La « société durable » : le nouveau masque de l’anticapitalisme primaire

Depuis mai 1968 on sait qu’il y a une composante « révolution culturelle » dans la gauche internationale. On la croyait disparue depuis que l’horreur des crimes des Khmers Rouges a été jugée génocidaire, comme, enfin, les atrocités commises par Lénine, Trotski et Staline, notamment en Ukraine. La reconnaissance désormais générale des massacres ahurissants qui ont accompagné le règne de Mao a laissé le maoïsme en lambeaux. Bien sûr certains se flattaient, encore récemment, fume cigarette à la main, d’avoir fourni des petites occidentales blondes au Grand Timonier. Et de glousser ! Mais l’effondrement plus général du communisme avec la fin de l’URSS n’a pas arrangé les choses. La pulsion de destruction de la société existante pour une utopie motivante pour les assassins de masse ne trouvait plus trop à s’employer.

On l’a vu un peu renaître avec le culte de l’ignoble Prachandra ou les horreurs des Farc, un temps sacralisés par le journal le Monde. Mais même ces rigoles de crimes abjects ont fini par lasser à l’extrême gauche et dans les milieux germanopratins. L’Europe de l’élimination du « bourgeois » est encalminée, trouvant un bien faible refuge dans la culture subventionnée.

Aux États-Unis, la radicalité a toujours été plus forte qu’en Europe. Depuis le maccarthysme, il n’y a plus eu de parti Communiste. En Europe, il fixait la limite à ne pas trop dépasser. On savait quand on entrait dans l’ignoble et dans le crime. On faisait semblant de croire que la parole mensongère de Jean-Paul Sartre, entre deux masturbations au premier rang du cinéma porno de la rue Delambre, avait une valeur quelconque et lui-même faisait semblant de croire que l’URSS était un bienfait. Un temps étrange.

Rien de tel aux États-Unis. L’inspiration n’est pas socialiste. Les militants poursuivent le Bien de façon presque religieuse. La coercition sociale est un moyen habituel comme l’éjection de la société, ce qui n’était pas du tout le cas en Europe où le souvenir des guerres de religion a très longtemps laïcisé et étatisé la contestation. Le bannisement était banni.

La lutte pour la reconnaissance de la responsabilité occidentale de la Shoah y a été un énorme succès. La série télévisée Holocaust a déclenché un véritable tsunami d’émotions. La tragédie des exterminations juives voulues par Hitler, qui dans l’immédiat après-guerre ne pouvait pas être distinguée des massacres et exactions commises sur l’ensemble de la population française, chaque Français ayant une claire conscience des pertes et des souffrances infligées par l’occupant nazi, a été singularisée sous le nom de Shoah. On cessa de parler de « système concentrationnaire » appliqué par les Nazis, le Japon, l’URSS et la Chine à quantités de segments de population. Accompagnée par la production de nombreux films et livres, la Shoah devint le fait le plus important de la seconde guerre mondiale et la responsabilité des populations non juives fut lourdement stigmatisée. Un livre comme celui de Paxton a développé l’idée que l’ensemble des Français, sauf quelques justes, et tous les gouvernements du Maréchal Pétain, s’étaient en quelque sorte lavé les mains du génocide, et que la responsabilité collective était la cause de "l’énormité" des massacres. La communauté juive devenait non pas la victime d’Hitler mais celles des mauvaises pensées antisémites occidentales. L’aspect pénitentiel coIlectif après une telle "complicité" est devenu envahissant. Le devoir de mémoire et de pénitence s’est imposé dans les médias et l’édition, où la Shoah est devenue un compartiment de la production littéraire. Politiquement, en ont résulté des conséquences juridiques dont on voit aujourd’hui qu’elles sont fâcheuses : on a aggravé les peines lorsqu’il s’agissait d’une victime juive ; la « provocation à la haine » est devenue un délit l La contestation de certains faits historiques a été interdite. Ces trois mesures étaient totalement contraires aux principes Républicains d’égalité. Tous les citoyens sont égaux en droit et personne ne l’est un peu plus que les autres. La liberté de parole est considérée comme fondamentale. Le délit de provocation à la haine est contestable. Généralisé il revient à réduire la population au silence. Culpabiliser toute la population française jusqu’à la fin des temps était plus que contestable. La demande d’indemnisation des victimes non plus directes mais de la Communauté juive comme telle plusieurs décennies après la guerre est également totalement exorbitante des règles usuelles. De plus l’enseignement public a été chargé de perpétuer la lutte contre l’antisémitisme en exaltant l’émotion autour de la Shoah. Elle est devenue si dominante dans l’enseignement de l’histoire qu’on verra certains livres scolaires d’histoire consacrer 50 pages à l’extermination des Juifs d’Europe centrale et deux lignes à l’extermination des Koulaks, en insistant qu’ils avaient été la victime d’eux-mêmes, alors que ce dernier massacre a tué près de 10 millions de personnes. Une guerre mémorielle inégale s’est mise en place tournant au combat idéologique, ce qui ne pouvait que nuire à la cause juive à long terme, comme l’a très bien vu Éric Zemmour.

La conséquence la plus nécessaire a été la prise de conscience de la singularité du génocide juif et de l’obligation d’en finir avec un antisémitisme latent notamment dans les milieux catholiques peu favorables au peuple qui avait tué Jésus !

La conséquence la plus problématique a été la création d’un statut de victime officielle avec des protections juridiques    particulières exorbitantes du droit commun et une propagande scolaire envahissante.

Le Wokisme américain, sans limite, va généraliser l’optique victimaire. La conséquence on la voit très clairement :

-          Généralisation des catégories de victimes

-          Réclamation du même statut victimaire que les Juifs : loi contre la haine, recherche active des vilains et exclusion sociale, peines supérieures lorsqu’on s’attaque aux victimes concernées, endoctrinement scolaire et dans les médias publics et actions répétées "politiquement correctes"  en vue de faire tomber les préjugés, indemnisation des « communautés ».

Comme il n’y avait plus d’Hitler, il a fallu culpabiliser quelqu’un : ce sera l’homme blanc hétérosexuel, devenu la cause de tous les malheurs ayant accablé nos nouvelles « victimes ».

Au nom de la lutte contre l’oppression, il fallait opprimer les oppresseurs, et dans l’optique puritaine et plus généralement protestante propre aux Anglo-Saxons surtout aux États-Unis et au Canada, ne pas hésiter à les bannir de tout espoir de survie dans la « communauté des bons et des bienveillants ». Le bannissement social et la ruine ont remplacé le génocide comme instrument de promotion d’une société purifiée. Plus question du slogan « il est interdit d’interdire ». Ceux qui ne veulent pas répéter les vérités sacrées doivent être chassés. On a vu revenir les piloris maoïstes mais sans arrachage des yeux. Les déchaînements ad hominem veulent la mort sociale du dissident lynché. Au malheureux de savoir si cette mort sociale doit se traduire par un suicide. Cette forme d’action politique était largement inconcevable pour une certaine gauche française qui voulait bien la révolution mais sans les Sorcières de Salem. Faute de grives on prend des merles. Et faute de Marx et Lénine, il lui a bien fallu se satisfaire de Savonarole.

Curieusement, la réclamation écologique, basée sur la déification d’une nouvelle victime, la nature sacralisée, dont l’homme prédateur est exclu, est venue s’ajouter à la liste des combats contre les vilains.

Là aussi on retrouve une culpabilisation larvée de tout le monde, dont on ne peut se laver qu’en devenant un adepte sectaire luttant contre le capitalisme prédateur. L’homme est coupable au tribunal des oiseaux, des insectes, des gros mammifères, des poissons. Honte à lui qui signe en plus son suicide en tuant le vivant !

Apparaît aujourd’hui un nouveau concept qui permet d’unir toutes les réclamations anticapitalistes mais sans les massacres. Une forme de stalino-mao-centrisme ! Il permet de crier à nouveau : « tous, tous, tous ensemble contre le capitalisme » et pour une nouvelle société mythique : la société durable.

Ah ! ce merveilleux concept de « société durable » qui fait tomber toutes les oppositions et ouvre à nouveau de belles perspectives soviétiques ! Le capitalisme étant infect et destructeur, il ne peut pas durer. Donc il faut le remplacer. C.Q.F.D. ! La destruction du capitalisme devient à nouveau le moyen de construire la cité radieuse, car seule la cité radieuse peut durer. Et comme tout le monde se mobilise pour le durable afin de sauver l’espèce et le monde vivant, les petits oiseaux et les éoliennes deviennent le moyen d’adhésion de masse aux moyens les plus brutaux de chirurgie sociale, sans même avoir à invoquer Marx, Lénine, Mme Ceaucescu, Che Gevara ou quiconque. Seulement l’abbé Pierre,Coluche et Angela Davis.

Pour ne pas reprendre la terminologie un peu usée du gauchisme, un nouveau vocabulaire s’élabore, autour du terme de transition, remplaçant celui de révolution. La révolution c’est violent. La transition c’est gentil. Gentil mais indispensable. La nouvelle doctrine propose un nombre presque infini de transitions, au nom desquelles on peut tout détruire progressivement par la brutalité étouffante des lois et par le « shaming » et le « naming ». Adieu les libertés et la propriété au nom d’un bien supérieur ! Tellement supérieur ! Et en prime, il n’est plus nécessaire d’essayer de justifier des massacres effarants. Le must ! Voici donc le révolutionnarisme qui s’empare :

-          De La transition énergétique. Adieu logement et voiture.

-          De la transition démographique : adieu bébés et vive la submersion des immigrés

-          De la transition naturaliste : vive les animaux et au pilori l’homme satanique

-          De la transition multiculturelle : la culture de l’altérité exige qu’on sacrifie la sienne propre

-          De la transition de genre : la question clé devient l’avenir glorieux du transgenre

-          De la transition visant la fin du privilège occidental qui a causé l’esclavage et la colonisation. Ceux-là, c’est-à-dire, nous, cela suffit !

-          De la transition visant l’égalité absolue sans laquelle rien n’est durable : la révolte contre la plus grande richesse de l’autre est légitime car elle compromet l’avenir apaisé de la société.

-          De la transition visant la fin des esprits libres et le respect absolu du « logos transitionnel ». À quoi sert la liberté de penser si elle n’est pas asservie au bien commun et compromet la durabilité de la société magique ? Une antique question posée depuis le début des religions.

-          De la transition visant la fin de la propriété qui aliène le bien commun. Il faut en finir avec la passion d’avoir. Avoir c’est se saisir d’une partie de la nature et du bien commun pour de viles satisfactions individuelles.

-          De la transition visant la fin des nations et le nationalisme qui aliène les peuples, du moins en Occident. Ailleurs, on s’en fout ! Même si des dictatures nous menacent.

 Toutes ces transitions sont l’occasion de remettre au goût du jour des recettes bien connues du bloc soviétique, le tout aligoté avec des pratiques bureaucratiques bien de chez nous. Surtout elles permettent de faire croire à tout sympathisant de l’une ou l’autre de ces transitions qu’il faut voter pour une coalition mêlant toutes les formes actuelles de luttes LGBT, wokiste, avec en prime le reliquat du socialisme et des trompes de l'action violente pour la nature.

On retrouve toutes les dimensions du slogan « du passé faisons table rase », mais par une transition, pas par une révolution. On retombe dans une société de la religiosité et du catéchisme. Les grenouilles de bénitiers médiatiques sont devenues harceleuses de réseaux sociaux. La théologie de révolution cède la place à une théologie de la transition.

La transition vers le meilleur des mondes se drape dans les oripeaux idéologiques de la marche vers la « société durable » !

En vérité, c’est un pur suicide mais assisté par les bons sentiments et dans la joie et la bienveillance active. Le Dieu Baal n’a qu’à bien se tenir.

La décroissance n’a pas de fin heureuse, la dépopulation n’a pas de fin heureuse, la jachère agricole ne porte aucun espoir, l’égalitarisme dans la pauvreté,  on a vu le résultat dans le bloc soviétique, la démoralisation des hommes et leur avilissement ne mènent pas aux lendemains qui chantent, la baisse de l’influence occidentale ne mène pas à la paix, la perte du droit de propriété permet de tuer la liberté, et les génuflexions devant l’islamisme ne sauraient en changer la nature. La coercition sociale est une horreur et le retour des tribunaux de la pensée n’ouvre pas sur un avenir radieux.

La « société durable », telle qu’elle sert de devanture aux mouvements anti bourgeois et anti capitaliste, est l’exemple d’oxymore le plus pur. La « société durable » c’est le nouvel « habit neuf des héritiers du président Mao ».

L’aspect auto régressif de ce système de pensée est prouvé par le retour de bâton qui touche la Shoah. L’invraisemblable crime contre l’humanité commis par le Hamas le 7 octobre 2023 a été classé en acte de résistance par les militants Woke des universités américaines comme par la Nupes mélenchonienne. Un nouvel antisémitisme massif est sorti du Wokisme exigeant qu’on libère un nouveau peuple martyr de substitution, le peuple palestinien. L’islam est violent et le statut de dhimmi n’est peut-être pas le plus joyeux ? Qu’importe ! L’Oumma veut soumettre l’ensemble du monde ? Qu’importe ! Le mouvement victimaire se retourne contre lui-même et glorifie le bourreau à la tronçonneuse qui découpe des enfants et envoie la vidéo à ses parents pour passer un moment festif exceptionnel !"Bravo mon fils, comme tu découpes bien" !

Plus d’enfants, plus d’amour, plus de prospérité, plus de croissance, plus de culture, plus d’histoire, plus de futur… La « cancel culture » a mis tous les vautours noirs ou rouges d’accord. Sur la table rase, ne construisons plus rien. Le meilleur des mondes, la société durable, c’est la mort de l’humanité ravageuse, cette singularité anti naturelle et maudite depuis toujours. Cette idéologie suicidaire entend dépasser les gouvernements et s’imposer par l’intermédiaire d’organisations internationales occidentales ; ONU, Union Européenne, l’OMS, le GIEC doivent l’emporter sur les États, survivance du passé honteux de l’humanité.

Pour les esprits libres et les défenseurs de la trajectoire majestueuse de l’humanité, le temps de la bataille pour les libertés, pour les progrès dans tous les domaines et pour la prospérité, individuelle et collective, revient. Elle passe par une remise en cause du détournement du concept de « transition » pour contraindre et détruire. La grande urgence est là. La pulsion de destruction de la société existante pour une utopie motivante a retrouvé de l’élan.

La société du râble à qui on fait le coup du lapin n’est pas durable.

Il faut mobiliser contre cette nouvelle pieuvre attentatoire à tout ce qui a fait l’intérêt de la pensée française et de son apport à la civilisation et qui nous mène au néant.

Didier Dufau pour le cercle des économistes e-toile.

Commentaire
Raphael's Gravatar Le wokisme est une métastase du post.modernisme .
La lutte pour le Bien est, ridiculisée .
La lutte héroique depuis pour la Liberté de pensée est conspuée .
La lutte pour une spiritualité est déclassée
Avec le postmoderne triomphe le conformisme victimaire dont les tetes d'affiche sont :
LGBTQ - Rom Sintis Manouches - Kosovars ( des albanais en Serbie ) - Palestiniens ( des fellahs venus d'Egypte et d'Irak entre 1920 et 1940 attirés par le renouveau économique crée par les Juifs ) - Immigrants d'Afrique embarqués en Lybie ...Le droit au logement vous attend ..
Silence tombal sur les 5 millions d'allemands expulsés d'europe centrale , silence sur les 8 millions de musulmans de l'Inde ayant fui au Pakistan, silence sur 800.000 juifs ayant fui le Maghreb-Machrek .
Vous etes victimes ? Vous aurez un statut .
Vous n'etes pas victimes ? Alors vous etes forcément un salaud .
En fait cette metastase est tout bénéfice pour ceux qui l'utilisent contre les Nations . La suite est que les nations avec leurs frontiéres, systémes légaux, autorités régaliennes , systemes sanitaires , systemes educatifs doivent céder la place à des " courants sociaux ", a des " tendances médiatiques " ou les pseudo-sondages passés en boucle doivent vous amener a penser " comme il faut .
Bruxelles et le WEF de Davos jouent avec le wokisme pour faire de l'europe un vase espace d'effacement national suivi d'un dumping social féroce .
# Posté par Raphael | 29/02/24 18:27
Martine Suller-Thibaut's Gravatar Voici une synthèse particulièrement bien faite d'une réalité parfaitement observée dans la durée. Je dirai que c'est plus incisif et explicatif que Michel Onfray et Finkielkraut réunis. On voit bien la nouvelle bataille qui s'engage. Espérons que l'Occident ne la perdra pas et qu'il ne faudra pas 75 ans pour s'en débarrasser.

Les droits civiques était un combat nécessaire comme la fin de l'apartheid en Afrique du Sud . La promotion de la femme était devenue obligatoire dans un monde faisant moins recours à la force et n'imposant plus des durées de travail très longues. Essayer de sortir l'homosexualité du champ de la maladie et des geôles, d'accord sans réserve. Moins polluer et être plus attentif aux conséquences de la croissance. Évidemment !

Depuis 1990 le balancier, a été projeté d'un excès à l'autre et les bonnes causes ont été récupérées à des fins inacceptables.

Politiquement le mouvement LGBT est en train d'être récupéré par le révolutionnarisme trop bien connue. Au nom de la convergence des luttes se crée un hydre à deux têtes qui mobilise aussi bien Savonarole que Marx et Lénine.

La prise en main se fait devant nous et nous n'en avons pas conscience. Merci à cet article qui brise le sortilège. C'est le premier ! Bravo Monsieur Dufau. Vous êtes un précurseur nécessaire.
# Posté par Martine Suller-Thibaut | 29/02/24 23:52
Siem's Gravatar Je partage ce commentaire flatteur. Mais ce genre d'analyse n'a pas de public aujourd'hui. . Nous verrons dans quelques années si la prise de conscience se fait.

Aujourd'hui la Banque de France vient de chiffrer à 14 mille milliards le patrimoine des Français. Pourquoi ce soudain intérêt ? Parce que ce qu'on appelle faussement la transition vers une "France totalement décarbonée", dernier nom d'une utopie destructrice, coûterait en France à peu près ce chiffre et qu'une certain nombre de hauts fonctionnaires, désormais structurellement aux commandes du pays, se demandent s'il ne faudrait pas pomper dans le capital accumulé pour financer cette folie furieuse.

On voit ainsi le lien entre volonté de bien faire, plus ou moins bien fondée et risque de socialisation totale de la société. Ce sont plus les Communistes qui parlent de réquisition des maisons insuffisamment occupées, ou de super imposition du capital, mais l'armature administrative du pays. Ce ne sont plus les adeptes du Grand soir qui imposent leur propagande forcée à des auditoires captifs. Si des initiatives coordonnées imposent à des enfants des jardins d'enfants et des écoles des spectacles de travestis avec une plume rose bien placée, elles ne viennent pas de mouvements socialistes exacerbés.

Les conditions d'une dictature ruineuse sont en train de s'assembler en France. Les Français n'en ont pas conscience parce qu'ils ne sont pas habitués à la mentalité américaine et se croient immunisé contre le retour des exaltations religieuses. Les partis français regardent ailleurs ou se penchent sur l'intérêt de rejoindre le flot.

Une mécanique d'autodestruction "au nom du bien" est lancée. Et elle prendra bien la forme d'une quête oiseuve menée sous le slogan : "construction d'une société durable".

Rendez-vous en 2035 !
# Posté par Siem | 01/03/24 09:00
Figarocifigarola's Gravatar N'est-il pas exagérer d'affirmer qu'il n'y a pas de prise de conscience en France. L'article récent de Jean-Éric Schoettl dans le Figaro soulignait que les cours administratives subissaient un siège en règles de tous les mouvements "écologiques, anticapitalistes et wokistes". Il marquait bien que ces trois mouvances travaillaient en commun. L'article de Laurence de Charette dans le Figaro d'aujourd'hui enfonce le même clou. " En sortant de son lit la justice dévoie sa nature et sabote la démocratie qu'elle prétend sauver". Il y a évidemment interaction entre l'accumulation d'actions et la faveur qu'elles rencontrant auprès de juges qui "ne cherchent plus la vérité " qu'ils considèrent détenir a priori, et ne jugent plus en fonction des actes mais des attributs du justiciable (race, genre, etc.) qui impliquent un pré jugement qui cherche" à perpétuer des catégories victimaires" en oubliant les victimes, les vraies.
# Posté par Figarocifigarola | 01/03/24 13:11
DD's Gravatar On voit bien qu'il existe des courants idéologiques qui utilisent les mêmes méthodes , le même harcèlement des médias, des juges, des législateurs, des enseignants, des milieux universitaires, de l'Union européennes ou de l'ONU et qui obtiennent des complicités actives un peu partout. Ils sont en apparence distincts : Écologie, féminisme, dénonciation de la bourgeoisie, anticapitalisme, internationalistes, décolonisés, homosexuels...

Ce qu'on ne voit pas, parce qu'on juge leur action chacun dans son couloir, c'est la convergence de tous ces mouvements vers la destruction du capitalisme. Des personnes qui sont d'accord avec bien des actions justes dans chacune des filières se retrouvent finalement sans même s'en rendre compte à pousser à la destruction du capitalisme au nom d'un lénifiant discours autour de la construction d'une société durable. Alors qu'elles rejettent absolument le socialisme

L'élément de langage "société durable" est un masque terriblement efficace. Comme le souligne Mme Suller Thibaut bien des mouvements composants cet arc en ciel ont été utiles et bénéfiques. Mais on est en train de basculer dans autre chose, qui est ni plus ni moins la destruction de notre société. Le Wokisme a été un première tentative d'intégration globale "des luttes" mais les résistances se sont affirmées. La société durable offre une voie d'entrée beaucoup vicieuse. Qui serait contre une société durable ? Mais au bout du chemin c'est la société libérale basée sur la propriété, les libertés et l'initiative privée qui est dans la ligne de mire.

C'est une des pires menaces historiques contre la prospérité. L'étouffement est au bout.
# Posté par DD | 02/03/24 00:03
Hobbit's Gravatar Entre le chiliasme mystique du Moyen Âge et l'esprit révolutionnaire du XIXe siècle » on connaît les liens profonds. Engels a écrit : « le royaume de Dieu n'était pas autre chose qu'une société où il n'y aurait plus aucune différence de classe, aucune propriété privée, aucun pouvoir de coercition indépendant des membres de la société ». Le chiliasme médiéval fournit un bon échantillonnage de messies ou pseudo-messies prêchant l'inauguration du royaume dans un bain de sang « jusqu'au poitrail des chevaux ». Le wokisme est un bébé lointain du chiliasme, qui deviendrait donc, à l'adolescence boutonneuse « l’idéologie de la transition » conjointe à « la théologie de la transition » vers la société durable ?

A l'ombre du chiliasme et des habits neufs du maoïsme, les néo-dolciniens grignotent durablement le pouvoir. On peut douter que cela soit pour le meilleur. En-effet !
# Posté par Hobbit | 02/03/24 13:48
DD's Gravatar Excellent commentaire : merci ! Je ne prends pas votre intervention à la légère. Il est tellement vrai que les civilisations ont été toutes marquées par des secousses hystériques, mystiques, idéologiques qui ont été rarement provoquées par la réflexion et l'intelligence. Peur, besoin de pureté chez les autres, ambition renouvelée de clergés, tentations sectaires... Tout à coup les esprits s'enflamment et veulent se défouler contre les vilains. L'histoire, comme vous le rappelez n'est pas avare de scénarios délirants qui finissent en général dans des bains de sang ou des destructions démentes ou des flots de sottises. On finit par envoyer tout le monde à terre en chantant des cantiques et en allumant des bûchers.
# Posté par DD | 02/03/24 22:27
Malka's Gravatar Je note que vous incriminez le traitement de la Shoah comme source des difficultés actuelles (victimisation générale et pénalisation des discours). Ne pensez-vous pas accentuer l'ambiance antisémite qui sévit actuellement ?
# Posté par Malka | 03/03/24 09:23
DD's Gravatar Nous sommes ici totalement mobilisés contre l’antisémitisme et stupéfié comme tous les observateurs par la poussée des manifestations pro islamistes de masse qui déferlent dans les capitales occidentales. Ce qui s’est passé dans les années soixante-dix fournit une partie de l’explication et les débats dont nous reprenons certains aspects agitent aussi le cœur de la réflexion juive.
Fallait-il que la réflexion sur les spécificités particulièrement horribles des massacres hitlériens visant l’éradication des Juifs en Europe détache ces actes de la réflexion générale sur le totalitarisme et les systèmes concentrationnaires ? C’était inconcevable dans les années cinquante et 60. La considération pour l’ensemble des victimes était la seule voie possible. S’est très vite amalgamée, via la prise en compte de la notion de génocide, proposée par Lemkin, la prise en compte des massacres soviétiques ou coloniaux.
Nous pensons néanmoins qu’il était nécessaire de purger le fond antisémite qui a traversé l’histoire de l’Occident et s’est exalté dans l’affaire Dreyfus puis dans le nazisme et ses succédanées. De ce point de vue, la dénonciation de la Shoah a permis un travail de fond très positif. Il est toujours impossible de regarder la série Holocaust sans se sentir mobilisé en ce sens.
Ce pan-là de l’histoire est indiscutable. En revanche, certains moyens ont été considérés très vite comme problématiques, y compris pour des intellectuels juifs, dans le cadre d’une démocratie où tous les citoyens sont égaux. On a créé un cadre victimaire justifiant :
-   La pénalisation de la haine
-   La pénalisation des contestations historiques
-   L’aggravation des peines si les dommages concernent une catégorie de la population victimisée
-   L’indemnisation de groupes et non plus d’individus vivants
-   L’avilissement du reste de la nation culpabilisée dans ses profondeurs, avec une action en ce sens dès l’école primaire.
-   Le filtrage des carrières universitaires en fonction de l’acceptation ou non de ces règles.
Ce cadre est désormais réclamé par les mouvements de défense de toutes les catégories qui se considèrent comme des victimes : mouvements contre l’islamophobie, pour la défense des noirs, pour la défense des minorités sexuelles, pour la défense de la promotion des femmes, etc.
Il en résulte en France ce qu’on voit en permanence : une flagellation constante, l’impossibilité du débat, des réclamations victimaires outrancières, y compris par des groupes violents et intolérants qui n’entendent en aucun cas s’appliquer les mêmes règles s’ils venaient au pouvoir.
La singularité de la réponse légale à la victimisation des juifs a fini par créer à la fois un retour de bâton contre les Juifs du fait de la politique de force d’Israël et une extension de la réclamation victimaire.
La terre et le monde vivant sont venus s’ajouter à la liste des victimes, en même temps que la réclamation sociale a muté, abandonnant le révolutionnarisme criminel pour une « transition sociale » par les atteintes aux libertés et à la propriété.
On aboutit à la confusion actuelle qui peut déboucher sur le pire, qu’il s’agit d’éviter.
# Posté par DD | 03/03/24 10:22
Malka B.'s Gravatar Je comprends mieux. Merci de votre réponse.
# Posté par Malka B. | 03/03/24 14:13
Lallemant's Gravatar Nicolas Bouzou, économiste comme vous, dans son dernier livre a une vision moins pessimiste. Au moins il cherche a "garder confiance dans l'avenir". Vous pourriez-vous y mettre et rester positif, non ?
# Posté par Lallemant | 03/03/24 20:24
DD's Gravatar Merci de m’avoir donné l’occasion de lire le dernier livre de M. Nicolas Bouzou, la Civilisation de la Peur. Il m’a confirmé dans l’impression que les quelques interventions de lui dans les médias que j’avais écoutées m’avaient déjà suggérée : un garçon consensuel porté sur le « en même temps », jamais en peine de justifier le politiquement correct et de dénoncer ceux qui s’écartent du Cercle de la raison, mais en gardant une optique libérale et raisonnable. Alain Minc en plus jeune. Les extrêmes à droite et à gauche disent des contre-vérités et des bêtises. Il faut raison garder. Tout va bien et pourrait encore aller mieux si…
Car, tout de même, il y a des risques et le climat médiatique n’est pas bon et peut engendrer une déroute économique.
Sur ce point il rejoint l’analyse qui est en discussion ici. Il décrit mais il ne sent pas à l’aise dans l’analyse d’un phénomène qu’il ramène à des causes futiles : la pression des réseaux sociaux, les tendances gauchistes des journalistes, le goût du sensationnel inquiétant des médias qui aiment bien titiller les peurs, le ressentiment des universitaires. Cette absence de caractère analytique approfondi fait qu’on n’entre jamais dans la dynamique des phénomènes. En lisant un tel livre on ne pouvait pas prévoir et on ne peut pas comprendre par exemple la révolte des paysans européens.
Le livre brasse large. On montre des échecs et des dérives mais on suggère qu’elles ne sont pas si graves que cela puisqu’on pourrait les maîtriser si on s’écartait des discours ineptes. Et il faut reconnaître que l’Occident attaqué connaît tout de même des progrès prodigieux que les dictatures et les régimes autoritaires sont incapables de générer. Tout cela est très léger et se satisfait de beaucoup de banalités. On retrouve une forme d’« en même temps » qui, ici aussi, ne peut pas convaincre.
La démographie : si la natalité baisse c’est du fait de la croissance. C’est mécanique et c’est bien. Le féminisme : c’est super. J’adhère à 100 %. Mais point trop n’en faut et faites encore des enfants, Mesdames.
L’Europe : elle fait plein de bêtises mais c’est bien. L’élargissement est souhaitable même si cela devient ingouvernable. Oui pour les Balkans ! Ou même pour l’Ukraine. Ce sera problématique ? Oui ! Dangereux pour certains de nos secteurs économiques ? Oui ! Donc il faut aller dans le sens d’un plus grand fédéralisme tempéré par un noyau dur autour de l’Allemagne et de la France pour faire avancer le bazar.
La mondialisation ? Elle change la mondialisation. Elle devient géopolitique. Ce ne sont plus les entreprises qui décident mais les États en fonction de leurs objectifs géostratégiques. Pas grave et en France grâce aux marchés administratifs sur financement public massif ce sera même bon pour l’industrie et l’emploi, comme aux Etats-Unis !
Le multilatéralisme c’est bien et si les Brics ne veulent plus jouer le jeu des institutions créées par les Américains, c’est qu’on ne leur y fait pas leur place légitime. Cédons à leur exigence mais en gardant nos principes.
La décarbonation totale, c’est super. Des millions de chercheurs et de citoyens y travaillent. On va y arriver et vite. D’accord, si l’Europe est seule sur ce chemin et se ruine au profit des autres, ce serait dommage. Mais les Etats-Unis et la Chine vont s’y mettre, c’est formidable. Vive les COP.
Ce balancement du « en même temps » se retrouve sur tous les sujets à toutes les pages. Cela tue l’intérêt mais le salmigondis centriste est bien pratique. On dit tout et le contraire de tout sans jamais avoir à justifier quoi que ce soit et on loupe toutes les causes précises des déchéances qui touchent le revenu, l’emploi, les services régaliens, les finances publiques…
Pour un jeune économiste qui veut vivre de son métier sans être fonctionnaire, cette attitude est probablement obligée. Il est dangereux de s’écarter de l’insignifiance labellisée « politiquement correcte ». Dont acte ! Malheureusement le résultat est rigoureusement sans intérêt.
# Posté par DD | 04/03/24 13:18
Sirius's Gravatar Il est impossible de parcourir une gazette quelconque, de n’importe quel jour, ou quel mois, ou quelle année, sans y trouver, à chaque ligne, les signes de la perversité humaine la plus épouvantable, en même temps que les vanteries les plus surprenantes de probité, de bonté, de charité, et les affirmations les plus effrontées, relatives au progrès et à la civilisation.
Tout journal, de la première ligne à la dernière, n’est qu’un tissu d’horreurs. Guerres, crimes, vols, impudicités, tortures, crimes des princes, crimes des nations, crimes des particuliers, une ivresse d’atrocité universelle.
Et c’est de ce dégoûtant apéritif que l’homme civilisé accompagne son repas de chaque matin. Tout, en ce monde, sue le crime : le journal, la muraille et le visage de l’homme.
Je ne comprends pas qu’une main puisse toucher un journal sans une convulsion de dégoût.

Charles Baudelaire
# Posté par Sirius | 04/03/24 20:22
Siem's Gravatar On s'écarte un peu, non ?
# Posté par Siem | 04/03/24 22:38
Raphael's Gravatar Le livre de M.Bouzou pourrait s'intituler " de la peur , à la trouille , la barbarie en marche ".
Le grand salmigondis de Macron , le " en meme temps " , " il n'y a pas de culture française mais des cultures en France " sont des coups de pioche au socle historique du pays . Que les barbares de LFI s'en délectent c'est évident .
J'attire votre attention sur le discours de François Sureau , à l'Académie Française , le 3 mars 2022, pour son discours de réception ou il succédé à Max Gallo. F.Sureau , auteur des statuts de "En Marche ", y a dénoncé les mensonges , la duplicité du psychopathe Macron, dont la formule imbécile " la sécurité est la première des libertés " nous a abaissé au niveau de l' Espagne franquiste. Je serai heureux de vous lire à propos de sa cinglante critique de la clique d'escargots dont Macron est le dernier avatar . Accessible sur youtube.com.
# Posté par Raphael | 05/03/24 19:50
DD's Gravatar Il faut écouter et lire François Sureau. Nos familles étaient très proches au quartier latin, nous rue des Écoles et eux rue Soufflot. Son père était mon médecin ORL. Il décrit nombre des aspects relevés dans cet article et parle du Monstre du Contrôle Social, dont le moyen est le concept de la "société durable". que je fustige. Il ironise sur l'état inefficace et le citoyen malheureux, appuyé sur l'évidence. Ma réserve vis à vis de sa pensée, porte sur le rôle des cours suprêmes au dessus du législateur qui en vérité concoure au contrôle social et pas tant que cela à la défense des libertés. Et sur la mise en cause du seul citoyen qui adore les mesures dont il déteste les conséquences comme disait Bossuet. Ce qui est en train de catalyser est plus grave que cela : des accords partiels généralisés sur des sujets actuels permettent de fédérer les masses autour d'un projet totalement liberticide. Au nom du bien et de la vertu, qu'on peut à juste titre prôner, on met à bas tout l'acquit économique et intellectuel français et on glisse vers une dictature intolérante. Plutôt que de pulvériser la responsabilité du désastre en marche sur chaque individualité, il faut la regarder là où elle se concentre et où se forge le désastre.
# Posté par DD | 06/03/24 00:26
Raphael's Gravatar Une clique d'escargots depuis VGE met sous l'éteignoir l'esprit , la culture, l'histoire et le sens du devenir de la France . Sauf François Sureau , vous-meme et Michel Onfray je ne vois personne capable de dénoncer cette agonie sans fin.
# Posté par Raphael | 06/03/24 10:36
Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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