Elections : Le retour des énormités dans l’argumentation économique
Pour un observateur qui a suivi la vie nationale depuis cinquante ans, soit comme Professeur ou comme économiste, le retour des mêmes erreurs, avec les mêmes arguments, la même nullité d’analyse et la même mauvaise foi est spectaculaire et légèrement décourageante.
On pourrait en faire un catalogue, une taxonomie, avec brevet de démagogie imbécile à la clé. Savoir que ces sottises peuvent jouer un rôle dans une élection majeure sans que leur indécence antidémocratique ne soit jamais relevée du fait de l’ignorance économique crasse de beaucoup de journalistes, est plus une souffrance qu’un amusement. Alfred Sauvy avait fait l’essentiel du travail avec son livre « Mythologie de notre temps » – Persée – 1967. Mais cela repousse comme le chiendent.
Les journalistes appellent marronniers ces articles qui reviennent chaque année à la même période et qu’on reprend sans scrupule en modifiant trois mots. Il y a des marronniers électoraux qui refleurissent à chaque élection majeure et là, on ne change même pas trois mots. On se vautre sans vergogne dans la joie de dire n’importe quoi.
L’une des plus belles sottises est de faire valoir que la France a une formidable productivité, presque la meilleure du monde et que du coup on pourrait augmenter les salaires sans difficultés pour récompenser ce triomphe du salarié français. Il est vrai que les statistiques indiquent une forte productivité moyenne. Mais pourquoi ? L’emploi et les salaires dépendent de la productivité. A chaque niveau de productivité correspond un niveau d’emploi. Les charges sur le travail sont telles en France, que les emplois correspondant à des travaux de faibles productivités ne sont pas possibles, sauf au noir. C’est pour cela que nous avons 5 à 6 millions de chômeurs, un chômage structurel qui ne baisse jamais au-dessous de 6.5% dans les phases de haute conjoncture, alors que des pays qui ont une politique différente arrivent à 3-4%. Il va de soi que si vous supprimez la tranche d’emplois à faible productivité, la moyenne de l’emploi qui reste est d’une valeur supérieure à celle de ceux qui ne l’on pas fait. Si vous enlevez les petits dans le calcul de la moyenne de taille d’une population, elle sera plus haute que dans celle d’une population qui ne fait pas cette soustraction !
La France a peu d’emplois car elle ne permet que les emplois productifs, mais cela ne veut pas dire qu’elle est compétitive. Les autres pays ont ces mêmes emplois productifs plus tous les autres et ces derniers leur offrent une compétitivité accrue. Vérification est faite en regardant les chiffres de nos déficits extérieurs qui sont constants et majeurs. Les gouvernements, faute de vouloir remettre en cause les charges inouïes qui pèsent sur le travail et les entreprises, ont essayé des mesures artificielles comme la « suppression » des charges sur les salaires au SMIC. En fait on a repoussé le paiement des sommes concernées sur d’autres. Une politique de type sapeur camembert où on creuse un trou pour en complet un autre. Avec des résultats indigents.
La forte productivité moyenne apparente du travail moyen en France est un indicateur sinistre parce qu’il marque la mutilation d’une partie très importante de l’emploi possible.
Comme souvent en économie, c’est contre intuitif. Mais se vautrer dans des explications fausses jusqu’au débile qui ne peuvent qu’aggraver le chômage structurel et les déficits de compétitivité a quelque chose de fascinant. Lorsqu’un débat s’engage sur les multiples scènes de la TNT, la question qui se pose est toujours : qui va dégainer une sottise économique majeure le premier. On peut faire des paris. Quand le rouquin de LFI est là, Adrien Quattenens si je ne me trompe, on est sûr qu’il va gagner. Il débite les marrons électoraux les plus frais avec la violence la plus extrême. La bêtise devient rougeoyante sur les grands écrans plasma. Le front est tellement bas qu’on se demande s’il s’agit de simple bêtise ou d’un cynisme rare. S’il était le seul ! Malheureusement les erreurs majuscules dans le domaine économique deviennent des éléments de langage répétés inlassablement par des perroquets.
On pourrait dire qu’entendre des sottises de la part d’un dirigeant du seul parti trotsko-bolivarien d’Europe, n’est pas bien grave et que le retrouver dans la bouche d’Emmanuel Macron est tout de même plus grave. En expliquant que la formidable productivité du travailleur français associée à son plan de 30 milliards d’euros d’investissement sur dix ans, on va pouvoir réindustrialiser le pays, il nous sort un narratif trompeur d’une extrême qualité démagogique. C’est justement parce que le travail à faible productivité a été banni en France, alors que l’économie était ouverte au monde entier, qu’on n’a plus d’industries !
Oui, constater qu’une erreur aussi grave et fondamentale est faite depuis les ors de l’Elysée jusqu’aux fondrières les plus profondes du communisme trotskiste, a quelque chose de fascinants. Il parait qu’il y a un conseil d’analyse économique auprès du Premier Ministre.
Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef, aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants, explications sur le retard français, analyses de la langueur de l'Europe, réalités de la mondialisation, les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable. Association loi 1901 |
Vous faites vous même une erreur économique sur la désindustrialisation de la France.
Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas d'emploi à faible productivité et que l'économie française est ouverte que la France se désindustrialise.
Sinon, la Suisse serait désindustrialisée depuis longtemps (très fort niveau de salaire même pour les emploi à faible productivité et économie parmi la plus ouverte du monde) alors que c'est le pays le plus industrialisé du monde (en % du PIB : 28 %)
L'industrie est une activité à très forte valeur ajoutée qui nécessite une accumulation de capital très forte, une main d'œuvre très qualifiée et une innovation incessante.
Or, en France, on lutte contre l'accumulation de capital depuis 1974 et le premier président socialiste français (VGE et Barre, meilleur économiste de France, quelle blague ! quand il n'a fait qu'augmenter les impôts et les aides sociales !!!), on dégrade sans cesse le niveau éducatif et on détruit l'innovation par des contraintes réglementaires toujours plus fortes.
Voici les 3 axes sur lesquels il faudrait travailler pour ré industrialiser la France : baisser les impôts, baisser les réglementations, remonter le niveau éducatif.
C'est mal parti, comme dit le célèbre éditorialiste H16 : CPEF... (Ce Pays Est Foutu)
Bien cordialement,
La Suisse a des avantages considérables par rapport à la France ? Mais quel pays raisonnablement libre et non administré n'en a pas ?
Quel pays occidental libre dans les années 80 n'avait pas d'avantages économiques par rapport à l'Union Soviétique ?
La Chine ne prends pas à la France les emplois non qualifiés, ceux-ci disparaissent d'eux-mêmes car non rentables/productifs compte tenus de l'état français.
Nous perdons des emplois industriels qui partent en Allemagne, en Suisse et partout où le capital se rémunère mieux qu'en France, ce qui n'est pas difficile.
Les suisses ont mis le paquet sur les emplois qualifiés ? mais c'est normal, compte tenu de l'accumulation de capital de ce pays, les emplois non qualifiés sont payés très cher malgré une productivité équivalente aux chinois (ex : le coiffeur) pour compenser, il faut des secteur très productif..