Après le vote pour la présidence de LR quelle stratégie ?

Comme il se doit après la prise de pouvoir d’un clan dans un parti, les autres clans se mettent en position défensive pour éviter de perdre des places et de l’influence. Les militants habitués à soutenir un chef local s’interrogent sur ce qu’ils doivent penser ou dire, tant que la situation n’aura pas été clarifiée. Les sympathisants se demandent sur quelles positions nationales le parti vers lequel ils inclinent va se retrouver.

Ce qui change de l’ordinaire, c’est la situation désastreuse du pays et le risque de disparition du parti. Paradoxalement, elle donne plus de chances de bien rebondir.

La question Macron est désormais tranchée : il ne s’occupe que de lui, ne pense que tactique et communication à cet effet, et est prêt littéralement à tout, pour arriver à ses fins, y compris à faire le malheur des Français, d’une part en ne se considérant pas le président de la France mais d’un territoire situé en Europe, d’autre part en se moquant radicalement de l’inefficacité des quarts de mesures (on n’en est plus aux demi-mesures) qui précipitent la France dans le gouffre.

La seule perspective qui reste est justement de savoir quelles sont les voies nationales qui restent ouvertes et ce que les LR peuvent faire pour arrêter le désastre et redresser le pays. Toute la question politique pour le parti fondateur de la cinquième République est le programme et le programme seulement. Que faut-il penser ? Que faut-il faire ? Alors que le pays sombre radicalement et qu’on lui propose un peu partout  des options politiques qui ne peuvent qu’accélérer la chute et la rendre définitive.

On voit qu’un choix de personnes sympathiques mais de second plan à la tête du parti ne provoque aucun enthousiasme et stimule les craintes. La victoire de l’ami Ciotti est vue par les médias comme un glissement tellurique à la droite de la droite dans lequel beaucoup de militants et de cadres ne se reconnaissent pas. De la même façon que la victoire de l’ami Retailleau aurait été analysée comme le triomphe d’un catholicisme désuet en politique, et une réaction vendéenne aux révolutions du temps.

Le seul moyen de sortir du piège est de prouver par la construction d’une identité, d’une ligne et d’un projet que l’option LR est la seule disponible pour sortir de l’effondrement actuel. Pour un parti qui n’a plus de parole publique collective depuis la querelle Balladur Chirac, ce qui ne nous rajeunit pas, et qui a déçu militants et sympathisants depuis la même période, de la catastrophique dissolution en interne à la catastrophique démission maastrichienne à l’extérieur, le défi est colossal. Mais exaltant.

C’est d’autant plus vrai qu’on sait tout.

LR n’a rien à gagner à s’appeler Les Républicains, copie imbécile et naïve de l’Amérique. Il faut un nom qui s’accorde avec l’histoire du mouvement et l’espoir porté pour le futur. Nous avons toujours été un mouvement, un rassemblement, pour un but élevé. Ce but est évident : éviter l’effondrement définitif d’un grand pays. La seule identité du mouvement c’est la France en mouvement sous l’impulsion gaulliste. Sa seule ligne est le salut national et la protection intransigeante mais pragmatique et dynamique des Français. Le seul projet digne, c’est de dire ce qui ne va pas et définir correctement et puissamment comment on va faire pour sortir du trou où de mauvais guides ont fourré le pays.

Le gouvernement n’ayant pas de majorité au Parlement, la crise politique peut surgir à tout moment, ce qui inquiète les Français. Cela met LR en difficulté tant que le parti n’a pas de programme fort ni formé un contre gouvernement. Une chose est de collaborer à la petite semaine une autre de proposer une équipe prête à prendre les commandes avec des personnalités unies qui savent ce qu’elles vont faire. Sans programme public, assumé, unitaire et puissant cette approche est impossible.

On en revient toujours à la même chose. Sans programme pas de solution. Plus précisément, sans avoir localisé les dix ou huit problèmes fondamentaux qui entraînent la France à l’abîme, ni avoir dégagé les solutions possibles. Rien à faire, sans plan réfléchi, on ne peut rien espérer.

Il faut donc afficher les questions les plus graves du moment et dire comment on va agir. La démarche est difficile, car les pulsions dans le pays sont contradictoires, les idées vagabondes faute de penseurs incontestables, et les habitudes sont souvent enkystées. Et le mouvement a tout fait pour perdre sa crédibilité en renonçant largement au pouvoir à faire ce qu’il annonçait même de façon imprécise.

Oui c’est difficile. Très difficile. La procrastination et le flou sont tellement plus agréables. Il faut grimper un col dans la tourmente et avec des éléphants, comme Hannibal sans commettre des fautes à l’arrivée qui nous coûtent la victoire ! Oui c’est compliqué, très compliqué. Et même douloureux, car il va falloir trancher des nœuds gordiens, un exercice faussement facile.

Quelles sont les difficultés cruciales que la France doit affronter ?

La France n’a plus de natalité et sa population s’archipélise : 500 000 enfants de moins chaque année par rapport à notre fécondité de 1970. 400 000 à 500 000 entrées d’étrangers dont l’essentiel de mœurs et de cultures opposées aux traditions françaises.

La France n’a plus de compétitivité : déficits, désindustrialisation, dépendance de l’extérieur, fuite des capitaux,

La France est ruinée et se paupérise. La redistribution n’est plus tenable au niveau atteint.

La France perd sa langue, sa culture, sa créativité et son image mondiale.

La France a perdu des pans entiers de souveraineté.

La France est confrontée à une conversion énergétique aventurée qui peut tuer définitivement son économie.

L’Etat en France est obèse et a perdu toute autorité, sauf contre la partie stable et travailleuse de la population et s’avère impuissant dans tous les domaines régaliens qui sont partis à la dérive (sécurité, santé, justice, diplomatie, police, enseignement…).

La démocratie est en danger, comme la liberté et la propriété. On ne peut plus rien dire et l’esprit de milice exalte la contrainte sociale.

Voilà huit sujets vitaux pour le pays. Les Français, atterrés et craintifs, attendent des réponses fortes et efficaces et sont même prêts à changer certaines routines de pensée pour obtenir des résultats.

Il est facile de voir qu’E. Macron est largement responsable des difficultés dans ces domaines, que les Le Pen n’ont rien à proposer et que la Nupes effondrerait ce qui reste encore debout tout en souhaitant recréer les conditions de la guerre d’Espagne !

Les Français attendent que le mouvement s’installe sur ces crêtes abandonnées et tiennent bon jusqu’aux offensives décisives.

Les militants et les sympathisants attendent que le processus démarre et personnellement, je ne doute pas de leur volonté de peser dans les choix.

Une seule chose compte aujourd’hui : forcer la nouvelle direction à avancer en précisant sa méthode et son calendrier. Il y a urgence. Et aider à la manœuvre par tout moyen.

Tout le reste est insignifiant.

Commentaire
Don Jon's Gravatar "La démocratie est en danger, comme la liberté et la propriété."

C'est la démocratie actuelle qui nous prive de notre liberté et de notre propriété !!!
# Posté par Don Jon | 12/12/22 23:34
Raphael's Gravatar Rassembler le Peuple Français ; dans ces trois mots vous avez Peuple et France: Or depuis 40 ans la droite a trahi la Nation Française et la gauche a trahi le peuple.
Rendre la France a son Peuple :
Sortir des traités européens; reprendre sa souveraineté
Retour au Franc
Priorité a l'industrie
Nationaliser le crédit et les banques
Moratoire sur la dette de 15 ans.
Education professionnelle rehaussée
Universités selectives
Fonction publique a la diète; depart en retraites..
# Posté par Raphael | 13/12/22 07:05
DD's Gravatar "C'est la démocratie actuelle qui nous prive de notre liberté et de notre propriété !!! "

Il est certain que la démagogie est le fléau de la démocratie et que certaines évolutions structurelles peuvent la rendre largement inopérante.

Lorsque E. Macron a indiqué qu'il voulait sacquer et "emmerder" ceux qui s'opposaient à sa politique de santé, on a vu surgir du fond de la France profonde une joie profonde et un accord très général. Chercher des boucs émissaires quand le pays a peur et commence à bouillir est depuis Mathusalem la fiente de la politique quelque soit le régime.

Lorsque les équipes qui entourent ou qui gèrent les entreprises du CAC 40 expliquent que la dépossession nationale est indispensable depuis qu'on a mis tout le monde dans la bassine concurrentielle, pour éviter la révolution, ils affirment vertement qu'une perte de souveraineté est nécessaire en France du fait de son tempérament révolutionnaire.

Lorsque le corps des hauts fonctionnaires s'empare non seulement de l’État mais aussi du champ politique et se comporte en Nomenklatura familiale, où tout est défini d'en haut et avec l'aide d'une poignée de médias complices, le viol de la démocratie est encore justifié par la nécessité d'éviter la révolution ou les conséquences de la gestion par des crétins et des incapables. .

Lorsque l'information est entièrement construite pour imposer un cadre étroit à ce qui peut ou ne peut pas se voir et se dire, c'est également un viol de la démocratie.

Lorsqu'une doctrine est imposée par la force géopolitique et commerciale d'un pays Moloch, comme le Wokisme, en utilisant les techniques du "soft power" par en haut et de la coercition sociale ou sociétale par le bas, vous avez une atteinte à la démocratie.

Le problème c'est l'abandon de la démocratie pas la démocratie. Toute démarche démocratique est de créer des antidotes contre la démagogie et les causes structurelles d'évitement démocratique.

Il est vrai qu'aujourd'hui les sources structurelles d'antidémocratie se conjuguent. "L'énarchie compassionnelle et bienveillante" a fait alliance avec le Cac et les institutions internationales sous domination américaine pour d'une part bénéficier à bloc des retombées financières de la mondialisation et d'autre-part assurer la perpétuation de leurs rentes. Emmanuel Macron est sur le pavois exactement pour assurer la perpétuation et l'embellissement de ce système. Nous voyons des familles de hauts fonctionnaires dont les rejetons gagnent littéralement des fortunes imméritées car correspondant uniquement à des emplois de connivence. La multiplication des" agences" a permis de passer de rémunérations de 100 à 200.000 euros par an à 600 ou 800.000 Euros. On comprend qu'au bas de l'échelle, on s'énerve un peu.

La solution n'est pas de mettre fin à la démocratie mais d'assurer la séparation de la haute fonction publique et des structures politiques et empêcher les cumuls de rémunérations publiques et privées. Faire passer cette simple idée lorsque tous les partis sont dirigés par des fonctionnaires, c'est dur. LR qui avait laissé tous les grands postes dans le parti aux mains de hauts fonctionnaires a vite compris son malheur. Il était devenu impossible d'échapper à un front commun contre toute réforme et les batailles de personnes se faisaient entre anciens élèves de l'ENA. Le PS se souvient encore des conflits entre Jospin et Fabius. Lorsque Macron a dit à tous ces gens là : rejoignez moi, j'assurerai la défense du groupe, beaucoup d’Énarques se sont précipités. Avec tous les éclopés judiciaires qui savent où est le vrai pouvoir.

Voir M. Castex passer de Premier ministre à président de la RATP pendant que Mme Borne passe de présidence de la RATP au poste de Premier Ministre, nous offre une leçon de choses assez significative tout de même.

Oui, il faut rétablir une meilleure fluidité démocratique en France, en haut et en bas notamment dans les élections de maires où comme à Paris on voit des destructions infernales du bien commun.

Mais les obstacles sont terriblement hauts et... invisibles ou indicibles pour la majorité des gens.
# Posté par DD | 13/12/22 09:45
DD's Gravatar @Raphaël

"Depuis 40 ans la droite a trahi la Nation Française et la gauche a trahi le peuple.
Rendre la France a son Peuple ":
En fait ... depuis la création des concepts de gauche et de droite en 1789 !

"Sortir des traités européens"; "reprendre sa souveraineté" :

Il faut sortir du "gouvernement des juges" en interne et en Europe dès lors qu'ils font la loi en interprétant les chartes de droits de l'homme. En revanche l'application des autres articles par les cours sont normales.

Dans les domaines ou la commission bénéficie de pouvoirs d'initiatives délégués, il faut surtout éviter une coupure totale avec les autorités législatives et exécutives des pays membres. Pour cela il faut avoir un président et des ministres qui exercent leurs prérogatives. Ils sont là pour influer et éventuellement bloquer les décisions contraires à l'intérêt national et ils en ont le pouvoir dans tous les domaines où la majorité n'est pas requise. Il faut empêcher à tout prix M. Macron d'étendre les décisions à la majorité qui nous feraient perdre effectivement toute souveraineté nationale. En revanche il faut permettre un débat au Parlement français sur les projets d'ordonnance , afin que la population et les politiques nationaux sachent en toute connaissance de cause les enjeux, et imposer une étude d'impact complète pour les ordonnances qui peuvent avoir des effets dramatiques sur l'économie etc..


Retour au Franc : Pas dans un système de changes flottants !
Priorité a l'industrie : dur avec les charges patronales et salariales es plus lourdes que tous les autres et une taxe carbone aux frontières et des coûts absurdes et décorrélé du réel .
Nationaliser le crédit et les banques : elles sont tellement ligotées que cela n'a plus grand sens. Et les banques nationalisées genre c"razy Lyonnais", on a vu. Ce qu'il faut changer c'est le concept de banque universelle, trop dangereux et brider les sources de flux bancaires déséquilibrés (organisation de l'Euroland et changes flottants)
Moratoire sur la dette de 15 ans. : impossible et pourquoi donc ?
Education professionnelle rehaussée : Les métiers changent trop vite pour l'EN. La clé est l'apprentissage. On a progressé un peu.
Universités selectives : Elles le sont mais mal.
Fonction publique a la diète : Il faut distinguer les opérationnels et les bureaucrates, les statutaires et les hors statut. les services qui peuvent être concédés et ceux qui doivent rester dans le giron public. En s'appuyant sur la féminisation pour contenir les coûts, l'Etat a fini par voir les hommes partir.Les ARS, l'EN, le justice sont des activités de femmes à 70-80%. Ce réservoir et vide et les hommes ne veulent plus revenir. Sur le fond il faut revenir sur les droits à tout en permettant aux droits de d'être exploités. La numérisation a été une catastrophe dans 80% des grands projets. Les solutions ne viendront que d'une action sur les besoins (exemples : avant : cour d'assises : un seul jugement ; révision sur éléments nouveaux. Aujourd'hui : deux séances d'assises, besoin de deux fois plus de juges) et sur les méthodes (la numérisation réussie et appliquée à l'essentiel peut réduire drastiquement le besoin de bureaucrates).

"depart en retraites.. "
La retraite exclusive par répartition est morte si les vieillards s'accumulent et les enfants disparaissent. La première action est donc démographique. La seconde est de revenir sur des régimes spéciaux intenables. La troisième de ne pas s'occuper de la pénibilité, prétexte grotesque pour maintenir les exemptions des régimes spéciaux.

Vers la bureaucratie compliquée il ne fait pas bon voguer avec des idées trop simples mais il y a une vingtaine de mesures clé qui pourraient changer les choses assez vite.
# Posté par DD | 13/12/22 16:17
Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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