Comment on enseigne n'importe quoi !

Voilà ce qu'on enseigne en France, aux étudiants en économie, dès qu'on parle de changes flottants.  Au moment même où une crise de change a entraîné une baisse en panique des toutes les bourses, avec phénomènes cumulatifs, et la samba des monnaies, tout rapport entre cours magistral et réalité ne saurait être qu'une curieuse coïncidence.
 
"Le régime de changes flottants actuel entre les principales monnaies, Dollar, Euro et Yen, présente en théorie de nombreux avantages :
 
Il permet tout d’abord une certaine autonomie des politiques monétaires, car en cas d’excédents commerciaux, les banques centrales ne sont plus obligées d’augmenter mécaniquement la masse monétaire en contrepartie de l’arrivée des devises
étrangères, ce qui a pour effet d’importer l’inflation si la hausse des prix étrangers sont supérieurs aux hausses des prix intérieurs. Il suffit alors de laisser glisser le cours de la monnaie à la hausse sur les marchés internationaux."
 
C'est surement pour cela que l'on est passé de moins de 200% d'endettement en 1971 à plus de 400% par rapport au PIB  en 2008, et que nous y sommes toujours !
 
 
"Les changes flottants permettent aussi le rééquilibrage automatique de la balance extérieure, sans que les autorités monétaires aient à intervenir. En effet, un déficit commercial suscite une contraction de la masse monétaire, qui provoque une augmentation du taux d'intérêt et donc une entrée de capitaux étrangers attirés par les taux rémunérateurs. Sur le plan économique, cette contraction de la masse monétaire entraîne un ralentissement de l'activité économique, une stabilisation des prix et donc une amélioration de la compétitivité sur les marchés nationaux étrangers ; ainsi les exportations augmenteront, les importations diminueront et la balance commerciale se rééquilibrera. Nous pouvons voir dans un second temps qu’il s’agit d’un système plus équilibré en apparence par rapport à un système de changes fixes qui faisait explicitement référence à une monnaie dominante, le dollar. En effet les changes flottants permettent une adaptation rapide aux chocs réels, notamment en cas de déséquilibre des paiements courants, provoquant des conflits entre l’offre et la demande de devises. Il faut rappeler qu’en système de changes fixes il en résultait une variation des réserves de change puisque la banque centrale doit intervenir pour maintenir la parité de la monnaie nationale. En revanche, en changes flottants la banque centrale n’a plus à intervenir : l’ajustement sur le marché des changes est réalisé par des mouvements de capitaux, provoquant la variation du taux de change. Celle-ci modifie donc les conditions de l’échange. Par exemple en cas de déficit, on assiste à une diminutionde la valeur de la monnaie qui renchérit les importations et rend plus attractives les exportations. A terme l’équilibre est rétabli..."
 
Celui qui a vu la balances américaine des paiement se rétablir est un génie.
 
 
"De plus, nous constatons que les banques centrales n’ont plus besoin de conserver des réserves importantes de devises pour défendre le cours de la monnaie. Dans ces conditions les banques centrales ne doivent pas subir des variations de leur volume de réserves officielles et les institutions ne reçoivent plus de demandes de réserves nouvelles. Egalement, on s’aperçoit que ce système de changes flottants fait que les marchés sont moins sensibles aux fortes poussées de fièvres spéculatives, comme celles qui se produisaient sur les monnaies dont l’évolution laissait penser qu’une dévaluation ou une réévaluation était inéluctable."
 
Ils sont clairemeent beaucoup moins sensibles aux poussées de fièvre, comme on le voit aujourd'hui.
 
"Dans ce cas tous les opérateurs étaient encouragés à vendre ou à acheter cette monnaie à des fins purement spéculatives. Au contraire, les changes flexibles amènent les marchés à des ajustements mutuels, permanents et graduels, entre le cours des devises et les anticipations des opérateurs."
 
N'est pas absolument merveilleux, cet ajustement mutuel, permanent et graduel ? On assiste justement à ce délice aujourd'hui. 
 
La grande difficulté de l'enseignement économique en France est son éloignement presque total des réalités. On répète des articles de foi sans même regarder ce qui se passe.
 
Navrant.
 
 
 

Commentaire
stéphane's Gravatar Il faudra un jour que ces grands génies de l'économie m'explique en quoi la manipulation de la valeur d'échange de la monnaie peut générer une augmentation de la productivité marginale, qui est le seul facteur de croissance.

A part Pascal Salin, tous les économistes français sont socialistes, cad qu'ils prônent l'intervention de l'état dans l'économie, et ilssont tous nuls. Coïncidence ?

"Mais enfin, si je m'y connaissais en économie, je ne serais pas Socialiste enfin !!!"

Léon Blum à Alfred Sauvy en 1936.
# Posté par stéphane | 25/08/15 11:03
DvD's Gravatar Avec un tel cadre, il est en effet malaisé de comprendre pourquoi la Chine dévalue alors que, précisément, elle est en excédent commercial massif et pourquoi ce petit réalignement (on parle d'une dévaluation de -3% contre le Dollar US qui venait lui-même de s'apprécier de plus de 20% ces derniers 12 mois) provoque une telle tempête financière qui n'a rien de graduelle.

Comme d'habitude, il faut laisser les pseudo experts à leurs chères études (chères pour le contribuable bien sûr, car le prix de marché de leur production est de 0). Pour ceux qui ont étudié dans ces filières et qui voudraient malgré tout pouvoir gagner leur vie honnêtement dans un emploi productif, il faut immédiatement tout désapprendre, ce qui est heureusement très facile. Comme le dit Warren Buffett en ne plaisantant qu'à moitié, il doterait volontiers quelques chaires de finance dans les universités américaines histoire d'avoir moins de concurrence intelligente sur les marchés financiers. Georges Soros en est un autre qui a fait fortune sur les marchés financiers en ridiculisant explicitement la théorie des marchés efficients. Les professeurs de finance et prix Nobel de LTCM eux en revanche ont fait faillite. L'affaire est donc entendue.

Il reste simplement un dernier petit détail à régler : si tous ceux qui ont assimilé ces âneries ont maintenant fait faillite en tant que praticiens, ils se sont repliés sur l'administration et trustent maintenant les banques centrales et ministères des finances où ils prennent des décisions foireuses basées sur leurs modèles foireux (les mêmes que ceux qui ont fait faillite). Ce faisant, ils aggravent tout. Vu que ça commence à se voir comme le nez au milieu de la figure qu'ils se sont sévèrement plantés, les banquiers centraux notamment commencent à paniquer sérieusement. L'incapacité des dirigeants chinois - pourtant dotés de tous les pouvoirs d'un gouvernement autocratique - à enrayer le crash malgré la fermeture autoritaire du marché boursier, la suspension de cotation, l'interdiction des ventes à découvert, les achats sur ordre du secteur officiel, les baisses de taux d'intérêt, la baisse des réserves bancaires réglementaires, les menaces et intimidations, l'arrestation de courtiers et journalistes, etc... en dit long sur la capacité d'intervention réelle des dirigeants démocratiques. Il est tout aussi impossible d'enrayer la cascade des appels de marge que d'empêcher une flamboyante tulipe de faner. Ceux qui pensent que les banques centrales empêcheront le crash se font de dangereuses illusions. Le roi est nu, tout le monde le sait et de plus en plus de gens osent le dire tout haut. Au prochain effondrement du château de cartes, on devrait donc avoir une petite chance d'assister à un renouvellement des effectifs parmi les responsables économiques. C'est un préalable indispensable à un éventuel changement d'orientation de la politique économique. Au moins sera-t-il difficile de tomber encore plus bas.

Merci de vos efforts patients pour lutter contre l'obscurantisme économique qui fait que cette crise n'en finit plus de finir.
# Posté par DvD | 30/08/15 12:11
stéphane's Gravatar Et on apprends ce matin (1er septembre 2015) que Benoit Hamon devient professeur à Science po, pour enseigner l'économie sociale et solidaire.

On marche sur la Tête dans ce pays de fou.
# Posté par stéphane | 01/09/15 15:27
DvD's Gravatar Le besoin d'économie sociale et solidaire est d'autant plus impérieux que ceux qui exercent le pouvoir ont, par des politiques erronées, condamnés des pans entiers de la population au chômage longue durée, au dénuement, voire à la déchéance. Ils sont maintenant des millions de nouveaux pauvres et leur nombre ne cessent de croître. C'est bien le seul secteur en forte croissance en France. Qui de mieux placé pour profiter de cette croissance que ceux qui en sont le moteur ? En ce sens, la nomination de Benoit Hamon comme professeur d'économie sociale et solidaire à Sciences Po est parfaitement logique. La plupart de ses confrères de tous bords aurait aussi bien fait l'affaire.

Bien sûr, il y a un énorme malentendu. Le rôle des responsables politiques démocratiques est précisément l'inverse : c'est d'assurer, par des politiques appropriées, les conditions d'accès du plus grand nombre au développement économique et à la prospérité, seul facteur de cohésion sociale pérenne. C'est d'ailleurs la vocation d'une institution académique comme Sciences Po que de réfléchir, et de faire réfléchir, à quelles institutions politiques permettent de servir au mieux cet objectif primordial. A cet égard, il semble pour le moins délicat de confier un rôle éducatif à un responsable politique "en activité", le risque de confondre éducation et propagande étant bien trop important.

Enfin, l'attribution de cette rente de situation à un apparatchik va totalement à l'encontre de la "discrimination positive" revendiquée par Sciences Po. Un SDF - il y en a maintenant un tous les 100m à Paris - aurait non seulement été plus conforme à l'engagement de "discrimination positive" de Sciences Po mais il / elle aurait surtout eu bien plus de choses intéressantes et utiles à transmettre aux étudiants en matière d'économie sociale et solidaire, ainsi évidemment que sur les règles de survie qui s'imposent quand les politiques mènent le pays à la déroute économique et à la détresse sociale.

Cette anecdote ne fait que confirmer que l'accès aux opportunités au sein des institutions françaises restent exclusivement réservé à la même petite élite monolithique qui fait son beurre sur la paupérisation de la société. Ce qui est bien sûr la raison principale du déclin du pays.
# Posté par DvD | 03/09/15 01:21
stephane's Gravatar @ DvD :

Quelques rappels de la réalité et de fondamentaux économiques :

L'économie sociale et solidaire est en forte croissance en France ? sûrement, car elle vit des subsides de l'état.

L'économiesociale et solidaire n'est pas rentable par elle-même, elle necrée donc pas d'emplois mais en détruit (ce qui se voit et ne se voit pas).

"Le rôle des responsables politiques est de mettre en place des politiques appropriées pour créer de la croissance et de la prospérité"

La seule politique publique qui crée de la (vraie) croissance et de la (vraie) prospérité est la politique qui diminue le rôle de l'état et des hommes politiques.

Un homme politique efficace en économie est un homme politique qui n'intervient pas.

En ce sens, Science Po est une incongruité : pour quoi enseigner des politique efficaces pour l'économique puisque la seule politique efficace est de en pas en avoir ?

Science po est un ramassis de fils d'apparatchik et de futur apparachick qui confirment le concept de lutte des classes des libéraux (et infirme celui de Marx).

Bien cordialement,
# Posté par stephane | 03/09/15 15:15
DvD's Gravatar Nos représentants au G20 du week-end dernier - tous Sciences Po, comme il se doit - ne sont visiblement pas les seuls à n'avoir rien appris à l'école si on en juge par le vide sidéral du communiqué, à part bien sûr le sempiternel constat que la croissance mondiale est en deçà des attentes. Au moins ont-ils bien assimilé le catéchisme : on retrouve pratiquement mot pour mot dans le communiqué les expressions mentionnées dans votre billet. Ainsi s'engagent-ils à promouvoir des changes flexibles qui reflètent les fondamentaux sous-jacents, sans que l'on comprenne s'ils se félicitent de la libéralisation du régime de change chinois ou s'ils regrettent sa dévaluation alors qu'elle est en excédent commercial massif, ni pourquoi des arrangements aussi avantageux doivent absolument être interdits en zone euro. A l'évidence, on a affaire à des cancres qui récitent bêtement leur leçon sans l'avoir comprise et qui s'expriment de façon volontairement ambigüe pour essayer d'avoir juste dans tous les cas. Avec des cracks pareils comme anciens élèves, on imagine aisément l'embarras de Sciences Po qui ne doit avoir d'égal que leur soulagement de voir que c'est idem dans au moins 19 autres pays. Quoi qu'il advienne de la valeur du diplôme de Sciences Po, il semble au moins que les métiers de bouche soient promis à un bel avenir car le principal enseignement de ces réunions du G20 c'est que ça fait tout de même cher le kilo de petits fours... (et encore, on a probablement économisé sur quelques "extras" depuis que DSK ne participe plus...)
# Posté par DvD | 07/09/15 22:05
Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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