Laurent Mauduit et les "économistes imposteurs"

Dans son dernier ouvrage Laurent Mauduit, journaliste de gauche et longtemps au Monde, analyse l'activité de certains des "experts" de l'économie que le monde de la presse écrite, radiophonique et télévisée invite prioritairement depuis des années. Ils ont tous en commun de n'avoir pas vu venir la crise et même pour plusieurs d'entre eux de l'avoir niée, quitte à se rattraper ultérieurement par des prévisions apocalyptiques.

La thèse du livre est assez simple : si ces faux gourous se sont trompés c'est d'abord parce qu'il s'agit d'affairistes, parfois même condamnés en justice pour divers délits, qui vivent le nez dans leurs intrigues de cour, un pied dans la charité, un autre dans l'expertise, la main droite dans l'argent et la main gauche dans la politique.

Ces expert sont d'abord et avant tout des stipendiés du "système" , et notamment des banques, et à ce titre ils ont d'abord une fonction de défense et illustration du système qui les nourrit et même, pour certains, qui les gavent.

L'auteur n'a pas besoin de forcer son talent pour développer sa démonstration avec Alain Minc et Jacques Attali.  Il n'a pas de mal à prouver qu'ils se sont constamment trompés et que leur affairisme a été le moteur essentiel de leurs commentaires. De toutes façon ce ne sont pas des économistes, au mieux des essayistes, plus surement des affairistes.  Ils représentent, pour Mauduit,  la fameuse "pensée unique", née de Thatcher et Reagan. Leur coloration de gauche est d'une pigmentation faible et dans la réalité ce sont, pour l'auteur les pires "néo-libéraux" qu'on puisse trouver, néo libéral étant vu non pas comme le représentant d'un courant de pensée estimable mais comme une injure.  

De Boissieu et Lorenzi, eux, sont  des économistes  professionnels. Mais ils sont devenus des économistes officiels, prêts, pour les honneurs et pour l'argent, à servir tous les maîtres qu'on voudra . Pour l'auteur Lorenzi est doublement coupable : non seulement il a sombré dans le néolibéralisme mais il fait semblant d'être de gauche avec une redoutable duplicité, travaillant au grand jour pour Hollande et en secret pour Sarkozy (ce qui a pour notre auteur tout d'une horreur apocalyptique qui exigerait qu'on se pince le nez).  Laurent Mauduit prend un malin plaisir à faire l'inventaire des "ménages" que ces deux compères multiplient  avec les grasses rémunérations qui vont avec, et en parallèle, des bêtises qu'ils ont pu dire inlassablement.  La cupidité aveugle. L'aveuglement est la marque d'une imposture scientifique. Ces deux là sont pour Mauduit des nuls qui ont profité de leur position officielle non pas pour éclairer les gouvernements et l'opinion  mais pour cautionner l'inadmissible.

Le jeu de massacre continue avec une grande partie des économistes autoproclamés ou universitaires qui accableraient les médias de leurs absences  de compétences réelles symbolisées d'abord par leur incompréhension totale des événements qui vont conduire à la crise actuelle et ensuite par leur dépendance du système financier et leurs courbettes au néolibéralisme ambiant.

Laurent Mauduit avertit que les lois Pécresse conduisent à un financement de plus en plus intime de la recherche économique par la finance qui de ce fait perdra définitivement toute pertinence, toute indépendance et même toute honnêteté scientifique.

Que tirer d'un tel livre ?

D'abord un sentiment de malaise, car fouiller ainsi l'activité des gens avec un souci accusatoire constant donne une impression de voyeurisme malsain. 

Que les Minc et les Attali gagnent beaucoup d'argent, qu'elle importance ?  Ce sont des Bellemare de l'économie, qui cumulent le "vue à la télé" et un entregent médiatico-politique dont l'aloi est certes  peu reluisant mais qui n'ont que l'importance que l'on veut bien leur accorder. Pour notre part nous ne leur avons en avons jamais accorder beaucoup.

De même c'est  faire un procès bien pauvre à un de Boissieu que d'avoir fait des "ménages"  répétés  auprès des gestionnaires de fortune. Pour avoir assisté à certaines de ses interventions, il n'y a pas de quoi crier au charron. Les boursicoteurs adorent croire ou faire croire que leur action se situe dans le cadre d'une connaissance économique sérieuse. Alors on paie des paravents choisis sur titres officiels ronflants pour dire des niaiseries. Et ils les disent très bien.  En général ils se contentent de commenter les dernières nouvelles  qui s'étalent dans la presse en faisant semblant d'être dans le secret des Dieux, mais "Chut je n'ai rien le droit de vous dire", mais pensez bien que j'éclaire de mes lumières les gestionnaires de votre argent.

Ce genre de comédie n'a strictement aucune importance. La qualité du cocktail est autrement  critique pour la satisfaction des invités. Depuis Hollande on remplace  ce genre d'économistes par des fiscalistes.  Nécessité fait loi.

Plus grave est le constat que la presse et les gouvernements font appel à ces conseillers là, dont l'incompétence économique est flagrante, au moins si onla juge sur la manière navrante dont ils ont analysé la situation économique depuis une quinzaine d'années (et parfois plus).

Ils n'ont effectivement rien vu venir. Ils se sont trompés lourdement et constamment. Ils sont aujourd'hui encore des sources largement stériles.  Nous avons sur ce blog pris à partie certains de leurs écrits au jour le jour pour démontrer à quel point il s'agissait de postures et non d'analyses économiques sérieuses. Les attitudes sont importantes en économie et l'aveuglement quand il est aussi général et aussi diffusé est un fait économique majeur.

Notre différence avec Laurent Mauduit est qu'il considère que leur erreur provient de leur inféodation plus ou moins larvée à un système qualifié de "néolibéral", dicté par leur affairisme et leur cupidité  et que la vérité ne peut venir que de prises de conscience socialistes.  Nous n'avons pas d'a priori idéologique de ce type. Nous pensons même que beaucoup de dispositifs mis en place par les socialistes ont eu des effets néfastes et sont condamnables. Les différents économistes pétitionnaires" de gauche", Gracques, atterrés , comités et collectifs divers, sont dans un jeu de rôle politique. Pas dans l'analyse économique utile.   

Si ces économistes étaient riches, beaux, pleins d'entregent, baignés par la réussite et même socialistes,  et qu'ils observaient bien la réalité économique et en faisaient une analyse juste, nous serions très contents même s'il est probable que Laurent Mauduit se pincerait le nez.

Le vrai problème est qu'ils se trompent plus qu'ils ne nous trompent. Les journalistes, et c'était le cas de Mauduit comme de tous les autres journalistes, font appel à ceux des intervenants qui présentent des "références" de sérieux : publications, références universitaires, postes officiels etc.  Si globalement la discipline économique est malade, l'expression médiatique des économistes est douteuse, même sans théorie du complot "néolibéral".

Lorsque Maurice Allais a fait une critique extrêmement juste du système,  le Monde de Mauduit a refusé de l'entendre même si les colonnes du journal lui ont été ouvertes.  L'article du Monde qui ironisait sur les conclusions de notre seul "prix Nobel",  est dans toutes les mémoires. Maurice Allais disait : "ce qui doit arriver arrive". Le Monde se moquait: "Nous voilà prévenu". Il est vrai que Jospin était au gouvernement et qu'il était inimaginable qu'on critiqua sa gestion dans les colonnes du Monde.

Une des difficultés françaises est  dans  l'énormité de la contradiction entre une classe politico médiatique où le socialisme dogmatique est incroyablement pesant (nous sommes quasiment le dernier pays où les intellectuels socialistes ont un tel poids et où les vaches sacrés du socialisme le pire sont encore choyées) dans les partis de gauche et de droite de gouvernement,  et une pratique européenne et mondiale de l'économie fondée sur le n'importe quoi général, l'absence de vraie coopération et les relations de force.

Il n'y a plus guère de sciences économiques dans un monde où les puissances ont décidé d'une foire d'empoigne générale, sans Dieu ni Maître et encore moins de rationalité économique.

Les économistes officiels ne peuvent avoir de postes et d'honneurs  que s'ils acceptent cette situation d'irrationalité. Ils deviennent au mieux des commentateurs d'une pièce dont le théâtre, l'auteur et les acteurs leur échappent. Ils prospèrent presqu'automatiquement comme la moisissure sur la confiture.

S'il fallait qu'ils observent et qu'ils analysent, ils mettraient aussitôt des bâtons dans les roues de ceux à qui ils doivent plaire.  Insurmontable !

Il faut un courage fou aujourd'hui pour remettre en cause les changes flottants et le système monétaire international, en plus de quelques connaissances techniques.  On a vu ce qu'il est advenu de Maurice Allais.  Il faudrait un talent phénoménal pour vaincre le conformisme intéressé d'une presse qui est entièrement entre les mains des banquiers et d'une classe administrativo-financière oligarchique.

De ce point de vue, Laurent Mauduit voit juste : comme nous le disons depuis des lustres l'information économique est entre dix mains,  pas plus,  en France. Et ces mains ne sont pas libres. Il montre très bien comment sont sélectionnées les nouvelles têtes qui montent dans les médias.  On ne passe pas dans les médias parce qu'on a raison ou des raisons mais parce que les réseaux le permettent ou non.  La connivence est en effet de règle.  C'est l'inconvénient d'un pays devenu petit et sans importance mondiale stratégique.  Les grands débats ont lieu aux Etats-Unis. Et encore, dans la mesure où on ne remet pas en cause le rôle du dollar roi.

La solution de Mauduit,  soutenir d'abord les thèses socialistes, n'en est pas une. Le vrai débat n'est pas entre socialisme et un néo-libéralisme plus ou moins fantasmé. Nous l'avions dit à Sorman. Nous le répétons à Mauduit, sur l'autre rive. L'important est de discerner la nature des réalités du monde et leur dynamique pour évaluer les institutions et les législations.

La crise mondiale actuelle est entièrement compréhensible  par une analyse économique non idéologique même si elle incorpore l'analyse de certains phénomènes indus de domination.  La grande question est de comprendre pourquoi cette analyse n'est pas faite par les institutions économiques qui devraient  être en pointe sur ces sujets : le FMI, l'INSEE, les instances économiques créées par le gouvernement.

L'explication par la cupidité et la connivence financière n'est pas entièrement fausse mais elle est un peu courte.  Celle par l'ignorance et la prévalence d'ambitions prudentes  l'est moins. La crise actuelle est intellectuelle et géo-politique.

Que l'on garde toujours à l'esprit les trois causes principales de nos malheurs :

1 - Le système de monnaies administratives flottantes, sous la domination du dollar roi est la source principale de la crise, causée par une montée mondiale de l'endettement global à des niveaux insoutenables.  Les faits sont impossibles à nier. La séquence explicative est totale et parfaite.  Si elle n'est pas faite en France c'est simplement parce que les gouvernements se sentent impuissants devant cette réalité et ne veulent pas que cette impuissance se voient. Et ils ne souhaitent pas avoir affaire à des économistes qui les mettent constamment devant leur propre impuissance.  Alors ils s'entourent de zombies qui feront de la chaleur mais peu de lumière. On peut appeler cela des économistes ou des clowns comme on voudra. Mais le cœur du réacteur, ici, est l'impuissance.

2 - La zone Euro est une erreur de construction majeure. Mais aucun politique ne veut  prendre la tête d'une croisade pour créer les conditions d'une zone monétaire unique orientée vers le plein emploi compte tenu de l'ampleur gigantesque des modifications à mettre en place.  Le poids de la France est devenu si faible que de toute façon les chances d'une telle politique serait faible. Ce qui n'empêche pas de l'exposer et de la défendre.

3. La France s'est perdue dans un système oligarchique ridicule dominé par une idéologie de la dépense publique et de l'hyper fiscalisation totalement aberrante. Elle a perdu en quarante ans de singerie énarchique compassionnelle, sa version propre du socialisme étatiste, plus de 7 millions d'emplois salariés et se retrouvent à brader ses trésors à l'étranger et à ruiner ses élites parce qu'il faut financer coûte que coûte un secteur public démesuré et unique au monde dans sa démesure, et une dépense publique qui dépasse la production de son secteur marchand !  Sur ce thème, Laurent Mauduit est naturellement  totalement muet !

Le seul conseil que l'on puisse  donner aux journalistes et aux organes de presse  qui ne sont pas totalement inféodés à des groupuscules et à des petites mafias affairistes conniventes, c'est de donner la parole à ceux des observateurs qui attaquent bille en tête ces trois aspects de la réalité économique.

Il faut admettre qu'ils vont avoir du mal à en trouver d'officiels. F. Hollande a remodelé son CAE en s'appuyant moins sur les petits maître controversés que dénonce Mauduit  et plus sur les universitaires.  Malheureusement aucune des personnes choisies n'a prévu la crise et n'a poursuivi d'études dans aucun des domaines cités. La nullité universitaire française en matière d'économie vient de trop loin et est bien trop ancrée pour qu'il puisse en être autrement.

La seule solution intéressante aurait été pour le Président, de revenir aux pratiques des siècles précédents : organiser des compétitions et donner des prix aux meilleures réponses aux questions fondamentales du moment.  

Cela vaudrait effectivement mieux que de donner le prix du meilleur économiste à…Michel Pébereau.  Sur ce point M. Mauduit a parfaitement raison.

Au total un livre à lire mais  avec des pincettes  pour avoir un petit aperçu du dessous des cartes, quand il n'a pas été trop fardé par l'auteur. Tout en gardant à l'esprit que la pure dénonciation peut permettre de se faire un peu d'argent mais qu'elle n'éclaire pas beaucoup.  Mieux vaut dire ce qui est faux ou contestable dans les écrits des uns et des autres, tout en proposant des solutions, que de faire des procès en intéressement sordide.  On lira la réponse de certains intéressés  à l'adresse :  http://tempsreel.nouvelobs.com/economie/20120401.OBS5185/les-economistes-sont-ils-des-imposteurs.html.

L'observation de JH  Lorenzi n'est pas totalement fausse quand il dit ne voir dans le livre de Mauduit qu' : "Attaques et amalgames haineux, produits de la répulsion quasi physique de ce journaliste pour tout économiste modéré".

Il faut bien admettre que les attaques ad hominem dont Mauduit se fait le continuateur proviennent à l'origine d'Attac, un repaire  de spécialistes du genre,  éduqués dans la grande tradition du stalinisme le plus pur.

Comme disait Willy Münzenberg, le grand génie et précurseur de la propagande politique moderne, le plus facile pour gagner dans un débat c'est de décrédibiliser l'adversaire. Même pas besoin d'idées.

On peut préférer les idées.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Commentaire
stéphane's Gravatar Est-ce que quelqu'un, sur ce site ou ailleurs en France, sait au moins ce que c'est que le "néo libéralisme" ???

Après avoir chercher et lu, je sais maintenant à quoi cela correspond, mais personne ne semble avoir compris.

Le néo libéralisme est un mouvement du libéralisme créé en 1938 par le colloque lipman. Ses différences avec le libéralisme économique ? il prône une intervention accrue de l'état !!!!!

Mais une intervention "intelligente" résumée par Friedman : bons d'éducation, protection des plus faibles, intégrations des externalités négatives, etc etc ...

Les gens comme Maudiuit qui parlent du néo libéralisme le confonde avec la loi de la jungle (ce qu'il n'est pas, il n'y a que le socialisme qui prône la loi du plus fort) et le place à un niveau plus extrème que le libéralisme du point de vue de l'interention de l'état, alors que c'est l'inverse !!!

Quelle ignorance !!!

Quand à dire que l'on a pas d' a priori idéologiques, il faut bien différencier :

le socialisme est une idéologie par nature (réflexion sur un être humain idéalisé et volonté de changer sa nature)

le libéralisme est une philosophie par nature (il ne cherche pas à changer la natrue de l'être humain).

Quand à dire que les principes ne comptent pas, seul le pragmatisme compte, on ne peut dire cela (l'école autrichienne le revendiquait pourtant).

Les droits de l'homme et la liberté sont des principes intangibles, et une étude économique correcte montrera tout le temps que toute politique sui s'y attaque est non efficace.

Car en économie humaine, ce qui est injuste est par nature inefficace économiquement (je défie quiconque de prouver le contraire)...
# Posté par stéphane | 10/12/12 16:24
DD's Gravatar Il est clair que Mauduit considère le "néolibéralisme" avec toute la morgue d'une gauche qui sait que Thatcher était une femme effroyable et Reagan un épouvantable clown et qui utilise le vocable non pas dans ses racines historiques mais comme une injure, de la même façon que les communistes appelaient Koulaks, ce qui est une injure, tout paysan propriétaire.

Il faut savoir dépasser ces enfantillages pour trouver son miel dans des écrits qui restent néanmoins informatifs sur la formation des réseaux de clientèles et d'influences autour du pouvoir.

La question de l'aveuglement et du silence des économistes officiels est une vraie question.
# Posté par DD | 10/12/12 20:59
Janus's Gravatar Vous faites beaucoup de place pour un ouvrage d'éructations et de dénonciation. Il est tout de même triste que le débat économique se soit durci au point qu'il ne s'agit plus que d'attaques personnelles. La campagne lancée par Attac avait pour but de faire place nette pour d'autres copains du pouvoir moins ancrés dans les idées qui dominent depuis la fin des années 80 au parti socialiste. Elle a réussi. En un mot "ôtes toi de là que je m'y mette".

D'accord pour dire que l'échec français et européen n'a pas été compris ni annoncé par ce que vous appelez les économistes officiels. Ce n'est pas en fouillant les poubelles qu'on en sortira. Le livre de Mauduit ne fait rien avancer.

Restons en comme vous le dites aux idées et aux analyses de la réalité. Vous faites dans ce domaine beaucoup de réflexions fondées et utiles. C'est la bonne direction.
# Posté par Janus | 12/12/12 10:42
hERAS's Gravatar La cour de la caste des banquiers-héritiers-rentiers.

A quoi sert l'économie ? Sinon à observer et comprendre les phénomènes de fonctionnement d'un groupe d’individus, que ce soit un ménage, une nation, un continent, la planète ? Cette observation n'est-elle pas utile à ceux qui sont censé gouverner, pour que nous cessions de passer le reste de l'histoire à nous entre-tuer, voire à nous détruire définitivement ?
Qualifier telle ou telle politique, de philosophie ou d'idéologie, ne sont que des mots de propagande utilisés pour donner raison à l'une ou l'autre. On peut chaque jour qualifier la politique menée par un nouveau vocable : l'ultra-rapacité, l'humanoligarchie, la respecto-liberté…. Tous ces mots ne veulent rien dire et ne servent qu'a cacher, soit son ignorance de la chose (l'économie), soit son refus de comprendre, par intérêt mesquin et égoïste, soit par bêtise crasse propre aux serviteurs zélés prêt à mourir pour leur maître sans en savoir la raison.
Mauduis dérange car il éclaire là où ou ne veut pas voir, ni regarder. Il montre la réalité de la société française, qui ne lui est pas propre, d'une nation gouvernée par une caste oligarchique entourée de serviteurs zélés, dociles et serviles, contrôlant les rouages essentiels de l'économie, les médias, les grandes administrations, les ministères, l’état. Cette caste constituée des anciennes classes dirigeantes reconstituées, de nobles, banquiers, héritiers, rentiers, commerçants, notaires, notables provinciaux, est secondée par une cour asservie et corrompue par les avantages, les privilèges et l'argent octroyés par cette caste. La particularité de cette caste dirigeante est qu'elle règne sans partage car elle a réussi à corrompre et asservir la classe intermédiaire des français qui était historiquement indépendante et constituait un contre-pouvoir. Aujourd'hui 80% des revenus de la nation sont captés par cette caste et ses serviteurs royalement défrayés. Cette corruption des esprits des classes moyennes supérieures est décrite par Laurent Mauduis en focalisant sur les économistes qui font parti de cette classe de serviteurs. Cela ne signifie pas que tous les économistes sont corrompus mais que ceux qui ont été choisi par leur docilité et leur servilité, sont seuls visibles sur les ondes et la presse contrôlée justement par cette caste. Il en est de même des dirigeants d'entreprise à la botte des actionnaires et qui font parti des principaux actionnaires, des députés, des sénateurs couverts de privilèges et d'avantages, des présidents divers et variés, des journalistes, des présentateurs...
Evidemment, cette corruption généralisée des classes dirigeantes, des élites visibles, devient de plus en plus insupportable pour le Français moyen qui ne croit plus en la démocratie, dévoyée par cette caste à son seul profit. Le mensonge permanent, à être systématiquement et perpétuellement utilisé par une propagande effrénée, ne porte plus ses fruits. Nous sommes en train de reproduire le système soviétique au profit non du peuple mais d'une caste oligarchique, qui bien sur s'effondrera comme s'est effondré le système soviétique , mais entraînera plus de dégâts car ceux qui détiennent le pouvoir détiennent aussi les richesses.
Le refus inflexible de partager les richesses est-il une idéologie ou une philosophie ? Est-ce la nature intangible de l'homme ou de la femme ? Je n'attends pas de réponse des imposteurs ni des larbins mais peut-être que Stéphane peut nous éclairer ?
# Posté par hERAS | 05/01/13 13:16
DD's Gravatar Bien que l'invite s'adresse à @stéphane, qui sera certainement heureux de ne pas être classé parmi les larbins et les imposteurs, peut-être @hEras nous permettra-t-il d'esquisser une réponse, en dépit du ton de sa supplique. Ici nous ne censurons jamais, sauf viol de la loi.

Il y a bien une "oligarchie" qui dirige en France. Elle a été renforcée par l'aller et retour des nationalisations. Merci M. Mitterrand !

Les contours que vous donnez de cette oligarchie paraissent un peu étendus. Les familles aisées ont commencé à s'exiler à partir de 1981 et le mouvement n'a jamais cessé pour finir par la brusqu'accélération actuelle.

Certaines familles d'entrepreneurs ont en effet réalisé leur fortune en liaison avec l'Etat. Elles sont très peu nombreuses. La tentative autour de Balladur et son club de petits maîtres n'a jamais été très loin. Si les entrepreneurs privés avaient le pouvoir ils ne laisseraient pas faire les taux d'imposition qu'on connait.

Il y a en France une oligarchie politico-administrative mais qui se centre autour de quelques hauts fonctionnaires et quelques grandes banques et entreprises ex nationales. Elle est largement socialiste.

Que cette "coupole" gouverne l'opinion via les médias et une cour d'économistes ou de commentateurs sous influence, c'est évident. Mais l'asphyxie de la pensée est un mécanisme beaucoup plus complexe que cela. Le milieu culturel et sous culturel est indéniablement entre les mains de "la gauche". Il y a donc une pression idéologique réelle. Et des tabous qui ne sont pas toujours ceux qu'on croit.

La dépossession étatique de tout pouvoir réel du fait de l'Europe, de la décentralisation et de la mondialisation, réduit l'exercice du pouvoir à un effondrement de la volonté plutôt qu'au complot général d'une minorité cupide.

La cupidité n'est pas l'explication de la crise actuelle. C'est une constante historique qui ne varie jamais réellement.

Le fait que l'Etat soit obligé de payer l'intérêt de ses emprunts n'est pas non plus la cause de la crise. La cause des déficits n'est pas à chercher dans les intérêts servis, même si nous partageons l'idée, qu'en cas de crise, il est possible de réduire le coût de sortie de crise en finançant directement l'Etat par la banque centrale bien que ce ne soit pas à conseiller en temps normal du fait des conséquences immédiatement inflationnistes.

Voir la société comme un ensemble de vilains, bêtes et méchants, cupides et jamais satisfaits, s'emparant en douce du pouvoir et ruinant volontairement l'Etat pour s'en mettre plein les poches, est une vision peut-être un peu courte. Qu'on puisse y croire est significatif.

En revanche l'observer et la commenter me parait nécessaire. Le livre de Mauduit de ce point de vue n'est pas condamnable : c'est pour cela que nous le commentons.

Mais gardons les pincettes !
# Posté par DD | 05/01/13 17:58
Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

Association loi 1901

  
BlogCFC was created by Raymond Camden. This blog is running version 5.9.002. Contact Blog Owner