Contresens sur le concept de "zones monétaires optimales"
La monnaie est une terre fertile en inepties de toute sorte. Une des sottises du moment est tout à fait remarquable : elle consiste à partir de la pensée de Robert Mundell, un sage parmi les sages, hostile aux changes flottants (ce qui nous le rend sympathique), et favorable à l'Euro, pour "prouver" que l'Euro est condamné par les économistes. C'est une thèse que l'on retrouve pratiquement chez tous les contempteurs de l'Euro, d'un commentateur comme Eric Zemmour à des hommes politiques comme Mme Le Pen ou M. Dupont Aignan.
La science économique aurait défini, par son meilleur prix Nobel sur le sujet, les règles de création d'une bonne zone de monnaie unique. L'Europe ne répond pas à ces règles. Les Zélotes de l'Euro, niant la science pour la foi, aurait péché contre l'esprit et créé "un monstre intenable et dangereux".
Tous ceux qui ont suivi, ne serait-ce que d'un œil, tout le débat économique sur la création d'une union monétaire dans la CEE savent que Robert Mundell a développé ses idées pour permettre de la construire. Il est un des pères de l'Union Monétaire Européenne. Paradoxe, tout de même, de voir que les arguments du principal promoteur de cette union soient considérés comme la preuve "scientifique" de son impossibilité, même si la couverture médiatique des débats économiques de fond en matière de système monétaire international, est, de tradition , quasiment nulle.
Il faut d'abord relever une erreur tout aussi grotesque. On affecte de penser dans les milieux médiatiques que la monnaie unique est le fruit de la pensée profonde de M. Mitterrand, qui aurait arraché le DeutschMark à l'Allemagne et à M. Kohl, pour prix de sa réunification après l'effondrement du bloc socialiste. Cette fable a été dénoncée récemment par l'ancien ministre des Finances d'Helmut Schmidt. A juste titre.
La préoccupation concrète d'une monnaie européenne remonte aux premiers effets des défauts structurels des accords de Bretton-Woods et de la licence prise par les américains dans la gestion du dollar. De tensions en tensions on ira jusqu'à la rupture du lien avec l'or, en été 1971 et à la mise en place du désastreux système des changes flottants.
Cela fait plus d'un demi siècle que les Européens se posent la question de l'unité monétaire de l'Europe. Ces efforts se concrétiseront à La Haye, en 1969, où seront signées d'une même plume la création d'une union monétaire européenne et l'entrée de la Grande Bretagne dans la CEE avec ses pays compagnons.
Avant même cette conférence, les experts se sont affrontés sur l'opportunité d'une monnaie unique. L'affrontement est oublié aujourd'hui, mais il fut rude. Les principaux opposants étaient les économistes… allemands. Parmi les partisans de l'unification : Robert Mundell.
L'examen des conditions optimales d'un rapprochement monétaire entre zones économiques est un exercice de l'esprit qui a simplement pour but de déterminer les mécanismes qui jouent dans ces relations. Il s'agit bien ici de régions, pas de nations. Par un travers commun à trop d'économistes (L'influence du modèle Walraso-parétien n'a pas fini de faire des victimes), Mundell part d'un "déséquilibre" modifiant un état précédent réputé équilibré. Et regarde ce qui se passerait selon les différents régimes monétaires. Dans un but pédagogique, pourquoi pas, après tout. Il montre comment réagit le système en faisant varier différents paramètres et cherche à savoir dans quelle configuration la monnaie unique serait le plus efficace.
En simplifiant à l'extrême, on peut réduire les facteurs favorables à deux catégories :
- Des arguments purement micro-économiques
- Des arguments politiques.
Les arguments économiques sont du genre tautologique : si tout est pareil alors, la monnaie peut l'être aussi. Si rien n'est pareil, c'est plus dur. Si les économies qui fusionnent ont la même structure, sont bien imbriquées et connaissent une bonne fluidité intra-zone des facteurs de production, alors une monnaie commune posera moins de difficulté que s'ils sont totalement divergents en terme d'exportation, de consommation et de production et que les facteurs de production sont figés.
Les arguments politiques sont néanmoins l'essentiel : la monnaie doit être gérée ainsi que tous les facteurs qui en conditionnent la valeur. Sice pouvoir existe les divergences du terrain pourront être gommées et on peut envisager une monnaie unique. Après tout, pratiquement aucunes zones monétaires existant dans les années soixante n'étaient homogènes : ni l'URSS, ni les Etats-Unis, …ni la zone Franc.
De toute façon, selon Mundell, tous les systèmes économiques et financiers (notamment les taux d'intérêt) finiront par converger si la monnaie est unifiée et pilotée intelligemment : la dévaluation n'est qu'un expédient, agréable du point de vue politique, mais sans grand effet à moyen terme sur le fond. Les inter-relations entre les économies, de plus en plus imbriquées, rendent d'ailleurs l'avantage à court terme d'une dévaluation de plus en plus réduit.
Pour Mundell, une conclusion s'imposait : les Américains font n'importe quoi et la politique du dollar est menée contre les intérêts à long terme de l'Europe. Il faut contrer cet hégémonisme qui contribue au désordre monétaire mondial en créant l'Union Monétaire Européenne. Pour que ce la marche, il faut fluidifier la circulation des facteurs de production et créer les institutions ad hoc.
En lisant Mundell, une conclusion s'impose : il faut à l'Union Monétaire Européenne une politique commune solide au dessus d'un marché libéré de ses entraves.
Tout de suite après la conférence de La Haye, le système monétaire de Bretton-Woods s'effondre et on entre dans la Danse de Saint Guy des monnaies.
La tentative de l'ECU, European Currency Unit, est un échec, détruite par la spéculation permise par les américains. Le Serpent monétaire explose. Les penseurs européens en concluent qu'il faut créer une monnaie unique pour éviter tout interstice où la spéculation puisse s'insérer. Elle doit faire masse pour exister face au dollar.
Les années 80 verront donc les Européens favoriser la fluidité des mouvements de facteurs de production au sein de l'Europe, vue comme un préalable, et à créer les conditions d'une monnaie unique.
C'est l'époque où nous-mêmes recevions mission de créer un système de comptabilité analytique à la Banque de France pour permettre de piloter une fabrication des billets compétitive lorsque les grands marchés d'impression de la monnaie unique seront lancés. A cette date personne n'envisageait ni l'effondrement de l'URSS ni la réunification de la RDA (et Chirac était au gouvernement).
Bientôt Delors propose de marcher vers le marché unique, en même temps que les bases de l'Euro sont négociés.
On oublie que, dans les années 80, la RFA avait besoin de digérer l'énorme perte de changes sur les dollars accumulés par ses excédents commerciaux du fait de l'effondrement du dollar. Dans les années 90, il lui faudra digérer l'absorption de la RDA. Alors qu'on fait de l'Allemagne le Raminagrobis trop content d'entrer dans le poulailler européen, ses économistes étaient plutôt sur la réserve.
Elle viendra à l'Euro en acceptant toutes les mesures de libéralisation des mouvements de facteurs de production, mais avec une réticence marquée vis-à-vis de l'unification des politiques monétaires et économiques.
C'est ainsi qu'a été construit le compromis de Maastricht :
- Monnaie unique mais sans organe de gestion autre que la BCE et deux critères de gestion : 3% de déficit public au maximum et pas plus d'endettement public que 60% du PIB. Pour bien faire on a ajouté la nécessité de prouver sa vertu dans le cadre d'une procédure d'adhésion marquée par le respect de différents critères de convergence.
Les idées de Mundell ont triomphé à moitié. La fluidité des facteurs de production a été mise en œuvre. La politique solide unifiée est restée dans les limbes. Les fédéralistes, façon Delors, savaient bien que le système était boiteux, mais pensaient qu'en mettant la charrue avant les bœufs, les inconvénients forceraient les ajustements institutionnels dans le mouvement. "Nécessité fait loi et l'Europe se construit de crises en crises" !
En dehors de la BCE, dont les objectifs sont définis de façon trop restrictive, avec juste un taux d'inflation comme mesure, et un fantomatique Eurogroupe longtemps présidé par le non moins fantomatique Juncker, il n'y a pas d'organe de gestion de la zone Euro.
Mundell a certainement surestimé la capacité de marchés libres, dans un cadre monétaire unique, à converger. Les Allemands ont exigé une convergence préalable. Mais beaucoup ont triché, comme la Grèce. Et rien n'était prévu pour la suite. C'est comme cela qu'on a vu le plan Jospin (35 heures et relations sociales coercitives, avec effondrement de la compétitivité ) s'affronter au plan Schroeders (redressement de la compétitivité avant tout). Et tout le monde se moquer des règles 3/60.
Une autre faiblesse de l'approche de Mundell est de s'appuyer trop sur la micro économie (les comportement de production et de consommation de micro acteurs) et pas assez sur les réalités globales, notamment la création d'une économie baudruche où le taux d'endettement est devenu massif et la finance totalement débridée.
La construction de l'Euro aura donc une influence dépressive pendant tout le temps de l'obtention des critères d'adhésion, et conduira certains pays à gonfler trop facilement leur endettement public à partir de 2000. Comme Mundell l'avait prédit les taux d'intérêt ont bien convergé rapidement, mais ils ont attisé l'endettement, rendant l'Europe vulnérable à un retour de conjoncture. Il n'a pas compris que la finance, faute de s'attaquer aux monnaies, jouerait avec le taux d'intérêt des emprunts d'Etats, avec le potentiel de les ruiner et de faire sauter l'Euro. Le résultat :
- Les pays de la zone Euro ont divergé avant la crise (entre 2000 et 2008) et l'endettement global et public a trop augmenté
- La crise a mis à nu l'absence de politique commune et d'organes de pilotage de l'Union qui a réagi le dos au mur en violant toutes ses règles et en provoquant une récession sanglante dans le sud de l'Europe : chaque pays ne peut s'ajuster que par la déflation.
- L'Europe sort tard et mal de la crise, sans avoir crevé l'abcès du mode d'organisation d'une zone monétaire unique.
Aujourd'hui, il est parfaitement ridicule d'utiliser la théories de Mundell sur les zones monétaires optimale pour justifier la sortie de l'Euro.
Il faut au contraire perfectionner l'approche de Mundell :
- Oui il faut un Euro pour contrebalancer la puissance du Dollar et bientôt celle du Yuan (qui n'entrait pas à l'époque dans le champ de vision de Mundell).
- Non les ajustements ne se font pas tout seuls
- Il faut une instance de pilotage des la zone Euro (ce que nous appelons un Chancelier de la zone Euro) que nous voyons distinct de la Commission Européenne. La difficulté démocratique impose, contrairement à ce que pense VGE, une retouche institutionnelle, avec des organes de contrôles venant des parlements nationaux. Démocratie oblige.
- Compte tenu du système mondial de changes flottants et de finance sans contrôle, le pilote doit se voir confier des instruments qui ne sont pas seulement ceux de la BCE.
- Il faut militer pour la fin des changes flottants et de la licence de certains pays d'accumuler excédents et déficits massifs.
Cela suppose que la France cesse de s'enfoncer dans le désordre et le n'importe quoi. Il ne faut pas non plus craindre d'éjecter la Grèce, si les réformes s'y révèlent impossibles.
La création de nouveaux organes et de nouveaux instruments ne peut se faire qu'après retour de certains pays laxistes à un minimum de sérieux. De ce point de vue là, la politique débile de F. Hollande est le principal obstacle au passage au stade d'organisation convenable de la zone Euro.
On voudra bien comprendre que la théorie des zones monétaires optimales de Mundell n'est en rien un argument contre l'Euro. C'est l'inverse. Et que cinquante ans après sa formulation il est simplement nécessaire de l'adapter aux leçons de l'histoire et surtout à celles des défauts du système de change mondial et de la crise économique en cours.
Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.
Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef, aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants, explications sur le retard français, analyses de la langueur de l'Europe, réalités de la mondialisation, les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable. Association loi 1901 |
Certes, je comprends votre vision sur la pensée de Mundell qu'il ne faut pas prendre au 1er degré. Mais, in fine elle aboutit a un pamphlet pro euro dont j'ai du mal à saisir le sens.
Votre site est le porte étendard d'une réforme monétaire internationale pronant un retour aux parités fixes ajustables et d'une émancipation du dollar.
Or dans votre article vous sous-entendez que le SME était invivable. Dans ce cas comment envisagez vous un SMI à parité fixe ajustable ?
Admettons que l'euro soit un très bonne idée. Comment expliquer la divergence profonde entre les Etats de l'Union au profit du plus gros autrement que par la fixité de l'Euro et des taux faibles.
Certes les Grecs et les Italiens pourraient se germaniser mais croyez vous sincèrement que les seuls ajustements possibles soient le salaire des travailleurs de base ?
Admettons même qu'on baisse le smic grec à 30% du nouveau smic Allemand. Croyez vous que par ce fait, la balance commerciale de la Grêce va passer en positif, et même à terme, positif avec l'Allemagne ?
Selon ma petite analyse dans mon coin, l'euro n'est viable que via un saut fédéral avec une gouvernance fédérale. Je me vois mal voter pour un néelandais, mais je dois être vieux jeu.
Je ne suis pas sûr que les pays excédentaires soient près à mettre en oeuvre une péréquation sociale (càd hors programme d'investissements bidons et autres PAC) qui leur couterait le prix de leur excedent commercial. Je ne suis pas sûr qu'un système pareil n'aille aps dans le mur.
Bref, je reste pour ma part partisan d'un SMI sur des parités fixes ajustables et une monnaie commune de commerce non étatique et non coté sur un marché.
Maintenant que l'Euro est là la question se pose autrement. Il fonctionne depuis 14 ans et a montré quelques qualités de résilience face à une crise terrible dont il n'est pas fondamentalement responsable (c'est le système de changes flottants qui l'est). Sa destruction aurait un coût. Et un inconvénient : la place serait laissé entièrement au dollar, responsable de la crise. Il est possible de l'éviter.
Contrairement à Mundell nous ne considérons pas que l'ajustement et la convergence des économies puissent se faire spontanément. le déséquilibre de la zone provient d'abord de comportements économiques divergents depuis 2000, si on met de côté les mensonges grecs. Une zone de monnaie unique doit faire l'objet du gestion synchronisée des principales décisions budgétaires, sociales et juridiques. Il faut donc non pas effectuer un énorme saut fédéral, et encore moins dans le cadre de l'UE, mais construire une cabine de pilotage spécialisée av des instruments spécialisés, notamment la responsabilité du taux de change, qui n'est pas du rôel de la BCE, sauf contorsions sémantiques. Nous l'appelons : Chancellerie de la zone Euro. Elle doit être appuyée sur un mécanisme démocratique fondée sur les parlements nationaux r(via des délégations) et un processus fort de dialogue institutionnel avec les Etats.
Si cette solution devait apparaître comme impossible, alors la gestion des écarts économiques ne pourraient se faire que par la récession programmée dans les pays en difficulté de crédit. Merkozy est un traité tolérable pour faire face à une situation d'extrême urgence pas pour gérer la zone dans la durée.
La principale raison de la situation un peu privilégiée de l'Allemagne est le plan Schroeders. On a créé un choc asymétrique, aggravé par les bêtises de Jospin sur le blocage du marché du travail et les 35 heures. Cela n'a rien à voir avec la monnaie unique.
Sans Chancellier, impossible de traiter intelligent les conséquences et d'éviter de nouveaux dérapages.
Je pense que vous jouez sur les mots. Par exemple
"On a créé un choc asymétrique, aggravé par les bêtises de Jospin sur le blocage du marché du travail et les 35 heures"
Sincèrement, croyez vous que notre aventure des 35h auraient pu durer sans l'€ car le déficit commercial que nous subissons depuis nous auraient plonger dans la récession et les bonnes idées jospinienne avec. Le change aurait annulé les effets Schroder en 1 an, point d'excendent-déficit délirant donc. Ce choc asymétrique aurait été AUTOMATIQUEMENT corrigé par le marché des changes et des taux...
Autre exemple
"Une zone de monnaie unique doit faire l'objet du gestion synchronisée des principales décisions budgétaires, sociales et juridiques. Il faut donc non pas effectuer un énorme saut fédéral, et encore moins dans le cadre de l'UE, mais construire une cabine de pilotage spécialisée av des instruments spécialisés, notamment la responsabilité du taux de change"
Cela revient au même puisque la souveraineté d'une nation, c'est justement le domaine social, budgétaire et juridique. Votre vision, c'est la fameuse "Autre Europe" comme l'Arlésienne Europe sociale... hum, hum. On arriverait rapidement aux mêmes rigidités actuelles avec le diktat du fort sur le faible, une gestion à la kafka et la prison de l'Euro.
Comprenez moi bien, je n'ai rien contre une gouvernance Européenne dans l'idée mais le diable étant dans les détails, je ne vois pas comment on peut faire car cela demande une nation européenne qui n'existe pas. Ce sont des constructions politiques du même niveau que l'URSS ou le 3eme Reich, tout cela devant durer 1000 ans et n'a aboutit qu'a des souffrances inutiles pour les peuples. Je vous rappelle la phrase d'Hitler avant de se suicider qui a dit en gros : Je me suis trompé, le peuple Allemand n'était pas à la hauteur du projet nazi et mérite donc son malheur présent... il en est de même pour ce qu'on fait subir aux Grecs : l'austérité présente pour un futur joyeux et si ça ne marche pas c'est que les Grecs ne sont pas à la hauteur de la grandeur de l'€... donc il faut y aller plus fort.
Dernier exemple
"Il (l'euro) fonctionne depuis 14 ans et a montré quelques qualités de résilience face à une crise terrible dont il n'est pas fondamentalement responsable". J'ai cru m'étrangler ! Staline n'aurait pas dit autrement !!!
Par contre, le gros avantage de l'euro c'est sa capacité à faire créer de la dette donc de la croissance spot mais une fois l'été terminé, la cigale va se mettre à danser ! Ca fait 6 ans que ça dure et j'ai mal aux pieds !
Sur l'organisation monétaire internationale, notre position a toujours été en faveur d'un systrème de changes fixes mais ajustables, où aucune monnaie nationale ne joue une rôle de monnaie de réserve internationale, avec interdiction des gros déficits et excédents, avec une instance de régulation paritaire. Voir en particulier notre article Eloge de l'écluse.
Cette position de principe ne nous dit rien sur ce qu'il faut faire maintenant que nous avons l'Euro et après 8 ans de crises ininterrompue.
L'alternative théorique est en Europe :
- l'abandon de l'Euro avec retour d'un système de monnaies nationales plus ou moins solidaires
- la création d'une zone de monnaie unique réellement pilotée.
- Le statu quo.
L'alternative théorique est dans le monde :
- L'abandon des changes flottants et la refonte du système monétaire international sur la base d'une concertation autour de quelques grands principes surveillée par un gendarme.
- Le statu quo.
Notre position est que :
- le statu quo est intenable sans dommages et la réalité se charge de le prouver tous les jours, comme nous l'avons annoncé déjà depuis...1997 !
- le retour à un système de changes fixes et ajustables à l'échelon mondial n'a pas de coûts de transition et entraînera aussitôt un recalage positif des anticipations, permettant de relancer le commerce mondial, la cropissance et la baisse des taux d'endettement globaux.
- L'abandon de l'Euro a un coût, provoquerait un désastre dans un cadre global de changes fltotants et de liberté totale de circulation des mouvements de capitaux et redonnerait au dollar un rôle tel que la réforme du système monétaire international deviendrait impossible.
Nous suggérons donc la création d'un poste de Chancellier de la zone Euroe qui permettrait une meilleure coordination des politiques économiques, sociales et monétaires, et la création d'un rapport de force pour la réforme du système moéntaire international.
Un Euro piloté dans un système monétaire international réformé permettrait toutes les évolutions ultérieures, y compris le passage partiel ou total à un système de monnaie de référence commune et non plus unique qui suppose une régulation forte des mouvements de capitaux à court terme. Le détachement ordonné d'une monnaie nationale deviendrait possible et règlerait les situations les plus graves comme celui de la Grèce sans traumatisme et irréversibilité.
On ne peut plus avoir de position théorique essentialiste sans tenir compte d'une part de la crise et d'autre part de la transition vers un système différent et notamment de son coût.
Sur la question de la responsabilité de l'Euro dans la montée vers le krach de 2008, notre position est également de la plus grande clarté.
- La courbe en U de l'endettement global, qui est le phénomène majeur à analyser, montre que le taux d'endettement global est passé de plus de 400% à environ 200% de 1945 à 71, puis a recommenceert à monter jusqu'à dépasser, partout et en moyenne 400% en 2007. L'Euro n'a strictement aucune responsabilité dans ce mouvement, qui est entièrement imputable aux changes flottants et à l'abandon des disciplines de balances de paiements. D'ailleurs il n'existait pas pendant les 30 premières années du phénomène !
- L'Euro a eu une influence dépressionnaire depuis le milieu des années 90, pour obtenir la convergence nécessaire des économies candidates et une influence sur le laxisme budgétaire des années 2002-2007 dans certains pays européens. La politique imbécile du gouvernement Jospin qui a étouffé l'entreprise par des contraitnes réglementaires et déclassé l'économie française par les 35 heures et la non réforme des systèmes de retraite a été décidée avant même l'Euro. Il est clair que sans l'Euro une dévaluation aurait été rapidement nécessaire pour faire face aux conséquences et il n'aurait pas été possible d'aller aussi loin dans l'endettement. De même la défense de l'Euro et le traité Merkozy pèsent lourdement sur l'emploi et la croissance.
Donc il est juste de dire que l'Euro a aggravé la situation et compliqué sérieusement la sortie de crise. Mais l'Euro n'est pas responsable de la crise globale du système monétaire international, marquée dès l'été 2007 par le blocage du marché monétaire mondial, puis en septembre 2008 par la chute de Lehman Brothers, pas plus qu'il ne l'est des folies socialistes françaises.
Aujourd'hui la discussion est sur la sortie de crise. Il faut réformer le système international et remettre la zone Euro dans une perspective positive et non plus dépressionnaire. La BCE ne peut être laissée seule comme insturment de la reprise.