Climat : la fabrique de l'hystérie

Un exemple caractéristique

Pour ceux qui veulent se faire l’idée la plus précise possible de l’état de la science, la vraie science, celle qui explique, qui mesure, qui reproduit ses résultats, sur la question de la responsabilité du CO2 dans les mouvements climatiques qui se produisent actuellement, il est intéressant de se confronter aux explications qu’on trouve sur la toile et qui prétendent représenter l’état de la science sur la question.

On s’aperçoit alors que la forme de ces articles est à peu près toujours la même : citation de sources scientifiques en apparence très sérieuses ; description d’un danger imminent qui va devenir inéluctable si… ; emploi d’un vocabulaire terrifiant : points de bascule ; situation mortelle définitive. On ne donne aucune démonstration mais on abuse des arguments d’autorité. On précise aussi assez souvent le besoin pressant de mettre plus d’argent au pot pour bien comprendre car plus on sait, mieux on constate… qu’on doit être inquiet.

Le lecteur sort de l’aventure soit scandalisé par cette forme de propagande idiote, soit terrifié. Mais l’affaire n’a pas avancé d’un pas.

Prenons par exemple le site Futura-sciences et l'article "réchauffement climatique : ces 27 boucles de rétroaction nous rapprochent du point de non-retour".

Le titre est paniquant : nous nous rapprochons du point où tout sera foutu. Aie ! Aie ! Aie !

Le mot introductif marque bien l’enjeu :

« Les experts s'accordent à le dire. Sauf à réussir à diviser nos émissions de gaz à effet de serre de moitié d'ici 2 030 et à atteindre le zéro émission nette en 2050, nous n'aurons que 50 % de chance d'atteindre l'objectif fixé en 2015 par l'Accord de Paris sur le climat de limiter le réchauffement climatique anthropique à +1,5 °C au-dessus des températures préindustrielles. »

Arguments d’autorité : « les experts s’accordent à dire ».

Argument moral : on n’aura pas tenu nos engagements.

On confirme aussitôt :

« Si l'on sait qu'une réduction des émissions de gaz à effet de serre est urgente, pour le moment aucune décision ne s'oriente dans ce sens. Les alertes sur les dangers du réchauffement climatique continuent cependant. »

Les émotions clés que l’on veut susciter :

Sentiment d’urgence

Insouciance du danger

La science confirme.

Nous sommes donc des fous inconscients devant un danger mortel imminent. Alors qu’on n’a encore rien lu !

L’article continue : des chercheurs ont publié dans One Earth (?!) une étude où « Ils ont compté 27 phénomènes qui tendent à aggraver le climat, et pourraient nous rapprocher plus vite que prévu des points de non-retour. »

Pas un phénomène, ni deux. Pas moins de 27 : tous aux abris !

Car la suite, c’est « le non-retour ». La mort, quoi !

Mais ce n’est pas tout : beaucoup d’entre ces boucles sont des points de « basculement ». La mort, oui mais encore plus vite que vous ne le croyez !

« Des points de basculement, devrait-on sans doute plutôt dire. Selon le Giec, le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat, ils correspondent à des « seuils critiques au-delà desquels un système se réorganise, souvent brutalement et/ou de manière irréversible ». Comprenez que, lorsqu'ils sont franchis, ces seuils déclenchent des bouleversements à grande échelle et potentiellement irréversibles pour une région particulière du système terrestre. L'analogie proposée par Carbon Brief est intéressante. Un point de basculement, c'est un peu comme lorsque vous finissez par retirer la mauvaise brique d'une tour au Jenga. Tout s'effondre ! »

Le lecteur est un débile inconscient et il faut bien lui expliquer les choses : basculement cela veut dire effondrement. Revoilà bien la mort inéluctable. Si vous ne saviez pas ce qu’est une tour de Jenga vous êtes encore plus débile que vous ne le pensez.

« Tim Lenton, chercheur à l'université d'Exeter (Royaume-Uni), avait été le premier à évaluer ces points de basculement. Il fait aujourd'hui partie de l'équipe qui propose une mise à jour de cette évaluation. Une mise à jour basée sur une revue de centaines de travaux scientifiques ». Le constat est sans appel. « La liste des points de basculement s'est allongée et notre évaluation du risque qu'ils posent a considérablement augmenté », confie le chercheur au Guardian. »

Attention : plus la connaissance avance plus les points de basculement sont nombreux. Le risque vital, déjà classé comme imminent en 2008, s’aggrave quinze ans après. Brrr !

Tim vous le dit et il fait maintenant partie d’une équipe. D’accord il n’a pas fait de recherche mais il a compilé des revues. Des centaines ! C’est une preuve çà et Exeter une belle ville avec une belle université et une belle cathédrale ! Là-dessus il y a désormais 16 points de bascule contre 7 dans l’étude initiale. En 2035, on constatera sûrement un nouveau doublement, et encore plus de basculements imminents, tant la science progresse ! On peut envisager 40 points de bascule imminente avec une recension de plusieurs milliers d’articles en élargissant la « team ».

Puisqu’on vous dit qu’on va vers l’inéluctable !

Là-dessus, on liste les 16 bascules en développant à chaque fois la même rengaine : si on n’agit pas, tout de suite et fortement, c’est la mort.

Conclusion : pas de discussion, il faut tenir les objectifs de la conférence de Paris, car sinon c’est la mort certaine !

Dans cette liste de rétroactions aucune ne concerne l’explication du réchauffement par le CO2, dont nous avons vu dans un article précédent que la démonstration indiscutable de son influence directe sur le climat manque et qu’on essaie de sauver en évoquant des rétroactions plus ou moins convaincantes et non démontrées scientifiquement de façon rigoureuse. En un mot : on ne sait pas l’expliquer de façon formelle et scientifique mais, c’est sûr, c’est le CO2 car cela ne peut être que lui, le consensus l’affirme. Et si vous dites le contraire, vous n’aurez pas d’argent pour votre laboratoire et vous serez marginalisé par la « pression sociale » !

On voit donc le rôle du mot rétroaction : il est incompréhensible pour le profane et quand on n’a plus d’argument, alors on sort la rétroaction, et quand on veut faire vraiment peur on ajoute des rétroactions aux rétroactions, avec un poil d’imminence supplémentaire.

Avant, les amateurs de science-fiction faisaient le pari qu’une comète pourrait, en passant mal à propos dans le système solaire, soit faire exploser la terre et y provoquer l’extinction du vivant, soit l’expulser du système solaire et l’envoyer dans le Cosmos avec quelques conséquences sur l’homme. On a même calculé scientifiquement la vitesse, la masse et la trajectoire de cette comète expulsive. De vrais et bons calculs basés sur la vraie science. C’est une menace. Faible mais réelle. Comme l’est le réveil en cours de l’activité sismique sur le second volcan proche du Vésuve, celui qu’on n’attendait pas. La nature est une marâtre.

Mais non ! On vous le dit : la nature est sacrée et c’est l’homme qui est une calamité pour la nature. Dès qu’il respire et agit, il tue la terre. Inconscient, il est en train de monter sur la rampe à bascule qu’il a créée. Encore un pas et le couperet tombe. Heureusement, il y a eu la conférence de Paris qui ne savait pas tout mais qui a tout compris et tout dit. Bien qu’elle ne connût pas les 16 boucles de rétroaction.

Les conséquences sont en train d’être tirées en France. On interdit de loger les pauvres dans des passoires thermiques. On est presque sauvé ! Encore un effort : en détruisant l’économie française radicalement, son énergie nucléaire, son agriculture « intensive », ses reliquats industriels, son épargne, ses riches, sa prospérité, tout en couvrant le plateau littoral et les campagnes d’éoliennes et de champs de plaques photovoltaïques, nous allons éviter les rétroactions et la mort.

Et permettre au lobby des énergies dites renouvelables, de faire fortune, et de recruter les politiques qui auront mis en place ce succès en agitant les peurs, lors de leur passage au pouvoir. Une affirmation de climatosceptique malhonnête ? Il suffit de regarder. Le conseiller qui a mis en place le « décret tertiaire », une véritable ignominie, vient de monter une société pour aider les entreprises à faire face aux obligations qu’il leur a imposées. Vite les contrats juteux avec les grandes entreprises avides de greenwashing et de bonne entente avec le pouvoir !

Pourquoi se gêner puisque les instances « éthiques » n’ont pas vu de conflits d’intérêts ? Et puis, on les connaît, les crétins qui imaginent des conspirations sinistres pour faire peur et qui croient la terre plate. Rions-en ensemble mes bien chers frères et sœurs et transgenres (restons conscientisés) énarques !

Il faut dire que notre grand partenaire de couple franco-allemand, M. Schröder, après avoir liquidé le nucléaire allemand s’est reconverti auprès des sociétés russes fournissant le gaz nécessaire pour compenser les faiblesses des Enr. Tout cela a fini par faire mauvais genre.

Encore un méfait des complotistes.

Disons-le clairement : l’hystérisation complotiste est une plaie. Mais l’hystérisation de la question climatique autour du rôle du CO2, comme les échanges honteux de bons procédés entre politiciens et lobby des Enr, sont également une plaie et bien plus coûteuse et encore plus purulente.

Il faut se débarrasser des deux.

Commentaire
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