Régime d’assemblée et Ve République - Il faut réformer d'urgence

L’Assemblée nationale est entrée en crise avec d’une part l’élection du Président de la République au suffrage universel, privant les grands électeurs de leur rôle, d’autre part l’organisation des élections législatives dans la foulée des présidentielles et enfin et surtout le transfert vers l’Union européenne d’une grosse part de la législation.

En vérité, le triomphe de " l’Enarchie compassionnelle et politiquement correcte " a joué un rôle essentiel. Si les hauts fonctionnaires tiennent à la fois le politique et l’administratif, il n’y a plus de division du pouvoir. Le politique devient un concours d’écuries pour savoir quel clan d’énarques va diriger.

Le népotisme et la facilité règnent alors en maîtres. On vit en famille de glorieux allers et retours entre ministères, postes lucratifs dans des agences, passages par le privé comme lobbyiste, avant de rejoindre le corps des élus puis en cas d’échec de nouvelles promotions dans des lieux de pouvoirs et d’argent, comme la Cour des comptes ou le Conseil d’État au tour extérieur.

Mme Wargon, fille d’une énarque et d'un homme politique à toute main ayant fait l’X, entre dans les arcanes du pouvoir à la mairie de Paris, puis dans les postes d’assistants politiques avant de rejoindre le gouvernement, comme secrétaire d’État puis ministre et avant de se planter dans une élection législative. Dès qu’il le faut la voilà reclassée à la tête d’une agence avant de recommencer un cycle à un niveau plus haut. Beaucoup d’argent très jeune et du pouvoir et de la visibilité. Parfait. L’ennui c’est que toutes les mesures bureaucratiques prises par Mme Wargon, qui n’a jamais travaillé et ne sait même pas ce que la vie économique veut dire, ont lamentablement foiré et doivent être détricotées. Les sénateurs veulent revoir de Zéro Artificialisation Nette, d’autres repousser le diagnostic obligatoire des appartements, d’autres… Comment voulez-vous qu’avec un tel profil la bureaucratie ne soit pas envahissante ?

Mme Parly, dite Parly II, a une trajectoire encore plus caricaturale avec des rémunérations extravagantes. Elle a fait des passages rémunérateurs dans des sociétés liées à l’État, et veut accéder après son passage au ministère des armées, à la tête d’Air-France KLM. Toutes ses nominations n’ont conduit qu’à des désastres. Comme ministre des Armées, elle a conduit les armées françaises à être vidées comme un malpropre du Mali. On voit avec la guerre en Ukraine combien nous sommes mal équipés et en retard de conception et de stratégie sur tout. Ses deux mamelles nourricières précédentes ont connu les pires résultats. la SNCF n’a pas cessé de crouler sous les dettes et Air France sous les mauvais résultats lorsqu’elle y était. Ce n’est pas polémique : juste objectif. Elle s'est recyclé dans les conseils d'adminsitrtion tenus par l'Etat qui donne des rémunérations fabuleuses. Merci pour elle !

Comme Wargon, ce sont des « filles-de », qui ont profité de la parité pour faire des carrières étincelantes au milieu des désastres qu’elles ont créés et en gagnant, du moins pour Parly, des sommes absolument folles, jamais liées à des résultats quelconques. En 20 ans on parle de dizaines de millions d’euros pas de dizaines ni de centaines de milliers.

On pourrait continuer avec Mme Panier Runacher qui avait réussi à se ménager une petite vie à 500 000 euros par an sans mérite particulier, tout en faisant du saute-mouton entre privé, public, législatif et exécutif. Elle fait carrière ès qualités d’énarque-HEC, de femme bénéficiant de la parité, mais jamais pour ses résultats étincelants. Elle multiplie les casseroles et a même fini par être élue Casserole d'or de l'association de lutte contre la corruption, Anticor. Cela ne l’empêche pas de parader sous les ors de la République comme « responsable » de la transition écologique en remplacement d’une autre abusive, sèchement recalée par le suffrage universel, comme d’ailleurs Nicolas Bays avec lequel elle vit et qui multiplie les situations douteuses.

L’Assemblée Nationale n’est vue par ces gens-là, que comme une source d’argent et d’élévation dans la hiérarchie politique. On n’y fera rien, de toute façon. Les décisions sont prises ailleurs. Mais on cumulera les rémunérations avec les activités privées, les conseils d’administrations, les postes dans de grandes ONG, etc.

Avec Macron, le système a été poussé à l’incandescence, le Président prenant toutes les décisions avec son secrétaire général, et laissant faire l’Europe sans vraie résistance. Le Parlement français n’existe plus que comme un élément routinier et formel dans la décision.

Jusqu’à ce que ses palinodies finissent par irriter tellement de Français qu’ils ont envoyé au Parlement deux partis extrémistes qui lui ont fait perdre sa majorité. Beaucoup de Français sont heureux de cette situation. Ils ont tort. Le retour à l’esprit de la IVe République n’annonce rien de bon. La preuve : le parlement est redevenu une machine à distribuer des bonbons démagogiques à la place du président ou en concurrence avec lui.

Si on veut donner à l’Assemblée nationale son vrai rôle, c’est d’autres pistes qu’il faut suivre.

D’abord assurer la séparation entre la haute administration et la politique. Nul ne peut être élu dans une assemblée qui détermine ses conditions de vie. Pas de fonctionnaire au parlement, sauf s’il a démissionné de son statut.

Ensuite introduire un débat au Parlement français sur toutes les grandes directives européennes avant le vote au Parlement européen. Tout ce qui se passe à Bruxelles échappe au débat en France alors que c’est le rôle du parlement de vérifier la position de l’exécutif et de donner des orientations sur ce que veulent les Français aux députés européens.

Enfin doter les parlementaires d’une fonction impératives de contrôle des dépenses, avec une administration en conséquence, afin de réduire la dépense publique (faux paradoxe), en donnant mission constitutionnelle de ne jamais dépasser 35 % du PIB en prélèvement et 100 % en dettes publiques. Ils ne pourront jamais voter une dépense si la dépense publique dépasse 35 % du PIB, sauf une majorité qualifiée de 75 % des élus dans les deux assemblées.

Permettre au député à nouveau d’être député-maire, mais lui  interdire de l’être dans les 12 plus grandes villes de France et dans les assemblées et exécutifs régionaux. Faire en sorte que les régions et les villes en déficit excessif soient mises sous surveillance du Parlement national, avec l’obligation d’un accord préalable du parlement selon des majorités fortes pour des dépenses hors normes et dans le cadre d’un budget d’exception borné dans le temps.

Il faut évidemment mettre fin aux abus jupitériens qui mutualisent les cabinets et qui font tout dépendre du président. Il faut une pratique présidentielle qui abandonne les excès installés par Macron. Tout en laissant au président le soin de mener la politique générale du pays sans entraver le cours normal des institutions par des crises ministérielles.

Évidemment, faire passer de telles évolutions dans des organisations politiques qui ont multiplié les nominations d’énarques à tous les carrefours de leurs institutions et qui mènent tous des écuries présidentielles, c’est quasiment impossible. Mais c’est ce qu’il faut faire.

La France n’est plus en démocratie véritable mais sous tutelle d’une mafia invasive qui se moque de l’indépendance nationale et de la qualité des politiques menées. Des places, de l’argent, des décorations, du pouvoir. Le reste ? Quel reste ?

On dira : vous discutez institutions, pas économie. Faux. C’est l’Assemblée nationale qui a la clé pour éviter qu’on maintienne une dépense publique hors norme qui tue notre économie. Réviser son mode de fonctionnement fait partie du cœur d’un projet de grand redressement.

 

Didier Dufau

Commentaire
Siem's Gravatar Amusant que vous attaquiez cette question dont tout le monde se fiche. Les Français approuvent la déconvenue subie au Parlement par Macron. Ce qui amuse le peuple c'est que Jupiter - tête à claques ait reçu une bonne gifle après une élection de maréchal à la Présidence entièrement basée sur la trouille.

Une aspiration à l'entente prévaut dans le pays pour désarmer les tensions.
# Posté par Siem | 07/08/22 09:49
DD's Gravatar Je souscris totalement à cette analyse.

Le pays veut la fin des tensions. La crise mondiale de 2008, la crise européenne, dite crise Trichet, de 2011, la jacquerie des Gilets Jaunes, dite crise Philippe, la crise sanitaire de 2020, la crise militaire qui nous voit chasser du mali comme un malpropre, la crise géopolitique en cours avec une guerre de type avant guerre en Ukraine, les attentats islamistes, avec des morts civiles comme on n'en subissait plus depuis la guerre d'Algérie et une insécurité permanente dans désormais tout le pays, la crise de la drogue qui envahit de plus en plus les "quartiers" mais surtout pourrit la jeunesse confrontée partout à une gamme invraisemblable de substances addictives, l'envahissement par l'idéologie Woke qui laisse croire que les doctrines militantes LGBT+ font partie du bloc constitutionnel, une inflation galopante qui ruine les rentes de retraites et attaque les petits salaires, et en prime un réchauffement climatique évident considéré comme étant provoqué par l'homme lui-même sommé de se lancer dans la décroissance active, on comprend qu'il veuille appuyer sur la touche pause et pouvoir d'achat, tout en prenant de bonnes vacances et en évitant des crispations parlementaires et une crise gouvernementale.

La question est de savoir si la démagogie redondante des parlementaires prenant la suite de la démagogie électoraliste effarante de Macron, dans un délire de propagande Woke délirant en provenance des médias et des entreprises, notamment via la PUB, offre une perspective satisfaisante.

A mon avis non !

LR vient d'envoyer à ses militants la listes des "cadeaux au peuple" que ses Parlementaires ont votés, pour s'en glorifier. Comme les dirigeants en sont fiers ! Cela correspond bien à l'esprit du moment. La course à la démagogie donne le sentiment de ne faire que des gagnants.

Le seul résultat est qu'ils se sont mis sur la touche et ne pourront jamais faire valoir qu'ils avaient averti des circonstances terribles qui sont en train de se cumuler et qui vont provoquer une crise profonde en 2023. Au lieu d'assumer le constat, la prévision et la politique déterminée qu'il faut pour affronter l'avenir, avec une recherche approfondie et sans bornage, des solutions qui s'imposent, LR liquide ses dernières réserves de soutien dans le pays et ne pourra absolument pas se présenter comme une force de solution lorsque l'hiver sera venu. La démagogie est la dernière pierre du tombeau des LR.

Il serait bien meilleur qu'il assume dès maintenant la nécessité de restaurer une Ve république puissante et prospère. Ordre et progrès est la devise, alors que le désordre s'installe partout et que les perspectives de progrès s'évanouissent.

Cela passe par un renforcement du Parlement qu'il vaudrait mieux annoncer maintenant plutôt que de se jeter à corps perdus dans les plaisirs de la Quatrième République.

Le point de bascule est là : exploiter l'état dépressif et pétochard de l'opinion ou se préparer aux grands évènements qui arrivent. La courage et la sagesse serait d'anticiper.

Mais je constate qu'il n'y a personne à cette adresse !
# Posté par DD | 07/08/22 12:51
Raphael's Gravatar Faites un tour sur le site du Conseil Constitutionnel , a la rubrique " traité de Lisbonne " ...On y lit que 561 députés ont voté la ratification et seulement 180 contre lors du vote du Congrès en 2008 .Pas un mot sur le résultat du referendum de 2005 qui l'avait rejeté ; amnésie totale ..on est dans le stalinisme qui effaçait les compagnons de route condamnés a mort . Le pays France est mort ce jour là. Ou en sont les 180 députés qui ont dit non ?
Ultime abjection ; le Tribunal administratif vient de suspendre l'expulsion de l'imam Iquioussen au motif que cette mesure allait le priver de sa vie familiale ! Ce juge est le symptome de la putréfaction juridique et morale qui règne . L'islamo-gauchisme a gagné . Le ministre de l'Intérieur a perdu . La haine islamiste a de beaux jours devant elle avec Mélanchon en protecteur . C'est la meme lacheté qui animait les collabos de Vichy. Plus cela change et moins cela change ..
# Posté par Raphael | 07/08/22 18:59
DD's Gravatar Avec l'Union Européenne, nos députés ont décidé de transférer à l'Europe des compétences exclusives et les commissaires nommés les exercent sous le contrôle des États et du Parlement Européen. Ce système éloigne beaucoup la décision de l'opinion majoritaire des électeurs mais n'est pas en soit "stalinien" (Rappel : Staline : 40.000.000 de morts) .

En fait il repose sur le contrôle effectué par le président et le gouvernement de chaque pays. Et là, le bât blesse. En France, à partir du moment où une question est déléguée, le gouvernement s'en désintéresse et il suffit que le président soit un eurolâtre pour que le système tourne au diktat de la Commission.

On dira : il reste le parlement européen. L'ennui c'est que les pays y envoient leurs émissaires les plus eurolâtres, que la dilution des députés nationaux est extrême, que les électeurs élisent sur des étiquettes et non sur des programmes. Les électeurs ne peuvent donc rien "orienter" parce que lors de l'élection on ne parle jamais du programme qui est inconnu car entre les mains de la commission. Les minorités agissantes et notamment les grandes ONG internationales, ont un rôle disproportionné. Le Parlement européen fait donc le plus souvent de la surenchère.

Comme la création de l'Euro, accompagnée de la mise sous tutelle budgétaire des États, donne un pouvoir de sanction à la Commission et que les tribunaux français se sont accordés le droit de condamner les manquements aux engagements européens, en plus des tribunaux européens, qui eux-mêmes ont développé leur jurisprudence loin des dispositions précises des traités, les électeurs sont totalement dépossédés de leurs capacité de choisir une ligne sur quelque sujet que ce soit.

S'ajoute à cela, la volonté des Européistes de créer un état fédéral à l'américaine et donc une part inconsidérée des dépenses consacrées à la propagande et la dépendance des cadres dirigeants permanents des administrations de Bruxelles aux menées américaines du Wokisme à l'Otan.

Il suffit que l'échelon présidentiel français soit européiste et n'aime pas son pays, comme actuellement, alors la démocratie est vidée totalement de son sens. Le pays réel n'a plus son mot à dire sur rien, puisque tout étant dans tout, la gestion nationale passe sous tutelle.

Si la classe politique est elle même sous tutelle de la haute fonction publique, la démocratie devient totalement virtuelle.

La correction doit venir de la pratique nationale. Tous les grands textes européens doivent venir au Parlement national avant leur discussion au Parlement européen pour que le gouvernement et le président (indirectement) soit obligés de justifier leur attitude vis à vis de ces textes. Et il faut mettre fin à l"'énarchie compassionnelle".

La Commission doit être le secrétariat de l'Union, pas le gouvernement de l'Union. Elle prépare,elle peaufine,elle rapproche. Elle ne dirige pas. Et on évite de mettre à sa tête une foldingue atlantiste Woke-LGBT+ comme Mme Von der Leyen. Si on met des irresponsables dans des postes de décision où ils sont inamovibles pendant des années, on a le système du moment.

La responsabilité d'E. Macron dans la perte de souveraineté française est évidente. Et ce n'est pas la buse Borne, haut fonctionnaire, homosexuelle totalement LGBT+ et Woke, selon la rumeur, gestionnaire soumise dans tous les postes qu'elle a tenus, habituée au "surtout pas de vague, céder sur tout", et européiste tendance "silence absolue sur les intérêts nationaux" , qui va corriger les tendances antinationales macronistes.

La solution est en France.
# Posté par DD | 08/08/22 09:29
Raphael's Gravatar Ne pas se bercer d'illusions de retour a la volonté nationale :les 580 députés qui ont approuvé le traité de Lisbonne sont la traduction de votre " il n' y a plus personne " sous la bannière LR. Ce n'est pas la simpliste MLP qui inversera la tendance lourde . La France est gouvernée par sa délégation bruxelloise . L'opinion fait du cabotage cotier , un coup a droite ( RN) un coup a gauche ( NUPES ) pour rien d'ailleurs puisque le pouvoir est ailleurs . Le centre droit gère ses intérets et rien de plus .
# Posté par Raphael | 08/08/22 12:34
DD's Gravatar Pas faux mais pas inéluctable.
# Posté par DD | 10/08/22 16:13
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Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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