Retour vers le futur : 1987 !
Tout le monde l’a oublié. En octobre 1987 un tourbillon monétaire et financier ravagea la finance mondiale. L’épisode montrait clairement que le système monétaire et financier mis en place par les accords de la Jamaïque conduisait au désastre. L’économie baudruche connaissait sa première explosion entièrement endogène.
La crise décennale qui avait frappé le monde quelques années auparavant était de mode mineur par rapport à celle de 74, sauf aux Etats-Unis où Volcker avait décidé de casser l’inflation et sortir de la stagflation. Avec succès. L’excès de liquidité restait manifeste globalement avec une poussée de la dette globale mondiale. Mais les économies avaient commencé à se rétablir sauf en France où la politique désastreuse de Mitterrand avait provoqué le chaos, avant qu’une première reprise en main ait lieu avec Fabius.
La cohabitation théorisée par Balladur et mise en œuvre par Chirac permettait la mise en place d’une stratégie de rupture qui allait marcher du point de vue strictement économique.
Toute ressemblance avec la situation de 2015 n’a rien de fortuite. La folie Hollande des deux premières années a conduit à un revirement à 180° mais pas à une rupture. La posture est entièrement politicienne. Et la droite est confrontée à l’obligation de mettre en forme un programme de rénovation nationale sévère, comme elle l’état en 1986.
En 87, le recul sur le Plan Devaquet de rénovation des universités avait entraîné une resucée de désordres sociaux, façon Mai 68, les syndicats du secteur public tentant d’exploiter la faiblesse du gouvernement. La cohabitation avait permis à F. Mitterrand de jeter autant d’huile que nécessaire sur les braises. La situation était à la fois politiquement et socialement fort difficile. Et voilà qu’une crise financière gravissime frappait le monde.
Pourtant, à la réunion du FMI de septembre 1987, l’optimisme est général.
En France, la politique suivie par Balladur avait permis :
- De réduire les déficits en dépit de baisses d’impôts importantes comme la suppression de l’IGF (paradoxe pour les étatistes) . Le budget de 87 faisait apparaître un gain de 10 milliards de Francs par rapport aux prévisions !
- De rétablir largement la compétitivité (par une dévaluation)
- De relancer l’investissement qui croissait désormais plus vite en France que chez ses voisins
- De réduire l’inflation grâce à la suppression du contrôle des prix (nouveau paradoxe apparent pour les étatistes qui pensaient qu’ils allaient s’envoler).
- De relancer le dynamisme de nombreux secteurs grâce aux dénationalisations.
La rupture avec le socialisme semblait bien marcher.
En même temps, Edouard Balladur constatait l’étroitesse de ses marges de manœuvres :
« Nous ne pouvions relancer l’économie sous peine de creuser les déficits de toute nature et de mettre en péril la monnaie ; nous ne pouvions diminuer la demande intérieure pour stimuler les exportations, sous peine de ralentir la croissance et d’aggraver le chômage ».
En régime de changes flottants avec liberté absolue des mouvements de capitaux, les relances se heurtent immédiatement à une crise financière et budgétaire qui impose de se mettre debout sur les freins. L’expérience de 1974 avait été retenue.
La politique de libéralisation et de retour à la confiance permettait néanmoins de progresser.
C’est là qu’il est intéressant de relire Edouard Balladur (Passion et longueur de temps chez Fayard -1989).
« Les partenaires de la France ne voulaient pas prendre au sérieux les dangers de la situation monétaire ; dès le début septembre, les taux d’intérêt avaient augmenté aux Etats-Unis comme en Allemagne. Cela risquait de détruite le fragile équilibre né des accords du Louvres conclus six mois plus tôt. A Washington l’Allemagne refusa de s’engager à baisser ses taux, et les Américains à qui revenait la présidence de séance, firent en sorte que la question ne fut que brièvement évoquée, comme si elle avait été réglée directement entre les Allemands et eux. Constatant la vanité de mes efforts pour faire entrer dans les faits la concertation internationale décidée au Louvre, je déclarai à mes collègues qui si le Japon et l’Allemagne ne renonçaient pas à augmenter leurs taux d’intérêt, nos accords risquaient de voler en éclats. Je n’eus aucun succès ».
On peut déjà tirer deux conclusions :
- Dans un système global de changes flottants qui est structurellement fondé sur la non coopération, tous les accords multilatéraux sont des farces qui ne résistent pas à la volonté de confrontation des intérêts nationaux chez les pays forts. Le G.20 est aujourd’hui exactement la confirmation de ce fait. Les conférences annoncées à grand fracas comme démontrant la coopération de tous sont au mieux des alibis. Le plus souvent des tromperies.
- La France, si elle est seule, est incapable de faire entendre sa voix. Le "programme commun de gouvernement" avait fait perdre à la France tout crédit. Même si tout le monde se félicitait du nouveau cours des choses, la réputation et l’influence de la France avaient été durablement ratiboisées.
L’annonce, le 15 octobre 87, d’un déficit extérieur américain en forte hausse provoqua une hausse des taux d’intérêt aux Etats-Unis et la baisse brutale corrélative de la bourse (100 points en une seule journée, le 16 octobre). Le Secrétaire d’Etat au trésor américain commença à invectiver l’Allemagne menaçant de ne plus appliquer les Accords du Louvre. Le climat s’alourdit à tel point que la bourse perdit 10% à Londres, 7% à Francfort et 5% à Paris. Le 19 octobre Wall Street perd 22.6% en une séance, Tokyo 14.6%, 24% à Paris, 31% à Francfort et 20.3 à Londres.
Pire que le Vendredi noir qui avait ouvert la grande dépression de 1929.
Edouard Balladur commente : « Dans les affaires économiques et monétaires du monde, la France compte peu parce qu’elle s’est laissée aller trop longtemps. Elle aurait la possibilité de faire aussi bien que l’Allemagne, de peser le même poids. Elle en a les moyens. Rien ne justifie d’avantage à mes yeux l’effort de renforcement économique de notre pays : il y va de son audience internationale, de son avenir même ».
Les inepties économiques de F. Hollande aujourd'hui ont justement cette conséquence : nous sommes un pays ridiculisé et incapable de parler haut dans le monde, même lorsque nous avons des arguments forts à faire valoir.
« La France n’avait aucune responsabilité dans la crise alors qu’elle en subissait durement les conséquences ». On retrouvera exactement cette même situation en 2008.
E. Balladur continue : « Il fallait désormais s’attacher à créer un véritable système monétaire international, avec ses automatismes, ses sanctions s’imposant à la volonté des Etats».
Il écrit ce que nous nous égosillons à dire sur ce blog depuis des lustres. Contrairement à ce que beaucoup croit, les grands politiques ont été capables de voir et d’anticiper les réformes profondes à faire du système monétaire international. Aujourd’hui ce n’est plus le cas. La nullité et l’inconscience règnent aussi bien du côté socialiste que du côté de la droite.
Depuis que ce blog est ouvert, nous essayons de mettre les faits de notre côté, en espérant un effet pédagogique de la crise. « Les faits sont les meilleurs éducateurs » affirme lui aussi Edouard Balladur.
On peut craindre qu’il ne soit, comme nous, un peu optimiste. « Je crois que nous vivons dans un monde où l’idée que les monnaies doivent avoir entre elles des parités aussi stables que possible n’est toujours pas acceptée ». Cette faillite intellectuelle est toujours là. Le retour à un vrai système monétaire international est partout un « non sujet ».
On a choisi, en 1987, le secret d’accords cachés entre banquiers centraux et gouvernement pour sortir du coup de chaud boursier. Mais sans analyse des causes. Les mesures prises seront une inondation monétaire qui, renforcera l’économie baudruche et permettra de faire gonfler les valeurs boursières.
Une fois encore, tout rapport avec la situation actuelle ne saurait être que fortuite...
« Cela montre l’infirmité du système monétaire dans lequel nous vivons : il n’évite un mal que pour tomber dans un autre ».
A part Maurice Allais aucun économiste n’a tenté de donner du corps théorique à ce constat indiscutable.
En 1992 se déclarait la crise périodique décennale, variante dure, qui toucha durement l’Europe et la France en 1993. L’explosion de la baudruche monétaire n’avait pas été plus prévue alors qu’elle devenait évidente.
Les économistes anglo-saxons mirent le coup de chaud boursier sur le compte des ordinateurs, et la crise de 92 sur le dos de la guerre du Golfe. Evacuer les crises pour qu’elles ne passent que pour des effets « exogènes » a été le leitmotiv des économistes, des politiques et des journalistes. Seul Maurice Allais relèvera le flambeau à pas d’âge. Et il sera moqué puis vilipendé.
Ce que montre la situation actuelle, c’est que rien n’a réellement changé depuis 1987.
Nous avons vécu la crise du dollar de 1998, appelée faussement mais opportunément « crise des pays émergents et des cronies », ajoutant l’odieux au ridicule, suivi par la crise périodique « douce » du début des années 2000, corrigée à l’aide d’un gonflement de l’économie baudruche jamais vu.
Puis à nouveau une crise financière liée à l’explosion d’une montagne de dettes, précédant un écroulement économique d’ampleur historique.
Et les sots croient toujours que la reprise est là, l’incident clos et la nécessité de réformer le système monétaire international peu évidente.
Revenir à 1987 est bien un retour vers le futur.
Les Etats-Unis, L’Allemagne et, désormais, le Japon et la Chine, sont toujours dans une perspective de guerres des monnaies, quoi qu’il en coûte au monde et à eux-mêmes.
La France, elle, s’est ridiculisée un peu plus avec le drame de la gestion purement électoraliste et politicienne du Président Hollande. Ce n’est pas les deux heures de spectacle politicien lamentable qu’il vient de donner sur Canal + qui rassureront.
En se lançant à nouveau dans l’achat de vote le plus grossier, il a démontré l’abaissement, on peut le craindre, définitif du niveau politique en France.
La France ne peut même plus tenir de discours sur les grandes questions économiques du monde.
Mitterrand avait été un pourrisseur. Ses inconséquences, son narcissisme et son cynisme économique, ajoutés à sa fuite en avant européenne, ont, d’une part, stoppé définitivement le rattrapage du niveau de vie américain par les Français et, d'autre part, leur a fait perdre tous moyens d’action sur leur destin. Hollande n’est qu’un continuateur.
Les Français n’ont aucune idée de l’ampleur de ce qu’il faudrait faire pour sortir de ce piège mortel.
Il est vrai que le climat général est en France à l’optimise béat : il fait beau ! Un si joli ciel bleu ne saurait annoncer des tourmentes.
Pendant la montée des périls, François Hollande croit qu’il a toutes ses chances aux prochaines élections présidentielles et la droite discute d’un nouveau nom du parti leader de l’opposition.
L’histoire sera sévère !
Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef, aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants, explications sur le retard français, analyses de la langueur de l'Europe, réalités de la mondialisation, les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable. Association loi 1901 |
1987, d'abord :
- En 1979 se concluent les accords de libre-échange du Tokyo Round. Grâce à une devise sous-évaluée et une politique économique d'épargne et d'investissement axé vers l'export, le Japon se met à engranger des surplus commerciaux records, notamment vis à vis des Etats-Unis dont les déficits commerciaux et l'endettement s'envolent.
- En septembre 1985, pour tenter de remédier à ces déséquilibres commerciaux, les accords du Plaza décident d'une appréciation du Yen (et du Mark) et d'une dépréciation concomitante du Dollar. C'est alors, en 1985, que les autorités économiques japonaises commirent une lourde erreur dont elle sont toujours prisonnières 30 ans plus tard sans aucune perspective de sortie : fortes de leurs réserves monétaires correspondant aux excédents commerciaux accumulés, elles se lancèrent dans une politique d'expansion du crédit pour tenter d'atténuer l'impact sur l'économie japonaise du rééquilibrage du commerce extérieur. Ce faisant, elles déclenchèrent une spéculation massive sur l'immobilier et les actions japonaises, spéculation financée à crédit : la dette japonaise explosa. Les mouvements internationaux de capitaux spéculatifs exacerbèrent la situation : avec un Dollar plus faible et des prix d'actifs financiers japonais en hausse, il devint très profitable d'emprunter en Dollar qui se dépréciait pour spéculer dans des actifs japonais dont les prix montaient et libellés en Yen qui s'appréciait jusqu'à fin 1988. La bulle financière japonaise fut massive, et continua jusqu'en décembre 1989, sa propre dynamique l'emportant encore pendant 1 an après que le Dollar-Yen eut fini de baisser. La bulle explosa en janvier 1990. Depuis, la banque centrale japonaise est engagée dans une politique de stimulation monétaire permanente : les taux d'intérêt japonais sont scotchés à 0% depuis 1995. Le Japon, créancier du monde dans les années 1980, est maintenant le pays le plus endetté du monde, sa dette totale dépassant 400% du PIB. Chaque fois que la banque centrale japonaise s'est mise à directement acheter des actifs financiers pour "stimuler l'économie", le prix des actifs financiers s'est mis à monter et les investisseurs ont emprunté en Yen pour spéculer sur ces actifs, faisant baisser le Yen. Chaque fois que la banque centrale a cessé ses achats d'actifs, les spéculateurs ont débouclé leurs positions, faisant remonter le Yen et baisser les actifs financiers, renvoyant ainsi l'économie japonaise en récession et forçant la banque centrale à reprendre ses interventions. Et ainsi de suite depuis 25 ans, sans aucun impact notable sur la croissance économique japonaise qui reste atone ni sur son endettement qui continue sa trajectoire exponentiel. [Il est à noter que l'Allemagne, également concernée par les accords du Plaza de 1985, n'a pas fait la même erreur de politique économique que le Japon en ne succombant pas à la solution apparemment facile de stimulation monétaire et s'en trouve aujourd'hui beaucoup mieux portante, malgré une démographie aussi défavorable que celle du Japon. C'est une leçon à méditer...]
Avance rapide à aujourd'hui. La situation est strictement identique, les Etats-Unis et le Japon ont simplement inversé les rôles :
- La banque centrale japonaise est engagée dans une intervention massive pour faire baisser le Yen alors que dans le même temps le Dollar remonte car la banque centrale américaine a (pour l'instant) fini d'intervenir, tout en maintenant ses taux d'intérêt à 0%. Avec un Yen plus faible et des prix d'actifs financiers américains en hausse, il est depuis l'été 2014 très profitable d'emprunter en Yen qui se déprécie pour spéculer dans des actifs américains dont les prix montent et libellés en Dollar qui s'apprécie. La bulle américaine de 2014 est l'exact miroir de la bulle japonaise de 1987. Elle devrait éclater fin 2015 ou début 2016, renvoyant l'économie américaine en récession.
Par ailleurs, il est tout à fait frappant de constater que la Chine refait très exactement les mêmes erreurs qui ont conduit le Japon à sa situation actuelle désespérée. Depuis son accession à l'OMC en 2001, la Chine a suivi le même modèle de développement économique que le Japon, s'appuyant sur une devise sous-évaluée et une politique d'épargne et d'investissement axé vers l'export et engrangeant des surplus considérables aux dépens des pays occidentaux qui virent leur endettement exploser (encore plus). La crise de 2008-2009 résulte de ces déséquilibres et provoqua un rééquilibrage forcé, les pays occidentaux ne pouvant plus importer de produits chinois car ayant saturé leur capacité d'endettement. C'est alors en 2009 que les autorités économiques chinoises commirent la même erreur que le Japon 24 ans plus tôt : pour atténuer l'impact sur l'économie chinoise du rééquilibrage commercial forcé par la crise, et forte de ses réserves monétaires correspondant aux excédents commerciaux accumulés, la Chine s'est lancé depuis 2009 dans une politique d'expansion du crédit, déclenchant une bulle immobilière suivie depuis peu par une bulle sur les actions chinoises. La dette chinoise s'est envolée et la Chine a rejoint à son tour le club des pays surendettés qui représente maintenant les 3/4 du PIB mondial. Alors que la bulle immobilière montre des signes d'essoufflement, la banque centrale chinoise commence à assouplir sa politique monétaire. Logiquement, la prochaine étape devrait être d'essayer de faire baisser le Renminbi. Japon bis et repetita. Mêmes causes, mêmes erreurs, mêmes conséquences.
Où l'on voit que le système commercial et monétaire international totalement dysfonctionnel finit par conduire tout le monde - pays en déficit comme pays en excédent - au surendettement et à la stagnation économique. 40 ans que ça dure et pourtant ce blog reste étrangement seul à en parler. Comme tout le monde est maintenant dans la même situation de surendettement et que, de ce fait, le trend de croissance mondiale ne cesse de faiblir, le nombre de participants à cette guerre monétaire est en constante augmentation, ce qui rend le système de plus en plus instable et de plus en plus conflictuel. En effet, avec une croissance mondiale de plus en plus faible, il devient rationnel pour chaque pays / zone monétaire d'essayer de capter une part un peu plus grande de cette plus faible croissance mondiale, pour éviter que le chômage et la dette n'explose à la maison. Le moyen pour se faire est de d'évaluer la devise. Mais, comme il est par définition impossible pour chacun de d'évaluer simultanément contre tous les autres, c'est la guerre des monnaies qui s'intensifie au mesure et à mesure que chaque pays / zone monétaire réplique pour éviter de devenir le punching-ball hall mondial. Mais, contrairement à la propagande officielle, la guerre des monnaies n'améliore en rien la croissance mondiale, elle ne fait que la redistribuer temporairement, un peu plus pour la zone monétaire qui dévalue (la zone Dollar - Etats-Unis et Chine - de 2009 à 2014, le Japon depuis 2012, la zone Euro depuis quelques mois) et un peu moins pour la zone monétaire forcée d'apprécier sa devise (les Etats-Unis et la Chine, maintenant en plein ralentissement). Pendant que l'économie ne va nulle part, l'inflation monétaire facilite la hausse continue de l'endettement et enfle les valeurs d'actifs financiers hors de proportion avec les flux réels qui sont supposés les justifier, dans un équilibre particulièrement fragile.
La voix de la France dans cette affaire ? A ma connaissance, le dernier Président français à avoir compris les dysfonctionnements du système monétaire international lié à l'usage du Dollar comme instrument de réserve mondial et à avoir poussé à leur résolution fût Charles de Gaulle. Sa conférence de presse du 4 février 1965 (cité par Jacques Rueff dans "Le péché monétaire de l'Occident" disponible gratuitement sur le net) est particulièrement explicite. De Gaulle (avec Giscard d'Estaing comme ministre des finances à l'époque) n'a pas pu infléchir l'entêtement américain et les Etats-Unis ont décidé unilatéralement en 1971 de ce qui les arrangeait, ce qui les a conduit à s'enfoncer inexorablement dans la dette. Le niveau du personnel politique français s'étant quelque peu dégradé depuis de Gaulle jusqu'à la situation actuelle particulièrement embarrassante, il est clair que la France ne pèse plus rien dans ce débat qui dépasse totalement les faibles capacités de son personnel politique actuel, tout occupé à faire muse-muse sur des sujets sociétaux sans aucun rapport avec les intérêts supérieurs de la nation, à déclamer des incantations totalement vaines sur la reprise qui ne va pas tarder à venir sans avoir la moindre idée de ce qu'il faudrait faire pour que ça se produise et en faisant volontiers l'inverse, sans oublier bien sûr les raffinements désormais quotidiens du supplice fiscal infligé avec délectation aux 15 millions de français qui font vivre les autres 50 millions. Il semble assuré que rien ne change en 2017 puisqu'on va devoir reprendre les mêmes et recommencer. Bis et repetita. Mêmes causes, mêmes erreurs, mêmes conséquences.
Vous restez étonnement seul dans votre compréhension et votre exposition du problème. Merci pour ça, et on espère que vous serez entendu à temps.
J'ai découvert les analyses de D. Dufau sur le forum du Monde en ...1997 ! Déjà il apportait des explications qui, à l'époque, étaient totalement ignorées de la presse et s'attaquait à la fois aux anglo-saxons qui expliquaient que la nouvelle prospérité était pour l'éternité et les socialistes qui croyaient que la crise du capitalisme était dans sa phase finale et se moquaient du blairisme. Déjà, il condamnait l'insouciance des Européistes face à la complexité de gestion d'une monnaie unique, les dérives fiscales de "l'énarchie compassionnelle" à la française. C'était l'époque où personne n'avait conscience qu'une reprise forte avait lieu partout et qu'elle était totalement déséquilibrée. Il expliquait déjà, le premier à ma connaissance, que l'hyper inflation de moyens monétaires ne se voyait pas dans les prix à la consommation à cause de la Chine et de l'ouverture totale des marchés mais qu'il fallait la suivre dans les prix de l'immobilier et autres valeurs "réelles". Il faisait des prévisions qui se sont toutes révélées exactes et donnait des explications dans la minute ds évènements graves qui se passaient en les reliant aux annonces faites antérieurement. Sans jamais être contredit, ni par les autrs forumeurs ni par les faits. Je me souviens de son intervention sur le site du Monde dès 2006 pour expliquer qu'une crise sévère arrivait et qu'il fallait surtout que Sarkozy n'annonce pas qu'il allait doper la croissance car il aurait à faire face à des difficultés jamais vues.
Indépendamment des questions de personne, les idées exprimées auraient du être dans le champ du débat public. Rien. Aucun relais ; aucun écho. Au point où on se demande si ces idées sont fausses. Mais à chaque fois la réalité redonnait de la consistance à des analyses dont la constance explicative était remarquable.
Alors oui, il y a bien un mystère. Sur l'hyperfiscalité" française, le constat est désormais sur la place publique, mais faussé par la politique politicienne. Sur l'Europe, la question murit, mais les tensions sont devenues telles qu'on ne se bat pas sur les bonnes questions. Sur le système monétaire international, là le blocage est total, l'ingorance absolue, le silence mortuaire.
Il va bientôt falloir écrire un nouveau "vingt ans après".
A un âge désormais où il va falloir que j'arrête d'intervenir (j'étais à la retraite en 1997), je tiens à dire une fois encore mon admiration.
Et mon incompréhension pour l'inconscience et les carences que manifeste le débat public et officiel.