Le FMI : pyromane devenu pompier ? Même pas !

Le FMI est une institution malade depuis la fin des accords de Bretton-Woods qui l'avaient instituée. Son rôle était de réguler les changes fixes en permettant à des pays dont la monnaie était attaquée de ne pas régler ses difficultés de paiements internationaux par la récession et la déflation, entraînant tous les autres dans ses problèmes. Ses statuts lui imposaient et lui imposent toujours de veiller à ce qu'aucun acteur international ne laisse filer ses déficits de façon astronomique ou accumule des excédents intolérables. 

Seulement voilà : les Etats-Unis ont un statut privilégié au FMI et ils ont un pouvoir de veto. Le dollar est devenu de facto la monnaie du monde avant de l'être de jure après les accords de la Jamaïque qui ont démantelé les dispositifs de coopération mis en place à Bretton-Woods.

Les Etats-Unis ont donc alimenté le monde en dollars, en creusant des déficits immenses. En contrepartie se sont créés des excédents immenses. Les déficits ont été comblés par la planche à billets aux Etats-Unis et par le replacement des excédents dans les banques américaines. Chaque goutte de déficit américain a donc permis une émission de crédit dans le pays créditeur et une émission de crédits dans le pays déficitaire. Cette double pyramide de crédits, sans frein depuis que les changes flottent, a fait passer la dette globale de moins de 200% à près de 400%  du PIB à peu près partout.

Il en est résulté des crises périodiques de plus en plus fortes et une baisse tendancielle du "trend", provoquant un chômage intense dans les pays développés et une dette publique considérable.

Jusqu'à la crise finale que nous connaissons.

Nous avons chiffré entre 8 et 16 mille milliards de dollars la perte à fin 2007 sur ces crédits de plus en plus artificiels car depuis longtemps déconnectés de l'économie de production.  Ce chiffre parait énorme. Il l'est par rapport au capital des banques. Le système bancaire mondial est virtuellement en faillite depuis 2006.  La crise a créé une nouvelle source de crédits défaillants ("non performants" en novlangue). On est passé d'un taux de 2 à 4% de crédits en difficulté à 8-12% selon les banques. Cela a créé une nouvelle bouffée de crédits défaillants.

Les Etats en ont absorbé une bonne partie. Le déficit budgétaire annuel américain a gonflé de 10.000 milliards de dollars. En six ans, les sommes ainsi cumulées représentent près de 40.000 milliards de dollars.  Le reste du monde, globalement, a généré à peu près les mêmes flux.

Une crise portant sur une dizaine de milliards de dollars a créé, par un multiplicateur tragique, dix fois la même somme en déficits variés financés par la planche à billets et la création de crédits ex-nihilo.

On demande aux peuples, dont aucun n'a été décisionnaire, de rembourser ces dizaines de milliers de milliards de dollars. Ils ne le peuvent pas.

Rétrospectivement, on voit l'absurdité de la politique conduite par le G.20, dont nous avions ici même dénoncé les dangers dès la première réunion en novembre 2008.

Il fallait sortir immédiatement du système des changes flottants avec liberté totale des mouvements de capitaux pour restaurer une coopération minimale autour de changes fixes mais ajustables, avec interdiction des déficits massifs et des excédents démesurés.

On ne l'a pas fait et nous sommes exactement au même point qu'en 2008, sauf que la déflation généralisée a conduit à des dommages considérables et aggravé les choses.

Cette décision devait être accompagnée par une ponction exceptionnelle et immédiate d'une partie des placements mondiaux. On sait que l'épargne mondiale placée est d'environ 250.000 milliards. Il fallait immédiatement éliminer 10.000 milliards de dollars de dettes perdues par prélèvement sur cette masse. Cela faisait une perte de 4%, parfaitement digeste.  Maintenant qu'on en est à 100.000 milliards, la solution est impraticable.

Pourquoi n'a-t-on pas effectué immédiatement cette ponction de 10.000 milliards de dollars ? Simplement parce que le gros de cette épargne est dans des mains où elle ne peut pas être facilement saisies. Les gros contributeurs auraient du être la Chine, les pays pétroliers, et les détenteurs de rentes de situation massives, notamment les propriétaires des plus grosses sociétés mondiales et les hyper milliardaires. Ils représentent à peu près 80%  de l'épargne mondiale.

On a préféré un gonflement massif des émissions monétaires et des déficits publics pour leur permettre de conserver en valeur nominale la valeur de leurs avoirs.

En Europe, et notamment en France, cela a conduit à une politique spoliatrice visant  les "petits riches" tout en envoyant des wagons de salariés au chômage.

Le FMI après des années d'errance intellectuelle, découvre, tout d'un coup, qu'après ne rien avoir compris à la crise, d'avoir raté toutes ses prévisions et d'avoir proposé des fausses solutions, il faut désormais faire porter le chapeau aux riches  grâce à un impôt important sur le capital. Comme les principaux  détenteurs de rentes sont à l'abri, cette suggestion revient à demander une aggravation de la taxation de ceux qui sont déjà surtaxés dans les pays où le fisc est fort.  C'est naturellement une fonctionnaire française du FMI qui fait cette recommandation...

Sans même évoquer les causes de la crise et le rôle du système international des changes.

Le FMI dans ce triste drame aura été défaillant avec une constance regrettable.

Le drame d'un organisme sans objet, et le FMI n'en a plus depuis 73, c'est que sa volonté de survivre en fait un dispositif pire qu'inutile : néfaste. Il est malheureux que ce soit des dames françaises qui en témoignent de la façon la plus criarde.

Soit on réforme le système monétaire international, soit on supprime le FMI !

Au moins on ne financera plus l'indigence.

 

Didier Dufau, pour le Cercle des économistes e-toile   

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Commentaire
S du Jonchay's Gravatar Analyse incontestable : http://www.pauljorion.com/blog/?p=17338
# Posté par S du Jonchay | 11/10/13 18:11
DvD's Gravatar Nous avions évoqué l'idée d'un prélèvement de l'ordre de $25.000 milliards sur les actifs financiers mondiaux, correspondant à la récupération par les Trésors Publics des gains générés par la création monétaire décidée par d'autres entités publiques, en l'occurence les Banques Centrales ; une façon de rendre à César ce qui appartient à César en quelque sorte (voir les commentaires de "ISF : ils avaient bien menti !"). Vous aviez vous même jugé l'idée irréalisable car présentant des problèmes juridiques insurmontables. Ce serait certes compliqué mais pas insurmontable tant il est vrai que les difficultés juridiques se contournent en cas de nécessité (ainsi à Chypre, la confiscation des dépôts bancaires étant contraire à la Constitution, on a mis certaines banques en faillitte pour aboutir au même résultat économique).

Mais il existe une autre possibilité peut être plus simple à mettre en oeuvre. Pourquoi ne pas exclure des accords de libre-échange internationaux, et donc de soumettre à tarifs douaniers, les biens et services dont la facturation transite, à une étape quelconque de la chaîne de valeur, par un paradis fiscal ? Cela remettrait la base fiscale là où se déroule réellement l'activité économique, ce qui est à la fois juste et nécessaire pour que le système ait la moindre chance d'être équilibré. Par ailleurs, cela ferait supporter l'effort principalement aux multinationales dont les profits nets sont au plus haut, plutôt que sur les ménages dont le revenu disponible a baissé ces derniéres années. Le commerce mondial doit représenter environ $21.000 milliards en valeur annuelle, la part transitant par des paradis fiscaux n'étant pas complétement négligeable.
# Posté par DvD | 11/10/13 23:12
S du Jonchay's Gravatar @DvD,
Vous proposez de taxer la monétisation financière du capital dont le prix en économie réelle n'est pas vérifiable par les États. Le capital monétaire fictionnel est le capital domicilié dans la virtualité numérique par la magie des paradis fiscaux. Vous proposez de généraliser la solution chypriote : capitaliser les pertes bancaires au niveau des États par un prélèvement fiscal sur la masse monétaire correspondant à la production réelle non déclarée issue du périmètre de souveraineté de chaque État. Vous voulez réifier la monnaie pour fiscaliser tout capital financier dont la contrevaleur réelle n'est pas contrôlée par un État de droit responsable devant ses citoyens. Et vous suggérez que cela revient à mettre en place une fiscalité financière par le contrôle des flux de capitaux entre des périmètres de souveraineté distincts internationalement reconnaissables.
Tout cela sera dans peu de temps parfaitement applicable par les systèmes de compensation interbancaire actuellement en place. Comme il a fallu l'ébaucher à Chypre, il sera instauré un fichier mondial unique de toutes les contreparties de la masse monétaire : personnes physiques, entreprises, banques et États. Chaque personne subsidiaire aux États devra se domicilier financièrement dans un et un seul État. Toute personne morale non étatique agissant sous plusieurs souverainetés devra se déclarer sous autant de personnes distinctes juridiquement autonomes que de zones monétaires où elle opère.
Toute inscription au fichier mondial des contreparties sera fiscalisée par l’état dans lequel la personne se domicilie. Chaque État rétablira sa responsabilité juridique et monétaire en formulant dans le système de compensation interbancaire qu'il contrôlera les critères de réalité et de légalité du capital monétaire dont il validera le crédit dans les dépôts bancaires. Les États les plus civilisés mettront en place une justice financière par l'intermédiaire de banques exclusivement consacrées aux paiements lesquels sont systématiquement garantis :
1) par une prime de capitalisation fiscale publique,
2) par une prime de capitalisation financière dans la compensation,
3) et par une prime de crédit capitalisée au nom de la société fournissant le collatéral réel du crédit comptabilisé en monnaie.
Une telle refondation de la monnaie implique dans la zone euro :
1) un fichier européen central de toutes les contreparties en euro y compris la fed et les banques apatrides qui utilisent du collatéral réel européen pour garantir leurs paiements,
2) un adossement de Target au fichier des contreparties moyennant une taxation de la collatéralisation par le Trésor financier européen gérant le capital de la BCE,
3) une ré-assurance de tous les actifs bancaires en euro par les Etats nationaux et locaux où sont domiciliés les assureurs, les banques d'investissement et les banques de crédit,
4) une compensation publique par le marché monétaire en euro du capital des assureurs étatiques et privés mis en garantie du capital des banques d'investissement, lequel garantit le capital des banques de crédit.
Tous les mécanismes d'une compensation générale des masses monétaires par l'économie réelle rationalisée et solidaire en droit dans les souverainetés politiques sont déjà opérationnels et fonctionnels dans les comptabilités bancaires et les marchés financiers. Le seul maillon technique à créer est le fichier central des contreparties où toutes les personnes physiques, morales, bancaires et étatiques soient à égalité de droit et d'obligation par l'euro ; ou éventuellement par le DTS du FMI remis sous le contrôle de la démocratie mondiale dont l'Union Européenne est précurseur.
# Posté par S du Jonchay | 12/10/13 12:23
Raminagrobis's Gravatar Tout cela est très clair, non ?
# Posté par Raminagrobis | 12/10/13 12:42
DvD's Gravatar Pourriez vous svp illustrer avec quelques exemples chiffrés ? Cela faciliterait la compréhension. Merci
# Posté par DvD | 12/10/13 16:59
S du Jonchay's Gravatar Reprenons les chiffres du billet :
250 000 milliards de dollars d'épargne mondiale déposée dans le système financier,
10 000 milliards de pertes réelles non comptabilisées dans le système bancaire mondial,
25 000 milliards de pertes nominales à provisionner dans l'actif mondial par une réduction de la dette nominale.
Ajoutons à la louche :
des taux banques centrales nuls qui devraient être à 3%,
une parité yuan-dollar ou yuan-euro surévaluée de 30% eu égard à l'amortissement des 4000 milliards de réserves chinoises,
un passif bancaire mondial de 200 000 milliards incluant les dépôts dans les paradis fiscaux,
une dette publique mondiale de 60 000 milliards,
un excès de dette publique de 10 000 milliards par rapport au potentiel mondial de croissance à long terme.
Supposons une chambre de compensation en euro appliquant les règles du bancor de Keynes. La chambre serait adossée à un fichier européen de toutes les contreparties mondiales réglant en euro des engagements avec les Européens ou réglant des engagements non européens par les banques de la zone euro. Supposons que les 25 000 milliards de ponction à effectuer sur le passif comptabilisé dans les banques permette de rétablir l'équilibre entre la masse monétaire mondiale et les actifs productifs sans provoquer ni déflation, ni inflation avec un taux de croissance mondial à 4%.
Les mécanismes induits dans la compensation sont déterminés par l'équilibre mondial entre le total des passifs bancaires dus aux personnes et le total des actifs bancaires ; lesquels soient la mesure du prix des biens et services effectivement livrables dans la réalité visible vérifiable présente et future. La compensation est publique et lisible dans n'importe quelle monnaie par des parités de change elles-mêmes compensées.
Le bilan mondial d'entrée dans la compensation consiste à ré-attribuer tous les passifs à leur propriétaire réel identifié dans le fichier des contreparties ; un propriétaire réel est détenteur :
1. soit de la liquidité en monnaie,
2. soit du crédit sur actif déposé vendu à terme,
3. soit de la prime de crédit sur un portefeuille d'actifs,
4. soit de la prime de liquidité d'un propriétaire d'actifs.
Tout État international, national ou fédéré est propriétaire de la prime de liquidité de tous les actifs explicitement déposés dans son espace de souveraineté. Un espace de souveraineté est la solidarité en liquidité monétaire de toutes les personnes subsidiaires à un État qui ont une activité économique déclarée dans cet État.
L'inscription d'une personne quelconque dans la compensation, de la personne physique à l’État multinational, vaut autorisation de cotation des actifs déposés au nom de la personne sous la garantie illimitée et détaillée de tout autre acteur en position acheteuse. Un État est acheteur en dernier ressort de tout règlement nominal de crédit dont la contrepartie réelle n'est pas attribuable à un acheteur particulier.
Le règlement de la compensation obéit au principe de division entre tous les vendeurs d'une même production réelle de tout prix nominal d'une échéance quelconque de tout actif. A l'actif de tout bilan issu de la compensation, sont inscrits les prix actualisés des obligations en cours relatives à la même vente à terme. Un objet physique de quelconque nature est indissociable du prix des obligations qu'en portent tous ses propriétaires présents et futurs.
Les 10 000 milliards de pertes réelles sont retranchées du prix de l'actif mondial ; le prix du capital passif du système bancaire mondial est réduit d'autant. Pour atteindre 25 000 milliards de diminution du passif bancaire mondial, il faut annuler 15 000 milliards de dettes. Après compensation de la restructuration des dettes, le bilan mondial a été réduit de 25 000 milliards de dollars en capital et en dette classique.
Entre le bilan d'entrée et le bilan de sortie, la mesure du patrimoine mondial a été redistribuée entre ses propriétaires réels ; les prix relatifs des différents actifs ont été renégociés afin que le passif mondial net de la prime de liquidité soit de prix inférieur à l'actif comprenant les réserves de change des États ; lesquelles sont explicitement comptabilisées dans la compensation pour garantir le remboursement intégral de tout crédit nominal dans chaque espace de souveraineté.
Sur les 15 000 milliards de dettes annulées, 10 000 le sont au profit des États afin de garantir les monnaies et le crédit. La garantie publique du système monétaire et financier revient à comptabiliser un capital travail qui soit la prime d'assurance du prix nominal des crédits dans chaque espace de souveraineté déposé en compensation. Les 4000 milliards de réserves de la Chine sont converties en euro-bancor à l'actif de la compensation et répartis en titres de dette publique émis par les États acheteurs de la prime mondiale de stabilité monétaire.
La redistribution des réserves mondiales de change sur les dettes publiques cotées en euro-bancor entraîne l'ajustement des parités de change. Cet ajustement a pour conséquence de modifier tous les montants nominaux ici formulés en dollar selon la variation de la parité dollar-euro-bancor. On suppose ici que 1 euro actuel égale 1 euro-bancor futur. La parité dollar-euro-bancor se transforme dans la compensation keynésienne selon trois principes :
1) toutes les réserves de change internationales sont garanties par le dépôt d'un actif sous-jacent publiquement vérifiable en euro-bancor ; l'euro-bancor étant la titrisation unitaire universelle des dettes publiques intégralement garanties par la compensation,
2) toutes les dettes internationales publiques ou privées déposées en euro-bancor sont adossées à des actifs réels déposés en euro-bancor et garanties par leur vente à terme réglée en euro-bancor,
3) toutes les personnes inscrites en tant qu'Etat dans la compensation eu euro-bancor sont solidaires de la liquidité universelle de l'euro-bancor par les actifs déposés dans la souveraineté de la Confédération de l'euro-bancor.
Parmi les actifs que les souverainetés déposent, il y a fondamentalement la prime de liquidité internationale des systèmes nationaux de droit du travail et d'assurance sociale. La protection des droits humains réels est la contrepartie active du droit de propriété par quoi se calcule le prix passif de tout capital. Un euro-bancor nominalement titre de dette publique est réellement un titre de capitalisation du travail dans une souveraineté dont la liquidité est cotée en droit de la Confédération de l'euro-bancor.
La compensation en euro-bancor est fondée sur l'adossement des réserves de change à la prime de liquidité passive de toutes les souverainetés. Dans le système financier actuel, la prime de liquidité d'une souveraineté est le prix du CDS de l’État émetteur. Dans le système de l'euro-bancor une réserve de change est une prime de change adossée aux importations déposées dans les espaces de souveraineté réglant en euro-bancor.
La prime de change d'une monnaie en euro-bancor est donc le prix actualisé en rémunération licite du travail de toute la consommation future d'un même espace de souveraineté. Une réserve active de change d'une souveraineté se décompose au passif compensé :
1) en prime de crédit (CDS) sur le prix total de la dette publique en euro-bancor,
2) en prime de change sur le solde commercial actuel,
3) en prime de crédit sur la masse monétaire interne en euro-bancor,
4) en capital de garantie du prix actualisé à l'actif de la compensation de la production réelle en cours.
La décomposition en euro-bancor des réserves de change des souverainetés monétaires restaurées, explicite le mécanisme d'annulation de 10 000 milliards de dettes publiques et des 5 000 milliards de dettes privées. Raisonnons sur la zone euro actuelle dont le PIB est arrondi au quart du PIB mondial ce qui accorde sommairement 2 500 milliards d'annulation de dette publique aux États de l'euro.
Dans le bilan d'entrée en euro-bancor, l'Euro-Groupe constitué en État confédéral doté d'un Trésor public propre est débité d'une réserve de change nominale de 2 500 milliards de dollars. Ces 2 500 milliards sont assurés par une prime de crédit souscrite par le FMI en fonction de sa propre estimation des annulations de dette nécessaire au rééquilibrage du système international des monnaies et du crédit.
L'Euro-Groupe crédite les 2 500 milliards aux États de la zone euro en proportion des recettes fiscales anticipées sur le dépôt dans chaque souveraineté des actifs cotés en euro-bancor. Fondamentalement l'euro-bancor « ré-étatise » la circulation internationale du capital afin de garantir la stabilité des changes, du crédit et du prix des biens et services réels. Les paradis fiscaux sont par là-même externalisés : pour être crédité en euro-bancor de la vente d'un bien ou d'un service non déposé dans une souveraineté, ou pour régler un achat en euro-bancor, il faut impérativement déposer le sous-jacent réel de la liquidité et donc régler la fiscalité. L'impôt est financièrement une prime d'assurance sur la conformité d'un actif au bien commun d'une souveraineté déclarée.
Au premier jour de la compensation en euro-bancor, tous les actifs déposés dans une souveraineté engendrent une dette fiscale des positions vendeuses envers l’État où elles sont domiciliées. Chaque règlement international en euro-bancor entraine :
1. l'annulation de la dette publique à hauteur de la taxation réglée sur l'exhumation des actifs dissimulés dans les paradis fiscaux,
2. le règlement de la TVA sur le bien consommé,
3. le règlement du travail à sa valeur publique de marché,
4. le crédit au vendeur du prix en liquidité internationalement garantie.
Les 5 000 milliards d'annulation nominale de dettes privées sont accordées :
1. aux personnes physiques objectivement insolvables après dépôt de leur patrimoine, dont leur capacité de travail inemployée,
2. aux entreprises et aux salariés escroqués par la captation de leur marché par leur créanciers,
3. aux mutuelles d'investissement ou d'achat escroquées par la non reconnaissance des créances relatives aux services qu'elles rendent publiquement (caisses de retraite, d'assurance, d'entraide)
Les annulations de dettes privées sont compensées :
1. par l'augmentation des réserves de change des États réévaluant leurs actifs de travail,
2. par la réévaluation des exportations de service issues du travail,
3. par la dévaluation des actifs financiers spéculatifs non adossés à la rémunération du travail qu'ils contiennent réellement,
4. par la revalorisation des actifs réels collectifs contribuant à la productivité sociétale.
La compensation en euro-bancor produit une définition objective de l'usure : est usuraire toute dette dont le collatéral n'est pas un bien vérifiable par le dépôt d'un service réel publiquement reconnu. Sont annulables toutes les dettes qui sont usuraires parce que négatrices des droits et possibilités du travail et affirmatives d'un capital socialement improductif.
# Posté par S du Jonchay | 13/10/13 19:51
Gérard Franc's Gravatar Qui met en place un tel plan ? Le FMI ? Avec droit de veto des Etats-Unis ?
# Posté par Gérard Franc | 14/10/13 12:45
Sirius's Gravatar Ce qu'en pensait le Dr Schacht :

"Il est curieux de constater que les questions monétaires présentent pour le citoyen moyen quelque chose d'incompréhensible".

On se demande bien pourquoi !

"La banque du Reich a littéralement reçu des milliers de mémoires contenant d'innombrables tentatives de résolution du problème monétaire. ...On s'efforce toujours de trouver une solution automatique et qui se déroule invariablement selon des règles mathématiques. Cependant le problème monétaire n'est pas une simple affaire de calculs que l'on peut aborder par les mathématiques. La politique monétaire n'est pas une science mais un art".

Mais l'artiste doit être un observateur averti :

"Une connaissance étendue des phénomènes économiques, sur le plan national et international, est une base indispensable pour le technicien de la monnaie".


A méditer.
# Posté par Sirius | 14/10/13 12:56
S du Jonchay's Gravatar Malheureusement le Docteur Scharcht a si peu exprimé les racines de son art qu'il s'est accommodé de sa perversion nazie.
# Posté par S du Jonchay | 14/10/13 14:38
DD's Gravatar Le commentaire de Sirius est un peu narquois mais ne doit pas arrêter cette intéressante discussion.

Le Dr Schacht s'est en effet accomodé de M. Hitler et du nazisme. Il avait une telle idée de lui-même qu'il considérait Hitler comme un nain, vulgaire et dangereux.

Il avait quelques raisons de croire en ses capacités. Il a été un des créateurs du Parti démocrate au début des années 20 et aurait pu être Ministre à 26 ans. Appelé pour mettre fin à l'hyperinflation de 1923, il parvient à l'éteindre en 6 mois avec des "mesures non conventionnelles", comme on dit maintenant, qui étaient tout sauf démagogiques. La réputation qu'il acquit à cette occasion ne se dissipera jamais en Allemagne. On peut même dire que les règles qu'il a mises en place à ce moment là règnent encore à la BUBA.

Il a lutté inlassablement contre les réparations exigées notamment par la France et sera un des moteurs des accords de Lausanne qui les ont fait disparaître. Du point de vue Allemand, ce n'est pas négligeable.

Il a dénoncé en permanence la tentation des gouvernements "bourgeois" (c'est à dire non socialistes ou communistes et non national-socialiste) de vivre sur la dette étrangère, en répétant inlassablement que cela allait mal se finir. C'est cette partie là de son oeuvre qui est la plus intéressante, car les ressemblances entre la politique allemande de 27-31 et la notre depuis 10 ans sont fondamentales. Il en a tiré une animosité personnelle très grande contre ces partis qui ne l'ont pas écouté. Toujours la très, très, très haute idée qu'il avait de lui-même !

Il a été scandalisé que les partis de la coalition donnent les plein pouvoirs aux Nazis. Il pensait qu'il fallait encoquiller les nazis, majoritaires dans les urnes, dans une coalition où ils auraient été étouffés.

Une fois les bêtises faites, il a considéré qu'Hitler était un imbécile mais qu'il avait la capacité d'impulser un élan au peuple allemand dont 6 millions de citoyens étaient au chômage. Il est alors devenu le principal collaborateur économique d'Hitler. Par des moyens, là encore non conventionnels, il a réussi à faire chuter massivement le chômage, ce qui lui a valu un surcroît d'admiration de la part des Allemands. Il s'est fâché avec Hitler comme dix auparavant avec les partis "Bourgeois" quand celui-ci s'est lancé dans une politique de dépense folle qui ne pouvait que détruire "l'oeuvre de Schacht".

Après il est devenu une espèce de Pinay, icône économique nationale, qui se sortira sans dommage du Procès de Nuremberg et de l'épuration, mais dont l'image restera brouillée du fait de sa longue collaboration avec Hitler qu'il méprisait mais dont il avait sous estimé les bas instincts et les mauvaises intentions. Il a indiscutablement cru à l'élan régénérateur de l'hitlérisme. Il se satisfaisait d'en avoir donné la base économique et monétaire.

Comme technicien de la monnaie, il reste un objet d'intérêt (pas de vénération) considérable. C'était un pragmatique avec des objectifs simples mais puissants : une monnaie stable ; le plein emploi. Il a été très dur avec "la finance" qu'il a mis au pas sans faiblir. Il a résisté à toutes les démagogies, démocrates ou hitlériennes, qui remettaient encause son double crédo, stoppant sa collaboration dès qu'il a considéré qu'il n'était pas suivi. Les solutions qu'il a mises en place pour faire face à des situations extrêmes méritent le détour et doivent être étudiées avec soin.

Il n'est pas exclu, si le pourissement financier et la hausse du chômage continuent en Europe, qu'on soit obligé de reprendre certaines des modalités de sortie de crise qu'il a imaginé. Cette analyse montrerait que sans moyens d'agir sur les changes, les plans de redressement sont impossibles, l'essentiel de son travail ayant été de détacher l'Allemagne de sa dépendance financière étrangère, un sujet qui n'est pas sans rappeler la situation actuelle de l'Europe et de la France.

Ridiculisons le fat et son ego de dimension stratosphérique. Condamnons la collaboration avec Hitler. Mais gardons un oeil sur les politiques qu'il a menées. Le "technicien de la monnaie" a beaucoup à nous apprendre.
# Posté par DD | 15/10/13 12:20
S du Jonchay's Gravatar @DD,
Merci vivement de cet éclairage biographique sur Schacht. Il confirme le génie monétaire de cet homme à une époque de profonde impéritie dont nous ne sommes toujours pas sortis. Le nazisme est d'ailleurs la réaction allemande typique à la bêtise économique et politique du capitalisme financier.

La réussite et l'efficacité de Schacht a été de combattre par le nationalisme allemand l'irresponsabilité foncière du libéralisme bourgeois qui récuse toute indexation de la monnaie sur la délibération politique du bien commun. Schacht a redonné aux Allemands le pouvoir de mesurer leur crédit par rapport à leur activité économique réelle et par rapport à leurs obligations internationales politiquement légitimes. Il a appliqué une politique de change non conventionnelle qui assurait la crédibilité intérieure et extérieure de la masse monétaire allemande. Ce faisant il a fait l'impasse sur la moralité du système politique allemand et sur les choix totalitaires de ses concitoyens.

On constate aujourd'hui que la défaite militaire du nazisme a été le moyen de récuser le génie de Schacht et de proroger l'immoralité du capitalisme financier libéral. L'euro a inversé au profit de l'Allemagne le système des dettes internationales artificielles qui permet de produire un collatéral nominalement illimité sur quoi adosser une émission monétaire déconnectée de la réalité économique. L'accumulation illimitée de dettes publiques et privées est la conséquence du flottement généralisé des monnaies ou dans la zone euro, de l’indifférenciation monétaire entre les politiques nationales. L'effondrement des banques, des États et des monnaies est irrécupérable tant qu'on se refuse à comprendre et à ré-interpréter la politique monétaire de Schacht.
# Posté par S du Jonchay | 15/10/13 15:07
S du Jonchay's Gravatar Les réalités financières du Président de la Bundesbank
http://www.pauljorion.com/blog/?p=59086
http://www.pauljorion.com/blog/?p=58775
# Posté par S du Jonchay | 15/10/13 15:11
stéphane's Gravatar @ S du Jonchay :

"l'irresponsabilité foncière du libéralisme bourgeois"

"l'immoralité du capitalisme financier libéral"

le blog de Paul Jorion, etc etc ...

Vous êtes au courant que le socialisme, cela ne marche pas ? que Marx avait tout faux dans ses analsyes économiques et sociétales ?

Qui a permis cette irresponabiité si ce n'est les états ?

Si on laisse les hommes libres, ils feront n'importe quoi car l'être humain est mauvais par nature, voilà la base de votre réflexion et de celle de Marx.

Mais l'être humain, dès qu'il est élu (socialisme démocratique) ou arrive au pouvoir (dictature socialiste ou collectiviste) se transforme en être surhumain, doué d'ubiquité, et bon par essence ?

Et c'est cette fable à laquelle vous croyez ?

Ces montagnes de dettes irresponsables sont de la faute aux états (et surtout aux USA) qui manipulent la monnaie pour financer leurs politiques clientélistes, et qui, par le jeu des réserves fractionnaires et du copinage généralisé, rendent les banques irresponsables.

Et quand on est irresponsable, on fait n'importe quoi.

Il est temps de rétablir le VRAI libéralisme, cad la liberté et la responsabilité, et que ceux qui ont péché (états et banques) fassent défaut, ainsi que leurs créanciers qui ont prété inconsidérément.

Voilà ce que c'est que le libéralisme, c'est la responsabilité de chacun.

Utiliser le mot bourgeois est un concept vide de sens, dont le seul but est d'atiser la haine de l'autre ...

Comme le disait le plus grand économiste de tous les temps, Ludwig Von Mises (l'action humaine, p 854) :

" Un des points essentiels de la philosophie sociale de l'interventionnisme est l'existence d'un fonds inépuisable qui peut être pompé à l'infini. Toute la doctrine interventionniste s'effondre lorsque cette fontaine se retrouve à sec. Le principe du Père Noël se détruit de lui-même."

Nous y sommes.
# Posté par stéphane | 16/10/13 11:52
S du Jonchay's Gravatar @Stéphane,
Vous avez raison, mon vocabulaire est connoté. Mais cela ne m'empêche pas d'être d'accord avec toutes vos remarques à propos des faits et de leurs conséquences. En revanche si nous nous enfermons dans les "ismes", nous sommes sûr d'assécher la fontaine et de détruire toute fontaine où nous puissions puiser de l'eau.
# Posté par S du Jonchay | 16/10/13 13:33
Moebius's Gravatar Quand on pense qu'on va fêter les soixante dix ans du FMI en 2014 ! Cela promet.
# Posté par Moebius | 16/10/13 19:49
# Posté par DvD | 18/10/13 21:46
S du Jonchay's Gravatar Le bail-out des banques chypriotes est effectivement radicalement efficace. Pour qu'il fût également moral, légal et constitutionnel, il aurait fallu que la Commission Européenne eût été une institution démocratique et impartiale contrôlée par tous les citoyens contribuables européens dont sont les Chypriotes...
# Posté par S du Jonchay | 19/10/13 14:24
DvD's Gravatar Juste pour être clair : je ne suggère aucunement de ponctionner les dépôts bancaires comme à Chypre. Les dépôts bancaires sont des actifs immédiatement accessibles ne supportant aucun risque de prix. Ils ne bénéficient d'ailleurs d'aucune rémunération, ou alors symbolique, en l'état des taux d'intérêt. Enfin, leur valeur n'est aucunement inflatée par les politiques de création monétaire des banques centrales. Au contraire, leur pouvoir d'achat s'érode, ce qui est précisément le but recherché pour empêcher la thésaurisation. Je suggère plutôt de taxer exceptionnellement les actifs à risque (emprunts d'état et emprunts privés à moyen et long terme ainsi qu'actions) et ce uniquement à hauteur de la plus value attribuable à la création monétaire des banques centrales. Ainsi, si par exemple les achats de titres par les banques centrales ont fait baisser les rendements obligataires de 1pt, le prix d'un emprunt d'état à 10 ans aura augmenté d'environ 8pt toutes choses égales par ailleurs. C'est cette plue value de 8% que je suggère de taxer. De même, si la création monétaire des banques centrales fait passer le cours d'une action de 14x à 17x le bénéfice net de la société toutes choses égales par ailleurs, c'est cette plue value de 21% (17/14 - 1) que je suggère de taxer. J'apprécie la difficulté d'isoler avec précision et pour chaque titre l'impact de prix attribuable à la création monétaire mais il n'y a là rien de différent que l'estimation d'une résidence ou de meubles dans une déclaration de patrimoine par exemple. Si la création monétaire est une prérogative publique, il me paraît difficile d'accepter que les plues values en résultant côté actif soient appropriés de façon privée pendant que le service des dettes côté passif reste à la charge ultime de la collectivité. Le montant de cette taxe exceptionnelle (estimée à $25.000 milliards mondialement) serait utilisé par les Etats pour rembourser un montant identique de leur dette. Leur position fiscale étant instantanément assainie, les Etats baisseraient significativement les impôts sur les ménages et les entreprises, un tel choc fiscal positif étant susceptible d'enclencher un nouveau cycle de croissance mondiale.
# Posté par DvD | 21/10/13 12:32
S du Jonchay's Gravatar @DD,
Vous êtes très clair et votre proposition me paraît fondamentalement conforme à la rationalité économique, à la morale et à la constitution de nos démocraties. Je voudrais confirmer que l'algorithme de compensation keynésienne sur lequel je travaille réalise objectivement la décomposition des plus-values financières explicites ou cachées issues de la création monétaire garantie par les États.
Il sera techniquement tout à fait possible d'instaurer la fiscalité financière mondiale en droit et européenne de fait dont vous détaillez le mécanisme. La réduction de 25000 milliards de dollars de la dette publique mondiale par un euro compensé, me paraît tout à fait cohérente avec les estimations que vous faites des masses en jeu.
# Posté par S du Jonchay | 21/10/13 14:27
Moebius's Gravatar Toutes ces solutions consistent à violer le droit de propriété, au nom d'un hypothétique délit d'impropriété monétaire.
# Posté par Moebius | 23/10/13 12:39
S du Jonchay's Gravatar @Moebius,
Effectivement, de deux choses l'une :
1) la nature de la propriété par la monnaie n'a rien de communautaire et le mouvement de privatisation des monnaies auquel nous assistons doit aller jusqu'à son terme même s'il faut exclure de l'économie des échanges toutes entité en propriété nette négative comme les Etats et les personnes physiques insolvables par absence de travail suffisamment rémunérateur ;
2) la nature de la propriété par la monnaie est de calculer tous les prix qui à l'intérieur d'une même propriété attribuée à une personne individuelle ou collective doivent être réglés aux propriétaires indirects afin que les échanges économiques offrent à toute personne la possibilité de vivre par son travail en société.
# Posté par S du Jonchay | 23/10/13 13:43
DvD's Gravatar 1) Je suis entièrement pour l'appropriation privée des bénéfices et des pertes privés, corollaire de la liberté économique. Il me semble déjà plus douteux sur le plan des principes de socialiser les pertes privées comme on l'a vu pour quelques milliers de milliards d'euros en 2008 et 2009 avec le sauvetage de banques privées sur fonds publics, mais si c'est un cas de force majeure pour éviter un effet de contagion à tous les contrats de dette de l'économie, je veux bien passer outre cette entorse au droit de propriété qui voudrait que les créanciers privés supportent eux mêmes le risque associé à leurs créances sans impliquer le contribuable qui n'a rien demandé. En revanche, justifier l'appropriation privée de bénéfices issus d'une source publique, en l'occurrence la création monétaire des banques centrales, au nom du droit de propriété me paraît clairement vouloir le beurre, l'argent du beurre et la crémière en prime. Une petite entorse pour les pertes vaut bien une petite entorse pour les profits, n'est ce pas? Après tout, ces titres ont fait +100% ces cinq dernières années. Où avez vous vu que la garantie en dernier recours était donnée gratuitement? Essayez donc de faire assurer votre portefeuille contre le risque de défaut par une assurance privée, vous ne serez pas déçu du devis je pense.

2) L'impropriété monétaire n'est pas hypothétique : le bilan de la Federal Reserve, de la BCE, de la Banque d'Angleterre, de la Banque du Japon, de la Banque Populaire de Chine sont publics et disponibles sur leur site internet.

3) Quelles sont vos solutions?
# Posté par DvD | 23/10/13 23:31
DvD's Gravatar 4) Si la création monétaire avait réellement un effet bénéfique sur la production, comme on le prétend, alors les recettes fiscales rentreraient toutes seules et nous n'aurions pas cette discussion. Malheureusement, force est de constater que ce n'est pas le cas. En revanche, la création monétaire a bien pour effet de revaloriser les actifs financiers, d'où l'idée de prélever cette partie de la plus value qui ne se justifie pas économiquement. Ca me paraît un moindre mal que d'alourdir encore les charges qui pèsent sur une production déjà moribonde. Par ailleurs, le produit de cette taxe serait immédiatement réinjecté dans l'économie car les Etats rembourseraient leurs dettes à due concurrence. L'actif aurait certes subi une ponction mais le passif aurait été amorti d'un montant identique, si bien que la situation nette du pays n'aurait pas été dégradée. La prime de création monétaire serait remplacée par une moindre prime de risque dans la formation du prix des actifs financiers.

5) Savoir sous quelle étiquette en -isme ranger cette idée me semble assez dénué d'intérêt et je suggère de garder cette passionnante discussion pour le salon de coiffure.
# Posté par DvD | 23/10/13 23:59
Moebius's Gravatar Il me semble que vous retombez dans une des imprécisions de Maurice Allais :"Autant la mobilisation d'"épargnes vraies" par les banques pour leur permettre de financer des investissements productifs est fondamentalement utile autant la création de "faux droits" par la création moéntaire est fondamentalement nocive." ("La crise mondiale d'aujourd'hui").

On ne sait pas faire la distinction entre spéculateur et investisseur, entre les bons et les mauvais. Ceux qui ont investi massivement aussi bien dans des logements en Espagne ou des bâteaux pour le commerce avec la Chine ont cru qu'ils avaient raison. Ils ont pensé que le soleil espagnol serait recherché par toute l'Europe du nord, ou que le commerce avec la Chine méritait une hausse importante des moyens avec une croissance de près de 15% des besoins. Ces espoirs se sont révélés vains, quelle que soit la source du financement.

C'est l'inexistence de l'eldorado qui rend la création monétaire absurde, pas la création monétaire elle-même. Même si ces investissements qui nous valent des bateaux inutilisés et des immeubles non finis avaient été financés par l'épargne longue, ils auraient été foireux.

Quand le projet d'investissement est foireux, il est foireux.
# Posté par Moebius | 24/10/13 18:11
S du Jonchay's Gravatar @Moebius,
Maurice Allais n'a effectivement pas produit une distinction claire entre l'épargne réelle et l'épargne fictive ; laquelle résulte de la seule création monétaire des banques centrales indépendamment de toute décision d'économie réelle. L'épargne réelle est un achat de temps par un acteur économique réel qui ne consomme pas immédiatement ce qu'il a produit par lui-même ou par un autre. L'acte d'épargne n'est pas nécessairement lié dans la décision de l'épargnant à un projet plus précis qu'une simple mise en réserve de pouvoir d'achat réel pour un avenir indéfini. L'épargne de précaution ou de liquidité d'un futur indéterminé oblige le système bancaire à investir la réalité à la place des épargnants avant qu'ils ne décident de décider ce qu'ils veulent faire de leur pouvoir d'achat.

Effectivement, on comprend bien ce que Allais a dénoncé : que le système bancaire peut se tromper dans l'anticipation des décisions futures des épargnants. On comprend aussi qu'une banque centrale peut dans notre actuel système financier ne pas différentier dans ses allocations de crédit à l'économie ce qui est une demande effective de l'économie réelle et ce qui relève de la pure spéculation volontaire ou involontaire des banques. Allais a à juste titre recherché une différentiation objective dans les activités bancaires entre ce qui relève de la transformation de l'épargne réelle et ce qui relève de la liquidité des banques dans leur anticipation de l'équilibre général des prix, de l'épargne et du crédit. Mais il n'a rien trouvé d'efficace en omettant comme la plupart des économistes de définir la réalité économique par rapport à ses acteurs inscrits dans le temps pour privilégier la mathématisation qui fait abstraction de la subjectivité et de l'indétermination du temps futur.

La qualification de l'épargne et du risque bancaire de transformation par une segmentation en durée ne fonctionne pas dans le système financier actuel ni dans le système d'Allais. La raison toute simple est qu'aucune algorithmie, ni aucune réglementation, ni aucune modélisation financière ne peut se substituer à la responsabilité des investisseurs, des épargnants, des banques et des Etats de payer à l'économie réelle le prix du risque de la décision différée. Comme vous dites, "Quand le projet d'investissement est foireux, il est foireux" ; encore faut-il que le projet soit un peu plus précis qu'une anticipation de prix d'un actif abstrait dont le sous-jacent n'est pas concrètement délimité dans la réalité par rapport à des investisseurs identifiés et solvables. Concrètement, le système financier mondial est délibérément installé dans l'irresponsabilité comptable du réel en refusant un adossement objectif de tous les contrats financiers à des projets réels d'investissement portés par des investisseurs concrètement responsables de leurs bénéfices et de leurs pertes.

Quand il sera de nouveau admis que l'économie n'est pas que de la spéculation et que la finance doit se soumettre au réel comme tout le monde, on mettra en place de véritables marchés de compensation où tout projet d'investissement ou de dépense sera adossé au travail et aux engagements financiers de personnes effectivement responsables. Les crédits des banques centrales à l'économie seront conditionnés à des preuves avérées de réalité et de responsabilité par lesquelles le seul risque acheté par la banque centrale sera celui du pouvoir d'achat réel de la monnaie :
1) par rapport à la consommation future réellement demandée,
2) par rapport à la production effectivement engagée,
3) par rapport à la solvabilité de tous les emprunteurs en monnaie,
4) et par rapport aux obligations publiques d'assurance des droits de propriété de tous les citoyens.
On retombe sur la nécessité ontologique d'une fiscalité financière pour assurer l'équilibre général des prix comptant et à terme en fonction des droits de la démocratie et non des intérêts particuliers oligarchiques. Le probème est politique et géo-politique : il faut rétablir l'égalité des personnes devant la loi par la responsabilité des Etats et des banques à en arbitrer l'application dans les échanges et dans les règlements monétaires.
# Posté par S du Jonchay | 24/10/13 19:36
DvD's Gravatar Une politique monétaire "accomodante" comme on dit (taux d'intérêt long terme inférieur à la croissance nominale de l'économie, favorisant une forte création monétaire) permet juste de financer largement plus de projets foireux qu'une politique monétaire neutre. Le nombre de projets foireux est la conséquence inévitable d'une forte création monétaire. L'expérience de ces 15 dernières années est assez édifiante à ce sujet.
# Posté par DvD | 24/10/13 20:52
DvD's Gravatar En fait, en rendant possible le financement de projets foireux, une politique monétaire expansionniste ne fait que conduire à des surcapacités dans l'économie réelle (appartements vides en Espagne, centres commerciaux vides aux Etats-unis, villes fantômes en Chine, surstocks de minerais dans les entrepôts pour spéculer sur la valeur des inventaires) et à de la spéculation dans la sphère financière (actions technologiques en 1999, titrisations hypothécaires en 2006). Le dénouement de ces excès accumulés pendant des périodes prolongées de politique reflationniste conduit directement à des ajustements déflationnistes. C'est la raison de la succession de bulles et de crises ces 15 dernières années. Capter fiscalement une partie de la bulle à des fins de désendettement serait modérateur et permettrait d'éviter que la bulle mature jusqu'à son inévitable éclatement, laissant derrière elle les dettes accumulées à rembourser, ce qui nécessite une nouvelle itération de politique monétaire ultra-accomodante, et ainsi de suite dans un cercle vicieux dont il est de plus en plus difficile de trouver l'issue.
# Posté par DvD | 24/10/13 23:52
S du Jonchay's Gravatar Loi de complexité de l'économie
Une politique monétaire rationnelle fixe le loyer de l'argent par la dérivée troisième de la fonction de croissance. La fonction de croissance des prix dans un univers circonscrit de réalités imaginées économiques s'exprime dans l'ensemble des nombres complexes.
La complexité des prix fait que le prix actualisé des actifs financiers adossés au réel et à l'imaginaire suit une fonction d'intégration complexe du loyer de l'argent de la banque centrale. Pour avoir une croissance réellement positive sans déflation (croissance réelle plus faible que la décroissance imaginée) ni inflation (croissance réelle plus forte que la croissance imaginée), il faut que le loyer de l'argent ait des coordonnées positives dans la dimensionnalité réelle comme dans la dimensionnalité imaginaire.
Le loyer de l'argent est imaginairement positif dans une zone monétaire à la condition qu'aucun acteur économique individuel et collectif n'ait une mesure négative de son actif net par rapport à toutes ses contreparties publiques et privées, domestiques et étrangères.
Le loyer de l'argent n'est actualisable dans l'ensemble des nombres complexes que par la multiplicité des monnaies en fonction des souverainetés étatiques arbitres de la comptabilité des actifs nets par personne physique et morale.
Conclusion
Le système monétaire et financier actuel est mathématiquement mort. L'économie de la croissance des prix complexes ne renaitra qu'avec un système monétaire international de compensation des loyers de l'argent entre Etats souverains égaux en droit et en responsabilité devant les personnes.
# Posté par S du Jonchay | 25/10/13 11:08
Moebius's Gravatar Je ne connais rien aux dérivées troisièmes, mais je sais que toutes les erreurs évoquées sont d'abord politiques. Pour reprendre la mantra de ce blog, si je l'interprète bien : Le Benign neglect américain est politique ; l'absence de pilotage du change de la zone euro est politique ; la surfiscalisation française est politique. La vraie question : comment faire bouger les lignes si aucun homme politique nulle part ne souhaite qu'elles bougent sur ces trois sujets ?

La création de monnaie est légitime lorsqu'elle permet de libérer une zone de croissance inédite qui permet de générer un flux de trésorerie remboursant le principal et payant les intérêts. Lors de la conquête de l'ouest aux Etats-Unis, chaque nouveau champ était un foyer de production. On les a financés par la création monétaire, pas par l'épargne accumulée (inexistante). On ne voit pas qu'on puisse financer durablement un nouvel espace économique représentant 400% du PIB actuel. On l'a fait. Là est l'erreur et elle est gigantesque. Il faut donc fusiller, en Europe, Trichet et tous les superviseurs qui ont laissé faire et pendre tous les banquiers qui ont joué ce jeu. Après et après seulement on parle recapitalisation des banques et dérivées troisièmes.
# Posté par Moebius | 25/10/13 20:33
DD's Gravatar @Moebius

On se calme avec la mitraillette, même si les attitudes sont toujours intéressantes, surtout lorsqu'elles sont excessives.

Vous posez une bonne question : comment se fait-il que personne, parmi les dirigeants du G.20, et leurs centaines de conseillers, notamment au FMI, n'a tiré l'alarme quand le taux d'endettement global des pays de l'OCDE a commencé à dépasser les 250% ? Comment a-t-on laissé la dérive s'accentuer jusqu'à atteindre 400% et plus ! Comment revient-on vers les 250%, s'il faut amortir une année et demi de PIB ?

Mario Draghi se rend compte que la centralisation européenne de la supervision des banques systèmiques sous son contrôle est un défi assez redoutable. L'audit prévu pour 2014, s'il était bien fait, montrerait que les banques sont en fait, en faillite. Les politiques, ces lâches congénitaux, sont heureux de se débarasser de la pierre chaude dans d'autres mains que les leurs. Une banque centrale sans trésor associé est impuissante. Où est le Trésor européen ? Elle ne peut pas faire tourner la planche à billets pour "recapitaliser les banques", terme de novlangue, pour dire qu'il faut colmater les pertes. Le bilan de la BCE est lui-même déjà hypertrophié et pourri de dettes irrécouvrables.

Nous sommes donc, 5 ans après le déclenchement de la crise de liquidité en été 2007, en face d'un double échec :

- pas de compréhension de la hausse des dettes globales et aucune politique pour mettre fin aux causes
- pas de solution, sinon une fuite en avant dans l'urgence, en mélangeant déflation et inflation, un pied sur les freins et une autre sur l'accélérateur monétaire.

Avec les résultats désastreux que l'on constate.

Vous avez raison de dire que c'est un échec politique. Mais il faut aller un peu plus loin que cela : c'est aussi un échec intellectuel.

Une meilleure réflexion, même un peu mathématifiée, est indispensable.
# Posté par DD | 26/10/13 11:05
DvD's Gravatar Les économistes des banques et sociétés d'investissement ne comprennent pas car leur rémunération et style de vie dépendent de leur non compréhension. Il ne faut pas compter sur eux pour changer le système : ils sont le système. Ils sont payés €500k par an pour, prenant le système tel quel sans remise en question, commenter les variations de tel ou tel indicateur ou les nuances sémantiques de Draghi ou Bernanke.
# Posté par DvD | 26/10/13 19:18
S du Jonchay's Gravatar @Moebius,
Votre propos sur le financement du développement étatsunien par la création monétaire est la clé historique d'intelligibilité de la déroute d'aujourd'hui. Schématiquement les Etats-Unis ont achevé la construction de leur empire intérieur en même temps que les grandes puissances européennes ont achevé leurs empires coloniaux. Tout le monde s'est retrouvé en 1914 à court "de zone de croissance inédite" pour gager les politiques monétaires. La Grande-Bretagne, la France et les Etats-Unis ont cru résoudre leur problème monétaire en prenant des gages sur l'empire allemand vaincu en 1918. Cela a donné l'effondrement financier mondial de 1929 et la deuxième guerre mondiale.
Les États-Unis qui n'ont jamais construit les conditions de la stabilité monétaire ont profité de leur super puissance pour étendre au monde la fuite en avant qu'ils pratiquent depuis leur indépendance. Les terres du Far West sur lesquelles était gagé la dette publique fédérale ont été remplacées par l'armée étatsunienne protégeant les investissements et les dividendes de la croissance économique dans le monde entier. Jusqu'en 2008, le monde s'est désintéressé de l'adossement de la dette mondiale à l'économie mondiale. La dette publique étatsunienne n'a jamais été limitée par la part de l'actif mondial que l'Etat fédéral des Etats-Unis assure réellement.
Depuis l'effondrement des actifs subprimes dont la valeur réelle était massivement inférieure au prix des titres en dollar émis par le système bancaire, la Réserve Fédérale et toutes les banques centrales sont en première ligne pour remplir le tonneau des Danaides. Le capital et l'épargne réels n'étant plus suffisants pour faire la liquidité du système financier, les grands Etats étatsunien et européens émettent massivement de la dette publique sans perspective mesurable de croissance des recettes fiscales.
La rupture de 2008 que les opinions publiques et les politiques ne perçoivent pas mais que les financiers analysent et décortiquent pour en tirer provisoirement de substantielles plus-values comptables, est que l'état de droit est mis en faillite dans ses fondements. Pour cacher l'ampleur du désastre, la comptabilité des dettes est ouvertement falsifiée par des montages juridiques et fiscaux inconstitutionnels où les véritables emprunteurs sont dissimulés derrière les citoyens contribuables engagés malgré eux.
La loi du Far West où toute dette non remboursable est à la charge du citoyen sans défense est la norme mondiale imposée par le dollar. Comme il n'y a plus ni terres vierges, ni mines d'or à ciel ouvert pour renflouer les caisses publiques et bancaires, le système financier siphonne directement l'économie réelle aux dépens des Etats, des services publics et des systèmes de protection des salariés et du travail. La croissance économique est détruite à la source.
L'annulation de la fraction de la dette mondiale adossée à des actifs fictifs est inéluctable : elle implique un prélèvement exceptionnel sur le capital financier comptabilisé au passif des banques. Pour que ce prélèvement fiscal n'affecte pas la base économique réelle de la finance saine, il faut forcer les banques à dissocier leurs actifs toxiques de leurs actifs effectivement productifs. La seule manière d'y parvenir est de réinscrire les banques dans le droit commun de la propriété ; donc de rétablir des frontières financières et fiscales entre des régimes de propriété distincts d'un Etat à l'autre ; donc de supprimer le régime du dollar et de l'euro comme monnaie unique nationale et internationale.
La mutation du dollar et de l'euro en monnaies communes régionales permettra la régulation des changes par les Etats à travers une fiscalité financière proportionnelle au risque de crédit des monnaies domestiques les unes par rapport aux autres et de la dette domestique par rapport à l'économie réelle. Autrement dit, l'impérialisme monétaire qui a présidé à la fondation des Etats-Unis est moribond et ne sera remplacé que par une démocratie monétaire multinationale. Démocratie monétaire signifie égalité des droits à l'emprunt et mutualisation internationale des réserves de change en garantie d'une même obligation universelle de rembourser ses dettes par des biens réels.
# Posté par S du Jonchay | 27/10/13 01:07
vigneron's Gravatar @PSDJ, renseigne toi un peu plus sur Schacht plutôt que te pâmer devant "l'artiste" en reniant si vite ton premier jugement. Lis juste la lecture citrique de son autobiographie que fit le grand germaniciste Edmond Vermeil en 1950. J'ai plus la référence sous la main mais tu trouveras chez Persée les deux articles.
# Posté par vigneron | 29/01/14 17:23
S du Jonchay's Gravatar Bonjour Vigneron,
En quoi me pâmé-je à propos de Schacht ? N'est-il pas l'auteur de la politique monétaire qui a tant bénéficié à l'Allemagne nazie ?
# Posté par S du Jonchay | 29/01/14 18:52
vigneron's Gravatar Lis donc Vermeil, tu comprendras.
Ps : cesse de titiller tes tropismes maurrassiens, c'est de plus en plus lourd (ton avant-dernier billet chez Jorion...).
# Posté par vigneron | 29/01/14 21:48
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Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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