Quand Le Monde prend un bon virage
Jusqu’au livre de Péan, le Monde s’essayait à fixer le bien-penser à gauche. Cet exercice lui donnait cet air sérieux qui le démarquait des autres quotidiens qui servaient certes une clientèle mais qui pensaient que, plus que le prêche, la nouvelle et une certaine légèreté étaient le propre de la presse quotidienne. Cette pose était souvent comique, comme tout ce qui est forcé. Le rire nait, dit le philosophe, lorsqu’on plaque du sérieux sur du vivant. « Quand je veux rire, je lis le Monde »disait un homme politique qui n’avait pas pour Hubert Beuve-Méry la révérence nécessaire.
Les acrobaties d’Edwy Plenel ont fait perdre au Monde cette stature de commandeur de la gauche. L’odieux l’avait emporté sur le risible ce qui rendait le journal vulnérable. La flèche de Péan frappa.
La tentation de guider fermement le peuple de gauche n’a pas totalement disparu. Le garde rose, comme le taliban, a besoin de savoir sur qui taper et pourquoi il tape. C’est que la cause évolue sans cesse sous la pression des réalités et de la simple morale.
Jean François Revel avait merveilleusement décrit les contorsions rendues nécessaires par la chute de l’empire soviétique, après tant de soutien à toutes les révolutions provoquées par ce régime criminel. La Grande Parade, au sens de parer un coup, est un livre à lire tous les jours. .
Comment garder son rôle de phare moral lorsqu’on a soutenu tous les régimes criminels de la terre pourvu qu’ils soient socialistes ? Cela demande du doigté dans le revirement.
Il y a peu, nous avons eu droit à l’immense hommage à Simon Leys, l’auteur de l‘indispensable « Les habits neufs du Président Mao ». Quand on se souvient de la manière dont ce malheureux avait été traité dans le Monde ! Un véritable pestiféré ! Il aura fallu attendre 40 ans, mais le Monde a fini par reconnaître qu’il avait raison et que c’était un grand homme. Patrice de Beer, qui considérait que la déportation des habitants de la capitale cambodgienne était une idée formidable, alors que c’était le premier acte d’un génocide, s’était égosillé dans le journal pendant des mois pour expliquer le formidable élan démocratique que représentaient les Khmers rouges. Jean Lacouture avait menti honteusement pendant toute cette période, expliquant qu’il n’y avait pas un seul soldat vietnamien dans le camp des opposants communistes au régime de Phnom Penh. Alors que tout le monde savait que les Khmers rouges étaient considérés comme une clientèle par le Vietnam et que le retournement aura lieu lorsqu’ils feront montre d’indépendance. Le Vietnam liquidera les Khmers en quelques jours ! Ils avaient intérêt à criminaliser les Khmers rouges. On a su alors l’ampleur du génocide. Sinon, grâce aux journalistes partisans, tous les crimes auraient été niés, minimisés et évacués de mille façons.
L’affaire des Farc est tout aussi intéressante. Accusé les Farc était impossible dans les années 90 : c’était des Dieux vivants chargés de mettre à bas « l’oligarchie » bourgeoise et pro américaine qui aliénait le « malheureux peuple colombien ». Ces derniers étaient certes élus de la façon la plus démocratique. Mais un torchon démocratique n’est pas une serviette révolutionnaire socialiste ! Les Farc défilaient à Paris le premiers mai avec la CGT. La RATP, via son comité d’entreprise, fournissait aux Farc les bus réformés. Gare à qui dirait que les glorieux guérilleros étaient d’infâmes criminels tuant, violant, volant, trafiquant sans vergogne , en utilisant le rapt comme moyen de financement habituel, et l’engagement des enfants dans ses rangs un moyen de recrutement prisé. Les Farc étaient pilotés par Reyes, un cadre communiste formé en Allemagne de l’Est, en liaison directe avec Moscou, même si la liaison quotidienne passait par Castro.
Il était impossible de critiquer les Farc sans qu’un tombereau d’injures vous tombe sur le dos. Seul un vil fasciste pouvait croire que les Farc n’étaient pas l’incarnation d’un mouvement de libération sociale formidable dont la victoire serait un triomphe de la démocratie.
Pour avoir recopiée l’histoire parue dans un journal en langue espagnole d’un petit Armando qui avait été massacré devant sa mère et son père lors d’une opération de « recrutement » dans les campagnes, dans des conditions horribles (un glorieux révolutionnaire conscientisé avait pris le bébé par les pieds et fracassé sa tête sur le chambranle de la porte d’entrée, en guise de salut révolutionnaire propriatoire), un flot ininterrompue d’injures emplit soudain le forum du Monde. L’histoire était horrible et vraie. Le second fils de la famille s’était caché à l’arrivée des barbus. Pour le faire sortir, ils commencèrent à violer la mère. A tour de rôle. L’enfant se rendit. La mère se suicida. Le père tua ses quelques bêtes et mit le feu à sa ferme. Il partit oublier dans les banlieues de Bogota. Plusieurs dizaines de milliers de paysans ayant connu ce genre d’histoire l’y attendaient, sans que jamais un journal français n’y ait fait jamais la moindre allusion.
Puis il y eut l’affaire Bettancourt. L’opinion ne pouvait pas être tenue en dehors de toute information. Les crimes des Farc devenaient compromettants. La presse de gauche ne pouvait plus se contenter d’affirmer que tous les grands crimes étaient commis par les « fascistes » élus démocratiquement à la tête de la Colombie. Les agents d’influence en Espagne et en Suisse commençaient à être inquiétés. Il fallut quelques années mais un beau jour Pagès au Canard Enchainé lança le mouvement : « la faucille et le narco ». Les Farc n’étaient plus de gentils guérilleros mais des trafiquants sans scrupules. Indéfendables. Le lendemain, le Monde, Le Figaro, le Soir en Belgique, publiaient des articles vengeurs ! C’était des « guérilleros en peau de lapin ».
Défendre les Farc devenait hautement criminel. Le retournement fut brutal. Un incident le montra bien. Une femme avait été kidnappée dans la banlieue de Bogota. On lui avait soudé un collier explosif autour du cou. Devant le tollé général les kidnappeurs décidèrent de faire sauter le collier et de penser à autre chose. Wikipedia imputa l’évènement aux Farc. Le Monde, qui n’avait pas annoncé ce crime immonde, passa le démenti des Farc. Il avait raison. L’enquête objective de la justice colombienne découvrit les auteurs : les voisins d’en face, qui s’étaient lancés dans le racket en pensant que cela serait mis sur le dos des habituels commanditaires de ce genre de crimes. Il fut impossible de corriger Wikipedia de cette erreur. Les veilleurs de gauche l’empêchèrent !
De la même façon, Mmes Coencas et Chipaux, deux journalistes chargées au Monde de la propagande des mouvements révolutionnaires, durent mettre un sérieux bémol à leur désinformation.
Le Monde avait définitivement viré sa cuti sur les glorieux révolutionnaires rouges. On ne risquait plus de désespérer Billancourt : il n’y avait plus d’ouvriers.
Restait l’économie. Quiconque expliquait en cette fin de 20ème siècle sur le forum du Monde que l’Etat était obèse, l’impôt excessif, la politique de Jospin étouffante, la dépense publique d’un niveau absurde, était un fasciste et un néolibéral abject. Le Monde veillait à ce que les bonnes idées triomphent. Jusqu’à ce que Hollande fasse son virage néolibéral vers la politique de l’offre et le social-libéralisme.
C’est Arnaud Leparmentier qui par un article en première page, conclu en dernière, , qui s’est collé au travail d’aggiornamento (« la France est une Grèce qui s’ignore » - Livraison datée du jeudi 9 avril 2015).
« Nous devons des précisions aux lecteurs », indique l’auteur. Il aurait pu aussi bien dire : nous devons la vérité aux lecteurs. Ce devoir de vérité est ce qui distingue la presse de gauche vraiment de gauche de vils partisans.
« Depuis 90 la croissance de la Grèce a été supérieure à celle de la France » et nous, Français trop prompts à nous glorifier de notre néant, « nous sommes plus nombreux à nous partager un maigre gâteau ». On part de 90 pour épargner le double septennat mitterrandien, soutenu par Le Monde, qui est largement responsable des résultats constatés.
Le Monde rejoindrait-il le clan des « déclinistes » ?
« L’avantage de tels rapports (celui de l’OCDE de mars 2015) c’est qu’ils permettent d’établir des séries longues, de sortir des querelles d’héritages « droite-gauche » et de s’extirper du « on fait dire n’importe quoi aux statistiques », gri-gri bien commode pour nier une vérité dérangeante ».
Tous les lecteurs de ce blog savent que nous défendons inlassablement les séries longues et le développement de l’infographie dans la Presse, que nous considérons les divisions droite-gauche comme de peu d’importance explicative pour l’économie et que les statistiques, si elles doivent être bien interprétées, chantent des vraies chansons qu’il est malsain de ne pas écouter.
Bravo Le Monde !
Mais on se rappellera tout de même que celui qui disait tout cela en 97-98, sur le forum du Monde, était aussitôt vilipendé (il faudrait des pages entières pour recenser les injures, d’adeptes de Reagan-le-Clown et de Thatcher-la-salope, à fasciste néolibéral invétéré).
« Quelle est la définition d’un fasciste ? » disait l’un : « c’est quelqu’un qui ne croit pas à la distinction droite-gauche », répondait l’autre. L’économiste était nécessairement un faux prêtre de droite, nécessairement de droite, exploitant honteusement des statistiques truquées pour tromper le peuple. Ne disait-il pas avec les économistes classiques que si on charge les salaires le chômage monte ! Intolérable.
« Ce pays étouffe sous l’impôt et la dépense publique ». Oui , oui, c’est bien cela ! Sauf que qui ne criait pas « Vive l’impôt » était précédemment un être vil et asocial.
« Il faudra opérer une réduction dont Valls-Hollande n’osent pas parler pour l’instant ». Ce « pour l’instant » est miraculeux. Le bon chemin est tracé. Il suffira simplement de faire passer le message aux troupes à qui on affirme l’inverse depuis des décennies. Lors qu’on écrivait EXACTEMENT LA MEME CHOSE en 97,98, alors que DSK et Jospin faisaient et disaient EXACTEMENT L’INVERSE, vous initiez une émeute sur le forum du Monde.
Nous citions alors les efforts faits par toute une série de pays pour réduire la dépense publique de plusieurs points de PIB. C’était l’époque où Lionel Jospin tentait de ridiculiser Tony Blair et faisait rire à son détriment dans les instances socialistes européennes. On cite désormais les efforts réussis des autres dans un article du Monde cité. Dix sept ans après !
« La direction est bonne et le ton juste depuis que Valls Macron ont mis fin aux erreurs du début de mandat ». Il y avait donc des erreurs ?
La question est de savoir si les réformes représenteront seulement 1%, 10% ou un tiers du chemin nécessaire.
« La question est décisive » affirme l’éditorialiste. Elle l’était depuis longtemps et tout a été aggravé sans que le Monde ne s’en offusque. Mieux vaut une prise de conscience tardive que pas de prise de conscience du tout.
« La France risque de devenir une grande Grèce à force de diverger ». C’est bien vrai, çà !
Le Monde a enfin viré sa cuti économique, après sa cuti révolutionnariste. C’est bien, c’est très bien ! Un peu tardif mais très recommandable tout de même.
Bientôt le fasciste attardé sera celui qui ne croit pas aux nécessités du redressement économique, à la limitation des dépenses publiques, aux avantages catégoriels déments. D’ailleurs le mouvement est en cours : Marine Le Pen a repris le discours de gauche traditionnel !
Il est intéressant de noter que le terme de néolibéral a été évacué opportunément du journal.
On a évidemment de la tristesse pour la masse des suiveurs de gauche qui se trouvent brusquement pris totalement à revers de leurs anciennes haines et vomissements. Le Monde les aurait-il trahis ?
Mais non ! C’est sur tous les sujets que la gauche , depuis 60 ans, est obligée à tous les reniements, à tous les virages à 180%. Elle était contre la décolonisation et nous eûmes Guy la Tomate, contre le pouvoir personnel d’un général adepte du pouvoir personnel et du coup d’état permanent. Les institutions furent entièrement validées par F. Mitterrand qui ne s’écarta pas plus de sa diplomatie. C’est la gauche delorienne qui amorça, bien plus que les anglo-saxons, la dérégulation financière générale et promut la liberté des mouvements d’hommes, de marchandises et de capitaux. La chute du mur révéla l’énormité du mensonge soviétique repris par la presse en France. Pierre George, qui sévissait au Monde, expliquait naguère que la RDA était « au niveau des meilleurs ». Il fallut constater qu’aucune de ses entreprises ne pouvaient survivre dans la compétition et que la pollution était effroyable, la qualité des produits misérables, les équipements toujours au niveau de ce que les nazis puis les soviétiques avaient volé un peu partout.
Alors plaignons le garde-rose dans ses certitudes à géométrie variable et dans sa chasse au fasciste protéiforme.
Et réjouissons-nous que Le Monde rejoigne le monde des observateurs pour qui la vérité l’emporte sur les nécessités de l’idéologie.
Les infographies du Monde sont constamment meilleures. Les articles économiques de mieux en mieux fondés. L’ARTICLE RECENT SUR L’IMMOBILIER ETAIT MIEUX QUE BIEN : ABSOLUMENT EXCELLENT. Espérons qu’il s’agit d’un mouvement de fond et pas seulement une virevolte opportuniste nécessaire à la réélection de François Hollande.
Nous, ici, on aime bien Le Monde, quand il regarde le monde avec des yeux ouverts sur la réalité. Pas quand il essaie de fixer le bien-penser d’un « peuple de gauche » mythique et le plus souvent mystifié par les politiques qui parlent en son nom. Et nous trouvons « dulcis et decorum »qu’il reprenne par la plume d’Arnaud Leparmentier tout ce que nous écrivons depuis 20 ans un peu partout et depuis 8 ans sur ce blog !
Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.
Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef, aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants, explications sur le retard français, analyses de la langueur de l'Europe, réalités de la mondialisation, les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable. Association loi 1901 |
Bien sûr, ce n'est pas humainement possible de s'intéresser de cette façon exigeante à tous les sujets qui font partie de notre réalité humaine. Pour ma part, je suis totalement ignorant, parmi d'innombrables sujets, des questions climatiques (qui ne sont probablement ni "de gauche" ni "de droite") et ce n'est pas clair pour moi comment les intégrer dans des représentations à long terme de l'économie (comme une charge de dépréciation d'un actif non reproductible ? Pour quel montant et sur quelle durée ? Imputable à qui : ménages, entreprises, état, et dans quelles proportions ? Seulement pour la part des variations climatiques imputables à l'activité humaine ou aussi pour la part résultant des cycles planétaires et solaires de long terme et comment distinguer les deux ? Etc, etc). Et si je décidais de prendre le temps de m'y intéresser, le cercle des économistes e-toile ne serait probablement pas la première source que j'irais consulter, soit dit sans offense. Peut être iseorce pourrait il nous livrer les éléments essentiels issus de sa réflexion personnelle (c'est a dire celle qui n'est ni "de gauche" ni "de droite") sur ce sujet il est vrai très important.
Pour ce qui est de ce blog, le nombre d'articles au fil des ans et leur substance démontre, me semble-t-il, une certaine passion et une certaine persévérance à comprendre et expliquer les mécanismes économiques et monétaires tels qu'ils se constatent. Les idées exposées sont susceptibles d'améliorer l'emploi en France. Pour le savoir, il faudrait essayer de les appliquer. Ce qui n'empêche nullement de ne pas être d'accord et de l'exprimer le cas échéant dans la section "commentaires". Il n'est pas totalement inconvenant que les commentaires soient en rapport avec le sujet traité, qui est ici l'évolution au fil du temps de la position éditoriale du journal Le Monde s'agissant des mouvements politiques révolutionnaires et des raisons susceptibles d'expliquer les médiocres performances de l'économie française, pas l'évolution climatique.
Il vous semble qu'il n'y a pas à être, ni de gauche ni de droite. Je ne sais pas comment vous considérez l'histoire des luttes sociales. Elles ne seraient ni de gauche ni de droite… Soit les représentations sont figées. Trouvons en d’autres. Les luttes sociales sont une réalité et une réalité à travailler, à approfondir et regarder bien en face car les citoyens n'ont aucune envie de se soumettre aux seules dimensions des ‘mécanismes économiques et monétaires’ dont je suppose qu’ils excluent les souffrances humaines, la sociologie, la psychologie….etc. L’économie n’est pas faite que de chiffres et les mécanismes humains ne désignent pas seulement les comportements des acteurs possédants mais aussi des acteurs possédés. On peut changer les termes droite/gauche. Comme vous voulez. Mais il faut tout de même renommer les choses dans le sens du rapport, entre des êtres humains qui exercent et abusent de leur pouvoir et ceux qui en ont moins ou pas. Vous ne pensez par exemple, tout de même pas que les citoyens vont accepter ce cantonnement de l’emploi et du travail à une partie de la population pendant que les autres sont assignés à n’avoir aucune activité rémunératrice ou pour certains, une allocation de misère et de mort lente ? Cela dure depuis 30 ans. Croyez-vous que les individus vont continuer longtemps leur chemin en dehors du plein emploi ou de son équivalent ?
En ce qui concerne le climat, vous semblez être encore dans une expectative de conclusions à venir. Monsieur Allègre –très ambitieux par ailleurs puisqu’il indiquait qu’une grande ville comme Paris devrait être passée à la voiture électrique généralisée en 2017- On voit déjà à quel point on est loin de ses préconisations….Monsieur Allègre, disait qu’il n’était pas sûr que le réchauffement climatique soit du à l’activité humaine. Pas sûr. ... ! Quand il s’agit de cet enjeu et que l’on n’est pas sûr, on se tait. Or tous les avertissements indiquent que l’activité humaine a une responsabilité essentielle dans le réchauffement et que l’on a passé les 2 degrés c'est-à-dire le stade de l’emballement climatique. J’ose espérer que l’on va mettre en œuvre les solutions requises. Bien sûr cela requiert comme on dit « un changement de logiciel ». Il me semble que dans leur grande majorité les populations sont assez formées, et sont suffisamment ulcérées de la situation présente pour s’engager dans l’aventure qui n’est pas si hasardeuse car nous bénéficions de solutions qui peuvent être mises en oeuvre. Bien sûr de gros conservatismes existent, surtout du coté des minorités qui ont le pouvoir financier, économique et finalement politique, sur la base branlante des « démocraties » électorales.
Quand il s’agit du destin de la planète à 80 ans, le principe de précaution ne peut plus être mis dans l’expectative plus longtemps. Il semble envisageable que la planète ait atteint la fin d’un cycle et que l’homme puisse disparaitre définitivement ou la grande majorité des humains…Face à cela je trouve très intelligent de tergiverser, d’attendre les découvertes merveilleuses de la géo-stratégie qui ne veulent considérer que la technologie et semblent hyper-hasardeuses, profitant bien sûr à ceux qui ont déjà le pouvoir financier. Ces derniers ne veulent pas entendre parler d’économies ou de mesures encore plus radicales. C’est selon moi une petite minorité de l’humanité. Le reste sont des suiveurs qui évoluent au gré des courants. On voit comment une catastrophe financière les ferait changer de cap Très rapidement.
Que vous ne puissiez prendre parti sur ce thème et indiquiez ne pas connaitre assez le sujet est tout de même très préoccupant en ce qui concerne votre approche générale………….
On peut faire des analyses ponctuelles sur tel ou tel sujet et qui entre elles tiennent la route. Mais il est important d’avoir le regard de l’aigle qui balaye tout le paysage. L’obligation de la synthèse permet d’aboutir à des conclusions qui diffèrent des vôtres. Faut-il pour cela une intelligence qui n’est pas seulement celles des chiffres et de certains comportements d’acteurs. L’intelligence ne se loge pas uniquement dans les calculs et pas uniquement dans la sphère intellectuelle, même si cette dernière est importante.
Vous voyez nous avons besoin de regarder la réalité en face mais surtout de bien la regarder, avec le recul, la synthèse, la vaste intelligence, et avec en bandoulière le sens du mot civilisation bien galvaudée depuis Edgar Morin. Nous avons un énorme besoin de voir la réalité. Si vous ne voulez pas du mot droite ou gauche, il va falloir trouver des termes qui marquent la différence entre le conservatisme et le vaste intérêt général.
Vous confondez DD, qui est l'auteur Didier Dufau, et DvD qui est un lecteur. Il faut regarder la réalité en face avec un peu plus de rigueur. Le regard de l'aigle qui balaye tout le paysage, certes, mais avec le regard perçant qui va avec et permet de détecter les détails significatifs. On évite ainsi bien des confusions et des méprises, comme celle que vous commettez ici, heureusement sans conséquence. Mais, si vous aviez été comptable, les comptes seraient faux. Si vous aviez été consultant en organisation, l'organisation serait déficiente. Si vous aviez été journaliste, l'article serait un contresens.
Sur votre premier paragraphe :
Les mécanismes économiques et monétaires n'excluent nullement les souffrances humaines, la sociologie, la psychologie, etc qui en font partie intégrante puisque l'économie est indissociable des comportements de tous les individus qui interagissent entre eux, qu'ils soient "possédants" ou "possédés" comme vous dites. Je pense comme vous que le chômage de masse est un désastre social. Cela dure depuis un peu plus de 30 ans puisque l'inflexion à la hausse du taux de chômage en France date du milieu des années 1970 et sa tendance inexorable à la hausse n'a jamais cessé depuis. Durant, cette période, des gouvernements de droite et de gauche se sont succédés et n'ont pas été plus efficaces les uns que les autres, preuve que la distinction gauche - droite n'a aucune portée opérationnelle. Si je lis Monsieur Dufau correctement, il ne cesse de dénoncer les symptômes du marasme économique, dont le chômage, et les explique par les dérèglements monétaires issus de la fin des taux de change fixes et coopératifs au début des années 1970 et la succession de crises financières qui s'en sont ensuivies quasiment sans interruption depuis, aggravé en Europe par la gestion non coordonnée de la zone Euro uniquement via des règles budgétaires et aggravé en France par "l'hystérie fiscale" qui taxe l'intégralité de la croissance et finit donc pas la décourager totalement. Nulle part je n'ai trouvé sur ce site la moindre justification du chômage et votre premier paragraphe est donc sans objet. Vous pouvez bien sûr ne pas être d'accord avec Monsieur Dufau sur les causes du chômage et, dans ce cas, vous devez fournir une explication alternative, ce que vous ne faites pas.
Sur votre deuxième et troisième paragraphes :
Il est en effet fort possible que l'activité humaine ait un impact sur le climat. J'ai également appris à l'école que la terre avait connu des périodes glaciaires alternées de périodes de réchauffement au cours de sa longue histoire, et ce bien avant que l'activité humaine ait un impact. Il semble donc que le climat suive aussi des cycles de long terme non lié à l'activité humaine. D'où ma question : comment distinguer l'impact attribuable à l'activité humaine qu'il conviendrait de minimiser de l'impact lié aux cycles climatiques auquel on ne peut rien ? Vous ne m'avez pas répondu. S'agissant de l'impact de l'activité humaine sur le climat, je vous ai demandé comment le prendre en compte dans les représentations de l'économie ? Là encore, vous ne m'avez pas répondu. Vous parlez simplement des solutions requises à mettre en œuvre, sans préciser lesquelles. En effet, je connais mal le sujet, et c'est pourquoi je vous ai posé ces questions. Il est tout de même très préoccupant que vous ne puissiez apparemment pas y répondre de façon précise.
Sur votre quatrième paragraphe :
Dans l'idéal, il serait en effet très utile d'être omniscient et de tout savoir. Dans la pratique, c'est impossible. D'où l'importance de pouvoir discuter entre nous et d'apprendre continuellement les uns des autres. Pour cela, il faut s'efforcer de garder une grande ouverture d'esprit et se garder des innombrables sectarismes, dont le fameux "gauche - droite". Les lignes du conservatisme et de l'intérêt général ne sont pas nécessairement là où on le croit (est-ce par conservatisme que les préconisations d'intérêt général de Monsieur Dufau sont rejetées ?) et elles ne sont pas figées, ni dans l'espace, ni dans le temps.
Si vous êtes bien Isabelle Bouraux qui aviez commenté l'article "Réflexion sur le Smic" sur ce site, j'avais apporté quelques précisions suite à votre commentaire et il serait intéressant de pouvoir poursuivre cette discussion là également.
Le Monde est en crise de magistère. Il n’a pas fait son aggiornamento sur tout. Sa double page récente sur le Génocide est farcie d’erreurs, parfois intéressées, mais aussi de manques de connaissances, ce qui, d’une certaine façon, est plus grave. Sur certains sujets difficiles, le niveau n’est plus là. Comme disait un grand connaisseur de l’Eglise, la déroute du catholicisme n’est pas venue de Vatican II mais de la baisse du niveau intellectuel et de la subtilité dans le haut clergé.
Le journal est nécessairement à la recherche d’une nouvelle identité de gauche, de substitution par rapport au marxisme méthodologique mâtiné de pragmatisme politicien, qui était la composante principale de l’ancienne.
Avec Terranova, on pensait que le peuple n’étant plus ce qu’il était, le PS et la gauche devaient d’abord s’intéresser au clientélisme communautariste et aux diverses dimensions du « sociétalisme ». Le Monde n’a embouqué cette direction qu’avec réticence, même si d’innombrables libres opinions ont promus ces idées. Les assassinats de Charlie Hebdo et le rejet par les Français de la plupart des thèmes sociétalistes, avec souvent de bonnes raisons (qui ont fait le succès de Zemmour, Elysabeth Levy ou Finkielkraut) ne rendent pas cette filière appétissante.
Redonner son autorité au Monde, s’il tient vraiment à retrouver une position de Commandeur, qui n’est pas nécessairement un objectif nécessaire dans le maelstrom qui emporte la presse, ne peut s’envisager qu’en s’engageant sur une problématique planétaire touchant l’humanité toute entière. C’est pourquoi on voit l’écologie militante prendre une place de plus en plus importante dans le corpus idéologicus du journal, notamment avec notre ami Leparmentier.
Ce thème permet de coaguler au quotidien l’actualité et la morale sociale supérieure. Le Monde renaît en censeur en s’inquiétant de l’état du monde, en fait à la terre martyrisée par des vilains qui ont le gros avantage d’être de tous les bords. Le Monde peut se dé-marquer et faire remarquer une nouvelle valeur d’exemplarité, l’ancienne ayant été galvaudée par le bel Edwy dans la recherche ou la construction du scoop pourri.
Rien ne nous choque dans ce nouvel appareillage idéologique qui permet de donner des leçons au monde entier et aura peut être la force de renouveler un lectorat citadin inquiet de la pollution des grandes villes et soucieux d’être bohème, mais, si possible, en bonne santé.
Le danger est l’apparition dans le journal d’un flot de pathétiques accusations contre tout et tous : la croissance, la consommation, la production, les goûts et les couleurs, etc.
La vocation de ce blog est de traiter de questions économiques dont on ne parle pas ou pas assez justement, à notre humble avis, dans la PQN. Les causes de la crise actuelle nous paraissent un sujet mal traité, mal compris.
A ce titre nous serions ravis de voir le Monde s’ouvrir à certaines des grandes observations que nous faisons et qui ont été très largement absentes des colonnes du journal. L’aggiornamento en cours le permettra-t-il ? Nous n’en savons rien. Mais certains articles récents sont réellement excellents. Le fait qu’on puisse envisager certaines questions sans aussitôt entraîner des réflexes d’imprécation est très positif. Notre but n’est pas d’être l’Observatore Romano du Monde. Mais de permettre que certaines idées largement bloquées jusqu’ici puissent y pénétrer pour le plus grand bien de la pensée économique du moment. Le Monde a de l’influence.
Devons-nous réciproquement changer notre propre approche pour traiter de façon militante du malheur de la terre martyrisée au point de bientôt disparaître ? Après tout, à quoi sert l’économie si nous sommes tous morts ?
A ce jour, il nous a paru surtout nécessaire de traiter de quelques erreurs d’appréciation, née du militantisme vert et qui peuvent se retourner contre l’économie.
On ne peut sortir d’une économie de la dette que par la croissance. La sortie par la décroissance est techniquement impossible. Voilà un point de frottement fort avec le militantisme vert outrancier.
On peut avoir une croissance économique, même avec une contrainte écologique forte. La science économique est d’abord une science de la rareté. La dépollution n’est pas incompatible avec la croissance. L’exemple des pays de l’Est est clair.
On ne peut pas attendre d’emplois de technologies plus coûteuses que les anciennes. Dire l’économie verte est créatrice d’emplois parce qu’elle coûte plus cher est une sottise.
Oui, il existe de nombreux points de frottements entre écologie et économie que nous couvrons sur ce blog.
Il est probable que les contradictions entre écologie et économie pousseront à plus d’interventions de notre part.
Nous ne considérons pas que la contradiction soit automatique. La sottise partisane en revanche est riche en contradictions insurmontables.
Nous conseillons au Monde de s’installer dans ce nouveau costume écologique en gardant l’œil ouvert et l’esprit dégagé des brumes partisanes. Et en le félicitant d’avoir cette attitude nouvelle dans le domaine de l’économie. Mais, comme dit le sportif, le plus dur est de confirmer.
quelques révélations pour ceux qui sont encore dansla caverne (de Platon) :
- les luttes sociales, cela n'existe pas.
- le réchauffement climatique n'est pas prouvé (on parle maintenant de changement climatique)n, regardez les chiffres de l'organe officiel gouvernemental, le giec, depuis 20 ans, les controverses et les dicussions sont innombrables entre spécialistes partout dans le monde (sauf en France, aller lire la presse étrangère sur le net), et rien n'est prouvé.
- Si changement climatique malgré tout, rien ne prouve qu'il soit imputable à l'homme ou au CO2, aucune recherche scientifique n'a pu l'établir (Mr Allègre, grandscientifique, l'avait affirmé en son temps, il a disparu des médias, normal).
- Enfin, je vais vosu expliquer ce qui différencie les gens " de droite" des gens "de gauche" :
l'extrème droite : économiquement, des socialistes, sociaétalement, des conservateurs nationalistes, minorité boucs émissaires : les étrangers (lutte des races).
la droite : socialistes, conservateurs patriotes (?)
la gauche : socialistes, progressistes patriotes (?)
l'extrème gauche : socialistes, progressistes internationalistes, boucs émissaires : les riches (lutte des classes).
Bien cordialement,
Si vous vous en tenez à l'économie, je ne vois pas plus de bonne foi. Rappelez-vous les 35 heures et les innombrables papiers ayant pour but de soutenir les 35 heures, avec des collectifs bidons passant librement des textes hagiographiques. Cette erreur monstrueuse que nous payons tous les jours a été enfantée avec l'appui vigilant du Monde qui pendant tout le processus législatif n'a passé AUCUN article contraire à cette folie. Vous parlez des erreurs de l'article sur le génocide. Vous oubliez de dire qu'il s'agit d'abord d'évacuer tous les massacres commis au nom du communisme, ceux qui ont fait le plus de victimes au XXème siècle. A l'exception de celui des Khmers Rouges, alors que la seule accusation du tribunal spécial est "crime contre l'humanité" sauf pour le massacre mineur des Chams qui n'a toujorus pas fait l'objet d'un procès. La malhonnêteté continue donc sans aucun frein.
Evidemment, Le Monde, avec toutes ses composantes, et la nouvelle structure de la propriété du journal, ne sait plus tout à fait où il est. Il a du mal à soutenir Hollande. C'est un journal perdu qui n'a plus d'aura intellectuelle du fait de sa participation à toutes les mauvais procès fait à ceux qui dénonçaient le communisme et ses crimes atroces et de son soutien à toutes les mesures économiques délétères prises du temps de Mitterrand, Jospin ou Hollande.
Aujourd'hui, le désastre est là. Il est devenu presqu'insurmontable. La France est en faillite ; Le Monde est en faillite. Alors que le rôle de la grande presse aurait été d'aider à de véritables diagnostics et à la diffusion des pensées porteuses de solutions ou au moins de débat sur les solutions, Le Monde s'est montré vide d'ouverture sur les réalités, préférant se lancer avec Plenel dans une sarabande malsaine qui finira mal.
Si je m'en tiens aux idées que vous défendez ici, qui ont été malgré tout fréquemment exposées par des auteurs ne manquant pas de renom et que je partage largement, quand avez-vous vu le Monde en permettre la connaissance une seule fois en 20 ans ? Sur l'organisation générale de la finance mondiale, il n'a pas d'idées sinon de soutenir tout ce qui vient du monde anglo-saxon. Sur l'Europe il est européiste et toujours près à soutenir les thèses fédéralistes. Sur la France, il est troublé par l'échec lamentable de Hollande mais n'est près à soutenir aucune mesure un peu franche de refondation. Même s'il relaie un rapport de l'OCDE.
Ne vous attachez donc pas trop au Monde. C'est devenu un journal inutile, catégorique sur les sottises, hésitant sur le reste. Je crains que vous ayez tort de croire qu'il influence les "attitudes". Il meurt doucement, en partie étouffé par ses propres parti-pris. Le jeunesse ne le lit plus. le peuple non plus. Les décideurs se moquent bien de ses analyses. S'il n'avait pas les aides de l'Etat, il serait mort.
Bien à vous.
"Les journalistes ne peuvent plus jouer le role de directeur de conscience. La référence ne s'impose pas. Elle se reconstruit sans cesse dans l'échange., le partage, la diversité des usages et des prises de parti. S'ils veulent que leurs informations soient crédibles et que leurs éditoriaux pèsent, les journalistes doivent se montrer également capables d'animer le débat public de façon loyale et pluraliste."
Ce texte est dans le Prière d'insérer du Monde des livres du 17 avril, sous la plume de Jean Birnbaum, présentant le livre de Kovacs et Rosenstiel sur les Principes du journalisme.
Nous, nous avons rien à y ajouter. Nous constatons qu'en économie, le Monde commence à prendre ce chemin là et nous trouvons cela très bien.
On n'en est plus à la défense du Programme Commun de la Gauche !
Quant à la faillite des grands journaux de la PQN, elle est générale et dommageable. Il ne faut pas s'en réjouir. Mais presser les responsables de ces grands journaux de comprendre, qu'au delà de la "représentation" de la fracture gauche droite, ils doivent se réconcilier avec le pays en proposant de quoi ressouder la nation et restaurer la prospérité générale.
La presse ne peut être qu'un spectacle : celui de l'actualité et celui de la pensée confrontée au monde. La presse ne peut être que vivante et elle doit s'attacher à faire vivre. Si un journal se fige dans des postures et se coupe du monde, il trahit son lectorat comme sa mission.
L'éviction de la directrice du journal et la nomination d'un petit nouveau inconnu n'ont pas été expliquées. Espérons que ce changement est un bon signe. Nous, on l'espère. Nous aimons beaucoup le Monde.
Merci d'aimer Le Monde.
Cela dit, pour ce qui est de la situation actuelle, la "lutte des classes" (dans le sens économique de déformation de la répartition des revenus entre travail et capital au cours d'une période de changement structurel, pas dans le sens politique du terme) peut s'avérer un concept pertinent pour comprendre les évolutions en cours. La globalisation a en effet conduit à l'intégration des pays en développement dans l'économie mondiale. A ce stade de leur développement, ces pays ont des besoins d'investissement colossaux et une abondante main d'œuvre jeune et peu qualifiée. D'après l'Organisation Internationale du Travail, 625 millions de personnes des pays en développement sont entrés sur le marché de l'emploi industriel et tertiaire ces 15 dernières années, soit environ 42 millions par an, à comparer avec 450 millions d'emplois industriels et tertiaires dans les pays développés. C'est l'équivalent contemporain de l'exode rural et de l'afflux de main d'œuvre bon marché dans les activités industrielles.
Voilà donc ce qui se passe : l'intégration des pays en développement dans l'économie mondiale, et en particulier l'intégration de très grands pays comme la Chine depuis son accession à l'Organisation Mondiale du Commerce en 2001, accroît la part de l'investissement dans la demande mondiale alors que simultanément l'afflux de main d'œuvre bon marché de ces mêmes pays fait baisser la part des salaires dans la production mondiale. Les multinationales occidentales fournissent les biens d'équipement et financent en bonne partie l'effort d'investissement des pays émergents sous forme d'implantations directes et de recyclage local des profits. Elles en tirent les profits correspondants, ce qui est normal. Les pays émergents se développent et voient leur niveau de vie s'élever, ce qui est heureux. Ce qui n'est pas normal, en revanche, c'est que les gains des multinationales vont bien au delà des gains correspondants à leurs investissements sur ces nouveaux marchés et que le développement des pays émergents se fonde en partie sur la ruine des pays développés. En effet, les multinationales ont tiré avantage du cadre institutionnel et monétaire défectueux de la mondialisation, et en particulier du régime non coopératif de taux de change qui permet l'apparition et le maintien de gigantesques déséquilibres des balances commerciales, pour installer dans les pays en développement non seulement les capacités productives nécessaires à la satisfaction des besoins de ces pays mais aussi des capacités de production destinées au ré-export vers les pays développés où les usines correspondantes étaient simultanément fermées. Autrement dit, les multinationales ont exploité les fabuleuses opportunités d'arbitrage des coûts du travail au niveau mondial que permet l'organisation défectueuse du système monétaire international, lié en particulier au fait que les taux de change ne sont pas fixés et maintenus de manière coopérative à des niveaux équilibrant les balances commerciales.
Il faut bien comprendre que cette situation n'est nullement nécessaire pour assurer la juste rentabilité des entreprises multinationales ni le juste développement des pays émergents. En fait, cette situation est parfaitement contraire à leurs intérêts à long terme car ils seront les premiers à pâtir du retour de balancier lorsque les déséquilibres ne pourront plus être poussés plus loin. Le développement des pays émergents sera d'autant plus soutenable et équilibré qu'il ne reposera pas sur la ruine des pays développés sur lesquels ils accumulent des excédents commerciaux faramineux. La Chine commence juste à en prendre conscience qui ne sait plus comment contenir une crise de surinvestissement et de surendettement d'ampleur sans précédent. Le Japon était tombé dans le même piège à la fin des années 1980 et ne s'en est toujours pas remis.
En attendant, c'est bien ce défaut majeur du système monétaire international qui a réduit la classe ouvrière occidentale au chômage et à des "allocations de misère" selon l'expression de Madame Bouraux et qui est maintenant en train d'éradiquer la classe moyenne occidentale en faisant baisser ses salaires réels, augmenter ses impôts et en ne rémunérant plus son épargne.
Cette version contemporaine et mondiale de "la lutte des classes" ne correspond à aucun clivage politique traditionnel dans les pays développés. De fait, toute la classe politique occidentale (gauche - droite, travaillistes - conservateurs, démocrates - républicains) a pris parti pour ses entreprises multinationales et pour les pays en développement, au détriment de sa propre population. Tous ont toujours réaffirmé en toutes occasions leur engagement et soutien en faveur du système commercial et monétaire international en vigueur actuellement. En termes plus connotés et caricaturaux, on pourrait dire que l'alliance objective des politiciens et multinationales occidentales avec le parti communiste chinois a réduit à la misère le prolétariat occidental pour satisfaire l'accumulation du capital ardemment poursuivie par les communistes chinois. C'est une "lutte des classes", en effet. Juste pas du tout la lutte des classes dans le cadre national dont nous parle les socialistes occidentaux. Et pour cause. Les politiciens qui se posent en défenseurs des gens modestes dans les pays développés sont ceux là mêmes qui ont pris les décisions ayant conduit à leur déchéance. Il faut espérer que soit par ignorance ou inconscience, car un tel double jeu serait sinon particulièrement ignoble.
Il n'est guère que Monsieur Dufau, et une poignée de gens totalement ostracisés par les médias officiels, qui ne cesse d'alerter sur les dysfonctionnements du système monétaire international qui rend possible cet arbitrage néfaste des coûts du travail au niveau mondial et entraîne les pays développés et le monde dans la stagnation économique, le sous-emploi et le sur-endettement.
L'erreur - déjà gravissime - va hélas plus loin : non contents d'avoir organisé un système commercial et monétaire international qui fausse artificiellement la répartition mondiale de la nouvelle richesse produite en défaveur de leurs propres concitoyens, les politiciens occidentaux, confrontés à l'accroissement du chômage et de l'endettement chez eux, ont entrepris d'aggraver le problème en cherchant à le contenir. Ainsi, en France, ils ont décidé d'entraver encore plus la production domestique en renchérissant le coût du travail, en abaissant le niveau d'éducation des jeunes, en augmentant la taxation du secteur productif, en réinvestissant les recettes fiscales dans un secteur administratif à la productivité ridiculement faible. Ces décisions, prises au nom de la prétendue protection des plus faibles, n'ont fait qu'accélérer leur déchéance. Loin d'atténuer les conséquences négatives d'un système commercial et monétaire international défectueux, ces décisions les ont exacerbées. Les faits sont là. Hollande ne fait que poursuivre cette sinistre besogne entamée bien avant lui. Depuis son élection il y a 34 mois, on compte 587.000 chômeurs de plus. Cela veut dire qu'on est sur un rythme de 1 millions de chômeurs supplémentaires sur l'ensemble de son mandat de 60 mois, à comparer avec 16 millions d'emplois privés en France. On est sur un rythme d'augmentation cumulée de la dette publique au cours du quinquennat de 336 milliards d'euros (soit 16 points de PIB) malgré des impôts sur un rythme de hausse cumulée de 145 milliards d'euros (soit 7 points de PIB). Quiconque voudrait amener l'extrême droite au pouvoir s'y prendrait très exactement de cette manière.
En désespoir de cause, et pour éviter la faillite du système qui résulte entièrement de leurs propres décisions erronées, les autorités des pays développés ont lancé un programme massif d'achat d'actifs financiers à base de nouvelles émissions monétaires : près de 12.000 milliards de $ ces 8 dernières années. Cette fuite en avant permet au système de continuer à s'endetter puisque c'est maintenant gratuit. Et elle fausse encore un peu plus la répartition des richesses (les richesses acquises cette fois, après avoir faussé la répartition des richesses en cours de production), la rendant encore plus inégalitaire. Ils n'ont pas compris que cette route conduit aussi à la même impasse. On tombera juste de plus haut.
Enfin, la préoccupation écologique exprimée par Madame Bouraux rejoint ces mêmes conclusions. Quoi de plus simple, en effet, pour limiter l'impact écologique de l'activité économique que de rapprocher les lieux de production et de consommation, plutôt que de les éloigner d'un bout à l'autre de la planète comme c'est le cas actuellement du fait d'un système monétaire international totalement défectueux ? Là encore, les politiciens écologistes ne mènent pas la bonne bataille et ne font qu'aggraver les choses en entravant la production de biens domestiques à coût de normes environnementales totalement futiles en comparaison de la pollution engendrée quotidiennement par le transport des biens produits à un bout de la planète et consommés à l'autre bout pour des tonnages absolument phénoménaux.
On voit ici que la distinction gauche - droite n'a strictement aucune signification réelle, ni en France, ni en Europe, ni nulle part. C'est un spectacle de pure fiction. Si c'est pour continuer dans la même voie, il est non seulement totalement inutile de voter en 2017 mais il sera même salutaire de s'abstenir massivement de façon à rendre les élections illégitimes et à faire ainsi pacifiquement tomber un système politique qui n'est plus capable de représenter l'intérêt général et conduit le pays au désastre.