Attention à la colère des peuples !

Depuis huit ans déjà nous supplions les grands dirigeants occidentaux de faire" attention à la colère des peuples". Le "benign neglect" n'est pas seulement dans l'attitude américaine vis-à-vis du dollar. Il l'est aussi dans l'attitude des "élites gouvernementales" et leur support dans les médias vis-à-vis des classes populaires et des nouveaux entrants sur le marché du travail, pas seulement en Occident. Le retard colossal de niveau de vie accumulé par les pays ex-socialistes a créé une telle différence de coût avec l'Occident capitaliste et libéral, qu'il était tentant de l'exploiter. Mais cela ne pouvait pas faire au détriment des masses dans les pays industrialisés. Il fallait que le rattrapage nécessaire se fasse par imitation, pas par substitution. Dans la pratique, cela signifiait qu'il fallait limiter les très grands excédents dans les pays en rattrapage et les très grands déficits dans les pays plus riches.

Malheureusement l'abandon des disciplines de Bretton Woods n'offrait plus aucune garantie de ce côté-là. Bien au contraire. Les conséquences ont été désastreuses. Il était impossible que quarante années de réduction du taux de croissance, jusqu'à la stagnation actuelle, d'aggravation des crises périodiques et de montée ahurissante de la dette, jusqu'à l'asphyxie actuelle, n'aient pas de conséquences. L'explosion de 2008 a eu des conséquences fatales un peu partout. Les "printemps arabes" en ont été une première conséquence. La montée des mouvements anti-système en Europe une seconde manifestation. La réaction russe a été ce que l'on a vu : une fuite en avant dans la violence pour faire oublier l'effondrement économique.

Toutes ces ruptures portaient leçon : il fallait vite comprendre les ressorts de la crise et les juguler. On a rien fait, sinon bricoler des règles bancaires tout à fait secondaires.

L'importance que nous avons accordée aux mouvements de l'opinion en France, à droite, avec Zemmour, Buisson, Finkielkraut, à gauche avec la montée d'une gauche anti-système, traduisait le sentiment qu'un glissement tectonique était en train de se produire. Le principe des trois libertés de circulation des hommes, des capitaux et des marchandises était en train d'être rejeté, non pas dans les médias et des milieux politiques installés, mais au cœur même des populations.

L'élection de Trump a causé la mort brutale de deux composantes fondamentales de notre ordre politico-économique :

- Le monde rooseveltien d'après guerre est mourant

- Un certain politiquement correct est mort.

La curiosité est de constater que le couperet est venu du monde anglo-saxon qui était le promoteur principal du monde rooseveltien, les autres pays se contentant de suivre, si on fait exception de la réaction islamique commencée avec Khomeiny en Iran dès la fin des années soixante-dix, prolongée avec Al Qaeda et qui nous donnes aujourd'hui aussi bien la Turquie d'Erdogan que Daesh.

La première attaque contre la vision de Roosevelt est venue de la guerre froide : en dépit des très nombreux dirigeants américains qui avaient des risettes à Staline en le croyant accessible aux droits de l'homme, il a bien fallu exclure le monde socialiste soviétique de l'idée occidentale d'une société libre et coopérative. Mais pas totalement. L'ONU est restée un lieu de dialogue multilatéral. L'effondrement de l'URSS et le ralliement de la Chine offraient depuis 1990 le moyen de réunifier le rêve de Roosevelt d'un monde uni dans la prospérité et l'exercice des libertés fondamentales. Cela ne pouvait pas passer par le seul consensus de Washington.

La seconde attaque est venue des Etats-Unis eux-mêmes qui ont fait sauter, comme nous l'avons dit, les accords de Bretton Woods et entraîné le monde dans le système fou des changes flottants et des monnaies non coopératives. La destruction du système monétaire international a conduit les institutions internationales construites à Bretton Woods à perdurer dans leur être en se concentrant sur la mondialisation libérale. Alors que le libre-échange était le pendant du versant monétaire, il est devenu une forme de religion obligée qui devait tout balayer des anciennes souverainetés, si possible au profit des Américains et de leurs entreprises. L'ennui, c'est que l'ouverture commerciale sans contrepartie monétaire solide ne mène qu'au désordre. En croyant bénéficier du privilège d'un étalon dollar de fait, les Etats-Unis ont creusé tous leurs déficits et créé des excédents symétriques dévastateurs. Du coup la classe moyenne américaine a été exposée et les déséquilibres financiers et monétaires majeurs ont conduit, certes, à des profits historiques pour les très grands groupes mondialisés, mais au détriment de la classe moyenne américaine et aussi des finances américaines puisque les profits taxables restaient à l'étranger.

Du coup, c'est tout le système de Roosevelt qui est tombé par terre. La coopération libre mais organisée sombre. Au lieu de corriger les erreurs de 1971, on se raidit et c'est tout l'Occident et ses alliés, comme le Japon qui se tirent une balle dans le pied. On ne voit pas comment un homme comme Trump pourrait accepter qu'on crée un système monétaire mondial stable et paritaire. En revanche il pourrait militer fortement pour la fin des grands excédents commerciaux en Allemagne, en Chine, au Japon, dans les pays du Golfe etc. Un premier pas.

Quant au "politiquement correct sociétaliste", qui se double dans des pays comme la France d'un "politiquement correct socialiste", il se trouve décontenancé. La liberté de circulation des hommes est rejetée si elle se traduit par l'effondrement culturel du pays, l'irrédentisme d'immigrés aux religions farouchement anti-occidentales, allant jusqu'aux attentats de masse, l'afflux de Roms reconstituant un ordre mendiant dans des pays où cette engeance avait disparu depuis longtemps, les atteintes permanentes aux libertés concrètes comme au mode de vie depuis que certains veulent imposer "les pauvres" "jusque sur les paliers des riches". Sommées de toute part d'être bon avec l'altérité et d'en subir tous les effets indésirables, alors que la croissance est à l'arrêt et le niveau de vie en baisse, les classes populaires, confrontées directement à la concurrence immigrée et à la substitution de population, se rebiffent, comme les classes aisées dont le revenu est sapé par l'Etat, le mode de vie altéré et l'épargne en grand danger.

Le milieu intellectuel de gauche se trouve pris totalement à contre-pied : il a perdu le peuple et le capital. Il suffit de lire un Krugman aux Etats-Unis pour se rendre compte du désarroi qui frappe tous ceux qui avaient une bonne conscience "de gauche". Un curé sans fidèles est rarement à la fête. C'est le malheur des médias, dominés par la gauche, payés par l'Etat et la pub d'une société de consommation honnie, qui avaient cru qu'ils pourraient exercer un magistère moral sur le populo et qui se retrouvent méprisés et pris à revers lors de toutes les élections.

Quelles sont les chances que cet effondrement permette une reconstruction associative du monde, respectueuse du cœur des peuples, alors qu'il n'y a plus de leadership, plus de puissance dominante clairvoyante et bien intentionnée ?

Faudra-t-il attendre une destruction totale avant de pouvoir reconstruire ?

Peut-on commencer à recoudre dans le chaos politique, diplomatique et économique actuel ?

En tout cas, l'élection de Trump, après le Brexit, marque le fait que la France et l'Europe devront avoir une politique propre et se constituer en puissance et pas seulement en rat crevé au fil de l'eau. Le pire scénario serait l'explosion de l'Euro et l'arrivée d'un parti du type FN aux manettes en France.

Il va bien falloir calmer la colère des peuples avant l'effondrement définitif.

Commentaire
DvD's Gravatar Deux enseignements sont d'ores et déjà parfaitement clairs :
- Le discrédit qui touche les politiciens professionnels et les médias est profond.
- La tactique habituelle des politiciens établis et des médias qui consiste à traiter tout ce qui s'écarte du bien-pensant politiquement correct de raciste, fasciste, sexiste, rétrograde, plouc, ennemi de l'environnement et autres amabilités ne marche plus.

Ainsi, après le Brexit, l'élection de Trump, un amateur en politique, face au plus beau CV de la politique américaine, avec des financements de campagne 2 fois moindres, un soutien du bout des lèvres des caciques de son parti et un tir de barrage systématique dans les médias est un deuxième coup de semonce en cinq mois pour l'establishment. Celui-ci découvre, effaré, l'ampleur de son rejet.

Espérons que les yeux et les oreilles vont enfin commencer à s'ouvrir à cette occasion et qu'on ne vas pas revoir la même pathétique réaction de déni observée après le Brexit. Pouvoir entendre le message est un préalable indispensable. Ensuite, le plus dur restera effectivement à faire.

Dans ce contexte, on ne saurait trop conseiller à ceux qui s'apprêtent à se présenter en France de muscler leur jeu urgemment. Ils trouveront sur ce site quelques idées de substance.
# Posté par DvD | 10/11/16 00:24
Julien L.'s Gravatar On connait malheureusement la manière des Américains dans les affaires de déséquilibre de balances commerciales ou de paiements. "C'est la faute des pays en excédents". Ils doivent donc acheter américain et accepter une hausse de la pénétration des produits américains. On peut craindre que cela soit le discours de D. Trump. C'est le même qui avait été tenu par les dirigeants américains, au gouvernement comme au parlement lors de l'explosion des Accords de Bretton Woods. "Vous voulez nous voler notre or, bande de Bastards. On va vous botter le c...". Donald prétend joue du gros bâton. En face, il n'y a rien en Europe. Rien en France et même rien au RU, prisonnier du Brexit. Rien au Japon, pris dans un endettement délirant. Il ne reste que des ennemis : Poutine et la Chine ! Pas sûr qu'on puisse trouver là les bases d'un nouvel ordre mondial moins "dysfonctionnel" comme on dit sur ce blog.
# Posté par Julien L. | 11/11/16 08:21
david Durand's Gravatar Cher ami, c'est une bonne synthèse que vous nous faites là. Mais vous n'avez rien compris au film. Tout est centré sur l'energie et son accaparement.
En 1971, les USA ont passé leur pic pétrolier en pétrole facilement accessible. Ils ont vite compris la suite du film, ils devaient vider leurs reserves d'or pour se payer du pétrole si on restait à BW, les européens auraient d'ailleurs eu le même destin. Les principaux bénéficiaires auraient été les pays arables et l'URSS... des grands amis des USA. Pour contrecarrer ce destin funeste, ils ont inventé le pétrodollar : As good as gold signifie prend mon pécul vert, fait semblant que c'est de l'or et ferme ta g...
Cela a permis en toute discretion de siphonner gratuitement les reserves du MO. Le pic petrolier de l'URSS est arrivé en 1989, on connait la suite.
Ensuite, il y a eu un emballement que vous décrivez très bien çad une spirale des excedents et des déficits toujours croissants, merci qui le dollar. Mais sans l'acceptation de cette fausse religion du libre échange, comment payer gratuitement ce pétrole puisque les monnaies nationales auraient arrêté rapidement le bal et fait découvrir le malaise, alors on s'est lancé dans l'ouverture à tout craint. Cela génère des effets pervers mais a preservé la pais américiane certes.
En 2005, le pic pétrolier mondiale a propulsé les cours du pétrole et amplifié le phénomène jusqu'à 2008, ou le pot aux roses est apparu. En découle l'éléction de Trump.
Les guerres succéssives d'Irak, Lybie et Syrie relèvent de la même logique, sans pétrole, la puissance n'existe plus (plus d'avions de chasse et de char !), on va donc s'accaparer cela avec nos moyens du moment (les armes).
On en est là, personne ne connait la suite sauf que l'occident a beaucoup à perdre car il vit en lévitation depuis 1971.
# Posté par david Durand | 12/11/16 14:51
DvD's Gravatar Bien sûr, tout est lié et tout dépend de tout. Cela dit, le commentaire de David me semble peu fondé car peu compatible avec la chronologie et la substance des faits observés.

Dès 1959, alors que le plan Marshall a cessé en 1952, les créances en dollars américains détenues par l'étranger dépassent le stock d'or américain dans lequel ces créances sont convertibles. À cette époque, ni le volume ni les prix des échanges pétroliers n'ont une quelconque influence sur le développement de cette situation.

Situation qui n'aurait certainement pas surpris Keynes s'il avait vécu jusque là car il avait parfaitement compris que, les dirigeants nationaux ayant toujours tendance à privilégier les besoins de l'économie domestique par rapport aux nécessités de préserver les équilibres extérieurs, le système commercial et monétaire international devait inclure des mécanismes empêchant les grands pays de laisser se développer les grands déséquilibres extérieurs qui avaient joué un rôle si prépondérant dans le déclenchement de la Grande Dépression. Son plan de Bancor ne fut pas adopté à Bretton Woods en 1944 et les déséquilibres firent effectivement leur apparition 15 ans plus tard.

Triffin aux Etats-Unis et Rueff en France ont montré au début des années 1960 que ces déséquilibres croissants résultaient logiquement de la mécanique même des institutions de Bretton Woods telles qu'elles résultaient du plan White qui n'incluait pas les mêmes gardes-fous que le plan Keynes. Les dirigeants américains s'avéraient naturellement hésitants à restreindre la demande intérieure pour rétablir l'équilibre extérieur alors que les dirigeants allemands et japonais érigeaient en modèle de leur "miracle économique" des consommations intérieures comprimées par une faible part des salaires dans la production et une sous-évaluation de leurs devises, la forte part corrélative de l'investissement étant tournée vers l'export et l'accumulation d'excédents commerciaux extérieurs.

Au milieu des années 1960, la mise en œuvre de la politique intérieure (programmes sociaux de la Great Society) et extérieure (engagement au Vietnam) de Lyndon Johnson ne laissent aucun doute sur le fait que ces déséquilibres monétaires vont s'accentuer considérablement. C'est ce qui décide plusieurs pays, dont la France, à demander la conversion en or de leurs avoirs en dollars. Or, en 1965, la production pétrolière américaine continue de progresser plus rapidement que les importations de pétrole. Ce qui précipite la fin des accords de Bretton Woods par Nixon en 1971 est l'accélération des demandes de conversion en or et, à ma connaissance, ces demandes ne proviennent pas de pays exportateurs de pétrole.

Ce n'est qu'en 1973, suite à la forte baisse du dollar consecutive à la fin des accords de Bretton Woods qui ampute les recettes libellées en dollars des pays exportateurs de pétrole, que ceux-ci décident d'augmenter fortement le prix du baril. Décision qui a sans aucun doute été confortée par la décrue de la production américaine et la hausse de ses importations à partir de 1971. Le choc pétrolier apparaît ainsi plus comme la conséquence que comme la cause de la fin des accords de Bretton Woods. Il est à noter d'ailleurs que les déséquilibres extérieurs américains n'ont en rien été modifiés par le contre-choc pétrolier entre 1986 et 2003, bien au contraire. Ce qui suggère bien que les flux pétroliers ne sont pas la cause principale du déficit extérieur américain.

Quant aux déclarations intempestives du type "vous n'avez rien compris", merci de les réserver aux sites où la très faible qualité de l'analyse et des débats laissent toute place à ce type d'invectives. Outre son inélégance, cette attitude très défensive ne fait que vous desservir car elle laisse trop facilement transparaître à quel point vous êtes peu sûr de vos propres explications.
# Posté par DvD | 13/11/16 21:38
david Durand's Gravatar Cher ami, je vois que l'humour n'est pas votre fort. J'aurais dû mettre des "smyleys" mais je deteste ça, je dois être trop vieux.
Désolé de vous avoir désolé...
Je confirme mes dires même si tout ce que vous dites est juste.
Je considère que votre proposition est la bonne mais j'essaye d'aller plus loin. Je m'explique
La géopolitique est la reine des sciences sociales. C'est elle qui me perturbe. En effet, les USA ont joué le jeu de BW tant qu'ils en tiraient avantage et c'est bien normal. Qd il a fallu rendre l'or aux autres en échanges de dollars, ils ont changé la règle du jeu à leur avantage.
Cette nouvelle règle aurait été contournée sans le monopole de fait du dollar sur les échanges énergétiques. Ce monopole tient par la force voire la menace mais aussi par la rareté des ressources.
Quand on regarde où se trouvent les ressources en énergie pas cher aujourd'hui, on a le MO et la Russie essentiellement.
Si on retourne au système du bancor, ces pays vont nous tenir pas les c... A terme, il faudra leur filer tout notre or ou se coucher devant leurs volontés (ex imam salafiste en France dès aujourd'hui...). Aujourd'hui, le système petrodollar est la principale cause de l'américanisation du monde, c'est comme si tous les champs de pétrole étaient sous la FED de NY. C'est uniquement pour ça que le pétrodollar perdure, les USA crée la monnaie du monde.
Sans énergie bon marché, l'économie moderne n'existe plus, et la puissance militaire non plus. Une fois ce postulat posé, comment fait la France pour avoir une économie tenable et se payer son pétrole (qui détermine le prix de toutes les autres matières premières !!!). Le retour au moyen age n'est pas possible.
La guerre actuelle en Syrie/Irak/Yemen est directement liée à cette problématique. Les russes et les chinois ne veulent plus du monopole du dollar car trop instable et trop en faveur de l'occident (USA/UE). Le pétrole devient rare et cher donc celui qui tiendra le MO tiendra le monde. De l'issue de cette guerre sortira le nouveau modèle de régulation des changes.Les 1ere hypothèses misent sur les DTS, une sorte de Bancor qui ne dit pas son nom. Vous avez donc gagné à terme mais ça ne résout en rien la problématique de la rareté du pétrole (80mds d€ en négatif dans la balance commerciale de notre pays) et du financement de notre train de vie très "pétrolocentré".
J'ai hâte de vous lire là dessus : Rappel du sujet: Comment fait un pays dans un système de change fixe à parité ajustable sans ressource énergétique particulière pour équilibrer sa balance des paiements et sans rogner outre mesure son niveau de vie et sa souveraineté. Vous avez 2 heures
A bientôt
# Posté par david Durand | 19/11/16 17:56
DvD's Gravatar David,

Je ne doute pas de la rigueur de votre analyse dans la reine des sciences sociales. Permettez-moi cependant de corriger plusieurs approximations hasardeuses :

- "Si on retourne au système de Bancor , ces pays vont nous tenir par les c... À terme, il faudra leur filer tout notre or..."

Revenir à un système commercial et monétaire international équilibré n'implique aucunement de revenir à l'or mais simplement de libeller les échanges internationaux dans une unité de compte internationale qui ne soit pas également la monnaie domestique d'un pays participant mais à laquelle seraient reliées les devises de tous les pays participants selon des parités compatibles avec l'équilibre des balances commerciales croisées. Il n'est pas question d'or dans cette discussion.

Les pays exportateurs de pétrole ne vont pas tenir par les c... les pays importateurs plus que n'importe quel autre pays excédentaire ne tiendrait par les c... n'importe quel autre pays déficitaire. Il faut bien vendre ce qu'on a à vendre et être payé dans une unité de compte crédible. Il faut bien acheter ce qu'on a besoin d'acheter et payer dans une unité de compte crédible. De nombreux pays exportateurs de pétrole sont ainsi très loin d'être auto-suffisants en matière alimentaire par exemple. Ainsi, tout le monde se tient mutuellement par les c... C'est bien pour cette raison qu'un système coopératif est le plus souhaitable.

- "Aujourd'hui, le système pétrodollar est la principale cause de l'américanisation du monde..."

Permettez moi d'en douter très fortement. Steven Spielberg, Beyoncé, Katy Perry, la Reine des Neiges ou Apple et Instagram - autrement dit Hollywood et la Silicon Valley - sont des causes autrement plus importantes de l'américanisation du monde. Arrêtez quelques passants au hasard dans la rue et poser leur la question. Je serais très surpris qu'une majorité mentionne le pétrodollar.

- "Sans énergie bon marché, l'économie moderne n'existe pas et la puissance militaire non plus ..."

Comme n'importe quelle autre ressource, les prix de l'énergie augmentent en cas de demande supérieure à l'offre, ce qui stimule les investissements dans le secteur énergétique et permet de développer des nouvelles sources. Les gigantesques investissements des secteurs gaziers et pétroliers de la période 2005-2015 n'ont dans doute pas échappé à votre analyse géostratégique. Avec la conséquence que l'offre gazière et pétrolière mondiale est aujourd'hui supérieure à la demande et que les prix ont baissé significativement. Le pétrole n'est aujourd'hui ni rare ni cher, au contraire on ne sait plus où le stocker, tous les terminaux de stockage sont plein à ras bord, et ce alors que l'Iran n'est pas encore réellement revenu sur le marché mondial. Nul doute que d'autres écarts entre offre et demande ainsi que d'autres périodes de sur- et sous-investissement dans le secteur énergétique ainsi que dans de nombreux autres secteurs se succéderont pour encore très longtemps.

- S'agissant de votre sujet "Comment fait un pays dans un système de change fixe à parité ajustable sans ressource énergétique particulière pour équilibrer sa balance des paiements sans rogner outre mesure sur son niveau de vie et sa souveraineté ?", nul n'est besoin de 2 heures, 15 secondes suffisent : en exportant autre chose, bien sûr, comme le font l'Allemagne, la Suède ou la Suisse qui sont dépourvus de ressources énergétiques, parmi de nombreux autres exemples.

Quant aux Etats-Unis, si le sytème monétaire international mis en place en 1971 avait réellement été "à leur avantage" ou, autrement dit, si le privilège du dollar avait été aussi exorbitant que vous le dites, alors comment se fait-il que ce soit d'abord aux Etats-Unis qu'un candidat l'emporte sur un programme de nationalisme économique ?
# Posté par DvD | 20/11/16 23:00
DvD's Gravatar David,

Je ne doute pas de la rigueur de votre analyse dans la reine des sciences sociales. Permettez-moi cependant de corriger plusieurs approximations hasardeuses :

- "Si on retourne au système de Bancor , ces pays vont nous tenir par les c... À terme, il faudra leur filer tout notre or..."

Revenir à un système commercial et monétaire international équilibré n'implique aucunement de revenir à l'or mais simplement de libeller les échanges internationaux dans une unité de compte internationale qui ne soit pas également la monnaie domestique d'un pays participant mais à laquelle seraient reliées les devises de tous les pays participants selon des parités compatibles avec l'équilibre des balances commerciales croisées. Il n'est pas question d'or dans cette discussion.

Les pays exportateurs de pétrole ne vont pas tenir par les c... les pays importateurs plus que n'importe quel autre pays excédentaire ne tiendrait par les c... n'importe quel autre pays déficitaire. Il faut bien vendre ce qu'on a à vendre et être payé dans une unité de compte crédible. Il faut bien acheter ce qu'on a besoin d'acheter et payer dans une unité de compte crédible. De nombreux pays exportateurs de pétrole sont ainsi très loin d'être auto-suffisants en matière alimentaire par exemple. Ainsi, tout le monde se tient mutuellement par les c... C'est bien pour cette raison qu'un système coopératif est le plus souhaitable.

- "Aujourd'hui, le système pétrodollar est la principale cause de l'américanisation du monde..."

Permettez moi d'en douter très fortement. Steven Spielberg, Beyoncé, Katy Perry, la Reine des Neiges ou Apple et Instagram - autrement dit Hollywood et la Silicon Valley - sont des causes autrement plus importantes de l'américanisation du monde. Arrêtez quelques passants au hasard dans la rue et poser leur la question. Je serais très surpris qu'une majorité mentionne le pétrodollar.

- "Sans énergie bon marché, l'économie moderne n'existe pas et la puissance militaire non plus ..."

Comme n'importe quelle autre ressource, les prix de l'énergie augmentent en cas de demande supérieure à l'offre, ce qui stimule les investissements dans le secteur énergétique et permet de développer des nouvelles sources. Les gigantesques investissements des secteurs gaziers et pétroliers de la période 2005-2015 n'ont dans doute pas échappé à votre analyse géostratégique. Avec la conséquence que l'offre gazière et pétrolière mondiale est aujourd'hui supérieure à la demande et que les prix ont baissé significativement. Le pétrole n'est aujourd'hui ni rare ni cher, au contraire on ne sait plus où le stocker, tous les terminaux de stockage sont plein à ras bord, et ce alors que l'Iran n'est pas encore réellement revenu sur le marché mondial. Nul doute que d'autres écarts entre offre et demande ainsi que d'autres périodes de sur- et sous-investissement dans le secteur énergétique ainsi que dans de nombreux autres secteurs se succéderont pour encore très longtemps.

- S'agissant de votre sujet "Comment fait un pays dans un système de change fixe à parité ajustable sans ressource énergétique particulière pour équilibrer sa balance des paiements sans rogner outre mesure sur son niveau de vie et sa souveraineté ?", nul n'est besoin de 2 heures, 15 secondes suffisent : en exportant autre chose, bien sûr, comme le font l'Allemagne, la Suède ou la Suisse qui sont dépourvus de ressources énergétiques, parmi de nombreux autres exemples.

Quant aux Etats-Unis, si le sytème monétaire international mis en place en 1971 avait réellement été "à leur avantage" ou, autrement dit, si le privilège du dollar avait été aussi exorbitant que vous le dites, alors comment se fait-il que ce soit d'abord aux Etats-Unis qu'un candidat l'emporte sur un programme de nationalisme économique ?
# Posté par DvD | 20/11/16 23:00
david Durand's Gravatar Cher ami, merci de la richesse de votre réponse mais vous raisonnez comme un mathématicien par comme un être humain.
Je reprends vos dires
1er volet : Les balances croisées s'auto-équilibreront à terme... je ne sais pas sur quelle planète vous vivez mais il y a au moins 3 pays qui ne sont pas de votre avis à savoir l'Allemagne, le Japon et la Chine. Ces pays sont mercantilistes çàd qu'ils veulent perpétuer des excédents comme les arbres montent jusqu'au ciel. Pourquoi ? car c'est vertueux pour ces pays en vampirisant la croissance de leurs clients (qu'ils ruinent et rachètent à vil prix en recyclant leur excédents).
Pour reprendre le match entre la France et l'Allemagne, il y aura toujours un différentiel de productivité entre nos deux pays car il sont plus compétitifs que nous (taille + réduite, éducation, houille, culture protestante). Vous pouvez faire ce que vous voulez ça ne le fera jamais, c'est pour ça qu'on avait des colonies, pour compenser ce différentiel structurel de productivité en se reservant un débouché. Louis XIV a annexé l'Alscace car il voulait avoir accès à la vallée du Rhin et profiter qq peu de ce poumon économique depuis le haut moyen age.
Vouloir très fort que le monde devienne le pays des bisounours est illusoire voire dangereux. Regardez la zone euro, les Allemands sont les grands vainqueurs de ce machin et ont détruit l'appareil industriel de leurs rivaux sans tirer un coup de feu. Vous pouvez implorer tous les dieux de l'économie, on s'est fait couillonner et on s'en sortira en disant je suis couilloné et je me tire de ce bordel. Point de dts ou de conférence tartanpion, il faut reprendre sa souveraineté monétaire car les Etats n'ont pas d'amis, ils n'ont que des interêts et les nôtres sont gravement entamés.
Volet 2 : Même les pays exportateurs ont besoin d'échanger, oui effectivement mais des pays comme le Qatar ou l'Arabie saoudite ont des excédents structurels et ne sont pas prêts d'acheter 20 voitures par tête de pipe. Donc on fait quoi avec ces pays on leur demande gentiment de nous donner leur pétrole...comme à Khadafi ? Pour coopérer c'est comme en amour, il faut être deux. Vous sous estimez l'avidité des hommes de pouvoir, ils ont tout à perdre à coopérer, pourquoi se tirer une balle dans le pied ?
Volet 3 : l'américanisation du monde est évidemment liée au pétrodollar. Dois je vous rappeler comment les USA ont forcé le Japon à ouvrir ses frontières au 19e siècle, à coup de canonière... La suprématie culturelle américaine est le pendant de leur suprématie monétaire (et politique et militaire). Nous sommes baignés de cette culture parce que nous ne pouvons pas nous opposer au rouleau compresseur du dollar. Objectivement les produits culturels américains sont bons mais pas meilleurs que d'autres mais comme tous les médias font du prosélytisme sur ces supers artistes (dont on ne comprend rien au langage), on est obligés d'en bouffer. Une analyse ancienne a montré que il suffit d'écouter 12 fois une chanson pour finir par l'aimer. Maintenant allumez votre radio sur les grosses chaines et écouter le choix vaste que vous avez et on en reparlera. Arrêter un passant dans la rue et demander lui d'ou viennent les crédits que lui octroit la banque, ils vous répondra des placements des particuliers à 99%. Le diable est dans les détails...
Volet 4 : Ce sont les investissements qui ont redonnés de l'abondance de pétrole qui sont à la base de l'offre plétorique... Oui et non car la clef de compréhension c'est l'eroi. C'est parce que le pétrole est cher qu'on investit et qu'on rétablit une offre qui pèse sur les cours en théorie oui. Le pétrole est une ressource géologique qui ne se renouvelle pas. Plus on en pompe, moins il y en a. Le pétrole de la mer du Nord s'épuise, on fait du fracking parce qu'on n'a pas le choix. on est en train d'arriver au bout du chemin, dans 10, 20 ou 50 ans c'est plié. Les USA ont creusé 500 000 puits en 10 ans pour une production médiocre, mais l'Etat accorde 50% de réduction d'impot sur les coûts de forage... Oui il y a du pétrole mais son prix d'extraction est croissant et ne redescendra jamais sauf arrêt pur et simple de la mondialisation et du libéralisme et retour à une économie plus localisé. Ce qui ferait chuter la demande. De toute façon cette demande recule et ne cessera de reculer. L'age de pierre ne s'est pas arrêté faute de pierre.
Oui la Suède, la Suisse et l'Allemagne n'ont pas de pétrole mais ils ont un débouché illimité : les USA comme par hasard, cf leur balance commerciale. L'Allemagne c'est l'Arabie saoudite de la lignite soit dit en passant. Enlevez ce veau d'or et sa balance déficitaire perpétuelle à ses champions de la compétitivité, on va rire rapidement.

Bref, la vérité c'est la réalité.
# Posté par david Durand | 30/12/16 23:27
DvD's Gravatar Bonjour,

S'agissant du 1er volet, je n'ai pas dit que "les balances commerciales s'auto-équilibreront à terme", ce qui serait en effet naïf et mésestimerait les intérêts divergents et les rapports de puissance entre États. J'ai dit qu'un système commercial et monétaire équilibré implique des parités de change compatibles avec l'équilibre des balances commerciales croisées. C'est une règle explicite du système afin qu'il soit mutuellement bénéfique. Les gouvernements des pays que vous citez sont signataires d'accords internationaux qui stipulent clairement cette règle. Ils l'ont donc accepté. Je suis assez réservé sur les théories qui postulent des écarts de productivité à une période donnée comme des vérités structurelles uniquement déterminées par la géographie (les ressources naturelles), la culture ou la religion (le protestantisme ou le confucianisme). L'expérience a d'ailleurs été faite plusieurs fois au cours de l'histoire de scinder des pays partageant les mêmes conditions de géographie, de culture et de religion, par exemple l'Allemagne et la Corée au 20e siècle, la seule différence étant les institutions politiques et économiques. En à peine quelques décennies, des écarts de productivité gigantesques se sont développés que ne sauraient expliquer des différences de géographie, de culture ou de religion. La conclusion de ces expériences bien réelles est sans aucune équivoque : les institutions politiques et économiques sont prépondérantes et certaines institutions donnent des résultats clairement meilleurs que d'autres. Le système éducatif est bien sûr l'une de ces institutions. S'agissant de la zone Euro, il ne me semble en effet pas du tout impossible qu'elle ne survive pas à ses déséquilibres économiques internes.

S'agissant du 2ème volet, votre assertion que les pays exportateurs de pétrole ont atteint la limite de leurs capacités d'importation et ne peuvent donc pas équilibrer leurs exportations pétrolières me semble incorrect au regard des faits. A part la Norvège, les pays exportateurs de pétrole sont des pays en développement qui conserve une marge de progression très importante en termes de développement économique.

S'agissant du volet 3, je ne vois pas le rapport entre l'ouverture commerciale forcée du Japon par la flotte militaire américaine en 1854 et le pétrodollar qui est une invention du 20e siècle, qui a pris toute son ampleur à partir des chocs pétroliers des années 1970.

S'agissant du volet 4, je ne doute nullement de la déplétion des stocks pétroliers. Je dis simplement qu'elle est partiellement compensée par la découverte de nouveaux gisements permis par le progrès des techniques d'exploration et d'exploitation. Je ne doute pas que, graduellement, la part du pétrole dans le mix énergétique mondial déclinera et que d'autres ressources s'y substitueront. Ces mouvements se produisent graduellement sur des périodes qui s'expriment en décennies. Il en sera en effet probablement du pétrole comme il en fût du charbon ou de la machine à vapeur.

Merci pour la discussion et meilleurs vœux pour 2017 !
# Posté par DvD | 31/12/16 16:42
david Durand's Gravatar Meilleurs voeux à vous ainsi qu'à vos proches.
Que cette année voit les tensions commerciales et monétaires se calmer et tendre des mécanismes équilibrés.
Nous partageons, je crois, cette ambition, même si notre prisme de lecture est différent.
Je reconnais que votre approche m'a beaucoup apportée, je vous en remercie (J'ai pu briller en société +sieurs fois avec vos posts notamment la double pyramide de credit... et j'ai BAC+5 en finances... super les études...)
Je me permets de vous asticoter un peu car ma lecture de la réalité du monde valide et invalide vos dires, je cherche d'autres voies que je vous soumets. Vous m'aidez donc à progresser via vos réponses.
Qui aime bien châtie bien
# Posté par david Durand | 01/01/17 22:25
DvD's Gravatar David,

DD est l'auteur de ce blog, Didier Dufau.

DvD est un lecteur.

Mais merci quand même pour l'asticotage...
# Posté par DvD | 01/01/17 23:47
Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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