La montée de l'intolérance
Alors que le cycle des conférences autour de mon livre Sortir du Désastre est enclenché, avec la volonté d’insister d’abord sur la nécessité de sortir des débats de personnes pour entrer dans le dur d’un programme de gouvernement puissant et de nature à changer les choses, plusieurs réactions qu’il faut bien qualifier de sectaires se font jour chez des personnes dont on n’attend pas vraiment cette attitude. Sur certains sujets, une partie de l’auditoire ne veux rien entendre et s’énerve vite lorsqu’elle considère que l’orateur fait une incursion incorrecte dans ce qu’il faut bien appeler « une exigence de foi ». Jusqu’à encore très récemment les génocides socialistes étaient l’exemple type des sujets impossibles à traiter objectivement sans conflit aigu avec un auditoire de gauche qui ne pouvait admettre que son idéologie soit frappée d’infâmie. C’était très cadré presqu’automatique et ne portait pas sur des aspects de la vie quotidienne et aujourd’hui tout le monde admet ou presque qu’au nom de cette doctrine cent à cent cinquante millions de personnes ont perdu la vie. La question est presque réglée. La nouvelle intolérance porte essentiellement sur deux sujets : le féminisme façon WOKE et l’écologie politique et touche beaucoup de personnes qui ne sont ni marquées a priori par une idéologie ni par une sociologie particulière. Cela traverse toutes les classes sociales, surtout sur des critères d’âge ou de genre.
Beaucoup de femmes, jeunes et moins jeunes, ne tolèrent plus aucune discussion sur les sujets féministes, par réaction à ce qu’elles jugent avoir été une maltraitance durable et structurelle des hommes qui doit disparaître. Il n’y a plus ni débat ni limite. Toute réserve est vue comme une infamie méritant exclusion.
Un exemple : Impossible de dire que la parité, dans un monde politique français dominé par l’Enarchie, a provoqué une poussée de nominations féminines dans des proximités problématiques, confinant au népotisme caractérisé, avec des carrières en couple particulièrement bien rémunérées, le poste de l’un servant à assurer le poste de l’autre. Il suffit de voir le nombre de « filles de » ou d’ex-maîtresses dans les instances politiques et administratives actuelles pour relever que la question est très actuelle. Alerter sur les risques d’une situation nouvelle, et l’obligation de prévoir des garde-fous contre les conflits d’intérêts, n’est pas remettre en cause les carrières féminines. Les règles de conflits d'intérêts valent pour les deux sexes. Mais rien à faire : il ne faut pas en parler ! L’obligation féministe ne souffre pas de commentaire et l’emporte sur la nécessité démocratique. On a vu que Mme Hidalgo flattait cette attitude en se félicitant d’avoir violé la loi sur la parité de genre dans les postes de chef de service de la ville de Paris, sans pratiquement de réaction.
L’écologie est une autre terre de désespoir démocratique. Ne pas hurler avec les loups sur l’urgence de la transition vers une économie sans CO2 vous fait traiter de menteur, d'inconscient, de « connard » et autres gracieusetés. Aucun chiffre, même le plus facile à vérifier, ne sera accepté comme élément de discussion. Même si, dans vos analyses, vous ne relativisez jamais la réalité des difficultés liées au réchauffement que l’actualité rappelle inlassablement, et cherchez simplement à bien cadrer la politique écologique à mener, en équilibrant coût et effet sur la température, vous passez rapidement pour un malhonnête homme en plein révisionnisme voire pire. Ne s’agit-il pas de sauver la terre ? Vous êtes donc dans l’écocide ! Salaud, va !
L’industrie automobile annonce qu’il faudra 14.000 milliards d’euros pour convertir les usines européennes à la fabrication de voitures électriques, avec près de 3.500 milliards d’euros environ pour la seule industrie française. Personne ne réalise ce que veulent dire ces chiffres démesurés. Vous prenez le parc de voitures françaises, 55 millions d’automobiles, et vous calculez le coût du remplacement sachant qu’une voiture électrique coûte environ 30.000 euros en moyenne. Certains disent 20.000 d’autre 40.000. Là n’est pas l’important. Le budget à prévoir est colossal : entre 1.500 et 2.000 milliards d’euros. Nous en sommes alors à 5.000 milliards d’euros minimum. Mais maintenant voilà qu’il faut fournir avec des éoliennes l’énergie obtenue jusqu’ici par 50 milliards de litres d’essence consommés chaque année. Sachant qu’un litre d’essence fournit l’équivalent de 10 kw/h et que l’éolien perd la moitié de l’électricité produite entre l’éolienne et le moteur, Il faut libérer l’équivalent de 5O x2 x10 milliards de kw/h éolien par an, soit 1000 milliards de KW/h. Sachant qu’une éolienne de 1 KW fournit en moyenne chaque année 2000 Kw/h, on obtient facilement la puissance en KW d’éoliennes à installer : 1 000 000 000 / 2000 = 500.000 KW. Sachant que la majorité des éoliennes installées proposent entre 1 et 3 KW, disons en moyenne 2 KW, il faudrait 250.000 éoliennes en France (contre 9 000 actuellement). Rappelons que le coût d’une éolienne est entre 1,4 et 1,6 million d'euros le MW. Il faut ajouter le coût du raccordement au réseau, les moyens de stockage de l'électricité produite, son transport sur le lieu de consommation et les points de rechargement. Un poste de recharge rapide coûte actuellement près de 40.000 euros. Il en faudrait des millions pour que les 55 millions de véhicules puissent avoir toujours l’énergie nécessaire partout où nécessaire.
Vous voyez se dessiner des budgets colossaux, de l’ordre de cinq à six mille milliards d’euros pour la France, soit cinq ans de valeur ajoutée des entreprises françaises, à dépenser en 13 ans (d’ici à 2035 !).
Si vous généralisez à l’Europe, vous aboutissez à des chiffres supérieurs à 24 000 milliards d’euros, en plus de la conversion du parc industriel, et 2.500.000 éoliennes ! En imposant des limitations drastiques de circulation et en espérant des gains de productivité important, on aboutit à un minimum de 12.000 milliards d’euros, en plus des 14 milliards de la conversion des usines automobiles !
Ces chiffres marquent une impossibilité. Si quelqu’un croit que les Français vont sacrifier la moitié de leur consommation ou de leur revenu pour convertir l’automobile à l’énergie éolienne, il va vers quelques déboires.
Comme les transports représentent 6% de la pollution du CO2, espérons que le coût de la disparition totale de l’énergie thermique d’ici à 2050, soit trente ans, ne soit pas l’équivalent de 16 fois celui des voitures thermiques ! Car sinon bonjour le délire.
Bien sûr ces estimations faites sur un coin de table peuvent être contestées. Ce que les citoyens doivent exiger de leur gouvernement, et de la Commission européenne, c’est le budget correspondant à l’objectif annoncé d’abord de la suppression des véhicules thermiques d’ici à 2035 et ensuite de la décarbonation totale de l’économie en 2050. Jusqu’ici aucun chiffre sérieux n’a été produit. Annoncer des politiques sans les chiffrer est une imposture. Si les ordres de grandeurs que nous citons venaient à être confirmés, soyons clairs, cette politique est une folie et elle ne sera jamais menée à bout. Une seconde exigence est d’annoncer les résultats de cette politique en terme réduction de l’élévation de la température globale de la planète. Christian Gérondeau l’a fait dans son livre La religion écologiste, p 128. La décarbonation totale de l’économie française d’ici 2050 permettrait une réduction de température moyenne de 0.0014° et celle de toute l'Europe un gain de 0.004°. Les chiffres d’ici à 2100 seront sans doute meilleurs mais tout aussi dérisoires.
Pour un observateur dépassionné, les coûts extravagants et les résultats dérisoires de la politique de zéro CO2 d’ici 2050 condamne cette politique. Que ceux qui la proposent fournissent leurs propres estimations et la méthode choisie pour y aboutir ! C’est le minimum.
On le voit bien avec le COVID. Quand la politique suivie est abracadabrantesque, cela finit par des dettes pharamineuses, des dépenses ahurissantes et des atteintes continuelles aux libertés, pour des résultats contraires aux annonces. A quand un « passeCO2 » et une application « stopCO2 » pour portable qui consignera toutes vos dépenses en CO2 ?
Liberté et prospérité sont en danger. Les religions surtout si elles sont politiciennes, mettent toujours la prospérité et les libertés en danger.
En attendant, les dévots de la religion écolo ne sont pas prêts à entendre. La réponse, murmurée, est toujours : les chiffres sont faux ; ce n’est pas vrai ; quel inconscient ; un « salaud au sens sartrien du terme » ; il n’a pas vu les feux ? Révisionniste et négationniste mais surtout aveugle !
Alors que l'élection présidentielle se rapproche la tentation de capitaliser sur le féminisme et l’écologie s’amplifie. Mélenchon, Hidalgo et les Verts ont démarré l'exercice. Mme Pécresse met en avant sa « sensibilité » féminine et écolo.
Pour Krugman, l’éditorialiste du New York Times, il n’y a pas à sortir de là : la droite est pour le CO2 et que la terre soit cuite, tout en cultivant un machisme débilitant et antiféministe. Tous Trumpiste à droite !
Pour la droite de redressement national, c’est un défi. Un programme de sortie de désastre ne peut ignorer les grands thèmes de la démocratie et de la prospérité et doit donc être très précis en matière de culture WOKE et d’écologie utile. Tout en sachant qu’il existe un noyau fanatique à peu près totalement inconscient des vrais enjeux et qui ne compte pas aller au-delà des approximations vaseuses et des images pieuses. E. Macron s’est déjà calé dans la démagogie pour séduire cette tranche de l’électorat en jouant à la fois sur le féminisme en mettant constamment en exergue les féminicides et en manipulant les exaltées du gouvernement comme Mmes Schiappa et Moreno, tout en prétendant « à la fois » à une écologie « gouvernementale » calée sur l’Europe et avoir cédé à beaucoup de réclamations écologistes (Fessenheim, ND des landes, Convention citoyenne, …). L’extrême droite a, elle, choisi la lutte contre les éoliennes. C’est simple et cela évite de proposer une autre politique.
Les Républicains n’ont rien à gagner à faire du macronisme et du gauchisme au petit pied ni dans le féminisme ni dans l’écologie. Leur seul espoir est de se mettre au-dessus de cette mêlée de nains.nes en refusant les politiques antidémocratiques basées sur les exaltations de genre, de race et de religion et en forçant le pouvoir qui a défini des échéances à sortir de l’ambiguïté en précisant les coûts et les résultats attendus de la politique écolo suivie.
Un candidat solitaire, parti pour un concours de beauté, n’y arrivera pas. La parole doit être élaborée par un collège important de personnalités fortes et portée collectivement, donc par plusieurs porte-parole.
Bien sûr, il faut tenir compte des sensibilités et des mentalités mais ce que les Français veulent, c’est comprendre quel sera l’effort à faire pour sortir du trou où la France s’est fourrée. Pour cela il faut travailler, travailler, travailler. Et venir avec une stratégie forte et incontestable. Il faut lutter contre l’intolérance et regarder la réalité à la lumière de la raison, assumer la pratique du pragmatisme, défendre la réflexion commune, stimuler le débat intelligent et informé.
Devoir l’affirmer aurait paru étrange il y a encore peu de temps. Il y a bien un affaissement démocratique et intellectuel regrettable en cours.
Devoir le faire en est doublement indispensable.
Didier Dufau
Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef, aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants, explications sur le retard français, analyses de la langueur de l'Europe, réalités de la mondialisation, les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable. Association loi 1901 |
Alors, restons calme please !
- incapable de présenter un candidat de rupture avec les thèmes dominants les médias . Charisme faible chez X.Bertrand, V.Pécresse , M.Barnier .
- incapable d'articuler un programme sérieux de redressement national , industriel , scolaire , universitaire , administratif ( sérieux dit chiffré ce qui est trop délicat vu la taille du Mammouth étatique qu'il faudrait réduire).
- elle est à la remorque de Macron et n'a pas compris que les sujets écologistes-féministes sont des distractions , des diversions.
La droite ( RN - MLP ) est engluée dans le discours anti-immigration et plafonne dans les secteurs ou la misère est irrémédiable ( 22% néanmoins ).
Seule une liste d'action civile de personnalités issues des entreprises peut enrayer le désastre que serait un autre mandat de Macron
Bonne question ! Après deux conférences il est difficile de totalement comprendre ce qui se passe dans l'opinion, mais des tendances se dessinent.
1. Dans la classe moyenne le conformisme est écrasant. Chacun est parti sur une trajectoire de vie personnelle et se moque pas mal du global. C'est lié à l'importance du vieillissement et des retraités. Les actifs sont mobilisés par les difficultés professionnelles et ne se mobilisent pas pour autre chose. Beaucoup de jeunes sont sensibles aux discours de bonté universelle et de politiquement correct, surtout du côté des jeunes femmes.
2. Dans la classe proprement dirigeante, les financiers et grands entrepreneurs et généralement tout le monde qui gravite autour d'eux, on est content que l'Europe protège contre les excès du bas peuple et des intellectuels de gauche, que la BCE arrose à tout va et que le système global permet de faire de bonnes affaires internationales. Que lla BCE arrose et ce sera parfait. Et qu'on calme les "petits" avec des cadeaux au peuple. Macron est considéré comme l'idiot utile de cette politique. Il est jeune et a de beaux yeux bleus et plait à beaucoup de femmes. Tout baigne.
3. Dans les gros bataillons de la classe moyenne, c'est la plus grand cacophonie du fait de la diversité des masses concernées. Les millions de Français d'origine noire, maghrébine et d'une façon générale étrangère ont une manière de pensée radicalement différente des millions de français de souche qui se retrouvent au chômage, aux lisières de la pauvreté ou dépendant des politiques d'assistance. Et Il faudrait distinguer aussi les millions de fonctionnaires nationaux ou régionaux.
Face à ces publics totalement éclatés, il est presque impossible de dégager une perspective commune.
1. La question de la perte de démocratie du fait de la main mise de l'énarchie sur l'administratif ,le politique,les médias et la culture avec les filaments de népotisme qui commencent à se tisser férocement, n'intéresse pas. Pas plus que l'explication des 67,5% d'abstention. Pas plus que les phénomènes d'asphyxie du débat et de l'information.
2. Sur les questions relatives à la cancel culture et à l'écologie, les activistes ont gagné et la résistance à beaucoup de mal à s'organiser.
3. Sur les questions monétaires : pas de débat faute de connaissances et de réflexions structurées dans ce domaine. Cela se passe tout la haut. Finalement l'Euro nous protège. Les changes flottants s'ils sont là ce n'est sans doute pas pour rien. Ne nous ennuyez pas avec ces trucs qu'on ne comprend pas et sur lesquels nous n'avons pas prise.
4. Le conformisme est presque total sur l'Europe, le réchauffement climatique et la nécessité d'une transition vers le sans carbone, la non répression et l’accueil des étrangers qui sont tous gentils et sont les victimes premières des gens qui les ont fait partir de chez eux. Allez contre ou formuler des réserves nées de l'observation des faits est malvenu.
5. Sur la déroute de la France sur presque tous les sujets : vous exagérez. On n'est pas si mal.
6. Sur la déroute démographique et la disparition des enfants blancs en France : les femmes ne sont pas de poules pondeuses. Il y a longtemps qu'on s'est séparé des Debré avec leur entonnoir sur la tête.
7. Sur le démantèlement de la chaîne pénale : on ne va pas revenir en arrière tout de même. C'est un progrès humanitaire. On n'a jamais tué aussi peu en France. Pas de violence "fasciste" et de retour aux temps sombres et nauséabonds. Et aussitôt le point Godwin.
La pensée dominante telle que véhiculée par des médias tenus par l'état et par 10 milliardaires dépendant de l'Etat est pratiquement invincible.
Les jugements qu'on entend sur les partis politiques sont sans appel :
1. Il n'y a personne alors va pour Macron.
2. Les Républicains ? Des couille molles sans véritable cap . Sarkozy a trahi. Et depuis que Macron a réduit l'ISF ils n'ont même pas d'image de résistance fiscale. Chirac était socialiste. Quelle différence entre Juppé et Jospin ? Ils n'ont plus personne. Pécresse est conseiller d'état et une pimbêche versaillaise tentée par l'écologie et le féminisme, avec un mari problématique tenu par les itnérêts étranger.s Aucune politique annoncée dans aucun domaine. Bertrand a quitté les LR et se contente de thèmes sécuritaires.
3. Les socialistes ? Taubira et Belkacem, c'est cela l'avenir ?
4. Les Verts ? Des types d'extrême gauche anticapitaliste set anti patriarcat au sommet, des débiles mentaux à la base. Ils détruisent tout sur leur passage. Mais les jeunes votent pour eux pour sauver la belle nature.
5. Le Pen. D'accord Marine est nulle mais il y a de l'espoir avec Marion.
Autant dire que fédérer les points de résistance autour prioritairement d'un programme significatif est quasi impossible. Les Partis bloquent. Les médias bloquent. Les intérêts en place bloquent.
Il faut dire que l'ampleur des remises en cause est considérable et qu' elle fait peur. La peur règne en France. Sur tout sujet : "vous avez raison mais n'y touchez pas vous la casserez ! ". Ou : "ils sont trop forts". Peut-être Zemmour pourrait provoquer quelque chose. Mais les Français catholiques et les arabes français ne voteront jamais pour un juif et la communauté juive ne votera pas pour un juif d'Algérie, tout de même. Et il n'a pas le physique et reste inconnu des masses. Mais il est courageux et a obtenu des ouvertures.
Ayant dit tout cela qui dessine une remarquable stagnation et un état cataleptique du pays, ponctué de jacqueries qui ne peuvent déboucher sur rien que de marginal et même de dangereux, on trouve les réactions individuelles spontanées à la fois d'auditeurs inconnus ou de politiques connus qui disent tous à peu près la même chose :
- "Je suis étonné d'être autant d'accord avec ce que vous écrivez ! Je ne croyais pas possible que cela émergerait un jour : une politique puissance, complète et sereine, touchant l'ensemble des difficultés qui nous ont fait régresser, est donc possible. Pourquoi ne pas foncer dans cette direction. Oui il y a une porte de sortie. Il n'y a pas de simplisme dans votre livre et ce que vous dites est profond, peu discutable, et adresse la complexité du monde. Vous n'êtes pas dans l'exploitation des rancœurs et des bassesses. J'ai été frappé à la fois par l'audace et l'humanisme de votre livre. Si quelqu'un de notable se présentait avec un tel programme je vote aussitôt."
Tout cela est sympa mais se heurte aussitôt à la question clé : mais qui ? Il n'y a personne. Les Français aiment jouer aux petits chevaux avec les candidats à la Présidentielles. Le programme, ils s'en foutent. Alors on parle du joli pullover de Mme Pécresse, de l'air de notaire de M. Bertrand, de l'infini ennui de M. Barnier et de son homosexualité possible, de l'antipathie provoquée par M. Wauquiez, de la ruse paysanne de M. Jacob, empereur du monde du silence politique, du Raminagrobis qui attend son heure à la présidence du Sénat. Vous vous rendez compte de l'exigence qu'impose votre livre et sa densité de réflexion alors qu'il est si facile de se laisser gagner par la légèreté de l'insignifiance et des relations féodales au sein d'un parti. Je me présente pour me faire connaitre et avoir un poids ultérieur dans le parti. Je suis la candidature de machin ou machine dans l'espoir de quelques promotions. Je protège mon pré carré. Réfléchir ? Exprimer une vision sur un sujet quelconque ? Vous n'y comptez pas ! Ce serait m'exposer. De toute façon les Français ne votent plus et ce sont les combinaisons au sommet qui font les carrières politiques. Alors restons près du sommet et ne compromettons rien par des propos de fond dont personne n'est prêt à débattre.
Autant dire qu'il faut avoir la foi chevillée au corps pour continuer un tel combat, de biais, dans la marginalité, avec un sabre en bois et sans ambition de notoriété ni de carrière. Qui êtes vous ? D'où parlez vous et pour qui ?
Mais je remarque partout une forme de mauvaise conscience. Les auditeurs de ces conférences sortent sonnés ! Il y a donc une voie de sortie courageuse et je ne suis pas sur ce chemin. Mes habitudes ne mènent à rien. Les politiques ne peuvent pas sortir de la lecture du livre la tête haute. Nous n'avons rien fait et rien dit. On laisse filer ? On meurt dans le silence des habitudes et des clans. Les militants quand on peut les approcher sont enthousiastes ! Enfin quelque chose à défendre, des idées où s'accrocher, un espoir d'être utile et pas seulement la participation à une brigade d'applaudissements pour le chef de file local.
Une mèche lente est allumée sous les pieds des LR. Elle se consume lentement. Si Macron est élu, les Républicains disparaitront. Sans programme fort, ils ne peuvent pas gagner. Des ralliements se préparent.
La seule antidote est celle de l'assurance qu'un programme neuf et puissant est possible et peut éviter la disparition. L'idée gagne qu'on peut réussir en ayant des idées force et l'énergie de les défendre en mobilisant les militants et en parlant haut et fort au pays et pas seulement de la délinquance et de l'immigration.
Et lorsque l'auditoire voit qu'il s'agit d'un espoir sérieux pour la France qui vaut de se mobiliser on voit une énergie qui se recharge dans leurs yeux et une volonté de sortir de l'avachissement et du renoncement.
La passivité actuelle n'est pas l'état normal ni de l'électorat ni des militants politiques. Mais il faut leur offrir une vision et un espoir sérieux d'une meilleure situation. Dès que cela se présente à leurs yeux, le climat change. Tous les Français veulent du positif et des voies d'action. Pour le moment rien ne les attire et ne les pousse vers un engagement positif.
Faire apparaître cette offre est tout mon combat.