Les économistes américains découvrent (enfin) les méfaits de la dette massive

Le phénomène économique mondial le plus important des quarante dernières années est l'inversion de la courbe de la dette globale à partir de 1971. Alors que la dette globale, supérieure à 400% du PIB  dans la majorité des pays occidentaux en 1944, était redescendue en 26 ans à moins de 200%, l'abandon des disciplines de Bretton-Woods, les changes flottants, et l'arrêt de la condamnation des grands déficits et des grands excédents, contrairement aux statuts du FMI  et au traité de la Havane,  ont provoqué une remontée constante jusqu'à dépasser en moyenne les 400% à nouveau partout dans les pays de l'OCDE en 2006.

C'est le thème principal de mon livre, L'Etrange Désastre, écrit justement parce que ce phénomène était non seulement passé inaperçu mais pire encore n'avait jamais été expliqué par les spécialistes. Il est facile de calculer qu'un taux de dettes de 400% est intenable. Avec une maturité de 5 ans et un taux d'intérêt plus frais de 5%, il faut 100% du PIB pour payer les intérêts et amortir la dette ! Cette réalité explique le blocage du marché interbancaire de l'été 2007 puis la série d'explosions bancaires de 2008, culminant en septembre avec la faillite de Lehman Brothers.

La source de ce désastre est la volonté américaine de pratiquer une négligence offensive dans la gestion du dollar, mis au service des intérêts militaires et économiques américains, considérés comme de l'intérêt général pour le monde occidental et à ce titre jamais contestés. Le mécanisme est la double hélice de crédits, décrit par Jacques Rueff, générée par le recyclage des excédents massifs des pays exportateurs.

L'idéologie véhiculée sur ce sujet des changes flottants, nous l'avons vu dans un récent article, rend la discussion impossible. Mais le système des changes flottants n'est pas la seule idée, intéressée et fausse, imprimée dans les esprits. Sans sombrer dans un marxisme méthodologique de pacotille, il est bien clair que les phénomènes de domination produisent une vulgate indiscutée, à caractère de crédo, qu'il serait malséant de discuter.

Une idée dérivée du "benign neglect" (que nous traduisons "par négligence offensante et offensive"), est la bonté intrinsèque de la dette. La dette ne serait pas grave parce qu'elle a des contreparties. Nous avons vu dans plusieurs articles que la valeur de ces contreparties est incertaine si elle n'est pas assurée sur un flux de valeur associée à une production attendue. La valeur actuelle des rendements attendus de l'investissement donne l'estimation d'un capital. S'il n'y a aucun flux futur, il n'y a pas de stock !

En s'écartant de toute notion de valeur actuelle de rendements futurs, la marque du passage de l'économie en mode baudruche, les contreparties d'une dette qui dépasse 200% du PIB n'existent plus. La dette devient une charge intolérable pour l'économie réelle et ses acteurs. On le voit en Grèce, en Europe et dans bien des pays aujourd'hui. La France est au balcon, sur ce sujet explosif.

Non seulement la dette doit avoir un coût, pour éviter son bourgeonnement mais elle doit être contenue dans des limites strictes, et la nature des financements doit faire l'objet de réflexions différentes. Le crédit à la consommation est extrêmement dangereux puisque l'intérêt n'est pas financé par une valeur ajoutée nouvelle mais par une hypothétique croissance. De même le crédit immobilier doit être contenu dans certaines limites parce que lui aussi au final  ponctionne ses intérêts sur une éventuelle croissance. Les investissements d'entreprises doivent pour leur part trouver leur équilibre entre la "transformation", utiliser des emprunts courts pour financer des emprunts longs, la dette bancaire, les obligations et le capital.

Toutes ces règles dominaient les esprits jusqu'en 1970 dans tous les cours d'économie générale et d'économie bancaire.

Le bourgeonnement de la "finance" et son envahissement de la sphère économique, a fait naître un nouveau réflexe conditionné : toute nouvelle dette est bonne pour l'économie et l'investissement. Si les marchés financiers deviennent "parfaits" au sens de la théorie de la concurrence, les ajustements se feront dans la plus parfaite fluidité, à l'émerveillement des masses. Dans la pratique on a vu que tous les marchés de taux et de devises étaient frelatés, car tenus par très peu d'intervenants et faussés (ou manipulés "pour leur bien") par des banques centrales ne considérant plus qu'elles devaient faire attention à leur propre création de monnaie.  Ben Bernanke a été choisi pour diriger la FED parce qu'il avait théorisé que les banques centrales pouvaient, à elles-seules, faire sortir l'économie de toute récession.

Huit ans après l'explosion en vol du système, commence à se produire l'inévitable reflux intellectuel.

Le livre de Bernanke traduit sa déception : non, les banques centrales ne peuvent pas tirer, seules, l'économie d'une récession grave. Comme nous le disons depuis toujours : une banque centrale est comme un psychanalyste. Elle ne peut guérir que les maladies qu'elle a elle-même provoquées. (Mémoires de crise - Ben S. Bernanke -Seuil - 640 pages - 28.00 € TTC)

Celui d'Adair Turner , (Between Debt and the Devil, Money, Credit, and Fixing Global Finance, Princeton University Press) , met un deuxième clou dans le cercueil. Non la dette n'est pas nécessaire à l'investissement si elle échappe à certaines limites. Au-delà, elle devient "satanique".

La question de la fausse perfection des marchés monétaires et financiers internationaux est déjà tranchée par de nombreux livres depuis plusieurs années.

Il ne reste qu'un dernier tabou : les changes flottants. C'est celui que nous avons tenté de dynamiter dans notre livre. C'est le tabou qui est derrière les trois autres : des dettes massives ; interventions délirantes des banques centrales ; marchés financiers et monétaires "non performants".

Au passage notons que le FMI en est toujours à lever tous les obstacles aux changes flottants et  à la perfection des marchés financiers, en proposant de taxer à mort le capital. Nous lui suggérons de tirer parti des livres qui paraissent aux Etats-Unis, donc de la maison du maître des lieux, et de changer simplement de cible.  Le dernier livre suggère que c'est en taxant la dette qu'on mettra fin à l'économie baudruche, pas le capital.

Pour le moment on s'est contenté… de la rendre presque gratuite ! Le transfert de la dette aux Etats rend cette solution indispensable. Mais si la contrepartie est la taxation massive du capital, la solution est vaine à moyen terme. On le voit bien en France avec les dernières mesures prises par le gouvernement en matière de logements. La loi stupide acceptée pour des raisons politiciennes par le faiblissime Hollande, proposée par une parfaite imbécile aux dents longues et aux pensées courtes, (une certaine Duflot), qui devait propulser la construction de logements aux plus hauts sommets, a effondré le marché. Loyers diminués de façon autoritaire de 20 à 40%, mesures vexatoires diverses contre les propriétaires et les intermédiaires, frais nouveaux ruineux, aveuglements divers (le loyer imposé est le même dans le même bâtiment entre un rez-de-chaussée et un appartement en étage avec vue, ensoleillement etc.), dans un contexte de fiscalité spoliatrice des "possédants" (des propriétaires en langage courant), ont ruiné le marché. La crise du logement ne cesse de s'aggraver dans un contexte de baisse du revenu par tête. Que propose le gouvernement : encore plus de dettes privées subventionnées par le recours à plus de dettes et d'impôts publics ! Rappelons que le prêt à taux zéro est financé par l'impôt immédiat (ou futur : la dette). On croit en France qu'un marché se redresse par le double jeu de l'impôt sur les investisseurs et de la subvention à l'acheteur pour qu'il s'endette). Aucune théorie économique ne justifiera jamais de tels délires.

Rappelons que la France détient en même temps le record mondial de la subvention au logement, et le record tout aussi mondial de l'imposition de l'immobilier. Et qu'elle est la merveilleuse vitrine de la crise du logement perpétuelle. D'erreurs en erreurs jusqu'à l'effondrement final ?

Alors que, lentement, le cadre conceptuel absurde qui a ruiné la prospérité occidentale commence à basculer, même aux Etats-Unis, le Français né malin, s'enfonce dans toutes les erreurs balisées, au prix du saccage de toutes les libertés et du droit de propriété. Du sous-chavez à prétention technocratique, exalté mais unanime.

Pas un média n'a fait entendre une voix discordante sur cette amplification de l'appel à la dette subventionnée. Pas un parti d'opposition n'a moufté. L'impôt ciblé sur les riches, c'est bien. La subvention et la dette aidée, c'est très bien. Embrassons-nous, Folamour !

L'affaire du dopage de l'économie par des produits illicites n'a pas encore été découverte ! Le plus drôle c'est que la France se dope…pour perdre !

Consternant.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile

Commentaire
S du Jonchay's Gravatar Taxer les dettes ?

Et oui, le vice du begnin neglect (la circulation incontrôlée et incontrôlable des reconnaissances de dette en dollar) est qu'il rend impossible de taxer les dettes sur toute la surface du globe terrestre. La dette est librement émise par les banques hors de la mesure objective des revenus de l'investissement par la production réelle. Plus de dettes est la solution universelle à toute insuffisance de la croissance par rapport au niveau des taux d'intérêt. La rémunération à tout prix de la dette qui ne finance pas nécessairement la production réelle est l'alpha et l'oméga de toute politique économique dans le pseudo-système de la libre circulation monétaire du capital. Le pouvoir politique ne prend aucune responsabilité dans la discrimination du collatéral de la dette émise par les banques entre le réel productif et le virtuel spéculatif.

Que signifierait taxer les dettes ? En substance, le résultat d'une taxation efficace serait de rendre impossible la comptabilisation bancaire d'une dette sans l'assurance et la garantie du prix réel actualisé équivalent des biens et services à livrer dans le futur. Une banque de crédit ne devrait jamais pouvoir inscrire un dépôt au nom d'un quelconque épargnant sur des titres de créance ou de capital qu'elle aurait émis elle-même sous la garantie de son propre capital ou celui de ses créanciers. La valorisation d'un titre en vue d'émettre de la liquidité bancaire au bénéfice d'un déposant qui le met en pension, devrait être totalement indépendante de la gestion de l'investissement sous-jacent au titre. Celui qui utilise la liquidité monétaire à l'actif d'une entreprise ou d'une administration publique ne devrait avoir aucun intérêt commun ou connexe avec celui qui immobilise son épargne au profit d'un actionnaire responsable du choix et de la bonne gestion des investissements.

Un créancier en monnaie déposant sa liquidité dans une banque a un titre de créance sur une société politique toute entière. Par la réalité de la Loi, la zone monétaire toute entière où un déposant agit selon ses droits de propriété est débitrice de ce déposant. Le garant du pouvoir d'achat d'un déposant en contreparties réelles de la monnaie n'est pas une banque ou des entreprises en particulier mais une société politique par son gouvernement. Si la garantie du pouvoir d'achat unitaire de la monnaie est laissée aux banques ou à la banque centrale, l'évaluation des droits réels contenus actuellement dans les dépôts et l'anticipation du prix des actifs, réels ou fictifs, financés par les dépôts, sont confondus dans les mêmes intérêts alors qu'ils sont opposés. Comment une banque présente dans plusieurs zones monétaires nominalement soumise à plusieurs souverainetés politiques fait-elle pour équilibrer ses comptes quand elle craint d'avoir trop de pertes de crédit par rapport à son capital ? Elle comptabilise des actifs fictifs ! Pourquoi se l'interdirait-elle quand les États souverains n'ont aucune norme commune ni aucune responsabilité partagée de distinction entre vraie valeur et non-valeur ?

Un système rationnel et efficient de taxation des dettes a pour principe premier de ne pas confondre la fonction d'interprétation de la loi dans la virtualité réalisable des biens et services, et la fonction d'estimation du prix à terme des biens et services réellement mis en production. La discussion et l'exécution des lois posant la réalité des biens est une fonction politique. L'interprétation des lois politiques dans les biens et services effectivement livrés ou à livrer est une fonction judiciaire générale souveraine. Seule l'attribution d'un prix nominal d'offre ou d'un prix réel de règlement en signes monétaires à un actif particulier peut être légitimement pris en charge par une banque et les intérêts particuliers qui la dirigent.

La réalisation du droit des gens n'est plus à la disposition des banquiers et des déposants particuliers, si et seulement si la puissance publique dispose de son propre capital intouchable par des intérêts particuliers bancarisés. Pour que les pertes de crédit bancaire ne soient en aucun cas compensées par le capital commun de la souveraineté politique, il faut que les États souverains dépositaires des lois nationales et internationales aient une bancarité propre intangible par de quelconques intérêts privés y compris les intérêts particuliers des dirigeants politiques et bancaires. Donc les banques centrales doivent avoir un capital entièrement détenu et effectivement contrôlé par un État souverain ou des sociétés contractuellement constituées d’États souverains.

Taxer les dettes par une mesure réaliste de l'activité économique réelle impose au minimum de revenir au système politique institutionnel de Bretton Woods où le crédit et les réserves de change sont surveillés par une organisation d’États et non par des banques privées. Mais le système de Bretton Woods étalonné par un or non réellement mesurable ni effectivement déposé au nom des gouvernements a failli faute d'une véritable compensation par des transferts réels de propriété publique des erreurs de politique fiscale, économique et monétaire. Il est maintenant avéré que les organisations internationales publiques de régulation de la monnaie sont radicalement inopérantes sans disposition d'un pouvoir souverain de compensation économique des politiques nationales par des transferts de réserves de change. La souveraineté monétaire qui garantit le pouvoir d'achat universel équitable des monnaies ne peut pas ne pas être partagée dans un monde unifié où les personnes, les services et les biens passent librement d'un espace politique à l'autre.

La souveraineté monétaire partagée signifie que la loi commune publique est la garantie de toute dette même internationale. Un intérêt particulier, même d'une nation toute entière, ne peut plus être la preuve ultime de la réalité d'une dette. La souveraineté monétaire partagée est substantiellement constituée par un État de droit multinational disposant de ressources fiscales propres dont la finalité et l'unique usage sont la garanties des dettes publiques et bancaires internationales. Quand une dette d’État devient disproportionnée à la production de la zone monétaire qu'il contrôle, la monnaie de l’État doit être dévaluée en monnaie internationale afin qu'une compétitivité internationale accrue de la production domestique vienne diminuer le prix nominal international de ce que le marché domestique se doit à lui-même.

Une fiscalité financière interétatique serait prélevée sur les flux financiers interbancaires en fonction du motif réel vérifiable des paiements. La fiscalité financière de garantie multinationale des dettes serait prélevée sur les primes de change que les banques se règlent actuellement sur leurs positions de change dans les différentes monnaies où elles prêtent et empruntent. Au lieu d'accroître exclusivement le capital privé des banques, les primes de change seraient partiellement capitalisées dans des banques centrales multinationales publiques. Les banques centrales multinationales réinvestiraient leur capital fiscal dans le rachat des primes de crédit des États en fonction de la conformité de leur politique domestique aux normes internationales de solvabilité publiquement négociées et vérifiées. Ainsi les parités de change ne sont plus un équilibre imprévisible d'aléas moraux mais une politique internationale délibérable de proportionnalisation des dettes aux réalités économiques.

La fiscalité financière interétatique est un système international de garantie publique des dettes par la loi commune universelle à tous les intérêts particuliers. Elle implique concrètement le traçage international public de la circulation monétaire du capital selon tous les motifs licites possibles de paiement ou de transfert légal. Elle implique évidemment le règlement à la source systématique du provisionnement fiscal de toute dette issue d'un écart entre le paiement en monnaie et le prix réel d'un bien ou service livré. La fiscalité financière internationale signifie donc que chaque État national se dote d'un système de dépôt juridique de tous les biens et services engagés dans les contrats donnant lieu à un quelconque paiement en monnaie. D'où il découle que toute dette publique nationale est juridiquement la capitalisation de toutes les dépenses publiques engagées pour garantir la réalité légale des droits déposés dans les banques en monnaie nationale.

Taxer les dettes signifie que la monnaie ne libère d'une dette qu'à la condition de la livraison effective d'un bien ou d'un service au prix réel du montant nominal remboursé. Le prix réel n'est pas celui que comptabilise un banquier mais celui qui résulte de l'équilibre instantané de l'offre et de la demande d'un bien légal déposé dans un marché public. Un marché où tous les intérêts en négociation se rattachent à des personnes identifiées intégralement responsables de leurs dettes par leur travail vérifiable. Dans un tel marché réel, le capital qui garantit une dette n'est pas produit ex nihilo par une mécanique comptable. Le capital est l'engagement d'une réalité visible, vérifiable par une société politique, confiée à des personnes identifiées et incarnées. Les personnes physiques solidaires par le capital d'une même personne morale sont matériellement responsables de la transformation du nominal actuel, comptabilisé comme dette, en réel futur.

La croissance explosive des dettes dans le régime de la circulation bancaire libre du capital est la conséquence directe et immédiate de l'anéantissement systémique de la responsabilité des Etats dans l'émission réelle de la monnaie. Aucune loi concrètement appliquée par des intérêts économiques réels égaux en droit ne vient corroborer la comptabilité des banquiers. La fiscalité qui est la seule garantie universelle en dernier recours des dettes officiellement dues s'applique arbitrairement en toute iniquité aux seuls actifs matériels visibles telles que les usines, les bureaux et l'immobilier, alors que le capital financier de plus en plus adossé à de fausses dettes s'accumule fictivement et invisiblement à l'abri de toute imposition.

La fiscalité financière est un système d'assurance publique de convertibilité de la réalité financière en réalité économique humaine. La fiscalité est le financement de l'économie par la Loi. Et la monnaie n'a jamais été qu'une titrisation universelle publique du prix des biens et services produits dans les sociétés politiques. La dette mondiale comptabilisée dans les banques ne reviendra pas dans une proportionnalité raisonnable par rapport à la production humaine réelle tant que la loi souveraine des nations ne sera pas rétablie sur l'émission du crédit et de la monnaie. Il faut donc que les États nationaux s'adossent à des sociétés politiques internationales dont la fonction soit de compter le capital public en monnaie internationale nécessaire à l'assurance de toutes les dettes en monnaies nationales.

Or l'abandon de Bretton Woods a suscité l'amorce du premier État financier international : l'Union Européenne couvrant une zone de monnaie unique multinationale. L'Union Européenne peut devenir un État réel de souveraineté financière multinationale :
1) en se dotant d'un gouvernement financier responsable devant un parlement de la zone euro représentant les citoyens européens,
2) en déclarant l'inconvertibilité de l'euro en dollar en dehors du système européen unique de paiement (SEPA),
3) en implémentant une fiscalité interbancaire à la source selon les motifs de règlement déclarés par les payeurs, les intermédiaires et les bénéficiaires,
4) en instaurant des parités nationales variables de l'euro matérialisées par des primes de change fiscal proportionnelles à l'évaluation fédérale de la solvabilité des États nationaux,
5) en accordant une personnalité morale financière à tout emprunteur en euro y compris à l’État fédéral afin de responsabiliser tout utilisateur de l'euro en bien européen commun légal,
6) en interdisant tout contrôle d'un capital bancaire en euro par une personne morale non physiquement représentée par des personnes soumises à la fiscalité européenne,
7) en identifiant dans un état civil public européen toute personne physique ou morale créancière ou débitrice en euro dans un droit national déposé officiellement dans la loi européenne.
# Posté par S du Jonchay | 11/11/15 16:40
DvD's Gravatar Les plus audacieux des économistes américains concluent même que le "privilège exorbitant" de pouvoir émettre des $ à volonté en règlement de leurs déficits est en fait un "fardeau exorbitant" car le statut de réserve internationale du $ implique pour les US de prendre sur leur bilan l'essentiel des déséquilibres du système commercial et monétaire international, c'est à dire de s'enfoncer toujours plus dans la dette dès lors que le reste du monde à une croissance supérieure à la leur.

Ci-joint l'article de Michael Pettis à ce sujet.

http://blog.mpettis.com/2014/10/are-we-starting-to...
# Posté par DvD | 16/11/15 08:51
DD's Gravatar Excellente citation.

Elle montre le role de la "vulgate de la puissance américaine" sur les esprits américains, même dans les plus hautes universités. Elle montre aussi la "vulgate de l'impuissance européenne". Les couples d'excédents majeurs et leurs déficits associés sont aussi néfastes au sein d'un zone non pilotée de monnaie unique que dans un système non coopératif de monnaies flottantes. Le secret de la prospérité est la liberté des échanges dans un cadre qui interdit les déficits et les excédents massifs de balances des paiements.

Le meilleur cadre est un système de changes fixes et ajustables avec gendarme, étant convenu que la référence monétaire mondiale permettant la compensation des déficits et excédents temporaires ne doit pas être une monnaie nationale, et peut être une monnaie différente de l'or exclusif.

Un tel système est dans l'intérêt de tous, y compris des Etats-unis. Nous le disons depuis...1973 ! La logique américaine de puissance interdit la diffusion de cette vérité. Nous comptions alors sur la "pédagogie de la crise". Il est intéressant de noter que quarante plus tard, trois crises majeures subies et une stagnation mondiale prolongée en cours, le désastre commence à faire bouger les choses, aux moins aux marges.

Pour aller plus loin, il faudrait que le FMI prenne la tête d'une croisade explicative et démontre les dangers du système actuel et son rôle dans les conséquences subies. Malheureusement, l'indigence de Mme Lagarde, sur un plan technique, et sa soumission totale aux Etats-Unis, interdisent une telle évolution. Elle en est encore à se réjouir que la Chine veuille faire finalement flotter sa monnaie !

Il faudrait également que l'Europe bloque le traité transatlantique dans l'attente d'une réforme du système monétaire international. Malheureusement les américains contrôlent la Commission, les "européistes" étant presque toujours des atlantistes subventionnés par le gouvernement américain et qui leur doivent leur carrirèe internationale. Bruxelles est entièrement soumis aux américains.

Une fois encore, il ne s'agit pas pour le FMI, ou l'OCDE, ou la Commission de se lancer dans des batailles de pouvoir. Mais de faire valoir un raisonnement fondé sur les faits, une analyse rationnelle de la situation, un projet utile au monde car logique et appuyé sur la réflexion et l'intérêt bien compris de tous les participants.

Pour l'Europe la situation se complique de la question de l'Euro, qui, dans l'organisation atuelle est un système non fonctionnel. C'est pour cela que nous proposons un "chancellier de la zone euro", hors du système communautaire de Bruxelles, appuyé sur les Etats et leurs représentations démocratiques, et qui aurait vocation d'éviter et de corriger les glissements des balances de paiements internes et de gérer la relation moéntaire avec l'extérieur. Il doit être armé d'une doctrine poussant vers une réorganisation du système monétaire itnernational.

Les thèses que nous exprimons sur ce blog n'ont rien d'exotiques, de marginales, d'outrancières, ou de malintentionnées vis à vis de l'Union Européenne ou des Etats-Unis. Elles sont le coeur même de la science économique, indépendante, nécessairement indépendante, vis à vis des relations de pouvoir. On peut même dire qu'elle n'ont rien d'original. Comme nous le signalons sans cesse, elles ont été mille fois exposées dans le passé, notamment par des économites français éminents.

Le drame, c'est leur abandon par les économistes "officiels" au pofit soit de lubies comme "la finance", présentée comme une discipline indépendante vopire substitutive de l'économie, soit d'un carrièrisme prudent qui sait se couler dans les idées susceptibles de valoir des postes, des récompenses et des émoluments sympatiques. Cela est vrai pour les 20% un peu actifs. les 80% autres dorment dans la connivence et l'irréflxion et parfois l'absence de toute connaissance sérieuse des principaux sujets économiques cruciaux, comme les questions monétaires.

Ce que l'on peut craindre, c'est que les américains prennent un jour le mors au dent et reviennent dans les clous d'une pensée écoomique utile, alors que les économistes français continueront à enseigner l'ancienne doxa américaine !

Le pire pour la réputation de l'université française.

Mais le meilleur pour le monde.
# Posté par DD | 16/11/15 13:37
DvD's Gravatar Oui, je crois qu'il est en effet probable que les Etats-Unis revoient, à plus ou plus ou moins brève échéance, leur conception de la mondialisation et de leur hégémonie au sein du système international.

En effet, pour les Etats-Unis, le développement spectaculaire de la production domestique de gaz et de pétrole de schiste (les chiffres sont disponibles sur le site du Department of Energy) a matériellement réduit leur dépendance aux approvisionnements extérieurs. Au point que les bénéfices en termes de sécurité des approvisionnements extérieurs des engagements militaires incessants vont rapidement devenir - en fait sont déjà - très largement inférieurs aux coûts en termes de budgets militaires, en termes de relations diplomatiques, en termes de sécurité du territoire national et du budget de surveillance colossal qui y est affecté.

La baisse à marche forcée des coûts en cours en ce moment même dans l'industrie pétrolière américaine du fait de la chute des prix du pétrole ne va faire qu'accélérer ce processus. L'industrie pétrolière américaine va rapidement devenir plus compétitive que celle - largement moins concurrentielle dans son organisation et dans sa gestion - de ces fournisseurs extérieurs.

Quelle est donc l'orientation stratégique la plus probable d'un État continent (les États-Unis) le plus prospère au monde, auto-suffisant en matière alimentaire et maintenant auto-suffisant en matière énergétique et qui, par ailleurs, est en train de prendre conscience que la suprématie monétaire du $ dans le cadre de la mondialisation des échanges n'est pas seulement un "privilège exorbitant" mais aussi un "fardeau exorbitant" qui a conduit les Etats-Unis à crouler sous la dette ? Dans cette situation, l'orientation stratégique la plus probable des Etats-Unis à plus ou moins brève échéance est celle d'un repli sur soi. Il me semble donc que la période "impérialiste" américaine (pour utiliser un terme connoté) est plutôt sur le déclin et que la stratégie future risque d'être nettement plus isolationniste. Bien sûr, il y a la force d'inertie des idées qui ont dominé pendant longtemps et qui ne disparaissent pas du jour au lendemain. Le repli sur soi risque donc de s'opérer lentement et en zig-zag. Il n'est pas encore visible dans les faits, même s'il avance dans les esprits américains. On le perçoit dans les thèmes de la campagne présidentielle en cours aux Etats-Unis. Ce repli sur soi me semble probable tant le calcul coûts - bénéfices est clair pour les Etats-Unis.

L'Europe est nettement moins avancée en termes d'indépendance énergétique et se trouve donc dans une situation plus vulnérable. Vulnérabilité encore renforcée par sa proximité géographique avec le Moyen-Orient, l'Afrique du Nord et la Russie, ainsi que par les lourdeurs et le déficit démocratique de son mode d'organisation communautaire. A cet égard, il est aussi important de noter que l'Europe de la Défense n'a aucune existence concrète. Il est donc effectivement à craindre que dans un monde où le "leadership" américain se serait recentré sur lui-même, les faiblesses de l'Europe telles qu'elles résultent de son organisation actuelle soient encore plus visibles et marquées. Il risque de devenir flagrant que l'Europe n'est pas actuellement équipée pour une "diplomatie de la prospérité".
# Posté par DvD | 19/11/15 16:59
Micromegas's Gravatar "Le repli sur soi risque donc de s'opérer lentement et en zig-zag"

Il s'opère sous nos yeux en Europe et surtout en France, avec son président zig-zaguant.

"Il me semble donc que la période "impérialiste" américaine (pour utiliser un terme connoté) est plutôt sur le déclin et que la stratégie future risque d'être nettement plus isolationniste."

Le plan américain, explicite depuis Reagan, est de permettre aux entreprises américaines de dominer le monde des affaires. C'est la raison pour laquelle, les grandes entreprises ont été autorisées à opérer dans des paradis fiscaux pour conquérir le monde hors impôt, sachant que seul le rapatriement des gains serait taxé. Des secteurs entiers sont désormais sous domination ou en voie de conquête : la banque, les assurances, les nouvelles technologies, les entrepries internet, la médecine, la pharmacie, le cinéma et les disciplines du spectacle, les armements ...

Les Américains sont d'abord inquiets des progrès de l'Asie. Ils ne sont pas intervenus en Irak pour le pétrole. Mais essentiellement pour protéger Israel. La course des pays musulmans à celui qui aurait le plus vite la bombe atomique pour exterminer les juifs du Moyen-Orient a été la motivation principale de tout ce qui s'est passé depuis 30 ans au Moyen Orient.

Le traité transatlantique est clairement une tentative d'imposer les normes et le droit américain pour éliminer les obstacles à la domination des entreprises américaines leader mondaux dans leur domaine. Et ensuite la volonté est de se présenter en position de force face à l'Asie.

Ce sont les macro-économistes américains qui commencent à s'inquiéter d'une inertie intellectuelle intéressée et contreproductive. Pas les économistes pro business qui sont tous des théoriciens de la domination heureuse des entreprises américaines.

Obama est un prédicateur à dimension essentiellement nationale. Il n'a pas de politique étrangère. Mais il laisse faire. En ce sens il ressemble à François Hollande, qui n'a jamais eu de politique extérieure et qui en est réduit à des virages à 180° sous la pression des évènements.

A terme la situation n'évoluera qu'à la marge aux Etats-Unis qui ne pense qu'à la Chine, du point de vue géopolitique, et qui laisseront leurs entreprises conquérir le monde, sans beaucoup d'égards pour leurs alliées notamment européens.

L'Europe est en effet la victime, depuis longtemps, du laxisme monétaire intéressé des Etats-Unis, de la guerre économique disymétrique menée par leurs grandes entreprises, et désormais de leur froide volonté d'imposer leurs normes et leur droit. Cela ne va pas s'arranger.

L'isolationnisme, latent aux Etats-Unis depuis toujours, se double d'une volonté offensive extérieure dans le "business". La très grande richesse vient, aux Etats-Unis, pratiquement uniquement de cette conquête mondiale sur fond d'abandon de l'économie interne à ses propres tourments. D'où le sentiment d'un écart de richesse devenu abyssal. Mais ceux qui gagnent à ce jeu tiennent Washington. Et ils veulent continuer à jouer le jeu à fond.

Un changement de cap ne sera possible qu'en cas drésistance des "alliés" et si en interne les explications économiques de la déréliction qui frappe l'essentiel des classes du pays, et d'abord la classe moyenne, prennent de l'essor dans les universités américaines. C'est la conjonction des deux qui pourra provoquer l'émergence d'une nouvelle doxa et la reconstruction d'un système économique un minimum sérieux.

A mon avis c'est en route. Dans une quarantaine d'années on devrait voir les résultats ....
# Posté par Micromegas | 20/11/15 12:12
S du Jonchay's Gravatar @Micromégas,
Votre analyse est intéressante : quels sont les institutions ou les processus émergents qui prouvent des résultats possibles et plausibles à la "reconstruction d'un système économique minimum sérieux" ?
# Posté par S du Jonchay | 20/11/15 13:10
Micromegas's Gravatar Tout cela est très diffus. En aucun cas "institutionnel". Mais réel. Le schéma "pro business américain" est en train de rencontrer des oppositions qui dépassent le cadre conventionnel "gauche droit". Il y a toujours eu un radicalisme aux Etats-unis qui, n'étant pas bordé comme en Europe par le "satan" communiste, a pu se développer de façon beaucoup plus excessive qu'en Europe dans le domaine sociétal mais qui restait "subdued" dans le domaine économique. Les économistes keynésiens et "de gauche", comme Krugman et Stiglitz ont la cote en Europe et surtout en France, parcequ'ils couchent dans le lit du socialisme et du keynésianisme conventionnels. Ils n'ont ni l'un ni l'autre prévenu de la crise qui arrivait ni donné le moindre éclaircissement sur ses causes. Les critiques systèmatiques vis à vis des Républicains américains ne font pas une doctrine. La détestation du FMI et des hommes qui l'ont dirigé non plus. "J'étais contre, donc c'est la preuve que j'avais raison" est tout de même un peu juste comme argument probant.

Ce n'est pas de là que vient les évolutions américaines. D'abord et Bernanke et son prédecesseur Greenspan admettent désormais qu'ils se sont trompés. Pour ce dernier, la survenue de la crise a été un terrible désaveu. Il dit qu'il faut penser autrement. De même Bernanke qui croyait que les crises pouvaient être jugulées par les seules banques centrales a du déchanter.

Ce sont tout de même deux évolutions critiques. L'Université, importantes aux Etats-unis, ne peut ignorer ce double échec. Il faut bien expliquer pourquoi cela a sauté. La doxa est coupable. Certaines idées sur les marchés monétaires qui étaient considérées comme exotiques ou "européennes", ce qui est la même chose pour un américain, commencent à entrer dans les esprits comme ne manquant pas totalement de fondement. En dehors des livres opportunistes habituels en cas de crise profonde, certaines études de fond commencent à sortir qui sont des remises en cause de la doxa. On le voit lorsqu'on lit the économist : les éditorialsites commencent à changer de bord !

Donc cela bouge.

Sauf en Europe où le cerveau économique officiel marque un electro-encephalogramme totalement plat, sauf dans la dénonciation marxiste habituelle façon Picketty. Le conformisme et les attitudes idéologiques traditionnelles prévalent toujours. La seule différence : les gestionnaires de fortune en France n'invitent plus les économistes à expliquer combien le système est bienfaisant !

Mais les politiques commencent à s'énerver d'un impérialisme idéologique et pratique américain qui est conçu comme exclusivement en faveur du business et du fisc américain. Voir par exemple le début d'un certain "anti américanisme" de droite, alors que jusqu'ici l'antiaméricanisme était "l'imbecillité" de la gauche extrêmiste.

Des mèches s'allument un peu partout pour dire que le statu quo n'est plus possible. Elles sont encore loin du baril de poudre qui fera sauter la doxa pénible et controuvée qui nous a conduit à la crise,. mais cela vient.

Surtout des Etats-unis, sur le plan purement intellectuel, ce qui est la honte des "économsites officiels", comme dit Didier Dufau mais qui souligne l'intérêt de ce site. Je reste stupéfait par la qualité des prévisions qui ont été faites, la constance des analyses et le fait que désormais les idées développées deviennent les ferments du renouvellement de la pensée économique globale. J'espère plein succès à l'Etrange Désastre que je viens de lire et qui reprend de façon universitaire mais dans un style dynamique toutes les thèses de ce site.
# Posté par Micromegas | 21/11/15 13:50
S du Jonchay's Gravatar Merci Micromégas. Vous constatez donc qu'il y a aux Etats-Unis peut-être davantage qu'en Europe des intelligences honnêtes qui disent tout haut que les résultats prédictibles de la doxa ne sont objectivement pas vérifiés par les faits. Que l'erreur est doctrinale et non dans une mauvaise ou fausse interprétation de la doctrine.
Y a-t-il des praticiens et des scientifiques pour proposer un multilatéralisme monétaire régulé par une unité de compte internationale négociable par une représentation multinationale des pouvoirs politiques nationaux et régionaux ? Une unité de compte internationale du crédit qui échapperait à la concurrence anarchique des intérêts particuliers, sectoriels et régionaux ? Donc une politique internationale de régulation des changes et du crédit qui échapperait à l'emprise exclusive de la finance et du droit étatsuniens ?
# Posté par S du Jonchay | 21/11/15 14:39
stéphane's Gravatar @ jonchay :

les intérêts particuliers sont harmoniques, ce 'nest pas une concurrence anarchique, démontré depuis Bastiat il y a plus de 150 ans.

"la finance" cela n'existe pas, c'est un concept, une image, arrêtez de faire de la réification.
# Posté par stéphane | 23/11/15 10:21
Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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