Défection américaine inattendue : pour l’Europe et la France, sortir de la nasse est impossible !
Depuis un siècle, l’Europe et les Etats-Unis n’ont jamais connu de relations tranquilles. Ces derniers ont empêché la France vainqueur de l’Allemagne en 1914 d’organiser la paix de façon durable, ce qui nous a valu Hitler, une défaite historique et une occupation sauvage vingt ans plus tard. L’éternelle gratitude que l’on doit aux alliés pour la libération de la France en 1944 est légitime. Mais il a fallu empêcher l’Amgot, c’est-à-dire l’imposition d’une monnaie américaine en France. Dès la fin de la guerre, la politique des Etats-Unis vise à détruire les empires européens. Elle bloque conjointement, déjà avec l’URSS, l’opération de récupération de nos droits sur le canal de Suez. Ensuite elle milite, toujours en liaison avec l’URSS, pour la destruction des empires, par la décolonisation, afin d’ouvrir ces marchés à leurs entreprises. L’Europe de Jean Monnet, pilotée par la CIA, a essentiellement pour but d’affaiblir la France, le Royaume uni et l’Allemagne, en les noyant dans un ensemble inoffensif. Surtout, le 15 août 1971, les Etats-Unis décident l’abandon unilatéral de leurs obligations monétaires internationales. Engagés à convertir à taux fixe le dollar en or, ils violent leur parole et l’argent des Européens et font sauter le système monétaire international décidé à Bretton Woods, accords qu’ils avaient déjà détournés à leur avantage par manœuvre astucieuse à la fin de la conférence, en imposant le dollar comme proxy de l’or dans le nouveau système.
Cette défaillance a conduit à l’énorme crise de 1973, au cartel pétrolier, et depuis, à une dégringolade ininterrompue des taux de croissance dans les pays développés, expliquée par les crises financières à répétition, moyennes, comme au début des années quatre-vingt et au début du siècle, extrêmement violentes, entre 1992-1994, puis en 2008-2009, dernière crise doublée par la crise de l’euro de 2011. Depuis cette date les pays européens vivent dans une stagnation de longue durée et depuis deux ans la France et l’Allemagne sont en récession, si on choisit, pour rendre les chiffres comparables, la méthode allemande de calculer l’inflation, sans que jamais un mot ne filtre dans la presse.
Le système des changes flottants sans aucune règle applicable aux grands excédents et aux grands déficits a provoqué pendant cinquante ans une suite de désastres économiques lamentables et créé une situation désormais pathétique, avec des niveaux de dettes ingérables.
Et voilà que, victimes également de ce système monétaire défaillant, les Etats-Unis de Donald Trump veulent une fois de plus frapper leurs partenaires de l’Alliance Atlantique au portefeuille pour régler ses propres problèmes. Soulignons l’incongruité de la position américaine qui veut à la fois battre monnaie mondiale et imposer le dollar, ce qui impose un déficit massif de sa balance des paiements, et taxer les excédents ainsi créés en contrepartie. Une parfaite injonction contradictoire. En refusant désormais de payer pour la sécurité de l’Europe et en essayant d’extorquer à l’Ukraine des ressources qui sont pour l’essentiel dans les zones conquises par la Russie, Trump se lance dans une seconde injonction contradictoire.
L’Europe à la fois abusive et portée à dépasser les limites des traités, et ectoplasme, de Mme Van der Leyen qui est structurellement alignée sur Washington et qui est devenue le vecteur du Wokisme, de l’immigration musulmane et africaine illimitée, du gouvernement des juges, et de l’explosion des nations par la création de régions autonomes, est devenue une machine soumise aux lobbies et créatrices de normes totalement asphyxiantes en tout domaine, d’une écologie anti-croissance encadrée par des échéances intenables, tout en laissant l’économie européenne décrocher par rapport au reste du monde. L’énorme extension du champ de l’Union a rendu la gouvernance problématique. Elle l’a rapprochée des frontières de la Russie qui a vu son glacis traditionnel fondre. L’Union Européenne s’est jointe aux Etats-Unis pour la réussite de la révolution Orange, un coup d’Etat tout de même. Elle a laissé le gouvernement ukrainien traiter brutalement les territoires de l’Est, russophones sinon russophiles provoquant la réaction que l’on sait, stoppée par les accords de Minsk, signés par Hollande et Merkel qui ont affirmé en rigolant qu’il s’agissait de gagner du temps pour armer l’Ukraine. La Crimée était récupérée au passage par Moscou sans presque coup férir.
Tout ceci n’était possible qu’à l’abri de l’Otan et des armées américaines, abri considéré comme éternel. Hollande du temps d’Obama, en Syrie, avait pourtant constaté que les Etats-Unis pouvaient lâcher l’Europe.
Le triomphe électoral de Trump a fait sauter les illusions. L’Europe seule est désarmée. Les Etats-Unis ont réclamé d’abord que l’Europe paie pour sa sécurité, ce qu’elle a commencé timidement à faire, avant de supprimer carrément la couverture militaire qu’elle assurait. Tout cela pour accentuer la pression sur l’Ukraine, sommée de cesser la guerre et d’accepter la pax americano-russe, c’est-à-dire la perte de ses provinces de l’Est.
Alimenter la guerre en Ukraine tout en essayant de minimiser sa vulnérabilité sur les multiples points de contacts avec la Russie est simplement impossible sans la couverture américaine.
La solution serait, selon les européistes, de créer une énorme dette européenne de 700 milliards d’euros permettant de se réarmer, de suppléer les Etats-Unis dans l’aide à l’Ukraine, de devenir autonome sur l’intelligence artificielle, tout en conservant le calendrier de décarbonation mis en place dans les conditions que l’on sait par M. Timmermans. On se contenterait de réduire un peu les contraintes écologiques. On n’est même plus dans l’injonction contradictoire mais dans la dinguerie pure.
Un point à noter qui a son importance : depuis sa réunification, l’Allemagne s’est autonomisée en Europe et revient à ses politiques anciennes notamment contre la France. Elle essaie depuis 25 ans de détruire notre énergie nucléaire. Les énormes excédents qu’elle accumule au détriment de tous ses « partenaires européens » et notamment de la France faussent totalement la gestion financière de la zone euro. Trois pays représentent 85 % des flux de la BCE, avec en tête l’Allemagne. Pratiquement tous les secteurs industriels français sont passés dans des mains allemandes. On voit que l’Allemagne prend ses décisions sans consulter personne, que ce soit l’accueil de plusieurs millions de Musulmans du Moyen-Orient et de la Turquie, ou de la brusque fermeture de ses frontières. Pour rappel, nous avons ici proposé un pacte de réduction des déséquilibres avec une taxe progressive sur les excédents, totalement ignorée par nos dirigeants dont la pauvreté d’esprit et de réflexion est consternante depuis bien longtemps.
Pour la France la situation est critique. Elle est dirigée par un foldingue narcissique et phraseur qui a bloqué les institutions politiques et qui parade en s’agitant dans le vide quand il ne va pas se faire rouler dans la farine et humilier à Washington ou à Moscou. Elle est soumise aux exactions de la « rue arabe » qu’elle a laissées se constituer et se fait humilier tous les jours par l’Algérie et les autres ex-colonies avec la bénédiction soumise d’Emmanuel Macron. Ses finances publiques sont dans un état désespéré et les hauts fonctionnaires qui ont capté toute la vie politique ne pensent qu’à de nouveaux impôts alors que nous sommes les premiers au monde pour les prélèvements. Notre balance commerciale est désespérément déficitaire.
Dans une telle situation que peuvent faire la France, l’Union Européenne et l’Europe au sens large ?
Pratiquement rien de ce qui aurait été efficace.
La France aurait dû rapidement sortir de son marasme politique actuel avec démission d’Emmanuel Macron, élection présidentielle et élections législatives. La seule force structurellement adaptée à la situation aurait été nécessairement de tradition gaulliste. Il ne dépendait que de LR de se reconstruire à l’époque des « conférences programmatiques » et ne pas se diluer plus longtemps dans le centrisme mou à la Lecanuet. La condition : éviter la soumission prolongée à Macron que symbolise le gouvernement Bayrou, après avoir débloqué la nécessaire loi budgétaire.
Militairement, il aurait fallu constituer une nouvelle alliance de défense européenne avec le Royaume-Uni, la Pologne, les pays baltes, la Finlande, éventuellement la Roumanie, avec renforcement des contingents sur la frontière russe. À plus long terme on peut imaginer que l’Allemagne rejoigne la coalition. Cette alliance militaire à très court terme avec deux puissances nucléaires et des forces au sol consistantes, aurait permis de faire face immédiatement à toute éventualité, quoi qu’il arrive en Ukraine et quelle que soit l’attitude américaine. Bien sûr, ces forces sont largement approvisionnées par les Etats-Unis et dépendant de beaucoup de systèmes américains. Mais rien n’interdisait les accords commerciaux pour les approvisionnements. Trump n’en est pas au point de renoncer à des achats européens, alors qu’ils représentent plus de 61 % des fournitures militaires de l’Europe.
Il aurait fallu prendre l’initiative sur le front financier et géopolitique, en proposant au monde une organisation monétaire basée sur les principes de Bretton Woods, mais sans le dollar, faisant une alliance entre Brics (sans la Russie), et Europe. Les piliers dans cette affaire auraient été l’Inde, la Chine, l’Amérique du Sud et les pays africains, sans les Etats-Unis. Les grands déficits et excédents auraient été bannis, règle qui aurait dû être imposée au sein de la zone Euro. Un nouveau Fonds monétaire mondial (FMM) aurait été constitué avec son siège à Paris pour faire respecter les règles de l’alliance monétaire mondiale. L’idéal aurait été d’obtenir l’accord du Japon et de la Corée du Sud. Mais leur dépendance aux Etats-Unis est telle que la chance d’un tel leur accord aurait été faible.
Dans les deux cas, ces nouvelles coalitions auraient eu du sens si elles avaient été montées par des états souverains disposant de leur monnaie. Hélas l’Europe a choisi de créer l’Euro, ce qui aurait impliqué la Commission, associant contre leur volonté des pays pro russe ou pro américain. La monnaie unique tue en fait tout espoir de mettre fin aux changes flottants dominés par le dollar ! Paradoxe !
Dans ces deux cas, les prétentions fédérales de l’Union européenne sont un obstacle à des solutions décisives pour faire bouger Trump.
Il est probable que l’Union européenne va une fois de plus prétendre évoluer vers un État fédéral souverain en profitant de la situation, d’une part en faisant entrer le militaire dans son rôle et ensuite en prétendant monter un plan d’emprunt massif pour faire pièce aux investissements américains, mais en restant dans l’OTAN et en faisant tout pour restaurer la « bonne entente » avec les Etats-Unis.
L’Allemagne bloquée à la fois dans ses exportations et ses approvisionnements serait néanmoins la championne du réarmement. Pays le plus peuplé, le plus central et bientôt le plus puissant en armement conventionnel, il deviendrait de facto le leader principal de l’UE. La France, même avec sa bombe atomique, est incapable de fournir une couverture de sécurité à l’ensemble de l’Europe continentale. Pour la France, c’est un désastre de plus. Elle va se retrouver avec une armée puissante à ses frontières dans cinq à dix ans. Retour du bon vieux temps.
La Russie peut-elle attaquer en Roumanie, en Suède ou dans les pays Baltes ? On a affirmé que Poutine avait tout raté en puisqu’il a réussi à faire entrer d’anciens pays neutres dans l’OTAN. Mais cette OTAN ne dispose plus désormais du chapeau américain. Un marché de dupes !
La France est dans une situation désespérée. Avec sa dette de 3 400 milliards, ses prélèvements de 1 650 milliards, qui sont égaux à la valeur ajoutée annuelle des entreprises commerciales et industrielles, sa démographie malade, sa transition énergétique destructrice avec la désagrégation de son industrie automobile et la crise immobilière, et depuis 2008 son état de stagnation voire de dépression économique, elle ne peut pas changer de politique militaire rapidement, même en prétendant être en guerre. Bercy ne voit dans la situation que des avantages : l’administration va pouvoir voler le capital accumulé des Français pour financer la dette en prétextant de l’état de guerre alors qu’on est en état de guère.
Politiquement Emmanuel Macron va prendre prétexte l’état de guerre pour tenter de se sauver de la situation ubuesque où il s’est mis tout seul. La table renversée par Trump bouleverse toute la vie politique en France.
Plus aucun parti n’a de programme. Ni même d’identité ou de projet. Les postures actuellement totalement formatées par des questions intérieures : immigration, sécurité, drogue, émeutes urbaines, Wokisme, prélèvements, sont totalement annihilées par les développements. Internationaux.
Le RN coincé par ses relations avec la Russie et son soutien à Trump, bientôt privé par la justice de Marine le Pen, a perdu tout discours.
LFI déconsidéré par son soutien au Hamas et aux dictatures sud-américaines, honni pour la virulence de son antisémitisme délirant, dont son égérie Rima Hassan est le plus parfait témoin, et prisonnier de son option pro russe, fille de son engagement trotskiste, n’est plus rien dans une situation où la perspective de guerre devient crédible.
Le couple Zemmour-Knafo maintient que le problème numéro 1 est la crise migratoire et continue son flirt avec Trump. Ses perspectives sont très incertaines.
Les Verts sont à découvert. Tout le monde a constaté que leur objectif était Wokisme, gauchiste, décroissant, révolutionnaire antitout, étouffant et idéologisé. L’écologie n’était qu’un prétexte et de toute façon la violence écolo n’est plus acceptable.
Le PS n’est plus rien. Comme le macronisme.
Il reste le Modem traditionnellement à la botte des Etats-Unis et européiste, dont on voit qu’il est aussi étatiste et socialisant. Sa vraie ambition est de détruire la Ve République. Toutes ses réformes visent à casser des mécanismes institutionnels.
LR ayant refusé de se structurer après les élections de 2022, est toujours un corps sans tête, largement dépecé, sans projet ni programme, alors qu’un « moment gaulliste » est en cours.
La politique n’est plus qu’une guéguerre féodale pour les postes entre princes, barons et comtes, dans le néant programmatique total. Postures, narratifs plus ou moins construits et éléments de langage de circonstances suffisent.
Quelles perspectives pour la France ? Silence général. Nous sommes en récession mais surtout n’en disons rien !



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Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef, aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants, explications sur le retard français, analyses de la langueur de l'Europe, réalités de la mondialisation, les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable. Association loi 1901 |