Rencontres économiques d’Aix en Provence : une certaine pusillanimité.
Les rencontres économiques d’Aix-en-Provence sont une initiative sympathique qui doit être encouragée. La difficulté est dans le choix de la programmation : faut-il chercher le consensuel sans aspérité ou attaquer les vraies difficultés à la racine ? La volonté d’institutionnalisation de l’évènement pousse à la première approche. Les nécessités intellectuelles de l’expertise plutôt à l’autre.
Quelles sont les grandes questions économiques de l’époque ?
Incontestablement, la baisse tendancielle de la croissance depuis 1971 est le défi principal, avec ses deux compagnons, un endettement croissant et des crises périodiques de plus en plus graves.
La réorganisation de la zone Euro est l’autre question de fond qui demande des idées neuves et précises.
La méthode d’élimination des conséquences de l’explosion de 2008 est l’énigme à court terme, avec ses excès de dettes et d’impôts.
Il aurait été courageux de s’attaquer à au moins un de ces thèmes. Au lieu de cela, un thème étrange a été choisi : « qu’attend-on d’un pays ?» avec une traduction anglaise qui ne correspond pas « What is a nation for ? ».
On sent qu’il a fallu éviter le titre naturel : que peut faire un Etat national dans une ordo-économie ouverte et fondée sur des règles micro économiques quand rien ne va et que les régulateurs des marchés, comme les banques centrales, sont impuissantes ?
La réponse serait naturellement : tenter de changer le cadre institutionnel international fautif, ce qui implique de lourdes remises en cause intellectuelles et un gros problème diplomatique.
Au lieu de cela, on laisse croire que le cadre est bon et qu’il faut s’adapter, c’est à dire que les acteurs économiques d’un « pays » doivent accepter de « s’améliorer » individuellement, en « faisant des efforts ». Cela va de pire en pire, mais ce n’est pas grave : adaptons-nous de plus en plus.
Le thème induit la litanie des suggestions finales, toutes parfaitement vaines mais consensuelles :
A l’échelle du monde
- 1. Faire émerger de nouvelles formes de coopération mondiale associant négociations entre Etats et acteurs de la société civile
Puisque les « acteurs de la société civile » sont les seuls vecteurs sollicités, il est normal qu’on les associe. Pour faire quoi ? Bof !
- Créer une autorité internationale de protection et de sécurité des données personnelles
Créer un nouvel organe de régulation des marchés, est dans l’esprit général. Des individus mondialisés en compétition dans le cadre de règles. L’ordo-libéralisme est bien à l’ordre du jour.
A l’échelle de l’Europe
- Insister fermement pour que les négociations avec le Royaume-Uni s’entament rapidement et avoir pour objectifs le maintien de la cohésion de l’Union et l’ancrage des Britanniques au continent
C’est çà : soyons ferme et gentils. Les bisounours avec nous.
- Entériner le principe d’une Europe à plusieurs vitesses et réserver des politiques de plus forte intégration, notamment le policy mix, à un noyau dur représenté par la zone euro
Plus d’Europe est nécessaire puisque l’Europe ne marche pas.
- Relancer l’Union européenne autour de 4 axes : fiscalité, gestion des frontières, innovation, défense
Plus d’Europe est nécessaire puisque l’Europe ne marche pas.
- Créer un espace culturel européen à travers la mobilité
Chouette ! On est sauvé.
Plus de banalité, on ne peut pas. Dans le consensuel mou européen, dispensateur de places, et de subsides européens, on atteint une forme de perfection.
A l’échelle de la France
- Donner la priorité absolue à l’éducation et la formation
Ce ne serait donc pas le cas ?
- Faire de la politique du logement un vecteur d’intégration et de lutte contre les inégalités
Nous avons le taux de prélèvement et de dépense le plus lourd du monde.
- Mettre en place une fiscalité favorisant l’épargne longue et l’initiative entrepreneuriale
Nous sommes recordman du monde des prélèvements sur l’entreprise et le capital et le revenus du capital. Il ne s’agit pas de « favoriser » mais d’empêcher l’effondrement.
- Lancer les bases d’une « société de la seconde chance »
Bla bla bla pour faire social et se faire pardonner le point précédent.
- Créer un contrat de travail unique, équilibré, à droit progressif
Y a pu ka.
- Instaurer l’obligation d’évaluer toutes politiques publiques et d’instaurer un débat public sur les résultats
Bla bla bla. Le rôle des économistes est déjà d’évaluer les résultats économiques et les causes de leur faiblesse. Pas d’obtenir des places dans des comités d’évaluations des politiques publiques ;
Au total, ce tissu de banalités conformistes n’apporte strictement rien.
Dommage. Suggérons aux organisateurs de prendre un peu plus de risques intellectuels lors de la prochaine édition.
Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef, aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants, explications sur le retard français, analyses de la langueur de l'Europe, réalités de la mondialisation, les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable. Association loi 1901 |
Soyons sérieux, elles en sont les premières perturbatrices.
Un marché est par nature équilibré et fonctionne s'il parvient à dégager un prix.
Que le résultat du jeu naturel du marché ne plaise pas à des dirigeants constructivistes, c'est une autre histoire.
Qu'à chaque mesure de ces dirigeants pour essayer de contrôler le marché, ses effets soient encore plus éloignés que ce qu'ils recherchent est une évidence.
Murray Rothbard, peut-être le plus grand économistes du 20 ième siècle avec Von Mises, a démontré que les crises et les cycles économiques sont dues aux banques centrales.
Dire qu'un marché ne peut pas s'auto réguler, alors que le marché est une interaction libre entre individu revient à affirmer que l'être humain n'est pas rationnel, à part bien sûr quelques êtres humains supérieurs que sont les fonctionnaires et les hommes politiques.
Philosophie détestable de l'aristocratie théorisée par Platon, et absurde, comme à peu près tout ce qu'a pondu Platon, père de tous les dictateurs modernes.
Il en existe une infinité mais les deux principales sont depuis 1918 soit un système de convertibilité avec changes flexibles, soit un système de convertibilité avec changes fixes mais ajustables, ce dernier système pouvant être soit un système à étalon national soit un système à étalon non national. Rien à faire. On ne peut pas passer outre. Sinon naturellement créer une instance de gestion multi-étatique de monnaie unique, comme l'Euro. Dans tous les cas, la question de l'organisation et des règles du jeu sont fondamentales. On ne peut pas y échapper.
Depuis la guerre de 14-18, on essaie en vain de définir le meilleur système de gestion de fiat moneys multiples. Cette question n'est pas réglée. Les changes flottants ont montré leur nocivité. Les changes fixes basées sur une fiat money nationale (le gold exchange standard basé sur le dollar par exemple) ne sont pas durables. La question reste donc ouverte et elle est capitale. Même pour un libéral. Surtout pour un libéral.
Les individus ne sont pas idiots, et ce n'est pas l'état qui a inventé la monnaie (l'état n'a jamais rien inventé, une idée collective, cela n'existe pas).
L'or, par exemple, ou le bitcoin, plus récemment, son des conventions assez universelles de base monétaires entre individus sans intervention étatique (mais il y en a eu d'autres, le sel, les coquillages, etc ...).
Ce n'est pas un état qui a inventé la monnaie métallique.
C'est par contre les états qui cherchent à ruser et à modifier constamment la valeur de la monnaie.
Le commerce n'a pas attendu les états pour ce faire, la monnaie n'a pas attendu les états pour remplacer le troc.
Vous êtes aveuglé par votre étatisme (qui frôle le constructivisme en ce qui concerne la monnaie), c'est votre idée d'un état certificateur qui est a historique.
L'état a commencé à devenir un faux monnayeur à grande échelle avec Philippe le Bel, avant, il y avait déjà du commerce et de la monnaie ...
Sans Police ni Justice certifiée et organisée par l'état, on ne peut avoir de Justice ni de police ?
Sans organes de surveillance certifiés par l'état, on ne peut avoir de biens de qualité ?
Soyons sérieux, vous attribuez une nécessité à l'état comme on en a attribué une aux Rois de France sous l'ancien régime.
Ce qui certifie la qualité d'une monnaie, c'est la concurrence des producteurs (cf la liberté de choix, de milton Friedman).
Pour vous, sans gestion étatique ou multi étatique de la monnaie, point de salut, alors que c'est justement avec cela qu'il n'y a point de salut.
"les changes flottants ont montré leur nocivité" oui, car ils ne sont pas flottants naturellement, mais manipulés par les états, d'où leur nocivité ...
Un libéral se soucie peu d'une monnaie nationale ou internationale, change fixes ou flottants, ce n'est pas la le problème, il est dans la non liberté des échanges et des fixations de prix par le libre marché, de la monnaie surtout, mère de tous les prix.
Les positions doctrinales peuvent être jugées et défendues à l'envi.
En revanche l'histoire est l'histoire. En matière monétaire, elle n'est pas douteuse. La monnaie n'est pas née historiquement du commerce. Sans vouloir pousser trop loin l'expression, elle est le fruit des rapports tumultueux du sabre et du goupillon. La monnaie nait dans les temples de la volonté du prince. Elle concerne d'abord la prostituée et le soldat. Une forme de petit commerce, certes mais pas les grandes forces commerciales. Les phéniciens attendront 300 ans avant d'utiliser la monnaie et c'était les grands commerçants de l'époque. Les Spartiates considéraient la monnaie comme "un truc d'Athénien", pour ne pas employer une expression plus triviale. Les Romains ont ravagé les montagnes espagnoles pour financer leur armée, pas pour faire du commerce. Et pour les grands romains, la monnaie est une perversion. Seule la production agricole compte; "la terre ne ment pas", les Grecs si. Etc.
La naissance de l'économie politique est justement le début des analyses qui détachent la monnaie du régalien militaire et des artifices associés. Le passage aux Fiat Moneys pose un redoutable problème d'organisation. En gros on essaie de trouver la martingale depuis 1918. On n'est pas encore au bout de cette réflexion.
Le Bitcoin n'est pas la monnaie des commerçants mais des fraudeurs et des délinquants.
L'utilisation de l'ambre, de coquillages, est démontrée par les recherches archéologiques pour faciliter le troc, c'est un fait.
L'état n'existait pas, et on utilisait déjà une monnaie marchandise pour faciliter les échanges (cad le commerce).
Il suffit d'aller sur wikipedia pour comprendre que c'est votre présupposé qui n'est pas tenable ...
Quand à votre remarque sur le Bitcoin, elle est indigne de ce que vous voulez représenter comme "science".
Quoi ? une monnaie non contrôlé par l'état ???
C'est une monstruosité, comme l'or pour Keynes !!
Curieusement, tous les états dictateurs veulent interdire le Bitcoin (la Chine, la Russie, etc ...), c'st parce qu'ils luttent contre la délinquance ???
soyons sérieux...
Le délinquant, pour vous, est donc quelqu'un qui veut vivre sans passer par les fourches caudines d'un fonctionnaire ???
L'état n'est pas la solution, c'est l'état le problème, disait Reagan qui lui, comme Thatcher a infléchi la courbe de croissance de 1971 ...
Le troc n'était pas l'état préexistant à l'économie monétaire. L'essentiel des flux étaient gérés par attribution et contraintes. Les ressources centralisées l'étaient dans des temples ou leur dépendance ou leurs équivalents (pensez aux "trésors" de Delphes ou de Delos.
Les rois lyciens qui ont créé la monnaie au 7ème sc. av. JC. ne l'ont pas fait pour des motifs marchands. Ils l'ont employé très vite pour financer des armées, le plus souvent à leur détriment.
- Nous n'avons strictement rien contre le Bitcoin. La technique des fichiers répartis sans autorité de confiance est fort intéressante et peut sans doute s'employer dans bien des secteurs. Son emploi comme moyen de gestion d'une entité monétaire de plein exercice poserait des difficultés (autres que le risque avéré de vol de masse) s'il atteignait des volumes importants et s'affranchissait des règles légales, fiscales et monétaires usuelles. Ce qui n'est pas le cas actuellement où il n'intéresse que des amoureux de la pure spéculation (souvent Russes et chinois) et les personnes décidées à effectuer des transactions illégales.
Tout cela est factuel et ne porte en soi aucun jugement de valeur.