Supplique d'un Parisien

La mutilation de la Cathédrale Notre-Dame est le symbole de la situation actuelle de Paris. Les Parisiens, les Français, ceux qui dans le monde entier aiment Paris, ont ressenti dans leurs tripes qu’ils étaient dépossédés d’un élément immatériel indispensable à l’équilibre et au bonheur de leur vie. Ce sentiment de dépossession était déjà général à Paris. Il suffisait de parler aux Parisiens, à tous les Parisiens, pour le constater. Abattement, découragement, colère, toutes ces réactions se mêlent depuis longtemps au sein d’une ville où 67 % des habitants déclarent ne plus vouloir de leur maire. Un cas rarissime.

De fait, la ville se replie sur ses colères, se crispe sous les coups, s’anémie sous les contraintes et finalement se dépeuple. Les maternelles se vident. Les magasins ferment. La vie devient trop chère, le logement impossible. L’insécurité explose. La ville s’enlaidit. Beaucoup d’équipements publics sont à l’abandon. La saleté est installée. Les rats et les punaises pullulent. La clochardisation s’étale. Les bandes et les trafics s’incrustent. La paralysie gagne. Le commerce Indépendant meurt. Les difficultés autrefois réservées à quelques coins déshérités de banlieue s’installent à Paris dans des quartiers entiers, au nord de façon évidente, au sud de façon rampante. Les maladies disparues reviennent, alors que l’offre de soins se réduit et s’étiole. L’avenir s’assombrit. Les visages aussi.

Les Parisiens ressentent dans leur chair que Paris n’est plus tout à fait Paris et que la capitale n‘apporte plus ce surmoi créatif et dynamique qui a fait sa force pendant des siècles. Parce que c’est sa raison d’être, Paris doit être une force économique, technique, culturelle, qui apporte un supplément d’âme à la France en s’appuyant sur l’énergie et la qualité de tous ceux qui y vivent, y travaillent ou se trouvent bien d’être en contact avec elle. L’avoir bridée et dénaturée dans d’aussi fortes proportions alors que partout les forces vives ne demandent qu’à agir est plus qu’un incident politique local. C’est un dommage majeur pour la France entière.

L’équipe de Mme Hidalgo parle une « novlangue » qui n’a pas pour but de domestiquer la réalité, de la comprendre, de partager un diagnostic et d’élaborer une politique ensemble. Elle permet de tout transfigurer sans appel et de stigmatiser des « ennemis » fantasmés. Aucun dialogue n’est permis. « Tout ce qui fait que les gens se réunissent et créent, à partir d’un brassage consensuel » est rendu impossible. La vision d’extrême gauche, qui domine, « exclut toute possibilité de compromis ». L’analyse du regretté Roger Scruton s’applique ici parfaitement.

Alors l’impudence et l’irrespect sont partout. Où est le respect lorsqu’on double les impôts, lorsqu’on endette la ville à hauteur de sept milliards d’euros, lorsque la ville est sale et les chaussées percées de milliers nids-de-poule, quand des congestions artificielles et polluantes sont créées sur tous les axes, lorsqu’on détruit l’esthétique mondialement appréciée des grandes places publiques, lorsqu’on met en place un mobilier urbain affreux, quand on cesse d’entretenir les équipements publics indispensables ou les témoignages admirables d’un grand passé etc. Où est le respect quand les mesures sont planifiées dans le secret, exécutées de façon sournoise et violente et conçues pour être « irréversibles » ?

Ce que les Parisiens attendent des élections prochaines, c’est d’abord une municipalité redevenue respectueuse et ouverte sur ses habitants, sur ses usagers, sur ses visiteurs. Il faut arrêter immédiatement les destructions et cicatriser les plaies ouvertes dont certaines sont aujourd’hui béantes au nord, ce que chacun sait, mais aussi au sud, comme à Maine-Montparnasse où tout un quartier est sacrifié à une densification commerciale et immobilière délirante, associée à une telle disparition de voies de circulation que la congestion deviendra surréaliste.

Il se crée chaque année dans le monde l’équivalent de 10 villes de la taille de Paris ; En six ans, cela fait soixante. Pas besoin de médaille Field pour le calculer. Raserait-on Paris pour en faire une prairie, l’impact sur le réchauffement climatique global serait nul. Vingt ans de coalition socialistes et Verts n’ont pas empêché les Kangourous d’Australie d’être brûlés en masse. La noble intention écologique n’exige pas qu’on éteigne la Ville Lumière. Il faut raison garder.

Qu’on cesse enfin de saccager la ville et le travail optimiste et fécond des Parisiens, associé au bonheur de ceux qui l’aiment la réenchanteront en peu d’années.

Commentaire
DvD's Gravatar J’admire votre ténacité mais, d’après ma propre expérience, il est beaucoup plus simple, stimulant et fécond de s’installer dans une juridiction adéquate plutôt que de rester dans une juridiction inadéquate en cherchant vainement à la faire changer, ce qui ne génère que frustration, amertume et finalement désillusions.

Ce qui n’empêche nullement de rester français de coeur. D’ailleurs, le contingent français installé dans les juridictions fonctionnelles est généralement important et en croissance et c’est un thème récurrent qu’ils réussissent généralement mieux hors de France qu’en France.
# Posté par DvD | 22/02/20 19:34
DD's Gravatar La crise du coronavirus nous fait découvrir les vertus de l'anamnèse. Il faut effectivement de la ténacité pour éviter que les désastres récurrents de la gestion Hidalgo soient simplement escamotés. Mais, l'anamnèse en économie, est aussi un exercice indispensable. Nous entrons dans le futur en ne tirant jamais les leçons d'un passé qui n'est malheureusement plus connu. Cet échec entraine la contamination récurrente sans vaccin des plus graves erreurs.

Il est peut-être sage, en-effet, de quitter les lieux contaminés.

On peut aussi s'acharner à montrer qu'il y a des vaccins.
# Posté par DD | 27/02/20 12:16
Jean Leridan's Gravatar J'admire aussi votre ténacité. Mais il n'y a pas eu de campagne et il n'y en aura pas. On est passé trop vite des Gilets Jaunes, aux manifs sur les retraite et maintenant à la lutte dingue contre le coronavirus. La logique démocratique aurait voulu que l'on reporte les élections à juin ou septembre pour permettre un débat ample et serein notamment à Paris.

Sans débat de fond, la prime au sortant est magnifique.Ce sont les sauveurs de proximité. Macron dira qu'il a perdu à cause du virus, et se plaira de voir qu'il a encore cassé un peu plus la droite. Les perdants seront nombreux. Ce sera une fête pour les gagnants mais une fête triste et sans gloire. La motivation principale aura été la gamelle et un plus de rémunération grâce à l'argent public, au moment du pire couac de production privé que l'on a jamais vu hors temps de guerre.

Ce sera un vote à la sauvette, comme il a des ventes à la sauvette.
# Posté par Jean Leridan | 13/03/20 19:55
Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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