Le libre-échange remis en cause ?
Le dernier pilier des certitudes de l’après-guerre est-il en train de s’effondrer ? La crise de 1929 avait prouvé que les mesures de limitations de la libre circulation des marchandises n’apportaient aucune solution et aggravaient la situation.
On voit aujourd’hui que Donald Trump n’hésite plus à rompre avec ce credo porté inlassablement par la diplomatie américaine depuis le début des années quarante. De nombreux mouvements politiques portent un message de restriction, à gauche comme à droite. La protection de l’emploi national par des mesures de réduction ou de blocage devient un thème de campagne un peu partout.
Faut-il ou non s’engager dans cette voie ?
Comprenons d’abord quelle est la source de ce mouvement d’opinion. La baisse tendancielle de la croissance depuis 1971 et l’entrée depuis 2008 dans une période de stagnation durable qui voit le revenu par tête baisser dans de nombreux pays de façon continue, est cette source. La « classe moyenne » est en première ligne dans cette déréliction. C’est elle qui fait les élections. On ne peut pas prétendre diriger un pays contre la prospérité du plus grand nombre, malgré tous les discours écolo-récessionnistes.
Le problème est que, globalement, il est impossible d’engager un vrai débat sur les causes de cette spirale néfaste de longue durée. Trop d’intérêts et d’habitudes pèsent sur les esprits. La disparition des débats de fond dans la presse et leur extrême difficulté dans les médias radio et telé-diffusés, conduit à une impasse de communication : en écoutant les experts qui servent le fond de jus intellectuel et économique , on a toujours pris les bonnes mesures pour avoir une croissance rapide et les résultats vont dans le sens inverse. Surprise –surprise ! Alors, les unes après les autres, les bases du consensus s’effondrent dans la méfiance et la colère, mettant en cause des « élites coupables ».
Cette évolution navrante est totalement évitable. Quelle est l’erreur qui pèse sur le monde depuis 1971 ? On a fait disparaître des pratiques intergouvernementales l’obligation d’équilibrer les balances extérieures. Associé à un système de monnaies administratives flottantes, émises en masse prodigieuse, cet abus a fait passer l’économie en mode baudruche, avec des explosions successives de plus en plus graves.
La vérité économique élémentaire est qu’on ne peut avoir dans la durée des pays en fort excédent et d’autres en fort déficit. Le recyclage des excédents et le financement des déficits poussent à au gonflement de la dette globale qui finit par exploser.
Ce n’est pas le libre échange qui est en cause. Mais le libre-échange déséquilibré dans des proportions systémiques. Le commerce et la monnaie vont ensemble. Pas de bon commerce sans bon système monétaire. Croire que par une magie microéconomique toutes les situations de déséquilibres se résoudront automatiquement en laissant jouer les libertés économiques élémentaires, sans aucune harmonisation des conditions générales de l’activité n’est pas le fruit d’une réflexion économique sensée, basée sur les faits. Mais un acte de foi et il faut tordre la perception de la réalité pour le soutenir.
La première mesure à prendre à l’échelon de la planète est de revenir aux conditions organisationnelles qui permettent qu’aucun état ne se lance dans des politiques déséquilibrées. Sans être immédiatement sommé de revenir à un certain équilibre, avec une aide collective pour éviter les trop gros coups de freins.
Evidemment, c’est politiquement difficile de dire aux Etats-Unis : le privilège (douteux) du dollar, c’est fini, comme les déficits effarants qui l’accompagnent. Ce n’est pas plus aisé d’imposer aux Chinois et aux Allemands un corset qui interdit les énormes excédents. De même les pays pétroliers ne pourront utiliser leur rente qu’en achat de marchandises et non en mouvement de capitaux.
Cette difficulté politique explique pourquoi le système dysfonctionnel en place perdure, malgré les preuves répétées depuis 50 ans de sa nocivité.
Mais, il n’y a pas d’alternative comme disait Thatcher avec son TINA (There is no alternative). Que les grands acteurs, victimes de leur propre impéritie, en viennent à proposer d’achever le malade plutôt que d’essayer de le soigner est tout de même un peu difficile à admettre.
La France qui a sombré dans le n’importe quoi de longue durée et qui en paie le prix amer, n’a plus aucune influence mondiale et a perdu les rênes de son destin.
Les instances mondiales, dans la dépendance américaine, sont silencieuses, ou poussent de si petits cris, qu’on ne peut les entendre.
L’Europe a mis en place un système absurde qui permet aux pays à excédents démesurés de maintenir leurs débiteurs la tête sous l’eau au détriment de l’ensemble.
Tout cela est anti économique à un niveau qui frôle le grotesque et ne peut se justifier.
Delenda est ! Donnez-nous un levier ! Si la raison pure ne suffit pas, que faire ?
Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef, aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants, explications sur le retard français, analyses de la langueur de l'Europe, réalités de la mondialisation, les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable. Association loi 1901 |
Le "privilège exorbitant" des multinationales qui empochent les différentiels de coûts salariaux mondiaux et du secteur financier dont les revenus sont indexés sur l'encours croissant de la dette globale correspond à un "fardeau exorbitant" pour le reste de la population américaine, c'est à dire 90-95% des gens. Autrement dit, les coûts pour les Etats-Unis de maintenir le système commercial et monétaire actuel dépasse largement les bénéfices. La seule raison pour laquelle les États-Unis ont jusqu'à présent officiellement soutenu un système qui leur est globalement défavorable est que la minorité des bénéficiaires contrôle le système politique. Jusqu'à ce que ce qui doive arriver arrive, à savoir la montée en puissance d'un candidat "populiste" faisant écho au ressentiment de la majorité. Nous y sommes avec Trump. Je n'utilise pas ici le mot "populiste" dans un sens particulièrement péjoratif, le populisme n'étant que le simple reflet de l'incapacité des dirigeants politiques établis à satisfaire l'intérêt du plus grand nombre de leurs concitoyens.
Il faut bien comprendre que les Etats-Unis - pays continent largement auto-suffisant dans pratiquement tous les domaines, y compris dorénavant en ressources énergétiques - ont peu à perdre en devenant isolationnistes car leur économie est assez peu dépendante du commerce extérieur. À vrai dire, ils ont même quelque chose à y gagner car leur solde est très déficitaire. Pour la zone Euro, c'est l'inverse : elle a plus à y perdre qu'à y gagner, la part relative des flux commerciaux externes dans son PIB est nettement plus importante et son solde est très excédentaire. La Chine aurait aussi beaucoup à y perdre pour les mêmes raisons. N'oublions pas que durant la grande dépression de 1929-1933, quand le système commercial et monétaire s'est effondré, ce sont les pays en excédent extérieur (c'est à dire les Etats-Unis à l'époque) qui ont été le plus durement impactés, la baisse de la demande externe venant s'ajouter à la contraction de la demande interne.
D'où cette situation paradoxale : le système monétaire et commercial international actuel est largement de conception américaine mais, s'il s'effondre sous le poids de ses déséquilibres, ce seront surtout l'Europe et la Chine qui en souffriront. C'est donc d'abord et avant tout aux dirigeants européens et chinois de proposer un système commercial et monétaire international équilibré dans lequel les échanges découleraient des réels avantages comparatifs de chacun à balances commerciales équilibrées et non des arbitrages salariaux et / ou fiscaux aboutissant à des soldes commerciaux déséquilibrés réglés à credit. Dans ce domaine comme dans d'autres, la carence de leadership est patente.
Lumineux ! Clinton est la candidate des élites européennes vautrées dans le déni des peuples et de la réalité économique de la politique. Depuis la révolution capitaliste libérale du XIXème siècle, la machine monétariste infernale nous sert invariablement la même histoire de guerres civiles, coloniales et impériales provoquées par l'accumulation délibérément non contrôlée de dettes injustes.
Le capitalisme financier libéral en dollar prétend confier la régulation légale et économique du crédit à des intérêts particuliers. Ces intérêts n'ont évidemment aucun souci des équilibres économiques réels entre tous les acteurs ni de la proportionalisation du capital disponible dans la production réelle à la masse des dettes comptabilisées en vertu de la loi.
La vraie révolution capitaliste libérale est celle qui a rendu aux acteurs particuliers de l'économie la liberté de produire des richesses reconnaissables à l'intérêt général dans la responsabilité garantie par l'état de droit. La fausse révolution libérale qui a subverti la vraie, est celle qui a supprimé la responsabilité du capital dans l'équilibre micro-économique et macro-économique du crédit. L'assurance générale du crédit par la loi et la solidarité financière des acteurs économiques est du ressort de la responsabilité politique commune et non de quelques individus mus par leurs intérêts propres.
Ces principes simples et immémoriaux sont-ils encore accessibles à nos économistes politiques ?
veuillez vous exprimez dans des termes clairs et non abscons, sinon, vous restez complétement incompréhensible.
"l'intérêt général dans la responsabilité " ???
l'intérêt général, cela n'existe pas.
"la responsabilité du capital" : les réifications ne peuvent servir d'explications : le capital n'est pas une personne physique, la responsabilité ne peut être que d'une personne physique.
"la responsabilité politique commune" ça ne veut rien dire.
l'assurance générale du crédit par la loi " ça ne veut rien dire.
Toujours le même blabla abscons des pourfendeurs des libertés individuelles qui pensent encore que l'état est un être omniscient...
tous les totalitarismes de la planète utilise les mêmes ficelles dans leurs discours...
L'intérêt général est l'intérêt commun à ce que tous les intérêts particuliers ou spécifiques puissent s'exprimer et si possible trouver une satisfaction par d'autres intérêts complémentaires. Exemple : il doit y avoir un intérêt général pour les épargnants et les déposants à ce qu'une banque ne puisse pas prêter les fonds liquides à un emprunteur non identifiable ou qui ne peut pas ou ne veut pas rembourser.
La responsabilité est la capacité effective d'une personne morale ou physique à répondre publiquement de la réalisation et du prix de ses engagements et de ses promesses. Effectivement une personne morale ne peut pas être responsable si aucune personne physique n'est identifiable et reconnaissable pour la représenter dans l'énoncé et la réalisation de ses engagements.
Le capital est une réalité porteuse d'un prix par l'existence d'un propriétaire qui est une personne responsable de la présentation de la réalité et de l'effectivité du prix pour une société porteuse d'une loi définissant et délimitant les conséquences de la propriété pour ses membres.
La responsabilité du capital consiste pour le propriétaire et pour le gérant à fournir une réalité tangible et légale contre le paiement du prix par un acheteur et à se porter garant du prix sur la réalité livrée conformément à la norme légale et à l'engagement contractuel avec le payeur.
La responsabilité politique commune est la responsabilité des membres d'une société, c'est à dire d'une collectivité morale de personnes physiques, de la réalité et du sens conformes au droit du prix annoncé de tout ce qui s'achète et se vend contre monnaie au titre des objets et des finalités de ladite société.
L'assurance du crédit par la loi est la réalité de l'état de droit par quoi le crédit fait à quelqu'un sur le prix d'une chose n'est pas contraire au droit et à l'intérêt des personnes qui prêtent directement ou indirectement au vendeur à terme de la chose.
La liberté individuelle est l'autonomie reconnue à chaque individu de penser, de décider et d'agir par soi-même avec autrui dans la réalité concrète identifiable dans la même langue et reconnaissable par les mêmes lois. L'hypothèse d'un État potentiellement omniscient qui saurait mieux que chaque individu ce qu'il peut penser et faire est explicitement démentie par la réalité actuellement observable et par toute l'histoire humaine spécialement celle des derniers siècles.
Après la chute du totalitarisme collectiviste qui interdisait aux individus de répondre de leurs actes dans la réalité tangible, nous assistons à l'explosion du totalitarisme individualiste qui nie la nécessité économique et politique d'une socialité pour réguler les interactions entre individus, qui nie l'existence nécessairement commune des biens réels. Le totalitarisme libéral détruit la liberté en laissant libre cours aux rapports de force par quoi la minorité des plus forts impose librement sa loi nominale à la masse des plus faibles. Ce totalitarisme libéral s'effondre actuellement faute de loi d'équilibre général entre les dettes et la production réelle de biens effectifs et faute d'une mobilisation de tous les individus à la satisfaction de leurs besoins propres et communs.
Je vous remercie de me signaler les obscurités de mon langage mais ne peux que m'inquiéter de la perte de contact avec la réalité et la morale que vous exprimez avec beaucoup de nos concitoyens et de nos frères en humanité. En toute liberté nous nous abandonnons dans le trou noir de la mort.
Les multinationales qui arbitrent les coûts salariaux et les niveaux de taxation mondiaux le font en parfait respect des lois et des institutions existantes. Par exemple, dans le cadre institutionnel et juridique actuel, il est parfaitement légal pour Apple de faire fabriquer les Iphones par Foxconn au coût chinois et de les vendre à NY ou Paris au prix américain ou européen. Comme il est parfaitement légal pour telle ou telle multinationale de placer son siège européen en Irlande ou au Luxembourg.
De même, les hedge funds qui achètent avec effet de levier des actifs financiers dont les cours sont dopés par des achats récurrents de banques centrales pour des dizaines voire des centaines de milliards d'euros mensuels le font dans le parfait respect des normes légales dûment délibérées et votées dans les instances politiques respectives.
S'agissant de responsabilité, c'est bien le scénariste - c'est à dire ceux qui définissent le cadre institutionnel et juridique - qui est in fine responsable du scénario. Pas les acteurs, c'est à dire les opérateurs.
Tout à fait d'accord avec vous. Les acteurs économiques font leur boulot selon leur logique et selon le cadre juridique qui leur est fixé. Le problème du capital devenu économiquement inefficient est bien de nature politique, morale et systémique. Les techniques juridiques, monétaires et financières fautives ne sont que les conséquences du cadre fixé par les processus politiques. Le mal est dans la manière-même que nous avons de nous représenter l'économie humaine, d'en délibérer les lois et de mesurer la responsabilité des acteurs.