2018 : l’explosion des contradictions !

Sur beaucoup de sujets, l’année 2017 s’était terminée de façon plus qu'interrogative. Trop de contradictions, sur trop de sujets, laissaient supposer qu’à un moment ou à un autre, les voiles se déchireraient, laissant apparaître l’incohérence de trop de situations. Les fils à nu ont provoqué de nombreux courts-circuits.

À l’international, tous les foyers de tension se sont enflammés éclairant un nombre étonnant de faux-semblants.

La Chine de Xi Jin Pin est bien une dictature agressive à vocation impérialiste. Toute l’année 2018 a vu le leader assurer son emprise sur l’appareil et opérer une conversion brutale de l’orientation du pays, bien décidé à faire valoir immédiatement sa nouvelle puissance économique. Sa dernière phrase de 2018 a été de menacer Taïwan d’une colonisation militaire ! L’idée saugrenue que la Chine était rentrée de bonne foi dans le jeu gentillet de la mondialisation est désormais caduque.

Les États-Unis se sont comportés comme des cow-boys et Donald Trump se trouve bloqué dans quasiment toutes ses initiatives, ou ses « tweeteries », comme on voudra. Le monde d’après-guerre qui se déglinguait depuis 1971 sans qu’on ose le dire trop franchement est désormais enterré.

La Russie s’est beaucoup agitée, stabilisant la Syrie et déstabilisant l’est européen. Il fallait bien viriliser le Satrape pour détourner le pays de ces immenses difficultés.

L’Arabie Saoudite est apparue pour ce qu’elle était. Une dictature moyenâgeuse, foyer d’un intégrisme du même acabit. Les objectifs tyranniques de l’Iran sont devenus évidents, foyer d’un intégrisme tout aussi rétrograde mais mortellement opposés au précédent. Israël et sa politique de force et d’annexion se trouvent affaiblis. Les Kurdes sont menacés par la Turquie. Et les États-Unis sont rentrés chez eux. La Turquie était, paraît-il, un allié avec, paraît-il, un régime politique islamo-démocrate sur le modèle chrétien-démocrate. Tout cela fait rire aujourd’hui.

L’Europe a montré son inexistence politique, diplomatique et militaire.

L’Amérique du Sud a fini de crever de l’influence révolutionnaire imposée par l’URSS et Cuba pendant des décennies. Les prises de pouvoirs des socialistes non violents ont sombré dans la corruption et la mauvaise gestion de l’économie. Les socialismes violents ont trouvé avec Maduro et son régime « chaviste » leur parc d’attractions : misère, fuite de la population par millions, disparition des soins,  hyperinflation… Et le  soutien des « forces socialistes de progrès » françaises ! L’article de Wikipédia sur le Venezuela, décalque de la propagande chaviste, est une merveille de propagande, typique d’une belle aventure qui sombre pour avoir été noyautée.

L’ONU ? Quelle ONU ? Le multilatéralisme a continué de s’évanouir.

L’économie mondiale était présentée à la fin de 2017 comme en pleine forme et devant retrouver toute sa vigueur d’antan, la crise de 2007-2017 étant désormais surmontée. Ravagée par les déséquilibres majeurs, et soutenue par des mesures d’inondations monétaires, l’économie mondiale a brinquebalé. La question était de savoir si l’étouffement des banques avait mis fin au cycle du crédit ou si la période d’euphorie, de type 97-99, avait été simplement retardée par la profondeur de la crise et pourrait commencer à se déliter en 2018. On peut penser que l’effondrement boursier de fin d’année donne un début de réponse. Nous aurons sans doute en 2019 une perte de croissance de moyenne importance.

L’année 2017 s’était terminée sur le triomphe des prétendues « cryptomonnaies ». L’année 2018 se termine sur l’avilissement de ce marché qui a perdu 85 % de sa valeur et probablement le reste de sa crédibilité. Les jetons internet cryptés sont des jetons internet cryptés ! On chantait l’ubérisation de la société. On ne parle plus de l’ubérisation de la société. On préfère entonner de nouvelles chansons comme le triomphe de l’intelligence artificielle. Il est vrai qu’on ne parle plus de programmation mais de codage, plus d’informatique mais de numérisation. Les vieilles Lunes de la fin des années soixante-dix tournent toujours autour de la sottise 3.0.

En France, le charme mystérieux de la victoire d’Emmanuel Macron s’est évaporé. Trois bêtises insondables ont fait rouler plus bas que terre la réputation du président : les drag-queens à l’Élysée, pour la fête de la musique, la présence douteuse du beau et viril Benalla au cœur de l’Élysée, la photo extatique aux bras de deux petites frappes au doigt d’honneur dressé. Pire que la photo grotesque de Hollande sur son scooter ! La politique étrangère du Président, mélange de discours creux et de mises en cause violentes, se retrouve bloquée partout. La déception à l'étranger est immense tant l’attente d’un président digne était forte et l’espoir mis en Macron intense. Sa politique intérieure a été mise à bas par les conséquences mêmes de son programme électoral, totalement démagogique et intenable. Chef de la Caste, il a cru pouvoir établir une république énarchique basée une augmentation massive de la pression fiscale, les finasseries du « story telling », et l’exaltation des mesures de contraintes sociales par la bureaucratie. Son premier ministre, copié-collé d’Alain Juppé, n’a pas arrangé les choses. Les grandes réformes menées au pas de charge n’ont été que symboliques et ont évité les grands choix décisifs. Détricotées par Bercy, qui a étalé dans le temps les mesures d’achat de vote à l’exception de la réforme de la fiscalité du capital et de l’épargne, il est vrai absolument capitale, la politique électoraliste dite de « pouvoir d’achat », a sombré dans les virevoltes peu convaincantes. La taxe d’habitation est le seul impôt qui s’impose à tous. Vouloir en exonérer 80 % de la population était ouvrir une boîte à chagrin. Demander aux retraités de financer la hausse des salaires de salariés au travail était habile électoralement, débile dès qu’il s’agit de gouverner. Sur fond de crise européenne et après 10 ans de baisse du PIB par tête, cette politique a engendré les Gilets Jaunes. On découvre que les Marcheurs sont une scolopendre. Et que la France est à feu et à sang. L’Énarchie manœuvre. Et rien ne répond.

Un des aspects idéologiques les plus frappants est la remise en question radicale de la pratique  par les médias d’une bien-pensance débilitante. La reconstruction permanente de la réalité par un discours médiatique de gauche stérilisant, ignorant et malhonnête ne passe plus, d’autant qu’il a été largement phagocyté par le « politiquement correct » américain, qui est totalement contraire à la tradition française. L’hystérisation par les réseaux sociaux et les télévisions d’information (! ?!) continue, qui avait été révélée par la campagne présidentielle, s’est encore développée et aboutit à la sorte de prise de conscience qui précède les remises en cause. La presse est ruinée et déconsidérée. Le mouvement, commencé par l’effondrement du journal Le Monde perdu de réputation par Edwy Plenel, touche désormais tout le monde. Or la démocratie a besoin pour s’exercer que les grandes questions soient traitées honnêtement et largement, dans un souci de vérité. Nous avons là un débat qui concerne aussi la « blogosphère ».

L’évidence des difficultés provoquées par la surexploitation des ressources naturelles et l’importance des rejets de l’activité humaine s’est imposée en 2018. On est passé du scepticisme volontairement ignorant, à une véritable religion de la Planète Terre, avec la frénésie de catéchumènes toujours prêts à faire brûler quelques nouvelles sorcières. L’écologisme politique qui a toujours été grotesque et bouffi en France a vu ses sectateurs s’armer de l’idée que leurs « ennemis » étaient en fait des tueurs de l’humanité qu’il fallait traiter comme tel. L’agression des bouchers par les « Véganes » est un de hauts faits de 2018. Il suggère que la raison n’aura guère de place dans les débats futurs. La voie fiscale et réglementaire (ruineuse) s’est révélée être une impasse sociale.

Les contradictions ont agi et interagi si fortement en 2018, que les scènes mondiale, européenne, française, sur tous les plans politiques, idéologiques, économiques, diplomatiques et sociaux, se retrouvent bouleversées avec peu de perspectives claires et heureuses.

Inquiétudes et incertitudes sont la marque de ce début d’année 2019.

 

Bonne Année à tous nos lecteurs et commentateurs. Merci de votre fidélité.

 

PS : Le nombre de lectures (ou hits) cumulées a atteint 1 600 000, avec un rythme annuel d’environ 300 000.

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Commentaire
Stephane's Gravatar L'évidence des difficultés provoquées par la surexploitation des ressources naturelles ???

De quelle évidence parlez vous ?

De quelles difficultés parlez vous ?

Vous dénoncez l'anarchie et pas le GIEC qui n'en est qu'un copier coller au niveau de l'onu ???

La terre n'est pas plate, le changement climatique anthropique n'est pas prouvé, le nombre d'opinion ne font pas une preuve, Pascal.
# Posté par Stephane | 12/01/19 17:02
Jack's Gravatar Et dire que vous annonciez une croissance record pour 2018 !
Vous ne pourrez plus dire que toutes vos prédictions se sont réalisées...

Encore une fois, comme a chaque crise, les gouvernants, sous les conseils avisés des économistes, ont aggravé la situation...
# Posté par Jack | 13/01/19 12:59
DvD's Gravatar Merci de vos articles qui, tout au long de 2018, ont continué d’alerter sur (a) le fait que nous étions en phase de haute conjoncture et que le cycle décennal existait toujours (dernier article de 2017), (b) les tracasseries diverses et variées et totalement contre-productives de l’énarchie compassionnelle intouchable, (c) l’effondrement de la gouvernance politique française, (d) l’impuissance d’un Macron démuni de diagnostic fondé et englué dans de la démagogie, (e) l’effondrement du niveau et de la crédibilité des médias, (f) les impasses de l’écologie politique, (g) la bulle du bitcoin, (h) la déliquescence de la SNCF, (i) la déshérence du droit immobilier et de l’éducation, (j) les désordres commerciaux et monétaires mondiaux et leurs ramifications dans de nombreux pays, (k) l’abaissement de Paris, (l) les questions migratoires et pour finir (m) le mouvement des gilets jaunes.

Difficile de comprendre à la lecture de ces articles que vous annonciez une croissance record pour 2018

Bonne année à vous.
# Posté par DvD | 13/01/19 22:36
Philippe's Gravatar Macron a un déficit de légitimité, il n' a été élu que par 43% des inscrits , contre 57% d'abstentions . L' abstention est le 1er parti de France . Ensuite la fragilité narcissique du personnage , le choix d'une équipe de petits arrivistes, prèts a trahir leur ultime mensonge ( Bruno Le maire ), une communication d'image et de contenu a la Hidalgo , bref ...sept ministres démissionaires en 18 mois , le bateau sombre . Le personnage ne fait pas le poids , il grince des dents meme quand il va saluer les boulangers et la galette des rois : Il gache une occasion de calmer d'apaiser de gouter une pause , un plaisir d' antan ; et il en remet une couche antagoniste en crachant son " Les boulangers eux ont le sens de l' effort , pas comme le reste de la population " . Gachis total ; là ou Chirac faisait un effet populo authentique , là ou Sarkozy faisait un sourire gourmand , Macron fait un bide médiatique . Macron est un roquet agressif , quand il dit a un chomeur de se paer un costume ou de traverser la rue ; Qu'a t'il a dire a ceux qui doivent rouler une heure - en diesel - pour travailler ? De s' acheter une Tesla ? Non le type est névrosé mais il ne veut pas admettre son problème humain et politique .
Quant a sa lettre aux Français, c' est du verbiage mielleux . La reforme de l' Etat ? Sans blague ? Mais il suffit de supprimer les tribunaux administratifs et le droit administratif . Tous égaux enfin devant UNE loi . Et il finit sur le chapitre Laicité en demandant aux français " que voulez-vous ? " alors qu'il vient de signer en douce le Pacte de Marrakech pour importer encore plus de laics (?) du Maghreb et d' Afrique .
# Posté par Philippe | 15/01/19 10:08
DD's Gravatar @ Stéphane

On peut ne pas prendre parti sur la question des causes du réchauffement climatique, même s'il n'y a plus trop de doute sur le phénomène lui-même. On ne peut pas nier en revanche, sans avoir à mettre en place une table de Leontiev sophistiquée, que la production transforme des produits naturels non renouvelables qui se raréfient, même si des réserves inconnues restent à découvrir, et que les déchets de production peuvent avoir un effet sur l'air, l'eau et l'habitat. Il est certain que les Trente Glorieuses sont liées pour une part à l'énergie abondante et pas chère, et que la croissance ultérieure à 73 a été impactée par la hausse drastique des coûts du pétrole. Certes nous ne croyons pas que les crises périodiques soient liées directement à la question pétrolière. Tout expliquer par la hausse des coûts de l'énergie est absurde. Mais n'y voir aucune conséquence n'est pas défendable. La Chine a connu une expansion rapide mais la pollution de l'air à Pékin est effroyable. La pollution des océans n'est pas un rêve. L'expansion massive de la monoculture de produits agricoles mondialisés ne va pas sans inconvénients majeurs. La montée déraisonnable de la population dans certains territoires avec une perspective de 9 milliards d'humains interdit absolument de penser qu'ils pourront consommer ce que nous consommons ! La prise de conscience que toute cette évolution pourrait avoir des conséquences majeures, même si actuellement, les dites conséquences sont encore limitées et si celles qui nous affectent peuvent être expliquées par des causes naturelles, est bien un phénomène psychologique collectif qui a eu lieu dans les pays développés. Ce qui était en gestation (et en gesticulation) lors de la COB21 est devenu un lieu commun largement partagé dans le grand public. Ce qui n'était pas le cas jusque là. La contradiction économie-écologie a pris un tour politique en France avec les taxes carbones et son rejet par la population. Oui, 2018 a bien été un tournant. Et les économistes sont bien sommés pour parler de croissance de tenir compte des ressources non renouvelables et de la question des déchets. On peut réfuter la notion de "transition écologique" qui ne veut strictement rien dire. On ne peut nier que la recherche d'une croissance plus économe en ressources rares et plus avare en déchets polluants est une vraie exigence. L'économie de toute façon est une science de la rareté. Les prix orienteront la consommation. Pendant des siècles à Paris, les habitants majoritairement ne quittaient jamais leur quartier. C'était encore le cas dans les années 50, avant que la bougeotte ne s'installe. Cela ne les empêchait pas d'être heureux. Mais la microéconomie ne peut pas être la solution. Des préventions massives et collectives sont nécessaires, de même que des recherches et des innovations qui ne seront pas toutes spontanées.
# Posté par DD | 15/01/19 19:19
DD's Gravatar @Jack
"Et dire que vous annonciez une croissance record pour 2018 !
Vous ne pourrez plus dire que toutes vos prédictions se sont réalisées..."

Vous devez penser aux prévisions du Cercle des Economistes. Nous-mêmes étions et nous sommes toujours plutôt prudents. Selon le schéma classique une récession, mineure, ou une baisse de croissance, plutôt sensible, avec baisse des valeurs boursières, aurait dû se produire en 2017-2018. Nous avons émis l'hypothèse que la gravité de la crise de 2007-2009 avait pu décaler de deux à trois ans la correction conjoncturelle. A moins que la maîtrise partielle de l'activité de crédits, avec un encadrement ferme, empêche que la crise ne se déclenche et s'amplifie. Toutes les crises décennales ont eu une composante bancaire forte, avec écroulement du château de cartes des crédits. La reprise de fin de cycle, cette fois-ci, a été très faible, sauf aux Etats-Unis ne provoquant aucune euphorie délirante. Tout le monde s'est approprié la théorie du cycle après l'avoir niée ou ignorée pendant 60 ans ! Tout le monde craint une crise pour le lendemain matin depuis 2017. La peur est omniprésente. Donc la prévision devient extrêmement difficile. Pour notre part nous sommes perplexes. La correction de près de 10% des marchés boursiers, venue des Etats-Unis, est un signal avant coureur. Beaucoup de banques sont "borderline", en Europe comme en Chine. Les équations politiques sont à beaucoup d'inconnues. Des bulles, il y en a un peu partout. Certaines ont crevé sans conséquences systémiques, comme le marché des jetons internet (dits abusivement "cryptomonnaies", qui a perdu entre 82 et 90% de sa capitalisation, selon ses compartiments). Une perte de près 700 à 800 milliards de valeurs de capitalisation sans aucune conséquences visibles, alors qu'on charge les 350 milliards de pertes sur le marché des subprimes d'avoir déclenché la pire crise depuis 1929 ! Mais voilà : aucune banque n'était engagés sur ces marchés. Quand les banques ne craquent pas, la "crise" a du mal à s'amplifier. Oui, nous sommes plus dans la perplexité que dans les annonces de croissance grandiose. Comme à la fin 2018. N'étant ni conseiller du prince ni conseiller en gestion de fortune, les prévisions n'ont d'intérêt pour nous que comme vecteur de compréhension des mécanismes et des situations. Nous aurions à faire, comme nous l'avons fait longtemps un billet de conjoncture, pour le prochain semestre, nous serions bien embêtés. Si nous devions lancer un pari, nous serions plutôt enclin à prévoir pour le semestre à venir un refroidissement économique sans crise majeure, sauf catastrophe politique, toujours imprévisible. Après l'été, c'est autre chose. Coefficient de confiance : médiocre.
# Posté par DD | 15/01/19 19:47
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