L'économie à l'abandon
Quelle crédibilité accordée aux travaux des économistes réunis à Aix en Provence sur le thème de l’investissement ? Que dit la synthèse finale ?
- 1. La première exigence serait de mettre en place un cadre réglementaire et fiscal clair et stable dans le temps.
Ce cadre, en France, est clair et totalement spoliateur. Il faut surtout ne pas le garder. Quand les familles aisées ne pensent plus qu’à se protéger et à partir, oubliez toute chance d’investissement !
- 2. Les pays développés peuvent prendre exemple sur les « build-operate-transfers » du Royaume-Uni : l’administration publique délègue au secteur privé la conception et la construction d’infrastructures.
La France est gorgée d’infrastructures (ronds point, médiathèques, aéroports régionaux sous utilisés, etc.) et ne produit plus.
- 3. Nous avons trop d’épargne mal utilisée. Afin d’orienter celle –ci vers le financement des entreprises et des projets de développement, ayant un impact immédiat sur l’emploi, la croissance et l’innovation, il faut une fiscalité plus favorable pour les revenus des capitaux mobiliers et du travail, et au contraire une fiscalité plus forte sur le patrimoine non productif (immobilier, œuvres d’art, matières premières comme l’or, etc.). Le taux d’imposition des revenus de l’épargne dédiés à l’investissement productif pourrait être forfaitaire, entre 30 et 35%. Développer la titrisation peut être un bon moyen de pallier la difficulté de financement des petites et moyennes entreprises redonner confiance aux jeunes et valoriser les seniors
La question est de comprendre pourquoi l’épargne est mal utilisée. Ce qu’on appelle l’épargne représente quatre fois la valeur du PIB ! Comment voulez-vous qu’elle soit bien utilisée ? La peur est partout. Ajouter la spoliation fiscale et vous obtenez une fuite vers la protection, le plus souvent illusoire. Tenter d’éviter de perdre tout est l’essentiel du travail des épargnants. Comme de toute façon l’économie est en croissance nulle, le besoin d’investissement est nul. Les banques ne savent pas quoi financer ; les particuliers n’ont pas de projets industriels à financer.
Ce qu’il faut, c’est comprendre pourquoi on vit avec une telle couche de dettes, de crédits, d’épargne, de liquidités, de classes d’actifs décalés et comment on peut espérer réduire tout cela par rapport au PIB.
Accroître la pression fiscale sur l’immobilier est une folie quand on sait que les prix baissent fortement malgré les informations bidons qui règnent dans une presse qui ne veut pas contribuer à une psychose, alors que la peur de la disparition de l’Euro demeure, que l’affaire de chypre terrorise les détenteurs de dépôts, que des banques continuent à s’effondrer, au Portugal, en Espagne et que même la BNP est en danger. Il suffit de constater les baisses de mises en chantiers de logements neufs pour comprendre qu’avec plus d’impôts cela ne va pas s’arranger. Construire du neuf, ce n’est pas investir. Chacune sait cela !
Quant aux œuvres d’art, elles quitteront la France en moins de deux ans si on en taxe la possession, alors qu’elles ne rapportent rien d’autre qu’un plaisir esthétique ! Et quelle inquisition à prévoir !
Ce n’est pas par des prélèvements marginaux de 60 à 75% sur le rendement de l’épargne qu’on attirera les épargnants vers les investissements productifs si tant est qu’il y en avait. Au moins cela semble avoir été compris à AIX. Mais ce n’est pas en jouant sur la fiscalité « incitative » qu’on arrivera à quoi que ce soit. Toute incitation, après tout, est une « niche fiscale » à proscrire…
- Adopter, au niveau européen, une politique d’investissements dans les infrastructures et les secteurs porteurs de croissance. Pour cela on peut essayer d’appréhender, autant que faire se peut, les domaines d’activité susceptibles de se développer davantage, comme la France vient de le faire avec ses 34 plans de «reconquête industrielle ».
On voit que cet effort administratif a tout changé en France ! La reconquista bat son plein… Bien sûr cela permet à des commissions et à des « experts » de se faire un peu d’argent. Rappelons que c’est le job des entrepreneurs de trouver des marchés et qu’ils le font dans le contexte qu’on leur impose. Pas aux fonctionnaires. L’invocation de l’Europe comme cadre miracle est ridicule, sinon qu’on sait qu’il reste un peu d‘argent à prendre dans ce cadre-là pour des missions futiles.
- 5. Allonger la maturité de la dette publique Les positions sur les dettes dans le monde ne sont pas du tout les mêmes. Depuis le 19ème siècle, la dette britannique a une maturité beaucoup plus longue et pose donc moins de problèmes.
Quand la dette globale est à 400% du PIB, et la dette publique à deux fois la valeur ajoutée des entreprises de plus d’une personne du secteur privé non financier, vous pouvez l’allonger autant que vous voulez, vous aurez toujours des difficultés. L’important est d’abord de comprendre comment elle est venue, ensuite de cesser de l’accroître, et enfin de savoir comment la réduire. Les artifices c’est bien mais cela fait déjà 7 ans que le blocage du marché monétaire interbancaire a eu lieu.
- 6. Assouplir les règles de l’immigration qualifiée.
Plus de producteurs nous permettra plus de production : avec 5 millions de chômeurs, et 7 millions de « disoccupati », c’est sûr. Il n’y a pas d’immigration choisie possible avec les règles de l’Europe qui a interdit de sanctionner le vagabondage, de considérer les immigrants illégaux comme des délinquants condamnables, de renvoyer chez eux les mendiants et petits délinquants, de cibler les aides sur les nationaux etc.
Mieux vaudrait essayer de comprendre pourquoi les jeunes sont dégoûtés de la France et la fuient.
===========
Au total, on se retrouve dans l’incantation. Et les phrases creuses. Finalement un journal comme le Monde ne veut retenir que des projets d’impôts punitifs nouveaux.
L’explication de la situation est inexistante. Comme on attend, du côté des économistes officiels, des subsides pour faire des conférences, des études, participer à des commissions, on caresse le pouvoir dans le sens du poil sans faire mal là où le bât blesse.
Tout cela est de la pensée mécanique : oui cela serait mieux si la croissance était là, la demande forte, les investissements productifs rentables etc. Si ma tante en avait ce serait mon oncle. Oui. Et alors ?
Pour qu’il y ait de l’investissement, oui il faut de la croissance, de la stabilité, de la confiance, mais dans le monde, en Europe et pas seulement en France.
Si les balances de paiements de certains sont totalement déséquilibrées, dans le déficit ou l’excédent, si les monnaies flottent de façon totalement erratiques ou manipulées, si la création monétaire est massive, créant inlassablement de la liquidité, alors que les paquets de dettes ne sont jamais résorbés, il ne peut y avoir d’investissements productifs, seulement des placements spéculatifs à court terme.
Si l’Europe de l’Euro est acharnée à provoquer des déflations dans la moitié des pays membres, il ne peut pas y avoir d’investissements. Seulement des rachats d’actions et des réductions de capital, pendant que l’Allemagne gorgée de liquidité ne sait pas quoi en faire et spécule sans investir l’essentiel de la manne accumulée.
Si la France continue à ne faire aucune réforme significative de son monstre administratif par réduction massive du cadre et de l’ampleur de l’action publique, avec un gestion purement politicienne et démagogique, tout en ruinant les « possédants » (ce sont eux qui ont des réserves pour investir) par une fiscalité spoliatrice qui tourne au vol et à la prédation caractérisés, il ne peut pas y avoir de reprise de l’investissement.
Comme les causes de la crise n’ont jamais été anticipées puis jamais explicitées à Aix, et que l’insignifiance y règne en maîtresse exigeante depuis toujours, ces vacances dans le midi sont d’abord de la vacuité intellectuelle et de la posture politiquement correcte insignifiante.
On peut le regretter. La saison des festivals subventionnés dans la région est tout de même bien agréable. Il suffit d’affirmer près d’Avignon qu’il faut taxer la possession « bourgeoise » de l’art et de subventionner la « culture vivante » de façon non intermittente pour avoir la paix estivale méritée de l’homme qui a « conscientisé les masses ».
Bonne sieste et bon pastis.
PS : Nous invitons ceux que cela intéresse à consulter les travaux de l’été 2008, juste avant la nouvelle « pire crise depuis 1929 ». Inconscience et prétention dans le néant total…
On se moque de ceux qui traitaient du sexe des anges avec les barbares à leur porte. Que dire de ce blabla ridicule juste avant l’effondrement ?
Les Actes des rencontres 2008.
Les nouvelles responsabilités de l’Entreprise
Le souci du développement durable s’est imposé dans la vie des entreprises comme au plan macro-économique, avec pour l’entreprise, plusieurs dimensions : allongement de l’horizon de décision et de gestion, contribution des firmes à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, développement des normes sociales et environnementales et de la notation extra-financière (à côté de la notation financière), importance de la qualité de la « corporate governance ».
Les marchés financiers et les analystes financiers tiennent-ils compte suffisamment de ces évolutions ? Faut-il choisir entre l’objectif de ROE à court terme et des objectifs de développement durable ? La dynamique de la « corporate governance » est-elle adaptée aux nouveaux objectifs, aux nouvelles contraintes et normes ?
L’Entreprise du 21e siècle
Les interrogations spécifiques à la période : aptitudes des entreprises à faire face au contexte de la mondialisation, dimensions stratégiques spatiale et temporelle des décisions, dualité micro locale et projections internationales, tension entre court terme et long terme.
Les entreprises productrices de biens immatériels, les activités immatérielles des entreprises, la protection des activités immatérielles, la concurrence entre modèles ouverts ou fermés, les conflits entre propriété intellectuelle et concurrence.
Aux frontières du savoir
L’entreprise produit-elle du savoir, ou est-ce le savoir qui bénéficie à l’entreprise ? Les rapports entre l’entreprise et la recherche fondamentale.
La nationalité de l’entreprise
Le concept de nationalité de l’entreprise a-t-il encore un sens ? Les liens entre les marques et la culture des pays - le « made in » a-t-il encore un sens ? Les liens entre la nationalité et la culture de l’entreprise. Nationalité et responsabilité sociale et environnementale.
Entreprises, nouvelles conquêtes et nouveaux conquérants
Les nouveaux entrants, la concurrence des émergents, la confrontation des univers régulés et non régulés.
L’entreprise face aux innovations financières
Les modes de financement modifient aujourd’hui l’économie réelle. Les entreprises profitent-elles des innovations financières : gestion des risques, titrisation, déconsolidation ? Les LBO, le private equity, les hedge funds, les fonds souverains, modifient-ils la stratégie et le fonctionnement des entreprises ?
Les nouvelles formes de gouvernance
Au-delà des débats usuels sur la corporate governance et son évolution : les questions de gouvernance posées par une série d’évolutions exogènes (internationalisation et fusions-acquisitions transfrontières ; déterritorialisation du financement ; normes comptables ; poids du capital humain ; private equity).
Les dimensions sociales de l’entreprise
Évolution des relations salariales dans les entreprises des pays industrialisés ; leurs répercussions sur la performance des entreprises, sur la qualité de vie des salariés. Selon les pays, l’État, les partenaires sociaux, les représentants des salariés, la loi et la négociation collective exercent des influences très différentes sur les relations salariales. Perspectives sur les évolutions des dimensions sociales de l’entreprise.
Performance et management : de l’art à la science ?
Aujourd’hui, les entreprises et leurs dirigeants sont confrontés à une véritable injonction de performance dont les déterminants sont à rechercher dans les mécanismes de gouvernance caractéristiques du capitalisme contemporain. Dans la conduite de la gestion stratégique et opérationnelle, cette injonction de performance détermine les processus et les critères de prise de décision, cette nouvelle donne influence également les techniques de management.
Le retour de Schumpeter
Le tissu des entreprises change constamment, mais la démographie de leurs dirigeants en Europe, en France notamment, va accélérer le processus dans les quelques années qui viennent. En même temps, d’autres entreprises françaises ou européennes pourront-elles assurer la relève et permettre de rattraper ce gap de taille ? Les fonds de « private equity » seront-ils assez présents, venant de collecteurs d’épargne française, européenne, ou bien de fonds souverains ?
Entreprises et politiques publiques
À l’heure de la globalisation, que peuvent bien attendre les entreprises des Etats ? Politiques publiques en phase avec les mouvements de l’économie mondiale, priorités d’investissements, capacités d’adaptation au changement, aptitude à saisir les opportunités pour soutenir les « gagnants » de la mondialisation tout en maintenant les équilibres, optimisation des infrastructures vitales, utilisation stimulante du capitalisme « réglementé ».
Quelle régulation internationale pour l’entreprise du XXIe siècle ?
Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef, aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants, explications sur le retard français, analyses de la langueur de l'Europe, réalités de la mondialisation, les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable. Association loi 1901 |
Ce paradigme donc serait peut-être effectivement juste dans la cadre du capitalisme que vous défendez si ce dernier se révélait aussi juste que vous le prétendez, et on peut l’espérer, mais dans le système actuel, que précisément vous dénoncez, ce paradigme que vous défendez de façon caricaturale tout le long de votre blog n’a justement aucune raison de s’appliquer. Parmi les « riches », il y a actuellement les patrons de la mafia par exemple, et entre les riches « légaux » ou légalistes, quasiment idéaux (!) et ceux là en dehors de toute « légalité », il existe une étendue absolument considérable de situations intermédiaires existantes dans un flou abyssal. C’est une faille de vos raisonnements économiques et cette faille est politique pas économique. Et là, vous vous éclipsez bien consciencieusement en manifestant une quasi-idolâtrie effarante envers le « riche » actuel. À ce demander si vous touchez encore terre.
S’en prendre aux riches comme des « boucs-émissaires » n’est certainement pas une solution et on peut parfaitement le dénoncer, mais l’inverse que vous manifestez est tout autant et totalement anormal et injustifiable. Oubliez-les et concentrez-vous sur l’économie, sinon vous allez nous faire croire que vous travaillez pour eux. Ils vous payeraient combien pour faire ce job à votre avis? Question économique.
Votre biais idéologique marxiste est classique.
Vous confondez bien sur le riche avec un mafieux, selon le vieux réflexe socialiste que le riche s'enrichie au dépend du pauvre, et qu'une relation économique ne peut être que perdant gagnant.
Basiquement, un ruiche mafieux nerentre pas dans la production économique, c'est de l'économie au noir.
Ensuite, si les riches se sont enrichit illégalement, c'est l'affaire de la Justice, pas des impôts.
On ne corrige pas une injustice par des impôts (si je devais juste payer un peu plus d'impôt simplement parceque j'aiviolé quelqu'un, cela revient à acheter la Justice).
Enfin, dans une économei où lesdroits des individus sont respectés, la richesse d'un individu ne peut provenir que de sa faculté à servir efficacement le consommateur.
(exemple : Free avec Xavier Niel, son enrichissement s'est-il fait au détriment des français ?)
Il ne peut y avoir d'autres sources de richesse si la Justice est respectée.
Un héritier a un ascendant qui a bien servi le consommateur et qui a décidé de lui léguer ses biens, ce en quoi il est tout à fait libre de faire ce qu'il veut d'une richesse gagnée de façon juste.
Donc, imposer les riches (ou le capital) revient tout simplement à appauvrir tout le monde, ce qui se vérifie partout, en tout lieu et en tout temps.
Aristote disait que la vérité ne contredit pas une définition vraie...
Bien sincèrement,
Stéphane
C'est pourtant nécessaire d'aller sereinement au bout de cette discussion tant, dans ce domaine, les meilleures intentions ont, il n'y a pas si longtemps, conduit au pire et tant les erreurs de compréhension sont profondes. Le communisme a ainsi atteint l'égalité de revenus et de richesse de la manière la plus désastreuse et la plus inefficace possible : tous pauvres ! Il faut donc absolument faire tendre tous nos efforts de réflexion, de compréhension et d'action vers l'autre solution : tous riches ! C'est à dire du travail pour tous ceux qui le veulent et un salaire permettant de bien faire vivre une famille pour tous ceux qui travaillent.
Dire que seuls les "riches" sont en mesure d'investir peut sembler connoté mais ce n'est en réalité qu'un simple truisme, vrai par définition à l'instant t et nécessaire en tant que tel à la dynamique économique. Quel "pauvre" pourra, en effet, par son apport personnel décider la construction d'une maison neuve ou souscrire à la levée de fonds d'une entreprise qui développe un nouveau produit ou qui a l'opportunité d'augmenter sa capacité de production ? Dans la mesure où l'investissement nécessite la mobilisation d'épargne accumulée, seuls les "riches" ont les moyens d'investir. En réalité, la plus grande partie des investissements sont réalisés par les entreprises, c'est à dire indirectement par leurs propriétaires privés ou épargnants en bourse pour les sociétés cotées, bref par des "riches". Jusque là, nous n'avons fait qu'enfoncer des portes ouvertes.
Dans une économie de marché qui fonctionne efficacement, les investissements ainsi financés par les "riches" créent des emplois additionnels (les différents corps de métier qui vont construire la nouvelle maison, les nouveaux employés de l'entreprise qui s'agrandit), c'est à dire des salaires additionnels et des profits additionnels (le retour sur investissement). Pour l'essentiel, les salaires vont être consommés c'est à dire qu'ils vont acheter des productions finales et, pour une partie plus faible, ils vont être épargnés. De leur coté, les profits vont être en partie distribués aux créanciers (remboursement de la dette) et aux actionnaires (dividendes), ces revenus du capital servant eux-mêmes à la consommation ou étant épargnés et réinvestis, et en partie conservés par les entreprises (c'est à dire épargnés) de façon à autofinancer en partie leurs investissements futurs. In fine, toute la production génère un revenu soit du travail soit du capital qui sert à financer toute la consommation et tout l'investissement via l'épargne. Et ainsi de suite, l'offre et la demande avancent en tandem dans un processus itératif continu qui constitue, à travers un nombre gigantesque de produits et de services dans tous les secteurs et dans tous les métiers, la dynamique du développement économique. Pour vendre sa production, le capital a besoin que quelqu'un l'achète, c'est à dire qu'il a besoin de rémunérer le travail, faute de quoi il ne peut écouler sa production et ne peut donc pas réaliser de profits. Contrairement à ce que pensait Marx, il y a du point de vue même des capitalistes un partage nécessaire de la valeur ajoutée entre rémunération du travail et rémunération du capital. La production de masse a besoin de la consommation de masse. Une trop forte rémunération du capital, c'est à dire une trop faible rémunération du travail, fait baisser la consommation, ce qui fait baisser l'investissement (qui sert à satisfaire la consommation future) et donc fait baisser la demande et donc la production et ainsi les profits, c'est à dire la rémunération du capital.
Dans le meilleur des cas, ce processus économique dynamique peut, au fil du temps, rendre tout le monde "riche". La Suisse par exemple se rapproche de cet idéal, qui a un revenu par habitant parmi les plus élevés du monde avec un chômage parmi les plus faibles du monde, et ce sans ressources naturelles autre que le lait des alpages et sans qu'il ait été nécessaire d'instaurer un salaire minimum légal. Les budgets Suisses ont par ailleurs la qualité rare d'être en excédent.
La question devient alors pourquoi et comment le système peut se gripper au point que la production et la demande stagnent, que l'emploi régresse, que l'endettement augmente ? Ce qui est le cas en France depuis maintenant 40 ans, et ce qui est le cas, à des degrés divers, de la plupart des pays développés (la majorité des membres de l'Union Européenne, les Etats-unis, le Japon).
Personnellement, je crois que la fuite dans le système provient de la généralisation progressive au plan mondial depuis les années 70 d'un régime de libre échange et donc de libre concurrence entre des pays ayant des écarts de coûts salariaux de 1 à 20 dans des conditions de taux de change ne compensant pas les écarts relatifs de salaires et de productivité entre pays participants. Ce système a ainsi ouvert d'immenses opportunités d'arbitrage aux multinationales pour transférer ou sous traiter leurs productions dans les pays les plus attractifs pour les revendre ensuite - et toujours au même prix - dans les pays à coût de production plus élevés. Par exemple, les Iphones produits par Foxconn en Chine et vendu $500 aux Etats-Unis ou en Europe, assurant ainsi de fabuleux rendement du capital pour Apple, bien au delà de ce qui aurait été possible si les Iphones avaient été fabriqués aux Etats-Unis. Pour compléter ce que dit Stéphane, la fortune de Steve Jobs d'Apple tient autant au fait qu'il ait su par son génie rendre un service à des millions de consommateurs avec ses produits révolutionnaires qu'au fait qu'il ait pu les produire au coût Chinois et les vendre au prix américain. L'exemple des Iphones d'Apple, multiplié à un nombre incalculable de produits fabriqués par des millions d'entreprises dans tous les secteurs, coins et recoins de l'économie, à travers tous les pays du monde et représentant des milliers de milliards d'euros, on voit bien que cet arbitrage des salaires et des productivités relatives au plan mondial fait baisser la part des salaires et augmenter la part des profits dans la production, en même temps qu'il conduit directement à une baisse de l'emploi dans les pays développés. C'est la principale source du creusement des inégalités entre les "riches" détenteurs du capital et les salariés ordinaires qui voient leur pouvoir d'achat baisser et a fortiori les chômeurs. Dans ces conditions, la demande ne peut continuer à absorber la production qu'au prix d'une hausse de l'endettement général des ménages et des Etats.
Il faut bien comprendre que les gouvernements français successifs et le gouvernement actuel adhèrent totalement à ce système commercial et monétaire international, qu'ils ont ratifié tous les traités correspondants et qu'ils ont toujours confirmé leur attachement au principe des taux de change flottants qui permet à un tel système de se maintenir.
Dans ces conditions, les pays développés qui s'en sortent le mieux sont ceux qui on fait baisser leur coût du travail (toutes charges comprises) et ont ainsi rendu la rémunération de l'investissement sur leur territoire plus attractif. L'Allemagne par exemple. La France a fait l'inverse en baissant la durée du travail (ce qui renchérit son coût) via l'âge de la retraite et la durée légale hebdomadaire, ce qui a fait déraper le chômage, les déficits et l'endettement. Pour tenter d'enrayer la trajectoire insoutenable de la dette, il faut augmenter la pression fiscale, ce qui contribue un peu plus à la perte de compétitivité internationale du pays, et ainsi de suite dans un cercle vicieux dont on ne voit malheureusement plus l'issue.
Pour retarder l'échéance française - tous pauvres ! (c'est pourquoi ceux qui le peuvent partent) - le seul recours du gouvernement est de faire baisser les taux d'intérêt pour alléger la facture du service de la dette alors même que le montant de la dette lui continue de croître beaucoup plus vite que la production et les revenus.
Pour répondre à votre dernière question, les économistes en chef des grandes banques internationales ont une rémunération annuelle qui avoisine ou atteint les 7 chiffres en Euros. Pour ce prix, ils défendent inlassablement, et à l'encontre des faits observables, un tel système et conseillent les gouvernement dans leur politique d'assouplissement monétaire qui permet au système de perdurer encore un peu.
Ce qui n'est certes pas le cas de ce site qui reconnaît au contraire - si ma compréhension est correcte - la responsabilité du système commercial et monétaire international dans la crise actuelle, position à ce jour ultra minoritaire et en butte à l'ostracisme de l'establishment économique, financier et politique. Vous vous êtes donc trompé de cible. Ce qui est précisément le but de la propagande gouvernmentale.
2. Faut-il en supprimer le témoignage ? Nous aimons bien sur ce blog que les attitudes se révèlent. Elles font partie du décor. Laisser s’afficher la bêtise violente a au moins l’avantage de prouver qu’elle existe. Lui tendre un miroir n’est pas inutile. C’est parce qu’une partie du pays et surtout de la gauche, depuis qu’elle a été subvertie par le socialisme, nage encore dans ce que Julien L. nomme plus haut, avec d’autres, le « racisme social », que la trajectoire de Hollande a été ce qu’elle a été et ne peut plus être redressée. De même que la situation politique dans de nombreux pays est dominée par des obscurantistes expéditifs et violents, la France a ses « Dupont-Lajoie » de droite ou de gauche qui se renforcent les uns les autres.
3. Notre attitude bonasse a naturellement ses limites. Nous ne laisserons pas des « groupes de la haine » polluer ce site.
4. Une partie des socialistes considèrent qu’il n’y a pas de bornes à ce qu’on peut faire subir à l’ennemi de classe par l’impôt et la règlementation. Le témoignage reçu montre qu’il est même interdit dans l’esprit de ces gens-là de protester contre des mesures anti-sociales et contreproductives. Nous n’avons pas à défendre « les riches ». Nous considérons que l’impôt est une contribution. Exiger 100% du revenu de plus de 8.000 Français est une rupture du pacte républicain. Nous sommes républicains avant d’être économistes. Mais l’économiste sait bien qu’il n’y a rien à attendre de spoliations de ce genre qui n’ont été mises en place que par provocation et démagogie électoralistes.
5. Notre position est simple et en effet assez souvent répétée : si les dépenses et les prélèvements publics dépassent la valeur ajoutée des entreprises privées de plus d’une personne du secteur non financier, c’est-à-dire si une TVA unique dépasserait 100% de cette valeur ajoutée, un pays ne peut pas s’en sortir. Or c’est le cas de la France.
6. Les familles aisées ne sont pas les seules à partir. C’est vrai et c’est bien le drame. Quand plus personne ne se retrouve dans son pays, l’avenir est blême. De ce point de vue, nous ne faisons exactement aucune différence entre un pâtissier qui cherche fortune à Tokyo et un entrepreneur qui lance sa start-up à Londres, un jeune chômeur qui cherche fortune en Allemagne et un diplômé de grandes écoles qui est obligé de démarrer sa carrière aux Etats-Unis ou à Shanghai.
7. Nous sommes tous des héritiers. En particulier les Français, comme nation, qui globalement partent avec un capital initial important : l’acquit de développement. Ce que nous souhaitons, c’est qu’il ne soit pas dilapidé.
8. Au final, une fiscalité confiscatoire interdit à la France de repartir de façon solide. De même qu’un système monétaire basé sur les changes flottants et l’impéritie en matière de grands déséquilibres ne conduit qu’à un désastre économique mondial et que la « gestion par la norme » de la zone Euro est une des formes les moins sophistiquées de la sottise économique. Persistons et signons.
9. Cela dit, les rencontres d’Aix sont d’abord un lieu de convivialité permettant à des personnes qui se croient importantes de se reconnaître entre elles. Ecouter Anne Lauvergeon dont les résultats à la tête d’Areva ont été catastrophiques discourir sur l’entreprise performante de demain a dû être un grand moment. De même qu’il ne faut rien attendre du forum de Davos, il ne faut rien espérer d’une rencontre similaire mais au petit pied. Imaginons qu’au milieu de ce cénacle un pauvre d’esprit ait annoncé en 2008 que le système fou mis en place au début des années 70 arrivait à sa fin et qu’on allait vers un épisode aussi grave qu’en 1929 ! Non, n’imaginons rien. Ce serait d’ailleurs inimaginable et si peu convenable.
Cela ne veut pas dire qu’il ne faille pas conserver un potentiel d’investissement au patrimoine privé ni que les revenus ne doivent pas progresser là où cela est encore possible et notamment les minima sociaux. Si on tarit ses sources de reprise, il ne restera rien sur quoi s’appuyer en cas de redémarrage.
On ne peut en sortir que par une action commune à l’échelon mondial par la mise en place d’une organisation globale concertée, basée sur le respect des équilibres et des valeurs de changes. Le fait d’imposer la stabilité des changes et l’obligation de juguler les excédents et les déficits rend inutile, en régime de croisière, des actions directes restreignant la liberté des échanges commerciaux.
Tant qu’on aura pas compris qu’une relance est inefficace dans la durée en régime de changes flottants, comme toutes les expériences l’ont prouvé depuis la relance Giscard Chirac de 1974, mais qu’en revanche, dans un cadre concerté, avec des changes fixes et ajustables, elles savent réactiver l’activité et remettre l’épargne au service de la production, toutes les mesures partielles prises, dans un sens ou dans un autre, pour l’offre ou pour la demande, pour les pauvres ou pour les riches, n’auront aucun effet durable et provoqueront des effets pervers.
On n’a pas besoin de sanctions mal intentionnées. Seulement d’une nouvelle organisation plus intelligente et plus efficace.
Quant à automatiquement invoquer que ses propos sont injurieux en la traitant de marxiste dans la foulée parce qu’elle exprime un désaccord, on peut se demander aussi si ce n’est pas un procédé tout aussi injurieux.
Les partisans des ploutocrates entre les deux guerres traitaient aussi de vilains marxistes ceux qui n’étaient pas d’accord avec eux. Etonnant! On peut même se demander si le paradigme qu’elle définit n’est pas un des paradigmes ploutocratiques par excellence.