Article de Jérôme Fourquet - Seconde partie 2000-2024
La période 2 000 – 2 011 va se révéler tragique pour le pays.
La crise boursière du début des années 2000 signe la mort des ambitions de Lionel Jospin, qui a fini par indisposer les électeurs. Il se voulait de la lignée des saints socialistes qui ont donné au peuple des droits nouveaux, Jaurés, Blum, Mitterrand et maintenant lui ! Il est balayé comme Jocrisse, trotskiste trop longtemps caché, borné et antipathique. Ceux qui l’ont connu au début des années soixante se souviennent de sa haine contre les bourgeois et surtout leurs héritiers, entre deux saluts à Krasucky ! Il finira dans un appartement bourgeois dans un hôtel particulier rive gauche, une maison à l’île de Ré et des régalades au restaurant du Dôme. Plus bourgeois, tu meurs. Et fort riche. Mais seulement avec de l’argent public. Un sale type envieux et cupide qui a lourdement aggravé la ruine de la France.
Chirac, qui préférait Jospin à tout autre, ne sait pas quoi faire de sa victoire facile contre le Pen. Il confirme son tropisme centriste et l’abandon de toute volonté particulière. Il reconstitue avec Villepin une doublette énarchienne à la tête de l’État. Il n’a plus de pouvoir monétaire. Les européistes poussent à adopter une constitution fédéraliste autour de ce qu’on appelle, à tort, une constitution que Giscard est chargé de rédiger. Le temps est à l’effacement des frontières, à l’extension des limites de l’Europe, à la liberté de circulations des hommes, des capitaux, des marchandises et des services. La spéculation financière internationale s’emballe. L’industrie française finit de sombrer. On cherche à tout prix à faire baisser le coût du travail. On met fin aux coups de pouce au Smic. On commence à envisager la défiscalisation et l’exonération de charges sociales sur les bas salaires. Surtout on voudrait permettre à la jeunesse de trouver du travail en créant un SMIC jeune, facilitant l’emploi des centaines de milliers d’adolescents laissés pour compte et commençant à entrer dans la spirale de la violence et de la drogue.
L’attentat contre les tours jumelles de New York marque un tournant. L’Oumma s’est donné un mouvement de conquête à partir du mouvement de Ben Laden enfant du conflit soviéto-afghan puis de Daesh. Le Moyen Orient devient critique ! L’Iran triomphe et arme les mouvements anti-israéliens.
La Chine devient l’usine du monde. Une entreprise qui n’est plus mondialement compétitive est bientôt morte. L’industrie française fond jusqu’à quasi disparaître.
Chirac devient le Grand Méchant Mou, et s’enfonce dans la dépression puis la maladie. Les conséquences des 35 heures, de la retraite à 60 ans, de la surfiscalité, des politiques restrictives de l’Euro, de la dénatalité, d’une immigration incontrôlée commencent à être tragiques. La France dégringole dans tous les classements.
La période est marquée par la passivité centriste. Chirac a théorisé la fragilité du pays. Il ne fait plus rien. « Facho Chirac » est devenu « le roi fainéant » !
Il ne remet rien en cause des stupidités jospiniennes. Juppé s’est grillé les doigts avec l’annonce d’un changement du système de retraite à la SNCF qui a provoqué la grève la plus longue qu’on ait connue dans la période moderne. On ne l’y prendra plus. Le RPR devenu UMP est devenu un parti invertébré, sans doctrine et noyé par le centrisme. On ne voit plus très bien les frontières avec le PS qui conserve son monopole sur les médias et l’Éducation Nationale.
La France sombre doucement sans rien dire et sans se fâcher. Les tares accumulées montrent leurs effets délétères sans que personne ne bouge. Il serait bien aventureux de voir dans la période le règne de l’état guichet. C’est surtout un état impuissant qui ne voit pas que se forme un prolétariat provincial qui ne survit de facto que par les allocations publiques. On se dirige vers les Gilets Jaunes et la France Périphérique angoissée et nerveuse.
La foudre tombe à Wall-Street. La crise majeure annoncée par notre « prix Nobel » d’économie national, Maurice Allais (et par nous-mêmes), étale ses effets à la mi-septembre 2008. Ils sont terrifiants. La France, économiquement désarmée, est anéantie financièrement et économiquement. Il faut déployer tous les mécanismes de survie. Trichet à la BCE résiste et crée artificiellement une sur-crise européenne en 2011. C’est la Bérézina. Sarkozy qui n’avait pas voulu entendre les avertissements portant sur la gravité de la crise à venir, trahit ses électeurs et fait venir une bande de socialistes au pouvoir pour préparer sa réélection. Il ne tient aucune de ses promesses sur l’ISF, les 35 heures et la retraite à 65 ans, mais promeut Kouchner !
Hollande est facilement élu avec un programme grotesque qui fait la part belle aux écologistes, à la fiscalité répressive, au sociétalisme. Tous les services publics s’effondrent. Les riches partent en courant. Les retraités qui le peuvent filent au Portugal pour fuir les impôts et la vie chère. Les attentats musulmans massacrent des centaines de Français. La délinquance triomphe. Le socle de l’énergie nucléaire est cassé et commence à sombrer. La loi SRU et le blocage des loyers montrent le retour de solutions dont tout le monde sait qu’elles sont contre-productives. La bureaucratie explose avec des textes de plus en plus coercitifs. Il y a tant de victimes à protéger, de « droits-de » à brider, de « droits-à » à distribuer !
Hollande, surnommé élégamment Bidochon, dévalorise la présidence française au-delà de toute limite. La droite, déconsidérée par Sarkozy et ses trahisons, n’en profite pas.
La place est libre pour un opportuniste. Emmanuel Macron est élu sur la double promesse de faire les réformes fiscales que Sarkozy n’a pas voulu faire et de revenir sur les excès socialistes et fiscaux de Hollande et du PS, travaillés par des dissidents gauchistes et l’émergence d’un parti Vert copié sur l’Allemagne et qui promeut une écologie anticapitaliste faisant la part principale aux revendications sociétalistes des minorités.
Inutile de revenir sur le bilan des sept années de sa présidence. Le déclassement est généralisé et aucune des causes du malheur français n’a été contrariée.
L’énarchie compassionnelle triomphe avec la nomination de deux énarques puis d’une femme fonctionnaire au poste de premier ministre. Il est considéré comme normal pour un haut fonctionnaire d’être président d’une société publique d’autobus et de métro puis chef de gouvernement. Ou de faire le chemin inverse.
L’action publique est cette fois-ci conforme au scénario de Jérôme Fourquet : un guichet ouvert, quoi qu’il en coûte. La tactique électorale d’Emmanuel macron est claire : pouvoir dire à chaque français « j’ai fait pour toi plus que quiconque avant moi ». Le clientélisme électoral devient sans limite. Il est aggravé par la crise sanitaire après l’affaire des Gilets jaunes et avant la guerre en Ukraine.
Les élites découvrent, tout d’un coup, l’état de la France « périphérique » et la montée de la pauvreté. Beaucoup en province survivent grâce aux allocations et aux activités soutenues par la dépense publique. On s’est beaucoup préoccupé des banlieues sans se rendre compte qu’une France tranquille était en train de sombrer dans la pauvreté.
Le pays découvre avec le Covid que ce qu’on leur présentait comme le système médical le meilleur du monde est totalement en déshérence. Les médecins y ont perdu le pouvoir au profit des dizaines de milliers de fonctionnaires. L’intenable gratuité a fini par ruiner le système. D’autant plus qu’on ouvre le guichet à des étrangers même en situation irrégulière. La « sécu » est une gabegie et en même temps un échec de plus en plus grave, l’accès aux soins de qualité devenant de plus en plus difficile.
La guerre en Ukraine montre la nullité militaire du pays qui n’a pu les moyens d’une guerre classique de forte intensité et s’est fait virer à coups de pied au derrière de l’Afrique. L’inflation prend à revers les banques centrales qui sont obligées de déclencher une récession pour éviter la perpétuation d’une inflation majeure.
Macron est en fait un impuissant qui ne survit que par la com’ et l’endettement massif. « Tu pues la mort » lui dira un manifestant énervé lors d’une opération image menée en province pour mettre fin aux casserolades. Du coup il constitutionnalise le droit à l’avortement et prépare un droit au suicide assisté par l’État…
Une fois de plus, regardons les causes majeures de la situation désastreuse où se trouve la France au terme de la période 2013-2023.
- La crise structurelle des deux systèmes de changes internationaux, les changes flottants et les dysfonctionnements de la monnaie unique sont centraux. On a jugulé les banques en multipliant les contraintes administratives et bureaucratiques et en réduisant les libertés. Mais les tares sont toujours là.
- L’Europe a ajouté une couche supplémentaire de réglementation notamment en faisant la promotion du malthusianisme écologique. La France a voulu surajouter sa propre bureaucratie. Les lois Wargon doivent être systématiquement déconstruites pour avancer.
- Le niveau de vie relatif des Français a décroché.
- Il n’y a plus d’enfants dans un pays vieilli.
- L’insécurité est devenue incontrôlable aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur.
- Il n’y a plus de majorité de gouvernement et la montée des extrêmes bat tous les records. Ils détiennent plus de la moitié des votes du corps électoral.
La responsabilité personnelle d’Emmanuel Macron est directement engagée. Fourquet ne le dit pas expressément, alors que la politique du guichet, c’est largement lui qui l’a portée aux niveaux insensés actuels, notamment l’année précédant sa réélection aux présidentielles avec près de 75 milliards de cadeaux au peuple.
Soyons clairs : en ne mettant pas en avant les vraies causes du désastre et en refusant de désigner clairement des coupables, l’article de Fourquet est finalement parfaitement creux. S’il n’y a pas de causes ni de responsables, il n’y a pas de solutions. L’article ne propose aucune mesure, sinon de mettre fin à une politique de guichet dont il ne voit pas pourquoi elle a été mise en œuvre ni par qui, spécifiquement.
La déchéance française est tellement avancée, l’impuissance de l’État français est tellement majeure, avec des pouvoirs néfastes tellement difficiles à vaincre et installés dans des sinécures abusives tellement difficiles à prendre, et les forces extérieures sont tellement contraignantes, qu’il est difficile d’envisager un plan de redressement acceptable pour un pays saccagé par tant d’années d’impéritie et qui flirte maintenant avec le tiers-monde.
Trois récessions mondiales majeures et trois autres moins graves, des dizaines d’années de socialisme débridé, la menace des écologistes anticapitalistes et de l’extrême gauche, l’envahissement islamique, la perte de souveraineté en Europe, la déconfiture des services publics alors que l’énarchie compassionnelle a pris le pouvoir politique et renoncé à sa vocation première, la dénatalité, relayée par le Wokisme, voilà les causes de notre effondrement. La France a des ennemis faciles à désigner et des mesures à prendre pour éviter qu’ils ne lui nuisent. Cela suppose des inculpations précises, une vision claire des causes et un plan d’action sans faiblesse.
L’article de Jérôme Fourquet ne prépare rien de tout cela. Il ne s’agit plus d’être faussement neutre et de disculper tout le monde en inculpant une mauvaise habitude qui arrange tout le monde. Mais de comprendre que le pire est à venir si nous ne réagissons pas. En dénonçant une France à bout de souffle l’article donne certes un peu d’air à ceux qui depuis des lustres avertissent dans le désert. Mais il faut aller beaucoup plus loin.
Le désastre a des causes. C’est sur elles qu’il faut agir.
Il n’est que temps ! L’écroulement guette.
Didier Dufau, pour le Cercle des économistes e-toile.
Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef, aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants, explications sur le retard français, analyses de la langueur de l'Europe, réalités de la mondialisation, les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable. Association loi 1901 |
Ai-je tort de penser que la France a pris de plein fouet un boulet venant de l'extérieur si puissant qu'il a fracassé ses murailles et que les gouvernements sont désormais sur la défensive, tâchant de faire face plus ou moins intelligemment et redoutant les réactions sociales ? La France est en partie cassée et pétocharde.
Il est également visible que les chocs ont permis à des forces destructives de prendre le pouvoir à contretemps et d'aggraver les choses. Le programme commun de gouvernement était une grave ânerie. La ruine du pays par la fiscalité n'était pas nécessaire. L'écologie autodestructrice a pris une place déraisonnable.
La question européenne est plus complexe encore ? Les élites françaises ont considéré comme primordial de noyer la France dans l'ensemble européen fut-ce à son détriment. Quel débouché réellement décisif à court terme et profitable à la France ? Elles ont accepté l'effondrement de la natalité en promouvant l'immigration de masse. Nous en voyons les résultats délétères.
Un petit malin a réussi à prendre le pouvoir qui règne sans gouverner et ne gère que lui-même. La com' et l'achat de vote (le guichet, c'est lui !) sont devenus ses moyens de survie avec des résultats collectifs déplorables.
On va certes s'en débarrasser assez rapidement, mais qui sera capable d'une part d'agir sur les dysfonctionnements internationaux et d'autre part de tenir à distances les idéologies délétères ?
Où sera la France si le déclassement ahurissant subi dans les 20 dernières années continue encore 20 ans ? Mais comment et avec qui peut-on contrarier le mouvement ?
Soit l’estimation du déficit public du PIB en 2027 par le FMI contre 2,9% pour la prévision du gouvernement.
La similitude est frappante.
D'abord sur l'idée qu'il y aurait un "système" mis en place par Dieu sait qui, dans des conditions mystérieuses, qui s'imposerait aux dirigeants français et les ferait déraper. A gauche ce serait un néolibéralisme imposé par Reagan-le-clown et Thatcher la salope. A droite l'Union Européenne depuis Maastricht est un modèle de consommation administrée sans production nationale aboutissant à des dettes et des impôts astronomiques. C'est la thèse reprise par Jérôme Fourquet.
Me trompè-je en résumant les deux réactions de Didier Dufau à 13 ans d'intervalle en ces termes :
- Dans les deux cas on oublie les vraies causes. Ce sont les récessions à répétition déclenchées par les défauts du système de changes flottants qui sont le moteur des dégâts économiques qui ont cassé la croissance et la bonne santé des échanges. N'allons pas chercher midi à quatorze heures et dans une idéologie supposée. C'est un choix désastreux imposé au monde par les Etats-Unis auquel l'Europe a réagi par un second désastre l'Euro qui accentue les désordres. Preuve : la récession mondiale majeure de 2008 et celle spécifique de la zone euro en 2011. .
- Les récessions ont été gérée en France par une "Énarchie compassionnelle" qui ne sait que taxer, réglementer et subventionner et qui a envoyé la France au firmament de la dette et des prélèvements, avec une bureaucratie réglementaire étouffante.
La solution est simple : revenez à un système monétaire mondial ne permettant plus grands déficits et grands excédents et corriger l'Eurosystème en taxant les pays trop excédentaires, les grandes récessions ne seront plus possible ; En France séparez la haute fonction publique et la direction politique du pays pour échapper aux solutions administratives abusives.
L'ennui, ce que le système universitaire économique est dominé par les Etats-Unis (pas de carrière d'économiste en France, en Europe et dans le monde sans soumission). Donc ne jamais parler des changes flottants. Sujet tabou et un peu trop technique pour les médias. L’Énarchie elle est tout aussi tabou. La prochaine élection présidentielle verra encore le combat de deux Énarques, Wauquiez et Philippe, qui l'emporteront facilement sur les petits excités des partis "populistes" de gauche, de droite et d'ailleurs.
L'Europe a pour vocation de sombrer et la France de sombrer encore plus vite tant qu'on reste dans ce schéma.
Cette analyse est portée depuis 25 ans par le Cercle des économistes e-toile, dans le silence invincible du système médiatique.
Ais-je mal compris ?
On aurait pu penser après la crise de 2008, mondiale, et celle de 2011, propre à la zone euro, que les sujets monétaires deviendraient critiques et au cœur des calendriers diplomatiques.
On a préféré cadenasser les banques avec une réglementation pléthorique, délirante et inefficace. On a fait venir Draghi à la BCE pour lâcher la création monétaire interdite par les traités, "quoi qu'il en coûte". Le néolibéralisme libertaire allégué est devenu la bureaucratie tatillonne. .
l'ordo-économie à l'allemande est devenue une gabegie à la française.
Tout sauf s'attaquer aux causes qui demeurent depuis 50 ans avec les mêmes séquences des mêmes scénarios.
L'Allemagne bénéficie d'un cours de change trop bas et accumule les excédents sur ses voisins européens et sur les États-Unis qui se rebiffent. Ils ont besoin du débouché de la Chine qu'elle peut envahir de produits techniques à cause de son change. La Chine accumule des excédents indécents et en profite pour ruiner l'économie française.
Et on affirme : il faut cesser d'être naïfs.
Mais non ! Il faut revenir à un système monétaire international organisé où les grands déficits et les grands excédents sont proscrits. Puisqu'en Europe on ne peut plus rectifier les changes en interne, il faut taxer les grands excédents.
Là on s'attaquerait au nœuds gordiens.
On préfère les approximations vertueuses d'un sondeur.
Toute une époque.
Merci encore du rappel !