Quelques chiffres significatifs

C eux qui nous lisent savent que nous privilégions comme indicateur de production la valeur ajoutée des entreprises des secteurs non financiers ayant plus de 1 salarié.  Cet indicateur est fiable, connu vite, et peu corrigé. Il traduit bien l'idée de ce les Français considèrent être l'activité des entreprises du secteur marchand.

En 2012 le montant de cette valeur ajoutée est de 1250 Milliards d'Euros, en valeur courante non corrigées de l'inflation. La hausse vis à vis de 2011 a été de 1.5%.

Compte tenu d'une inflation proche de 2%, cette valeur ajoutée a baissé en valeur réelle. 

La même valeur ajoutée par tête a baissé encore plus.

L'emploi marchand a baissé.

Les déficits extérieurs se sont creusés.

La dette d'état s'est accrue pour atteindre 1833 milliards d'euros, soit 150% de la valeur ajoutée des entreprises.Les dettes globales approchent 300% de ce montant. Selon le Point les avoirs d'épargne des Français sont environ du même niveau.

Il est intéressant de noter que la valeur ajoutée du tourisme a représenté près de 10% de la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand. Nous devenons un musée visité par le monde entier.

Ces indicateurs rangent la France dans la même catégorie que la Grèce, le Portugal, l'Espagne et l'Italie. 

En 2013, il est probable que la dette atteigne 2.000 milliards d'Euros avec une valeur ajoutée marchande stagnante.

Tous les indicateurs seront dégradés et les engagements pris non tenus. Nous parlions d'un déficit/PIB de 4% pour 2013. Le gouvernement parle désormais de plus de 4%, au lieu de 3.7.

Entre 2009 et 1014, les gouvernements auront prélevé plus de 100milliards d'Euros d'impôts supplémentaires sur les Français, soit 10% de la valeur ajoutée des entreprises.

Tous ces chiffres montrent une situation intenable.

L'hystérie fiscale répressive et ciblée  a désormais un effet sur l'assiette des impôts,  qui baisse. Le serpent n'en finit pas de se mordre la queue. On arrive au moment où tous les incréments nouveaux de taux de fiscalité ont un effet négatif sur le rendement de l'impôt.La DGI a sonné l'alarme. Moscovici a parlé de "ras le bol fiscal". Le problème est que le bol fiscal se vide. 

Après avoir arrêté l'activité en France à l'automne 2012, Hollande, ne peut que constater les dégâts : recul de 25% des transactions immobilières au premier semestre 2013 selon la chambre des notaires avec probablement l'année où la construction aura été la plus faible depuis les début de la 5ème République. De nombreux secteurs connaissent des baisses de 20 à 30%. Les investissements sont historiquement bas. Les faillites sont à leur sommet comme le chômage qui atteint désormais des niveaux stratosphériques. 

La première année de Hollande aura été dramatique et totalement à côté des nécessités nationales.

On parle désormais d'un budget où d'importantes économies seraient prévues. Hollande aura réussi à tenir presque trois ans sans dire quelles économies il compte faire. Une fois de plus la Com' remplacera l'économie.

On est à peu près certain que 2013 aura été une année morte sur tous les fronts économiques, avec une dégradation de tous les indicateurs. 2014 en prend le chemin.

Hollande aura provoqué le plus grand exode de Français depuis la révocation de l'édit de Nantes, porté l'impôt à des taux insoutenables, privés de 100% de leurs revenus des milliers de familles et confisqué près du tiers  de l'épargne moyenne  des familles aisées.

La campagne électorale présidentielle, qui avait été abjecte, laissait craindre le pire. On l'a. L'ennui, c'est qu'il semble bien que pour les campagnes à venir, on ressorte les vieilles ficelles. 2014 va être encore un grand cru d'abjection.

Comment la France se remettra-t-elle de ce scénario désastreux ?  Où en sera-t-on dans quatre ans avec de tels dirigeants ?

 

 

 

 

 

 

Commentaire
DvD's Gravatar A vrai dire, les tendances de croissance réelle par habitant, de sous emploi, d'endettement et de pression fiscale n'ont pas été fondamentalement différentes sous les gouvernements successifs depuis leur "cassure de 1974". Autour de cette tendance de fond à la dégradation, certains ont eu la chance de se trouver là en période de relative accalmie. D'autres ont eu la malchance de se trouver là en pleine tempête (Sarkozy). Mais aucun n'a inversé la tendance. Après 40 ans, peut être le peuple devrait il se charger lui même de son propre changement, ses représentants n'ayant pas été, chacun leur tour, à la hauteur de leur délégation de pouvoir.
# Posté par DvD | 12/09/13 22:18
DD's Gravatar Globalement exact, mais avec deux correctifs :

- "cassure de 1974" doit être remplacé par "cassure de 71"
- Le peuple s'est prononcé et globalement a accompagné la démission du complexe administrativo-politique.

On peut avancer des excuses à cette faillite de l'institution démocratique :

Du côté national
- poids de la com' et du mensonge dans l'information donnée au citoyen
- dépossession de l'Etat central au profit d'institutions internationales ou pluri-nationales
- décentralisation qui redonne aux satrapes locaux un pouvoir sans partage et qui a fait exploser la corruption.
Du côté intellectuel
- extension puis transformation en politiquement correct d'une part du prurit de mai 68 d'autre part des tendances sociétales propres au monde anglosaxon
- triomphe du marxisme intellectuel à de nombreux étages des institutions françaises au moment où l'effondrement du "marxisme réalisé" s'effondrait laissant apparaître un cortège effarant de misères et de massacres.
- incapacité à lire la complexité économique nouvelle.

Hollande n'a qu'un objectif : obtenir et conserver le pouvoir avec les moyens de la com'. La petite boutique lepénienne n'a pas d'autre objet que sa propre survie. L'UMP n'est qu'un conglomérat d'écuries présidentielles.

Cela a abouti à l'affaissement total du processus électoral qui n'est plus maintenant que l'exploitation d'une segmentation de la population entre boucs émissaires et fausses victimes, chacun ayant ses segments. Les élections présidentielles dernières ont été de ce point de vue exemplaires d'une véritable abjection de la trajectoire démocratique française.

Hollande, comme Sarkozy avant lui, n'a aucune crédibilité présidentielle et strictement rien à faire de l'intérêt général.

Comptez sur "le peuple" pour se prendre en main est oublier un peu vite qu'il est coupé en deux entre ceux qui paient et ne parviennent pratiquement plus à s'en sortir et ceux qui touchent et qui voient la patée diminuer. Il n'y a plus que de la haine en France.

On ne bâtit rien de sérieux sur la haine attisée par la com'. Hollande a visiblement été ravi d'exciter la haine pour se faire élire : c'est pourquoi il tient au symbole des 75% d'impôts et s'apprête à resservir cette saloperie dans les deux ans à venir. Pour la droite la question est de savoir si elle veut attiser la haine, comme Sarkozy avait commencé à le faire contre les Roms, les arabes, les musulmans, les moldovalaques, les fonctionnaires, les assistés etc. Pour le Pen, on connait la musique.

De toute façon pour en sortir, la France ne peut plus agir seule.

- La crise est celle d'un dollar roi dans un système de changes flexibles avec liberté totale des mouvements de capitaux. On a vu que ce système ne marchait pas et conduisait à une baisse constante du trend et à des crises périodique de plus en plus dure. Aujourd'hui le commerce international est quasiment à l'arrêt (voir le récent rapport de la CNUCED) et le dollar qui était descendu à 75% d'usage dans les transactions, est à nouveau à 87%. La finance reste exclusivement spéculative (basée sur des anticipations de changements de valeur nominale des biens). Exactement rien a changé sur ce front depuis 6 ans. Et aucune réforme n'est en vue. Qu'y peut le peuple ?
- La crise spécifiquement européenne provient d'une part d'une organisation européenne devenue à peu près totalement anti-démocratique qui a déconstruit les nations (regardons ce qui se passe en Catalogne) et d'autre part d'une inorganisation totale de la zone euro, gérée par la norme sans aucun organe de pilotage monétaire international avec une BCE dont la seule mision est d'obtenir une inflation de 2% en moyenne (!?!). Qu'y peut le peuple ?
- La crise proprement française provient de la capture du pouvoir par la classe des hauts fonctionnaires, via un "énarchisme compassionnel" parfaitement auto-centré. Le résultat est une économie administrative bordée par l'hystérie fiscale et fondé sur un super clientèlisme nourri par la dette et égayé de haine. Qu'y peut le peuple ?

Il faut desserrer les noeud coulants du dollar roi, de l'Europe magique, de l'Etat moloch et du "vive l'impôt", de la décentralisation-corruption, et de la haine politique chauffée par des spin-doctors.

Entre 2007 et 2013, ils se sont tous resserrés sur le cou des Français.

L'asphyxie commence. Le commerce se meurt. Les entreprises disparaissent et avec elles l'emploi. Les familles aisées sont ruinées, rendant impossible les grandes manoeuvres industrielles. La fuite à l'étranger n'a jamais été aussi importante. les jeunes ne croient plus en la France.

M. Hollande est d'après les média le "ravi de la crèche", totalement aux anges.

Il n'y a plus d'opposition.

Les élections municipales seront haineuses. Les futures élections européennes seront vides de sens.

Un grand moment de l'histoire de France.

Et puis il y aura un accident. Et on s'apercevra que la canard a la tête coupée et plusieurs couteaux dans le dos. Et qu'il court sur les seuls réflexes.

Et vous verrez qu'on se félicitera de ce coup de nerf comme d'une renaissance !
# Posté par DD | 13/09/13 11:35
jean-marc's Gravatar "Et l'INSEE constate que les niveaux de vie ont augmenté uniquement pour la moitié la plus aisée de la population ; pour la moitié la plus modeste, ils ont reculé,"

Je suis pour une part d'accord avec vous mais à la réserve ci dessus. Maintenant l'état ne peut rien, hollande ou pas, puisqu'il existe une liberté de circulation des capitaux et des produits, sans ajustement. A moins de faire porter la totalité des charges salariales sur la consommation, on n'empechera personnes de quitter la france, ni d'y trouver un interet de produire ailleurs
# Posté par jean-marc | 13/09/13 16:49
DD's Gravatar A partir où l'économie mondiale est devenue une économie de la dette, avec des encours supérieurs à 200% du PIB global pratiquement partout et en général entre 300 et 400%, l'essentiel de l'émission de monnaie créée par les Etats-unis et amplifiée par la double pyramide de crédits que le système permet et tolère,finance des opérations d'anticipation sur la valeur nominale des biens.

Ce que les statistiques montrent, c'est que ceux qui peuvent avoir une épargne un peu importante, une part non pas de 1% mais de 15% de la population, en général, ont vu un effet richesse nominale se produire. Un parisien qui a vu le prix de son appartement doublé est nominalement plus riche. Mais il n'a toujours qu'un appartement : le même. En vérité son enrichissement est fictif. En France l'hyperfiscalité répressive a permis au fisc de capturer l'essentiel de cette plus value fictive. En net, ce que les Français disposant de 1 à 5 millions d'euros (nominalement) de patrimoine peuvent constater, c'est que leur niveau de vie réel (leur capacité de dépense réelle) a fortement baissé. L'effondrement de certaines boursouflures dans les marchés d'actifs a aggravé la chose.

Et nous sommes au début d'un dégonflement des actifs en valeur réelle, correspondant au dégonflement des bilans des banques.

Pour le 1% dont le revenu est indexé sur le meilleur des entreprises mondiales et qui ont optimiser leur localisation fiscale, tout va très bien merci.

Là encore, il ne faut pas se méprendre : quand le fondateur de Facebook encaisse une plus value boursière énorme sur l'entrée en bourse de Facebook, il fausse toutes les statistiques sans qu'on puisse en tirer la moindre leçon.

Si vous regardez le changement de fortune de Zuckenberg et celui de l'ouvrier agricole en chômage d'Ukraine, l'écart s'est prodigieusement accru.

Et alors ?

Les fonctionnaires de la DGI depuis 2007 ont gagné une hausse de près de 40% de leurs rémunération. Les retraités de même rémunération brute en 2007 ont vu fondre leur revenu disponible. Là il y a problème, car il n'y a strictement aucune justification économique à ce mouvement.

On peut conclure qu'il aurait été heureux de ne pas creuser ainsi, par pure option politique, des écarts qui ne correspondent à aucune innovation. .

C'est toute la dialectique du nouveau livre très décevant de Stiglitz dont on fera bientôt une analyse ici.

Toutes les écoles qui prétendent que la crise est le fait d'un déséquilibre entre riches et pauvres sont purement opportunistes et n'attaquent pas les vrais problèmes sous-jacents. Il suffit de voir les minuscules réformes proposées par Stiglitz pour comprendre qu'il n'a rien tirer d'utile de son constat.

Une dernière remarque : le cycle économique existe. Au moment du Krach, les fortunes s'effondrent alors que les salaires continuent à augmenter. Puis les deux baissent ou stagnent. Puis les revenus du capital gagnent du terrain. Ils sont rattrapés plus tard par les salaires.

Dans un système aussi déséquilibré par les besoins des anciens pays d'économie communiste, le rattrapage se fait mal dans les pays développés, car la contention des salaires par la compétition des bas salaires existe. Mais malgré tous ces défauts, en 20 ans on a sorti des centaines de millions de pauvres de la misère. Dopnt une partie en France.

Si on tient compte :

* du caractère soufflé de l'économie monétaire
* du rattrapage des pays pauvres
* des effets du cycle,

alors les analyses basées sur le différentiel d'évolution du revenu du capital et du travail perdent beaucoup de leur pertinence.

Quand le percolateur est cassé, il ne percole plus.

L'important est de le réparer et comprendre les réparations à faire.

En France, se contenter de s'indigner et d'augmenter les impôts serait une énorme erreur.
Il y a mieux à faire.
# Posté par DD | 13/09/13 18:35
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Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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