Avons-nous doublé le PIB français entre 1980 et 2021 ?
Particularité amusante, le PIB français en euros de 2021 est à peu près le même que celui de l’année 1980 en francs. Autour de 2.400 milliards. Cela pose un intéressant problème de comparaison. De combien a été notre croissance en quarante ans.
Pour s’en tenir aux chiffres officiels l’affaire est facile : compte tenu de la dérive des prix à la consommation, le PIB actuel est le double du PIB de 1980. Nous serions deux fois plus productifs qu’à l’époque.
Certes, cela ne représente, sur 40 ans qu’une croissance annuelle minuscule, de 1.74% en moyenne.
Ces chiffres emplissent de malaise. Comment se fait-il que Marianne ait pu calculer une paupérisation absolue en quarante ans d’une partie des effectifs de l’administration ? Comment se fait-il que les pauvres se sentent plus pauvre que les pauvres de l’époque ? Comment se fait-il qu’avec deux fois plus de richesses, nos services publics ne fonctionnent plus correctement, le chômage soit si haut, notre compétitivité si nulle, notre endettement si fort, nos impôts si élevés ? Pourquoi le PIB par tête suisse est-il désormais deux fois celui de la France alors que les deux pays étaient en gros à parité en 1980 ?
On sent qu’il y a quelque chose qui cloche. Mais quoi ?
Pour établir la valeur absolue d’une monnaie, nous avions l’habitude au Cercle des économistes e-toile d’utiliser un indice de référence composite, tenant compte du cours de l’or, du pétrole, des terres rares, du m2 vendus en centre-ville dans plusieurs grandes capitales du monde, du Franc suisse et du Deutschemark puis de l’euro. Sans refaire avec toute la précision voulue l’actualisation de cet indice (arrêté en 2012 après la crise de l’Euro), nous arrivons à un glissement d'environ 8 fois de la valeur de l’indice, au lieu des 3.2 fois de l’indice de l’Insee.
Comme le rapport entre euro et franc est de 6,55957, si la croissance de l’indice de référence est supérieure le PIB a baissé, s’il est inférieur, le PIB a cru.
En unité de valeur constante, le PIB français a donc sensiblement baissé, ce qui est plus compatible avec les nombreuses défaillances que l’on a constatées pendant ces derniers quarante ans.
Le PIB par tête doit tenir compte d’une hausse de la population de 55 à 67 millions.
Comme l’a écrit récemment l’excellent Robin dans le Figaro, l’indice de l’Insee est très peu pondéré par l’immobilier, les actifs boursiers etc. Celui de l’Allemagne est nettement plus inclusif. Si on prend l’indice allemand le taux de croissance baisse sensiblement. On perd quasiment 1 point de croissance qui tombe à 0.8% par an. Et on ne double plus l Compte tenu de la croissance de 20% de la population, le PIB par tête n’a plus cru que très faiblement, presque de façon imperceptible.
L’indice de prix est politiquement construit pour connaitre l’évolution du pouvoir d’achat à court terme, avec des effets juridiques, économiques et sociaux importants pas pour déterminer la valeur de la monnaie. Au-delà de quelques années la distorsion de l’offre de produits rend l’indice peu significatif. Pratiquement la moitié des produits consommés aujourd’hui n’existaient pas il y a quarante ans ou n’avait pas les mêmes caractéristiques. On n’est pas riche de la même chose à quarante ans d’intervalle. Pas de TGV, pas de PC, pas de téléphone portable, pas d’internet, pas de voitures électriques, pas de domotiques, pas du tout la même gamme de traitements et de produits médicaux, pas de tourisme massif à très bas coût, etc. Les services à la personne étaient beaucoup moins coûteux. La fiscalité et les dépenses contraintes étaient plus faibles que maintenant. On compare sur des périodes de quarante ans des consommations sans rapport.
Un poste de travail informatique coûtait 10.000 F en 1880, en télétraitement. Un petit portable 1000 fois plus puissant ne coûte que quelques centaines d’euros. Mais beaucoup de produits agricoles coûtent désormais plus de 10 fois leur prix d’alors. Comment arbitrer cela dans un indice ? C’est possible sur quatre cinq ans, pas sur quarante ans.
La force productive du pays doit s’apprécier en tenant compte du chômage, des déficits extérieurs et de la dette. Il n’y avait pratiquement pas de dettes ni de chômage en 1980, même si cela commençait à déraper. Nous avons 3.000 milliards d’euros de dettes et le chômage oscille en permanence entre 8 et 11%. Notre balance commerciale comme le budget de l’état sont en déficit permanent, de façon abyssale. Notre industrie est passée de 24% du PIB à 12.
Nous croyons légitime dans ses conditions de considérer que la puissance économique de la France est pratiquement la même qu’en 1980 et non pas le double. Nous avons connu une formidable stagnation. La seule force qui a favorisé la production est le taux d’emploi des femmes qui a fortement augmenté, celui des hommes, lui, baissant légèrement. Le pouvoir d’achat a pu être maintenu par des importations à bas prix en provenance de Chine et des pays émergents. Mais les citoyens des pays qui n’ont pas voulu d’une expérience socialiste et bureaucratique ont vu leur rémunération décoller par rapport à celles des Français, jusqu’à doubler en Suisse et presque tripler au Luxembourg.
Décidemment non, nous ne pouvons pas affirmer que nous avons doubler notre PIB en quarante ans. La vérité c’est que nous avons connu un déclassement et une paupérisation, relative le plus souvent, mais aussi absolue dans bien des cas.
Nous n’avons pas non plus cherché comprendre les grandes crises mondiales et à s’en protéger. Ceux qui ont fait carrière entre 19770 et 2000 ont connu deux crises mondiales fortes (73-74 et 92-93). Ceux qui ont commencé en 80 également : 92-93 et 2008-2009. Ceux qui ont démarré en, 1990 en ont connu trois, avec celle du Covid. Les « millénials » en sont à deux, comme ceux qui ont commencé en 2010, qui risquent eux d’en connaître probablement quatre.
La leçon que nous devons en tirer est qu’il ne fait pas bon être tenté par le socialisme à l’intérieur. C’est la recette de la paupérisation. Mais, et c’est celle qui n’est jamais tirée, il faut aussi réformer le système monétaire international qui permet des crises mondiales périodiques qui avaient disparu après-guerre avec une système coopératif de changes fixes mais ajustables par accord général.
On notera que la campagne électorale n’aborde ni la question de sortie du socialisme ni celle d’une diplomatie de la prospérité. Et tous appellent une politique verte qui risque de massacrer la croissance et le pouvoir d’achat, alors que l’énormité de la dette accumulée par E. Macron ne nous permet plus d'emprunter suffisamment pour financer la conversion énergétique.
Le Français, né malin…
Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef, aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants, explications sur le retard français, analyses de la langueur de l'Europe, réalités de la mondialisation, les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable. Association loi 1901 |
Attention, dans le PIB officiel est intégré les dépenses de l'état, ce qui est une aberration.
donc la stagnation de notre PIB depuis 40 ans a été obtenu à coup d'endettement massif.
Le jour où l'état ne peut plus s'endetter, il ne pourra plus créer de croissance administrative, et là, les français se rendrons enfin compte que le PIB a réellement baissé, et le niveau de vie va s'effondrer, et ce sera bien sûr la faute au libéralisme ...
La féminisation des services publics a eu des effets contradictoires :
- au départ, les premières générations de femmes étaient d'une meilleure niveau que le fond du panier masculin. On a donc eu une amélioration du niveau moyen.
- l'apport féminin a aussi permis de compenser l'absence de candidats du fait de la perte démographique des Français de souche.
- Il a permis de limiter le coût de la massification des études secondaires, les femmes acceptant des salaires moins élevés et du coup ce déclassement salarial a réduit l'offre masculine.
- aujourd'hui on aboutit à des taux de femmes de plus de 75-80% dans la santé, la justice, l'éducation nationale avec des changements systémiques sur des tas de sujets. Biais, absence de sécurité, refus des gardes,...
Sur tous ces sujets le non-dit a été la règle et on n'a rien anticipé. Et on persiste pour ne pas "stigmatiser", ce qui est ridicule. Il faut observer et réfléchir.
Tiens, on ne fait plus mention de crises décennales ?
C'est vrai que cela fait 4 à 5 ans que nous attendons la prochaine...
L'important, c'est d'observer et de réfléchir. La crise de 2008 a été la pire depuis 1929, prouvant les dangers des changes flottants et des déséquilibres mondiaux et celle de 2011 proprement européenne a montré les dangers de l'Eurosystème qui permet les déséquilibres internes et des récessions terribles.
La réponse mondiale a été de ne pas changer le système monétaire mais d'exiger des banques centrales une politique conjointe tout en cadenassant le système bancaire. En Europe on a cadenassé la Grèce mais tout lâcher à la BCE avec Mario Draghi.
Les énormes créations de monnaie n'ont pas eu d'effet sur l'inflation parce qu'il s'agissait en fait d'un jeu d'écritures entre banques centrales et système bancaire. En fait on a réduit l'inbflation globale en dépit de créations monétaires délirantes ! Normal, ls banques étant quasi en faillite ne pouvaient pas financer l'investissement.
Mais les divergences incontrôlées des balances des paiements n'ont pas été jugulées. L'Allemagne a 200 milliards et plus d'excédents, la France va vers les 100 milliards de déficit. Idem à l'échelon mondial. On laisse les causes mais on tente de limiter les conséquences par une médecine symptomatique.
La crise sanitaire est venue percuter le système qui très probablement aurait connu une crise molle sinon, selon le processus d'élimination des créances irrécouvrables habituels. Elle a provoqué des politiques qui ont plongé l'Occident dans une dépression profonde comme jamais vu couverte par une création de monnaie colossale. L'ennui, c'est que ce n'était plus un jeu d'écritures. On a payé salaires et pensions par la dette, sans production. Le résultat est une inflation considérable qui n'a rien de frictionnelle.
Nous sommes dans la phase de rattrapage liée à la levée des blocages artificiels mis en place par les états. Nous avons donc une activité forte avec des pénuries qui aggravent l'inflation. Mais les dettes continuent à monter car les échanges restent totalement déséquilibrés. La prochaine récession risque de survenir entre 27 et 30, pas immédiatement. Surtout si la coercition gouvernementale reprend avec la cause du CO2 à la place du Sars cov 2. L'outrance des dettes est telle, que là, les mesurettes prises pour en éviter les conséquences ne suffiront plus et cela risque de faire très mal.
L'horizon de la fin de la décennie est assez bouché.
Maintenant, la situation est tellement hors de ce qu'on a connu, que l'étrangeté du moment peut conduire à l'imprévisible. La seule chose que l'on sache de façon certaine, c'est que la situation de la France est particulièrement inquiétante.
La période sera riche d'enseignement pour ceux qui voudront observer et réfléchir. Tant qu'on ne revient pas à une politique d'ajustements concerté des monnaies nous danserons sur un volcan.
De l’après guerre jusqu’en 1982, le niveau de vie français progresse plus vite que le niveau de vie mondial.
Cette trajectoire s’interrompt en 1982 suite à l’élection de Mitterrand et la mise en œuvre du programme commun de la gauche alors que les grandes économies mondiales tendent vers plus de libéralisme sous l’impulsion de Tatcher et Reagan. Après l’échec initial du socialisme, le niveau de vie français relatif est à peu près stable de la fin des années 1980 à 2001.
A partir de 2001, à la suite de l’introduction des 35h par Jospin qui dégrade la compétitivité française pile au moment où la Chine entre dans le commerce mondial, le niveau de vie français décline relativement au niveau de vie mondial moyen. Ceci malgré le fait que le PIB français soit surestimé par rapport au PIB mondial du fait d’une part des dépenses publiques dans le PIB nettement supérieure à la moyenne mondiale comptabilisées à leur coût plutôt qu’à leur vraie valeur ajoutée, comme le souligne le commentaire de Stéphane. Sans surprise, la sous-performance est très marquée en 2020 du fait de la gestion inepte de la crise Covid par Macron.
A chaque point d’inflexion négatif pour la France (1982, 2001, 2020), des mesures étatiques d’inspiration socialiste.
Ce déclin n’a rien de fatal et est totalement réversible, à condition d’arrêter avec une gouvernance nuisible aux intérêts du pays.
Elle n'annonce rien de bon, si la réélection probable du foutraque président sortant devait se confirmer. Nous ne pouvons plus financer le pouvoir d'achat par la dette. On est au bout du chemin. On ne peut même pas envisager de financer la conversion énergétique. Nos trois mille milliards de dettes publiques qu'il faut multiplier pour avoir notre dette global, sans compter de nos engagements, nous asphyxient. La fuite en avant dans des "narratifs" exaltés par le politiquement correct n'aboutira qu'à des attentats contre la prospérité, la propriété et la liberté.
Il est incompréhensible que cette terrible réalité ne soit pas saisie par des voix qui comptent dans cette élection, avec quelques lignes directrices fermes.