Quand la BCE finit de manger son chapeau allemand

La BCE vient de prendre la décision de fournir près de 1.100 milliards d'Euros de liquidités aux banques.

Cette décision stimule des commentaires plus ou moins ridicules dans les medias, en même temps qu'elle est totalement incompréhensible pour le citoyen de base.

Quelques rappels sont nécessaires.

Au départ de la crise on trouve une élévation, globale depuis 1971, du taux d'endettement dans les pays développés, jusqu'à dépasser 400%, un taux intenable.

La cause de gonflement est à chercher dans le phénomène de double pyramide de crédits rendu possible par le système des changes flottants et l'abandon de l'interdiction d'accumuler excédents et déficits de balances de paiements, dans un cadre de liberté quasi-totale des mouvements de capitaux.   

Cette mécanique funeste a fait passer progressivement l'économie mondiale dans un mode baudruche. Les crises décennales ont été progressivement plus violentes et le trend s'est ralenti jusqu'à être très faible.

Surtout, la baudruche a commencé à percer en 2007, avec le blocage du marché interbancaire puis a explosé en septembre 2008, avec la grande faillite de Lehman-Brothers.

Une perte potentielle de 10 à 12 mille milliards de dollars a alors frappé le système financier, mettant tout le système bancaire en état de faillite virtuelle.

Si aucun mécanisme compensateur n'avait été mis en place, la dépression aurait nécessairement suivi avec la perte de toute l'épargne financière mondiale et la faillite de la totalité des banques.

On sait que le G.20 a refusé de faire un vrai diagnostic de la crise, préférant l'imputer à des guignoleries (avidité soudaine des traders, mauvaises pratiques des agences de notations, règles comptables frelatées etc.).

Il aurait fallu revenir immédiatement (et si possible dès l'été 2007) à un système de changes fixes et coordonnés, et condamner radicalement tous déficits ou excédents excessifs. Et réformer  le système bancaire en isolant les banques de paiements, les banques de crédits, les banques d'affaires et les institutions de gestion de l'épargne. A cette occasion, il aurait fallu mettre sous tutelle voire nationaliser les banques les plus engagées dans des spéculations absurdes, en changeant les équipes dirigeantes.

On ne l'a pas fait, préférant mettre à la charge des contribuables, donc de l'activité, l'essentiel des dégâts, mais pas trop vite. On a retardé le plus possible le jour du jugement dernier. Le hanneton a commencé à pousser devant lui sa boule de crottin. Evidemment, il se fatigue. A chaque accès de faiblesse, la crise repart.

Les grandes banques centrales ont fait marcher la planche à billet et fourni de la liquidité en masse pour éviter un "credit-crunch" dévastateur. Du fait que le multiplicateur bancaire joue à la hausse comme à la baisse, le potentiel de restriction financière aurait pu atteindre 50 à 60.000 milliards de dollars.

Les banques centrales ont globalement créé près de 10.000 millions de liquidité banque centrale pour contrer ce mouvement.

La FED a presqu'atteint la moitié de ce nombre. La BCE n'est pas très loin derrière. Son émission de monnaie n'est pas du tout la première. Le bilan de la BCE est passé de 1.000 milliards à 2.500 fin 2012. Depuis nous en sommes à la seconde émission. Le bilan atteint 4.000 milliards fin 2014 et sera de plus de 5.000 milliards fin 2015, soit une hausse globale de près de 4.000 milliards. La seule nouveauté de l'émission actuelle  est purement juridique et concerne les actifs que la banque centrale accepte de refinancer.

Au total, les accroissements de liquidité des banques centrales atteindront plus de 12.000 milliards fin 2015. On retombe bien sur nos estimations des pertes faites dès 2008.

Pour les Français, l'intéressant est de comparer ce chiffre à la valeur ajoutée de ses entreprises de plus de 1 personne du secteur marchand commercial : 1.200 milliards en 2013.

La BCE créera cette année le même montant de liquidité que la production française privée non financière et non étatique. Elle avait déjà créé le double !

La nouveauté n'est donc pas économique mais seulement juridique. Il fallait faire tomber le dernier tabou : refinancer les dettes d'état. Le jugement de la cour de Karlsruhe a libéré le terrain.

Une décision à caractère juridique peut avoir un effet économique. Mais une création monétaire exceptionnelle a le même effet qu'elle soit basée sur le rachat d'actifs privés plus ou moins pourris ou sur de titres représentatifs d'une dette d'état. Un sou et un sou quelque soit son origine.

D'un point de vue juridique la décision de la BCE est une novation. Du point de vue économique ce n'est qu'une continuité.

En revanche, on voit comme l'organisation de la zone Euro était défectueuse. Une vision purement juridique ne permet pas de faire face aux situations économiques exceptionnelles. Tout faire reposer sur une banque centrale est également fautif.

On n'aurait pas du créer une zone Euro sans poste de chancelier de la zone avec des attributions permettant d'ajuster les économies internes et de s'adapter aux économies externes.

On donne à la BCE un rôle de gestion du change qui n'est pas dans ses attributions, alors que le change dépends de mille autres facteurs. On a aussi perdu énormément de temps.

Rappelons qu'au départ de la crise de l'Euro, lors de l'effondrement de la Grèce  et de l'attaque spéculative  sur les taux d'intérêts en Europe, il suffisait de 40 milliards d'euros pour passer le cap. On a préféré imposer à tous les pays du sud une déflation terrible avec une récession carabinée et un chômage de masse.  Et finalement on aura du créer ex nihilo 100 fois cette somme.

Il est bien prouvé que la crise est d'origine monétaire et liée directement aux défauts du système monétaire international et que l'organisation de la zone euro est imparfaite.

Comme dans les années trente, tous les grands pays auront finalement dévalué pour se retrouver Gros-Jean comme devant quelques années plus tard. Ces dévaluations successives, dans un monde de liberté des mouvements de capitaux,  auront entraîné des folies spéculatives et entravé l'économie réelle, sans apporté de vraie solution.

La décision de la BCE, connue de la BNS,  a forcé cette dernière à faire sauter son "peg" en urgence (son lien gérée entre Franc suisse et Euro) avant qu'un flux massif de capitaux vers le FCH ne l'entraîne dans des cabrioles dangereuses. Les imbéciles ont crié : "c'est bien la preuve qu'un peu de fixité est impossible. Vive les changes flottants". Les voilà, une fois de plus,  en adorateurs des causes de la crise ! En vérité aucune monnaie ne peut supporter que celle d'un partenaire commercial s'effondre. C'est la chute du Real brésilien qui a provoqué celle du Peso argentin. Et la chute du Real avait été rendue nécessaire par la brusque appréciation du dollar, elle-même liée à une double spéculation sur le dollar et les bourses américaines.

A partir du moment où le dollar avait dévalué, et la Livre britannique et le Yen Japonais, et le Rouble et le Won etc. l'Euro ne pouvait rester aussi haut.

Les mouvements récents ont mis par terre le Forex et tous les agents travaillant sur le marché monétaire. Les industries Suisse sont KO. Un désordre est toujours un désordre.

La Presse se demande si "cela va marcher", rappelant le succès américain, largement imputé au gaz de schiste, voire anglais, imputé à la place financière de Londres, mais aussi l'échec Japonais.

Cela marcherait si l'activité commerciale nationale et internationale repartait d'un bon pied. Les mesures prises depuis 8 ans n'ont pas principalement cette vocation. Comme nous l'avons vu, le but est de faire face à la perte de 12 mille milliards de dollars  encourue par l'économie baudruche. On a sauvé les banques artificiellement, en faisant intervenir les Etats. Maintenant on sauve les Etats qui sont à bout de souffle fiscal.

On évite un krach général. Mais on ne stimule rien. Les taux d'intérêt sont déjà extrêmement bas, presque trop bas pour une rationalité économique d'entreprise. Les entreprises ont besoin de demande globale. On ne peut leur restituer qu'en "rendant l'argent" aux consommateurs et en cessant de voler les entreprises et leurs propriétaires.

Au total, faute de vouloir réformer le système monétaire international, chaque sous-système est obligé de prendre des mesures d'urgence pour tenter de ne pas subir seul les effets de la crise et la crise perdure indéfiniment.

Une économie baudruche percée de toute part, avec des instances dépassées qui tentent de maintenir la quantité d'air de façon artificielle au lieu de colmater les brèches  n'est pas une organisation intelligente de l'économie internationale.

Il faut d'urgence que les pays du G.20 remette en place un système de changes fixes et ajustables, mettent fin à la liberté totale des mouvements de capitaux  et se mettent en position pour une croissance mondiale rapide, comme celle qui a vu l'endettement global d'après guerre passer de 400 à 200% en 20 ans, sous l'influence d'un système régulé qui interdisait grands déficits et gros excédents.

Il faut que la zone Euro achève sa mue en créant un poste de chancelier disposant des attributions nécessaires à l'ajustement en temps utile des différentes économie et à la gestion du paquet de dettes résiduelles. La BCE ne peut pas tout.

Il faut que la France sorte du socialisme fiscalo-étatiste antinational qu'elle est la seule à pratiquer à cette échelle et revienne dans les clous d'une économie équilibrée, après une réforme drastique de l'Etat et de ses dépendances.

Dans ces trois domaines, on joue la procrastination,  on évite, on tangente, on met la tête dans le sable, on enfume l'opinion, mais on est finalement obligé de plier. Trop peu et trop tard.

Résultat la crise est plus longue et plus coûteuse que nécessaire.

Regrettons une fois de plus que la terrible mais limpide leçon des faits ne soit pas entendue.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

Commentaire
S du Jonchay's Gravatar Merci de ce résumé clinique de la politique nihiliste actuelle de chaos monétaire et financier. L'affirmation du caractère juridique de l'annonce d'une nouvelle campagne de "QE" de la BCE rend bien compte de la réalité paradoxale de l'économie baudruche. L'autorisation donnée aux banques centrales du SEBC de racheter librement la dette de leur actionnaire national revient à rompre toute relation entre l'émission de l'euro et une quelconque loi européenne commune. Plus grave, l'euro devient un machin qui n'appartient à personne et dont quiconque soit assez puissant pour s'arroger le pouvoir du fait accompli financier peut en émettre les signes. Encore plus grave, nous sommes rentrés dans un régime monétaire totalement inédit où le lien entre la monnaie et une loi nationale portée dans un État de droit souverain n'existe officiellement plus.

Émettre de la monnaie, c'est maintenant rajouter des "0" à des "0", c'est à dire compter des zéros qui représentent l'ensemble vide des ensembles vides. De la réalité économique, il ne peut plus être question pour personne. A chacun sa petite recette pour essayer d’échapper au vide en pillant ce que son voisin essaie de produire s'il a trouvé un taux de change magique qui rende son travail rentable... Le prochain krach va venir d'une désynchronisation des ordinateurs bancaires dans la vitesse de comptage des "0" générés sur le marché interbancaire planétaire. Les prochaines attaques spéculatives viseront directement les réseaux électriques physiques pour masquer les positions "short" perdantes.
# Posté par S du Jonchay | 23/01/15 12:40
stéohane's Gravatar Comme le disait et la écrit le grand Murray Rothbard, les crises ont TOUTES une origine monétaire dans nos économies modernes.

La relique barbare a encore de beaux jours devant elle, simplement parce que les gouvernements ne peuvent pas l'imprimer ...

"Le gouvernement n'est pas la solution, c'est le gouverneemnt le problème" Ronald REAGAN
# Posté par stéohane | 23/01/15 13:02
DAVID's Gravatar Post très juste mais qui ne surprendra aucun lecteur régulier de ce blog
Reste mes principales critiques :
Votre solution de SMI réformé bute sur le dollar car son privilège exorbitant prendrait immédiatement fin en cas de régulation de mouvement de capitaux. Donc à moins d'une guerre avec les USA, on est pas près de sortir de chez Ubu. Le pire c'est que ce nouveau SMI est dans l’intérêt des travailleurs américains ! Les banquiers New-yorkais sont la plaie de notre système car ils tiennent les reines de ce beau pays.
Quant à votre vision de l'Euro et de son chancelier, je trouve que vous avez une attitude Schizophrène car ce qui se réglerait à l'international par un SMI ne pourrait se régler au niveau Européen que par le politique. Je vous répète que vous ne ferez pas des grecs des champions de l'exportation et que les allemands ne vont pas devenir importateurs nets de feta. Seule une monnaie flexible peut a minima regler le problème.
Votre vision, c'est encore l'autre Europe dont on ne verra jamais le bout.
Enfin, vous ne pensez pas de manière sociologique et géopolitique.En effet, un système capitaliste moderne, c'est l'expression du pouvoir des capitalistes, à notre époque, ce ne sont plus des industriels mais des financiers. Leur politique (celle du pouvoir politique soit disant élu), c'est de garantir leur richesse et leur maintien en haut de la pyramide. D'où le recyclage infini du problème de la dette via des QE pseudos étatique. Il n'y a que cette vision des choses qui explique la rationalité des décisions de la BCE,FED, BOJ, BOE et autre BNS. Le sauvetage de Lehman n'a pas sauvé l'économie mais son organisation politique. Le dernier QE n'a pas pour vocation de sauver l'Europe mais de sauvegarder une organisation politique et de se donner du temps.Les effets pervers de ce QE sont connus mais ne touchent pas les hautes strates de la société, regarder en Grêce, les 4x4 sont toujours en ville même si les gueux souffrent.
Bref, cela ne se règlera que par une rupture forte qu'on voit se profiler du coté de Pékin ou Moscou qui ont également une oligarchie dont les intérêts sont différents des nôtres. Cela implique un risque de conflagration directe (et non plus via la Syrie ou l'Ukraine) dévastatrice mais finalement salutaire pour nos oligarques qui trouveraient là un bouc émissaire pratique pour détourner le regard vers les vrais coupables.
# Posté par DAVID | 24/01/15 11:01
DvD's Gravatar Les désordres monétaires sont partout éclatants.

Depuis bientôt 8 ans, aucune autorité économique et monétaire n'a cherché à comprendre l'origine de la crise ni à y remédier. Bien sûr, cela revenait pour eux à admettre qu'ils ont eux tout faut sur toute la ligne. Impensable pour ces messieurs - dames à l'ego encore plus sur-gonflés que l'économie baudruche.

Alors, chaque zone monétaire recourt à des dévaluations compétitives contre les autres pour tenter de relancer son économie au détriment de celle des autres régions en dégageant des excédents commerciaux et en faisant ainsi en sorte que la dette et la chômage montent chez les autres, pas chez soi. C'est chacun pour soi. Un échec total pour le G20 qui devait assurer la coopération économique mondiale et qui n'a finalement servi qu'à engloutir quelques tonnes de petits fours surfacturés.

Voir que quasiment chaque banque centrale de la planète intervient massivement aujourd'hui pour déterminer son cours de change donne raison à Monsieur Dufau que le système monétaire mondial est la clé de voûte de l'édifice et là où il faut rechercher la solution.

La guerre des monnaies actuelle est sans issue, autre que malheureuse. Par définition, si chacun essaye en même temps ou à tour de rôle de dévaluer contre tous les autres, tout le monde finit par se neutraliser et les cours relatifs de change n'auront guère évolué d'ici quelques années. Dans ce cas, la guerre des monnaies n'est qu'un prélude à des guerres commerciales, voir à des guerres militaires. Là encore, l'aveuglement dont font preuve les soit-disant "leaders" est totalement hallucinant.

Pourtant, il me semble que les obstacles à la réforme du système monétaire mondial que propose Monsieur Dufau n'existent plus aujourd'hui dans les faits :

- Le privilège exorbitant du $ (qui désigne la capacité pour les US de payer leurs déficits internationaux de façon indolore en émettant simplement de nouveaux $ puisque celui ci est recherché en tant qu'instrument de réserve mondial). Comme Robert Triffin l'avait remarqué dés les années 1960, le rôle international du $ condamne les US à des déficits de balance courants permanents. Le privilège exorbitant de pouvoir émettre des nouveaux $ à volonté en règlement de ces déficits s'accompagnant donc du poids exorbitant de devoir s'enfoncer toujours plus dans la dette dès lors que le reste du monde croît plus vite que les Etats-Unis. Tant que les Etats-Unis avaient une capacité d'endettement, le rôle international du $ était peut être avantageux. C'était clairement le cas dans les années 1960 et Triffin a été royalement ignoré. Aujourd'hui, après 35 ans de hausse vertigineuse de la dette, les Etats-Unis ont saturé leur capacité d'endettement : depuis 7 ans, l'essentiel de la hausse de l'endettement net américain a du être souscrit pas sa banque centrale.

- Par ailleurs, le rôle du $ permet à toutes les autres zones monétaires du monde entier de facilement transférer le poids de l'ajustement mondial sur les Etats-Unis. Soit en accumulant directement des $ pour maintenir leur devise compétitive et exporter vers les US (stratégie de la Chine et d'autres pays asiatique depuis le milieu des années 1990). Soit en prenant les US à leur propre jeu et en imprimant autant de Yen ou d'Euros que nécessaire pour les faire baisser et entraîner ainsi un report massif des capitaux spéculatifs vers le $. Nous sommes aujourd'hui dans cette phase où les capitaux quittent l'Asie-Pacifique, l'Europe de l'Est, l'Europe de l'Ouest et l'Amérique Latine qui dévaluent pour aller vers les Etats-Unis, entrainant à la fois un puissant boom spéculatif et un ralentissement de la croissance aux US, tout à fait semblable à la situation de 1928 (à la différence qu'il y a maintenant plus de participants qu'à l'époque à ce petit jeu dangereux...)

Il est donc dans l'intérêt stratégique des Etats-Unis de mettre fin au rôle international du $ et de se ranger à l'idée de réforme du SMI.

Le seul obstacle restant est celui mentionné par DAVID. S'il est clair que le système actuel est un poids exorbitant pour 95% de la population américaine qui voit son niveau de vie baisser depuis 30 ans, il reste un privilège exorbitant pour les 5% en haut de la distribution des revenus et des richesses, et en particulier pour la classe financière, aux intérêts de laquelle veillent - c'est là leur vrai mandat - les banques centrales.
# Posté par DvD | 25/01/15 10:39
S du Jonchay's Gravatar @DvD,
Vous avez tout dit de manière parfaitement logique et scientifique en conformité radicale avec les faits !
# Posté par S du Jonchay | 25/01/15 11:10
Micromegas's Gravatar Il est terrible de constater que ce débat fondamental n'est nulle part présent dans la presse nationale, européenne ou anglo-saxonne, sinon par des biais édulcorés.
# Posté par Micromegas | 25/01/15 14:36
DvD's Gravatar Il est bien vrai que l'envolée du Franc suisse aura des répercussions sur les entreprises suisses. Mais, celles-ci sont d'ores et déjà organisées pour les absorber du mieux possible. Dans les jours suivant la rupture du peg, les entreprises suisses ont chacune réuni leurs employés, ont expliqué les conséquences attendues de la perte de compétitivité sur les commandes et ont mis en place, au cas par cas, les mesures correctrices qui permettront d'absorber progressivement le choc. Dans certains cas, 1 jour chômé par mois avec baisse de salaire correspondant (soit environ -5%), dans d'autres cas, rémunération des travailleurs frontaliers en Euros, parfois encore hausse de 1 à 2 heures de la durée hebdomadaire du travail sans hausse de salaire. Aucune intervention de l'Etat. Aucun jour de grève. Réglé en quelques semaines, au niveau de chaque entreprise en fonction de leur situation spécifique. Cette situation, inimaginable en France, résulte du fait que le code suisse du travail fait 130 pages quand le code du travail français en fait 3500. Bien sûr, et en complète contradiction avec la propagande des fonctionnaires qui gèrent la France, la conséquence est que la Suisse a un taux de chômage de 3% contre plus de 10% en France (catégorie A uniquement) avec des salaires 80% supérieurs aux salaires français.

Il suffit par ailleurs de faire passer ses enfants du système scolaire français au système scolaire suisse pour se rendre compte que le fantastique écart de performance économique qui s'est creusé entre la Suisse et la France au cours des dernières décennies a encore de beaux jours devant lui. Là encore, l'efficacité semble inversement proportionnelle au nombre de fonctionnaires du "mammouth".

Les Suisses ne sont pas plus intelligents que les Français et ne sont pas mieux dotés en ressources naturelles. Ils ont juste quelque chose dont les Français sont privés : la démocratie. Ainsi, uniquement au cours des derniers mois, les Suisses se sont prononcés sur des sujets comme l'instauration d'un salaire minimum légal (ils ont voté contre), les quotas de travailleurs étrangers (ils ont voté pour), la composition des réserves monétaires de la banque centrale (ils ont voté contre un minimum de 20% pour l'or), la fiscalité des riches étrangers (ils ont voté pour le maintien des forfaits fiscaux). Autant de sujets qui sont considérés comme ne relevant pas de la souveraineté du peuple en France et qui sont traités par les fonctionnaires avec les résultats calamiteux que l'on est au regret de constater.
# Posté par DvD | 12/02/15 16:33
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Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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