Faut-il supprimer l'ENA ?

Il est intéressant de constater que des thèmes que nous illustrons depuis près de 20 ans maintenant, dans l’indifférence générale, commencent à susciter des réactions, du fait du constat du désastre général.   

Une exemple : Nous considérons qu’en France le triomphe de l’Enarchie Compassionnelle depuis 1974 est largement responsable de la dérive de nos finances publiques et de l’étouffement du secteur privé. Nous considérons qu’il est absolument crucial que la haute fonction publique ne puisse pas gouverner et qu’on refuse de mêler le pouvoir politique et le pouvoir administratif.  Pour cela plusieurs mesures sont nécessaires :

-          L’interdiction des doubles rémunérations publiques

-          L’interdiction de postuler à des mandats électifs qui fixent votre rémunération et vos conditions de carrière, lorsqu’on est personnel à statut

-          La suppression de certaines disposition du statut des fonctionnaires et notamment l’instauration d’une retraite fondée sur l’accumulation de points plutôt que sur un état statutaire.

Ces disposition éviteront  une capture de la vie politique allant parfois jusqu’au rang municipal et le blocage systématique de toute mesure visant à réduire et rendre moins couteuse les politiques publiques.

Faut-il pour autant supprimer l’ENA, comme l’exigeait déjà Edith Cresson et  le redemandent  des candidats à la primaire de la droite et du centre ?  Pourquoi donc ? Une grande école n’est pas en soi un problème. Les grands corps et leur mode de fonctionnement en sont un. L’accès aux grands corps devrait se faire après 10 ans de pratique professionnelle dans des filières actives de la fonction publique.  Nous avons également besoin en Europe et dans l’ensemble des institutions internationales  de fonctionnaires de qualité capables d’assumer les plus hautes fonctions.   Sélection et qualité de la formation sont absolument nécessaires et même attractivité.  Il faut continuer à séduire des élites républicaines désireuses de se porter aux plus hautes responsabilités administratives du pays.  Mais le politique est un autre domaine qui suit d’autres logiques et qui ne peut être mis sous tutelle par la haute fonction publique.

En finir avec l’énarchie compassionnelle, oui. En finir avec l’ENA, non ! Il faut dépasser les slogans simplistes pour toucher les modes profonds de fonctionnement.  Une des conséquences est qu’il faut une autre source de formation politique afin que les élus ne soient pas totalement dépassés par leur tâche.  Ce rôle est usuellement dévolu aux partis, aux associations et aux syndicats qui doivent mettre des jeunes pousses en situation de faire de la politique intelligente et intelligible. Ils ne jouent que très partiellement ce rôle en France parce qu’ils sont le plus souvent dirigés par des gens  qui ne veulent pas de cette ouverture.  Le résultat est le mélange d’apparatchiks nullissimes, pourris d’idéologie et d’énarques  pontifiants, pourris de certitudes étatistes, qui fait le fond de sauce de la politique française.

Les trois mesures proposées ne sont pas difficiles à mettre en œuvre. Elles ne coûtent absolument rien. Elles peuvent rapporter gros aussi bien en termes de démocratie réelle qu’en économie sur la dépense publique. On notera qu’elles ne sont ni de droite ni de gauche. Elles veillent simplement à éviter des abus et à promouvoir la juste représentation des intérêts  de la population.  Lorsque la dépense publique en France est à 1.300 milliards d’Euros et la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchands non financiers à 1.200, on peut tout de même admettre qu’il est temps de sauter le pas.

Candidats à la présidentielle, encore un effort !

Commentaire
DvD's Gravatar Traiter les symptômes plutôt que les causes est le passe-temps préféré de nos pseudo-dirigeants. Cette occupation totalement vaine a, en effet, le grand avantage de faire croire qu'on fait quelque chose quand on ne fait rien du tout.

Il suffit de savoir lire : l'Ecole Nationale d'Administration forme des administrateurs.

Le problème n'est pas de se passer d'auditeurs (inspection des finances), de comptables (cour des comptes), de juristes (conseil d'état), etc..., dont on aura toujours besoin dans une certaine mesure. S'il y en a trop actuellement, il suffit de diminuer l'effectif des promotions.

Le problème est d'avoir des gens qui DIRIGENT. Des dirigeants. Des leaders. Des gens d'une stature exceptionnelle ayant une vision stratégique de la situation française, européenne, internationale ; une clarté de vues sur ce qu'il convient de faire à ces différents niveaux pour renouer avec la prospérité et la concorde sociale et diplomatique ; une capacité à traiter les causes et non pas uniquement les symptômes ; un charisme leur permettant, en parlant au coeur et à l'âme de la nation, de la convaincre de les suivre dans leur vision ; un leadership leur permettant, en déployant une diplomatie de la prospérité, de convaincre les autres nations de coopérer à leur vision ; une capacité opérationnelle à déplacer des montagnes.

Le problème de la France n'est pas la qualité des administrateurs. Le problème est le très faible niveau du personnel politique. Si certains d'entre eux / elles peuvent être des administrateurs corrects, aucun ne présente les qualités requises de DIRIGEANTS politiques. Loin s'en faut. Déficience qu'ils compensent par un sacré culot de se présenter devant le peuple dans un tel état de carence.

Il en va d'ailleurs souvent de même des énarques qui s'essayent à diriger des entreprises. La plupart d'entre eux / elles ne sont pas taillé(e)s pour le business et leur sens très livresque des affaires ne conduit pas souvent les entreprises concernées à la prospérité, plutôt l'inverse. On ne peut s'empêcher de penser ici aux propos de Marcel Bic dans sa première lettre à ses actionnaires en tant que société nouvellement cotée en 1973 : "La [...] base de notre affaire est de faire confiance à la responsabilité individuelle. Nous sommes férocement anti-technocratiques. [...]. La technocratie est le mal de notre époque ; partie du plus haut (E.N.A), elle gagne tous les échelons ; elle séduit particulièrement les français - cartésiens de nature - elle aboutit à une pléthore de gestionnaires, d'organisateurs, mais quand il s'agit de faire le "boulot" il n'y a plus personne. Cette technocratie entraîne un coût de production élevée et ce qui est plus grave, elle rend les gens moroses parce qu'ils s'ennuient dans leur travail sans initiative. Par la confiance donnée à l'ouvrier, à l'employé, au cadre, tout se trouve simplifié" (http://ca.bicworld.com/ca-fr/images/bicworld/pdfs/...).

Bien sûr, ce n'est pas un hasard si Bic est une des plus belles réussites industrielles de ces 40 dernières années ou si la France s'enlise toujours davantage dans les difficultés au cours de la même période : la qualité des dirigeants compte ! Elle compte même beaucoup.
# Posté par DvD | 04/09/16 16:20
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