Qui est responsable des dérives de l’Union Européenne et que faire ?

J’appartiens à la génération des Français nés pendant la guerre de 40 et pour qui la construction d’un ensemble européen pacifique avait un sens. Dans le petit ensemble des six pays fondateurs, dont un morceau d’Allemagne, pouvoir annoncer à tout membre de ces nations : « je ne te crains pas et tout membre d’une nation membre sera traité exactement comme un national sans aucune discrimination » était un acte fort et digne d’être soutenu voire fêté. De même, choisir de supprimer toutes les mesures sciemment discriminatoires dans les échanges de biens, de services, de capitaux et de personnes, dans l’ensemble ainsi constitué, était un bienfait.

En revanche, il n’était pas question d’abandonner les identités nationales, ni de fondre les législations, en privant chaque état de la possibilité de mener une politique nationale ou diplomatique spécifique. Organiser une coexistence pacifique, marquée par des projets communs et l’élimination de procédés anticoncurrentiels douteux, ne signifiait pas que les législations dussent être unifiées dans tous les domaines et qu’elles soient transférées à une instance « fédérale ».

Bien entendu, le projet européen de Monnet était entièrement soutenu et financé par les Etats-Unis dont l’objectif, après-guerre, était comme depuis des décennies, d’en finir avec les empires européens et d’assurer leur domination économique, monétaire, diplomatique et militaire. Mais réduire l’ambition des membres de la communauté économique européenne à la seule ambition de devenir une colonie américaine serait caricatural. Le Général de Gaulle, dont les difficultés avec les Etats-Unis sont connues, prendra de nombreuses mesures de correction de la trajectoire européenne, avec l’introduction au forceps de l’agriculture dans le schéma communautaire et, en France, il imposera la sortie du commandement intégré de l’OTAN. Mais il acceptera le traité de Rome et le marché commun qu’il créait.

On dira : il s’est trompé : Les autres pays étaient purement et simplement atlantistes et n’avaient nulle envie de contester leur vassalité. Le Bundestag videra de leurs substances les accords passés entre Adenauer et De Gaulle. Dès que le Général s’est attaqué au dollar, il s’est retrouvé avec une « révolution étudiante » à domicile, le premier exemple d’une « révolution de couleur » comme on dit maintenant. La volonté américaine d’imposer sa loi rejoignait la nécessité pour l’Allemagne de faire profil bas après les exactions sans nom de la période hitlérienne alors que le pays était coupé en deux.

Il reste que la volonté d’en finir avec des querelles tournant régulièrement au massacre depuis des décennies, et de mépriser les exaltations nationalistes du type Hitlérien et Mussolinien, basées sur la violence et les exactions guerrières, était profonde et partagée dans le cadre des six pays fondateurs.

En 1967, le mélange d’atlantisme et d’européisme fédéraliste qui régnait en Belgique ou en Italie, sur fond de lutte contre l’expansionnisme de l’URSS et du « socialisme réalisé » existait sous forme d’une faction « centriste », symbolisée un temps par Lecanuet. Directement soutenue par les Etats-Unis partout dans la CEE, cette mouvance était active. Mais elle n’était pas dominante.

L’Europe restait le champ d’initiatives de mises en commun, sans perte d’une vie politique nationale, et sans volonté de nivellement. L’idée de « construction » de l’Europe ne signifiait pas « création des Etats-Unis d’Europe inféodée aux Etats-Unis ». Mais l’approfondissement de règles et d’associations utiles et la volonté, là où c’était nécessaire de laisser plus de libertés concrètes aux membres des pays unis

Permettre à un « étranger » de contracter librement dans tous les domaines ne va pas de soi. Aboutir à ce qu’il puisse s’installer partout en Europe, s’y loger, y créer des entreprises, s’y marier, y trouver un emploi, y ouvrir un compte en banque, payer ses impôts, léguer, exporter, importer, de façon libre et transparente sans procédures bureaucratiques éternelles, ce n’est pas simple. Réussir ce pari demandait du temps donc « une construction ». Bien sûr, il était possible d’obtenir des visas d’installation et d’arriver au même résultat sans structure multinationale.

La création d’un « espace de bonne volonté », concernant un ensemble de pays appliquant rigoureusement les mêmes règles aux étrangers communautaires qu’à ses nationaux, hors l’élection, et promouvant les relations faciles entre eux, ne pouvait nuire.

On voit bien après le Brexit, que le retour des visas, des pièges réglementaires, des barrières diverses, a détruit une bonne partie de ces bénéfices concrets de liberté et de facilité.

Mais il y a eu le Brexit et il ne s’est pas produit sans raison.

Les traités de Schengen et de Maastricht ont cassé l’optique communautaire, associant des pays restant libres de leurs options politiques et sociales internes, pour une unification législative, monétaire, économique et sociale envahissante. Plus de frontières, plus de monnaie, une langue anglaise comme base linguistique unifiée, plus de droit, les instances juridiques de l’Union décidant d’interpréter les principes de la déclaration des droits de l’homme, et l’obligation de transcrire dans la loi nationale toutes les règles régies par des ordonnances européennes courant par grignotage la totalité du spectre de l’action législative, cela signifie-t-il qu’il n’y a plus ni Etat autonome ni Nation ? Non, mais il faut pour résister à la pression une force politique à la tête de l’exécutif français particulièrement puissante. Si cette force ne s’applique pas alors oui, l’indépendance nationale et la vie nationale s’étiole et peut disparaître.

Giscard et Mitterrand ont voulu que la France entre intégralement dans un schéma européen contraignant. Chirac a cédé en faveur du traité de Maastricht. Et aucun n’a voulu montrer une quelconque résistance aux dynamiques ainsi créées.  La vie politique française s’est effondrée aussitôt. Le sinistre Macron n’en fait pas mystère : la France, son drapeau et autres oripeaux de l’ancien temps, il n’en veut pas. Avoir commencé son quinquennat en allant faire sa révérence aux instances juridiques collectives, annonçait la suite : le drapeau européen seul à l’Arc de Triomphe ou sur la tour Eiffel, puis l’obligation des mairies d’afficher le drapeau européen ; l’affirmation d’une « citoyenneté » européenne ; les discours en « pidgin english » à tout propos ; l’abandon du Français en Europe et de plus en plus dans le champ de l’université, de la pub, des actes légaux etc. Tout le monde sait qu’il fait tout pour lui donner accès à son rêve d’après : devenir président élu de toute l’Europe.  C’est pour cela qu’il s’est opposé à son arrivée au pouvoir au projet d’élection du président de la Commission au suffrage universel.  Remplacer la présidente tournante par une présidente permanente, cela seul serait digne de son ego. Personne ne sait qu’il a profité de la présidence tournante de la France pour organiser partout des consultations de la jeunesse qui ont fait valoir qu’il fallait « un président élu pour l’Europe ». Cette ambition explique l’incroyable abandon des intérêts français au profit d’autres pays de l’Union et le refus de s’opposer à quoi que ce soit dans le processus des ordonnances européennes.

Avant lui, la forfaiture démocratique de Nicolas Sarkozy faisant voter à l’Assemblée les mesures que le non au traité « constitutionnel » européen avait rejetées ne cesse de produire ses effets délétères. Tout est désormais de guingois et les forces délétères qui ont prévalu jusqu’à la guerre de quarante reprennent du service.

Le symbole de l’impuissance des institutions se trouve d’abord dans l’élection au Parlement européen. La campagne électorale n’a en général aucun sens. Et d’abord que veut-on dire lorsqu’on parle de « sens » dans une élection ? Précisons-le : une élection a un sens si elle permet de dire à la majorité ce dont elle ne veut pas ! Ce qui veut dire que les enjeux doivent être connus et qu’une majorité peut apparaître, qui conditionnera l’action de l’exécutif. Rien de tout cela n’est possible au Parlement européen. Les enjeux ne sont pas connus puisque les textes qui seront débattus seront proposés principalement pour ne pas dire exclusivement par la Commission qui a entière liberté dans ce domaine. Les élus, découpés en petits groupes par la proportionnelle, et souvent choisi sans critère politique clair par les partis, ont une place ridicule dans le parlement. Que peuvent faire 40 personnes dans un hémicycle de plus de 700 membres ? Comme ce ne sont pas des partis globaux avec des programmes globaux qui se présentent aux votes, aucun choix d’option n’est effectué par l’électeur. Il ne sera pas informé de ce qui est discuté à Bruxelles. Il ne saura même pas ce qu’a voté la liste qu’il a retenue ni même si elle a voté de façon commune. Il ne réalisera les conséquences de l’action de la Commission que lorsqu’il faudra retranscrire dans le droit national. Et on lui dira que la décision étant prise il est trop tard pour se réveiller et dire non.

Dans le processus, seul le Président de la République peut bloquer puisque tout projet finit par l’accord des exécutifs. Si, comme le président actuel, il a décidé de dire oui à tout sans baragouiner, l’électeur français voit l’Europe diriger sa vie sans même pouvoir s’exprimer. Même s’il le voulait, il aurait beaucoup de mal à bloquer une mesure qui a été avalisée d’abord par la Commission puis par le Parlement, en général sous l’influence des grandes associations et de la diplomatie américaine.

Comme l’Europe institutionnelle s’est affranchie des traités pour intervenir dans tous les domaines et avec un luxe de détail invraisemblable, la gouvernance française passe pour totalement impuissante même et y compris pour des décisions de la vie quotidienne la plus élémentaire et pire encore pour les décisions nationales critiques.

On voit que les instances européennes viennent de régenter dans un sens catastrophique l’activité agricole française, de supprimer les voitures thermiques à court terme, de manifester sa mauvaise humeur contre l’énergie nucléaire, de promouvoir le voile islamique comme preuve de liberté, en même temps que le droit européen interdit toute maîtrise des flux migratoires et des règles du commerce extérieur. L’Allemagne devenu le mastodonte de l’Europe reprend son rôle abusif en Europe centrale et ses excédents déments faussent totalement la gestion de l’Euro (les flux allemands représentent près de 80 % des flux de la BCE !). Sa représentante à la tête de la Commission se croit présidente des Etats-Unis d‘Europe et s’agite sans mandat sur des questions qui ne sont pas de sa compétence comme la guerre en Ukraine. En même temps l’Union Européenne finance les mouvements wokistes en France y compris à l’université et dans les régions et municipalités !

The Economist nous apprend qu’Emmanuel Macron a décidé en catimini de changer radicalement les options traditionnelles de la diplomatie française en Europe très réticente à de nouveaux élargissements. L’intégration de l’Albanie, du Kosovo, de la macédoine du nord, de la Serbie, si elle le souhaite, ne saurait plus un problème. Aucun des médias français n’en parle alors que toutes les chancelleries ne bruissent que de ce revirement complet.

En fait Emmanuel Macron persiste dans la préparation de son job d’après : être le président élu de l’Europe entière. L’appoint de ces micro-états sera nécessaire ! L’intérêt de la France dans toute cette évolution majeure : nulle ! Même l’Ukraine est désormais acceptable comme membre à terme de l’Union. La question turque reste sous le boisseau. Son intégration demeure possible.

Ces évolutions délétères imposent une révision de la vision européenne de la France et cet exercice s’impose aux partis en France notamment à LR qui a décidé de refonder les axes programmatiques fondamentaux de son action politique.

Si par principe, les dérives de l’Europe sont considérées comme des acquis et leur dénonciation comme un populisme de beaufs à béret et baguette, l’effondrement démocratique français est au bout du chemin. François Asselineau explique avec constance qu’on ne peut pas « changer l’Europe ni changer d’Europe », fruit d’un arbitrage complexe indestructible, et que le Frexit est la seule solution, comme les Britanniques l’ont bien compris. Ses arguments ne sont pas nuls. Il se moque avec raisons de toutes ces volontés affichées lors des élections européennes de proposer une « autre Europe » plus ou moins fantasmagorique : plus verte, plus sociale, plus féministe, plus modeste, moins américaine, etc. ad libitum. Quand une élection n’a pas d’enjeux, autant s’agiter dans l’affichage d’autant plus grandiose que le silence retombera dans la seconde qui suivra la promulgation des résultats.

Xavier Bellamy, une des rares pensées politiques en Europe, explique que les instances européennes dépassent en permanence les compétences que leur donnent les traités.  Il cite le fait que le Parlement a voté 51% de résolutions hors du cadre des traités. Il donne de nombreux exemples significatifs où la Commission est parti dans des réglementations drastiques à partir de filaments de raisonnement hyper fins les rattachant très indirectement aux traités. Dans le même discours, il exonère les instances européennes en affirmant que ce sont les Etats qui le demandent. C’est donc la gouvernance nationale qui est coupable et lorsqu’elle s’exonère elle s’accuse.

Comment empêcher institutionnellement que l’Europe puisse ainsi grignoter les compétences nationales lorsqu’un hurluberlu européiste accède à la présidence française et laisse faire ou incite à de dessaisir de la souveraineté nationale ?

Existe-t-il réellement un chemin qui permette de redonner de l’indépendance au projet politique français quoi qu’il arrive sans pour cela sortir de l’Euro et de l’Europe ? Doit-on accepter qu’une clique de hauts fonctionnaires s’approprie tous les pouvoirs résiduels, en associant des inconnus interchangeables aux postes subalternes, tout en concédant tout à l’Union Européenne et ses instances, avec des élections qui ne décident jamais de rien sinon le « ranking des clans » comme on dit à Bruxelles.

Il n’y a plus de vie intellectuelle et artistique en France, dans un climat d’hyperfiscalité débilitante qui nous prive de liberté et de capacités économiques et sociales. La chanson française qui était la plus active dans le monde en 1960 n’existe pratiquement plus. Alors que dans les années cinquante la France comptait une pléiade d’écrivains de renom international, il n’y a plus que le malheureux Houellebecq. L’université française est quasi morte. L’étranger européen n’y vient plus, préférant le Royaume Uni, le Canada et même l’Espagne, quand les Etats-Unis ne sont pas accessibles financièrement, pour former ses élites. La vie politique se résume aux éléments de langage des médias conformes et aux pitreries grotesques et dangereuses d’un Mélenchon. On ne trouve plus un journal français dès qu’on sort de l’hexagone et l’étude du français est en train de sombrer partout.

Le constat est terrible : il n’y a plus de vie politique, devenue impossible, puisque la haute fonction publique ne veut rien lâcher de son emprise désormais totale et teintée de népotisme caractérisé et finalement accepte de se délester sur l’Europe de pratiquement toutes les questions importantes. Rien ne gêne plus un haut fonctionnaire que d’être responsable !

On voit bien que la renaissance française passe d’abord par la destruction du monopole politique construit par la haute fonction publique qui paralyse la démocratie et le retour à une pratique européenne qui réduit le champ des délégations au seul contenu explicite des traités, quitte à prendre les initiatives juridique et organisationnelles qui rendront cette orientation pérenne et indépendante du choix du président. On n’échappera pas à des réformes institutionnelles nationales visant clairement les modalités d’interaction avec l’Europe. Nul n’est besoin de changer les traités européens ni d’enclencher un Frexit. La bataille est en France et sera la bataille de la France.

On voit moins bien quelle force politique dans le pays parviendra à imposer cette action. Ce devrait être un devoir pour un parti comme LR héritier du gaullisme. En ayant choisi Valérie Pécresse comme candidate aux dernières élections présidentielles et en annonçant Laurent Wauquiez pour la prochaine, après que Chirac a accepté Maastricht et que Sarkozy a trahi le non au referendum « constitutionnel » européen, LR montre que la perspective n’est pas évidente.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

 

Commentaire
Siem's Gravatar Les élections européennes s'annoncent en majesté et dans ce contexte on peut s'attendre à la répétition des simagrées habituelles. D'un côté les Macronistes qui vont crier Europe Europe Europe comme des cabris, avec les ralliés centristes. Lecanuet va être battu à plate couture.De l'autre tous les adeptes d'une "autre Europe". Et chacun va laisser croire que le vote aura une importance européenne quelconque. Les stratèges vont essayer de voir comment modifier l'équilibre des forces électorales nationales. Les électeurs vont s'abstenir massivement.

Le budget va offrir à Macron, l'occasion d'une nouvelle bataille gagnée d'avance à base de 49.3. Le résultat attendu lors des élections européennes est censé lui donner l'impulsion quelques mois plus tard pour les deux années finales.

Ce qu'on ne voit pas, c'est en quoi cette élection aura un impact quelconque sur la situation française et ses difficultés.

Pour les partis d'opposition, cette élection est une énigme, s'ils veulent en faire un tremplin utile.
Certes les Verts prétendront rejoindre le mouvement écologique européen et croient qu'ils vont pouvoir performer et trouver une source financement intéressante. La bataille entre LFI et le PS trouvera un petit terrain d'exercice. Sans doute LFI perdra des plumes mais sans conséquences. LR risque d'être laminé faute d'un discours clair.
# Posté par Siem | 28/07/23 01:38
DD's Gravatar Dans une élection proportionnelle à une élection sans enjeu programmatique donc en grande partie stérile, la formulation d’une stratégie est extrêmement difficile. Encenser l’Europe institutionnelle ou la dénigrer n’a pas de sens. Personne ne pourra toucher aux traités via le Parlement européen. S’affirmer en faveur d’une « autre Europe » est donc irrationnel jusqu’au ridicule. S’affirmer en faveur de l’Europe l’est tout autant. Posture et imposture. Et abstentions massives. Le seul pouvoir d’intervention dans la mécanique européenne est le président de la République. Et la seule chose dont on ne parle jamais lors des élections présidentielles, c’est l’Europe.
Les partis, puisqu’il s’agit d’un scrutin de liste, utilisent l’élection pour régler des problèmes internes : trouver une tribune, montrer leur force, recaser quelques personnalités en perdition, trouver de l’argent, contester le pouvoir français, blablabla. Tout cela est d’une médiocrité folle.
LR n’a pas échappé à cette médiocrité générale. L’élection européenne qui a suivi l’échec sanglant de F. Fillon a acté dans les esprits que le parti était à 8 % avant de tomber à 4 % avec Mme Pécresse. Le rôle de baromètre de la vie politique nationale ne joue pas en faveur de LR, alors que les Verts, les Eurolâtres macronistes et le RN attendent un classement qui les conforte. Cela naturellement n’a aucun intérêt national ni international.
Le parti LR peut-il contrecarrer ces pesanteurs en rendant le vote utile ? Notons d’abord l’oxymore : rendre utile une élection construite pour être foncièrement contraire aux intérêts nationaux en donnant une caution démocratique bidon à une dépossession presque complète de l’indépendance des états nationaux dans presque tous les domaines ! Ajoutons l’absence presque totale de couverture médiatique de ce qui se passe dans les instances européennes. L’électorat n’a aucune habitude de se frotter aux thèmes qui sont débattus au Parlement européen. Toute tentative de pédagogie est considérée comme vaine par les stratèges des partis.
Contrecarrer la logique d’une institution est toujours périlleux lors d’une élection. C’est comme cela qu’on a vu des LR de seconde zone expliquer que le parlement était utile parce qu’il votait l’unification des prises de téléphone portable. L’économie moyenne de la mesure pour chaque Français pourrait être de l’ordre de 5 euros sur cinq ans si les normes ne changeaient pas régulièrement pour des raisons techniques légitimes ! Même cette économie ridicule ne se produira pas…
Autant dire que c’est très mal parti pour LR !
# Posté par DD | 28/07/23 10:11
DD's Gravatar LR peut conjurer partiellement ce mauvais Karma.
Elle a un bon chef de file. F-X Bellamy était quasiment inconnu lorsqu’il a été choisi chef de file à l’élection précédente. Il était marqué par les combats sur le mariage pour tous. Il a montré lors de son mandat qu’il avait de l’audace et une capacité d’analyse et de prise de parole de qualité. Son intervention face au Chancelier allemand était remarquable et la teneur des propos qu’il tient est de grande qualité. Il a contribué à faire dérailler l’élection d’une Américaine à un poste clé de régulation des grands monopoles internationaux majoritairement américain. Et il parle vrai. Il a fait son trou en Europe et n’envisage pas de valoriser son action passée en quittant le Parlement européen et en visant autre chose. Il a une action positive personnelle à faire valoir, ce qui tranchera avec les autres chefs de listes.
Un chef sans projet est un commandant sans armée. Quel projet reconnaissable comme positif par les Français, et pour LR, peut-il développer ?
Il peut se lancer dans un peu de pédagogie et montrer que seul le président de la République a un pouvoir de défense des intérêts français et qu’il ne l’utilise pas. L’européisme fou de Macron s’est traduit par l’absence de résistance à des mesures folles de la Commission, par des concessions sans nombre à des conceptions critiques pour la France, aussi bien en termes d’énergie, d’industrie, d’agriculture que sur des questions idéologiques comme le Wokisme ou diplomatique comme l’allégeance totale à l’OTAN et à l’influence américaine. Le revirement complet de Macron sur l’entrée des derniers pays restés hors de l’Union pour de bonnes raisons a été décidé sans aucune information et encore moins de concertation. Sur ces bases il peut imposer l’idée que voter pour des macronistes eurolâtres est désastreux car cela cautionne ces carences lamentables et intéressées de Macron.
Il peut également plaider pour renforcer la petite influence française au parlement pour contrer les tentatives permanentes de discuter des questions qui ne sont pas dans les traités européens. Il l’a compté lui-même : le PE vote à 51 % sur des textes qui ne sont pas dans le champ communautaire définis par les traités. Slogan : revenir aux traités sachant qu’on ne peut pas les changer. Plus LR sera puissant, mieux ce message pourra passer et LR est la seule formation a porté ce message et avoir commencé à le mettre en pratique.
Il peut enfin, appuyé sur le triumvirat Marleix, Retailleau et Ciotti, indiquer dans quelle direction son groupe votera sur les grands thèmes des ordonnances qui s’annoncent. Par exemple ;
-   Contrer la volonté allemande de casser l’énergie nucléaire française.
-   S’opposer avec force à l’entrée du Kosovo, de l’Albanie et de la Turquie en Europe.
-   S’opposer au Wokisme ambiant de Mme Van der Leyen
-   S’opposer à l’alignement systématique sur les ONG mondialisées et l’ONU.
-   Exiger que les ordonnances importantes fassent l’objet d’études d’impacts nation par nation.
-   Refuser le vote au suffrage universel d’un président de l’union et les autres extensions fédéralistes.
-   Recadrer les extensions abusives et hors traité du rôle des juges européens.
Ces arguments peuvent être renforcés par l’annonce par le triumvirat que les grandes ordonnances européennes devront faire l’objet d’un examen préalable au Parlement français afin que les Français soient au courant de ce qui se prépare et des abandons de souveraineté indus qu’accepte le président Macron.
Le slogan : avec LR, rendons ces élections utiles !
Cela passe ou cela casse. Mais au moins, il y aurait là le début de quelque chose !
# Posté par DD | 28/07/23 11:00
Jacquot's Gravatar Pour LR la messe est dite. Quoi que vous leur suggériez, ils n'ont plus la main et la confiance du pays. Sarkozy, Fillon, Dati, maintenant Pécresse mis en examen ou condamnés. Cela fait beaucoup.
# Posté par Jacquot | 29/07/23 00:31
Etmonoeil's Gravatar Troublant tout de même que seuls des gens de droite fassent l'objet d'investigations poussées par la justice souvent conclues par des "non lieu". On le voit, beaucoup de juges se sont mis au service d'une gauche de moins en moins républicaine au nom de la sauvegarde de la République. On le voit avec la querelle en cours entre justice et police, du côté de l'instruction, et de la mansuétude anti propriétaire scandaleuse du Conseil constitutionnel en matière de squatt. Pour beaucoup de juges leur métier est d'accompagner le socialisme anti bourgeois, anti masculinité, anti ordre, puisque l'ordre a pour but de protéger "les riches". L'entrisme gauchiste a été massif et au nom de l'indépendance de la justice, les juges prétendent continuer une action idéologique et politique symbolisée par le Syndicat de la magistrature. Le bouclage avec l'Europe institutionnelle se fit via la justice, avec une place disproportionnée donnée au parlement européen aux représentant des ONG à toutes fins, qui font appliquer leurs règles sectaires directement par les juges au nom d'un interprétation usurpée des préambules constitutionnels sur les droits de l'homme. L'ordre républicain national est bafoué tous les jours. La mise en examen systèmatique des personnalités de droite, avec une célérité inouïe a été évidente dans l'affaire Fillon en plaine campagne présidentielle. La justice instrumentalisée à ce point par un clan politisé n'est plus la justice. Le "mur des cons" a été le révélateur.

Ce ne sont pas les mœurs dévoyées de ce clan qui empêchera LR de se régénérer. Plutôt la faiblesse insigne des équipes résiduelles, après les défections et les scissions.
# Posté par Etmonoeil | 29/07/23 11:26
DD's Gravatar Il faut savoir nommer les choses pour que le concept puisse être diffusé et condamné globalement. J'appelle personnellement "justicialisme" la dérive du comportement des juges politisés que vous dénoncez, à distinguer du "gouvernement des juges" qui sont deux dérives également dangereuses mais différentes.

La formalisation du rejet de cette double excroissance antidémocratique devrait devenir un élément fondamental du discours de LR dans le cadre de sa refondation. le vrai risque est que par crainte récurrente de la condamnation de gauche, il ne le fasse pas. Le risque pour LR est en lui-même. Chirac a fait du RPR un parti centriste et Sarkozy un parti informe. C'est un sac à moitié vide, dont une partie des fibres est usé jusqu'à la corde et l'autre distendu. La difficulté est de retisser une enveloppe solide ce qui passe par un programme construit, approprié, actuel, élaboré avec les militants et les sympathisants et voté par eux.

C'est le programme qui peut entraîner la renaissance. Puisque les Européennes se présentent, l'urgence est de retisser un discours sur la question européenne.
# Posté par DD | 29/07/23 11:47
Jacquot's Gravatar Je prends le pari. Cela ne se fera pas ! Impossible de sortir d'une ambiguïté qui permet d'éviter le démembrement définitif.
# Posté par Jacquot | 29/07/23 22:58
Cabri's Gravatar Vous partez du postulat que l'Europe est un problème et non une solution. On avait annoncé la mort de l'Euro en quelques mois ou années. Il a atteint un quart de siècle et n'est pas contesté. Si les gouvernements demandent à l'Europe d'intervenir sur des sujets qui ne sont pas dans les traités, c'est qu'ils trouvent collectivement que c'est plus facile d'intervenir dans ce cadre. On moque la volonté européenne de réglementer, mais ces normes finissent par s'imposer au monde.
Ceux qui présentent l'Union Européenne comme vassale des États-Unis, avec une Mme Van der Leyen incontrôlable devraient réfléchir un peu plus. Qui peut trouver des solutions lorsque l'Ukraine envoie son grain sur les marchés européens faute de pouvoir les exporter par la mer Noire sinon la Commission et sa présidente ? On parle du poids de l'Allemagne mais la BCE lui a totalement échappé. Quant au nucléaire français il n'est pas contesté que par les Eurocrates. La Suisse est vent debout contre les nouveaux EPR du Bugey.
Les croisades écologiques menées par la commission sont toujours soutenues par le Parlement européen et ne sont bloquées par aucun gouvernement. Il est impossible de mener une politique de réduction de CO2 dans un cadre national.
Les accords de Minsk qui n'ont pas été respectés par l'Ukraine étaient sous le contrôle de l'Allemagne et de la France qui n'ont pas réagi aux violations ukrainiennes jusqu'à l'invasion russe. Et les voisins de la nouvelle URSS, l'union des ripoubliques vassales-soviétiques, ont raison de compter plus sur l'Otan que sur les armées nationales européennes pour éviter le pire. Le drame serait que les troubles existentiels des États-Unis conduisent à une disparition de l'Otan. Seule alors une armée européenne pourrait prendre le relais. Du coup, l'Europe disposant d'une armée, d'une diplomatie et d'une monnaie commune ne peut qu'évoluer vers des Etats-Unis d'Europe et acquérir une force diplomatique internationale.

Vous voyez les problèmes mais pas les solutions à court et moyen termes. L'évolution en cours parait inéluctable. Si les LR sont perplexes et ne parviennent pas à tenir un discours sur l'Europe, c'est justement à cause de cela, pas parce qu'ils sont nuls.

Bien à vous et à ce blog fort intéressant.
# Posté par Cabri | 30/07/23 07:43
DD's Gravatar « Vous partez du postulat que l'Europe est un problème et non une solution ».
Ce n’est pas un argument. On peut répondre sans que cela ait le moindre intérêt : vous partez du postulat que l’Europe est une solution.
« On avait annoncé la mort de l'Euro en quelques mois ou années. Il a atteint un quart de siècle et n'est pas contesté. »
Nous n’avons jamais annoncé ici la mort prochaine de l’euro. Sa gestion a d’ailleurs été complétement bouleversée par rapport aux principes initiaux. L’Euro cumule deux tares contradictoires : il a été trop favorable à l’Allemagne qui a accumulé des excédents disproportionnés ; depuis Dragu,i il a permis de compenser une perte de production par de la création monétaire, un artifice dangereux effectivement contraire à la gouvernance allemande usuelle. Cela fait deux problèmes et aucune solution.
« Si les gouvernements demandent à l'Europe d'intervenir sur des sujets qui ne sont pas dans les traités, c'est qu'ils trouvent collectivement que c'est plus facile d'intervenir dans ce cadre ».
C’est surtout parce que ce qui se passe en Europe est réalisé loin des opinions publiques nationales. En France un président peut avoir une gestion européenne occulte qui ne passe ni par le filtre de la presse ni par le contrôle du parlement national. Cette fuite démocratique est problématique. Macron en a abusé.
« On moque la volonté européenne de réglementer, mais ces normes finissent par s'imposer au monde ».
On n’a pas besoin d’un tel mastodonte bureaucratique pour créer des normes.

« Qui peut trouver des solutions lorsque l'Ukraine envoie son grain sur les marchés européens faute de pouvoir les exporter par la mer Noire sinon la Commission et sa présidente ? »
Sauf qu’elle a négocié seule sans prendre l’avis des gouvernements et la tension demeure.
« Quant au nucléaire français il n'est pas contesté que par les Eurocrates ».
Sauf que l’Europe soutient l’Allemagne dans la tentative de destruction de l’industrie nucléaire française. Si la France n’a pas un président féroce, elle est perdante.
« Il est impossible de mener une politique de réduction de CO2 dans un cadre national. »
Il est impossible de mener une politique de réduction du CO2 dans un cadre régional.
« Les accords de Minsk qui n'ont pas été respectés par l'Ukraine étaient sous le contrôle de l'Allemagne et de la France »
Les premiers accords ont été mené par l’Union Européenne qui s’est désistée à la suite des pressions américaines. C’est pour cela que Minsk 2 a été élaborée par ka France et l’Allemagne. L’Ukraine soutenue par les Américains a refusé d’appliquer les accords. La Russie n’était pas de meilleure volonté.
« Les voisins de la nouvelle URSS, ont raison de compter plus sur l'Otan que sur les armées nationales européennes pour éviter le pire ».
Aucune menace n’a été enregistrée. La Russie s’est résignée de ce côté-là et c’est pour cela qu’elle insiste pour retrouver son influence sur la Crimée et l’est de l’Ukraine.
« Si les LR sont perplexes et ne parviennent pas à tenir un discours sur l'Europe, … »
Personne ne tient un discours clair sur l’Europe. Macron dénigre la France et enlève le drapeau Français pour lui substituer le drapeau européen, mais n’a jamais expliqué ce que serait la France dans un ensemble fédéral européen ni dit ce qu’il vise en la matière. Ses discours sont des opérations image pas un projet construit et présenté aux français pour décision. Les autres veulent une « autre Europe » en sachant qu’ils n’ont aucun pouvoir pour l’obtenir.
L’ennui vient de ce que les dérives des institutions privent la France de l’autonomie nécessaire à la résolution de nombreux problèmes et en aggravent d’autres. La France sombre dans une Europe qui décroche par rapport au reste du monde. Il serait mieux que la France parade en tête dans une Europe qui retrouve sa place dans le monde.
Ce que nous suggérons à LR, c’est d’approfondir cette question et de venir devant les électeurs avec une pensée et un plan d’action. On peut encore espérer que cela y soit possible alors qu’il n’y a rien à espérer ailleurs sur l’échiquier politique en loques qui s’est installé en France
# Posté par DD | 30/07/23 11:46
Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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