Budgets irresponsables : bataille instructive entre deux hauts fonctionnaires

La crise démocratique déclenchée par la dissolution irresponsable voulue par l’énarque névrosé Emmanuel Macron a provoqué une conséquence imprévue : les déficits budgétaires et extérieurs permanents ont perdu leur écran médiatique et sont apparus en pleine lumière. Non seulement, ils étaient gigantesques et sans comparaison avec la situation des autres pays européens ou autres, mais leur dérive naturelle les emmenait vers une crise de la dette potentiellement désastreuse. L’idée que la gestion des gouvernements Philippe, Castex, Borne et Attal, sous la férule du Président et de son conseil, Alexis Kohler, avait été sciemment mensongère dans la durée, avec une prime pour l’Énarque Bruno Lemaire, resté sept ans aux Finances, s’est imposée aux yeux ébahis de l’opinion publique. Indirectement les hauts fonctionnaires qui ont capté tout le pouvoir politique ont été interpellés voire inculpés. Cette catégorie est-elle devenue une engeance et est-elle désormais incapable, irresponsable et irrespectueuse vis-à-vis de la Nation qu’elle envoie dans le fossé avec une désinvolture systématique et pratiquement atavique ? Le choc est rude.

Jacques de la Rosière accepte l’accusation et prononce le diagnostic : depuis des lustres la haute fonction publique, dont notamment les inspecteurs des finances, a fait son miel d’une affirmation : les déficits ne sont plus graves, puisqu’on peut les financer par l’emprunt indéfiniment, depuis l’ouverture mondiale des marchés de capitaux. L’important est de stimuler la demande et de couvrir à court terme les plaies sociales d’argent presque gratuit. Pourquoi se gêner puisqu’on peut le faire ? le résultat est naturellement des impôts hors normes, des dettes abyssales et des déficits extérieurs colossaux, avec un taux de chômage structurel élevé et des difficultés croissantes dans tous les secteurs régaliens, constamment sous la pression des déficits.

À 94 ans, Jacques de la Rosière a eu le temps d’être Directeur du Trésor, de la Banque de France, du FMI, de la BCE et de la Berd, ce qui lui donne une vision complète du terrain international et des latitudes nationales.

Il connaît parfaitement les mécanismes qui se sont mis en place après que les Américains eurent détruit les Accords de Bretton Woods au profit des changes flottants. De Jacques Rueff à Maurice Allais, ce système dangereux a été parfaitement analysé. L’accumulation des excédents dans une monnaie étrangère pose un dilemme au pays bénéficiaire : il n’a nul besoin d’investissements productifs puisqu’il est incroyablement compétitif. Investir dans le pays concurrent en difficulté ? Ridicule. Alors il faut placer l’argent dans des espoirs spéculatifs : la bourse et l’immobilier, et financer à moindre risque les États déficitaires. Les salles de marché s’ouvrent dans les banques dès 1975, date à partir de laquelle plus aucun budget français ne sera proche de l’équilibre ! Les États n’ont plus à gérer le cours de leur monnaie, les banques centrales ont pris le relais. La philosophie est de maintenir au plus bas les taux d’intérêt et au plus haut les « valeurs ». L’argent gratuit provoque le vol des épargnants qui ne reçoivent presque rien pour leur épargne qui est captée et détournée vers la spéculation. L’investissement productif s’étiole. Le chômage et la désindustrialisation s’accumulent dans les pays en déficit. Les comptes publics se dégradent. Mais les masses de capitaux disponibles permettent de financer les déficits étatiques. Alors, une fois de plus,  pourquoi se priver ? Une des raisons est à chercher du côté des récessions à répétition, qui creusent les déficits nationaux et entraînent des hausses de dettes majeures. L’Euro n’a pas plus de dispositifs qui permettent de réduire déficits et excédents. La BCE a été forcée par les récessions internationales et le krach de l’Eurosystème en 2011 à un laxisme total, symbolisé par le « quoi qu’il en coûte » de Mario Draghi. L’Europe et les pays occidentaux ont alors choisi d’abandonner la production à la Chine et aux Dragons d’extrême orient, à l’Inde, à la Turquie, au Mexique, sortant de la misère des centaines de millions d’habitants de cette sphère-là mais en cassant leur classe moyenne et en se privant de leur industrie et de leur agriculture.

La démagogie des politiques et la complicité d’une information malhonnête et construite dans les médias, ont conduit les Français à voter pour des mesures calamiteuses :  la surfiscalisation, les retraites trop précoces, les 35 heures, la généralisation des fausses gratuités. Le résultat est sous nos yeux interdits : tiers-mondisation, désindustrialisation, destruction de notre patrimoine de production agricole, crise du bâtiment, retraites perpétuellement déficitaires, classe moyenne en lambeaux, fonctionnaires indemnes, dépenses publiques effrénées et endettement massif et de moins en moins contrôlable.

Nous sommes au bout de ce chemin-là. Le gouvernement Barnier a eu raison pour la première fois d’affirmer qu’on était au bout de ce chemin et qu’il fallait désormais restaurer un esprit de responsabilité avant la chute. Si les marchés ne financent plus nous verrons notre PIB baisser d’environ 40 % avant de pouvoir reprendre sur de meilleures bases !

Que nenni ! affirme un ancien haut fonctionnaire au ministère des finances, un certain Louis Boillot, qui propose dans une tribune au « Monde », « d’associer les citoyens contribuables à un débat budgétaire sur les objectifs à atteindre plutôt que sur des ajustements comptables ». Cet illustre inconnu représente parfaitement les options socialisantes et étatiques des "trois corps de hauts fonctionnaires français qui forment une caste qui s'est approprié l’État", comme on dit à Marianne qui rappelle la définition d’une caste : « Groupe qui se distingue par ses privilèges et son esprit d'exclusive à l'égard de toute personne qui n'appartient pas au groupe ».

Pas de constats, pas de diagnostic, pas de chiffres, pas de prévisions dans l’article que le Monde met en valeur. Les faits, on s’en moque. Il s’agit de contrer le blasphème Barnier qui a découvert le pot aux roses des dérives budgétaires incontrôlables et l’a mis en pleine lumière.

Pour cela M. Boillot fait venir à la barre… des psychologues. La psychologisation de l’ennemi est une arme de propagande issue du monde soviétique. Comme l’affirmait Muyzenberg, la vérité et le mensonge sont sur un pied d’égalité dans un débat devant des gens ignorants des sujets. Il vaut mieux mentir et s’attaquer à l’adversaire par une accusation basée sur la psychologie ou l’injure excommunicatrice et infâmante.

Il va donc rechercher des doctrines initiées « en 1979 par les psychologues américains Amos Tversky et Daniel Kahneman (Prix Nobel d’économie 2 002), également développé par le sociologue Gérald Bronner dans La Démocratie des crédules (PUF, 2 013), l’ « effet d’ancrage » est un concept clé de psychologie comportementale. Il renvoie à la situation où les participants à une discussion ont tendance à ne se positionner qu’à partir de la position du premier qui s’est exprimé. Tous les processus de décision publique, des procès pénaux aux mécanismes de gouvernance locale, peuvent y être sujets ».

M. Louis Boillot est un lanceur d’alerte : attention des salopards qui connaissent les bonnes méthodes vous manipulent !

« Le gouvernement aura au moins réussi un effet d’ancrage puissant sur le débat public. Aujourd’hui, toutes les forces politiques et groupes de pression se positionnent sur la manière de trouver les fameux « 60 milliards d’économies pour 2025 », l’objectif annoncé par le premier ministre, Michel Barnier. Face à la situation financière dégradée, «  l’ ancre » a donc pris la forme d’une équation financière à une seule inconnue. En réalité, ces 60 milliards d’euros d’économies renvoient à un écart escompté pour 2025 par rapport à une situation où aucun effort budgétaire particulier ne serait fourni (« toutes choses égales par ailleurs . Le gouvernement présente donc plusieurs potions amères – ici un impôt en plus, là une baisse de dépenses – à partir d’un scénario bien choisi. Les oppositions y répondent par le refus de voter telle ou telle disposition – s’appuyant sur l’argument tautologique que celle-ci ferait des perdants – ou par des propositions alternatives de nouveaux impôts permettant de tenir jusqu’à 2025. Sans remettre vraiment en cause la dynamique générale ».

ET hop ! Passez muscade !  Les déficits publics et commerciaux depuis 1974 ? Les décisions de supprimer des prélèvements sans toucher aux dépenses qu’ils financent (taxe d’habitation, redevances pour les médias publics, cotisations sur le SMIC ? Chut. Les récessions à répétition ? Chut ! L’étouffement bureaucratique par une fonction publique gigantesque ? Chut !

«Ne voyez-vous pas que vous êtes victime d’un ancrage ! Bande de naïfs ! Des psychologues nobélisés vous l’affirment par ma bouche, nous dit ce Monsieur Boillot.

Que doivent donc faire les vrais conscientisés qui savent que les hauts fonctionnaires ont toujours raison. Simple : s’élever au-dessus des contingences vulgaires et le tripotage de la fiscalité. Au-dessus des faits, il y a l’ascèse et la montée dans les hauteurs de la politique des revenus.

La politique des revenus est une vaste foutaise née des suites de mai 1968 au sein de la haute fonction publique socialiste et étatiste lorsqu’on croyait encore, à gauche, à la planification soviétique.

Elle se présente toujours comme un choix de victimes expiatoires. L’argent des Français est à disposition des hauts fonctionnaires qui savent ce qu’il fut en faire.

« Est-il juste que les retraités aient en moyenne un revenu supérieur à celui des actifs ». Salauds de retraités ! Au lieu de s’interroger sur l’augmentation des revenus des actifs, entravés par la mondialisation en mode sous compétitif, par le poids des charges, par l’accablement des réglementations de tout genre, il faut s’attaquer à une partie de la population essentialisée comme abusive et kleptomane.

Le Monde qui ne cesse de militer contre l’essentialisation des femmes, des noirs, des juifs, des musulmans, des homosexuels, des immigrés, accepte sans difficulté qu’on essentialise les retraités. On peut les maltraiter collectivement comme une masse dangereuse. Et il faut le faire. À quel titre ? Les aigreurs de M. louis Boillot sont une raison suffisante, en s’appuyant sur une vision élémentaire de la morale et la justice. Que sait-il des parcours individuels, des mérites, des courages, des contributions positives ? « On s’en fout. Au hachoir fiscal et plus vite que cela ». Au passage frappons les héritiers. Encore des salauds abusifs. La propriété privée familiale ? Cela n’existe pas. Les épargnants : » ils mettent de côté 17 % de leur revenu. Intolérable. Il va falloir taper là-dedans ».

Oh oui ! On s’élève à des hauteurs suprêmes ! La phobie des retraités, des familles aisées, des héritiers, des épargnants, manière de voir les gens qui accompagne en général les catégories « essentialisés » mène la danse. On peut, suggère l’auteur, monter des comités citoyens qui, activement conscientisés par les hauts fonctionnaires non déviants, qui savent ce qui est bien et moral, et moyennant un conditionnement adéquat basé sur les travaux de psychologues comportementaux, pousseront à la haine sociale et à la maltraitance fiscale des autres avec frénésie.

Un peu comme Mme Hidalgo a demandé aux piétons et aux cyclistes s’ils étaient d’accord pour frapper les SUV !

La politique de revenu a toujours laissé entendre aux masses qu’elles pourraient trouver avantage à profiter de l’argent des autres. Il suffit de bien flécher la discussion : ancrer la discussion sur la taxation des riches avec sous-variétés. Pas même besoin de psychologues nobélisés pour justifier la pire démagogie régulée par la haute fonction publique qui garderait naturellement tous ses privilèges. M. Boillot ne semble pas savoir que les revenus à la retraite de MM Jospin, Juppé, Fabius, etc. sont en moyenne plusieurs dizaines de fois plus élevés que celle des anciens propriétaires de PME qui ont réussi à survivre quelques décennies. Et que les revenus d’activité de par exemple Madame Parly (2) ou Madame Wargon, sont indécemment plus élevés que le salaire moyen des Français actifs ordinaires (et des retraités moyens), en n’ayant accumulé que des échecs sanglants dans les fonctions où elles ont transité.

Jacques de la Rosière l’emporte par KO sur ce Louis Boillot caricatural dont les attaques sociales grotesques stigmatisent toute la caste à laquelle il appartient. Le Monde a perdu une bonne occasion de redorer son image perdue en n’ouvrant pas ses colonnes à un parasite social poly phobique et donc porteur de haines multiples totalement condamnables.

 

Didier Dufau pour le cercle des économistes e-toile

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