La pauvreté et immigration de pauvreté

Le pourquoi du grand silence des économistes

Peut-on parler de la pauvreté et de l’immigration de pauvreté sans provoquer aussitôt des crispations idéologiques et partisanes majeures qui rendent toute réflexion partagée impossible ? C’est un de ces sujets qui vous amènent au point Godwin en un instant. Nous savons les risques d’incompréhension que nous prenons, à vouloir aborder ce thème.

Toute l'économie politique est basée sur la création de richesses : lorsque la richesse globale augmente, la pauvreté recule. On ne parle plus alors de pauvreté absolue mais seulement de pauvreté relative, par nature impossible à corriger, puisqu’elle glisse avec le taux de croissance par sa définition même. On est toujours le pauvre de quelqu’un. Lorsque des mesures politiques sont prises pour réduire la production globale, la pauvreté augmente. Réciproquement la création de richesses se produisant quelque part et pas ailleurs, provoque immédiatement une inégalité de la richesse par tête. On en a déduit presque partout depuis l’accélération de l’enrichissement économique des nations, c’est-à-dire depuis au moins 200 ans, qu’il fallait accepter cette inégalité quitte à la corriger pour ne laisser personne dans la misère. Ce qui a été fait pratiquement dans tous les pays développés, même si les modalités divergent.

Depuis la révolution française et surtout depuis Marx, certains ont considéré qu’il fallait liquider les classes possédantes pour permettre à la masse de quitter l’état de pauvreté, l’égalité étant le seul vecteur de la vraie richesse. L’URSS et les différentes républiques populaires ont tenté de mettre en œuvre cette idée. Avec les résultats que l’on sait : 100 à 150 millions de morts, des milliards de vies gâchées et un effondrement complet dans les années 1980, la Chine se convertissant à un capitalisme d’état, sous férule dictatoriale, et l’URSS disparaissant. L’Inde et l’Indonésie, qui végétaient en pratiquant une sorte de socialisme d’État mâtiné d’archaïsmes divers, ont également décidé de se lancer dans l’économie de marché.

En une trentaine d’années, 1 000 000 de personnes qui étaient maintenues dans la misère (moins de 55 euros par mois), sont sortis de l’extrême pauvreté dans les ex-Républiques Populaires et dans les pays qui suivaient les recettes soviétiques.

L’extrême pauvreté est encore très générale en Corée du Nord. L’immonde Mugabe, star de la gauche socialiste tiers-mondiste, a ruiné son pays et réduit son peuple à la misère. En Amérique du Sud, Chavez et Maduro ont ruiné un pays riche, le Venezuela, et ont réduit à la misère des centaines de milliers d’habitants.

On en conclura que le « socialisme réalisé » aura été un vecteur effroyable de misère et que la meilleure solution aura été d'en sortir, en espérant que les derniers pays victimes puissent le faire assez vite.

La misère est, sinon, essentiellement le fruit des guerres internes ou externes. En Europe, dans les zones de combat comme l’est de l’Ukraine ou le Kosovo, pseudo-État dirigé par des criminels sordides et avérés, la pauvreté s’est accrue, provoquant l’exode des Kosovars (ce qui est un comble pour des gens à qui on a attribué le pays d'une autre nation) et des tensions extrêmes sur les marges de la Russie.

En Afrique et au Moyen Orient, les deux sources de pauvreté généralisée ont été les guerres islamistes et les guerres tribales. Pour simplifier, tous ceux qui poussent à la guerre extérieure ou intérieure sont les responsables principaux de la pauvreté. Dès que l’on quitte le socialisme, le terrorisme et le bellicisme, la prospérité revient peu à peu.

Il est vrai que ces constats sont rarement faits dans la presse française, les journalistes considérant que, pour avoir les postes qui rapportent gros, il faut faire sa révérence aux thèses gauchistes les plus rétrogrades, syndrome d’un « complexe de gauche » qui n’a jamais été guéri en France. Cela pourrait n’être que ridicule. Malheureusement les idéologies violentes s'enchaînent : après le socialisme violent et criminel, voici, avec les mêmes procédés, l’islamisme violent et criminel où la barbarie insigne est assumée, avec les mêmes méthodes, parfois avec les mêmes suppôts, comme le montre l’exemple d’un Edwy Plenel qui a glissé du socialo-fascisme à l'islamo-fascisme avec la facilité du « Pied Rouge » trotskiste sûr de lui-même et dominateur.

Désormais la mouvance socialiste ne parle plus de pauvreté mais d’égalité. Le socialisme militant n’est plus une lutte contre la pauvreté (un thème qui a été laissé à l'Abbé Pierre et aux Restos du cœur) mais un combat contre les riches. Le nouveau Doriot, un certain Mélenchon, a hier encore hurlé à la mort des riches « dont la France n’a pas besoin », avec les accents de Staline dénonçant les Koulaks, avant d’en tuer une dizaine de millions. Et la presse s’extasie. Le pauvre Merluche (soumis à l’ISF tout de même) était, paraît-il, déprimé. Une larme de compassion, SVP, pour un cyclothymique bipolaire qui parle si bien. Le voilà requinqué d’avoir incité de la façon la plus outrancière à la haine sociale. La presse applaudit cette magnifique résurrection par l’abjection hystérique.

Pas les pauvres. Ils n’espèrent rien de notre Chavez national. Ils ont raison.

Est-ce que cela clôt la question ?

Certainement pas.

Une source indiscutable de la pauvreté est à chercher dans la violence des crises périodiques. Ces crises internes au capitalisme financier doivent être comprises, prévenues et jugulées. C’est une des vocations de blogs de chercher les causes et les solutions. Ce qu’a prouvé le socialisme « réalisé », c’est l’influence de l’organisation. Une organisation défectueuse crée de la pauvreté. Nous prétendons que les crises récentes ne sont pas « intrinsèques » ni « constitutives » du capitalisme financier, mais le résultat de défauts majeurs d'organisation, provoqués par des conceptions erronées, en général fille d’objectifs politiques d’où l’économie est en tout ou partie absente.

Dénoncer les dysfonctionnements et proposer des remèdes est, pour nous, le propre de la réflexion économique et la seule qui peut conduire à la réduction de la pauvreté et la misère là où elle demeure, tout en sachant qu’il s’agit d’une condition nécessaire mais pas suffisante.

En dehors de ces phénomènes globaux, il peut exister des modalités d’organisation de détail plus ou moins défavorable à la sortie de la pauvreté.

L’État, en France, ne sait pas gérer la pauvreté. Il se débarrasse de la question sur des associations par un arrosage financier qu’il répugne à contrôler, et en abandonnant la répression des attitudes anciennement dites « asociales ». La mairie de Paris loge désormais des clochards au milieu des HLM, ou dans des appartements de luxe rachetés à prix d’or, faisant deux victimes, les voisins et le clochard lui-même qui est en général totalement incapable de s’assumer dans un tel cadre. La carte de paiement qu’on leur donne est appelée par eux-mêmes : le « RSA-pinard ». Et ils campent devant les supérettes où ils viennent acheter leur boisson favorite.

On sait que près de 2 millions de jeunes traînent hors de toute activité ou scolaire ou de travail. Ces « disoccupati » sont à l’origine d’une délinquance dite « légère » mais qui n’est plus ni poursuivie ni sanctionnée. L’assistanat permet de maintenir ces groupes hors de la vraie pauvreté mais pas hors de la rue.

En Europe, la règle a été qu’il fallait traiter les Européens étrangers comme ses propres citoyens. L’élargissement de l’Union Européenne aux ex-pays socialistes de l’est du continent a provoqué un afflux de pauvres. Il y a six millions de Roms ou équivalents entre la Hongrie, la Roumanie, la Bulgarie et les pays voisins. Leur migration n’a pas cessé notamment depuis l’an 2000. En France le nombre de bidonvilles Rom croît régulièrement : 100, puis 200, puis 400 et plus de 500 aujourd'hui, avec près de 500 000 Roms. Il n’y a plus une boulangerie ou une supérette sans son mendiant Roms, en même temps que s’étalent sur les trottoirs les plus fréquentés des grandes villes des « familles » entières, alors que quêter avec enfants est strictement interdit. Lorsqu’un bidonville crée un abcès trop grave, on le détruit. Il se reconstruit un peu plus loin. Il y a plus de mendicité aujourd’hui à Paris qu’à Calcutta ! Au rythme actuel nous aurons 1 million de Roms en France dans 20 ans. L’Allemagne, la Suisse, l’Italie connaissent des situations comparables. Un tiers des populations Roms d’Europe centrale se sont déplacées vers les parties riches du continent. Dans un silence de plomb. Pas question d’évoquer cette migration forcenée pour ne pas être accusé de racisme et de promotion de nouvelles chambres à gaz. Chut !!! Les gouvernements Hongrois, Bulgares et Roumains sont aux anges. Ne restent au pays que les riches chefs de clans et gangs, dans des palais somptueux. Les subventions européennes peuvent être détournées à d’autres objets. Chut !!!

Dans le monde, l’ONU a déclaré que la natalité n’était pas de la responsabilité des États et qu’il appartenait aux migrations « souhaitables » de réduire les tensions qu’une surnatalité provoquait. On voit donc des États africains qui laissent se développer une natalité galopante qu’ils ne peuvent plus et ne veulent toujours pas maîtriser. On sait qu’en 2050, à ce rythme, l’Afrique aura 1 milliard d’enfants de plus et qu’environ 400 millions chercheront à sortir de la misère obligée en migrant vers l’Europe, qui, elle s’enfonce dans la dénatalité généralisée. Les dispositifs d’aide sociale ne peuvent absolument pas absorber un tel afflux. On a vu qu’en France, on était totalement incapable de régler correctement un afflux de 500 mille pauvres en vint ans. Et que les populations, partout en Europe, n’étaient pas d’accord pour ce « grand remplacement de population ». Le cas de l’Allemagne et les difficultés de Mme Marcel sont aussi clairs que les réactions « populistes » en France, en Pologne, en Hongrie, en Autriche, etc.

Le transfert de la misère dans un contexte où il est interdit d’interdire et où l’économie mondiale ne connaît plus de croissance rapide est un des grands enjeux du temps. D’autant plus en Europe qui croît encore moins que le reste du monde. D’autant plus en France qui est à la traîne du reste de l’Europe. On vient d’y connaître 8 années de baisse du revenu par tête, la montée du chômage à 4 ou 5 millions et le développement d’un groupe de 7 millions de personnes économiquement fragiles. L’afflux d’immigrants pauvres est évidemment très mal vécu. La pauvreté importée met à l’épreuve toutes les tentatives faites pour maîtriser la misère locale et crée évidemment une « dé civilisation » qui se voit tous les jours dans la rue et dans les déficits publics.

L’économie ne fait pas de différence entre les races, les religions et les nationalités. Un afflux de nouveaux entrants est toujours considéré par les économistes comme favorable dès lors que les entrants deviennent producteurs et épargnants et investisseurs et consommateurs. L’important est qu’ils travaillent. En économie, « plus on est de fous plus on rit », plus on est nombreux plus on échange, plus on est riche, lorsque l'augmentation de population est graduelle et son insertion organisée. L’erreur de Malthus, qui ne l’avait pas compris, est désormais bien assimilée. C’est sans doute ce qui explique la mise en accusation de « l’économisme » par des gens qui regrettent, comme Eric Zemmour, le grand remplacement, mais aussi par les écologistes qui voient dans la hausse de la consommation la mort de la Terre.

La démographie est la partie la plus riche en mythes de toute l’économie politique. Alfred Sauvy l’avait bien compris. On voit tous les jours s’étaler dans la presse l’idée que la productivité crée du chômage, que les solutions chères sont les meilleures car elles créent de l’emploi. La numérisation et les robots, avec l’intelligence artificielle, tueront l’emploi hurlent les imbéciles qui sont incapables de remarquer que les pays où le chômage est le moindre sont ceux qui ont le plus informatisé leurs processus et qui ont le plus grand nombre de robots.

Le problème n’est pas dans l’emploi détruit mais dans celui qui n’est pas créé. Un pays qui voit l’État confisquer 100 % de la valeur ajoutée des entreprises ne peut pas créer les emplois nouveaux nécessaires en nombre suffisant.

La France, contrairement à ce qu’on croit, est un pays sous-peuplé, n’en déplaise à tous les malthusiens qui croient que nous y sommes trop nombreux. L’exode rural et la dénatalité ont conduit en partie à la désertification de certaines zones mais surtout à cette réalité délicate : l’existant ne peut plus être financé, dans la mesure où le niveau de vie des intervenants fonctionnaires ou non doit être augmentée régulièrement.

C’est la raison principale du manque de rentabilité des trains régionaux, de la poste, des agences bancaires, des métiers médicaux, des commerces. À ces causes s’ajoutent naturellement des évolutions aggravantes : la Sécurité Sociale qui veut paupériser les généralistes et centraliser les spécialistes, le régime insupportable financièrement des cheminots, le grand commerce qui s’est installée dans les banlieues des villes moyennes, la hausse du coût du pétrole, les DDT ex DDE qui gâchent l’argent public en enlevant puis remettant les haies et en créant des ronds-points, l’organisation soviétique de la campagne avec les Modev et la ruine des propriétaires terriens, accélérée par les décisions de justice à sens unique, Les églises ferment faute de paroissiens mais aussi de vocations. L’écologie fascisante qui prône un immobilisme total et le blocage violent de tout équipement régional, joue également son rôle détestable pour conduire à la déréliction des villages et des provinces.

On comprend que tous les maires des petites villes et leur population veulent simplement vivre aux crochets de l’État. Si le nombre des fonctionnaires locaux et régionaux a explosé, c’est largement pour ces raisons. Ce qui n’a fait qu’aggraver les choses. Le goût pour la maison Sam’suffit a joué également son rôle. Le pays est mité de constructions qui imposent des déplacements en voiture et un approvisionnement hors des centres-villes. La population française est partiellement responsable de ses propres problèmes. Une des raisons du chômage de masse en France est l'impossibilité de recruter dans de nombreux villages de France, parce qu’il n’y a plus assez de naissances, que les jeunes sont partis et que l’immigration est absente. On a trop de jeunes immigrés dans les banlieues pas assez dans les provinces. L’imbécillité de la politique de Mme Hidalgo qui charge certains quartiers parisiens d’immigrés (35 % dans le 14e arrondissement de Paris par exemple), alors qu’il faudrait les envoyer dans les villes petites et moyennes françaises, est remarquable d’inconséquence.

Le Japon, qui est passé de la baisse de la natalité à la baisse de la population, étudie depuis plusieurs années les conséquences dramatiques sur l’impossibilité d'entretenir le bâti et les structures existantes. Il refuse toute immigration. Jusque quand ?

Concluons. Traiter les questions de pauvreté et d’immigration pauvre est comme passer une charrue dans un champ de mines. Comptons le nombre de faits évoqués dans ce simple message qui peuvent déclencher d’horribles polémiques.

-          Le meilleur moyen de sortir de la pauvreté est de sortir du socialisme

-          La transplantation de l’ensemble des Roms des pays centraux vers la France et les pays riches conduit à une forme de dé civilisation

-          La technologie n’est pas la cause du chômage

-          On manque de bras en France qui est dépeuplée dans la plus grande partie de son espace

-          La Sécu aggrave les choses en massacrant l’offre de soins

-          Le goût de la maison individuelle aggrave tout

-          La grande distribution est inévitable dans une France rurale dépeuplée.

-          Il faudrait plus d’immigrés en province dans les villes moyennes.

-          On n’en saura pas accueillir en Europe les 400 millions de nouveaux Africains.

-          La surfiscalité aggrave tout

-          Le système monétaire est dysfonctionnel

-          L’euro est un système également dysfonctionnel

-          …

Il y a là de quoi se faire assassiner vingt fois. Ou cent ou mille ! De tous les côtés. Aucun ménagement à attendre :

-          Des socialistes

-          Des Libéraux

-          De l’extrême gauche

-          Des Verts et assimilés

-          De l’extrême droite

-          Des racistes et xénophobes

-          Des féministes

-          Des anti racistes

-          Des européistes

-          De Zemmour

-          Des fonctionnaires

-          Des paysans

-          Des Américains

-          Du monde de la finance

-          Des Européistes

-          Des organisations syndicales

-          Des maîtres-penseurs

-          Des banquiers et des maîtres de la finance

-          De l’Inspection des finances

-          .

Cela finit par faire beaucoup.

Donc les économistes officiels ne peuvent que se taire. Et ils le font très bien. Le thème de la pauvreté est réservé au tiers-monde « ruiné par la globalisation » alors que c’est l’inverse. En France on s’étripe sur les inégalités par déciles ! Vive les études sur le microcrédit, les monnaies « citoyennes » et les initiatives microlocales d’autosuffisance et les toilettes sèches.

Donc les démographes ont déserté le terrain se contentant comme Le Bras d’alimenter le politiquement correct dominant en études malhonnêtes tant les partis pris sont prégnants.

Donc les politiques grattent les plaies sans chercher de vraies solutions.

Une honte intellectuelle et nationale, mais des blocages invincibles.

Réponse à une question sur la vocation de ce blog

Nous recevons cette question d’un des lecteurs de ce site. Elle nous paraît intéressante.

« Vous prétendez intervenir sur les sujets qui ne sont pas correctement traités dans les médias traditionnels, mais je ne vois pas réellement lesquels. En revanche je constate que certaines questions ne sont jamais évoquées sur votre site, comme la pauvreté et l’immigration ».

Il n'est pas très difficile de voir sur quels sujets nous intervenons souvent car nous pensons en effet qu’ils sont mal traités par la presse officielle et même l’édition.

Les trois thèmes principaux sont :

-          Les causes de la crise économique qui sévit depuis 1971

-          Les questions monétaires nationales et internationales

-          Les questions fiscales.

Nous avons alerté sur la survenue de la crise de septembre 2008 avant qu’elle ait eu lieu et avons inlassablement donné une explication des causes, explication qui n’a jamais été fournie par la Presse qui s’est contentée d’incriminer la finance folle et les « subprimes ».

La monnaie est une affaire considérée comme trop technique par la Presse pour être abordée au fond. Du coup les passions conduisent les camps politiques et leurs commentateurs à écrire n’importe quoi. La monnaie internationale, pour sa part, est une question totalement incomprise.

La France est le pays de la dette et de l’impôt. C’est dans ce domaine que le mensonge d’état est le plus constant et le plus grave. Il est vrai que nous sommes le premier pays emprunteur en Europe loin devant tous les autres et que nous nous flattons d’être le second pays le plus imposé au monde. En vérité nous sommes le premier car nous restituons moins à la population que notre concurrent, l’état confisquant pour lui-même une part très sensiblement supérieure (au moins 5 % de PIB, mais les chiffres ne sont jamais comparés).

Il est donc normal que nous évoquions en priorité ces sujets qui sont généralement traités de façon politicienne, niaiseuse ou carrément trompeuse.

Il est vrai que nous évoquons la question de la pauvreté sous l’angle de la prospérité générale, étant entendu qu’une perte de revenu moyen par tête entraîne nécessairement une hausse de la pauvreté. D’autre part, la création systématique de postes publics à bas rendement a pour conséquences d’éliminer des postes de travail dans le secteur privé, et d’aggraver la pauvreté par privation du pays d’emplois. Les politiques européennes déflationnistes sont également constamment dénoncées sur ce site avec leurs effets collatéraux sur la pauvreté et la « colère du peuple ».

Avons-nous une réflexion spécifique sur la pauvreté, en France, en Europe et dans le monde qui ne soit pas triviale et ne recouvre pas des analyses déjà mille fois faites ? C’est à voir. Jusqu’ici, le thème a été tellement ressassé qu’il ne nous paraissait pas mériter d’observations originales spécifiques. Appel est fait à nos membres.

L’immigration est également un thème constamment couvert dans la presse et dans le débat politique. Nous l’avons abordé souvent, mais sous l’angle de la démographie. Notre thèse est qu’il n’y a pas de prospérité possible dans le déclin démographique et la natalité en berne. La France se portait plutôt bien sur ce sujet jusqu’à la rupture imbécile provoquée par la politique de F. Hollande. Nous sommes entièrement du côté d’Alfred Sauvy. La France doit avoir une politique nataliste car elle est sous-peuplée. Sans doute faut-il travailler un peu plus sur ce blog la relation entre dépopulation rurale et la bérézina des services publics et privés dans les régions. Le manque de médecin, la prétendue fracture numérique, les difficultés de la couverture scolaire, la régression de la poste, en région est devenue un thème dominant de la dernière campagne électorale, avec une forte reprise par les « populistes » et les anciens pâtres pyrénéens.

Le point qui manque est la corrélation entre densité de population et service public, dans un monde où l’on souhaite améliorer le niveau de vie de ceux qui les servent. Les Français n’ont pas compris que leur pays, pour l'essentiel, est vide. Les Japonais constatent déjà qu’ils n’arrivent plus à payer les infrastructures existantes là où la baisse de la population a été la plus forte. Nous allons creuser cet aspect des choses largement méconnu. Quant à la destruction de la Capitale par des malfaisants, nous n’avons pas attendu le livre Notre Drame de Paris pour en parler.

Merci pour la question

 

Admin

 

"Plus cela change, plus c'est la même chose"

Deux mots sur l'état du pays.

A un moment où une sorte d’extase s’empare des médias français, il est intéressant de se poser quelques questions sur l’état réel du pays.

On connaît le livre de Robert Escarpit, le Littératron,  Flammarion, 1964, chef d’œuvre méconnu de la littérature politique dont l’actualité ne saurait être trop soulignée.

Un ordinateur est gorgé des phrases que les Français adorent entendre. On choisit un individu à peu près débile et on le présente à une élection. Il se contente de débiter les phrases creuses recombinées par l’ordinateur. Il est élu haut la main.

Toute ressemblance avec la campagne d’Emmanuel Macron et le vote massif pour les inconnus de LREM ne saurait être qu'accidentelle.

L’ère des bons sentiments intéressés, la bienveillance obligatoire, le politiquement correct, le ressassement médiatique des mêmes slogans jusqu’à l’indigestion par des journalistes-perroquets, le resserrement de la richesse autour des obligés du pouvoir, la confiscation du dit-pouvoir par la noblesse étatique, ont pris une extension telle qu’il est presqu’interdit aujourd’hui de ne pas chanter les louanges du jeune Dieu qu’un destin heureux a mis à la tête de la France en le nimbant d’une vertu essentielle, la Baraka. En deux coups de serre cuillère et en un coup de Trump, il a restauré l’image de la France, enchanté l’Europe, réglé la question du Liban et recréé une dynamique économique basée sur l’optimisme et la confiance, en dépit des croassements des Insoumis déprimés par l’effondrement des mobilisations syndicales abusives et de quelques retraités grognons échaudés par la hausse massive de la CSG.  

Quelle est réalité de la situation, telle qu’on peut la voir quand on s’affranchit de considérations politiques, des transports psychologiques et des manipulations médiatiques ?

Elle est d’abord dans le ralliement presque total au « macronisme » de toute la communauté politique fermée des hauts fonctionnaires. Celui d’Alain Juppé, après celui de son protégé, Philippe, clôt la série. Symétriquement, la diabolisation de l’Enarque Wauquier, qui a le mauvais goût de ne pas se rallier, va bon train. La France vit l’acmé de l’Enarchie Compassionnelle.

Cela veut dire des impôts. En masse. 26% d’augmentation de la CSG, ce n’est pas un grignotement. Mais un coup de massue. Une hausse minimisée comme d’habitude en ne parlant que de la hausse des taux sans parler des montants globaux concernés. Regarder ma main droite : 1.7%. Ne regarder pas ma main gauche, encore des dizaines de milliards de prélèvements de plus.  Et dans les municipalités, privées des recettes de la taxe d’habitation du plus grand nombre ? Hausse de 2% dans beaucoup d’entre elles « pour compenser ». 2% ? Non, bien sûr ! Cela c’est l’augmentation du taux. Mais quel est le taux qui s'accroît ainsi : ah il était à 14% ? 2/14 = 14,28% d’augmentation. Pour ceux qui conserveront l’impôt. Merci pour eux. Pas un mot de protestation. Les retraités concernés n’ont droit qu’au silence. Ils ne sont pas représentés. « Ce sont des privilégiés qui se sont gavés tout en tuant la planète et en endettant leur progéniture», énoncera doctement sur les antennes une jeune sotte de LREM particulièrement inspirée.  Qu’ils ne se plaignent pas !

Cela veut dire du chômage. En masse. L’Insee a donné les chiffres. Ils sont malheureusement sans complaisance. Depuis l’élection de Mitterrand, la France a perdu 2.8 millions d’emplois dans le secteur marchand, principalement dans l’industrie. Et a recruté 2.7 millions de fonctionnaires sans productivité. Les hauts fonctionnaires qui dirigent la France ont fait face aux crises internationales et aux mesures prises par les socialistes élus par réaction à ces crises, les deux tares majeures de l’époque pour la France, en recrutant des fonctionnaires et en taxant. Dans la pratique les faits sont plus graves que cela. Compte tenu de l’augmentation de la population, le manque à gagner en termes d’emplois privés se situe quelque part entre 5 et 10 millions. Comment s’étonner que nous ayons 7 millions de pauvres et 5 millions de chômeurs ? Les chiffres publiés sur le chômage du troisième trimestre montrent …une augmentation. Quant aux prélèvements, ils atteindront un record en 2017 et égaleront le niveau de la valeur ajoutée du secteur marchand non financier. 100% de prélèvements ! Et ne parlons pas de la dette qui a encore augmenté massivement.

Pour faire passer la pilule on recourt aux mêmes astuces qu’en 2012 : l’injure et la mise en accusations des « riches ». Pas un instant de répit sur tous les médias. Il faut détacher l’infâme étiquette que la gauche tente de coller sur le dos du Président-gourou : Président des riches ! Vous vous rendez compte !  Macron fait du Hollande sans vergogne.  Mais sans injurier nominalement tel ou tel. Sacré progrès ! Alors qu’une des causes du Brexit est l’indignation du gouvernement anglais devant la prétention des instances judiciaires européennes de l’empêcher de supprimer les droits civiques aux condamnés aux plus lourdes peines, on voit des députés LREM, sortis tout droit du Littératron, variante 2017, proposer de supprimer les droits civiques des fraudeurs fiscaux.  C’est qu’il ne s’agit pas de voleurs de pommes, M’sieurs-dames, mais des plus grands délinquants de l’époque.  Qu’on se le dise et qu’on lise les Panama’s papers !  

De tous les bords, lors de la campagne, les candidats, tous les candidats,  y compris Emmanuel Macron, ont répété qu’ils avaient compris que les Français étaient accablés de normes, de règles, d’obligations ruineuses ou étouffantes. A peine élus, le discours change. L’isolation des appartements ne sera plus seulement encouragée mais imposée, car « les propriétaires n’ont pas à faire subir des frais de chauffage exorbitants aux locataires », comme l’affirme sur tous les antennes une ancienne socialiste ralliée à LREM et bien décidée à améliorer l’image sociale du chef.  Satané propriétaire, « tu vas voir ta gueule à la récrée ». Quant à la bagnole, ce symbole infect du beauf petit bourgeois, nécessairement petit bourgeois, acharné à défendre son surmoi mécanique, fini le diesel. « N’espère pas revendre la voiture que tu as mis tant de temps à t’acheter ».  Retour au prolback à vélo, gapette et pinces de pantalon incluses, pendant que les bobos qui le peuvent rouleront en voiture électrique coûteuse. « Les jeunes ne sont pas attachés à la propriété mais à l’usage ». Fini l’esprit de propriété bourgeoise. On va pouvoir fêter dignement les 50 ans de mai 68 ! Mais quelqu’un possède bien ce dont on fait usage et il n’entend pas y perdre…

Le nouveau mal français, aux Editions de l’observatoire, par Sophie Coignard et  Romain Gubert, fait le même constat.  Entre les observations de Peyrefitte d’il y a près de 50 ans, et la réalité d’aujourd’hui, il n’y a eu ni prise de conscience ni changement. Les exemples s’accumulent chapitre après chapitres.  Des livres déprimants de ce type, les divers éditeurs en ont produit des milliers depuis Giscard. Pour rien. Ils ne servent à rien. Les élus, une fois en place, veulent avoir la paix avec leurs subordonnés. Alors ils lâchent tout et n’importe quoi. Ne pas compromettre la réélection ! Incapables d’agir sur quoi que ce soit, ils multiplient les petits avantages.  Le Point de cette semaine faisait le recensement des avantages grotesques accordés par des municipalités à leurs salariés. On y travaille peu et pas souvent, tout en bénéficiant de mille petits avantages et de quelques gros privilèges.

La seule solution envisageable, pour un politicien français, c’est d’arracher aux propriétaires et aux riches les conditions de sa réélection. Vive l’impôt ! Si on essaie de revenir à la normale : on prend aux pauvres. Il faut dire qu’ils n’ont jamais été aussi nombreux.  Pour le reste, rien ne compte. Plus rien ne marche en France. Tout le secteur public est à peu près effondré. Le j’menfoutisme est partout. Pas moyen d’espérer qu’un transport public fonctionne correctement. La banque est devenue un champ de ruines, pourri de formulaires et d’exactions contre le déposant.  Plus personne ne parvient à faire travailler correctement des salariés de plus en plus souvent étrangers, mal formés, sans éducation et rétifs. Les ascensoristes ne gèrent plus que des incidents. Les garagistes ne savent plus réparer les voitures. Les sociétés informatiques sont noyées sous les bogues. On vole et on agresse partout, généralement sans aucune sanction.  Les rues sont immondes. La compétence part à l’étranger. Une « décivilisation » s’est mise en place.

Et inlassablement le même cri retentit : « salauds de riches ; salauds de propriétaires ; vive l’impôt ; il faut savoir la société que l’on veut et nous voulons une antisociété ». La séquence budgétaire en France de septembre à décembre, est le moment à la fois le pire, tant l’espace médiatique est polluée par la propagande fiscaliste,  et le plus révélateur de ce que ce pays est devenu : un vagissement indigne, sur fond de déréliction économique désormais probablement irrattrapable. 

L’Enarchie Compassionnelle a ruiné le pays. Le triomphe de la manœuvre Macron lui permet de survivre en s’exaltant : jamais le pays n’est à ce point entre les mains des hauts fonctionnaires. Jamais la désinformation du grand public n’a été plus totale. Jamais la paralysie n’a été plus grande. Jamais les vrais problèmes n’ont été moins évoqués. Sous le joug des Enarques, la France « dénonce ses porcs » et accueille, les bras ouverts et la bouche close  les centaines de djihadistes de retour d’exactions et de crimes abjects en Syrie et en Irak.  Des victimes, parait-il ! Qui elles aussi dénoncent le porc.

L’Europe, à la suite du monde, connait une petite reprise. La France est incapable d’en profiter. Impossible de recruter malgré les millions de chômeurs. Impossible d’exporter. Et cela justifie de ne rien réformer sérieusement.  Alors les déficits se creuseront, alors que mécaniquement ils sont censés se réduire.

Pour finir, nous publions ci-dessous une photo qui résume parfaitement l’état de la France. Elle a été prise au musée Pompidou, dans le local des toilettes hommes. On y voit trois portes.  La première porte est celle qui donne accès aux toilettes des fonctionnaires, car en France, les fonctionnaires ont le droit à des toilettes spéciales, comme pour  les régimes de retraite.  Pas question de se mélanger, culotte baissée,  avec le vulgaire. Pas question d’attendre. La seconde porte concerne les handicapés. La compassion par les toilettes, il n’y a que cela de vrai. La troisième est destinée au vulgum (lotus) pecus. Mais les toilettes ne fonctionnent pas. Et cela fait plusieurs semaines que cela durent.  Et tout le monde s’en fout.

A quelle heure le musée Pompidou ouvre-t-il ses portes un samedi lors d’un grand Week-End où Paris est plein d’étrangers ?  A 11 heures. On suppose que l’on est en train de négocier 14 heures, avec une fermeture à 16 heures…

Rien ne presse. Si on ose dire. De toute façon, les musées se mettent en grève lors des périodes de pointes touristiques. Alors …

Ainsi va l’Enarchie Compassionnelle triomphante en France et ainsi meurt un grand pays.

Le « macronisme » sera-t-il une nouvelle perte de temps ?  L’automne 2017 en France ressemble un peu trop à l’automne 2012 pour qu’on ne s’inquiéte pas.  

« Plus cela change, plus c’est la même chose » énonçait doctement le Littératron.



Emmanuel Macron et la CEDH : hauteur nécessaire ou rafistolage ?

L’exaltation des grands principes et la fréquentation des lieux inspirés sont deux aspects  remarquables  de la méthode Macron.

Discours du Louvres, discours devant le Congrès,  dégagement européen  sur le Pnyx et à la Sorbonne,  méditation aujourd’hui à Strasbourg  sur le rôle de la CEDH, Emmanuel Macron confirme ce qui avait déjà marqué ses discours électoraux : un évangélisme  « inclusif » qui place son action dans un bain de bons sentiments  sur des sujets où les principes ne sont pas en cause mais les modalités plus que problématiques et de plus en plus mal vécues par les peuples.  

La presse a rendu compte de cette visite en soulignant uniquement que le Président avait été faire l’après-vente de sa loi sur la sécurité, censée éviter un état d’urgence permanent. L’explication est contredite par le discours d’accueil du président de la CEDH qui rappelle dans  son exorde que le nouveau président, à peine une semaine après son sacre, l’avait reçu pour envisager cette réception en grande pompe. 

Emmanuel Macron avait dans la tête depuis longtemps cette visite qui est une première, alors que la CEDH a été instituée il y a des lustres (67 ans). Pourquoi personne, dans aucun pays,  n’avait songé à la faire ? Pourquoi le Président français la fait-il et pourquoi maintenant ? Est-ce le début d’un rite ? Où est-ce un « coup  médiatique » ? Quel serait alors sa cible et son objet ?

La CEDH est dans le collimateur de certains observateurs pour plusieurs raisons :

-          Le référendum sur l’Europe organisé par Cameron au Royaume-Uni a largement posé la question du fondement démocratique des lois, si un quarteron de juges de la CEDH provenant pour l’essentiel de pays minuscules,  pouvait les remettre en cause. La condamnation par la CEDH  de la perte des droits civiques édictée de tout temps au Royaume uni pour tout condamné à de lourdes peines de prison a été un choc. Au nom de quoi quelques personnes étrangères peuvent-elles contredire ce que veut le souverain ? N’est-ce pas là instituer le gouvernement des juges ?

-          Les lois « sociétalistes » portant sur de nouveaux « droits à », notamment en matière de mariages homosexuels ou de procréation artificielle ou externalisée,  sont désormais systématiquement  renvoyées  aux juges des droits de l’homme si les lobbies concernés rencontrent une résistance nationale. A quel titre peuvent-ils trancher mieux que le souverain ?

-          Le « droit-de-l’hommisme » ou prétendu tel, soutenu par exemple par Eric Zemmour comme on l’a vu dans l’article précédent, ou Rioufol au Figaro, conduirait au grand remplacement et à la victoire de l’Islam, qui contredit tous les fondements de l’Europe. La CEDH par sa jurisprudence empêcherait toute action contre cette invasion barbare et abaisserait les défenses européennes  contre le terrorisme. La CEDH a en particulier jugé que le fait d’entrer dans un pays en violant les règles ne pouvait pas être un délit pénal. On ne peut donc prendre aucune mesure d’expulsion immédiate ou d’internement.  De même elle a condamné la France pour son contrôle des populations non sédentaires et en particulier le fameux carnet que les romanichels devaient faire signer à la gendarmerie la plus proche d’un nouveau lieu de séjour. Elle a jugé que la notion de vagabondage et sa sanction éventuelle devaient disparaître. Le regroupement familial est vu comme un droit élémentaire de l’homme. Etc.

Il est intéressant de noter que la CEDH n’est pas une institution de l’Union Européenne. Elle dépend de l’Union Européenne Occidentale et avait en vue de calmer les répressions soviétiques à l’est et les excès des régimes autoritaires à l’ouest. Progressivement elle a réussi à changer ses objectifs pour devenir le référent des droits de l’homme en tout domaine. Elle l’a fait dans le silence général des politiques comme des médias. Etouffant sous les réclamations les plus multiples, elle a du  filtrer l’avalanche de recours et concentrer ses décisions sur les grandes questions de principe. Elle souhaite devenir plus que cela et agir antérieurement à toute saisine. Cela va lui être accordé. Ce qui veut dire que les gouvernants, les juges constitutionnels et les chambres juridictionnelles les plus hautes pourront la consulter avant d’agir ou de juger eux-mêmes.

Ne sommes-nous pas là en plein « gouvernement des juges » ?

Dans le cas de la France, le Conseil Constitutionnel, par un « coup d’état » audacieux, s’est donné le pouvoir de juger de l’application des principes généraux du préambule de la constitution donc des droits de l’homme. C’est, à nouveau,  une instance de cassation des lois qu’elle juge contraires aux droits de l’homme. Mais au moins le souverain peut changer la constitution et bloquer la jurisprudence du CC. Ce qui n’est pas le cas pour la CEDH.

La Cour de Justice de l’Union Européenne est chargée de la bonne application des traités.  Dès l’arrêt du 14 mai 1974 dans l’affaire Nold, la Cour affirme que les droits fondamentaux sont partie intégrante des principes généraux du droit dont elle assure le respect.  Depuis le traité de Lisbonne, les droits de l’homme sont devenus un critère de cassation encore plus explicite auprès de la cour. Elle peut donc s’immiscer dans le processus législatif d’un pays pour juger qu’un texte n’est pas conforme aux principes qui fondent l’Union Européenne tels que définis dans les traités. Voilà un troisième larron chargé de définir la signification concrète des droits de l’homme. Elle peut donc juger qu’il est contraire aux traités et à ses principes, de renvoyer chez lui un Rom expatrié qui fait la manche  en ville tout en dormant dans les taudis innommables.  Où pourquoi pas qu’un djihadiste  né en Europe prisonnier en Syrie ne peut pas se voir interdire de revenir en Europe pour y être jugé…

 Comme on le voit, ce n’est pas tant la CEDH qui est en cause mais la multiplication d’instances  permettant d’installer un gouvernement des juges au dessus de pays européens déjà largement dépossédés de leur souveraineté concrète dans le cadre de l’Union Européenne.

Pour certains, cette multiplication conduit au « gouvernement des juges », à la perte de souveraineté des nations et leur soumission à des mouvements  de population qui altèrent leur identité et leur survie démocratique au nom d’un droit hors-sol et loin des réalités concrètes du terrain.

DAESH se moque assez de la CEDH, affirment-ils,  et l’islamisation de l’Europe et le passage à la Charia signifieraient sa disparition.  Le texte du Coran « dicté par Dieu lui-même via l’ange Gabriel »  est au dessus des Constitutions et des Cours.  

Ces thèses sont désormais portées publiquement par des journalistes ou des essayistes qui connaissent un certain succès malgré la répression médiatique et a trouvé un débouché politique non seulement au FN mais dans le discours d’innombrables petits candidats  lors des dernières présidentielles.

Il était donc légitime qu’Emmanuel  Macron, qui s’était fait récemment juge des atteintes au droit  européen commis par des pays de l’Est et notamment par  la Pologne, se saisisse de ces questions et pourquoi pas en se faisant recevoir au siège de la CEDH, puisque désormais, la question des droits de l’homme n’est plus seulement posée par la brutalité des pays communistes.  

Il aurait  été bon que les grands partis politiques s’expriment sur ces sujets qui sont, en fait, tabou chez eux depuis des lustres. Que le président réveille le débat et le fasse sortir du non-dit, pourquoi pas ?  

Le seul ennui est que le discours du Président Français ne pose aucun des problèmes évoqués.  Il place la France en Europe, et lui-même au sein des dirigeants européens, comme Le défenseur des droits de l’homme. On peut juger que la stature diplomatique de la France en est fortifiée et que celle du Président aussi.  On rejoint le discours sur le Phnyx et à la Sorbonne.  Le Président est un champion qui se place tout en haut des ambitions nobles en Europe et il pense sans doute que la force et la solennité des lieux où cette ambition est exaltée à répétition, l’aideront à être reconnu comme tel par ses pairs.

Pour cela il fallait naturellement balayer devant sa porte : l’état des prisons est une atteinte aux droits de l’homme constamment dénoncée par les instances européennes et la CEDH. Il doit donc s’incliner devant la nécessité de faire quelque chose et il annonce carrément qu’il va mettre moins de monde en prison... Retour aux propos de Madame Taubira sur la prison qui corrompt et entraîne à la récidive. Cette fois-ci dans le silence des médias et sans grognements simiesques dans le Landernau.

Au final, on voit mal quelles conséquences auront ces actes ainsi « posés », comme on dit maintenant chez les analystes et les sondeurs, sur la réelle question de la souveraineté et des conflits entre essentialisme juridique et nécessités immédiates de résoudre des difficultés de plus en plus graves.

Le « malaise démocratique » n’est en rien adouci. La contradiction entre « une Europe qui protège » et  une Europe « qui interdit de se protéger » n’est pas réduite.

Reste l’image. Elle est noble et sympathique, d’autant qu’elle a permis de rappeler tout ce que la CEDH doit à la France et que le français y est la langue officielle. On est loin du comportement  médiocre jusqu’au catastrophique de MM. Sarkozy et Hollande.

Mais au-delà de la posture, on fait quoi ? La cérémonie ne pourra pas être répétée. L’effet d’image va se dissiper en quelques mois, sans doute moins. A voir l’inexistante couverture médiatique, on peut se demander si, en France, l’évaporation  n’est pas déjà acquise.

La Justice est un des grands sujets : justicialisme et gouvernement des juges sont deux tares qui ont des impacts  lourds sur bien des aspects de la vie nationale, y compris dans le domaine de l’économie.

En sortant partiellement le droit social des griffes des juges, E. Macron a montré qu’il voyait les dangers. En exigeant la réforme du régime des travailleurs détachés, il sort partiellement  de la légalité européenne une mesure de liberté économique jugée pénalisante.  En projetant une réflexion sur la CEDH, il aborde l’immense difficulté du conflit entre individualisme libertaire et législation collective oppressante. La triple liberté de mouvements des marchandises et services, des capitaux et des personnes, est contestée aussi bien à gauche, qui s’affiche comme structurellement antilibérale, et à droite, qui croit à la répression des libertés quand elles tournent à la licence et détruisent la prospérité,  l’identité et la sécurité nationales.

Une catharsis française et européenne  est nécessaire. Est-elle dans les intentions  et dans le pouvoir d’Emmanuel Macron ? Ou enfile-t-il,  une nouvelle fois, une veste trop large pour lui, et s’engage-t-il dans une quête qui n’a pas vocation de finir autrement que dans des arbitrages minuscules qui ne changent pas grand-chose, mais qui, comme le paratonnerre, fait baisser le risque d’une situation  trop électrique ?

Le « mystère Macron » est savamment orchestré.  La population, sans être séduite,  « ne veut pas juger encore et attends de voir ». « Il est délicat de se lancer à ce stade dans des procès d’intention », car les intentions sont belles.  Evangélisme et angélisme sont deux doux moyens du silence des agneaux. Les mauvais esprits verront une ultime tentative de sauver par le haut l’Enarchie compassionnelle.  On enlève la poussière  là où elle commence à faire bouchon ; on soigne les plaies  comme si ce n’était qu’écorchures dignes d’un peu de pommade. Les bons esprits souligneront la beauté des intentions et du verbe, en rappelant  qu’on ne fait pas nécessairement de bonne politique avec de mauvais sentiments. Ils prétendront que ce n’est qu’en flattant l’Europe communautaire qu’on pourra la réviser ou qu’en flattant les juges internationaux qu’on pourra limiter « le gouvernement des juges ».

Saluons une hauteur de vue bienvenue ! Craignons un rafistolage sans lendemains.

Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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