Alain Minc en souffrance, voire en panique
Alain Minc est un penseur de l’économie particulièrement remarquable qui, depuis plus de 40 ans, joue un rôle réel dans la vie intellectuelle du pays. Pendant ces décennies il a été l’avocat éloquent et précis de la mondialisation heureuse, de l’Union européenne qui, comme l’Euro, nous protège, de l’ouverture des marchés et de la concurrence internationale contre les vilains protectionnistes, de la financiarisation inévitable et bénéfique des relations économiques internationales, de l’excellence des mouvements de personnes sans intrusion des frontières rétrogrades et, en France, d’un centrisme social-démocrate en France, dominée par l’Enarchie compassionnelle et bienveillante, et il a vivement soutenu l’aventure un peu étrange d’Emmanuel Macron. Tous les textes qu’il a signés, livres ou articles, portaient la marque d’un style élégant et d’une pensée claire et raisonnée.
Et voilà que tout s’écroule. La dissolution voulue par son protégé Macron était un acte fou et inadmissible. Mme Van der Leyen va dans un golf pas clair signer humblement un acte de capitulation qui montre que l’Union Européenne ne nous protège pas. Poutine menace l’Europe qui s’avère totalement incapable de se défendre sans les États-Unis. Pire encore, l’Euro qui a permis à l’Allemagne de développer une politique d’excédents colossaux tant au sein de l’Euroland que vis-à-vis des États-Unis, est indirectement la source de l’ire des États-Unis, en déficit commercial permanent avec l’Union Européenne à cause de l’Allemagne. La France paie pour les excédents allemands. Le doux commerce n’a pas empêché la formation de dictatures majeures de grands pays. L’immigration Maghrébine et africaine envahit une Europe en pleine dénatalité, alors que la guerre au Moyen orient déclenche un antisémitisme forcené. L’énarchie est responsable d’un déficit budgétaire permanent depuis des décennies, qui n’est pas jugulé parce que nous pouvons emprunter à tout va, car les excédents offrent de l’argent à placer.
Tout le champ idéologique promu par Alain Minc est en ruine. On comprend sa souffrance qui fait peine. On voit avec tristesse, dans son dernier article dans le Figaro du samedi 2 août, qu’il ne parvient plus à garder sang froid et cohérence, face à cet effondrement brutal.
Les accords vocalisés par Mme Van der Leyen sont exécrables pour la France. Une preuve que l’UE ne nous protège pas ? Pas du tout : il n’y avait pas d’alternative ! C’est donc une mesure exécrable mais, en même temps, heureuse. On retrouve le TINA de Margaret Thatcher. There is no alternative.
Et pourquoi n’y avait-il pas d’alternative avec une direction de l’Union Européenne tellement qualiteuse en charge de façon exclusive de tout le domaine commercial depuis des lustres ? L’Europe institutionnelle serait-elle passée à côté d’aspects essentiels qui l’auraient rendue vulnérable ? Grand silence ! Chut !
Le grand coupable c’est… la France, pas les États-Unis dont Alain Minc vient d’acquérir la nationalité. La France est dirigée par une bande d’hypocrites fieffés qui a envisagé une « provocation contre le système monétaire international » que personne ne nous aurait pardonnée. Rappelons qu’il n’y a plus de système monétaire international, depuis que les États-Unis ont détruit les Accords de Bretton Woods qui stipulaient que les grands déficits et les grands excédents étaient interdits. Là, il y a eu destruction, pas provocation, et profonde hypocrisie. Il en a résulté six crises mondiales dont la dernière, celle de 2008 a failli tout emporter, et la crispation commerciale de Donald Trump. Les propos d’Alain Minc sont totalement incohérents et tournent à la vaticination.
Bien sûr, il a raison d’affirmer que lorsqu’on n’a mené en France une politique économique aussi mauvaise et déséquilibrée, et qu’on a si mal géré le pays, on manque un peu d’influence et beaucoup de capacité de s’imposer. Mais quel rapport avec la volonté mondiale de Donald Trump de rétablir les comptes des États-Unis avec un « big stick » et la décision de l’Union européenne de subir sans réagir, comme un pays vassal ?
La France est tellement nulle qu’elle doit se féliciter d’être dans la zone euro « qui nous protège » ! On sait que même si elle était hyperpuissante et bien gérée pour Minc elle devrait être aussi heureuse de s’intégrer dans une Union Européenne « qui nous protège ».
La guerre en Ukraine nous a rappelé que nous avions renoncé à disposer d’une armée forte. Pour la renforcer il faut de l’acier et des métaux. C’est vrai aussi pour Trump qui sait que les centaines de milliers de drones nécessaires à une guerre moderne exigeront de larges ressources en la matière, sans parler des chars et des autres types d’armes. Alain Minc y voit une résurgence inopportune et débile de la pensée du XIXe siècle, alors que les ouvriers dans ces secteurs « relèvent du débat sur les droits sociaux » ! Demandez aux Ukrainiens, aux Iraniens et aux Israéliens !
Pour conclure, Alain Minc rappelle qu’en période de conflits la vraie force est stratégique et militaire. Sans acier et métaux, cela risque d’être un peu faiblard. Mais là n’est pas l’important.
Pour Minc la solution est évidente : doter l’excellente Mme Van der Leyen, malheureuse victime des « hypocrites du bloc central », d’un véritable État fédéral superarmé, suggérant (sans le dire, ce qui est aussi un poil hypocrite) qu’après cela et Trump et Poutine n’auraient qu’à bien se tenir, sans parler de la Turquie, de l’Algérie etc.
Dans son palais idéologique éventré, Alain Minc montre un désarroi dévastateur !
Errare humanum est sed perseverare diabolicum.
Un conseil amical à ce grand penseur en détresse : « Cum errare humanum sit, discamus a nostris erroribus »
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Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef, aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants, explications sur le retard français, analyses de la langueur de l'Europe, réalités de la mondialisation, les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable. Association loi 1901 |
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