Roustes électorales et fiscalité

Une des dimensions toujours "oubliées" par les commentateurs lors des déroutes électorales est le rôle du ressentiment fiscal. Le "politiquement correct" interdit ce genre d'analyses. L'impôt, en France, c'est sacré. Evoquer la responsabilité de l'impôt dans les réactions des Français serait leur faire injure. Alors on tricote des explications plus ou moins fumeuses pour éviter les évidences qui fâchent.

Cela fait des années maintenant que nous expliquons que la montée du FN est entièrement due au ressentiment fiscal. Il nait avec la création de l'IGF, le prédécesseur de l'ISF. Il prospère aujourd'hui sur les taux confiscatoires mis en place par F. Hollande. On dira: le chômage a poussé la fuite de l'électorat populaire vers le FN et "l'invasion musulmane" n'a pas arrangé les choses. La poussée du FN dans les départements en difficulté économique ou soumis à des substitutions de populations est évidente. L'analyse fine des cantons montre une réalité moins systématique. Le FN gagne le canton du Médoc où le nombre d'immigrés n'est pas particulièrement élevé et la crise peu marquée par rapport à d'autres cantons en reconversion.

Le passage à l'acte du vote en faveur du FN suppose qu'on brave un interdit. Il faut une grande force de ressentiment pour le motiver. Cette force est alimentée par la spoliation fiscale. Les niveaux d'imposition actuels peuvent être assimilés à un vol pur et simple des citoyens par la puissance publique. L'électeur a voulu donner une rouste au voleur.

La surprenante défaite de Giscard en 1981 s'explique principalement par le ressentiment devant un septennat qui aura été fiscal de bout en bout, avec la généralisation de la TVA et la fin des "forfaits" protecteurs et l'impôt sur les plus-values. La déroute socialiste de Bérégovoy s'explique également largement par le ressentiment fiscal. Celle de Juppé est due en quasi-totalité à l'hystérie fiscale qui l'avait saisi , allant jusqu'à lui faire sauter le plafonnement de l'ISF. Pour la première fois, des citoyens étaient privés de la totalité de leur revenu par l'impôt. Fabius sait très bien qu'il a souffert à la fin de son mandat de premier ministre d'un accès de rejet fiscal qui le conduira à réclamer une baisse fiscale à Jospin qui, sous l'influence de DSK, avait continué le matraquage engagé par Juppé. Trop peu, trop tard.  

L'échec de Sarkozy s'explique très largement par son incapacité à convertir l'ISF en impôts sur le revenu en début de mandat et par les hausses d'impôts continuelles des deux dernières années de son quinquennat.

La névrose fiscale française est la base des déroutes systématiques des gouvernements en place depuis les années 1970.

Le gouvernement actuel essaie de contenir la dépense publique. Mais il ne veut pas restructurer le champ de l'action de l'Etat, ni mettre fin aux politiques de gratuité incontrôlables dans des secteurs entiers comme la Santé ou la Culture. Il pensait qu'en évitant de s'attaquer trop à son cœur de cible électoral, il résisterait mieux. L'idée hollandaise de leur prendre un peu pour donner un minimum aux entreprises, lessivées par la fiscalité, est vécue comme une raclée fiscale imméritée. Les fonctionnaires voudraient qu'on cesse de les ruiner et qu'on cesse de ruiner les entreprises, les deux choses en même temps. Paradoxe ? Pas nécessairement. Faire comprendre à ce groupe massif (près de 10 millions de ménages sont accrochés à la dépense publique en France, hors retraite) comment on peut sauver leur prospérité alors qu'on reconfigure les missions de l'Etat pour baisser la fiscalité sera un des défis les plus difficiles pour la droite. Il a été la roche tarpéienne du PS, alors même que la reconfiguration de l'Etat n'a même pas été essayée.

Benoît Hamon, militant insignifiant et puceron politique qui se croit digne d'être président de la république (beaucoup au PS se disent que "si Hollande l'a été  pourquoi pas moi !" ), croit que le PS s'en sortira en augmentant encore massivement les impôts sur les riches et en alignant les cadeaux électoraux aux pauvres. Il veut reprendre la stratégie qu'Hollande a tenté en deux phases : la phase initiale où l'on frappe "les riches", puis la phase des cadeaux électoraux aux clientèles. Il a échoué parce qu'une réponse uniquement fiscale aux exigences de désendettement de l'Europe, alors que la France avait déjà trop d'impôts, a bloqué l'activité économique. La phase des cadeaux ne peut plus s'enclencher sauf à tuer le malade. Hollande attend le Grouchy de la croissance tirée par l'extérieur, pour retrouver un peu d'oxygène électoral.  Se lancer dans les deux ans à venir dans une surenchère fiscale destructrice en écartelant un peu plus la France entre clientèles et pigeons à plumer serait aussi suicidaire pour le pays que pour le PS. Hollande attendra la campagne électorale pour faire des annonces de ce type pour ne pas avoir à en affronter les conséquences avant les élections. Elles bloqueraient tout espoir de participer si faiblement que ce soit à la possible reprise et le priverait de sa tactique : transférer la responsabilité du chômage sur les entreprises.

Bien sûr le ressentiment fiscal n'est pas le seul moteur des déroutes électorales. Mais l'ignorer totalement comme le font les commentateurs et les politiques (de moins en moins à droite) est une des sottises de notre temps. Le long moment du "vive l'impôt" est passé en France.

Nous avons écrit que l'année 2015 serait un balancier permanent entre espoir de reprise et ressentiment.

Nous avons eu le ressentiment musulman. Nous vivons le ressentiment fiscal.

Gageons que l'on va maintenant nous bassiner avec l'espoir de la reprise.

Commentaire
Caroline's Gravatar << Cela fait des années maintenant que nous expliquons que la montée du FN est entièrement due au ressentiment fiscal.>>
Entièrement? Décidément, chacun voit midi à sa porte.
Vous auriez été médecin, vous auriez dit que la baisse de la couverture sanitaire du pays est <<l'unique>> raison de la montée du FN.
Croyant d'une des mutliples religions monothéistes, par exemple, que c'est <<entièrement>> du à l'abandon des valeurs religieuses.
Sociologue, que c'est <<entièrement>> le résultat d'un délitement social.
Et j'en passe et des meilleures.
Votre présent billet n'est pas à la mesure des précédents.
Vous êtes économistes et peut-être fiscalistes et vous ne voyez que les aspects économiques et fiscalistes. Lamentable.
Vous dites aussi: << Le FN gagne le canton du Médoc où le nombre d'immigrés n'est pas particulièrement élevé et la crise peu marquée par rapport à d'autres cantons en reconversion.>>
Venant d'un village qui n'a jamais vu d'immigrés nord-africains en 40 ans minimum,
je peux vous dire que le racisme y est fort développée sur la base d'une ignorance qui
ne sait pas faire la part des choses et qui n'a qu'une image caricaturale de l'immigration, quand on est pas dans le fantasme pur précisément parce qu'ils n'y ont jamais été confronté véritablement.
Ce billet est ridicule au minimum; au pire suspect.
# Posté par Caroline | 31/03/15 01:07
DD's Gravatar Cette réponse est très significative, à plusieurs titres.

D'abord elle montre qu'on ne juge pas en France les arguments mais la personne qui les émet. Si on n'est pas d'accord, on ne propose pas d'analyse contradictoire mais on met en cause la personne. Il est suspect et on sent qu'on a échappé au traditionnel "propos nauséabonds", mais de justesse.

Ensuite, elle fait apparaître que, pour certains, parler du rôle de l'excès fiscal, c'est mal. Très mal. "Cachez ce sein que je ne saurais voir" dit Tartuffe. Cacher ce ressentiment fiscal indécent disent les Tartuffe modernes.

L'économie est politique. Notre préoccupation ici est de montrer que la situation est particulièrement grave en France parce que la crise a frappé un pays qui était en état préalable d'hystérie fiscale. Obligé d'emprunter près de 100% du PIB marchand pour simplement se maintenir à flot (avec tout de même une baisse continue du revenu par tête), l'Etat a du porter l'imposition à des niveaux suicidaires. Hystérie passée plus égorgement récent ont créé un état politique particulier qui, à notre avis, explique le passage à l'acte d'une partie de l'électorat de droite comme de gauche vers le votre extrêmiste. Voilà toute l'affaire !

Le Parti Communiste qui jouait le rôle de défouloir juqu'à l'effondrement de l'URSS a atteint, à son sommet, 25% de l'électorat. C'est désormais le FN qui est à cet étiage avec des scores locaux qui dépassent souvent 40% et parfois 50%.

Ces scores sont des symtômes et personne ne nie ici qu'ils soient inquiétants.

Il est certes plus agréable, lorsqu'on est un bien pensant de gauche, d'expliquer que la poussée continue du FN soit le fruit de la conjonction du racisme et des effets délétères du "néolibéralisme" honni. L'immigration et le chômage jouent leur rôle. Personne ne minimise ce fait.

Lorsqu'on fait un retour sur les quarante dernières années, on peut constater que ce n'est ni le racisme ni le chômage qui poussent aux raclées électorales successives.

L'échec de Chirac, après la dissolution, est largement lié au choc fiscal imposé par Juppé, les considérations racistes ne jouent aucun rôle.

L'échec de Jospin suit une période de forte croissance de l'emploi, liée à la conjoncture mondiale mais Fabius avait justement détecté que les espoirs électoraux de la "majorité plurielle" allaient se fracasser sur un "mur fiscal". Ce qui eut lieu.

L'échec électoral de Hollande provient largement de la légéreté et du cynisme qu'il a montré en matière fiscale, aggravant une situation préalable déjà délirante. Il est déjà obligé de corriger le tir vis à vis des "9 millions de personnes pauvres " qui ont été frappées dans leur maigre porte-monnaie. Il sera obligé de corriger le tir aussi vers le reste de la population. L'économie ne peut pas vivre avec les taux d'imposition actuels. Rappelons que l'Etat français dépense plus que la valeur ajoutée des entreprises de plus de une personne du secteur non financier. Ce qu'on appelle "les entreprises".

Qu'il y est un malaise social associé au chômage et un malaise identitaire lié à la substitution partielle de population, quoi de plus clair ? Personne ne le nie ici et vous ne trouverez pas un mot sur ce site qui promeut le chômage de masse ou les restrictions aux libertés d'aller et de venir, de s'installer ou de contracter.

Réciproquement c'est une grande erreur que de ne pas voir le caractère délétère de la surfiscalité française aussi bien en matière économique que politique.

Une énorme restructuration de la sphère publique est nécessaire pour sortir de cette situation. La droite n'a pas osé. La gauche n'a pas voulu.

Le prix se voit dans les urnes.

Persistons et signons.
# Posté par DD | 31/03/15 11:39
Micromegas's Gravatar Naguère la gauche s'insurgeait contre tout ce qui bloquait le débat et la libre discussion des idées. La subversion de la gauche par le socialisme avait entraîné un premier glissement : ne pas être socialiste impliquait une culpabilisation. Depuis l'effondrement idéologique de l'Union soviétique et du socialisme comme doctrine d'organisation sociale et économique, c'est le radicalisme américain qui a subverti la pratique de gauche. La religion est la maladie de l'Amérique et elle a provoqué la naissance d'un politiquement correct d'autant plus agressif qu'il n'y avait pas de bornes à gauche pour fixer l'outrance (rôle joué en France par le communisme).

Au pays de Voltaire nous avons désormais des grenouilles de bénitiers de gauche qui sont constamment en train de se pincer le nez devant les vilains penseurs mécréants. Et comme les talibans frappent les femmes qui ne sont pas voilées comme il faut, les belles âmes de gauche insultent et vilipendent quiconque viole ce qu'elles jugent non conforme à leur credo.

Les sous-intellectuels de gauche internétisés donnent désormais l'exemple parfait du curé abusif d'antan (les voeux de pauvreté et de chasteté en moins) et sont les implacables procureurs de tribunaux ecclésiastiques d'autant plus dérisoires et virulents qu'ils sont virtuels et les participants de bas niveau.

Curieux destin : la gauche naguère se moquait de l'Observatore Romano, juge de la bien pensance catho. Maintenant le quignon socialiste résiduel y écrit comme des Savonarole.

Il va falloir recréer une gauche non socialiste et voltairienne si on veut simplement continuer à penser en France.

Ne vous laissez pas influencer ! On a besoin de votre liberté de penser.
# Posté par Micromegas | 31/03/15 12:44
Julien L.'s Gravatar Amusant tout cela !

Il est drôle de voir une socialiste dévote reprendre l'analyse de Zemmour, par ailleurs désigné comme diable officiel à exclure des médias conscientisés et républicains par Mlle Pingeot, idole des intellectuelles adultérines nourries aux frais du contribuable dès leur conception : le FN = racisme et xénophobie. Il ne peut pas y avoir de responsabilité des superbes augmentations d'impôts du bon Monsieur Hollande dans ce désastre.

On devrait se souvenir que les impôts sont souvent la source des révolutions. Le Printemps Tunisien est né de la révolte d'une TPE (un vendeur d'oranges à la sauvette, en fait) qu'on a voulu méchamment taxer. Les "bonnets rouges" se sont révoltés pour une taxe de trop.

Que notre charmante religieuse ne se désespère pas ! Il faut lire Alexandre Jardin. "La rancoeur populaire mords les responsables successifs de notre déconfiture : la noblesse d'Etat de droite qui écrabouille la droite entrepreneuriale et la gauche étatophile qui a fini par dominer la gauche jauréssienne. Le ressentiment touche donc avant tout des partis moisis par la culture administrativo-politique de nos énarques".

La fiscalité confiscatoire est une des marques de cette moisissure.

Ce n'est pas la seule.

Il y a pas mal de cause de rancoeur et de ressentiment en France, en ce moment.
# Posté par Julien L. | 31/03/15 19:30
DvD's Gravatar Il faut vraiment laisser de côté les approches idéologiques stériles de type gauche - droite (ce qui ne veut rien dire) et s'attacher aux faits.

Y a-t-il eu "hystérie fiscale" en France ?

Il suffit de vérifier auprès de l'Insee :

- Entre 1974 et 2013, la valeur ajoutée du secteur marchand (c'est à dire ce qui finance et fait vivre le pays) est passée de 145 à 1332 milliards d'euros, soit une augmentation de 1187 milliards d'euros,

- Durant la même période, les dépenses des administrations publiques ont augmenté de 1123 milliards d'euros. Autrement dit, 95% de l'accroissement de valeur ajoutée produite par le secteur marchand ces 40 dernières années a été taxé et redistribué par le secteur public. Si l'on considère la période 2001-2013, 108% de la valeur ajoutée incrementale produite par le secteur marchand à été prélevée.

- 95% de taxation fait-il naître un ressentiment ? Franchement, le contraire serait étonnant. Qui, en effet, serait heureux que 95% des fruits de son travail soit prélevé ? Je ne connais personne qui correspondrait à cette description.

Ce ressentiment fiscal alimente-t-il le vote FN ?

- Pour s'en persuader, il suffit de constater que durant cette période 1974-2013, la gauche et la droite se sont succédées alternativement au pouvoir sans la moindre inflexion notable dans la fuite en avant fiscale. L'hystérie fiscale n'est ni de droite ni de gauche. Elle est du parti qui se trouve être au pouvoir à l'instant t. Le parti en question d'ailleurs perd quasi systématiquement les élections et nous avons donc des alternances quasi systématiques qui ne changent absolument rien sur le fond.

- Comme l'extrême gauche propose encore plus d'hystérie fiscale, le ressentiment fiscal alimente donc fort logiquement le vote FN. Il n'y a là rien de suspect, c'est d'une logique élémentaire. Il est d'ailleurs fort probable que le ressentiment fiscal, la baisse de couverture sanitaire liée aux pressions budgétaires, le délitement social (le chômage est passé de 3.3% à 10.3% entre 1974 à 2013, et encore avec moults changements de méthodes statistiques pour atténuer la hausse) aient des causes en partie communes.

Il est à noter que, durant la période 1974-2013, il a fallu 1.2 millions d'emplois marchand supplémentaires pour produire 1187 milliards d'euros de valeur ajoutée supplémentaires dans le secteur marchand. Dans le même temps, il a fallu 3 millions d'emplois non marchands supplémentaires pour générer 523 milliards d'euros de valeur ajoutée supplémentaires dans le secteur non marchand. Autrement dit, l'écart de rendement moyen ces 39 dernières années entre le secteur non marchand et marchand est de 1 à 5.8x. Prélever la quasi intégralité de la richesse produite et la réinvestir à un rendement 5.8x inférieur ne peut que conduire à un appauvrissement du pays. Là encore, c'est totalement élémentaire. C'est la raison pour laquelle les pays communistes ont vu leur niveau de vie s'effondrer. Réduire les inégalités n'a strictement aucun sens si c'est pour rendre tout le monde pauvre. Ce qui est le résultat auquel conduit inéluctablement l'hystérie fiscale française. Tous ceux qui restent, en tous cas.

La question dès lors n'est pas du tout de savoir s'il faut voter pour Hollande ou Sarkozy ; Valls ou Juppé ; Royal ou Fillon. La question n'est pas non plus PS ou UMP en ne mettant même pas de noms pour l'instant ; ces deux partis sont définitivement discrédités par leurs échecs répétés. La question est par quels moyens - de préférence pacifiques - le peuple français peut-il redevenir et rester fiscalement souverain ? Qu'un nombre croissant de citoyens, par dépit et à défaut d'autres choix, pensent confier cette tâche au FN peut se comprendre. Malheureusement, rien ne permet de penser que le FN à la moindre solution ni même aucune intention à cet égard.

La question fiscale est en effet la question souveraine par excellence. Dans un système démocratique (ce qui n'est certes pas le cas de la France où la démocratie n'est que de façade et n'a aucune substance réelle), la question fiscale appartient directement et uniquement au peuple. Quelle part de son revenu national la collectivité nationale veut elle utiliser à quels objectifs publics tels que éducation, santé, protection sociale, retraite, sécurité, infrastructure, etc ? Il suffit de demander. Le peuple répondra. Les représentants politiques n'ont strictement aucun droit à répondre à ces questions à la place du peuple. Ils ne peuvent que soumettre des propositions au vote et mettre en œuvre et gérer au mieux les systèmes démocratiquement approuvés. C'est simple. Et ça marche. La Suisse en est un bon exemple, qui a des services publics plus performants que la France et en excédent budgétaire malgré des prélèvements proportionnellement très inférieurs. La solution en France ne passe pas par les partis politiques. Elle passe directement par le peuple.

Il faut bien comprendre que l'on parle ici du gaspillage de plusieurs dizaines de points de richesse nationale chaque année, année après année, depuis des décennies. Soit pour la France des centaines de milliards d'Euros. Chaque année. Depuis des décennies.

Le service public a dans ses mains la clé de l'avenir économique de la France. Faire simple, transparent et efficace. Et rendre ces dizaines de points de richesse nationale annuelle au secteur productif pour qu'il puisse les réinvestir à des rendements supérieurs et relancer ainsi la création de richesse, préalable incontournable de toute politique de redistribution. A vrai dire, il n'y a pas de SERVICE PUBLIC à rendre au pays plus urgent que celui-ci. La captation de plus en plus abusive en tordant de plus en plus le cou à la Constitution d'un gâteau de plus en plus petit est vouée à l'échec. D'élections en élections, on s'enfonce un peu plus dans l'impasse.

On voit bien que le redressement national nécessite un renouvellement complet de la classe politique qui est aujourd'hui le principal obstacle à sa mise en oeuvre, tant le système fiscal actuel totalement opaque et effroyablement complexe lui offre de multiples possibilités de clientélisme et d'échanges de bons procédés entre amis.

La classe politique ne peut réformer le système. Elle est le système. Par défaut, le FN représente le vote anti-système. Il faut trouver autre chose.
# Posté par DvD | 31/03/15 22:27
DD's Gravatar @DvD

Merci de cet excellent commentaire qui fixe bien les choses. En quarante ans ce que nous appelons "l'énarchie compassionnelle", réalité qui transcende les divisions politiques traditionnelles, a accaparé la production de l'économie privée du pays et a fini par la lessiver. Les chiffres sont accablants.

Ce qui est indispensable, c'est d'assurer la séparation de l'administratif et du politique, comme il y eut naguère la séparation du pouvoir exécutif et du pouvoir judiciaire. Le pouvoir administratif doit être radicalement séparé du pouvoir politique avec des cloisons étanches établies dans la constitution.

Nul ne peut être élu dans une assemblée qui fixe ses rémunérations.
Nul ne peut recevoir deux rémunérations de l'Etat.

Un haut fonctionnaire anonyme de Bercy racontait en octobre 2012, juste après l'arrivée de F. Hollande à la Présidence (nième énarque à ce poste, Fabius, Rocard, Balladur, Juppé, Jospin, Villepin ayant eux colonisé Matignon) ce qui allait se passer bientôt (dans "les dossiers du contribuable N9 - Octobre 2012) :

"Je suis haut fonctionnaire à Bercy et peux confirmer qu'il existe tant chez mes collègues cadres supérieurs et nos élus (hauts fonctionnaires - NDLR), un acharnement diabolique à taxer jusqu'à la mort (souligné en gras - NDLR) toute source de revenu peu importe les conséquences".
Il évoque : "une haine viscérale du secteur privé" "tout en se préservant contre les idées de réforme et de diminution du train de vie de l'Etat car il s'agit in fine de conserver pouvoir et privilèges".
Il raconte : "Quelques personnages très dangereux mauis terriblement influents diffusent le message subliminal constistant à faire croire que tout Français travaillant dans le secteur privé et non bénéficiaires des minima sociaux et toute entreprise sise en France dort sur un magot constitué par des malversations au préjudices de l'Etat".
Il continue : "L'épargne est suspecte et constitue une réserve à la disposition du secteur public. L'Etat pourra en prendre le contrôle pour désintéressé ses créanciers".

Il ne faudra pas deux ans pour que tout cela soit mis en oeuvre sans limite, sous la Direction de l'Enarque Hollande, de la Cour des comptes. Tout y est : l'hystérie fiscale portée à son comble ; la volonté absolue de ne pas réformer l'Etat Moloch et de n'entreprendre aucune réforme structurelle. On est en 2015 et la pièce est jouée. Elle était annoncée.

L'hyperfiscalité imposée aux Français en plus de l'hyperfiscalité préexistante ne provient pas du peuple, même pas de la représentation nationale, mais d'une caste qui a arraché le pouvoir politique et qui vit en vase clos.

Delenda est.

Si cette caste a lancé le pacte de responsabilité, ce n'est que parce qu'elle vient de comprendre qu'elle ne peut vivre si elle tue totalement la poule aux oeufs d'or. Elle se moque pas mal de la base électorale socialiste !

Juppé et Hollande sont les deux cautions de cette secte aux prochaines élections présidentielles.

Toute la stratégie de ce petit groupe est d'amener Juppé au pouvoir si Hollande est contraint à ne pas se représenter. Ils pensent que sinon Hollande pourra se débarasser à nouveau de Sarkozy, si leurs amis juges ne font pas le travail avant.

Les médias eux sont aux ordres. Ils ne peuvent survivre contre la secte qui tient et la réglementation et les subventions et les banques.

Cette vision n'a rien d'une approche "complotiste" de la politique : il s'agit d'un constat sociologique s'appuyant sur l'observation de 60 années de grignotage du pouvoir politique par la haute administration. On est arrivé au bout de ce chemin.

La caste a peur comme le ténia accroché dans les intestins du mourant. Si le moignon de secteur privé ne repart pas, elle est foutue. Alors elle transfère sur les particuliers la surcharge qu'elle a imposée jusqu'ici aux entreprises. Elle oublie que l'économie est un tout : distinguer l'entreprise et l'entrepreneur est schyzophrénique. Si vous tuez l'entrepreneur vous tuez aussi l'entreprise.

La bataille est engagée.

Les dissidents socialistes sont une forme de ce combat. Une forme abatardie, certes, mais malgré tout une petite émergence de la conscience que le peuple a disparu du discours politique pour être remplacé par les besoins de la haute fonction publique intéressée.

A droite, le durcissement est associé aux questions sécuritaires et d'immigration. Raisonnant sur des critères anciens, on y assimile l'action de la secte bureaucratique au socialisme honni. Donc on veut une rupture avec le socialisme. Mais on a laissé le parti aux mains de la haute fonction publique depuis des lustres. Guaino prétend que Sarkozy n'a rien pu faire à cause d'elle. Il n'a sans doute pas tort. Cette impuissance de l'UMP à se dégager de cette tutelle est certainement une des causes de la poussée du FN qui joue le rôle de Mélenchon et des dissidents à gauche.

La question politique française est toute entière la liquidation du rôle politique de la haute administration. La fiscalité est exclue du débat démocratique médiatique car elle est le noeud de l'affaire. La haute bureaucratie est prête à aller très loin pour se maintenir au pouvoir : elle tient le piolet fiscal !

La solution ne peut plus provenir de la gauche.

Elle ne peut pas venir du FN.

Elle n'est envisageable que par une politique de vraie rupture venant de l'UMP. Il y faudrait un Trotsky mais qui réussit. Malheureusement l'UMP est cadenassé. Le seul qui aurait pu jouer ce rôle est sans doute F. Fillon. L'énarque Copé l'a quasiment tué.

Max Gallo avait cité cette phrase de Françis de Préssensé , ami de Jaurès qui écrivait en avril 1911 : " Le climat du pays est caractérisé par une universelle lassitude, un universel dégoût, la république n'est plus qu'un conglomérat de clientèles". La France de 2014 n'est plus un conglomérat de clientèles politiques. La haute administration a créé un système ou plus de la moitié des familles vivent directement de la redistribution qu'elle commande. L'électorat est devenu captif. Si on menace de couper les subsides de la redistribution, il se cabrera. Là où il y avait de multiples sansues, il n'y a plus qu'un ténia féroce et bien installé, qui nourrit un corps anémié de ses déjections.

Il faut mettre fin au détournement de pouvoir de l'énarchie compassionnelle.

Ce n'est pas gagné.

On est bien loin des débats sur le socialisme et le libéralisme. On revient à une bataille révolutionnaire contre une classe abusive. Mais ce n'est pas celle que Marx avait pointé du doigt...


































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# Posté par DD | 01/04/15 10:04
DD's Gravatar @Caroline
Et voilà que Valls reconnait que la défaite est très certainement liée à l'excès d'impôts qui a étouffé l'économie, et fait monter du ressentiment dans le pays . Encore un suspect !
# Posté par DD | 01/04/15 19:46
DvD's Gravatar Wikipedia : [Le poujadisme] "naît à Saint-Céré dans le Lot d'une révolte anti-fiscale ... Tous les députés élus sous la bannière poujadiste en 1956 sont battus aux élections législatives françaises de 1958, à l'exception de deux d'entre eux, parmi lesquels Jean-Marie Le Pen, qui s'était éloigné du mouvement."

Sans commentaires.
# Posté par DvD | 03/05/15 15:29
Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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