La grande surprise des récentes élections
Le charme des élections est le nettoyage des mentalités qu'elles permettent. Des époques se ferment, d'autres naissent.
L'élection de Trump traduit de façon sévère la déception économique et sociale d'une globalisation où le bénéfice des grands groupes mondialisés, dégagés de toutes entraves, s'accompagne d'une stagnation redoutable dans les pays développés. Perfectionner à l'infini les trois libertés de mouvements de capitaux, de marchandises et de personnes, vocation que se sont attribuée de multiples organisations internationales et différents groupements d'élites qui se considèrent transnationaux par intérêt et par philosophie, n'est plus le mantra des peuples.
Le Brexit marque la volonté populaire des Anglais de ne plus voir le pays envahi par des hordes d'étrangers et de retrouver sa souveraineté sur les questions d'organisation de la société. Le Royaume-Uni, théoriquement le grand vainqueur de la mondialisation financière, ne trouve pas son compte dans l'exclusif succès de la City, surtout quand il se traduit par des pertes abyssales et une montée sans précédent du chômage, des dettes et des impôts.
La remarquable percée de François Fillon, grande surprise des primaires pour ceux qui ne veulent rien voir, dans un autre genre, marque la fin de la complaisance de la droite pour une gauche, dont l'assujettissement au marxisme-léninisme s'étiole sans fin depuis la chute de l'URSS, et dont la nécessité politique a disparu depuis qu'elle a abandonné sans vergogne les classes populaires. L'énarchie compassionnelle marquée par l'étatisme envahissant, la complaisance vis-à-vis des fonctionnaires et de leurs syndicats, la fiscalité confiscatoire, s'est mariée trop longtemps avec un "sociétalisme pour bobos post-soixante-huitards", venu des Etats-Unis. Appuyé sur des slogans creux, le "politiquement correct de l'altérité", avec la glorification de l'autre, censé porter toutes les vertus, et la culpabilisation du cœur de la nation, considéré comme un ramassis de "beaufs moisis", a fini par faire sombrer la nation dans le chômage de masse, le remplacement de la population, un niveau de dettes insupportables, l'exil des entrepreneurs et des familles aisées et le développement de hordes de personnels à statut dont le poids est devenu insupportable.
Le choix final de la "primaire de la droite et du centre" tranchera la question de savoir si la droite persiste dans sa soumission au politiquement correct gauchiste et sa complaisance vis-à-vis de la haute fonction publique, transpartisane, arquée sur ses propres privilèges extravagants et prête à tous les compromis sur le dos de la nation pour conserver lesdits privilèges.
Peut-on encore accepter qu'une caste administrative se soit approprié le champ du politique, multipliant les conflits d'intérêts, en cherchant sa survie dans le discours politiquement correct, les cadeaux au peuple et la fiscalité confiscatoire ? la France a globalement choisi pendant quarante ans de financer par la dette une extension démentielle des effectifs publics. Nous avons montré ici que la situation française s'apparente à celle de la Grèce avec les mêmes effets. Et un risque pour l'énorme masse des fonctionnaires de se retrouver en première ligne en cas de hausse des taux d'intérêt. Les retraités grecs de la fonction publique ont subi deux réductions successives de près de quarante pour cent de leurs retraites. Les écoles et les hôpitaux ont cessé d'être approvisionnés. Quand un état n'a plus d'argent, il n'a plus d'argent et les premiers à souffrir sont les fonctionnaires. Qui peut douter que nous nous rapprochons tous les jours de la falaise grecque ?
Il est donc tout à fait normal que l'arbitrage se fasse à droite autour de la question en apparence "comptable" des effectifs rémunérés exclusivement par l'état. Il faut ajouter aux effectifs sous statuts des fonctions publiques, les contractuels et surtout les innombrables employés des associations qui se sont substituées à la fonction publique pour exécuter des politiques publiques.
La croissance des effectifs salariés des associations a été longtemps supérieure à celle des fonctionnaires proprement dits. On parle d'un recrutement sur 20 ans de plus de 1 200 000 personnes.
Ce phénomène se voit bien quand on regarde le cas de Paris : 55 000 fonctionnaires plus 20 000 salariés d'associations entièrement financés par la Ville. 75 000 personnes pour gérer une ville de 2 000,0000 d'habitants, alors que Tokyo se contente de 12 000 employés municipaux pour 12 000 000 d'habitants. Et Paris est devenu une porcherie repoussante, sans autre attractivité qu'un tourisme qui se dérobe du fait des attentats et de l'état lamentable de la ville.
Plus généralement, l'emploi nouveau se concentre sur les lieux de retraite agréables d'un côté, et les grandes villes universitaires de l'autre. Certaines villes de province ne vivent plus que des activités financées par l'argent public. Limoges et surtout Vienne, visitée récemment, sont typiques d'une évolution extrêmement dangereuse. Si l'Etat fait face, comme en Grèce à une asphyxie financière, ces villes seront étranglées. Et, on en trouve désormais des dizaines.
Il est normal que le conflit entre Fillon et Juppé se cristallise sur la question des effectifs de la fonction publique. Fillon devrait profiter du ralliement de Bruno Le Maire pour annoncer dès aujourd'hui la séparation de la politique et de la haute fonction publique en proposant comme nous le demandons depuis 20 ans que nul ne puisse recevoir deux rémunérations de l'Etat et qu'on ne puisse pas être élu dans une assemblée qui fixe votre rémunération et vos conditions d'emplois. L'intégration de la fonction publique dans la sécurité sociale normale est indispensable. On sait que les hauts fonctionnaires ont commencé sous Pétain à construire un système pour les autres en évitant soigneusement d'en faire partie. Il faut ajouter la suppression du statut d'emploi à vie, sauf pour des catégories très spéciales de hauts fonctionnaires dont l'emploi doit être protégé des alternances brutales, en gros la catégorie A + . Dans ce moignon résiduel, il faut réduire drastiquement le nombre des statuts différents. On doit également empêcher la cogestion des ministères par les syndicats qui n'ont strictement aucune raison de définir les politiques publiques. Le droit de grève doit disparaître dans les fonctions publiques, comme cela se fait partout ailleurs. On ne peut pas à la fois donner des statuts protecteurs à des personnes à qui on confie l'Etat et leur permettre de se retourner contre l'Etat.
À partir de ce socle, il deviendrait possible de réduire le périmètre de l'Etat à des politiques publiques essentielles.
On sait que pour Juppé, qui était en communion totale d'idée avec Rocard, un tel programme est intolérable. Mais il a tort de le dire impossible. L'attrition des effectifs sous contrats d'état peut concerner plus d'un million d'équivalents temps plein. Le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux, permet, joint à une augmentation du temps de travail et à un allongement de l'âge de la retraite, d'atteindre l'objectif de réduction globale du nombre de personnes intégralement payées par l'Etat tout en assurant le nécessaire rajeunissement de la pyramide des âges de la fonction publique. Bien sûr ce sont des chiffres globaux. La pyramide des âges n'est pas la même dans toutes les parties de l'appareil d'Etat. Certains secteurs doivent être poussés d'autres réduits plus brutalement.
Cette politique est difficile, parce que la hausse de la durée de travail va entraîner des coûts à court terme élevés. Mais on oublie de dire qu'un poste de salarié à vie du secteur public implique aujourd'hui le paiement d'une retraite d'en moyenne 25 ans. 500 000 emplois publics en moins, c'est la possibilité de payer 500 000 personnes pendant 25 ans avec le même budget étatique. Comme la dette des retraites d'Etat n'est jamais évaluée et publiée officiellement, le grand public ne comprend pas que le recrutement de 2 000 000 de personnes sous contrat public a eu des effets monstrueux sur l'emploi non public, la croissance et l'endettement. Il vaut mieux avoir cinq millions de fonctionnaires travaillant un peu plus que cinq millions cinq cent mille. C'est meilleur pour la dette, c'est meilleur pour l'emploi, c'est meilleur pour la productivité globale, c'est meilleur pour le pouvoir d'achat, c'est meilleur pour réduire la pression fiscale, c'est meilleur pour la rémunération des fonctionnaires et leur avenir professionnel
Le pays peut-il continuer à être dirigée par un haut fonctionnaire lorsqu’on sait qu'il faut absolument corriger les effets pervers délétères de quarante années d'énarchie compassionnelle ?
Une fois ce problème tranché, il faudra s'attaquer aux deux grandes questions totalement absentes du débat en cours.
La première est le rôle de l'Euro dans la déréliction française. Ce sera le combat du second tour de la présidentielle. Il ne pourra pas être escamoté. Faut-il comme le disent Mme Le Pen et M. Dupont Aignan, sortir de l'Euro ? Ou peut-on se contenter de réformes plus ou moins profondes de la gestion de la zone Euro ? On trouve là un champ de réflexions considérable. Il va bien falloir en parler au fond. Le "Hourra Euro !", c'est fini.
La seconde est le rôle du système monétaire international dans la crise à un moment où les Etats-Unis prétendent avec Trump faire marcher ses alliés à la baguette et remettent eux-mêmes en cause les bases du système actuel. Il est compréhensible que les primaires de la droite et du centre aient escamoté la question. Il va bien falloir, volens nolens, qu'elle se retrouve au centre de l'agora à un moment ou à un autre.
Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef, aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants, explications sur le retard français, analyses de la langueur de l'Europe, réalités de la mondialisation, les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable. Association loi 1901 |
Trois choses m'ont frappé :
- Le thème central de Fillon est clairement celui du "redressement". Sa percée est donc encourageante en ce qu'elle suggère que ce thème est désormais porteur. Les illusions faciles se seraient-elles finalement fracassées sur une réalité tenace ?
- Fillon est plus avancé et précis dans le diagnostic que Juppé (ce n'est pas très difficile...) mais son diagnostic reste incomplet, ne portant uniquement que sur les facteurs domestiques, comme vous l'avez souligné, et ignorant pour l'instant le rôle des déséquilibres européens et mondiaux dans les difficultés françaises. S'il veut faire porter tout le poids de l'ajustement nécessaire sur les facteurs domestiques sans aide provenant d'un ré-équilibrage des facteurs extérieurs, Fillon se prépare des lendemains difficiles car la potion sera vite trop amère et trop peu efficace. Par ailleurs, il laisserait ce flanc ouvert au FN. C'est peut être bonne tactique que de garder ces thèmes pour les étapes suivantes de la campagne. Nous verrons bien.
- La pathétique nullité des journalistes, ne parvenant jamais à s'élever au-dessus du rôle de groupies au service de tous les épouvantails sociétaux convenus, sans aucun lien avec les enjeux majeurs et les intérêts supérieurs du pays.
Fillon refuse ce genre de soumission à la pression germanopratine. Et il a forcé son image pour bien montrer que sa politique serait sans concession. Comme le centrisme est largement l'héritier du MRP catho, l'accentuation des thèmes "sartrois" lui a acquis la clientèle de l'Ouest, terre du socialisme mou et du catholicisme centriste.
Il sait que la gauche des médias et celle des réseaux voient leur survie dans l'hystérisation des attaques personnelles, les dénigrements en meute, le travestissement permanent et la diabolisation générale. Que vous fassiez une petite réforme ou une grande réforme, l'hystérie et le dénigrement sont de même intensité. La désinformation est la même. Autant en faire de grandes.
L'erreur de Juppé est d'avoir voulu déclencher lui même la campagne haineuse de la gauche subventionnée en se lançant dans des accusations hors de propos. Et on a vu aussitôt les trompettes de Jericho sonner l'enterrement de Fillon sous les injures : fasciste, pétainiste, homophobe, parangon de la France moisie, catho intégriste voulant revenir sur l'avortement et même la pilule ; "Marine le Pen en vrai" ; réac de chez réac ; "pédé comme Philippot mais côté actif" ; etc. On se rappelle que lorsque Thatcher est décédée, on pouvait compter les Thatcher salope par dizaines de milliers sous Google. The bitch is dead chantait la gauche anglaise.
C'est le paradoxe : la gauche anciennement humaniste, depuis qu'elle a été subvertie par le socialisme, est devenue hystérique et se contente du dénigrement en groupe. Le contraire de ce qu'elle voulait être : l'expression des lumières et la fille de la raison. Lorsqu'elle vient au pouvoir, en réaction à une récession économique provoquée par le système déficient qui nous enfonce depuis 1971, ils n'ont pas de politique. Hollande a même innové en France en faisant partir les campagnes d'injures ciblées de son propre bureau ! Après les "cadeaux au peuple", le sacre des minorités agissantes et les amusement fanatiques, arrive le temps du chômage de masse, des comptes dégradés, des attentats et on ne compte plus que les divisions, chacun cherchant à sortir la queue du tiroir avant le désastre électoral.
Fillon a compris, comme premier Ministre, qu'un président ne peut pas prôner la rupture et ne pas la faire par volonté de se gagner les faveurs de la gauche socialiste germanopratine. Son mantra : on ne ruse plus. On affirme ce que l'on est qui est légitime. Et on fonce.
Le risque, comme pour Thatcher, est d'aller trop loin. La poll tax l'a tuée politiquement. La non couverture du petit risque est un pas trop loin en l'état des mentalités.
L'autre risque est en effet qu'il ne comprenne pas qu'on ne peut pas convaincre les plus grandes masses de supporter des sacrifices pour un système qui lui-même est nocif. Il doit absolument ajouter à sa démarche que les sacrifices demandées ont aussi pour objet de se mettre en position d'obtenir les réformes nécessaires en Europe et dans le monde. Il le fait un peu en se démarquant des Etats-Unis et en prônant un gouvernement économique de la zone euro distinct de la Commission Européenne. Pour la primaire, plus de précision n'est pas nécessaire. Il lui fallait écarter Sarkozy puis aujourd'hui Juppé. Mais pour la vraie présidentielle, s'il perce dimanche, il ne pourra pas éluder.
En tout cas, il se passe quelque chose en France.
Les élites que vous décrivez sont toutes contre cette mondialisation, car ils perdent des impôts !!!
Ce n'est pas cette mondialisation et libéralisation qui ruine les classes moyennes et populaires des pays de l'OCDE, ce n'est pas la faute aux délocalisations, c'est leurs états qui les ruinent à coup d'impôts et de règlement !!!
Ouvrez les yeux, sortez de vos œillères étatiques !!!
Le niveau de vie de la planète a drastiquement augmenté ces dernières années, grâce à cette mondialisation !!!
c'est un fait imparable ...
Et ce n'est pas dû aux Etats, ni aux règles des états, mais à la Liberté.
Si le système était déficient depuis 1971, il devrait enfoncer tout le monde et pas que la France ?
Or, et les faits économiques sont catégoriques :
depuis 1971, des zones du monde connaissent de la croissance économique, malgré la manipulation constante des monnaies par les gouvernements : les USA sous Reagan, la GB sous Tchatcher, l'Australie, la NZ, la suède après 1992, la Norvège, la suisse, Hong Kong, Singapour, etc etc etc ...
Curieusement, le point commun à toutes ces croissances, c'est plus de liberté et moins d'état.
L'état, ce n'est pas la solution, l'état, c'est le problème.
Même si nous étions encore sous le régime de Bretton woods, la France s'enfoncerait sous le poids des impôts et des réglementations.
L'URSS a vécu un marasme économique sans crise ni cycle même sous bretton woods, preuve que l'intervention étatique est encore plus nuisible pour un pays quand elle porte sur les impots et les lois que sur la monnaie.
Et on ne peut pas compter sur ceux qui nous ont mis dedans pour nous en sortir, un état est par nature vicié, et ne peut servir que pour faire la guerre ...
Oui, la mondialisation a permis de réduire les inégalités entre pays, ce qui est en effet une excellente nouvelle. Mais, dans les conditions de déséquilibre de balances commerciales et de balances en emplois dans lesquelles la mondialisation s'est faite, le prix à payer pour la réduction des inégalités entre pays fut une nette aggravation des inégalités à l'intérieur des pays, ainsi qu'une forte hausse de l'endettement global pour financer ces déséquilibres. Cela n'était aucunement nécessaire et il était (et il reste) tout à fait possible de garder la mondialisation en la ré-équilibrant de façon à en garder les bénéfices tout en en évitant les inconvénients. C'est bien de cela dont il s'agit. Car il est visible que ce prix à payer est désormais perçu comme trop onéreux dans de nombreux pays développés. Ce qui veut dire que le développement économique des pays pauvres est désormais à risque de s'interrompre s'il dépend disproportionnellement d'excédents extérieurs, comme c'est le cas de la Chine par exemple. Il est en effet possible que le "miracle économique" de la Chine communiste s'achève aussi brutalement que s'est achevé le "miracle économique" soviétique à la fin des années 1960s.
Par ailleurs, s'il est parfaitement exact que les pays que vous mentionnez sont (furent? pour certains) des pays de liberté, il n'en demeure pas moins qu'une autre de leur caractéristique commune est une forte hausse de l'endettement privé (et public dans les cas où les bails-out sont passés par là) relativement au PIB. Il ne faut pas confondre "croissance économique" qui est une hausse du PIB et "destruction de valeur" qui est une hausse de PIB tendanciellement inférieure à la hausse de la dette. Une confusion qu'il est très rare de voir les libéraux économiquement cultivés commettre.
Et enfin, oui, c'est un fait historiquement avéré que le socialisme étatique a donné de mauvais résultats économiques et sociaux partout où il a été appliqué. La situation des pays qui se sont engagés dans cette voie en a été certainement aggravée. C'est en effet le cas de la France.
"Et on ne peut pas compter sur ceux qui nous ont mis dedans pour nous en sortir, un état est par nature vicié, et ne peut servir que pour faire la guerre ... "
Pensez vous que ce sont les socialistes qui ont appuyés pour les changes flottant ou l'école libérale de Chicago ? Avec Fillon ont a de bonnes intentions mais dans un mauvais contexte et cela risque de finir en déroute, quand à faire la guerre il vaut mieux apprendre à s'en protéger :)
Jean-Marc
vous n'avez pas lu ou pas compris mon post : la hausse des inégalités n'est pas dû à la mondialisation, mais aux politiques fiscales et réglementaires des états qui empêchent l'adaptation des classes moyennes.
La hausse de l'endettement privé et public vient de la manipulation monétaire (ici les taux d'intérêts) qui pousse à la hausse des crédits privés et publics.
Dans tous les pays que j'ai évoqué et aux périodes évoquées, la hausse du PIB était supérieure à la hausse de la dette, je ne commets pas de confusion.
Enfin, la croissance économique, ce n'est pas la hausse du PIB stricto sensu. Vous produisez 100 aujourd'hui en étant 100, si demain vous produisez 150 en étant 200, vous aurez eu une hausse du PIB, mais en fait une baisse par individu.
La croissance économique, c'est la hausse de la productivité marginale, seulement possible par accumulation de capital matériel et immatériel et grâce à la liberté, socle de l'innovation.
bien cordialement,
Depuis quand avons nous des changes flottants ???
Depuis quand l'école monétariste de Chicago prône les changes flottants ?
Le monétarisme, ce n'est pas du libéralisme, et ce n'est pas les changes flottants.
Ceux qui veulent des monnaies administrativement dirigées (cad orientées par les banques centrales), ce sont les étatistes, et ce n'est pas du change flottant, encore une fois.
Au moins depuis Milton Friedman qui déclare que la monnaie est une marchandise comme les autres dont le prix se fixe par la loi de l'offre et de la demande. Sur un marché libre les prix sont nécessairement flottants. Donc oui, l'Ecole de Chicago, sauf erreur, est à fond dans les changes flottants.
J'ai bien lu et bien compris votre post et puis affirmer en connaissance de cause qu'il est factuellement incorrect.
La mondialisation, dans le cadre déséquilibré dans lequel elle a pris place, a permis à énormément d'entreprises multinationales (suivies de leurs cortèges de fournisseurs) d'arbitrer les coûts unitaires du travail au niveau mondial et de conserver une part importante de ce différentiel dans leurs profits. Les cadres supérieurs desdites entreprises dont la part variable de la rémunération est importante et indexée sur les profits ont vu leur rémunération augmenter en termes réels. Le gros des effectifs dans les pays développés (c'est à dire du mauvais côté de l'arbitrage salarial) n'a pu que se contenter de la modération salariale. Leurs revenus ont stagné en termes réels et un certain nombre d'entre eux ont perdu leurs emplois. L'échelle des rémunérations s'est donc bel et bien ouverte dans les pays développés. Je ne parle pas seulement des délocalisations d'usines existantes mais aussi et surtout des nouvelles decisions d'investissement qui se sont directement portées sur les pays low costs et pour lesquelles les pays développés n'ont jamais été considérés (il y a ce qui se voit et ce qui ne se voit pas, comme vous le savez...). Par exemple, j'ai en ce moment même sous les yeux une présentation d'une entreprise industrielle européenne expliquant que sa nouvelle usine au Mexique servira en grande partie le marché américain dans la catégorie premium du produit concerné. Pourtant, il n'a jamais été question de localiser cette usine directement aux États-Unis. Clairement, une telle décision est favorable aux ouvriers mexicains, défavorable aux ouvriers américains, neutre pour les clients finaux américains de l'entreprise (les produits fabriqués au Mexique sont vendus à des prix similaires aux produits équivalents fabriqués aux États-Unis) et favorable aux dirigeants et actionnaires de cette entreprise qui voit ses marges augmenter. Cette decision contribué donc à faire baisser les inégalités entre le Mexique et les États-Unis en même temps qu'elle fait augmenter les inégalités aux États-Unis entre ouvriers et dirigeants. Il se trouve que des décisions de ce genre ont été prises un nombre incalculable de fois ces dernières décennies dans tous les secteurs de l'économie mondiale.
Si par "politiques réglementaires qui empêchent l'adaptation des classes moyennes" dans les pays développés vous voulez parler du manque de flexibilité des salaires, de combien croyez vous qu'il faille ajuster le coût unitaire du travail aux États-Unis (coût horaire toutes charges comprises) par rapport au Mexique pour rendre neutre la décision de localisation de sa nouvelle usine par la société industrielle de notre exemple ci-dessus ? De combien faudrait-il les ajuster pour rendre une implantation aux États-Unis clairement plus attractive ?
La hausse de l'endettement vient bien en partie de la manipulation des taux d'intérêt, mais pas seulement et même pas essentiellement. Reprenez l'exemple d'arbitrage salarial cité ci-dessus (qui est un exemple réel) et multipliez le à tous les produits dans tous les coins et recoins de l'économie mondiale. Vous aboutissez à une baisse de la part des salaires et une hausse de la part des profits dans la valeur ajoutée mondiale, tendances parfaitement visibles dans la valeur ajoutée des 2000 entreprises multinationales constitutives du MSCI World, par exemple. Dans ces conditions, pour que la masse salariale mondiale puisse continuer d'acheter la production mondiale sans baisse de prix, le système doit nécessairement s'endetter. Il n'y a tout simplement pas d'autres possibilités. La manipulation des taux d'intérêt par les autorités monétaires n'a fait qu'accomoder ce phénomène, la capacité d'endettement étant d'autant plus grande que les taux d'intérêt sont faibles. La baisse de la part du travail dans la valeur ajoutée mondiale est le phénomène prépondérant ayant rendu nécessaire la hausse de l'endettement mondial, la création monétaire n'étant que son corolaire inévitable.
Sous Reagan (Janvier 1981 - Janvier 1989), la dette totale des États-Unis est passée de 163% à 228% du PIB entre le 31/12/1980 et le 31/12/1988. Il y a donc bien confusion. Si les États-Unis n'avait pu utiliser leur capacité d'endettement (augmentée par la baisse tendancielle des taux d'intérêt depuis 1982) jusqu'à la saturer en 2008, toute croissance économique aurait été impossible. La dette totale des États-Unis est aujourd'hui de 348% du PIB...
Vous avez raison sur le rôle prépondérant de l'accumulation du capital dans la croissance économique. Cependant, toute accumulation profitable du capital par le secteur de la production implique un certain rendement sur capitaux investis. Rendement qui dépend directement des débouchés permettant d'absorber le surcroît de production généré par le surcroît de capital. Débouchés qui dépendent in fine de la distribution des revenus et / ou de la capacité d'endettement du secteur de la consommation. Si la distribution de richesses se concentre proportionnellement dans le secteur de la production du fait d'une hausse de la part des profits dans la valeur ajoutée, autrement dit si les inégalités augmentent trop, on aboutit à une demande moindre en provenance du secteur de la consommation, ce qui empêche le rendement espéré du capital de se matérialiser. C'est d'ailleurs ce que l'on a observé : tous les secteurs qui ont fortement investi (accumulé du capital) ces derniers 10 ans en pariant sur des demandes fortes (immobilier résidentiel aux US, secteur minier, pétrolier et maritime au niveau mondial, etc) ont tous vu leur rentabilité des capitaux investis s'effondrer. La mondialisation déséquilibrée a ainsi introduit une brèche empêchant la production et la consommation mondiale d'avancer en tandem, brèche temporairement comblée par la hausse de l'endettement global relativement au revenu mondial. Situation particulièrement instable et dangereuse. L'intérêt des capitalistes est bien sûr de résoudre cette situation sur base relative par une hausse de la demande mondiale et un désendettement relatif permis par une hausse de la part du travail dans la valeur ajoutée mondiale, et ce afin d'empêcher une résolution par l'effondrement des profits et des encours de dette sur base absolue. C'est tout l'enjeu du ré-équilibrage du système commercial et monétaire international prôné par Monsieur Dufau.