Désastre démographique : ils en parlent enfin !

On critique beaucoup la presse. Souvent à juste raison. Est bien naïf celui qui n’a pas compris que le contenu de la PQN est soigneusement construit, avec cascade vers la presse régionale, et qu’il y a des formes de domination intéressée dans les images véhiculées dans les médias télévisés. Mais, à un moment ou un autre, une vérité longtemps tabou perce et aussitôt l’esprit est amené à s’interroger doublement ! Pourquoi tant de silence et pourquoi aujourd’hui le dévoilement ? Quand on a eu la chance de suivre pendant des années ce jeu étrange entre la réalité et sa perception collective, trahie par la presse aux deux sens du mot trahir, empêcher sciemment et révéler sans s’en rendre compte, ce qui a été mon cas depuis ma nomination comme maître de conférences à Science-po au début des années 1970 et depuis 1977 dans les médias du net, en particulier sur ce blog, deux réalités surgissent ;

-        Tout finit par arriver dans la presse nationale

-        Mais il faut beaucoup de temps.

Nous dénonçons publiquement depuis 1997 la manière dont est traitée la démographie. La défaillance de l’INED a été radicale. Il ne fallait pas contrarier le mouvement féministe : « mon corps est à moi ; mon enfant est mon affaire ; mon droit d’avorter est fondamental (on dit aujourd’hui constitutionnel). Je n’ai rien à faire d’être une poule pondeuse pour le pays ou l’humanité ». La politique nataliste qui était relancée après chaque guerre (1870, 1914-1918) était dominante dans les années cinquante et symbolisait la vitalité du pays. Elle a commencé à être ridiculisée à partir de l’arrivée de la pilule, avant même mai 1968, et ce slogan  est devenu le cheval de bataille du MLF et des mouvements féministes du même genre. Tous ceux qui alertaient sur les conséquences étaient brocardés. Il suffit de retrouver les caricatures de Michel Debré dans le Canard Enchaîné, où il est toujours représenté avec un entonnoir sur la tête, symbole du toqué irrémédiable ! On sait également que le fait d’avoir des familles nombreuses est représenté par la gauche depuis plus de quarante ans comme la marque indélébile d’une bourgeoisie « versaillaise », avec des femmes soumises aux oukases du Pape sur la contraception !

La conséquence a été l’effondrement de la natalité en France, comme nous le constatons depuis des décennies. La réponse politiquement correcte nourrie par l’INED était toujours la même : ce n’est pas vrai ! Les naissances sont seulement différées et la France est la championne de la natalité. On connaît la chanson ! Cela fait 45 ans que les démographes officiels la chantent !

Nous disions : les femmes françaises, hors immigration africaine, suivent le même chemin que partout ailleurs en Europe et dans le monde développé. Le taux de fécondité n’est pas à 2 ou 1.8, mais est descendu comme pour l’Italie ou la Hongrie, autour de 1.4. C’est-à-dire que la population descendante des lignées, disons, présentes en 1 890 pour faire simple et non polémique, a commencé à voir son solde décès naissance se réduire jusqu’au basculement, probablement début 2000, avec un début de régression en valeur absolue. La démolition de la politique familiale, commencée par Giscard dès son arrivée au pouvoir en 1974 n’a jamais cessé, jusqu’aux dernières mesures de Hollande et Macron.

Tout le monde parmi les « élites » sait qu’il n’y a, pour une nation, de richesses que d’hommes, mais l’immigration y pourvoirait. Elle était « une chance pour la France ». Naissance sur le sol français valant nationalité, l’attractivité de la France en matière de poules pondeuses étrangères suffisait et les bonnes françaises de souche pouvaient devenir des hommes comme les autres et défendre toutes les théories féministes qu’elles voulaient, cela n’avait au fond aucune importance nationale. Au contraire, le double salaire pousserait la croissance, et l’immigration ralentirait la pression sur les salaires tout en fournissant du personnel de maison pour accompagner les enfants au jardin ! Parfait !

Cette thèse a été défendue à l’ENA de façon latente et sous-jacente, pendant près de 50 ans !

Comme nous l’avons écrit à plusieurs reprises, notamment sur ce blog, le gouffre des naissances sautait aux yeux, mais ils étaient conditionnés  à regarder obstinément ailleurs. Près de 500 000 enfants manquent chaque année par rapport aux taux de 1970 (l’exercice est facile : vous prenez le ratio entre naissances et population en 70 et vous l’appliquez aux 69 millions de Français, chiffre de la population au 1er janvier 2023). Le nombre de femmes capables de porter un enfant baisse. La spirale d’autodestruction d’un peuple commence à montrer ses effets catastrophiques. La spirale mortifère est enclenchée.

La première prise de conscience est venue, dès le début des années 1980, des conséquences de l’immigration de masse sur le terrain identitaire, culturel et sécuritaire, avec en prime la question de l’islamiste militant et conquérant, sans frein en matière de violence.

Mais tous les perroquets ânonnaient les mêmes mots d’ordre. La France est une exception nataliste. Il n’y a pas de problème ! Et crac : les derniers chiffres de l’Insee montrent que la régression de la natalité est telle que pour la première fois les chiffres sont les plus bas de l’histoire récente. On commence à se rendre compte que la Chine perd sa population en masse, comme le Japon et la Russie. Il devient clair pour tout le monde que l’humanité dans son ensemble risque d’être en régression dès 2 100 malgré la croissance délirante de la natalité dans cinq ou six pays. La régression de la natalité touche rapidement les populations immigrées en France qui elles aussi passent sous le seuil de renouvellement.

Le tout aboutit à ce gigantesque chaos :

-        La dimension démographique d’un système de retraite par répartition devient très claire pour tous. Pas d’enfants,  pas de retraite. Une chose que l’humanité sait depuis des millénaires. Si la durée de la vie augmente, alors le phénomène s’aggrave. Ah zut ! Et Mitterrand, le grand pourrisseur que rien ne rebutait, a fait passer en France, seul exemple au monde, l’âge de départ à 60 ans, ajoutant une bombe politique à la bombe démographique qui est aussi une bombe économique. Et nous avons les crispations extrêmes autour de l’âge légal de la retraite qui ne peut être que retardé si l’on veut que le niveau des retraites ne descende pas. Un système par répartition est indexé sur la pyramide des âges.

-        La gauche est totalement perdue et explosée façon puzzle. Le mouvement LGBT + veut déstructurer l’homme blanc hétérosexuel, empêcher que la pression sexuelle des hommes n’ait d’effet sur les femmes et mettre fin au « patriarcat ». La composante écologique explique de son côté  que la pullulation de l’homme tue la planète et que les enfants dans les pays développés ont un bilan CO2 trop mauvais pour qu’on continue à en fabriquer. La condamnation à mort de l’humanité coupable de tous les crimes contre les bestioles et la nature en général, n’est même pas cachée. Que l’humanité meure, pourvu que la terre demeure ! Mais il reste quelques voix à gauche, y compris dans la frange traditionnelle du féminisme, ou dans les vieux méandres de l’écologie politique, qui ne peuvent pas entendre de telles sornettes sans flamber de rage !

-        L’instinct de mort est relayé par l’évolution des mouvements anticapitalistes qui passent à la violence. « Au tournant des années 2000, la réflexion sur la contestation anticapitaliste aboutit au constat de l’échec de la non-violence. L’écologie, partagée depuis sa naissance entre réformisme et action révolutionnaire, n’échappe pas à la règle ». Voici l’écoterrorisme ! Entre ceux qui veulent tuer, dans les mots, l’humanité, le capitalisme, la bourgeoisie, l’homme blanc, et ceux qui veulent passer à l’acte, la différence s’évanouit peu à peu !

-        Emmanuel Macron commence son second quinquennat en imposant la gratuité du préservatif pour les jeunes gens tout en glorifiant l’immigration et en aggravant la pompe aspirante (les clandestins pourront être régularisés s’ils trouvent du travail alors qu’il est interdit de les faire travailler !). Et « en même temps » il lance une réforme paramétrique du système des retraites qu’il a dénoncé avec force en 2017, non seulement sans traiter le sous-jacent démographique, mais en l’aggravant ! Il y a une dimension de démence chez ce président et de génie pour se faire réélire si facilement malgré cela.

-        Quant aux partis dits de droite, ils se taisent. Ils craignent toujours qu’au moindre « dérapage » (description d’une réalité, énonciation d’une vérité) on les traite de fascistes, de Versaillais, de suppôts de la « manif pour tous », de conservateurs éhontés, de papistes et d’irresponsables sociaux, voire de machisme invétéré. Quand certains disent que le gauchisme n’est plus dominant en France…

Ne soyons pas dupe. Si la démographie a fait une telle percée dans les médias, c’est surtout pour essayer de faire passer la réforme des retraites. Mme Bachelot, dans l’exercice a dépassé le potentiel d’outrance de tous les autres avec cette gourmandise qui en fait le bon client que l’on sait pour les médias qui n’ont rien à dire, sauf des sottises plus ou moins marrantes.  La voilà qui annonce de tels progrès de la médecine que d’ici 2100 on gagnera à tout à coup au moins quinze ans de vie en bonne santé supplémentaires. Pourquoi pas vingt ou trente voire cinquante ? Alors reculer de six mois en moyenne le départ à la retraite ? Une bricole ! Mais ne croyez pas qu’on pourra faire remonter la natalité. Là, c’est foutu ! « On ne fait des enfants avec de l’argent ! ». Demandez à Mayotte ! Elle aurait pu ajouter : « D’ailleurs on n’en a pas. On est obligé de quêter l’argent européen et ils nous imposent une réforme des retraites. »  Il y a donc une part de simagrées politiques dans cette soudaine passion pour la démographie.

La petite flamme de la vérité qui a enfin percé dans la presse révèle un territoire intellectuel et politique complètement ravagé. Mais, au moins, elle brûle. À tous les sens du terme. Du fait à l’interprétation dominante et réaliste du fait, jusqu’à la construction d’une politique correctrice, il faudra encore du temps. Espérons moins de 50 ans ! On est en France, mais tout de même !  Constater qu’on est mort après la signature de l’acte de décès n’aurait pas de vrais avantages.

Commentaire
Antoine's Gravatar C'est emmerdant une population qui baisse avec ces milliards d'€ de dettes que les 68ards et les économistes nous ont laissé...

Croissez et multipliez vous pour assurer notre rente financière !!!
# Posté par Antoine | 23/01/23 13:12
DD's Gravatar La dette provient des excès français de redistribution dans un contexte de non travail, revendications socialistes assez peu liées à Mai 1968 et dénoncées par la plupart des économistes,même keynésiens (Keynes ne parlent pas de limitation de la durée du travail) et des conséquences des crises périodiques quasi décennales qui ont frappé depuis 1971 et la destruction des accords de Bretton-Woods, au nom théorique du néolibéralisme mais en fait pour satisfaire la domination américaine, sous l'opposition d'un grand nombre d'économistes.

Les avertissements d'Alfred Sauvy socialiste parlant contre son camp naturel socialiste pour avertir des conséquences de la démographie et de différents mythes désastreux ayant cours dans son mouvement de référence et ceux de Maurice Allais, dans le camp d'en face contre les conséquence des changes flottants et de la libéralisation complète de la concurrence avec notamment la Chine, prouvent qu'il existe une pensée détachée de l'hypothèse complotiste permanente d'une main invisible conduisant les peuples à accepter toutes les erreurs par facilité.

Les conséquences de la dépopulation sont au départ euphoriques : c'est le temps des héritiers, jusqu'à la dilapidation de l'héritage. Alors il ne reste plus que des ruines et une situation irrattrapable.

Le cas du Japon est frappant : tous les trois ans une ville grande comme Paris intra-muros disparaît laissant vide un patrimoine urbain colossal et ne permettant plus aux entreprises de trouver les ressources nécessaires à leur fonctionnement. La tenaille entre le besoin de millions d'hectares désertées et de millions d'emplois perdus est en train d'étouffer le pays qui n'en est qu'au début de sa déréliction démographiques qui est une spirale qui va en s'accélérant.

En France les conséquences seront les mêmes : désertification, dettes, impossibilités de financement croissantes de tous les systèmes de redistribution jusqu'à leur embolie, désespoir public devant l'effondrement de tout par petits paquets. Déréliction des services publics. Baisse du niveau de vie.

Ecologisme, néolibéralisme, wokisme,et socialisme se donnent la main pour aggraver la situation.

Cela rend le rôle de la réflexion libre plus difficile. Et le complotisme seyant.

Il faut savoir résister.
# Posté par DD | 24/01/23 07:05
Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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