Après le serpent monétaire, le serpent énergétique. Il est venimeux

En bourse, des contrats pour différence (CFD, pour « contract for difference » en anglais) sont des instruments spéculatifs à très court terme, utilisables avec des taux de levier réglementés. Ils sont très dangereux et interdits de publicité vers le grand public.

Ayant soudain découvert que fonder les prix de l’énergie et en particulier de l’électricité sur le cours volatile du gaz n’était qu’une totale folie lorsque tout le gaz est importé et dépends de la situation géopolitique, provoquant en France et en Europe à l’occasion le chaos dans l’industrie et les finances des ménages, la Commission vient d’organiser une concertation avec les Etats membre pour mettre en place une solution pérenne qui corrige les défauts du système. Il faudra avoir attendu trois ans de destruction industrielle et d’inflation énergétique avant que la solution entre en application en 2024.

L’Union européenne c’est lourd et c’est lent. Tant pis pour les dégâts ! À une époque qui ne jure que par l’agilité, cela fait un petit peu dérisoire. Mais bon !

Le cœur de la solution est également des CFD mais radicalement différents des CFD précédents. Il s’agit d’un « serpent énergétique » qui canalise les prix à long terme tout en laissant le marché fonctionner dans le tunnel de prix définis.

On est passé d’un système fondé sur le gaz à une usine à gaz bureaucratique.

Elle a pour but de conserver à la Commission un rôle de surveillant général plus puissant que les Etats, aux Allemands de contrôler le prix de l’énergie français, aux Français de sauver leur parc nucléaire et les prix bas à long terme qu’il peut favoriser. Surtout le lobby des Enr (énergie renouvelable) voulait conserver son système de subvention publique qui est sine qua non pour son existence. Autant dire qu’on s’est lancé dans une entreprise d’une grande complexité dont personne ne sait si elle sera favorable à la France, même si l’Exécutif crie à la victoire éclatante. Le Parlement européen où l’Allemagne et les lobbies des Enr dominent, peut encore changer la donne.

Quelle est la réalité française ?

Depuis le gouvernement Jospin l’industrie nucléaire a été saccagée et sa production réduite drastiquement par différents procédés. Ces 25 ans perdus sont désormais irrattrapables avant la fin prévue des centrales nucléaires existantes qui toutes risquent d’être à l’arrêt avant 2 050. La France est donc dans la situation de 1973 : construire une cinquantaine de centrales d’ici à 2 050 pour retrouver la capacité de produire au moins 500 Twh d’électricité. À l’époque la France était encore autonome et pouvait exercer sa souveraineté en faisant financer par l’Etat et les marchés financiers cet énorme investissement. Aujourd’hui elle est sous tutelle de la Commission qui le lui interdit. Que l’Etat paie pour les centrales nucléaires est considéré comme une distorsion de concurrence ! L’Allemagne ne veut plus que la France tire bénéfice de son investissement nucléaire. Les écolo-politiques et les lobbies veulent que tout l’argent public aille aux Enr.

Comme tout le monde le sait aujourd’hui, les Enr sont des énergies intermittentes et désynchronisées structurellement avec la demande. On ne produit pas nécessairement quand les besoins sont au maximum et on produit éventuellement beaucoup quand la demande n’est pas là. Le prix spot de l’énergie produite par les Enr peut être négatif car il faut payer pour s’en débarrasser ou flamber lors d’un pic de consommation. Et cela heure par heure et presque minute par minute.

Faire coexister une énergie de long terme, pilotable assez lourdement tout de même (les centrales nucléaires sont moins pilotables que les centrales à gaz), qui peut satisfaire tous les besoins dans le cadre d’une politique de prix stable à long terme, avec des Enr dispersés fournissant de l’énergie de façon anarchique et découplée des besoins, dont la valeur peut devenir négative, est, disons, un défi.

Les investisseurs ne veulent y aller, dans les Enr, que si la rentabilité est garantie par l’état. En France certains groupes ont fait fortune sur ces marchés administratifs totalement déconnectés des marchés et des besoins. On produit moins d’électricité que de pognon pour les investisseurs autorisés à être dans la boucle.

En l’état, la France sera incapable de satisfaire ses besoins énergétiques en 2 050 et tout le monde s’accorde à dire qu’il lui faudra mettre en œuvre comme en Allemagne des centrales à gaz pendant deux ou trois décennies pour faire la soudure ! On s’est moqué de l’imprévision allemande mais de facto nous sommes dans la même situation. Du coup, la question de la recherche et de l’exploitation de gaz de schiste en France devient un enjeu. Chut !!!!

La France aurait pu comme l’Espagne et le Portugal sortir du système de prix européen dès les difficultés si E. Macron n’avait pas fermé Fessenheim. On aurait alors appliqué un prix fixe pour 80 % de notre approvisionnement et un prix de marché encadré pour 20 %. Et on n’aurait investi à notre guise pour remplacer rapidement notre parc nucléaire afin d’être près en 2 050.

Au lieu de cela Emmanuel Macron a voulu jouer à fond la carte européenne, contre l’intérêt des Français et après avoir détourné des ressources rares dans le plan de relance européen qui est bien parti pour coûter des dizaines de milliards au pays, il se met sous tutelle pour relancer le parc des centrales nucléaires. Tout en accélérant dans la construction d’éoliennes de plus en plus problématiques et attentatoires à la vie des fronts de mer et des campagnes.

La conséquence est et sera un appel continuel à la sobriété des Français dont on exigera par tout moyen qu’ils limitent leur consommation d’énergie. Pendant au moins un quart de siècle !

Le malthusianisme violent et moralisateur va croître embellir. Il portera atteinte aux entreprises comme aux particuliers et sèmera les faillites et la régression des acquis civilisationnels de la croissance, tout en limitant un peu plus l’exercice autonome de la souveraineté française, les libertés et la propriété.

Pas de quoi battre des mains et se réjouir. Tout cela est catastrophique.

Commentaire
Raphael's Gravatar Jospin+ Ségoléne R.mais aussi Juppé+Corinne Lepape . Ce quartet de Naufrageurs doit rendre des comptes et payer la casse . Macron joue lui aussi a casser les centrales nucléaires puisqu'il attend en retour de succéder à Von der Leyen. Les allemands lui doivent bien un petit job en échange de l'énorme destruction de l'avantage energétique de la France .
# Posté par Raphael | 19/10/23 09:22
DD's Gravatar L'actualité écologique est terrible. Le rapport de la Cour des comptes montre que le marché administratif des éoliennes a permis des rendements jusqu'à 20% sur le capital investi, tout en n'atteignant pas les objectifs européens acceptés par Macron avec des "droits statistiques" (le nom est impayable) de près d'un milliard d'euros par année de retard ! La loi de 2017 en liaison avec les politiques européennes nous aura coûté plus de 5 milliards d'euros...pour rien.

Le rapport rappelle qu'une éolienne ne fournit du Kwh qu'un heure sur dix en moyenne sur le parc installé. Il ne dit pas que pour utiliser cette heure on est obligé d'arrêter les centrales nucléaires. Ce n'est même pas du Kwh en plus.

Le comble est que le rapport exige qu'on renonce à la loi des 500 mètres du bâti. Rappelons qu'une maison qui est en vue d'une éolienne à 500 mètres perd toute sa valeur, raison pour laquelle certains demandent une distance d'un km. La Cour des comptes n'a pas chiffré la perte de valeur prodigieuse imposée aux propriétaires si on ajoute 9000 éoliennes de grandes puissances près des villages et des maisons isolées. Qui va indemniser cette perte de valeur . Il y aurait plus de 150.000 maisons concernées, avec une perte de valeur moyenne de 300.000 euros, soit 45 milliards d'euros de dégâts. Merci pour eux !

Rappelons que la loi ZAN ne permet plus de construire quoi que ce soit à la campagne. Cela veut dire qu'il va falloir construire dans des villages sous éoliennes ne serait-ce que pour loger les centaines de milliers d'immigrés qui entrent chaque année. ! Celui qui croit qu'un promoteur va construire quoi que ce soit en vue d'une éolienne est un haut fonctionnaire. C'est à cela qu'on le reconnait.

Le rapport fourmille d'acronymes incompréhensibles.Certains sont rigolos, comme cette organisation absolument indispensable qui se nomme le Straddet. Superbe, non ? "Tu sais j'ai réussi à caser ma femme au Straddet, c'est impec, bien payé et on ne fout rien". Enfin nager entre les IFER, CRE, AER,PPE,PTZ,DPE, etc. Quelle joie profonde. Surtout que rien n'est coordonné. Alors il faut chapeauter tout cela. Vite une ou deux agences de coordination.

On a créé un monstre bureaucratique ingouvernable et atrocement coûteux, avec quelques insiders qui s'en mettent pleins les poches après avoir recruté les hauts fonctionnaires qui ont mis le bazar en place.

Le résultat sur l'émission de CO2 de la production des éoliennes : nul, puisque l'électricité produite se substitue à une énergie nucléaire décarbonée. On s'est donné des objectifs de moyens mais pas de résultats nets. On paie des amendes et des subventions pour un résultat net négatif en se ruinant. Et on importe du CO2 produit en Chine !

Et on massacre le droit de propriété et la valeur du parc immobilier.

"L'Europe et E. Macron nous protègent" disent les bons médias.

Rappelons que tout s'est accéléré et complexifié à partir de 2017au moment où on fermait Fessenheim.

Notons qu'on ne parle que de la part brute de l'éolien dans l'électricité consommé, sans parler du taux de substitution sur les autres types d'énergie. On devrait afficher l'augmentation brute d'électricité produite. Il est vrai qu'aujourd'hui elle est nulle, ce qui fait mauvais genre pour un coût d'investissement total jamais fourni et sans donner le moindre résultat sur la création nette de CO2., également nulle.

On est en pleine folie.
# Posté par DD | 19/10/23 11:59
Siem's Gravatar Tout cela est délirant et personne ne semble contrôler rien.

Bientôt la classe médiatique se posera la question des puces de lit dans les drapeaux israéliens et du bilan carbone de leur combustion.
# Posté par Siem | 20/10/23 14:51
Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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