La courbe de Dufau
De nombreuses questions nous sont parvenues sur la question de la « courbe de Dufau. » Nous avons demandé à Serge Hansen qui a creusé cette question d’en faire une rapide synthèse. Article original : http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2023/8/30/Une-autre-manire-danalyser-la-situation-conomique-mondiale
Ce qu’on appelle la courbe de Dufau, ou graphique de Dufau et qu’on devrait appeler les courbes de Dufau, est une approche de présentation statistique qui évalue toutes les séries économiques en « valeurs de référence » et non en monnaie plus ou moins purgée de l’inflation selon des méthodes différentes d’une institution à une autre.
Le premier concept est celui de valeur de référence. Pendant longtemps, l’or a tenu cette fonction avec ou sans association à l’argent. Certains ont proposés l’énergie et notamment le pétrole comme unité de valeur. Mais ces produits ont tous des variations de cours qui dépendent ou de considérations techniques ou d’effets institutionnels. Pour parer cet inconvénient, Didier Dufau a proposé de prendre un panier de produits représentatifs de la richesse. Par exemple, on peut associer le prix du m2 dans le triangle d’or à Paris, un panel de métaux rares, ou la valeur moyenne de certains produits de luxe. On peut construire des indices nationaux, régionaux ou globaux.
La première question est la faible dispersion espérée des évolutions des différents panels pour garantir que la valeur de référence construite est bien stable. On appelle cela la sensibilité de l’indice. Le calcul montre que le choix du panel interfère peu avec les résultats. La prise en compte d’éléments variés dans le panel donne globalement à peu près les mêmes résultats. En faisant varier dans des proportions raisonnables les composants de l’indice et leur poids dans l’indice, on ne modifie pas les conclusions que permet de tirer leur application aux grandes séries économiques.
En déflatant toutes les séries économiques avec l’indice retenu de valeur de référence, on obtient des courbes très différentes de celles qu’on publie généralement. Si on prend par exemple l’immobilier, il évolue de façon stable alors que les courbes en monnaie courantes flambent. Un appartement est un appartement. Il n’a pas changé de valeur intrinsèque, même si la monnaie a été dévaluée massivement par ailleurs.
En revanche toutes les séries classiques, PIB, revenu, valeur de la monnaie, piquent du nez en valeur de référence. Une vraie croissance verrait ces séries monter en valeur de référence, prouvant une augmentation de richesses incontestables. Si toutes baissent, cela veut dire qu’on vit dans un système de monnaie fondante. Nous vivons depuis 1973 dans un système de monnaie fondante accélérée. La plupart des monnaies ont perdu de 90 à 95% de leur valeur estimée en valeur de référence depuis 1970.
La comparaison des courbes estimées en valeurs de référence permet de tirer des conclusions très claires. On constate que l’essentiel du gain de revenu est lié à la baisse des prix des produits de consommation courante ! La mondialisation a fait baisser dans des proportions drastiques le prix de nombre de produits en activant une population gigantesque et très peu chère, dans des pays où la réglementation n’était pas contraignante. On ne voit pas bien ce phénomène lorsqu’on utilise des séries classiques l’inflation masquant beaucoup de chose. Il est évident en valeur de référence.
Dans les pays développées le revenu a baissé en valeur de référence (oui baissé !) mais les prix des produits de consommation courante ayant encore plus baissés, compte tenu de la mondialisation, le revenu disponible apparent a augmenté, masquant la baisse en valeur. En revanche, le revenu nde permet plus au plus grand nombre d’accéder à des biens durables dont la valeur est restée constante. Pour stabiliser leurs recettes certains états ont cherché à taxer les produits à valeur constante. L’ISF en est un des bons exemples.
Les courbes de Dufau permettent aussi de comprendre certains dangers de la fin de la globalisation. Le prix des biens de consommation courante sont renchéris en valeur de référence et peuvent croiser la courbe des revenus. Le maintien du pouvoir d’achat passe alors par une redistribution monétaire et non plus par le travail, l’échange et la production. Les hausses massives de prix liés à la guerre ou aux épidémies jouent le même rôle. La hausse des coûts de productions associées aux politiques dites « climatiques » ou « écologiques » jouent aussi dans ce sens.
Du coup les mouvements « populistes » dans les pays développés s’expliquent aisément. Ainsi que la tentation de s’emparer des biens de valeur de référence stable pour la taxation ou la redistribution. Mais cela contribue à leur disparition ce qui détruit en profondeur le pays qui se lance dans ce périple sans retour.
Les courbes de Dufau sont un instrument magique pour mieux comprendre instantanément les enjeux de la période. La méthode est décapante et permet d’échapper aux illusions monétaires. Mais elles gênent les dirigeants habitués à des présentations ambiguës ou justifiant des démagogies faciles.
Dire à un dirigeant politique : il n’y a de croissance réelle qu’en valeur de référence, est une manière de lui mettre le couteau sous la gorge. Imposer aux organismes statistiques d’introduire des estimations en valeur de référence serait de salut public.
Hélas personne ne veut s’y risquer.
Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef, aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants, explications sur le retard français, analyses de la langueur de l'Europe, réalités de la mondialisation, les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable. Association loi 1901 |
Le maintien du revenu est aussi soutenu par l'endettement croissant et la baisse mondiale des taux d'interets ;
Les preteurs peinent a trouver du 5% sans risque