de Saint Macron et de son groupe d’Énarques bien-pensants, car pensant comme Alain Minc le souhaite, a été épatante dans la gestion de la crise sanitaire ce que ne peut sans doute pas comprendre un minable qui n’a pas réussi le concours d’entrée à cette école.

Finalement Éric Zemmour est travaillé par l’ambition politique, (pas comme Minc, lui-même ni ses différents poulains), ce qui érode la qualité de son intelligence, stimule sa démagogie, altère son honnêteté.

Voilà toute l’affaire : Le neuneu, traître à sa race, narcissique, menteur, et outrancier, sinistre « paladin de l’inévitable et de l’irréversible » n’est au fond qu’un démagogue malhonnête détruit par le prurit politicien.

Cher Alain Minc, mieux aurait valu une analyse des causes du mouvement qui porte Zemmour vers son engagement politique « disruptif » que ce torrent d’injures qui trahit votre désarroi devant la chute d’une certaine forme de pensée dominante aujourd’hui largement remise en cause et souvent pour de bonnes raisons.

Dans son dernier livre récemment publié, Autodafés, Michel Onfray dénonce une idéologie dominante qui "ne débat pas . Elle insulte. Elle ne dialogue pas, elle méprise, elle n'échange pas, elle anathémise. Elle ne respecte pas, elle salit. Elle ne discute pas ; elle condamne".

Tout est dit.

"Super Pinel" , Hyper Bureaucratie, Népotisme énarchique

La bureaucratie française est désormais souvent constatée et critiquée. La crise sanitaire est passée par là et tout le monde a vu que les professionnels de la santé avaient été totalement subordonnés à une folie administrative effarante et unique au monde.

En vérité rien ne change et le bulldozer bureaucratique continue de tout écraser en bonne conscience et sans aucune critique dans les médias principaux. L’énarchie triomphe dans les formes les plus perverses, celle en particulier d’un népotisme qui ne trouble personne.

L’actualité nous en fournit la preuve avec la politique du logement et les annonces gouvernementales correspondantes. Le logement est depuis la guerre une passion politique et elle a été totalement phagocytée par l’énarchie qui y trouve tous les moyens de s’y déployer dans la béatitude en multipliant les réglementations phénoménales par leur détail, leur ampleur, leur mépris total de ce que pe nse les Français.

Voici donc que le Madame le Ministre en charge du logement, Mme Wargon, énarque en charge d’une discipline dont elle ignore évidemment absolument tout, veut construire 500 000 logements, ce qui est juste le nombre d’immigrés et d’enfants d’immigrés qu’il nous faut loger chaque année. Le Ministre est accueillant à la diversité, surtout islamique, puisqu’environ 80 % de ces nouveaux logés sont Maghrébins ou issus de l’Afrique musulmane.

Le moyen ? Un « super Pinel », une nième loi, où faute d’avoir voulu faire jouer les lois du marché et les règles de la propriété, on va proposer aux riches des dégrèvements fiscaux pour pouvoir créer des logements pour loger les petits-bourgeois qui libéreront de la place pour les immigrés. Avec le logement social, le Super Pinel, est la base de la construction en France. Une approche 100 % étatique, avec une association Etat et grands groupes immobiliers qui est le parfait exemple d’un « fascio » pétainiste de grande facture. Beaucoup de choses dans la construction date de Pétain, notamment l’Ordre des Architectes. Étatisme et pétainisme ont toujours fait bon ménage dans le domaine. .

Emmanuelle Wargon, « en marge » d'un débat portant sur la politique du logement, vient d'en dire plus sur le super Pinel. Pour bénéficier du dispositif à taux plein, le projet devra répondre à la fois à des exigences environnementales, mais également respecter certains standards en matière de qualité d'usage. Sur ce dernier point, le gouvernement s'appuiera sur le projet de "référentiel de qualité logement" qu'il a commandé à l'architecte urbaniste François Leclercq et au directeur général d'Epamarne, Laurent Girometti. Il sera présenté le 8 septembre prochain, à l'occasion d'un nouveau débat public organisé au ministère sur la politique du logement. Le décret organisant la future entrée en vigueur de ce dispositif baptisé, pour l'instant, "super-Pinel", sera ensuite mis en concertation auprès des acteurs de la construction. "Je souhaite que les critères de ce super-Pinel ne soient pas seulement environnementaux [par exemple, en lien avec le futur label RE2020, N.D.L.R.], mais aussi de qualité d'usage", a précisé la ministre devant les journalistes. "Nous devons réinjecter de la qualité d'usage, qui constitue l'impensé de la période qui est derrière nous, depuis un certain nombre de mandatures. Il n'est pas raisonnable de laisser l'ajustement se faire par une baisse de la hauteur sous plafond des biens, une diminution de leur superficie, l'absence de logements traversant…"

On voudrait donner une illustration de l’Énarchie Compassionnelle qu’on ne pourrait pas trouver mieux. Cette charmante jeune femme est pleine de compassion : les plafonds baissent et on ne propose plus d'appartement traversant ! Zut alors ! On moquait une reine de France qui voulait proposer des croissants au peuple affamé. Une petite reine de l’énarchie peut avoir une compassion très bourgeoise sans que cela n’affole personne. Il faut voir quelle réglementation effarante est la contrepartie d’un dégrèvement fiscal. Il faudra d’abord respecter un PassCO2, le futur label RE2020 ! Mais cela ne suffira pas. On va aller encore plus loin avec un règlement de la qualité d’usage, telle qu’une Marie Chantal va la définir avec un copain architecte. Ensuite, que de concertations. Toutes bidons. Il s’agit simplement de se mettre d’accord avec les grands groupes de construction. Le Parlement ? Quel parlement. Une fois les accords faits, la loi passera comme une lettre à la poste avec quelques concessions à quelques excitées vertes ou LREM, pour faire semblant.

L’avis des Français ? Connais pas ! Il suffit qu’une « fille-de » pense l’impensé du haut de sa filiation heureuse, pour que la France s’ajuste dans ses tréfonds. Mme Wargon  est la fille de Lionel Stoleru, qui n’avait pas été particulièrement épatant dans les gouvernements Giscard, où polytechnicien, il avait été astucieusement mis en charge du travail manuel… D’échec en échec électoral à droite, il avait fini par rejoindre les socialistes et finir chez Rocard, pour revenir chez Sarkozy après une autre série de cauchemars électoraux. Si on voulait symboliser « l’étroitesse des élites à toutes mains » qui dirigent la France depuis 1974, sans vraie conviction et sans résultat mais avec une belle stabilité financière et une belle certitude familiale, les Stoleru, avec les Parly, seraient en tête d’affiche. La remarquable Emmanuelle est non seulement la fille d’un polytechnicien mais d’une énarque, Francine Wolff, administratrice de la ville de Paris jusqu’à son décès en 2009. C’est dire qu’elle avait une vocation presque naturelle à rejoindre Emmanuel Macron au titre du contingent de femmes obligatoire. Parvenir à se rendre indispensable dans tous les bords politiques, d’Hidalgo à Macron en passant par Sarkozy, Hollande ou tout ce qu’on voudra, voilà un bel exemple de la création d’une élite indéboulonnable multicartes inscrit dans les rouages de l’Énarchie Compassionnelle dans la durée et sans parti pris, sinon celui de durer dans les hautes sphères de l’État.

Pendant ce temps-là on s'étonne que les pauvres qui se retrouvent avec une maison déclarée passoire thermique et qui tentent de se débrouiller avec 1 200 euros par mois, sur fond de stagnation économique depuis 40 ans, merci papa Stoleru, se retrouvent dans la rue pour ne pas être ruinés par des réglementations si extrêmes qu’elles deviennent intolérables !

Cet exemple terrifiant devrait amener les Français à quelques conclusions

-        Conclusion 1 : l’énarchie compassionnelle en famille, cela doit s’arrêter. Une muraille sera dressée entre la haute fonction publique et la politique. L’éviction de Macron est le premier acte de cette politique. Ensuite il faudra prendre trois mesures : interdire tout poste éligible à un haut fonctionnaire qui n’aura pas démissionné de son statut au préalable ; interdire les doubles rémunérations pour les hauts fonctionnaires ; mettre en place une législation contre les conflits d’intérêts et notamment le risque de népotisme.

-        Conclusion n° 2 : le logement est un des endroits où il faut débureaucratiser à mort.

-        Conclusion N° 3 : LR ne dira jamais rien sur la question ni personne d’ailleurs parmi les candidats connus de ce parti ni d’ailleurs d’aucun candidat. La gestion soviétique du secteur du logement fait partie des « impensés » de la politique actuelle.

-        Conclusion n° 4 : il n’y a pas de différence entre la gestion du logement français d’aujourd’hui et la gestion soviétique de l’agriculture d’hier. Il y avait toujours un grand prêtre du Politburo prêt à annoncer des tas d’idées sympas sur ce que devraient être les kolkhozes. Sans tolérer la moindre évolution structurelle. Et les Soviétiques n’ont jamais mangé à leur faim sans les importations étrangères.

-        Conclusion n° 5 : on aura reconnu le système qui fonctionne au ministère de la santé avec les remarquables résultats qu’on connaît.

Il va de soi que cet article n’a rien de personnel contre Emmanuelle Wargon qui est femme de qualité tout à fait remarquable, super diplômée, avec un bel esprit et synthèse et des qualités d’expression. Un modèle de jeune femme actuelle. Mais aussi un modèle d’apparatchik et de reproduction des élites, incapable d’une quelconque rupture avec la bureaucratie envahissante et s’y coulant avec un rare talent !

Toute l’affaire symbolise le népotisme énarchique, la continuité dans le temps des abus de la haute administration, et la bureaucratisation infernale perpétuelle de secteurs entiers de la vie économique. On n’a pas besoin de Pinel, de super Pinel ou d’hyper Pinel, voire de cosmo Pinel, mais d’une réduction de la pression fiscale globale. Mettre en place une fiscalité spoliatrice et ensuite restituer une partie de l’argent en fonction d’oukases administratifs ou de lubies personnelles de la ministre, est tout ce qu’il faut supprimer, surtout si c’est géré par des familles embusquées dans l’Etat qui se passent le relais de parents à enfants avec une indifférence totale pour la couleur politique du gouvernement du moment.

En lisant Marianne…

Il est toujours intéressant de lire les revues qui se veulent iconoclastes. Bien sûr, de tout temps, et surtout avec J.F. Kahn, la ligne principale était : « Vous vous rendez compte Mme Michu », ce qui ne nous emmenait pas très loin dans la contestation et plutôt loin dans la rengaine des râleurs et des grognons sans importance. Mais bon ! Natacha Polony se vit en grande penseur du monde moderne et ne dit pas que des sottises, entre exploitation diverses de poncifs et vraies informations longtemps mises sous le boisseau.

Revoilà Jacques Julliard qui n’en démord pas. Vive la gauche qui doit redevenir la gauche en cessant de « considérer l’électeur de gauche comme un pur animal économique ». Elle doit donc parler de l’immigration, mais en prônant les sommets et les plus grandes exigences, en évitant la juxtaposition des groupes ethniques et en intégrant. Il n’y a plus qu’à 

 « Ah si la gauche écoutait ses électeurs », ajoute-t-il. L’ennui c’est que la gauche a d’abord été absorbée par le socialisme et s’est calé sur le marxisme tout en acceptant toutes les dérives révolutionnaires. Plus de 100 millions de morts assassinés plus tard et quelques milliards de vies gâchées plus tard, avec en prime l’effondrement de l’URSS et la conversion au capitalisme d’Etat de la Chine, le socialisme est mort comme idéologie positive.

L’ennui est que les socialistes ont eu le culot d’abandonner les questions sociales et les ouvriers au profit des différentes altérités. Les électeurs censés être défendus par les partis de gauche se sont donc échappés vers l’abstention ou Mme Le Pen.

Cet abandon est largement du à des politiques soutenues par… Julliard, notamment dans le domaine européen et dans celui de l’accueil indéfectible des immigrés.

Ce n’est pas seulement le PS qu’il faut fustiger, M. Julliard, mais vous-même et JF Kahn avec vous !

Une excellente étude sur la baisse de revenu d’une partie des fonctionnaires.

Le tableau publié en page 11 devrait servir de bible à tous ceux qui veulent comprendre un peu la situation du pays. Oui, il est parfaitement vrai que de nombreux fonctionnaires ont perdu du pouvoir d’achat dans les quarante dernières années, et que c’est dans la masse centrale que les pertes ont été les plus grandes, la haute fonction publique se gobergeant, de plus en plus en famille, avec de nombreuses rémunérations annexes et des allers et retour dans le secteur nationalisé ou dans les entreprises en grande dépendance de l’État, et la partie basse ayant été assez généreusement revalorisée.

Les faits étant établis il aurait été bon de ne pas se tromper dans leur interprétation.

Premier constat : les fonctionnaires ne sont pas les seuls à avoir perdu du pouvoir d’achat. Nous n’avons cessé de répéter que le PIB par tête était exactement au même niveau en France entre décembre 1980 et décembre 2020. Quarante ans de stagnation ! On ne voit pas pourquoi la fonction publique aurait échappé à la tendance générale.

Second constat : c’est la politique démagogique mise en place par Mitterrand et son programme commun qui a ruiné la croissance française. Nous avons d’abord cessé de rattraper le niveau de vie américain, puis, grâce aux trente-cinq heures et autres transferts sociaux et étouffements bureaucratiques, nous avons commencé à décrocher tout seul comme des grands.

Troisième constat : les effectifs des différentes fonctions publiques et des emplois directement liés à l’état, comme dans les associations subventionnées ont explosé. La régionalisation a été le vecteur principal mais aussi le déplacement des fonctions régaliennes vers les associations. Quand on multiplie les effectifs à production constante, on baisse la rémunération moyenne. C’est mathématique.

Quatrième constat : le développement effarant de l’immigration et des obligations qu’elle implique a provoqué un déploiement permanent de ressources qui ont manqué pour le reste. S’il faut construite une ville comme Paris tous les cinq ans pour accueillir le monde entier, et des populations qui ne veulent pas s’assimiler et entrent en dissidence économiques et politiques, comment faire pour dégager des ressources pour l'administration de base ?

Cinquième constat : si on met nos entreprises en compétition avec le monde entier avec les charges les plus hautes du monde et les contraintes réglementaires et sociales les plus féroces, l’activité économique fiche le camp et prive le pays des moyens de revaloriser les fonctions d’appui.

Sixième constat : l’administration, quelque qu’en soit l’objet, suit les lois de Parkinson avec délectation. Si l’administration de la santé a fini par disposer de près de 18 000 femmes fonctionnaires de catégories A, la plus élevée, alors qu’il aurait peut-être mieux valu avoir 3 000 docteurs 6 000 infirmières de plus, ce n’est pas par hasard. La bureaucratie est devenue pléthorique du fait du triomphe de « l’énarchie compassionnelle et bienveillante ».

Septième constat : ce sont les GOPE européens, définis pour sauver l’Euro, qui imposent les restrictions en matière d’administration. Vive l'Euro d’accord, mais au moins qu’on en cite les effets, au lieu de les renvoyer sur d’autres.

Marianne occulte chacune de ces causes, pour ne pas gâcher le message subliminal : « le néolibéralisme né de Thatcher et Reagan » est la source de tous nos maux.

L’Administration n’a pas été victime d’un quelconque néolibéralisme français (des noms ! des noms !) mais largement des dérives de la Haute administration largement socialiste, immigrationniste, européiste, réglementariste, fiscaliste et bureaucratique

Pour finir : Que de merveilleuses trouvailles dans les dessins d'humour publiés en masse dans le journal, en particulier les deux de la page 61 que je laisse au lecteur le plaisir de découvrir.

La montée de l'intolérance

Alors que le cycle des conférences autour de mon livre Sortir du Désastre est enclenché, avec la volonté d’insister d’abord sur la nécessité de sortir des débats de personnes pour entrer dans le dur d’un programme de gouvernement puissant et de nature à changer les choses, plusieurs réactions qu’il faut bien qualifier de sectaires se font jour chez des personnes dont on n’attend pas vraiment cette attitude. Sur certains sujets, une partie de l’auditoire ne veux rien entendre et s’énerve vite lorsqu’elle considère que l’orateur fait une incursion incorrecte dans ce qu’il faut bien appeler « une exigence de foi ». Jusqu’à encore très récemment les génocides socialistes étaient l’exemple type des sujets impossibles à traiter objectivement sans conflit aigu avec un auditoire de gauche qui ne pouvait admettre que son idéologie soit frappée d’infâmie. C’était très cadré presqu’automatique et ne portait pas sur des aspects de la vie quotidienne et aujourd’hui tout le monde admet ou presque qu’au nom de cette doctrine cent à cent cinquante millions de personnes ont perdu la vie. La question est presque réglée. La nouvelle intolérance porte essentiellement sur deux sujets : le féminisme façon WOKE et l’écologie politique et touche beaucoup de personnes qui ne sont ni marquées a priori par une idéologie ni par une sociologie particulière. Cela traverse toutes les classes sociales, surtout sur des critères d’âge ou de genre.

Beaucoup de femmes, jeunes et moins jeunes, ne tolèrent plus aucune discussion sur les sujets féministes, par réaction à ce qu’elles jugent avoir été une maltraitance durable et structurelle des hommes qui doit disparaître.  Il n’y a plus ni débat ni limite. Toute réserve est vue comme une infamie méritant exclusion.

Un exemple :  Impossible de dire que la parité, dans un monde politique français dominé par l’Enarchie, a provoqué une poussée de nominations féminines dans des proximités problématiques, confinant au népotisme caractérisé, avec des carrières en couple particulièrement bien rémunérées, le poste de l’un servant à assurer le poste de l’autre. Il suffit de voir le nombre de « filles de » ou d’ex-maîtresses dans les instances politiques et administratives actuelles pour relever que la question est très actuelle. Alerter sur les risques d’une situation nouvelle, et l’obligation de prévoir des garde-fous contre les conflits d’intérêts, n’est pas remettre en cause les carrières féminines. Les règles de conflits d'intérêts valent pour les deux sexes. Mais rien à faire : il ne faut pas en parler ! L’obligation féministe ne souffre pas de commentaire et l’emporte sur la nécessité démocratique.  On a vu que Mme Hidalgo flattait cette attitude en se félicitant d’avoir violé la loi sur la parité de genre dans les postes de chef de service de la ville de Paris, sans pratiquement de réaction.

L’écologie est une autre terre de désespoir démocratique. Ne pas hurler avec les loups sur l’urgence de la transition vers une économie sans CO2 vous fait traiter de menteur, d'inconscient, de « connard » et autres gracieusetés. Aucun chiffre, même le plus facile à vérifier, ne sera accepté comme élément de discussion. Même si, dans vos analyses, vous ne relativisez jamais la réalité des difficultés liées au réchauffement que l’actualité rappelle inlassablement, et cherchez simplement à bien cadrer la politique écologique à mener, en équilibrant coût et effet sur la température, vous passez rapidement pour un malhonnête homme en plein révisionnisme voire pire. Ne s’agit-il pas de sauver la terre ? Vous êtes donc dans l’écocide !  Salaud, va !

L’industrie automobile annonce qu’il faudra 14.000 milliards d’euros pour convertir les usines européennes à la fabrication de voitures électriques, avec près de 3.500 milliards d’euros environ pour la seule industrie française. Personne ne réalise ce que veulent dire ces chiffres démesurés. Vous prenez le parc de voitures françaises, 55 millions d’automobiles, et vous calculez le coût du remplacement sachant qu’une voiture électrique coûte environ 30.000 euros en moyenne. Certains disent 20.000 d’autre 40.000. Là n’est pas l’important. Le budget à prévoir est colossal : entre 1.500 et 2.000 milliards d’euros. Nous en sommes alors à 5.000 milliards d’euros minimum. Mais maintenant voilà qu’il faut fournir avec des éoliennes l’énergie obtenue jusqu’ici par 50 milliards de litres d’essence consommés chaque année.  Sachant qu’un litre d’essence fournit l’équivalent de 10 kw/h et que l’éolien perd la moitié de l’électricité produite entre l’éolienne et le moteur, Il faut libérer l’équivalent de 5O x2 x10 milliards de kw/h éolien par an, soit 1000 milliards de KW/h. Sachant qu’une éolienne de 1 KW fournit en moyenne chaque année 2000 Kw/h, on obtient facilement la puissance en KW d’éoliennes à installer : 1 000 000 000 / 2000 = 500.000 KW. Sachant que la majorité des éoliennes installées proposent entre 1 et 3 KW, disons en moyenne 2 KW, il faudrait 250.000 éoliennes en France (contre 9 000 actuellement). Rappelons que le coût d’une éolienne est entre 1,4 et 1,6 million d'euros le MW. Il faut ajouter le coût du raccordement au réseau, les moyens de stockage de l'électricité produite, son transport sur le lieu de consommation et les points de rechargement. Un poste de recharge rapide coûte actuellement près de 40.000 euros. Il en faudrait des millions pour que les 55 millions de véhicules puissent avoir toujours l’énergie nécessaire partout où nécessaire. 

Vous voyez se dessiner des budgets colossaux, de l’ordre de cinq à six mille milliards d’euros pour la France, soit cinq ans de valeur ajoutée des entreprises françaises, à dépenser en 13 ans (d’ici à 2035 !).

Si vous généralisez à l’Europe, vous aboutissez à des chiffres supérieurs à 24 000 milliards d’euros, en plus de la conversion du parc industriel, et 2.500.000 éoliennes !  En imposant des limitations drastiques de circulation et en espérant des gains de productivité important, on aboutit à un minimum de 12.000 milliards d’euros, en plus des 14 milliards de la conversion des usines automobiles !   

Ces chiffres marquent une impossibilité. Si quelqu’un croit que les Français vont sacrifier la moitié de leur consommation ou de leur revenu pour convertir l’automobile à l’énergie éolienne, il va vers quelques déboires. 

Comme les transports représentent 6% de la pollution du CO2, espérons que le coût de la disparition totale de l’énergie thermique d’ici à 2050, soit trente ans, ne soit pas l’équivalent de 16 fois celui des voitures thermiques ! Car sinon bonjour le délire.

Bien sûr ces estimations faites sur un coin de table peuvent être contestées.  Ce que les citoyens doivent exiger de leur gouvernement, et de la Commission européenne, c’est le budget correspondant à l’objectif annoncé d’abord de la suppression des véhicules thermiques d’ici à 2035 et ensuite de la décarbonation totale de l’économie en 2050.  Jusqu’ici aucun chiffre sérieux n’a été produit. Annoncer des politiques sans les chiffrer est une imposture. Si les ordres de grandeurs que nous citons venaient à être confirmés, soyons clairs, cette politique est une folie et elle ne sera jamais menée à bout. Une seconde exigence est d’annoncer les résultats de cette politique en terme réduction de l’élévation de la température globale de la planète. Christian Gérondeau l’a fait dans son livre La religion écologiste, p 128. La décarbonation totale de l’économie française d’ici 2050 permettrait une réduction de température moyenne de 0.0014° et celle de toute l'Europe un gain de 0.004°. Les chiffres d’ici à 2100 seront sans doute meilleurs mais tout aussi dérisoires.

Pour un observateur dépassionné, les coûts extravagants et les résultats dérisoires de la politique de zéro CO2 d’ici 2050 condamne cette politique. Que ceux qui la proposent fournissent leurs propres estimations et la méthode choisie pour y aboutir ! C’est le minimum.

On le voit bien avec le COVID. Quand la politique suivie est abracadabrantesque,  cela finit par des dettes pharamineuses, des dépenses ahurissantes et des atteintes continuelles aux libertés, pour des résultats contraires aux annonces. A quand un « passeCO2 » et une application « stopCO2 » pour portable qui consignera toutes vos dépenses en CO2 ?

Liberté et prospérité sont en danger. Les religions surtout si elles sont politiciennes, mettent toujours la prospérité et les libertés en danger.

En attendant, les dévots de la religion écolo ne sont pas prêts à entendre.  La réponse, murmurée, est toujours : les chiffres sont faux ; ce n’est pas vrai ; quel inconscient ; un « salaud au sens sartrien du terme » ; il n’a pas vu les feux ? Révisionniste et négationniste mais surtout aveugle !

Alors que l'élection présidentielle se rapproche la tentation de capitaliser sur le féminisme et l’écologie s’amplifie. Mélenchon, Hidalgo et les Verts ont démarré l'exercice. Mme Pécresse met en avant sa « sensibilité » féminine et écolo.

Pour Krugman, l’éditorialiste du New York Times, il n’y a pas à sortir de là : la droite est pour le CO2 et que la terre soit cuite, tout en cultivant un machisme débilitant et antiféministe. Tous Trumpiste à droite !

Pour la droite de redressement national, c’est un défi. Un programme de sortie de désastre ne peut ignorer les grands thèmes de la démocratie et de la prospérité et doit donc être très précis en matière de culture WOKE et d’écologie utile. Tout en sachant qu’il existe un noyau fanatique à peu près totalement inconscient des vrais enjeux et qui ne compte pas aller au-delà des approximations vaseuses et des images pieuses. E. Macron s’est déjà calé dans la démagogie pour séduire cette tranche de l’électorat en jouant à la fois sur le féminisme en mettant constamment en exergue les féminicides et en manipulant les exaltées du gouvernement comme Mmes Schiappa et Moreno, tout en prétendant « à la fois » à une écologie « gouvernementale » calée sur l’Europe et avoir cédé à beaucoup de réclamations écologistes (Fessenheim, ND des landes, Convention citoyenne, …). L’extrême droite a, elle, choisi la lutte contre les éoliennes. C’est simple et cela évite de proposer une autre politique.

Les Républicains n’ont rien à gagner à faire du macronisme et du gauchisme au petit pied ni dans le féminisme ni dans l’écologie. Leur seul espoir est de se mettre au-dessus de cette mêlée de nains.nes en refusant les politiques antidémocratiques basées sur les exaltations de genre, de race et de religion et en forçant le pouvoir qui a défini des échéances à sortir de l’ambiguïté en précisant les coûts et les résultats attendus de la politique écolo suivie.

Un candidat solitaire, parti pour un concours de beauté, n’y arrivera pas. La parole doit être élaborée par un collège important de personnalités fortes et portée collectivement, donc par plusieurs porte-parole. 

Bien sûr, il faut tenir compte des sensibilités et des mentalités mais ce que les Français veulent, c’est comprendre quel sera l’effort à faire pour sortir du trou où la France s’est fourrée. Pour cela il faut travailler, travailler, travailler. Et venir avec une stratégie forte et incontestable. Il faut lutter contre l’intolérance et regarder la réalité à la lumière de la raison, assumer la pratique du pragmatisme, défendre la réflexion commune, stimuler le débat intelligent et informé.

Devoir l’affirmer aurait paru étrange il y a encore peu de temps. Il y a bien un affaissement démocratique et intellectuel regrettable en cours.

Devoir le faire en est doublement indispensable.

Didier Dufau  

L'épouvantable article de Jacques Julliard dans le Figaro

Quand le Père Julliard fait le Jacques après avoir joué tant de cartes tronquées depuis 1981

Une des curiosités d’un moment où toutes les frontières s’effondrent en même temps que les idéologies, est le succès de Jacques Julliard dans les journaux de droite, comme en témoigne la page entière consacrée par le Figaro du 16 août à un article de sa plume dénonçant les manifestations « populistes », sous le titre « Au pays de Descartes et du Père Ubu ».

Jacques Julliard est significatif d’un mouvement d’après-guerre qui a vu certains intellectuels catholiques décider que le catholicisme ne devait plus appuyer « les régimes bourgeois » et au contraire se ranger derrière les idéologies marxistes. Le « christo-coco » et la « théologie de la libération » sont les deux enfants informes nés de cette ambition. Pour eux, Jésus serait en fait un précurseur de Lénine, le plus révolutionnaire des deux pouvant se discuter. La JOC, le prêtre en usine « partageant la terrible condition ouvrière », la fin de la ritualité historique chrétienne avec Vatican II, la dénonciation du capitalisme, le soutien des révolutions en Amérique du Sud, la repentance perpétuelle des nations occidentales, ont formé le cadre de la quasi-disparition de la religion chrétienne en France, déconsidérée et marginalisée en moins de 70 ans. Le soutien massif à Mitterrand et au programme commun de gouvernement, la fusion avec les protestants de gauche, de Rocard à Jospin, la critique perpétuelle de la droite infâme, ont fait de cette mouvance, le complice absolu de toutes les erreurs qui ont mis la France là où elle est : en voie d’être ruinée et définitivement déclassée.

Au lieu de faire pénitence, les intellectuels de gauche catholiques croient toujours pouvoir faire la leçon aux autres et notamment aux victimes des politiques socialistes.

Article de foi numéro 1 : il n’y a de bonnes manifestations de masse que de gauche. Une manifestation qui ne l’est pas est préfasciste ou fasciste (sic). Quand la CGT casse, occupe, empêche, fraude, agresse, c’est bien ! Même quand c’est totalement illégal ! C’est pour la bonne cause. Même quand cela empêche de réformer intelligemment des institutions en difficulté mais noyautées depuis longtemps. La SNCF a été ruinée par l’impossibilité de réduire pendant 40 ans un excédent de 300 000 salariés lié à l’électrification, accumulant milliard après milliard de pertes. Idem pour Air France, ruinée radicalement par ses pilotes syndicalisés. Le statut de la fonction publique, les 35 heures et la retraite à soixante ans étaient des erreurs funestes qui ont détruit la compétitivité française et entraîné le pays dans la surfiscalisation et la dette intolérable. Aucun problème !

Article de foi numéro 2 : il y a un bon et un mauvais peuple. L’infaillibilité du peuple n’a pas de fondement rationnel (re sic). Il n’est souverain que lorsqu’il est éclairé. Sinon ce n’est qu’une populace. Qui l’éclaire ? Évidemment ceux qui prêchent le bien et seuls le socialisme et le christianisme de gauche prêchent le bien. Il suffit de voir où nous mène la « cancel culture » folle du post-gauchisme américain pour s’en convaincre… Haines multiples et piloris des chevaliers du bien, on connaît cela chez les catholiques depuis Savonarole. Mais cela ne trouble pas la gauche chrétienne format Julliard.

Article de foi n° 3 : Les gilets jaunes sont une horreur incompréhensible, mélange d'anticapitaliste pré marxistes (l'erreur absolue) et de populistes ravagés. Il s’agit d’un ramassis d’imbéciles (re re sic) (belle citation de Bernanos, penseur Chrétien qui sert à l’occasion, qui déclare que « l’expérience accumulée par les imbéciles pèse d’un poids immense sur le monde »). Nous voilà bien avancés. Que des gens qui subissent depuis quarante la stagnation de leur revenu du fait des politiques socialistes voulues et soutenues par M. Julliard se rebellent contre la perspective d’une pauvreté dramatique est inacceptable pour M. Julliard. S’ils ont été ruinés ou menacés de l’être, c’est pour leur bien.

Article de foi n° 4 : Si les manifestants sont fascistes, ils ne le savent pas. Heureusement M. Julliard est là pour les informer de leur état navrant, de leur magma intellectuel, de leur irrationalité narcissique et consumériste. Imaginez un peu : ils haïssent M. Macron qui les prend pour ce qu’ils sont. C’est une preuve cela !

Article de foi numéro 5 : quand on se drape dans le drapeau français, on lui donne « des couleurs louches, sectaires et comme factieuses » (re  re sic). Quand on se drapait dans les couleurs du drapeau rouge soviétique rien n’était louche, sectaire ou factieux. C’est bien connu. Pauvres imbéciles de Dupont-Lajoie à béret et baguette de pain, intériorisez votre ignominie et vos penchants pour la régression dans les eaux boueuses du nazisme, de l’antisémitisme, de l’anti scientifisme, de l’anti tout nauséabond ! Alors que vouloir le paradis sur terre avec 150 millions de massacrés à la clef était évidemment  compréhensible car bien intentionné.

Article de foi numéro 6 : la cause de nos malheurs vient des idées des « pédagogos » qui ont détruit la sainte école de la République et laissé la place aux « Pères UBU ». Comme si cette destruction n’avait pas été menée au nom de la destruction de la « bourgeoisie ignoble » et auto reproductrice et de la « vraie et réelle émancipation » par des intellectuels de gauche ! C’est qu’il fallait casser déjà les plafonds de verre, une activité qui laisse pas mal de scories blessantes sur le sol. Ajouter les guerres de genre, promues à l’école par la gauche néomaccarthyste américaine, avec écriture et cours d’école genrées, et nous voilà en pleine gloire de gauche. Il est bien temps de pleurer les conséquences de ce que l’on a adoré, M. Julliard !

Article de foi n° 7 : La laïcité, la République et la nation sont passées à droite pour leur plus grand malheur. La droite salit ce qu’elle touche. Y compris la sainte Raison, que la droite utilise « comme une poule qui aurait trouvé un couteau »(re re re sic). C’est que les Saints ontologiques que sont les Chrétiens de gauche ont perdu leur monopole nécessaire du fait des errements gauchistes. Du coup le bien repris par la droite est le mal, à coup sûr !

Article de foi n° 8 : la pensée politique se résume en France au mariage baroque de « l’abstraction sociologique et de l’anecdote médiatique, sous le contrôle des animateurs télévisuels ». C’est vrai que le potage est peu goûteux. Mais qui a peuplé l’université et les médias de cette gauche bizarre, sinon les socialistes avec Mitterrand, puis Jospin, puis Hollande ? La pensée dominante à l'université, à l’école, et dans les médias est clairement socialiste, de façon écrasante. La droite n’y est pour exactement rien. Elle a seulement réussi à faire un trou minuscule dans le monopole de gauche avec Cnews et Zemmour.

Article de foi n° 9 : « Il y a en France deux urgences, la lutte contre le réchauffement climatique et la lutte contre la glaciation intellectuelle ». Le gauchisme écologique est l’exemple même d’une folie marquée par la glaciation intellectuelle. Mais Julliard n’en a cure. Dommage car Il faut lutter contre la gauche politique pour sortir à la fois de l’ignominie intellectuelle de l’ultra gauchisme néomaccarthyste des Verts et de l’autodestruction économique qu’ils promeuvent. La gauche socialiste ne pense qu’à s’y allier ou s’y rallier.

Article de foi n° 10 : « Il y a pire que l’anarchisme prolétarien de l’extrême gauche, c’est l’anarchisme petit-bourgeois, un libéralisme d’enfants gâtés ». C’est que ces imbéciles de manifestants à gilets jaunes ou non, sont des enfants gâtés malséants. Observez bien les femmes retraitées en pension de réversion à 500 euros par mois qui manifestaient sur les ronds-points ! Des gâtées pourries si on les compare aux petits pauvres des tiers-mondes ! Des abruties « tombées dans les guets-apens du spontanéisme » (re re re re sic).

Quelle conclusion tirer de cette protestation énervée contre les conséquences de ce que Jacques Julliard a toujours soutenu et qui en marque la faillite définitive ? On aurait préféré une confession du genre : « Cela fait maintenant 60 ans que je me trompe et que je trompe ceux qui me lisent. Voilà mes erreurs. Voici ma repentance. Seigneur, pardonnez une si longue offense ! Je n’ai rien compris. Et ne me laissez pas abandonné au milieu de mes ruines ». Au lieu de cela, il cherche la « voix » qui saura parler au peuple pour affirmer les vérités qu’il a toujours soutenues et le convaincre enfin, puisque lui et ses amis chrétiens socialistes en ont été incapables, car il en est sûr, elles résonnent en chacun de nous avec une force surnaturelle. Pour lui « their is no alternative » : La renaissance française passe par les idées et les alliances qui ont flanqué le pays par terre pourvu qu’elles soient fécondées par la charité chrétienne et un socialisme renouvelé !

Et il faut continuer à ne parler d’aucune des réalités qui fâchent : l’immigration débridée, les musulmans irrédentistes et éventuellement terroristes, l’effondrement de la natalité proprement française, la stagnation économique initiée par le programme commun de gouvernement, la folie de la fiscalité spoliatrice et de l’endettement incontrolable, le chômage de masse et la perte de compétitivité internationale, la perte de démocratie par la confiscation du pouvoir familialement par la haute fonction publique en lien avec le syndicalisme d’état, la création d’une énorme bureaucratie protégée et constamment alimentée, l’insécurité généralisée et les risques de guerre civile, l’affaiblissement de l’état par le déshabillage régalien voulu par l’Union Européenne et assurée par le débridage du gouvernement des juges, et finalement la soumission aux États-Unis qui nous exporte ses conceptions si largement anti françaises, si remarquablement efficaces en Afghanistan, et si proches du Klux Klux Klan avec ses théories « woke ».

La gestion exécrable d’un jeune président à la psychologie problématique, incapable de sentir la nation, inapte à toute compassion réelle, uniquement préoccupée par son narratif narcissique et électoraliste, incapable de rien faire de sérieux sinon servir à chacun ce qu’il veut entendre pour pouvoir asséner « j’ai fait tout bien et personne n’a fait plus pour vous » à toutes les catégories électoralement utiles, quitte à assommer la nation, est une dimension essentielle des manifestations actuelles. Il est probable qu’elles dureront tant qu’il sera au pouvoir. Il faut qu’il parte.

Le désastre de l'alliance entre PS et Verts évident partout où cette alliance a réussi à s’implanter en France et notamment à Paris où Hidalgo commet la destruction implacable de la Ville Lumière et signe un assassinat urbain unique dans l’histoire  depuis Néron et probablement irréparable, exclut toute nouvelle alliance entre chrétiens tentés par la gauche  et un socialisme qui de toute façon ne s’intéresse plus aux classes populaires et a perdu leur soutien. Unir Dieu avec le vide ? Mauriac revient, Julliard est devenu fou !

La droite RN est incapable de gouverner et les petites excroissances politiques qui sont nées sur le fumier socialiste et macroniste ne présentent aucune solution.

Si l’esprit sain doit souffler, qui reprend l’idée d‘un progrès en tout domaine au profit de la patrie, de la nation, de son autorité, de sa puissance, de sa prospérité, de ses libertés, il ne peut venir que d’une coalition massive de centre droit, qui libère la France de tout ce qui l’a déclassée depuis Giscard et Mitterrand, avec la complicité agissante des centristes, des chrétiens ralliés au socialisme, de la cupidité des familles qui ont profité du mitterrandisme pour s’infiltrer partout et tenir tout ce qui compte, comme on le voit dans le domaine sanitaire depuis l’affaire du Covid.

La menace aujourd’hui portent sur deux valeurs capitales : la prospérité, seule moyen du progrès social, et la liberté, seule particularité indissolublement française. La gauche unie à l’extrémisme gauchiste et au socialo centrisme européiste, a réduit les libertés et anéanti la prospérité. Elle est disqualifiée à jamais et il n’y a rien à en espérer sinon pire. Une droite purement conservatrice et se tournant vers des mouvements à dimension « ratichonne », tout en courant derrière toutes les catégories mécontentes, n’a rien à dire de concret. L’échec aux Européennes a été très démonstratif.

Ce qui s’annonce est obligatoirement un mouvement de salut public, ancré dans la passion nationale française, dans la forme républicaine et dans l’esprit démocratique, décidé à la survie de la nation et capable de sortir de l’impuissance, mais sans rupture avec les grandes idées qui éclairent sa course depuis la renaissance, sans remettre en cause la coopération diplomatique européenne et mondiale mais en veillant à brider les forces qui tentent de détruire ou d’affaiblir la nation.

De durs combats sont à prévoir contre l’esprit de conquête musulman, incompatible avec ce qui fait la France, contre l’envahissement du pays par des hordes d’immigrés non souhaités et qui ne respectent pas nos lois et coutumes, contre les dérives qui se généralisent de la « cancel culture », contre une écologie radicale, inefficace et ruineuse, contre diverses déviations judiciaristes qui ont déshabillé la chaîne pénale et rendu inopérante le respect des lois et de la paix civile, contre l’européisme substitutif de la souveraineté française, contre le mondialisme déséquilibré des échanges et les systèmes monétaires dysfonctionnels, contre les forces qui tuent la productivité française, contre une haute fonction publique qui a confisqué la démocratie et entraîné l’Etat dans une bureaucratie inefficace et coûteuse,

Ce ne peut pas être un combat populiste parce qu’à chaque fois ce sont des valeurs supérieures qui doivent être restaurées. Ce ne peut être un combat de petits clans car il faut définir une politique souhaitée par la majorité des Français. Le succès suppose une très large adhésion et doit restaurer la confiance dans un succès possible. L’espérance n’est jamais rance. Mais elle doit être éclairée par le débat inlassable et la volonté de convaincre. Et pour cela il faut non pas un concours de beauté entre des candidats saisis par l’ambition individuelle du « destin national », mais un groupement des forces vives de la nation et la formulation d’un programme dense et décisif de salut public.

Un Jacques Julliard régénéré par la reconnaissance de ses erreurs et une contrition sincère pourrait contribuer positivement à cet effort. Les voies du seigneur ne sont pas toujours aussi impénétrables qu’on pourrait le croire !

Les paniques émotionnelles provoquées, fléau d’une civilisation sur-désinformée.

L’avantage de ne pas être un perdreau de l’année, c’est qu’on a vécu des tas d'évènements qui ne sont pas des ouï-dire. Cela permet de relativiser des évolutions contemporaines qui sont vécus par les jeunes comme des nouveautés alors qu’elles ne sont que la répétition de mécanismes mentaux collectifs récurrents à travers l’histoire.

Qui se souvient que de 1947 à 1975, la crainte panique était celle d’une nouvelle glaciation ?

« 15 décembre 1946-10 mars 1947 : hiver très rigoureux96. Il désorganise l’appareil productif au Royaume-Uni (2,3 millions de personnes en chômage technique en février) et fragilise l’économie ».

Si on pardonne cette remarque personnelle, c’est en 1947 que mon père achète un phénoménal meuble chauffant à huile qui permettait de maintenir la température dans la chambre des enfants que nous étions pour que nous ne gelions pas ! Les Allemands ayant volé le charbon et détruit les mines, on manquait de moyen de chauffage.

« Le terrible hiver est le nom donné à une période de trois mois de l'hiver 1950-1951 durant laquelle une série de 649 avalanches a provoqué la mort de plus de 265 personnes dans les Alpes, en Autriche, en Suisse et en Italie ». Wikipédia. L’article de Wikipedia en anglais parle de l’hiver de terreur. https://en.wikipedia.org/wiki/Winter_of_Terror?oldid=609658876

1956 est à nouveau un terrible hiver. « Février 1956, ou le mois le plus froid du XXe siècle, avec un déficit thermique de plus de 10 °C. Deux ans après l'hiver 1954, déjà très dur et marqué par l'appel de l'Abbé Pierre. Entre le 31 janvier et le 28 février 1956, une vague de froid (et de neige) s’abat sur la France et l’Europe, vitrifiant la Côte d’Azur jusqu’à l’Italie et recouvrant la côte Atlantique d’un manteau neigeux ». Bordeaux est paralysé sous la neige et la glace, avec des voitures abandonnées dans les champs de neige que sont devenues les rues. https://www.sudouest.fr/2016/02/19/retour-sur-le-terrible-hiver-1956-dans-le-sud-ouest-2274388-706.php?nic On comptera 147 morts en France. Du 1er au 27 février, les températures descendent largement sous le zéro, atteignant durablement -20 °C à Paris et jusqu’à -35 °C en Corrèze. La neige atteint 1,20 m en Normandie et 50 cm dans le Var. La moitié des cultures sont détruites.

1 954 est marquée par un hiver très froid et l’appel de l’Abbé Groués, dit abbé Pierre. "Mes amis, au secours… Une femme vient de mourir gelée, cette nuit à trois heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant-hier, on l'avait expulsée… []Chaque nuit, ils sont plus de deux mille recroquevillés sous le gel, sans toit, sans pain, plus d'un presque nu. []La météo annonce un mois de gelées terribles ». Le gel a été la principale explication de l’extraordinaire élan de solidarité qui s’est mis en marche, premier exemple d’un tsunami émotionnel qui fait bouger des millions de personnes qu’on retrouvera avec l’incendie de Notre-Dame de Paris, ou lors du tsunami bien réel qui a terrorisé les touristes potentiels que nous sommes devenus tous devant le contraste terrifiant entre une vague monstrueuse qui allait tout emporter en Thaïlande et l’inconscience de baigneurs qui sourient à la caméra.

Mon père ayant été chargé par le ministère de la Construction de piloter la construction d’une cité d’urgence au Plessis Trevise pour répondre au grand mouvement de solidarité initié par l’abbé Grouès, qui malheureusement avait exigé qu’elle soit construite sur un terrain marneux, en pente et loin de tout transport public mais lui appartenant, j’ai bien connu la suite : pas de candidats pour venir s’installer là ! Un accord pris avec la communauté Rom. La grève des bénévoles lorsque les ROMs sont venus leur demander de se dépêcher et ont refusé d’aider… L’abandon progressif des lieux etc. Lors d’un dîner de dons chez mes parents, le téléphone a soudain sonné vers 10 heures J’ai eu l’honneur de décrocher le téléphone qui était dans la cuisine (à cette époque on ne mettait pas de téléphone dans les salons). C’était Martine Carole, une starlette de l'époque qui exigeait qu’on lui passe « le Saint » qui avait laissé ce numéro pour l'appeler. Le départ brusqué du solide et sensuel abbé pour rejoindre « le sein » a fait rire un peu jaune sur le coup les riches donateurs présents.

Comme lors du tsunami thaïlandais, les sommes reçues dépassaient les besoins et on ne savait pas trop quoi en faire. Le mythe créé par l’Abbé Pierre est encore aujourd’hui enseigné à l’école et on vote des lois sur le droit au logement en se cachant sous le béret de l’abbé. L’émotion de 54 est encore exploitée aujourd’hui !

En 1958 SOS météores, une BD de Black et Mortiner, s’ouvre sur une série de manchette de journaux annonçant les pires catastrophes climatiques avec une glaciation dramatique, « des inondations en Allemagne », un héros qui espère que la neige ne l'empêchera pas de faire les dix kilomètres qui le séparent de son rendez-vous !

En 1961 il gelait en septembre à Beaune en Bourgogne. Les journaux locaux craignaient pour l’avenir des vignes.

« Les grands froids de l'hiver 1962 – 1963, eux, sont les plus longs depuis la fin du XIXe siècle en Europe et les plus rigoureux après ceux de 56 ».

Et cela continue jusqu’en 1973 où Time magazine sur sa couverture du 3 décembre annonce The Big Freeze. La grande glaciation !

Cela veut dire que les trente glorieuses ont été vécues comme une période de refroidissement terrible alors que les émissions de CO2 n’ont jamais été aussi massives. Sur ce blog un correspondant nous reprochait de parler de croissance car « les Trente Glorieuses avaient tué le climat et probablement la vie sur terre ». Ce jeune homme, probablement un « millenial » ne savait rien de l'opinion dominante de cette époque où l’on croyait que la bombe atomique avait déréglé le climat. À l’époque les « scientifiques » parlaient de grandes glaciations à venir ! Giscard en imposant les centrales atomiques à grande échelle voulait que les appartements soient chauffés à l’électricité pour faire face au froid en toutes circonstances !

Tout cela va durer jusqu’en 1976 où l’Europe entière jaunit sous la sécheresse. Là un certain tournant est pris dans les ONG antinucléaires. Elles veulent contrer cette idée diabolique que le nucléaire pouvait régler le problème du froid. La sécheresse leur offre le moyen de dénoncer « un argument spécieux ».

Pas de chance. Lors de l’hiver 1978-1979 « une vague de froid arrive brutalement fin décembre. La France connaît la plus grande panne d’électricité de son histoire. La nuit de la Saint Sylvestre transforme la région parisienne en patinoire et la neige atteint 30 cm à Auxerre ». Cela ne s’arrêtera pas là. « 1985 : Coup de froid très sévère entre le 3 et le 17 janvier. Il fait -15 °C en moyenne, -41 °C dans le Jura. Le 20 janvier, on compte 150 morts ».

Récemment SUD Ouest écrivait : « comme le martèlent notamment les experts du Giec (Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat), la tendance est bien au réchauffement depuis 1 850. Et cela s'accélère depuis 1950 ». De 50 à 79, les scientifiques disaient exactement le contraire et soulignaient qu’on avait connu cinq pics de froids hivernaux. Notons au passage que le Giec n’est composé d’aucun scientifique mais de diplomates auprès de l’ONU. On n’y trouve pas plus d’experts que de beurre en branche. Le nom anglais est : Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC). La traduction française est une escroquerie volontaire : Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat. Sauf qu’il n’y a pas d’experts. Il y avait tellement d’évidence du refroidissement qu’il aurait été vain d’essayer de convaincre les gens que le climat était détraqué dans le sens du réchauffement et nom de la glaciation. Il faudra du temps pour obtenir la grande conversion de l’opinion publique.

Certains commencent à écrire l’histoire de ce grand revirement, qui part de la panique climatique d’une grande glaciation et se termine par la panique du réchauffement incontrôlable tuant à court terme toute vie sur terre. Le rôle de l’ONU et des grandes ONG comme Greenpeace est évident. Le sur-développement des médias joue également un rôle. La canicule de 2003 sera un évènement très fort, du fait du nombre des morts, sur la modification de l’opinion. Des campagnes comme celle qui a créé une panique sur le trou de l’Ozone et l’obligation de supprimer l’émission de gaz détruisant l’ozone, ont créé les conditions d’une adhésion quasi automatique des États devant des oukases venant de l’ONU et des ONG. Plus personne ne parle du trou de l’ozone ! On a supprimé le fréon et autres gaz de ce type, et le trou de l’ozone est toujours là qui s’ouvre et se referme avec une grande constance. Il n'est plus dans l’actualité. On laisse croire que le problème est réglé alors que la réalité ne montre pas une éradication du problème allégué. « Le trou dans la couche d'ozone au-dessus de l'Antarctique, a battu un record en 2020 ». Mais tout le monde s’en fout. La grande trouille du CO2 s’est substituée à celle du trou de l’ozone. Les mouches médiatiques ont changé d’âne.

Personne ne tente d’expliquer pourquoi la période des Trente glorieuses a été froide, alors que depuis que le taux de croissance mondial s’est ralenti depuis 2008 la période est chaude. La pensée est congelée par deux graphiques : l’un qui montre une hausse rapide et en rupture historique de la température moyenne globale terrestre, si ce concept a un sens, et un autre qui tente de démontrer les corrélations entre CO2 et température. Ensuite mille graphiques tentent de montrer que la hausse de la température moyenne provoquera des conséquences rendant impossible la vie sur terre.

Le tout conclut logiquement à l'obligation de tuer l’économie pour sauver la terre. Mais comme c’est un message impossible à faire passer, on explique qu’une transition est possible vers un nouvel état neutre en carbone, et effaçant les perspectives sinistres, en investissant massivement dans les énergies renouvelables. La moindre estimation montre que le remplacement de toutes les machines utilisant de l’énergie « renouvelable » est politiquement, techniquement et financièrement impossible à l’échelle de la planète. Et que même en cas de succès l’influence climatique serait, au mieux, insignifiante.

La France, pays leader en matière de frugalité en production de CO2, se ruine pour obtenir des résultats qui ne représentent pas le centième des augmentations de production de C02 constatées ailleurs.

Stop ou encore ?

Ce qu’on appelle la transition écologique est en France la pire menace sur la prospérité et la paix sociale. Les paniques émotionnelles intentionnelles, sont bien le fléau d’une civilisation « sur-désinformée ». Gageons que la question ne sera même pas posée lors des prochaines Présidentielles.

Un anniversaire bâclé : la destruction des Accords de Bretton Woods.

Dans un mois exactement, le 15 août, le monde fêtera l’anniversaire de la décision économique la plus néfaste de la seconde partie du XIXe siècle : l’abandon de facto des accords de Bretton Woods qui avaient été conclus 27 ans auparavant. À part Jacques Rueff, personne n’avait perçu la gravité d’une manœuvre qui allait signifier rien de moins que la fin des Trente Glorieuses et pour la France un basculement qui finira par le grand déclassement que la crise sanitaire en cours a rendu évident au plus grand nombre.

Pour ceux que cela intéresse, nous avons traité de cette tragédie dans deux livres, d’abord l’Étrange Désastre* qui retrace la déchéance économique provoquée par l’abandon des disciplines de Bretton Woods, puis dans La Monnaie du Diable* qui fait l’histoire géopolitique de la monnaie de 1919 à 2019. Il nous était apparu lors de conférences que personne ne comprenait la question monétaire et ne se souvenait plus de Bretton Woods. Il faut dire que le seul livre paru en Français sur cette question, écrit par un des participants français, datait des années cinquante. Il ne restait plus dans l’esprit général que quelques simplismes. Au mieux.

Rappelons ici quelques éléments marquants.

Au moment où l’issue d’une guerre mondiale terrifiante paraissait désormais inéluctable, l’effondrement des forces de l’Axe étant manifeste partout, une négociation s’est conclue qui avait commencé… en juin 1940 entre Britanniques et Américains. Tout le monde a oublié qu'après l’effondrement militaire de mai quarante, l’Allemagne a proposé ses conditions de paix et d’organisation monétaire de l’Europe, Hitler cherchant à terminer la guerre à l’ouest par un accord honorable avec le Royaume-Uni. Le plan Funk, avec ses variantes dues à Goering et quelques autres pouvoirs dissidents (le régime nazi était loin d’être monolithique et les factions en guerre intestine presque tout le temps), mettait en place deux organisations parallèles : l’Europe, selon des schémas qui ressemblent beaucoup à ce qui sera mis en place plus tard, et un système monétaire européen basé sur une monnaie pivot, évidemment le Reichsmark et un système de compensation très proche du système actuel.

J.-M. Keynes, sollicité de trouver des arguments pour contrer la propagande autour du plan Funk, surprendra ses commanditaires en expliquant que les principes du plan allemand (la compensation) étaient formidables, même si les modalités étaient malhonnêtes (les nazis ayant la volonté de ne jamais solder ses positions déficitaires) et qu’il fallait qu’il soit pris en compte par les bientôt alliés ! Churchill impose, de peu, la poursuite d’une guerre totale « jusqu’à la victoire », même en cas d’envahissement du territoire anglais, mais doit rapidement obtenir des fonds car il n’a pas les ressources pour poursuivre la guerre seule. Pendant quatre ans, les questions financières cruciales immédiates mais aussi l’organisation future du système monétaire feront l’objet de débats et de discussions plus ou moins houleuses. Les pays alliés et la France combattante y seront associés. Après le débarquement réussi en Normandie à l'ouest, l’effondrement allemand face à l’opération Bagration à l’est, les reculs définitifs du Japon en Extrême-Orient, Roosevelt, qui lance sa dernière campagne électorale, sent le besoin d’un grand succès diplomatique et organise la conférence dit de Bretton Woods, un grand hôtel dans la fraîcheur des montagnes proches de New York. L’endroit a été choisi pour permettre à J. M. Keynes de participer (il souffre de problèmes péri cardiaques aujourd’hui bénins grâce aux antibiotiques mais insolubles à l’époque).

La conférence cherche à résoudre deux difficultés : ne pas recommencer les erreurs commises à la fin de la guerre de 14-18 qui conduiront d’un côté aux troubles allemands (la grande inflation, l’arrivée des nazis) et Japonais (l’étranglement pétrolier) et aux deux guerres de revanche, et de l’autre à la crise de 1929 et ses suites. Première idée, développée par Keynes dans les années vingt, est qu’il ne fallait pas ruiner et maltraiter les pays vaincus, en dépit des immenses pertes qu’ils avaient infligés aux pays vaincus, mais au contraire leur permettre de revenir le plus vite possible dans l’effort productif global. C’était une idée neuve et qui aura les conséquences les plus heureuses pour les deux pays vaincus qui deviendront des mastodontes économiques en contrepartie d’être longtemps des nains diplomatiques.

La seconde idée, toujours fournie par Keynes était la nécessité d’une organisation multilatérale permettant de gérer la coordination des politiques monétaires afin qu’une crise dans un pays ne soit pas amplifiée au point de déboucher sur une crise globale. Des changes fixes mais ajustables raisonnablement, par négociation, l’aide aux pays en difficulté de balance de paiement par des prêts mutualisés, la création de liquidité internationale en cas de crise grave, un organisme de contrôle et d’animation, le Fonds monétaire International, tel était l’idée de manœuvre.

La troisième idée était celle du financement de la reconstruction et des aides financières, avec la création de la banque Mondiale et l’élaboration d’une stratégie d’aides mutualisées pour accélérer le développement.

Tout cela était extrêmement nouveau et a passionné tous les participants qui ont joué le jeu de bonne foi.

La conférence a dérivé assez loin des idées de Keynes lorsqu’il s’est agi de fixer la référence de la base monétaire commune. Le retour à l’étalon or pur était impossible pour une raison élémentaire : tout l’or était aux États-Unis qui n'entendaient pas le voir quitter Fort Knox et qui produisaient à peu près la moitié de la richesse mondiale. On a donc établi un étalon de change-or, où le dollar était l’étalon et l’or l’ancre de l’étalon. Cela voulait dire que les États-Unis assumaient une responsabilité particulière : garantir par sa politique économique globale (interne et externe) le respect de la parité dollar-or. C’était une gageure, car le système donnait aux États-Unis le pouvoir de régler tous ses déficits éventuels de façon indolore dans sa monnaie, et la fourniture de dollars au monde supposait de créer un déficit structurel de la balance des paiements.

Les États-Unis développaient également une autre politique purement personnelle : la disparition des colonies et leur régime protégé, pour obtenir de nouveaux débouchés. Il faudra la décision de Churchill de refuser d'aller à Bretton Woods dans un tel cadre pour que le président des États-Unis renonce à imposer immédiatement la disparition de la préférence impériale britannique.

Les Accords étaient imparfaits. L’aide à la reconstruction s’avérera totalement insuffisante, les monnaies françaises et anglaises s’effondrant radicalement. Du coup, il faudra inventer en urgence le plan Marshall et la Bird se concentrera sur les ex-colonies des pays européens sommés de décoloniser, l’assistance au développement passant des pays colonisateurs aux institutions mondiales. Ce qu’ils feront tous dans les 20 ans suivants la conférence. Surtout, après dix années de redémarrage brillant, le besoin de dollars était moins net, le Japon et l’Allemagne ayant tendance à accumuler les dollars émis généreusement puis de façon irresponsable par les États-Unis. Irresponsable du point de vue de la structure des accords de Bretton Woods qui imposaient de respecter la valeur or du dollar.

Les plans grandioses de réformes intérieures américaines et d’actions extérieures (espace, guerres du Vietnam, « containment » de l’URSS) ont induit une telle cavalerie monétaire que rapidement l’avenir de l'étalon de change-or s’est révélé précaire. On se souvient de la conférence du général de Gaulle, restée célèbre, exigeant le retour à l’étalon or. En fait J. Rueff ne voulait pas le retour aux mécanismes de ce système qui implique que des récessions permettent le retour aux équilibres perdus. Le slogan de Bretton Woods : « non aux récessionnistes » était un mantra généralement partagé, même chez les tenants de l’orthodoxie monétaire passée. Ce qui était demandé, c’est que la référence du système ne soit plus le dollar mais l’or, les États-Unis étant remis sur un pied d’égalité avec les autres nations. Tous les autres principes de Bretton Woods notamment l’existence de règles et l’obligation de les respecter, et, surtout, les mécanismes de compensation et d’aides mutualisées pour éviter les récessions à répétition.

Les Américains ont alors élaboré une réponse nationaliste absurde qui ne pouvait aboutir qu’à des mécomptes : « mes déficits sont de VOTRE responsabilité ». « Moi je fais ce que je veux et c’est à vous de faire les efforts nécessaires pour réduire mes déficits », ce qui est strictement impossible, si la première puissance du monde, détentrice de la monnaie de transaction du monde, lâche les dépenses sans limite. La première page de Time magazine, donnée ci-dessous, traduit assez bien les éléments de langage américain : « vous êtres des vicieux qui cherchaient à me ruiner et à me dépecer comme des rats à casque nazi ». Les Européens tenteront de manipuler le marché de l’or pour que la dévaluation du dollar n’apparaisse pas trop. Mais toutes les béquilles finiront par casser et ce sont les Allemands, las d’importer de l’inflation américaine, qui mettront fin à la mascarade en proposant les changes flottants et en refusant d’appliquer les règles de compensation prévues dans les Accords. La réponse le Nixon sera le refus d’appliquer les engagements que les États Unis avaient pris de repayer en or les dollars accumulés par les autres pays. Tous les créanciers ont été floués. Ils croyaient détenir une créance or, ils se sont retrouvés avec du papier.

Lorsque le Wall Street Journal évoque, dans son numéro du 5 juillet, la fête des « 50 ans de la révolution du système monétaire », il précise qu’elle a été rendue nécessaire « par la concurrence féroce des produits manufacturés du Japon et de l’Allemagne ». Féroce veut dire déloyal naturellement. On ne doute pas que la « révolution » a été bénéfique même si on admet que la flottaison rend les choses un peu instables, complexes et imprévisibles tout en provoquant l’apparition d’une économie baudruche basée sur des gains de casino et les crises bancaires fréquentes, alors qu’elles avaient disparu. C’est que les changes flottants ont permis « de s’adapter rapidement » par exemple aux variations des prix du pétrole ! Prix qui ont explosé après l’introduction des changes flottants et la chute vertigineuse du dollar ! De qui se moque-t-on ? Ils auraient permis de créer de « l’interdépendance » alors qu’on a brisé l’interdépendance structurelle du système de changes précédent, et éviter des guerres (lesquelles ?). Donc Nixon a pris des décisions judicieuses… mais qui montreraient tout de même leurs limites cinquante ans après, parce que tout le monde en a marre du terrorisme monétaire, financier et légal américain. La solution judicieuse serait désormais périmée.

Ce qu’il fallait faire entre 1973 et 1976, c’est une réforme des accords de Bretton Woods qui sauve l’essentiel : les règles de non-déficits et de non-excédents majeurs, la coopération interétatique pour éviter les récessions, la surveillance. Une occasion majeure formidable de créer un système sain et durable a été perdue à cause de l’attitude américaine. L’inconvertibilité temporaire s’est muée en Accords de la Jamaïque, à Kingston, au bord d’une piscine, où le fat Giscard s’est rengorgé en faisant des effets de maillots de bain, un non-système basé sur le chacun pour soi et les changes flottants sous pression américaine, dont les conséquences vont être tout simplement dramatiques.

Dès 1973, le monde connaît une première récession mondiale, « la pire depuis 1929 », et une chute du dollar qui conduit les pays producteurs de pétrole aux actions de cartel que l’on connaît. Mais la crise de 1973 n’a pas été une crise pétrolière. Celle-ci a été une conséquence aggravante. Les énormes déficits et excédents entraînent la création d’une économie financière déconnectée de l’économie générale. La spéculation s’impose partout. Les prêts aventurés massifs finissent toujours par s’effondrer. Les crises financières ne vont plus cesser, avec un épisode sanglant en 1992-1993 une nouvelle fois « la pire depuis 1929 », jusqu’à la grande crise de 2008, qui flanque par terre l’économie occidentale et dont les conséquences se font encore sentir.

Les États-Unis mettre en œuvre quatre politiques :

-        Le TFTEA : C’est une loi Obama qui sera appliquée sans faiblesse par Trump et qui est toujours de bras armé de Biden. Son principe : mes déficits sont nécessairement la faute des pays en excédents et pas de la mienne. Ce sont des ennemis déloyaux qui s’en prennent à la substantifique moelle des États-Unis et qui doivent être châtiés. On en revient à la caricature de Time magazine sur les cloportes qui se nourrissent abusivement sur le dos des Américains.

-        L’encadrement dingue des activités de banques, la suppression d’une partie des paradis fiscaux, les sanctions démesurées imposées par l’extériorisation des lois américaines. L’activité des banques de dépôts et la liberté des déposants se retrouvent totalement ligotées. Mais pas celle des fonds de pension et autres « funds » américains !

-        La remise en cause des principes multilatéraux sur lesquels le monde fonctionnait depuis 1945.

-        L’obligation pour les banques centrales de créer des milliers de milliards de dollars pour compenser les pertes accumulées par le système des changes flottant, avec des taux d’intérêt qui finiront par être négatifs.

C’est dans ce contexte totalement artificiel, injuste, déséquilibré jusqu’à l’absurde et précarisé, que va se produire la crise sanitaire, avec une perte de production surcompensée par la création monétaire des banques centrales, le gonflement dément de l’encours de dettes globales et des conflits latents entre tous les pays et tous les blocs.

Pour aggraver le tout, les Fédéralistes européens, au lieu de créer un pôle de stabilité monétaire basé sur une unité de compte commune et un système de type Bretton Woods, imposent la monnaie unique qui ne permet aucun ajustement sauf à pratiquer des récessions plus ou moins contrôlées, et en dépouillant les nations de toute souveraineté.

Le monde vit donc avec deux systèmes monétaires dysfonctionnels qui imposent des récessions périodiques, tout ce que voulaient éviter les membres de la conférence de Bretton Woods. Les « récessionnistes » sont à la manœuvre, assistés par des explosions de création monétaire des banques centrales. Et le monde n’est plus qu’un champ de combats douteux sur fond de ruine générale du monde occidental.

Ne parlons pas de la France devenue un territoire pour dirigeants lamentables et antinationaux, qui se font filmer avec l’air triomphant parce que Mme Van der Leyen a dit oui à un de leur plan et font semblant de diriger un pays éventré et en pleine déliquescence.

Après la crise financière et la crise sanitaire se présente le délire d’une politique écologique aussi ruineuse que sans effet sur le climat, qui peut achever de mettre le pays à genoux et a le potentiel de créer dans un horizon assez proche une situation à la libanaise.

Face à ces perspectives sinistres, les seules personnes habilitées à parler économie sont Picketty, l’obsédé fiscal maladif, Blanchard, le soumis qui n’a jamais été capable au FMI de faire valoir les méfaits des changes flottants, et Tirole, un prix « Nobel » d’économie qui pense que l’impôt aggravé sur les successions est la solution pour un pays déjà leader mondial des impositions.

Rencontré fortuitement lors de l’enterrement de Gabriel Milesi, Jean Hervé Lorenzi était très content : tout allait bien ! Ce qui sera la tonalité des journées d’Aix en Provence. La BCE crache au bassinet ; l’argent coule à flots pour la haute finance ; l’État peut se goberger dans des dépenses extravagantes ; M. Macron peut faire face à toute contestation en arrosant les clientèles à gros bouillon. La reprise va être majestueuse ! Tout va bien Madame la Marquise. Les propositions faites au terme de ce Davos du pauvre sont d’une indigence rare. Aucune discussion sur les structures dysfonctionnelles de la monnaie et du commerce international. Il faut former la petite enfance, généraliser la garantie jeune (permettant de boucler la gratuité de la vie de la naissance à la mort), alléger les contraintes européennes, coopérer pour la cybersécurité, baisser les impôts sur la production, garantir les placements privés dans l’industrie, augmenter les annuités de cotisation à la retraite mais en étant généreux avec des catégories sensibles, et augmenter les bas salaires. C’est gentil, totalement insignifiant, ruineux pour l’État (pas grave, il y a la BCE, on peut y aller). Et surtout aller franchement vers la neutralité carbone en 2050, sans avoir chiffré le moins du monde ni les coûts de la décarbonation (ce qui devrait être son rôle prioritaire), ni l’efficacité sur la moyenne des températures mondiales. Du politiquement correct total et du politiquement économique insignifiant comme d’habitude. L’important c’est qu’il ait du monde à Aix et que tout le monde reste béat d’optimisme.

Vive la crise en chantant. Avec la destruction de Bretton Woods c’est aussi à la destruction des grands économistes à la française (Jacques Rueff, Maurice Allais, Alfred Sauvy) qu’on a procédé. Tout le monde s’amuse dans les médias à souligner l’extraordinaire baisse du niveau intellectuel des dirigeants français. Pour les économistes officiels français, ce n’est plus une baisse mais un anéantissement.

À moment où la campagne présidentielle s’ouvre, on peut craindre qu’elle soit totalement détournée de sa fonction naturelle : permettre aux électeurs de bien apprécier la situation et d'arbitrer entre les solutions.

C’est dommage. L’anniversaire de la destruction des accords de Bretton Woods offrait pourtant une excellente occasion de faire comprendre au pays pourquoi le PIB par tête se traîne en France fin 2020 au même niveau qu’en 1980 et de lui présenter les axes d’une politique de grand redressement. .

Didier Dufau

 

*Ces deux livres sont disponibles à la librairie en ligne du Cercle « e-toile « à l’adresse https://editions-e-toile.fr/



Le climat : un danger pour l’économie ? Moins que l’idée d’une économie totalement décarbonée !

Une « fuite » relatif à un brouillon de rapport de final du Giec a permis au monde ébahi de savoir qu’un avenir climatique « apocalyptique » était le futur proche de l’humanité. En vérité le GIEC n’est pas une instance scientifique mais politique, émanation directe d’une organisation de l’ONU. De l’argent en masse est distribué à des centaines de centres de recherche qui ont produit des études dans une multitude de domaines, ce qui donne les 4 000 pages du rapport final. Il n’y a strictement aucune unité entre ces études. Chacun fait ce qu’il veut et dit ce qu’il croit, sans savoir ce que les autres ont produit. Aucun des travaux présentés n’est vérifié par une quelconque instance de contrôle scientifique.

Une autre approche aurait été de donner à un ou deux instituts de recherche qualifiés dans le domaine climatique, l’étude de questions particulièrement épineuses et de fournir des réponses scientifiques, avec révision et relecture des résultats dans la communauté scientifique, investissement dans les moyens de recherche les plus appropriés et production d’un certain nombre de résultats vérifiés.

Vous ne pouvez pas faire un tel travail scientifique avec des centaines de contributeurs qui font ce qu’ils veulent quand ils le veulent, avec l’argent de l’ONU et l’idée qu’il faut prouver les intuitions imposées par le donneur d’ordre pour avoir des financements très généreux. Les politiques qui gèrent l’affaire pour le compte de l’ONU, se chargent d’extraire dans les rapports ce qui les arrange idéologiquement et en fond un résumé à l’attention des dirigeants. Le résumé pour décideur est une escroquerie. Il n’a rien de scientifique. Il est impossible d’extraire de centaines de rapports divers et souvent divergents une « vérité pour décideurs » qui ne soit pas, en fait, l’expression politique biaiseuse des donneurs d’ordre qui sont à l’ONU presque toujours des politiciens sans compétences scientifiques (un président du Giec était sorti de l’école à 14 ans, une vraie formation d’ingénieur) et souvent des membres ou ex-membres dirigeants d’associations mondiales pour l’écologie comme Greenpeace.

On affirme, pour emballer la manœuvre, que la conclusion a été validée par des centaines de scientifiques unanimes. On ajoute que Mlle Thunberg est contente. Tout cela n’est que de la manipulation conduite d’en haut par les représentants des grandes ONG qui gèrent toute l’affaire avec des financements monstrueux. Rappelons que Greenpeace est né de la lutte contre les essais nucléaires et reste mobilisé contre le nucléaire civil qui ne produit pas de gaz à effet de serre. Son mode d’action est la manipulation des médias et des politiques par des opérations coup de poing surmédiatisées et par l’entrisme dans les instances internationales et la connivence médiatique.

Ce que tout quidam un peu curieux peut faire, c’est lire les quatre mille pages et constater que les chiffres qu’on y trouve, sur la valeur desquelles il est impossible de se prononcer (il n’y a aucune critique scientifique de quoi que ce soit), donnent les moyens de se forger une idée assez précise sur les questions évoquées et qu’elle contrevient directement avec les « conclusions du comité Lissenko » produites de mauvaise foi par quelques allumés des ONG.

Nous ne donnerons ici que quelques chiffres que tout le monde peut vérifier.

La masse de CO2 existante est de 200 U, la création de CO2 « anthropique » annuelle de 1.5 U. La part du stock de CO2 en provenance de la production humaine est considérée entre 3.5 à 4 %, (peut-être). C’est une estimation au doigt mouillé dans l’hypothèse la pire. L’influence des activités humaines sur le CO2 est ridiculement faible et  les réduire de moitié ou totalement n’aurait pratiquement aucune influence sur le réchauffement climatique.

D’autres études essaient de savoir si cet apport de 1 % pourrait à la longue faire augmenter la température moyenne terrestre et de combien la suppression de l’apport anthropique ferait baisser la température. Ne jugeons pas de la démarche scientifique mais des résultats annoncés : en stoppant totalement la production de CO2, la température baisserait de 0.8°. La contribution française serait de 0.014° !

Un des aspects amusants de la situation, c’est que le Giec qui avait annoncé une hausse de près de 4% des températures, a bien compris que des économies de 0.8° en ruinant tout le monde n’auraient aucune séduction pour les peuples et leur gouvernement.  Pourquoi se ruiner pour rien ?  L’urgence était plutôt de prévoir des climatiseurs en masse ! Alors finie la hausse anthropique de 3.8°. On insiste désormais sur les conséquences terrifiantes et désespérées d’une hausse de 1.5°.  Là une baisse de 0.8°aurait un impact sensible !

Personne n’étant subventionné pour étudier la faisabilité et le coût d’un abandon total de production anthropique de CO2, on évite de dire que la France sortirait totalement gâchée, ruinée et aux abois de l’aventure. Nos propres estimations montrent que le coût serait entre 25 et 50 mille milliards d’euros pour la France, par dépenses ou pertes de recettes ou manque-à- gagner. À comparer aux 1,25 mille milliards de la production marchande française annuelle. Cette politique ne sera jamais menée à son terme et pour aboutir à 0.014° de baisse de température, elle est absurde.

On sait aussi deux autres choses fort importantes :

-        La France produit 3 % de la production mondiale et commet 1 % des émissions de CO2. Nous sommes donc trois fois plus vertueux que le reste des pays du monde qui, s’ils obtenaient la performance française, réduiraient à presque rien la question du CO2.

-        La France a baissé ces 15 dernières années sa production de CO2, alors que le reste du monde l’a augmenté dans une proportion de plusieurs centaines de fois l’économie faite en France.

Tout ce que nous avons fait a été très coûteux et pénalisant, et n’a servi à rien à l’échelle de la planète. Tout ce que nous prétendons devoir faire encore pour arriver à une mythique « neutralité carbone » nous tuerait économiquement et il n’y aurait plus ni emplois ni revenus en France !

D’autres chiffres incontestables sont encore plus troublants.

Les glaciologues ont montré qu’au temps des dinosaures (le jurassique comme chacun le sait maintenant grâce au cinéma) la masse de CO2 était de 4 à 5 fois supérieure à ce qu’elle est aujourd’hui provoquant l’extraordinaire exubérance de la flore et de la faune de cette époque. Personne ne parvient expliquer pourquoi une hausse de quelques pour cent de la masse de CO2 tuerait la planète, alors que 5 fois plus dense, le CO2 n’a eu que des conséquences favorables (le CO2 est un fertilisant très efficace et propice à la vie).

Plus proche de nous la politique de densification immobilière de Mme Hidalgo qui au terme de son second mandat aura probablement dépassé les 12 millions de m2 construits ou rénovés a provoqué la création d’un dôme de CO2 anthropique qui ne pourrait être compensé que par la construction sur deux fois la surface de la ville, d’une forêt extrêmement dense. Mme Hidalgo et ses amis Verts sont les principaux créateurs de CO2 de France et sans doute d’Europe ! Leurs bidouilleries pseudos vertes ne compenseront pas le millième du CO2 que leur politique produit !

Les islamogauchistes Verts, si favorables à l’immigration de masse, ne nous ont jamais expliqué pourquoi la construction de l’équivalent d’une ville comme Paris tous les 5 ans pour accueillir les nouveaux immigrés et leurs enfants était favorable à la réduction des gaz à effet de serre ! Ce coût en CO2 est tragique si on utilise les critères du GIEC ! Mais chutttt !

Répétons-le : nous ne sommes pas ici des climatosceptiques ni des agents du lobby nucléaire. La projection d’injures disqualifiantes est inutile. Au contraire nous sommes très en faveur des multiples solutions qui permettent de continuer de réduire notre trace sur l’environnement et nos consommations de ressources non renouvelables. Il n’y a aucun doute, l’humanité, pour son bien, détruit des ressources lors de l’acte de production et de consommation et rejette des déchets. Si le quantum de destruction et de déchets devient disproportionné avec la taille de la terre, il est inéluctable que de grosses difficultés se présentent.

La solution ne peut provenir que d’une certaine stabilisation de la population du globe entre 4 et 6 milliards d’humains, de hausses de productivité massives réduisant et la proportion des matières premières détruites et les rejets, et une réorientation douce du PIB vers les consommations les moins négatives pour la croissance future.

Nous défendons l’idée qu’il faut agir, au nom de l’écologie, auprès des 10 pays qui correspondent à 80 % de la hausse de la population pour qu’ils sachent que nous ne sommes pas là pour absorber leurs excédents démographiques et qu’ils doivent agir de leur propre fait pour se sortir du piège où ils se sont mis, en sachant que c’est très difficile. La hausse de la population est due au triomphe de la médecine contre la mortinatalité, plus qu'à une frénésie de copulations. Il faut obtenir une baisse des habitudes ancestrales qui poussaient à être souvent enceintes pour avoir des enfants survivants. Cette baisse existe. Certains pensent que d’ici quelques décennies toutes les parties du monde seront en baisse des naissances. Dans les pays développés le phénomène est devenu inverse : on ne maintient plus la population native qui s’efface progressivement. La vérité est qu’il faut soutenir la natalité défaillante dans les pays riches et accompagner la baisse de la natalité dans les pays en explosion démographique, pour arriver à terme à une population relativement stationnaire et capable de se nourrir et de vivre sans créer de risques structuraux.

Nous croyons également que le risque le plus proche n’est pas l’effet produit par l'émission de gaz à effets de serre mais des pénuries de matières premières bloquant en totalité une filière de production. Ces pénuries peuvent être artificielles, liées à des blocages diplomatiques, ou réelles par saturation de l’exploitation. On en parle peu parce que la solution passe par la microéconomie et les échanges. Ce sont les entreprises qui trouveront la solution et il est indispensable d’avoir un réseau d’entreprises prospères et dynamiques pour faire émerger les techniques et les produits évitant les blocages. Les Vert qui veulent « la destruction du capitalisme », lorsqu'ils ne détruisent pas le "patriarcat", ne se sentent pas très à l'aise sur ce sujet, ni les ONG, ni même les gouvernements, surtout s’ils ont sombré dans l’accablement réglementaire et fiscal de leurs entreprises. On voit que la France désindustrialisée par sa faute est très mal placée pour prendre la tête du mouvement.

Oui nous avons des défis écologiques à relever, mais qui ne sont pas exactement ceux qu’on dit. On doit éviter les intoxications des grandes ONG mondialisées qui tiennent l’ONU et désormais mettent sous tension toutes les dirigeantes des grandes institutions multinationales (BCE, FMI, Commission Européenne, etc.), arrivées à leurs postes poussées par la vague LGBT et qui désormais chantent la messe sans réticence pour s’y maintenir. Mme Lagarde, présidente de la BCE, recevant ès qualités Mlle Thunberg, chantant les vertus du contrôle vert des financements et se montrant favorable à l’interdiction de celui des produits énergétiques diabolisés, est-elle dans son rôle de gouvernance de la création monétaire ? Mme Van der Leyen se mêlant à une chasse à l’homme contre le président du COJO japonais qui a osé dire que la présence de femmes ralentissait les réunions des conseils d'administration, exerçait-elle vraiment son rôle de Président de la Commission ?

L’écologie oui, mais pas celle qu’on nous impose par des procédés malhonnêtes, pour de mauvaises raisons, et en s’engageant dans des pratiques liberticides et en se trompant d’urgence.

La plus grande menace sur la prospérité de la France dans la décennie à venir provient non pas du climat mais des politiques écologiques hystériques que des prêtres autoproclamés et délirants veulent nous imposer. Les scientifiques dans cette affaire sont des otages ! Les prochaines élections présidentielles françaises seront cruciales sur le sujet. Imaginons l’arrivée d’une coalition entre Anne Hidalgo et les Verts ! On a vu le résultat à Paris : un saccage effarant et un désastre écologique. On imagine les conséquences si ces gens obtenaient un pouvoir national.



De quelques tares de l’époque et de l’analyse du Pr Maffesoli

Il est amusant de lire et d’écouter le Pr. Maffesoli expliquer que nous sommes dans une période qui marque la fin d’une époque, au sens grec des deux mots. La modernité perdrait définitivement ses oripeaux :

L’individuel laisserait la place au « nous », et, en un mot, on passerait des « droits de » de l’individu, aux « droits à » de groupes.

La rationalité serait délaissée au profit de l’émotionnel. L’image et l’exaltation utopique l’emporterait sur les faits bruts et leur raffinage par la pensée.

Le progressisme et l’idée de l’homme puissant allant collectivement constamment vers une société meilleure par la démocratie, alimentée par le débat, serait caduque et remplacée par on ne sait trop quoi entre vitalisme et constantes de l’humanité animale.

Notre professeur déclare observer et ne pas juger cette destruction du « modernisme », de noter l’émergence « obligée » de soulèvements (mais sans les encourager) du type de celui des gilets jaunes, qui aurait été provoqué par la contradiction entre des élites bloquées dans le modernisme et l’instinct vital des différentes « tribus » qui se seraient reformés. Ces élites seraient en fait mortes et ne le sauraient pas.

Cette analyse est apparemment  corroborée par de nombreux « faits massifs », comme le record d’abstention aux dernières élections départementales et régionales. 2/3 d’abstention sur des listes incomplètes du fait du record de non-inscription de personnes pouvant voter, phénomène jamais dénoncé, et dans des lieux où une grande quantité de population n’a pas le droit de vote, cela veut dire des élites politiques élues par une fraction dérisoire des populations vivant sur un territoire. La perte de sens démocratique est délirante.

Pour avoir voulu être assesseur lors du dernier vote, les observations qu’on peut tirer de l’expérience sont étonnantes. Le bureau de vote est dans une école où 95% des élèves sont d’origine étrangère, principalement africaine et principalement noire. Une seule personne noire s’est présentée dans l’isoloir. Pas deux : une.  Ce n’est plus un contraste. C’est un abîme.  Le personnel politique du bureau de vote ne se différencie pas par les idées. Ils sont jeunes, ambitieux, sympathiques et ne savent rien. Absolument rien. Ils répètent des mantras, censés être représentatifs de leurs « valeurs ». La discussion de la jeune femme socialiste (?) tenant le bureau, cadre dans une instance sociale, et d’un jeune homme, en voie d’être cadre dans un machin se voulant dans le coup, et se retrouvant à LREM, a porté sur le salaire net d’un conseiller de Paris et d’un conseiller régional. Ajouter à son salaire (médiocre) deux rémunérations publiques électives vous fait doubler votre rémunération totale, sans grand travail supplémentaire, même s’il faut participer à quelques corvées. Aucun des deux ne formulent aucune critique de rien. L’important est de faire carrière et de ne pas être éjectée. Donc surtout pas d’idées. Pas de risque.

Dans tous les partis, la peur d’exprimer quoi que ce soit tenaille. Surtout ne rien dire. Laisser les affiliations « naturelles » jouer sans rien dire, mais en accumulant les postures. Jouer les valeurs et les signes, en se calant sur l’émotion, sur le nous, sur la société que « nous » voulons. Le fait que l’on aille vers l’abîme ne gêne personne : c’est comme cela ! On ne va pas entrer dans ce trou noir et proposer quoi que ce soit.

En revanche les élites dirigeantes resteraient bloquées dans le rationalisme, et autres attributs du modernisme décadent et provoqueraient des « soulèvements » successifs de la part de telle ou telle tribue.  

Ils seraient donc vains d’essayer de mettre un peu de raison et de respect des électeurs dans la politique, et absurde de penser l’avenir pour qu’il soit « positif ». L’homme est un animal inconscient et plutôt mauvais en soi qui courre à sa perte dans la festivité en étant sensible au marketing de la marginalité et du non essentiel.

L’avenir serait donc à une bestialité, neu-neu, au sein d’archipels bestialisés, soudés par des appartenances, et mus par les passions de mini foule et non par la raison, se soulevant de temps à autres contre une cléricature enfermée dans la rationalité, la promotion de l'individualisme et le progressisme.

L’écologie telle qu’elle est transcrite dans la politique est une assez belle illustration de ces hauts concepts professoraux.

Tout est faux ou controuvé lorsqu’on entre dans le détail de cette querelle politique qu’est l’écologie délirante. Le livre essentiel de Christian Gérondeau (La religion écologique) le prouve facilement. Il est inattaquable. Première imbécillité : le CO2 mortifère à court terme de la planète. Nous avons un stock de CO2 dans l'atmosphère qui est extrêmement bas, quasiment le plus bas de l’histoire vivante de la planète. Au temps des dinosaures et de la luxuriance de la végétation, le stock était 250 fois plus gros.  Là où il était à mille nous sommes à quatre et on nous explique qu’en passant à 6 ou 8, la terre serait morte…  Deuxième imbécillité : l’homme est responsable de l’accumulation de CO2 dans l’atmosphère et donc de la mort de la planète. En vérité les activités humaines n'ajoutent qu’un pour cent par an à la masse de CO2 existante. Par conséquent, réduire de moitié notre production n’aura aucun effet significatif sur le stock. Et le stock doublerait-il, il serait toujours 125 fois plus petit que ce que la terre a connu pour le plus grand bonheur de la vie. Car le CO2 est notre meilleur fertilisant. Troisième imbécillité : la corrélation CO2, température, pertes d’espèces vivantes, serait prouvée. Elle ne l’a jamais été. C’est la hausse explosive des populations dans certaines parties du monde, comme le Nigeria et les pays musulmans, qui pose problème, et les pratiques désastreuses mises en œuvre par ces populations pour survivre, alors qu’elles sont mal pourvues en énergie. Mais là, c’est le silence.  Quatrième imbécillité :  nous pouvons atteindre la « neutralité carbone ». En fait c’est totalement impossible et cela n’arrivera pas. D’abord parce que seule l’Europe se sent obligée de tenter ce pari stupide, et notamment l’Allemagne qui s’est enfoncée dans une impasse dramatique qui ne peut que provoquer un « backlash », un effet retour imposé par les nécessités. Cinquième imbécillité : les énergies renouvelables peuvent représenter la totalité des productions énergétiques. Tout examen un peu rationnel prouve que c’est strictement impossible. Elles peuvent atteindre mondialement au maximum 15 à 20 pour cent de l’énergie électrique qui elle-même est une fraction minoritaire du besoin énergétique global. Sixième imbécillité : convertir tout le parc automobile et tout le chauffage à l’électricité mène directement à une pollution en CO2 pire que l’ancienne et à des frais tellement énormes qu’ils ne seront jamais supportables économiquement. Septième imbécillité : la perte de productivité crée de l’emploi. Huitième imbécillité : les Français qui sont en avance mondiale sur la question du CO2 doivent faire plus que les autres et tuer leurs paysages, artificialiser leur plateau continental, et détruire la beauté construite par des générations, pour atteindre des objectifs sans intérêts et ruineux, tout en perdant tout emploi et toute liberté.

Nous sommes face à une escroquerie et contrairement à ce que dit le Pr Maffesoli, cela provient des élites, pas du terrain. Dans cette affaire, elle a totalement renoncé au progrès, à la rationalité et à l’individualisme, qui sont selon lui les dimensions du modernisme. L’escroquerie écologique a été montée à l’ONU, désormais tenue par les ONG et par Greenpeace, s’est amplifiée par la transmission des instances internationales, puis par les états. En Europe la BCE, la Commission Européenne, les grandes agences internationales sont les fers de lance de l’offensive pour « la transition vers le zéro carbone ». Cette folie vient d’en haut et elle est amplifiée par des élites dirigeant par la peur.

Il en est de même du Wokisme et de la Cancel culture, créés aux Etats-Unis et relayés par toutes les instances internationales comme LA VERITE qu’il faut imposer au monde, via leurs dirigeants et une masse médiatique contrôlée qui aboie aux ordres.

En France, le pays et la majorité de sa population a des aspirations différentes et on cherche à leur imposer des vues qui ne sont pas les leurs. Le slogan, au ras de l’électeur, c’est « liberté et prospérité ». La perte des libertés est colossale et celle de la prospérité suit.

Les crises des bonnets rouges et des gilets jaunes ne sont pas liées au conflit entre modernisme finissant et nouveau monde. Dans un pays où le PIB par tête est quasi le même qu’en 1980, 40 ans de stagnation, la perspective d’une perte massive de revenu, de liberté, de vie et d’autonomie a été ravageuse. La bureaucratie qui dirige la France n’a rien vu parce qu’elle ne peut rien voir. Si toute la politique se résume à 100 personnes issues de la haute administration, cannibalisant une classe politique devenue népotique du fait de la « parité », qui a permis aux enfants de l’énarchie de prendre le pouvoir sans effort (pensons à Marisole Touraine, Parly II, Wargon, etc), on retrouve en pire les cent familles, car passer un examen administratif c’est moins méritant que de créer une industrie et des millions d’emplois.

Les nécessités du moment sont la rationalité, pour contrer les erreurs gigantesques de l’écologie, la nation, pour éviter le naufrage de l’éclatement tribal et la perte du sentiment national, la restauration de la liberté  formelle, en empêchant les dresseurs de piloris et le Klux Klan Woke, mais aussi de la liberté réelle fondée sur la prospérité, en cassant toutes les forces qui ont conduit à la stagnation, avant de s'engager directement dans l’effondrement volontaire, ce qui demande de réfléchir un peu et de faire de la politique.

M. Maffesoli, la France aujourd’hui a besoin de Descartes et de ce que vous appelez le modernisme. Le premier acte est de virer Macron qui symbolise l’effondrement et le déclassement du pays et la ridiculisation de la France, et le second de forger des politiques fondamentales sur les grandes questions clés, en refusant oukases irrationnels et les politiques autodestructrices et malthusiennes, et folies pures et simples, tout en développant une diplomatie de la prospérité.

L’urgence n’est pas de théoriser un changement d’époque vers un magma autodestructeur qui s’imposerait « volens nolens », alimentée par des peurs irrationnelles créées par une oligarchie minuscule venant d’en haut et vivant à l’écart de la démocratie. Nous n’avons pas à avoir peur de la démocratie. Les Français savent très bien ce qu’ils veulent et ils attendent qu'on les respecte et qu’on leur tienne un langage de vérité. C’est aux partis de gouvernement de le vouloir au lieu de s’affoler à l’idée d’avoir seulement une idée.  On a vu que l’aventurisme narcissique d’Emmanuel Macron ne débouchait sur rien sinon le pire. Il faut rebâtir une aventure collective. Et sortir du trou. On ne saurait trop conseiller au professeur Maffesoli de contribuer à ce mouvement de sauvetage plutôt que de commenter le naufrage.  

Retour de l’inflation et assèchement administratif des liquidités

L’avantage de la pandémie de Sars-Cov-2 est qu’elle nous force à pénétrer dans des territoires inconnus qui mettent nos réflexes mentaux et nos habitudes de pensée à l’épreuve. Avec les océans de monnaie créés par les banques centrales occidentales, qui se comptent en milliards de milliards de dollars ou d’euros ou de tout ce qu’on veut, nous sommes techniquement en inflation et même en inflation délirante.

Lors de la crise des changes flottants de 2008 et lors de la crise sanitaire, les États ont réagi à une perte de valeur en 2008 et 2009, et à une perte de production et de revenu en 2020 et 2021 par la création de monnaie. La première inflation monétaire n’a pas eu d’effets sur les prix à la consommation, du fait de la profondeur de la récession et de l’ampleur de la mondialisation mais a fait jaillir les prix de la bourse et de l’immobilier. Régler des questions de valeurs monétaires des actifs par des émissions de monnaie, on peut dire qu’on restait dans la logique financière.

Compenser des pertes de production et de revenu avec de la monnaie, là, le pari était plus osé. Plus de monnaie et moins de production, il n’y a pas de théories économiques qui n’expliquent  qu’on aboutit tôt ou tard à une hausse du prix des produits et une baisse de pouvoir d’achat de l’unité monétaire. Certes, l’absence de marché, du fait des confinements et autres couvre-feux, expliquait que l’argent créé reste sur les comptes en banque. Mais la réouverture des marchés et le redémarrage des affaires se devaient de lancer la hausse des prix.

Un point qui n’a pas été vu est la dislocation des « chaînes de valeur » et l'explosion du maillage logistique mondial. On n’en a pas bien mesuré la survenue faute d’expérience, même si certains événements avaient alerté sur les conséquences graves de pénuries imprévues parce que liées à des accidents, genre Fukushima. L’extension et le fractionnement de la chaîne de production, avec une politique de « just in time », fragilisent l’économie en cas de difficulté même ponctuelle et bien plus en cas d’explosion générale, et encore plus quand ces disruptions ne touchent pas tout le monde en même temps.

Ce qu’on voit aujourd'hui, ce sont d’immenses ruptures de stocks et des pénuries graves d’objets et de force de travail. À chaque redémarrage dans un pays ou dans un métier, l’entreprise se trouve confrontée à la difficulté de recruter et de trouver les intrants nécessaires à son activité. Les caisses sont pleines de liquidité, par exemple en France, et le crédit ne manque pas, mais on ne dispose plus de ce qu’il faut pour travailler.

L’affaire du muguet du 1er mai est très intéressante. En France, l’affolement avait conduit à ne pas accepter la vente de muguet en 2020. La production s’est effondrée et en 2021, on n’a pas eu assez de muguet pour faire face à la demande et les prix ont fini par flamber (jusqu’à 40 % de hausse en certains endroits), dès que la pénurie a été patente, et il n’a fallu que quelques heures pour la constater. Tous les fleuristes qui ont rouvert sont bien décidés à rattraper le temps perdu en augmentant les prix, mais tous ont eu la fâcheuse surprise de conter que les prix en Hollande, plaque tournante du marché, avaient augmenté massivement. Il sera instructif de suivre le cours des fleurs et le comparer à 2019.

Dans le bâtiment, c’est bien pire. Les artisans sont couverts de boulot, car l’argent est là et les propriétaires anciens ou nouveaux de maisons secondaires profitent des circonstances pour leur donner un coup de jeune, et les rendre plus confortables s’ils doivent y séjourner plus souvent du fait des rebonds de la pandémie. Et là, catastrophe. Les produits manquent. Tous. Du sable au bois, en passant par le cuivre, l’acier et le zinc. Les hausses sont dans la fourchette de 40 à 50 % ! Et les artisans ne trouvent plus de compagnons du fait que beaucoup ont quitté le métier ou préfèrent encore rester dans le cocon de l’assistanat. Du coup les contrats anciens ont perdu leur équilibre, les prix fixés n’ayant plus de sème, les délais s’accroissent, certains chiffres d’affaires sont arrêtés par les pénuries et poussent les trésoreries vers le bas. Dès qu’un projet a réussi à rassembler tous les facteurs de production, la facture pour le client est très élevée. On manque encore de chiffres, mais un rapide examen de quelques dossiers montre une hausse de près de 20 % sur les dossiers nouveaux.

Dans de nombreux domaines de l’industrie, les entreprises doivent faire face à des pénuries, notamment de matières premières et de puces. Là, la répercussion sur les prix est plus difficile compte tenu de la compétition mondiale. Mais dans un secteur en pénurie parce que la Chine, par exemple est le principal fournisseur de matières premières, comme les métaux rares, et réserve ces produits à ses propres industries, les fournisseurs américains et européens ne peuvent pas vendre et les produits chinois sont beaucoup plus chers car seuls disponibles.

Dans l’hôtellerie-restauration, trouver du personnel est devenu difficile et les chaînes d'approvisionnement, durement et longuement atteintes par la fermeture du secteur, ne peuvent pas fournir. Les hausses de prix en terrasse sont inévitables dès le mois de mai même si l’hôtellerie est, elle, obligée de rétablir sa clientèle et ne peut pas le faire en haussant ses prix. En Europe le prix de revient d’une canette de Coca Zéro, sortie d’usine, était entre 20 et 30 Cts d’euro, avec des prix de ventes entre 80 cts et 120 cts. En 2021, ces valeurs ont augmenté de près 50 % !

La disponibilité d’immenses réserves financières du fait de l’inflation des moyens de paiement permet à toutes les hausses de prix de trouver leur contrepartie. Donc, oui, il y a bien une inflation des prix et pas seulement des actifs de placement.

On dira : il s’agit d’une inflation frictionnelle liée à la crise et elle se résorbera avec un retour à la normale des chemins logistiques. De toute façon la mondialisation maintient l’obligation, notamment en France de ne pas augmenter les salaires, sauf à perdre encore des parts sur le marché mondial. Pas d’inflation des salaires, pas d’inflation des prix à la consommation durable.

Sans doute. Pas plus qu’il n’y a de doute qu’une partie des ressources créées ex nihilo par les banques centrales vont être utilisées à payer plus cher des prestations et des produits. Cela devrait conduire les autorités à être prudentes dans leur politique de reprise des revenus qu’elles ont lâchées au cœur de la crise. On ne saurait trop les inviter à ne rien faire de tel pendant les deux prochaines années. Un certain ajustement inflationniste est nécessaire pour sortir des conséquences de-là pandémie et d’une certaine façon est déjà acquis même s’il n’est pas encore manifeste. Donner un coup de faux administratif sur les liquidités alors que l’inflation latente se révèle peut conduire à une situation économique et sociale inacceptable.

L'excellent livre du professeur Peyromaure

pourquoi les soins sont-ils partis en déshérence en france ?

Disons le d’emblée, s’il n’y avait qu’un livre à lire sur la crise de l’hôpital ce serait celui, exceptionnel, du Pr Michaël Peyromaure. Pourquoi est-il exceptionnel ? Parce qu’il décrit la réalité et ne s'embarrasse pas des prudences habituelles ni surtout des allégeances faciles. Qu’on me permette d’ajouter qu’il rejoint des analyses que nous avons faites ici depuis de début de ce blog, le premier article concernant le traitement ridicule des ALD, affection de longue durée, prises en charge à 100 % sans raison majeure, d’autres articles ayant dénoncé le service universel de transport vers l’hôpital et retour, scandaleux gaspillages pourris de fraudes diverses, d’autres encore le développement vertigineux de la bureaucratie, et la soviétisation du système de soins, particulièrement à l’époque de Mme Bachelot, mais en fait depuis Alain Juppé avec un point culminant avec Marisol Touraine, sotte prodigieuse et témoin des dérives disons familiales de la classe dirigeante, notamment socialiste, pour ne pas parler de consécration d’un népotisme crapoteux.

Pour avoir, à deux reprises, été appelé à intervenir dans des difficultés d’organisation hospitalière, j’ai une petite expérience des particularités du milieu et il faut le dire, ces difficultés viennent de partout, et en particulier du corps médical lui-même. Ce que j’admire chez le Pr Peyromaure, c’est justement sa capacité à ne pas rejeter uniquement sur « les autres » toutes les fautes et à prendre sa part de critiques. Il n’y a aucune idéologie et aucun esprit de clan dans son livre. Il admet les défauts du système purement mandarinal ; il reconnaît la nécessité du contrôle de gestion ; Il sait la complexité des questions et quels équilibres fragiles sont en cause.

Pour être d’une génération précédant la sienne, j’ai mieux connu la période précédant son arrivée à l’hôpital et pourrais compléter sa connaissance sur les bizarreries qu’il fallait affronter encore au milieu des années soixante-dix. Il n’imagine sûrement pas qu’à l’AP-HP, la tenue des comptes devait être effectuée en couleur, tous les soldes débiteurs étant inscrits sur les registres en rouge. Les imprimantes de l’époque étant monocolores, cela interdisait l’informatisation de la comptabilité ! Pour changer ce petit problème, il fallait une loi ! Cette sottise durera près de sept ans avant d’être levée. Juste au moment où les imprimantes devenaient multicolores !

Dans les années quatre-vingt une nouvelle difficulté s’est révélée avec l’arrivée des micro-ordinateurs. Certains médecins se sont mis en tête de réaliser soit avec des L4G du marché soit des tableurs, et sur les systèmes qu’ils considéraient les meilleurs, des programmes informatiques plus ou moins intéressants et toujours totalement incompatibles avec quoi que ce soit, qu’ils jugeaient naturellement sublimes. Il est vrai que l'administration s’entêtait à concevoir des usines à gaz vieillottes et consternantes parfois sous-traitées à des sociétés intermédiaires « familiales », chut, et qui n’avaient strictement aucun intérêt pour les services hospitaliers sinon de bien nourrir quelques intermédiaires disons amis.

Aujourd’hui, l’informatisation des actes de l’hôpital est « fascisante » : vous ne pouvez rien faire qui ne soit pas conforme à une norme, et il faut demander à la machine le droit de pouvoir agir et consigner à la machine le résultat de vos actes. Le médecin comme l’infirmière sont totalement déresponsabilisés au nom d’une meilleure médecine, comme il y a un meilleur des mondes et surtout du principe de précaution qui pousse surtout à éviter toute responsabilité. Alors on utilise l’informatique non pas pour soigner le malade mais pour protéger le système.

Certains aspects de la réalité échappent partiellement à la sagacité de notre auteur. Il n’est pas économiste même s’il s’intéresse à la discipline et en suit bien des aspects. Il ne peut pas voir que la grosse différence entre les années soixante-quatre vingt et maintenant, c’est que le PIB par tête a doublé dans la première période et est restée stagnant dans la seconde. Le développement médical et notamment hospitalier a été foudroyant dans la première, extrêmement compliqué dans la seconde.

Il faut comprendre quelle a été la macroéconomie des décisions prises par le système politique dans un contexte de stagnation pour comprendre la situation médicale actuelle.

Première décision : limiter l’offre de soins.

Seconde décision : privilégier l’administration et la bureaucratie

Troisième décision : opter pour la démagogie électoraliste des gratuités généralisées à tout et à tous.

Ces « décisions » n‘ont jamais été assumées, de même que jamais le système n’a cherché à comprendre les causes de la stagnation économique. C’est la raison profonde de la création de notre petit cercle qui a dès le départ voulu donné une explication globale des crises à répétition, des causes particulières de l’effondrement français, et des aggravations dues aux politiques européistes. Il a par ailleurs privilégié la compréhension du phénomène de capture bureaucratique (l’énarchie compassionnelle) et les effets délétères des gratuités électoralistes, dans de nombreux domaines, dont celui de la santé.

Le Dr Peyromaure a parfaitement raison de signaler la responsabilité des Français eux-mêmes. On leur a servi la politique qu’ils voulaient et qui était suicidaire. L’échec de François Fillon a commencé lorsque les Français ont compris qu’il y aurait sans doute un peu moins de gaspillage et de gratuité dans la santé. « Ma santé, c’est sacré ». Gare au politique qui ne tient pas compte de cette constante notamment dans le corps électoral féminin. L’obsession de la santé est bien connue des éditeurs et du monde des médias. Disparition du ticket modérateur, CMU, gratuité tous azimuts, couverture médicale des étrangers venus spécialement pour cela ou immigrés clandestins, extension des gratuités, etc. Les politiques ont accepté de jouer le jeu de consacrer une partie du budget qui allait à la médecine aux aides à la population. Dans une ambiance de stagnation du PIB par tête, cela veut dire que la quantité d’argent mis sur les soins, par tête, a BAISSE. Comme la médecine a fait d’énormes progrès, de plus en plus ailleurs qu’en France, faute d’argent, et qu’elle coûte de plus en plus cher, la restriction de la part donnée au soin et à des soins plus chers, a eu un effet constrictif considérable porté pendant quatre décennies. Comme une partie du budget médical est partie vers la bureaucratie, la constriction est devenue encore plus violente.

Du coup tous ceux qui cherchent à faire progresser la médecine, comme connaissance et comme pratique de soins, considèrent la France comme un pays sous-développé. Quarante d’erreur, c’est long ! L’échec de la recherche médicale française dans les vaccins anti Covid a achevé de rendre cette réalité « incontournable ». L’effondrement est désormais palpable dans le domaine médical comme dans beaucoup d’autres.

Le livre de notre professeur, « Hôpital, ce qu’on ne vous a jamais dit », (Albin Michel, 2020, Isbn 978-2-226-44785-2) est plein de suggestions de réformes intéressantes.

Qui peut nier qu’il faut casser la bureaucratie, ce qui implique de mettre fin au scandale de « l’énarchie compassionnelle » et qu’il faut restaurer le pouvoir des chefs de service en centrant l’hôpital autour de l’amélioration des soins et la politique sanitaire autour de la médecine et non de la gratuité de l’accès à la médecine.

L’horreur de la situation est que la politique médicale ne peut progresser que si la partie soin reprend de l’ampleur, ce qui implique automatiquement de la croissance, et une restriction considérable dans le domaine des gratuités tous azimuts. Entre le pouvoir de l’Énarchie, triomphant avec Macron, la montée de l’écologie restrictive qui bloque toute croissance au nom de la survie de la terre, la résistance des équipes socialistes qui ont tout noyauté, partout mais notamment dans le domaine médical, l’exaltation du « tout pour ma gueule de l’électeur consommateur désireux que tout soit gratuit », la crise du Covid et les dégâts financiers économiques de la politique irresponsable qui a été menée, les folies européistes, la chance que le budget proprement consacré l’amélioration de la dispense de soins meilleurs, par tête, augmente, est nul.

Aucune mesure n’a été prise pour réduire les 16 000 femmes fonctionnaires de catégorie A dont personne ne sait ce qu’elles peuvent bien faire au sein du Ministère de la santé et des ARS. Aucune mesure n’a été prise pour réduit les 20 % de médecins qui a l’hôpital ne font aucun soin. Aucune mesure n’a été prise pour réduire les 35 % de temps pris par les actes bureaucratiques dans l’emploi du temps des personnels (médecins et infirmières) effectuant des soins. Aucune mesure n’a été prise pour augmenter l’offre de soins d’urgence malgré la certitude de la relance de-là pandémie.

Cette carence fondamentale n’a pas été secouée le moins du monde par l’urgence de la pandémie. Autant dire que rien ne la fera reculer. Les Français ont-ils cédé aux sirènes de l'abandon et de l'effondrement et conditionné les médias et les politiques à leur servir ce qu’ils aiment quelles que soient les conséquences ?

M. Véran se vante d’avoir limité le nombre des morts de plus de 80 ans en les vaccinant quitte à sacrifier la jeunesse. Et on vient de dépasser les 100.000 morts (en fait les vrais chiffres seront plus près de 100.000. Le ministère de-là santé annonçait 50.000 en fin d’année alors que les chiffres de l’INSEE sont à 75.000 au 31 décembre 2020 ! ).

M. Macron veut la gratuité des lunettes et des pareils dentaires. Il offre des garnitures menstruelles gratuites aux jeunes filles. Il pense à son tour à créer un quatrième risque, finançable, pour couvrir les frais de fin de vie.

Mme Hidalgo fait campagne en proposant plus de gratuités, dans tous les domaines.

D’innombrables imbéciles se déchaînent pour demander plus d’Europe dans la gestion de la santé, garantie d’encore plus de bureaucratie, de coûts, d'éloignement des décisions et d’infirmité dans les soins.

L’Union Européenne est incapable de proposer un plan de relance adaptée. Mais elle exige que des missi dominici européens suivent pas à pas les politiques qu’elle impose à la France dans sa politique de démantèlement de ce qui marche encore un peu.

D’autres déments hurlent à la mort pour obtenir une aggravation des impôts, la réduction des horaires de travail, l'extension des subventions à tous les stades de la vie,  l’extension du contrôle social de la population.

On notera qu’Emmanuel Macron cède à toutes ces demandes de démagogie et ne s’occupe que de sauver son narratif et son élection, tout en soignant les aspects psychiatriques de sa psychologie.

Faire bouger l’opinion et les forces politiques semble impossible, alors que le pire est au bout du chemin.

Merci au Professeur Peyromaure, d’avoir éclairé un peu plus la réalité. Au moins lui le fait d’abord pour améliorer le traitement des malades et des maladies.

La fausse réforme de l’ENA

Ainsi l’ENA va-t-elle « être remplacée par quelque chose qui marche ». Tel est la volonté d’Emmanuel Macron. On retrouve la morgue de l’ancien élève qui s’est élevé au-dessus du lot et qui se permet de faire sentir au « vulgus énarchus » sa supériorité.

Nous sommes une fois de plus dans la psychiatrie : « le syndrome du gamin qui a sauté la maîtresse » et qui en tire des idées aventurées sur sa supériorité vis-à-vis des autres. Une réforme n’a de sens que si on fixe un diagnostic et qu’on affiche une volonté positive de curer les difficultés. Comme toujours, faute d’analyses de fond, on s’amuse. Le nom est donc changé. L’ENA devient l’ISP, l’institut de service public. L’avantage est qu’on ne pourra plus condamner l’Énarchie et les Énarques. Instituteurs du service public, c’est moins parlant et moins classe. On reviendra au terme de Haut Fonctionnaire, ou au titre : inspecteur des finances, conseillers d’Etat etc. En dehors du changement de nom, on présente deux évolutions : la fusion de plusieurs écoles de fonctionnaires, et l’ouverture de filière spéciales pour la « diversité ». « On noie le poisson et on le fait changer de couleur » a plaisanté un haut fonctionnaire. Les filières spéciales pour la « diversité » sont le contraire de l’esprit méritocratique des institutions républicaines. Quant à multiplier les troncs communs, c’est aussi une grande mode depuis longtemps aux étages inférieurs de l’administration, qui a pour but de contrebalancer l’ouverture de filières dans des domaines ministériels nouveaux. Un ministère qui n’a pas son école spécialisée n’est pas un ministère. 39 écoles sont membres du réseau des écoles de service public, ce sont des établissements publics :

– Centre d’enseignement supérieur de la Marine CESM

– Centre national de la fonction publique territoriale - CNFPT

– École nationale des douanes

– École d’administration militaire

– École des commissaires de l’air

– École des hautes études en santé publique

– École des officiers de la gendarmerie nationale

– École des officiers du commissariat de la Marine

– École nationale d’administration

– École nationale d’administration pénitentiaire

– École nationale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes

– École nationale de la magistrature

– École nationale de protection judiciaire de la jeunesse

– École nationale des finances publiques

– École nationale des greffes

– École nationale des services vétérinaires

– École nationale des travaux publics de l’État

– École nationale du génie de l’eau et de l’environnement de Strasbourg

– École nationale supérieure de la police

– École nationale supérieure de la sécurité sociale

– École nationale supérieure des officiers de police

– École nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers

– École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques

– École supérieure de l’éducation nationale

– Groupe écoles - Centre de formation et de documentation des affaires maritimes

– Institut de formation de l’environnement

– Institut de la gestion publique et du développement économique

– Institut national des études territoriales

– Institut national du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle

– Institut national spécialisé d’études territoriales d’Angers

– Institut national spécialisé d’études territoriales de Dunkerque

– Institut national spécialisé d’études territoriales de Montpellier

– Institut national spécialisé d’études territoriales de Nancy

– Institut régional d’administration de Bastia

– Institut régional d’administration de Lille

– Institut régional d’administration de Lyon

– Institut régional d’administration de Metz

– Institut régional d’administration de Nantes

Qu’il n’y ait pas quelques réformes à faire dans ce fatras, surtout dans toute la partie régionale et territoriale, c’est certain. Vouloir en revanche mélanger la formation aux petits postes et l’accès aux hautes fonctions de l’Administration n’a pas grand sens. Les mélanges de niveaux ne donnent jamais de bons résultats. L’effondrement du niveau scolaire conduit par ailleurs à une dévalorisation naturelle des candidats. Tout niveler aboutit à une descente plutôt désespérante.

Il est évident que donner à 24 ans un titre d’inspecteur des finances ou de conseillers d’état est étrange. Le système des militaires qui ne permettent l’accès au plus haut grade qu’après une expérience prouvée sur le terrain est excellent.

Pour les Ministères les plus importants la préoccupation est de mettre la main sur les meilleurs élèves tôt et de maintenir la qualité de l’effectif. Tout le débat pour eux est de savoir comment détecter et recruter les meilleurs. Ils savent très bien qu’ils n’émergeront pas des écoles destinées aux fonctionnaires secondaires. Avant l’ENA, ils avaient des concours spécifiques et chacun veillait à son cheptel chéri. On retrouve ce système pour les deux assemblées qui recrutent des fonctionnaires spécifiques qui sont devenus des armées mexicaines cloisonnées. Un système détestable.

La sortie « dans la botte » de l’ENA permettait l’accès aux grands corps, le reste se diffusant dans le reste des administrations. On a assez dit que les mauvais élèves de l’ENA se retrouvaient au ministère de la Santé ! Si on supprime les classements et si on met en œuvre d’énormes troncs communs, reste à définir comment les grands ministères recruteront l’élite des élèves et si l’élite des élèves aura envie d’aller vers l'administration.

Et on sera alors revenu au problème véritable qui est la base de la critique du système énarchique : l’envahissement du politique par la haute administration ! Les hauts fonctionnaires ont un domaine : la haute administration. Mais ils ont colonisé la politique. Président de la République, premier Ministre, ministre et secrétaire d’État, maire de grande ville, conseillers municipaux, chefs de partis, ils tiennent tout de leur main de fer. Édouard Philippe est adoubé par Alain Juppé, il dirige en partie le RPR à sa création avant de devenir maire du Havre, il devient premier Ministre. Il est présidentiable s’il ne se « rocardise » pas ! Juppé cesse d’être maire de Bordeaux, après avoir été dirigeant à la ville de Paris puis Premier Ministre, et file au conseil constitutionnel. À gauche c’est pareil. Aubry est maire de Lille. Hollande est premier secrétaire du PS puis Président de la République. Ne parlons pas de fables, de Copé, de Wauquiez…

Ce qui s’est passé dans les années quatre-vingt-dix a largement été ignoré. Quatre mouvements clef se produisent :

-        La généralisation de la féminisation

-        La chute de l’URSS

-        L’Union européenne

-        La mondialisation et la financiarisation de l’économie.

Le petit monde de la haute fonction publique sent la nécessité de se rapprocher. Les distinctions droites gauches sont quasi totalement effacées. La question est de ne pas se faire marginaliser par l'Europe qui arrache des pans entiers de la souveraineté, ni par les colosses financiers et économiques transnationaux qui se créent, ni par la réduction des postes dans les entreprises nationales, presque toutes privatisées. Désormais, tout se fait en famille, car les Énarques se marient entre eux. La parité permet des promotions expresses d'épouses ou de maîtresses ou de « filles de ».

La pourriture mitterrandienne a permis à des familles aimées ou affidées de s'incruster en profondeur dans les rouages de l’État. Le copinage a pris des proportions excessives. On l’a vu à l’occasion de l’affaire Duhamel-Kouchner, des excès Buzyn Lévy, du scandale du quarteron des petits-maîtres amis de l’épouvantable nullité qu’aura été Marisol Touraine à La Santé : on retrouve Attal, Griveaux, le directeur actuel de la santé, et quelques autres. La victoire de Macron, assise sur un pronunciamiento de hauts fonctionnaires félons marque la fusion sans scrupule des deux parties de l’énarchie, avec concentration de tout entre les mains de 20 énarques amis. Tous les cabinets sont fusionnés pour réduire encore le champ des personnes concernées. On recrute comme secrétaire d’État et ministre des « filles de » et/ou des épouses. Mmes Parly, Hidalgo, Wargon, parmi une dizaine d’autres, sont typiques de ces évolutions. On a même vu se former au sein de l’énarchie, des sous-groupes fondés sur l’inclinaison sexuelle. L’homosexualité est désormais une filière qui compte.

L’asphyxie de la démocratie est totale.

D’autant que la caste des grands corps a ses propres objectifs majoritaires et qu’elle les impose au pays : socialisme, immigration de masse, fédéralisme européen, américanisation, mondialisation, financiarisation, fiscalisation, La plupart des grandes tares qui ont fait sombrer le pays dans ces dernières années forment le fond de sauce qui unit tout le milieu. Bien sûr, même l’opposition radicale à ces doctrines est formée d’Énarques : Asselineau, Dupont-Aignan, Philippot. C’est la cerise sur le gâteau. Hors de l’énarchie pas de salut !

C’est parce que la corruption et l’annexion de la République par l’énarchie sont devenues asphyxiantes que Macron, qui l’a sacralisée et amplifiée, doit se lancer dans des gesticulations.

Depuis 22 ans, date à laquelle nous avons énoncé ces mesures sur le forum du Monde, nous défendons cette idée qu’il faut :

-        Séparer le politique de l’administratif. Ou on est fonctionnaire ; ou on veut faire de la politique, être élu et tenir les grands postes élus. Il faut choisir. Tout haut fonctionnaire tenté par la politique doit démissionner de la haute fonction publique.

-        Interdire tout cumul de rémunération publique. Si on veut cumuler, on choisit la rémunération principale qu’on veut garder. Mais il n’y en aura qu’une.

-        Veiller au néonépotisme lié à l’extension des possibilités de favoriser les carrières des amants, maîtresses, époux et des enfants.

Cela ne veut pas dire que les personnes issues de la société civile qui seront élues seront meilleures. Les Énarques sont souvent très capables et le sont plus que la moyenne des élus de terrains. La troisième et la quatrième république ont montré la nullité d’un grand nombre d’élus. Il suffit de voir la qualité des personnels politiques élus de EELV pour prendre en pleine figure un parfum de nullité et de bêtise particulièrement déplaisant. Là n’est pas le problème. Une démocratie représentative doit être représentative.

L’important est que la décision politique redevienne l’apanage des représentants élus du peuple, que les partis cessent d’être des écuries pour Énarques en mal de carrière politique, et que cesse la coupure tragique entre base et sommet.

Un préalable est évidemment de ne pas réélire Emmanuel Macron et ses fausses réformes qui visent à « tout changer pour que rien ne change ».

La fin d'une certaine idée de la France suite

L’union Européenne considère que les concepts véhiculés par le mouvement de Cancel Culture qui veut réduire au silence toute voix dissidente par l’étouffement et l’exclusion sociale, font partie de valeurs de l’Europe intégrée dans les traités. La CJUE a fait droit à ce détournement.  La conjonction d’une vague médiatique, d’une vague judiciaire, d’une vague politique, chacune renforçant l’autre, transforme radicalement la possibilité d’agir en Europe et en France.

L’entreprise est désormais frappée. Il lui faut mener par sommation législative et réglementaire des politiques genrées ou racisées sous peine de boycott, de campagne de presse, ou de sanctions de différentes natures. La féminisation des directions et des conseils d’administration est vue comme une manière de mettre fin aux divers harcèlements qui nuisent aux salariés. La « non-discrimination » conduit à faire de la discrimination positive. Les entreprises du trotskiste Edwy Plenel, ancien de Rouge et de la LCR, menées avec sa plateforme de combat, enfourchent toutes ces injonctions pour fomenter des troubles un peu partout. Ce qui s’est passé avec MacDonald en France, avec une affaire de harcèlement montée de toute pièce est typique des nouvelles manipulations de l’extrême-gauche. La finance est désormais priée non seulement de se plier aux oukases mais d’agir positivement en faveur des discriminations genrées. Elle doit justifier son engagement pour sauver la planète et faire droit à toutes les réclamations « Woke ». Les instances comme le FMI ou la BCE, qui ont toutes deux des dirigeants femmes sans réelles compétences techniques par la pression des réclamations féministes, ont été sommées de participer au mouvement et se sont soumises. L’université désormais, notamment pour disposer de fonds « européens », de l’argent français remis aux autorités, non élues, de la Commission Européenne, et redistribué en fonction de l’idéologie de la sphère européiste américanisée, est entièrement gangrénée. Les études de genre et leur mantra antipatriarcale sont désormais installées non seulement dans les départements de sciences humaines, traditionnellement ouverts à toutes les extravagances doctrinales, mais aussi les grandes écoles qui doivent faire assaut de discrimination positive basée sur le genre, la race, la religion ou la classe sociale.

La notation et le classement sont devenus une contrainte à laquelle plus personne ne peut s’échapper. L’Insead a grimpé dans le classement des meilleurs Business School parce qu’elle a décidé d’adhérer entièrement à l’idéologie WOKE et de le faire savoir. Sans un seul changement technique dans son enseignement. Personne n’est plus compétent en en sortant. Mais il est labellisé « politiquement correct ». Les notations financières sont désormais biaisées en fonction de la « compliance » aux oukases d’une mouvance d’opinion.  La loi, on s’en fout ! Ces mouvements sont internationaux et supra nationaux. La sanction se fait par les réseaux sociaux, les piloris médiatiques, la pression psychologique, l’interdiction des projets et des financements, l’élimination des postes, et la menace de mort sociale.

Le dirigeant d’une entreprise multinationale se doit de répéter inlassablement les mantras du politiquement correct Woke. Il ne s’agit plus seulement de parité dans les conseils d’administration. Les femmes gèrent mieux, c’est acquis. Donc les directions doivent être réparties en leur faveur. Diriger c’est organiser des discriminations positives avec des marques officielles publiques : propos répétés en faveur des idées en question, mise en place de quota, multiplication des actes de soumission et de repentance, manifestation à tout propos que l’entreprise travaille pour le bien et toutes les valeurs féminisées et racisées, démonstration dans les publicités qu’on fait la place à la diversité. Au bilan social s’ajoute désormais le bilan écologique et le bilan sociétaliste : place faite aux femmes, aux homosexuels, aux musulmans et aux noirs. En Europe chaque nation et obligée de faire sa soumission et de montrer qu’elle est une bonne élève. Sous peine de sanction. Elle n’aura de financement que si elle le prouve. Le vote populaire et la démocratie ne comptent plus.

La France est tenue d’oublier sa devise :

-        L’égalité ? Impensable puisque la discrimination positive est sacralisée.

-        La fraternité ? Impossible puisque chaque classe, chaque race, chaque genre, chaque religion courent dans leur couloir et qu’on fait intervenir des supériorités et des infériorités essentialisées sur ces critères.

-        Le Liberté ? Pas question. Les ennemis doivent être réduits au silence et les piloris sociaux sont là pour cela.

De toute façon, il n’y a plus de démocratie puisque toute vient d’en haut de façon transnationale décidé par des ONG milliardaires et des instances non élues.

Observée à partir d’une visite genrée dans le XIVème arrondissement de Paris, la danse macabre des forces entièrement contraires aux idéaux multiséculaires français et qui vont tout détruire en France, sa prospérité, sa société, son dynamisme, sa large égalité et son progrès, s’emballe dans l’indifférence générale. L’Egypte avait connu sept fléaux. La France a également à faire face à sept nouveaux fléaux :

-        Le socialisme, qui a abandonné les classes populaires n’est plus qu’un fiscalisme antisocial

-        L’écologisme, qui a abandonné totalement le souci de l’environnement pour une sociétalisme incendiaire et abject.

-        L’islamisme, qui perd sa légitimité de religion dans un fondamentalisme criminel fondée sur le ventre de ses femmes, le gonflement de ses effectifs et la terreur.  

-        Le féminisme, qui s’est retourné contre la natalité et l’harmonie de la société, pour favoriser, tous les abus discriminatoires, la fin de la démocratie, le vieillissement des nations et l’autodestruction des peuples.

-        L’inflammation LGBT, qui ne génère que des outrances

-        L’Européisme, qui n’est plus qu’une déconstruction des nations et le relais de forces internationales venues des Etats-Unis

-        L’immigrationnisme, qui pousse en Europe à la substitution de population et aux changement radical de l’esprit des nations, tout en généralisant la délinquance et l’instabilité.

La France joue désormais son destin sans que la victoire soit l’hypothèse la plus probable dans l’indifférence remarquable de sa population et de surtout de sa jeunesse. Grand remplacement, grand déclassement, grand effondrement se conjuguent avec la crise sanitaire dans une forme de halo dépressionnaire, qui détruit toutes les défenses immunitaires du peuple français. Quiconque s’élève contre cette déchéance, car il s’agit bien d’une déchéance, est susceptible de subir une chasse à l’homme infernale. La France va donc perdre et se perdre dans la joie mauvaise de l’autodestruction et de la bêtise satisfaite ? 

La seule voie restant à l’humaniste républicain est-elle d’aller crier dans le désert en attendant la pluie de grenouilles, une opération dont le charme est connu depuis plusieurs millénaires ?

Laisser faire, laisser aller ? Considérer que l’essentiel, c’est surtout de ne pas participer ?

Il y a un an, nous écrivions le message « il pleut de la boue », traduction du fameux mot de Luther : « Es regnet drecks ». C’était avant la crise sanitaire. Les torrents de boue sont en train de tout emporter.  Y compris une certaine idée de la France.

La fin programmée d'une certaine idée de la france ?

C’est dans les petites choses que se révèlent les grandes. Voici un petit accident politique municipal parisien qui révèle une réalité nationale très déplaisante.

 Le dénommé Guillaume Durand, chanteur lyrique sans carrière s’est reconverti dans la politique auprès de M. Belliard, homosexuel Vert, leader de cette chapelle à Paris. Il est devenu conseiller d’arrondissement dans le 14e et organise, à l’occasion d’un projet de modernisation d’une placette, la place Brancusi, des marches genrées. Traduction : les visites chargées de définir les souhaits des riverains excluent les hommes. Car évidemment les deux marches prévues ne concernent que les femmes pour l’une que les femmes avec enfants pour l’autre.

 Un Vert, exalté à la vue du fruit antidémocratique défendu. Il pense sans doute que ses initiatives ségrégationnistes anti hétérosexuels blancs resteront dans les annales.

 « Pour lutter contre des discriminations insupportables, nous porterons l’exigence d’un quartier féministe », déclare le nouveau conseiller d’arrondissement.

Imaginons un abruti qui aurait déclamé : « pour lutter contre les comportements souvent épouvantables et hystériques des femmes nous mènerons une politique exclusivement en faveur des hommes et ne tolérerons plus de voir des femmes à nos réunions et lors de nos études ! » Il serait sans doute poursuivi pour misogynie haineuse et mis en prison.  

Dès 2008, l’Académie Française, chargée de réfléchir à « l’écriture genrée », avait constaté que ce qualificatif barbare de « genré » voulait dire en fait « féminin » ou « pour femmes ». Il s’agissait d’un vocabulaire de combat destiné à assurer une discrimination positive pour les femmes alors qu’il se présentait comme une neutralisation du langage vis-à-vis du sexe du locuteur. Visite genrée veut bien dire, 13 ans plus tard : réservée exclusivement aux femmes. Ce qui ne serait pas une discrimination et encore moins insupportable…

Quelques associations de militantes féministes soutenues par d’énormes subventions internationales et nationales via les municipalités socialistes puis Vertes, développent aux frais du contribuables, des politiques d’asservissement des politiques locales à la pensée genrée, c’est à dire à la domination des féministes outrancières, qui y trouvent une visibilité, de l’argent et du pouvoir.  Le discours est toujours le même ! Il faut « dégenrer » tout ce qui marquerait une domination masculine et « genrer » tout ce qui doit marquer une domination féminine

Dégenrer une cour de récréation, genrer le dialogue avec la population, c’est-à-dire le réserver aux femmes. Dans l’esprit du moment, exhorté par la nouvelle gauche à la haine de l’homme blanc hétérosexuel, marche genrée signifie : interdit aux chiens et aux hommes. Ce qui est un pléonasme dans leur esprit. Du coup un homme homosexuel « pas dangereux » accompagnera les femmes pour définir l’avenir de la placette. Il est vrai que les rodéos de motos organisés par des bandes de voyous sur la place Brancusi ne concernent que des hommes noirs ou maghrébins. Permettre aux femmes blanches d’amener leur moto sans risque de viol pour participer à la fête est certainement ce que veut dire « empêcher des discriminations insupportables ».

Introduire une forme d’apartheid dans une activité publique est une atteinte fondamentale aux principes de la République. Mais comme on prétend libérer la femme d’une spécialisation dégradante imposée par les hommes, on assure que cet apartheid est libérateur !

Dans tous les cas, l’homme blanc hétéro sexuel est considéré comme un suspect ou un coupable. Il est nécessairement dangereux pour les femmes soit comme harceleur, violeur ou tueur et obligatoirement réticent à perdre le pouvoir. Donc il doit être exclu du jeu de la décision publique, et l’information des médias doit être constamment recentrée sur les crimes masculins contre les femmes. Seuls les hommes sont pédophiles ; les femmes sont constamment battues ; le féminicide doit être reconnu comme un crime spécifique plus grave que l’homicide. Cela donne Schiappa au gouvernement et la transformation de l’hôtel de ville de Paris en résidence pour femmes battues…

Le confinement est constamment dénoncé dans les médias comme multipliant les violences faites aux femmes. Les meurtres de femmes par leur conjoint sont passées de 146 à 90 entre 2019 et 2020, soit une baisse de 40%, alors que les chiffres divergent sur les hommes tués qui sont ou 16 ou 27 selon les sources et semblent en hausse, mais là les statistiques immédiatement disponibles ne sont pas claires. Dans le silence des médias les infanticides eux ont grimpé. Les stats trouvées sur internet sont floues. On tournerait quelque part entre 100 et 200. Ils sont le fait quasiment exclusivement de femmes qui, pourtant ont encore demandé autour de 240.000 IVG remboursés par la sécurité sociale, et la loi en cours de vote leur donnerait le droit de la faire jusqu’à 9 mois de grossesses, ce qui s’apparenterait tout de même assez nettement à un infanticide. La logique de ces mouvements est qu’une femme doit toujours être absoute de tout crime, même quand elle tue dans le dos leur mari alors qu’un amant traîne dans le fond du décor, comme une affaire récente l’a montré.

Au moment où une certaine Alice Coffin dénonce « pedoland » à la mairie de Paris et que s’étale la sordide affaire Duhamel-Kouchner, Marie-Claire fait un constat :

"Une explosion de la pédophilie féminine"

« Cindy, Gloria, Jennifer, Karla… Il suffit de cliquer sur les sites Internet-américains où sont fichés les délinquants sexuels pour tomber sur des centaines de noms de femmes condamnées pour viols sur mineur et attouchements sur leurs propres enfants. En Grande-Bretagne, les portraits patibulaires de Vanessa George continuent d’occuper la une des tabloïds. Puéricultrice à la Little Ted Nursery de Plymouth, Vanessa George a été jugée coupable d’agressions sexuelles répétées sur des enfants de 2 à 5 ans, de fabrication et d’échange d’images pédo-pornographiques par l’intermédiaire de Facebook. Depuis cette affaire, le service d’assistance téléphonique ChildLine a enregistré une augmentation de 132 % des plaintes pour agression sexuelle féminine et la presse anglaise s’est largement fait l’écho d’une « explosion de la pédophilie féminine » ».

En même temps un homosexuel marié communiste adjoint de madame Carine Petit dans le 14e arrondissement de Paris (encore lui) est accusé de viol contre mineur avec son conjoint.

Une vidéo scandaleuse est présentée à la télévision le 3 janvier 2021 montrant deux filles Roms persécutant et molestant une adolescente blanche pendant plus d’une heure dans une rue.

Zut alors, la délinquance sexuelle ou violente ne serait pas seulement une affaire d’homme blanc hétérosexuel ? Le message féministe+ et LGBTI serait-il un mensonge au moins par omission ?

Non ! Les mouvements féministes castrateurs nourris par leur source américaine réussissent progressivement dans l’indifférence générale à noyauter les réseaux sociaux, les médias, l’enseignement supérieur, la justice, la politique et les institutions internationales. Prenons l’incident tellement significatif du patron des JO japonais qui a plaisanté sur le fait que les femmes parlent trop pendant les réunions et que les « conseils d’administration où il y a trop de femmes prennent trop de temps, car elles ont du mal à finir ». Il n’a pas demandé des conseils d’administration genrés au sens de « sans femmes ». Il a simplement constaté en blaguant un état de fait assez général dont, dans une copropriété, tout président de conseil syndical doit tenir compte s’il veut tenir son ordre du jour. Il aurait pu ajouter que désormais avec certains hommes c’était devenu pareil. Quand Agatha Christie disait : « je travaille mieux avec les hommes, car, avec eux, cela va beaucoup plus vite » elle le disait sans intention humoristique. Juste un constat. Pas plus sexiste que de constater qu’on attend plus dans les toilettes femmes que dans les toilettes hommes, dans les stations essence de bord d’autoroute. Fait incontestable qui ne semble avoir jamais été pris en compte par les architectes trop soucieux de parité du m2 dans ces lieux naturellement genrées.

Voici notre président japonais couronné de la « médaille d’or du sexisme » par Human Right Watch, qui n’a rien à dire sur le traitement des Ouighours par la Chine mais s’est mobilisé dans la seconde devant cette épouvantable déclaration de haine genrée de nature à freiner la campagne pour la parité homme femme dans les conseils d’administration ! Une pétition riche de 127 000 signatures a exigé des « sanctions » devant des propos qui violent les principes de l’olympisme (bien que toutes les épreuves soient homogènes en matière de genre, avec les difficultés que l’on sait pour les épreuves féminines où les transgenres ont eu parfois des avantages indus, ce qui implique un test de féminité… dénoncé par les associations LGBT comme discriminatoire pour les transgenres). La Commission Européenne qui semble-t-il n’a rien d’autre de plus grave à traiter, au moment où ses performances vaccinales montrent tout de même quelques faiblesses, a aussitôt fait savoir son indignation sur twitter. Les appels à la démission (la mort sociale, rien de moins) pour le criminel, se multiplient de toute part. Un sondage a aussitôt été commandé pour vérifier les réactions des Japonais.  59.9% veulent la démission. Le propos a été aussitôt essentialisé comme représentatif d’une domination genrée au Japon dont la jeunesse ne veut plus (les jeunes au Japon sont une espèce en voie de disparition, les naissances s’étant effondrées, et la population baisse).  La femme est devenue une vache sacrée dont on ne peut pas sourire même gentiment d’un quelconque défaut sauf mort sociale immédiate.

Les mouvements féministes, après avoir obtenu des parités obligatoires, souvent injustes, se flattent de faire sauter la parité pour imposer des majorités de femmes extravagantes. Le balancier ne s’est pas arrêté et est parti dans l’autre sens.

Anne Hidalgo se flatte d’avoir violé la parité à Paris : « Anne Hidalgo a confié avoir ressenti de la “joie”, en apprenant “la semaine dernière que la Ville de Paris devait payer une amende de 90.000 euros sur décision du ministère de la Fonction publique (...) pour avoir nommé trop de femmes aux postes de directions”. Au total, “69% des nominations, 11 femmes et seulement 5 hommes”, a-t-elle indiqué.  Vous lisez bien : elle exprime sa joie de violer la loi et assume une délinquance genrée en tant que détentrice d’un poste officiel et public. Elle n’a pas fait une blague sexiste sans conséquences, non elle a violé la loi sciemment en causant des torts aux hommes privés de leur carrière normale. Là, pas un mot des ONG, ni de la Commission Européenne. Pas de pétition enflammée. Pas de sondage immédiat. Deux poids deux mesures.

 « Les mouvements féministes ont d’abord cherché la mixité, qu’elles ont obtenu dès les années 70 dans l’enseignement. Ensuite ils se sont battus pour la parité dans tous les domaines. Aujourd’hui elles ne cherchent pas la parité mais le pouvoir absolu. La parité n’est qu’une étape, un moment du droit, c’est-à-dire du rapport de force », écrit un commentateur.

Les mouvements féministes se sont associés aux mouvements homosexuels et « transgenres », LGBT, noirs décoloniaux et intersectionnels, pour gagner. Toutes n’étaient-ils-elles pas des victimes asservies en mal d’émancipation des mâles blancs hétérosexuels, ces « prédateurs esclavagistes, violents et sans pitié qui ont ravagé le monde et maltraité les femmes depuis si longtemps ? »  L’exclusion ne concerne pour l’instant que les hommes hétérosexuels blancs. L’homosexualité masculine était déjà très forte dans les mouvements politiques, de gauche ou de droite, pour une raison simple : il faut beaucoup de disponibilité pour faire de la politique et avoir une famille est une difficulté. Depuis le mouvement Act-Up qui a fait du chantage à « l’outing », cette sur-représentation qui ne posait aucun problème au préalable, est devenue officielle et revendiquée. L’homosexualité féminine était marginale et pratiquement totalement tue. Heureusement Alice Coffin, Zorra, la grande Zorra, est arrivée en se pressant.  

Avec la municipalité de gauche à Paris, on a vu l’homosexualité s’afficher comme un critère positif à révérer. Anne Hidalgo s’est présentée comme « gay friendly », avec auprès d’elle un grand nombre d’homosexuels dont beaucoup mariés, appartenant à tous les groupes composants de sa majorité, au PS, avec Julliard et Girard, au parti communiste avec Ian Brossat, chez les Verts, avec Belliard. On a vu des peintures arc en ciel orner des passages piétons du quartier du Marais en même temps qu’on promouvait la gay pride, etc. Être communiste et homosexuel vous donne une protection magique contre toute critique : un contradicteur ne peut être qu’un anticommuniste primaire ne comprenant pas la beauté de l’étoile rouge (100 à 150 millions de morts tout de même) et un homophobe secondaire partisan de l’étoile rose.

Anne Hidalgo a donc fait le choix de s’appuyer massivement sur le mouvement LGBTi. C’est sa stratégie : toujours aller à l’extrême dans les actions symboliques, pour que personne d’autres ne puissent associer sa candidature sur les thèmes qu’elle juge nécessaires à sa réélection. Elle est extrémiste sur la question des vélos et dans la haine des mobilités motorisées. Elle est extrémiste sur le logement social. Elle est extrémiste dans le support aux associations féministes. Elle est extrémiste dans le support des mouvements gays et lesbiens. Tout cet extrémisme se retrouve dans les arrondissements et on voit apparaître partout une nouvelle génération d’extrémistes homosexuels, du genre Alice Coffin ou de ce Guillaume Durand qui organise ces visites genrées, discriminatoires, et qui expulsent l’homme blanc hétérosexuel de tout dire sur la politique menée concrètement dans la ville.

Ayant enquêté trois secondes sur ce Guillaume Durand, les résultats ne sont pas tristes :

-        A la suite de l’affaire Baupin, un Vert du type harceleur sexuel, il a mené, à la demande de Belliard, l’homosexuel qui dirige les Verts à Paris, une action de purification des candidats aux municipales en réservant plus de 60 % des postes à des femmes, et en limitant le nombre de « mâles blancs hétérosexuels » à quasiment rien, compte tenu de leur « dangerosité ».

-        A la suite des attentats au hachoir devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, il a légitimé les tentatives d’assassinats en expliquant que c’était la faute des Français qui les avaient « mal logés ».  Ce Monsieur fait partie de la mouvance islamo gauchiste. La presse n’a jamais donné de nouvelles des deux femmes qui avaient eu le crâne ouvert à cette occasion.

-        A la suite du squat des locaux d’un des cafetiers dont la terrasse avait été balayée à la kalachnikov, tuant de nombreux clients, il a légitimé l’opération et le squat en général pour arrêter la « gentrification » d’un quartier. Monsieur est contre le logement de la classe moyenne à Paris. Aucune indécence ne le freine.

-        On n’a jamais entendu un mot sur l’écologie dans sa bouche.  

On aurait tort d’être surpris.  Ce chanteur d’Opéra a assimilé rapidement le texte fondateur publié par le mouvement des jeunes écologistes. Toute personne qui s’engage en politique devrait lire ce document tellement révélateur. De même que tout le monde aurait dû lire Mein Kampf à temps.

« Nous militons pour des communes radicalement féministes, qui questionnent et déconstruisent   les   structures   patriarcales ». Là est le combat : la destruction radicale du patriarcat. Le gros du texte veut expliquer pourquoi on ne peut plus se contenter de poursuivre les actes criminels contre les femmes. L’homme est mauvais en soi et cette malfaisance s’essentialise partout dans un système d’oppression généralisée organisée contre les femmes. Il faut donc une élimination systémique de la domination du mâle blanc hétérosexuel, le mâle blanc homosexuel ne pouvant manifestement pas faire le moindre mal (il suffit de suivre les actualités récentes pour s’en convaincre…). Cette élimination ne peut tenir compte ni de la qualité des hommes qui s’offrent à faire de la politique ni de leur comportement. Ils sont nocifs « per se », même quand ils se disent féministes. La criminalisation de l’homme est là pour la consommation des siècles. L’apartheid genré est le seul moyen de supprimer le patriarcat honteux qui, en plus, a parti lié avec le capitalisme le plus destructeur et de la vie des femmes et de celle des espèces animales et de toute vie sur terre tout en asservissant les femmes noires immigrées pour leur faire faire les tâches les plus honteuses dans les pires conditions. Cette condamnation de l’homme (hétérosexuel blanc), infâme en soi, dictateur invétéré et colonialiste même quand il n’y a plus de colonies, incapable de ne pas détruire la planète, est le pendant des religions qui ont été fondées sur le caractère tentateur de la femme dangereuse et qui trouve avec l’islam actuel des partisans fanatisés. Ce qui n’empêche pas les Verts d’être islamogauchistes et de considérer que la substitution de populations africaines aux anciens blancs qui les avaient colonisés et maltraités est non seulement légitime mais formidable, l’humiliation et l’asservissement des anciens dictateurs étant le seul moyen de restaurer la confiance en eux des peuples meurtris. Les noirs et les arabes qui entrent dans la police et qui s’attaquent aux bandes qui créent le désordre en banlieue et s’adonnent à différents trafics sont donc « des collabos ».  Les noirs et les arabes qui s’engagent dans l’armée et ne la trahissent pas lors des interventions contre des forces islamistes sont des « pourritures dégénérées dont l’apostasie de fait doit être sanctionnée par la mort » comme disent les salafistes dont on sait la passion pour les féministes. Cela n’empêche pas un groupe de juses de refuser de condamner un violeur immigré « parceque c’est autorisé dans son pays et que ne parlant pas le français il n’a pas su qu’ici cela ne se faisait pas ». Merci pour la victime !

L’innovation des Ballades Genrées est un marqueur important, en dépit de son apparente futilité. Il prouve l’ampleur de l’emprise des mouvements LGBT, féministes, intersectionnels et Woke dans la municipalité parisienne.  Elle marque l’essor des politiques d’exclusion des hommes blancs hétérosexuels et des débats et des études préparatoires et de la discussion de l’exécution.

Dans la minuscule affaire du réaménagement de la place Brancusi, Il s’agit bien d’un apartheid officiel organisé par une collectivité publique. Normal ?

Tout réaction contre cet apartheid officiel vaut à son auteur d’être vilipendé. Il est sexiste, prisonnier des préjugés d’un autre temps, homophobe, misogyne, adepte d’Hitler, propagandiste d’idées nauséabondes, veut remettre en route les chambres à gaz etc. Tout ce qu’on connait bien lorsqu’on, a été une seconde sur les réseaux sociaux.  La reductio ad hitlerum, cela marche toujours.

Bien sûr personne n’est autorisé à examiner et juger des conséquences des hyper-féminisations dans le domaine public.

-        L’éducation nationale fonctionne avec plus de 70% de femmes. La France s’est effondrée dans les classements Pisa. Il est vrai qu’on y fait plus de morale que d’enseignement des savoirs et que tout ce petit monde penche à gauche.

-        Le Ministère de la santé est un bunker où travaillent 85% de femmes fonctionnaires de cat A. On a vu l’incapacité française à faire face à la pandémie et les ARS sont vilipendées tous les jours pour leur bureaucratie et leur blocage.  Tout ce petit monde penche à gauche.

-        Au Ministère de la Justice « les femmes sont majoritaires a? ce jour dans tous les métiers du ministère, souligne le rapport (La Féminisation des métiers du Ministère de la Justice) ». « Si la tendance se poursuit, les femmes représenteront 75 % des magistrats en 2037 ». Le Ministère est déjà effondré. On ne voit pas ce qui va soudain tout changer avec une majorité de 75% de femmes. Il faut noter que le dernier rapport sur la féminisation du ministère notait que le ministère n’en faisait pas assez pour les femmes (il y a même un label pour noter les bons élèves de la féminisation). On ne dit pas combien il faudrait de juges noires ou arabes ou transgenres. Sûrement un moment d’absence. A quand un label qui contrôlera le quota de femmes transgenres ex-hommes et d’hommes transgenres ex-femmes avec des toilettes ad hoc dans les tribunaux ?

L’hyper féminisation de la municipalité parisienne, illégale de surcroît, ne semble pas plus porteuse d’une amélioration évidente de sa gestion. L’administration de la ville est totalement effondrée, la saleté et le mauvais goût ont triomphé et les finances s’enfoncent dans la dette à une vitesse ahurissante.

Tous les principes républicains sont violés pour le pire. Il serait peut-être bon que les politiques commencent à se rendre compte de la nature de la candidature d’Anne Hidalgo à la présidence de la République. Il est vrai que Macron l’a précédé :  la place du soutien aux mouvements féministes et LGBT, avec promotion massive des femmes et des homosexuels, est déjà occupée par son mouvement.  On ne voit pas qu’Hidalgo puisse faire valoir une particularité quelconque, sinon une alliance avec les Verts. C’est ce qui explique la frénésie de Macron vis-à-vis de l’écologie depuis le départ de Hulot et la déroute de Rugy.  Sa propre ambiguïté de genre, la commission citoyenne, Pompili et Schiappa ne lui paraissent pas une défense immunitaire suffisante contre le virus Hidalgo.

La France Insoumise s’est intégralement muée en soutien absolu des mouvements LGBTI. (https://lafranceinsoumise.fr/2020/05/15/rapport-ilga-situation-lgbti-degradee-depuis-macron/)

Mme Le Pen fait bien attention à toujours garder un « homosexuel de service » dans son équipe de direction, même après le départ de Philippot.

M. Philippot, son prédécesseur envahissant, s’est lui reconverti en chef de parti.

M. Asselineau, à l’UPI, est lui entendu pour acte de harcèlement et de viol homosexuel.

LR est sommé de clarifier sa politique en faveur du mouvement LGBT et du féminisme. La pression pour présenter une femme est importante.

L’apparition de Christian Jacob, le président de LR dans l’émission de Zemmour et Naulleau, a montré que ce parti travaillerait sur 150 thèmes de réflexion, sans aucun écho dans l’opinion. Alors qu’il aurait fallu se concentrer sur les six à huit thèmes d’extrême urgence.Parmi ces thèmes d’urgence nationale, la défense de la liberté et de l’esprit républicain CONTRE les exactions LGBTI est une priorité. Le développement du fascisme et de l’apartheid « intersectionnel » et « Woke » n’est plus une vague menace. Les développements anti républicains sont en cours. La politique est contaminée, après l’université. Tous ces mouvements, quasiment sans exception identifient patriarcat, capitalisme, viol de la nature et destruction des services publics. On va constater lors de la prochaine campagne que ce fascisme va être une des dimensions importantes des Présidentielles. Il est soutenu par toute la gauche de Macron à Mélenchon, en passant par les Verts, qui ne s’occupent plus du tout d’écologie dès qu’ils ont pris un pouvoir et le PS qui lui ne s’occupe plus de l’électorat populaire.

Les balades genrées du 14e arrondissement de Paris, qui paraissent un incident insignifiant, marque que ce fascisme anti républicain est déjà dans la place et qu’il risque de devenir dominant à partir de 2022

Une des caractéristiques de la vague antidémocratique et fascisante (l’intersectionnalité est un « fascio ») qui détruit la France est son caractère international porté par des institutions multinationales pénétrés par les ONG. L’ONU, actuellement, n’est plus qu’un lieu d’action monopolisées par des ONG financés par des milliardaires américains alors que l’institution est passée aux mains du tiers monde. L’union Européenne considère que les concepts véhiculés par le mouvement de Cancel Culture qui veut réduire au silence toute voix dissidente par l’étouffement et l’exclusion sociale, font partie de valeurs de l’E

Les dures leçons de l’année 2020

A noter : Ce blog dépasse les trois millions de lectures

2020 a apporté une véritable nouveauté : l’arrivée d’une pandémie grave. On ne le croyait plus possible et le Président Macron a géré l’affaire au plus mal. La crise sanitaire créé un nouveau monde mais a aussi été l’occasion d’une confirmation d’évolutions anciennes consternantes qui contribuent au sentiment de déclassement de la France et de déréliction des Français. L’ensemble forme un tableau plutôt sinistre.

 Tout est désormais si clair, que la grande question qui se pose est terriblement simple : stop ou encore ? La perspective d’un effondrement devient envisageable. Elle ne peut plus être occultée, niée ou minimisée.  Une sorte de paralysie frappe le pays qui est partagé entre passivité craintive et hystérie délirante. Cette conjonction crée une situation hypnotique comme souvent la peur en provoque. Le cerveau voit bien le danger maisles membres sont paralysés. Si on ne bougeait plus, peut-être la bête sauvage nous épargnerait-elle …

Cette attitude est absurde. L’espoir existe et ne peut disparaître. On peut agir dans la durée pour remédier à nos maux. Au moins, commençons à regarder les choses en face et accordons-nous sur les constats les plus graves.

Macron est une erreur de casting. Il n’attaque aucun des problèmes graves et il en crée qui lui sont spécifiques. Malheureusement, il présente des éléments de détresse psychologique qui ne lui permettent pas de changer. Son délire lui fait suivre obstinément un « narratif » qui a plus pour objet de limiter sa souffrance intime que de gouverner utilement le pays. Voulant se rassurer sur une supériorité qu’il professe mais qui n’existe pas, il multiplie les propos de séduction et accumule les contradictions, tout en aggravant les difficultés du pays qui lui sont indifférentes mais que les victimes ne lui pardonnent pas.  Le coronavirus a été un impitoyable révélateur de ses carences lourdes. Il commence par ne pas vouloir entendre parler d’une pandémie qui menace clairement le pays mais qui entrave son « narratif » et les opérations politiques qu’ils jugent à même de permettre sa réélection, son unique préoccupation. Alors que les yeux sont fixés sur la ville de Wuhan puis se tournent vers l’Italie, il ne pense qu’à clore l’affaire des Gilets Jaunes, à prendre la pose sur les questions écologiques et à préparer les élections municipales. A cause de cette mentalité, la France perdra trois mois cruciaux pour faire face à la pandémie. Il refuse de fermer les frontières mais pas de prendre la pose alors qu’il perd la main. Il trépigne de rage en son palais pendant que son premier ministre gère la crise sanitaire. Macron, en Jupiter entravé, fulmine.  Il tente d’exister par des discours déplacés et ridicules. Aussitôt le confinement levé, Il manœuvre pour virer Edouard Philippe et fait perdre quatre mois au gouvernement. De mai à septembre, la seule préoccupation autour du « maître des horloges » est celle des places à défendre ou à prendre. La France rate la phase de déconfinement et ne se prépare pas à la relance de la pandémie qui flambe sans que rien n’ait été anticipé pour y faire face. Il rate la phase vaccinale dans des proportions qui tournent à la farce tragique, tout en multipliant les actions préparatoires à son narratif présidentiel de campagne. Il finit par être contaminé lors d’une réunion qui viole le couvre-feu qu’il a imposé, et qui n’est consacrée qu’à la manière de tuer l’opposition en 2021 et à préparer le ring pour un combat gagné d’avance face à Marine Le Pen en 2022. Alors que l’épidémie continue de tuer en masse, le nombre des morts s’orientant vers les 70.000, il pense à lui et à lui seul. 2020 aura été tragique pour Macron, par la prise de conscience qui s’impose de sa profonde inadaptation au poste qu’il occupe. Il gère ses difficultés psychologiques, mais pas la France. Il n’a aucun affect. Il est incapable de faire face aux évènements. Il faut éliminer cet accident de l’histoire, le plus vite étant le mieux.

L’énormité et l’impuissance du Moloch bureaucratique français a été la révélation majeure de 2020 pour le grand public, alors que les connaisseurs savaient. L’idée que le système sanitaire français était le meilleur du monde s’est effondrée. La prise du pouvoir par les hauts-fonctionnaires et une bureaucratie phénoménale, dirigée par une cohorte de nomenklaturistes socialistes, travaillant souvent en famille, (cf Agnès Buzin et  Yves lévy), et cherchant plus à régler des comptes de clans et à « faire de l’argent », a montré son caractère délétère. On a limité le nombre des médecins et tenté de les prolétariser, pendant que des malins s’enrichissaient notamment avec Big Pharma. Des guéguerres ridicules entre privé et public se sont ravivées. Les luttes de personnes sont devenues infectes. Les « scientifiques » ont été ridiculisés, comme des Purgons de Molière se battant sur tout et n’agissant sur rien. Une honte. Et cela se termine par une légion d’honneur à un médecin payé par Gilead pour défendre le Remdezivir, une drogue dure et coûteuse, sans aucun effet sauf négatif sur la maladie Covid !  Une honte totale.

La Presse a été la victime collatérale de la crise sanitaire. Les Français, même les moins avertis, ont été consternés de voir s’étaler en pleine lumière un phénomène qu’ils subodoraient mais dont ils ne voulaient pas se convaincre, tant il est odieux. La Presse aux mains de l’Etat et d’une poignée de milliardaires dont la fortune dépends largement de l’Etat, ne se considérait plus comme un moyen d’information et de débats, mais comme un outil de création de l’opinion dans le sens d’une bien-pensance politiquement correcte, et propice à des intérêts particuliers. Pourris par l’illustration continue et malhonnête des éléments de langage imposés, affaiblis par l’effondrement de la qualité du recrutement journalistique, lié à la baisse de ses ressources désormais fournies trop largement par l’impôt, les médias installés se sont ridiculisés et ne peuvent plus être lus sans irritation. C’est une effarante reculade démocratique qui a laissé le champ libre au n’importe quoi souvent méphitique des réseaux sociaux. Chacun cherche désormais sa vérité dans un champ de mines.

L’Union Européenne a montré une de fois de plus qu’elle n’était qu’une grosse méduse, travaillée par le départ de la Grande Bretagne, par les particularités des pays de l’Est, par les tensions régionalistes stimulées par l’abaissement des Etats, par son alignement inconditionnel sur les Etats-Unis qui l’ont brutalisée sans réaction, par une incapacité à agir à l’extérieur. 2020 a prouvé que l’UE était une coûteuse coquille vide uniquement intéressée par elle-même et son combat contre les nations européennes, sans aucun résultat probant dans aucun domaine. Les institutions de Bruxelles et de Francfort censément chargées de doper la croissance en Europe a conduit cet espace à sous performer depuis près de 30 ans et à se traîner économiquement loin derrière toutes les autres parties du monde. Un bilan navrant !

L’Alliance atlantique et le multilatéralisme centrée sur l’Occident se sont effondrés. Cela est due principalement aux vaticinations nationalistes des Etats-Unis, qui ont mis en place un racket contre leurs propres alliés, tout en délaissant leurs responsabilités globales. Mais l’effondrement de l’Europe comme puissance a également sa part. Sans parler de l’effacement français, avec un pays ruiné par sa bureaucratie et le socialisme à la Mitterrand,  aggravé par Jospin et Hollande, le tout sans vraie réaction des Présidents dits de droite.

En France toutes les tares connues ont continué à embellir. La justice s’est encore effondrée un peu plus, la réponse pénale contre les truands disparaissant, au profit de procès tonitruants et infamants avec des sanctions délirantes contre les dirigeants de droite.  L’insécurité a brusquement accéléré au point de voir des délinquants immigrés noirs arracher des colliers au cou des femmes âges françaises un peu partout dans Paris, sans aucune réaction. L’enseignement s’est effondré un peu plus, une partie du corps enseignant se défilant de façon honteuse face au risque du virus. L’université est désormais largement pourrie par les mouvements « intersectionnels » venus des Etats-Unis qui en font désormais un lieu de propagation du racisme le plus violent et de promotion de l’homosexualité et des mouvements LGBT. Leur terrorisme règne désormais en maître à Sciences-Po comme à la Sorbonne et dans plusieurs établissements provinciaux. La police est vilipendée, assommée de fatigue et d’insultes, à deux doigts d’entrer en dissidence. L’armée est enlisée dans une opération Barkhane menée sans les moyens nécessaires. Toutes les grandes administrations publiques sont par terre. La natalité proprement française s’est effondrée un peu plus et se transforme en une baisse des effectifs au profits de populations étrangères qui n’ont aucune honte à tenir le terrain avec leurs propres règles dans le mépris des « gaulois ». L’invasion islamique et ses débordements criminels persiste et s’aggrave sans vraies réaction sauf des faux semblants cosmétiques et verbaux.

Quant à l’économie, affaiblie depuis quarante-cinq ans par la surfiscalité française, les lois trop favorables aux mauvais salariés et aux syndicats politisés,  les charges trop lourdes sur l’appareil productif, la concurrence abusive des pays à très bas salaires, et la puissance industrielle dévastatrice de l’Allemagne, de la Chine etc., elle a été démantelée par la crise sanitaire et les moyens mis à la combattre. L’économie française est plus que jamais entravée par la bureaucratie et la pression de l’Etat, la faiblesse résultante de sa compétitivité, ses déficits intérieurs et extérieur, avec un chômage structurel et une dette intenable. Pire encore, sous la pression écologiste, elle est sommée de démanteler toutes les forces qui lui restent : la construction automobile, le nucléaire, l’aviation et la construction aérienne et plus généralement l’espace, …  La perspective d’une France totalement désindustrialisée et sans aucun ressort économique est clairement affichée.

Décidément, 2020 aura été le miroir grossissant de toutes les difficultés françaises, sans faire avancer d’un centimètre la perspective d’un changement de cap.

Il faudrait que les Français commencent à trouver en eux-mêmes les moyens de mettre fin à cette descente aux enfers.  S’ils ne commencent pas en 2021, la France comme nation, comme histoire, comme exception, est morte. Il n’en restera rien dès 2050. Pas même une nostalgie.

 

Bonnes années à tous dans cette ambiancce étrange.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

 

PS : Ce blog a désormais dépassé les 3 millions de""lectures"

 

 

Le livre de Michel Hau et Félix Torrès, « Le Virage Manqué », entre décapages et dérapages

La société des Belles Lettres a eu la bonne idée d’éditer l’ouvrage de deux membres éminents de notre université qui ont l’avantage d’être d’une génération proche de celle des membres de notre petit groupe et qui ont donc tout connu de l’époque qu’ils décrivent : 1974- 1984 (ce qui laisse la place pour une suite). Ils cherchent dans cette histoire une clef qui permette de comprendre nos difficultés actuelles.  Pour avoir commis une livre, « l’Etrange désastre » qui traitait en partie de cette période, je trouve excellent que l’on revienne inlassablement sur les causes du naufrage économique français et il est vrai que les années soixante-dix ont été un moment critique.

Les auteurs ont connu tous les événements dont ils parlent. En plus de leurs études, ils ont nécessairement une impression existentielle du sujet. Les auteurs de notre génération tiennent pour acquis des connaissances et des faits qui se sont totalement en fait évaporés dans les limbes de l’oubli collectif et qui demandent aux jeunes générations un effort de connaissance alors que beaucoup laisse aller leur imagination et pensent selon les préjugés de l’époque actuelle.  Les aider à une connaissance fondée est essentiel surtout quand on le fait honnêtement et à des fins explicatives.

Le livre est construit de manière simple et efficace : Il développe une thèse centrale, véritable fil rouge sur lequel va s’accrocher un inventaire d’une particulière exhaustivité de toutes les attitudes et de toutes les politiques qui en justifient la justesse et l’importance.

La thèse est connue et déjà généralement acceptée. Beaucoup trouvent opportun de la laisser sous le tapis ou de ne pas trop insister, « pour ne pas décourager ce qu’il reste de Billancourt » ? C’est-à-dire rien. Qu’affirme le livre : en voulant faire concourir les entreprises françaises dans une compétition mondiale totale avec des boulets aux pieds, les dirigeants français ont ruiné l’industrie du pays. L’avantage de ne servir qu’une seule idée dans un livre est que le clou finit par être bien enfoncé dans la tête du lecteur. Le risque est évidemment de vouloir trop prouver et d’ignorer des facteurs tout aussi importants pour la compréhension de la période couverte.

Pour les auteurs, le décrochage s’explique par l’accumulation de charges sur l’entreprise, qui l’ont empêché d’être compétitive à l’extérieur. Le keynésianisme des élites politiques françaises plus la démagogie socialiste sont les causes de cette évolution mortifère. Seul Raymond Barre, dont les auteurs sont visiblement énamourés, aurait pu remettre les choses en place avant qu’il ne soit trop tard. Mais l’élection de Mitterrand a tué la seule chance de changer de cap. Le grand virage se place dans les années 1974 -1975, où Giscard et Chirac se lancent dans une relance keynésienne folle sans se rendre compte qu’un monde nouveau était en train de s’installer et qu’il fallait se mettre en situation de s’adapter intelligemment, ce que beaucoup de pays ont fait mais pas la France qui au contraire, a pris le chemin contraire et l’a payé de sa prospérité.

L’ouvrage vaut pour la compilation qu’il propose des propos et des mesures qui ont conduit certains à ne pas prendre le bon virage et d’autres à le faire. C’est une bibliothèque de référence à lui tout seul. Pour celui qui s’intéresse à l’histoire des idées et des pratiques économiques dominantes en France depuis 1974, c’est un travail monumental et formidable. Bravo !

Sur le fond, il n’y a strictement aucun doute que la France a voulu un système de concurrence mondiale tout en empêchant ses entreprises d’y gagner. Ce qui est une politique schizophrène manifeste, de longue durée, partagée par tous les grands dirigeants successifs et impardonnable, nul doute là-dessus. La compétitivité d’une économie est largement liée à la manière dont elle est gouvernée. Tout a été fait pour que l’entreprise française lutte avec des handicaps insurmontables.

Ce diagnostic est en fait partagé par presque tout le monde et depuis longtemps. Il faut dire que les résultats sont particulièrement navrants depuis également très longtemps. Nous sommes le pays en tête de classement mondial pour les dépenses de redistribution et la fiscalité, mais notre revenu moyen a stagné en valeur absolue et s’est étiolée par rapport à presque tous les autres pays. Nous avons un moloch étatique phénoménal et plus aucune fonction régalienne ne fonctionne. La Justice, la police, l’enseignement national, la santé, tout est à plat. L’armée fonctionne avec des bouts de ficelle et dans la dépendance.  L’entreprise doit vivre avec les charges les plus lourdes du monde, des salariés qui travaillent souvent peu, qui sont souvent absents et qui partent tôt à la retraite. Les soldes extérieurs sont catastrophiques. Nous n’investissons quasiment plus. Le chômage devenu structurel est à des hauteurs extrêmes. Les Français méprisent désormais leurs élites politiques. Oui la France a décroché et elle est même tombée. La crise sanitaire n’a rien arrangé. A-t-elle point que l’avenir est désormais très incertain avec des risques de collapsus importants.  

L’originalité du livre est d’avoir très justement réparti la responsabilité aussi bien sur la droite que sur la gauche. L’effondrement des deux partis de gouvernement dominants jusqu’en 2017 a assez prouvé que les électeurs français s’étaient approprié le constat.

Le livre vient donc au secours d’un constat désormais largement partagé dans l’opinion publique, en donnant au citoyen qui le voudra, le moyen de mieux comprendre « comment on en est arrivé là ». On sait malheureusement qu’il y aura toujours en France une fraction de la population pour penser qu’étatisme et socialisme sont les mamelles nécessaires de la politique française et que la démagogie empêchant de s’attaquer trop directement à l’électeur, c’est toujours sur le créateur de richesses que l’on s’abat. L’expérience de l’action des gouvernements depuis 2001, période non couverte par le livre, montre que tous ont été conscients qu’il fallait décharger l’entreprise, tous, mais qu’ils n’ont jamais pu aller très loin dans cette direction, tant le pays est peu disposé à en accepter les conséquences. La France est dans une impasse. Et ce n’est pas la crise sanitaire qui a entraîné une poussée invraisemblable des aides publiques tout en prouvant la nécessité de réinvestir dans la santé et les politiques régaliennes, qui offrira de sitôt un terreau favorable à des réformes fondamentales.

Le risque est donc grand que le livre passe aux oubliettes, écarté avec une belle unanimité par des factions politiques qui toutes considèrent que la conquête du pouvoir passer par des cadeaux sociaux au peuple.

Comme nous l’avons dit d’entrée de jeu, le livre, centré sur une explication unique, occulte certains faits ou néglige certaines situations, ce qui poussent les auteurs à des commentaires un peu trop à l’emporte-pièce ou à ne pas comprendre certaines dynamiques fondamentales.

Les auteurs expliquent que les Trente Glorieuses ne le sont pas tant que cela et que beaucoup d’erreurs y trouvent naissance. La dynamique politique de l’Etat providence, dite keynésienne, qui a poussé à des dépenses sociales publiques excessives, ne s’explique que par la crise de 1929 et les effets de la guerre. On a soldé l’avant-guerre dans l’immédiate après-guerre. La pression soviétique qui menaçait les démocraties européennes de l’intérieur et de l’extérieur imposait également une action sociale qui évite le succès du communisme. Comme la guerre avait liquidé les fortunes, l’argent ne pouvait être trouvé que sur la valeur ajoutée là où elle apparaissait : dans l’entreprise.

Il aurait été intéressant que les auteurs analysent un peu plus pourquoi cela n’a pas empêché une croissance d’une rapidité historique. Une réponse est timidement tentée : les Trente Glorieuses seraient le fruit d’une circonstance particulière : l’exode rural qui a donné des bras par millions aux forces nouvelles de l’économie. Cela nous change des affirmations surjouées qui font soit de la reconstruction, soit de la quasi-gratuité du pétrole, soit du développement de la « bagnole, soit du Plan Marshall, la raison également fortuite et de court terme de la croissance rapide d’après-guerre. Cela reste un simplisme. 

Les auteurs ont choisi de laisser totalement de côté, comme on le faisait chez les économistes dominants des années 1960, la notion de cycle et le rôle de l’organisation monétaire. Tout à leur démonstration que ce sont les contraintes réelles, au sein de marchés réels, qui ont provoqué la bascule de 74-75, ils ne voient pas l’extraordinaire importance d’une part des accords de Bretton Woods dans la croissance internationale d’après-guerre, ni réciproquement le rôle de leur destruction dans la crise du début des années 70. Si la relance de Giscard Chirac a échoué, c’est parce qu’en régime de changes flottants, toute relance finit par un chaos monétaire et doit être arrêtée d’urgence. De même, tout à sa mono explication par les charges publiques sur les entreprises, des malheurs du temps, les auteurs minimisent le poids sur la croissance de la hausse drastique du prix du pétrole. Du coup toute leur analyse des années 75-76 manquent de poids, car si ce qui est montré n’est pas faux, la démonstration est largement décalée des vrais mécanismes à l’œuvre.

De même il est impossible de comprendre la période sans tenir compte de mai 68 et de la poussée d’une influence socialiste qui menace de tout emporter. Les vents contraires politiques ont joué un rôle et il était évident que tout gouvernement se devait d’en tenir compte.  Les poussées ultérieures de dépenses publiques seront d’abord conditionnées par les crises mondiales décennales à répétition, alors que les auteurs décrient les analyses relatives aux crises périodiques. Ces crises touchent gravement, plus que la France, l’Allemagne, début 80, le Japon, début 90, les économies émergentes début 2000 et tout le monde en 2008.  Mais la France en subi à chaque fois les conséquences politiques après les affres économiques.

Ces lacunes affaiblissent partiellement le propos du livre. L’option prise de monter en épingle un seul phénomène considéré comme central a cet inconvénient.

On aurait aimé que soit analysée plus profondément la terrible difficulté de revenir en arrière. Décharger l’entreprise c’est d’abord charger les particuliers sauf à réduire drastiquement les dépenses publiques. On a vu avec les APL ce que provoquait le transfert de quatre euros ! Tous les gouvernements, quelle que soit leur orientation politique, savent très bien depuis Maastricht qu’ils doivent restreindre les déficits publics. Ils ne le font pas parce que la caste qui a pris le pouvoir, l’Enarchie Compassionnelle, ne veut pas le faire au détriment des fonctionnaires et de leur propre pouvoir.  Ils respectent les GOPE, les ordres budgétaires de la Commission Européenne, mais sans jamais toucher aux effectifs proprement administratifs. On l’a vu dans le domaine de la santé où on a réduit l’offre de soins mais jamais l’effectif pléthorique de 16.000 femmes fonctionnaires de catégorie A du ministère de la santé, qui, elles, ne soignent pas. Les différentes crises périodiques ont été supportées uniquement par le secteur privé, jamais par le secteur public. De même les hauts fonctionnaires qui nous dirigent ont laisser supporter à la SNCF un sureffectif de plus de 350.000 personnes pendant des décennies et ont baissé les bras à la première longue grève, lorsqu’ils ont souhaité recadrer, un peu,  cette machine à faire des pertes et à trahir les usagers.

Le livre de Hau et Torrès est indispensable par sa belle compilation des mentalités qui rendent aveugles et des erreurs politiques qui ont été commises.  Envoyer  au casse-pipes nos entreprises dans la compétition mondiale en les chargeant à mort est bien une dimension de la folie française qui a conduit la France là où elle est.  La démonstration reste trop partielle pour bien cerner les mécanismes qui conduiront à la forme de chaos économique actuel.

Aujourd’hui il faut aller plus loin. Hollande avec le CICE et la loi El Khomry, Macron avec ses propres lois et ses promesses électorales, ont tout deux essayé, bien que socialistes, de faire baisser les charges sur les entreprises et de leur rendre la compétition moins déloyale. Le premier a vu la dissidence d’une partie de ses troupes. Le second a connu les Gilets Jaunes et les black blocks. La France est depuis gouvernée par les GOPE européens qui fixent ce qu’on attend d’elle comme réformes. Les Français ont le sentiment qu’une politique de rigueur permanente imposée par l’Union Européenne brise leur système de santé et de protection sociale. Les électeurs donnent la prime aux extrêmes ou à l’abstention.  Ils méprisent désormais des élites qui ne les protègent plus. L’opposition se voit sommée par quelques jeunes loups d’entrer dans le grand jeu de la démagogie et des promesses inconsidérées, façon hausses imassives du Smic et « restauration du pouvoir d’achat ». Pourquoi ne pas proposer « l’abaissement de l’âge de la retraite des travailleurs manuels, la recréation de l’autorisation administrative de licenciement, le retour de la garantie à 90% pour deux ans des allocations chômage, l’élargissement du champ de la Sécurité sociale à n’importe qui, le relèvement du minimum vieillesse. Face à la crise qui s’installe, au chômage qui progresse, l’Etat Providence ne doit-il pas renforcer sa protection ? »  C’était le programme travailliste à la française de Chirac en 1975 ! Il reste des nostalgiques. Quant à Macron il a repris à son compte le plan vanté par Giscard : "la planification, qui doit rester l'outil essentiel de notre développement économique à moyen terme, doit connaître une profonde adaptation dans ses méthodes et ses objectifs… Le Plan devra assurer à la fois la modernisation de notre appareil productif, le développement des équipements collectifs, une meilleure utilisation des ressources publiques et une accentuation de nos efforts en vue d'une meilleure répartition des richesses… La finalité profonde du Plan devra être de rendre les Français plus heureux." Il suffirait d’ajouter la réduction du réchauffement climatique pour que le propos soit totalement actuel.

Les mentalités qui ont provoqué les défaillances de 74-75 sont encore bien vivaces. Ne parlons ni de Mélenchon ni de Le Pen ! 

Trouver la martingale politique qui permettra de sortir de cette impasse, au-delà du diagnostic, est la vraie énigme du moment.

Il y a 11 ans : le H1N1

qu'est-ce qui a vraiement changé ?

La santé publique entre laisser faire et Gosplan : les leçons du H1N1.

L'économie de la santé est une partie de l'économie générale.  La question est de savoir si elle doit être organisée de la même façon que le reste de l'économie ou faire l'objet d'un traitement particulier.

Le virus H1N 1 a au moins l'avantage de mettre à nu les mentalités qui fertilisent les politiques actuelles dans ce domaine.

En Italie, le gouvernement a décidé qu'il fallait laisser la grippe se développer.  On ne ferme aucune école . Les médecins ne se déplacent même pas en cas de déclenchement de la grippe. Rien n'est remboursé à personne.  Tout le nord de la péninsule a été infecté en quelques semaines à partir du début novembre 2009. 

Il n'y a eu  aucune information sur les victimes éventuelles, comme il est d'usage pour la grippe saisonnière.  L'économie ne s'est pas arrêtée. Pour la quasi totalité  des victimes trois jours de fortes fièvres puis quelques semaines de toux.  On peut parler d'une véritable politique de laisser faire et laisser passer.  Et à Dieu va !

Le résultat a été le déclenchement rapide de la grippe en Suisse qui a été contaminée à partir du nord de l'Italie et une exportation en France. qui est désormais soumis à la contamination exponentielle et incontrôlable.

En France la santé est un secteur qui répond en partie au canon de l'économie administrée façon Gosplan.

On a donc fait face à l'épidémie façon Gosplan.  Le Ministère a pris les choses en main avec les méthodes d'un ministère.

Premier objectif : protéger le ministre.  Pas question de se retrouver devant un tribunal comme pour le sang contaminé dès que l'épidémie aura fait quelques victimes.   Donc on a  fait des stocks de Tamiflu, rapidement devenu introuvable en pharmacie et on a commandé des millions de doses de vaccin.

Second objectif : éviter les procès d'intention  sur les inégalités devant le traitement.  On met donc en place un système de rationnement avec des règles de priorités.  Façon 1940 !

Troisième objectif : éviter de payer trop cher malgré tout.  Si le milliard d'euros payé pour les vaccins et les études doit se doubler d'un enrichissement des médecins libéraux  remboursés par la Sécurité sociale, cela ne saurait être accepté.

Les modalités  du plan d'action vont se dégager par la vertu propre des décisions administratives de ce type.
Les vaccins seront disponibles en emballage pour dix doses. 

C'est moins cher.

La vaccination aura lieu dans des gymnases ou des centres de vaccination.

La population sera convoquée et devra se rendre  avec cette convocation au centre indiqué.

Des vagues successives de strates de la population seront traitées au fur et à mesure.

On peut être sûr que dans les bureaux se merveilleux plan  a empli de fierté tous ceux qui l'ont conçu.  En Union soviétique les plans agricoles étaient toujours merveilleusement calculés  et faisaient l'objet des déclarations les plus tonitruantes.  Des experts dans les bureaux faisaient les plus subtils calculs, prévoyant tout dans le plus petit détail. Pas un unité de tracteur, de pneu, d'engrais ne manquaient sur le papier, et les matrices faisaient apparaître des flots de blé et d'avoine.

Et tout le monde, en bas,  a toujours crevé de faim dans le paradis socialiste réalisé.

Le plan Bachelot suit la même logique fatale. Rien ne se passe jamais comme prévu.

Les centres de vaccination sont d'abord restés vides.  Les informations contradictoires sur les dangers respectifs de la grippe et du vaccin avaient troublé les pauvres citoyens.  Il n'y avait même pas sur le net une liste par ville des centres de vaccination.  A Paris, le 23 novembre, le seul centre documenté sur internet, par une association, pas par le gouvernement, était le centre du 14ième arrondissement.

Puis les centres  furent brusquement saturés.  On s'aperçut qu'il fallait faire la queue des heures et qu'aucune chaise n'avait été prévue.  Les femmes enceintes  convoquées prioritairement se retrouvèrent donc debout dans le froid à attendre l'éventuel vaccin.    Le Gosplan décida qu'il fallait "cadrer le dispositif" : un plan central "chaises" fut aussitôt  concocté !  Mais comment disposer de chaises sur les trottoirs ?  Heureusement le temps était plutôt doux. On échappa à un plan "poêles et braseros".

En même temps ceux qui n'avaient pas reçu le sésame administratif commencèrent à s'inquiéter.  Pourquoi pas moi ?  Les médecins généralistes ne tardèrent pas  à être accablés de coups de téléphone de clients inquiets se sachant gros, en difficulté respiratoire, diabétique, etc.  Comment les bureaux ont ils fait pour déterminer les  personnes prioritaires ?  Qui les a informé ? Comment faire rectifier les erreurs  éventuelles ?  Chut !!!!!!!!!!!!!

Les médecins qui venaient en général de recevoir leurs bons de vaccination  avec convocation dans les gymnases (à la queue comme tout le monde)  répondirent qu'ils n'étaient pas concernés par la vaccination et qu'il fallait regarder le journal télévisé et attendre son petit papier.  Ils confirmèrent que les papiers reçus étaient bourrés d'erreurs.  Noms écorchés, prénoms fantaisistes, âges flottants, sexe pas toujours très conforme, adresse incertaine.

Personne n'eut le culot d'expliquer à la population comment on avait fait pour déterminer dans les fichiers de la SS les prioritaires et les autres.  Les gens commencèrent à téléphoner en masse pour savoir pourquoi ils n'étaient pas encore convoqués alors que leur médecin leur avait déclaré qu'ils étaient en effet plutôt à risque. 

Ils se demandaient pourquoi ceux qui sont chargés de les suivre au jour le jour,  et étaient les seuls aptes à un jugement éclairé,  avaient été éliminés du circuit.  On leur répondit, avec la bonne conscience du nomenklaturiste  habitué à répondre aussitôt à toute demande : "y-a-ka aller dans votre centre d'allocation familial, on vous répondra" !  Evidemment personne ne fréquente cet endroit là de façon générale et faire les recherches  pour savoir où aller était au dessus de la force de la majorité des intéressés.   Nul doute que ceux qui se sont risqués à cette aventure auraient des choses intéressantes à raconter.

Pendant ce temps là des centaines d'écoles étaient fermées pour une semaine pour ralentir le développement de l'épidémie. En vain naturellement.  Et à la grande joie des personnels syndicalisés qui aussitôt décidèrent d'une grève.

Certaines voix s'étant élevées pour s'étonner de l'absence des médecins généralistes dans le système, en même temps que les files d'attente se développaient,   le Gosplan sut réagir avec célérité.  Pas questions de vacciner en cabinet. Mais si certains généralistes voulaient bien se présenter aux gymnases, on trouverait bien à leur donner quelques compensations financières.

On s'aperçut alors que le Gosplan avait planifié de longue date la réduction du nombre des médecins et que le numérus clausus avait parfaitement fonctionné : le malthusianisme est la seule chose que le Gosplan sait gérer.  Depuis longtemps les délais s'allongent pour les spécialistes et depuis quelque temps pour les généralistes. La plupart essaient de ne plus se déplacer, de prendre leurs week-end et leurs vacances,  d'éviter les gardes de nuit.  Aucun n'était prêt à abandonner leur cabinet et leurs patients habituels  pour aller faire le vaccineur public occasionnel  de gymnase.

Le ministre, Mme Bachelot, connue pour ses tailleurs aux couleurs explosives et  ses réparties sympathiquement décalée,  se répandit dans les medias.  Les vaccins étaient sans danger. Il y avait un pilote dans l'avion.  La logistique était parfaitement sous contrôle.  La France et son gouvernement, une de fois de plus était exemplaire et pouvait en remontrer au monde entier.
Heureusement, la grippe était virulente mais assez bénigne. 
Le laisser faire total des Italiens et l'inefficacité totale du gosplan français étaient l'un et l'autre sans réelle importance.

Tant mieux.

Personne ne saura ce qu'aurait été la maîtrise de l'épidémie si on avait laissé les médecins  traiter leurs patients.  Si les doses avaient été individuelles.  Si les pharmacies avaient eu le contrôle de leurs stocks.  Si le rôle de l'état avait été incitatif et non pas logistique.

Mais quel coup de projecteur sur la mentalité française !

Et quelle cacophonie en Europe !

Les dures leçons de la crise sanitaire

Nous sommes à peu près à l’anniversaire du début de la pandémie de Sars-Cov-2, à Wuhan dans le Hubei, en Chine. Nous ne savons toujours pas l’origine du virus nouveau. Trois affirmations ont été lancées par des sources officielles. La première, par la Chine parle d’une contamination par les Américains lors de jeux militaires organisés à Wuhan. L’institut Pasteur associé au laboratoire biologique de Wuhan a déclaré détecter des éléments de virus issu de la chauve-souris et du pangolin dont la source possible aurait été un marché vendant ces animaux, hypothèse qui n’a pas été démontrée, une étude récente relevant que de nombreux cas initiaux ne fréquentaient pas cet endroit. Plusieurs journaux se sont fait l’écho d’un rumeur qui suspecte depuis l’origine une contamination involontaire provenant dudit laboratoire, dénoncé par un rapport américain récent comme mal géré et dangereux. Pire encore, le soupçon que la diffusion aurait pu être volontaire, ne peut pas être totalement écarté. La Chine a cantonné l’épidémie au Hubei et préparé aussitôt un vaccin. La campagne de vaccination a commencé dès l’été et plus d’un million de Chinois ont déjà été vaccinés, tout Chinois allant à l’étranger pour affaire devant l’être obligatoirement pour ne pas réimporter la maladie et se faisant tester et isoler au retour. L’activité économique est repartie en Chine à un rythme convenable.

On n’a pas avancé d’un pouce sur la question de l’origine du virus, la seule information nouvelle donnée par une spécialiste dont on ne sait pas si on peut la considérer comme une source sérieuse, est que si on avait voulu activer un virus en laboratoire pour être contagieux sur l’homme, on l’aurait fabriqué comme il l’est.  

Un an après, par contraste avec la Chine, le monde occidental est dans le chaos économique. Pas un seul des grands pays occidentaux n’a réussi à dominer l’épidémie qui reste active partout. Les finances publiques sont partout fortement altérées et des secteurs économiques entiers sont sinistrés.

En écho à l’énormité des gains potentiels, s’agissant d’une pandémie mondiale ouvrant des marchés  colossaux à Big Pharma, une  corruption correspondante s’est installée marquée d’abord  par le rôle de Gilead qui a réussi à payer suffisamment d’experts et de politiques pour se faire acheter pour plusieurs milliards de dollars le Remdesivir, une molécule coûteuse, tout en prenant des mesures peu recommandables pour retarder le plus possible le constat inéluctable de la parfaite inefficacité de la molécule contre le Sars-Cov-2 et en empêchant le constat de l’efficacité partielle de substances abondantes et peu coûteuses. Des coups de bourse à plusieurs milliards de dollars et des marchés d’achat douteux  ont permis aux soutiens de Gilead de gagner des fortunes.

Les fédéralistes Européens se signalent par leur éternelle volonté d’utiliser toutes les crises pour renforcer la captation des fonctions nationales. L’EMA, l’agence européenne des médicaments, donne son feu vert pour commercialiser l’antiviral de Gilead le 25 juin, alors que toutes les études depuis mars montrent que le médicament n’a aucun effet.  La corruption systémique qui règne dans ces milieux a eu la conséquence première que l’on sait : début Août, au moment même où l’inefficacité du Remdesivir de Gilead est enfin acté par la communauté scientifique, la Commission en achète 33.380 doses pour 63 millions d’euros.

Pire encore, en octobre 2020, alors qu’il n’y a vraiment plus aucun doute sur non seulement son inefficacité mais aussi sur sa nocivité, la Commission achète du Remdesivir pour plus d’un milliard d’euros.  « ! Errare humanum est ; Perseverare diabolicum ».

On croit rêver en lisant ce communiqué de l’Union Européenne. « Mme Stella Kyriakides, commissaire à la santé et à la sécurité alimentaire, a déclaré ce qui suit : « Aujourd’hui, nous sécurisons l’accès au Remdesivir pour traiter jusqu’à 500 000 patients dans le besoin. Nous déployons tous nos efforts pour garantir la disponibilité de traitements sûrs et efficaces contre la COVID-19. Grâce à nos achats conjoints dans l’UE, nous donnons aux pays de toute l’Europe les moyens d’unir leurs forces et d’avoir accès aux équipements et aux médicaments essentiels. Nous sommes toujours plus forts ensembles. Telle est la solidarité européenne dans la lutte contre la COVID-19 ».

Nous avons corrigé les fautes d’orthographe.  On notera les mots « Sécurisons », « traitements sûrs et efficaces », « médicaments essentiels », « union fait la force ». Tout est non seulement faux mais gravement contraire à l’intérêt des Européens. On les ruine pour un médicament dangereux et inutile, qui n’est essentiel que pour des corrompus. 

Il est intéressant de noter ces éléments de langage. Ils se retrouveront dans toute la presse pour saluer cette farce concussionnaire. Les Echos du 7 octobre : « Face à la pénurie, la Commission européenne commande plus de 500.000 doses de Remdesivir à Gilead. La Commission européenne tente de venir en aide aux pays européens qui éprouvent des difficultés à s'approvisionner en Remdesivir, un traitement expérimental contre le coronavirus. Les Etats-Unis ont raflé une grande partie du stock mondial de cet antiviral. » Tout est controuvé dans cette information ; on y va à fond sans scrupule. On laisse entendre que ce traitement est efficace alors qu’il est établi scientifiquement depuis longtemps (dès février 2020 !) qu’il ne l’est pas. Une fake news officielle de première grandeur !  L’Europe nous sauve alors que le vilain Trump voulait nous priver de la merveille. En vérité Gilead ne sait plus quoi faire de ses stocks depuis des mois et les brade, voire les donne. Les Etats auraient pu tous en avoir en quantité illimité. Affirmer que la Commission « vient au secours des Etats » est un mensonge grotesque. Pire encore, il apparaît que ce médicament a des conditions d’administration dangereuses puisqu’il faut installer pendant quinze jours une perfusion dans le bras du malade ce qui peut déclencher des complications graves. Les fédéralistes européens ont payé un médicament non seulement sans effet mais dangereux. Ils ont fait du tort à des milliers de malades.

L’Express écrit le 17 octobre : « La semaine dernière, alors que plusieurs pays faisaient face à des pénuries sur ce médicament la Commission européenne a annoncé avoir réservé 500 000 traitements de Veklury, le nom donné par le laboratoire américain Gilead au Remdesivir, et utilisé comme traitement contre le Covid-19 ». L’élément de langage « pénurie » réapparaît. Heureusement l’article souligne que l’efficacité du traitement est problématique et s’inquiéte de ce que va faire la France de ce « cadeau ».

Le Figaro reprend le communiqué de la Commission sans s’étendre trop sur les éléments de langage : « Tous les pays de l'UE, les pays membres de l'Espace Économique Européen, le Royaume-Uni et six pays candidats (Albanie, Macédoine du Nord, Monténégro, Serbie, Kosovo et Bosnie-Herzégovine) bénéficient de ces achats. «Le Veklury est, à ce stade, le seul médicament bénéficiant d'une autorisation de mise sur le marché conditionnelle dans l'UE pour le traitement de patients ayant besoin d'un apport en oxygène», précise la Commission européenne.

La Commission est aux ordres de Gilead et contrôle les achats de dizaines de pays sans aucun contrôle des peuples ni du Parlement européen dont Philippe de Villiers dira fin novembre que 200 députés sont carrément « achetés ». Il est vrai que le lendemain on pouvait lire dans la presse : « Vendredi 27 novembre au soir, la police a mis fin à un « gang bang », un genre de pratique orgiaque avec changement de partenaire, en plein cœur de Bruxelles. Parmi eux se trouvait un député européen ». La police bruxelloise n’a pas encore mis la main sur les commissaires européens faisant un « gang bang orgiaque » avec Gilead.

Quant à la France, la pandémie a révélé l’incroyable descente aux enfers du pays depuis qu’il a été livré globalement aux mains de l’énarchie et de la bureaucratie, que son monde médical a été détruit sans vergogne et que ses institutions sont dominées par des clans socialistes, ethniques et népotiques, et ayant abandonnés la médecine depuis longtemps pour la politique et l’accumulation des meilleures places dans le fromage sanitaire. On découvre que la corruption y règne de façon invraisemblable. L’affaire de la Chloroquine montre des haines ahurissantes et déplacées qui explosent à la figure du public quand le couple Buzyn-Lévy s’en prend au Docteur Raoult et fait interdire dans des conditions dont on espère qu’elles seront examinées par la justice, le traitement par la chloroquine, en classant ce produit comme poison puis en supprimer l’AMM, l’autorisation de mise sur le marché.  Le grand public voit, effaré, que l’ensemble de la recherche française est désormais affermée aux grands laboratoires étrangers (ils le sont désormais tous !) et que les conflits d’intérêts sont majeurs et non déclarés.

Le personnel des institutions médicales centrales qui s’est imposé dans la foulée de l’arrivée au pouvoir de Mitterrand est socialiste dans sa quasi-totalité. Il est toujours là. Il contrôle tout. Un moloch administratif de 16.000 femmes fonctionnaires catégorie A, le sommet des rémunérations publiques, a envahi le ministère de la santé à Paris et en province via les ARS. Ces chefs et ces masses ont étouffé l’hôpital, ôté le pouvoir médical aux médecins et prolétarisé les auxiliaires de santé. Des vedettes !

Les Français découvrent ébahis que leur système de santé, présenté comme le meilleur du monde est en ruine et incapable de faire face : pas de masques, pas de blouses, pas de respirateurs, pas de lits, pas d’infirmières, pas de curare, pas de tests, … A cette occasion ils s’aperçoivent que la presse traditionnelle, écrite ou radiodiffusée ou télévisée, ne cherche pas à les informer mais à construire ce qu’ils doivent penser, en multipliant sans vergogne tous les mensonges possibles et imaginables.

Un an plus tard la France est un des pays qui ont connu les pires résultats sanitaires et économiques. L’institut pasteur a été incapable de produire un vaccin et sera bon dernier dans cette course-là.  Notre plan de sortie du « second épisode » tourne à la farce. La honte !

La crise sanitaire a révélé le poison de l’énarchie tentaculaire qui a envahit le pays avec sa bureaucratie extravagante et paralysante, la corruption effarante des pseudos élites mises en place par le Mitterrandisme dont Emmanuel Macron est le protecteur, l’affaissement moral et patriotique associé à l’Europe supranationale née de Maastricht, le parti pris radical de la presse, aux mains de moins de dix personnes,  devenue une sorte « propaganda staffel » aux services d’intérêts privés et d’un politiquement correct importé.

Quel spectacle indigne ! Que de travail pour reconstruire !

Pendant ce temps-là, Xi Jinping ne se contente pas d’assoir son autorité sur les petites chinoises farceuses envoyées en internement psychiatrique pour s’être filmée en train de jeter de l’encre sur son portrait et commence à exploiter le pouvoir économique qu’on lui a concédé sottement pour avancer ses pions sur terre avec ses armes et ses dollars et dans les airs, avec la reconquête de la lune et la militarisation de l’espace.   

Délire américain, corruption européenne, naufrage français, tapis rouge déployé devant le dictateur d’un immense empire ! Au moins la crise sanitaire aura-t-elle permis un diagnostic sans échappatoire.

Onfray, de Gaulle et Mitterrand, bonheur de lecture

Michel Onfray est un essayiste méticuleux qui manie le scalpel avec un précision chirurgicale et n’hésite pas à commenter ce qu’il trouve avec une longue jubilation, même si le spectacle n’est pas très ragoutant et si le constat ne plait pas à la famille.

Il avait ainsi dépecé Freud, comme on enlève les pattes d’un virus tenace, et lui avait ôté ses moyens d’infester la terre entière. Il ne demeure plus que de rares variants. La souche est morte. C’était nécessaire. Merci M. Onfray ! 

En choisissant François Mitterrand comme cadavre exquis, Michel Onfray montre un goût un peu coprophile, le personnage n’ayant jamais cessé de provoquer des pincements de nez. Quinze jours après sa mort il n’en restait rien sinon un Institut Mitterrand dont l’étrange action sera de publier les lettres lourdingues du satrape éponyme à Mme Catherine Langeais, speakerine un peu mémère des années 60, en belle reliure pleine peau payée par le contribuable. Tous ceux qui ont observé, même deux minutes, M. Mitterrand, sans en espérer quelque chose, ont perçu aussitôt le pervers narcissique de compétition, champion modèle pour sa phénoménale capacité à pourrir tout ce qu’il touche, femmes, hommes, institutions, idéologies, sans discrimination.

La seule vertu du « beau François », est d’avoir déshonoré le socialisme français qui ne s’en est jamais remis depuis et dont les instances partisanes se trouvent désormais éparpillées façon puzzle. 

Michel Onfray ne pardonne pas à Mitterrand d’avoir ainsi infecté la cause. Il a donc ressorti le scalpel, accompagné d’un lance flammes pour carboniser jusqu’aux plus petits déchets. Curieusement il n’a pas pris appui sur les beautés du « vrai » socialisme pour démontrer la vilénie du personnage qu’il dissèque. Son révulsif, son miroir, son éclairage, ce sera le Général de Gaulle, ce qui au passage est bien la preuve que le socialisme, empêtré dans ses crimes et ses ruines, abandonnés par les états violents qui se réclamaient de lui, n’offre guère de visages engageants qui puissent, par contraste, prouver l’abjection de l’ancien président de la République qui s’en réclamait.

Le dépeçage de l’ancien secrétaire du PS, faux socialiste et vrai homme d’extrême droite, faux résistant et vrai pétainiste, n’apporte rien qu’on ne sache déjà. Il manque même quelques détails sulfureux sur la période de la IVème. En revanche le talent de l’auteur et sa précision font merveille et ordonnent le tableau des bassesses et des ignominies de son sujet d’observation, rangées avec la rigueur des meilleurs entomologistes. Les formules heureuses jaillissent des tripes éventrées comme un sang joyeux et régénérateur. Jamais un homme de droite n’aurait pu passer le kärcher de façon, aussi convaincante. Plus aucun jeune curieux de socialisme français ne pourra sortir de ce livre intact. Certes deux générations de hauts fonctionnaires socialistes se sont gobergés dans les palais de République, avec l’argent des contribuables, pendant presque cinquante ans, poussant femmes et enfants. Certes M. Macron a maintenu leurs sinécures. On a vu avec la crise sanitaire l’efficacité de ce petit monde. Princes et princesses du palais des vautours n’étaient que des incapables cyniques. Dis-moi qui t’as offert ta sinécure,  je dirai qui tu es !  

Michel Onfray tue une seconde fois Mitterrand mais épargne les Mitterrandistes. Il est vrai que le premier a bradé la souveraineté et la prospérité française, alors que les autres n’ont fait que se nourrir des vers grouillant sur ce grand cadavre à la renverse qu’est devenue la France post mitterrandienne. Jack Lang, Jacques Attali et Laurent Fabius jouissent encore des faveurs octroyées par un Mitterrand antisémite, antisémitisme qu’Onfray montre précoce et permanent jusqu’au dernier souffle.  Cela doit encore le délecter, le compagnon de route de la Cagoule.

Comparer de Gaulle à Mitterrand n’est pas flatteur pour le premier nommé. Il faut lire ce qu’Onfray écrit du Général en oubliant cet aspect déplaisant. On trouve alors un vrai texte de référence, documenté, original et puissant sur ce qu’a représenté De Gaulle dans l’histoire française récente. Il mérite d’être donné à lire à notre jeunesse, en lui conseillant de ne pas trop se préoccuper de la carcasse qui pourrit sur le bas-côté.  

Le vrai contraste est entre cette analyse brillante de l’action du Général de Gaulle et la réalité d’aujourd’hui. Les Centristes, les Socialistes et les Chiraquiens ont gaspillé puis liquidé l’héritage. La France n’est plus souveraine. Elle est percée de partout. Elle stagne et s’endette. Elle est dirigée à nouveau par un Président à la psychologie problématique qui engendre le chaos, alors que les circonstances ne sont tout de même pas si propices à multiplier les erreurs. 

Le livre d’Onfray laisse vierges les solutions de l’espoir.

Que pourrait-il sauver de l’histoire mitterrandienne qu’il raconte ? Les trois ans où, selon l’auteur, Mitterrand a été socialiste, ont été un désastre économique dont on ne s’est toujours pas totalement relevé. Onfray a du mal avec les résultats lamentables de cette gestion « vraiment socialiste » qu’il passe sous la table en trois lignes peu convaincantes. 

Penser l’avenir en se replongeant dans l’inspiration qu’offre la Geste du Général de Gaulle est un travail qui reste à faire. Les utopies socialistes antérieures au marxisme, proudhoniennes ou autres, girondines ou pas, ne sont pas mortes par hasard et sont de fausses solutions. Comment Michel Onfray ne l’aurait-il pas compris.  C’est sur d’autres bases qu’il faut sauver la France des maux radicaux qui la guettent.  

Naufrage français et mal-gouvernance

La France est déchirée par des évolutions délétères. Plusieurs sont liées à des évènements extérieurs : les systèmes monétaires international et européens sont viciés et provoquent des déséquilibres incontrôlables qui à leur tour génèrent des crises financières, la ruine de la prospérité, la stagnation du pouvoir d’achat dans tous les pays qui n’ont pas contrôlé strictement leur productivité. L’Europe s’avère être un capharnaüm où plus aucune décision n’est facile à prendre et toute législation inappropriée impossible à corriger. La pandémie originaire de Chine traumatise étrangement toute l’économie occidentale. La fureur islamiste, soutenue par la tradition de la violence criminelle et les pétrodollars, excitée un peu par la volonté d’Israël d’annexer la Palestine et accroître son Lebensraum et beaucoup par la concurrence entre factions chiites et sunnites, est devenue le nouveau fascisme criminel et la source d’un terrorisme généralisé largement tourné contre l’Occident en général et l’Europe en particulier. L’inconséquence américaine tourne au n’importe quoi et nuit à l’Europe et à l’ensemble du monde occidental. La hausse inconsidérée de la démographie dans les pays africains et son effondrement en Europe est une catastrophe. Partout les déséquilibres économiques et démographiques aggravent les difficultés climatiques et environnementales.

Dire que ce contexte est lourd et implique pour la France des conséquences extrêmement difficiles est peu dire.

Encore faudrait-il que la France se soit mise en position de force pour y faire face. Ce que nous constatons est une véritable tragédie. Le pays sombre et cela est dû largement à la mal-gouvernance qui y règne, au nihilisme qui règne dans certains esprits et au goût de destruction des institutions de certains mouvements d’extrême gauche.

L’élévation présidentielle d’Emmanuel Macron est comme l’éclosion d’une fleur vénéneuse sur le fumier idéologique et bureaucratique qui ruine la mentalité et la prospérité française.

Alors que l’ampleur des pressions extérieures devrait conduire l’exécutif à faire face au scalpel aux difficultés de fond de la société française, la personnalité problématique d’Emmanuel Macron, de plus en plus évidente et reconnue pour sa dangerosité, provoque des crises artificielles qui viennent aggraver les choses et mobiliser nos forces dans des chemins de traverse.

Pour s’en tenir à l’année 2020, on commence par voir un président longtemps indifférent à la crise sanitaire qui s’annonce, et qui n’est obsédé que par ses plans vaseux pour faire face à la crise des Gilets Jaunes qu’il a lui-même provoqué et la crise électorale des Municipales pour LREM.  Obligé de ronger son frein pendant quelques mois, il se ridiculise dans des homélies télévisées ridicules censées sauvées un « narratif », dont tout le monde se fiche et qui est totalement hors de propos. Il reprend la main en virant le Premier Ministre et nommant une personnalité faible, tout en faisant preuve d’un laxisme sanitaire total. « Jupiter » doit montrer à nouveau sa magnificence et étincelante expression. La France perd quatre mois à remettre en place un gouvernement à peu près opérationnel pendant que Macron enchaîne initiatives incertaines et caprices. Hystérie européiste, avec un plan de relance qui ne peut que s’avérer ruineux pour la France et provoquer une tension majeure avec les pays de l’Est ; épisode maladif dans l’affaire libanaise ; injures tout azimuts qui provoquent en retour des injures contre la France et son Président ; faiblesse insigne vis-à-vis de la Turquie qui ose « illuminer » un navire de guerre français sans réponse adéquate ; réponse alambiquée et contreproductive  aux attentats terroristes commis par des musulmans qui n’auraient jamais dû parvenir sur le sol français ;  incapacité de faire régner un minimum d’ordre et laissant la rue aux manifestants de toute obédience ; loi anti séparatiste fumeuse et mal centrée qui provoque des débats inutiles, lois sécuritaire, dont l’article 24 est inutile et mobilise ;  réponse incertaine aux provocations organisées par les migrants et leurs associations ; réduction à trente fidèles la fréquentation des messes dans les cathédrales ; stations de ski ouvertes mais sans remontées mécaniques …

La séquence de reprise en main du narratif présidentiel se termine dans le ridicule et les manifestions. Plus personne n’a plus confiance.  

Tout ce que représente le Président va à l’encontre des nécessités nationales.

-        La France souffre d’un détournement de pouvoir du fait d’une bureaucratie étouffante dont les élites se sont emparées du pays et le dirigent dans leur intérêt propre.  Ce moloch qui ruine les Français, en a fait le leader mondial de la dictature fiscale, et entraîne l’économie dans une stagnation telle que le revenu moyen est aujourd’hui le même qu’en 1980. Il a montré son incapacité devant la crise virale où la France présente les résultats sanitaires et économiques parmi les pires. Il fallait que le Président réduise l’Enarchie au lieu de la magnifier, décentralise le pouvoir et le canalise de pouvoir au lieu de tout concentrer dans 20 mains de hauts fonctionnaires et qu’il freine la gabegie et la sottise qui s’étalent dans certains villes comme le montre la situation municipale à Paris.

-        Il fallait montrer une volonté farouche d’empêcher tous les mouvements extrémistes de gauche qui ont décidé de mettre la France à feu et à sang en permanence. En baissant pavillon à Notre-Dame des Landes, Macron a signé son impuissance et tous les malfaisants ont compris qu’on pouvait y aller sans risque.

-        La volonté de mettre fin à l’invasion étrangère, fondée sur l’abus de toutes les procédures bienveillantes qui sont une tradition française et les concessions permanentes à des hors-la-loi, alors même qu’une exaltation criminelle traverse le monde musulman, s’est trouvée empêchée par le « narratif » présidentiel qui a d’abord glorifié les groupements étrangers abusifs installés sur le sol français, puis accusé la France de crimes contre l’humanité et appelé à la repentance. Il en est résulté à la fois une anarchie presque complète dans les zones tenues par les populations musulmanes qui y sont majoritaires, des attentats terroristes et la mise en cause de la France par tous les dictateurs des pays musulmans. En pleine crise économique et sanitaire la France a continué d’être envahie avec une accélération de l’immigration légale et illégale. Un climat pestilentiel de mauvaise conscience artificielle a été imposé alors que des Français étaient victimes de crimes musulmans atroces.  

-        Les déséquilibres européens qui entraînent à la fois le sur-chômage français, la captation de ses ressources, et sa ruine financière, du fait des excédents allemands, auraient dû conduire à une politique réaliste en Europe. Macron a voulu donner dans l’exaltation avec la multiplication des discours éthérés. Le résultat : la France se retrouve ruinée et isolée, sa souveraineté n’existe plus, et l’influence de la France n’a jamais été aussi basse. Au lieu de comprendre qu’il s’engageait dans une impasse, la folie européiste d’un président muré dans la défense de son narratif narcissique l’a conduit à un enfermement idéologique qui s’est révélé dramatiquement contreproductif.

-        La déliquescence économique et sociale de la France aurait dû être prise en compte avec un mélange de souci pour ceux qui sont en difficulté et de politique de désenchaînement des forces productives. Propos méprisant d’un côté et morgue bureaucratique de l’autre, ont conduit à la colère de beaucoup de Français et à un endettement absolument faramineux dont plus personne ne sait comment sortir. Emmanuel Macron n’a aucun affect, aucun souci de la vérité, aucune vraie conviction et ne raisonne qu’en fonction de ces calculs et de son fameux narratif.

-        Au lieu d’être menée avec une volonté farouche de sortir au mieux la France et les Français du gouffre où le socialisme mitterrandien les a mis, gouffre  aggravé par les Enarques socialistes inconscients qui se sont succédés au pouvoir, Chirac et Juppé faisant visiblement partie du lot, la France est dirigée par un homme malade d’un égotisme maladif qui s’appuie sur l’Enarchie et les fonctionnaires socialistes qui ont pris la main sur presque tous les leviers de la République depuis près de 40 ans, comme on le voit dans le domaine sanitaire, où tous les dirigeants administratifs ou médicaux sont socialistes, parfois en famille, l’exemple Buzin-Lévy étant caricatural.

On voit le résultat : tous les secteurs régaliens sont malades ; l’école et la santé sont en déshérence ; la justice est effondrée et dirigée par des juges partisans ; l’information publique est entièrement entre les mains des socialistes et des gauchistes les plus caricaturaux où ils font chauffer la colle contre la société ; l’économie est en crise catastrophique ; la diplomatie française est clochardisée et en déshérence.

Les Français ont cru qu’en balayant les partis traditionnels complétement carbonisés après 50 ans de déclin français, de perte de souveraineté et d’indigence économique et sociale, et en nommant un jeune Président en apparence moins lié par des conventions et des tabous délétères, et plein d’ouverture et de bonne volonté, il redonnerait de l’élan au destin français.

C’est l’inverse qui s’est produit, parce que, justement, tout le « narratif » macronien le fait aller contre les nécessités nationales et que sa psychologie particulière le prive d’affect et d’objectivité, et l’empêche de changer d’objectifs et de méthodes.

Alors que la France sombre dans le chaos sous les attaques de la pandémie, de l’islamiste terroriste, des délires politiquement corrects américains importés en France, de la crise économique,  de la crise européiste, de la crise démographique,  de la crise bureaucratique sur fond d’effondrement de l’Etat, de la crise générale de l’autorité, de la pression du gauchisme  nihiliste, de la crise de la dette, de la crise fiscale, la seule réelle préoccupation de Macron est la sauvegarde de son narratif pour gagner les élections présidentielles de 2022.  Toute sa réflexion pour 2021 est électoraliste et vise à faire tomber la droite aux élections régionales et départementales, et se présenter comme le dernier espoir d’empêcher l’arrivée au pouvoir de Mme Le Pen !

Ce quinquennat aura été un désastre. On ne peut pas continuer sur cette lancée-là. Jamais la France ne s’est trouvée aussi bas en période de paix. Jamais la jeunesse n’a été si mal traitée et si mal inspirée. Jamais l’espoir n’a été si empêché. Jamais il n’a été plus urgent de penser autrement l’avenir de la France et de redonner confiance aux Français. Jamais les forces politiques n’y ont été moins prêtes, pourries qu’elles sont par l’opportunisme et les ambitions personnelles délirantes (Mme Hidalgo se voit présidente !), comme si la France n’était plus rien et que n’importe quel médiocre démago pouvait prendre le pouvoir.

La seule bonne nouvelle est que l’opinion longtemps macroniste ou neutre bascule sous nos yeux et que les soutiens « inconditionnels » commencent à se poser des questions.  

France : le drame s'installe

Nous avons connu le temps des incapables. Allons-nous connaître le temps des assassins ?  

Alors que la première phase de l’épidémie commençait, la ministre socialiste de la santé, Agnès Buzin, interdisait la prescription d’hydroxy chloroquine aux médecins généralistes avec interdiction aux pharmacies d’honorer les prescriptions utilisant ce produit. En même temps, sous la pression de la société américaine Gilead, exercée notamment par la rémunération d’un grand nombre d’experts un peu partout et particulièrement en France, elle autorisait des essais dits « randomisés », dont son mari, Yves Lévy devenu président de l’Inserm après avoir dirigé l’ANRS, était un grand promoteur, pour tenter d’imposer le médicament de cette firme milliardaire, le Remdesivir.

Le laboratoire Gilead a fixé le coût d’un traitement de 5 jours avec ce produit à 2.000 euros. On sait le résultat de ces soins : une certaine baisse de la prolifération du virus au sein du malade si la prise se fait aux premiers symptômes, avec aucune influence sur la létalité, le tout s’accompagnant de risques secondaires d’atteinte au foie imposant un protocole de traitement compliqué et restrictif. Gilead Sciences, c’est 22 milliards de chiffre d’affaires en 2019 et 94 milliards de dollars de capitalisation boursière, près de 5 fois son chiffre d’affaires.  Le cours de l’action, monté jusqu’à 112 dollars, en mai 2015, se situe autour de 60 et se traîne à ce niveau depuis des mois faute de résultats probants, alors que le cours avait connu à la fin de 2019 un fort rebond avec l’annonce en Chine d’une nouvelle pandémie prometteuse pour l’anti viral.

Alors que s’accélère une seconde phase de la pandémie, nous voici, en octobre 2020, avec un nouveau ministre de la santé, tout aussi socialiste que le précédent, qui interdit, purement et simplement, via l’agence du médicament, la fourniture de l’hydroxy chloroquine. L’IHU de Marseille qui applique et promeut un traitement basé sur cette molécule, avec des résultats manifestes, est désormais en risque de pénurie d’approvisionnement avec arrêt des soins concernés et donc un risque d’augmentation des décès alors que la contagion flambe.

Quels sont les résultats manifestes de l’hydroxy chloroquine ? L’antiviral, qui ne coûte rien et n’a pas de contre-indications graves (elles existent mais sont facilement prises en charge) prescrit tôt permet de diminuer la masse virale, raccourcit les temps où les personnes touchées sont contagieuses, réduit le temps d’hospitalisation, mais ne guérit pas la maladie une fois qu’elle est installée et frappe des sujets fragiles. Une politique de diagnostic précoce accompagnée d’un traitement précoce permet d’obtenir de meilleurs résultats qu’une absence totale de traitement.  Paris qui ne faisait pas de dépistages ni de traitements précoces a montré des résultats très inférieurs à ceux obtenus par Marseille.

Pour simplifier : l’application de la solution marseillaise aurait sans doute permis d’économiser des milliers de morts, sans ruiner la sécu pendant la première phase. Alors que les juges d’instruction perquisitionnent le bureau du ministre de la santé et le domicile de M. Véran, était-il intolérable de laisser un second constat identique s’imposer lors de la seconde phase ? Toujours est-il que quasiment le même jour où un confinement partiel était imposé sous forme de « couvre-feu », Gilead faisait savoir qu’à la suite des commandes du gouvernement français, le laboratoire pouvait fournir « gratuitement » un nombre illimité de doses de Remdevisir. Le même jour !

Le calcul est évident : « j’ai rendu le traitement « Raoult » impossible mais j’ai permis qu’on le continue avec une autre molécule que j’ai rendue gratuite aux hôpitaux » mais pas aux Français (la commande à Gilead en nombre de doses et en coût n’est pas connue). Les effets secondaires ? Cette fois-ci rien à battre !

En même temps on voyait, aux Etats-Unis, une offensive formidable en faveur de Gilead menée notamment par la Maison Blanche de façon tonitruante et par tous les médecins stipendiés par le laboratoire de façon plus secrète via les réseaux d’influence.

En France, ce qui est clair, c’est que la pandémie est à nouveau très active et recommence à tuer, avec plusieurs milliers de victimes à craindre dans les prochains mois (on parle de 50.000 victimes cumulées à la fin mars s’il n’y a pas de nouveau confinement total).  Et que pour la seconde fois, des mesures sont prises par la petite coterie qui tient le pouvoir en France depuis des années dans le domaine de la santé, pour favoriser à grands frais Gilead et exclure, cette fois-ci radicalement, les traitements alternatifs qui ont fait leur preuve.   

Ne parlons pas des conséquences sur l’économie de cette seconde phase non anticipée par un Président uniquement obsédé par son « narratif » et ses manœuvres électoralistes en vue des présidentielles et qui a fait perdre cinq mois au pays par un changement de gouvernement particulièrement mal venu à la fois dans  son « timing » et son « casting ».

Explosion de la délinquance avec choix d’un Garde des Sceaux qui reparle d’un sentiment d’insécurité alors que les délinquants arrachent le collier des vieilles dames jusque dans les couloirs de leurs appartement, assassinat de professeur par des musulmans intolérants , alors que depuis son élection Macron refuse de prendre la moindre de mesure pour juguler les conséquences pour la démocratie française et pour la patrie de la dissidence massive d’une population musulmane immigrée en forte croissance, pitreries au Moyen Orient qui se traduisent par des insultes répétées contre notre pays avec des risques aggravés d’implication dans des conflits armés, soutien à l’élection de Mme Hidalgo et des Verts à Paris dont on a vu qu’ils menaient une véritable politique de destruction de la ville et de son économie, la situation en France est devenue une catastrophe désormais gigantesque et probablement irrattrapable.

M. Macron qui avait été vu par trop de personnes à droite comme un bouclier contre l’emprise délétère des socialistes se révèle être un incapable pervers et  destructeur qui laissera l’économie du pays ruinée et endettée pour des décennies, la population sous la quadruple menace de la violence irrédentisme musulmane, des pandémies, du chômage et de la misère, la diplomatie et l’image de la France en lambeaux, sa capitale massacrée par des  sectaires incultes ivres d’une victoire tronquée,  et sa démocratie ruinée par l’emprise détestable de coteries de hauts fonctionnaires socialistes ou socialisants.

Mais oui ! Nous sommes les spectateurs atterrés de ce qu’il faut bien appeler l’assassinat d’une grande nation. L’attaque ne détruit pas seulement la santé, la sécurité et l’activité des habitants actuels mais aussi tout un patrimoine légué :  les villes, l’école, la culture, la souveraineté et jusqu’à l’histoire.

Quel amoureux de la France pardonnera-t-il jamais la séquence mortelle de socialisme exalté ou larvé qui s’ouvre avec l’élection de Mitterrand et qui se termine au fond du précipice avec Macron ?  

Paris : la Capitale déclassée dans l'indifférence générale

Qu’est donc devenue la rive droite « chic » de la Madeleine à la place Vendôme en passant par la rue de Rivoli et la rue du Faubourg Saint Honoré sous la double attaque des saccages de Mme Hidalgo et sa fine équipe et des effets de la crise sanitaire ?

Six des hôtels de luxe de l’endroit sont soit fermés soit en voie de l’être du fait d’une fréquentation qui se situe au mieux à 10 %. Le Saint James et Albany tourne avec moins de 3 % de chambres occupées à cause de l’étranglement de la rue de Rivoli par les aménagements de la mairie de Paris ! L’annonce du couvre-feu et de la flambée d’infection nouvelle a stoppé net le peu de tourisme qui restait.

La place Vendôme est totalement saccagée par les travaux mis en œuvre par la mairie qui semble avoir eu comme idée de porter son effort de destruction sur toutes les places de Paris. Elles sont toutes en travaux, non pas pour les embellir mais pour y ruiner la circulation générale. Une cabine de toilette mobile traîne au pied de la colonne Vendôme, porte ouverte. Après le plug anal, les chiottes… On sait le nombre d’homosexuels qui peuplent l’équipe municipale (les lesbiennes de la majorité municipales parlent de « pedoland », ce qui aurait amené un mâle blanc en correctionnelle mais a permis de la promotion de l’Eructatrice). Ce qui explique peut-être cette obsession anale caractérisée qui persiste dans la durée. On est heureux finalement qu’il n’y ait pas de touristes. Partout sur la place on a installé des blocs de béton colorés en blanc ou rouge qui canalisent on ne sait quoi. L’accès au parking se fait en concurrence avec le passage des piétons dont le passage est bloqué par les travaux. Pratiquement toutes les boutiques de luxe sont fermées et celles qui restent ouvertes sont vides de clients. Personne dans la rue de la Paix également ravagée par les travaux. Les rares cafés ouverts sont aux trois quarts vides à l’heure du déjeuner. Le bas de la perspective vers la rue de Rivoli est vide, les voitures ne pouvant plus y circuler. De l’avenue de l’Opéra aux Tuileries, c’est un total désastre urbain et une ambiance sinistre. Total ? Non ! Il y a pire. La rue des Pyramides n’existe plus comme ensemble urbain. Sous les arcades Est tout est fermé et des clochards dorment ou discutent en buvant. Il reste une ou deux boutiques ouvertes sans client sur la face ouest. Ce sont les seules âmes vivantes. Pas un piéton. Autour de la statue de Jeanne d’arc un café est resté ouvert avec une cliente qui pianote sur un portable (il est maintenant près d’une heure de l’après-midi et il fait un temps magnifique), à moins que ce ne soit la patronne qui en profite pour faire un tour sur internet.

La rue du Faubourg Saint Honoré est en travaux. Beaucoup de boutiques sont fermées. Celles d’Yves Saint Laurent et de Vuitton sont vides. Le personnel de quatre à cinq personnes dans chacun d’entre elles attend en vain un visiteur. L’ambiance est mortuaire.

Et la rue de Rivoli ? Là, c’est la fin du monde. Les boutiques sont presque toutes fermées comme les hôtels. Les changeurs ont déménagé. Les boutiques de souvenir sont un souvenir. Le reste périclite quand il n’a pas déjà fermé. Pas un passant. Pourquoi passerait-on par-là ?

La destruction de la rue de Rivoli se veut une grandiose réalisation des tordus qui règnent à l’Hôtel de Ville. La sottise et la méchanceté satisfaites, la hargne et la bassesse idéologiques, tous ces beaux sentiments qui animent cette équipe de malfaisants sont présents dans les décisions qui ont été prises. On n’a pas décidé de faire plus de place au vélo. On a supprimé tout stationnement et stérilisé une voie large au milieu de la chaussée. Le but de l’aménagement n’est pas de favoriser le cyclisme mais de supprimer la voiture le plus possible. Alors, sur le principal axe Est Ouest de la capitale, on n’a laissé qu’une voie pour la circulation et on y a interdit les voitures particulières et elles seules, sauf celles des riverains !

Le comptage des véhicules est intéressant.

Sur cette voie unique de circulation générale on compte 85 % de camionnettes, 8 % de taxis et Bus (les VTC sont interdits) et 7 % de voitures particulières qui violent l’interdiction volontairement ou se retrouvent là en errant dans le labyrinthe créé au nord de la rue de Rivoli.

Sur 100 cyclistes il y a 70 % de femmes, dont la majorité en groupe, qui visitent les lieux pour s’amuser, 10 % de livreurs et 20 % d’hommes plus ou moins pressés.

Le trafic en milieu de journée est très faible. L’essentiel est constitué par des deux-roues motorisés et des camionnettes (95 % des véhicules comptés, vélos inclus). La pollution est donc là et bien là. Mais tout le monde s’en fout, de la pollution. Ce n’est pas le problème. Il faut des actes symboliques contre la bagnole, c’est tout. Une obsession !

On constate beaucoup d’indiscipline. La voie stérilisée au milieu de la rue est utilisée par les gendarmes, la police, des vélos et des motos.

Inutile d’essayer de traverser, si vous êtes piéton. Vous êtes à peu près sûr d’être renversé.

Pas de stationnement possible. Quelle importance ? Tous les commerces sont pratiquement fermés.

On a achevé par la destruction de la circulation ce que le Covid avait commencé. La Ville peut être fière de sa politique.

Pour s’échapper de cette trappe à automobilistes, il n’y a qu’une solution, aller vers le nord et traverser à nouveau des places ravagées par les travaux de voiries et des rues parsemées de chantiers divers, avec des stationnements en double file partout de camions et de camionnettes.

La malveillance municipale est partout. Les pauvres gens qui essaient de s’en sortir font grise mine dans ce chaos. Ne parlons pas de l’Avenue de l’Opéra et des grands Boulevards, ni des Grands Magasins. Partout la grisaille de la crise économique, les affres de la crise sanitaire et les déjections de la politique municipale.

Jamais une municipalité n’a été aussi nocive pour la ville qu’elle gère. Jamais une capitale n’a été traitée ainsi par ce qu’il faut bien appeler une bande de voyous et d’iconoclastes. Jamais Paris n’avait été aussi abîmé volontairement depuis le Commune.

Honte et tristesse !

Comment les Parisiens ont-ils pu revoter pour cette bande de minables, odieux et incultes ? Il est vrai que l’élection a été biaisée et que l’équipe retenue n’a même pas convaincu 20 % des inscrits. Paris est violé mais aussi les règles élémentaires de la démocratie.

On peut déjà deviner le mépris de fer de ceux qui auront plus tard à écrire l’histoire de cette période affreuse, de ce saccage organisé, de ce véritable assassinat urbain mené de sang-froid et sans support populaire et démocratique vrai, par des minorités coalisées guidées par une Espagnole arrivée par l’alcôve et promue par quelques sommités reconnaissantes du Parti socialiste.

Au moins on sait que l’épidémie de Covid s’arrêtera dans les deux ans mais pas le saccage de Mme Hidalgo qui va encore continuer six longues années. Que restera-t-il alors du Paris que le monde entier aimait ?

On veille en ce jour de deuil national une victime de la violence horrible et conquérante des musulmans récemment immigrés massivement en France aux applaudissements des Islamogauchistes, des amateurs de « créolisation », et des tenants d’un politiquement correct à l’américaine.

On assassine aussi la Capitale. Et cette décapitation-là, celle de la capitale de la France, n’est même pas citée dans les médias et encore moins condamnée.

Retour de l’inflation ? Une possibilité sérieuse, si…

 Après l’inflation générale à deux chiffres qui a suivi les hausses massives du prix du pétrole imposées par le cartel des pays producteurs, fin 1973, et la sévère récession aux Etats-Unis du début des années 80 provoquée par la volonté des Etats-Unis d’y mettre fin, il est généralement admis qu’il n’y a plus de risque d’inflation. La bourse, l’immobilier et les matières premières rares, ont vu leur prix s‘envoler mais ces biens n’entrent pas dans l’indice des prix à la consommation. En France, l’inflation ne dépasse pas les 2% depuis près de 30 ans.

La résolution de la crise bancaire, financière et monétaire de 2008 a imposé mondialement une inondation de monnaie banque centrale (près de 15 mille milliards de dollars dans le monde) à laquelle se sont ajoutées près de 50 mille milliards de dettes privées supplémentaires, sans inflation des prix à la consommation. Rappelons que la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand en France était avant l’épidémie de Covid d’un peu plus de mille deux cents milliards d’euros et que la dette avait grimpé jusqu’à près de 2.000 milliards d’euros.  En créant de la monnaie globalement à hauteur de plus de quarante fois la valeur de la production marchande française, le monde n’a pas connu d’inflation ! Un peu fort de café tout de même, surtout quand on relit toute la littérature économique sur l’inflation qui sert de base à l’enseignement de l’économie dans nos écoles et universités. Une pareille inflation de moyens de paiement aurait dû se retrouver dans les prix ! Cette bizarrerie ne fait pratiquement l’objet d’aucune étude sérieuse. Un nouveau credo s’est installé : la nouvelle économie ne connait pas l’inflation et le Covid ne changera rien à l’affaire, même si on essaie de compenser des pertes abyssales de production par des distributions de monnaies artificiellement créées.

Ce nouveau credo se doit d’être interrogé. Les sommes mises en jeu pour faire face à la crise sanitaire et sa durée sont tellement incertaines que nous risquons de graves surprises.

Un des premiers aspects qui saisit le regard est évidemment la survenue finalement assez fréquente ces dernières années de crises d’hyperinflation.  Le Liban en connait une en ce moment même. Mais l’Amérique du Sud et l’Afrique en ont porté un témoignage important. Maduro au Venezuela et Mugabe au Zimbabwe ont provoqué deux effondrements monétaires suivi d’une hyperinflation et de la réduction drastique de la production, avec ruine de la population et exode massif. L’Argentine n’est pas passé loin. Plus de 50 états ont une inflation fortement augmentée comparée à la situation d’il y a 6 ans. La hausse des prix n’est pas « à venir ». Elle est déjà parmi nous avec parfois des hausses considérables. Très peu de pays connaissent une baisse de l’inflation. En général ce sont des pays qui ont mis en place une politique stricte de désinflation comme l’Iran, dont l’inflation avait atteint plus de 40%.  Une vingtaine de pays vivent une inflation de plus de 10%.

Dès maintenant, l’inflation dans le monde est souvent forte et parfois désastreuse. Il est vrai qu’elle touche des pays habitués à une mauvaise gestion ou des pays accidentés par des tensions politiques ou militaires. Peut-on alors prétendre que l’inflation a été éradiquée pour les pays développés sérieux et ne demeure que dans les pays à problèmes de gouvernance récurrents ?

En France, l’inflation moyenne sur les 12 mois de l'année 2018 a été de 1.85%, en nette augmentation par rapport à 2017 (1%) et 2016 (0.2%). L’inflation est basse mais en hausse importante et continue jusqu’à la crise sanitaire. En Chine l’inflation en juillet 2020 est supérieure à 2.4% en dépit de la crise de Covid qui a asséché l’activité, alors que le taux de toute l’année 2017 était inférieur à 1.50%. 

Avant la crise sanitaire la pression sur les prix était réelle mais avec des résultats très faibles, la BCE ne parvenant même pas à obtenir l’objectif de 2% d’inflation pour l’ensemble de la zone Euro !

Il importe de comprendre pourquoi, si on veut apprécier, par contraste, la situation créée par la crise sanitaire.

La source de l’inflation monétaire depuis 1971 et l’abandon des changes fixes est bien connue : le système de changes flottants permet aux Etats-Unis d’accumuler des déficits phénoménaux, qu’équilibrent des excédents tout aussi importants au Japon et en Allemagne, puis en Chine et dans les autres Dragons asiatiques. Ces excédents sont recyclés dans les pays déficitaires et une double hélice de dettes se crée qui ne cesse de s’accélérer. A un moment elles deviennent problématiques et on a une crise financière et une récession associée. Ce mécanisme a été vérifié en 1973-74, 1981-1982, 1992-1993, 2002-2003, 2008-2009. La cause étant occultée ou niée, personne ne réforme quoi que ce soit et cela recommence.  A chaque fois des milliers de milliards de monnaies banque centrale sont émises que l’on retrouve dans la valeur des actifs mais pas dans les prix. Pourquoi ? Parce qu’on a ouvert l’économie mondiale aux exportations des pays à très bas salaires à partir des années 80, avec une formidable accélération à partir de la crise de 90. La différence de niveau de vie était telle et la main d’œuvre disponible tellement nombreuse que la Chine et les ex-pays socialistes ont pu capter une part majeure de la production mondiale dans la mesure où les énormes déficits extérieurs ne gênaient plus personne. Du coup les salaires ont été bridés dans les pays développés obligés de faire face à cette nouvelle compétition. Or l’inflation rampante s’accélère toujours par la hausse incontrôlée des salaires. Les récessions décennales provoquées par le système des changes flottants ont aussi pesé lourdement sur les salaires, le cumul d’un chômage de masse structurel et conjoncturel n’était pas vraiment propice à des accélérations salariales. 

Pour l’Europe la construction de l’Euro a imposé une politique financière rigoureuse (notamment depuis 1983 en France) et la stabilité de l’euro impose un contrôle des budgets par la Commission de Bruxelles. L’euro ne permet plus à la France de compenser sa sous-compétitivité accrue vis-à-vis de l’Allemagne par la dévaluation. Le rééquilibrage de la compétitivité passe obligatoirement par une dévaluation relative des salaires. En France les folies socialistes sur la durée de travail, l’âge de la retraite, la pénalisation des relations du travail et le délire de la dépense publique et donc de l’impôt, pèsent également très lourd sur les entreprises et le pouvoir d’achat.

Dans ces conditions les créations de monnaies se sont retrouvées dans les marchés financiers et dans l’immobilier. Les prix immobiliers ne sont pas pris en compte dans l’indice des prix. Donc pas d’inflation !

La crise de 2008 était pour l’essentiel une crise de surinvestissement boursier, bancaire et immobilier. La bulle a explosé créant un trou béant dans les comptes des banques. Les banques centrales ont créé 15 mille milliards de dollar de monnaie pour sauver le système bancaire. Un trou financier se trouvait ainsi compensé par une création financière. Il s’est agi en quelque sorte de jeux d’écritures assez virtuels. Evidemment la récession post éclatement de la bulle, elle, a créé du chômage et une pression à la baisse sur les salaires empêchant tout emballement inflationniste.

Les mécanismes décrits n’ayant pas été corrigés, la pression à la hausse sur les prix à la consommation est restée très faible. La petite hausse constatée dans les pays occidentaux a été provoquée par la reprise économique mondiale ou des circonstances de marché ou des tensions politiques. Jusqu’à l’arrivée de l’épidémie de Sars-Cov-2, le risque d’inflation était nul en France.

Les pays qui ont connu une hyperinflation sont pour l’essentiel passé par trois phases :

-        L’effondrement de la monnaie sur le marché des changes

-        L’effondrement conjoint de la production

-        La création de monnaie administrative en quantité astronomique.

Ce n’est jamais une inflation rampante qui s’est tout d’un coup emballée. Le Liban donne une parfaite image de ce mécanisme. L’effondrement monétaire à précédé l’hyperinflation.

Il faut garder en tête ce mécanisme. La mauvaise gouvernance et des taux de dettes astronomiques peuvent casser les changes dans un système de changes flottants non régulés et provoquer un effondrement économique. C’est un risque qui n’est pas négligeable pour la France.

Comment la crise sanitaire vient-elle s’insérer dans ce système inchangé ?

L’énorme différence tient à la nature de la crise. On a supprimé l’essentiel de la production pendant deux mois et des secteurs vont tourner avec un chiffre d’affaire fortement réduit pendant des mois. Les calculs les plus savants parlent d’une perte annuelle de production autour de 10%. En fait il ne faut pas oublier que le secteur public entre dans le calcul du PIB. S’il a réduit sa « production » (on parle de 17%, ce qui est énorme) il n’a en rien réduit ses rémunérations qui seules sont prises en compte par les statistiques de PIB.  La baisse globale de 10% sur le PIB global d’environ 2.500 milliards est à imputer sur la seule économie marchande dont la valeur ajoutée est de 1.250 milliards.  Les 250 milliards de pertes de production s’appliquent donc à ces 1.250 milliards. La perte est de 20%, pas de 10%.

Ces pertes ne sont pas toutes définitives, une partie des décisions d’achat ont été simplement différés et on fait l’objet d’un rattrapage pendant l’été. Mais une grande partie de la production perdue l’est définitivement. Le revenu correspondant à cette production n’est pas apparu. Il a été largement compensé par des versements d’état. Mais il est facile de comprendre que le circuit économique ne se boucle pas.  Une partie de l’argent versée va chercher ses produits à l’étranger, aggravant les déficits commerciaux français qui ont flambé depuis le confinement. D’autres achats se sont concentrés sur des secteurs en déficits de production et de stocks où ils ont déclenché une hausse des prix. Les autres secteurs, qui captaient une part importante du revenu, comme les voyages, l’hôtellerie, les sorties culturelles, ont été boudés par la clientèle par crainte du virus. La perte de recettes est massive. Les stratégies de prix ont été très variés : certains ont fait des offres attractives en baissant leur prix. D’autres ont eu une stratégie de réduction de leur offre en montant leur prix.  100 milliards d’épargne à court terme se sont immobilisés dans les comptes en banques et les bas de laine, à hauteur de la perte de confiance dans l’avenir. Si ces sommes venaient à se déverser sur les marchés, les tensions sur les prix seraient immédiates faute de production et de stock.   

Cette situation est susceptible de durer jusqu’à la fin 2020 et sans doute aussi en 2021. On commence à voir les prix déraper dans certains secteurs. Il n’est pas impossible qu’en continuant longtemps de compenser le revenu de production en l’absence de production, une certaine inflation se déclenche.  La hausse du chômage est censée jouer en sens inverse en pesant sur les salaires, ainsi que les importations. Si ce schéma est exact, les hausses seront donc plutôt ponctuelles et dépendant de la situation mondiale des marchés.  

Le consensus est qu’il y aura une certaine hausse de l’inflation mais relativement contenue et de nature à faire diminuer le coût des dettes  et à grignoter le surplus de pouvoir d’achat distribué sans production correspondante.  

Sauf en cas d’accident systémique ! L’énormité des dettes supportées par les Etats peuvent à tout moment provoquer une crise de confiance mondiale et des mouvements incontrôlables. La rupture des changes dans un pays parti à la dérive y apporterait dans la minute une énorme inflation. On dira qu’en France et en Europe l’Euro nous protège ! Mais si l’Italie et la France connaissent le même krach que la Grèce, l’Eurozone sautera.

A contrario il n’y a pas pour la France de relocalisation massive possible de production compte-tenu de la non-compétitivité du pays dans le cadre de l’Eurozone. Il faudrait pour cela une dévaluation et un contrôle des échanges, des instruments dont nous nous sommes volontairement privés. L’Euro s’apprécie vis-à-vis du dollar, ce qui est totalement incompatibles avec la relocalisation. On ne pourra relocaliser qu’à base de subvention en creusant les dettes et en créant des distorsions dans la compétition. Ou en prenant l’argent sur les pensions des retraités et en resurtaxant les « riches ». Tout cela n’a rien de durable. Les Enarques croient pouvoir jouer à ce jeu de bonneteau qu’ils pratiquent depuis 1983 avec les résultats que l’on sait. L’Europe fédérale, à ce jeu, ne protège plus que les pays excédentaires, et accable les pays qui se sont laissé aller à casser leur compétitivité comme la France.

Lorsqu’on voit la masse des difficultés anciennes et l’énormité des complications nouvelles, la persistance de systèmes inefficaces, dysfonctionnels et  chaotiques, l’inadaptation des politiques qui sont menées sur la base de réflexes d’un autre temps (comme la relance keynésienne en système changes flottants dont on sait qu’elle ne marche plus depuis celle de Chirac en 1975), l’irrationalité des contraintes que l’on accepte aux noms des petits oiseaux et du réchauffement climatique, le fait que partout on ne respecte plus aucun des principes avec lesquels on a justifié l’édification des nos institutions économiques, on ne peut qu’être troublé.

La prévision devient un exercice impossible. On en est réduit à constater des « surprises ». Aux Etats-Unis une de celles qui fait parler aujourd’hui c’est une hausse des prix soutenue et imprévue, largement liée à la hausse des produits importés du fait d’une dévaluation assez forte du dollar.   Même si le raisonnement permet de juger qu’en Europe une inflation sérieuse est difficile à imaginer, la complexité de la situation, l’inadéquation des politiques, la persistance des erreurs d’organisation, l’impossibilité de certaines réformes indispensables, tout laisse penser que quelque chose peu lâcher. Et cela pourrait bien être le niveau des prix avec une inflation beaucoup plus forte qu’anticipée.

Un scandale honteux : quand la grande presse nationale baisse pavillon devant l'Enarchie

Mort du journalisme et de la démocratie

Un nouveau stade de l’Enarchie a été atteint.

On sait que nous défendons ici l’idée que la République a été à peu près totalement subvertie par l’Enarchie compassionnelle, qui règne sans partage sur une France rétrécie par sa dissolution dans un ensemble européen en perpétuelle « construction ». L’élection de Macron, dans le cadre de ce qu’il fait bien appeler un pronunciamiento de hauts-fonctionnaires, avec une direction du pays réduite aux élucubrations d’une dizaine d’Enarques bien en cours, et la folle concentration des pouvoirs entre les mains d’un président au psychisme problématique, ne pouvait qu’aggraver le phénomène.  La presse, en faillite et ne tenant que par les aides d’Etat, vient de prouver qu’on entrait dans un nouveau monde. Ce ne sont plus les ministres qui expliquent dans la presse ce qu’ils vont faire (la bande d’inconnus, choisis parce qu’ils ne sont rien, ne fait que chanter la geste présidentielle) mais les fonctionnaires eux-mêmes qui se sont totalement autonomisés.  

La crise sanitaire a montré la formidable indigence du système de santé français, entièrement phagocyté par une bureaucratie terrifiante et incapable qui empêche les vrais professionnels d’exercer leur métier, sous la direction de familles de fonctionnaires socialistes gavées depuis l’arrivée au pouvoir de Mitterrand. Le symbole de cette dérive est naturellement cette extraordinaire prolifération de postes de fonctionnaires féminins de catégorie A, le sommet salarial de la hiérarchie des fonctionnaires) : 16.000 femmes fonctionnaires du ministère de la santé sans aucune connaissance médicale à Paris et dans les régions, dont personne ne sait à quoi elles peuvent bien passer leur temps et qu’on préférerait voir remplacer par 6.000 spécialistes et 10.000 généralistes ! Après tout, eux soignent des malades. La crise a aussi montré l’hostilité de ces fonctionnaires aux médecins « libéraux », tenus à distance, au profit des structures publiques, toutes à la dérive.

Lisons le Figaro du 4 septembre 2020. Qui nous explique ce que va être la politique de la Sécurité Sociale ? Le Ministre de la santé ? Oh que non ! Il a trop à faire à chasser le Marseillais. M. Fatome (Thomas) présente l’action de la CNAM directement, loin de la « tutelle ». Qui est M. Fatome nouveau patron de la Sécurité Sociale ? Un énarque de la promotion Averroes qui a fait une longue carrière dans les cabinets ! Quelle surprise ! Que va faire ce Monsieur ? « Emmerder les médecins libéraux », aurait dit George Pompidou ! C’est bien l’urgence. On veut d’abord les forcer à entrer dans un machin, les CPTS, dont ils ne veulent pas. Que cache ce sigle bureaucratique en diable : les « communautés professionnelles territoriales de santé », une forme de kolkhoze médical. Ensuite on leur demande de rentrer dans la SAS, un service d’accès aux soins qui a pour but de faire absorber aux libéraux l’échec de l’hôpital public qui est totalement désorganisé par les 35h notamment aux urgences. Les malheureux qui travaillent 50 heures par semaine doivent prendre en charge ce que les fonctionnaires aux 35 heures ne veulent plus traiter. Dernière méchanceté : la CNAM en a assez de payer le prix fort pour des visites aux médecins. Ils pourraient se contenter de faire de la télémédecine à trois balles, ce qui réduirait les besoins de financement !  Après avoir tué l’hôpital et la médecine publique l’ENA , s’inquiéte de tuer la médecine libérale !

Qui osera dire que ce Monsieur Fatome devrait être renvoyé à coup de pied aux fesses et obligé à faire des ménages à l’hôpital public pendant 20 ans pour lui apprendre ce qu’est la vraie vie ?

On progresse ! Sur fond de désastre sanitaire, la bureaucratie est triomphante et sans remors.

Heureusement, nous avons Le Monde. Dans le numéro du même 4 septembre 2020, une date à immortaliser, est publié à la page 23, un article d’une page entière, sur quatre colonnes, censé expliquer comment la santé publique doit être rénovée pour bénéficier d’un nouveau souffle (sans respirateur allemand). Les malades intubés apprécieront.

Qui rédige l’article ? Madame Marie-Caroline Bonnet-Galzy. Eh oui : les femmes modernes sont désormais affligées en majorité de nom double, ce qui complique le travail des commentateurs. Qui est cette bonne dame d’œuvre sanitaire ? La présidente d’un organisme public : Santé publique France, l’ancienne Agence Nationale de la Santé publique. Là il a un truc : quand on parle de santé publique il faut comprendre Santé Publique France. L’organisme précède la fonction. Améliorer la santé publique, c’est renforcer lourdement l’organisme bureaucratique. C’est que notre Marie-Caroline n’est pas n’importe qui ! Comme Hollande, elle a fait HEC puis l’ENA. Elle est Conseiller d’Etat en service extraordinaire.  Elle a travaillé à Lille avec Mme Aubry. Elle est 100 % socialiste école mitterrandiste.

Que propose ce génie de la santé et de l’éthique qui avait pour mission d’avertir de la pandémie et de s’y préparer et qui n’a rien fait du tout, (vraiment rien du tout) avec les conséquences que l’on sait. L’échec l’encourage à écrire qu’il donne « une occasion unique de faire progresser les deux piliers de la santé publique », en un mot la prévention et le soin. Nous avons été nuls : donnez-nous des moyens supplémentaires. Mais surtout pas de règlement de compte. Nous n’en avons aucun à rendre. Suit un inventaire à la Prévert de tous les domaines de la prévention où il faudrait redoubler de postes et de dépenses. Tous les ministères devraient avoir une cellule santé publique prévention, avec évidemment toutes les déclinaisons locales souhaitables. Sur des dizaines de sujets de la pédo psychiatrie à la prévention des risques sanitaires des adolescents, il faut E-T-O-FF-ER les effectifs. En allant loin dans le régional et le local, bien sûr (tout service départementalisé voit ses effectifs multiplier par cent). Prévision et prévention doivent voir exploser les moyens humains et financiers. Toutes les filières (sciences humaines, dures, santé, politique, économie, sociologie et surtout les trois petits points de rigueur puisqu’on vous a dit TOUTES  …). Et attention : l’inégalité ! Il faut l’étrangler à la racine. Il faut : yaka ! Et « au plus profond des territoires » !

Naturellement l’organisation chargée de la prévention (on a vu) et de l’organisation des traitements (on a vu aussi) serait la principale bénéficiaire des nouveaux fonds et effectifs pléthoriques. Parkinson était un gamin. Pourquoi pas recruter 16.000 nouvelles femmes fonctionnaires cat A ?

Un gouvernement normal aurait licencié les incapables qui, à la tête des institutions de veille sanitaire, auraient autant failli. En particulier nos deux auteurs d’articles de journaux. Mais entre Enarques, cela ne se fait pas. Surtout entre énarques socialistes nommés par Marisol Touraine et adoubés par Mme Buzin.

Irresponsables et coupables ! Pourquoi se gêner ? Et ne pas en redemander ?

Le plus grave est l’état où en est réduitla PQN qui laisse désormais ses colonnes directement entre les mains des énarques fonctionnaires nommés. La politique ne se fait plus au parlement. Elle se décide entre condisciples sur le banc gauche de l’école nationale d’administration et s’expose sans frein dans des colonnes abandonnées par le journalisme pour devenir de simples vitrines pour fonctionnaires cupides et avides d’effectifs et de budget. Il n’y a ni commentaire ni avertissement.

Voir d’anciens grands journaux devenir des bulletins paroissiaux de l’ENA a quelque chose de répugnant. On comprend pourquoi plus personne ne vote. Ce qu’on voit disparaître en ce début d’été, c’est tout simplement la démocratie.

Il appartient aux partis de digérer les rapports des hauts fonctionnaires et de les transformer en politiques proposées au pays. Pour cela il faut que les fonctionnaires ne tiennent pas les partis et interdire l’élection des fonctionnaires dans les assemblées qui fixent leur rémunération. Il faut que les fonctionnaires incapables soient sanctionnés.  

L’encadrement mortifère de la médecine libérale est une politique qui doit se discuter au parlement, au minimum avec une couverture journalistique de qualité. Les organismes de veille sanitaire qui ont failli doivent être dissouts et leurs dirigeants renvoyés. Jamais des dirigeants fonctionnaires ne doivent s’adresser directement à la presse sauf pour répondre à des critiques ou des observations médiatisées par les politiques.

N’attendons évidemment pas cela ni de Macron ni de Castex. Mais qu’au moins la PQN fasse attention à ne pas sombrer aussi bas dans les bras de cette « énarchie compassionnelle » pantagruélique, qu’il faut détruire !

Oui il faut séparer le politique et la haute administration. La Nation n’a pas à être à ce point au service d’une secte qui a montré une incompétence et une avidité pharaoniques depuis 40 ans, avec ce merveilleux triomphe qu’aura été la prévention et la gestion de la crise sanitaire.  

La France est-elle en train de créer une magnifique industrie de l'éolienne ?

Une réponse à une question de M. G. Maleplate

Il y a deux manières de défier la pollution et en particulier celle qui aggrave le réchauffement climatique. La première est de considérer qu'il est possible, par la technique, de trouver des solutions moins consommatrices de ressources naturelles et moins productrices de rejets, ce qui se fait en Occident depuis des décennies, en accélérant le mouvement pour tenir compte des coûts externes éventuellement sous-estimés jusqu'ici.  La seconde est de tenir pour acquis que cela ne suffira jamais et qu'il faut restreindre la production et la consommation de façon drastique en accumulant les mesures extrêmes qui baissent le pouvoir d’achat tout en accumulant des dépenses terrifiantes financées par les déficits et la dette.

La seconde méthode n’a, en France, aucun intérêt, parce que les enjeux urgents voire cruciaux du climat n’y sont tout simplement pas présents de façon significative. L'envahissement par les plastiques se fait majoritairement en Asie et en Afrique. Le rattrapage de croissance, qui a créé plusieurs centaines de millions d'emplois dans ces deux zones, s’est traduit et continue de se traduire par une pollution et une consommation d'énergie non compatibles avec des objectifs climatiques raisonnables, quels qu’ils soient. Et toutes les associations mobilisées par la pauvreté internationale hurlent qu’il y a encore quelques centaines de millions à enrichir !  

Tant que la renverse de la natalité mondiale, prévue pour la fin du siècle par les plus optimistes, n'aura pas eu lieu, et tant que ces pays n'auront pas fait les efforts déjà réalisés par les meilleurs en Occident pour atteindre un niveau de vie correct, rien ne se passera sur le front des résultats concrets. Rappelons qu'il se créé dans le monde l’équivalent de 50 villes de la taille de Paris tous les six ans et qu'elles sont polluées à mort. On raserait Paris et les capitales régionales françaises, l'effet sur le réchauffement climatique global serait nul. L'urgence climatique en France n’existe pas. La France bénéficie d’un bilan carbone d’une qualité que la majorité des pays seront incapables d’atteindre dans le siècle qui vient, sauf surprise phénoménale. L’exemplarité a ses vertus mais pas au point de se ruiner pour rien.  

Lorsque les pays pétroliers, fin 1973, ont entrepris de nous rançonner, la réaction de l’Etat français a été d’imposer des économies drastiques d’énergie, de taxer sauvagement le carburant et de créer une industrie électronucléaire massive. Pleinement souveraine, la France pouvait prendre ce genre de décision sans l’avis de personne. De quelques centrales nucléaires, on est passé rapidement à 50. On a couvert ainsi 75% de nos besoins d’électricité et près du quart de nos besoins globaux d’énergie. Framatome a fini par développer une technique proprement française. L’ancien monde !

En même temps qu’était créée cette industrie, le gouvernement imposait le chauffage à l’électricité dans les immeubles collectifs neufs et créait le TGV pour concurrencer l’avion, trop pénalisant en pétrole. Il a donc fait apparaître deux industries, le nucléaires et le TGV à vocation interne mais aussi d’exportation. Quelques soient les erreurs de Giscard, Chirac et Barre, principalement sociétales et fiscales, la croissance s’est maintenue jusqu’en 1980 sans augmentation monstrueuse de la dette.  En réduisant la facture pétrolière, ils ont réduit de surcroit et considérablement l’empreinte carbone de la France qui depuis a toujours été meilleure que celle des autres.

Pourquoi ne pas, en-effet, imaginer que sous l’effet d’un volontarisme souverain la France se lance à nouveau dans une grande aventure industrielle dans les énergies « vertes », à commencer par les batteries, les voitures électriques, les éoliennes, les chaudières créant de la chaleur et du froid sans prélever de gaz ou de pétrole, les panneaux photovoltaïques, des moteurs d’avion non polluants etc. ? Et que nous puissions, grâce à ce mouvement magnifique, conquérir le monde et créer des millions d’emplois avec un bilan carbone positif (moins d’énergie fossile à effet de serre, non reproductible, consommée dans le processus de production que d’économies produites) !

Ce rêve se heurte malheureusement à la terrible réalité qui s’est imposée avec l’arrivée de Mitterrand et la destruction radicale de la compétitivité française par ses gouvernements socialistes et ceux qui se sont succédé depuis et notamment par ceux de Rocard et de Jospin qui ont, circonstance aggravante, détruit le pays en phase de haute conjoncture internationale. Encore bravo ! Les gouvernements de Hollande ont aggravé l’état d’un pays économiquement grabataire. Les errements du « narratif » du Président Macron, cette espèce de chanson de geste qu’il nous impose et qui n’a aucun rapport avec les réalités, ne font hélas rien pour améliorer réellement les choses, en éludant ou compliquant systématiquement les réformes radicales nécessaires. Ce garçon imaginatif et malade de théâtre (d’ombres), fait marcher la France à côté de ses pompes.

La France présente un formidable spectacle, aujourd’hui : des millions de chômeurs, bientôt trois mille milliards de dettes, des déficits monstrueux dans tous les domaines, une société étrillée et disjointe. La lourdeur fiscale en France est unique dans le monde développé.

Surtout, cette France massacrée n’est plus souveraine. A force de se voir comme un camaïeu de territoires destinés à se fondre définitivement dans une Union européenne mythifiée, la France est ligotée dans une réglementation et une procédure de gouvernance qui ne lui permettent plus d’investir de façon autonome dans des industries d’intérêt national en se protégeant du monde extérieur. A 26 membres, si on considère le Brexit comme fait et sans conséquences, aucune décision du type de celles prises au début des années 70 en France n’est plus possible. S’étant lancée, pour contrer le Covid, dans la gabegie infâme de 500 milliards de dépenses publiques à fonds perdus, elle n’a plus réellement de ressources pour investir seule dans quoi que ce soit.

La France n’est plus compétitive et ce qu’a montré l’affaire des masques, c’est que la production nationale triomphe jusqu’au moment où la production chinoise se remet en route. Quand on parle de production « nationale », il faut bien voir qu’étrillée dans le cadre de la zone Euro comme dans celui de la mondialisation financière effrénée et déséquilibrée, la France a été privée de ses anciens grands groupes devenus presqu’exclusivement des sociétés apatrides dont les plus françaises n’ont guère plus de 40% de capitaux détenus par des Français.

Ce qu’a montré l’histoire des trente dernières années, c’est l’abandon de l’industrie française, la montée d’une énarchie sans limite, avec un ensevelissement de toutes les activités dans des normes et réglementations absurdes, tentaculaires et « indémerdables », la destruction de la société dite « bourgeoise » et son dynamisme,  l’épanouissement d’un socialisme étouffant et bureaucratique qui pousse nombre de salariés à faire ce qui veulent et à peine plus, les déséquilibres monstrueux partout, l’accablement fiscal et la cession de nos prérogatives à l’Europe.  Dès lors on ne peut même plus rêver de conserver efficacité et compétitivité. Le secteur électronucléaire est en état de mort cérébrale. Nos constructeurs automobiles résistent par leurs usines extérieures. Le TGV est un échec commercial international quasiment complet et un gouffre en France. Airbus a été donné aux Allemands et se trouve dans une situation tragique. Notre aviation souffre comme jamais. Reste le luxe et le tourisme… si jamais le corona virus le veut bien.  

N’oublions pas que, de 1980 à 2020, le revenu moyen français a stagné. Il n’y a plus eu de croissance depuis 40 ans. Merci Mitterrand et ses continuateurs ! Merci les Enarques compassionnels qui se succèdent à la tête fusionnée de l’Etat et des instances politiques, tout en cédant leurs prérogatives en masse à des institutions étrangères et en acceptant une organisation économique et financière, notamment de change, totalement désastreuse. La baisse cette fois-ci de plus de 20% de l’activité sur un semestre au premier semestre 2020 n’a montré aucun impact sur le réchauffement et la pollution générale.  Tout le monde sait qu’on baisserait de 50% cela n’aurait toujours pas d’impact. Mais toutes les énergies se mobilisent pour tuer un peu plus l’économie et rendre la situation effarante, avec des sophismes déroutants de sottise et d’inculture économique, comme cette idée qu’il suffit que cela coûte plus cher pour que cela crée plus d’emplois.

Alors il faut le constater avec tristesse, il n’y a strictement aucune chance que, dans le cadre actuel, se développent des industries françaises majeures capables comme en 1974 de créer des productions correspondant aux exigences nouvelles de la situation.

De tous les produits concernés, les éoliennes sont certainement ceux qui auront le plus de difficultés à s’imposer comme grande industrie nationale. Le projet éolien en France est une catastrophe tous azimuts. Etant passé il y a quelques heures devant le parc éolien situé autour des Gouvets dans l’arrière-pays du Mont Saint Michel, il était facile de constater que la douzaine d’entre elles, visibles ,étaient à l’arrêt ! L’aspect esthétique est navrant. L’efficacité écologique est douteuse : plusieurs livres et études ont démontré que le bilan carbone du cycle de l’éolienne était négatif ! En gros plus on crée d’éoliennes, plus on aggrave le bilan carbone de la terre !  Le mécanisme financier mis en place est une ruine pour l’Etat français et pour le contribuable qui achète une énergie trop chère le plus souvent à un moment où il n’en a pas besoin, sans pouvoir rétroagir le moins du monde. Et les paysages sont dévastés.   

La seule voie raisonnable semble se trouver vers la construction d’énormes fermes éoliennes marines qui cumulent puissance et coûts tolérables. On parle désormais d’atteindre 50 Euros le Kwh, malheureusement sans préciser s’il s’agit d’un Kwh utile ou s’il est largement perdu faute de pouvoir l’utiliser au moment où il est produit ou de savoir le stocker. L’ensemble du cycle économique de l’énergie éolienne ne se retrouve pas dans le chiffre de 50 Euros par Kwh. Tous les coûts de distribution manquent. Et une bonne partie des coûts de fabrication, engagés à l’étranger.

Presque tous les parcs européens sont fournis par Siemens-Gamesa qui s’appuie sur des produits chinois.  Les Français dans cette affaire font surtout les travaux en béton en mer ou les différents appareillages pour tenir les éoliennes non implantées dans le sol. Et en partie le montage, quand il n’est pas sous-traité à des étrangers.  La pression sur les coûts et la contrainte de temps fixée arbitrairement imposent le recours massif à la Chine ! La France monte et assemble les produits des autres et la Commission Européenne interdirait à la France de contrer Siemens Gamesa s’il elle décidait de le faire. L’impact écologique des productions chinoises et du transport vers l’Europe est introuvable dans les rapports accessibles.  La valeur ajoutée sérieuse est en Chine avec une bonne partie de la technologie. 

Autre ennui, l’impact des énormes fermes en mer sur le milieu naturel est l’objet de nombreuses interrogations. Leur résistance, dans les conditions marines, à 20 ans, n’est pas claire. La coexistence des activités littorales sur la première bande côtière n’est pas vraiment maîtrisée. On est encore beaucoup dans la Com’.

La méthode qui consiste à se donner des objectifs quantitatifs dans un délai court est anti-économique et antifrançaise. Il faut garder de la souplesse pour faire face aux aléas techniques et économiques. Et cesser les financements publics. Cela fait maintenant de très nombreuses années que des fermes marines d’énergie sont installées. Il est temps qu’elles deviennent rentables.  Rien n’est totalement maîtrisé dès que l’on parle d’assurer les besoins réels des consommateurs, c’est-à-dire de fournir de l’électricité au moment où il en a besoin. Aucune des problématiques de stockage de masse n’est totalement intégrée dans le calcul économique ni ce qu’on devra faire lorsqu’on sera en déficit de production, après avoir détruit l’électronucléaire par idéologie. On nage dans l’approximatif.

Rappelons que le prix du Kwh électrique pour le consommateur français est 0.1506 € TTC, soit un peu moins du tiers du coût de production de l’éolien en mer et que ce dernier doit encore être distribué et couvrir de nouveaux coûts. Le fuel domestique fournit pour sa part du KWH à 0.101€. Mme Pompili vient d’interdire de s’en doter après 2020.  La facture énergétique des Français pour leur usage final va donc exploser. L’impact sur la baisse éventuelle du réchauffement climatique moyen ne sera pas appréciable en millièmes de degré.  Mme Pompili n’a même pas tenté de le faire calculer. On ruine les Français par vertu écolo et surtout carriérisme politicien en s’aveuglant volontairement.

La France mène en matière d’éolienne, une stratégie de dépense effarante sans aucune création de filière industrielle et sans aucun impact sur le réchauffement climatique. Il est malheureusement certain que dans le cadre actuel, et avec les mentalités nouvelles que les réseaux sociaux stimulent, il ne peut pas en être autrement. Comme pour les masques, les objectifs globaux, dans l’état d’impécuniosité du pays, consiste à importer, en creusant nos déficits, pendant que les excédents allemands et chinois, déjà totalement anormaux, enflent sans mesure. Cela ne trouble personne alors que des telles dérives sont censément interdites par des traités internationaux abandonnés de facto.

Il n’y a aucun bénéfice à attendre, quelque soit le point de vue auquel on s’attache, de cette politique de curetons cinglés de la pureté écolo, saisis par la débauche démagogique du politiquement correct outrancier, politique qui est reprise avec gourmandise par l’Enarchie Compassionnelle pour justifier la perpétuation de son emprise.   

La ruine des Français est au bout du chemin. Pas une belle industrie des éoliennes et encore moins la fin du réchauffement climatique.

La farce du "Ségur de la santé"

Combattre furieusement l'idée d'agences départementales de santé

Lorsqu’une réforme de l’Etat est rendue nécessaire par un constat affligeant de carence ou d’abus administratifs, on confie le travail à ceux-là mêmes qui ont créé la situation. Il devient certain que rien ne changera vraiment et que, pire, le résultat sera une aggravation bureaucratique. Il faut toujours chercher dans les plans proposés, dont malheureusement la presse n’est saisie que de la partie émergée, la mesure clé qui permettra le tour de passe-passe. Elle est en général noyée dans un flot de bonnes intentions et conforme à l’idée de manœuvre qui plaît sur le moment. Quelques années plus tard seulement on découvre que la réforme a aggravé sensiblement la bureaucratie.

Les ARH puis les ARS avaient témoigné de ce mécanisme. Comme on l’a vu le Ministère de la santé cumule désormais près de 10 000 fonctionnaires, à 80% femmes catégorie A, ET à l’échelon central ET à l’échelon régional. Les hauts fonctionnaires avec le plan Juppé avaient réussi à détruire définitivement le pouvoir médical, liquider les « Mandarins » au nom d’une bonne gestion des « soignants », et à créer des milliers de postes de fonctionnaires très bien rémunérés à s’agiter et contraindre, sans aucune capacité médicale.

La grande question du Ségur était de savoir si on allait s’attaquer réellement à ce détournement de pouvoir, d’argent, de temps, d’efficacité. Nous avons la réponse. Non seulement on ne touche à rien mais on pense à tripler le système en créant des ADS, des agences départementales de la santé, « plus proche des réalités et répondant à la demande de plus de décentralisation ». Tous les ministres des finances savent qu’il faut éviter absolument de départementaliser une administration, parce que le multiplicateur est effarant : il y a 101 départements. Il faut un chef, et des sous-chefs par secteurs, des locaux, des ordinateurs, des employés, etc. Un foyer parkinsonien effarant et incontrôlable, chaque budget complétant la dotation départementale.

Comme pour la décentralisation régionale, qui n’a pas vu de baisse significative des effectifs centraux, mais une simple stagnation, la décentralisation départementale ne fera en rien baisser les effectifs des ARS. Mais on va recruter 5.000, puis X.000 personnes de plus pour doter les départements ! Pour les évaluations, prendre l’exemple du ministère de l’environnement dont la départementalisation a conduit à la création de dizaines de milliers de postes de fonctionnaires locaux. Les effectifs totaux doivent aujourd’hui frôler les 57.000, partant de zéro, auxquels il faut ajouter ceux des dépendances directes des régions et des municipalités, des personnels de l’administration du littoral etc.

Dans 20 ans, à la prochaine crise, on se demandera comment on a pu laisser faire une pareille sottise. Mais ce sera trop tard : les fonctionnaires ne peuvent pas être licenciés. L’emploi à vie signifie l’erreur d’organisation administrative à vie.

Il faut donc s’élever furieusement contre les projets de d’agences départementales de la santé et exiger que l’on démantèle les ARS en supprimant les textes qui ont imposé de créer tellement de postes de bureaucrates, et en reclassant les fonctionnaires ailleurs ou en leur proposant une prime pour quitter la fonction publique.   

Comme la représentation nationale est peuplée de fonctionnaires et l’Etat dirigé par un Président et un Premier Ministre énarques que la presse dépend des subventions d’Etat, que les journalistes se veulent « de gauche » donc pro-fonctionnaire, que les partis d’opposition n’ont plus de têtes et encore moins d’opinions fermes, ce « combat furieux » n’aura pas lieu et le pays sera couillonné comme devant, dans le silence total des médias. Et son système de santé finira ruiné un peu plus. Et les finances nationales ruinées un peu plus. La santé n’a pas de prix mais les fonctionnaires inutiles en ont un. Inutile ? Mais oui. Il faut savoir qu’une ARS, comme la majorité des services de la fonction publique,  travaille largement pour elle-même, en cycle fermé. Si le lecteur veut s’en convaincre, qu’il lise le compte-rendu des réunions avec les syndicats. Il sera édifié. Il n’y a aucun « populisme » à ce constat. Juste un peu de lecture !

Lorsqu’un débat aura lieu et qu’une personne raisonnable pensera qu’il faut réduire la dépense publique de santé,  le pseudo journaliste perroquet chargé de l’interview dira : « Vous voulez encore vous en prendre aux infirmières. La leçon du Covid ne vous a pas éclairé ? ». Cette personne raisonnable ne saura rien répondre comme d’habitude parce qu’elle ne connait pas la réalité administrative qui est généralement sinon cachée du moins assez difficile à reconstituer. S’il vient à éructer : « mais nous avons autant de fonctionnaires au ministère de la santé, de fonctionnaires dans les ARS, de fonctionnaires dans le ADS que de médecins généralistes, ce n’est pas possible », le journaliste détournera le débat en protestant qu’il devient trop technique et que cette manie de mettre en cause les fonctionnaires est du pur populisme.

C’est comme cela que fonctionne la France, sous domination de la haute fonction publique depuis 1974 et le couple Giscard-Chirac. La première réforme du système de santé français à mettre en œuvre, c’est la séparation entre la haute fonction publique et la politique,  interdisant toute carrière politique à un Enarque sauf s’il a démissionné de son statut, et en ôtant les réformes organisationnelles des mains des bénéficiaires eux-mêmes de l’organisation fautive.  

La France peut-elle redémarrer ? Le poids des tares anciennes

Comme la France, devenue impuissante, se refuse à émettre officiellement un diagnostic officiel de ce qui entrave gravement sa prospérité, les meilleurs se contentant de présenter des synthèses plus ou moins complètes des résultats consternants qui découragent les Français et démonétise le pays, le débat sur les causes récurrentes de nos tourments est évacué et ne permet aucune action correctrice.  

Pour beaucoup, la crise sanitaire a créé une situation nouvelle qui rend caduque toutes les analyses anciennes des causes des difficultés. Inutile de faire revivre d’anciens débats : Projetons-nous radicalement dans la nouvelle situation. Cette posture est au mieux candide. Les forces qui ont fait sombrer le pays depuis 1971 sont connues et restent actives. Mieux vaut rappeler qu’elles sévissent toujours.

La première tare, la plus grave, est le caractère désastreux du système de changes flottants mis en place par les Accords de Kingston après l’abandon du système de Bretton Woods de facto en été 1971. Pourquoi est-il désastreux ? Parce qu’il a permis aux Etats-Unis de creuser leurs déficits et d’inonder à volonté le monde de dollars ne correspondant à rien et que réciproquement, il a autorisé d’autres pays à accumuler d’énormes excédents dont le recyclage a créé la double hélice de crédits donc de dettes que Jacques Rueff a si magnifiquement dénoncée. Il en est résulté des crises financières à répétition et un gonflement inédit des dettes alimentant une spéculation financière effrénée. En acceptant la Chine dans le jeu des échanges mondiaux, la situation a dévié dans des proportions irrattrapables. La création d’une monnaie unique en Europe, qui elle non plus ne permet plus l’ajustement des balances de paiements et creusent les déficits en les pérennisant, a encore aggravé les choses. Tout est désormais déséquilibré dans les échanges mondiaux.  La réforme des systèmes monétaires internationaux défectueux n’est sur aucun « agenda ».

Le Sars-cov-2 dans cette affaire n’a rien arrangé, même si les échanges réels ont spectaculairement baissé, les déséquilibres ont continué à se creuser avec les conséquences habituelles. Les montants atteignent maintenant des sommets improbables qui nous mènent dans des terres inexplorées.

A côté de cette cause externe, cruciale pour comprendre l’évolution de l’économie depuis 50 ans, il faut citer une cause propre à la France que nous appelons l’Enarchie Compassionnelle. La France est dirigée par une classe de hauts fonctionnaires interchangeables qui a développé sa propre idéologie et ses propres pratiques, qui lui assurent un pouvoir exclusif sur les rouages de la décision publique. Giscard, Chirac, Hollande, Macron, comme présidents, Chirac, Fabius, Rocard, Juppé, Jospin, Villepin, Philippe, Castex, comme premiers ministres, n’ont laissé que des miettes aux hommes politiques non issus d’un corps de haut-fonctionnaires.  On compte les non-fonctionnaires sur les doigts d’une main Cresson, Bérégovoy, Raffarin, Fillon, Valls, si on laisse de côté Caseneuve qui a fait un court intérim.  Ayrault comme Bérégovoy ou Barre étant des enseignants. Au total les périodes où il n’y a pas eu un énarque ou président ou premier ministre sont ridiculement courtes, la plus longue étant la période de Sarkozy-Fillon. La haute fonction publique ne l’a pas pardonnée et a lancé des attaques féroces via les juges pour que cela ne se reproduise plus. L’un et l’autre ont été disqualifiés par une course à l’inculpation judiciaire tout à fait remarquable. Bérégovoy est mort. Valls est parti en Espagne tenter sa chance. Cresson n’a fait qu’un tour de piste. Raffarin n’a pas imprimé, tellement il était encadré et sans pouvoir ni envie de l’exercer.  

Soyons clairs : la haute fonction publique tient à la fois l’administration et le politique, et il est impossible de vaincre ce mammouth qui tient seul la barre. Depuis que les décisions stratégiques ont été laissé à l’Europe, que l’alignement pro américain est quasi-total, et que le droit a été concédé à des instances juridiques nationales et surtout internationales, la politique de cette caste est d’arbitrer uniquement les questions étroitement nationales. Arbitrer pour elle, c’est arroser et réglementer et taxer. La France est sur administrée par une administration obèse qui a réussi à faire du pays le leader mondial des impôts et de la dépense publique, dans un cadre réglementaire totalement étouffant.

La crise sanitaire a révélé un système de santé dominé par une bureaucratie centrale et régionale écrasante, ayant ses objectifs propres et incapables de réagir rapidement et de façon ordonnée. Près de 10.000 fonctionnaires centraux, la même chose dans les Agences régionales de santé, à 80% femmes fonctionnaires de catégorie A, est-ce bien utile ? Une entreprise de 20.000 employés disposant des mêmes rémunérations devrait faire au moins 10 milliards de chiffres d’affaires hors taxe ! Avec 100.000 personnes moins bien payées Sanofi fait plus de 50 milliards de CA.

Tout le monde a pu vérifier que l’information était totalement aux ordres. Et on a glorifié les « soignants ».  Hou les vilains mandarins !  Désormais, il y a « la science », en fait les labos, et les fonctionnaires de la recherche médicale publique, et les syndicats, représentants des soignants. Les médecins ? Connais-pas !  

Cette caste ne sait pas porter une cause internationale forte, comme par exemple la réforme des systèmes monétaires. Elle est surtout soucieuse de n’avoir pas d’ennuis avec les fonctionnaires qui font à peu près ce qui veulent en s’appuyant sur des syndicats qui savent qu’ils gagnent tout ce qu’ils veulent.  L’énarchie a tué l’enseignement, la médecine, l’industrie, les arts et les lettres. Elle laisse faire sur toutes les questions de sociétés. L’immigration n’est pas pour elle un problème.

L’important, c’est de perdurer en cachant ce qu’il faut cacher de la réalité pour ne pas avoir trop de réactions.

Le système Macron est caricatural. Avoir engagé près de 650 milliards de dettes, pour une valeur ajoutée des entreprises privées non financière autour de 1100 milliards probable en 2020, est totalement déraisonnable.  On va vers 3.000 milliards d’euros de dettes à fin 2021, ce qui est ingérable.  

Nous l’avons répété à plusieurs reprises sur ce blog, il fallait mettre tous les Français hors activité à 60% de leur revenu normal pendant le confinement, fonctionnaires, chômeurs et retraités inclus. Il était totalement inutile de faire des prêts irrécouvrables aux pays d’Europe du sud en difficulté.   Et répéter indéfiniment que la seule solution était désormais de travailler, travailler, travailler, pour récupérer des ressources et couvrir les besoins qui ne pourront plus l’être en comptant sur les marchandises à bas prix de la Chine et de l’Inde. Il fallait immédiatement passer aux 40 heures, aux 5 semaines de congés, et à la retraite à 66 ans, tout en réduisant les frais généraux de la nation, notamment en encadrant fermement les dépenses des régions, voir en supprimant cet échelon parfaitement inutile.

Les vraies urgences consistent aujourd’hui en matière constitutionnelle à  remettre l’explicitation des droits de l’homme in fine entre les mains du peuple, en indiquant comme en Allemagne qu’il n’y a rien au-dessus du peuple et du Conseil Constitutionnel français, et en refusant le coup d’état des juges de la CEDH et de la Cour de Justice qui prétendent élaborer la loi en fonction de principes généraux.  De même il faut interdire à tout fonctionnaire la possibilité d’être élu dans une assemblée qui fixe son statut et ses conditions d’existence. Il faut interdire toute rémunération multiple d’argent public. Cumuler les salaires et indemnités publics est scandaleux.

Pour le reste il faut retrouver une diplomatie propre, permettant notamment de remettre en cause les systèmes monétaires dysfonctionnels. Ce qui suppose un peu de travail et de courage. Et repenser la politique démographique, loufoque et dangereuse en France.

Au lieu de cela, Emmanuel Macron s’est lancé dans une fuite en avant politicienne et électoraliste, basée sur une dette débridée et l’absence de toute décision courageuse. La France le paiera cher.

La France peut-elle redémarrer ? L’empêchement écologique.

Pendant longtemps le genre humain a été présenté comme une ruche industrieuse, où la multiplicité des rôles, des mouvements, des actions illustrait la caractéristique dominante. L’humanité se vit d’échanges, de travail, de mouvement. L’immobilité, c’est la mort. Comme pour les abeilles. Pendant longtemps l’homme a cru que son destin était d’organiser une société plus protégée, plus prospère et plus pimpante. On révérait la nature mais on pensait à l’embellir. Elle offrait des défis que l’on songeait à relever. L’humanité mettait en avant ses grands hommes, c’est-à-dire ceux qui par leur travail ou leur génie, l’avaient fait progresser. Pendant deux siècles, l’homme occidental a fait une percée étonnante et il est parvenu à vaincre bien des maladies, presque partout la misère, tout en créant des villes magnifiques et en portant au sommet bien des formes d’art. Il a même réussi à mettre à bas les régimes totalitaires que la massification, la technologie et la communication avaient rendus possibles et tentants.

Voilà que la volonté de beauté, d’industrie, de bien vivre s’efface au nom d’une prétention scientifique nommée écologie dont le mantra est qu’il faut gazer la ruche, pour sauver la terre.

L’effort millénaire pour rendre la vie humaine plus propre, plus saine, plus belle s’effondre au nom d’une prétention terrible à sauver la terre du réchauffement climatique, considéré comme le fruit de l’industrie et du mouvement, et porteur de catastrophes d’autant plus terrifiantes qu’elles sont réputées presque définitives.

Il faut non seulement calmer l’hubris de l’humanité mais entrer dans une pénitence phénoménale et d’efficacité incertaine. Il ne faut pas changer un peu mais totalement, radicalement. Il ne faut pas s’appauvrir un peu mais radicalement voire totalement.

Toute activité humaine demande de l’énergie. Si on interdit l’accès à l’énergie alors il n’y a plus d’entreprise possible. Toute activité humaine demande de la mobilité. Si on interdit la mobilité, alors il n’y a plus de vie améliorée possible.  Energie et mobilité sont les moteurs de l’humanité qui progresse et qui prospère.

L’alternative est entre deux philosophies de l’action publique.

La première réduit la pollution en améliorant la productivité. La productivité est la capacité de réduire les intrants et les déchets dans un processus de production et de distribution. La production est toujours une transformation. Elle n’est possible que si la matière première est disponible et elle produit toujours des déchets c’est-à-dire des rejets encombrants ou dangereux.  La matière qui devient rare devient cher et les rejets doivent être intégrés dans la chaîne de valeur à leur coût réel (c’est-à-dire au prix de ce qui permet de les rendre supportables dans la durée).  Les prix orientent la demande vers un optimum de satisfaction qui en assure la conformité aux désirs individuels et aux possibilités durables.

La seconde, plus que janséniste, considère que la consommation est un péché contre la nature et qu’il faut sanctionner le consommateur en l’entravant. Qu’importe que l’action entreprise n’a aucun effet mesurable sur le réchauffement climatique, elle est un devoir moral. Bien sûr la pauvreté devenant générale, il faut s’attaquer aux riches pour qu’ils paient tant qu’ils le peuvent. Après on verra. Le Vert est toujours rouge à l’intérieur. La décroissance rapide implique la solidarité dans la pauvreté et une forme de communisme frugal, dans le cadre de phalanstères à imaginer. En attendant il s’agit de donner toujours plus au pauvre qui ne pollue pas par principe et moins aux riches qui tuent la planète. Oublions la contradiction qui n’est qu’apparente : il faut bien prendre le pouvoir. Quand on l’aura, on gazera la ruche et on verra bien.

La difficulté est que la mode est à la seconde philosophie, la plus destructrice de prospérité et d’humanité. Et que l’élection amène de plus en plus de politiciens saisis par le démon du bien fantasmé.

Prenons Paris. Tout le monde l’a compris, pendant les six ans qui viennent, le monde comptera environ 300 villes de la taille de Paris de plus et dans des pays où l’effort écologique est quasi nul. On raserait Paris, pour en faire des herbages et des forêts, que l’effet sur le niveau du réchauffement de la planète serait exactement nul.  La coalition qui dirige la ville depuis 20 ans et pour six nouvelles années détruit la circulation automobile. Elle a converti une bonne partie des automobilistes aux deux- roues motorisés. L’effet sur la pollution a été nul. Elle a interdit des voies en laissant d’autres devenir saturées. Le report de pollution a été acté, pas sa suppression. Maintenant elle passe à la phase suivante : rendre réellement impossible la circulation automobile en tentant de mettre tout le monde à vélo. Aucun calcul n’a été présenté de l’effet sur le réchauffement climatique.

Heureusement, car ce serait une perte de temps. Il est absolument nul. On réduit donc la prospérité, l’activité et le travail de la population pour exactement aucun résultat sinon de rendre fou une bonne partie de la population. Les conséquences sont parfaitement claires : si la mairie arrive à tuer la mobilité automobile, alors l’essentiel de l’activité disparaîtra de Paris (un mouvement qui a commencé et qui s’accélère, la ville ayant déjà perdu près de 500.000 habitants depuis le pic de population et en perdant 30 à 50 mille chaque année. En 2026, après l’interdiction de certains modèles de voitures et les règles drastiques d’isolation des logements, ruineuses, on sera sans doute à moins de 1.800.000 habitants).

Ce qui est vrai pour Paris l’est pour la France entière. Depuis 1980, on constate que le niveau de vie moyen en France a stagné. Aucune croissance en quarante ans. Cette exemplarité devrait nous valoir des résultats formidables. Personne ne les a jamais vus. La stagnation ne suffit pas à faire apparaître quelques résultats que ce soit. Jusqu’à quelle décroissance faudrait-il se laisser aller pour voir poindre un effet mesurable ?

La crise sanitaire nous donne une bonne indication. Une baisse de près de 35% de la production sur six mois  a-t-elle provoqué la promotion de résultats mesurables, au-delà des belles photos de canards revenant sur la place San Marco, ou les photos nettes de bâtiments souvent voilés jusqu’ici par la pollution atmosphérique. La réponse est nette et sans bavures : l’effet a été nul. « Cela ne suffit pas » annonce un article scientifique récent solidement étayé. De même que la destruction de Paris ne suffirait pas, la disparition de toute l’activité française ne suffirait pas non plus à faire bouger les statistiques de réchauffement climatique. Il n’y a pas de niveau de décroissance capable de faire apparaître en France un effet mesurable sur le réchauffement climatique.

La France peut-elle redémarrer ? Nous avons maintenant la réponse. Le redémarrage est impossible si on s’enferme dans l’impasse proposée par les écologistes politiques. On ne mourra même pas guéri. Ne gazons pas la ruche en espérant avoir un miel durable et de meilleure qualité.

La France peut-elle redémarrer ? Une vue d'en-bas.

La France se découvre ruinée, avec une économie disloquée. Le Covid n’a fait qu’accuser les béances. Le nouveau gouvernement parle de relancer l’industrie et de faire passer le local avant l’international. Pour cela il faudrait être compétitif. Mais pourquoi diable ne le sommes-nous pas ? Pas de solutions sans une analyse des causes. Evidemment le débat est esquivé.

La petite histoire que nous allons raconter est une histoire vraie qui date d’un peu plus de deux ans. Elle témoigne mieux que toute analyse microéconomique savante des causes profondes, au plus près des PME, des difficultés françaises.

Cet entrepreneur est spécialisé dans la menuiserie métallique. Il possède deux entreprises. L’une en proche banlieue tient boutique et fournit les particuliers et les artisans. Elle gère un stock et salarie six personnes. L’autre est en banlieue plus lointaine et fabrique des profilés et des solutions clés en main. Elle alimente la boutique en fonction des demandes enregistrées.

Un jour la mairie, prise d’une frénésie verte, qui a beaucoup d’analogie avec la diarrhée de même couleur, change la voirie. A gauche une voie de bus et taxis et à droite une double voie de vélos. Plus de voiture ; plus de camionnettes. Impossible de livrer le magasin ou pour les clients de venir retirer leurs commandes. Naturellement la mairie n’a fait aucune étude d’impact. « Il faut en finir avec la dictature du moteur et sauver la planète » a hystérisé l’adjointe aux « modes de déplacements pacifiés ». « Comment est-ce que je livre mon magasin et mes clients » est venu demander l'entrepreneur. Réponse : « Les intérêts particuliers doivent céder devant l’intérêt général. Il faut savoir dans quelle société et dans quel monde nous voulons vivre ».

L’entrepreneur ne peut que quitter les lieux. Il propose à ses salariés de venir travailler au siège de sa seconde entreprise. Deux acceptent immédiatement. Les trois autres refusent et pour mettre la pression font venir l’inspection du travail. Il constate que le magasin n’a pas de toilettes pour hommes, pour femmes et pour handicapés. Les transgenres n'ont pas encore le droit à un trîone ad hoc ! Constat : si on respecte les normes, il ne reste pas 10 m2 dans le magasin pour travailler. Et les handicapés ne sont pas artisans en menuiserie métallique en général. Amende. L’un des salariés veut une indemnité de licenciement de 70.000 euros. Il avait été trois ans en arrêt maladie payé par l’entreprise et n’était revenu que depuis trois mois ! On sait que cette règle de paiement indéfini des absents pour longues maladie est une des filières d’escroquerie salariale les plus fréquentes et a causé bien des drames. Pour soutenir son combat, il se plaint à l’inspecteur du travail de n’avoir eu aucun de vêtements et chaussures exigés par les normes. Il faut à l’entrepreneur retrouver le reçu qui prouve qu’il a donné l’argent nécessaire au salarié qui en fait l’a encaissé et n’a jamais acheté lesdites affaires.  La secrétaire prétend qu’elle est employée comme réceptionniste et non comme secrétaire et exige une indemnité compensatrice. Voyant qu’elle n’arrive à rien elle se met en arrêt maladie.

L’entrepreneur dépose le bilan de l’entreprise engluée après avoir récupéré le stock et laisse dans la cour une camionnette âgée et  en panne qu’il aurait fallu mettre à la casse à grands frais. Un liquidateur est nommé. Finalement la faillite coutera plus de 300.000 euros à l’état. Les trois salariés se retrouvent au chômage. Ajoutez les coôts d'indemnités sur deux ans pour avoir la facture de l'Etat.  L’escroc qui ne payait pas son loyer a fini par être expulsé. En fin de droit il est à la rue. Les deux autres cherchent aussi du travail…deux ans plus tard.

Les deux salariés qui ont accepté de bouger se mettent sous statut d’entrepreneur individuel et reçoivent chacun une prime de plusieurs dizaines milliers d’euros de création d’entreprise. Ils font le même travail qu’avant avec leur ancien patron. Mais chacun a retrouvé de la souplesse. Et l’Etat s’est montré généreux.

L’ennui est que le dépôt, plus lointain est moins fréquenté. Pour intervenir à Paris, grâce à Mme Hidalgo, c’est plus long et plus cher. L’entrepreneur a ouvert un nouveau dépôt en périphérie d’un ville moyenne de province. Il espère que cela compensera sa perte de chiffre d’affaire.

Le magasin est tjours vide deux ans après. La mairie s'active pour obtenir des fonds de l'Etat eet de la région dans le cadre de la "reconquête des centres villes". Elle songe à racheter les lieux pour en faire un local  mis gratuitement à disposition des innombrables associations qui lui servent à nourrir des copains et des agents électoraux.

Au total, le coût pour l'Eat dépassera certainement les 500.000 Euros, alors que l'entreprise disparue faisait à peu près ce chiffre d'affaire et versait des sommes importantes en impôts et taxes de toute nature. Si on tient compte disons de 5 ans d'activité perdue et coûts d'entretien du local, la perte dépasse le million d'euros. Et hop ! Pour être complet il faudrait ajouter les tourments des autres magasins de la rue et le coût de réfection de la chaussée. Chômage, impôts, dettes, pour dix vélos à l'heure dans la rue concernée. "On  s'en fout on a été réélu", avec une abstention de 65% et 12.5% des inscrits !

Et le Covid est arrivé. L’entrepreneur a été réactif. Il s’est lancé dans toute la France dans la mise en place d’hygiaphones et des séparations. Il a fallu négocier près de trois semaines pour obtenir le droit de circuler partout en France. Certains salariés ont exigé d’être mis au chômage partiel à ne rien faire alors que l’entreprise croulait sous les demandes. Il a fallu passer contrat avec une entreprise d’ex-Yougoslaves pour avoir des ouvriers détachés spécialisés. 

L’entrepreneur a fini par licencier deux salariés « qui ne voulaient pas risquer leur vie pour le profit du patron ». Il continue avec ses travailleurs détachés. L’affaire est aux prud’hommes.

Mitterrand et les socialistes ont donné le pouvoir aux salariés de dire non à tout. Ils en abusent et ne se rendent pas compte qu’au bout du chemin ils sont perdants. Les lois ont rendu intolérablement complexe presque tout. Les mairies prises par le prurit verts tuent l’activité sans même s’en soucier.

Les relations entre citoyens, élus et fonctionnaires sont devenues également impossibles.

L’entrepreneur est pris dans des relations conflictuelles artificielles à tout moment en interne ou en externe. Pour survivre il est obligé à se mettre lui-même dans une situation de combat et de jouer les défauts des lois.  A la fin tout le monde tire sur la ficelle.

Les deux victimes : l’état, sollicité de toute part et l’emploi national. Des histoires comme celle qui vient d’être racontées, il y en a des milliers chaque année en France. Pas des dizaines, des milliers. Certaines tournent très mal. Avec des suicides de patrons et salariés (jamais de fonctionnaires ni d’élus locaux) et des violences inédites. Les nouvelles lois en faveur des minorités compliquent encore les choses. Dès le début d’un conflit, on parle viol ou racisme. Gérer une entreprise devient insupportable. Les juges prennent toujours le parti des salariés ou de l’état. Tout est devenu pénal.

Et dès que l’entreprise gagne un peu d’argent le fisc se radine et les syndicats se mettent en branle (si l’entreprise a plus de 20 salariés). 

Pendant longtemps, les mairies étaient plutôt favorables aux entreprises. L’arrivée des Verts et des hystériques de l’écologie a tout changé. A Paris les artisans ne peuvent plus travailler ! Les magasins et restaurants sont restreints à une zone de chalandise piétonnière et périclitent. On ne va au théâtre à vélo.

Avec le Covid, la société est sortie en état de léthargie. Plus personne ne veut travailler.

Naturellement, cet état des lieux ne sera jamais fait. La démagogie du droit de retrait et du « je fais ce que veux et pas ce que tu veux, infect patron !» est partout à l’œuvre. La vague de démagogues nouveaux ou la confirmation électorale des étouffeurs municipaux traditionnels comme à Paris annoncent encore plus de difficulté pour ceux qui veulent entreprendre et créer de la richesse.

Alors on parlera de relocalisation et bablabla. Mais rien ne sera fait pour reconstruire une base entrepreneuriale solide. Faisons confiance à nos Enarques, qui se veulent les arbitres des élégances sociales et qui ne cessent de créer des normes intolérables et ingérables, creuser les déficits et empêcher la prospérité.   

Quelques leçons de la plonge dans les restaurants parisiens

En cette période de contestation de la « mâle blanchitude », les questions les plus saugrenues prennent le pas sur des sujets plus graves. Le symbole de notre société raciste et dure aux immigrés serait le fait avéré, et que tout le monde pourra vérifier à nouveau quand les restaurants parisiens reprendront une activité normale, que la plonge est effectuée à Paris de façon fréquente par des personnel « de couleur ».

Du coup de savantes discussions télévisées cherchent à comprendre pourquoi mais rate presque toujours l’essentiel.  

Depuis toujours Paris est une zone d’immigration, le « parisien de souche » étant une espèce très rare. Les métiers du bas de l’échelle ont toujours été pourvus par de nouveaux arrivants.

La domesticité féminine a été longtemps fournie par l’exode rural français, à commencer par les populations des zones hercyniennes pauvres (Vosges, Massif central, Bretagne). Cela s’est pratiquement arrêté dans les années 60. Ensuite on a eu des pays de provenance successifs : Espagne, Portugal, filles au pair polonaises, un peu de Maghreb, Formose, et maintenant l’Afrique, majoritairement puis Extrême orient et Amérique du Sud.

Les restaurants ont connu la même évolution, cette fois côté masculin. Au départ le personnel venait du pays d’origine du propriétaire, qui lui-même venait de régions d’agriculture difficile. Après l’évolution a été la même. Le personnel des plonges sont des gens qui ont quitté dans des conditions difficiles leur pays d’origine : Tamouls expulsés après avoir perdu la guerre civile, africains…

La cause de la rareté de personnes « de souche » tient principalement à la démographie. On sait que les lignées locales historiques ont atteint leur pic vers l’an 2000, les femmes blanches ayant un taux de fécondité de 1.2 environ. La baisse de la natalité interdit de fournir des postes en nombre et le peu d’enfants qui reste s’oriente vers des activités un peu nobles, avec un empressement phénoménal pour les postes publics pas trop durs.  

Ce qu’il faut bien appeler la dénatalité proprement française a conduit à des évolutions géographiques sévères : la banlieue s’est peuplée d’immigrés et les entreprises parisiennes qui trouvent leurs salariés dans la banlieue proche ne trouvent plus qu’eux.  Dès 2000 on ne trouvait pratiquement plus de secrétaires « blanches » ou de programmeurs ou techniciens issus de familles françaises traditionnelles. Encore moins de plongeurs. Mais c’est la même chose pour le personnel de nettoyage, le personnel en salle, les vendeurs en magasin, le personnel de sécurité etc.

Dans une ville comme Paris, l’industrie et les activités polluantes ont été chassées dès les années 60 et surtout dans les années 70. Une partie du patrimoine immobilier s’est détourné de son rôle d’hébergement des Parisiens au profit des investisseurs dans le tourisme. Les étrangers riches ont remplacé les provinciaux riches dans l’achat d’appartement dans des quartiers valorisés.  Les activités de bureau se sont implantées massivement dans les appartements hausmanniens ! Résultat il ne restait plus de place pour les classes moyennes et populaires qui ne sont pas parties en banlieue mais en très grande banlieue et en partie en province accessible en TGV. Paris intra-muros a vu sa population décroître rapidement. Au pic on n’était pas loin de 3 millions. On va bientôt atteindre deux millions.

Le résultat : ceux qui font vivre la ville, comme acheteur ou comme salarié, ne réside pas dans la ville. La crise sanitaire le démontre tous les jours. Sans touristes français ou internationaux les taxis et VTC attendent. Si le télétravail bloque les arrivées quotidiennes de grands banlieusards à Paris, les restaurants et les boutiques sont vides.

La sociologie de Paris, toujours très changeante, s’altère profondément. Ecoles élitaires et Université, art et spectacles, politique et haute administration, presse papier, radiodiffusée ou télévisée, avocats, consultants de toute variété, publicitaire, grandes associations, sièges sociaux, banque et assurance, forment encore le fond de l’activité parisienne.  Mais depuis une trentaine d’année tout s’étiole. Les sièges sociaux partent pour la banlieue ou des pays étrangers. Les jeunes pousses vont s’installer dans les grandes villes de provinces. Les études de médecine sont perturbées par l’impossibilité de loger à Paris les internes et les externes. Leur rémunération étant nationale, ils ne peuvent plus louer et ils partent faire leur cursus en province ou à l’étranger. Les grands hôpitaux ferment les uns après les autres. Paris n’est plus ni la capitale des arts ni celle de la mode. Les administrations ont été largement déconcentrées en province. On l’a vu cruellement avec la crise sanitaire ; 10.000 fonctionnaires à Paris au ministère de la santé, 10.000 dans les ARS régionales. Et il y en a beaucoup trop !

Les grandes idées socialisantes et les verts gauchistes ont ajouté leurs propres conséquences. On construit des logements sociaux pour immigrés en les concentrant dans des ghettos, surdensifiés, en même temps qu’on laisse les réfugiés, les Roms et les clandestins de toute origine s’installer dans la rue et dans les bois.  

Le système Hidalgo est bien rodé et on voit qu’il est aussi solide que sordide :

-        L’ancien factotum d’un milliardaire condamné pour proxénétisme au temps des pornos shops triomphantes et du minitel rose, est chargé de densifier à mort en construisant des centaines de milliers de m2 de surfaces commerciales et de bureau. La presse étant possédée par la poignée de milliardaires dont on permet l’enrichissement, la presse est toujours favorable. Tous les projets, même délirants, sont donc présentés comme idylliques et l’opposition à Hidalgo ne passe pas par la presse. Notre industriel de la pornographie qui possédait quelques pornoshops dans la rue de la gaîté ou lieux du même genre, est désormais propriétaire d’une forte partie de la tour CIT et de la Tour Montparnasse. Et de la presse de gauche !  Merveilleux fumet ! C’est le triomphe de M. Missika.

-        L’argent de la plus-value immobilière sert à financer quelques logements sociaux et la destruction de la rue pour faire plaisir aux écolos, ce qui interdit les flux entre Paris, sa banlieue, sa grande banlieue, la province et le monde. L’antibagnolisme primaire est l’écologie des imbéciles. C’est le triomphe de M. Nadjovski.

-        La dette s’envole et les impôts pour des opérations d’achats de votes clientélistes et la fourniture de postes bien rémunérées à des équipes communistes venant de banlieue. C’est le triomphe de M. Brossat, heureux de la substitution de population. Les écoles parisiennes se vident et celles qui restent ne voient qu’une minorité d’enfants blancs.

-        Des quartiers entiers deviennent des banlieues comme les autres avec une flambée de la délinquance.

Tout cela conduit à la mort économique de Paris, qui devient un archipel de zones incompatibles et mortes s’il n’y a pas de tourisme. Les personnes âgées sont éjectées. Les classes moyennes sont éjectées. Les administrations pléthoriques ne peuvent plus loger leurs fonctionnaires. Le commerce disparait au profit des livreurs.  La ville devient répulsive et ses habitants réprimés.

Comme toujours avec les mesures « symboliques », on entre dans l’outrancier et le contreproductif. L’extrême gauche au pouvoir adore cela, les mesures symboliques qui vous font réélire sur fond de désastre.

La politique de chasse aux automobilistes n’a évidemment aucun impact sur la pollution et encore moins sur le réchauffement climatique global.  Comment le pourrait-elle ? Chaque année se crée dans le monde l’équivalent de 50 Paris. En 6 ans, durée d’une mandature, cela fait 300 nouveaux Paris. Wuhan dont personne n’avait entendu parler, c’est 12.000.000 d’habitants, six Paris ! Comme Séoul. Deux villes, 12 Paris. On supprimerait Paris pour en faire des marais humides, l’impact sur le réchauffement global serait exactement nul. Pire, la politique suivie d’énorme densification immobilière et de multiplication des centres commerciaux géants a un effet évidemment délétère sur la pollution. Et le vélo ne dépassera jamais 15% des besoins de déplacements quotidiens dans une période normale !  Tout cela est déraisonnable jusqu’au grotesque.

Paris est désormais une ville ruinée et répulsive, proie facile d’une politique municipale à la napolitaine, menée par des immigrés de première ou seconde génération, avides d’argent et d’honneur, quitte à faire n’importe quoi. L’arrivée des Jeux Olympiques finira de la ruiner. La multiplication à l’infini des débarquements de manifestants haineux et de casseurs n’arrange pas les choses. En réprimant la Commune, Thiers avait mis fin au pouvoir délétère des révoltes de corporations minoritaires mais tenant en respect l’Etat. 150 ans plus tard ce ne sont plus les parisiens qui sont à la manœuvre, mais les manœuvres ont toujours lieu à Paris.  L’insupportable finira par ne plus être supporté.

Et ce qui reste de restaurants aura toujours des personnels à la plonge issue de populations en difficulté récemment arrivées, quelle qu’en soit l’origine, et qui finalement seront bien contents d’avoir ce travail.

Le « système » français est-il structurellement « corrompu » ?

Nous vivons une époque, et un moment dans l’époque, qui stimulent les gourous fous et les sociologues de l’apocalypse, les moralistes à trois balles et les économistes foldingues, les journalistes qui se sentent prêtres mais d’une religion d’autant plus impérieuse et affirmative qu’elle est plus changeante, douteuse et en pleine contradiction avec la réalité.

On se souvient qu’en mai 1968, à l’Odéon, une période et un lieu tout à fait typiques de ce que nous vivons en ce moment, un imbécile heureux expliquait que le réel était fasciste et qu’il était vain d’essayer de le connaître, de le comprendre et de le maîtriser. L’important était de soutenir les révolutions quelles qu’elles soient, parce que la Révolution était la somme des révolutions qui détruisent la bourgeoisie pourrie. Aujourd’hui, la bourgeoisie pourrie a été remplacée comme victime désignée par l’homme blanc occidental pourri qui doit s’agenouiller sur ordre lorsqu’il rencontre un groupe « d’indigénistes » furieux. Les mécanismes sont les mêmes. Le masochisme d’une partie de la jeunesse récusant les succès économiques de leurs pères s’apparente au masochisme d’une partie de la jeunesse dorée occidentale qui sombre dans une repentance d’autant plus intense qu’elle est repue et peut se permettre de vivre bien sur la lancée du travail des autres.

Dans ce désordre politique économique et mental que le Sars-Cov-2 a aggravé dans de grande proportion, la désespérance s’installe qui induit découragement et passivité, renoncement économique et national, soumission à un politiquement correct importé. Il faut absolument redonner une énergie positive à la jeunesse qui ne sait plus trop où elle est et quel avenir à envisager.

Un des moyens est de lui donner de la résistance vis-à-vis des idéologies dangereuses et des mouvements destructeurs, en montrant les effets délétères qu’ils ont déjà eus en France depuis plusieurs décennies. Il faut qu’elle prenne conscience qu’il faut effectivement ne pas perpétuer plus longtemps les erreurs de la fraction d’une génération qui a cru au socialisme, façon 1 870 et qui se retrouve 40 ans après le triomphe de Mitterrand avec le même revenu moyen qu’elle avait à l’époque, alors que partout ailleurs, le revenu a augmenté parfois du double ou du triple.

De même, il est important de donner à nos futures élites, les outils pour bien comprendre ce qui n’a pas marché dans la mondialisation et pourquoi elle n’a pas eu les résultats ressassés pour les Français et plus généralement pour les sociétés occidentales. Observer et comprendre : rien n’est plus important et urgent. Les éléments d’une diplomatie de la prospérité doivent être construits et assemblées puis mis en œuvre.

La vocation de l’esprit français est d’observer et comprendre pour agir. Mais voilà : ce mécanisme national vital est à l’arrêt. On ne pense plus en France. Certains cherchent à comprendre cette anémie soudaine qui nous ressemble si peu. Certains s’interrogent : le « système » qui s’est peu à peu imposé en France a-t-il tué nos réflexes nationaux ? L’a-t-il corrompu au point de les stériliser ?

Creuser cette piste n’est pas facile parce que les concepts de « système » et de « corruption » ont pris tout l’espace dans la sphère complotiste qui prévaut à l’extrême gauche, à l’extrême droite et au sein de l’écologisme extrémiste.

Un « système » politique est l’ensemble des mécanismes qui permettent à un groupe de dominer le pouvoir. La « corruption » est l’ensemble des moyens déloyaux qui permettent de le conserver, illégitimement du point de vue de la démarche démocratique

Un système corrompu ne permet plus l’exercice normal de la réflexion collective et le travail collectif de construction de l’avenir. Il ne fait qu’assurer la survie du groupe qui s’est approprié les pouvoirs.

Lutter contre un système corrompu est compliqué parce qu’il s’agit de dénoncer plus qu’un mensonge éhonté. Ce n’est pas un combat ouvert entre forces politiques déclarées. Il s’agit de détecter, s’ils existent, des mécanismes qui empêchent le débat et permettent de couvrir durablement des emprises éventuellement intéressées. On ne parle plus de prévarications et d’actes délictueux qui devraient être poursuivis au pénal. Mais d’une situation de fait, en elle-même non délictueuse mais qui autorise de mener des politiques favorables à des intérêts sans que cette situation ne puisse être connue du grand public ou en neutralisant ses réactions.

Un « système » est au-dessus des partis, auxquels il s’impose. La corruption est larvée et ne passe pas par des valises de billets mais par une information trompeuse qui ne peut pas être corrigée, alors que des décisions sont prises qui favorisent des intérêts privés. Un « système corrompu », par nature, est là pour durer et s’offre les moyens de durer.

Certains auteurs posent clairement et ouvertement la question de l’existence d’un système corrompu en France. Il s’agit souvent d’observateurs qui ont été au contact de décisions favorisant des intérêts particuliers et présentées de façon trompeuse comme un formidable progrès pour la collectivité. Ils constatent que les hommes qui ont porté ses décisions sont des hommes liges de gros intérêts et qu’eux-mêmes n’ont aucun moyen de rendre public leur soudaine inquiétude. Certains font partie des élites potentielles et constatent qu’on leur demande d’entrer dans un « système » dont ils constatent très vite qu’il est verrouillé et qu’ils y joueront un rôle de complices ou qu’ils en seront expulsés.

L’exemple le plus typique de cette dernière approche est celle de Juan Branco, jeune homme bien sûr tout rapport, candidat parfait pour être intégré dans le système et le servir. Il joue le jeu et découvre soudain qu’on lui fait jouer un rôle de pantin et s’insurge. Au lieu de « jouer le jeu », il devient « incontrôlable », le mot-clé dans tout système corrompu, et cherche à faire savoir ce qu’il sait et ce qu’il pressent. Son livre Crépuscule ne trouve pas d’éditeurs connus et il fait soudain l’objet d’un opprobre organisé dans tous les médias. Son image publique est salie de façon systématique. Sa parole est stérilisée parce que l’homme est vilipendé de façon concertée par pratiquement tous les organes de presse écrite, radiodiffusée ou télévisée.

Sa mésaventure est surtout intéressante parce qu’elle révèle du fonctionnement de la presse française qui ne pratique plus l’information mais joue un rôle de maîtrise de ce qui est dit et non dit, avec des méthodes inavouées et scandaleuses de bannissement au service de certains intérêts. Un journaliste ne fait plus une interview : il encense ou il détruit l’image de l’interviewé, en fonction d’ordres reçus ou en surenchérissant spontanément pour complaire à son employeur. Le journalisme pilori a pour but de faire taire et de maintenir l’image du système. Tout le monde a constaté que la presse était aux mains de peu de personnes et en vérité contrôlée par une poignée de milliardaires vivant principalement des commandes de l’État ou de collectivités publiques.

Le « Groupe Les École Parisien appartient à LVMH, de Bernard Arnaud. Le Point appartient à la famille Pinaut. Les journaux dits « de gauche », quotidiens ou périodiques, appartiennent de fait ou de droit à Xavier Niel. Les chaînes d’informations privées dépendent soit de Bolloré, soit de Bouygues, soit de Drahi. Lagardère possède l’express Europe 1 et le JDD. L’histoire est connue. Lagardère, Pinault, Arnaud, Niel, Drahi, Bouygues, Dassault tiennent la TNT, la radio, la presse périodique et la presse quotidienne. Tous dépendent de la commande de l’état et sont donc directement intéressés à en contrôler les dirigeants comme ceux des échelons régionaux ou locaux qui ont une importance systémique comme Paris. En contrôlant la course à l’Élysée, ils acquièrent la « reconnaissance » des médias publics aux ordres du pouvoir qu’ils ont aidé à mettre en place.

L’essentiel de l’intérêt du livre Crépuscule est de montrer la jonction entre la capture du pouvoir politique par la haute administration, principalement socialiste depuis Mitterrand, ce que nous appelons l’Énarchie Compassionnelle, et ce monde des grandes fortunes financières qui a entièrement conquis le domaine médiatique en grave difficulté financière. Comme l’État tient la presse, par ses subventions et le contrôle des banques, le système médiatique est totalement verrouillé. Les grandes carrières politiques ne sont plus possibles sans l’acquiescement ou la soumission à ce groupe organisée et désormais largement fusionné.

Considérons maintenant un autre cas exemplaire : la gestion de la ville de Paris. Les énarques mitterrandistes ont imposé Mme Hidalgo, femme d’énarque et amie de l’énarque Hollande. Elle a mis en place son propre système qui est fondé sur la satisfaction de trois clientèles :

-          Les super riches et grands groupes financiers qui tiennent les médias. Ce sera le travail de l’adjoint Missika

-          Les communistes, pour n’avoir pas d’ennemi à gauche. Ce sera le rôle de Ian Brossat.

-          Les écologistes d’extrême gauche, pour ne pas avoir d’ennemi du côté des Verts. Ce sera la fonction du monomaniaque Nadjovski.

Le système a pour but de conserver le pouvoir indéfiniment en distribuant la manne des 7 milliards empruntés par la ville sans compter la hausse délirante des impôts (ils ont doublé !). Des masses d’argent colossales vont être déplacées des poches des Parisiens vers des portefeuilles amis. Tout ce trafic sera présenté de façon frelatée par la presse possédée par les mêmes intérêts privés et il sera totalement interdit de laisser passer la moindre information contestant les présentations outrées jusqu’au ridicule qui veulent faire passer la spéculation immobilière comme la création d’un bien commun.

M. Arnault pourra construire son musée au Bois de Boulogne ; M. Pinaut récupérera la rotonde de la bourse du travail ; Unibail accumulera les grands chantiers, du nouveau centre Gaîté et son cadeau de 13,000 m2 de bureaux, à la tour Triangle, en commençant par le scandale du forum des Halles et la catastrophe de la canopée. L’énorme opération Montparnasse va permettre de troquer une halle commerciale à bout de souffle en une opération immobilière majeure permettant de créer 1 milliard de valeurs pour une poignée de très grands investisseurs. Ne pas oublier que M. Missika était l’homme lige de M. Xavier Niel, condamné pour proxénétisme, et dont toute la fortune dépend désormais des licences concédées par l’État.

Toute la presse citée plus haut présente ces opérations comme de formidables opérations au service de la ville, en gommant tous les aspects problématiques, parfois scandaleux, qui les grèvent, comme l’annexion d’une partie du domaine public, la destruction des trottoirs par des autoroutes à camions, la densification extrême anti-écologique, les travaux malsains de longues durées. À Maine Montparnasse les travaux massifs ont commencé en 2017 et dureront jusqu’en 2030 au minimum : Ils vont gâcher la vie d’une ville de 30 000 habitants. N’espérez pas voir ces critiques apparaître dans la presse. Les périodiques comme les quotidiens trouvent ces opérations extraordinaires et étouffent toute critique.

Les communistes sont branchés sur des dizaines de chantiers divers où ils peuvent trouver des places à la tête de sociétés ad hoc, comme conseillers de ceci et de cela, comme enquêteurs, comme communiquant. L’opération Oasis est l’exemple même de ces opérations qui sont imposées sans aucune vraie concertation et implantées n’importe comment, même là où c’est radicalement impossible. On est frappé de voir le nombre d’organismes nouveaux qui sont domiciliés à Montreuil. Le slogan Hidalgo aux Communistes : enrichissez-vous !

Le prétexte de ces opérations est toujours la création de logements sociaux ou le financement de pistes à vélos, quitte à les créer n’importe comment et de générer des conflits locaux intenses du fait des conséquences désastreuses. L’important est d’avoir un prétexte et un affichage. Et que les mandants soient contents et soutiennent la réélection.

Le clan Macron a tenté de mettre la main sur le pactole Parisien, avec Griveaux, ancien agent d’influence d’UNIBAIL. Cet énorme organisme financier a aussi imposé un de ses directeurs sur la liste électorale LREM du 14e. On n’est jamais trop prudent. Pourquoi se gêner ? Le maintien de Buzyn, qui est déconsidérée et n’a plus aucune chance, a pour but de conforter le système parisien si favorable aux grands intérêts, puisqu’on ne peut pas s’emparer de la place. C’est la justification du maintien parfaitement inutile et disgracieux des listes Buzyn qui n’ont pour rôle que de faire perdre la liste des Républicains.

N’espérez pas trouver la moindre information dans votre presse nationale ou vos revues préférées. Le silence est total sur les difficultés et le dithyrambe pro hidalgo règne sur tout ce qui est publié.

Au total on voit qu’à l’échelon national comme à l’échelon local un système de pouvoir est en place qui corrompt le débat démocratique dans des proportions massives et empêche en fait une information honnête, qui est le carburant de la démocratie.

Alors oui, il faut admettre qu’en France un système est en place qui corrompt le processus démocratique. Il est indispensable de corriger ces déviances. Nous proposons depuis des lustres deux mesures cruciales :

-          Séparer le domaine du politique du domaine administratif en interdisant toute élection d’un fonctionnaire dans une assemblée qui vote ses conditions d’existence, tout en empêchant le cumul de rémunérations publiques, ou le cumul de rémunérations publiques et privées.

-          Interdire la possession d’organes de presse à des intérêts qui dépendent fondamentalement de la commande publique.

Si nous n’avons pas le courage d’imposer ces mesures, nous allons vers la perpétuation d’un système de corruption politique et économique avéré et indigne de la tradition républicaine française.

Revenu moyen des Français : le même qu'en 1980

40 ans de perdus

La France intellectuelle dominante est depuis des lustres un bouillon d’anticapitalisme fervent, tendance socialiste cassoulet avant-guerre puis marxiste-léniniste, ou franchement communiste dans l’immédiat après-guerre, avant de sombrer dans le trotskisme et le maoïsme, désormais un peu passés de mode et remplacés depuis peu par un écologauchisme, teinté d’indigénisme et de n’importe quoi du plus bel effet. Les virus varient comme chacun sait, et le bouillon de culture socialiste français, désormais ensemencé par le radicalisme des campus américain plus que par la révolution cubaine, est propice aux plus extrêmes mutations.

Les Français n’ont pas de chance avec leur idéologie progressiste (mais anti progrès )  dominante. Bercés par ses recommandations, Ils se croyaient super malins de danser au son de l’accordéon dans les usines au moment où Hitler réarmait et se proposait d’envahir le pays. Il le fera en 15 jours chrono. C’était exactement il y a 80 ans. Bravo ! Ils se proposaient en mai 68 de changer la vie et tuer la société de consommation, et ils eurent la crise de 1973-74 qui allait faire durablement dérailler la croissance. On leur a dit : c’est le moment de passer à autre chose et de devenir européens. Et l’Europe les a asphyxiés et ruinés en acceptant de jouer le jeu financier international qui mènera à la crise de 2008. Depuis quelques temps, toujours avec les mêmes guides, ils voulaient tuer l’économie au profit théorique de la nature et la nature leur a envoyé un virus qui a tué l’économie.

Cet art dans l’appel à la catastrophe est tout à fait remarquable. Le Français, né malin, aime le désastre et la flagellation. Il l’appelle de ses vœux avec insistance. Il suffit de décompter le nombre ahurissant d’abrutis qui profitent de la crise sanitaire pour se faire valoir en gourou cosmoplanétaire et empestent les médias officieux ou officiels de leurs invectives et imprécations pour faire avancer leur fortune.

Tous, naturellement, sont « anticapitalistes ».

A ceux qui croient que le socialisme extrémiste, dans l’ensemble de ses représentations, est un vrai bonheur national, il suffit de produire une seule statistique : celle du revenu moyen des français.

Les chiffres suivants proviennent tous de l’Insee.

En 1960 le revenu moyen d’un Français était de 9.900 Euros par an.

En 1980, malgré la crise de 73, malgré Giscard et l’accumulation de ses erreurs (autant de concessions aux intellectuels de gauche), il était passé à 19.300.

Soyons simple :

-        Le revenu moyen des Français a doublé en 20 ans.

En 1990, il était à 20.900. Stagnation complète. Mitterrand était passé par là. Ajoutez Jospin et Aubry, les 35 heures et autres sottises et, en 2004, il était à 22.900.

Nous en sommes, fin 2019, autour de 23.440 avant le coronavirus et nous allons perdre en gros 10% de cette somme dans l’année. On sera à la fin de l’année 2020 autour de 20.000, soit quasi exactement là nous nous en étions quand Mitterrand est arrivé.

Restons simple :

-        Quarante ans pour rien !

La France n’a plus rien, plus d’industrie, plus de système de santé, plus de diplomatie, plus d’action culturelle extérieure, plus de justice, plus de sécurité, plus d’enseignement, une armée qui marche avec des ficelles et qui n’ose plus frapper. Ne parlons pas de la créativité culturelle, devenue une révocul pour débiles mentaux et attardés de salles subventionnées et désormais de festivals annulés, jouée par des intermittents du spectacle qui sont des permanents de la mangeoire publique.  Mais attention : nous sommes parvenus à des sommets insurpassables en matière de bureaucratie, de dettes, d’impôts, de dépenses publiques, de chômage.  Là, nous sommes les champions du monde. Incapables, ruinés, asphyxiés, marginalisés, mais contents avec en plus une société en voie de destruction (on dit archipélisation dans les milieux bien élevés). Notre chômage incompressible est un des plus haut du monde et il va à nouveau exploser autour de 12 à 13%.

Mais nous sommes heureux : n’étions-nous pas près de 66% accrochés au budget de l’état au second mois de la crise sanitaire ! Formidable. Une acmé jamais espérée ! Et notre bienaimé Président l’a dit, l’Allemagne va nous prendre sur sa remorque ! En matière de dettes nous devenons de vrais Argentins avant de tenter le bolivarisme. Encore un effort et la seule dette publique représentera près de trois ans de production marchande !

Alors que nous rattrapions jusqu’en 1980 le revenu moyen par tête des Américains, le programme commun de la gauche et la démagogie inlassable de Mitterrand ont cassé le ressort. Nous revoici en dessous de 50% du revenu des Américains que nous plaignons tous les jours pour l’horreur de leur situation. Nous sommes semés par les Allemands qui ont cru de 15% de plus que nous en 20 ans, en partant de plus haut.  Nous disons stagnation mais la vérité est dans la comparaison internationale :  nous vivons une paupérisation relative depuis 39 ans et une paupérisation absolue cette année.  

Alors, tout soudain, un gouvernement constate que les infirmières françaises sont moins payées que la moyenne des infirmières européennes. Mais, Messieurs du Gouvernement, c’est toute la France qui est dans ce cas, sauf la caste des hauts fonctionnaires, qui a continué, le plus souvent en couple, à arrondir son pécule, en cannibalisant la politique et ce qui reste d’entreprises publiques. N’avez-vous pas entendu parler des Gilets jaunes ?

Il n’est pas très difficile de repérer un malfaisant dans nos médias dès la première phrase. « Il faut savoir la société que nous voulons ». Cela vous pose. C’est que vous voulez quelque chose et que vous savez quoi. Quelle force, quelle énergie et quelle bonté, car naturellement, ce que nous voulons, c’est empêcher ces épouvantables capitalistes, cupides, de ruiner les pauvres et la terre ! Le bonimenteur est toujours soit quelqu’un du monde médiatique qui a fait fortune sans trop se fatiguer et qui veut encore un moment de notoriété et de pouvoir, soit un prébendier sur fonds publics en mal de reconnaissance, d’argent et de pouvoir. Ces doctrinaires ou ces opportunistes ne parlent jamais de la stagnation totale du revenu par tête depuis 40 ans mais recommande avec frénésie les moyens d’y parvenir. Quand vous leur faites remarquer que depuis qu’on suit leurs recommandations, le pays ne progresse plus et que la misère gagne, hop ! la ritournelle ressort : « il faut savoir la société que nous voulons ». Comme si les pauvres voulaient rester pauvres au nom du socialisme et des petits oiseaux.

Le pire entendu dans les derniers 15 jours sur nos chaînes télévisées est le fait d’un immonde personnage doublé d’un illustre inconnu (une aubaine pour les chaînes d’information continue) , expliquant aux commentateurs énamourés qu’il fallait que la BCE donne (sic) trois ans de chiffre d’affaire à Airbus pour que l’avionneur se convertisse « à quelque chose d’utile » et qu’après ce serait formidable. Ce crétin (que dire d’autre ?) rayait de la carte tout transport aérien, tous les sous- traitants d’airbus, tout notre approvisionnement en devise, en inventant l’argent sans prix donné par les autres, sans une seule idée des produits à fabriquer, des coûts énergétiques et de la pollution correspondante. Il a péroré ainsi de longues minutes dans le silence des autres.  Un chef d’œuvre d’annihilation totale de la réflexion par la pensée magique. Et personne ne lui a botté les fesses.

Il faut dire que pour nos nouveaux gourous, tout ce qui reste de la force industrielle de la France doit disparaître : les avions et leurs moteurs, le spatial, le nucléaire, l’automobile, après la pharmacie, les télécommunications, la mécanique, les ordinateurs, les logiciels mondialisés … La crise sanitaire n’est pas un drame mais une opportunité ! Vive la peste ! Viva la muerte !

Un autre exemple effarant est celui de Mme Hidalgo qui à Paris, n’a jamais prononcé le mot « travail » depuis 20 ans. Il est vrai qu’elle était inspectrice du travail et que du travail il n’y en a plus guère à inspecter. Mieux vaut créer des pistes cyclables pour embêter les automobilistes, et arroser lourdement les associations pour être réélue. Travail, travail, travail, et quoi encore ! La dette est passée à Paris, en 20 ans, de rien à 8-9 milliards, en attendant mieux. Pourquoi se gêner ?

Dans 40 ans, à ce rythme-là, les Français de souche ne seront plus majoritaires chez eux et leur revenu aura baissé de moitié par rapport aux autres nations. La stagnation est une chose. La dégringolade et la disparition en sont une autre. Est-ce bien là « la société française que nous voulons » !

Qu’on ne dise pas : c’est impossible ! Les Français viennent de vivre 40 ans de stagnation de revenu moyen et de paupérisation relative sans même s’en rendre compte et sans que personne d’ailleurs ne le lui rappelle. Cet exploit de longue durée n’avait jamais été réalisé depuis 1789 ! Pas un seul journaliste n’a osé simplement le dire même furtivement. Pas un seul. Pas un seul homme politique. Pas un seul parti.

La crise sanitaire est un désastre et ceux qui en sont morts nous rappellent sa gravité. Sur un plan national ce n’est rien à côté du désastre mental, social, politique et économique qu’aura été le gauchisme socialiste post soixante-huitard, le triomphe de l’énarchie compassionnelle, la dissolution nationale dans un européisme soumis aux américains, l’acceptation de systèmes monétaires internationaux et européens dévoyés et finalement l’institution d’un système qui n’est plus vraiment démocratique, où souveraineté, libertés publiques et droits de propriété sont en voie de dissolution.

Français, comprenez ce qui vous arrive ! Reprenez-vous ! La course à l’abîme n’est pas votre vocation. Vous avez été autre chose tout de même. Un peu de courage, un peu de lucidité ! Rien de tout cela n’est obligatoire.   

Quelles leçons tirer de la crise pour les Agences régionales de santé ?

Bureaucratie contre médecine

 Critique de l’article publié le  14 mai 2020  sur Figarovox. Par Xavier Patier, énarque, haut fonctionnaire, écrivain et ancien directeur d’agence régionale d’hospitalisation (ARH).

Un des rares consensus français né à l’occasion de la crise du coronavirus a été la critique des agences régionales de santé : des élus, des directeurs d’hôpital, des médecins, des associations de patients, et même des préfets, ont mis en cause ces institutions. Cette unanimité sonne comme une revanche.

-Non la critique des ARS ne relève pas du revanchisme mais d’un constat de carence de longue durée.

D’où cela vient-il ? Regardons quelques années en arrière.

L’objectif assigné aux ARH par Alain Juppé était simple : restructurer pour faire des économies.

-        Oui réduire l’offre de soins dans la foulée de la crise de 92-93. C’est tout ce que savent faire les bureaucrates : réduire, empêcher, répartir la pénurie. C’est bien cela qui est la cause du malaise. Les énarques ne savent pas soigner. Mais ils peuvent entraver la médecine.

Au point de départ des agences régionales de santé (ARS), on trouve les agences régionales d’hospitalisation (ARH) créées en 1996 par le gouvernement Juppé.

-        Mais oui : l’énarchie n’a pas de frontière politique. On le verra avec Macron.

Les ARH avaient été mises en place avec l’objectif explicite d’écarter les préfets - et donc les élus locaux - de la gestion sanitaire afin de dépolitiser les arbitrages sur l’hôpital pour s’attaquer sans compromis à un système marqué par un déficit abyssal.

-        Il s’agit bien de créer un monopole de pouvoir de caractère soviétique : tout le pouvoir à la nomenklatura d’état en évitant l’intervention des autres.

À la tête des ARH, le gouvernement mit en selle des patrons nommés en conseil des ministres, dotés de pouvoirs étendus, chargés, selon les termes de l’ordonnance d’avril 1996 de «déterminer et mettre en œuvre la politique hospitalière dans la région». L’ordonnance reprenait, pour les directeurs d’ARH, la formule fameuse que l’article 20 de la Constitution appliquait au gouvernement. La presse ne s’y trompa pas: elle qualifia les directeurs d’ARH de «super-préfets sanitaires». Ce fut l’acte de déconcentration le plus radical que connut alors la réforme de l’État, un jacobinisme de proximité. L’objectif assigné aux agences par Alain Juppé était simple : restructurer pour faire des économies.

-        Parfaitement décrit : on a créé de petits gouvernements gérés comme tels et dont les effectifs vont gonfler avec le temps de façon totalement déraisonnable. Mais ces « gouvernements » pléthoriques ne savent pas soigner !

Notre hôpital a été désorganisé et démoralisé par une réforme visionnaire dégradée en impuissance technocratique.

-        Cela se comprend non ? Les effectifs administratifs se sont mis à gonfler pendant que les bureaucrates diminuaient l’offre de soins. Tout le monde sait désormais qu’il y a 40% de plus de bureaucrates dans le système de santé qu’en Allemagne. On voit ici une des raisons.

Mais en même temps qu’elle se technocratisait au niveau local, la santé se politisait au niveau national : la même ordonnance instituait une «loi de financement de la sécurité sociale» débattue chaque année par le Parlement, qui fixerait désormais le cadre dans lequel les ARH conduiraient leurs restructurations.

-        Voter le budget de la sécurité sociale n’a jamais soigné qui que ce soit. Cette mesure avait uniquement pour but de dédouaner l’Etat et ses dirigeants en faisant passer leur décision comme venant du peuple. Le débat parlementaire sur le budget de la santé est toujours ridicule, escamoté et totalement inutile.

Cette «nationalisation-déconcentration» inédite produisit des effets incontestablement positifs, au moins au début. Je me souviens de Midi-Pyrénées: en créant l’ARH, j’avais fait le pari de recruter une équipe limitée à une dizaine de collaborateurs proches du terrain, dont l’âge moyen ne dépassait pas trente-cinq ans, à profils complémentaires et techniques ( médecin , polytechnicien, juriste, gestionnaire,...) ayant tous la passion du service public et des choses à prouver. En peu de temps, le travail acharné de cette équipe commando avait permis d’économiser en base budgétaire 230 millions de francs (35 millions d’euros) de dépenses d’assurance maladie par rapport à la tendance, tout en améliorant les indicateurs sanitaires de la région, et aussi - malgré d’inévitables mouvements sociaux - sans mettre le feu aux institutions.

-        Il n’y a aucun doute qu’une bande de hauts fonctionnaires peuvent réduire la dépense…des autres. Mais le bilan médical n’est pas explicité.  On ne parle que des « réactions ».

L’arrivée de Martine Aubry au ministère de la Santé cassa l’élan.

-        Elle cassa l’élan de certains mais cet élan était déjà parfaitement marginal et largement imaginaire.

La nouvelle ministre ne concevait pas l’autonomie des agences.

-        Voilà la vraie critique lorsqu’on est un haut fonctionnaire. Elle concerne les jeux de pouvoirs mais pas la médecine.

Par des largesses nationales, elle fit redévaler la pente budgétaire difficilement gravie dans les régions. Elle convoqua des «états généraux de la santé» qui eurent pour sinon pour ambition, du moins pour résultat de rendre le pouvoir aux administrations parisiennes.

-        Le pouvoir administratif, dont tout le monde se fout car il n’apporte rien aux soins.

La mise en œuvre chaotique des 35 heures dans l’hôpital public ajouta au désordre. On subventionna les hôpitaux les plus mal gérés plutôt que les plus innovants. Tous les pères-fondateurs des ARH finirent par changer de métier. Plus tard, en instituant la tarification à l’activité ( T2A) le ministre Mattéi acheva la recentralisation de la politique budgétaire. La machine sanitaire française se dérégla pour de bon.

-        Là encore, il ne s’agit que de guerre de pouvoirs administratifs. Pour le reste la démagogue Aubry a tout aggravé y compris dans le domaine de la santé.

À la fin des années 1990 , la France des ARH avait obtenu, selon le classement de l’OMS, le titre de «meilleur système de santé du monde».

-        Les bureaucrates parlent aux bureaucrates.

Quelques années plus tard elle avait régressé au quinzième rang. L’hôpital, fleuron de notre système, était désorganisé et démoralisé. Bel exemple d’une réforme visionnaire dégradée en impuissance technocratique.

-        Ce n’était pas une réforme visionnaire. L’impuissance technocratique est structurelle.

Les ARH avaient maltraité la politique locale, la politique locale allait pouvoir se venger sur les ARS.

-        Toujours le thème de la revanche, là où il n’est question que de bureaucratisation excessive.

Telle est la base sur laquelle ont été instituées, en 2010, les agences régionales de santé. Lorsqu’on avait créé les ARH, la question s’est posée de savoir si on leur confiait la gestion du secteur médico-social, et notamment des maisons de retraite. La réponse avait été négative, car le secteur médico-social était très intriqué avec les dispositifs dépendants des conseils généraux et finalement sans grande synergie avec le sujet budgétairement le plus lourd, et de loin, qui était celui de l’hôpital public. Le choix avait été fait de l’agilité.

En 2010, on avait oublié les réflexions de 1996.

-        Non. La loi HPST du 21 juillet 2009 suit la récession de 2008-2009 et applique les mêmes principes que la loi Juppé avec le même souci de gérer tout de façon totalement bureaucratique, afin de réduire les coûts. Le motif avancé : « décloisonnement ». Pour décloisonner des silos en France on crée d’autres silos chargés de coordonner les silos préexistants sans vraiment y toucher.  

On confia la responsabilité des établissements médico-sociaux aux ARH , devenues «ARS», et on ajouta à ces dernières la gestion des services déconcentrés de l’État dans le domaine de la  santé et du social. L’administration de mission était devenue une administration de gestion. Les nouvelles ARS, empêtrées dans leurs procédures internes, devinrent des sortes d’administrations centrales régionales. On remit les préfets de région dans leur gouvernance : la boucle était bouclée. Les ARH avaient maltraité la politique locale, la politique locale allait pouvoir se venger sur les ARS. L’épidémie du coronavirus en donna l’occasion. Ce fut un haro sur les agences régionales de santé.

-        Toujours le thème de la vengeance. En vérité la médecine passe sous tutelle et les médecins sous l’œil de Moscou. La médecine s’effondre progressivement. On en a des milliers d’exemple. Les « mandarins » ont été dépossédés au profit de la bureaucratie, qui rappelons le, ne soigne pas.

Cependant la politique locale, pas plus que la technocratie parisienne, n’est infaillible. Les élus locaux et les experts, les médecins et les gestionnaires, ont intérêt à se connaître, et d’abord à se parler. Plutôt que de décrier les agences de santé qui n’ont nullement démérité dans la gestion, notamment logistique, du coronavirus, il convient de regarder ce qui pourrait leur rendre leur force initiale, tout en impliquant davantage les acteurs de proximité.

-        Toujours l’illusion technocratique. Les ARS ont démérité et gravement. L’absence de masques, de prévisions, de réflexes, de lits d’urgence, de « soignants », bref de tout ce qu’il aurait fallu, était de sa responsabilité totale.

Il n’est pas extravagant d’avoir l’ambition que la France retrouve le fameux « meilleur système de santé du monde ».

-        Espérons-le, mais pas avec une organisation de type soviétique.

Les enjeux à venir de notre système de santé s’appellent désertification médicale

-        Organisée par les ARS

, paupérisation hospitalière et retard des politiques de prévention.

-        Organisés par les ARS

 Pour y répondre, il convient de disposer d’un outil à la fois solide techniquement et légitime politiquement. Les agences régionales de santé ne doivent pas être supprimées, mais elles ont besoin d’être réformées pour embarquer dans leur gouvernance les collectivités élues.

-        Toujours la même illusion bureaucratique : donner un vernis démocratique et tout ira bien pour éviter les contestations. Mais il s’agit de créer une meilleure offre de soins. Pourquoi ne pas faire voter leur budget par les Régions pendant qu’on y est.

Un succès des lois de décentralisation a été le transfert des locaux des lycées aux régions, des collèges aux départements et des écoles aux communes. L’Éducation Nationale n’y a rien perdu, au contraire. L’immobilier de l’hôpital de la même façon pourrait être transféré aux départements, qui géreraient à ce titre une fraction de l’enveloppe de l’assurance maladie. On peut être assuré qu’ils le feront bien, car ils ont l’expérience de la proximité.

-        Et voilà : on y est. La gestion des techniciens de surface aux départements, cela changera tout.  Simplement un échelon bureaucratique de plus avec une découpe complexe des pouvoirs rendant la cohérence des décisions impossibles. Si l’ARS interdit à un hôpital de créer une nouvelle salle de radiologie avec des équipements modernes, le fait qu’elle ne soit pas construite ni entretenue par le département n’a strictement aucun intérêt.

En contrepartie de la maîtrise de l’investissement hospitalier, les présidents de conseils départementaux recevraient une place dans les commissions exécutives des agences régionales de santé. Si les différents acteurs se décident enfin à tirer dans le même sens, il n’est pas extravagant d’avoir l’ambition que la France retrouve le fameux « meilleur système de santé du monde» dont elle pouvait se flatter il n’y a pas si longtemps.

-        Monsieur l’Enarque aura peut-être réduit les récriminations politiques, et le « revanchisme » qui semble l’accabler, mais cela n’a exactement aucune incidence médicale, le pouvoir des chefs de service étant toujours entravé voire réduit à néant par la bureaucratie.

 -        Il ne faut JAMAIS confier à une énarque la réforme d’une sottise créée par d’autres énarques. L’échec de la défunte RGPP l’avait bien montré. La solution passe par la suppression radicale des ARS et le licenciement de tous les bureaucrates qui y travaillent. Qu’il faille des organes de coordination et d’appui, de contrôle de gestion et d’évaluation médicale, de prévision et de recherche, est une chose. Il ne faut certainement pas maintenir un système de petits dictateurs administratifs dictant à la médecine ce qu’elle doit faire.

La défaillance française de production médicale

Exiger sans comprendre : la recette de futurs désastres

Bossuet, dans la magnifique langue de son siècle, a fait un sort au ridicule qui consiste à chérir les causes des conséquences dont on se plaint. Les sondages portant sur « ce qui doit changer » nous alertent à nouveau sur la permanence de ce piège. « Il faut rapatrier la production de médicaments en France » est sans doute l’assertion qui se discute désormais le moins.

Tant mieux ! Nous-même la répétons depuis des lustres dans ces colonnes. Nous l’avons illustrée dans notre livre « L’Etrange Désastre » comme le symbole d’un effondrement français calamiteux.  Mais voilà : comme nous portons cette cause depuis longtemps nous savons bien quels sont les mécanismes qui ont provoqué ce qui est dénoncé, et l’extrême difficulté de les entraver et surtout de changer l’horlogerie des rouages qui les explique.

Cette expatriation dommageable de la quasi-totalité de la production des médicaments principaux paraît très simple à régler. « Messieurs des labos, à vous de jouer ! Relocalisez, bande de cupides qui avaient choisi d’importer pour vous faire des c… en or ».  L’injonction-dénonciation est facile. Les perroquets se sont engouffrés. En fait tous les labos savent produire les principes actifs. Ce sont les excipients et toute la chaîne de conditionnement, d’emballage, d’étiquetage, de logistique, qui ont été totalement sous-traités, sauf pour certaines spécialités où même le principe actif est abandonné, comme la pénicilline.

En vérité, l’expatriation des productions est liée en premier lieu à l’imposition bureaucratique des génériques, sans droits, avec des règles composition plus lâches et moins contrôlées, dans tous les pays à sécurité sociale et notamment en France, au moment même, seconde difficulté, où l’ouverture totale des frontières dans le cadre de l’OMC à la Chine et à l’Inde était imposée.

Si les médicaments sont « gratuits », c’est-à-dire payés collectivement et non par les usagers, la ruine du payeur et la gabegie de la consommation conduit automatiquement à des mesures extrêmes. Quand Fidel Castro a voulu instaurer la gratuité du pain, l’état cubain n’a bientôt plus pu financer cette folie. Alors il a fusillé quelques consommateurs abusifs qui nourrissaient leurs cochons avec du pain gratuit et quelques paysans « profiteurs et accapareurs ». Et il a tout abandonné devant le bain de sang qui se profilait.  Comme en France on ne peut plus décemment fusiller quiconque, on a préféré imposer les génériques et exigé des laboratoires qu’ils baissent leurs prix au plus bas de l’offre mondiale.

C’est donc la production nationale de médicaments qu’on a fusillée. En même temps, on a bien été obligé de constater qu’il y avait un abus consternant de prescriptions de médicaments et on a commencé à contraindre le consommateur. Campagne de pub sur le fait qu’on était le premier pays consommateur de médocs, restrictions sur la prescription d’antibiotiques, popularisation d’idées fausses comme l’inutilité de prendre des antibiotiques contre les maladies virales, interdictions ou limitations, imposées aux médecins, de prescrire et aux pharmacies de délivrer, autre chose que des génériques, déremboursement des médicaments de marque etc.

La pandémie de Sars-Cov-2 a souligné que l’accès à des fournitures extérieures majoritairement fabriquées en Chine et en Inde était aléatoire.  Mais les ruptures de livraison existent et se multiplient depuis des années, dans l’indifférence générale, avec exactement les mêmes raisons que ce qu’on a vu pour les masques : les surenchères diverses sur les prix et les conditions de paiement de tel ou tel pays privent les autres des produits commandés. Comme la France s’appauvrit relativement et que sa bureaucratie est incapable de flexibilité, les ruptures augmentent.  CQFD ! Ce qu’on appelle un cercle vicieux.  

Dans l’Etrange Désastre, nous dénoncions les deux sources de cette calamité :

-        Le choix d’une mondialisation fondée non plus sur le rattrapage des pays émergents mais sur la substitution de localisation des productions permettant de créer des oligopoles mondiaux en déplaçant toutes les productions vers la Chine, devenue, dangereusement, l’atelier du monde.  Cette optique, associée aux changes flottants qui permettent tous les déséquilibres, a été imposée par les Etats-Unis, qui se croyaient devoir être le vainqueur de cette conquête, et mis en musique par l’Union Européenne qui lui est bassement inféodée.

-        La gratuité du petit risque, qui crée une gabegie intenable et entraîne des comportements bureaucratiques répressifs sur l’offre et le demande.

Une telle dénonciation ne pouvait trouver d’éditeurs grands publics tant l’information est cadenassée en France. C’est donc les Editions du Cercle qui l’ont diffusée.  Le verrouillage de l’information en France a été cruellement illustré par la crise sanitaire. Tout le monde a désormais compris. On n’entend, en France, qu’une information préparée, anesthésiée, filtrée, épépinée, moraliste, conformatrice, sectatrice, castratrice. Elle n’a pour but que de rendre bien-pensant et docile le populo. L’affaire des masques inutiles tant qu’on n’en avait pas, obligatoires sous peine d’amende exorbitante dès qu’on en a eu un peu, est fulminante et infâmante. Tout est possible. Les bornes de l’information contrôlée étant dépassées depuis longtemps, il n’y a plus aucune limite.

Du coup, il est inutile d’espérer qu’on aborde les grandes questions posées par le rapatriement de la fabrication des médicaments en France.

  1. Accepte-t-on de supprimer la gratuité presque totale de la couverture du petit risque et à 100% de maladies au long cours ? (Pour l’anecdote c’était le thème de notre premier billet en juin 2008 sur ce site, 12 ans déjà !).
  2. Accepte-t-on de rétablir la liberté dans les prescriptions dans le cadre d’un tarif de responsabilité qui différencie les remboursements ?
  3. Accepte-t-on de mettre fin au ARS et au triomphe de la bureaucratie à la soviétique dans le domaine médical ?
  4. Accepte-t-on de renforcer le poids de la médecine et de ramener celui de la science à des proportions plus justes ?  On a vu qu’au nom de la science on ne recherchait plus que des molécules nouvelles hyper chères, avec cette dichotomie totalement ahurissante entre une élite médicale politisée (socialiste) cherchant fortune auprès des grands labos et une bureaucratie ruinant les grands labos.
  5. Accepte-t-on de sortir de la politique européenne d’ouverture totale des frontières et de concurrence absolue ?
  6. Accepte-t-on de sortir de la tutelle américaine ?
  7. Accepte-t-on de mettre fin aux changes flottants qui permettent tous les déséquilibres ?
  8. Accepte-t-on de multiplier par quatre le prix des médicaments en France ?

Pour l’amusement, il est facile de faire le constat des réponses des différents partis qui luttent politiquement en France.

  1. Non général ! Socialisme et féminisation de la société l’imposent.
  2. Non à gauche ! Heu à droite !
  3. Heu général !
  4. Heu général !
  5. Oui général sauf chez les européistes à tout crin !
  6. Oui général !
  7. Heu général !
  8. Non général !

Entre ignorance, réflexes pavloviens, idéologie, appétit de consommation médicamenteuse et soucis de sa petite santé, il n’y a aucune politique sérieuse, touchant aux causes, qu’il soit possible de mettre en œuvre en France.  Aucun des gourous dénonciateurs que la période a fait pulluler ne se saisira avec réalisme du problème. Bien trop complexe et dangereux.

Alors on va faire semblant, avec un lot de demi-mesures, le tout noyé dans une com’ orientée expliquant que le problème est réglé. L’Europe spécifiera des domaines stratégiques, avec les stocks afférents. On réouvrira quelques ateliers témoins. Les chaînes d’infos passeront des reportages édifiants où on verra quelques machines sortant à toute vibrure des milliers de pilules avec un commentaire chargé d’émotion et de reconnaissance. Peut-être même une bienveillante caméra accompagnera un Président, premier de cordée, pendant une visite en tenue médicale Gucci dans le dit laboratoire et qui fera ensuite une analyse de cinq heures des bienfaits de la relocalisation heureuse, avec bronzage intensif, œil bleu renforcé et zozotement gommé.

Et stop !  

Dormez tranquille !

Pensées et attitudes françaises à mi chemin du confinement

On entre dans les crises avec des idées bien fixées et on en sort avec les mêmes, à la grande surprise de ceux qui croient que tout a été tellement bouleversé et que l’on va découvrir un monde enchanté, jamais vu jusqu’ici, où toutes les vertus oubliées vont soudain s’exprimer allègrement.

M. Piketty était entré dans la crise sanitaire avec l’idée d’un énorme prélèvement fiscal sur les riches. Il la traverse avec l’idée d’un super énorme prélèvement fiscal sur les riches. Il en sortira avec l’idée d’un hystérique super prélèvement fiscal sur les riches.

Les collapsologues étaient entrés dans la crise avec l’idée que la nature était tellement malmenée par l’homme qu’elle ne pourrait bientôt plus fournir. Les voilà qui pensent que « la nature tellement malmenée » se venge cruellement sur l’homme des mauvais traitements qu’il lui a fait subir et qu’il faut désormais, et vite, se prosterner bien bas,  la figure repentante et méditer sur nos fautes, devant la déesse nature.

M. Jacques Julliard, dans la tradition socialo-chrétienne, mitterando-papale et très Ouest-France, pense que le capitalisme, « son productivisme et son économisme », est une infection « qui fait des vieux des rebuts avec comme seul horizon le cimetière ». En pleine crise sanitaire le voilà qui cite les bonnes appréciations d’un guide que le Parti Communiste de Chine avait mis à la disposition de son groupe de visiteurs,  expliquant que le Communisme était supérieur au capitalisme parce qu’il traitait merveilleusement ses vieux. Il sortira de la crise sanitaire, sans vouloir malgré tout passer ses derniers jours à Wuhan, ses urnes, ses fours crématoires derrière les hôpitaux, mais en crachant sur cette société infâme d’individus qui ne pensent qu’à consommer.

La nature a voulu que la vieillesse soit un naufrage. Nos efforts humains ont retardé d’une vingtaine d’années le moment de cette affreuse réalité. La collectivité finance près de 700.000 personnes en France pour s’occuper de nos dix millions de très vieux. Et il faudrait faire pénitence ? Ils seraient abandonnés par leurs enfants. Quels enfants ?  Des milliers de femmes très âgées n’ont pas de descendants. Leur mari est souvent mort depuis longtemps et elles n’ont eu qu’un enfant, qui a pu décéder avant soixante-dix ans, ou pas du tout d’enfant. Avec des parents qui décèdent maintenant routinièrement à plus de 92 ans, les héritages disparaissent. De toute façon, hériter à 70 ans, cela rime à quoi ? Doit-on vraiment culpabiliser les jeunes pour un prétendu « individualisme » forcené ?

Mme Natacha Polony est entrée dans la crise sanitaire en pensant que le système social et économique de ces dernières années était à bout de souffle. Au milieu du confinement elle explique que l’acte de décès a été signé par le Sars-Cov-2. « Il ne faut plus faire de nous des rouages de la machine économique mais nous réinstituer comme citoyen ».  Cela tombe bien la machine économique est grippée. Mais elle est délicate, Natacha :  il va falloir de l’exigence aux Français, pour ne pas tomber dans l’arnaque, « dans l’entourloupe des avant-hier qui déchantent ». Marianne, ce journal fondé sur le « vous vous rendez compte Madame Michu », fait bien de nous avertir. Il va sérieusement déchanter le citoyen, quand il n’aura plus d’économie(s) !

Le Conseil de la résistance, CNR, est à la mode. Quand il ne faut pas faire un « Grenelle du Covid 19 », ou un « Plan Marshall », il faut reprendre le merveilleux programme fondateur du Conseil National de La Résistance. Là encore, il faut ne pas regarder l’histoire de trop près pour s’enthousiasmer : pratiquement tout ce qui a été mis en place du plan du CNR sont les mesures qui avaient été décidées dès le début des années 40 sous le gouvernement de Vichy, autour d’Yves Bouthillier, Ministre des Finances, par une poignée de hauts fonctionnaires décidés à moderniser le pays. La Sécu, les Ordres professionnels, l’étatisme forcené, tout était là. La fonction publique et les boîtes nationalisées se sont accordé de formidables statuts protecteurs et pour les autres on a créé le sécurité sociale, régime général (traduire : sauf les fonctionnaires), sur les bases que Laroque avait défini sous Pétain. Décidemment on entre dans la crise comme on en sort.

Autant dire que les chances de voir les pouvoirs dominants, médiatiques ou politiques, en France sortir de leurs préconceptions et de leurs idées fixes sont nulles.

Les Islamistes expliquent que Dieu a envoyé le virus parce que les bons musulmans n’avaient pas tué assez de Chrétiens. Les Européistes considèrent que la crise aurait été tellement mieux gérées si l’Europe avait le monopole de la politique de santé publique. Bref, c’est partout pareil.

On a préféré, dans la plupart des pays, la faillite à la mort de quelques dizaines de milliers de personnes en général âgées.  C’est nouveau et généreux peut-être jusqu’au déraisonnable. Mais cela devrait tout de même nous éviter les dénonciations continuelles de « l’économisme » et l’indifférence aux vieillards. Leur mort n’aurait eu aucun impact économique grave, au contraire. La réalité est cruelle, mais pas la politique suivie. Elle n’est pas le fruit d’un calcul économétrique, mais du refus de tout calcul économique.  

Ceux qui demandent plus à l’impôt et moins au contribuable, et exigent plus de consommation pour une population en croissance exponentielle, tout en suggérant moins de production, donc de prédation sur les ressources naturelles (destruction, déchets, pollution), considèrent le Sars-Cov-2 comme un allié et une preuve de leur sagesse. « La ruine des hommes est un sursis pour la terre. Ouf ! C’est un bon début. On va pouvoir légitimer la frugalité nécessaire, la fin du tourisme de masse, la suppression des bagnoles, les rues de Paris converties en pistes cyclables, l’urgence de passer aux 32 et peut être aux 28 heures (payées 40 naturellement), la permaculture sur les toits, la dénatilité française, la fin de l’industrie, sauf pour les masques et les respirateurs), la disparition des inégalités grâce à une fiscalité ravageuse réservée aux riches. A chacun selon son absence de besoins ! »  

L’imbécillité crasse a donc quelques beaux jours devant elle et nous devons nous attendre à un cortège de grands prêtres du bien supérieur de l’homme, de la société, du monde et de la terre. Nous devons nous endurcir face  aux discours d’exaltés pleins de hargne et de repentance (pour les autres).  

Pourtant, ce n’est pas « l’économisme » qui a croisé les virus de pangolin et de chauve-souris ! Dame Nature est une marâtre comme chacun sait, qui vous envoie des virus tueurs assez régulièrement et nous accorde ses bienfaits avec parcimonie.

Ce qui force et forcera longtemps l’humanité à l’économie, à l’artisanat et à l’industrie.  Et donnera à notre jeunesse le champ nécessaire à son épanouissement. Rien de changé !

La crise sanitaire nous a surtout montré qu’il valait mieux avoir quelques réserves et une industrie puissante. Cette France post mitterrandienne incapable de fabriquer masques, respirateurs, médicaments et de maintenir un nombre de lits suffisants à l’hôpital, ces Français leaders mondiaux du non-travail, des impôts et de la dépense publique et cette Administration que tout le monde nous envie, reine absolue de la bureaucratisation stérile, n’ont exalté personne.  Surprise, surprise !

La France est entrée dans la crise avec ses problèmes et en sortira avec les mêmes en pire. C’est-à-dire avec l’urgence aggravée de revenir sur tout ce qui l’a mise par terre, avant et pendant. Au lieu de cela, les machines automatiques à se tirer des balles dans le pied sont toutes en train de se mettre en place avec des artilleurs qui salivent en chargeant les magasins.

Les rigolos s’amusent à compter les Français dans la dépendance directe de subventions d’état : les retraités et assimilés, près de 19 millions, les fonctionnaires et assimilés, près de 5 millions (certains disent sept), les personnels des entreprises publiques à statut protégé (Poste, SNCF, RATP, Dockers, Intermittents du spectacle , etc.) 1.5 millions, les chômeurs indemnisés de base (autour de 5 millions), les nouveaux travailleurs en « partiel », autour de 10 millions, les malades, invalides et assistés permanents ( 2 millions), soit environ 48 millions de personnes sur 66, moins les enfants de moins de 18 ans (11 millions) et les femmes au foyer qui ne travaillent pas (2 millions), mais reçoivent des allocations familiales, la gratuité de l’école et des soins, plus la cantine presque gratuite, etc.   Restent un peu moins d’une demi-douzaine de millions de braves personnes décidées à travailler et à vivre sur leur travail et non sur les versements publics, alimentés par les impôts et taxes les plus lourds du monde et un arrosage d’emprunts dont le montant va atteindre deux fois et demie la production marchande de 2020 dès la fin 2021 !

Déjà certains s’extasient : on peut le faire ! Pérennisons ! Vive le revenu universel ! Vive l’hélicoptère à monnaie ! Les syndicats montrent les dents. Les entreprises tendent la gamelle. L’émotion est partout avec des gens qui pensent que le « malheur » qu’ils viennent de vivre justifie moins de travail, des vacances, et des compensations directes. Et des gratifications supplémentaires pour ceux qui ont travaillé un peu. Que les autres paient ! Une calinothérapie avec défoulement fiscal sur les Riches, voilà la solution. Mais voilà : combien des entreprises qui ont mis les 10 millions de travailleurs-travailleuses au biberon étatique de secours survivront-elles ? Combien de projets auront avortés ? Combien d’investissements auront été perdus ?

La situation de la France n’est pas seulement ridicule et honteuse. Elle est catastrophique, avec des risques sérieux d’effondrement radical. A force d’essayer de courir avec des poignards dans le dos, et des hémorragies torrentielles, on finit par tomber !  

Tous les médias bruissent des mêmes interrogations : qu’est-ce qu’il faudrait changer ? Mais pratiquement tous indiquent le résultat espéré sans jamais regarder le moyen d’y arriver. Il faut retrouver nos industries stratégiques et reconstituer nos stocks de même nature. On fait comment lorsqu’on a grevé notre production de mille charges et qu’on l’a mise en compétition sans limite avec le monde entier ? On met fin aux 35 heures et à la retraite à 62 ans ? On réduit le pouvoir des syndicats ? On casse l’énarchie compassionnelle qui ligote tout et a mis la France sous tutelle ?

Il faut mettre fin à la disette et à l’inefficacité de nos services publics. Effectivement, ils sont tous à demi effondrés.  Mais on fait comment pour briser la bureaucratie infernale qui en grippe tous les rouages ? On casse les ARS et on restaure le pouvoir des « mandarins » ?  Préfère-t-on des grands « pontes » dans leur discipline à la tête de services en pointe dans le monde, ou des énarques directeur d’ARS qui comme celui du Grand Est, débordé par l’épidémie, gère son poste en édictant des règles absurdes et loin des patients, en télétravail de son appartement parisien ? On construit des prisons et on rétablit une chaîne pénale digne de ce nom ? On s’attaque aux phénomènes exogènes qui finissent par saturer tous nos systèmes pénaux, hospitaliers et sociaux ou on laisse faire?

On en revient sempiternellement aux tares qui précédaient la crise. Ce n’est pas par idéologie ou force de l’habitude, ou envie d’avoir toujours raison. On sait pourquoi les Français ont cessé définitivement de rattraper le niveau de vie américain, une fois mis en place le programme Commun de la Gauche. On sait comment les Britanniques ont mis fin à l’effondrement travailliste de la fin des années soixante-dix et ramené leur économie dans le peloton de tête. On sait pourquoi les Allemands ont vu leur revenu augmenter de 15% de plus que celui des Français depuis l’instauration de l’Euro. On sait parfaitement que le système monétaire international basé sur les changes flottants et un étalon dollar problématique ne fonctionne pas. Et même les Américains se rendent compte qu’il commence à leur causer du tort.

Les dirigeants français et leurs électeurs sont nés malin. Cela fait maintenant 40 ans que les élites socialistes et étatiques françaises s’essaient à la paupérisation relative de leur peuple, avec le soutien occasionnel et hagard d’un peuple désarticulé et déboussolé. Le ludion qui dirige actuellement le pays s’essaie à différentes formes de séduction sans jamais embrayer sur aucune réalité. Il s’est aperçu qu’il buvait la tasse quand il voulait noyer le poisson.  Alors il chante ce que les gens veulent entendre avec des paroles insincères tendues exclusivement vers son obsession : être réélu.  Lui « pense l’impensable » et sur le terrain, le gouvernement « dépense de façon impensable », et fait face comme sait le faire la bureaucratie, entre oukases, arrosages et impuissance.

Le paradoxe est qu’un pays où les politiques masquent avec ténacité toutes les tares accumulées depuis mai 68 et où la réalité présentée par les médias est totalement trafiquée et masquée, manque désespérément de masques.   

Sauvy ! Reviens ! La réflexion démographique se meurt, comme la natalité française !

La démographie est aujourd’hui plus que jamais un terrain miné, ce qui n’aurait pas surpris Alfred Sauvy qui, le premier et dès l’entre-deux guerres, a été confronté à l’envie de non-dit et surtout à la propagation d’erreurs tragiques mais que certains souhaitaient entendre et diffuser.

Les statistiques démographiques sont aujourd’hui ou interdites ou torturées lorsqu’on évoque le vieillissement et le « grand remplacement », c’est-à-dire la substitution de la population indigène par des groupes venus massivement d’ailleurs et qui sont d’ores et déjà devenus majoritaires dans certaines parties de la France. Certains groupes, dès qu’ils sont majoritaires, écartent les mœurs locales et veulent imposer leurs propres conceptions dont certaines sont plutôt éloignés du modèle français de démocratie et de liberté.

La négation démographique pèse lourd dans les phénomènes politiques et économiques. Elle crée des contradictions insurmontables entre doctrines et effets de l’application des doctrines. Elle obère gravement la manière d’observer et d’interpréter la réalité. Certains démographes sont devenus d’incontournables « menteurs compulsifs » et imposent l’histoire rêvée que le politiquement correct du moment exige, qui est actuellement « de gauche ». Donc les faits sont « fascistes », comme on disait à l’Odéon en 1968, et ne doivent pas empêcher de penser bien. Vis à vis de telle réalité la gauche bien-pensante, à la remorque des socialistes révolutionnaires (Trotskistes et Communistes résiduels, Marxistes indécrottables, hyper-gauchistes, Verts anti-capitalistes, Anarchistes violents, technicien de la révolution pour la révolution,  ex-Maoïstes regrettant leur jeunesse où ils applaudissaient aux exécutions de masse en Chine de « mandarins » par leur propre enfant et la Révolution Culturelle…) a toujours appliqué la séquence popularisée par Léon Chaix : occultation, le plus longtemps possible, négation, quand on ne plus cacher, minimisation quand on ne peut plus nier et exonération quand les faits s’étalent dans leur splendeur. Cette manière de faire protège son magistère et sa domination de l’opinion.

Nous sommes de ceux qui ne comprennent pas vraiment pourquoi on devrait accepter une telle obfuscation de l’observation et de la réflexion sur des faits de sociétés majeurs.

Le plus gros mensonge est d’avoir fait croire pendant des décennies que la natalité « française », contrairement aux autres pays se maintenait fort correctement. L’Italie, le Japon, l’Allemagne et les pays de l’Est récemment libérés du joug communiste faisaient figure de cas maladifs, avec  des taux de fécondité très en dessous des seuils de renouvellement de la population, et des baisses effectives de la population globale dans certains pays, très visibles comme au Japon.

En vérité, le phénomène a été exactement le même en France pour les Français de souche. Comment le savoir puisque les statistiques de ce type sont interdites ? Rien de plus simple. Certains sites de généalogie présentent des statistiques totalement publiques sur les lignées proprement françaises, c’est-à-dire sur les noms de famille prévalents en France depuis 1890. En suivant la natalité de ces lignées, on obtient des évolutions frappantes par leur convergence.

On connait par exemple pour les dix noms les plus répandus actuellement en France et l’évolution des naissances par tranches de 25 ans (1890-1915, 1916-1940,1941-1965, 1966-1990). Malheureusement il manque la séquence 1990-2015, le site (philae)  ayant voulu montrer les résultats sur un siècle seulement.

Pour les confinés curieux qui ont du temps à utiliser intelligemment, il suffit de prendre soit les 10 premiers noms, soit les 100 premier, soit cent noms au hasard, et de faire les additions et les comparaisons.  Nous l’avons fait et il n’y a pratiquement pas de variations dans les résultats. Il est donc peu probable qu’en faisant une addition exhaustive ont trouve une variation significative.

Donnons ici les résultats sur les dix premiers noms puisque tout le monde peut faire la vérification en moins d’une demi-heure.

C’est une population d’environ 1.200.000 personnes que l’on peut suivre sur un siècle. L’étiage 1890-1915 est très bas, avec moins de 210.000 naissances en une génération. Le malthusianisme du XIXe siècle est bien connu. Il a été accusé par la grande stagnation de la fin du siècle, après la défaite de 1870 et la perte des réserves d’or de la France, qui a permis à l’Allemagne de fonder le Mark, mais assommé l’économie française.  Après la saignée de 14-18, la courbe des naissances se redressent de 25% avec autour de 262.000 naissances. Ce n’est pas un « boom » mais les mesures natalistes et les alertes démographiques commencent du fait des pertes de la guerre et du grand nombre de femmes qui ne peuvent pas trouver mari. « Sans doute, l'opinion française n'a-t-elle pas encore saisi la liaison étroite, directe, entre les difficultés aiguës que nous connaissons actuellement et le mal chronique, indolore à ses débuts, qui nous touche depuis plus d'un demi-siècle... » écrit Sauvy, sans distinguer entre la première et la seconde partie de ce demi-siècle. Le boom arrive entre 1941 et 1965, avec plus de 355.000 naissances soit une hausse de près de 40% sur le quart de siècle précédent et près de 70% par rapport à la fin du 19e siècle.

Rappelons qu’il s’agit de lignées proprement françaises, portant les noms les plus portés il y a plus de cent ans et probablement depuis plusieurs siècles. La lignée des Martin remonte aux Romains !  

Que se passe-t-il entre 1966 et 1990 ? Le chiffre baisse ! On ne constate plus que 321.000 naissances. La baisse est de 10%, ce qui peut paraître faible. Compte tenu de la diminution de la mortalité, il est probable que le nombre de membres des lignées concernés à continué de croître. Mais la chute a commencé, sous l’effet de mai 1968, de la légalisation de l’avortement, de la destruction du mariage, de la « pilule » qui permet la liberté sexuelle des femmes sans le risque d’enfantement et de l’action des mouvements féministes qui refusent que la femme soit considérée autrement que comme un homme comme les autres et exigent qu’elle s’éloigne des nécessités de l’enfantement et de la famille. Dès les années 70, on ridiculise le discours nataliste. Michel Debré est caricaturé avec un entonnoir sur la tête comme un foldingue du « natalisme » qui renverrait les femmes à leur rôle primaire de poule pondeuse et à leur fonction sociale de maîtresse du gynécée.  Les démographes qui dans la foulée de Sauvy, avaient souligné l’importance d’une natalité forte sont écartés au profit des servants du nouveau discours.  Il n’y a aucun problème démographique ! Pas d’inquiétude ! Certes les femmes ne font plus d’enfants aux âges habituels mais elles le feront plus tard. Ce discours tenu par exemple par Le Bras dès le début des années 80 s’est sublimé sur la côte Ouest des Etats-Unis où les post modernistes suggèrent que les femmes congèlent leurs ovules pour faire des enfants lorsqu’elles seront à la retraite !

La femme au foyer se retrouve bientôt seule, sans repères sociaux et ridiculisée par les journaux féminins qui jusque-là valorisaient ses tâches traditionnelles. Des journaux comme Marie-Claire migre vers les bons conseils érotiques et abandonnent les aiguilles à tricoter, comme les recettes de cuisine. Cosmopolitain, sous inspiration féministe américaine, est une revue entièrement tournée vers les exigences de la nouvelle femme qui se comporte comme un homme, trompe son mari sans vergogne, se réalise sur tous les plans, aspire à l’égalité des salaires plus qu’à créer une atmosphère aimante dans sa famille, etc. Le taux de divorce augmente rapidement et atteint près de 50% des ménages mariés à Paris dès les années 80 (on n’en est aujourd’hui à près de 75%) . Giscard est passé par là et Mitterrand accélère la cadence.

Ce changement de paradigme est l’explication majeure de la chute de la natalité, alors que la mortinatalité, encore forte au lendemain de la guerre, devient très faible.

Une baisse de la natalité de notre échantillon parait faible mais le taux de 10% est trompeur car le nombre des femmes en âge de procréer ayant augmenté de 40%, on aurait dû retrouver une hausse, même plus faible. . En fait le trou entre la valeur qu’aurait donné la prolongation de la tendance précédente et le chiffre réel se situe sans doute entre 40 à 50%. Il s’agit bien d’une rupture significative et d’une grande ampleur.

On ne connait pas les chiffres de l’échantillon pour la période 1990 à nos jours, mais on sait quel a été le désastre global. Selon l’Insee le « taux de natalité » qui était de 20.6 pour mille en 1950 et passé à 11.8, soit une baisse de moitié. L’indicateur de fécondité est descendu à 189 venant de 294, en tenant compte des naissances de mères immigrées, donc là encore il s’agit d’une baisse de près de 50% pour les autochtones. Tout s’est accéléré.  On sait les mesures antinatalistes assumées prises par Hollande et Macron. Désormais et depuis désormais plusieurs années, le nombre des naissances globales baisse, de plus en plus lourdement, alors que les chiffres tiennent compte de la surnatalité des familles immigrées venues par le regroupement familial, l’immigration légale et illégale.

La rupture constatée en 1990 est donc devenue « une descente aux enfers » et il est désormais certain que la population globale de notre échantillon a commencé sa baisse et pas seulement celui de ses naissances. Ajoutons que la surmortalité des personnes âgées due au Sars-Covid-2 va frapper principalement les populations enracinées qui ont plus subies le vieillissement que les nouveaux entrants.  

Si on tient à une bonne appréciation démographique, il faut donc admettre qu’on assiste aujourd’hui à la réduction progressive mais accélérée des lignées françaises anciennes, qui ont dû atteindre leur pic autour de l’an 2000, au profit des populations immigrées puisque la population globale continue à augmenter en France. La seule incertitude n’est pas de savoir si les populations natives deviendront minoritaires mais si elles le seront en 2060 ou en 2100.

Il reste à déterminer si la substitution de population dans une ancienne « patrie » devenue un « territoire » avec des archipels ethniques ou culturels en tension, est une bonne perspective ou non. Le politiquement correct du moment exige qu’on affirme que oui mais ne veut pas qu’on sache que l’affaire est en cours, sorte d’hommage du vice à la vertu. L’instinct patriotique stipule que non, mais est encouragé à se taire. Il y aurait quelque honte passéiste à s’en prévaloir. Un tel déchirement est pénible car ce débat n’a rien de vénéneux et porte sur des aspects réellement fondamentaux de ce qui fonde l’organisation sociale, la nation et le régime politique.

Il est clair qu’un pays qui se ferme et ne fait plus d’enfants va faire face à de graves inconvénients. Au Japon, les économistes ont déjà calculé que certaines villes ne pourront bientôt plus faire face à leur entretien. Comme les grands châteaux qui étaient fait des villes associées à un régime social sont tombés en désuétude puis en ruine, des villes entières subiront le même sort.  Au Japon la population a baissé d’environ 2.000.000 de personnes depuis son pic, soit une ville comme Paris. L’Allemagne a une population stagnante et même légèrement déclinante depuis longtemps. La population de la Turquie qui était à peu près le quart de celle de l’Allemagne il y a cinquante ans est désormais quasiment la même. En termes de pouvoir politique et de diplomatie, l’effondrement démographique a un impact violent, comme on le voit dans les discussions Merkel Erdogan.

 

Du point de vue des libertés individuelles, il n’y a guère débat. La possibilité offerte à chacun de ne se pas se heurter à des interdictions de séjour et de contrat est une extension des possibilités de se réaliser. C’était le fondement de la Communauté européenne : « Je ne te crains pas, voisin européen et je t’accorde chez moi, les « droits de » qu’exercent à mes propres citoyens ». Il y a juste un hic : « est-ce qu’il est légitime que je ne te craigne pas ? »  Le Royaume-Uni entrant que nation souveraine a jugé au vu de l’expérience qu’il y avait beaucoup à craindre.

Du simple point de vue économique, il n’y a pas plus de question non plus. L’économie ne distingue pas le genre, la nationalité, l’origine ethnique des acteurs, qu’ils produisent, consomment ou épargne. Dans un pays en épuisement démographique, l’apport quantitatif de l’immigration peut être très bénéfique, avec un vieillissement global retardé, l’élargissement du marché intérieur, la disposition de plus de salariés, une plus grande énergie, liée à la jeunesse. La baisse de la natalité comme au Japon, a des effets au début très favorables (le capital se retrouve dans moins de mains, avec un effet richesse), mais à terme, on tombe obligatoirement dans la régression économique.  Là aussi, il y a juste un hic : que le pays reste concurrentiel et conserve son plein emploi, sa croissance et ses réserves de précaution.

Du coup le débat se déplace sur le terrain du système politique et social. Faut-il des politiques publiques et si oui, comment résistent-elles à une extinction graduelle de la population soit à la substitution d’une population par une ou plusieurs autres ?  La question est d’autant plus forte si on a construit un état-providence, qui risque de devenir un open bar pour le monde entier.   

Si le système social pousse à l’intégration immédiate de l’immigration par le travail avec une volonté de minimiser les inconvénients d’une immigration de peuplement, dans une économie compétitive et florissante, réticentes à distribuer le fruit du travail des uns pour satisfaire le besoin de consommation des autres, mêmes inactifs, le doigt est constamment sur la jauge et sur les flux, l’immigration peut être un moyen de compenser les chutes de naissances. Mais faut-il abandonner tout objectif nataliste national de redressement de la fécondité et laisser aller les choses jusqu’au remplacement de population ?  

En choisissant l’offuscation au détriment de la réflexion, les politiques Français stérilisent un débat fondamental et certains peuvent penser que la France a perdu toute chance de convertir l’immigration en force complémentaire de son propre dynamisme au nom d’une forme de nihilisme individualiste porteur des pires maux.

Aujourd’hui le pays voit son « stock » dévitalisé, comme disent les éleveurs de chevaux, et remplacé progressivement par un stock extérieur qui n’a pas été mis en position d’être pleinement utile à la nation, alors qu’il subit de plein fouet les effets délétères de ses options socialistes ou social-démocrates, bureaucratiques et gauchistes, en matière de santé publique, d’éducation, de justice, d’activité économique, de fiscalité et d’endettement etc.

C’est sur cette base démographique hasardeuse que le pays, ruiné, affronte le drame humain vécu par la partie âgée et l’effondrement économique en cours, du fait du Sars-Cov-2, dans l’imprévoyance totale de ses dirigeants.

Il est regrettable que les préoccupations démographiques qui, sont une réalité profonde à larges effets et qui impacte la plupart des grandes questions nationales, soient à ce point mis sous le boisseau et écartées du débat public, alors qu’elles conditionnent largement la conception des politiques à conduire.

L’Etat Moloch français, impuissant et dépassé. Pourquoi ?

La France vit la crise provoquée par la pandémie de Sars-Cov-2 dans des conditions ubuesques d’improvisation et de gâchis humains et économiques. Bien sûr, ces réalités se constatent un peu partout. Le virus a pris le monde par surprise. La France possède une particularité remarquable : nous avons un Etat Moloch qui consomme l’essentiel des ressources de la nation au nom d’un service public mythifié. Et malheureusement les résultats sont pires qu’en Chine, à Taïwan, en Corée du sud ou à Singapour, des pays qui ont connu leur miracle économique il y a peu de temps.

Il nous semble que ce paradoxe est l’aboutissement d’un demi-siècle de dérives inexcusables.

La séquence « Mai 68, Giscard, Mitterrand » a affaibli la France dans des proportions terrifiantes. La mainmise d’une bureaucratie administrative, l’Enarchie Compassionnelle, sur l’Etat, sur la politique, jusqu’aux niveaux les plus bas de la démocratie locale, sur la haute finance et  sur les grandes entreprises, sa conversion à une forme de socialisme démarxisé mais gauchisant, son choix d’une décentralisation inutile et coûteuse à l’intérieur et du transfert  progressif de la souveraineté nationale  à l’Union Européenne, son abandon du champs international aux Etats-Unis, puis à la Russie et à la Chine,  et son obsession fiscale, toute cette sarabande absurde et évitable a ravagé un pays qui, il y a moins d’un siècle, dominait encore largement la scène internationale et pensait le monde.

Dès la fin du premier septennat Mitterrand, la France a cessé de rattraper le niveau de vie américain.  Elle est rapidement devenue le leader des prélèvements sociaux et fiscaux, alors que toutes les politiques nationales critiques sombraient. Nous sommes les rois des prélèvements mais la justice est moribonde, la santé est en lambeaux, l’armée fonctionne avec des bouts de ficelle, la diplomatie est exsangue, la culture française s’est effondrée dans le monde, l’Education nationale est devenue un champ de ruines nappées de moralisme, la recherche dans tous les domaines critiques est en retard ou absente. Des centaines de livres ont étayé ce constat.

La volonté de mettre fin à la « dictature bourgeoise » et de saquer les « possédants » en accordant des droits nouveaux, à foison, aux minorités agissantes, aux étrangers, aux salariés, aux locataires, aux féministes LGDP, aux syndicats, aux délinquants, etc. a imposé des politiques qui ont divisé gravement le pays, compliqué la gestion d’entreprise,  et finalement massacré fiscalement la classe moyenne supérieure et les petits riches, indispensables à la bonne marche du pays. En même temps on a ouvert à la concurrence des ex-pays socialistes l’industrie française et ses salariés, sans aucune prudence, tout en accordant des privilèges exorbitants aux banques et sociétés d’assurance. Du coup on a endetté les particuliers hors de toute limite, pour maintenir la consommation tout en créant une succession de bulles qui ont toutes fini par exploser.  

La France s’est retrouvée en grave difficulté lors de la crise 2008 et n’est pas réellement parvenu à en sortir avec, 12 ans après, une dette vertigineuse et un chômage structurel massif, alors qu’elle n’a pas trouvé le courage de revenir en arrière sur les mesures les plus folles, à l’exception de la demi-mesure de transformation de l’ISF en IFI et l’indispensable forfaitisation des impôts sur les produits de l’épargne. On a décidé de prélever les impôts à la source, dépossédant les citoyens de leurs droits de propriété sur leur revenu (ils n’ont droit qu’à ce que le gouvernement consent à leur laisser), ce qui a permis à l’état de refaire sa trésorerie au détriment de celle de ménages. On arrive, avec la crise médicale, à des situations ubuesques. Un particulier qui a acheté un bien immobilier à crédit et le loue, verra ses loyers suspendus mais pas ses échéances de remboursement d’emprunt et le revenu non touché fera l’objet d’un prélèvement à la source (sic) dès le 1er avril si les circonstances l’empêchent d’obtenir l’annulation. Les salariés au chômage partiel seront, eux, prélevés au taux de l’année dernière alors qu’ils ne touchent qu’une fraction de leur rémunération ! On se rappelle que les médias avaient rabâché à l’époque que tout le monde « adorait » le prélèvement à la source. Fa Tutto !

Approfondissons la question de l’organisation de la santé. On connait les méfaits de la gratuité. Les déficits explosent rapidement, deviennent infinançables, et on finit par réprimer et l’offre et la consommation.

Lorsque l’idée d’une médecine partiellement indépendante du revenu, mais malgré tout restée dans le cadre d’un système d’assurance avec cotisation, s’est généralisée, les idées dominantes étaient que le petit risque ne devait être que partiellement remboursé pour réserver l’essentiel des fonds au gros risque, couvert à 100 % dans sa partie médicale. Pour les plus pauvres, on jugeait qu’il fallait permettre une offre de soins de premier contact moins coûteuse, basée sur les dispensaires, plutôt que d’offrir systématiquement les solutions les plus coûteuses au prétexte que les minorités les plus fortunées y avaient accès. La santé étant largement financée par l’impôt et la solidarité nationale, la gratuité devait être réservée aux nationaux, les autres étant financés par des systèmes assuranciels ou renvoyés à leur Etat d’origine. De même le surcoût des comportements à risque devait être financé par des systèmes spécifiques. Pour beaucoup la sagesse voulait aussi que les cotisations maladie de base soient payées par les ménages et non par les entreprises, à l’exception des risques professionnels spécifiques. Le pilotage devait être laissé le plus possible au monde médical, en veillant simplement à éviter les comportements étroitement corporatistes : multiplication des actes, malthusianisme dans l’accès aux professions médicales, refus de la télémédecine pour conserver la présence dans les cabinets, hospitalisation trop longue pour occuper les lits, acceptation de « clients » sans droits pour maintenir de nombre d’actes etc. Certains pays comme la Suisse, ont longtemps fonctionné sur ces principes.

La disparition du caritarisme chrétien, qui assurait en partie la médecine de premier contact, et la poussée du gauchisme postsoixanthuitard en France ont fait dériver les conceptions au point qu’en matière de logement, de médecine et d’école, l’égalitarisme devait offrir aux plus pauvres mêmes étrangers et non contributeurs, l’accès aux plus belles prestations. Le logement social devait s’installer rue du Dragon, à 25.000 euros le m2. Les petits cours et les voyages à l’étranger devaient être offerts aux élèves venant des familles les plus pauvres. Les diplômes de base devaient être distribués à tout le monde pour ne pas traumatiser. L’accès aux instituts supérieurs devait être élargi aux élèves des quartiers, aux syndicalistes etc.

Sur pratiquement tous les sujets, on a effectivement séparé fortement le financement et la prestation, permettant à des millions de gens de croire qu’ils obtiendraient plus par la pression politique en faveur des politiciens égalitaristes que par le travail et la réussite professionnelle. L’important était de serrer les riches à la gorge et de ne jamais lâcher !  D’où l’ISF et les palinodies qui ont entouré ses création, suppression, mutations. « S’ils renoncent à ruiner les riches, on n’aura plus accès à ce que nos propres capacités nous empêchent d’avoir. Non ! Non ! Non ! Taxez-les encore et encore.  Vive l’impôt ! ». Si on peut vivre sans travailler presqu’aussi bien qu’en le faisant, le choix est vite fait ! Après quarante ans de ce régime, comment s’étonner que la très grande majorité des salariés dans des secteurs essentiels comme le transport préfèrent mettre en avant leur « droit de retrait », une absurdité dont on voit la malfaisance aujourd’hui, et toucher 85% de leur rémunération à ne rien faire. Dire aux Français devenus pour beaucoup totalement calculateurs et irresponsables : « Je supprime vos frais de location d’appartement et je vous donne 85% de votre rémunération. Restez chez votre propriétaire à ses frais », ce qui revient à augmenter leur pouvoir d’achat, était d’une démagogie absolument folle et dont les effets seront irrattrapables compte tenu de la durée probable de l’épidémie (au minimum un trimestre, sans doute pas loin d’un semestre avant le retour à une situation normale). En attendant, on ne trouve plus assez de monde pour assurer les tâches routinières mais indispensables !    

Ce changement massif des mentalités en faveur de l’assistance plutôt que du travail et des « droits à » plutôt qu’aux « devoirs de », a fait abandonner toutes les prudences et tous les pares-feux que la sagesse recommandait. Une fois les premières bornes franchies, il n’y a plus de limite, avec les conséquences qu’on constate aujourd’hui.

Reprenons le cours de notre histoire médicale.

Sur l’offre, comme sur la demande, les grandes erreurs ont commencé, comme toujours, avec Giscard. Le numérus clausus est évidemment la pire. Il a provoqué le phénomène des déserts médicaux déjà parfaitement documentés. Simultanément, l’instauration du regroupement familial va multiplier de façon massive la clientèle. Ce sont des centaines de milliers de familles étrangères qui s’installent avec femmes et enfants.  Avoir crée ce coup de ciseau sur notre système de soin est quasiment dément. Mais les médias nous expliquent depuis des lustres que M. Giscard est « très intelligent » !

Le mitterandisme aggrave tout, en réduisant le temps de travail et en accélérant les départs à la retraite. Il donne plus de place aux syndicats et entend installer à l’hôpital une cogestion comme à l’Education nationale. Il annonce son désir de lutter contre les « mandarins ». Aussitôt les infirmières se mettent en grève pour obtenir immédiatement plus et mieux, notamment des formes de statut très favorables comme le secteur public sait en créer. J’ai encore le souvenir d’un médecin, cancérologue bien connu, compagnon d’une jolie actrice d’origine russe et ministre éclair, la louche physiquement plantée au plus profond d’un service de caviar, expliquant à un parterre choisi combien il se sentait solidaire !  Belle image du mandarin socialiste repentant mais peu soucieux de pénitence !

La gestion hospitalière devient lourde et difficile, avec une montée de l’absentéisme, la fin de l’autorité, et un climat de clans … On commence à faire la guerre aux cliniques, et la médecine libérale doit supporter la stagnation du prix de la visite qui finira par tomber à une fraction du coût de celui d’un plombier parisien. Le ticket modérateur disparait en partie. La médecine de ville attaquée commence à se replier, refusant les visites et les gardes. SOS médecins, lancé en 1966, un service dont la qualité est très inégale, se généralise pour les visites notamment de nuit. Mais les frais sont plus élevés que les urgences. Celles-ci commencent à bouchonner. En même temps le pays commence à être envahis par une immigration légale et illégale importante qui est pris en charge par les lois de 1983 réorganisant l’aide médicale d’Etat (AME) et créant les aides régionales. Le RMI donne à Rocard l’occasion de généraliser les accès totalement gratuits aux soins pour tous. A raison de 100 à 400.000 mille entrées généralement africaines par an sur le territoire national, entre 1980 et aujourd’hui, on n’a pas besoin d’imaginer les dégâts : il suffit de les constater. On parle bien de millions de personnes en quarante ans.

La crise de 1993-1994, creuse les déficits en même temps que les comptes des hôpitaux commencent à dériver gravement. Les Enarques, Rocard, Balladur, Chirac, Juppé, Jospin, Aubry vont bureaucratiser totalement l’hôpital public. On crée des structures administratives de pilotage lointaines et ayant tout pouvoir qui, à la fois, fixent des normes envahissantes et supplantent le pouvoir des chefs de services et des médecins soumis désormais à des autorités extérieures qui régissent tout, même les traitements médicaux. Les contours de services deviennent bizarres. Au nom de la rationalisation et de la qualité des soins, le système va être totalement bureaucratisé avec des règles de plus en plus stupides et de plus en plus sauvages. L’informatisation des hôpitaux et de la santé en général est totalement ratée. Là où il fallait mettre à disposition des API pour gérer les objets communs normalisés (l’identité des patients et des acteurs médicaux, la référence des lieux de soins, la codification des actes, les statistiques essentielles), on s’est lancé dans la recherche de logiciels nationaux uniques qui ont presque tous lamentablement foirés, avec des créations « locales » partielles sur tableur ou L4g, faisant la fierté de leurs auteurs mais incapables de communiquer quoi que ce soit à qui que ce soit.

Le soin perd la priorité au profit d’objectifs plus prosaïques : conserver des lits ; ne pas perdre son poste ; être capable de travailler avec de plus en plus de médecins étrangers ; faire face à la féminisation massive qui change les attitudes vis-à-vis de pratiques anciennes ; s’organiser face à la pénurie organisée de médicaments, de lits, d’infirmières, de personnel de nettoyage, de personnel de restauration. Des centaines de petites unités sont fermées. Des dizaines de milliers de lits disparaissent. Des stocks s’évanouissent.

Comme on éloigne de plus en plus l’hôpital du malade on songe à créer un grand monopole national du transport médical ! Une régie autonome du transport médical, voilà la solution ! Une révolte des taxis mettra fin à ce rêve technocratique soviétisant. Il est vrai que le transport médical commençait à représenter une part majeure du trafic des taxis en province ! Les taxis massivement subventionnés par la SS ? Mais bien sûr !  

Après les 35h et la crise du début des années 2000 le système est devenu ingouvernable et l’hôpital approche de l’explosion. La récession de 2008-2009 va encore aggraver les choses. Les mesures de constriction des dépenses s’aggravent constamment. Les urgences se saturent définitivement. Dès 2010 on commence à mourir de négligence sur des brancards. L’institution se délite tout en ruinant les Français. Le nombre des administratifs et des non soignants augmentent. Celui des soignants baisse.  

L’immigration officielle ou illégale finit de saturer tous les services.

Et les médecins, eux, ont fini d’y croire. « Ce n’est plus possible. Ils ont tué la médecine française ». On entend cette phrase partout et tout le temps lorsqu’on rencontre des médecins et des chirurgiens depuis au moins dix ans.

Ne parlons pas des laboratoires médicaux considérés comme des officines de malfrats. Pour financer l’infinançable gratuité, on a accepté que la totalité des médicaments des produits soient produits « a minima » dans des pays à très bas prix, comme l’Inde ou la Chine avec des ruptures d’approvisionnement de plus en plus graves et de plus en plus fréquentes (phénomène déjà dénoncé dans mon livre « l’Etrange Désastre », il y a plusieurs années).

Quand on regarde l’état actuel du système de santé publique, on est frappé de voir une organisation quasiment soviétisée où personne n’est plus responsable de rien. Ce qui marche, comme dans tout système soviétique, est dû à l’action de quelques Saints, ces personnes qui, à tous les niveaux, compensent les lacunes et font le maximum, et parfois plus, en jouant avec les règles.

Comment ne pas comprendre qu’au bout du chemin on trouve le désastre actuel ?

On fait face à une pandémie dont le risque était envisageable et évoqué (nous l’avons même fait sur ce blog en commentant un rapport de la CIA, sans imaginer la situation actuelle), puis quasi certain dès les premières extensions hors de Chine, sans lits, sans respirateurs, sans kits de diagnostic, sans tenues de précaution, et sans masques. Qui était responsable de la veille sanitaire ? Qui a pris la mesure des choses dès décembre quand l’explosion du virus s’est produite en Chine ? Qui a vérifié la disponibilité en masques etc. ?  Qui a commencé à mettre en tension tout le système médical ? Qui a défini la politique en matière de test ? Tout était entre les mains de hauts fonctionnaires administratifs, pas entre les mains des médecins qui ont été écartés de toutes ces questions, à l’exception de comités dits scientifiques tenus par des affidés et servant de caution et de paratonnerre aux politiques. Rappelons tout de même que la réputation médicale de Mme Buzyn et de son mari, Yves Lévy, ancien directeur de l’Agence chargé du Sida (où il a accepté toutes les dérives exigées par les associations homosexuelles) avant de passer à la tête de l’Inserm, est plus liée à leur engagement politique socialiste qu’à des exploits médicaux stupéfiants d’audace et d’efficacité. Yves Lévy vient d’être fait conseiller d’Etat. Il s’agit en fait de l’équivalent d’un haut fonctionnaire politique, comme son épouse.

Les erreurs à répétition commises par l’énarque Macron assisté par l’énarque Philippe (un premier ministre qui, face à une crise gigantesque, va se présenter aux élections municipales au Havre !) n’ont strictement rien à voir avec les « scientifiques ». Les instances politiques étant tenues par la haute administration comme toute la coupole de direction du système de santé, elles ont réagi en fonctionnaires : tardivement ; inefficacement ; en cherchant à se planquer et à passer le mistigri à d’autres. Surtout qu’il n’y ait aucune remise en cause de la bureaucratie triomphante. L’expérience du professeur Raoult, un vrai médecin, qui a prouvé sa compétence dans de nombreuses études de virus et constaté que la Chloroquine, associée à un antibiotique avait des résultats immédiats et remarquables contre le COS-Sars-2, est racontée par Jean-Dominique Michel :

La solitude de la compétence extrême ?! Raoult explique comment Emmanuel Macron est venu le chercher après sa première annonce publique du 26 février et l’étrange expérience qui a été depuis la sienne dans le cercle d’experts qui conseille le martial président. À la question posée par un journaliste de Marianne : « Y êtes-vous entendu ? », il répond : « J'y dis ce que je pense, mais ce n'est pas traduit en acte. On appelle cela des conseils scientifiques, mais ils sont politiques. J'y suis comme un extra-terrestre. »

La sainte Europe a montré son inutilité et prétend que cela aurait été mieux si la santé devenait une discipline gérée par la Commission ; la régionalisation n’a fait qu’aggraver les choses mais les Présidents de région se sont agités alors qu’ils n’ont rien à faire dans le domaine ; les directeurs d’ARS se planquent. Ce n’est pas là que cela se passe.

Les médecins et les infirmières travaillent et trinquent. Certains d’entre eux ont même porté plainte contre le premier Ministre et l’ancienne ministre de la santé qui les ont laissés nus et désarmés face à une maladie très particulière : elle n’a une très faible gravité pour les personnes en bonne santé ; elle est mortelle à gros pourcentage pour les sujets à risques sans autre traitement que la ventilation. Le système hospitalier reçoit trop tard les sujets à risque qui y décèdent malheureusement massivement.

La prévention consiste à isoler totalement les sujets à risque, à dégager de l’environnement les sujets contaminés sans risque, et à traiter les personnes à risque le plus tôt possible avec les rares traitements que l’on sait un peu efficace pour éviter les décès et soulager les hôpitaux. La durée de contamination est considérablement raccourcie et le nombre d’intubation est  réduit. Pour les Ehpad il faut tester toutes les personnes qui entrent et envoyer le traitement efficace immédiatement après le premier constat d’une contamination. Il est inutile de ruiner l’économie en bloquant absolument tous les mouvements. Seules les personnes à risques doivent être confinées, mais avec un service très particulier pour éviter la contamination par les approvisionnements. Et une réactivité immédiate en cas de symptôme, avec des tests immédiats pour tout le monde concerné par la chaîne de contamination. Cela veut dire des équipes mobiles et entièrement protégées, des produits de décontamination avec leurs pulvérisateurs, des lieux d’attente pour les porteurs détectés et sans risques et même des lieux de détection accessibles en voiture pour multiplier les constats et agir en conséquence.  Naturellement tout le monde porte des masques et on ne manque ni de tests ni de lits pour les malades.

Rien de tout cela n’a été entrepris.

Les Français ont commencé à mourir.  Et à entendre que si la crise est si grave c’est leur faute. Depuis le début, la communication des médias est corrélée étroitement aux impuissances de l’Etat Moloch. Il n’y a pas de masques ? Donc ils sont inutiles ! Tous les Chinois portent des masques et l’épidémie est arrêtée.  En vérité ils sont indispensables pour limiter les risques. Les tests ? Inutiles. La gravité ? pendant longtemps elle était si faible que ce n’était pas la peine de s’inquiéter vraiment. Une grippette ! Le soucis permanent des médias a été d’éviter la panique en sachant qu’on n’était pas prêt pour l’épidémie. Les médias vus comme instrument du mensonge pieux et masque de toutes les impréparations !  Ils sont passés du politiquement correct gauchisant et son auto censure à la fausse information médicale avec une facilité déconcertante. Le plus drôle est de voir en boucle des avions militaires se mobilisant contre l’épidémie devant les caméras, alors que les malades auraient pu être envoyés en silence et sans frais dans les cliniques locales, délaissées jusqu’ici pour prouver le rôle du service public héroïque, seul chargé du premier choc, et renforcer l’image du « chef de guerre ».  Macron ne voit-il pas sa côte remonter à toute vitesse avec la crise ? Ah les sondages, seuls et uniques objets de la discussion politique de média ! Les faits eux, on s’en fout et on les traite en fonction de l’opportunité et des consignes.

Sans doute devant l’échec du plan de confinement et de l’impossibilité d’arrêter totalement l’économie, la nécessité entraînera un changement de politique. On disposera, espérons-le, de plus de tests et de masques, permettant des politiques d’isolement sélective.  Sans doute l’emploi de la chloroquine sera généralisé dans les traitements. Cela pourrait aller assez vite, sans doute moins de deux semaines pour avoir les moyens de reprendre la main sur le virus, et deux nouvelles semaines pour voir les effets positifs. Si cela ne se passe pas comme cela, on va vers un nombre de décès considérable et des dégâts économiques insensés.   

Parions que lorsque la crise virale sera passée, à l’été ou l’automne, et ses conséquences directes en partie maitrisées, on applaudira les héros et on versera des torrents de larmes sur les victimes, mais on ne reviendra ni sur les ARS et l’absurde bureaucratisation du système, ni sur les gratuités intenables, ni sur l’âge de la retraite et la durée du travail, ni sur l’AME, ni sur l’immigration clandestine, ni sur les excès syndicaux, ni sur le droit de retrait ridicule, ni sur la pénibilité, ni, ni, ni, ni… On ne revient pas sur des droits acquis surtout s’ils sont déplorables. Après le sacré virus, les vaches sacrées ! La routine politicienne reprendra, après une crise qui aura tué de nombreux Français vulnérables, ruiner l’épargne et fait plus de dégâts économiques et sociaux que celle de 2008. On expliquera que "c’est la faute au « libéralisme », aux règles de l’Euro et à la mondialisation". Et bien sûr, aux Riches non solidaires. Plus de réforme de la constitution ; Plus de réforme des retraites. « toutes les réformes ont été jetées à la rivière ». Espérons, sans trop d’espoir, que les rancunes sociales les ont accompagnées dans le Styx. Sinon gare au retour de bâton.

L’étonnante convergence des idées économiques et monétaires saugrenues

Profitons des derniers instants où l’on peut parler économie avant que le coronavirus emporte tous les esprits. Nous vivons une de ces périodes d’après récession, dont on sait qu’elles sont propices aux repentances, aux remises en cause, à l'aggravation des tensions de toute nature et à la libération des esprits excités. Ce qui était foldingue avant devient naturel après et réciproquement.

Faute d’avoir compris (ou voulu admettre) les causes de la crise de 2008, et de son intégration dans la séquence de crises à répétition depuis 1971, on a assisté à une fuite en avant dans les solutions officielles les plus aventurées, débouchant sur une stagnation tellement molle que le monde entrait en récession sans même s’en rendre compte. Quand on n’agit pas sur les causes, on est obligé à des mesures symptomatiques comme disent les médecins, ou non conventionnelles comme disent les banquiers centraux.

Les écoles de management se sont mises à la charité expressive et à dégouliner de bons sentiments, les banques ne s’occupent plus d’argent mais de causes gracieuses, baignant dans le politiquement correct le plus gras. On invite Mlle Tombèrent à Davos. Le vert est mis partout, en même temps que la cause féministe. Il faut sauver dans les larmes de la compassion la mondialisation, qui comme Sophie, connaît de bien grands malheurs, évidemment totalement imprévisibles.

Le coronavirus arrive juste à temps : c’est lui qui aura provoqué la récession et peut-être aidé à cacher cette vérité sournoise : quand on remplace une crise de conjoncture par une crise de structure, les résultats ne sont jamais à la hauteur des espérances.

Du coup les aventuriers de l'économie foldingue se sentent des ailes et on assiste à une formidable convergence des idées économiques radicalement disruptives avec un début d’intégration dans les réflexions officielles.

Quelles sont les lignes de pensées qui convergent :

-          Les jetons électroniques à prétention monétaire, basés sur le mode de gestion de fichiers décentralisés et dupliqués sur le WEB, dit de « chaîne de bloc », comme le Bitcoin, ont partiellement sombré dans la mauvaise réputation tant les vols, les escroqueries, et les manipulations de marchés ont été virulents. Mais voilà que les banques centrales se sentent l’envie de créer des monnaies électroniques officielles.

-          Les banques dont la frénésie de prêts spéculatifs a largement contribué à la gravité de la crise se voient à la fois confortées dans leur envie de supprimer le cash, qui est une « fuite » qui les gêne dans leur circuit monétaire et les rend dépendantes des banques centrales. En même temps leur pouvoir de création monétaire est menacé et leur rôle même est vu par certains comme inutile, puisque l’intelligence artificielle partagée sur le Net permettra de sélectionner les risques et donc les placements bien mieux que les comités de crédits bancaires dont on a vu les limites.

-          La taxation des flux financiers, et non plus des transactions économiques, autrefois appelées taxe Tobin, et reprise par tous les mouvements d’extrême gauche depuis au moins 20 ans, se conjugue avec la perte de recettes des flux d’achat passant par le Net, et l’endettement désespéré des Etats, pour renaître comme moyen magique de régler tous nos problèmes.

-          Le revenu universel de base, considérée au départ comme un moyen de résoudre la question immanente de l’inégalité dans une économie marquée par la globalisation des bénéfices et le nivellement des niveaux de vie entre Nord et Sud, s’étend comme solution générale à tous nos problèmes y compris écologiques et de santé publique.

-          Le bon Milton Friedman avait discuté naguère de la possibilité de faire voler un « hélicoptère à monnaie », image résumant une politique de distribution directe de monnaie par les banques centrales non plus aux banques (on a vu que cela ne marchait pas) ou à l’état (on a vu à quel niveau d’endettement on se retrouve) mais aux ménages.

Quel est le produit intellectuel de cette convergence ?

-          Le revenu universel ne serait plus versé par redistribution fiscale mais par la création de monnaie par les banques centrales. L’hélicoptère à monnaie financerait le revenu universel. En fonction de la conjoncture le versement serait plus ou moins généreux. Plus de dettes, puisque cela serait de la monnaie perpétuelle donc plus d’intérêts à payer par les Etats. On pourrait simplifier les politiques de redistribution devenues des monstres de complication. Certains disent même : le revenu universel remplace toutes les autres aides. Maintenant que vous avez l'essentiel et que vous pouvez vivre, débrouillez-vous pour l’accessoire. On assiste du coup à la rencontre saugrenue des pires socialistes et des libéraux absolus.

-          Les banques centrales supprimeraient le cash en imposant une monnaie électronique d’état. Chaque résident se verrait imposer un portefeuille électronique, substitut des comptes en banque, dotés par exemple dans la zone Euro d’EuroBits (si on ose dire, en ces temps de grivoiserie). Toutes les transactions deviendraient lisibles par l’état qui du coup pourrait supprimer tous les impôts pour les remplacer par une taxation progressive sur le niveau des mouvements de fonds. On sait que de tout temps les Etats ont essayé de se brancher sur une ressource universelle et facile à capter, impôt sur le sel, impôt sur l’énergie etc. Là nous aurions un impôt sur la monnaie. Tobin est enfoncé dans les profondeurs de sa naïveté : Moloch est arrivé, en se pressant et en pressurant. Plus de fraude possible ! L’impôt est versé dès que l’argent rentre (la philosophie actuelle) mais aussi dès qu’il sort. Fortiche !

-          Les banques offriraient non plus du crédit mais des instruments de placement en concurrence avec les produits de même nature disponibles par le Net. Les agences bancaires de toute façon sont vouées à disparaître.

-          Les flux avec les pays étrangers pourraient être surtaxés dès que les échanges deviendraient déséquilibrés. Il suffirait d’augmenter la taxe sur la monnaie en fonction de l’origine des produits : fastoche !

-          Le FMI pourrait même créer sa monnaie électronique transnationale basée sur un panier de valeurs de références et imposer aux banques centrales de faire leurs transactions réciproques et vis-à-vis de la BRI ou du FMI dans cette monnaie qui n’impose pas de gestionnaire commun. Tout cela serait géré sur la blockchain. C’est une idée que nous avons évoquée sur ce blog depuis longtemps, en l’associant avec un retour aux changes fixes et ajustables.

Cette nouvelle utopie commence à faire chauffer les esprits au sein des gouvernements, des banques centrales, des professeurs d’économie en mal de reconnaissance, des associations onusiennes en mal de fiscalité non conventionnelle, des socialistes de différentes nuances de rose et de rouge, de certains penseurs libéraux. En gros : est-ce réalisable et est-ce que les résultats seront à la hauteur des espérances sociales, écologiques, étatistes, écologiques de notre âge transhumaniste de dernière génération ?

Vous avez quatre heures ! La meilleure réponse aura le prix Nobel d’économie (ou ce qui fait fonction)  et un lot de masques anti-coronavirus.

Didier Dufau pour les cercle des Economistes E-toile

Un SCHEMA explicatif fondamental

Comprendre l'actualité économique et politique

Le graphique qui explique tout

 

Ce schéma n’est pas une statistique mais une approche de ce qui s'est passé depuis l’effondrement des accords de Bretton Woods en été 71. La référence, base 100 dans le graphique et ligne rouge, est la valeur d’un panel de biens dont la valeur est sinon stable du moins représentative d’une certaine permanence. À 50 %, on retrouve la valeur du m2 moyen dans cinq grandes villes du monde (New York, Tokyo, Londres, Paris et Shanghai). Les autres 50 % sont constitués d’or, de diamant, de terres rares et de pétrole. Les autres courbes sont bien connues. On a pris celles de la France depuis 1971. Après avoir été lissées par moyenne mobile sur dix ans, elles ont été réduites à une ligne droite et déflatée par l’indice de référence.

On voit apparaître l’évolution des courbes en « valeur stable de référence » (VSR) et non en monnaie. Les résultats sont spectaculaires et surtout expliquent bien des évènements actuels.

La monnaie : la valeur de la monnaie s’est effondrée. Le Franc (puis l’Euro) a perdu presque 97 % de sa valeur en VSR, comme le Dollar et pratiquement toutes les monnaies administratives.

Les prix : Les prix ont baissé plus vite que le revenu. Ce qui veut dire qu’il y a eu hausse du pouvoir d’achat apparent mais une baisse forte en VSR qui n’est pas perçue, les gens raisonnant en monnaie courante.

Les impôts : La fiscalité a cru plus vite que le revenu, ce qui a entraîné une régression fréquente du revenu net disponible. En s’accrochant au patrimoine des assujettis, l’impôt des personnes payant l’ISF a pu dépasser 100 % de leur revenu, ce qui était intenable à terme.

La dette : La dette en VSR a baissé compte tenu de l’effondrement de la valeur de la monnaie mais elle a cru plus vite que la fiscalité, et que le revenu. Les classes moyennes ont maintenu leurs dépenses par l’endettement, comme l’État.

Les gros patrimoines : étant investi largement en valeurs de référence, la valeur patrimoniale des très très riches n’a pas baissé en VSR.

Le luxe : le très grand luxe, comme toujours, a fui devant la fortune.

Les champions de la mondialisation, propriétaires d’entreprises mondialisées, ont vu leur patrimoine s'accroître, même en VSR

Quatre points spectaculaires : la baisse relative du niveau de revenu par rapport à l’immobilier ; la baisse du revenu moyen par rapport au patrimoine des « vainqueurs de la mondialisation » : le rôle phénoménal de la dette ; la hausse déraisonnable de l’impôt par rapport au revenu.

Une fois ce tableau en tête, on peut mieux analyser et les causes et les conséquences de ces évolutions.

La cause principale : La conjonction de l’effondrement du communisme et d’un système monétaire international déséquilibré.

Le système mis en place après 1971 (change flottant et liberté du commerce international) a permis à la Chine et aux autres pays sortis du communisme de rejoindre la mondialisation, sans aucune contrainte d’équilibre commercial. L’effet négatif sur le revenu a été massif dans les pays développés, alors que la mondialisation permettait aux gros salaires liés à la mondialisation de se maintenir. En faisant sauter l’obligation de maintenir des comptes équilibrés, les changes flottants ont permis à la Chine d’accumuler des excédents monstrueux alors que le système de Bretton-Woods aurait imposé une réévaluation. Le recyclage de ces excédents a provoqué une hausse phénoménale de l’endettement et l’effondrement de la valeur de la monnaie. Les crises à répétition liées également aux défauts des changes flottants, ont entraîné des dépenses d’état qui ont été payées par l’impôt et la dette.

Il faut ajouter l’effet de l’irrédentisme musulman et sa tentation terroriste, associée à sa longue maîtrise des puits de pétrole qui a naturellement eu un effet sur la croissance par la hausse induite du coût de l’énergie.

Les conséquences deviennent lisibles.

Lorsque, au moment des manifestations des Gilets Jaunes, on entend : « avant on était pauvres mais on s’en sortait maintenant c’est fini », cela tient à la hausse globale de pression fiscale (aggravée par la violence administrative et l’extension sans fin des mesures bureaucratiques coûteuses et dont l’effet n'est jamais évalué) et à la difficulté de se loger compte tenu du prix relatif de l’immobilier.

Les salariés ne parviennent plus à payer leur loyer sur leur revenu. Ils doivent donc emprunter à mort et les taux négatifs répondent à cette exigence.

En vendant leurs biens immobiliers pour des résidences plus modestes ou en région, les retraités disposant préalablement d’un patrimoine sont parvenus à s’en sortir. La chute de la natalité induit que les héritages sont relativement plus positifs s’ils sont en biens stables en VSR. Ils permettent aux héritiers une certaine aisance de consommation, compte tenu de la baisse des prix en VSR. Du coup les fiscalistes socialistes étatistes s'excitent à l’idée de leur piquer cet « avantage » dans la décrépitude générale.

L’extension du « populisme », c’est-à-dire du rejet des élites par la classe moyenne, tient au fait que la hausse relative du revenu par rapport au prix, une fois déduit les impôts et les frais incompressibles, est très faible pour les petits revenus. Savoir que les classes moyennes des pays ex-communistes se sont fortement enrichies les laisse parfaitement indifférent.

Ajouter à des perspectives de restriction à la croissance et à la mobilité, une politique de dépenses publiques nouvelles indéfinies avec des hausses fiscales associées gigantesques ne peut que provoquer que des réactions violentes de rejets. Tout le monde a compris que le bonneteau fiscal auquel s’amuse le gouvernement n’est pas une vraie baisse, la dépense publique augmentant plus que le revenu moyen. Une perspective de baisse massive des retraites ajoute nécessairement à la peur et à la colère. Plus personne n’a de perspectives positives.

La gauche fiscaliste, bureaucratique et antinationale, qui accepte des règles de mondialisation qui ne protègent pas, n’est plus admissible pour la classe ouvrière et les classes moyennes, notamment dans les zones en déclin structurel. Son adhésion à la dépression écologique aggrave les choses.

La droite mondialiste, celle qui n’a aucune explication des crises et aucune politique pour les prévenir, et qui laisse la concurrence ruiner le revenu des classes moyennes, tout en acceptant de céder la souveraineté à l’Europe en externe et à la bureaucratie énarchique à l’intérieur, n’est plus écoutée.

Le « macronisme » qui a été vu par une droite menacée et une gauche en désarroi comme une manière de protection contre le populisme de droite et de gauche n’a pas de solution. Il a provoqué une crise de confiance majeure en n’ayant aucune vision extérieure, et aucune prise en compte des causes fondamentales de la crise structurelle de la mondialisation démarrée en 1971 (au contraire, on se fait botter le c… par les États-Unis sans réagir) et en aggravant les mesures bureaucratiques violentes et coûteuses, tout en inquiétant l’ensemble des Français sur un projet de retraite d’inspiration bureaucratique et qui noie le poisson des vraies inégalités, dans un océan incertain et anxiogène de régression à long terme.

En raisonnant en VSR en non plus en monnaie courante, la situation s’éclaire avec une netteté frappante, aussi bien sur le terrain politique qu’économique et social.

 



Comment on a démoralisé les Français

Nous sommes sur le chemin d’un nouvel échec majeur d’un couple d’Enarques. Après Giscard-Chirac, après Chirac-Juppé, voici Macron-Philippe !

Intelligents, bien formés aux questions politiques et de management d’un Etat, bien intentionnés, propres sur eux et sans convictions politiques partisanes trop marquées, calés sur la recherche du bien commun bureaucratique, interchangeables dans toutes les configurations politiques dites « responsables », les Enarques qui ont choisi la carrière politique ne parviennent pas à comprendre pourquoi et comment ils se plantent lamentablement avec une si belle régularité, avec des conséquences si pénibles pour la nation.

 L’Enarque Minc l’a dit ce matin : Philippe, au sein d’un discours formidable, a fait une erreur inadmissible. Il a parlé « d’âge pivot » franchissant une « ligne rouge » syndicale qu’il fallait absolument respecter. La langue fourche et patatras. La CFDT non élue doit diriger le pays ? Non ! Mais il faut farder, ruser, faire de la sémantique etc.

Il nous semble que l’explication est tout de même un peu plus profonde que çà.

Premier repère : les trois échecs viennent après trois crises économiques graves. La récession de 73-74, celle de 92-93 et en fin celle gravissime de 2008 -2009 forment le décor des trois échecs. Malheur circonstanciel et fortuit ? Non : les crises étaient toutes les trois évitables. A-t-on entendu un mot des trois couples cités expliquant la cause des crises, désignant les responsables, et définissant les lignes d’une correction possible des erreurs fâcheuses qui les ont provoquées ? Jamais. Nous prétendons ici qu’il s’agit d’une faute impardonnable. Ces crises sont la cause première de tous les désordres qui frappent le pays. Ne pas tenir un discours crédible sur les causes des crises à répétition qui ont ravagé le pays et ne rien proposer de crédible pour y mettre fin signent le caractère illégitime et artificiel des équipes qui se déclarent dirigeantes et qui ne dirigent rien. Les « élites » politiques, qui se positionnent comme capables, offrent le constat qu’ils sont impuissants, donc incapables.  

Second repère : les trois échecs surgissent après trois séquences de trahison. Chirac trahit les siens et Giscard trahit son projet en humiliant Chirac. Chirac se présente comme le réducteur d’une fracture sociale et l’homme capable de mettre fin aux excès du socialisme destructeur, et il trahit toutes ses paroles. Avant lui Balladur avait aussi trahi sa parole en trahissant Chirac. Juppé lui trahit le gaullisme pour faire entrer le centrisme en force dans le mouvement. Macron trahit Hollande pendant que Philippe trahit son camp. Le pays profond constate les dégâts et s’emplit d’un mépris qu’on ne veut pas voir ni explorer, naturellement, mais qui devient himalayen.  Ces écuries d’opportunistes sont non seulement des incapables mais ils ne s’intéressent qu’au pouvoir présidentiel et aux postes et se permettent toutes les trahisons.  A la démoralisation économique s’ajoute la démoralisation politique.

Troisième repère : les trois échecs s’imposent après des hausses délirantes de la fiscalité. Le septennat de Giscard aura été un septennat purement fiscal. La TVA, les plus-values, la fin du forfait, la hausse de tous les taux et l’extension de toutes les assiettes forment le décor de l’échec giscardien. L’échec de Chirac-Juppé provient après une bordée de hausses fiscales impulsées par Rocard et que Juppé entend aggraver.  L’échec de Macron-Philippe suit les hausses imbéciles du quinquennat Hollande et le triomphe de l’énarchie qui a fini par faire de la France le premier pays du monde pour les impôts et les prélèvements. Macron propose un jeu de bonneteau démagogique plus qu’une véritable réduction. A la démoralisation économique et la démoralisation politique s’ajoute la démoralisation fiscale.

Quatrième repère : Les trois échecs viennent à la suite de concessions qui réduisent l’indépendance nationale gravement. Giscard va faire des effets de maillot de bain autour d’une piscine à Kingston en même temps qu’il cède tout aux américains qui imposent l’étalon dollar et la financiarisation excessive du monde, tout en annonçant que la France, moyenne puissance, doit s’effacer dans l’Europe. La suite montrera qu’il voulait une vraie disparition nationale de la France.  Chirac renonce à bloquer l’évolution vers l’Euro qui est un abandon national majeur qui interdira à la France toute autonomie économique, diplomatique et politique et qui la mettra dans la dépendance totale de l’Allemagne, elle-même dans la dépendance totale des Etats-Unis. Macron crie « Europe, Europe, Europe », comme un cabri, et annonce une forte augmentation de la fiscalité européenne au moment même où le Royaume-Uni cesse de contribuer… A la démoralisation économique et la démoralisation politique et la démoralisation fiscale s’ajoute la démoralisation nationale.

Cinquième repère : les trois échecs proviennent après que les dirigeants ont prouvé leur volonté de rester dans le cadre d’un socialisme burlesque, démagogique et à contre-courant. Pas d’ennemi à gauche ! Ce socialisme de fond s’accompagne d’un goût éhonté pour la bureaucratie qui envahit tout à des niveaux jamais vus. Giscard fausse toute l’économie du bâtiment par une efflorescence des règles totalement ahurissantes. Le droit du travail sous Chirac-Jospin devient un traquenard, Chirac faisant savoir que Jospin est son meilleur premier ministre. Les lois kilométriques de Macron et leur génuflexion devant toutes les exigences des comités Théodule empoisonnent le pays. La surgescence d’une contrainte écologique débilitante, à laquelle on cède aussitôt aggrave les choses. Il devient impossible d’agir et de réussir en France, pays où tout est interdit et où toute réussite est vilipendée à des niveaux qui n’ont été atteint qu’en Union Soviétique. A la démoralisation économique et la démoralisation politique et la démoralisation fiscale et la démoralisation nationale s’ajoute la démoralisation individuelle : je n’ai plus d’espoir de réaliser une vie pleine car le socialisme tue la « vie des autres » et aussi la mienne.    

En France, le moi et le surmoi sont atteints, corrodés jusqu’à la racine.

Les Gilets jaunes ont fait passer le message : « Macron tu es un guignol. Tes impôts, tes règlements, tes amendes tu peux t’asseoir dessus. » Jupiter est descendu de son rêve pour causer au peuple comme un Fidel Castro d’opérette. Les syndicats font passer le message : « Macron tu es un guignol. Tes réformes tu peux t’asseoir dessus ». Les très riches sont partis et n’ont pas l’intention de revenir. L’Europe lui a signifié : rien à faire de tes bouffonneries.  Les Etats-Unis frappent la France à coups redoublés.

La France était un pays à l’arrêt avant même que des voyous décident de le bloquer radicalement. Plus d’enfants, plus de qualité, plus de compétence, plus de services publics, plus de langue, plus de respect pour rien. Un effondrement pratiquement total qui nous voit rejoindre le niveau d’un pays du tiers monde dans l’ébahissement de nos amis étrangers qui voient l’exemple français disparaître dans un marécage méphitique.

Le Français, né malin…

En regardant les défilés qui passent

Ce qui frappe dans le désordre actuel, c'est la malfaisance de longue durée de mesures comme les 35 heures, la retraite à soixante ans, le pouvoir de blocage donné aux syndicats, l'abandon de la répression du crime, avec suppression de la Cour de sûreté de l'État et le laxisme généralisé devant la délinquance habituelle, le refus de la discipline et de l'effort dans les établissements scolaires, la surfiscalité, la renonciation à la nation, avec le double mouvement de décentralisation et d'intégration dans une zone européenne, la dévalorisation du travail et la surestimation de la fête et des loisirs, voire de la drogue, la dissolution de la France dans un ensemble où ses vertus n'ont plus de sens.

Le triomphe de ces lubies lors des deux septennats de Mitterrand a provoqué à la fois la démoralisation en profondeur du pays et sa déréliction économique de longue durée.

Sur un tel terreau, une caste s'est imposée, qui a compris qu'elle n'avait aucun intérêt à s'opposer à ce flot et qu'il suffisait, pour elle, "d'arbitrer la société" par la fiscalité et la réglementation. Sans se rendre véritablement compte des ruptures fondamentales que ces mesures de plus en plus invasives provoquaient dans la société.

Cet équipage branlant a été incapable de faire face aux trois évolutions internationales dangereuses qui ont été le délire de puissance américain, avec la destruction du système monétaire international et le retour des crises à répétition, l'effondrement communiste et l'arrivée massive sur le marché de centaine de millions de gens affamés de croissance, et la poussée islamiste, exaltée par la possession du plus gros des champs pétrolifères.

Sous-jacente à ces évolutions, la démographie s'est mise de la partie, avec un vieillissement majeur et une dénatalité suicidaire dans les pays développés, et une explosion démographique en Afrique et en Asie.

Tout aussi sous-jacente, l’emprise de la pollution et de la surconsommation de ressources non renouvelables, a fini par faire constater ses effets, entraînant une véritable hystérie.

La France qui avait réussi à tirer son épingle du jeu de façon remarquable, sombre désormais de la même façon remarquable. Le miterrandisme a été une porte ouverte sur le néant et ce pervers narcissique le savait pertinemment. Il savait qu’il faisait du tort au pays, mais cet habitué des cimetières y trouvait une sorte de satisfaction morbide. Les suicides de Grossouvre et Bérégovoy, tout autant que la manière dont il a traité sa femme, méprisée au point d’être chassée de sa tombe, donnent la tonalité de la mentalité qui animait ce politicien désastreux pour le pays : « qu’il meurt si je suis le dernier président de plein exercice ».

Depuis un quart de siècle, les dirigeants français essaient tant bien que mal de sortir du piège où Mitterrand a fourré le pays. Une retraite par répartition à 60 ans dans un pays qui vieillit et qui est confronté à des récessions périodiques, c’est injouable. Ce l’était déjà quand la mesure a été prise. Les 35 heures avec des charges massives sur l’emploi, en économie ouverte, c’était injouable. Ce l’était déjà quand la mesure a été prise. Les Français n’ont jamais voté pour devenir les champions de l’impôt, mais ils le sont devenus faute de pouvoir se décrocher de toute la démagogie post-soixante-huitarde, et pour avoir cédé le pouvoir à la bureaucratie. L’Euro était une option dangereuse, surtout si on cessait d’avoir une influence sur les erreurs d’organisation extérieures. La dissolution nationale dans un ensemble où l’Allemagne retrouvait son imposante intégrité était un risque majeur.

Les évènements en cours sont très révélateurs. On apprend qu’il y a à la SNCF une « social room » chargé de la com’ avec les réseaux sociaux. La « société nationale » parle anglais jusqu’au plus bas du trivial. Les Français ont pris leur RTT ! « Après tout qu’ils bloquent le pays pendant quelques jours, on s’en fout ! » Le commerce est en pleine catalepsie. C’est normalement le moment du chargement des stocks de Noël. Mais il y a Internet et les plateformes. Et les clients ne peuvent plus bouger. Entravées par les jaunes samedi, de nombreuses boutiques sont à deux doigts de la faillite. Tout le monde s’en fout : les vendeurs sont des immigrés et on peut acheter ailleurs. Les immigrés n’ont qu’à se faire livreurs. Ce qu’ils font. Une bande d'excités cassent des milliers de patinettes électriques en toute impunité. Leurs promoteurs, adeptes du « free floating disruptifs », avaient considéré que ces engins pouvaient squatter les trottoirs impunément. Les « circulations douces et apaisées » s'avèrent un champ de bataille où il n’y a plus de lois ni de civilité. Les syndicats eux, veulent prouver qu’ils sont plus puissants que les Gilets jaunes. Ces derniers ont obtenu 20 milliards. Nous, on en veut le double sans cela « gare » ! Enfin quand on dit « gare » ! C’est le moment de les visiter. Un sentiment étrange a envahi ces nefs vides.

Pendant ce temps-là, les taux d’intérêt sont négatifs, une curiosité légèrement anxiogène tout de même ; La crainte d’une chute économique imminente est partout. La peur du déclassement règne dans les profondeurs du pays. Le chômage structurel reste autour de 8 % de la population dite active. Tous les services publics, sauf le fisc, sont par terre. Le revenu de presque tous dépend d’un surendettement colossal.

Le président de la République qui a voulu se mettre en scène comme Jupiter passe pour un guignol impuissant, bavard et odieux. Il paie certes une situation largement héritée, mais aussi les erreurs majeures commises pour être élu. La hausse massive de la CSG, la suppression annoncée de la taxe d’habitation, la liquidation de la politique familiale, les projets de réforme qui se veulent habiles en noyant le poisson et qui ne sont que de lâches échappatoires bureaucratiques et politiciennes, c’est lui et lui seul. L'obsession de la réélection l’empêche de réellement gouverner.

Il fallait avoir le courage de dire : la retraite c’est 66 ans pour tous dans les cinq ans et la durée de travail légal hebdomadaire, c’est 40 heures tout de suite. Ceux qui veulent faire autrement le peuvent mais à leur compte et pas aux frais de la nation. Les régimes de retraites des fonctionnaires doivent s’aligner dans la mesure où les sujétions particulières le permettent, sur le régime général. La retraite des hauts fonctionnaires ne doit plus s être statutaires mais dépendre du prorata temporis de l’emploi dans la fonction. Cette bataille simple et directe aurait dû être menée en arrivant. Aujourd’hui on n’en parlerait plus. De même que la nécessaire réforme de l’indemnisation chômage vient de passer comme une lettre à la poste sans que personne ne s’en rende vraiment compte.

Le danger de la pensée macronienne est qu’elle est le fruit de quatre tendances, toutes dangereuses :

-          La mise en scène de lui-même devenu le deus ex machina universel, bien calé derrière un politiquement correct sans faille (Tout le monde il est beau, il est gentil) ;

-          L’énormité des affichages ;

-          Le dévergondage législatif avec des lois kilométriques ;

-          La préoccupation presque exclusive de la prise ou de la conservation du pouvoir.

Ce qui frappe, c’est la placidité et même l’indifférence des Français. Ils considèrent tout cela comme du théâtre. Du mauvais. C’est un pays de retraités, et de rentiers publics. On ne comprend pas qu’il n’y a plus guère que 10 millions de Français de souche qui travaillent effectivement dans le privé, contre 15 millions de retraités, 5 millions d'assistés divers et 5 millions d’employés du secteur étatique ou para-étatique.

Il est parfaitement normal que les deux tiers des Français soient d’accord avec la grève : c’est une pure conséquence de la sociologie. Mais ils ne veulent pas que cela aille trop loin, car si l’argent public vient à manquer, c’est la ruine, comme dans les pays socialistes.

L’analyse qui fait florès de « l’archipélisation » de la France, autour du livre de Fourquet, est trop fine par rapport aux noyaux durs de la réalité. La majorité des Français vit majoritairement à crédit et sur le dos des autres, dans un malthusianisme total. La spirale ne peut que finir mal, d’autant plus que le surmoi national a été détruit. Les « bénéficiaires » le sentent bien. Alors ils ont peur et en même temps ils sont blasés. Ils sont pleins de rancœurs, mais en même temps ils s’en foutent un peu. Ils en veulent à leurs dirigeants mais ils savent bien que qu’ils ont accepté tout ce gâchis.

Ils pensent majoritairement que le mol édredon du laxisme leur permettra d’absorber tous les chocs. Ils ne sont pas particulièrement inquiets de la grève en cours. Ils font des stocks. Ce sont les vraiment faibles qui paieront : le personnel de maison qui ne peut plus faire ses heures, alors que le revenu est au cordeau ; l’artisan ou le commerçant qui ne peut plus travailler. À terme ce sont les petits qui demanderont de l’ordre et qui voteront populiste.

Évidemment, il ne faudrait pas qu’une nouvelle récession s’enclenche. Là, les conséquences pourraient être sérieuses. Et dans tous les débats actuels, on ne trouvera rien, mais vraiment rien, sur le diagnostic des difficultés passées et sur les réformes collectives de la mondialisation, sinon des éructations.

Une nation fragile et vieillie dont les dirigeants ont perdu le contrôle dans pratiquement tous les domaines, peut casser.

Un cycle infernal français : démagogie, dépenses publiques, dettes, communication niaiseuse,

reprise des dettes

Belle négociation à la SNCF, il y a quelques mois, qui se termine par… la reprise de la dette de la SNCF.

Belle négociation avec les hôpitaux publics français qui se termine par… la reprise de la dette des hôpitaux publics.

La SNCF se prépare à une grève désastreuse, début décembre, ce qui créera de la dette alors qu’on vient de reprendre la précédente.

Nul doute que le procédé sera le même dès que le gouvernement aura bien cédé sur tout aux syndicats de la santé publique.

Le caractère particulier de l’affaire hospitalière est qu’on avait dit aux dirigeants d’hôpitaux publics : « soyez responsables ! L’argent public n’est pas infini. Il importe que vous assuriez la cohérence entre besoin et ressources, sachant que le niveau de ressources que nous vous garantissons est parmi les plus élevés du monde ».

Dans ce cadre, certains hôpitaux ont été très bien gérés et d’autres ont laissé filer leurs dettes sans vergogne, considérant qu’ils n’avaient pas à se laisser impressionner par la peur du qu’en-dira-t-on des instances politiques, qui en France sont les mêmes que les instances administratives.

En reprenant les dettes des mauvais gestionnaires, Emmanuel Macron ridiculise les bons et signe la déresponsabilisation totale des dirigeants de la sphère médicale. Simultanément il se moque des contraintes globales qu’impose un trop haut taux de dettes nationales. Il s’abaisse ainsi au niveau d’une Hidalgo et des équipes qui ont porté la dette à Paris à 7 milliards d’euros en attendant mieux, tout en doublant la pression fiscale locale. Pourquoi se gêner ?

La France continue de se laisser aller à la pire démagogie tout en ne réglant aucun problème de fond, une stratégie qui lui a permis de devenir championne du monde des prélèvements tout en voyant la totalité de ses services publics sombrer dans la déréliction.

Les causes des difficultés du service public des hôpitaux sont faciles à comprendre et toute l’action de communication des pouvoirs et des médias consistent à éviter de les voir. Pourquoi ? Parce qu’elles impliquent des politiques dont on se sent incapables, soit parce qu’elles nous échappent, soit parce qu’on ne veut pas les mener.

Première vérité : les ressources du secteur de la santé dépendent directement de la prospérité du pays. Un pays qui va de crise en crise, qui n’est plus compétitif et qui n’a plus de poids pour provoquer les changements globaux qui sont nécessaires, qui est gangrené par des prédations massives a, nécessairement, dans un contexte de vieillissement et de technicité accrue des traitements, un drame à gérer.

Pour l’éviter, il faut avoir une politique macroéconomique de croissance c’est-à-dire d’abord exiger des réformes lourdes dans le système mondial et européen des monnaies et des échanges. Des crises telles que celle de 2008 et 2011 sont totalement destructrices. Pas de santé publique saine sans économie globale saine. Une des fautes de l’Enarchie Compassionnelle qui nous dirige depuis 50 ans est d’avoir baissé pavillon dans ce domaine macroéconomique. Les changes flottants et la monnaie unique sont des échecs sanglants, mais il ne faut JAMAIS en parler ni rien proposer. Si les besoins croissent de 2 à 4 % par an et les ressources globales de 1.2 à 1.5 %, vous aurez mécaniquement une difficulté gravissime à surmonter. On ne peut pas sortir de cette réalité : une médecine de plus en plus coûteuse suppose une croissance rapide des revenus globaux, afin de consacrer les sommes nécessaires la stabilisation et l’extension des progrès médicaux. Il n’y a pas de décroissance heureuse dans le domaine de la santé publique !

Seconde vérité : les causes internes de la crise des hôpitaux proviennent principalement de décisions politiques intenables qu’on ne souhaite pas remettre en cause.

-          Gratuité des soins et de plus en plus de la périphérie des soins (transport, hébergement, etc.).

-          Bureaucratie gigantesque et hypercentralisation provoquant des rigidités insurmontables

-          Réduction massive de la durée de travail des personnels médicaux

-          Omnipotence des syndicats et disparition d’une vision sacrificielle des métiers médicaux issue du temps où on soignait autant la détresse et la misère (morale, sociale, physique) que la maladie.

-          Envahissement par des « patients » étrangers

-          Absence de médecin du fait du numerus clausus

-          Disparition de la médecine de dispensaire

-          Réduction de la médecine de ville

Nous avons abordé souvent le thème de la destruction sociale par la gratuité. Les politiques publiques de gratuité, sauf dans des cas très précis et fort peu nombreux, aboutissent nécessairement à la répression de l’offre et de la demande, et au mécontentement général, car les ressources gratuites conduisent automatiquement à des gaspillages terrifiants et non finançables.

La bureaucratie française est sans limite. Nous avons, en matière de santé publique, un système soviétique, avec tous les défauts d’un système soviétique

La réduction, d’en haut, de la durée de travail hebdomadaire a tué l’hôpital français. Cela a été prouvé par mille études. Elle a été aggravée par le laxisme en matière d’absences et la féminisation massive du corps médical (arrêts maternité – Obligations maternelles – approche du métier différente) . La retraite trop précoce a fini le travail.

La syndicalisation a provoqué une forme de cogestion basée sur l’interdiction d’interdire et de diriger fermement. Elle permet les mobilisations massives et les luttes collectives pour arracher toujours plus d’avantages à un État dirigé par des fonctionnaires qui lâchent tout systématiquement.

L’envahissement de notre système par des prédateurs étrangers a trop fait débat pour insister ici, sauf pour dire que ceux qui savent, savent que c’est bien pire que tout ce qui a été avoué par les médias. Le système bureaucratique de la santé a un intérêt objectif à servir gratuitement n’importe qui pour obtenir plus de revenus et plus de moyens. L’envahissement se fait avec la complicité assez générale des médecins publics et des ARS.

Le numerus clausus est une des nombreuses sottises de Giscard. Cette décision est fondée sur un double calcul : pour les médecins, la réduction de l’offre permet de maintenir de hauts revenus ; pour la SS, cela permet de contenir les actes vus comme à la discrétion du médecin : une forme de répression du producteur par euthanasie ! Ce genre de mesures a toujours des conséquences désastreuses. Elles sont pleinement visibles.

La notion de dispensaire était très importante : elle permettait de « dispenser » une médecine aux catégories les moins fortunées, ou spéciales, dans des conditions de coût et d’exercice adaptées. Par idéologie on a voulu un accès généralisé à une médecine « bourgeoise » uniforme. Le résultat se voit aux Urgences.

La médecine de ville a été ruinée par différents dispositifs globaux ou spécifiques. Deux exemples auxquels on ne pense jamais : le blocage de la circulation à Paris, associé à une tarification indigne, a fait quasiment disparaître la médecine à domicile. La hausse prodigieuse des coûts immobiliers par rapport aux honoraires médicaux empêche l’installation de cabinets médicaux en ville. Paris est devenu un désert médical !

Comme on le constate, chacune de ces réalités a été construite par les politiques. Personne ne veut réellement corriger ces constructions désastreuses comme on l’a dit soit par impuissance soit par démagogie.

Ce naufrage ne nous permet pas d’aborder de façon raisonnable les deux évolutions très favorables que sont le vieillissement et le meilleur traitement des maladies et des malades. Atteindre 80 ans en bonne santé, cela aurait fait rire en 1950. Aujourd’hui, plusieurs milliers de personnes de plus de 90 ans conduisent encore leur voiture !

La technicité entraîne des coûts aggravés au fur et à mesure que de nombreuses maladies deviennent l’objet d’un traitement. Les traitements s’améliorent avec parfois des médicaments extrêmement chers. En sens inverse, la démographie baisse et la prévention réduit des risques qui étaient auparavant très présents. Mais de façon très inégale avec parfois des remontées brusques dans certaines pathologies. La chronicité pose un défi supplémentaire puisque certains traitements vont accompagner un « malade » pendant 20 ou 40 ans.

L’avenir est donc à la fois très prometteur (dans ses résultats) et très préoccupant (dans son mode de production et de financement).

Une bonne maîtrise de la santé publique suppose d’abord une bonne économie générale, un état non prédateur qui n’étouffe pas la croissance et une gestion quotidienne souple et correctement financée.

Si, dans le monde entier, et spécifiquement en Europe, de mauvais systèmes monétaires provoquent des crises à répétition, si, comme en France, les erreurs économiques s’accumulent et si l’organisation des soins est soviétisée, alors le système de soins se dégrade, accumule dettes et déficits, traite de moins en moins bien et s’effondre doucement mais sans fin.

On observera que la dégradation ne provient pas au premier chef du personnel hospitalier même si des mutations démographiques compliquent les choses.

Des évolutions, qui auraient été indolores à un rythme lent, deviennent des casse-tête à un rythme élevé. Comme le disait récemment un ami chirurgien, « la probabilité d’être traité par un noir, un Arabe, un étranger ou une femme devient très grande, pour la même raison que les curés sont désormais noirs dans l’Église catholique française ! Cela ne change pas nécessairement les traitements, mais sûrement le climat général et surtout la confiance des malades ». Une partie de la clientèle des hôpitaux publics fuit vers des cliniques privées, exactement comme une partie des Français privilégient les écoles privées. Alors qu’en vérité les difficultés de recrutement y sont exactement les mêmes, du fait du profil de la démographie française.

Il faut en finir avec la gratuité totale, c’est-à-dire le transfert sur la collectivité des dépenses individuelles. Le petit risque ne doit pas être couvert à 100 % si on veut que le gros risque reste accessible au plus grand nombre. Sauf cas rares, il appartient à chacun de gérer ses transports. Créer un service national de gratuité des transports hospitaliers est une folie furieuse. Mieux vaut financer un scanner que l’accès gratuit à l’hôpital par taxi pour tous ! Arrêtons le misérabilisme. Les maladies au long cours genre diabète 2 ne doivent pas être remboursées à 100 %. L’étranger doit faire financer par son pays l’accès au soin en France, sauf lorsqu’il cotise à un système français. La prévention doit être une priorité nationale. Il n’est pas choquant que les assureurs paient en totalité les soins associés aux accidents, et qu’il y ait un malus pour les intoxiqués (fumeurs de substances diverses, alcooliques, etc.).

Si on déclinait l’ensemble des mesures de ce genre on aboutirait à des économies comprises entre 50 et 80 milliards d’euros par an. Ce n’est pas rien.

Mais c’est surtout par une réorganisation du système que les gains les plus importants seraient faits.

Quelqu’un qui se présente aux urgences pour avoir un certificat médical ou une consultation doit être systématiquement éjecté des urgences hospitalières. Il faut séparer les urgences « maladie » et les urgences « blessures » ou « crise », où le patient ne tient pas debout, qui ne peuvent pas se gérer de la même façon.

En Suisse, dans une station de sport d’hiver, vous n’allez pas aux urgences pour une fracture simple, mais dans un cabinet. Il y en a toujours plusieurs et l’un fait la garde de nuit pour les fractures par glissages. À Paris une entorse ou une petite fracture est toujours gérée par les urgences. Alors qu’on pourrait les faire traiter routinièrement par des cabinets privés spécialisés. Plus généralement, il faut prévoir des structures par spécialité dans les grandes villes, avec un débouché ultérieur garanti sur des lits de traitement ou de convalescence hospitaliers. Ce système où tous les services d’urgence font tout avec réorientation après attente désespérée pendant des heures est absurde.

Les grippes et les malaises cardiaques doivent être également pris en compte dans des structures spécialisées. Il est absurde de faire venir en masse des grippés dans des services d’urgences où traînent des malades fragiles qui vont attraper la grippe et parfois en mourir.

Il y a beaucoup trop de rigidité entre les services. Un service qui marche au ralenti ne cédera jamais un lit ou une infirmière à un service momentanément saturé. Chacun dans son silo. Les normes sont de plus en plus kafkaïennes. On peut fermer un service entier parce qu’il manque une infirmière. Un service en sous-emploi peut gonfler l’occupation des lits en hospitalisant des personnes dans l’attente d’examens qui auraient pu être faits avant l’hospitalisation. Les litiges interpersonnels prenant une place souvent disproportionnée. Les syndicats jouent un rôle d’activateur de conflits et de rigidité. À la fin, tout le monde est découragé du bien.

Moins de normes, plus de souplesses, moins de bureaucratie, plus des responsabilités, moins de blocages syndicaux, moins d’ARS, moins de présence des politiques, moins de rigidités dans les définitions de poste et dans l’organisation quotidienne du travail, moins de vols, moins de gabegie, plus d’autorité, plus de cohérence dans les politiques suivies, tout cela est possible et indispensable. Si la pharmacie centrale n’a pas les médicaments qu’il faut au moment utile, si les instruments ne sont pas stérilisés au bon moment, si le savon manque pour se laver les mains, bref si l’intendance ne suit pas, les conséquences sont sévères et coûteuses. La logistique est critique dans un hôpital et bien trop souvent l’intendance ne suit pas. Une bonne part des maladies nosocomiales y trouve sa cause.

Les politiques ont renoncé à réellement intervenir pour remettre sur pied le système français.

Ils ont accepté le poids excessif des syndicats. Ils ont voté le numerus clausus. La bureaucratisation a été poussée d’abord par eux avec une vision d’énarque compassionnel. Ils ont réduit le temps de travail et poussé aux gratuités. Ils ont organisé la saturation des systèmes de soin.

Et ils cèdent sur tout après avoir fait un peu de cinéma. Macron a fait semblant de reprendre en main les abus massifs constatés dans le domaine des soins aux étrangers en situation irrégulière ou sans droit, tout cela pour préparer le terrain à la reprise des dettes hospitalières par l’état donc par l’impôt, tout en lâchant sur à peu près tous les sujets mis en avant par les syndicats.

Le résultat est à prévoir : plus d’impôts dans le pays leader mondial des prélèvements ; donc moins de prospérité et moins d’argent pour la santé ; et une constriction larvée des soins gratuits puisqu’on ne parvient pas à dégager les ressources suffisantes. Accompagnée d’une dette à nouveau croissante, jusqu’à la prochaine reprise par l’État.

Où est la nouveauté de la politique Macron ? On en revient au cycle énarchien de base : démagogie, fausse réforme, baisse rapide de culotte, n’importe quoi, bla bla bla, dette, impôts.

Pourquoi il faut interdire la LIBRA

Nous n’aurions pas du donner comme titre «  la monnaie du diable » à notre dernier livre. Il aurait parfaitement fait l’affaire pour un livre sur la Libra. Le diable, c’est Mark Zuckerberg , considéré désormais universellement comme un « morveux délétère et dangereux » (dangerous and deleterious brat), mais assis sur un stock d’usagers qui se comptent en dizaine de millions, et diffuseur d’applications devenues d’immenses monopoles transnationaux, défiant toutes les règles démocratiques, aussi bien dans le domaine du droit de presse, du droit des gens, de la vie privée, de la politique politicienne et de la fiscalité.  La « montagne de sucre », traduction du nom du créateur des réseaux sociaux, s’est non seulement transformé en tas d’or mais en inquiétude universelle, quand le cynisme du personnage est devenu évident lors  du grossier détournement des données personnelles des utilisateurs de Facebook  à des fins politiques (l’affaire cambridge Analitica). L’aveu par un des créateurs de Facebook, Roger Mc Namee qu’insensiblement l’idéal initial, mettre les gens en contact, s’est transformé en  fourniture de drogue dure injectée de force pour faire du fric, a fini de ruiner la réputation du patron milliardaire (près de 80 milliards de dollars de fortune personnelle). « Facebook doit capter et accaparer l’attention de l’utilisateur, ce qu’il fait en usant de techniques de modification du comportement qui exploitent principalement le phénomène d’addiction, comme semble l’étayer un faisceau de preuves croissant. La modification du comportement et la dépendance allaient jouer un rôle primordial dans l’histoire de Facebook. » « Si t’es pas likée, t’es morte » dit une jeune femme interviewée  à la suite d’un suicide d’adolescente, rendue dépendante à l’émotion narcissique et sociale de Facebook.

Pilote d’un engin de mort individuelle et de massacre à la tronçonneuse de la démocratie, comme vecteur de chouannerie universelle, acheteur compulsif des systèmes concurrents pour obtenir un monopole mondial  hors de portée des concurrents et au dessus des gouvernements ,  le jeune Mark  pousse les feux pour « enfermer les internautes dans des « bulles de filtres », un concept théorisé par Eli Pariser, fondateur d’une association politique progressiste américaine. L’utilisateur se retrouve confortablement installé dans un univers qui lui est familier, sur un petit nuage de contenus en accord avec ses opinions et ses croyances. La contradiction n’a pas droit de cité. » Il n’est pas le seul. Google fait exactement la même chose, enfermant l’usager dans ce qu’il cherche ou a cherché.  Et les groupes d’activistes fermentent en circuit fermé dans leur bulle d’activisme de plus en plus délirant.

«  Les plateformes technologiques, y compris Facebook et Google, bénéficient de la confiance du public, qui est intrinsèquement liée à la réputation que les précédentes générations de sociétés technologiques se sont forgée en une cinquantaine d’années. Elles ont profité de notre confiance en usant de techniques sophistiquées pour exploiter les faiblesses de la psychologie humaine afin de collecter nos données personnelles et d’en tirer profit, mais aussi pour façonner des modèles commerciaux n’offrant aucune protection aux utilisateurs. »

C’est dans ce contexte qu’il faut aborder la question de la Libra, dernier projet d’une « montagne de sucre » bien décidé à aller au bout de son pouvoir et à caraméliser son portefeuille.

La Libra n’a rien à voir avec par exemple le Bitcoin et ce qu’on appelle à tort des cryptomonnaies.

Le Bitcoin est un jeton internet qu’un groupe de mafieux a décidé de transformer en machine à fric  en dupant des gogos.  Le marché est tenu par une douzaine de personnes qui détiennent plus de 60% du stock et manipulent les cours sans vergogne. Tous les essais de faire croire à un minimum de vertu et d’utilité du Bitcoin ont échoué.  Tout le monde a compris que comme monnaie privée, l’entreprise était impossible : il faudrait faire cuire la terre, ce qui n’est pas à la mode en ce moment.  Depuis que les interdictions et les contrôles des bourses de conversion en monnaies légales se sont multipliés, l’anonymat, le socle de valeur en fait du système,  est quasi mort. Les vols et les escroqueries ont fini par décourager même les plus forcenés des crédules.

Le Libra n’a rien d’un vecteur de spéculation. L’idée n’est pas de s’enrichir par la création de jetons substitutifs aux monnaies officielles  vendus à des gogos.  Bien au contraire toute l’approche est fondée sur l’idée que le cours serait stable par rapport à un panier de monnaies. Quel serait alors l’intérêt de l’opération présentée par tous moyens comme neutre et gentillette ?  L’idée est très simple : c’est de faire tomber l’interdiction absolue faite aux banques de connaître et de conserver la connaissance de l’utilisation que font les déposants de leur argent.  Une banque n’a pas le droit d’exploiter votre carte de crédit pour faire la liste de vos achats et vendre cette masse de données à des gens qui l’exploiteront.

Le détenteur des réseaux Facebook, Whatsapp, etc. sait exactement ce que vous aimez, ce que vous faites, que vous dites, dans tous les domaines sur lesquelles vous êtes amenés à vous exprimer. Mais il ne sait pas ce que vous consommez exactement.  Avec la Libra, Mark Zuckerberg sera capable de « faire sauter » la loi bancaire et obtenir de vous suivre au jour le jour dans chacun de vos actes d’achats, d’investissements, de ventes etc. Un totalitarisme parfait de la surveillance des comportements individuels.

Nous ne sommes plus dans le domaine monétaire, mais dans la « mass data » exploitée par l’intelligence artificielle pour exercer un contrôle total sur les comportements individuels et les influencer dans un sens favorable à la fortune des promoteurs. Il faut passer au niveau supérieur  dans l’enfermement des internautes dans une bulle de filtres encore plus manipulatrice.

Si on se place du point de vue de l’utilisateur de la Libra, la question est : pourra-t-il être séduit et le système peut-il être un immense succès ? La réponse est oui.  A partir du moment où l’utilisateur dispose d’une garantie de valeur de la monnaie  et d’un lieu de conversion simple et sécurisé, sachant que la blockchain a fait la preuve de sa solidité, utiliser la Libra peut être extrêmement avantageux et il est certain qu’une fraction notable des bientôt 100 millions d’utilisateurs des réseaux concernés pourraient l’utiliser effectivement.  D’un point de vue strictement économique, si la contrevaleur des jetons Libra en monnaies administratives est conservée dans des comptes destinées à assurer sa stabilité, cela ne peut pas perturber les politiques économiques et monétaires.  Sauf qu’il est peu probable que ces comptes ne soient pas gérés et ne rapportent pas aux promoteurs des gains  associés à un risque de placement. Le danger est plutôt dans les comportements de fuite devant la monnaie. La détention de Libras localisés nulle part et convertissable en ligne partout y compris dans des lieux non couverts par le droit,  peut avoir un effet économique majeur par transfert d’épargne hors d’un pays en difficulté, accentuant la difficulté. Les promoteurs affirment que ce serait un effet non désiré et qu’ils ne recherchent pas cela du tout. Et c’est vrai.

Le danger de la Libra est que cela peut parfaitement marcher et rendre des services à des dizaines de millions de gens et par effet boule de neige atteindre des nombres d’usagers terrifiants.  Et le réchauffement climatique alors ?   La création du Libra n’utilise pas la technique du minage qui est la raison de l’horreur climatique de la solution Bitcoin.  Cette critique là tombe. Le fait d’entraîner une augmentation massive des réseaux internet en revanche a bien un impact climatique.

Reste donc la question clé : peut-on accepter que les données d’achat de dizaines de millions d’utilisateurs passent dans les mains d’un type comme Zuckerberg et de ses séides ?  La réponse et évidemment non. Il faut interdire la Libra simplement par application de l’interdiction absolue de connaître, de conserver et d’exploiter les données privées des utilisateurs de la monnaie, sous quelque forme que ce soit.

La crainte de beaucoup, en voyant des réseaux de cartes de crédit rejoindre le projet Libra, était justement de savoir s’ils ne venaient que pour obtenir le droit d’exploiter les données individuelles qu’ils collectent. Certains se sont même demandé s’ils n’avaient pas commencé à le faire en fraude du droit bancaire, du fait des trous législatifs dans la sphère mondiale où ils offrent leurs services. 

Une première réponse a été donnée par le retrait de ces réseaux du projet Libra dès que le principe d’interdiction de collecter l’usage d’une monnaie a été réitérée par les autorités américaines. On se demandait bien  ce qu’ils allaient faire dans cette galère.

Le Libra est un projet dangereux parce qu’il peut réussir, si les législateurs acceptent de le laisser s’installer. Il a une finalité désastreuse par son mercantilisme totalitaire.  Il faut donc l’interdire et le faire le plus vite possible.

Mais il faut aussi réfléchir au fait qu’une monnaie de type Libra, entre des mains officielles et sans visées mercantiles désastreuses pour les libertés,  pourrait avoir des résultats magnifiques aussi bien en terme de facilité des échanges que de stabilisation monétaire.  Beaucoup de banques centrales pensent à créer des jetons internet.  S’il s’agit simplement de jetons d’état, comme celui de Maduro ou celui en projet en Chine,  le but n’est que de séduire les gogos et d’utiliser l’appétit de gains pour faire rentrer des devises. Ce sont des monnaies mercantilistes qui ne valent guère mieux que les monnaies privées mercantiles fondées sur l’idée d’intoxiquer l’utilisateur individuel.

En revanche, si autour du FMI, se recréait un système de changes fixes et ajustables par consensus, opération que nous réclamons depuis des lustres tant le système des changes flottants est désastreux, et qu’une émission de jetons FMI librement négociables sous internet soit organisée,  d’abord entre banques centrales puis généralisée au grand public avec un support officiel dans tous les pays membres, sous contrôle des autorités monétaires,  là les choses seraient totalement différentes. Nous demandons la création d’un Mondio depuis des lustres. Ajoutons lui une  vraie cryptomonnaie . Là nous aurions une réelle révolution et dont on peut penser qu’elle aurait un impact des plus bénéfiques. Comme disait Copernic (bien avant Gresham), la mauvaise monnaie chasse la bonne, et les monnaies nationales ne serviraient guère qu’à payer le fisc !  Nous aurions une monnaie mondiale stable et capable de faire pression sur les délires monétaires locaux.  Cette opération serait bénéfique mais pas suffisante. Il faudrait la compléter d’un contrôle des gros excédents et des gros déficits.

Le seul bénéfice du projet de Libra est de stimuler la réflexion sur une reforme intelligente du système monétaire international.

Actualité saisissante d'un livre de 1934

Les leçons des grandes crises sont souvent les mêmes

L’avantage des grandes crises économiques, si on nous permet cette expression, est qu’elles ébranlent quelques certitudes et permettent des remises en cause qui sont souvent nécessaires, dans des domaines qui ne sont pas qu’économiques.

On le constate tous les jours en ce moment. L’interprétation des remises en cause est aidée lorsqu’on se penche sur ce qui s’est passé après la précédente grande crise mondiale, 1 929.

Un des livres les plus intéressants de la période et qui connaîtra un grand retentissement, ne serait-ce que par l’effet qu’il aura sur la pensée constitutionnelle du Général de Gaulle, est « L’heure de la décision », 1 934 – Flammarion, d’André Tardieu.

George Mandel et André Tardieu sont les deux personnalités remarquables des années trente par leur lucidité et leur courage. Tous deux ont parfaitement compris ce que signifiaient l’élection d’Hitler et le risque de désastre qui pouvait s’en suivre. Tous deux ont essayé, au pouvoir, avec les moyens limités qui étaient les leurs, d’agir avec fermeté. Tous deux étaient de droite et opposés à toutes les formes de socialisme violent, qu’il s’agisse du socialisme des ligues, du national-socialisme ou du communisme. Tous les deux ont considéré que le Front Populaire désarmait la France alors que l’Allemagne réarmait et que « le temps n’était pas à jouer de l’accordéon dans les cours d’usines mises à l’arrêt par des occupations illégales quand Hitler finissait de réarmer l’Allemagne et de créer une armée mécanique ».

Tardieu sera victime d’une attaque cérébrale et se retirera très diminué à Menton, où il n’aura plus d’influence avant de mourir en 1945. Mandel a été assassiné par la Milice peu avant la Libération.

Le fait d’être un opposant résolu au socialisme vaudra à Tardieu d’être totalement ostracisé. La reconnaissance de ses qualités est (très partiellement) en cours. Natacha Polony l'a fait alors que la gauche socialiste est quasiment hégémonique dans les médias, notamment publics. Bravo ! La lecture du Figaro du jour annonce un livre de Maxime Tandonnet, ce que nous ne savions pas lorsque nous avons écrit ce billet. Cet intérêt soudain se comprend. Relire Tardieu est plus qu’intéressant, par ce qu’il nous permet de comprendre de la situation actuelle.

1)      Crise économique et institution

André Tardieu réagit à la crise qui ravage le pays après avoir mis par terre l’économie mondiale, en exigeant une réponse institutionnelle. Le thème de l’impuissance des élites, comme aujourd’hui, est très prégnant dans l’opinion de l’époque. Ayant été trois fois Président du conseil et trois fois renversés après de trop courts mandats, il a tous les éléments en main pour comprendre que l’impuissance est d’abord institutionnelle.

Il demande cinq réformes :

-          La possibilité pour l’exécutif de dissoudre l’assemblée

-          L’abandon de l’initiative des dépenses des chambres

-          L’instauration du référendum

-          La séparation de la politique et de la haute administration

-          L’interdiction pour les fonctionnaires et aux juges de faire grève et d’avoir des positions politiques publiques.

Le Général de Gaulle mettra en œuvre les trois premières suggestions dans la Constitution de 58. Il ne s’attaquera pas aux deux dernières. En revanche il fera du président élu au suffrage universel le pilier de l’exécutif, une solution que Tardieu n’a pas envisagée.

La dissolution sauvera les institutions en 1968, sera détournée de son sens après l’élection de Mitterrand, pour synchroniser la majorité présidentielle et parlementaire. Elle sera appliquée par Chirac à mauvais escient en 1997.

Le referendum sera combattu par la gauche comme plébiscitaire, jusqu’à sa renaissance soudaine avec le mouvement des Gilets Jaunes. L’échec du referendum sur la prétendue « constitution européenne » a singulièrement refroidi les amateurs dans les partis de pouvoir, au prétexte que les électeurs votent contre le pouvoir en place mais pas pour la question posée (ce qui est un faux argument).

Sarkozy, avec la complicité de Copé, a malheureusement remis au goût du jour l’initiative des dépenses par l’Assemblée dans le cadre d’une « coproduction législative » dont on voit en ce moment même tous les dangers.

L’absorption de la politique par l’Enarchie est totale. Le quinquennat a fait de la dissolution un accompagnement automatique de l’élection présidentielle qui a pour but d’accorder la chambre et le président.

Le petit monde la politique politicienne a réussi à stériliser les réformes indispensables que seuls des évènements d’une extrême gravité avait réussi à faire accepter.

2)      Sur l’économie et les causes de la crise

« Les États-Unis s’habituaient à ne vivre que de crédit et de spéculation » « En bref les Etats Unis ont été les premiers responsables de la crise ». « Ils ont pratiqué l’inflation maxima du crédit, non pas même au service de la production mais pour des fins spéculatives ». Ils ont « exporté leurs dollars chez les emprunteurs les moins sûrs et stimulé les pays les plus disposés à abuser de l’emprunt ». « Ils ont livré le dollar aux hasards de change et rompu les amarres avec l’or ».

« On nous a dit « le redressement de l’équilibre budgétaire demande des mesures immédiates » Or qu’est-il arrivé ? Dix-huit mois ont passé à attendre l’immédiat ».

« L’excès du machinisme a provoqué l’abus de crédit, la surcapitalisation des entreprises, le dérèglement des rapports économiques. Le capital de spéculation, substitué au capital d'épargne, n’a plus voulu connaître les bornes du débouché ». « Choisir entre les vices du néocapitalisme et les vices du néocommunisme me répugne ». « Notre époque ne semble capable de supporter ni les maux ni les remèdes ».

« Les classes moyennes ont succombé. » La faute en revient aux « partis de gauche grandement servis par les fautes et maladresses des parties conservateurs ». « La fiscalité radicale-socialiste contre-pied de celle de la Révolution française a développé la fraude et la spéculation. Quant à l’économie dirigée, qui n’est autre chose que l’étatisme, elle a paralysé les initiatives individuelles et mis les budgets en déficit chronique ».

« On a fabriqué un Français moyen qui n’est pas le français normal mais un Français dont on a développé les défauts et amenuisé les vertus ». « La matière financière ne touche les masses que lorsque la chute du Franc trouble les relations entre créanciers et débiteurs ».

Pratiquement toutes ces phrases pourraient être reprises aujourd’hui, à une observation près. Dans la mentalité de l’époque les crises étaient d’abord une conséquence de la surproduction. Il est facile de comprendre que dans une économie agricole les surproductions ont un effet direct sur les prix et les revenus. On attendait de restrictions quantitatives le retour à un prix tolérable pour les paysans qui formaient la majorité de la population active. Ce raisonnement a longtemps survécu à la diminution croissante de la part de l’agriculture dans le PIB. D’où le raisonnement tenace: machinisme = performance = surproduction = crise. De nos jours on sait que la productivité n’est pas un vecteur de crises conjoncturelles.

En revanche Tardieu voit bien dans la finance américaine la cause du dérèglement de tous les mécanismes de financement. Elle est débridée depuis la guerre du fait de l’afflux d’or suivant la guerre de 14, qui a provoqué une grande création monétaire en interne. Les changes flottants qui ont suivi dans les années vingt, ont aussi poussé à des gains spéculatifs majestueux (dont Keynes profitera pour faire une petite fortune). Les changes flottants sont déjà vus comme un grave problème, mais sans doute plus par habitude de l’étalon-or, considéré en France par nos politiques de tous bords comme une valeur de référence absolue et le mode normal de fonctionnement d’un système monétaire international, que par l'analyse fine des conséquences des gros déficits et des gros excédents.

Un autre aspect, que l’on retrouve dans tous les écrits de l’époque, est le refus du machinisme et de la consommation considérés comme des excès qu’une vertu supérieure devrait condamner. La TSF joue le rôle des réseaux sociaux actuels, la production intensive paraît une sorte de délire qui gâche toute la beauté ancestrale du monde. Le modernisme en tout est vu comme une aberration d’enfant gâté etc. Un certain conservatisme moralisant renaît à l’occasion des grandes crises… Voir la situation actuelle !

Tardieu écrit : « Notre régime de tolérance illimitée, de non-résistance au mal, répond-il aux traditions de la force individualiste qui a dominé les révolutions intellectuelles et économiques d’où l’âge moderne est sorti ? » « Nous sommes les liquidateurs forcés des abus dont le libéralisme et le matérialisme ont marqué le dernier siècle ». On croirait lire la PQN française.

3)      Sur les abus politiques des fonctionnaires

On voit aujourd’hui de façon quotidienne et éclatante que les juges, les employés de services publics, notamment les enseignants, les « journalistes » radio et télé du secteur public, les syndicats de fonctionnaires, font de la politique à leur propre compte, sans vergogne, au mépris de toute règle et même de la loi, vue comme le reflet momentané d’un rapport de force qu’il s’agit de faire évoluer.

Nous écrivons cet article juste au moment où les cheminots et leurs syndicats ont détourné la loi stupide sur le droit de retrait pour créer une grève totalement illégale faite pour gêner le maximum d’usagers. La loi est stupide car jamais qui que ce soit qui cherche « à éviter un danger imminent et grave » en s’éloignant d’un lieu de travail n’a jamais connu le moindre ennui. Ce texte permet à des personnels mal embouchés et des syndicats voyous de menacer la prospérité de leur entreprise en toute impunité. C’est d’ailleurs pour cela qu’il a été voté dans la foulée de l’élection de Mitterrand. « Il s’agit de contester la toute-puissance patronale en affermissant un contre-pouvoir des salariés » indique un défenseur des lois Auroux du 23 décembre 1982. Comme plus tard la prise en compte de la pénibilité pour les retraites, ou les abus liés au chômage des intermittents du spectacle, il s’agit de gages politiques, en vue d’une hypothétique « paix sociale », dont on sait que ce sont des absurdités et que la loi ne servira que des abus. Une fois entérinées ces lois sont impossibles à amender.

Relisons ce qu'écrit Tardieu, qui trouve un écho frappant aujourd’hui :

« Il y a pour les fonctionnaires un problème administratif et un problème politique. Le premier est posé par le refus des agents publics d’accepter dans leurs relations avec l’État, en contrepartie de droits spéciaux des devoirs spéciaux. Le second naît de leur prétention d’être des citoyens comme les autres et bien qu’échappant à la bataille des partis de se mêler à cette bataille sans mesure ni réserve ».

« Le droit à la propagande politique hors de la fonction et dans la fonction même y a été revendiqué et usurpé » par les syndicats qui ne respectent pas « les principes sur quoi sont fondées la patrie et la république ».

Les instituteurs affirment qu’ils « feront une grève générale même en cas de guerre défensive. Contre la Constitution on substitue aux pouvoirs publics nés de la loi la dictature d’une organisation anonyme de classe ». « Un jour c’est la fédération CGTU des fonctionnaires qui demandent l’instauration du régime soviétique, et un autre c’est la SFIO qui invite le corps enseignant à se dresser contre la défense nationale ». « Tout instituteur sait que c’est sur lui seul qu’il doit compter pour former une génération d’élèves qui pourront achever la désagrégation du capitalisme ».

« Les fonctionnaires chez qui le socialisme est entré par le syndicat vont devenir dans le sein de l’État avec l’autorité qu’ils empruntent à l’État les plus actifs propagandistes de cette doctrine ». « Certains fonctionnaires administrent contre l’État ».

« Pour 40 millions d’habitants on arriva vite à 1 million de fonctionnaires ».

Mise à jour : On est passé de 40 à 66 millions de Français, soit 55 % d’augmentation, et à plus de 5 millions de fonctionnaires et assimilés, sans compter les associations réalisant des politiques publiques. Soit une multiplication par 6. Une croissance dix à douze fois plus rapide que celle de la population.

« Le législatif, inventé par nos grands-pères pour contrôler et freiner la dépense, en est devenu l’accélérateur ». « Le mal est chronique, plus accentué seulement quand le pouvoir appartient aux gauches, où s'intègrent les plus puissantes des oligarchies dépensières ».

Mise à jour : la dépense publique dépasse aujourd’hui la valeur ajoutée des entreprises du secteur industriel et commercial (hors banques et entrepreneurs individuels).

« Dès avant son élection le candidat est sommé de se livrer aux oligarchies mendiantes ». Il ne s’agit plus que de « piller le budget au profit de quelqu’un ou de quelque chose ». Jules Ferry : « le budget est une immense gamelle où chacun vient puiser à son tour ». « On a oublié l’origine du mandat qui est de défendre le contribuable pour se mieux consacrer au renouvellement de ce même mandat qui veut la satisfaction de certains électeurs aux dépens de certains contribuables ». « Proposer les dépenses que ne les payant pas réclament les ordres mendiants apparaît à l’élu comme son outil de travail ».

La notion « d’ordre mendiant » mériterait de revenir à la mode, tant il est justifié par la situation contemporaine.

4. Sur la défense de la nation

« Une grande offensive est en cours contre notre civilisation et pour défendre cette civilisation la France a besoin d’être en bon état ».

« Il faut restaurer un minimum de dignité électorale, un minimum de moralité publique, un minimum d’ordre financier ».

« Jamais gouvernements et peuples n’ont été moins qu’aujourd’hui aptes à la compréhension mutuelle ».

« Si nous ne voulons nous trouver un jour devant l'un de ces faits accomplis [qui ruinent le pays N.D.L.R.] il faut affirmer notre volonté de vivre en État puissant et libre, disposé aux transactions mais rebelle aux soumissions ».

« Il est de règle en tout pays que les hommes de gauche arrivent au pouvoir par suite de difficultés financières et qu’ils les portent en quelques mois au point d’extrême acuité ».

« Il n’est pas d’exemple qu’un régime socialiste ait jamais réussi ».

Le drame socialiste « est d'oublier le péril extérieur ».

Inutile d’insister pour vérifier que toutes ces citations pourraient être reprises aujourd’hui quasiment dans les mêmes termes.

Tardieu affirme que l’on ne gagne rien à oublier que « la vie des peuples est réglée sur trois idées : « patrie, légalité, propriété » ».

La patrie est en danger, contestée par les européistes qui veulent la disparition des nations et un État fédéral européen (d’où le Brexit) et par le « grand remplacement » associé à l’islamogauchisme.

La légalité : Elle est foulée aux pieds tous les jours. L’affaire du droit de retrait précité suffisant à le prouver.

La propriété : elle est mise en pièces par tous les bouts (réglementation, fiscalité, voies de fait non poursuivies).

5. Quelques conclusions

L’aspect institutionnel reste brûlant. Les réformes du général de Gaulle ont été largement affadies. Ce qui n’avait pas été jugulé a pris une extension épouvantable. Ce qui était reproché aux députés est désormais généralisé :

-          L’Europe

-          Les régions et les municipalités

-          La présidence de la République,

sont toutes devenues des sources de démagogies budgétaires incontrôlables. Le cas du Brexit est typique : comment réagir à la disparition des ressources en provenance du Royaume Uni ? En révisant à proportion des dépenses ? Pas question : il faut des recettes nouvelles ! À Paris, la mairie a augmenté de 90 % la taxe foncière et porté à bientôt 7 milliards la dette de la ville. L’élection du Président au suffrage universel pour 5 ans crée une urgence de réélection qui pousse à la démagogie la plus totale, à l’affichage de fausses réformes dérisoires et transforme le Président en assistante sociale.

Il faut, comme nous en défendons le principe depuis longtemps, séparer la haute fonction publique et la politique. L’Enarchie doit être empêchée. Si on appartient à un corps de l’État, on ne peut pas être à la tête d’un exécutif. De même, la procédure budgétaire doit être entièrement revue aussi bien pour le Parlement que pour les collectivités locales. Les « gratuités » doivent être interdites. Les lois qui créent des obligations financières majeures pour des catégories de Français à l’exclusion des autres, doivent faire l’objet de procédures spéciales. Le referendum d’initiative populaire doit être imposé dans les communes, notamment en cas de hausse du budget supérieur à l’inflation. Les niveaux d’endettement doivent être contrôlés partout, tout dépassement de plafond devant faire l’objet d’un vote voire d’un referendum.

Le démantèlement de l’autorité de l’état par des fonctionnaires et des salariés d’établissements publics, ou d’entreprises en situation de monopole, qui se sont accordé le droit de saboter la vie sociale et économique du pays tout en dominant la presse, à 95 % socialisante, est désormais tel qu’il va falloir que la nation assure son indépendance et sa souveraineté par des mesures fortes. Le justicialisme des juges (j’utilise mon poste pour faire avancer la cause socialiste), la partisanerie des journalistes des entreprises publiques, les blocages continuels organisés par les syndicats des entreprises publiques, le détournement de pouvoir des « enseignants » qui se croient obligés non pas de transmettre des savoirs et des savoirs faire mais de former des Français socialisants jusqu’à l'anticapitaliste militant, avec en prime une pointe de politiquement correct à l’américaine, les excès des syndicats de fonctionnaires et des entreprises publics doivent être empêchés.

Les grandes crises provoquent des réflexes conditionnés pas toujours porteurs de grand sens mais elles stimulent aussi des prises de conscience et une pédagogie.

Ce que montrent le livre et l’expérience d’André Tardieu, c’est le caractère potentiellement désastreux à terme de l’inaction, qui est tentante. On le voit aujourd’hui avec les taxes sans réponse de Trump, les crimes sans réponse de l’Islam politique, l’incapacité d’agir au Moyen Orient, la dette qui enfle démesurément, les prélèvements qui croissent toujours et dont nous sommes devenus les champions du monde.

André Tardieu nous avertit des conséquences négatives du pillage continu de la nation par les « ordres mendiants institutionnels » et de la destruction des valeurs essentielles que sont le patriotisme, le goût de la propriété, les libertés et notamment la possibilité d’une volonté positive d’agir dans la qualité. Il rappelle le droit fondamental à ne pas être bombardé dès l’école (et constamment ensuite par les médias) par une propagande socialiste débilitante. Actualisons le propos en soulignant que nos vies n’ont pas à dépendre à ce point des Gafa, et d’un" Internet de la pourriture", avec un État qui se cache derrière Internet plus qu’il n’en use pour réduire ses coûts de fonctionnement.

Le retour vers le passé est aussi un retour vers un futur.

Pompidou, Chirac, Giscard et la naissance de l'Enarchie Compassionnelle (suite)

Eléments d'histoire 1967-1974

L’article précédent a mis en perspective la lettre que Chirac a écrite à Giscard au moment où il devient le premier ministre du nouveau président. Il faut bien comprendre le contexte de ce courrier qui, pour nous, marque la naissance de ce que nous appelons l’Enarchie Compassionnelle.

Peu avant, pour faire pièce aux Gaullistes un peu secoués par sa candidature à la présidentielle puis son élection, marquée par une forme de mépris pour le général de Gaulle, traité en Has Been, Pompidou a accéléré le recours à des jeunes Énarques qu’il poussait déjà lorsqu’il était Premier Ministre : Chirac, Guéna, Charbonnel se voient promus (les laissés pour compte iront chez Mitterrand). Chirac est d’abord secrétaire d’État de Giscard : formation du couple. Et premières envolées technocratiques. Un livre de 1972, signé Jean Larteguy, Lettre ouverte aux bonnes femmes, bien oublié depuis, en donne, en passant, une parfaite illustration. « Qu’on paie une redevance pour avoir une télévision sans publicité et qu’on autorise soudain cette publicité tout en augmentant la redevance, histoire de promouvoir l’audiovisuel contre la presse écrite, quitte à aider par la suite cette presse pour l’empêcher de crever ; rien que de très normal ». On en est toujours là. En pire.

On voit une bureaucratie sans limite qui fait tout et l’inverse tout en accumulant les dégâts et les correctifs mais toujours en aggravant le système. On comprend mieux les 90 mécanismes d’aide au cinéma évoqués dans les commentaires à l’article précédent. Et ses résultats, magnifiquement décrits par Eric Neuhoff dans son dernier livre : (Très) cher cinéma français. « Le cinéma français agonise sous nos yeux. Il est à peine l’ombre de lui-même ».

Tuer par des taxes et tenter de faire renaître par des subventions est la base de la bureaucratie. La taxe et la subvention sont les deux mamelles de l’action publique dévoyée par la bureaucratie et/ou la démagogie. Rajouter les réglementations excessives et changeantes, vous n’êtes plus en démocratie, mais dans « l’esclavagisme à visage démocratique ». La création de statuts intenables et injustifiables, comme le régime du chômage des intermittents du spectacle, complète le tableau. Il est naturellement irréformable alors qu’il s‘agit d’un pillage pur et simple de l’argent d’autrui, sans aucune justification sinon les menaces et les gesticulations d’une catégorie habituée aux postures théâtrales et qui sait faire… du cinéma.

Au début de la carrière de Jacques Chirac, l’hystérie soixante-huitarde conduit à une aggravation subite du phénomène.

Avec le gouvernement Chaban et l’arrivée de Delors qui se lance dans une « nouvelle société » qui n’est qu’une nouvelle bureaucratie, se produit une réaction au sein des Gaullistes qui commencent à dénoncer cette emprise bureaucratique. À la mort de Pompidou, lorsque Chirac trahit son parti pour rallier Giscard, en sabotant la candidature de Chaban, il est certes soutenu par Juillet et Garaud mais ces derniers font déjà le procès de l’européisme, du bureaucratisme et du fiscalisme de Giscard.

Chirac écrit sa lettre pour confirmer à Giscard qu’il n’est pas sur cette ligne-là et que la fiscalité comme la réglementation resteront foisonnantes et qu’il n’est pas dans son intention de réduire la dépense publique. Giscard s’était opposé frontalement à de Gaulle qui voulait que la dépense publique reste inférieure à 32 % du PIB (on en est à 54 %). Il avait laissé filer les dépenses sans le moindre scrupule et sans tenir compte des ordres. Pompidou n’a pas arbitré. Il considérait que les conceptions de De Gaulle et de son conseiller, Jacques Rueff, étaient réactionnaires et opposées aussi bien à la finance moderne qu’à l’Atlantisme. Rappelons que Pompidou était banquier.

Ensuite, mai 1968 et le déséquilibre massif des comptes ont rendu toute tentative de maîtrise des dépenses vaines. En 1971, Pompidou accepte l’évolution vers les changes flottants qui seront validés définitivement en 73 et surtout, sous Giscard, à la Jamaïque. On se souvient de sa performance médiatique au tout début janvier 2016 où il répondait aux questions sur le bord de la piscine de Kingston, validant, en caleçon et avec des grâces de starlette, la pire décision de politique économique internationale de son septennat. Il les accumulera, les erreurs. Pratiquement toutes les évolutions fâcheuses qui sont dénoncées pour leurs résultats catastrophiques dérivent de décisions giscardiennes, soutenues par Chirac qui ne démissionnera qu’en août 2016. Il est donc totalement associé à ces décisions. Les deux années de son premier gouvernement seront une véritable tragédie bureaucratique et fiscale, Giscard ne trouvant aucun contrepoids en face de lui mais un auxiliaire convaincu de son concept de « travaillisme à la française » (alors que le travailliste Wilson ruinait au même moment le Royaume-Uni et allait provoquer la réaction Thatchérienne).

Il est vrai que la crise mondiale a frappé en 1973 et que tout part en sucettes en 1974. Des actions extrêmement violentes sont conduites par des mouvements gauchistes couplés à des syndicats voyous se prétendant dépassés par la base et les coordinations : Mutinerie sur le paquebot France, capture du bateau, et séquestration des passagers retenus comme otages ; affaire LIP (une mise au pilori abjecte associée à un vol) ; viols et destructions par le feu en Lorraine. Le tout sans poursuites, cela va sans dire : « fi de l’ordre bourgeois, ma chère ; et en plus je vais en basket à l’Opéra. Na ! ». L’économie et le social en pleine crise poussent au laxisme.

Mais, depuis, la « crise » n’a pas cessé, pas plus que le laxisme. Giscard et Chirac sont bien les pères d’une extension maladive de l’énarchie, le prétexte de la crise lui prêtant une aura de bienfaisance et faisant apparaître le concept d’énarchie « compassionnelle », et une pratique qui sera amplifiée par Fabius, Rocard, Juppé, Jospin, Villepin, Hollande. Elle se trouve à son acmé avec le couple Macron-Philippe.

La France doit absolument se guérir de cette maladie. Elle a fait de nous le pays champion des prélèvements sans que jamais personne ne l’ait demandé. Elle a totalement étouffé les libertés et cassé le droit de propriété (qui est de la liberté construite). Elle amène la France au bord de la guerre civile. Elle est à évolution lente mais mortelle. Comme le tabac. Après 50 ans !

Octobre 2019. Quelques Instantanés (Suite)

1.       Hôpital de Saint Malo. Un patient arrive souffrant du ventre. On détecte un problème classique de vésicule biliaire. L’opération commence. Elle ne se terminera pas « faute de temps et de personnel ». On ne découpera qu’une partie de l’organe malade avec une opération à suivre pour le malade « quand on aura le temps et les moyens ». C’est que l’inspection du travail est puissante. Dépasser un horaire d’infirmière ou de brancardier, cela ne se passera pas comme cela. Et l’ARS du coin a créé des tonnes de normes. Pas question de continuer une opération si le taux de ceci et le pourcentage de cela ne sont pas respectés. Et que les urgences sont saturées et en grève. Leçon :

    Tout le monde se fout du patient

    Il n’y aura aucune sanction

    Deux opérations au lieu d’une seule coûte la peau des yeux

    Quand on tue la médecine de ville, on sature les urgences qui ne peuvent plus se concentrer… sur les urgences

    La médecine ne se gère pas avec des réglementations bureaucratiques

    Avoir voulu organiser la gratuité à 100% du petit risque ne permet pas de faire face aux gros risques.

    Les 35 heures à l’hôpital ont été une folie

    La réputation de l’hôpital de Saint Malo est foutue pour 20 ans.

    Ce scandale n’atteindra jamais les journaux télévisés qui informent les masses qui ne font droit en boucle qu’aux manifestants des syndicats hospitaliers

2)            Eric Zemmour s’est fait la spécialité d’expliquer qu’il n’y a pas de différence entre l’islam et l’islamisme, en affirmant qu’il s’agit uniquement d’une question de rapport de force, en particulier démographique. Dès que les Musulmans se trouvent en situation de force, ce n’est pas un gentil islam qui s’impose mais l'islamisme violent. Il en voit la preuve dans le fait que toutes les frontières de l’Islam brûlent. Il professe également que l’islam n’est pas seulement une religion mais une organisation sociale dont les préceptes sont contraires aux principes de la République française. Aussitôt des meutes se forment pour demander son exclusion de tous les journaux français où il peut travailler. Motif : il stigmatise les Musulmans. Pas de chance, un musulman égorge au même moment quatre fonctionnaires de police. Après avoir répété à l’envi qu’il s’agissait d’un fou, la presse bien-pensante finit par admettre qu’il s'agit d’un musulman fanatique. La réalité a rejoint la diatribe d’Eric Zemmour, énoncée d’une façon, il est vrai, un peu apocalyptique, voire messianique. Leçon :

        La liberté d’observer et de dire ce qu’on voit,et de le théoriser, est interdite en France, patrie supposée de la liberté d’expression.

        La réalité n’existe pas. Elle doit être transformée par les communicants pour la rendre politiquement correcte.

        Ce n’est que quand la coupole autorisée donnera le top départ qu’on pourra dire la vérité, les anciens lanceurs d’alerte restant diabolisés.

        Tout ce système a été mis en place par les Communistes dès la fin des années vingt et, longtemps contré en France, il a été repris par la presse dominante et prophylactique.

        Il fusionne aujourd’hui avec le goût du « shaming » en provenance des Etats-Unis. Faire honte en groupe et chasser le vilain par des huées et la proscription sociale ! Autrefois tout l’instinct français s’opposait à cette vision propre au puritanisme le plus étroit.

        Réentendre Khomenei : l’Islam doit être imposé par la violence à la terre entière car c’est la seule vérité et la demande de Dieu. Il est clair que depuis qu’il a réussi à impulser cette guerre, l’expansionnisme totalitaire musulman est une réalité qui doit être combattue comme telle.

        La grande faiblesse zémmourienne est de déchaîner de façon difficilement acceptable la suspicion sur toute la population musulmane et de mettre en cause radicalement les droits de l’homme qu’il propose de mettre entre parenthèses pour purger l’abcès musulman. Par quelles méthodes ? Heu ! Heu !

3)            Le projet de refonte des alentours de la tour Montparnasse est présenté par les Anglais qui ont gagné le concours d’urbanisme lancé par la Mairie de Paris. Le représentant du cabinet retenu montre surtout qu’il s’ait parler le sabir verdo-Hidalgien. Les coulées vertes, les transports doux, les ambiances apaisées, les forêts vierges seraient des exemples d’une approche « Hausmannienne » ! Le grotesque prend du relief avec l’accent anglais. En vérité le projet prévoit une formidable densification au profit des propriétaires actuels du centre commercial à détruire (en particulier la Macif). On casse la halle pour créer une rue bordée d’immeubles de huit étages (contre deux aujourd’hui). On a conservé l’immeuble carré, énorme, du CIT et ajouté 7 petits CIT avec une voie piétonnière au milieu. En fait on veut et on va créer un énorme bouchon sud-nord, en plein cœur de la rive gauche, en supprimant la rue du Départ et en transformant en cul-de-sac l’avenue Edgar Quinet, l’avenue du Maine et la rue du Commandant René Mouchotte. Les riverains sont sacrifiés à cette densification bouchon, dont l’intérêt est uniquement mercantile pour les promoteurs et électoraliste pour l’équipe Hidalgo. Une personne dans l’assemblée indique qu’elle n’aura désormais plus de soleil dans son appartement. Réponse du cynique affairiste Missika : vous n’aurez qu’à vous plaindre en justice. Leçon :

            L’équipe Hidalgo Missika n’aura pensé qu’à densifier et « marchandiser » la capitale tout en ruinant la ville par des dettes inconsidérées. Partout les projets sont soit des imbécillités festives soit des densifications dévastatrices qui commencent, en effet, à être condamnées par la justice.

            Le mépris total du riverain est la règle systématique.

            Les effets pervers l’emportent aussitôt et toutes les fausses bonnes intentions affichées se transforment en horreurs (voir la rue Mouchotte).

            Un urbaniste anglais qui croit faire de l’haussmannien en bloquant les circulations et en créant « une jungle » doit croire que le prochain Brexit lui donne les droits de dire et de faire n’importe quoi sur le continent.

            Des espaces immenses et non clos avec bosquets, zones vertes et recoins cachées, façon jungle, sont un appel formidable aux villages de tentes qui améliorent tant le nord de Paris.

            Tout l’accès gare par moyen motorisé se fera par le sud dans des conditions dantesques pour les riverains de la gare, dont les voies de circulation sont réduites des deux tiers.

            Un urbaniste qui croit, comme M. Nadjovski, qu’une famille avec valises part en vacances à vélo, doit être enfermé dans la même chambre à Sainte-Anne que le chef des cyclo-fascistes municipaux.

            La presse française et notamment parisienne est totalement silencieuse sur ce nouveau scandale, comme d’ailleurs tous les partis politiques parisiens. La Tour Montparnasse étant un objet de détestation, tout ce qui vise à faire autre chose est sacré. L’ennui, c’est qu’elle reste et qu’elle sera même plus haute pour payer les transformations qu’on lui impose !

 4)           Une énorme manifestation anti GPA et PMA, et d’une façon générale, opposée à une société « posthumaniste » où tout est possible, se déroule à Montparnasse. La couverture des chaînes de la TNT est d’une parfaite malhonnêteté. BFM en parle tardivement et pour quelques minutes seulement et accompagne des images partielles par des commentateurs opposés à la manifestation. Tous les éléments de langage visent à minimiser et condamner la manif. La journaliste qui couvre la manifestation sur LCI doit répondre à cette question : y-a-t-il un peu de monde... Depuis plusieurs jours cette chaîne annonce qu’il n’y aura personne. Pas de chance, il y a du monde, difficile de le nier. Alors la malheureuse explique qu’on n’aura pas les chiffres avant la Saint Glin-glin, donc pas de réponse alors qu’on voit des dizaines de milliers personnes qui défilent. La presse en France doit avoir un rôle prophylactique pour empêcher les Français de mal penser. Leçon :

                Dans les années cinquante on avait l’Observatore Romano, maintenant on a la presse française bien-pensante. Le progrès est modeste.

                Une chaîne qui, comme BFM, a suivi inlassablement le plus petit défilé de Gilets jaunes dans la moindre sous-préfecture montre dans l’affaire un aspect révélateur. Elle se concentre sur la question de la démission de Castaner, sans doute un sujet fort (la chasse à l’homme, depuis l’affaire Fillon, est la seule chose qui excite vraiment la presse décadente).

                Pauvres journalistes qui doivent prouver leur discipline dans la malhonnêteté dès les premiers pas dans le métier.

5)            L’Assemblée vient de voter une loi qui permet à toute femme se trouvant sur le territoire français de se faire financer une insémination artificielle pour avoir un enfant de père inconnu. En même temps, selon la formule de base du macronisme, une action est entreprise pour mettre frein aux « abus » de l’immigration et notamment pour tenter de limiter le gonflement des dépenses de l’AME, l’aide médicale aux étrangers en situation irrégulière, qui viennent de dépasser allègrement le milliard d’euros. Tous les hospitaliers savent que d’ores et déjà des milliers d’immigrées femmes exigent des traitements contre l’infertilité pour avoir au plus vite des enfants nés sur le sol français. Désormais elles demanderont une PMA remboursée. Eh oui : une si bonne idée doit être accessible à toutes donc gratuite. Leçon :

                    Le « en même temps » est une farce, car il permet toutes les contradictions

                    Un business nouveau et lucratif financé sur fonds public vient d’être créé.

                    Quand les bornes sont franchies, il n’y a plus de limites.

                    À noter que de plus en plus de Français font cloner leur animal de compagnie (un seul chat ou chien pour la vie, c’est cool !). À quand un être cher ?

                    La justification est toujours la même : cela se fait ailleurs alors pourquoi pas nous ? La loi française est dans la dépendance de la loi des autres du moment qu’ils ont cédé le plus vite à des groupes de pression.

 

 

 

Sur chacun de ces sujets chacun peut avoir les idées qu’il veut. Ce n’est pas notre sujet. Ce qui est révélateur dans toutes ces affaires, c’est l’emprise de la démagogie qui exige que l’on cède à toutes les demandes de minorités agissantes, que l'on étouffe toute contestation non souhaitée par la pensée dominante, en manipulant l’opinion plutôt qu'en l'éclairant, et que l’on gaspille l’argent public dans des gratuités intenables qui se retournent contre la population. Cet état de fait signe à la fois la ruine des Français et la restriction des libertés. Les dirigeants français, dont le pouvoir a été drastiquement réduit, ne savent plus gérer que des préoccupations de sous-secrétaire d’État à la population civile, en général en cédant sur tout et en ruinant la nation. Du coup la haine et l’intolérance sont partout. Les effets pervers règnent en Maître.

Dans les années cinquante et soixante, triomphaient André Gide et Roger Peyrefitte (parmi cent autres) en littérature, Chazot dans la danse, Brialy et Jean Marais dans le cinéma, Jean-Louis Bory dans le journalisme et l’éducation nationale, Sagan en littérature après Colette. L’homosexuel-lle ne se mariait pas mais marquait le paysage par son talent. À la satisfaction générale. C’est fini !

Dans les années cinquante et soixante, des chirurgiens dévoués et compétents, souvent servis par des religieuses à peine diplômées mais consciencieuses et intelligentes, opéraient de façon remarquable sans compter leur temps. À Dinard le Chirurgien Forget n’aurait jamais arrêté une opération de la vésicule biliaire « par manque de temps » et il n’aurait jamais fait face à un « problème de personnel » en arrêtant brusquement une opération. On a supprimé son unité pour non-conformité aux règles au profit de l’hôpital de St Malo. La compétence et la conscience professionnelle ne s'en sont pas trouvées améliorées.

Cela ne veut pas dire que c’était « mieux avant », mais qu’une dimension de la vie d’un pays est le goût du travail bien fait et le talent, une autre la liberté et la compétence. Sur tous ces fronts-là, on constate non pas un affaiblissement mais un effondrement. La bigoterie des sous-doués et des hystériques emporte le pays sous nos yeux ébahis. Il n’y a plus de compétences, d’effort, de résultats, seulement un moralisme de pacotille, enseigné dès l’école, indifférent à la réalité et contraire à la force passée du pays. Un « aquobonisme » devant la tâche de redressement nécessaire s’est installé qui signale une perte de volonté nationale particulièrement inquiétante parce qu’elle est radicale et qu’on peut craindre qu’elle ne soit définitive.

 

On dira : vous sombrez dans le « déclinisme ». Pas du tout, la grande affaire est de le conjurer. Et cela passe par des prises de conscience.

 

Vous avez dit conscience ? Alors là, vous êtes en plein déclinisme passéiste ! Silence. Ça suffit comme ça...


 

 

 

 

Octobre 2019 : quelques instantanés significatifs

1)      Examen de la vente d’un studio à Paris : l’acquéreur dispose d’un prêt (300.000 E) supérieur à ce que touche le vendeur en net (270.000 E). Il y a près de 30.000 euros de frais. Le dossier de vente fait près de 300 pages. Merci Mme Duflot et la loi Alur. Notaire, agents immobiliers, et syndics se sucrent sur l’abus de paperasserie. Leçon :

  1. La bulle immobilière à Paris ressemble à la bulle de 1992 où les banques prêtaient non seulement le prix d’achat à 100% mais les frais et une partie de la plus-value espérée. 
  2. L’amortissement d’un tel achat ne peut se faire sur la location compyr tenu  de la loi sur les loyers. Restent Airbnb et l’espoir d’une plus-value.
  3. Le blocage de la construction par Mme Hidalgo qui préempte tout alimente la spéculation
  4. Avec des taux d’emprunt à 1%, la tentation est grande pour un jeune cadre d’investir en empruntant sans capital sur 25 à 30 ans.  L’IFI qui devait prévenir le goût pour l’immobilier n’a eu aucune influence, sauf de doubler les recettes fiscales de l’ISF sur la partie immobilière.
  5. On était censé détricoter la loi Alur et ses folies bureaucratiques. Rien à faire en régime d’Enarchie Compassionnelle.

2)      Un juge rouge décide que l’état de nécessité justifie des actes illégaux qui visent à ridiculiser le président de la République. Leçon :

  1. Le justicialisme, cette doctrine de gauche qui veut qu’un juge doit utiliser les fonctions qu’il a réussi à obtenir dans l’Etat pour servir la cause et non pas le droit, est une des tares récurrentes du système judiciaire français et doit être réformé sans pitié. Il prive le législateur de toute légitimité et la victime de toute défense.
  2.  « Le gouvernement des juges » est une des causes du Brexit et alimente une rumeur de sortie de la Grande Bretagne du cadre juridique non seulement de l’Union Européenne mais aussi du conseil de l’Europe.  
  3. La renonciation au droit du sol en Italie part du même sentiment.
  4. Les peuples veulent retrouver une souveraineté juridique perdue de l’intérieur et de l’extérieur.

3)      Orange à qui l’installation d’une box sur fibre optique a été commandée, va commettre une suite ininterrompue d’erreurs plus ahurissantes les unes que les autres, concernant aussi bien la fourniture des matériels que leur installation.  Trois erreurs de livraison (dont une livraison en province pour une installation à Paris) puis trois erreurs de rendez-vous (avec un appel d’un installateur errant en Charente Maritime !). Au final l’installateur qui trouve enfin le bon endroit constate que c’est un câblage Free et que le nécessaire n’a pas été fait auprès de cette entreprise avant de venir installer. Installation retardée…d’un mois supplémentaire. Au total près de trois mois pour installer une box alors que tous les câblages sont faits !  Leçon :

  1. Orange a atteint le degré absolu de la désorganisation
  2. Le client est resté un usager à qui on peut tout faire subir.
  3. Le bourrage de raccordements sur les câbles entraîne des écarts immenses avec les performances théoriques des réseaux.
  4. Les programmes qui tournent sur la box n’ont d’intérêt que pour Orange et peuvent déranger gravement le client.  Si le Wifi est saturé les programmes ne marchent plus.  
  5. La dénationalisation des esprits prend plus de temps que celle du capital.

4)      La réduction de l’ISF aux seuls biens immobiliers, a fait l’objet d’une « évaluation ». Il appert que le coût de la mesure est moitié moindre que ce qu’on a annoncé, que la part de taxation de l’immobilier a un rendement doublé. En évitant le départ fiscal de centaines de « riches » qui sont restés dans le système fiscal français, la mesure n’a en fait pas eu de conséquences pour le budget.  Leçon :

  1. Le fisc reprend toujours ce qu’il a donné
  2. On exige une évaluation pour une baisse d’impôts sur les riches jamais pour une hausse même massive (par exemple plus de 40% sur l’IR en quelques années, ou un doublement de l’impôt foncier à Paris).
  3. La suppression de l’ISF n’a pas à être « justifiée » par des questions d’efficacité fiscales. Cet impôt était par nature innommable et honteux.   Supprimer une saloperie discriminatoire et spoliatrice pour une catégorie de la population se justifie en soi par respect des Français. C’est l’éthique démocratique qui est en cause.

5)      La réforme des retraites est justifiée, elle, pour des raisons éthiques alors que le problème fondamental est économique.  Un système unifié serait une opération de justice. En vérité il est très facile de savoir où sont les avantages les plus iniques. Les hauts fonctionnaires peuvent cumuler leur retraite statutaire et mille autres retraites acquises dans l’exercice d’une fonction élective, à la tête d’entreprises d’états, ou après un saut dans des entreprises privées.  Rendre la retraite statutaire prorata temporis serait un premier pas rapide à faire. Les fonctionnaires ont un système beaucoup plus généreux que les salariés du privé. Rendre les conditions identiques ne représente pas un énorme effort.  Pour le reste tout le monde sait qu’il faut revenir a minima à un départ à 65 ans et plus sérieusement à 67 ans. Leçon :

  1. L’Enarchie qui gouverne ne veut pas remettre en cause ses privilèges est espère un traitement de faveur pour encore très longtemps en se cachant derrière les autres catégories de personnel public.
  2. On complique pour noyer le poisson, alors que ces complications ne sont nullement nécessaires et encore moins souhaitées. C’est la méthode Macron avec ses lois kilométriques
  3.  Affirmer que la réforme a un but de justice alors que ce sont les déficits qui comptent et le coût démesuré d’une retraite à 60 ans est de la tactique politicienne débile.
  4. Une fois de plus les réserves de la retraite des cadres et des professions libérales seront volées malgré les dires contraires.
  5. Rappelons que les Cadres, s’ils avaient pu librement cotiser à un système de retraite par capitalisation, auraient aujourd’hui, pour les mêmes versements, près du double de pension avant impôt!

6)      On a donné au FMI une présidente bulgare et pour cela on a changé les règles d’ancienneté. L’institution sera toujours dirigée dans les faits par les Etats-Unis et par une femme, selon la grande règle des minorités agissantes : dès qu’on a eu un poste, on le conserve.  Leçon :

  1. Créé pour gérer les changes fixes et ajustables, le FMI n’a pas de rôle réel en régime de changes flottants.
  2. Le poste de directeur général est donc de pure représentation.
  3. Le FMI ne sert plus qu’à des bricolages diplomatiques et symboliques.

7)      La bourse frémit dans l’hystérie la plus totale. Elle atteint les plus hauts et dégringole aussitôt. Ce n’est plus de la « volatilité » mais de la peur panique. Si les robots des ETF déclenchent leurs triggers, on va vers une baisse très brutale.  Leçon :

  1. Les déversements massifs de liquidités banque centrale ont permis une spéculation boursière intense.
  2. La spéculation massive finit toujours assez mal.

8)      Greta Thunberg, six ans d’âge mental, poursuit la France en justice, en déformant de haine sa pauvre figure, alors qu’en matière de gaz a effets de serre elle a une des meilleures situations mondiales.  Leçon :

  1. La sagesse ancestrale veut qu’on ne confie pas à un enfant le soin de faire honte à des adultes et encore moins à des nations.
  2. C’est maintenant que Greta a du souci à se faire et pour elle-même. Apparemment elle a des parents indignes.

9)      Donald Trump taxe sans vergogne l’Europe en fonction de son bon plaisir après avoir rendu impossible tout jugement de l’OMC (en bloquant la nomination des juges).  Les dommages pour la France seront sérieux.  La guerre commerciale fondée sur un constat monétaire (l’existence d’excédents faramineux au profit de l’Europe), et la France est piégée dans l’affaire à cause des Allemands ! Leçon :

  1. Les excédents sont condamnables dans tous les traités d’après-guerre. Il aurait été bon Que l’Europe s’en avise en temps utile. Mais chut !
  2. La responsabilité allemande est écrasante. Mais chut !
  3. Le système des changes flottants est responsable. Mais chut !
  4. L’Eurosystème est responsable. Mais chut !

 De chut en chut jusqu’à la chute finale ?  

Monnaie : les analyses désespérantes des économistes appelés par les médias

Pour les économistes reconnus par les médias, la période est extrêmement difficile. Le tourbillon qui engloutit toute la phraséologie habituelle et les avis convenus les met dans l’obligation de rester dans le coup sans trop se contredire, ce qui ne va pas sans sévères contorsions. Quand on a cautionné pendant des lustres un système qui a périclité, en couvrant ce qu’il faut bien appeler des imbécillités d’un vernis scientifique,sans jamais se lasser, on sait que les journaux vous resteront ouverts (l’habitude), mais il faut tout de même un sens des transitions assez marqué pour se rétablir dans le nouveau monde incertain qui se met en place en matière de conception économique.

En rendant compte des débats du colloque du 23 au 24 septembre sur la monnaie, le Monde en donne à nouveau de beaux exemples.

Barry Eichengreen est américain et reconnu dans le domaine de la monnaie. La presse française adore les économistes américains, surtout de gauche comme Stiglitz qui tient la vedette en toutes circonstances et sur tous les sujets, aussi bien au Figaro qu’au Monde, mais n’importe quel technicien peut faire l’affaire pourvu qu’il ait une petite aura dans son pays.

L’excellent Barry commente la suggestion de Mark Carney, ancien gouverneur de la banque centrale du Canada et de la banque centrale britannique, une curiosité intéressante, de créer une « monnaie synthétique hégémonique » pour remplacer le dollar. On aurait aimé que la presse française informe les Français de cette suggestion. Mais non. Comme les Soviétiques apprenaient les nouvelles par leur réfutation dans la Pravda, on ne connaît les analyses vraiment intéressantes que par le commentaire postérieurs et autorisés des économistes en cour.

Carney a compris qu’un système monétaire mondial fondé sur une monnaie nationale est une hérésie. Cela ne marche pas. Cette hérésie a fait sauter les accords de Bretton Woods et est en train de dynamiter les changes flottants, avec dollar comme monnaie de réserve. Il a expliqué qu’un pays qui voit son poids fondre dans l’économie mondiale ne peut pas satisfaire les besoins monétaires d’une économie mondiale qui croit plus vite qu’elle. On a tellement entendu que l’or ne pouvait plus servir de base monétaire mondiale car les besoins de l’économie excédaient la croissance des extractions, que cet argument est imparable pour contrer les tenant des changes flottants autour du dollar.

Carney conclut qu’il faut une monnaie internationale représentative d’un panier de valeurs de référence. Il dit donc ce que nous cessons de répéter sur ce blog. Il faut un étalon monétaire stable, incontestable et représentatif de valeurs certaines. Les DTS en sont une approche. Mais avec les changes flottants, ils synthétisent des valeurs flottantes et ils ont été mis au frigo. Carney propose un saut technologique pour que cet étalon monétaire puisse devenir une vraie monnaie, utilisable principalement entre banques centrales et pourquoi pas plus si affinité.

Au lieu de discuter directement cette idée importante, Eichengreen la compare à la Libra, le projet de monnaie privée proposée par Facebook, qui lui aussi se base sur un panier de valeurs de références fortes pour asseoir sa crédibilité. Il a beau jeu de prouver qu’il n’y a aucun lien solide entre la création de Libras et la fourniture des liquidités internationales nécessaires. Le dollar restera le maître du jeu. Les dangers inacceptables extra-monétaires de la Libra rendent sa légalisation problématique. Alors faut-il compter sur des DTS mis à la mode numérique ? Eichengreen avance qu’une transaction en DTS numériques serait plus coûteuse qu’en dollars. Il n’explique pas pourquoi et s’égare dans des considérations sur la création de cryptomonnaies par les banques centrales qui rendrait moins coûteuse les transactions et atténuerait sans la supprimer l’hégémonie du dollar. Voilà donc la suggestion de Eichengreen : que les banques centrales créent des cryptomonnaies ! Et qu'on laisse le dollar régner en flottant !

Agnès Bénassy-Queré française est une économiste primée par le Monde en 2000. Elle explique que les droits de douane agissent plus sur les soldes commerciaux que la monnaie. D’après ses calculs il faudrait une dévaluation de 66 % du dollar pour rétablir l’équilibre avec la Chine. Ce qui revient à dire que le flottement des monnaies dans des marges contraintes ne sert à rien. Mais cette conclusion ne sera pas tirée. En revanche elle constate : « quel bonheur de réaliser des transactions internationales dans une seule monnaie qui resterait stable par rapport à un panier de monnaies souveraines ! »

Mais là on entre dans une contradiction immédiate : les dévaluations c’est inefficace mais c’est efficace. On le voit bien avec l’Euro qui ne permet pas d’ajuster les économies de l’euroland. Du coup on s’échappe en condamnant la Libra.

Pour se sauver, il reste à lire les réflexions d’un jeune économiste primé lui aussi mais en 2008. Il explique que l’hégémonie du dollar a d’importantes conséquences, du genre négatives surtout depuis que la place ses États-Unis dans le PIB mondial régresse. Mais pas de chance l’Euro ne peut pas jouer le rôle du dollar. Pas plus que le Libra. Alors ? Alors rien.

Essayons le dernier article d’un certain Lorenzoni de l’université Northwestern de Chicago. Un américain au nom européen, c’est cool. L’article est prudent. L’auteur ne prend rien à son compte. Il fait droit à des explications qui « tiendraient » (conditionnel) à des analyses que l’on va citer mais qu’on n’endosse pas. Il fait bien car la première est la sottise microéconomique habituelle qui veut que le taux de change ne soit que la résultante de comportements individuels cumulés. Partant de là on décrit des mécanismes théoriques peu convaincants qui conclut que quoiqu’on ne fasse rien ne se corrige de toute façon. Nous voilà bien avancés.

Quand on lit entre les lignes on voit apparaître surtout deux points importants :

-          Les changes flottants ne fonctionnent pas et les mesures qu’on peut prendre dans ce cadre sont inefficaces.

-          Le monde a besoin d’une monnaie mondiale non nationale (un rêve).

Mais bon, n’en tirons aucune conséquence !

Dans Marianne n° 1175, Christian Stoffaes, président d’un conseil d’analyse économique franco-allemand, ce qui n’est pas rien, en appelle à la convocation d’un nouveau Bretton Woods. L’ennui, c’est que plus personne ne sait ce qui s'est décidé à Bretton-Woods et pourquoi le système a explosé (une des raisons pour lesquelles nous avons écrit notre dernier livre : La Monnaie du Diable). Et on part finalement dans les quetsches en expliquant « qu’on ne rétablira pas les changes fixes ». Alors on fait quoi ? Heu ! Heu !

Tout ce petit monde constate avec la plus grande exactitude que les changes flottants ne marchent pas. Ils expliquent avec précision pourquoi. Et dès qu’il faut sauter le pas, c’est-à-dire convenir qu’il ne reste plus qu’une seule solution : revenir aux changes fixes et ajustables par consensus autour d’un étalon extra-national avec interdiction des grands déficits et des grands excédents, alors ils calent tous. Pas question de briser le tabou ultime.

Pauvre PQN et pauvres journaux français, réduits à cette extrémité de cautionner des tabous et incapables de trouver en eux la volonté de sortir de cette purée économique inconsistante et lâche. Au moins Alain Minc, lui, s’est fâché. On ne comprend pas que la PQN reste ainsi prisonnière d’une cage de verre qui se pulvérisera au premier choc. Dans les années trente, la stratégie militaire française était également prisonnière d’un tabou : parler d’offensive était offensant. On a perdu la bataille des Ardennes en 5 jours. Plus personne ne comprend le tabou qui empoignait les esprits.

Les effets délétères de la crise de 2008 continuent à ravager le faux consensus préalable, sans que les officiels n’osent franchir le pas. Il y a une heure, le niveau de l’inflation européen a été connu : la hausse des prix n’est que de 0.9%, en baisse en dépit des arrosages de la BCE. Quand cela ne marche pas, cela ne marche pas.

Il faut se débarrasser des tabous.

Nous, nous disons qu’il faut revenir à des changes fixes et ajustables par consensus avec un étalon extra national. C’est la seule solution.

 

Didier Dufau pour le Cercle des « économistes e-toile »

Le journal Le Monde face à l’éclatement des dogmes économiques

Une audace des plus timides

L’avantage des grandes crises est qu’elles finissent toujours par provoquer un séisme des idées. Il y faut une dizaine d’années. Nous sommes en plein dans le phénomène. Les diktats idéologiques qui étaient répétés comme des mantras par des perroquets bien dressés s’effondrent et un peu de lumière nouvelle entre dans les colonnes des journaux.

Prenons la page « idées » du journal Le monde du 15-16 septembre 2019. Elle est chapeautée par un titre prophylactique : Les Guerres de Trump. Cela permet au journal de ne pas s’engager trop dans le révisionnisme.

L’article « Washington se fâche contre les excédents excessifs », signé d’un « responsable de recherche dans une banque », est intéressant car il reprend les thèses que nous défendons avec une belle énergie longtemps mal récompensée.

-        Il rappelle que la position de Trump est en fait la continuité de celle d’Obama. La question des déséquilibres est arrivée au cerveau des dirigeants américains en 2010 après la crise et elle chemine depuis qu’il a fallu qu’AIG paie des centaines de milliards de dollars à des banques étrangères et s’est renforcée avec les difficultés sociales liées à une mondialisation qui a mis en difficulté la classe moyenne américaine.

-        Il déclare que les excédents allemands ont peu à voir avec la qualité industrielle allemande mais sont liés à des mesures d’organisation globale. On peut contester le détail de l’explication mais il est parfaitement établi que l’analyse en terme microéconomique des excédents (performance des entreprises, épargne des individus) est ridicule. C’est la politique globale de conduite de la vie économique et sociale allemande qui a créé les excédents, aggravée par l’Euro qui lui a permis d’exporter avec une monnaie dévaluée.

-        Il précise avec exactitude qu’en suivant globalement les politiques macroéconomiques de l’Allemagne, l’Europe est devenue également excédentaire.

-        Il souligne que le même mécanisme a été mis en place par la Chine, avec un taux d’épargne global passant à 50% du PIB et note que cette politique accroît le chômage chez ses partenaires commerciaux. Le blocage de l’accès au marché Chinois et son refus de respecter le droit de propriété aggrave les choses et l’arrivée au pouvoir de XI Jin Pin montre qu’il s’agit désormais d’une politique de puissance et pas seulement de rattrapage économique.

-        L’Europe est aussi victime de la politique chinoise mais ne peut le dénoncer parce que l’Allemagne, elle, fait pareil et en profite.  L’Allemagne a en effet beau jeu de refuser de jouer une politique de débridage de ses excédents si la Chine ne le fait pas.

-        Le couple Franco-Allemand est à la peine car les intérêts des deux pays sont totalement opposés.

Nous avons tellement souvent développé ces thèses que nous pouvons applaudir à deux mains qu’on les voit enfin apparaître dans un journal de la PQN, alors que tous ces sujets ont été verrouillés depuis 20 ans et les premières mises en cause par Maurice Allais. Tout en regrettant cet ostracisme intellectuel de longue durée. C’est l’ennui de la presse française, dominée par une coupole de dix personnes qui décident, en général de façon assez homogène, de ce qui peut être dit ou pas dit. Le non-dit et l’interdiction de dire est une constante de la presse française. Les pages idées, en fait, servent un dessein alors qu’il vaudrait mieux qu’elles fassent respirer la réflexion générale.  

L’effort de Goetzmann, l’auteur,  n’est pas totalement convaincant, d’abord parce qu’il laisse de côté des pans entiers du problème. Il n’y a d’excédents que parce qu’il y a des déficits. Les déficits américains sont structurels dans le système des changes flottants mis en place à Kingston. Tout n’est pas à la charge des pays excédentaires. Il faut revoir le système des changes flottants. Et là, grand silence ! La place du dollar comme monnaie mondiale de facto est aussi en cause. Encore grand silence. Quand on rentre dans le vraiment dur, le discours s’évanouit.  Quant à la conclusion, elle est parfaitement contestable : « il faut traiter les causes du mal en soutenant des politiques de croissance qui auront pour effet de corriger les excédents commerciaux sur les Etats-Unis ». Lesquelles ? Et pourquoi seulement ceux sur les Etats-Unis ?  Les pays de la zone Euro souffrent des excédents allemands qui sont démesurés vis-à-vis de l’Euroland. L’Eurosystème comme les changes flottants sont deux systèmes qui permettent les énormes déficits et les grandioses excédents. Il faut en changer ? Là pas un mot. On entre là où Le Monde ne veut pas qu’on aille. L’auteur voit bien que la relance dont il espère qu’elle sera conduite par la BCE et les Etats européens (toute la presse depuis deux mois pilonne sur le thème : la BCE doit se dégager de l’emprise allemande et comme elle ne peut pas tout les Etats doivent pendre le relais par une relance budgétaire) provoquera des déficits accrus vis-à-vis de la Chine. « L’Europe pourra utilement s’interroger sur la nature véritable des pratiques commerciales chinoises » termine l’auteur. Depuis le temps que nous écrivons que la complaisance vis-à-vis de la Chine est suicidaire, un thème développé à l’envi par Maurice Allais (rendons à César…) cet avertissement est bien venu.  Mais aucune politique réelle ne se dégage de l’article.  L’auteur ne distingue pas les aspects monétaires et les aspects commerciaux, ce qui tient au structurel et ce qui ressort du politique, ce qui est mondial et ce qui est purement européen.

Ne regrettons rien. Voir des idées majeures cachées sous le tapis médiatique pendant des lustres remonter à la surface est une bonne chose, même si c’est de façon beaucoup trop partielle et sans influence pratique.  Il faut continuer le combat. Messieurs (et Mesdames) du Monde, il faut accepter d’aller beaucoup plus loin dans les « idées ».

Les autres articles qui ont pour but de contrebalancer ce début d’aggiornamento sont totalement nuls. Une « chercheuse senior de l’institut Jacques Delors » débite les analyses convenues et parfaitement hypocrites de l’européisme militant. Plus de banalités on ne peut pas imaginer. « Il faut promouvoir l’Euro sur les marchés » et « bâtir des coalitions plurilatérales pour développer des règles commerciales internationales en matière de développement durable ». L’Euro va verdir la planète. Pourquoi et comment, cela on ne le dit pas.

Un « professeur émérite d’économie » se signale par un article indigent sur le « retour » du mercantilisme alors que les excédents majeurs, manifestation majeure du mercantilisme, se sont développés depuis 1971 !  Cinquante ans de retard. L’université française se porte presqu’aussi bien que le pense Alain Minc. En fait l’auteur fait du journalisme bétassin et n’apporte rien au débat. Quant au petit Mariolle qui « décrypte » la situation avec la théorie des jeux, pour conclure que « les deux camps semblent s’interroger sur les intentions véritables de l’autres », on sent qu’il a fait réellement progresser la question à pas de géant.

Au total : peut mieux faire ! Tout cela est bien timide.

Le grand tournis monétaire et l'hélicoptère à fumiste

Alors que la vulgate qui avait été bricolée pour justifier les changes flottants finit de sombrer à des profondeurs abyssales, le n’importe-quoi monétaire triomphe. La jeune génération d’économistes ne s’en rend pas compte, elle qui a vécu dans des faux-semblants depuis son accès à  l’enseignement. Pour avoir répété des sottises avec componction comme on récite des versets du Coran, sans jamais les remettre en cause,  Les journalistes ne savent plus à quels saints se vouer et rapportent la parole des maîtres avec l’inquiétude de ceux qui voient que la soupe qu’on leur fait servir n’est plus aussi claire que naguère. Etaler à travers les colonnes de leur journal ce qu’ils ressentent au fond d’eux même comme en contradiction fatale avec tout ce qu’on leur avait professé jusque là, leur reste un petit peu en travers du stylo.  Enfin, un peu.

Les trois symboles du désordre actuel  sont :

-          Les taux d’intérêt négatifs aggravés par la BCE

-          L’idée que la BCE  pourrait distribuer de l’argent à tout va pour relancer la consommation

-          Les discussions autour de  l’instauration du Libra.

Les intérêts négatifs sont la conséquence directe de l’énormité de la dette cumulée provoquée par les changes flottants et les crises à répétition qu’elles ont alimentées.  Les « éléments de langage » consistent à affirmer que le but est de créer  artificiellement une hausse des prix  d’au moins 2% par an. En vérité la masse de dettes rapportée au PIB est telle qu’elle est totalement insupportable. On a quasiment supprimé l’obligation de rembourser le principal. On ne veut même plus payer pour les intérêts. Imaginons un économiste des années 50 qui débarquerait aujourd’hui. Il suffoquerait.  Une banque d’escompte a pour but de permettre à une banque en difficulté de liquidité de faire face à une panique. Voilà la banque d’escompte national sommée de faire face à des crises de solvabilité. Le résultat est une forme d’extorsion de fonds permanente et un dérèglement total de l’allocation de ressources. Sans aucun effet sur le niveau des prix, naturellement.  La stagnation à laquelle le monde est confronté après la plus grave crise depuis 1929, associée à l’étranglement fiscal  et au poids des dettes, interdit toute hausse générale des salaires, dans une optique de mondialisation basée sur la compétition salariale. Tenter de justifier par la doctrine économique sérieuse la rapport entre une hausse des intérêts négatifs est une gageure. Alors ont produit des simplismes consternants sans même se préoccuper de savoir pourquoi la politique menée n’a donné aucun résultat jusqu’ici.

 Pourquoi ne pas se substituer à la croissance et à distribuer directement de l’argent à tout le monde ? L’hélicoptère de la banque centrale fertilisant le terrain avec des lâchers de monnaie est une vieille affaire.  L’argent serait dépensé et la machine repartirait. On aura amorcé la pompe été la croissance cherra. Le simplisme théorique est séduisant pour les espiègles. Les économistes un peu observateurs et qui tiennent compte des fait savent que la mesure ne vaut rien. Les pays en déficit accumuleront plus de déficit et devront donner rapidement des coups de frein. Les pays en excédent  aggraveront leur position, avec les effets qu’on connait.

Tous ces artifices ne sont que des artifices avec des raisonnements associés tout aussi artificieux et des résultats affichés totalement mythiques.  Le résultat est la panique des agents économiques qui ne comprennent plus rien et qui sont pris dans un lacis de signaux contradictoires.  Cette course au n’importe quoi est une course folle.

Du coup, d’autres artifices prennent des couleurs. L’affaire du Libra est extrêmement lourde de conséquences possibles. 

Créer un actif échangeable représentatif d’un panier de valeurs stables et pérennes est la vocation d’un système monétaire international officiel. Forcer les Etats à conserver leur monnaie le plus possible dans un rapport stable à cet étalon est le levier qui permet de créer un cadre stable et correct pour les échanges internationaux et la prospérité générale.

Laisser à une initiative privée le soin de mettre l’affaire en œuvre est de nature à créer des risques aggravés, d’abord parce qu’on ne corrige pas ce qui doit l’être et parce qu’on introduit un ver dans le fruit officiel. .

Toute la difficulté du Libra est dans les conditions de l’émission  des jetons et dans leur remboursement en quelque chose dont la valeur est garantie.  L’affaire du Bitcoin a prouvé qu’on pouvait créer un jeton international sans valeur intrinsèque capable de porter une anticipation spéculative contre les monnaies officielles. Le marché du Bitcoin est totalement malhonnête, manipulé et  « maquereauté » par une poignée de petits malins. Mais le Bitcoin vaut aujourd’hui 10.000 dollars ce qui est plus qu’une folie : un signe de la maladie monétaire mondiale. Si les promoteurs du Libra parviennent à garantir la stabilité de la valeur de leur jeton par rapport à un panier de valeurs et à définir des conditions d’émission et de remboursement qui la garantisse dans la durée, le succès sera énorme et mondial. Il ne peut y avoir le moindre doute la dessus.

Rappelons que le dollar, comme le Franc, la Livre britannique et toutes les grandes monnaies ont perdu plus de 95% de leur valeur depuis 1971, par rapport à un panier de valeur pérenne. Si le Libra garantissait le rapport avec ces valeurs pérennes, il est de nature à faire sauter le système des monnaies officielles.  On ne paiera plus guère que les impôts en monnaie officielle (sauf en Italie où on utilisera des mini-bots !).  Copernic a défini  il y a des siècles ce qu’on appelle la loi de Gresham.  La mauvaise monnaie chasse la bonne. Les monnaies officielles ne serviront plus de réserve de valeur.  Le cours forcé perdra de sa force.

On comprend qu’un Enarque comme notre Ministre des Finances, Bruno Lemaire, veuille conjurer ce spectre.

Quand on ne raisonne que par conservatisme et interdiction, c’est qu’on est totalement perdu. La bonne approche est de comprendre ce qu’il faudrait faire du système international des monnaies officielles pour qu’il évite les crises à répétition et la séduction du jeton transnational. 

Si comme nous le suggérons depuis 20 ans publiquement, on réformait le système monétaire international sur la base d’un étalon composite de valeur pérenne avec changes fixes  managés par les Etats et supervisés effectivement par un régulateur puissant, avec même la création d’un jeton officiel par le FMI, la séduction du Libra serait nulle. 

Non Monsieur Lemaire ! On ne règle pas les difficultés par des interdictions mais en créant les conditions d’une économie stable et croissante. Il est plus difficile de construire que d’interdire. Surtout dans le champ international. Mais c’est cela ou rien.

Rien, c’est ce qu’on a et un rien baigné d’élucubrations toujours plus grotesques et toujours plus décalées des réalités profondes.

 

PS : on notera la parole très forte de la très bronzée nouvelle présidente de la BCE sur le sujet sans parler de la pensée dynamique et  au goût bulgare de la nouvelle directrice du FMI.

L’appel d’Alain Minc à un sursaut de la réflexion économique

Pour nous qui contestons depuis plus de 20 ans, dans la foulée de Jacques Rueff et de Maurice Allais, le faux système qui s’est mis en place sur les ruines des accords de Bretton Woods, l’effondrement des justifications vaseuses qui s’étaient imposées, par soumission aux Américains et à la finance internationale, est un évènement plein de charme mais qui laisse parfois pantois, tant les retournements d’opinion peuvent être radicaux.

L’appel d’Alain Minc à un sursaut de la réflexion économique fait partie de ces évènements médiatiques qui révèlent la profondeur du malaise.

Il aura suffi que Donald Trump s’ébroue comme un éléphant hystérique dans un magasin de porcelaine et finisse par casser pas mal de belles pièces, pour que les promoteurs de la mondialisation heureuse découvrent soudain que la vision généralement admise ne correspond à aucune réalité.

Alain Minc écrit : « Nos certitudes sur l’économie s’effondrent et on cherche un Keynes ou un Friedman ».

Nous avons pour Keynes comme pour Friedman la plus grande admiration. Ils ont, l’un et l’autre, connu le plus grand malheur qui soit : la naissance d’une vulgate tirée de leurs idées qui a précipité le monde dans des affres pires que les situations qu’ils pensaient corriger.

Le keynésianisme est mort avec le gouvernement Wilson et l’effondrement économique du Royaume-Uni des années 70. Les keynésiens affichés aujourd’hui ne sont plus que des thuriféraires socialistes de la dépense publique à tout crin. Keynes est le masque mort derrière lequel se cache un socialisme qui n’ose même plus s’afficher sous son nom. L’incompatibilité de toute politique de relance par la dépense publique en régime de changes flottants était évidente dès la relance Giscard-Chirac de 1975. L’échec a été patent en quelques mois. Finalement on a appelé Raymond Barre. 

Milton Friedman a connu la même descente aux enfers. Dès la fin des années 70, la banque centrale américaine avait laissé tomber ses bons conseils. Tous les avantages théoriques des changes flottants qu’on avait été heureux de trouver pour justifier rétroactivement la décision américaine de mettre fin aux accords de Bretton Woods, se sont révélés controuvés. Malheur à qui y avait cru ! La crise dite faussement des « pays émergents », à la fin des années 90, qui était une crise endogène des changes flottants, avait marqué la fin des illusions pour qui voulait bien regarder objectivement les faits.

Le journal Le Monde où Alain Minc avait son rôle, a été très ambigu avec Maurice Allais, publié mais ravalé quasiment au rôle de vieux gâteux fascisant, alors que tout ce qu’il a écrit s’est révélé exact. A partir de ce moment-là, les économistes officiels, déjà travaillés par les conflits politiques, se sont contentés de servir une vulgate ou une autre sans jamais se préoccuper des réalités. Alain Minc parle de « l’incroyable segmentation de la réflexion économique en microsujets » qui « tue toute tentative de réflexion globale ». Si seuls les marchés et la microéconomie comptaient, alors la macroéconomie était suspecte. Certains sont allés jusqu’à dire « qu’elle n’existait pas ». La microéconomie est par nature une segmentation en microsujets.

L’article d’Alain Minc s’ajoute à tous ceux qui constatent enfin que les banques centrales n’ont pas d’action directe sur l’inflation et l’emploi. Nous avons, depuis 20 ans, expliqué publiquement leur impuissance structurelle et dénoncé la farce qui consiste à leur donner comme mission un niveau d’inflation et qui laisse croire qu’elles peuvent agir durablement contre les crises. « Les banques centrales sont comme les psychanalystes uniquement capables de guérir les maux qu’elles ont elles-mêmes créés. » Nous avons écrit cette phrase sur le forum du Monde en 1998 pou 99 ! Mais la vulgate américaine qui s’était imposé après 1971 prétendait le contraire et l’Eurosystème était fondé sur cette croyance. Alors chuttt !!!!!!!

Le lien entre création monétaire et inflation est cassé depuis longtemps. Toute la création monétaire va dans la spéculation et dans des bulles financières depuis la moitié des années 70 ! C’est bien que l’on commence à s’en apercevoir. Le système des changes flottants a permis des relations économiques totalement déséquilibrées notamment avec la Chine qui a pu s’approprier le travail occidental contre de la monnaie. La pression à la baisse sur les salaires a été gigantesque et le demeure. On a donc une énorme liquidité mais des salaires contraints. L’évidence est manifeste depuis au moins la moitié des années 80.

Le plein emploi dépend du cycle et n’est atteint qu’en phase finale comme en 1999 ou maintenant. Dans les pays occidentaux, il est surtout dû à la réduction de la croissance de la population active, insuffisamment compensée par à une immigration de faible capacité technique mais qui bloque la hausse des salaires des petits boulots. En France la surfiscalité a aussi ajouté ses méfaits. Les questions démographiques sont taboues en France et Alain Minc pourrait aussi appeler au débat dans ce domaine.  Le résultat : en France, les entreprises ont du mal à recruter comme si on avait atteint le plein emploi… quand il y a plusieurs millions de chômeurs ! Et le salaire moyen grimpe plus vite que ce qu’exigeraient nos déficits extérieurs.

Alain Minc évoque le mantra de la digitalisation qui interdit l’emploi. S’il n’y a pas de productivité, ce n’est pas à cause de la numérisation de l’économie qui perdure depuis soixante ans, c’est l’effet des crises successives, de la baisse du PIB provoquée par la dernière, et du détournement de l’épargne non pas vers l’investissement mais la spéculation ou la dépense publique. Rappelons que l’emploi public a une très faible productivité qu’il est difficile d’augmenter. L’avantage de la mise en cause de la « digitalisation » (autrefois : de l’informatisation) c’est qu’elle évite de se poser des questions sur la vraie cause du drame : l’introduction des changes flottants et les possibilités phénoménales de spéculation intenables qu’ils ont engendrées.

Alain Minc condamne les économistes officiels qui « ne pensent pas ». Clin d’œil : il s’est imposé à la télévision puis dans tous les médias en étant présenté comme « économiste ». Il a beau jeu de critiquer un monde d’économistes « segmentés » (nous disons pusillanimes). Oui, penser et surtout panser l’économie est une urgence. Elle l’est depuis près de 50 ans.  

Tout cela est évident pour quiconque se décide à regarder les faits sans passion autre que celle de la vérité. Dès la crise de 1992-93, la messe était dite.

La seule solution à court-terme est de faire le constat que le non-système mis en place à la Jamaïque en 1976 est mort et qu’il n’y a pas d’autres solutions que de revenir à un système de changes fixes, de la responsabilité des Etats, avec un contrôle effectif du FMI. Les grands déficits et les grands excédents doivent être bannis comme doivent l’être les politiques de relances irresponsables.

Un système mondial de compensation doit se substituer à l’étalon dollar. Les banques centrales doivent être réintégrées dans un jeu de pouvoir à l’ancienne où elles sont au service de la stabilité des changes et de la croissance. Il faut mettre évidemment fin à l’expérience des taux d’intérêt négatifs.

Rappelons qu’il n’y a pas eu de récessions graves pendant les Trente Glorieuses.  Et que nous en avons subi six depuis l’instauration des changes flottants (et, nouveau clin d’œil,  l’arrivée d’Alain Minc dans les médias). Au lieu d’attendre la prochaine comme on le fait depuis trois ans en la déclarant imminente, réformons le système monétaire international.

Les autres enjeux majeurs, écologiques, démocratiques, démographiques, pourront être traités alors dans de meilleures conditions.

L’urgence mondiale actuelle est une urgence monétaire.

« Le désert intellectuel est angoissant car sans précédent dans l’histoire » conclut Alain Minc qui appelle l’Etat à faire « ce qu’il faut pour stimuler le débat ».  En 1998, nous avions proposé que l’état français reprenne la pratique des grands prix honorant la réponse à une question fondamentale. Nous avons aussi, à la même date, proposé que le prix Nobel ne récompense plus une carrière plus ou moins notable, mais offre son prix à la meilleure réponse à une question économique clé. L’appel de Minc est un peu tardif mais bienvenu.

Ce ne sont jamais les économistes qui ont fait bouger les lignes. L’œuvre de Keynes n’a servi à rien dans les années trente et il a été largement désavoué à Bretton Woods. Ce sont les vainqueurs militaires qui ont fait bouger l’organisation mondiale. Le premier grand plan de refonte du système monétaire international date de juin 1940. Il était nazi. Le second est dû à la volonté américaine de Roosevelt qui instaure un nouvel ordre mondial après la victoire.  Les Américains s’en sont débarrassé dès qu’ils ont jugé que la contrainte qu’ils avaient accepté leur portait préjudice. Le recours à Milton Friedman est une post légitimation erronée. La vulgate nouvelle donnait une vague caution à un non-système indéfendable qui a montré ses effets délétères quasi immédiatement. La puissance américaine et celle de sa finance ont interdit toute remise en cause. La leçon des crises mondiales à répétition et en aggravation croissante n’a jamais été tirée. Par soumission.

Malheur à qui l’aurait fait ! Les journaux dont le Monde, où Alain Minc avait tout de même son rôle, ont éliminé tous les articles qui ne cautionnaient pas la vulgate dominante sur les changes flottants. La question des dysfonctionnements de l’Euro y est devenue taboue. Une sorte de politiquement correct économique et monétaire s’est installé, défendu avec acharnement, qui postulait, paradoxalement en même temps, et la modernité heureuse des changes flottants et la bonté de la monnaie unique.

Aujourd’hui ces « certitudes » volent en éclat. Mais les questions monétaires restent hors sujet. Alors qu’elles sont au cœur du sujet. L’article d’Alain Minc n’en dit pas un mot. Il est tellement plus simple de mettre en cause la digitalisation et l’intelligence artificielle. Là se trouve la pusillanimité. Cher Alain Minc, ce n’est pas la théorie économique qui précède l’action. Roosevelt a trouvé dans Keynes une justification tardive à sa politique volontaire mais hasardeuse. Les Etats-Unis ont trouvé dans Milton Friedman la caution d’une politique désastreuse qu’ils avaient mise en œuvre à partir de l’été 1971 sans se préoccuper de rien d’autre que leurs objectifs politiques et diplomatiques.

L’acceptation de l’urgence monétaire comme primat de la réflexion économique et donc aussi bien de la réforme du système monétaire international que de celle de la réforme de l’Eurosystème, est le vrai effort que doivent s’imposer les hommes d’influence.

Mais c’est dur et dangereux. Il est aujourd’hui interdit par le politiquement correct journalistique et politique de remettre en cause l’Euro tel qu’il est organisé. Alain Minc, y êtes-vous prêt ? Il est toujours interdit de mettre en cause les changes flottants. Alain Minc, y êtes-vous prêt ?

Il y a quelques temps, nous avons envoyé à l’excellente Marie Charrel qui est devenue, semble-t-il, la spécialiste des questions monétaires au Monde, le texte d’une libre opinion sur ce sujet, avec un exemplaire de notre livre. Nous avons fait de même avec J. P. Robin, au Figaro, qui est ce qui se fait de mieux actuellement comme journaliste économique avec Pierre-Antoine Delhommais, au Point.  Sans aucun effet, ni réaction. La presse française préfère répercuter les écrits des sommités économiques et financières américaines fussent-elles les plus impliquées dans les désastres successifs de l’économie mondiale comme Larry Summers. Parfois elle a même totalement sous-traité sa réflexion économique qui à FT, qui au NYT. Comme la chanson, à l’Eurovision, l’économie médiatique parle anglais.

Nous n’en sommes pas choqués. Le barrage intellectuel dure en France depuis que la gauche mitterrandienne s’est convertie à la spéculation financière. Mais tant que les grands médias et les hommes de pouvoir considèreront que seuls comptent les desiderata et les analyses viciées et autocentrées des économistes et commentateurs américains, il sera un peu ridicule de mettre en cause les économistes français.  

Cher Alain Minc, encore un effort !  Oui au débat. Oui à l’agitation des petites cellules grises. Mais un débat sans blocage, notamment dans le domaine monétaire.

L’urgence est monétaire.  Et il suffit d’avoir suivi les travaux du G7 de ce WE pour comprendre que rien n’a bougé sur ces questions fondamentales, sinon qu’on a pris acte que les banques centrales devenaient impuissantes…  Et qu’on ne savait plus trop où on allait. Quant à l’Eurosystème, M. Trichet dans le Journal du Dimanche du même WE, a rappelé qu’il était hors débat et adoré des foules !

La grande réflexion est bien partie.

 

Didier Dufau pour les Cercle des « économistes e-toile »

Un spectacle rare : l’explosion en plein vol d’une idée dominante trompeuse et abusive

Le martyre des inconditionnels de la politique américaine

Nous vivons une période intéressante. Pour les astronomes, l’explosion d’une supernova a toujours été une expérience excitante. Pour une économiste, l’explosion radicale d’une idée dominante, que l’on conteste est un spectacle à la fois réjouissant. Mais aussi  consternant : il était si clair que tout cela n’était pas durable.

Les « Trente Glorieuses » n’ont pas été le fruit du hasard. Elles ont été construites. Puis détruites. Cette destruction n’a pas été l’effet d’un mouvement de doctrine. Ce n’est pas une profonde réflexion économique partagée qui a conduit à changer la pensée et les pratiques, mais simplement un mouvement de mauvaise humeur des Américains qui avaient décidé d’utiliser leur monnaie et leur puissance à d’autres fins que la prospérité générale.

L’idéologie qui avait mené à l’organisation de Bretton Woods était le fruit d’une précédente révolution idéologique : l’étalon or et la passivité des états en cas de crise n’étaient simplement plus possibles après la guerre de 14 et la crise de 29.  La monnaie n’étant plus fondée sur un étalon en métal précieux, il fallait trouver un moyen de réguler les échanges avec des monnaies administratives nationales multipliable pratiquement à l’infini sans frais.

Une nouvelle idée dominante a été forgée à Bretton Woods en juillet 1944 qui voulait que les échanges internationaux fussent bénéfiques si et seulement si les échanges étaient équilibrés et tant que les Etats évitaient de se faire la guerre avec des dévaluation ou des restrictions artificielles (taxes, réglementations, contingentements) des échanges. Le rôle des Etats était pris en compte : ils devaient s’abstenir de pratiques contreproductives, mais on les imaginait capable de réguler globalement l’économie pour éviter ce déficits et excédents dommageables. Pour mettre tout le monde d’accord, on a créé le FMI, destiné à prévenir les attitudes à risques et à corriger les erreurs résultantes au mieux de l’intérêt de tous. Et nous eûmes les Trente Glorieuses. Bravo !

Lorsque les Etats-Unis en juillet 71 ont fait sauter les accords de Bretton Woods et plus encore lorsque les accords de la Jamaïque, à Kingston, ont été signés, il n’y avait pas d’idéologie sous-jacente, seulement la matraque du maître.  Comme personne ne se plait à jouer les valets de façon trop ouverte, on a bricolé une nouvelle vulgate, pour donner un semblant de rationalité à ce qui n’était qu’une voie de fait et un ensemble de soumissions.

L’idée dominante s’est construite doucement, en s’appuyant globalement sur les théories de l’école libérale autrichienne, qui par réaction au socialisme interventionniste qui avait dominé l’après-guerre, prônait la liberté des marchés et plus concrètement sur les théories de Milton Friedman, seul défenseur un peu élaboré des changes flottants à cette époque.  L’Etat était l’ennemi qui gâchait tout. Il fallait le museler. La finance serait le fait des marchés les plus libres et ouverts possibles et pour ce qui est des banques, ce sont les banques centrales, indépendantes qui réguleraient le marché. 

En soi, détruire la vulgate keynésienne, que Keynes aurait condamné, qui veut qu’on augmente en permanence la dépense publique tout en contraignant les forces productives par la réglementation, la justice et les syndicats, ne posait pas de problème. On a vu le Royaume-Uni s’effondrer littéralement sous Wilson, ce qui a entraîné la très nécessaire réaction thatchérienne qui a remis le pays dans le sens de la croissance.   Milton Friedman est un auteur prodigieusement intéressant et un de ceux qui connaissent vraiment bien les questions monétaires. Comme Keynes est un penseur économique de premier rang.  L’ennui est qu’ils ont donné des arguments à des margoulins politiques qui se sont attribués leur réflexion pour mener des politiques désastreuses.

Le Miltonisme s’est effondré pratiquement en même temps que le keynésianisme.  La FED, après avoir tenté de suivre les idées de Milton Friedman les a abandonnées radicalement. Dès la crise de 92-93, on savait que les avantages théoriques du système des changes flottants étaient illusoires. Les ajustements n’étaient pas progressifs mais très brutaux. Il fallait plus de réserve pour éponger les à -coups. Les soldes n’étaient jamais épongés et les déséquilibres croissants. Les changes flottants, ce ne marche pas. Plus graves, ils créent des crises endogènes.

Mais tous les messages et avertissements envoyés par les économistes clairvoyants comme Rueff ou Allais ont été mis sous le boisseau ou ridiculisés.  C’est la force d’une vulgate : elle élimine tout ce qui la contrarie. Ce qui fait que l’effondrement régulier de la croissance depuis 1971, la montée massive des dettes, la survenue de récessions de plus en plus graves n’ont pas joué leur rôle pédagogique.

On a fait semblant de croire à des tas de sottises et de faux semblants pendant des années. Jusqu’à l’énormité de la crise de 2008 et désormais le changement de stratégie des Etats-Unis. Ils ont balayé tout ce fatras qui apparait pour ce qu’il est : un sac à vent rempli d’approximations plus ou moins intéressées répétées ad libitum par des perroquets.

Sous les choc des tweets de Donald Trump, les suiveurs inconditionnels des Etats-Unis commencent à changer de musique, pendant que d’autres tiennent à conserver leur dignité en lâchant la vulgate qu’ils promouvaient inlassablement mais petits pas par petits pas. Tout dans tout, la dépouille de la vulgate commence à faire tâche sur le sol ensanglanté des guerres trumpiennes. La lecture des journaux, notamment FT et The Economist, les deux vecteurs principaux de la vulgate, devient assez cocasse.

Quels sont les vaticinations les plus significatives ?

Une première option est de faire semblant de croire que les accords de Bretton Woods sont encore opérationnels et menacés par Trump.  

Martin WolF s’est ainsi lancé dans une longue défense du système actuel, en le présentant comme une continuité positive de 1944 à nos jours. L’artifice est un peu gros : la période est coupée en deux : 27 ans de croissance exceptionnelle, sans crise et depuis 71 une baisse continue de la croissance avec des crises d’intensité croissante jusqu’à l’explosion de 2008. Du coup on gomme tout ce qui est à réformer. Et on ne comprend rien à la réaction électorale populiste. Et en final on concède qu’il faut trouver un nouveau modèle.

Une autre optique est de valoriser l’esprit de Bretton Woods mais de dénoncer les grandes organisations Banque mondiale, OMC, FMI, comme sclérosées et à réformer. La vérité est simple : une organisation comme le FMI était là pour gérer des changes fixes et modifiables, sachant qu’on présumait que les Etats étaient capables de réguler ses flux commerciaux et financiers extérieurs.  Si les Etats sont hors-jeu et les banques centrales les seuls acteurs publics tolérés, le FMI n’a plus de sens. Il a perduré dans son être mais par la force de la bureaucratie. Il ne devient pas trop difficile d’alimenter moult articles qui expliquent que ces institutions antiques doivent être profondément réformées voire disparaître. Gilian Tett, la journaliste de FT qui écrit comme un cochon et tire de son stylo une bêtise plus vite que son ombre perd son temps à expliquer qu’il faut les supprimer et les replacer par … du « networking ». Il est vrai qu’aux Etats-Unis la Chambre de Commerce pense que le FMI empêche le business et le dit ouvertement.  Alors pourquoi pas de réseautage.

Contradiction, les mêmes milieux économiques proches de Trump commencent à considérer que le libre-échange, cela commence à bien faire. « Ras de bol de faire du commerce avec des voyous et à notre détriment ». On dirait du Natacha Polony dans le texte évoquant le libre-échange. Inutile d’essayer d’expliquer que ce sont les échanges déséquilibrés qui posent problèmes pas le libre-échange lui-même. La coopération et le libre-échange, à la poubelle ! Sauvons nos classes moyennes martyrisées !

Les mêmes qui vous expliquaient que les Etats n’étaient plus à même de contrôler leurs changes et que cette activité était vaine car impossible, vous expliquent que la Chine manipule sa monnaie et depuis toujours. Donc, on peut ! Et longtemps !

Les mêmes qui vous expliquaient que les banques centrales pouvaient gérer l’inflation, vous expliquent maintenant qu’elles s’avèrent incapable de revenir vers l’objectif de 2%. On ressort les constats de l’économiste américain Lucas, il y a 60 ans, qui avait déjà constaté l’impuissance des seules banques centrales face à l’inflation.  

On demande à la FED de faire baisser le dollar alors qu’on cinq minutes avant on nous expliquait que les énormes masses financières en jeu rendaient l’opération impossible et que seuls les changes flottants permettaient les ajustements.

Et les Trésors Publics ? Ils ne peuvent rien les malheureux, ou tout, c’est selon. Evidemment la politique monétaire est partout gérée par l’Etat, sauf en Europe où les différents journalistes qui se sont penché sur la question ont des vues différentes.  C’est la BCE qui gère dit l’un. Mais de facto car c’est contre ses statuts, dit l’autre. Pas du tout, dit un troisième, elle gère l’inflation (inexistante). Aucun n’a l’air de savoir que c’est l’Eurogroupe, en tant que collectif qui doit mener au jour une politique monétaire en se réunissant tous les sixièmes jeudis du mois. En cas de guerre des monnaies, c’est peut-être un peu embêtant, non ? On fait quelque chose ? Ben, non. Il faudrait changer les traités. Et c’est long. La guerre aura déjà été perdue depuis longtemps.

Trump aura ainsi fait voler en éclats en quelques tweets une vulgate intellectuellement controuvée factuellement décalée et même, concrètement, désastreuse, qui avait été créée par les suivistes de la politique américaine pour justifier la destruction des accords de Bretton Woods. 

Les esprits espiègles ne peuvent que constater que si toute variation de change dommageable est le fruit d’une mauvaise action et non pas un heureux ajustement du marché, il vaut mieux retrouver un système de changes fixes et surveillés, avec consensus préalables pour les ajustements !

Les esprits s’échauffent aussi vite que la planète et pour le lecteur, les contradictions sont devenues telles dans le domaine économique qu’il en est réduit à penser qu’il n’y a pas de sciences économiques, seulement des guignols et des Etats irresponsables et en conflit ouvert.

Il serait plus simple que tout le monde comprenne que les changes flottants ont conduit d’abord à la contraction de la croissance puis à une crise sévère et à la stagnation générale, puis à l’exaspération des tensions, puis à la guerre commerciale et maintenant à la guerre des monnaies.

Entre le constat qu’on ne pourrait pas revenir à l’étalon or et la création d’une nouvelle organisation monétaire internationale, il a fallu deux guerres et 20 ans. Espérons que nous saurons aller plus vite.

Pour notre part, cela fait plus de 20 ans que nous expliquons avec une constance digne d’une meilleure écoute que ce que nous voyons aujourd’hui est le résultat obligé des concepts illusoires et des faux-semblants mis en place après le coup de force de 1971.

En vérité si le diagnostic se cristallise, tout peut aller très vite. On sait ce qu’il faut faire. J Notre association offre La Monnaie du Diable 1919-2019 à tout dirigeant en manque de solutions qui s’intéresserait à la question !

Didier Dufau, pour le cercle des « économistes e-toile ».

Désarroi et controverses sur le système monétaire

Les économistes officiels, les journalistes et les politiques aux abois

Plusieurs événements ont conduit à une réanimation soudaine des querelles autour des questions monétaires. Les postes de direction de la BCE et du FMI sont à pourvoir. La FED vient d’annoncer une politique encore plus accommodante et la BCE a aussitôt suivi le mouvement, évoquant de nouvelles libéralités en septembre. Pas question de laisser s’affaiblir le dollar, la guerre des monnaies suivant la guerre commerciale ! La menace de taxation du vin français, contrepartie de la taxation des GAFA, sur fond de condamnation des grands excédents, matérialise l’animosité qui s’est substitué à l’esprit de coopération.  Les vestales qui rallument chaque année à Washington la flamme de Bretton Woods ont été rejointes à l’occasion du 75ièmeanniversaire, par d’autres commémorations, dont celle, en anglais (!?!), organisée par la Banque de France. La tonalité est une nostalgie prononcée pour une époque où la coopération multilatérale et le souci collectif de la croissance avait porté ses fruits. Conscients de l’émergence de ce climat potentiellement contraire à ses intérêts, la finance débridée a lancé de nombreux contre-feu, notamment dans le FT, soulignant le caractère caduc des accords de Bretton Woods et des institutions associées. En même temps beaucoup s’inquiètent de l’incapacité des banques centrales à sortir le monde du marasme et du peu d’effets positifs des intérêts négatifs.

Les esprits se débrident un peu. Enfin ! En vérité, assez peu, comme nous allons le voir, l’accumulation des contradictions les plus étranges ne faisant pas peur à la majorité des intervenants officiels dans ce déballage.

Comme personne ne rappelle le contenu des accords, et d’ailleurs ne le connait réellement, le débat est obligatoirement assez fumeux. Rappel en deux mots :  

Bretton Woods se caractérise par deux mesures fondamentales et une erreur magistrale.

-        Première mesure fondamentale : les changes sont fixes et de la responsabilité des états qui doivent surveiller les flux de marchandises et de capitaux.

-        Les grands excédents et les grands déficits sont interdits. En cas de défaillance d’un pays, on l’aide pour éviter une récession générale des échanges. Un organisme,  le FMI, est là pour prévenir et guérir les dérapages.

L’erreur magistrale est d’avoir fait d’une monnaie nationale l’étalon mondial. Certes la conversion en or était de droit.  Mais le système ne pouvait durer que tant que le pays en question considérait la gestion de sa monnaie comme fondamentale pour le monde, sans aucune négligence.

Rien n’empêchait les Etats-Unis de considérer qu’ils avaient d’autres objectifs à atteindre.  Ce qu’ils firent, à trot ou à raison. L’explosion du système était au bout du chemin et elle s’est produite en été 1971, avec le refus des Etats-Unis d’honorer leur parole de rembourser en or toute présentation de créances en dollars, un peu comme si les Grecs refusaient de rembourser leurs dettes en euros autrement qu’en drachmes nationaux. 

Première conséquence : il est impossible de revenir aux accords dans la forme de 1944. Se contenter de dire : « revenons à Bretton Woods », est une marque d’ignorance et d’irréflexion.

 Seconde conséquence : le passage aux changes flottants marque la fin des Accords. Ceux qui laissent entendre qu’ils sont encore actifs témoignent d’un manque de connaissance flagrant.

Les changes flottants sont l’exact opposé de la formule de Bretton Woods. Les Etats sont censés ne plus être responsables de rien, au profit des acteurs financiers, sous la houlette des banques centrales.  Si les taux de changes se fixent selon les lois du marché, les banques centrales ne doivent pas interférer sur les cours.

Que se passe-t-il si les flux se déséquilibrent et que des déficits et des excédents majeurs se produisent ? C’est censé ne pas de produire. En tout cas les Etats n’ont pas à se soucier de la « vérité des marchés ». Si les flux sont déséquilibrés, soit. Et ils l’ont été en permanence depuis l’été 71.

En vérité, nous sommes en pleine fiction. Tout le monde sait que la monnaie est l’enfant adultérin du sabre et du goupillon, et cela dès sa création huit siècles avant JC. Le goupillon a faibli (pas partout, voir la finance islamique) mais pas le sabre.  C’est d’abord pour battre l’URSS que les Etats-Unis ont mis en l’air les accords de Bretton Woods. Aujourd’hui Trump constate que les changes flottants et la diplomatie du dollar ne permettent pas de protéger suffisamment les Etats-Unis. Ils se sont décidés pour des voies de fait commerciales.

Eh oui, monnaie et commerce vont ensemble ! Les disjoindre est une sottise. On se vautre dans cette erreur dans toutes les discussions sur le Mercosur et le CETA. Ce n’est pas le libre échange qui pose problème mais le fait que l’Europe n’utilise pas les négociations commerciales pour réformer le système monétaire.

La vraie décision américaine fâcheuse est le TFTEA, comme nous l’avons amplement souligné dans ces colonnes. Cette loi passée par Obama, pas par Trump, lie rigoureusement commerce et monnaie. Un excédent monétaire est vu par ce texte comme une attaque commerciale déloyale, vérité du marché ou pas vérité du marché des changes ! Les Américains qui ont imposé les changes flottants ne croient même pas aux discours théoriques qui ont accompagné cette voie de fait.

Trump facilite le diagnostic et complique la solution. Il a raison de souligner que les grands excédents sont interdits par les grands traités et notamment par les statuts du FMI, ce qui explique la gêne de l’institution et la faiblesse des réactions de Mme Lagarde devant les menaces américaines. Il a tort de croire qu’il peut continuer de faire du dollar la monnaie du monde, puisque ce rôle implique des déficits américains incontrôlables. Ou le dollar devient une monnaie de même rang que les autres ou les déficits sont structurels. Et il n’y pas de solution sur les bases du TFTEA qui devient une simple machine de guerre unilatérale.

C’est cette position qui devrait être celle de l’Europe. Son silence est tonitruant. Macron, ses Gilets Jaunes et ses déficits ne peut que rester muet, comme l’Allemagne qui accumule des excédents interdits et indécents.

Pour bien aborder ce débat, il faudrait, préalable indispensable, régler une question économique fondamentale. Qu’est-ce qu’on « bon » système monétaire international ? Cette question n’est strictement jamais abordée dans la presse et dans les études économiques officielles. Elle porte trop d’enjeux politiques.

Notre réponse est parfaitement claire : un bon système monétaire international est celui qui interdit les grands déficits et les grands excédents et qui prévient et corrige vite les dérapages dès leur constat.

Evidemment, pour comprendre cette assertion, il faut résoudre deux autres questions fondamentales :

-        Quels sont les inconvénients des grands excédents ?

-        Quels sont les inconvénients des grands déficits ?

Malheureusement, ces deux débats ne sont pas menés. Le silence est quasiment total. Et malgré nos efforts pour tenter de les faire vivre dans la PQN française, il est là pour durer. Personne ne veut prendre le risque de porter ces questions et en particulièrement pas les Etats qui sont en excédent ou en déficit. Critiquer les grands excédents est s’en prendre à l’allié allemand. Critiquer les grands déficits est s’en prendre à l’allié américain. Forfaiture ! Silence les inconscients ! Vous devez avoir « un calendrier caché » ou des « objectifs sournois » pour mettre ce serpent de mer sur la table d’opération.

« D’où parlez-vous ? Vous n’êtes rien. Qui vous paie ». Etc. Certains ont même fait valoir que le nom de notre cercle : économistes e-toile, était un plagiat volontaire pour nous faire passer pour Le Cercles des économistes ! On aurait su, on aurait choisi « club des économistes e-toile ».  Il aurait été certes courtois, pour le Cercle des économistes, de ne pas préempter le nom de tous les autres cercles possibles. Cercle des Economistes Officiels Français aurait très bien fait l’affaire. Il n’y a pas, à notre connaissance, un Cercle des Boulistes qui s’indignerait de l’existence du Cercle des Boulistes de la Ciotat ou de Romorantin !

Avoir appris, à l’occasion de la publication de notre livre, La Monnaie du Diable 1919-2019, que nous étions « suspects », est un des aspects les plus inattendus et saugrenus de cet effort éditorial.

En France ce ne sont pas les faits, les idées, les démonstrations, les études qui comptent mais le pedigree de ceux qui les publient et le clan auquel on peut rattacher leurs auteurs.

« Votre livre attaque la finance et le néo-libéralisme ! » « Votre livre attaque le keynésianisme ! » « Vous renvoyez tous les prophètes à leur crédo en essayant de donner des explications qui collent à la réalité ». « Mais qui êtes-vous donc pour prétendre avoir une réflexion disjointe de celles des clans officiels ? »

 L’économie est devenue une affaire quasi religieuse avec deux sectes opposées qui vivent en bonne inintelligence et font de la chaleur dans les médias et jamais la moindre lumière.

Désolé, la science économique sait parfaitement pourquoi les grands déséquilibres sont nocifs.

Si les échanges sont équilibrés, alors les produits s’échangent contre les produits et le travail contre le travail. Il ne peut pas y avoir de soupçon que l’échange nuit aux travailleurs d’un pays au profit de ceux de l’autre. On voit la pertinence de cet aspect  à un moment où le rattrapage des populations victimes du communisme se fait au détriment des classes moyennes et populaires des pays occidentaux.

S’ils ne le sont pas, cela veut dire que la vente s’est faite contre de l’argent qui s’accumule chez le vendeur. La boucle économique ne se referme pas. Il manque au pays déficitaire une partie de la contrepartie de sa production. Tant que le déséquilibre est temporaire, les mécanismes financiers peuvent jouer un rôle apaisant. Mais s’il dure, alors le pays qui accumule d’énormes excédents permanents assèche les ressources financières du pays déficitaire qui doit recourir à l’emprunt. Le pays en excédent n’ayant pas l’emploi de la monnaie administrative des autres pays est tenté de la replacer. Mais dans quoi ? Les pays déficitaires sont en difficulté de compétitivité. L’occasion d’investir dans la production est faible. La spéculation devient le réemploi presqu’obligatoire.

On a connu cela depuis l’instauration des changes flottants, et dans l’indifférence officielle, les grands excédents japonais, allemands, puis coréens et chinois. L’économie est devenue baudruche et a fini par exploser.  

Oui : il est légitime que les statuts du FMI et les grands traités internationaux postulent que les Etats doivent veiller à empêcher toute dérive vers les grands excédents et les grands excédents.

Les changes flottants sont un système déplorable parce que justement ils ne permettent pas l’ajustements des soldes commerciaux et financiers. Milton Friedman avait théorisé le contraire, mais cinquante ans de pratique et de constat, ont mis à bas son espérance.

La mère des batailles économiques serait aujourd’hui de renoncer aux changes flottants. On pourrait espérer que des milliers d’économistes à travers le monde soient courbés sur ce travail et la recherche de solutions. La question n’est même pas posée. Les changes flottants sont un totem et un tabou ! La raison en est simple : les Etats-Unis veulent ce système, et notamment ses banques mondialisées devenues non seulement dominantes mais exclusives. Même s’ils constatent les dégâts politiques dans leur propre pays. Le lien n’est toujours pas fait.  FMI, OCDE, banques centrales, tout le monde se couche. Sinon, fini les récompenses flatteuses et les avancements rémunérateurs.

Le drame se complique encore quand on constate que l’Eurosystème ne répond pas non plus à notre critère de qualité : il ne permet pas et ne permettra jamais de corriger les grands déficits et les grands excédents. Pour aggraver le tout, on a accepté ce que les accords de Bretton Woods avaient pour objectif principal d’empêcher : des politiques violentes d’ajustement par la déflation et la régression économique. Si les négociateurs de Bretton Woods revenaient parmi nous ils seraient consternés. Voir le triomphe de tout ce qu’ils avaient décidé d’empêcher serait trop pour eux. Il y a tout de même des limites !  

Notons qu’un système de changes imposés et non ajustables et un système de changes flottants sont totalement contradictoires. La simple logique suggère que si l’un est bon l’autre ne l’est pas. Ils ne peuvent pas être bons en même temps. En revanche ils peuvent être nocifs en même temps, ce que démontre largement l’histoire des 20 dernières années.   

Le constater est ajouter une strate d’ennemis jurés et impitoyables. Imaginer qu’on puisse analyser les faits pour œuvrer à la mise en place d’une solution homogène et positive est totalement inimaginable dans le climat hystérique qui prévaut.  

« Vous devez être « villiériste », au mieux, lepéniste, au pire, anti européen, anti-euro, anti-tout. En tout cas un vil populiste. Ou un esprit troublé. Un fou peut-être ? Vous n’avez pas compris que les peuples européens adorent l’Euro ! »

Fa Tutto !

Pour un observateur économique objectif et qui cherche la cause des difficultés et les remèdes, il n’y pas le choix aujourd’hui.

Il faut faire valoir l’urgence monétaire et l’obligation de réfléchir à un nouvel ordre commercial et financier qui nous sorte des contradictions insolubles, de la crise permanente, de la stagnation de longue durée, de l’effondrement du revenu des classes moyennes inférieurs, des tensions au sein de l’Europe, des crispations transatlantiques, et du danger Chinois.

Nous pensons qu’il n’y a pas plus d’urgence critique que d’élaborer une diplomatie de la prospérité qui réunisse dans une même bassine et les questions commerciales et les questions monétaires. Pas de bon commerce international sans bon système monétaire.

C’est sur ces bases que nous allons réfuter certains articles publiés dans FT et qui tendent à justifier le maintien des changes flottants malgré cinquante ans de pertes de croissances, de gonflement des dettes et de crises à répétition et de plus en plus graves.  

Didier Dufau pour Le Cercle des Economistes e-toile

Le 75ème Anniversaire des Accords de Bretton Woods

Alors que nous fêtons de façon répétée l’anniversaire du débarquement de juin 1940, et que le soixante-quinzième a développé ses fastes, nous ne nous pressons jamais de réfléchir à l’anniversaire jumeau des accords de Bretton Woods. Cet évènement n’a fait l’objet que d’un seul livre en France et il date des années cinquante !

C’est bien dommage. Nous perdons du coup un moyen simple de juger les pratiques « récessionnistes » mises en place en Europe depuis 2000 et surtout 2 008. La conférence a entendu des semaines d’imprécations contre les abrutis qui pensaient devoir régler les situations économiques dégradées par la récession et la déflation. Si les mânes des centaines de participants pouvaient s’exprimer sur les politiques menées depuis des lustres d’abord pour créer l’Euro ensuite depuis 2008 pour juguler les conséquences de la crise mondiale la plus grave depuis 1929 (celle qu’ils avaient comme vocation de conjurer pour la nuit des temps), on ne s’entendrait plus.

Nous essayons à partir de notre livre, La Monnaie du Diable 1919-2019, de convaincre les journalistes des grands médias français d’au moins une fois dans l’été de faire un grand papier sur cet anniversaire, et de commenter à la fois l’énorme mouvement de croissance qui a suivi Bretton Woods et l’énorme catastrophe économique qui a suivi l’abandon de ses disciplines le 15 août 1971, avec son effondrement continu de la croissance pour aboutir à la stagnation inquiète et hargneuse actuelle.

Cela fait même cent ans que le système de monnaie métallique a disparu au profit de monnaies administratives nationales qui posent des difficultés insolubles. Nous ne savons toujours pas ni les gérer ni les échanger sans casse.

L’été pourrait être le bon moment pour que des esprits apaisés et un peu moins préemptés par la pub et les urgences politiques ou personnelles, s’emparent de cette grande question.

Le journal suisse Le Temps signale ce jour même que dans l’esprit d’attente de la crise qui domine, il faut se souvenir que les crises sont toujours le fruit d’un excédent d'épargne. Mais d’où vient cet excédent d’épargne ? Alors là pas un mot sinon des âneries sur les comportements individuels. Ce n’est pas le microscope qu’il faut prend mais le macroscope. Nous sommes typiquement en pleine Macroéconomie. Le recyclage des énormes excédents de pays comme l’Allemagne ou la Chine provoque mécaniquement un gonflement majeur de liquidité. Le masquage des pertes bancaires liées à la crise de 2008 et l’éclatement d’économie baudruche, implique également des flots continuels de création de monnaies administratives. L’analyse des causes de la crise de 2008 autant que celle de ses conséquences est tout à fait critique. Mais là, rien !

Le gentil marché contre les vilains états, la douce microéconomie contre la fumeuse macroéconomie, les gentils États-Unis contre les méchants pays qui lui veulent du mal, cette fantasmagorie emplie les journaux économiques soucieux d’être conformes. Comme on sait que c’est du « bull shit » de première qualité, on en fait des tonnes sur la croissance inclusive, les inégalités, les bons garçons et les formidables filles, les toilettes sèches et les w.-c. pour transgenre.

La cause frontale de tous les malheurs économiques du monde, c’est justement l’instauration des changes flottants de monnaies administratives, au détriment d’un système organisé où les monnaies d’État sont sous la responsabilité des Etats, en sachant qu’ils doivent se concerter de façon sérieuse et continue. On ne peut pas à la fois vouloir un système de monnaies administratives et ne pas accorder les administrations. Les banques centrales ne sont qu’un levier dans cette gestion de monnaies administratives et, comme nous le répétons inlassablement « elles sont comme les psychanalystes : elles ne savent guérir que les maux qu’elles ont infligés ».

Il y a une urgence monétaire dans le monde qui est presque plus urgente que l’urgence écologique !

Mais oui !

L’inconscience règne et il n’y aura pas de pucelles inspirées pour cesser les cours le lundi pour accélérer le mouvement des consciences.

Alors oui : une commémoration des 75 ans de Bretton Woods serait un bon début. Le lieu a été choisi pour sa fraîcheur et la santé de Lord Keynes, triomphateur moral et vaincu réel de Bretton Woods, mais non sans avoir planté la bonne graine dans le sol fertile de l’économie internationale.

M. Robin au Figaro, M. Delhommais au Point, Mme Polony à Marianne, vous savez que le moment est venu. Passer aux actes !

Malheureusement, sous l’influence de l’actionnaire principal, l’ex-star de Ulla et du téléphone rose, le Monde semble ne plus avoir de grands journalistes économiques, alors qu’il en avait à foison dans les années soixante et 70. Les consignes sont de parler de microéconomie et des entreprises, dit-on. Pour le reste on laisse des clans étaler leurs sottises contradictoires ou leur insignifiance selon le degré de parti pris des intervenants. C’est bien triste.

Depuis mai 1968, la France n’a plus de poids monétaire dans le monde, plus de parole, plus d’idée. Les dirigeants qui se sont succédé ont TOUS considéré qu’il fallait se laisser glisser au fil des eaux dominantes, qui était de s’abandonner qui aux Américains, comme Giscard, qui aux Allemands, comme Mitterrand, les autres s’écartant de la marmite du diable et laissant tout faire, tout en accumulant les dettes, faisant, à plat ventre, la synthèse entre les solutions de Nixon et de Goering.

Là où il faudrait une France debout, avec des intellectuels, des économistes, des politiques à la hauteur des phénomènes du temps, une gestion serrée et propre du pays, un taux d’emploi de vainqueurs, une diplomatie de la prospérité, nous voyons un pays suicidaire, qui tue sa capitale, qui s’épuise à valoriser les saloperies de média part, qui ruinent ses propriétaires, qui tuent son système scolaire, après que l’Université ait sombré par pan entier, qui ne pense qu’à disparaître dans sa langue, dans sa parole, dans sa volonté.

Amis journalistes comprenez qu’une autre voie est possible et qu’elle est disponible. Les Français, la presse française, les institutions françaises peuvent avoir quelque chose à dire, et pas à se couler médiocrement dans le pathos et la sottise intéressée de quelques pays dominants.

Il est triste de constater qu’un pays qui a donné tant de pouvoirs à son Président en reçoit si peu en retour. Virevoltes, bonneteau, surf acrobatique, sur fond de querelles grotesques et homarderies, traduisent un fond d’impuissance que l’on peut juger terrifiant.

Évidemment le redressement par la prise de conscience monétaire cela peut paraître drôle. Mais c’est essentiel.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile.

Chassez la monnaie, elle revient au galop !

Les menaces de Trump sont commerciales mais elles proviennent de déséquilibres monétaires dus à un système monétaire international défaillant. On accable Trump de sarcasmes et on oublie de parler de la cause des troubles sous-jacents. Et voilà que ce « voyou » de Zuckenberg, affreux jojo qui a révolutionné la vie des femmes connectées avec son programme Facebook, en vendant leurs émois connectés aux publicitaires, veut accroitre sa puissance en créant avec quelques associés de poids une monnaie internationale alternative : la Libra.

L’Euro a été radicalement chassé des débats européens. Trichet parade et exulte : tout le monde aime l’Euro ! Et voilà que l’Italie crée des « miniBots » qui vise à compenser l’assèchement monétaire imposé par les excédents allemands. Eh oui : l’Eurosystème est dysfonctionnel et exige des réformes profondes.

Cerise sur le gâteau, voilà qu’une partie des pays africains membres du franc CFA veulent créer une zone monétaire du type Euro, mais sans la garantie française (et sans aucune réflexion sur les défauts d’une zone de monnaie unique). L’ECU faisait trop européen, on a choisi ECO comme nom de la devise unique.

Jamais la créativité monétaire n’a été aussi grande, une marque traditionnelle de situation internationale trouble, ce qui laisse supposer que les monnaies actuelles ne jouent peut-être pas leur rôle de façon totalement satisfaisante.

Nous ne parlerons ici que des « minibots » italiens, réservant les autres initiatives à des commentaires ultérieurs.

Lorsque Varoufakis, en Grèce, a imaginé un moyen de contourner l’asséchement monétaire organisé pour faire fléchir son pays (pour servir d’avertissement aux autres, notamment à l’Italie et à la France) il a imaginé une solution complétement farfelue. Il aurait étudié le cas de l’Argentine, il aurait trouvé des solutions plus faciles. Le « currency board » argentin conditionnait la création de monnaie à un solde positif de la balance de paiement en dollar. Quand la hausse phénoménale du dollar s’est accompagnée de la dévaluation massive du real brésilien, son principal client, l’assèchement monétaire a été immédiat et radical. La seule solution pour l’Etat était de créer des reconnaissances de dettes pour payer salaires et fournisseurs et accepter le paiement des taxes et des impôts avec ces billets.  L’Etat argentin étant fédéral, cela a un peu compliqué les choses et on a vu de nombreuses « monnaies alternatives » voir le jour, dont la plus symbolique était l’« Argentino », même si les Patagones et équivalents représentaient des sommes bien supérieures. Les conséquences ont plus tard été fort fâcheuses avec ruine des créanciers internationaux, échec de la politique de sauvetage du FMI, abandon du « currency board », retour à un peso effondré.  Le cycle antérieur au currency board a repris et le Peso argentin est à nouveau sous sauvetage du FMI, après des années de gouvernement argentin pourri.  Le rapprochement de l’affaire argentine et du cas italien est aussi marqué par l’affaire du corralito. La BCE, via l’exemple fait en utilisant la Grèce comme cobaye, peut à tout moment contingenter les comptes des banques italiennes. Ce contingentement est exactement la même chose qu’un corralito sauf que dans le cas argentin, la mesure visait à revenir à un peso dévalué et flottant, alors qu’en Italie il ne s’agirait, pour les fonctionnaires européens, que de forcer le passage à une politique massivement déflationniste sans changement systémique de l’Eurosystème.  

L’idée d’imprimer des bons du trésor ressemblant comme un frère à un billet de banque est-elle une simple menace ou le début d’une politique de contournement des règles récessives de l’euro ? Le vote du parlement italien ressemble plus à une provocation qu’à un véritable changement de politique. Salvini met la pression mais sur qui ? La Commission ? La BCE ? Le conseil des chefs d’états ? Le conseil des ministres des finances ?

Tant que les Allemands ne seront pas amenés à cesser leur politique d’assèchement de la liquidité européenne, avec des excédents littéralement monstrueux par rapport aux comptes extérieurs des autres pays de l’Euro, l’Europe et la BCE n’auront aucune légitimité pour imposer la récession aux pays en difficultés. Selon nous, la menace italienne est légitime. La réaction italienne est entièrement le fruit d’une anomalie de construction de l’Eurosystème et les politiques récessionnistes sont illégitimes.  Bien sûr, ce fait évident est nié au nom de la conservation de l’Eurosystème « adoré » par les Européens, morts de trouille de voir leur épargne anéantie. Un système qui ne fonctionne que sur la peur et la menace est inviable à terme.

La vraie réponse à la mini provocation italienne serait un vrai projet de réforme de l’Eurosystème.

Si l’état italien met en circulation une reconnaissance de dettes pour payer les salaires, les subventions et les entreprises, tout en acceptant de les reprendre à leur valeur faciale pour payer les impôts, il créera effectivement une seconde monnaie légale en Italie. La mauvaise monnaie chassant la bonne, l’Euro ne servira bientôt plus que comme monnaie d’épargne. Il suffira au trésor d’accepter la conversion des minibots en argent liquide (pièces et monnaies) pour que rapidement l’ensemble de la circulation se fasse par les mini bots, les grandes transactions restant en euros. Cela ne veut pas dire que l’euro s’effondrera. Mais cela ne réglera pas la crise italienne pour autant : les exportations en valeurs euro resteront contraintes, l’emploi restera en difficulté. De même qu’en Argentine les monnaies internes n’ont pas résolu la question de la différence de change avec le real brésilien premier client du campo argentin. Les banques italiennes ne pourront pas accepter des dépôts en minibots. La BCE l’interdira formellement sous peine de bloquer le réescompte des banques italiennes. Alors ?

Toute cette affaire ne mène en vérité à rien, car aucun des dysfonctionnements de l’Eurosystème ne font l’objet de correction et on ne règle que la difficulté de trésorerie de l’état italien. Les minibots ne sont qu’un expédient. L’économie italienne restera étranglée par le cours trop élevé pour elle du change de l’Euro. La récession sera atténuée en libérant la trésorerie des entreprises. C’est tout. L’épreuve de force entre un état démocratique et des institutions non démocratiques serait un cauchemar avec le double risque d’une hystérie européiste baignant la politique menée contre l’Italie et une perte de confiance généralisée dans l’Euro.

Mieux vaudrait réformer l’Eurosystème de façon profonde, au lieu de de hurler à « l’amour » des Européens pour l’euro et au « néofascisme » italien. La monnaie est une question technique mais elle est au cœur « de la vie quotidienne » des Européens.  La cantonner dans les mains de spécialistes serait une erreur majeure, un peu comme livrer la médecine aux psychanalystes freudiens.

Monnaie, commerce, épargne, exportations, prospérité sont indissociables. Il faut en Europe une diplomatie de la prospérité qui embrasse aussi la question monétaire qui ne doit pas être laissée à la discrétion des banquiers centraux.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile.

 

Ps : de tête les excédents Target de l’Allemagne doivent actuellement avoir dépassé les 1.000 milliards d’euros, soit pratiquement un an de valeur ajoutée des entreprises du secteur industriel et commercial français !). L’Italie, toujours de tête, mais chacun pourra vérifier, doit avoir une dette Target autour de 600 milliards. Ces déséquilibres sont effroyables, à tous les sens du terme. Ce sont eux qui doivent faire l’objet d’une reforme de fond. On ne peut pas durer indéfiniment comme cela. L’explosion et l’implosion de l’Eurosystème sont au bout du chemin. Merkel peut trembler… car l’Allemagne y perdra ses retraites.  

 

 

 

Nouveau livre de Didier Dufau : La Monnaie du Diable 1919-2019. Opération spéciale en avant-première

En avant-première et pour les lecteurs du blog du Cercle des Economistes e-toile, les Editions du Cercle mettent en vente au prix exceptionnel de 25 euros le nouveau livre de Didier Dufau :

 

La Monnaie du Diable

1919-2019

La France piégée dans la guerre des monnaies

 

Pour commander le livre, il vous suffit d’envoyer un chèque de 25 euros au nom du : « Cercle des économistes e-toile (Didier Dufau) » à l’adresse de notre diffuseur :

 

Cercle des économistes E-toile

Attention Mme Sophie Defyn

c/o La Maillière

4, Av. Jules Janin

75016 Paris.

 

N’omettez-pas de donner vos coordonnées d’adresse pour l’envoi.

Pour l’étranger il faudra ajouter les frais de port et un paiement par virement est possible.

Si vous souhaitez une dédicace de l’auteur, indiquez-le dans votre courrier en précisant le prénom et nom de la personne à qui la dédicace est dédiée.

Si au contraire vous souhaitez rester anonyme, comme il est traditionnel sur le Web, notez bien que les noms ne sont pas transmis au Cercle des économistes e-toile et restent chez le diffuseur pour le temps de l’envoi.

Compte-tenu du petit nombre d’exemplaires réservés à cette opération, seules les premières demandes pourront être servies.

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ADMIN



Monnaie et commerce : quand l’ignorance effondre le débat public !

LCI a organisé un « débat » sur l’Europe. Très bien ! Au bout d’une heure d’invectives plus ou moins ridicules, les organisateurs, en saucissonnant les questions, ont fini par obtenir des consensus :

-          Le libre-échange c’est mal et cela doit être remis en cause, en particulier la directive Bolkenstein

-          L’Euro c’est intouchable, il faut juste créer de l’argent pour sauver autre chose que les banques.

L’ennui, c’est que la monnaie et les échanges sont les deux faces du même phénomène. Pas de bon commerce sans bon système monétaire.

Si des pays sont déficitaires, il leur faut trouver le moyen de payer leurs importations non couvertes par les exportations.

Si des pays sont excédentaires, ils accumulent des moyens de paiement dont ils n’ont pas l’usage commercial et qu’ils replacent dans la spéculation, provoquant des bulles et des récessions.

Les bons systèmes de paiements permettent de maintenir les échanges en contraignant les pays trop excédentaires à refréner leur surcompétitivité et les pays déficitaires à retrouver une compétitivité externe.

L’Eurosystème, cette combinaison de monnaies nationales de même nom et de même étalon, chapeautée par un fonds de compensation et associée aux trois libertés fondamentales de circulation des marchandises, des hommes et des capitaux, ne permet pas la convergence des économies et dans la pratique trois pays seulement représentent près de 70 % des flux monétaires, l’Allemagne en représentant à elle seule près de 60 %. Comme tel, le système monétaire permet des échanges totalement déséquilibrés et ne pousse à aucune correction. Il faut toucher à la fois l’organisation des échanges et l’organisation monétaire, si on veut régler le problème. Crier haro sur le libre-échange et OK pour l’Euro n’a exactement aucun sens.

Si on avait par exemple conservé un système de changes fixes et ajustables, la trop grande compétitivité globale des pays à bas salaires aurait été corrigée par le change, en tant que de besoin. Là, on est obligé de mettre au chômage des millions de gens et de faire pression à la baisse sur les salaires. Au lieu d’avoir un rattrapage homothétique, on a une croissance par substitution dans les pays de l’EST, et nous n’avons aucun moyen de faire face facilement à la situation.

L’Allemagne privée de sa montagne d’excédents n’aurait pas pu investir à mort dans les subprimes et dans l’immobilier espagnol, grec ou portugais. Ses banques ne seraient pas ruinées. Et elles n’auraient pas imposé qu’on ruine les pays du sud de l’Europe pour que les pays prêteurs puissent retrouver un peu de leurs fonds gaspillés dans des prêts grotesques.

La coexistence de l’Eurosystème et de la liberté intégrale de mouvements crée une situation incohérente et dangereuse.

En fait on ne parle plus de l’Euro parce que les gens ont peur pour leur avoir. C’est la peur qui clôt les bouches. Sur le commerce, les exécrations sont plus faciles. Mme Loiseau a expliqué qu’elle ne voulait pas que son poupon soit concurrencé dans son travail par des salariés de pays pauvres. Mais elle n’a pas expliqué comment on faisait avec l’Eurosystème et les trois libertés constitutionnelles de l’Europe. Tout le monde est contre la directive Bolkenstein, sans se rendre compte que les productions faites dans les pays de l’est ne supportent pas les mêmes charges sociales que celles de la France. Que l’Est exporte le travailleur ou le produit, cela revient presque au même. L’important est que les échanges soient équilibrés. Et cela, dans le système monétaire existant, rien ne le garantit.

De toute façon les excédents allemands ont eu des conséquences beaucoup plus graves pour la France que les travailleurs Bolkenstein.

Pour quiconque a un minimum de connaissances en économie monétaires, c’est évident. Mais l’ignorance des politiques sur les questions monétaires est tellement crasse et ils ont pris tellement l’habitude de sortir les questions monétaires de la diplomatie économique, qu’on peut craindre que rien ne bouge.

Rappelons qu’à Bretton Woods on parlait et des échanges et de la monnaie. Un demi-siècle plus tard, quelle régression !

Quand la pensée est paralysée, l’action devient des plus aléatoires.

Quand l’Allemagne dit non… à l’Euro !

Au moment du rush final pour les élections Européennes où l’Euro a été totalement évacué des discussions (le plantage de Mme le Pen lors du débat avec E. Macron a figé les esprits), il est intéressant de fêter l’anniversaire de la très surprenante réaction des « 154 économistes contre Macron », parue le 21 mai 2018, dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Une bonne idée n’a pas besoin du secours de la masse. Le nombre ne fait pas l’autorité. Les pétitions de groupements d’économistes, notamment en France, n’ont qu’une vocation politicienne et couvrent généralement d’éloges une mesure inadmissible à laquelle on veut accorder un vernis de rationalité (exemple : les 35 heures). Le but du billet allemand était d’encourager Mme Merkel à refuser les propositions du Président français, en donnant à ce véto l’onction de la science économique sinon en majesté du moins en nombre.

L’article contient deux phrases clé.

La première concerne la responsabilité des dettes : « Der Euro darf nicht in die Haftungsunion führen ! ». En clair : les dettes sont de la responsabilité de chaque pays de l’Union et pas de la collectivité. Que les mauvais gestionnaires se débrouillent ! L’Europe de la dette, c’est non ! Il est vrai, qu’après le drame grec, apparaissaient des tensions sérieuses sur les dettes de l’Italie avec l’arrivée au pouvoir de démagogues apparemment bien décidées à faire flamber la dépense publique. L’article vaut avertissement. L’Allemagne ne pourra pas être sollicitée pour un sauvetage.

Un an après, on voit bien que Salvini a réussi à faire cristalliser les droites « populistes » mais s’est bien gardé d’aller à une vraie confrontation avec les Allemands et la Commission européenne sur le budget. Le précédent grec n’a pas été oublié. Vive « l’autre Europe », mais restons sérieux !

La seconde phrase était la plus intéressante : « Die Target-Salden sind regelmäßig zu begleichen ». Les soldes créditeurs monstrueux de l’Allemagne au sein du fonds de compensation, les soldes Target, « doivent être remboursés au fur et à mesure ». Là nous sommes au sein le plus intime de l’Eurosystème. L’article lui envoyait une flèche en plein cœur. Une attitude plutôt inattendue.

Normalement si l’Europe avait mis en place une vraie monnaie unique, elle n’aurait pas eu besoin d’un fonds de compensation. Un fonds de compensation n’a de sens que pour des monnaies distinctes. Il n’y a pas de fonds de compensation entre le Limousin et l’Auvergne ! Target est d’ailleurs utilisé par les nations ayant gardé leur monnaie propre. Un vrai système de monnaie unique aurait vu la disparition des banques centrales nationales et une gestion centralisée des soldes de compensation des banques commerciales. Si on consolide les bilans des banques centrales et ceux du fonds de compensation Target, tous les soldes en euros se compensent et disparaissent. Rembourser les soldes Target perd tout sens.

Cette demande allemande a l’intérêt de souligner qu’on n’a pas créé en Europe une vraie monnaie unique. L’Eurosystème est un système de monnaies nationales de même nom, valorisées identiquement avec un étalon également de même nom. Du coup, les soldes dits Target, apparaissent mécaniquement, parce que les monnaies sont encore nationales, même si elles portent le même nom. Le système aurait fonctionné de la même façon avec des monnaies de noms différents. On ne l’a pas fait pour des raisons politiques, pas techniques. Du coup on se retrouve avec des soldes de balances de paiements et avec la question du moyen de leur règlement. C’est l’éternel problème de la liquidité entre deux structures ne disposant pas en fait de la même monnaie. Il faut s’arranger pour trouver un moyen de paiement acceptable par les deux parties, par exemple l’or, ou une monnaie internationalement plus forte comme le dollar, ou un marché des changes flottants où on s’approvisionne dans la monnaie de l’autre.

En exigeant que les soldes du système de compensation mis en place dans l’Eurosystème soient remboursés régulièrement, les 154 économistes affirmaient, avec le poids du nombre et d’anciens ténors de la Bundesbank, que l’Euro n'éteignait pas les dettes entre membres ! Un aveu vertigineux qui signifiait que l’Euro n’avait pas de pouvoir libératoire ultime. Les soldes, disaient-ils, doivent être payés autrement, par des « valeurs réelles ». Lesquelles ? Or, dollar, actions, ?

Une manière d’analyser l’affaire est de considérer que les Allemands voulaient voir les « collatéraux reçus » par les banques centrales débitrices remonter à la Bundesbank. Compte tenu des excédents déraisonnables de l’Allemagne, cela reviendrait à faire de la banque centrale allemande la vraie banque centrale européenne. Un vice, des excédents excessifs, deviendrait la justification d’un détournement institutionnel majeur.

Une autre analyse est que l’Allemagne craint désormais une sortie brutale d’un ou plusieurs pays de la zone Euro. Les difficultés italiennes rendaient cette hypothèse assez crédible au moment où l’article a été écrit. Les soldes Target deviendraient exigibles mais tout le monde comprend que jamais le pays qui quitterait en catastrophe l’Eurosystème ne sera disposé à les payer. On demande donc un remboursement régulier afin que les soldes ne perdurent pas. Logique, mais cela revient à affirmer ouvertement que l’Euro n’est pas une monnaie au sens plein du terme.

Mario Draghi a fait l’énorme erreur d’indiquer que les soldes Target seraient à rembourser par tout pays décidé à quitter la zone Euro. C’était une manière de conjurer cette initiative. Mais la Hollande a aussitôt posé la question qui fâche : si un pays excédentaire décidait de quitter, est-ce que les autres seraient obligés de liquider leurs soldes débiteurs vis-à-vis d’elle ? Du coup l’opération pourrait être tentante pour les trois pays en très grands excédents et qui ont cumulé des soldes énormes sur le Target. Drahi est resté silencieux. On le comprend.

Tout cela traduit la morgue des pays à grands excédents alors que ceux-ci sont une catastrophe économique en plus de contrevenir aux règles internationales (traités et statuts du FMI).

Ces pays n’ont fait qu’une bouchée de Macron et de ses prétentions à la direction morale et politique de l’Union Européenne. L’Allemagne veut et le poste de président de la Commission et celui de président du Parlement européen. Toutes les demandes de la France ont été tournées en dérision, diplomatiquement, et enterrées, en même temps qu’on lui demandait d’abandonner son siège au conseil de sécurité au profit d’on ne sait quoi et on ne sait qui, alors que jamais les politiques étrangères ont été moins accordées et que l’Europe est le tapis sur lesquelles la Chine, les États-Unis et quelques autres s’essuient les pieds.

Les élections européennes ont été transformées en concours de beauté entre le Front national, débaptisé en RN, et Macron, déguisé en tête de liste.

Mais dans les boyaux du monstre, cela fermente, alors que les excédents excessifs de l’Allemagne ont provoqué l’ire des États-Unis qui agitent perpétuellement des menaces et que le « couple franco-allemand » ne peut pas fonctionner, la France étant pénalisée du fait des écarts de conduite de son conjoint.

Le seul moyen, pour la France de sortir de ce piège est de mettre en œuvre une « diplomatie de la prospérité » qui passe non seulement par la condamnation des pays trop lourdement excédentaires et déficitaires, responsables entre autres de la crise de 2008-2009, mais par des propositions de réorganisation.

Il faudrait, pour être crédible, redresser enfin le pays, au lieu de tout lâcher à la démagogie, et cesser d’être l’homme malade de l’Europe. Et être capable de présenter des solutions techniques.

Sur ces deux sujets, on voit le travail qui resterait à faire si on voulait aller dans la bonne direction. Ici et maintenant, on chute sur la ligne de plus grande pente et de plus grande facilité, sans respecter les 80 km/h.

Didier Dufau, pour le Cercle des économistes e-toile.

Haro sur le libre échange !

Dans la confusion générale qui marque l’année 2019 et qui s’aggrave de semaines en semaine, la TNT devient un robinet à vomissements permanents, les commentaires vaseux alternants avec les pires éructations, dans un concours permanent à qui serait le plus bas, le plus vil et le plus caricatural. La presse quotidienne s’enfle également d’articles dérisoires où chacun vaticine sans frein ni recherche de cohérence. A chacun de s’y retrouver. Comme si personne n’avait plus de colonne vertébrale et s’effondrait de façon ectoplasmique sous le poids de ses renoncements à réfléchir plus loin que le bout de ses passions tristes.

Dans ce bouillon informe fermentent des jugements à l’emporte-pièce, repris comme des versets du Coran, en secouant la tête comme devant le Mur des lamentations.  Les bouts d’ânerie s’enchaînent avec des points de suspension à chaque rebondissement médiatique, et finissent par faire une forme de banderole de certitudes populaires contre lesquelles il serait prudent de ne pas s’insurger.  

Cette unanimité d’apparence et de désespoir, restera un grand moment d’effondrement de l’esprit français. Un peu comme le toit de Notre-Dame de Paris, qui certes laisse passer désormais un peu de lumière mais a vu son plomb fondu couler dans tous les cœurs. 

Les simulacres de débats qui eurent lieu en 1968 à l’Odéon était de la même espèce. On pouvait dire n’importe quoi et chacun hochait la tête en ricanant devant tous les franchissements et dérapages de demi-intellectuels allumés, pendant que les Katangais mettaient les lieux à sac, comme à la Sorbonne. Aujourd’hui, le délire est médiatique, et les Black-blocs tiennent le rôle des Katangais.

Plus aucun dialogue, plus aucune réflexion partageable ne sont possibles. « Les faits sont fascistes » disaient les « penseurs cosmo planétaires » de l’Odéon. Aujourd’hui ce sont les voies-de-fait des Gilets Jaunes qui le sont et  qui ont pris le relais. Et on tend religieusement des micros complaisants pour recueillir la substantifique moelle de la divine coalition des mécontentements.

Voici les petites filles s’en mêlent. Et font la grève des cours pour pousser les gouvernements à agir pour la sauvegarde de la terre meurtrie définitivement par les ébats des adultes consentants. 

Parmi les victimes collatérales de ce déluge d’infantilisme et de démagogie, on trouve le corps, fumant et survivant à peine, de l’idée du libre-échange.

Plus personne ne défend le libre-échange, qu’il s’agisse des relations internes de l’Europe ou du commerce mondial.

L’extrême droite qui pense, façon Club de l’Horloge, accumule les livres et les programmes qui condamnent le libéralisme, et notamment les libertés marchandes, vues comme destructrices des solidarités et des identités « naturelles ».

Parmi les penseurs qui font la liaison entre extrême-droite et droite, on voit aussi bien M. Eric Zemmour que Mme Natacha Polony s’élever contre un libre-échange qui déstabilise la paie des braves travailleurs et la tire vers des niveaux si bas que les plus pauvres doivent être subventionnés par une prime dite d’activité.

La gauche, dans toutes ses variantes, est traditionnellement contre la « marchandisation » du monde et le commerce qui crée des inégalités en gavant des multinationales incontrôlables. Marx et ses apôtres n’ont jamais cessé de considérer que l’extension commerciale était un malheur nécessaire pour la survie du capitalisme.

S’ajoute maintenant tous les sauveurs de la planète qui considère qu’un produit qui vient de l’étranger effondre le bilan carbone et doit être prohibé au profit d’une production plus sobre et plus proche. Manger des kiwis et des bananes devient inciviques, de même que les escapades touristiques. Stop au « bougisme » ! Vive le localisme.

Naturellement, aucune des personnes remontées ainsi contre le libre-échange ne renonce en quoi que ce soit à l’achat et l’utilisation d’objets qui proviennent à 80% de l’étranger sans aucun espoir d’une production locale, ni à ses vacances lointaines. Les mêmes ont renoncé à compter les postes de travail concernés par les exportations, le tourisme faisant partie des exportations, qui seraient menacés par leurs doctrines. La question des coûts n’est jamais posée, ni celle de l’impact sur le revenu disponible. Une entreprise qui n’a aucune chance d’exporter dans le monde, n’a aucune chance de connaître un vrai succès. Le national-écologisme créerait une miraculeuse économie-verte, une forme d’oxymore d’autant plus créatrice d’emplois que la productivité serait plus basse ! Les villes n’auront même plus besoin des campagnes. Tout sera produit sur les toits et les balcons. Les relations verticales supplanteront les circulations horizontales (pas de mauvais esprit, SVP). Mais on maintiendra les services publics dans les villages vidés par la dénatalité et la concentration de la production au sein des villes-monde.

Que toutes les voix qui s’expriment, pratiquement sans exception, prêchent pour l’autarcie et la sobriété, voir la belle privation volontaire de l’anachorète, est tout de même un spectacle assez terrifiant. Et hypocrite.

On chérit la liberté en France en asphyxiant toutes les libertés concrètes.

Comme toujours les libertés s’organisent et les relations économiques internationales doivent s’exercer dans un cadre approprié et cohérent. Nous avons écrit un article précis sur cette question pour cerner justement les modalités problématiques et voir les solutions possibles ( voir http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2018/6/12/Monnaie-et-libre-change ).

Le climat délétère qui s’est instaurée en France et cette quasi-unanimité des philosophes, des sociologues, des médias, et des forces politiques contre une liberté fondamentale, celle de contracter librement dans le monde, ont quelque chose de terrifiant. La France qui se voyait comme le phare immense de la liberté dans le monde souffle énergiquement sur ce qui reste de son moignon de bougie libérale.

Osons dire que c’est lamentable, consternant, inacceptable, condamnable, ridicule, minable, indigne, sot, déraisonnable, …, et dangereux. Le commerce international n’est pas une maladie mais une bénédiction, pas une contrainte mais un droit et même un devoir.

Pierre Viansson-Ponté disait en 1967 : la France s’ennuie. On a vu le résultat. En 2019, elle disjoncte et sombre dans l’insignifiance et les gamineries, sur fond de violence.  

Il serait peut-être temps de réagir.

La Monnaie du Diable : le sommaire

SOMMAIRE

 

Préface de l’auteur

 

Première Partie : Les Trente Glorieuses

 

L’hôtel du Mont Washington

Le « moment » particulier des mois de juin, juillet et août 1940 et l’efflorescence soudaine de solutions monétaires en Europe

Les effets psychologiques du choc militaire

Le plan allemand d’organisation de la « nouvelle union européenne »

Un accueil plutôt bienveillant en Europe

John Maynard Keynes entre en scène

Le rêve de Morgenthau et le projet de Harry White

Les tractations jusqu’à Atlantic City

La France à Bretton Woods

Des projets préparatoires à la conférence de Bretton Woods et à la création du FMI

Les Trente Glorieuses

Le vice caché et la fin des Accords de Bretton Woods

Les pressions de M. Roosa

Jacques Rueff et la révolte monétaire du Général de Gaulle

Nixon et la fin des Accords de Bretton Woods

Premières leçons des Accords de Bretton Woods

Conclusion : Mars met Hermès KO !

 

Deuxième Partie : la crise

 

Les trois clefs explicatives de la période 1971-2018

Qu’est-ce que « la crise » ?

Les causes fondamentales de la crise

Les changes flottants

Le dégel et la dissolution du bloc communiste

La décision aventurée de créer l’Euro

L’Euro, monnaie commerce, monnaie puissance ou monnaie « zombie » ?

2008, l’allumette des « subprimes » fait sauter l’économie mondiale devenue baudruche

Sauver le Titanic

Et Trump est arrivé

1971-2018 : le faux triomphe du dollar roi

 

 

 

 

Épilogue : se placer sous l’aile du dieu Hermès ?

 

La zone euro est-elle réformable ?

-          L’Eurosystème, une drôle d’organisation

-          Hypothèse 1 : une transition vers le système de Keynes

-          Hypothèse 2 : La sanction automatique des grands excédents

-          Hypothèse la plus probable : les renforcements fédéralistes

-          Conclusion sur l’Eurosystème

Peut-on se débarrasser des changes flottants ?

Et si on ne changeait rien ?

 

Conclusion

Les trois manières de voir l’Europe, dont deux sont actuellement caduques

Les débats sur l’Europe sont généralement niaiseux et biaisés. On est pour ou contre mais jamais aucune réflexion précise ne peut se développer au-delà d’un « je t’aime, moi non plus » parfaitement mièvre. L’Europe est donc une terre d’idéologie et toute entame de réflexion sur un aspect soit technique, soit historique, soit politique, tourne au pugilat sans gloire.  Que le débat soit impossible montre bien la nature de ce qu’on appelle la « construction européenne ». Les cartes n’ont jamais été jouées sur table à aucun moment de l’histoire de l’Europe. Il fallait être pour. Ne pas l’être était la marque d’une forme d’ignominie dévalorisante. Point final !

Cette manière de faire a empêché que ne développent en se confrontant les différentes visions de l’Europe. S’il s’agit d’unir l’Europe par des liens qui empêchent le retour des conflits nationaux, on compte au moins trois principales orientations, symbolisées chacune par un préfixe : 

-          L’optique supra nationale

-          L’optique a nationale :

-          L’optique co nationale.

L’optique supranationale est la plus connue : l’objectif est de créer au-dessus des nations un Etat Fédéral sur le modèle des Etats-Unis. Un président, un hymne, un drapeau, un parlement, un conseil constitutionnel, une monnaie, une banque centrale, un chef de gouvernement et un gouvernement qui pilotent un budget, une diplomatie, une police et une armée.  Les anciennes nations perdent leurs fonctions régaliennes transférées à la Fédération et sont transformées en « länders » chargés d’on ne sait quoi. Ils peuvent se fractionner en régions plus ou moins autonomes, puisque le régalien n’est plus national.

Cette optique est souvent considérée comme le « projet initial des pères de l’Europe » et le débouché normal de la « construction » européenne.  L’organisation actuelle présente des facettes de fédéralisme mais les différences sont majeures. Le Conseil des chefs d’Etat est le vrai organe de décision, ce qui est incompatible avec une vraie fédération. La commission n’est pas un gouvernement. Le Parlement ne décide pas de la politique générale, des domaines entiers restant hors de son domaine d’action. Ne parlons pas du poste européen de ministre des affaires étrangères ni des efforts vers plus d’unité militaire.  Il est tout de même curieux qu'en plus de 60 ans, on soit si loin du modèle fédéral si c’était vraiment le but à atteindre. Jamais ce modèle n’a été autant récusé par pratiquement toutes les nations constituantes (peuples et gouvernements) et le Brexit a prouvé le peu d’attractivité d’une construction de ce type. Les purs fédéralistes disent : supprimons les conseils des Etats et faisons de la Commission un vrai gouvernement exécutif, dépendant du Parlement, qui serait divisé entre Chambre des députés à Bruxelles et Sénat à Strasbourg.  Même ainsi l’Etat fédéral serait incomplet puisqu’il n’y aurait pas de président. Cela suppose que les chefs d’Etats se fassent Hara Kiri et qu’il existe une nation européenne.  Cette hypothèse n’a aucune réalité. Les pays de l’Est qui viennent de recouvrer leur indépendance n’en veulent pas. L’Allemagne réunifiée n’en veut surtout pas. Les peuples disent non quand on les sollicite. Pour qu’un état fédéral se constitue, il faut un ennemi commun. La guerre d’indépendance contre les Anglais a, seule, permis la constitution des Etats-Unis. C’est un exemple unique. Sinon c’est un centre dominant qui fédère des conquêtes, comme l’URSS, modèle répulsif s’il en est. Construire un état fédéral par grignotement, sans dire que le mot « construction » signifie destruction des Etats nationaux souverains et création d’un gouvernement fédéral, dans un système d’assemblée à peu près totalement incontrôlable, est une opération saugrenue. Surtout quand on sait qu’une partie des membres possibles a opté pour un localisme puissant doublé de l’acceptabilité d’une suzeraineté américaine pour la défense et la diplomatie.

Ceci pousse à regarder avec un peu de détail la seconde approche : l’Europe apatride, a-nationale. Le ‘a ‘ privatif est la lettre importante.  Il ne s’agit pas de créer une nouvelle structure à potentiel de puissance.  L’idée est de faire de l’Europe un espace apatride, sans définition précise, ni espace fixé, ni ambition particulière. Le but est d’édenter suffisamment les nations anciennes, presque toutes des anciens empires, pour neutraliser leurs ferments d’influence internationale et leurs conflits nationaux. Les lions ayant tendance à se déchirer de façon un peu excessive et répétée, il faut leur arracher les dents et en faire sinon des veaux du moins des mâles châtrés. L’Europe a-nationale est composée d’apatrides, sans racines ni particularismes.  Elle est également a-démocratique. Le peuple est soigneusement laissé à l’écart, par des institutions d’apparence qui vide les nations de leur souveraineté mais ne sont constitutives d’aucune souveraineté de remplacement.  Cette Europe n’a pas d’armées, pas de diplomatie, pas de puissance au service d’une volonté. Elle est dirigée par une toute petite coterie cooptée qui anime des réseaux d’influence et qui contrôlent la puissance oligarchique exécutive, et tient l’information dans les grands médias.   Dans cette optique, les Parlements nationaux sont court-circuités et deviennent des chambres d'enregistrement. On cherche à diviser les nations en régions qui pourront dialoguer entre elles et avec le pouvoir central européen. Les gouvernements nationaux n’ont plus de pouvoirs, transférés soit à l’étage du dessus soit à celui du dessous. Les dirigeants nationaux sont démonétisés et impuissants. Cette Europe apatride est sous suzeraineté américaine qui veille à ce que le marché européen reste ouvert à ses entreprises et son capital à disposition de leurs fonds spéculatifs.  L’Europe ne peut plus avoir de diplomatie autonome, sous réserve de sanction. L’Europe apatride de type zombie et sous suzeraineté américaine est l’Europe de certains européens dans la main des Etats-Unis. La coulisse est tenue par des représentants sélectionnés du monde de l’entreprise et du journalisme, organisés dans des clubs ad hoc, anciennement financés par les Etats-Unis et maintenant par l’Europe et les grandes entreprises concernées. L’idéologie est mondialiste et orientée vers la spéculation. L’indifférence à la situation des classes moyennes mises en concurrence en Occident avec les masses chinoises et indiennes est totale. L’Euro est une monnaie zombie qui a surtout pour but de mettre sous tutelle toutes les banques et les déposants, et indirectement les Etats. Le symbole de cette Europe apatride et sans passé est l’absence de tout monument européen réel ou portrait d’hommes européens illustres sur les billets en Euros. L’Europe n’est pas non plus considérée par une unité géographique ou culturelle. Le flou géographique comme celui de la civilisation est totale. Elle est ouverte à tous les vents du commerce, de la finance et des mouvements de population. Cette Europe apatride et quasi totalement américanisée est celle de Jean Monnet qui se considérait lui-même comme apatride et abhorrait les nations et le mot même de patrie.  Le fait de l’avoir panthéonisé sous la bannière « la patrie reconnaissante » est tout à fait caractéristique de l’esprit de Mitterrand qui aimait corrompre. Cette Europe apatride et zombie sous tutelle américaine est celle qui fait l’objet des plus nombreux rejets, mais qui est effective.  Elle stimule à l’heure actuelle des flots de contestation, de Régis Debré et de l’extrême gauche aux populistes, des Brexiters au pays de l’alliance de Visegrad. Le côté « on a détruit et remplacé par rien » devient dominant. L’Europe est un dissolvant et ne crée plus, parce qu’elle n’est plus. Elle n’est plus une race, elle n’est plus une religion, elle n’est plus une culture, elle n’est plus une civilisation, et même plus une place libre et forte du débat social. Elle possède une langue de substitution, l’anglais, qui ne lui est pas propre.  Comme le disait récemment un grand patron d’une banque américaine : « Europe is an also run territory. Europe is no more relevant ».  Il voit l’Europe, au mieux, comme une place de consommation pour les produits des entreprises mondialisées. La vraie question pour lui est la Chine ! pendant ce temps au sein des nations, à droite comme à gauche, les cris s’élèvent contre un « système » devenu zombie, impuissant, sans passé et cultivé hors sol dans une ambiance purement individualiste et consumériste.

 

Au moment des débats fondamentaux de Maastricht, nous avions nous-mêmes défendu, dans un profond désert, une approche différente, totalement marginale mais qui correspondait au minimum garanti d’adhésion des peuples européens.  Nous pensons toujours que cette Europe putative, mais latente et partiellement mise en œuvre, est celle à laquelle les peuples ont adhéré. Ainsi s’explique à la fois le nombre d’anti Brexit au Royaume Uni et le fond d’attachement à la construction d’une Europe unie qui reste vif sur le continent. Le retour pur et simple aux nations autonomes et poussant leur avantage au détriment des autres n’est pas l’idée dominante en Europe.  

Cette troisième conception de l’Europe est l’Europe de la co-citoyenneté, des co-opérations, des co-mmunautés.  L’idée fondamentale est que les nations européennes cessent de considérer comme un étranger les membres des nations qui entrent en communauté. Un européen est partout traité comme le national du pays où il a choisi résidence. Aucune discrimination n’est autorisée entre nationaux et résidents européens non nationaux qui disposent des mêmes droits civils de contracter.  « Je ne te crains pas, donc tu es mon égal chez moi avec tous mes droits ». Chaque nation de la communauté fait en sorte d’éliminer les mesures discriminatoires qui avaient pour but de nuire à ses voisins.  Cette optique est à la fois profonde (il y a un pacte de confiance sous-jacent très fort) et légère. On n’a pas besoin d'unifier tout, dans tous les domaines. La création de régions n’a pas de nécessité particulière, pas plus que celle d’un parlement. On ne détruit pas les Etats. Mais ils ont une promesse à tenir : celle de ne pas se nuire, de ne pas discriminer leurs habitants, et de chercher partout la résolution pacifique des conflits. La co citoyenneté peut déboucher sur la co prospérité qui elle demande plus de travail d’unification ou d’harmonisation, donc un processus institutionnel plus charpenté, pour élaborer les normes communes. Les Etats restent les seuls organes habilités à les mettre en œuvre et à les contrôler.  

On trouve dans l’organisation actuelle de l’Europe des éléments des trois conceptions. Elle forme un hybride assez curieux. Certains diraient une chimère.   

Le vrai poison est la formule Monnet d’une Europe apatride et zombie. A la limite, la création d’une Europe Fédérale, puissante et indépendante peut être un objectif défendable, à condition qu’on en précise correctement les contours géographiques, l’unité culturelle et civilisationnelle, et la vocation. Aujourd’hui c’est une utopie. Mais c’est une utopie défendable, si on admet qu’elle suppose la fin de la suzeraineté américaine et une vraie indépendance, avec une armée respectable et respectée, une diplomatie et une politique économique qui part des besoins des européens et défend toutes les classes sociales.

La perte de ce que nous venons de définir comme co-citoyenneté est ce qui navre les Britanniques. Ils y tenaient à cette possibilité de circuler, de s’installer, de contracter, d’acheter, de produire, totalement librement partout en Europe.  En revanche ils ne voulaient ni de l’Europe zombie avec monnaie du même acabit, ni de l’Europe fédérale supranationale.

L’Europe de la co-citoyenneté a été malmenée par l’octroi de la libre circulation à des populations problématiques comme les ROMS, par la politique d’importation de plus d’un million de musulmans par Mme Merkel et par la tolérance de l’immigration africaine de masse, avec une prédominance des populations islamisées. Du coup, vous ne pouvez plus dire en Europe : « je ne te crains pas ».  Ces immigrations ont conduit à une « dé civilisation » et des conflits communautaires, sectaires et racistes détestables jusqu’au meurtrier.

L’Europe de la co-prospérité a été également bousculée par la suppression du tarif extérieur commun et l’acceptation d’importations étrangères de masse, non soumises aux mêmes règles coûteuses et contraignantes de production, qui ont détruit en partie l’emploi et la stabilité des classes moyennes européennes dans la partie développée. Résultat : le fanatisme libre échangiste des instances européennes est plus vu comme la soumission à des intérêts particuliers qu’à la volonté du bien commun.

Du coup le pilier le plus fort, l’Europe de la co-citoyenneté et de la co-prospérité, est fortement entamée, au moment même où l’Europe apatride et antinationale non seulement ne fait plus recette mais répugne et que l’optique Fédérale à l’américaine n’a plus de crédibilité du fait de la soumission à un Trump maniant la schlague d’une bonne partie des pays européens.

La liberté des échanges sans harmonisation des coûts de production était possible si la dévaluation des monnaies nationales permettait de rectifier des différences radicales de compétitivité. L’Euro a supprimé cette soupape de sécurité et entraîné des déséquilibres internes monstrueux, l’Allemagne pompant quasiment toute la liquidité européenne.

Dans ces conditions l’Europe est devenue plus que problématique. Ses institutions posent question ; sa monnaie est dysfonctionnelle ; son inspiration est ambiguë ; son extension est incertaine ; sa souveraineté est inexistante ; sa capacité d’action et surtout de réaction est quasi nulle. Tout changement de cap ou décision rapide lui est interdit. Elle n’a aucune capacité exécutive, sauf dans des domaines totalement délégués où elle est frénétique et agit dans le détachement total des volontés des peuples, en général en liaison avec des lobbies. Elle sait empêcher mais elle ne sait pas faire, sinon mal, lentement et à des coûts extravagants.

Comment sortir d’un tel marasme, pour ne pas dire d’un tel effondrement ?

Seules deux voies sont possibles :

-          La construction modeste mais fondé sur un fort sentiment positif des peuples de l’Europe de la co-citoyenneté et de la co-prospérité

-          La construction d’une Europe fédérale.

Dans l’optique de la co citoyenneté et de la co prospérité, il faut détruire, reconstruire et corriger.

La régionalisation forcée n’a strictement aucun intérêt européen. Il appartient aux Etats, pas à l’Europe, de définir comment chaque territoire national doit être administré. Le lien avec l’Europe se fait par les Etats et les financements directs régions à régions et Europe à régions sont bannis. 

La Commission doit être totalement redéfinie. Il faut créer un Secrétariat européen qui aurait uniquement pour but d’instruire les questions qui conditionnent la co-citoyenneté et la coprospérité. Ce secrétariat perdrait son monopole d’initiative mais pas son droit d’initiative.

Le Parlement européen disparaît au profit d’un Conseil européen des normes communes, dont la vocation est d’instruire avec le secrétariat européen, toutes les initiatives visant à rendre concret la co-citoyenneté et la co-prospérité.

Lors que des politiques communes ont été définies, elles sont gérées par des instances ad hoc, détachées de la Commission et des Etats, mais dont la gouvernance est nommée et contrôlé par les Etats.  

La zone Euro est par exemple gérée par un Chancelier de la zone Euro appuyé sur une mini assemblée consultative et un conseil exécutif. Elle n’a pas vocation à être rejointe par tous les pays de l’union.

La politique agricole peut faire l’objet d’une organisation similaire.

Etc.

Parmi les législations urgentes que ces institutions diversifiées auront à définir, trois sont fondamentales :

-          La réforme de la zone euro afin d’empêcher les énormes excédents et les déficits associés. Nous avons formulé plusieurs solutions sur ce sujet dans des articles précédents sur ce blog. L’idée est d’empêcher d’accumuler d’énormes excédents. Et de mener des politiques déflationnistes sans fini dans les pays déficitaires pour corriger les déséquilibres.

-          La redéfinition de la notion d’étranger et la mise en commun des règles de naturalisation et les politiques migratoires, avec une clarification des migrations internes de pauvreté et les règles d’expulsion des indésirables (délinquants condamnés asociaux etc.).

-          La redéfinition des politiques de concurrence et de commerce, avec la reconstruction d’un tarif extérieur commun, probablement justifié par des considérations écologiques plus que directement commerciales, et sur des règles communes en matière de définition et de taxation des bénéfices des entreprises.

Le Conseil des Nations de l’Union Européenne a essentiellement un rôle d’impulsion et de vigilance pour veiller au bon fonctionnement de ces entreprises communautaires et réfléchir aux extensions éventuelles.  

Il faut noter que la notion de fonctionnaire européen disparaît, et avec lui son statut. Les agences emploieront soit des fonctionnaires détachés soit des contractuels.

Ceux qui pensent qu’une optique fédérale doit être immédiatement consolidée, avec une politique militaire commune, avec une commission devenant gouvernement fédéral, avec une diplomatie commune et  avec un énorme budget commun n’ont rien compris à l’état de l'opinion en Europe sur fond de Brexit, de création d’un groupe de Visegrad et d'effondrement du couple franco-allemand, alors que l’Italie traite directement avec la Chine,  que la Grèce est KO, que la Hollande se révèle un pays de tricheurs phénoménaux, etc.

La posture fédéraliste du président Macron est intenable comme projet européen, même si elle peut l’être comme projet politique personnel. Elle suppose d’évacuer toutes les réalités qui fâchent du débat, pour le réduire à une lutte entre le bien et le mal. Ce qui extrêmement dangereux, en termes de politique interne français.

La politique de Trump qui pratique la suzeraineté américaine avec le big stick rend impraticable et intolérable l’Europe apatride et zombie de Jean Monnet.

Reste donc et c’est la carte unique de la France : le renforcement de l’esprit co européen avec des institutions communes allégées et éclatées, et des politiques corrigées des tares les plus visibles. Il n’est même pas exclu, dans une telle perspective, que la Grande Bretagne soit amenée à reconsidérer le Brexit.   Le sentiment de co-citoyenneté est très fort au Royaume Uni : aucun anglais ne veut se retrouver étranger sur le continent. La nécessité de la co-prospérité est évidente. Le Brexit est le fruit des effets pervers de l’Europe zombie de Jean Monnet et des tares non corrigées dans le domaine des flux migratoires, des flux commerciaux et des flux financiers dans le cadre de la monnaie unique.

Il fallait d’abord mettre fin aux désordres moraux, civilisationnels, commerciaux, financiers et migratoires, avant de crier comme un cabri « Europe, Europe, Europe !». On n’a fait que les nier et on les a amplifiés avec les conséquences que l’on sait. Quand on ne s'adresse plus à l’esprit public et qu’on laisse pourrir les difficultés, dont certaines ont été créées de toute pièce en vue de créer une dynamique anti nationale, on n’obtient que la décomposition générale et un sentiment de répulsion.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Une campagne pour les Européennes totalement décalée des enjeux

Comme d'habitude

Ce qu’on appelle le Parlement européen a été créé pour donner une apparence démocratique aux ordonnances étudiées par la Commission et fixer dans l’imaginaire collectif l’esquisse d’une organisation fédérale. C’est, depuis le début, une institution bizarre dont le rôle, autre que symbolique, est quasi nul. À chaque traité européen nouveau on lui donne des pouvoirs nouveaux. À chaque extension de l’Union le nombre de députés enfle. On en est aujourd’hui à 751 ! Depuis le traité de Lisbonne entré en vigueur le 1er décembre 2009, la PLO (procédure législative ordinaire) place le Parlement et le Conseil de l’UE sur un pied d’égalité comme co-législateurs, pour débattre de proposition dans de vastes domaines : la gouvernance économique, la liberté, la sécurité et la justice, l’énergie, les transports, l’environnement, la protection des consommateurs, la politique agricole commune (PAC), etc. Tout étant dans tout, cette gigantesque extension permet de toucher pratiquement à tout sauf à des questions explicitement exclues du champ communautaire. La « construction » européenne consiste à la « destruction » progressive de ces barrières pour permettre la toute-puissance des instances communautaires, selon la doctrine bien connue des « petits pas ».

Ce massif parlement est un théâtre d’ombres du fait de plusieurs dispositions critiques :

-          La Commission a, et elle seule, le pouvoir d’initiative. Si un commissaire « ne veut pas », rien ne se passe. S’il veut, alors un processus se met en place. Toute étude est faite par la Commission, souvent pendant des années. Ce sont des centaines de textes de différentes ancienneté et dans tous les domaines permis qui doivent être avalisés par le Parlement. Le Parlement avalise quasiment à l'unanimité des grands regroupements les textes présentés. Le petit parlementaire noyé dans la masse ne peut, au mieux, qu’essayer de faire valoir une idée fixe et c’est tout. La procédure de vote est quasi mécanique, à la Chaplin. Il faut y avoir assisté pour le croire. Un défilé d’interventions hypercourtes suivies d’un vote et on passe à autre chose.

-          Le parlement peut étudier des questions de son propre chef, mais sans pouvoir autre que délibératif. Mais comment influencer une assemblée de 751 personnes qui ne parlent pas la même langue et qui ne représentent pas les mêmes intérêts ? Là aussi c’est une infime coterie de personnes « autorisées et labellisées » par le politiquement correct européen qui régente.

-          La codécision (une reprise de la Constitution rejetée par referendum) a eu pour but d’empêcher les Etats de jouer leur rôle. Ils ne peuvent pas empêcher la Commission de travailler sur n’importe quel sujet de son choix avec les modalités qu’elle souhaite. Une fois l’accord de la majorité fédéraliste du parlement obtenu, l’État ne peut plus rien faire sinon bloquer, façon chaise vide. Ce qu’il ne peut pas faire sur tout et indéfiniment. Il est totalement contourné. L’obligation faite aux parlements nationaux d’intégrer dans la loi nationale les ordonnances, sous le contrôle de la Cour de Justice européenne, fait que ceux-ci sont de fait totalement privés de pouvoir dans le champ de la PLO dont on a vu l’extension quasi infinie. Comme on l’a vu avec la question de l’immigration « sauvage », le blocage du projet par les pays de Visegrad leur a valu une série d’attaques ad hominem extrêmement violentes contre leurs dirigeants dévalorisés en chefs populiste. Quand on ne veut pas des législations bruxelloises, vous êtes un voyou et devez de plus supporter les vaticinations de certains chefs de gouvernements européens.

Toute la mécanique institutionnelle a donc pour objet de réduire le champ démocratique aux actions de quelques commissaires, qui ne peuvent intégrer la « coupole » que s’ils ont fait la preuve de leur conformité aux vœux du suzerain américain et des groupes apatrides qui se considèrent au-dessus des peuples. C’était devenu tellement évident et anti démocratique, qu’on a donné au Parlement le pouvoir de récuser les membres de la Commission au moment de leur nomination (par imitation du système américain) et même de la faire tomber, imitant les crises ministérielles. La caricature de démocratie est totale. On est dans la singerie. Le parlement par une sorte de coup d’État a voulu que la majorité élue au parlement donne le nom du président de la Commission. Mais ce sont les Etats qui tranchent. Ils sont simplement dans une situation encore plus difficile pour exercer leur pouvoir. De toute façon, les nommés seront « politiquement corrects et proeuropéens ». Il est à noter que dans son domaine propre, la Commission ne partage rien avec le Parlement et prend ses décisions en toute souveraineté, tout comme la BCE. Une oligarchie règne sans partage après avoir organisé un simulacre de contrôle démocratique.

Quelle campagne électorale peuvent mener les partis nationaux dans une telle pétaudière ?

La seule optique honnête serait de dire : nous ne savons pas de quoi nous allons débattre puisque les projets qui nous seront proposés sont à ce jour inconnus et que les partis nationaux n’ont exactement aucun rôle à jouer dans leur élaboration qui se fait à Bruxelles, au sein de la Commission, en fonction d’injonctions dont personne ne connaît la source (ouvrant la voie au soupçon de complotisme) ; nous n’aurons aucune influence sur le résultat des débats, puisqu’au mieux, nous serons une vingtaine de députés de notre parti, représentant 2 à 3 % des droits de votes au parlement, et encore si nous sommes tous d’accord dans notre groupe. Nous entrerons dans des groupements dont vous, électeurs, ne connaissez pas les contours et dont vous ne savez rien de leurs grandes options et qui, de toute façon, rechercheront l’unanimité dans la décision parce qu’ils sont quasiment exclusivement dirigés par des européistes convaincus. Les Français n’ont qu’un rôle dérisoire dans ces grands regroupements actuellement dominés par les Allemands, l’effectif le plus nombreux et dont la langue de travail est l’anglais. Aucun parti français ne peut détailler « son » bilan européen. D’ailleurs on ne discute jamais de ce qui a été fait et des ordonnances votées qui ne sont pas suivies par la presse nationale et qui ne viennent devant le grand public que lorsque leur mise en œuvre s’avère catastrophique. Alors les bons samaritains européistes montent au créneau pour dire que la décision a été prise il y a 10 ans à l’unanimité et que cela ne pose de problème à personne d’autre qu’un groupe national lamentable (chasseurs, producteurs de camembert, etc.) qui n’a rien compris à la beauté du processus constructif européen.

Au lieu de cela, comme on l’a vu lors de la première séance de débats télévisés, les 12 chefs de liste se sont positionnés comme s’ils étaient maîtres de l’ordre du jour et pouvaient proposer la politique exécutive de l’Europe. Ils n’en ont pas le moindre pouvoir. Les traités, ce sont les Etats, et pas le Parlement européen. La PLO, c’est la Commission. Affirmer ce que l’on veut et ce qu’on ne veut pas pour l’Europe dans ce cadre électoral-là n’a exactement aucun sens et n’aura aucune suite.

Les 25 candidats éligibles de la liste Macron ne peuvent en aucun cas « reprendre en main le destin de l’Europe » ni créer une « renaissance », ni faire une « Europe puissance industrielle ». Cela c’est l’affaire des traités et des chefs de gouvernements, si la Commission y consent.   C’est l’affaire de Macron lui-même et on a vu que ses initiatives sont pratiquement toutes tombées à l’eau. Les parlementaires eux ne peuvent avoir aucune initiative.  

On aura entendu les neuf candidats pros européens détailler leur idée de « l’autre Europe », celle qui serait belle, et les trois autres affirmer qu’il faut sortir de ce traquenard qui ne rime à rien. Une litanie de critiques, le plus souvent exactes et aucune solution praticable puisque ce n’est pas la mission du Parlement européen que de faire autre chose que d’avaliser des centaines de règlements européens plus abscons et souvent plus marginaux les uns que les autres. Entre la couleur de l’horodateur « européen » et la définition de la courge acceptable à la commercialisation, l’examen en commission ne réserve pas généralement de quoi s’exalter, surtout quand on sait qu’il n’y aura qu’un seul représentant du principal parti élu dans chacune des innombrables commissions du PE.

Il faut se mettre à la place du malheureux qui entre dans sa commission du parlement, tout seul comme un grand, pour examiner 200 textes par an, en anglais car on a supprimé le français, sur des sujets sur lesquels il n’a pas la moindre connaissance et alors que les décisions ont été prises à la tête des regroupements du PE en liaison avec la Commission Européenne. En plus il doit faire acte de présence pour avoir droit à son chèque.

Cette « mascarade démocratique » s’abaisse à un combat purement national et politicien pour avoir une photographie instantanée du rapport de force des partis au sein de la nation. Les chefs de partis envoient des sous-fifres dont tout le monde se moque. M. Macron attend une confirmation de son score des élections présidentielles avec un minimum de pertes (22 %, ce serait admirable) en poussant son slogan du second tour : moi ou les Le Pen (slogan admirablement porteur d'un avenir explicitement bon) ! Mme Le Pen a envoyé un gamin immense et tonitruant pour jouer son rôle de gueulard anti-Macron (20 %, ce serait admirable). Depuis que la droite a voulu s’appeler la droite, la voilà à 12 %. La gauche est pulvérisée.

Le « résultat » des Européennes, ce sera l'ordre d'arrivée des petits chevaux et lui seul. Ce qui se passera au PE sera ignoré pendant 5 ans et prestement sorti du débat national (et médiatique). Quelques heureux se seront ennuyés pendant 5 ans mais la rémunération est consistante. Comme tout le monde a bien le droit de toucher, on aura organisé une rotation pour que cela ne soit pas toujours les mêmes. Les évincés de la planque protesteront de leur travail invraisemblable à Bruxelles et Strasbourg, qui n’est pas reconnu à sa juste valeur. S’ils ne sont pas fonctionnaires, les voilà sur le sable à espérer quelques places municipales.  Leurs cinq ans de sacrifice leur vaudront 1.320 Euros de retraite mensuelle, en plus de leurs autres droits, avec un régime fiscal de faveur.

L’abstention sera à 60 % ou pas loin, en dépit de tous ceux qui crieront que ces élections-ci sont « absolument critiques ».

Rien de tout cela n’a de sens. Les institutions sont hybrides et fonctionnent mal avec des résultats qui confinent au désastre. Il faut tout redéfinir, plutôt que de faire semblant comme actuellement. Ces élections sont un décor factice où se joue une mauvaise pièce.

Annonce du prochain livre de Didier Dufau : La monnaie du Diable

Le vice caché de la mondialisation

La Monnaie du Diable

Deux vices cachés de la mondialisation

Par

Didier Dufau

Dossier de présentation

L’auteur

Didier Dufau est Diplômé d’Etudes Supérieures de sciences économiques (Panthéon), de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris et de l’Institut européen des affaires (Insead Fontainebleau). Sa carrière s’est partagée entre l’enseignement et le conseil stratégique. Il a été le conseiller de très grandes entreprises françaises (UAP, Monoprix, Galeries Lafayette, CGE, Banque de France, Sncf, La poste…).  Il a notamment été Maître de conférences pendant près de 20 ans à l’IEP Paris, et dirigé la société de conseils SOFIA pendant près de trente ans. Il est actuellement à la tête de la petite cellule de réflexion économique « e-toile » qui publie un blog (1 630 000 lectures depuis sa création). Il est l’auteur de L’Étrange Désastre, le saccage de la prospérité, un essai sur les causes profondes de la crise de 2008 et du marasme contemporain, paru en octobre 2015 (ISBN 979-10-95148-00-5).

Le Livre

Origine : lors des nombreuses conférences organisées à la suite de la parution de l’Étrange Désastre, l’auteur a constaté à quel point les audiences étaient ignorantes de l’histoire économique du siècle passé, et avides de connaissances. Tout le monde connaît le nom de la Conférence de Bretton Woods et en ignore presque totalement l’histoire et le contenu. Il est vrai qu’il n’y eut qu’un seul livre publié sur cette séquence diplomatique mythique en français et c’était dans les années cinquante ! Progressivement le contenu de ces conférences s’est orienté vers la comparaison entre les modalités des Accords et les systèmes actuels. Et la question suivante est devenue rituelle : pourquoi avons-nous abandonné les Trente Glorieuses ? Peut-on revenir aux principes qui avaient si bien réussi ? À force de répondre à ces questions, un livre s’est esquissé puis imposé. Après trois ans de recherches, il est écrit.

Le thème : L’étalon or a été la victime collatérale de la guerre de 14-18. On a essayé de le rétablir mais en vain. Après 20 ans de désordres économiques et monétaires plusieurs tentatives ont été faites de créer un nouvel ordre, compatible avec le triomphe des monnaies administratives multipliables facilement à l’infini. Mais la monnaie est un diable qui ne se laisse pas facilement domestiquée. Après la tentative avortée des vainqueurs allemands en juin juillet 1940, la solution américaine à Bretton Woods a apporté une solution remarquable, mais qui contenait un vice de construction dramatique. L’explosion aura lieu en 1971, date à laquelle les États-Unis ont imposé les changes flottants. Pourquoi ? Et en quoi ce nouveau système a-t-il été à la source d’une répétition de crises graves jusqu’à la grande récession de 2008 ? L’Europe a créé une solution de monnaie unique qui ne convainc pas et qui ressemble étrangement à la tentative d’organisation monétaire mise en place par les Nazis en juin juillet 1940. Pourquoi ce choix bizarre et en quoi le système a-t-il aggravé la crise en Europe ? Quelles réformes permettraient-elles de mettre fin aux deux dysfonctionnements conjoints du système monétaire international et du système monétaire de l’Eurozone ? Une grande conférence du type de Bretton Woods est indiscutablement souhaitable, mais qu’elles pourraient être les solutions sur la table ? Le diable qui fait capoter toutes les tentatives monétaires peut-il être tenu à distance ?

Actualité du thème :

-          Les désordres actuels font dire aux commentateurs que seules des décisions radicales portant sur les structures même de la mondialisation permettraient de sortir des réactions populistes qui ont profondément altéré le cours de la démocratie en Occident. Jamais ils ne disent lesquelles. Ce livre est une forme de réponse. Il dit où il faut agir, comment et pourquoi il est si difficile de le faire.

-          Donald Trump s’est engagé dans un combat pénible pour ses alliés, autour d’une idée forte : les excédents massifs de certains pays sont illégaux et nuisent aux États-Unis. En vérité ils nuisent au monde entier. Mais ils sont la contrepartie des déficits abyssaux américains, ce que le Président américain ne veut pas voir. En ce sens Trump facilite le diagnostic et complique la solution. Il est important, aujourd’hui même, de comprendre pourquoi et de mettre les concepts en ordre.

-          Alors que l’organisation multilatérale mise en place après-guerre finit de s’effilocher, il est intéressant de juxtaposer ce qu’on pensait à cette époque et ce qui se dit et se fait aujourd’hui. La comparaison est suffocante !

Nature du livre : Le livre explique le passage d’une croissance forte et rapide à un ralentissement ponctué de crises pour finir par une récession majeure et une stagnation douloureuse. Il fait remonter des faits oubliés ou méconnus pour mieux comprendre le présent. Il donne des clefs d’interprétation à tous ceux qui cherchent à comprendre les troubles de l’époque et qui s’intéressent aux réformes possibles. Le livre reste grand public à la fois dans sa conception et son écriture. Il éclaire nombre de débats en cours sur l’Europe, les projets d’E. Macron, la mondialisation.

Écriture : L’auteur écrit d’une plume alerte. La technicité est gommée et lorsqu’elle est nécessaire, elle est expliquée sans jargon. Des décennies d’enseignement ont permis à l’auteur de développer des qualités de clarté qui permettent à tout « honnête homme » de se saisir des questions évoquées.

Réactions du comité de lecture

-          « Passionnant » (unanimité).

-          « Au cœur profond des grandes questions du moment »

-          « Des surprises, dans presque tous les chapitres ».

-          « Certains rapprochements avec le passé sont stupéfiants ».

-          « Une bouée de sauvetage pour comprendre des questions qui ne sont pas traitées aussi précisément dans la littérature économique actuelle ».

-          « J’ai changé ma vision de certains évènements que je croyais comprendre ».

-          « Stupéfait par la culture économique de l’auteur et sa maîtrise de sujets que la plupart des économistes fuient avec énergie ».

-          « L’auteur invente un nouveau genre littéraire : le polar économique ».

-          « Le livre met les mots précis sur ce que nous ressentons tous de façon diffuse.  Et tout devient clair. »

-          « Un livre courageux qui mettra en fureur les marxistes et les ultra-libéraux. Partir des faits et non des écoles en compétition est la marque des vrais économistes ».

-          « On sort différent de la lecture de ce livre rare et ravageur pour la sottise ambiante »

Craquements

Quelques livres qui mettent le doigt là où il faut

Il est frappant de voir à quel point les essais produits ces derniers mois se concentrent sur trois sujets interconnectés : La captation du pouvoir en France par la haute administration, le blocage presque absolu du débat par la presse, notamment la TNT et les chaînes publiques, l’asphyxie de la pensée par le « politiquement correct ».

La France étouffe dans un corset de fer. Les vraies questions ne sont jamais débattues. Toute question qui n’entre pas dans la construction morale médiatique provoque aussitôt une hystérisation délétère. Des pans entiers de la réalité n’existent pas, puisque le "devoir" est de ne pas les montrer et d'éviter de les commenter sinon pour dénoncer ceux qui les montrent. Ne pas stigmatiser, sauf les mauvais pensants ! Le "mur des cons" est affiché tous les jours dans les medias. La papa qui dénonce les criminels qui ont tué son enfant et réclamme la peine de mort ezst un "con", un empêcheur du vivre ensemble, surtout si le tueurs est africain.

Depuis le temps que nous dénonçons l’Énarchie Compassionnelle, ses manœuvres, ses œuvres et ses résultats catastrophiques, nous ne pouvons que nous féliciter d’une prise de conscience plus générale. Après tout ce blog a été créé pour faire valoir des informations et commenter des réalités qui étaient systématiquement passées sous silence dans la presse, ou qui y étaient condamnées a priori,  malgré leur justesse.

Nous avons notamment commencé à entrer dans le débat public lors du massacre par la presse du dernier livre prémonitoire de Maurice Allais qui annonçait que « ce qui doit arriver arrive » et qu’une grande crise de type 1 929 était sur le point d’advenir. Il mettait en avant trois réalités fondamentales : le système monétaire international provoquait des gonflements spéculatifs intenables qui finiraient par exploser. La dérégulation de la création bancaire ex nihilo attiserait les feux. Mettre en concurrence directe les travailleurs français et ceux des pays émergents, comme la Chine, provoquerait une régression des salaires réels. Il s’était heurté aux moqueries de la presse, « parce qu’il faisait le jeu du Front national », parce qu’il critiquait l’Union Européenne, parce que la question des changes flottants était un tabou dont il ne fallait pas parler (on n’allait tout de même pas revenir à l’étalon or, tout de même !).

Vingt ans après les déséquilibres liés aux changes flottants sont l’occasion sont la base des querelles menées par Donald Trump, la crise sociale liée à la stagnation des salaires ouvriers met dehors les Gilets Jaunes, et la crise a été d’une gravité si exceptionnelle que malgré des mesures jamais vues on ne parvient pas à en sortir. Bravo Monsieur Allais ! Et on nous dit que tout était imprévisible et que des cygnes noirs se baladaient dans le firmament. Bêtise quand tu nous tiens !

Un des journalistes qui, alors, au Monde, avait contribué à étouffer le message d’Allais était Laurent Mauduit. Un article conforme à la ligne du journal et au packaging de l’information imposé se payait la tête de Maurice Allais et de moqueries en moqueries se terminait par un « nous voilà prévenu » qu’on imagine de circonstances dans un centre d’aliénés où un pensionnaire évoque l’apocalypse.

Paradoxalement le voilà qui écrit « La Caste » (Éditions de la Découverte) qui décrit et démonte la prise de pouvoir totale de la classe des hauts fonctionnaires sur tous les rouages de la nation. Nous avons nous-même tellement écrit sur la question, qu’on ne saurait trop recommander cette lecture qui donne une large partie de ce qu’il faut savoir sur la question. On passe un peu vite sur la création du Trésor en juillet 1940, vrai départ de l’Énarchie, même si l’ENA est créée, par les mêmes, immédiatement après la Libération. On s’étend beaucoup sur la période des dénationalisations qui démantèle les sottises du programme Commun. Mauduit est « de gauche » et entend colorer sa quête de son engagement socialiste. Alors il insiste plus sur les petits copains de Balladur que sur certaines icônes de gauche, petites ou grandes, qui ont servi ou pratiqué lacannibalisation du pouvoir par la haute fonction publique.

L’important est que ressorte un tableau complet de la prise de pouvoir des hauts fonctionnaires, non seulement sur l’État, mais surtout sur la politique, sur l'intégralité du système bancaire et plus généralement sur la finance, sur tout le parc des entreprises nationalisées, par contagion sur le CAC 40, sur la télévision, sur la presse, sur la culture… Il démontre très bien la malfaisance des pantouflages et surtout des rétros pantouflages qui tissent indéfiniment les liens entre ces secteurs et l’État, tout en permettant un enrichissement majeur et inespéré des plus intrigants. Le gouvernement Philippe est à cet égard tellement démonstratif qu’on regrette que certains noms ne soient pas cités. Le scandale de la rémunération de Mme Jouanno qui fait l’actualité du jour n’est rien quand on le compare à la trajectoire par exemple de Mme Parly, dite Parly 2, symbole de népotisme et d’enrichissement, baignant dans les honneurs. Entre autres !

L’auteur est faible sur la captation de la sphère politique par la haute fonction publique. Permettre aux fonctionnaires de décider de leur propre statut et de mener avec l’argent des citoyens leur propre politique conforme aux besoins de la fonction publique a conduit la France au poste de numéro 1 de la dépense publique et des impôts. Le détournement de la citoyenneté politique est descendu très bas, couvrant les régions, les grandes villes, les départements et même les mairies. L’Énarchie régente tout. Il suffit de voir la gestion Juppé à Bordeaux, où on a fait valser les dépenses sans la moindre vergogne. De même l’auteur omet tout un chapitre : la concession du pouvoir faite aux femmes d’énarques au nom de la parité. Le cas d’Hidalgo à Paris est tout de même plus que significatif. Si elle n’avait pas été la maîtresse de Hollande et l'épouse d’un énarque influent, est-ce qu’elle serait où elle est ? Il y a de nombreux autres cas du même genre. Jacques Chirac n’a pas été le dernier à essayer de promouvoir ses maîtresses.

La partie très faible du livre et peu convaincante concerne la prétendue idéologie néolibérale qui aurait saisi l’Énarchie, celle de droite comme celle de gauche, et qui expliquerait tout le désordre social actuel.

Ah ! Si on en était resté au Programme Commun ! Quand l’auteur explique sans rire que les énarques veulent réduire la dette et baisser les impôts, alors que leur gestion nous a conduits au sommet de la fiscalisation et de l’endettement, il fait passer son idéologie propre avant la réalité. On retrouve toutes les âneries des Insoumis à peine filtrées. Comme si l’Énarchie n’était coupable que parce qu’elle n’avait pas suivi un programme « vraiment socialiste ». Quand on nous explique que la dette s’est accumulée à cause des « baisses d’impôts » alors qu’on est au plus haut mondial, on atteint tout de même le sommet de la sottise idéologique intéressée. L’auteur s'inscrit dans une perspective anticapitaliste. L’auteur l’avoue dans la conclusion. L’Énarchie serait donc l’enfant du néocapitalisme ? Rappelons que la Nomenklatura est la fille du Socialisme réalisé. Si l’Énarchie a conquis ainsi tous les leviers de pouvoir administratif, politique, financier, économique, culturel, c’est au nom du droit des hauts fonctionnaires « compétents » d’arbitrer la société, tout arbitrage demandant la rémunération de l’arbitre et un déchaînement de dépenses, donc d’impôts.

Conservons de cet essai la partie descriptive des mœurs nouvelles de la haute fonction publique française. Une caste a bien phagocyté la nation et se trouve confrontée à la rébellion de ses sujets ! L’encagement de l’information provoque également une jacquerie, en passant par les réseaux sociaux.

La France a besoin d’air et de liberté. Elle crie « A mort l’arbitre » qui prétendait nous sauver et qui ne fait que paralyser nos vies par des taxes, des règles bureaucratiques et des contraintes, tout en gaspillant l’argent public en même temps qu’il restreint les services publics.

Si en plus l’Énarque en chef déshonore la fonction par des compromissions avec des drag-queens et des petites frappes, tout en arrosant de grosses rémunérations les amis et les amies, alors on obtient des « A mort Macron » qui nous ramènent au temps où les faveurs indues de la Régente à des petits malins provoquaient les mêmes réactions violentes de la population.

Pour compléter la lecture du livre de Laurent Mauduit, on ne peut que suggérer celle de « l’Âme Désarmée » de Allan Bloom (Les Belles Lettres), du « peuple contre la démocratie », de Yascha Mounk (L’observatoire) ou d’Ingrid Rocrieux « Les Marchands de nouvelles ».

Quand on met ensemble les dysfonctionnements du système de relations économiques internationales, les dysfonctionnements de la zone Euro, le détournement de démocratie par l’Énarchie, l’épuisement de l'âme par le politiquement correct, le blocage du débat par une presse qui vend une idée du monde faussée et interdit de voir les réalités, on a une bonne idée des difficultés où nous sommes plongés et une explication des craquements que l’on constate.

Grâce au Ciel la vie intellectuelle n’est pas tout à fait morte. Ces livres le prouvent.

Gilets jaunes, urbanistes, géographes et sornettes

La géographie économique et l’urbanisme en France sont depuis très longtemps une terre de mission pour l’esprit un peu rationnel qui connait un doigt d’économie et un soupçon de démographie.

Le phénomène totalement imprévu des Gilets Jaunes a déchaîné un prurit d’analyses plus ou moins sérieuses de la part de géographes, de sociologues et d’urbanistes, qui tentent  de se faire un nom, en profitant de la faim des medias pour n’importe quel « décryptage »  pourvu qu’il nourrisse les tranches horaires.  

Comme ils ont besoin de montrer un minimum de connaissances, ces déchiffreurs autoproclamés abusent de références derrière lesquelles ils croient pouvoir cacher la fragilité de leurs analyses. Deux d’entre elles reviennent constamment : JF Gravier  et son « Paris et le désert Français » et Henri Lefèvre et son « Droit à la ville ». Ces deux livres sont le plus souvent cités pour leur titre, car personne ne les a vraiment lus.  Il faut dire que dès qu’on décortique le contenu, c’est rapidement la consternation. Surtout celui de Gravier, qui a été considéré comme un véritable jalon, comme un phare, comme une péninsule de la pensée, alors qu’il mérite de filer directement à la corbeille, là où aurait dû rester.

Cela mérite une petite explication de texte notamment pour ceux qui sont confrontés inlassablement à des citations tronquées de ces ouvrages sans savoir de quoi il s’agit et surtout pour comprendre pourquoi ils sont impropres à analyser l’affaire des gilets jaunes.

Le livre de Gravier a été écrit pour l’essentiel pendant la guerre et terminé à la Libération pour une parution en 1947. Sa thèse principale : seule Paris a résisté un tant soit peu économiquement et il l’a fait au détriment de la Province. Il faut donc châtier Paris et rééquilibrer la politique au profit de cette dernière. Tout le livre est marqué par l’animisme et le complotisme (qu’on peut encore reprocher aujourd’hui à beaucoup d’écrits sociologiques ou sociopolitiques). Le mouvement des choses a une intention cachée qui est le fait de classes qu’on dénonce et parce qu’elles sont déplorables. On trouve le livre  des perles rares pour qui voudrait illustrer le racisme social ou le racisme tout court. La Côte d’Azur qui se développe à tout va est un nid d’entrepreneurs nordistes parasites qui sont là pour glander. Il ne faut pas faire venir de travailleurs arabes parce qu’ils sont voleurs et fainéants : contentons-nous des blonds nordiques, esthétiques et travailleurs. La grande ville est une infection. La campagne est plus saine, alors pourquoi concentrer la population dans les villes ? On se le demande un peu ! Les habitants des villes sont stériles (au sens propre). Les bourgeois (au sens littéral) sont des salauds (au sens sartrien du terme). Au total, un mélange consternant de pétainisme, de peur du monde moderne, d’esprit réactionnaire et socialiste,  baigne le livre de Gravier, lourd comme un pavé en béton. Une horreur ! Ou une fantaisie risible, comme on voudra. Du coup le « géographe descripteur statique » devait se trouver un rôle actif, doctrine de la géographie active qui sera adorée par les socialistes et les communistes et notamment Pierre George, reprenant la critique anti bourgeoise du livre et cette idée que la répartition des hommes et des moyens de production sur le territoire était une responsabilité d’état.

Tout ce fatras émotionnel et idéologique trouvera son acmé lors de la prise de pouvoir par l’Enarchie Compassionnelle, à la fin des années 60 et au début des années 70. Il fallait créer des villes nouvelles, décentraliser les usines, faire de l’aménagement du territoire. Vive la Datar !  Le livre futile de Gravier devient une sorte de bible, toujours citée et jamais lue, dont les condamnations permettaient de faire taire les opposants à la prise de pouvoir des hauts fonctionnaires sur l’urbanisme. C’est la période où les hauts fonctionnaires ont prétendu qu’ils devaient tout gérer : la télévision et la radio, les arts, le cinéma, la culture en général, la santé, le tourisme, la construction et l’urbanisme, l’entreprise et la micro économie. En un mot, le Club Jean Moulin, qui aurait pu s’appeler le club des joyeux pétainistes, car presque tout a commencé avec la création de la direction du Trésor en juillet 1940, à peine deux mois après l’effondrement militaire radical, immédiat et surprise.  

Votre serviteur commit donc à cette période un article que le Monde publia après l’avoir sérieusement remanié, pour s’opposer à cette nouvelle idée dominante, article accepté sans doute faute de meilleure plume, tant l’unanimité régnait dans les hautes sphères sur la bonté d’un étatisme militant en matière de géographie.

 Il est clair qu’après la défaite de 1870 et la ponction de 1400 tonnes d’or par le vainqueur, la grande dépression qui a suivi, et qui a duré près de 25 ans, la guerre de 14-18, les difficultés de l’entre deux guerres et les  quatre ans d’occupation, la France n’était pas dans un état rutilant. Sa population avait baissé.  Trois classes d’âge avaient été stérilisées comme KG en Allemagne. Son agriculture était en loques. Ses usines avaient été détruites ou vidées de leurs machines. Le parc immobilier était ancien et mal entretenu.  Son épargne avait disparu. La disparition trop rapide du rationnement avait conduit à de grandes difficultés de ravitaillement. Seul Paris paraissait avoir conservé tous ses atouts.

Dans le même temps, la France qui était encore un pays majoritairement agricole avait connu une mutation rapide qui promettait de s’accélérer encore. Le dépeuplement des campagnes avait déjà commencé. Un monde basculait. Ce qui ne va pas sans nostalgie ni sans récriminations.  Le livre de Gravier offrait un bouc émissaire : Paris. Les provinciaux ont adorés. La haute fonction publique, qui régnait de Paris, aussi : cherchez l’erreur ! Ce genre de dénonciations rageuses où l’on mélange tout n’a en fait aucun caractère explicatif. C’est du défoulement pur.  Un constat-dénonciation sans réelle explication où le poids idéologique et émotionnel est beaucoup trop fort. Il a été récupéré par la classe montante des hauts fonctionnaires.  

Evidemment quand on dit n’importe quoi, rien ne se passe comme prévu. Paris s’est considérablement développé, mais pas au détriment des « régions » (la production parisienne par tête est supérieure à celle de régions et la redistribution se fait dans le sens Paris vers province et non l’inverse). Les grandes villes ont prospéré. Les mêmes causes ayant les mêmes conséquences, on s’est mis à chanter qu’il « ne fallait pas refaire Paris en province ». On s’est alors mis à critiquer Lyon, Marseille, Lille, Nantes, Toulouse, qui « volaient » la prospérité environnante. « Que fait la Datar » !

Les villes nouvelles créées et dirigées par la haute administration ont toutes été des échecs coûteux et lamentables. On a vidé Paris de ses usines et de ses activités polluantes. Elles sont parties péricliter (à 95%) dans des villes de province improbables où elles n’ont pas retrouvé leur éco-système.

Tout cela pour finir par constater que la Datar n’a jamais servi qu’à permettre à des petits maîtres de reprendre des entreprises à leur nom, sans jamais réussir à influer sur le cours des choses.

Le mouvement des Gilets Jaunes fait apparaître soudain un grouillement d’habitants de province paupérisés et privés d’équipements publics. Et du coup la machine à sornettes s’est remise en branle qui charrie à gros glaçons des élucubrations qui toutes, vont dans le sens de la dénonciation et aucune dans celui de l’explication.

Un certain Lecler chante dans le Monde, sans correctif cette fois-ci, que « les difficultés sont pour une grande part les conséquences de la politique d’urbanisme mise en œuvre depuis cinquante ans ».  Allez hop ! Allons-y dans la dénonciation et le procès d’intention. Mais surtout ne cherchons que de nouveaux boucs émissaires. Le « géographe actif » et « l’urbaniste éructant » s’imposent dans les médias.

L’ennemi, c’est le centre commercial et la voiture. Ah les salauds ! Mais pourquoi les gens vont-ils dans les centres commerciaux et aiment-ils leur voiture ? « Ce n’est pas de leur faute. On les a obligés ». Pauvres victimes menées par le bout du nez par le syndicat des constructeurs automobile et celui du commerce de gros ! Tout le monde se souvient des campagnes des années 70 contre la grande distribution. Le développement des hypermarchés a été comprimé par tous les moyens possibles, ouvrant la porte à la corruption. Il a fini par triompher. Des raisons légitimes ? Pour nos décrypteur : non aucune. Uniquement ces crétins qui nous dirigent qui ont tout fait pour faciliter les choses. Vilains comploteurs, va !

Quant à la voiture, on lui a fait un pont d’or en stérilisant des investissements qui auraient été préférables dans la SNCF et le vélo. C’est sûr, les congés payés à vélo c’était bien mieux. Mais pourquoi les Français ont-ils préféré la voiture ?  Et la SNCF ne s’est-elle pas tuer toute seule par des sureffectifs délirants et un statut délétère, alors que le TGV, exigé par la SNCF allait à contrecourant de la hausse du pétrole et supposait l’abandon des lignes les plus utilisées et les moins utilisées ? Si la SNCF n’avait pas investi, pourquoi aurait-elle des pertes aussi massives ?  Près de 100 milliards d’investissements dans le TGV qui doit avoir une recette comptée de moins de 8 milliards, et un bénéfice net, sans compter l’amortissement des voies, de moins d’un milliard. Avec au final une dette insupportable. Sans compter toutes les activités qui ont été interdites ou bridées par éviter de faire concurrence au chemin fer (interdiction faite à Panhard de construire des camions ; restriction massive au transport en autocar…).  Quant on ne veut pas regarder, on ne voit rien.

On peut critiquer les lotissements de maisons individuelles. Ce sont en effet des erreurs et des horreurs. Mais ce n’est pas l’Etat qui les a favorisés. Les Français aiment avoir une maison Sam Suffit et une bagnole. Les maires ont fait des lotissements de maisons Sam Suffit. Ce que montre le mouvement des Gilets Jaunes est qu’ils y tiennent. « Touche pas à mes voitures, mon permis et ma chaudière ». Tous les promoteurs savent que c’est très difficile de leur dire : vient donc dans mes petits appartements en centre ville.  On ne peut pas, en même temps, critiquer les banlieues sinistres, avec leurs grands ensembles et les lotissements et centres commerciaux qui ont défiguré les villes de province pour nourrir les lotissements. Bien sûr ce modèle d’habitat est à revoir. Mais il faut acter qu’il est extrêmement populaire.

Quand on a épuisé le gravier,  on en vient toujours à Henri Lefèvre et son « Droit à la ville ». C’était  un communiste qui croit à l’urbanisme marxiste et qui critique les conséquences sociales des formes nouvelles de l’urbanisation. Le plus drôle : c’est en fait l’anti-Gravier par excellence. Citer les deux auteurs en même temps est la marque de la confusion générale des esprits. On veut critiquer. On va chercher des critiques. On ne cherche même pas à savoir si elles ne s’annulent pas. Ce que dit Lefèvre est du gros rouge sans nuance. Là encore on retrouve de la dénonciation sans preuve. La bourgeoisie (beurk) a renvoyé en banlieue les classes laborieuses pour les paupériser, les cantonner et les humilier.  On critique les grands ensembles, sans âmes, nécessairement sans âmes. Mais on reprochera à Aillaud, concepteur de Grigny, d’avoir mis des éléments de décoration dans la ville : cela humiliait encore plus les pauvres d’être mis dans du beau ! Mai 1968 s’extasiera sur ce genre d’analyses imbéciles. Si on soigne l’habitat des pauvres, c’est pour éviter la révolution. Cette grossière manœuvre anti-révolutionnaire doit être dénoncée.  Jamais on aura plus investi en banlieue que dans les quarante dernières années. Ce que n’a pas vu Lefèvre, c’est que les Français de souche sont chassés de la banlieue par l’immigration de masse.  Guilluy prendra le relais, montrant que les Français, notamment dans les classes populaires, ne veulent pas se mélanger avec les immigrés africains.  Là encore, on considère que les évolutions sont liées à des intentions voire des complots alors qu’elles sont le fruit de millions de décisions individuelles et de préférences.

Appuyé sur Gravier et Lefèvre, il est facile de déceler dans le rond-point la rédemption des pauvres, abrutis par la télévision et la visite hebdomadaire au centre commercial, alors que les centres villes s’étiolent. Alors qu’il s’agit de l’investissement le plus stérile qui soit et qui marque le triomphe des ex DDE aujourd’hui disparues mais remplacées à l’identique sous d’autres vocables. 40% des ronds points construits dans le monde le sont en France !

Quant à Internet et Amazon, n’ont-ils pas de conséquence sur les boutiques et la distribution en c entre ville ?  

Mais si. Ils réapparaissent dès qu’on cherche une solution. Il faut les taxer ainsi que les parkings des supermarchés. Cela donnera les fonds pour subventionner des activités de centre ville. Et il faut subventionner en masse les transports actifs  (comprenez : le vélo) entre territoires, et améliorer les transports en commun (généralement vides et impossibles à amortir dans bien des régions : voir le cas de Dieppe).

En gros, on empêche et on interdit, on taxe et on subventionne. Fantastique nouveauté du programme ! Avec des Français qui se moquent royalement de  ce qu’on leur recommande et qui veulent faire ce qu’ils aiment.

Mais puisqu’on vous dit qu’ils doivent jouir pleinement du « droit à la ville » quand ils ne pensent qu’à jouir de leur bagnole et de leur vie douillette dans leur maison Sam Suffit en profitant des suppressions d’impôts (ils n’en paient presque plus) et des subventions et allocations diverses. Certaines petites villes de province n’ont pas hésité à créer des villages de femmes seules subventionnées pour maintenir leur école. Ces femmes ne travaillent pas ou peu. Elles ont d’innombrables « droits à ». Les bourgs en question, situés généralement en bord de mer, voient leur pharmacie, leur cabinet médical et leur entreprise d’ambulances prospérer. Un coup de frein sur les allocations et les subventions et tout s’effondre.

Dans la floraison d’articles du type de celui du Monde (littéralement des dizaines, sans compter les délires sur les télévisions et les radios) tous nos nouveaux Diafoirus omettent sept éléments de réflexion cruciaux :

-          Le vieillissement de la population  et la diminution du nombre de femmes en possibilité de procréer  et ayant envie de le faire  dans les régions, donc une dénatalité croissante. Il manque 150.000 français de souche chaque année, à 80% en province.

-          Le sous-emploi français : c’est entre 5 et 10 millions d’emplois qui manquent en France comme nous l’avons souligné si souvent sur ce blog. Ils manquent dans les régions aussi et surtout.

-          L’importance des transferts qui permettent de maintenir des situations irrationnelles et anti économiques et notamment paient nombre de Gilets Jaunes. 

-          La question de la productivité : si on veut accroître le niveau de vie, il faut de la rentabilité. La subventionnite à des activités et des situations sans productivité est une impasse.

-          La diminution depuis 2008 du PIB par tête. 10 ans de régression n’aurait donc créé aucune difficulté ?

-          Le poids des impôts et de la technostructure, délirant en France du fait du triomphe de l’Enarchie. Pensons au Frac ou aux ARS  ou mille autres équivalents un peu partout, qui suivent leur propre chemin sans se préoccuper de rien ni personne. Voir la folie des remboursements de transports vers des hôpitaux gigantesques et éloignés de la population !  

-          L’importance des choix individuels. Les Français ont choisi en 2018 de renoncer aux berlines basses, 4 à 5 litres de diesel au cent km, pour des berlines hautes façon 4x4, qui consomment le double. Et cela en dépit du surcoût de la voiture et des taxes écologiques. Ils préfèrent les villas aux appartements. Ils préfèrent même aller à la retraite au Portugal, plutôt que de subir le racket fiscal français…

Nous prétendons que ces sept facteurs sont plus importants que les mânes de Gravier ou Lefebvre. En s’attaquant à ces sept thèmes, on résoudra la question des Gilets Jaunes.

Géographes et urbanistes militants ou approximatifs s’abstenir.

Merci !

L'Eurosystème : 20 ans (et pas toutes ses dents).

L’Eurosystème est un truc assez bizarre dont peu de gens connaissent bien la construction. Il faut parler de monnaie de nom unique. La France a appelé sa monnaie Euro, comme chaque membre du système. Mais en fait il s’agit à chaque fois de monnaie nationale. Les banques centrales nationales demeurent. Par convention, le passage à ce nouveau nom a coïncidé à un changement de parité avec la monnaie d’ancien nom national. Par traité chaque membre du système a décidé d'accepter sans limitation toute monnaie portant le nom d’euro pour sa valeur faciale et le système s’est vu doté d’une chambre de compensation appelée Banque centrale Européenne. Par extension on a chargé cet organisme de la politique d’émission commune puis de la surveillance des banques systémique.

Pour éviter que les tensions internes ne viennent faire exploser le système on a décrété des règles macroprudentielles relatives aux déficits budgétaires et au taux d’endettement. Et on a confirmé les règles de 1973 : la BCE ne peut pas financer directement les États. Les États sont en concurrence avec les entreprises pour se financer et devront payer ce qu’il faut. Le seigneuriage a été donné aux banques. Pour que la pâte devienne homogène, le principe de la liberté de circulation des marchandises, des hommes et des capitaux a été érigé en dogme.

Ce système est très proche de celui du Dr Schlotterer, présenté en juillet 1940 au bénéfice de l’Allemagne nazie. Il prévoyait que toutes les monnaies européennes seraient compensées dans une instance ad hoc. Les changes seraient fixes. La zone n’aurait pas de droit de douane. Un économiste français a même proposé que dans ce cadre on crée une monnaie de même nom : l’Europ. Cela ne s’invente pas. Par rapport à l’Eurosystème, il n’y a que deux vraies différences : les états pouvaient réajuster leurs changes en cas de dérapage et les soldes de compensation devraient se régler. En bon nazi, Schlotterer pensait que l’Allemagne avait les moyens de jamais rembourser ses déficits de compensation…

Lors le gouvernement britannique a eu connaissance de ce plan, il a demandé à l’illustre économiste Keynes d’en faire la critique immédiate. La réponse fut un peu shocking. Keynes trouvait toutes les vertus au système Schlotterer et proposa d’en écrire une version honnête. Dans la pratique, tout le monde devait liquidait ses positions à un moment ou à un autre, mais on aidait les pays en déficits à faire l’effort de retour dans les clous sans trop de douleur, tout en pénalisant les pays trop excédentaires. Keynes avait trop bien vu, comme Rueff les dégâts provoqués par les trop gros excédents pour ne pas les condamner. Sinon les changes étaient fixes ; l’étalon n’était pas national ou métallique mais nominal : le Bancor.

À Bretton Woods, le plan White d’étalon de change or, avec une monnaie pivot nationale l’emporta. Pour exploser en 1971.

L’Eurosystème est donc très proche du projet Schlotterer et du projet Keynes.

Avec deux énormes défauts :

-          Aucun membre n’est requis de solder ses positions qui s'appelant en volapük européen Target 2.

-          Il n’est pas possible de dévaluer ou de réévaluer.

L’encadrement du système ne prévoit que des mesures budgétaires ou des ratios de dettes. Mais les flux internes dépendent de bien d’autres facteurs, comme les politiques salariales ou la durée du travail. Lorsque Jospin a décidé une politique malthusienne en France quand Schroeder et Harz mettaient en œuvre la politique inverse, euro ou pas, budget ou pas, endettement ou pas, les déséquilibres sont rapidement devenus monstrueux.

Le drame s’est noué quand il a fallu les réduire. L’impossibilité de dévaluer a imposé des politiques de déflation massive et de grandes rigueurs.

Au moins devions nous être tranquilles en cas d’attaques spéculatives : le risque sur la monnaie était nul. En fait les spéculateurs oints attaqués les taux de refinancement des États.

Lorsque l’explosion de l’économie baudruche, alimentée par le système des changes flottants et l’abandon des disciplines de Bretton Woods, les banques européennes se sont retrouvées en faillite et il a fallu que la BCE fasse tout ce qu’elle avait dit qu’elle ne ferait jamais. Plusieurs milliers de milliards d’euros de création monétaire en plus ont permis de donner du temps au temps. Dix ans après, cette politique dite de Quantitative Easing s’achève, mais les banques sont loin d’avoir apuré leurs portefeuilles de crédits « non performants ». On a soigné une crise de solvabilité par une réponse de liquidité. Et on a prêté beaucoup aux États, les taux d’intérêt finissant par devenir négatifs, du jamais vu.

Pour dresser les pays qui auraient pu faire sauter la confiance, on n’a pas hésité sur les moyens : la BCE arguant de ses craintes sur le système bancaire grec a cessé de refinancer ces dernières en ne laissant au déposant qu’un filet de liquidité à retirer chaque jour. La leçon visait aussi et peut-être surtout la France. Du coup la peur règne sur l'épargne européenne.

Le grand perdant dans l'opération sera le contribuable et le client des banques assujettis de mille manières et volés au coin d’un bois par des frais grotesques et sans justification.

Certes l’Eurosystème a duré puis survécu. Qu’on se souvienne des philippiques contre les « contractionnistes » à Bretton Woods et le refus « définitif » de politique de déflation monétaire et budgétaire violente ! Et qu’on les compare à ce qui a été fait en Europe entre 2010 et aujourd’hui.

L’impossibilité de dévaluer et de réévaluer a montré toute sa nocivité.

Pire encore, aucune convergence ne s’est produite entre les économies et certains pays ont accumulé d’énormes excédents dans Target 2 et principalement l’Allemagne en dépit des interdictions diplomatiques. Cette politique mercantiliste a pompé toutes les liquidités des pays en déficits. Elles ont été placées dans des actifs spéculatifs et perdues. Ou elles ont servi à racheter des entreprises notamment en France alors que l’Allemagne rechigne à voir la Chine, qui a mené la même politique mercantiliste, lui chiper son Mittelstand.

Le fait qu’on ne puisse pas ajuster les soldes de Target 2 est un énorme défaut.

Tout le monde savait au même de Maastricht que l’Europe mettait la charrue monétaire avant les bœufs économiques. On se disait qu’on réajusterait un peu plus à chaque crise dans le sens fédéraliste. Ce qui a été fait en partie, notamment en centralisant le contrôle bancaire.

L’enfant mal né est devenu bancal en grandissant. Tout le monde a bien compris qu’on ne pouvait pas en rester au système actuel.

Pour nous la solution est simple :

-          Créer une instance de COORDINATION de toutes les politiques influant sur les échanges internes et externes. Un chancelier de la zone Euro, doit conseiller l’Europe dans ces choix et définir la politique monétaire et de change.

-          Stériliser de façon automatique et progressive les très gros excédents et obliger les pays déficitaires, tout en les aidant, à revenir dans les clous.

Une autre solution qui a les faveurs des européistes dogmatiques est de créer un immense impôt européen pour mener des politiques de convergences centralisées. Macron a défendu cette idée.

Dans le climat anti impôt du moment, et alors que l’Europe est privée de ressource par le Brexit, cette démarche est impossible à faire passer. Il est plus simple de créer une instance de coordination et un automate de stérilisation des excédents de Target 2.

Si cela ne marche pas, soit pour des raisons de révoltes politiques devant la stagnation, soit pour des raisons purement monétaires et économiques, il sera bien temps de passer la marche arrière, qui n’est pas si compliquée.

Il suffira que chaque nation redonne un nom propre à sa monnaie, tout en la déclarant échangeable à taux fixe et qu’on mette en place un vrai système de compensation avec règlement des soldes. Après quelque temps, quatre à cinq années, afin d’apurer en douceur les en-cours en Euro, on admettra des dévaluations ou des réévaluations concertées, encadrées pourrez éviter les dérapages.

Dans tous les cas, l’Europe devrait militer pour une diplomatie de la prospérité qui imposerait le retour à des changes fixes et ajustables dans le monde, avec un étalon mondial extra-national. Vive le Mondio !

Il faudra bien en finir un jour avec les désordres provoqués par l’abandon des monnaies métalliques et le triomphe des monnaies administratives reproductibles à l’infini. Une solution stable, après 100 ans d’expériences partielles et remises en cause par leur maître d’œuvre, ne doit plus se faire attendre plus longtemps. Les changes flottants et la spéculation à tout va, cela suffit !

Rien n’est plus urgent que mettre fin au dysfonctionnement du système de change global et à celui de l’Eurosystème.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

 

La première défaite de l’Énarchie Compassionnelle

Attention à la colère du peuple, disons-nous depuis 1997.

En 1974, il s’est instauré en France une oligarchie administrative, les énarques de droite (Giscard-Chirac-Balladur-Juppé-Séguin, Toubon, Wauquiez…), alternant avec les énarques de gauche (Fabius-Rocard-Jospin-Hollande-Aubry), et finalement les énarques de partout et de nulle part (Philippe-Macron). Aujourd’hui, même l’opposition populiste est peuplée d’énarques, comme Dupont Aignan, Philippot, Asselineau etc.

Il aura fallu attendre 2018, c’est-à-dire 44 ans pour que ce système qui se croyait invincible connaisse sa première défaite en rase campagne.

Une démocratie qui se réduit à des combats entre militant de l’Ena est nécessairement bancale. L’Énarchie Compassionnelle comme nous appelons ce régime est fondée sur une idéologie : l’énarque a le droit d’arbitrer la société et de « dépasser les clivages habituels ». Il le fait avec les deux moyens qu’il connaît : la dépense publique et les impôts.

Cinquante ans après, les effectifs publics sont tellement gigantesques, et le système de redistribution tellement enflé, que plus personne ne peut les payer. La France est championne du monde des prélèvements. Et aucun service public ne fonctionne plus correctement.

On dira : vous oubliez Mitterrand et le socialisme qui ont fait un mal considérable au pays. C’est vrai. Mais même le socialisme a été phagocyté par des énarques et de plus en plus médiocres, à tel point que le pauvre Hamon a disparu des radars politiques aux dernières présidentielles.

Certes Nietzsche a dit avec justesse : « La décision des socialistes de trouver le monde laid et mauvais a rendu l'émonde laid et mauvais ». Il suffit pour s’en convaincre de contempler le désastre de la gestion socialiste de Paris, avec la flambée des impôts, des dettes, des dépenses en même temps qu’on stérilise les investissements du passé, qu’on laisse pourrir les équipements existants et qu’on pousse la marchandisation et la densification pour financer la création d’appartements à 12 000 euros le m2 pour loger une clientèle immigrée captive. Et le féminisme outrancier, les immigrés de seconde génération et la pédérastie militante ont plus d’influence que les anciens élèves de l’ENA. Paris est devenu une ville laide et rongée par la délinquance, envahie par les touristes, les mendiants et les traîne lattes de toute obédience.

Craint celui qui se dit ton bienfaiteur et qui agit contre ton goût, ton esprit, ton intelligence et ta dignité. C’est pire qu’un Tartuffe : un lamentable pervers polymorphe incapable de sentir, un Narcisse amoureux de lui-même et qui se sent injurié par la moindre critique, un incapable qui n’entend apporter de réponse qu’aux questions où il a une réponse, en général toute faite.

Où un pervers cynique, Comme Mitterrand qui se moque du monde et qui y trouve plaisir, qui détruit avec la satisfaction que son successeur n’aura rien de ce qui lui a été octroyé par le peuple et qui considère que son destin, et la publication de ses lettres d’amour, vaut bien la ruine du pays.

Voici donc le système par terre. Dire aux retraités : « vous êtes des privilégiés ; on va vous imposer plus, réduire vos pensions par l’inflation, et taxer vos déplacements, augmenter radicalement les coûts de votre maison, et vous empêcher de prendre votre voiture, indéfiniment, car les taxes écolos vont augmenter indéfiniment et massivement pour votre bien », ne gênait ni Philippe, ni Macron, et encore moins les ralliés de 25e heure, le fourbe Le Maire et le guignol Darmanin. C’était autrement plus facile que de réduire le champ d’une étatisation délirante. Alors les retraités se sont mis en marche. Et ils sont près de 15 millions. Ah zut !

Dire aux artisans, aux mille et une personnes qui travaillent soit à leur compte, soit au petit bonheur la chance dans les régions sinistrées : « l’écologie, c’est pour ton bien, alors raque à mort et restreint toi encore plus », cela ne les a pas gênés non plus.

Dire à ceux qui passent leur vie sur la route pour leur travail : « on limite la vitesse à 80 km/h pour ton bien et on va faire bombance avec une augmentation massive des amendes », on était prêt à l'assumer vaillamment. On était même fier comme Artaban de tant de courage.

On l’est moins. Les réseaux sociaux permettent les mobilisations et les émeutes. On l’a vu dans tout le monde arabe, mais on a cru que, comme c’était des Arabes, c’était autre chose.

Alors une année à accroître encore la dette, les dépenses publiques et le taux de prélèvement, a créé un terrain miné. Prétendre que désormais non seulement on allait continuer au nom de l’écologie et de l’Europe (et son nouveau budget pharamineux, alors qu’on n’a pas considéré qu’il fallait réduire le niveau des dépenses européennes après le départ des Britanniques) mais qu’on allait s’attaquer aux biens que les Français ont eu tant de mal à se procurer, la voiture et le domicile, a fait exploser le baril de poudre.

Vous avez dit inconscience ? La bonne conscience fiscale des Énarques a toujours été de l’inconscience.

Alors voilà que tout ce qui compte d’économistes dans l’équipe Macron, les Pisany Ferry, les Aghion, se mettent à crier c homme des cabris : faites payer les riches. Vive l’ISF. Sus à ses salopards ! Détourner la colère du peuple sur des boucs émissaires, c’est le principe même de toute monarchie et de toute oligarchie. En URSS ou en Chine, l’habitude était de jeter aux chiens quelques oligarques pour donner à la meute quelque chose à se mettre sous les crocs.

On a ruiné le pays avec ce genre de sottise. Plus personne ne peut investir avec une imposition marginale sur le revenu de plus de 65 % et d’une imposition globale qui pouvait être proche ou supérieure à 100 %. Il était légitime de supprimer l’ISF et de revenir à une taxation plus raisonnable des revenus d’épargne. Le faire en taxant les retraités à la CSG était une sottise. Nous l’avons écrit ici même dès novembre 2017.

L’Énarchie a voulu un narratif pour calmer les masses. Ils ont récolté les Gilets Jaunes.

Emmanuel Macron, mal conseillé par des économistes partisans et nullissimes, et prisonnier de ses propres « narratifs », n’a pas profité de l’embellie conjoncturelle internationale pour réduire drastiquement la dépense publique dès la première année et rétablir la compétitivité du pays. Il a mené de petits combats sur des questions non prioritaires. Augmenter l’âge de la retraite, réduire le champ de l’action de l’État, plafonner les très hauts salaires de la fonction publique, qui se sont emballés, rétablir les quarante heures par semaine pour tous, telles étaient les urgences de la première année, empêcher l’envol des subventions à des catégories de population non prioritaires, revoir les dysfonctionnements européens et exiger que la perte des recettes britanniques soit compensée par une baisse du budget européen, mener une diplomatie de la prospérité en évitant que les pays à gros excédents ne provoquent crises financières et chômage de masse, voilà où on l’attendait.

Bavasser sur la Pnyka, c’est bien : l’écho est venu des ronds-points, symbole d’une des folies du temps et d’une tenue ridicule dont l’achat été imposé par l’Europe (norme européenne EN 471) à des dizaines de millions de gens, au nom de leur bien supposé, grand symbole avec les horodateurs normalisés et les drapeaux bleus, des bienfaits radicaux de l’Union Européenne.

Et maintenant ? On va où ?

L’histoire contemporaine : disruption ou continuité ?

Un débat fondamental

Certains refusent absolument de considérer les points de ressemblance entre la période d’entre-deux-guerres et la situation actuelle, tout comme les mêmes refusent de voir dans la guerre de 40 la suite logique de la guerre de 14.

On peut imaginer que l’histoire soit totalement libre et que les mouvements qui s’y produisent soient toujours sui generis. En un mot l’histoire serait toujours différente et il serait vain de rechercher des constantes, des enchaînements, des retours en arrière voire des retours de bâtons. Ceux qui proposent ces interprétations sont tous du même bord, en général à l'extrême gauche, très majoritaire dans l’université française, dans les matières historiques et économiques, en contradiction totale avec la pensée intéressante qui se développe à travers le monde. La fixation marxiste en Amérique du Sud et en France est tout à fait étonnante, 40 ans après l’effondrement du « socialisme réalisé ». Pour ces courants de pensée, des vilains qui auraient pu être contenus et qu’il importe de vaincre encore aujourd’hui, étaient à l’œuvre et rien n’était automatique. La seule continuité est la nécessité des luttes contre le beauf, le fasciste, le Versaillais et le « lecteur du Figaro Magazine ». Cet effondrement de la pensée universitaire dans un prêchi-prêcha politique débilitant et partisan est une des marques du « suicide français ».

Si on s’en tient au dernier siècle, la continuité est totale entre l’introduction du virus bolchevique en Russie par les Allemands soucieux de libérer des forces à l’est pour vaincre à l’ouest, la révolution allemande qui pousse les militaires prussiens à rechercher un armistice très rapide, la répression du spartakisme, la montée du fascisme en Italie et du national-socialisme en Allemagne, les excès de la révolution bolchevique de Lénine à Staline, avec la multiplication des massacres de masse et des génocides, les tensions politiques entre socialistes et droite libérale repoussée sur sa droite et la guerre de 1940.

La guerre de 14-18 changes totalement la donne économique et monétaire. Les troubles monétaires post « grande guerre » expliquent largement la crise de 1929 qui aggrave tout. Ils se croisent avec les mouvements politiques cités précédemment. Le monde occidental ne parvient pas à retrouver une organisation correcte dans une optique de monnaie de papier multipliable à l’infini par les États et d’accumulation gigantesque de dettes.

La convergence entre les troubles sociaux, économiques et politiques, nimbée par la violence issue de la guerre de 14 et de la révolution bolchevique, finira bien par provoquer la Guerre de Quarante.

Alors, bien sûr, il y a des surprises et des gambits qui ont fait tourner le sens de l’histoire de façon imprévisible. La paix a été ratée à Versailles du fait des Alliés de la France qui n’ont pas souhaité que le vainqueur prenne une place trop grande en Europe. Mais Clémenceau fait ralentir les troupes alliées victorieuses partout pour ne pas avoir à réprimer la révolution qui s’annonce en Allemagne. L’armée allemande s’en est chargée. Mais du coup l’Allemagne n’a pas été dépecée comme il aurait fallu en séparant la frontière rhénane et la région de Munich du bloc prussien. La destruction de l’Autriche-Hongrie aurait pu être évitée dans les modalités extrêmes retenues. De même le retrait des États-Unis de la SDN, qu’ils avaient portée sur les fonts baptismaux, a été une immense surprise qui a changé bien des choses. À beaucoup de moments dans les vingt ans qui séparent les deux guerres on constate que des virages ont été pris qui auraient pu être évités ou négociés autrement. Hitler a été totalement surpris lorsque les Français et les Anglais lui ont déclaré la guerre en 39. Il pensait pouvoir digérer ses conquêtes comme toutes les précédentes, et se ruer vers les ressources de l’est européen afin de se constituer l'hinterland nécessaire à la conquête du monde. Il s’en est fallu de bien peu pour que la paix ne soit signée par l’Angleterre après la défaite de la France. La personnalité de Churchill a joué le rôle principal. On pourrait dire que « Jamais l’avenir d’un si grand nombre n’a dépendu autant d’une seule personne ». Les auteurs d’un film récent sur Churchill ont été obligés d'inventer une scène baroque dans le métro londonien pour faire coïncider la ténacité de Churchill avec celle ainsi exaltée du peuple anglais.

Bien sûr l'histoire n’est pas un flux mécanique d’événements qui s’enchaînent de façon obligatoire. Mais il y a des constantes et des mouvements qui se répètent. Certains aspects de la situation actuelle s’apparentent à la situation de l’entre-deux-guerres, mutatis mutandis.

Le discours et la méthode Mélenchon, pour prendre un sujet mineur, sont le décalque des positions d’un Marcel Déat pour le fond et de style de Jacques Doriot pour la forme. On retrouve parfois les mêmes mots et même quasiment les mêmes phrases.

Dans le cas des monnaies et des échanges, on retrouve les mêmes troubles face à un système monétaire international qui ne sait plus comment gérer les immenses créations de monnaies, depuis que la création monétaire est devenue quasi totalement administrative, et qu’il n’existe plus de régulation des grands excédents et des grands déficits. Il n’y a pas de bon commerce sans bonne monnaie.

Quand les banques centrales sont conduites à émettre, des dernières années, plus de 15 mille milliards de dollars de monnaie administrative qui servent de support à la création de plus de 60 mille milliards de dettes supplémentaires, c’est que le système monétaire global est une fantaisie. « Donald Trump simplifie le diagnostic et complique la solution ». Les énormes excédents Chinois, Allemands, Japonais etc. sont interdits par les grands traités internationaux mais tout le monde s’en moque depuis la fin des Accords de Bretton Woods. Ils ont provoqué la crise de 2008 et sont à l’origine des querelles commerciales actuelles.

La révolte des classes moyennes en Occident, qu’elle prenne des formes électorales ou celle de jacqueries, ressemble partiellement à celles de l’entre-deux-guerres, le socialisme révolutionnaire en moins, depuis qu’on sait qu’il ne mène à rien, sinon au crime et à la misère.

On retrouve en France, les dégâts provoqués par la dénatalité dans les années trente. Rappelons que la France était dans l’entre-deux-guerres un pays dont la population baissait, en dépit de l’afflux de nombreux immigrés fuyant soit les révolutions à l’est soit le fascisme italien, soit le nazisme, soit le franquisme, soit les massacres turcs. Qu’on se rappelle Mitterrand criant « Haro sur les Métèques » dans les années trente ! Les aspects démographiques sont tout aussi importants aujourd’hui. Il est clair que la population blanche baisse en France de 100 000 à 150 000 unités chaque année, avec une perspective de remplacement des autochtones par les populations immigrées venant d’Afrique dans les 50 années qui viennent. Depuis trois ans, le décrochage de la natalité globale mène à la baisse de population connue en Allemagne et au Japon.

L’ordre rooseveltien est en train de s’effacer totalement. L’ONU est décrédibilisé comme les sont le FMI et la banque mondiale. Le multilatéralisme s’effondre. L’Union européenne est traversée par des courants qui poussent à sa destruction. Les peuples veulent reprendre la main sur leurs responsables nationaux. La coupure entre dirigeants et pays profond est, comme dans les années trente, extrêmement profonde, ce qui conduit à des réactions violentes. Cette désagrégation conduit à l’apparition de « seigneurs de la guerre », façon Poutine ou Erdogan, comme de voix tentées par l’exaltation prophétique sans influence sur la réalité. Il y a du Briand chez Macron !

Pour les économistes conséquents, la question centrale doit être celle de la monnaie et des systèmes monétaires. La crise globale actuelle n’est pas due seulement aux troubles consécutifs aux dysfonctionnements du système monétaire international et à la gestion de la zone Euro. Mais elle en est le noyau dur, et c’est là qu’il faut agir pour obtenir un vrai socle de renouveau.

Il est intéressant de noter que les premières réformes imposées par les vainqueurs, à la fin de l’entre-deux-guerres, d’abord par les Nazis après leur victoire surprise en France puis par les Américains à Bretton Woods dès que la victoire est devenue certaine, à Bretton Woods, ont été des réformes monétaires. Les idées qui ont bouillonné en juin et juillet quarante, sous pression nazie, se sont retrouvées dans les débats de Bretton Woods, sous pression américaine, et la rupture de ton imposé par Donald Trump réactualise les débattre d’alors. Certaines des suggestions qui se discutent en Europe sont comme la réplique de certains débats de juin quarante. Les conflits et suggestion de l’époque portent leçon actuelle par leurs résurgences.

Tout se passe comme si la stabilisation d’un système monétaire mondial après la généralisation des monnaies fiduciaires d’état avait fait surgir des idées-forces constantes, qui traversent le cisèle, qui n’avaient jamais pu s’exprimer totalement du fait des relations de pouvoirs, les conflits entre puissances majeures cassant ce qui avait pu être mis en place de bon et alimentant des remises en cause continuelles et des politiques défectueuses. Ne peut-on pas, en faisant apparaître le lien fort entre les meilleures idées et des meilleures pratiques qui ont traversé le siècle, définir une véritable organisation monétaire, financière et commerciale mondiale ?

Notre prochain livre à paraître en 2019 portera justement sur cette question. Il nous semble que nous disposons là d’un terreau très riche pour envisager un avenir positif.

Didier Dufau pour le Cercle des Économistes E-toile.

 

 

 

 

 

Agnès Verdier-Molinié : « en marche vers l’immobilisme »

Agnès Verdier-Molinié, la directrice de l’Ifrap, publie chez Albin Michel : « En marche vers l’immobilisme ».  C’est le quatrième volet de notre réflexion sur la malgouvernance en France, après la mise en cause de la gestion de la Capitale Française par le groupuscule rassemblée autour d’Anne Hidalgo, les éléments de réflexion sur le « destin français » d’Eric Zemmour, et les inquiétudes démographiques et civilisationnelles autour d’un « grand remplacement »exprimées par L. Obertone.

L’Ifrap est une institution que nous approuvons et soutenons et dans sa démarche et dans ses résultats. Beaucoup de ce que nos intuitions suggèrent ou font craindre se trouve confirmé par les études de l’Ifrap. L’équipe est bien informée et sa directrice est une fille crane et courageuse qui n’hésite pas à se livrer à un exercice d’expression publique qui lui vaut insultes et crachats. Il faut du courage dans ce genre d’entreprise et la tenace Agnès en a. Bravo !

Le livre confirme ce que nous avons anticipé dès la campagne électorale d’E. Macron. On fera peu et relativement insignifiant, même si quelques mesures vitales seront tout de même prises. Pour l’essentiel, l’équipe d’Enarques réunie par l’Enarque Macron aura plus de mal à se sortir des conséquences de sa démagogie électorale,  et à se dépatouiller des médias, qu’il ne passera de temps à atteindre les objectifs quantifiés qui avaient été annoncés pour contrer les annonces de F. Fillon.

Sept ministres dont trois d’Etat ont démissionné, dans des conditions le plus souvent bizarres voire franchement déplorables, soit parce qu’ils étaient rattrapés par leurs propres turpitudes après avoir appelé à laver plus blanc que blanc, soit parce qu’ils voyaient bien que la fine équipe d’énarques qui dirigeaient tout ne leur laissait aucun espace d’action. Quant aux programmes, on voit qu’ils sont d’abord et avant tout des affichages, la réalité révélant une suite infinie de petites mesures ou de demi-mesures. 

Il était strictement indispensable de revenir sur l’ISF et de remettre une taxation forfaitaire sur l’épargne. Au lieu de défendre ces mesures simplement  en expliquant que les gouvernements socialistes avaient été trop loin et que les effets pervers étaient accablants et irresponsables, E. Macron a tenté de justifié une demi mesure de libération fiscale sur l’épargne en accablant l’immobilier. C’était du n’importe quoi démagogique. Il a tenté d’expliquer qu’il donnait du pouvoir d’achats aux pauvres, avec les mesures d’achat de votes démagogiques sur les cotisations sociales des salariés et la suppression de la taxe d’habitation sur une partie des assujettis. Cette farce se retourne contre lui au point qu’il vient dans son dernier discours d’avouer qu’il n’était pas en son pouvoir d’enrichir et de rendre heureux chaque Français !

Ce que montre le livre de notre auteur, c’est que dans le fatras de mesures qui ont été prises, rien de permet d’atteindre les objectifs affichés. Non, il n’y a pas de baisse des prélèvements ; non il n’y a pas de baisse de l’endettement ; non les réformettes prises n’ont pas les effets prévus car presque toutes laissent la place à des préoccupations corporatistes qu’on considère normal de prendre en compte. Le nombre des fonctionnaires ne baissent pas. Les syndicats bloqueurs bloquent toujours à peu près tout. On voit avec l’affaire qui secoue la tête de FO que les mauvaises habitudes ont la vie dure : népotisme, détournement de l’argent public, méthodes infectes.

Les économies sont fictives. Le prélèvement à la source est un voyage en Absurdie administrative. La réforme du CESE est une farce (l’auteur dit un trompe-l’œil). Les abus dans les collectivités locales sont toujours majeurs. AVM a beau jeu de montrer que dans la ville natale du Président, Amiens l’absentéisme est toujours stratosphérique : 49 jours ouvrés, s’ajoutant à un temps de travail quotidien faible et une durée annuelle très basse. Quand, de façon régulière, une partie des salariés publics ne travaillent que 6 mois payés 12, avec une rémunération moyenne supérieure à celle du privé, nous ne sommes plus en république.  L’accès aux données est toujours aussi bloqué. On ne doit pas savoir. Quant on voit que le président du syndicat FO, principal syndicat de la fonction publique, se met en congé maladie parce qu’on a découvert quelques unes de ses turpitudes, on comprend tout.

La grande affaire qui s’annonce est la réforme des retraites. Tout le monde sait que le système de retraite des fonctionnaires est totalement abusif. Le livre donne les chiffres et ils sont à frémir d’indignation : les fonctionnaires ont un avantage de 21% en montant  par rapport au privé, avec une retraite moyenne de près de 28.000 euros contre 22.000 pour le privé. Et la manière dont la réforme est conduite aboutira nécessairement sur un nouveau « trompe l’œil ».

Les « rentiers de la République laissent les citoyens dans l’illusion du redressement économique. Avec le risque majeur de dérouler le tapis rouge aux populistes autres bonimenteurs ». « Nous vivons en plein choc de complexité avec ce qui va de pair, l’opacité reine ». « Le risque est de dégoûter nos concitoyens de la démocratie ».

C’est là qu’on rejoint la malgouvernance parisienne, parodie de démocratie, les livres de Zemmour et d’Obertone et plus encore celui de Yascha Mounk « le peuple contre la démocratie (L’observatoire),». « Pour sauver la démocratie, nous avons besoin d’unir les citoyens autour d’une vision commune de leur nation, de restaurer leur espoir en l’avenir économique  et des rendre plus résistants aux mensonges et à la haine qu’ils rencontrent tous les jours sur les réseaux sociaux ». Nous-mêmes, depuis 1977, ne cessons de répéter dans l’indifférence générale : « attention à la colère des peuples ».  La malgouvernance générale et les dysfonctionnements économiques jamais réparés ont un coût qui n’est pas seulement économique.

Maintenant les avertissements viennent de partout. Il est bien tard.

 

Laurent Obertone, et la fin programmée de la France blanche

Laurent Obertone s’est fait connaître par un livre choc et méritoire : La France orange mécanique. Il démontrait de façon convaincante que la sécurité des Français n’était plus assurée et que le développement de la délinquance et de la « sauvagerie » avait atteint de tels niveaux que le phénomène devenait incontrôlable. C’était l’époque où les gouvernements et la presse étaient obsédés d’occulter, de nier, de minimiser les faits et d’en exonérer les auteurs, en enveloppant le tout d’une explication psychologisante : le-la « bourge de base » avait un sentiment d’insécurité mais tout montrait qu’il s’agissait là d’un sentiment. Sentiment malvenu car sans aucune réalité et probablement nourri par la xénophobie et le racisme ordinaire du « beauf » français à tendances pétainistes et pro nazis etc. La ritournelle est connue. L’ennui, c’est que la méthode de l’auteur était imparable : collecter toutes les informations sur la situation réelle et les mettre bout à bout pour dresser un tableau sans fard de la réalité. Ce que le lecteur des feuilles province savait de sa situation locale, l’auteur l’a généralisé à la région et au pays tout entier. Avec trois constats fracassants :

-          La violence était de plus en plus évidente et atteignait des sommets, notamment contre les femmes blanches, avec plus de 100 000 viols par an

-          Lex crimes et délits étaient à plus de 75 % le fait de l’immigration africaine et maghrébine.

-          Les juges ne condamnaient pas. Il est vrai que c’était l’époque du « mur des cons » (que l'on va d’ailleurs juger bientôt), et du « justicialisme » qui décrétait que l’immigré devait toujours avoir la prime sur l'autochtone.

Ce livre a dérangé à la fois les dirigeants de la presse écrite, radiophonique et télévisée, habitués à l’idée que leur rôle était de favoriser le « vivre ensemble » en minimisant tout ce qui pourrait « stigmatiser » et mettre le feu aux poudres, la haute administration désireuse de pas avoir ce bébé sur les bras, d’autant que cet enfant illégitime de la République leur aurait coûté leur réputation, et les dirigeants politiques conscients d’être à peu près impuissants face au « gouvernement des juges », dont les sources sont le Conseil d‘État, le Conseil constitutionnel et, la Cour de Justice Européenne et la CEDH. Le terrain étant occupé par le Front national, le risque était également politique.

L’acceptation de l’impuissance devait être effacée par quelques éructations contre les fâcheux qui la mettaient en évidence. Les cultureux gauchistes subventionnés (nous nous excusons du double pléonasme) de leur côté renforcèrent leur pression en faveur du bon immigré contre le vilain blanc machiste et dégénéré. Le bourgeois à dénoncer des années soixante-dix a laissé la place au mâle blanc dénaturé qui se devait d’être régénéré par des apports immigrés, auprès desquels il fallait prendre une posture d’excuse et d’accueil.

Exit Obertone et Orange Mécanique dans les poubelles de l’actualité maquillée des médias. Il a donc repris le flambeau avec deux livres plutôt mauvais sur l’aspect orwellien de la réaction des dirigeants politiques et médiatiques, puis sur les risques de guérilla urbaine. N’est pas Houellebecq qui veut !

Le revoici avec un livre qui renoue avec la méthode de son premier livre : une compilation journalistique bien faite des faits et des analyses relatifs à l’immigration de pauvreté de masse. Le but est de répondre à des questions majeures du temps, non pas sur la base des intentions ou des désirs, mais des faits. Est-ce que le grand remplacement a lieu ? À quelle vitesse ? Quand sera-t-il effectif ? Est-il bénéfique ? Les mesures prises pour contenir les conséquences sont-elles efficaces ? Il est de fait que ces questions ne sont traitées ni par les instances gouvernementales, ni par les universités, ni par les journaux. Plus curieusement, il est interdit de les traiter et les mesures sont prises tous les jours pour empêcher toute étude sérieuse permettant de connaître la réalité.

L’idée que la population européenne blanche puisse être éliminée par la population africaine noire et maghrébine est ravalée à une hypothèse purement raciste qui déshonore qui ose aborder la question. « Si c’est la réalité, ainsi soit-il, pauvre xénophobe et sale raciste ! » Du coup l’écart entre ce que montrent les médias et la réalité n’a pas cessé de se transformer en immense fossé. Le gouffre est tellement énorme qu’il devient comique ou tragique, comme on voudra.

La France interdite essaie, comme la France orange mécanique, de faire ressortir des faits largement occultés, enfouis, et disséminés dans des centaines d’études jamais citées ni jamais synthétisées dans la presse. Le travail est remarquable par l’ampleur des recherches dépouillées et par le caractère sourcé de tous les faits mis en évidence.

La question cruciale est évidemment démographique. L’étude des composantes de la population étant interdite, la recherche a pris des détours astucieux pour parvenir à répondre à cette simple question : quelle est la part de la population d’origine indo-européenne dans la population installée en France, son évolution et la prévision qu’on peut en faire dans les quelques années et décennies à venir.

Voici les chiffres qui devraient faire consensus : la population non indo-européenne représente aujourd’hui autour de 20 % de la population française métropolitaine. Inégalement répartie sur le territoire français, elle représente dans de nombreuses parties du territoire plus de 75 %, avec une éviction croissante des populations blanches. De façon dynamique on passe de 2 millions de personnes non indo-européennes en 1970 à 12 millions en 2020. Cette multiplication par six est camouflée sous le vocable mensonger imposé par les médias et les politiques de « stabilité de l’immigration ». L’auteur compare ces chiffres avec deux des Français de souche installés dans les anciennes colonies qui n’ont jamais dépassé 1.5 millions de personnes et jamais plus de 10 % de la population totale. On parle de « colonie de peuplement » pour l'Algérie, avec 10 % de non autochtones. Pour l’auteur les Français autochtones sont donc victimes d’une hypercolonisation de peuplement. D’après l’INED et l'INSEE, de 1999 à 2015 la population française de souche a augmenté de 4.6 %, les Turcs de 40 %, les Maghrébins de 46 % et les Africains subsahariens de 138 %.

La grande question est la suite des évènements : va-t-on vers une augmentation de la proportion d’émigrés africains et maghrébins et jusqu’où ? La réponse est naturellement dans le différentiel de fécondité entre population indo-européenne et africaine, et dans l’évolution des nouveaux flux d’immigration. Grâce aux enquêtes épidémiologiques traçant la drépanocytose, une caractéristique non présente dans les populations indo-européennes, au moment des naissances, on sait que la part des naissances dépistées comme porteuse de cette caractéristique raciale est passée de 25 % en 2006 à près de 40 % en 2016. En Ile de France elle est désormais autour de 75 %.

La triste vérité est que le taux de fécondité des femmes françaises blanches baisse comme partout ailleurs et se situe entre 1.2 et 1.4, comme en Italie, en Pologne ou au Japon. Le nombre de femmes blanches en âge de procréer baisse continûment et en secret. Nous avons alerté sans cesse sur ce mouvement mortifère. Le cumul des deux évolutions impose une baisse des naissances qui est très marquée. Près de 100 000 bébés blancs manquent à l’appel en dix ans à peine.

Les projections font peine à lire. On est sûr désormais que la France dans 20 ans aura perdu 3.72 millions de natifs. 100 000 natifs sont remplacés chaque année  par 150 000 divers dès maintenant. « À ce rythme-là les natifs européens seront minoritaires en 2 060 ». C’est-à-dire en une génération. On assiste à la disparition du peuple Français qui sera consommé avant la fin du siècle. La France sera devenue un territoire africain et maghrébin.

C’est devenu la situation générale en Europe qui elle aussi est frappée de disparition programmée, dans sa composition ethnique historique.

Ces faits, car il s’agit de faits et non d’élucubrations xénophobes et racistes, posent la question du « destin national » comme l’écrit Zemmour. On peut ou non considérer que la question est grave sur une base individuelle. Mais il est difficile de ne pas poser la question à l’ensemble de la nation au même où il est encore possible de renverser la tendance.

Obertone ouvre le débat sur des bases larges : cette émigration est-elle inéluctable ? Il montre que non. Est-elle bénéfique ? La réponse est encore non sur presque tous les critères. Peut-on la rendre bénéfique par des versements sociaux de plus en plus colossaux. Eh bien non ! Au contraire les déversements d’argent permettent à une part massive de la population qui s’installe de vivre sans travailler en quémandeur agressif et leur évite d’avoir à s’intégrer et accepter les règles de la société qui les accueillent qu’ils détruisent allégrement.

Du coup voilà l’auteur obligé de dénoncer le « socialisme », cette idée qui veut qu’une partie de la population doive vivre avec l’argent des autres, au moins le temps où les autres n’ont pas disparu. « En offrant de profiter de la nation sans s’y fondre, le socialisme renforce la communauté et la communauté devient un droit dans le droit ». « L’état providence est le meilleur moyen d'accélérer la réclusion sociale, la destruction d’une société hétérogène, et l’effondrement du capital social, en figeant quantité d’individus dans leur attente parasite ». « L’asociabilité n’est plus honteuse mais elle est attractive et branchée ». « C’est bien le socialisme inconditionnel qui crée le ghetto ». On déverse des sommes de plus en plus gigantesques sur des quartiers qui ne changent pas. Au contraire les zones à problèmes se multiplient à l’infini. « Pas question de changer une politique qui perd : l’avenir sera fait d’investissements, de rénovation, de social. Donc de communautarisme, d’allocataires et d’émeutes ». « Être social avec des asociaux, c’est être antisocial » démontre avec moult exemples l’auteur du livre. « La loi perd en importance, l’état en respectabilité, ses serviteurs en estime, la république en dignité. La non réciprocité devient une tentation générale ».

La corrélation entre le grand remplacement et la lourdeur constamment aggravée des impôts paraît évidente à Obertone. Le contrat fiscal se détruit à proportion de la destruction du contrat national.

Mais c’est évidemment la vie quotidienne traditionnelle qui est totalement détruite. « « Le vivre ensemble » avec une hétérogénéité massive détruit peu à peu l’attractivité d’immeubles, de rues, de quartiers, puis de villes entières, de département et enfin de pays ».

Les conséquences politiques de la montée de l’africanisation de la France sont aussi examinées par le livre. La régularisation massive et rapide des entrées clandestines (le plus souvent on entre avec un visa court et on reste et on attend la régularisation) et la naturalisation expéditive des nouveaux arrivés permettent d’enrichir le capital électoral de certains partis. « Cela renforce le lien entre le socialisme, l’assistanat et l’immigration. L’immigration et l'assistanat votent socialiste, le socialiste vote l’assistanat et l’immigration. Le tout devient irréversible ». « Le monstre s’auto alimente ».

Le livre reprend la question de la sécurité. « Fin 2017 il a fallu 170 000 policiers et gendarmes pour « sécuriser » le réveillon. Ils étaient 100 000 en 2016, 55 000 en 2014, 35 000 en 2009 et 28 000 en 2007. Aucun doute nous allons vers l’apaisement ».

On repasse aussi en revue toutes les analyses de la France Big Brother pour tenter de comprendre pourquoi les faits sont niés et cachés, les leçons des politiques inefficaces jamais tirées, la culpabilisation de l'autochtone toujours aussi abusive, les crimes des immigrés toujours excusables.

« Tous les indicateurs montrent que l’immigration de masse n’est pas une chance pour l’Occident » démontre l’auteur dans plusieurs chapitres successifs très documentés.

Il s’attaque alors à un problème beaucoup plus large : la disparition des Blancs sur la planète. La démographie ici encore est dirimante. La logique des taux de natalité est imparable. On parle de la disparition d’un milliard d’humains blancs, au moment où la population mondiale atteindra les 10 milliards ! Obertone cite les mille et une occasions où les principaux intervenants sur les télévisions se sont félicités de cette disparition, le plus souvent en accablant les Blancs de tous les maux du monde. « Vive le métissage » est le leitmotiv des médias. « Les thèses racialistes à la mode n’ont pas besoin de preuve. Le métissage est bon voilà tout ». Et dire le contraire serait une insulte aux nombreux métis qui le vivraient très mal. « Je critique cette idéologie parce qu’elle me semble comme toutes les autres hypocrites, absurde et totalitaire ». Si nous sommes tous égaux, pourquoi le métissage serait-il un mieux ? Le métissage suppose que l'homogénéité est moins bien et que le blanc de souche est un inférieur. Quelle valeur de la République soutient ce gendre d’élucubration ?

Pourquoi diable les « élites » se comportent-elles ainsi ? Ce sont les pages les moins convaincantes. L’auteur une explication psychologisante qui vaut ce qu’elle vaut. Il souligne aussi le bénéfice social et économique qu’il y a à seriner la bonne cause du vivre ensemble. La contre diabolisation n’est pas plus convaincante que la diabolisation pratiquée par les adeptes de la fin heureuse de la France blanche. Dire : arrêter l’immigration de masse africano-maghrébine est possible et si on ne le fait pas, c’est parce qu’on est un malfaisant qui se croit une âme supérieure ne fait rien avancer du tout. « La plupart de nos journalistes et universitaires se comportent comme ces éponges de mer qui, une fois fixées sur leur rocher, mangent leur propre cerveau, devenu inutile ».

La réalité est plus simple : pour arrêter le flot massif d’immigrés « indésirables », il faut déjà en définir les critères. Celui de la race et de la couleur de peau est problématique, en soi, il s’agit d’un racisme, bien intentionné peut-être mais un racisme tout de même. Il s’agit de la survie de ce que nous sommes. Si la survie est en jeu pourquoi ne pas transcender l’interdit du racisme ? Tel est la thèse sous-jacente de l’auteur. « Sinon c’est la guerre civile » dit Zemmour. Actuellement les traités et la Constitution empêchent de mener de telles politiques. Il faut donc sortir des traités européens et changer la constitution dans un sens clairement xénophobe et raciste. Affirmer que c’est une attitude facile à endosser n’est rien moins qu’exagéré.

L’auteur a beau jeu de montrer que les racistes anti-blancs n’hésitent pas dans leurs propos extrêmement violents et que cette violence verbale est partout dans les médias, sous applaudissements. Mais comment devenir raciste pour contrer les méfaits de l’antiracisme outrancier et raciste ?

On cherche à contourner le dilemme moral en soulignant que les thèses immigrationnistes font monter les populismes. Le danger populiste devient une arme contre le danger de submersion !

« Rien n’est impossible sauf si nous décidons que cela l’est. Et quand la survie de la nation est en jeu, la Constitution suivra », écrit l’auteur. Mais il se garde bien d’énumérer les mesures à prendre.

Si on le fait, la situation commence à se durcir pas mal :

-          Interdiction de régulariser des personnes entrées clandestinement ou restée en France au terme de leur visa et expulsion immédiate avec interdiction de visa à vie.

-          Suppression de toutes assistances médicales sauf urgences avec remboursement par le pays d’origine.

 

-          Exclusion de la solidarité nationale des étrangers non indo-européens

-          Non-naturalisation des personnes non indo-européennes

-          Expulsion des délinquants avec regroupement familial inversé (toute la famille d’un terroriste seraient par exemple expulsée)

-          Expulsion pour comportement contraire aux traditions nationales et injurieux vis-à-vis de la France et des Français

-          Expulsion des logements sociaux avec obligation de se loger dans le secteur des loyers libres.

-          Interdiction d’envoyer des capitaux vers le pays d’origine.

-          Nationalité obtenue par la loi du sang…

-          Aggravation des peines lorsque commises par un étranger

-          Expulsion des enfants et des adolescents

-          Interdiction du vagabondage et de la mendicité

-          Sanctions collectives en cas de révolte urbaine.

-          Camps de travail sévères pour les étrangers qui ont détruit leurs papiers

-          Exclusion du champ médiatique et universitaire des défenseurs de l’immigration africaine de masse.

-          Frexit

-          Abandon de la CEDH

-           

En gros, un étranger africain qui moufte et ne travaille pas est expulsable ; s’il est délinquant il peut perdre la nationalité qu’on a pu lui accorder antérieurement. On sort la sanction des mains de la justice pour la rendre à l’administration.

Toutes ou partie de ces mesures sont mises en œuvre dans des pays que nous respectons, comme Israël par exemple .

Certains imaginent plus.

L’auteur se garde bien d’entrer dans cette discussion. Il préfère morigéner les Français blancs eux-mêmes qui ne font plus d’enfants, rêvent de quitter la France, ou se résignent sans réagir. Et il ne cherche pas à comprendre ce que seraient les conséquences de toute nature de mesures efficaces. « Il n’est pas question de remplacer un délire progressiste par un autre délire ». On voudrait avoir plus d’explications.

Il est peut-être utile ici de faire intervenir deux expériences personnelles.

Parti à l’étranger cet été, le chauffeur de taxi était noir (un sympathique haïtien). L’hôtesse Transavia pour l’enregistrement des bagages était noire. Le contrôle de sécurité était opéré par une triplette noire (deux femmes et un homme). La caissière du marchand de journaux était noire. La serveuse du café était noire. L’hôtesse dans l’avion était noire. Au retour : idem. Ajoutons que les caissières du G20 pour acheter un en-cas étaient également noires. 100 % noires !

Aller en métro à la Courneuve où se trouvent les archives du ministère des Affaires Étrangères est une aventure du même type. À partir de la station Chatelet l’intégralité des passagers n’est pas indo- européenne. Mais oui, encore 100 %

Sur la passerelle qui rejoint l’école de la rue Vercingétorix à la gare Montparnasse, le 5 octobre 2018, un enfant blanc supplie un gamin noir de jouer avec lui. Réponse du petit négrillon : « de toute façon je ne joue pas avec les Français ». Ladite école, à quasiment à 100 %, reçoit des élèves de couleur. Du coup plus un blanc ne veut y mettre ses enfants, quand ils en ont. La ségrégation n’est pas univoque.

Le grand remplacement ne concerne pas seulement la banlieue parisienne. Grâce aux efforts de la municipalité de paris, dirigée par des immigrés indo-européens, pour le coup, des quartiers entiers du Paris intra muros virent leur cuti.

Il serait donc malhonnête d’affirmer que le livre affirme des choses fausses ou que nombre de ses observations ne soient pas pertinentes. Ce qu’il décrit est bien ce qui se passe et son livre est même largement en dessous de la réalité, car les évolutions vont désormais très vite. Un recrutement d’hôtesse d’accueil : pas une réponse indo-européenne ! Un recrutement de codeurs ? Pas une candidature « blanche ». Une demande en intérim de personnel de sécurité : pas une candidature blanche. Idem pour les caisses en magasin. Nous parlons de Paris intra muros.

L’auto destruction démographique de la population autochtone est un fait très avancé . Elle n’est pas due à l’immigration ! La consomption française est largement endogène. Elle est la même que celle du Japon, de la Pologne, ou même de l’Allemagne.

L’ennui de notre époque est que nous sommes confrontés à des difficultés que nous pensons inéluctables et sans solutions :

-          Le drame écologique potentiel qui porte sur la survie même de la terre

-          Le drame démographique dans de nombreux pays qui entraînent soit un dépérissement grave soit une submersion par des allogènes

-          Le drame économique qui voit l’organisation économique du monde fondée sur des modalités qui brisent la croissance et la prospérité.

Sortir par le haut de ces drames est possible mais demande de telles remises en cause que nous ne nous en croyons plus capables. Nous cédons facilement à l'inéluctable.

Il est intéressant de noter que sur ces trois sujets, les dirigeants français actuels n’ont aucune politique significative. Ils se contentent de subir. Il est vrai que si la prise de conscience des difficultés inhérentes au réchauffement de la planète, l’épuisement des ressources et l’envahissement par les déchets nocifs est faite, les solutions pertinentes sont loin d’être évidentes (les énergies renouvelables et la réduction des transports ne peuvent pas  être la solution), et que le grand remplacement commence à faire des dégâts électoraux, les deux drames que sont le dysfonctionnement du système monétaire international et celui de l'organisation économique européenne ne sont même pas perçus.

Ce sont des dimensions fortes de la mal gouvernance occidentale.

Éric Zemmour, le destin français et l’économie

On connaît Éric Zemmour. Son mérite, immense, est d'avoir accepté de se faire injurier, excommunier, ostraciser pour introduire un peu de réalité dans le discours bien-pensant médiatique. Il a pris sur lui moralement, financièrement, juridiquement, de dénoncer une dérive de la société française qu’il considère, avec quelques arguments, contraire à la grandeur et au destin de la France. Ce courage a été récompensé puisque, dans le fond et le tréfonds du pays, son propos a trouvé de l’écho. L’énorme succès du livre « Suicide Français » a été la récompense de son acharnement et de son talent, car il n’y a aucun doute qu’Éric Zemmour représente une forme haute du talent journalistique.

Que Zemmour soit réactionnaire, aucun doute non plus. Il est en réaction contre la féminisation de la société. Il est en réaction contre l’islamisation de la société et plus généralement contre le grand remplacement de la nation blanche par l’immigration africaine ; il est en réaction contre le masochisme de la société française qui ne cesse d’accepter de faire pénitence ; il est en réaction contre les « pédagogues » qui ont détruit l’école de la République Française ; il est en réaction contre le consumérisme de la société ; il est en réaction contre le politiquement correct américain ; il est en colère contre les conséquences économiques pour la classe moyenne de l’ouverture de nos frontières à une concurrence dommageable ; il est en réaction contre le gouvernement des juges ; il est en réaction contre la dissolution de la souveraineté française du fait de la construction européenne. Pour synthétiser le tout, il est contre les trois libertés de circulation des hommes, des marchandises et des capitaux qui forment le credo moral du moment et le pilier juridique des institutions, françaises, européennes et onusiennes.

Il est naturellement en colère contre tous ceux qui promeuvent ce contre quoi il est en réaction. Il le leur dit, en face et sans douceur. La classe journalistique s’étant trouvée heureuse de jouer les curés chargés de prévenir les mauvais instincts des lecteurs et des auditeurs, et d’occulter tout ce qui pourrait leur donner de mauvaises pensées, cette rébellion a été jugée dans le milieu comme une diablerie. Il était bon pour l’audience qu’on lui laisse une petite place mais juste suffisante pour alimenter et justifier un boniment politiquement correct sourd et aveugle aux réalités françaises. La presse écrite, radiophonique et télévisée s’est mise à considérer le lecteur auditeur comme un Dupont-la-joie incorrigible, dont il était important qu’il paie pour les faire vivre, mais qui devait être morigéné et corrigé de sa « beaufitude ».

Ils ont repris une partie du discours et la totalité de la méthode des contempteurs socialistes du capitalisme mais qui eux, avaient leurs saintes écritures dans l'œuvre de Marx, Lénine et Engels et des saints, certes aux mains rouges du sang de dizaines de millions de victimes innocentes, mais dont on se devait d'admirer le rôle méritoire dans l’accélération d’une évolution scientifique du sens de l’histoire. Naturellement nos journalistes curetons, n’ont, eux, aucune bible à disposition sinon le devoir « de ne pas faire le jeu du Front national », un peu comme les précédents ne voulaient pas « désespérer Billancourt ».

L’Église considérait qu’il fallait donner une longue formation à des jeunes sélectionnés et formés dans des séminaires avant de leur donner le droit de prêcher. Et, en contrepartie, elle leur demandait un sacrifice, pour prix de leur crédibilité. Savoir et souffrance comme sources de la transmission de la foi ! Elle a abandonné le prêche, laissant vide la Chaire. La chair s'est vengée. L’église meurt, déconsidérée. Elle laisse les Chrétiens en mal d’un message qui parle du bien, et beaucoup gobent le prêchi-prêcha médiatique dominant même s’il s’est affadi en un simple politiquement correct qui admet l'incorrection des mœurs et qui les rejette dans un ghetto obscurantiste et dévoyé.

Les « cultureux » de gauche (désolé pour le pléonasme) ont fait, pour aider Zemmour, leur part de travail, d’abord en transfigurant le « bourgeois » en salaud incorrigible dont il fallait dénoncer en permanence la noirceur. Puis ils ont pris le tournant qui fâche notre auteur : c’est à la destruction du mâle blanc qu’ils se sont attelé, tueur de femmes, violeur d’enfants, colonisateur, belliqueux, nationaliste, pétainiste et émule d’Hitler même quand il dit le contraire, voire quand il l’a combattu. Comme disait le premier numéro de Hara-Kiri, avec une quatrième page évocatrice, « nous sommes heureux de vous offrir cette page de vomi ». Mais le vomi n’est pas une référence très porteuse.

Contre cet affaissement, Eric Zemmour a voulu montrer que lui avait une bible. Destin Français, son dernier livré rassemble ses Saintes Écritures. Les Français doivent savoir que ce qu’ils entendent de lui n’est que la partie émergée de l’iceberg. La partie immergée est bien plus profonde et bien plus dense. Alors il a sorti sa lampe de poche et il nous fait parcourir le labyrinthe sacré, celui qui doit conduire la France à cette prise de conscience : la France a un destin. On ne peut galvauder l’héritage dont nous sommes les insouciants bénéficiaires. Une somme pour nous sommer d’être français au lieu de disparaître.

Disons-le : la promenade est passionnante et apprendra beaucoup à bien des lecteurs. L’auteur ne se préoccupe pas d’être gentil. Ce qui nous vaut des portraits sans grâce et même plus que chargés de tous ceux qu’il considère comme les fossoyeurs du Destin français. On lira avec délectation celui de Germaine de Staël. Zemmour a la détestation féroce. Il a le panégyrique moins facile. On trouvera logiquement plus de déboulonnages que d’élévations sur piédestal. Certains portraits à charge sont ridicules, comme celui d’Eiffel. D’autres très bien vus comme ceux conjoints de Sartre et de Simone de Beauvoir. Certaines réflexions sont mieux qu’excellentes, comme son retour sur le message de Bossuet ou l’analyse de l’échec de Maupeou.

Le risque de ces fresques est évidemment la simplification. On ne glisse pas à travers les siècles sans dérapages et imprécisions avec des raccourcis certes saisissants mais tellement marqués de généralisation et de sélection qu’ils deviennent sinon des anathèmes du moins des affirmations pour le moins sans nuance. Par exemple :

« Les nouvelles élites (celles qui se succèdent après l’élimination du général de Gaulle – N.D.L.R.) seront aux antipodes de ceux qui l’avaient suivi : des enfants de la paix et non de la guerre ; des enfants du monde et non de la patrie ; des enfants du plaisir et non du devoir ; des enfants de la géographie et non de l’histoire. Plus férus d’économie que de stratégie ». « Si l’ingratitude est le propre des grands, cette génération est immense. Pour affirmer son autorité sur le pays, elle se prête à tous les reniements. Pour mieux remplacer son adversaire, l’élite gaulliste issue des combats de la résistance, elle la traitera de « fasciste » et de « pétainiste ». Produit du plus grand effort éducatif réalisé par la nation, elle s’empresse une fois aux commandes de désagréger le système éducatif ». « Elle va fermer la porte des hautes sphères aux classes populaires ». « Ces élites profitent de leur puissance de feu financière, culturelle et médiatique, de leurs réseaux et de leur influence, pour pousser en avant leur propre descendance ». « Le système économique mondialisé accentue cette reproduction sociale » [et] « fabrique une société d’héritiers. Une société que la révolution avait abolie ».

Ce genre d’analyse est trop globalisante. Il faut dire qui, pourquoi et comment. Les retournements ne se sont pas faits tout seuls. Giscard a été une catastrophe, surtout par peur de l’arrivée des socialistes, mais pas seulement. Mitterrand, qui a été l’accélérateur de tout ce que regrette Zemmour est un jeune pervers avant-guerre, un prisonnier de guerre intrigant bientôt pétainiste à Francisque pendant, un pur intrigant pendant la quatrième et un pourrisseur une fois au pouvoir. Étendre à toute la classe dirigeante une condamnation qui concerne essentiellement une partie de la gauche et quelques zozos nourris à la même source idéologique, en la mélangeant avec tous les lieux communs sur l’économie des socialistes d’extrême gauche, qui crient inlassablement à l’inégalité, ne fait pas un discours cohérent mais une sorte d’imprécation.

Le risque de la méthode de Eric Zemmour est bien là. L’imprécation le guette. Et l’envie de faire feu de tout bois, quand cela paraît servir sa cause. De ce côté-là, Eric Zemmour ressemble un peu à Marine le Pen : il ne domine pas ses dossiers économiques et il ne faut trop creuser.

Le chapitre sur Méline, réhabilité comme héros de la croissance saine et nationale, frontière fermée, est drôle par la candeur de l’auteur qui visiblement se raccroche aux branches comme il peut pour analyser les succès de son héros. Là où il faut des connaissances, de la nuance et une vraie force d’analyse pour ne pas dire trop de bêtises, l’auteur se contente de citer des auteurs qui selon lui, pensent comme lui, sans jamais faire intervenir, sur la même période, ceux qui sont résolument à l’opposé. On accumule des bribes de discours à charge contre le libre-échange, on compacte le tout et cela devient une clef universelle d’interprétation. À chaque paragraphe, le lecteur se dit : « attention tu n’as pas compris », ou « tu oublies ça, » ou « trop rapide » ou « tu simplifies à l’excès ». Zemmour, en économie, cherche des armes là où il peut en trouver et se saisit de tout ce qui passe à portée de ses lectures. En matière d’économie, Eric Zemmour a un esprit de système sans le système. C’est une horloge qui veut donner l’heure mais sans mécanisme d'horlogerie. Quand le petit oiseau sort et siffle, l’heure est rarement exacte car, quand elle parle, l’horloge donne toujours la même heure. Il est dans le vrai une fois sur douze ! On dira que, par rapport aux économistes officiels, c’est déjà beaucoup…

Zemmour cite ce que dit Lyautey de Clemenceau : « il nous mène au jour le jour en frappant du poing, faisant des mots et injuriant ses adversaires pour tout argument ». Eric nous mène un peu de la même façon, à la ligne la ligne, en tapant du stylo, en faisant des mots et en vilipendant ses adversaires. L’avantage est qu’on sort des révérences confites et des images saintes. Un peu de vent frais époussette les lieux communs et décape les fausses gloires. L’inconvénient est qu’on n’est plus souvent intéressé ou amusé que fondamentalement convaincu.

On comprend mieux la société actuelle et les enjeux culturels et politiques qui la traversent. Ce qui est beaucoup. On ne voit pas trop les solutions. Toute la faiblesse de Eric Zemmour est dans la réponse à la question : et alors ? Oui la France de 66 millions d’habitants dans un monde de 7 milliards d’humains n’est plus dans la position de force démographique de la France napoléonienne ? On fait quoi ? Non, nous ne pourrons plus construire un empire français mammouth et empêcher l’Allemagne prussienne de coloniser nos marches. Que proposez-vous ?

Les cris de désespoir sont certes salutaires mais ils n’éclairent pas nécessairement le chemin du salut.

La fin de l'économie politique française ?

La France peut s’énorgueillir d’avoir contribuer de façon déterminante à la science économique. Elle a produit des économistes étincelants du premier jour où la discipline s’est imposée. Encore récemment, elle pouvait donner au monde les analyses de Jacques Rueff, d’Alfred Sauvy où de Maurice Allais. Tous étaient d’abord des observateurs. Tous cherchaient à faire valoir le vrai sur les utopies intéressées. Aucun n’était un partisan. Tous leurs livres peuvent être relus aujourd’hui. Ils n’ont pas pris une ride. Tous étaient attentifs aux libertés humaines et réservés vis-à-vis des actions outrancières des Etats. Aucun ne se considérait comme membre d’une école, encore moins étrangère.

La crise de 2008 a liquidé toute une génération d’économistes qui n’avaient rien vu venir et qui « faisaient des ménages » avec le système bancaire.

Aujourd’hui, les médias ne recherchent d’expertise économique qu’auprès d’une dizaine de personnes toujours les mêmes, qui sont étalonnées par leur engagement politique et non la qualité de leurs réflexions. 90% d’entre eux font référence au socialisme comme leur engagement profond.  Leurs contributions à la science économique est exactement nulle. Aucun n’a prévu la crise de 2008. Aucun n’a proposé la moindre solution. Mais tous se sont mis au service de l’Etat et des Impôts. La TNT leur a donné une tribune. Ils commentent et parlent généralement pour montrer leur soumission à leur camp.  On sait ce qu’ils vont dire avant même qu’ils ouvrent la parole.  Quelques « libéraux » sont appelés comme faire-valoir afin de donner un petit air de pugilat à ces exercices convenus. Faire de la chaleur d’abord. Faire de la lumière ? En général les auditeurs se lassent de ces faux débats qui laissent penser qu’il n’y a pas de sciences économiques mais des spécialistes de l’invective rémunérée.

Les grands journaux ont en général abandonné les grands journalistes économiques au profit d’interventions d’universitaires politisés à gauche, puis devant leur nullité, devant les universitaires américains de gauche. Leur antienne : l’état c’est bien ; la dépense publique, c’est bien ; les impôts sur les riches c’est merveilleux ; Les syndicats, c’est formidable ; l’hyperindividualisme consumériste c’est mal ; l’Europe nous protège quand elle n’est pas « néoliberale » ; les Américains c’est mal.

Pas un jour sans un article dénonçant la croissance des inégalités, par une année sans livres dénonçant la croissance des inégalités. L’économie française est obsédée par les inégalités toujours croissante… chez les autres.  

Lorsque Macron annonce qu’il faudra tout de même débloquer la situation française, voilà que ce petit monde s’énerve et se moque d’un président qui « veut transférer les cendres de Thatcher la Salope au Panthéon » (sic).

On remarque alors que toute l’équipe économique autour de Macron était à la manœuvre pour faire élire Hollande. Les trois principaux sont des socialistes assumés dont l’amour de la fiscalité est la caractéristique principale. C’est à eux que l’on doit les « cadeaux au peuple » pour se faire élire et la pénalisation des retraités, des riches et des propriétaires d’immobilier.

On se rappelle la polémique lancée par le projet de Jean Pisani, (rejeton typique de la reproduction des élites politico administrative) qui voulait que les loyers qu’ils n’avaient pas à payer puisque propriétaires de leur appartement soient ajoutés dans l’assiette de l’impôt sur le revenu de ces affreux salopards. Devant le hourvari et le risque pour son candidat, il a osé parler de Fake News. Il revient à la charge avec Philippe Aghion et Philippe Martin, dans le projet de détacher l’étiquette de président des riches qui accable leur donneur d’ordre, en exigeant un virage à gauche qui serait matérialisé par un impôt foncier progressif qui ruinerait de façon radicale les riches propriétaires (en fait tous les propriétaires d’un appartement de plus de 100m2 à Paris).  C’est que tout ce petit monde enseigne à Science-po, devenue le dépotoir des « économistes » socialisants, (Leroy Beaulieu doit se retourner dans sa tombe) et fricote avec la fondation Jean-Jaurés.

Rappelons pour ceux qui ne connaissent pas Philippe Martin qu’il a été lauréat du prix socialiste du « meilleur jeune économiste », la même année que Picketty, c’est autre maniaque de l’impôt.

Rappelons-le : aucun de ces « économistes » marqués idéologiquement et politiquement n’a prévu la crise de 2008, apporté des lumières sur les grands sujets de l’époque, ni marqué la science économique de façon significative. Ils font juste une carrière politique administrative afin de s’enrichir et de connaître quelques honneurs. En criant inlassablement « vive l’impôt et mort aux riches ». Leur soutien successif, à DSK-Sautter, puis à Hollande, puis à Macron, leur garantit postes et tribunes, pourvu qu’ils jouent les cautions « de gauche ».  Un joli poste défiscalisé leur tendra les bras dans une institution internationale en dû temps. Le modèle c’est DSK.

On dira : nous avons enfin eu notre « prix Nobel d’économie » avec Jean Tirole. Son livre était tellement insipide que beaucoup se sont demandé à quel titre on lui avait accordé son prix. Sa prestation sur la crise dans le Figaro de ces derniers jours a été à l’image de son livre. Totalement sans intérêt. La crise : juste une question de régulation. Cette analyse de plombier chauffagiste a visiblement déconcerté l’interviewer qui s’attendait à du lourd. En vérité le prix a été donné à un français qui avait nommé son école spécialisée d’un nom anglais (The Toulouse Economic School). Tant d’ouverture au monde anglo-saxon se devait d’être récompensée surtout que quasiment tous les prix avaient été accordés à des Américains et des représentant du tiers monde et que l’Europe était à la traîne.

Disons-le clairement : Emmanuel Macron, s’il suit son équipe socialiste d’amoureux de l’impôt et de contempteurs de la propriété et des riches (en attendant d’en être) va « se planter grave ». A cause d’eux, il a déjà chargé autant d’impôts nouveaux qu’Hollande pour la première année de son règne. Le ras le bol fiscal est revenu. Aucune de réforme de structure n’a été faite, alors qu’on crie qu’on est en train de les faire.

Les conférences économiques de cet été en France ont confirmé la pusillanimité des sujets abordés.

Bouffés par l’insignifiance et la politisation, les économistes français ont disparu des radars.  Bientôt la France sera devenue une terre stérile pour l’économie. De même qu’elle importe de plus en plus de produits qu’elle est incapable des produire, elle importera la réflexion économique de l’extérieur, et parions-le, à 99,99% des Etats-Unis.

Une mort sans gloire.

Un anniversaire saumâtre : le déclenchement de la Grande Récession

Une crise encore largement incomprise.

Au fur et à mesure que l’on se rapproche du 15 septembre, dixième anniversaire du déclenchement spectaculaire de l’effondrement bancaire international de 2008, avec la faillite acceptée par Paulson de Lehman-Brothers, la presse revient de plus en plus largement sur son déroulement et sur le comportement des uns et des autres des dirigeants aux manettes à ce moment décisif.

Il est intéressant de constater combien les causes de la crise restent appréciées avec courte vue et légèreté.

« C’est une crise des « subprimes » américaines et de la finance mondialisée et dérégulée.   Un incident grave mais finalement bien cerné. Maintenant qu’on a étouffé les banques sous les réglementations diverses, les causes sont sous contrôle et il ne reste qu’à éliminer progressivement les conséquences de ce choc violent. On est sur la bonne voie mais il faut faire attention car les mêmes forces financières peuvent à nouveau se déchaîner, si on relâche la garde ». 

Tel est le mantra de pratiquement tous les articles écrits sur le sujet, que ce soit les propos tenus par les personnes interviewées ou les commentaires des journalistes.

Nous pensons que cette analyse est trop partielle. Elle fait l’impasse sur trois faits majeurs :

-        Les crises de 73-74, 92-93, et 2008 sont de même nature et ont les mêmes causes

-        Le taux de croissance n’a cessé de baisser depuis 1971 de décennie en décennie

-        Le taux de dettes n’a cessé de monter depuis 1971.

D’autre-part, on ne comprend pas pourquoi les banquiers se seraient mis tout soudain à faire n’importe quoi, même si la dérégulation bancaire et l’acceptation d’innovations financières dangereuses accélérèrent les difficultés à partir de la seconde partie des années 90.

Dans notre livre « l’Etrange Désastre » nous avons tenté de montrer que ces crises à répétition provenaient des énormes excédents et déficits de balances de paiement acceptés après l’abandon des disciplines des accords de Bretton Woods. Le recyclage d’excédents aussi massifs a créé une liquidité internationale délirante qui a transformé l’économie monde en économie baudruche. A chaque mini explosion, les banques centrales ont alimenté la machine pour qu’elle ne sombre pas et tout a recommencé un peu plus tard en plus grave, avec un gonflement de valeur d’actifs spéculatifs tout à fait artificiel. Les « subprimes » sont bien l’allumette qui a fait sauter la bombe, mais la bombe était constituée par une accumulation de dettes spéculatives autrement plus massives.

Le trou sur les « subprimes » était en 2008 de près de 600 milliards de dollars et d’après des estimations (dont on ne sait trop comment elles ont été faites et qui varient) la perte finale serait située entre 200 et 300 milliards de dollars. Et il a fallu que les banques centrales créent près de 16 mille milliards de dollars de monnaie et au total c’est environ 60 mille milliards de dettes nouvelles qui ont été générées pour passer le cap !   La perte instantanée était en septembre 2008 probablement proche de 10 mille milliards de dollars, vingt à quarante fois les pertes potentielles sur les « subprimes ».

Dans son interview au Figaro (29 août 2018), Nicolas Sarkozy indique « qu’il fallait avoir une cécité complète pour ne pas s’alarmer » des incidents financiers de l’été 2007, en particulier le blocage des trois fonds de la BNP. Mais lors de la campagne de 2006, il ne voyait rien venir. Nous avons écrit à son équipe de campagne de « ne pas annoncer qu’il allait redresser spectaculairement la croissance, alors qu’une crise majeure allait frapper son quinquennat ».  Sans réaction de sa part. Nous avons publié une version allégée sur le site du forum du Monde pour bien marquer que la crise arrivait et qu’il fallait s’y préparer. 

On sait que Mme Merkel, au moment de l’effondrement, était totalement larguée et continuait de raisonner en gardien du coffre-fort allemand. « La crise est la faute des autres qui ne devaient pas compter sur l’Allemagne pour payer les pots cassés ».  Sarkozy a raison de le rappeler. Mais ce que ni lui ni Merkel n’avait vu, c’est que les banques allemandes étaient automatiquement les plus atteintes puisque c’est elles qui recyclaient les prodigieux excédents allemands. Ce n’est pas seulement HRE qui est en faillite virtuelle en septembre 2008, mais toutes les landesbanken, la Dresdner et la Deutsche Bank, comme la suite le montrera. Merkel n’avait rien vu venir. « Les excédents c’est bien, c’est fort et les banques allemandes sont bonnes et fortes ». En fait elles étaient le moteur du recyclage des excédents et sont largement responsables des investissements douteux dans les pays du Club Med et surtout aux Etats-Unis, dans les subprimes et divers autres marchés spéculatifs.

La corrélation entre trop gros excédents et fragilité bancaire n’est toujours pas faite par les autorités. Dans la même édition du Figaro, Olaf Scholz (vice chancelier SPD de Merkel) considère que l’excédent du commerce extérieur allemand de 265 milliards de dollars, qui a déclenché la crise récente avec les Etats-Unis, ne sont pas un problème. Pour lui, l’Etat allemand n’est pas en cause. C’est juste le résultat de la bonne santé des entreprises allemandes qui sont bien intégrées dans la mondialisation.  « La croissance et la réussite d’un pays sont bonnes pour tous ». Quant au change, il n’est pas sous la direction de l’Etat allemand. Circulez, il n’y a rien à voir, surtout que nous menons une « politique social-démocrate intelligente ».

Nicolas Sarkozy, dans son interview, considère qu’il n’est pas nécessaire de connaître Ricardo, Keynes et Milton Friedmann, pour gérer une crise financière. C’était sans doute vrai au moment de l’explosion du système bancaire et son action en faveur d’une « bombe atomique » lancée contre la spéculation par la BCE a été salutaire, alors que Trichet était dépassé. Mais il devrait tout de même lire le discours aux communes de Keynes expliquant le lien entre désordre monétaire, crise et trop gros excédents commerciaux. Du coup il comprendrait pourquoi la crise est survenue et surtout pourquoi elle risque de revenir. Car s’il craint le retour de la crise il ne dit pas pourquoi les mesures prises ne suffisent pas à l’empêcher. Ricardo a aussi quelques très bonnes pages sur la confusion entre mercantilisme accumulant de l’or et création de richesses. Quant à Milton Friedman, une bonne partie des critiques faites à l’organisation de l’Euro était pertinente. Ce qu’on a vu en 2011.

Il se trouve qu’Emmanuel macron vient d’annoncer et son plan économique interne et son orientation européenne. En route pour une diplomatie économique !  Elle n’est conçue que comme une aide aux exportations. Si le pays n’est pas compétitif, c’est un leurre. Le premier acte d’une diplomatie de la prospérité est d’abord de restaurer la compétitivité du pays et redresser ses comptes. Ce que jusqu’ici, il n’a pas osé faire.   Ensuite de bien comprendre ce qui ne va pas en Europe et dans le monde. Dans une ambiance qui a vu la croissance baisser chaque décennie, ponctuée à chaque fois par une crise toujours plus grave, il importe d’avoir compris pourquoi. Le président n’a jamais énoncé de diagnostic précis sur cette question. Voici que justement Donald Trump frappe la France à cause des énormes excédents allemands. Et que le FMI rappelle que les gros excédents posent un problème. Il serait donc temps d’avoir une vision claire de ces questions. D’autant que Mme Merkel veut imposer un candidat allemand à la présidence de Commission Européenne.

Une diplomatie de la prospérité passe obligatoirement par une stratégie pour mettre fin aux dysfonctionnements globaux du système monétaire international et à ceux de la zone Euro. Sur ces deux questions le silence est total aussi bien dans les propos du Premier Ministre que dans ceux du Président.

Nous sortons en loques d’une crise internationale d’une rare violence et d’une période où l’Europe a fait pire que tout le monde ; les Etats-Unis nous agressent ; les Chinois utilisent leurs excédents colossaux pour acheter notre capital et des entreprises stratégiques dans l’énergie.  Et nous n’avons rien à dire, rien à faire et aucun but diplomatique ?

Nous sommes de ceux qui pensent que c’est une honte française. On peut être en difficulté. On n’a pas le droit de ne rien comprendre et de ne rien faire de véritablement efficace par crainte des réactions syndicales et électorales. Surtout quand tous les mécanismes de la crise ont été explicités par des économistes français de grand talent : Jacques Rueff et Maurice Allais que nos Présidents seraient bien inspirés de relire. 

Une de fois de plus les économistes ne facilitent pas la conversion des politiques.  Un rapport dont toute la presse s’extasie une fois de plus explique la crise par des éléments non significatifs : la prétendue baisse structurelle de la productivité avec des innovations qui ne créent pas d’emplois, ou même, comme les développements récents de l’intelligence artificielle, en supprimeraient l’essentiel, le vieillissement de la population, les écarts de rémunérations. Ce qui est déclaré comme des causes sont pour la plupart des conséquences. Dans une économie baudruche les actifs sont grossièrement surévalués et donc les possédants paraissent avoir une part augmentée. Mais c’est toujours la même maison et toujours le même portefeuille boursier. L’échelle de mesure a changé ( la valeur réelle des principales monnaies a chuté de plus de 95% depuis 1971 ), mais les biens eux-mêmes sont quasiment les mêmes. L’innovation ne produit de productivité et ne crée de l’emploi que si la conjoncture est bonne. Elle ne l’est que de façon artificielle dans une économie baudruche.

Si on restaurait des institutions économiques et financières correctes dans le monde et en Europe, on verrait que la croissance est possible avec une régularisation de bien des excès actuels. La vraie question apparaîtrait alors : le caractère fini des ressources naturelles consommées et les effets globaux des déchets de production et de consommation. Ces deux questions ne peuvent trouver de solution que dans un cadre économique global sain.

Sortir le monde de l’économie baudruche est actuellement le seul combat économique qui vaille. Il faut bien reconnaître que, malgré des progrès, le monde regarde ailleurs.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

Rachat d’actions par les entreprises en économie baudruche

Dans une économie baudruche où la liquidité sans cause économique réelle est gonflée d’une part par la nécessité de corriger les conséquences de la récession précédente et par l’effet mécanique des excédents massifs de balances de paiement, le rachat de leurs propres actions par les entreprises est un symptôme de maladie, pas de bonne santé.

En temps normal les entreprises qui fonctionnent bien ont toujours une pléthore de projets d’investissement à examiner et le plus difficile est de les sélectionner sans complaisance et avec pertinence. On peut même dire que c’est la valeur ajoutée propre du plus haut dirigeant. La théorie veut qu’un rachat d’action est légitime lorsqu’il y a pénurie de projets rentables et qu’il vaut mieux rendre l’argent aux actionnaires pour qu’ils le placent ailleurs. Ceci n’arrive jamais.  Il faut des circonstances exceptionnelles et douteuses pour que, des entreprises cotées rachètent, en grand nombre leurs actions. La première est un crédit tellement peu cher qu’il permet à la fois de financer l’investissement et le rachat d’actions. Les cours montent. L’endettement monte également mais les ratios ne sont pas perturbés puisque le cours des actions a monté, revalorisant le capital. Mais tout est artificiel.

Les dirigeants touchent des primes de bilan fondées sur aucun résultat opérationnel, seulement sur des plus-values artificielles. Les banques sont leurrées par une valeur de capital qui ne correspond à rien sinon l’activisme des banques centrales. Le haut de bilan l’emporte sur le compte d’exploitation, l’une des caractéristiques majeures de l’économie baudruche.

Dans le cas actuel des États-Unis, l’énorme afflux de placements en provenance des pays excédentaires en dollars s’ajoute à l’inflation des signes monétaires de la FED et au rapatriement des bénéfices conservés à l’étranger pour des raisons fiscales.

Les rachats correspondent donc à trois anomalies et à aucune logique économique conjoncturelle ou structurelle. Ils sont le signe d’une maladie pas d’une bonne santé de l’économie.

Deux expériences socialistes très pédagogiques

Le retour des hyperinflations

Dans un monde de changes flottants qui s’internationalise brutalement depuis 1971, certaines expériences font figure de leçons de choses monétaires.

Le Zimbabwe, de tous les pays de l’Afrique australe, est celui qui est sorti de la guerre d’indépendance avec les meilleures chances de prospérité. L’ex-Rhodésie est un pays riche. Salysbury, devenue Harare, sa capitale, est une ville charmante, bien desservie et moderne. L’agriculture est prospère, équilibrée entre production vivrière et productions exportatrices. Elle couvre les besoins alimentaires du pays et peut même participer aux plans mondiaux de fourniture assistée de nourriture. Sa place dans la vente de tabac sur le marché international est importante. Le pays est, malgré les drames de la guerre d’indépendance, comme une sorte de Suisse africaine avec un climat favorable et de très bonnes terres.  Les ressources naturelles sont gigantesques et intéressantes parce que largement inexploitées, en dehors du zinc et de l’or, dont on sort des tonnes chaque année d’un sous-sol prodigue. Robert Mugabe, le dirigeant du parti dominant qui avait guerroyé contre les colonisateurs britanniques, et représente l’ethnie principale, se pose en modéré et dispose dans les milieux de gauche, notamment français, d’une mansuétude tout à fait exceptionnelle.  La transition est bien organisée par la Grande Bretagne, avec une apparence de bonne volonté générale qu’on retrouvera plus tard en Afrique du Sud.

Tout le monde croit un instant que la transition vers une démocratie qui tienne compte de la majorité noire sans rejet de la minorité blanche va bien se passer. Le rêve ne durera pas.

Le « progressiste » Mugabe va se transformer rapidement en tyranneau africain caricatural, riche à milliards et cherchant d’inlassables réélections par la force et les exactions. Tout commence par un génocide atroce, la race minoritaire qui avait fourni sa quote-part du mouvement indépendantiste est décimée. La Corée du Nord fournit, contre rémunération, les cadres techniques militaires de ce génocide. Par intérêt personnel, l’équipe Mugabe se mêle de la guerre au Congo en contrepartie de mines (une mine de zinc lui est offerte à titre personnelle !) et d’argent. Le régime s’attaque ensuite aux Blancs, propriétaires de la majorité des exploitations. On en tue une partie tout en expropriant les autres. Les meilleures terres sont confisquées par la famille de Mugabe et des dirigeants proches. Les milices du Zanu-PF, le parti du président, sont dirigées par un reître répondant au nom évoczteur de « Hitler ». Evidemment tout s’écroule. Les mines ne produisent plus. Les champs deviennent stériles. Entre un quart et un tiers de la population fuit le pays et sa misère pour tenter sa chance ailleurs.  La planche à billets est mise contribution.  L’inflation qui oscillait entre 20 et 50% passe soudain le cap de 100% en 2001. On est à plus de 1000 % en 2006, 66.000 % en 2008 et finalement 80 milliards % en novembre 2008. Le tout forme le plus bel exemple d’hyper inflation depuis celle qui a ravagé l’Allemagne un siècle plus tôt. Les institutions internationales chargées à la fois d’éviter les génocides, d’aider au développement et d’assurer la stabilité monétaire ont été totalement impuissantes.  Le régime vend alors des pans du pays à la Chine, pour maintenir les revenus somptuaires de ses dirigeants. Gorgée de réserves en dollars, grâce aux changes flottants et l’acceptation par la communauté internationale de ses énormes excédents, réserves dont elle craint la volatilité, la dictature communiste Chinoise s’installe et commence à récupérer les richesses du pays, pratiquement sans utiliser aucune main-d’œuvre locale. Le dollar devient la monnaie du pays. Mugabe, devenu un vieillard sénile, sera forcé à la démission lorsque sa femme, beaucoup plus jeune, entendra lui succéder. Ce sera un des responsables du génocide initial qui parviendra au pouvoir.

Retenons les caractéristiques de cette histoire : génocide et crimes contre l’humanité, fausse démocratie et vraie dictature, appel à des dictatures communistes pour installer son pouvoir, épuration ethnique et sociale, corruption absolue, ruine du pays, crise humanitaire, émigration de masse des populations, hyperinflation, et finalement affermage partiel du pays à la Chine pour sauver la fortune des dirigeants. Cette descente aux enfers sera presque totalement occultée par la presse française, jusqu’à un revirement récent, Robert Mugabé trouvant en permanence des soutiens actifs auprès de la presse de gauche, plus soucieuse de stimuler la repentance occidentale vis-à-vis des « victimes de la colonisation blanche, génocidaire et inexcusable » que de faire connaître et condamner les dérives ignobles d’une figure idéalisée du tiers-mondisme africain.

On retrouve exactement les mêmes caractéristiques dans l’évolution de la situation du Venezuela. Le pays est extrêmement riche. Il dispose de réserves pétrolières gigantesques. Son potentiel agricole est excellent, avec des possibilités vivrières pour la consommation locale et des produits d’exportation. La hausse vertigineuse des prix du pétrole après 1973 offre au Venezuela la possibilité d’une prospérité unique.  Après l’élection de Chavez, un ancien dirigeant des mouvements révolutionnaires communistes, le pays se lance dans la construction d’un « socialisme bolivarien » assis sur la rente pétrolière.  Le chavisme détruit progressivement la démocratie et la propriété privée. Il arme des milices. Les entreprises étrangères sont nationalisées. La destruction de la production, le développement de l’insécurité, les exactions répétées du pouvoir, finissent par avoir raison de la prospérité du Venezuela. Chavez a fait appel à la dictature cubaine pour épurer l’armée et en contrôler les rouages de commandement. Les nouvelles entreprises nationalisées sont incapables de maintenir la production. Rapidement tout manque dans un pays où la rente pétrolière permettait naguère de fournir à la population les produits de première nécessité qui n’était pas produit localement. Lors que le cours du pétrole s’effondre, le régime est pris de panique. Chavez décide de s’affranchir de toutes les règles et institutions internationales. Il quitte le FMI et met la banque centrale sous tutelle du gouvernement. La planche à billet commence à tourner à plein régime. Les prix enflent en même temps que les pénuries s’aggravent. A sa mort, le pouvoir passe à son adjoint Maduro qui aggrave tout.  Il met fin de facto à la démocratie en imposant une chambre constitutionnelle dictatoriale, élue dans des conditions telles que les députés pro-régime ne pouvaient être que majoritaires. La misère commence à s’installer en même temps qu’une émigration de masse commence. Plus de deux millions de personnes fuient un pays où la sécurité disparait. La criminalité explose. Les meurtres sont quotidiens. Le gouvernement est aux abois. L’inflation s’installe et s’emballe. Elle tourne à l’hyper inflation à partir de 2017. En 2018, elle atteint un million de pourcent. Les dirigeants « socialistes bolivariens » se tournent vers la Chine qui fournit les dollars nécessaires à la survie du régime, contre pétrole et matières premières.  Contrairement à Mugabe, Maduro décide d’innover en créant à l’été 2018 une « crypto-monnaie », le Petro, dont le prix unitaire est celui d’un baril de pétrole, et un Bolivar dit souverain « basé » sur le Pétro. On en est là, avec une crise humanitaire et une émigration qui déstabilise les pays voisins, notamment le Brésil et la Colombie.

On notera aussi ici le soutien indéfectible des médias socialistes et tiers-mondistes français à cette nouvelle expérience socialiste tragique et criminelle, au point qu’un candidat à l’élection présidentielle française de 1917 crut devoir se déclarer un partisan farouche de la « révolution bolivarienne ».  

Il est vrai que les deux « expériences » socialistes présentent d’autres parentés : même ruine du pays ; même destruction de la démocratie ; même émigration ; même recours aux militaires de dictatures communistes pour mater le pays (Corée du nord ou Chine) ; même hyperinflation ; même recours final à une Chine gorgée de dollars par ses énormes excédents ; même haine des pays occidentaux qui avaient fait la richesse des deux pays ; même impuissance des institutions internationales.

Ces deux histoires sont sordides. En dehors des aspects idéologiques et politiques de ces désastres, une réflexion s’impose sur les conséquences du système monétaire international boiteux qui a été mis en place et l’effondrement des institutions multilatérale mises en place par Roosevelt. L’évolution interne des deux pays est certes dictée principalement par les mouvements politiques qui s’y déroulent et la logique de destruction de l’économie et de la démocratie qui est le propre de ces expériences socialistes radicales, mais le système global, totalement déséquilibré, qui s’est mis en place à partir de 1971, a aussi un rôle. Les deux pays étaient parfaitement insérés dans l’économie mondiale et prospères. Ils étaient membres des institutions internationales. Merveilleusement dotés par la nature pour triompher dans la mondialisation, ils devraient être aujourd’hui des exemples de réussite sociale et économique. L’intégration des populations noires et indiennes et leur promotion sociale auraient été faciles à réaliser dans le cadre des Trente Glorieuses.  

Le fait que le monde soit entré dans un système qui a vu une baisse constante du taux de croissance mondial, le déchaînement de crises périodiques de plus en plus graves et la concentration d’excédents massifs dans certains pays, ont eu des conséquences aggravées dans les pays ayant fait le choix d’un socialisme radical. Les crises ont permis l’arrivée démocratique de partis qui ne l’étaient pas ou ont entraîné les dictateurs à rechercher des moyens de faire face à des pertes qui affectaient directement leur fortune et leur maintien au pouvoir. Les deux hyperinflations surviennent après que le chaos sur la scène internationale se soit installé. La Chine n’aurait pas pu mener sa politique actuelle si on lui avait interdit d’accumuler des excédents monstrueux en dollars.

Logiquement, les pays qui ont réussi à sortir du socialisme ont vu leur niveau de vie augmenter et ceux qui ont été forcés à y entrer se sont retrouvés dans la misère.  

Les institutions multilatérales se sont montrées totalement incapables de juguler l’effondrement démocratique et économique des malheureux pays concernés. L’ONU, la Bird, le FMI, le Tribunal Pénal international ont été aux abonnés absents.

Les deux exemples cités sont aussi symptomatiques d’une double faillite du système monétaire international et de du multilatéralisme. Ces deux drames méritent mieux qu’une simple dénonciation de dirigeants-voyous et de leur idéologie délétère. Une économie mondiale mieux organisée et une action internationale plus ferme, excluant de ses instances les nations tentées par ces expériences et interdisant à ses membres tout commerce et aides financières, auraient permis de sauver du drame humanitaire généralisé que l’on constate les populations civiles sacrifiées.

Défis de la réforme de l’enseignement de l’économie au lycée

On connait la démarche classique de la construction d’un programme de lycée, en matière de sciences. Les plus hautes autorités universitaires de la discipline sont invitées à adapter les programmes en fonction des dernières découvertes et à transformer le lycée en nouvelle propédeutique préparant le passage à l’université. On bouleverse en général et le savoir et la démarche intellectuelle qui a permis de l’acquérir. En même temps, le processus est laissé à la cogestion avec les syndicats d’enseignants, en général marxistes d’inspiration et de transpiration, qui viennent ajouter la pincée d’idéologie mortifère habituelle au nom de la « non reproduction des élites » et de la conscientisation des masses sur les méfaits du capitalisme.

Les résultats sont généralement désastreux. L’orthographe a été massacrée. L’histoire a été presque totalement détruite. Les mathématiques modernes ont été l’échec dramatique que l’on sait. L’économie a été réduite à une critique du capitalisme et une ode à la justesse des revendications sociales.

Comme, en plus, on ne veut pas que les parents puissent interférer avec « la puissante construction républicaine d’une jeunesse émancipée » et surtout conforme aux canons du socialisme avancé, cela donne un brouet qui tourne à l’infâmie. L’édition scolaire étant largement tenue par des gauchistes ou même carrément des communistes, comme Nathan, et les parents n’achetant plus les livres, qui sont fournis gratuitement par l’Etat Moloch et choisis par des « enseignants »  (il n’y a presque plus de vrais professeurs dignes de ce nom) ou plutôt, à 85% par des enseignantes, dont le seul mérite est d’avoir milité dans des CAL puis trainé à l’université avant de passer entre les mains des « pédagogos », le spectacle final est sinistre et explique largement l’effondrement du niveau général.

Quiconque a été invité à exposer devant des lycéens le sait : connaissance nulle ; moraline et politiquement correct envahissant.

En matière économique, le caniveau scolaire charrie une telle quantité d’idéologie anticapitaliste que cet enseignement ne sert ni la connaissance de la discipline, ni la formation du citoyen, mais parvient tout juste à fournir quelques abrutis conditionnés pour « nuits debout » et l’alternimportequoi. Les ceusses qui choisissent de devenir journalistes de radio sont nourris à la même mamelle.  On voit le résultat tous les jours dans les radios et sur la TNT : exaltation de la critique du capitalisme ; privilège accordé à tout ce qui est contre ; luttes sociales sacralisées ; blabla ininterrompue sur les inégalités ; cris sans cesse répétés de Vive L’impôt ;  obligation d’équilibrer toute présence d’un commentateur « libéral » par quatre à cinq énergumènes de gauche qui couvriront sa voix pour éviter qu’il n’entache la foi du peuple.

La France a donc atteint en économie le niveau affligeant que tous les observateurs ont bien été obligés de relever. On parle de notes en dessous du zéro Kelvin.  En résumé : capitalisme = beurk ; capitalistes = salauds. Les écolos verts-rouge ont ajouté leurs strates : « la croissance assassine la terre. Il est trop tard pour réagir.  Nous allons assister à l’effondrement proche de la société thermo-industrielle ». Cet économisme écolo-socialiste, à tendance catastrophiste et fin du monde, est à la mode chez les « gnangnantes » qui veulent épargner aux chères têtes brunes qu’on leur a confiées le soin d’accepter la société où ils sont nés et que leurs parents ont rejoint parce qu’elle était prospère.

La production, c’est mal. La consommation ; c’est mal. L’exploitation des autres pour ses petits besoins, c’est mal. Vive la fin du salariat. Les entreprises sont des engins malsains. Rien que des voyous qui fraudent le fisc, trompent le consommateur et tuent l’environnement. Mais, zut, quand est-ce qu’on nous augmente, nous pauvres persécutées et déclassées ? Et où ais-je mis mon téléphone portable hyper sophistiqué qui m’est si nécessaire pour préparer la prochaine festouille, pardon, manif ? Toutes ensemble ! Toutes ensemble !

On dira : vous caricaturez. C’est vrai, mais à peine. Disons que le trait est un peu forcé pour bien souligner le visage de la réalité. La plupart des personnes qui enseignent l’économie sont en général profondément ignorants et n’ont même pas de passion partisane. Tout ce petit monde flotte comme les yeux dans le potage. De temps en temps, un passionné arrive à intéresser son auditoire captif.

Les économistes universitaires ont tenté de sortir du piège de leur mise à mort sociale comme agent de la domination capitaliste et de l’assassinat de Gé, en sombrant dans la mathématique approximative et les modèles. On privilégie la microéconomie en l’agrémentant de formules mathématiques plus ou moins complexes. Dès les années soixante la réforme des programmes universitaires a été de les charger en mathématiques, mal enseignées avec des polycopiés indignes, pour donner du sérieux à la discipline, faire de la sélection et éviter de tomber dans la sociologie politique sous domination syndicalo-gauchiste.

Les projets connus annoncent qu’on pourra faire des exercices de maths avec de l’économie à l’école. Plus neutre tu ne peux pas !  Dès qu’on affirmera une loi un peu trop libérale, on s’excusera, en montrant qu’en effet le modèle est pur mais la réalité impure.

Tout cela est parfaitement ridicule. Le conflit entre économie libérale et économie marxisante n’a pas d’objet : il n’y a pas d’économie marxisante qui tienne !  Cf l’URSS, Cuba, le Zimbabwe, la Corée du Nord, le Venezuela post Chavez et le régime de M. Ortega.

Alors on reprend le débat en opposant keynésianisme et néolibéralisme, qui n’a pas plus de sens car tout le monde connait les résultats des excès des émules étatistes de Keynes, comme les échecs récurrents de l’application des préceptes de Milton Friedman.  On ne fonde pas une formation scolaire sur des théories problématiques qui ont échoué, ni sur des querelles.  

L’enseignement de l’économie doit d’abord s’assurer que les élèves comprennent les principales notions et possèdent les chiffres clés. Enseigner quelques mécanismes fondamentaux et décrire les grands évènements économiques devraient être la seule ambition de l’enseignement économique au lycée.

La mathématique microéconomique est une facilité et un piège. Elle permet de « neutraliser » la discipline mais du coup elle n’a plus aucun caractère intéressant, ni même utile, étant totalement coupée des réalités.

Le terrain scolaire est tellement verrouillé par des syndicats politisés, qu’il parait peu probable que les réformes envisagées soient utiles. De toute façon, l’édition scolaire se chargera de maintenir le climat de domination idéologique gauchisant qui prévaut. Ne jamais oublier qu’une enseignante a la liberté de choisir le manuel mais que les syndicats veillent.  Ne pas acheter le bon manuel vous classe. Ou vous déclasse. Les syndicats gèrent votre carrière. La coercition sociale existe en France dans l’Edunat. Pour avoir la paix, la facilité est de rester dans le courant dominant.  Comme les enseignants (tes) actuels (lles) d’économie qui ont une formation mathématique sont une espèce quasiment inexistante, croire qu’ils vont enseigner des équations plutôt que de prêcher la bonne parole est d’une parfaite drôlerie !

L’Economist dans un numéro récent explique qu’il est extrêmement difficile d’enseigner la macro-économie, (assimilé à une escroquerie intellectuelle par une grande partie des économistes en provenance des grandes universités américaines). L’ennui, c’est qu’ils n’ont pas d’explications de la crise de 2008, sinon pour expliquer que ce sont des vilains et les Etats qui ont faussé le libre et bénéfique jeu du marché.  Il faut se rappeler le diagnostic du premier G.20 après le déclenchement de la chute des banques. Les normes comptables, les bonus, la cupidité des banquiers, tels étaient les causes !  Une « explication » qui n’est qu’une « expiation » sur le dos des autres.  

La science économique est en difficulté, comme science dure. Il est normal que son enseignement ne soit pas facile. En France, la difficulté est multipliée par les résidus d’idéologie qui enserrent encore les esprits et animent les syndicats. Et une partie des enseignants : M. Alexis Corbière et Mme Nathalie Arthaud dont tout le monde a eu l’occasion de méditer la modération dans l’engagement gauchiste, donnent une bonne idée du problème.

L’important est de donner des connaissances indiscutables et il y en a beaucoup. Et de ne jamais transiger sur la neutralité scolaire, sans sombrer nécessairement dans l’abstraction mathématique.  

Commerce extérieur français en déficit : une surprise ?

Le commerce extérieur français continue sur sa belle trajectoire de déficits. Quelle est la cause première de ces déficits récurrents ? Le manque de compétitivité et de productivité. Quelle est la cause de ces manques : la réduction administrative du temps de travail et l’excès de dépenses publiques et d’impôts.

En dépit de tous les articles et éructations, sur la TNT, des collectifs d’économistes socialisants, l’effondrement du commerce extérieur suit inéluctablement le passage forcé aux trente-cinq heures. Dans un pays où l’Etat collecte près de cent pour cent de la valeur ajoutée des entreprises non financières de plus d’une personne, ce qu’on appelle les entreprises, et détourne à son propre profit et celui de ses agents, l’essentiel de la richesse produite, il est normal que la production vienne pour une bonne part de l’étranger et que l’exportation soit difficile. Pour corser l’affaire, sous l’influence des communistes depuis la Libération, le gros des charges sociales et de l’impôt pèse sur la production. On importe des produits sans charges sociales contre des produits avec charges sociales.  Si celles-ci étaient faibles, ce serait déjà un problème, mais ce sont les plus lourdes du monde. On a par ailleurs chassé « les riches », mettant notre industrie entre les mains de l’étranger.

Comme nous sommes nés malins, nous avons multiplié l’importation d’étrangers inactifs en faisant fuir nos actifs nationaux.  Nous avons confié les règles du commerce extérieur à des étrangers, via l’Union Européenne qui n’a d’autre envie que de passer des contrats de libre échange qui met nos industries directement en concurrence avec des pays à salaires misérables et population innombrable, et ceux techniquement les plus avancés.  

Il faut bien voir que des déficits commerciaux se traduisent par la captation de l’épargne nationale par l’étranger ce qui nous impose, pour maintenir notre niveau de vie, de recourir massivement à l’emprunt. Emprunt de l’Etat éternellement en déficit et des particuliers qui n’ont pas le choix. Heureusement, pour sauver les banques de l’explosion de l’économie baudruche mise en place en 1971, la BCE maintient depuis des années les taux à un niveau ridiculement bas, propice à toutes les bulles. Il permet à l’étranger de piller ce qui reste de nos entreprises.

La France dispose donc d’une économie totalement voilée, faussée, la production suivant les dépenses publiques plus que les besoins exprimés par la population. Quand on sert la dépense publique on n’exporte pas. Quand on construit des milliers de ronds-points, on n’exporte pas. Quand on investit indéfiniment à pertes dans des lignes de chemins de fer sans rentabilité, on n’exporte pas.  Quand on cherche à réduire les dépenses de santé « gratuites », en allant importer des pays à bas salaires la presque totalité des spécialités, on détruit son industrie du médicament et on n’exporte pas.

Il est désormais parfaitement clair que le gouvernement actuel est ce que nous dénonçons depuis le début : le champs clos de l’Enarchie Compassionnelle triomphante, qui a gagné la dernière présidentielle grâce à une démagogie sans limite et l’astucieuse destruction orchestrée du candidat Fillon.

Depuis maintenant un an, aucune mesure de fond permettant de restaurer la compétitivité et réduire la dépense publique n’a été prise.  Aucune sérieuse.

On parle de quelques centaines de postes de fonctionnaires supprimés. La dépense publique a fortement augmenté. Aucun effort de réduction des charges sociales portant sur l’entreprise (on a évacué sur les retraités une partie des charges sociales salariales). Les grandes entreprises publiques du passé (Air France, EDF, France Telecom, la Poste, la SNCF, la SNCM…) restent des boulets syndicalisés qui multiplient les pertes et les exactions contre les Français.  Les prélèvements fiscaux de cette première année sont supérieurs à ceux de la première année de l’hystérique fiscal Hollande !  Personne au gouvernement ne sait comment se sortir du piège de la suppression de la taxe d’habitation et de la révolte des collectivités locales accros depuis des années à des dépenses démagogiques sans limite, voire à une hystérie vélo-bobo-socialo-gaucho destructrice, comme à Paris.  

Alors tout le monde emprunte et importe, sans le savoir. 18 ans de ce régime a mis la France au rang de puissance marginale et la phrase la plus entendue dans les milieux qui ont les moyens de compter est : « la France, c’est fini ; ce n’est plus là que cela se passe ».

Nos exportations sont le plus souvent le fait de grands marchés vulnérables. Dassault est sous la menace d’un embargo américain sévère, comme Airbus. L’affaire iranienne montre la vulnérabilité de Total et des constructeurs automobiles français. Comme nous avons systématiquement empêché les PME de grossir, du fait des effets de seuils et des prélèvements abusifs sur la réussite, même petite, nous n’avons pas de Mittelstand permettant d’exporter des produits ciblés et mondialisés. Nous avons été sortis et depuis longtemps des marchés technologiques de pointe.

Virés de l’informatique, virés d’internet, virés de la téléphonie mobile, virés de la mécanique, virés de l’électronique, virés des réseaux sociaux, absents des technologies vertes, ridiculisés par les Chinois dans le nucléaire, anglosaxonisés et marginalisées dans l’industrie musicale et plus généralement la Culture, où est donc la France qui innove et qui prend des places de n° 1 mondial ? L’édition proprement française est quasi morte comme la presse d’ailleurs. L’agriculture française commence à montrer des béances de compétitivité, du fait de son organisation presque purement administrative, voire communiste (Modev etc.). Même l’agroalimentaire, le vin, la mode, le luxe et le tourisme commencent à souffrir. La plupart de nos grands hôtels appartiennent désormais à l’étranger. Les grands groupes qui marchent vivent la main dans la main, et la main dans la bourse, de l’Etat et des collectivités locales, ou ont été rachetés par l’étranger ou sont à la veille de l’être.

Quant à nos grandes administrations, elles sont toutes dans le désarroi depuis longtemps. La justice est effondrée sans espoir depuis qu’elle s’est mise au service de la délinquance (qui n’est coupable de rien puisque victime de la société bourgeoise)  et a choisi de chasser le bourgeois (la source de tous les maux) ; l’école n’est pas loin du néant comme l’université ; la police est dépassée par la délinquance des vrais voyous; les armées fonctionnent avec des bouts de ficelle (et des fournitures venant de l’étranger ; la diplomatie française gère la fermeture de toutes les institutions qui faisaient notre rayonnement et accélère la marginalisation du français comme langue utile.  Notre langue cesse même d’être une langue enseignée dans de multiples pays.  C’est peu dire que le régalien en France est à la dérive. Quant aux naissances, elles ont commencé leur baisse historique, à force de démanteler les dispositifs natalistes.

On dira : M. Blanquer a commencé à redresser l’école. On a supprimé quelques abus avec la nouvelle loi sociale. On a supprimé pour l’avenir (lointain) le statut de cheminot. On a réduit l’ISF en IFI. Le forfait sur les revenus de l’épargne a mis fin à une mesure dramatique pour l’épargne. C’est vrai, c’est bien, mais c’est peu.

Compte tenu du coût aberrant des réactions syndicales communistes, il aurait peut-être mieux valu aller beaucoup plus loin tout de suite, après avoir réformé lourdement le droit de grève et les financements syndicaux.   

La haute fonction publique qui tient l’Etat et la Nation, en les ruinant tous les deux, à la manière de l’aristocratie d’ancien régime, est d’abord soucieuse de sa propre conservation. Elle considère qu’elle ne passe pas par une meilleure productivité du pays, trop rugueuse à imposer tant les remises en cause sont nombreuses et importantes.

Nous conserverons donc des millions de chômeurs et des millions de fonctionnaires ou de personnes dépendant directement de la dépense publique (près de 15 millions de foyers tout de même, sans compter les retraités, plus de trente millions avec).

Notre déficit extérieur restera, pour sa part, majestueux. Un pays qui n’a jamais su avoir des finances publiques équilibrées depuis le triomphe des Enarques lors de l’élection de Giscard comme Président de la République et de la nomination de Chirac comme Premier Ministre, jusqu’à l’élection de Macron à l’Elysée et de Philippe à Matignon, ne peut pas espérer avoir un poids économique mondial positif. Supprimer les déficits abyssaux, les impôts confiscatoires, les dépenses folles, la cogestion syndicale des administrations, de la santé, de l’agriculture, de la culture serait, pour l’Enarchie, la même horreur que vider l’eau du bocal pour le poisson rouge.

La réforme de la Constitution est désormais morte avant d’être enterrée. Il est vrai qu’elle ne servait à rien. Elle n’aurait eu de sens que si ces trois articles avaient été ajoutés :

-        Nul ne peut être élu dans une assemblée qui fixe l’essentiel de sa rémunération et de ses conditions d’emploi.

-        Nul ne peut bénéficier de deux rémunérations de l’Etat ni cumuler une rémunération d’Etat et une rémunération privée.  

-        Ne peuvent bénéficier d’un statut de fonctionnaire que les très hauts fonctionnaires dont l’emploi par l’Etat est discrétionnaire et qui doivent être protégés du risque politique (soit pas plus de quelques milliers, tous les autres devenant contractuels).

A la benne Benalla et la réforme constitutionnelle ! Pendant ce temps-là M. Juncker, sans mandat, va à Canossa-Washington négocier avec M. Trump.  Le story telling avait été grandiose : « on ne pouvait rien espérer. Mais un accord miraculeux a été signé. Merci qui ? ». Communication quand tu nous tiens ! Comment peut-on représenter en même temps les intérêts d’un pays excédentaire jusqu’à l’indécence et la France ? La question ne sera pas posée.

Dans ces conditions, comment croire que les comptes extérieurs français se corrigent tout seuls ?

Ce blog a dix ans

Nous fêtons le dixième anniversaire de ce blog, créé en 2008 à la suite d’une première approche, lancée 11 ans plus tôt sur le forum du Monde, avec les mêmes ambitions. En 1997, nous pensions que l’économie était mal traitée dans la presse dominante et que Maurice Allais n’avait pas été compris. Une crise grave était en préparation dans l’inconscience générale, alors qu’une « économie baudruche » s’était installée sur les décombres des Accords de Bretton Woods. L’Europe de l’Euro étaient en marche avec des risques très sérieux, totalement minorés ou ignorés. La France s’enfonçait doucement alors que triomphait ce que nous appelons l’Enarchie Compassionnelle, sous l’effet du poids excessif de la dépense publique, d’une perte de compétitivité massive liée aux 35 heures, de l’étouffement des entreprises soumises à la dictature des juges, de la taxation confiscatoire des « possédants » et du bannissement des « riches ».

L’opinion telle qu’elle était exprimée dans la presse semblait incapable de sortir d’un discours obscurantiste déplorable mêlant les reliques de la domination marxiste à gauche et les délires du « politiquement correct » issu des universités américaines. Le gauchisme et la posture antibourgeoise étaient désormais la doctrine dominante et obligée chez les journalistes, avec de moins en moins de freins. Le forum est une technique qui vous informe très vite des mouvements d’opinion et dès 1999 l’exaltation de la haine, reconnue aujourd’hui comme la marque des « réseaux sociaux », était perceptible, rendant très difficile les dialogues positifs. Les concours de postures valorisantes et moralisantes, sans valeur et sans morale sous-jacentes, avec appel à la meute contre les vilains, étaient déjà parfaitement perceptibles en 1997. 20 ans après, ils ont pris une ampleur démentielle, tuant radicalement toute réflexion de bonne foi et construite sur les faits et non sur des actes de foi ou des marques de soumission idéologiques.

Incapacité de comprendre les dangers des changes flottants et des grands déséquilibres, incapacité à comprendre la crise argentine et plus généralement la crise appelée à tort des pays émergents, incapacité à voir venir l’effondrement du début des années 2000, incapacité à voir les conséquences délétères des 35 heures, incapacité à comprendre le caractère dépressionnaire de l’Eurosystème, incapacité à juger la politique Schroeder à sa juste valeur, incapacité à comprendre l’effet sur la classe ouvrière occidentale de la promotion des peuples anciennement soumis au communisme, incapacité à comprendre que les marchés ne règleraient pas tout et que la finance était devenue folle, tout cela était manifeste entre  1997 et 2005 mais très mal compris. Les éructations chauffées à blanc et les analyses sous prismes idéologiques déformants, témoignent de l’état mental de ceux qui s’y laissent aller, mais ne disent rien sur les réalités.

L’abandon à plusieurs reprises des historiques du forum du Monde, empêchant de faire le lien entre des projections et la réalité, a contraint notre petit groupe à se réunir et à créer un site spécialisé. L’arrivée d’une crise majeure de type 1929 était tellement aveuglante que nous voulions l’annoncer sans ambiguïté. C’est ainsi que nous avons publié notre bulletin de conjoncture semestriel qui était sans équivoque. Nos dernières interventions sur le forum Le Monde prévenaient Nicolas Sarkozy qu’il ne fallait pas annoncer qu’il allait redresser spectaculairement la croissance car il aurait rapidement à traiter une crise majeure et une récession dont on sentait qu’elle serait encore plus grave que celle de 1992-93 qui avait déjà été très forte. Nous avons envoyé une lettre en ce sens à son staff. Sans effet naturellement. Nous en avons publié l’essentiel dans un ultime message sur le forum du Monde, où il était encore récemment consultable.

Dix ans après sa création, notre blog fait l’objet chaque année d’environ 260.000 lectures. Il a dépassé 1.500.000 lectures cumulées.

Les articles les plus lus répondent à trois types de préoccupation :

-        L’explication de la crise et de ses développements

-        La présentation des pensées de Jacques Rueff et Maurice Allais, totalement ignorées par la presse et l’université, alors qu’elles sont remarquablement pertinentes pour comprendre les évènements

-        Les articles qui complètent et précisent « des questions de cours » souvent mal traitées dans l’enseignement scolaire et universitaire actuel avec parfois l’enseignement d’erreurs « magistrales ».  La monnaie est en particulier un domaine très mal enseigné.

Un des thèmes majeurs que nous avons constamment enrichi d’analyses et de témoignage se résume dans cet avertissement : « attention à la colère des peuples ! » Nous considérions (et nous persistons dans cette analyse) que le refus absolu de voir les causes et donc d’anticiper les conséquences auraient de graves conséquences sur la majeure partie de la population des pays occidentaux et qu’il fallait donc se préparer à des réactions sévères.  Savoir lesquelles étaient plus difficiles.  On voit que la colère s’est défoulée par le canal politique avec l’arrivée de gouvernements folkloriques et /ou populistes dans un grand nombre de pays européens, les explosions de colère dans les pays arabes, le renforcement des autocrates sans scrupules et indifférent à l’opinion mondiale, le Brexit et finalement l’élection d’un Trump à la présidence des Etats-Unis, qui donne à la notion de « leader du monde libre » des couleurs passablement grisâtres.

L’impossibilité à gauche de se dégager des analyses gauchistes qui laissaient miroiter que les difficultés seraient riches de possibilités de prise du pouvoir et à droite à s’élever au-dessus de médiocres soumissions au diktat américain, laissait l’analyse de la crise qui sévit depuis 1971 totalement orpheline. Les rares autorités officielles qui oseront se lever pour défendre la thèse qu’on ne pouvait plus continuer comme cela, en fait uniquement Maurice Allais, seront balayées à gauche comme à droite et ensevelies sous un fumier de mépris d’épaisseur majestueuse.

Une organisation mondiale défectueuse, dont les institutions communes, totalement dégénérées ne tenaient plus leur rôle, et dont les règles étaient violées tous les jours, se cumulait à une organisation européenne de la zone euro problématique et potentiellement récessionniste, dans l’indifférence générale, sinon des combats faciles à gagner contre des trublions sans solutions alternatives. La France, elle, faisait le choix suicidaire de la dépense publique sans limite, des impôts confiscatoires, des gouvernances locales hystériques et désireuses d’en découdre avec leurs propres électeurs « pour leur bien » et de frapper durement les autres dans leur vie quotidienne, de la chasse aux « dominants » en mettant la justice au côté des « dominés » ou prétendues tels.

Le justicialisme, le gauchisme judiciaire issu de mai 1968 qui veut que le juge prenne toujours la défense de la femme contre l’homme, du salarié contre le patron, du piéton contre l’automobiliste, du malade contre le médecin, de l’acheteur contre le vendeur, du locataire contre le propriétaire, etc., a été renforcé par des lois dites « d’affranchissement » qui ont bloqué toutes les possibilités de relations équilibrées dans la société. La puissance agissante, qui est la source de tout dans une nation, car il n’y a pas de progrès sans polarisation des efforts ni de polarisation des efforts sans un minimum d’autorité, a été partout entravée. Les relations sociales sont devenues impossibles. Avec l’arrivée des « réseaux sociaux » s’ajoutent une coercition « sociétale » qui réduit les anciens « papas morale » et les « mères-la-vertu » à des exemples de discrétion et de câlinerie. Jamais la réprobation morale, basée sur aucune morale, mais les lubies du temps, n’a été plus valorisante pour ceux et celles qui en emplissent leur bouche. Avec à la clé un spectacle de plus en plus grotesque et décourageant. Il ne faut plus de signe religieux dans l’espace public mais une symbolique pédérastique doit être peinte le long des passages piétons, dans un « quartiers pédé », alors qu’on interdit les concentrations sur la base d’affinités au nom de la mixité. Il ne faut plus de courses de taureaux ni de chasses au renard, mais on accepte que 400 loups tuent 12. 000 brebis. Il faut plus d’ouverture mais moins de circulation. Les handicapés doivent être mêlés dans des classes qu’ils ne peuvent pas suivre et qui, dans les configurations ethniques des banlieues noires et arabes, génèrent des situations disons incontrôlables et déplorables pour tous, en dépit de création de dizaines de milliers de postes « d’accompagnants » mal pourvus et sans doctrine.  Comme le « chante » un rappeur :

« Les Gaulois nous envoient leurs tarés ;

Tarés les Gaulois, tarés les Gaulois.

Fuyons l’école et vive la rue. 

Fuyons l’école et vive la rue.  

Ils n’ont rien à nous donner,

Nous devons tout arracher. 

Fuyons l’école et vive la rue.

Fuyons l’école et vive la rue ».

 

Et vive la mixité.

Pour un observateur français, la situation est particulièrement délicate. Les dysfonctionnements mondiaux et européens peuvent être décrits mais, il n’existe aucun levier pour lever les obstacles. L’effondrement français peut être dénoncé dans ses nombreuses composantes, mais les forces politiques en présence et les effets de dominations idéologiques qui prévalent dans la presse, ne permettent aucune vraie réaction. Les Français ont glorifié l’impuissance et la soumission. Maintenant qu’ils sont et impuissants et soumis, accablés de chômage, d’immigration sauvage, de dettes et d’impôts, sous la pression, dans la rue, des « sociaux-fachistes » et, dans les médias, des « christo-cocos », quelle voie de sortie vers le haut ?

Cette situation force l’analyste économique à s’éloigner de temps à autres de l’économie pour étudier les fantaisies malsaines de l’idéologie et de la politique.

Dix ans après, est-ce que certaines de nos thèses ont progressé ? Ce n’est pas tant notre force de conviction qui est en cause. Nous n’avons jamais pensé à autre chose qu’à une forme de témoignage actif, en espérant que les réalités auraient leur propre force de démonstration.

Le nouveau président a impulsé un retour en arrière sur la judiciarisation des relations sociales et un début de démontage de l’appareil de destruction fiscale mis en place par ses collègues énarques dans les 30 années précédentes. On n’est pas au milieu du gué. Peut-être au dixième du chemin à parcourir pour retrouver une situation acceptable. C’est un mieux.

Trump a été un révélateur « facilitant le diagnostic et compliquant la solution ». Désormais les grands déséquilibres sont sur la sellette. Le lien n’a pas encore été fait entre énormes déficits et énormes excédents, ni entre énormes excédents et création d’une économie baudruche, ni entre économie baudruche et explosion économique de 2008, mais cela vient.

Le malaise est complet entre les projections européistes grandioses de M. Macron et la triste situation d’un Juncker allant à Canossa et à New York pour voir Trump la queue basse et le verre haut. Il est obligé de défendre les excédents allemands qui sont indéfendables ! L’Europe est prisonnière des excèdents Allemands. La France est taxée au nom des excédents allemands. Que signifie encore le couple franco-allemand ? Des réformes majeures sont indispensables pour rendre l’Europe audible dans le monde et confortable pour ses membres. Personnes n’a su détailler lesquelles, parce que justement, la première d’entre elle est de trouver un moyen automatique et contraignant de ne pas accumuler de gros déficits ni de gros excédents.  Ne pas le faire revient à un combat idiot entre démantèlement de l’Union Européenne ou saut fédéraliste refusé par les peuples.

Personne ne sait comment contrer Trump, parce qu’il a en partie raison. Les grands excédents Japonais, Allemands, Chinois sont condamnables. Au lieu de chercher à savoir comment les inactiver, les grandes institutions habituées depuis quarante ans à la soumission et au viol de leurs propres statuts, se taisent.

Les économistes officiels se complaisent toujours dans la pusillanimité et les discussions microbiques sur des points de détail qui ne peuvent fâcher personne. Le reste du temps ils s’insultent selon des lignes de fractures idéologiques. Ils sont inaudibles. Cela dure depuis longtemps, mais maintenant cela se voit.

Notre satisfaction est d’avoir correctement détecté et analysé les mouvements des grandes plaques tectoniques qui sont le soubassement des faits économiques et sociaux de ces 20 dernières années.

On se rapproche aujourd’hui du moment où il faudra bien cesser de ne rien voir et de rien faire.

Le Monde : un article "collectif" d'économistes officiels décalés des vraies réalités et problèmes

C'est presque toujours le cas.

Nous n’avons jamais été très favorables aux suppliques de collectifs d’économistes. Si une idée est bonne elle n’a pas besoin d’être cautionnée par des masses de catéchumènes. Les arguments d’autorité sont rarement pertinents. L‘histoire montre qu’en France ces protestations collectives publiées par Le Monde ont toujours cherché à cautionner des âneries et à promouvoir des mesures politiciennes ou corporatistes.

Les économistes ne peuvent intervenir dans le champs politique que pour apprécier les risques ou avantages d’une mesure particulière pour la prospérité générale et notamment d’avertir sur les effets pervers. L’économie n’est pas une discipline simple et ses lois sont souvent contre-intuitives. Par exemple : la productivité ne tue pas l’emploi, ce que le non initié ne peut pas comprendre puisqu’il ne voit que la perte d’emploi immédiate et localisée. Ils n’ont qu’une fonction de conseil et d’expertise. Le conseil et l’expertise ne gagnent pas à la collectivisation ni aux tracts. 

On se souvient qu’une collection d’imbéciles motivés par des considérations purement politiciennes avaient cru devoir saluer le passage aux trente cinq heures comme une mesure formidable. Dès qu’elle a pu développer ses effets, c’est-à-dire à partir de 2001, cette mesure a contribué à enfoncer la France dans les déficits extérieurs et intérieurs, sans espoir de solution. Quant aux résultats sur l’emploi qui devaient être mirifiques, nous en sommes toujours autour de 10% de chômeurs, des millions de personnes, souvent enfermées depuis des années dans la trappe à pauvreté. Aucun des signataires ne souhaitent d’ailleurs triompher en se vantant de sa participation à cet exercice techniquement malhonnête et politiquement un tantinet putassier, puisqu’intéressé par des places à prendre alors qu’on savait le résultat garanti comme déplorable.

Ce côté « places à prendre », « carrières à faire » et « budgets à trouver » est maintenant une des « impropriétés » les plus lourdes de la démarche des « collectifs ». Ils veulent collectivement qu’on leur crée une boutique subventionnée au nom d’une bonne cause. L’exemple de ce qui s’est passé pour le climat obsède tout le monde. Des budgets massifs, des passages à la télé, des décorations, des voyages…

On a ainsi vu des géographes exiger une COB immigration, des économistes vouloir la création d’un institut qui irait voir les produits financiers créés par les banques etc…

Dans le cas qui nous intéresse, il s’agit plus prosaïquement de « briser des tabous ». C’est le rôle nouveau et imprévu des économistes, du moins de ceux qui, par magie, sont immunisés contre le risque vulgaire de se soumettre à des tabous. Cette prétention à considérer que les mauvaises mesures ne sont pas le fruit de conflits d’intérêts, de pressions de lobbies, et d’influence des idéologies est assez drolatique.

Pour briser des tabous européens il faut réunir des économistes immunisés venant des quatre coins du monde et pas seulement d’Europe. 5 sur 16 des signataires viennent de l’extérieur de la zone euro ce qui leur permet une juste appréciation des choses. Evidemment, pas de Bulgares, de Grecs, de Lettons, de Polonais ni de Tchèques. Pas plus de représentants des pays du Club Med.

Nos pétitionnaires sont tous des européistes à tout crin en goguette pour appuyer les efforts de l’homme de la Pnyka et de la Sorbonne pour une relance de l’Europe, et qui cherchent à émerger auprès du pouvoir ou à consolider leur rôle existant. Des économistes officiels donc, de ceux qui n’ont pas vu venir la crise et qui, comme Pisani-Ferry n’ont jamais été en manque de suggestions grotesques comme de rétablir dans l’assiette imposable « l’économie de loyers » dont bénéficient les propriétaires de leurs logements !

Qu’affirment-ils dans leur article de la page « idées » du Monde du 11 juillet 2018 ?

D’abord qu’une « véritable union bancaire » est en vue depuis qu’on a brisé le tabou qui bloquait la garantie européenne des dépôts. Mais qu’il faut aller plus loin en brisant un autre tabou, « l’excessive concentration des dettes publiques détenues par les banques nationales ». En quoi est-ce un tabou ? Personne ne se croit obligé de l’expliquer. Ni d’ailleurs pourquoi il faudrait que ces dettes soient portées par des banques non nationales.  A l’heure actuelle une bonne partie de ces dettes a été renvoyée sur la BCE par les banques européennes pour se sauver de la faillite.   Créer un titre de dette publique européen garanti de façon centralisée aurait l’effet pervers de laisser les pays aimant le déficit public comme la France ne plus craindre les réactions négatives des marchés. Le seul bénéficiaire serait le trésor français.  Proposera-t-on qu’ils soient portées par des banques non européennes pour être logique avec le concept de malfaisance pour les banques européennes de porter de la dette européenne ? Si certains pays ne veulent pas de la garantie collective, ce n’est pas parce qu’ils sont victimes d’un tabou mais parce qu’ils ne veulent pas payer pour les pays laxistes qui comme la France nourrissent un déficit public depuis près de 50 ans. 

Il faudrait ensuite revoir les règles budgétaires de l’Union. On sait que les milieux européistes les ont fait voter pour presqu’aussitôt après les déclarer « stupides » et demander d’aller plus loin. Là encore où est le tabou ? Il ne s’agit que d’une tactique partisane. On a mis la charrue avant les bœufs et maintenant que la charrue est cassée pour avoir été abondamment piétinée, on affirme qu’il faut aller encore plus loin. C’est la crise de 2008-200x qui a fait exploser le système et l’a conduit pour se sauver à des politiques coercitives déplorables. Pour les auteurs, « la crise ? Connais pas !». Il faut simplement donner plus de pouvoirs aux économistes qui font carrière dans les conseils budgétaires.  « Des places, du pognon et vite » !

Le troisième tabou concernerait « la stabilité macroéconomique ». Cela devient plus intéressant mais que veulent dire ces termes ? Rien. L’article est vide de réelles suggestions et se contente de commenter des projets plus ou moins élaborés, comme une assurance chômage européenne, ou de déplorer que le recours au MES soit « stigmatisant ». Pas plus de « tabou » que de beurre en branche dans tout cela. Mais nos signataires sont prêts à mettre leur science au service de l’approfondissement des sujets en cours de débat. C’est gentil de leur part.

Rappelons ici les vrais enjeux. La récession mondiale qui a développé ses effets notamment en Europe est le vrai phénomène à comprendre pour en supprimer la cause. Aucun système européen quel qu’il soit aurait supporté ce choc facilement et nous n’en sommes toujours pas sorti. Un article du jour, de Reuters,  signale que le système bancaire allemand est encore malade et tarde à guérir. Rien d’utile ne peut être défini sans d’abord proposer de réduire les causes. Il deviendrait alors possible de réduire les conséquences.  Comme d’habitude l’article des économistes officiel n’a RIEN A DIRE sur ce sujet.

La principale faiblesse de l’Eurosystème est qu’il ne permet pas de juguler les énormes excédents de certains pays membres, alors que ces excédents sont mortifères. Ce sont eux qui expliquent notamment les difficultés du système bancaire allemand. Ces banques ont drainé l’épargne européenne et faute de réemplois en Allemagne, déjà hyper compétitive, ni dans les industries européennes (en désinvestissement, puisque non concurrentielle vis-à-vis de l’Allemagne), elles l’ont réinvestie, ainsi que la création monétaire bancaire associée, dans la spéculation, en Europe et dans le monde. Les landesbanken sont quasi mortes de leur excès de subprimes. Les investissements immobiliers inconsidérés en bordure de Méditerranée pèsent encore dans les comptes de toutes les banques d’investissements. La Deutsche Bank, comme la Dresdner et un quarteron d’autres banques plus modestes, ne s’en sortent que très difficilement du fait de leurs engagements dans le shipping et dans bien des projets exotiques et aventureux. Reuters indique qu’elles craignent de ne pas passer les nouveaux crashtests de la BCE.

La question de ces énormes déséquilibres n’est même pas évoquée, alors qu’elle est pleine d’actualité avec la visite proche de Donald Trump dont la réclamation vis-à-vis de l’Allemagne porte justement sur ses énormes excédents alors que ce pays ne paie pas sa sécurité et mène une politique mercantiliste agressive désagréable pour tout le monde et interdite par tous les traités internationaux.

Le refus par les économistes officiels ou universitaires de porter le regard sur les questions réellement brûlantes, la pusillanimité affichée et intéressée, sont deux tares récurrentes. Elles trouvent une nouvelle illustration dans cet article collectif totalement débranché des réalités importantes.

Navrant mais typique.

Le rapport Landau : du lait aseptisé pour bébés

Le Trésor a donc fixé sa doctrine sur les jetons internet : ce sont des OVNI (objets virtuels non identifiés) qu’il ne faut pas chercher à qualifier trop vite. Des monnaies ? Pourquoi pas. Des actifs financiers ? Peut-être. Peut-on permettre aux banques de financer la spéculation sur ces cryto-actifs en propre ? Non. Pour sa clientèle ? Heu ! Est-ce qu’on doit permettre aux banques d’ouvrir des comptes en jetons ? Et qui doit négocier ces jetons ? Un régime communautaire devrait être créé unique pour toutes ces bourses.

C’est donc très exactement un rapport pour rien et extrêmement dangereux. Il accrédite l’idée que ces jetons pourraient être des monnaies, ce qu’ils ne sont pas. Il laisse penser que le développement des ICO serait de la FINTECH, de la technologie intéressante lors qu’il s’agit d’une promesse d’obtenir à terme des services qu’on paie immédiatement en vraie monnaie. Une vieille lune qui date de Mathusalem.

La glorification de la technique de la blockchain est une des grandes absurdités du rapport. Le système de preuve est une de ses faiblesses majeures. Un emploi massif de la blockchain dans n’importe quel domaine aurait des répercussions écologiques insoutenables.  Une technique de gestion de fichier n’est jamais une révolution. On est passé des fichiers indexés aux bases de données relationnelles sans que cela change grand-chose. Le créateur du système dans une lettre récente a bien vu que son système n’était qu’un des mille projets de ce genre qui bouillonnaient dans le milieu des bidouilleurs internet. Son succès est entièrement associé au mot monnaie. Une monnaie alternative sans contrôle qui permettrait de conserver des valeurs hors-la-vue des autorités et de faire naviguer son pognon anonymement n’importe où ! Une publicité effarante laissant croire que cette prétendue monnaie était de l’or, appuyée par des exemples de triomphes totalement mensongers, a provoqué un emballement spéculatif qui a permis d’étriller des millions de gogos.

La vérité est simple. Les jetons internet ne sont pas des monnaies. Ce ne sont pas non plus des actifs représentatifs d’une valeur sous-jacente, donc en aucun cas une valeur mobilière comme un titre de bourse ou une obligation. Intrinsèquement ils ne valent rien. Une fois dégagés de la gangue de fausses technologies de pointe, et dépouillés de leur attrait comme source de gain mirifique, ces jetons ne servent radicalement à rien.

La législation qui leur convient est celle qui régit les jetons, c’est-à-dire des biens sans valeur mais qui peuvent être pratiques pour des emplois limités dans le temps et dans l’espace. En gros la législation portant sur les billes et les agates, ou les capsules usagées.  Les bourses d’échanges doivent être autorisées dans la mesure où les transactions sont non anonymes et déclarées à Tracfin. La publicité sur ces objets doit être strictement interdite : elle est actuellement entièrement bidonnée et mensongère.

Les banques et les institutions financières doivent être écartées absolument de ce marché et les transactions commerciales payées en jetons interdites (comme toutes les opérations de troc d’une façon générale).

Dès que ces mesures seront prises. La véritable nature des jetons internet apparaîtra. Ce sont des jetons et ils ne valent que ce que les collectionneurs veulent bien leur attribuer comme valeur.

Si on croit qu’il sera un jour possible d’enregistrer des droits sous forme de transactions successives inviolables, opposables à tous les acteurs du jeu, soit.  Cela veut dire qu’un fichier central sécurisé par une autorité serait caduque.   Pourquoi donc ? Les impôts, les retraites, la sécurité sont tenus de façon centrale sans trop de difficulté. Le drame est la mauvaise gestion de certaines données qui devraient être totalement centralisées de façon fiable et vérifiée. Les cartes d’identités, l’état civil au sens le plus large,  les permis divers, les cartes grises, devraient être tenus de façon centrale de façon parfaite et permettre des renouvellement ultra rapide. Aucune raison valable n’a été avancée pour que ces fichiers relèvent d’une technique de fichier par chaîne de bloc, avec répartition sur des centaines de machines à travers le monde.

Attendons les premières applications de consignation de droits sur Internet pour des marchés précis et nous verrons. A l’heure actuelle, tout est à venir. Rien n’est réel.

L’important c’est la protection de l’épargne et actuellement les trafics autour des jetons sont totalement manipulés et malhonnêtes. Les manipulations sont tellement grosses que même nous, qui ne sont que des observateurs, sommes capables de les annoncer, comme nous l’avons fait sur ce blog.

Grandes écoles : une enseignement économique problématique

L’économie est une discipline difficile qui tente de comprendre une réalité capricieuse et changeante où se mélangent des choix individuels et des actions collectives, dans un monde morcelé par les structures étatiques et les idéologies. Elle est traversée d’incertitudes et de contradictions internes qui n’ont été ni réduites ni levées. Du coup son enseignement est une gageure.

On connait les polémiques qui s’attachent à l’enseignement de l’économie dans le cycle secondaire. Du fait de la maîtrise de l’université par l’entrisme communiste, d’abord subrepticement mais massivement au début des années 60, plus officiellement sous Mitterrand et plus encore pendant la période Jospin, alors que l’URSS était tombée depuis près de 10 ans ( ?!?). Le résultat est un « enseignement » anticapitaliste grotesque de type bréviaire pour militant d’extrême gauche. Tout cela est passé par un CNU maquereauté de façon caricaturale.

On connait moins la difficulté de cet enseignement dans les grandes écoles et les grands instituts para universitaires.

Là, la difficulté est le temps, qui est compté dans les programmes. L’économie est enseignée à l’économie. On ne peut pas trop fouiller les concepts ni approfondir les aspects théoriques. Du coup, on privilégie le vernis sur l’assimilation des théories de base, toujours un peu complexes et discutables. Et, pour marquer sa distance avec le contrôle socialiste et communiste qui règne à l’université, on trouve des enseignants sympathiques et sympathisants aux thèses du business, mais pas toujours baignés par la rigueur scientifique de la discipline.

Ce phénomène est particulièrement voyant dans un article du Monde du 27 juin 2018 commis par un intervenant présenté comme professeur d’économie à HEC et qui va multiplier les erreurs et les à-peu-près pratiquement à chaque ligne. Qu’écrit ce brave garçon, attaché tout entier à dénoncer les atteintes de Donald Trump au libre échange ?  

« Il est facile de prouver que toute tentation (l’auteur doit vouloir dire « tentative » NDLR) de protectionnisme  et d’entrave à la libre circulation des biens et des homme est destructive de valeur. […]Théoriquement c’est une évidence que faciliter les échanges est une condition nécessaire pout créer plus de valeur. Pour que deux parties décident d’échanger, il faut que les deux parties partagent un intérêt ; en d’autres termes, que l’échange crée de la valeur. Supprimer une possibilité d’échange  revient donc à détruire de la valeur ».

Un vrai professionnel de l’économie serait sévère avec ces affirmations  et pourrait considérer que le discours est doublement faux. D’abord parce qu’il s’appuie sur une stylistique d’autorité (« Il est facile de prouver », ce que l’on s’abstient de faire ; « c’est une évidence, alors que la complexité règne », alors que l’évidence est justement le contraire de ce que fait naître la complexité). Ensuite parce que les affirmations elles-mêmes sont controuvées.  Quiconque s’est un petit peu informé de la théorie des prix et notamment de l’apport de l’école marginaliste, sait que, dans l’échange, la valeur marginale des bien échangés est égale. Dans un échange, aucune des parties n’accepte de perdre. Si l’échange a lieu c’est qu’il est en iso valeur pour les deux acteurs. Pour chacun, ce qu’il perd est égal à ce qu’il gagne.  Sinon il ne procéderait pas à l’échange. L’échange ne créée donc pas de valeur en lui-même. Ce qui est cédé à la même valeur que ce qui est acquis. De part et d’autre.

L’échange ne va créer de valeur qu’à certaines conditions. Tout le problème de l’économie est l’étude de ces conditions.

Donnons un exemple caricatural : une tribu de Goths veut fêter dignement le mariage d’un de ces princes. Il lui faut trouver de l’or. Elle va confisquer tous les outils en métaux sur lesquels elle peut mettre la main afin de faire l’échange contre de l’or. Lors de l’échange, les égyptiens cèdent de l’or et en contrepartie ils reçoivent du métal qui va leur permettre de faire des flèches et lancer une campagne militaire en du temps.

L’échange aura eu comme conséquence la misère dans les campagnes privées d’outils nécessaires et la misère dans les pays traversés par la guerre. Autant pour « l’échange [qui] crée de la valeur ».

Si on change d’échelle et que l’on prend une collection d’échanges, à l’intérieur d’un pays, le niveau de complexité augmente brusquement. L’échange n’étant pas fait en mode troc mais en mode monétaire, les arbitrages d’utilité marginale deviennent d’une complexité rapidement effarante qui rend le passage de la microéconomie à la macroéconomie quasiment impossible.  L’introduction de la monnaie ajoute une dimension nouvelle. Il n’est pas sûr que l’équilibre monétaire global se produise et que le bouclage du circuit économique se fasse de façon satisfaisante. Tout dépend de l’organisation monétaire. Et tout dépends de la conjoncture. Un déplacement de consommation veut dire qu’une partie du revenu qui a été créé ne reviendra pas vers son émetteur primaire qui subira une perte, une autre accusant un bénéfice. La digestion des pertes et le bon réemploi des bénéfices se produisent totalement différemment en haut et en bas de cycle, en économie administrée ou libre, avec un système bancaire efficace ou lorsque la finance est en crise.

Entre deux pays, la situation devient encore moins « évidente ». Si les échanges ne sont pas globalement équilibrés, alors le revenu distribué dans le pays déficitaire ne se retrouve pas en face des produits dont la production a été la contrepartie du revenu. Il va y avoir une pression dépressionnaire. Elle sera traitée de façon différente selon les régimes de change, la structure bancaire et financière et l’implication de l’Etat. Dans la pratique, un Etat comme celui de la France capte à peu près la totalité de la valeur ajoutée de ce qu’on appelle les entreprises et le redistribue. En plus il emprunte à tout va pour financer des déficits. Le déséquilibre des échanges va finir créer d’énormes déséquilibres un peu partout, en particulier sur le marché de la dette et sur celui de l’emploi.

Ce que ne voit pas du tout notre enseignant d’économie affilié à HEC, c’est que l’échange individuel ne crée pas de valeur  mais que les déséquilibres globaux créent des difficultés qui peuvent impacter lourdement le revenu, l’emploi, la dette etc.

Donc il parle pour ne rien dire. Car tout le problème posé par les réactions politiques contre la mondialisation est qu’elles sont fondées sur des difficultés réelles qui proviennent d’erreurs d’organisation et de politiques économiques, trop lourdement déséquilibrées. C’est justement parce que ces conditions globales ne permettent pas aux vrais mécanismes de création de valeur associés à l’échange (principalement la baisse du coût unitaire de production si des deux côtés il y a possibilité d’ouverture de débouchés plus importants) que ces réactions politiques ont lieu.

Evidement l’article passe à côté de toutes ces dimensions et notamment gomme les déséquilibres et les conditions d’organisation monétaire de la croissance. Donc l’impact intellectuel et pratique de l’article est nul.

Malheureusement l’article est très révélateur d’une certaine manière de traiter de l’économie dans la Presse. Au lieu de développer des raisonnements, associés à des faits, avec des arguments, les auteurs préfèrent afficher des postures et les illustrer d’arguties.  

Cette tendance rejoint le défaut des enseignants en France qui privilégient le discours moral et ignorent la démarche explicative.  Le bien et le mal, plutôt que le pourquoi et le comment. Cette curetonnerie tourne évidemment à la déviance idéologique et politique. A Sciences-po, ce sera avec son institut économique « vive l’impôt, vive la dépense publique ». A HEC ce sera, « vive les échanges libres et non entravés ».

Osons le dire : ce n’est pas de curetons idéologisés dont nous avons besoin, mais d’observateurs avisés.  Malheureusement la presse française est totalement politisée au mauvais sens du terme et elle privilégie les curés présentant l’imprimatur des diverses Observatore Romano du moment. Quant à la TNT elle aime mettre en scène les conflits de chapelles pour faire de la chaleur et elle ne fait jamais de lumière.

Conseillons tout de même aux grandes écoles de mieux cerner le champ de leur enseignement économique, la synthèse ne pouvant se passer d’un certain approfondissement des concepts de base. Elles devraient également mieux apprécier les qualités de leurs enseignants, dans cette optique là, plutôt de chercher quelques prélats zélés de la mondialisation heureuse.  On a dit lors du dernier quinquennat : « Hollande a fait HEC, il ne doit pas être nul en économie ». On a bien vu ce qu’il en était. Nul, il l’était. Cela n’a pas été bon pour la réputation de l’école.

Monnaie et libre échange

Dans les discussions sur le commerce mondialisé et les monnaies, il est sans doute intéressant de revenir à l’acte fondamental : l’échange.  Dans une transaction internationale, l’échange se fait à iso valeur. Le bien cédé a la même valeur pour le cédant que le produit acquis et réciproquement. Les marginalistes ont raffiné la question en montrant que ce sont les valeurs marginales qui s’équilibrent, mais on en est toujours là : on ne fait un échange que si les deux y trouvent le même niveau d’intérêt. Sinon on ne voit pas pourquoi une partie accepterait d’y perdre.

Les transactions d’échange de produits sont donc par construction équilibrées en valeur.

La question qui se pose aussitôt est de savoir où se trouve la création de valeur globale qui justifierait de pareils échanges. La réponse est double :

-          La valeur relative des biens échangées n’est pas la même dans les deux sphères. L’échange opère un accroissement de satisfaction donc de valeur d’un produit donné dans sa sphère. Il y a accroissement de la valeur d’usage dans les deux pays.

-          Le débouché nouveau permet d’allonger la série de production. En cas de coût unitaire dégressif, il y a à nouveau création de valeur.

Le libre échange est créateur de valeur des deux côtés. Bloquer le libre échange réduit la prospérité.

Ce schéma résumé et un peu caricatural, est la base de la philosophie de la libre circulation des biens entre les pays. Imaginons un pays qui produit du lait mais pas de voitures et un autre qui produit des voitures et pas de lait. Il peut être intéressant de produire un peu plus de voitures pour obtenir du lait et accroitre la production de lait pour avoir des voitures. L’affaire est dynamique pas statique.

Les flux d’échanges créent plus de valeur et plus d’emplois dans la mesure où les conditions de production nationale des deux produits concernés ne soient pas identiques. Il n’y a pas de doute que ce surcroît de production est bénéfique aux deux parties.

Ce bénéfice est obtenu sans déficit ni excédent.

Les déséquilibres de balances commerciales signifient toujours qu’il y a une fuite quelque part dans la valeur réciproque des échanges, fuite qui fausse l’équité des transactions.

En maintenant la production dans les pays de l’Est ridiculement bas, le communisme a privé de possibilité d’échanges bénéfiques les pays européens non communistes, tout en ruinant les peuples soumis à sa dictature. Un régime qui tue la production et qui limite les échanges fait du tort à ses citoyens mais aussi aux autres avec qui des relations économiques positives auraient pu s’installer. Nous avons estimé au Cercle des Economistes e-toile, que la perte de revenu pour les Européens de l’Ouest était d’environ 40% du revenu médian. En un mot, sans le communisme, notre revenu français serait plus haut de quarante %.

Ceux qui dénoncent de façon permanente la « religion » du libre échange, devraient d’abord faire le calcul des pertes de revenu qu’ils envisagent, des deux côtés. Ce qu’ils ne font jamais.

Beaucoup de mécanismes viennent contrarier cette belle mécanique. On peut en citer quelques uns, parmi beaucoup d’autres.

-          Beaucoup de pays n’ont aucun avantage comparatif autre que le niveau des salaires. Les fabricants pourraient transférer leurs moyens de production pour  produire à bas coûts dans le pays pauvre des biens revendus à la même valeur dans l’ancien pays de production. Il va y avoir un flux de capitaux d’investissement dans un sens et un flux de production dans l’autre. On n’échange plus des produits mais des capitaux contre des produits. Les produits exportés le sont en contrepartie d’une valeur en monnaie du pays de destination.  Alors qu’ils sont payés en monnaie du pays de production. L’aspect monétaire devient fondamental, par le double jeu du taux de change et des taux d’intérêt. Le gain de l’échange devient dépendant du bon fonctionnement du système monétaire et financier entre les deux nations.

-          Dans un système d’étalon or, l’or quitte le pays déficitaire pour le pays excédentaire. La dynamique des prix est censée faire monter les salaires et les prix là où l’or arrive et les faire baisser dans l’autre. A terme, les niveaux de compétitivité se rééquilibrent. Les sorties d’or créent une déflation qui créent une dynamique problématique  dans le pays concurrencé par le pays pauvre. Cette déflation fait aussi du tort au pays exportateur. Les mouvements financiers ont par le passé, chercher à compenser ces effets néfastes. Mais au final on n’échappe pas à une crise mondiale. On a donc écarté la formule de cet étalon qui poussait à des crises profondes.

-          Dans un système de monnaies fiduciaires nationales, l’avantage compétitif du pays pauvre est entièrement lié à la qualité de sa monnaie et au cours  des changes entre les deux monnaies dans l’échange. Le mode de gestion de la valeur de la monnaie dans chaque pays peut  tout fausser. Les conséquences sur l’emploi peuvent être intolérables dans le pays riche. Un système de change fixe mais modifiable permet de limiter l’avantage économique et les mouvements de capitaux par un arbitrage d’état entre la satisfaction de consommateur et la prospérité des producteurs.  Dans un système de changes flottants, une incertitude sur le change se cumule avec les variations de salaires pour créer une dynamique qui devait selon Friedmann rééquilibrer les comptes mais qui dans les faits a conduit à des situations explosives. Dans un système de monnaie unique, le plus fort l’emporte en imposant la loi d’airain du possesseur de l’outil de production  le plus solide et du stock de capitaux le plus grand. Il fait tous les arbitrages à son avantage et les Etats sont en grande difficulté pour en gérer les conséquences.

Conclusion : le système monétaire et financier compte dans le commerce international. La qualité de l’ensemble dépend de celle du système monétaire international.

-          A partir du moment où on échange des produits contre des devises et non plus contre d’autres produits, la manière dont sont gérées les devises devient fondamentale. La spécialisation qui s’est faite entre institutions monétaire et commerciales, après Bretton Woods, est absurde. Il n’y a pas d’un côté des gens qui causent commerce et d’autres qui parlent monnaie. Les questions sont intimement liées. C’est une des tares de notre époque de voir par exemple l’Europe fabriquer des traités de commerce sans jamais s’inquiéter des aspects monétaires. C’est pourquoi nous avons affirmé qu’il fallait lier l’acceptation de certains traités à un préalable de réforme du système monétaire international.

-          Alors que le système de Bretton Woods jouait sur les deux aspects en même temps, le change étant mis au service de l’équilibre des échanges, les changes flottants ont tout déréglé et les marchés financiers se sont avérés de facto incapables de rétablir des situations équilibrées. 

-          Il faut voir qu’un pays qui poursuit des objectifs mercantilistes accumule de la monnaie internationale qu’il ne peut pas utiliser chez lui. Il va rapidement s’inquiéter de la valeur de la cassette qu’il accumule. Un élément de peur entre dans le système. Il souhaite rentabiliser son avoir donc il va le placer. Mais dans quoi, s’il est super compétitif ? Les autres n’offrent pas de perspectives de production sympas.  Il n’a le choix qu’entre des opérations spéculatives et des achats de capital dans les pays déficitaires. Les pays en question ne veulent pas voir partir leurs bijoux de famille. Les tensions arrivent. Le Japon a préféré acheter des golfs et de l’immobilier. Il a beaucoup perdu lors des krachs successifs. Les Allemands ont joué massivement l’immobilier méditerranéen et les subprimes. Ils se sont fait ratisser. Les Chinois vivent dans la peur de perdre leur trésor. Alors ils rachètent des terres en Afrique et des vignobles en France. Sans aucun avantage pour le pays où ces biens sont rachetés. Ce ne sont que des échanges de propriété.

-          A la fin des années trente, tout le monde avait compris qu’il fallait jouer le commerce des biens tout en équilibrant strictement les mouvements. C’est la raison pour laquelle toutes les lois monétaires et commerciales, synchronisées, prévoient des relations équilibrées.

-          La rupture des accords en 1971 a cassé ces mécanismes. On a vu d’énormes déficits et de gigantesques excédents s’accumuler avec comme conséquences l’apparition d’une économie baudruche, une baisse du trend, une aggravation du niveau d’endettement global et l’accroissement de la gravité des crises économiques.

-          Il faut donc revenir aux règles qui prévalaient avant 1971 et qui sont toujours la légalité internationale de référence.

-          Si un pays accumule d’énormes excédents, c’est le symptôme d’une gestion de politique économique mercantiliste et hostile à l’échange équilibrée. Les libéraux considèrent que l’état ne sait pas piloter l’économie et que par conséquent lui demander des politiques d’ajustement est absurde. Tout se passerait à l’échelon individuel. La micro économie est la seule vraie. Il n’existe pas de macro économie. L’ennui est que cette théorie est contredite par les faits. La politique du Zimbabwe ou du Vénézuela  a radicalement tué la capacité d’échange positif de ces pays.  On a vu que c’était le cas des pays socialistes,  tout le temps où il a fonctionné. Plus près de nous les politiques inverses de Jospin et de Schroeder ont donné un désavantage compétitif à la France qui a fait sombrer les balances extérieures. C’est bien que les macro-décisions d ‘états jouent sur la compétitivité. Ce ne sont pas les décisions individuelles des consommateurs allemands et français qui ont provoqué, par le jeu des préférences sur les marchés, les déficits et les excédents. Mais des politiques économiques et sociales contradictoires, non corrigées par un système monétaire convenable. 

-          Les politiques massivement mercantilistes nuisent aussi bien aux pays spoliés qu’aux pays spoliateurs. Les politiques qui conduisent à des pertes de compétitivité nuisent également à tous. C’est pour cela qu’elles sont proscrites. Les pays en excédents ne peuvent pas dire aux autres : faites comme nous ! Car il est impossible que tout le monde soit en excédent. Les pays en déficits ne peuvent pas dire : laisser moi sombrer, car leur récession pèsera sur la prospérité générale.  Le cas américain est distinct parce qu’ils tiennent encore aujourd’hui la monnaie du monde et peuvent négliger leurs déficits qu’ils paient en monnaie nationale. Ils l’ont cru longtemps et on finit par constater dans les urnes que les conséquences n’étaient pas nulles sur l’emploi et les salaires.

-           Les conclusions à tirer sont claires. Les échanges doivent être équilibrées et il appartient aux Etats d’y veiller. Les systèmes monétaires doivent imposer la vertu. Pas de monnaie nationale comme monnaie internationale ; corset pour les pays déficitaires qui risquent de partir en sucette mais avec aide pour faire un retour tranquille à l’équilibre ; mécanismes automatique de stérilisation des excès d’accumulation de monnaie internationale par des pays ouvertement mercantilistes. Il faut supprimer l’envie de mener de telles politiques.

Avec ces considérations en tête, on comprend mieux l’impasse où se trouve l’Europe et on peut analyser la nature des convulsions en cours. En prime, s’esquisse une solution gagnante pour tout le monde.
 
SD

L’impuissance de M. Macron dans l’affaire Trump

A force de ne pas regarder les vrais problèmes, on se trouve bien dépourvu quand les faits se revanchent et que l’on se trouve aux abois.

Le règlement international dans ses multiples facettes est absolument clair : il est interdit d’avoir de gros excédents et de gros déficits.

Lorsque Donald Trump pointe les excédents allemands il a parfaitement raison du point de vue du droit international. Ces excédents sont abusifs et proscrits. Quand il pointe les mêmes excédents suisses ou Chinois, il a toujours raison.  Ces excédents sont totalement abusifs. Lorsqu’ils servent à acheter le capital des entreprises non ruinés par une concurrence déséquilibrée, ils apparaissent justement inacceptables. Trump n’a eu aucun mal à mobiliser le vice-président américain du FMI pour soutenir ses thèses. L’absence de gros excédents est statutaire au FMI.

Venir pleurnicher qu’on est des bons alliés et tout et tout, comme Bruno Lemaire dans le Figaro de ce jour, ne peut rien infléchir et nous fait passer pour des pleureuses. Prévoir une guerre commerciale n’a pas de sens : la vraie solution est que l’Allemagne cesse sa politique mercantiliste et réduit ses énormes excédents. Il ne peut donc pas y avoir de réaction franco-allemande homogène.  De même au Japon, en Corée, en Chine et dans tous les pays qui maintiennent des balances excédentaires supérieures à 3% de leur PIB.

La seule réponse pour Macron, est d’acter que les gros excédents sont interdits et sommer l’Allemagne de revenir dans les clous tout en rappelant à M. Trump, que les excédents sont le miroir des déficits et que les déficits américains sont également illégaux. Cette position aurait été plus facile à porter si les économistes officiels avaient correctement expliqué les conséquences malfaisantes des déséquilibres commerciaux et financiers.

 En vérité ce serait la responsabilité de l’ UNCED, du FMI et de l’OCDE, ainsi que de la commission de Bruxelles de rappeler ces vérités à tous. Ne pas l’avoir fait pendant près de 50 ans est leur grande faute impardonnable. Perseverare serait diabolicum.

Commerce et monnaie vont ensemble. Aucun traité commercial ne devrait être accepté avant une réforme globale du système monétaire international.

On comprend que pour le président Macron il soit plus difficile de mettre le nez des Chinois et des Allemands dans leurs excédents et des américains dans leurs déficits, que de faire un beau discours vain sur la Pnyka ou à la Sorbonne. Mais c’est la seule position tenable. Encore aurait-il fallu redresser les comptes extérieurs du pays et réduire la dépense publique au lieu de l’augmenter. Le donneur de leçon doit être impeccable.

De même la seule voie possible en Europe n’est pas de demander un budget fédéral faramineux dont personne ne veut. Il est de mettre en place des mécanismes qui rendront vaine l’accumulation d’Euro par un pays structurellement excédentaire.

 

 

 

 

 

Deux mots à Paul Tucker, ancien banquier central.

Rien de plus intéressant que l’interview de Paul Tucker, ancien numéro 2 de la Banque d’Angleterre et fin connaisseur des arcanes de la pensée dominante dans les milieux anglo-saxons en matière d’organisation monétaire.

Il y a maintenant longtemps que la fable qui prétendait voir dans les marchés et les seuls marchés, sous la surveillance bienfaitrice des banques centrales, la solution magique aux diverses équations monétaires européennes et mondiales, a sombré dans l’insignifiance. La crise de 92-93, puis celle dite des pays émergents en 1998, puis celle des valeurs technologiques, au début du siècle puis l’effondrement de 2008, ont emporté les dernières illusions. Alan Greenspan, gourou déchu, a lui-même concédé le point depuis au moins dix ans : des marchés libres de toutes entraves, qu’il s’agisse de celui des monnaies, des titres, des dettes diverses, sont incontrôlables.

Le trou monumental percé dans les comptes par l’explosion de l’économie baudruche a été comblé par les banques centrales au prix de plus de 14 milliards de créations monétaires, par reprise d’actifs financiers bancaires plus ou moins douteux, l’apparition de taux d’intérêt négatifs et mille mesures totalement contraires à la pensée dominante. Nécessité fait loi. Les États gorgés de dettes ont vu ainsi le coût budgétaire des déficits effarants ont pu continuer à se financer.

Les peuples ont trinqué. Comme nous le répétions inlassablement depuis 1997 : attention à la colère des peuples. Nous voilà avec le Brexit, les troubles italiens, la défonce espagnole, le numéro de cow-boy de Trump.

On a fait jouer aux banques centrales un rôle étranger aux apparences de leur mandat. En Europe, c’est la BCE qui a signifié à la Grèce qu’elle pouvait arrêter le refinancement des banques et mettre en faillite tout le pays. Ne parlons pas de Chypre. La BNS a cru pouvoir créer le même montant en monnaie que la valeur du PIB suisse ! Avant de renoncer. Le FED a créé à elle seule 4 000 milliards de dollars de billets verts.

Un système qui finit par faire tout ce qu’il était censé ne jamais faire, est une farce. La chanson qu’on répète depuis 1973, selon laquelle les banques centrales ne sont là que pour maintenir l’inflation en monnaie officielle dans des limites étroites, sans s’occuper des changes ni du financement des États, est apparue pour ce qu’elle est : une fable risible. Les dettes d’État et le change des devises ont été constamment dans le collimateur des banques centrales.

Lors d’une conversation sur le forum du Monde avec un certain Dodds, nous avions souligné que le dressage des gouvernements par « les marchés » était un rêve techno et un cauchemar démocratique. On a vu que ce sont les États qui sont venus, à grands frais, sauver les marchés de leur propre déchéance.

Le propos d’un commissaire européen allemand suggérant que les marchés allaient dresser le gouvernement clownesque italien a provoqué un juste scandale. La démocratie était à l’encan sur les marchés !

En vérité c’est le précédent grec qui est important : si l’Italie s’engage dans une politique de cinglés, alors les banques italiennes ne seront plus approvisionnées par la BCE et on organisera, comme en Grèce, un « corralito », une consignation des dépôts devenus non utilisables à volonté : les agents économiques seront priés de se contenter de quelques euros par jour !

La banque centrale européenne sera devenue l’arbitre des élégances politiques en Europe. Une bande de fonctionnaires non élus remplaceront ouvertement le choix de millions de citoyens.

Paul Tucker, l’ancien numéro 2 de la Banque d’Angleterre a senti immédiatement le danger.

« Les banquiers centraux doivent battre en retraite » et ne pas sortir de leur rôle. Ce n’est pas à elle de garantir la survie de l’Euro, question essentiellement politique. Il sent bien qu’un tel rôle met la banque dans une situation précaire. « Le danger est qu’elles aillent trop loin ». Il reconnaît que la BCE joue un rôle quasi budgétaire, bien loin des élucubrations de 1973. Et il note avec justesse que plus les pouvoirs des fonctionnaires internationaux s’étendent, plus ceux des politiques s’étiolent et avec eux leur réputation. Le rejet des « élites » a en effet une cause dans leur abandon de pouvoir aux mains de fonctionnaires irresponsables (juges, banquiers centraux, commissaires européens).

Jusqu’ici tout va bien. Mais la conclusion fait rire. « Il importe que les banquiers centraux restent dans le domaine de leur mandat : le niveau des prix et la stabilité du système ». Ce n’est pas eux de donner leur opinion sur des questions générales qui ne dépendant pas de leur mandat mais ils devraient parler plus souvent de leur mission devant les instances démocratiques et recruter plus de femmes.

S’ils sont sortis de leur mandat, c’est parce que le système monétaire international et l'Eurosystème sont dysfonctionnels. Ils ne l’ont pas expressément voulu. C’est l’explosion de l’économie baudruche qui s’est créée depuis 1971 qui les a mis là où elles sont. Elles sont OBLIGÉES de jouer un rôle budgétaire, compte tenu de l’énormité des dettes publiques ; elles sont OBLIGÉES de regarder du côté des changes et du recyclage des énormes excédents.

Quant à la suggestion que la nomination de femmes changerait tout, on a vu avec Mme Lagarde et ses campagnes féministes totalement étrangères à l’objet de l’institution, que cela aggrave plutôt la pusillanimité des institutions économiques officielles.

En n’abordant aucune des tares structurelles de la zone euro et du système monétaire international, Tucker parle pour ne rien dire. L’autisme des banquiers centraux sur les vraies questions est plus grave que les divagations d’un commissaire européen allemand.

Qu’il aborde les déséquilibres monstrueux des balances de paiement aussi bien dans le monde qu’au sein de la zone Euro et on commencera à entrer dans le dur des vraies réformes. Là, on ne voit qu’une tentative un peu enfantine, de masquer le déni de démocratie propre au système. « Planquez-vous et taisez-vous devant le grand public. Mais ne changez rien ». L’hypocrisie au service de la survie.

Pathétique.

Des maux d’origine monétaire traités comme des gros mots

Deux des troubles les plus graves qui agitent l’Union Européenne sont purement et simplement causés par des violations lourdes de la réglementation internationale en matière de grands déficits et de grands excédents.

Les statues du FMI et de multiples traités répètent qu’il est interdit de cumuler les grands déficits et les grands excédents. Les déséquilibres de balance des paiements ont un effet délétère que tout le monde condamne depuis au moins 80 ans.

Le dysfonctionnement majeur de l’Eurosystème tient au fait que rien n’est prévu en cas de gros excédents et que les excédents allemands ont atteint un niveau totalement extravagant.

Le dysfonctionnement majeur du système monétaire international est qu’il ne prévoit rien, sinon l’action des marchés et des banques centrales pour corriger les déséquilibres.

Dans la pratique les États-Unis ont fait du dollar la monnaie du monde et fournissent la liquidité mondiale par la grâce de déficits gigantesques dont ils se moquent puisqu'ils les financent dans leur propre monnaie. La monnaie du monde ne devrait JAMAIS être la monnaie nationale d’un acteur. Les déficits ont une contrepartie automatique dans les excédents des autres.

Il est donc clair que les excédents allemands pompent toutes les liquidités en Europe, laissant les pays déficitaires dans une difficulté constante. En utilisant en masse leurs excédents dans des opérations immobilières spéculatives, notamment en Grèce, en Italie et en Espagne, ils ont endetté les « pays du Club Med » à des niveaux intenables. En rachetant massivement le capital des entreprises non allemandes, ils ont capturé illégalement des parts de marché abusives.

Les Allemands savent d’ailleurs parfaitement que c’est abusif : dès que les Chinois qui ont des excédents du même ordre que l’Allemagne, ont essayé de ramasser le capital des entreprises fleurons du Mittelstand, ils ont immédiatement sorti la mitrailleuse et les interdictions. L’Allemagne veut bien faire ce qu’elle interdit à la Chine ! Lorsque le commissaire européen Günther Oettinger décrète que les « marchés vont apprendre aux Italiens à bien voter », il tient un propos indéfendable mais surtout doublement faux. Ce ne sont pas « les marchés » qui sont à la manœuvre dans cette affaire, mais les créanciers qui ont renfloué les caisses des banques italiennes, c’est-à-dire les États européens. Et c’est la BCE qui aura le dernier mot en dernier ressort, en appliquant au choix la doctrine grecque (un mince courant de liquidité au comptoir des banques) soit la méthode chypriote de vol pur et simple des dépôts.

Trump a parfaitement raison de réagir : les pays excédentaires doivent être sanctionnés. Mais il a tort puisque ses déficits volontaires de balances de paiements sont la contrepartie de ces excédents.

La bonne solution est donc toute simple. Il faut imposer une réforme de l’organisation monétaire européenne et mondiale qui permette d’empêcher quasiment automatiquement les gonflements de balances déficitaires et excédentaires. La solution la plus simple est de mettre en place une chambre de compensation associée à un mécanisme qui stérilise automatiquement et de façon progressive les gros déficits et les gros excédents, rendant sans intérêt les politiques mercantilistes et la création monétaire mondiale par un seul pays.

Évidemment vous ne trouverez jamais ce débat dans les médias qui se contente de commenter les pugilats, en espérant des petites phrases riches en polémique. Aujourd’hui, c’est le seul qui compte. Le moment des grandes réformes approche. Les pugilats façon entre- deux-guerres n’ont aucun intérêt. C’est la guérison des maux qui comptent et pas les gros mots.  

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile

Le TFTEA est entré en action. Les Etats-Unis ont gagné

Dans un article peu lu nous avons souligné que la loi TFTEA, votée sous Obama était pleine de risques et bien plus dangereuse que le CETA qui concentrait les critiques.

http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2017/2/25/Pire-que-le-CETA-le-TFTEA

On met sur les moeurs de cowboy de Trump ce qui a été intégré dans la loi américaine avant son arrivée. 

Il est interdit d'avoir de gros excédents. C'est dans tous les textes notamment dans les statuts du FMI comme nous ne cessons de l'écrire.

Trump n'a donc eu aucun mal à s'appuyer sur cette législation, le n°2, américain et vrai directeur, du FMI jouant la cheville ouvrière de l'acquièscement des instances internationales pendant que Mme Lagarde soutenait la cause féministe.

Le piège dans cette affaire est que le monde fonctionne sur les déficits américains pour alimenter sa "liquidité internationale" et les excédents sont le miroir des déficits. Mais là, c'est le silence absolue.

Le résultat : Trump a gagné. L'Europe a cédé. La Chine a concédé.

Tout était écrit.

Argentine : monnaie et mensonges

La monnaie argentine est à nouveau sur le toboggan.  Comme d’habitude, l’examen de cette nième catastrophe monétaire ne fait pas l’objet d’une vraie analyse mais de postures. L’historien-économiste officiel Mario Rapoport en donne une nouvelle illustration. Il ment effrontément dans son analyse du passé comme dans son explication du présent.

Prenons le premier mensonge avéré qui concerne l’effondrement monétaire de la fin de siècle dernier. Les marxistes tiers-mondistes et les nationalistes argentins, deux composantes essentielles de l’opinion publique argentine, se sont mis d’accord pour affirmer que le FMI et les monétaristes américains, Milton Friedman en tête, le « pinochétiste » bien connu,  étaient la cause de ce grand malheur.  Tout le monde sait que nous ne faisons pas beaucoup de concessions au FMI depuis l’abandon des accords de Bretton Woods et que nous contestons beaucoup des suggestions de Milton Friedman et notamment sa défense des changes flottants.  Dans le cas d’espèce, il faut les réfuter les accusations qui les concernent.  

Il faut savoir qu’au début des années 70, l’inflation était telle, et la volonté d’en gérer les effets par des blocages divers tellement folklorique, qu’on en était arrivé à des situations totalement ridicules. Par exemple le prix des voitures étaient bloqués mais pas celui des volants. On vendait donc, à part, la voiture, au prix bloqué, et le volant, au prix libre, et le volant valait le même prix que la voiture. Naturellement on imposait que le volant soit acheté en même temps que la voiture. Le pays était hors de tout commerce international autre que de troc (on appelait cela la « compensation »)  et le marché des capitaux était totalement local, personne ne voulant risquer un sou dans une économie de ce type.

Pour mettre fin à cette situation et après les évènements politiques que l’on sait, les jeunes dirigeants formés à l’étranger qui prirent le pouvoir, au tournant des années 90,  décidèrent de mettre en place un « currency board », en s’appuyant sur les suggestions d’un économiste américain qui n’avait rien à voir avec Milton Friedman. L’idée, radicale et exotique, était d’éviter par ce moyen le retour à un financement monétaire exagéré de la dépense publique par la banque centrale.  Ce système très particulier et dangereux, imposait une parité fixe entre peso et dollar, la création de monnaie étant régulée par la balance des paiements. Le système a commencé par marcher très bien. L’inflation a cessé. Les exportations ont repris. L’Argentine est entrée dans la finance internationale avec de nombreux investissements étrangers. La prospérité a commencé à s’installer. Il faut savoir que l’essentiel des ressources d’exportation  provient, en Argentine, du Campo et qu’elles se finançaient depuis toujours en dollar, compte tenu de la faiblesse récurrente du peso. Peu à peu, les grands commerçants ont cessé de mettre leur fortune à l’abri aux Etats-Unis et une certaine normalité s’est installée en Argentine.

Qu’est-ce qui a fait sauter le système ? Les changes flottants. Dans un système de changes fixes, du type Bretton Woods, le « currency board » avait une chance. Lorsque le dollar a été projeté vers les sommets avec la crise faussement appelée « des pays émergents », les monnaies faibles ont successivement dévalué. Le real brésilien s’est effondré. Du coup, les prix, en dollar, des produits du campo devinrent impraticables pour exporter vers le Brésil, principal débouché. L’arrêt des exportations a provoqué l’arrêt de la création monétaire. Une déflation mortelle s’est installée en Argentine, avec des contournements folkloriques comme l’Argentino.

Pour essayer de tenir malgré tout, le temps que le dollar redescende, ce qu’il ne manquerait pas de faire, les autorités ont demandé l’aide du FMI qui au départ ne voulait pas y aller. Le « currency board » n’avait jamais été son idée. Et il n’y avait aucune logique à compenser un défaut structurel par des mesures conjoncturelles, traditionnellement associées à une déflation contrôlée, alors que le pays était déjà en déflation. Le currency board n’a pas de porte de sortie. On sait y entrer mais non en sortir, comme dans le cas de l’Euro.  La seule solution était une dévaluation massive du peso pour rendre à nouveau compétitif le campo. Les comptes en dollars ont été convertis de force en compte en pesos, après un épisode de « corralito » qui ressemble beaucoup à la situation imposée aux banques grecques, contingentant les sorties en numéraires. Puis on a tout cassé. Les investisseurs étrangers ont perdu très gros, de nombreux argentins ont été ruinés par la perte de la quasi-totalité de leurs avoirs, mais la dévaluation a permis de relancer les ventes du campo. Après un moment d’euphorie, le populisme a repris ses droits et nous sommes arrivés à nouveau à la situation traditionnelle en Argentine, après le règne détestables des Kirchner, qui se sont formidablement enrichis (les mauvaises langues les décrivent comme « pourris jusqu’à l’os », ce que nous nous ne permettrons pas de penser),  d’un pays sans monnaie avec fuite des capitaux et dévaluations ravageuses.   Et qui fait appel au FMI qui n’a strictement aucune autre solution à proposer, sauf à alimenter un puits sans fond, que de mettre sous contrôle la dépense publique.

Plutôt que de s’interroger sur les vraies causes des difficultés argentines, une ambiance populiste et socialiste qui n’accepte que des dépenses publiques non financées et espère s’en tirer avec l’argent des autres, après avoir vilipendé les investisseurs et les donateurs, avec une frénésie médiatique anticapitaliste, et une corruption majestueuse, les économistes officiels se croient constamment obligés par nationalisme étroit, d’entrer dans un travail de dénonciation totalement arbitraire de boucs émissaires étrangers. Diabolisation et mauvaise foi sont les deux mamelles de cette attitude qui ne mène strictement à rien.

L’Argentine est d’abord la victime d’elle-même et ensuite du système des changes flottants. Le FMI qui avait, rappelons le, comme seul rôle, de gérer les changes fixes, n’a rien à faire dans ce contexte.  Nous sommes à nouveau dans une phase de dollar fort. Les taux d’intérêts américains remontent. Le FMI ne dit rien. Mme Lagarde se contente de discours sur la libération des femmes dans le monde. On ne sache pas que la femme argentine soit particulièrement maltraitée. En intervenant en Argentine, le FMI servira à nouveau de bouc émissaire et permettra d’évacuer la tension politique liée à la gestion économique désastreuse qui y prévaut. Alors on veut que le FMI donne de l’argent, sans espoir de retour et surtout sans conditions. « Aboule le fric et tais-toi, pour la suite on te conchiera et on verra ce qu’on fait ». Voilà le résumé exact de la pensée forte de ce M. Rappaport.

Les journalistes français, conditionnés aux dénonciations du FMI, et capables de répéter comme des perroquets les pires articles de propagande, pourvu qu’elles sentent bon l’anticapitalisme primaire tiers-mondiste (il n’y a plus de couverture correcte de la situation de l’Amérique Latine depuis plus de soixante ans dans les journaux français,  le ton des élégances étant donné par le Monde Diplomatique dont on connaît l’inspiration fraîche, joyeuse et totalement indépendante du marxismes léniniste tiers-mondiste), répètent et répéteront encore les analyses des Rappaport du moment, sans jamais se soucier ni des réalités locales, ni des aspects délétères de la propagande qui règnent sur tous les sujets économiques dans ce continent, ni des mensonges caractérisés qui y sont régulièrement diffusés.

Dans un système mondial de changes flottants, il ne sert à rien de demander à la collectivité mondiale de financer un pays dont la politique malsaine, faite toute entière de dépense publique incontrôlée, conduit à une fuite devant la monnaie. Il faut exiger une réforme du système mondial des changes et imposer des règles de gouvernance strictes aux pays qui ont fait du laxisme pseudo social un mode de fonctionnement permanent.

Plus précisément la bonne attitude serait de s’opposer aux dérives de la politique mondiale des Etats-Unis et à la « chienlit socialisante et populiste », comme on commence à le dire devant les jolies photos des Black Blocs. Comment voulez-vous qu’un économiste officiel se risque dans une telle aventure qui le met en face des deux puissances majeures du moment ?  Et plus encore, un journaliste…

Des idées qui progressent

Depuis désormais plus de 20 ans nous défendons publiquement de façon constante une thèse fondamentale :

-          Il n’y a pas de bon commerce sans bonne monnaie

-           Il n’y a pas de bonne monnaie sans un équilibre relatif des balances de paiement.

Le système des changes flottants imposé par les Etats-Unis après l’effondrement des Accords de  Bretton-Woods a conduit à l’abandon de règles fondamentales d’équilibre économique au profit d’un système spéculatif  dont tous les rouages ne pouvaient que se gripper. Enormes excédents commerciaux et  énormes déficits de balances de paiement ont transformé le monde en une économie baudruche dont la vocation était d’exploser un jour ou l’autre. Comme l’écrivait Maurice Allais, « ce qui doit arriver arrive ».  C’est ainsi que nous avons défini la crise comme la composante de trois évolutions :

-          Une baisse tendancielle du trend

-          Une aggravation des récessions « décennales »

-          Une montée permanente de la dette globale,

Et tenter de démontrer que cette crise avait une cause principalement monétaire.

Nous avons prévenu depuis 1977 : attention à la colère des peuples, car la stagnation économique, la baisse du pouvoir d’achat, et le chômage déstabilise les sociétés.

Il a fallu l’explosion de 2008, parfaitement annoncée et prévue, et la montée électorale des « populismes » pour que, soudain, ces réalités éclatent à la figure de dirigeants tétanisés mais englués dans la routine.

Nous avons prévenu, les premiers, sur les dangers du Tafta (pratiquement jamais commenté dans les medias français)  et l’offensive américaine, qui s’appuyant sur les principes des statuts du FMI, entendait rétablir de force, avec des taxations lourdes, leurs équilibres extérieurs.  C’était bien avant l’arrivée de Trump.

Le style cow-boy de Trump n’a fait que révéler un peu mieux les forces sous jacentes. Trump a parfaitement raison, comme l’avons déjà écrit ici, de considérer que les excédents Chinois sont extravagants et que les excédents allemands ne sont pas convenables. Là où il est incohérent est qu’il ne voit pas qu’ils sont largement la conséquence des énormes déficits extérieurs américains.  Si on veut que le dollar soit la monnaie du monde alors le déficit américain est automatique puisque c’est lui qui alimente la liquidité mondiale. Il faut donc changer de système et proscrire toute monnaie mondiale qui soit une monnaie nationale. Là Trump n’est plus d’accord. C’est pourquoi nous professons que Trump « facilite le diagnostic mais complique la solution ».  

Hier, c’est Macron, recevant son prix Charlemagne de bon élève du fédéralisme européen, qui a dénoncé publiquement, et en la présence même de Mme Merkel, les excédents allemands et suggéré qu’elle abandonne son « fétichisme » des excédents de balances de paiements, soulignant que cet excédent avait pour conséquence un dommage pour ses partenaires.

Voici donc les excédents extravagants de balances commerciales et de paiement politiquement et diplomatiquement mis en cause. Vingt ans que nous attendions ce moment.

La faiblesse de ces annonces est double :

-          Il n’y a pas d’explication de la nocivité des ces déséquilibres et de lien causal effectué avec la récession explosive de 2008 et ses suites difficiles

-          Il n’y a pas de schéma d’organisation proposé qui mette fin au double dysfonctionnement du système monétaire international et du système de l’Eurozone.

Dans notre premier livre sur le sujet, «L’Etrange Désastre », nous nous sommes attachés à répondre en détail à la première faiblesse.

Dans notre second livre à paraître, nous cherchons à dégager les lignes d’un nouvel ordre monétaire mondial congruent avec un nouveau système européen, en le replaçant dans l’histoire monétaire internationale des 100 dernières années.

Didier Dufau

Mai 1968 et la monnaie

Cette question n’a jamais été réellement posée jusqu’ici, mais ne manque pas d’importance.

En mai 1968, les autorités n’ont réussi à terminer la grève quasi générale qu’en lâchant les accords de Grenelle qui ont eu pour conséquences immédiates la dévaluation du Franc, afin de reprendre le plus vite possible les avantages intenables qui avaient été concédés et ne pas mettre totalement hors-jeu l’industrie et l’emploi français.

Épreuve écrite :

Que se passerait-il dans des circonstances similaires du fait qu’on ne peut plus dévaluer une monnaie nationale ?

Vous avez quatre heures.

Épreuve orale :

Depuis 1967 de Gaulle ferraillait dur contre le dollar et le Gold Exchange Standard et pour qu’on en revienne à l’étalon-or. Les évènements de mai allaient le mettre immédiatement hors course. S’en était définitivement fini d’une revendication française en matière de système monétaire international. Certains complotistes ont vu dans ces manifestations l’effet de la CIA justement pour pérenniser le rôle du dollar.

Que se serait-il passé si la situation était restée normale ? De Gaulle et Rueff auraient-ils pu provoquer une réforme du système monétaire international et éviter l’explosion de 1971 ?

Vous avez une heure.

L'Administration française à l'épreuve de la digitalisation

Un exemple

Rien n’est plus curieux que la dérive des mots qui suivent des modes pas toujours parfaitement compréhensible. Prenez l’adjectif difficile, il est presque totalement remplacé par compliqué.  

« Macron fait face à une situation compliquée à la SNCF ».

« Pour les anciens taulards, la réinsertion est compliquée ».

« Eviter la relégation en seconde division  sera compliqué ».

« Depuis qu’il a perdu son permis, sa vie professionnelle est devenue compliquée ».

« Il n’aurait pas dû frapper son patron. Maintenant c’est plus compliqué ».

Pour vaincre la difficulté il fallait avoir des qualités. Seuls le mérite permet de vaincre ce qui est difficile. « Il a réussi quelque chose de vraiment difficile ». La complication mérite moins de vertus. Il doit y avoir une solution. Il suffit de trouver la clé.  Compliqué est politiquement correct car c’est à la portée de tout le monde avec un peu d’astuce et d’assistance.

Deux autres mots, récents ceux là, sont en train de sortir du dictionnaire des mots usités. Informatique et programmeur ont muté en digitalisation et codeur.

Pas un homme politique, ou un journaliste, qui, pour paraître branché, n’accable l’assistance sur les bienfaits du codage « qui doit être enseigné dès l’école primaire voire la maternelle» et les risques « de la digitalisation » qui est certes « la clé de l’avenir » mais « va faire disparaître de nombreux emplois ». Le nuage est la limite, s’il ne nous tombe pas sur la tête. L’algorithmique pour les nourrissons et l’intelligence artificielle (prononcez « aïyé » svp !) pour tous, telle est la voie de l’avenir. Et la voix des Macronistes soucieux d’imposer la transformation par la digitalisation à rythme forcé notamment à l’administration.  Celle-ci devra marcher au digit et à l‘œil.   Enfin à l’œil si l’on veut. Il est vrai que l’action syndicale exige désormais des larmes à tous les étages. Le personnel est épuisé. On se suicide tout le temps. Le climat social est de plus en plus susceptible de s’enrhumer.  On avait la langue de bois syndicale ; voici l’œil de bois syndical.  

Ce qui est sûr est que l’Administration se met très généralement le digit dans l’œil dès qu’elle s’auto digitalise. Certains ministères n’ont jamais été capables de mettre ne place un programme qui marche : la santé, la justice, les armées, les affaires étrangères donnent ainsi le spectacle de désastres aussi consternants que spectaculairement « disruptifs », autre mot qui est entré récemment dans le vocabulaire de l’homme de média conscientisé. Le Ministère de l’intérieur vient de s’y mettre avec une réforme brillante, digitalisé et tout et tout,  de la gestion des passeports et des cartes grises.

Plus question de guichetier  avec ces files d’attente intolérables où des assujettis accablés regardaient nos braves préposés discuter sans complexe de leur Week End, des prochaines vacances ou de la prochaine fête, pardon manif, en laissant les sièges vides derrière les guichets, sauf une malheureuse, accablée de travail, qui seule bravait l’afflux des numéros. Désormais tout cela a été codé, par des gens dont l’intelligence était sans doute un peu artificiellement gonflée, surtout quand on sait qu’ils ont choisi ANTS (fourmis en anglais) comme nom de site cloudesques (ou clownesques comme on voudra).

La petite histoire suivante donnera un aperçu des bienfaits de la digitalisation administrative à la française.

La scène se passe dans une mairie de province, pardon, « en région ».

-          Bonjour Madame, c’est ici les passeports ?

-          Oui Monsieur, bonjour, installez-vous. Quel est votre problème ?

« NB : dans notre monde compliqué, on a des problèmes. Des blèmes pour simplifier, probablement par ce que c’est la couleur du visage de l’impétrant au guichet) ».

-          Mon passeport est périmé et je souhaiterais le changer.

-          Mais Monsieur, la procédure est désormais sur internet. Il faut aller sur le site ad hoc.

-          Oui, je sais. J’y suis allé.

-          Vous avez pris votre rendez-vous ?

-          Non, car le programme a crashé et quand j’ai voulu recommencer, le système n’arrêtait pas de me demander un numéro de dossier que je n’ai jamais vu. Je suis bloqué.

-          Ah oui, ça arrive. Vous n’êtes pas le premier.

-          C’est pour cela que je suis venu avec toutes les pièces du dossier. J’ai tout : formulaire, timbre fiscal, photos, certificat de domicile récent, ancien passeport et carte d’identité récente, tout.

-          Mais je ne peux pas recevoir ce dossier.

-          Pourquoi ?

-          Parce qu’il faut passer par la procédure de rendez-vous digitalisée.

-          Pourquoi ?

-          Le système a été mis en place pour éviter des files d’attente épouvantables. Les flux sont régulés et mon chef est absolument impératif : pas de rendez vous, pas de traitement.

-          Mais je ne fais pas la queue. Nous sommes tous les deux seuls. Votre chef ne vous verra pas.

-          Ce n’est pas possible.

-          Vous êtes sûr que le système a été mis en place pour éviter les queues ?

-          Bien sûr. Vous constatez vous-mêmes qu’il n’y a plus de queue. Alors traiter mon dossier puisque ce brillant résultat a été atteint.

-          Mais ne soyez pas insistant. S’il n’y a pas de queue, c’est justement parce que le système l’évite. Alors il faut le respecter.

-          Mais puisqu’il n’y a personne et que le dossier est complet, vous l’avez-vous-même gentiment vérité. Il suffit de le transmettre.

-          Vous ne comprenez pas. Je n’ai pas le droit de le faire et mon programme me demandera un numéro de dossier qui devra avoir été créé par la procédure.

-          Votre programme ne vous permet pas de travailler même quand il n’y a pas de queue ?

-          C’est cela.

-          D’accord. Pourriez-vous me donnez un rendez-vous par la procédure qui évite de faire la queue.

-          Oui, bien sûr. Mais je crains que, vue la saturation générale, le rendez-vous soit éloigné dans le temps.

-          Quelle saturation générale ? Ce n’est pas le cas ici.

-          Oui, mais vous ne voyez pas ce qui est derrière l’écran. Ah voilà. Nous sommes le 12 mars, le programme me propose le 3 mai.  

-          Vous voulez que je revienne le 3 mai, presque deux mois, avec le même dossier ?

-          Oui, comme cela vous ne ferez pas la queue. Mais pas tout à fait avec le même dossier. Faites attention à votre quittance d’électricité. Vérifier qu’elle est suffisamment proche de la date du dépôt. Comme la photo.

-          Et il faudra combien de temps pour avoir le passeport ?

-          Je regarde. Il faudra environ un mois un mois et demi, après la date de dépôt.

-          Vous voulez dire qu’un passeport dont le dossier est prêt début mars ne pourra être disponible qu’à la mi-juin ? Quatre mois ! Et ce document coûte désormais 86 Euros !

-          Oui la digitalisation permet des progrès mais c’est cher.

-          Je pourrais passez quand je veux ?

-          Non la procédure vous enverra un jour et une heure de rendez-vous. Pour vous éviter de faire la queue.

-          On peut la changer, car je ne peux pas toujours prendre une journée de congés comme aujourd’hui ?

-          Oui mais il faudra attendre que l’ordinateur vous donne un nouveau rendez-vous. Si vous le faites en juin, vous risquez d’être convoqué en septembre.

-          Il faut que je prenne mes vacances en juin pour ne pas risquer d’avoir à les prendre en septembre ?  

-          C’est vous qui voyez.

-          Bon. Puis-je vous poser une autre question ?

-          Naturellement.

-          J’ai une vieille voiture qui ne peut plus retourner à Paris. Ais-je une solution ?

-          Oui. Prendre une carte grise voiture de collection si elle remplit les critères.

-          Quand elle est avec une plaque collection elle pollue moins ?

-          Non, mais elle est autorisée.

-          D’accord.

-          Mais j’attire votre attention sur le fait que le système des cartes grises est totalement défaillant. Des centaines de milliers de dossiers sont en attente.

-          Pour éviter aux demandeurs de faire la queue ?

-          On ne nous a rien dit. Mais avoir une carte avant septembre, c’est quasiment impossible.

-          Alors que faut-il faire ?

-          C’est réglé : rentré chez vous, vous prenez un rendez-vous  par ordinateur, ensuite vous suivez la procédure.

La maladie de la cagnotte

Il est intéressant de noter que personne collectivement n’apprend jamais rien. L’erreur comme le chiendent repousse inlassablement et il n’y a pas de désherbant spécialisé.

Prenons cette affaire de cagnotte, l’exemple même d’une illusion d’optique tout à fait remarquable.

L’activité est cyclique. La fiscalité française est progressive. La conjoncture est bonne et les recettes prennent l’ascenseur pendant que l’économie prend l’escalier. La pression fiscale globale augmente. Personne n’a jamais voulu publier ce multiplicateur mais il est intégré dans tous les modèles de prévision fiscale fonction de l’activité.

Pendant les récessions le phénomène inverse se produit. Les recettes freinent brusquement et quand la récession est grave elles s’inversent.

L’État considère toujours que le maximum de recettes atteint est un acquis perpétuel. Donc ses sbires qui tiennent le pouvoir, ce que nous appelons l’Énarchie Compassionnelle, exigent aussitôt des hausses d’impôts massives pour compenser. Cet effet de cliquet est structurel dans Ve République du fait de la mainmise des hauts fonctionnaires, toutes couleurs politiques fondues, sur la politique.

Lorsque l’effet de ces nouveaux impôts s'ajoute aux précédents, lors de la phase d’expansion suivante, l’argent coule à flots dans les caisses. On le dépense aussitôt. Et le cycle repart.

Ce mécanisme est splendidement apparent notamment depuis 1973. C’est comme cela que la dépense publique dépasse désormais la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand non financier. Et que notre dette publique dépasse de deux fois cette valeur ajoutée, une situation qui explique l’énormité de notre chômage et de notre pauvreté.

Le couple Macron-Philippe, avec le coadjuteur Le Maire et l'idiot utile Darmanin, a décidé d’augmenter sauvagement les recettes fiscales, conformément à cette habitude funeste. La phase de haute conjoncture internationale arrive avec retard et moins d’élan que d’habitude mais elle arrive. Le résultat est évidemment un flot énorme de recettes supplémentaires, d’autant plus violent que ces loustics ont littéralement matraqué le pays avec des hausses de taux phénoménales.

On a déjà montré que la hausse du taux de prélèvement sur la CSG déductible était de plus de 40 % ! Mais il y a mieux. Le malus sur l’achat de voiture est passé de 0 à 140 euros pour un taux de CO2 de 126 unités. De 90 à 353 pour un taux de 131, soit une hausse légère de 392 %. Si vous atteignez 162 Unité, la taxe passe de 3 313 à 4 460, une toute petite somme qui a fait passer le coût des voitures de cette catégorie au-dessus de 30 000 euros. À partir de 180 unités, vous voilà dans le monde de rêve des voitures qui paient plus de 9 000 euros de malus et même 10 500 au-delà de 191. Les SUV à la mode sont désormais tous passés au-dessus de 45 000 euros ! Comme il y a actuellement une frénésie d’achats de voitures, combinaison du cycle automobile et du niveau très bas des taux de crédit, le rendement de cette taxe est gigantesque.

La voiture et le logement sont les deux équipements les plus lourds et évidemment les plus taxés.

Pour être juste cette manie de la conservation de toute recette et donc de toute dépense acquise est aussi le fait des collectivités locales et des institutions internationales.

Voyez l’Europe : le Royaume Uni s’en va. Cela fait un trou dans les recettes. Pense-t-on à ajuster les dépenses ? Pas du tout. Les dirigeants de l’UE exigent de nouvelles ressources et une hausse « très importante des impôts européens » que Macron leur a promis à l’avance.

Voyez les mairies. Les recettes sont ponctionnées. Va-t-on baisser la dépense. Pas du tout. On va augmenter de 200, 3000, 500 % les amendes de stationnement, taxer jusqu’à 1 000 euros les cabanes à lapins, augmenter massivement la taxe foncière. Réduire la dépense ? Jamais ! Non Mais ! Peut-être va-t-on laisser filer l’entretien des routes… Quand les inconvénients seront devenus visibles, il sera bien tant de faire un « impôt nids-de-poule ».

Lorsque la BCE a décidé de récupérer le contrôle des principales banques européennes, elle a recruté comme un malade. Les banques centrales elles n’ont pas adapté leurs effectifs à la perte des contrôles nationaux. « Quelle horreur ! Vous êtes dingues ».

Les élections présidentielles ont été dominées par la question de la réduction des effectifs publics et des postes subventionnés. Le résultat : la hausse de ces effectifs est très importante en 2017 et le restera en 2018. À fin 2018 jamais les recettes publiques n’auront atteint de tels sommets.

Pendant ce temps-là, les politiciens démagogues regardent la cagnotte et crient : « donner là, donner là, donner là ! Nos clientèles attendent ».

Le revenu et le capital des Français ne leur appartiennent pas. C’est une concession qu’on leur fait et il faut qu’ils paient pour en disposer. Vive l’impôt ! Il faut savoir la société que nous voulons ! Des bonnes intentions sans recettes massives affectées, cela n’a pas de sens. Il faut 1 % du PIB pour la Culture, le Handicap, le Sport, les Femmes, la Pureté de l’eau, la Pureté de l'air, les Maternelles, les Homosexuels-lles, la Francophonie, l’aide aux pays sous-développés, la promotion de l'artisanat, la sauvegarde des fermes authentiques, la sauvegarde des cirques, la suppression des trous noirs téléphoniques, ad libitum. Il faut 4 % du PIB pour l’Armée, la Justice, le logement, le rail, l’Europe… Il faut 40 % du PIB pour la sécu et 40 % l’Éducation nationale.

C’est sûr

Quand vous serez autour de 300 % du PIB, arrêtez-vous et reposez-vous un peu. Ah zut vous avez oublié le 4 % pour la recherche scientifique et le 1 % pour le développement du codage dans les maternelles ! Et puis attendez, nous allons avoir les jeux olympiques, le championnat du monde de football et celui de rugby.

Le plus drôle est qu’il ne se passe pas une journée sans qu’un abruti vienne dans les médias en fonction de l’actualité pour souligner combien les ressources manquent pour à peu près tout et qu’on ne s’en sortira pas sans une hausse vertigineuse des ressources à dépenser sur le sujet. Mais oui, n’oublions pas : il faut créer un quatrième risque pour les petits vieux. Quant à nos prisons elles sont infectes, nos hôpitaux, nosocomiaux, nos passages à niveau, dangereux, nos urgences, saturées, nos greffiers, submergés, nos bombes, achetées à l’étranger, nos migrants, mal traités,

Le plus consternant est qu’il ne se passe un jour sans qu’un démagogue ne suggère une nouvelle gratuité. Mme Hidalgo qui s’est construit patiemment une réputation de démagogue, d’idéologue et d’allumée gauchiste capable de tout, propose, ce jour, la gratuité des métros et des bus. Il faut dire qu'ayant supprimé les voies de circulation et de stationnement, monté à des sommets hystériques les PV de stationnement, et n’ayant augmenté aucune capacité de transport public, elle ne peut rabattre le troupeau que vers des métros saturés, où les femmes se font pincer les fesses et où la pollution aux particules fines est dix fois plus élevée qu'en surface, et des bus erratiques et inconfortables. Le proposer la veille d’une grève perlée des transports montre un sens de l’opportunité qu’il faut souligner.

La gratuité, tout le monde sait cela, c’est ce qui coûte le plus cher. Séparer le coût de la consommation, c’est la source principale du gaspillage. « Puisqu’on vous dit qu’il faut savoir la société que vous voulez ». Bien entendu une société où tout est gratuit est une société où personne n’a rien, sauf la nomenklatura qui la dirige.

Alors, dans les années quatre-vingt-dix, on disait : La justice est effondrée ; l’armée tient avec des bouts de ficelles ; l'éducation nationale est sur le toboggan. L’hôpital tient, mais jusque quand ?

Maintenant on dit : la justice est effondrée ; la diplomatie extérieure et l’action culturelle française à l’étranger sont effondrées ; l’Éducation nationale est effondrée ; l’Université est effondrée ; la médecine libérale est presque totalement effondrée ; L’hôpital est très malade ; les Ephad sont effondrés ; Les Armées sont au bout du rouleau ; La police est dépassée par les évènements et les zones de non droits s’étendent ; la prison est effondrée (les matons demandent qu’on les défende des prisonniers) ; la formation professionnelle est effondrée ; l’industrie est effondrée ; l’art a quitté la France ;

La « transformation » est en cours paraît-il. « On a interdit aux juges de ruiner les entreprises et aux députés d’employer leurs proches. Tout de même ce n’est pas rien ». Tout cela est évidemment dérisoire et tient plus de la comédie politicienne que du destin national.

On sait parfaitement ce qu’il faut faire :

-          Interdire à un fonctionnaire d’être élu dans une chambre qui vote ses conditions d’emploi.

-          Interdire le versement de deux rémunérations publiques à la même personne.

-          Modifier la procédure budgétaire pour que le budget ne soit augmenté que du montant de la croissance moyenne du PB dans les trois précédentes années.

-          Pour les régions et les collectivités locales, ne permettre une hausse du budget complémentaire qu’en fonction de la hausse de la population.

-          Les grands équipements locaux ou régionaux doivent être contrôlés par une chambre spécialisée du parlement.

-          Interdire toute gratuité, une prestation devant toujours être gagée sur un droit acquis par cotisation. Coller 20 ans de prison ferme à quiconque en proposera une.

-          Plafonner le taux d’endettement des collectivités locales et des administrations et des dépendances de l’État. Coller 20 ans de prisons à ceux et celles qui endettent leur ville pour des décennies.

-          Consigner les plus-values fiscales des périodes de vaches grasses pour les réutiliser pendant les périodes de vaches maigres.

Mais qu’on ne parle pas de miraculeuse cagnotte qui permettrait tout soudain de faire du social à tout va ! C’est de l’escroquerie.

Et de la bêtise crasse.

Observations sur la répression des inégalités de salaires "genrées"

Les débats sur l’égalité sont toujours passionnels ; ceux sur l’égalité hommes femmes encore plus. Les droits formels s’appliquent à tous et toutes sans exceptions. Les réalités concrètes dépendent moins de la loi que de bien d’autres considérations. Les hommes ne sont pas des femmes et réciproquement. Le chemin de vie des uns n’est pas ceux des autres. Leur contribution à la survie biologique de l’espèce est radicalement différente. Leur statut dans la société n’a jamais été identique. Est-ce que l’histoire et l’économie ont des éléments à nous apporter pour sortir des simplismes habituels ?

Les femmes ont toujours travaillé et beaucoup. Mais leur sphère de travail était en dehors des circuits marchands. Le mariage était leur vocation et dans ce cadre elle sortait de la production marchande comptabilisée dans le PIB. Le célibat n’était pas bien vu et les hommes célibataires considérés comme d’affreux égoïstes et était l’objet d’une répression sociale douce mais ferme. En fait la situation n’était pas exactement conforme à cette image d'Épinal. Dans les faits entre la sortie de l’école communale jusqu’au mariage, la majorité des femmes travaillait. À la campagne, on travaillait tout le temps. Dans le petit commerce la femme travaillait presque toujours. Les Catherinettes qui ne trouvaient pas mari à 25 ans, travaillaient également, comme toutes celles qui avaient choisi un métier artistique. Elles pouvaient se retrouver dans des organismes à caractère religieux si leur situation était sans issu. Ne parlons pas de celles qui « s’en sortaient » de façon plus triviale.

Ce faisant les salaires féminins et masculins n’avaient strictement aucun rapport. Dans un très grand nombre de cas le revenu des femmes était un revenu de redistribution et non un salaire, en très grande majorité, même dans les ménages ouvriers.

La société faisait devoir aux hommes de travailler et d’épouser, et de nourrir la famille. Les entreprises familiales (agriculture, commerce, artisanat, petits métiers des villes) occupaient encore, dans les années quarante, plus de trois familles sur quatre. Ne parlons pas de la bourgeoisie aisée où l’on considérait que le travail des femmes était absurde, comme d’ailleurs leur besoin de faire des études supérieures, attitudes qui n’ont pas toutes disparu.

Trois phénomènes vont littéralement disloquer ce système millénaire.

Le premier est l’exode rural. Il commence en France sur une base massive avec l’arrivée du tracteur et des engrais qui changent la productivité dans l’économie rurale et de la mobylette… Cette dernière permet d’aller loin du village jusqu’au bourg et même à la ville. Les adolescentes rêvent de quitter la campagne et le font. En France cette révolution se fait au milieu des années cinquante, juste après la myxomatose. Comme le disait le Père Lucas, Raoul pour les intimes, à Bazainville en 1957 : « Pourquoi voulez-vous que cela marche si les lapins et les poulettes ont disparu ? C’est la mort programmée des villages ». Il avait vu juste.

Du coup un exode de femmes se met en place qui commence dans la France hercynienne, la moins productive du fait de sols ingrats (Vosges, Bretagne, Massif Central) qui conduira à un emploi massif de gens de maison dans les villes et, malheureusement, au développement d’une prostitution « régionale » autour des gares. Se constitue dans les villes et les banlieues une réserve féminine de travail qui est très mal vu des mouvements ouvriers et des syndicats, parce qu’elle « pèse sur les salaires ». Toutes les arrivées de migrants sont mal vues par les personnes en place. De plus les hommes regimbent car on leur fait devoir d’épouser et d’assurer la matérielle du ménage. Comment maintenir ces devoirs si la femme leur fait concurrence au travail ?

Le second phénomène est la guerre de 14-18 et la disparition ou la mutilation de trois classes d’âge masculines. Cela veut dire que trois classes d’âge féminines ne vont pas trouver « chaussure à leur pied ». Le mécanisme familial traditionnel ne fonctionne plus. Dans les faits ce sont près d’un million de personnes qui sont concernées. On sait que l’industrie de guerre a beaucoup fait appel aux jeunes femmes. Un problème de reconversion considérable se fait jour, et peu après la crise de 1929 frappe. En même temps les métiers tertiaires se développent à toute vitesse dans l’entre-deux-guerres et offrent des débouchés réels, d’autant que beaucoup de métiers nouveaux sont quasiment réservés aux femmes.

Donnons un exemple : le développement du grand commerce (Monoprix et Prisunic entre les deux guerres) voit se créer d’énormes services centraux. Le transport et le stockage sont réservés aux hommes pour des raisons qu’on peut considérer comme évidentes. Le travail administratif qualifié et non qualifié aux femmes. Les services sont dirigés par des mesdemoiselles. De plus en plus âgées. Elles sont assistées par des « secondes » et tout le personnel est féminin et très jeune. La très grande majorité quitte avant 25 ans, au mariage. Ce ne sont pas de petits services. La comptabilité fournisseurs, marchandises et générale des grands magasins et magasins populaires occupent près de 10 000 femmes à Paris en 1970. Les vendeuses dans les magasins forment des légions encore plus importantes. Toutes les grandes villes connaissent le même phénomène. Les caissières de supermarchés sont toutes des femmes, jusque très récemment.

Ces cohortes féminines ont permis le développement de ces secteurs commerciaux. La comparaison avec les salaires masculins n’a strictement aucun sens, puisqu’il n’y a pas d’homme dans ces métiers. Les salaires sont relativement faibles en valeur absolue par rapport aux hommes pour une raison simple : l’équilibre du marché. Il y a plus de demandes de travail que d’offres du côté des femmes et c’est l’inverse du côté des hommes. Les faibles salaires permettent un emploi féminin de masse et le développement d’activités qui sinon auraient été bridées. Les syndicats veillent à ce que les métiers soient bien séparés. Pas question de femmes à la SNCF dans l’effectif de « roulants ». D’ailleurs peu de femmes le souhaitent. Pas question de femmes non plus dans les métiers du bâtiment. Là encore, peu le souhaitent.

Ce phénomène durera longtemps, même dans les métiers nouveaux. En informatique les femmes investissent la perfo-vérif et la codification, les hommes la salle informatique et la manipulation des bacs à cartes perforées, avec un travail de nuit peu souhaité par les femmes. Encore en 1980, la vérification des radios chez Kodak, qui se fait « au noir » était un monopole féminin. Pas question de mélanger hommes et femmes dans le noir !

Même dans les métiers où la confrontation directe des hommes et des femmes est possible, les écarts de salaires perdurent parce que la disponibilité aussi bien quotidienne que de carrière n’est pas la même et qu’il y a plus de femmes pour postuler que d’hommes. Ce sera le cas notamment pour les analystes-programmeurs pendant très longtemps. En revanche dans les métiers de démarchages commerciaux, les femmes ont souvent des commissions supérieures aux hommes du fait d’une séduction supérieure de clients en général masculin et âgé. La vente de matériels de bureau, de matériels médicaux et d’encarts de publicité est largement conquise par les femmes, qui sont majoritaires et gagnent plus que les hommes.

Parler d’égalité homme femme n’a strictement aucun sens dans toutes ces évolutions. En fait ce sont les lois du marché qui règnent. On a voulu « marchandiser » le travail des femmes. Les choses s’ajustent. Les hommes et les femmes sont, en fait, rarement en concurrence. Ni les uns ni les autres ne le souhaitent.

La dernière évolution majeure est la mesure de Giscard qui détruit le mariage en autorisant le divorce à tout va. Cela brise totalement le système de protection de la famille. Les femmes peuvent se retrouver du jour au lendemain sans rien. Les hommes craignent que leur femme cède aux tentations qu’offre une vie loin de la maison. Les femmes qui ont choisi de « rester à la maison » s’ennuient, sont isolées et passent pour des gourdes. Elles se mettent à chercher du boulot. Leurs filles se lancent dans les études et les métiers dont beaucoup se féminisent à toute vitesse. Le droit, l’éducation, la médecine deviennent des secteurs à dominante féminine. Les Urssaf et autres administrations sociales sont des fiefs féminins. Du coup les hommes ne recherchent plus les métiers « gâchés », à leurs yeux, par l’arrivée massive d’une concurrence qu’il juge anormale. Mais puisqu’on ne demande plus aux hommes de se marier et de protéger le gynécée ! La recherche de postes stables dans l’administration est l’exercice de base de beaucoup de jeunes femmes dans les provinces comme à Paris. L’État est d’accord car c’est moins cher… La féminisation accompagne la prolétarisation des métiers d’enseignants.

Au carrefour de ces trois évolutions, dans un contexte de baisse de la croissance et de crises, il était inévitable que les différences de salaires soient importantes. Aujourd’hui s’ajoute la question de l’immigration. La question des différences de rémunération et de statut entre homme et femme se complique d’une question ethnique. Les stratégies d’emplois qui étaient différentes entre hommes et femmes se teintent de choix de vie où l’origine du collègue prend une place sérieuse.

L’Europe s’y met. Le travail détaché en Europe est de plus très majoritairement masculin. Les Chantiers de l’Atlantique emploient de masses d’étrangers masculins et relativement peu de femmes. L’immigration africaine est majoritairement masculine et les femmes africaines se placent dans des métiers de service à la personne où les hommes ne sont pas. Les métiers de sécurité absorbent une part importante des hommes noirs et là, pas de femmes.

Vouloir, au milieu de toutes ces tendances forcer les entreprises à prouver qu’elles pratiquent l'égalité des salaires est une simple concession démagogique et politicienne à des mouvements militants et n’a de sens que pour les métiers « normés » où l’interchangeabilité des hommes et des femmes, aussi bien à court terme qu’à moyen terme est possible. Les hommes infirmiers ont le même salaire que les femmes, mais les brancardiers sont des hommes ! Les enseignantes et les enseignants ont le même salaire, mais il n’y a plus d’hommes et les femmes laissées seules devant les jeunes, disons, turbulents de l’immigration exigent « des hommes, des hommes ». Au mieux cette politique répressive se retournera contre les femmes comme d’habitude, parce qu’on alignera sur les salaires les plus bas, là où l’offre nouvelle de bras est la plus grande.

L’activité économique préfère que les femmes travaillent : deux revenus font plus de clientèles et deux fois plus de travailleurs pèsent sur les coûts. C’est gagnant-gagnant. Mais les hommes et les femmes ont des stratégies économiques différentes. Les carrières ne s’insinuent pas dans les mêmes lieux et ne suivent pas les mêmes motivations, même si l’Unisexe s’est largement répandu. On peut le voir avec l’exemple de l’emploi homosexuel qui s’est largement spécialisé dans l’antiquité et l’art, les médias et la politique. Les minorités ont toujours des stratégies spéciales.

Il y aura donc toujours des différences de salaires et de rémunérations « genrées ». Mais différences ne veut pas dire inégalités. La violence bureaucratique ne peut que compliquer les évolutions en créant des frustrations qui auront, elles aussi, des conséquences. On retrouve les mêmes mécanismes que dans la politique de mixité sociale forcée.

Les causes du drame de la SNCF

On peut faire remonter le drame de la SNCF à différents moments : la crise de 1929 dont une des conséquences sera les difficultés financières sévères dans les industries de réseau comme le chemin de fer, dont les frais fixes sont importants et la recette très dépendante de la conjoncture ; la manie planiste du Front populaire et ses nationalisations qui voient un État laxiste, nécessairement laxiste, dépenser sans compter et épuiser les ressources du pays ; la guerre de 40 qui verra, lors de la préparation du débarquement et son exécution, une destruction systématique des gares et des ponts, après que les Allemands aient volé une grande part du matériel ; le choix politique de laisser la SNCF au Parti communiste et à sa dépendance Cégétiste à la Libération… Les clous dans le cercueil n’ont pas manqué.

La particularité de la France est de subir des crises économiques importées et d’y répondre en votant pour le socialisme qui aggrave les choses. Les Français adorent la double peine. Ils l’ont fait après la crise de 1922 en élisant le bloc des gauches et en 1936 avec le Front Populaire. Ils recommenceront après la crise de 1973 qui amènera Mitterrand, la crise de 1992 qui amènera Jospin et celle de 2008 qui nous vaudra Hollande. À chaque fois l’affaissement de la France en aura été accéléré. Et cela fait quatre-vingts ans que cela dure.

Quand on voit les choses avec un esprit uniquement pratique, une mesure aura été particulièrement dramatique : rendre impossible le licenciement des salariés de la SNCF. Il ne faut pas oublier que besoin de reconstruction et recrutement communiste aidant, la SNCF payaient directement ou indirectement 750 000 personnes en 1946, dont environ 500 000 cheminots. À l’époque, la SNCF était le premier employeur de France avec l’Éducation Nationale.

L’ennui, c’est que l’électrification du réseau et la poussée de l’automobile allaient conjuguer leurs effets pour réduire de façon drastique les besoins de personnels. Dès les années cinquante, la SNCF est obligée de porter un excédent de personnel supérieur 100 000. Bien sûr le personnel va diminuer mais très lentement et par mise à la retraite, rendant le régime de retraite incroyablement déficitaire.

Le résultat sera parfaitement conforme à ce qu’on pouvait imaginer : des déficits majeurs permanents ; la restriction constante du réseau ; le maintien de services inutiles pour conserver un maximum de personnes au travail et plus généralement aucun effort de productivité ; les déficits majestueux ; un sous-investissement constant ; aucune adaptation aux évolutions du marché.

« En même temps » l’organisation se dualise. D’un côté la Direction centrale, polytechnicienne pour l'essentiel, et les différentes équipes qui gèrent les silos de pouvoirs ; de l’autre le terrain, laissé à la cogestion syndicale.

La direction centrale s’emploie à empêcher toute concurrence, interdit la fabrication de camions et limite drastiquement les lignes d’autocars. Il faut « protéger la SNCF ». Mais la voiture et l’avion prennent leur essor. Contre la voiture, on a résisté des années à la construction d’un réseau d’autoroutes, fierté d’abord de l’Allemagne mais aussi de l’Italie avec l'Autostrada del Sol. Pompidou cassera ce tabou et la création d’un réseau d’autoroute devient un fait majeur. De même l’avion décolle comme moyen de transport de masse dans la même période, avec l’avion à réaction civil.

Devant ces évolutions qui ringardisent une institution qui non seulement commence à crouler sous les dettes mais aussi apparaît de plus en plus coûteuse et dépassée, les ingénieurs poussent à la création d’un réseau à haute vitesse, et s’inquiètent des projets d’aérotrain de l’ingénieur Bertin qu’ils s'évertueront à tuer dans l’œuf. D’autre part ils veulent tenir de nouveaux secteurs comme la location de voitures, la messagerie, tout en gérant des excroissances maritimes comme la SEALINK et la SNCM etc. Avec la mentalité cheminote ! Le résultat : des déficits géants.

Alors que l’exploitation quotidienne sombre, les équipes de direction exigent du pouvoir politique la création d’un TGV. Cela se passe juste au moment de l’arrivée de Giscard et… de la crise du pétrole.

Giscard a la réaction d’un énarque polytechnicien : oui à la technique mais gérez mieux et proposez des économies significatives. Une forme de Oui-Mais caractéristique du personnage.

Comme chacun sait le besoin d’énergie croît de façon exponentielle avec la vitesse. Passer de 140-160 km/h à 300-320, multiplie les frais d’exploitation par plus d’un facteur quatre. Il faut un réseau nouveau à construire en parallèle de l’ancien, car on ne peut pas techniquement aller à ces vitesses nouvelles sur l’ancien équipement au sol et il ne faut pas arrêter le transport marchandise et voyageurs. Il faut prévoir des budgets d’équipement insensés dont on sait dès le départ qu’ils ne peuvent pas être amortis. Les technos de la SNCF alliés aux hauts fonctionnaires de l’ENA vont décider de passer outre avec des conséquences dramatiques.

Pendant les dix ans d’investissements initiaux la SNCF va faire diminuer son effectif d’environ 40 000, au profit du régime de retraite… Des lignes non rentables sont fermées (pas toutes puisque pratiquement toutes sont déficitaires…). Les villes de passage et les départements desservis sont mis à contribution. On vend Europcar. Le fret s’effondre car on ferme de très nombreuses voies desservant des sites industriels. Par exemple le bois qui transitait majoritairement par le fer passe au camion. La messagerie commence à flancher. Les quelques efforts faits ne compensent pas la hausse du coût de l’énergie. Stop ou encore ? Ce sera encore, malgré la certitude d’un puits sans fond financier.

Avec l’arrivée de Mitterrand, les effectifs, qui diminuaient régulièrement augmentent à nouveau On passe de 248 à 252 000. Les socialistes ont rouvert des puits de mines dans le Nord, à la même époque en dépit de leur absence totale de rentabilité ! Cela durera deux ans. Les 4 000 cheminots recrutés pour la vie pèseront pour 25-30 ans dans les comptes de la SNCF et pour la même durée dans ceux du système de retraite, alors qu’on n’en avait absolument pas besoin. Une décision politique de gaspillage électoral à 10 milliards d’Euros. Pour les mines, il faudra dépenser 200 000 F pour liquider chaque poste créé ! Et allons-y !

Évidemment tout cela n’a qu’un temps. La direction de la SNCF est confiée à des socialistes bon teint et de plus en plus à des Énarques. La direction financière prend une place croissance. L’État, après des rapports alarmistes de la Cour des Comptes, exige dès 1984 que l’on mette en place une comptabilité analytique notamment dans les filiales. Comme des accidents ont commencé à endeuiller le réseau, la SNCF est obligée de se pencher sur le « vieux réseau » celui qui n’intéresse pas sa superstructure. Il va naturellement se retournez vers l’État pour se faire payer l’investissement nécessaire à la sécurité.

Pendant deux décennies la SNCF va continuer à fourguer les filiales non rentables, réduire son réseau, augmenter massivement ses prix, laisser tomber ou quasiment ses réseaux urbains, gonfler ses déficits et sa dette, tout en réduisant par transfert sur le régime de retraite ses effectifs à un rythme de limace. Vingt ans après les exigences d’effort de Giscard on a toujours 185 690 cheminots. Pour situer les idées, la « recette comptée » c’est-à-dire l’argent frais payé par les usagers, ne permettrait dans le privé, pour l’industrie du transport, que de justifier 45.0000 salariés. Le calcul du chiffre d’affaires est un peu alambiqué à la SNCF du fait de multiples « compensations » payées par l’état. La vérité est simple : on a toujours 100 000 salariés de trop. Et un peuple de jeunes retraités absolument démentiels.

Cet effectif travaille peu, moins de 28 heures pour les roulants, à peine 32 heures pour les autres, quand on tient compte de l'absentéisme et des décharges syndicales. En fait tout le monde s’en fiche, puisque de toute façon on ne peut pas licencier. Alors autant calmer les troupes avec le temps de travail, les heures syndicales, les jours d’arrêts maladie, les autres absences et divers avantages.

Seulement voilà, la crise de 1992 frappe le pays et met l’État dont les finances ont été désagrégées par Mitterrand et ses petits camarades socialistes, dans une situation désastreuse et très dangereuse. Balladur n’a pu que faire jouer les « amortisseurs sociaux » et lâcher la dette. Chirac, élu sur la réduction de la fracture sociale, est obligé d'envisager des plans drastiques de retour dans les clous, et cela d’autant plus que le Traité de Maastricht impose ses contraintes.

On aura Juppé et les grèves historiques que l’on sait, avec baissage de culotte généralisée et aucune réforme de la SNCF. On ne fera qu’abandonner les filiales et partiellement l'entretien des voies et du matériel roulant qui devient dégoûtant, tout en concentrant un investissement infinançable sur le TGV.

La pire décision sera d’investir dans le TGV Est, vers Strasbourg. L’investissement est colossal ; la recette d’exploitation ridicule en comparaison. En dépit de tout le lobby formé par la SNCF et les grosses entreprises qui fournissent le matériel parvient à sauver le plan d’extension des lignes TGV. La dette s’envole. Les Énarques arrivent de plus en plus nombreux. Ils y ont un double avantage : ils pourront cumuler les retraites et obtiennent des salaires mirifiques (pensons aux 52 000 euros par moi de Parly 2). Les directeurs nommés par l’État ont une consigne claire : pas de tensions sociales.

En même temps l’Europe au nom de la concurrence libre et non faussée exige que la SNCF perde son monopole. Sarkozy nommera un socialiste, membre actif de la communauté homosexuelle énarchique, pour mettre en place un plan d’apparence avec la transformation de la SNCF en Epic. Recommence la grande rigolade de la reprise de la dette par l’Etat pour créer les conditions d’une entreprise faisant des bénéfices et vouée à la bonne gestion !

Arrive la crise de 2008 et tout explose à nouveau. L’arrivée de Hollande a le même effet que celle de Mitterrand : les effectifs réaugmentent ! La hausse est légère : 152 652 en 2012 contre 152 454 en 2011.

Avec Pepy les pépins graves s’accumulent. Les accidents se multiplient. Le réseau francilien sombre. Les régions qui ont repris stupidement l’exploitation des lignes locales se sentent flouées : les raccordements au TGV se font à la discrétion de la SNCF ; il est impossible de rentabiliser les lignes avec le personnel détaché par la SNCF. Certaines régions vont faire des folies furieuses : Dieppe la communiste rachète les bateaux de Seafrance et le terminal anglais de Newhaven : les pertes abyssales s’enchaînent dénoncées avec ferveur par la Cour des Comptes. Rien n’y fait. Des rames vides circulent dans l’indifférence des électeurs. Le TGV commence à perdre beaucoup d’argent en dépit d’une gestion reprise de celle des avions. Il n’y a plus de prix. La complexité est partout et l’usager ne comprend plus rien.

Les lignes secondaires sont désormais le terrain de retards phénoménaux. Les accidents se multiplient. Les rames sur le réseau secondaire sont immondes, les pannes innombrables. Pépy a consigne de calmer le jeu. Il se lance dans la Com’ et s’avère pleurer très bien à la télé quand les drames surviennent ou faire du passionnel médiatique quand tout est paralysé. Beaucoup traitent le Président de roi de la com’ et d’incapacité chronique, mais ce n’est qu’un impuissant, puisqu’il a ordre de ne rien toucher qui puisse relancer les grèves de 1995, ce qui explique sa longévité, malgré la faillite.

Pour rire un peu rappelons que Hollande ira malgré tout jusqu’à proposer de créer une ligne de TGV desservant Tulle ! Le délire total. Lorsque le Président de la République est un guignol, les présidents d’Epic le sont aussi. Ces choses-là sont fractales.

Lorsqu’en 1997 j’écrivais sur le forum du Monde qu’il fallait supprimer d’urgence le statut de cheminots et faire descendre les effectifs de la SNCF au plus près des possibilités de recettes, c’est-à-dire autour de 100 000 personnes, les réactions furent, disons, énergiques. Vingt et un ans après on en est probablement entre 135 000 et 150000, preuve à la fois qu’une réduction massive était possible et qu’on est encore en sureffectif.

La comédie reprend comme en 2008 avec Macron. Comme avec Sarkozy, revient le thème d’un changement de statut. Pourquoi pas une société anonyme ? Et l’idée de limiter l'obscénité du statut de cheminot à ceux qui l’ont, les nouveaux arrivants devenant des contractuels. Comme toujours lorsque des projets de réforme de la SNCF sont engagés la presse est inondée d’informations qui montrent la nécessité de ne rien faire. Par exemple le bon peuple apprend que la SNCF ne parvient pas à recruter assez de conducteurs de trains ! Un comble : c’est normalement l’emploi roi. Et pourquoi réduire les effectifs alors qu’on manque de conducteurs ?

Parce qu’on est en présence d’un sophisme.

Il est sûr que si on recrute un garçon de 25 ans, (les filles trouvent majoritairement que les contraintes d’horaire d’un conducteur sont incompatibles avec une vie de famille), qu’on le forme pendant 5 ans, et qu’il part à à 52, la durée de vie active devient ridicule : à peine 25 ans en moyenne. Si on ajoute une durée de travail qui est proche, dans les faits, de 24 heures en moyenne seulement par semaine, disposer à tout moment du nombre de conducteurs nécessaires devient une gageure. D'autant qu'il y a désormùais mille combines pour ne pas aller au travail sans risque. Ne pas se présenter à l'heure dite pour un conducteur ou un contrôleur est pratiquement sans danger. La discipline n'existe plus depuis longtemps. Il faut dire que travailler dans des trains où on est seul et obligé de gérer des pannes continuelles n’a rien de folichon. Se voir confronter à des suicides, des accidents aux passages à niveau et la mort de migrants morts d’avoir pris trop de risques, n’a rien d’agréable.

Le délitement de l’entreprise pèse obligatoirement sur tous les postes de travail et la colère des « usagers » est désormais incontrôlable. Le plus curieux est la difficulté de trouver des candidats aptes : les nouvelles générations ont les oreilles défoncées par les sons trop forts dans leurs oreillettes, dans les salles de cinéma et de concert comme dans les boîtes de nuit. Or il faut avoir de l’oreille pour conduire des trains rapides. D’autre part la proportion de fumeurs de cannabis est excessive. Les destructions du niveau à la sortie de l’école ont leurs conséquences : il faut tout de même savoir lire et comprendre des textes, souvent réglementaires. L’éducation nationale n’arrive même plus à fournir en nombre suffisant des jeunes capables d’être conducteurs de train ! Encore bravo aux « pédagogistes » et à ceux qui à la télé, tels Ardisson ou Ruquier, militent pour ringardiser ceux qui lutte contre ile cannabis.

Par démagogie, on n’a même pas osé mettre fin à la SNCM, ce puits sans fonds irréformable. En même temps on a multiplié les investissements à l'étranger pour faire Entreprise mondialisée leader sur son marché, avec des rentabilités, disons, incertaines. Et on a augmenté les rémunérations de façon massive. C'est le grand avantage des EPIC : on peut faire ce qu'on veut en matière de rémunération. la respiration du portefeuille, pour les Enarques, est bien mieux ventilée.

Aujourd’hui on arrive au bout du chemin de croix. La France ruinée ne peut plus supporter une SNCF ruineuse. Il faut évidemment comme tous les autres l’ont fait partout à travers le monde, revenir à un contrat de travail normal tenant compte simplement des spécificités du métier dans le cas des roulants (mais pas des personnels administratifs). Il faut pouvoir réduire encore de 50 000 à 60 000 l'effectif de l’entreprise et changer le régime de retraite et la durée de travail, sachant que si on revient à la normale et à la concurrence une bonne partie des roulants pourra être repris hors du cadre SNCF.

Le plan Macron, comme le plan Sarkozy, est très en deçà du nécessaire. On voit poindre les demi-mesures et les compensations ruineuses. Ramener la dette SNCF dans le giron de l’État nous fait sortir des règles de déficit européennes tout en ruinant un peu plus l’Etat. L’idée d’un donnant donnant est absurde parce que la SNCF veut le beurre social et l’argent de la modernisation, ce que l’État n’a plus les moyens de faire. Alors on abandonne le tout TGV, sans que la modernisation du trafic local soit réellement confortée. Alors on propose la demi-mesure d’un abandon du statut pour les nouveaux entrants. Le nouveau conducteur recruté à 25 ans partira à la retraite six ans après la secrétaire de 20 ans recrutée un an plus tôt sous statut de cheminot ancien. Juste ? Alors, on ne parle que de pénibilité pour faire durer le régime de retraite absurde des cheminots et assimilés dans le nouveau système global.

Comme pour la loi Macron 1, dont le bilan n’a jamais été fait, comme pour la réforme du Code du travail, la nouvelle réforme sera l’occasion d’un nouveau bras de fer et n’aboutira après toutes les crispations qu’on peut prévoir qu’à des réformes de principes sans grandes conséquences sur les tares du système actuel, parce qu’on aura cédé dans l’arrière-cour des négociations pour éviter un blocage du pays.

Il est intéressant de relire les communiqués triomphant de Mme Parly alors directeur des finances de la SNCF en 2016.  Ils sont disponibles sur Internet.  Deux ans après on explique exactement l'inverse, alors que la conjoncture est meilleure. Où est madame Parly ? La communication autour de la SNCF est toujours du "foutage de gueule".Qu'on se rappelle les mirifiques projets de transport par rail des remorques de camions qui traversent la France pour aller vers l'Italie et l'Espagne ? Des semaines de promotion à la télé. Sauf qu'aucun proporiétaire de remorque ne voudra jamais la confier à la CGT ou à SUD Rail. Qu'on se rappelle également toutes les palinodies autour de l'écologie.  L'affaire Notre Dame des landes a bien montré que le rail est en fait moins écologique que l'avion ! L'usure des rails quand un TGV passe envoit tellement de particules fines que tous les projets sont bloqués quand il y a des vignobles ou même des vaches en grand nombre : le lait et le vin perdent leur qualité ou deviennent dangereux à consommer.

Certains voient dans le dépôt de bilan de la SNCF la seule solution. Espérons qu’on ne soit pas obligé d’en arriver là. À court cela n’arrivera pas : deux des ministres énarques de Macron ont fait leur fortune en travaillant à la SNCF. Les Énarques aiment bien cet abreuvoir.

Dans 10 ans, cela sera peut-être obligatoire. Ce n'est pas l'employé de la SNCF qui est en cause, ni même la majorité des cadres. La cogestion entre des démagogues à la tête de l'Etat et des régions, les intérêts de l'Enarchie, les ambitions de la technostructure, et l'absolue indifférence aux usagers ont été la cause des deux tares de la SNCF, le surinvestissement permanent et l'impossibilité d'adapter les effectifs au marché. Une recette efficace pour ruiner n'importe quelle entreprise.

 

Didier Dufau pour le cercle des Economistes e-toile

Le péché originel d’Emmanuel Macron

La démagogie électorale a ceci de délicat qu’il faut bien faire le contraire de ce que l’on a promis au moment de gouverner, tout en affirmant solennellement que, pour une fois, « on fait ce qu’on a dit après avoir dit ce qu’on allait faire ». Ou alors on croit devoir mettre en œuvre les sottises que l’on a imprudemment annoncées pour se faire élire. Il faut alors ramer à la godille pour éviter les conséquences les plus graves, ce qui est une autre forme de tromperie, puisqu’on avait oublié de dire que les mesures étaient intenables ou pourries d’effets pervers.

 Une des habitudes les plus malsaines des écuries présidentielles françaises depuis 1974 est de rechercher des mesures qui répondent efficacement à la question de ce qu’ils imaginent être l’électeur lambda : « qu’est-ce que vous allez faire pour mon pouvoir d’achat et mon revenu » ?  Le clientélisme électoral est, parait-il, devenu la règle : l’électeur exigerait désormais qu’on l’achète. En tout cas, telle est l’image qu’en veulent donner les médias. La question n’est plus : comment allez-vous élever le pays, résoudre les grandes questions nationales et progresser sur le chemin du bien commun ?  Le nouveau genre impose ce questionnement fondamental : « Qu’allez-vous faire pour Moâââââ ? » Les livres qui font l’histoire des récentes élections présidentielles montrent bien que toutes les équipes, sans exception, étaient mobilisées sur exactement les mêmes hypothèses de « cadeaux au peuple ». Comme si le débat national se résumait à qui aurait le culot d’aller le plus loin dans la plus sombre des démagogies.

Puisqu’on parle de pouvoir d’achat, rappelons que le niveau moyen de revenu ne peut progresser que si le PIB progresse. Par conséquent, le vrai débat doit porter sur la croissance et les conditions à réunir pour qu’elle se produise. Si on ne part pas de là, on n’opère que des transferts soit de revenus soit de capitaux, entre générations (via la dette) ou entre groupes sociaux (via la fiscalité) ou en utilisant les deux moyens. Si l’on cherche à prendre à un groupe pour donner à l’autre, il faut généralement dévaloriser le groupe puni et survaloriser le groupe aidé. L’enflure dans un sens comme dans l’autre accuse tragiquement les divisions du pays. On voit la jambe dénoncer la main, la cuisse dénoncer la tête, le pied dénoncer le ventre etc. Ce spectacle pitoyable pousse à la « haine de l’autre » à la fois le spolié qui trouve la punition injuste et le bénéficiaire qui s’énerve à la pensée qu’on aurait encore pu en prendre plus aux autres pour le lui donner, puisqu’il est le bon et l’autre le mauvais, et cela d’autant plus que, rapidement, il devient incapable d’envisager de gagner lui-même ses moyens d’existence et entend pérenniser « ses » allocations.

La situation est aggravée en France parce que la dépense publique est supérieure à la valeur ajoutée des entreprises du secteur privé hors banque et entreprise individuelles et que la dette publique est grosso modo égale à deux fois cette valeur ajoutée. Mais oui, l’Etat français dépense plus que ce que produit ce qu’on appelle communément l’entreprise !  

Le Programme Commun de Gouvernement de Mitterrand et de ses affidés a arrêté brutalement le rattrapage du revenu médian des Américains par les Français. On est passé de 2/3 du revenu américain médian en 1980 à un tiers en 2016 ! Bravo à tous ! Depuis 2008, le revenu par tête baisse régulièrement en France en même temps que la dette par tête explose. Quant aux impôts, les hausses sauvages pratiquées par Hollande, après les premières hausses de Sarkozy, ont fait de la France le numéro 1 dans le monde pour la dépense publique et la fiscalité confiscatoire. On sait que la compétitivité française avait été détruite radicalement un peu plus tôt par le gouvernement Jospin avec notamment les 35 heures, même si de nombreuses bouches intéressées expliquent le contraire et si d’autres causes agissent dans le même sens comme l’énorme poids fiscal portant sur le travail et le capital qui handicape toute entreprise confrontée à la compétition extérieure et l’inadaptation structurelle de notre population active, frappée par l’effondrement de notre système scolaire, confiée à des gauchistes irresponsables, et encouragée au non travail et à l’assistanat par le goût de la réélection de députés indifférents au destin de la nation. 

On voit le résultat, comme annoncé mille fois sur ce blog : à la première poussée de croissance, le déficit du commerce extérieur français gonfle démesurément, … comme le nombre d’emplois non pourvus.

La sagesse programmatique impose certaines évidences :

-        Ce n’est pas l’impôt qu’il faut faire baisser, mais la demande de financement, donc le besoin.

-        Ce n’est pas à l’Etat de proposer des hausses de revenus mais à l’économie et pour cela il faut d’abord viser la compétitivité et le succès commercial dans une bonne conjoncture globale

Le jugement à porter sur les programmes des candidats était facile à établir, avec ces deux critères. On sait parfaitement ce qu’il faut faire, tant les livres et les rapports l’ont rabâché. Le seul qui allait réellement dans la bonne direction était François Fillon.  Le plus démagogique des programmes était celui d’Emmanuel Macron, avec deux mesures indécentes : l’exonération sélective de taxe d’habitation et la suppression des cotisations maladies des personnes ayant un travail. Dans les deux cas il s’agit d’un transfert, pas d’une suppression, puisque la matière financée ne fait l’objet d’aucun gain de productivité.  Le transfert, dans le cas d’espèce, s’est fait sur les retraités, la génération passée, et sur la dette, les générations futures.

Aucun domaine où se manifeste une demande de financement public n’a fait l’objet du moindre aménagement. On a bien vu que la dépense publique a continué de grimper en 2017 et qu’elle persistera dans cette direction en 2018.  Aucune des causes de sous-productivité du secteur industriel et commercial n’a fait l’objet de la moindre réforme. Le manque de compétitivité reste exactement le même.

Pour financer partiellement sa démagogie, le candidat Macron a choisi d’augmenter massivement la CSG, en présentant cette augmentation comme minime. On a vu les ralliés Darmanin et le Maire en remettre dans l’utilisation trompeuse d’une présentation en points plutôt qu’en pourcentage. Les retraités découvrent ce que nous ne cessons d’écrire sur ce blog : la hausse pour eux est de plus de 44%, pour la CSG déductible. Mais oui, plus de 44%. Pourquoi pas 100% !  Du coup le gouvernement est obligé de ramer pour expliquer que les retraités sont des privilégiés et qu’il est normal de les saquer au profit des gens qui travaillent. Cette normalité n’a rien d’évident puisque les retraités sont des gens qui ont travaillé en payant plein pot toutes les cotisations notamment pour la maladie (des autres, ce sont les retraités de leur époque de travail qui ont bénéficié de 80% de la dépense médicale) et des retraites (des autres, du fait qu’il s’agit d’un système de répartition).

A démagogue, démagogue et demi : voici l’opposition dans la surenchère sur la question du pouvoir d’achat. Ce sera « le sparadrap du Capitaine Haddock pendant toute sa mandature », explique Wauquier.  Du coup LREM cherche plus de démagogie encore, en reprenant une mesure injustifiable économiquement de Sarkozy : le déchargement des heures supplémentaires, avec un débat pour savoir s’il faut ou non ôter aussi l’impôt sur le revenu ! Quand on regarde froidement les choses, les retraités perdent de l’argent chaque année depuis qu’on a bloqué l’indexation sur les prix (et l’inflation s’accélère) alors que les salariés ont tous connus des hausses régulières de rémunérations avec un pic depuis deux ans et une nouvelle accélération en cours.  Nouvelle logique : ceux qui perdent du revenu doivent donner de l’argent à ceux qui en gagnent.

D’un point de vue strictement économique il vaudrait mieux supprimer les charges et les impositions sur le revenu des 10 premières heures de travail et réformer le système d’assistance des personnes en âge et état de travailler afin de garantir un revenu minimal uniquement à ceux qui auraient travaillé au moins ces 10 heures.

Le péché originel d’Emmanuel Macron est entièrement dans ces mesures démagogiques d’achat de votes qu’il n’arrivera jamais à justifier malgré toutes les contorsions des spécialistes de la communication politique charger de « construire une histoire ».

On dira, comme LREM : il « fallait faire ce qu’il faut » pour se mettre en position de « faire ce qu’il faut » pour « transformer » le pays. Un prix initial à payer en quelque sorte. Une « tradition » qui coûte tout de même entre 20 et 40 milliards d’euros aux Français à chaque élection. Le passage au quinquennat nous coûte cher !

Cette « transformation » se concrétisera-t-elle ?

La réforme du droit social a partiellement remis en cause la politique de Mitterrand et des socialistes qui ont « imposé les juges aux côtés du salariés et de lui seul ». Un juge ne pourra plus, 5 ou 10 ans après la liquidation d’une filiale, exiger qu’on réembauche les salariés pour un minuscule vice de forme. Des abus de ce type ne sont plus possibles. Dans les dizaines d’articles de la dernière loi se cachent de nombreuses mesures dont toute l’importance n’a pas été totalement appréciée.

Lisser des abus n’est tout de même pas une « transformation » fondamentale, même si c’est indispensable. La véritable révolution aurait été de dépénaliser le droit du travail. Si embaucher n’est pas criminel, licencier ne peut pas l’être.

La suppression partielle de l’ISF et la « flat tax » étaient de même des mesures inévitables : plus rien n’est possible dans un pays si le revenu du capital est frappé à 70% et si le taux de l’imposition globale peut atteindre 80% de façon fréquente et plus de 100% à l’occasion. Il fallait agir. Le gouvernement l’a compris mais a choisi une demi-mesure, fraction qui n’a pas de vraie justification. La distinction entre investissement productif et immobilier est totalement artificielle et ne résiste pas à un examen même superficiel.  Les porte-voix du président soulignent son courage politique d’encourir le bonnet infâmant pour les médias français de « Président des riches » et annonce qu’à terme on finira l’affaire mais qu’il fallait y aller prudemment et avoir ici aussi « une histoire à raconter » pour faire passer la première phase. On s’aperçoit que, dans le détail, les hauts fonctionnaires du Trésor ont souvent repris de la main gauche ce qu’ils avaient accordé de la main droite, comme le permet l’extrême complexité fiscale française.

Supprimer un abus fiscal destructeur est un acte qu’il faut saluer mais la « révolution » aurait été d’aller jusqu’au bout : supprimer totalement l’ISF qui est l’impôt le plus injuste, le plus sot et le plus contraire à l’intérêt national, puisqu’au final il est payé par la vente progressive du capital français à l’étranger. 

Avec le statut des cheminots, on entre dans le dur. Un tel statut empêcherait radicalement toute gestion équilibrée dans n’importe quel secteur où il serait imposé. Il a ruiné la SNCF, en interdisant d’ajuster les effectifs aux besoins. L’énorme sureffectif, porté pendant des décennies, a empêché de maintenir des services efficaces et d’investir de façon productive, tout en gonflant la dette dans des proportions ingérables. Tout le monde sait depuis le début qu’il faut revenir à un statut civil contractuel normal avec possibilités de licenciement si l’activité se réduit. Il faut liquider ce statut délétère et permettre une gestion normale de l’institution, avec mise au pas des syndicats trop puissants.  Pourquoi conserver un statut de cheminot aux employés administratifs et aux secrétaires du siège ? Depuis près de trente ans, certains propose la mise en faillite de la SNCF et la création d’un organisme nouveau fonctionnant sur des bases raisonnables. L’Europe ajoute l’idée de plusieurs opérateurs avec mise en concurrence. Les grèves de 1996 semblent paralyser tout le monde.

Pas Emmanuel macron qui prétend obtenir le renoncement au Statut des nouveaux embauchés contre la reprise de la dette par l’Etat. Où est la logique économique ? Où est même l’équité ? Pourquoi un conducteur de train de trente ans dans le nouveau cadre partirait-il à la retraite normale de 63 ans si la secrétaire de 25 recrutée deux ans avant le changement de régime peut partir à 57 ans ?  Quand on sait que deux ministres du gouvernement actuel ont eu des responsabilités majeures à la SNCF (qui leur a permis des rémunérations superbes et un cumul futur de retraite des plus coquets) sous la direction de l’incapable Guillaume Pepy, roi de la com’ gémissante et de rien d’autre, on peut s’attendre à des réformettes plus symboliques que réelles. Mais attendons. Avec Emmanuel Macron, c’est « la promesse de l’aube » qui compte. Mais la nuit a un peu tendance à durer.

L’abandon du projet de Notre Dame des Landes comme celui de la sélection par le hasard à l’université, et désormais celui du bac traditionnel multi-matières sont des mesures de renoncement. Pas de construction. 

On sait que le bac n’a plus de sens et que l’université ne sait pas gérer la masse. Les réformettes ne règlent aucune question de fond. On se faisait peur avec de faux symboles. On est passé outre. Très bien. On ne sait toujours pas gérer la masse à l’université et le bac n’a toujours aucun sens.

A Nantes, les possibilités d’extension du trafic dans l’aéroport actuel sont considérables. A San José, en Californie, on traite 30 millions de passagers sur une piste, trois fois le trafic actuel. L’abandon d’un nouvel aéroport aura peu de conséquences sur le transport aérien.  Le voisinage de l’aéroport ancien souffrira au lieu des grenouilles. Seules conséquences économiques :  les terres qui auraient été libérées pour l’urbanisation à Nantes valent un peu plus que celles de NDDL. Cette plus-value est perdue. Le manque à gagner est important. L’immobilier ira ailleurs, le nouveau résident paiera…en transport plus long.  

La hausse massive du coût de l’essence par aggravation des taxes, associée à une limitation drastique des vitesses sur le réseau secondaire n’avaient pas été annoncée. « Je fais ce que j’ai dis mais aussi ce que je n’ai pas dit ». Concrètement cela diminuera les importations de pétrole donc les déficits extérieurs qui sont si majestueux que cela se verra à peine. L’effet sur la pollution sera nul. Le coût de changement des panneaux sera important. Plus personne ne pourra plus doubler. Vive la circulation derrière camions ! La recette des contrôles routiers automatisés sera augmentée massivement comme on le fait par ailleurs pour les amendes de stationnement en ville.  S’attaquer à l’automobiliste ne peut pas être considéré comme une « révolution ». Même si la brutalité du traitement est exceptionnelle et commence à avoir des effets sur l’opinion car, là aussi, on se retrouve avec des hausses en taux gigantesques : jusqu’à 600% pour les amendes dans certaines villes !

S’attaquer aussi rudement à la mobilité (moins d’avions, moins de trains, moins de circulation automobile en province, moins de voitures dans les villes) n’indique pas un dynamisme nouveau. Plutôt une congélation.

S’attaquer aussi rudement aux retraités au seul bénéfice électoral de l’élu présidentiel et du Trésor Public, tout en laissant s’effondrer les naissances, et en ralentissant les actifs, n’est le symbole d’aucune révolution mais d’une liquidation, lente mais certaine.

Reste quatre ans à Emmanuel Macron pour faire mieux que cela et justifier les conditions discutables de sa prise du pouvoir, le péché originel d’Emmanuel Macron.

Espérons que l’on n’attend pas Godot.

Une erreur récurrente des écologistes

L’écologie est militante. Ce qui veut dire que la passion l’emporte assez régulièrement sur la raison. Les militants d’extrême-gauche, comme les mouches, savent changer d’âne. Ils ont abandonné la défense exaltée du marxisme-léninisme élémentaire pour se reporter sur l’écologie intempérante comme moyen de brasser les émotions et d’activer leurs dénonciations fondamentales du capitalisme, atténué en néolibéralisme ou encore en économisme, lorsqu’il faut faire sérieux à la télévision. Ce basculement partisan n’a pas arrangé la sérénité du discours écolo.

L’économie est désormais contestée radicalement au nom de l'écologie. Ne contribue-t-elle pas à la destruction de la planète ? Pour eux, il ne faut rien concéder aux casseurs économiques qui n’ont pas compris que le peuple pouvait vivre sur les stocks des riches et qu’il suffisait de le vouloir. Classique confusion entre les flux et les stocks. Si vous ne criez pas avec les loups, alors vous êtes coursé par la meute des croisés de la bien-pensance écologique.

La « criminalisation » de la croissance est tellement dans l’esprit des excités et des personnels politiques et en partie dans ceux des médias, qu’on sent que, pour certains, une opération « dénonce ton économiste » serait tout à fait opportune.

« E pur se muove » disait Galilée dans le dos de l’Inquisition. L’économie aussi. Elle présente ses lois avec un certain degré de certitude, même si cela défrise le nouveau clergé écologiste.

Nous avons déjà expliqué ici que l’idée cent fois répétée qu’une technique coûteuse et peu productive créerait beaucoup d’emplois était un contresens absolu. La cherté tue l’emploi. La productivité est la seule source d’enrichissement global. La loi est d’airain. La répétition inlassable de cette erreur, notamment dans les discours politiques ou dans les débats de la TNT, n’en fera jamais une vérité.

Une autre idée fausse très répandue dans les milieux alternatifs et les écologistes tendance ingénieur, est que la grande crise économique de 2008 et la stagnation que l’on constate depuis seraient dues au fait qu’en matière d’énergie on avait atteint « le pic » (le moment où la production ne peut que décliner) et que désormais, la corrélation entre croissance et énergie étant bien établie, la croissance ne serait plus possible. Nous avons à nous adapter à une décroissance automatique puisque les ressources rares disparaissent au fur et à mesure que nous les consommons et que nous avons déjà atteint pour certaines d’entre elles le point de non-retour : on n’en extraira pas plus et progressivement moins.

Nous avons appelé « crise » la situation qui voit depuis 1971 le monde baisser de taux de croissance chaque décennie, accumuler dettes et chômage, et survenue de graves récessions périodiques. L’explication n’est pas dans l’apparition de pics d'extraction de matières premières ni dans la montée des conséquences d’une pollution destructrice, mais principalement dans la destruction des règles collaboratives et stabilisatrices de Bretton Woods en 1971.

La crise de 2008 n’est en aucun cas explicable par l'écologie. Après dix années de digestion de ses effets, l’investissement et le commerce extérieur repartent. Nous atteignons désormais des rythmes de croissance globale de plus de 3,5 %, venant s’ajouter à la croissance acquise durant ces dix dernières années. D’ici à la prochaine récession, le monde aura probablement accumulé près de 20 % de croissance. Pic des matières premières ou pas.

Cela veut dire que la rareté croissante des ressources naturelles n’explique pas l'évolution de la conjoncture ni celle du cycle et n’empêche pas radicalement l’expansion économique. Il est intéressant de constater que personne ne se plaint de la croissance qui repart, partout saluée comme un bienfait. Elle était censée devenir impossible et indéfendable. Elle est possible et n’est pas condamnée.

Cela ne veut pas dire que la préoccupation écologiste n’est pas fortement légitime et que la croissance fondée sur une consommation sans frein de ressources non renouvelables ne pose pas problème.

Simplement, il ne faut pas se tromper de cible et d’explication. Une réforme du système monétaire international et du système de l’Euro est nécessaire, indépendamment de toute question écologique. De même les défauts structurels accumulés par la France et l’ineptie de ses politiques économiques depuis 1974, et aujourd’hui encore, tuent l’emploi et la richesse sans rien sauver du côté de la pollution.

La foi écologiste n’est pas une boussole économique. Une économie équilibrée est un bonus pour l’écologie.

Un aspect du drame français : l'agriculture

La télévision permet parfois d’ouvrir une fenêtre sur les difficultés de fond de la société française. Lors de l’émission L’Angle Eco, de F. Lenglet, on présente une ferme en Ukraine dirigée par quatre paysans français, exploitants d’une très grande exploitation de Haute-Marne, si mon souvenir est exact.

Dans l’esprit de déréliction et de médiocrité qui baigne l’information et la politique française, l’idée que des paysans français aient pu réussir en Ukraine est une éclaircie.

J’étais sur place à Kiev, au début des années 2000, lors d’un congrès rassemblant une multitude de paysans français qui avaient fait le voyage pour étudier les possibilités locales. Déjà, à l’époque, tous plaisantaient qu’on ne pouvait plus rien faire en France, et que le salut était là où le socialisme avait enfin disparu et où les possibilités étaient donc immenses.

Pour avoir écrit un livre sur la grande famine génocidaire de 1932 en Ukraine, il se trouve que je connaissais bien l’histoire de ces campagnes. Avoir réussi à faire des terres noires de tchernoziom, parmi les plus riches du monde, une zone de famine où moururent des millions d’enfants, de femmes, d’hommes et… d’animaux, seuls le Socialisme Réalisé pouvait le faire. Ce crime immense est caché en France et la seule préoccupation des historiens officiels n’est certes pas d’en parler mais d’éviter la qualification de génocide, tout en expliquant que le drame, surjoué, a été provoqué par les paysans eux-mêmes. C’est le fameux syndrome de Léon Chaix : occulter, nier minimiser, s’exonérer. Dans tous les cas mentir pour sauver la cause et de pas laisser d’arguments aux vilains.

L’agriculture ukrainienne, ancien grenier à blé du monde, ne s’est jamais remise de ces crimes atroces prolongés sur des décennies. Rappelons qu’il y eut une première famine en 1916-2017, puis une seconde en 1932-1934, puis une troisième en 1947. Au total, selon les chiffrages entre 6 et 10 millions de morts sur une population de 25 millions de paysans. Seul, Mao Tse Dong réussit à faire mieux lors du Grand Bond en Avant. Toutes proportions gardées, c’est comme si un « Vrai socialisme vraiment de gauche » avait liquidé toute la Région Parisienne, pour apprendre à vivre aux Franciliens. Un rien qui ne mérite évidemment pas un commentaire, jamais, nulle part.

L’agriculture ukrainienne en est restée comme pétrifiée. L’Urss a importé du blé américain. À La chute du régime génocidaire socialiste, les terres ont été réparties., dans des conditions pas toujours très nettes. Les Chefaillons du Parti en ont profité un peu plus que les autres. Tout le monde s’est mis d’accord sur un principe. On ne règle pas la question de la propriété de la terre. On accorde simplement un droit d’exploitation. Impossible d’exploiter utilement ces parcelles. Les nouveaux ayant droit n’avaient ni les capitaux, ni le savoir, ni les débouchés, ni les surfaces, pour mener une exploitation rentable.

La seule solution : permettre la constitution d’énormes fermes louées à des étrangers. On aboutit à cette situation étrange : les étrangers exploitants en apportant tous les capitaux et les savoirs utiles ; les locaux touchent les royalties en ne faisant rien. Les Ukrainiens intelligents travailleurs et motivés, souvent venus des villes, deviennent les techniciens locaux nécessaires pour faire fonctionner l’ensemble. Des multinationales achètent le blé, comme avant 1914, où une société comme Dreyfus pouvait acheter toute une récolte annuelle ukrainienne.

Ce qui frappe, lors du reportage, c’est la liberté. Ces paysans sont libres. Enfin libres. Il s’agit ici des paysans français. Ils peuvent enfin réfléchir, agir, réagir seuls devant les nouvelles réalités humaines et techniques. Et cela marche.

La France ? C’est foutu la France. « D’ailleurs notre exploitation ukrainienne a dépassé maintenant de façon irrattrapable notre exploitation française qui s’effondre progressivement ». Le socialisme et l'étatisme délirant français ont réussi, sans assassinat, à obtenir les mêmes résultats que les Bolcheviks. Ils sont fortement aidés par les Écologistes qui sont parvenus à tout bloquer. La France qui était le grenier agricole de l'Europe de l'Ouest n’est plus la première puissance du secteur. Elle commence à être dépassée de partout, y compris par les Allemands qui ont des sols pauvres. La Hollande, l’Italie, l’Espagne lui taillent des croupières épatantes. La grande distribution étrangle ce qui reste. La mondialisation a bon dos. Les paysans et les politiques ont voulu un régime totalement cadenassé. Ils l’ont. Les juges ruinent les propriétaires non paysans. Il n’y a aucune vraie liberté nulle part dans le petit monde de l’agriculture. On vise bas. On subventionne. On empêche. On subventionne. On surréglemente. On subventionne. Les paysans se pendent. On subventionne. Tout le monde s'effondre au milieu des applaudissements des Jocrisse. On vous explique que les Énarques Chirac et Lemaire étaient « a-do-rés » par le monde agricole. Et on espère que l’Europe va payer.

Avez-vous écouté les radios ce matin ? Mille voix viennent vous expliquer qu’il est formidable que le projet d’aéroport nantais soit arrêté, mais que l’inquiétude se porte sur le phalanstère de trois ou quatre familles qui se sont installées sans droit sur des terres où se pratique une formidable agriculture d'avenir. Refaire le Larzac en permettant à de nouveaux Bové de ne pas élever de beaux veaux…

L'agriculture-socialo-misérabiliste alternative et illégale, voilà ce qui arrache des larmes à nos journalistes. Et surtout pas de répression. Si on ne peut plus squatter et menacer en France, même quand les électeurs ont tranché, où irait-on ? Élections pièges à cons ! Tout le monde sait cela par cœur, dans les salles de rédaction.

Laissons ces sornettes pour revenir à nos paysans. L’affaire est claire. Aucun enfant ne reprendra de terres en France. Trop de haine, trop de passions politiques, trop de réglementations, changeantes qui plus est, trop de personnes qui vous disent ce que vous devez faire, trop de menaces, trop de contraintes de tout genre, trop de fiscalités, une MSA à caractère « fasciste », trop de complexité. Aucune liberté.

Pour Notre Dame des Landes, la solution est toute trouvée. Distribuer gratuitement des lopins aux Zadistes. Qui, comme en Ukraine, les feront exploiter par de vrais paysans organisés. Rien de tel que de transformer un militant en rentier, pour qu’il se mette soudain à défendre sa rente avec encore plus d’énervement que son idéologie partisane passée !

Mais pour cela, il faudrait sortir du justicialisme, dans notre système judiciaire, de l’étatisme, du socialisme larvé, des prélèvements sociaux hystériques et de la fiscalité confiscatoire.

Ce n’est pas pour tout de suite. Il faut encore quelques degrés d’effondrement.

En attendant nous pouvons tirer une leçon très utile et si simple : l’importance de l’organisation.

En Ukraine nous avons vu un grenier à blé devenir une terre stérile avec une organisation désastreuse. Toutes les réformes ont été essayées. Elles ont toutes marché. À chaque fois elles ont été abandonnées car contredisant trop l’idéologie du régime. On change de système et voilà que cela repart.

En France nous sommes en train de saler nos champs avec une énergie bureaucratique et socialiste phénoménale qui nous expulse du marché agricole mondial, où nous reculons chaque année avec des frémissements de bonheur en pensant à tout ce que les Zadistes vont pouvoir faire pour nous.

Et nous arriverons à faire de cette terre de paysans un désert aussi stérile que la campagne ukrainienne soviétique.

Encore un effort !

Crypto-monnaies : entre hystérie et innovation.

Un symptôme de la défaillance du système monétaire international

Le coin « coins » dans les canards du moment a pris une grande place, ces derniers temps. Des mots obscurs au plus grand nombre, il y a peu de mois, comme le Bitcoin, se retrouvent dans les conversations de comptoirs et dans les cours de récréation. On parle Ripple dans les dîners en ville, Altcoins dans les antichambres, Tether, là où la bouche n’est pas crispée, Ether là où les souvenirs d’hôpitaux ne sont pas trop prégnants et Ethereum chez les enrhumés. Pendant ce temps-là les monnaies officielles dansent, avec des variations aussi soudaines que violentes de leurs cours, accompagnées dans la presse par les habituelles sottises, du genre : elles représentent la nouvelle valeur respective des économies. Les spéculations intellectuelles sur les jetons électroniques cryptés accompagnent la spéculation réelle sur les monnaies étatiques, à moins que ce soit l’inverse.

Un faux jeton est-il une vraie monnaie ? Un vrai jeton est-il une fausse monnaie ? Et réciproquement.

Là est la question.

En tout cas elle permet de s’intéresser à cette réalité à la fois familière et compliquée, d’invention antique et d’innovation récente, la monnaie, un des phénomènes économiques les plus fondamentaux depuis près de 3 000 ans, à la source des premières réflexions de l’économie politique, et une spécialité qui suscite à la fois l’ennui le plus profond du grand public (surtout quand on parle de monnaies internationales) et les erreurs les plus sévères (même au sein de la profession des économistes).

Commençons par le Bitcoin. Oui, il s’agit bien d’une inscription électronique dans un fichier, donc l’équivalent d’un jeton, qui est l’inscription d’un nombre sur un support quelconque. Le jeton en lui-même a une valeur intrinsèque quasi nulle, en l’espèce le coût du séjour de quelques octets sur une mémoire de masse dans quelques centaines d’ordinateurs répartis à travers le monde. Et pourtant ne voilà-t-il pas que l’on crée des fermes d’ordinateurs dans des zones de froid polaire consommant des quantités d’énergie fabuleuses dans l’espoir de « miner » quelques milliers de ces jetons et que la valeur du Bitcoin finit par atteindre au plus haut, 29 000 dollars, la capitalisation globale de l’ensemble de l’émission de ces jetons représentant plus de trois cents milliards de dollars ?

Quelle est cette diablerie qui voit un jeton qui ne vaut rien intrinsèquement devenir un objet de fantasme pour des millions de gens, une masse financière colossale (même si la proportion des bitcoins dans la masse monétaire mondiale est encore ridicule) et une source de consommation d’énergie qui se compte en production annuelle de centrales nucléaires, alors que tous les gouvernements sont mobilisés par les risques liés au réchauffement climatique, avec le cortège habituel, en France, de hausses des taxes sur l’essence et de baisses de la vitesse de circulation des voitures ? Alors que toutes les banques centrales sont en train d’étouffer les banques sous un corset de règles plus contraignantes les unes que les autres et, aussitôt, on voit une part de la création monétaire officielle détournée dans la spéculation massive sur… rien, sinon des rangées de zéros et d’un dans des mémoires de masse réparties à travers le monde.

Ce n’est plus un pied de nez. Carrément une rébellion. Que fait Mme Royal déléguée au pôle Nord ? Que fait M. Hulot qui n’a pas encore menacé de démissionner si on n’interdisait pas le Bitcoin ? Que font les pays membres de la COBxxx devant cette provocation énergivore qui réduit la durée de vie de la planète au rythme de l’activité fiévreuse des mineurs, les projections de type « Club de Rome » annonçant pour 2 050 une consommation d’énergie par les mineurs de Bitcoins de nature à élever de 9 mètres le niveau des océans…

Une des particularités du Bitcoin est son mode de production. On crée du Bitcoin à proportion du trafic en Bitcoins, à chose fois que le système accepte une « preuve » de licéité d’une transaction. L’heureux investisseur dans deux mines de bitcoins peut multiplier les achats-ventes croisés uniquement pour avoir le plaisir de gagner des bitcoins. Un programme robot permet d’automatiser tout ça et d’aller dormir tranquille. Une entreprise chinoise de fabrication d'ordinateurs spécialement dédiés au minage vient de s’installer à Zug. Elle aurait vendu déjà 100.000 machines…

Pour que le système soit rentable il faut un apport extérieur de liquidité, c’est-à-dire des personnes ou des institutions désireuses de convertir des monnaies officielles en Bitcoins.

Il n’existe que deux motivations possibles :

-              L’espoir de gain si le cours du jeton monte considérablement

-              L’utilité du jeton.

L’hystérie spéculative qui s’est emparée du bitcoin, avec une hausse délirante des cours en un an, est souvent comparée à la Tulipe Manie qui en Hollande avait porté le prix du bulbe à des sommets incompréhensibles et finalement ruiné le pays pour quelques années. Les bulbes avaient en effet en commun avec le bitcoin de n’avoir aucune valeur intrinsèque significative et d’être une nouveauté. Nous préférons comparer avec la rue Quincampoix et la frénésie qui avait accompagné le lancement du système de Law et la compagnie des Indes Orientales. La nouveauté technique et les rêves de fortune avaient de la même façon saisie l’esprit populaire, provoquant une spéculation qui ruinera l’état et finalement mettra à bas la monarchie.

La contagion de l’hystérie est étonnante. « Dites «blockchain» (ou «bitcoin») et vous verrez votre action s’envoler en bourse. C’est à peu près ce qui s’est passé avec Kodak mardi soir. L’entreprise plus que centenaire a annoncé la création d’une cryptomonnaie, le KodakCoin, et d’une plateforme, KodakOne, de gestion des droits d’auteur basée sur la blockchain », nous indique Le Temps, qui précise : « Il a suffi à l’entreprise Long Island Iced Tea de se renommer Long Blockchain pour voir son action tripler. Lundi, la société Seagate Technology a bondi de 16% parce qu’un post de blog suggérait qu’elle entrerait dans ce secteur ».

Oui, nous sommes bien en présence d’une hystérie spéculative. Mais pas seulement.

Le Bitcoin, comme le système de Law est un système novateur. L’un était calculé pour apporter des ressources à un état ruiné par les folies militaires et autres de Louis XIV. L’autre a pour but de faire la nique aux États et à leurs contrôles, dans une optique libertaire, avec la prétention de faire mieux pour transférer de l’argent que les systèmes de paiements classiques. Des messageries pensent à transférer des monnaies autant que des messages secrets. Facebook et ses millliards d'usagers sont sur les rangs. Idem pour Google. Les ICO se font à l'aide de jetons. Peut-on douter que nous sommes face à une vraie innovation ?

L’idée que les transferts internationaux de valeur par les moyens officiels sont inefficaces et malcommodes est parfaitement exacte. Les banques font payer le service à un prix extravagant. Le service est très lent et fort lourd. Swift est tout sauf un système simple et efficace. Avec les contrôles des flux de monnaies mis en œuvre par les banques sous la pression es banques centrales et des États, le blocage d’un paiement peut être très long. La « compliance » peut bloquer un virement international et attendre de vous des explications qu’elles sont seules juges de trouver convaincantes. Les monnaies officielles sont tout sauf stables. La fluctuation acceptée des devises dans un système de change flottant, et la pratique étatique de faire fondre leur monnaie par des émissions délirantes aggravent les choses. Rappelons que toutes les monnaies ont perdu à peu près 98 % de leur valeur en 45 ans. Certaines devises n’ont aucune valeur d’échange comme la monnaie Ukrainienne. Certains pays comme la Chine ou l’URSS ont un contrôle des changes étroits.

Retrouver un peu de liberté peut être une motivation forte, et pas seulement pour trafiquer les armes et la drogue.

Cela dit, il ne faut rien exagérer. Virer de l’argent d’un pays à l’autre via le Bitcoin n’est pas une opération aussi simple et rapide qu’on veut bien le dire. Aux deux bouts de la chaîne il faut convertir une devise officielle en Bitcoin. Cette opération a un double coût en termes de danger comme tenus des voyous qui font marcher ces bourses, et en termes de frais pris au moment des conversions. Le délai du virement en bitcoins est certes de quelques heures au lieu de quelques jours, mais il y a des blocages qui interdisent les transactions momentanément (8 à 10 % des transactions sont concernées) aussi bien dans les files d’attente des bourses que dans celui de la conversion des Bitcoins. Le cours du Bitcoin peut avoir considérablement changé entre le début de la transaction et la conversion ultime. Prendre 35 % de baisse quand on vire 10 000 dollars n’a rien de plaisant. Encore moins pour 100 000 dollars.

Reste alors l’avantage de l’anonymat, là où les contraintes sont les plus lourdes. Si les banques grecques sont en faillites, les entreprises peuvent être tentées de changer leur mode de règlement. Pratiquement, les grandes transactions entre entreprises importantes se sont faites en francs suisses, en Grèce,  pendant des années. Ne pas avoir de compte bancaire national était le sport national. De toute façon l’argent y était bloqué. Les grecs ont-ils utilisé les bitcoins ? Ce n’était nullement la peine sauf à vouloir échapper à toute réquisition d’argent détenu à l’étranger. Mais là, la législation européenne l'interdisait. Mais échapper aux contrôles peut être une motivation en Chine et en Russie, ainsi que dans quelques pays d’Amérique du Sud et d’Afrique.

Tout cela reste malgré tout marginal et entièrement dépendant de la bonne volonté des États. Qu’ils interdisent les bourses permettant de convertir le Bitcoin en monnaie légale et l’affaire est close.

Reste l’efficacité comme moyen de paiement de marchandises légales. Certains magasins acceptent le paiement en bitcoins, quelques IPO peuvent se faire en bitcoins, mais ce trafic est tout à fait marginal et ne correspond qu’à un effet de mode.

Le bitcoin n’a pas toutes les caractéristiques d’une monnaie.

Il n’a pas de pouvoir libératoire.

Sa liquidité est incertaine.

Il ne sert pas d'étalon de valeur pour les prix qui ne sont pas libellés en bitcoin. De toute façon il faudrait travailler en millième de bitcoins ce qui n’est pas commode.

Il n’est pas généralement accepté.

La spéculation extrême ne lui donne pas une valeur de conservation de patrimoine, même si la hausse spéculative existe depuis des années.

Il est à noter que les plus-values éventuelles sont taxables plein pot.

On peut conclure que le Bitcoin ne connaît son engouement actuelle que du fait de l’hystérie spéculative en cours, tout en étant un indice de la défiance des peuples vis-à-vis des banques et des monnaies administratives officielles.

Le Bitcoin est intéressant en tant que technique (la chaîne de blocs décentralisée) et en tant que symptôme de la crise latente du système monétaire international et de l’organisation bancaire. Il est dramatique comme moyen de pigeonner les innocents cupides. Car tout est maquereauté dans le marché du Bitcoin. Cela apparaîtrait aussitôt si les donneurs d’ordre des publicités mensongères qui fleurissent sur les sites internet des journaux les plus côtés (le Monde, le Figaro, le Point), étaient connus. Ces fausses histoires de ménagères, de fleuristes ou de chauffeurs de taxis devenus milliardaires pour avoir accepté un jour d’être payé en bitcoins n’ont pas l’aspect de publicité. Elles sont mélangées avec  des vidéos amusantes ou pseudo-informatives. Le bidonnage est total et sans danger. Et rapporte aux journaux qui du coup n'hésitent pas à nourrir le mouvement de mode.

Ces messages fleurissent au moment où les grands intervenants ont besoin de se débarrasser de leurs bitcoins comme on vient de le voir. On fait monter les cours puis on enclenche la fantasia par la pub. On revend en masse. Les cours s’effondrent. Et on repart pour un tour. Une poignée de salopards encaissent quelques milliards et tout le monde s’en fiche. C’est pourquoi nous avons lancé sur ce site, il y a plus d’un mois, un avertissement  que cette belle manipulation était en cours.

La valorisation insensée du Bitcoin peut-elle être un risque « systémique » ? Le montant des pertes initiales des "subprimes" était de 600 milliards de dollars. Au final on doit en être à 300 milliards c’est-à-dire la capitalisation de la valeur des bitcoins en circulation. Si cette capitalisation devait disparaître est-ce que les conséquences seraient les mêmes ? L’effondrement de la Tulipen Mania comme celle du système de Law ont eu des effets conjoncturels majeurs. Ce ne serait le cas que si les banques s’étaient mises à financer la spéculation sur le Bitcoin. Le problème est qu’on n’en sait rien. Un client peut toujours demander une autorisation de découvert et employer les fonds pour spéculer.

Le risque systémique existe donc. Est-il majeur ? Probablement pas. Mais si un krach durable devait se produire il est probable que les États interviendront pour interdire ce système à l’avenir.

Il n’empêche que les techniques nouvelles de paiements basées sur la blockchain et les possibilités d'internet ont le vent en poupe et qu’elles vont un jour ou l’autre modifier profondément le décor financier.

Le Ripple qui a fait l’objet par contagion d’une poussée spéculative, se veut un système moderne de règlement concurrent de Swift pour des raisons objectives : une vitesse de transactions de quelques secondes (donc bien meilleure que les transactions en bitcoins), une garantie de légalité, l’absence de pertes de valeur lors de la transaction, l’utilisation d’abord par les institutions financières, la capacité de faire croître l’ampleur des paiements sans difficulté, l’absence de consommation électrique effarante…

L’Ether se voit comme une technique de blockchain permettant de faire circuler plus que des jetons numériques, des contrats et des produits associés.

Le Téther est plus un système de jetons de casino. On ne crée de Téthers qu’en contrepartie de dollars à un cours fixe. L’idée est qu’ensuite, vous êtes dégagés de toute la législation financière américaine et des lourdeurs du système bancaire officiel. Le seul ennui est que l'émetteur ne garantit pas la conversion inverse, Téther-Dollar…

Tous ces efforts de quasi-monnaies alternatives ne peuvent être ignorés et renvoyés dans leurs limbes avec un coup de menton de mépris. Leur succès est lié à la révolution numérique internet donc signale une innovation technique, non maîtrisée actuellement mais en devenir. Il marque aussi l’échec des monnaies officielles et du système monétaire international. Changes flottants, monnaies administratives fondantes créées en masse (16 mille milliards de dollars tout de même depuis 2008), réglementations bloquantes et hystériques, tracfinisation de tout mouvement de fonds, forment un système dysfonctionnel et inacceptable, attentatoire à la santé de l’économie et aux libertés.

L’affaire des Bitcoins ne sent pas bon, mais cela reste largement un sous-produit des défauts du système monétaire international. Comme le système de Law était un sous-produit de la faillite de l’État royal en France. La liquidation viendra avec la Révolution Française. Une leçon à méditer. Critiquer la pustule qui pousse sur les joues du malade, c’est bien. En trouver l’origine, c’est mieux.

Les leçons des difficultés d’Uber

Le marché des opérations de particulier à particulier existe depuis le début de la Presse (comme la publicité, l’exploitation du sexe et les jeux concours bidons). Un medium met toujours en communication des individus. Organiser la rencontre de deux personnes qui peuvent interagir pour leur intérêt propre est un sport typiquement « médiatique ». Il a pris de l’ampleur avec  la radio, puis la télévision, puis Internet, puis le terminal portable. L’offre et la demande peuvent se confronter à une échelle inconnue jusqu’ici. La notion de « centrale de particuliers » a pris naturellement un essor considérable, un logiciel bien fait  permettant à un intermédiaire astucieux de trouver rapidement des milliers voire des millions de personnes intéressées. Le phénomène s’est développé d’autant plus que l’ubiquité d’Internet  et l’ambigüité des contrats permettaient d’échapper aux taxes et impôts, aux droits sociaux et aux législations contraignantes.

L’internet « disruptif », qui mettait en difficulté le commerce traditionnel, prétendait s’étendre en cassant tous les codes anciens et balayer des marchés entiers dans le monde des services à la personne. On a vu d’abord la destruction du droit d’auteur et la disparition du commerce traditionnel des œuvres musicales  et cinématographiques. Amazon était l’exemple dans le domaine de la distribution, mettant en cause des modèles bien établis comme celui des centres commerciaux. Ce modèle prétendait qu’on pouvait faire des pertes immenses tant que le nombre des clients croissait par millions. Facebook démontrait qu’on pouvait toucher des milliards de personnes, en cassant le marché de la publicité médiatique. Airb&b modifiait radicalement la location temporaire immobilière. Uber était annoncé comme la force qui allait tout changer dans celui des transports.

Et patatras, la fête commence à mal tourner. Non seulement Uber continue à consommer du capital à un rythme phénoménal, en perdant 50 cts à chaque euro de chiffre d’affaire (presqu’autant que la SNCF), mais le vide juridique et fiscal se comble progressivement. Le jugement de la Cour de Justice d’en faire une entreprise de transport comme les autres la soumet à la fiscalité et la réglementation du transport. Les chauffeurs deviennent des salariés. Les clients doivent payer les taxes. La répression pénale se met en place contre Uber, ses chauffeurs et aussi ses clients. L’avantage compétitif de la course Uber disparait s’il faut payer les charges sociales sur les chauffeurs, la TVA et respecter des règles de formation pour recruter les chauffeurs, et si les chauffeurs doivent être soumis à l’impôt sur le revenu, la CSG etc.

On sort toujours à son détriment de l’ambiguïté fiscale et réglementaire.  Internet a permis l’évasion fiscale et règlementaire à grande échelle, jusqu’à ce que les Etats se réveillent. Ce qu’ils font à leur rythme pachydermique. La disruption se retourne. L’avenir d’Uber n’est pas nécessairement compromis. Mais désormais la course au chiffre d’affaire est entravée et le sera de plus en plus dans les grands marchés solvables. La banalisation rendra le souci des pertes de plus en plus prégnant. Contrairement à Amazon, dont le modèle n’est pas uniquement fondé sur le contournement des lois et du fisc (encore que…), Uber manque de raisons fortes de s’étendre voire d’exister si ce niveau de pertes se maintient.  

Tous les pseudos penseurs et les gourous patentés qui faisaient de l’ « ubérification disruptive » de la société l’avenir du monde, en seront pour leurs frais. Ils se reconvertissent à toute vitesse dans le « big data » et l’intelligence artificielle, sans même se douter que l’IA a commencé son chemin dans les média dès les années soixante-dix (cinquante ans déjà) et a été la plus grande déception pour les investisseurs, même si l’ordinateur bat désormais l’homme aux échecs et aux dames.  Non pas que ces disciplines n’aient pas un énorme potentiel mais il est très difficile à faire naître et à développer. En tirer des prévisions à long terme est simplement impossible.

Rappelons qu’Internet a plus de quarante-cinq ans d’existence, associé à la norme TCP-IP,  et qu’il a explosé comme média commercial à partir des années 90 et l’introduction du World Wide WEB, il y a plus de 25 ans.

Quelle est la grande  leçon à tirer des mésaventures d’Uber ?

La première est l’immense dynamisme qui s’installe dès lors que le fisc et la réglementation ne sont pas présents. Dans les banlieues du nord de Paris, Uber a fourni plus d’emplois que toutes les autres industries réunies.  Il y existait un énorme potentiel d’emplois qui n’était pas exploité.  En France notamment, la fiscalité et la réglementation, qui empêchent pratiquement toutes les libertés et tout profit, stérilisent de façon inouïe le potentiel d’énergie, de travail et d’emplois qui est présent partout, y compris dans ce qu’on appelle les banlieues difficiles et les zones dites de non-droit.

Le malthusianisme intrinsèque à « l’Enarchie compassionnelle » qui ne survit que par l’impôt confiscatoire et la sur-réglementation, a des conséquences dramatiques sur l’emploi et le dynamisme de l’économie. Dès qu’une faille s’ouvre, la vie économique s’engouffre. Au lieu de s’emberlificoter dans des analyses internet foireuses et des prévisions aventurées, les journalistes devraient lancer leurs analyses dans cette réalité parfaitement claire « ici et maintenant » : la stérilisation du dynamisme,  par l’impôt et la réglementation, d’énormes possibilités latentes d’échanges et de travail. Et aussi d’intégration : comme le disaient les Otkazniks en URSS, le « socialismus », appuyé sur un culte de la violence issu de la révolution française de 1789, ne permet ni liberté, ni égalité et naturellement aucune fraternité.

C’est cette vérité fondamentale qui est à l’œuvre : bureaucratie et fiscalité (qui est une violence d’Etat)  ruinent la prospérité et interdisent toute liberté, toute égalité et toute fraternité.  Notamment en France, où l’extase macronienne fait oublier les hausses massives d’à peu près tout ce qui peut augmenter comme contraintes administratives, tarifs et taxes, « en même temps » qu’on étouffe les possibilités d’échanges de travail et de biens offertes par Internet dans le cadre de relations de particulier à particulier.

Quand les économistes anglo-saxons viennent à nos thèses

Nous ne recopions jamais d'articles de presse sur ce blog. Nous allons faire une exception avec cet article d'un économiste anglo-saxon qui montre que les mentalités et les analyses évoluent dans les milieux qui ont nié le plus longtemps et avec le plus d'acharnement les dysfonctionnements d'une économie internationale basée sur les changes flottants. Nos thèses cessent d'être totalement marginales et désormais, après quarante ans, arrivent dans le "mainstream".

Que 2018 voit d'autres progrès dans ce sens et bonne et heureuse année à tous nos lecteurs.

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Typically over the past 200 years, the international monetary systems that have governed the global economy have lasted between 25 to 35 years. The current system, which has been in operation since the end of Bretton Woods in 1971-73, is 44 years old. Reflecting its longevity and its construct, this system has outlived its usefulness. Replacing it with an international one, which restricts the role of money creation, would go a long way towards solving many of the world’s main political and economic challenges. The modus operandi of this current system is the primary reason we have such populist and divisive politics across much of the west. In particular, this system explains the gap between the “haves” and “have nots”, and it is the reason we have had a “debt supercycle”, subsequent financial crisis and 10 years of fiscal austerity. This current international monetary system is the first, other than during and immediately after periods of global war, that has operated in an unanchored liquidity environment. This, with the 1980s financial deregulation and subsequent three rounds of Basel rules, has enabled the biggest global debt build-up ever recorded in history. That debt is the primary reason for high house prices. The absence of housing supply, while true in localised parts of the west, is a false narrative. An analysis of the UK economy makes the point. Over the past 40 years, mortgage debt has increased eightfold in real terms while excess housing supply as a share of total housing stocks has been increasing, not decreasing, over the past 20 years. Similar growth in household indebtedness has also been experienced in Australia, Canada, Denmark and New Zealand, to name a few. With that, the prima facie role of the commercial banking sector has changed dramatically. In 1980 in the UK and much of the west, the mortgage loan book of the commercial banks was effectively zero. Today, mortgage debt accounts for between 40-75 per cent of the loan books of most western banking systems. The continual reduction in risk weightings for mortgages by successive rounds of Basel rules has, along with this current monetary system, facilitated that rapid growth in mortgage debt. Currently in the UK, for example, risk weightings on mortgage debt are running at about 13 per cent across the main commercial banks. That figure is similar in the Australian, Canadian and other banking systems. In contrast, risk weightings for corporate loans remain at 100 per cent. In effect, therefore, banks need to charge approximately eight times as much interest on a corporate loan to make the same return on capital. That skewed incentive to encourage mortgage lending (into unproductive assets) rather than lending into the corporate sector (into potentially productive assets) is one of the reasons for the poor productivity outcomes in the west. More importantly, the policy response to the indebtedness crisis has further undermined the productive potential of the UK and western economies as ultra-loose money forestalls the Schumpeterian forces of creative destruction. The Bank of International Settlement’s analysis of western zombie companies illustrates the point — zombies in this context are defined as businesses that are unable to cover their interest expense with their earnings before interest and taxes. It shows a trend of a rising share of zombies in the corporate base in the west since the early 2000s (the beginning of ultra-easy money). Breaking that down into an individual country analysis shows the trend is widespread across western and large emerging market economies. Indeed, Japan is the only exception — arguably illustrating that time is one healer of the debt deflationary forces faced by the west. A corporate base with a high share of zombies is a weakened corporate base with productivity growth therefore undermined. That then feeds into poor real wage growth and divisive politics. As such, a return to an anchored international monetary system, while painful en route, should bring about much more widespread real income growth and therefore wealth accumulation. It should, if properly designed, re-orient house prices back towards more normal long-term valuation levels, thereby improving affordability and, by anchoring liquidity provision, it should also bring about less asset price-intensive and more productivity-rich economic growth. With that, politics can once again become more inclusive and less divisive and extreme. Achieving this should be the primary goal of the G20 — or the very least that of the three major currency areas in the global economy (US, eurozone and China). While currently a speculative bubble, cryptocurrencies, if embraced in this new model, would have the potential to realise their true purpose.

Chris Watling, chief executive and chief market strategist at Longview Economics

Le cycle décennal a-t-il disparu ?

Le cycle « décennal » est une des réalités les plus ancrées de notre histoire économique moderne, c’est à dire depuis l’émergence d’une économie capitaliste basée sur le crédit bancaire.  On suit sa trace depuis au moins deux siècles.  Pour s’en tenir aux dernières cinquante années, on passe de la crise de 73-74, à celle du début des années 80,  de la récession sévère de 1992-93 à la crise du début des années 2000  et finalement à la crise dramatique de 2008-2009.

Le schéma était parfaitement répétitif : une crise molle après une crise forte, un démarrage aux Etats Unis et dans les pays les plus engagés dans le commerce international qui se répandait ensuite à travers le monde, un choc boursier et bancaire qui se communiquait à l’économie réelle.

Naturellement il ne faut pas imaginer un cycle économique avec l’esprit de la mécanique. Les périodes ne sont pas strictement de dix ans. L’intervalle des crises peut se situer entre 6 et 12 ans. Les mécanismes sont toujours un peu différents, parce qu’une crise survient en général là où on l’attend pas.

Depuis Clément Juglar qui est le premier à s’y attacher, on sait que la cause principale des crises est le crédit bancaire. Dans une période d’euphorie, les agents sont pleins d’optimisme et surinvestissent. L’expansion est financée par le crédit bancaire. Mais le surinvestissement guette. Lorsque l’offre a dépassé trop la demande, certains crédits se trouvent aventurés et ne peuvent plus être remboursés. Les banques vacillent, le crédit se bloque, les pertes d’accumulent. L’économie connait une dégringolade jusqu’à ce que les pertes soient absorbées. Elle repart alors du fait de son dynamisme intrinsèque.

L’erreur de Juglar, souvent répétées depuis, a été de croire que l’économétrie permettrait de prévoir les crises. Ses modèles se sont plantés justement parce que l’affaire est largement psychologique et que chaque crise est légèrement ou profondément différente de la précédente dans ses conditions de déclenchement et ses modalités de détail. La structure de l’économie change et les problématiques internes se déplacent. Le cycle se situe toujours dans un contexte politique, économique, administratif, qui évolue. Difficile de comprendre la crise de 29 sans tenir compte de la guerre de 14. Les crises récentes ne sont pas sans liens avec le système monétaire international.  Ce n’est pas la même chose qu’une économie où les états ne dépensent pas plus de 20% du PIB et une autre où ils dépensent 58%. De même une économie basée d’abord sur l’agriculture, n’est pas exactement la même qu’une économie de l’information.

Il n’empêche que les crises décennales sont principalement endogènes. Les idées dominantes, mais fausses, de notre époque, sur jouent le rôle des « cygnes noirs » et des chocs externes. La « disruption » a explosé dans le vocabulaire de la crise pour dédouaner les vraies responsables et leur permettre de maintenir des systèmes dangereux et explosifs. Elles sont même doublement endogènes. Le rôle du crédit et de son cycle psychologique est majeur. Chaque marché a son propre cycle. Le cycle du bâtiment est un cycle long. Le cycle de l’automobile est associé au marché du renouvellement. Il est plus court.  L’équipement de maison a aussi sa périodicité qui correspond au vieillissement et au jeu des générations.  En fait presque tout est cyclique dans les marchés. Que l’on pense simplement aux saisonnalités. On peut imaginer une théorie des cycles qui ressemble à celles des vagues : la houle et le vent peuvent s’annuler ou se conjuguer et parfois générer une vague scélérate qui balaie tout.

Entre les variations de contexte et les vagues internes à chaque marché, qui sont en constante transformation (le boom de la téléphone mobile n’a pas exactement les mêmes conséquences que celui du chemin de fer au XIXème siècle), il est parfaitement normal que le cycle décennal ait toujours présenté des variances assez profondes.

Les seuls points récurrents : le décalage entre les crédits souscrits et la capacité des marchés à rentabiliser les investissements faits, avec des conséquences bancaires majeures ; la correction violente et universelle des marchés financiers ; le désordre dans le commerce international.

Avec l’abandon des disciplines de Bretton Woods, le monde a vu revenir les crises dures. Les énormes déséquilibres de balances de paiements, par le jeu des doubles pyramides de crédit décrites par Jacques Rueff, nous ont fait passé progressivement à une économie baudruche, avec un ralentissement constant du rythme de la croissance et tous les 20 ans une crise extrêmement sévère (73-4, 92-3, 08-09 ).

La dernière a même été si sévère et la récession si profonde, qu’elle a changé radicalement les conditions habituelles de la réflexion économique. « Cette fois ci ce n’est plus la même chose ».  Elle a pris complètement à revers les économistes qui comme Rogoff considéraient que le cycle n’existait plus et qu’on avait trouvé la clé d’une croissance heureuse, permanente et  sans crise, et aussi  toutes les politiques mondialisantes basées sur des marchés ouverts, régulés par les seules banques centrales, et supposés s’ajuster moins brutalement quand on leur lâchait totalement la bride.  

La seule politique économique globale qui pouvait être menée sans casser tous les codes de la mondialisation américaine était d’étouffer les banques tout en alimentant les Etats en argent gratuit pour faire face à des endettements publics devenus monstrueux. Cet endettement supposait que la fiscalité soit augmentée également massivement. On a donc vu pendant 10 ans une économie mondiale entièrement entravée par les dettes, les pertes bancaires à écluser progressivement et les impôts. La peur étant partout et l’espoir nulle part, nous avons connu une économie vacillante et incohérente où la spéculation restait la maîtresse du jeu et l’investissement un fantôme.

La peur d’une nouvelle crise bancaire qui n’aurait pas pu être jugulée et qui aurait tout emporté a provoqué la mise en œuvre d’un étouffement bancaire absolument invraisemblable. Tout mouvement de fonds est épié et dénoncé. Il faut justifier toute entrée d’argent et toute sortie. Les banques ont été autorisées à taxer l’usager en même temps qu’on imposait le passage par les banques pour tout mouvement de fonds, même faible. L’argent des banques centrales a été canalisé vers les Etats pour leur permettre de respirer.  Les taux très bas ont rallumé partout la spéculation et la hausse des marchés financiers,  surtout aux Etats-Unis, sauvés partiellement par leur rôle d’émetteur de la monnaie mondiale et la moindre sujétion de leurs banques. Le Financial Times de la semaine dernière a publié d’excellents graphiques qui montraient que la monnaie créée n’allait que très partiellement vers l’économie réelle sous forme d’investissement industriels ou commerciaux. Les sociétés côtés préféraient convertir leur cash en hausse des cours par annulation d ‘actions plutôt que de l’investir.  

La reprise d’après récession se produisait en général trois à quatre ans après la pointe de la récession. Elle pouvait être assez rapide.  Il a fallu cette fois-ci attendre 2015-2016 pour voir se rallumer les feux d’une reprise, soit sept à huit ans. Un retard de trois-quatre ans, avec des taux de croissance ridicules de 1 à 2%. 2017 a vu une accélération de cette reprise, avec le rallumage de deux moteurs essentiels : le commerce international et l’investissement productif. Mais c’est la reprise de l’immobilier qui a dessiné l’essentiel du mouvement de hausse du PIB, du fait des taux d’intérêt historiquement faibles. Et les banques centrales se sont vite inquiétées de l’arbitrage des grandes entreprises empruntant à tout va du fait du différentiel entre le coût du capital et celui de la dette. Les banques centrales appuient donc en même temps sur le frein et sur l’accélérateur. Plus aucune décision n’est prise en fonction des marchés mais uniquement des opportunités d’argent gratuit.  

Quels que soient les déséquilibres, les grands instituts prévoient comme d’habitude une bonne prochaine année et une année suivante encore meilleure. Les modèles de prévisions étant toujours basés sur des projections fondées sur les évolutions du passé récent, que l’on corrige de façon stochastique, quand cela va mieux cela va toujours aller encore mieux. Nous voici donc avec des prévisions très favorables pour les deux années qui viennent, l’OFCE allant jusqu’à prévoir cinq années de croissance continue et créatrices en emplois.

Du coup, où est passé le cycle décennal ? Est-il mort et enterré ?

Dans un premier schéma nous avons imaginé que le scénario habituel pourrait provoquer une accélération de la croissance en 2016-2017 avec un ressac en fin d’année. Nous l’avons corrigé en allongeant la séquence. Dans cet esprit, le cycle aurait été simplement déplacé dans le temps. La reprise ayant trois ans de retard, la mini récession « décennale » aurait elle-même trois ans de retard. Sachant que l’intervalle moyen est de 8.8 ans, nous passerions à 11/12 ans, ce qui nous amène plutôt à 2019-2020.  C’est plus que notre dernier recadrage qui envisageait un risque de mini correction conjoncturelle entre 2018 et 2019, ce qui est incompatible avec les prévisions du FMI, de l’OCDE, de la BCE, bref de tout le monde.  Si l’OFCE a raison, qui ne voit aucun recul pendant de longues années, il n’y aurait pas retard du cycle mais disparition du cycle.

Faut-il croire à la disparition du cycle ?

On ne peut pas nier que certains arguments sont solides. Comme nous l’avons vu le moteur des crises est l’exubérance bancaire et un optimisme qui se débride totalement. Or le moteur bancaire a été totalement étouffé par la réglementation et le poids des pertes accumulées. Il n’y a pas (pas encore) d’euphorie. Curieusement, les investisseurs mondiaux se sont mis à croire au cycle et voient dans le décalage entre la valorisation boursière et le niveau des cours une cause d’inquiétude. Deux ingrédients majeurs d’un renversement de cycle manquent.

Bien sûr la réactivation d’une croissance tirée par le commerce international ( entre 4 et 5% en 2017) relance les risques de déséquilibres majeurs de balances de paiements, avec leurs effets habituels de création monétaire sans contrepartie, en même temps que l’absence de la récession attendue pour 2017-2018 est de nature à faire renaître l’idée qu’un monde nouveau sans récession est en train d‘advenir. On peut également remarquer que les contraintes bancaires ont provoqué le développement d’une finance extra bancaire non régulée et mal connue qui a également ses propres dangers.

Comme toujours si un craquement doit se produire, il prendra les observateurs par surprise. Réciproquement la grande surprise serait qu’une croissance continue et forte se mette en place pour de longues années, sans le moindre cahot.

A ce stade nous préférons encore parler de cycle différé. Mais l’affaire devient intéressante.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile

“Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes.”

Lorsqu’en 1997, j’ai sorti cette citation de Bossuet sur le forum du Monde, elle n’était pas aussi connue qu’aujourd’hui, reprise qu’elle l’a été, par exemple, par Eric Zemmour. Il est amusant ou consternant, comme on voudra, de se rappeler qu’elle accompagnait une réflexion sur certains sujets qui sont aujourd’hui encore au cœur de l’actualité.

-          Le SMIC

Le SMIC est une machine à créer du chômage structurel. Il fallait rester dans la philosophie de SMIG par branche et décentralisée par bassin d’emplois. Pourquoi ? D’une part pour laisser ces discussions au dialogue entre patronat et syndicats salariés. En transférant la fixation des minima aux gouvernements, on privait de matière première le dialogue social et on se mettait entre les mains de la démagogie. Les démagogues du « coup de pouce » n’ont pas tardé à se manifester et le salaire a cessé d’être le prix d’équilibre du marché du travail. Cela d’autant plus qu’on n’a pas cessé de le « charger », avant de cesser les coups de pouces devant les conséquences, et de le « décharger » artificiellement, en transférant les charges à d’autres. Le coût de la vie n’est pas du tout le même en province et à Paris et dans les autres zones de haut revenu. La conjoncture varie. Il est tout à fait normal que les décisions soient prises à l’échelon le plus opérationnel où le contact avec la réalité est le plus net.

-          La retraite

Il fallait revenir le plus vite possible à la retraite à 65 ans puis la porter à 67 ans. Cela fait maintenant quarante ans qu’on tergiverse. En ruinant le pays et maintenant les retraités, soumis à la double peine CSG augmenté de 26 % et inflation qui remonte à 2 %. 28 % de baisse de revenu en une année ! Et ceux qui avaient investi dans la pierre pour compléter leur retraite seront massacrés. Bravo pour la justice sociale !

-          La gratuité de la sécu

Tout le monde devrait savoir que la fausse gratuité, en vérité la séparation entre les payeurs et les bénéficiaires, aboutit automatiquement à un déchaînement des dépenses qui devient vite intolérable. Il suffit de se remémorer « la gratuité du pain » édictée par Fidel Castro pour montrer que le socialisme c'était la fin de la faim. Au bout de trois jours, les paysans ont commencé à donner du pain à leur cochon et d’une façon générale la demande s’est envolée. Le gouvernement n’a plus pu payer. On a condamné à mort et exécuté quelques paysans et quels consommateurs abusifs, et on a mis fin au système. Ce type de gratuité a toujours le même effet : constriction du producteur et disparition de l’offre ; débordement de la consommation que le payeur public ne peut plus payer. Ajouter une organisation soviétique et vous mettez par terre le secteur où s’exerce la gratuité. Voici donc qu’il n’y a plus de médecins, qu’on attend des mois une visite chez les spécialistes, que les erreurs médicales deviennent légion, qu’on accouche à 40 km de chez soi, que tous les médicaments sont produits à l’étranger selon des normes qu’on préfère ne pas trop regarder de près (L’Inde et la Chine ont désormais le monopole des excipients et d’une bonne partie des molécules), alors que les populistes vomissent la mondialisation (sauf quand elle permet de retarder l’explosion de la sécu).

L’attaque de Juppé contre la partie sécu du plan Fillon a montré que toucher à cette vache sacrée avait des effets électoraux monstrueux. Alors laissons mourir en paix le remarquable système de soins mis en place depuis le XIXe siècle.

-          L’orthographe

Depuis mai 1968, elle est « fasciste » et le moyen de la « reproduction sociale » et « du gonflement des inégalités ». À peine 10 ans après 68, à l’Institut d’Etudes Politiques de paris, les maîtres de conférences et professeurs ont reçu une directive de la direction exigeant de ne plus tenir compte des fautes d’orthographe. Maintenant on ne veut plus de dissertation parce que les élèves n’ont pas été instruits de cette discipline. Il est vrai que les dernières que j’ai pu corriger présentaient des défauts incroyables : jusqu’à 50 fautes dans 8 pages ; pas de plan ; des fautes de français à n’en plus finir ; des mots à la place d’autres. Quand on se rappelle des règles « zéro pour 5 fautes », « pas de correction après la dixième faute », cela faisait bizarre.

Nous avions dit en 1997 que le système scolaire était dans une spirale descendante, les nuls engendrant de plus nuls encore dans le corps enseignant. Aujourd’hui la masse des « enseignants ignorants » veut mettre à l’index ceux qui ont de l’orthographe et qui sont un reproche quotidien ! On s’est effondré dans tous les classements. Et les demi-intellectuels (demi est plutôt emphatique) de gauche qui peuplent les médias continuent à chanter à tue-tête : « reproduction sociale » et « gonflement des inégalités » pour critiquer et empêcher toute mesure de redressement.

Sur ces quatre sujets la classe médiatique et les politiques ne veulent pas céder, alors que le gouffre s’est ouvert sous leurs pieds (chômage délirant, déficits abyssaux, déserts médicaux, ruine des retraites, dégringolade culturelle absolue et relative).

Tout était connu il y a vingt ans. Mais dès 68, il y a un demi-siècle, on savait quelles seraient les conséquences. Comme on savait que le déchaînement de la pornographie et de la libération sexuelle se retournerait contre les enfants et les femmes. Il y a eu Dutroux et la réaction contre la pédophilie. Désormais on « dénonce son porc » et on fait des reportages télévisés sur les « frotteurs du métro », en même temps que les suprémacistes musulmans dénoncent la société occidentale corrompue et fait sécession.

Mais oui, l’immense Bossuet, probablement le dernier grand maître de la langue française, qui savait dire en dix lignes ce qui prend un livre entier aujourd’hui, avait raison. Dieu rit peut-être. Pas nous !

Perseverare diabolicum !

Amen.

Emmanuel Macron et la CEDH : hauteur nécessaire ou rafistolage ?

L’exaltation des grands principes et la fréquentation des lieux inspirés sont deux aspects  remarquables  de la méthode Macron.

Discours du Louvres, discours devant le Congrès,  dégagement européen  sur le Pnyx et à la Sorbonne,  méditation aujourd’hui à Strasbourg  sur le rôle de la CEDH, Emmanuel Macron confirme ce qui avait déjà marqué ses discours électoraux : un évangélisme  « inclusif » qui place son action dans un bain de bons sentiments  sur des sujets où les principes ne sont pas en cause mais les modalités plus que problématiques et de plus en plus mal vécues par les peuples.  

La presse a rendu compte de cette visite en soulignant uniquement que le Président avait été faire l’après-vente de sa loi sur la sécurité, censée éviter un état d’urgence permanent. L’explication est contredite par le discours d’accueil du président de la CEDH qui rappelle dans  son exorde que le nouveau président, à peine une semaine après son sacre, l’avait reçu pour envisager cette réception en grande pompe. 

Emmanuel Macron avait dans la tête depuis longtemps cette visite qui est une première, alors que la CEDH a été instituée il y a des lustres (67 ans). Pourquoi personne, dans aucun pays,  n’avait songé à la faire ? Pourquoi le Président français la fait-il et pourquoi maintenant ? Est-ce le début d’un rite ? Où est-ce un « coup  médiatique » ? Quel serait alors sa cible et son objet ?

La CEDH est dans le collimateur de certains observateurs pour plusieurs raisons :

-          Le référendum sur l’Europe organisé par Cameron au Royaume-Uni a largement posé la question du fondement démocratique des lois, si un quarteron de juges de la CEDH provenant pour l’essentiel de pays minuscules,  pouvait les remettre en cause. La condamnation par la CEDH  de la perte des droits civiques édictée de tout temps au Royaume uni pour tout condamné à de lourdes peines de prison a été un choc. Au nom de quoi quelques personnes étrangères peuvent-elles contredire ce que veut le souverain ? N’est-ce pas là instituer le gouvernement des juges ?

-          Les lois « sociétalistes » portant sur de nouveaux « droits à », notamment en matière de mariages homosexuels ou de procréation artificielle ou externalisée,  sont désormais systématiquement  renvoyées  aux juges des droits de l’homme si les lobbies concernés rencontrent une résistance nationale. A quel titre peuvent-ils trancher mieux que le souverain ?

-          Le « droit-de-l’hommisme » ou prétendu tel, soutenu par exemple par Eric Zemmour comme on l’a vu dans l’article précédent, ou Rioufol au Figaro, conduirait au grand remplacement et à la victoire de l’Islam, qui contredit tous les fondements de l’Europe. La CEDH par sa jurisprudence empêcherait toute action contre cette invasion barbare et abaisserait les défenses européennes  contre le terrorisme. La CEDH a en particulier jugé que le fait d’entrer dans un pays en violant les règles ne pouvait pas être un délit pénal. On ne peut donc prendre aucune mesure d’expulsion immédiate ou d’internement.  De même elle a condamné la France pour son contrôle des populations non sédentaires et en particulier le fameux carnet que les romanichels devaient faire signer à la gendarmerie la plus proche d’un nouveau lieu de séjour. Elle a jugé que la notion de vagabondage et sa sanction éventuelle devaient disparaître. Le regroupement familial est vu comme un droit élémentaire de l’homme. Etc.

Il est intéressant de noter que la CEDH n’est pas une institution de l’Union Européenne. Elle dépend de l’Union Européenne Occidentale et avait en vue de calmer les répressions soviétiques à l’est et les excès des régimes autoritaires à l’ouest. Progressivement elle a réussi à changer ses objectifs pour devenir le référent des droits de l’homme en tout domaine. Elle l’a fait dans le silence général des politiques comme des médias. Etouffant sous les réclamations les plus multiples, elle a du  filtrer l’avalanche de recours et concentrer ses décisions sur les grandes questions de principe. Elle souhaite devenir plus que cela et agir antérieurement à toute saisine. Cela va lui être accordé. Ce qui veut dire que les gouvernants, les juges constitutionnels et les chambres juridictionnelles les plus hautes pourront la consulter avant d’agir ou de juger eux-mêmes.

Ne sommes-nous pas là en plein « gouvernement des juges » ?

Dans le cas de la France, le Conseil Constitutionnel, par un « coup d’état » audacieux, s’est donné le pouvoir de juger de l’application des principes généraux du préambule de la constitution donc des droits de l’homme. C’est, à nouveau,  une instance de cassation des lois qu’elle juge contraires aux droits de l’homme. Mais au moins le souverain peut changer la constitution et bloquer la jurisprudence du CC. Ce qui n’est pas le cas pour la CEDH.

La Cour de Justice de l’Union Européenne est chargée de la bonne application des traités.  Dès l’arrêt du 14 mai 1974 dans l’affaire Nold, la Cour affirme que les droits fondamentaux sont partie intégrante des principes généraux du droit dont elle assure le respect.  Depuis le traité de Lisbonne, les droits de l’homme sont devenus un critère de cassation encore plus explicite auprès de la cour. Elle peut donc s’immiscer dans le processus législatif d’un pays pour juger qu’un texte n’est pas conforme aux principes qui fondent l’Union Européenne tels que définis dans les traités. Voilà un troisième larron chargé de définir la signification concrète des droits de l’homme. Elle peut donc juger qu’il est contraire aux traités et à ses principes, de renvoyer chez lui un Rom expatrié qui fait la manche  en ville tout en dormant dans les taudis innommables.  Où pourquoi pas qu’un djihadiste  né en Europe prisonnier en Syrie ne peut pas se voir interdire de revenir en Europe pour y être jugé…

 Comme on le voit, ce n’est pas tant la CEDH qui est en cause mais la multiplication d’instances  permettant d’installer un gouvernement des juges au dessus de pays européens déjà largement dépossédés de leur souveraineté concrète dans le cadre de l’Union Européenne.

Pour certains, cette multiplication conduit au « gouvernement des juges », à la perte de souveraineté des nations et leur soumission à des mouvements  de population qui altèrent leur identité et leur survie démocratique au nom d’un droit hors-sol et loin des réalités concrètes du terrain.

DAESH se moque assez de la CEDH, affirment-ils,  et l’islamisation de l’Europe et le passage à la Charia signifieraient sa disparition.  Le texte du Coran « dicté par Dieu lui-même via l’ange Gabriel »  est au dessus des Constitutions et des Cours.  

Ces thèses sont désormais portées publiquement par des journalistes ou des essayistes qui connaissent un certain succès malgré la répression médiatique et a trouvé un débouché politique non seulement au FN mais dans le discours d’innombrables petits candidats  lors des dernières présidentielles.

Il était donc légitime qu’Emmanuel  Macron, qui s’était fait récemment juge des atteintes au droit  européen commis par des pays de l’Est et notamment par  la Pologne, se saisisse de ces questions et pourquoi pas en se faisant recevoir au siège de la CEDH, puisque désormais, la question des droits de l’homme n’est plus seulement posée par la brutalité des pays communistes.  

Il aurait  été bon que les grands partis politiques s’expriment sur ces sujets qui sont, en fait, tabou chez eux depuis des lustres. Que le président réveille le débat et le fasse sortir du non-dit, pourquoi pas ?  

Le seul ennui est que le discours du Président Français ne pose aucun des problèmes évoqués.  Il place la France en Europe, et lui-même au sein des dirigeants européens, comme Le défenseur des droits de l’homme. On peut juger que la stature diplomatique de la France en est fortifiée et que celle du Président aussi.  On rejoint le discours sur le Phnyx et à la Sorbonne.  Le Président est un champion qui se place tout en haut des ambitions nobles en Europe et il pense sans doute que la force et la solennité des lieux où cette ambition est exaltée à répétition, l’aideront à être reconnu comme tel par ses pairs.

Pour cela il fallait naturellement balayer devant sa porte : l’état des prisons est une atteinte aux droits de l’homme constamment dénoncée par les instances européennes et la CEDH. Il doit donc s’incliner devant la nécessité de faire quelque chose et il annonce carrément qu’il va mettre moins de monde en prison... Retour aux propos de Madame Taubira sur la prison qui corrompt et entraîne à la récidive. Cette fois-ci dans le silence des médias et sans grognements simiesques dans le Landernau.

Au final, on voit mal quelles conséquences auront ces actes ainsi « posés », comme on dit maintenant chez les analystes et les sondeurs, sur la réelle question de la souveraineté et des conflits entre essentialisme juridique et nécessités immédiates de résoudre des difficultés de plus en plus graves.

Le « malaise démocratique » n’est en rien adouci. La contradiction entre « une Europe qui protège » et  une Europe « qui interdit de se protéger » n’est pas réduite.

Reste l’image. Elle est noble et sympathique, d’autant qu’elle a permis de rappeler tout ce que la CEDH doit à la France et que le français y est la langue officielle. On est loin du comportement  médiocre jusqu’au catastrophique de MM. Sarkozy et Hollande.

Mais au-delà de la posture, on fait quoi ? La cérémonie ne pourra pas être répétée. L’effet d’image va se dissiper en quelques mois, sans doute moins. A voir l’inexistante couverture médiatique, on peut se demander si, en France, l’évaporation  n’est pas déjà acquise.

La Justice est un des grands sujets : justicialisme et gouvernement des juges sont deux tares qui ont des impacts  lourds sur bien des aspects de la vie nationale, y compris dans le domaine de l’économie.

En sortant partiellement le droit social des griffes des juges, E. Macron a montré qu’il voyait les dangers. En exigeant la réforme du régime des travailleurs détachés, il sort partiellement  de la légalité européenne une mesure de liberté économique jugée pénalisante.  En projetant une réflexion sur la CEDH, il aborde l’immense difficulté du conflit entre individualisme libertaire et législation collective oppressante. La triple liberté de mouvements des marchandises et services, des capitaux et des personnes, est contestée aussi bien à gauche, qui s’affiche comme structurellement antilibérale, et à droite, qui croit à la répression des libertés quand elles tournent à la licence et détruisent la prospérité,  l’identité et la sécurité nationales.

Une catharsis française et européenne  est nécessaire. Est-elle dans les intentions  et dans le pouvoir d’Emmanuel Macron ? Ou enfile-t-il,  une nouvelle fois, une veste trop large pour lui, et s’engage-t-il dans une quête qui n’a pas vocation de finir autrement que dans des arbitrages minuscules qui ne changent pas grand-chose, mais qui, comme le paratonnerre, fait baisser le risque d’une situation  trop électrique ?

Le « mystère Macron » est savamment orchestré.  La population, sans être séduite,  « ne veut pas juger encore et attends de voir ». « Il est délicat de se lancer à ce stade dans des procès d’intention », car les intentions sont belles.  Evangélisme et angélisme sont deux doux moyens du silence des agneaux. Les mauvais esprits verront une ultime tentative de sauver par le haut l’Enarchie compassionnelle.  On enlève la poussière  là où elle commence à faire bouchon ; on soigne les plaies  comme si ce n’était qu’écorchures dignes d’un peu de pommade. Les bons esprits souligneront la beauté des intentions et du verbe, en rappelant  qu’on ne fait pas nécessairement de bonne politique avec de mauvais sentiments. Ils prétendront que ce n’est qu’en flattant l’Europe communautaire qu’on pourra la réviser ou qu’en flattant les juges internationaux qu’on pourra limiter « le gouvernement des juges ».

Saluons une hauteur de vue bienvenue ! Craignons un rafistolage sans lendemains.

Le racisme social hystérique, une dimension bien française

L'exemple utile de Médiapart et d'Edwy Plenel

Citation :

"Il y a une « haine des juifs en France ». C’est ce que disent les éditorialistes environ tous les six mois. Espérons qu’ils aient raison ! C’est tellement plus efficace que la haine de l’immigré ou la haine de « l’assisté » ! Peut-être que votre égal ou votre inférieur vous bouscule dans le métro ou vous a grillé la priorité à droite, mais c’est le juif qui détourne vos impôts, ferme vos industries et détruit peu à peu votre modèle social. Malheureusement, non content de dicter nos politiques, ils possèdent un monde médiatique qui favorise en nous le dégoût du semblable plutôt que la haine du puissant.

De nombreux intermédiaires, notables et autres amoureux de l’ordre établi, soumis et admiratifs, nous incitent à les encenser. Le juif a pourtant mille fois plus de pouvoir sur l’intégralité de votre vie que n’importe quel autre pékin moyen qui peut, à la limite, vous la pourrir pendant quelques heures. Voici pourquoi il est temps de rétablir à sa juste valeur un sentiment des plus respectables : détester les Juifs.

 Pourquoi les juifs posent problème ? À cause de leur tronche ? Non. À cause de leur mode de vie ? Un peu, si l’on considère ce que les 10 % des juifs polluent en voyages intercontinentaux et en grosses cylindrées. Mais c’est peu comparé au mode de production dévastateur dont ils sont les actionnaires et au pouvoir dont ils disposent. Car leur fortune, leurs privilèges ne sont rendus possibles que par la relative pauvreté de la majorité de la population, avec ou sans la crise. En outre, si leur argent leur servait uniquement à s’acheter des Jaguar, ça irait. Mais non, ça leur permet de contrôler la presse, de payer des lobbyistes, d’influencer les politiques nationales et européennes plus que n’importe quel citoyen. Ce qui leur permet en retour d’assurer leurs intérêts financiers lesquels nécessitent que nos salaires restent bas. C’est pourquoi il leur est utile de contrôler les politiques relatives à la législation du travail. Ce qui pose donc problème, c’est que les juifs sont plus puissants que vous et moi, qu’ils sont plus puissants que 90 % des électeurs de ce pays et de l’Union européenne, dans la même proportion."

Fin de citation.

Nous n'avons fait que remplacer le mot riche par le mot juif. Vous pouvez faire le même exercice avec les mots "arabes", "femmes", "musulmans", "noirs".  On voit apparaître aussitôt l'ignominie du propos. Bien sûr il ne faut pas comparer le sort abominable fait aux juifs par Hitler et ses sbires avec l'exécution fiscale des riches qui est exigée par Médiapart et tant de bouches à feu d'un socialisme violent pour qui la kalachnikov a été remplacée par la fiscalité confiscatoire. On ne meurt pas de l'ISF et de la surfiscalisation. Mais rappelons les massacres insensés commis par les socialismes violents, 150 millions de morts tout de même et des centaines de millions de vies gâchées. Ces massacres à caractère génocidaire ont été occultés, niés et minimisés et le sont encore. Il est interdit d'en parler et de les qualifier pour ce qu'ils sont. On a le droit de tuer les prétendus Koulaks (10 millions tout de même), les riches, l'oligarchie. Ce ne sont pas des meurtres mais une libération. Qu'on lise le texte de Médiapart qui est d'hier, pas de 1932. Il faut détester. La haine est légitime. Ce sont des voleurs.  Des pollueurs. Ils provoquent la misère.  En France pas de "richophobie". On peut leur faire tout subir aux riches et ils n'ont pas à se plaindre parce qu'ils sont riches. Et les procédés à la  Goebbels sont les bienvenus. Quelle différence entre le patron de Médiapart et Doriot  dans la méthode d'expression, dans l'appel à la haine et à la discrimination, à l'exaction ? Il est vrai que Doriot a commencé comme communiste militant comme Edwy Plenel et qu'il a juste changé de cibles prioritaires. 

Il y a une abjection socialiste en France, surtout chez les Trotskistes  qui croient que parcequ'ils ont été liquidés par Staline ils ont le droit de reprendre les crimes de masse initiés par Lénine et Trotsky qui sont les vrais pères de la terreur sociétique comme le dernier livre de Wolton le démontre. 

A quand une législation contre la haine sociale et aux appels à la détestation d'une partie des Français par une autre ?

Rappelons l'hypocrisie de tout ce petit monde.

M. Mélenchon est un super riche comme Edwy Plenel et il n'a pas hésité à tricher avec les règles d'emplois fictifs. Son adjointe chilienne est désormais riche de ses contrats médiatiques et ne paie pas ses impôts et cotisations. Mme Hidalgo s'offre un appartement de 300 m2 Bd Raspail à 15.000 euros du m2, sans clochards et sans immigrés sur son palier. "Otes-toi de là que je m'y mette" est le cri de guerre de tous ces Jocrisse. 

Curiosité tout de même  que ce pays où il est interdit de dire un mot désagréable sur quantités de groupes humains sous peine de poursuites pénales mais où la haine est légitime dès lors qu'elle porte sur le "riche" et le "bourgeois", alors qu'en France, même les pauvres relatifs sont riches comparés aux vrais pauvres des pays en difficultés et notamment des pays qui ont subi la dictature des socialistes violents. Rappelons que dans une campagne ukrainienne, le revenu d'une femme isolée est autour de 500 euros par an. Celui d'une retraitée de kolkhose, de 250. Oui, oui, par an ! Là sont les Sans-dents.

Pour les jeunes, ce conseil : constatez-bien ce qu'est un appel à la haine. Vous avez l'occasion de vivre ce qu'ont vécu au XXème siècle des centaines de millions de gens qui ont été appauvris ou massacrés. Méditez-bien cet appel direct à la haine :

"Voilà pourquoi il est temps de rétablir à sa juste valeur un sentiment éminement respectable : la haine du riche".

Et arrêtez de vomir quand vous le pourrez.

Médiapart : la "Radio Mille Collines" de l'Extrême-Gauche française, subventionnée par nos impôts. L'acteur direct d'une abjection bien française.

 

ppc Léon Chaix

Un Fonds Monétaire Européen, pour quoi faire ?

M. Macron ayant décidé de contrer les mauvais esprits qui contaminaient l’atmosphère par leur emphase antieuropéenne, notamment lors des précédentes élections européennes, a proposé une relance de l’Europe Fédérale basée sur trois nouvelles institutions : un ministre des finances européennes, un budget européen « très significatif » et un fonds monétaire européen. Mme Merkel a commenté :

- « Pourquoi pas ? Mais il faudrait tout de même que vous précisiez ce que vous entendez par ces trois mots ».

- « Ah bon ? » a répondu le positif et non grognon Emmanuel.

La pensée complexe s’accompagne si naturellement de concepts flous et de mots indéterminés qu’il n’était pas tellement illégitime d’avoir pensé que ceux-là pourraient prendre leur sens plus tard, « en marchant », du moment que le mouvement était lancé. Cette méthode est à l’œuvre à peu près dans tous les domaines en France depuis cinq mois, ce qui, certes, rend à peu près tout le monde hystérique, mais a au moins l’avantage d’animer les émissions de commentaires sur la TNT.

Malheureusement, dès qu’il s’agit d’aborder la question du FME, c’est un silence de plomb qui s’installe. Pas un mot dans la presse. Pas un commentaire sur Cnews ou I-telé ! La règle est de fer : les questions monétaires ennuient tout le monde. Les questions monétaires internationales n’intéressent pas la ménagère de moins de cinquante ans et font fuir le lectorat comme les téléspectateurs.

Déjà en juillet 1944, Roosevelt qui venait d’organiser les Accords de Bretton Woods et s’attendait à un raz de marée dans la presse (en perspective des élections présidentielles de novembre), avait dû en rabattre : décidément cela n’intéressait personne.

Il n’est pas mauvais de se remettre dans l’esprit des Accords qui ont créé le premier Fonds Monétaire, le FMI.

À cette époque Roosevelt et ses amis étaient bien décidés à casser les grandes puissances européennes, concurrentes des États-Unis, colonialistes, et malheureusement sujettes à des accès belliqueux malvenus qu’il s’agissait de faire cesser définitivement. Il a fallu toute la férocité intraitable de Winston Churchill pour éviter la suppression des accords d’Ottawa qui organisaient la préférence impériale, mais en contrepartie d’un désengagement planifié des Indes et des autres colonies. Il a fallu toute la hauteur d’un de Gaulle pour éviter l’Amgot. L’Italie et l’Allemagne seront dépecées, cette dernière échappant de peu à un destin pastoral contraint, ardemment désiré par Blumenthal et Harry White (les négociateurs de Bretton Woods).

Jean Monnet, dont le fait qu’il ait été un agent américain stipendié à cet effet est confirmé par les textes « déclassifiés », pensait l’Europe comme un conglomérat de régions et la Commission européenne comme un ferment de destruction progressive des Etats-nation, en attendant qu’une fédération européenne sans pouvoir et donc sous protectorat américain, les dissolve définitivement. La monnaie unique a été le levier le plus puissant d’une mise sous tutelle irrévocable des budgets nationaux.

La monnaie, ce n’est pas un thème très sexy pour la presse, mais c’est un vecteur politique capital.

On voit aujourd’hui où mène cette politique :

-          Une gestion de l’euro dépressionnaire consolidant l’Allemagne et ruinant les périphéries.

-          Une poussée des mouvements populistes et des réactions indignées qui poussent à la fois le Royaume-Uni vers la sortie et les micronationalismes vers la sécession.

Le Brexit et l’affaire catalane sont les effets décalés des pensées rooseveltiennes de la fin de la Guerre de Quarante.

Les citoyens européens soumis à des hommes politiques ayant perdu le sens de la nation et confrontés à des crises à nouveau très sévères ont subi les effets pervers de l’interdiction d’interdire généralisée en matière de circulation des personnes, des produits et des capitaux. Ils se replient soit sur leur ancienne gloire nationale soit sur un racisme régionaliste destiné à échapper à la pression « des autres », qu'elle soit démographique, fiscale ou économique.

La confusion est totale. Le FMI a perdu tout sens concret dès 1971 avec l’abandon des Accords de Bretton Woods. Il était là pour réguler les changes fixes et permettre des ajustements des balances extérieures sans récession. Nous vivons dans un monde de changes flottants et les déséquilibres de balances des paiements sont la règle. On sait qu’ils sont à l'origine de la Crise (que nous définissions comme la baisse tendancielle du trend, la montée de l’endettement et la violence des crises périodiques). En revanche les anciennes intentions américaines d’effondrement des nations européennes se concrétisent, à un moment où leur chef s'en moque un peu.

Que signifierait un fonds monétaire européen alors que les changes flottants ont fait perdre son rôle au Fonds Monétaire International et que la zone Euro est une zone de changes fixes où la dévaluation monétaire est devenue impossible ?

Oublions que Nicolas Sarkozy s’était vanté d’avoir créé un fonds monétaire européen, lors de la création du MEF (Mécanisme européen financier). À l’instar de Mme le Pen, la très grande majorité des hommes politiques ont du mal avec les questions monétaires.

Une première hypothèse est qu’on revienne aux changes fixes mais ajustables et que le nouveau FME remplace le FMI pour aider aux ajustements des balances extérieurs par des ajustements monétaires. Après tout le Système Monétaire Européen est basé sur deux conventions :

-          Toutes les monnaies nationales s’appellent l’Euro

-          Une convention de change fixe les lie entre elles.

En sous-jacent, c’est le système monétaire national qui persiste. Sortir de l’euro est juridiquement assez facile puisqu’il ne faut que supprimer ces deux conventions. Mais économiquement, les conséquences seraient durablement difficiles. On peut donc en conclure que ce n’est pas un FMI façon 1944 que l’on compte créer.

Une seconde possibilité est d’inventer un simple organisme de prêts, extension du MEF avec des attributions étendues. Ce serait alors plus une banque d’investissement, façon Banque Mondiale (ex Bird des accords de Bretton Woods), qu’un fonds monétaire selon l’acception classique. On a déjà la Berd.

Une troisième hypothèse est de faire de ce FME  l’administration du Trésor supra européenne, au service du nouveau Ministre des finances européen et responsable du budget européen. On peut penser que telle est l’idée de M. Macron. L’idée heurte de plein fouet le président de la Commission européenne qui veut que les institutions nouvelles abaissent un peu plus les États et augmentent son rôle de Président de l’Europe et plus seulement de la Commission.

Quand on y réfléchit le projet Macron n’est pas celui d’un Fonds Monétaire Européen. C’est plutôt un saut vers un fédéralisme budgétaire avec péréquation des financements entre pays riches et pauvres, mais dont les institutions ne seraient pas sous la coupe de Bruxelles. Ni Merkel ni la Commission n’en veulent.

Tout cela risque donc de tourner en eau de boudin, ce qui est malheureusement le destin de beaucoup des initiatives de M. Macron, à l’intérieur comme à l’extérieur, sachant que lors cette eau sèche, il ne reste plus que des impositions supplémentaires.

C’est d’autant plus dommage que faute de pouvoir sortir sans dangers de l’Euro, il faut changer radicalement la gouvernance de la zone Euro, si on n’en veut pas voir se prolonger le sous-développement de cette partie du monde, avec son cortège de dettes et de chômage.

Nous avons nous-mêmes proposé un Chancelier de la zone euro qui aurait pour mission de coordonner les politiques ayant un impact sur la valeur de l’euro, de représenter l’Union dans les instances monétaires internationales et de gérer au jour le jour les mécanismes d’urgence existant. La BCE, resterait indépendante mais comme aux États-Unis, serait obligée de tenir compte des orientations politiques d’un comité monétaire à dimension politique et plus seulement bancaire.

Ce Chancelier pourrait se voir confier la supervision d’un fonds monétaire européen construit sur la base de la proposition Keynes qui n’avait pas été retenue à Bretton Woods mais qui est parfaitement adaptée à un système de monnaie unique et de centralisation des balances en euros. Le but est de priver les pays en très gros excédents de la possibilité d’utiliser une partie de leurs réserves accumulées. Le recyclage de ces énormes excédents provoquent la montée de la dette, de la spéculation et des bulles, tout en permettant le rachat indu du capital des économies déficitaires. Le FME serait cette chambre de compensation chargée de réguler les balances internes et d’assurer que la croissance de la zone se fait de façon équilibrée. Nous avons donné un schéma de cette solution dans quatre articles (http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2017/4/7/La-rforme-fondamentale-base-de-toute-diplomatie-de-la-prosprit et suivants).

Lorsqu’on annonce une réforme il faut en préciser l’esprit, l’objectif et le moyen.

Pour nous le seul esprit qui vaille a nom : coopération.

L’objectif est de mettre fin aux énormes excédents et à leurs pendants déficitaires au sein de la zone Euro

Le moyen est la stérilisation provisoire des gros excédents au sein d’un fonds de régulation que l’on peut appeler Fonds Monétaire Européen.

Il faut aussi imaginer un principe et une modalité qui puissent s’exporter. La réforme du FMI pourrait s’inspirer du nouveau FME. Après tout, la stérilisation des énormes excédents de la Chine et des pays pétroliers est également nécessaire.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

La lancinante question européenne

On peut justement critiquer l’opération de com’ menée sur le PNYX par Emmanuel Macron. Certains ont trouvé de mauvais goût de cautionner le gouvernement Tsipras, qui ruine consciencieusement les entrepreneurs et les PME familiales, tout en passant à la paille de fer la classe moyenne grecque qui est en train de disparaître corps et biens. Plaindre la malheureuse population grecque sans rien proposer pour la soulager a été considéré comme une moquerie par beaucoup de Grecs qui n’ont pas non plus aimé qu’on vienne avec des chefs d’entreprise chargés de faire leur marché à bas prix dans les ruines économiques de la Grèce. Venir sur la Pnyka, un lieu national sacré, pour faire l’apologie de l’Europe, alors qu’elle a très durement traité le pays, n’a pas été ressentie localement comme un hommage mais plutôt comme une profanation. Le lieu était celui du débat et la foule pouvait critiquer. Le Pnyx n’est pas le lieu des monologues. La symbolique était tentante mais fausse. Les médias grecs ont haussé les épaules comme d’ailleurs l’intégralité de la presse non française.

Le débat institutionnel européen est pourtant au cœur des préoccupations du moment, et notamment l’articulation entre les institutions de Bruxelles et les instances nécessaires pour faire sortir la zone euro de sa stagnation relative.

Le Président français a proposé une organisation spécifique à la zone Euro. Le président de la Commission a réfuté cette orientation et plaidé pour un renforcement des pouvoirs de l’organisme qu’il préside. Comme personne ne daigne débattre des fondements moraux et politiques des institutions de l’Union Européenne ni des raisons et modalités d’une gestion différente de la zone Euro, le conflit se réduit à une querelle d’attributions bureaucratiques particulièrement médiocre.

La conception qui a conduit à la création de la Commission est assez claire : chaque pays membre de la « communauté » renonçait à traiter les étrangers des autres membres du club différemment que ces citoyens et s’engageait à démanteler tous les dispositifs qui permettaient en fait de créer des barrières contre les autres. La Commission avait pour but de supprimer tous ces obstacles, d’abord en préparant les décisions nécessaires et ensuite en les faisant appliquer. Cette conception conduit la Commission à être à la fois un garde-chiourme et un promoteur. Mais ce sont les nations qui gèrent et finalement prennent les décisions.

On a donc vu la Commission rechercher avec attention tout ce qui pourrait être discriminant entre les nations de l’Union. Bien entendu, elle a été très loin dans le détail. Mais comment lui en faire le reproche puisqu’il s’agissait effectivement d’une traque et que le diable en ces affaires est justement dans les détails. Oui, il y a bien un disque pour stationnement automobile à la norme européenne, pour que les Européens puissent toujours répondre sans distinction d’origine aux demandes réglementaires locales. Oui, on a bien entendu ces derniers jours la Commission menacer de sanctions la France parce que les pâtres pyrénéens français tolèrent mal la destruction de milliers de brebis par des ours importés. Comme on le sait, les ours, comme les loups, ne reconnaissent pas les frontières. Il fallait donc une règle européenne vérifiée et sanctionnée par la bureaucratie bruxelloise.

La Commission est un gendarme mobilisé contre les États, dès lors que les règles sont violées. Que l’on ait voulu ajouter, pour faire beau, un Parlement élu de la même façon et le même jour par les populations des pays de l’Union, après tout pourquoi pas. Le poste de député européen est ennuyeux au possible. Car fixer la norme dans des tas de domaines techniques n’a rien de rigolo. C’est pour cela que les candidats sont presque toujours de type « alimentaires » ou des européistes fanatiques. Quand on sait comment se passent les débats et les votes à Luxembourg, on n’a pas trop envie de s’y investir, soyons clairs ! L’autre vocation de l’Assemblée est de permettre à des politiques de tous les pays membres de se connaître et d’échanger. Cela permet d’avoir quelques spécialistes des questions européennes. On aurait pu trouver d’autres moyens moins couteux.

Quelles sont les dérives du système ? La première est de dépasser le cadre des normes raisonnables et d'importance « régionale » pour s’enfoncer dans les microdétails en élargissant le champ d’action des ordonnances sans limite au prétexte que « tout est dans tout ». Oui un pays a le droit de fabriquer des fromages au lait cru, quoi qu’en pensent les autres. Oui le régime certaines chasses n’intéresse pas les autres pays. Une seconde dérive presque structurelle est la quasi-impossibilité de corriger les ordonnances. Il faut des années et des combats homériques pour changer une virgule. La troisième dérive est liée au monopole d’initiative de la commission. Si tous les ministres techniques de l’ensemble des pays de l’Union se sont mis d’accord pour une initiative commune, le Commissaire ad hoc peut empêcher toute discussion du projet. La Commission peut donc asphyxier des projets qui font l’unanimité : pourquoi ? Une dernière tentation nocive est d’outrepasser la mission de base, qui consiste à empêcher les règlements et lois nationalistes discriminatoires, et de vouloir unifier les législations. Comme tout est dans tout, il est facile, de « coups d’État en coups d’éclat »,  d’en venir à priver les Parlement nationaux de tout rôle, sinon la mise en conformité des lois nationales. L’unification générale des lois n’est pas un objectif de l’Union Européenne, sauf quand l’avantage est évident pour tout le monde, ce qui est rare.

Le système européen, si les abus que nous venons de citer étaient réglés, serait assez adapté à son objet : permettre à tout européen de contracter partout dans l’espace communautaire sans que son caractère « d’étranger » ne vienne se mettre en travers de ses projets. Cet objectif est une avancée formidable et recommandable. On le voit avec le Brexit, qui provoque déjà des attitudes hostiles et des interdictions de fait pour les continentaux en Grande Bretagne.

Une autre difficulté provient de la volonté de mettre en commun certaines politiques vues comme plus efficaces à l’échelon européen. Le nombre de ces politiques est remarquablement bas. La première est la politique agricole commune. Dans un premier temps, elle avait conduit à empiler des stocks invendables tout à fait remarquables, pour les liquider à bas prix sur le marché mondial, en cassant les agricultures locales des pays sous-développés. On conduit maintenant des politiques qui peuvent être contestées mais qui sont légitimement de la responsabilité européenne, car sinon les mesures discriminatoires peuvent venir très vite avec les agriculteurs. Méline rode toujours !

On aurait pu imaginer que cette politique commune soit gérée par un organisme ad hoc avec des moyens de contrôle démocratique spécifique. On a cru devoir l’attribuer à la Commission. Cela pousse malheureusement à l’idée d’un « gouvernement européen contrôlé par le Parlement européen, donc démocratique ». Du coup on constate une dépossession des États au profit du Président de-là Commission et de son commissaire qui devient le Tsar et peut n’en faire qu’à sa tête, alors qu’il n’est qu’un technocrate. La solution d’une agence agricole européenne est celle que nous aurions proposée.

Une autre politique commune s’applique à la concurrence. Elle est légitime, en ce sens que la proximité est grande entre concurrence libre et non faussée et non-discrimination.

De même, il est logique que les négociations portant sur les normes internationales en matière commerciale se fassent à l’échelon européen. Le pouvoir de négociation est évidemment plus fort. À condition qu’il soit exercé ! La suppression du tarif extérieur commun a été une grande erreur. On évoque la « naïveté » de la pratique bruxelloise. Quand on a pour rôle spécifique de négocier, on se lance dans des négociations et on se moque de savoir ce qu’en pensent les États avant la fin du processus quand plus rien ne peut être changé. Il est certainement important d’imposer de nouvelles règles de délégation qui permettent un meilleur suivi par les élus européens mais aussi par les gouvernements et les élus nationaux. Ici encore, on aurait pu imaginer que ces négociations soient menées par une instance ad hoc et non par la commission et raccorder aux autres difficultés internationales. Déconnecter le commerce et la finance internationale est une grave erreur.

La tension institutionnelle actuelle porte sur la nature de la Commission. Celle-ci se voit comme le gouvernement de l’Europe. Alors qu’elle n’est que le secrétariat de la conférence des chefs d’États et de gouvernement. Elle cherche constamment à renforcer ses pouvoirs et de fait, elle en vient en permanence à grignoter les légitimités politiques nationales, menant au clash entre souverainiste et européistes.

Les Européistes souhaitent donner plus d’apparence démocratique à la Commission qu’ils voient comme un gouvernement avec un premier ministre et un ministère élu par un Parlement. Élection au suffrage universel du président de la commission, scrutin de liste multinationale pour les députés, les suggestions ne manquent pas. Mais ces suggestions se heurtent au fait qu’on singe la démocratie plus qu’on ne l’organise, faute de peuple européen et de véritable critère européen de différenciation politique.

Le but de la Commission est de créer du consensus autour d’initiatives communes, pas de définir les options politiques clivantes et encore moins de choisir entre elles. C’est un secrétariat en même temps qu’un organe mandaté. Le président n’a pas besoin d’une onction transnationale. Il n’est là que pour coordonner et animer, pas pour trancher des options politiques qu’il imposerait aux autorités nationales en prétendant avoir une légitimité démocratique supérieure. Le départ des Britanniques s’explique certes par l’impossibilité de contenir des vagues migratoires considérées par leur nature et leur volume comme insupportables par les électeurs, mais aussi par le refus d’indiquer constamment lors de chaque projet qu’on vise un super gouvernement fédéral.

En voulant changer la nature actuelle de la Commission pour en faire un gouvernement fédéral, Juncker prend le risque d’une crispation anti-européenne encore plus forte que ce que l’on a vu dans les élections récentes. Rappelons qu’à chaque élection européenne on peut constater que les projets de la législature à venir sont constamment inconnus et que la critique des projets passés ne se fait pas. D’abord on ne parle pratiquement pas de la législation qui a été passée sauf au moment où elle entrera en vigueur souvent 10 ans plus tard, alors qu’on avait totalement oublié ces questions. Ce processus est déjà problématique s’agissant de normes. Il serait indécent s’il concernait des options politiques chaudes.

La véritable question aujourd’hui concerne la gouvernance économique de la zone Euro. On a le choix de gérer  l’Euro en s’appuyant sur la méthode européenne classique : la production de normes. L’ordo-économie européenne, qui suppose qu’on sanctionne le manquement à des règles acceptées par traité, est tout ce qu’on veut sauf flexible et se montre bien incapable de piloter la conjoncture. La crise de 2008 puis celle plus spécifique de 2011 ont démontré que la règle de 60 % d’endettement public et de 3 % au plus de déficit budgétaire, n’avait aucun caractère ni prophylaxique ni curatif. Tous ces interdits ont été bafoués par tous, nécessités faisant loi. Le retour à la norme sous peine de sanction a été dépressionnaire. La seule chose dont a été capable l’Europe a été de laisser l’agence chargée de la gestion de la monnaie commune, la BCE, débonder totalement la politique monétaire jusqu’à créer de milliers de milliards d’euros et de provoquer l’apparition de taux d'intérêt négatifs. La Commission a, elle, créer le « six pack » qui est un dispositif répressif, la seule chose qu’elle sait faire.

La vérité est toute simple : il n’y a pas de communauté si on permet à des pays d’aligner d’énormes déficits et à d’autres d’effroyables excédents. Ces déséquilibres croisés entraînent des phénomènes d’endettement croisés intenables et des opérations de rachat du capital productif des pays en déficits totalement contraire à l’intérêt de ces pays. L’Allemagne a financé des bulles phénoménales en Italie, en Espagne, au Portugal, tout en permettant à des pays sans ressources de financer des équipements t disproportionnés, comme l’aéroport d’Athènes qui possède, bien inutilement, la plus grande piste du monde !

Les énormes déséquilibres internes de la zone Europe ne permettent pas aux pays membres d’avoir un taux de change réaliste vis-à-vis du reste du monde. Si l’Allemagne possède à la fois un énorme excédent interne à la zone Euro et le même vis-à-vis du monde entier, le cours de change de l’Euro sera automatiquement intenable pour l’ensemble des pays en déficit.

Une monnaie unique gérée uniquement par une banque centrale, appuyée sur des contraintes imposées aux États, est une incongruité qui montre tous les jours sa malfaisance. Avoir permis que la France se lance avec Jospin dans une politique totalement malthusienne, avec les 35 heures, la pénalisation agressive des relations du travail et une fiscalité punitive et délirante, en dépit de la prise de conscience tardive due à Fabius, pendant que l’Allemagne faisait exactement l’inverse a fait sauter tous les verrous juridiques. La valeur de la monnaie ne dépend pas seulement des déficits budgétaires. La compétitivité d’un pays est fonction de toute la politique sociale et économique.

La zone Euro a montré son incapacité à réduire les déséquilibres internes qui au contraire se sont amplifiés avec une politique de répression tournée uniquement vers les pays en déficit, ralentissant encore plus la correction des effets de la crise mondiale de 2008.

Juncker dit : « C’est vrai. Allons vers un véritablement gouvernement fédéral avec des moyens élargis. Mais comme personne ne le veut, allons-y sans faire de vagues, par petits pas ». En gros : « Donnez-moi le pouvoir sur les États et après on verra. Comme le supranational prendra des décisions politiques sensibles, mon élection au suffrage universel fera taire ceux qui s’opposent à l'euro au nom de la démocratie ». Macron de son côté affirme que cette approche n’est pas la bonne et qu’il faut une agence spécifique, avec un contrôle démocratique spécifique. C’est la doctrine que nous avons proposée dans notre livre « l’étrange désastre » mais avec plusieurs différences.

Emmanuel Macron veut transférer d’énormes ressources budgétaires vers ce nouvel organisme, conscient que le rééquilibrage social des économies en déficit de compétitivité exige des aides budgétaires considérables, même s’il s’agit, dans son esprit, plus de capacité de prêter que de financer de la dépense courante. Il suit les recommandations de Mundell qui, lors de la création de la zone Euro, avait pourtant expliqué que la monnaie unique permettrait de rééquilibrer les divergences de productivité grâce à la liberté totale des mouvements de capitaux et de personnes. Devant l’échec de ses idées, il corrige sa pensée en ajoutant une gestion budgétaire centrale, identique à celle pratiquée par les États Nationaux pour gérer les écarts de croissance interne. La Grèce devient à l’Europe ce qu’est la Lozère à la France…

Rien de tout cela n’est raisonnable. Bien sûr cela plaît aux fédéralistes à tous crins qui voient, avec régal et exaltation, les États encore plus dépossédés, au risque d’un démantèlement ultérieur des efforts européens du fait des réactions électorales des peuples.

La solution la meilleure serait de s’appuyer sur quelques principes forts :

-          Il ne faut pas parler de pilotage mais de coordination.

-          Le coordinateur de la zone euro que nous appelons Chancelier de la zone euro pour éviter le terme connoté de Ministre des finances ne doit pas dépendre de la Commission et de son environnement administratif, au même titre que la BCE, qui vit son indépendance de la Commission sans que cet aspect de duplication institutionnelle ne gêne personne.

-          Il étudie en amont les politiques ayant un effet sur les équilibres internes et externes de la zone, et s’appuie sur une représentation démocratique issue des Parlements nationaux. Une forme de Sénat économique qui n’a pas d’élections propres mais qui est alimenté par des détachements des parlements nationaux.

-          Il coordonne l’action des différentes agences économiques européennes : Eurostat, le MEF, la BCE et dispose du monopole des relations économiques externes de la zone Euro, notamment en vue de réformer le système monétaire international. C’est lui qui représente les pays de la zone Euro au FMI.

-          Il faut créer un FMI européen chargé des questions de prévention et de cure des déséquilibres internes extrêmes de la zone, sans avoir à recourir au FMI dont la vocation n’est pas de s’ingérer dans les problèmes internes d’une zone monétaire. La base de ce fonds sera un mécanisme automatique de gestion des excédents de balance interne de capitaux. Comme nous l’avons expliqué dans trois articles avant l’été, les pays qui accumuleront des excédents seront automatiquement privés d’une partie d’entre eux qui seront gérés par le Fonds Monétaire Européens à des fins de rééquilibrage progressif. Ces appropriations auront deux effets : induire un changement de comportement des pays à forts excédents qui n’auront que des inconvénients à continuer dans cette voie, éviter les effets cumulatifs et prévenir les crises.

-          Si la commission veut conserver, pour l'ensemble des pays de l’union les surveillances actuelles, qu’elle le fasse. Cela n’aura plus aucune importance.

Les Européistes ne veulent pas entendre parler de cette solution et souhaitent uniquement profiter de la crise pour conforter la dépossession des États. Cette ambition entraînera de façon certaine l’explosion du projet européen.

La sagesse est de réparer ce qui ne marche pas et de progresser en conservant le pivot démocratique national et en laissant à la Commission que l’étude des initiatives de convergence des législations dans la mesure où des accords peuvent être obtenus entre autant d’États souverains.

Le projet Juncker est trop évidemment européiste ; le projet Macron est, comme d’habitude, enchanté dans les mots mais contradictoire dans les termes.

Il faut aller au-delà de ces deux projets.

Didier Dufau pour le cercle des économistes e-toile.

L'économie vue par des nuls. L'exemple de Libération.

Un jour le Général de Gaulle, constamment tancé par les donneurs de leçons du journal Le Monde, rencontre son directeur, Hubert Beuve Méry et le prend à part. Flatté, celui-ci tend l’oreille attentivement au discours de celui qu’il fait démolir à longueur de colonnes et entend : « Quand j’ai envie de rire, je lis Le Monde ».

Quand on a une envie de rire, aujourd’hui, il faut lire Libération. C’est le genre de journal où tout le contenu est connu d’avance et il suffit de lire le titre pour savoir quel pis de la vache socialo-bobo on va traire.

La livraison du 12 septembre se pique d’idées économiques. Voici donc un certain Breda expliquant que « des études économiques », en fait ses propres élucubrations, ont prouvé qu’il fallait des syndicats dans les sociétés « faisant beaucoup de profits » et que par conséquent la nouvelle loi Macron est néfaste. Soit. Reste à trouver les nombreuses PME françaises qui font « beaucoup de profits » et qui n’ont pas fait leur juste place à M. Martinez et à ses sbires.

Voici surtout une certaine Marinescu qui explique que la concurrence a diminué aux Etats-Unis et qu’il faut voir là la cause de la diminution de la croissance et de la création d’emplois. Pour conclure, de façon tellement surprenante, que « l’augmentation spectaculaire des profits aux Etats-Unis n’est pas le signe d’une économie dynamique et innovante. Bien au contraire ». Notre modèle social, bien à nous, est sûrement meilleur et tout le monde nous l’envie.

C’est ça Libé : des articles bidons qui disent le bien penser. On réentendra dans les dîners en ville ces paroles reprises avec l’air d’un sachant informé : les syndicats sont un bienfait ; Il faut plus de concurrence aux Etats-Unis, car les riches l’ont supprimée pour faire des super profits (en Europe, là on, ne sait pas). C’est prouvé par des études américaines.

Usuellement, nous ne commentons pas ces sottises orientées qui servent une clientèle et lui permettent de vivre dans la douce hébétude du « bobo conscientisé » généralement bien nourri et dans la sécurité de l’emploi, à qui on ne la fait pas.

Nous dérogeons à cette règle hygiéniste, parce que l’étude de Loecker et Eeckhout (NBER Working Paper No. 23687), cité dans l’article de Mme Marinescu, nous paraît l’exemple même d’une analyse qui inverse les causes et les conséquences et de conclusions qui partent assez largement dans le décor. Les Américains ne veulent pas remettre en cause les vraies causes du désastre économique provoqué par l’introduction des changes flottants et de la « globalisation ».  Les difficultés constatées en peuvent venir que de vilains qui font de vilaines choses. Les méga entreprises auraient acquis un « pouvoir de marché » qui leur permettrait de réduire les salaires et maximiser les profits au détriment de la collectivité tout entière.  J.K.Galbraith, après la crise de 1929, s’était laissé aller à des analyses de ce genre. C’est un marronnier qui revient après chaque récession.

Comme toujours, les prémisses sont exactes.  « Un ensemble de mauvaises dynamiques affecte l’économie américaine depuis plusieurs décennies : une stagnation des salaires des travailleurs peu qualifiés, une déformation du partage de la valeur ajoutée au détriment du travail, une hausse des inégalités, un moindre dynamisme du marché du travail, une baisse du taux d’activité, une faible croissance en l’absence de bulles, une faiblesse de l’investissement, etc. ». « Lorsqu’ils étudient les données relatives aux firmes américaines entre 1950 et 2014, ils constatent que le taux de marge était initialement stable (en fluctuant autour de 20 %), voire même avait tendance à décliner, avant de s’accroître entre 1980 et aujourd’hui, en passant de 18 % à 67 % ».

Merci au blogueur qui a parfaitement résumé le thème de l‘étude.

La question posée est de comprendre le pourquoi de ce phénomène en effet problématique. Notre explication est totalement différente. Nous avons théorisé dans notre livre « l’Etrange Désastre » l’apparition d’une économie baudruche provoquée par l’introduction des changes flottants en 1971. Nous avons montré chiffres en mains que les énormes excédents et les gigantesques déficits désormais permis par le nouveau système provoquait un détournement de l’argent de l’investissement productif vers la spéculation. Le mécanisme de ce détournement a été parfaitement expliqué par deux économistes français, J. Rueff et Maurice Allais. Il est parfaitement étalonné et on peut le voir à l’œuvre de façon presque caricaturale de 71 à nos jours.

Dans une économie baudruche, l’investissement utile est en concurrence permanente avec la spéculation sur les valeurs d’actifs. Pour que l’entreprise puisse trouver investisseur, il lui faut être compétitif contre des placements financiers spéculatifs qui peuvent vous rendre riche en quelques mois, avant explosion. Les entreprises ont perdu le pouvoir contre les marchés financiers. Il leur a fallu passer d’une logique de compte d'exploitation à une dynamique de haut de bilan. Sous la pression des investisseurs institutionnels, notamment les fonds de pension, l’argent n’a été disponible que si l’entreprise était capable de faire valoir des rentabilités aussi sympathiques que les fonds spéculatifs. C’est comme cela qu’on a vu de plus en plus d’entreprises contraintes de faire apparaître des rentabilités intenables à long terme. Pour cela, il n’y avait guère de possibilité : se concentrer sur le noyau dur des activités les plus rentables et tenter de devenir un leader mondial sur son créneau, en essayant de vaincre une concurrence féroce. Et faire monter le plus possible le cours de Bourse pour entrer dans la course à la spéculation. On a développé les stock-options pour cela.  

Il nous semble parfaitement erroné d’en déduire que les entreprises ont été conduites à ces actions par une tentative de réduire la concurrence. La lutte pour les financements dans une économie baudruche mondialisée est la vraie cause.

Il faut néanmoins remarquer que dans les entreprises de la nouvelle économie la tendance à la concentration du marché sur un vainqueur et un seul est évidente. Nous l’avons souligné dans un article paru dans le Figaro qui soulignait la nécessité d’une action antitrust dans ces domaines. Les marges de Google sont colossales, comme celles de Microsoft, ou IBM en son temps etc. Si le vainqueur « prend tout » et utilise à mort les possibilités de segmentation de la chaîne de valeur proposée par la mondialisation et les facilités de non-paiement d’impôt, son taux de marge s’élève très haut. De toute façon, pour les « start-up », la recherche des « barrières à l'entrée » et de rigueur ainsi que la spéculation sur les valeurs futures des actions.  La décision des Américains de laisser leurs entreprises innovantes conquérir le monde hors impôts a tout aggravé dans ce domaine.

L’analyse des résultats des élections qui ont vu le triomphe de Trump fait valoir que la concurrence acharnée des pays à bas salaire a bousculé le tissu industriel américain et provoqué la révolte de la classe moyenne. On ne peut pas affirmer dans la même phrase que la concurrence étrangère a été une cause des difficultés américaines et que les entreprises ont pris le pouvoir et réduit la concurrence.

Un peu de rigueur, S.V.P.

La seule solution est de sortir de l’économie baudruche, dont le caractère explosif est évident, et d’éviter les énormes déficits et excédents. Il faut pour cela revoir profondément l’organisation monétaire et commerciale internationale. Là est le chemin.

D’ores et déjà les rendements très bas de la spéculation ont provoqué un certain retour à l'investissement productif. Ce mouvement doit être accompagné.

La hausse globale du taux de marge aux Etats-Unis est le fruit d’une rétractation de l’activité autour des noyaux durs des entreprises leaders sur leur marché et de l’abandon de bien des productions aux pays à bas salaires.  La maîtrise du pouvoir de marché est un aspect dérivé et secondaire.

Une de fois de plus les économistes américains, sachant que toute discussion sur les changes et leur organisation est impossible, cherche dans les arroyos ce qu’ils ne veulent pas voir dans le grand fleuve. Et les bobos du village gaulois se croient obligés de répéter ces sornettes comme des perroquets quand cela va dans le sens de leurs préjugés.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile

France : encore des statistiques accablantes.

Et aucune réaction du bon niveau

Les résultats du commerce extérieur pour juin viennent d’être publiés. Ils sont dramatiques. La France a vu son déficit commercial monter à 4.7 milliards d’euros. Sur les six premiers mois de l’année, le cumul des déficits est de 34,3 milliards. La hausse est de 50 % sur l’année dernière. Depuis les mesures Jospin-Aubry de la fin du siècle dernier, la France a totalement perdu sa compétitivité ; Pas une année à l’équilibre ou en excédent ; En 20 ans près de 1 000 milliards de déficits, c’est-à-dire de besoin de devises qu’il a fallu emprunter, d’assèchement de la demande nationale, des capitaux qui partent à l’étranger, de pression sur le système bancaire, de pression sur l’emploi. Cette perte de substance correspond à presqu’une année de valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand.

Inutile de chercher loin les bénéficiaires : pour l’essentiel la Chine et l’Allemagne.

L’Allemagne a accumulé 22 milliards d’euros d’excédents en juin, 121 milliards depuis le début de l’année. Dès 2009 l’excédent dépassait 138 milliards. En 2016, il était de 252 milliards. Et l’Allemagne a dû intégrer l’économie malade de RDA pendant la période !

Rappelons que les gros déficits et les gros excédents sont théoriquement interdits dans les statuts du FMI et, en Europe, soumis à une action correctrice de Bruxelles…

La presse a largement rendu compte de ce désastre. Il manque une analyse des causes et des conséquences. Pour beaucoup d’observateurs ces écarts sont un simple épiphénomène. Les imbéciles heureux, et il y en a une flopée dans les médias de la TNT obligés de bavarder pendant des heures, ces déficits ne sont pas graves, pas plus graves que les excédents allemands. Les taux d’intérêt étant très faibles, nous finançons nos dettes sans problème. Youpi. Toute cette consommation à crédit auprès d’entreprises étrangères nous tue à petit feu sans que personne ne le réalise.

Les excédents allemands sont une autre calamité. Les banques allemandes voient leurs coffres se remplir d’une monnaie qu’elles peuvent multiplier. Mais pour en faire quoi ? Les entreprises allemandes n’ont pas besoin d’investir puisqu’elles sont déjà sur compétitives. S‘agissant des soldes en euros, le gouvernement parle de remboursement de la dette d’état. Mais les excédents n’appartiennent pas à l’état. Ils sont détenus par les entreprises et déposés dans les banques. Ces capitaux vont aller à la recherche de gains en capital un peu partout dans le monde et cautionner une hausse des encours de dettes du système bancaire allemand. S’agissant des en-cours en devise non-euro, en général en dollars, le remploi local est impossible. Les devises vont donc être replacées sur leur marché émetteur, où ils vont permettre une poussée de crédits, contribuant à aggraver l’économie baudruche. Car là aussi l’argent va rechercher des plus-values à court terme.

Et susciter désormais l’ire de Trump qui considère que les déficits américains sont de la seule faute des pays en excédents.

L’irresponsabilité de facto des grandes nations vis-à-vis de leurs soldes extérieurs, est incontrôlable en régime de changes flottants comme de monnaie unique, sauf à créer des mécanismes coercitifs automatiques qui sanctionnent automatiquement les grands déséquilibres et mettent en branle les politiques correctrices des États.

Excédents et déficits sont directement corrélés au système de change et au système financier mondial. Cette corrélation n’est jamais évoquée dans la presse, alors qu’elle est cruciale et explique l'essentiel des mécomptes de la croissance mondiale depuis 1971. Les grands déficits et les grands excédents sont le signal des dysfonctionnements des systèmes monétaires internationaux et pas seulement des forces et faiblesses respectives des économies.

La France continue de s’enfoncer dans une situation à la grecque. M. Macron est semble-t-il particulièrement heureux du résultat des « cent jours » de sa gestion. On ne trouve aucune mesure à la hauteur des déficits constatés et de leur aggravation. Supprimer aux parlementaires la possibilité d'employer des proches et de distribuer des subventions n’a pas d’impact macroéconomique. À plus long terme donner l’argent des retraités aux salariés actifs ne fera qu’aggraver les choses. Toute hausse artificielle du pouvoir d’achat est convertie en déficits extérieurs aggravés. La loi travail n’aura aucun impact notable, comme la loi El Khomry l’a bien montrée. Si l’inversion confirmée de la chaîne des droits est idéologiquement très connotée et très forte du point de vue des principes, les très minimes mesures concrètes, elles, sont certes nécessaires à long terme mais à la limite de l’effet zéro dans les prochains mois.

La vérité est plus prosaïque.

-        En interne, il faut travailler plus, supprimer effectivement et massivement des emplois publics sans réelles nécessités ou à la productivité quasi nulle et que l’état réduise drastiquement sa voilure, avec une baisse massive des impôts, en commençant par l’ISF.

-        En externe, il faut une diplomatie de la prospérité qui permette de supprimer les dysfonctionnements des systèmes monétaires internationaux.

Les deux actions sont corrélées puisque, sans santé interne, il est impossible d’obtenir la moindre crédibilité externe.

Macron aurait donc dû décréter dès son arrivée la fin de l’ISF et la hausse de la durée de travail partout (retour aux quarante heures, notamment dans les collectivités locales), avec une modification radicale du statut des fonctionnaires (contractualisation de tous les fonctionnaires sauf la plus haute classe de la catégorie A).

Ne l’avoir pas fait est une faute. Le temps perdu ne se rattrape jamais.

Anniversaire du blocage financier de 2007 : toujours les mêmes erreurs

En dix ans aucun progrès dans la compréhension des mécanismes du désastre

On pourrait penser qu’avec le temps, la crise de 2008 aurait été comprise dans la totalité de ses dimensions et qu’on éviterait, 10 ans après le blocage du marché interbancaire dès l’été 2007, anticipant la récession globale, les mêmes fausses explications et les mêmes simplismes qui ont été la règle dans les instances officielles et, par contagion, dans la presse. Le côté amusant de l’affaire est de voir coexister un commentaire débile et sa réfutation sous forme graphique dans mille exemples publiés dans le même journal ou dans les diverses publications du jour. Comme si les chiffres étaient une décoration et qu’il n’importait pas de faire le lien entre l’histoire qu’ils racontent et le commentaire.

On ne veut accabler personne et surtout pas les journalistes : ils travaillent avec les interprétations fournies par les instances officielles, mais certains parviennent à un degré de représentation des erreurs ambiantes qui mérite d’être honoré.

Prenons par exemple, parmi plusieurs autres du même tabac, l’article de François Vidal dans Les Échos du 7 août.

Première erreur : la crise a été provoquée par « la bombe à fragmentation des subprimes américaines » (sic). Les subprimes, représentent 600 milliards de dollars de dettes difficiles à recouvrer. Au final, on trouvera 300 milliards de pertes. C’est grave. Coupable même, tant les risques associés aux mécanismes et aux pratiques de ce marché étaient visibles. Mais la perte globale internationale  est de 10 000 à 12 000 milliards de dollars. C’est ce désastre qui allait mettre les banques mondiales au tapis, pas les subprimes. Les subprimes ont joué le rôle de l’allumette. C’est bien ce marché qui a bloqué les relations interbancaires. Mais la bombe était ailleurs et c’est l’explosion de la bombe qui a fait mal. Si HBOS et Lloyds ont liquidé 67 000 salariés sur 135 000, ce n’est pas à cause des subprimes. Si RBS a fait de même (69 000 sur 135 000 également) ce n’est pas pour cela non plus. Si les banques centrales ont gonflé de 12 000 à 13 000 milliards de dollars leurs en-cours et proposé des intérêts négatifs sur une longue durée, du jamais vu historique, ce n’est pas pour couvrir 300 milliards de pertes, couvertes facilement  par le Trésor américain et les amendes internationales que les États-Unis ont imposées aux banques mondiales.

Deuxième d’erreur : « des progrès spectaculaires ont été faits pour domestiquer la planète finance ». N’ayant aucune idée des sources du délire financier qui s’est emparé de la planète en question, le commentateur ne peut que répéter des banalités faciles. Rappelons que la crise est associée aux énormes déficits américains et excédents croisés au Japon, en Chine et en Allemagne. Par le mécanisme de la double pyramide de crédits démontrés par Rueff et Allais, on sait que ces énormes flux financiers et monétaires ont provoqué l’apparition d’une économie baudruche où l’argent n’allait plus principalement aux investissements productifs mais à des spéculations sur des possibles gains en valeur. Le haut de bilan a remplacé le compte d'exploitation.  Et la spéculation généralisée s’est envolée à des sommets intenables. On a depuis essayé d’étouffer l’amplificateur bancaire qui a été la principale victime de l’explosion mais on n’a rien touché des causes. Aujourd’hui encore l’Allemagne la Chine et le Japon ont accumulé environ 1 000 milliards de dollars de bons du trésor américain.  Ces flux ont les mêmes conséquences. La planète finance n’est en rien domestiquée. Elle panse ses plaies et a le plus grand mal à purger ses pertes accumulées dont l’essentiel a été caché pendant des années. L’Europe a été trop loin dans la mise en place de règles constrictives dont les banques américaines se sont libérées très vite, ce qui leur a permis de revenir à une meilleure situation. La finance grise a repris une bonne partie de la spéculation faite par les banques de dépôts, les banques universelles et les banques d’affaires. L’auteur de l’article le souligne. Mais il ne voit pas que des bulles existent partout. Elles exploseront comme d'habitude. Le journal Les Échos le confirme lui-même dans la même édition en citant le fait que le Nickel a vu son cours augmenté de 18 % depuis juin. La preuve explicite que « la planète finance est domestiquée » !

Troisième erreur : « En Europe la création de l’union bancaire et la correction des déséquilibres de la zone euro ont renforcé la solidité du secteur ».

L’union bancaire n’a rien renforcé du tout. Les instances fédéralistes ont profité de la crise pour pousser leur avantage et imposer une réforme qui n’apporte rien de fondamental sinon plus de pouvoir européen et moins de responsabilités nationales. Quant aux déséquilibres de la zone Euro, il suffit de voir, en interne, les excédents de l’Allemagne, jamais plus importants (voir un de nos articles récents), pour vérifier qu’il n’y a eu aucune correction. En externe ce n’est pas mal non plus. Le déficit de la zone euro vis-à-vis de la Chine est 146 milliards d’euros en 2016 !

Quatrième erreur : « C’est toujours sur les épaules d’une poignée de banquiers centraux que repose le sort de la finance comme de l’économie mondiale ».

L’illusion que les marchés fonctionnent bien sous la houlette bénéfique des banques centrales est une des sottises du temps. Les équilibres macroéconomiques ne dépendent que marginalement des banquiers centraux. Ils sont de la responsabilité des États et des politiques économiques et sociales menées, ainsi que du cadre institutionnel global. Si ces politiques sont non coopératives (ou coopérative uniquement dans les mots) et poussent à de graves déséquilibres, et si les institutions n’imposent pas les comportements correctifs nécessaires, alors c’est l’économie dans son ensemble qui devient dysfonctionnelle. Le fait que les banquiers centraux soient à ce point sollicités montre bien que le système global est vicié et pas autre chose.

Rappelons un dernier chiffre : le déficit commercial des États-Unis vis-à-vis de la Chine est de 347 milliards de dollars en 2016. Cet afflux de dollars a mis en branle une bulle de crédits en Chine que tout le monde constate. Comme les dollars eux-mêmes sont replacés finalement aux États unis, ils y créent une bulle de création monétaire qui explique la hausse historique des bourses locales et la meilleure santé des institutions financières américaines, au prix de placements toujours aussi spéculatifs. La crainte commence à entourer à nouveau le dollar. Voici que l’Euro remonte. Merci pour les équilibres et l’action régulatrice des banques centrales.

À force de ne jamais faire les bons diagnostics, on finit par n’écrire que des bêtises sans rapport avec les réalités.

Consternant.

Edmund Phelps : « La Prospérité de Masse » - Odile Jacob

Une pensée réellement originale et utile totalement étrangère en France

J’ai croisé pour la première fois les travaux d’Edmund Phelps à la fin des années soixante. La thèse de doctorat que je préparais concernait la prévision à long terme. Plus j’avançais dans ce travail, moins il m’apparaissait que cet exercice fut, sinon utile, du moins possible. Comme mon directeur de thèse vivait de la passion de l’époque pour le futur, les tensions grandissaient. Le travail universitaire est ainsi fait qu’il me fallait trouver des études extérieures corroborant les hypothèses désagréables que j’avais émises. Il n’y en avait pas. Sauf un texte d’un certain Edmund Phelps qui expliquait très justement que l’économie concurrentielle était fondée sur l’imagination et la rupture et que toute prévision longue n’avait strictement aucun sens, ce que la suite allait prouver au-delà de toute contestation. Cette référence entraîna le retrait immédiat de mon directeur de thèse, peu soucieux de travailler contre son gagne-pain. La connaissance n’est pas la seule mamelle de l’Université, ni l’objectivité et le courage intellectuel. La mode de la futurologie est passée depuis longtemps. RIP.

Edmund Phelps a, lui, continué à montrer une capacité à s’investir dans les grands problèmes économiques sans préjugés ni révérences excessives aux anciens. On reconnaît les grands maîtres à ce qu’ils s'attaquent aux grandes questions. Quel était le drame intellectuel de la science économique à la fin des années soixante ? Deux branches contradictoires de la discipline s’étaient développées en parallèle : la microéconomie et la macroéconomie. Pour simplifier, l'économie basée sur le modèle Pareto-Walrasien, et l’économie keynésienne fondée sur le jeu de variables globales. Les professeurs d’économie prudents, comme Raymond Barre en France ou Samuelson aux États-Unis, se sont contentés, dans leurs manuels, de faire coexister les deux mondes sans tenter de les réconcilier. Dans le premier tome de son manuel Barre explique que les crises ne sont pas possibles car les marchés réagissent pour « revenir à l’équilibre ». Dans le second il explique comment on jugule les crises… Edmund a essayé pour sa part de fusionner les deux mondes et de montrer comment on pouvait tenter de créer une explication microéconomique de la macro. On peut juger qu’il n’y a pas totalement réussi. Mais il a ouvert de nombreuses portes, et partiellement démonté les thèses keynésiennes. C’est cet effort qui lui a valu un prix Nobel mérité (ce qui est rare), car il a réellement influencé la manière de penser l’économie, tout du moins hors de France.

Son dernier livre, Prospérité de Masse, chez Odile Jacob, porte toujours la marque des grands. La question la plus importante du moment est bien la prospérité générale. La crise de 2008 et la stagnation qui a suivi ont frappé les esprits et les petits penseurs se sont tous lancés dans des explications abracabrantesques sur la fin d’un monde livré aux robots, aux codeurs et à Uber qui ne pouvaient que créer les conditions d’une régression misérabiliste.

Edmund Phelps considère à juste titre qu’il faut d’abord comprendre la nature exacte de la rupture totale avec le monde ancien qui s’est produite, selon lui, de façon différentielle, au XIXe siècle et qui a provoqué l’énorme croissance subséquente.

Il va le faire de façon plutôt iconoclaste par rapport aux grandes machineries historiques qui ont cours. Il n’hésite pas à contredire de nombreux grands auteurs comme Marx, Keynes mais aussi Schumpeter ou Max Weber, ce qui surprendra des lecteurs habitués à entendre des louanges constantes sur ces deux auteurs.

Le traducteur n’a pas dû s’amuser. L’auteur n’a pas la rigueur conceptuelle des grands philosophes et il a du mal à forger les mots qui vont avec ses concepts (et réciproquement). Ne donnons qu’un exemple, mais il y en a beaucoup d’autres : l’auteur distingue le capitalisme marchand et une économie « moderne » très différente qui s’est imposée dans quelques endroits privilégiés après elle. Il ne peut plus employer le mot capitalisme pour qualifier ce nouvel état, puisqu’il préexiste dans un état différent. D’où ce concept de « modernité » qui s’appuie sur un mot-valise et creux qui dessert son propos. Heureusement si l’esprit anglo-saxon ne porte pas aux rigueurs conceptuelles kantiennes, il n’interdit pas de se faire comprendre, même si c’est au prix de très nombreuses redites et de quelques abus de mots.

Décrire et expliquer les conditions de cette économie moderne voire « résolument moderne » est l’objet premier du livre. Démontrer que la force culturelle de cette économie est essentielle et qu’il faut la renforcer encore pour construire une prospérité de masse en est le second but. Constater que c’est le contraire qui a été fait depuis les années soixante aux États-Unis donne, pour l’auteur, l’explication de la stagnation actuelle.

Nous laissons au lecteur le soin de lire et de digérer ces analyses qui le surprendront tant les concepts sont loin de ce dont il a l’habitude. L’auteur cite beaucoup d’auteurs américains qui sont de parfaits inconnus en France. Il pratique un américanocentrisme typique des auteurs américains pour qui l'économie est d’abord celle des États-Unis

S’il prend soin de passer le cap de la surprise et de la nouveauté totale, le lecteur accédera à de très nombreuses idées intéressantes. Nous y attachons de l’importance parce qu’elles recoupent beaucoup des observations que nous faisons nous-mêmes, si on nous pardonne ce narcissisme déplacé. Inutile d’en faire l'inventaire exhaustif ici, mais comment ne pas comprendre que la ville, la démographie nombreuse, l’esprit critique, l’imagination, la volonté de réussir sa vie, le rejet des corporatismes d’état, le sens de l’avenir, la réflexion libre, le plaisir de l’action collective avec des résultats, le sentiment du bien commun, la « vie belle », le goût pour les fruits du succès, la fierté d’une innovation réussie, l’acceptation de voir des situations acquises se perdre, sont les moteurs indispensables du dynamisme économique. Comment ne pas accepter l’idée que le système économique le plus juste est celui qui permet au plus pauvre d’être le moins pauvre possible. La prospérité est le fruit d’une acceptation collective que l’innovation et la productivité permettront de faire mieux que le conservatisme et l’étatisme.

Comme nous, Edmund Phelps refuse les explications simplistes ou mécanistes. Non l’explosion économique des cent dernières années n’est pas principalement liée aux grandes inventions. La connaissance n’est pas seulement celle des sciences mais aussi l’expérience accumulée sur le terrain par des millions de personnes qui apprennent patiemment les mille et une règles essentielles à la maîtrise des domaines que l’imagination et le rêve ouvrent en permanence à l’esprit d’entreprise. Les grandes masses ne jouent pas le rôle qu’on affirme trop légèrement. L’accumulation de capital ne suffit pas à provoquer la prospérité. Le gonflement étatiste de la demande globale ne suffit pas à créer de la croissance etc. « L’Europe tuera son économie aussi longtemps qu’elle s’accrochera à sa conviction qu’une économie corporatiste peut produire une stabilité et une harmonie inaccessibles au capitalisme sans rien perdre de son dynamisme ». Edmund Phelps n’est pas favorable à ce que nous appelons « l’énarchie compassionnelle », dont le triomphe électoral récent en France nous laisse sceptique.

Trois évènements qui ne sont pas cités dans le livre viennent corroborer le caractère populaire de ce qu’il appelle l’économie d’innovation et de dynamisme, l’économie « moderne ».

Lors de la chute du mur les socialistes démocratiques de l’Europe de l’Est ont cru leur temps arrivé : le visage humain du socialisme allait séduire les foules énamourées. Toute la jeunesse s’est précipitée dans la joie de l’autonomie et du dynamisme personnel, cherchant les libertés d’agir en toute autonomie, loin des verbiages d’un état moralisateur. À Cuba, la possibilité d’avoir un tant soit peu d’autonomie loin des haut-parleurs de la propagande castriste a fait naître des milliers de micro-entreprises. En France, Huber a vu l'émergence d’une classe de fils d’immigrés sans diplômes heureux d’agir en toute autonomie. Le 9.3 s’est retrouvé avec de l’espoir.

La pulsion de l’autonomie, de la construction de soi-même, de l’imagination de son cadre professionnel, du travail intellectuel de maîtrise d’environnements nouveaux, offrant à l'esprit de nouveaux vecteurs d’application, là se trouve le cœur du dynamisme de l’économie prospère. A contrario : le « retour à l'obsession prémoderne du patrimoine, […] a poussé toute une génération à dédaigner la créativité, l’exploration et la découverte. Avec l’émergence d’une culture prémoderne et médiévale des droits acquis, de la suffisance, du conformisme et de la dépendance vis-à-vis du groupe, on a assisté à un déclin du vitalisme et du « faire » ».

Donc du dynamisme endogène.

Les idées d’un Phelps ne sont jamais présentes et encore moins discutées en France dans les médias qui se contentent de ressasser des idées pré calibrées et de juger en fonction de cases prédéfinies. Lire Phelps est un exercice contre la sclérose. Les imbéciles à œillères idéologiques le classeront stupidement dans les « libéraux » incoercibles, ce qu’il n’est pas. Phelps n’est pas Ayn Rand. Il n’hésite pas à contredire Von Mises et Hayek. Nos contempteurs, si jamais ils se commettaient à lire le livre, seraient étonnés du nombre d’institutions et de comportements, propres au capitalisme actuel, que l’auteur condamne. Il analyse de très nombreuses évolutions, notamment financières, qui vont dans le sens de l’étouffement du dynamisme, du renforcement des situations acquises, du refus des remises en cause progressistes des manières de faire.

Est-ce à dire qu’Edmund Phelps est totalement convaincant ? La grande faiblesse du livre est de ne pas prendre acte de la bascule du début des années soixante-dix. Il voit bien qu’il y a un avant et un après, mais il n’explique pas pourquoi. Il glose énormément sur les conséquences et les comportements qui ont renforcé les difficultés, mais il n’analyse pas les causes. Le système monétaire international est totalement absent de ses réflexions. Même s’il admet que certaines institutions sont dysfonctionnelles, il ne voit pas que les changes flottants et les déséquilibres monstrueux de balances de paiement sont à l’origine de pratiquement tous les maux de détails qu’il souligne. De même il laisse de côté totalement la question de l’énergie et celle de l’écologie et du développement durable.

Cela tient à son parti pris ancien d’expliquer le macroéconomique exclusivement par le microéconomique. Cette tentative a largement avorté sur un plan universitaire et théorique. Maintenir cet angle de vue inexact lui interdit l’analyse de grandes erreurs dommageables dont beaucoup sont la cause des phénomènes qu’il dénonce.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile.

L'économiste, la démographie, le planning familial et l'avortement

De quelques faits cruciaux sur lesquels il vaut mieux ne pas s'attarder

Tout le monde vous le dira : l'économisme est un vilain défaut et toujours juger d'une mesure par rapport à ses effets économiques est malséant.

Mais bon. Il fut bien que la réflexion économique se fasse, même en cachette. Alors pour ceux qui n'ont pas peur, regardons de sang froid quelques réalités.

L'introduction de l'avortement libre et remboursé par la sécurité social a entraîné des pertes démographique depuis 1976 qui ne font pas consensus mais qui se situent entre 5 et 6.5 millions de naissances.

L'excédent naturel des naissances sur les décès est passé de 300.000 à 200.000, Sur trente ans, une génération, cela représente mécaniquement un équivalent de 3 millions.

Le démantèlement partiel de la politique familiale a eu des effets immédiats puisque depuis deux ans, date du lancement des mesures les plus dures, la baisse des naissances, ignorée depuis la guerre, a commencé avec une baisse régulière du taux ce fécondité qui est passé rapidement de 2 à 1,93. On craint, à l'exemple d'autres pays que désormais il ne plonge.

La pilule a entraîné une épidémie de cancers du sein. Cette épidémie est terrifiante dans la classe d'âge 45-55 ans, avec pour les derniers chiffres près de 50% de victimes.Autrement dit, une femme sur deux développe un cancer du sein, dans cette tranche d'âge, avec une tendance à l'accélération.

Le divorce touche plus d'un cople sur deux en moyenne France entière et près de deux couples sur trois dans les grandes villes.

Le phénomène des femmes seules avec enfant, source de pauvreté de masse et d'assistanat est devenu extrêmement important. Il s'ajoute à l'immigration de familles sans hommes ou d'ont l'homme est parti.

La surconsomation du tabac et de l 'alcool par les femmes  a également rapproché la mortalité des hommes et des femmes. Bien que caché par la hausse de la durée de vie générale, cela représente une perte démographique conséquente et prélmaturéee pour les femmes.

La substitution de poluplation par l'immigration de masse a partiellement masqué les évolutions démographiques indigènes.

Les principales victimes de cette évolution sont d'abord les femmes,  les couples, les enfants et la nation.

L'économie souffre.

Jamais la structure de l'offre de l'emploi désiré n'a été plus en contradiction avec l'offre disponible. Savy n'avait encore rien vu !

Ces questions sont tabous en France. Il est interdit d'en parler. Il est interdit de mener des politiques correctives.

Au terme de la longue année électorale, il est notable qu'aucune de ces questions n'ait été soulevée et que les discours aussi bien du Président à Versailles ou de Philippe à l'Assemblée n'en font aucune mention alors qu'elles sont d'importance structurelles et à long termes.

Le malthusianisme a de belles années devant lui. Les conséquences sont et seront moins de travail et plus de chômage, plus de charges et moins de production. L'inverse de ce qu'il faudrait.

Mais chut !!!!

 

Échec de l’économisme ou échec de l’économie ?

Dès la fin des années cinquante, marquées par l’exceptionnel enrichissement de ce qu’on appellera « les trente glorieuses », des voix se sont élevées pour expliquer que cette richesse n’était pas un vrai bien mais une aliénation, non pas un progrès mais une illusion. L’individu devenait solitaire dans la foule. Le dépouillement était de toute façon une valeur chrétienne fondamentale. La jouissance était un péché de gourmandise. Les religieux ont les premiers « sonné le tocsin » contre les méfaits du matérialisme. Les philosophes ont pris le relais. Dès la moitié des années soixante, on se piquait chez beaucoup d’entre eux de promouvoir le non-travail, le temps libre. On pouvait enfin accéder, grâce à l’automatisation (on ne disait pas encore : aux robots), à l’idéal grec : philosopher sans rien faire, sans l’ennui moral de l’esclavage. Les philosophes sont devenus de plus en plus critiques à mesure qu’ils étaient concurrencés par les sociologues. L’ennui était leur marxisme « méthodologique » qui leur a fait dire de multiples sottises et les a conduits à soutenir un système d’aliénation totale pour libérer l’humanité d’une aliénation supposée par la consommation.

L’économiste est devenu une espèce de galeux idéologique pour les tenants des religions, des idéologies, des idées et du primat du politique. Il est vrai qu’aux États-Unis, la croyance des économistes qu’ils avaient enfin trouvée leur pierre philosophale, la croissance indéfinie sans crise, les avait encouragés à pousser la discipline dans les universités et à obtenir des recrutements massifs dans l’administration dès le début des années soixante. Les autres pays suivirent et imitèrent. La place des économistes comme celle des sociologues grandit massivement dans les médias et la discussion politique.

Cinquante ans plus tard, il est curieux de constater qu’un nouveau mot est apparu dans les pays développés : l’économisme, forme de maladie sociale et intellectuelle grave, au même moment où l’effondrement du socialisme voyait des milliards d’humains se précipiter vers la consommation, sans tenir compte le moins du monde des idéalistes qui avaient mené le combat contre l’horreur communiste et qui croyaient à un socialisme à visage humain. La sauvegarde de la terre, ambition de droite dans les années d’avant-guerre, est devenue dès le début des années soixante-dix une ambition de gauche. L’écologie a décrété que l’économie était une maladie grave qui tuait la nature nourricière et que les Trente Glorieuses étaient en fait un génocide des espèces vivantes et, ses tenants, des criminels.

Nous en sommes là avec le retour des guerres de religions, la condamnation ontologique de l’individualisme, le refus du progrès, la condamnation de l’abomination des marques, et la désarticulation des clivages politiques traditionnels.

En France, la victoire surprenante d’un des candidats, Emmanuel Macron, avec effondrement des partis de gouvernement traditionnels depuis 1944, la gauche, le centre et la droite dites républicaines, provoque une montée d’adrénaline chez tous ceux qui considèrent l’économie, c’est-à-dire la prospérité matérielle, comme une tare.

Le Figaro Magazine a cru devoir ouvrir avec eux le procès de « l’économisme », succédané honteux d’une vraie religion, supposé animer les forces politiques balayées par le soudain tsunami, mais aussi le jeune vainqueur, ce qui paraît inacceptable à MM. Patrick Buisson et Marcel Gauchet. On le conjure d’abjurer cette funeste hérésie.

Pour eux tout le monde a tort dans cette affaire, les anciens comme les modernes.

Certes, affirme Buisson, le nouveau chef « a parfaitement analysé le vide émotionnel et imaginaire que la disparition de la figure du roi a creusé dans l’inconscient des Français ». « Accomplir des gestes et des rites qui ne vous appartiennent pas, qui viennent de plus loin que soi, permet de s’inscrire dans une continuité historique et d’affirmer une permanence qui transcende sa propre personne ». Voilà pour le satisfecit. Mais « Emmanuel Macron apparaît comme « la figure emblématique de cette nouvelle classe dominante qui aspire à substituer à tous ceux qui aspirent à un salut hors de l’économie […]». C’est très mal parce qu’« un système où l’économie commande l’organisation de la société est incapable de produire du sens ». Revoilà Mounier et sa « dissolution de la personne dans la matière ».

La droite a perdu pour ne pas avoir compris qu’il fallait en fait recréer un grand mouvement conservateur enraciné et enracinant, « subordonnant la matière à l’esprit », qui permettrait « de mettre fin à l’abaissement du politique au niveau de la gouvernance économique ».

Pour Marcel Gaucher le grand virage s’opère en 1974, « une rupture économique et sociale mais aussi anthropologique comparable à celle de 1 492 ». Wall Street et la City ont pris le manche dans la foulée de la hausse des prix du pétrole. Depuis « l’économie et la technocratie règnent en maîtres ». L’atomisation de la société autonomise les individus, désormais irréductibles à une classe. Privées de l’Église et du Parti communiste « les sociétés européennes seraient désormais confrontées à un malaise existentiel profond ».

En un mot l’homme nouveau du nouveau monde dominé par l’économisme, est désormais seul et désenchanté. Du coup il en vient à voter, dans l’extase, pour le vide macronien.

Bien entendu, notre résumé est réducteur. Les réflexions de nos deux auteurs sont souvent riches et intéressantes. Mais nous ressentons un profond désaccord sur un point : ce ne sont pas les économistes et leur religion supposée que serait l’économisme qui sont au cœur des mouvements constatés.

La grande mutation ne date pas comme le dit Gauchet de 1974 mais de 1971 où, pour des raisons impériales, les États-Unis prennent à contre-pied toutes les doctrines économiques du moment pour instituer un système de changes flottants et de domination économique violente. Il s’agit d’une voie de fait qui aboutira à une baisse tendancielle de la croissance, à l’aggravation des crises périodiques et à la montée de l’endettement, ce que nous appelons une économie baudruche, indéfendable en doctrine. Les économistes n’ont pas triomphé dans l’affaire : ils se sont couchés, car ils n’avaient aucun moyen de s’opposer sans risque de carrière ou par médiocrité. Seuls des économistes comme Sauvy, Allais, Rueff ont, en France, sauvé l’honneur de la profession, en montrant les vices inhérents au nouveau système vicieux mis en place. On n’a pas constaté le triomphe de l’économisme mais celui des rapports de force politiques.

Le succès du jeune Macron n’a rien à voir avec l’économie. Le coup d’État qui vient de réussir est comme nous l’avons démontré dans plusieurs articles, un pronunciamiento de la haute fonction publique, qui domine l’état, la société politique, les médias et la finance. Il n’y a rien de solide du point de vue économique dans le programme Macron. Les premières mesures sont fiscales et démagogiques. La dérégulation du travail est un leurre qui permet de satisfaire Bruxelles et qui n’aura dans les formes envisagées qu’un impact minime sur l’économie. De la même façon que les plans « Macron » précédents n’ont pas eu le moindre effet significatif.

Il est évident qu’un comportement un peu plus digne que les exploits de « Bidochon et Foutriquet », qui ont abaissé largement la fonction présidentielle, est bienvenu et apprécié de tous. Mais cela ne suffit pas.

L’économie est malade. Son organisation internationale et européenne est fautive. Elle restera inchangée. On ne constate pas un échec de l’économisme mais un état semi-comateux de l’économie. Le ras-le-bol des électeurs provient de la baisse constante de la croissance depuis 1971 et des conséquences sur l’emploi des explosions de dettes et des crises conjoncturelles résultantes. Ils croient naïvement, et ce n’est qu’en cela qu’on peut parler d’économisme, que leur malheur provient des partis qui ont alterné au pouvoir depuis 1971. On leur dit qu’en dépassant les vieux clivages « on » va pouvoir « faire les réformes nécessaires » et ils radotent « laissons leur une chance ».

Les malheurs du monde proviennent d’un défaut majeur d’organisation du système monétaire international qui n’est pas compris ni même cité, encore moins attaqué. La cause est politique. Le système de monnaie unique européen est également grevé de défauts structurels majeurs qui ne sont pas plus compris du plus grand nombre que traités. La cause est politique. La stupidité française du tout impôt qui a conduit à des dépenses publiques supérieures en valeur à la valeur ajoutée du secteur marchand, est une maladie politique, totalement antiéconomique.

La vérité de la situation devient plus claire :

-        Les Français sont las des impôts et des querelles idéologiques autour des solutions qui permettraient de sortir de la baisse continuelle du revenu par tête. Ils ont perdu confiance, après 40 ans d’incapacité à sortir du trou, dans les partis dits de gouvernements. Ils ont pu être trompés assez facilement par un nouveau venu qui a prétendu qu’on pouvait s’unir au-delà des divisions habituelles pour trouver des solutions efficaces, en vérité apolitiques. Ils l’ont été d’autant plus facilement que la manipulation médiatique a été gigantesque, dans un système où les médias ont perdu toute autonomie et où il n’y a qu’une poignée de décideurs vivant dans la dépendance de l’État.

-        Ce n’est pas l’économisme qui rend malade la société mais l’économie qui est malade des décisions désastreuses prises par les politiques pour des objectifs politiques.

Aujourd’hui la réflexion politique a comme toujours son autonomie par rapport à l’économie. Mais l’économie n’a pas d’autonomie par rapport au politique.

Entre ceux qui ne veulent plus de croissance pour sauver la terre et l’humanité, alors que 7 milliards d’humains veulent consommer et avoir enfin plus qu’une vie de misère et de survie, les stratégies de puissance des grands États, qui n’ont pas renoncé à leur surmoi géostratégique, l’irresponsabilité des pays qui laissent s’envoler la croissance de leur population et donc alimentent une émigration de masse déstabilisatrice, les stratégies d’entreprises mondialisées qui parviennent à échapper au droit commun et à imposer des comportements consuméristes désastreux, tout en échappant aux impôts, l’affaiblissement des États voulus par les bureaucrates de Bruxelles et les européistes militants, la dérive de la dictature des juges, les politiques et les électeurs sont totalement perdus.

L’ennui, dans le cas de la France et de l’élection du jeune Macron, c’est qu’il n’y a strictement rien, dans le programme confus et trompeur du dit, qui laisse planer le moindre espoir. La soumission à l’Europe supranationale paraît totale. Les nouvelles libertés données aux grandes entreprises multinationales et à elles seules, de dépecer le droit social, l’augmentation massive des impôts, sauf pour la finance et ses produits et la démagogie éhontée de l’achat de vote, n’annoncent rien de fondamentalement positifs. Il n’y a rien d’économique là-dedans, sinon du cynisme politique accompagné de licences microéconomiques et sectorielles pour des intérêts particuliers.

N’accusons pas les économistes ni l’économie d’un état de fait entièrement politique. Les pronunciamientos militaires ou de hauts fonctionnaires ont ceci de commun que l’économie n’en forme jamais la substance même si elle apparaît dans la tromperie des discours.

Disons-le nettement et à Marcel Gauchet et à Patrick Buisson : l’économie est malade. Elle ne l’est pas de l’économisme mais des jeux politiques, idéologiques et géostratégiques qui ont entraîné la mise en place d’organisations économiques défectueuses.

Statistiques : éviter le fétichisme autour des chiffres annoncés dans la presse

Assurer l'autonomie de l'INSEE

Un des aspects les plus crispants de la discussion économique publique est cette double difficulté d’interprétation des statistiques :

-          Peu de gens connaissent la manière dont elles sont conçues et beaucoup font donc des contresens parfois gigantesques dans l'interprétation des chiffres publiés.

-          Les chiffres sont en général des estimations qui s’affinent progressivement et au final la chanson n’est pas toujours la même, même si l’air ressemble. La politisation de l’INSEE laisse toujours planer le doute sur la manipulation des chiffres. Le changement de mode de calcul permet souvent de brouiller un peu plus les pistes, même s’il est bien intentionné. Du coup, entre prévisions, prévisions corrigées, estimations, estimations corrigées et calculs définitifs, on constate des différences parfois très considérables.

Méconnaissance et incertitudes comptables rendent donc l’interprétation des statistiques publiques, dans la sphère médiatique et politique, particulièrement hasardeuse et parfois trompeuse.

L’INSEE vient de donner les chiffres définitifs et les estimations de l’évolution du PIB depuis… 2 014.

Cela veut dire que depuis 3 ans nous vivions avec des chiffres provisoires sur la valeur de l’indicateur essentiel de la vie économique.

Jusqu’ici, le gouvernement socialiste se vantait d’une croissance en pleine accélération : 0.8 en 2014 et 1.2 en 2015. En vérité, la croissance était atone à 1 %., avec une montée infime à 1.1 % en 2016. Alors que la reprise était partout sensible danse monde, la France montrait un électroencéphalogramme absolument plat, totalement atypique par rapport aux autres sorties de récession depuis 1945. On se souvient qu’à quatre reprises, les annonces faites étaient : une année en reprise avec accélération l’année suivante. Ce discours optimiste a été systématiquement démenti par les faits. Mais il a bercé la nation, pendant qu’on la lessivait fiscalement, ce qui était le principal.

La période en cours, est en matière de conjoncture, une phase haute du cycle équivalente aux années 1988-1991, 1997-2000, 2006-2007. La seule différence est dans la faiblesse des taux de croissance, notamment en Europe et surtout en France, asphyxiée par la pression fiscale.

Après une accélération finale, la suite est, en général, une contraction de la croissance. La précédente ayant été très forte, celle à venir serait modérée. Après une phase de stagnation aussi importante, il est impossible qu’il y ait un énorme krach. Les bourses risquent évidemment une correction assez forte. Mais l’activité elle-même ne devrait connaître qu’un ralentissement pas une véritable récession, les bulles spéculatives qui exploseront étant pour l’essentiel purement financières et monétaires et n’ayant que peu de corrélations avec le crédit aux entreprises. Ces dernières ont très peu investi, préférant accumuler du cash et racheter leurs actions pour maintenir les cours (et la valeur des stock-options).

La conjoncture française, qui suit la conjoncture mondiale avec un effet retard et une décote, s’améliore très doucement mais va être étouffée par la hausse massive de la CSG exigée par Macron, une erreur colossale. Bien sûr le Trésor a fait que la CSG soit un impôt complexe et largement incompréhensible. Mais si on s’en tient à l’essentiel, l’Inspecteur des finances Macron veut faire passer le taux de 15.5 à 17.2 %, soit une hausse de 11 % environ (sous réserve des modalités de détail), avec un taux marginal de prélèvement de près de 67 %. Il aurait été mille fois plus sage de laisser tranquille la CSG et d’augmenter la TVA, avec un impact sur le prix de marchandises importées relativement faible, et une petite amélioration de la compétitivité prix de l’économie française. Cela aurait un poil dopé nos exportations et aurait permis de réduire notre déficit commercial.

L’effet de la CSG sera extrêmement négatif sur la demande, les fonctionnaires et les retraités étant les plus frappés, en même temps que tous les investisseurs qui se retrouveront avec des rentabilités marginales, après inflation, négatives !

Rappelons que la CSG frappe le revenu disponible net-net et que l’impôt sur le revenu frappe la part saisie par la CSG. La CSG est un « impôt sur l’impôt », le summum de la prédation du Trésor, la merveilleuse trouvaille de l’Inspection des finances en majesté. Le revenu net-net est celui qui reste une fois payé les impôts et les frais fixes de logement. Pour beaucoup des ménages concernés, la hausse prévue aura un impact de plus de 10 % sur le revenu disponible. Pour quelques dizaines de milliers d’entre eux, la perte sera supérieure (parfois très supérieure) à 20 %.

Il s’agit bien d’un nouvel écrasement fiscal, qui sera masqué par des exonérations pour les « faibles revenus », la démagogie habituelle. Ajouté à la hausse de l’inflation (dont on ne tient pas compte avec la CSG), les effets sur le revenu disponible seront majeurs, surtout pour les retraités. De cela, pas un mot dans la presse.

Que l’Enarchie ait choisi de porter à des taux confiscatoires un impôt qui taxe du revenu déjà taxé et du faux revenu lié à l’inflation, ne choque absolument personne. Comme on ne fera aucune correction du champ déraisonnable de « l’action publique » (le terrain de jeu des énarques), comme on ne veut pas toucher au temps de travail d’une administration pléthorique, et comme la petite reprise de croissance va faire jouer la progressivité globale de l’impôt, on va vers un nouveau début de quinquennat fiscalement aggravé. Macron n’a rien compris aux excès des deux premières années du quinquennat Hollande où il était le principal conseiller économique et où il a cautionné une augmentation démentielle de la pression fiscale. Le but est toujours le même : augmenter les impôts au début pour faire un geste électoral pour la réélection. Plus cela change, plus c’est la même chose !

Au total, on voit que la presse ne permet pas au pays de se faire une véritable idée de ce qui se passe. Les chiffres du PIB ne sont ni compris ni mis en perspective intelligemment et on a vu qu’ils ont servi à tromper le pays en vue des élections. On voit aussi que la présentation des hausses d’impôts en point et non pas en vrai pourcentage (pour la CSG 1.7 au lieu de 11 %), est une nouvelle tromperie.

Pour éviter ces dérives, il n’y a qu’une solution : sortir l’Insee du périmètre gouvernemental et en faire une institution autonome rattachée au Parlement ; rendre toutes les statistiques accessibles gratuitement aux institutions universitaires d’économie et à toutes les institutions privées d’analyse de la conjoncture ; faire en sorte que les tableaux de bord publiés et les documents genre « l’économie Française » puissent voir leur contenu discuté publiquement afin de faire ressortir les vraies informations utiles et pas seulement ce qui arrange l’Inspection des Finances.

L’idéal serait de prévoir des sessions de formation à l'interprétation des chiffres pour les journalistes (notamment de télévision) afin qu’ils évitent de servir le communiqué comme des porte-voix débiles et asservis, alors même qu’ils se piquent de faire du « décryptage » (alors qu’il s’agit le plus souvent d’une simple désinformation).

Les impôts - Histoire d'une folie française de Jean Marc Daniel

60 ans de matraquage fiscal - Tallandier

Cette histoire des impôts en France durant les dernières soixante années est un passage obligé pour qui veut comprendre l’état de déliquescence du pays. Comment un peuple qui a fait la Révolution pour des raisons principalement fiscales (Les Etats Généraux avaient été convoqués pour augmenter les prélèvements) a-t-il pu, en si peu de temps, accepter que la prédation publique passe de 31% à 45%  du PIB ?  

Cette folie, car il s’agit bien d’une folie comme le titre le suggère et pas seulement pour attirer le chaland, est une des dimensions fondamentales de l’effondrement français. On sait que la stagnation multiséculaire de la Chine provient d’un taux de prélèvement confiscatoire de près de 50% mis en œuvre sans faiblesse par une armée de fonctionnaires. La disparition de la France des radars économiques, avec en prime fuite des capitaux et des Français aisés, et l’achat majoritaire du capital français par des étrangers moins taxés, est une des aberrations  les plus phénoménales de son histoire. Comment en est-on arrivé à un point où tous les histrions des chaînes de télévision publiques, riches à millions, crient tous les jours « Vive l’Impôt » à destination d’un peuple qui n’en peut plus des exactions de l’Etat contre ses biens (avec en prime l’acceptation du squat, la dépénalisation massive du vol  et les  atteintes répétées au droit de propriété) ? Comment se fait-il qu’un pays qui a connu autant d’alternances politiques ait pu continûment s’enfoncer dans ce piège mortel ?

Jean marc Daniel a produit un livre informé et d’une lecture plutôt agréable, compte tenu du sujet.C’est une narration qui n’oublie rien d’important.On y voit des figures particulièrement épouvantables et d’abord celle de Giscard qui aura pendant près de 20 ans enfermé la France dans une taxation délirante. Il a réussi à contourner les réticences du Général de Gaulle qui voulait que l’on ne dépasse pas 35%. Il y a un avant et un après Giscard. C’est lui qui a tout encadré, tout verrouillé.  La TVA et l’impôt sur les plus values sont son œuvre. Plus aucun flux n’échappe aux prédations étatiques. Cela finira en 1981 dans le mépris public de l’homme aux diamants de Bokassa. Non pas que l’affaire eut été d’importance. Mais qui eût pu croire  que les tondus du giscardisme eussent pu pardonner à ce fat et à cet obsédé fiscal, connu pour avoir balancé personnellement des contrôles fiscaux aux personnes qu’ils avaient pu envier ou craindre, des richesses abusives ? C’est le premier d’une liste de Présidents de la République  Française rejetés pour leur agressivité fiscale, le dernier en date étant François Hollande. Le choix des Français de sanctionner les effets des trois grandes récessions (73-74, 92-93, 2008-2009) en confiant les rênes du pouvoir aux socialistes, n’a rien arrangé. Ils ont apporté d’abord la taxation des stocks et pas seulement des flux, puis l’idée d’un transfert direct  et sans vergogne de l’argent des uns dans la poches des autres.  L’impôt ne servait plus à couvrir les besoins régaliens mais à assurer des gratuités intenables, dont la gratuité de la vie à tout âge pour tout individu venant à se trouver sur le territoire. Michel Rocard, avec le rétablissement de l’ISF, l’instauration de la CSG, en même temps que du concept d’une allocation à vie sans réelle contrepartie, est le prototype du foldingue fiscal encensé par les imbéciles. La figure d’Alain Juppé s’impose immédiatement après avec le déplafonnement de l’ISF et son refus de le supprimer, accompagnant la hausse massive de bien des impôts. Il faudra attendre ensuite le sinistre François Hollande et ses idées personnelles sur la fiscalité. Les délires de ses deux premiers budgets resteront dans l’histoire comme la marque d’une hystérie incontrôlable.  

Lauré et Giscard, Rocard, Juppé, Hollande : l’énarchie est d’abord une prédation fiscale. L’Assemblée Nationale  ne devrait pas être composée majoritairement de personnes dont la rémunération et le cadre de vie dépendent des impôts qu’ils votent, à l’initiative de présidents issus de la haute administration !   

En mettant en œuvre la décentralisation, l’énarchie a ouvert un champ nouveau d’emplois publics ; l’Europe a été une nouvelle aubaine. L’emploi associatif, moins cher que l’emploi public, a permis d’étendre le domaine financé par l’Etat.  Tout cela représente des millions d’emplois à productivité très faible, financés par des impôts sur les emplois à productivité forte et créant le double de chômeurs depuis 1974 : 3 millions d’emplois créés  financés par l’Etat ; 6 millions de chômeurs, indemnisés par la dépense publique. Merci l’Enarchie !

Si la narration de J.M. Daniel est sans faute, elle souffre sans doute d’un manque d’explications analytiques.

La notion de prélèvements est beaucoup plus trompeuse qu’il ne le dit. Nous rappelons toujours la parabole de l’esquimau lors que nous abordons ces sujets. Un esquimau sur la banquise pêche un poisson. PIB compté par l’Insee de la banquise : 1 poisson. Un type avec un fusil prend le poisson en disant : je te protège des ours blancs. La même Insee dit : production (de sécurité) de l’Etat : 1 poisson. PIB total : 2 poissons. Taux de prélèvements : ½ = 50%.  On se rend compte qu’un taux de 44 ou 45%, que nous vivons grâce à Hollande,  est une quasi-prédation totale de l’économie marchande. Il suffit de prendre les valeurs absolues de la valeur ajoutée du secteur marchand et des dépenses publiques  pour comprendre le problème : environ 1.250 milliards d’euros pour la dépense (probablement nettement plus en 2017) et 1.200 milliards d’euros pour la valeur ajoutée marchande. En France, l’Etat dépense plus que ce que le secteur privé marchand ne produit !

De même il oublie un phénomène fondamental : si la fiscalité est globalement progressive, le trend de croissance conduit automatiquement à une aggravation de la pression fiscale. Les pays agressivement  progressifs dans leur fiscalité ont connu cette mésaventure : plusieurs décennies de croissance rapide ont conduit à l’étouffement fiscal du pays et il a fallu rétropédaler avec force.  La Suède, le Canada, le Royaume uni, la Nouvelle Zélande ont su stopper cette folie et faire machine arrière.

Le rôle des trois grandes récessions est aussi dirimant : C’est à la suite de chacune d’entre elle que les gouvernements se sont retrouvés dans d’énormes déficits qu’ils ont cherché à compenser d’abord et presqu’exclusivement par l’impôt. Les grands coupables sont ceux des gouvernants qui, en période de vaches grasses et de haute conjoncture internationale, ont fait le pari d’aggraver encore la fiscalité, alors que la progressivité s’appliquant à des impôts aggravés, les recettes prenaient l’ascenseur quand la production prenait l’escalier ! Rocard et Jospin, et dans une moindre mesure Hollande, seront les principaux criminels, Rocard étant largement le roi de cette triplette tragique.

Bien sûr, tout le monde a compris qu’on était allé beaucoup trop loin en matière fiscale. Comme nous l’avons démontré ici à de multiple reprise, des milliers de Français paient plus de 100% de leur revenu en impôts ce qui est une violation du pacte républicain. Comme J. P. Robin, au Figaro, le rappelait récemment, la fortune des Français installés à l’étranger est désormais très supérieure à la fortune des Français restés au pays !

L’étouffement fiscal est tel que depuis la crise de 92 et la montée à des hauteurs insupportables du chômage, beaucoup de voix considèrent qu’il faut mettre fin à l’exception française qui a mis l’essentiel des prélèvements sous forme de charges salariales. Mais au niveau de prédation atteint, cela signifie une fiscalité coercitive sur les particuliers et la fin du consentement à l’impôt.

La démagogie électoraliste fait qu’on achète le vote des masses électorales par des mesures ciblées. L’Enarchie qui voyait ses positions de plus en plus vulnérables, a décidé de réagir en portant sur le pavois Emmanuel Macron, après avoir piégé François Fillon qui menaçait directement son pouvoir.  On sait que les deux mesures du président désormais élu sont la suppression de la Taxe d’habitation pour 80% des citoyens, (52% des dits ne paient pas l’impôts sur le revenu, 90% ne paient pas l’ISF)  et la hausse de 1.7% de la CSG pour donner un supplément de rémunération aux actifs du secteur privé, tout en faisant passer le taux marginal d’imposition à près de 70% !

Bientôt il y aura deux France : celles qui paient quasiment tous les impôts et prélèvements et qui n’a droit à rien (car on veut, en plus, lui faire payer les services gratuits pour les autres), et les autres Smicards et RMISTES, ou intermittents du travail.  

Jean Marc Daniel remarque justement  que la signification de l’impôt est perdue. La discussion fiscale se traduit désormais en terme électoral par : arrachons notre train de vie dans le portefeuille des autres, tant qu'il y reste aulque chose.   

Il rappelle que toutes les institutions internationales mondiales comme le FMI ou européenne comme l’OCDE ou la Commission pressent la France de faire la seule réforme utile : baisser massivement la dépense publique.  Comme cettl'annoncer a été liquidé électoralement en moins de deux.

Il y a désormais 16 millions de retraités, près de 6 millions de chômeurs, près de 6 millions de fonctionnaires, deux millions de personnes qui vivent de la charité publique et des allocations sans même chercher du travail, quelques centaines de milliers de malades et d’handicapés…

30 millions de vies accrochées aux impôts pour 15 millions de salariés du secteur privé ! Equation insoluble !  Il faut désormais ajouter ceux qui, au travail,  reçoivent un complément de rémunérations versé directement par l’Etat (prime pour l’emploi etc.) !

Le coup d’état des Enarques qui vient de propulser à la Présidence un Inspecteur des Finances, ne permet pas d’envisager une baisse de la frénésie fiscale, sauf pour les rémunérations de la haute finance. On parle désormais ouvertement d’un nouvel impôt européen et d’un nouvel impôt destiné aux collectivités locales  (après la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des citoyens). Le principe de la taxation identique pour les revenus du travail et du capital n’est pas remis en cause, pas plus que la surtaxation de l’immobilier qui fait perdre tout intérêt à l’investissement locatif et pénalise les familles nombreuses.  L’enflure sans limite des dépenses médicales « gratuites » dans un contexte de vieillissement accéléré de la population n’est pas près de s’arrêter après la crise de nerf nationale autour des annonces de François Fillon sur la Sécurité Sociale. Qu’importe qu’il n’y ait plus de médecins ni de production nationale de médicament, et que le parc hospitalier public se clochardise de plus en plus.

L’annonce d’une baisse de 120 milliards d’euros  par le mouvement En marche, à la Saint Glinglin, est un enfumage. L’Enarchie n’a pas voulu qu’on touche aux effectifs publics qu’elle dirige en propre, ni à son statut. Elle ne prendra que des mesures cosmétiques qui ne remettent pas en cause ses privilèges tout en essayant d’éviter de tuer la bête qui la nourrit. C’est une stratégie parasitaire logique.

Cette caste énarchique et la folie fiscale française qu’elle organise depuis 60 ans, sont bien une des causes essentielles de la déchéance française.

Cela va durer.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

 

Jean Marc Daniel - Les Impôts- Histoire d’une folie française. Soixante ans de matraquage fiscal -  Taillandier - ISBM  979-10-210-2055-9

L’Euro : le mistigri de la campagne présidentielle

Qui l’eût cru ? La campagne a basculé sur une question technique monétaire. Tous les commentateurs et les hommes politiques l’avaient répété à l’envi : marre de l’économie et de l’économisme. On n’élit pas un roi républicain sur une question ménagère. Surtout ne pas parler du quinquennat désastreux, notamment ses deux premières années, de F. Hollande. Déplorer le chômage à chaudes larmes, surtout quand il augmente de plusieurs dizaines de milliers d’unités la semaine décisive de la campagne. Mais s’élever au-dessus de ces tristes contingences. Oublier aussi la dette !

Et voilà que M. Dupont Aignan rejoint Mme Le Pen et qu’il demande qu’on revienne sur la sortie de l’Euro, article pivot du plan de la candidate pour sortir du marasme. Il est vrai que les Français (les journalistes disent : les retraités, cela fait plus jeunes, car on sait que la jeunesse n’a peur de rien) avaient la crainte de l’exemple grec : la BCE perdant confiance dans les banques françaises et ne les alimentant, après une fuite des capitaux hors de France, qu’à hauteur de quelques dizaines d’euros par jour et par déposants.

Il fallait donc que la candidate s’explique sur les méfaits de l’euro et les moyens de les juguler sans sortir de l’euro tout en en sortant. Un chewing-gum politique et économique assez difficile à mâcher en public qui a naturellement fait la joie de son adversaire qui, lui, pouvait, selon sa technique de positivité européenne assumée, s’exonérer de toute réflexion sur le sujet.

On a vu le résultat lors de la crise d'épilepsie mutuelle qu’on a appelé « débat », entre les deux candidats sélectionnés lors du premier tour de l’élection censément présidentielle.

Le plus consternant tient tout entier dans le fait que cette question est effectivement fondamentale et que l’indigence des deux clowns tristes dont on parle n’a pas permis qu’on l’aborde comme il aurait fallu.

L’organisation de la zone Euro est effectivement dysfonctionnelle. Elle doit être absolument corrigée si on ne veut pas que tout explose un jour ou l’autre au détriment de tous. Le fonctionnement actuel pèse effectivement lourdement sur la situation économique de la France.

L’indigence du débat et la malignité des combattants n’ont pas permis de comprendre pourquoi ni d’envisager les options qui s’offraient. Le nihilisme du combat de rue l’a emporté sur une réflexion qui est très nécessaire et qui va se révéler pendant les années qui viennent une des clés d’analyse des difficultés qui s’annoncent.

Mme Le Pen a raison : l’Euro pose problème. M. Macron aurait été bien venu de le reconnaître. Elle n’a pas su dire pourquoi. Il n’a pas cru devoir dire pourquoi. La méconnaissance et la tactique politicienne ont étouffé la vérité.

Le traité de Maastricht a mis la charrue avant les bœufs, et les bœufs ont démoli la charrue. Créer une monnaie unique avec comme seul garde-fou deux règles ne concernant que les États (3 % de déficit et 60 % de dette publique par rapport au PIB) était se lancer dans un pari impossible. Le faire alors que le système mondial est fondé sur les changes flottants et l’absence de coopération institutionnelle en matière d’échange et de monnaie, était un autre pari. Ces deux paris ont été perdus.

Le système mondial s’est étouffé en 2007 et a sauté en 2008. La crise européenne a suivi, avec pour conséquence le traité « Merkozy », toujours en activité et une ambiance déflationniste pesante jusqu’à l’insupportable, avec une extension drastique du contrôle européen sur les systèmes bancaires et les budgets. Il est clair que pour beaucoup de pays, la double peine est sévère : perte de souveraineté et perte de prospérité, sous la férule de la Commission Européenne et de la BCE.

Il n’y a qu’Emmanuel Macron pour feindre de croire que tout cela n’a pas d’importance et que « l’euro nous protège ». On sait que sa solution est un nouveau saut dans le fédéralisme absolu. Créer un gouvernement véritablement européen avec un budget européen et une répartition des mannes par le Parlement européen vers les régions des anciens états souverains européens, voilà la solution. C’est celle des milieux européistes et de certains groupes de pression dominants dans les sphères dirigeantes. Ceux qui ont créé l’Euro avec le traité de Maastricht le savaient bien : on créait un truc bancal mais il permettrait de détruire finalement la résistance des nations en rendant nécessaire un nouveau pas dans l’intégration politique. Ce calcul a été vu et dénoncé. L’affaire s’est jouée à peu. Dès 2005, les peuples ont commencé à dire NON, notamment celui de la France qui a refusé la pseudo-constitution européenne.

L’Euro est donc une affaire d’abord politique avant d’être économique. C’était le levier pour aller vers le fédéralisme européen alors que personne n’en voulait vraiment.

Mais c’est aussi une réalité économique particulièrement vicieuse. Une monnaie unique pluri nationale ne peut fonctionner que si les économies restent en équilibre chacune vis-à-vis de l’autre. Dans des régimes où les États ont pris une place déraisonnable de la dépense, la microéconomie ne donne aucune garantie que cette harmonie se produira ou se maintiendra, même si les États renoncent aux gros déficits budgétaires et à l’endettement massif. Supprimer tous les obstacles à la libre circulation des personnes, des produits et des capitaux ne pouvait suffire. Le croire est d’une grande naïveté. Refuser d’organiser ces trois libertés et sanctionner toutes les tentatives partielles en ce sens ne pouvait qu’aggraver la situation : « non seulement cela ne marche pas mais on ne peut rien faire ». Défaillance et impuissance sont les mamelles de la colère des peuples.

La question était déjà rendue difficile par l’intégration dans l’Union de pays soumis au joug socialiste pendant des décennies et en très gros retard économique. Elle st devenue insoluble dès le départ quand on a vu les deux États principaux, L’Allemagne et la France, choisir deux voies totalement incompatibles. Le plan Jospin d’étouffement des relations sociales et de passage aux trente-cinq heures était rigoureusement contradictoire avec le plan Schroeder de compétitivité renforcée.

Le résultat n’a pas tardé : il n’y a eu aucune convergence des économies et le développement d’un excédent phénoménal en Allemagne et d’un déficit phénoménal en France.

Lorsqu’un pays est victime d’une attaque mercantiliste après avoir étouffé son économie par des mesures politiciennes démagogiques et déplorables, les conséquences sont évidentes :

-          Des centaines de milliards de capitaux sont aspirées hors du pays déficitaire et le plongent dans la déflation et la dette. Donc dans les pressions salariales, le sous-investissement, et le chômage.

-          Des centaines de milliards aboutissent dans les caisses du pays mercantiliste qui ne sait rien en faire en local puisqu’il est déjà sur compétitif. Alors il le prête, et se lance dans des spéculations dangereuses. Au premier revers conjoncturel ces banques se trouvent très mal. Le système bancaire allemand est en ruine. Réciproquement les pays emprunteurs se trouvent dans l’impossibilité de rembourser. Voir le cas Grec.

Les pays en faillite sont obligés de se retourner vers le pays dominant pour quémander « une petite seconde M. le bourreau ». Il y met des conditions. Et on a le traité Merkozy et une ambiance contractionnisme délétère.

Bien sûr les banquiers, façon Macron, peuvent faire des produits gigantesques en faisant circuler les excédents vers les pays déficitaires, et en jouant sur les peurs qui provoquent des mouvements de capitaux moutonniers et finalement captifs.

Affirmer qu’on va faire ce qu’il faut en interne comme dans le plan Fillon et dans une moindre mesure dans le plan Macron laisse entendre que la solution est toujours dans le pays déficitaire. Ce qui est faux.

La vraie solution est de rétablir les équilibres. Cela ne peut se faire qu’à deux conditions :

-          Des mécanismes institutionnels qui poussent à la convergence

-          Une gestion commune de la convergence qui ne dépend ni des trois libertés ni des deux seules conditions de gestion publique du traité de Maastricht.

Il appartenait aux deux candidats de s’appuyer sur ces deux réalités.

Emmanuel Macron n’en a rien fait pour masquer son tropisme européiste. Sortir d’une certaine ambiguïté aurait été dangereux pour son élection.

Marine le Pen n’avait pas la compétence pour comprendre et exprimer clairement les alternatives.

Le silence est désormais retombé sur la question de l’Euro. Et pourtant elle continue de se poser et pèsera lourd dans les prochaines années. M. Trump a décidé d'attaquer l’Allemagne sur ses excédents en s’appuyant sur la législation TFTEA passée par Obama. L’Allemagne se cache derrière l’Euro. La situation est intenable au sein même du camp occidental. Quant à la France elle n’atteindra pas 8 millions de chômeurs sans casse politique définitive. Et rien ne dit que dans les 18 mois qui viennent il n’y aura pas un nouveau ressac économique international.

L’Euro et ses dysfonctionnements sont un sparadrap collant dont on ne se débarrassera pas comme cela.

Sottise et dissimulation ne sont pas une solution. Une fois de plus : attention à la colère des peuples.

Didier Dufau pour le Cercle des Économistes E-toile

Les vraies causes de l'asthénie française

et leur ignorance par les candidats

Alors que la campagne électorale française pour la présidence de la République entre dans sa phase hystérique, il n’est pas mauvais de rappeler les causes de l’asthénie française et la distance abyssale qui sépare les programmes des candidats des réalités qui comptent. La complexité est plus apparente que réelle dans le diagnostic, la difficulté se trouvant dans la capacité de bâtir une solution qui échappe largement au cadre national. Il est normal dans ces conditions que les arguments de campagne fuient devant un constat qui les présenterait largement comme des impuissants. Il l’est moins, en revanche, que les mesures proposées, tournent le dos aux nécessités, pour se contenter d’un électoralisme débilitant ou pour s’assurer le service de lobbies qui les servent par intérêt.

Le cœur du réacteur est le fait désormais acté et illustré par le FMI que depuis 1971 le taux de croissance n’a cessé de décroître au point que, de crises gravissimes en crises gravissimes, l’ensemble du monde en soit arrivé à une quasi-stagnation. Notre explication du phénomène, tel que présenté dans notre livre, L’Étrange Désastre, met en avant le rôle de l’abandon des disciplines de Bretton Woods, l’acceptation de phénomènes de domination avec les énormes déficits et excédents qui les accompagnent, le tout aggravé par l’instabilité créée par les changes flottants. La mondialisation déséquilibrée et spéculative n’assure plus que l’échange se fasse travail contra travail. Les conséquences sur la structure et le niveau de l’emploi sont désastreuses en même temps que s’installe une « économie baudruche » explosive, qui ne sert qu’une minorité d’intérêts installés aux carrefours des mouvements financiers.

La solution n’est pas compliquée en principe mais difficile diplomatiquement : il faut sanctionner les grands déficits et les grands excédents et le plus possible stabiliser les monnaies et les changes. Le moyen le plus léger est de créer une sanction automatique de ces grands déséquilibres, à charge pour les États de les maîtriser, tout en respectant au mieux les règles nécessaires de la microéconomie et le bienfait des échanges.

Pour une nation donnée, le défi est d’importance : elle n’a en général pas le quantum d’action nécessaire pour provoquer les changements nécessaires. Il lui faut s’engager dans une « diplomatie de la prospérité » dont elle n’a ni l’habitude ni les certitudes intellectuelles, les dirigeants ne comprenant généralement pas « de quoi on cause » et n’étant pas servis par des économistes le plus souvent rendus serviles par les besoins de leurs carrières officielles, ou perdus dans leurs appartenances idéologiques. La crédibilité de l’action internationale d’une nation est corrélée à sa performance économique et sociale, à sa vitalité intellectuelle et sa maîtrise des grands sujets du temps. Il lui faut aussi avoir des alliés et une tradition d’influence. Autant dire qu’une nation qui est totalement dans les choux n’a aucun rôle utile à jouer. Et si ses structures, ses dirigeants, son président, n’a aucune idée directrice pertinente, la carence est totale.

La Communauté Économique Européenne n’a pas su réagir utilement au défi de l’explosion des Accords de Bretton Woods. Dès la fin des années soixante, elle a envisagé qu’une Union Économique et Monétaire lui permettrait de résister aux désordres que créait la volonté américaine de dominer le monde par l’emploi déraisonnable du dollar et une pratique non collaborative. D’échecs en échecs, elle a fini par se rallier à l’idée d’une monnaie unique, mais sans créer les conditions d’organisation nécessaires à son bon fonctionnement. Soumise aux conséquences des crises globales, elle a fini par sombrer dans le « contractionnisme » délirant, dénoncé inlassablement lors de la conférence de Bretton Woods comme le contraire absolu de ce qu’il fallait faire. Le résultat se lit dans le chômage de masse dans une partie de l’Europe et l’énormité des déséquilibres internes de la zone. De facto, l’organisation de l’Union Européenne, surtout depuis son élargissement qui pose des difficultés décisionnelles insurmontables, et celle la zone Euro, totalement dysfonctionnelle, exigent des corrections profondes et rapides qui là encore se heurtent aux difficultés intrinsèques d’une diplomatie.

Naturellement si le pays qui cherche à mener cette diplomatie n’a aucune vision de ce qu’il faut faire et se trouve dans le trente-sixième dessous, faute d’avoir essayé de gérer au mieux la situation, ses chances de se faire entendre sont quasi nulles.

Pour nous, la solution est exactement la même qu’à l’échelon mondial : il faut proscrire les grands excédents et les grands déficits, et rendre la sanction de leur apparition quasi automatique afin que les états concernés prennent spontanément les décisions d’ajustement nécessaires. Il est indispensable que les principes d’une solution mondiale et ceux d’une solution européenne soient exactement les mêmes. On ne peut pas, pour un économiste, défendre un concept différent pour le tout et la partie. Cette incohérence est mortelle pour la crédibilité. Il faut donc aboutir de façon urgente à des mécanismes européens automatiques de sanction des grands déficits et des grands excédents, afin de mettre fin à des exercices déflationnistes destructeurs et sans issue, tout en respectant les libertés économiques fondamentales.

La France pour sa part a réagi de la façon la plus stupide au choc de l'explosion des Accords coopératifs de Bretton Woods. À chaque récession elle a fait venir au pouvoir des socialistes qui ont aggravé les conséquences de la crise en étouffant l’économie et ruinant l’État et les Français. Le désastre du Programme Commun de Gouvernement rendu possible par la victoire du pervers narcissique Mitterrand, un pourrisseur impénitent, a fait décrocher la France qui rattrapait les États-Unis depuis 1950. La crise de 92-93 a fait venir Jospin qui a étouffé les relations sociales tout en asphyxiant l’économie avec les trente-cinq heures. La crise de 2008-2009 a fait venir le sinistre gouvernement Hollande qui a poussé l’incompétence jusqu’à des sommets de l’hystérie fiscale et détruit toutes les capacités d’investissement privées nationales, vendant les entreprises françaises à l’encan et faisant fuir des centaines de milliers de familles. Le rétropédalage final n’a fait que détruire son assise électorale sans permettre un vrai et durable redressement.

Du coup quelles sont les chances d’un pays ainsi maltraité de se redresser et de conduire une diplomatie de la prospérité ?

Les résultats sont tellement déplorables avec en prime une baisse de la natalité qui nous ramène aux années trente, que la révolte gronde et se traduit à la fois par l’émergence du Mélenchonisme et la dynamique du Front national, deux mouvements antimondialisation et antieuropéen.

Les trois libertés de circulation des personnes, des capitaux et des produits sont remises en cause radicalement faut d’avoir été organisée de façon appropriée et faute d’avoir corrigé à temps les dysfonctionnements globaux et européens.

Mme Le Pen n’a aucun avis sur lesdits dysfonctionnements. Elle fait simplement chauffer les mauvais sentiments mais sans débouchés pratiques autres que son succès électoral. Elle capitalise dans tous les milieux touchés par le chômage, la perte d’identité nationale, les impôts confiscatoires, le surendettement, et la peur du déclassement ou son expérience. Cela fait du monde. Son défi est de faire apparaître une cohérence économique et diplomatique pour parvenir aux 50 %. Le propos de son électorat et plutôt d’affirmer aux autorités nationales, européennes et mondiales que cela suffit comme cela et qu’ils ne marchent plus dans la combine. En faisant courir un frisson dans le dos des dirigeants européens et de la petite élite qui les sert, il espère qu’ils changent et prennent en compte leur révolte. C’est d’ailleurs le seul rôle positif de Mélenchon et Le Pen. L’avertissement sans frais avant le vrai chaos.

M. Macron, lui incarne le rejet d’un affrontement droite gauche qui depuis 1971 n’a conduit qu’à des surenchères, des concessions aux radicaux et à l’impossibilité de solutions raisonnables. Mais le vide intersidéral de son discours commence à faire tache.

- Il n’a produit aucun diagnostic de la situation

- Il chante, voir hurle, façon cabrette, vive l’Europe, vive la Mondialisation, vive la Finance, vive tout et tous, et surtout vive moi. Ce qui est tout de même un peu court.

- Il n’a élaboré aucune grande orientation de solution et donne l'impressionne « couvrir » tous les défauts de la mondialisation financière et du contractionnisme européen, avec des changements tellement marginaux qu’ils ne peuvent pas rassurer ceux qui voient leur déclassement, celui de leur village, de leur région et de leur pays.

Son programme est un mélange de reprises de toutes les démagogies du passé (comme la détaxation des heures supplémentaires et l’extension de la gratuité des soins) avec quelques achats de votes nouveaux (l’exonération e 80 % de payeurs de la taxe d’habitation, le transfert de l’argent des retraités aux travailleurs), baignant dans un discours évaporé, et coulant de bons sentiments. Tel quel il n’a aucune chance de changer la situation française et ne peut que l’aggraver, sauf pour une toute petite minorité dont il est le factotum empressé et intéressé.

Il n’a défini aucun élément d’une diplomatie de la prospérité.

Il a compris qu’il pouvait être élu sans tout cela.

Sans doute a-t-il également compris qu’un Président de la République, aussi gavé de pouvoirs soit-il, n’a pas celui de changer réellement les choses et que le destin individuel est un objectif plus abordable que celui de la nation, de l'Europe et du monde. Et qu’il durera au baratin avec l’aide des médias.

Est-il temps pour lui et dans la seconde phase de la campagne puis dans le cadre des élections législatives de faire l’effort d’insérer les vrais problèmes et les vraies solutions dans son projet ? Et en a-t-il la volonté, alors que cela ne semble pas nécessaire au succès de sa petite aventure personnelle ?

La réforme fondamentale (fin)

Appliquer automatiquement la légalité internationale

Il nous est parfois reproché d’avoir des idées bizarres et hétérodoxes. En vérité nos thèses n’ont strictement rien de singulier puisqu’elles sont totalement conformes à la légalité internationale telle que définie dans les statuts du FMI, un point que nous avons amplement développé sur ce site et dans notre livre « l’Étrange Désastre ». Il est intéressant de noter qu’elle est également totalement conforme à la légalité européenne qui a fait l’objet d’amples révisions depuis le traité de Maastricht et notamment depuis la crise des taux d’intérêt du début des années 2010.

Malheureusement peu d’hommes politiques et encore moins de journalistes, et si peu d’économistes, ont compris l’importance autant conceptuelle que politique du mal nommé « six-pack », paquet de six mesures législatives visant à renforcer la gouvernance économique, qui est entrée en vigueur le 13 décembre 2011 presque 6 ans déjà.

Cette législation introduisait le concept de déséquilibre macroéconomique néfaste, notamment en matière de balance interne des paiements, et divers mécanismes d’alerte et de correction. Comme en matière budgétaire, il devenait possible de lancer une procédure pour déficit excessif. Des sanctions financières, décidées à la majorité qualifiée inversée, peuvent être infligées.

Tous les contempteurs de l’Union Européenne se sont acharnés sur les efforts menés notamment par la Commission pour mettre en œuvre ce droit nouveau d’appréciation des politiques macroéconomiques qui liquide le droit pour les pays membres de conduire des politiques hostiles par leurs résultats à la prospérité des autres. Alors que c’est le seul chemin raisonnable, le coût de sortie de l’Euro étant extravagant pour tous.

Ce que nous proposons, c’est de sortir des procédures, des rapports, des discussions, des votes au Parlement Européens et autres fariboles institutionnelles qui certes donnent du grain à moudre à de nombreux experts et fonctionnaires mais n’ont strictement aucune efficacité.

Depuis la date de mise en œuvre du six-pack l’Allemagne a été constamment en défaut gravissime par rapport à la règle et les déséquilibres se sont aggravés.

« Christine Lagarde, a estimé que l'excédent commercial de l'Allemagne pourrait être insupportable pour ses voisins de la zone euro, dans une interview publiée lundi par le quotidien économique Financial Times (FT). »

Non, ce n’est pas un propos tenu récemment par la Directrice du FMI, mais une déclaration du 18 février 2010 de la ministre française des Finances !

Rien n’a changé et la voilà qui déclare, hier au Figaro : « Les pays qui ont de très forts excédents devraient chercher à les réduire ». Évidemment, elle gâche ce bon début en expliquant que l’Allemagne devrait se contenter d’un excédent de 4 % au lieu de 8 %. 4 %, c’est beaucoup trop. On le voit immédiatement si on note que ce taux implique un déficit de 4 %, intenable, en contrepartie, ailleurs dans le monde et notamment en Europe.

Il est vrai que les résultats Allemands 2 016 sont extravagants, comme nous l’avons déjà signalé sur ce site. « L'excédent des comptes courants allemands à 297 milliards de dollars (278 milliards d'euros), dépasse celui de la Chine pour devenir le plus élevé au monde », a déclaré lundi l'institut d'études économiques munichois IFO. Un tel montant équivaudrait à 8,6 % du produit intérieur brut (PIB) et dépasserait donc largement le plafond de 6 % recommandé par la Commission européenne. En 2015, l'excédent courant allemand avait représenté 271 milliards de dollars.

Ils commencent à valoir des réactions très vives de la part… des États-Unis, ce qui a un impact beaucoup plus sérieux sur les Allemands que les propos des Européens et de Mme Lagarde. Une étude publiée ce jeudi par l’institut GfK indique que le moral des ménages allemands a chuté à son plus bas niveau en quatre mois. Le moral des consommateurs a pâti de la politique du nouveau président américain, assure l’analyste Rolf Bürkl, de GFK Market Research : “Le protectionnisme représente un problème pour ceux qui travaillent dans les industries exportatrices allemandes, cela crée de l’incertitude. Certaines personnes peuvent commencer à s’inquiéter quant à la pérennité de leur emploi “ (cité dans Le Parisien).

Il ne faut pas attendre des autorités allemandes le moindre changement d’attitude et la chance d’une procédure pour excédents excessifs est peu envisageable dans le climat électoral actuel.

Nous pensons que le seul moyen de progresser est de rendre automatique les prélèvements sur les excédents excessifs. Plus de palabres. Plus d’échappatoires.

Une telle mesure ôtera toute validité aux prétentions américaines d’exiger des autres de limiter leurs propres déficits qui sont liés exclusivement au rôle du dollar et à leurs propres politiques mondiales.

Une fois mise en œuvre en Europe, la solution pourra être envisagée à l’échelle du monde soit par contagion, l’Europe exigeant pour commercer avec elle l’emploi de l’Euro ou d’une monnaie dont la valeur d'échange est fixe et garantie vis-à-vis de l’Euro et l’application des mêmes règles en cas d’excédents majeurs. À terme il deviendra plus facile de forcer le retour aux règles statutaires du FMI, avec un même mécanisme de sanctions automatiques des déficits et des excédents excessifs.

Le monde pourra retrouver une croissance du type de celle des Trente Glorieuses.

Faire valoir cette conception est le combat du Cercle des économistes e-toile qui est prêt à ouvrir ce site à toutes les contributions allant dans ce sens (envoyer vos contributions à info@e-toile.fr)

 

Didier Dufau, président de l’association française du Cercle des Économistes E-toile.

La réforme fondamentale (suite)

Nous proposons une réforme du système monétaire international en deux temps : d’abord la zone Euro puis l’ensemble du monde. La zone Euro disposant, avec Target, d’un mécanisme centralisateur des balances monétaires entre les pays membres, elle possède immédiatement l’infrastructure pour passer aux actes. Pour le monde, il faut revoir le FMI pour qu’il joue le même rôle de compensation des soldes financiers en unité de compte unifiée internationale. Cela implique que les DTS soient convertis en Unités de comptes internationales effectives, ou que l’on crée une unité de valeur internationalement admise, quelle qu’elle soit, à condition que ce ne soit pas une monnaie nationale.

Rappelons le mécanisme exposé dans notre précédent billet : les soldes sont taxés de façon progressive en fonction de leur ampleur déraisonnable, afin d’éviter le gonflement de la mécanique des doubles spirales de crédits qui entraînent automatiquement des dégâts catastrophiques à plus ou moins court terme. On réduit la spéculation et l’ampleur des mouvements de capitaux à court terme, sans empêcher ou entraver aucune opération individuelle.

Si un pays commence à accumuler les excédents monétaires, ce qui est d’ores et déjà interdit par la légalité internationale, une partie de ses liquidités est confisquée par la communauté, privant son système bancaire et sa banque centrale des avoirs correspondants. Les positions trop excédentaires n’ayant plus d’intérêt ne seront plus recherchées. Réciproquement si les excédents sont réduits, les déficits le sont ipso facto puisque le jeu financier global se fait à somme nulle.

La solution est différente des mécanismes actuels du FMI qui fonctionnent sur la base de dépôts prêtés sous conditions. Il diffère grandement du MES, mécanisme européen de stabilité, qui lui aussi fonctionne à partir d’engagements conditionnels de prêts.

La ponction est automatique et n’exige aucune négociation. Les ressources ainsi dégagées, qui n’ont pas vocation à être permanente, puisqu’on souhaite que les gros déséquilibres disparaissent, sont à réutiliser pour obtenir la plus forte croissance possible, c’est-à-dire pour éviter les déflations, lorsqu’un accident se produit. L’emploi des sommes peut passer par les mécanismes existants aussi bien au MES qu’au FMI.

La solution n’a rien à voir avec la Taxe Tobin qui ne s’inquiétait que de la volatilité des changes du fait des mouvements de capitaux à court terme, dans un système de changes flottants. La taxe Tobin supposait que l’on agisse sur chaque mouvement de fond, indifférencié, pensait que les individus rationnels seraient le moteur de la correction souhaitée. Les États n’avaient rien à faire sinon encaisser. On a vu que les idées de dépenses n’ont pas manqué, puisqu’on lui a affecté la pauvreté, puis l’eau, puis le réchauffement climatique, puis la santé…

Elle n’a rien à voir non plus avec l’étouffement des banques auquel on assiste depuis 2008. Étouffer l’amplificateur a plus d’inconvénients que réduire le débit excessif de la source. Là encore, cela permettait de mettre en apparence hors-jeu les États en s’appuyant uniquement sur des institutions intermédiaires. Comme pour la taxe Tobin, la mesure étouffe le bon comme le mauvais et la tentative de séparer dans la masse des crédits le bon grain de l’ivraie est largement une illusion.

Il ne faut pas s’attaquer aux flux individuels mais aux stocks résultants de situations de déséquilibre intenables ou inacceptables. Et pour cela actionner le niveau opérationnel : les États. Cela fait maintenant des lustres que nous dénonçons l’idée que seules les banques centrales peuvent agir.

Voir par exemple :

http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2008/7/6/Crise-conomique--les-quatre-erreurs--viter

http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2008/12/9/Les-certitudes-dans-la-crise-mondiale-2--limpuissance-des-banques-centrales

Il est assez facile de démontrer qu’une croissance aussi déséquilibrée que celle que l’on connaît depuis 1971 aurait été lissée dans un tel système et qu’au lieu d’une croissance par substitution, on aurait connu un rattrapage des pays ruinés par le socialisme par homothétie imitative. Nous ne nous retrouverions pas avec une telle tension sur l’emploi dans les anciens pays développés. De même les pays pétroliers auraient été obligés de dépenser leurs excédents par achats à l’étranger au lieu d’accumuler des réserves et de tenter d’acheter le capital étranger.

La question de la transition est assez facile en Europe : plus personne n’accepte le système déflationniste actuel et si on le laisse en l’état, il explosera. Et plutôt vite.

La transition internationale est possible aujourd’hui que les États-Unis prétendent réduire leurs déficits. Croire qu’en tapant sur les pays excédentaires à coups de taxes sur les produits importés de 20 % ils amélioreront leur situation est illusoire et mortel pour la coopération atlantique. Les Russes ont intérêt à la stabilisation du Rouble, et les Chinois du Yuan.

Si l’Europe met en place préalablement le système que nous proposons, elle sera en position de force pour l’étendre.

La solution est la seule bonne et la situation commence à être mûre pour son adoption.

Il serait peut-être temps que l’ensemble de la communauté des économistes européens commence à embrayer. Il y a de la place pour eux dans cette perspective.

Sur la question du nom du système, les réponses sont ouvertes. Il faut rappeler que le mécanisme avait été proposé sous une variante par Keynes dès juillet 1940, à la suite d’une suggestion allemande…

Plan International de Compensation Monétaire, PICOM, en anglais International Monetary Compensation Plan, serait un nom clair pour ce mécanisme.

Reformulons :

-          L’Europe doit être en place sans tarder un Plan International de Compensation Monétaire

-          The IMF should promote an international Monetary Compensation Plan.

En fait rien n’est plus urgent.

Depuis des lustres, nous avertissons : « attention à la colère des peuples ». L’effondrement des systèmes électoraux des pays du sud de l’Europe, France comprise, comme le montrent les élections présidentielles actuelles qui mènent à une crise institutionnelle et au n’importe quoi économique, est malheureusement le début d’un processus délétère qui peut conduire l’Europe et le monde vers le n’importe quoi généralisé, voire la guerre.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile.



La réforme fondamentale, base de toute diplomatie de la prospérité

La légalité internationale telle que définie par les statuts du FMI est qu'il ne doit y avoir ni déficits ni excédents importants et permanents dans les relations économiques entre États. Elle correspond à un point de doctrine qui fait l'unanimité de la science économique : les grands excédents permanents créent les conditions de déséquilibres encore plus grands qui finissent toujours mal. Les grands déficits peuvent provoquer des récessions majeures collectives.

La règle est violée tous les jours depuis 1971, y compris dans la zone Euro qui n'a pas de mécanismes d'ajustements par les changes.

Des organismes internationaux et des États qui violent tous les jours les traités et les lois élémentaires de l'économie donnent un spectacle lamentable et choquant. La base de toute diplomatie de la prospérité est qu’on mette fin à ce scandale qui est à la base de l’effondrement continu de l’économie mondiale.

Le tableau dit « Target 2 » que nous donnons ci-dessous, affiche les positions des pays de la zone Euro les uns vis-à-vis des autres. Il est le principal levier qui permet de montrer l'inanité des politiques actuelles. Les déséquilibres de balances sont phénoménaux et durent indéfiniment. La solution est simple : la taxation progressive automatique des grands excédents et des grands déficits, pour alimenter un fond de désendettement et de secours mutuel.

Dans le cas de l'Eurosystème la meilleure solution serait une captation de :

- 5 % de l'excédent au-delà de 1 %

- 10 % au-delà de 1.5 %

- 20 % au-delà de 2 %

- 30 % au-delà de 2.5 %

- 40 % au-delà de 3 %

- 50 % au-delà de 3.5 %

- 60 % au-delà de 4 %

- 80 % au-delà de 5 %

- 100 % au-delà de 9 %.

La Hollande aurait du souci à se faire. L’Allemagne aussi.

Pour les déficits, la peine doit être évidemment moins importante, puisqu’il va y avoir nécessité d’un ajustement :

- 1 % de pénalités au-delà de 2 % sur l’en-cours du déficit.

- 3 % de pénalité au-delà de 3 %

- 10 % au-delà de 4 %.

Une procédure d’alerte serait mise en place dès que les seuils seraient franchis. Les sommes étant prélevées directement dans les comptes de la BCE, les États n’auraient pas leur mot à dire. À eux de prendre les mesures qu’il faut pour respecter rester dans les clous.

Il y a fort à parier qu’ils agiraient vite pour éviter les conséquences.

On notera que ce système peut être également implanté à l’échelon international mais là il faut revoir le système des changes : changes fixes avec une chambre unique de compensation, avec une monnaie de compte internationale distincte de celle des États et possibilité de dévaluation concertée.

Au moins les systèmes monétaires européens et mondiaux seraient cohérents entre eux. Il est à noter que le système s’appliquera aussi bien aux États-Unis qu’à la Chine, à l’Allemagne qu’aux Pays-Bas, et à la zone Euro globalement vis-à-vis du FMI.

À partir du moment où le monde entier est passé aux monnaies artificielles, multipliables à l’infini, ce mécanisme est le seul qui respecte à la fois les décisions souveraines de chacun tout en faisant respecter une règle commune indiscutable dans sa logique économique et déjà intégrée dans les traités en tant que norme.

Avec un tel système, les pays sont obligés au jour le jour de faire attention à leurs soldes extérieurs. Les banques des pays qui ont accumulé des excédents massifs sont privées de la possibilité de multiplier les excédents. La double pyramide de dettes s’arrête automatiquement.

Il appartient à chaque pays de régler sa compétitivité pour n’avoir ni déficits ni excédents massifs permanents. Cela vaut pour les pays pétroliers dont la rente ne peut pas servir à des financements extérieurs ni au rachat du capital des entreprises étrangères mais à des achats de biens et de services.

Naturellement il faut changer quelque peu l’organisation du FMI qui ne devient plus exclusivement un organisme de prêts conditionnels avec des dépôts collectifs. De même la gestion du fonds de compensation doit être détachée de la BCE et géré par un Chancelier de la Zone Euro.

On renforcera le système en l’associant avec quelques mesures simples comme l’interdiction de « shorter une monnaie », avec des sanctions magistrales dont on sait qu’elles sont désormais faciles à mettre en œuvre, et la désintégration des banques universelles, en séparant banques de paiements et banques de crédits d’un côté, banques de crédits et banques d’investissements de l’autre. On aboutirait à une grande stabilité monétaire sans pousser personne à la déflation. L’absence de gros déséquilibres empêcherait la capture de l’industrie par quelques grands pays jouant la carte de la productivité à outrance ou bénéficiant de rentes de situation qui n’ont de valeur que parce que les autres sont là.

Le trend de croissance pourrait se redresser durablement sans le risque de crises périodiques explosives. La concurrence étant équilibrée, le travail s’échangerait contre du travail et on ne constaterait pas dans les pays développés l’effondrement actuel des emplois salariés. Les restrictions malsaines aux échanges seraient inutiles.

Le nombre de fonctionnaires internationaux pour faire vivre un tel système n’aurait pas besoin d’être très important. En fait le système est pratiquement automatique.

Il n’y a jamais de panacée. Mais un bon cadre qui régit sainement les rapports entre les mastodontes que sont les grands États, leurs institutions financières et les multinationales, offre le meilleur choix d’un retour à la prospérité générale.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile.



Brice Teinturier et les noirs reflets de la démocratie française.

Anatomie du désengagement politique des Français

Brice Teinturier est bien connu pour ses passages sur la TNT où il commente la vie politique à la lumière des sondages.  Il fait paraître un livre qu’on n’attendait pas et qui frappe dur dans un secteur peu médité par les politologues : le repli désenchanté d’une partie importante et croissante de l’électorat qui trahit une « crise de la démocratie ».  La revendication de la reconnaissance du bulletin blanc est une des traductions  de cette volonté active de ne plus élire. Ce n’est plus le slogan « élections piège à c… ». Mais selon l’auteur : « Plus rien à faire, plus rien à foutre ». Le livre s’arrête fin 2016 et l’auteur doit regretter qu’il ne couvre pas les trois derniers mois  qui a fait monter le phénomène à une hauteur astronomique avec le risque d’une élection présidentielle peu significative. Il est probable que le président nouveau sera élu avec une adhésion personnelle de moins de 15% des inscrits.

L’auteur constate l’apparition d’une classe de Français qui ont accepté de céder à la défiance radicale, au mépris et à la colère, au point de se désengager totalement du processus électoral. Les primaires, malgré le fort score de la variante à droite, aura été un échec « qui ne change rien au malaise démocratique ». S’il avait connu la suite au moment d’écrire son livre,  il est probable que ce n’est pas le mot « malaise » qu’il aurait employé. La France électorale est nerveusement à plat, alors que le monde politique, médiatique et judiciaire est entré dans une phase d’hystérie maladive et sinistre qui lui vole l’élection présidentielle.

Au lieu d’être le moment où les Français choisissent une ligne politique pour cinq ans et les objectifs et moyens d’une action collective, le déchaînement de l’ignominie bien au-delà des habituelles nécessités de la catharsis politicienne nationale,  l’élection est devenue un égout à ciel ouvert. Les électeurs consternés se pincent le nez et refusent le spectacle. Ce n’est pas qu’ils n’ont « rien à faire » de ces outrances. Ils sont simplement choqués jusqu’à la moelle.      

Pour l’essentiel, l’extravagance sordide et dangereuse de cette situation trouverait sa cause  dans la double crise « du résultat » et de « la vacuité », dans un contexte marqué par l’effondrement du monde médiatique.  

La dénonciation  des deux crises du résultat et de la vacuité, avec tentative d’y suppléer, est une des missions de ce blog. La question nous intéresse.

La crise du résultat est tout entière dans le déni d’explication de ce que nous appelons La Crise : une baisse continue du trend de croissance depuis 1971, avec une aggravation du poids de la dette globale et des crises périodiques de plus en plus graves. Les crises extérieures ont, en France, fait venir régulièrement au pouvoir des gouvernements socialistes qui ont aggravé les choses tout en trahissant leurs promesses abusives.  Au final, la France est gravement frappée par le chômage et la partie qui ne l’est pas sommée de partir pour ne pas être ruinée par les impôts. Une situation ubuesque qui désespère le pays et qui justifie en effet son mépris des élites administratives et politiques, devenues identiques,  depuis la prise du pouvoir par l’Enarchie Compassionnelle. L’Europe, vue comme une solution magique, s’est développée contre l’avis du peuple, et justifie des politiques de coercition et de déflation dont le monde croyait s’être débarrassé en 1944.

L’auteur, naturellement, ne donne aucune explication de la crise du résultat. Il se contente d’en mesurer les conséquences.  Ce qui fait la jointure avec la seconde crise : celle du sens, qu’il nomme « crise de la vacuité ».

Nous l’avons illustrée ici à de nombreuses reprises (Voir par exemple : http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2016/1/8/C-dans-lair--lart-de-commenter-sans-jamais-expliquer)  .

L’auteur en donne une double explication :

-          Une première, globale, que n’aurait pas désavouée Eric Zemmour, sur le consumérisme débridée qui entraîne le citoyen consommateur dans la bassesse commerciale et la perte de valeur et de transcendance.   

-          Une seconde, spécifique, qui est l’effondrement du monde médiatique dans le néant vulgaire.

La crise médiatique est bien analysée. La sondagite, admet-il, peut être malsaine et manipulée. La religion du buzz conduit à l’hypertrophie de l’émotion et du n’importe quoi, pour attirer une part d’audience dans un PAF désarticulé où personne ne parvient plus à disposer d’une part réellement significative et rentable.  La « juniorisation » trahit « une industrie où les gains de productivité ne sont pas à la hauteur de la baisse des prix ».  Les outrances conduisent à la « délégitimation » de tous et de tout. Et en particulier des politiques, qui sont devenus des objets de dérision et d’attaques grossières dans une sorte de défoulement facile justifié par la « crise du résultat ». Pas besoin d’écouter longtemps les médias pour constater qu’au fur et à mesure qu’ils n’expliquent plus rien les « journalistes »  et les animateurs d’émission se transforment en Savonarole au petit pied et en moralistes de pacotille.

Pourquoi se lancer dans un travail de fond qui ennuie quand on peut se contenter de quelques injures et de quelques propos démagogiques encadrés par des applaudissements provoqués pour se donner la stature de chevalier du bien ?

Le monde politique ne sait pas comment se dégager de cette tourbe. On voit donc s’épanouir  des herbes politiques fofolles qui croissent un temps sur la bonne volonté des gogos. Et qui pourrissent aussi vite qu’elles ont poussé.

Comme souvent, l’analyse, dans ce livre,  est meilleure que les propositions.  Comment éviter que le citoyen écœuré ne se désengage totalement devant la malhonnêteté, l’insignifiance et la malfaisance d’une vie médiatico-politique à ce point déjetée ? Les quelques esquisses de participation citoyenne évoquées sont tellement loin du quantum de changement qui serait nécessaire, qu’on peut craindre qu’elles ne conduisent qu’à plus d’accablement encore.

La vérité profonde est que la capacité de faire, en France, est totalement inhibée par les dysfonctionnements du système global et de la zone Euro, que la France, faute de souveraineté, ne sait plus dégager de véritables élites,  que la capture du monde politique par la haute fonction publique, qui tient par ailleurs la finance et les médias, crée un blocage qui tourne maintenant au pronunciamiento,   que les solidarités nationales ont été dissoutes par une immigration excessive et se sont perverties en confiscation fiscale, que le politiquement correct a fini par tuer la liberté d’expression, que le vieillissement est tragique,  que nous assistons à l’évacuation de la génération-68 à bout de souffle, que le marxisme léninisme qui avait infesté l’université et l’école se meurt dans les convulsions et que plus personne n’a confiance en l’avenir.

L’image la plus précise de la France est celle des clochards bunueliens de Viridiana qui se masturbent  en picolant dans des robes de mariées : le sordide de la dérision et du désordre  de la part de déclassés.   

Oui, les élections actuelles sont sordides.  Sordides, les manœuvres du Président sortant empêché de se représenter par sa propre médiocrité, ses mensonges et ses échecs. Sordide l’hystérie médiatico-judiciaire qui empêche le déroulement serein de la campagne électorale. Sordide le pronunciamiento des énarques de toute obédience qui ne veulent pas perdre un pouvoir abusif et qui se retrouvent tous derrière un inspecteur des finances astucieux et qui joue délicieusement de la flûte.

Le tableau noir mordoré  dressé par Brice Teinturier, malheureusement, n’est qu’un tout petit bout de la toile à la Breughel qu’est devenue la scène politique, économique, sociale, judiciaire et médiatique française.

Requiescat in Pace ?  « Plus rien à faire, plus rien à foutre » ?

Jamais !  

Le coût délirant des erreurs monétaires

Pour le prouver, inutile de remonter trop loin dans le temps, encore qu’une grande part de l’histoire mondiale depuis l’antiquité soit déformée par les questions monétaires.

Le XXe siècle est suffisamment éclairant pour prouver le rôle de la monnaie non pas comme voile , comme l’ont assuré les classiques et néoclassiques, mais comme  ferment des drames de  l’économie et de l’histoire.

La guerre de 14-18 a entraîné le développement massif des monnaies fiduciaires d’État, avec une concentration de l’or aux États-Unis. Que faire de cette création monétaire aussi artificielle que gigantesque ? Par habitude de pensée, la majorité des pays ont voulu revenir à l’étalon-or. La fixation d’un taux de la Livre en or irréaliste a plongé le Royaume-Uni dans des affres économiques déplorables. C’est une des grandes erreurs de Churchill. Le coût pour les Britanniques a été fort lourd. La volonté des États-Unis de ne pas faire jouer les mécanismes de l’étalon-or, a provoqué des troubles qui ont fini par la crise de 1929, crise de pure spéculation. Les erreurs des banques centrales ont fait de cette crise une terrible dépression. La réponse malheureuse des gouvernements français du début des années trente a provoqué une déflation coûteuse qui a amené le Front Populaire puis l’effondrement de 1940. L’Allemagne a voulu résister aux « réparations » en faisant fondre sa monnaie. Mal lui en a pris. Elle sera ruinée durablement par une hyperinflation modèle du genre qui fera venir Hitler et, à peine dix ans plus tard, la destruction de plusieurs générations de jeunes allemands et d’une large partie du pays historique.

La réforme de Bretton Woods était excellente à de nombreux points de vue mais elle comportait un défaut majeur : elle faisait d’une monnaie nationale le pivot du système.Le systèmel ne pouvait survivre que si les États-Unis menaient une politique financière raisonnable et la maintenaient dans la durée. Ils choisirent le « benign neglect », ce qui peut se traduire, à ce niveau de responsabilité par « l’indifférence criminelle ». Ils dévaluèrent le dollar par rapport à l’or en 71 (nous en sommes à 96 % de dévaluation aujourd’hui) et imposèrent les changes flottants à Kingston. On connaît le résultat : ce que nous appelons « La Crise » : baisse tendancielle continue du trend, dettes en hausse fulgurante, sévérité des crises périodiques. Le monde a dû encaisser trois crises gravissimes et une multitude d’autres épisodes parfois tragiques. L’économie baudruche a fini par exploser en 2008 provoquant des ravages politiques à la mesure des dégâts, notamment dans les pays développés.

Ce à quoi on assiste aujourd’hui, c‘est aux effets tragiques du non-système monétaire imposé en 1976 à Kingston par les États-Unis.

Les États-Unis se considéraient victimes des empires européens sous Roosevelt et ont entrepris de les casser. Ils se sont vus à nouveau comme des victimes en été 1971. Et ils ont cassé ce qu'ils avaient eux-mêmes créé : les Accords de Bretton Woods. Maintenant qu’ils voient que la compétition sous régime de changes flottants ne tourne pas à leur total avant, ils veulent encore casser le système des échanges, cette fois-ci en s’attaquant au libre-échange qui était leur mantra depuis les années trente.

Le G20 a été l’occasion officielle de l’affirmer au monde. On pourrait l’appeler le : « G20 % à vous imposer ». Mieux encore, les États-Unis commencent à s’en prendre au FMI. Déjà sous DSK, les fantaisies du chef du FMI avaient été extrêmement mal vues. Il ne s’agit pas ici de ses performances hôtelières mais de l’engagement hors de toute légalité du FMI dans les affaires intérieures de la zone Euro. Aujourd’hui, un certain Bill Huizenza, illustre inconnu, parlementaire au Capitole, dénonce l’aide du FMI à l’Europe et menace de clore le financement américain de l’institution s’il n’a pas gain de cause.

Le FMI qui par dépendance quasi-totale et soumission aux États-Unis a accepté tous les viols de ses statuts, se voit récompenser par des menaces et un chantage financier explicite.

Le concept de « commerce juste », avec coup de gourdin à la clef est le même que celui d’utilisation juste du dollar qui a valu des milliards de dollars d’amende à la plupart des grandes banques européennes, et cette "juste" conséquence que tous les grands financements internationaux échappent désormais aux banques non européennes.

Nous avons souligné que le TFTEA, la base législative qui permet au gouvernement américain d’agir, est la pierre angulaire de cette invraisemblable action de force. Dans l'indifférence générale il faut bien le dire. La loi n’a pas été prise par Trump mais Obama.

Les changes flottants et la création d’une finance internationale dérégulée, au seul profit des grandes multinationales américaines, ont fini par détruire totalement l’œuvre de Roosevelt. Ne faisons pas de ce grand président un total altruiste. Malgré tout il avait des valeurs et un certain degré d’altruisme. Le multilatéralisme n’aurait pas eu ce développement sans lui. Il n’en reste plus rien.

La violence de l’attaque américaine met en porte à faux tous les gouvernements  favorables aux États-Unis. L’Allemagne et le Japon qui vivent dans la soumission depuis 1944 se retrouvent floués une nouvelle fois. Pour l’Allemagne il lui est même impossible de réévaluer sa monnaie. Les fédéralistes européens, longtemps soutenus par les États-Unis désireux de casser les empires européens, sont également fort mal. Ils risquent d’apparaître pour ce qu'ils sont : de simples auxiliaires de la finance américaine.

Les désordres monétaires prennent une fois de plus leur rançon. Faute d’avoir réformé à temps la gestion de la zone Euro, et l’avoir laissé à la connivence de la Banque Centrale Européenne, dirigée par un Goldman Sachs, les méfaits du système, qui sont  les mêmes que ceux des changes flottants, l’apparition de déséquilibres internes gigantesques et maîtrisables sans déflation forcenée, l’Europe risque de se trouver attaquée de l’extérieur et de l’intérieur. Beau résultat !

Décidément oui, la monnaie compte. Mais il ne faut pas compter sur elle quand on organise mal sa création, son investissement, son change et son emploi par la puissance publique.

Le seul espoir d’éviter cette séquence mortifère aurait une réaction conjointe du G20, du FMI, de la BRI et de l’OCDE, en 2008 et 2009. Il fallait revenir d’urgence à un système coopératif d’échanges, interdisant effectivement les grands déficits et les grands excédents, stabilisant les monnaies, encadrant l’activité bancaire, le tout basé sur les changes fixes et une unité de compte internationale indépendante d’une monnaie nationale.

Peut-on le faire à chaud aujourd’hui et pire encore demain, lorsque le bâton américain aura commencé à casser des dos et marqué de façon honteusement indélébile l’incroyable sujétion générale aux diktats américains ? Ce qu’on risque c’est l’achèvement de la dislocation du commerce mondial, déjà bien avancé, l’explosion de la zone Euro et le retour à des guerres de change et de commerce.

La France, qui a choisi une sorte de suicide national, en se laissant couler dans le béton socialiste et fiscal, risque elle-même la dislocation.

Bravo à nos « élites » politiques et administratives.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

L’organisation de l’Europe, clé du débat présidentiel ?

Plusieurs lignes de fracture traversent les élections présidentielles délirantes de 2017 en France.

La question institutionnelle est posée : faut-il, ou non, revenir sur le système majoritaire mis en place en 1958 et restaurer une forme, nouvelle ou non, de régime des partis, à la façon des Troisième et Quatrième Républiques ? Un président fort, au-dessus d’un grouillement de partis issus de la proportionnelle, serait-il en position de faire dégager les majorités d’idée pour traiter les questions de bien commun ? Ou appartient-il à la Nation de définir une ligne politique claire dont un président élu au suffrage universel devra assumer le succès ou l’échec ?

Emmanuel Macron a donné un débouché électoral à cette question institutionnelle. Le pays doit la trancher au premier tour : on continue avec la cinquième République et le système majoritaire ou on change de régime politique.

Notre position personnelle est qu’il faut qu’une ligne politique claire soit tranchée par le pays et appliquée dans les circonstances très difficiles qu’il traverse. Par conséquent, il ne faut pas ajouter une difficulté politicienne et institutionnelle à nos malheurs.

Au cas où le pays trancherait en ce sens au premier tour, la ligne politique à trancher au second serait celle de l’Europe.

Le Brexit a montré qu’un peuple peut décider de revenir au système national traditionnel, généralisé depuis le XIXe siècle. La France veut-elle de ce retour ? L’option du saut fédéraliste étant totalement hors de propos dans l’état actuel de l’opinion et de la situation en Europe, et le statu quo n’étant pas acceptable compte tenu des résultats sécuritaires, économiques et sociaux calamiteux, la seule voie alternative au Frexit est la double réforme de l’Union Européenne et de l’Euro.

Autant le flot d’imprécations sur l’Europe impressionne par son ampleur et sa vigueur, autant les idées de réformes sont quasiment inexistantes dans le débat actuel.

Le problème d’une réforme, c’est qu’elle implique à tout le moins un diagnostic de ce qui va et ne va pas, l’élaboration d’un plan d’action et l’appréciation des chances de sa mise en œuvre. Ces trois questions fondamentales sont traitées de façon si sommaire que le péremptoire a remplacé l’intelligent.

Premier constat : la situation de la France est à ce point mauvaise que nous n’avons aucun intérêt à subir les troubles d’une sortie de l’Euro et de l’Europe. La minuscule embellie conjoncturelle actuelle s’accompagne d’une croissance correspondante de nos déficits extérieurs et de celui de la balance des paiements. Le ressac en cas de crise monétaire sera réellement difficile à supporter pour l’économie française. Tous les scénarios mènent à une perte en capital phénoménale, en plus d’une récession soignée, réduisant le revenu. La France ne s’est jamais vraiment remise de la crise de 74. Autant ne pas penser au temps qu’il faudra pour qu’elle digère un tel coup dans l’état où elle est.

Second constat : les autorités françaises n’auront aucune influence extérieure tant qu’elles n’auront pas fait aboutir un effort maximum de redressement économique. À ce jour, seul le plan Fillon offre une chance raisonnable de faire bouger les lignes favorablement et suffisamment.

Faut-il, tant que la France a la tête sous l’eau, s’abstenir de définir une vision d’évolution à moyen et à long terme ? Ou faut-il contrer les voix qui poussent à la destruction par un projet positif crédible ?

L’idée fondatrice de l’Europe institutionnelle est que chacun des pays de l’Union accepte de considérer les citoyens des pays unis comme les leurs. « Je ne te crains pas ! Et je m’engage à tout faire pour que tu n’aies rien à craindre de moi ». Ils disposent exactement des mêmes droits, en dehors du droit de vote souverain, que les citoyens autochtones. Le second volet, de la même inspiration, est que les États s’abstiennent de toute mesure nationale visant à obtenir un avantage sur le dos des autres. Le troisième volet crée un « extérieur », avec les citoyens duquel les relations sont un peu ou beaucoup plus compliquées en fonction du pays concerné.

La Commission avait essentiellement pour but de mettre en œuvre non pas un moignon de gouvernement fédéral, ni un processus d’unification détaillée, mais l’élimination des obstacles artificiels mis par chaque État pour se protéger des autres et la proposition de politiques harmonisées à chaque fois qu’on pouvait espérer des effets bénéfiques sérieux. On a cru devoir créer un Parlement européen pour donner une vague caution démocratique à l’affaire. Ce n’était pas nécessaire et coûte beaucoup pour un bénéfice démocratique quasiment nul.

Même s’il est d’usage de dauber sur le champ beaucoup trop étendu des directives, avec un souci du détail qui tient plus de la nécessité d’employer une fonction publique pléthorique que de respecter les règles de la subsidiarité, ce travail de bénédictin n’a pas de vrais inconvénients, tant qu’il ne sert pas une volonté d’abaisser les institutions nationales et d’affirmer des pouvoirs politiques excessifs et qu’il ne gonfle pas le « mille-feuilles » administratif.

Cette philosophie générale ne posait pas trop de difficulté dans l’Europe des six. L’ouverture à tout le continent, après la chute de l’URSS, doublée d’une ouverture aux migrations non souhaitées en provenance d’Afrique, du Moyen orient et d’Asie a augmenté les facteurs de craintes. La défiance se cristallise sur quelques sujets précis.

-          Des minorités habituées à vivre de mendicité et de trafics ont vu s’ouvrir l’accès à des pays riches et ont entrepris d’y installer leur emprise. Voir un mendiant devant chaque épicerie ou boulangerie et la création de centaines de bidonvilles hideux aux portes des grandes villes n’est pas du goût de tout le monde.

-          Des populations jeunes et appauvries par des décennies de « socialisme réalisé » dans les pays de l’Est ont cherché du travail partout où ils l’ont pu. La directive Bolkenstein a donné à ce flux une dimension étrange : on pouvait quasiment s’abstenir des règles salariales du pays de destination.

-          Les pays musulmans d’Europe, que ce soit le Kosovo dirigé par d’anciens responsables de trafics parfaitement ignobles, ou la Bosnie Herzégovine, voire même la Bulgarie ne sont pas souhaités au sein de l’Europe pas plus que la Turquie. La crainte est partout présente que la machine à étendre l’Union puisse conduire à des ouvertures non désirées par une majorité des populations.

-          Mme Merkel a accepté l’arrivée de centaines de milliers de migrants qui ont libre accès aux autres pays, au moment même où l’irrédentisme musulman et la violence de ses luttes internes provoquent un solide haut-le-cœur

Il est certain qu’il faut faire tomber la défiance, sinon, tout le projet européen peut être emporté.

-          L’Europe doit unifier sa politique d’immigration extérieure et faire respecter son territoire. Si un pays accepte pour des raisons diverses des étrangers sur son sol, il doit être clair qu’il appartient au pays de premier accueil de s’en débrouiller et qu’ils ne doivent pas avoir accès à l’ensemble des autres pays. L’Europe a les moyens d’imposer à tous les pays émetteurs de migrants qu’ils récupèrent leurs nationaux en cas de rejet de leurs demandes.

-          La question des transhumances internes de populations pauvres ne cherchant qu’à survivre par la mendicité et l’exploitation des droits sociaux doit être explicitement posée. La législation sur le vagabondage, la mendicité, le squat,  et la migration illégale ne doit pas être laissée entre les mains de la CEDH ou de la CJUE.

-          Que l’on accompagne la vente d’un équipement ou d’un logiciel en faisant travailler des personnels aux conditions sociales du fournisseur n’a pas d’inconvénient. Si la directive Bolkenstein s’était contentée de cela, il n’y aurait pas de difficulté. Mais on ne peut pas laisser venir des légions de travailleurs sur des projets aux conditions des pays d’origine, sauf cas particuliers avec accord préalable explicite des autorités du pays d’accueil.

Exclure la perspective fédéraliste, au profit d’une Europe des nations, dont le centre serait le Conseil et non la Commission, avec un plan simple et clair sur les questions précédentes seraient de nature à réduire de beaucoup les défiances actuelles. Renoncer pour un temps à toute extension serait sage.

La question de l’Euro est autrement plus difficile. Il est clair que la création d’une monnaie unique sur la base d’un traité ne prévoyant que des restrictions normatives globales et aucun organe de gestion, alors que les politiques nationales restaient libres dans presque tous les domaines, a été une grave erreur que les pays membres ont payée cher.

L’idée fausse sous-jacente était que si on laissait s’exercer les trois grandes libertés (échanges de biens et de service, liberté des mouvements de personnes, liberté des mouvements de capitaux), tout en neutralisant les folies budgétaires possibles, l’économie s’unifierait et que la croissance serait optimale.

La réalité a été tout autre. Les déséquilibres entre les pays n’ont pas cessé de s’aggraver au lieu de se réduire, avec des taux d’inflation différents, des écarts de taux d’intérêt, des taux de chômage anormaux, la crise globale venant donner un grand coup de butoir dans l’ensemble et obligeant la BCE à mettre en œuvre des mesures désespérées de création monétaire forcenée alors que des corsets étaient appliqués aux pays les plus en difficulté. Les déséquilibres de balances de paiement ont provoqué une double hélice de crédits dommageable de 2000 à 2008, complétant la bulle globale. Le tout a explosé en 2008-2009. Le « contractionnisme » budgétaire consécutif aux traités a ruiné la croissance pour longtemps dans plusieurs parties de la zone.

Ces réalités sont inacceptables. Il était aberrant de laisser par exemple la France sombrer dans le non-travail avec les mesures Jospin, DSK, Aubry, tout en laissant l’Allemagne mettre en œuvre le plan Schroeder.

Certains proposent un Ministère des finances européen. Nous préférons un Coordinateur européen de l’ensemble des politiques qui concourent à la stabilité des balances commerciales et de paiement, et la création d’un mécanisme automatique de retour à l’équilibre des balances des paiements, par prélèvement automatique sur les balances trop excédentaires et sanctions automatiques pour les pays trop déficitaires.

Le coordinateur piloterait trois structures légères, la BCE, le fonds de stabilisation européen et un centre de coordination des politiques, en liaison avec les parlements nationaux. Tout cela serait hors du champ de la commission et du Parlement européen. De toute façon la pression de Trump sur les excédents allemands et les inquiétudes des Allemands sur le réemploi en achat de capital allemand des excédents chinois créent une situation intenable dans la durée. Il faut donc profiter de ces circonstances pour proposer une réorientation générale de la gestion des soldes de balances de paiement au sein de la zone Euro et le faire de façon congruente avec une réforme du système monétaire international. Nous appelons cela une « diplomatie de la prospérité ». Si les candidats se montrent trop flous, et ne prouvent pas qu’ils comprennent ce qui ne marche pas dans le mode de gestion actuel de la zone Euro, alors gare à l’électorat.

Les questions liées à l'évasion d’assiette fiscale provoquée par certains membres de la zone et les questions de sécurité collective, à la suite d’une part des pressions de l’Otan sous domination américaine, et d’autre part l’injustice de voir la France payer seule pour des mesures extérieures de lutte contre Daesh, peuvent également faire l’objet d’une réclamation politique.

Actuellement, on est loin du compte. Si c’est François Fillon qui arrive au second tour, comme nous l’espérons, il ne peut pas se contenter des grandes lignes floues qu’il trace actuellement, donnant certes un ton, mais sans vraiment entrer dans le dur. Si, c’est Emmanuel Macron, dont l’entourage est entièrement constitué de fédérolâtres européistes, on peut craindre que sa « youpi attitude » ne mène à rien d’autre qu’une explosion électorale anti-européenne.

Deux mots à Charles Gave sur son rapport prônant la destruction de l’euro

Charles Gave et Romain Métivet ont réalisé une étude sur la destruction de l’Europe par l’Euro, pour le compte de leur Institut des libertés. Il stimule quelques réflexions que nous avons mises en face des thèmes du résumé publié en première page.

* L’Euro est un échec et une aberration économique qui accentue les déséquilibres entre économies hétérogènes.

Le constat est immanquable. Il y a bien eu divergences et elles ont été accrues par les mesures prises pour tenter de réduire les dérives budgétaires de certains pays. À partir du moment où la dévaluation n’est plus possible, il est clair que l’ajustement devient une difficulté. Le rapport n’envisage pas une des possibilités : mettre en place des règles, des dispositifs et des institutions qui permettent de pousser à la convergence. Pour notre part, nous considérons que cette direction-là offre encore de nombreuses possibilités inexplorées qui vaudraient mieux que la destruction de la zone Euro.

* Une monnaie sans nation n’est historiquement pas viable.

L’or a été une monnaie sans nation pendant des millénaires. La question se pose pour les monnaies administratives (Fiat monnaie). On ne sait toujours pas comment les gérer sur une base multinationale. La question a été posée à Bretton Woods avec une solution bancale qui a explosé politiquement en 1971. En fait, on improvise depuis 1914. Mais une solution est possible.

* Le saut fédéral est politiquement impossible et serait économiquement inefficace.

Sans doute. Mais on peut trouver des solutions collaboratives efficaces sans aller jusqu’au fédéralisme.

  1. L’Allemagne ne peut pas payer pour l’Euro car cela coûterait plus que le plan Marshall.

L’argument est plus polémique qu’économique. Ce ne sont pas les stocks qui comptent mais les flux. Mieux organisés les flux peuvent se réorienter très rapidement. La question d’organisation l’emporte sur l’assertion fracassante.

* Une dissolution est préférable à une sortie unilatérale.

Sans aucun doute. Mais il faut bien expliquer les conséquences prévisibles. Et le rapport ne le fait pas.

* Le retour de la monnaie nationale permettrait de financer l’ajustement, comme au Canada et en Suède.

L’ajustement en Suède et au Canada s’est fait après la terrible crise de 92-93, en réduisant très fortement la dépense publique, aussi bien du côté des dépenses sociales que de celui des effectifs publics. Il a été favorisé par la croissance exceptionnelle des années 1996-2000, spécialement riche en emplois et en recettes. La hausse massive du dollar a permis un ajustement plus facile. Mais ce n’est pas la politique monétaire qui a permis de sortir principalement du gouffre.

* Les réformes structurelles restent nécessaires pour rétablir les finances publiques et accroître la productivité.

Ce sont elles qui ont réussi en Suède et au Canada dans un contexte conjoncture très particulier qui n’est plus là. Elles sont non seulement nécessaires mais primordiales. Cela vaut naturellement pour la France. Reste à trouver la méthode en l’absence de véritable croissance conjoncturelle et alors que le risque d’une minirécession se précise.

Surtout, le rapport évite soigneusement de se pencher sur la vraie grande question : pourquoi depuis 1971, les récessions sont-elles toujours plus graves, la croissance voit-elle son taux baisser et la dette s’envoler ? En ne regardant qu’un sous-système, effectivement dysfonctionnel, mais qui peut être corrigé si le système global l’est aussi, et si les réformes nécessaires se font au-dessous, à l’échelon national, il se prive d’une clé d’interprétation capitale et surtout d’un levier pour comprendre et agir.

La destruction de la zone Euro ne réglera rien en elle-même et risque même de compliquer une évolution plus favorable.

Pire que le CETA, le TFTEA

Les Etats-Unis veulent se substituer aux institutions multilatérales

On a vu que la traité commercial avec la Canada a poursuivi son chemin européen dans le dos des gouvernements et des peuples, pour être avalisé par le Parlement Européen. Rappelons que lors des élections européennes aucun des candidats n’a exposé de programme. On a voté pour des étiquettes. Etiquettes sans véritable sens, puisque le Parlement Européen cherche une certaine unanimité gauche-droite. Aucun des candidats élus ne s’est présenté en chantant « vive le CETA ». Ou quoi que ce soit d’autre. A droite, ils ont dit : « Je suis de droite et très européen, c’est pour cela qu’on m’a choisi comme candidat ». A gauche ils ont dit : « Je suis de gauche et très européen ». Idem pour les différentes nuances de centristes, toute fédéralistes. Jamais la moindre question sur le programme.

Rappelons que M. Hollande s’est opposé au CETA ainsi que toute la gauche auto-présentée comme « vraiment de gauche » ainsi que la droite de Fillon à Mme Le Pen. Le seul candidat aux prochaines élections présidentielles françaises  qui a souscrit au CETA sans même savoir ce que contenait le traité est M. Macron, qui a annoncé un soutien inconditionnel à l’Europe et à l’Euro avec des cris éraillés que d’aucun, naguère, aurait comparé à ceux du plus scabreux des cabris.

Il est intéressant de constater l’inexistence pendant ce processus de tout article ou émission dans les médias français, qui, de fait, ne couvrent pas le travail des institutions européennes.  Au moment où le CETA était discuté, une émission publique comme C’est dans l’air a traité 18 fois sur 20, sur le mode chasse à l’homme, le dossier de Mme Pénélope Fillon et jamais du CETA, comme si cela n’avait aucune importance.  Il faut dire qu’aucun des grands rapports économiques qui sont tombés récemment n’ont fait l’objet de la moindre analyse un peu poussée.

Il semble que pour les journalistes français, à quelques exceptions près, la question la plus importante soit aujourd’hui d’apprécier les effets électoraux de l’alliance phénoménale celée par un inconnu nommé Jadot et un ancien ministre, de toute petit envergure,  démissionnaire d’un gouvernement Hollande, ou de peser les risques et avantages électoraux, pour M. Macron, du ralliement d’un vieux ouistiti de la politique politicienne dont l’actif électoral est d’avoir pulvérisé façon puzzle les formations politiques qu’il était parvenu à diriger. Jouer au petit cheval électoral est sans conteste plus amusant que s’attaquer aux questions nationales et internationales les plus graves. 

C’est sans doute pour cela que personne en France ne connait la Section  701 du Trade Facilitation and Trade Enforcement Act de 2015. Le TFTEA est sans toute la législation américaine la plus significative de l’effondrement du monde rooseveltien mis en place à la fin de la guerre de quarante. Il annonce Trump avant Trump. Si vous en parlez, sans préciser les dates, vous constaterez que interlocuteurs ont tous la même réaction : « Ce Trump quel sale type, il est en train de tout casser ».  L’ennui est qu’il s’agit d’une loi Obama. La seule nouveauté est l’annonce par Trump qu’il va s’appuyer sur ses dispositions pour attaquer les pays avec qui les Etats-Unis ont un  déficit afin de pouvoir les soumettre à des sanctions diverses.

Il est à noter qu’aucun organe de presse français, ni aucun média radio diffusé ou télévisés n’ont jamais parlé de ce texte, en dépit de son caractère totalement abusif, nationaliste et hystérique. Seul Le Temps aura eu la bonne idée de soulever ce lièvre, parce que la Suisse se retrouve aujourd’hui dans le collimateur. 

Que dit donc ce TFTEA ?

La loi prévoit des outils  de reporting et de monitoring qui permettent de mesurer et de sanctionner les pays qui pratiquent une politique de change que les Etats-Unis considèrent  comme nuisibles aux intérêts américains. En fait, compte tenu du caractère structurellement déficitaire des comptes extérieurs américains, la seule question qui est examinée est la sous-évaluation alléguée de certaines monnaies. Le but est de forcer le « partenaire » en excédent à prendre lui-même des mesures visant à brider son excédent vis-à-vis des Etats-Unis. 

Les pays qui ne se soumettent pas peuvent faire l’objet plusieurs types de  sanctions :

-       Arrêt des financements américains

-       Arrêt des achats dans le pays

-       Action auprès du FMI

-       Blocage des négociations commerciales tant que la question monétaire n’est pas réglée 

Un conseil de neuf membres est chargé de faire des observations en fonction des statistiques et des faits relevés.

Ce texte a été voté définitivement le 24 février 2016 et donc a force de loi depuis un an exactement.

 

Ce texte en apparence peu problématique pose deux questions fondamentales :

-       Il appartient normalement au FMI de surveiller les relations monétaires internationales. Pourquoi faut-il qu’un pays particulier double son action ?

-       Les statuts du FMI condamnent et les gros déficits et les gros excédents. Pourquoi a-t-on toléré qu’ils enflent pendant quarante cinq ans et pourquoi les Etats-Unis ne parlent-ils que des pays en excédent ?

Même si le texte fait sa génuflexion devant les règles du  FMI, il montre que les Etats-Unis  sont prêts à imposer leur propre interprétation et veulent pouvoir agir de leur propre chef en dehors de tout contexte multinational. C’est une violation totale de l’esprit du monde voulu par Roosevelt à la fin de la seconde guerre mondiale. Le multilatéralisme est remplacé par l’analyse et l’action unilatérales des Etats-Unis.

Les Etats-Unis ne retiennent des statuts du FMI qu’une seule face : les gros excédents vis-à-vis d’eux. Mais ils laissent de côtés les gros déficits. Or les gros excédents et les gros déficits vont ensemble et ils sont le fruit à la fois de décisions dans le pays excédentaire et dans les pays déficitaires. Une politique équilibrée est d’agir sur les deux côtés à la fois. La loi viole les statuts du FMI tout en faisant semblant de les appliquer. Plus hypocrite, on ne peut pas !

C’était au FMI d’agir. Il en a les moyens. Mais depuis l’abandon des accords de Bretton Woods, après la voie de fait commise par les américains qui ont refusé d’honorer leur engagement de conversion en or des créances internationales en dollar, ce qui s’appelle un défaut, les changes flottants sont censés fixer le cours des devises. En vérité le marché des devises est totalement entre les mains d’un très petit nombre d’opérateurs comme quelques scandales récents l’ont montré, et la flottaison créée une instabilité artificielle.

Si les résultats ne sont pas conformes aux intérêts américains, c’est, pour les Etats- Unis, qu’un pays voyou trouble le libre jeu du marché. Tout cela est une fable puisque le dollar est la monnaie du monde et finance les transactions internationales. Il faut donc un déficit américain pour fournir la liquidité internationale. Ce défaut est structurel et non lié à l’action de vilains à sanctionner.

Les Américains se croient suffisamment forts pour avoir le beurre et l’argent du beurre : la monnaie internationale qui leur permet de financer leur déficit dans leur monnaie ; l’obligation pour les autres de corriger inlassablement la contrepartie de ce laxisme abusif. De même qu’ils se savaient assez forts pour imposer au monde le non remboursement en or de leurs dettes. Au passage, si un pays quittant l’euro proposait de rembourser sa dette internationale dans sa monnaie nationale, ce serait faire exactement comme les Américains en 1971. 

Conformément à la loi les autorités américaines viennent de produire leur première revue du comportement de leurs « partenaires ». On peut le lire à l’adresse ci-dessous.

 https://www.treasury.gov/resource-center/international/exchange-rate-policies/Documents/2016-10-14%20%28Fall%202016%20FX%20Report%29%20FINAL.PDF

Plusieurs pays ont été ciblés dont la Suisse et l’Allemagne. On sait que Schaüble, le ministre des finances allemand,  a déjà répondu au rapport en expliquant que le change de l’Euro lui échappait complètement. La BCE est indépendante, n’est-ce pas ?  La Suisse, elle,  déjà lourdement sanctionnée à plusieurs titres par le gouvernement américain, s’inquiète sérieusement.

Très clairement une guerre est en cours qui vise à imposer aux partenaires créditeurs des Etats-Unis d’accroître de facto leurs importations américaines.

Plus grave, les Américains se flattent d’avoir imposé leurs vues aussi bien au FMI, que dans les différents G, G7, G8, G20, ainsi que lors de la discussion de plusieurs traités comme le Traité Transatlantique.

Nous considérons cette soumission à la puissance américaine comme choquante et  inacceptable.

 

La bonne réaction devrait être la suivante :

 

-       Nulle monnaie nationale ne peut être la monnaie de facto du monde, car sinon les déficits deviennent automatiques

-       Les changes flottants ne fonctionnent pas et ont permis d’énormes excédents et d’énormes déficits conjoints, en violation des statuts du FMI. L’idée que les marchés donnent une image pure et vraie des changes est totalement fausse et le sera toujours quand une banque centrale peut émettre un montant de monnaie supérieur au PIB d’un pays et que l’Etat collecte plus ou moins la moitié du PIB.

-       L’effort doit venir également des pays en déficits et de ceux en excédents

-       Il faut recréer un système monétaire basé sur les changes fixes et un mécanisme automatique de sanction des grands excédents et des grands déficits. Par exemple 15% de l’excédent serait prélevé par le FMI et 10% des déficits. Les sommes collectées serviraient à alimenter un fonds de stabilisation permettant de vaincre toute spéculation.  

-       Ce même mécanisme doit être instauré au sein de la zone Euro : avec une pénalisation un peu plus forte compte tenu de la difficulté des ajustements (on ne peut plus dévaluer).  Des pénalités de 30% pour les gros excédents et 15% pour les pays avec de gros déficits seraient raisonnables.

En attendant, il faut cesser de passer tout accord commercial tant que l’objectif monétaire n’est pas atteint. C’est pour cela que l’affaire du CETA est grave. La France et l’Europe n’ont rien fait rien dit et cette soumission a empêché que la question monétaire soit posée.

Les Etats Unis ne peuvent pas dire que l’Europe n’a pas le droit de lier monnaie et commerce : leur propre texte institue cette règle !

Il y a bien là une voie de sortie de la crise.

Personne dans les médias français n’en parlera. Je ne suis même pas sûr que, dans les allées des pouvoirs européens, il existe une seule personne sensibilisée à cette problématique. Ignorance et soumission sont les tétons de la France et les mamelles de l’Europe.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

La tragique actualité d'Alfred Sauvy

Il est probable que plus personne ne connaisse Alfred Sauvy. Socialiste, il n’en croyait pas moins aux vertus de la rationalité. Très vite, il avait été confronté aux erreurs monstrueuses d’analyse économique de ses amis, reprises en chœur par le gros du peuple et de leurs dirigeants. Mythologie de notre temps – Paris 1965 : Payot est son essai le plus abouti. Tout dirigeant et tout citoyen souhaitant comprendre un minimum les phénomènes économiques devraient le connaître par cœur. Les mythes économiques ont ceci de commun avec le chiendent qu’ils repoussent inlassablement si on ne les arrache pas avec énergie. Et plus personne ne le fait. Le délire qu’est devenue l’élection présidentielle s’accompagne d’une floraison d’erreurs grotesques mais généralement admises. Tout le savoir et toute l’énergie que la crise de 1929 avait permis d’accumuler pour éviter les drames économiques semblent perdus.

D’un côté, les grandes institutions, prises à revers par les décisions américaines de l’été 1971, totalement contraires à leurs statuts, se sont trouvé une religion de substitution dans le culte des trois libertés de mouvement (produits et services, personnes, capitaux) et s'emploient à les promouvoir sans en canaliser aucune et sans tenir compte des réactions des peuples devant les conséquences (crises financières à répétition, endettement colossal, perte de croissance, identités nationales malmenées, démocratie vidée de son sens). De l’autre, les peuples ont perdu confiance et se laissent aller à toutes les erreurs, encouragés par des démagogues de tout poil, dont le point commun est une ignorance économique abyssale ou une parfaite malhonnêteté intellectuelle.

Alors, il est bon de relire Sauvy, comme cela, en cachette, comme on lisait jadis des livres licencieux dans les petits endroits, car s’afficher avec de tels écrits ne peut être considéré aujourd’hui que comme la preuve de multiples péchés. Chut !!!

Faisons quelques incursions dans la licence en citant quelques phrases de L’économie du diable Calmann-Levy, 1976, au titre si merveilleusement précurseur. L’auteur avait 78 ans. Comme Maurice Allais, il a vu dans son grand âge que l’on avait perdu le contact avec la réalité et qu’on en revenait bêtement à tous les drames qui avaient stimulé sa révolte intellectuelle et sa vie de travail après la crise de 1929.

« Comment a-t-on pu tomber si bas dans la non-connaissance ? S’agit-il de la peur de l’opinion, de la crainte de plus en plus vive d’être traités de technocrate. Il ne semble pas ; la sincérité jointe à l’impuissance joue un grand rôle dans cette attitude ».

Peut-on écrire une phrase plus actuelle. L’impuissance devant les trois grandes composantes de la Crise, la perte de croissance, les crises périodiques dévastatrices, et la montée d’une dette délirante, et leurs résultats, le chômage de masse, la fiscalité sans limite et la baisse du revenu par tête, est le moteur principal des dérèglements politiques et médiatiques que l’on constate aujourd’hui. L’argument populaire le plus général en faveur des Le Pen est qu’on ne les a pas essayés et que tous les autres ont échoué. La Youpi politique de Macron est l’autre versant du même sentiment d’impuissance.

-        Vous aimez le blanc ? Youpi !

-        Vous aimez le noir ? Youpi !

-        Mais, attendez, le noir n’est pas le blanc ! Que voulez-vous ?

-        Il faut que le noir aime et respecte le blanc et que le blanc aime et respecte le noir. On transcende et Youpi !

Et cela sur tout sujet. La transcendance, dans ce cas, est la fille adultérine de l’impuissance.

Si Alfred Sauvy avait pu voir à quel niveau de non-connaissance on est tombé, il considérerait que les erreurs de la période de son livre étaient des bluettes !

Écoutons-le encore :

« Poussée par l'opinion, par les syndicats et par l’ignorance générale, et malheureusement par des experts, la politique dévie dans le sens de la pauvreté ».

Nous en sommes à environ dix millions de pauvres trente ans après. L’économie du diable est bien installée. Les syndicats ont donné leur pleine mesure en 2016. Les experts, on en a étudié quelques-uns sur ce blog, sont toujours plus nombreux à pérorer dans l’insignifiance et dans la recherche d’honneurs médiatiques garantis par la conformité à l’erreur commune ou l’évitement des sujets qui fâchent. Quant à la politique, il suffit de lire les propos d’un Hamon, pour constater que la pauvreté généralisée est son mantra.

« La soumission générale au visible et au superficiel, dans une époque scientifique qui entend partout pénétrer le fond des choses, atteint ici une intensité exceptionnelle ».

Qui peut nier que le mot soumission est la clé de l’époque en France ? Avec le « complotisme », il forme le couple tragique qui danse en tourbillon dans les médias nouveaux comme désormais dans les anciens.

Quand, dans la même phrase, un candidat explique que les robots créent désormais la richesse et qu’il faut la redistribuer par la force de l’Etat et non plus par les exigences du travail, tout en expliquant qu’un impôt contre les robots est indispensable, que personne ne parte d’un rire homérique et qu’au contraire, des éditorialistes s’extasient devant la promotion d’un penseur poly cosmique du niveau Ceaucescu au moins, démontre qu’en matière « d'intensité exceptionnelle » le bon Alfred n’avait pas encore tout vu.

Quand inlassablement, d’abord dans les camps écologiques et maintenant à peu près partout, on soutient que les solutions sans productivité sont les meilleures car elles garantissent la création d’emplois nombreux, et que pas une seule voix autorisée ne s’élève pour crier sa honte devant tant de sottise, le bon Alfred n’aurait même pas pu l’imaginer.

« L’extrême sensibilité de l’opinion au fléau du chômage crée les conditions d’un bourgeonnement d’illusions. Mythologie, croyance, dogmes malins sont une seconde nature. La réalité n’est pas simplement éloignée des apparences, elle est à l’opposé », écrit Sauvy qui ajoute : « L’erreur durcit en dogme ». Qui pourrait le nier aujourd’hui ?

La mythologie se voit, selon Sauvy, dans trois aphorismes jamais contestés que tous considèrent comme allant de soi :

-        Le chômage est un phénomène nouveau nourri par l’industrie (on dirait aujourd’hui, nourri par la mondialisation)

-        Il est alimenté par le progrès technique qui remplace l’homme par la machine (on dirait aujourd’hui : « par les robots, le numérique et Uber »)

-        « Le nombre d’emplois existant sur le territoire est limité et a même tendance à diminuer. Tout au plus reste-t-il le même grâce à la création de postes de fonctionnaires et la production d’armement ».

Conclusion : « Dans ces conditions, tout accroissement de la population est défavorable ». Le malthusianisme devient le fondement de la vie politique. La réduction des aides familiales ces dernières années et la baisse corrélative des naissances sont un des marqueurs de la politique de M. Hollande. Mais aussi de l’époque. Sauvy avait tout vu.

Autre constat fondamental qui reste d’une actualité évidente :

« Toute somme, privée ou publique, consacrée à payer des improductifs paraît réduire le chômage, alors qu’elle l'entretient au comptant et l’augmente à terme proche ». Rappelons que Sauvy est socialiste ! Mais il est sérieux. L’improductivité n’a JAMAIS créé de l’emploi. Au contraire elle a TOUJOURS créé du chômage. Qu’on analyse sous cette lumière la proposition de revenu universel sans travailler !

Le livre consacre des réflexions sur les économistes publics : fuite devant l’analyse de la réalité ; tendance à l’échappement dans la mathématique ; contradictions permanentes pour complaire à l’opinion et ne pas trop risquer dans des propositions certes vraies mais contraires à ce que les donneurs de mission attendent. D’où ce constat terrible : « L’impuissance des économistes s’accentue constamment ». Les économistes sont devenus en 2017, pour l'opinion publique, comme les ordres mendiants naguère, « innombrables et inutiles à la foi ». Tout était écrit dès 1976 !

Sur mille autres sujets actuels, Alfred Sauvy développe des idées qui aujourd’hui, en France, ne peuvent même pas être exprimées :

-        « Quelle que soit la durée moyenne du travail l’égalité n’est pas recommandable ni dans le temps, ni entre les branches. Toute rigidité est cause de chômage. Si aucune soupape ne fonctionne, l’équilibre se fait par le chômage ».

-        Le service militaire est une cause de chômage car il stérilise des classes d’âge qui ne peuvent plus produire. Comme les emplois s’échangent contre des emplois, la perte économique est immédiate et s'aggrave des coûts de fonctionnement (les coûts ne créent pas d'emplois s’ils ne créent pas de produits). Autant pour ceux qui défendent le service civil comme une manière de régler le chômage des jeunes.

-        L’auteur dénonce déjà la « tragédie des impôts locaux ». En 76, ces impôts avaient déjà été multipliés par quasiment cinq en francs constants en 18 ans. La tendance ne s’est pas inversée dans les quarante années suivantes. Au contraire on a constaté une véritable explosion des dépenses, des recrutements et des prélèvements. La régionalisation a été une source de croissance démente des budgets improductifs. Sauvy démontre aisément que cette évolution est antisociale et la source d’une hausse massive du chômage. Quel économiste officiel reprend aujourd’hui ses démonstrations et alerte inlassablement sur ces dérives alors que tout était écrit ? L’hyper chômage actuel est largement l'enfant de la décentralisation et de la poussée des dépenses des collectivités locales. « Placés devant les faits, les plus soucieux du bien public hésitent à admettre une vérité aussi dure ». D’où ces inlassables discours sur le caractère heureux de la création de fonctionnaires en région « pour faire face au chômage » et la véritable révolte contre les propositions de F. Fillon proposant de s'attaquer enfin sérieusement à cette cause majeure de chômage.

Le message principal de Sauvy a toujours été l’inadaptation entre structure d’emploi souhaitée et structure d’emploi offerte, et surtout le malthusianisme dans sa définition réduite : l’étouffement démographique et le vieillissement de la population. « Quant aux générations creuses qui naissent en ce moment (1 976) elles seront accablées de lourdes charges de vieillesse et ne trouveront ni les ressources ni les ressorts pour reconstituer une jeunesse. Le cycle du vieillissement sera, dès lors implacable ».

Quarante ans après, nous y sommes en plein. Comme disait Maurice Allais « ce qui doit arriver arrive ».

Rueff, Sauvy, Allais, ces grandes voix ont toutes expliqué une fraction de notre désastre. Elles sont certes des voix du passé et accessoirement de polytechniciens (aujourd’hui honnis comme membres des élites mondialisées). Il est à noter que tous les trois ont fait, en leur temps, des choix non naturels pour leurs corps en choisissant de s'attaquer à la crise de 1929 qui pour eux étaient le scandale majeur de leur temps et à l’économie qui était encore moins une science qu’aujourd’hui. Tout n’est pas à retenir dans leurs réflexions. Mais on y trouve, quand on les relit tous, de quoi comprendre tout, ou presque, de nos délires contemporains et de leurs conséquences.

Trump : une dénonciation raisonnable des énormes déséquilibres mondiaux ?

Non car il ne voit pas que les Etats-Unis en sont la cause...

Depuis 1997, date à laquelle nous avons commencé à nous exprimer en public, nous ne cessons de répéter : "attention à la colère des peuples". Reprenant le message de Maurice Allais et avant lui de Jacques Rueff, nous avons tenté d'avertir que les dysfonctionnements graves du système monétaire international et l'idéologie de l'ouverture maximale aux libertés économiques sans aucune organisation régulatrice, sinon quelques producteurs de règles marginalisés et sans importance pratique, menaient à une crise économique permanente et à la colère des peuples.

Nous avons défini la crise comme la conjonction de trois évolutions destructrices : la baisse du trend de croissance, la violence de plus en plus grande des crises périodiques et l'envolée de la dette. Nous avons condamnée la création d'une "économie baudruche" résultant du recyclage des énormes déficits et excédents extérieurs que les autorités mondiales ont laissé se perpétuer en dépit des statuts formels du FMI, article 1, et des nombreuses explications de la crise de 1929 basées sur le développement de tels déséquilibres.

Alors oui, les déficits monstrueux sont bien au cœur du problème économique mondial.

Lors que Trump "cuicuite" que ces déficits sont intolérables et met en cause l'Allemagne et la Chine, voire le Mexique et le monde entier, il touche un nerf à vif. Mais réaction inflammatoire n'est pas raison. Les excédents monstrueux sont la contrepartie des déficits américains monstrueux. Et il y a déficits monstrueux parce que le dollar est la monnaie du monde et que les Etats-Unis abusent de ce privilège depuis 1971. En faisant sombrer pour des raisons exclusivement politique et militaire les accords de Bretton Woods et en détachant le dollar de l'or, tout en annonçant que leur puissance leur permettrait une politique sans frein de "benign neglect", en bon français de négligence criminelle, ils sont les premiers responsables de  l'instauration d'un système qui ne tient pas compte des leçons de la crise des échanges mondiaux de 1918-1940 et qui ne pouvait que s'effondrer. 

Il appartenait aux pays européens et aux autres pays du monde de protester contre le système des changes flottants et des hyper déséquilibres. Ils ne l'ont pas fait. Pour les alliés des Etats-Unis, par soumission pure et simple. Cela a donné les accords de la Jamaïque source de toutes les difficultés ultérieures. Quant aux pays libérés du socialisme, le modèle allemand et japonais leur a paru le meilleur : construire leur croissance sur la captation de la production mondiale  en profitant de la pauvreté de leur travailleur, en accumulant les excédents  contrepartie des déficits américains.

Au lieu d'avoir cherché une croissance homothétique, on a pratiqué une croissance substitutive. L'Allemagne a totalement capté l'industrie mécanique en Europe et verrouillé une grande partie de ce secteur dans le monde entier. L'Inde et le Pakistan ont capté  des secteurs entiers du textile et du médicament.  Le Japon tient des secteurs industriels entiers, comme les motos, la photo et l'électronique grand public. La Chine est devenue l'atelier du monde. Cette politique a accru les déséquilibres et la vulnérabilité économique.

Les énormes excédents, alimentés par les énormes déficits américains, ont créé une liquidité effarante parce qu'il fallait bien faire quelque chose des dizaines de milliers de milliards de monnaie accumulée. La finance internationale les a recyclés dans les pays déficitaires provoquant une montée inexorable de la dette globale. Ne trouvant plus à s'employer dans la création de richesse, les dettes ont alimenté des "créations de valeurs" détachées de la production. Bien sûrs ces bulles ont toutes fini par éclater.

La situation de Trump est impossible. Il ne peut  dénoncer que les excédents des autres alors qu'ils sont jumeaux des déficits américains. Il ne peut en aucun cas envisager une réorganisation du système monétaire mondial  basé sur l'introduction des changes fixes et  l'interdiction des grands déficits autant que des grands excédents, avec création d'une monnaie de compte internationale différente du dollar.

Donc tout cela ne peut conduire qu'à des désordres et des discordes.

La réponse de l'Allemagne est parfaitement débile : "si nous avons des excédents, c'est à cause de la BCE et du change trop bas de l'Euro. Rien à voir avec nous". Mais pas un mot sur les excédents monstrueux de l'Allemagne au sein même de la zone Euro.

La révolte électorale des peuples occidentaux vivant en démocratie a eu comme conséquence de mettre à nu la cause principale de la crise : les énormes déficits et excédents croisés que l'on retrouve aussi bien dans la zone Euro que dans le monde. A ce jour cela n'a eu comme conséquence que des propos sur la responsabilité des autres de la part des Etats coupables, puissants, sûrs d'eux-mêmes et dominateurs.

Il est clair qu'on ne peut en sortir que par la création d'un système global qui pousse structurellement à l'équilibre des échanges, donc au retour de changes fixes mais ajustables avec une tension internationale pour agir dès que les déséquilibres se forment.

Il appartient au FMI de mettre en avant l'article 1 de ses statuts et de proposer les voies et moyens d'un retour à un système équilibré.

Il aurait été aussi nécessaire que la France porte la voix de la raison. Mais dans l'état où elle se trouve, probablement le plus navrant  de son histoire récente, elle préfère discuter des préférences sexuelles d'un certain Monsieur Macron, dresser des piloris médiatiques débiles, pousser l'exaspération de tous, trouver d'une extrême intelligence que l'on dise dans la même phrase que les robots ouvrant une période où le travail humain ne trouvera plus de rôle et qu'il faut distribuer un revenu universel et taxer les robots, c'est-à-dire supprimer la source de la production redistribuée, où les hauts fonctionnaires violent leur mission pour sauver leurs privilèges, où les juges violent le droit qu'ils sont chargés d'appliquer et où les policiers enfoncent mais par accident une matraque télescopique  dans le fondement des délinquants.

Jamais la France n'aura été plus inutile au monde, prolégomènes d'une sorti e de l'histoire aussi médiocre que ses dirigeants, ses journalistes, ses hauts fonctionnaires, ses enseignants d'université et que la mentalité publique  qui prévaut .

Jamais le monde aura été plus près du diagnostic de la crise et plus loin de la solution.

L'Enarchie contre la République

Affaire Fillon : un coup d'Etat ?

Depuis des lustres nous luttons contre cette déviation française que nous appelons l'Enarchie Compassionnelle.

Nous considérons que la capture du politique par la haute administration a introduit un biais anti démocratique qui est à l'origine de l'extension sans fin de la sphère publique, de la dépense publique, de l'impôt et de la dette. Pour éviter que cela ne continue ainsi, nous avons proposé de tout temps deux mesures radicales :

- l'interdiction d'être élu dans une assemblée qui fixe votre rémunération et conditions d'emploi.

- l'interdiction de recevoir deux rémunérations de l'Etat.

L'Enarchie a vu sa domination aggravée par son emprise sur la sphère bancaire. Les médias sont devenus directement la proie de l'Etat, avec une expansion sans fin de son champ (voir la création de la télé France-info juste au moment de la campagne présidentielle avec des journalistes intégralement marqués à gauche. Les médias restant sont devenus la proie des banques, donc, indirectement, des hauts fonctionnaires. Le CSA est présidé par un ami de promotion à l'ENA du Président de la République. Du coup l'Enarchie s'est instituée en système de tutelle pratiquement complet. La pensée, l'investissement, le revenu et le patrimoine des Français sont entièrement contrôlés par la Haute Administration française.

Cela nous a valu depuis Giscard, une suite ininterrompue de premiers ministres et de président provenant de l'ENA. Chacun a la liste en tête. N'y revenons pas.

La novation tout à fait extraordinaire que révèle l'affaire Fillon, est la cristallisation de l'inquiétude de l'Enarchie devant la défiance populaire et sa volonté de maintenir son pouvoir coûte que coûte au mépris de tout respect démocratique. L'Enarchie montre soudain et explicitement un caractère factieux.

Cette conclusion s'impose inexorablement quand on analyse l'origine, la nature et le sens de l'attaque politique menée contre François Fillon.

Il n'y a plus guère de doute sur l'origine de l'opération. On se souvient qu'au début du quinquennat de M. Hollande, un certain nombre d'attaques ad hominem avaient été préparées dans le bureau même de M. Hollande. Un article de Franz Olivier Giesbert  avait été très explicite sur cette dérive jamais vue. Jusque là, le pouvoir laissait jouer des officines et ne se mêlait pas de piloter en direct des attaques personnelles. A cette époque le conseiller du Président était M. Macron. On a vu avec l'affaire Jouyet, déjà montée contre Fillon, que l'habitude était invétérée. L'Enarque Jouyet a accepté de mentir sur ordre de l'Enarque Hollande, déjà pour casser politiquement Fillon.

L'information sur les rémunérations versées par les députés, dans le cadre d'une procédure légale de financement de leur action politique, est entièrement connue du Trésor qui sait tout depuis l'origine de la loi qui l'a instituée. Par convention tacite cette information est considérée comme confidentielle, afin d'assurer la séparation des pouvoirs. La politique coûte cher. Le Parlement a des droits et ses membres disposent de mécanismes pour couvrir leurs frais de représentation et d'action politique. L'exécutif, normalement, n'a pas à interférer dans le travail du législatif. Les députés et les sénateurs ont la liberté d'employer comme ils le jugent bon les budgets alloués.  Sauf acte pénal phénoménal, la Justice, toujours au nom de la séparation des pouvoirs ne cherche pas à connaître de l'action politique des parlementaires.

Seul le Président de la République pouvait couvrir le viol de cette règle républicaine. La règle elle-même est plutôt normale. Rappelons le, l'action politique a un coût. En revanche si tous les députés sont menacés de divulgation de leur mode d'organisation par les hauts fonctionnaires politisés du Trésor, la République en prend un coup. L'équipe Hollande-Macron a violé une règle importante  et a forcé la collaboration de l'administration des finances et notamment celle d'agents du Trésor.

L'Enarque François Hollande a donc monté avec l'Enarque Emmanuel Macron, et son ami et collègue de promotion l'Enarque Gaspard  Gantzer  un dossier constitutif du viol du secret parlementaire de facto imposé par la séparation des pouvoirs, à partir des informations fournies  par l'Enarque Thomas Cazenave en liaison avec les hauts fonctionnaires du Trésor. Le Mardi 9 Janvier, Gaspard GANTZER a remis le dossier au Canard Enchaîné. Un certain nombre de journalistes ont été mis dans la confidence ainsi que des juges socialistes nommés par Mme Taubira au Parquet financier. Pour donner plus d'importance au dossier, le Canard Enchaîné avait été envoyé préalablement sur la piste de la propriété de François Fillon afin d'accréditer l'image d'un satrape richissime vivant au château. Des journalistes de France Inter avaient été pareillement sollicités pour monter un relais avilissant autour de cette information. C'est ainsi qu'on entendit une "humoriste" belge expliquer que "la révolution n'avait pas assez tué" et qu'il restait encore des Ci-devants à raccourcir. Une énorme campagne de presse a été enclenchée par ailleurs, tous azimuts.

Cette campagne ne sert que la candidature d'Emmanuel Macron, qui, dans l'affaire, avilit son action. En marche, d'accord, mais pas de cette sinueuse façon. Nous avons toujours pensé que la candidature Macron était préparée depuis longtemps par  F. Hollande, avec deux débouchés possibles :  rabattre les centristes vers Hollande s'il pouvait tenter sa candidature ou permettre aux Hollandais de conserver le pouvoir via la candidature Macron dans le cas contraire.

Il n'y a donc aucune interrogation sur la source de l'opération, son bénéficiaire et ses acteurs.

Il n'y en a guère plus sur la nature de l'opération qui a été menée.

L'équipe Fillon a jugé qu'il s'agissait d'un coup d'Etat. Le mot est fort. Mais il n'est pas totalement inadapté. Violer le principe de séparation des pouvoirs, d'autonomie et de responsabilités des parlementaires peut être légitimement considéré comme une atteinte aux principes de la République. C'est l'équivalent d'un pronunciamiento militaire, version civile. La forfaiture des fonctionnaires du Trésor  qui ont accepté de jouer le jeu de la transmission d'informations confidentielles est du même ordre que celle de colonels félons mettant leur troupe à la disposition d'une junte. L'énormité des relais dans les banques liées au pouvoir et aux journaux sous dépendance bancaire directe, démontre que cette opération a été conçue d'entrée de jeu comme une mobilisation de toute la haute fonction publique et de ses affidés dépendants. De même qu'on avait vu toute une presse relayer les injures initiées dans le bureau de François Hollande contre Bernard Arnaud puis Depardieu, les mêmes ont remis le couvert puissance 100. L'immensité des ramifications du coup, son caractère totalement contraire à la démocratie, s'agissant d'empêcher le déroulement normal d'une élection présidentielle,  et le dévoiement d'une partie importante du saint des saints de la haute fonction publique,  font de cette attaque  un acte d'une gravité extrême de nature de porter un coup très dur au pays et à son caractère démocratique.

Maintenant qu'on sait qui a conçu ce coup et quelle est sa nature, il devient facile d'analyser les objectifs sous-jacents de l'opération.

L'Enarchie compassionnelle était en danger. L'effondrement national qui a vu la France sombrer dans à peu près tous les domaines a conduit à l'élimination des Enarques des partis à chaque fois que le peuple a pu s'exprimer. A droite, Copé et Juppé ont été sèchement renvoyés à l'automne. Le choix de Hamon marque la fin de la primauté énarchienne au PS. Il est intéressant de noter que dans les deux camps, ce sont des attachés parlementaires sortis du rang avec des diplômes modestes (droit pour Fillon, Histoire pour Hamon). qui l'ont emporté. L'Enarque Huchon a été éliminée lors des régionales à Paris.

Le mouvement anti élite est largement la conséquence du mépris et du ressentiment nourris par les Français vis-à-vis des privilèges de la fonction publique et de son élargissement sans limite, sa morgue, ses dettes et sa fiscalité. Les pertes qu'ont dû  rembourser les contribuables touchent tous les secteurs publics et la banque. L'Enarchie a pillé l'usager et le contribuable au-delà de toute raison.

La candidature de François Fillon représentait un danger mortel pour l'Enarchie : convergence obligée des systèmes sociaux avec le système général, réduction massive des missions publiques, sabrage des effectifs de fonctionnaires et surtout, affront innommable, l'annonce qu'on toucherait à l'organisation des corps de l'Etat, inutilement nombreux et fractionnés.

François Fillon n'est pas devenu l'homme à abattre principalement pour des raisons politiques ordinaires, mais parce qu'il annonçait la fin du régime anormal de capture de la démocratie française par les hauts fonctionnaires devenus féroces ponctionnaires.

Le "coup" tenté par Hollande et Macron, est toute proportion gardée, de même nature que celui qui a frappé Erdogan en Turquie. Les militaires turcs n'ont pas accepté de voir leur domination définitivement enterrée. Les hauts fonctionnaires français n'acceptent pas de perdre le pouvoir politique en France.

S'ils réussissent, c'est la mort définitive de la France comme pays libre, démocratique et créatif  qui s'annonce. L'étranglement fiscal du pays continuera pour faire vivre quelque temps le monstre bureaucratique français et les privilèges extravagants des fonctionnaires. On verra une fuite hors de France de toute la bourgeoisie créative qui le peut et le développement incontrôlable du chômage que les hauts fonctionnaires tenteront d'inactiver politiquement par des lâchers d'argent indécents.

Le programme d'Emmanuel Macron correspond très exactement aux objectifs du "golpe". Avec lui  l'énarchie restera au pouvoir. Aucune réforme des différentes bureaucratie n'aura lieu. Le champ de l'Etat ne sera pas réduit. Il faudra simplement sauver les apparences.

Le pacte passé avec la Banque et de très grandes fortunes (voir la position d'un Cicurel, qui préfère un arrangement fiscal dans le silence des cabinets et pas de réformes qui troublent l'ambiance) veut que Macron fasse les quelques réformes nécessaires pour éliminer ce qui pénalise les très gros intérêts transnationaux. On se financera sur les retraités, sur le capital immobilier et sur le vol de l'assurance vie. Ce qui s'annonce  pour les classes moyennes et supérieures, pour les retraités, pour les propriétaires immobiliers, est catastrophique. Crève le pays pourvu que la haute fonction publique reste intouchée et alliée avec le grand capital international source de reclassements ultimes fructueux.

On ne saurait trop conseiller à François Fillon de résister et de tout mettre en œuvre pour parer le coup sans fioritures et bien le comprendre pour en dénoncer la vraie nature auprès des électeurs.

Il a commencé à réagir hier. Il devrait aller plus loin et  assumer :

- que la politique a un coût et que les moyens légaux mis à disposition  sont de la seule responsabilité des parlementaires.

- que la séparation des pouvoirs est indispensable.

- qu'une forfaiture a été commise par des fonctionnaires du Trésor dont la responsabilité sera recherchée.

- que François Hollande a une fois de plus montré son goût pour la transgression  mais que c'est désormais la démocratie qu'il transgresse

- que Macron est l'agent de la réaction des énarques politiques en voie d'élimination du jeu démocratique

- que sa mission est de permettre la restauration de l'énarchie et que son programme est de faire payer cette ignominie anti démocratique  par les retraités et par les propriétaires immobiliers.

- que le résultat sera la mort de la France en tant que pays libre et indépendant. 

Au-delà de sa personne, c'est la démocratie qui est en cause. Il en est devenue le défenseur, volens nolens. La "youpi  démagogie" de Macron qui lui fait crier comme un cabri Vive l'Europe, Vive les régions, Vive les indépendantistes corses, bretons, ou basques,  Vive les musulmans et le muticulturalisme, Vive l'émiettement parlementaire, Vive la proportionnelle, Vive tout , est un piège électoral grossier.

Il n'y a pas d'avenir pour la France avec Macron et l'Enarchie compassionnelle restaurée au pouvoir. De même que le général de Gaulle a eu raison de mettre fin au pronunciamiento militaire de Salan, Challe, Zeller et Jouhaux , il faut que le Peuple Français mette fin au coup de force réactionnaire de l'Enarchie.

Mais qui aurait cru la haute fonction publique politisée du côté socialiste capable d'un prononciamento ? Et avec des moyens aussi détournés et sordides ? Et qui aurait cru qu'autant de journalistes, dans autant de media, ne soient plus que des aboyeurs heureux de leur laisse et frétillant dans l'ignominie au service des petits maîtres qui les nourrissent ?

Il y a bien un suicide français.

PS : quelques articles évoquant l'Enarchie Compassionnelle

 

Le dernier livre de l'IFRAP : "Ce que doit faire le (prochain) président" (25 janvier 2017 13:46)
Faut-il supprimer l'ENA ? (3 septembre 2016 15:35)
Michel Rocard : l’enterrement d’une illusion (12 juillet 2016 10:58)
J. Peyrelevade : un éclair déchire le ciel bleu de l’Enarchie (10 mai 2016 11:08)
France 1974-2015 : les leçons d'un désastre. (2 mai 2016 10:51)
Retour sur le chômage structurel en France (2 avril 2016 12:24)
Economie, primaires de la droite et élections présidentielles (29 mars 2016 11:47)
Deux mots à Bruno Lemaire (4 mars 2016 12:59)
L’inaction : une maladie française ? (26 février 2016 09:26)
La France, entre blocage et utopies. (3 février 2016 19:19)
Deux illusions tenaces (1 novembre 2015 18:39)
En relisant les mémoires de J. Chirac (5 août 2015 17:05)
L'étrange malédiction de Valéry Giscard d'Estaing (30 mai 2015 09:54)
Xavier Fontanet : « Pourquoi pas nous ? » (23 septembre 2014 13:49)
Economie Française : le palmarès des incapables (18 juillet 2008 16:32)

En finir avec la banque universelle française

On est toujours fasciné de voir une profession cartellisée depuis Pétain sur les bases du fascio, en un mot une institution fasciste au sens propre du terme, et vivant en symbiose ouverte avec la haute fonction publique et l'énarchie qui a capté le pouvoir politique en France, se comporter comme des voyous en bande organisée n'oseraient pas le faire, avec l'onction des juges et des politiques.

Prenons un exemple minuscule. Une jeune association se voit imposer début 2017 sans discussion 480 euros de frais de tenue de compte par an pour une recette d'association de 800 euros. Elle est obligée de disposer d'un compte pour encaisser les chèques de cotisants. Elle ne peut garder de l'argent en liquide.

L'exemple est intéressant du fait de la nature très particulière du contrat de tenue de compte par une banque. Comme nous l'avons vu à plusieurs reprises sur ce blog, ce qu'on appelle un dépôt à vue n'est pas un dépôt au sens du droit civil habituel. L'argent versé sur le compte appartient aussitôt à la banque qui en récupère et l'usus et le fructus. Elle en fait rigoureusement ce qu'elle veut sans que le déposant ait la moindre information sur l'emploi des fonds. En contrepartie le client dispose d'une créance sur la banque. Normalement une créance doit être rémunérée. Et c'est là que tout devient psychédélique. La banque a récupéré la pleine propriété du contenu déposé par la petite association et va en faire son miel. elle prend en fait une commission de gestion sur son propre avoir, puisqu'elle a la pleine propriété du contenu du compte. Qui plus est en volant plus de la moitié de la somme déposée. Vous avez bien lu : grâce à nos aimables législateurs, entièrement entre les mains de la haute administration qui vit en symbiose avec les grandes banques universelles françaises, ces dernières gèrent leur argent à vos frais. Cette scandaleuse inversion de toutes les règles de la normalité juridique peut s'analyser, si on préfère, comme un prélèvement à taux usuraire non pas sur le débiteur mais sur ses créanciers. Chapeau ! La banque qui doit de l'argent à ses déposants (les soi-disant dépôts sont une dette comptable et réelle), leur prélève une quote-part démentielle de sa propre dette à titre d'intérêts usuraires inversés !

On marche totalement sur la tête.

C'est contraire à tous les principes du droit. En un mot c'est du vol organisé par une mafia qui vit à cheval entre l'Etat et le secteur bancaire et qui légifère en sa faveur avec une totale absence de principe pour son seul intérêt et celui d'une brochette de cadres aux bonus extravagants compte tenu des pertes abyssales qu'ils ont réalisées.

Si le Conseil Constitutionnel avait un sens, il aurait dû retoquer ces textes aberrants qui rendent obligatoire le compte courant et en organise le vol "légal". Le lobby pétainiste a fait en sorte qu'on ne puisse sortir d'un compte qu'à son détriment et au profit d'une autre banque. Et il fait la chasse au liquide pour imposer la traçabilité totale de tous les échanges. En un mot la grande banque universelle française est un système qui a accepté d'être un auxiliaire du fisc pourvu qu'on les laisse se goinfrer sans limite au mépris du droit.

Le tout baigné dans un bla-bla sur la "banque éthique" et autres balivernes pour gogos.

Nous aurions pu naturellement rappeler les grands délires des banques universelles françaises. Les exploits du "crazy Lyonnais" restent dans toutes les têtes. Les techniques de gestion avancée de la spéculation de la Société Générale sont encore fameuses. C'est la ruine de trois fonds de BNPPARIBAS qui déclenche la crise des marchés monétaires mondiaux et l'explosion financières de 2008. Le Crédit Agricole se fait étriller sur tous ses rachats de banques, totalement aventurés. Dexia a été le succès que l'on sait. Un livre récent montre comment est gérée la Caisse des Dépôts, tenue étroitement par la mafia des inspecteurs des finances qui mélangent adroitement positions administrative et politique. La ruine de Groupama qui croyait faire une bonne affaire en rachetant de la dette grecque et italienne n'est pas mal non plus.

Rappelons au passage que nationalisation puis dénationalisation ont fait de ces banques universelles "privées" l'exemple français d'une oligarchie à la soviétique.

Et si on veut encore remonter le temps, évoquons le glorieux souvenir des contrats d'assurance collective souscrits sans qu'ils le sachent par les déposants, énorme escroquerie qui voyait quelques complices à la tête des banques et des assureurs se gaver d'énormes prébendes sous forme de commissions d'apport ou de gestion, ou en volant carrément les excédents techniques des contrats d'assurance.

À chaque fois, à la tête de ces groupes, c'est une poignée de dirigeants qui se sont servis sans limite. Et les sommes se comptent en dizaines millions d'euros. Au total à peine plus de 500 personnes enrichies sans cause alors qu'ils ont ruiné leur établissement et essaient de se refaire la cerise avec l'argent des déposants.

Il faut évidemment démanteler ce système mafieux. Comment ?

C'est très simple. Le premier acte est de créer un concept de banque de paiement qui reçoit de vrais dépôts qui restent la propriété des déposants. Ces banques sont des sociétés de purs services qui doivent être soumises à une concurrence féroce, afin de faire descendre les frais de gestion au minimum technique. Que ces sociétés facturent des frais au forfait ou à l'acte soit. Mais que les tarifs correspondent aux frais et une marge raisonnable. Gardons à l'esprit que toute la gestion est quasi automatique, reportée pour la saisie sur l'usager et que la réduction de l'usage des espèces limite encore les frais de gestion. Les frais sont essentiellement des frais d'amortissement de systèmes informatiques.

À chacun de choisir l'établissement le mieux disant pour des actes de simple tenue de compte et de paiement. Cette activité doit rester totalement indépendante de l'activité de crédits et du loyer de l'argent. L'avantage de banques exclusivement spécialisées dans le paiement, c'est qu'il n'y a aucune raison d'en brider l'extension internationale. Et il n'y a aucune raison qu'elles soient sous la tutelle de la banque centrale puisqu'il n'y a aucune gestion de risque.

À côté de ces établissements on aurait des systèmes totalement indépendants : les banques de crédits, travaillant sur argent collecté par souscriptions de bons ; Les banques de financements spécialisés ; Les banques d'affaires, travaillant uniquement sur fonds propres ou par émission d’obligations. Les fonds de placements et d'investissements et les organismes de gestion de fortune compléteraient le dispositif.

Tous ces métiers doivent être exercés dans des entités entièrement indépendantes pour éviter les conflits d'intérêts qui sont la base abjecte du système actuel.

Tous les contrats seraient clairs et nets. Et chacun prendrait ses risques de façon parfaitement lisible. Il serait parfaitement inutile de prévoir une garantie des dépôts. Et la faillite d'une banque de crédit ou d'affaires n'engagerait que des investisseurs assumant leurs risques.

Ce système qui se mettra en place à terme de façon presque obligatoire, parce qu'il est LE SEUL LOGIQUE et RATIONNEL. C'est le seul à ne pas être basé sur un concept de vol organisé. L'obstruction hargneuse des grandes banques universelles françaises et des hauts fonctionnaires des finances. doit être cassée avec toute la violence législative et réglementaire nécessaire.

C'est l'Europe qui devrait en prendre l'initiative.

Mais les obstacles sont nombreux : toutes les grandes banques néerlandaises, italiennes, allemandes, grecques, espagnoles sont quasi en faillite. Les Etats-Unis ont fauché tout le marché des grandes opérations de banques d'affaires transnationales. Le bunker français et les multiples établissements européens en difficulté forment un bloc aussi malsain que difficile à faire bouger.

Pourtant, il le faut. Sinon le vocable de bankster a encore quelques beaux jours devant lui. Aujourd'hui, il est parfaitement justifié.

Un petit exercice d'économie amusante

En guise de vœux de fin d’année, voici un petit exercice pour étudiant en économie, dont les économistes, professionnels ou amateurs, pourront éventuellement faire leur miel. Il est intitulé : Le problème des trois libertés.

Sur une terre nouvellement découverte existent deux groupes, ethniquement profondément différents, longtemps hostiles. L’un qui comporte environ deux milliards d’individus a été victime d’un régime totalitaire qui l’a maintenu dans une grande misère. L’autre qui comporte  cent millions d’âmes a réussi par des efforts constants à disposer d’un niveau de vie 15 fois supérieur.

Par un hasard de l’histoire le régime totalitaire est presque tombé. Les dirigeants des deux grands groupes se sont réunis sous l’égide d’un organisme nouvellement créé,  le Formidable Moyen d’Initiative, qui a réussi à mettre d’accord les dirigeants des deux blocs.

L’accord s’est formé autour des concepts suivants :

-          Le change  des monnaies entre les deux pôles sera entièrement libre et la convertibilité assurée coûte que coûte.

-          La liberté de circulation des personnes sera garantie de façon absolue dans les deux sens.

-          La liberté des mouvements de capitaux sera garantie.

-          La liberté des mouvements de marchandises et de services ne fera l’objet d’aucune limitation.

L’accord, signé, doit entrer en vigueur le premier janvier 2017.

Questions :

  1. Décrivez ce qui va se passer en 2017 dans les deux pays (coefficient 1)
  2. Le résultat en fin d’année sera-t-il optimum ?  (coefficient 10)
  3. L’idéologie des trois libertés sortira-t-elle renforcée de l’expérience ? (Coefficient 100).

Vous avez quatre heures.  Les trois meilleures copies vaudront à leur auteur un séjour de 10 ans subventionné par le Formidable Moyen d’Initiative sur cette nouvelle terre pour lui-même et une personne de son choix.  

 

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Bonne année à tous dans notre meilleur des mondes.

Quand l'Allemagne s'inquiète pour son Mittelstand…

Un des inconvénients majeurs des grands déséquilibres de balances extérieures et le caractère nécessairement nocif du réemploi des excédents. Le pays étant en excédent majeur, l'avantage structurel qu'il détient au niveau de change donné rend non rentable l'achat de biens de consommation à l'extérieur, sauf pour constituer des stocks de précaution. Il ne reste alors que deux choix : acheter du capital à l'étranger ou replacer les devises dans les pays émetteurs ou dans les pays où la devise a librement cours.

On a vu que les replacements de devises entraînaient ipso facto une double hélice de crédits qui faisait grimper l'endettement mondial et provoquait des crises périodiques de plus en plus graves.

L'autre conséquence défavorable est l'achat du capital des pays étrangers. La Chine en accumulant des milliers de milliards d'excédents peut acheter ce qu'elle veut où elle veut. Elle colonise l'Afrique et réinvestit ses excédents massivement en Amérique latine ; elle tente de constituer des monopoles sur les terres rares ; elle rachète des grands crus français ;

L'Allemagne, en énorme excédent vis-à-vis du reste de l'Europe, a racheté un nombre impressionnant d'entreprises françaises, notamment dans le secteur informatique, en même temps qu'elle gâchait ses excédents dans l'immobilier de bord de mer.

Depuis peu le Chine rachète des perles du Mittelstand allemand, notamment dans la fabrication de robots. Contrairement à ce que tout le monde dit, le Mittelstand est dans une situation plutôt difficile du fait de la stagnation européenne, là où sont en majorité ses clients. Les petites entreprises du nord de l'Italie, base du "miracle italien", connaissent une situation analogue, en bien pire. Les mêmes mécanismes jouent partout. Il n'y a pas d'îlot magique en économie.

Du coup les milliers de milliards de dollars chinois commencent à racler sérieusement le Mittelstand. Les autorités allemandes deviennent nerveuses. Elles n'ont pas l'habitude. Comme quoi un pays à gros excédents peut devenir une proie pour des pays-continents qui ont encore plus d'excédents !

En France qui n'a pas de Mittelstand du fait d'une fiscalité confiscatoire sur l'entreprise et l'entrepreneur, la Chine s'empare de grosses entreprises : Club Med, Peugeot etc. Et là personne ne proteste.

Il est parfaitement choquant et anti économique de laisser son capital entre les mains de nations qui ont des excédents majeurs de balance de paiements. Rappelons que le principe de l'équilibre des comptes extérieurs figure explicitement dans les statuts du FMI.

Il est indispensable que l'Allemagne comprenne qu'elle ne peut pas continuer à avoir des excédents aussi majeurs en Europe, puisqu'elle fait subir aux autres pays européens les dommages dont elle se plaint.

La zone Euro impose sauf à exploser à plus ou moins court terme des échanges équilibrés. La réforme de l'organisation de la zone Euro, indispensable, doit se faire sur ces bases.

Il importe que le FMI lise ses statuts et en impose le respect à ses membres. Il faut de toute façon réforme le système monétaire international. Le cœur de la réforme sera de créer des mécanismes automatiques d'élimination des excédents et des déficits conjoints.

Nous sommes ici au cœur des réformes à faire en Europe et dans le monde. Il faut cesser d'être nerveux. Et se mettre autour d'une table pour récréer un système sérieux.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile

Changer la "globalisation" ?

L'explosion en plein vol de l'économie baudruche qui a gonflé inlassablement à partir de l'abandon des disciplines de Bretton Woods en 1971 a eu comme première conséquence, que nous n'avons cessé de souligner dès 2008 et qui a été totalement sous-estimée par les commentateurs, l'arrêt des financements internationaux, chaque banque cherchant son salut dans son pré carré national et ses autorités de tutelles. L'arrêt de l'énorme spéculation sur les matières premières internationales, y compris le pétrole, associé au repli des banques, a désorganisé les flux commerciaux usuels.

Comme souvent, les mentalités ont été en retard sur les faits. On demande de partout une "pause dans la globalisation" alors qu'elle est largement arrêtée depuis plusieurs années !

Tout le monde n'a pas été aveugle :

"Le ralentissement prononcé de la globalisation est en partie conjoncturel, lié aux effets de la crise, ainsi qu’au ralentissement de l’économie chinoise". « Il est aussi le résultat de la multiplication des barrières aux échanges et du protectionnisme ainsi que des limites atteintes par la baisse des coûts du transport », ajoute Thomas Held, auteur d’un article annonçant en 2012 que « la déglobalisation a commencé ».

La campagne réussie de Donald Trump, venant après le Brexit, met à mal une autre vue conventionnelle : la "mondialisation néolibérale" aurait été une exigence des "Anglo-saxons". Pour une bonne partie des observateurs dans les médias ou les institutions officielles, "l'horreur de la globalisation" est née de l'élection de Thatcher et Reagan. Et on nous annonce une "horreur de la déglobalisation" associée à l'élection du "monstre" Trump…

Du coup, voilà qu'on demande de partout une "nouvelle globalisation". En France et à gauche, c'est Picketty qui s'y colle dans un article du Monde.

Pour lui il ne faut pas revenir au temps des replis, identitaires et économiques, mais lier les négociations multilatérales commerciales avec "des objectifs plus élevés". Le commerce : pouah ! Mais, puisqu'il en faut, assujettissons à son développement des objectifs dignes d'une humanité supérieure. Dans son esprit, la lutte contre le réchauffement climatique et les inégalités.

Il se trouve que nous-mêmes proposons depuis très longtemps de lier l'ouverture des échanges internationaux à une  autre réforme : celle du système monétaire international. La solution est logique : un achat est toujours constitué d'un mouvement de monnaie et d'un mouvement de marchandise. On ne peut pas s'intéresser à un seul pan de la transaction, en imaginant que la monnaie est un "voile", une huile de graissage, permettant de faciliter les échanges. Si les échanges sont très déséquilibrés cela veut dire que des stocks d'excédents monétaires se forment et on sait très bien, notamment depuis Rueff, qu'ils provoquent des doubles hélices de crédits et poussent l'économie mondiale dans le fameux mode baudruche que nous avons connu pendant quarante ans, avec explosion finale. On doit donc associer le développement des échanges internationaux avec des institutions et des règles qui permettent la stabilité relative des changes, l'absence de spéculation désordonnée sur les monnaies, et l'atténuation des déséquilibres des échanges. Oui, CETA et TAFTA auraient dû être associés à une refonte du système monétaire international.

Pour Picketty, obsédé par le contenu de l'assiette du voisin, ces questions ne se posent pas. Les inégalités sont le problème fondamental. Mais voilà, la globalisation a provoqué  une réduction des inégalités :

« La globalisation a fortement réduit la pauvreté dans le monde et accru le niveau de vie dans tous les pays ouverts aux échanges, en particulier en Suisse. C’est elle qui a permis d’atteindre les objectifs de développement des Nations unies », renchérit Martin Eichler, chef économiste de BAK Basel.

Il est très difficile, pour un socialiste, de constater que les Républiques Socialistes de l'Est et de l'Orient avaient réduit leurs peuples à la misère de masse. Lorsque ces régimes sont tombés, comme l'URSS, ou se sont profondément réorganisés, comme la Chine et l'Inde, un énorme écart est apparu entre les niveaux de vie occidentaux et ceux de ces pays. Une femme vivant à la campagne en Ukraine ne gagnait pas plus de 100 euros par mois ; une paysanne collectivisée chinoise pas plus de 50. La fin des guérillas communistes dans les pays pauvres d'Afrique et d'Amérique du sud, a également permis une reprise de la prospérité. On a donc assisté à un rattrapage économique dans toutes ces nations qui s'est traduit globalement par une réduction massive de la pauvreté et des inégalités. Il faut vivre dans une bulle obsessionnelle pour ne pas voir que la globalisation est, historiquement, une baisse massive des inégalités mondiales  et que ce rattrapage a eu pour conséquence des difficultés certaines pour les secteurs ouvriers occidentaux, mis en concurrence avec des pauvres bien décidés à rattraper leur niveau de revenu et de consommation. On peut analyser en partie le rejet de la mondialisation dans les pays développés comme une révolte des classes moyennes mises en concurrence avec les parties plus pauvres du monde. Si on n'avait pas connu 75 ans de socialisme, le besoin de rattrapage aurait été moindre et les tensions en Occident moins sensibles. C'est malheureusement le genre de constat , en dépit de l'énormité de son évidence, qui ne peut pas être simplement imaginé par un socialiste marxisant.

Non M. Picketty la question de la mondialisation n'est pas la création d'immenses inégalités, puisque ce sont les immenses inégalités imposées par le socialisme violent qui s'estompent avec la globalisation !

Quant au réchauffement climatique, il tient à tellement de comportements qui n'ont rien à voir avec les échanges commerciaux, qu'on ne voit pas ce qu'ils devraient faire dans une négociation commerciale. On retrouve là la tentation permanente des ONG de l'ONU de faire de la morale avec des instruments qui n'ont rien à voir. On l'avait déjà constaté avec la taxe Tobin, sujet technique, transformé, avec mauvaise foi, en instrument de financement de toute une série d'objectifs d'abord sociaux puis écologiques. Dans sa dernière formulation elle devrait permettre de financer la transition énergétique des pays du sud. Sortir le monde de la pauvreté d'un claquement de doigt n'est plus à la mode !

La COB 21 a démontré que des conférences internationales ad hoc avaient leur efficacité. Pourquoi détourner d'autres négociations pour traiter des mêmes questions ? Lorsqu’on parle d'échanges de produits, il est vrai que les normes de production interviennent, qu'elles soient de santé publique ou sociales (travail des enfants par exemple). Mais les négociations actuelles entre Occidentaux concernent essentiellement le secteur des services qui n'a aucune influence climatique avérée. Quant à la Chine, la question actuelle est de savoir s'il faut lui reconnaître le statut d'économie de marché, avec des conséquences de compétition aggravée et dans le système actuel, un risque aggravé de déséquilibres massifs. L'écologie n'a pas sa place dans cette discussion. En revanche les énormes excédents chinois, leur formation et leur emploi, ainsi que le choix de la monnaie internationale à utiliser en Europe pour échanger avec la Chine, sont des thèmes de discussions aussi majeurs que totalement mis à l'écart. Là est le scandale.

Il faut associer la relance de l'économie internationale à une refonte profonde du système monétaire international, avec condamnation effective des gros excédents et des gros déficits. Mais, décidément non. Il ne faut pas fourvoyer les discussions sur le commerce international et la globalisation des échanges dans des discussions qui ressortissent d'un autre registre.

Si on avait, dès le changement de stratégie économique de la Chine, imposé un contrôle de l'équilibre des échanges commerciaux et évité les énormes déficits américains et leurs excédents symétriques en Chine, la Chine aurait cru un peu moins vite et en contrôlant mieux sa pollution et les classes moyennes américaines auraient moins souffert, avec un dérapage moindre des inégalités de rémunérations. Les classes moyennes européennes aussi. Ce qui vaut pour la Chine vaut aussi pour tous les pays à rattrapage.

Réformer le système monétaire va donc dans le sens d'une moindre pollution et de moindres inégalités dans les pays développés. C'est à cette bataille-là que Picketty devrait se joindre, car là est le chemin.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile

Les charges sociales dans la tourmente des élections présidentielles

Il y a dans toute élection une part de défoulement. Une élection est une soupape, pas seulement le choix d'une ligne politique. Et parfois, le défoulement vaut ligne politique, comme on le voit trop souvent ces derniers temps.

La question devient épineuse lorsqu'un pays doit faire face, comme en France, à l'obligation de réformes de structures complexes, socialement sensibles mais indispensables. Prenons par exemple le cas du défaut majeur de la structure fiscale française qui est d'accabler la production au point de lui faire perdre toute compétitivité. Après guerre, la France était ruinée et n'avait plus d'épargne. On a chargé l'entreprise de financer des politiques publiques parce qu'il n'y avait peu d'autres ressources disponibles. Ceci était tolérable tant que l'épargne nationale n'avait pas été reconstituée et tant que l'ouverture commerciale et financière au monde n'avait pas été réalisée. D'autant plus que les mesures prises à la Libération sur le chômage et les retraites n'avaient pas de conséquences immédiates : nous étions en phase de plein-emploi et les retraites, ce serait pour bien plus tard. Les maladies n'exigeaient pas les traitements coûteux que l'on connaît aujourd'hui. Les salaires, dans les hôpitaux, étaient bas, très bas.

Ce système s'est trouvé en décalage avec l'ouverture généralisée des marchés et après 25 ans de rattrapage de prospérité. Dès les années soixante-dix la question était posée d'un changement majeur des assiettes fiscales concentrées sur l'entreprise.

Le rôle des politiques est de" rendre possible ce qui est nécessaire". Il leur appartenait, à cette époque, de mettre en branle et de conduire à terme l'élimination des financements de circonstance. Le but de ces redéploiements était et reste un bénéfice pour tous, pas une réduction de droits pour les uns ni un cadeau pour d'autres. Giscard a bien compris la nécessité de généraliser la TVA mais il a vu l'affaire comme un supplément de recettes permettant de calmer les conséquences de mai 1968 et pas du tout comme une occasion de soulager la production. L'arrivée de Mitterrand et le délire fiscal socialiste qui en est résulté ont bloqué pour une génération les évolutions nécessaires avec comme résultat une hausse continue du chômage.

Le travail reste donc à faire presque entièrement.

Comment insérer des préoccupations de reclassement fiscal majeur dans le processus électoral, notamment présidentiel ?

On a vu que les gouvernements nommés par M. Hollande, qui n'avait rien abordé de ces questions lors de sa campagne électorale, ont tenté une première réforme, l'élimination progressive du financement partiel de la politique familiale par l'entreprise. Compte tenu des faiblesses du Président le résultat a été le blocage du pays et l'effondrement de sa cote à 4 % d'opinions positives ! Les programmes des candidats à la primaire de droite ont, sur ce sujet, des velléités, mais ils sont grevés d'une part par le goût des postures du côté de certains d'entre eux et celui des simplifications stupides du côté des journalistes, l'électorat étant lui-même incapable de se saisir de la complexité des questions posées, faute d'information préalable. Allons au fond des choses ! Faut-il réformer les charges sociales pesant sur l'entreprise, sachant qu'il s'agit essentiellement de transferts d'assiettes, et peut-on le faire de façon bénéfique et consensuelle ?

Il existe trois types principaux de charges sociales sur les entreprises :

- Des charges contributives dont la nature et le montant sont fonction du salaire brut reçu et directement liée à la personne. C'est le cas de la retraite, de l'assurance chômage et des régimes complémentaires de santé.

- Des charges distributives qui n'ont qu'un but : alimenter un pot commun de ressources dans lequel les institutions publiques plongent pour financer des politiques publiques.

- Des assurances liées à l'activité de l'entreprise elle-même, comme la couverture des accidents du travail.

Dans le premier cas, il s'agit de cotisations ou de primes, dans le second d'impôts dont l'assiette est basée sur une partie de la valeur ajoutée de l'entreprise et payée par elle, sans rapport direct avec ses activités, dans le troisième de frais de gestion qui ne sont pas concernés par les réformes car très normalement du ressort de l'entreprise.

Seules les charges distributives ont vocation à être renvoyées sur d'autres formes d'imposition. On peut parfaitement prétendre que c'est l'ensemble des revenus des Français qui doit financer les libéralités en matière d'allocations familiales et de maladie (à l'exception des maladies professionnelles et des accidents du travail). On peut même ajouter la formation en alternance. En France l'éducation est gratuite sauf pour l'apprentissage, ce qui est pour le moins anormal (et anti social). On n'a pas demandé à l'entreprise de financer l'éducation nationale. Alors pourquoi la famille, la construction, la maladie ou l'apprentissage ?

La cohérence voudrait que ces politiques publiques soient financées par l'impôt général et pas spécifiquement par l'entreprise.

Rappelons qu'en 2016, les cotisations concernées étaient sur le salaire brut :

- 0,30 % pour la contribution solidarité autonomie ;
- 12,84 % pour l'assurance maladie depuis le 1er janvier 2016. Elle plafonnait à 12,80 % depuis 1992 ;
- 5,25 % pour les allocations familiales ;
- 0,10 % pour l'aide au logement. Avec les charges liées à l'apprentissage et d'autres charges du même type, on arrive à la louche à environ 20 % de la masse salariale brute.

Compte tenu que celle-ci est d'environ 60 % de la valeur ajoutée en moyenne, si on devait tout transférer, on aboutirait, à la très grosse louche, à une réduction d'environ 12 %.

Ces coûts n'entreraient plus dans le prix de revient et cela permettrait une meilleure compétitivité à l'export. Les charges sont actuellement payées par l'entreprise dès que le salaire est versé. S'il s'agit d'une dépense d'investissement, un impôt est prélevé même si cet investissement n'a pas encore été productif. S'il échoue, la perte s'en trouve aggravée d'autant. Dans toutes les autres formes de prélèvement, l'imposition se fait sur un gain effectivement réalisé. On ne taxe plus un revenu potentiel mais un revenu réel. La mesure est donc logique et favorable aux investissements.

Vers quel autre impôt doit-on transférer ces charges ? Il s'agit bien de transfert et pas de suppression puisque les besoins qu'elles financent ne sont pas supprimés, dans aucun des programmes.

Il n'en existe que trois : l'IR, la CSG et la TVA.

Les bénéficiaires étant les résidents, il serait logique que l'IR et la CSG soient sollicités.

Néanmoins, la TVA a l'avantage de faire payer une partie de ces cotisations lors d'achats de produits étrangers et donc favorise la compétitivité. Le chômage de longue durée et les coûts de reconversion de bassin pouvant être partiellement associés à la concurrence étrangère, qui par ailleurs bénéficie au consommateur, solliciter la TVA n'est pas absurde.

La bonne solution serait sans doute d'affecter la moitié du transfert à la TVA. Mais il y a de quoi débattre sur ce pourcentage.

Pour ne pas écraser les ménages, cela suppose qu'on réduise massivement la dépense publique générale. Il faut associer une réduction de dépense d'au moins 50 milliards d'Euros à cette réforme pour qu'elle soit simplement supportable dans l'ambiance fiscale actuelle.

Quelles seraient les conséquences d'une telle réforme ?

Les entreprises, notamment celles de main-d’œuvre, recouvreront des marges considérables et pourront soit ajuster leurs prix pour être plus compétitifs, soit choisir d'investir, soit donneront une meilleure rémunération (elle-même imposée, réduisant la perte fiscale) aux acteurs. Les artisans et les auto entrepreneurs n'auront plus à payer autant de frais fixes étouffants. L'emploi à domicile sera facilité. L’assistance à la vieillesse impotente également.

On peut espérer des conséquences de long terme favorables à l'emploi, la balance commerciale et l'investissement, et donc également à la recette fiscale.

Peut-on prouver ces bienfaits et les estimer ? Non, avec les méthodes d'évaluation actuelles. Basées sur des modèles macroéconomiques qui n'utilisent que des masses consolidées, tout transfert de charge montre une conséquence nulle, par construction. On n'y tient aucun compte des effets comportementaux à l'échelon du particulier ou de l'entreprise, ni des échanges internationaux. La réduction de la dépense publique y est vue comme une baisse de la demande globale avec des effets déplorables sur l'emploi (le revenu non prélevé étant grevé d'une épargne d'autant plus importante que la réduction de financement porte plus sur les riches !).

Plus ennuyeux encore, l'entreprise baignant dans un système global, il se peut que les événements extérieurs gomment les résultats.

Associée à une hausse du temps de travail et une dévaluation de la monnaie, dans une conjoncture porteuse, la réforme peut produire des résultats spectaculaires. Mise en œuvre en pleine stagnation ou de récession, elle n'aura aucun effet conjoncturel. À l’inverse, l'effet sur les prix de la mutation d'une partie de l'assiette vers la TVA sera quasi nul dans une conjoncture comme celle qui prévaut aujourd'hui. Une fois la réforme installée, les prix ne seront plus influencés.

Inutile d'attendre d'une réforme structurelle une relance conjoncturelle. Les bénéfices ne seront pas immédiats. La mise en œuvre dépendra du climat général des affaires. Les deux dernières périodes très favorables ont été celles des gouvernements Rocard et Jospin qui ont bénéficié tous les deux d'une conjoncture internationale incroyablement porteuse. Malheureusement le premier a aggravé de façon effroyable la dépense publique et la fiscalité, et l'autre a étouffé durablement les entreprises par la réduction autoritaire du temps de travail et la judiciarisation excessive des relations du travail.

L'expérience malheureuse conduite par M. Hollande prouve que "donner et retenir ne vaut". Le transfert partiel des charges familiales, avec réduction ciblée des allocations familiales, après avoir injurié les patrons, tenté de leur appliquer des mesures fiscales vexatoires et pris mille mesures anti-business, dans une conjoncture molle et avec des modalités d'une absurde complexité, n'a pas prouvé que le transfert était une mauvaise chose, au contraire, mais a confirmé qu'on ne pouvait pas mener des politiques contradictoires en même temps, surtout quand une partie de cette politique n'a jamais été annoncée ni même préparée par une concertation ouverte et construite, et qu'on l'abîme en prenant en parallèle des mesures de principe, comme l'inversion des bases du droit du travail, qui n'étaient absolument pas nécessaires pour mener à bien la réforme et qui ont joué le rôle de chiffons rouges.

Le nouveau président devra donc aller plus loin dans cette direction, tout en sachant que l'échec précédent grève lourdement la bonne volonté des parties prenantes, et que ces mesures ne seront pas à elles seules constitutives d'un "choc de confiance", sauf si la conjoncture globale s'y prête, ce qui est loin d'être prouvée. L'expérience allemande montre que le plan du début 2000 n'a commencé à porter des fruits qu'à partir de l'entrée de la conjoncture mondiale dans la phase de croissance ébouriffée qui a précédé l'effondrement de 2008. Ensuite, les bienfaits de la réforme ont rendu la sortie de crise plus facile.

L'autre mesure structurelle caressée par les politiques est la suppression "totale" des charges sociales sur les bas salaires, présentée comme une panacée en matière d'emploi. Qu'en penser ?

Pour les prestations individualisées et basées sur la cotisation, on ne voit pas le sens d'une exonération. En matière de retraite on acquiert des droits, le plus généralement, selon son nombre d'années de cotisation et leur montant. La réforme de structure ici est de supprimer tous les régimes spéciaux et de mettre en œuvre, pour la retraite de base, un système unique par point, chacun étant libre de son système complémentaire (individuel ou collectif). Quelle est la justification de faire supporter à la collectivité, par l'impôt, les privilèges accordés à une catégorie qui n'arrive pas à autofinancer son privilège ? Ce qui est vrai pour la retraite des cheminots l'est tout autant que pour le chômage des intermittents du spectacle. Mais même dans le cas général, on ne voit pas pourquoi le financement de droits individuels à la retraite de millions de salariés au SMIC devrait être mis sur le dos des autres. La retraite est un dispositif de prévoyance pas un exercice de solidarité. Cette dernière doit s'exercer et s'exerce effectivement par d'autres moyens.

Pour cette partie des charges, nous serions plutôt favorables à supprimer la notion de cotisation patronale pour une notion de salaire différé. Cela permettrait de remettre un peu de logique dans les discussions sur ce sujet. Si on veut augmenter le salaire net autrement qu'en augmentant le salaire brut, il devient évident que le départ à la retraite doit être plus tardif, qu'on doit être moins généreux avec certaines formes de chômage etc. Il faut arbitrer entre le disponible actuel et le disponible futur. Plus la décision se rapproche de la personne concernée et moins l'impôt des autres est concerné, mieux le système s'équilibre. On dira : que devient le paritarisme ? Autre chose…

Moins on laissera les syndicats salariaux et patronaux gérer de politiques publiques, le mieux tout le monde se portera. En revanche il ne faut plus les priver des négociations sur les salaires, les conditions de travail, la durée du travail. On ne voit pas pourquoi ils devraient s'immiscer dans la gestion de la maladie, de la construction, de la politique familiale. En revanche on leur a retiré de facto la discussion de branches sur les minimas salariaux et c'était une grande erreur. Qu'on leur rende ce pouvoir. Revenons aux salaires minima par branche et par région discutés par les partenaires sociaux. Et pourquoi pas, en-effet, une plus grande liberté dans l'entreprise pour les modalités.

Il serait bon que tout le monde s'accorde à trouver totalement indécent que les politiques, lors d'élections nationales, jonglent avec les salaires minima et les exonérations de cotisation.

En matière de charges sociales, il faut construire un système rationnel de longue durée, favorable à l'emploi et à la compétitivité. L'adjectif rationnel est ici le mot-clé. Le "court terme" et la démagogie politicienne n'ont pas de sens dans ces affaires.

Le rôle des politiques, et donc des programmes électoraux notamment présidentiels, est de fixer les grands principes. Plutôt que de rester dans le vague ou d'aller trop loin dans des détails, les candidats devraient énoncer les principes rationnels de la politique fiscale à conduire. Faire comprendre la nécessité de supprimer le financement d'un certain nombre de politiques publiques par l'entreprise n'a rien de particulièrement difficile. Définir ces politiques publiques et montrer sur quelles autres assiettes, moins dommageables, on peut asseoir les financements n'est guère plus compliqué. La division droite gauche est en fait sans signification sur ce dossier, comme le sont les fausses divergences des candidats à la "primaire de la droite et du centre".

Ajoutons que ces plans particuliers doivent s'insérer dans un système global lui-même construit pour une croissance pérenne et que les réformes nationales ne peuvent prendre leur efficacité que si on supprime les dysfonctionnements de la zone Euro et du système monétaire international.

Malheureusement, en France, il n'existe plus d'agora où le débat d'idées puisse avoir lieu, sous l'égide de la raison et non des passions partisanes malsaines agitées par des démagogues. Où sont les lieux où peuvent se forger les concepts utiles, les approches consensuelles, les débats qui pacifient ? Le résultat est qu'on finit par demander dans l'urgence des rapports à des experts incertains qui débouchent sur des mesures à l'emporte-pièce non comprises par le pays et déchiquetées par les médias et les partenaires sociaux.

Regrettons-le.

La grande valse des tabous économiques

Certains se sont étonnés de la place que nous accordons ici aux « attitudes », notamment celles dont  la presse témoigne. On attendrait d’un blog économique, semble-t-il, une technicité éloignée de telles fantaisies. Justement, ce blog a été construit pour traiter de questions qui n’étaient pas posées ou mal posées dans les médias où triomphent, malheureusement trop souvent, des erreurs intéressées mais faciles, ressassées mécaniquement.

Ce qu’on appelle l’opinion publique est important en économie, et surtout en France où le poids idéologique est très fort et la concentration de la presse à la frontière de l’asphyxie de la démocratie qui exige un minimum de diversité et de débats. Les livres récents, commentés ici, montrent combien l’économie a du mal à s’extirper de la frénésie castratrice des gardes rouges et des gardes noirs.  Le rachat de toute la presse, y compris sur internet,  par des nababs cherchant exclusivement  à conforter leur maintien dans les allées du pouvoir ne peut pas ne pas avoir de conséquences aggravantes.  

Les grandes questions économiques mondiales, européennes et françaises ont un mal fou à s’insérer dans le carcan des idéologies ou des stratégies de pouvoir. Le monde de l’édition et de la presse écrite, radiodiffusée et télévisée est tellement cadenassé que les faux consensus naissent de l’auto censure autant que des ordres donnés.

Sur tous les grands sujets qui conditionnent les politiques économiques, la dictature du médiatiquement correct éditorialiste est particulièrement étouffante.  Il faut savoir qu’en France ce qui se dit, s’écrit, se publie,  voire ce qui s’enseigne, est sous la coupe d’à peine cinquante personnes vivant en connivence.

Ce qu’on appelle l’information est un roman vaseux construit par des scénaristes prudents et dépendants. La dynamite, ce sont, en général, les faits et les élections. Le terrain n’a plus guère le choix : son avis ne comptera que dans la mesure où il rejettera massivement la pâtée dont on le gave. Et même là, le bloc médiatico-politique fera tout pour obtenir un second vote conforme aux intérêts de la sorte d’oligarchie qui fabrique l’opinion publique. Quant aux faits, on voit que leur pédagogie met du temps à provoquer les prises de conscience nécessaires. Les « éléments de langage » des « médiacrates », appuyés sur l’énarchie compassionnelle d’un côté,  et la complaisance aux gros intérêts de l’autre, le tout enrobé dans l’européisme et l’atlantisme, avec un zeste de social-sociétalisme, ont longtemps empêché toute observation vraie et tout débat utile permettant de « décoder » les phénomènes économiques.

Le côté intéressant de la période est dans les fractures qui commencent à entamer ce bloc. Huit années  de régression sociale, de vol fiscal et de stagnation économique, suivant quarante années de délires bancaires et financiers, et de mondialisation déséquilibrée, ont fini par obtenir leur dû. Les tabous sont à la dérive. Les faux consensus s’étiolent. Le vide organisé pour des raisons d’asepsie nationale, populaire, économique et sociale ne parvient plus à se maintenir.

L’abaissement des nations voulue par Roosevelt et intégré dans le projet européen de dissolution des anciens empires européens, a  conduit à la révolte des peuples qui recherchent à nouveau un minimum d’emprise sur leur destin.

La libre circulation des hommes, des biens et des capitaux qui est à la fois la religion et le modus operandi  des institutions internationales hors sol démocratique est désormais rejetée violemment. L’affaire du CETA qui voit l’Europe des fonctionnaires internationaux  chercher inlassablement à baisser toutes les frontières, en annonçant des gains phénoménaux qui ne se matérialisent jamais, est tout de même instructive.  La CEDH est contestée dans la vocation qu’elle s’est elle-même attribuée de former la règle en matière d’interprétation des droits de l’homme.  La voici qui interdit de sanctionner l’insulte à Président de la république, qui prétend définir les droits électoraux des prisonniers condamnés à de longues peines, qui refuse que l’on sanctionne le vagabondage et l’immigration illégale, qui s’engage à fond en faveur des Roms en interdisant que l’on sanctionne la mendicité organisée, pourvu qu’elle ait une apparence familiale, qui interdit le contrôle des romanichels sans domicile fixe qui , du coup, ne peuvent plus être recherchés en cas de délits prouvés.  Voici donc cinq gus, généralement issus de faux pays comme le Lichtenstein, Andorre, Monaco, Saint Marin, Malte, Chypre  ou la Moldavie, voire de démocraties aussi indiscutables que l’Azerbaïdjan, l’Albanie ou la Bosnie, capables de dire la loi aux millions de citoyens de grandes nations démocratiques, jusque sur des questions comme la GPA ou la PMA , qui, à notre connaissance, n’ont rien à voir avec la sanction des grands crimes contre la démocratie qui sont à la base de la création de la CEDH, dont le rôle initial était de civiliser l’URSS. Le protocole 16 en cours de discussion ira encore plus loin : les autorités juridiques nationales pourront (bientôt : devront)  demander  l’avis de la CEDH avant de prendre la moindre décision.  Son rôle normatif au dessus du Conseil constitutionnel, qui s’était lui-même autoproclamé juge suprême des droits de l’homme  serait ainsi avalisé.. L’abandon de la souveraineté juridique et politique sur les questions les plus graves du droit s’effectue par grignotage insidieux. Tout cela se fait dans le silence des médias et hors du champ de la politique

Seulement voilà : les dettes abyssales, les systèmes bancaires en faillite sauvés en rançonnant les usagers, les impôts confiscatoires, le chômage de masse, l’envahissement par des immigrés non souhaités, la délinquance non poursuivie, non sanctionnée lorsqu’elle l’est, laissée en liberté quand la sanction a été prise,  la perte de l’industrie, la régression sociale subie, font exploser les verrous médiatiques.

Au nom de la création d’une zone européenne sur le modèle américain et totalement inféodée à son maître, dont le seul but est de permettre à des multinationales d’asseoir leur pouvoir sur le monde, en s’affranchissant de toutes contraintes, on a créé un véritable enfer économique et social et engendré le dépérissement de la démocratie.  Et il faudrait ne pas le dire ?

Comment comprendre les succès d’un Zemmour, d’un Onfray, d’un Finkielkraut  sans constater qu’il brise une forme d’omerta subie ? Comment comprendre la contestation des partis socialistes par des excités, sans voir qu’il est tout de même difficile à gauche d’admettre une telle soumission ? Comment comprendre la percée des « populistes » un peu partout  en Europe, sans voir l’abandon des populations « périphériques »  et les effluves de décivilisation qui s’élèvent des trottoirs envahis par des hordes  peu soucieuses de s’adapter aux règles du pays de passage ou de subvention ?

Alors la valse des tabous a commencé, d’autant plus débridée que même le peuple américain s’y met, qui découvre que des multinationales basées dans des paradis fiscaux ne représentent pas la forme ultime de l’efficacité sociale et économique et que l’ouverture totale à la Chine et au Mexique a certes enrichi les entreprises à succès de la mondialisation, mais  a ruiné la classe moyenne. 

Sur un mode mineur, regardons la page 15 du Figaro daté du lundi 30 octobre 2016. On y trouve un premier article qui évoque « le retour en grâce de la politique budgétaire » et un second qui s’alarme de la « souffrance de la libre circulation ».

Un petit retour historique s’impose pour comprendre le caractère révolutionnaire du premier. A partir de l’abandon des accords de Bretton Woods, imposé brutalement par Washington, par pur intérêt national, on a considéré qu’un étalon dollar de fait serait une bonne chose, chaque pays abandonnant sa politique financière et monétaire au profit « des marchés ». Du coup les banques centrales se sont trouvées en première ligne au détriment des trésors publics. De fait, les relances budgétaires ont cessé immédiatement de fonctionner comme l’échec de Giscard et Chirac l’a montré en France dès 1975.  Il appartenait aux banques centrales indépendantes de gérer les merveilleux marchés idéalement libres et non faussés des changes et des taux d’intérêts. On a vu le résultat : des marchés de maquignons peu nombreux et  sans scrupules et la création d’une économie baudruche qui a fini par exploser en 2008.

Nous avons écrit, dès cette année 2008, (http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2008/7/6/Crise-conomique--les-quatre-erreurs--viter)  qu’il fallait retrouver une politique globale équilibrée et que le recours aux banques centrales ne suffirait pas. Nous y sommes. Les banques centrales, lancées dans des solutions folles et sans avenir, comme les intérêts négatifs, reconnaissent leur impuissance et appellent les Etats à la rescousse et pas seulement pour demander aux contribuables de renflouer les 13 mille milliards de pertes accumulées dans le monde. Même le FMI s’y met.

L’autre article « découvre » que « la liberté d’établissement dans une structure complexe telle l’union Européenne prend du temps. Elle a besoin de règles…».   Ah ! Ces Christophe Colomb  des nouvelles franchises ! Un peu long à la détente peut-être. Mais ça y est ! En partant de l’histoire de la Suisse qui vient justement de voter contre l’immigration étrangère et qui s’en prend aux frontaliers français et pas seulement aux vilains Musulmans !  Le peuple dit : « assez » !  On lui répond : « complexité à gérer ».  Naturellement  il faut encore s’excuser d’une telle audace : « La liberté du commerce et la liberté d’établissement ont le potentiel de surmonter la stagnation économique ».  Sortez un cierge et faites trois génuflexions ! 

Avant de se lancer dans de telles incantations il faudrait avoir formulé un diagnostic de la crise.  Mais là pas question. Per fide non per ratione.  La foi couvre la raison.

Dans le même ordre d’idée voici l’Allemagne outrée par l’achat par la Chine des trésors de son économie. Elle a laissé la Chine accumuler, en fraude de tous les accords internationaux, des excédents démentiels. Et voici qu’elle les emploie à racheter le capital sacré du cœur de l’industrie allemande ! 

Si on élève en idole sacrée la liberté de mouvement des capitaux, sans réfléchir une seconde aux conséquences, les achats chinois sont légitimes. En vérité, et c’était la règle dans le cadre des accords de Bretton-Woods, les échanges auraient dû être équilibrés.  Cela veut dire qu’on aurait échangé,  entre nations, produit contre produit, travail contre travail. Un pays ne pouvait pas et ne devait pas accumuler des ressources monétaires excédentaires de façon massive et ensuite racheter les entreprises de son débiteur.  Cette règle était sage. A quoi rime d’être pillé par des pays qui ont maintenu leur monnaie à des taux bien trop bas ?  A quoi rime d’être rançonné par des pays pétroliers cartellisés et de leur permettre de racheter vos pépites avec la rançon ?

Une fois de plus, la liberté se chérit mais les libertés s’organisent, notamment entre nations concurrentes et souveraines.  Il est légitime de canaliser la liberté de mouvement des personnes, des capitaux et des biens.

Une écluse laisse passer ce qu’il faut de la  liberté de l’eau pour que son pouvoir bénéfique s’accomplisse sans qu’inondations et sécheresses incontrôlées ne deviennent  ruineuses. 

Le temps est à la canalisation (et non à l’étouffement) des forces de la liberté.  Les tabous qui s’y opposent sont à la dérive. Tant mieux !

Il faut un nouveau Bretton Woods, capable de dépasser les causes de l’échec de la formule initiale et de créer un cadre monétaire et commercial, les deux étant liés, basé sur des principes d’équilibre, de coopération et de parité  qui évitent toutes les dérives dont nous subissons les conséquences chaque décennie de façon plus grave.  Reste à en réunir les conditions.  On est encore loin du but.  L’implosion actuelle des idées fausses  est un heureux préalable. Aucun des articles qu’on lit aujourd’hui n’aurait été écrit l’année dernière.

La valse des tabous n’en est qu’à son début.  Encore un effort !

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

Le livre d’Aude Lancelin : plongée profonde chez les journalistes morts-vivants.

Par atavisme familial, nous sommes attentifs au destin des femmes de lettres ayant réussi à monter au plus haut de la hiérarchie de la presse pour s’en voir débarquer sans ménagement par des mâles expéditifs lorsque des évènements trop grands pour eux venaient ébranler leur fragile empire. En général, rode toujours dans le décor une histoire de relation amoureuse inappropriée. Aude Lancelin a choisi de s’unir à Frédéric Lordon. Elle a risqué une position assise à passer ses nuits debout. Ils ne l’ont pas raté.

Il est toujours dangereux d’être indélicat avec les belles plumes. Nicolas Sarkozy en a fait la preuve avec Patrick Buisson. Xavier Niel le découvre à son tour avec Madame l’Agrégée de Service.  « Le Monde Libre » (Les liens qui libèrent - ISBN 979 10 209 0460 7) est bien plus qu’une dénonciation, bien plus qu’un règlement de compte. Exactement comme l’est « La Cause du Peuple ».

Dans un cas comme dans l’autre les auteurs décrivent  une plongée documentée dans le néant. Pour Patrick Buisson, l’effondrement dans le n’importe quoi de Nicolas Sarkozy portait jugement  sur les tourments d’une droite fonctionnant comme un canard sans tête et qui se serait tiré, de surcroît plusieurs balles dans les deux pieds.  Chez Aude Lancelin, on exécute aussi un mort : le socialisme moralisateur de média, dont le mausolée fissuré a été acheté par un pornographe enrichi naguère par le Minitel Rose, et où ne s’agitent plus  qu’une bande d’opportunistes toujours plus serviles.

Autres éléments communs :

-          Tous les deux étaient bien nourris dans le fromage, avant qu’on les en extirpe.

-          Tous les deux ont mal vécu d’être éliminés sans égards particuliers, avec même, de la part des anciens employeurs, une volonté de tuer pour longtemps voire pour toujours.

-          Tous les deux ont une dilection particulière pour les extrêmes. Aude trouve des qualités de la délicatesse aux manières et à la pensée d’un Badiou, dont les deux pieds sont bien plantés dans la mare de sang des 100 millions de victimes du communisme. Patrick Buisson a une vision nationale catholique et pré-républicaine affirmée dont il est d’usage d’affirmer qu’elle tient plus de Maurras que de Barrès, à moins que ce soit l’inverse.  Que ces deux mondes soient morts pour de bonnes raisons n’influe pas sur ces engagements.

-          Tous les deux sont effarés par une mondialisation qui s’est faite sur le dos du peuple et en particulier d’une classe ouvrière nationale qui se trouve privée et d’emplois et de symboles.   

Patrick Buisson décrit un pouvoir d’apparence dirigé par un nain politique qui cherche des slogans démagogiques  et virevolte en fonction de l’idée qu’il se fait de l’état de l’opinion (et de la presse de gauche).

Aude Lancelin décrit un monde médiatique « de gôôôche » qui s’est éloigné du monde ouvrier depuis des lustres et qui s’est mis au service de la « globalisation atlantiste » et d’un PS complètement vidé de la moindre substance, où l’entre-soi  rigolard de pseudo journalistes compromis avec l’argent et le pouvoir est le véritable jeu. Ces social-traîtres ontologiques ont besoin d’un FN diabolisé pour faire semblant d’avoir un rôle moral, ajoutant l’indécence de l’imprécateur à la ruine des idées ouvriéristes, et se flattant d’avoir pris la France intellectuelle en otage, au nom d’un anti-fascisme fantasmé autant qu’intéressé.

Il va de soi que l’arrivée de la triplette tragique, formée du fameux milliardaire du sexe, d’un homosexuel argenté, enrichi dans la vente mondialisée d’objets d’un luxe parfaitement bourgeois, et d’un espoir de la grande banque juive, converti au rockabilly et poussé par l’inévitable Alain Minc, n’est pas pour rien dans l’effondrement de la presse écrite de gauche. Les milliardaires de la presse ne cherchent pas à trouver les nouvelles formes utiles de journalisme à l’heure d’Internet. Ils veulent conserver le pouvoir de nuisance nécessaire à leurs entrées dans les allées du pouvoir.   

On peut contester le roman à l’eau de rose qui voudrait qu’Hubert Beuve Méry ait été ce véritable Saint de référence  qui aurait créé une presse « libérée des corruptions de l’argent et des intrusions de l’Etat ». Après tout l’aventure avait commencé par un vol… cautionné par l’Etat d’alors.  

Mais comment ne pas être d’accord avec la phrase d’après : « le Monde Libre (nom de la coquille vide chargée d’agir au nom de la triplette -Ndlr)  c’était en fait le « monde free », du nom de l’entreprise de télécoms discount grâce à laquelle l’ogre avait bâti toute la fortune profuse qui lui permettait de racheter la presse nationale. Un monde réputé pour son insensibilité achevée au sort de ses salariés. Un monde où ces derniers n’existaient que comme variable d’ajustement  dans la course à l’optimisation des coûts qui était l’unique doctrine de l’ogre une fois retiré le vernis de sa saga entrepreneuriale enchantée ». « Il y avait désormais deux catégories  de journalistes à Paris. Ceux qui travaillaient pour le Monde Libre et ceux qui travaillerait un jour pour lui. Aussi, rares étaient les enquêteurs qui prenaient le risque de se fâcher avec l’ogre et de rappeler les différentes tâches qui figuraient sur son CV. Avant les parrains du CAC 40, l’ogre avait en effet surtout côtoyé les propriétaires de sex-shops de la rue Saint Denis et évolué dans le monde sans lustre des peep-shows. Le futur maître du Monde Libre avait été lourdement condamné en 2006 par le juge van Ruymbeke. Il souhait à toutes forces oublier ce passé qu’un océan d’argent entier n’était pas encore parvenu à laver». « Ce n’est que bien des années plus tard que l’on s’aperçut que l’ogre avait placé de l’argent dans la quasi totalité de la presse en ligne « indépendante » et que de fait celle-ci l’était rarement  dès lors qu’il s’agissait de publier le moindre renseignement gênant sur lui. »

Pour finir, la Reine Aude (dans ce milieu les femmes qui réussissent deviennent aussitôt des « reines », et Madame Lancelin eût un temps le même titre que la Reine Christine que son mariage avec un ex coco reconverti d’abord dans l’humanitaire bobo puis  dans la recherche frénétique d’une retraite élusive, avait porté au sommet de la presse télévisée avant de finir dans le discrédit) tient à mettre les derniers fils bien à nu. « Pour l’ogre qui œuvrait sur ce marché entièrement régulé par l’Etat, la qualité des rapports avec la puissance publique était primordiale. Une location de réseau non renouvelée et c’était toute son affaire de téléphonie mobile qui se serait écroulée ». Voici donc la presse devenue « un simple décor occultant de déshonorantes coulisses » et le journal «une de ces maisons centrales où l’on écrivait le mot liberté sur la grille d’entrée pour chaque jour mieux la saccager ». Voici le journalisme réduit à la seule fonction « de conforter les mensonges grégaires ».  Les rédacteurs en chef intouchables  sont « les hommes de paille de clans ministériels ou d’hommes d’affaires, exécuteurs scrupuleux des intentions de ceux-ci, propagateurs des bruits qu’ils souhaitent voir courir ». L’ogre ne se faisait pas prier pour fanfaronner à ce sujet assurant que depuis que ses associés et lui avaient pris la tête du groupe Le Monde, « il n’avait pas à attendre une demi journée pour être reçu à l’Elysée ».  Il faut dire qu’avec François Hollande le concubinage avec la presse était plus qu’un passe-temps, comme un livre récent et passablement dérangeant l’a si bien démontré.

Ma licence téléphonique contre ma complaisance à illustrer tes éléments de langage et soutenir tes ambitions mêmes totalement utopiques. Voilà le « deal » implicite. Mais il ne faut pas que cela coûte trop cher non plus sur un fond de social libéralisme atlantiste et pro-européen où le patriotisme devient un gros mot et le social une occasion de bien rigoler entre copains à chaque réunion du Siècle. La presse française n’est pas devenue muette. Mais elle accompagne le vide de slogans utiles à la promotion du capitalisme le plus vil ou la candidature d’ « hommes- sandwich »  dans le mépris de toute idée, de tout débat, de toute pensée.

Le livre d’Aude Lancelin mériterait d’être lu en même temps qu’un autre, à écrire, sur les chaînes de la TNT et leur mise au pas par un certain Drahi dont les capacités d’endettement sont aussi surprenantes que ses ambitions ne le sont pas : d’abord chasser de toute tribune la racaille socialiste pro-palestinienne. Contrôler le tuyau pour canaliser le contenu en fonction d’intérêts ou personnels ou propices à certaines influences est le maître mot de l’évolution vers le pire d’une presse ruinée par l’Internet. La puissance des grands intérêts mondiaux et leur capacité à vassaliser le forum interdisent tout débat. Et pousse sur le pavois politique des nullités commodes, heureux d’une carrière en apparence illustre mais qui s’apparente à l’art du ventriloque.

Du coup la France ne parle plus au monde. Sans idées ni débats, elle s’enfonce dans l’auto destruction, la régression économique accélérée, les séries américaines, la substitution de population,  la fiscalité confiscatoire, le chômage de masse, le n’importe quoi diplomatique, les attentats, la régression de la natalité, l’incapacité à résister aux forces étrangères et la soumission générale.

Malheureusement, chère Aude, l’avenir n’appartient pas aux Badiou, à Attac et aux nostalgiques du « socialisme génocidaire ». L’asservissement de la presse de gauche a été précédé par cinquante ans de servitude idéologique vis-à-vis du communisme et de ses mensonges, condamnés à la condition expresse « de ne pas faire le jeu de la réaction », contradiction qui s’est transformée en moralisme anti-fasciste mécanique et en affrontement sans cause entre un camp des bons autoproclamés et des vilains indéterminés. On est passé d’un faux semblant à un autre. D’un théâtre d’ombres à un autre. La réalité a cessé d’être l’objet des réflexions et des analyses au profit de la valorisation de camps fortifiés où devaient régner l’ordre de gardes roses capables d’adorer le lendemain ce qu’ils brûlaient la veille, pourvu que la meute puissent conserver son écu de chevalier du bien. Bien aussi incertain et capricieux que le sens de l’histoire.

Vous avez raison de constater, « aussi inouï que la chose paraisse », que l’Obs n’a réagi «ni à la ruine à grand spectacle du communisme, ni à la reddition  intime du socialisme, non plus qu’aux dérèglements désormais évidents de la mondialisation». C’est vrai de la totalité de la presse de gauche qui depuis longtemps ne se contente plus que d’affirmer sa supériorité morale autoproclamée  sans rien voir de la réalité, le tout grassement subventionné par de l’argent public, avec larges rétributions et honneurs pour les journalistes de cour et de réseaux qui régnent à sa tête.

Mais qu’a dit l’Obs quand les terribles avertissements de Maurice Allais sont venus expliquer « l’horreur économique » qui commençait à s’installer. Silence ou mépris, tels furent les réponses alternatives. Pas question de relayer des propos qui laissaient entendre que la libéralisation totale des marchés provoquerait du chômage de masse, ou que les changes flottants et l’abolition de toutes les règles prudentielles au profit d’une spéculation sans limite aboutiraient d’une façon nécessaire et mécanique à une nouvelle grande dépression suite à effondrement bancaire.  Déjà la transformation de l’éditorialiste en simple curé, Savonarole  d’autant plus excité que le dogme était plus incertain, s’était produite. Le roi du Minitel rose, des sex-shops et des peeps-show n’était pas encore dans la boucle.

Votre livre, chère Aude,  est des plus justes. L’asservissement de la presse de gauche est bien ce que vous en dites. Mais sa décrépitude avait commencé bien avant « la décadence du métier » et la « greffe néolibérale ». Les « opérations de police intellectuelle » y étaient déjà de règle depuis longtemps, de plus en plus loin de l’observation des réalités, de plus en plus loin des vrais débats, de plus en plus loin des questions qui fâchent.

L’avenir du journalisme n’est certainement pas dans le culte servile de parvenus de la pornographie et de la tuyauterie téléphonique associées, il ne l’est pas non plus dans la restauration d’un politiquement correct aigri de la religion communiste.  

Comme Patrick Buisson, vous cherchez l’avenir dans d’improbables restaurations qui n’auront pas lieu. « Le Monde Libre » comme « La Cause du Peuple » sont deux livres dont la lecture est indispensable en ce qu’ils nous donnent à voir l’incroyable décrépitude, et même la trahison,  des grandes institutions médiatiques et politiques françaises. Mais ni l’un ni l’autre ne proposent les métamorphoses nécessaires.

Le travail reste à faire.

Vous avez dit "libéralisme" ?

Un des tics les plus agaçants de la presse française est l'emploi à tout bout de champ du qualificatif "libéral" pour déconsidérer toute tentative de redressement de l'économie française. Le qualificatif se veut péjoratif. et l'effet répulsif est souvent poussé par l'ajout de complément : néo libéral, libéral thatchérien, hyper libéral, libéral sans concession, libéral assumé, libéral antisocial, libéral revanchard  etc.  La marxisation des réflexes  en France est telle, du fait d'une dominance idéologique de cette composante de la  gauche dans l'enseignement public et dans les médias que libéral y est devenu une grossièreté.  Il et intéressant de creuser un peu ce phénomène.

Le libéralisme, au sens économique s'oppose au marxisme, au socialisme et à l'étatisme. Il est normal que les promoteurs des trois idéologies lui en veulent. Il peut prendre des formes très diverses. La constante de toutes les conceptions libérales est que l'entreprise capitaliste est la forme la plus efficace de production de richesses et que ce sont les choix individuels de consommation qui forment la valeur des produits en s'exerçant sur des marchés organisés.

En ce sens le monde entier est aujourd'hui libéral. Personne ne compte plus sur la collectivisation permanente de l'ensemble des moyens de production pour espérer un minimum de prospérité. Les expériences socialistes ont été suffisamment "pédagogiques", pendant suffisamment de temps, avec suffisamment de dégâts.

Une autre acception du libéralisme est la défense des trois libertés de mouvements de capitaux, de marchandises et de personnes dans le cadre national et international. Ces libertés sont assurées depuis longtemps dans le cadre national et n'y font plus problème de principe même si la réglementation et les taxes peuvent en modifier fortement l'exercice jusqu'à l'étouffement. Les instaurer entre les nations est la question de l'époque.

C'est le mantra récurrent de l'Union Européenne depuis l'origine.

Au FMI, les trois libertés sont devenues la doctrine de substitution, une fois son rôle initial (gérer les changes fixes et permettre des ajustements monétaires sans drame) abandonné avec l'instauration des changes flottants.

L'OCDE a remplacé sa mission de répartition du plan Marshall depuis longtemps éteinte et a muté également en officine de promotion des trois libertés.

En France comme en Europe cette optique de libre-échanges et de libre migration est celle des partis socialistes tout autant que des partis centristes et de la droite classique. Le PS, avec Delors, Rocard, Lamy et cie ont été en flèche notamment pour la liberté de mouvement des capitaux.

Les droites et les gauches de gouvernement se retrouvent toutes dans le libéralisme des trois libertés de mouvement. Seuls les extrêmes, à droite comme à gauche, contestent au moins une des trois libertés de mouvement.

Le libéralisme est donc partout dans la politique internationale et les traités et n'a pas été contesté par les partis de gouvernement dans les trente dernières années en Occident. Faire du mot "libéral" une injure a donc tout du paradoxe.

Aujourd'hui les esprits évoluent fortement. Contrairement à la question du capitalisme qui est désormais tranchée, l'affaire des trois libertés internationales de mouvement ne fait plus l'unanimité On peut même dire qu'elle devient de plus en plus empoisonnée.

La liberté du commerce des biens et des services, sans cadrage des déséquilibres, aboutit à des excédents et des déficits majeurs qui déstabilisent l'emploi, les marchés, la qualité des produits.

La liberté des mouvements de capitaux dans un système de changes non régulés et compte tenu des déséquilibres précédents, provoque des crises à répétition et la stagnation générale.

La liberté des migrations conduit à des substitutions de population considérées par les autochtones comme injustes, dommageables et déstabilisatrices.

Les effets de submersion dans les trois secteurs provoquent des réactions de plus en plus vives.

Les réactions ne sont pas seulement économiques. Elles touchent le social, c'est-à-dire les formes d'organisation, les lois et les mentalités, construites dans la durée par les Etats pour satisfaire les besoins de solidarité. Elles sont balayées et les personnes déstabilisées priées de "s'adapter". Elles touchent également le culturel : choc de civilisation ; rejet de l'envahissement ; abaissement des niveaux d'engagement dans la société ; soumission culturelle aux divertissements américains avec tout ce qu'ils charrient… Et voici désormais les attentats terroristes !

Le libéralisme des trois libertés de mouvement commence à être considéré de plus en plus largement comme une aliénation consentie par des "élites mondialisées" qui trahiraient allègrement la "cause du peuple".

C'est la liberté de migration qui la première a cédé. La Suisse a voté contre l'immigration. Les Français ont cru que les Helvètes visaient les minarets. Ce sont les frontaliers français qui trinquent. Le Royaume-Uni sort de l'Union Européenne principalement pour faire cesser ce que les Anglais considèrent comme un envahissement dommageable. Les Français sont aussitôt consternés de constater qu'ils n'y sont plus bienvenus et même parfois injuriés, au même titre que les Pakistanais, les Afghans ou les Africains anglophones. Le candidat Trump fait frémir quand il annonce une barrière anti Mexicains payée par les Mexicains. Mais les étudiants français aux Etats-Unis constatent déjà depuis plusieurs années un resserrement drastique des conditions d'emploi aux Etats-Unis à la sortie de leur cursus américain. Un étudiant ayant fini ses études perd son visa de séjour presque immédiatement après avoir eu son diplôme s'il ne parvient pas à trouver un employeur motivé.

Il y a peu de chance que les choses s'arrangent. La montée incontrôlée de la démographie des pays africains, avec un pays comme le Nigeria annoncé comme plus peuplé que la chine dès 2050, laisse craindre une vague africaine à ampleur de tsunami : si les prévisions sont justes, il faudrait que l'Europe absorbe 300 à 400 millions d'Africains et de Maghrébins. Les questions d'espace vital vont redevenir criantes. Le besoin de défense des civilisations, des cultures et des cultes va exploser et avec lui l'intolérance de masse.

Le commerce international, compte tenu de ses déséquilibres massifs, est vu comme la destruction de secteurs économiques patiemment aménagés par un déferlement de produits à bas coûts et de mauvaise qualité. La durée de vie d'un PC est passée de 10 ans à peine trois. C'est aussi le cas des téléphones, des machines à laver etc. Va-t-on avaler des poulets au chlore ou aux hormones ? Les traités transatlantiques sont tous au point-mort avec un refus catégorique des peuples tenus soigneusement à l'écart des discussions et soumis à des "éléments de langage" diffusés à gogo dans les médias. Du genre : "l'accord permettra de créer des millions d'emplois". Le rejet est total et touche les médias vus comme complice des élites mondialisées et les fonctionnaires internationaux vus comme traîtres à leur pays.

La liberté totale des mouvements de capitaux commence à faire mauvais genre. La crise dite faussement des "pays émergents" en 97-98 a fait perdre toute crédibilité à ceux qui prétendaient que la "hot money" était un mal nécessaire. L'effondrement de 2008 a montré que la mobilisation anarchique de capitaux uniquement tournés vers la spéculation conduisait au désastre. La gestion de l'Euro avec liberté totale des mouvements de capitaux et régulation par la BCE a montré ses limites : la déflation à répétition et la stagnation générale. Les banques sont désormais étranglées parce qu'on a voulu étouffer l'amplificateur des désajustements sans toucher aux causes.

Au total, si personne ne conteste plus vraiment le caractère capitaliste de l'organisation de la production, la défense des trois libertés de mouvement à l'international est dans la tempête.

Cette situation crée de graves contradictions dans chaque pays. Les finances publiques et l'emploi sont tellement chahutées dans les pays qui ont fait de la dépense publique et de l'emploi public le cœur de leur action au long cours, que des remises en cause massives deviennent nécessaires. Tous ceux qui veulent réduire la dépense publique lorsqu'elle est insoutenable, se voient traiter de "libéraux à la Thatcher", alors même qu'ils contestent l'orientation des organisations internationales qui privilégient les trois libertés de mouvement. Ce sont des libéraux antilibéraux. À l’inverse les antilibéraux promeuvent la liberté quasi-totale des migrations. Ce sont des antilibéraux libéraux.

Les mots, et en particulier l'adjectif libéral, ont perdu tout sens.

Au-delà des mots, quelle est la situation ?

Un pays comme la France qui s'est laissé glisser dans le déficit public permanent et la montée exorbitante de la dépense publique, se retrouve piégé : il ne peut plus supporter une dépense publique supérieure à la production des entreprises du secteur marchand et une dette qui représente entre 400 % et 800 %, selon les calculs, de la même production. Sortir de ce piège n'a rien de libéral. Toute "diplomatie de la prospérité" passe nécessairement par une canalisation des trois libertés de mouvement. Par rapport au laxisme actuel cette attitude est nécessairement "antilibérale", si on conçoit le libéralisme comme une concurrence sans entrave d'individus indifférenciés où les Etats n'ont qu'à se taire.

La stagnation, le chômage de masse, le blocage de la finance, les déficits abyssaux ne peuvent laisser indifférents les Etats. Ils devront nécessairement lutter encore longtemps sur deux fronts : contre une mondialisation basée sur des libertés incontrôlées et contre les dérives insoutenables d'un état providence qui laisse une part minoritaire de la population payer pour les autres, tout en détournant une part déraisonnable de la richesse produite à son seul profit.

Toutes les formations politiques sont déchirées par ce dilemme. François Fillon milite à la fois pour réduire drastiquement la dépense publique et contre le Tafta, le traité transatlantique. Comme Hollande. Voici deux libéraux, tendance antilibérale. Dans deux camps opposés. Les écologistes se veulent pro migration et anticapitalistes comme une partie de la gauche, dont le Front de gauche. Le FN se veut nationaliste et socialiste.

En fait il n'y a pas de purs libéraux qui seraient pour un capitalisme débridé en interne, en Europe et dans le monde.

Il n'est pas si difficile de dépasser ces contradictions.

À l'international, les libertés doivent être organisées et les flux d'hommes, de capitaux et de marchandises encadrés. En interne il faut en finir avec les excès d'encadrement de l'activité économique et de dépenses publiques. Deux mouvements d'inspiration exactement inverse mais également nécessaires.

Les échanges de marchandises ne sont pas dangereux si les échanges restent balancés entre les pays. Au final on échange des produits, contre des produits, et du travail contre du travail. Il faut donc mettre des mécanismes qui permettent ces équilibres. Ce n'est pas une question de principe mais d'organisation et de gestion des libertés.

La liberté d'établissement reste extrêmement sympathique, à la condition d'éviter les phénomènes de masse et les risques de chocs culturels insoutenables, tout en limitant la possibilité pour les pays ayant supprimé leur frontière commune de conduire des politiques différentes d'immigration. Ce n'est pas une question de principe mais d'organisation et de gestion des libertés.

La liberté d'investir son capital comme on l'entend est très utile et profitable, à la condition que l'on évite de transformer l'économie mondiale en baudruche incontrôlable. Ce n'est pas une question de principe mais d'organisation et de gestion des libertés.

On peut donc chérir la liberté dans le monde mais en organisant précisément les libertés.

De même qu'on peut développer les solidarités nationales sans tomber dans le socialisme prédateur, l'anticapitalisme primaire, le blocage des relations sociales, l'asphyxie fiscale et la dette à outrance. Il faut chérir la liberté et la propriété, qui est de la liberté frappée, tout en organisant de façon raisonnable et soutenable la solidarité. Le redressement français n'est donc pas une question de plus ou moins grand libéralisme. Il faut réduire le socialisme et l'étatisme à l'intérieur pour la simple raison qu'on ne peut pas justifier une dépense publique supérieure à la production marchande, deux allocataires à la charge d'un seul salarié du secteur marchand, et une dette sans rapport à la production marchande. À l’extérieur Il faut rechercher un meilleur contrôle des flux d'hommes, de marchandises et des capitaux.

Le seul adjectif que devraient utiliser les journalistes est : pertinence. Quel programme a quelles chances d'atteindre quels résultats ? Si les fins et les moyens sont pertinents, il y a toutes les chances que la liberté y joue un rôle fondamental même si elle est enchâssée dans des organisations plus contraignantes à l'extérieur et moins à l'intérieur.

Le débat national devrait être sur les fins et les moyens, à court, à moyen et à long terme, à l'intérieur comme à l'extérieur. Pas sur des étiquettes ni sur des adjectifs.

Acteurs et commentateurs publics sont encore assez loin de le comprendre.

Trois conseils aux candidats qui sont trois avertissements aux électeurs

1. Vous criez tous à la baisse des charges. La baisse des charges n'a pas de sens en soi. Elles financent des besoins. C'est la baisse des besoins de financement qui comptent. Sinon ce n'est pas une baisse mais un transfert et il faut dire vers qui et selon quelles modalités on effectue ce transfert. On ne peut abaisser les besoins de financement qu'en retardant drastiquement l'âge de la retraite, en réduisant certaines gratuités, en freinant l'immigration sociale, en augmentant la durée de travail nécessaire pour avoir droit à la solidarité nationale pour les étrangers, en réduisant les coûts de transport et les subventions au logement, en rendant les indemnités chômage dégressives  etc.

2. les charges patronales sont un impôt sur une partie de la valeur ajoutée. La TVA est un impôt sur la totalité de la valeur ajoutée. Il est donc faux de dire que dans le premier cas c'est payé par le patron et dans le second par le client. Les deux sont payés par le patron et entrent dans la formation des prix. Le transfert des charges patronales sur la TVA euro pour euro ne change rien pour les produits français. Il rétablit l'équité pour les produits importés. On ne doit donc pas laisser dire que la TVA dite sociale est contre le revenu des Français. Dans l'ambiance déflationniste actuelle le risque d'une hausse des prix liés à la TVA est nul.

3. Dire aux Français de faire des sacrifices pour s'adapter aux nouvelles conditions du monde n'a de sens que si le système européen et le système global ne sont pas dysfonctionnels. Ils le sont. Les trois grandes récessions 73-74, 92-93, 2008-2009 sont venues de l'étranger. Le traité Merkozy provoque la déflation et la dépression. Il faut donc dire aux Français : je ne vous demande pas de vous adapter à un système déficient ; je vous propose déjà de faire aussi bien que les meilleurs mais surtout de vous remettre en position d'influence pour corriger ces systèmes déficients. Il faut une diplomatie de la prospérité dont la solidité française est la condition préalable. Et je vais vous dire où sont les déficiences et comment on peut les corriger.

L'économiste "mainstream" et le garde rose

Quiconque a fréquenté les forums, puis les réseaux dits "sociaux", sait qu'il est impossible d'échapper à la frénésie d'une nouvelle race de moralistes électroniques : le garde rose. Son rôle ? Chasser le "fasciste" et en purger le Web. Pour déterminer le fascisme supposé de l'interlocuteur, l'important n'est pas tant ce qui est dit mais l'appartenance supposée de celui qui le dit. Les arguments n'ont aucune importance. La réalité non plus. La seule question qui compte : renforce-t-il notre camp, qui est celui des bons, des justes et des "conscientisés", ou est-il un obscur crétin égaré dans la bêtise de droite, ou découvre-t-on  un "vrai fasciste" qui s'attaque, au nom du mal absolu, aux valeurs du camp socialiste dominant ? Au pauvre débile non encore formaté, on condescend à montrer son erreur qu'il doit vite concéder. Sinon il entre dans le camp des irréductibles. À ceux-là, la "reductio ad hitlerum" est immédiate et assortie de toutes les techniques de mises au pilori. S'il persiste encore : appel à la meute des partisans pour lui passer une correction par le nombre plus que par la qualité des arguments. Cette bêtise de dévots violents est symptomatique d'une "lélinosphère" débridée qui a besoin d'une "fachosphère" pour se sentir à l'aise. L'effet Godwin est devenu la base du non-débat.

En France en particulier la mouvance socialiste n'admet pas que l'économie puisse lui donner des leçons. L'échec du régime communiste soviétique a créé une sensibilité particulière, en ne laissant vivante qu'une seule branche de l'alternative idéologique entre capitalisme et socialisme. Tout économiste qui se situe dans la sphère du capitalisme est donc potentiellement un ennemi et rapidement un "fasciste". Impossible de discuter du poids de la fiscalité, de la malfaisance des réductions autoritaires de temps de travail, de la judiciarisation excessive des relations contractuelles, de la nocivité des grèves politiques, de l'efficacité des aides sociales, des effets de l'immigration sur la vie sociale et économique. Seuls ceux qui ont fait la preuve absolue de leur appartenance ont le droit d'échapper aux plus sinistres condamnations. Mais si votre visa est validé alors vous pouvez suivre tous les méandres de la bonne conscience de gauche même dans ses révolutions à 180°. L'important est de ne pas remettre en cause le primat moral de la gauche socialiste et intolérante. Peu importe ce qui est admis à tort éventuellement par le groupe à un instant donné, l'important est de ne pas attaquer le groupe et de bien lutter contre un diable extérieur à vouer aux gémonies. On peut garantir alors qu'on est bien campé aux yeux de l'Oumma socialiste dans le formidable camp du bien.

Pour le chercheur scientifique, cet esprit partisan de masse n'impose pas seulement de supporter les flots d'injures "social racistes" de partisans grotesques, mis aussi de résister à des chasses à l'homme et de lutter contre des exclusions. Lorsque les syndicats politisés du secteur public s'y mettent, les carrières tremblent. On se rappelle le sort du cameraman qui avait osé filmer le "mur des cons" du Syndicat de la Magistrature. On se souvient moins que l'auteur d'une étude de l'Insee sur l'absence d'effet réel des 35 heures sur l'emploi a subi une campagne de la CGT interne d'une violence inouïe et a vu sa carrière mise en danger.

Cette dictature des esprits, construite sur le vilipendage, les piloris et les pressions syndicales, relayée à l'occasion par les politiques et toujours par les médias de gauche ou sous dépendance morale de la gauche, explique en partie la faiblesse des études économiques en France et la quasi-nullité de l'expression économique des économistes officiels. "L'économiste mais" est devenu l'équivalent du "patron mais" de Neuschwander, dont le succès chez Lip est bien connu. Il y avait déjà rue Saint Guillaume dans les années soixante une librairie dont la devanture n'affichait que des livres d'économie "anticapitalistes". L'OFCE rattachée à Sciences-po est devenue l'officine de la béatitude socialiste. Les interventions permanentes de ses membres dans les médias (Eric Heyer et Henri Sterdyniak en particulier) ne sont qu'un long panégyrique de la politique de M. Hollande, quand elle est clairement socialiste, une critique acerbe, dans le cas contraire, une défense idéologique des réductions de durée de travail, une illustration des beautés et bontés de la dépense publique, de l'innocuité de la dette, et la solidité cachée de la conjoncture, en dépit de la vilaine Merkel. Tout changement de direction à la tête de l'OFCE crée une mobilisation contre le risque de "dérive droitière" ou "néolibérale", comme on l'a vu avec la nomination récente d'un conseiller… d'Arnaud Montebourg. Les divisions du PS y sont plus importantes que la science économique. Il n'est pas étonnant qu'Éric Heyer ait été en tête de gondole pour s'opposer à la prétention de Jean Tirole à faire valoir des "lois économiques scientifiques" parce que vérifiées par les études publiées et les chiffrages sérieux. Pour lui, il n'y a pas de sciences économiques "dures". Seulement un discours à coloration politique. Il s'agit de pulvériser celui du camp du mal avec des arguments qui appartiennent plus au registre du café du commerce socialiste qu'à celui de la science. Mais puisqu'on vous dit qu'il n'y a pas de science économique !

L'amour fou des journalistes, des éditeurs et des politiques pour les économistes américains "de gauche" témoigne de cette même réalité politico-psychologique. Paul Krugman et Joseph Stiglitz sont "nécessairement" des Prix Nobel d'Économie à entendre et à écouter. Le premier se signale dans les colonnes du New York Times, depuis des lustres, comme le contempteur intraitable et officiel du Parti Républicain  ; Le second est un théoricien de l'inefficacité des marchés, milite contre l'Euro au nom de Tsipras, et a injurié, en prime, quelques membres du FMI. Il fustige à longueur de livres le "néolibéralisme". Le passeport est suffisant pour leur concéder toute la place dont ils sont dignes dans les médias français. On a vu Sarkozy faire un pont d'or à Stiglitz pour essayer de se faire accepter, comme le lui recommandait la douce Carla, par les milieux socialo-bobos qu'elle fréquente. Les économistes atterrés, Alternatives économiques, sont d'autres exemples du goût français pour une économie propagandiste et partisane assumée.

On comprend l'énervement des économistes qui cherchent à établir des lois économiques solides par des méthodes scientifiques classiques et qui se font "conchier", désolé, il n'y a pas d'autre mot, lorsqu'ils établissent un résultat qui fâche les thuriféraires des politiques "vraiment socialistes" et donc, glorieusement  "anticapitalistes" et "antilibérales".

Le livre de Pierre Cahuc et d'André Zylberberg est exemplaire de cette révolte. Le titre peut en paraître choquant au départ."Le négationnisme économique". Le négationnisme est un concept qu'on retrouve plutôt sur les questions de génocide que dans les combats pour une réflexion libre en économie. Le début du livre trouble aussi quand il ne s'applique qu'à rechercher dans l'action de Jean Paul Sartre les ferments d'un goût pour l'engagement politique marxisant poussant à une prégnance antiéconomique purement idéologique. Les auteurs constatent que l'économie socialiste engagée, dominante dans la France universitaire, n'est qu'une application à leur domaine de l'action de Lyssenko dans celui de l'hérédité. Ce n'est pas gentil. Mais suffisamment près de la réalité pour susciter un tir de barrage de tous ceux qui se sont sentis visés et qui ont voulu moucher le livre dans la presse qui assure depuis toujours le conditionnement de "l'opinion",  du moins telle qu'on la juge convenable dans le microcosme germanopratin de gauche.

Le Monde a ainsi publié un article réactionnel d'un certain Hautcoeur expliquant que le scientisme était l'ennemi de la science et que l'anthropologie, c'est-à-dire, pour lui, la description orientée par l'esprit partisan, était un devoir. Pour conclure, on l'aurait parié, que l'économie était chose trop sérieuse pour la laisser aux économistes et que l'esprit scientifique contribuait "à la montée des violences" (sic). Un paragraphe de plus et on atteignait le point Godwin. Les auteurs répliquèrent avec raison dans la colonne d'à côté que "faire croire que seuls les autoproclamés hétérodoxes ont un regard critique sur leur profession est une escroquerie qui empêche tout débat serein et informé sur un grand nombre de sujets essentiels pour notre avenir". "La mise en scène d'une coupure "scientifique" entre les soi-disant orthodoxes et les autoproclamés hétérodoxes n'est qu'une arme stratégique dans le champ des confrontations politiques" clament avec raison Cahuc et Zylberberg.

La vérité à laquelle les auteurs n'accèdent pas,  est que l'incapacité des économistes officiels à prévoir la crise et à en juguler les effets pose une double question.

- L'une est le poids politique et idéologique qui pèse sur les médias pour empêcher tout débat sur des questions où les pressions sont très fortes. Aucun économiste officiel ne peut espérer une carrière à la Commission européenne, à l'OCDE, au FMI, sans se soumettre aux thèses pesantes que les Américains souhaitent faire valoir dans la durée. Impossible d'y critiquer les changes flottants par exemple ni les grands déficits et excédents. En France, l'expérience de la révolte de Maurice Allais a montré qu'on ne pouvait s'insurger contre la pensée dominante dans les instances européennes et françaises qu'à son détriment, même quand on a eu raison.

Oui la réflexion économique est bâillonnée de toute part. La création de ce blog est une des manifestations de ceux qui veulent pouvoir alimenter le débat sans être constamment bloqué, paralysé, inquiété. Il faut faire entrer le réel dans le débat. Il faut des débats.

- L'autre est que l'économie est une science en souffrance compte tenu des nombreuses difficultés théoriques et pratiques qui lui rendent la vie difficile. Il n'y a plus d'orthodoxie parce que les grandes questions sont ignorées et qu'il n'y a pas de volonté commune de trouver les réponses. Les exemples de résultats scientifiques donnés par le livre de Cahuc et Zylberberg sont microbiques. Ils touchent des domaines secondaires. Cela ne remet sans doute pas en cause la méthode mais certainement le champ d'application. Le macroscope est aussi utile que le microscope.

La pensée économique n'a besoin ni de la tutelle américaine ni des piloris des "gardes roses", ni même les anathèmes d'un Buisson et de la droite intégriste contre" l'économisme", prétendument triomphant. Science sans indépendance ni liberté d'expression n'est que ruine de l'âme. Mais une science sans résultat global probant est un sujet d'inquiétude. La Reine d'Angleterre a raison.

Si les chiens se déchaînent, c'est que le grand corps de l'économie est malade, donc à merci. Mais ils risquent d'en faire un cadavre pas vraiment exquis.

La réflexion économique est indispensable. Il est faux d'affirmer qu'elle ne permet aucune prévision. Nous avons pris le risque sur ce site de toujours associer une réflexion à une prévision raisonnée. Nous avons prévu la crise de 2008 et dit quand, quelle intensité et pourquoi. Nous avons annoncé à l'avance l'échec du RMI ou de la RGPP et même de l'optique retenue en 2009 par le G20. Nous avons montré pourquoi la campagne présidentielle ignoble de 2012 déboucherait sur le n'importe quoi et l'absence de résultat. À chaque fois, la prévision a  été assise sur un raisonnement et l'observation des faits. Nous regrettons d'avoir été largement les seuls a faire cet effort d'exposition publique. L'économie officielle en France, en Europe et dans les instances officielles se montre sur presque tous les sujets incroyablement taiseuses ou se contente  de rétro-analyses sans danger. La plus grande difficulté est aujourd'hui l'autisme économique, qui se traduit par l'évitement des grandes questions et la soumission aux groupes de pression et pire encore à l'air du temps. Et qui laisse le champ libre au n'importe quoi politicien et idéologique. Les auteurs ont partiellement raison d'invoquer les mânes de J. P. Sartre : le Garde Rose vit entre le paraître et néant.

L'économiste et le garde noir

C'est entendu. Dans la France de Voltaire, version an 2000, la proscription existe. Certains livres sont à ignorer car ils sont la production du diable. La grosse étude de Patrick Buisson, serait de la bassesse, de l'outrance, de la trahison, de la fiente de charognard, au mieux un vague brûlot dicté par le ressentiment, ou la vengeance d'un éconduit. Tous ces qualificatifs, qu'on avait déjà entendus au temps de la sortie des livres de Mme Trierweiler et de M. Zemmour, sont extraits des médias des deux derniers jours. Le résultat sera un triomphe en librairie, comme pour les deux autres. Les interviews-dézinguage s qui interpellent l'auteur avec les mêmes injures cent fois répétées n'abordent jamais le contenu lui-même de l'ouvrage et vous forcent à la lecture. C'est heureux, car le livre révèle certains aspects très actuels de l'opinion vis-à-vis des grandes questions économiques.

Buisson propose une réflexion conservatrice très proche des auteurs du dix-neuvième siècle qui voient dans l'apparition de la République une rupture avec les affinités supérieures qui forment la vraie France et les finalités nationales supérieures qui seules justifient le sacrifice de soi. "La postdémocratie avachie et déracinée, étrangère à l'héritage comme au patriotisme, n'a rien à opposer au double péril que représente la finance globalisée et l'islam radicalisé". Pour l'auteur la "cause du peuple" est celle d'une population marginalisée pour qui le supplément d'âme religieux et national était essentiel. À partir du moment où l'assistanat est ouvert sans distinction à tous, les "bénéficiaires" perdent la notion de lien national. Que peut bien encore signifier être français si le "capital d'autochtonie se trouve galvaudé et les droits attachés à la citoyenneté étendus à l'autre sans distinction". Ce sont, au sein du peuple, ceux qui sont sans capital qui réagissent le plus à la perte du capital particulier qu'est la solidarité nationale. Comme Zemmour, comme Villiers, un trio d'amis, Patrick Buisson plaide pour la restauration d'une mystique nationale française en phase avec les aspirations profondes du peuple mais en rupture avec les élites gouvernantes soucieuses d'électoralisme à court terme et de communication compassionnelle, dans un monde globalisé où l'argent est roi.

Pour l'économiste, le livre est une ordalie. Il se voit chargé de promouvoir "l'économisme", cancer avancé des sociétés libérales elles-mêmes avancées, de tomber amoureux d'une courbe de croissance, de vouloir l'instauration d'une vulgaire société de consommation qui pousse à de nombreuses formes d'aliénation, de servir l'état nounou qui fait disparaître les attachements fondamentaux au profit d'un clientélisme odieux et mortifère, d'avoir choisi le mondialisme dévorant et indifférencié qui tue le peuple et l'asphyxie de faux besoins et qui l'abaisse, tout en le ruinant par la concurrence. Le livre est une longue vaticination contre l'idée de progrès en général et de progrès économique en particulier.

Arguant de sa parfaite connaissance du peuple analysé dans ces profondeurs par les techniques sondagières, il cherche à prouver que les trois libertés fondamentales de circulation des hommes, des produits et des capitaux sont refusées par le noyau dur du pays et que les limiter sert "la cause du peuple". L'Union Européenne qui a fait de l'indifférenciation en son sein sa règle fondamentale, a détruit les protections indispensables au bonheur du peuple et plus particulièrement de ses pauvres. La globalisation a achevé le travail en créant, de surcroît une guerre des civilisations.

Du sondage au conseil du prince, du conseil du prince à l'action, on voit se dessiner un projet : si vous voulez être élus, il faut récuser les trois libertés fondamentales et s'écarter du capitalisme libéral.

Ce projet a raté. Sarkozy n'était finalement pas le bon cheval. Marie-France Garaud avait déjà dit cela de Chirac. C'est le drame des conseillers. Ils essaient de remplir des outres vides ! Mais la sonde mise au sein de l'opinion des classes populaires fait jaillir un fond de ressentiment qui est bien réel et pose problème.

Depuis des lustres nous avertissons qu'il faut prendre garde à la colère des peuples. Quarante ans de baisse de la croissance, de crises périodiques plus violentes, de gonflement inouïe de la dette et du chômage mettent nécessairement en branle des réactions dures dans les tréfonds. Le livre de Buisson montre qu'à côté d'un anticapitalisme de gauche se constitue un anticapitalisme de droite, tout aussi virulent, et qui était très présent dans les années vingt et trente. C'est la crise de 1929 qui avait permis à toute une série d'auteurs constamment cités par Buisson, d'émettre sur le capitalisme des jugements aussi accusateurs que péremptoires.

De ce point de vue, le livre est d'une lecture nécessaire. Le consentement au capitalisme n'est acquis ni à droite ni à gauche. Le consentement au libéralisme est facilement rejeté et à droite et à gauche.

À côté du garde rose milite le garde noir. L'un et l'autre attendent la faute du capitalisme pour avancer leurs propres solutions qui les unes et les autres sont anti-croissance et propagent des idées antiéconomiques. Il faudrait ajouter à notre galerie les gardes verts qui théorisent la décroissance heureuse. Pour tous ces gens l'économiste est un pelé et un galeux en ce qu'il cherche à accroître la richesse globale sans trop s'occuper du reste : la protection de la terre, la souffrance sociale, la déperdition du sens profond de la vie. Le daltonien n'y voit que des nuances de gris. Le sage des nuances de vert-de-gris.

La seule réponse est la croissance équilibrée. Elle seule permet de dégager les ressources techniques nécessaires pour lutter contre certains maux écologiques, les ressources matérielles pour lutter contre la pauvreté et les réserves nécessaires pour donner du sens à sa vie en toutes circonstances. La croissance économique est quoi qu'on en dise chez les militants des trois couleurs un facteur de paix et de civilisation. La "politique de civilisation" promue par Patrick Buisson ne peut se fonder sur un anti-économisme primaire.

Il reste évident que la vie ne se résume pas à l'économie, que les relations humaines ne sont pas qu'économiques, que le potentiel électoral n'est pas exclusivement dans la production de richesses et d'emplois. La politique économique n'est pas le tout du politique. L'économie n'est pas une religion et ne forme pas le creuset des nations. L'intérêt n'est pas l'alpha et l'oméga de l'existence individuelle ou en groupe.

Ce que montre le livre de Buisson, comme l'ensemble des glissements mentaux, politiques et diplomatiques actuels, c'est le danger d'avoir fait disparaître la coopération entre états dans le domaine des changes et de la monnaie en refusant férocement de voir les conséquences pendant quarante ans, tout en poussant dans le moindre détail l'élimination de tous les mécanismes permettant à une forme de surmoi national de limiter les conséquences sociales et culturelles d'une compétition micro-économique des libertés individuelles débridées et macroéconomiques d’État jouant la relation de puissance.

Curieusement, le livre d'Henri Guaino, l'autre conseiller de Sarkozy, arrive, par d'autres voies, à la même conclusion.

Plutôt que de diaboliser le livre, les politiques devraient plutôt le méditer. Ce sera d'autant plus facile qu'il est plutôt drôle et bien écrit, si l'allitération est la littérature.

Certains diront que la dénonciation d'une attitude où la promesse électorale n'a pas vocation d'être tenue mais simplement affichée pour gagner, où le court terme l'emporte sur le temps long, où l’expédient est préféré à la réforme de structure, où la conviction est liée à la validation par les sondages d'opinion, où le vote et finalement utilisé à contrer la volonté du votant, forme l'essentiel du livre.

Pour nous, c'est surtout la condamnation implicite de la nécessité d'une politique de la prospérité qui fait le livre. Il traduit la volonté politique explicite d'assujettir la consommation et la production, et par extension, toutes les relations contractuelles individuelles à un sur moi national. Il faut s'opposer à ce scénario "noir".

Pour nous l'affaire est claire : empêcher que la force des libertés individuelles contractuelles ne s'exerce au sein de la communauté nationale ou au dehors est un mauvais projet. Mais, si la Liberté se chérit, les libertés s'organisent. Si on le fait mal ou pas du tout, c'est l'ensemble des libertés qui sont exposées.

La France, pays d'idéologie, voit s'agiter des gardes rouges, noirs et verts. Au nom d'idoles qui sont la révolution créatrice de l'homme nouveau, la cause du peuple fondamental mythifié, ou celle d'une terre martyrisée. Ce bouillon moléculaire s'active en même temps que le désastre économique fait monter la chaleur des "passions tristes".

Il y a urgence à faire baisser la pression.

Le faux combat entre Keynes et Milton Friedman

Au fur et à mesure que la stagnation s'étend et se prolonge, les querelles s'aggravent entre spécialistes. Au point que certains livres parlent de négationnisme économique" et que d'autres vouent aux gémonies le "néolibéralisme" en des termes d'une violence toute soviétique.

Une bonne partie de la querelle oppose keynésien et partisan de Milton Friedman. Aucun de ces deux économistes ne doit être installé sur un piédestal ni voué aux gémonies. Ils ont apporté l'un et l'autre une vision qui a changé la manière de penser l'économie et l'action économique. Ils ont, chacun, encore des leçons à donner, mais sans doute pas celles qu'on a retenues jusqu'ici.

Le combat de Keynes est profondément inscrit dans l'avant-guerre. Ses deux thèmes de prédilection auront été d'éviter d'exiger des réparations exagérées aux vaincus, au terme de la guerre de 14, et d'éviter les politiques "contractionnistes", notamment celles qui exigeaient que l'on revienne à l'étalon or. Il ne voulait pas non plus de monnaie nationale ayant un rôle mondial dans le système monétaire international. Il a théorisé qu'en cas de crise, les marchés ne se réparaient pas spontanément et que la crise entraînait plus de crise. Il fallait d'une façon ou d'une autre éviter une contraction indéfinie de la "demande globale".

Le modèle Walraso-parétien est quant à lui le chef-d'œuvre théorique néoclassique qui, partant d'une situation éventuelle de déséquilibre, essaie de montrer que les marchés permettent spontanément de revenir à l'équilibre. Il a ceci de particulier qu'il fait de la monnaie un simple intermédiaire ne pesant pas réellement sur les échanges. Milton Friedman aura rappelé par tous ses écrits que ce n'est pas le cas et que la monnaie compte. Mais il a aussi théorisé que la monnaie était une marchandise comme les autres qui devaient se valoriser par le marché, même si les banques centrales avaient un rôle à jouer. Alors que Keynes ne voyait pas l'intérêt d'une fluctuation fréquente dans la valeur respective des monnaies, tout en en admettant la nécessité occasionnelle.

La coexistence de ces deux doctrines est délicate. La solution trouvée par les professeurs d'économie est, depuis les années soixante, de séparer tout à fait artificiellement la macroéconomie, qui rend hommage à Keynes et "donne le moyen de juguler les crises", et la microéconomie où c'est Walras qui triomphe, accompagnée depuis plus récemment par des développements regroupés autour du concept de "finance" ou "finance de marché".

Personne, même avec des équations sophistiquées, n'a réellement réussi à intégrer les deux raisonnements. Raymond Barre avait réussi dans son manuel à régler la question en créant un tome I pour la microéconomie et un tome II pour la macroéconomie. Que le lecteur se débrouille à faire le lien !

Le message keynésien a partiellement été entendu à Bretton Woods et après Bretton Woods. L'affaire des réparations a été expédiée dans les années cinquante selon les prescriptions keynésiennes (avec une extraordinaire compréhension vis-à-vis de l'Allemagne) ; tout le monde a considéré qu'il fallait faire attention à la demande globale. En revanche le système de Bretton Woods a totalement contredit Keynes. Le dollar est devenu la monnaie de référence, contre son avis. On n'a pas pénalisé, par des mécanismes automatiques, les gros déficits et les gros excédents même si on les a mis hors la loi dans les statuts du FMI. Ce système de changes fixes et ajustables, avec des aides multilatérales en cas de difficultés pour éviter le blocage des échanges internationaux supposait, pour durer, que les Etats-Unis fassent l'effort de rigueur pour maintenir la crédibilité du cours du dollar en or. La guerre froide, la course à l'espace et le programme interne aux Etats-Unis du parti démocrate, ont eu raison de leur sagesse et le système a explosé en 1971. Keynes avait raison. Il aurait bien mieux valu baser le système sur une unité de compte extérieure aux nations et mettre en place des mécanismes plus sévères pour éviter les grands déficits et les grands excédents.

Les Américains ne l'ont pas voulu parce qu'ils pensaient bénéficier du rôle mondial du dollar comme monnaie de réserve et de transaction internationale. En un mot : payant leurs déficits dans la monnaie qu'ils créaient, on pouvait y aller franco !

Le système des changes flottants n'avait jamais eu aucun théoricien. Ils n'étaient pas évoqués dans les manuels, sauf en quelques lignes, pour en montrer le caractère marginal et dangereux. On a alors fait monter en première ligne Milton Friedman qui avait eu la singularité d'en parler dans un écrit de jeunesse passé jusque-là totalement inaperçu et qui était devenu un grand connaisseur universitaire de l'histoire des monnaies. On a connu ce moment singulier où les décisions ayant été prises par le pays dominant contre la théorie pour son seul avantage apparent, on a popularisé une théorie marginale pour en faire le credo de référence du monde occidental.

L'idée de Milton Friedman était que la monnaie était un bien comme un autre et que sa valeur devait s'établir sur un marché. "Seul le marché sait quel est le bon prix d'une monnaie". Qu'un politique, un expert, un fonctionnaire, ou un collège quelconque s'arrogent le droit de fixer un cours de change est une prétention totalement inepte.

Cette vision arrangeait tout le monde dans la mesure où il n'y avait plus de choix, puisque la monnaie de référence depuis la guerre, le dollar, "flottait". En vérité, il s'effondrait et de 71 à 74 on a connu un chaos monétaire jamais vu. La panique nous voilà ! Le résultat fut la récession de 1973-1974. La baisse entraînant la perte de recettes des pays pétroliers, un cartel se mit en place qui prit des décisions radicales qui aggravèrent la situation. Il n'a pas fallu attendre longtemps pour constater que les théories de Milton Friedman ne marchaient pas. La FED entreprit, un temps de croire qu'il fallait suivre l'idée monétariste de Friedman sur l'émission de monnaie banque centrale. Les résultats furent pitoyables et on stoppa vite l'expérience.

Quant au reste de la doctrine de Milton Friedman, aucun des avantages théoriques des changes flottants (moins de réserves de changes, ajustements plus progressifs, moins de volatilité, meilleure allocation du capital mondial, etc.) ne se réalisa jamais. C'est exactement le contraire qui se produisit. On décréta que si la théorie ne marchait pas, c'était parce que le marché n'était pas parfait. Il fallait donc "perfectionner" les marchés. C'est ce qu'on fit dans les années quatre-vingt pour aboutir finalement… à la terrible crise de 92-93.

On a alors attribué cette crise "aux ordinateurs" puis à la guerre d'Irak et on a considéré que les marchés étaient encore trop corsetés. On a alors tout débridé. Pour aboutir à la faillite de LTCM et la crise de 98, pure crise des changes flottants, attribuées naturellement, puisqu'on ne voulait revenir sur l'idéologie justifiant les changes flottants, à des "cronies" des régimes émergents puis à des voyous dans la banque. C'était la crise de trop pour les théories de Friedman. Plus personne ne s'y référa dans la gestion courante des monnaies.

Les Etats-Unis ayant été sauvés par le privilège du dollar et les émissions terrifiantes de leur banque centrale, on considéra que tout était bien et on fit la théorie que les déficits américains croisés avec les excédents chinois étaient, avec Internet et la suppression des besoins de stocks grâce au "just in time", un nouveau paradigme de croissance perpétuelle sans cycle. Pour tomber dans la crise cyclique de 2001-2003 ! Greenspan ouvrit toutes les vannes, se rappelant le diagnostic de Milton Friedman sur l'ineptie de la gestion de la FED au début des années trente. Pour voir le système s'effondrer en 2008.

En même temps, les gouvernements constataient que les relances dites keynésiennes ne marchaient pas. Toutes les relances tentées depuis 71 ont échoué plus ou moins brutalement. La dernière, concertée autour du G20 a conduit à la stagnation et aux intérêts négatifs ! Elle n'a pas mieux réussi que la relance Chirac de 74 qui aboutit… au plan Barre.

En un mot les vulgates simplifiées des idées de Keynes ou de Milton Friedman ne peuvent plus conduire la réflexion sur les actions à mener. La référence à Keynes n'a plus de sens quand, dans certains pays, la dépense publique dépasse 100% de la valeur ajoutée des entreprises privées non financières et que la masse des dettes est à quatre fois la valeur ajoutée des entreprises privées. C'est le cas de la France. Milton Friedman n'a plus de pertinence quand les banques centrales peuvent créer 15 mille milliards de monnaies banque centrale en quelques mois. Le cumul de leurs deux influences, mixées dans les structures et les politiques économiques, a été la création d'une dette globale insoutenable et l'entrée de l'économie mondiale dans la stagnation de longue durée.

Les marchés étant incapables de digérer les dettes dans le cadre d'une économie baudruche dégonflée par un collapsus gravissime, il faut bien que les Etats s'en mêlent. Ils ont cru pouvoir le faire par l'intermédiaire des banques centrales et on voit le résultat. Ils ne peuvent plus le faire par le budget, compte tenu des taux d'endettement pharamineux qui prévalent. Relance budgétaire et monétarisme débridé sont dans l'impasse. Ce qui ne veut pas dire que Keynes et Friedman soient totalement périmés et inactuels.

La seule voie qui reste ouverte à l'économie mondiale est celle des réformes de structures.

 Il faut remettre en place un système monétaire international cohérent et rigoureux où les Etats garantissent la valeur d'échange de leur monnaie et où les normes déficits et excédents sont proscrits. Des mécanismes d'aides et de pénalités doivent être mis en place pour éviter que les corrections ne soient trop pénalisantes pour l'économie. Les soldes de balances extérieurs doivent être comptés en une monnaie de compte extranationale, gérée par une chambre internationale de compensation, avec centralisation les débits et les crédits, et pénalisation des gros excédents et des gros déficits. Aux Etats de se débrouiller pour tenir la valeur de leur monnaie, sachant que des dévaluations seront possibles de façon concertée. S'il faut contraindre certains flux, notamment de capitaux à court terme, et bien tant pis !

Cette solution marquerait sans doute un avantage pour Keynes qui a été très loin dans l'élaboration d'un schéma de ce genre et une défaite pour Milton Friedman puisque les changes flottants seraient supprimés. Mais, au sein des nouvelles institutions, le dégonflement progressif de la dépense publique là où elle a été trop loin devra de toute façon avoir lieu et rien n'empêchera la gestion économique microéconomique la plus libérale. Avantage à Friedman.

Cette orientation faciliterait la réduction des difficultés spécifiques de la zone Euro, bien cernées par Milton Friedman. Les pays excédentaires étant globalement pénalisés, la recherche par des pays comme l'Allemagne d'une compétitivité externe abusive n'aura plus d'intérêt. La stabilité globale des cours de change externes permettra à la zone Euro de travailler dans un environnement mondial plus stable. Et rien n'interdit d'appliquer les règles d'une chambre de compensation européenne pénalisant les grands excédents et les grands déficits internes.

Ce système impose la coopération étroite des pays sur une base paritaire. Cette coopération n'existe plus que sous une forme verbale et abâtardie depuis que les Etats Unis ont voulu garder les privilèges du dollar. Aboutir à un système pénalisant les gros excédents n'est pas facile. Il sera extrêmement difficile à faire gober aux pays ayant décidé d'accumuler d'énormes excédents (pays pétroliers ou pays comptant sur leur compétitivité extrême pour récupérer massivement des dollars).

On peut donc discuter de la faisabilité d'une telle réforme. C'est une affaire politique. On a vu à quel niveau de blocage et d'insignifiance on est arrivé au récent G20 en Chine.

Mais aucune autre voie de sortie de la crise n'existe. Délivrer de l'argent banque centrale "par hélicoptère" n'aura aucune conséquence durable, comme toutes les relances, parce que les échanges étant structurellement déséquilibrés, les déséquilibres s'aggraveront, rendant la situation rapidement intenable. Les taux négatifs n'auront qu'un temps.

Il n'est plus temps d'opposer Keynes et Milton Friedman.

Il faut créer d'urgence un système global, basé sur la coopération structurelle des Etats (et pas seulement verbale), la stabilité des taux de change et la proscription des grands déséquilibres (avec sanctions automatiques à la clé), en vue de permettre la meilleure croissance possible sans délires financiers et monétaires, et sans politiques "contractionnistes".

La politique étant de rendre possible ce qui est nécessaire, Messieurs les Politiques au travail !

Il est intéressant de noter qu'aussi bien en Europe qu'aux Etats-Unis où des élections se préparent, les candidats n'évoquent absolument jamais ces sujets qui sont absolument cruciaux pour mettre fin à la stagnation en cours.

Pour s'en tenir à l'actualité, le "Pavé Lemaire", contrat de législature présidentielle détaillé proposé par Bruno Lemaire, malgré son volume (près de mille pages) et son poids (proche de 4 kg), ne dit rien de ces questions. Pas une ligne, pas un mot. Rien. Il faut s'adapter et devenir compétitif pour concourir efficacement dans un système même si ce système est malade et provoque des crises terribles dont on ne se remet qu'extrêmement difficilement. Aucune "politique étrangère économique". La partie relative à la gestion de la zone Euro est très faible même s'il propose une nouvelle structure européenne de coordination, comme nous le proposons nous-mêmes, mais sans réels objectifs et sans politique étrangère. La question des déséquilibres internes est évoquée mais sans aucune suggestion pour y remédier.

Le Plan Fillon, qui est moins détaillé mais plus solide sur bien des aspects, ne propose pas, ou du moins pas encore, de "diplomatie économique européenne ou française".

Nicolas Sarkozy, le nez sur les sondages dont il espère qu'ils lui diront ce qu'il faut dire, n'évoque jamais ces questions et son atlantisme de principe lui fermerait la bouche de toute façon.

Alain Juppé ne semble avoir rien à dire du tout sur la question. Sa stratégie est quasi uniquement d'image, pas d'action.

Ne parlons ni de F. Hollande, ni du PS qui ont, l'un et l'autre, démontré par cinq années de vacuité totale que le trou rose de leurs réflexions économiques nationale, européenne et internationale était sans fond.

La comédie narcissique et éructative de Mélenchon ne fait pas une politique.

Marine Le Pen trouvera dans le livre de Stiglitz condamnant l'Euro une ample matière à soutenir ses thèses (la cupidité de l'auteur finit par aller complètement à l'encontre de ses options socialistes). En dépit de sa volonté d'adoucir son image dans la ouatine pour "casser le plafond de verre" de l'accès au pouvoir, sa politique en cas de victoire entraînera que les Français se retrouveront avec 60 euros par jour à sortir de leur banque et pas plus. À la grecque.

Le prochain Roosevelt capable de motiver le monde à changer d'ère et d'air en réformant de fond en comble le système de coopération mondiale dans le domaine économique et monétaire ne sortira pas des élections présidentielles françaises. Sauf surprise de dernière minute.

Lorsqu'on voit le néant de la campagne présidentielle américaine, on comprend que ni Trump ni Clinton ne sont capables des hauteurs de vue nécessaires.

Tout cela a commencé très mal et peut finir encore plus mal.

Pour les économistes cela devrait être l'occasion de sortir des faux débats et de se concentrer sur les vraies réponses. Il faut relire Keynes et Friedman, et il faut dépasser leurs messages respectifs, en prenant chez l'un comme chez l'autre les idées pertinentes et en laissant tomber ce qui n'a pas marché ou qui a été détourné de son sens originel. Et il faut que les économistes du monde entier comprennent que leur mission première est de comprendre pourquoi depuis 71 la croissance du revenu par tête s'est effondrée, partout, dans les mêmes proportions.

L'ONU, le FMI, la Banque mondiale l'OCDE, la BRI, les grandes banques centrales, le comité Nobel, la Commission Européenne, l'Eurogroupe, le G20 devraient s'unir pour proposer un grand symposium sur l'analyse de ces causes et les solutions. C'est leur rôle de penser et de panser le monde. Et cela commence par un diagnostic commun.

Ce ne sera pas un "Bretton-Woods", puisqu'aucune décision ne sera prise sur des projets préalablement ficelés, comme en juillet 1944. Mais c'est la seule solution pour sortir de l'impasse actuelle qui fait que les économistes officiels de chaque institution ont la bouche scellée par des considérations de carrière et qu'aucune piste globale capable de dépasser les réactions nationalistes étroites n'est tracée.

Puisqu'il est actuellement impossible de se réunir pour agir, qu'au moins on fédère les énergies mondiales pour comprendre.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Le million de lectures dépassé sur ce site

Le blog du Cercle des Économistes E-toile vient d’enregistrer sa millionième lecture, lundi 12 septembre 2016 à 16 h 47, après 3 000 jours d’existence, plus de 625 billets, et près de 4 000 pages écrites. Il ne faut pas être dupe de ces chiffres. On sait qu’il y a une forte différence entre des « hits » et de véritables lectures. Mais on sait qu’environ 40 000 véritables lecteurs distincts ont lu au moins un article et qu’une centaine de lecteurs ont lu la majorité des articles. La moyenne des lectures par article est d’environ 1 600. L'article le plus lu dépasse les 9 000 accès. Cet écart ne peut pas être l’effet des automates (les « bots » qui provoquent des « hits » non significatifs).

L’analyse des articles les plus lus montre un intérêt pour les questions monétaires, notamment de la part des étudiants en économie qui sont très mal servis dans ce domaine. La monnaie et le système monétaire international sont deux domaines mal enseignés en France. Cette carence n’est pas proprement française et elle n’est pas nouvelle. Le paradoxe apparaît dans toute sa splendeur quand on se souvient que l’économie politique est née de la contestation des pratiques monétaires des Etats ! Depuis que la "finance" s’est installée en discipline quasiment à part de l’économie, l’habitude est de lui sous-traiter ces questions, qui, du coup, sont réduites à des modalités de techniques financières. Nous sommes heureux de corriger si peu que ce soit, cette immense carence et détestable déviation.

La monnaie et le système monétaire international ne sont pas un domaine technique. Ils sont le creuset de l'économie et la forge où s'est construite la crise. Impossible de comprendre comment nous en sommes arrivés à ce degré de stagnation sans passer par une analyse précise des mécanismes monétaires et de ses liens avec l’économie générale. La monnaie n’est pas qu’un voile. Ce n’est pas non plus « un produit comme les autres ». Nous sommes heureux de voir que nos articles sur Maurice Allais et Jacques Rueff ne cessent de monter dans le classement. Il faut en réhabiliter la lecture non pas parce qu’ils sont français mais parce qu’ils sont pertinents. Savoir que la pertinence est française n’est pas totalement anodin, dans le climat d’effondrement national dans lequel non baignons. Il fut un temps pas si lointain où les Français pensaient le monde. Et c’était utile. La réflexion anglo-saxonne est prisonnière des intérêts qu’elle défend et n’a aucune universalité de fond, même si elle domine le monde. Elle est en partie à l’origine du désastre économique global que nous vivons.

Ce blog est, d’une certaine façon, la chronique d’un désastre annoncé. Sur le forum du Monde nous avions correctement prévu la crise du début des années 2000 puis clairement expliqué, au moment de la campagne électorale de 2007, que Sarkozy avait tort d’annoncer une poussée de croissance grâce « à la libération des énergies » puisqu’il allait vivre la pire crise depuis 1929 pendant l’essentiel de son mandat. L’ennui, c’est que le forum du Monde est devenu payant, lui faisant perdre tout intérêt, puis que les archives ont été supprimées. Cela nous a conduits à proposer ce blog.

Il commence en juin 2008 pour annoncer qu’une crise sévère va avoir lieu. Quand elle se produit, il présente les causes exactes instantanément : il faut dire qu’elles avaient été étudiées pendant 15 ans ! Aujourd’hui, lorsqu’on relit ces textes, il n’y a rien à en retrancher. Tout est exact et toutes les analyses publiées depuis les confirment.

Nous avons également constaté dès 2008 que le G.20 faisait fausse route. Nous soulignions qu’il ne voulait pas faire le diagnostic de la crise et qu’il souhaitait perinde ac cadaver maintenir le système fautif et malade qui l’avait provoquée. Nous annoncions qu’il prenait le risque de l’échec. Le dernier G.20, en Chine, persiste et signe dans le déni, alors que l’impatience devant la stagnation en cours s’accroît et se généralise, y compris aux Etats-Unis. Tout est là : pourquoi, malgré 8 ans d’échec, n’y a-t-il toujours pas de sursaut intellectuel et de vraie analyse de la crise ?

Henri Guaino vient de publier un livre fort intéressant sur la question (En finir avec l'économie de sacrifice chez Odile Jacob). Il voit dans la persistance du culte des idées fausses un effet « bon élève » qui se contente d’une vulgate pieuse au lieu d’une vraie compréhension des doctrines économiques. On peut être d’accord avec à peu près tout le contenu du livre qui pèche cependant sur le point essentiel : pourquoi les « bons élèves » se sont-ils ainsi lancés dans une lecture aussi déviante que religieuse d’un credo délirant ? Faute de le comprendre, il ne peut que fustiger les conséquences sans jamais s’attaquer aux causes.

Au passage, il touche une question grave : la défaillance est-elle celle des économistes ou est-on confronté à une crise de la science économique elle-même ? Dans un livre au titre étrange jusqu'au douteux, Le négationnisme économique : comment s'en débarrasser, les auteurs nient fortement que les économistes soient responsables. Les politiques prennent ce qu’ils veulent dans la vraie économie expérimentale et disent et font n’importe quoi. C’est peut-être vrai pour la réduction du temps de travail et pour d’autres mesures de politiques sociales franco-françaises. Cela ne l’est certainement pas lorsqu’on s’attache aux recommandations des grands organismes spécialisés internationaux comme la BRI, le FMI, l’OCDE, etc. On attend toujours de ces organismes une explication des désastres qu’ils sont les premiers à dénoncer. Le FMI vient de publier un graphique somptueux montrant la dégringolade de la croissance du revenu par tête partout depuis 71. Où est l’explication ? On touche de plus en plus au « consensus de Washington », suivi effectivement par la crise dite à tort « des pays émergents », puis la crise décennale molle du début des années 2000, puis la crise décennale dure de 2008. Cette séquence tragique et récente aurait du tout de même faire réfléchir. Pourquoi ne le fait-on pas ?

La vérité est facile à comprendre : à partir du moment où on acceptait les changes flottants et les grands déséquilibres extérieurs, on créait automatiquement une économie baudruche à dimension explosive. Aucune théorie économique solide ne peut défendre les changes flottants. Les thèses de Milton Friedman se sont trouvées totalement contredites par l’expérience. On pourrait paraphraser Cahuc en disant : "jamais aucune étude expérimentale n’a donné le signal de mettre en œuvre de façon positive les changes flottants".

Si on l’a fait, c’est parce que les Américains l’ont voulu et que les Européens n’ont pas pu ou même voulu les contredire. Depuis on fait semblant de construire dans le détail microéconomique un village global totalement délirant et conflictuel, dont la principale caractéristique est d'être totalement déséquilibré à l’échelon macroéconomique. On collabore très finement dans la découpe du micro grain de sable des allées en laissant des trous béants dans les structures. C’est pour cela que le G.20 se pare toujours des vertus de l’esprit de collaboration et que dans les faits aucun des grands déséquilibres qui expliquent la crise, son aggravation et les difficultés de plus en plus grandes d’en sortir ne font l'objet du moindre commentaire, de la moindre mesure suivie d'effets.

Les économistes officiels qui vivent en symbiose avec les Etats et les médias savent qu’ils n’auront de carrière et de visibilité que s’ils jouent le jeu du village économique mondialisé en ne regardant surtout pas les énormes falaises de dettes, de déficits, d’excédents, qui s’effondrent de partout. On en arrive aux programmes des réunions de Davos, toujours à côté de la plaque depuis 30 ans ou des réunions d’Aix en Provence, lénifiants et pusillanimes.

À partir du moment où les Américains ne veulent pas revenir sur l’hégémonie du dollar et considèrent comme une faute condamnable contre l’atlantisme de revoir le système monétaire international débile et dangereux qui provoque la déroute économique générale, pourquoi se mettre en première ligne pour se faire fusiller ?

L’affaire Maurice Allais, le seul qui a osé s’insurger avec toute la science d’un vrai prix Nobel, a refroidi toutes les ardeurs. On peut ne pas considérer que mettre en danger sa carrière universitaire, médiatique, para-étatique et internationale soit une aventure exaltante.

Dans cette affaire, il ne faut pas fustiger la science économique en elle-même, ni même la lâcheté des économistes, moins encore les baby boomers, et encore moins les électeurs. Il était possible de prévoir la crise de 92-93, comme celle de 2001-2003, comme celle de 2008-200x. C’est facile à prouver : nous l’avons fait et chaque fois à partir d’un raisonnement basé sur des faits et publié avant la crise. Il est facile de démontrer que la crise définie comme une baisse de longue durée du taux de croissance avec des crises périodiques de plus en plus fortes et un endettement explosif est entièrement liée à la mise en place d’un système monétaire international structurellement non coopératif. Dès que l’on considère la science économique comme devant partir des faits et s’appuyant sur des raisonnements étayés, la crise est facile à comprendre et les moyens de sortie de crise faciles à concevoir.

La difficulté est strictement politique : les Etats-Unis ne veulent pas, pas encore, revenir à un système coopératif évitant les énormes déficits ; les Allemands prétendent accumuler des excédents démentiels tout en ruinant les pays à qui ils ont prêté leurs excédents. Arriver à contrebattre ces deux blocages géopolitiques est le défi des années à venir. Jusqu'ici la pédagogie de la crise n'a pas suffi à générer les remises en cause nécessaires. Les élections américaines qui viennent sont plutôt du genre inquiétant. L'Europe s'effondre et la France est, disons pour être charitable, actuellement dans l'incapacité de dire ou faire quoi que ce soit allant dans le bon sens.

Jusqu'où faudra-t-il tomber avant que les mesures simples et nécessaires soient prises ? Quel levier utiliser pour provoquer le basculement ?



La tentation toxique de la pensée "animiste" en économie

La rentrée voit la sortie de nombreux livres économiques. Alors que tout le monde prétend que l'économie a été éjectée du débat par les attentats musulmans, les éditeurs pensent visiblement le contraire. Certains d'entre eux sont excellents, comme celui d'Henri Guaino dont nous donnerons une analyse dans un prochain billet. D'autres sont complètement nuls car habités par la passion politicienne au-delà de toute limite. D'autres enfin sont intéressants, bien écrits, finalement assez justes, mais exaspérants.

C'est le cas du livre de Lenglet. Excellent à plus d'un titre, ne serait-ce que celui de mettre les bons chiffres sur la table. Mais Il souffre comme plusieurs autres livres, et des centaines d'articles parus dans la presse, d'une tentation dévastatrice : donner une âme aux choses. L'explication des phénomènes ne s'articule plus par l'effet de bonnes ou mauvaises mesures, de tel ou tel phénomène ou enchaînement économique qu'il faut détecter et comprendre, mais par la volonté nocive d'une âme diabolique inscrite derrière les événements et qui impose sa loi. Appelons animisme économique cette volonté de trouver des diables obscurs et ectoplasmiques derrière tous les phénomènes déplorables qui se produisent.

En faisant de la "génération du baby boom" la cause de la crise française, en lui en prêtant et l'intention et la manœuvre de s'enrichir sur le dos de ses enfants, Lenglet chauffe les esprits mais n'explique rien. L'animisme économique suscite la chaleur mais pas la clarté. La solution sous-jacente est toujours la sanction d'un vilain ou d'une vilenie.

L'animisme économique a été longtemps le mode de fonctionnement de la gauche. Tous les faits néfastes constatés sont des faits voulus par des forces sociales embossées dans la République et qui la violent. Le dégueulis marxisant des théoriciens genre Frérot et Ollivier, les tueurs abrutis et fanatiques d'Action Directe, tendance lyonnaise, se retrouve à l'identique dans un livre grotesque, "Ce cauchemar qui n'en finit pas", commis par deux auteurs à peu près du même niveau et utilisant les mêmes procédés. . C'est l'Oligarchie, les suppôts du MEDEF, les agents de la CIA, la bourgeoisie fasciste et pétainiste, les adorateurs cachés d'Hitler, les néolibéraux impurs et "corrompus systèmiques", corrompus tout court ne suffisait pas, "saisis par le démon de l'illimitation" et "ivres du vertige subjectif de l'accumulation", qui ont pris des mesures abjectes qui ont provoqué le drame. Pour les deux auteurs, il n'y a pas de différence entre Daesh et le" bloc oligarchique néoliberal" (diminatif amusant : le BON). Le BON doit tuer tous les jours en cachette, en se contentant en public "de se nourrir de crises", "d'asservir la société", de nourrir des "monstres".  Toujours et encore. Il suffit d'écouter les discours de Nuit Debout pour constater que cette veine reste active. On est toujours en plein "complotisme" le plus débile.

Il a été également le mode de fonctionnement de l'Extrême Droite. C'est toujours la ploutocratie, franc-maçonne et la juiverie internationale, qui sont à la manœuvre. Cela dure depuis 150 ans.

Éric Zemmour n'échappe pas à ce travers : "c'est le patronat français qui a voulu sciemment importer des immigrés pour disposer d'une main-d’œuvre à bas prix", écrit-il. Mais quelle preuve concrète ? Qui l'a proposé ? Quand ? Comment ?

Voici donc, pour Lenglet, même si cela est dit de façon subliminale, une génération de salopards égoïstes désireux d'abuser de tout et reportant sciemment sur les générations futures les conséquences de leur impéritie intéressée : les baby boomers.

Si les jeunes, les femmes et les immigrés ont tant de mal à s'insérer dans la société, c'est parce que le trend de croissance est en baisse constante depuis 1971 et que les entrants en sont les premières victimes. Rien à voir avec les baby boomers. Tout à voir avec les mécanismes délétères qui ont provoqué ce retournement de croissance. Non les baby boomers n'ont pas "voulu" mettre leurs enfants au chômage !

L'animisme économique doit être durement dénoncé. Les invectives contre des puissances d'autant plus coupables qu'elles sont plus ectoplasmiques n'ont strictement aucun intérêt, sinon pour des combats polémiques. Elles ne peuvent servir aucune politique utile, sauf à considérer le défoulement gratuit comme une soupape de sécurité des sociétés. Dans un pays qui a fait de la pénitence son mode de fonctionnement moral depuis l'exécution de Marie-Antoinette et du Roi Louis, il faut constamment se couvrir la tête pour expier, dans la honte, des péchés d'autant plus graves que personne n'a eu le sentiment de les commettre.

En économie, les faits s'expliquent. Les décisions sont prises par des instances précises dirigées par des personnes dénommées et des groupes identifiés qui proposent des programmes. Constater les faits, les rendre intelligibles et relier les décisions à leurs effets, tels est le travail nécessaire.

Quand les Etats-Unis décident de faire sauter le système de Bretton Woods et d'en abandonner les modalités et les disciplines, on sait qui le fait et pourquoi. Lorsqu'aussitôt les crises s'aggravent et le trend de croissance s'inverse, les faits peuvent être reliés de façon précise à cette décision. Quand la gravité des crises provoque des réactions politiques qui portent au pouvoir des forces socialistes généralement minoritaires en France, on aboutit à la mise en œuvre de programmes délétères qui aggravent la situation. Ce n'est pas "la génération bénie des égoïstes" mais les socialistes qui mettent en œuvre le programme commun et ce sont les électeurs Français qui les chassent à la première occasion. La volonté de tuer la France comme puissance autonome historique a été prise par François Mitterrand, pervers narcissique et pourrisseur compulsif, heureux d'être le "dernier président de plein exercice de la France". Les erreurs de Maastricht doivent tout à Jacques Delors et aux milieux européistes qui le soutenaient. Il faut dire quelles furent leurs erreurs et pourquoi elles ont été faites. Il faut préciser les réformes qui seraient utiles aujourd'hui. C'est une facilité sémantique de parler des enfants du baby boom comme une entité homogène ayant une volonté propre.

Nous n'avons jamais aimé les concepts du type "préférence pour le chômage". Préférence de qui ? Décrite où ? Agissant avec quel levier ?

Bien sûr des conservatismes s'exercent ; des forces idéologiques désastreuses poussent dans des directions variées ; les paysétrangers ont des politiques étrangères qu'on subit ; des groupes prennent des pouvoirs et des groupuscules militants engagent des actions. Ils sont si variés qu'il est impossible d'en habiller une génération de façon homogène.

Ce n'est pas la "génération des baby boomers" qui a décidé de réduire le temps de travail et d'étouffer les relations sociales par une réglementation délirante mais Mitterrand puis Jospin. Rendons à César ce qui est à César. Ce n'est pas "la génération du Baby Boom" ou le CNPF qui a demandé le regroupement familial mais Giscard. Ce n'est pas l'Oligarchie qui, en France, a demandé qu'on mette en place une vision militante de la liberté financière totale des capitaux à court terme, mais Beregovoy et Delors. Ce n'est pas le Medef qui a voulu la libre circulation totale des capitaux dans l'Union Européenne et l'inondation monétaire allant jusqu'aux intérêts négatifs, mais ceux qui ont décidé des statuts de la BCE et ceux qui l'ont dirigée.

Finissons-en avec l'animisme en matière économique. Certaines décisions ont été des erreurs. Il faut dire pourquoi et comment elles ont gâché les chances économiques de la France. Henri Guaino a raison de faire l'inventaire des vulgates économiques, de leur trahison du message initial des grands penseurs économiques et de leur influence délétère. Une mentalité généralisée s'habillant de façon erronée des oripeaux d'une doctrine ou d'un groupe de doctrines peut jouer un rôle beaucoup plus important que la volonté explicite d'une personne ou d'un groupe. Le magma diffus des représentations mentales sur l'économie est une force active qui conditionne des milliers de décisions erronées, prises dans la bonne conscience de l'inconscience qui croit savoir.

Déchirer ces nuages qui collent au plafond des peuples est un vrai travail. Inculper devant le tribunal de l'histoire, sur des piloris d'autant plus odieux qu'ils sont plus branlants, des zombies dotés d'une volonté, vision animiste de l'économie,  est une mauvaise action et un péché contre l'esprit. Ce ne sont pas des diables obscurs qui créent les plus graves difficultés économiques mais des conceptions erronées largement partagées ou la lâche facilité qui consiste à ne plus penser avant d'agir.

Didier Dufau pour le Cercle des Économistes e-toile

Le Baltic Dry Index ne mentait pas

Nous avons attiré l’attention ces dernières années sur l’arrêt du commerce international depuis l’effondrement de septembre 2008. Nous considérions que les quelques mouvements qui subsistaient étaient essentiellement des achats de précaution de la Chine, soucieuse de ne pas perdre son tas de dollars accumulés au-delà de toute raison, avec, en épiphénomènes, quelques spéculations douteuses.  En un mot nous considérions que le crédit international était mort et que les investissements délirants faits sur l’hypothèse qu’il n’y aurait pas de limite à l’envolée des échanges  internationaux étaient en grand danger.

Nous avons récemment  commenté l’effondrement du Baltic dry index tombé en dessous de son indice d’origine. Il est aujourd’hui à 5% ce son plus haut !95% de chute.  Certains, sur la foi de rapports intéressés dans la presse (et non, l’information n’est pas sans biais dans la PQN !), se demandaient si cette chute des prix ne masquait pas une croissance en volume.

Les chiffres publiés hier  montrent qu’il n’en était rien du tout. Les armateurs sont à l’agonie. Les pertes dépassent 10 milliards de dollars sur quelques entreprises seulement.

En vérité si on cumule tous les types de pertes sur les investissements dans l’équipement des ports et des flottes, la perte globale pour les banques et les sociétés d’investissement est supérieure à 100 milliards !

Comme toujours la presse cite les chiffres sans tenter de creuser les explications qui restent à la surface des choses.  La crise du secteur est toute entière le contrecoup de la folie des années 1997 à 2009 permise par un système qui accepte les énormes excédents et les gigantesques déficits.  Rappelons que les imbéciles avaient théorisé le fait que les excédents chinois et les déficits américains étaient le nouveau paradigme d’une croissance éternelle sans crise… On pouvait investir sans limite !

On voit le résultat. On se rassurera : les propagandistes de cette idée fausse sont toujours aux postes de commandes des grandes institutions et ont gardé leur place dans l’amour des médias.

Du coup, ils n’ont aucune solution à proposer.

Ce n’est qu’en revenant à un système des échanges mondiaux basés sur des équilibres managés par les Etats, avec défense de parités monétaires fixes mais ajustables, qu’on pourra retrouver une croissance pérenne et équilibrée des échanges internationaux.

Les changes flottants, c’est-à-dire le n’importe quoi  général, associé à des déséquilibres effroyables, n’a fait que créer une économie baudruche explosive.  C’est ce constat que le G.20 chinois en cours devrait acter.

Il ne le fera naturellement pas.  Laissons les équilibres macro-économiques sous le tapis et travaillons à supprimer quelques contraintes microéconomiques, aux cris mille fois répétés de « coopération », « dialogue », « synergi e », « entente »…

C’est une imposture. Il n’y a pas de coopération dans un système structurellement non coopératif. Seulement des mots. Et des maux.

 

Didier Dufau pour le Cercle des economistes e-toile

Faut-il supprimer l'ENA ?

Il est intéressant de constater que des thèmes que nous illustrons depuis près de 20 ans maintenant, dans l’indifférence générale, commencent à susciter des réactions, du fait du constat du désastre général.   

Une exemple : Nous considérons qu’en France le triomphe de l’Enarchie Compassionnelle depuis 1974 est largement responsable de la dérive de nos finances publiques et de l’étouffement du secteur privé. Nous considérons qu’il est absolument crucial que la haute fonction publique ne puisse pas gouverner et qu’on refuse de mêler le pouvoir politique et le pouvoir administratif.  Pour cela plusieurs mesures sont nécessaires :

-          L’interdiction des doubles rémunérations publiques

-          L’interdiction de postuler à des mandats électifs qui fixent votre rémunération et vos conditions de carrière, lorsqu’on est personnel à statut

-          La suppression de certaines disposition du statut des fonctionnaires et notamment l’instauration d’une retraite fondée sur l’accumulation de points plutôt que sur un état statutaire.

Ces disposition éviteront  une capture de la vie politique allant parfois jusqu’au rang municipal et le blocage systématique de toute mesure visant à réduire et rendre moins couteuse les politiques publiques.

Faut-il pour autant supprimer l’ENA, comme l’exigeait déjà Edith Cresson et  le redemandent  des candidats à la primaire de la droite et du centre ?  Pourquoi donc ? Une grande école n’est pas en soi un problème. Les grands corps et leur mode de fonctionnement en sont un. L’accès aux grands corps devrait se faire après 10 ans de pratique professionnelle dans des filières actives de la fonction publique.  Nous avons également besoin en Europe et dans l’ensemble des institutions internationales  de fonctionnaires de qualité capables d’assumer les plus hautes fonctions.   Sélection et qualité de la formation sont absolument nécessaires et même attractivité.  Il faut continuer à séduire des élites républicaines désireuses de se porter aux plus hautes responsabilités administratives du pays.  Mais le politique est un autre domaine qui suit d’autres logiques et qui ne peut être mis sous tutelle par la haute fonction publique.

En finir avec l’énarchie compassionnelle, oui. En finir avec l’ENA, non ! Il faut dépasser les slogans simplistes pour toucher les modes profonds de fonctionnement.  Une des conséquences est qu’il faut une autre source de formation politique afin que les élus ne soient pas totalement dépassés par leur tâche.  Ce rôle est usuellement dévolu aux partis, aux associations et aux syndicats qui doivent mettre des jeunes pousses en situation de faire de la politique intelligente et intelligible. Ils ne jouent que très partiellement ce rôle en France parce qu’ils sont le plus souvent dirigés par des gens  qui ne veulent pas de cette ouverture.  Le résultat est le mélange d’apparatchiks nullissimes, pourris d’idéologie et d’énarques  pontifiants, pourris de certitudes étatistes, qui fait le fond de sauce de la politique française.

Les trois mesures proposées ne sont pas difficiles à mettre en œuvre. Elles ne coûtent absolument rien. Elles peuvent rapporter gros aussi bien en termes de démocratie réelle qu’en économie sur la dépense publique. On notera qu’elles ne sont ni de droite ni de gauche. Elles veillent simplement à éviter des abus et à promouvoir la juste représentation des intérêts  de la population.  Lorsque la dépense publique en France est à 1.300 milliards d’Euros et la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchands non financiers à 1.200, on peut tout de même admettre qu’il est temps de sauter le pas.

Candidats à la présidentielle, encore un effort !

Le libre-échange remis en cause ?

Le dernier pilier des certitudes de l’après-guerre est-il en train de s’effondrer ? La crise de 1929 avait prouvé que les mesures de limitations de la libre circulation des marchandises n’apportaient aucune solution et aggravaient la situation.

On voit aujourd’hui que Donald Trump n’hésite plus à rompre avec ce credo porté inlassablement  par la diplomatie américaine depuis le début des années quarante.  De nombreux mouvements politiques portent un message de restriction, à gauche comme à droite.  La protection de l’emploi national par des mesures de réduction ou de blocage devient un thème de campagne un peu partout.  

Faut-il ou non s’engager dans cette voie ?

Comprenons d’abord quelle est la source de ce mouvement d’opinion. La baisse tendancielle de la croissance depuis 1971 et l’entrée depuis 2008 dans une période de stagnation durable qui voit  le revenu par tête baisser dans de nombreux pays de façon continue, est cette source. La « classe moyenne » est en première ligne dans cette déréliction. C’est elle qui fait les élections. On ne peut pas prétendre diriger un pays contre la prospérité du plus grand nombre, malgré tous les discours écolo-récessionnistes.

Le problème est que, globalement, il est impossible d’engager un vrai débat sur les causes de cette spirale néfaste de longue durée.  Trop d’intérêts et d’habitudes pèsent sur les esprits.  La disparition des débats de fond dans la presse et leur extrême difficulté dans les médias  radio et telé-diffusés, conduit à une impasse de communication : en écoutant les experts qui servent le fond de jus intellectuel et économique  , on a toujours pris les bonnes mesures pour avoir une croissance rapide et les résultats vont dans le sens inverse. Surprise –surprise ! Alors, les unes après les autres, les bases du consensus s’effondrent dans la méfiance et la colère, mettant en cause des « élites coupables ».

Cette évolution navrante est totalement évitable. Quelle est l’erreur qui pèse sur le monde depuis 1971 ? On a fait disparaître des pratiques intergouvernementales l’obligation d’équilibrer les balances extérieures. Associé à un système de monnaies administratives flottantes, émises en masse prodigieuse, cet abus a fait passer l’économie en mode baudruche, avec des explosions successives de plus en plus graves.

La vérité économique élémentaire est qu’on ne peut avoir dans la durée des pays en fort excédent  et d’autres en fort déficit. Le recyclage des excédents et le financement des déficits  poussent à au gonflement de la dette globale qui finit par exploser.

Ce n’est pas le libre échange qui est en cause. Mais le libre-échange déséquilibré dans des proportions systémiques. Le commerce et la monnaie vont ensemble. Pas de bon commerce sans bon système monétaire. Croire que par une magie microéconomique toutes les situations de déséquilibres se résoudront automatiquement en laissant jouer les libertés économiques élémentaires, sans aucune harmonisation des conditions générales de l’activité n’est pas le fruit d’une réflexion économique sensée, basée sur les faits. Mais un acte de foi et il faut tordre la perception de la réalité pour le soutenir.

La première mesure à prendre à l’échelon de la planète est de revenir aux conditions organisationnelles qui permettent qu’aucun état ne se lance dans des politiques déséquilibrées. Sans être immédiatement sommé de revenir à un certain équilibre, avec une aide collective  pour éviter les trop gros coups de freins.

Evidemment, c’est politiquement difficile de dire aux Etats-Unis : le privilège (douteux) du dollar, c’est fini, comme  les déficits effarants qui l’accompagnent. Ce n’est pas plus aisé d’imposer aux Chinois et aux Allemands  un corset qui interdit les énormes excédents. De même les pays pétroliers ne pourront utiliser leur rente qu’en achat de marchandises et non en mouvement de capitaux.

Cette difficulté politique explique pourquoi le système dysfonctionnel  en place perdure, malgré les preuves répétées depuis 50 ans de sa nocivité.

Mais, il n’y a pas d’alternative comme disait Thatcher avec son TINA (There is no alternative).  Que les grands acteurs, victimes de leur propre impéritie, en viennent à proposer d’achever le malade plutôt que d’essayer de le soigner est tout de même un peu difficile à admettre.

La France qui a sombré dans le n’importe quoi de longue durée et qui en paie le prix amer, n’a plus aucune influence mondiale et a perdu les rênes de son destin.

Les instances mondiales, dans la dépendance américaine, sont silencieuses, ou poussent de si petits cris, qu’on ne peut les entendre.

L’Europe a mis en place un système absurde qui permet aux pays à excédents démesurés de maintenir leurs débiteurs la tête sous l’eau au détriment de l’ensemble.

Tout cela est anti économique à un niveau qui frôle le grotesque et ne peut se justifier.

Delenda est ! Donnez-nous un levier ! Si la raison pure ne suffit pas, que faire ?

Joseph Stiglitz et l’Euro

The Euro

How a Common Currency Threatens the Future of Europe

Joseph Stiglitz. Août 2016.  ISBN 978-0-393-25402-0. 448 pages

W. W. Norton & Company

Le monde actuel est ainsi fait qu’aucune thèse économique n’est plus considérée en Europe, et en particulier en France, que si elle est émise par un prix Nobel américain. Le traité de Maastricht date de 1992. La zone Euro a 16 ans d’existence. Il était temps que J. Stiglitz condescende à nous donner un avis sur ce système.

Comme cet avis est extrêmement négatif et qu’il consiste à dire que l’affaire était mal embarquée depuis le départ et qu’il n’y a aucun espoir que cela s’arrange, le débat européen va en être à nouveau ravivé dans le sens tragique.

La lecture du livre n’apporte exactement aucune nouveauté technique. Tout ce qui est écrit a déjà été dénoncé mille fois.  Le problème est que Stiglitz tient à nourrir une posture anti libérale et anti capitaliste. Le moteur de son ire est en vérité la Grèce et le traitement « infâme » qu’on lui a fait subir. Le risque était de faire du sous-Varoufakis, sans moto extravagante et  avec un air sérieux. On n’en est pas loin.

En voulant servir la gauche de la gauche, on tire un tapis rouge à Marine Le Pen qui va pouvoir utiliser ce livre comme base de son programme anti-euro en excipant de la caution d’un prix Nobel.

Sur le fond, l’auteur voit bien le vice particulier de la zone Euro : l’absence de mécanismes d’ajustements entre les pays membres. 

Nous ne cessons de le dénoncer nous-mêmes depuis… 1992. Considérer que deux règles d’endettement et de déficits publics par rapport au PIB suffiraient, était parfaitement ridicule. Tout le monde le savait. On espérait que la dynamique créée permettrait de forcer les évolutions nécessaires.   Les règles ont été rapidement dénoncées comme « idiotes ». Et les politiques suivies ont été si divergentes que « l’union » est devenue une caricature.

Que Stiglitz réaffirme ces idées de bon sens économique ne peut pas faire de mal, même si on ne l’a pas attendu  pour cela. Un quart de siècle de retard, c’est une bagatelle…

L’ennui est que le retard demeure dans les analyses de détail et dans les solutions.

Ce que ne voit pas Stiglitz, c’est que la crise globale a été le désordre majeur qui a déstabilisé l’Euro. Jusqu’en 2008, la zone Euro ne pose pas de difficultés majeures.  Bien sûr, une Allemagne qui se lance dans le plan Schroeder alors que la France met en place l’étouffement Jospin, sème les conditions d’un drame futur évident (dans le silence de presque tous). Bien sûr les conditions d’adhésion de la Grèce sont folkloriques. Bien sûr l’idée que toutes les différences de mentalités pourront être surmontées par des fonds structurels et la liberté totale des mouvements de capitaux, d’hommes et de marchandises,  n’est fondée sur aucune réelle théorie économique. Bien sûr on a mis le char avant les bœufs au grand risque que ces derniers le foulent aux pieds et le détruisent. Tout cela était du « wishful thinking » ou de la foi, comme on voudra. Mais l’Euro n’est pas la source de la crise de 2008 et les séquences ultérieures n’ont pas été déclenchées de l’intérieur.

Si l’Allemagne a mis en place le plan Schroeder, c’était dans une vision globale de sa compétitivité dans un système mondial fondé sur le désordre des monnaies et les énormes excédents ou déficits de balance de paiements.

Quand le système global explose, il expose les fragilités de la zone Euro. Et si les mesures prises pour sauver la zone ont été si drastiques, c’est à cause des défauts du système monétaire international et du poids des mouvements de capitaux flottants.

Les leçons de l’immédiat après-guerre, qui voulaient que l’on fuit définitivement les politiques déflationnistes, ont été perdues. Il serait tout de même juste de dire que l’effondrement financier global (12 à 15 mille milliards de pertes dans le système financier mondial) est LA cause principale de la pression déflationniste.  Les Etats ont repris  les pertes bancaires, augmenter massivement les impôts  et tenté de ramener leurs dépenses publiques  à des niveaux plus raisonnables pour faire face d’abord à ces pertes insensées. Si les taux des banques centrales sont négatifs, ce n’est peut être pas non plus sans rapport !

La gestion de la zone Euro est en mode panique parce que le monde est globalement en mode panique. Et quand on voit les résultats globaux, le taux de croissance par tête a tout autant fléchi aux Etats-Unis qu’en Europe.  

Pour ne pas avoir réellement compris les causes des crises successives depuis 2008, Stiglitz en est réduit à des conseils de destruction : mettez fin à la zone Euro. Prétendre gérer deux zones, au lieu d’une,  est le type même de la fausse solution. On ne voit pas qui aurait envie de faire zone commune  avec la France, le Portugal et la Grèce. Et en quoi les défauts d’ajustement au sein de chaque zone seraient-ils plus faciles à juguler dans une zone plus petite qu’au sein d’une zone plus grande ? En fait cette coupure priverait  l’Allemagne de tout espoir de remboursement de ses prêts sans donner aux autres les moyens de repartir.

La vraie solution est ailleurs.

-   Il faut prioritairement revenir à un système de changes collaboratifs dans le monde, avec responsabilité des Etats vis-à-vis de leurs balances commerciales et  financières.

-   Dans ce monde stabilisé, l’Euro se retrouverait en bien meilleure situation.

-   La gouvernance de la zone Euro doit être profondément remaniée en faisant apparaître un mécanisme de sanction automatique des grands déséquilibres, permettant d’alimenter un fonds d’ajustement des économies  et en créant un poste de Chancelier de la zone Euro dont le rôle serait  d’éviter les grands désajustements et de pousser t aux réajustements de la façon le moins déflationniste possible.

Au total Stiglitz propose un diagnostic éventé dans ce qu’il a de vraiment européen  et d’insuffisant dès lors qu’on inscrit l’Europe dans le tableau économique global.  La solution proposée est totalement lacunaire et ne conduirait qu’à des nouvelles secousses.

Un livre utile, en ce qu’il rappelle des critiques que l’on ne veut pas entendre depuis des lustres en Europe.

Un livre dangereux parce qu’il conduit à conforter des mouvements du type Front national et à proposer la destruction immédiate et automatique de l’organisation européenne.

L’Europe ferait mieux de trouver en elle-même à la fois les moyens de sa propre réforme et l’influence d’une réforme générale du système monétaire international.

La prospérité s’organise

Nous sommes de ceux qui inlassablement défendent l’idée que la prospérité est aussi et même surtout une question d’organisation. Cette dimension est constamment sous-estimée. 

L’actualité du jour nous en offre d’éclatantes confirmations.

La Russie est en passe de devenir, en 2016, la première nation exportatrice de blé. Pendant toute la période soviétique, elle a souffert de déficits souvent dramatiques. Pour l’observateur ; cela devrait être l’occasion d’une leçon d’économie appliquée. Au lieu de cela, comme d’habitude, on n’évoque que le soleil des uns et les inondations des autres. Naturellement, la météorologie joue son rôle en agriculture. Mais l’organisation est beaucoup plus importante. Après avoir liquidé par la famine près de 10 millions d’habitants des campagnes, dont près de la moitié dans la seule Ukraine, l’instauration du système soviétique de production agricole a provoqué un désastre permanent pendant pratiquement 75 ans. A chaque fois que des réformes ont été tentées, elles ont marché. A chaque fois, elles ont été abandonnées par idéologie.  L’abandon du système soviétique a aussitôt permis de restaurer l’agriculture. En deux décennies, la Russie, comme l’Ukraine, ont retrouvé leur productivité agricole traditionnelle. Qui se souvenait encore  qu’elles avaient été des régions considérées comme des « greniers à grains » de l’Europe.  L’organisation est fondamentale.

Sur un mode différent, l’actualité nous offre un exemple tout aussi parlant. Le Régime Social des indépendants, le RSI, est un échec bureaucratique total. Le système ne fonctionne pas et ne fonctionnera pas. Avoir voulu construire une administration bureaucratique unique sur le mode soviétique a eu les résultats qu’on pouvait craindre. Si on veut d’autres exemples, il suffit de lister toutes les âneries de Mmes Duflot et Touraine, qui ne savent penser qu’en termes de bureaucratie, d’interdictions, de contraintes, de méfiance, de malfaisance…  Mme Hidalgo, possédée par le même prurit, croit également au bénéfice de la contrainte violente et de la prédation.  Ces sottes, toutes passées par le tamis de l’idéologie partisane la plus élémentaire et la plus sectaire, ne peuvent même pas imaginer, comme les hiérarques du PC soviétique, qu’on puisse agir autrement. Les résultats sont naturellement désastreux à court terme et le seront plus encore à moyen terme, si des corrections urgentes ne sont pas mises en œuvre. Confirmation avec l’abandon de certaines des imbécillités de la loi Duflot par Macron et une petite reprise du bâtiment.

Le Point, sous la plume de Delhommais, nous donne à réfléchir sur les principes de l’ordolibéralisme (à ne pas confondre avec l’orthocapitalisme)  qui s’oppose aux versions les plus débridées du keynésianisme, et qui au départ, s’opposait frontalement à l’idée national-socialiste que l’économie appartenait à la nation et que tous les acteurs devaient lui être subordonnées.   Malheureusement l’histoire économique du Troisième Reich n’est pas enseignée ni commentée dans les circuits scolaires et universitaires, en dépit de très belles études.  On survalorise généralement l’action de Schacht et la sortie du chômage dans l’Allemagne de Hitler. La vérité est plus prosaïque. L’Allemagne, comme la première guerre l’avait montré, n’a pas les ressources, notamment alimentaires, pour mener des guerres longues.  C’est la disette puis des débuts de famines qui ont conduit l’Allemagne à la défaite de 1918. L’erreur initiale et insurmontable d’Hitler, est d’avoir cru qu’il pourrait, grâce à des coups parfaitement assénés, le blitzkrieg, en concentrant toutes les ressources sur des points névralgiques, accéder à des ressources extérieures suffisantes. Le pari a marché contre la France. Ensuite, tout fut une suite de désastres, malgré des pillages éhontés et criminels. Qui se souvient par exemple qu’après avoir suppléé Mussolini qui était vaincu en Grèce, Hitler a volé toutes les ressources en nourriture de ce pays, provoquant une famine monstrueuse, dont le souvenir ne s’est toujours pas effacé et qui ressurgit aujourd’hui même dans les revendications de Tsipras vis-à-vis de l’Allemagne.  En vérité, l’économie allemande avait failli capoter plusieurs fois entre 32 et 39. L’économie nazie est un échec pas un succès comme beaucoup le croient.

Le combat des ordo-libéraux  contre la folie national-socialiste, parente de la folie socialiste soviétique, est intellectuellement très riche et il est heureux qu’il soit enfin décrit et commenté en France, pays ruiné par un sous-keynésianisme fiscalisé de haut fonctionnaire, au sein d’une zone Euro déficiente et d’un système monétaire global malade.  « La liberté économique ne relève pas d’un ordre spontané ». En effet ! Comme nous ne cessons de l’écrire,  la liberté se chérit mais les libertés s’organisent. Cet « mantra » devrait être enseigné partout dans les Universités économiques. Il faut en effet fixer un cadre macro économique sain pour permettre aux libertés économiques de donner leur plein effet. Les dimensions macro économiques doivent être maintenues dans certaines proportions pour ne pas grever la prospérité. Déficits internes aberrants, fiscalité confiscatoire, réglementations paralysantes, cadres sociaux intolérables, réquisitions abusives de la puissance publique, contraintes s’apparentant au servage, ne permettent pas la prospérité, seulement la déchéance économique et sociale.

Sur le plan extérieur, il faut maintenir les grands équilibres. Depuis que nous avons abandonné cette règle fondamentale, nous constatons la baisse tendancielle de la croissance, la montée globale de la dette, des crises périodiques de plus en plus dévastatrices.

Le contresens serait de croire que l’Etat n’a pas de responsabilité. Il en a  et en particulier celle de maintenir dans la durée les grands équilibres.

Le cumul d’un étatisme débridé et d’une absence de règles macro-économiques, ne font pas une économie libérale prospère mais un désastre économique.

On évoque les  analyses de l’école de Fribourg en se concentrant  concentrée sur le cas d’un pays isolé. Mais les observations de bon sens de cette école s’applique aussi à l’international. L’international doit aussi avoir des règles d’organisation macro économiques solides. L’organisation de la zone Euro qui permet à l’Allemagne de disposer d’excédents démentiels est fautive. La sur-réglementation bruxelloise, associée à l’absence de règles globales macro-économiques ne créent pas un ordo libéralisme, mais un pseudo  ortho-capitalisme supranational à la dérive.   L’organisation  du système monétaire international qui permet les excédents et déficits permanents et excessifs, au détriment de la prospérité générale, est tout aussi fautive et ce n’est pas en créant de nouvelles normes transnationales micro-économiques, façon Traité Transatlantique qu’on réparera cette tare.

Décidemment oui : il n’y a pas de prospérité sans une bonne organisation collective.  Qui en parle ? Les vraies réformes nécessaires d’aujourd’hui ne sont pas micro-économiques. Elles concernent les équilibres intra étatiques et inter étatiques.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile

Stagnation économique mondiale : l’impatience monte au Figaro !

Il est rare que la presse quotidienne nationale donne le ton de l’opinion publique. Les médias dits « sociaux » sur Internet sont, et de loin, la vraie caisse de résonnance des émotions qui traversent les couches de la population. Les journaux de la  PQN confortent  en général les tendances de leur lectorat en considérant que leur fonction politique (et leur avenir commercial)  tient à ces caresses incestueuses.

L’article de Jean-Pierre Robin  dans la livraison du 12 août 2016, est tout à fait remarquable. Il est un de nos derniers journalistes économiques de qualité, depuis que les Patrons de presse ont commis l’erreur énorme de confier les rubriques économiques à  quelques universitaires officiels aussi outrecuidants qu’insignifiants,.

Le Figaro n’est pas connu pour la contestation économique de la mondialisation et entend  défendre « le système » contre des attaques considérée assez généralement comme de gauche. N’attendons pas de ce grand journal traditionnaliste de se lancer dans des philippiques contre le « néo libéralisme forcené et destructeur » ni d’ouvrir ses colonnes à la condamnation des « Oligarques » qui forment le fond de panier idéologique du « rectosomnambulisme marxo-gauchistes à tendance verbeuse, incantatoire et amante de piloris» qui fait la joie des soixante-huitards septuagénaires français, pourvu qu’ils aient été sensiblement enrichis par l’argent public  depuis cinquante ans.

Alors, lire que  « l’économie mondiale est plombée par l’impuissance de ses dirigeants politiques » est un mouvement de plume d’autant plus fort qu’il est plus rare.  Voilà une forme de « contestation des élites » pour le moins inattendue.  D’autant que l’article insiste : partout, dans ce qu’il est convenu d’appeler le monde occidental, les dirigeants sont désavoués. Ailleurs ce n’ezt guère mieux.L’Afrique sombre comme l’Amérique du sud dans la mal-gouvernance (c’est-à-dire la corruption généralisée).    Sur les 20 personnages qui vont se réunir au G.20 de Hangzou, en Chine, « ceux qui peuvent se targuer du leadership à l’intérieur même de leurs frontières nationales se comptent sur les doigts d’une main ».

« La crise », un concept qui serait bon de clarifier, a fini par corroder le bon vouloir des peuples les plus démocratiques et la patience des journalistes les mieux disposés.

Jean-Pierre Robin insiste là où cela fait mal. Le diagnostic est clair et il met d’entrée de jeu le curseur sur le défaut majeur du système : une situation absurde  « avec d’un côté des pays qui accumulent des excédents extérieurs  vertigineux atteignant 3 à 8.5% de leur PIB et de l’autre des économies en déficit de 2.6% à 5.2% ».

Et oui ! Là se trouve, en contradiction avec toutes les chartes, statuts et accords internationaux, la cause principale des difficultés où nous nous trouvons. Nous en avons fait la preuve détaillée dans notre livre « L’étrange désastre » que l’on voudra bien nous pardonner de citer.  Malheureusement l’article omet de dire quand et pourquoi ce système insane et contraire aux traités  a été accepté et, selon quelles modalités ses défauts  sont  reliés à nos malheurs.

L’article aurait mieux fait de s’arrêter là et de creuser. Il aurait alors pu conclure que l’abandon des disciplines de Bretton Woods sous la pression américaine était la source principale des difficultés et qu’il faut revenir sur le non système monstrueux qui a été mis en place au seul profit des Etats-Unis, profit d’ailleurs douteux, et de plus en plus jugé comme tel par les économistes américains eux-mêmes. Là est la source directe des trois composantes universelles de la crise : l’endettement phénoménal, les crises périodiques de plus en plus sévères, et la baisse du trend jusqu’à la quasi-stagnation actuelle.

Au lieu de cela l’auteur préfère citer toute la litanie des déséquilibres dénoncés par le FMI qui sont, pour le coup, des conséquences et non pas des causes : écarts de revenu entre gagnants et perdants de la mondialisation, endettement des Etats, réaction crispée des populations devant des réformes de structures dont elles ne voient pas le but sinon de s’adapter à une système malade.

L’auteur revient à l’essentiel sur la fin : « Les déséquilibres actuels sont contre productifs » ; « Les disparités nationales sont pénibles pour les pays et collectivement nuisibles pour la croissance mondiale ». Mais bien sûr ! Il insiste sur l’incapacité des dirigeants « pâlichons » à sortir de la défaillance où ils sont chez eux et de l’incapacité de coopérer internationalement. Il explique que du coup, ils ont tout délégué aux banques centrales qui sont, en vérité, impuissantes.

L’article conclut sur « les inconséquences de nos soi-disant maîtres du monde ».

Tout cela est exact et significatif : l’impatience gagne devant la léthargie générale sur fond de crise illimitée qui entame la stabilité politique du monde  et le fait entrer dans une phase extrêmement dangereuse. Même les parties les plus conservatrices de l’opinion commencent à s’inquiéter. On ne peut pas continuer comme cela.

Nous, nous l’affirmons depuis  des années. Qu’on relise simplement sur ce site le message : http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2008/7/6/Crise-conomique--les-quatre-erreurs--viter

Huit ans déjà !

Disons à J-P. Robin que la dénonciation des dirigeants ne suffit pas. Il faut comprendre pourquoi on en est là et pourquoi l’espère de pseudo « ordo-libéralisme » qui a été mis en place à Kingston en Jamaïque, en 1976, doit être abandonnée.  

Le nœud de la solution passe par l’obligation faite aux Etats (pas à la masse des producteurs, des financiers  et des consommateurs)  de tenir un taux de change fixe, mais ajustable et d’éviter et les grands déficits et les grands excédents.  Telle est la clé de voûte de toute solution. Le système monétaire international doit être stable et ne doit pas dépendre d’une monnaie nationale.

Commençons par là et le reste s’ordonnera.

Cher Jean-Pierre Robin, ouvrez donc les colonnes de votre journal à ces idées fondamentales. C’est là où est la vraie audace et où il faut vaincre de vraies difficultés, tant la soumission aux ordres américains est difficile à surmonter.  Vous verrez alors que les fantômes politiques qui se réunissent le 5 septembre en Chine sont peu différents de  tous les ectoplasmes qui n’osent jamais entrer dans les débats de fond  par peur d’y perdre… leur plume.

Nous aimerions tant vous aider. Nous savons, après vingt-cinq ans de combat, que si le diagnostic est désormais presque partagé par tous ceux qui se posent honnêtement la question, le passage à l’acte demande tellement de courage qu’il y a peu de chance qui se produise.

Dommage et merci tout de même pour cet article encourageant !

Un dernier mot pour rappeler que votre article omet de parler de la zone Euro qui souffre encore plus des énormes déficits et excédents internes de ses membres.

Depuis que nous sommes passés à un système de « fiat  money » et d’interventionnisme massif des Etats dans l’économie (rappelons que la dépense publique française excède notablement la valeur ajoutée des entreprises françaises du secteur non financier), la stabilité du monde dépends de la politique conjointe des Etats et de leur banque centrale qui ne peut être bâtie qu’autour d’un concept simple : les excédents comme les déficits doivent être prévenus, bannis, sanctionnés internationalement  afin d’obtenir des politiques étatiques cohérentes et collaboratives. Tout le contraire de ce qui se passe actuellement.

Quand on fait l’inverse de ce qu’il faut, on obtient les résultats inverses de ceux qu’on pourrait espérer.  Nos dirigeants ne sont impuissants ou défaillants que parce qu’ils ne veulent pas, ou ne peuvent pas, porter ce message fondamental.

Et effectivement leur impuissance ou leur défaillance conduisent le monde au chaos.  Il ne suffit pas d’être impatient. Il faudrait aussi commencer à être pertinent et, dans le contexte actuel, courageux.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

La subsidiarité : un faux concept et un vrai évitement.

Nous assistons à une crise violente de la construction européenne. Pour avoir mis la charrue avant les bœufs de façon systématique, les européistes, qui voulaient forcer leurs thèses en créant des déséquilibres dont il n’aurait été possible de se sortir qu’avec plus d’Europe, ont finalement cassé le système.

Le principe même d’une union Européenne est remis en cause par le Brexit. On constate que des mouvements politiques puissants souhaitant la fin de l’Union ou de certains de ces mécanismes existent partout.

L’Euro est en danger du fait de la faillite virtuelle des banques de la zone. On découvre avec « surprise » que les banques italiennes ont 360 milliards de dettes douteuses dont on craint de ne jamais pouvoir récupérer plus de 200 milliards alors que la capitalisation boursière bancaire ne dépasse pas 52 milliards. C’est exactement la même chose partout en Europe, mais chut !

Schengen a été tué par l’afflux incontrôlé de plus de 1.800.000 migrants arabes et africains en cinq ans.

Une telle situation conduit les journaux à se tourner vers les grands Ministres de Affaires Etrangères pour esquisser des solutions. C’est ainsi qu’Hubert Védrine, qui parvient à conserver une bonne opinion à droite, tout en présidant aux œuvres de feu Mitterrand,  a pu s’exprimer sur une pleine page du Figaro. Que dit-il ? Pour simplifier : mettons en œuvre la subsidiarité. L’Europe ne doit pas s’occuper de détails et laisser passer l’essentiel.

L’argument parait solide. Qui ne serait pas d’accord pour que des nations qui font l’effort de dépasser leurs particularismes nationaux  s’entendent d’abord sur les questions d’importance où la force de l’union peut avoir un effet ?

Malheureusement, lorsqu’on creuse un peu, l’argumentation est plus que branlante et n’ouvre pas vraiment les portes d’un meilleur avenir européen.

La subsidiarité est un mot rare et confus, dont le sens n’est évident pour personne. Issu de la pensée religieuse, utilisé en droit civil, il n’avait aucune vocation à entrer en politique.

La tentative aventurée de faire voter une prétendue « constitution européenne » a conduit à donner des gages  aux anti-fédéralistes en leur lâchant un mot comme on lâche un os à un molosse menaçant. Il s’agit d’une astuce politicienne  qui utilise un faux concept adjuvant et lénifiant pour faire passer la pilule. On trouve de nombreux autres exemples de cette technique de gouvernement. Par exemple la « pénibilité », concept correspondant à une réalité introuvable, qui a uniquement pour but de donner l’apparence que  les salariés publics renonceront aux régimes spéciaux alors qu’ils conserveront leurs privilèges sous un autre nom.

On eut donc droit à ce chef-d’œuvre de rédaction faux-jeton dans la fameuse « constitution »

-          « La Communauté agit dans les limites des compétences qui lui sont conférées et des objectifs qui lui sont assignés par le présent traité. Dans les domaines qui ne relèvent pas de sa compétence exclusive, la Communauté n'intervient, conformément au principe de subsidiarité, que si et dans la mesure où les objectifs de l'action envisagée ne peuvent pas être réalisés de manière suffisante par les États membres et peuvent donc, en raison des dimensions ou des effets de l'action envisagée, être mieux réalisés au niveau communautaire ».

L’analyse de ce texte est assez simple : l’Europe a tout pouvoir, sans « subsidiarité » dans ses compétences exclusives, et dans tout le reste, elle aura la grande décence de ne se mêler uniquement de ce qui serait mieux traité en s’y mettent tous ensemble, sachant qu’en cas de conflit sur le qualificatif ce serait la Cour de Justice qui trancherait. Ayant toujours tranché en faveur du pouvoir fédéral, conformément à son objet même,  on peut penser assez légitimement que tout aurait été considéré comme mieux traité à l’échelon européen.

En clair, et j’avais déjà souligné ce point à l’époque : rien n’est subsidiaire dans ce qui a été accordé en propre à la Commission, et pour le reste, tout le reste,  les Etats membres devront justifier, à leur bas niveaux, que ce qu’ils font ne pourrait pas être mieux fait par la Commission !

Cet article n’avait pas pour but de brider la Commission mais les Etats.

Il en aurait été autrement si le texte avait dit :

-          « La Commission n’exerce son pouvoir que dans les domaines où elle a une compétence explicite ; elle ne le fait que sur des questions importantes pour lesquelles l’Union est une force nécessaire et suffisante ».   

Historiquement la Commission a eu pour rôle de donner un sens et une matérialité à l’idée que les Etats membres renonçaient à faire du tort aux pays associés et à leurs résidents pour protéger leur bien propre. On sait le nombre incroyables d’obstacles mis par chaque Etat pour « protéger » tel ou tel de ses intérêts, si possible au détriment de « l’étranger ». La Commission s’est vu attribuer le monopole de l’initiative, afin d’éviter les défenses nationalistes d’intérêts particuliers. Et elle s’est lancée aussitôt dans un travail de fourmi pour éliminer une à une les particularités inventées pour gêner les voisins. Le marché unique libre et non faussé imposa plus tard encore plus de rigueur dans le détail. L’Europe aura été une usine à normes de plus en plus microscopiques pour enserrer la créativité passée ou à venir des Etats pour défendre leurs petits intérêts.

C’est pour cela que des textes régissent la taille des cucurbitacées, le drapeau bleu sur les plages,  les  règles de fabrication du camembert ou le format des disques horaires.

Aussi ridicule que puissent paraître les décisions prises, elles ont toujours eu pour but de définir un espace commun où tous les Européens pouvaient agir, sans se trouver piéger par une astuce ou une particularité gênante.

On peut donc aller et venir, s’installer, contracter, partout dans l’Union, sans que le fait qu’on ne soit pas natif du pays vous expose à des difficultés particulières. Le droit européen est individualiste. Pourvu qu’il soit européen membre de l’Union, chaque individu aura pratiquement les mêmes droits qu’un national. L’Europe n’est pas supranationale mais co-nationale.

La Commission était une machine à faire cela et l’absence de subsidiarité était consubstantielle à ce travail. Il n’y a pas de « subsidiarité » dans l’égalité concrète des « droits de ».  L’adjonction d’un Parlement Européen n’était pas nécessaire. C’est une erreur grave de Giscard. L’apport démocratique est nul, puisque les électeurs ne savent pas pourquoi ils votent et n’ont aucune capacité de modifier ce qui se fait à Bruxelles (qui est défini par la Commission). Il n’y a donc jamais aucun programme formulé lors des élections européennes. Et donc de moins en moins d’électeurs et un mépris de plus en plus grand pour les « élites » qui vont se goberger dans les instances « démocratiques » européennes.

Dans la pratique cet abandon progressif des règles de défense nationaliste au sein de l’Union n’a aucun inconvénient réel et favorise une concurrence utile sur le plan commercial et des libertés utiles sur le plan personnel et familial. Que les négociations avec des pays tiers, sur tous ces sujets, se fassent à l’échelon Européen est également totalement légitime, sous réserve du contrôle final des Etats.

L’Europe du « je ne te crains pas ami européen et je concours à éliminer tous les obstacles à tes droits » est à la fois originale et nécessaire. Elle n’implique pas la création d’un Etat fédéral.

La subsidiarité n’ayant aucune place dans ce processus et un gouvernement gardant la possibilité de bloquer une décision inutilement dommageable ou marquant un excès de zèle, tout allait bien dans la meilleure union européenne possible. C’est à cette Communauté là que le Royaume-Uni s’était agrégé.

On peut parler de mauvaise foi quand on prétend améliorer l’Europe en mettant en avant la subsidiarité sur des questions où depuis 58, il n’y en a pas. La taille des cucurbitacées n’est pas le problème.

Les vraies questions sont plus précises que cela. Offre-t-on les « droits à » au même titre que les « droits de » ? En un mot les dépenses de solidarité sociale nationale sont-elles offertes gratuitement à tout membre de l’Union qui les solliciterait ? Sachant que tous les pays européens ont développé des systèmes différents et que l’harmonisation n’est pas dans le champ de la Commission, le problème est très concret, surtout depuis les extensions récentes aux pays pauvres du sud et de l’est. Offre-t-on un droit de vagabondage et de mendicité, voire de délinquance habituelle, à tout clan qui se trouve dans l’espace européen ou qui parviendrait à s’y trouver ?

Ici encore, le concept de subsidiarité n’a aucun sens. Il faut savoir si oui ou non une nation peut se débarrasser d’indésirables qui ne sont pas là pour contribuer mais pour bénéficier d’avantages sociaux ou de trafics douteux ou illégaux.  Et de répondre enfin à la question : est-ce l’immigration incontrôlée ou spécifiquement nationale offre les mêmes droits que la nationalité d’un pays de l’union ? On ne voit pas ce qu’apporte le concept de subsidiarité dans ces débats.

Pour la gestion de l’Euro, la subsidiarité n’a pas plus de sens. La question est de savoir comment on coordonne l’ensemble des politiques qui conditionnent la valeur de la monnaie unique. Le choix est entre maintenir le système actuel (les règles constamment violées du traité de Maastricht corrigées par le traité Merkozy, qui, pour nous, deviennent un frein tragique à la croissance), créer un poste de coordinateur (pour nous un Chancelier de la zone Euro)  ou une Union fédérale budgétaire sociale et fiscale (à notre avis, une nouvelle mise de charrues avant les bœufs).   

On a donc envie de dire à Hubert Védrine : Compte tenu de votre position et de vos qualités, appliquez-vous le principe de subsidiarité ; n’attaquez que les questions européennes dures sur lesquelles une réponse précise doit être trouvée sous peine de voir l’entreprise capoter définitivement.

La fin de la vision rooseveltienne du monde ?

Roosevelt avait une grande ambition : créer les conditions d’un monde meilleur d’où les guerres seraient bannies, où le droit remplacerait les exactions et les conflits entre  Etats nationalistes et autoritaires, où un système collaboratif basé sur la liberté dans les domaines monétaires et économiques empêcherait les crises. Le multilatéralisme serait la règle. Les Etats-Unis avaient raté le coche de la SDN. Ils se attraperaient avec l’ONU, la charte des droits universels, le FMI, la Banque mondiale, …

Une des conditions, dans l’esprit de l’équipe de Roosevelt, était de mettre à bas les « empires » européens et asiatiques, sources de conflits à répétition et de faire disparaître leurs colonies. L’Empire Britannique et l’Empire Français, bien qu’alliés aux Etats-Unis, devaient être dissous, l’Allemagne et le Japon étant définitivement déclassés dans un statut de nains politiques et diplomatiques qui ne leur laisserait que l’échappatoire de la sphère économique et commerciale. Le Plan Morgenthau initial, à l’initiative de son adjoint Harry White, était de renvoyer le clos germanique à une exploitation bucolique de ses ressources agricoles…

Bien sûr, il ne s’agissait pas de laisser les intérêts américains à l’encan. Les Etats-Unis deviendraient le leader du monde. Mais Ils assumeraient leurs responsabilités. Ce qu’ils feront  notamment contre l’URSS, vu comme le dernier « empire du mal », même s’il n’était pas considéré comme tel par nombre de collaborateurs de Roosevelt et était encore, Roosevelt vivant, un allié.

Ce plan était assez noble, et les Etats-Unis assez forts, pour qu’il s’impose longtemps encore après la mort de son géniteur.

Que deviendrait l’Europe ? L’objectif était d’aboutir à la création d’une union européenne fédérale faible, entre anciens empires démembrés à l’intérieur (décentralisation voir scission de régions) comme à l’extérieur (décolonisation), avec des bases militaires américaines partout. Jean Monnet, agent des Etats-Unis en Europe, sera chargé de mener à bien le projet et d’y amener les Européens. Il s’appuiera, partout en Europe,  sur la Démocratie Chrétienne et une partie des socialistes, avec le soutien financier et politique de la puissance américaine.

L’Empire britannique deviendra le Commonwealth. La France sera contrainte à une décolonisation totale. L’Allemagne divisée, sera occupée pour longtemps.

Restait à mettre en place le projet des Etats-Unis d’Europe, structure fédérale sur le modèle américain et alliée inconditionnelle des Etats-Unis…

Aujourd’hui, il ne reste en Europe que les reliquats nerveux d’anciens empires. En dépit de la réunification allemande, les grandes nations européennes d’antan sont édentées et subverties de l’intérieur comme de l’extérieur par les mouvements libres et massifs d’hommes, de marchandises et de capitaux. Les Etats-Unis sont la seule grande puissance.

Roosevelt aurait-il  gagné ?  

On peut se tapoter le menton. Surtout si on pose les deux questions clés : 

Question 1 : L’objectif du « projet européen » est-il toujours de créer l’Europe supranationale de Jean Monnet dans le cadre d’un fédéralisme mou et d’un régionalisme fort, chargé d’achever l’éclatement des anciennes grandes puissances européennes et les noyer dans une nuée de micro-états afin d’obtenir une soumission totale à l’impérium américain ?

Question 2. : Si la réponse à la question 1 est non, quel est l’objectif de l’Union Européenne ?

Evidemment des questions aussi directes ne sont jamais posées. Et les réponses ne sont jamais apportées. Si les dirigeants européens ne veulent pas s’embarrasser d’une vision explicite, exprimée, expliquée et assumée, le travail se fait en souterrain dans la conscience des peuples avec des « surprises démocratiques », en même temps que les attitudes des uns et des autres deviennent des contorsions de plus en plus paradoxales et que les organes européens se grippent les uns après les autres.

Considérons simplement ce qui se passe en ce moment même.

Le premier ministre britannique, Cameron, avait considéré qu’il fallait absolument exclure le Royaume-Uni du « toujours-plus » fédéral européen. Il a obtenu l’accord des autres pour ne pas souscrire aux clauses « d’approfondissement » vers plus de fédéralisme. L’honnête courtier des Etats-Unis en Europe, rôle qui le valorise dans sa relation « spéciale » avec les Etats-Unis, voulait bien continuer son chemin européen mais sans l’aboutissement fédéral qui était inscrit en pointillé (sans tapage médiatique de la part des négociateurs) dans la plupart des traités. Sacré paradoxe tout de même.

Les Britanniques, consultés par referendum, ont été plus loin : ils veulent rester ce qu’ils sont et quitter l’appareil institutionnel de l’Union Européenne. Du coup les Américains sont inquiets, d’abord parce qu’ils perdent un réseau d’influence au cœur même de l’Europe.  Le retour de flamme national des britanniques met à mal l’espérance rooseveltienne.  Kerry sera envoyé dans la minute en Allemagne pour vérifier si la soumission y restait totale, en dépit des effets moraux et politiques de sa réunification. Si l’Allemagne décidait de retrouver un rôle autonome, après le départ du RU de l’UE, l’impérium américain serait fortement endommagé. Il semble qu’il ait reçu tous les apaisements nécessaires.

 

Il ne faut pas oublier que le Brexit vient après le rejet du projet de « constitution européenne » par des nations fondatrices de la première Europe des 5 (La France et la Hollande ont dit non) et l’absolue volonté des anciens Pays de l’Est de ne pas se diluer à nouveau dans une structure fédérale. Ils veulent l’aide européenne et la souveraineté nationale, le beurre et l’argent du beurre, plus les beaux yeux de la fermière sous la forme de la sécurité de l’Otan vis-à-vis de leur ancien colonisateur. La domination soviétique y a toujours été vue comme une domination russe.  Poutine fait tout pour leur donner raison.

Certains partisans de l’Europe de Monnet et de Schumann regrettent finalement le traité de Lisbonne. En passant de la Communauté Européenne à l’Union Européenne, les peuples se sont retrouvés trop violement dans la lumière de l’élimination programmée et définitive de leur nation. Le Conseil Européen a finalement pris le rôle principal, remettant en cause les « coups d’état » (selon Giscard) successifs de la Commission et du Parlement Européen désireux de s’autoproclamer respectivement « gouvernement » et « assemblée législative » d’une union fédérale. 

Il est vrai qu’un Conseil Européen des chefs d’Etats et de Gouvernements, à 28 ou 27, est une structure difficile à faire vivre, qui met en valeur  le rôle des grandes puissances tout en énervant les petites, le tout s’accordant pour diminuer le rôle du Président de la Commission, lui-même tenté de se croire chef suprême du « gouvernement » fédéral  européen.

Juncker, qui poursuit les rêves de Delors et se veut le pivot de l’Union Européenne, se retrouve en conflit ouvert avec les chefs d’Etat. Mme Merkel qui ne voulait déjà pas de Barnier, ne supporte plus Juncker et ne se fait pas prier pour le faire savoir. Elle veut le mettre à la « retraite anticipée ».  Déjà, lors des discussions avec la Grèce, certains participants avaient demandé : « Que fait là le Président de la Commission ?». Ajoutons que la Slovaquie qui prend la tête de la présidence tournante des 28 entend « mettre fin aux tendances fédéralistes et restaurer la souveraineté des Etats ».

Tout le monde a compris que le Brexit mettait fin aux tractations pour un traité transatlantique et peut-être même au traité en fin de négociation avec le Canada. Le Brexit a donné un coup sévère à l’Atlantisme.

Du coup, on peut se demander ce qui reste de la grande pensée mondiale de Roosevelt.

L’organisation multilatérale économique mise en place à Bretton Woods a été détruite en 1971 par les Etats-Unis eux-mêmes qui pensaient qu’ils s’en sortiraient mieux avec un étalon dollar de fait dans un système de changes flottants. Ce système délirant s’est partiellement effondré en 2008 et personne n’a encore cherché à en rebâtir un meilleur.  

L’organisation fédéralo-européiste atlantiste initiée par Monnet est en train de s’effondrer à son tour. Le mouvement vers un système fédéral à l’américaine en Europe est arrêté. Partout le nationalisme ou ses formes dérivées repartent.

L’ONU tourne à vide, incapable de mettre un terme à la violence arabe stimulée par le ressentiment des défaites face à Tsahal et aux méthodes de l’occupation israélienne, et totalement dépassée par l’inflammation du monde musulman contre l’Occident. La conquête par la Russie de la Crimée et la guerre artificielle alimentée par Poutine en Ukraine laisse l’ONU impuissante. La Chine réarme, après que les Etats-Unis en ait fait bêtement l’usine du monde,  et conduit le Japon à chercher à se doter de l’arme atomique. Obama a eu le prix Nobel de la Paix avant même de prendre les rênes des Etats-Unis et il a largement désengagé les Etats-Unis de leurs responsabilités mondiales.

Le Royaume-Uni a quitté le vaisseau européen à la dérive après trop d’extensions et trop d’erreurs d’organisation. L’après-guerre est bien fini. L’ère rooseveltienne aussi.

Nous sommes dans un monde multilatéral à reconstruire, un système monétaire et financier international à reconstruire, une alliance occidentale à reconstruire, une Europe à reconstruire.

La guerre et la puissance américaine avaient permis  d’imposer des schémas multilatéraux globalement bénéfiques mais contenant des biais en faveur des Etats-Unis ou d’alliés privilégiés qui ont créé des faiblesses qui ont fini par les faire éclater un à un.

Un monde globalement en paix, malgré les quelques incendies qui demeurent, et globalement interconnecté,  peut-il se reconstruire sur une base multilatérale sans leader et sur un principe de parité et non plus de soumission ?

Dans cette nouvelle architecture à créer que doit et peut être le « projet européen » ?

Ne cherchez pas dans les programmes des candidats potentiels à l’élection présidentielle française ni dans les déclarations du Président français, du Premier Ministre ou du Ministre des Affaires Etrangères (si, si, il y en a un !).

L’état du monde ne permet pas d’affronter de face ces défis colossaux, dans le cadre de l’ONU, pratiquement complètement marginalisé.

Que faire ?

La priorité est de refonder la zone Euro. Elle ne peut pas fonctionner sur les bases actuelles et si on ne fait rien elle explosera entraînant de très fâcheuses conséquences. Rien n’est plus urgent que de créer un coordinateur des politiques économiques et sociales européennes, que nous appelons un chancelier de la zone euro, indépendant des structures de l’Union Européenne actuelle. Au sein de cette zone, il est indispensable qu’une chambre de compensation veille à l’équilibre des échanges et que les grands excédents comme les grands déficits soient sanctionnés. Les pénalités saisies sur les balances excédentaires permettront d’alléger la charge de redressement des pays déficitaires. Ce serait une sorte de plan Keynes sans la possibilité de dévaluer et avec une monnaie unique déjà en place.

 

La seconde priorité est de reconstruire un système monétaire international basé sur la responsabilité des Etats vis-à-vis de leurs grands équilibres. La seule vraie solution est un système de changes fixes  et ajustables et une organisation de surveillance et de coordination, qui, comme celle proposée pour la zone Euro, pénalise à la fois les pays à grands excédents et les pays déficitaires.

Dans les deux cas, l’obstacle principal n’est pas intellectuel ou technique. Il tient à l’omnipotence de l’Allemagne en Europe et des Etats-Unis dans le monde. S’ils veulent bloquer, alors la seule réponse est de tout bloquer. Vous ne voulez pas jouer le jeu collectif, ce dernier s’arrête. Et on attend.

Si ces deux restructurations sont faites, on y verra plus clair pour la suite. La nécessité d’équilibrer dans la durée les balances des paiements  réduira automatiquement la nuisance des certains mouvements de capitaux et de marchandises. Il n’est pas si difficile de rendre positifs les mouvements de personnes : libre circulation réservée aux nationaux en Europe ; reconduite à la frontière automatique avec demande de visa ultérieure pour les personnes se livrant à des trafics et à la mendicité (re pénalisée comme le vagabondage) ; renforcement des contrôles extérieurs à la zone ; impossibilité de bénéficier de la « gratuité de la vie » avant au moins cinq ans de contributions à l’économie du pays ; détachement de personnel à l’étranger dans des conditions plus précises ; réforme de la définition et des modalités du droit d’asile. Négociation collective éventuellement forte, avec les pays d’émigration systématique (l’Europe ne peut pas accueillir les 400 millions d’Africains en surnombre qui sont anticipés d’ici à 2050). .

La Commission ne doit plus se prendre pour le gouvernement de la future Europe fédérale subliminale. Elle ne doit avoir aucune influence sur la zone Euro qui ne concerne qu’une fraction de ses membres.  Elle doit être une structure légère chargée d’assister le Conseil Européen et non pas une structure lourde chargée d’étudier des lois dans pratiquement tous les domaines et de les faire appliquer. Le Parlement Européen devrait devenir un Conseil économique et social européen chargé d’étudier des questions européennes et de donner des avis.  Le  champ d’action de ces institutions européennes est purement économique : marché unique,  agriculture et aides structurelles hors zone Euro.

La Commission ne doit avoir aucun rôle spécifique ni aucune relation avec les régions, qui dépendent de leur état respectif.  

L’extension de la zone Euro sera retirée du pouvoir de la commission.  Les impétrants ne seront acceptés que s’ils entendent s’intégrer à la zone euro et feront l’objet d’une décision d’opportunité par le Conseil Européen et lui seul.

Les modalités d’associations de pays étrangers avec l’Europe Unie seront simplifiées et unifiées, au bénéfice de la zone. Elles seront  ajustées en fonction des intérêts de la zone Euro notamment en matière de stabilité monétaire globale et de traitement des déséquilibres commerciaux. Les pays ayant d’énormes excédents de balance de paiement avec la zone seront interdits d’investissement direct dans la zone Euro. 

Et on reprend la marche en avant, pas à pas.

Evidemment cette démarche met en cause quelques principes : liberté absolue et totale de tous les mouvements de capitaux, de personnes et de marchandises ou services ; abandon au moins temporaire de l’optique fédéraliste. Limitation du regroupement familial. Limitation du gouvernement des juges.

Mais c’est le seul moyen de redonner un pouvoir de décision aux dirigeants et de retrouver la confiance des peuples.

 Si on ne fait rien, en refusant de lever les ambiguïtés fédéralistes, en se détournement de réfléchir aux causes des crises financières extérieures à répétition, en refusant de voir que le plan « Merkozy », utile à court terme, ne mène à rien dans la durée, en s’interdisant de canaliser et d’organiser les libertés fondamentales,  gare à la prochaine crise décennale (qui arrive) et au caractère explosif des forces de désagrégation en mouvement.

L’ère rooseveltienne est morte, même si nominalement les institutions globales sont toujours là ainsi que l’esprit général de liberté. Elles sont devenues inefficaces parce qu’elles étaient déséquilibrées, ou parce qu’elles ont été vidées de leurs substance ou parce que l’esprit de collaboration a purement disparu sous l’effet des rapports de force.

Un énorme travail attend, en temps de paix et sans le soutien d’un hégémonisme, les hommes de bonne volonté pour retrouver le fil d’une vision positive de l’organisation de l’Europe et du monde, fil qui est actuellement emmêlé et en grande menace de se rompre.

Réformer le droit de grève en France

En démocratie, la grève est un droit dont la modulation est un exercice ouvert puisqu’Il n'y a pas de droit sans limite.

Ces limites concernent les motifs de grèves, les modalités de la grève et l'indemnisation des conséquences pour des tiers non concernés.

Que dans le cadre d'une entreprise privée, on permette une action collective basée sur la suspension du travail n'a rien de choquant. Ce droit de coalition existe depuis des décennies en France (1 864) et son fondement n'a pas à être justifié. Depuis que les économies sont ouvertes, ce droit a du mal à s'exercer dans les entreprises privées. La grève signifie, dans la compétition mondiale, la mort de l'entreprise quand elle est chargée, comme en France, d'une part très supérieure de la charge publique globale. Dans des PME, le cumul des droits individuels et collectifs de nuire à l'entreprise, s'ils sont mis en œuvre, n'aboutit pas à un renforcement du pouvoir de négociation des salariés mais à l'arrêt de l'exploitation. Le conflit ouvert ne peut plus s'ouvrir que sur une base individuelle (avec extorsion de fonds en utilisant les prud'hommes) ou, collectivement, en fin de vie de l'entreprise (en essayant d'arracher ce qui reste de richesses au moment de partir et en ruinant totalement l'entrepreneur).

Depuis les lois Auroux et les compléments Jospin, le droit de grève en PME ne s'exerce pratiquement pas, parce que l'entreprise est paradoxalement trop faible et le rapport de force trop en sa défaveur. Certains salariés cherchent à être protégés par un statut syndical mais l'aspect individuel domine. Provoquer la mort de l'entreprise n'est pas dans la tête des autres salariés.

En un mot, le fait d'avoir donné aux salariés des moyens de tuer leur entreprise, fragilisée dans le cadre de la mondialisation, a liquidé l'usage effectif du droit de grève dans tout un pan de l'industrie et du commerce.

Pour les grands groupes de tout temps privés, l'affaire est à peine différente. La direction est de plus en plus à l'étranger (merci l'ISF et la chasse aux patrons) et les délocalisations sont un risque prouvé. Là encore les conflits portent sur des filialisations avant vente ou des fermetures de site. Pas pour obtenir des avantages nouveaux dans le cadre de la vie courante de l'entreprise. Les très grands groupes font désormais l'essentiel de leurs bénéfices à l'étranger et ne craignent plus les grèves locales. On l'a vu avec les lois sur les 35 heures en fin de siècle dernier. On cède, on engrange quelques bénéfices d'opportunité, puis on vend. Les salariés sont passés directement des 35 heures au chômage. Céder puis partir, telle est désormais la règle des grands groupes. Ou imposer leurs règles.

La grève aujourd'hui est donc en France réservée aux monopoles publics, dont "la paix sociale" a été confiée au Parti Communiste à la Libération. L'énergie, le transport, la mécanique ainsi que le culturel, ont été laissés à la bonne grâce de la CGT, sous direction soviétique jusqu'en 1990. Il a fallu Jules Moch pour mater les grèves insurrectionnelles de 47. L'aspect purement politique de la grève, dans un contexte géopolitique gravissime, exigeait une réponse extrêmement ferme. L'industrie mécanique a quasiment disparu en France, du fait des exactions syndicales. Elle n'est plus qu'un souvenir, avec quelques PME survivantes, où le syndicalisme n'existe pratiquement plus. La Presse est en voie de disparition. La PQN parisienne a été tuée autant par les ouvriers du livre que par Internet. Elle ne survit que de la charité publique, du soutien conditionnel des banques et de l'argent de quelques milliardaires. Le "Culturel public" ne survit plus que par la menace permanente et dans une ambiance de chantage délétère. On ne peut plus parler de droit de grève mais d'actions qui visent à interdire toute remise en cause des régimes extravagants mis en place aux dépens des autres Français.

Après s'être essayée, en vain, à un retour à un syndicalisme à peu près normal, la CGT se voit menacée de marginalisation. Elle se lance aujourd'hui dans un combat qui n'a strictement aucun sens national ou syndical, puisque les secteurs où elle a du pouvoir ne sont pas concernés par les mesurettes de la loi El Khomry. Tout le monde a compris qu'il s'agit d'une opération électorale en vue des grandes élections syndicales imminentes et d'une intimidation visant non pas tant Hollande et le PS que les futurs réformateurs du pays. Pas un commentateur qui ne s'en donne à cœur joie dans les interviews des candidats à la primaire de la droite et du centre : "Le pays est à l'arrêt quand on propose des mesures minables qui ne changent rien ; imaginer ce qui va se passer lorsque vous allez proposer votre programme radical. Votre théorie des cent jours appuyée sur le légitimisme de l'élection volera en éclats. Ah ! Ah ! Ah !".

Une telle situation exige de redéfinir le droit de grève.

La négociation sociale et l'arme ultime de la grève sont absolument nécessaires. Mais les conditions d'exercice doivent être profondément revues.

Première règle : les droits collectif et individuel de nuire à l'entreprise impunément doivent être réformés en même temps. Ils forment un tout.

Seconde règle : la TPE, la PME, la grande entreprise peuvent ne pas avoir les mêmes règles.

Troisième règle : l'intervention de l'Etat doit être sur le cadre pas sur le détail du contenu des relations du travail. Le grain à moudre doit être laissé aux partenaires sociaux. Les actions globales d'inspiration électoraliste, sur le SMIC et le temps de travail ont été des catastrophes dont l'emploi et l'économie ne se remettent pas.

Quatrième règle : dans une économie entièrement ouverte, les conventions nationales et de branche sont en difficulté. Les conventions européennes et de branches européennes étant de facto impossibles, une solution "par le haut " est impossible. Il faut conserver une réglementation nationale et des accords de branches mais, qu'on le veuille ou non, les accords doivent pouvoir être modulés au sein de l'entreprise dans une certaine mesure par rapport à des règles nationales ou de branche. On n'a pas besoin d'une inversion des règles, mais de souplesses.

Cinquième règle : le juge ne doit avoir qu'un rôle exceptionnel et n'intervenir qu'en cas de violation manifeste des droits individuels et collectifs. Il faut lui enlever effectivement le droit de tuer une entreprise, soit en emprisonnant le patron sur des prétextes variés, soit en ruinant les finances de l'entreprise, soit en imposant des mesures impossibles (des milliers d'exemples de jugements imbéciles  existent). Il appartient au contrat individuel et à la convention collective éventuellement adaptée à l'entreprise, de fixer les règles.

Sixième règle : la grève est un conflit entre la direction de l'entreprise et son personnel. Toute motivation extérieure à ce cadre (grève politique, grève de solidarité, etc.) doit être interdite et engager la responsabilité des syndicats qui y appellent et des grévistes qui s'y livrent. La violence doit être interdite et le respect du droit au travail garanti.

Septième règle : la grève est interdite ou fortement contraintes dans le secteur de l'Administration et dans les monopoles publics confiés à des personnels à statuts en position de monopole. Le service public l'emporte sur le droit de coalition. Sinon on donne le pouvoir politique à des syndicats d'étrangler la République. Dans les secteurs d'importance stratégique, qui conditionnent le succès d'opérations d'ampleur nationale, les conditions de déclenchement et d'achèvement d'une grève doivent être extrêmement réglementées.

Huitième règle : l'occupation ou le blocage de bâtiments publics ou servant à l'exercice d'un service public est strictement interdite et la non application de la loi par l'exécutif ou les juges sanctionnée.

Il suffit d'analyser les règles au Royaume Uni, aux Etats-Unis, en Allemagne, au Japon, en Suisse, pour constater que ces principes y sont pratiquement tous appliqués, même si les formules sont un peu différentes à chaque fois.

Réformer le droit de grève en France n'est donc pas une fantaisie" fasciste" imposée par le grand capital ou autre diable convenu.

La situation française, liée d'abord aux conditions de la Libération qui ont imposé des accommodements ruineux avec les Communistes, puis aux délires soixante-huitards, puis aux étouffements socialistes sous Mauroy, Rocard et Jospin, est clairement anormale.

Un retour à ce qui est  la règle partout ou presque, dans les pays avec lesquels nous sommes en compétition économique totale, n'est pas une entreprise gratuite et secondaire. Elle ne débouchera sur aucune conséquence néfaste pour personne. Un abus n'est pas un droit. La suppression d'une anomalie n'est pas l'amputation d'une liberté.

Hollande et ses gouvernements n'étaient évidemment pas armés pour entreprendre les réformes nécessaires.

En revanche, il appartient à ceux qui ambitionnent de devenir Président et d'exercer de grands pouvoirs, lors du prochain quinquennat, d'avoir sur ces sujets une doctrine ferme, élaborée, exprimée, expliquée et si possible capable d'obtenir la compréhension du pays. La grande politique est de rendre possible ce qui est nécessaire. Cela suppose d'en exposer les principes dès maintenant et, s'agissant d'une condition fondamentale et préalable à toute action de redressement économique et social d'envergure, il faudra agir effectivement au plus près du succès électoral.

Malheureusement, c'est le grand silence dans les rangs des candidats.

Hommage à Raghuram Rajan

Raghuram Rajan, Raghu pour les intimes,  est gouverneur de la banque centrale de l’Inde (Reserve Bank of India). Il vint de refuser de faire un second mandat. Cela s’est passé un 18 juin et cela résonne comme un appel. Il n’a pas été démissionné pour incompétence. Au contraire, il a été probablement le meilleur gouverneur de banque centrale de ces dernières années.

Raghuram était l’ancien Economiste en chef du FMI et il savait exactement de quoi il parlait.

Sa compétence et son autorité économique, qui n’étaient pas seulement une image de com’, comme pour DSK,  lui ont permis de sortir l’Inde de trois de ses tares habituelles : une inflation trop forte, des déficits intérieurs et extérieurs exagérés et un cours erratique de la Roupie. Rappelons la période : la pire pour les relations financières et monétaires internationales. Rappelons aussi le résultat : la meilleure croissance mondiale, bien avant la Chine !

Mais voilà, Il avait compris que le système monétaire international, basé sur les changes flottants et le n’importe quoi, était fou et forçait une guerre des banques centrales ridicule et contreproductive. Il ne l’a jamais dit aussi clairement. Les banquiers centraux ne font pas cela. Mais la restriction était évidente.

Alors les pressions ont commencé pour l’éjecter.

Raghu s’était fait connaître dès 2005 pour un rapport prémonitoire qui prenait à contrepied les inepties propagées par « la triplette tragique », Robert Rubin, le politique, Alan Greenspan, l’énigmatique, et Larry Summers, le vociférant, et annonçait l’explosion de 2008.

 “Here was a telling moment in 2005, at a conference held to honor Greenspan’s tenure at the Fed. One brave attendee, Raghuram Rajan (of the University of Chicago, surprisingly), presented a paper warning that the financial system was taking on potentially dangerous levels of risk. He was mocked by almost all present — including, by the way, Larry Summers, who dismissed his warnings as “misguided.”

Larry Summers l’a même carrément insulté en le traitant de « Lubbit », un terme qui s’applique aux fofolles qui épousent une pensée sans substance par pur snobisme.

Raghu n’a jamais caché depuis les réserves que lui inspirait le fait qu’aucune réforme n’avait suivi l’effondrement. Il est l’un des rares économistes de qualité ayant eu le courage de dénoncer les défauts structurels de la mondialisation basée sur la fuite en avant monétaire. Son livre,  Fault Lines: How Hidden Fractures Still Threaten the World Economy?, publié en Août 2011, et qui n’a eu exactement aucun écho en France, démontrait très précisément que les explications par les « subprimes » et de gangstérisme financier manquaient un tantinet de profondeur.

 “Rajan shows how the individual choices that collectively brought about the economic meltdown--made by bankers, government officials, and ordinary homeowners--were rational responses to a flawed global financial order in which the incentives to take on risk are incredibly out of step with the dangers those risks pose”.

Il faut aller plus loin que la simple dénonciation d’individus déviants.  Les agents économiques sont rationnels même dans un système irrationnel. Le problème est dans les défauts du système, pas dans la mentalité des agents économiques.

Il a rappelé à de nombreuses reprises que, dans le système financier existant, il est impossible de connaître la valeur fondamentale des actifs. L’économie n’a donc plus de boussole. Les investisseurs deviennent des guêpes frappant contre une vitre.

Comme beaucoup d’économistes soucieux du tiers monde, Raghu croit beaucoup que l’inégalité croissante est largement responsable de la crise, aussi bien celle qui apparait au sein des pays émergents, que celle qui s’est installée aux Etats-Unis et celle qui persiste entre pays émergents et pays industrialisés. Voir sa conférence fondamentale : (https://www.youtube.com/watch?v=GW7wu3uyz9g).

Sans nier l’impact des inégalités,  nous-même mettons plutôt l’accent sur l’effet délétère des grands déficits et des grands excédents qui imposent le retour des excédents de balance des paiements sur le marché financier des Etats-Unis et la hausse consécutive des en-cours bancaires, provoquant l’apparition d’une économie baudruche et des crises de plus en plus graves. Il n’est pas nécessaire de partir des inégalités aux Etats-Unis pour comprendre qu’une nation qui paie ses déficits dans sa monnaie n’aura aucun frein à les accroître jusqu’à l’explosion finale.   Mais il n’a pas sous-estimé le rôle des bulles financières répétées ni les effets des grands excédents et des grands déficits.

Il a parfaitement démontré que les politiques d’exportations forcées avec des monnaies dévaluées et les super excédents entrainaient à terme une économie locale anémiée et un Etat asphyxié. Il a moins bien vu que le débiteur américain était aussi capable de ruiner périodiquement le créancier (Allemagne en 74, Japon en 1992, Chine, en ce moment même). Mais au moins il a produit ce qu’on attend d’un économiste : une explication basée sur des observations et des mécanismes et non sur des pétitions de principe et des postures.

Naturellement, les éléments de langage relatifs à l’exclusion de Raghu Rajan font valoir uniquement des querelles internes à la politique indienne et l’énervement du nouveau dirigeant indien, Narendra Modi, face à la volonté de la banque centrale de nettoyer les bilans des banques et de mettre fin aux prêts « politiques » , et sa réticence à baisser de façon irresponsable les taux d’intérêt.

Ces querelles existent. Mais derrière ce conflit, il reste l’hostilité des tenants de la mondialisation à l’américaine basée sur la suprématie du dollar et la violence extérieure de son droit pénal.  Elle a laissé Raghu sans soutien.

En dépit du « lip service » politiquement correct en faveur d’un tiers-mondiste sérieux et soucieux d’efficacité sociale, Raghu a fini par être un homme seul en dépit de la justesse de ses vues et l’efficacité de son action opérationnelle.

Dommage. Car il a prouvé que la réflexion économique n’était pas seulement américaine et qu’elle devait même s’écarter de la vulgate de sa propre école (Chicago).

Et hommage, pour avoir prouvé qu’il était nécessaire de regarder plus loin que le bout de son nez. Espérons qu’il pourra à terme devenir président de l’Inde en dépit des graves  passions qui divisent ce pays.

Ce serait un allié idéal pour une réforme du système monétaire international.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile.

A propos du Brexit : la Liberté se chérit mais les libertés s'organisent

 

 

Ce qui frappe dans l’état actuel des mentalités, à peu près partout dans le monde, c’est le refus larvé des trois grandes libertés de mouvement : mouvement de marchandises, de capitaux et de personnes dont la mise en place structure la pensée et l’action des Occidentaux depuis la fin de la guerre de quarante.  

La nation est le creuset traditionnel où doit se fondre ces trois libertés. En dépit des résistances régionalistes, quiconque veut s’installer, travailler, contracter, peut le faire en tout point du territoire national, sans que les futurs voisins, clients ou collègues puissent s’y opposer, pourvu qu’il le fasse dans le cadre de la loi nationale.   

L’Union Européenne  a voulu étendre la garantie des mêmes libertés à tous les citoyens des pays membres. Pour simplifier, chaque nation de l’Union a dit à l’autre : « Je ne te crains pas, ni aucun de tes nationaux, bien que tu sois souveraine et que tu ais construit une société différente de la mienne ».  La garantie de la liberté de s’installer, de contracter, de travailler a été étendue à toute personne de l’Union souhaitant  exercer ces nouveaux droits, en même temps que chaque Etat  renonçait à maintenir ou prendre des mesures discriminatoires à l’encontre des autres.

Il n’y a aucun doute qu’accroître le champ des libertés garanties est, en soi,  un progrès. L’enfermement, la restriction, la méfiance institutionnelle, ne sont pas des objectifs positifs.

La condition nécessaire est la claire conscience que la garantie des libertés n’existe que si on fait l’effort de l’organiser. C’est là que les difficultés commencent. Il ne faut naturellement pas que l’extension des libertés, hors du champ national donc de la volonté directe des peuples, s’accompagne  d’un rétrécissement au sein de la nation.  Et il ne faut pas que les mouvements de capitaux, de marchandises et de personnes, devenus massifs,  ne ravagent des équilibres fragiles. La liberté n’est pas la licence ni le n’importe quoi.

Dans la nation, la  fonction de régulation appartient au gouvernement. Que devient-elle si  les mouvements d’un pays de l’Union avec l’étranger et les autres nations de l’Union sortent de la responsabilité gouvernementale sans qu’aucune organisation ne se substitue aux anciens Etats et que l’on crée des instances juridiques chargées d’imposer l’interdiction de toute discrimination ? Passer de la gestion contrôlée par un gouvernement légitime à rien du tout sinon un principat juridique sanctionnée par une brochette de juges nommés est-il réellement une solution efficace et démocratique ?

En Europe, Commission, Parlement Européen et Conseil ont été un appareil suffisant pour abaisser les murailles dressées par les Etats de l’Union les uns contre les autres,  tant que le champ de l’Europe est resté confiné aux pays développés fondateurs. Les niveaux de vie et les règles du jeu étaient suffisamment proches  pour que les nouvelles libertés de mouvement n’aient pas trop de conséquences inopportunes. Une barrière extérieure commune et des monnaies différentes garantissaient qu’il y aurait un certain avantage européen et que les déséquilibres économiques intra européens  pourraient être corrigés par la dévaluation concertée.

Trois  évènements internes et deux décisions externes ont fait éclater le système. En interne : l’extension du champ de l’Union européenne aux pays méditerranéens ; l’extension  aux Pays de l’Est ; la mise en place d’une monnaie unique. En externe : l’abandon du tarif extérieur commun et l’acceptation d’un système de changes flottants dans le monde ; l’encouragement à l’immigration extra européenne, associée à l’interdiction de la répression de l’immigration illégale.

Seule une de ses cinq décisions a fait l’objet d’un vote populaire : le traité de Maastricht, dont les défauts sont devenus vite criants et qui a été modifié aux forceps contre la volonté populaire.

L’extension de la Communauté puis de l’Union Européenne est un processus entièrement étranger à la décision des  nations et des peuples de l’Union ; Il suffit que les « critères » soient réunis. La décision ne porte que sur l’appréciation de la réunion des critères. On a vu que  cette appréciation n’est pas d’une parfaites rigueur. Ni la Grèce, ni le Portugal, et à peine l’Espagne, ne répondaient complètement aux critères. Beaucoup de voix se sont élevées contre chaque inclusion prématurée. Il aurait fallu prévoir une phase d’association préalable beaucoup plus longue et un flot de réformes internes dont on voit aujourd’hui en Grèce qu’elles étaient indispensables et qu’elles n’ont pas été mises enoeuvre. Il eût mieux valu les faire à froid et avant qu’après et à chaud. Avec les Pays de l’Est, on a fait pire. On a considéré qu’il fallait dire oui tout de suite alors que les conditions n’étaient pratiquement réunies nulle part.

Ces extensions prématurées ont fait apparaître trois phénomènes :

-          La peur de la « décivilisation » avec l’envahissement de l’Ouest européen par les populations Roms ou assimilées de la Roumanie, de l’ex Tchécoslovaquie, de la Hongrie et de la Bulgarie. Ces populations, très communautarisées et bien décidées, depuis toujours, à vivre selon leurs propres habitudes, rarement respectueuses de la dignité et de la loi, étaient détestées partout dans ces pays avec des réactions plus ou moins vives. Elles ont migré avec frénésie. Pour s’en tenir qu’à la France, les chiffres, interdits de comptage officiel, mais recoupés par la simple énumération des camps et du nombre des expulsions lorsque ces camps ont été vidés (pour renaître ailleurs) sont supérieurs à 450.000. Plus de 400 camps ont été créés dans les conditions habituelles à ces « communautés ». Partout la vie s’organise entre vols et mendicité, avec des tentatives en général dérisoires d’intégration des enfants et des parents. Personne n’évoque plus de quelques dizaines de réussite. L’affaire Léonarda a montré le schéma classique de cette immigration. Mais c’est surtout la multiplication des squats et l’apparition devant chaque boulangerie et chaque supérette dans les grandes villes de mendiants parfois volontairement handicapés, parfois avec enfants, toujours volontairement répugnants, qui a commencé à faire douter de l’opportunité de la liberté absolue de mouvement des personnes. Comment dire à nos nouveaux pays unis : je ne te crains pas, lorsqu’on retourne à cause d’eux  aux mœurs du temps de Dickens ou de « slumdog millionnaire » ? Comment se satisfaire de voir des nuées de mineures piller les touristes dans le métro parisien et dans tous les lieux touristiques, en sachant qu’on ne peut que libérer les voleuses prises sur le fait ?

Bien sûr le « politiquement correct » s’en est mêlé. Dénoncer l’incapacité d’intégration, la saleté, les trafics et la mendicité serait « nauséabond », la preuve d’une attitude « abjecte » qui nous ferait revenir aux « plus tristes périodes de notre histoire » et au temps des génocides. Les auteurs ne peuvent être que des fous et des racistes pathologiques qui devraient aller se soigner « tant leur haine des autres signalerait une haine de soi ».  La ritournelle de la « reductio ad hitlerum » a tellement servi et s’est appliqué à tant de penseurs éminents qu’elle est aujourd’hui un objet de dérision.  Les populations ont fait le constat : on gâche notre vie quotidienne ; on nous fait retourner au XIXème siècle ; on nous insulte si nous réagissons ; et les gouvernements ne peuvent plus intervenir à cause de l’Europe et des cours judiciaires européennes. Les traités ne permettent pas de canaliser les flux « d’indésirables ». Les cours ont interdit les législations relatives au statut des sans domicile fixe et la criminalisation du vagabondage. L’Europe a créé le problème et l’impossibilité de régler le problème.

 

-          La peur des flux de délinquance criminelle internationale qui se sont brusquement aggravés.  Cela fait maintenant plus de 20 ans que les journaux sont emplis des exploits de bandes de délinquants étrangers facilités par la liberté absolue des mouvements de personnes. Les engins de chantiers sont désormais pendus aux grues le soir. Les moteurs de hors-bord sont pillés dans les marinas. Les récoltes d’huîtres, de vin, de tout en fait, sont volées massivement de façon routinière. Les cargaisons de camions sont tous les jours volés dans les parkings ou même sur les routes. Des trafics d’êtres humains et même d’organes humains sont constatés. Bref, la justice et la police sont totalement dépassées par la vitesse et le nombre des trafics. Une pelleteuse volée à 23 heures se retrouve au Portugal 6 heures plus tard. Un lot de voitures allemandes volées se retrouve sur les marchés aux voleurs polonais ou tchèques en une nuit. Une cargaison de téléviseurs volés au Havre est livrée en 24 heures en Tchéchénie.

-          La peur du « plombier polonais » en fait de tout travailleur européen qui peut venir travailler aux conditions de son pays sur des marchés français. La directive Bolkenstein qui avait un sens sur l’accompagnement de service de la vente de matériels et de logiciels (installation, formation, maintenance) a provoqué une véritable crise du droit social en s’étendant à tous les services sans distinction. « A quoi servent tous les textes qui nous enserrent si n’importe qui peut faire mon travail en s’en dispensant ? » Les délocalisations intra européennes dans pratiquement tous les domaines de l’industrie ont achevé de convaincre les peuples que l’ouverture n’avait que des inconvénients et les touchait directement dans leur emploi ou dans la perspective d’en avoir un.  

La peur est strictement incompatible avec le concept d’Union Européenne. « Si j’ai peur de toi, je ne veux pas te voir ici. Fiche le camp ! »

Dans ce contexte, la création de la zone Euro, sans aucun organe ni mécanisme de coordination, a été une erreur majeure. Personne n’a voulu voir que les déséquilibres internes  ne pouvaient pas être corrigés dans les cadres institués. Les excès ont été facilités, en même temps que l’incohérence des politiques conduisait à des situations intenables. Plan Jospin et plan Schroeder étaient incompatibles. Les gouvernements ont perdu une partie de leur autonomie dès que la crise extérieure a frappé, la dépossession culminant avec la crise grecque et le traité Merkozy. A la peur s’est ajoutée la douleur des coups de bâtons.

Quant à la gestion extérieure de la zone euro, elle a perdu tout sens dès qu’on a aboli le tarif extérieur commun. La notion de préférence européenne disparaissait sans prudence. Maurice Allais aura beau rugir que l’abaissement total ou quasi-total des limitations aux échanges portait en lui la perte de l’industrie et le chômage de masse, il a été vilipendé  et traité en cinglé. Les résultats ont donné raison au quasi centenaire de l’époque. La sagesse sait attendre le nombre des années !

Il est vrai que la triple libéralisation des échanges de produits, de personnes et de capitaux, était la conséquence logique des changes flottants. Si les monnaies étaient de la marchandise comme les autres, il importait d’en créer le marché de la façon la plus libre possible. Alors va pour les libres mouvements de capitaux (affectation optimum du capital), de marchandises (suppression des rentes de producteurs), et de personnes (le travail là où il est le plus demandé).

L’ennui est que les changes flottants ne fonctionnent pas, n’ont jamais fonctionné et ne fonctionneront jamais. Associés à la dérégulation financière quasi totale, ils ont créé une économie baudruche, dont la triple caractéristique a été :

-          Des crises périodiques de plus en plus graves

-          L’envolée de la dette globale partout

-          La baisse décennale du trend.

Crises et stagnation ont frappé en priorité les classes moyennes sous forme de chômage de masse, de précarité, de salaires en berne. On leur avait promis grâce à une allocation optimum des ressources, une richesse en forte hausse. Le choc fut rude en 1974, 1993 et 2008. Toujours plus rude.  Personne n’a voulu prendre le risque de dénoncer les changes flottants et les mécanismes de la crise. C’était la société qui changeait et il fallait s’adapter ! Telle est encore la rengaine.

Un drame supplémentaire est venu de l’acceptation d’une immigration étrangère pratiquement sans limite, considérée comme bonne en soi et vierge de tout inconvénient à court comme à long terme. Le socialisme et la religion chrétienne se sont ligués avec le pur libéralisme, qui ne connait que des individus, pour militer contre toute restriction à l’immigration vue comme une atteinte intolérable aux droits de l’homme. Du point de vue de la morale individuelle, rien à dire. Mais la morale collective, on le sait depuis toujours, n’est pas la morale individuelle. Si l’Afrique triple ses effectifs d’ici à 2050 comme certains l’annoncent, c’est près de 400 millions d’Africains qui frapperont à la porte de l’Europe pour s’en sortir. J. Attali, il-y-a peu, annonçait que la population du Nigéria dépasserait celle de la Chine à cette date. L’Europe dit quoi ? « Oui, venez tous, c’est formidable » ?  

L’immigrant illégal est devenu un « sans papier temporaire ». En même temps que l’immigration légale explosait du fait du regroupement familial. Le droit européen et les jugements de la CEDH ont été très clairs. Un immigrant clandestin n’est pas un délinquant. Il appartient aux Etats de l’accueillir et de le traiter comme les autres résidents. De toute façon, s’ils ne veulent pas donner leur identité ou si les pays d’origine ne désirent pas les reprendre, rien ne peut être fait contre les clandestins. Dans certains pays, dans un esprit de charité et de miséricorde, il est devenu un devoir de les accueillir et de payer pour cela, mais sans qu’ils travaillent pour éviter la nervosité des syndicats. La France a été en particulier très loin dans le logement, les soins et le couvert donné aux immigrés mais sans perspective de travail ; elle est devenue un pays de transit dont Sangatte puis tout le Calaisie ont été le symbole. Le spectacle des hordes s’attaquant aux camions cherchant à joindre l’Angleterre a fini de convaincre que la liberté de circulation (à l’entrée mais pas à la sortie) n’était pas jouable. La crise iraquienne et syrienne a imposé l’idée que sans frontière commune réelle, l’Europe de la liberté de mouvement des personnes était une farce d’autant plus dangereuse que les attentats islamistes ont commencé sur une vaste échelle et que les assassins sont entrés avec les migrants habituels.  Que valait la libre circulation des personnes dans toute l’Europe si l’Allemagne pouvait accueillir plus de 1.200.000 personnes musulmanes et imposer une entrée en Europe sans visa des Turcs ? 

La substitution de population dans certains quartiers français par un groupe à dominante islamique inassimilable et dont une fraction est prête à tuer du mécréant à l’occasion, a fini de détruire toute foi populaire dans les bénéfices de l’immigration de masse.

La liberté oui. Mais si les libertés de mouvements de personnes, de capitaux et de produits aboutissent à la perte de l’identité nationale, à favoriser le terrorisme,  au chômage et aux crises à répétition, cela demande réflexion.

Alors dans leur tréfonds, les nations européennes ont commencé à regimber.

La Royaume-Uni a réagi le premier. Les Britanniques n’ont pas apprécié que la CEDH définisse le statut des prisonniers britanniques et notamment la privation de leur droit civique, dans les cas les plus graves, selon des règles contraires à celles définies au Parlement multi séculaire. Ce n’est pas à la CEDH de faire la loi commune. Ils ont réclamés et obtenus qu’on ne les force pas à aller toujours vers plus de fédéralisme et la destruction finale de l’Etat britannique. Cette question n’est jamais abordée dans les pays du continent et particulièrement pas en France. Abaisser la nation française pour lui substituer une nation européenne est un projet que  les cellules européistes considèrent comme acquis même s’il n’est pas totalement explicite. Seul Giscard parle ouvertement de faire disparaître la France en tant qu’Etat et Nation. L’élection d’un maire musulman à Londres a fait soudain prendre conscience aux britanniques que les masses allogènes changeaient la société et que bientôt les autochtones seraient submergés. L’évolution vers le crime et le génocide de l’islamisme a rendu concret un risque de soumission forcée à une religion qui s’avère une plaie criminelle mopndialisée.

Alors les Britanniques ont dit non. Ils sortent de l’Europe c’est-à-dire de la liberté des mouvements d’hommes, de capitaux et de marchandises, telle qu’on la trouve au sein des nations et telle qu’on voulait l’organiser au sein de l’Union.

C’est pour beaucoup de Britanniques une terrible régression de leurs libertés concrètes. Ils deviennent des étrangers à merci. Beaucoup se sont dit qu’on ne reviendrait pas sur les libertés d’établissement ni sur les libertés contractuelles, pas plus que sur la circulation des biens et des services ou encore la circulation des capitaux.

Il est vrai qu’une structure fédérale n’est ni nécessaire ni suffisante pour construire une société multinationale de libertés civiles et économiques. Dans tous les cas les libertés doivent s’organiser. Le mode bilatéral ou multilatéral entre pays étrangers le permet.  Un fédéralisme totalement laxiste qui n’organise rien joue plutôt contre les libertés. La reconstruction d’une Europe ouverte, sur des bases différentes que celles qui prévalent, serait possible. Mais à condition que les autres le veuillent et pourquoi le voudrait-il après avoir été snobés ?

La décision des Britanniques de quitter la perspective fédérale intégrée crée une vague de fond qui risque de faire chavirer quelques vaisseaux fragiles. On va spéculer sur le désordre économique créé. Les européistes vont s’essayer au revanchisme aigri et agressif.

La vraie question, la seule vraie question qui se pose à l’Europe, est de savoir comment elle entend résoudre le problème des libertés de mouvement des hommes, des capitaux et des marchandises. Si  l’Union s’avère incapable d’adopter des mesures lisibles et admissibles dans ces trois domaines pour en réduire les effets pervers, elle continuera de se déliter.

Rétrospectivement, on voit bien qu’il aurait fallu créer un statut de nation associée, avant de permettre d’intégrer l’Union.

Le Royaume-Uni, la Grèce, le Portugal, les pays de l’Est, les pays de l’AELE, et même la Suisse, l’Ukraine ou la Turquie auraient pu opter pour ce statut associatif sans entrer dans la fusion européenne avant que toutes les conditions requises ne soient réunies. L’option d’une entrée finale indispensable n’était même pas nécessaire. Une nation pouvait légitimement entendre rester souveraine mais associée.  

Pour la zone Euro, il aurait fallu immédiatement mettre en place  les structures de coordination nécessaires avec un mécanisme  automatique de sanction des très gros excédents et des trop gros déficits. Toute nation ne désirant pas la monnaie unique aurait dû rester dans le statut de nation associée. 

L’option tout fédéral aurait dû être exclue d’emblée pour construire une vraie confédération d‘Etats souverains mais intégrés dans des coopérations étroites, avec tarif extérieur commun, avec des frontières effectivement protégées et une politique d’immigration unifiée, avec des règles d’établissement interdisant formellement le vagabondage, avec une politique de sécurité intérieure qui évite  les vides de la répression du banditisme, ou du terrorisme,  et une politique de sécurité extérieure qui assure la protection du bloc contre les agressions extérieures.

Tout cela aurait été raisonnable et probablement efficace. Mettre constamment la charrue avant les bœufs a fini par détruire et la charrue et les bœufs.

Est-il possible de revenir à cette organisation ou une forme proche ?

Sans doute. La fuite en avant dans la « fédérolâtrie » rancunière et agressive, tout en ne réglant aucun des problèmes concrets d’organisation que posent les trois  libertés fondamentales de mouvement, n’est pas une solution. Le maintien d’une Commission pléthorique et d’un Conseil à 27 qui ergote indéfiniment sans rien trancher serait une grave sottise. Le traité Merkozy doit être supprimé au profit d’un vrai traité de coopération économique et sociale qui traite la question des grands déséquilibres internes et de leur correction. L’Europe doit avoir également une politique extérieure économique commune visant à la disparition des changes flottants et l’établissement d’un système structurellement favorable à la coopération économique.

La France aurait dû avoir son mot à dire sur tous ces sujets et même un rôle directeur.  

L’ennui est qu’elle se trouve dans un état totalement dégradé, avec une fiscalité impossible, le désordre partout, une économie abîmée et un Président en dessous des devoirs de sa charge et incapable d’une vision quelconque. Ne parlons pas de notre gouvernement où l’Europe est sous la coupe de MM. Ayrault et Désir, dont la noire incompétence est généralement admise par tous les observateurs.  Il est catastrophique que la France soit à ce point malade au moment où le peuple d’une des trois grandes puissances européennes exprime le vœu de quitter l’Union. L’occasion était créé de poser réellement toutes les questions sur la table et de créer une Europe de la volonté, basée non plus sur des connivences largement cachées et la volonté de détruire les Etats. Oui, il faut organiser les libertés concrètes pour qu’elles soient constructives et permettent l’union des cœurs et la prospérité. La fédérolâtrie sournoise et inconséquente n’était pas la bonne méthode.   Nous sommes privés de ce qu’aurait dû être une grande politique française, capable de construire l’avenir des Français et des Européens dans un cadre profondément modifié.

Hélas, hélas, hélas ! Quand on est nul, on est nul. Quand on se cache tout le temps, qu’on ne veut jamais « sortir de l’ambiguïté » pour toujours se ménager un avenir politicien, bref quand on ne gouverne qu’en fonction de son intérêt purement personnel, un œil sur la com’ et un doigt sur les cadeaux électoraux au peuple, on ne conduit pas de politique et il est impossible de se porter à la hauteur des enjeux.

Le Brexit est une énorme erreur, dangereuse et régressive. Il met en exergue l’incurie de l’organisation européenne, tout autant que l’irresponsabilité démagogique des Tories, menacés par la sécession d’UKIP. Libertés absolues sans volonté ni objectifs clairs ne sont que ruine des nations.

Le Brexit souligne l’incroyable carence française.

« Où est Grouchy ? » disait Napoléon ?

« Où est la France ? » dit l’Europe ?

La France n’est plus là pour personne sinon une poignée de politiciens de bas niveau attachés, comme la moule au rocher, aux avantages immérités des palais de la République alors qu’ils n’ont aucune vision ni aucun projet européen formulé et un minimum crédible.

Le pire serait que les Britanniques vivent les énormes difficultés d’une régression des libertés, et que l’Union Européenne continue de subir les effets pervers d’une licence généralisée, avec une accélération de la fuite en avant dans un fédéralisme de puceaux mystiques. La solution de convergence est exactement l’inverse. L’Union Européenne doit restructurer son mode de fonctionnement pour éliminer les  impuissances désastreuses que provoquent des libertés non canalisées. Pour les mouvements de personnes, cela implique une claire énumération et une réelle sanction des attitudes indésirables, avec des protections sévères et juridiquement possibles des attitudes incompatibles avec la civilisation,  telle que l’Europe en a forgé le concept. Pour les mouvements de marchandises, cela signifie qu’on rebâtisse un tarif extérieur commun et des solidarités internes à l’Europe, en empêchant le libre accès à des produits étrangers qui ne subissent pas

Le PIB : le pire indicateur de conjoncture (2)

Un des aspects fascinants de l'information, comme elle est pratiquée en France, est l'utilisation d'indicateurs imprécis et impossibles à interpréter convenablement. Lorsque les commentateurs se fient aux chiffres après la virgule, on quitte définitivement le domaine du bon sens pour celui du n'importe quoi.

Le PIB est l'exemple même de l'agrégat dangereux et qui doit être manipulé avec la plus extrême prudence. Quiconque a une petite expérience de l'exploitation des statistiques dans le temps sait que cet indicateur est un conglomérat de sous-ensembles dont les composants restent longtemps estimés. Avant que toutes les estimations se transforment en constats, il faut au moins deux ans. La variation d'estimation des composants peut aller jusqu'à 0,5 pointsparfois plus. Ce qui veut dire qu'une hausse de 0.1 % peut se transformer en baisse de 0.2 %, ou qu'une hausse de 1 % peut passer à 1.5 %.

Si l'Insee était sympathique, il produirait un comparatif mois par mois des estimations et des rectifications. Cela tuerait dans l'œuf toute tentative de tenir des propos définitifs sur des chiffres incertains qui n'indiquent même pas des tendances (on peut avoir des inversions ou des accélérations), sinon avec un sage retard de deux ans. Cela ouvre aussi la porte à des manipulations. L'INSEE étant peuplé de fonctionnaires "de gauche", en fait socialistes voire communistes, avec des pressions syndicales sur l'information (on se rappelle de l'affaire des trente cinq heures où les syndicats ont exigé le licenciement d'un analyste qui ne couvrait pas de louange la mesure), la sagesse est de ne lire les chiffres du PIB qu'avec deux ans de décalage et ne pas compter sur eux pour comprendre la conjoncture.

Autre considération : la conjoncture au sens strict ne concerne que le secteur marchand, puisque la dépense publique est budgétée chaque année et engagée pour des décennies. L'indicateur de conjoncture le plus avancé est le montant des commandes. ou mieux, comme nous l'avons déjà démontré sur ce site, le solde des clients en hausse de commande et des clients en baisse.

Cet indicateur est d'une fiabilité absolue. Il ne dépend pas du nombre de jours ouvrés par mois, qui posent de nombreuses difficultés de comparabilité dans le temps et qu'on corrige plus ou moins bien, ni de simples impressions. Un écart de deux à trois jours luvrés sur 20 jours, représente une variation importante, parfois de plus de 10 %. On se rend compte que les virgules dans ce cas-là n'ont pas grand sens.

Il faut bien se rendre compte qu'un indicateur basé sur un différentiel de commande est extrêmement sensible, c'est-à-dire que ses évolutions sont très fortes, donc visibles comme le nez au milieu de la figure. On peut passer d'un écart de clients en hausse par rapport aux clients en baisse de -20 à +10. Lorsqu’une inversion a lieu, on la voit bien et on la voit vite. Lorsqu'il y a accélération de la croissance on le voit aussi très bien. Dans le secteur de la mécanique on est passé début 97 d'un ratio de 40-60 à 60-40 en deux mois, marquant un surprenant retournement qui annonçait les très bons chiffres mondiaux des trois dernières années du siècle, en dépit de la crise dite faussement des "pays émergents" (il s'agissait d'une hausse maladive du dollar et des bourses américaines dans le système malade des changes flottants qui a asséché brutalement les marchés spéculatifs hors des Etats-Unis).

La conjoncture étant désormais, dans le secteur privé, entièrement internationalisée, la corrélation de l'indicateur avec ceux de l'étranger donnerait des résultats hyperfiables, rapides et faciles à interpréter. Mais il n'est pas tenu par l'Insee qui se contente de l'opinion des chefs d'entreprise, beaucoup moins fiable et qui ne tient pas bien compte des variations saisonnières. Eurostat est totalement défaillant.

L'interprétation des chiffres doit également se faire en comparant avec la phase du cycle.

Nous sommes dans l'accélération traditionnelle de fin de cycle décennal, avec une perspective de coup de frein d'ici 2018, net mais moins brutal qu'en 2008. Il est donc bon de faire des comparaisons avec les croissances de même nature. Les chiffres  actuels, un peu partout dans le monde développés, sont généralement inférieurs à 2,5 % n'ont rien à voir avec les hausses de 3.5 à 7 % des cycles précédents.

Nous sommes dans une reprise extrêmement lente, par rapport aux tendances habituelles à ce stade du cycle, plus lente et plus tardive en France qu'ailleurs.

En s'exaltant sur une variation d'estimation de 0.1 %, la presse fait ce qu'elle peut pour donner du sens à une information qui pour le moment n'en a pas vraiment. Rappelons qu'il suffit d'augmenter de 5 % les fonctionnaires dont la "production" est comptabilisée dans le PIB pour faire varier l'indice de plusieurs fractions de point !

La croissance, c'est facile : il suffit d'engager en masse des fonctionnaires. Le PIB monte. En même temps que la dette. Au final le retour aux réalités est terrible. Le chiffre du PIB doit toujours être corrigé de la variation de la dette globale.

Rappelons que les dépenses publiques continuent à croître en France, comme la dette. Le caractère effectif de la hausse de quelques fractions de points du PIB est donc impossible à analyser comme une amélioration franche, durable et saine de notre production.

Le coup de frein qui s'annonce et les redressements de comptes qui seront obligatoires après la gabegie électoraliste en cours, risquent de gommer ces hausses dès 2018. La décennie 2 010 sera pour la France une décennie de baisse globale du pouvoir d'achat, de destruction globale d'emploi et de stagnation économique. Peut-être allons-nous battre les années trente !

Nous entrons dans la parenthèse enchantée des périodes électorales où tout va mieux et va aller encore mieux. Nous le faisons les deux pieds dans les poubelles non ramassées, les grèves à répétition dans les secteurs protégés, le désordre général et les attentats.

 

Monnaie et commerce international : les deux règles fondamentales

 Le commerce international entre pays souverains n'est possible qu'en cas d'accord sur un moyen de paiement généralement reconnu. Le troc ou la compensation sont des systèmes difficiles et peu productifs. La question monétaire est donc fondamentale.

Il s'ensuit une première règle : on ne peut pas organiser le commerce international sans parler de système monétaire international ; on ne peut pas parler de système monétaire international sans parler de commerce. Lors de la conférence de Bretton Woods tout le monde avait compris que les deux sujets étaient liés et qu'il n'y avait pas d'échappatoire.

Il s'ensuit une seconde règle : les déséquilibres commerciaux entraînent automatiquement des déséquilibres monétaires et financiers. Les déséquilibres considérables et permanents ruinent l'économie. Le développement du commerce entre nations indépendantes n'est donc bénéfique dans la durée que si les grands équilibres sont maintenus également dans la durée, ou, a contrario, si les grands déséquilibres sont rapidement corrigés.

Une organisation du commerce mondial suppose donc une institution internationale qui constate les déséquilibres et entreprend de les faire corriger avec fermeté, même si des moyens sont mis en œuvre pour éviter des corrections trop brutales pénalisantes pour tout le monde.

L'objet fondamental de toute organisation économique plurinationale est donc de prévenir et de corriger les grands déséquilibres, quelles que soient les formes que peut prendre cette organisation. Une zone de monnaie unique est confrontée à cette exigence autant qu'un système de changes flottants ou un système de changes fixes et ajustables.

La grande difficulté actuelle tient tout entière dans le fait qu'aussi bien dans l'organisation mondiale que dans l'organisation européenne, on a oublié ces règles fondamentales. On a laissé se mettre en place des déséquilibres monstrueux sans aucuns mécanismes ni organes de correction.

C'est ainsi que l'Allemagne accumule constamment des excédents délirants dans la zone Euro  qui déséquilibrent totalement la gestion de la zone. Les Etats-Unis accumulent pour leur part constamment des déficits tout aussi délirants avec un peu partout des excédents miroirs.

Rien n'est fait pour corriger ces déséquilibres. RIEN DU TOUT ! L'idée même qu'il puisse en aller autrement paraît obscène à nos dirigeants et commentateurs officiels. Que chaque pays s'ajuste aux conséquences et se taise !

Ce qu'il faut comprendre, ce sont les conséquences des désajustements amples et de longues durées. Ce n'est pas bien difficile. Si un pays accumule d'énormes excédents monétaires parce que son économie, au cours de change donné, est structurellement plus productive, elle ne sait rien faire de cette monnaie en excédent sinon la replacer. Dans le pays en excédent les avoirs monétaires justifient une multiplication des crédits locaux. Dans le pays déficitaire où la ou les devises en excédent sont replacées, il y a entrée de trésorerie et poussée des crédits. C'est la fameuse double hélice des crédits dénoncée par Jacques Rueff. Ces crédits finissent par s'effondrer, provoquant des récessions, une baisse du trend, et un endettement accru par les mesures étatiques prises pour juguler la récession. Des petits déséquilibres entraînent des petites crises, des gros déséquilibres des grandes crises.

Au sein de la zone Euro, les excédents continuels et massifs de l'Allemagne ont fini par créer d'énormes boules de crédits sans cause notamment en Espagne, en Grèce, en Irlande, en Italie, au Portugal et en France. Ces crédits sont de purs gaspillages et ne sont pour l'essentiel plus remboursables. L'Allemagne se retrouve donc avec des créances irrécouvrables mais ne veut pas l'admettre. Il en est résulté une course à la contraction économique en Europe qui a fait grimper le chômage partout sauf en Allemagne qui tremble cependant d'avoir finalement à encaisser ses pertes.

Au sein du système monétaire international la situation est exactement la même. De déficits énormes en excédents gigantesques, on a créé une "économie baudruche" qui a finalement explosé en 2008 en laissant une ardoise d'environ 12 mille milliards de dollars de pertes sèche dans le système, qu'on ne parvient pas à éliminer en douceur. 57 000 milliards de dettes supplémentaires plus tard, et avec des intérêts négatifs, on ne sait toujours pas où on va.

Quels seraient les moyens de sortie ?

En Europe, la question est claire. Il faut une institution de coordination et une règle automatique : les pays en excédents doivent ou corriger leurs excédents ou payer au pot commun. Plus l'excédent est gros, plus il est âgé, plus la contribution au pot commun doit être forte. Idem pour un pays en déficit permanent ou chronique. Il peut être aidé, pour sortir de la crise en souplesse, mais sous conditions d'autant plus draconiennes que les déficits sont plus âgés et plus importants. On comprend que plus vite les mesures sont prises et moins graves sont les déséquilibres, plus faciles seront les ajustements.

La grande difficulté est qu'un pays en excédent se considère comme vertueux et fort. Il exige que ce soit les autres qui s'ajustent. Cette position est absurde même si elle est psychologiquement prégnante.

Dans un système de monnaies à taux de change fixes mais ajustables, la variation du change permet de régler rapidement les différences de compétitivité. Si on rend les décisions d'ajustements dépendantes d'une institution extérieure disposant d'une certaine autorité, notamment pour prévenir les déséquilibres et éviter les attitudes délétères de gouvernement cherchant des dévaluations à rythme accéléré, on obtient de bons résultats. En change fixe l'affaire est plus délicate puisqu'il n'y a guère que deux actions possibles, si possible concertées, pour sortir des déséquilibres : la déflation dans les pays en perte de compétitivité et symétriquement la relance et l'inflation dans le pays excédentaire. Ces politiques étant difficiles, la prévention devient fondamentale. La création de la zone Euro aurait dû être accompagnée de la création d'un organe de constat, de prévention et de coordination économique. Ce que nous appelons un chancelier de la zone Euro. On a préféré des règles juridiques absurdes et dont personne ne tient réellement compte. On s'ajuste donc par la déflation et la récession. On peut considérer cela comme une énorme défaillance intellectuelle, morale et politique.

Dans un système de monnaies flottantes, la situation est pire. Surtout si un pays, du fait de l'histoire et de sa puissance économique, a réussi à installer sa monnaie comme monnaie mondiale. Il n'y a alors plus aucun moyen d'obtenir de ce pays qu'il change quoi que ce soit à sa situation. Les ajustements ne se font pas. les bulles enflent et explosent périodiquement. De plus en plus gravement. Les pays en excédent, pays producteurs de pétrole, pays ayant décidé de croître par le dumping monétaire, vivent en permanence dans la crainte de voir leurs avoirs monétaires dévalués et les placements faits à l'extérieur perdre toute valeur. L'Allemagne à la fin des années soixante-dix, le Japon à la fin des années quatre-vingt, la Chine dès 2010 se sont retrouvées ainsi suspendus dans le néant. L'Allemagne a mis 25 ans à s'en remettre. Le Japon ne s'en est toujours pas remis. La Chine tremble.

Les clés d'un système international de commerce et de monnaie efficace sont parfaitement connues.

Tout pays en excédents doit rétablir ses comptes. Les replacements en capital doivent être interdits. Il faut qu'il dépense en achats de services et de marchandises suffisamment pour rééquilibrer ses comptes extérieurs. Il peut le faire en ajustant sa monnaie et/ou ses achats et ses ventes extérieurs. Tout pays en déficit doit réajuster sa monnaie ou remettre en ordre sa productivité.

Quel est le meilleur cadre pour obtenir ces résultats ? Les changes flottants ont montré que non seulement ils étaient incapables de provoquer les ajustements nécessaires mais qu'en plus ils compliquaient ou empêchaient la recherche de solution.

La meilleure solution est un système de changes fixes et ajustables avec des mécanismes automatiques de pénalisation des grands excédents et des grands déficits, une monnaie de compte extra-nationale et une organisation multilatérale indépendante des gouvernements, paritaire, et sans que personne n'y ait de droit de veto.

Il va de soi que dans une telle organisation internationale, le représentant de l'Europe serait le chancelier de la zone Euro. Son travail serait d'autant simplifié qu'il pourrait à la fois ajuster de façon interne les économies et participer aux ajustements externes. Un tel système implique que personne ne puisse plus "shorter "une monnaie et qu'une telle entreprise soit durement sanctionnée. Ce contrôle est désormais techniquement facile à mettre en œuvre. De même les mouvements de capitaux à court terme doivent pouvoir être limités autant que de besoin, surtout s'ils ne correspondent à aucun mouvement commercial.

On dira : et le passé ? Le passé ne doit pas être géré par les institutions chargées de gérer le courant mais faire l'objet d'un cantonnement global par d'autres instances.

C'est à cette nouvelle construction qu'il faut désormais s'attacher. Rien n'est plus urgent. Les conférences sur le commerce proprement dit ne peuvent se mettre en place avant que cette question cruciale ne soit tranchée.

Il n'y a pas de commerce sans monnaie saine  ni de monnaie saine sans commerce équilibré

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

PS : à souligner, le silence absolu de notre gouvernement et des futurs candidats à la présidentielle sur ces sujets absolument cruciaux "pour la vie quotidienne des Français" et surtout sur l'avenir de leurs enfants. .

En lisant Jacques de Larosière

« 50 ans de crises financières » est un titre accrocheur (Merci Odile Jacob !) mais parfaitement trompeur. Le lecteur s’attend à un ouvrage sinon technique (encore que…) du moins très précis sur les décisions fondamentales prises dans les cinquante dernières années qui ont conduit au désastre actuel. Jacques de Larosière n’est pas un simple observateur. Il a été au cœur du réacteur. Il était donc plus qu’important  d’avoir et son témoignage et son jugement sur ce qui a été défait de façon aussi inconséquente, avec des conséquences aussi dramatiques. Sa carrière couvre quasiment exactement la période qui a vu « La Crise » s’installer et devenir pratiquement insurmontable. Il n’a pas été simplement le compagnon du désastre mais un de ses acteurs majeurs.

Au lieu de cela, nous avons une courte et creuse autobiographie d’un personnage aussi parfaitement  lisse que pourrait l’être un prototype de haut fonctionnaire français ayant cumulé à la satisfaction générale tous les hautes fonctions nationales et internationales possibles. Une carrière si belle suscite le respect. Ce fut parfait ! Bravo !

Tous les poncifs du genre défilent avec distinction. L’épouse remarquable, les enfants superbes, les interlocuteurs délicieux, dont beaucoup deviennent des amis, les séparations émouvantes avec les employés-modèle à chaque départ d’une haute fonction. Et la pêche à la mouche ou au thon avec quelques grands de ce monde qui aurait pu valoir trois phrases amusantes à Pêche, Chasse et Nature.

L’ennui, c’est qu’on nous a annoncé des analyses perforantes sur les causes de 50 ans de crises financières. Et qu’on ne trouve pas dix pages dans tout le livre sur les questions clé que pose le passage de l’économie mondiale en mode baudruche jusqu’à son effondrement en 2007-2008. Allons, soyons généreux : 100 lignes dignes du titre. C’est peu.

Pour nous, la question centrale à laquelle nous cherchions une réponse sérieuse était la suivante : comment a-t-on pu signer les accords de la Jamaïque qui ont provoqué le désastre. C’est à partir ce moment que l’économie a basculé dans le n’importe quoi  et qu’a été institutionnalisé la baisse constante du trend, la montée de l’endettement global à des niveaux intenables et les crises périodiques de plus en plus sévères. Les accords signés à Kingston, c’est l’erreur absolue, le poison lent instillé dans les artères de l’économie mondiale,  la source de tous nos maux actuels, même si l’Europe a aggravé les choses avec l’organisation inepte de la zone Euro et la France ajouté ses propres délires fiscaux.

Qui était le « sherpa » chargé de préparer ces accords ? Jacques de Larosière ! Alors, qu’a-t-il à dire ?

« Le groupe des dix désireux de trouver une solution décida de s’en remettre à la France et aux Etats-Unis ». « Jeune directeur du Trésor depuis juin 1974, je fus chargé de la négociation côté français ».

A l’hôtel du Mont Washington, à Bretton Woods, en juillet 1944, la France n’était rien. Le rapport Istel et Alphand avait été écarté d’un revers de la main dès les premières phases préparatoires un an plus tôt et la délégation française  luttait pour faire reconnaître sa représentativité. Elle n’eût aucun poids, en dépit de l’envoi d’un éminent représentant du Trésor (déjà), et l’arrivée tardive de Pierre Mendès France.  Pour construire la prospérité, nous n’étions pas là. Pour la déconstruire, nous étions en tête de cordée !

« Mon interlocuteur était le banquier Ed Yeo, sous-secrétaire d’état au trésor […] une force de la nature animée d’une énergie débordante ».

C’est là une grande tradition tactique américaine. Ils envoient au front des pitbulls qui n’ont qu’un leitmotiv : ce qui est bon pour les Etats-Unis est bon pour le monde, et une seule consigne : vous ne signerez que ce qui peut passer au congrès. On est plus dans le diktat que dans la négociation.

Il aurait été intéressant de savoir ce que furent les grands thèmes de cette négociation, les affrontements éventuels sur  les objectifs et les moyens. On ne trouvera qu’une seule ligne : «  nous finîmes par trouver un accord   juste avant la réunion du Groupe des Dix qui se tînt à Rambouillet le 17 novembre 1975 ». Fermer le banc tout est dit. On est bien content.  

On sait que M. Giscard, fit un peu plus tard, à Kingston, au bord de la piscine  où se pressaient Gérald Ford et les autres grands dirigeants, une exposition de sa plastique en maillot de bain qui fut très commentée.  On est encore plus content.

Continuons de lire notre négociateur :

« Les Accords de la Jamaïque mettaient fin au régime des parités fixes, légalisaient le flottement et abolissaient le statut officiel de l’or. Néanmoins quelques signes étaient donnés où la France voulait voir la volonté d’une certaine discipline : - la politique devait s’exercer sous la « ferme surveillance » du FMI ; - Le retour à terme à un système de parité fixes mais ajustables était envisagé comme un objectif.

Mais force est de reconnaître que ces vœux restaient théoriques.

En regardant ces évènements avec le recul du temps, je ne me sens pas particulièrement fier des résultats de la négociation. La réalité était que le flottement était libre. L’illusion était que cette liberté pourrait être contrôlée et constituer un « système ». On a sous estimé à l’époque la portée de l’effondrement du système de Bretton Woods. On a vu à l’usage combien le flottement des monnaies a encouragé le laxisme budgétaire et monétaire dont les effets cumulés nous écrasent aujourd’hui. Comment imaginer qu’un tel régime de liberté incontrôlée puisse être compatible avec une coopération économique mondiale et avec la stabilité du système financier. Bien que trop rarement dénoncé, cette enchaînement de conséquences de la décision d’août 1971 est à mon sens à l’origine de nombre des déséquilibres structurels d’aujourd’hui  ».

C’est tout ? Oui c’est tout.

Il serait fort injuste de tenir rigueur au « jeune directeur du Trésor » d’avoir ainsi négocié le plus grand désastre économique depuis 1929.  Que faisait le Ministre des finances de l’époque ? Où était Jean-Pierre Fourcade, inspecteur des finances, ami de Giscard, la dernière coiffure en brosse de la République et l’heureux concepteur de Bison Futé, qui fera une longue et lucrative carrière comme sénateur maire inamovible dans l’ouest parisien ? Il a publié en 2015 des mémoires qui passèrent totalement inaperçues et qui ne disent rien sur le sujet. Que faisait Giscard, qui en définitive porte la responsabilité principale. Sous De gaulle  il naviguait en pleine ambiguïté. Il pouvait désormais parler en maître. Il n’a rien dit, rien fait ? Où étaient l’Europe  et les européistes ?

Les Etats-Unis ont imposé leur point de vue sans opposition autre que marginale, feutrée et pusillanime. On retrouvera le pitbull Yeo un peu plus tard pour torpiller une idée du FMI « tendant à créer un compte de substitution » où les dollars auraient été changés en DTS, évitant que l’accumulation des balances dollars générées par les déficits n’induise une création monétaire débridée.  « C’était peut être la dernière chance d’assainir le système monétaire international ».

La totale docilité des européens et plus généralement des pays de l’Alliance Atlantique vis-à-vis des Etats-Unis est une tragédie. Elle dure encore. Il est vrai qu’aucune belle carrière internationale ne serait possible sans être totalement soumis. Pour un fonctionnaire, habitué à servir le souverain, la soumission est en quelque sorte institutionnelle.  Le souverain décide, le fonctionnaire exécute. Lorsque, de plus, le souverain n’a plus de souveraineté, il s’exécute d’autant plus vite.

La mansuétude que l’on peut accorder au sherpa des accords de la Jamaïque n’est pas de mise quand on s’attache à l’action du directeur général du FMI qu’il fut peu après.

Le directeur du FMI est indépendant, extrêmement bien payé, et a le pouvoir de parler et d’agir. Bien sûr, il n’est que directeur et le conseil d‘administration est là. Mais tout de même. Le FMI a un rôle statutaire dans l’avertissement des grands de ce monde sur les dysfonctionnements économiques et monétaires. Le système des changes flottants ne marche pas, n’a jamais marché et ne marchera jamais. Il appartenait au FMI de surveiller les mouvements croisés liés aux déficits et aux excédents immenses, d’étudier leurs conséquences, et de prévenir le monde. Personne ne pouvait empêcher le directeur général de mobiliser ses économistes (les plus chers payés du monde) pour voir, comprendre, faire savoir et alerter. Rien de tout cela ne fut tenté. Jacques de Larosière indique qu’il écrivit à titre personnel quelques avertissements sur les conséquences néfastes de la montée de l’endettement.  On croit rêver. Lorsqu’on dirige une institution multilatérale extrêmement bien dotée et chargée d’alerter sur les risques économiques et monétaires mondiaux, on ne se contente pas d’écrire des « pamphlets » qui « n’eurent aucune influence ». Il est vrai que le bon Yeo invita notre auteur à pêcher en famille le « blue fish » à Cape Cod. Ce n’est pas parce qu’on est pêcheur qu’on n’est pas pécheur. Jacques Rueff avait tout dit sur le péché monétaire de l’Occident.

Il se trouve que Larosière est encore dans le coup d’un autre gros dysfonctionnement structurel : la création d’une zone euro sans organe de direction. Il signe le rapport Delors et s’en dédouane en précisant : « On a parfois reproché à ce rapport d’avoir esquivé la question de l’indispensable coordination économique entre membres de l’Union. En fait le document soulignait bien l’importance de cette coordination. Mais le comité avait été chargé de faire des recommandations sur les aspects monétaires de l’union et non sur son organisation économique ». Là aussi l’auteur explique en détail pourquoi la solution est très mauvaise et n’hésite pas à souligner tout le mal d’une solution qu’il a signée. Il s’en dédouane un peu facilement. Comme dans la négociation avec Yéo, on se contente de vague réserves dont on sait qu’elles ne sont là que pour faire beau car elles sont virtuelles. C’est bien d’écrire en 2016 qu’une zone monétaire unique impose une gestion macro économique différenciée et une coordination. Mais un peu tard !

Nous passerons sur le reste des missions qui ont été confiées à notre auteur, notamment à la Berd, où il nettoiera les écuries laissées un peu sales par J. Attali, à la Banque de France où il sera sévèrement accroché par la Justice dans l’affaire du Crédit Lyonnais comme responsable de la Commission bancaire et qui finira sa carrière en soutien de Michel Pébereau et de la banque universelle.

Pour nous l’importance de Jacques de Larosière ne tient pas à son action passée, mais à sa dénonciation hic et nunc des trois dysfonctionnements qui font l’objet de nos travaux et combats publics  depuis vingt ans :

-          Oui, la crise actuelle est due aux cinquante années de désordre monétaire provoqué par l’abandon des disciplines de bretton Woods. Il est bien qu’un des grands acteurs de l’action publique nationale et internationale le dise enfin haut et fort.

-          Oui un système de monnaie unique sans coordinateur est une absurdité dangereuse.

-          Oui un pays comme la France qui refuse toute réforme structurelle et s’enfonce dans l’hyper fiscalité et  le socialisme anti économique est mal parti.

On nous dit parfois que nous sommes seuls à nous battre sur des positions qui seraient étonnantes, hétérodoxes, marginales et peut être même saugrenues.

Si le récit historique contenu dans les micro-mémoires de Jacques de Larosière  est consternant, son diagnostic lui est pleinement valable et mérite d’être amplifié.

Les idées que nous défendons ne sont pas marginales. Elles forment le cœur d’un consensus qu’il est facile de constater dans les discussions privées et pratiquement impossible de faire admettre à des dirigeants lorsqu’ils sont aux affaires.

La vérité est qu’il n’y a pas d’alternative.

Oui il faut mettre fin au flottement des monnaies et à l’absence de système coopératif dans le domaine de la monnaie et de la finance internationale.

Oui il faut un Chancelier de la zone Euro, appuyé sur un dispositif démocratique fort et coordonnant tous les aspects de la vie économique et sociale conditionnant la valeur de la monnaie (et non un gouvernement économique de la zone euro).

Oui, il faut réformer de fond en comble le système économique et social français avant qu’il ne s’effondre définitivement.

Grâce soit rendue à Jacques de Larosière de souligner la pertinence de ces trois thèses.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile.

Le système de change actuel ruine la société...

Le système de change actuel ruine la société

Jacques de Larosière, qui fut directeur du FMI, gouverneur de la Banque de France et président de la BERD, dénonce, dans «50 ans de crises financières», le manque de leadership et de discipline qui règne dans le «non-système» actuel

Jacques de Larosière a rassemblé, dans «50 ans de crises financières» (Odile Jacob, 272 p, 2016), ses notes «prises au jour le jour pendant les périodes de crises les plus aiguës». Cet homme d’influence a vécu de l’intérieur la fin du système de Bretton Woods en 1971. Il a rapidement compris que «les Etats-Unis n’accepteraient plus de se voir imposer les disciplines inhérentes à un système de changes stables». A l’époque, «on a sous-estimé la portée de l’effondrement du système de Bretton Woods», écrit-il. Les événements de 1971 sont en effet à l’origine de nombre des déséquilibres structurels actuels. Le flottement des monnaies a eu «des conséquences délétères sur nos économies et, plus généralement, sur nos sociétés», observe-t-il. Il a par exemple «encouragé le laxisme budgétaire et monétaire dont les effets cumulés nous écrasent aujourd’hui», avoue cet homme d’exception que les politiques monétaires d’assouplissement quantitatif plongent dans «un abîme d’interrogations et de doutes».

Le père de Jacques de Larosière était officier de marine, sa mère au bénéfice d’une licence d’enseignement en anglais. Durant la deuxième guerre, celle-ci lisait le Journal de Genève, lequel répandait «une bouffée de liberté», selon l’auteur. «La famille n’avait pas de fortune mais elle avait des valeurs», précise cet homme à la formation heurtée. Il se déplaça en effet de Rome à Bordeaux, en passant par Istanbul et Paris pour aboutir à l’ENA.

Rencontres avec Thatcher et Deng Xiaoping

Sa carrière, qui débuta en 1957 à l’Inspection des finances, lui a permis d’être au coeur des crises financières. Il fut directeur du Trésor (1974-78), directeur général du FMI durant neuf années (1978-87), puis gouverneur de la Banque de France (1987-93), président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (93-98), et conseiller (BNP-Paribas).

Il nous offre un livre de mémoire qui respire la sincérité et le bon sens. S’y côtoient des anecdotes sur des personnalités célèbres et sur la vie des grandes institutions ainsi que des réflexions sur la finance internationale. Il rencontra Deng Xiaoping en 1981 qui lui demanda son avis sur la manière de sortir son pays de son «retard économique». Il admira le courage et la volonté de Margaret Thatcher. Au 10 Downing Street, face à des dirigeants des organisations internationales rattachées à l’ONU, elle s’enquit de l’objet de la réunion. Quand Kurt Waldheim, le secrétaire général, «répondit que c’était pour se coordonner, elle explosa: «Vous devriez avoir honte! C’est travailler que vous devriez faire, pas vous coordonner!»

La dénonciation de la fuite dans la dette

Jacques de Larosière se révèle très critique à l’égard de l’union monétaire européenne, dénonçant un manque d’union politique ou de véritable coordination économique. Il regrette qu’elle ait ouvert la voie à de profondes divergences entre l’Allemagne et la France. Pour lui, «l’union monétaire n’est pas un free lunch et nécessite des règles budgétaires et structurelles communément partagées et communément mises en oeuvre». A son avis, «l’Union économique reste dans les limbes». On se concentre excessivement sur la politique monétaire: «La création monétaire illimitée n’est tout au plus qu’un palliatif lui-même source de dangers», explique-t-il. Quant à la gestion de la crise grecque, elle est «particulièrement discutable». En 2009-2010, il était évident qu’un programme de redressement devait comporter une restructuration en profondeur de la dette, écrit-il.

L’ancien directeur général du FMI, admirateur de Pierre Mendès France, «le seul homme politique capable de clairvoyance et de courage», dénonce le «non-système» actuel et la fuite dans l’endettement. Le monde financier a favorisé l’irresponsabilité budgétaire. «Jamais les gouvernements n’ont posé aux représentations nationales les vrais choix de société qu’implique, pour les générations futures, la pratique de l’endettement indéfini», selon l’expert qui a travaillé avec Paul Volcker et Raymond Barre.

«C’est la liberté de choix en matière budgétaire qui a été à l’origine de nos démocraties. Mais si on ne laisse aux générations futures que le choix entre payer une dette trop lourde ou la renier, cette liberté de choix est singulièrement réduite!», écrit l’auteur.

Jacques de Larosière regrette aussi que la réglementation mise en œuvre après la crise financière, sous la pression américaine, «ait affaibli le modèle de banque universelle du continent européen». Il l’interprète comme «un témoignage supplémentaire de la faiblesse du leadership européen dans les négociations internationales». Difficile de lui donner tort.


Extrait du "Temps" article de

 
 

J. Peyrelevade : un éclair déchire le ciel bleu de l’Enarchie

Jean Peyrelevade publie « Journal d’un sauvetage » (Albin Michel - 6 mars 2016). Le livre fait l’effet d’une explosion d’Exocet sous la ligne de flottaison des « élites politico administratives », en un mot de l’Enarchie. Revenir, après un quart de siècle, sur les circonstances d’un sauvetage de banque finalement raté, était-il, en soi, indispensable ? Sans doute. L’occasion est rarissime de suivre de façon aussi précise et détaillée le fonctionnement de l’Etat Moloch alors que l’un de ses plus illustres serviteurs a conduit à la faillite un des fleurons de l’histoire mondiale de la banque (Le Crédit Lyonnais était avant la guerre de 14 le premier établissement bancaire mondial, mais oui !).

Il ne faut pas bouder son plaisir. Le livre se lit d’une traite. L’auteur a le talent d’écrire nettement et sans fatiguer le lecteur.  Il a sollicité et affiné  sa plume pour peindre des tableaux au vitriol de certains protagonistes de l’affaire. Règlement de comptes ? Un peu, heureusement, tant les excès ont été effarants.  Le déroulé implacable des évènements met en lumière les énormes dysfonctionnements d’un système où les mêmes hommes tiennent le politique, le législatif, l’administratif, la banque et indirectement, les médias.

Depuis 20 ans nous poursuivons le même combat contre ce que nous appelons l’Enarchie Compassionnelle. Nous essayons de donner mille exemples des effets malsains de ce système consanguin et anti démocratique, mais surtout source d’un gaspillage indécent. Le récit de Peyrelevade est, de ce point de vue, d’une limpidité telle qu’on n’imagine pas qu’il puisse rester une seule personne adepte d’un tel système après avoir fini la lecture.

La société des hauts fonctionnaires est un système féodal où il est impossible de mettre en cause qui que ce soit, et où aucune des institutions mises en place pour exercer des contrôles  ne fonctionne.  Les pires erreurs ne sont jamais sanctionnées. Inlassablement, les grandes affaires sous contrôle de l’Etat périclitent et jamais la moindre leçon n’en est tirée.

Il n’y a donc aucune raison pour que de nouveaux désastres ne viennent pas s’ajouter aux précédents. La faillite de Dexia est en effet pire que celle du Crazy Lyonnais. Les pertes abyssales d’Areva, les difficultés de l’ex EDF,  les pertes massives et  récurrentes de la SNCF, les villes mal gérées comme Paris ou Montpellier, les mille et uns abus commis sans vergogne avec l’argent public ont tous la même cause.

Un système où les hauts fonctionnaires cumulent tous les pouvoirs et où les sanctions ne viennent jamais ne peut pas se porter bien.  La complicité avec les syndicats s’installent aussitôt, au nom de la paix sociale et les coûts s’envolent après qu’on ait tout lâché en matière de congés payés, de recrutements, de temps de travail, d’avantages exorbitants, d’indiscipline non sanctionnée.  On place les proches et les copains. On multiplie les postes de hauts dirigeants bien rémunérés pour des tâches pas toujours très claires.  Les auditeurs ne peuvent rien dire : c’est la politique de l’Etat ! Les carrières n’ont plus de rapport avec l’efficacité dans l’accomplissement des missions. D’ailleurs il n’y a plus de réelles missions. On est. On ne fait pas.

Le récit de Peyrelevade est implacable. On ne peut pas réformer un tel système. Il faut le supprimer. C’est la raison pour laquelle nous nous époumonons à réclamer la séparation du politique et de l’administratif, de la banque et de l’Etat, de la presse et de la banque.

Jean Peyrelevade voulait prendre la tête d’un Crédit  Lyonnais privatisé après séparation des actifs douteux liés au passé. Le système français est tellement bridé, que lorsqu’on privatise, la capture du patrimoine national se fait entre oligarques indéboulonnables qui tiennent entre leurs mains pratiquement à vie tous les grands projets nationaux pour des lustres, et la presse quotidienne en prime. Pensons à Michel Pébereau à la BNP, qui est l’exemple parfait de la chose et des actes associés (comme le vidage du directeur du Monde, après un article documentée sur la « pieuvre Pébereau »). On peut malheureusement imaginer que si l’auteur du livre avait réussi à être son pendant au Crédit Lyonnais, il en serait encore le président et le livre n’aurait pas été publié.

Si Peyrelevade passe au rayon X (il a fait Polytechnique) l’establishment de l’Inspection des Finances, n’est-ce pas en partie parce qu’on lui a barré l’accès au Naos du Grand Temple ?   

D’autres faiblesses structurelles du raisonnement des élites financières, administratives et politiques sont révélées par ce livre, sans que l’auteur ne s’en rende compte.  Jean Peyrelevade ne connait pas la notion de cycles économiques et n’a pas analysé le type d’économie qui s’écroule en 93 en France.  Le système bancaire français à cette date est touché dans son ensemble par l’explosion de la bulle immobilière notamment dans les bureaux. Des dizaines de milliards ont été investis hors de toute raison  dans une bulle terrifiante. Partout dans le monde. Les pertes du Crédit Lyonnais ne sont pas seulement liées à la folie des grandeurs de Jean-Yves Haberer.  Son successeur,  une fois aux manettes,  sera confronté, sans qu’il l’anticipe, à une absence prolongée de résultats du fait de la crise du système global. Il se trompera dès le départ sur l’ampleur des pertes du passé et constamment sur celles de la gestion courante.

On touche là la grande faiblesse de nos responsables : ils n’ont pas compris les énormes dysfonctionnements de l’économie globale, basée sur les changes flottants et le recyclage d’énormes excédents. Peyrelevade comme les autres. Nous l’avions déjà constaté au moment où il souhaitait dialoguer sur le net, une expérience qu’il abandonnera presqu’aussitôt. Le livre, indirectement, nous le démontre à nouveau.

L’inconvénient de cette incompréhension est une concentration excessive sur les hommes et le schéma franco français. Le Lyonnais a sauté comme Lehman Brothers et comme bien d’autres, faute d’avoir compris qu’elles chevauchaient une baudruche explosive. L’inconscience les a tuées.

On voudrait être sûr que l’inconscience des causes globales de la crise puisse venir un jour au premier plan des réflexions des grands auteurs. Jean Peyrelevade a manqué le coche mais  a fait œuvre magistrale pour rendre manifeste l’incroyable perversité du système français de confiscation du pouvoir administratif, politique, bancaire et médiatique par une clique minuscule et ses conséquences dramatiques en terme de perte de démocratie et de gaspillage d’argent public. Grâce soit rendue à ce livre pour cette seule raison. On n’avait jamais été plus loin dans la démonstration.

Et que les Français comprennent enfin qu’il ne faut pas élire un Enarque à la présidence du pays. Adieu Hollande ! Adieu Juppé ! Sinon le système dysfonctionnel et inefficace dénoncé si précisément dans le livre perdurera indéfiniment.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

France 1974-2015 : les leçons d'un désastre.

France 1974-2015 : les leçons d'un désastre.

Nous reprenons ici les intéressants calculs de DVD sur la période 1974-2015 qui devraient être affichés au fronton de toutes les mairies de France.

« « Évolution de la population française de 74 à aujourd'hui : Population totale : +12 millions ; Population active : +10 millions.

- Emploi total : +4.4 millions, dont

- Emplois agricoles : -1.4 millions

- Emplois marchands non agricoles : +2.6 millions, dont +2.3 millions de CDD, intérimaires et stagiaires

- Emplois non marchands : +3.2 millions, dont +0.9 millions de CDD, intérimaires et stagiaires

Chômeurs (toutes catégories) : +5.3 millions

Dépenses des administrations publiques en % de la valeur ajoutée du secteur marchand : de 59 % en 1974 à 93 % en 2015

Dette publique en % de la valeur ajoutée du secteur marchand : de 29 % en 1974 à 158 % en 2015

Un "étrange désastre", en effet, qui a consisté à fabriquer constamment pendant 40 ans des emplois publics (+2,1 m), des travailleurs précaires (+3,2 m) et des chômeurs (+5,3 m)"".

En quarante ans, la France a réussi à mettre au chômage ou dans la fonction publique l’essentiel de sa nouvelle population. Un échec économique impressionnant. En 1997 nous écrivions :

« Le gonflement absurde des effectifs publics s’est accompagné en France du délabrement de plus en plus complet des services publics. La justice est à genoux. L’Éducation nationale est en pleine déroute. Nos services diplomatiques extérieurs, notamment culturels, s’écroulent. Le secteur médical se clochardise et devient de plus en plus malthusien. La police n’arrive plus à faire face. Nos armées s’ajustent aux baisses de budget continuelles et ne fonctionnent qu’avec des bouts de ficelles ».

C’était juste avant le plein effet des 35 heures qui a tout aggravé et avant la récession de 2001. Lorsqu’on faisait ce constat, le forum du journal Le Monde s’animait de centaines de réponses injurieuses. Aujourd’hui, qui ose nier que nos services publics sont dans une extrême difficulté ? Nous avons simultanément encalminé notre secteur marchand et abîmé nos services publics, jusqu’au point où le revenu par tête baisse continuellement et que le bateau national tangue dangereusement.

L’explosion de l’économie baudruche internationale, en 2007-2008, a laminé un pays qui était préalablement en grave difficulté. Le désir de la nomenklatura publique française et européenne de sortir des conséquences de cette crise par la fuite en avant monétaire et surtout par l’impôt, alors que la France connaissait une fiscalité hors norme et hyperconcentrée, a fini le travail. La France est exsangue. Les « riches » sont partis. Le pays a explosé en groupes querelleurs. La déprime nationale est à son comble.

Évidemment, on peut toujours affirmer que ces propos sentent à plein nez le « déclinisme nauséabond », que la France est riche de toutes ses énergies et que la sortie de crise est « round the corner ». D’ailleurs, tout ne va-t-il pas mieux, en dépit des propos « irresponsables » du FMI qui souligne que les banques centrales sont presque au bout de leurs pouvoirs et que rien n’est réellement reparti de façon équilibrée et dynamique ?

Avant même d’en tirer des conséquences électorales pour 2017, la grande question, est : la faute à qui ?

Une première explication est d’en faire la faillite d’une génération, la génération des soixante-huitards.

Une seconde est d’affirmer que l’Enarchie compassionnelle qui s’est mise en place au début des années soixante-dix a consciencieusement ruiné le pays.

Une troisième est de remarquer que ce sont les crises à répétition qui ont fait le maximum de dégâts et que la réaction socialisante qui a suivi chaque récession a aggravé tout ce qui pouvait l’être.

Évidemment, on peut combiner les trois explications.

Parler d’une génération coupable est à la fois tentant et délicat. Cela revient à dire que les Français sont responsables, en tout cas une partie majoritaire d’entre eux. Que mai 1968, son gauchisme invétéré, sa dénonciation perpétuelle de la bourgeoisie, son refus des réalités, son mépris du « beauf » français réduits à la condition de vil collabo, de sale colonialiste, de persécuteur de juifs, d’esclavagiste récurrent, de raciste anti-noir, d’islamophobe, de xénophobe, sa détestation du capitalisme et de la consommation, n’aient pas été un cadre motivant de conquête économique, c’est plus que clair. L’idéologie dominante a été constamment marquée par la dénonciation de l’argent, de la réussite, de la connivence entre riches et pouvoir,… L’apparition du bobo urbain, friqué, fonctionnaire, apparatchik ou communiquant, ne marquait pas vraiment une ambition économique tournée vers l’activité marchande. Beaucoup d’autochtones français se sont tournés là où le système scolaire leur montrait le chemin : vers les emplois publics, laissant le travail artisanal et industriel aux populations immigrées. Pas de formation manuelle ni d’apprentissage pour nos enfants ! Tous des demi-intellectuels dans des postes protégés !

Le symbole de cette génération est sans doute le très brillant Michel Le Bris, pur exemple de la force ascensionnelle de l’ancienne école, qui, au sortir d’HEC se lance un temps dans la Cause du Peuple jusqu’à la case prison, renonce à une carrière d’écrivain et monte une petite affaire familiale sympathique (l’organisation du festival des « étonnants voyageurs ») mais avec une subvention de près d’un million d’euros chaque année. Il en est à faire du chantage à la ville de Saint Malo pour conserver ses subsides et le travail de sa fille. Lui qui dégoisait ad infinitum sur ces salauds d’héritiers, ces fils de bourgeois qui bénéficiaient honteusement des apports familiaux se retrouve en pater familias soucieux de l’avenir de son héritière de fille à la tête du festival en sécurisant par tout moyen les dotations d’argent public ! La révolution mène à tout.

Pour ceux qui ne sont pas dans les fonctions publiques et leurs bordures, combien, comme lui, vivent à cheval sur un cocktail de recettes privées (modestes) et de recettes publiques (massives) ? La régionalisation a été la source principale, avec le développement des organisations non gouvernementales et le culturel subventionné (merci Djack !), de l’emploi gris, semi-public et semi-privé. C’est plus de 2.5 millions d‘emplois qui ont été ainsi créés, entièrement entre les mains des politiques et dépendant des impôts. Sans parler des intermittents du spectacle !

Comment s’étonner que, sur un fond culturel de cette nature, les Français aient disparu de la bagarre pour les nouveaux marchés ? Les grands projets publics ont tous fini par un désastre, du plan calcul, au Concorde, de la téléphonie au nucléaire. Et il n’y a plus d’entreprises françaises dans la plupart des nouvelles technologies. Notre industrie a fondu en quarante ans. Nous étions de toutes les innovations : cinéma, aviation, publicité, pharmacie, grande distribution. En perdant l’électronique, l’informatique, le numérique après la mécanique et la chimie, nous nous sommes coupés du dynamisme des marchés de production.

« Les faits sont fascistes » déclamait un imbécile à l’Odéon en 68. Les Nuits Debout déclarent le « Rêve général », au milieu de violences aussi gratuites que répétées alors qu’on est en régime d’état d’urgence. L’Odéon est à nouveau occupé. Ce n’est pas une parenthèse qui s’ouvre, comme en 68, mais une parenthèse qui se ferme. Le communisme a disparu. Le trotskisme, dont la France était le dernier repaire, disparaît à son tour dans d’ultimes sursauts. Et il ne reste pas grand-chose du socialisme après la chute de l’URSS dans le monde et encore moins en France, après Jospin et Hollande.

Le repliement des « Français de souche » vers la sécurité et la tranquillité, encouragé par le système scolaire et les intellectuels subventionnés, tout en laissant le secteur du travail dur et exposé pour l’essentiel aux immigrés européens ou venus du monde entier, a indiscutablement pesé sociologiquement et politiquement. Le résultat a été un remplacement de population non seulement dans des banlieues au chômage et laissées à la délinquance, mais surtout dans le reliquat du système productif. La France qui travaille dans le privé est de plus en plus « colorée ». Inutile de chercher ailleurs les raisons de la montée d’un Front national nouvelle manière qui est à la recherche de la clientèle des « petits blancs du secteur public et parapublic » et des ouvriers prolétarisés de l’industrie auxquels l'immigration fait concurrence. La tentative, à gauche, de s’annexer l’immigration (voire Terra nova) avait les mêmes motivations sociologiques.

La droite a été prise au dépourvu par cette évolution qu'elle n'a ni vue ni comprise. Elle ne sait plus très bien où est sa clientèle électorale et hésite entre la tentative de reconquérir les électeurs du Front National (Sarkozy, Buisson, Vauquiez) ou celle des bobos (NKM, Juppé, Raffarin).

Dans les grands centres, l’entreprise vit en symbiose avec les immigrés de la seconde et troisième génération et, à l’extérieur, avec des marchés mondialisés. Elle est prise en ciseau entre la droite anti-immigration et la gauche anticapitaliste, avec en prime les contraintes d'un marché unique européen ouvert à tous les vents.

Mai 1968 a conduit à une impasse politique et sociologique totale, avec une économie marchande supposée triomphante mais en fait laissée à un quasi-abandon. Comme le dit un ancien Ministre des Affaires étrangères : « il serait temps de passer par une phase de lucidité ». Aussi horrible que l’idée peut sembler à une partie de la population, le redressement économique de la France passe par la réconciliation des Français issus d’un peuplement ancien avec les Français issus de l’immigration récente, et la réconciliation du système scolaire et culturel avec l’entreprise et le travail professionnel, tout en cantonnant les fonctionnaires au régalien. Ce n’est pas gagné, compte tenu du rejet général d’un islam redevenu revendicateur et violent, et du poids démesuré d’un secteur culturel, scolaire, universitaire, médiatique et politique intellectuellement et socialement aux abois mais soucieux de conserver ses sinécures de plus en plus violemment. La « déradicalisation » à opérer doit être tous azimuts.

C’est justement parce que la majorité des Français ne se reconnaît plus dans ces hystéries, que la rupture générationnelle des mentalités est en train de s’opérer. Mai 1968, c’est bien fini ! La demande de renouvellement des têtes illustre largement sur ce constat. « On ne recommence pas comme avant ; il faut d’autres têtes et d’autres mentalités au pouvoir ».

Évidemment, les tenants de l’ancien mode de pensée dominant ne lâcheront pas le morceau aussi facilement. On le voit avec le questionnaire qui fait la joie actuelle des médias : les Français croient à la lutte des classes ! Marx est de nouveau populaire en France ! Le succès du libre de Picketty sur le capital est un autre symbole de cette renaissance marxiste. Les mêmes sondages montrent que les Français sont heureux dans la même proportion dans leur entreprise. Contradiction ? Carlos Ghosn, le double PDG de Nissan et Renault se verse un double salaire : il est aussitôt qualifié d'« indécent », comme les revenus des joueurs de football et autres triomphateurs de l'économie du spectacle et de la publicité. Le thème de l’inégalité qui monte est commenté inlassablement, avec illustration des caprices des super-riches etc. On attise la haine sociale avec un plaisir évident. La lutte des classes veut dire qu’il va falloir singulariser un ennemi de classe et le réduire à quia. « Les salauds au sens sartrien du terme » vont bientôt être de retour.

En France la seule inégalité qui monte est celle entre les chômeurs et les Français protégés par une rente publique. Les riches sont partis ou ont été appauvris. Le rendement des hautes tranches du revenu est en baisse de plus 40 % depuis 2012. La classe ouvrière, elle, a fondu. La lutte des classes n’est plus entre patrons et salariés. La compétition entre les populations pauvres du monde qui émergent au développement et les producteurs mieux pourvus de l’Occident, elle, est en pleine effervescence.

Considérer que l’avenir de la France qui s’est mise dans un corner économique largement de son fait et des mentalités devenues dominantes, est de stimuler l’affrontement entre ce qui reste d’entrepreneurs et de salariés, est le genre de folie collective qui fait douter de l’avenir du pays.

On ne saurait minimiser l’impact de la psychologue collective et des évolutions sociologiques sur l'état du pays. Il nous semble cependant que d’autres facteurs ont joué de façon plus directe.

L’explication par la « défaillance des élites » est celle qui tient le haut du pavé médiatique. Elle évite de se poser les questions que nous venons de rappeler. Se défouler sur un bouc émissaire est agréable, surtout quand on ne définit jamais « les élites » ni la nature de leur trahison, ce qui est bien pratique.

L’Enarchie Compassionnelle, comme nous préférons appeler la classe dirigeante française, s’est mise en place en France à partir de 1974 avec l’arrivée de Giscard et de Chirac aux commandes. Elle ne l’a plus jamais quittée depuis, en dépit de l’élection de F. Mitterrand en 1981 et de N. Sarkozy en 2007. Elle règne par la fusion entre le domaine de l’administration et celui de la politique. Les fonctionnaires ont conquis la sphère démocratique et votent les lois qui les concernent. Les hauts fonctionnaires ont un pouvoir total parce qu’il n’est plus contraint par les dirigeants politiques censés représenter l'ensemble du pays : ce sont globalement les mêmes. Le haut fonctionnaire en France se croit dirigeant politique de droit divin, parce qu’il n’est pas vulgairement intéressé comme les vils mercantis. Il se croit chargé "d’arbitrer la société ". Il en est résulté un interventionnisme pointilleux dans toutes les relations civiles, avec volonté d’empêcher le fort et de valoriser le faible tout en arrosant les conflits de subventions et de réglementations tatillonnes. Pour cela, il fallait des impôts encore des impôts et toujours des impôts. Après quarante de ce régime la France étouffe sous les réglementations et les Français sont étranglés par une fiscalité invasive, généralisée, complexe et spoliatrice. Préférence pour le chômage, soumission aux syndicats, accompagnement de tous les « politiquement corrects » voilà quel est l’oxygène de la haute fonction publique depuis le club Jean Moulin.

La soumission aux Etats-Unis et à l’Union européenne est une obligation intégrée par la haute fonction publique, quelles que soient les conséquences. De nombreux postes bien rémunérés et défiscalisés sont à la clef. Se heurter à la toute-puissance américaine et ne pas crier Europe, Europe, Europe comme un cabri ne peuvent que ruiner les plus belles espérances. Fuir les grandes responsabilités et les concéder à l'étranger est la garantie de ne pas être pris dans un détestable maelström. Il y a une fainéantise et une fuite devant les responsabilités proverbiales au sein de la haute fonction publique, qui se sent des droits mais aucuns devoirs.

La politique ayant permis de drainer beaucoup d’argent, surtout depuis la régionalisation, cumuler politique et carrière administrative est à la fois rémunérateur, valorisant et sans aucun risque. Comme la haute fonction publique coiffe les grandes entreprises et la banque, elle tient aussi les médias. La majorité des médias chantent donc en permanence la gloire de notre fonction publique "que le monde nous envie" et masque allègrement le déchet productif et social que cette domination sociale implique.

Devant le désastre devenu patent de nos résultats économiques, le climat change. Pas un jour sans la dénonciation des élites administratives et politiques françaises. On la retrouve aussi bien dans le livre sur le redressement du Crédit Lyonnais, le dernier exemplaire de Marianne, moult articles dans Le Monde et le Figaro. Les Français croient toujours que les Hauts fonctionnaires sont les mieux formés aux affaires publiques et tout candidat « de la société civile » (traduisez : non-fonctionnaire), part avec un immense handicap. Les élections présidentielles de 1917 sont bien parties pour voir s’affronter le FN de Marine Le Pen sous influence de l’énarque Philippot, les Républicains représentés par l’énarque Juppé, le symbole même de l’espèce, et le PS toujours avec l’énarque Hollande à sa tête.

Le bavardage anti-élite est juste un défoulement. Bien que la séparation de la haute fonction publique et de la politique soit absolument indispensable, pour restaurer une nation souveraine, une société prospère et des individus plus libres et plus autonomes, ce changement radical est encore largement illusoire. Le verrou et solide.

Il n’en reste pas moins que la responsabilité de l’énarchie compassionnelle dans l’état de la France est majeure. Les remèdes sont faciles : deux articles dans la Constitution.

- N nul ne peut être élu dans une assemblée qui décide de ses conditions d’emploi ;

- Nul ne peut recevoir deux rémunérations de l’Etat.

Vous réservez un statut aux seuls fonctionnaires de catégorie A et vous fusionnez la pléthore des sous statuts actuels pour permettre la plus grande fluidité dans les carrières. Les reins de l’Enarchie compassionnelle seront brisés en un instant. Et cela ne sera que justice.

Reste une dernière cause : les crises à répétition et de plus en plus grave, avec baisse tendancielle de la croissance et montée d’un endettement global catastrophique. Pour nous, c’est le vecteur majeur de la déréliction française. Les crises ont poussé les Français à rechercher en masse la sécurité du secteur public, et la garantie de l’argent public, quitte à sacrifier les faibles (immigrés, jeunes, vieux et femmes). On a abouti au taux d’emploi quasiment le plus faible du monde développé. Un rapport récent illustre bien cet aspect délirant de la situation française que nous dénonçons continûment depuis près de 30 ans maintenant. Il aura fallu attendre ce temps et un organisme international, pour que le fait surgisse enfin dans le débat (et disparaisse en 15 minutes). Rappelons qu’il manque 5 à 10 millions d’emplois dans le secteur marchand français : un handicap intolérable !

Après chaque crise la pression fiscale a monté, sans jamais vraiment baisser pendant les phases de haute conjoncture. Le phénomène n’a pas empêché le développement d’une dette publique insoutenable et d’une dette privée irrécupérable.

Surtout la gravité croissante des crises a permis aux socialistes d'exploiter les mécontentements et de prendre le pouvoir. Ils ont tout aggravé à chaque fois. Le Programme Commun de Gouvernement socialo communiste, une singularité qui fait encore rire dans les cours d'économie politique partout dans le monde sauf en France, a bloqué définitivement le rattrapage en cours à ce moment-là du niveau de vie américain par les Français. Les folies Rocard ont ruiné l'économie et l’Etat. Celles de Jospin ont tué la compétitivité française. Les folies fiscales de début de mandat de Hollande ont aggravé la situation jusqu'à la limite de l'irréversibilité. La France a besoin de sortir définitivement du socialisme, mais elle ne pourra le faire que si le capitalisme international est profondément réformé pour éviter les crises à répétition qui l’aident à venir au pouvoir bien que le socialisme soit fondamentalement minoritaire.

Abandon de la mentalité soixante-huitarde, séparation du politique et de la haute administration, réforme du système monétaire international et de la gouvernance de la zone Euro, sont les conditions pour que les quarante ans qui viennent soient l’occasion d’un réel redressement. Toucher les mentalités, les structures et la gouvernance est un effort surhumain. La probabilité est plutôt que la France continue sa sortie de l’histoire, dans le dolorisme amer et les faux-semblants. Ou sombre carrément dans le chaos.

L’exemple des pays arabes, du Venezuela, de la Grèce, du Zimbabwe, de l'Espagne, montre qu’un peuple qui lâche prise tombe extrêmement bas. En cas d’effondrement, la situation devient paradoxale : ceux qui auront tenté de se protéger dans le giron de l’argent public seront les victimes les plus touchées. Quand il n’y a plus d’argent, il n’y a plus de secteur public. C’est toute la cohorte des cultureux subventionnés, des fonctionnaires, des employés des associations qui trinqueront les premiers. Et le plus gravement. Et avec toute leur parentèle.

Le fond du défi français est d’arriver à convaincre ces groupes qu’ils sont tellement menacés qu’ils ont intérêt à changer de cap, même s’il leur en coûte un doigt. La stratégie de Hollande-Macron est de les convaincre que les concessions au privé permettront de les sauver et que, sans elle, ils sauteront. Mais que le PS est leur ami et que nul ne veillera plus à leur avenir. Une fusion avec Juppé et NKM les réjouirait. On « changerait pour que rien ne change ». La « recomposition » politique en France est une idée qui séduit la base sociologique qui a cherché le salut sous l’égide de l’argent public.

Les nécessités exigeraient plutôt que les Français admettent que le socialisme est minoritaire en France (moins de 20 % des suffrages, toutes tendances confondues) et qu’il convient de s’en débarrasser définitivement, tout en visant à court terme de faire aussi bien que les meilleurs et à moyen terme d’obtenir les réformes nécessaires en Europe et dans la sphère économique internationale. Cela suppose que le FN ne l’emporte pas sur la droite ou qu’il mette beaucoup d’eau dans son vin raciste pour permettre une convergence de son poids politique avec celui de la droite dite classique. Un certain chemin a été fait sur cette voie. Mais on est loin du compte.

L’idée d’un redressement possible grâce à une vraie politique de rupture, menée par la seule droite dite " de gouvernement", est actuellement incarnée par François Fillon. Certains pensent qu’il lui manque et le gabarit caractériel et les gros bataillons. C’est surtout l’ampleur de son message qu’il lui faut corriger. Il ne peut pas se contenter d’un diagnostic national étriqué. Il faut qu’il porte une vision plus forte aussi bien des causes de l’effondrement français dans les quarante dernières années que des dimensions internationales des réformes à faire.

En tout cas, il est clair que le vrai thème des élections à venir sera celui de l’avenir de la France : que voulons-nous être dans 40 ans ? Sachant que pendant les quarante ans passés nous nous sommes effondrés. La prolongation des tendances du passé nous conduit effectivement à un suicide national caractérisé.

Il ne faut surtout pas revivre les élections de 2012 qui ont été aux limites de la médiocrité et de l’inconscience, avec des pointes d’abjection démagogique parfaitement hideuses. Une partie des forces politiques se battront pour que rien ne bouge : ce sera l’option Juppé Bayrou NKM Valls et Macron, pour simplifier, axé sur la défense du secteur protégé public et parapublic. Une autre, autour de Fillon ou de Lemaire, marquerait qu’on saute dans une nouvelle pratique, appuyée sur une meilleure compréhension sociologique et avec un cap économique solide à l’intérieur et réformateur à l’extérieur.

Il est rare qu’une élection soit réellement décisive. Vu l’échec monstrueux des quarante dernières années, il faudrait que celles de 2017 le soient et dans un sens qui  permette au pays de sortir des rails suicidaires qui le mènentt à l’abîme depuis quarante ans.

Crise : un meilleur diagnostic officiel ? Enfin ?

L’essentiel de notre analyse, telle que nous l’avons développée depuis 1997 sur le forum du Monde puis sur ce blog et enfin dans notre livre « l’Etrange Désastre »  est basée sur l’inversion de la courbe de l’endettement global depuis 1971-72.  Cette courbe en U est pour nous le phénomène  le plus important de l’histoire économique contemporaine, celui dont l’explication conditionne fondamentalement la solidité des réponses aux questions devenues dramatiques que pose l’avenir économique du monde.

Ce phénomène a été aussi massif qu’il est passé, de longues décennies, totalement inaperçu. Nous considérons qu’il est l’élément fondamental de ce qu’on appelle « la crise » que nous définissons comme la conjonction de trois faits reliés entre eux :

-          La poussée d’un endettement délirant de moins en moins accordé avec la production

-          La baisse tendancielle de la croissance

-          L’aggravation des crises périodiques notamment dans leur épisode dur.  

C’est parce que le taux d’endettement global par rapport au PIB a atteint, courant 2007, 400% en moyenne,  niveau de la fin de la guerre de 40,  que le système financier global s’est effondré, avec d’abord un blocage du marché interbancaire en été 2007, puis une suite de faillites bancaires culminant avec  l’effondrement de Lehman Brothers en septembre 2008.

Sans explication réellement scientifique de « la crise », impossible d’en sortir autrement que par des expédients à court terme. Notre livre l’Etrange Désastre avait comme unique objet cette explication de fond, en évacuant les simplismes du genre « c’est la faute aux subprimes » ou « c’est la faute au pétrole ».

Nous avons conclu que la cause majeure du retournement de la courbe de la dette globale était le renoncement aux  disciplines de Bretton Woods  et l’acceptation d’énormes déficits et d’énormes excédents dont le recyclage faisait automatiquement monter l’endettement global jusqu’au point où une baudruche financière, sans rapport avec la production, gonflait inlassablement jusqu’à l’éclatement inévitable.

Le doute n’étant pas permis sur les causes, restait à comprendre pourquoi le diagnostic n’était pas fait, en tout cas officiellement,  et aucune réforme entreprise portant sur les mécanismes précis de la crise.

L’explication que nous avons avancée était la suivante : l’occultation du débat n’était pas liée à un quelconque conflit d’idéologies économiques, l’affrontement théorique entre keynésiens et néolibéraux étant largement artificiel et sans intérêt.  Les postures ne sont pas des analyses. Aucune personne sérieuse ne peut conjecturer que la Théorie générale soit un ouvrage scientifique parfait ni que la tentative d’expliquer le tout par la partie, le macroéconomique par le microéconomique,  ait abouti à quoi que ce soit de sérieux. Quant à Milton Friedmann, que nous aimons beaucoup par ailleurs, il suffit d’observer la réalité pour constater que toutes ses prédictions sur les changes flottants se sont révélées fausses.  Les changes flottants, c’est comme le socialisme : cela n’a jamais marché, cela ne marche pas et cela ne marchera jamais.

Si on écarte les postures et les faux débats, il ne reste qu’une vérité désagréable mais  « incontournable » comme on dit aujourd’hui : les Etats-Unis ont imposé un système désastreux et non coopératif parce qu’ils ont considéré qu’il était à leur avantage et permettait mieux d’atteindre leurs objectifs de puissance.

La crise a une origine politique ou géopolitique, comme on voudra. Elle est désagréable et dangereuse à dénoncer. Déplaisante parce que l’anti américanisme primaire existe et que personne de sérieux ne souhaite s’inscrire dans ce délire.  Dangereuse parce que l’énoncé public et officiel d’une telle dénonciation peut vous valoir de possibles ennuis de carrière et d’accès aux médias.   De toute façon, l’opinion publique ne veut rien entendre des questions monétaires compliquées.  L’étalon or est une option ringardisée.  « Alors quoi ? Qu’on nous fiche la paix ».

La vraie responsabilité intellectuelle se situe au FMI et à l’OCDE. Mais ces deux institutions sont sous influence. Aucune des deux ne peut dire ouvertement : « Messieurs les Américains,  le système non coopératif que vous avez imposé est une horreur qu’il faut abandonner et d’abord dans votre propre intérêt car vous voyez bien que, vous aussi, vous vous remettez très difficilement de la crise. Votre propre société est de plus en plus rétive aux conséquences comme le montre la campagne présidentielle actuelle. Vous n’avez plus de réel horizon et votre poids international baisse».

L’OCDE a refusé net d’expliquer la crise. Le choix a été d’illustrer des symptômes sans jamais en chercher des causes.  Les évènements surviennent  on ne sait pas trop pourquoi. Les agents commencent à avoir des comportements dangereux, sans qu’on décrive le moteur de ces déviances.  La mise en cause du système monétaire y est strictement impossible et vaudrait au malheureux aventurier qui passerait outre un parcours peu appétissant.

Le FMI est exactement dans la même situation. On aurait pu penser que DSK avait le poids pour peser dans le débat. Il avait visiblement d’autres chats à fouetter.  Ensuite, le choix à la tête du FMI d’une femme parlant anglais, mais sans connaissance économique, semblait garantir une certaine docilité.

Bref on en est réduit depuis 2007 à guetter les étincelles et les lueurs d’analyse qui marqueraient un début de prise de conscience et de prise de parole, sur les causes réelles de la crise et son mécanisme.

Sœur Anne ne vois-tu pas venir au loin une certaine convergence avec nos analyses ?

Et bien si !

Le dernier rapport du FMI alerte sur les perspectives mauvaises de l’économie à court et moyen terme et présente la fameuse courbe en U de l’endettement avec sa montée catastrophique vers des sommets intenables qui rendent une  reprise forte quasiment impossible dans la durée. Le graphique aurait pu être en première page de l’Etrange Désastre.

La dette passe enfin en tête des préoccupations du FMI (après que des auteurs américains s’en soient préalablement inquiétés, comme nous l’avons récemment relevé. Il fallait cela !). Avec deux faiblesses insignes :

-          Le FMI ne parle que de la dette des Etats. Mais la dette privée est quatre fois plus importante. Et la dette publique a largement été gonflée par transfert de dettes privées pour sauver le système bancaire mondial. La dette globale n’est d’ailleurs pas un concept intellectuellement maîtrisée, transcrit dans la statistique à travers le monde ; ce travail, comme nous cessons de le répéter dans ce blog, est le rôle du FMI et il ne joue pas. Du moins pas encore.

-          Le FMI ne cherche pas à analyser le renversement de la courbe au début des années 70.  

L’affichage de la courbe porte en lui-même une pression vers une explication officielle. Nous avons la nôtre. Nous attendons la leur.

Autre signe de convergence, l’apparition dans les commentaires de presse, d’analyses proches de ce que nous rabâchons dans le désert depuis la crise sévère de 92-93.

Eric Zemmour rend compte du livre de Jean-François Gayraud dans la livraison du 14 avril 2016 du Figaro. On y parle de guerres économiques qui « saccagent ». On signale que les désordres ont commencé « avec la décision de Nixon de sortir des accords de Bretton Woods ». On dénonce une fuite de la théorie économique dans la « mathématisation et la complexification ». On critique le « maillage serré de hauts fonctionnaires, politiciens, lobbyistes échangeant information et postes qui, à Washington et à Bruxelles et même à Paris, garantit la prééminence de la banque ». On signale que le masque de cette domination est « la liberté ». Zemmour pointe que « si la finance peut asservir les Etats, c’est parce qu’elle bénéficie du soutien de la force militaire américaine qui terrifie les plus farouches ».  « Notre ennemi serait les Etats-Unis d’Amérique ». On croirait notre texte, presqu’au mot à mot. Bien qu’Odile Jacob ait eu entre ses mains notre manuscrit dès 2014, nous ne crierons certainement pas au plagiat. Bien au contraire, nous sommes heureux de cette convergence et que des idées que nous défendons depuis des lustres commencent à émerger dans l’édition et les commentaires de la presse, même si les raisonnements économiques sous-jacents manquent cruellement dans le cas cité. L’auteur n’est visiblement pas économiste.

Retenons seulement qu’en une seule journée on a vu enfin s’afficher une analyse du FMI montrant la grande bascule de la dette et un commentaire soulignant le caractère politique des causes de cette bascule.

Il ne reste plus aux officiels qu’à approfondir la réflexion et tenter de comprendre comment on peut sortir de ce piège. Et il faut que les institutions françaises, européennes et internationales ad hoc parviennent à nourrir un projet cohérent de sortie de crise basé sur une réflexion sur les causes et non sur des expédients.

Il a fallu huit ans pour que, de-ci de-là, certains officiels mettent prudemment un pied en dehors du cocon des simplismes. Combien en faudra-t-il encore pour sortir des expédients et en venir à une vraie analyse partagée des causes et, immédiatement après, aux réformes nécessaires ?  

Eric le Boucher (Les Echos samedi 16 avril 2016) écrit en commentant un texte de France Stratégie qui a souligné l’effondrement de la croissance : « cet effondrement est sans explication ». « Ou plutôt avec pléthore d’explications contradictoires ».  En vérité les économistes officiels en France ne souhaitent pas aller au-delà de petits constats sans danger ou démagogiques, parce qu’ils se souviennent du traitement innommable réservé à Maurice Allais qui lui, avait été à l’essentiel et annoncé l’explosion du système monétaire et international : « ce qui doit arriver arrive ».  Qu’on ne dise pas que les mécanismes de la crise n’ont pas été analysés. Ils sont clairs depuis 20 ans. En tout cas pour ceux qui ont étudié les causes de la crise mondiale de 92-93. Nous-mêmes n’avons fait qu’amplifier et actualiser cette analyse. Mais, cher Eric, pourquoi ne pas prendre le risque de vous en faire l’écho dans Les Echos ?  Après tout, le journalisme c’est de dire avant les autres ce que tout le monde viendra à constater un peu plus tard…  

Encore un effort !

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile



Retour sur le chômage structurel en France

La loi El Khomri et les déchaînements qu'elle provoque sont fort instructifs. Nous redonnons ci-dessous l'article de fond sur le pourquoi du chômage structurel de la France, écrit en 2012, juste après l'arrivée de F. Hollande au pouvoir. Il n'y rien à en retirer.

Devant la catastrophe provoquée par sa politique initiale, qui aggravait tout, Hollande a compris qu'il fallait rebrousser chemin. On verra dans les débats actuels beaucoup de références aux idées exprimées dans l'article. Mais il n'a aucune légitimité ni majorité pour mener une politique exactement inverse à celle qu'il avait annoncée.

Nous avions conclu de façon désabusée :

"Nous allons donc consolider le non-emploi en France, sur fond de crise aggravée. Certains croient que la pyramide des âges, marquée par le vieillissement de la population, va nous sauver. Moins de candidats à l'activité, donc plus de chances de trouver du boulot pour ceux qui restent ! C'est exactement l'inverse. Sauvy l'a parfaitement démontré.

Le chômage structurel va donc encore croître et embellir, désagrégeant le tissu social".

Trois ans et demi après, nous y sommes en plein et les syndicats socialistes ainsi que toutes les mouvances "vraiment socialistes"  sont vent debout contre le moignon de réforme proposé par leur chef.

Pour ceux que le chômage structurel intéresse et accessoirement pour les candidats au remplacement de Hollande à la tête de l'Etat, nous nous devons de renvoyer à une lecture complémentaire : celle du livre de Bernard Zimmern "A tout fonctionnaire son chômeur", chez Odilon Media et notamment à sa quatrième partie "La classe dominante" (ISBN 2 84213 027 S). Le livre a été écrit il y a presque 20 ans. Il n'a pas pris une ride. Nous mettons en graphique joint le tableau de l'annexe 8 qui montre la corrélation directe entre effectif de la fonction publique et chômage.

Bernard Zimmern montre qu'un emploi de fonctionnaire de plus créé un chômeur de plus. Ce ratio était un mantra de Raymond Barre dans les années 70. En vérité, avec la crise, et compte tenu du vieillissement de la population française, nous avons déterminé dans notre livre L'étrange désastre, qu'on en était arrivé à un ratio plus près de 2 chômeurs de plus pour une création de poste de fonctionnaires.

La grande question est finalement la suivante : pourquoi les prises de conscience ne sont que si partielles et n'aboutissent finalement à rien ? Nous avons notre réponse "L'Enarchie Compassionnelle", un système oligarchique qui empêche toute réforme et qui dépasse de loin la question socialiste (le socialisme est mort avec la chute de l'URSS et la conversion au capitalisme de la Chine). Bernard Zimmern fait exactement la même analyse avec d'autres mots. Il décrit l'omnipotence d'une nouvelle classe dominante qui appuie son pouvoir sur l'absence de contrôle, le secret et la maîtrise des médias. Il propose de sortir de la bureaucratie oligarchique avec trois séries d'action : réapprendre à la fonction publique à vivre en démocratie, ce qui suppose d'en reprendre le contrôle, et de dégager toute l'activité économique de l'emprise de l'Etat.

Le drame psycho politique socialiste actuel montre qu'il est IMPOSSIBLE de faire conduire une telle politique par des hauts fonctionnaires. Dans la livraison du Point de cette semaine, Franz Olivier Giesbert se livre à une déclaration d'amour totalement débridée à Alain Juppé. S'il avait voulu montrer la dépendance absolue de la presse, même en apparence critique vis-à-vis de l'Enarchie, il n'aurait pas pu faire mieux.

Pour assoir son pouvoir l'Enarchie a besoin de dominer les esprits par la propagande et l'intox. La presse est dans un tel état financier qu'elle ne peut que jouer le jeu. Elle ne survit que par l'argent public. L'esclave lèche constamment la botte du maître. C'est vrai dans la presse écrite, mais plus encore dans les médias radiophoniques et télévisés. Pratiquement toutes les sociétés de presse sont possédées par des milliardaires dépendant directement de l'Etat ou par l'Etat lui-même directement ou indirectement. On peut se moquer de l'Ukraine ou de la Russie.

Il est vrai que les medias ont besoin de l'émotion pour vendre. L'émotion conduit à la l'indignation et appelle l'action de l'Etat. Il suffit d'entendre les sujets serinés dans les radios ce matin même : scandale de non-dénonciation de pédophilie à Lyon, scandale de la retenue d'une enfant envoyée sans droit en France, scandale de la brutalité policière, scandale des armées qui violent en Centrafrique, scandale de la mal Bouffe et de son Héro décédé, scandale des abattoirs, scandales…Avec toujours la même antienne : que fait l'Etat ! Vite plus d'argent, vite plus de réglementations, vite, plus de sanctions

"L'une des grandes fibres qu'aiment à faire jouer les médias : la compassion", écrit Zimmern. Mais oui. C'est pour cela que cette association "classe dominante de fonctionnaire - presse compassionnelle" nous a suggéré le vocable d'Enarchie Compassionnelle. Les journalistes sont presque tous à gauche (et même pour la "vraie gauche") et la presse presque en totalité pour "plus d'Etat", avec glorification permanente de notre glorieux système social français qui est si fragile qu'on ne doit pas y toucher sinon il va s'effondrer.

L'échec de la microtentative de l'énarque Hollande et de ses compagnons de la promotion Voltaire, pour atténuer l'effet d'étouffement de l'économie des mesures qu'eux-mêmes et leurs congénères ont prises et surtout essayer de faire perdurer un système qu'ils dominent, dont ils veulent garder les privilèges insensés et dont ils ont compris qu'il était en train de sombrer, démontre qu'il ne faut pas élire à la tête du pays un nouvel Énarque.

La cote sondagière de Juppé est totalement artificielle. Toute la presse est pour Juppé et matraque qu'il est seul "en position". L'esclave a besoin d'un nouveau maître qui ne mettra pas fin aux subventions et continuera à assurer sa survie. Les instituts de sondage vivent du pouvoir et seulement du pouvoir. Qu'on relise dans le dernier livre du Maître du Puy du Fou, les lignes consacrées à son traitement médiatique et à la manière dont sa cote a évolué dans les sondages. Tout est lumineux dans ces lignes.

Pour l'observateur un peu attentif, il existe un signe de l'aplatissement général de la presse devant l'énarque Juppé, nouvel espoir de l'oligarchie et futur garant des ressources de la presse.

Lorsqu'un journaliste connu s'attaquera aux conditions dans lesquelles Alain Juppé, à l'instar de ses commensaux, a obtenu le niveau de retraite qui est le sien ainsi qu'aux conditions de son revenu et de sa fortune, alors on pourra dire que quelque chose a changé en France.

Qu'on réduise la question à celle-ci : combien de temps Alain Juppé a-t-il travaillé dans son corps administratif. Sa retraite a-t-elle été versée prorata temporis des droits économiques acquis, ou à 100% statutaire ? Combien d'autres retraites cumule-il ? Que seront sa fortune et son revenu à la fin de son mandat présidentiel éventuel ? Est-ce que cette privilégiature est justifiable et doit être conservée ?

Si Juppé est haut dans les sondages ce n'est que parce que les mouches ont changé d'âne et que l'énorme cohorte des fonctionnaires a remis son destin entre ses mains plutôt que dans celle de Hollande et que les médias se chargent de l'avant vente, comme ils se chargeront, un temps de l'après vente. Un temps parce que les conséquences sur le chômage seront telles, faute de mise au pas radicale de l'oligarchie, que l'émotion de la presse sera sollicitée et qu'il faudra promouvoir un autre Juppé.

Et le chômage dans tout cela ? La presse comme l'énarchie compassionnelle s'en moque éperdument.

18 ans après le livre de Zimmern rien n'a changé, sinon une hausse majeure de la précarisation et du chômage qui est au maximum historique. On attend encore 20 ans ?

Ou on casse ce système suicidaire ?

 Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

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Le Chômage structurel en France

http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2012/6/2/Le-chmage-structurel-en-France

Il existe en France un chômage structurel important qui a commencé à s'installer à partir de 1968 et qui a atteint aujourd'hui des proportions gigantesques.

Si on regarde le cycle économique de 8-10 ans, on s'aperçoit que désormais, en phase haute, on ne parvient pas à descendre au-dessous de 7 % de chômage (définis en termes officiels). En phase de récession on monte à 10 %. En un mot les taux de croissance les meilleurs ne permettent pas de baisser de plus de trois points le chômage. Les catégories au chômage sont toujours les mêmes : les faibles (jeunes, vieux, immigrés, femmes).

Autre regard sur la même réalité, le nombre de salariés dans l'économie française se situe entre 15 et 16 millions selon les statistiques et les définitions. Pour une population de 65 millions d'habitants nous devrions, aux taux usuels rencontrés dans les pays comparables, en avoir entre 22 et 27 millions. Il nous manque donc structurellement entre 5 et 10 millions d'emplois salariés.

Dernier regard sur la même réalité, on constate qu'il y a en France environ 7 millions de personnes en âge de travailler qui vivent en général dans la pauvreté aux marges du système, le plus souvent aux crochets de l'état.

Cette situation est évidemment dramatique et explique en partie le poids de la dépense publique, de la dette, des déficits extérieurs, etc.

Quelles sont les explications possibles de ce chômage structurel ?

1. La préférence pour le non-travail et le travail public

- La préférence pour le non-travail

Bien que l'habituelle compassion explique que le chômage est toujours subi, il est tout à fait clair que la décision de travailler ou non est largement rationalisée par les ménages concernés. On l'a vu avec l'échec du RSA. Différentes populations préfèrent une vie certes modeste mais sans travail, plutôt que les risques et peines d'une situation où l'on travaille sans gagner plus et en perdant divers avantages. On évoque des ménages étrangers qui viennent pour les allocations diverses : ils gagnent généralement plus à ne rien faire en France qu'à travailler dans leur pays. Mais la majorité des ménages qui font ce calcul sont bien français. Une des catégories les plus importantes est formée par les femmes isolées avec enfants qui s'installent dans une vie presque entièrement subventionnée sans chercher de travail sinon au noir.

À l'autre bout de l'échelle on trouve des ménages qui font le choix temporaire de la non-activité en profitant des allocations reçues. Il est devenu très rentable en France de se faire licencier avec des fortes indemnités, qui jusque récemment n'étaient même pas considérées comme des revenus dont non soumises à impôt. On voit donc des cadres même supérieurs, même surdiplômés, même dans des âges de pleine activité, se mettre en année sabbatique payée par les indemnités pour une voire deux années.

- La préférence pour l'emploi public

C'est devenu depuis la crise de 74 la tare française. L'essentiel des gros bataillons de l'université cherche son salut dans l'emploi public. Le clientélisme régional et le népotisme jouent dans le même sens dans les provinces. Le député, le conseiller général, le conseiller régional, le maire sont devenus les pourvoyeurs d'emplois locaux où l'on travaille peu pour des rémunérations plus que sérieuses. On sait qu'à Paris les fonctionnaires travaillent environ un jour ouvrable sur deux et qu'on peut se poser des questions sur la réalité de ce travail. Quand on est 50 000 à faire un travail qui n'exigerait pas plus de 15 000 emplois, on ne se foule pas trop. Mais le jardinier municipal de Toulouse n'est pas non plus cassé par un travail excessif. Surtout quand la chasse est ouverte ou quand il faut aller aux champignons.

Cette préférence est symbolisée par le nombre des candidats, et leur niveau, qui concourent aux examens pour certains postes publics. L'ampleur des candidatures pour être postier, avec de nombreux bac +4 ou 5, en témoigne. On forme jusqu'à 25 ans et à grands frais des gens dont l'aspiration est de porter des lettres de boîte en boîte. Du temps de "jour de fête", c'était l'idiot du village qu'on mettait à ce travail par compassion. Maintenant à moins d'une maîtrise de psychologie, il n'y a rien à faire pour avoir le poste !

Une règle de pouce veut qu'un emploi public tue deux emplois privés. Il faut évidemment le financer et qui paie sinon in fine le système non public ? Le secteur public ne se nourrit pas en autarcie.

Le résultat est connu : nous avons un secteur public totalement disproportionné qui consomme une part déraisonnable de nos ressources. La régionalisation a de plus permis un empilement de doublons administratifs sans limite. Près de deux millions d'emplois publics ont été créés depuis 1974 quand on tient compte des postes dans les associations directement subventionnées par les politiques. En même temps l'emploi marchand a quasi stagné.

 

2. Le SMIC et la surfiscalité

- Le SMIC et les coups de pouce

Nous renvoyons aux autres articles que nous avons écrits sur ce blog sur la question du SMIC. Un salaire minimum n'est pas en soi une catastrophe. S'il a pour but la protection contre certaines formes de prédations, il est même indispensable. La France avait mis en place, sous l'influence de la droite, un salaire minimum garanti, qui était indexé sur l'inflation et régionalisé. Ce système ne posait pas de problème. En maintenant un avantage de compétitivité il favorisait la décentralisation. Et l'abus restait sous contrôle avec une borne suivant l'inflation. Ce filet de sécurité n'était pas le plus important. Ce sont les accords de branche qui fixaient, en fonction des réalités du terrain, les salaires minima professionnels qui étaient réajustés par négociation en cas d'accord général des parties prenantes.

Le drame viendra du changement de philosophie : le salaire minimum ne devait plus être simplement une sécurité mais un moyen de politique de revenu et un élément majeur de l'énarchie compassionnelle et de la démagogie politique avec les célèbres "coups de pouces". La droite, car c'est toujours la droite qui a été à la manœuvre dans ces affaires, a alors pris toute une série de mesures dramatiques pour l'emploi. L'indexation n'a plus été faite sur les prix mais sur la croissance. Le salaire minimal est devenu national. Chaque élection a été l'occasion d'un cadeau national aux salariés. Du coup près du tiers des salariés du privé se sont retrouvés au SMIC ! Toute la hiérarchie des salaires s'est trouvée écrasée. Les conventions collectives se sont trouvées déclassées, les salaires conventionnels traînant très loin en dessous des valeurs du SMIC. Le dialogue social sur les salaires a disparu. "Tous smicards", tel était le slogan vécu par les salariés.

L'ennui c'est que le salaire étant l'assiette de très forts prélèvements, le salaire net du smicard était accompagné d'un coût du même montant en charges. Le "double fiscal du salarié français" coûtait aussi cher que le travailleur.

Pour le politique c'était tout bénéfice : il passait pour un gentil et "achetait" le vote des petits salariés. Dans le même temps il réduisait les déficits de la sécurité sociale et engrangeait des ressources fiscales.

Le coup de ciseau sur l'emploi était phénoménal. Pendant trente ans, jusqu'à la détaxation partielle des bas salaires, cette machine à créer du chômage structurel a fonctionné à plein régime.

 

- L'hyper fiscalité

Nous venons de voir que l'emploi salarié était, de tradition en France, surtaxé. La France ruinée par la guerre ne pouvait prélever que sur la richesse en train de se faire. Elle a pris l'argent à la source : sur l'entreprise.

Tant que le prélèvement global est resté à 30-35 % du PIB, l'effet sur l'emploi n'était pas trop grave. Mais nous sommes passés après le septennat fiscal de Giscard et après le programme commun de gouvernement socialo communiste à 45 % du PIB. L'énormité de ce prélèvement, compte tenu de sa concentration sur l'entreprise et l'entrepreneur, a rendu impossible toute politique de développement économique et réduit comme une peau de chagrin les capacités d'emplois nouveaux.

Compte tenu de son coût le poste de travail devait désormais être fabuleusement productif pour se justifier.

Et l'entrepreneur avait de moins en moins de ressources disponibles pour son entreprise.

Le capitalisme français était devenu un capitalisme sans capitaux et sans emploi. Inutile d'aller très loin pour comprendre pourquoi il manque 5 à 10 millions d'emplois salariés en France et que nous n'avons pas de Mittelstand à l'allemande, un réseau serré de grosses PME de 500 à 5 000 emplois. Et oublions les PME exportatrices.

 

5. La surprotection de l'emploi salarié et les 35 heures

Une des curiosités françaises est le goût pour le salarié, objet de toutes les tendresses alors que le travailleur indépendant est laissé à la dureté des conditions. L'idée, grotesque, que le salarié est dans une situation de domination et doit grâce à la puissance publique se dégager de ce servage par des mesures outrancières de protection a fait des ravages. Au lieu que l'entreprise soit un lieu de contrat libre, entre un employeur disposant temporairement d'un emploi possible et d'un employé désireux de le satisfaire pour la durée possible, c'est devenu un enfer où tout engagement vaudrait à vie sauf indemnisation délirante, étant bien entendu que le salarié aurait toujours raison et ne pourrait pas être réellement commandé, sous peine de risquer la prison pour harcèlement moral.  

La situation est d'autant plus grotesque que l'emploi est concentré pour les raisons dites plus haut sur la qualification, seule condition de la compétitivité, et que le drame des entrepreneurs a toujours été et reste de trouver des collaborateurs compétents et motivés, alors que les talents ont tendance à sauter d'une entreprise à l'autre. La mondialisation a aggravé le phénomène, la compétition pour les talents devenant mondiale.

Un chef d'entreprise aujourd'hui n'est pas un garde-chiourme s'appuyant sur des porions pour exercer d'abusives pressions sur de malheureux esclaves. Il remet sans arrêt sur le métier la composition d'une équipe gagnante sur des marchés en hyperconcurrence.

Les tracasseries administratives et sociales sans limites qui accablent l'entreprise ont eu immédiatement un effet pervers : la fin des CDI ! Les contrats à durée indéterminée ont rétréci au profit des solutions temporaires : CDD, intérim, faux stagiaires, travail au noir etc.

Quand l'emploi est laissé à l'appréciation des fonctionnaires-juges, il n'y a plus de politique de l'emploi, mais un sauve-qui-peut général.

Du coup on retrouve à la marge des conditions d'exploitation exécrables, l'absence d'emplois conduisant les candidats au travail à accepter l'inacceptable. Qui ne connaît des stagiaires (le stage est devenu obligatoire dans le cursus universitaire, fournissant une masse de candidats) travaillant 12 heures par jours et sollicités sous peine d'exclusion de venir travailler gratuitement la nuit, le samedi, le dimanche et les jours fériés ? Certaines entreprises ont ainsi créé des parcs à stagiaires corvéables à merci faisant du travail à bas prix à la place d'emplois normaux. Quel progrès ! Ne parlons pas des parcs à intérimaires etc.

Sur les 35 heures, mesure dramatique et dont nous ne cessons de payer le prix, nous ne reviendrons pas ici. Tout est dit et connu.

Encore bravo à tous ceux qui ont conduit ses politiques ! Le non-emploi a gagné : le manque à gagner en création d'emplois se compte par millions, pas par dizaines. Mais les manques à gagner ne se voient pas et sont donc hors du champ médiatique et politique.

 

4. Les conséquences d'une mondialisation sans écluses

L'ouverture totale à la concurrence des pays à bas salaire qui a été le credo invincible des européistes depuis 1973 a été particulièrement problématique pour la France dont la fiscalité pesait majoritairement sur les entreprises. Elle s'est retrouvée sans possibilité de combattre à armes égales avec les autres.

Ajoutons les contraintes d'un Euro globalement flottant et néanmoins globalement surévalué et le drame de l'emploi français est noué.

Il nous reste un quarteron d'entreprises internationales qui font l'essentiel de leurs bénéfices à l'étranger, avec des rémunérations folles pour leurs dirigeants. Et une cohorte éparse d'entreprises étranglées, globalement sans trésorerie, avec des taux de marges très faibles, harassées par les normes, les contraintes, les réglementations, les surprotections, dont les propriétaires sont accablés d'impôts qui les forcent à vendre leurs biens et à ne pas investir, alors que la crise les ruine et que le crédit devient impossible.

Alors les usines ferment les unes après les autres. Le patrimoine français passe aux mains de l'étranger.

Le Français, né malin applaudit des deux mains et crie vive l'impôt ! non à l'entreprise privée ! vive l'état ! vive les postes de fonctionnaires !

La France, elle, crève.

 

Peut-on hiérarchiser les causes du non-emploi massif que connaît la France avec ce manque à gagner colossal de 5 à 10 millions d'emplois marchands ?

On l'a vu. Toutes ces causes se combinent pour créer un chômage structurel que même la croissance ne pourrait entamer sérieusement.

Pour le réduire il faudrait donc frapper tous azimuts et simultanément.

- Il faut revenir à une notion de salaire minimum de protection négocié par branche et hors des pattes des énarques qui nous gouvernent. La politique salariale doit être laissée à la libre négociation entre les partenaires sociaux sans intervention de l'état.

- Il faut revenir à une notion de l'emploi très simple : l'entreprise ne doit que le salaire du salarié tant qu'elle peut l'employer. Les indemnités de licenciement, qui sont une aide sociale au reclassement, doivent être fixées nationalement à trois mois indépendamment de toute autre considération. Si l'entreprise veut aller plus loin pour finaliser une sorte de "golden hello" propre à fidéliser les talents qu'elle emploie, c'est son choix et cela doit rester à la libre appréciation des parties.   

- Il faut indemniser le chômage de façon temporaire et non pas pérenniser les aides permanentes au non-emploi.

- Il faut transférer sur la consommation l'essentiel des charges qui pèsent sur l'emploi

- Il faut réduire la part du secteur non marchand dans l'emploi et donc impôts et dettes.

- Il faut revenir aux quarante heures, ne pas hésiter pour une retraite par points à 67 ans et laisser le reste aux discussions au sein de l'entreprise.

- Il faut un tarif extérieur commun intelligent aux frontières de l'Europe

- Il faut un Euro compétitif.

- Il faut réduire massivement l'état (central et région) et les institutions de sécurité sociale. Faisons baisser les besoins de financement public qui capturent l'essentiel des ressources du pays et le forcent à vendre ses actifs à l'étranger.

- Il faut arrêter la gestion par des normes absurdes qui, comme dans le cas de la poule pondeuse, conduise à casser l'emploi pour rien de sérieux.

Diverses mesures ont été dans le bon sens ces dix dernières années. Mais il y en a eu si peu et si timides !

Le nouveau gouvernement arrête toutes les mesures timides prises par le gouvernement précédent ou en prend leur contre-pied (retour sur la retraite à 62 ans, fin de la RGPP, recrutement massif dans l'éducation nationale etc.). On accélère la décentralisation. On reparle des coups de pouces "raisonnables" au SMIC. On se lance dans des "ratonnades fiscales" contre les "riches".

Personne n'a honte.

Nous allons donc consolider le non-emploi en France, sur fond de crise aggravée. Certains croient que la pyramide des âges, marquée par le vieillissement de la population, va nous sauver. Moins de candidats à l'activité, donc plus de chances de trouver du boulot pour ceux qui restent ! C'est exactement l'inverse. Sauvy l'a parfaitement démontré.

Le chômage structurel va donc encore croître et embellir, désagrégeant le tissu social.

 



La sortie de crise n'est pas pour tout de suite

"Une trentaine de représentants de haut niveau de pays membres et non-membres du G20 planchent sur les défis que représente la finance internationale à Paris, ce jeudi", annonce le Figaro.

Il y aura du beau monde. Le ministre des Finances britannique ou encore le gouverneur de la Banque centrale chinoise Xiaochuan Zhou… Au total plus d'une trentaine de représentants de pays membres et non-membres du G20 (qui regroupe les vingt principales économies développées et émergentes), ainsi que les principales organisations internationales comme le Fonds monétaire international (FMI)".

Depuis l'abandon des disciplines mises en place à Bretton Woods en juillet 1944, les réunions d'experts n'ont jamais cessé. Elles sont même ritualisées. Réunion des gouverneurs de banque centrale, réunion de Ministres des Finances, réunion des chefs de gouvernement, réunion des chefs d'Etat, aucun niveau n'est épargné par la réunionite. Depuis 1971, il y en a eu des centaines. Et pendant ce temps-là les trois grands malheurs économiques constitutifs de la crise se sont approfondis :

- Baisse décennale continue du trend mondial

- Gravité aggravée des crises périodiques

- Inversion de la courbe de l'endettement global jusqu'à ce qu'elle atteigne des sommets impossibles à maintenir sans drame.

Le nombre de ces réunions comme leur inefficacité est un des phénomènes les plus intéressants et préoccupants de la mondialisation. Il marque que l'appel rituel à un "nouveau Bretton Woods" n'a aujourd'hui plus de sens. C'est Bretton Woods tous les matins !

Quel est le nœud du problème ?

On a déconstruit en 1971 un système de coopération organique pour finalement bâtir en 1976, à Kingston, en Jamaïque, un non-système, traduisant un rapport de force géopolitique et masqué par une ritournelle de progrès basé sur les trois libertés du commerce, des mouvements de capitaux et des mouvements de personnes. À chaque déboire, on rappelle le mantra et on cherche aller encore plus loin dans la déconstruction de tout l'encadrement qui permettrait à ces trois libertés de s'exercer sans drame. Avec, à chaque fois des résultats contraires aux objectifs affichés.

Le monde diplomatique, en matière économique, vit dans une double soumission. Soumission aux Etats-Unis et à ses dépendances comme la Commission de Bruxelles. Soumission à l'idéologie dérivée qui veut que les libertés ne doivent pas être organisées, sinon au profit du plus fort.

Le système mis en place est structurellement non coopératif et la réunionite ne cherche qu'à masquer ce fait en évoquant sans cesse et la nécessité de la coopération et celle de ne jamais mettre en place une canalisation des désordres provoqués par cette coopération purement verbale sur fond de guerre des monnaies.

En matière de développement économique international, il n'y a pas de main invisible heureuse guidant les marchés comme l'Esprit Saint et permettant l'optimisation globale des ressources et des investissements.

On n'est pas en face d'individus mais d’États qui désormais ont en main l'essentiel des ressources. Les monnaies ne sont plus des biens tangibles extérieurs aux Etats mais des abstractions gérées par des administrations.

Les Etats ont des objectifs. Les superpuissances, des objectifs géostratégiques mondiaux. La destruction des accords de Bretton Woods a permis aux Etats Unis de gagner la guerre froide contre l'URSS. "Ce n'est pas Philippe qui a gagné la guerre mais l'or de Philippe" dit-on d'une guerre contemporaine de la création des monnaies. La monnaie est historiquement l'enfant bâtard du sabre et du goupillon. Bretton Woods avait été une tentative partielle de sortir de cette logique en disant aux Etats : vous n'êtes pas seuls au monde et votre monnaie est aussi notre problème. Elle doit être sortie de l'arsenal des conflits entre Etats.

Les monnaies ont été mises au râtelier et la surveillance du râtelier accordée au FMI.

Ce qui s'est passé en 1971, c'est tout simplement l'ouverture du râtelier et l'autorisation donnée à chacun de faire ce qu'il pouvait faire des armes. Et que le meilleur gagne.

Comme on ne pouvait pas le dire comme cela, on a baigné le retour à la non-coopération structurelle dans un pathos hyperlibéral faisant fi du fait que les libertés s'organisent, surtout lorsqu'elles concernent des mouvements transnationaux. Une des conséquences a été l'affaiblissement structurel du FMI et la montée en puissance des banques centrales dont on sait qu'elles sont en fait impuissantes à arbitrer des conflits géostratégiques. Comme nous le répétons sans cesse, les banques centrales ne savent régler, comme les psychanalystes, que les problèmes qu'elles ont elles-mêmes créés. Elles sont un faux-semblant et on voit bien qu'elles ne peuvent que s'engager dans une politique d'expédients de plus en plus contraires aux principes affichés. L'échec du G.20 est également significatif. Son seul résultat a été de mettre au pas la place financière Suisse et d'imposer Fatca à tous, un objectif de la puissance américaine, avec en prime des sanctions délirantes contre les banques européennes, qui sont désormais hors courses dans les grandes opérations de la finance mondiale. En imposant par la force la loi américaine à tout utilisateur du dollar, le gouvernement des Etats unis a levé le masque. "Le dollar est notre monnaie et votre problème" disait Connally, un secrétaire d'Etat américain des années soixante-dix. Nous n'en sommes plus là. Le message subliminal actuel est :" Notre monnaie est notre instrument de puissance internationale et nous voulons vous y soumettre. Notre crainte est le Yuan. Le dollar va nous permettre de mener la guerre contre la Chine. Il nous faut un traité transatlantique pour avoir les mains libres en Extrême Orient. Nous le négocions avec nos féaux à la Commission".

Face à cette brutalité, les réactions ouvertes  sont inexistantes en Europe, devenue un mouton bêlant et qui n'a pas réagi à Fatca, qui s'est soumise humblement face aux exactions contre les banques européennes, et qui négocie le dos courbé le traité transatlantique.

L'Allemagne et le Japon sont des nations soumises au diktat américain sans même la moindre discussion.

On a lu dans le Monde un article d'une douceur angélique du gouverneur de la banque centrale de l'Inde pour évoquer l'idée que peut-être un peu plus de coopération serait nécessaire.

Seule la Chine résiste et on a vu à Shanghaï, comme on le verra aujourd'hui, que certains se cachent derrière la Chine pour tout de même faire un peu changer les choses. 

La réunion d'aujourd'hui sera comme d'habitude un hymne aux masques idéologiques de la domination américaine sans aucune perspective de coopération structurelle. On grattouillera aux marges en regrettant que rien ne marche comme prévu mais sans oser affronter les Etats-Unis bille en tête. Comme ces derniers n'ont pas voulu qu'on les gratouille en profitant de la résistance chinoise, ils n'ont envoyé qu'un sous fifre à la réunion parisienne.

Il ne sera pas facile de faire le bilan de la réunion : il n'y aura pas de communiqué. On saura si le grenouillage de Paris a eu des conséquences lors de la prochaine réunion des chefs d'Etats à Hangzhou, en septembre. les petites manoeuvres ne font pas les grandes décisions.

"Il n'y a pas d'alternative" : il ne peut pas y avoir de collaboration dans un système structurellement non coopératif. Il ne peut pas y avoir de projet commun dans un système de soumission globale, d'échappatoires idéologiques hypocrites ou de petites manoeuvres de couloir. Il ne peut pas y avoir de retour à la prospérité sans explication des causes de la crise sévère qui perturbe le monde depuis 2007.

Nous voyons bien que l'analyse des causes est un exercice quasiment interdit. Le FMI, l'OCDE, le G.20 se sont bien gardés de faire l'exercice. Les Etats se sont tus. Les Etats-Unis ont dit : "voyez, nous,  nous y arrivons ; c'est vous les nuls, quand vous n'êtes pas des gangsters". Et ils ont maintenant sur le dos Trump et Sanders. Le complexe militaro-financiaro-industriel n'a plus la cote. Les citoyens américains ont bien compris qu'ils étaient un simple enjeu de pouvoir et que la politique menée avait certes des avantages pour certains chez eux, mais que les gros bataillons ne s'y retrouvaient pas.

La France est représentée par l'Énarque Sapin, ami du président énarque Hollande, qui, tous deux, ont intégré au plus profond d'eux-mêmes qu'ils n'avaient aucune prise sur rien, sinon leur carrière, et qu'il fallait filer doux en silence, surtout après avoir mis le pays par terre par impéritie militante. La France est dans un tel état qu'elle ne peut plus avoir de diplomatie économique. Le seul mot de France évoque encore aujourd'hui à l'étranger les impôts à 75 % et les 35 heures. Nous sommes un repoussoir ridicule. La réunion aura lieu au milieu de grèves absurdes, vu l'état actuel du pays, avec cette dimension comique des fédérations socialistes de parents d'élèves (dominées à 100 % par des socialistes fonctionnaires), prétendant accompagner leurs doux adolescents menés par la FIDL (dominée à 100 % par des mouvances socialistes d'adultes fonctionnaires ou espérant le devenir) dans la révolte contre des mesures qui ne concernent pas les fonctionnaires.

Ces grèves ont d'ailleurs un sens très précis : "nous allons perdre les élections de 2017 mais nous vous prévenons : le troisième tour "social" vous empêchera d'agir. Comme d'habitude, en dépit de vos postures de Matamor". L'emploi dans tout cela est un prétexte. Avis aux virils candidats aux primaires "de droite et du centre", ou aux candidates virilisées par "une greffe de c…", comme le dit la fofolle NKM, candidate à tout et à rien, dont le dernier livre est absolument vide de la moindre étincelle de réflexion sur les sujets majeurs que nous évoquons ici, comme tous ceux de ses concurrents à l'exception de celui de Fillon qui a compris que l'emprise américaine allait désormais trop loin mais qui n'a pas encore défini une vraie alternative.

En cette veille du premier avril, le poisson est déjà de sortie. Et sa tête montre de vilains signes de putréfaction.

La mondialisation-soumission, et son échec économique de longue durée, l'Europe soumise et ouverte à tout vent, avec son échec économique de moyenne durée, et la France du n'importe quoi qui n'a plus prise sur rien, et recule constamment sur le front économique depuis l'alignement giscardien à la Jamaïque puis les mesures d'étouffement prises par la coalition socialo communiste de 81, aggravées par Jospin puis Hollande, ne forment pas un joli spectacle.

Nous ne sommes pas près de sortir de "la crise" née en 1971.

Du Canard enchaîné au cygne martyrisé

Du Canard enchaîné au cygne martyrisé

Le Canard enchaîné  daté du 23 mars 2016 se livre, par l’entremise de Jean-Luc Porquet, à un exercice que nous pratiquons de temps à autres : aller rechercher dans le passé des attitudes et des positions qui se retrouvent presqu’identiquement de nos jours.

Il déterre un vieil article du 24 mars 1975 publié dans l’Obs sur le thème : « la relance pourquoi faire ? ». L’auteur, André Gorz,  était un auteur intéressant même s’il n’était pas l’intellectuel le plus connu du moment et, dans le cas, il écrivait sous pseudo. L’objet de son ire : condamner l’espoir que la croissance permettrait d’obtenir le plein emploi. « La croissance a abouti à l’impasse ». « L’alternative n’est pas entre la prolongation de la crise présente et le retour de la croissance  destructrice et gaspilleuse du passé. Ce retour est impossible. Faire croire le contraire est pure démagogie ».  Ses solutions : « une transformation de la société à tous les niveaux », la baisse du temps de travail et l’utilisation de techniques écologiques « employant peu de capitaux et beaucoup de main d’œuvre ».

Cet article méritait d’être déterré à plusieurs titres.

Qui a enseigné pendant des décennies s’amusera de l’impossibilité ontologique des intellectuels, des politiques et notamment des jeunes étudiants à considérer que « les problèmes » ne sont pas toujours « modernes », exigeant une « adaptation à des temps nouveaux ».  La contestation de la société de consommation et donc de production a commencé dans les années soixante avec les enfants du baby boom gavés de biens de toute sorte et n’ayant pas connu la faim. On se souvient des prédictions apocalyptiques, début 70,  annonçant la disparition du pétrole dès les années 80 (c’est toujours dix ans après que la catastrophe arrive pour ce genre de prévisionniste).  Le vert qui se portait à droite avant guerre (relire les églogues du Mitterrand de l’époque) est passé à gauche dans les années soixante.  Les philosophes, à l’époque, citant Platon,  étaient en pointe pour exiger une réforme de la société fondée sur le loisir et non sur le travail « qui dégrade ». Si la société ralentissait et se contentait de ce qu’elle avait, en s’organisant comme dans un joyeux phalanstère, le paradis s’installerait sur une terre sauvée de la surexploitation et de la pollution. Déjà les premières analysent mettant en cause le « bougisme » pointait leur nez. On n’imaginait pas des migrations de masses ni des substitutions de population dans le phalanstère. La société était statique et idéalement close sur ses propres solutions. 

Cet article mettra dans l’embarras tous les adeptes du « pas de croissance » dès que sera posée la question suivante : Que se serait-il passé si la croissance avait cessé en 1976 ?   Pas de micro-informatique, par d’internet, pas de téléphones portables, pas de médicaments décisifs, ni les mille face du «progrès » etc. Quand on bloque la croissance, on ne sait pas ce qu’on perd.

Une seconde question s’impose immédiatement après : comment règle-t-on la question de la pauvreté dans le monde sans croissance ? Nous avons certes connu une baisse du trend pendant ces quarante dernières décennies, mais la croissance annuelle a été malgré tout, en moyenne, supérieure à 2% en France sur l’ensemble de la période, entraînant une hausse très importante du niveau de vie. Qui veut revenir à celui de 1976 ? Et la pauvreté dans le monde a beaucoup reculé. Des centaines de millions de personnes en sont sorties.

Ne parlons pas de la fameuse « réorganisation sociale à tous les niveaux ». Personne ne sait mettre un contenu crédible et même simplement acceptable sur cette profession de foi.  

N’insistons pas sur l’idée saugrenue, déjà dénoncée sur ce blog,  que les solutions coûteuses et improductives créent de l’emploi, sottise qu’on entend tous les jours ces derniers temps, y compris dans la bouche des politiques de droite.

Pour nous, la question intéressante est ailleurs. La relance giscardo-chiraquienne de 74 allait se révéler un grave échec.  Il n’a pas été analysé à l’époque et ne le sera pas par les économistes officiels dans les décennies suivantes. Une loi économique nouvelle venait de s’inscrire durement dans les faits  : en système de changes flottants, les relances ne fonctionnent pas et rapidement les gouvernements sont obligés de revenir en arrière pour tenir leurs finances.  Cette loi fondamentale est passée inaperçue. Toutes les relances ultérieures ont connu ce destin partout où elles ont été mises en œuvre. Pas une seule exception. La relance coordonnées et massive de 2008-2009 a mis partout les finances publiques et privées dans une situation intenable. Huit ans après on en est toujours à tenter de faire face par des expédients de plus en plus artificiels.

L’abandon de la réflexion est encore plus grave et fondamental que ça, puisqu’il porte sur la crise de 73- 74 elle-même. On l’a évacuée comme « crise du pétrole » provoquée par le vilain cartel des pays pétroliers. Comme je l’ai démontré, je crois, dans mon livre, l’Etrange Désastre, la crise du pétrole est la fille de la crise économique et non sa mère. 

Comme on ne veut pas voir que la crise est liée à une erreur tragique de gouvernance internationale, on impute ses conséquences à tous les dadas à la mode et on pousse les pions de théories moralisantes,  sociales ou politiques,  qui n’ont aucun rapport explicatif avec « la crise ».

Cette dernière s’aggrave, faute d’un accord général sur le  diagnostic correct et de thérapeutique adaptée. Ces théories deviennent de plus en plus hystériques, à mesure de la croissance du chômage et des difficultés économiques.

C’est là qu’on passe du Canard au cygne. Il faut savoir que les déjections des cygnes sont totalement incompatibles avec les prairies pour vaches. Les paysans suisses ont été confrontés à l’expansion du nombre des cygnes et ont commencé à les chasser de leurs champs. D’où une campagne complètement hystérique de certains écolos helvètes visant à sanctionner les promoteurs de la « shoah des cygnes ». La « reductio ad hitlerum » du producteur de lait dans les alpages, est-ce bien raisonnable ?   On est passé d’une réflexion sur la consommation et l’organisation d’une société frugale  à une guerre émotionnelle de dénonciation de « génocides ».

Quand l’intellect faiblit, la passion occupe tout l’espace. 

« Perseverare cretinissinum » conclut l’article.

D’accord !    Mais les "crétins" ne sont pas nécessairement ceux qu’on croit.

Des chiffres terrifiants mais significatifs

Nous ne cessons d'alerter sur la gravité de la crise économique proprement française. Nous refusons les facilités trompeuses qu'offre l'emploi du PIB pour évaluer la situation. Nous préférons la valeur ajoutée des entreprises du secteur industriel et commercial de plus d’une personne, qui est désormais près de 1 300 milliards d'euros.

L'Insee vient d'en donner une analyse.

"Sur les 3,3 millions d'entreprises (non agricoles et non financières) que compte la France, 3 000 étaient réellement au cœur de l'économie. De fait, elles concentrent 52 % de la valeur ajoutée, 70 % des investissements et 83 % des exportations!

Dans le détail, ce noyau dur d'entreprises réalise une valeur ajoutée de 986 milliards d'euros, « soit plus de la moitié de la valeur ajoutée de l'ensemble de l'économie ». Elles emploient 5,1 millions de salariés. À l'opposé de ces 3 000 entreprises, 3 millions d'entreprises contribuent assez peu à la valeur ajoutée et aux investissements."

L'important est naturellement de tirer les leçons de ces chiffres. Elles sont accablantes.

On ne voit pas comment ces 3 000 entreprises peuvent faire quelque chose de significatif pour les 6 millions de chômeurs. On notera que l'effectif des fonctions publiques est supérieur à leur effectif salarié.

Ce chiffre est à comparer aux départs des familles fortunées, généralement appuyées sur ces grandes entreprises : entre 20 000 et 30.000, selon un décompte (officieux et d'une fiabilité discutable) basée sur l'évaporation des déclarations de revenus supérieures à 100 000 euros.

Le goût français pour la fonction publique, la dépense publique, la dette et les impôts a radicalement tué notre société d'entrepreneurs.

On constatera également le caractère dérisoire des lois Khomry et Macron, qui était déjà notable  pour le CICE et autres fariboles hollandaises.

Il suffit que 20 % des entreprises de ce groupe disparaissent, soit par rachat étranger, soit par faillite, soit par délocalisation, pour que des centaines de milliers d'emplois soient encore perdues, dans le cœur même du réacteur économique. Malgré la reprise européenne de fin de cycle, ridicule par rapport aux autres épisodes du même type ces quarante dernières années, la tendance s'accuse.  

Sur fond de palinodies politiciennes tellement médiocres qu'on ne peut plus parler que de honte nationale.

Inlassablement, depuis 1997, nous rappelons que le nombre de salariés dans un pays comme la France (66 millins d'habitants) devrait être au-dessus de 25 000 000 si on disposait des ratios d'emploi salarié des pays les plus dynamiques. Globalement on nous annonce 16.5 millions fin 2014, dont on voit que le tiers se trouve dans 3 000 entreprises. C'est totalement dérisoire. L'énarchie compassionnelle et l'indigence de la gestion publique depuis les années soixante-dix ont coûté son économie privée à la France.

Rappelons qu'il n'y a pas un seul salarié du secteur marchand privé dans le gouvernement actuel composé uniquement de fonctionnaires et d'apparatchiks politiques.

Nicolas Baverez ajoute à l'endettement public de plus de 2.100 milliards, la dette connue correspondant aux retraites publiques qui est du même ordre. Mais il pourrait se contenter d'ajouter la dette privée et il arriverait à plus de 4 mille milliards selon l'Insee et près de  8.000 milliards selon McKinsey et la Deutsche Bank., chiffres dont  on se sait pas s'ils tiennent compte de la créances certaines des retraites publiques. En un mot : c'est encore plus grave que ce que vous croyez, cher Nicolas !

Là encore, la vraie question est de comprendre comment on en est arrivé là. Car ces ratios ne sont pas que français et c'est lorsque le monde a dépassé en moyenne un niveau de dettes de  400% du PIB que l'économie baudruche a explosé.

La singularité française est l'existence d'un noyau tout aussi dur d'économistes socialistes (sans trop le dire, mais tout le monde sait) qui tiennent à peu près tous les postes universitaires et leurs diverses succursales, qui viennent inlassablement au secours de la dépense publique, des impôts, des mesures d'asphyxie économique, et qui ont sorti la France du débat économique pour une servilité politique de mauvais aloi. Ceux là trouvent les chiffres cités normaux et sans danger.

On voit sur la TNT des  Henri Serdyniak  s'emporter inlassablement contre toute critique sur le niveau de la dépense publique. Encore ! Encore ! Eric Heyer se répand partout où il peut expliquer que toute libéralisation du marché du travail est une horreur absolue.  On constatera avec horreur qu'ils sévissent dans une institution dépendant de Sciences Po. Emile Boutmy et Leroy Baulieu doivent se retourner dans leur  tombe. Comme si l'institut d'études politiques se devait d'être inlassablement les propagandistes du plus d'état, du plus de dépenses publiques  et du plus d'impôts.

Un pays pourrit toujours pas la tête. La défaillance des élites universitaire explique pour les chiffres terrifiants que nous avons commentés ne provoquent aucune réaction publique.  Ceux qui devraient être le fer de lance de la réflexion, ont mis leur carrière au service de petits intérêts politiciens et idéologiques.

L'OFCE , où sévissent Heyer et Serdyniak, est censé avertir de la conjoncture. Il a été incapable de voir le gonflement de la dette globale mondiale. Il n'a pas vu arriver la crise. Il a été incapable de prévenir les politiques. Cet institut ne sert aucune recherche économique utile. C'est une machine à décérébrer.  On voit qu'on a des tas de pistes pour réduire la dépense publique. Par exemple supprimer ce "machin".

Mais il est loin d'être le seul. Rappelons que les 1xx signataires de l'appel en faveur des 35 heures  à la fin du siècle dernier, mesure qui a fait tant de bien à notre pays,  sont tous dans des postes économiques  officiels. Ils sont des rats dans le fromage de la dépense publique et ils n'ont rien compris ni rien appris.

Expédients

La Banque Centrale Européennes prend des mesures "non conventionnelles" nouvelles. Tous les bons esprits essaient avec plus ou moins de subtilité, de décrypter les mesures prises par le sphinx monétaire, sans trop s'interroger sur le saugrenu de la situation : pourquoi aurions-nous donc besoin d'un sphinx monétaire ? M. Draghi, président de la BCE, après avoir voulu dévaluer l'Euro pour des raisons de compétitivité européenne défaillante, chercherait maintenant à relancer l'activité bancaire en payant les banques pour qu'elles prêtent. L'activité suivra. Toujours en noyant son projet dans la litote et le non dit puisque l'objet social de la BCE est de maintenir la valeur de la monnaie et donc de contrôler l'inflation. Bref, les médias tentent d'expliquer les modalités d'un viol répété et constamment aggravé des principes gravés dans le marbre du traité de Maastricht. On avait le "vol de l'Aigle", nous avons "le viol du sphinx". La règle était formidable. La violation de la règle encore plus formidable.

Pourquoi ne pas se contenter d'avouer vérité et de dévoiler la réalité ?  La perte globale mondiale générée par l'éclatement de "l'économie baudruche" en 2007 et 2008 est d'environ 12 000 milliards d'euros. Pour donner du sens à ce nombre, il suffit de rappeler que la valeur ajoutée des entreprises françaises non financières de plus de une personne en France est d'un peu plus de 1 200 milliards. En un mot, notre merveilleux système monétaire international, de dérèglements en sauvetages façon pompier pyromane, a réussi à créer une perte égale à 10 fois la production française !

L'essentiel de la perte étant logé dans les banques, et le capital de celles-ci ne permettant pas d'absorber ces pertes, il a fallu sauver les banques par une série d'expédients. Les Etats et l'impôt ont été sollicités. Mais cela ne pouvait pas suffire. On a protégé les banques de mille façons, la dernière en imposant que toutes les transactions passent par les banques, avec le but avouer de faire disparaître la monnaie de poche. L'essentiel a tout de même été de donner du temps aux banques pour qu'elles puissent progressivement éliminer les pertes latentes des portefeuilles de prêts.

Comme nous l'avons dit il y a bien longtemps, on a adopté la technique du hanneton qui pousse sa boule de crottin devant lui. L'animal fatigue parfois. Il faut l'aider un peu plus à chaque faiblesse. La BCE intervient pour permettre de faire rouler encore un peu la boule de dettes à chaque fois qu'une incertitude grave vient toucher les banques. L'effondrement du cours des banques exigeait une réaction. Elle vient de se produire.

L'absence d'inflation rend l'opération d'élimination de la perte latente bancaire longue et aléatoire. Mais comment générer de l'inflation lorsque la perte latente pousse à une déflation phénoménale ?

Oui la BCE permet aux banques de faire des gains financiers sans cause réelle. Oui la BCE permet aux Etats de vivre malgré le poids démesuré d'une dette d'état qui s'est substituée en partie à la dette des banques. Oui la BCE entraîne la finance dans une zone inconnue où une part croissante de la dette porte des intérêts négatifs, c'est-à-dire subventionne l'emprunteur avec de l'argent banque centrale créé à partir de rien.

Aucune de ces mesures n'a de justification dans la théorie économique, ni ne correspond à aucun texte, ni ne répond à aucun des principes qui avaient conduit à la création du système de l'Euro.

Le but : survivre sans changer le système ; Maintenir un système de monnaie unique dans un monde de changes flottants ; Conserver la liberté absolue des mouvements de capitaux, de personnes et de marchandises sans rien organiser ni canaliser.

D'expédients en expédients jusqu'à la victoire finale !

Tout sauf s'interroger sur la perversité du système des changes flottants et la mauvaise gouvernance de la zone Euro.

Les Etats européens n'ont plus de responsabilité du tout dans l'efficience économique, sinon d'adapter les citoyens à la nouvelle donne. Les politiciens n'ont plus qu'un seul jeu : se faire réélire ou élire en finassant. François Hollande pratique ouvertement l'achat de vote. On le voit aujourd'hui même avec l'annonce de l'abandon du gel des rémunérations des fonctionnaires. La discussion porte sur le bon moment de la distribution, afin d'optimiser le gain électoral. Une hausse tout de suite pour créer l'ambiance puis une autre juste avant les élections pour amplifier le "feel good" électoral des fonctionnaires. Mais quand ? En octobre ou en janvier ? Dilemme fondamental ! En contrepartie, il faut faire semblant d'obéir à l'injonction bruxelloise de "réformer le marché du travail", qui, il est vrai, a été totalement étouffé en trois fois par les socialistes : mesures Auroux ; mesures Jospin-DSK-Aubry et mesures Ayrault. Mais l'injonction vaut pour tous les pays européens, avec comme objectif avoué de faire diminuer le coût salarial pour retrouver de la compétitivité mondiale, alors que la zone est… excédentaire ! Comprenne qui pourra.

La France est devenue un théâtre d'ombres. Plus d'intelligence. Plus d'intérêt général. Conserver des places et aider à survivre des systèmes bancals, voilà toute l'ambition. La presse prend bien garde à ne pas effrayer le Prince qui lui permet de survivre grâce à des subventions exorbitantes pourvu qu'elle ne dise rien qui fâche vraiment.

Il n'y a plus de réflexion économique publique. Il n'y a plus de politique économique de production. La science économique est à l'encan. Les mêmes économistes médiatiques qui n'avaient pas prévu la crise et même qui avaient nié qu'elle puisse survenir, expliquent que la déflation vient de "l'ubérisation" de la société. Quand on compare l'effet d'UBER aux 10 000 milliards de pertes latentes qui font stagner l'activité depuis 2007 malgré mille expédients, il y aurait de quoi mourir de rire.

Le pire : personne ne rit.

Il est vrai que plus personne ne pense.

 

Une question

L'INSEE chiifre l'endettement français à un peu plus de 4 mille milliards. McKinsey et Deutsche Bank au double, soit plus de 8 mille milliards.

La valeur ajoutée des entreprises françaises de plus de une personne du secteur privé non bancaire est de 1.250 milliards.

Qu'est ce qui changerait si la dette était à 16 mille milliards d'Euros ?

Baltic index : Est-il significatif ?

On lit et on entend dans les milieux qui se croient au top de la compréhension du monde qu'il ne faut pas s'occuper du Baltic Dry Index qui ne serait pas significatif compte tenu des énormes investissements faits dans le domaine du chargement maritime, bien au delà des nécessités.

Les deux graphiques que nous donnons ci-dessous prouvent exactement le contraire. Bien sûr les indicesde prix sont plus volatils que les statistiques en volume, mais cette sensibilité ne les rend pas inutiles, bien au contraire.

Nous avions appuyé en partie en juin 2006 notre prévision qu'une crise gigantesque allait se produire justement en analysant d'une part l'énormité de la poussée des prix, absolument intenable et d'autre part sur la violence du retournement prévisible.

En début 2015, nous avions alerté que "l'alignement des planètes" qui générait à l'époque des espoirs infinis (certains écrivaient même que Hollande était un génie d'avoir prévu que la courbe du chômage allait s'inverser toute seule en 2015 lui offrant un trône pour cinq ans de plus !) était sans doute intéressant mais que l'atonie du commerce international était un signe inquiétant. Croisé avec d'autres indicateurs comme celui des prix marchands, cette évolution marquait que nous étions en plein dégonflement de l'activité de panique des Chinois qui avait animé le commerce international résiduel de ses actions de précaution vis à vis du dollar. La baisse du pétrole s'inscrivait non pas dans le cadre d'un surplus d'offre comme tous les analystes moutonniers l'affirmaient en s'appuyant sur le phénomène du schiste américain  mais d'abandon de la demande spéculative, comme pour l'ensemble des matières premières.

En un mot, 2015 était encore une année de résorption de la crise violente de 2008, dont le premier effet était, comme nous l'avons écrit dès la fin 2008, le blocage du commerce international. Les émergents n'ont connu de belles croissances post 2008 que parce que la Chine sécurisait son stock de dollar en achetant partout des vivres et des matières premières. Les Etats-Unis s'en sortaient mieux que les autres parcequ'ils payaient tout en dollars, leur monnaie émise ad libitum. L'Allemagne profitait à plein de la dévaluation de l'Euro et des déficits des autres pays de la zone euro. En un mot : le désordre post récession,  les défauts structurels du système monétaire mondial et de l'euro et la malgouvernance de certains pays clés, s'alliaient non pas pour séparer des pays vertueux et admirables  et des pays du Club Med et de l'indécence économique, mais pour générer des spasmes qu'il ne fallaient pas confondre avec des sursauts de l'économie.

Il semble en ce début d'année, que cette analyse ait été la bonne. Les spasmes continuent, avec des révisions constamment à la baisse de la croissance.

Sommes-nous entré dans la phase de récession "décennale" mondiale ? Rappelons qu'elle commence TOUJOURS par un choc boursier aux Etats-Unis. Le Dow Jones est à un niveau totalement surévalué et intenable, reflétant la trouille des investisseurs mondiaux et le repli dans la cour du château du seigneur. On y est pas tout à fait. Mais cela se rapproche.

Hélàs.

Et aucune réforme de quoi que ce soit n'est en vue. L'idée même que ces réformes soient nécessaires n'existe médiatiquement nulle part. Les deux seules réflexions en cours au FMI, qui trône sur ce désastre et manque totalement à ses devoirs, concernent le perfectionnement du système  : rendre le Yuan bien flottant, réussir le traité transatlantique sur plus de libre échange. Les Etats-Unis en restent à leur doxa : sanctionner les vilaines banques qui ont pu faire croire que le système était mauvais. Le Ru tente de sauver leur poumon financier qui respire les bulles comme d'autres la marijeanne.  Les Allemands profitent. L'Europe stagne dans la douleur et la morosité, à peine troublée par quelques farces et attrapes maghrébines, et l'aimantation des migrants. La France s'enfonce dans le chômage, les dettes et l'abaissement politicien de troisième ordre. 

Jamais le décalage entre la simple observation des faits et la réflexion publique, noationale, européenne et mondiale n'a été plus grand.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile

 



Le Baltic dry index au plus bas historique

L'indice est à 429, son plus bas, alors qu'au plus haut il était à 11.385 !

Nous avions commencé l'année 2015 avec un fléchissement du commerce international. Il ne s'est jamais réellement rétabli et reste encore déprimé.  La baisse de tous les cours de matières premières pèsent sur tous les chiffres. Mais pas seulement. Le financement du commerce international n'est plus assuré. Dans la folie monétaire du moment, les acteurs veulent du dollar fort et fuient les autres monnaies. Même les Chinois, qui paniquent à l'idée de recevoir du Yuan et exigent d'être payés en dollars, ce qui relativise les effets de la dévaluation du Yuan sur la compétitivité de la Chine. Le recyclage des énormes excédents des pays pétroliers  n'est plus ce qu'il était.

Une fois de plus, il faut répéter qu'on ne peut pas faire passer les énormes convois de la mondialisation des produits  sur une passerelle monétaire incertaine, flottante et spéculative qui admet énormes excédents et énormes déficits. Lorsque toutes les bulles se dégonflent et lorsque la crainte emplit tous les esprits, les comportements sont faussés.2016 ne sera pas une année "normale". La panique rode partout. L'affaire de la bourse de Shanghaï n'est pas en soi une source d'inquiétude pour le monde du fait d'une dynamique éventuellement catastrophique. Elle est le symptôme d'un état du monde économique fragile où la crainte règne et que plus personne ne contrôle.

Le moteur de la croissance qu'était l'expansion du commerce international tourne au ralenti. Cela ne changera pas notablement en 2016. Huit ans après le déclenchement de la récession. Et rien ne bouge.

 

 

Anatomie du pathétique en économie

Rappelons deux chiffres français :

-          La dette « globale » telle que définie par l’Insee (très minorée tant de nombreuses obligations de payer sont ignorées) est de plus de 4.000 milliards d’euros

-          La dépense publique est de plus de 1250 milliards d’Euros

Ces deux chiffres sont à rapprocher de la valeur ajoutée des entreprises de plus de 1 personne du secteur marchand non financier : environ 1250 milliards d’euros.

L’amortissement d’une telle dette et le paiement des intérêts exigeraient d’y consacrer la totalité de la valeur ajoutée précédente.

Le paiement de la dépense publique sans endettement supplémentaire exigerait également l’engagement de la totalité de la valeur ajoutée précédente.

En plus il faudrait tout de même payer les salaires et rémunérer le capital.

L’intégralité des réflexions discutées dans la presse touche les moyens de doper la production en dépit des forces considérées comme contraires de la numérisation et du partage entre particuliers. Pourquoi pas ? Mais qu’on remarque, au moins de temps en temps, que, de toute façon, une augmentation de la production ne réglera rien, sauf à envisager un triplement, ce qui paraît tout de même incertain.

L’échec du CICE et de la politique de l’offre tient entièrement au fait que même si ce n’était pas une grossière manœuvre politicienne de F. Hollande (ce qui est l’opinion de l’auteur) elle ne peut pas avoir de résultats probants sans que tous les autres facteurs de la prospérité économique ne jouent dans un sens favorable : commerce international en hausse,  baisse de la fiscalité, baisse de la dépense publique, réduction de la dette globale etc.

Nous voyons bien que le maintien d’un système monétaire international désastreux dans le monde et dépressif en Europe provoque à la fois un détournement des ressources vers des spéculations hasardeuses qui finissent toujours par imploser, des crises boursières et de changes, conjointes et  récurrentes, ainsi qu’une très faible croissance du commerce international. Dans un tel cadre nous n’avons rien à attendre de l’extérieur. Sans croissance mondiale coordonnée, aucune baisse de la dette globale n’est possible autrement que par des « effondrements de banquises » avec tsunamis associés. Il est amusant de voir comment l’effondrement boursier chinois est minimisé dans la presse, alors qu’il a des effets sévères sur toutes les bourses. Au même moment où le Figaro annonçait en première page une année formidablement positive à venir sur les bourses, le CAC40 se retrouve à près de 4400 points. 3.800 est le signal d’un état de crise de défiance  ouverte ! On n’en est plus loin. Pour les commentateurs, ce chaos est, semble-il, suffisamment modeste pour qu’on ne le commente pas. L’affaire est purement chinoise, comme la crise de 1998 était une affaire bénigne liée aux « cronies » des pays émergents. Qui rappellera que la RFA avait accumulée d’énormes excédents pour finir par en perdre une grosse partie dans les années 70, que le Japon lui avait succédé dans l’exercice et s’était retrouvé en faillite bancaire après la crise de 92-93  et que la Chine leur a succédé avec les mêmes résultats vingt ans plus tard. Les mêmes mécanismes sont à l’œuvre. Personne ne le remarque ni n’en donne l’explication. Comme si l’histoire économique était un exercice futile.

De même, on voit le gouvernement français tout à sa tâche de perfectionner le socialisme à la française, d’abord avec la prime d’activité dont le fondement est tout de même un peu étrange, la mise sous tutelle définitive de la médecine libérale, la collectivisation de la complémentaire santé, la baisse autoritaire des loyers, l’étouffement du (théoriquement) fort au profit du (théoriquement) faible, la consolidation de la sphère protégée . Certains y verront une formidable constance dans l’amélioration de la situation des « sans dents », d’autres (dont l’auteur) du pur achat de votes en vue des présidentielles, avec « suppression » achetée à crédit et totalement artificielle de 500.000 chômeurs dont la présence interdirait au sortant de se représenter.

Les rapports « actifs payeur / subventionnés » et « actifs non protégés/actifs protégés » s’aggravent donc continûment en France depuis 2012, en même temps que les désordres monétaires et financiers internationaux interdisent  toute croissance coordonnée et rapide.

Ce qui veut dire que l’écart entre valeur ajoutée des entreprises telles que définies et besoins de financement ne cesse de se creuser, ce qui implique l’emploi d’expédients de plus en plus radicaux pour que tout n’explose pas tout de suite.

Il va de soi que l’essentiel du débat économique dans la presse devrait se concentrer sur la réforme du système monétaire international et sur la réduction programmée et cohérente de la dépense publique en France. C’est le silence total sur le premier sujet et tout le monde semble d’accord pour penser que c’est après les élections présidentielles qu’il conviendra de parler chiffres avec les Français, même si Fillon a posé en partie la question et si Juppé compte faire de même dans peu de temps. Aucun ne peut proposer « des larmes et du sang »  contre un démagogue qui non seulement a « acheté le vote des masses » mais prétendra que sa politique a  marché en terme d’emplois et que seules les entreprises sont responsables  de ne pas avoir saisi  la main fiscale bien beurrée qu’on leur a tendu.

De toute façon on ne peut pas présenter les bienfaits d’une punition sans faire entrevoir une victoire. La victoire est impossible sans réforme du système monétaire et mondial et européen. « Nous allons nous en sortir seul » est un leurre bien intentionné, même si, naturellement, beaucoup doit être fait en interne.

Coincé entre le parasitisme démagogique des candidats socialistes et populistes à la présidentielle,  et la soumission béate à la finance anglo-saxonne et aux milieux européistes, un candidat proposant une politique responsable n’a pratiquement pas  de moyens de se faire entendre.

Il est tout de même dommage que la presse se fasse le complice d’une absence tellement pathétique de réflexion économique un peu  sérieuse et se contente d’asphyxier le débat en le détournant vers des sujets secondaires, spéculatifs, et finalement sans impact.

 

Post scriptum

Trois brèves dans le Figaro du 6 janvier 2016 :

« La France a emprunté 8.161 milliards d’Euros à court terme (13 à 48 semaines) à des taux compris entre -0.38 et -0.45% ».

« La Banque populaire de Chine a injecté 18 milliards d’euros sur le marché pour enrayer la chute boursière »

« La SNCF engagera en priorité des agents au statut de cheminots ».

Elles donnent une parfaite vision de ce qui se passe aujourd’hui.

La finance mondiale et les changes sont toujours en folie, huit ans après le début de la crise. La zone Euro a besoin de taux d’emprunt négatifs pour survivre. La France se gave des poisons qui l’ont tuée.

Et on nous reproche d’être pessimistes !

Sus aux « contractionnistes » !

Ceux qui s’intéressent un peu à l’histoire économique contemporaine (ils sont très peu nombreux, surtout dans les sphères décisionnaires) se rappellent qu’en juillet 1944,  parmi les délégations présentes à la conférence de Bretton-Woods pour fixer le cadre d’un retour à la prospérité générale, la fureur s’employait contre les « contractionnistes ». Le  « contractionnisme », tel était l’ennemi.   Il imposait des restrictions aux échanges, une déflation plus ou moins sévère, des manipulations de changes, dans un esprit de sauve-qui-peut général. Donc non ! Vraiment non !

La guerre de 1914 ayant marginalisé les étalons monétaires métalliques au profit d’une monnaie de papier imprimable sans limite, le commerce international était à la merci de tous les excès, de tous les malthusianismes, de tous les à-coups nationalistes dans le domaine des monnaies. Avec comme conséquence une crise générale et durable.

Du temps de l’étalon-or, l’or restait stable et les prix locaux étaient tenus de s’ajuster, éventuellement à la baisse.  Les déflations liées à ce système étaient violentes et provoquaient des récessions sévères, en général accompagnées de mouvements de révolte populaire. La croissance globale était de ce fait assez faible : environ 1% l’an sur l’ensemble du XIXème siècle. Bien sûr, les banquiers, notamment à Londres, s’empressaient pour limiter la casse. Des opérations en capitaux permettaient de limiter les besoins d’ajustement par la déflation. 

Certains ont cru après la guerre de 14-18 qu’on pouvait d’une-part revenir à l’étalon or et d’autre-part, le faire par la baisse des prix. Sauf que la création monétaire et les dettes avaient été tellement fortes et les déséquilibres poussés à tel point, que ces politiques n’aboutirent à rien sinon à la crise de 1929. 

Keynes et sa Théorie Générale signèrent un changement de vision. Puisqu’on en était maintenant arrivé à un système généralisé de « fiat money » (c'est-à-dire une monnaie qu’on pouvait multiplier à l’infini pratiquement sans frais), tenter de rétablir sa compétitivité par la déflation était contre-productif. Il fallait inventer autre chose et surtout faire la chasse aux « contractionnistes » qui amputaient la « demande globale » et provoquaient une spirale de dépression. 

Les Accords de Bretton Woods signèrent la victoire de ces idées, même si le plan White l’emporta sur le plan Keynes. L’idée de Keynes étaient de créer une véritable banque mondiale qui, manipulant une monnaie elle-mêmemondiale, le Bancor,  spécifique et réservée à la compensation inter-états, permettrait d’éviter qu’un pays en manque de devises soit obligé, pour rétablir ses comptes extérieurs, de se lancer dans des restrictions qui pousseraient tout le monde dans la crise. Un tel système n’était viable que s’il n’y avait pas de trop grands excédents et de trop grands déficits et si les monnaies nationales restaient en ligne avec la monnaie mondiale, réévaluations et dévaluations restant possibles mais dans des limites raisonnables et avec l’accord de tous. L’or était, dans ce système, totalement démonétisé (une obsession de Keynes). Un organisme supranational se chargerait de vérifier que l’aide ne tourne pas à la licence.  L’idée de White était de créer un « fonds » où la monnaie internationale serait l’Unitas, bientôt remplacé par le dollar, aussi solide que l’or. Les possibilités de création monétaire par le fonds seraient réduites.  L’or continuerait à jouer un rôle. Mais les règles du jeu seraient les mêmes : pas de déficits ou d’excédents majeurs ; monnaies stables dont la valeur externe serait de la responsabilité des Etats ; changements de parités possibles mais dans certaines limites, avec l’accord de tous et un gendarme évitant les abus.

Ce système a tenu jusqu’en 1971 et accompagné les « Trente Glorieuses ». Les contractionnistes avaient perdu et les expansionnistes gagné.

Il a explosé en 1971 du fait que l’imperium américain a décidé de s’affranchir de ses responsabilités monétaires particulières. La dissymétrie du système de Bretton-Woods était son défaut majeur. La multilatéralité entre égaux  était la vraie solution, comme Keynes l’avait vu. La monnaie d’un Etat ne doit pas être la monnaie du monde.

L’explosion de 1971 a eu deux conséquences organisationnelles en apparence totalement opposées et en vérité quasi similaires dans leurs effets néfastes.

Le monde est passé aux changes flottants, c'est-à-dire à un étalon dollar flottant sans plus aucune organisation des soldes de balances de paiements. Chacun faisait ce qu’il voulait et on verrait bien ce que les « marchés » diraient. Pour cela il fallait des marchés. Alors on a libéré totalement les mouvements de capitaux à court terme. On obtint un retournement de la courbe de l’endettement global qui, à 400% du PIB en 44 était repassée sous les 200% en 1971 et qui montera à nouveau à 400% en 2006 provoquant la crise que l’on sait. L’Allemagne, le Japon, la Chine furent autorisés à accumuler des excédents démentiels, source de replacements et de création monétaire globale. L’économie baudruche était née, avec ses explosions périodiques et le retour des « contractionnistes » pour y faire face, comme en 1929.  

L’Europe elle, qui voulait mieux solidariser ses monnaies dans le cadre de l’UEM décidée en 1969, fut abasourdie par le passage aux changes flottants. D’expériences malheureuses en expériences malheureuses, elle se décida pour une monnaie plurinationale unique, l’Euro.  Mais les traités ne précisèrent en rien les obligations des Etats membres en termes de balance des paiements intra européenne. Le seul moyen pour ajuster les économies déficitaires restait la récession et la déflation. On pensait qu’il suffirait de libérer totalement les mouvements de marchandises, de capitaux et de personnes, pour que les ajustements se fassent spontanément. Douce illusion !

Tenants des changes flottants et de la monnaie unique s’accordaient pour que la liberté totale des mouvements de capitaux, de personnes et de marchandises soient le ferment des ajustements. Que les défaillants se débrouillent et se remettent dans le jeu par la contraction de leur économie.

Les Contractionnistes ont donc gagné dans chacun des deux systèmes.

Ce qui est un contresens historique et une honte, une erreur intellectuelle et morale.

Dans les pays où contractionnisme et socialisme se sont mêlés, comme en France, la situation est devenue inextricable. L’économie a été mangée de l’intérieur par la démagogie redistributive et se retrouve déficitaire vis-à-vis de l’extérieur avec des effets dépressionnaires permanents. Revenir à la prospérité dans de telles conditions est quasiment impossible. 

La seule issue est d’obtenir la réforme des deux organisations internationales défaillantes :

-          Dans le cadre global, retour aux changes fixes et ajustables par consensus, ainsi qu’à la responsabilité des états vis-à-vis de la valeur externe de leur monnaie et de leurs excédents et déficits,.

-          Mise en place d’un mécanisme de compensation des excédents et des déficits, piloté par un « chancelier de la zone euro », au sein de l’Eurozone, avec prévention des désajustements et pilotage globalement expansionniste des retours à l’équilibre.

Alors et alors seulement sera-t-il possible de sortir sans trop de casse la France de l’impasse où elle s’est fourrée, en partie toute seule et en partie parce qu’elle y a été conduite par des systèmes extérieurs dangereux.

Idéologie socialiste résiduelle, tradition judéo chrétienne de charité et énarchie compassionnelle sont des attitudes pleines de bons sentiments. Mais elles  se sont lié à la démagogie électorale pour pousser au-delà du raisonnable la dépense publique et elles ont fini par stériliser les ressources productives vitales de la France. Manger et boire sont les moyens de la vie mais on creuse sa tombe avec ses dents et l’excès de boissons mène à la déchéance. La France doit entrer en cure de désintoxication.  Il faut déconstruire en douceur un système de transferts  excessifs, et réduire les abus de subventions et d’allocations qui ruinent la France, pour reconstruire un outil de production efficace. En Europe et dans le monde, il importe de rendre possible des systèmes monétaires compatibles avec des ajustements non «contractionnistes».

Une action qui demande, en interne, à la fois du doigté dans le dosage des redéploiements de ressources afin que les ajustements se produisent sans drame social, et, à l’extérieur une compétence, un sens diplomatique et une force de conviction peu commune.  

Voilà ce que serait un vrai programme économique et social présidentiel, si, un jour, nous consentons à élire des présidents dignes de ce nom et si les partis renoncent à penser qu’en créant un « marais » de micro factions à l’Assemblée nationale par la proportionnelle, on aboutirait mieux aux « compromis » nécessaires. Une politique réussie n’a pas besoin de compromis. Le consensus ne viendra que beaucoup plus tard quand la réussite sera là. Le pavois présidentiel ne doit pas être le but ultime du narcissisme politique de médiocres astucieux, mais le lieu où s’impulse les actions déterminantes pour l’avenir du pays, en s’appuyant sur l’accord de fond des Français et la réflexion des élus. Il ne faut pas parler de rupture radicale mais de guérison progressive. Desserrer les baillons règlementaires et fiscaux en redéployant mieux les ressources rares générées par les Français, n’est pas un acte de casse sociale mais d’oxygénation et de sauvetage de notre modèle social. Empêcher les inondations n’interdit pas d’irriguer : c’est même la condition de l’irrigation.

Pour réussir un tel projet économique, le prochain président idéal devrait être, en même temps, un leader affirmé, capable de fixer le cap que nous venons d’esquisser, un chef d’orchestre attentif, capable de mener à l’unisson une équipe convaincue,  et une personnalité d’une influence suffisante pour infléchir la politique européenne et internationale dans un sens positif.  

On imagine bien que les candidats-nains  s’accorderont pour exclure l’économie des thèmes fondamentaux de la campagne présidentielle. Les candidats nécessaires s’élèveront à la hauteur des enjeux économiques.

Utinam…

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

2015 : une nouvelle année « Hollandibilis ».

Eric Zemmour signe un billet dans le Figaro Magazine où il se réjouit que la question « qui sommes-nous ?» remplace celle de « combien gagnons-nous ?». « Les questions économiques avaient imposé leur diktat au politique transformant les politiques en administrateurs et en hommes de spectacle ».

On ne voit pas trop pourquoi l’économie aurait transformé les hommes politiques en « guignols de l’info ».  L’évolution des médias suffit seule à expliquer cette mutation. On ne voit surtout pas pourquoi l’urgence économique se serait tout à coup évanouie.

La vérité est que les politiques évacuent systématiquement l’économie du champ électoral.Les deux dernières élections présidentielles en témoignent. Nicolas Sarkozy ne voulait pas voir venir la crise et annonçait des croissances mirobolantes grâce à son « américanisme », un peu comme le facteur Tati faisait des tournées « à l’américaine » dans Jours de Fête. François Hollande expliquait la crise par les erreurs de son prédécesseur, ce pelé et ce galeux, et entendait revenir en deux coups de cuillères à pot à la prospérité française en sanctionnant la finance, en faisant payer les riches et en ne signant pas « tel quel »le traité Merkozy.  Il est clair que les élections prochaines verront une nouvelle fois les réalités économiques évacuées du débat public.  Sauf pour Eric Zemmour qui prétend que « tous ces grands esprits entendent qu’on parle à nouveau du chômage d’économie, de fiscalité ».

L’année 2015 signe une défaite nouvelle pour François Hollande sur à peu près tous les aspects de l’intérêt national mais surtout sur le front économique. Ceux qui pensaient que l’année Horribilis de 2013 aurait servi de leçon en sont pour leurs frais. Nous avons eu 2014 puis 2015, une nouvelle année Hollandibilis, en dépit de tous les espoirs, soulignés à grands coups de trompettes médiatiques, que suscitaient le passage à une politique de l’offre et « l’alignement des planètes » (dévaluation de l’euro, baisse des prix du pétrole, baisse des taux d’intérêt, plan d’investissement européen…).Tous les indicateurs économiques marquent des aggravations : déficits extérieurs, dépenses publiques, prélèvements, emploi marchand, dettes, chômage, prix, construction etc. La déflation, crainte en début d’année, s’est installée, avec encore une baisse des prix pour le dernier mois connu.

Le candidat puis président  Hollande l’avait annoncé sans vergogne : « Je distribuerai en fin de mandat ».  Il débite désormais son chapelet de mesures électoralistes. Inlassablement, il accumule les gracieusetés payées par les autres. Il le fait en restant totalement indifférent à l’état courant de l’économie. Il le fait avec un mépris total des conséquences à moyen et long termes. On ne voit pas très bien où Zemmour a vu Hollande en « administrateur ». Alors que l’économie stagne, il cadre sa réélection par des mesures démagogiques ciblées prévues longuement à l’avance et qui aggraveront tout. 

La généralisation du tiers payant est la mort de la médecine libérale, puisqu’elle fait des médecins des otages absolus des décisions de rémunération déléguées à la Sécurité sociale, organisme bureaucratique dirigée par les syndicats, incapable de se réformer et ruinée, qui se moque totalement du niveau de vie des médecins tant qu’il n’est pas en dessous du plus faible des salaires du plus mal classé de leurs apparatchiks. On les prive même de leur liberté d’appréciation en matière médicale en les subordonnant à des instances administratives régionales meublées d’incompétents (c’est pour cela qu’ils ont choisi ce métier). Leur paupérisation est programmée. Qu’importe que désormais les queues et les délais s’allongent partout en France et qu’on parle désormais de déserts médicaux. La gratuité, c'est-à-dire le paiement par les autres, entraîne toujours la répression des producteurs, la surveillance des consommateurs, la ruine des financeurs, et la raréfaction des produits et services.    

La réduction autoritaire et le blocage des loyers imposés par la loi imbécile d’une certaine Duflot, qui pense que sa nullité agressive lui vaut mérite et la pousse vers les sommets de l’Etat,  aura les mêmes conséquences à terme que les lois de 1948 : la raréfaction des logements à louer ; l’aggravation du mal logement ; des tensions partout. Associées à des surtaxations extravagantes, les mesures annexes de la loi imposent de nouvelles règles extrêmement coûteuses, qui ont provoqué la chute des mises en chantier. Alors on a aggravé la violence contre les propriétaires. On parlait de freiner l’activisme idéologique des lobbies malthusiens en matière de normes coûteuses, voilà que le mois de janvier voit mille règlementations se mettre en place qui font flamber le coût des copropriétés : Collectivisation des mutuelles de santé avec une hausse des coûts importantes pour tout le monde, (employeurs comme salariés), au seul profit des assureurs, devenus des assistants du Trésor ; paperasserie et obligations nouvelles des syndics qui font flamber les honoraires ; obligations médicales diverses, comme la pose en pleine vue de défibrillateurs dans les porches...   Ici encore on pare les conséquences à court terme en prenant des mesures radicales comme une hausse prévue par Mme Hidalgo de 100% de la taxe d’habitation sur les résidences secondaires (alors qu’elle avait annoncé qu’elle n’augmenterait pas les impôts !) ou les projets de taxe d’habitation sur les maisons non habitées. Bien relire la phrase : on taxe un habitant même quand il n’existe pas.  Les socialistes traversent toutes les logiques et mettent à bas tous les principes pour faire face aux conséquences de l’imprévision des conséquences de leurs propres décisions, en aggravant tout. C’était la « logique » folle de l’Union Soviétique, où chaque nouvelle décision, imposé par les conséquences des précédentes,  violait tous les principes et faisait de la vie quotidienne un enfer délirant.

La « gratuité de la vie » est un grand must socialiste. « A chacun selon mes besoins électoraux » est le leitmotiv. Après l’extension des allocations aux 18-25 ans, voici qu’on subventionne les petits salaires. La rémunération n’est plus fonction de l’utilité sociale du poste mais de l’idée que se fait le Président de ses besoins électoraux. Ce n’est plus l’économie qui, par son progrès, fait grimper les rémunérations ni le mérite des uns et des autres. On emprunte ou on taxe pour redistribuer non plus aux personnes vulnérables ou empêchées, ce qui est l’essence même de la sécurité sociale, mais pour faire grimper artificiellement la rémunération de certaines catégories électoralement nombreuses. On a compris que les « coups de pouces au Smic » ruinaient les entreprises et l’emploi. Alors on donne directement de l’argent public sans impacter de façon trop visible l’entreprise. Cet argent est néanmoins pris quelque part. Soit sur les générations futures, par l’emprunt qu’il faudra bien rembourser un jour, au moins payer les intérêts ; soit sur les « riches » qui sont déjà tondus à zéro et qui, en net après impôts, gagnent désormais souvent moins que les nouveaux « damnés de la terre ».  Les « riches » fuient ou cessent d’investir. Mais qu’importe. Personne n’osera plus toucher à ces allocations qui, comme la prime de Noël, la prime de rentrée, ou autres libéralités démagogiques, verront des réclamations éternellement à la hausse que les politiciens professionnels se feront un plaisir de satisfaire dans l’espérance de quelques voix de plus. L’achat de vote est désormais bien installé dans les mœurs.

En France plus des deux tiers des résidents de plus de 18 ans attendent des autres leurs revenus et le financement de leurs frais de santé.  Rappelons tout de même les chiffres : 15 millions de retraités en 2016 plus 6 millions de chômeurs, plus 2 millions de personnes ne travaillant pas et vivant d’allocations, soit tout de même  23 millions de personnes ne travaillant pas du tout. Ajoutons presque 6 millions de fonctionnaires et près de 2 millions d’employés des associations financées par l’argent public, qui dépendent pour tout leur revenu de l’Etat et maintenant 6 millions de « salariés pauvres » pour une parti. A ces 14 millions de personnes il faut ajouter la paysannerie avec ses 30.000 euros de subventions par exploitation, et mille métiers subventionnés de milles façons. Quarante millions de Français adultes en tout ou partie accrochés à la mangeoire publique. Raisonnable ?  

Tout cela payé par 200.000 à 1 million de personnes encore un peu prospères ?

Cette France quasi totalement socialisée où le revenu par tête baisse continûment, où l’emploi marchand est aujourd’hui à 15, 848 millions de salariés, soit le même chiffre qu’en 2001 et le tiers du nombre des personnes inactives qui vivent de redistribution, où tous les problèmes s’aggravent, où plus rien ne marche vraiment (c’est de plus en plus le « n’importe quoi généralisé » du fait de l’impossibilité de disposer d’une force de travail compétente, motivée et organisable), où la rue est devenue un égout, cette France s’enfonce inexorablement, gangrénée par une démagogie (et non par l’esprit gestionnaire, Monsieur Eric Zemmour) tellement cynique qu’elle s’assume comme telle en rigolant et qu’elle touche en cascade tous les échelons de l’Etat.

En fait les politiciens français ne « gèrent » plus rien, parce que la France qu’ils dirigent se ridiculise tous les jours par ses résultats économiques grotesques, parce qu’elle ne pense plus rien, parce qu’elle n’est en pointe sur aucun débat économique, sur aucune querelle d’organisation.

Les prix baissent. Nous sommes donc en déflation, malgré les immenses inondations monétaires de Mario Draghi. Pourquoi ? Silence. L’Allemagne empoche de fabuleux excédents. Tout le monde sait que dans une zone de monnaie unique si un pays accumule des excédents massifs, surtout si la zone est globalement excédentaire, alors des pays doivent avoir des balances hyper déficitaires qui poussent à la déflation. Peut-être quelqu’un, dans ce gouvernement de « gestionnaires » pourrait rappeler que les excédents massifs sont interdits par les statuts du FMI et devraient l’être par ceux de l’Eurozone. Pas un mot. C’est la Commission Européenne qui s’inquiète dans la plus totale impuissance. Où est la France ?

La conjoncture mondiale est partout extrêmement difficile. La valse des monnaies est permanente. Tout est déréglé. En dehors des Etats-Unis et de l’Allemagne, plus quelques pays africains, la crise est partout. La panique est partout. Le FMI finit par corriger ses perspectives de croissance mirobolantes… à la baisse.  2016 sera une année « décevante ».  Quel plan d’action ? Quelles propositions de la France ? Quelles propositions du FMI ? Les énormes quantités de monnaies créées par les banques centrales ont réanimé les spéculations, ce qui a profité aux  Etats-Unis, qui paient leurs dettes dans leur monnaie. La hausse des intérêts aux Etats-Unis risquent de polariser un peu plus les flux de capitaux flottants, au détriment de tous. Après que l’élan de la petite reprise des affaires exportée par les Etats-Unis  se sera évanoui, le risque d’un à-coup conjoncturel de moyenne importance entre juillet 2016 et juillet 2018 devient fort. Qu’elle est la stratégie de la France ?

Bien sûr, on trouve dans l’opposition, notamment du côté de François Fillon, des gens qui pensent économie et redressement.

Ils ont bien compris qu’il fallait agir sur les grandes masses vivant de subventions qui coulent la France. Ils picoreront dans la longue liste des « mesures indispensables » :

-          Réduire le nombre des retraités par une hausse importante de l’âge du départ à la retraite et un alignement de tous les régimes sur celui des salariés du privé. Et probablement baisser le niveau des retraites.

-          Réduire le nombre des chômeurs en créant un cadre répulsif pour ceux qui veulent profiter du chômage sans véritablement chercher un emploi.  Des allocations temporaires, dégressives et plafonnées sont la seule solution.

-          Réduire le nombre des fonctionnaires et leur coût. Ce qui suppose des mesures très dures : baisse autoritaire des salaires de tous ceux qui ont eu des croissances de salaire supérieures à la croissance moyenne dans les deux dernières années, suppression du statut de fonctionnaire pour toutes les catégories inférieures à la catégorie A. Plafond d’emplois administratifs dans les régions en fonction des effectifs administrés. Réduction autoritaire des niveaux d’interventions. Suspension du GVT, qui fait croître automatiquement la masse salariale privée. Non indemnisation de l’absentéisme excessif…

-          Réduire les transferts sociaux qui sont les plus élevés du monde, notamment en mettant fin à des politiques aussi coûteuses que celle de la mixité sociale où l’on préempte des logements extrêmement coûteux pour y mettre des Roms, des clochards  et des réfugiés, ou des copains, ou encore  mettre fin au système des intermittents du spectacle, parmi mille autres mesures.  

-          Supprimer la gratuité du petit risque pour concentrer les paiements mutualisés sur les traitements lourds.

-          Revenir sur la subventionnite qui fait que pratiquement tous les secteurs économiques sont accompagnés de subventions publiques : culture, transports, agriculture, journalisme, …

-          Interdire les subventions aux associations de complaisance et réduire au strict nécessaire les financements associatifs inefficaces (exemples : supprimer les Frac ; réorienter la formation professionnelle, etc.).

-          - …

Une telle politique est nécessaire mais elle extrêmement dure et touchera nécessairement des personnes et des entreprises qui vivent en symbiose avec l’impôt dans le contexte fiscal et subventionnaire actuel. On a réduit l’enveloppe des ressources allouées aux collectivités locales : on a mis en faillite bien des entreprises des travaux publics ! La grille des emplois résiduels a tellement été tordue par les subventions et les effets fiscaux qu’un redéploiement des effectifs devra s’effectuer en cas de réduction des subventions. Il prendra du temps. Exactement comme en Union Soviétique quand le système s’est effondré. Autant dire qu’une telle action de redressement est politiquement impossible, s’il n’y a pas de croissance globale, en Europe et dans le monde.

La France doit donc avoir une « diplomatie de la prospérité » et abandonner son suivisme exonératoire et râleur actuel. On n’en trouve aucune trace dans les programmes électoraux d’aucun des postulants aux prochaines élections présidentielle. F. Hollande ne peut pas développer une telle diplomatie du fait de sa démagogie ridicule sur le front économique intérieur et de sa dépendance sur le front des actions militaires extérieures (on ne sait même pas fabriquer en  nombre suffisant les bombes qu’on envoie sur la Syrie !).

L’accumulation des années « Hollandibilis » rend inexorable à plus ou moins long terme un collapsus de type grec. Mais un redressement brutal sans croissance extérieure imposerait une souffrance importante au pays, souffrance vaine si les dysfonctionnements de la zone Euro et du système monétaire international, causes de la crise, ne sont pas traités. Mais souffrance moindre que celle qu’imposerait aux plus faibles un effondrement économique de type grec. Rappelons que si l’Etat se trouve sans ressources, tous les subventionnés se retrouveront sur le carreau. En même temps que les services publics essentiels.

Alors ?

François Hollande a fait le pari que l’Europe ne saurait accepter la chute de la France, qui effondrerait tout l’édifice européen. Jusqu’ici il n’a pas eu tort : Mario Draghi fournit l’argent de l’insouciance. On évite toutes les réformes de structures et on pratique un « achat de vote » forcené avec l’argent emprunté. La frénésie fiscale ciblée et quelques rabotages de dépenses  permettent de tenir les déficits dans des limites finançables au coût actuel du crédit. Mais le moyen terme est ignoré, comme le long terme. La vulnérabilité est constamment aggravée. Au moindre redressement des taux d’intérêt, l’Etat français sera étranglé.

Il fallait profiter des taux très bas pour commencer à casser la machine à subventionner. On fait l’inverse depuis 2012. Obtenir de l’Europe et du G.20 une politique progressive de sortie des erreurs de structures qui ont provoqué le collapsus de 2008 dans le monde et la crise spécifique européenne à partir de 2011, était une vraie nécessité. Le silence est assourdissant.

Sans crise majeure il faudra attendre les élections présidentielles de 2017 pour prendre un virage économique sérieux, ce qui promet dix huit mois de quasi stagnation. Le coût du quinquennat de François Hollande aura été désastreux.

Les Vœux du Président de la République ont été ce que pouvait craindre Eric Zemmour : on a évité de parler de la France et de son identité, c’est vrai. On a félicité les Français, comme la nounou félicite la petite Lulu d’avoir bien mangé sa soupe. Et on a parlé « gestion ».

Mais, une fois de plus, tout était « bidon » : de la soupe de politicien manipulateur ivre des conseils de ses « spin doctors ».   Le candidat Hollande a annoncé qu’il obtiendrait une baisse des statistiques du chômage lui permettant de se représenter en mettant 500.000 chômeurs en formation, des centaines de milliers d’autres dans le  Service civil, et des centaines de milliers d’autres en apprentissage (que la gauche a rendu quasiment impossible en France). A aucun moment il n’a dit ni le coût ni l’origine des fonds ni le mode d’organisation. Sa seule obsession est électoraliste. Son seul moyen, des financements publics pour des emplois artificiels et  précaires. Sans absolument rien réformer.

L’économie réelle, celle où l’on créé de la vraie richesse, de vrais emplois, de vraie carrières, a été encore une fois éliminée du discours politique. Ne parlons pas d’une action extérieure économique.

La France disparait des écrans radars de l’économie, en même temps que l’économie disparaît des radars des medias. Les seuls commentaires que les medias diffusent se concentrent sur la question grotesque  de savoir si le président sortant qui trône sur ce désastre a augmenté ou non ses chances de gagner les prochaines élections présidentielles en tchatchant dans le poste et en mimant l’air du chef de guerre.   A croire que les journalistes ont fini par se convaincre que plus aucune réforme économique n’était possible en France : elle toucherait trop de monde. En parler toucherait trop d’auditeurs et tuerait l’audimat. Faudra-t-il en passer, après l’effondrement inévitable, par une période de 10 à 20 ans de galères pour revenir à un semblant de prospérité et de lucidité publique ?

Non M. Zemmour, il n’y a jamais eu de « diktat de l’économie ». Les palinodies politiciennes n’ont jamais fait une politique économique. Nous sommes dans une forme de désert intellectuel et politique tout azimut. Le vrai devoir n’est pas tant de se plaindre que l’économie impose ses urgences, que de constater qu’il n’y a aucun plan économique sérieux, ni en France, ni en Europe ni même dans le monde, alors qu’il y a urgence. Chacun va à la catastrophe en sifflotant. Comme disait Maurice Allais : « ce qui doit arriver arrive ».  S’il y a « suicide français », c’est d’abord par l’économie qu’il se commet. S’il y a dislocation de l’Europe, c’est d’abord par l’économie qu’elle se produit. Et si le monde n’est plus coopératif, c’est fondamentalement parce qu’on a aboli toutes les structures obligatoires de coopération économique.

Bonne année 2016 !

Deux leçons perdues des accords de Bretton-Woods

Il faut relire les minutes de la conférence de Bretton-Woods qui en juillet 1944 tenta de fixer les règles du jeu économique de l’après-guerre, sous la bienveillante férule américaine.

Quelles étaient les deux idées clés que tous les participants avaient en tête et qui ne faisaient aucune discussion, à la lueur des difficultés de l’Entre-deux-guerres.

La première était que le commerce ne pouvait aller sans la monnaie. Pas de prospérité sans bonne monnaie disaient les premiers économistes ; pas de prospérité internationale du commerce  sans un bon système international de paiement pensaient tous les délégués à la conférence de l’été 44.  

Aujourd’hui, les deux mondes sont disjoints. La monnaie est l’affaire des Trésors nationaux et des banques centrales. Le commerce est l’affaire de conférences et de traités gérés par d’autres entités.  

Cette disjonction est coupable. Aujourd’hui on négocie un traité transatlantique sans même se rendre compte que le commerce international a littéralement implosé en 2008 du fait des défauts du système monétaire international. Dans l’esprit des participants à Bretton-Woods cette attitude serait incompréhensible. L’expérience de 2008 nous démontre à nouveau qu’il faudrait associer un tel traité à une refondation du système monétaire puisque ce dernier a été la cause de la ruine récente du commerce international.  

La seconde idée clé est qu’il fallait proscrire les grands déficits et les grands excédents, cause des difficultés des deux décennies précédentes. On comprend facilement pourquoi : un gros déficit implique un replacement des monnaies reçues en excédent, tout en justifiant une hausse des crédits internes ; la double pyramide des crédits s’autoalimente jusqu’à l’explosion finale. Les plans proposés allaient très loin dans le sens de la pénalisation et des excédents et des déficits.

Ce n’était pas si facile à faire admettre aux pays excédentaires : l’excédent est vécu comme une vertu et la marque d’une supériorité, alors que l’excédent est en fait la prevue d’une valeur sous-évaluée de la devise du pays en excédent constant. Les Etats Unis se voyaient alors comme structurellement excédentaires, et refusaient jusqu’à l’idée d’être pénalisés. Les pays en déficit considéraient que la pénalisation de leurs déficits cumulerait leurs charges.

Tout le monde se mit d’accord sur un système qui interdisait les grands déficits et les grands excédents, qui permettait aux pays déficitaires de revenir dans les clous par une dévaluation contrôlée, mais n’imposait pas grand-chose aux pays excédentaires.  En même temps les Accords firent de la monnaie américaine le pivot du système, ce qui était une grave erreur. Cette dissymétrie finira par faire exploser le système de Bretton Woods.

Si on reprenait aujourd’hui un travail de concorde internationale autour du commerce et de la monnaie sur la base de la philosophie de 1944, on traiterait en même temps des balances commerciales et des balances de paiements, en même temps des ouvertures commerciales et de la stabilité du système monétaire, et on créerait un système qui interdise totalement les doubles pyramides de crédits.  

Un tel système aurait du être envisagé après la crise de 92-93. Le recul était suffisant pour bien mettre en lumière la croissance de l’endettement global par la double hélice de crédits alimentée par les déficits et les excédents majeurs, son effet sur la croissance et la gravité des crises périodiques de crédit. L’Allemagne dès 74 et le Japon, 20 ans plus tard, avaient vu leur encaisse accumulée ruinée.

Si les Etats-unis avaient compris à ce moment là que les conditions politiques d’un retour à un système monétaire organisé étaient réunies, et qu’il était indispensable à un moment où des centaines de millions de travailleurs potentiels sortaient de la géhenne communiste, nous n’en serions pas là.   Il était plus qu’indispensable que la Chine et les pays du bloc soviétique ne profitent pas de l’abîme des salaires entre eux et les pays non ruinés par le communisme pour accumuler des excédents de balance de paiement hors de proportion et accélèrent le mouvement de la double hélice de crédits d’une façon incontrôlable.

L’obligation de respecter certains maxima d’excédents aurait bridé l’excès sans empêcher l’essentiel.  Et si la Chine n’avait pas souhaité respecter ces limites, des droits de douanes auraient fait l’affaire. Les tenants des changes flottants ont totalement contredit leur doctrine : ils ont accepté que le Yuan soit fixé administrativement à la valeur du dollar, tout en ouvrant toutes les vannes des mouvements de marchandises et de capitaux. Ils affirment vingt cinq ans plus tard et une crise gigantesque sur les bras, que le Yuan va bientôt flotter comme toutes les monnaies et que cela va être parfait, niant toute l’expérience accumulée avec l’Allemagne et le Japon.

La seule vraie solution est de remettre au goût du jour les deux seules vérités économiques de base  que l’on a oublié depuis Bretton Woods. Les Etats doivent être responsables de l’équilibre de leurs balances commerciale et financière.  Des échanges de marchandises déséquilibrés, avec des monnaies déconnectée et rendues folles par les spéculations des capitaux flottants,  doivent être proscrits. Ce sont les seules idées utiles à la reconstruction d’un monde prospère. Croire qu’en accélérant encore toutes les ouvertures  économiques, dans un monde où les Etats ne sont plus responsables de rien, mais contrôlent tout, et suivent des politiques divergentes et non collaboratives,  tout en contraignant lourdement le système bancaire, afin d’étouffer l’amplificateur de crédits,  est une absurdité qui se paie d’un chômage massif et d’une stagnation générale sur fond de tensions belliqueuses en interne comme en externe.

Il faut remplacer le « consensus de Washington » par un « consensus de Bretton Woods », avec évidemment les modernisations et les améliorations permises par  la compréhension des difficultés cumulées depuis la guerre. Faute de l’avoir fait au bon moment, on eût la faillite de LTCM, la crise des pays émergents, la récession du début des années 2000, la rechute de 2003, la crise des subprimes puis l’explosion du système en 2008. Il n’a pas fallu 15 ans pour que toutes les illusions s’évaporent. Malheureusement les idées forces qui ont mené au désastre n’ont pas été remises en cause.  

Depuis on vit entre urgence et panique dans les mesures d’exceptions, en violant tous les jours la doxa, tout en ne changeant rien au système idéologique et organisationnel qui a créé la crise.

Il serait peut-être temps de sortir des conceptions fausses qui sous-tendent depuis 1973 une organisation clairement dysfonctionnelle et qui a mené au désastre.

C’est la période des vœux !

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

L'Etrange Désastre -Presentation au Presse-Club de France

Une folie : la non garantie des comptes bancaires

L'Europe a décidé, dans la panique, d'essayer d'isoler les Etats des risques pris par les banques. Nous avons, sur le champ, protester contre une série de mesures visant à rendre les déposants et les souscripteurs d'obligations bancaires (la différence est ténue) responsables des pertes encourues par les banques.

Aujourd'hui quatre banques italiennes viennent de faire faillite. Les porteurs d'obligation de ces banques sont déjà ruinés. Mais à partir du premier janvier 2015 s'appliquent les règles nouvelles européennes qui risquent de ruiner les déposants eux-mêmes. La malfaisance des règles européennes commence à éclater et les premiers signes de paniques à s'épanouir.

Les mesures folles finissent toujours par montrer leur folie.

Lors de la crise de 29 aux Etats-Unis, les banques ont commencé à faire faillite à partir de 1931-1932, plusieurs années avant le déclenchement de la panique boursière. Des milliers de banques se sont retrouvées au tapis, ruinant à chaque fois les déposants et relançant à chaque fois la crise. On sépare souvent, pour les banques, les crises de rentabilité et les crises de liquidité. Elles vont rarement l'une sans l'autre. La crise de rentabilité provoque une panique qui crée une crise de liquidité. Éviter ce double mouvement est crucial. Les Américains l'ont compris à l'époque. Ils ont créé le FDIC, une assurance fédérale des dépôts, qui reprend les dépôts en cas de faillite de banque et les transfèrent à un organisme plus fort. La réaction en chaîne est stoppée. À l’époque le résultat a été époustouflant : pratiquement aucune faillite de banque après le passage de la loi. La panique a été stoppée, donc plus de risque de liquidité. Partout, depuis, les Etats ont admis leurs responsabilités dans la solidité du système bancaire et en premier lieu dans les banques de dépôts. Banque centrale, solidarité de place, spécialisation bancaire, nationalisation éventuelle, contrôle de l'Etat sur les masses de crédit, maîtrise des flux de capitaux internationaux, ont permis de prévenir tout risque systémique jusqu'en 71. Le système bancaire était national. Sous contrôle des élus de la nation. Sous la responsabilité fiscale du politique national.

Après avoir fait sauter le verrou monétaire international, en abandonnant les accords de Bretton-Woods et en violant tous les jours les statuts du FMI (qui n'ont même pas été changés, preuve qu'on avait un peu honte tout de même), on a fait sauter le verrou sur les placements des banques, qui pouvait s'effectuer partout, et déspécialisé les banques, permettant de tout faire avec les "dépôts", dans un environnement de plus en plus obscur.

Curieusement la même idéologie a été développée dans le monde et dans la zone Euro : seule la liberté totale des mouvements d'hommes, de marchandises et de capitaux permettrait aussi bien à un système de monnaie unique qu'à celui de monnaies flottantes, de fonctionner. Les marchés du travail, de la production et des capitaux permettraient de réguler les écarts éventuels de productivité et d'inflation au sein de la zone Euro. Les marchés libres d'entraves permettraient que les capitaux trouvent leur emploi optimal à travers le monde. Les économistes à la mode aux Etats-Unis, donc en Europe, du fait du panurgisme total qui a saisi la communauté des économistes européens non marxistes, ont tous expliqué doctement qu'il ne savait pas qu'elle était la valeur d'une monnaie, d'un intérêt, d'un investissement. Les marchés savent mieux que tout le monde.

S'est donc développé un système dual où les reliques du système précédent étaient encore en place, mais où la responsabilité résiduelle des Etats était privée de tout contrôle. Personne n'a jamais souhaité ouvrir ce débat de fond.

Le drame des marchés purement financiers est que le souscripteur ne sait strictement rien. Il est appâté par un taux de rendement et un effet fiscal éventuel. Et freiné seulement par l'absence de crédit, au sens large, des banques. Les molochs bancaires ont donc concentré les dépôts et utilisé à leur guise les sommes énormes collectées. De plus en plus en privilégiant les "actifs" internationaux, dont la valeur était de moins en moins gagée sur la production, et de plus en plus sur l'émission des banques centrales qu'elles ont amplifiée. Le déposant dans cette affaire n'avait strictement aucune information réelle sur la nature des placements faits. Malgré tous les textes visant à lui donner cette information, qui se sont transformé, dans les banques, en questionnaire ridicule sur les compétences financières des clients et en classification non moins ridicule des risques qu'ils sont prêts à prendre. La banque se protège des procès, mais ne protège pas le client !

Les marchés ayant toujours raison, même le FMI a cessé de s'intéresser aux interactions entre Etats. On a réputé que la comptabilité devait traduire la valeur de marché de tous les "actifs". La liquidité est devenue cruciale pour permettre à cette évaluation forcenée à court terme de fonctionner. La crise a commencé lorsqu’un des marchés s'est bloqué en juillet 2007 et que la BNP n'a pas pu "liquider" les parts de saucisson financier de trois de ses fonds.

L'effondrement du château de carte financier a forcé les Etats à intervenir, retrouvant leur rôle initial.

La question qui se posait était simple :

- les dépôts doivent-ils cautionner toutes les spéculations internationales des banques au risque de les voir disparaître et de créer un hiver nucléaire économique comme en 1939 ? Et l'Etat doit-il réassurer les dépôts ?

Notre position était qu'il fallait répondre non à la première question et oui à la seconde, les deux réponses étant parfaitement cohérentes.

Il fallait revenir à un système bancaire de proximité basé sur une vision étroite de leur capacité de crédit. L'activité de crédit des banques de dépôt devait se limiter à l'escompte d'effets de commerce nationaux avec la surveillance de l'Etat et sa garantie. Sinon, il fallait créer des banques de paiements où le déposant reste propriétaire de son dépôt et ne le place que s'il le veut.

On a choisi une solution différente. Les banques ont été tenues de garantir leurs prêts par des capitaux en volume adapté au risque pris. En période de taux d'intérêt nuls ou négatifs, cela revenait à étouffer toute l'activité des banques. Pour trouver ces capitaux les banques ont décidé de taxer leur activité de paiement et de dégonfler massivement leurs en-cours, empêchant la sortie de crise. Les petites banques ont été prises dans un casse-noisettes.

L'activité bancaire s'est renationalisée et concentrée juste au moment où l'Etat a choisi, du moins en Europe, de se désengager de ses responsabilités sur les dépôts.

Cette politique est folle.

La faillite des quatre petites banques italiennes en témoigne. On concentre le système bancaire tout en le ligotant, sans garantir quelque risque que ce soit pour les déposants. On va immédiatement voir revenir les comportements de paniques.

Comme l'Etat dirige fiscalement l'épargne vers ses propres besoins (via en France les systèmes d'épargne partiellement défiscalisés) et impose la bancarisation forcée, tout en désengageant des conséquences, le déposant est devenu une proie inquiète, prêt à toutes les paniques.

Les contradictions sont partout et l'inefficacité nulle part. Les dangers rodent. L'incohérence a ses limites.

On ne peut pas à la fois interdire la thésaurisation et ne pas garantir les "dépôts" forcés.

On ne peut pas à la fois vouloir maintenir les mouvements de capitaux internationaux en forçant les banques à revenir sur leur pré carré national par des réglementations malthusiennes.

On ne peut pas centraliser sur des organes européens le contrôle des banques sans donner une garantie européenne aux dépôts.

Lorsque les déposants auront assimilé que la loi qui se met en place le 1er janvier 2015 les laisse complètement entre les mains de banques dont ils n'ont aucun contrôle et qui recommencent à faire faillite, tout peut arriver.

Il est des sottises qu'on ne peut pas laisser faire.

Rappelons que la seule solution est :

- de revenir à la responsabilité des Etats sur la valeur de leur monnaie, donc sur la valeur des créances internationales. Une nouvelle forme d'accords de Bretton Woods dégagés des erreurs du premier système est absolument vitale.

- de revenir à la spécialisation bancaire avec une restriction de l'activité des banques de dépôts au crédit de proximité, avec la création d'un système de banque de paiement déconnecté du crédit.

- de maintenir la surveillance nationale des activités de crédits (en volume et en nature) avec garantie de l'Etat sur les dépôts.

L'ensemble forme un tout cohérent et parfaitement compatible avec une croissance réelle sérieuse.

Incohérence entre état nation et Europe, incohérence entre doctrine des libres marchés financiers et monétaires et réalités, banques centrales en pleine folie pour éviter que le tout s'effondre, tout cela est totalement irresponsable.

Il n'y a pas de banque sans responsabilité. Considérer le déposant comme le seul garant d'un système qu'il ne contrôle pas est la porte ouverte à une aggravation permanente de la crise.

Il faut changer d'urgence le système monétaire national, européen et international. Et à très court terme, suspendre la loi irresponsable qui se met en place le 1er janvier prochain.

L'urgence est là. La sottise et l'irresponsabilité ont leurs limites.

Ben Bernanke : Des "Mémoires de crise" sans aucun intérêt

Lire le livre de Ben Bernanke, l'ancien directeur de la FED, évoquant son action avant et pendant la crise la plus dure qui ait frappé le monde depuis 1929, est un double supplice. L'inconvénient de nommer des  universitaires à la tête d'organismes publics est qu'ils pensent tout de suite au livre qu'ils pourront écrire en quittant le poste et aux gains associés. Il faut bien penser à sa retraite dorée ! Alors ils prennent des notes. Frappé de ce syndrome, le livre de Bernanke est beaucoup trop long  et pourri d'anecdotes absolument sans intérêt compte tenu de la gravité de la situation à laquelle le monde avait à faire face. Savoir que le Président Bush lui a relevé le bas du pantalon parce qu'il portait des chaussettes beiges sur un costume sombre et lui a  rappelé, qu'à la Maison Blanche, il fallait aussi avoir un peu de tenue, est sans doute un événement crucial dans la vie de l'auteur. Et raconter que, a semaine suivante, tous les participants à la nouvelle réunion avec Bush avaient des chaussettes de la même couleur, marque certainement le début d'une véritable épopée. Mais tout de même. On n'achète pas ce type de livre pour lire ce genre d'anecdotes.

La crise, ce sont des milliards de dollars de pertes, des dizaines de millions de chômeurs, des milliers de suicides de patrons de PME ou de cadres supérieurs, des guerres meurtrières liées à la misère induite, comme dans les pays arabes, des millions de carrières arrêtées ou anéanties. Que viennent faire les chaussettes du directeur de la FED dans ce désastre ? Mais cela devait figurer sur une note que l'on a compilé à toute vitesse pour satisfaire l'éditeur. Grotesque. S'il n'y avait qu'une remarque de ce genre ! Mais non. Ce ton rigolard traverse tout le livre.

Plus grave, le livre montre l'incroyable incompétence qui noie la réflexion économique aux Etats-Unis. Ben Bernanke nous apprend que sa principale contribution à la science économique, en tant qu'universitaire tenant un des postes les plus prestigieux, dans une université des plus prestigieuses, est d'avoir expliqué que, sans doute, les banques jouaient un rôle dans les crises ! Il se trouvait que la vulgate universitaire américaine en économie était encore trempée dans l'idée que la monnaie était un voile sans importance. Prodigieux effort ! Les théoriciens des crises et du cycle avaient tous déjà décrit depuis au moins cent ans que les crises périodiques étaient d'abord financières. Une telle audace le qualifiait comme spécialiste "incontournable" de la monnaie et lui vaudra finalement son poste à la FED. Quand on sait avec quelle révérence les politiques, les médias et les économistes français écoutent tout ce qui vient des Etats-Unis, on se rend compte combien cette attitude de colonisé est inappropriée. La vérité et le savoir ne viennent pas, en économie, des Etats-Unis. Seulement un "prestige" sans fondement.

Déjà, en lisant DSK et ses analyses du pourquoi de l'inconscience du FMI et du comment de son incapacité à prévoir la crise, on se rendait compte que tout ce petit monde vivait sur des clichés et sous la tutelle américaine, deux maîtres particulièrement déprimants. Chacun regardait dans son petit domaine et personne n'avait vu que les relations déséquilibrées entre les grands Etats débiteurs et les grands états créditeurs avaient des conséquences effroyables sur la montée de la dette globale.

La lecture de Bernanke est encore pire. Pour le lecteur, une des questions clé est justement la question de la montée vers la crise. Les signes précurseurs étaient-ils perçus ? Avait-on un diagnostic global sur ce qui se passait ? Des alertes sonnaient-elles un peu partout ? Comment les organes de direction de l'économie mondiale réagissaient-ils à la montée des périls ?

Le lecteur sera bien déçu. L'auteur passe directement de très très longues digressions sur l'histoire de sa nomination (dont tout le monde se moque) et sur la manière dont il s’est installé dans son poste, à… la crise des subprimes de l'été 2007. On ne trouve aucune analyse ou témoignage sur la réflexion économique pré crise. Ce que consent à écrire M. Bernanke, c'est simplement qu'on réfléchissait à modifier la politique de la FED de remontée systématique d'un quart de point du taux directeur pour "faire face à l'inflation" et qu'on regardait la montée puis le ralentissement du marché immobilier. Sans grande crainte : l'immobilier marchait bien sous la pression de la hausse des revenus (on satisfaisait des besoins) et des facilités de crédit ; le marché ensuite régulait normalement quelques excès.

Aux Etats-Unis,  le reste du monde n'existe pas. Il s'agit de définir ce qui est bon pour les Américains. D'ailleurs aucune déclaration d'un "responsable" d'un organisme officiel américain quelconque se garderait de  ne pas préciser que les décisions sont prises "parce que c'est bon pour les Américains". M. Bernanke n'a aucune vision internationale. Aucune réflexion sur les tourments du système monétaire des changes flottants. Aucune idée sur la montée de l'endettement global partout dans le monde, ni sur ses conséquences. Aucun effluve de réflexion sur la signification pourtant assez "ominous" du passage à une économie baudruche, où les investissements n'ont plus un objectif de production mais de "création de valeur". Le vide intégral. Le "benign neglect", cette négligence volontaire des conséquences pour les autres de la politique du dollar n'est même pas perverse. Ignorance et indifférence en sont le moteur principal.

Alors que dès la mi 2006, notre Cercle s'interrogeait sur l'ampleur et la date de la crise périodique à venir, publiait des analyses semestrielles très pessimistes et lançait des alertes tous azimuts (notamment aux candidats aux présidentielles de 2007 en France), M. Bernanke se félicitait de retrouver machin ou chose qu'il avait connu dans une vie antérieure, s'inquiétait de bien parler aux médias et arbitrait l'immense question de savoir si l'inflation était bien sous contrôle ou s'il fallait s'en inquiéter, alors que tout le monde fêtait Greenspan, "le sorcier qui avait fabriqué la période de croissance la plus longue de l'histoire"…américaine. Inutile de rappeler à ces enthousiastes que depuis 1971 la courbe de la dette globale s'était inversée pour dépasser en moyenne 400 %. Cet indicateur-là n'est pas suivi par la FED. Inutile aussi de leur mettre sous le nez les courbes qui prouvent que la croissance n'a cessé de baisser de décennies en décennies depuis 1971. Inutile de leur rappeler que les crises périodiques ont été de plus en plus violentes. La psychologie collective aux Etats-Unis impose de penser qu'une crise provient toujours de vilains ou de vilaines choses. La crise de 72-73 ? Les vilains de l'Opep. La crise de 92-93 ? Les vilains de l'Irak qui ont imposé la guerre.

Les Mémoires de Bernanke devraient rappeler au monde que le dirigeant de la FED est un aveugle et un paralytique, enfermé dans une pensée économique inexistante et de plus monopolisé par le seul intérêt de Wall Street. Le seul drame dont témoigne son livre est une erreur de communication qui a fait baisser la bourse américaine ! "Ne pas merder" (c'est dans le texte) sa communication, voilà la vraie question.

Que la montée astronomique de la dette globale et notamment immobilière soit due à la double hélice de crédits permise par les énormes déficits et excédents de balances de paiement, l'explication aurait ahuri Bernanke, presque autant qu'un Indien voyant arriver Cortes. Que l'inflation dans les prix des produits soit éliminée par le transfert à une Chine industrieuse et radicalement pauvre de la production mondiale, alors que l'inflation délirante des moyens de paiements se concentrait sur les "actifs", financiers ou immobiliers, encore une idée qui aurait eu le même effet que la découverte par Mme Duflot qu'elle aurait prononcé par inadvertance une phrase intelligente.

L'ignorance et l'inconscience régnaient à la FED en 2005, 2006 et 2007. Comme au FMI, pour les mêmes raisons de révérence à la nullité américaine (sur le plan des idées) et à leur domination (sur le plan institutionnel).

Cette ignorance a une traduction concrète : pas une ligne, pas une page, sur les réflexions et les actions de ce M. Bernanke de mars 2006 à août 2007. En revanche, on ne nous épargnera rien sur les vacances qu'il pensait prendre pendant ce mois d'août 2007 et auxquelles il devra, par surprise, renoncer dans l'urgence. Le blocage des fonds gérés par BNPPARIBAS ("abrutis de Français, toujours à nous embêter") marquait l'effondrement du marché interbancaire, entièrement dominé par des produits frelatés en provenance des Etats-Unis !

Plusieurs conclusions sont à tirer de l'épaisse contine narcissique de Monsieur Ben Bernanke :

- D'abord qu'il est inutile de lire le livre. À part la révélation de l'ignorance et de l'inconscience qui règnent dans les plus hautes sphères américaines, dont nous avons tant de preuves par ailleurs, il n'apporte absolument rien (sinon une rente d'édition malvenue à son auteur et un ennui de lecture pesant).

- Ensuite que la science économique aux Etats-Unis est un parfait désastre et que sa domination sur le reste du monde a entraîné la discipline dans le trente sixième dessous. La déconfiture des économistes officiels français trouve son écho dans la vacuité de l'enseignement et de la recherche économique américaine.

- Enfin qu'il faudra bien de la persévérance et bien de la force pour forcer les Américains à revenir à un modèle monétaire international un peu plus coopératif et soudé. Aujourd'hui il n'y a qu'un moyen : bloquer le traité transatlantique jusqu'à ce que tout le monde s'accorde sur une réforme monétaire. Il n'y a pas de réflexions sur les échanges de biens et services qui ne doivent s'accompagner d'une réflexion sur la monnaie.

Les affaires économiques du monde sont bien trop importantes pour les confier plus longtemps à des universitaires américains.

La banque de dépôt en pleine tourmente

La bancarisation, c'est-à-dire la généralisation du compte chèque en banque, est une innovation finalement très récente. En France la massification a lieu au début des années soixante. l’Etat français, toujours dirigiste, et où les hauts fonctionnaires dominent la banque (les banques de dépôts sont nationalisées), fera tout pour accélérer le phénomène, d'une part pour garder sous la main les avoirs liquides des Français et les convoyer vers le financement des besoins publics, d'autre part pour surveiller les transactions et faciliter le contrôle fiscal. La nationalisation a conduit à créer des oligopoles bancaires puissants. Une poignée de banques voient plus des deux tiers du revenu défiler dans leurs comptes chaque fin de mois. Sans que les électeurs français s'en rendent vraiment compte, on les a forcés à utiliser des comptes bancaires, en donnant aux banques un pouvoir coercitif délirant sur les déposants.

Avant la massification bancaire, le pacte entre le déposant et la banque était simple.

"Tu mets à ma disposition ta trésorerie gratuitement. Je l'utilise à ma convenance, tout en m'engageant à te la rendre à la première demande. En contrepartie tout est gratuit. Je fais mon affaire de la sécurité des fonds confiés (plus besoin de coffres et de bas de laine sous le matelas) ; J'assure à ta demande tous les paiements, par chèque et virement ; je mets à ta disposition des points de fourniture de liquidité un peu partout, gratuit sur le territoire national. Mon avantage en tant que banque : j'accède à une trésorerie récurrente à un coût inférieur au taux d'emprunt du marché monétaire. La marge que je fais sur mes activités de prêts gagés sur cette trésorerie me permet d'assurer la gratuité".

Pour simplifier, la justification, pour le déposant qui perd et la propriété et le fructus de son avoir en contrepartie d'une créance sur la banque ne portant aucun intérêt, est la gratuité des services bancaires courants.

Ce pacte est désormais complètement démoli. La banque dite de dépôt a conservé les privilèges extravagant de disposer du bien d'autrui à sa guise sans rémunération, mais de surcroît, elle a obtenu de l'Etat de mettre fin à la gratuité des services de paiements qu'elle assurait gratuitement précédemment.

On a d'abord vu la quasi-totalité des opérations bancaires devenir payantes, à l'exception du chèque, malgré un lobbying permanent, et tout soudain, on y a ajouté une disposition scandaleuse : la possibilité d'imposer une commission de tenue de compte. Le compte bancaire est rendu obligatoire par la loi, et on y associe une rente pour la banque à sa seule discrétion. Ce qui revient à rendre obligatoire une taxation sur ces avoirs liquides, un énième impôt sur le capital, cette fois-ci portant sur tout le monde y compris les moins fortunés. Oui, le forfait de tenue de comptes est aussi un impôt sur les pauvres.

La mesure est d'autant plus scandaleuse que les banques dites de dépôts ont été déspécialisées. On leur a permis toutes les opérations bancaires, y compris les plus risquées. on a déjà vu sur ce blog que cette déspécialisation, dans l'ambiance pétainiste d'organisation du "fascio" bancaire depuis l'Etat Français, a permis le développement ahurissant de tous les conflits d'intérêts au profit de la banque. Et une prise de risque de plus en plus grande, mettant en danger l'obligation des banques de restituer l'argent sur simple demande.

Il est vrai qu'on ne peut plus vider un compte que dans un autre compte ; il faut une carte bancaire pour sortir du liquide et les montants sont plafonnés. Les banques font souscrire une carte de paiement payante pour que vous puissiez accéder à une fraction de votre avoir ! Il faut hurler et attendre pour obtenir une carte gratuite. Vous ne pouvez plus transporter des sommes en liquides importantes, ni payer en liquide des achats importants. On a supprimé quasiment en France l'usage des coupures de 500 euros. Haro sur les billets "de banque".

Le fascio des banques tente par tous les moyens d'éviter l'usage du chèque, la dernière opération gratuite. Le télépaiement par terminal, fixe ou mobile, est le seul favorisé.

Au final, il ne restera comme opération sur les comptes bancaires que des virements électroniques dont le coût marginal est très faible.

Le coût de gestion des comptes bancaires est donc de moins en moins cher au moment où il devient entièrement payant. La gestion de compte (conservation, comptabilité des opérations, opérations d'encaissement et de paiement) devient une simple activité de service rémunérée et un centre de profit.

Pourquoi conserver à la banque le droit d'utiliser les fonds à sa guise et de récupérer le fructus des liquidités du déposant ? On ajoute un second centre de profit au second, tout en sachant que ce second poste de profit fait courir un risque aux fonds déposés. Ce risque et d'autant plus grand aujourd'hui que les accords récents sur le transfert de la surveillance des banques "systémiques" à la BCE se sont accompagné de la fin de la garantie d'Etat des dépôts. Rappelons que cette garantie d'Etat a permis, aux Etats-Unis en 1934, de mettre fin à la cascade des faillites de banques qui régénérait la crise économique de mois en mois. La création du FDIC (Federal Déposit Insurance Company) a arrêté la course sans fin dans l'abîme de la déflation.

Nous sommes donc en pleine contradiction.

L’Etat impose aux citoyens le compte bancaire et conforte toutes les exigences du fascio bancaire pour limiter et même interdire l'emploi de billets. Il transfère intégralement le fructus de la liquidité nationale aux banques tout en mettant fin à la gratuité. Il permet aux banques de spéculer à tout va, dans le monde entier. Et il supprime la garantie des dépôts ! Il a même fait mieux, puisque depuis 1973, merci Giscard, le Trésor public ne peut emprunter qu'auprès des banques.

Avec le QE mis en place par la BCE, les banques européennes empruntent gratuitement et prêtent avec intérêt au trésor. Le seigneuriage, privilège d'Etat, a été transféré aux banques, qui font un profit facile : il faut un gestionnaire et un comptable pour emprunter à la BCE à prêter à l'Etat. Qui dit que certains secteurs bancaires ne sont pas productifs !

Les banques ont donc réussi :

- à avoir le beurre et l'argent du beurre sur les opérations avec les citoyens

- à avoir tout le beurre sur les opérations avec l'Etat.

En prime, elles sont en faillite virtuelle, car l'endettement global est tellement supérieur à la production (dans un rapport de 1 à 4) fait que la valeur affichée des "actifs" contrepartie des crédits est largement imaginaire et dépends uniquement des injections de liquidité de la banque centrale.

Huit ans après le déclenchement de la crise (le blocage du système interbancaire en France en juillet 2007), la BCE est contrainte de relancer son QE, car la banquise de dettes est telle qu'elle continue de s'effondrer en provoquant une pression déflationniste catastrophique.

Juncker, le Président de l'Union Européenne (et non de la zone Euro) a déclaré vouloir prendre l'initiative d'une nouvelle garantie européenne des dépôts bancaires. Il a bien compris que l'accord précédent sur la centralisation du contrôle à la BCE était bancal, chose que nous ne cessons de dire sur ce blog.

Au total les contradictions internes, comme diraient les marxistes orthodoxes, se sont amplifiées à des niveaux inconnus jusqu'ici, pour aboutir au viol de tous les pactes antérieurs et à une situation ubuesque.

Il devient indispensable de mettre de l'ordre dans tout ce bazar, non pas en fonction des intérêts des lobbys, et notamment du fascio bancaire français, mais de la rationalité économique globale.

Trois mesures s'imposent immédiatement.

1. Il faut reconnaître l'autonomie de la gestion des comptes de liquidité. Le concept de banque de paiement que nous portons depuis des lustres, doit entrer dans les faits. Une banque de paiement est une société de services qui assure la tenue de compte et les services de paiement associés, en contrepartie d'une rémunération spécifique. Le déposant reste propriétaire des fonds déposés. S'il veut faire prospérer sa liquidité, il la prête explicitement à des banques de crédit, ou tout organisme de collecte de fonds à investir. La banque de dépôt, ce machin bizarre et dangereux, disparaît, au profit de deux types de banques distincts : la banque de paiement et la banque de crédit. Les gains de productivité permis par la numérisation des transferts bancaires, sont transférés aux clients via une concurrence saine. Les dépôts sont sécurisés, puisque non placés à la discrétion des banques. Il n'y a donc pas de garantie d'état à prévoir.

2. Les banques de crédit doivent être distinguées des banques d'investissement. L'argent servant à des opérations risquées doit être collecté dans des conditions spécifiques. Seules les banques de crédit sont bénéficiaires de la réassurance de la banque centrale.

3. Le seigneuriage doit être restitué à l'Etat.

Dans un tel cadre la logique des opérations est claire et leur dynamique est assurée.

Les banques de paiements étant des sociétés de services peuvent se globaliser sans difficulté, sous réserve des règles d'une concurrence sévèrement contrôlées. Le progrès technique peut jouer à plein.

L'activité de crédit peut se spécialiser et d'organiser dans la sécurité. On peut facilement vérifier que les prêts longs sont associés à des financements longs. On limitera ainsi une dangereuse transformation d'épargne courte en prêts longs.

L’Etat, fortement endetté, bénéficie du seigneuriage pour se désendetter sans frais abusifs.

En même temps on liquide, en France, le fascio bancaire voulu par Pétain et le fascisme français sous botte nazie.

On sort d'un n'importe quoi organisationnel et moral, aggravé par la crise, la mondialisation, l'évolution technologique, et les contradictions institutionnelles entre zone Euro et Union Européenne.

Didier Dufau pour le Cercle des Économistes E-toile

Les économistes américains découvrent (enfin) les méfaits de la dette massive

Le phénomène économique mondial le plus important des quarante dernières années est l'inversion de la courbe de la dette globale à partir de 1971. Alors que la dette globale, supérieure à 400% du PIB  dans la majorité des pays occidentaux en 1944, était redescendue en 26 ans à moins de 200%, l'abandon des disciplines de Bretton-Woods, les changes flottants, et l'arrêt de la condamnation des grands déficits et des grands excédents, contrairement aux statuts du FMI  et au traité de la Havane,  ont provoqué une remontée constante jusqu'à dépasser en moyenne les 400% à nouveau partout dans les pays de l'OCDE en 2006.

C'est le thème principal de mon livre, L'Etrange Désastre, écrit justement parce que ce phénomène était non seulement passé inaperçu mais pire encore n'avait jamais été expliqué par les spécialistes. Il est facile de calculer qu'un taux de dettes de 400% est intenable. Avec une maturité de 5 ans et un taux d'intérêt plus frais de 5%, il faut 100% du PIB pour payer les intérêts et amortir la dette ! Cette réalité explique le blocage du marché interbancaire de l'été 2007 puis la série d'explosions bancaires de 2008, culminant en septembre avec la faillite de Lehman Brothers.

La source de ce désastre est la volonté américaine de pratiquer une négligence offensive dans la gestion du dollar, mis au service des intérêts militaires et économiques américains, considérés comme de l'intérêt général pour le monde occidental et à ce titre jamais contestés. Le mécanisme est la double hélice de crédits, décrit par Jacques Rueff, générée par le recyclage des excédents massifs des pays exportateurs.

L'idéologie véhiculée sur ce sujet des changes flottants, nous l'avons vu dans un récent article, rend la discussion impossible. Mais le système des changes flottants n'est pas la seule idée, intéressée et fausse, imprimée dans les esprits. Sans sombrer dans un marxisme méthodologique de pacotille, il est bien clair que les phénomènes de domination produisent une vulgate indiscutée, à caractère de crédo, qu'il serait malséant de discuter.

Une idée dérivée du "benign neglect" (que nous traduisons "par négligence offensante et offensive"), est la bonté intrinsèque de la dette. La dette ne serait pas grave parce qu'elle a des contreparties. Nous avons vu dans plusieurs articles que la valeur de ces contreparties est incertaine si elle n'est pas assurée sur un flux de valeur associée à une production attendue. La valeur actuelle des rendements attendus de l'investissement donne l'estimation d'un capital. S'il n'y a aucun flux futur, il n'y a pas de stock !

En s'écartant de toute notion de valeur actuelle de rendements futurs, la marque du passage de l'économie en mode baudruche, les contreparties d'une dette qui dépasse 200% du PIB n'existent plus. La dette devient une charge intolérable pour l'économie réelle et ses acteurs. On le voit en Grèce, en Europe et dans bien des pays aujourd'hui. La France est au balcon, sur ce sujet explosif.

Non seulement la dette doit avoir un coût, pour éviter son bourgeonnement mais elle doit être contenue dans des limites strictes, et la nature des financements doit faire l'objet de réflexions différentes. Le crédit à la consommation est extrêmement dangereux puisque l'intérêt n'est pas financé par une valeur ajoutée nouvelle mais par une hypothétique croissance. De même le crédit immobilier doit être contenu dans certaines limites parce que lui aussi au final  ponctionne ses intérêts sur une éventuelle croissance. Les investissements d'entreprises doivent pour leur part trouver leur équilibre entre la "transformation", utiliser des emprunts courts pour financer des emprunts longs, la dette bancaire, les obligations et le capital.

Toutes ces règles dominaient les esprits jusqu'en 1970 dans tous les cours d'économie générale et d'économie bancaire.

Le bourgeonnement de la "finance" et son envahissement de la sphère économique, a fait naître un nouveau réflexe conditionné : toute nouvelle dette est bonne pour l'économie et l'investissement. Si les marchés financiers deviennent "parfaits" au sens de la théorie de la concurrence, les ajustements se feront dans la plus parfaite fluidité, à l'émerveillement des masses. Dans la pratique on a vu que tous les marchés de taux et de devises étaient frelatés, car tenus par très peu d'intervenants et faussés (ou manipulés "pour leur bien") par des banques centrales ne considérant plus qu'elles devaient faire attention à leur propre création de monnaie.  Ben Bernanke a été choisi pour diriger la FED parce qu'il avait théorisé que les banques centrales pouvaient, à elles-seules, faire sortir l'économie de toute récession.

Huit ans après l'explosion en vol du système, commence à se produire l'inévitable reflux intellectuel.

Le livre de Bernanke traduit sa déception : non, les banques centrales ne peuvent pas tirer, seules, l'économie d'une récession grave. Comme nous le disons depuis toujours : une banque centrale est comme un psychanalyste. Elle ne peut guérir que les maladies qu'elle a elle-même provoquées. (Mémoires de crise - Ben S. Bernanke -Seuil - 640 pages - 28.00 € TTC)

Celui d'Adair Turner , (Between Debt and the Devil, Money, Credit, and Fixing Global Finance, Princeton University Press) , met un deuxième clou dans le cercueil. Non la dette n'est pas nécessaire à l'investissement si elle échappe à certaines limites. Au-delà, elle devient "satanique".

La question de la fausse perfection des marchés monétaires et financiers internationaux est déjà tranchée par de nombreux livres depuis plusieurs années.

Il ne reste qu'un dernier tabou : les changes flottants. C'est celui que nous avons tenté de dynamiter dans notre livre. C'est le tabou qui est derrière les trois autres : des dettes massives ; interventions délirantes des banques centrales ; marchés financiers et monétaires "non performants".

Au passage notons que le FMI en est toujours à lever tous les obstacles aux changes flottants et  à la perfection des marchés financiers, en proposant de taxer à mort le capital. Nous lui suggérons de tirer parti des livres qui paraissent aux Etats-Unis, donc de la maison du maître des lieux, et de changer simplement de cible.  Le dernier livre suggère que c'est en taxant la dette qu'on mettra fin à l'économie baudruche, pas le capital.

Pour le moment on s'est contenté… de la rendre presque gratuite ! Le transfert de la dette aux Etats rend cette solution indispensable. Mais si la contrepartie est la taxation massive du capital, la solution est vaine à moyen terme. On le voit bien en France avec les dernières mesures prises par le gouvernement en matière de logements. La loi stupide acceptée pour des raisons politiciennes par le faiblissime Hollande, proposée par une parfaite imbécile aux dents longues et aux pensées courtes, (une certaine Duflot), qui devait propulser la construction de logements aux plus hauts sommets, a effondré le marché. Loyers diminués de façon autoritaire de 20 à 40%, mesures vexatoires diverses contre les propriétaires et les intermédiaires, frais nouveaux ruineux, aveuglements divers (le loyer imposé est le même dans le même bâtiment entre un rez-de-chaussée et un appartement en étage avec vue, ensoleillement etc.), dans un contexte de fiscalité spoliatrice des "possédants" (des propriétaires en langage courant), ont ruiné le marché. La crise du logement ne cesse de s'aggraver dans un contexte de baisse du revenu par tête. Que propose le gouvernement : encore plus de dettes privées subventionnées par le recours à plus de dettes et d'impôts publics ! Rappelons que le prêt à taux zéro est financé par l'impôt immédiat (ou futur : la dette). On croit en France qu'un marché se redresse par le double jeu de l'impôt sur les investisseurs et de la subvention à l'acheteur pour qu'il s'endette). Aucune théorie économique ne justifiera jamais de tels délires.

Rappelons que la France détient en même temps le record mondial de la subvention au logement, et le record tout aussi mondial de l'imposition de l'immobilier. Et qu'elle est la merveilleuse vitrine de la crise du logement perpétuelle. D'erreurs en erreurs jusqu'à l'effondrement final ?

Alors que, lentement, le cadre conceptuel absurde qui a ruiné la prospérité occidentale commence à basculer, même aux Etats-Unis, le Français né malin, s'enfonce dans toutes les erreurs balisées, au prix du saccage de toutes les libertés et du droit de propriété. Du sous-chavez à prétention technocratique, exalté mais unanime.

Pas un média n'a fait entendre une voix discordante sur cette amplification de l'appel à la dette subventionnée. Pas un parti d'opposition n'a moufté. L'impôt ciblé sur les riches, c'est bien. La subvention et la dette aidée, c'est très bien. Embrassons-nous, Folamour !

L'affaire du dopage de l'économie par des produits illicites n'a pas encore été découverte ! Le plus drôle c'est que la France se dope…pour perdre !

Consternant.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile

Deux illusions tenaces

La France souffre de deux maladies tenaces : l’excès de dettes et l’excès d’impôts. Le témoin d’un excès de dettes est leur caractère irrécouvrable qui impose de les transférer le plus possible vers l’Etat, à charge pour lui de les amortir par l’impôt, où vers la banque centrale, à charge pour elle d’en diminuer radicalement le coût de portage ; celui d’un excès d’impôts, la faiblesse des investissements et la fuite des foyers aisés vers des cieux plus hospitaliers ou moins prédateurs comme on voudra.

Les deux excès se conjuguent. L’excès de dettes pousse à l’impôt. L’excès d’impôts pousse à plus de dettes.

On trouve aujourd’hui encore, malgré l’évidence des difficultés, de nombreux commentateurs ou auteurs qui poussent allègrement à l’impôt et à la dette.

La justification de ces positions n’est pas toujours très élaborée. « Vive l’impôt » est un signe de ralliement pour la gauche et la maladie particulière de l’Enarchie compassionnelle de droite (pensons à Giscard et à Juppé). La dette se justifie souvent par le faible taux des intérêts. La création monétaire paraissant gratuite, certains aiment à répéter qu’il faut dépenser à mort en imposant les riches, en ne craignant pas de s’endetter et en finançant l’état par a création monétaire.

Derrière ces simplismes on trouve en trame de fond deux raisonnements qui sont également controuvés.

Lors que les taux de dettes ont commencé à dépasser 400% des PIB locaux, pour s’élever parfois à des niveaux encore plus stratosphériques, des voix se sont élevées : en s’écartant ainsi du PIB de la nation hôte, les banques créent un risque systémique gravissime, puisqu’in fine, ce sont les Etats qui garantissent la parole des banques nationales et leur crédit. Dans la pratique, on demande aux peuples de payer pour la faillite des banques.  La réponse des adeptes de la mondialisation financières a été constante. Ce fut celle du FMI. Les crédits sont garantis par les actifs financés. Derrière la dette, il y a des usines, des productions, des gains attendus. Ces actifs sont mondiaux. C’est aux banques et aux mécanismes de hedging qu’il revient de stabiliser l’ensemble. Donc les banques en Islande peuvent dépasser 1000% d’encours bancaire puis que ce n’est pas le PIB local qui garantit les prêts mais l’économie monde et ses « actifs ».

On a vu ces illusions s’évaporer en 2007-2008. Aux Etats maintenant de payer les pots cassés. Demandez aux Grecs.

A-t-on pour autant abandonner l’idée que les prêts sont d’abord assurés par ce qu’ils financent ? Pas du tout. L’Europe a essayé de dégager les Etats de leurs responsabilités. On force les banques à mettre en face de leurs prêts des capitaux d’autant plus élevés que le risque est plus grand. On régente le tout de façon tatillonne. Et on indique qu’en cas de problèmes ce sont les déposants et les obligataires qui paieront les dégâts. Ce qui revient à dire : les actifs que vous financez sont votre seule garantie. Maintenant vous pouvez financer ce que vous voulez, partout dans le monde, avec de l’argent provenant d’où vous voulez. Les Etats réduisent vos capacités de prêts et ne viendront plus à votre secours. Mais la mondialisation heureuse peut continuer. Les américains, eux ont été un petit poil plus narquois : ils ont imposé que la finance mondialisée soit dominée par leurs banques et leur monnaie ! Dans la pratique, on a constaté une rétractation de l’activité des banques vers leur marché national. La déglobalisation bancaire est un fait. Et les étouffements administratifs ne garantissent rien du tout, sinon une inefficacité globale du secteur. Du fait de l’application de règles différentes un peu partout et de l’impérialisme juridique américain, cette inefficacité se double de distorsions de concurrence.

Nous pensons qu’au-delà de ces réserves, il est impossible de ne pas prévoir que les crédits globaux et autres « obligations de payer » ne soient pas maintenus dans des limites strictes par rapport au PIB. Nous considérons comme une faute inexpiable de n’avoir pas vu que le retournement du taux de dette/PIB, qui baissait continument depuis 44 a dépassé 200 puis 250, puis 300 puis 400% entre 71 et 2007. Comme on l’a souvent répété sur ce blog, une maturité moyenne des prêts de 5 ans avec un taux d’intérêt + frais de 5%, implique que l’amortissement de la dette et le paiement des intérêts  prennent 100% du PIB. Ce qui est naturellement impossible.  L’approche micro économique, prêt par prêt ou classe de prêts par classe de prêts, n’apporte aucune garantie. Et si le système pète, inévitablement si les taux dépassent 300%-400%, la perte des dépôts entraîne immédiatement une crise de type 1929.

On doit donc prévoir un contingentement global des en-cours de prêts. Comme il n’existe aucun organe global pour le faire, on en revient aux approches nationales. L’illusion micro-économique en matière de prêts est d’une extrême gravité. L’illusion qu’une approche par classe de prêts empêchera toute  difficulté est un péché contre l’esprit.

On retrouvera le mécanisme mental avec les mêmes conséquences dans le domaine fiscal.  Récemment encore lors d’un débat sur la TNT un économiste, au nom imprononçable mais au style catégorique, dégoisait cette fausse règle : la dépense publique ce sont des équipements collectifs et du bien social ; la contrepartie étant solide et indispensable, nous ne devons pas craindre qu’elle soit élevée. Inutile de dire que les équipements publics sont importants, comme le lien social. Mais ici aussi intervient le quantum par rapport à la production.

De même que le système de prêts lorsque les encours dépassent plusieurs fois la valeur du PIB n’est plus garanti par les flux de production  et ne concerne plus que des opérations spéculatives, de même lors que la dépense publique dépasse 35 à 40% de la production, il n’y a plus de contreparties tenables. On entre dans le gaspillage de ressources rares au détriment de l’économie. Comme nos lecteurs le savent nous avons l’habitude de faire le rapprochement des prélèvements et de la dépense publique de la valeur ajoutée des entreprises de plus de une personne du secteur non financier, ce qu’on appelle communément « les entreprises ».   On sait qu’en 2014 non seulement la dépense publique mais les aussi désormais les prélèvements ont dépassé la valeur ajoutée par les entreprises. Les Français ne disposent plus que de ce qui est redistribué ou emprunté, avec une baisse constante du revenu par tête depuis 2008.

Raisonner sur la dépense publique en oubliant de regarder le rapport avec le niveau de production est aussi sot que de penser la dette sans établir de rapport avec la production.  

La curiosité du moment est qu’on ne trouve personne dans les médias pour faire ces remarques élémentaires. Baigner dans un système mental qui fait l’unanimité de son clan ou de ses pairs est un grand danger. La lumière ne pénètre plus. Et casser le bloc mental congelé qui empêche d’accueillir la réalité est une tâche surhumaine.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile  

Neuf mois après « l’alignement des planètes »…

Neuf mois après « l’alignement des planètes », le miracle ne s’est toujours pas produit. Rappelons-nous : presque deux mois de propos hyper optimistes, dans tous les médias télévisés, radio diffusés ou écrits,  sur la reprise « mécanique » et obligatoire de la croissance forte en Europe et surtout en France ; de fines analyses sur le génie du Président Hollande qui pourrait très rapidement se vanter d’avoir enfin enrayer la hausse du chômage ; des affirmations péremptoires un peu partout autour de l’idée que « la crise était finie » et que tout était en place pour une croissance à nouveau soutenue. 

Les calculs les plus subtils démontraient qu’une baisse massive de l’Euro vis-à-vis du dollar et du Yuan restaurerait radicalement la compétitivité française, que la baisse tout aussi massive des taux d’intérêt  permettrait un boom de l’investissement, que la baisse des  cours du pétrole générerait du pouvoir d’achat et donc de la demande, et que, cerise sur le gâteau, l’Union Européenne, par l’intermédiaire d’un Plan Juncker mirifique allait se lancer dans des  investissements massifs.  Les entreprises et les ménages seraient à la fête pour la première fois depuis 2008. La « demande globale » serait confortée et une saine dynamique économique se mettrait en place.

La suite ? L’affaire a fait « pschitt ». Aucun des merveilleux effets de la conjonction des planètes ne s’est manifesté aux hauteurs annoncées dans les six mois suivants. Nous attendons les chiffres du  troisième trimestre qui devraient être meilleurs.  Mais personne n’espère rien de spectaculaire.

Comme toujours, personne ne s’est pressé de donner l’explication de ce flop.

L’explication n’est pas compliquée.  L’effondrement de la valeur de certains actifs, et particulièrement des matières premières, ne marquait pas le commencement de la fin de la crise, mais la suite d’un dégonflement inévitable, au fur et à mesure que l’économie baudruche finissait d’exploser.  L’indicateur principal était le commerce international. Nous avons souligné immédiatement qu’il était quasiment stationnaire et ne portait plus l’expansion.  La spéculation qui avait porté à des sommets intenables la valeur de certains actifs a été partiellement brisée.  La valeur de l’immobilier n’a pas cessé de baisser, partout et  beaucoup plus brutalement qu’il ne l’est dit dans les medias.  La sur-fiscalisation a partiellement bloqué les achats de précaution.

L’alignement des planètes était plus le syndrome d’une économie flapie que le signe d’une renaissance formidable.  Les banques centrales ont créé pour 13.000 milliards de dollars de monnaie pour compenser les 12.000 milliards de pertes sur « des engagements de rembourser »  intenables que nous avons signalés dès 2007. Ce n’était pas mouvement « pro actif » mais défensif pour éviter la mort des banques.  Cette création extravagante et les taux d’intérêts nuls qui en résultent n’ont pas pour but de relancer l’économie. Mais de permettre aux banques de se renflouer.  J’emprunte à taux zéro ; je prête aux Etats à quelques % de plus ; j’emploie mon bénéfice à amortir mes pertes.  Le processus est loin d’être terminé. Comme les législateurs ont « étouffé l’amplificateur »  monétaire en corsetant les banques, toute cette gymnastique n’a pas d’effets massifs sur l’économie réelle.  Comme la fiscalité, devenue partout agressive, prive d’argent les particuliers, la consommation ne suit pas.

Le sauvetage des banques par les banques centrales et les Etats, au prix d’un double endettement public (celui, visible, des Etats, celui moins visible, des banques centrales)  a poussé la fiscalité à des sommets en même temps qu’il provoquait  la stagnation.  

Une danse de Saint Guy frénétique s’est alors produite sur les marchés des changes, puis sur celui des  matières premières, dont le pétrole,  alors que la déflation touchait tous les marchés.  Le repli vers les Etats-Unis considéré comme plus sûrs dans la panique générale a provoqué, comme en 97-98, la hausse conjointe du dollar et de la bourse américaine et  l’effondrement dans les pays en voie de développement, comme on le voit en Chine, au Brésil, en Russie, sans réel bénéfice pour les autres pays développés (Europe, Japon, Corée etc.), à la différence de 97-98.

On vient d’assister à la correction de la correction.  Rien à voir avec un alignement positif des planètes.

Tout cela est totalement instable.

Pour la France, les derniers résultats produits par l’INSEE sont parfaitement clairs.  L’année 2014 a été pire sur tous les plans que 2013, que nous avions définie comme une année « Hollandilbilis ».  En dépit du virage annoncé après l’affaire des « bonnets rouges », une révolte provoquée par les mesures fiscales absurdes  (Manuel Valls a fini par le reconnaître cette semaine)  prises personnellement par Hollande, qui, paraît-il, se voulait un génie de la fiscalité avec des idées saugrenues mais  bien ancrées.  2015 ne pouvait qu’être dans la lignée de ses deux devancières, puisque rien de fondamental n’avait  changé.

Aujourd’hui, plus que jamais, il faut surveiller deux fronts économiques partiellement disjoints.

Celui de l’économie réelle reprend des couleurs, mais avec une lenteur remarquable.  Le commerce mondial des marchandises repart un peu, même si le phénomène est masqué par la baisse des mouvements de pétrole.

La préoccupation reste toujours aussi grande sur le front des 400% d’endettement qui pèsent  au dessus d’elle.  Certes les dettes ont été en partie « fixées » par l’action des banques centrales et des Etats. Mais sans croissance ni inflation, l’enveloppe ne se dégonfle pas ou très peu.  Croire que la baisse peut s’opérer par la fiscalité est un rêve qui tourne au cauchemar partout où l’on a essayé cette fausse solution.

Il faut revenir à des politiques concertées de croissance avec une inflation à deux ou trois pour cent.  Cela ne peut se faire qu’en stabilisant le front des monnaies, donc en interdisant les grands déficits et les excédents  symétriques, et en encadrant partiellement les mouvements de capitaux à court terme.  En Europe, si on ne veut pas mettre fin à l’Euro, il faut créer une entité de coordination qui gèrent les déséquilibres internes et externes de la zone.  Seule la concertation permettra de relancer de façon équilibrée et en une vingtaine d’années, on sera revenu à un taux d’endettement global entre 150 et 200%. 

Croire que chaque nation s’en tirera par des déflations compétitives et des hystéries fiscales est totalement absurde.  Oui, il y aura une certaine reprise en 2016 mais si faible qu’un nouvel effondrement localisé de la banquise de dettes  suffira à l’annihiler. Les énormes masses de liquidité n’ont plus d’emploi rationnel.  La fin de la monnaie gratuite aux Etats-Unis est constamment repoussée parce qu’on ne veut pas que le dollar monte plus.  Dans l’incertitude ainsi créée,  personne ne peut rien dire de l’évolution du cours dollar/euro.  Rien ne marche comme on voudrait dans un système de changes flottants.  La bourse américaine a atteint un sommet, comme d’ailleurs les bourses européennes, avant une belle correction.  Elles peuvent encore craquer un peu plus si la reprise demeure aussi faible. Les pays émergents sont dans le désordre le plus complet. Les prix de l’immobilier restent incertains.  Les matières premières sont dans les choux.  Les banques sont étranglées par les réglementations et toujours grevées de créances douteuses. Les engagements obligataires et les opérations « over the counter » deviennent hyper dangereuses.   Il n’y  pas de vraie baisse des prélèvements fiscaux.

La spéculation est dans l’impasse. Les Etats sont dans l’impasse. Les banques centrales sont dans l’impasse. 

En attendant le scénario le plus probable, si rien ne bouge, est une petite accélération de la croissance. Elle suggérera des propos enchantés  dans la presse,  surtout dans cette période de campagne électorale présidentielle en France. Elle sera  probablement suivie par un mini krach entre 2017 et 2018 qui affectera  plus la couche des actifs reliées aux dettes que l’activité elle-même, comme entre 2001 et 2003 et qui fera trembler l’Europe, sans doute une nouvelle fois par une crispation grecque.

On ne voit pas trop comment les banques centrales et les Etats pourront réagir efficacement.  Seul un changement du système monétaire international permettrait réellement d’en sortir.  S’il avait lieu immédiatement après le mini krach, les leçons de l’histoire économique des quarante dernières années étant enfin tirées, nous pourrions retrouver un terrain propice à une croissance plus rapide et à une reprise de l’emploi, les ressources quittant le domaine de la spéculation pour s’employer dans l’économie réelle.  Mais peut-on compter sur la pédagogie des crises pour briser des tabous intellectuels associés à des positions de pouvoir géopolitiques ? C’est tout l’enjeu des cinq prochaines années.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Pour une diplomatie de la prospérité !

Jean-David Levitte est sans aucun doute le sommet de la crème de la crème de nos élites diplomatiques, françaises et européennes. "Diplomator" est son surnom qui marque bien l'admiration légitime que le milieu accorde à ses talents.

Les anciens de l'INSEAD l'ont invité ce matin pour un petit déjeuner-débat qui s'est révélé à l'image de l'invité : exceptionnel.

Exceptionnel, l'exposé brillantissime sur l'évolution des grands axes géopolitiques depuis quatre décennies, marquée par des novations majeures tous les dix ans. Le grand tournant est daté de l'arrivée de Khomenei aux affaires en Iran, accompagnée du second choc pétrolier et de la décision de la Chine de se lancer dans l'ouverture capitaliste. La situation diplomatique figée par la guerre froide se remet en mouvement. D'événements en événements (Chute de l'Union Soviétique et guerre en Irak, destruction des Twin Towers et guerre en Afghanistan), on se retrouve aujourd'hui avec une série de fragmentations, dont l'Asie mineure est le meilleur exemple mais qui touche aussi l'Afrique et surtout l'Europe.

Exceptionnelle, l'analyse de "l'échec dangereux" de la politique de Poutine qui est obligé d'intervenir en Syrie pour masquer son échec en Ukraine. Fils d'un père juif de la région russe d'Ekaterinbourg, devenue la ville ukrainienne de Dniepropetrovsk, Monsieur l'Ambassadeur a quelque raison de suivre les affaires locales avec attention. En proposant l'idée que c'est Poutine et son agression qui ont créé le sentiment national ukrainien, il pousse sans doute le bouchon un peu loin. Les massacres staliniens (Holodomor) avaient fait beaucoup et le nationalisme Ukrainien ne date pas d'aujourd'hui, même si la Crimée est Russe ("mais réclamée de façon un peu cavalière…") et qu'il y a en effet trois parties bien distinctes en Ukraine. Il fait de l'échec de la politique russe la source possible d'un nouvel embrasement. Il considère que le soft-power européen, si souvent décrié (notamment par nous-mêmes), a bien fonctionné. L'Union Européenne est généreusement réhabilitée avec une vision du nouveau traité entre l'Europe et les Etats-Unis plus que positive, même dans ses aspects d'arbitrages privés, qui nourrissent de violents débats dans la blogosphère et sur les réseaux sociaux. La raison : si les normes ne sont pas construites entre l'Europe et les Etats-Unis, elles le seront par l'Asie.

Exceptionnellement bien présentés, les efforts de la Chine pour réaffirmer sa suzeraineté sur tous ses voisins, tout en ne cherchant jamais à aller trop loin.

Où se niche le sentiment sinon de malaise du moins d'inachevé qui nimbe ce grand exposé ? Il est toujours difficile de bien cerner un sentiment diffus. Cela vous grattouille et cela vous chatouille sans qu'on parvienne trop à comprendre ce qui cloche. Jusqu'à ce que la lumière se fasse. Cet exposé ne comprend aucune analyse de l'évolution économique depuis quarante ans ! La diplomatie reste exclusivement géopolitique, façon Talleyrand, et ne s'intéresse pas au bain économique global.

Nous posons la question : "Depuis quarante ans chaque décennie voit la croissance ralentir, les crises périodiques devenir plus sauvages, la dette augmenter jusqu'à devenir intolérable, Pourtant le discours diplomatique sur ces sujets est inexistant. Ne devrait-on pas donner une dimension économique à la diplomatie, avoir aussi, en France et en Europe une diplomatie de la prospérité ? Nous n'avons pas de vision des causes de la crise, pas de diagnostic, pas de "guidelines" qui pourraient être le support d'une action diplomatique continue envers les gouvernances internationales dysfonctionnelles. Est-ce normal dans une période de mondialisation où nous dépendons des autres de plus en plus étroitement ? "

Le discours, limpide jusqu'ici, se fait hésitant et même incertain. "C'est à la France de s'adapter et elle ne l'a pas fait et ne le fait toujours pas". Pourtant ce n'est pas en France que la crise est née et pris son envol. On a pris en pleine figure l'explosion de la sphère financière internationale pilotée par les pays anglo-saxons. Certes on n'avait rien fait pour s'y préparer, mais les causes du saccage de la prospérité ne sont pas en France. Il serait donc logique d'élaborer une action diplomatique vis-à-vis des acteurs et des actions qui nous nuisent. Visiblement la nécessité et les contours d'une telle action sont totalement étrangers aux préoccupations diplomatiques françaises et européennes. Jean-David Levitte se contente de citer quelques pointures françaises qui sont au cœur de discussions réussies, comme la fin du secret bancaire ou la fiscalisation des multinationales. Sinon, c'est peut-être le destin de l'économie d'avoir atteint une sorte de sommet. Et puis tout semble aller mieux. Les banques ont été sauvées. Le Grexit a été évité. "La reprise est là en Allemagne, en Angleterre, aux Etats-Unis, même si la classe moyenne ne cesse de perdre du pouvoir d'achat". Dans la salle on entend quelques affirmations du type : "la crise est finie !" ; "Quelle crise ?" ; "La reprise est là !".

L'économie n'a toujours pas trouvé sa place dans la diplomatie. Une carrière diplomatique réussie suppose qu'on ne s'attaque pas à des sujets qui fâchent : une zone euro dysfonctionnelle qui a ruiné certains de ses membres ; un système monétaire international dysfonctionnel qui explique l'essentiel des grandes crises politiques qui se sont enchaînées et qui ont été si bien décrites par l'orateur.

Pas de Khomenei sans l'émancipation de l'Opep et l'arrivée d'une manne pétrolière démesurée. Pas de chute de l'URSS sans la rupture de croissance des années 73-89. Pas de changement de la politique chinoise si on ne comprend pas que les Tigres et Dragons étaient en train de dépasser la Chine en puissance économique et financière. Pas de crise actuelle en Chine si on ne comprend que l'accumulation d'actifs en dollars a été excessive et que comme au Japon après 92-93, le risque était de voir s'évaporer dans le néant des milliers de milliards de dollars de créances. Les révolutions dites du printemps arabe sont toutes les fruits de la misère consécutive à l'effondrement bancaire de 2008.

La trame de tous les événements qui marquent l'évolution géopolitique des quarante dernières années est liée aux défauts structurels du soubassement économique international et notamment à ceux du système monétaire international. De façon inextricable.

La diplomatie n'en a cure. Il n'y a pas de dimension économique de la diplomatie, analysée dans un discours construit et portée par une politique explicite. L'économiea été évacuée vers les banques centrales et les institutions financières internationales, ensemble hors les murs de la politique et de la diplomatie, sauf sur des sujets étroits et moralement indiscutables, comme la lutte contre l'argent noir ou l'évasion fiscale.

Le Général de Gaulle est le dernier président français à avoir élaboré une doctrine économique et monétaire internationale et pris le soin de l'exprimer.

Depuis les présidences françaises sont taiseuses. Les erreurs économiques massives commises en France ont fait perdre de toute façon toute crédibilité aux gouvernants français.

C'est pour cela que notre diplomatie économique est muette.

Il nous faut une "diplomatie de la prospérité" qui s'attaque aux systèmes internationaux dysfonctionnels. Le suivisme morose ne rime à rien sinon à l'effacement de la France en particulier et de l'Europe en général, dans une déréliction globale.

Diplomator doit être aussi Economator.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Économistes e-toile

Une erreur majeure de perspectives

De nombreux livres paraissent qui tentent d'expliquer les difficultés économiques du moment par les évolutions supposées de la production. Le numérique tuerait l'emploi. "L'uberisation" de la société déboucherait sur un chômage structurel. La destruction du tertiaire n'alimenterait pas de quaternaire. Etc.

Où est l'erreur ? Dans ce fait élémentaire qu'au dessus de notre PIB se trouve une couche quatre fois plus épaisse de dettes. Les désordres actuels proviennent de cette couche ingérable de dettes, pas de la structure de la production ni de son évolution.

Considérons le fait majeur qui inquiète aujourd'hui même : le retour de la baisse des prix en Europe et dans bien des parties du monde. Est-il lié le moins du monde à Uberpop ou aux nouvelles technologies ? Pas du tout. En revanche la destruction monétaire provenant du dégonflement nécessaires des en-cours bancaires est un mécanisme tout ce qui a de plus pertinent pour expliquer la déflation des prix.

Les observateurs à courte vue mettent en avant la baisse du pétrole comme facteur principal de la baisse des prix et ajoutent que le gaz de schiste en est le vecteur. Le moindre approfondissement de l'observation montre que toutes les matières premières ont connu la même baisse. C'est l'arrêt du commerce international et l'abandon de la politique de sécurisation de son stock de monnaies mises en réserve par la Chine qui explique cette décroissance subite, pendant des politiques de spéculations pratiquées antérieurement.

Ces baisses ne proviennent pas de la production mais des mouvements spéculatifs antérieurs permis par la création monétaire prodigieuse des décennies précédentes et le non contrôle des déficits et des excédents majeurs de  balances des paiements.  

Le monde aimerait se débarrasser d'un stock de dettes vertigineux mais ne se met pas en position  d'enclencher des mécanismes concertés de croissance. Le résultat est la stagnation, le chômage et la déflation.

Uberpop  et ses confrères n'ont rien à voir avec ces mouvements majeurs qui portent sur des milliers de milliards d'actifs plus ou moins faisandés.

En se concentrant sur des exemples marginaux d'évolution des produits et des productions, beaucoup des analyses publiées perdent le contact avec les réalités massives et ne produisent rien de  probant. C'est comme ci de subtils analystes voyant des villages entiers emportés par des crues gigantesques expliquaient le désastre par la forme du toit des nouvelles maisons ou la nature des nouveaux matériaux de construction.

La crue destructrice est le phénomène économique majeur. La numérisation de l'économie pas plus que sa mécanisation ou son électrification ou l'accroissement de la part psychologique dans la valeur des produits, ou la saturation des besoins, n'est la source structurelle d'une hausse du chômage. En revanche quand vous avez 400% de dettes par rapport au PIB avec une durée moyenne de l'en cours de 5 ans et un taux d'intérêt de 5%, le remboursement du principal et le paiement des intérêts prendrait 100% du PIB. Impossible !   Cà, c'est une vrai vecteur de chômage et de difficultés.

En se concentrant sur 1% du PIB (la part des nouvelles technologies problématiques) au lieu de s'attaquer aux 400% de dettes, toutes les subtiles analyses qui triomphent actuellement dans les medias ne sont qu'un vain exercice. Ce n'est pas la paille qui volète autour de certains marchés nouveaux qu'il faut analyser mais la poutre qui est plantée au cœur de l'économie et qui empêche son cœur de battre.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile

Parution du livre de Didier Dufau : L'étrange désastre - Le saccage de la prospérité

Le Cercle des Economistes  E-toile (CEE*) crée un département « édition",  avec pour vocation  l'édition de livres économiques susceptibles de faire avancer les solutions de sortie de crise et populariser  les propres thèmes développées par le cercle.  

Pour lancer cette activité, nous sommes heureux d’annoncer la parution à l'automne, du livre de Didier Dufau,  un intervenant que les lecteurs de ce blog connaissent bien :

Didier DUFAU

L’Etrange Désastre

Le saccage de la prospérité

Avec une préface de Gabriel Milesi.

300 Pages

Aux Editions du Cercle des Economistes e-toile.

ISBN 979-10-95148-00-5

Octobre 2015

 

En avance de publication, un pré-tirage  particulier a été réservé aux lecteurs de ce blog,  au prix spécial de 19.90 Euros + frais de port, soit 25 Euros pour la France. Pour obtenir le livre il suffit d'envoyer un chèque  libellé à l’ordre du Cercle des économistes e-toile,  à  l'adresse suivante :

Cercle des économistes E-toile

Attention Mme Sophie Delfyn

c/o La Maillière

4, Av. Jules Janin

75016 Paris.

N’omettez-pas de donner vos coordonnées d’adresse pour l’envoi.

Compte-tenu du petit nombre d’exemplaires réservés à cette filière,  seules les  premières demandes pourront être servies.

Un compte Facebook va être  ouvert pour recueillir vos commentaires,  auxquels nous attachons la plus grande importance.

Pour toute demande d’information à l'auteur,  écrire  à  l'adresse : ddufau@e-toile.fr

 

Le secrétaire général

E E-F



La fonctionnarisation de la France depuis 1973 : une fausse solution.

La montée de la fonctionnarisation est-elle une conséquence obligatoire de la défaillance progressive du système économique occidental depuis 1971 ?

D'abord, il y a bien eu une relative défaillance du système économique puisque la croissance n'a cessé de  baisser durant les quatre décennies suivantes, avec des crises périodiques de plus en plus violentes et la montée d'un endettement global intolérable.

La question est de savoir quelle est la cause de cette contre performance. C'est la seule vraie grande question économique du moment.

Face au ralentissement, dans un pays dont l'économie se féminisait et avec une population vieillissante, la demande de protection a été très forte, depuis 1973. Les concours de recrutement de postiers ont vu affluer les bac plus 5 dès les années 80. La volonté d'une masse de petits diplômés de l'enseignement supérieur d'aller se caser notamment dans les administrations locales a été considérable, aggravée par l'esprit anti capitaliste des années 70.

La réponse politique, tous partis confondus, a été de satisfaire cette demande.

Si l'économie n'était pas entrée dans cette spirale désastreuse la demande de postes protégés dans l'administration aurait-elle été plus faible et l'offre moins généreuse ? Probablement. Une pression  socialisante exclusivement politique aurait-elle suffi à aller jusqu'à ces niveaux ?  Probablement pas.

Mais cela peut se discuter.

Il  y a eu, en France, convergence puis  confusion du politique et de l'administratif avec l'émergence de l'énarchie compassionnelle (Giscard, Chirac puis la suite après la crise de 73, alors que mai 68 avait délégitimé la production, la consommation, la croissance, l'entreprise, le travail etc.

S'agit-il d'une révolution par la tête,  les élites administratives coupées des réalités économiques  capturant le pouvoir politique de leur propre mouvement  ? Il est sûr que le mouvement Jean Moulin allait ouvertement dans cette direction et c'était pendant les "Trente Glorieuses".  Quand Chirac théorise dans une note à Giscard, en 1974,  que l'important n'est pas de réduire le champ de l'administration et qu'il est d'éviter les mouvements de rue, il réagit avec son instinct politique. Le peuple a peur. Il ne faut pas le traumatiser. Il faut le rassurer. Il veut de la sécurité et de l'administratif protégé. On va lui en donner.  Il se voit en "travailliste à la française" et la droite lui donne le pouvoir. Tout cela va prendre avec Mitterrand des proportions grotesques. N'oublions pas que son affiche électorale montre un village niché dans son vallon. Il sera réélu, simplement sur une perspective de ni ni. C'est-à-dire de passivité tranquille. Le peuple n'a pas été trahi. Il a été écouté. Il voulait de la sécurité, des postes de fonctionnaires et que  l'impôt sur ceux qui travaillent paye  tout cela.

Cela a accusé la réduction de la croissance française déjà entraîné par la baisse de la croissance mondiale.  Un magnifique exemple de cercle vicieux que Chirac, devenu  président , n'a pas voulu casser ,  après la crise de  92-93, pas plus que Sarkozy et encore moins Hollande.  

Les hauts fonctionnaires français de gauche comme de droite ont été débordés par l'évolution qui a saisi le monde après 1978 : ouvrir le monde aux diverses libertés de contracter , de circuler, de s'établir,  pour relancer les échanges et la croissance, généralement considérée comme  cassée en partie par la rente pétrolière. Et ils ont fini par se mettre en tête du mouvement, notamment via l'Europe. Ce faisant,  ils ont abandonné toutes les protections économiques et mis les ouvriers français sous le feu du prolétariat mondial. 

C'est la cause principale de l'échec final de Mitterrand, du suicide de Bérégovoy,  de la victoire surprise de Jospin et de les défaite surprise, du non au referendum, de l'appel et du renvoi de Sarkozy,…

Le problème, c'est que les contradictions sont maintenant au sommet et pratiquement insurmontables. 5.5 millions de chômeurs et 5.5 millions de fonctionnaires, 2 à 3 millions de personnes à la gamelle qui ne travaillent pas, , 14.5  millions de retraités, la baisse du revenu par tête continue depuis 2008, le remplacement  de la population native par des populations allogènes ayant leurs propres mœurs et religions, et revendiquant désormais le haut du pavé, un prélèvement sur la nation qui égale la production de richesses par le secteur privé, la destruction des fortunes et l'exode de milliers de foyers, pendant qu'on en fait venir des dizaines de milliers de l'étranger pauvres,  témoignent d’une situation désormais impossible.

Les socialistes sont par terre et se cherchent une voie de survie par un retour en arrière terrifiant : Corbyn, Podemos, Syrisa... C'est : mort à l'Euro, mort aux économistes, mort au capitalisme. Mais qui garnira la gamelle ? La saisie des biens des riches ? On vient de voir que cela ne marche pas.

La droite est par terre. L'organisation générale des échanges et du système monétaire international est défectueuse et elle est incapable d'en mesurer ni les causes ni les efforts nécessaires pour en sortir. Et elle doit politiquement servir la demande de précaution du pays.

Les élections de 2012 avaient montré un combat d'incapables et d'impuissants, compensant leur incapacité et leur impuissance par des fuites en avant dans la démagogie et l'ignominie. Le plus malinb et le plus vicieux a gagné et a aussitôt provoqué une aggravation odieuse de la situation avant de changer de direction à 180°. Personne ne croit au discours d'un Juppé ou d'un Sarkozy.  Personne n’écoute plus les fariboles de Hollande.

Juppé paraît plus propre sur lui et plus rassurant que Sarkozy et Hollande réunis. Il tient la corde car il rassure un pays qui a toujours et encore besoin d’être rassuré. Fillon ne décolle pas car le parti de la pétoche nationale ne veut pas de changements radicaux. Encore quelques minutes M. le Bourreau !

Les Français se défoulent sur les élites parce qu'ils savent bien que c'est le peuple français lui-même qui s'est lancé dans cette fuite nécrosante dans la sécurité aux frais d'autrui. Et qu’ils en ont honte.

Les socialistes sont désormais hors course. On sait qu'ils ne protègent plus rien et que si cela continue ainsi  les fonctionnaires français vont subir le coup de rabot grec : licenciement et baisse drastique de revenu.

La droite n'a pas  de légitimité faute d’avoir  expliqué pourquoi le trend est abîmé depuis 40 ans, pourquoi les crises sont de plus en plus graves, pourquoi le niveau de dettes est aussi insoutenable, partout dans le monde.  On ne peut pas être "pro business" et ne pas expliquer pourquoi la forme d'organisation actuelle de l’économie ne marche pas.

Les opérations de com' et de dénonciations politiques ne suffisent pas.

Le peuple français est encore malléable, car il veut s'en sortir. Mais il veut une perspective donc des explications et un chemin de sortie de crise un peu balisé. On ne pourra le faire sortir de ses réflexes de peur que par l'entraînement de la raison et une force prospective crédible.

Le drame de la droite et de la gauche française est que ces deux tendances sont également impuissantes et ne tiennent aucun discours autre que du calibrage électoraliste dommageable. Les imbéciles militant dans chaque camp croient que la solution viendra de ce que la droite sera "vraiment de droite" et la gauche "vraiment de gauche".  Braiements de gauche et braiements de droite n'ont en fait aucune importance. Les exaltations partisanes d'incapables et d'abrutis n'intéressent plus les Français.

Ils veulent désormais des solutions, et pas simplement des impôts, des souffrances et des contraintes.

L’ennui,  c’est qu’il n’y a pas de solutions sans contraintes.  Les fonctionnaires sont maintenant à peu de temps de subir une triple amputation :

-          La séparation entre sphère politique et sphère de la haute fonction publique  sera  bientôt inévitable.  

-          La disparition des statuts de fonctionnaires au dessous de la catégorie A est da              ns les tuyaux

-          La fin de la retraite statutaire remplacée par une retraite par point, et alignée sur les règles du privé ne pourra pas être différée très longtemps. .

En dix ans les effectifs de fonctionnaires  doivent être dégonflés de près d’un million. On peut le faire doucement et sans dommage trop grave.  Sinon ce sera le collapsus à la grecque.  Quand un état ne peut pas payer, il ne peut pas payer.  Les fonctionnaires sont les premières victimes.  L'horloge tourne.

La reconversion  sera acceptée si l’économie privée redevient prospère.  Ce qui suppose que l’on mette fin au saccage de la prospérité que l’on constate depuis quarante ans.  Sans un discours clair sur les causes de la déréliction progressive de l’économie occidentale, sur les remèdes  et sur les modifications à apporter à une série d’institutions internationales, les promoteurs d’une politique claire de suppression des béquilles sur lesquelles les Français s’appuient ne peuvent pas gagner  d'élections.

Il faut faire arriver à comprendre que le mouvement plus que le blocage, que l'offensive et le dynamisme, plus que la défensive hargneuse, que la prise de responsabilité  plus que la demande de protection, sont les moyens d'une nouvelle sécurité sociale. 

Convaincre un petit gros coincé dans une paroi raide et qui ne sait plus ni avancer ni reculer, que son salut passe par la reprise de la grimpée vers le haut, en mobilisant tout ce qui lui reste d'agilité et de force, est difficile.

Il  n'y a personne pour lui lancer une corde. S'il laisse la nuit arriver, il tombera.

Fiscalité politicienne et Constitution

La déclaration des droits de l'homme et du citoyen, telle qu'elle est annexée en préambule de la Constitution actuelle n'est pas très claire sur la question des contributions. Les citoyens contribuent "à raison de leurs facultés".

La constitution de 1789 était plus explicite  en indiquant qu'ils contribuaient "à proportion". La proportionnalité a cédé le pas à la progressivité, voici la raison de cette raison.

En fait, "à raison" veut dire, selon les meilleurs dictionnaires,  "à proportion"… Sémantique quand tu nous tiens !

La pratique fiscale, ces dernières années, s'est engagée dans certaines impasses qui frôlent l'inconstitutionnalité et en tout cas nie l'esprit républicain.

Jusqu'à Pompidou, la règle des augmentations d'impôts et des efforts fiscaux étaient proches de l'esprit de la Constitution : en cas de besoin on demandait un effort à tous et on tenait compte de la situation de chacun pour sortir des difficultés. Le pays mobilise tous ses citoyens, à raison de ses facultés.

Après les septennats fiscaux de Giscard et Mitterrand, qui ont vu une augmentation de près de 40% de la pression fiscale, la crise de 1993 va provoquer une première sortie de l'épure démocratique avec Alain Juppé qui déplafonne l'ISF et envoie automatiquement quelques dizaines de milliers d'assujettis au delà des 100% d'impôts sur le revenu. On n'est plus dans la contribution mais le vol du capital, normalement interdit par la Constitution (toute captation du capital doit être justement indemnisée). C'est ensuite Jospin qui fait valoir un curieux argument : si on baisse l'impôt sur le revenu, la baisse doit aussi toucher ceux qui ne paient pas l'impôt sur le revenu ! Il n'y a plus de corrélation entre la hausse des impôts et la baisse. On peut augmenter l'impôt sur le revenu sans toucher ceux qui ne le paient pas, mais pas l'inverse. On invente également l'impôt sur l'impôt et la non prise en compte de l'inflation dans les assiettes fiscales, ce qui revient à imposer un revenu fictif.

Avec Hollande, l'idée que les augmentations d'impôts ne doivent pas être payées par tous mais seulement par "les riches" arrive dans le décor antidémocratique de l'énarchie compassionnelle. L'idée qu'on dût contribuer "à raison" disparaît. La ségrégation fiscale ou apartheid fiscal comme on voudra, apparait dans la pratique. Symétriquement la baisse fiscale ne doit pas concerner tous les citoyens mais seulement une sélection.

Normalement une baisse fiscale devrait concerner les 20 millions de ménages contributeurs, à raison de leurs facultés.

Non : on va en choisir environ la moitié pour faire nombre mais en écartant les riches honnis, c'est-à-dire les 20% de ménages qui paient 70% des impôts.  

Ces mauvaises manières démagogiques s'ajoutent à une autre réalité : l'exclusion de prestations de ceux qui les paient. Depuis le déplafonnement des assiettes de sécurité sociale on faisait payer "aux riches" des sommes disproportionnées pour les services rendus mais au moins ils y avaient droit. Un cadre supérieur paye par exemple jusqu'à 1000 fois les quelques remboursements maladie dont il bénéficie, du fait de la suppression du plafonnement. Maintenant des services deviennent payants pour les heureux contributeurs exclus de la gratuité anciennement générale ou de prestations anciennement universelles. Pour bien brûler la chandelle par les deux bouts, on va même proposer de faire payer plus cher les mêmes services en fonction du revenu…brut naturellement. Le riche va payer le prix fort l'entrée d'un enfant à l'université tout en ayant un revenu net devenu très faible voire négatif.

L'égalité devant l'impôt et les prestations universelles sont des principes constitutionnels désormais à bas. Les principes ont été remplacés par le clientélisme politicien le plus abject et l'électoralisme de bas étage. La justice fiscale a fait place au justicialisme fiscal, ce qui n'est pas exactement la même chose.  

M. Hollande pratique à l'échelon national les principes de ses gestions municipale et départementale. On hausse massivement les impôts après les élections ; on lâche quelques miettes aux masses électorales et à elles seulement, les deux budgets précédant les élections.

Il n'aura jamais réussi à entrer dans le costume d'un président de la république.

Voir la presse, la semaine où les Français qui le paient sont saignés à blanc par un Impôt sur le revenu totalement délirant, compte tenu des autres impositions, emboucher les trompettes de la "baisse d'impôts" c'est-à-dire participer à une manipulation de l'opinion d'une grossièreté inimaginable, donnera aux journalistes une légère indication sur les causes de la perte de confiance qu'ils subissent dans l'esprit des Français.

Leur devoir aurait été de rappeler que le choix de la date  des "annonces présidentielles" en fait une simple opération de com' de la plus basse espèce, à l'heure où ils signent le solde de leur IR,  tout en signalant que les règles de la Constitution sont piétinées.

En ne cherchant qu'à être des perroquets de la com' présidentielle, ils aggraveront encore les malheurs de la presse française. Quant à Hollande, malgré ce qu'il espère, la haine qui entoure ses palinodies fiscales de minable politicien l'empêchera d'être au second tour. Les socialistes soviétiques pensaient que les exactions ciblées contre des boucs émissaires suffisaient à leur attacher les habitants. Les socialistes chinois le croient toujours. Ainsi qu'Hollande, qui a plusieurs reprises a lancé lui-même des attaques ad hominem quand il a cru que cela le servirait (voir l'affaire Depardieu) et qui croit qu'il doit son élection à l'annonce des "75%".  "Une fois abject, toujours abject" affirme le dicton. La règle n'a pas d'exception. Mais maintenant les Français savent. Quant à Juppé, il va lui falloir drôlement polir son programme s'il veut se dégager de la gangue fiscale où il est englué. Une chose est de paraître plus digne qu'un Sarkozy. Une autre est de croire que les Français sont totalement oublieux.

Comment on enseigne n'importe quoi !

Voilà ce qu'on enseigne en France, aux étudiants en économie, dès qu'on parle de changes flottants.  Au moment même où une crise de change a entraîné une baisse en panique des toutes les bourses, avec phénomènes cumulatifs, et la samba des monnaies, tout rapport entre cours magistral et réalité ne saurait être qu'une curieuse coïncidence.
 
"Le régime de changes flottants actuel entre les principales monnaies, Dollar, Euro et Yen, présente en théorie de nombreux avantages :
 
Il permet tout d’abord une certaine autonomie des politiques monétaires, car en cas d’excédents commerciaux, les banques centrales ne sont plus obligées d’augmenter mécaniquement la masse monétaire en contrepartie de l’arrivée des devises
étrangères, ce qui a pour effet d’importer l’inflation si la hausse des prix étrangers sont supérieurs aux hausses des prix intérieurs. Il suffit alors de laisser glisser le cours de la monnaie à la hausse sur les marchés internationaux."
 
C'est surement pour cela que l'on est passé de moins de 200% d'endettement en 1971 à plus de 400% par rapport au PIB  en 2008, et que nous y sommes toujours !
 
 
"Les changes flottants permettent aussi le rééquilibrage automatique de la balance extérieure, sans que les autorités monétaires aient à intervenir. En effet, un déficit commercial suscite une contraction de la masse monétaire, qui provoque une augmentation du taux d'intérêt et donc une entrée de capitaux étrangers attirés par les taux rémunérateurs. Sur le plan économique, cette contraction de la masse monétaire entraîne un ralentissement de l'activité économique, une stabilisation des prix et donc une amélioration de la compétitivité sur les marchés nationaux étrangers ; ainsi les exportations augmenteront, les importations diminueront et la balance commerciale se rééquilibrera. Nous pouvons voir dans un second temps qu’il s’agit d’un système plus équilibré en apparence par rapport à un système de changes fixes qui faisait explicitement référence à une monnaie dominante, le dollar. En effet les changes flottants permettent une adaptation rapide aux chocs réels, notamment en cas de déséquilibre des paiements courants, provoquant des conflits entre l’offre et la demande de devises. Il faut rappeler qu’en système de changes fixes il en résultait une variation des réserves de change puisque la banque centrale doit intervenir pour maintenir la parité de la monnaie nationale. En revanche, en changes flottants la banque centrale n’a plus à intervenir : l’ajustement sur le marché des changes est réalisé par des mouvements de capitaux, provoquant la variation du taux de change. Celle-ci modifie donc les conditions de l’échange. Par exemple en cas de déficit, on assiste à une diminutionde la valeur de la monnaie qui renchérit les importations et rend plus attractives les exportations. A terme l’équilibre est rétabli..."
 
Celui qui a vu la balances américaine des paiement se rétablir est un génie.
 
 
"De plus, nous constatons que les banques centrales n’ont plus besoin de conserver des réserves importantes de devises pour défendre le cours de la monnaie. Dans ces conditions les banques centrales ne doivent pas subir des variations de leur volume de réserves officielles et les institutions ne reçoivent plus de demandes de réserves nouvelles. Egalement, on s’aperçoit que ce système de changes flottants fait que les marchés sont moins sensibles aux fortes poussées de fièvres spéculatives, comme celles qui se produisaient sur les monnaies dont l’évolution laissait penser qu’une dévaluation ou une réévaluation était inéluctable."
 
Ils sont clairemeent beaucoup moins sensibles aux poussées de fièvre, comme on le voit aujourd'hui.
 
"Dans ce cas tous les opérateurs étaient encouragés à vendre ou à acheter cette monnaie à des fins purement spéculatives. Au contraire, les changes flexibles amènent les marchés à des ajustements mutuels, permanents et graduels, entre le cours des devises et les anticipations des opérateurs."
 
N'est pas absolument merveilleux, cet ajustement mutuel, permanent et graduel ? On assiste justement à ce délice aujourd'hui. 
 
La grande difficulté de l'enseignement économique en France est son éloignement presque total des réalités. On répète des articles de foi sans même regarder ce qui se passe.
 
Navrant.
 
 
 

Les changes à nouveau en folie.

L'idée centrale qui fonde l'essentiel des thèses de ce blog n'est pas difficile à comprendre : les grands déséquilibres de balances commerciales et de paiements, dans un monde où les Etats ont pris une part de lion dans l'économie et où la monnaie est imprimée à volonté par les dits Etats et n'obtient son pouvoir libératoire que par les Etats, provoquent des crises financières d'autant plus difficiles à maîtriser que les déséquilibres sont plus grands.

Tout système qui limite le plus structurellement possible les grands déséquilibres est bon. Ceux qui les aggravent sont mauvais.

Le système des changes flottants mis en place, par force, lorsque les Etats-Unis ont voulu se débarrasser des contraintes des Accords de Bretton-Woods, qui pourtant étaient déjà déséquilibrés en leur faveur, ne marche pas, n'a jamais marché et ne marchera jamais.

Le système de monnaie unique, si rien n'est fait pour ajuster les déséquilibres internes, ne marche pas, n'a jamais marché et ne marchera jamais.  

S'agissant de relations entre Etats souverains et puissants, qui peuvent être tentés  de tordre les relations économiques et monétaires à leurs avantages réels ou supposés, les accords diplomatiques mous et les belles déclarations d'amour à la stabilité ne peuvent pas être efficaces. Il faut créer des systèmes institutionnels solides avec des correctifs puissants.

Au sein de la zone Euro, comme nous avons essayé de le montrer dans nos articles précédents, il faut un chancelier de la zone Euro, dont le travail est de mesurer, prévenir, et corriger les déséquilibres internes et externes.

Les accords de Bretton Woods étaient de bons accords, car il forçait les Etats à respecter la valeur réciproque des monnaies. Certes ils étaient imposés par une puissance dominante qui les appliquait à son avantage mais ils imposaient une discipline structurelle et des principes, ainsi qu'un maître chien : le FMI, et un porteur de carotte, la BIRD.

Les principes de base étaient d'une grande simplicité :

- Tout le monde gagnera à l'extension des échanges internationaux.

- Il faut donc permettre à tous d'accéder à ces échanges, ce qui impose qu'on puisse les financer avec des moyens de paiements reconnus.

- Les monnaies étant nationales et gouvernées par les Etats, les Etats ont une responsabilité vis-à-vis des tiers lors d'un échange international.

- Les produits doivent s'échanger contre des produits pour ne pas créer de distorsions graves des marchés du travail et permettre à la loi des débouchés de fonctionner ; cet échange doit être les plus équilibré possible.  

- Si une crise intervient qui met en cause la crédibilité d'une monnaie, la collectivité se saisit de la question, pour permettre au pays en cause de revenir à l'équilibre et maintenir son accès au commerce international, sans entraîner les autres dans ses difficultés.

- L'objet direct de l'intervention collective est d'empêcher des mécanismes contagieux de déflation de s'enclencher.

- L'aide du FMI est certes coercitive, pour éviter les défauts à répétition, mais son but reste positif : stopper des phénomènes récessifs cumulatifs.

Le système est à la fois structurellement coopératif et largement auto régulé, puisque chaque pays a la responsabilité de surveiller ses balances extérieures.  

La double organisation des changes flottants dans le monde et de la monnaie unique sans organisation de pilotage en Europe, a signé le retour de la déflation comme moyen d'ajustement des déséquilibres, donc du chômage de masse et des dettes incontrôlables.

Au début de l'année 2015, tout le monde glorifiait "l'alignement des planètes", la conjonction miraculeuse d'un Euro très dévalué et d'un prix du pétrole en chute libre "grâce au gaz de schiste américain". Nous écrivions : attention le commerce international est à zéro ; la baisse du pétrole n'est qu'un détail des baisses massives qui touchent toutes les matières premières.

Les chiffres connus signalent que le commerce international a finalement baissé de près de 4% en 2014. Depuis l'été 2008, il est à l'arrêt et n'a un peu remué que lorsque la Chine, inquiète de voir le dollar se déprécier et son stock de devises et de placements en dollars perdre de la valeur, a converti sa monnaie en "valeurs réelles", c'est à dire acheté un peu n'importe quoi à travers le monde. De même, les remontées du terrain montraient qu'en France le commerce de détail était à l'arrêt et dans une situation pire qu'en 2009. L'Insee vient de confirmer que le PIB y a connu une croissance zéro au second trimestre 2015.

Aujourd'hui on mesure avec la dévaluation soudaine du Yuan que la Chine, qui avait promis de rétablir progressivement une valeur de sa monnaie plus compatible avec l'équilibre des échanges mondiaux, ne pouvait pas supporter la baisse totalement extravagante de l'Euro et celle du Yen, tout en suivant la hausse du dollar.

Tout le monde voit les avantages d'une dévaluation pour soi même. Personne ne voit les inconvénients. Gare aux réactions des autres et aux effets négatifs d'une dévaluation en interne, rarement signalés.

Ils sont pourtant massifs.

L'Europe, pour installer l'Euro dans le concert des nations, a voulu, pendant deux décennies, imiter la politique allemande de la Buba et avoir un Euro fort. Il a été trop fort trop longtemps et a ruiné une partie de l'économie européenne qui a été transférée en Chine et en Inde. Il est brutalement dévalué passant de 1.40 à 1.10, soit une chute de plus de 20%. Quelle est la conséquence immédiate ? Tous les importateurs sont obligés de répercuter une hausse de coûts immédiate de même ampleur et tous les distributeurs, c'est-à-dire le grand commerce et les boutiques, prennent un coup de ciseau effroyable. Ils ne peuvent pas répercuter la hausse des produits qu'ils vendent ni leur substituer une production locale car cette dernière a été purement et simplement éliminée pendant 20 ans. Alors on voit les grands magasins parisiens perdre leur marge et accumuler des pertes de plus en plus lourdes et de grandes chaînes de diffusion faire faillite ou s'en approcher. La consommation freine également brutalement.

Paradoxalement, la stagnation du secteur marchand en France au second trimestre est l'effet direct de la…dévaluation massive de l'Euro.

La Chine ne trouve plus de débouchés en Europe et voit ses exportations s'effondrer. La croissance ralentit fortement. Les pays qui exportaient en Chine, comme l'Allemagne sont touchés. La bourse de Shanghaï, gonflée par les masses de liquidités inemployées accumulées en Chine, s'effondre, le décalage entre économie réelle et financière devenant trop important. En même temps la déflation générale sur les marchés de matières premières déséquilibrait le marché du gaz de schiste aux Etats-Unis avec ces presque 600 milliards de dettes, fragilisait tous les pays dépendants du pétrole et déstabilisait un peu plus les marchés financiers. L'agriculture, notamment en France, qui est de plus en plus une industrie d'exportation (ou sensible aux importations, ce qui revient au même), se retrouvait aussi à découvert comme le montre le marché du porc.  

On ne pouvait pas démontrer plus radicalement que la croissance n'est possible que dans le respect des grands équilibres. Faute d'un système cohérent, globalement admis et surveillé, les échanges internationaux dans une ambiance de liberté sans limite des mouvements de capitaux, de marchandises et de personnes, deviennent incontrôlables.

Cette leçon n'est évidemment présentée nulle part. Et particulièrement pas dans la presse française, ce qui est dommage. Le comble du ridicule est à trouver dans la presse anglo-saxonne qui s'émerveille des dévaluations successives du Yuan, preuve, selon elle, que la Chine va enfin entrer de plein pied dans le flottement des monnaies dirigé par la spéculation internationale et les banques américaines.  

Ah ! Enfin un flottement total et général ! La joie profonde, l'extase de la finance "moderne".

Débloquons, débloquons !

Et bien oui, on débloque. Et on bloque à nouveau la croissance, seule moyen de sortir de la crise de surendettement global qui paralyse le monde et qui a été la conséquence directe du système des changes flottants par le mécanisme de la double pyramide de dettes détaillée par Jacques Rueff en son temps, et dénoncé à nouveau par Maurice Allais à la fin du siècle dernier. Ils nous manquent ces deux là ! .

On fait enfourner du sucre à un diabétique, en lui criant : formidable ; encore ! Et on s 'étonne que les vaisseaux craquent et que des amputations suivent.  

Heureuse période ; période des imbéciles heureux.

Si vous avez entendu un seul homme politique, au gouvernement ou dans l'opposition, faire cette analyse en France, vous avez gagné le grand prix des acouphènes.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Pour une chancellerie de la zone Euro

  1. Une réforme de la gouvernance de la zone euro est nécessaire.

Le premier inconvénient d’une zone de monnaie unique regroupant des pouvoirs nationaux indépendants est de ne permettre les ajustements de compétitivité que par la  déflation. Seule la baisse de la masse monétaire, des prix et des salaires  permet le retour aux équilibres nécessaires, dans la partie marchande de la société. Si de surcroît le pays a laissé se développer un secteur public dévorant,  la perte de recettes entraînée par la déflation implique une hausse cumulative des impôts et l’augmentation de la dette, au prix d’une défiance cumulative des prêteurs.  Au total, le pays victime de lui-même, en ayant laissé sa productivité et sa compétitive s’étioler, s’offre une crise nationale grave et remet en cause les fondements de la monnaie unique collective.

Ce schéma est exactement celui auquel l’humanité cherche à échapper depuis  la crise de 1929. De ce point de vue, la création d’une zone prétendument réglée par deux normes (3% de déficits publics par rapport au PIB et 60% d’endettement public par rapport au PIB) était une dramatique illusion.

Il faut, pour gérer une zone de monnaie unique multinationale, un coordinateur des politiques publiques qui permette d’éviter les décalages de compétitivité et qui organise le retour à l’équilibre si un décalage s’est produit malgré tout, du fait d’un évènement hors du contrôle des pouvoirs publics. 

Nous défendons ce point de vue inlassablement depuis le vote sur le traité de Maastricht. Jusqu’ici en vain, en attendant la pédagogie des faits. L’affaire grecque est tout de même éclairante.  Si, dans les années 90, les risques que nous évoquions pouvaient paraître théoriques et tirés par les cheveux, ils sont désormais manifestes.  La déflation plus ou moins organisée est la seule voie de réajustement des décalages de compétitivité.

Le second inconvénient d’une zone de monnaie unique sans organe commun de pilotage, est la déshérence dans laquelle se retrouvent les  différents instruments de politique monétaire que sont la gestion du cours du change, la politique des taux d’intérêt, l’intégration de la politique monétaire et des politiques budgétaire et sociale globale.  La zone  est dans la seule dépendance de la Banque centrale qui n’a, dans le cas de la BCE, qu’un objectif d’inflation  et qui ne pourra agir sur le change qu’en se livrant à des contorsions totalement ridicules, du genre « on dévalue pour lutter contre la déflation », alors que la zone euro est globalement excédentaire !

Une absence aussi évidente d’organisation ne permet d’agir ni à l’intérieur ni à l’extérieur. Ce dernier aspect est d’autant plus dangereux que le système monétaire  extérieur est basé sur la flottaison des monnaies, l’acceptation de déficits et d’excédents monstrueux  et la construction d’une économie baudruche vouée à l’explosion.  Quand la baudruche explose, la zone Euro se retrouve privée de tout moyen organisé de faire face et doit improviser. Dans l’urgence et dans la panique, avec des risques graves de dissensions, de comportements nationaux incompatibles et finalement de destruction.

  1. L’option fédérale est au mieux une utopie, au pire une provocation, plus sûrement un leurre.

L’Europe communautaire, globalement,  ne parvient plus à séduire, du fait de sa lutte permanente contre les Etats pour arracher des pouvoirs politiciens nouveaux (parfois abusivement, comme le choix du président de la Commission par le PE), sur son incapacité à gérer bien et démocratiquement les domaines qui lui ont été attribués (comme l’agriculture), de la zizanie ou l’impuissance  permanente qui marque les fonctions confiées à un « Ministre Européen»  (comme la diplomatie : voir l’Ukraine). L’hostilité croissante des peuples vis-à-vis de certaines conséquences jugées déplaisantes ou négatives des libertés totales d’aller et venir au sein de l’Europe, ou de l’incapacité de bloquer l’immigration clandestine, motive un rejet assez vif de la part de certaines parties de la population.   L’inquiétude devant la continuation de négociation d’adhésion avec la Turquie, qui fait l’objet d’un rejet radical pratiquement partout en Europe, la perplexité devant le fait qu’on ait accepté l’entrée de la Grèce dans la zone Euro malgré des défauts structurels majeurs,  la colère devant le mépris et la dureté des mesures prises à l’encontre de la même Grèce, tout en noyant de dettes les autres Européens,  s’ajoutent au trouble provoqué par la volonté de certains gouvernements, comme celui du Royaume-Uni,  de tester la véritable adhésion de leur peuple à l’Union.  La négociation secrète  d’un traité nord atlantique par des atlantistes nord européens embusqués dans les instances de Bruxelles, inquiète.

Dans ce climat un saut fédéral, avec  la création d’un Sénat, la gestion d’un « budget européen » substitutif des budgets nationaux, d’un Ministre des finances européen, avec des pouvoirs exécutifs,  est tout simplement inconcevable.  Il n’est d’ailleurs pas souhaitable tant qu’on ne sait pas à quoi servirait ce nouveau poste et quels pouvoirs lui seraient  dévolus.

Le comité d’expert allemands qui s’est récemment exprimé sur le sujet  n’a pas mâché ses mots. C’est non ! Il a parfaitement raison.

  1. La seule perspective réaliste ouverte et nécessaire : la coordination.

Sauf à vouloir démanteler immédiatement la zone Euro, il faut mettre fin à ses déficiences structurelles.

Il faut un pilote de la zone euro avec une cabine de pilotage, des gouvernes, un moteur et un itinéraire.

Nous appelons chancellerie de la zone Euro ce dispositif. Autant éviter le terme de Ministre des finances qui le met immédiatement en compétition avec les ministres des finances  nationaux  et suggère un « gouvernement » européen parfaitement illusoire.

La chancellerie a une mission d ‘observation,  d’avertissement et de contrôle. Son seul pouvoir exécutif concerne la gestion de la politique monétaire notamment vis-à-vis  de l’extérieur.

L’objet de l’observation est de détecter les évolutions internes contraires à la stabilité de la zone euro, notamment les pertes de compétitivité,  les excès d’emprunt et les dérapages de finances publiques. 

Les avertissements ont pour objet de signaler les écarts de politiques qui conduisent automatiquement à des déséquilibres internes.

Le pouvoir de contrôle concerne des décisions prises par l’Eurogroupe ou le conseil des gouvernements de la zone euro.

Les décisions collectives restent du ressort de l’Eurogroupe. Elles sont éclairées et contrôlés par la chancellerie de la zone Euro.

La « troïka » disparait des radars. La Commission n’a pas à intervenir dans des affaires qui concernent seulement les membres de la zone Euro. Le FMI n’a rien à faire dans les affaires internes de la zone Euro.

Pour simplifier, la chancellerie est une sorte de FMI interne,  avec son pouvoir d’investigation et d’avertissement.  Et s’il le faut, son pouvoir d’intervention. 

  1. Les pouvoirs exécutifs spécifiques de la Chancellerie.

La Chancellerie dispose d’un champ d’action spécifique : la politique monétaire et financière de l’Eurosystème.

Dans toutes les structures démocratiques, les banques centrales, bien qu’indépendantes, ne dirigent pas la politique monétaire et financière, encore moins le taux de change.  L’indépendance permet de garantir que la valeur de la monnaie ne sera pas manipulée pour des considérations politiciennes.  Mais elle doit s’inscrire dans un cadre politique global qui est du ressort du politique. On a complètement oublié cette règle lors de la création de la zone Euro, sinon en considérant que l’Eurogroupe, une structure occasionnelle, lourde et difficile à manier, ferait vaguement office. Avec l’échec que l’on sait : monnaie surévaluée trop longtemps ; décisions prises en panique ;  absence de tout dialogue extérieur ; tensions vives en cas de décisions difficiles comme dans le cas grec.

Vis-à-vis de l’extérieur, la chancellerie doit avoir mandat permanent de stimuler tout effort en vue d’un retour à un système de changes fixes,  et modifiables par accord général, avec proscription des grands excédents et des grands déficits.  L entre les grands acteurs économiques du monde. La zone Euro ne peut que bénéficier d’un retour à un système de changes régulés et de politiques concertées.

Dans le cas où des difficultés importantes imposeraient des interventions lourdes dans un pays, c’est la chancellerie qui disposerait des pouvoirs correspondants et assurerait la  gestion du MEF. Ultérieurement, au fur et à mesure du renforcement de la confiance dans la bonne gestion commune, la chancellerie  gérerait de nouveaux instruments financiers communautaires comme des bons du trésor communs.

  1. Ce que la Chancellerie ne serait pas.

Les notions de budgets communs, politiques fiscales communes etc. ne relèvent pas structurellement du chancelier. Ce sont des politiques de l’Union et dépendent de l’Union. La chancellerie n’aura qu’à juger du caractère dangereux ou favorable du détail des mesures envisagées du point de sa responsabilité : la solidité de la zone euro.

Elle n’aura aucun pouvoir exécutif ou de proposition en matière fiscale, sociale, budgétaire. Les Etats sont souverains. Mais elle devra juger du caractère compatible avec la solidité de la zone euro des différentes approches suggérées.  Par exemple elle pourra alerter sur le caractère insoutenable d’un plan de type Jospin de réduction du temps de travail et d’un plan de type Schroeder d’amélioration de la compétitivité.

En cas de désaccord persistant, elle proposera des arbitrages à l’Eurogroupe qui reste seul  décideur, sous la direction définitive du conseil des chefs d’état.

  1. Comment régler le problème démocratique

Le chancelier étant un coordinateur et non pas un dirigeant  exécutif, le problème démocratique se pose moins  directement qu’en cas de création d’un gouvernement économique.

Néanmoins, il travaillera avec trois comités parlementaires, formé d’un délégué de chaque pays de l’Eurosystème, les grandes puissances (plus de 60 millions d’habitants)  bénéficiant de deux délégués. Le comité monétaire, le comité budgétaire et le comité social assureront le contrôle et la liaison des travaux de la chancellerie dans ces trois domaines. Ce ne sont pas des instances de décision mais d’information et de concertation avec les parlements nationaux.  

Comme on le constate, il ne s’agit aucunement d’un Sénat structurel et institutionnel, s’ajoutant aux instances constitutionnelles déjà  lourdes de l’Union Européenne. 

On peut imaginer que chaque parlement mettra en place une commission euro  dont les trois délégués de commission seront membres statutaires. Ils éclaireront les députés sur  les problématiques courantes au sein de la chancellerie.

  1. Un tel dispositif aurait-il été favorable entre 1998 et aujourd’hui ?

On est bien obligé de l’affirmer. Toutes les dérives qui ont mené à la crise aurait pu être mises au premier plan de l’actualité et probablement jugulées.  Les politiques sociales incompatibles entre l’Allemagne et la France auraient été dénoncées, ainsi que la légèreté grecque ou les dérives d’endettement de l’Irlande,  la folie immobilière espagnole et portugaise etc.

La folie des changes flottants et de l’accroissement global de la dette dans une économie mondiale baudruche  aurait été vertement critiquée  et une pression constante vers une réorganisation du système monétaire international aurait pu être assurée.

Après avoir lancé l’alerte pendant des années, l’Europe serait mieux à même d’exiger les corrections nécessaires.

On n’aurait pas eu besoin de faire appel au FMIpour régler le cas grec. Tout aurait été géré (diagnostic, plan, supervision, intervention, contrôle) par la chancellerie.

  1. La chancellerie : une institution évolutive

Il est possible d’envisager à terme des évolutions puissantes :

-          L’Europe devrait être représentée d’une seule voie par la chancellerie au FMI et obtenir des droits proportionnés à sa puissance économique. L’Eurosystem est le système mondial le plus puissant dans bien des domaines (production, PIB, épargne, commerce extérieur etc.). Il est clair que la gouvernance du FMI devrait en être changé. La direction générale  du FMI devrait être réservée à un membre  appartenant systématiquement à la  zone euro.

-          Certains instruments d’intervention sur les marchés financiers pourraient, à terme, être gérés  directement par la chancellerie comme des bons communautaires redistribués en fonction des nécessités budgétaires agréées des nations composantes.

-           

  1. La liaison avec le reste de l’UE n’est pas compliquée et plutôt saine et très évolutive. .

Bien sûr la Commission perdra le contrôle budgétaire qui lui est actuellement confié d’une façon totalement anormale. Les institutions de la zone Euro doivent être propres à la zone Euro.

De même la commission perd tout rôle monétaire, de fait ou de droit.

Eurostat devra composer avec le département statistique de la chancellerie.

Le parlement Européen a son mot à dire sur rien,. Ce n’est pas de son ressort, s’agissant d’une politique commune à une partie seulement de l’Union.

Si un jour, lointain, tous les pays de l’Union devaient rejoindre l’eurosystem, la chancellerie s’inscrirait facilement dans une structure fédérale élargie, avec un sénat européen, issu des parlements nationaux, complétant le Parlement Européen.

  1. La création d’une chancellerie ne demande pas de changements majeurs des traités.

Elle peut être décidée par l’Eurogroupe sans grosse difficulté. S’agissant d’une instance de coordination, les problèmes de souveraineté ne sont pas majeurs. Dans un premier temps les pouvoirs spécifiques sont modestes et ne remettent pas en cause la souveraineté de quiconque.

Les points de frottement institutionnel concernent la banque centrale et le contrôle budgétaire de la Commission. On peut très bien démarrer sans changer immédiatement les institutions et pratiques existantes.

Un accord entre Allemands et Français permettrait une initiative commune qui serait extrêmement difficile à contrer, d’autant plus que ces deux pays pourraient mettre en œuvre l’institution  entre eux sans attendre l’accord des autres, qui seraient obligés d’y venir assez rapidement, le chancelier, même réduit à sa double casquette franco-allemande, aurait du poids sur tous les problèmes en cours.

En fait, s’agissant d’une proposition logique (alors que toutes les autres sont contradictoires, controuvées ou impossibles)  qui s’inscrit dans la durée et la rationalité d’une zone de monnaie unique, et qui ne remet pas en cause de façon majeure la souveraineté des Etats membres (puisqu’il s’agit d’une instance de coordination, de suggestion et de contrôle, sans pouvoir exécutif sinon dans le champ de la politique monétaire et financière), elle ne créé aucune opposition doctrinale ou nationale forte. 

  1. La France s’honorerait de prendre l’initiative de la création d ‘une chancellerie.

Bien sûr, cela impliquera qu’elle devienne une nation proposant une politique économique sérieuse, ce qui n’est pas encore le cas. On peut craindre  que l’Allemagne et les autres candidats exigent quelques ajustements structurels avant d’accepter de jouer le jeu. Comme on doit de toute façon les faire, mieux vaudrait les lancer tout de suite et faire notre proposition.

Ce serait plus utile que de revenir à une politique de la demande après avoir annoncé une politique de l’offre et de reculer sans cesse devant les changements indispensables, tout en cédant à toutes les revendications catégorielles qui passent. Ce serait moins Jocrisse que de proposer des sauts fédéraux  intenables et par ailleurs contraires à la souveraineté élémentaire  des nations.

Que faire de la zone Euro ?

L’Eurosystème est une des rares institutions internationales construites dans les 30 dernières années.  Elle est mal née.  Les motifs qui l’ont porté sur les fonts baptismaux sont relativement incertains.  Certains ont voulu « avancer dans la construction européenne ».  A tout prix, selon un sens étrange de l’urgence européenne. L’abandon des disciplines de Bretton-Woods et le flottement des monnaies avaient bloqué les projets d’Union monétaire européenne mis en avant lors de la conférence de La Hayes, en 1969.  Les différents serpents monétaires ayant été balayés, les européistes se sont mis à considérer que seule une monnaie unique résisterait à la spéculation internationale conduite par les Américains et plus généralement les Anglo-saxons.  Les banques centrales européennes ont commencé dès le début des années 80 à considérer que le projet était quasi certain d’être mis en œuvre. La Banque de France s’y prépare dès le milieu des années 80, en totale indépendance des alternances politiques. Les fédéralistes européens considéraient que c’était l’étape suivante indispensable, celle qui créait une situation irréversible. Depuis Jean Monnet, l’idée fédérale s’inscrit dans une tactique qui veut que les faits accomplis économiques contraignent  le politique jusqu’au fédéralisme promis. On met donc la charrue économique avant les bœufs politiques. En espérant que les bœufs piétineront suffisamment la charrue pour qu’on soit obligé « d’avancer » (« L’Europe avance par crise ») mais pas assez pour la casser.

Des discussions, nombreuses, ont eu lieu dans ces milieux, pour savoir comment faire. Très peu sur les conditions de réussite d’une monnaie unique et les contraintes d’organisation dans la durée.  Aucune sur l’opportunité de monter un tel système. L’ardente obligation européenne imposait d’avancer.  Le marché unique et la monnaie unique s’imposaient « naturellement ».  Cela se terminera par le rapport Delors, source de tous les maux.  Au passage le JDD  de ce dimanche nous a commis deux pages hagiographiques sur J. Delors au moment même où les vices du système mis en place sont devenus manifestes !  Il est vrai que les Européistes viennent de primer  Delors pour contrer le mauvais climat qui règne en Europe depuis que la monnaie unique a été installée.  

Ne faisons pas à ce « père de l’Europe de la monnaie » l’injure de penser qu’il ne savait pas que le système qu’il proposait était problématique. Il n’y a pas un économiste sérieux, connaissant un petit peu les questions monétaires, qui ne sache qu’une monnaie unique est une construction politique qui ne peut réussir qu’avec un pouvoir central fort.  Mais il fallait « avancer ». On a fait semblant de considérer qu’une zone de monnaie unique pourrait fonctionner si on libérait totalement les mouvements de capitaux, de marchandises et de personnes.  Les marchés s’occuperaient d’harmoniser les déséquilibres éventuels. Les Etats devaient être mis en muselière. Pour cela il suffisait de deux règles juridiques : pas de déficit budgétaire supérieur à 3% du PIB et pas d’endettement public de plus de 60% du même PIB. Pour préparer la fusion monétaire, les systèmes devaient converger vers ces objectifs.  Et roulez bolide ! Bien sûr cela ne marcherait pas parfaitement mais on profiterait de la première crise pour faire avancer l’intégration et restreindre la souveraineté des Etats.

Les adeptes de Milton Friedman  encensèrent le maître qui avait annoncé que l’Euro ne durerait pas trois ans et que les changes flottants étaient la seule solution.  Depuis des lustres les économistes américains expliquent que les Européens croient bêtement à la « stabilité » et que les vrais amoureux du business sont pour le mouvement. Après tout le dieu Hermès a des petites ailes aux pieds.

Sans voir que les changes flottants avaient fini par créer une économie baudruche qui ne demandait qu’à exploser. Asphyxiés par leur propre mythologie, ils pensaient que la souplesse du roseau était la garantie d’une flexibilité heureuse sans se rendre compte que le système était pervers de façon endogène et voué lui-même à l’autodestruction. L’aveugle insultait gaiement le paralytique.

Autre point commun, tous ces économistes pensaient que le cycle n’existait plus, qu’on savait le juguler, que  Greenspan était un génie et que la crise de 87 était due aux ordinateurs, pas aux effets délétères de la montée de l’endettement global  qui déjà dépassait les 300% à la fin des années 80.

Le « génial économiste » Mitterrand.  (Il n’était pas seulement le Dieu de la politique politicienne en ce temps-là, ce qui avait tout de même fait un peu  ricaner même une Françoise Giroud) avait prédit que l’acte unique allait permettre une formidable croissance en 92-93 Nous eûmes à cette date la pire crise conjoncturelle depuis 1929 ! 

Cela ne fit réfléchir personne. Ni sur les méfaits du système des changes flottants, ni  sur le caractère un peu dangereux de créer une lac de fixité au milieu d’un océan de flots monétaires internationaux  déchaînés.  Pour les jeunes générations, il est intéressant de souligner qu’à cette date, Il était impossible, strictement impossible, de faire passer quoi que ce soit dans la PQN qui remette en question les changes flottants et l’idée d’une monnaie unique ou la contradiction entre les deux formules.  Maurice Allais le fera un peu plus tard et recevra la bastonnade que l’on sait. On trouva même d’astucieux économistes pour défendre, en même temps,  l’idée que les changes flottants mondiaux et celle d’une monnaie unique européenne étaient toutes deux excellents en même temps. La flagornerie ne craint pas les oxymores.

En avant pour le traité de Maastricht et une institution structurellement bancale.  Aucun vrai débat technique sur la manière de gérer une zone monétaire.  Seulement un affrontement entre souverainistes et fédéralistes.  De même que le débat sur le système monétaire international, lorsqu’il avait lieu, c’est-à-dire presque jamais, ne consistait qu’en un échange d’horions idéologiques entre marxistes (cachés en « keynésiens ») et « néo-libéraux », c’est-à-dire en adepte de la liberté financière à tout va. 

La faiblesse du dispositif se voyait à l’examen d’une seule question : qui gérerait le change dans le nouveau système ?  Extraordinaire  exemple d’un instrument, capital à l’échelon national, qui disparaissait soudain à l’échelon européen. La BCE n’était pas chargé des changes mais du niveau des prix. L’ « Eurosystem » disposait d’un « Eurogroupe », un aréopage d’une vingtaine de ministres des finances, présidé par un « président de l’Eurogroupe » sans pouvoir, sous le contrôle d’un conseil des chefs d’état de la zone euro.  C’est lui qui serait chargé de la gestion du change. Mais comme on considérait que les changes flottaient naturellement et que seuls les marchés étaient chargés de donner la valeur de l’euro, la question ne se posait pas.  De toute façon les moyens techniques de gestion du change ne dépendaient pas de l’Eurogroupe.  Les Etats avaient perdu tous les leviers de la politique des changes et des taux d’intérêt mais personne n’en avait réellement hérité. Curieux, non ? Et cela ne choquait absolument personne. Lorsqu’on évoquait la question devant un politique il répondait invariablement : « C’est étrange en-effet, mais c’est une question technique et nous avons d’excellents techniciens de la finance ».

La grande question d’une zone de monnaie unique avec des Etats indépendants est la gestion des écarts dynamiques de productivité, de prix  et de compétitivité. Nous-mêmes avons inlassablement dénoncé un système qui faisait de la déflation-dépression le seul moyen d’ajustement. Les fédéralistes pro-euro répliquaient que l’ouverture totale des marchés intérieurs suffirait à entraîner mécaniquement les ajustements nécessaires.  Nous disions qu’avec des Etats qui prélevaient entre 40 et 100% de la valeur ajoutée des entreprises, la notion de marché tout puissant était tout de même un peu aventurée.  Les politiques publiques non ajustées pouvaient avoir des effets pervers catastrophiques. « Nous avons d’excellents conseils et une haute administration de qualité partout en Europe. Ils savent ce qu’ils font ! »  Fermez le ban !

Et justement voilà que le gouvernement Jospin  asphyxie l’entreprise française par des réglementations étouffantes et étrangle l’économie avec les 35 heures.  Peu après l’Allemagne fait l’inverse avec le plan Schroeder.  La compétitivité relative de la France s’effondre. Personne ne dénoncera la contradiction  comme une source de difficulté à venir pour la zone euro.

La chute des dictatures en Europe, a conduit à une extension inconsidérée de l’union Européenne. Et ces pays fragiles entendaient entrer dans l’euro pour des raisons purement politiques.  On croit devoir faire droit à leurs demandes.  Comment laisser à la porte la Grèce loin de Papadopulos, le Portugal débarrassé de Salazar et l’Espagne, d’où Franco a disparu ?  Et ces pays de l’est qui frappent  soudain désespéramment à la porte ?

On a chargé la barque de l’Euro, déjà bancale par construction. Le navire a pris de la gite dès le départ et elle a été aggravée par des politiques incompatibles.

La mini récession du début des années 2000 a aussitôt fait prendre conscience que les règles de droit étaient incompatibles avec la conjoncture. On parla de « règles idiotes ». Pour un système fondé uniquement sur deux règles, ce n’était pas très encourageant pour la suite. Surtout quand les pays qui jugeaient ainsi étaient l’Allemagne et la France, les deux piliers !

La Grèce commence à souffrir dès 2002-2003. De même la finance internationale est en crise après l’effondrement boursier du début du siècle.  Cela branle de partout et la FED commence ses inondations monétaires.  Le taux de dettes globales commence à s’approcher à peu près partout de 375%. Certains pays en sont déjà à plus de 700%.

L’effondrement du dollar projette l’euro à des sommets et aggrave la crise en Europe qui entre en stagnation.  Mais les politiciens sont heureux de ne plus avoir à surveiller le taux de change. Ils trouvent cela merveilleux et ne cessent de le dire dans les médias.  Donc ils peuvent emprunter et ils le font sans retenue, ou laisser leurs banques et autres agents économiques emprunter.   Personne ne surveille les taux d’endettement globaux de chacun des pays.  Au printemps 2008, le taux moyens d’endettement global dépasse 425% dans l’OCDE. Différents pays sont à plus de 1000% ! Dès décembre 2006 nous prévoyons l’effondrement certain  pour 2009-2010. Début 2007 nous rapprochons cette prévision à 2009, puis la crise de liquidité bancaire de l’été 2007 nous la fait avancer à l’automne 2008. En décembre 2008, nous annonçons un krach pour septembre 2008.

L’hystérie financière générale laisse penser qu’on est à nouveau dans une phase économique formidable. Personne n’écoute.

L’Euro se porte assez bien : la crise du dollar le dope sur les marchés de change ; les taux d’intérêt ont convergé. Tout cela parait solide, même si certaines voix s’élèvent pour dire que le respect des règles n’est plus assuré. Tout le monde fait ce qu’il veut. 

Lorsque l’effondrement financier a lieu, avec l’abandon à la faillite de Lehman-Brothers, tout le monde croit que « l’Euro nous protège », y compris les Islandais qui sont en faillite grave.  L’Euro, c’est solide. La crise est venue des Etats-Unis et l’Euro a bien résisté.

Jusqu’à ce que la spéculation s’attaque aux taux d’intérêt des pays dangereusement endettées de la zone Euro (Grèce, Islande, Portugal, Espagne, Italie).  Et là, c’est aussitôt la Bérézina.

L’organisation de la zone Euro, inexistante, n’a aucun moyen de faire face ; Il faut improviser d’urgence. Ce sera la suite ininterrompue de « sauvetages » avec des « mécanismes » forgés à la va vite et qui conduiront aux récents évènements grecs.

Lorsque nous écrivions dans les années 90, que la régulation se ferait dans la déflation, personne ne se rendait compte réellement ce que cela voulait dire. Avec l’affaire grecque, la fermeture des banques, la perte de 25% du Pib et toutes ses choses, l’affaire devient diablement concrète.

Où en sommes-nous aujourd’hui ? Le vrai problème reste la crise mondiale. Le système des changes flottants ne marche pas, n’a jamais, marché et ne marchera jamais. Mais personne ne songe à le modifier. C’est l’explosion de ce système défectueux qui a déstabilisé l’Eurosytem. Pas l’inverse. Mais l’Eurosystem a démontré qu’il n’était pas armé pour faire face autrement que par des mesures détestables qui enflamment les haines sociales et nationales. Le politique devient le pire ennemi de la zone euro.

Les euro-fédérolâtres considèrent que somme-toute, ils ont gagnés. La crise a permis de faire des progrès dans l’abaissement des Etats nationaux. Les banques sont supervisées désormais par la BCE. La Commission a reçu des pouvoirs élargis.  Le système global est sous contrôle maintenant que l’amplificateur bancaire a été mis sous tutelle étroite. La BCE a mangé son chapeau allemand et « fait ce qu’il faut » pour sauver la zone Euro. Donc tout va bien : militons désormais pour une forme fédérale de contrôle de l’économie européenne !

Les souverainistes poussent à la destruction immédiate de la zone Euro dont les mécanismes de sauvetage nous ont endetté pour des millénaires et empêchent toute politique nationale de sortie de crise.  Les marxistes exigent également la fin de la tutelle bruxelloise pour pouvoir enfin mener une politique de « relance sociale par la planche à billets ».  Façon Chavez.

Hollande, toujours à sa copie servile du parcours mitterrandien, se pose en créateur d’un nouveau système fédéral avec budget unique, parlement spécial, etc ; La dette ? On s’en fout ! Le respect des règles de Maastricht ? On s’en fout ? Le chômage ? On s’en fout. Proposons comme Mitterrand une fuite en avant européiste.  

Foutaises !

Il faut un « chancelier de la zone euro », assisté de comités parlementaires issus des parlements nationaux, avec une compétence d’investigation, de recommandation et de maîtrise de la politique monétaire et financière au jour le jour. Il aura pour mission de faire revenir le monde à un système de changes fixes et ajustables. C’est lui qui décidera du taux de change et de la politique des taux d’intérêt. Il sera à la fois le FMI interne de la zone, le pilote des instruments monétaires mis en commun et le conseiller en matière de politiques budgétaires, économiques et sociales pour tout ce qui concerne les écarts de compétitivité et les ajustements nécessaires.

Si ce poste avait existé dès 1997, il aurait évité que les Français et les Allemands se lancent dans des politiques incompatibles avec une monnaie unique, freiné les bulles immobilières dans la zone, empêché les glissements budgétaires de type français ou grecs.  Il n’aurait pas empêché le choc de la crise des changes flottants mais il serait là pour exiger une évolution radicale pour des changes fixes et ajustables. On n’aurait pas eu besoin d’appeler le FMI. Et les dérapages ayant été maîtrisés un certain nombre d’instruments collectifs auraient pu se mettre en place, comme des bons du trésor européens.

Est-ce encore aujourd’hui la solution pertinente ? Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Mais le climat a été tellement dégradé et la méfiance portée à de tels sommets que la faisabilité de la réforme devient très aléatoire.

Un certain nombre d’idées ont tout de même fait leur chemin. La première est que toute organisation de la zone euro doit être propre à la zone euro et ne pas dépendre de l’UE. La deuxième est que les parlements nationaux doivent être associés et pas le Parlement Européen. La troisième est que la BCE doit être aussi responsable de la croissance. Ensuite il faut un pilote avec les instruments ad hoc.

C’est toujours agréable de voir que des idées proposées depuis 20 ans finissent par entrer dans la discussion publique.

Il existe cependant de fortes différences entre notre projet et ceux que l’on voit surgir. Le Chancelier doit être pour nous un coordinateur et un conseiller et non pas un « gouvernement économique ».

L’espèce de frénésie fédérolâtre qui a saisi les télévisions françaises, notamment celles de la TNT, depuis l’annonce présidentielle est proprement ahurissante. Alors que le système vient de subir une crise historique on voit réapparaître toutes les bouches à feu du fédéralisme, dans des émissions qui font de la surenchère,  sans la présence d’aucun contradicteur. Sur le thème « on a échoué parce qu’on n’a pas été assez loin  dans l’union», voilà toute la mouvance de ceux qui veulent voir disparaître les Etats européens et notamment la France, en train de présenter le catalogue complet des mises en commun. Le « saut qualitatif européen » devient un must. Même si ses contours sont totalement flous. Et qu’on ne voit pas clairement où serait des avantages, généralement présentés comme magiques par la vertu de la sainte Trinité bruxelloise. Tout s’arrangerait comme par miracle. On pourrait tout faire. Du social, de l’écologique, de la science, du progrès économique.

De l’autre côté du spectre, les souverainistes posent la question : Et pourquoi ne pas abandonner l’Euro purement et simplement ? Tout deviendrait miraculeusement simple. En tout cas on ne serait pas obligé de payer pour les autres dans des conditions antidémocratiques (pauvres grecs victimes des vilains prêteurs). Et on pourrait faire enfin ce qu’il faut, notamment avec notre création monétaire,  sans être constamment entravés.

Les deux miracles fédéralistes et souverainistes sont des illusions.

L’abandon de l’Euro ? Il n’y a pas de méthode  pure et simple d’abandon, même si doctrinalement rien ne s’y oppose vraiment. Chaque état membre crée une monnaie sur la base d’une unité nouvelle = un euro et indique qu’il remboursera ses dettes dans cette monnaie. Et on voit ce qui se passe. Très probablement une relance des comportements de précaution et un blocage temporaire mais général des affaires, avec une poussée de l’inflation dans les pays les plus endettés qui monétiseront aussitôt les déficits publics. En France les fonctionnaires qui dirigent le pays considéreront qu’il n’y a plus d’efforts à faire. Le marché des changes sera fortement secoué. Les balances commerciales danseront la samba. Et il faudra dix ans pour que l’économie-monde et celle de l’Europe s’en remettent. Lorsque les Etats Unis sont passés du dollar gagé sur l’or au dollar flottant, une opération très semblable, il a fallu 15 ans pour digérer le choc. En fait, on ne s’en est jamais vraiment remis, du fait des défauts du nouveau système de changes flottants.  Car ces nouvelles monnaies flotteront, sinon où est l’avantage de liberté dans la manière de gérer son stock de dettes ? On aggravera les effets délétères du système des changes flottants et aucune réforme dans ce domaine ne sera plus jamais possible à horizon raisonnable, l’échec de l’euro servant de repoussoir perpétuel.

Conserver la gouvernance actuelle ? On voit que cela ne marche pas et que cela coûte très cher à tous, tout en créant les conditions d’un rejet populaire massif.

La seule véritable solution est la coordination, qui maintient la souveraineté des pays tout en les associant, avec un mécanisme d’éviction du club si un pays considère qu’il doit suivre une voie incompatible avec celle des autres.

Le coordinateur doit disposer des moyens statistiques communs, et de pouvoirs d’investigation du type de ceux du FMI, qui n’a pas à intervenir à l’intérieur d’une zone de solidarité monétaire.  Il faut établir  un pouvoir de recommandation et une procédure de « reconsidération », au cas où une mesure serait proposée par un pays qui pourrait être jugée comme incompatible avec la prospérité générale.  Cette administration ne devrait pas être logée à Bruxelles mais à Paris, puisque la BCE est en Allemagne et que ces deux pays sont les plus importants du club. Des procédures d’association des parlements nationaux sont indispensables, mais pas sous forme d’un Sénat européen, structure lourde et complexe dont le rapport avec le Parlement Européen resterait à préciser.  Un délégué par parlement par pays membre suffirait, dans chacune des trois chambres qui devraient être créées : chambre sociale, chambres budgétaires et fiscales, chambre économique et monétaire.  Tout doit rester léger.  Et naturellement, le conseil des ministres des finances et celui des chefs d’Etat serait l’instance d’arbitrage final en cas de divergences graves.

Le « chancelier de la zone euro » aurait un domaine propre qui est celui de la politique monétaire, en liaison avec la BCE  et aurait la mission de faire évoluer le système monétaire international, avec comme objectif  le retour à un système de changes fixes et révisables.

Cette évolution serait moins traumatique pour les souverainistes que la création d’une machinerie fédérale  disproportionnée. La coordination ex ante ne pourrait avoir que des avantages et mènera naturellement  à des instruments financiers collectifs susceptibles d’éviter les méfaits de spéculations hasardeuses. Elle conduira à plus de stabilité dans le monde et une meilleure prise en considération des points de vue européens, notamment vis-à-vis du « benign neglect » américain.

Tout renforcement collectif, de toute façon,  supposera que la France cesse d’être l’homme malade européen, avec une gestion désastreuse basée sur l’asphyxie fiscale et la dépense publique outrancière à crédit.

Le plus grave reproche que l’on puisse faire à F. Hollande est d’être l’obstacle principal à toute évolution. Qu’il fasse de la surenchère fédéraliste, sous les vivats de ceux qui font semblant de croire  qu’il a « sauvé » l’Europe lors de l’affaire grecque,  est sans doute  de bonne tactique politicienne. La vérité est qu’en ruinant le pays comme il le fait sous le poids d’une fiscalité intenable, d’une dépense publique obscène,  et d’une démagogie de tous les instants, il rend impossible toutes les évolutions nécessaires.

Rarement l’imposture d’un Hollande audacieux et stratège, conduisant l’Europe au succès,  n’aura été plus majestueuse. Ce n’est pas parce que des medias se couvrent de ridicule en la véhiculant qu’il faut s’y vautrer.

Il serait curieux que l’Allemagne accepte plus de fédéralisme  avec une France en dehors des clous du traité « merkozy ». Si elle persiste à conserver un déficit budgétaire de près de 4% de PIB et une dette proche de 100% du PIB, il ne peut rien se passer de réellement important, sinon des constructions institutionnelles loin des peuples et qui ne mangent pas de pain, ou des initiatives très partielles sur la fiscalité ou autres. Il faudrait de même que le cas grec soit réellement réglé. Tout le monde pense que la purge actuelle ne règle rien, surtout sous la houlette de Tsipras et de son équipe. Et il faut attendre que les Italiens, les Espagnols et les Portugais aient éliminés Beppe grillo, Podemos et tous les « mélenchoniens » potentiels. On a construit sur du sable avec Maastricht, mais on ne construira pas sur de la vase.

La solution plus légère d’un coordinateur avec des pouvoirs propres dans des domaines actuellement à l’abandon, comme la politique de change, la politique des taux d’intérêts, et la politique des crédits, la politique de convergence des compétitivités, peut s’enclencher plus facilement.  Mais il est probable que sa condition préalable soit le départ de F. Hollande et l’élection, en France, d’une équipe capable de lourdes réformes de structure à la tête du pays.

Le paradoxe du moment est qu’on exalte le « nouveau Hollande européen »  au moment où le meilleur service qu’il pourrait rendre à l’Europe serait de démissionner.

Ce qui doit arriver arrive !

Depuis 1997, nous défendons publiquement trois thèses extrêmement claires et précises.

Un système de changes flottants et de liberté totale des mouvements de capitaux entraîne mécaniquement une hausse de la dette globale par le mécanisme de la double pyramide de crédits. Dès que la dette globale dépasse 400%, on est certain que la prochaine grosse crise cyclique fera des dégâts abominables. Ce phénomène s'est vérifié avec le blocage du système interbancaire en 2007 et l'effondrement bancaire général de 2008. Comme l'avait dit Maurice Allais, au milieu des ricanements, "ce qui doit arriver arrive". C'est arrivé.

Un système de monnaie unique sans organes de pilotage et seulement deux règles de droit sur les déficits et l'endettement des états, avec abandon des outils de politique monétaire, est vulnérable. La crise précédente a précipité l'explosion du système. L'affaire grecque était prévisible : on se soigne pas une crise par la déflation et la dépression. Sinon, les peuples deviennent nerveux. "Ce qui doit arriver arrive".

Un Etat capturé par sa haute fonction publique qui cumule le pouvoir administratif et fiscal, le pouvoir politique et le pouvoir bancaire, tout en tenant dans ses mains directement ou indirectement les medias, conduit à la ruine et l'étouffement du citoyen, l'empêchement d'une économie libre et efficace et à la double tare d'un Etat pléthorique, bouffi et incapable, et d'une économie marchande rétrécie, qui survit péniblement au milieu des quolibets serviles d'une caste de cultureux subventionnés et sans vergogne."Ce qui doit arriver arrive".

Au final nous assistons  à la négation de la démocratie et à la formation d'une situation incontrôlable dont plus personne ne sait comment sortir, dans le monde, en Europe et en France. En cet été 2015 comment nier que ces trois analyses soient pertinentes ? Comment ne pas observer que rien ne se passe non plus pour sortir du piège.

L'amas de surplus monétaire accumulé par la Chine a eu pour conséquence dans un premier temps de permettre des achats de précaution qui ont laissé croire que le commerce international était encore vivant. En vérité les échanges internationaux ont baissé en 2014. Baissé ! Pour la première fois depuis la fin de la guerre de 40. Et la bulle de crédits née de cet amas en Chine même a fini par explosé avec comme manifestation première l'effondrement drastique de la bourse de Shangaï.

La reprise américaine est extrêmement molle. Elle est percluse de bulles alimentées par les déficits américains et les politiques de gonflement monétaire de la FED.

L'Europe est entrée dans une de ces phases d'incertitudes qui font le charme d'une organisation bancale et non démocratique, sous-traitant la monnaie et la finance à des experts.

La France est entrée dans le cycle détestable des glissades irrattrapables. La dette s'est gonflée subitement au premier semestre avec une rapidité stupéfiante, alors que "l'alignement des planètes" devait nous sauver. La peur recommence à régner en maîtresse dans l'esprit de tous ceux qui ont des "actifs" et notamment de l'assurance-vie.

Pas un mot dans le monde sur le retour à un système sérieux de politiques commerciales et financières concertées autour d'un système de changes fixes et ajustables. Pas un mot. Le FMI s'est encore une fois ridiculisé à contre-emploi en intervenant là où il ne devait pas le faire. Le résultat sera l'éjection de Mme Lagarde qui croit encore à ses chances électorales présidentielles françaises. L'espoir fait vivre.

En Europe on commence, timidement, à comprendre qu'une zone de monnaie unique sans système de pilotage est une incongruité dangereuse. Jeroen Dijsselbloem et son Eurogroup sont un cache misère sans aucune légitimité ni aucune prise sur rien. Les idées qui sont lancées sont soit la destruction de la zone Euro, soit le renforcement de la dictature bruxelloise, motivées par l'abaissement des Etats,  sous paravent d'un Parlement Européen pseudo démocratique qui a montré sa vacuité lors de la convocation de Psipras,  soit l'émergence d'un couple Franco-allemand, assurant les bonnes options pour l'ensemble de la zone.  Avec une France dans l'état où elle est, bonjour la fantaisie !  La seule vérité est qu'une zone euro doit avoir des institutions spécifiques à la fois techniques et démocratiques et distinctes de la Commission bruxelloise. En résumé, il faut un chancelier de la zone Euro, épaulé par un dispositif représentatif ad hoc assurant la démocratie effective du système.

La France, bouffée jusqu'à la racine par une fiscalité déshonorante pour l'esprit de résistance des Français, voit ses médias faire une place déraisonnable aux thèses du marxiste Picketty, auteur d'un succès de librairie mondial avec une étude qui examine l'assiette du voisin pour conclure que les nouveaux riches sont plus riches que les anciens nouveaux riches, ce qui prouvent que la dette doit être radicalement gommée en leur piquant tout ce qu'ils ont. Plus d'impôts, plus confiscatoires et encore plus ciblés, voilà la solution !  

En un mot aucune des causes de la crise majeure en cours n'est traitée. Au contraire chacune est soigneusement aggravée. Et l'on s'étonne que la crise perdure 8 ans après son déclenchement sans espoir de voir un jour prochain le bout du tunnel.

Ce qui doit arriver arrive. La vrille s'accélère et le sol se rapproche désormais très vite avec un risque de démantèlement complet des circuits économiques normaux.

 

Didier Dufau, pour le Cercle des Economistes e-toile.    

Grèce : Zeus aveugle ceux qu’il veut perdre.

Tout est bancal dans l’affaire grecque.

Première anomalie : que vient faire le président de l’Union Européenne dans toute cette affaire ?  Les traités ne disent rien sur son rôle dans la gestion du surendettement des pays membres.

Seconde anomalie : s’agissant d’un pays de la zone Euro, où des règles existent qui interdisent à un Etat de dépasser 60% d’endettement public et 3% de déficits budgétaires,  règles qui sont  violées par certains membres importants et depuis longtemps,  où sont les instances de régulation spécifiques de la zone Euro ? Cette anomalie explique la première.

Troisième anomalie : que vient faire le FMI dans cette galère ? Il est destiné à aider un pays en manque de devises pour lui permettre de retrouver sa place dans le commerce international.  A l’intérieur de la zone Euro,  il n’a pas réellement de rôle institutionnel.

Quatrième anomalie : les traités interdisent à la BCE d’aider les Etats et la banque centrale est sur-engagée vis-à-vis de la Grèce. Et elle est le principal acteur dans le bras de fer en cours.  Ses émissions de monnaie sans limite permettent à la fois de parer les conséquences d’une sortie de la Grèce et de déclencher une chute successive de dominos, et de menacer de ruiner en un instant les banques grecques.

Du fait de cette création monétaire illimitée, les intervenants dans les médias surjouent inlassablement de l’idée qu’un Grexit ne serait finalement pas important.  Cela ressemble aux communiqués de guerre qui expliquent les défaites par des retraites stratégiques hautement pensées par le commandement, avant la magnifique contre offensive.

En un mot on nous explique que la BCE serait capable de sauver sans difficulté les 98% de la zone Euro en laissant tomber les 2% que représente la Grèce.

Pauvres Grecs qui ne savent plus où ils sont. Ils ont vidés leurs comptes en banque pour sécuriser leur épargne ailleurs. 

Le secteur public grec, organisé autour de familles, de clans, de villages, s’était gobergé d’une façon ridicule ; il s’aperçoit soudain qu’il dépend de l’économie la plus basique. Il a pris le pouvoir politique avec Tsipras. Mais ce dernier ne peut plus le payer. Alors il pense tous à ruiner les créanciers.  Qu’importe la faillite pourvu qu’on ait l’ivresse publique !  Toput rapport avec la situation française ne saurait être qu’une coîncidence !

 Les plus sages des Grecs savent qu’ils ont été trop loin et qu’on les emmène n’importe où.  Quand les bornes sont passées, il n’y a plus de limites.  Tous les talents qui le peuvent partent ou sont partis. Le petit commerce fait le dos rond et attend les touristes en résistant au fisc. Les immigrants clandestins arrivent  en masse.  Les tensions montent.

L’interdiction d’interdire tous les mouvements d’hommes, de marchandises et de capitaux  rend tout incontrôlable. Le non voulu et le non souhaitable l’emportent sans freins. Le gouvernement grec est impuissant.  En plus il a le front bas.  Michel Jobert  prétendait qu’un ministre des affaires étrangères ne choisissant pas ses interlocuteurs, il fallait qu’il s’attende à dialoguer avec de tristes figures . Il devait penser à Tsipras et Varouflakis, petites frappes politiciennes dignes  du Kosovo ou de l’Albanie.

Le plus grotesque est  la prétention de Varouflakis de mettre ses connaissances en théorie des jeux  au service d’un chantage qu’il pense réussir. Il n’a pas compris que ses propos de voyous  n’ont rien à voir avec la théorie des jeux et beaucoup avec la forfanterie  du débile.

 Si la Grèce sort de l’Euro, la zone euro sera réellement menacée. Le Portugal et surtout l’Espagne et la France passeront en première ligne.  Le risque est désormais réel à court terme.  Le projet européen tout entier sera en grand danger d’effilochage généralisé.  La BCE a certainement solidifié le jeu de dominos mais tout cela est tellement hors normes et artificiel  que la solidité à moyen terme est loin d’être acquise.  Oui, Tsipras et ses androïds peuvent nuire sérieusement à la zone Euro.  Mais pas au point qu’un chantage extrémiste puisse réussir.  On est dans la théorie des jeux de c…

Ce n’est pas comme cela qu’il fallait s’y prendre.  La Grèce avait de quoi présenter un solide dossier sur les dommages créés par  l’organisation défectueuse de la zone Euro et les principes ineptes et dangereux de sa conception.  Lui avoir imposé la perte de 25% de son PIB  est à charge de l’Eurozone.  Il lui appartenait de faire valoir cette défaillance et de trouver, en Europe, des soutiens pour un changement radical d’organisation. Le chantage et les postures politiciennes extrêmes n’étaient pas nécessaires.  Rappelons qu’en 2011, il fallait 40 milliards pour « sauver la Grèce ».  Et maintenant la BCE émet plus de 1.000 milliards d’Euros pour sauver l’Eurozone de la Grèce…  La débilité n’est pas qu’à Athènes.

Une occasion de rappeler certains principes :

-  On ne gère pas une zone de monnaie unique entre Etats nominalement souverains avec seulement des règles juridiques malthusiennes. Il faut une instance spécifique de coordination. Un chancelier de la zone Euro.

-  Une banque centrale  ne peut pas être laissée seule à gérer la politique monétaire qui dépend de l’autorité politique. Si cette autorité n’existe pas et si la banque centrale n’a qu’un objectif de stabilité des prix, tout le monde finit par manger son chapeau et violer tous les traités.

-   La liberté  des mouvements de capitaux, de marchandises et de personnes doi toujours être canalisée pendant les périodes de crise.  

-         - Les instances européennes ont été conçues comme des organes hostiles aux Etats.  Elles récoltent désormais la monnaie de leur pièce : des petits Etats mal gérés qui leur sont hostiles et font du chantage. L’hostilité aux Etats finit toujours par tourner à l’hostilité entre les peuples.  Si l’Euro conduit à gérer les crises en effondrant les économies nationales, les peuples n’en voudront plus. 

- Le  schéma rooseveltien puis, plus généralement américain,  d’une Europe de nains  où les anciennes  grandes puissances seraient démantelées et phagocytées dans un ensemble de petits pays affidés, aboutit à une impasse. Surtout quand les nains sont malades.

- Le FMI était là pour aider, en système de changes fixes et révisables par concertation,  les pays en difficulté à rejoindre le peloton sans entrer en récession ouverte.  Il n’a plus aujourd’hui qu’un rôle de technicien de la camisole de force, ridicule et inefficace.  Comme déjà en Argentine.

Le désordre intellectuel associé au n’importe quoi institutionnel, pavé de bons sentiments à l’intérieur et borné par les mauvaises intentions  des autres à l’extérieur,  ne conduit jamais au bonheur des peuples.

Toute la pensée économique depuis 1929 était d’éviter les  dépressions économiques et voilà que la Grèce a perdu 25% de son PIB ! En attendant encore mieux des fronts bas qui dirigent actuellement le pays.

Une horreur ? Oui !  Mais surtout un scandale. On ne peut pas continuer à saccager la prospérité  en se contentant d’expédients gérés par des organisations bancales ou dévoyées, laissant les peuples meurtris à la merci de mesures à l’emporte pièce et de baratineurs enivrés par leur propre nullité. 

Européisme (Juncker)  et gauchardisme (Tsipras)  sont face à face. Deux vides arrogants s'attirent et se répulsent.  Ils sont les deux noms d'un même désastre.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile

« C dans l’air » en apesanteur économique

L’émission d’Yves Calvi est une des rares qui se laissent voir dans le PAF poubelle audimatisé.  Comment a-t-il réussi à obtenir que chaque participant respecte la parole des autres est un mystère. Une émission qui cherche à faire de la lumière plus que de la chaleur est une bénédiction qu’il faut souligner.

L’émission qui nous a intéressés portait sur la croissance revenue avec des intervenants qui hantent les médias depuis longtemps.

Marc Fiorentino n’est pas économiste. Ce qui en soi n’a pas d’importance. Il promène une belle gueule qui passe bien à la télé et bonimente façon Bellemare, ce qui le range dans la catégorie des auteurs sympas « vus à la télé » qui vendent bien dans les supermarchés, même si on peut se passer de lire leurs ouvrages. Ces caractéristiques évitent qu’on s’attache trop à ce qu’il dit. En général il amplifie le bruit de fond avec l’air de celui à qui on ne la fait pas. Si le bruit de fond est raisonnable, cela n’est pas grave. Sinon, il aère les sottises façon ventilateur.  C’est un métier.

Eric Heyer est le très estimable animateur de l’Observatoire Français des Conjonctures Economiques (OFCE), qui publie chaque année une synthèse sur les données économiques française (le dernier : L'économie française 2014 – La découverte). L’OFCE est une excellente initiative de l’institut d’Etudes de Paris. Tout est propre et net dans ses écrits. On y prend bien soin de ne jamais  exprimer une idée contestable ou simplement discutable. Difficile de trouver une erreur dans ce qui est dit. Pas de démagogie non plus. Les évènements sont toujours correctement exposés et décrits. C’est dans l’analyse que cela pèche. Jamais de risque explicatif ! Alors les évènements flottent sans qu’on sache vraiment pourquoi ils se produisent et comment ils s’enchaînent. Ce côté « commentaire propre sur lui », façon Alain Duhamel dans le domaine politique, est un peu la marque de Sciences-Po. On reste toujours sur sa faim.

Nous ne dirons rien de Mathilde Lemoine dont nous n’avons pas lu le livre (Les grandes questions d'économie et de finance internationales. Décoder l'actualité-Mathilde Lemoine Thierry et Philippe Madiès-Ed. De Boeck (2012)).

Nous ne savons rien de Pascal Perri, sinon qu’il a une tête de Ministre des Finances grec.

L’émission passe en revue tous les signes de la reprise avec, comme thèmes principaux, sa réalité, sa solidité et sa capacité à terme de créer de l’emploi. Elle surfe sur la vigueur surprise de la croissance annoncée par l’Insee pour le premier trimestre 2015 : 0.6%. L’Insee avait annoncé dès l’automne 2014 un bon premier trimestre. Mais pas une telle croissance.

La surprise crée l’émotion et stimule la demande d’explication. L’explication banalisée est de justifier la croissance nouvelle par  l’effet de marée de « l’alignement des planètes ». La baisse du pétrole a libéré du pouvoir d’achat. La baisse très forte de l’Euro  a stimulé les exportations. Le taux très bas des emprunts (négatifs parfois) a évité des restrictions budgétaires trop fortes et stimulé les emprunts privés. Les entreprises ont réussi à reconstituer leurs marges.  La reprise nette aux Etats-Unis et au Royaume-Uni a un effet d’entraînement. La hausse de la bourse a créé de l’optimisme.  Etc.

Chacun des intervenants à son tour expose ou commente ces composantes du moment.

Le reportage sur l’Irlande fait valoir certaines opinions : les banques seraient devenues raisonnables : leurs dettes auraient été cantonnées rapidement ;  les efforts budgétaires auraient été payants même si la dette publique s’est envolée ; liée aux économies américaines et anglaises et favorisée par la reprise de ses deux voisins et les avantages fiscaux exorbitants offerts aux multinationales, l’Irlande se serait sortie d’affaires mieux et plus vite que les autres pays européens.

Les commentateurs commentent en fonction de leurs préférences idéologiques mais sur la pointe des pieds.  L’un qui veut des réformes de structure en France souligne qu’elles ont été faites en Irlande. L’autre exonère l’Etat comme source de la crise et incrimine le gonflement de la dette privée dans un pays qui était « le bon élève de l’Europe ».

La reprise sera-t-elle durable ? Chacun souligne la fragilité qui lui tient à cœur. L’un considère qu’il s’agit d’un feu de paille lié à une reprise « mécanique » de la consommation après des années d’abstinence. Mais faute d’une reprise franche de l’investissement, on n’ira pas loin. L’autre souligne que les planètes commencent à se désaligner : baisse de la croissance aux Etats-Unis,  remontée des taux, remontée de l’Euro et remontée du prix du pétrole. Les moteurs de la reprise commencent à crachoter.

Tous s’accordent sur une bonne activité en France pour au moins deux ans avec une accélération progressive en 2016.

Sur l’emploi on retrouve toutes les idées populaires  dans la presse :

-        Ce sont les petits boulots qui reprendront comme aux Etats-Unis, au RU et en Allemagne.  

-        Le manque de compétitivité de la France fera de la reprise de la consommation une aubaine pour les importations pas pour la production française, structurellement désajustée ;

-        La productivité croit plus vite que la croissance ; le progrès n’aura pas le temps de cascader vers les classes populaires.

La France, mauvais élève de l’Europe connaîtra un certain rattrapage mais ne doit pas compter sur une reprise franche et joyeuse.

Dans le fond de l’air grondent quelques méchants orages plus ou moins lointains : la Grèce peut provoquer une crise rapide ; La remontée des taux peut s’avérer tragique pour les marchés financiers ; la sortie du Royaume-Uni de l’Europe  pourrait faire plus mal encore.

Tout cela est le parfait miroir de l’air du temps, ce qui est bien la vocation de « C dans l’air ».

On ressent néanmoins un certain malaise en coupant le poste. Il provient comme d’habitude du caractère pointilliste de tous ces constats  et commentaires. Les évènements sont là et peuvent être expliqués par des éléments à court terme. La vision globale et à long terme manque.

Deux aspects sont presque totalement manquants :

-        La notion de cycle. Tout observateur connait le cycle décennal avec sa phase haute terminale ; Nous sommes dans la phase haute du cycle depuis quelques temps déjà. La vraie question est qu’elle est plus modeste et plus artificielle  à chaque cycle depuis 1971. Savoir si ce sera encore le cas ce coup-ci mériterait des développements un peu plus spécifiques.

-         La notion d’économie baudruche. C’est elle qui explique l’explosion de l’Irlande, qui avait participé à plein à ses mécanismes et c’est la méthode employée pour regonfler la baudruche qui explique aussi la reprise irlandaise qui tient beaucoup à des aspects purement spéculatifs.  C’est elle qui explique la précarité et la lenteur de la reprise.

Si on tient compte de ces deux éléments, l’issue de la période de « haute conjoncture » fait problème. Elle sera nécessairement explosive. L‘alternance connue des crises dures et molles en fin de cycle laisse penser que ce sera une récession boursière forte avec une récession des PIB modérés.  Ce point n’a pas été discuté, même si l’apparition de quelques bulles a été dénoncée.

On comprend que des schémas explicatifs globaux puissent paraître trop théoriques dans ce genre d’émission. D’autant que les pronostics  sont voisins : 2015 et 2016 devraient bien être plutôt meilleurs que les années précédentes.

Mais la question posée est d’être préparé à la fin de cycle car la France n’a plus aucune garde pour y faire face et l’ultime phase de haute conjoncture sera trop faible pour donner des marges de manœuvres. Le calendrier politique, de ce point de vue, est exécrable. Les cadeaux électoraux commencent à s’accumuler. Le dernier : la promesse de revenir sur les petites économies faites au Ministère de la culture  par Manuel Valls  qui ne pensait sans doute pas qu’à faire plaisir à sa musicienne de femme.

Un krach obligataire peut se produire à tout moment. La bourse américaine atteint des sommets qui ont plus à voir avec les 80 mille milliards de dettes américaines qu’à la hausse des profits des entreprises cotées qui, en 2014, sont…en baisse significative, avec des chiffres d’affaires également en baisse !

On a rajouté 57 mille milliards de dettes à la dette mondiale initiale, compensée largement par la baisse des en-cours des banques.

Tout cela reste très artificiel et  tient avec des bouts de ficelle.  

 Personne n’a tenté de dire pourquoi. Personne n’a évoqué les changes flottants et la désorganisation monétaire  mondiale. Seuls les défauts de la gouvernance européenne et française ont été évoqués. Sans approfondir.

La meilleure émission d’information télévisuelle reste dans le commentaire light ex-post. Sans que les experts invités prennent le risque de théoriser un peu profondément les évènements. Résultat ! Personne ne comprend rien et le doute reste fort ; il devient impossible de juger les politiques menées en l’absence de tout cadre méthodologique.

Le téléspectateur est Gros-Jean comme devant, mais il a désormais la température du fond de l’air.  

Note de conjoncture

Que nous soyons dans la phase haute du cycle décennal, nous l'affirmons depuis un moment.  Le schéma conjoncturel se répète de cycle en cycle depuis 1972 avec une belle régularité: crise ; rebond avec contrechoc ; stagnation puis reprise lente et deux à trois ans de folie spéculative.

Ce que nous constatons aussi, c'est que le trend baisse de cycle en cycle, les récessions sont de plus en plus violentes  et les reprises sont de plus en plus lentes et artificielles, surtout dans les pays qui comme la France ont fait le choix de voler radicalement leurs citoyens.

Ce qui se passe ces derniers mois est l'exact reflet de cette analyse. La reprise est née comme d'habitude des Etats-Unis , a percolé vers les pays ouverts, comme la Grande Bretagne et commence à s'étendre.  Mais le rythme de la reprise est très faible, encore plus faible qu'en 2006-2007, dernière phase haute du cycle, et elle extrêmement artificielle.

Il suffit pour s'en convaincre de relever les faits suivants :

- Le Baltic Dry Index est à son plus bas historique. On peut discuter de la pertinence de cet indice, mais on ne peut nier qu'il confirme ce qu'on sait déjà : le commerce international ne tire plus la croissance.  La pseudo activité des dernières années était due à la volonté de la Chine de sécuriser son tas de dollar en achetant des biens "réels". Cela a fait marcher un temps les exportations de quelques fournisseurs de produits agricoles et de matières premières. Et cela s'est arrêté avec la hausse du dollar : plus besoin de précaution pour un petit moment. L'effondrement de tous les cours est due à cette raison majeure à la quelle s'ajoute l'abandon de la spéculation sur les matières premières par les banques d'investissement pour des raisons de supervision étatique américaine. 

- Les entreprises, y compris en France, ont fait le choix de privilégier leurs salariés et leurs actionnaires. Les rachats de titres en bourse  n'ont jamais été aussi hauts, pour doper les cours et faire marcher les stocks options. Les salaires augmentent plus vite que le PIB.  C'est très net en France où la hausse des impôts est telle que plus personne ne souhaite investir. Alors on soigne son pré carré, quand on est assez solide pour résister à la morosité générale.

- Les écarts de prévisions d'un mois sur l'autre montrent bien qu'il est absurde de se battre sur les virgules quand on cite des chiffres.  Une croissance annuelle inférieure à 1% est dans l'épaisseur du trait. Les "vrais" chiffres ne sont connus qu'avec environ deux ans de retard. Le temps de remplacer les estimations par les constats.  La dernière phase de haute conjoncture en France n'avait pas dépassé un taux de croissance de 3.5%. On peut craindre qu'on atteigne pas 2% ce cycle-ci.

- Que la reprise soit artificielle ne peut être nié. La dévaluation massive de l'Euro, de près de 20%, n'aura d'effet durable que si les autres ne dévaluent pas à leur tour. Les Etats-Unis commencent à réagir.  Les inondations monétaires ont des effets pervers, comme de relancer l'économie baudruche.  les taux d'intérêt très bas ne parviennent même pas à stimuler le bâtiment, sinistré en France. Le BTP entre en récession en France.  Quand le bâtiment et le BTP ne vont pas, rien ne va.

- De nombreux pays sont à l'agonie : la Turquie est au bord de la rupture. La Russie est dans les choux. L'Ukraine est morte. Le Maghreb a plus que du mal. Le Brésil ne repart pas.  La reprise au Japon n'est pas au rendez-vous du fait de l'atonie des échanges internationaux. L'économie américaine s'essouffle.Etc.

Le schéma le plus probable est qu'après le sursaut habituel de fin de cycle, les bulles spéculatives  accumulées exploseront à nouveau. Elles sont petites. La crise sera donc relativement faible. Avec probablement un effet important sur les bourses mais peu marqué sur les PIB.

A quelle date ? Entre 2016 et 2018. Il est peu probable que cela craque vraiment en 2015, sauf initiative politique imprévue.  En revanche  Il  va falloir regarder les signes à partir de 2016 !



En finir avec la banque universelle ?

La crise en cours, liée à l'explosion d'une accumulation monstrueuse de dettes déconnectées de la production, pose obligatoirement la question de la réorganisation bancaire. Même si, comme nous le pensons, le système bancaire a servi d'amplificateur d'une création monétaire provoquée par les défauts du système monétaire international, il n'en reste pas moins que le système bancaire est en faillite virtuelle depuis 2006 et ne donne une impression de vitalité que par des injections tellement massives de liquidité qu'elles en deviennent psychédéliques. L'économie baudruche a une composante bancaire extrêmement forte.

La position officielle des institutions internationales et du G.20 est celle des Etats-Unis : le système est parfait. Des vilains se sont mal comportés. On les sanctionne et tout sera pour le mieux dans le meilleur des mondes. On encadre les crédits de façon drastique avec des conditions  en capital de moins en moins tenables et l'amplification cessera. Comme la caution des banques est nationale, on replie  le champs d'action des banques sur le pré-carré national.

La médecine est purement symptomatique.  La cause principale de la crise n'est pas traitée.

L'affaire de la Deutsche Bank est tout à fait symptomatique des conséquences. Comme la BNP et le Crédit agricole en France , l'UBS et le Crédit Suisse, et quelques autres, un peu partout, cette banque a essayé d'être universelle en regroupant tous les métiers.

Aujourd'hui elle est confrontée à la perspective d'une scission du métier de banque d'affaires de ses activités de réseaux  tout en payant une fois de plus des amendes vertigineuses pour avoir participé à des fraudes massives sur le Libor.

La question est intéressante car si on traitait réellement les causes de l'économie baudruche,  l'activité de marché serait réduite de façon drastique.  Le monstre actuel serait réduit à une banque d'affaire restreinte avec, de façon disjointe,  des activités de réseaux peu rentables et sous la crainte des peurs des déposants.  Alors les hésitations sont grandes. Les activités de marchés ayant été totalement relancées par les différents  QE, la tentation est de réaliser des gains majeurs distribués à un petit nombre avec la banque d'affaires et de se débarrasser des tristes activités de banques de dépôts. Vu le faible coût de l'argent, la collecte par les réseaux devient peu rentable et non critique.

Si on se place du point de vue de l'intérêt général, l'enrichissement d'une poignée de dirigeants et de professionnels sur des activités spéculatives de marché n'a strictement aucun intérêt. Si en plus cette activité menace les dépôts et les contribuables, elle est même nocive.

Un autre aspect est la nécessaire augmentation de la productivité des activités de réseau. La renationalisation d es réseaux empêchent des économies d'échelle.  Il ne reste que le renvoi sur le client du travail fait en agence, la suppression du chèque, l'élimination de la monnaie papier, et l'augmentation des tarifs  comme idée de manœuvre. Avec l'idée d'utiliser le parc existant d'agence pour vendre tout et n'importe quoi.  Le réseau cesse d'être une banque pour devenir un système local de services à la personne, dans la sécurité, l'assurance, la communication etc.

Sortir de cette situation suppose le démantèlement des banques universelles,  l'efficacité s'alliant à la morale publique puisqu'une banque universelle  est automatiquement le lieu obligée de conflits d'intérêts insurmontables.  Le Cas de HSBC est de ce point de vue plus que démonstratif. Les autorités britanniques imposent la scission des  métiers. HSBC menace. Mais HCBC n'a plus la main.  

La réforme du secteur bancaire doit se penser dans le développement de banques de métier spécialisées et capables de profiter des sources de productivité liées aux systèmes informatiques et des économies d'échelles liées à l'internationalisation.  

Les catégories de risques et les fonctions de contrôle et de garanties de l'Etat doivent être sériées par métier.

Premier échelon : les banques de paiement : elles ne sont là que pour conserver les dépôts et les faire circuler avec un coût minimum.  Ce sont des sociétés de services. Elles sont rémunérées par le paiement à l'acte avec une tarification soumise à la concurrence. Aux entrepreneurs de savoir s'il faut se "virtualiser" complètement (tout sur le net)  ou mélanger cette activité avec la rentabilisation des agences par de multiples services non bancaires.  Cette activité ne présente pas de risque systémique.  Elle peut s'internationaliser et accompagnera l'ubiquité qui marque l'esprit du temps. Du paiement sur le net à la mobilisation de son cash partout à travers le monde, de nombreuses révolutions techniques sont à inventer et à exploiter.

Ces banques n'ont aucune activité de crédit qui  devient  de la responsabilité des "banques de crédit".  La banque de dépôt traditionnelle est donc divisée en deux métiers différents : la banque de paiement et la banque de crédit.  La banque de crédit travaille uniquement sur argent emprunté. Les particuliers peuvent placer leur réserve en fonds à court terme porteurs d'un risque petit et d'une rémunération peu élevée.  Le profit provient pour la banque de la différence de coût entre l'argent emprunté et de l'argent prêté. Rien que de très classiques. Toutes les structures sont possibles, selon les types de financement.  La surveillance des risques de crédit se fait comme actuellement par les banques centrales.

Toutes les activités de marché sont externalisées vers des banques d'affaires qui, elles,  n'ont aucune couverture de risque publique. Si elles perdent c'est pour les actionnaires et les souscripteurs. Eventuellement pour les banques de crédits qui pourraient leur faire des prêts, si on les y autorise.

Les activités de placements et de gestion de fortune sont  également séparées du reste pour éviter les conflits d'intérêt.

Comment un tel système réagirait-il au maintien des sources d'une économie baudruche ? Les paniques bancaires seraient éliminées. Les dépôts dans les banques de paiements appartiennent au déposant pas à la banque. Si la banque de crédit connait des difficultés, cela touchera ceux qui ont mis de l'argent dans des bons de souscription. S'il y a équilibre entre les durées des bons et des crédits, le système sera plus stable (fin des paniques dues à une trop importante "transformation").  Au pire, les banques centrales refinanceront les banques de crédit si les particuliers thésaurisent dans les banques de paiement les avoirs précédemment placés dans les banques de crédit.  La peur n'est plus chez le déposant mais que le distributeur de crédit.   

Les pertes de la banque d'affaires ne sont plus l'affaire des états.  Qu'elles se débrouillent. !

Si, en plus, on met fin aux sources de l'économie baudruche, c'est-à-dire au flottement général des monnaies et des classes d'actifs, avec interdiction des grands déficits et des grands excédents, on retrouvera une situation saine  où chaque métier aura ses objectifs proches de la création de la valeur ajoutée de production au lieu de ne viser que des augmentations de valeur de spéculation.

Le système sera plus facile à superviser. Il pourra à nouveau s'internationaliser sur des bases claires.

Les échanges internationaux sont à l'heure actuelle à un étiage historiquement bas. Il suffit de voir où en est le Baltic Index pour s'en rendre compte.  

En France depuis le Front populaire puis Pétain, la banque est totalement cartellisée et vit en symbiose avec l'Etat qui lui fournit ses dirigeants, ses règles du jeu favorables et ses garanties. Elle adore le système de la banque universelle.  L'inspection des finances est trop intéressée à ce double jeu entre Etat et Banque pour que des réformes soient possibles. Les banques universelles sont tellement puissantes qu'elles musèlent la presse et le politique.

Une caractéristique nationale malthusienne et centrée sur une micro "élite"  se met une fois de plus en travers des nécessités supérieures.

Il faut mettre fin au système des banques universelles. La législation doit accompagner un mouvement qui de toute façon est inéluctable, comme le montre le dilemme de  la Deutsche Bank ou celui de HSBC.  La banque de papa c'est finie. Et cela doit finir en France.  

Retour vers le futur : 1987 !

Tout le monde l’a oublié. En octobre 1987 un tourbillon monétaire et financier ravagea la finance mondiale.  L’épisode montrait clairement que le système monétaire et financier mis en place par les accords de la Jamaïque conduisait au désastre. L’économie baudruche  connaissait sa première explosion entièrement endogène.

La crise décennale qui avait frappé le monde quelques années auparavant était de mode mineur  par rapport à celle de 74, sauf aux Etats-Unis où Volcker avait décidé de casser l’inflation et sortir de la stagflation.  Avec succès.  L’excès de liquidité restait manifeste globalement avec une poussée de la dette globale mondiale.  Mais les économies avaient commencé à se rétablir sauf en France où la politique désastreuse de Mitterrand avait provoqué le chaos, avant qu’une première reprise en main ait lieu avec Fabius.

La cohabitation théorisée par Balladur et mise en œuvre par Chirac permettait la mise en place d’une stratégie de rupture qui allait marcher du point de vue strictement économique.

Toute ressemblance avec la situation de 2015 n’a rien de fortuite. La folie Hollande des deux premières années a conduit à un revirement à 180° mais pas à une rupture.  La posture est entièrement politicienne.  Et la droite est confrontée à l’obligation de mettre en forme  un programme de rénovation nationale sévère, comme elle l’état en 1986.

En 87, le recul sur le Plan Devaquet de rénovation des universités avait entraîné une resucée de désordres sociaux, façon Mai 68, les syndicats du secteur public tentant d’exploiter la faiblesse du gouvernement.  La cohabitation avait permis à F. Mitterrand de jeter autant d’huile que nécessaire sur les braises.  La situation était à la fois politiquement et socialement fort difficile. Et voilà qu’une crise financière gravissime frappait le monde.

Pourtant, à la réunion du FMI de septembre 1987, l’optimisme est général.

En France,  la politique suivie par Balladur avait permis :

-          De réduire les déficits en dépit de baisses d’impôts importantes comme la suppression de l’IGF (paradoxe pour les étatistes) . Le budget de 87 faisait apparaître un gain de 10 milliards de Francs par rapport aux prévisions !

-          De rétablir largement la compétitivité (par une dévaluation)

-          De relancer l’investissement qui croissait désormais plus vite  en France que chez ses voisins

-          De réduire l’inflation grâce à la suppression du contrôle des prix (nouveau paradoxe apparent pour les étatistes qui pensaient qu’ils allaient s’envoler).

-          De relancer le dynamisme de nombreux secteurs grâce aux dénationalisations.

La rupture avec le socialisme semblait bien marcher.

En même temps, Edouard Balladur constatait l’étroitesse de ses marges de manœuvres :

«  Nous ne pouvions relancer l’économie sous peine de creuser les déficits de toute nature et de mettre en péril la monnaie ; nous ne pouvions diminuer la demande intérieure pour stimuler les exportations, sous peine de ralentir la croissance  et d’aggraver le chômage ».  

En régime de changes flottants avec liberté absolue des mouvements de capitaux, les relances se heurtent immédiatement à une crise financière et budgétaire qui impose de se mettre debout sur les freins. L’expérience de 1974 avait été retenue.

La politique de libéralisation et de retour à la confiance permettait néanmoins de progresser.

C’est là qu’il est intéressant de relire Edouard Balladur  (Passion et longueur de temps chez Fayard -1989).

« Les partenaires de la France ne voulaient pas prendre au sérieux les dangers de la situation monétaire ; dès le début septembre, les taux d’intérêt avaient augmenté aux Etats-Unis comme en Allemagne. Cela risquait de détruite le fragile équilibre né des accords du Louvres conclus six mois plus tôt.  A Washington l’Allemagne refusa de s’engager à baisser ses taux, et les Américains à qui revenait la présidence de séance, firent en sorte que la question ne fut que brièvement évoquée, comme si elle avait été réglée directement entre les Allemands et eux. Constatant la vanité de mes efforts pour faire entrer dans les faits la concertation internationale décidée au Louvre, je déclarai à mes collègues qui si le Japon et l’Allemagne ne renonçaient pas à augmenter leurs taux d’intérêt, nos accords risquaient de voler en éclats. Je n’eus aucun succès ».

On peut déjà tirer deux conclusions :

-          Dans un système global de changes flottants qui est structurellement fondé sur la non coopération, tous les accords multilatéraux sont des farces qui ne résistent pas à la volonté de confrontation des intérêts nationaux chez les pays forts.  Le G.20 est aujourd’hui exactement  la confirmation de ce fait. Les conférences annoncées à grand fracas comme démontrant la coopération de tous sont au mieux des alibis. Le plus souvent des tromperies.  

-          La France, si elle est seule, est incapable de faire entendre sa voix. Le "programme commun de gouvernement" avait fait perdre à la France tout crédit. Même si tout le monde se félicitait du nouveau cours des choses, la réputation et l’influence de la France avaient été durablement ratiboisées.

L’annonce, le 15 octobre 87, d’un déficit extérieur américain en forte hausse  provoqua une hausse des taux d’intérêt aux Etats-Unis et la baisse brutale  corrélative de la bourse (100 points  en une seule journée, le 16 octobre).  Le Secrétaire d’Etat au trésor américain commença à invectiver l’Allemagne menaçant de ne plus appliquer les Accords du Louvre.   Le climat s’alourdit à tel point que la bourse perdit 10% à Londres, 7% à Francfort et 5% à Paris. Le 19 octobre Wall Street perd 22.6% en une séance, Tokyo 14.6%, 24% à Paris, 31% à Francfort et 20.3 à Londres.

Pire que le Vendredi noir qui avait ouvert la grande dépression de 1929.

Edouard Balladur commente : « Dans les affaires économiques et monétaires du monde, la France compte peu parce qu’elle s’est laissée aller trop longtemps. Elle aurait la possibilité de faire aussi bien que l’Allemagne, de peser le même poids. Elle en a les moyens. Rien ne justifie d’avantage à mes yeux l’effort de renforcement économique de notre pays : il y va de son audience internationale, de son avenir même ».

Les  inepties économiques de F. Hollande aujourd'hui ont justement cette conséquence : nous sommes un pays ridiculisé et incapable de parler haut dans le monde, même lorsque nous avons des arguments forts à faire valoir. 

« La France n’avait aucune responsabilité dans la crise alors qu’elle en subissait durement les conséquences ».  On retrouvera exactement cette même situation en 2008.

E. Balladur continue : « Il fallait désormais s’attacher à créer un véritable système monétaire international, avec ses automatismes, ses sanctions s’imposant à la volonté des Etats».

Il écrit ce que nous nous égosillons à dire sur ce blog depuis des lustres.  Contrairement à ce que beaucoup croit, les grands politiques ont été capables de voir et d’anticiper les réformes profondes à faire du système monétaire international.    Aujourd’hui ce n’est plus le cas. La nullité et l’inconscience règnent aussi bien du côté socialiste que du côté de la droite.  

Depuis  que ce blog est ouvert, nous essayons de mettre les faits de notre côté, en espérant un effet pédagogique de la crise. « Les faits sont les meilleurs éducateurs » affirme lui aussi Edouard Balladur.

On peut craindre qu’il ne soit, comme nous,  un peu optimiste.  « Je crois que nous vivons dans un monde  où l’idée que les monnaies doivent avoir entre elles des parités aussi stables que possible n’est toujours pas acceptée ».  Cette faillite intellectuelle est toujours là.  Le retour à un vrai système monétaire international  est partout un « non sujet ».

On a choisi, en 1987, le secret d’accords cachés entre banquiers centraux et gouvernement pour sortir du coup de chaud boursier. Mais sans analyse des causes. Les mesures prises seront une inondation monétaire qui, renforcera l’économie baudruche et permettra de faire gonfler les valeurs boursières.

Une fois encore, tout rapport avec la situation actuelle ne saurait être que fortuite...

« Cela montre l’infirmité  du système monétaire dans lequel nous vivons : il n’évite un mal que pour tomber dans un autre ».

A part Maurice Allais aucun économiste n’a tenté de donner du corps théorique à ce constat indiscutable.

En 1992 se déclarait la crise périodique décennale, variante dure, qui toucha durement l’Europe et la France en 1993. L’explosion de la baudruche monétaire n’avait pas été plus prévue alors qu’elle devenait évidente.

Les économistes anglo-saxons mirent le coup de chaud boursier sur le compte des ordinateurs, et la crise de 92 sur le dos de la guerre du Golfe. Evacuer les crises pour qu’elles ne passent que pour des effets « exogènes » a été le leitmotiv des économistes, des politiques et des journalistes. Seul Maurice Allais relèvera le flambeau à pas d’âge. Et il sera moqué puis vilipendé.

Ce que montre la situation actuelle, c’est que rien n’a réellement changé depuis 1987.

Nous avons vécu la crise du dollar de 1998, appelée faussement mais opportunément « crise des pays émergents et des cronies », ajoutant l’odieux au ridicule, suivi par la crise périodique « douce » du début des années 2000, corrigée à l’aide d’un gonflement de l’économie baudruche jamais vu.   

Puis à nouveau une crise financière liée à l’explosion d’une montagne de dettes,  précédant un écroulement économique d’ampleur historique.

Et les sots croient toujours que la reprise est là, l’incident clos et la nécessité de réformer le système monétaire  international  peu évidente.

Revenir à 1987 est bien un retour vers le futur.

Les Etats-Unis, L’Allemagne et, désormais, le Japon et la Chine, sont toujours dans une perspective de guerres des monnaies, quoi qu’il en coûte au monde et à eux-mêmes. 

La France, elle, s’est ridiculisée un peu plus avec le drame de la gestion purement électoraliste et politicienne du Président Hollande.  Ce n’est pas les deux heures de spectacle politicien lamentable qu’il vient de donner sur Canal + qui rassureront.

En se lançant à nouveau dans l’achat de vote le plus grossier, il a démontré l’abaissement, on peut le craindre, définitif du niveau politique en France.

La France ne peut même plus tenir de discours sur les grandes questions économiques du monde.

Mitterrand avait été un pourrisseur. Ses inconséquences, son narcissisme et son cynisme économique,  ajoutés à sa fuite en avant européenne, ont, d’une part, stoppé définitivement  le rattrapage du niveau de vie américain par les Français et, d'autre part, leur a fait perdre tous moyens d’action sur leur destin. Hollande n’est qu’un continuateur.

Les Français n’ont aucune idée de l’ampleur de ce qu’il faudrait faire pour sortir de ce piège mortel.

Il est vrai que le climat général est en France à l’optimise béat : il fait beau ! Un si joli ciel  bleu ne saurait annoncer des tourmentes. 

Pendant la montée des périls, François Hollande croit qu’il a toutes ses chances aux prochaines élections présidentielles et la droite discute d’un nouveau nom du parti leader de l’opposition.

L’histoire sera sévère !

Mixité, Parité, Gratuité : attention danger !

Chaque époque a ses fantaisies idéologiques. Jusqu'à récemment, les mots sacrés se terminaient en "isme" : socialisme, communiste, maoïsme, trotskisme, polpotisme, castrisme, chavisme, fascisme, national-socialisme. Il ne reste plus guère qu'islamisme pour qualifier une idéologie mobilisant sur la haine de l'autre et le sentiment, pour les adeptes, d'être dans le camp du bien et justifié de faire du tort à l'humanité toute entière.

Foin de cette brutalité ! Nous entrons dans l'ère du terrorisme doux. Il s'agit toujours d'obtenir quelque chose "des autres" vus comme des malsains attardés, mais Big Brother connait les manières. La terminaison en "té" était bienvenue.  Mixité, parité et gratuité sont devenus des éléments constitutifs d'un bien collectif irréprochable et qu'il serait malvenu de contester.

Malgré le culte révérencieux réservé à ces trois idoles, considérées comme sacrées, fondatrices du "vivre ensemble" et porteuses d'un devoir d'applaudissement presque mécanique, il faut rappeler que ces concepts sont extrêmement dangereux pour la démocratie et surtout l'économie qui nous préoccupe ici.

Les mots sont en eux-mêmes dangereux parce qu'ils sont détournés de leur vrai sens.  

Il n'y a pas de gratuité mais un paiement par la collectivité, ce qui est tout de même assez différent.

La parité est synonyme d'égalité (parus veut dire égal en latin). L'arithmétique divise les nombres entre pairs (divisibles par 2)  et impairs. L'économie dispose que la parité est le rapport de changes de deux devises. Les philosophes classiques affirmaient : "il n'y a aucune parité entre les hommes". Les critères de parité sont tellement nombreux qu'installer une parité générale multi-critères n'auraient aucun sens. Parité de genre, parité de race, parité de religion, parité de taille, parité de fortune, parité de nationalité, … On peut créer des milliers de binômes : Français et étranger, blanc et non blanc, pauvre et riche, homme et femme, etc.

La seule institution qui était fondée sur une parité obligatoire était le mariage qui imposait que le couple fut formé d'un homme et d'une femme. Cette parité a été détruite. Va-t-on parler d'un mariage binomial pour restaurer les anciennes règles ? Cette contradiction est un mauvais signe.

On a créé de toute pièce un concept de parité vue comme une égalité de résultat et non pas de droit entre homme et femme. Toujours ce vieux conflit entre "droit de" et "droit à" ! On a remplacé l'élu par le duo d'élus pour imposer une représentation mathématiquement égale dans les assemblées départementales. La femme et l'homme n'était plus simplement égaux en droit de se présenter mais en droit de revendiquer d'être en nombre égal dans les assemblées sans que l'électeur puisse intervenir dans ce choix. Certains veulent pousser la chose dans les régionales, les législatives, les européennes. Une élection n'aurait de valeur que si le résultat était la parité absolue de représentation des deux sexes. Là encore, pourquoi pas l'égalité mathématique dans la représentation des races, des couleurs de peau, des religions, des conditions sociales ? L'élection ne devient plus un choix politique mais une imagerie à plusieurs dimensions.

La mixité veut dire en latin mélange. En dehors de la salade mixte, le mot signifiait généralement qu'hommes et femmes n'étaient pas séparés dans certaines occasions de vie. L'école mixe, le sauna mixte, la gymnastique mixte, les camps de naturisme mixtes, telles étaient les expressions qui avaient du sens. Les nombres mixtes en arithmétique sont formés d'entiers et de fractions. Les mariages mixtes ne signifiaient pas qu'on mariait un homme et une femme, mais des conjoints ayant des religions différentes. Bref on emploie aujourd'hui le mot mixité dans un sens très différent : l'obligation pour les favorisés et les défavorisés de partager le même lieu de vie, les premiers payant  aux seconds le droit à l'égalité d'appartement, à l'égalité d'immeubles, à l'égalité de rue, à l'égalité de quartier et à l'égalité de ville.

Dans l'ancien régime, disons avant 1968, la société organisait des distinctions. L'homme et la femme avaient des rôles différents dans la société et dans le ménage. L'idée était qu'il fallait protéger l'enfant en assurant la protection familiale. On séparait les adolescents des adolescentes dans les institutions d'enseignement pour des raisons qui paraissaient évidentes : le redoutable effet sur les études  de l'effervescence sexuelle de ces années là et la dissipation qu'elle stimule. Le national n'était pas l'étranger. Le bourgeois n'était pas le prolétaire. L'homme bien habillé ne se mélangeait pas au vulgaire. Il y avait des escaliers de service pour éviter de mélanger les torchons et les serviettes. Les beaux quartiers marquaient une distinction, et l'hôtel particulier faisait la nique à l'appartement.

On a voulu culpabiliser (bientôt criminaliser ?) ces distinctions. Tout le monde il est beau, il est gentil, mixte et pair. La société n'a rien à dire aux individus, mais l'Etat si. Et les individus sont priés d'être conformes aux nouveaux dogmes.

La femme n'a pas de sentiment maternel !  Cette idée imposée par le mâle dominant à été "déconstruite". A lui de "torcher les gosses" et d'assister aux accouchements, avec la honte en plus de ne pas avoir à supporter les douleurs et les dangers de l'accouchement. Culpabilité quand tu nous tiens. Homme tu ne seras pas une femme comme les autres mais la femme doit être un homme comme les autres.  

Assez spontanément, les chinois qui émigrent tendent à se regrouper dans des quartiers où ils retrouvent des congénères. Ce fut vrai partout aux Etats Unis ou à Paris aujourd'hui. Personne n'y voyait mal. Juste un peu d'exotisme. Le quartier du sentier à Paris rassemblait les familles juives en grand nombre, sans que personne n'y trouve à redire. Les Bretons s'installaient à Montparnasse et ouvraient des crêperies. Pourquoi pas ? La mixité des origines nationales, provinciales ou raciales n'étaient pas un objectif. Le marais aujourd'hui concentre la gens homosexuelle sans qu'on y trouve à redire. Le quartier latin attirait les professeurs. La bohème aimait Montparnasse et Montmartre.

La mixité sociale du passé, souvent allégué comme un retour au paradis perdu, est un mythe total. Il y avait à Paris le plus souvent trois cours. La partie sur rue était considérée comme la seule digne et elle avait son étage noble. On ne se mélangeait pas avec la seconde cour et encore moins avec la troisième. A l'intérieur même des parties bourgeoises on séparait les escaliers pour justement rappeler chacun aux nécessaires distinctions. Et on mettait "abonné au gaz" sur sa carte de visite  et même à l'entrée noble de l'immeuble quand on logeait sur la rue. Les autres étaient à la lampe à huile ou à la chandelle.

C'était vrai à Paris et encore plus en province. Il aura fallu la guerre de 14 pour que l'avoué de Beaune consentit à serrer la main du fils du tonnelier qui travaillait dans son arrière cour. Il est vrai qu'il était alité dans la même chambre d'hôpital que son fils, blessés l'un et l'autre dès les premiers jours de la guerre. Ce fut vécu comme un évènement inouï par tous les présents. Et ne résista pas à la fin des hostilités.

A la campagne c'était bien pire (tout est toujours bien pire à la campagne !).  L'ouvrier agricole couchait dans le foin dans la grange et se lavait au puits (quand la patronne était exigeante). Et on ne cherchait pas la parité et la mixité dans le foin que dans des cas particuliers sur lesquels nous ne nous étendrons pas.

Aujourd'hui on a voulu évincer ces attitudes qui ne sont ni "cool" ni conformes à l'égalité et la fraternité inscrites sur nos frontons.

On veut donc régenter les mœurs, comme l'Eglise naguère. Et forcer les natures. Quand on viole les réactions intimes des gens, les effets pervers suivent toujours.

Nous avons déjà ici dénoncé les danger de la fausse gratuité. Elle se traduit TOUJOURS par la mise sous tutelle des producteurs, la surveillance des consommateurs et la ruine générale. La gratuité du pain castriste était un merveilleux exemple. Le pain gratuit fut immédiatement donné aux cochons. L'état se trouva rapidement dans l'impossibilité de subventionner le gâchis. On fusilla quelques paysans qui "cachaient les grains". On surveilla et rationna la consommation de pain. Finalement le système fut heureusement abandonné. Toute l'histoire soviétique est nourrie d'histoires comme cela. Le système n'arrivera jamais à nourrir sa population.  

Notre système de sécurité sociale est ce qui se rapproche le plus d'un système soviétique. Il devient impossible de se soigner dans certains coins de France. Les délais pour avoir un rendez-vous ou pour fixer une opération deviennent déments. On recrute des "producteurs" étrangers à bas coûts en espérant réduire les déficits. On commence à être coercitifs vis-à-vis des malades. Et le système est ruineux et ruiné. 

On veut assurer la quasi gratuité de la "culture". La recette  payée devient ridicule par rapport aux coûts engagés. Le système devient ruineux pour tout le monde. Nous n'avons plus d'artistes mais des intermittents du spectacle, plus de peintres mais des subventionnés des Frac, plus de créateurs, mais des chercheurs musicaux qui ne trouvent pas grand chose. Gratuité implique bureaucratisation, fausses gloires et vrais impôts.  

La ruine financière n'est pas le seul effet pervers de cette volonté de rendre les gens bons et conformes.

On constate aussi une perte de sens. La parité implique un choix quantitatif là où le qualitatif règne en maître. Il n'y a qu'un chef. Un binôme paritaire de direction construit sur une base sexuelle n'a aucun sens dans la théorie des organisations. Pas plus que n'aurait un oukase exigeant une parité sur la race, la religion  et la couleur de peau. On voit bien que si on croise les critères de parité alors le système devient inextricable. Comment imposer une parité homme/femme, blanc/non blanc, Catholique/Non catholique, dans un conseil d'administration ?

Et surtout pourquoi ? Certains institutions doivent être représentatives, certes, mais la plupart ont un rôle opérationnel. On ne voit pas pourquoi le genre, la race, la couleur de peau ou la religion auraient la moindre pertinence.  

Reste la fraternité ! Croire que financer à très grands frais des logements pour les immigrés pauvres dans les quartiers les plus huppés des villes  entraîne la fraternité est une de ces idioties qui laissent toujours pantois. Le voisin qui, à force de travail et réussite, a réussi à y loger au prix d'impositions meurtrières est-il ébahi de bonheur fraternel quand il voit débarquer sur ses impôts une population allogène qui représente pour lui une régression vers les pires moments du XIXème siècle ?  Le Kosovar ruiné par le régime pourri et violent qui règne là-bas attend-il vraiment d'être logé rue du Dragon ?  Symbole et provocation ne sont pas des solutions.

Lorsque la Ville de Paris a décidé de faire cohabiter sur le même palier le clochard irrécupérable à 4 Euros le m2 par mois  et la jeune secrétaire à 24 Euros, il a rendu folle la secrétaire sans rien changer de la condition du clodo qui jette ses poubelles par la fenêtre et vomit dans l'escalier. Sans parler des odeurs comme disait Chirac. Croire que la fraternité va naître de l'insertion des Anneaux de Bicêtre au sein des quartiers bobos ou du triangle d'or parisien est parfaitement grotesque. On sait qu'il s'agit à Paris simplement de créer une "majorité sociologique" pour le PS. Tout cela a un prix. Les nouveaux programmes sont grevés du coût du pourcentage de logement social imposé. Les acheteurs subissent une double peine : un mauvais voisinage et des frais supplémentaires.

Les Français qui ne voulaient pas vivre dans des banlieues devenues dangereuses et peuplées de populations sans rapport avec la population d'origine est partie dans le périurbain. Dans tous les systèmes politiques violents, les gens votent avec leurs pieds. Les Juifs de Sarcelles, harcelés par les arabes nouvellement installés et devenus majoritaires fuient, parfois jusqu'en Israël.

Croire qu'en mettant les contraires dans une même bassine tout le monde va devenir libre, égal et fraternel est, au mieux, une fantaisie.

La gratuité devient rapidement ruineuse, la parité oiseuse et la mixité haineuse. Mieux vaut la patience et la prudence sociale et économique que des règlementations nourries de force et de rage.  Les plafonds de verre ne se soulèvent pas par la violence politique et règlementaire. Quand on les brusque ce ne sont pas eux qui cassent.

Les postes de direction doivent être dotés des meilleurs dirigeants possibles. Le sexe, les origines, la race ou les religions n'ont rien à faire dans ce choix. Les postes politiques doivent refléter l'opinion des citoyens. On choisit des personnes en lesquelles on a une (relative) confiance. Le sexe, la race, la religion peuvent entrer en jeu sur une base individuelle. Mais pas collective et encore moins coercitive.

Croit-on qu'une entreprise serait mieux gérée parce que la loi imposerait qu'on vote pour une équipe binomiale homme-femme ? Et quel serait le coût à moyen terme si on le faisait ?

Là où la compétence (c'est-à-dire la capacité de réussir et de gagner) est indispensable, la décision ne doit pas être perturbée par des considérations accessoires et sans pertinence.  

Là où des coûts sont engagés, il faut rapprocher le plus possible le payeur et le bénéficiaire. Sinon le bénéficiaire qui ne paie pas ruine celui qui paie et/ou le producteur, et le système s'effondre de lui-même.

Gratuité, parité, mixité,  signifient en fait : paiement par les autres, égalité mathématique forcée et mélange obligatoire, le tout imposé par l'Etat sur la base de son monopole de la violence. Le fait d'avoir mis en avant un vocabulaire obscur ou trompeur, détourné de son usage, montre bien que les promoteurs de ces idées ne jouent pas franc jeu. Ces trois objectifs ne sont l'avenir ni de la démocratie ni d'une économie efficace et prospère.

Faut-il le leur dire en vers ?

Ce 21 mars 2015 est la journée mondiale de la poésie. Ils ne veulent pas comprendre en prose. Présentons en alexandrins. La poésie n'est pas faite pour le sentiment mais la compréhension et la persuasion, avant l'action.

 

 

L’Euro vacille un peu. Certains le voient mort-né.  

La révolte vous plait, peuples abandonnés

Aux caprices bancaires, aux produits frelatés,

Aux Etats démagogues jusqu’au cou endettés.

Pourquoi doit-on garder un ouvrage imparfait,

Qui gonfle le chômage, cet immense forfait ?

Les pères de l’Euro, ont-ils voulu cela ?

Non ! Disent-ils. Jamais. La paix nous appela.

Deux guerres abominables  acharnées à détruire,

Laissèrent à la fin une Europe à construire.

L’unification passait par  la monnaie.

L’Euro est nécessaire, comme l’a dit Monnet.

Pourquoi  avoir conçu cette étrange machine

Qui étouffe les hommes et leur brise l’échine ?

Jamais ils n’ont voulu un Euro orphelin !

Une monnaie se pilote. Il n’est pas très malin

De croire qu’il suffit pour la faire régner,

De règles ridicules si faciles à renier.

En mettant la charrue sur le devant des bœufs

Elles furent piétinée, faisons ici l’aveu.  

Avions-nous le choix ? Il fallait avancer.

L’Europe était bloquée. Il fallait la pousser.

Il faut couper les roses quand elles ont des épines

Nous n’étions pas guidés par l’esprit de rapines.

Nous savions les risques.  Mais aussi notre force,

Nos vouloirs, nos avoirs qu’il fallait qu’on renforce.

Lancer le mouvement, éviter le blocage,

N’impliquait nullement  l’économique outrage

Un système bancal peut-être corrigé.

 Doit-on dès le départ,  l’absolu exiger ?

Faut-il charger l’Euro des défauts politiques

Qui créèrent des dettes de façon endémique ?

Ce n’est pas en Europe que la crise naquit,

De bulles financières et de biens mal acquis.

Pour armer le dollar, on fit flotter les changes

La spéculation supplanta  les échanges.

 D’immenses déficits, et de gras excédents

Provoquèrent aussitôt d’énormes accidents. 

Artificielles bulles, finances faisandées,

Laissèrent indifférent un FMI guindé.

Se gonfla bientôt une énorme baudruche

Qui explosa soudain au centre de la ruche.

Il fallut en urgence l’Euro rapetasser.

La Grèce avait menti et follement dépensé.

Les pertes étaient partout. Surtout  chez les Français.

Ils crurent se sauver en votant pour Hollande.

Le pays aussitôt redonna de la bande.

Le malin annonça : « la crise est surmontée ».

Le chômage explosa. Nous fûmes   surendettés.

On fit de quelques sots un faux  gouvernement

Qui jura d’aggraver tous les prélèvements.

Il le fit sans vergogne, pour ruiner le bourgeois.

Dressant des piloris, insultant dans la joie,

Acteurs reconnus et chefs d’entreprises.

Il fallut supporter l’ivresse de la prise.

On crut bon d’accorder aux futurs chômeurs

De quoi se soulager de leur forte rancœur.

Rien ne fut réformé. On laissa tout filer.

On régla des ministres le triste défilé.

Ayrault sombra. Valls suivit. Les déficits aussi.

On cria aussitôt : « social-démocratie » !

La France encalminée n’en fut guère éblouie.

Des mots empoisonnés, elle protégeait son ouïe

Le président sombra dans un profond mépris

Quand avec sa maîtresse il fut,  au lit, surpris.

Il fallut un grand crime pour qu’enfin, un instant,

Le peuple de réveille, se montre en résistant,

Et fasse d’un ridicule enfin un président,

Et non le ricaneur qui parlait des sans dents. 

Les Grecs avaient menti pour rejoindre une zone

Qui n’était pas trop faite pour aider les Evzones.

Ils s’étaient gobergés au mépris des traités.

Ils se virent assez vite plus que surendettés.

Et voilà qu’ils votaient  pour de vrais démagos

Qui voyaient en Merkel  un énorme magot.

On découvre à nouveau que des Etats épars

Ne peuvent partager  sans de solides espars

Une monnaie commune, des dettes entrelacées.

Une banque centrale, cela n’est pas assez,

Moins encore un traité et des  règles de droit.

Une monnaie se pilote. Nous l’avons dit je crois.

Il faut un Chancelier,  et tous les instruments

Qui parent  au jour le jour,  les risques, les tourments,

Qui naissent au dehors ou frappent du dedans.

Soyons organisés  sans être outrecuidants

Vis-à-vis de pays  qui aiment depuis longtemps

La vie démocratique et qu’on prenne le temps

D’informer les esprits, de respecter les âmes

Sans chercher le secours de  manœuvres infâmes.

Bien sûr, on peut encore l’Euro abandonner,

A tous les démagogues,  notre Europe donner. 

Et remettre à jamais les chances de l’Union

Jetée au grand fossé, pelée comme un ognon.

L’Euro avait besoin d’une France exemplaire,

D’un nœud  franco allemand devenu statutaire,

Revendiquant du monde des changes pacifiés

Et des pays du sud des comptes à qui se fier.

La France déclassée, comptant sur Syrisa,

Pour ruiner la rigueur. Vraiment est-ce que c’est çà

Qu’un président normal doit offrir aux Français ?

Est-ce bien la rigueur que l’on doit dénoncer ?

Un pays malheureux  de tant d’incohérence,

Et qui voit en Hollande une triste malchance 

Doute de l’avenir  entre chaos social,

Impôts, assassinats, échec commercial.

Tous les Européens s’enferment dans la peur.

Dans les tréfonds bouillonnent des zestes de fureur.

Pour les  esprits chagrins changer devient détruire.

Alors qu’il faudrait  achever  de construire.

L’Euro est en danger. Faut-il fêter la mort,

D’une idée généreuse  mais qui a de grands torts ?

« Le savoir à la fin dissipant l’ignorance

Fit voir  de ce projet  la dévote imprudence. »

Les mots de Bossuet,  serviront de linceul,

Il sait comment parler au plus près d’un cercueil.

Podemos,  Syrisa, ce sont eux les dévots

Qui parlent aux citoyens, comme on traite des veaux.

Le savoir, en monnaie, n’est pas trop établi.

Il se forme en marchant et non à l’établi.

La voie la plus facile est trop souvent indigne.

L’échec en bout du compte en est souvent le signe.

Innovons, progressons, sur la ligne de faîte.

Un Euro bien géré  jamais ne sera fête.

Produire est la richesse et non pas la monnaie.

Décroitre n’est pas  là où il faut nous mener.

Que la France, un jour,  se donne le projet

De ne plus cultiver  le plaisir des rejets,

Des haines débordantes,  de la cupidité,

En espérant de l’autre  ses propres satiétés.

Socialisme fat, frontistes encouragés

Sont la mort d’un pays,  par le fisc égorgé.

De ces tristes sottises, éloignons-nous sans trêve.

Ne croyons pas non plus à la force des grèves.

Intelligence extrême et énergie féroce

Sont le seul moyen de doper le négoce

Qui nous fera sortir  des sinistres impasses

Où un peuple détruit  se dissout et trépasse.

La France doit tenir  et son rang et son rôle.

Il faut un président. Pas seulement un drôle.

Redonnons aux Français  toutes les libertés

Qui font qu’on entreprend. C’est la propriété

Garantie  par l’Etat, qui fait que l’on prospère.

C’est le libre contrat   qui fait que l’on espère,

Monnayer ses talents, son cerveau  et ses mains.

Non l’impôt ou la dette, vecteurs de lendemains

Qui déchantent toujours. Des voisins l’assiette

Parait toujours garnie.  L’Etat goulu l’émiette

Au profit de personne.  Voler le possédant

Suppose qu’il existe.  Egaux entre sans dents

Comme les soviétiques,  tel serait l’accident

Qui ruinerait la France  et ferait des Français

Un peuple enfin soumis,  abattu, défoncé

Sans aucune importance, avili et moqué,

Proie enfin désarmée de sinistres roquets.

Nous devons  à la fin  devenir exemplaires

Et aux règles voulues par les traités  complaire.

Notre passé oblige.  Et aussi le futur.  

En redressant nos comptes,  en réglant nos factures.

En cessant de laisser  à nos petits enfants

Le souci de payer un Etat éléphant,

D’excessives retraites,  des soins extravagants,

Des  créances abusives que l’on croit élégant

De payer sans limite, à quiconque présente

Une gamelle à remplir,  une dette indécente,

Dont aucun résident  que l’on compte en la France

N’a jamais ni voulu ni connu l’existence.

Ce n’est pas en criant : « vive la république ! »

Ni en intoxiquant  les medias publiques,

De théories morbides  accusant les Français

Tous les jours accusés, tous les jours dénoncés,

D’être les plus hostiles, aux plus pauvres des Roms,

Aux autres étrangers, à la Mecque et à Rome.

« Vénère le sang noir, dont tu fis des esclaves,

Même s’il  t’injurie au sein de ton enclave. » .

« Vénère enfin l’Arabe,  par toi colonisé.

Même s’il t’assassine et veut t’islamiser ».

Tu te croyais chez toi et avoir quelques droits,

A choisir tes voisins et  mêmes les endroits

Où tu  souhaites vivre sans jamais t’exciter

A l’idée de subir l’étrange  « mixité »

Qu’un Valls  halluciné prétend  nous imposer

Contre la volonté, de tous ceux des Français

Qui ont fui la banlieue pour un périurbain

Vierge de délinquance,  et loin des  maghrébins,

Qui saignent les moutons pour fêter un  prophète

Dont ils veulent cacher et les traits et la tête.

« Français tu es un « beauf », un vrai antisémite,

Complice des nazis,  un tueur d’annamites,

Qui a tué sans vergogne, les arabes rétifs,

Révoltés, insurgés dans les rues de Sétif.

Ces fautes impardonnables  te condamnent à jamais ».

Veux-tu vraiment céder, à l’éternelle armée

De tous les quémandeurs  qui au nom de leur vice,

Veulent mettre ton argent à leur seul service.

Un instant on a cru, dimanche en janvier

Que la France éternelle n’avait plus à envier

Les nations solides qui savent imposer

Ce qu’ils sont aux entrants,  et peuvent maitriser

La pression de ceux  qui abusent de l’Etat

Pour  imposer leur loi, leurs abus, leur état.

A tous ceux qui travaillent et font  continument

Des efforts  très nombreux  pour que normalement,

La vie qu’ils se construisent, au bout de leur travail

En dépit des impôts  et des lâches  trouvailles

Qu’un Etat excessif,  gras et ventripotent

Croit devoir imposer pour se voir important,

Il faut maintenant dire : C’est assez ! C’est assez !

Les chaînes qui vous lient, peuvent être cassées.

Ce président minable dont la désinvolture

Mène la République vers des aventures

N’en a plus pour longtemps.  On saura le chasser.

Il faut encore deux ans le laisser jacasser.

Mais il faut travailler à construire un futur

A donner à la France  sa place et sa stature.  

Le monde est abîmé ; l’Europe encalminée.

Tout pourra se changer si la France renait.

C’est à elle de montrer, qu’on peut par la vertu

Réduire  le chômage,  les dettes qui non tuent,

Ressouder les Etats  d’une Europe éclatée

Autour d’une croissance  qu’elle devra mériter

Et convaincre à la fin,  que les changes flottants

Créent partout des dommages qui nuisent tout le temps,

Aux Etats, au commerce,  aux hommes d’entreprises

Et génèrent des dettes  qui mettent sous emprise

Mondialisation, coopération

Liberté confiante et association.

Le drame est dans les hommes qui mènent les partis,

Qui ne croient qu’aux postures, qu’à séduire les petits

En comptant sur la com’,  ou la démagogie,

Ou les sinistres lois d’une idéologie.

Français, par millions, vous avez su marcher,

Quand votre liberté se voyait arrachée

Par les balles insanes  d’infâmes assassins.

Vous devez aujourd’hui trouver en votre sein

La même énergie, la même indignation,

Pour que vive à nouveau votre fière nation.

Aux armes, citoyens ! Il faut que nous marchions.

Nos armes sont des idées,  bientôt les actions,

Qu’un peuple éminent se doit de proposer

Discuter, travailler mais aussi d’imposer.

 

Didier Dufau

Deux mots sur la dette française

L'INSEE vient de présenter dans ses Tableaux la dette françaises hors intitutions financières à fin 2013.

Notons d'abord le retard à fournir des chiffres cruciaux. 14 mois, c'est bien trop. Le chiffre devrait être connu et publié dans les deux mois, au pire d'un trimestre sur l'autre.

Notons ensuite que l'on oublie les dettes du secteur financier qui sont extrêmement difficiles à bien cerner et à consolideer avec la quote part de dettes de la BCE.

Au 4.500 milliards de dettes, hors secteur financier doit s'ajouter les dettes cumulées du secteur financier. Les quatre pincipales banques françaises ont une dette cumulées (non consolidée) de plus de 6 000 milliards. 

On en est déjà à plus de 10 000 milliards, sans compter la BCE et le reste du réseau des institutions financières françaises.

Ce qui veut dire que notre taux d'endettement global est  bien supérieur à 400% du PIB et croit encore.

Ce chiffre doit être rapproché de la production des entreprises de plus de 1 personne du secteur non financier qui était fin 2013 autour de 1.200 milliard d'euros.

Croire que la production privée française va permettre de rembourser les dettes encourrues par les agents économiques français et la banque centrale européennes est une triste fadaise.

Face à cette réalité, le gouvernement Valls présente la loi Macron, dont l'effet sur la croissance du secteur privé non financier doit être environ d'un dixième de pourcent de PIB. Il aurait aussi bien fait d'attaquer la dette avec un cure-dent.

Un jour, on s'étonnera....

 

 

 

.

Réflexion sur le SMIC (suite)

Il manque généralement un élément dans la discussion sur le salaire minimum : l'existence ou non d'une population miséreuse. Ce qu'on oublie dans le riche Occident, c'est que les deux tiers de l'humanité vit avec moins de 150 Euros par mois, c'est-à-dire dans la situation qui prévalait en France au XIXème siècle et qui s'y est maintenue, dans bien des contrées, jusqu'au début des années 50. Pour avoir bien connu la campagne à moins de soixante kilomètres de Paris en même temps que les quartiers populaires comme l'était à l'époque la rue Mouffetard, je témoigne qu'une majorité de personnes n'avaient pratiquement rien à elles, sinon une valise en carton et quelques vêtements. Les ouvriers agricoles qui louaient leurs bras avaient une tenue du dimanche et couchaient dans les granges. L'alcoolisme était omniprésent. Dans les troisièmes cours de la rue Mouffetard, on vivotait, avec juste de quoi meubler un chambre, sans l'eau courante et sans sanitaire, et souvent sans électricité (la lampe à pétrole et le broc en fer blanc étaient des objets précieux).  Encore moins le gaz. Etre abonné au gaz était une distinction qu'on affichait sur sa carte de visite et les immeubles équipés portait fièrement l'inscription "gaz à tous les étages".

Existe-t-il un socle de pauvreté qui empêche toute croissance rapide ? Certainement !. La protection des femmes et des enfants pauvres et leur éducation gratuite ont été reconnues en Allemagne puis en France dès le milieu du XIXème siècle. On a ajouté le logement. Puis la garantie d'un certain niveau de salaire en cas de travail. Jamais le "marché du travail" n'a été un pur marché. Les salaires n'ont jamais suivi, même au dix-neuvième siècle, les fluctuations de l'économie dont les dépressions atteignaient souvent 30% à 40% de baisse du PIB . Personne ne licenciait pour réembaucher moins cher, lorsqu'on avait les moyens de l'embauche. On préférait déjà licencier pour se retrouver au niveau de la demande, mais sans toucher réellement aux salaires. D'où la question de la misère. Les paysans qui avaient quitté la terre pour l'industrie n'avaient pas de capital et souvent aucun autre logement que celui de l'employeur (satané paternaliste !). En moyenne la croissance était de 1% par an. C'était donc très difficile d'organiser un filet de protection. Les deux guerres et la crise de 29 n'ont pas permis de progresser beaucoup sinon dans les mots.  

C'est la forte croissance d'après guerre qui a permis de garantir d'abord "le minimum vital" aux femmes et aux enfants, étant entendu que des conventions collectives devaient permettre de garantir un salaire de base en croissance au bas de l'échelle mais compatible avec la compétitivité.

Les minima sociaux prennent leur intérêt au moment du décollage des économies. Le fordisme correspond exactement à la même idée. A partir du moment où on se détache des minima de subsistance, il faut que les masses participent pour que la croissance s'accélèrent. Que cela passe par l'Etat, le paternalisme bien compris et la charité, ou tout autre moyen, il n'y a pas de décollage sans instruction publique, soutien des familles (de la femme et des enfants) et croissance des très basses rémunérations avec effet de cliquet en cas de récession.

La Borsa Familia brésilienne est typique de cette approche : on donne une allocation conditionnelle à des mères de famille (pas au père qui est prié d'aller bosser), la condition étant de mettre ses enfants à l'école et de faire attention à la santé de tous  (et de ne pas tremper dans les trafics). L'Inde et la Chine arrivent à la période où la massification des marchés intérieurs exigent la mise en place de mécanismes de ce genre. Une des erreurs les plus graves du FMI en Afrique est d'avoir exigé de supprimer la gratuité de l'enseignement public de base et des soins dans certains pays en difficulté. Il est vrai que ces pays avaient calqué leur système sur celui de l'ex colonisateur sans en avoir encore les moyens.

Minima sociaux et gratuités publiques sont indispensables à l'accompagnement du décollage économique.

Maintenant regardons les faits en face. La borsa familia, c'est moins de 70 Euros par mois. La surveillance des soins se fait par des infirmières, pas par des médecins. L'enseignement primaire dans les campagnes au Brésil est très inégal. Les populations indiennes sont encore loin d'être couvertes. Le décollage se traduit par l'urbanisation. Sans aide et sans travail il est impossible de vivre honorablement dans les villes. Urbanisation et soutien social vont de pair.

Passons maintenant de l'autre côté du miroir. Si les instruments de lutte contre la pauvreté sont détournés pour devenir des instruments politiciens après le décollage, on aboutit à des absurdités. Les gratuités et les transferts sociaux  comptent actuellement en France pour environ 1/3 de la richesse produite (alors que la dépense publique représente 100% de la valeur ajoutée des entreprises non financière de plus de une personne). Lorsqu'on compare le SMIG envisagé en Suisse et celui de la France, ils ne sont pas tellement éloignés si on rajoute la salaire net, le salaire différé, les prestations assurées et les gratuités.

On ne peut pas comparer la borsa familia  de 67 Euros avec une garantie familiale d'environ 3.000 Euros (quand on compte tout). Il n'y a pas seulement changement d'échelle mais aussi de nature.

La sortie de la misère est favorable à la croissance. Des taux de prélèvements qui représentent pratiquement 100% du PIB marchand  ne le sont pas.

On ne peut donc pas raisonner sans tenir compte du niveau de développement.

Il faut dénoncer en France l'extension déraisonnable de l'emploi public ou quasi public (associatif subventionné et sociétés à statuts), la hausse déraisonnable du champ des gratuités, le détournement du politique par des "cadeaux au peuple" qui sont empoisonnés et se retournent contre le peuple, la hausse déraisonnable des impositions qui aboutissent à arrêter l'investissement et l'emploi.

Il faut encourager le décollage des économies où la misère est encore largement présente, par le soutien familial, l'éducation primaire généralisée et une garantie de salaires pour les postes les plus bas, alors que l'urbanisation s'accélère.

Le système qui consiste à massivement investir dans les pays en développement en transférant les machines et la totalité des productions vers des marchés aux ressources humaines très pauvres et inépuisables, au lieu d'un développement maîtrisé et "homothétique", fait exploser les systèmes sociaux avancés sans les recréer ailleurs. Tout devient déséquilibré, aussi bien dans les pays qui subissent l'avalanche d'investissement et se retrouvent avec des réserves inutilisables, et dans les pays développés qui perdent d'autant plus pied qu'on essaie de rétablir par des transferts publics ce qui aurait du venir de l'économie.

La mondialisation aurait du se faire par le rattrapage économique progressif des pays anciennement socialistes et non par le transfert massif des capitaux et des productions vers les pays dictatoriaux ou par le gonflement d'une rente pétrolière obscène par bien des côtés .

En l'état, la France a été beaucoup trop loin dans le gonflement politique des "cadeaux au peuple" avec des résultats catastrophiques pour tout le monde. Il est donc légitime de s'interroger sur une meilleure gouvernance sociale. Ce n'est pas la même chose de manquer de tout et d'avoir des fins de mois difficiles, bien nourri, bien soigné, logé, souvent  bien, bien éduqué, avec une voiture, la télé et le téléphone portable. Bien sûr il existe un quart monde qui est très difficile à résorber, soit que l'immigration illégale empêche le fonctionnement normal des garanties sociales ou les faussent, soit que des problèmes psychologiques ou sociologiques lourds entrent en jeu. Mais ceux qui sont au contact de ces difficultés savent que ce ne sont pas la hausse du SMIC ou l'extension de la gratuité hors de toute limite qui permettront d'y faire face.

A la grande surprise des ignorants, la croissance mondiale et la lutte contre la pauvreté ont comme première condition une organisation économique et financière mondiale équilibrée. Le social passe par la stabilisation des changes et la maîtrise des mouvements de capitaux, l'équilibre des balances commerciales, la sortie de l'économie "baudruche" et un certain degré de contrôle des flux migratoires. Et en aucun cas par la démagogie politique dans les pays riches.

Les "capitalistes sauvages" et les "socialistes en peau de lapin" adorent le système actuel qui permet, aux uns, des plus-values nominales purement financières qui les comblent et aux autres, une usurpation politique commode qui leur permet de s'assurer des places, de l'argent et des honneurs.

Lorsqu'on regarde les réalités du moment on constate qu'une première étape du rattrapage des pays très peuplés qui stagnaient dans des organisations marxistes ou quasi marxistes a été réalisée. L'erreur aura été de croire du côté des socialistes qu'on pouvait continuer à perfectionner  les transferts sociaux  et l'encadrement des dominants au sein des pays développés en même temps que se produisait ce rattrapage. Du côté du capitalisme à l'anglo-saxonne, l'erreur aura été de penser que la mondialisation justifiait un débordement de dettes et de créations monétaires, avec transfert total de certaines productions vers les pays  émergents. Ces deux postures ont aggravé tous les déséquilibres, ralentit le trend, rendu les crises périodiques progressivement plus dures et finit par faire exploser la sphère financière.

On voit bien, avec le recul, qu'il aurait fallut faire l'inverse.  Assurer le décollage et un début d'organisation sociale solidaire dans les pays émergents et freiner l'étouffement fiscal et social dans les pays développés, tout en interdisant les grands déficits et les grands excédents.

L'énormité du réservoir de main d'œuvre chinois et des nouveaux marchés à ouvrir dans ce pays a créé des tentations qui ont tout déstabilisé. Il eût mieux valu que la Chine connaisse une croissance moins rapide sans accumulation d 'excédents gigantesques, avec organisation en interne des schémas sociaux qui permettent le transfert des campagnes vers les villes de la plus grande partie de la paysannerie et une croissance interne régulière, en éliminant les poches de très grandes pauvreté.

Les pays développés y auraient gagné une moindre pression sur les salaires et les marchés de l'emploi.

Tout ceci n'était possible que dans le cadre d'un système monétaire organisé, basé sur des changes concertés et l'interdiction des grands déséquilibres de balances commerciales et des capitaux. On aurait une hausse du trend global, au lieu de la diminution progressive constatée, une moindre perte d'emplois dans les pays développés, une réduction de l'importance des crises  périodiques de crédit.

Il n'y a pas d'autres priorités aujourd'hui que de recréer ce cadre, sachant que les mesures sociales de support du revenu, de santé, de formation minimale,  doivent d'abord être mises en œuvre dans les pays en voie de développement, dont elles sont une des conditions de l'éradication de la misère, et que les pays développés doivent d'abord assurer le plein emploi,  sachant que le revenu moyen atteint exclut la grande pauvreté si on a du travail, en dépit des nouvelles réalités autour des "travailleurs pauvres".  

L'Allemagne a compris qu'il fallait à la fois le plan Schroeders et la résorption des poches de misères issues de la RDA, avec éventuellement un SMIG définit par les Länders pour aider à la manœuvre.

L'erreur de la France est d'avoir fait le choix de la fonction publique et de la dépense publique, avec mise en place d'un corset fiscal et réglementaire débilitant, en détournant les mécanismes sociaux de leur fonction pour leur faire jouer un rôle électoral. Elle a récolté un chômage structurel gigantesque, l'étouffement des relations économiques et sociales, la fin de l'investissement.

Le rattrapage des pays pauvres, moral et nécessaire, supposait une stratégie de la part des pays riches. En France et en Europe, elle n'a jamais été élaborée. Les instances internationales, du FMI à l'ONU en passant par la BIRD, ont cru que les pays en voie de développement étaient un thème de charité publique. On a vu se multiplier les "Mère Thérésa", enchaînées aux multiples ONG qui vivent en symbiose avec les organismes multilatéraux.

L'ouverture organisée des frontières et le retour des pays communistes dans le giron du développement capitaliste exigeait une attitude fort différente. C'est la croissance interne avec  les organisations sociales internes correspondantes qui assurent le décollage, les investissements industriels (et non financiers) des pays qui peuvent épargner assurant le financement initial et l'apport de savoir faire.  La charité des organismes internationaux n'est pas nécessaire. Elle n'a d'ailleurs jamais prouvé son efficacité. En retour le déplacement des investissements vers les pays émergents supposaient une croissance temporairement moins rapide  dans les pays développés. Il fallait surtout ne rien alourdir pendant cette phase de transition. 

La France n'a pas eu de stratégie. Elle a fait exactement le contraire de ce qu'il fallait faire.

L'Europe des fédéralistes a proposé une politique de type "puceau mystique" qui n'était absolument pas à l'échelle des enjeux. Il y avait mieux à faire qu'à créer Schengen et l'Euro,  et il fallait une stratégie précise pour intégrer les pays de l'Est abîmés par 50 ans de "socialisme réalisé".

La place de Londres et Wall Street ont cru que le débridement de la finance mondiale et une création monétaire extravagante leur permettrait de gagner beaucoup d'argent à bon compte. Ils ont créé une économie baudruche qui ne se remet pas d'être percée de partout.      

L'absence de vision stratégique et d'organisation adaptée, a conduit au grand n'importe quoi.

Les organisations mondiales ne s'occupent plus que de préoccupations émotionnelles ; l'Europe s'est dissoute dans le néant des états minuscules triomphants mais sans levier d'action ; Les Etats-Unis, la Chine , le Japon, la Russie  et l'Allemagne réunifiée sont dans une perspective désormais purement nationaliste.

La France est sortie de l'histoire par le portillon des cloportes.

Le grand reproche  que l'on peut faire  aux deux derniers Présidents français est de s'être satisfaits de l'effondrement du pays, et à l'intelligentsia de s'être épuisée dans des querelles gauche-droite totalement à côté de la plaque. La responsabilité de la gauche socialiste est d'avoir constamment vécu les yeux dans le rétroviseur, cherchant à prendre des revanches sur les batailles perdues du XIXème siècle avant de penser aux caractéristiques du XXIème. La responsabilité de la droite est d'avoir été constamment en état de réaction contre la gauche sans jamais proposer une perspective stratégique claire et de n'avoir jamais proposé sa vision du monde et les moyens pour la France de tirer son épingle du jeu.

Le drame de Hollande est d'être arrivé au pouvoir sans avoir la moindre idée de ce qu'il fallait faire. Il n'avait qu'un canevas politicien en vue de se gagner les élections et de pouvoir se représenter à la prochaine. Cette préoccupation n'a aucun intérêt pour les Français. N'ayant aucun vision sur rien et fuyant jusqu'à l'idée d'en proposer une (on s'expose en exposant), il a fait une campagne de cadeaux au peuple et d'injures de l'adversaire. Il a complètement raté son quinquennat. Il en est aujourd'hui à chercher une majorité ! Il est paralysé par sa propre impéritie et la défection de ses troupes pour la seconde partie de quinquennat.  

Le drame de Sarkozy est identique. On ne lui demande pas une stratégie électorale pour 2017.  Le pays veut savoir ce qu'il faut faire pour sortir de l'ornière. Il a bloqué tout débat sur son quinquennat raté pendant trois ans. Il n'a toujours pas présenté ne serait-ce qu'une seule idée stratégique pour l'avenir. Il semble s'en être rendu compte puisque, ce matin, sur une radio, il a annoncé que la création d'un programme de sortie de crise était sa "seule" préoccupation, sa candidature aux présidentielles n'étant envisageables que s'il était le mieux placé pour gagner, ce qui n'était pas encore acquis.  

Le drame de la vie intellectuelle française telle qu'on la perçoit par ses organes dominants d'édition et de presse est qu'elle ne contribue en rien à l'éclairage des enjeux stratégiques. Les clivages idéologiques sont tellement sclérosés que l'oxygène ne circule plus dans les neurones de la "Grande Nation", au moment où on en aurait le plus besoin. 

Le débat sur le SMIC aura été une des nombreuses preuves de cette sclérose.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

Le rapport sur la dette du cabinet McKinsey

Deux mots à Jean-Christophe Mieszala, patron de McKinsey France.

Le cabinet McKinsey est avec la Deutsche Bank un des rares organismes qui ont cherché à cerner la dette mondiale et son évolution.

Malheureusement dans un cas comme dans l'autre on ne sait rien de la méthodologie employée et les chiffres doivent être pris tels qu'ils sont avancés sans être trop sûr qu'ils correspondent à une réalité parfaitement analysable.

Une occasion de plus de dénoncer l'incurie des organismes officiels qui produisent des visions partielles et souvent contradictoires des dettes. On sait que la notion de dette est compliquée, que les définitions diffèrent d'un organisme à l'autre, que les risques de cumuls de données qui devraient se consolider sont nombreux. Il est dans l'ordre des choses que le concept de dette globale soit unifié officiellement  à travers le monde, que la collecte des chiffres constituants soit organisée sur des bases comparables et rapides, et que ces chiffres clignotent sur le fronton de tous les édifices publics concernés par la dette.

La seule dette à peu près définie est celle contractée par les Etats. Elle seule attire l'attention des médias. Ils font avec ce qu'on leur donne !

Merci donc à ces organismes privés de faire l'effort statistique minimal, bien que de qualité incertaine.

Que nous dit le rapport de McKinsey.

«Il était largement attendu que les économies, à l'échelle mondiale, se désendettent. Cela ne s'est pas produit. Au contraire, la dette a continué d'augmenter presque partout, en valeur absolue, et en valeur relative au PIB».

Selon nos propres analyses, la crise de 2007-21xx est d'abord une crise de la dette, qui a dépassé presque partout 400% du PIB, chiffre dont nous avons démontré qu'il était intenable sans énormes cahots financiers. Sur cette masse de dettes dé-corrélées de la production, une perte de 12.000 milliards de dollars environ est apparue. Pour la colmater, on a choisi de créer de la dette nouvelle.

Le rapport McKinsey conforte nos analyses en chiffrant l'accroissement de la dette globale à 57 mille milliards de dollars, soit à peu près cinq fois la perte encourue, et un surcroit équivalent à 17% de PIB.

La structure de cette dette a changé.

L'endettement des ménages n'a crû «que» de 2,8 % par an, à un rythme beaucoup plus raisonnable que les 8,5% d'avant la crise.

Le rythme d'accroissement annuel des dettes du secteur financier est passé de 9.4% à  2,9 %.

Celui des entreprises a en revanche progressé, atteignant 5.9%, l'effet de levier entre taux d'intérêt et taux de profit constituant une aubaine remarquable. L'opération récente de Microsoft est significative : la société a lancé une souscription d'obligations massive alors que la société regorge de trésorerie, permettant le rachat d'actions pour obtenir un ratio bénéfice par action plus avantageux. La dette ne sert toujours pas à mieux se corréler avec l'investissement mais à créer et distribuer des plus-values financières. Nous avions déjà analyser exactement la même opération faite en 2009, donc il y a près de 6 ans ! Plus cela change , plus c'est la même chose.

(voir : http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2009/5/12/Que-penser-de-lemprunt-obligataire-de-Microsoft-)

Si on ne fait aucune réforme, on ne change aucun comportement.

L'endettement des Etats, lui, a augmenté sans limite. «En fait la dette publique a explosé depuis 2007, au rythme d'une croissance de 9,3 % par an, contre 5,8 % avant la crise»,

Les Etats comptent pour 25 mille milliards dans l'augmentation de 57 mille milliards de dollars.

Le rapport fait une analyse géographique de ce chiffre qui montre des poussées de dettes notamment en Asie, mais surtout signale des pays développés qui sont en risque de ne plus contrôler la hausse cumulative de leur dette : l'Espagne, le Japon, le Portugal, la France, l'Italie et le Royaume-Uni.

En France, souligne le rapport,  "Il faudrait, d'ici à 2019, réaliser un effort d'austérité budgétaire de 2,5 % de points de PIB, ou parvenir à engranger une croissance annuelle de… 4 %". Ce qui est jugé impossible, compte tenu que deux des leviers habituels (inflation et dévaluation) ne sont plus disponibles et que trop de pays doivent se désendetter en même temps".

En un mot, c'est l'impasse, comme la crise Grecque le démontre tous les jours.

Le rapport est incapable d'élaborer des plans de sortie de crise, parce que, s'il fait des constats, il n'en analyse pas les causes.

Il ne sait pas pourquoi les rythmes de croissance des dettes privées (ménages entreprises et institutions financières) augmentaient à des rythmes aussi décalés de la croissance du PIB avant 2007 (le rapport fait la césure en 2008 mais la crise commence en 2007 avec la blocage du marché interbancaire).

Cette absence totale de diagnostic est ravageuse. La conclusion est une divagation sur les éventuelles manipulations et jeux d'écritures magiques qui permettraient de gommer les dettes ou les rendre inactives. Ces martingales n'existent pas.

La vérité est beaucoup plus simple : il faut sinon stabiliser la dette du moins faire en sorte que l'ensemble des acteurs ne fassent pas grimper la dette de plus de 2 à 3%, avec un taux d'inflation globale de 2 à 3%. Il faut donc que les entreprises recommencent à investir et stoppent leurs manipulations purement financières et que les Etats cessent d'accroitre  le rythme de croissance de leur dette pour revenir également à des taux inférieur à 3%.

Il faut dégonfler doucement l'économie baudruche et non pas souffler du vent dans le ballon crevé comme le font les banques centrales.

Le premier acte est de mettre fin à la machine infernale qu'est le système actuel de changes flottants et de revenir à un horizon monétaire stable et concerté à travers le monde, avec interdiction des excédents et des déficits majeurs. Il faut que les systèmes locaux dysfonctionnels soient réparés. C'est le cas de la zone Euro gérée uniquement avec des critères juridiques sans instances de pilotage. C'est aussi le cas des Etats qui ont gonflé au-delà de toute limite leur taux de prélèvements et de dépenses publiques comme la France.   

Croire aux solutions magiques n'a pas de sens; Messieurs de McKinsey. Le chemin à prendre est celui emprunté en 1944 après les accords de Bretton Woods : créer les institutions et les méthodes permettant une forte croissance et un peu d'inflation pour éliminer un stock de dettes qui dépassait aussi à cette époque 400% du PIB.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

Réflexion sur le SMIC

Le SMIG a 65 ans. Cette règle sociale fait encore discussion.

Les partisans du socialisme en font une conquête sociale marquante qu’il s’agit de conserver, perfectionner et étendre, parce qu’elle évite que le loup libre mange les poules libres dans le poulailler libre et qu’il y a quelque décence à ne pas faire travailler un citoyen à un salaire de misère.

Les économistes partisans des thèses libérales soulignent que le marché à un prix d’équilibre qui permet d’employer le plus possible de facteurs de production. Le travail est un facteur de production comme les autres. Forcer un prix au-dessus de la valeur d’équilibre du marché ne provoque que du chômage.

Nous reconnaissons un de ces faux-débats dont les Français sont friands. Tout est évidemment controuvé dans cette manière de voir les choses.

D’abord tout ce qui concerne le SMIGa été mis en place par la droite. C’est une loi Pleven qui créé le SMIG. Ce sera la droite qui unifiera les différents SMIG en 68 et qui créera le  SMIC (on passe d’une indexation sur les prix à une indexation sur la croissance). C’est encore la droite qui initiera la politique des « coups de pouce » au SMIC.

Le Parti Communiste, sous la direction directe des soviétiques,  mènera une lutte acharnée contre « cette ruse du capitalisme honni», la SFIO multipliant les réserves.

Il est vrai que Pleven a présenté cette mesure comme un moyen de lutter contre le communisme. Ce qui fait écrire aux communistes que sans leur pression, la mesure n’aurait pas été prise …

En vérité le SMIG avait une double fonction :

-          Sortir des blocages de la guerre qui ont perduré bien après la défaite de l’Allemagne. Salaires eet prix étaient administrés.

-          Eviter que l’inflation ne ruine les bas salaires.

Le salaire minimum inter-professionnel  était fixé bas, parce qu’il appartenait aux acteurs sociaux de définir des minima par branche. Les conventions collectives proposaient obligatoirement des minima qui étaient différents d’un secteur à l’autre.

Les SMIG étaient régionaux (une vingtaine de zones)  parce que le coût de la vie n’était pas les mêmes partout et parce que les niveaux de salaires historiques étaient trop divergents d’une région à l’autre.  « Placer le SMIG en Lozère au niveau de celui de Paris  n’avait pas de sens », selon l’expression de l’époque, «  et serait désastreux pour la Lozère dans le cadre de la politique de décentralisation ». C’était l’époque où le livre ridicule d’un certain Gravier (Paris et le désert Français) était à la mode. Bientôt le Plan deviendra une « ardente obligation ».

Sagement, on avait créé un salaire minimum agricole plus bas que le SMIG général.

Une fois le « miracle français » réalisé et les « glorieuses » bien mûres, l’idée générale dans les sphères politiques et administratives étaient de « faire dépérir le SMIG ». Comme il n’était pas indexé sur la croissance mais seulement sur les prix, son importance relative par rapport aux minima de branche qui eux étaient révisés par la négociation chaque année s’accusait de plus en plus.

Preuve qu’un système de salaires  minimum n’est pas en soi contraire au plein emploi si on le gère intelligemment.

Certains se demandaient même s’il ne fallait pas abroger les différents SMIG qui ne servaient pratiquement plus à rien sauf dans des cas très marginaux, du fait du quasi plein emploi. Le SMIG servait essentiellement à condamner les employeurs au noir un peu comme la législation sur la taille minimum des pièces à louer sert à coincer  les « marchands de sommeil ». Avec à peu près les mêmes résultats.

Mai 1968 est arrivé, et « l’énarchie compassionnelle » a considéré que la paix sociale exigeait que l’on remette sur le métier un instrument d’affichage social de portée national permettant au complexe politico-administratif de montrer sa belle âme et continuer de régner comme avant.

On a donc commencé par supprimer les 20 zones de SMIG, sans grand dommage, puisque les minima par branche étaient tous supérieurs au plus haut des SMIG. L’ennui, c’est que l’instrument devenait national et permettait au politique d’agir facilement et globalement sans avoir à mener des discussions locales.

C’est donc Chaban-Delmas (assisté de Delors), qui va remettre en selle une institution sans danger et utile marginalement pour éviter des abus, dans le cadre de la  « nouvelle société ».

On quitte alors le concept de « minimum vital » pour celui de petits salaires devant participer  à la croissance générale. On est en pleine réflexion au Club Jean Moulin sur la politique des revenus. Les énarques commencent à croire que leur devoir est de régler la répartition des revenus créés par l’entreprise, qu’ils entendent également « réformer » (Le livre de Bloch Lainé, « Pour une Réforme de l’Entreprise »,  est aujourd’hui illisible sauf pour son comique involontaire).  

On est à la fin des « trente glorieuses » mais on ne le sait pas. La crise du syndicalisme est manifeste en France où la négociation ne fonctionne pas ou très mal. La  CGT refuse toute « collaboration » avec le capitalisme honni et tient les autres organisations syndicales sous sa pression.

Il est intéressant de noter que le passage au SMIC ne soulève pratiquement aucune objection dans les milieux patronaux. Il s’agit d’être « moderne » et de ne pas « injurier le futur ». La paix sociale d’abord.

L’histoire ultérieure du SMIC  sera celui d’une catastrophe politique et économique. Une véritable leçon de chose de démagogie à effets pervers.

Disposant d’un instrument national à fort affichage politique (« le salarié pauvre » va faire son apparition dans le vocabulaire politique, au même titre que le chômeur comme objet de cadeau au peuple), les politiques vont commencer une saga qui, avec le recul, prend l’allure d’un délire.

D’abord, on va « charger » le SMIC. Progressivement les charges vont représenter plus que le net. Au sommet de l’évolution, quand une entreprise payait net 100 F au salarié, les prélèvements complémentaires étaient à 120-130.

Ensuite on va vicier le mécanisme de croissance du SMIC en le faisant croitre plus vite que le PIB. Cette démagogie va commencer avec Giscard d’Estaing et s’amplifier sous Mitterrand, et grimper sous Chirac jusqu’à un pic délirant sous Jospin.

Seulement voilà : les trente glorieuses sont mortes en 1971 avec le changement de système monétaire international.  Dix années de « Stagflation », mise sur le dos du pétrole, et le programme Commun de la gauche, ont mis l’économie française par terre. Elle ne va plus se remettre.

Le résultat est radical :

Le SMIC dépasse puis laisse sur place  tous les minima prévus dans les conventions collectives qui du coup laissent les partenaires sociaux sans « grain à moudre ». La négociation sociale perd tout contenu.

La hiérarchie des salaires s’écrase au point que l’essentiel des salariés est payé au SMIC.

Sous le double effet du chargement du SMIC et de la hausse de son taux, le chômage devient massif. On passe de quelques centaines de milliers à quelques millions.

Le SMIC aura été l’instrument privilégié de la préférence pour le chômage. Jospin complètera le dispositif avec les trente-cinq heures et le blocage administratif de la vie sociale dans l’entreprise.

On construit cette horreur au moment même où Delors et les Enarques de gauche considèrent qu’il faut faire entrer l’économie française dans une concurrence mondiale totale.

La contradiction entre des coûts d’emploi aggravés et une concurrence terrible des pays à bas salaires,  est évidente, avant même les mesures Schroeders qui, elles, dopent la concurrence d’un pays exportateur du fait de la puissance de son industrie.  La compétitivité des activités de main d’œuvre française s’effondre.

En 2000, le « manque à gagner » dans les effectifs salariés privés atteint près de 10.000.000 d’emplois, en dépit de la très forte hausse mondiale de l’emploi des années 97-99.  Le chiffre est facile à calculer : il suffit de faire le ratio entre population totale et population salarié dans les 5 pays du monde les plus efficaces et de l’appliquer à la France. Pour 62 millions d’habitants on devrait avoir entre 25 et 28 millions de salariés. On en a entre 15 et 18 selon les chiffrages. 

Face au désastre, on commence à revenir en arrière avec des mesures de plus en plus imbéciles.

On détaxe les bas salaires pour leur rendre un minimum de cohérence avec les valeurs du marché. Mais les charges globales elles ne baissent pas : le massacre fiscal des entreprenants peut commencer ; on tuera l’investissement après avoir tué l’emploi salarié. 

On détaxe les heures supplémentaires, jolie démagogie Sarkozienne car il faut répondre à la question du consumérisme électoral :

-          « Qu’allez-vous faire pour le  (mon) pouvoir d’achat ? »

Mais qui paie cette libéralité ?

On détaxe les emplois familiaux. Même questions : qui paie ?

Qui paie, sachant que, déjà, il faut payer pour financer les trente-cinq heures ?

La France s’enfonce dans le chômage de masse, l’hyperfiscalisation, les artifices politiciens démagogiques, le sous-investissement, les déficits commerciaux.

Avec l’énarque Hollande, on passe à la dimension supérieure : l’asphyxie totale du pays.

La France passe au 7ème rang des pays pour le PIB. Elle s’enfonce dans la dette (près de 100% du PIB)  et le chômage (plus de 5 millions). L’hystérie fiscale bloque tous les marchés : le bâtiment s’effondre, l’immobilier suit, l’investissement industriel est ridicule, les entrepreneurs fuient.

La totale.

Devant un désastre devenu indécent, un nouveau changement à 180% se produit. Voilà Macron, en majesté, une réforme microscopique et un « pacte » qui redonne en partie ce qui avait été pris mais sans toucher aux vaches sacrées : SMIC en folie ; blocage social ; hyper-fiscalité aggravée etc.

Que conclure ?

Un salaire minimum n’est pas une catastrophe si on respecte quelques conditions :

-          Pas de gestion politique nationale

-          Codécision patronat syndicat par branche

-          Garantie de pouvoir d’achat (smig et pas smic) et valeur nettement supérieure aux garanties chômage minimales et aux minima sociaux.

-          Nombreuses dérogations pour aider les populations fragiles à trouver de l’emploi.

-          Filet de sécurité, certes, mais  par zones géographiques en fonction du niveau des prix locaux.  Paris n’est toujours pas la Lozère.

-          Revalorisation négociée et tenant compte du cycle et du nombre de chômeurs. 

-          Révision de la notion de charges sociales pour un concept de salaire différé, avec baisse du salaire différé par rapport au disponible.

Le drame actuel c’est qu’on considère les salaires minima comme des variables globales d’ajustement international. On dit : l’Allemagne doit créer des salaires minima pour diminuer ses excédents. On demande à la Grèce de diminuer les salaires minima pour faire face à ses dettes.  

Le SMIC devient un instrument global d’ajustement macroéconomique.

Alors qu’il doit être une valeur de contrôle des abus salariaux éventuels et géré dans la microéconomie au plus près des branches d’activité et des réalités régionales.

Tous ceux qui ont cru qu’ils pouvaient jouer au Monopoly avec les grandeurs essentielles de l’économie, soit par idéologie, soit par démagogie,  soit même par l’effet de bons sentiments, n’ont commis que des catastrophes. L’effet pervers est quasiment automatique. Le progrès social passe par une politique macroéconomique qui favorise et une micro-économie qui enrichit.

On peut constater que les cadres macroéconomiques qui ont été mis en place depuis 1971 aussi bien dans l’organisation mondiale, qu’européenne et française sont dépressifs et que la micro-économie a été mise sous tutelle au point de l’étouffer, ou sous des tensions telles qu’elle a fini par craquer.  

Comment réformer les systèmes monétaires dysfonctionnels ?

L'organisation monétaire internationale est viciée. Le chaos monétaire en cours qui voit les monnaies ou plonger ou s'apprécier dans des proportions massives (plus de 20% dans un sens ou dans l'autre, ce qui ne peut pas correspondre à des réalités économiques fondamentales), comme les cours de matières premières, avec des effets collatéraux parfois sinistres, comme la ruine renouvelée de collectivités territoriales françaises ayant souscrit des emprunts à clause de cours de change, les difficultés de l'industrie suisse soumis à une perte de termes de l'échange catastrophique qui entraînera une récession, ou la ruine de pays entier comme la Russie et le Venezuela, qui y avaient mis du leur, il faut bien le dire.

Le système monétaire est faussé de façon très différente selon les zones, parfois même de façon paradoxale , ce qui ne facilite pas la compréhension et la recherche de solution.  

1- Globalement le système des changes flottants, sans coopération autre que des bonnes paroles échangées lors de conférences le plus souvent stériles, avec liberté totale des flux de capitaux entre les principaux Etats, aboutit à des désordres financiers gravissimes. La manifestation principale de la malfaisance de ce système tient au gonflement permanent depuis son instauration en 1971 du ratio Dettes globales sur PIB, qui a dépassé allégrement les 400% pratiquement dans tous les pays développés, un taux intenable qui transforme le monde en économie baudruche. Nous avons mille fois expliqué ici les mécanismes qui lient le gonflement de la dette globale aux déficits/excédents monstrueux et cumulatifs de balances de paiement. Nous avons également décrit les conséquences directes du gonflement constant du taux de dettes sur le trend et sur la sévérité des crises périodiques.

2 - L'unification monétaire d'une zone plurinationale, sans organisation ad-hoc, et en se contentant du respect préalable de taux de déficits budgétaires et d'endettement public, devenus des normes plus ou moins strictes en droit, plus ou moins respectées dans les faits, montre des faiblesses importantes :

- Aucune convergence économique spontanée et durable ne s'est produite. Les facteurs constitutifs d'une valeur réaliste de taux de change ne peuvent se résumer aux taux de déficit et d'endettement publics. La contradiction majeure entre le plan Jospin et le plan Schroeder a provoqué par exemple une déséquilibre effarant dans les relations économiques franco-allemandes. S'il n'y a plus de change explicite entre deux zones divergentes, le rééquilibrage ne peut plus se faire que par la récession plus ou moins contrôlée de la plus faible ou la relance concertée dans la plus forte qui perd alors son avantage vis-à-vis de zones extérieures.

- L'insertion d'une zone monétaire unifiée mais sans organe de gestion commune du change, autre qu'une Banque Centrale dont les statuts précisent bien que ce n'est pas la mission, dans une zone de changes flottants, avec liberté totale des mouvements de capitaux, multiplie les difficultés. L'explosion de l'empilage mondial de dettes finançant exclusivement des spéculations sur des hausses nominales de valeur de "classes d'actifs" a provoqué un stress violent partout mais particulièrement dans la zone Euro soumis soudain à un risque de dislocation. N'ayant plus aucun instrument entre leurs mains, et devant le risque de disparition de l'Euro et ses conséquences imprévisibles, les responsables n'ont pris que des mesures d'urgence visant à sauver l'Euro et éviter une panique générale, au prix d'une forte récession dans de nombreux pays et d'une stagnation de longue durée pour les autres.

Pratiquement huit ans après le début de l'effondrement de l'empilage de dettes, nous en sommes toujours au même point. Aucune réforme n'a été faite du système monétaire international ni de la gestion de la zone Euro. L'économie spéculative est toujours en place au niveau mondial avec son cortège de bulles explosives. La récession est toujours le seul moyen d'ajustement dans la zone Euro.

Donc on en sort pas.

Le diagnostic fait, est-il si difficile de proposer une voie de sortie ?

Trois possibilités s'offrent aux dirigeants du monde.

1 - La première est le statu quo. On sait que les deux organisations mondiale et européenne sont viciées et incompatibles, mais on passe outre quelles que soient les conséquences. Pourquoi choisir cette passivité ? Essentiellement parce que personne n'aime se déjuger. Après avoir justifié pendant quarante ans un système, en expliquant, à chaque crise, que c'était "la faute à Jules", il est délicat de lâcher le bréviaire. Certains pays pensent que le système est dans leur intérêt particulier (La Chine, le RU, les EU, pour les changes flottants), d'autres qu'il est dans leur intérêt commun supérieur (les tenants de la construction d'une Europe fédérale). Se déjuger et se retrouver confronté à la hargne des fédéralistes européens et des tenants de la finance internationale débridée (qui tiennent la presse et les Etats endettés), c'est plus que téméraire.  Donquichottesque ! On aboutit à une impasse qui est celle où se trouve l'économie mondiale et qui n'ouvre la voie qu'à la perpétuation de ce qu'on connait depuis quarante ans : une baisse continue du trend, des crises périodiques graves, un chômage massif, un endettement incontrôlable, des boursouflures spéculatives tous azimuts.  C'est le chemin qui a été pris. A tort !

2 - La seconde solution est de casser l'un ou l'autre des deux sous-systèmes viciés.

Variante 1 : On garde les changes flottants  et la liberté totale des mouvements de capitaux et on casse la zone Euro. On ne règle aucunement la cause principale de la crise globale. On espère qu'en recouvrant leur souveraineté monétaire et à coup de dévaluations, les économies européennes retrouveront leur équilibre et leur croissance. On rêve surtout que la transition ne sera pas en elle-même une source d'aggravation de la situation. Outre le coup d'arrêt radical porté au projet de construction européenne, qui laisse la primauté monétaire absolue au dollar et au Yuan, il faudra subir les coûts du désassemblage des monnaies. Il se comptera en centaine de milliards d'euros ! Aucun scénario n'a été avancé qui permette d'éviter une perte colossale de valeurs d'actifs, quelle qu'en soit la modalité.

Variante 2 : on garde la zone Euro, si possible en modifiant son mode de gestion, et on met fin aux changes flottants. On revient à l'idée de Bretton-Woods : les grands Etats s'arrangent pour tenir leurs balances de paiements et maintiennent le plus possible la valeur de change de leur monnaie. On ne réajuste que de façon concertée et par petites touches. Naturellement on corrige quelques erreurs structurelles de la solution de Bretton-Woods. Le FMI n'a plus de tuteur privilégié ; les monnaies ne sont pas définies par rapport à une monnaie nationale. En Europe, un poste de Chancelier de la zone Euro est mis en place avec pour rôle principal la gestion du taux de change définis dans le cadre du système de changes fixes mais ajustables et pour rôle interne de corriger ou empêcher les divergences excessives de politiques économiques, sociales et fiscales, tout en soldant le passé.   

Le résultat prévisible d'une telle action serait de sortir de l'économie spéculative, de relancer le commerce international sur des bases saines et d'éviter les politiques de récession en Europe. Il est possible d'envisager une hausse du trend de croissance, un réduction de l'intensité des crises périodiques et une réduction progressive du taux de dette globale, sans déflation calamiteuse.

- Solution 3 : on casse les deux systèmes viciés. On passe au système de changes fixes mais ajustables aussi bien dans le monde qu'en Europe.  Notons que la  variante 2 de la solution 2 est le passage obligé avant de pouvoir envisager cette solution 3. Si on a stabilisé le monde et la zone Euro dans le monde, il devient plus facile de reconfigurer la zone Euro en recréant des écluses monétaires là où elles s'avéreraient nécessaires.

Notre préférence va à la création immédiate d'un système de changes fixes et ajustables, nouvelle manière, avec conservation initiale de la zone Euro, dont on aurait réformé la gouvernance par la création d'un poste de chancelier de la zone Euro.  C'est la solution la moins coûteuse et la plus prometteuse. Elle est facile à mettre en œuvre techniquement. On ne voit pas très bien ses inconvénients. Personne, en tout cas, ne les a décrit.  Elle permet toute évolution ultérieure, y compris la reconfiguration de la zone euro avec sortie éventuelle de pays incapables de trouver leur bénéfice dans  un système de monnaie unique. On peut même envisager à terme, quand les rattrapages de niveau économique (il fallait bien remettre à niveau les économies autrefois socialistes) auront homogénéisé les économies, qu'on revienne à des libertés de mouvements de capitaux plus franches.

La difficulté est politique et concerne la réticence des Etats-Unis, qui voient son avantage à conserver au dollar le rôle de monnaie mondiale et du RU qui voit son bénéfice à faire "turbuler" les flux de capitaux artificiels générés par le système de changes flottants.

Seule l'Europe  est capable de faire bouger les lignes.

- D'abord en refusant tout traité de libre échange avant que le préalable monétaire ne soit levé.

L'existence d'un chancelier de la Zone Euro aurait une influence décisive. Il parlerait d'une voix autrement puissante que celle de M. Hollande ou de Mme Merkel. Le bloc européen détient une part de l'économie mondiale supérieure à celle des Etats-Unis et de la Chine. Contrairement à ce que quelques sots affirment, ni les Etats-Unis ni la Chine ne peuvent se passer de l'Europe.

- Ensuite en sortant mieux qu'elle ne le fait de la crise actuelle, grâce à une politique intelligente et non punitive qui ne peut pas se mettre en place sans coordinateur.

- Enfin en promouvant un diagnostic correct de la crise actuelle et en faisant valoir que les tares du système des changes flottants sont aussi le pire risque pour les Etats-Unis et l'économie mondiale, comme l'histoire des quarante dernières années le montre.

La France aurait pu avoir un rôle majeur dans ce processus qui aurait été digne de ce qu'elle fut naguère. Il aurait fallu qu'elle fasse des choix politiques un peu moins démagogiques et ne s'enfonce pas dans le n'importe quoi politicien de longue durée. Voir Monsieur Hollande tenter désespérément d'exister, après avoir multiplié les enfumages et les échecs, en se mettant à la remorque d'un certain Tsipras, est une source de dégoût et de honte pour ceux qui ont connu une France gouvernée et à son rang.

- L'effondrement moral de la France dans un politiquement correct asservissant et débilitant aidé par des médias soumis à la fois à la pression commerciale, aux effluves du communautarisme à l'américaine, et aux idéologues post socialistes curetonisés issu du maoïsme ou du communisme et soucieux de créer un "homme nouveau" par destruction (on dit "déconstruction", c'est plus doux) des bases "bourgeoises" de la société,  et qui véhiculent une idéologie totalement contraire et hostile à ce qui a fait la force historique du pays ;

- Sa déréliction politique qui voit des profiteurs à la petite semaine accaparer le pouvoir, son argent et ses plaisirs par la démagogie et la comm' ;

- Son effondrement économique provoqué par l'idéologie et la démagogie politique ;  

ne sont pas seulement un désastre national.

Ces trois tares empêchent l'Europe de fonctionner bien et de se réformer. L'Allemagne était prête à remettre en cause certains de ces dogmes pour permettre une relance institutionnelle et économique en Europe. Elle l'a fait partiellement. Il aurait fallu, pour aller plus loin, que la France se montre à la hauteur et ne s'enlise pas dans les déficits. Deux ans et demi de finasserie socialiste à la Hollande ont tout aggravé : le chômage (500.000 chômeurs de plus malgré près de 500.000 contrats aidés, avec hausse du rythme des sorties d'emplois entre 2013 et 2014), les déficits  et la dette publique, les faillites, la fuite des hommes et des capitaux. La politique  de la France, qui se met à la remorque de Tsipras et de Podemos, est une trahison pour l'Europe, que marquent bien la nomination d'un ministre des finances ayant échoué lamentablement (M. Moscovici) comme Commissaire Européen, le recyclage d'une nullité incapable de gérer même le PS, comme Ministre des relations européennes, et l'envoi d'une majorité lepéniste à l'Assemblée européenne.

L'effondrement Français empêche la réforme du système monétaire européen et rend impossible tout rôle utile de l'Europe dans la réforme du système monétaire international alors que la réforme ne peut être initiée que par l'Europe. Il est à noter que M. Hollande s'est précipité pour défendre l'idée du traité de libre échange entre l'Europe et les Etats-Unis (toujours lâcher devant plus fort que soi et ondoyer), alors qu'il aurait du en faire le pivot d'une action réformatrice du système monétaire international. Quand on est faible et nul, on ne peut que pratiquer la politique du chien crevé au fil de l'eau en expliquant que la force du courant est la preuve d'un dynamisme intact.

Il fallait une France forte, pour permettre une réforme européenne et mettre l'Europe en position de négocier la réforme du système monétaire international qui est indispensable.

On touche ici une des raisons pour lesquelles les idées exprimées ici, qui ont été validées par les faits pendant 8 ans de suite, sans aucune fausse note, ne peuvent pas déboucher facilement dans le débat national. Remettre en cause le système monétaire international non seulement vous met en première ligne contre certaines influences anglo-saxonnes (qui tiennent la finance et les medias)  mais vous force à critiquer le projet européen autrement directement que par l'approche souverainiste (qui ne fait peur à personne)  et la déréliction politique de la France. Cela fait beaucoup.

Mais c'est indispensable.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

 

Quand la BCE finit de manger son chapeau allemand

La BCE vient de prendre la décision de fournir près de 1.100 milliards d'Euros de liquidités aux banques.

Cette décision stimule des commentaires plus ou moins ridicules dans les medias, en même temps qu'elle est totalement incompréhensible pour le citoyen de base.

Quelques rappels sont nécessaires.

Au départ de la crise on trouve une élévation, globale depuis 1971, du taux d'endettement dans les pays développés, jusqu'à dépasser 400%, un taux intenable.

La cause de gonflement est à chercher dans le phénomène de double pyramide de crédits rendu possible par le système des changes flottants et l'abandon de l'interdiction d'accumuler excédents et déficits de balances de paiements, dans un cadre de liberté quasi-totale des mouvements de capitaux.   

Cette mécanique funeste a fait passer progressivement l'économie mondiale dans un mode baudruche. Les crises décennales ont été progressivement plus violentes et le trend s'est ralenti jusqu'à être très faible.

Surtout, la baudruche a commencé à percer en 2007, avec le blocage du marché interbancaire puis a explosé en septembre 2008, avec la grande faillite de Lehman-Brothers.

Une perte potentielle de 10 à 12 mille milliards de dollars a alors frappé le système financier, mettant tout le système bancaire en état de faillite virtuelle.

Si aucun mécanisme compensateur n'avait été mis en place, la dépression aurait nécessairement suivi avec la perte de toute l'épargne financière mondiale et la faillite de la totalité des banques.

On sait que le G.20 a refusé de faire un vrai diagnostic de la crise, préférant l'imputer à des guignoleries (avidité soudaine des traders, mauvaises pratiques des agences de notations, règles comptables frelatées etc.).

Il aurait fallu revenir immédiatement (et si possible dès l'été 2007) à un système de changes fixes et coordonnés, et condamner radicalement tous déficits ou excédents excessifs. Et réformer  le système bancaire en isolant les banques de paiements, les banques de crédits, les banques d'affaires et les institutions de gestion de l'épargne. A cette occasion, il aurait fallu mettre sous tutelle voire nationaliser les banques les plus engagées dans des spéculations absurdes, en changeant les équipes dirigeantes.

On ne l'a pas fait, préférant mettre à la charge des contribuables, donc de l'activité, l'essentiel des dégâts, mais pas trop vite. On a retardé le plus possible le jour du jugement dernier. Le hanneton a commencé à pousser devant lui sa boule de crottin. Evidemment, il se fatigue. A chaque accès de faiblesse, la crise repart.

Les grandes banques centrales ont fait marcher la planche à billet et fourni de la liquidité en masse pour éviter un "credit-crunch" dévastateur. Du fait que le multiplicateur bancaire joue à la hausse comme à la baisse, le potentiel de restriction financière aurait pu atteindre 50 à 60.000 milliards de dollars.

Les banques centrales ont globalement créé près de 10.000 millions de liquidité banque centrale pour contrer ce mouvement.

La FED a presqu'atteint la moitié de ce nombre. La BCE n'est pas très loin derrière. Son émission de monnaie n'est pas du tout la première. Le bilan de la BCE est passé de 1.000 milliards à 2.500 fin 2012. Depuis nous en sommes à la seconde émission. Le bilan atteint 4.000 milliards fin 2014 et sera de plus de 5.000 milliards fin 2015, soit une hausse globale de près de 4.000 milliards. La seule nouveauté de l'émission actuelle  est purement juridique et concerne les actifs que la banque centrale accepte de refinancer.

Au total, les accroissements de liquidité des banques centrales atteindront plus de 12.000 milliards fin 2015. On retombe bien sur nos estimations des pertes faites dès 2008.

Pour les Français, l'intéressant est de comparer ce chiffre à la valeur ajoutée de ses entreprises de plus de 1 personne du secteur marchand commercial : 1.200 milliards en 2013.

La BCE créera cette année le même montant de liquidité que la production française privée non financière et non étatique. Elle avait déjà créé le double !

La nouveauté n'est donc pas économique mais seulement juridique. Il fallait faire tomber le dernier tabou : refinancer les dettes d'état. Le jugement de la cour de Karlsruhe a libéré le terrain.

Une décision à caractère juridique peut avoir un effet économique. Mais une création monétaire exceptionnelle a le même effet qu'elle soit basée sur le rachat d'actifs privés plus ou moins pourris ou sur de titres représentatifs d'une dette d'état. Un sou et un sou quelque soit son origine.

D'un point de vue juridique la décision de la BCE est une novation. Du point de vue économique ce n'est qu'une continuité.

En revanche, on voit comme l'organisation de la zone Euro était défectueuse. Une vision purement juridique ne permet pas de faire face aux situations économiques exceptionnelles. Tout faire reposer sur une banque centrale est également fautif.

On n'aurait pas du créer une zone Euro sans poste de chancelier de la zone avec des attributions permettant d'ajuster les économies internes et de s'adapter aux économies externes.

On donne à la BCE un rôle de gestion du change qui n'est pas dans ses attributions, alors que le change dépends de mille autres facteurs. On a aussi perdu énormément de temps.

Rappelons qu'au départ de la crise de l'Euro, lors de l'effondrement de la Grèce  et de l'attaque spéculative  sur les taux d'intérêts en Europe, il suffisait de 40 milliards d'euros pour passer le cap. On a préféré imposer à tous les pays du sud une déflation terrible avec une récession carabinée et un chômage de masse.  Et finalement on aura du créer ex nihilo 100 fois cette somme.

Il est bien prouvé que la crise est d'origine monétaire et liée directement aux défauts du système monétaire international et que l'organisation de la zone euro est imparfaite.

Comme dans les années trente, tous les grands pays auront finalement dévalué pour se retrouver Gros-Jean comme devant quelques années plus tard. Ces dévaluations successives, dans un monde de liberté des mouvements de capitaux,  auront entraîné des folies spéculatives et entravé l'économie réelle, sans apporté de vraie solution.

La décision de la BCE, connue de la BNS,  a forcé cette dernière à faire sauter son "peg" en urgence (son lien gérée entre Franc suisse et Euro) avant qu'un flux massif de capitaux vers le FCH ne l'entraîne dans des cabrioles dangereuses. Les imbéciles ont crié : "c'est bien la preuve qu'un peu de fixité est impossible. Vive les changes flottants". Les voilà, une fois de plus,  en adorateurs des causes de la crise ! En vérité aucune monnaie ne peut supporter que celle d'un partenaire commercial s'effondre. C'est la chute du Real brésilien qui a provoqué celle du Peso argentin. Et la chute du Real avait été rendue nécessaire par la brusque appréciation du dollar, elle-même liée à une double spéculation sur le dollar et les bourses américaines.

A partir du moment où le dollar avait dévalué, et la Livre britannique et le Yen Japonais, et le Rouble et le Won etc. l'Euro ne pouvait rester aussi haut.

Les mouvements récents ont mis par terre le Forex et tous les agents travaillant sur le marché monétaire. Les industries Suisse sont KO. Un désordre est toujours un désordre.

La Presse se demande si "cela va marcher", rappelant le succès américain, largement imputé au gaz de schiste, voire anglais, imputé à la place financière de Londres, mais aussi l'échec Japonais.

Cela marcherait si l'activité commerciale nationale et internationale repartait d'un bon pied. Les mesures prises depuis 8 ans n'ont pas principalement cette vocation. Comme nous l'avons vu, le but est de faire face à la perte de 12 mille milliards de dollars  encourue par l'économie baudruche. On a sauvé les banques artificiellement, en faisant intervenir les Etats. Maintenant on sauve les Etats qui sont à bout de souffle fiscal.

On évite un krach général. Mais on ne stimule rien. Les taux d'intérêt sont déjà extrêmement bas, presque trop bas pour une rationalité économique d'entreprise. Les entreprises ont besoin de demande globale. On ne peut leur restituer qu'en "rendant l'argent" aux consommateurs et en cessant de voler les entreprises et leurs propriétaires.

Au total, faute de vouloir réformer le système monétaire international, chaque sous-système est obligé de prendre des mesures d'urgence pour tenter de ne pas subir seul les effets de la crise et la crise perdure indéfiniment.

Une économie baudruche percée de toute part, avec des instances dépassées qui tentent de maintenir la quantité d'air de façon artificielle au lieu de colmater les brèches  n'est pas une organisation intelligente de l'économie internationale.

Il faut d'urgence que les pays du G.20 remette en place un système de changes fixes et ajustables, mettent fin à la liberté totale des mouvements de capitaux  et se mettent en position pour une croissance mondiale rapide, comme celle qui a vu l'endettement global d'après guerre passer de 400 à 200% en 20 ans, sous l'influence d'un système régulé qui interdisait grands déficits et gros excédents.

Il faut que la zone Euro achève sa mue en créant un poste de chancelier disposant des attributions nécessaires à l'ajustement en temps utile des différentes économie et à la gestion du paquet de dettes résiduelles. La BCE ne peut pas tout.

Il faut que la France sorte du socialisme fiscalo-étatiste antinational qu'elle est la seule à pratiquer à cette échelle et revienne dans les clous d'une économie équilibrée, après une réforme drastique de l'Etat et de ses dépendances.

Dans ces trois domaines, on joue la procrastination,  on évite, on tangente, on met la tête dans le sable, on enfume l'opinion, mais on est finalement obligé de plier. Trop peu et trop tard.

Résultat la crise est plus longue et plus coûteuse que nécessaire.

Regrettons une fois de plus que la terrible mais limpide leçon des faits ne soit pas entendue.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

Contresens sur le concept de "zones monétaires optimales"

La monnaie est une terre fertile en inepties de toute sorte. Une des sottises du moment est tout à fait remarquable : elle consiste à partir de la pensée de Robert Mundell, un sage parmi les sages, hostile aux changes flottants (ce qui nous le rend sympathique), et favorable à l'Euro, pour "prouver" que l'Euro est condamné par les économistes. C'est une thèse que l'on retrouve pratiquement chez tous les contempteurs de l'Euro, d'un commentateur comme Eric Zemmour à des hommes politiques comme Mme Le Pen ou M. Dupont Aignan.

La science économique aurait défini, par son meilleur prix Nobel sur le sujet, les règles de création d'une bonne zone de monnaie unique. L'Europe ne répond pas à ces règles. Les Zélotes de l'Euro, niant la science pour la foi, aurait péché contre l'esprit et créé "un monstre intenable et dangereux".

Tous ceux qui ont suivi, ne serait-ce que d'un œil, tout le débat économique sur la création d'une union monétaire dans la CEE savent que Robert Mundell a développé ses idées pour permettre de la construire. Il est un des pères de l'Union Monétaire Européenne. Paradoxe, tout de même, de voir que les arguments du principal promoteur de cette union soient considérés comme la preuve "scientifique" de son impossibilité, même si la couverture médiatique des débats économiques de fond en matière de système monétaire international, est, de tradition , quasiment nulle.

Il faut d'abord relever une erreur tout aussi grotesque. On affecte de penser dans les milieux médiatiques que la monnaie unique est le fruit de la pensée profonde de M. Mitterrand, qui aurait arraché le DeutschMark à l'Allemagne et à M. Kohl, pour prix de sa réunification après l'effondrement du bloc socialiste. Cette fable a été dénoncée récemment par l'ancien ministre des Finances d'Helmut Schmidt. A juste titre.

La préoccupation concrète d'une monnaie européenne remonte aux premiers effets des défauts structurels des accords de Bretton-Woods et de la licence prise par les américains dans la gestion du dollar.  De tensions en tensions on ira jusqu'à la rupture du lien avec l'or, en été 1971 et à la mise en place du désastreux système des changes flottants.

Cela fait plus d'un demi siècle que les Européens se posent la question de l'unité monétaire de l'Europe. Ces efforts se concrétiseront à La Haye, en 1969, où seront signées d'une même plume la création d'une union monétaire européenne et l'entrée de la Grande Bretagne dans la CEE avec ses pays compagnons.

Avant même cette conférence, les experts se sont affrontés sur l'opportunité d'une monnaie unique. L'affrontement est oublié aujourd'hui, mais il fut rude. Les principaux opposants étaient les économistes… allemands. Parmi les partisans de l'unification : Robert Mundell.

L'examen des conditions optimales d'un rapprochement monétaire entre zones économiques est un exercice de l'esprit qui a simplement pour but de déterminer les mécanismes qui jouent dans ces relations. Il s'agit bien ici de régions, pas de nations. Par un travers commun à trop d'économistes (L'influence du modèle Walraso-parétien n'a pas fini de faire des victimes), Mundell  part  d'un "déséquilibre" modifiant un état précédent réputé équilibré. Et regarde ce qui se passerait selon les différents régimes monétaires.  Dans un but pédagogique, pourquoi pas, après tout. Il montre comment réagit le système en faisant varier différents paramètres et cherche à savoir dans quelle configuration la monnaie unique serait le plus efficace.

En simplifiant à l'extrême, on peut réduire les facteurs favorables à deux catégories :

- Des arguments purement micro-économiques

- Des arguments politiques.

Les arguments économiques sont du genre tautologique : si tout est pareil alors, la monnaie peut l'être aussi. Si rien n'est pareil, c'est plus dur. Si les économies qui fusionnent ont la même structure, sont bien imbriquées et connaissent une bonne fluidité intra-zone des facteurs de production, alors une monnaie commune posera moins de difficulté que s'ils sont totalement divergents en terme d'exportation, de consommation et de production et que les facteurs de production sont figés.

Les arguments politiques sont néanmoins l'essentiel : la monnaie doit être gérée ainsi que tous les facteurs qui en conditionnent la valeur. Sice pouvoir existe les divergences du terrain pourront être gommées et on peut envisager une monnaie unique. Après tout, pratiquement aucunes zones monétaires existant dans les années soixante n'étaient homogènes : ni l'URSS, ni les Etats-Unis, …ni la zone Franc.

De toute façon, selon Mundell, tous les systèmes économiques et financiers (notamment les taux d'intérêt)  finiront par converger si la monnaie est unifiée et pilotée intelligemment : la dévaluation n'est qu'un expédient, agréable du point de vue politique, mais sans grand effet à moyen terme sur le fond. Les inter-relations entre les économies, de plus en plus imbriquées, rendent d'ailleurs l'avantage à court terme d'une dévaluation de plus en plus réduit.

Pour Mundell, une conclusion s'imposait : les Américains font n'importe quoi et la politique du dollar est menée contre les intérêts à long terme de l'Europe. Il faut contrer cet hégémonisme qui contribue au désordre monétaire mondial en créant l'Union Monétaire Européenne. Pour que ce la marche, il faut fluidifier la circulation des facteurs de production et créer les institutions ad hoc.

En lisant Mundell, une conclusion s'impose : il faut à l'Union Monétaire Européenne une politique commune solide au dessus d'un marché libéré de ses entraves.

Tout de suite après la conférence de La Haye, le système monétaire de Bretton-Woods s'effondre et on entre dans la Danse de Saint Guy des monnaies.

La tentative de l'ECU, European Currency Unit, est un échec, détruite par la spéculation permise par les américains. Le Serpent monétaire explose. Les penseurs européens en concluent qu'il faut créer une monnaie unique pour éviter tout interstice où la spéculation puisse s'insérer. Elle doit faire masse pour exister face au dollar.

Les années 80 verront donc les Européens favoriser la fluidité des mouvements de facteurs de production au sein de l'Europe, vue comme un préalable, et à créer les conditions d'une monnaie unique.

C'est l'époque où nous-mêmes recevions mission de créer un système de comptabilité analytique à la Banque de France pour permettre de piloter une fabrication des billets compétitive lorsque les grands marchés d'impression de la monnaie unique seront lancés. A cette date personne n'envisageait ni l'effondrement de l'URSS ni la réunification de la RDA (et Chirac était au gouvernement).

Bientôt Delors propose de marcher vers le marché unique, en même temps que les bases de l'Euro sont négociés.

On oublie que, dans les années 80, la RFA avait besoin de digérer l'énorme perte de changes sur les dollars accumulés par ses excédents commerciaux du fait de l'effondrement du dollar. Dans les années 90, il lui faudra digérer l'absorption de la RDA. Alors qu'on fait de l'Allemagne le Raminagrobis trop content d'entrer dans le poulailler européen, ses économistes étaient plutôt sur la réserve.

Elle viendra à l'Euro en acceptant toutes les mesures de libéralisation des mouvements de facteurs de production, mais avec une réticence marquée vis-à-vis de l'unification des politiques monétaires et économiques.

C'est ainsi qu'a été construit le compromis de Maastricht :

- Monnaie unique mais sans organe de gestion autre que la BCE et deux critères de gestion : 3% de déficit public au maximum et pas plus d'endettement public que 60% du PIB. Pour bien faire on a ajouté la nécessité de prouver sa vertu dans le cadre d'une procédure d'adhésion marquée par le respect de différents critères de convergence.

Les idées de Mundell ont triomphé à moitié. La fluidité des facteurs de production a été mise en œuvre. La politique solide unifiée est restée dans les limbes. Les fédéralistes, façon Delors, savaient bien que le système était boiteux, mais pensaient qu'en mettant la charrue avant les bœufs, les inconvénients forceraient les ajustements institutionnels dans le mouvement. "Nécessité fait loi et l'Europe se construit de crises en crises" !

En dehors de la BCE, dont les objectifs sont définis de façon trop restrictive, avec juste un taux d'inflation comme mesure, et un fantomatique Eurogroupe longtemps présidé par le non moins fantomatique Juncker, il n'y a pas d'organe de gestion de la zone Euro.

Mundell a certainement surestimé la capacité de marchés libres, dans un cadre monétaire unique, à converger. Les Allemands ont exigé une convergence préalable. Mais beaucoup ont triché, comme la Grèce. Et rien n'était prévu pour la suite. C'est comme cela qu'on a vu le plan Jospin (35 heures et relations sociales coercitives, avec effondrement de la compétitivité ) s'affronter au plan Schroeders (redressement de la compétitivité avant tout). Et tout le monde se moquer des règles 3/60.

Une autre faiblesse de l'approche de Mundell est de s'appuyer trop sur la micro économie (les comportement de production et de consommation de micro acteurs) et pas assez sur les réalités globales, notamment la création d'une économie baudruche où le taux d'endettement est devenu massif et la finance totalement débridée.  

La construction de l'Euro aura donc une influence dépressive pendant tout le temps de l'obtention des critères d'adhésion, et conduira certains pays à gonfler trop facilement leur endettement public à partir de 2000.  Comme Mundell l'avait prédit les taux d'intérêt ont bien convergé rapidement, mais ils ont attisé l'endettement, rendant l'Europe vulnérable à un retour de conjoncture. Il n'a pas compris que la finance, faute de s'attaquer aux monnaies, jouerait avec le taux d'intérêt des emprunts d'Etats, avec le potentiel de les ruiner et de faire sauter l'Euro. Le résultat :

- Les pays de la zone Euro  ont divergé avant la crise (entre 2000 et 2008) et l'endettement global et public a trop augmenté

- La crise a mis à nu l'absence de politique commune et d'organes de pilotage de l'Union qui a réagi le dos au mur en violant toutes ses règles et en provoquant une récession sanglante dans le sud de l'Europe : chaque pays ne peut s'ajuster que par la déflation.

- L'Europe sort tard et mal de la crise, sans avoir crevé l'abcès du mode d'organisation d'une zone monétaire unique.

Aujourd'hui, il est parfaitement ridicule d'utiliser la théories de Mundell sur les zones monétaires optimale pour justifier la sortie de l'Euro.

Il faut au contraire perfectionner l'approche de Mundell :

- Oui il faut un Euro pour contrebalancer la puissance du Dollar et bientôt celle du Yuan (qui n'entrait pas à l'époque dans le champ de vision de Mundell).

- Non les ajustements ne se font pas tout seuls

- Il faut une instance de pilotage des la zone Euro (ce que nous appelons un Chancelier de la zone Euro) que nous voyons distinct de la Commission Européenne. La difficulté démocratique impose, contrairement à ce que pense VGE, une retouche institutionnelle, avec des organes de contrôles venant des parlements nationaux. Démocratie oblige.

- Compte tenu du système mondial de changes flottants et de finance sans contrôle, le pilote doit se voir confier des instruments qui ne sont pas seulement ceux de la BCE.

- Il faut militer pour la fin des changes flottants et de la licence de certains pays d'accumuler excédents et déficits massifs.

Cela suppose que la France cesse de s'enfoncer dans le désordre et le n'importe quoi. Il ne faut pas non plus craindre d'éjecter la Grèce, si les réformes s'y révèlent impossibles.  

La création de nouveaux organes et de nouveaux instruments ne peut se faire qu'après retour de certains pays laxistes à un minimum de sérieux. De ce point de vue là, la politique débile de F. Hollande est le principal obstacle au passage au stade d'organisation convenable de la zone Euro.

On voudra bien comprendre que la théorie des zones monétaires optimales de Mundell n'est en rien un argument contre l'Euro. C'est l'inverse. Et que cinquante ans après sa formulation il est simplement nécessaire de l'adapter aux leçons de l'histoire et surtout à celles des défauts du système de change mondial  et de la crise économique en cours.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.  

Tuez le chèque gratuit ? Pas seulement...

L’inlassable offensive des banques contre  la gratuité du chèque a repris avec de bonnes chances d’ aboutir, dans le climat iconoclaste qui entoure la prestation du banquier Macron, chargé, au Ministère de l’économie, de redonner les couleurs du sérieux économique à une Présidence française qui ne connait que les combinaisons politiciennes et  les joies de la  communication.  

Les associations bancaires, constamment à l’affût de l’occasion favorable pour tuer la gratuité du chèque et qui relancent chaque année leur offensive sans jamais se lasser, vont donc faire la peau du chèque gratuit et peut être même du chèque tout court.

Au nom de la modernité, concept creux sil en est un, qui n’a jamais justifié quoi que ce soit. Le prétexte nouveau est l’émergence de nouveaux moyens de paiements sécurisés utilisés sur les réseaux informatiques et notamment Internet.

Désormais toutes les opérations concernant la gestion d’un compte dit encore «compte-chèques »,  seront payantes. Frais d’ouverture de compte, frais de tenue de comptes, frais de fermeture de compte, frais de consultation de compte, frais de versement sur le compte, frais de paiements à partir du compte (chèque, virement ou carte de paiement ou terminaux de paiements),   frais d’incidents sur le compte,  tout sera l’objet d’une facturation.

Tout cela serait bel et bon si on en profitait pour mettre fin au statut bizarre de l’acte de dépôt bancaire. La fourniture gratuite de la propriété d’une liquidité en contrepartie d’une créance sur la banque, n’a plus aucune raison d’être.  Le « déposant » en fait ne fait pas un dépôt. Il perd la pleine propriété de son argent : et l’usus et le fructus.  En contrepartie de cet abandon, l’usager bénéficiait de la gratuité de la gestion de son compte.  Si on supprime cette gratuité, le statut juridique du « dépôt » n’a pas de sens.  L’acte de « dépôt » rendu obligatoire par l’Etat pour des raisons de traçabilité fiscale des transactions,  devient une prédation sans cause économique sérieuse. 

La fin de la gratuité de la gestion de compte bancaire implique, en toute logique, la disparition des banques de dépôts au profit de deux types très différents d’établissements :

-          Les banques de paiement

-          Les banques de crédit

La banque de paiement reçoit un dépôt mais n’en acquiert ni l’usus ni le fructus. Pour des raisons de sécurité elle doit déposer l’argent reçu à la banque centrale. Dans la pratique, c’est comme si toute l’encaisse des agents économiques se retrouvait à la banque centrale.  Les banques de paiements sont des sociétés de services qui doivent effectuer au moindre coût, dans un univers concurrentiel, toutes les fonctions de tenue de comptes, d’encaissement et de paiement.  A elles de mettre en œuvre les technologies de pointe et de faire baisser le coût des transactions. La seule chose qu’on leur demande c’est d’effectuer les fonctions basiques de la façon la plus économique et la plus commode possible, sachant que chacun peut souhaiter avoir un service qui lui convienne et qui soit différent de celui  voulu par un autre client.

La justification du coût payé par l’usager est la sécurité de conservation (par rapport à la lessiveuse remplie de billets) et la tenue de compte (encaissement, paiement, position).

Une banque de paiement ne fait aucun crédit et ne crée aucune monnaie. Elle stocke et fait circuler l’encaisse des agents économiques.

Si une banque de paiements fait faillite, l’argent des  déposants n’est pas perdu, puisque toute liquidité est dans les comptes de la banque centrale,  au nom du client.  Seul  le capital des actionnaires est perdu en tout ou en partie si le prestataire fait de mauvaises affaires.

Il est strictement inutile de prévoir une garantie quelconque des dépôts. 

De même, il n’y aurait aucun  inconvénient à voir se créer d’immenses banques de paiement multinationales.  Au contraire cela n’aurait que des avantages pourvu que la concurrence soit rendue constamment effective.

Actuellement,  par une inversion morale  totalement stupéfiante, l’accélération de la baisse du coût des transactions grâce à l’interconnexion généralisée  de systèmes d’information décentralisés et miniaturisés sur les  autoroutes de l’information,  est considérée par le groupement des banques comme une occasion de frais supplémentaires pour l’usager.  Déjà en 2002 elles avaient obtenu du juge de ne pas être condamnées par la Direction de la Concurrence pour entente illégale alors qu’elles avaient entrepris de taxer les usagers pour « compenser » la perte sur dates de valeur dues à une meilleure organisation de la compensation. 

Le jeu normal de la concurrence devrait permettre aux gains de productivité de bénéficier in fine au consommateur. Pas seulement aux  banques.  En France le « fascio » pétainiste marche encore impeccablement.  Non seulement les banques doivent gagner sur l’utilisation de l’argent déposé mais aussi sur tous les actes qu’elles entreprennent, et si des gains de productivité apparaissent, ils doivent leur bénéficier et à elles seules.

Une parfaite économie politico-administrative, où les liens incestueux  entre haute administration, finance et politique permet, en France, une gestion protégée et monopolistique contraire aux intérêts des particuliers et des entreprises, tout en étant sans aucun risque pour les dirigeants.  D’où la « surprise » de la première banque de France lorsque ses dirigeants furent condamnés à l’étranger pour des comportements douteux. Ce n’est pas en France que cela arriverait. On a vu avec l’affaire du « crazy Lyonnais » qu’on pouvait ruiner une banque sans grande conséquence, pourvu qu’on soit de l’Inspection des Finances.

La banque universelle, qui multiplie tous les conflits d’intérêts, et qui se fait sauver par l’argent public ou les libéralités de la banque centrale  lorsqu’elle se fourre dans un guêpier,  est le prototype du système intolérable, source de tous les mauvais procédés.

Nous suggérons de séparer complètement l’activité de banque de paiement, de banques de crédits, de banque d’affaires et de banque de gestion de fortune.

Les banques de paiement n’auront qu’une activité : gérer les comptes et les transactions de paiement de façon concurrentielle, sûre et productive. Elles n’ont pas  le droit de faire de crédit ni de créer de la monnaie.

Les banques de crédits sont là pour étudier les opportunités de crédit. Elles travaillent non pas avec les « dépôts » des  agents économiques mais avec l’argent qu’elles recueillent sous forme de placement.  La correspondance entre la durée des placements et des ressources est assurée, afin que la « transformation » de placements courts en financement longs ne soit pas trop importante.  Ces banques sont spécialisées dans le crédit et seulement dans le crédit.  Les opérations de banques d’affaires leur sont interdites.  Elles ne travaillent pas pour compte propre dans des opérations hyper spéculatives.  Leur capital sert à couvrir les erreurs d’appréciation sur les prêts.   Il est à noter  que les banques de crédit gardent la possibilité de créer de la monnaie, puisqu’il peut y avoir un décalage entre les besoins de trésorerie et l’encours de dette.  Le multiplicateur existe toujours. L’ampleur d’une crise de liquidité est réduite puisqu’aucune ruée de déposants n’est possible.  En revanche le refinancement peut venir à manquer si les épargnants préfèrent thésauriser dans leurs comptes dans les banques de paiements plutôt que de souscrire aux  instruments de prêts de trésorerie à court terme.

Les banques d’affaires travaillent sur leur argent propre et  l’argent emprunté mais ne peuvent pas faire d’opération de crédit. Elles ne peuvent qu’investir dans des classes d’actifs et venir en support d’opérations financières spéculatives.

Les banques de gestion de fortune, elles, ne peuvent faire ni crédits, ni opérations de banques d’affaires,  ni opérations de paiements.  Elles produisent et distribuent des instruments de placements, agissent pour le compte de leur client sur les marchés d’actifs, et tiennent leur comptabilité titre.

Cette organisation aurait l’avantage de la clarté et imposerait les distinctions indispensables  entre les différents métiers.

Il n’y a aucune raison qu’un déposant risque de perdre son avoir simplement parce que son banquier s’est servi de son liquide pour faire des opérations dangereuses pour son intérêt propre.  En revanche il prend un risque dès lors qu’il souscrit à un titre de placement émis par le système bancaire.  Le risque est donc déplacé, pas supprimé. Le déplacement reste utile, justement parce qu’il met tout le monde devant de justes et claires responsabilités.

Il est sûr que la division en quatre du monde bancaire a une conséquence macro-économique sérieuse : la thésaurisation sera renforcée. Actuellement, lorsque  les particuliers ne gèrent pas leur solde de compte courant, la banque le fait pour eux… Il apparait un stock mort de liquidité dans les comptes des banques de paiements. En cas de crise, les particuliers peuvent rapatrier tous leurs placements courts vers leur compte courant.  Mais les liquidités étant déposées automatiquement en temps réel dans les banques centrales, celles-ci ont tous les moyens nécessaires pour faire face aux  obligations des banques de crédits, si nécessaires.

Au total le système bancaire sera plus solide. Le risque d’emballement des crédits sera limité par la plus grande facilité de thésaurisation et l’obligation de trouver de la ressource, non pas automatiquement, mais en convaincant un souscripteur. Le risque de ruée est limité. Le meilleur ajustement entre longueurs de ressources et d’emplois est bénéfique.  L’internationalisation serait facilitée, notamment pour les banques de paiements.

Le coût pour l’usager d’un système de banque de paiement, financé explicitement par des commissions ad hoc, serait-il très supérieur  au système hybride actuel ?  Rien n’est moins sûr, vu l’importance des progrès techniques en cours.   Ce serait le client qui choisirait le support de paiement en fonction des coûts encourus, pas le banquier en fonction de son seul intérêt. Les accords anticoncurrentiels seraient condamnables.  Si le chèque est trop cher et qu’il existe d’autres alternatives, il n’y aurait aucun inconvénient qu’elles triomphent sur le marché. Alors que le forcing règlementaire intéressé des banques universelles actuelles pour forcer le consommateur est simplement « fasciste », au sens propre et historique  du mot.  Et il lui appartiendrait de compenser les coûts supplémentaires éventuels  en plaçant  le solde de son compte courant au mieux.  

Bref, en lieu et place du système littéralement pervers qui est en place actuellement, on verrait s’installer une organisation plus productive, mieux équilibrée et plus maîtrisable.

Tuez le chèque gratuit ? D’accord. Mais en réorganisant totalement le système bancaire.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile.

La France et les deux faces du Dieu Hermès

Le Dieux Hermès a des chaussures avec de petites ailes aux pieds, symbole à la fois qu'il est le Dieu du vol (piquer et fuir) et du commerce (ne jamais rester bloqué dans une activité en déclin et voguer vers les nouveaux marchés à toute allure).

Le malheur, c'est que l'on ne peut jamais avoir l'avers sans le revers. 

Prenons le choix, imprimé au plus profond des neurones de la gauche française, de la promotion d'une organisation de la production sans "bougisme" ni tension, sous la houlette, soit d'une administration bienveillante et soumise, façon socialisme municipal, soit d'un "contrôle populaire" pas bienveillant, comme on dit au NPA, le nouveau parti anticapitaliste. Il est sûr que des activités ainsi gérées sont verrouillées dans la glaise de leur organisation initiale  et ne savent  faire aucune mutation sans catastrophe. Tout le drame de la SNCF, SNCM, SEAFRANCE, HBL, RATP, Banque de France, France Telecom, UAP,  Poste, etc. est là. Il ne faut jamais confier une fonction commerciale à un système qui ne permet aucun ajustement de produits, de marchés, d'effectifs ni de capitaux. C'est une première leçon du mythe d'Hermès.

L'ambivalence du Dieu grec joue aussi malheureusement son rôle du côté du libre commerce. L'arrivée d'Internet a démultiplié l'aspect traditionnel du dommageable "hit and run",  mais a aussi conduit une nouvelle définition du marketing : "seduce or bully". Ce merveilleux concept perce dans certains  séminaires de management pour "grands comptes", centrés sur la "maîtrise statistique de la masse". Le client n'et plus roi. L'attention à son service ne figure même plus parmi les préoccupations des grands chefs. Le mot clé est "RAF", rien à foutre, en clair. L'important est d'imposer un avantage statistique, générateur de profits immédiats et faciles, le contraire de l'individualisation.

Vous voulez un tout petit exemple ? Vous êtes Orange. Vous ne voulez plus payer d'équipes chargées d'encaisser des TIP. Tout le monde doit payer par prélèvement. Si vous faites en sorte que les TIP ne soient pas remis en banque, vous créez un incident de paiement et bloquez la ligne.  Après les habituelles péripéties du support (sic) téléphonique puis d'une visite, stérile, en boutique, le "client" qui a tout fait bien, et ne veut pas et payer un TIP et repayer par carte bancaire, devient fou. Des voix suaves insisteront : "payez par prélèvements qui évitera tellement d'ennuis". Et hop, c'est gagné. Cela s'appelle faire une pression "statistique" sur le client captif. Avec un minimum d'investissement vous pouvez obtenir que la masse des clients passent par vos arcanes. On fait mal (un peu) au client exprès, par tactique. Vous direz : et la concurrence ? Que fait SFR ? Cette société ne veut plus vous envoyer de facture-papier. Elle vous coupe le service sans rien vous demander. Le fisc vous demande les factures ? Vous n'avez qu'à imprimer vous-même ! Il faut appeler pour annuler cette décision unilatérale. Vous le faites. C'est payant. Au bout des drames habituels à l'usage d'un centre d'appels, vous tombez sur quelqu'un de très gentil qui vous demande mille choses avant de s'enquérir de votre question. Vous coupez court au blabla pour demander le rétablissement des factures papier. Il dit "bien sûr", vous demande d'attendre en ligne une seconde. Deux minutes après, cela coupe. La facture papier n'est toujours pas rétablie le mois d'après. Ce ne sont pas des incidents mais des politiques. Etudiées-pour, enseignées, mises en œuvre. Sans aucune faiblesse. Jamais admises. Il n'y a pas de preuves possibles n'est-ce pas ? Alors pourquoi se gêner ? Cela fait des millions d'économies.

Seul le règlement et les "class actions" associées, pas la fuligineuse "régulation", mot qui ne veut rien dire et faire prendre aux gens des vessies pour des lanternes, pouvent durement sanctionner une entreprise qui couperait un service pour non paiement sans avoir averti au préalable du problème de paiement, ou d'une façon incompréhensible , ou qui se dispenserait unilatéralement de produire des factures-papier. Avec des sanctions automatiques et très dures. Le libre marché est impuissant à faire ce travail.

Il est absolument nécessaire que les pratiques commerciales déloyales soient étudiées, interdites, poursuivies et sanctionnées.

De même est-il simplement tolérable qu'une entreprise quelconque puisse s'introduire dans vos systèmes informatiques personnels sans l'expression d'une volonté d'accord de votre part? Lorsque Canal plus dans son nouveau système réinitialise le décodeur alors que vous êtes en train de regarder quelque chose, avec un accord par défaut dont vous n'êtes même pas conscient, est-ce normal ? Lors que mille et un fournisseurs de logiciels légaux, (on ne parle pas ici des voyous), installent sur votre machine des services dont vous ne savez rien et font des traitements sur vos données personnelles sans même vous demander votre avis, est-ce normal ?

Spéculer sciemment sur la négligence des gens est déjà douteux, mais les forcer à faire des choses qu'ils n'ont jamais envisagées de faire, cela s'appelle du viol.

Seule la loi peut maîtriser le viol, surtout s'il est commis par des grandes multinationales "gérées par des "porcs" et qui ne pensent qu'à leur prochaine prime et leur retraite chapeau", comme on écrit au NPA, ce qui, au passage, est sans grande importance mais parfaitement exact. Pas besoin d'être socialiste, anarchiste ou anti-système pour le dire. La seule légitimité du profit est le service rendu. L'enrichissement sans autre cause que le dol et le viol est condamnable.

C'est encore plus vrai dans le domaine du placement, traditionnellement le paradis des plumeurs de fortunes. Dans un espace financier mondialisé, les sous-jacents sont pratiquement inconnus du profane, qui n'a d'ailleurs strictement aucun moyen de s'orienter dans la jungle des différents "produits" et des classes d'actifs indéfiniment diversifiées. Mais il n'y pas plus de vraie technicité au sein des organismes financiers. Ils ne travaillent pas avec leur argent propre et ils agissent en fonction de signaux extrêmement pauvres : La hauteur d'un taux d'intérêt, la mode, la réputation d'un intervenant, le sens du troupeau.

Collectivement la profession a cherché à avoir des avantages cachés vis-à-vis des "clients". Le plus clair est la rétro commission. "Je place l'argent là où on me donne le plus et je me fiche du reste. Je présente de toute façon mes résultats client en net de mes rémunérations. Personne ne sait  combien je me suis fais de plumes sur le dos du canard". La règlementation commence à arriver sur ce sujet. Heureusement ! UBP a ratissé comme cela du Madoff qu'elle a collé pour  5%  de la valeur dans les portefeuilles clients, qui n'en savaient strictement rien. Les énormes commissions versées n'ont jamais été restituées au client qui a encaissé sa perte avec un minimum de compensation de la part de cette banque. "Seduce and/or bully !"

Quand on s'élève encore au dessus, en prenant le monde et l'histoire des quarante dernières années à témoin, on voit qu'un système monétaire et financier défaillant a permis de faire monter à plus de 400% le taux d'endettement moyen des pays de l'OCDE, chiffre intenable qui a provoqué une perte irrécouvrable de près de 12.000 milliards de dollars. La course des comportements individuels et collectifs a été suicidaire dans ce cadre. On cherche aujourd'hui à résoudre, pour le futur, la difficulté en "régulant l'amplificateur", attitude imbécile et coûteuse. La même qui veut qu'on s'attaque exclusivement  à tous les automobilistes, tout le temps, au lieu de redessiner les points noirs !  

Donc oui, certaines réglementations étaient  absurdes. Mais le contexte s'est largement créé, dans l'affaire qui nous occupe, par la libre action d'acteurs sans contrôle.

Un autre aspect est visible depuis l'arrivée de la micro informatique, précurseur de tous les exemples suivants, associés à la technologie. Un champion capte un créneau de la technologie et devient seul possesseur du créneau grâce à la traîne qu'il a su constituer et qui verrouille les usages. Il n'y a pas d'autre traitement de texte que Word et de Tableur qu'Excel. Le "marché" ne veut pas enseigné, recruté, et échangé en dehors du standard principal qui emporte tout. Depuis 30 ans ! Microsoft domine dans le PC, à 80% des OS. Google tient le marché de la recherche sur Internet, Amazon la vente sur Internet, Ebay, les enchères sous internet, SAP la gestion intégrée informatisée,  etc. D'ailleurs toutes les "start-up" cherchent à valoriser rapidement des "barrières à l'entrée", c'est-à-dire à se retrouver en situation de monopole inexpugnable le plus vite possible. Or le monopole crée une rente au détriment du consommateur une fois que le marché est installé. Une fois encore la "protection de l'innovation" et  la "libre concurrence" ne peuvent jouer avec bénéfice que si un cadre légal est mis en place.

Les marchés ne peuvent être laissés sans organisation ni vigilance, mais ne doivent pas être étouffés par démagogie en prétendant aider le locataire contre le loueur, l'employé contre l'employeur etc. Le consumérisme n'est pas la guerre sociale. Sinon il n'y a plus d'emplois, plus de locaux à louer etc. On peut voler les fruits du passé pas utiliser ce qui n'a pas été créé. L'Union Soviétique est morte de ce constat. L'économie est un flux accélére par des volontés individuelles et collectives.

La production ne doit être non plus laissée à des systèmes figés, où la motivation de changement est inexistante et les possibilités d'ajustement des plus réduites.

Guidés par un instinct très sûr, les Français ont fait exactement l'inverse. Au nom du contrôle des relations de domination, leur obsession plus que les inégalités, ils ont rendu quasiment impossible tout lien contractuel privé, faussant toutes les décisions et tous les comportements. Ils ont développé un secteur protégé gigantesque, où l'Etat est impuissant à bien faire et où les ajustements sont catastrophiques. Ils ont créé un complexe politique, administratif, culturel, bancaire et industriel au dessus de toutes vraies contraintes, en particulier celles de la démocratie. L'abus et l'inefficacité sont partout.

Il faut connaître les deux faces du Dieu Hermès et en tenir compte. Quand on connait ses Dieux grecs on les honore !

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile

Une leçon de la chute des prix du pétrole

Dans un système des changes flottants, la valeur respective des monnaies n'est pas seule à flotter. Toutes les valeurs "d'actifs" flottent également. Et les variations sont d'autant plus fortes que la création monétaire, par les banques centrales ou par les banques commerciales, a été plus massive. Dans une économie "baudruche", comme nous appelons la situation créée après l'abandon des disciplines de Bretton-Woods, toute "classe d'actifs" est alternativement à la veille d'une spéculation à la hausse ou à la baisse.

Dans le cas du prix du pétrole, qui viennent de s'effondrer, la conséquence sur les interprétations fréquemment avancées, est intéressante.

Première erreur : Parler d'un hausse perpétuelle du cours de l'or noir est un non sens. On peut invoquer une hausse tendancielle, guère plus. Nous aurons la charité de ne pas citer les bons auteurs qui voyaient le cours du Brent à 300 dollars le baril en 2014 avant la disparition du pétrole en 2020 (leurs prédécesseurs de 1970 voyaient cette disparition dans la décennie 1990 et au plus tard en 2000). La spéculation sur les cours du pétrole au milieu de la première décennie du siècle avait été tellement forcenée qu'une correction était quasiment obligatoire. Elle a été retardée par les achats chinois qui ne savaient plus quoi faire de leurs excédents de dollars. Et le krach spéculatif a fini par se produire. Cette règle est valable pour toutes les "commodities", y compris l'or qui n'est pas seulement une matière première.

Seconde erreur : croire que le pétrole fait la conjoncture. Les cours du pétrole sont dans la dépendance de la conjoncture pas l'inverse. Beaucoup de commentateurs ont cru devoir expliquer "la crise", depuis 1973, par l'évolution des cours du pétrole. La récession de 73-74 aurait été la conséquence de la guerre israélienne et de la hausse massive des cours du brut qui a suivi la défaite arabe. En vérité c'est la crise monétaire et de change provoquée par l'abandon de la référence à l'or par Nixon qui a provoqué les excès pétroliers pas l'inverse. Plus généralement, faire dépendre exclusivement de la rente pétrolière, qui s'est créée à ce moment là, le gonflement général du taux d'endettement de l'économie mondiale que l'on a constaté depuis 71, est une erreur de jugement.

La fin des "trente glorieuses" n'est pas expliquée par l'évolution du marché pétrolier, pas plus que cette période de forte croissance ne peut se réduire aux besoins de la reconstruction, ou à l'explosion d'un marché particulier. Combien de fois entend-on que la grande croissance a été uniquement le fruit de l'expansion du marché automobile associée à un pétrole pas cher ! Et que désormais tout cela est fini et qu'il faut songer simplement à organiser la baisse démographique  et économique pour songer à un bonheur brut dans l'abstinence.

La conjoncture est entièrement guidée par le crédit et l'investissement. Toutes les crises du cycle sont des crises de crédit, en particulier les phases de crises dures (74, 93, 2009). C'est parce que les mécanismes de régulation monétaire ont été détruits en 1971, que les crises périodiques sont de plus en plus graves. Le phénomène de la double pyramide de crédits, associé mécaniquement aux déficits et excédents monstrueux de balances de paiement,  a fait passer le taux d'endettement moyen à plus de 400%. Dès lors le dégonflement de la baudruche était impératif. Il se produit depuis 2008. Et il touche les marchés de biens, que ce soit l'immobilier, l'or ou le pétrole, en dépit des créations gigantesques de liquidité que les banques centrales ont impulsé (près de 10 mille milliards de dollars tout de même). Un autre mot pour la même chose : la déflation ! Seule une croissance forte dans une cadre plus que légèrement inflationniste et collaboratif permettrait d'éviter une phase de déflation désastreuse. Il n'y a plus de cadre ni de réel collaboration. La déflation est là : surprise, surprise !

La monnaie n'est pas un "voile" sans importance. Monnaie et crédit sont la base de la conjoncture. pas le pétrole.

Un système monétaire international nocif  fabrique des phénomènes conjoncturels désastreux. le système des changes flottants est une erreur calamiteuse.

Delenda est  !

L'effondrement du cours du pétrole, en effondrant en passant les théories absurdes qui font du pétrole la clé de tout, devrait ouvrir les yeux.

Devrait…

 Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Une autre erreur économique commune

Parmi les erreurs que l'on retrouve de façon assez généreuse dans la presse et parfois dans les rapports des grandes institutions économiques mondialisées, figure l'idée que les pays émergents tireraient la conjoncture et serait la solution aux difficultés des économies "vieillissantes". Nous avions déjà dénoncé ce travers , dès 2009, dans le dossier :

http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2009/3/8/Non-la-Chine-ne-nous-sauvera-pas-

Nous donnons ci-dessous le graphique de l'évolution du PIB chinois tel qu'il nous est désormais connu. On voit qu'il n'y a pas eu de miracle. La Chine a suivi l'évolution générale. Ses énormes réserves ont permis des poussées spéculatives ou défensives d'achats divers (terres rares, pétrole, ports étrangers, achats africains, etc.) qui ont laissé croire à une reprise du commerce international. En réalité le commerce international, largement basé sur la santé des circuits financiers car on échange des biens contre du papier étranger, s'est totalement effondré en 2009 et n'a jamais véritablement repris.

L'effondrement pendant l'année 2014 (qui devait être l'année de la franche reprise) des prix du pétrole, de l'or, des matières premières, et d'une façon générale des biens qui servent de base aux échanges internationaux,  en est aujourd'hui la preuve éclatante.C'est cette baisse qui fait craindre au FMI un début de déflation généralisée. Mais le FMI n'en analyse pas la source. Pour cette institution c'est la stagnation européenne qui explique tout. En fait, l'explosion du système monétaire international, avec repli sur leur pré-carré de toutes les banques, sauvées par leur Etat, n'a conduit, sur le front international,  qu'à des mouvements erratiques soutenus essentiellement par la spéculation ou les pratiques défensives.

Les énormes liquidités créées par les banques centrales ont certes conduit les investisseurs à chercher des opportunités dans les pays émergents. La hausse de tel ou tel marché dans ces régions a été créée par ces mouvements spéculatifs qui ne reposaient sur rien. Jusqu'au moment où le néant sous-jacent est apparu clair à tout le monde et ce fut le repli en ordre dispersé. Le rôle des responsables de la gestion de fortune est de chercher à être au début du mouvement spéculatif et de s'en échapper à temps. Certains y arrivent. Mais, obligatoirement, la majorité d'entre eux se noit.Et avec eux les économies touchées : voir le cas du Brésil.

La vérité est toute simple : les économies importantes sont grevées par un stock de dettes irrécouvrables monstrueux qui pèse sur leur croissance. Les pays émergents peuvent être occasionnellement boostés par les flux de monnaie créés pour contrer le dégonflement global de l'économie baudruche mais ils ne sauraient tirer la conjoncture.

Le faible ne sauve jamais le fort.

 

 

 

 



La fausse "exemplarité" du marché des devises

Parmi les lubies de l'époque, et cela dure depuis la libération complète des mouvements de capitaux en 1990, figure l'exemplarité du marché des changes, présenté un peu partout et en particulier dans les cours d'économie financière, comme le parangon d'un marché quasiment parfait, permettant une confrontation à la seconde de millions de décisions  d'achat et de vente, et l'allocation optimale des ressources, en liaison avec le marché des taux d'intérêt.

Depuis cette époque nous ne cessons de répéter que cette doctrine est totalement aveugle aux réalités.

Le marché monétaire est l'exemple même d'un marché doublement imparfait :

- Il est dominé par quelques banques centrales qui peuvent intervenir avec des moyens tels que les changes n'ont que le sens qu'on veut bien leur donner (ou qu'elles veulent bien qu'on leur donne). On l'a vu avec la banque centrale suisse, qui a émis presque la valeur d'un PIB national pour arrêter la hausse des cours du Franc Suisse. On l'a vu avec l'émission de monnaie de la Banque centrale du Japon qui a noyé de liquidité les marchés pour faire baisser le Yen. Ne parlons pas de la FED et maintenant de la Banque Centrale Européenne qui ont émis près de 10.000.000.000 de dollars de monnaie gagée sur rien du tout en 7 ans.

- Les opérateurs au quotidien sur le marché des changes sont très peu nombreux et peuvent se coaliser facilement pour monter des coups permettant des gains faramineux en quelques heures ou quelques jours. Les gains sont minimes en taux mais les capitaux mobilisés sont tels et la durée des opérations si courte,  que les rendements sont extravagants.

Que constate-t-on aujourd'hui ?

- La condamnation des principales banques ayant manipulé le cours de certaines monnaies clés permettant de fixer des "trackers" sur lesquels on a pris des positions spéculatives à très court terme. On se rappelle que le Libor avait déjà été manipulé de la même façon. Cours de change et taux d'intérêt ont donc été constamment manipulés pendant vingt cinq ans. Merci pour l'allocation optimale des ressources !

- La danse de Saint-Guy actuelle des monnaies dont les cours sont manipulés par les banques centrales ou les Etats, ou de celles qui ont été affectées par des éclatement de bulles spéculatives. Le cours du pétrole, entièrement dominé par la spéculation, a fini par s'effondrer,provoquant aussitôt la chute de monnaie surévaluée comme par exemple le Rouble russe, lui-même victime de faits politiques. Le Real brésilien se porte mal du fait de l'arrêt des achats chinois qui avait permis une spéculation éhontée sur les "classes d'actifs" brésiliens dont la monnaie. L'Euro a fortement baissé par rapport au dollar du fait de l'action de M. Draghi.

Encore une fois, où voit-on un marché libre, liquide et parfait ?

De toute façon dans une économie boursouflée par la création monétaire massive, que nous avons appelé "baudruche", les marchés de capitaux n'ont aucun sens "réel". L'argent ne se place pas dans des projets de production mais dans des espoirs de gains en capital sur des valeurs nominales dépendant directement des émissions monétaires.

Tant qu'on n'a pas mis fin au mécanisme qui permet un gonflement des crédits  hors de tout contact avec les investissements de production, et qu'on laisse les banques centrales se faire la guéguerre monétaire, enveloppée dans l'encens des réunions périodiques sacralisées et pseudo consensuelles, les sanctions juridiques n'ont aucun sens.

La seule solution est d'en revenir à l'essentiel : les Etats doivent être rendus responsables de l'équilibre de leurs balances extérieures et du change de leur monnaie, avec des mécanismes de contrôle et d'aide pour limiter les effets des ajustements éventuels.  L'énergie est trop importante pour qu'on en laisse le prix flotter au gré de la spéculation. Il faut revenir à un système de monnaie internationale de référence, gagée sur des valeurs réelles, dont le pétrole mais aussi l'or, avec des monnaies au change fixe et ajustable par rapport à cette monnaie internationale.

Cette organisation, conforme aux statuts du FMI et aux accords de la Havane, mais corrigée par rapport au système de Bretton-Woods (suppression de la référence obligée au dollar, parité des droits et des devoirs au sein du FMI, intégration des grandes valeurs économiques de référence comme l'énergie, interdiction du "short" sur les monnaies, interdiction de la cotation continue), est la seule capable de mettre fin à l'économie baudruche et de canaliser le dégonflement de la masse d'endettement global qui frôle toujours aujourd'hui dans l'OCDE les 400%.

Cette réforme est SINE QUA NON.

Vouloir faire croire que la crise est circonstancielle et liée à l'action condamnable de quelques malfaisants est, au mieux, une naïveté.   

La crise a éclatée en juillet 2007. Sept ans après, l'empilage de dettes n'a pas été réduit. Le marché des monnaies est en pleine folie. "L'allocation optimale des ressources" est, comme la fameuse main censée la guidée "clairement invisible". En revanche la stagnation perdure ; les désordres perdurent ; le chômage s'étend ; les politiques économiques restent de pure panique.

Et pas un mot de la part des responsables pour faire le constat de ce sinistre tableau ni prendre la moindre mesure corrective. Où est M. DSK, l'ancien président adulé du FMI ? En train de tenter de se sortir d'un engagement fumeux dans la spéculation internationale. Où est Madame Lagarde ? En train de tenter de se libérer de son inculpation dans l'affaire Tapie. Où est le Président de la République Française ? En train de tenter de se sortir des mille et pièges qu'il dresse et dans lequel il tombe avec un certain plaisir. Où est M. Juncker, le Président de la Commission Européenne ?  En train de tenter de se sortir de l'affaire des avantages fiscaux donnés aux multinationales par le Luxembourg qu'il dirigeait, au détriment des autres pays d'Europe. Où est Poutine ? En train de reconquérir par la force une partie de l'Ukraine. Où est M. Abe ? En train de tenter d'interpréter la Constitution Mac Arthur pour construire la bombe atomique. Où en sont les Chinois ? En pleine exaltation du national-socialisme Han. Où est M. Obama ?  Qui est M. Obama ?

L'esprit de coopération économique et monétaire international a totalement disparu, noyé dans le "libre" marché des capitaux et la perte de toute réflexion économique collective sérieuse.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

A propos de deux succès de librairie (Zemmour-Treirweiler)

La rentrée 2014 est marquée par deux énormes succès de librairie. Le livre de la maîtresse répudiée du Président de la République est rejoint dans les gros tirages par celui de l'analyste politique Eric Zemmour. On pourra contester qu'on puisse mettre sur le même plan la réaction vengeresse d'une femme humiliée et le résultat achevé de quarante ans de réflexion sur la disparition d'un monde. Le fait que les deux livres soient condamnés avec la même hargne, allant jusqu'à la haine, par  la quasi-totalité des grands médias, de gauche comme de droite, les réunit dans une sorte d'enfer. Il ne faut pas les distribuer, disent les uns. Il ne faut pas les lire, disent les autres. Il faut mépriser les auteurs et leurs idées dit le chœur enchanté des vestales effarouchées d'un temple incertain. Car de quel temple au juste s'agit-il ? Nous avons des criailleries de cagots, des vitupérations de bien pensants. Mais de quelle pensée et de quelle église ?

Les deux livres sont vus comme une profanation. Alors que depuis mai 1968, jusqu'aux "Pussy Riots", en passant par "les Valseuses" et la "gay parade", la profanation fait partie du décor moral de la "société du spectacle" et de la consommation (la bonne boisson a un "goût sauvage", nécessairement sauvage), ces deux livres passent pour la profanation suprême, inacceptable, intolérable, …et se vendent comme des petits pains.

Ah ! Qu'il serait bon de pouvoir les chasser, les éliminer, les ostraciser, etc. De la bourgeoisie moderniste, au café du commerce, en passant par la sous-pensée journalistique et l'énervement boboïste, ce n'est qu'une condamnation radicale, du type dont les dévots ont le secret. 

Ces livre sont intolérables, mais lisons les vite, et en cachette.

"Bien sûr que j'ai lu le livre de Mme Trierweiler, mais gratuitement dans l'édition électronique qu'on m'a filé par mail". Transgression pour transgression. "Je ne vais comme même pas donner de l'argent à ce genre de fille". 

Pour Eric Zemmour, l'affaire est plus subtile. C'est qu'il est dans l'air du temps, qu'il pense et que sa réflexion n'est pas marginale. Pour la société médiatique, l'affaire est vite vue : il permet de gagner de l'audience donc de l'argent. Comme le film porno de Canal +. Condamnons mais exploitons ! Avec toutes les pincettes nécessaires. Voici donc Zemmour partout mais encadré par les plus vigoureuses protestations, les précautions les plus cauteleuses, et une prophylaxie qu'on aimerait voir mise en œuvre contre le virus Ebola. On affichera  le criminel Zemmour mais constamment face à un tribunal aussi injurieux que dépassé, parce que sans arguments. "L'homme qui n'aime pas la France" : tel est le bandeau qui l'annonce sur la 5 dans l'excellente émission d'Yves Calvi. Alors qu'il aime justement la France et qu'il se désole de sa mort programmée. L'éditorial de Delhommais, dans le Point de FOG-l'américain,  pourtant excellent journaliste économique d'une façon générale, est un couinement étranglé de rage. Arrêtons-là !

Le premier livre est rejeté par un réflexe réactionnaire qui veut que la femme trompée, humiliée, ruinée et détruite de réputation, doit d'abord se taire avec dignité. Et surtout ne pas gagner d'argent ! Taiseuse et au ruisseau serait-elle adulée ? Même pas !

Le second est rejeté parce qu'il est réactionnaire et qu'il montre, pas à pas, comment les décisions "modernistes" qui ont mis le pays par terre ont été prises au fil du temps. Implacable !

Curieusement, l'affaire Trierweiler est le fruit direct des évolutions que dénoncent Eric Zemmour. Et la réprobation qui entoure la parution de son témoignage est, en fait, typiquement "zémourienne". Un Président qui n'a jamais voulu se marier (la famille beurk ! ), entre à l'Elysée avec une maîtresse, ce qui n'avait jamais été vu jusqu'ici mais est parfaitement conforme à "l'évolution des mœurs et des mentalités". La malheureuse qui a cru devoir casser sa première famille ("la famille doit désormais céder à la pulsion de l'ambition et du désir de la femme" écrit Zemmour) par passion pour lui, se heurte à la désinvolture manifeste de l'objet de sa flamme, défaut pathologique de ce président autoproclamé "normal". Après avoir atteint des sommets que son origine rendait improbables, elle est renvoyée chez les "sans dents", sans ménagements excessifs, sinon une dose massive de tranquillisants.

Qu'eussions-nous voulu qu'elle fit ? Un gentil suicide romantique ? Le retour "normal" en silence vers la première famille, après avoir quitté le président "normal" ? Après que ce couple fumeux se fût donné en spectacle, avec explosion finale, la société du spectacle a compris tout ce qu'elle pouvait tirer comme bénéfice de l'affaire. Normal, dirons-nous. Elle fait donc "du fric" mais en l'entourant de la pudibonderie nécessaire. L'hypocrisie est parfaite. Où serait le plaisir de la transgression rentable s'il n'y avait pas une forme de bondieuserie pour déculpabiliser l'opération ? 

Le livre a-t-il le moindre intérêt ? Il donne une étude de l'intérieur de la personnalité et de la psychologie du dirigeant suprême du pays. Il confirme ce que les actes avaient déjà enseigné. Un petit malin roublard et sans états d'âme, désinvolte non seulement vis-à-vis des femmes mais vis-à-vis de tout le monde, de toutes les idées, de toutes les organisations, y compris celles qui l'ont porté à leur tête, et en particulièrement de la France et de l'intérêt général, obsédé par son image et par la peur d'un clash avec la rue, gouverne la France.

Narcissique, indifférent et manœuvrier, tel est le portrait qui ressort du livre. Mais on pouvait déjà le tracer à partir des actes commis et de leurs résultats. Curieux, ce Président, en haut de l'échelle politique, mais méprisé et injurié par tous ceux qui l'ont côtoyé, dans la vie intime comme dans la vie publique. La haine que trahissent le livre de Mme Duflot, ministricule ridicule, qui a pondu une loi grotesque, ou celui de Mme Batho, ou les propos de l'ancien conseiller Aquino Morelle, évincé pour une histoire de chaussure cirée, ou ceux du couple énamouré Philippetti-Montebourg, est fascinante. Le Narcisse ne respecte rien ni personne . Pas même lui-même. Ce qui parfume d'irritation toutes les relations proches, à un moment ou un autre. Alain Duhamel qui est toujours très doux avec les politiciens suprêmes trouve qu'il n'aura pas été président avant la conférence de presse du début d'année 2014. Il rejoint les conclusions de Mme Trierweiler, même s'il la méprise.

On comprend mieux la campagne d'injures lancée en 2012 pour masquer les exactions fiscales commises alors. L'anomie est la compagne obligée du Narcisse. On comprend mieux le mensonge généralisé : "la croissance est au bout de la rue" ; "l'inversion de la courbe du chômage a commencé", "la reprise est là" et autres fadaises. Et les inversions politiques à 180%. Rien ne compte que durer. A n'importe quel prix. Même celui de la désacralisation de la fonction. On reproche à la maîtresse du prince d'avoir désacralisé le poste de Président de la République. Qui avait commencé ?

Dans la pratique on sait maintenant ce que la politique de M. Hollande sera : pas de manifestations dures qui risquent de coaguler les mécontentements. L'aveu de Mme Trierweiler est immédiatement corroboré par le Canard Enchaîné qui montre un Président obsédé par la crainte de la rue et son questionnement incessant : "risque-t-on une vraie révolte massive ?" Il cède aussitôt devant les camionneurs qui menacent de bloquer les routes en octobre. Même pas une seconde de résistance. Mais cachons cette lâcheté par des attaques permanentes contre ceux qui ne peuvent rien dire, "les riches", "la famille".  La "Manif pour tous" met du monde dans la rue. Mais ce sont des "Versaillais" ; des "cathos passéistes". Ils ne sont pas dans l'air du temps. On peut y aller. Les thuriféraires du régime le savent : rien ne coalisera autour d'eux. Aucune importance, donc. L'important c'est de céder aux syndicats, de céder aux professions dangereuses par les dommages qu'elles peuvent causer. La France en crève ? Qu'importe ! Finir ce quinquennat et briguer le prochain, voilà l'essentiel ! Trente ans d'ondoiements réussis au sein des clans socialistes vous donnent des certitudes sur vos capacités de manœuvre et de survie. Et la France dans tout cela ? Quelle France ?

C'est justement la question que pose Eric Zemmour : quelle France ? Il n'y a plus de France, dissoute, atomisée, anéantie par la pensée dominante et les actes correspondant qui se sont succédés depuis mai 1968. Quelle est  dure et énervante, pour ses détracteurs, cette histoire imagée d'une descente aux enfers ! Le simple fait de revenir sur chaque propos et chaque acte de l'histoire des quarante dernières années et de constater leurs effets sur la société française doit être un supplice horrible. La compilation est précise, documentée, honnête. Même les détracteurs les plus farouches ne peuvent s'empêcher de dire : lisez le livre ! Il apprendra beaucoup à plusieurs générations récentes qui n'ont strictement aucune idée de ce qui s'est passé il y a plus de dix ans. Un cours d'histoire long et documenté, même si chaque évènement est analysé selon les critères particuliers de l'auteur.

La confrontation entre intention et résultats, elle, est tragique. Eric Zemmour n'a pas beaucoup de mal à démontrer que la réalité étant ce qu'elle est, il est nécessaire de la nier, pour que les adeptes du nouveau cours des choses puissent survivre.  L'inversion des valeurs n'est possible que si l'on en nie radicalement les conséquences. On est prié de penser que "tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil". Mais l'auteur rappelle inlassablement que l'histoire, elle, est tragique.

En ces temps de crise économique générale, de guerres régionales ouvertes et de menaces diverses, il n'est pas trop difficile de relier la déconstruction de nos sociétés à l'effet des doctrines dominantes et des différents courants qui ont parcourus le monde ces dernières décennies : communisme résiduel, féminisme, politiquement correct à l'américaine, capitalisme marchand débridé, finance en folie, européisme sous influence américaine, justicialisme etc.

Le résultat est plutôt brutal à entendre pour les âmes sensibles.

Le mariage est mort dès lors que la primauté virile a été supprimée. L'égalitarisme homme-femme est la cause immédiate de la disparition du mariage qui n'intéresse plus guère que les homosexuels  et les curés défroqués. Le même jour où il prononçait ouvertement à la télévision cette "vérité zemmourienne", une présidente d'assemblée infligeait une amende démentielle à un parlementaire qui l'avait interpellé sous le vocable : "Madame le Président"…

Le commerce de centre ville est mort dès lors qu'on a accepté de libre service dans des hypermarchés.

La nation est morte dès lors qu'il n'y avait plus de préférence nationale et l'Europe a disparu en même temps que le tarif extérieur commun.

La patrie est morte dès lors que l'assimilation a été abolie et que l'immigré a été idéalisé contre le "beauf cocardier et raciste". 

La sécurité a disparu dès lors que le condamné était la victime et la victime, "le con", emblématique de l'époque Taubira.

L'état lui-même est mort depuis qu'il a été privé de tout pouvoir par la décentralisation, la subordination à des cours judiciaires extérieures ou à la Commission Européenne, et par la dépossession monétaire.

Dès lors, l'élection de nigauds peut commencer puisque, de toute façon, l'élu n'aura que le pouvoir de nuire, soit en contraignant le corps social par des normes comportementales de plus en plus sévères, soit en déresponsabilisant les masses noyées sous les subventions diverses et interdites d'emplois, soit en ruinant les Français par l'impôt.

"Avant, on élisait des énarques. Maintenant des candidats qui ont raté l'ENA".  Il a un peu de retard, l'ami Zemmour : ce sont des étudiants qui ont trainé pour avoir une licence minable et fait toute leur carrière dans les AG estudiantines gauchistes et dans le socialisme municipal qui se croient aptes à gouverner par la haine et la manipulation démagogique.   

C'est là que les réflexions de Zemmour recoupe les conclusions de Madame Trierweiler.

Elle montre que le contempteur des "sans dents" injurie les riches et met en scènes son impuissance par la détestation des minorités non agissantes tout en se planquant et en refusant d'intervenir contre les puissances qui peuvent bloquer la rue. Le menteur compulsif, qui ne dit jamais la vérité à personne, et ne vise que sa propre carrière personnelle dans le mépris complet de tout le reste, qu'avait déjà dépeint Claude Allègre, et que confirme l'auteur de "Merci pour le moment", fait intervenir toutes les bouches à feu de son équipe " de minables" pour crier qu'il fait des économies historiques alors que le budget 2015 annoncé et simplement identique au budget précédent. Les éléments de langage ont remplacé l'explication politique. Rappelons que pour l'Etat lui-même, la dépense prévue en 2015 est de 378.9 milliards d'Euros contre 379 cette année.  Ces 0.1 milliards nous valent des rodomontades délirantes de la part de toutes les éminences médiatiques du régime, applaudissant le "gigantesque" effort d'économie fourni !"

Tout cela n'est pas grave, dirait Zemmour, parce que de toute façon, "le minable clown qui s'agite sur la scène avec ses palinodies grossières" (propos lu dans un Tweet) n'a aucun pouvoir. Il est un pseudo président d'un pseudo état, élu par une pseudo nation de pseudo-français, ou de pseudo cadres mettent au chômage de pseudo ouvriers et où de pseudo professeurs (devenus des "enseignants" depuis qu'ils sont des assistants de vie et n'enseignent plus de savoirs)  s'occupent de pseudos élèves qui ne s'intéressent qu'au jeux électroniques puis au réseaux sociaux. Les pseudos juges s'occupent eux, à éviter tout désagrément aux vrais délinquants tout en dressant des "murs de cons". La capacité de M. Hollande à résoudre les difficultés de la France dont il nie les causes et se moquent éperdument des conséquences, sont exactement nulles.

Tableau !

La limite de ces deux livres est qu'ils se contentent d'un constat. D'accord M. Hollande traite les gens d'une façon détestable et se fait détester de tous ceux qui l'ont servi "un moment". Et alors ?

D'accord la "déconstruction" de la société bourgeoise a été menée à son terme. Mais on reconstruit quoi ?

Les deux livres tendent un terrible miroir à la société française (ou ex-française, selon Zemmour). Gageons que, comme on l'y encourage dans tous les médias, de gauche et de droite, elle se contentera de détourner la tête comme Narcisse, qui détestait à en mourir les rides qui troublaient l'eau du lac. 

La difficulté pour Zemmour comme pour d'autres est de tenter d'expliquer le pourquoi de cette évolution. Maurice Druon voyait les politiques "aux ordres d'un cadavre". On avait cédé aux communistes à la Libération. Leurs syndicats avaient fini par prendre la main sur l'enseignement, la justice, les médias, la banque, l'assurance, la vie locale et imposer leur propre doctrine marxisante d'égalitarisme à tout crin. Nous serions une "société socialiste qui a réussi"…à être exsangue.

Eric Zemmour, lui, croit aux succès du capitalisme anglo-saxon qui aurait eu besoin pour se développer d'infantiliser le citoyen dans une société du désir et de la consommation, et des nations canalisées dans des structures d'asservissements mais "soft" où des oligarchies cooptées assureraient la "pax américana" et le triomphe du marché sans entraves. Une vision typiquement marxiste qui fait de la "superstructure" la conséquence de "l'infrastructure".

Lorsqu'on en arrive à ce débat, Mme Trierweiler est déjà couchée, en train de pleurer sur son grand amour gâché.  

Le drame est que la solution ne peut plus être "nationale", "blanche" et "virile", comme l'espère sans doute Eric Zemmour.

Et que la difficulté n'est pas seulement française.  Comme le reconnait Daniel Cohn-Bendit, l'Europe s'est aussi "déconstruite" et déconsidérée dans la crise. L'Euro fait problème dans son mode de pilotage actuel. La surprime donnée aux petits pays, au seul avantage du géant Allemand réunifié, en fait un grand corps malade, sous influence et impuissant. Le "soft power" apparait comme une absence de pouvoir depuis l'agression russe contre l'Ukraine. Les politiques de lutte contre toutes entraves aux mouvements de marchandises, de capitaux et de personnes provoquent des réactions qualifiées de "populistes" mais qui commencent à avoir un  effet électoral très fort. L'asservissement du droit à l'interprétation de quelques juges cooptés et adeptes de l'interdiction d'interdire et de frapper les asociaux et trublions divers, ruine le champ du législatif national. La suractivité réglementaire de la Commission accumule doublons dans la dépense et étouffements dans la recette.

Quand à la mondialisation, elle est rien moins qu'heureuse. La "déconstruction" du système monétaire international a produit depuis 1971 un ralentissement constant de la croissance, l'enflure d'un stock de dettes colossal, l'aggravation des crises décennales, pour finir par une crise financière hors normes.

Comme nous l'avions nous-mêmes démontré, la crise ne provient pas de l'action des méchants, mais plutôt des chevaliers du bien. Nous sommes plus dans "l'enfer est pavé de bonnes intentions" que dans la conspiration machiavélique des méchants. Les Français, sous la double influence des défaites (1940, décolonisation, perte de l'influence de la langue etc.) et de certaines idéologies (communisme larvé et politiquement correct américain) ont choisi d'être gentils et repentants. Ils ont voulu faire la paix avec tous les démons qui impliquaient une volonté, une action, une répression. On ne se bat pas avec la "classe ouvrière", donc on cède à ses représentants. On ne réprime plus les exactions syndicales. On arrose et on se tait en glorifiant la "paix sociale".  On ne se bat plus avec les européens. Vive l'Europe des technocrates. Ils font ce qu'ils veulent hors de tout contrôle. La France est dissoute dans un ensemble où elle n'a plus d'influence structurelle majeure. On s'en fiche. Vive la paix des nations européennes. On ne se bat plus avec les immigrés. On arrose et on se tait, dans la repentance et l'ouverture christique à l'autre. On ne se bat plus avec la délinquance. La répression soulève le cœur. On ne se bat plus pour rien. L'anomisme devient la règle. Tout se vaut. Rien ne mérite d'être défendu. On est bon et gentil. Donc sans volonté et sans pouvoir. Tous ceux qui s'inquiètent sont "des cons" à épingler au mur, mais pas à coller au poteau tout de même. Cela ne serait pas gentil. Il faut simplement les dénoncer et les mettre au pilori. Et quiconque résiste est un malade mental qui a du avoir des problèmes dans sa jeunesse, qui l'ont conduit à la haine de soi et des autres.

Ce qu'on constate aujourd'hui, c'est que cette approche du monde, façon "puceau mystique gauchiste", fait de nous une nation gentille mais éventrée. "Parce que le monde est tragique" et qu'on l'a oublié. Qui fait l'ange fait la bête. Le quinquennat agressivement benêt de F. Hollande, symbolisé par Mmes Belkacem et Taubira, s'est voulu "pacificateur", c'est-à-dire que toutes les ultimes concessions ont été faites aux pédérastes, aux immigrés, aux délinquants, aux Roms, aux islamistes, à l'altérité, aux mauvais élèves décrocheurs, aux drogués, aux Jean-foutre de tout poil et de toutes plumes, avec battage de coulpe et génuflexion. Sans se rendre compte que l'éventration nationale, sociale, économique avait mis les boyaux de la France à l'air libre et que les rapaces commençaient à les déchiqueter avec rage.

Il ya cinq millions de chômeurs et sept millions d'inactifs sous assistance publique,  mais on ne trouve plus un instituteur, plus un professeur (un vrai, pas un gardien d'enfants), plus un anesthésiste, plus un ouvrier qualifié, plus un grand talent. L'hystérie fiscale (il faut bien payer la bonté généralisée et l'absence de toute contrainte énergisante) fait fuir les talents qui restent.

Dans une société hédoniste, femelle et atomisée, où le père, le patron, le chef ont disparu, triomphe le "coach" qui vous prend la montre pour vous dire l'heure. Si cela va mal, c'est de votre faute, puisque "les autres" sont sacralisés. L'incapable est un coupable coaché. Le coach qui coûte une fortune remplace le directeur de conscience gratuit des femmes conscientes de leur rôle social et du besoin de leur salut, au sein d'une société médiatique où le journaliste de gauche, nécessairement de gauche, en phase avec les courants d'air qui ventile les neurones résiduels de la société, devient, non pas un auxiliaire qui vous montre le monde tel qu'il est, mais un cureton sans exemplarité chargé de vous faire prendre des vessies  pour des lanternes. 

La solution : changer de mentalité et de mode d'organisation.

Le livre de Mme Trierweiler est le témoignage même d'une déchéance de presque tout au sommet de l'Etat et vaut pour son caractère intimement contre-exemplaire.

Le livre de M. Zemmour raconte en détail comment on en est arrivé là et ne farde pas la réalité.

Ils peuvent, associés à quelques délocalisations, annexions, prédations et décapitations pédagogiques, faire évoluer les mentalités.

Reste à trouver de nouvelles formes d'organisation, en France, en Europe et dans le monde.

Le temps des organisateurs et des réalistes est-il arrivé  ? Ou la nuit des démagogues ?

Difficile à dire.  Mais quelle dégringolade !

Expédients ou vraies solutions ?

Nous avons choisi, en ce début septembre 2014, de laisser la priorité aux billets portant sur l'ambiance générale de la rentrée, marquée à la fois par un désastre de la gestion publique et un sentiment général de déchéance des institutions alors même que le choix a été fait par M. Hollande d'une rentrée exclusivement politicienne, dont le caractère sera encore aggravé par le retour de Nicolas Sarkozy et la conférence du Président de ce soir.

Ce choix du "tout politicien" pour purger les humeurs n'est pas sans avantages. On le voit avec les condamnations de Bonnets Rouges qui sont passées comme une lettre à la poste. Il est dans la continuité du même choix fait naguère pour la campagne électorale déprimante d'il y a deux ans et demi et annonce le renouvellement de l'exercice dans deux ans et demi.

M. Hollande sait très bien que, lors de ces élections, on élimine. En n'ayant pris aucune autre mesure que fiscale et en ayant fait porté l'essentiel de la spoliation sur "les riches", il lui sera facile d'annoncer que son adversaire veut s'attaquer aux pauvres et aux fonctionnaires, en plus des immigrés. Il se débarrassera du "bilan" sur le Medef qui "malgré un cadeau inouï n'a pas joué le jeu" et sur les boucs émissaires qui passeront par là (Mme Merkel, l'Europe, l'Euro etc.). C'est une stratégie politicienne personnelle mais qui peut être efficace. En tout cas elle est pensée et peut se décliner sous formes d'initiatives tactiques assez facilement. Ceux qui pensent le PS définitivement ratatiné se trompent. Ce n'est qu'en cas de crash financier violent, par exemple amorcé par une remontée des taux, que cette vision serait totalement condamnée.

Face à cette stratégie purement politicienne et qui ne tient compte en rien des nécessités nationales, Nicolas Sarkozy proposera une alternative de la même eau politicienne. Pour contrer la stratégie hollandaise, il ne présentera pas de programme seulement son corps, ses tripes et son âme. Il ne peut pas annoncer du sang et des larmes et n'en a nullement l'intention. Comme tous les moyens de la Justice seront déclenchés contre lui nous aurons droit à un corps, des tripes et une âme martyrisée par l'insolent ennemi mais aucun programme. Du bagout et de l'émotion.  

Deux mesures témoignent que nous aurons bien un combat de nains habiles indifférents à l'intérêt national.

M. Hollande, après M. Sarkozy, reprend l'antienne de la "suppression des charges patronales" et celle de la "première tranche d'impôt sur le revenu".

Comme nous n'avons cessé de l'affirmer ici, jouer ainsi sur ce genre d'instrument n'a strictement aucun sens économique. Il ne s'agit que de gris-gris démagogiques.

Pour les charges sur les salaires, nous avons proposé de supprimer la notion de charges patronales au profit d'une notion de revenu salarial différé. Naturellement tous les prélèvements qui n'ont pas le caractère d'un revenu individualisable (comme les allocations familiales) doivent être transféré sur l'impôt. La baisse du revenu différé au profit du revenu courant ne peut être obtenu que par la baisse du coût assurantiel puisqu'il s'agit de cela : chômage, maladie, invalidité, retraite. La revalorisation du net ne peut passer que par une réduction du chômage et de certains excès d'indemnisation, le déremboursement du petit risque, et le retard du départ à la retraite. C'est donc un arbitrage à faire entre deux formes de rémunération. Et il doit être fait par les salariés eux-mêmes.

Le corollaire est tout aussi clair : la compétitivité des entreprises ne peut provenir, en l'absence d'ajustement de la politique européenne, que par la baisse des salaires.qui ne peut s'opérer que de deux façons :

- en réduisant le revenu différé, sans le reporter sur le revenu disponible

- en réduisant le revenu brut.

Sans les masques de la dévaluation et de l'inflation, une baisse de près de 10% est nécessaire.  Il aurait mieux valu l'acter tout de suite et de regagner le salaire perdu en trois ou quatre ans plutôt que de se nourrir d'illusions et de mettre des millions de salariés au chômage.

 

Pour les impôts, l'exonération massive commencée par Balladur au début des années 90 est une folie. Elle a été tempérée par le fait que tout le monde paie au minimum les 15.5% de la CSG. Moins de la moitié des ménages français paie l'IR. Continuer de resserrer l'assiette fiscale en aggravant les taux pour ceux qui restent assujettis est contraire aux règles de l'équité démocratique en même temps qu'à une bonne gestion de l'économie. Elle pousse une partie de la population à croire que son sort dépends du tort qu'on fera à l'autre. C'est l'aspect d'abjection politique. Elle pousse la France qui crée de la valeur à cesser de pousser son avantage. C'est l'aspect de déréliction économique. Au total on a moins de ressources et plus de haine sociale.

La solution ici encore est assez simple : la baisse de l'impôt ne peut être financée que d'une baisse de la dépense publique. Pas de baisse de la dépense publique pas de baisse des impôts. C'est aussi simple que cela. En annonçant un jour qu'il ne touchera pas à la dépense publique et le lendemain qu'il supprime une tranche du barème, M. Valls commet une bassesse politicienne par jour. De le même façon que N. Sarkozy s'était abaissé de façon duale en supprimant l'IR et les charges sur les supplémentaires, et en baissant la TVA sur les cafés-restaurant.

En fait le choix de la bonne structure fiscale, en régime de croisière, doit s'appuyer sur la notion de constance et de neutralité. Les bons impôts sont larges, de taux raisonnable et ne provoquent pas de gros changements dans les comportements. Ils doivent porter le plus possible sur la valeur ajoutée. Nous préférons l'IR à l'ISF pour fournir la progressivité justifiable. Il vaut mieux supprimer l'ISF et les taux absurdes sur les plus values faites sur des transactions rares et concernant les investissements d'une vie, que de supprimer l'IR.  Si on supprimer l'ISF et qu'on transfère une partie de l'IR sur la TVA, on peut réajuster la grille de progressivité de l'impôt, de façon à rendre acceptable l'impôt pour tous et la justice de la progressivité.

De toutes les façons qu'on prenne le problème, il faut commencer par réduire la dépense publique. De la même façon qu'il va falloir réduire les salaires pour restaurer la compétitivité il faut réduire drastiquement les salaires des administrations et des salariés à statut. Un écrêtement de 10% à 15% est pratiquement inévitable. On voulait le faire par l'inflation. ce n'est plus possible. Reste la hache. Il faut restreindre le statut de la fonction publique aux militaires et aux fonctionnaires civils de catégories A. Il faut supprimer un échelon administratif et rendre impossible les doublons. Il faut encadrer les subventions et les réduire drastiquement. Il faut changer le périmètre des responsabilités de l'Etat etc.

La grande question est de savoir s'il faut réduire les allocations à ceux qui les touchent ? La réponse est malheureusement oui. Si vous réduisez la rémunération des actifs vous devez toucher automatiquement à celle des inactifs.

La grande question est de savoir comment on peut mettre une pareille politique en œuvre. Nous-mêmes ne pensons pas qu'un homme ou un parti puisse le faire. On voit que F. Hollande a carrément conçu de n'en rien faire. N. Sarkozy reprendra ses discours démagogiques sur la défiscalisation des heures sup et autres expédients.

A droite, avec Fillon, à gauche avec une fraction du PS raisonnable, une convergence se fait de façon latente sur ce qu'il serait indispensable d'essayer.

C'est cette convergence qu'il faut aujourd'hui appuyer tout en sachant que les efforts nationaux n'auront aucun sens s'il n'y a pas, parallèlement, un courant de réforme majeur en Europe  et dans l'organisation monétaire internationale.

Il faut que l'équipage fasse talonner ensemble le bateau pour qu'il reparte au large tout en régulant l'eau de la crique et en rendant l'océan navigable.

A partir de là, faisons confiance à notre jeunesse, à nos salariés et à nos entrepreneurs.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

L'économie baudruche

Les physiciens admettent parfaitement qu’un même objet puissent avoir des états différents et que les lois qui règlent son comportement peuvent être différentes selon ces états. L’état solide à ses lois, l’état liquide un jeu nouveau de propriétés, l’état  gazeux  est spécifique.

L’ennui de la science économique est qu’elle postule un seul jeu de lois et ne distingue pas des états  différents, avec leurs lois propres et leur transition.

Nous prétendons ici que les lois économiques qui s’appliquent varient en fonction de certaines variables fondamentales. Prenons par exemple l’endettement global. Une économie qui présente un niveau d’endettement global de 50% ne se comporte pas comme une économie qui a atteint un taux de 400%. Ce sont deux mondes assez différents avec des comportements différents, des évènements différents,  des manifestations  diverses différentes.

L’équivalent de l’état gazeux pour une économie  est la forme très particulière que peut prendre le capitalisme lorsque la production et l’emploi cessent d’être le cœur des relations économiques.

Cet état se met en place lorsque la dette globale (la somme nette de toutes les dettes : secteur financier y compris l’institut d’émission, particuliers, entreprises, état) devient un multiple important  du PIB. On peut estimer qu’un ratio dettes sur PIB marchand de plus de 300% marque l’établissement de cet état  économique un peu particulier.

Lorsqu’on en arrive là, la dette ne peut plus être remboursée par les  revenus de production. En imaginant une maturité moyenne de la dette de 5 ans et un taux d’intérêt de 5%, il est facile de calculer qu’on devrait employer  75% de la production pour rembourser le capital et payer les intérêts. Ce qui est naturellement impossible.  Par conséquent le système financier, bien qu’en apparence gorgé de liquidité et de profits, est en faillite virtuelle.

Cette économie  gazeuse ou baudruche, comme on voudra,  est par construction instable et vouée à une forte correction.  Une des responsabilités publiques les plus importantes est donc, pour l’Etat, d’établir le ratio dette globale sur PIB marchand et de le  surveiller de près. Lorsqu’on entre dans l’état baudruche, il est tard pour éviter les risques d’explosion. On ne pourra que les atténuer par une succession d’artifices.

L’observateur constatera que ce chiffre n’est ni établi de façon certaine ni suivi de façon régulière. En France on connait la dette de l’Etat, selon diverses méthodes d’évaluation. On sait qu’il existe des techniques pour la réduire ou la masquer. Mais au final, dans la durée, on la connait bien, même si elle est dispersée entre de nombreux échelons administratifs et que la question des engagements à terme de l’Etat est en général passée sous silence.     Par exemple la retraite des fonctionnaires est une dette de l’état vis-à-vis de ses ayant-droits.  Toutes les obligations à terme de payer (définition élémentaire d’une dette) ne sont pas intégrées dans les chiffres de dettes publiés. On se contente en général de regrouper les engagements de rembourser aux banques. En un mot, la valeur des prêts.

Ce chiffre est important mais ne décrit qu’une partie de l’histoire.  Un pays peut connaître un en- cours de prêts de 200%  du PIB marchand et une masse d’obligations à terme  autres,  de valeur globale équivalente. 

En France la seule dette publique vis-à-vis des prêteurs  représente 200% de la valeur ajoutée annuelle des entreprises (de plus de 1 personne) du secteur commercial  non financier.  Il faut lui ajouter les dettes des particuliers, qui sont à peu près à 100%,  celles des entreprises elles mêmes et celles des institutions financières et de la banque centrale (sous forme de quote-part des dettes de la BCE). On dépasse allègrement les 400%. C’est à dire que la production marchande ne peut en aucun cas payer les intérêts et les remboursements.

Pour s’en tenir aux prêts du secteur bancaire, on peut s’interroger sur la possibilité qu’ils excèdent les capacités économiques d’un pays. Les banques ne sont pas folles. Elles ne peuvent pas sciemment créer les conditions de leurs propres faillites.  Pourtant elles le font. Par quels mécanismes ?  La réponse tient entièrement à la manière dont une banque envisage le remboursement.  Elle ne se préoccupe en rien de la valeur ajoutée de la production marchande. Elle regarde quelle sera la source du gain  potentiel et la nature des sécurités qu’elle va prendre sur l’emprunteur. Si, par exemple, l’emprunteur vise une plus value en capital et est prêt à donner une caution sur un bien « réel » en sa possession, un comité de crédit peut se laisser tenter.

La marque d’une économie baudruche est justement que la part des prêts consacrés à la recherche d’une plus value, et non pas à un profit sur production, gonfle considérablement jusqu’à devenir majoritaire. 

La spéculation immobilière est typique  comme le prêt pour investissement boursier. Mais il est des formes de recherche de plus value plus complexes.  Financer le rachat d’une société pour permettre son démantèlement  et l’exploitation des plus values comptables latentes,  racheter un portefeuille de créances douteuses dans l’espoir d’obtenir une liquidation favorable,  pratiquer le « day trading » sur toutes les classes d’actifs  qui s’y prêtent, notamment les devises et les matières premières, toutes ces activités ne se justifient que par la recherche d’une plus value, c'est-à-dire une variation de valeurs d’actifs, sans considération pour la production et l’emploi.

Ces activités sont licites et sont pratiquées à tout niveau de l’endettement global. L’économie baudruche est caractérisée par le fait qu’elles deviennent majoritaires. Elles ne peuvent devenir majoritaires que si un phénomène de bulle cumulative et généralisée s’est mis en place.

Une question fondamentale est de comprendre comment on entre dans une économie baudruche. S’agit-il d’un mouvement spontané ou d’un défaut d’organisation ?  Les acteurs de la transformation sont-ils des « salauds » ou des  « imbéciles » ?

L’histoire des cinquante dernières années donnent la réponse : un défaut d’organisation donne du champ aux comportements spéculatifs, sans pour autant qu’on  doive les juger comme fautifs : ils sont rationnels dans le cadre créé.

Les changes flottants ont eu cette double conséquence que se crée un moteur spéculatif automatique, puisque toutes les classes d’actifs voient leur valeur changer de milliseconde en milliseconde et qu’un carburant nourrit la hausse : l’apparition de déficits et d’excédents de balances de paiements colossaux  génère du crédit de façon incontrôlable. L’instabilité intrinsèque d’un tel système provoque des dégringolades qu’on a jugées bon de soulager par une création débridée de monnaie banque centrale.  La liquidité est partout. Elle permet des revalorisations d’actifs qui nourrissent à leur tour le crédit.  La production n’a pas de rapport direct avec cette création monétaire et financière permanente.

Comme nous n’avons cessé de le répéter le phénomène économique majeur sur lequel l’essentiel de la recherche économique devrait se pencher est la courbe en U de l’endettement global depuis 1944. On est passé au sortir de la guerre d’un état où l’endettement se trouvait autour de 400% pour retomber à moins de 200% en 1971. Puis on est repassé en moyenne au dessus de 400%   en 2006.

C’est l’abandon du système de Bretton Woods, le Gold exchange standard, où toutes les monnaies se définissent par rapport au dollar et le dollar est évalué en or, qui a provoqué le basculement des économies de production, caractéristiques des trente glorieuses,  vers l’économie baudruche.

Toute l’histoire économique internationale contemporaine est marquée par cette évolution de plus en plus intenable vers une économie financière déconnectée de la réalité productive. 

Comment sort-on d’une économie baudruche ? Par la crise. Comment sort-on de la crise ? Jusqu’ici on a tenté de le faire en regonflant artificiellement la baudruche, sans toucher aux défauts de construction qui lui ont permis de prospérer puis d’exploser.

Nous pensons cette politique erronée.

Il faut d’abord juguler les causes de l’entrée dans l’économie baudruche pour espérer en maîtriser la sortie.

Nous venons tout juste de fêter le septième anniversaire de l’explosion de la crise « chaude » avec le blocage du marché monétaire interbancaire de juillet 2007.

Sept ans de malheur !

Et aucune réforme n’est venue, sinon l’étouffement de l’amplificateur de création monétaire que sont les banques et une poussée irresponsable de la répression fiscale.  

L’économie baudruche, son mode de formation, son mode d’expansion, ses distorsions internes dans la répartition des richesses, et son mode d’explosion, restent un  secteur vierge de la science économique moderne. Alors qu’il s’agit de l’effort essentiel auquel  les économistes doivent s’attacher aujourd’hui. La recherche universitaire, et les travaux des grandes institutions (FMI, OCDE, INSEE, banques centrales)   devraient d’urgence s’orienter dans ce sens.

Pour notre part, nous avons  écrit un livre à paraître, « La Parabole de l’Esquimau - Les trois causes de la crise et autres vérités dérangeantes», dont c’est le thème principal.

Espérons que son message sera compris et que des travaux   plus officiels suivront. Il n’y a aucune raison pour que la crise dure 7 ans de plus ! 

 

Didier Dufau pour le cercle des économistes e-toile.

Les propos de Paul Volker sur l'esprit de Bretton Woods

Les remarques de Paul Volker lors de la réunion annuelle du “Comité Bretton Woods”, à Washington, le 21 mai 2014.

 

Les difficultés actuelles de la zone euro, (l’équivalent d’une zone de changes totalement fixes), offrent quelques leçons intéressantes. Une zone de monnaie unique avec des flux financiers libres ne peut tout simplement pas se passer d’un système bancaire unifié et  de mécanismes permettant de mener des politiques économiques disciplinées et cohérentes.

Voilà un bien longue introduction pour lancer notre appel en faveur d’un système monétaire international digne de notre temps.

Par quelle approche (ou mieux quelle combinaison d’approches)  peut-on le mieux concilier des marchés raisonnablement libres et des politiques gouvernementales indépendantes tout en obtenant, au passage, le niveau de stabilité des marchés et des économies qui est dans l’intérêt de tous ?

La création du G.20  à l’échelon sommital des chefs d’Etat et de gouvernement a été une prouesse. L’accord sur une réforme de la gouvernance du FMI  est important, car il permet de donner plus de légitimité aux décisions prises. Cela ne suffit pas. Tout cela n’a pas grand sens sans une réforme du système monétaire international  et la mise en place d’un processus en ce sens.

Nous en sommes loin. Ce qu’on peut faire immédiatement, c’est lancer les études qui permettront d’identifier  les causes des déséquilibres de balances de paiement  et les moyens d’y parer.  Nous devrions être en capacité de gérer, dans des limites larges, les taux de changes des six  monnaies principales et de décourager  les changements brutaux incompatibles avec l’ajustement ordonné des économies.  Nous devons trouver les moyens d’encourager, et même un peu plus, l’équilibre des balances de paiements.

Je ne pense pas illégitime de reconsidérer l’usage d’une monnaie nationale comme instrument de réserve et comme base monétaire des échanges internationaux. Par exemple, voulons- nous ou non encourager  des zones monétaires et commerciales régionales ?

Une nouvelle conférence de Bretton Woods est-elle souhaitable ? Nous en sommes très loin. Mais les événements récents, qu’on le veuille ou non, a reposé des questions fondamentales que nous évitons soigneusement depuis des dizaines d’années.

Ce qui s’est passé nous confirme dans notre crédo fondamental : il faut un système monétaire international  innovant et stable pour que  la liberté du commerce développe son potentiel de prospérité pour toutes les nations.  Participer à un système de libre échange, très bénéfique et désormais international, exige d’assumer certaines responsabilités.

Pour relever ce défi,  ne pourrions-nous pas nous inspirer de l’état d’esprit et des convictions  que j’ai connus ici,  il y a cinquante ans ? Ils ont caractérisé la préparation et la négociation des accords de Bretton Woods.  Notre hôte du jour, le Comité Bretton Woods, a allumé la première bougie.  Le chemin sera long.

 

Commentaires :

Ce texte éclairera ceux qui peuvent penser que nous proposons ici des idées farfelues et totalement hétérodoxes. Même aux Etats-Unis et dans la bouche de responsables de haut niveau, l’idée qu’on ne peut pas avoir de croissance équilibrée et durable sans un système de change rationnel et basé sur la coopération, est une évidence.

On peut même affirmer que l’idée que les changes flottants (autour d’un dollar géré uniquement dans l’intérêt de son émetteur)  sont à la source de la crise actuelle, est dominante. Pas marginale, dominante.

On voit bien, aux précautions verbales employées par Paul Volker, qu’une partie du problème réside dans le fait que tout le monde a un bœuf sur la langue. Jacques Rueff avait déjà dû remiser ses critiques au début des années 70. On sait ce qu’il est advenu de Maurice Allais quand il a sorti le lance-flammes.

Si on traduit en clair le message de Volker, cela donne aussitôt ceci :

-          Les Etats-Unis mésusent de leur monnaie qui ne doit plus être la base du système monétaire international.

-          Les excédents phénoménaux et les déficits colossaux doivent être proscrits. Ils sont la cause de la crise actuelle.

-          On ne peut espérer un retour à la prospérité que d’une réforme dans ces deux domaines et cette réforme doit s’inspirer de l’état d’esprit qui baignait la conférence de Bretton Woods.

-          On ne peut pas gérer une zone de monnaie unique  avec comme seuls instruments deux règles juridiques de déficit public et d’endettement public. Il faut une coordination forte des politiques économiques.

-          Il ne peut y avoir de liberté totale des échanges sans cadre monétaire et financier solide. Des atteintes momentanées  aux libertés commerciales et financières peuvent être nécessaires pour éviter les dérives monétaires.

On retrouve aussitôt les arguments qui sont constamment défendus sur ce site par les économistes du Cercle e-toile. Une fois encore, ces idées ne sont pas marginales. Elles sont au  cœur même des solutions à mettre en œuvre et à la base du consensus masqué  des meilleurs spécialistes.

Le vrai problème est de faire apparaître au grand jour ce consensus d’abord sur le plan intellectuel et ensuite de lui donner un débouché politique et diplomatique.

Le rôle des institutions internationales comme la BRI, le FMI, l’OCDE et même le Conseil économique et social français devrait être central.

Malheureusement pour être nommé et survivre dans ces instances il faut éviter de défendre ses idées communes et la fermer.

Ou, comme Volker, utiliser un langage tellement codé et diplomatique qu’on en retient généralement la force du couvercle qui le stérilise plutôt que celle des idées sous jacentes.

Jamais on n’aura autant parlé de stabilité, de coopération, d’ouverture alors que nous vivons très exactement dans un système fondé sur la dissymétrie, les abus de position dominante,  le chacun pour soi et l’absence à peu près totale de coopération. Avec à la clé un désastre économique durable.

L’Europe pourrait être autre chose que ce chat châtré qui se couche et accepte d’être le paillasson du monde et la variable d’ajustement des désordres internationaux.

Elle pourrait dire : pas de négociation commerciale sans réforme préalable du système monétaire international. Cette simple  prise de position entraînerait aussitôt un débat utile et probablement des modifications substantielles des comportements.

Mais qu’espérer d’une Europe, à on ne sait plus combien de pays, dirigée par l’insignifiant Juncker, dont même le petit Luxembourg ne veut plus comme premier ministre,  alors que des dizaines de commissaires vont être nommés et que la France propose sans rire JM. Ayrault comme nouveau président du bazar et M. Moscovici comme responsable des finances !

Mais qu’espérer d’une France dirigée par le médiocre et sinistre Hollande, tout heureux d’être là où il est et qui se moque comme de sa première maîtresse de ce qui peut bien arriver à la France ?  « Tiens, il n’y a pas de croissance et le chômage monte ! C’était la faute à Sarko. Argument usé ? Alors c’est la faute à la déflation. Terrible cette déflation. Je la dénonce, entre deux opérations image façon inauguration des chrysanthèmes ».

Après deux années de hausses hystériques des impôts, d’absence radicale de toute réforme significative, et de laisser aller général sur les dépenses, nous nous retrouvons avec des déficits aggravés et une dette qui va sans doute atteindre les 2000 milliards d’euros en octobre.

Alors la France ne peut que se taire.

La France sombre. L’Europe végète dans le n’importe quoi. L’Occident n’est plus véritablement dirigé par les Etats-Unis. Mais partout les abus perdurent, avec les mauvaises habitudes et les facilités qui vont avec.

Avec le recul, Obama apparait pour ce qu’il est : un bavard inconsistant, façon prédicateur d’église américaine qui embarrasse ses alliés sans faire peur à ses ennemis.  L’Europe est à peu près totalement décrédibilisée. La France est sortie de l’histoire et se contente de la compétition d’image de conducteurs de scooter, l’un casqué et l’autre pas.

Les vraies questions sont traitées par prétérition dans une langue de bois systématique. Nous l’avons vu avec la position de la Banque des règlements internationaux, nous le revoyons avec le texte de Volker.

Tout le monde sait ce qu’il faut faire. Mais chut il ne faut pas le dire. Ou de façon tellement édulcoré que cela devient gênant de lire ces afféteries prudentes.

Pendant ce temps là la Chine réarme en masse et se met en position d’influence militaire. Elle n’a choisi le capitalisme d’Etat que pour ne pas être dépassée par les Tigres  et les Dragons.  Elle était en train de devenir un nain en Extrême Orient.  Les imbéciles lui ont confié l’industrie du monde en affirmant que la Chine était de tout temps pacifique. La voilà qui se remet à la parade militaire.

Le Japon sort de sa léthargie et « réinterprète »  sa constitution avec un objectif à deux ans : avoir la bombe atomique.

Les pays du Bric créent une BIRD à eux, loin du grand frère américain.

La Russie retrouve son rêve impérial, annexe la Crimée et met l’Ukraine cul par-dessus tête.

L’islamisme remplace le communisme comme fléau du siècle.

En un mot nous avons cru qu’en dissolvant toute organisation, en supprimant toute discipline, en battant notre coulpe  et en glorifiant nos ennemis, nous triompherions, dans la gloire du politiquement correct.

 Le parcours solitaire des Etats-Unis n’a abouti qu’à un échec économique et diplomatique dramatique. Le n’importe quoi européen n’a abouti qu’à créer des situations économiques et sociales désastreuses. L’effondrement français était au bout de l’énarchie compassionnelle  aggravée par le socialisme fiscal  à la française.  

Au final Obama est désormais méprisé. On ne peut pas vouloir assurer le leadership du monde et ne rien faire. Ce leadership ne s’exerce désormais que contre ses alliés pour leur imposer des abus, comme le système monétaire international absurde qui est à l’origine de la crise.  

L’Europe de Bruxelles est méprisée. Elle est pour tout ce qui est contre et contre tout ce qui est pour. Son déficit démocratique est criant. On élit des gens qui en sont à se demander plusieurs mois après leur élection ce qu’ils pourraient bien  proposer. Sa carence face à la crise économique globale n’est pas seulement criante. Elle est d’une indécence rare. Capter les pouvoirs des nations et les abandonner au bord du chemin est plus qu’une sottise. Un crime contre l’Europe.

La France a fini par se mépriser tellement qu’elle met Marine le Pen et ses troupes en tête de tous les scrutins.

Le chagrin et la pitié, c’est ici et  maintenant.

Alors qu’on sait parfaitement ce qu’il faudrait faire  et qu’un coup de pied bien appliqué au fond où nous sommes nous permettrait de remonter très vite à la surface.

Cela fait maintenant dix sept ans que nous répétons sur tous les tons qu’il faut :

-          Réformer le système international en revenant à des changes fixes et ajustables, dans le cadre d’accords coopératifs  avec un FMI régulateur fort.

-          Réformer l’Europe dans un sens démocratique avec une véritable cellule de pilotage de la zone Euro maintenant qu’on a voulu cette organisation monétaire dangereuse

-          Faire sortir la France de l’hystérie fiscale et du malthusianisme  économique associé, dans lesquels elle de roule comme dans la fange depuis des années.

Au lieu de cela   nous ne cessons de subir les défauts irrécupérables du système des changes flottants, les inconvénients pervers d’une absence de gestion quasi-totale de la zone Euro et les conséquences dramatiques de la répression fiscale stupide qui détruit la France.

Comment s’étonner de la rupture entre les élites et le pays réel pratiquement partout en Occident ? Oui la politique est désormais vue comme un théâtre d’ombres où ne s’affrontent que des ambitions personnelles d’une extrême médiocrité (Sarkozy, puis Hollande, présidents successifs  de la France. Tout de même !).

L’Occident, L’Europe, la France ont perdu la volonté de créer une civilisation, ce  qui supposerait des disciplines et des résultats. Ils se contentent du statu quo et glissent sur le toboggan du déclin en savourant les délices propres à cet exercice.

Certains pensent qu’il faut attendre la décomposition totale pour espérer un sursaut salvateur. Cette position est cynique.  Que restera-t-il à sauver ?  

Aussi « techno » que cette proposition puisse paraître, l’acte un du renouveau serait  une conférence nouvelle à Bretton Woods  qui acterait comme sa devancière les erreurs dommageables de la situation actuelle, et proposerait les solutions associées à ce diagnostic.

Oui, le commerce international doit être le plus libre possible mais dans un cadre monétaire coopératif et le plus stable possible.

Oui ce cadre monétaire doit être structuré autour de changes fixes mais ajustables par consensus.

Non la monnaie internationale ne doit pas être une monnaie nationale.

Nul ne peut espérer bénéficier du commerce libre avec d’autres sans respecter certaines règles et en particulier celle de ne jamais accumuler déficits ou excédents monstrueux.

La rente pétrolière doit être contre balancée par des achats équivalents dans les pays sans pétrole. Accumuler des excédents et racheter le capital des victimes n’est pas la solution.

La Chine doit équilibrer sa balance commerciale comme les Etats-Unis, en sens inverse.

Le paritarisme doit être la base des statuts du fonds monétaire international, sans droit de véto ni pouvoirs spéciaux pour un pays donné.

La finance internationale doit être asservie à ces objectifs.

Ce qu’on aimerait c’est que même Paul Volker qui est totalement d’accord avec ce programme le dise clairement, haut et fort et même de façon tonitruante.  

Et que tous ceux qui craignent pour leur poste et leur carrière trouvent enfin le courage de dire : c’en est assez de ce silence embarrassé. Disons la vérité et agissons.  Ils constateront alors  qu’ils sont majoritaires et que les quelques nigauds qui croient encore aux vertus des changes flottants ne représentent qu’eux-mêmes, c'est-à-dire rien.

Didier Dufau pour le Cercle des economistes e-toile. 

Langue de bois à la BRI et économie-baudruche.

Nous aimons bien la Banque des Règlements internationaux qui a presque compris que l’économie mondiale fonçait dans le mur en 2007 et au premier semestre 2008, alors que le FMI s’enfonçait dans l’erreur, sous la tutelle nonchalante de DSK, entraînant la majorité des gouvernements dans la passivité morose.

L’ennui avec  les responsables de la BRI, est leur tradition de frôler l’essentiel sans jamais l’atteindre vraiment.

Le dernier rapport est de cette eau-là.  Il dénonce trois dangers qui sont réels.

Le premier est d’avoir peur de la finance et de retarder toute action visant à la mettre sous contrôle par peur des réactions sur les marchés.

Le second est pour les gouvernements d’espérer que l’argent presque gratuit des banques centrales leur permettra de retarder indéfiniment les réformes nécessaires, en maintenant un haut niveau de dettes publiques.

Le troisième est la surestimation du pouvoir des banques centrales et du potentiel naturel et automatique de sortie de crise.

Il signale que la seule solution est dans une collaboration très étroite et la prise de conscience que les relations économiques croisées des nations ont une extrême importance.

On reconnaîtra ici un certain nombre de nos thèmes préférés. Nous disons depuis longtemps que les banques centrales sont comme les psychanalystes : elles ne savent soigner que les maladies qu’elles ont créées. De même nous ne croyons pas à la bienveillante main invisible des marchés financiers et monétaires libres, en régime de changes flottants. Enfin nous développons l’idée que ce sont les énormes excédents et déficits croisés de balances extérieures qui ont provoqué la hausse du taux global d’endettement depuis le retournement de 1971-72.

Nous ne cessons d’affirmer que le G.20 a fait un pari pascalien en ne réformant rien du système monétaire international en 2008 et 2009. Et qu’il l’a perdu.

On ne sort pas de la queue de la comète récessive de 2008-2009 parce qu’aucune des mesures globales nécessaires n’a été prise.

Ce que le BRI n’ose pas dire, c’est que pour atteindre les trois objectifs qu’il se fixe il faut prendre une décision majeure : mettre fin aux changes flottants et réactiver les règles du traité de La Havane et du Statut du FMI,  qui interdisent les excédents et les déficits massifs de comptes extérieurs.

Si les Etats redeviennent responsables de la valeur externe de leur monnaie, alors ce ne sont plus les marchés qui s’en chargent. Et ils doivent être tenus en laisse. Le premier objectif est atteint.

Les grands équilibres macro-économiques n’ont jamais été de la responsabilité solitaire des banques centrales. Tous les moyens de l’Etat moderne doivent concourir à l’exercice. Un mix raisonnable entre politique monétaire, politique budgétaire et fiscale, et politique sociale doit être construit.

Le FMI redevient, dans un tel système, l’observateur naturel des déséquilibres croisés et doit y mettre fin.

Du coup la coopération internationale devient le mode de fonctionnement normal de l’économie monde.

Faute d’aller aussi loin qu’il serait nécessaire, la BRI passe pour un mauvais coucheur qui empêche les bonnes nations éprises de keynésianisme de créer de la monnaie et de la dette sans limite, seule solution pour redémarrer la croissance dans la joie et le bonheur pour toute une couche d’économistes de la facilité.

Nous proposons d’appeler « économies baudruches » les économies qui dépassent 300% de dettes globales par rapport au PIB. Dans de telles économies, rien ne se passe selon les théories valables pour des économies où on ne dépasse pas 100 à 150% d’endettement global.

Dans une économie-baudruche  les règles d’investissement habituelles ne fonctionnent pas. La raison en est simple : les gains de production (le compte d’exploitation) ne permettent pas de rembourser le principal et les intérêts. Par conséquent la dette qui est créée ne peut se justifier que de deux façons :

-          Par l’absence de tout espoir de remboursement : on crée de la dette perpétuelle par création monétaire

-          Par l’espoir d’une plus-value, ce qui suppose une bulle sur une classe quelconque d’actifs.

On comprend que tous ceux qui sont accrochés à des rémunérations d’Etat prêchent pour le financement monétaire de déficits publics de plus en plus monstrueux.

On comprend aussi que tous ceux qui ne peuvent espérer de gains sur crédits  que sur une plus-value d’actifs, poussent à un gonflement perpétuel de l’alimentation monétaire par les banques centrales.

Lorsqu’une récession cyclique « normale » touche une économie globale  non encore boursouflée, et organisée autour de changes fixes, ouvrir temporairement le déficit budgétaire et financer l’activité par la création monétaire est efficace.

Le faire dans un système de changes flottants où tous les mouvements de capitaux sont libres et les décisions portant sur les changes non coordonnées,  alors qu’on reste autour de 400% de dettes globales par rapport au PIB, comme dans le G7, ne conduit qu’à une fuite en avant sans fin avec des déséquilibres persistants.  Cela fait maintenant 7 ans qu’on a ouvert toutes les vannes. Sans autre effet que d’avoir stabilisé le taux de dettes global à son niveau le plus élevé tout en ayant mis les Etats sous oxygène fiscal pour ne pas être étouffés par des dettes qui continuent à croître.

L’économie réelle reste anémiée, asphyxiée par les dettes et la fiscalité. L’argent ne va pas vers la production. Seulement vers des potentiels de plus-values sur classe d’actifs sensibles à l’alimentation monétaire ou vers les Etats pour payer leurs dépenses courantes.

En indiquant que le maintien d’une politique de fuite en avant dans la dette et la dépense publique incontrôlée grâce à une  sur-alimentation en monnaie banque centrale, sans aucune vraie réforme,  ne conduit à rien de bon,  la BRI a raison et naturellement attire toutes les critiques des Martin Wolf, Krugman etc. qui voient de tout temps la solution miracle dans le déversement de milliers de milliards en  monnaie banque centrale dans les marchés et dans les budgets d’état.

Son tort est de ne pas aller jusqu’au bout du raisonnement : il faut mettre fin à la liberté absolue des mouvements de capitaux et la subordonner à la gestion ordonnée de changes fixes mais ajustables, avec interdiction des déficits et des excédents massifs de balances extérieures. A partir du moment où les Etats sont responsables de leurs comptes extérieurs, la fuite en avant dans les déficits n’est plus possible,  les gains de plus-value se réduisent, un horizon économique apparait qui permet d’envisager à nouveau des investissements et  une reflation coordonnée a une chance de fonctionner au service de l’activité et non pas de la spéculation.

La deuxième erreur de la BRI est de croire qu’il existe deux types de cycles différents : les cycles courts « commerciaux » de 8 ans et les cycles financiers » de 20 ans environ. En fait il n’y a qu’un mécanisme cyclique de 8 -10 ans avec des crises alternativement dures ou molles. Lorsque le souvenir d’une crise dure est dans la tête, les excès de crédit restent mesurés : la crise sera faible. Lorsqu’on a oublié ce qu’est une crise dure, et il faut 15 à 20 ans pour cela, soit l’apparition d’une génération ignorante aux commandes,  l’emballement des crédits devient extrême et le réajustement est important.  Cela fait plus de 200 ans que cela marche comme cela.

Les économistes et responsables de la BRI sont sur le bon chemin. Il faut qu’ils acceptent de faire un pas de plus en avant. On se souvient que dans le film « les aventuriers de l’arche perdue », l’accès au Graal supposait de marcher avec confiance sur une passerelle invisible.

Certains croient qu’abandonner les changes flottants  serait un saut dans le précipice.  Ce n’est pas le cas. Dès que le premier pas aura été fait, la passerelle s’illuminera et on sortira enfin de cette crise actuellement sans solution dans le cadre actuel.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile.

Nouvelle poussée du lectorat de ce blog

Le 7 janvier 2014, le nombre cumulé de lectures étaient de 500.000. Nous en sommes au 7 juillet à 580.000. Ces 80.000 lectures en six mois marque un nouvel accroissement de l'intérêt porté à des questions économiques plutôt austères.

Les élections municipales et européennes sont certainement une des causes de cet intérêt renouvelé.

Nous pensons que la persistance de la crise est la vraie raison. Une inquiétude grandit dans le pays que nous ne en sortions pas. Après les éruptions sociales de l'automne 2013, le Président de la république avait fait marche arrière toute, annonçant l'embellie de la conjoncture et un nouveau cours de son action.

L'embellie était fictive. Le changement d'orientation de la politique fiscale, sociale et économique est resté verbal.

Les Français se demandent si on ne va passer de l'échec répété au désastre définitif. Nous sommes conscient que l'augmentation des lectures est associée à celle de l'angoisse du pays.

De l'échec au désastre ? Est-ce là le destin qu'on nous prépare ? Sept ans de crises, de faillites en augmentation, de chômage en augmentation, de dette en augmentation, de pression fiscale en augmentation, de déficits jamais jugulés.

Et rien ne change. Mme Hidalgo élue à Paris sur la promesse : "plus d'augmentation d'impôts", annonce qu'il manque 400 millions pour boucler le budget, veut doubler la taxe de séjour hôtelière, veut doubler le taux des amendes, …

Le budget n'est pas tenu et les engagements solennels pris vis-à-vis de l'Europe ne seront pas atteints.

On songe à rendre progressive la CSG mesure qui, ajoutée à toutes les autres,  marquera la mort définitive non seulement des fortunes et de la bourgeoisie aisée en France, mais de tous les espoirs de renouveau de l'esprit d'entreprise.  Comme au RU à la fin des années 70, la France entre dans une spirale de suicide national.

La France est aujourd'hui sur le fil du rasoir. La situation politique est désastreuse. La droite est embourbée dans les différents chemins de traverses de la gestion Sarkozy. La gauche est prisonnière de la désinvolture du Président qu'elle a porté au sommet de la République et  de l'indigence sectaire des apparatchiks qui tiennent le Parlement. Le peuple se détourne vers les extrêmes, l'indifférence ou la révolte. La presse, ruinée par l'innovation qui touche le secteur,  ne s'intéresse qu'aux problèmes de communication et de personne . Elle refuse toute étude de fond.

On le voit à Aix.  Les économistes officiels parlent d'investissement à un pays où il a disparu sans qu'ils expliquent réellement pourquoi.  Il suffit de relire les minutes des débats de 2006 et 2007 pour vérifier qu'ils n'avaient rien prévus, rien compris à la crise qui nous a frappé.

Dans ce désarroi général, il ne reste qu'une voie de sortie par le haut : comprendre. La connaissance précède toujours l'action. Observer les faits sans a priori en remontant suffisamment haut dans le temps pour ne rien manquer.  Confronter les analyses pour gagner en justesse et éviter approximations ou courtes vues.

Tant qu'on en restera au niveau zéro de la pensée, les" élites" françaises de gauche ou de droite seront discréditées. Les causes de la crise ne sont toujours pas au centre du débat public. Les moyens d'en sortir ne peuvent donc pas être discutés et compris.

On laisse les pulsions politiques emporter tout. Malfaisance idéologique à gauche, idiotie aveugle à droite.

Il faut prendre un autre chemin.

Espérons que nous y contribuons à notre humble mesure.

En tout cas cette nouvelle croissance de notre lectorat nous y encourage.

Le faux effondrement de la productivité

Toute personne qui s'attelle  à la tâche d'étudier les crises économiques périodiques constate  l'apparition récurrente de raisonnements stéréotypés. Ils refleurissent comme les marronniers. 

La fin du progrès de la productivité est une de ces lancinantes resucées.

En 1929, on expliquait que les chemins de fer, c'était fini et que l'automobile avec Ford avait atteint son Acmé. La mécanisation et l'électrification avaient fait leur effet et il était parfaitement normal que l'on entre dans une période de stagnation de longue durée aux Etats-Unis. La croissance, c'était fini.

Sautons en 1973-74 et donc à la "première grande crise depuis 1929". Là deux idées ont nourri les commentaires :

- La fin du pétrole et donc de la croissance. La projection des tendances était sans concession : tout s'arrêterait au plus tard en 1985. C'était la fin de l'aviation, du plastique et de l'automobile. Tous les gains avaient été trouvés dans l'agriculture. Il n'y avait rien à faire. La stagnation, au mieux,  était définitivement installée.

- L'informatique était désormais à saturation : tous les programmes nécessaires avaient été mis en œuvre dans les grands groupes. Il était même indispensable de cesser de former des informaticiens.

Allons maintenant à la crise de 93, la "seconde crise la plus grave depuis 1929". Là, c'était totalement clair. Le travail, c'était fini. Il n'y avait plus de boulot. Ce qui devait être informatisé et automatisé l'était. Ne restait plus qu'à réduire le temps de travail  et à s'adapter à une société sans croissance.

Voilà la crise de 2007-20xx, à nouveau "la pire crise depuis 1929" et ça y est : le progrès c'est fini ; la productivité, on est au bout ; le travail, y en a plus. Etc.   

Toutes ces réactions sont naturellement des foutaises.. La crise crée un climat qui pousse à extraire de la réalité des faits analysés à courte vue et qui n'ont pas de sens. La psychologie l'emporte sur la raison.

En 1929 plusieurs révolutions étaient en marche : le petit équipement électrique, la télévision, la radio et les communications en général, le pétrole et ses applications notamment pour l'aviation, le marché des produits d'hygiène etc.  Beaucoup des grands groupes mondiaux actuels datent des années trente. En France, l'Oreal, Publicis, les magasins à prix unique etc.

En 1974, l'informatique connait une révolution : le temps réel avec l'interaction entre un opérateur et un écran, puis les mini ordinateurs, puis les micro ordinateurs, puis les progiciels grands publics… Les tour opérateur naissent avec la révolution des avions gros porteurs et le tourisme de masse. La santé est à la veille de progrès décisifs à peu près dans tous les domaines. La grande distribution s'installe. Le pêche industrielle se généralise. Etc.

En 1993, l'informatique connait une nouvelle révolution. Les réseaux de PC avec interfaces graphiques multicolores s'établissent d'abord en local puis, grâce çà internet, ouverts sur le monde entier. L'interconnexion permet l'émergence de marchés inconnus jusqu'ici. Le téléphone devient portable. Les imprimantes couleur à bas prix se généralisent. D'énormes marchés mondiaux se mettent en place. La révolution du container change le transport maritime. Les grands groupes s'allègent des activités mineures pour atteindre la taille critique mondiale sur leur cœur de cible. L'organisation du travail change. L'aviation connait un boom sans précédent, le "bougisme" atteignant les populations du monde entier, aussi bien pour le tourisme que pour les voyages professionnels et les salons. Le luxe se mondialise. Tous les ex-pays communistes s'ouvrent.

Bref, à chaque fois , les jérémiades sur la fin du progrès, la fin de la productivité, la saturation des marchés et la disparition du travail se sont trouvées démenties dans des proportions …démentes.

En revanche la vraie cause des crises a toujours été évacuée plus ou moins brutalement. En 1929, la concentration d'un paquet de dettes effroyable en Europe et d'une richesse fortement accrue aux Etats Unis  a provoqué des déséquilibres  que la crise a résorbés dans la douleur. Déjà le monde ne savait pas que faire des milliards de dettes en papier monnaie. Ajoutons le prurit révolutionnaire socialiste qui a pourri totalement la situation politique. On aura les sinistres années trente.

En 1974 la gravité de la crise décennale est entièrement liée à un changement de système monétaire international désastreux, lui-même provoqué par le désir des Etats Unis et de ses alliés (volens nolens) de répondre aux défis de l'Union Soviétique sur terre et dans l'espace.

En 1993, le monde soviétique a cédé. Mais on ne sait toujours pas quoi faire d'un système monétaire qui génère de la dette a tout va, provoque des crises à répétition et aggrave les crises bancaires décennales tout en réduisant le trend.

En 2007, le système monétaire international explose, après avoir permis l'établissement de déficits et d'excédents monstrueux de balances extérieures et met l'économie mondiale à genoux.

La productivité est toujours le rapport entre production et population en âge de travailler ou au travail (il y a mille productivités !). Il est arithmétique que si la population augmente et le PIB ralentit ou baisse, la productivité s'effondre. Pendant les crises périodiques, les effectifs les moins productifs sont envoyés au chômage pour tenter de rétablir un niveau de productivité compétitif.  Mais pendant tout le temps du processus de réajustement l'entreprise se trouve avec une activité en baisse, des prix en baisse, des frais généraux disproportionnés.  La productivité globale (le CA par tête) baisse.  

Le monde a connu depuis l'écroulement communiste, l'arrivée de centaines de millions de producteurs sur le marché du travail. La mécanisation s'en est trouvée ralentie : il était plus rentable de rapprocher la production des producteurs disponibles (délocalisation), ou les producteurs disponibles des usines (immigration) . La productivité a beaucoup augmenté en Chine et dans les pays de l'est. Moins en Occident développé.

Rien de tout cela ne trahit une baisse du potentiel de productivité soit par hausse de valeur de la production soit par des économies de facteurs de production.  

Dans une économie de soufflé monétaire, où une couche de 300% de dettes flotte au dessus de 100% de PIB, toutes les relations de valeur sont faussées. La notion de productivité devient fuligineuse. Pour une banque, emprunter gratuitement à la BCE et replacer cet argent en finançant les Etats, plus cher, est d'une formidable productivité : il faut une poignée de personnes pour brasser des milliards d'euros. Mais elle n'a aucun sens économique réel. De même la hausse des prix des biens immobiliers n'apporte aucun gain de productivité : c'est toujours le même parc immobilier !      Dans le cas français où on a accablé de charges le travail marchand, tout en ouvrant l'économie à la concurrence mondiale, l'ajustement s'est fait en éliminant les postes à basse productivité dans l'entreprise tout en augmentant dramatiquement le nombre de fonctionnaires à hyper basse productivité. Alors on constate que seuls les postes à haute productivité existent dans l'entreprise privée du secteur marchand. Nous avons une excellente productivité privée en France. Mais 7 millions de français ne sont plus occupés, dont 5 millions au chômage.

Ce n'est pas le rythme de l'innovation qui baisse. Il n'y a aucune raison qu'il baisse. Dans dix ans ou quinze ans nous rirons des imbéciles qui croyaient l'emploi fini, l'innovation arrêtée, la productivité en berne. Comme on rit aujourd'hui des imbéciles de l'entre deux guerres, des prêtres écologistes qui annonçaient la fin du pétrole pour 85,  ou de Michel Rocard ou Rifkin  annonçant la fin de l'emploi juste avant que plusieurs centaines millions de travailleurs-travailleuses entrent dans le circuit de production mondial.

Surtout si on surmonte les vraies difficultés actuelles :

- Gestion du rattrapage des pays anciennement soumis au régime communiste (sans aucune productivité, sinon du côté des bourreaux).

- Réforme du système monétaire international

- Remise en place dans la zone Euro de mécanisme de croissance concertée

- Fin de la folie administrative et fiscale en France qui achève de détruire son système de production marchand.   

Seulement voilà : c'est plus facile pour les économistes officiels de gloser avec effets de manche sur la perte de productivité que de remettre en cause le système monétaire international, l'organisation de la zone euro et l'esprit de prédation fiscale  qui sévit en France depuis le septennat Giscard.  

Une erreur économique commune mais profonde

Lors d'une des émissions d'adieu de Philippe Bouvard aux "Grosses têtes", on parle monnaie avec Jean d'Ormesson.

Première erreur : "la monnaie date de 9000 ans".

La monnaie circulante date du 7-8ème siècle avant JC, soit moins de trois mille ans. La monnaie a été une invention, comme la roue et d'une importance cruciale sur l'évolution de l'humanité. Elle n'existe pas de toute éternité, ou même depuis 9000 ans.

L'idée de frapper d'un sceau officiel une pièce en alliage de métaux, de carat normé, n'est pas venue du commerce, mais "au carrefour du sabre et du goupillon" selon le terme employé dans notre livre sur la monnaie. Les trésors étaient dans les temples avec des obligations rituelles de donner. L'autorité royale les a monétisés pour payer des soldats. Qui les utiliseront immédiatement dans les temples où travaillaient les filles de joie.

Le prince, le curé, la prostituée et le soldat sont à la base du circuit monétaire moderne. Pas le commerçant.

Tout le monde sait que Sparte méprisait ces Athéniens qui utilisaient si vulgairement de l'argent. Les Phéniciens qui étaient les maîtres du commerce "mondial" de l'époque refusèrent longtemps d'utiliser ce "vil argent".

La dette et le prêt existent, eux, pratiquement de tout temps. Et le désir de mesurer la valeur relative des biens économiques également. Il est symptomatique que tous les noms de monnaies au départ sont des unités de poids.

La seconde erreur, tout aussi commune, est de croire qu'avant l'invention de la monnaie régnait le troc.

C'est une invention des premiers économistes. Personne n'a jamais pu trouver une société primitive fondée sur le troc. L'Egypte qui n'utilisait pas de monnaie, ne connaissait pas le troc. Pas plus que les civilisations amérindiennes. Toutes les enquêtes sociologiques de tribus primitives effectuées depuis 200 ans ont démontré qu'aucune d'entre elles ne pratiquait le troc.

Les sociétés hiérarchisées, primitives ou plus organisées comme Sumer, Ninive, l'Egypte des pharaons etc. n'étaient pas fondées sur le troc mais sur une division de la société. Chacun avait un rôle dans une hiérarchie stricte et le plus souvent inflexible. Le travail était fondé sur la contrainte, pas sur le libre échange. Le paysan devait porter son grain au collecteur qui le redistribuait selon des règles précises. L'artisan recevait sa pitance du prince. Certains biens étaient strictement réservés à l'aristocratie politique ou religieuse.

Le soldat était nourri et logé. Les extras étaient fournis par le pillage des peuples vaincus ou les razzias temporaires chez le voisin. Les survivants se voyaient dotés d'un champ ou d'une charge. De toute façon les objets produits étaient très peu nombreux. L'esclavage fournissait l'énergie, qui, de tout temps, a été le problème économique majeur de l'humanité. Les corvées, c'est-à-dire le travail forcé non rémunéré, étaient la base des travaux publics.

On mourrait tôt, de maladie ou de mort violente. Il n'y avait pas de notion d'épargne individuelle remplacée par celle de survie du collectif, de la race comme on disait à l'époque. Les dettes et les prêts portaient sur des aventures collectives ou sur des sanctions personnelles.  La sanction imposait une échelle de valeur. Le pénal est la base des barèmes d'indemnités ou de sanctions, donc des prix relatifs et par voie de conséquence des "mercuriales", sauf que ce n'était pas le dieu Mercure qui y présidait. Condamné à un bœuf, un coupable pouvait se libérer par des jours de corvées. On savait donc le rapport de la valeur du bœuf évaluée en jours ouvrés. Les rapports de valeur entre poulet et canard, ou entre or et argent, sont connus et (presque) stables pendant toute l'antiquité. Ils ne sont pas fixés par "le marché". Mais par décision de justice.

La monnaie permettra l'étagement des peines et la suppression des modes de paiement par "compensation", c'est-à-dire en nature ou en travail.  L'obligation et la dette ont grandement précédé la monnaie, mais ensuite la monnaie en a permis l'expansion.

La monnaie se développe essentiellement pour des besoins militaires dans la Grèce antique puis à Rome. L'accumulation de réserves monétaires et de dettes provoquent des crises monétaires et financières fort graves dès le début. La question du taux d'intérêt se pose très vite. Doit-on gagner de l'argent sur l'argent alors que seules la production et la consommation comptent ?

La circulation de monnaie ne deviendra réellement "commerciale" qu'à partir du moment où les productions se diversifieront et où les sociétés cesseront d'être hiérarchisées. La monnaie est bien de la "liberté frappée". L'indépendance des villes sera le maillon fort de cette chaîne d'évènements qui mènent à des sociétés "capitalistes", c'est-à-dire fondée sur l'accumulation de monnaie et de dettes, puis à la société de consommation. Tout cela est très récent. Quelques siècles à peine.

L'économie politique commence lorsque les manipulations monétaires des princes commencent à troubler la révolution industrielle. L'autonomie du monétaire vis-à-vis des Etats ne sera jamais obtenue.

Aujourd'hui encore, la monnaie est gérée par les Etats, malgré la grossière imposture de l'indépendance des banques centrales. Les désordres monétaires sont la source des plus grosses difficultés. La crise actuelle en est la preuve.

Nous ne savons toujours pas comment gérer une "fiat money", une monnaie de papier imprimée par des fonctionnaires. Surtout quand il y a plusieurs émetteurs et uniformisation mondiale des marchés.

La monnaie est de tout temps une affaire d'Etat, où l'Etat est à la fois nécessaire et partie du problème. Croire que c'est une affaire purement commerciale est une erreur historique et économique.

La crise actuelle étant d'essence principalement monétaire (un défaut du système monétaire international), elle ne pouvait pas être réglée simplement par les banques centrales.  De même la monnaie unique européenne est une absurdité parce qu'on a cru qu'elle pouvait être uniquement gérée par la BCE et des règles juridiques simplistes (qu'il a fallu violer en totalité par tout le monde…).

L'histoire comme toujours éclaire le présent. "C'est l'or de Philippe" qui a permis de vaincre Darius et Alexandre le Grand fondait l'or partout où il passait.  Le triomphe de Rome s'est assis sur la destruction des montagnes aurifères d'Espagne. La superpuissance américaine et les abus du dollar sont la cause des troubles monétaires, financiers et économiques actuels. Mais sans le dollar, il n'y aurait pas de superpuissance militaire américaine.

La difficulté de faire admettre une réforme du système monétaire international est justement là. Toucher aux changes flottants, c'est toucher à l'Impérium. Les dominés préfèrent filer doux. La première réunion du G.20 a servi à cela : réaffirmer qu'on ne toucherait pas à l'Impérium et à sa base monétaire, en dépit de la crise que cette dernière avait provoquée.

Voilà comment on passe des "Grosses têtes" aux "têtes basses" !    

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

 



Le grand tournant de 1988 !

Nous faisons régulièrement des retours dans le passé. Il éclairent le présent. Prenons par exemple la campagne de Jacques Chirac en 1988. Elle est intéressante parce que nous sommes juste à la césure de l'histoire économique mondiale, européenne et française.

Mondialement :  La crise du début de la décennie 1980 a été sévère aux Etats-Unis du fait de la volonté de la FED et de son gouverneur de "casser" l'inflation. Thatcher et Reagan ont par ailleurs imposé un nouveau style à la gestion de l'Occident. L'Afrique et certains pays émergents comme le Mexique, sont encore dans les affres de la frénésie de prêts publics fondés sur la rente pétrolière recyclée, mais les Tigres et les Dragons asiatiques décollent. C'est le moment Japonais. Le monde entre dans la phase haute du cycle décennal.

En Europe l'idée de l'Euro comme monnaie unique s'est imposée et on la prépare. Ceux qui pensent que l'Euro date de la chute du mur et des accords entre Kohl et Mitterrand se trompent absolument. L'Euro monnaie UNIQUE est sur les rails dans les cénacles européens.

En France le gouvernement de cohabitation Chirac-Balladur a commencé à se débarrasser des pires dérives du désastreux Programme Commun de la gauche, avec des dénationalisations, la fin de l'IGF, l'ISF initial, et a commencé à stabiliser le chômage.

Nous sommes là réellement à un moment clé.

La croissance est là. Des réformes utiles vont devenir possible. La question monétaire internationale  est posée ainsi que celle de l'Europe.

Selon le diagnostic qui sera fait et en fonction des résultats électoraux, l'avenir sera très différent.

Si les Etats-Unis admettent de revenir à un système monétaire organisé qui proscrit les grands déficits et les grands excédents et assure la coordination des politiques économique dans le cadre d'un système de monnaies stables mais ajustables par consensus en cas de dérapage, l'économie casino qui s'est mise en place au milieu des années 70 cesse et une croissance régulière et équilibrée devient possible.

Si l'Europe dans ce cadre monétaire stabilisée, met en place un système de monnaies coordonnées avec des solidarités un peu plus serrées qu'à l'échelon international, elle évite le piège de la monnaie unique, qui interdit tout ajustement autre que par la déflation, sauf organisation fédéralisée des politiques économiques.

Si la France continue de se libérer des imbécillités du programme Commun et modernise son Etat, en stabilisant sa pression fiscale,  elle peut revenir dans la compétition internationale et réduire son chômage tout en améliorant sa croissance.

Quelles sont les propositions de Jacques Chirac lors de la campagne présidentielle de 88. Il suffit de relire son livre "Une ambition pour la France", publié par Albin Michel.

"Où que nous regardions nous ne voyons que désordre :

- Désordre commercial entre les pays riches qui accumulent des excédents gigantesques  et d'autres pays, tout aussi riches qui vivent dans le déficit chronique,

- Désordre monétaire  depuis que l'erreur de quelques techniciens et la faiblesse de certains Etats  ont ait entrer le monde dans l'ère des changes flottants qui ne valent rien de bon à personne".

Chirac refuse également la transformation de l'Europe en simple zone de libre échange ouverte à tout vent.

"Rien ne serait plus dangereux que d'offrir à nos concurrents, asiatiques ou américains, l'espace désarmé d'une vaste zone de libre échange."

Mais il annonce la monnaie unique étayée par une Banque centrale Européenne.

"La Communauté doit être un système monétaire complété et achevé  où circule peu à peu une monnaie unique émise par une banque centrale commune".

Pour qu'elle fonctionne, il faut " reconstituer un ordre international avec les disciplines, les automatismes et les sanctions que cela implique dans la gestion des parités monétaires".

Déjà le programme présidentiel annonce qu'il faut que l'Etat se renforce sur ses missions régaliennes et se dégage du reste. Il faut réduire le chômage qui est à 2.500.000 grâce à la formation et à la recherche scientifique. La compétitivité de la France, mise à mal, doit être restaurée (déjà).  

Arrêtons-nous là. Nous pourrions, de façon plus ou moins comique, monter que tout le programme actuel de Valls est une resucée verbale, presque mot à mot, du programme du candidat de droite de 1988 sur le plan intérieur. Ce n'est qu'anecdotique

Plus intéressant : pourquoi les aspects les plus bénéfiques de ce programme n'ont-ils pas accroché l'opinion et pourquoi le monde, l'Europe et la France se sont-ils enfoncés dans un système qui ne pouvait qu'exploser ?

Le bon virage n'a pas été pris.

Nous sommes certes à la veille de la crise décennale de 92-93, qui sera pire que sa devancière de 74 et prendra le titre de pire crise depuis 1929, avant que notre crise actuelle ne lui reprenne le ruban bleu.  Elle aurait pu servir de déclencheur. Mais c'était trop tard : Greenspan venait de se lancer dans un programme d'inondation monétaire après la prétendue "crise des ordinateurs" qui avait fait chuter lourdement le Dow Jones. La guerre du Golfe était gagnée. Les Etats-Unis étaient triomphants. La campagne pour Maastricht était partie.  

La chute de l'URSS, la conversion de la Chine et de l'Inde au capitalisme internationalisé, le triomphe du consensus de Washington, l'extension rapide du champ de l'Union européenne ont créé un "momentum" de fuite en avant qui interdira toute réflexion jusqu'au blocage du système bancaire international en 2007 et son effondrement en 2008.

C'était bien en 1988 qu'il fallait agir. La France s'étant sortie du grotesque retour en arrière mis en scène par Mitterrand pour se faire élire en 1981, elle avait encore de l'influence. Elle pouvait peser.  

Les Français décidèrent cette folie que sera la réélection de Mitterrand. Perseverare diabolicum. Les Français ont considéré qu'il fallait purger le syndrome socialiste français qui s'était enkysté puis enflammé après 1968, en laissant toutes ses chances à une variante partiellement atténuée, comme on désactive un virus. Mitterrand comprendra le message et "lèvera l'hypothèque Rocard".  On en est  désormais à la social-démocratie et au social libéralisme… Encore un effort et le socialisme aura été évacué.  Mais le processus va coûter cher à la France;

Le gouvernement Rocard bénéficie de la phase haute du cycle qui le gorge de ressources fiscales automatiques. Aucune réforme n'est faite. On remet en place l'ISF. On crée la CSG. On troue la coque avec des prestations qui enfermeront une partie des Français dans une trappe à pauvreté. Avec Delors et Beregovoy, on débloque l'option "finance folle" et on crée le chemin d'une liberté totale des mouvements de capitaux, de produits, de services et de travailleurs  en Europe. Le Traité de Maastricht est voté sans aucune réforme préalable du système monétaire international et sans institution de pilotage. Que des sottises !

A la fin du second septennat de Mitterrand, toutes les causes de l'effondrement futur sont réunies :

- Plus de réforme du système monétaire international

- Europe ouverte à tout vent et libéralisme absolu des mouvements sous domination allemande.

- Français fiscalisés à mort

- Préférence pour le chômage et l'assistanat.

Chirac se résoudra au "ni-ni". La violence de la crise de 92 le conduira à "réduire la fracture sociale". La cohabitation Jospin ajoutera les 35 heures et l'étouffement de l'entreprise. Sarkozy évoquera la "rupture" sans la faire. Hollande finira le travail dans le n'importe quoi délirant. L'Europe de l'Euro sombrera dans les politiques de récession et de déflation. Pendant que le monde passera de 250 à 400% de taux d'endettement global et finira par succomber sous le poids de la dette imbécile accumulée.

C'était bien en 88 qu'il fallait agir en profitant de la volonté de Thatcher de ne pas passer sous les fourches caudines de l'Allemagne, de la présence de Schultz aux finances américaines, qui n'était pas un partisan des changes flottants en dépit des rodomontades de Reagan (qui parlait plus qu'il n'agissait) , et en profitant de la phase de croissance du cycle pour réformer en profondeur la France.

Est-ce que Chirac élu aurait eu la force de ce changement de perspectives, à la tête d'une France qui n'était pas encore "sortie de l'histoire" et effondrée dans la gaudriole, le "sociétalisme" politiquement correct, la fiscalité confiscatoire et la paralysie économique ?  

On ne le saura jamais. Notons tout de même que les idées que nous défendons ici, le retour au changes fixes et ajustables, l'interdiction des déficits et des excédents monstrueux de balances extérieurs, la réforme d'un pays qui a développé de façon exagérée et intenable le champ de l'action publique tout e