La réforme fondamentale (fin)

Appliquer automatiquement la légalité internationale

Il nous est parfois reproché d’avoir des idées bizarres et hétérodoxes. En vérité nos thèses n’ont strictement rien de singulier puisqu’elles sont totalement conformes à la légalité internationale telle que définie dans les statuts du FMI, un point que nous avons amplement développé sur ce site et dans notre livre « l’Étrange Désastre ». Il est intéressant de noter qu’elle est également totalement conforme à la légalité européenne qui a fait l’objet d’amples révisions depuis le traité de Maastricht et notamment depuis la crise des taux d’intérêt du début des années 2010.

Malheureusement peu d’hommes politiques et encore moins de journalistes, et si peu d’économistes, ont compris l’importance autant conceptuelle que politique du mal nommé « six-pack », paquet de six mesures législatives visant à renforcer la gouvernance économique, qui est entrée en vigueur le 13 décembre 2011 presque 6 ans déjà.

Cette législation introduisait le concept de déséquilibre macroéconomique néfaste, notamment en matière de balance interne des paiements, et divers mécanismes d’alerte et de correction. Comme en matière budgétaire, il devenait possible de lancer une procédure pour déficit excessif. Des sanctions financières, décidées à la majorité qualifiée inversée, peuvent être infligées.

Tous les contempteurs de l’Union Européenne se sont acharnés sur les efforts menés notamment par la Commission pour mettre en œuvre ce droit nouveau d’appréciation des politiques macroéconomiques qui liquide le droit pour les pays membres de conduire des politiques hostiles par leurs résultats à la prospérité des autres. Alors que c’est le seul chemin raisonnable, le coût de sortie de l’Euro étant extravagant pour tous.

Ce que nous proposons, c’est de sortir des procédures, des rapports, des discussions, des votes au Parlement Européens et autres fariboles institutionnelles qui certes donnent du grain à moudre à de nombreux experts et fonctionnaires mais n’ont strictement aucune efficacité.

Depuis la date de mise en œuvre du six-pack l’Allemagne a été constamment en défaut gravissime par rapport à la règle et les déséquilibres se sont aggravés.

« Christine Lagarde, a estimé que l'excédent commercial de l'Allemagne pourrait être insupportable pour ses voisins de la zone euro, dans une interview publiée lundi par le quotidien économique Financial Times (FT). »

Non, ce n’est pas un propos tenu récemment par la Directrice du FMI, mais une déclaration du 18 février 2010 de la ministre française des Finances !

Rien n’a changé et la voilà qui déclare, hier au Figaro : « Les pays qui ont de très forts excédents devraient chercher à les réduire ». Évidemment, elle gâche ce bon début en expliquant que l’Allemagne devrait se contenter d’un excédent de 4 % au lieu de 8 %. 4 %, c’est beaucoup trop. On le voit immédiatement si on note que ce taux implique un déficit de 4 %, intenable, en contrepartie, ailleurs dans le monde et notamment en Europe.

Il est vrai que les résultats Allemands 2 016 sont extravagants, comme nous l’avons déjà signalé sur ce site. « L'excédent des comptes courants allemands à 297 milliards de dollars (278 milliards d'euros), dépasse celui de la Chine pour devenir le plus élevé au monde », a déclaré lundi l'institut d'études économiques munichois IFO. Un tel montant équivaudrait à 8,6 % du produit intérieur brut (PIB) et dépasserait donc largement le plafond de 6 % recommandé par la Commission européenne. En 2015, l'excédent courant allemand avait représenté 271 milliards de dollars.

Ils commencent à valoir des réactions très vives de la part… des États-Unis, ce qui a un impact beaucoup plus sérieux sur les Allemands que les propos des Européens et de Mme Lagarde. Une étude publiée ce jeudi par l’institut GfK indique que le moral des ménages allemands a chuté à son plus bas niveau en quatre mois. Le moral des consommateurs a pâti de la politique du nouveau président américain, assure l’analyste Rolf Bürkl, de GFK Market Research : “Le protectionnisme représente un problème pour ceux qui travaillent dans les industries exportatrices allemandes, cela crée de l’incertitude. Certaines personnes peuvent commencer à s’inquiéter quant à la pérennité de leur emploi “ (cité dans Le Parisien).

Il ne faut pas attendre des autorités allemandes le moindre changement d’attitude et la chance d’une procédure pour excédents excessifs est peu envisageable dans le climat électoral actuel.

Nous pensons que le seul moyen de progresser est de rendre automatique les prélèvements sur les excédents excessifs. Plus de palabres. Plus d’échappatoires.

Une telle mesure ôtera toute validité aux prétentions américaines d’exiger des autres de limiter leurs propres déficits qui sont liés exclusivement au rôle du dollar et à leurs propres politiques mondiales.

Une fois mise en œuvre en Europe, la solution pourra être envisagée à l’échelle du monde soit par contagion, l’Europe exigeant pour commercer avec elle l’emploi de l’Euro ou d’une monnaie dont la valeur d'échange est fixe et garantie vis-à-vis de l’Euro et l’application des mêmes règles en cas d’excédents majeurs. À terme il deviendra plus facile de forcer le retour aux règles statutaires du FMI, avec un même mécanisme de sanctions automatiques des déficits et des excédents excessifs.

Le monde pourra retrouver une croissance du type de celle des Trente Glorieuses.

Faire valoir cette conception est le combat du Cercle des économistes e-toile qui est prêt à ouvrir ce site à toutes les contributions allant dans ce sens (envoyer vos contributions à info@e-toile.fr)

 

Didier Dufau, président de l’association française du Cercle des Économistes E-toile.

Commentaire
stéphane's Gravatar Bonjour Monsieur DUFAU,

Votre erreur économique fondamentale, répétée ab nauseam à longueur d'année dans ce blog est de croire à 2 évidences qui ne sont que des prémisses économiques faux :

- Croire que manipuler la monnaie, "en bien" ou "en mal", peut créer de la croissance économique (elle en peut que la détruire),

- Croire qu'un état ou une organisation internationale peut être efficace et bien gérée, en affirmant que ce sont ces organisations qui nous ont mis dans la panade, mais que si elles étaient efficaces, alors tout marcherait bien.

Un état ne peut pas être efficace, cf l'école des choix publics de Buchanan.

Croire que la monnaie bien gérée, cad non gérée par l'état mais par le marché (ce qu'est l'étalon or, sosu bretton woods) peut créer de la croissance économique avec les conditions actuelles, comme sous les trente glorieuses.

C'est oublier que les 30 glorieuses ne l'ont pas été pour les britanniques, victimes d'une politique socialiste délirante.

Et même si maintenant la monnaie était bien gérée, la France socialiste continuera de s'effondrer, peut-être même encore plus vite.

Le socialisme, ça ne marche pas, la manipulation de monnaie ne crée pas de richesses.

Bien cordialement,

Stéphane
# Posté par stéphane | 21/04/17 12:32
DvD's Gravatar Le livre de Monsieur Dufau "L'Etrange Désastre - le saccage de la prospérité" est pourtant très clair sur les points soulevés par Stéphane. La longue stagnation économique française est attribuée (1) à l'hystérie fiscale française, (2) au défaut de coordination effective au sein de la zone euro et (3) au système commercial et monétaire international déséquilibré qui fait enfler la dette relative globale, ces trois effets se conjuguant et se cumulant dans le cas de la France.

La part de responsabilité du socialisme dans la situation française est donc bien identifiée et expliquée.

Par ailleurs, il n'est dit nul part que la manipulation de la monnaie suffit à elle seule à fabriquer de la croissance. Ce qui est dit c'est que, pour avoir une chance d'être mutuellement bénéfique et de favoriser la prospérité générale d'un monde ouvert, le libre échange doit rester équilibré, ce qui passe par les taux de change. Pour l'avoir oublié ou pas compris, la majorité des libéraux ont conduit à la situation actuelle où le libre-échange est de plus en plus rejeté, intra-zone Euro et globalement. C'est l'inverse du résultat recherché.

Quant à croire que des États peuvent être plus ou moins bien gérés, et bien ce n'est nullement une affaire de croyance mais une simple donnée de l'observation que certains États sont en effet mieux gérés que d'autres.

Déséquilibres internes et externes sont inextricablement liés dans un même système économique, on ne peut pas les traiter comme si c'étaient deux éléments séparés.
# Posté par DvD | 22/04/17 10:01
Stéphane's Gravatar @ DvD :

Mr Dufau insiste pourtant plus sur les déséquilibres liées aux monnaies trafiquées pour relancer la prospérité mondiale que sur la fin du socialisme étatique.

Hors, et les faits sont là, implacables (USA sous Reagan, GB sous Tchatcher, Suède post 1992, NZ et Australie des années 80, Canada des années 90), la prospérité revient bien plus vite si on met fin au socialisme, même dans un monde monétaire imparfait (même si Reagan et Tchatcher avaient bien géré leur monnaie, cad avaient simplement arrêté de la manipuler !!!).

Mais le marché des monnaies comme n'importe quel marché est équilibré par nature, et se syntonise à chaque échange pour s'adapter immédiatement sans faire apparaître de déséquilibres.

Vous voulez des échanges mondiaux équilibrés ? laissez faire le marché !

Une balance des paiements déséquilibrée ? c'est une vision absurde des échanges : un pays riche n'échangeant qu'avec des pays pauvres aura forcément une balance des paiements et même des échanges déséquilibrée, il achètera plus aux pays pauvres qu'il ne leur vendra, c'est bien normal, et tout le monde s'enrichira.

Pour finir, certains états sont moins mal gérés que d'autres, mais pour savoir réellement, il faudrait comparer avec un état où le gouvernement n'intervient pas dans la vie économique ou le moins possible.

Dire qu'un gouvernement gère bien parce qu'il n'intervient pas est une réduction peu logique.

Cela ne veut pas dire qu'un état bon gestionnaire est possible.

Le seul bon gouvernement est celui qui s'abstient. Dès qu'il intervient c'est obligatoirement une catastrophe.
# Posté par Stéphane | 24/04/17 15:41
DvD's Gravatar Stéphane,
Faudrait savoir : soit les US sous Reagan, la GB sous Thatcher (elle avait effectivement la tchatche...), la Suède depuis 1992 (une des plus belles, sinon la plus belle bulle immobilière résidentielle de la planète en ce moment...), la NZ et l'Australie des années 1980 sont des États qui ont bien ou mieux géré ; soit un État bien géré est impossible.
# Posté par DvD | 24/04/17 22:55
DD's Gravatar @Stephane
On peut avoir une vision entièrement micro-économique de l'économie et considérer que la seule efficacité économique véritable ne serait possible que si les structures de production étaient dans l'idéal walraso parétien.
L'ennui : le monde n'est pas walraso parétien, ne l'a jamais été et ne le sera probablement jamais.
- La monnaie, historiquement, se crée non pas sous l'action des commerçants mais au "carrefour du sabre et du goupillon" et ses premiers utilisateurs seront "le soldat et la putain" . Elle servira d'abord à faire la guerre.
- L'économie politique naît des consignes d'observateurs aux rois pour leur rappeler que la monnaie n'est pas la richesse et que les manipulations aux quels ils se livrent sont vaines. A quoi les princes répondent : le mercantilisme nous fournit l'argent nécessaire à nos guerres.
- L'expansion du capitalisme s'accompagne de crise de crédits extrêmement graves qui imposent aux Etats d'intervenir et les guerres entre nations ont des effets de masse sur la production des richesses et l'inflation de monnaies de papier. Les deux types de crises se mélangent allégrement depuis toujours mais particulièrement depuis 14-18.
- Des Etats, comme la France, dépensent autant que la production de son système capitaliste, avec des dettes monétaires globales de plus de 400% de la production.
- D'énormes entreprises mondialisées ont des liquidités plus importantes que le PIB de certains Etats et parviennent à ne payer aucun impôt. Ils ont un poids qui dépassent à quelques uns le quantum d'action des institutions économiques internationales.
- Les Etats-Unis ont gagné la guerre contre le socialisme grâce au dollar et une inflation débridée de ce moyen de paiement. Comme Philippe, quelques siècles avant JC.
- Les banques américaines sont désormais les seules à dominer le monde grâce aux amendes imposées à celles des autres pays.
Nous ne sommes donc pas dans un monde gentiment walraso parétien. On peut s’intéresser aux meilleures conditions de production de microbiques entités fonctionnant librement dans un environnement entièrement libre. C'est un exercice intellectuel.
Mais il ne correspond à rien dans le monde réel où s'agitent des monstres au quantum d'action impressionnant et qui l'utilisent.
L'économie politique a toujours été préoccupée par cette question centrale : comment apprivoiser des monstres. Vous n'avez pas tort de dire que ce sont des monstres et que s'ils n'existaient pas la vie serait sans doute extatique.

Mais ils sont là et pour le moment ils entraînent le monde dans la crise permanente et la stagnation non coopérative. Donc la question du fouet et du tabouret du dompteur se pose. Et donc notre réflexion.
# Posté par DD | 25/04/17 11:37
stephane's Gravatar NZ en 1985, Australie, USA sous Reagan, GB sous Tchatcher sont des états mieux gérés que sous l'influence socialiste.

De là à affirmer qu'ils sont bien gérés, il y a un pas que je ne franchira pas : cf leurs déficits pendant cette période ...

Quand à la monnaie, elle n'est pas créée par l'état, mais par le marché, c'est un vieux débat, réglé comme bien d'autres par Ludwig Von Mises, le plus grand économistes de tous les temps :

Par Jörg Guido Hülsmann.

Comme nous l’avons vu ici et là, Ludwig von Mises a réfléchi sur la nature de la monnaie. Premièrement, il a commencé par hiérarchiser ses fonctions (à savoir : moyen d’échange, réserve de valeur, et unité de compte). Deuxièmement, il a clairement distingué la monnaie et les « substituts monétaires ». Troisièmement, il a établi qu’on ne pouvait pas quantifier ou chiffrer la satisfaction et attribuer une valeur constante à la monnaie.

Mises a démontré qu’il n’existe aucune relation quantitative constante entre l’action humaine et ses répercussions dans la sphère sociale. Par exemple, une augmentation de la demande de pommes doit nécessairement mener à des prix plus élevés que si la demande était restée stable, mais il n’existe aucune loi universelle permettant de déterminer qu’une hausse de 10 % de la demande doit entraîner une hausse des prix de par exemple 8 % ou 14 %. Les données réelles dépendront toujours des circonstances particulières liées à chaque situation.




Contre les chartalistes

Quatrièmement, Mises s’est attaqué de façon plus directe que Carl Menger aux affirmations des chartalistes, partisans d’une vision étatiste de la monnaie. Alors que Menger pensait que la monnaie pouvait émerger spontanément sur un marché libre, les économistes étatistes affirmaient que la monnaie était une création de l’État.

Ce débat peut être retracé jusqu’au temps de Platon et d’Aristote. Il a continué de faire rage à travers tout le Moyen-Âge, et un consensus fut trouvé temporairement par les économistes de l’école classique qui défendaient un point de vue similaire à celui de Menger. Mais à la fin du XIXe siècle, les étatistes ont fait leur grand retour et ont contre-attaqué. Cernuschi en France, Neupauer en Autriche et Lexis en Allemagne ont réaffirmé l’idée que c’est à l’État de décider de ce qui doit être utilisé comme monnaie1.

La monnaie et l’État

Le plus célèbre défenseur de cette vision était Georg Knapp (celui-là même qui fut pionnier dans l’étude des lois germaniques en tant que force de libération des paysans d’Europe de l’est).

Dans son ouvrage intitulé Staatliche Theorie des Geldes (Théorie étatique de la monnaie), Georg Knapp défendait l’idée que la monnaie est une création issue du système juridique et que par conséquent la théorie monétaire doit être étudiée en tant que branche de l’histoire juridique2.




D’après Knapp, la monnaie existe par décret de l’État. Celui-ci possède le pouvoir de proclamer que telle ou telle chose est une monnaie, donnant instantanément à cette chose une valeur d’échange contre des biens et services réels. La monnaie serait donc par essence une devise proclamée par le gouvernement (charta, en latin) dotée d’un statut de moyen de paiement à cours légal3.

Les idées de Knapp ont été largement rejetées dans un premier temps4, mais ont reçu rapidement le soutien de grands banquiers5, et sa théorie a finalement rallié de nombreux sympathisants.

L’erreur fondamentale des étatistes

Après tout, sa théorie chartaliste venait compléter à la perfection la vision étatiste déjà dominante à l’époque parmi les professeurs d’économie allemands. Comme Mises l’a observé plus tard :




« L’école étatiste d’économie en Allemagne a probablement atteint son apogée avec la Théorie étatique de la monnaie de Georg Friedrich Knapp. L’émergence de cette théorie n’est pas très étonnante. Après tout, les principes sur lesquels elle est basée sont défendus depuis plusieurs siècles par les juristes, romantiques, canonistes, ainsi qu’un certain nombre de socialistes. Ce qui est plus surprenant, c’est le succès de cet ouvrage6»

L’erreur fondamentale de Knapp fut de ne pas voir que le gouvernement ne peut décréter le statut légal d’une monnaie que si celle-ci a été préalablement sélectionnée par le marché en tant que moyen contractuel de paiement des créances.

Le gouvernement ne peut déterminer qu’a posteriori ce qui doit être utilisé comme monnaie et par conséquent comme moyen de paiement. En revanche, il n’a pas la capacité d’imposer préalablement aux intervenants sur le marché un moyen d’échange pour les transactions futures :

« Seul le commerce peut transformer une simple matière première en moyen de paiement ordinaire. Ce n’est pas l’État, mais les transactions menées au quotidien par les agents économiques sur le marché, qui a permis de donner naissance à la monnaie.7 »

Article traduit avec l’autorisation du Mises Institute. Original en anglais ici
# Posté par stephane | 05/04/19 10:16
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Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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