Les élections au Parlement Européen en 10 questions

Lorsqu'une élection n'a pas de sens, les électeurs parlent d'autre chose que de son objet normal.

Les Français ont dit non aux impôts, au socialisme et au sociétalisme, à l'immigration , aux socialistes, à la gauche en générale et à l'UMP de Copé.

Ils ont dit non à une Europe qui gère ses difficultés bancaires par la récession organisée, qui promeut l'immigration de masse tout en interdisant que les pays prennent des mesures de précaution, qui met en concurrence directe les "travailleurs" Français avec les ouvriers pauvres de l'Est et du monde.

L'équipe envoyée au Parlement Européen est sans queue ni tête. La famille Le Pen, Mmes Morano, Dati et Alliot Marie, Mmes Bérès et Joly, MM. Bové et Hortefeux, M. Lamassoure et Mme de Sarnez, avec les inconnus de service, n'auront aucun rôle et aucune importance dans un Parlement prétexte qui n'a exactement aucun pouvoir et qui s'agite pour exister plus qu'il ne légifère.

L'initiative des Directives est dans la seule main de la Commission. Les Etats doivent contrôler les projets mais ils n'ont que le pouvoir de dire non et ils ne peuvent pas dire non à tout.

Un Conseil de gouvernement à 27 ou 28 membres est incapable d'agir. Il faut déjà une heure et demi pour se dire bonjour. On a vu la crédibilité de M. de Rompuy et de Mme Ashton.

Tout cela est un simulacre de démocratie.

La zone Euro est gérée par la norme sans aucun organe de pilotage. La BCE fait ce qu'elle veut, quand elle le veut, avec un objectif très limité, portant sur l'inflation. Des instruments de politique économique ont disparu à l'échelon des Etats mais sont en deshérence à l'échelon Européen.

L'énorme bureaucratie Bruxelloise (elle est presqu'aussi importante que la municipalité de Paris !) produit des textes abscons à répétition, en même temps qu'elle multiplie les mille feuilles entre Etat et Europe, tout en se servant de magnifiques rémunérations, généreusement défiscalisées et des indemnités princières en cas de séparation.

Personne ne peut s'en faire entendre. Le processus d'adhésion de la Turquie continue au milieu de la désapprobation massive des peuples. Les négociations pour un traité de libre échange avec les Etats-Unis se poursuivent sans que personne ne sache ce qui se trame.

Pour la France , les résultats sont tragiques : le vide européen a été rempli par la contestation la plus provocatrice. Les Français ont renversé la table. Au prix de leur crédit international et de l'image qu'ils se font d'eux-mêmes.

L'Europe tu l'aimes et tu l'Ukip disent les Anglais.
Aube Dorée et l'extrême gauche grecque sont au Parlement.
L'Espagne est au bord de l'explosion.
Etc.

Les élections qui n'ont pas de sens sont des défouloirs destructeurs. Elles n'orientent rien.

Il faut réformer le système Européen. Le mode d'organisation actuel est irresponsable et irrespirable.

Les axes sont connus :

- Séparer la gestion de l'Euro et la gestion de l'Europe communautaire
- Supprimer le monopole d'intitiative de la Commission pour le tranférer au Conseil
- Réduire le champ fédéral dans la zone de libre échange, et modifier le mode de scrutin du PE selon deux principes : pas de proportionnelle intégrale ; seule des partis couvrant l'ensemble de l'Europe et formant groupe au Parlement, peuvent présenter des candidats. On aura le choc de coalitions se séparant sur des programmes.
- Renforcer le champ fédéral dans la zone Euro, en créant un chancelier de la Zone Euro et une instance parlementaire de contrôle, issue des parlements nationaux.
- Modifier les statuts de la BCE pour y ajouter une responsabilité sur le plein emploi et une dépendance partielle de la Chancellerie de l'Euro.

Si ces réformes étaient faites, on ne verrait pas s'exercer cette forme de déchéance démocratique que sont des élections sans vrais enjeux européens mais qui donnent à tous les vomissements un vase d'expansion ridicule.

Les débats seraient de vrais débats portant non plus sur des sujets nationaux ou sur "oui ou non à l'europe" ce qui n'a exactement aucun sens. Ils porteraient explicitement sur des modalités politiques.

Les votes nationaux, pour les pays de la zone Euro auraient leur dimension européenne, puisqu'on saura qu'une partie de l'Assemblée nationale sera saisie du contrôle de la Chancellerie européenne. Il faudra bien que les Partis disent la politique qu'ils entendent soutenir ou contester.

Ces réformes éviteront que la construction européenne se fasse par la déconstruction des Etats et que les Etats se défoulent de leur irresponsabilité sur l'Europe.

Le tout aboutissant à cette forme de suicide que trahissent les résultats des élections "européennes" 2014.

On a entendu en 2014 les mêmes poncifs qu'en 2002 lorsque Le Pen père s'était retrouvé au second tour : "mieux répondre aux attentes des français", "traiter les causes premières, le chômage, la précarité, l'insécurité, ce sont les priorités de l'action gouvernementale", etc, etc. Douze ans après, et avec un sous emploi, une pression fiscale et un endettement qui se sont considérablement aggravés, on a mot pour mot très exactement le même refrain. Rien de rien à faire valoir. En 12 ans ! Tout le monde voit bien que le roi est nu, même s'il peut se consoler d'avoir encore sa tête. A ces messieurs dames qui seraient tentés de se présenter en 2017 sans aucune préparation, sans aucune compréhension claire de comment et pourquoi on en est arrivé là, sans une vision précise des changements à effectuer en France, en Europe et sur le plan international pour infléchir le déclin, sans l'aura et le courage exceptionnels dont il faudra être doté pour mettre en oeuvre et tenir bon, et qui voudraient juste monétiser à vie leur talent oratoire en déclamant pendant quelques années et en y mettant le ton les formules toutes faites qu'on leur colle sur le téléprompteur avant de jouir d'une petite pension à vie pour services non rendus, il faut bien qu'ils comprennent que ce petit jeu, bien que toujours fort lucratif, va devenir un peu plus risqué. Ce serait dommage de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Les français sauront très bien reconnaître cette personne d'exception quand il la verront, il n'est nul besoin des 500 cerbères du sérail qui verrouillent le système politique et privent les français d'un réel choix sans lequel la démocratie n'existe pas. On va tout de même pas se refaire le même film avec le petit-fils ou la petite fille de Le Pen dans 20 ans avec un chômage à 30%, des prélevement fiscaux à 99.9%, une dette publique à 280% et des légions du déshonneur aux boutonnières de tous les dignitaires, non?