L'émission Zemmour & Naulleau en grand danger
L'émission de Zemmour et Naulleau, sur Paris Première, prend un mauvais tour. La nouvelle charte graphique de l'émission est très laide. le rythme des séquences est inconfortable pour le spectateur qui n'a pas le temps de véritablement s'installer dans un débat. Le choix des invités est tellement convenu, avec des personnalités tellement "vues à la télé" qu'on sait à l'avance tout ce qu'elles vont dire. Pire encore, l'originalité des critiques, principalement celles de Zemmour, s'est perdue depuis que ses thèmes de prédilection sont au centre même du discours médiatique. L'apport d'une présentatrice chargée de cadencer l'émission est quasi nul. Sa présence a réduit le rôle de Naulleau qui était jusqu'ici le "modérateur" de l'émission à une prestation incertaine, parfois fantomatique.
En un mot la spontanéité, la vérité incongrue mais tenace, la fraîcheur, ont déserté l'émission, alors que la présence d'un comique, certes sympathique mais que l'on voit et entend désormais partout, apparait décalée.
Rien n'était plus frappant lors de l'émission du 28 octobre 2015.
Inviter Pierre Larroutourou pour la nième fois ne pouvait que se terminer en désastre. Cet agitateur a la spécialité de "faire de la chaleur" et jamais aucune lumière. Il chauffe l'émotion comme un prédicateur et empêche tout le monde de parler. Impossible de finir une phrase quand il est là. Et les âneries s'enchaînent avec véhémence. Croire que cette véhémence et cette grossièreté servent "le dynamisme du débat" est une grave erreur. La charmante directrice de l'Ifrap a été interdite de finir une phrase ou un raisonnement pendant tout le temps du "débat" qui n'a strictement rien produit d'utile, sinon qu'Agnès Verdier-Molinié préfère cette situation d'oratrice châtrée à pas d'apparition du tout, et que Hollande a eu bien tort d'inviter son contradicteur qui n'a pas cessé de l'insulter pendant l'émission.
L'autre invité était l'ineffable et increvable président du Modem, ce parti politique qui ne comporte que deux membres et ne vit que par la télévision. François Bayrou est le prototype même du politicien à dents de Rastignac qui n'a strictement rien à dire et dont tout le programme se résume à "Moi Je". Il n'est pas le seul, mais dans le cas du Béarnais, cela commence à se voir beaucoup.
Déjà en 2007, lors de la campagne présidentielle, nous avions essayé de décrypter le programme du Modem. Sur tous les chapitres sans exception, le schéma était le même : "le PS et l'UMP sont incapables de résoudre le problème ; mais moi j'y arriverai". Pourquoi ? "Parce que moi et mes gens nous sommes formidables". "Mais avec quelles mesures précises ?". "Nous aviserons car nous sommes les meilleurs". M. Bayrou fustige mais ne propose rien sinon de revenir à la Quatrième République, mais en conservant l'élection présidentielle au suffrage universel qui est son seul objectif réel. Une fois qu'il sera là, il se fait fort de monter des gouvernements d'alliances entre factions pour le meilleur bien du pays.
Impossible d'en tirer la moindre mesure concrète, puisque la politique naîtra de "compromis utiles". Dénonciation des autres, dénonciation de la situation, intolérable, nécessairement intolérable, et …rien. "Chassez les vilains, cassez les grands partis par la proportionnelle, élisez-moi comme président et vous verrez comme nous sommes formidables".
Voici donc François Bayrou annonçant son soutien "sans faille" à M. Juppé. Avec dès le départ une contradiction gigantesque.
- Quelle est la question la prioritaire, celle où vous pensez devoir faire porter tout de suite l'essentiel de votre action ?
- L'éducation nationale.
- Monsieur Juppé vient de publier un livre sur ce sujet.
- Je suis totalement opposé aux préconisations de ce livre. Il faut faire exactement le contraire.
Voilà donc le soutien sans faille en désaccord immédiat et irréconciliable sur la question nationale la plus grave.
On se souvient que Mme Virginie Calmels avait déclaré lors de l'émission "On n'est pas couché" qu'elle soutenait Alain Juppé pour "rajeunir la politique française". Ce qui avait bien fait rire.
Il n'y a pas que le Modem à choisir l'oxymore comme programme électoral.
Comme l'a très bien remarqué Naulleau, un éclair dans la grisaille : "Vous soutenez Juppé comme la corde le pendu" ; "des amis comme vous, c'est pire que des ennemis". Si Juppé ne parvient à gagner les primaires, Bayrou se présentera aussitôt, au risque une fois de plus de faire passer François Hollande.
Évidemment, il n'a aucune ambition personnelle. Pouah ! Pas de cette vilenie. Il se sacrifie simplement pour porter son message indispensable que personne, à part lui, ne porte. On a vu qu'il n'y a pas de message. Il paraît qu'il faut rire et que le cynisme en politique est la base de tout et qu'il n'y a qu'à laisser faire. On ne cède plus à "l'insistance de ses amis". Il est vrai que les amis de M. Bayrou, on les cherche. On les trouve parfois dans le bureau de M. Hollande, comme le rallié Benhamias. Désormais on se présente aux élections parce qu'on est seul à porter un message fantastique même s'il est subliminal. C'était déjà l'argument de Mme Morano.
En attendant, il a tenté de populariser une idée qui, pour le coup, est totalement fausse. Quelle est-elle ? "
- La France est seule responsable de ses malheurs et peut s'en sortir toute seule comme une grande (si je suis élu président) .
Belle posture, virile et tout. Mais qu'elle est le diagnostic sous-jacent des malheurs qui nous frappent ?
L'effondrement global de l'économie baudruche et du système financier mondial n’est pas dû principalement à la France. La crise est bien venue de l'extérieur. Donc la solution ne peut venir au moins pour cette partie, que de l'extérieur par application du principe de la symétrie des causes et des effets.
L'Euro a certainement facilité la débauche des certains états membres de la zone Euro dans l'économie baudruche internationale mais n'est pas la cause majeure de la crise financière. En revanche, elle a terriblement compliqué la réaction à la crise, provoquant une catastrophe dans le sud de la zone et entraînant tout le monde dans une fiscalisation aberrante. Les instances de la zone ont été obligées de violer tous leurs principes pour tenter d'en sortir. Commentaire de M. Bayrou ? Rien. Si : "L’Europe nous protège". Il y a du cabri chez cet éleveur de chevaux.
On a vu que le programme de la France qui-peut-tout-toute-seule est inexprimé.
L'émission de Zemmour et Naulleau n'a donc servi qu'à "des opérations image", sans aucun contenu réel derrière.
Si le but de l'émission n'est que de promotion, d'autres le font mieux et plus agréablement.
Conseillons à ces Messieurs de ne pas chercher absolument l'audience du "prime time", qui a déjà rendu inaudible la télévision jusqu'à 22 h 30. Le but de l'émission ne doit pas être de proposer un spectacle avec chaleur, émotion, sottise propriatoire, com' outrancière. Mais un moment d'intelligence et de décryptage.
En tout cas, c'est comme cela qu'on l'aimait. Et pour cela qu'on l'écoutait. À plusieurs reprises Éric Zemmour a dit : on en parlera tout à l'heure. Et on n'a parlé de rien.
Attention, Messieurs. Votre émission est en grand danger. C'est tout de suite qu'il faut réagir.
Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef, aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants, explications sur le retard français, analyses de la langueur de l'Europe, réalités de la mondialisation, les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable. Association loi 1901 |
Encore une émission victime du "prime time". On souhaitait un décryptage incisif avec des angles d'attaque ouverts et la possibilité de briser les schémas trop convenus des médias français.
Et on obtient... rien.
Quand l'esprit ne flotte plus allègrement, l'ennui s'insinue et devient dominant.