Jour de Vérités

Il arrive toujours que la réalité se venge de ceux qui la nient, l’ignorent ou simplement ne la comprennent pas. Il suffit généralement d’attendre.

Pour Sarkozy, Hollande et Obama, l’heure de vérité  sonne avec une certaine stridence.

Pour Sarkozy, on pourrait croire l’affaire réglée depuis la perte des dernières élections. La question de l’inventaire a été éludée. Les deux candidats à la Présidence de l’UMP font des concours  à celui qui sera le plus sarkoziste. Une certaine affection lui reste acquise dans des plages assez larges de l’électorat de l’UMP.

Le rapport Gallois signe néanmoins une forme d’enterrement de première classe pour la prétention de la droite à avoir  bien géré le pays depuis 10 ans.  La dérive de la dette, de la dépense publique, de la fiscalité s’est accompagnée d’un effondrement de nos positions économiques et de notre compétitivité.  

On s’aperçoit bien qu’en l’absence de toute prise de conscience suffisante des contraintes internationales, du danger des fausses facilités de l’Euro,  et de la perte progressive de notre industrie,  nous avons eu d’abord le lamentable « ni-ni » chiraquien puis la fausse rupture de Sarkozy.

On aurait attendu traditionnellement d’une droite proche du « business », de la croissance, du respect des initiatives entrepreneuriales qu’elle mette la France en ordre de marche dans la compétition internationale.  Elle n’en a rien fait.

Comme nous n’avons cessé de l’écrire, le « trop peu trop tard » a été la règle.

Aucune des trois anomalies françaises, un secteur public hypertrophié, une économie vacancière, des prélèvements hystériques et bien trop concentrée sur l’entreprise, n’a réellement été traitée avec l’énergie nécessaire.

La RGPP était un gratouillis ridicule là où il fallait la hache de guerre. Le mille feuilles administratif n’a pas bougé sinon à la marge.

La retraite à 60 ans et les 35 heures, ainsi que le carcan de législation sociale aberrante, n’ont pas été modifiés assez tôt et assez fort. Finalement, le rapprochement entre retraite publique et retraite du privé n’est toujours pas fait, l’allongement de deux ans seulement de l’âge légal de départ à la retraite ne résout rien durablement. Et on a laissé filer la productivité et la compétitivité.   

On n’a pas osé mettre en œuvre la TVA sociale et conservé sur le travail l’essentiel du poids de notre système de sécurité sociale.

Les grandes réformes : transformation de l’ISF en tranche supplémentaire de l’IR, système unifié de retraites, avec retraite à taux plein à 67 ans, durée légale du travail à 40 heures, suppression du régime des intermittents du spectacle, restriction des facilités syndicales bloquantes, réduction de l’absentéisme du secteur public,  TVA sociale, suppression du département, limitation de la couverture socialisée du petit risque, réduction de l’économie publique à 20 au lieu de 25% du PIB, maîtrise de la dépense des régions et des municipalités,  ont été éludées pendant 10 ans,

Ces mesures auraient du être prises même si la crise mondiale ne s’était pas déclenchée. Elles devenaient absolument criantes avec la crise.

C'est ce manque de courage politique qui est devenu, aujourd’hui, criant. Le temps perdu ne se rattrape jamais.

Pour Hollande et le PS l’heure de vérité sonne aussi. Le programme électoral était totalement contraire à l’intérêt national. Il niait la crise. On prétendait donner du temps au temps et attendre la production de rapport pour « réformer en profondeur ».  Les rapports arrivent et on « ne se sent pas engagé » par leur contenu. Le matraquage fiscal des « riches » et des entreprises se voyaient comme une formidable diversion qui aurait permis de rendre heureux les masses tout en remboursant la dette et en évitant de réduire la dépense publique. On a bloqué toute l’économie et toutes les décisions d’investissements. Et pour une part désespéré le pays tout entier.  Ce dynamisme fiscal socialiste outré et ciblé doublé d’une inaction totale sur le reste du spectre de l’action gouvernementale possible, rend la suite quasiment impossible. On ne peut pas tuer l’entreprise et les entrepreneurs tout en misant sur une reprise de l’économie et des emplois « round the corner » !

On a tellement rétréci la couverture que dès qu’on la tire dans un sens on découvre le lit dans l’autre. Dette, emploi, exportations forment désormais un triangle impossible. Hollande est dans une impasse totale qui fait hurler même les économistes officiels. Aucune des mesures indispensables n’est plus possible soit pour des raisons politiques, soit pour des raisons psychologiques, soit par l’effet des contradictions majeures des politiques suivies. La France avait besoin de tout sauf de Hollande et du PS dans sa fâcheuse situation actuelle. L’impasse est totale.

Oublions un instant l’Europe, au moment même où la crise s’aggrave partout dans les pays dits du « club med’ ».  

Les agences de notation qui avaient distribué des notes totalement irréalistes à des produits financiers totalement artificiels et trompeurs, connaissent aujourd’hui même leur jour de vérité : elles devront payer pour leurs fautes d’appréciation !

Même Obama est dans la seringue. Il sera sans doute réélu mais il faudra bien qu’il explique un jour pourquoi en 5 ans, il n’y a pas eu de reprise. Et ne rien faire d’autre que ce qu’il a fait ne mènera à rien.  Il appartenait aux Etats unis de mettre fin au système des changes flottants. Ils ne l’ont pas fait. Les différentes reprises annoncées se sont trouvées chimériques et le taux de chômage est toujours historiquement élevé. Sa seule chance c’est que Romney (imitant Hollande)  ne dit pratiquement rien sur rien et notamment pas sur ce qu’il faut faire en matière de coopération économique internationale. Autant dire que ces élections américaines sont en fait des élections pour rien malgré le tapage fait en France par des médias couchés devant les Etats-Unis.  Comme Hollande les deux candidats espèrent que la reprise est « round the corner » sans n’avoir rien à faire sinon un peu de chaleur électoraliste.

Les dirigeants du monde, de droite ou de gauche, américains ou non américains, français ou européens, croient qu’il est encore possible de fonctionner avec leurs petits réflexes politiques habituels dans un système de liberté absolue des mouvements de capitaux, de prêts régulés par l’avis des agences de notation, de monnaies administratives flottantes permettant des déficits et des excédents monstrueux, de gestion de zone de monnaie unique par une norme renforcée. Ils se trompent.

Rien de tout cela n’est possible. La durée de la crise le prouve, en même temps que l’inanité des politiques menées depuis 2007. Les contradictions sont désormais nouées autour du cou des nouveaux responsables. La suite montrera que faute de dénouer les nœuds gordiens là où ils sont, les politiques fondées sur les habitudes politiciennes traditionnelles ne mèneront à rien de bon.

Les Etats-Unis seront bientôt paralysés par leurs déficits monstrueux.  Si on contraint les agences de notation à dire la vérité alors elles devront conclure à la faillite virtuelle de tout le système financier mondial.  L’Europe est en train de sombrer dans un cercle vicieux.  La France est plantée dans un mur fiscal dont les éboulis écrasent tout ce qui reste d’un peu vivant.

Le blocage est désormais presque total, presque partout.

C’est cette vérité qui s’est faite désormais jour.    

L’autre vérité qui elle se révélera plus tard est que cette situation est extrêmement dangereuse pour tout le monde et que de gros dégâts sont à venir si on ne parvient pas à surmonter les différents blocages américains, européens et français.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Commentaire
Karl Peiper's Gravatar = Le blocage français cède petit à petit. L'obligation de respecter les 3% acceptée par F. Hollande était la clef de tout. Celle de restaurer un minimum de compétivité des entreprises s'imposait également. Le double reniement du président français a certes été payé par un matraquage fiscal délirant des Français aisés qui aura des conséquences. Mais il a eu lieu et il en précéde d'autres.

= Le blocage européen tient largement à la volonté d'A. Merkel de conforter la Commission Européenne et d'en étendre les fonctions de chien de garde CONTRE les volontés populaires. L'Allemagne bloque ce qui nous parait indispensable : la création d'organes de pilotage des monnaies, des changes et de l'ensemble des aspects bugétaires et sociaux qui conditionnenet léquilibre interne de la zone Euro. Ce passage par la supra nationalité au lieu de l'inter gouvernementalité peut être jugé comme problématique. Le Président Hollande qui ne dit rien sur rien et s'absente même lorsque les mesures importantes sont prises n'a jamais exprimé son choix entre ces deux options. Le principe d'une zone Euro gérée par la norme avec un chien de garde renforcé et un abaissement des nations peut paraître à la fois problématique économiquement et dangereux politiquement.

= Les Français insiste sur la nervosité potentielle de Barak Obama réélu vis à vis de l'Europe accusée de tirer le monde entier vers le bas. Il est vrai qu'il n'a aucun interlocuteur européen face à lui pour lui demander des comptes sur la destruction d'un système concerté de développement équilibré des échanges. Défaut de conception et défaut de structure se conjugent pour mener à une impasse.

Croire qu'en corsetant les banques jusqu'à l'étouffement on pourra juguler les défauts du système monétaire international est une gageure. On ne fera qu'étouffer la reprise mondiale des affaires. Lancer un nouveau Quantitative Easing avec des banques étranglées par la législation et un désordre complet des changes n'aura pas d'effets utiles.

On aura résisté partout à un désastre attendu par des mesures ici laxistes, là d'une rigueur intenable. On continue à faire face à l'urgence. Mais tant qu'il n'y aura pas un élan concerté basé sur des règles de déficits et de stabilité des changes, on ne sortira pas de la salle de réanimation.
# Posté par Karl Peiper | 08/11/12 12:48
SD's Gravatar Cher Karl

Il est curieux de constater l'optimisme général. Pour ce qui nous concerne nous maintenons notre diagnostic général :

- La France était malade de sa pression fiscale globale. On est désormais dans le délire avec des Exit Tax pour empêcher les gens de fuir. Sous prétexte que le 0.001% des Français paient moins que les 1% s'ils utilisent toutes les ficelles, on massacre fiscalement les 5% qui font la richesse et le dynamisme de la France.

- L'Europe doublement malade d'une organisation non démocratique à la fois étouffante et laxiste pour l'Union Européenne, et d'une absence de vrai moyen de gouvernance pour la zone Euro qui la plonge dans une dynamique de déflation, voit les pouvoirs de la Coimmission s'aggraver en même temps qu'aucun des organes de gouvernance utile n'apparaît. Les changes sont toujours par exemple à l'abandon.

- L'économie mondiale est toujours aussi déséquilibrée et les Etats aussi peu coopératifs. Le commerce mondial végète. Les grands projets s'étiolent. Les mouvements de capitaux internationaux sont toujours aussi peu régulés. La peur des investisseurs est partout.

Il faut donc confirmer : sur les trois éléments de notre diagnostic général il y a ou régression ou statu quo.

Pour les Etats et notamment la France, le contresens est total. On agresse le pays fiscalement au delà de toutes limites tout en abandonant toute souveraineté à Bruxelles. Ce qui reste de puissance est employée contre les citoyens ! Et aucune réelle coopération mondiale n'est à l'ordre du jour. Un Etat qui provoque une maladie auto immune, se laisse déposséder et ne pratique aucune coopération utile au monde est une caricature d'Etat.
Sylvain
# Posté par SD | 08/11/12 16:52
letopsy's Gravatar Bonjour,

Que les symptômes français, européens et mondiaux persistent en l'absence d'une reconnaissance de vos diagnostics et de mise en oeuvre de vos thérapeutique ne prouve pas que vos diagnostics et thérapeutiques sont justes ; simplement cela ne falsifie pas vos hypothèses !

Je vous propose d'étudier une hypothèse alternative, voire altermondialiste (oui je sais que vous êtes allergiques à cette étiquette mais bon).

Cette hypothèse est intéressante pour nourrir la réflexion sur ce blog car elle fait comme vous remonter l'origine des problèmes du système économique actuel à un changement du système monétaire, changement produit dans beaucoup de pays occidentaux il y a une trentaine d'année (période d'introduction du système des changes flottants que vous critiquez, correspondant aussi au début de l'accumulation des dettes publiques, en France notamment).

L'hypothèse avancée est que tout va mal, ou tout s'aggrave très vite, depuis que la création monétaire est interdite dans beaucoup d'états et entièrement laissée au système de banques privées. On peut voir le film de propagande suivant pour plus de détails imagés:
http://www.youtube.com/watch?v=ZE8xBzcLYRs
Ou lire les articles du cercle des économistes citoyens pour plus d'arguments.

Merci de critiquer assez précisément cette hypothèse pour que le lecteur non spécialiste que je suis comprenne!

Cordialement,
# Posté par letopsy | 09/11/12 18:05
DD's Gravatar Bien d'accord avec vous : il ne suffit pas d'avoir raison, il faut en plus ne pas avoir tort !

Nous pensons avoir fait une relation nette et prouvée entre les mécanismes que nous condamnons et leurs résultats. C'est ce qui nous a permis d'annoncer la crise dès 2006 et d'en fixer le démarrage violent en septembre 2008 dès la fin 2007.

C'est aussi ce qui nous a permis de dénoncer en temps réel l'inanité des mesures prises par le G.20 en 2009. A chaque fois en disant pourquoi. Aujourd'hui beaucoup des raisonnements (et non pas des annonces) que nous avons publiés se retrouvent dans les pages des quotidiens. Les mécanismes annoncés sont devenus pour partie évidents.

Mais pas tous.

La théorie exposée dans le film cité est que c'est la substitution d'une monnaie de crédit à la monnaie banque centrale qui explique l'explosion de la dette. Cette théorie est globalement fausse même si certains éléments de détail sont vrais.

Détail vrai : les banques ne créent pas de monnaie toute seule. Sinon elles ne seraient jamais en faillite. Il leur suffirait de créer de la monnaie pour échapper à tout problème. On voit bien que ce n'est pas le cas. La monnaie de crédit n'est fonctionnelle que si elle est acceptée. Toute perte de confiance entraîne l'obligation pour l'émetteur de la convertir en monnaie banque centrale. La banque centrale n'en fournit que contre des actifs "réels", en l'occurence dont la valeur (le flux de trésorerie associé) ne dépends pas de la banque. Finalement la solidité d'un système bancaire repose sur la crédibilité des flux de trésorerie de remboursement des crédits faits.

Détail faux : la monnaie créée par la banque centrale pour financer directement l'état se retrouve dès le lendemain matin ... dans les banques. L'état paie ses fonctionnaires et ses dépenses à des particuliers ou des entreprises qui les remettent aussitôt en banque. Si la banque centrale n'a pas le pouvoir de limiter les dotations à l'état , c'est les dépenses de l'état qui fournit la liquidité des banques. On assiste alors à un double excès de crédit et une instabilité du système qui provoque de l'inflation. La création de monnaie par les déficits publics n'a en général aucune contrepartie "réelle", aucun flux de trésorerie associé dans le futur.

L'affaire se complique si on fait intervenir les changes. Dans un système de changes flottants, la possibilité pour les états de manipuler les cours simplement par leurs déficits, sans aucune concertation, rend le marché international des capitaux impossible. C'est parcequ'on a mis en place un système de changes flottants que la règle de l'indépendance des banques centrales a été adoptée. C'en est en quelque sorte le sous-produit.

En imposant un coût au crédit les concepteurs de ce système imaginait que les Etats seraient en concurrence avec le secteur privé pour des ressources rares et ne pourraient pas gravement fausser l'allocation "optimales" des ressources.

Ils ont simplement oublié que les marchés de capitaux ne sont pas de vrais marchés. Le mécanisme de gonflement de la dette ne vient pas des intérêts mais de la double hélice de crédits permises par les déficits américains et les excédents symétriques replacés auprès du trésor américain.

L'instabilité structurelle d'une économie capitaliste de crédit qui explique le cycle décennal a été renforcée. Comme nous l'avons expliqué mille fois les crises sont devenues plus dures jusqu'à ce que le niveau des dettes globales devienne intenable.

La solution n'est pas principalement de créer gratuitement de la monnaie par les déficits publics.

Elle est de revenir à un système qui interdit les doubles hélices de crédits. Donc qui se débarasse des changes flottants de monnaies administratives.

A chaque état de veiller à la stabilité globale de ses changes et de ses comptes.

Dans ce cadre, il ne peut plus y avoir gonflement indéfini des dettes globales. On peut même imaginer, dans certaines limites, un financement partiel de l'Etat en monnaie banque centrale sans verser une dime aux banques privées. L'idée en elle même n'est pas choquante en change fixe. Elle est intenable en changes flottants.

Les déficits publics ne sont qu'une composante de la dette globale : en général à peine lecinquième.

Cela n'empêche pas que les Etats sont boulimiques et ont une force interne de prélèvements constamment aggravés. Nous en avons décrit certains des mécanismes. Par exemple la croissance dans un système fiscal globalement progressif entraîne mécaniquement une hausse de la part prélevée par l'état. Cela n'a rien à voir avec les taux d'intérêt. Le cycle accélère le phénomène, l'état refusant toute perte de recettes et dépensant sans vergogne toute entrée fraîche de recettes fiscales. S'il y a en France un niveau de prélèvement qui égale, à 1.000 milliards d'Euros, la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand, ce n'est pas à cause du paiement des intérêts.

Conclusions : comme pour l'argent dette, autre film basé sur un dévoiement de mécanismes vrais vers des raisonnements faux et intéressés, le petit film n'a qu'une seule mission. Il faut justifier la dépense publique et contredire les politiques de rigueur.

Mais la vérité est en amont. C'est le système global mis en place en 73 qui est faux. Les erreurs de construction de la zone Euro ont aggravé les choses. La propension à la dépense publique française aussi.

Il faut donc agir sur les trois causes.

Et éviter les simplismes.

Persistons et signons






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# Posté par DD | 10/11/12 09:33
KP's Gravatar Pour compléter ce que dit Didier Dufau j'ajouterai qu'une zone de changes fixes impose également que la banque centrale ne verse pas directement des subventions aux Etats membres, disposition essentielle pour garantir que la hausse des prix restera inférieure à 2% par an et que les Etats ne fassent pas n'importe quoi au détriment des autres.

En vérité le seul système qui permet des souplesses plus grandes est celui des changes fixes et ajustables où chaque pays est libre de ses techniques pourvu qu'il arrive au résultat : maîtriser son change et ses balances extérieures.

Le passage en 1971 à un système de changes flottants, avec son peaufinage institutionnel en 1973 aura été une aussi grande erreur que le traité de Maastricht qui d'une certaine façon est une réponse à l'instabilité institutionnelle des changes flottants.

On en revient toujours à la même chose. Les états sont nécessaires et dangereux. Les banques centrales sosnt nécessaires et dangereuses. Les Etats et les banques centrales pilotées par les mêmes mains sont encore plus dangereuses. L'existence d'un monde multipolaire mais en voie d'intégration complique encore le schéma.

Le seul moyen de coordonner le tout sans conséquences trop fâcheuses est de donner au monde une règle de solidarité monétaire contrôlée par un gendarme, avec des Etats responsables et des banques centrales associées au travail de stabilité générale et de contrôle du système bancaire.

En donnant aux Etats la responsabilité de gérer la stabilité du change de leur monnaie en employant une palette de moyens, dont la politique monétaire mais pas seulement la politique monétaire, en coordination forcée avec les autres Etats, on crée les conditions d'une expansion rapide et saine, même si elle restera cahotique par construction, compte tenu des aléas du système de crédit.

Croire qu'un Etat pourra faire n'importe quoi et aller sans dommage aux taux de prélèvement qu'on connait en France en supprimant les intérêts de sa dette est une absurdité. En revanche il est parfaitement exact que les records d'endettement sont en partie liés à l'aggravation des crises décennales et pas seulement à la boulimie d'impôts des Etats.

Karl Peiper







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# Posté par KP | 10/11/12 10:50
SD's Gravatar De toute façon il est plus logique de considérer que les intérêts suivent le principal, la dette, que l'inverse.
# Posté par SD | 11/11/12 09:58
letopsy's Gravatar Merci pour votre réponse détaillée!
La relation de nécessité que vous soulignez entre le passage aux changes flottants et la décision politique de l'indépendance des banques centrales est intéressante, sans contredire l'idée fondamentale du film il me semble, je m'explique ci-dessous, après deux objections.

Une objection à DDufau :

En toute rigueur scientifique (cf Karl Popper), on ne peut jamais prouver que quelque chose est absolument vrai, seulement que cette hypothèse résiste à plus de tentatives de réfutation (falsification par des observations et expérimentations qui risqueraient de l'infirmer : intégration de faits nouveaux, prédictions, nouvelle technologie...) que les hypothèses concurrentes. Un bon scientifique ne cherche pas à avoir raison, il cherche à mettre en oeuvre des moyens ingénieux de réfuter ses hypothèses...Plus il y échoue, plus il renforce la valeur scientifique de son hypothèse.

Les thèses qui par nature ne peuvent être testées ne sont pas scientifiques (existence de dieu...) ; les autres thèses sont plus ou moins scientifiques selon leur degré de réfutabilité. Tout se complique bien sûr quand on sort du champ des sciences dites dures, pour entrer dans les phénomènes complexes et systémiques, où l'observation est toujours subjective et où toutes les personnes concernées ne sont pas forcément prêtes à se prêter aux expériences. Par exemple, quand donc les états seront-ils prêts à coopérer pour mettre en oeuvre une nouvelle politique de changes fixes? Sachant que même si ça marchait, que les crises et les dettes se réduisent et que la santé économique progresse, cela ne ferait que renforcer l'idée que c'est le passage au système de changes flottants qui a aggravé les choses ; mais cela pourrait n'être qu'une coïncidence, ou une corrélation accessoire d'un phénomène plus déterminant.

Bref, le caractère synchrone de plusieurs faits d’observation (passage aux changes flottants et au 100% monnaie de crédit, début de l'accumulation des dettes publiques et des crises décennales toujours plus graves) est insuffisant pour prouver que tout est la faute aux changes flottants, ou au 100% monnaie de crédit, ou aux déficits publics, ou aux méchants traders irresponsables...

Une objection à DDufau et KPeiper :

Vous semblez dire qu'une monnaie banque centrale est vouée à causer une inflation préjudiciable, voire à entraîner "les états à faire n'importe quoi au détriment des autres". Mais les choses n'avaient pas l'air si dramatiques dans l'après-guerre et jusqu'aux années 19710, vous le dites vous-mêmes régulièrement ?

De plus le film imagine une situation de monnaie 100% étatique, donc pas de phénomène de "double excès de crédit" banques+état à craindre? Pour ce qui est du problème des double hélices de crédit entre états, tout dépend de leur coopération et de leur politique de change, j'imagine.

Pour finir avec une hypothèse concurrente à la votre, encore plus globale que celle des changes flottants : tous les malheurs du monde économique ne sont-ils pas liés à une erreur logique fondamentale, qui consiste à traiter l'argent comme une marchandise, une marchandise comme les autres ? Traiter les choses et la valeur des choses au même niveau, avec les mêmes règles, correspond à l'erreur de confondre la classe et les éléments de la classe (cf Bertran Russell ou l'histoire d'Epiménide le crétois qui disait "tous les crétois sont des menteurs") et cela entraîne nécessairement des paradoxes à n'en plus finir.

Donc vendre de l'argent, via l'usure ou le change de monnaie, est peut-être le phénomène fondamental qui à mesure qu'on lui donne de la place mine la santé économique du monde... Et les changes flottants comme la monnaie 100% crédit sont des sacrés accélérateurs de ce phénomène!!!

Cordialement,
# Posté par letopsy | 14/11/12 14:36
DD's Gravatar @Letopsy

"Un bon scientifique ne cherche pas à avoir raison, il cherche à mettre en oeuvre des moyens ingénieux de réfuter ses hypothèses...Plus il y échoue, plus il renforce la valeur scientifique de son hypothèse".

Merci du conseil qui nous convient très bien. Dans l'affaire on n'a même pas besoin de s'y mettre : les gouvernants échouent de plus en plus renforçant peut être la valeur scientifique de nos analyses !

"Les thèses qui par nature ne peuvent être testées ne sont pas scientifiques".

On a testé l'hypothèse des changes fixes à de nombreuses reprises. La dernière fois cela a donné les 30 glorieuses. En revanche les changes flottants étaient une tentative sans précédent. Les résultats sont constamment aggravés avec au final une explosion. Le test en vraie grandeur est tout de même illustratif.

"le caractère synchrone de plusieurs faits d’observation (passage aux changes flottants et au 100% monnaie de crédit, début de l'accumulation des dettes publiques et des crises décennales toujours plus graves) est insuffisant pour prouver"

Ce n'est pas tant le caractère synchrone qui est un élément de preuve. Une coïncidence est vite arrivée. La preuve vient de l'analyse des causes et des effets. Est-il possible de décrire des mécanismes d'interaction suffisamment explicatifs entre les faits cités et explorés. Nous croyons l'avoir fait. C'est à la critique de l'exposé de ces mécanismes qu'il faudrait s'attacher. La démonstration peut être spécieuse. Nous faisons justement des annonces AVANT les évènements justement pour mettre en danger nos raisonnements. Jusqu'à maintenant, cela tient.

"Vous semblez dire qu'une monnaie banque centrale est vouée à causer une inflation préjudiciable, voire à entraîner "les états à faire n'importe quoi au détriment des autres". Mais les choses n'avaient pas l'air si dramatiques dans l'après-guerre et jusqu'aux années 19710, vous le dites vous-mêmes régulièrement ? "

Parfaitement exact : le système de Bretton Woods en fait imposait de "ne pas faire plus de bêtises que les autres", donc pas plus d'inflation que les autres. Le financement de l'Etat entraînait bien de l'inflation dont les conséquences étaient neutralisées par les dévaluations concertées. Il y avait sans doute trop d'inflation. Mais au départ il fallait éliminer des dettes massives alors qu'il n'y avait pas d'épargne. L'inflation était nécessaire.Il ne serait pas mauvais qu'il y ait à nouveau un peu plus d'inflation pour éliminer une partie de la dette globale. C'est pour cela que nous disons qu'un peu de financement banque centrale des Etats ne nous choquent pas en temps de crise. En revanche comme mode normal de fonctionnement c'est à prohiber. les Etats-Unis exportaient une inflation déraisonnable en Allemagne. C'est formellement ce pays qui soudain refusera de jouer le jeu de Bretton Woods forçant les Etats unis à en finir avec la convertibilité. A noter : le dollar a perdu depuis 99% de sa valeur en Or provoquant une fuite devant les monnaies !

" Pour ce qui est du problème des double hélices de crédit entre états, tout dépend de leur coopération et de leur politique de change, j'imagine".

Hum ! Hum ! C'est ce qu'on se dit pendant les G.20 : coopérons mais sans rien changer aux changes flottants. Le résultat : un flop. Quand les déficits sont là les excèdents arrivent aussitôt. Il faudrait pour la double hélice ne se produise pas que le créancier ne replace pas les billets reçus chez l'émetteur. Mais qu'est-ce qu'il en ferait ? Dans un système de changes fixes les pays concernés se sont engagés à limiter excédents et déficits. Ils doivent le faire. Dans un système de changes flottants personne n'est engagé à rien. Il n'y a même pas les points d'or pour rééquilibrer spontanément les choses. L'instabilité est structurelle. Si les Etats étaient prêts à coopérer sans arrière pensée, ils mettraient de toute façon un système de change fixe en place.

"Pour finir avec une hypothèse concurrente à la votre, encore plus globale que celle des changes flottants : tous les malheurs du monde économique ne sont-ils pas liés à une erreur logique fondamentale, qui consiste à traiter l'argent comme une marchandise, une marchandise comme les autres ?"

Quelle concurrence ? C'est ce nous ne cessons d'affirmer ici ! La monnaie est comme le mariage : une institution. Elle ne fonctionne que dans un cadre légal. C'est comme cela depuis la création de la monnaie, au carrefour entre le sabre et le goupillon (le Roi et le Temple). Toute monnaie internationale doit donc être une institution internationale avec conventions à la clef. Considérer que tous les monnaies papiers nationales seraient des monnaies internationales pour peu que leur valeur s'établisse dans les relations financières des marchés, était une grave erreur que nous ne cessons de dénoncer... et de payer.

Merci d'avoir confirmé de façon très épistémologique nos propres conceptions.
# Posté par DD | 15/11/12 21:14
letopsy's Gravatar @ DDufau:
Héhé, ravi de conforter votre opinion !
Je suis moi-même assez convaincu par vos arguments concernant les changes flottants.

@ tous:
Le film que je citais pose le problème sous l'angle de l'accumulation de dettes publiques, mais rejoint le film "l'argent dette" sur de nombreux points, notamment l'idée que dans le système de monnaie crédit, il est impossible de liquider, et même de réduire, la dette globale, qui est donc vouée à croître exponentiellement.

Je ne vois pas de faille dans leur raisonnement ; arrivez-vous à la même conclusion ?
(question posée dans le cadre actuel, mais aussi dans l'hypothèse d'un passage aux changes fixes sans toucher au système de création monétaire 100% par le crédit avec intérêt)
# Posté par letopsy | 15/11/12 22:12
SD's Gravatar @Letopsy

Nous avons réfuté le film sur l'argent dette il y a plus de 4 ans !

http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2008/10/19/Rfutati...
# Posté par SD | 16/11/12 19:29
letopsy's Gravatar Merci SD pour cette laconique réponse. J'ai lu et relu l'article en question et les posts qui l'ont suivi, et malheureusement je n'y trouve pas de réponse à la question de savoir si il est possible de liquider la dette dans un système de monnaie-crédit (le fameux argent-dette).

Je cite DD:
"L'erreur:
On note que la monnaie créée correspond au principal et qu’il faudra rembourser le capital et un intérêt qui lui ne correspond à rien et sera in fine payé par l’emprunt de nouvelles sommes. Le système est obligé à une fuite en avant perpétuelle jusqu’à l’explosion finale. On déverse à ce moment là tous les interdits religieux sur l’usure, cela fait de la chaleur à défaut de lumière."

Ce que vous appelez "l'erreur" est-ce de considérer que l'intérêt ne correspond à rien?
Vous répondez que :
"L’affaire du taux d’intérêt est extrêmement simple : l’argent investi doit permettre un retour sur investissement. En un mot il se financera par l’accroissement de la richesse que l’investissement permet. Le flux de remboursement comprend le gain de productivité espéré. Le système est parfaitement stable si le taux de productivité de longue durée est égal au taux d’intérêt. Que le payer nécessite d'emprunter de nouvelles sommes? "
Je comprend bien qu'une banque privée attende un retour sur investissement, mais on peut imaginer d'autres systèmes ! (prêt à taux zéro par l'état ou une institution internationale, ou à taux variable selon le succès de l'entreprise ou ...)
Par ailleurs êtes vous sûr qu'avec les changements que vous préconisez (changes fixes etc..) le système serait durablement "parfaitement stable", ou pire que ce changements sont vraiment tenables par des états dans la durée?

Ce que vous appelez "l'erreur" est-ce de considérer que l'intérêt devra obligatoirement, par construction, être payé par de nouveaux emprunts, dans une fuite en avant perpétuelle ?
Vous ne répondez pas à ça il me semble et c'est justement ma question.

Ce que vous appelez "l'erreur" est-ce de considérer que cette fuite en avant aboutira forcément à une "explosion finale" ?
On peut se poser la question ; mais je n'ai pas d'avis argumenté là-dessus...

Ce que vous appelez "l'erreur" est-ce de considérer que les banques privées ne sont pas les mieux placées pour faire du crédit ?
Vous répondez que :
"Si ce sont les banques qui prêtent c’est parce qu’on les voit mieux armées pour détecter les projets productifs que l’Etat qui lui s’intéresse surtout à colmater les brèches permanentes de son budget. Le tâtonnement de milliers de banques vaut mieux que les gros sabots de l’Etat."
Deux affirmations fort contestables je trouve ! Les excès de dépense publiques que vous fustigez ici concernent certains états, et ne sont pas la cause des crises mondiales, sauf si vous avez changé d'idée cette semaine? Et êtes-vous si sûrs que le comportement des banques est nécessairement plus judicieux que celui d'institutions publiques, existantes ou encore à créer, dans l'idée de réguler le système monétaire mondial ??
# Posté par letopsy | 22/11/12 21:35
DD's Gravatar "Ce que vous appelez "l'erreur" est-ce de considérer que l'intérêt ne correspond à rien?"

Quelques certitudes :

La monnaie est un stock. C'est la masse des actifs possibles que les agents considérent comme liquide c'est à dire permettant d'éteindre toute dette ou de payer tout achat.

L'arbitrage entre tous les actifs de liquidité variable s'effectue via le taux d'intérêt. Il permet également d'arbitrer entre le court et le moyen terme. Entre la consommation et l'épargne.

L'intérêt est donc une variable directrice de l'économie et ne peut pas être gommé par un tour de magie verbale. Il correspond donc à quelque chose. Dire le contraire n'a pas de sens.

"Ce que vous appelez "l'erreur" est-ce de considérer que l'intérêt devra obligatoirement, par construction, être payé par de nouveaux emprunts, dans une fuite en avant perpétuelle ?"

Prenons un exemple : les pionniers arrivent aux Etats Unis sur des terres riches mais non exploitées. Ils savent comment exploiter la terre mais n'ont pas les capitaux. Ils vont emprunter des capitaux qui leur permettront de vivre le temps d'attente de la première récolte, de payer les outils et les semences. Ils savent que la combinaison des facteurs de production leur permettra de produire quelque chose dont ils espèrent que vendu, elle permettra de rembourser les sommes dues capital et rémunération du capital. Le calcul économique est assez facile à faire parcequ'on connait assez bien les rendements agricoles. Grâce à cet apport gratuit en capital qu'est la nouvelle terre à exploiter, le rendement sera même très supérieur à la somme financée. L'intérêt sera facilement payé sans emprunt supplémentaire.

Notez qu'on n'a pas parlé de monnaie mais de capitaux. Ces capitaux peuvent être apportés soit en contrepartie d'action avec une espérance de rentabilisation de l'actif sur son rendement soit sur sa plus value, soit en contrepartie d'une reconnaissance de dette fixée. Il est même possible que les fournisseurs de semences et d'outils aient accepté un paiement en nature ou différé et pas un versement en actif monétaire immédiatement liquide. On pourrait donc avoir tout un cycle d'investissement et de crédit sans aucune monnaie ! Et pourtant il y aurait un intérêt.

Conclusion : investir avec un financement qui prévoit un retour pour le prêteur ou l'investisseur ne suppose pas une croissance infinie mais une croissance finie dans le cadre du projet concerné. Une fois débouclé, il se peut que l'exploitant souhaite à nouveau investir ou se contente d'exploiter le capital et le stock outils en autofinancement. La création de monnaie n'est pas la condition nécessaire de l'investissement. Mais tout investissement implique un profit qui sera ou non partagé avec ceux qui ont accepté de ne pas consommer ou de ne pas conserver leur avoir sous une autre forme pour le financer.

On peut parfaitement défendre que la consommation ce n'est pas bien, que cela pollue, que c'est un péché de gourmandise condamnable moralement, que l'homme n'en a pas besoin du moment qu'il a le minimum vital. Mais on n'a pas besoin de se lancer dans des délires sur la monnaie. Il suffit de dire : stop à l'innovation ; stop à la productivité ; stop à la consommation. La monnaie dans cette affaire et son mode de création ne sont pas le moteur mais l'huile dans les rouages. Mais on peut mettre trop d'huile, pas assez d'huile et une huile de mauvaise qualité !

"Les excès de dépense publiques que vous fustigez ici concernent certains états, et ne sont pas la cause des crises mondiales, sauf si vous avez changé d'idée cette semaine? Et êtes-vous si sûrs que le comportement des banques est nécessairement plus judicieux que celui d'institutions publiques, existantes ou encore à créer, dans l'idée de réguler le système monétaire mondial ".

Ici encore il faut parler d'abord d'investissement et de rentabilité. Les crises proviennent lorsque les espérances de gains s'avèrent globalement controuvées et que les capitaux engagés se trouvent perdus. Il faut alors digérer la perte avant de repartir d'un meilleur pied. Si un état dépense trop et compte trop sur des recettes complémentaires liées à une croissance utopiques pour rembourser, il peut provoquer une perte chez les prêteurs qui aura un effet dépressif.

La théorie prétend que les crédits à la consommation à l'immobilier et à l'état sont plus dangereux que le crédit à l'entreprise, parceque tous les trois supposent que l'emprunteur puisse disposer de ressources nouvelles fournie par la croissance globale pour se dégager de ses dettes alors que la contribution à la croissance, à la capacité de produire plus, du prêt est faible. La monnaie ici aussi n'est pas le concept primaire.

Dans toutes ces questions en choisissant de parler monnaie au lieu de capitaux, de taux d'intérêt au lieu de profit on rend les choses nébuleuses et incompréhensibles pour le profane.

L'innovation dans nos sociétés remplace le champ obtenu par la découverte et la colonisation de notre exemple précédent. Certains investissements vont permettre de mettre en oeuvre des gisements nouveaux de production et de consommation. C'est à dire que les dépenses seront remboursées et au delà par la production nouvelle. La croissance n'est pas le fruit du surcroit de monnaie mais de l'accroissement de richesse obtenue par l'innovation.

Donc oui c'est une erreur de prétendre que le crédit soit la source d'une "fuite en avant perpétuelle". Le crédit facilite le financement d'investissement qui espèrent faire apparaître une source de richesses nouvelles et qui y parviennent le plus souvent. S'il n'y a pas de perspectives de gains, il n'y a pas de crédit.

Ces concepts de base étant établis on peut discuter des formes que doit prendre le financement de l'investissement, une partie de celui-ci étant monétaire. Une production globale excessive de monnaie banque centrale peut avoir des effets sur la quantité et la qualités des investissements. Selon les méthodes, les quantités, l'état de l'économie, des dysfonctionnements peuvent apparaître.

Le cycle de dix ans est un cycle du crédit. Le gonflement des encours de dettes très au delà des possibilités de remboursements des PIB par exemple du fait des déséquilibres des balances de capitaux dans le cadre de changes flottans est un facteur de crise. Par conséquent les systèmes monétaires et de changes ont un impact direct sur la conjoncture et le cycle.

Etudier la relation de cause à effet systèmique entre certains formes d'organisation et les désordres constatés est une nécessité et nous ne cessons de le faire. Mais il n'est nul besoin pour cela d'essayer de mettre en cause structurellement des actes élémentaires comme le crédit et la création de monnaie. Le prêt à intérêt n'est pas par nature une catastrophe. Le crédit non plus. Les banquiers ne sont pas nécessairement des gangsters. La dette n'a pas pour cause l'intérêt. Etc.

On peut reprocher à certaines associations ou activistes de profiter de la complexité des sujets techniques (et la monnaie est un sujet technique compliqué) pour déplacer les termes du débat pour le manipuler et finir dans les élucubrations en profitant de l'ignorance des lecteurs. Nous le faisons à l'occasion.

Mais on ne reprochera jamais à personne de s'intéresser à ces questions et à chercher à comprendre.

# Posté par DD | 24/11/12 05:31
Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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