Le Baltic Dry Index ne mentait pas

Nous avons attiré l’attention ces dernières années sur l’arrêt du commerce international depuis l’effondrement de septembre 2008. Nous considérions que les quelques mouvements qui subsistaient étaient essentiellement des achats de précaution de la Chine, soucieuse de ne pas perdre son tas de dollars accumulés au-delà de toute raison, avec, en épiphénomènes, quelques spéculations douteuses.  En un mot nous considérions que le crédit international était mort et que les investissements délirants faits sur l’hypothèse qu’il n’y aurait pas de limite à l’envolée des échanges  internationaux étaient en grand danger.

Nous avons récemment  commenté l’effondrement du Baltic dry index tombé en dessous de son indice d’origine. Il est aujourd’hui à 5% ce son plus haut !95% de chute.  Certains, sur la foi de rapports intéressés dans la presse (et non, l’information n’est pas sans biais dans la PQN !), se demandaient si cette chute des prix ne masquait pas une croissance en volume.

Les chiffres publiés hier  montrent qu’il n’en était rien du tout. Les armateurs sont à l’agonie. Les pertes dépassent 10 milliards de dollars sur quelques entreprises seulement.

En vérité si on cumule tous les types de pertes sur les investissements dans l’équipement des ports et des flottes, la perte globale pour les banques et les sociétés d’investissement est supérieure à 100 milliards !

Comme toujours la presse cite les chiffres sans tenter de creuser les explications qui restent à la surface des choses.  La crise du secteur est toute entière le contrecoup de la folie des années 1997 à 2009 permise par un système qui accepte les énormes excédents et les gigantesques déficits.  Rappelons que les imbéciles avaient théorisé le fait que les excédents chinois et les déficits américains étaient le nouveau paradigme d’une croissance éternelle sans crise… On pouvait investir sans limite !

On voit le résultat. On se rassurera : les propagandistes de cette idée fausse sont toujours aux postes de commandes des grandes institutions et ont gardé leur place dans l’amour des médias.

Du coup, ils n’ont aucune solution à proposer.

Ce n’est qu’en revenant à un système des échanges mondiaux basés sur des équilibres managés par les Etats, avec défense de parités monétaires fixes mais ajustables, qu’on pourra retrouver une croissance pérenne et équilibrée des échanges internationaux.

Les changes flottants, c’est-à-dire le n’importe quoi  général, associé à des déséquilibres effroyables, n’a fait que créer une économie baudruche explosive.  C’est ce constat que le G.20 chinois en cours devrait acter.

Il ne le fera naturellement pas.  Laissons les équilibres macro-économiques sous le tapis et travaillons à supprimer quelques contraintes microéconomiques, aux cris mille fois répétés de « coopération », « dialogue », « synergi e », « entente »…

C’est une imposture. Il n’y a pas de coopération dans un système structurellement non coopératif. Seulement des mots. Et des maux.

 

Didier Dufau pour le Cercle des economistes e-toile

Commentaire
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